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LES ENCAGÉS

tristan lhomme
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les encagés

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INTRODUCTION
INTRODUCTION

3 3
CRÉDITS
Textes Les Encagés © est une campagne de jeu de rôle
SECTION 0

éditée par les XII Singes ©.


Tristan Lhomme
La marque Les Encagés, le logo Les Encagés, la
marque Cthulhu Hack VF, la marque Dark Mon-
Adaptation à Cthulhu Hack keys, le logo Dark Monkeys, la marque Les XII
Singes, le logo Les XII Singes sont la propriété de
Jérôme Barthas
Respell ©.
La marque Cthulhu Hack, le logo Cthulhu Hack,
Illustrations la marque Just Crunch Games, le logo Just
Crunch Games sont la propriété de Just Crunch
Christophe Swal
Games ©.
ISBN : 978-2-37441-105-7
Couverture, plans et aides de jeu www.les12singes.com

Maxime Plasse Imprimé en octobre 2020 par Standartu Spaus-


tuve (Dariaus ir Girėno g. 39, Vilnius 02189, Li-
tuanie).
Relectures Dépôt légal : novembre 2020
Lucie Boubée, Laurent Lukaszewski

Direction éditoriale AVERTISSEMENT


Jérôme Barthas

Ce scénario traite de thèmes très


Direction artistique et mise en pages noirs. Si le combo « kidnappings,
Maxime Plasse viols et tortures » vous semble insou-
tenable ou impossible à présenter à
des joueurs, reposez-le avant de vous
faire mal.

Remerciements
Merci à Michel Beaume de m’avoir guidé dans les arcanes de la police et de la gendarmerie.
Merci à Christian Grussi d’avoir donné l’impulsion initiale.
Merci à Emily Tibbats, marraine involontaire de cette histoire.

Merci à Loris Gianadda pour ses commentaires constructifs.


Merci à Anne Vétillard pour le coup de main sur les scénarios hors procédure.
Merci à Frédéric Dauber pour l’idée de l’IGGN.

Merci à Jérôme Barthas pour le retour de test, et à Nicolas Guérin et Julien Chakra-Breil pour avoir
tricoté une fin incroyable.

Merci également à la seconde équipe de test : Marion Hamard, Lucie Boubée, Anthony Letourneur et
Damien Boissière.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION
Introduction......................................................................3
Section 1 Système de jeu......................................................9
Section 2 Le contexte.........................................................41
Section 3 Dans le camp de la loi.............................................63
Section 4 La tuerie de Villegouge............................................79
Section 5 Aux racines de l’affaire...........................................135
Section 6 Le culte et ses adversaires.......................................145
Section 7 Les meurtres reprennent..........................................183
Section 8 Fin de partie........................................................211
Section 9 Hors procédure.....................................................235

IL A ÉTÉ PLUSIEURS FOIS...


Ce scénario a une histoire. ans d’écriture, Les Encagés a été le seul scé-
nario qu’un éditeur m’ait explicitement refu-
Tout a commencé fin 2012, lorsque Christian sé. J’ai écrit L’homme creux pour honorer le
Grussi m’a proposé d’écrire un scénario pour contrat de Sciences forensiques… et je ne suis
Sciences forensiques & psychologies crimi- pas passé à autre chose.
nelles. Entre nous, le sujet m’inspirait moyen-
nement. Après avoir joué un moment avec J’ai repris Les Encagés et j’ai entrepris d’en
l’idée de faire quelque chose sur le thème Les faire une version qui me satisfasse. Au bout
experts : Arkham, j’ai décidé de laisser mûrir… de cinq passes d’écriture supplémentaires, ar-
et comme souvent, quelques jours plus tard, rivé à 230 000 signes, je me suis dit que ça le
une idée m’est tombée dessus avec toute faisait… pour ce scénario, mais je m’étais ren-
la délicatesse d’un bloc de béton. Les Enca- du compte que si l’histoire des encagés était
gés était là, ou plus exactement, le concept bouclée, j’avais aussi hérité d’une multitude
était là, il restait à le mettre en forme. En de questions sans réponses. Pendant un long
mars 2013, c’était chose faite. moment, j’ai donc creusé autour de l’histoire
originale, jusqu’à avoir les carcasses de
Et là, il y a eu un comme un léger souci. plusieurs autres scénarios…
Ma première version faisait 100 000 signes.
Je n’en étais pas content, et Sans-Détour, De temps en temps, je proposais à Sans-Dé-
qui m’avait demandé un petit scénario de tour de revenir dessus, mais il ne s’insérait
50 000 signes, n’a pas été enchanté non plus, jamais dans leurs projets. Et puis, cette cam-
Sciences forensiques étant déjà un gros bébé. pagne viole un certain nombre de règles
Bilan de cette première manche : en trente qui président à l’écriture de scénarios pour

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L’Appel de Cthulhu, à commencer par une hor- pas été que quantitatif. La plupart des ajouts
reur beaucoup plus adulte et violente que la correspondent à des questions des testeurs
normale. Bref, après plusieurs années de hia- ou de l’éditeur, ou lorsqu’ils venaient de moi,
tus, j’ai proposé le projet aux XII Singes et j’ai à la volonté d’ajouter des options ou de nou-
entrepris de le retravailler une dernière fois, veaux éléments pour personnaliser et amélio-
en faisant disparaître les derniers liens qui le rer l’expérience de jeu. C’est cette version al-
SECTION 0

rattachaient au vénérable jeu de Chaosium longée, complétée et, j’espère, définitive, que
(que je continue à aimer d’amour, mais par- vous tenez entre vos mains.
fois, ça ne fait pas de mal de s’en éloigner). Au Ce fut un long voyage, bien plus compliqué
début du financement participatif, le manus- que d’habitude, mais je pense que le jeu en
crit comptait un peu plus de 300 000 signes. valait la chandelle. J’espère que vous serez du
même avis.
Lorsqu’il s’est terminé, nous avions rajouté
plus de 275 000 signes, 75 000 dans la cam- Bonne lecture !
pagne proprement dite et le reste dans les
scénarios « hors procédure ». L’exercice n’a — T.L., 9 juillet 2020

UN MOT DE L’ÉDITEUR
Lorsque Tristan nous a proposé le manuscrit des Encagés, nous étions curieux. Une enquête grand format,
aux nombreuses ramifications, où ceux que l’on traque sont en réalité d’anciennes victimes d’un culte, voilà
de quoi twister l’approche habituelle du Mythe de Cthulhu. À la lecture, nous étions emballés : Tristan s’est
documenté pour nous livrer des outils et des conseils pertinents, un cadre de jeu crédible, le tout pour nous
servir un texte mûri de tout son savoir-faire en matière d’investigations. Les tests nous ont définitivement
convaincus. Les Encagés est un long scénario ou une mini-campagne dont on sort marqué, une expérience
de jeu qui utilise le Mythe de Cthulhu comme trame de fond, mais où l’horreur est commise par de simples
mortels. L’ajout de nombreuses aides de jeu a contribué à ancrer les scénarios dans le réel. Nous espérons
que vous prendrez autant de plaisir à découvrir cette sombre histoire que nous à la mettre en forme.

QUE CONTIENT CE LIVRE ?


Le système de jeu est une version de Cthulhu s’agisse des supérieurs des personnages, des
Hack adaptée aux Encagés, qui présente éga- techniciens de la police scientifique, des repré-
lement l’équipe de personnages prétirés. sentants des différents corps de la gendarmerie
ou des consultants extérieurs. En les détaillant,
l’intention était d’en faire autre chose que des
Les Encagés distributeurs d’information sans visage et de
matérialiser pour les joueurs la grosse machine
• Le contexte détaille les informations dont
de la gendarmerie, qu’ils peuvent actionner
le meneur de jeu a besoin avant de se lancer,
pour les besoins de leur enquête.
plus des faits utiles pour poser l’ambiance, al-
lant du calendrier des mois de mai et juin 2013 Ces bases étant posées, nous attaquons la
à ce qui passe à la radio au cours de cette pé- campagne proprement dite.
riode, sans oublier, en bonus, des conseils
• La tuerie de Villegouge couvre le démar-
d’adaptation à d’autres époques.
rage et les tout premiers jours de la cam-
• Dans le camp de la loi offre au meneur de pagne. C’est un scénario d’enquête classique,
jeu une foule d’intervenants possibles, qu’il avec une profusion de pistes.

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Il est suivi par deux dossiers thématiques : Les hors procédure
• Les racines de l’affaire ramène les enquê- Ces quatre scénarios sont des excursions
teurs une vingtaine d’années en arrière, à un dans le passé susceptibles d’aider des enquê-
meurtre et des disparitions restés sans solution. teurs tenaces à comprendre l’arrière-plan de

INTRODUCTION
ce qui se joue sous leurs yeux. Toutefois, aucun
• Le culte et ses adversaires présente à la magistrat n’acceptera de les verser au dossier.
fois les mystérieux encagés, la secte cthul- Tous sont fournis avec des prétirés spécifiques.
hienne qu’ils ont entrepris d’éradiquer et le
livre maudit auquel les sectateurs se réfèrent. • Introduction aux hors procédure explique
plus précisément leur fonctionnement et
Ces deux dossiers renferment à la fois des donne des conseils sur la manière de les faire
informations de fond, des PNJ et de petites jouer, ainsi que leur dosage par rapport à la
scènes, mais ils ne suivent pas une chronolo- campagne proprement dite.
gie stricte, et les enquêteurs peuvent y entrer
et en ressortir n’importe quand. • L’affaire Lombardi est un polar très noir si-
tué au début des années 1990, qui s’appuie pour
• Les meurtres reprennent est un nou- partie sur le contenu des Racines de l’affaire.
veau scénario d’enquête, qui relance l’action
lorsque vous le souhaiterez et conduit nos hé- • Le Labyrinthe est une excursion sans re-
ros vers le dernier chapitre. tour dans un monde parallèle sinistre, où l’en-
tité vénérée par les sectateurs les attend.
• Fin de partie est exactement ce que son
titre laisse entendre : le dénouement de la • La Bête d’Aubeterre se déroule en
campagne. juin 1944, et donne à de jeunes maquisards
l’occasion de se frotter à des phénomènes pa-
ranormaux, alors qu’ils devraient être occu-
Les encarts « Replay » pés à des choses plus prosaïques.
Vous trouverez au fil des pages des encarts • L’abbaye de Monte-à-regret ramène les
« Replay ». Ils décrivent des scènes ou des évè- joueurs loin dans le temps, jusqu’aux années
nements qui se sont produits durant les tests, 1830, et propose une variation sur le thème
afin que vous ayez une idée de la manière dont de la littérature populaire du XIXe siècle.
certains moments peuvent se dérouler.

ressources MJ Scénario informations Hors procédure


à exploiter

Section 1 Section 4
La bête d’Aubeterre
Système de jeu La tuerie de Villegouge p. 288
p. 9 p. 79

Section 2
Le contexte Section 5 L’affaire Lombardi
Section 7 Aux racines de l’affaire
p. 41 p. 240
Les meurtres reprennent p. 135
Section 3 p. 183 Le Labyrinthe
Dans le camp de la loi Section 6 p. 262
p. 63 Le culte
Section 8 L’abbaye
et ses adversaires
Fin de partie de Monte-à-regrets
p. 145
p. 211 p. 322

7 7
8
les encagés

section 1
SYSTÈME
DE JEU
CTHULHU HACK PAR LES XII SINGES
Cthulhu Hack est un système de jeu de rôle entre vos mains est à la fois simplifiée par rap-
traditionnel, permettant de jouer des scéna- port au livre de base Cthulhu Hack (disponible
SECTION 1

rios d’enquête de manière fluide. Les règles séparément à la vente) et agrémentée de


qui suivent sont dérivées du cœur du système quelques éléments spécifiques à la campagne
Cthulhu Hack. Ainsi la version que vous tenez Les Encagés.

LES MÉCANISMES PRINCIPAUX


des résultats d’analyses ou de mobiliser des
Deux mécanismes fondamentaux régissent
moyens pour leur enquête.
Cthulhu Hack : les Sauvegardes et les Res-
sources. Les deux demandent au joueur de • Vie : capacité qu’a un personnage de résis-
lancer un ou plusieurs dés. Le jeu nécessite un ter aux blessures qu’il reçoit.
set complet de dés polyédriques, commun à la
• Santé mentale : capacité pour un person-
plupart des jeux de rôle sur table, allant du dé
nage de savoir faire la part des choses et de ne
à 4 faces au dé à 20 faces.
pas être choqué par des situations horribles
Lorsqu’une Menace peut entraver ou bles- ou difficiles à supporter.
ser un enquêteur, le joueur effectue un test de
Sauvegarde pour l’éviter (on dira « le joueur Les Sauvegardes et les Ressources sont dé-
effectue une Sauvegarde de Force »). taillées dans les pages qui suivent.

Exemple : Le capitaine Tellier est en confé-


rence de presse. Suite à son discours sur la Sauvegardes
situation actuelle de l’enquête, un journaliste
tente de le faire sortir de ses gongs en posant N’importe quel élément que le MJ utilise
des questions volontairement provocantes. contre les enquêteurs, que ce soit pour les
C’est une Menace, le MJ demande au joueur blesser ou pour gêner leur progression, est
d’effectuer une Sauvegarde d’Intelligence pour une Menace. Cela peut être un suspect en
garder son sang-froid. En cas d’échec, le capi- train de s’enfuir, un prévenu leur tirant des-
taine s’emportera et sa crédibilité vacillera. sus, ou des planches branlantes risquant de
s’effondrer sous le poids du PJ.
Lorsqu’un enquêteur utilise quelque chose Les enquêteurs ont six valeurs de Sauve-
pour l’aider à progresser ou à avancer dans garde. Chacune permet de résister à diffé-
son enquête, le joueur lance les dés pour vé- rents types de Menaces (voir encart Sauve-
rifier l’état de ses Ressources, pour voir s’il les gardes et Menaces). Le MJ détermine quelle
a trop sollicitées. Cinq Ressources sont pré- Sauvegarde s’oppose à une Menace et le
sentes dans Les Encagés : joueur lance un dé à 20 faces pour déterminer
• Bagou : capacité sociale permettant d’inter- ce qu’il advient.
roger des suspects ou discuter avec des PNJ. Une situation ne doit demander un test
de Sauvegarde que lorsqu’un danger existe,
• Torche : capacité d’action permettant de et le MJ doit clairement expliquer les consé-
fouiller un lieu ou d’agir physiquement pour quences du succès comme de l’échec avant
obtenir des preuves. que les joueurs confirment leurs intentions
pour leurs enquêteurs.
• Respect : capacité qu’ont les PJ d’utili-
ser leur crédibilité pour obtenir rapidement

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Sauvegarde Menaces

SYSTÈME DE JEU
Dégâts physiques ou obstacle que l’on ne peut pas esquiver. Combat à mains nues,
Force
maintenir quelqu’un au sol, ou soutenir un mur en train de s’effondrer.

Dégâts physiques ou obstacle que l’on peut esquiver. Bondir pour éviter des balles,
Dextérité
courir à travers la foule pour rattraper un suspect, ou sauter d’un toit à un autre.

Résister aux blessures ou entraves, que ce soit à cause de poison, de maladie, de


Constitution
torture ou de dégâts inévitables, comme une explosion.

Menace ou obstacle en rapport avec la distorsion des sens grâce à la tromperie ou


Sagesse
les drogues psychotropes. Les défis qui nécessitent du sens commun ou de l’instinct.
Menace ou obstacle en rapport avec la propagande, la manipulation de concepts
Intelligence scientifiques, le surnaturel. Les défis qui nécessitent de comprendre un savoir obs-
cur ou un puzzle diabolique.
Menace ou obstacle en rapport avec l’influence mentale, la séduction, le charme,
Charisme ou les pouvoirs qui peuvent altérer ou écraser la personnalité de quelqu’un. Des pa-
roles convaincantes ou en rapport avec l’émotion visant à retarder ou rendre confus.

Sauvegarde et Menaces
le lui demande.
• Si le résultat d’un dé lancé par le joueur est LES DÉS
strictement inférieur à la valeur de Sauvegarde
de son enquêteur, ce dernier réussit : il blesse Sur la fiche de personnage, les dés sont représentés
son adversaire, ou évite ce qui le menaçait. par des formes. Voici les dés possibles pour les Res-
• Si le résultat est supérieur ou égal à la Sau- sources, dans l’ordre décroissant.
vegarde, l’enquêteur concerné par ce test est
blessé (il fait alors un test de Vie) ou il rencontre 12 Dé à 12 faces
une difficulté qui contrarie ses intentions.
10 Dé à 10 faces
Si la Menace était une péripétie, le MJ décrit
le retard qui survient ou la complication qui 8 Dé à 8 faces
retarde le moment où les personnages attein-
dront leur but. Par exemple, le MJ explique 6 Dé à 6 faces
comment le suspect parvient à s’enfuir, ou
comment l’insistance du PJ pour obtenir un 4 Dé à 4 faces
rapport braque sa hiérarchie qui le met à pied.

Ressources Vérifier une Ressource


Les enquêteurs disposent de cinq Res- Un joueur doit toujours vérifier ses Ressources
sources : Bagou, Torche, Respect, Vie, Santé après les avoir utilisées. Si son enquêteur parle
mentale. avec des témoins, cherche des indices, mobilise
une autre équipe ou est le témoin d’une scène
Plutôt que garder un compte exact des res- horrible… le MJ exige de lui le lancer d’un dé (voir
sources de chacun, les enquêteurs lancent un l’Exemple de Partie, p. 17). Dans tous les cas, le
dé pour savoir s’ils sont à cours de quelque personnage obtient l’information recherchée (si
chose. Chaque Ressource est représentée par elle existe et qu’il est crédible qu’il la trouve).
un dé, qu’un joueur doit lancer lorsque le MJ

11 11
Si le résultat du dé de Ressource est un « 1 » dé donne un « 1 » ou un « 2 », le joueur ré-
ou un « 2 », le dé change au profit d’un autre duit la taille de son dé disponible. Alain peut
d’une taille immédiatement inférieure et le poursuivre son enquête de voisinage, mais s’il
MJ peut déclencher une péripétie ou une lançait 1d6, il lancera désormais 1d4. S’il va
complication s’il le souhaite. Ainsi, si un dé ensuite dans le village interroger les commer-
à six faces (d6) a été lancé et que le résultat çants sur le couple qui vivait dans la maison
incendiée, et qu’il obtient un résultat similaire,
SECTION 1

obtenu était un « 1 » ou un « 2 », le joueur


lancera la prochaine fois un dé à quatre faces sa Ressource est épuisée : il devra laisser à ses
(d4). Si vous obtenez un « 1 » ou un « 2 » sur coéquipiers les interrogatoires, et se concen-
1d4, cette Ressource est épuisée. trer sur d’autres tâches d’investigation.

• Épuiser le Bagou signifie que le person- Torche


nage ne parvient plus à s’exprimer correcte-
ment ou à obtenir des aveux. Si un enquêteur cherche à repérer quelque
chose ou quelqu’un, s’il souhaite découvrir
• Épuiser la Torche signifie que le person- quelque chose physiquement, il s’agit d’un
nage ne parvient plus à se concentrer suffi- test de Torche.
samment pour trouver des preuves sur une
scène de crime. Exemple : Alain est dans les ruines fumantes
d’une maison après un incendie, à la recherche
• Épuiser le Respect signifie que la hié- de preuves. Après une heure de recherche, il
rarchie du personnage ne lui accorde plus le découvre que l’ordinateur du couple qui habi-
moindre passe-droit et l’IGGN enquête sur lui tait là a été volé. Dans ce cas, son joueur fait
(voir pp. 14-15 et pp. 75-76). un test de Torche. Si le dé donne un « 1 » ou
• Épuiser la Vie signifie que le personnages un « 2 », le joueur réduit la taille de son dé
est Hors Jeu (voir pp. 15-16) (inconscient, ou disponible. Il peut poursuivre sa recherche,
trop blessé pour agir) jusqu’à ce qu’il reçoive mais s’il lançait 1d6, il lancera désormais 1d4.
des soins ou soit amené à l’hôpital. S’il fait ensuite une nouvelle recherche dans le
jardin et qu’il obtient un résultat similaire, sa
• Épuiser la Santé mentale signifie que le Ressource est épuisée : il devra laisser à ses
personnage a sombré dans la folie. Notez éga- coéquipier la fouille sur site, et se concentrer
lement que chaque fois que vous obtenez un sur d’autres tâches d’investigation.
« 1 » ou un « 2 » à un test de Santé mentale,
le personnage souffre d’un Choc (voir p. 16).
Respect
Les PJ peuvent regagner des Ressources de
plusieurs manières (voir p. 23). Les enquêteurs disposent d’une Ressource
liée à leurs collègues, aux services ou requêtes
qu’ils demandent, et à la légitimité qu’on leur
accorde : le Respect. Lorsqu’un enquêteur
Bagou essaie d’accélérer des analyses ou demande
des faveurs à des collègues ou des supérieurs,
Si un enquêteur cherche à écouter les ru-
il effectue un test de Respect dans certains
meurs, à interroger, séduire ou contraindre
cas (voir Accélérer les demandes pp. 24-26).
un PNJ, forger des liens, ou obtenir des infor-
En cas d’échec, son image est ternie par ses
mations au cours d’une interaction sociale ou
demandes un peu trop fréquentes. Dans le
financière, il s’agit d’un test de Bagou.
cadre des Les Encagés, ce sera certainement
Exemple : Alain interroge les voisins d’une l’utilisation la plus fréquente du Respect.
maison ayant brûlé, afin de savoir s’ils ont vu
quelque chose qui serait utile à l’enquête. La Toutefois, il en existe une autre : un enquêteur
voisine lui parle longuement du couple qui vi- sors de ses gonds ou commet une bavure doit ef-
vait là. Il s’agit d’une situation relationnelle, fectuer un test de Respect avec les modificateurs
son joueur doit faire un test de Bagou. Si le indiqués dans le tableau Niveaux de gravité se-

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L’ENQUÊTE DOIT TOUJOURS AVANCER

SYSTÈME DE JEU
Chaque utilisation de Torche ou Bagou procure un indice substantiel. L’indice est révélé par le MJ avant le jet
de dé, ainsi même un échec permet aux personnages de continuer.
Lorsqu’un personnage pose une question relevant de l’investigation, répondez « Oui, et », ou « Oui, mais ». En
théâtre d’improvisation, on utilise la réponse « Oui, et » pour donner une réponse positive et ouvrir la voie à de
nouveaux développements, tandis qu’on utilise « Oui, mais » pour réduire les opportunités. Dans Cthulhu Hack,
les joueurs obtiennent toujours un « Oui », et le jet de dé leur précise « et » (la plupart du temps) ou « mais »
(seulement en cas de « 1 » ou de « 2 »).

La différence est principalement narrative. Plutôt qu’une punition (le joueur a déjà perdu un niveau de dé
d’une Ressource capitale), le MJ peut utiliser un test raté comme une opportunité d’ajouter un peu de piment
à l’histoire tout en ajoutant de nouvelles manières d’avancer. Cela permet de pallier la perte de Ressources qui
va en accélérant.

Exemple :
A) Les joueurs ont obtenu n’importe quel résultat à part un 1 ou un 2 :
Les enquêteurs se sont rendus au domicile d’un suspect. La porte est ouverte et ils décident d’entrer, même s’ils
n’ont en théorie pas le droit. Ils découvrent un étrange tag sur un mur, « CC ». Le MJ interpelle les joueurs après
ces explications : « Que faites-vous ? »
B) Les joueurs ont obtenu un 1 ou un 2 :
Les enquêteurs se sont rendus au domicile d’un suspect. La porte est ouverte et ils décident d’entrer, même s’ils
n’ont en théorie pas le droit. Ils découvrent un étrange tag sur un mur, « CC ». Ils entendent des bruits de pas à
l’entrée de la maison et voient le voisin qui leur demande « Qui est là ? ». Le MJ interpelle les joueurs après ces
explications : « Que faites-vous ? »

13 13
lon l’IGGN ainsi que les informations du tableau • En cas d’échec à ce test, le niveau de Res-
Modificateurs des niveaux de gravité. pect baisse d’un niveau et l’IGGN diligente
une enquête (voir p. 75 pour découvrir ses
• En cas de réussite au test de Respect, l’IG- agents, la procédure qu’ils appliquent et la
GN ne lance pas d’enquête, sauf si l’acte est palette de sanctions possibles).
gravissime. Dans ce cas, le déclenchement de
l’enquête est automatique, et le personnage Si le Respect tombe à 0, l’enquêteur est mis
SECTION 1

est mis à pied le temps que l’IGGN mène les à pied jusqu’à la fin de l’enquête (le joueur est
investigations. bon pour choisir un nouveau personnage).

niveaux de gravité selon l’iggn


qualification types d’actions exemple test de respect
Avoir abattu un suspect dans
le dos alors qu’il s’enfuyait,
Gravissime Homicide, corruption Un Désavantage
avoir accepté ou pire, propo-
sé, un pot-de-vin
Altération de la chaîne des
Tout ce qui peut nuire au
preuves. Être entré par ef-
bon déroulement de la
fraction chez un suspect,
procédure, les actes de
Grave avoir détruit ou dissimulé Aucun modificateur
violence contre les sus-
une preuve, avoir tiré sans
pects s’ils entraînent des
sommation sur un suspect
blessures
armé et l’avoir blessé
Les actes de violence Avoir brutalisé un suspect,
contre les suspects s’ils avoir tiré sans sommation sur
Notable Un Avantage
n’entraînent pas de bles- un suspect armé (sans qu’il
sures soit blessé)
Entorses « routinières » à Ne pas avoir lu ses droits à un
Mineur la procédure qui ne me- suspect lors de son arresta- Deux Avantages
nacent pas le futur procès tion

14
modificateurs des niveaux de gravité
événement effet

SYSTÈME DE JEU
Le très respecté Maître Maurrin (p. 125) adresse
La gravité monte d’un niveau
une plainte à l’IGGN

La très pénible Maître Ameziane (p. 205) adresse


La gravité descend d’un niveau
une plainte à l’IGGN

Maître Durrieux (p. 208), avocat à la réputation


Aucun modificateur
moyenne, adresse une plainte à l’IGGN

Le commandant Mata (p. 70) couvre ses hommes * La gravité descend d’un niveau

L’équipe fait bloc sur un acte notable ou mineur** La gravité descend d’un niveau

Pas d’effet positif, et s’il y a une sanction de l’IGGN,


L’équipe fait bloc sur un acte grave ou rarissime
elle sera appliquée à tous les PJ

L’IGGN intervient une deuxième fois La gravité monte d’un niveau

* Mata ne couvrira pas les actes gravissimes, et fera comprendre au coupable d’un acte grave qu’il a gril-
lé son unique joker. Pour les actes notables ou mineurs, il apprécie au cas par cas s’il faut couvrir ou non.

** « Mais si, il a fait les sommations, on les a tous entendues ! »

Vie REPLAY : RESPECT DE LA HIÉRARCHIE


La Vie représente la capacité physique du
personnage à endurer des blessures sans être À l’une des tables de test, le capitaine Tellier avait accep-
affaibli. Lorsqu’un personnage subit une bles- té un rendez-vous important avec la juge d’instruction et
sure, il effectue un test de Vie. En cas de « 1 » un autre plus tard avec le commandant Mata. Pris par l’en-
ou de « 2 », il baisse le dé d’un niveau. Si le quête, il a totalement oublié de se rendre aux deux. Le MJ a
personnage obtient un « 1 » ou un « 2 » alors estimé qu’il s’agissait d’une bonne occasion pour demander
qu’il a d4 en Vie, le personnage est Hors Jeu un test de Respect, afin de déterminer si ce double impair
(voir ci-dessous). avait des conséquences sur la réputation du capitaine Tellier.
Certaines armes ou situations peuvent cau-
ser des blessures assorties d’un Désavantage
(ou d’un Avantage), ce qui signifie que le
joueur lance deux fois le dé de Vie et garde
respectivement le pire (le meilleur) résultat.

Hors Jeu
Un personnage qui a épuisé sa Vie est Hors
Jeu (HJ). Il titube, chancelle, tant il souffre.
Une fois hors de danger (généralement à la
fin du combat), lancez 1d10 et appliquez le ré-
sultat du tableau Conséquences du Hors-Jeu
ci-contre. Si le personnage survit, il revient à
d4 en Vie.

15 15
hors jeu
valeur conséquence effet
1 Mort Le personnage n’est plus de ce monde.
SECTION 1

Enlevez définitivement 6 points parmi les valeurs de Sauvegardes.


2 Handicapé
Choisissez deux Sauvegardes différentes.

Enlevez définitivement 4 points à répartir entre Sagesse, Intelli-


3 Ravagé
gence et Charisme.

Enlevez définitivement 2 points à répartir entre Force, Dextérité et


4 Estropié
Constitution.
Toutes les valeurs de Sauvegardes de Force, Dextérité et Constitu-
5 Os brisés tion sont réduites de 4 points jusqu’à la fin de la prochaine journée,
ou jusqu’à la fin de cette session de jeu (le plus tôt des deux).

6 Inconscient Vous êtes inconscient jusqu’à la fin de la Scène actuelle.

Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez
7 Commotion
durant les 20 prochaines minutes de jeu.

Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez
8 Titubant
durant les 10 prochaines minutes de jeu.

Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez
9+ Essoufflé
durant la prochaine minute de jeu.

Santé mentale enquêteur est confronté à des découvertes


horrifiques, son joueur teste la Santé mentale
Les enquêteurs seront confrontés à des si- du personnage. S’il obtient « 1 » ou « 2 », non
tuations moralement difficiles, à des rapports seulement son niveau de dé doit être baissé,
de médecins légistes indiquant des sévices mais le personnage est également en état de
atroces, à des témoins qui craquent devant Choc. Lancez 1d6 et appliquez le résultat de la
eux ou à des meurtres terribles. Lorsqu’un Table des Chocs, ci-dessous.

table des chocs


d6 intitulé effet
Modificateur de -1d6 pour les Sauvegardes de Dextérité durant au-
1 Tremblements tant de Moments que la valeur du modificateur. La pénalité réduit
d’un point chaque Moment écoulé.
Désavantage durant 1d6 Moment aux Sauvegardes de Charisme, In-
2 Confus
telligence et Sagesse.
Le personnage ne peut effectuer aucune action ou Sauvegarde de
3 Immobile
Force, Dextérité, Constitution durant le prochain Moment.
Un autre personnage doit consacrer un Moment pour réveiller le per-
4 Inconscience sonnage. Après le réveil, le personnage subit un Désavantage pour les
Sauvegardes de Force, Dextérité, Intelligence durant 1d3 Moments.
Le personnage ne peut effectuer aucune action autre que tenter de
5 Frayeur
se dissimuler, durant les prochains 1d3 Moments.

6 Cri Le personnage crie. Cela attire l’attention.


16
EXEMPLE DE PARTIE
Un incendie est en train d’être maîtrisé à Villegouge par les pompiers. Deux corps ont été découverts à l’étage

SYSTÈME DE JEU
de la maison, les enquêteurs arrivent sur place. Marion interprète le prétiré Kader Messali, Lucie est Caroline
Josse, Anthony joue Aurore Huard et Damien est le capitaine Alain Tellier. Suite à un rapide topo de situation
du MJ la scène commence :

Damien (Tellier) : Je vais voir les voisins.


Anthony (Huard) : « Je vous accompagne capitaine »
MJ : Et Messali et Josse, que faites-vous ?
Lucie (Josse) : Je fais le tour de la maison et j’explore le jardin.
Marion (Messali) : Je rentre dans la maison et je vais à l’étage où on a trouvé les corps.
Lucie (Josse) : « Vous êtes sûr, Messali ? Les pompiers nous ont déconseillé d’entrer. »
Marion (Messali) : « Je sais bien Lieutenant Josse, mais l’enquête ne va pas avancer toute seule. »
MJ : Ok. Tellier et Huard vous allez parler aux voisins. Faites-moi un test de Torche.
Anthony (Huard) : Je m’en occupe.

Anthony obtient un 7 sur son dé.

MJ : Il est tôt mais les voisins sont coopératifs. Ils vous disent que la propriété appartient aux Delmin, un
couple âgé discret. Ils étaient très polis.
Damien (Tellier) : Est-ce qu’ils avaient des proches, des amis ?
MJ : Ils avaient un enfant (peut-être deux, les voisins ne sont pas sûrs), mais les voisins ne l’ont jamais vu.
Aucun ami dans le village à leur connaissance, mais ils recevaient fréquemment. Lucie, de ton côté, fais-moi
un test de Torche. Marion, tu dois réussir une Sauvegarde de Dextérité pour entrer discrètement sans que les
pompiers te voient.

Lucie obtient un 2 sur son dé à dix faces. Elle note sur sa fiche qu’elle n’a plus que d8 en Torche.

MJ : Alors que Josse est en train d’explorer le jardin, elle se foule la cheville dans un trou de taupe. Lucie, fais
un test de Vie.

Lucie obtient un 3 sur son dé.

MJ : Plus de peur que de mal, Josse as failli te fouler la cheville mais tout va bien. Il y a des traces d’escalade
sur le mur arrière du jardin.

Marion obtient un 6 sur son dé.

MJ : Marion tu as réussi ta Sauvegarde, Messali se faufile à l’intérieur de la maison sans se faire remarquer.

17 17
Si le joueur obtient « 1 » ou « 2 » alors que bable que le personnage soit éloigné de l’en-
son personnage n’a plus que d4 en Santé quête si son comportement devient suspect,
mentale, le personnage perd une partie de sa et soit interné dans un établissement spéciali-
raison. Lancez 1d6 et appliquez le résultat de sé après l’enquête. Le joueur peut décider de
la Table des Folies, ci-dessous. Le joueur doit choisir un nouveau personnage si la Folie est
interpréter la Folie obtenue. Il est fort pro- trop complexe à interpréter.
SECTION 1

table des folies


d6 intitulé effet
L’enquêteur oublie un événement, un lieu ou un individu important,
pas nécessairement lié à la source de la folie, ou relié de manière
1 Amnésie vague. Toutes les références à cet élément provoquent chez le sujet
de l’amnésie une réaction émotive disproportionnée ou au contraire
une totale indifférence.
L’enquêteur s’évanouit. Il n’a plus aucune conscience de ce qui se
déroule durant cet évanouissement. En situation de stress (toute
2 Évanouissement perte potentielle de Santé mentale) durant le reste de l’enquête, le
personnage doit réussir une Sauvegarde de Constitution ou s’éva-
nouir de nouveau.
L’enquêteur ne croit plus rien ni personne. Tout le monde a un plan
3 Paranoïa contre lui. La moindre action, le moindre mot ont des significations
cachées.
L’enquêteur se met à hurler dans tous les sens, incapable de faire
face à ce qui a provoqué son état. L’enquêteur reçoit 2 points de
dégâts. Quiconque est Au contact doit réussir une Sauvegarde de
4 Hystérie
Dextérité pour éviter de recevoir 1 point de dégât. L’Hystérie dure
une Minute. Si l’enquêteur fait de nouveau face à ce qui a provoqué
son Hystérie, une nouvelle crise se produit avec les mêmes effets.
Le personnage se fige, paralysé de peur. Il ne peut plus se déplacer
de lui-même durant une Minute. Les autres personnages peuvent
tenter de le déplacer ou de le porter, mais le personnage est un
poids mort jusqu’à ce qu’il retrouve ses esprits – ce qui implique de
5 Paralysie
devoir réussir une Sauvegarde de Constitution. Un échec indique
que le personnage paralysé est laissé dans une situation dange-
reuse. Si l’enquêteur fait de nouveau face à ce qui a provoqué sa
Paralysie, une nouvelle crise se produit avec les mêmes effets.
L’enquêteur ne parvient plus à appréhender la réalité. Il remet tout
6 Délire en question et croit à des choses que les autres ne peuvent pas voir,
comprendre ou accepter.

Avantages et Désavantages Dans ce cas, le joueur lance un dé supplé-


mentaire, identique à celui qu’il lancerait
Un MJ peut décider qu’une action ou une sans Avantage (d20 pour les Sauvegardes par
tâche est plus ou moins difficile à réussir. exemple) et le joueur choisit le résultat qu’il
préfère. Généralement, il s’agit du résultat le
Par exemple, si un personnage attaque une
plus avantageux pour le joueur.
cible endormie, il obtient un Avantage. S’il
a déjà obtenu la confiance d’un tiers et qu’il Inversement, si un enquêteur se met en
l’interroge, également. danger en faisant quelque chose d’inappro-
prié, comme se défendre d’une attaque avec

18
LE MATÉRIEL
Les encagés, si vous choisissez de les faire jouer (voir Inversion ! p. 223) ainsi que certains personnages des
scénarios hors procédure disposent d’équipement à usage limité. Plutôt que compter le nombre de balles ou

SYSTÈME DE JEU
d’utilisations exactes, ces équipements ont un dé de Matériel associé.
Après chaque utilisation de l’équipement en question, le joueur lance le dé de Matériel. S’il obtient 1 ou 2, il
baisse le dé d’un niveau, comme pour les autres Ressources. Si le joueur obtient 1 ou 2 sur un d4, le matériel
est épuisé.

Exemple : Hervé Torrès s’est équipé d’un pistolet intraçable et d’un chargeur pour l’assaut final sur la ferme-
temple, dans le scénario L’Affaire Lombardi. Le chargeur est indiqué comme ayant un score de d4 en Maté-
riel, p. 260. Lorsque l’assaut commence, Hervé tire sur un ennemi. Il effectue une Sauvegarde de Dextérité et
échoue : il ne touche pas et son adversaire, en revanche, le blesse avec un couteau lancé en plein visage. Le
joueur d’Hervé lance un d4 car son personnage a tiré : il obtient 1, le chargeur est vide.

un réveil, il obtient un Désavantage. Dans ce


cas, le MJ demande au joueur de lancer un dé
supplémentaire, de la même valeur que le dé
lancé sans Désavantage, et le MJ choisit le ré-
sultat qu’il préfère. Le plus souvent, il s’agit du
résultat le moins avantageux pour le joueur.

Fortune
Un joueur peut décider de faire appel à la
Fortune :

• Il peut placer 1 jeton Fortune sur sa fiche


(seulement s’il a actuellement 0 ou 1 jeton
Fortune sur sa fiche) afin de relancer un test
de Sauvegarde ou de Ressource échoué. • Un joueur doit relancer un test de Sauve-
garde qu’il vient de faire ;
• Il peut placer 2 jetons Fortune sur sa fiche
(seulement s’il a actuellement 0 jeton Fortune • Un joueur doit relancer un test de Res-
sur sa fiche) afin de réussir automatiquement source ;
un test de Sauvegarde ou de Ressource qu’il
a échoué. • Une nouvelle Menace s’ajoute à la Scène
actuelle ;
Pour matérialiser les jetons Fortune, vous
pouvez utiliser n’importe quel type de je- • Un proche d’un personnage appelle car il
tons. Une bourse de jetons Fortune est y a une situation urgente à régler (voir p. 29) ;
également en vente sur notre site internet
www.les12singes.com. • Un innocent est maintenant en danger,
parce qu’il a été blessé ou qu’il est mis en fâ-
cheuse posture ;
Conséquences
• Un personnage subit immédiatement un
Le MJ peut, à tout moment, défausser un Choc (voir p. 16), sans perdre de Santé mentale ;
jeton Fortune (il le remet dans le sachet) pour
déclencher l’un des effets suivants : • Un joueur doit raconter un sombre secret
concernant son personnage.

19 19
• Les Moments sont des scènes rapides et
Expérience dangereuses, utiles pour gérer les combats
par exemple. Ils représentent une activité
Les Encagés est une campagne non linéaire. qui se produit en une succession d’actions de
Les personnages peuvent s’intéresser à des quelques secondes : tirer un coup de feu, se
pistes, les mettre de côté en attendant les ré- jeter à couvert, crier des instructions à un al-
sultats d’analyse, etc. Vous trouverez des en-
SECTION 1

lié, etc.
carts Expérience qui indiquent les moments
• Les Minutes sont le temps de l’exploration
où les enquêteurs, forts de leurs découvertes,
ou de l’enquête. Elles sont généralement uti-
progressent en terme de capacités.
lisées lorsqu’une action demande un peu de
Lors de ces moments clefs, les joueurs temps pour se réaliser, comme traverser une
suivent deux étapes : ville pour atteindre un lieu, retrouver ses es-
prits après un méchant coup sur la tête, etc.
1) Chaque joueur coche le premier cercle dis-
ponible de la colonne Progression de leur per- • Les Scènes couvrent une période néces-
sonnage sur leur dossier de prétiré, p. 9. Toutes saire aux enquêteurs pour triompher d’un
les Améliorations de cette ligne sont désormais défi, vaincre un adversaire, gérer une situa-
disponibles (de même que les améliorations tion spécifique, etc. Le MJ peut volontaire-
des lignes précédentes). (Si tous les cercles ment laisser la définition vague mais doit in-
de la colonne Progression sont déjà cochés, le diquer lorsqu’une Scène se termine et qu’une
joueur passe à l’étape suivante). autre commence car cela a des conséquences
2) Le joueur choisit une Amélioration de son sur la partie.
choix parmi celles disponibles, coche la case
correspondante et applique ses effets.
Mouvement et distances
Action Plutôt que de mesurer les distances avec
exactitude, Cthulhu Hack considère des por-
Face à une Menace prolongée, le rythme tées abstraites : Au contact, Proche, Loin et
de la partie change. Même si les bagarres et Distant.
les échanges de coups de feu ne sont pas très
présents dans Les Encagés, il est possible que Au cours d’un Moment, un personnage peut
certaines scènes dégénèrent en bagarres ou se déplacer pour atteindre un endroit Proche
en fusillades. et réaliser une autre action, comme une at-
taque.
Lorsqu’un combat se déclenche, vous de-
vrez gérer le temps d’une manière un peu Un personnage peut renoncer à faire la
plus abstraite. moindre action pour atteindre un endroit
Loin, et cela prend un Moment. Pour atteindre
un endroit Distant, il faut y consacrer deux
Le temps Moments.
Pour convertir les vitesses de déplacement
Il existe trois types de temporalité dans ou les mesures, utilisez le tableau ci-contre
une partie : les Moments, les Minutes et les pour vous guider. Cependant, gardez à l’esprit
Scènes. que Cthulhu Hack n’est pas un jeu tactique.

évaluer les distances


au contact (C) proche (P) Loin (l) distant (D)
Jusqu’à 1 m 50 1 m 50 à 20 m 20 m à 40 m 40 m et plus

20
Combattre La plupart des adversaires agissent géné-
ralement après les enquêteurs sauf mention
Lorsqu’un personnage attaque, son joueur contraire dans leur encart.
effectue une Sauvegarde de Force en mêlée

SYSTÈME DE JEU
ou une Sauvegarde de Dextérité à distance.
Le fait que les joueurs lancent toujours les Dégâts
dés signifie que lorsqu’un enquêteur tente
une Sauvegarde, il essaie à la fois d’infliger des Les enquêteurs infligent des dégâts basés
dégâts et d’éviter d’être touché par son adver- sur leur capacité martiale.
saire (voir Initiative et actions, ci-dessous).
• Le dé de Dégât(s) armé représente les
Le MJ peut demander d’autres tests de dégâts infligés avec une arme appropriée,
Sauvegarde (par exemple, une Sauvegarde qu’il s’agisse d’une arme de mêlée ou à dis-
de Charisme pour résister à l’influence d’un tance.
tiers).
• Le dé de Dégât(s) sans arme représente
Portée : Pour réaliser une attaque de mêlée, les dégâts infligés à mains nues, ou avec une
l’adversaire doit être Au contact. En revanche, arme improvisée, comme un barreau de
les attaques à distance contre les opposants chaise ou une clé à molette.
Au contact sont possibles, mais elles sont as-
sorties d’un Désavantage. Les joueurs jettent leur dé, annoncent le
résultat obtenu, puis le MJ déduit le résultat
Antagonistes : Les dégâts des adversaires des points de Vie de l’adversaire, en tenant
sont indiqués dans leurs encarts dédiés. Des compte de l’Armure (voir ci-dessous).
dégâts sont infligés lorsqu’un personnage
échoue à son test d’attaque. Si le nombre total Si le joueur échoue à sa Sauvegarde contre
des attaques qu’un adversaire (ou un groupe une Menace, son personnage est blessé ou
d’adversaires) peut infliger dépasse le nombre subit un revers. Le MJ peut choisir :
d’attaques des personnages, les joueurs • De contre-attaquer avec l’une des at-
doivent effectuer une Sauvegarde pour se dé- taques de l’adversaire, auquel cas le PJ doit
fendre. Si le nombre total des attaques qu’un effectuer un test de Vie, avec éventuellement
adversaire peut infliger finit par être dépassé Avantage(s) ou Désavantage(s) selon l’Attaque
par le nombre d’attaques des personnages, de l’adversaire ;
cela signifie que si la Sauvegarde du person-
nage attaquant est échouée, il ne subit aucun • De ne pas blesser le PJ et de plutôt racon-
dégât de la part de l’adversaire. ter comment la situation se retourne contre
l’enquêteur (par exemple l’adversaire immo-
bilise l’enquêteur, ou détruit une preuve).
Initiative et actions
Qu’un personnage affronte un ennemi ou Armure
qu’il tente d’échapper à un piège, il fait face
à une Menace. En pareille situation, tout le Pour des PNJ, une Armure confère un cer-
monde a une chance de s’en sortir. tain nombre de Points d’Armure (PA). Pour
calculer les dégâts infligés, jetez les dés de
Les joueurs sont libres de faire agir leur alter Dégât(s) et déduisez la valeur des Points d’Ar-
ego dans l’ordre de leur choix. mure (PA).
Chaque personnage peut réaliser une ac- Si les personnages obtiennent des protec-
tion simple, se déplacer sur une courte dis- tions (gilets pare-balles) cela leur confère un
tance et dire quelques mots. Cela correspond Avantage aux tests de Vie pour les dégâts
à un Moment. Tout ce qui est plus complexe d’armes à feu.
prend plus de temps.

21 21
EXEMPLE DE COMBAT
Les joueurs incarnent deux encagés, pour jouer la scène d’infiltration dans le Clos des Fleurs. Ils sont face
à James Sutton. Nicolas incarne Sophie Ianski, et Julien est Simon Thurston. Le MJ note que James Sutton a
droit à 3 attaques (cf. p. 222).

Julien (Thurston) : Je lui tire dessus !


SECTION 1

MJ : Ok, il se jette sur le côté et essaie de te tirer dessus aussi. Comme il est surpris, tu as un Avantage.

Julien lance deux fois le d20. Il tente une Sauvegarde de Dextérité (il a 16). Il obtient 18 et 4. Il devait faire
strictement moins de 16 c’est donc réussi grâce au 4. Il a d12 en Dégât(s) armé il lance donc le d12 et obtient
10. Sutton a consommé une de ses attaques.

MJ : Sutton semble gravement touché.


Nicolas (Ianski) : Je tire aussi !
MJ : Il tente de riposter également, tu vois sa main chargée d’une énergie sombre, et il essaie de t’attraper.
Si tu réussis ta Sauvegarde de Dextérité tu le touches, sinon c’est lui qui te touche.

Nicolas lance le d20, il obtient 19.

MJ : Sutton touche ta peau et tu sens que tu es épuisée. Tu perds 10 points en Force, ou Constitution, ou
Dextérité, au choix.

Nicolas note qu’il n’a plus que 4 en Dextérité. Les joueurs ont tous agi, Sutton a consommé une autre at-
taque, il lui en reste donc une.

MJ : Sutton regarde intensément Simon. Fais une Sauvegarde de Dextérité pour l’éviter.

Julien lance le d20, il obtient un 17.

MJ : Tu commence à être convaincu qu’il faut éliminer Sophie, après tout, elle t’énerve. Tu dois réussir une
Sauvegarde de Charisme pour éviter cela.

Julien lance le d20, il obtient 9.

MJ : Tu résistes de justesse à l’influence de Sutton. Il n’a plus d’attaques, vous pouvez de nouveau agir.

Exemple : Un enquêteur ayant d8 en valeur armure


de Dégât(s) armé tire avec son 9mm sur une
cible en fuite. La cible porte un gilet pare-balle type points
(2 PA) et a 8 points de Vie. L’enquêteur obtient d’armure
un « 6 » sur ses dégâts, la cible perd 4 points Cuir, vêtements rembour-
de Vie (6 - 2). rés, derrière des mottes de 1
foin, derrière une colonne
Gilet pare-balles, derrière
Certaines situations (être à couvert derrière 2
un bar, derrière une voiture
une voiture, derrière un mur en brique) oc- Armure lourde (GIGN), der-
troient l’équivalent d’une Armure (voir encart 4
rière un muret
Armure).

22
Regagner des Ressources Affronter ses problèmes
Chaque personnage prétiré est associé à des
Il existe plusieurs moyens de regagner des complications (voir p. 29). Un joueur peut indi-

SYSTÈME DE JEU
Ressources. quer à tout moment au MJ qu’il souhaite que
son personnage soit confronté à une compli-
cation. Le MJ met en jeu la complication et une
Se changer les idées fois qu’elle a été affrontée par le personnage, il
a le choix entre les regains suivants :
Lorsqu’un personnage fait un break le dimanche • Bagou ET Torche remontent au maximum ;
avec sa famille ou ses ami(e)s, il se change les
idées. Cette pause bienvenue lui permet de choi- • Santé mentale remonte au maximum.
sir l’un ou l’autre des regains suivants :
• Bagou revient à son niveau maximum ;
Obtenir des soins
• Torche revient à son niveau maximum ;
Si un personnage Hors Jeu reçoit des soins
• Santé mentale regagne un niveau. médicaux et souhaite revenir en jeu, il passe
plusieurs Moments à se remettre sur pied avant
Le regain est automatique, il suffit de pas- de pouvoir de nouveau agir. Ce nombre de mo-
ser un jour en off pour remonter l’une de ces ments est égal à 8 – (Valeur obtenue sur la table
Ressources. Hors Jeu (voir p. 16)). Survivre au test de la table
Hors Jeu laisse le personnage avec d4 en Vie.
Après huit heures de repos, un joueur re-
Surmonter une enquête de l’IGGN gagne un niveau de Vie.

En cas de recommandation le personnage re-


monte à d4 en Respect. En cas de non-lieu le per-
sonnage remonte à d6 en Respect (voir p. 76)

23 23
les demandes qui nous arrivent sont ur-
Analyses de la police gentes, vous savez ?

scientifique • Le temps de travail : il s’agit du temps né-


cessaire pour passer les échantillons dans les
machines, analyser les résultats, effectuer des
Au cours de la campagne Les Encagés, les vérifications, obtenir des produits spécifiques
SECTION 1

enquêteurs auront besoin d’analyses, de re- pour l’analyse.


cherches complémentaires, qu’ils vont délé-
guer à des collègues. Les analyses prennent • Le temps de transmission : la bureaucratie
du temps et les PJ devront parfois attendre ralentit la transmission des conclusions. Les
des jours avant d’obtenir le résultat d’une de- techniciens doivent documenter leurs trou-
mande d’informations. Ainsi veillez à noter vailles, les vérifier, remplir un rapport com-
sur le calendrier de suivi les dates auxquelles plet, etc. Ce délai-là est beaucoup plus facile
les PJ obtiennent de nouveaux rapports sur à compresser. En fait, c’est simple comme un
leur bureau. De plus notez quel PJ a fait une coup de fil, sur le mode « écoutez, je ne vous
demande d’analyse, car lui seul pourra faire le dis pas officiellement, vous aurez le rapport
accélérer l’obtention des résultats. en fin de semaine, mais l’ADN de votre suspect
correspond à ce qu’on a trouvé sur la scène de
crime ». Encore faut-il que le technicien dé-
croche son téléphone…
Formuler les demandes
Le plus frustrant est qu’en général, les en-
Rédiger une demande de rapport d’autop- quêteurs qui appellent pour se plaindre ont
sie, d’analyse d’ADN, ou de consultation de des gens sympathiques et motivés à l’autre
comptes bancaires nécessite du temps. bout du fil. Tout le monde a conscience qu’il
y a un ou des tueurs dans la nature, mais c’est
Un personnage qui consacre sa matinée en-
le système, il est là pour de bonnes raisons, et
tière à de l’administratif peut effectuer une
il est impossible à changer.
demande d’analyse.
Ces trois temps varient selon le type de de-
Un personnage qui consacre son après-mi- mande (voir tableau ci-contre).
di entière à de l’administratif peut effectuer
deux demandes d’analyse.
Un personnage qui consacre sa soirée à de Accélérer les demandes
l’administratif peut effectuer une demande
d’analyse. Gardez à l’esprit que rester trop Le PJ qui a fait une demande d’analyse peut
souvent tard au bureau à rédiger des de- tenter d’accélérer l’obtention des résultats.
mandes de rapport peut accélérer les compli-
Le temps d’attente peut être réduit si les PJ
cations (voir p. 29).
font jouer leurs relations, en réussissant une
Sauvegarde de Charisme pour les autopsies
(« salut, on se voit toujours la semaine pro-
Trois temps chaine pour un poker ? Ah, au fait, tu peux
faire fissa sur ce truc ? J’en ai vraiment be-
Lorsqu’un PJ demande une analyse à la
soin »), une Sauvegarde d’Intelligence pour
police scientifique, elle est soumise à trois
les autres demandes du tableau ci-après (« je
étapes successives :
parle la même langue que les fouines du labo,
• Le temps d’attente : le plus gros du dé- ça aide »). Le résultat est le suivant :
lai se produit avant même l’analyse. La re- • En cas de 20 sur le dé 20, le temps d’at-
quête atterrit dans une pile, quelque part, tente n’évolue pas et le MJ coche une case sur
et sera traitée à son heure, selon le planning la jauge de pression du calendrier de suivi. De
de l’équipe technique. Oui, bien sûr, la de- plus, la réputation du PJ est peut-être enta-
mande des enquêteurs est urgente. Toutes chée, il doit effectuer un test de Respect.

24
table des étapes d’analyse
Activité Temps d’attente Temps de Temps de
travail transmission

SYSTÈME DE JEU
Autopsie 1d3 jours 1 journée 1d2 jours

Examen toxicologique 1d3 +1 jours 1 journée 1d3 jours

Examen balistique 2d10 jours 1 journée 1d10 jours

Analyses chimiques 1d6 semaines 2 jours 1d10 jours

Examen fibres/traces 1d3 semaines 3 jours 1d10 jours

Comparaison ADN 1d10 +1 semaines 2 semaines 1 journée

Analyses diverses 1d6 semaines 3 jours 1d10 jours

Relevés sur scènes de crime 0 2 heures 1d3 jours

Pistage des mails de « Nemo » 1d2 jours 3 heures 1d6 heures

25 25
• En cas d’échec, le temps d’attente n’évo- bâton. Lorsque la jauge de pression atteint
lue pas et le MJ coche une case sur la jauge de son niveau maximum, à leur tour, le médecin
pression du calendrier de suivi. légiste et les techniciens se plaignent d’être
harcelés au commandant Mata. Le comman-
• En cas de réussite, le temps d’attente est dant demande diplomatiquement aux en-
divisé par deux. quêteurs de « laisser les spécialistes travailler
dans la sérénité ». Les expertises suivantes
SECTION 1

• En cas de 1 sur le dé 20, le temps de trans-


sont rendues en temps et heure, et sont im-
mission est réduit à son minimum.
peccables, mais la réputation du groupe en a
Le temps de travail est impossible à com- pris un coup : tous les personnages perdent
presser. immédiatement 1 niveau de dé en Respect.

Le temps de transmission peut être réduit par


un test de Respect. Le résultat est le suivant :
Autres demandes
• En cas de 1 ou de 2, le Respect du person-
nage baisse d’un niveau, le temps d’attente Les activités suivantes relèvent de la routine
n’évolue pas et le MJ coche une case sur la policière plus que de la police scientifique, mais
jauge de pression du calendrier de suivi. toutes risquent de jouer un rôle dans le scénario.
• En cas de réussite, le temps de transmis- • Identification d’un véhicule immatricu-
sion est divisé par deux. lé en France ou dans la plupart des pays de
l’espace Schengen. Instantanée : tous les vé-
N’hésitez pas à préparer les trois temps des hicules de la gendarmerie ont un terminal rac-
aides de jeu avant votre séance de jeu. cordé à la base de données.
• Identification d’un véhicule immatricu-
Jauge de pression lé dans un pays hors Schengen. L’organisme
compétent pour la Grande-Bretagne est la Dri-
La jauge de pression représente l’insistance ver & Vehicle Agency, réponse sous 1d3 jours.
des PJ auprès de leurs collègues. Elle est égale
au nombre de personnages multiplié par 2. • Apprendre par où un véhicule ou un sujet
Elle baisse de deux points chaque dimanche. britannique est entré en France. Les douanes
Si les enquêteurs exagèrent et passent leur françaises ne contrôlent que les flux, sans en-
temps à faire pression sur tout le monde pour registrer les détails. Il faut donc s’adresser à
tout accélérer, ils s’exposent à un retour de l’UKBA (United Kingdom Border Agency), qui

OPTION : SIMPLIFIER LA GESTION


DES DEMANDES
Le système de demande d’analyses vise à obtenir une granularité importante et des variations qui peuvent
amener des situations intéressantes. Si vous souhaitez simplifier au maximum la gestion des demandes de rap-
port, nous vous présentons également une option, utilisée lors de certains playtests des Encagés.
Chaque aide de jeu qui doit être obtenue suite à une demande d’analyse ou est indiquée sous la forme : aide
de jeu 26 (6 semaines / Intelligence / 4 semaines). Entre parenthèses, la première valeur (6 semaines) est le
temps moyen d’obtention du rapport, la deuxième valeur (Intelligence) est le test à effectuer pour accélérer
l’obtention du rapport (cela peut être une Sauvegarde, ou un test de Respect). La troisième valeur (4 semaines)
est le temps d’obtention du rapport si le test est réussi. En cas de 1 ou 2 sur un test de Respect, le dé de Respect
baisse d’un niveau, comme habituellement.
En cas d’échec au test (pour les tests de Sauvegarde) ou en cas de 1 ou 2 (pour les tests de Respect), le MJ doit
cocher une case sur la jauge de pression.

26
est en pleine restructuration et donnera sa ré-
ponse sous 1d10+5 jours. Contacter Eurostar
et les sociétés de ferries impose de formuler
plusieurs demandes et un test de Respect,

SYSTÈME DE JEU
mais les réponses arrivent en 1d6+2 jours.

• Demander des informations bancaires


sur un suspect. 1d6+2 jours, peut être réduit
à 1d3 jours moyennant une Sauvegarde d’In-
telligence (pour produire une demande dans
les règles de l’art).
• Demander les relevés téléphoniques d’un
suspect. 1d2 jours, peut être réduit à 1d6+3
heures moyennant une Sauvegarde de Cha-
risme (pour demander un service à un ami
dans les télécoms).
• Demande d’expertise graphologique. Les
graphologues sont des experts indépendants qui
n’aiment pas être bousculés. L’évaluation de base
prend 1d3+1 semaines. Elle peut être réduite
à 1d10+7 jours moyennant une Sauvegarde
de Charisme après un entretien en face à face
pour convaincre l’expert de l’importance de ce
travail. Des examens complémentaires rajoutent
1d6 jours pour chaque demande. L’identification
d’une écriture par un graphologue n’est pas une
preuve absolue devant un tribunal.

• Obtenir le feu vert d’un juge des liber-


tés pour une perquisition si un suspect re-
fuse l’accès à son domicile. 1d3 heures (aux
heures de bureau).
MODULER LE TEMPS
Gardez à l’esprit que les trois temps sont indicatifs. Le plus important est ce qui se passe à votre table de jeu.
Ainsi restez souple afin de raconter la meilleure histoire possible. Voici quelques conseils suite aux playtests que
nous avons menés :
• Si une information ou une aide de jeu est censée arriver trop tard et que vos joueurs n’ont déjà plus grand-
chose à se mettre sous la dent, réduisez le temps à votre guise : un stagiaire a traité tout l’administratif et les
agents du labo ont pu dégager du temps supplémentaire pour faire avancer les dossiers, un employé a fait du
zèle en restant plus tard pour boucler une pile de dossier, du budget a été débloqué pour accélérer les perfor-
mances en vue du bilan annuel qui approche, etc.
• Si une information ou une aide de jeu est censée arriver trop tôt et que vous estimez que cela peut nuire à l’intrigue
en révélant un secret majeur, augmentez le temps à votre guise – le dossier s’est perdu, l’échantillon a été perdu et il a
fallu faire un nouveau prélèvement, un expert critique sur le sujet était absent pendant quelques jours, etc.
• Si plusieurs informations ou aides de jeu arrivent en même temps, et que les enquêteurs sont déjà submer-
gés par l’enquête, vous pouvez décider de décaler l’arrivée de certaines aides de jeu.

Les rapports de la police scientifique ou de tiers doivent être un outil permettant de rythmer la campagne.

27 27
PERSONNAGES PRÉTIRÉS
Vous trouverez en pages suivantes une • Alain Tellier a deux enfants et un anniver-
équipe de cinq gendarmes prétirés. Utili- saire à organiser.
SECTION 1

sez-les selon vos besoins. Certains peuvent


être convertis en PNJ, leurs histoires person- • Daniel Brochard a un mariage qui bat de
nelles peuvent être réécrites, etc. l’aile et une maîtresse. Cette dernière a un
frère violent et incontrôlable.
En l’état, l’équipe se compose de :
• Caroline Josse se remet difficilement
• Capitaine Alain Tellier, directeur d’enquête d’une rupture.

• Capitaine Daniel Brochard, son adjoint • Aurore Huard a une vie étriquée et s’in-
quiète pour la santé mentale de son frère.
• Lieutenant Caroline Josse, procédurière
• Kader Messali se marie dans deux mois, et
• Lieutenant Aurore Huard, profileuse sa grand-mère est gravement malade.

• Lieutenant Kader Messali, en formation L’idée est d’encourager les joueurs à faire
vivre leurs enquêteurs « en dehors du cadre ».
Ils ne sont pas de simples machines à penser,
mais des êtres humains avec des familles et
Personnaliser les Sauvegardes des ennuis extérieurs au boulot.
Si cet aspect « série télé » n’est pas votre
Après avoir choisir un personnage prétiré, tasse de thé, gommez-le ou effacez-le carré-
un joueur dispose de 6 points à ajouter aux ment. S’il vous amuse, rajoutez des PNJ, en
scores de Sauvegarde de sa fiche. Il ne peut faisant juste attention de ne pas faire passer
pas dépasser 16 dans un score de Sauvegarde l’enquête au second plan par rapport à leur
lors de cette étape. vie affective.
Notez que l’existence de cet entourage est
aussi un moyen d’inquiéter les joueurs, qui

Entourage sont prompts à tenir des raisonnements du


type « si ces PNJ existent, c’est bien pour que
les criminels s’en prennent à eux ». En réalité,
Ces personnages sont fournis avec un en-
les encagés se concentrent sur les sectateurs,
tourage, brièvement présenté au paragraphe
et ceux-ci ne s’attaquent qu’aux fugueurs, pas
Et dans ma vie ? de leurs dossiers. En résumé :
à des familles de gendarmes.

DES CHOIX À FAIRE


SUR LES PRÉTIRÉS ?
Pourquoi ne pas totalement déterminer les prétirés et laisser les joueurs choisir certains aspects ? C’est dé-
libéré. Obliger les joueurs à déterminer eux-mêmes leurs Sauvegardes les pousse à s’impliquer un minimum
dans leurs personnages. Sinon, les personnages leur tomberaient tout cuits dans le bec, avec un background
et une feuille toute remplie… Si possible, arrangez-vous pour que la répartition des points se fasse en commun
lors de la première séance. Cela permet de s’assurer qu’il n’y a pas de « trous » gênants dans ce que l’équipe
est censée maîtriser. « Comment ça, personne n’a un bon score en Intelligence ? On est des enquêteurs, et
personne ne sait relier deux indices entre eux ? »

28
• Dylan, le frère d’Anaïs, est mêlé à une ba-
garre qui tourne mal. En garde à vue, il ap-
Complications pelle Brochard pour qu’il le tire de la merde. Il
a envoyé un « gaucho » à l’hôpital. Son adver-

SYSTÈME DE JEU
Un moyen de faire vivre l’entourage est saire pesait vingt kilos de moins que lui, et se
d’utiliser des complications, des événements trouve être le fils d’un conseiller municipal PS
qui viennent perturber leur vie. Vous pouvez qui tente d’exploiter l’affaire dans les médias.
choisir d’en utiliser vous-même pour leur…
compliquer la vie, ou vous pouvez leur si-
gnaler qu’ils ont la possibilité de se compli- Caroline Josse
quer la vie eux-mêmes. Dans ce cas, ils n’ont • Théo débarque à l’improviste avec des
qu’à vous glisser un mot, et vous vous chargez fleurs (ou pire, une bague) et des excuses. Est-
du reste. En voici une liste. À vous de piocher elle seule ce soir-là ? Que fait-elle ?
dedans ou d’en inventer d’autres, si besoin
(soyez prudent : plus d’une complication par • L’un de ses petits amis de rencontre
personnage est sans doute déjà trop…) s’avère violent et difficile à mettre à la porte.

Alain Tellier Aurore Huard


• Non seulement Antoine a de mauvais • Julien, un pote de son frère avec qui elle
résultats à l’école, mais il sèche les cours est sortie une ou deux fois, la relance. Amorce
et traîne avec des petits glandus du même d’une grande histoire d’amour ou prélude à
genre. Il n’est pas exactement en train de mal un énième échec ?
tourner, mais il a besoin d’être recadré.
• Son frère Matthieu part en vrille. Tout est
• L’anniversaire d’André se transforme en possible, de la « simple » dépression à la ten-
casse-tête, avec l’organisation d’une fête, un tative de suicide en passant par l’explosion au
choix de cadeau compliqué, etc. cours de laquelle il casse la figure de son res-
ponsable.

Daniel Brochard
Kader Messali
• Ses affaires de cœur peuvent lui exploser
à la figure d’une multitude de manières. Anaïs • Léa, toute fière, lui annonce qu’elle est en-
lui pose un ultimatum : elle ou moi. Ou alors, ceinte.
Nadine découvre qu’il la trompe et va s’instal-
ler à l’hôtel. • Sa grand-mère entre à l’hôpital. Elle n’en
ressortira plus.

AJUSTEMENTS
Il va de soi que vous êtes libre de changer le sexe et le background des prétirés à votre guise. Vous pouvez
n’en utiliser qu’une partie ou ne pas vous en servir du tout. Les personnages masculins peuvent devenir des
femmes et vice versa, les grades peuvent être modifiés, et ainsi de suite selon les besoins de votre groupe.
Voici des prénoms alternatifs et de rapides notes de conversion pour des personnages de l’autre sexe.
• Le capitaine Anne Tellier, directrice d’enquête, est mariée à Alain, un prof.
• Le capitaine Nadine Brochard est malheureuse en ménage avec Daniel et vit une aventure avec un homme
plus jeune, Arnaud.
• Le lieutenant Théo Josse se remet mal d’une rupture avec Caroline Laubier.
• Le lieutenant Matthieu Huard s’inquiète pour sa sœur, Aurore.
• Le lieutenant Saloua Messali se prépare à épouser Pierre.

29 29
rouge delaware

CAPITAINE ALAIN TELLIER


Qui suis-je ?
SECTION 1

Je m’appelle Alain Tellier. J’ai 45 ans. Je dirige l’équipe. J’ai suivi un parcours
de gendarme classique dans le maintien de l’ordre, avant de me rendre
compte que j’étais un bon enquêteur. Mieux, mes supérieurs s’en sont aussi
rendu compte. J’ai intégré la Section de Recherche de Mulhouse au début
des années 2000 avant d’être muté à Bordeaux en 2005. J’ai été promu ca-
pitaine en 2008, et je me suis retrouvé à la tête d’une équipe d’enquêteurs.
Cela m’éloigne un peu du terrain, et m’oblige à faire un peu de diplomatie
avec les collègues, le juge d’instruction, la presse, etc., mais je reste quand
même ancré dans le concret. Si je continue à progresser, je me retrouverai à
faire de l’administratif pur, une perspective que je trouve angoissante.

Que se passe t-il ?


À 5 h 30 ce 9 mai, le lieutenant Da Silva, de la Brigade de Recherches de
Libourne, m’a tiré du lit. Une maison en flammes dans leur secteur, à Ville-
sauvegardes gouge. Les pompiers ont déjà sorti deux cadavres portant des impacts de
balles d’une chambre du premier étage. Il est possible qu’il y en ait d’autres,
FORCE 14
j’aurai un point plus précis quand j’arriverai. J’aperçois les lumières de l’in-
DEXTÉRITÉ 10
cendie et celles des gyrophares. Le reste de l’équipe est en route. Il est 6 h
CONSTITUTION 14
30, on sera opérationnels dans quelques minutes.
SAGESSE 14
INTELLIGENCE 13
CHARISME 14 Quel est mon rôle dans l’équipe ?
Je suis le chef, mais je fais de mon mieux pour adoucir les angles de la dis-
ressources cipline militaire, écouter les avis de chacun et donner à tous une chance
TORCHE d6 de briller. Une enquête, ce n’est pas tout à fait comme une opération mili-
BAGOU d8 taire, après tout. La rétention d’informations à l’intérieur du groupe est un
SANTÉ MENTALE d6 péché, alors que dans l’armée, c’est un besoin. Je veille donc à ce qu’elle
RESPECT d6 circule, quitte à ce que tout le monde grogne contre les briefings du matin
et du soir.
DÉS DE VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d8 Et dans ma vie ?


DÉGÂTS NON ARMÉ d4 Je suis marié depuis dix-sept ans à Marie, une enseignante qui m’a donné
deux fils, Antoine et André. Antoine a quinze ans et a du mal à l’école.
André est intelligent et vif. Il aura onze ans le 20 mai, il faut encore qu’on
lui trouve un cadeau, d’ailleurs. J’ai une vie agréable, je fais un métier que
j’aime, bref, tout va bien.

Qui sont mes subordonnés ?


• Capitaine Brochard : Un gendarme en fin de carrière aux opinions bien
arrêtées. Il n’est pas forcément facile à mener, mais on s’apprécie et on
travaille ensemble depuis des années. Je lui ai délégué la mise en route du
petit Messali, à moi de veiller à ce qu’il le gère bien.

30
• Lieutenant Josse : Le lieutenant Josse est très douée pour tout ce qui est procédures et
respect des règles, un aspect que je suis content de lui déléguer. Elle joue aussi les mamans
pour les deux autres lieutenants, mais elle est parfois à la limite de la mère abusive. Un petit

SYSTÈME DE JEU
recadrage entre quatre yeux risque de finir par s’imposer, mais en douceur, puisqu’elle fait du
bon travail.
• Lieutenant Huard : Je suis assez sceptique sur les chances de réellement parvenir à mettre
les gens en équations, mais si on gratte tout le jargon scientifique, on trouve un bon enquêteur,
avec du flair. Ça me suffit. Elle rêve de partir faire un stage au FBI, puis d’aller jouer les Clarice
Starling à l’IRCGN. Je risque donc de la perdre dans quelques mois. C’est dommage, mais bloquer
sa carrière pour la conserver serait égoïste au possible.
• Lieutenant Messali : On aura toujours besoin d’hommes d’action dans la gendarmerie.
Kader Messali en est un et un bon. Il faut juste qu’il apprenne à se couler dans le rythme d’une
enquête. Surtout dans le Bordelais, où on fait dans le feutré, le discret, le bien élevé…

Capacités spéciales
q Bureaucratie : vous avez un Avantage pour les tests visant à accélérer le temps de trans-
mission des rapports.

q Chef d’équipe : lorsqu’un autre enquêteur épuise son score de Torche ou de Bagou, vous
pouvez décider de perdre un niveau en (respectivement) Torche ou Bagou à sa place.

q Diplomatie : lorsque vous faites un discours pour rassurer des tiers concernant l’enquête
(la presse, des supérieurs ou des collègues), vous lancez les dés avec un Avantage.

q Force de caractère : une fois par session de jeu, vous pouvez relancer les dés pour un test
de Hors-Jeu ou de Santé mentale. Choisissez le résultat de votre choix.

Équipement
Arme de dotation (Sig-Sauer SP 2022 9mm), menottes réglementaires, uniforme (port faculta-
tif), brassard «Gendarmerie» pour les interpellations en civil.

Expérience
progression améliorations
Votre personnage découvre une
Le score de Respect de votre per-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q sonnage est désormais d8.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une Le score de Dextérité de votre per-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q sonnage augmente définitivement
chez une nouvelle case ci-dessus. de 2 points.
Votre personnage découvre une
Le score de Torche de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d8.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Le score de Charisme de votre per-
Le score de Vie de votre person-
m q q sonnage augmente définitivement
nage est désormais d12.
de 2 points.
31 31
rouge delaware

CAPITAINE DANIEL BROCHARD


Qui suis-je ?
Je m’appelle Daniel Brochard. J’ai 57 ans, dont trente-huit sous l’uniforme.
SECTION 1

J’ai commencé à la circulation, comme tout le monde, puis j’ai progressé.


Dans les années 80, j’ai intégré la branche « recherches » de la gendar-
merie, d’abord par chez moi, dans le Nord, puis en Lorraine, et enfin à
Bordeaux, où je suis arrivé en 2004. C’est la fin du voyage, d’abord parce
que j’aime le coin, et ensuite parce que la retraite arrive. Pas trop tôt, d’ail-
leurs ! Oh, ce n’est pas que j’en ai marre du boulot, non, je pourrais encore
continuer vingt ans sans souci. Mais l’institution évolue vers quelque chose
qui me déplaît. De la technique partout, des laboratoires, des petits gé-
nies diplômés de ci ou de ça, alors qu’un crime, c’est d’abord de l’humain.
Quand on les voit, les gens sont généralement sonnés par un drame. On
les écoute, on les entend au sens premier du mot, et si on peut les aider,
tant mieux ! Surtout que ça ne marche pas si bien que ça, tous ces trucs.
J’énerve beaucoup Nadine, ma femme, parce que quand elle regarde Les
Experts, je passe mon temps à me marrer devant l’écran. Qu’est-ce que j’y
peux, moi, si je préfère Maigret ?
sauvegardes
FORCE 14 Que se passe t-il ?
DEXTÉRITÉ 12 Comme souvent, j’ai été tiré du lit par un coup de téléphone urgent. Il
CONSTITUTION 13 est presque six heures et demie du matin et je suis en route pour Ville-
SAGESSE 13 gouge, un village du côté de Libourne. Le lieutenant Da Silva, de la Brigade
INTELLIGENCE 15 de Recherches, m’a parlé d’un incendie criminel pour dissimuler plusieurs
CHARISME 12 meurtres. Si la presse s’en mêle, ça va être le cirque. Je serai sur place dans
cinq minutes, on fera le point à ce moment-là.
ressources
TORCHE d6 Quel est mon rôle dans l’équipe ?
BAGOU d8
Je suis le plus vieux. En soi, ce n’est pas un rôle, mais jouer les vieux
SANTÉ MENTALE d8
sages m’amuse de plus en plus. Plus officiellement, je suis le numéro 2 de
RESPECT d6
l’équipe, le bras droit du chef. Mon principal atout est ma très longue pra-
tique des interrogatoires. Par ailleurs, je connais bien la région et les gens
DÉS DE VIE d8
« qui comptent » dans la police et la gendarmerie.
DÉGÂTS ARMÉ d10
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 Et dans ma vie ?
Ma vie privée est un peu compliquée en ce moment. Je suis marié depuis
presque trente ans avec Nadine. Nos enfants sont grands, ils ont leur vie,
on voit nos petits-enfants aux vacances. J’aime toujours Nadine, mais l’an-
née dernière, j’ai fait la connaissance d’Anaïs. Elle est infirmière, a vingt-
cinq ans de moins que moi, et me fait me sentir plus vivant que je ne l’ai
été depuis… toujours. Je vis dans la trouille que Nadine se rende compte
que je la trompe. Ah, et puis il y a Dylan, aussi. Le frère d’Anaïs. C’est par
lui qu’on s’est rencontrés, tous les deux. Il partage mes opinions politiques,
mais en tant que chômeur longue durée, il n’a pas de devoir de réserve,
contrairement à moi. Il n’a pas d’inhibitions non plus. Si je fais du mal à sa
sœur, il risque de me casser la gueule, gendarme ou pas.

32
Qui sont mes collègues ?
• Capitaine Tellier : Ce n’est pas un collègue, c’est mon supérieur. Il est plus jeune que moi
et on est du même grade, mais c’est lui qui se coltine toute la merde politique et les luttes de

SYSTÈME DE JEU
pouvoir. On travaille ensemble depuis des années, on se respecte et on fait un bon binôme.
• Lieutenant Josse : Elle est bien, cette petite. Le respect des procédures et de la chaîne des
preuves, c’est indispensable, et c’est un truc avec lequel je n’ai jamais eu de mal. Mais elle a
un style un peu… abrasif. Elle a besoin d’apprendre à arrondir les angles, mais je ne vois pas
comment l’y aider.
• Lieutenant Huard : Je n’ai rien contre elle, attention, mais les grands mots m’agacent.
« Unité des sciences du comportement », comme si le comportement humain était rationnel et
scientifique ! Je suis sûr que je peux faire aussi bien qu’elle, « à l’ancienne ».
• Lieutenant Messali : Le petit Kader est bien gentil, mais il est aussi complètement bleu. Lui
mener un peu la vie dure, ça ne lui fera pas de mal. Rien à voir avec son origine. Certainement
pas. Pas mon genre. En dehors du service, je pense ce que je pense, parce qu’à force de voir
ce qu’on voit, on finit par tirer certaines conclusions, hein, mais une fois sous l’uniforme, tous
pareils. Même les bougnou… les enfants d’immigrés.

Capacités spéciales
q Déduction : une fois par session de jeu, vous pouvez demander au MJ un indice pour vous
aiguiller sur une piste que vous n’auriez pas suffisamment creusée, ou que vous auriez oubliée.

q Dites-moi tout : vous avez un Avantage aux tests visant à obtenir des aveux ou des confidences.
q Main sûre : une fois par session de jeu, vous réussissez automatiquement un test d’attaque à distance.
q Vieux de la vieille : une fois par session de jeu, vous pouvez relancer un test de Respect
que vous avez raté.

Équipement
Arme de dotation (Sig-Sauer SP 2022 9mm), menottes réglementaires, uniforme (port faculta-
tif), brassard «Gendarmerie» pour les interpellations en civil.

Expérience
progression améliorations
Votre personnage découvre une
Le score de Vie de votre personnage
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q est désormais d10.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une Le score d’Intelligence de votre per-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q sonnage augmente définitivement
chez une nouvelle case ci-dessus. de 2 points.
Votre personnage découvre une
Le score de Bagou de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d10.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Le score de Charisme de votre per-
Le score de Torche de votre per-
m q q sonnage augmente définitivement
sonnage est désormais d8.
33 de 2 points.
33
rouge delaware

LIEUTENANT CAROLINE JOSSE


Qui suis-je ?
Je m’appelle Caroline Josse. J’ai 30 ans. Je suis née dans une famille de
SECTION 1

militaires conservateurs, qui tordent encore un peu le nez quand ils men-
tionnent que je suis gendarme. Ce n’est pourtant pas si grave, papa, c’est
quand même l’armée ! On peut tout à fait devenir général via la gendarme-
rie, ce n’est pas comme si j’étais dans la police judiciaire, avec leurs grades
« militaires » en carton !
Je suis arrivée dans le Sud-ouest il y a un peu plus d’un an, et j’ai été affec-
tée au groupe du capitaine Tellier. Contrairement aux deux autres lieute-
nants, qui ne voient Bordeaux que comme une étape de leur carrière, je
suis là pour rester. En fait, dès que je serai passée capitaine, j’aurai mon
propre groupe.

Que se passe t-il ?


Il est six heures et demie du matin, et je roule vers Villegouge, un village
situé sur le territoire de la Brigade de Recherches de Libourne. Ils veulent
nous refiler une histoire d’homicides multiples avec un incendie par-des-
sauvegardes sus. Je n’ai pas d’opinion pour l’instant, et je n’en aurai qu’une fois sur
FORCE 12 place. Par contre, avant de partir de chez moi, j’ai rempli deux thermos de
DEXTÉRITÉ 13 café. Je suis sûre que je vais être la seule à y avoir pensé ! Et j’ai toujours du
CONSTITUTION 11 sucre, des gobelets et des touillettes dans la boîte à gants.
SAGESSE 14
INTELLIGENCE 16
CHARISME 13 Quel est mon rôle dans l’équipe ?
Je suis la chieuse de service. Mon boulot est de veiller à ce que l’enquête
ressources soit nickel, que toutes les procédures soient respectées, que les preuves
ne puissent pas être contestées au tribunal, etc. C’est un job hautement
TORCHE d10
ingrat, et j’ai bien fait comprendre à tout le monde que leur coopération
BAGOU d6
était indispensable – et quand il y a un souci, je ne manque pas d’en par-
SANTÉ MENTALE d6
ler en réunion. En détail. Aussi souvent que nécessaire jusqu’à ce que le
RESPECT d12
message passe. J’essaye de compenser en étant sympa et en aidant les
nouveaux à s’intégrer, mais ils me fuient. C’est frustrant.
DÉS DE VIE d6

DÉGÂTS ARMÉ d6 Et dans ma vie ?


DÉGÂTS NON ARMÉ 1
Si je n’aime pas les policiers, c’est parce que je sors d’une histoire avec
Théo Laubier, un lieutenant de la PJ parisienne. On s’est mis ensemble, j’ai
été mutée à Bordeaux, on a tenté de continuer à distance, il m’a trompée,
je m’en suis aperçue, on a rompu il y a deux mois. Bref, je déplace mon hos-
tilité à son égard sur son administration d’origine. C’est infantile, mais ça
soulage. L’autre élément de mon processus de guérison est une vie privée
que… disons que maman n’approuverait pas. Prendre, jeter, oublier, passer
au suivant. Ça aussi, ça se réfléchit et ça s’organise. Dans le tas, il y en aura
peut-être un à garder, mais j’en suis de moins en moins sûre.

34
Qui sont mes collègues ?
• Capitaine Tellier : Un bon chef, peut-être un peu trop coulant par moments. Mais je lui suis
loyale, d’autant plus que son évaluation peut me faire avancer… ou reculer.

SYSTÈME DE JEU
• Capitaine Brochard : Un vieux flic sur le départ et c’est dommage, c’est un enquêteur carré,
sans génie, mais méticuleux. Et être méticuleux, c’est important.

• Lieutenant Huard : Elle et moi avons du mal à fonctionner ensemble. Elle n’est pas vraiment
là, elle a la tête ailleurs, au FBI ou je ne sais où et c’est pénible. Il faut qu’on trouve un modus
vivendi avant que ça ne dégénère.
• Lieutenant Messali : Un chien fou qui se croit dans un film. L’armée l’a cadré, mais il reste du
travail pour en faire un vrai enquêteur. Heureusement, c’est le job du capitaine, moi je suis juste
là pour veiller à ce qu’il ne sabote pas les enquêtes en cours.

Capacités spéciales
q Érudit : une fois par session de jeu, vous réussissez automatiquement une Sauvegarde
d’Intelligence ou de Sagesse.

q Là où ça fait mal : les dégâts que vous infligez avec une arme à feu passent à d10.
q Polyvalente : une fois par session de jeu, vous pouvez relancer un test de Sauvegarde
échoué. Choisissez le résultat de votre choix.

q Procédures : une fois par session de jeu, vous pouvez demander au MJ la date exacte à
laquelle un rapport que votre équipe a demandé sera rendu. Vous pouvez perdre un niveau en
Respect (comme si vous aviez échoué un test de Respect) pour que le rapport soit rendu 1d6
jours plus tôt.

Équipement
Arme de dotation (Sig-Sauer SP 2022 9mm), menottes réglementaires, uniforme (port faculta-
tif), brassard «Gendarmerie» pour les interpellations en civil.

Expérience
progression améliorations
Votre personnage découvre une
Le score de Torche de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d12.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une Le score d’Intelligence de votre per-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q sonnage augmente définitivement
chez une nouvelle case ci-dessus. de 2 points.
Votre personnage découvre une Le score de Constitution de votre
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q personnage augmente définitive-
chez une nouvelle case ci-dessus. ment de 2 points.
Le score de Force de votre per- Le score de Sagesse de votre person-
m q sonnage augmente définitive- q nage augmente définitivement de 2
ment de 2 points. points.

35 35
rouge delaware

LIEUTENANT AURORE HUARD


Qui suis-je ?
Je m’appelle Aurore Huard. J’ai 29 ans. Une famille bourgeoise qui m’a in-
SECTION 1

culqué de bonnes valeurs, la fac de psycho, puis la gendarmerie, avec un


objectif en tête : le Département des Sciences du Comportement de l’IR-
CGN. Les profileurs, autrement dit. C’est une toute petite unité d’élite. On
n’y accède pas comme ça, il faut d’abord faire ses preuves… Mon poste
actuel, à la Section de Recherches de Bordeaux, est justement destiné à
ça. Entre les deux, je verrai bien un stage à Quantico, au FBI, si je peux dé-
crocher l’appui de mes supérieurs. De bonnes notes ne suffiront pas, elles
doivent être excellentes !
Depuis mi-2011, j’appartiens au groupe du capitaine Tellier. Les enquêtes
qu’on mène d’habitude sont de « banales » affaires criminelles – je dis
« banales » même si elles ne le sont pas, il n’y a pas deux crimes qui se res-
semblent. Disons que la plupart du temps, mes compétences particulières
ne sont pas nécessaires. Mais là…

Que se passe t-il ?


sauvegardes Coup de fil aux petites heures du matin : la Brigade de Recherches de Li-
FORCE 14 bourne a un incendie et des meurtres multiples pour nous. Il est presque
DEXTÉRITÉ 10 six heures et demie, et j’arrive à l’entrée d’un village qui s’appelle Ville-
CONSTITUTION 10 gouge. J’ai le trac. C’est bien beau, de se croire la meilleure, mais si je foi-
SAGESSE 16 rais…
INTELLIGENCE 14
CHARISME 15
Quel est mon rôle dans l’équipe ?
ressources Je suis enquêteur, même si j’insiste pour me présenter comme « experte
en sciences du comportement ». À force, tous les autres ont pris l’habitude
TORCHE d8
de dire « profileuse » sauf Brochard qui s’en tient à « psychologue », ce qui
BAGOU d8
trahit assez bien son hostilité larvée.
SANTÉ MENTALE d10
RESPECT d10
Et dans ma vie ?
DÉS DE VIE d4 Ma vie, c’est un petit deux-pièces dans une caserne de la banlieue borde-
laise, un vieux chat noir et blanc nommé César et deux mètres cubes de
DÉGÂTS ARMÉ d6 bouquins de psycho. Oh, j’ai des amis – non, je mens, j’ai les amis de mon
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 frère – et de temps en temps, j’ai une brève aventure, mais ça ne débouche
jamais sur rien. Trop d’objectifs, pas assez de temps. Franchement, j’aime-
rais qu’on parle d’autre chose, si ça ne vous fait rien.
Matthieu, mon frère, m’inquiète. Il a intégré une SS2I installée à Mé-
riadeck, au cœur de Bordeaux. Il y fait un truc compliqué à base de gestion
de projets, auquel je n’ai jamais réussi à m’intéresser. En revanche, je sais
reconnaître des signes de stress quand j’en vois. Son boulot est en train de
le démolir et il ne s’en rend pas encore compte. Tôt ou tard, il va exploser
en vol, et il n’a que moi – je ne compte pas ses copines, elles défilent trop
vite pour que je retienne leurs noms.

36
Qui sont mes collègues ?
• Capitaine Tellier : C’est le patron. Je ne suis pas toujours d’accord avec ses choix, mais c’est lui
qui décide. C’est un bon chef, d’ailleurs, qui connaît tous les trucs pour exercer son autorité sans

SYSTÈME DE JEU
qu’elle soit trop pesante. Je les connais aussi, mais je fais comme si je marchais, c’est plus simple.
• Capitaine Brochard : Un gentil préretraité qui se prend pour Colombo, Maigret ou un autre
détective à la noix. Il est vieux, refuse de l’admettre, mais il sait que des gens comme moi sont en train
de le pousser vers la sortie. Je suis sûre que je peux analyser sa manière d’enquêter et faire mieux.
• Lieutenant Josse : Toute bureaucratie, surtout une qui touche à quelque chose d’aussi
délicat que la Justice, a besoin de bureaucrates. Ça ne veut pas dire qu’il faut les aimer. Je n’ai
pas de problème avec les règles, mais trop d’une bonne chose, ça finit par devenir toxique. Tout
ça pour dire que Caroline et moi avons des rapports tendus, par moments. Elle essaye, j’essaye,
mais rien à faire, on ne s’entend pas bien.
• Lieutenant Messali : Kader est sympa, dynamique, ambitieux et le courant passe bien entre
nous, je trouve. Il ne serait pas fiancé, il pourrait se passer un truc, mais là, c’est mort.

Capacités spéciales
q Analyse : une fois par session, vous pouvez passer une demi-journée en entretien avec un autre
enquêteur pour tenter de l’apaiser. Faites une Sauvegarde de Charisme : en cas de succès, l’autre
enquêteur regagne un niveau de Santé mentale. En cas d’échec, faites un test de Santé mentale.

q Criminalistique : lorsque vous envoyez des pièces au labo pour analyse, vous pouvez ana-
lyser les éléments avant l’envoi. Faites une Sauvegarde d’Intelligence : en cas de succès, le MJ
doit vous révéler un élément qui sera sur les conclusions de l’analyse ; en cas d’échec vous avez
abîmé le matériel que vous envoyez, le temps de travail est maximal (voir p. 25).
q Psychologue : une fois par session de jeu, vous pouvez relancer un test de Bagou échoué.
Vous choisissez le résultat de votre choix.

q Poussée d’adrénaline : une fois par session, regagnez un niveau de Dé de vie.

Équipement
Arme de dotation (Sig-Sauer SP 2022 9mm), menottes réglementaires, uniforme (port faculta-
tif), brassard «Gendarmerie» pour les interpellations en civil.

Expérience
progression améliorations
Votre personnage découvre une
Le score de Bagou de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d10.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une
Le score de Vie de votre personnage
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q est désormais d6.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une Le score de Sagesse de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage augmente définitivement de 2
chez une nouvelle case ci-dessus. points.
Le score de Constitution de votre Le score de Dextérité de votre per-
m q personnage augmente définitive- q sonnage augmente définitivement
ment de 2 points. de 2 points.
37 37
rouge delaware

LIEUTENANT KADER MESSALI


Qui suis-je ?
Je m’appelle Kader Messali. J’ai 25 ans. Je viens d’une famille pauvre coin-
SECTION 1

cée à Sarcelles, archétype de la banlieue de merde. Une enfance pourrave,


une adolescence déglingue avec des bastons, de la dope et des petits dé-
lits. Au bout, une évidence : si je voulais m’en sortir, c’était le deal, les bar-
bus ou l’armée. J’étais trop honnête pour la première solution. Les barbus
me faisaient flipper. Restait l’uniforme.
Mon idée de base était de faire soldat et d’aller voir du pays, peut-être
l’Afghanistan ou l’Afrique. Mais finalement, gendarme, c’est bien aussi,
peut-être même mieux. On m’a cadré. Une fois sur les rails, j’ai progressé
vite et bien, en bossant soirs et week-ends pour combler mes lacunes. Au
bout du compte, je m’en sors bien, même si y en a que ça fait chier de voir
une tête de « basané » sous un képi de gendarme. Je ne m’en formalise pas
trop, la plupart du temps.
Depuis deux mois, je suis à la Section de Recherches de Bordeaux. Je fais des
enquêtes, comme à la télé, plutôt que de faire souffler des poivrots dans le
ballon. Mais ce n’est qu’une étape. Quand j’aurai fait mes preuves ici, je pos-
tulerai pour le GIGN… Il faudra que ce soit dans pas trop longtemps si je veux
sauvegardes avoir la condition physique, parce que le niveau d’exigence est démentiel. En
FORCE 15 attendant, je peux avoir une vie de famille. Bousculée, d’accord, mais quand
DEXTÉRITÉ 13 même. Et c’est important pour moi : je vais bientôt me marier.
CONSTITUTION 15
SAGESSE 13
INTELLIGENCE 13 Que se passe t-il ?
CHARISME 10 Nous sommes le 9 mai 2013. Il fait nuit. Je suis en voiture. À l’horloge de
bord, il est presque 6 h 30. Je roule vers un petit bled nommé Villegouge,
ressources du côté de Libourne. Les collègues du coin nous refilent la totale : incendie
TORCHE d6 criminel et tuerie. M’en fous, j’ai la pêche. En fait, j’ai toujours la pêche
BAGOU d6 depuis que Léa a accepté de m’épouser.
SANTÉ MENTALE d10
RESPECT d6 Quel est mon rôle dans l’équipe ?
Je suis le plus jeune et le plus en forme. Ça pourrait me cantonner aux rôles
DÉS DE VIE d6
purement physiques, sauf que je mets un point d’honneur à bien faire tout
ce qu’on me demande, et que j’ai appris à toucher ma bille dans un peu
DÉGÂTS ARMÉ d8
tous les domaines.
DÉGÂTS NON ARMÉ d6

Et dans ma vie ?
Je suis fiancé avec Léa, nous vivons ensemble depuis deux ans, le mariage
est pour juillet, et c’est fou le nombre de galères d’organisation qui vous
tombent dessus quand vous organisez un mariage mi-catho mi-musulman
pour deux cents personnes, avec les cousins qui doivent venir d’Algérie…
S’il y a un nuage à l’horizon, c’est la santé de ma grand-mère, Aïcha, qui dé-
cline à toute vitesse depuis quelques mois. Les médecins ne trouvent rien,
disent qu’elle est juste « usée » et bon, ça se comprend, à quatre-vingt-
trois ans, mais j’ai peur pour elle. Pourvu qu’elle tienne au moins jusqu’au
mariage, qu’on puisse lui faire cette dernière joie !

38
Qui sont mes collègues ?
• Capitaine Tellier : Le boss. Respect, même si on ne se connaît pas encore très bien.

• Capitaine Brochard : Un vieux qui en a oublié plus que je n’en sais sur la manière de mener

SYSTÈME DE JEU
un interrogatoire, mais que je soupçonne de pas trop aimer les « Kader ». En tout cas, il est trop
souvent sur mon dos pour que ce soit un hasard.
• Lieutenant Josse : Oh putain, la chieuse de l’enfer de la mort qui tue ! Elle a raison, c’est
important, les procédures, mais il y a la manière…

• Lieutenant Huard : Pas besoin d’être profileur pour savoir qu’elle a les dents qui rayent
le parquet. On se ressemble, même si ça l’agace que je le dise. J’aime bien l’agacer. En fait, je
l’aime bien tout court.

Capacités spéciales
q Agile : le personnage bénéficie d’un Avantage pour les Sauvegardes nécessitant des capa-
cités athlétiques, comme grimper, sauter ou se balancer.

q Crochetage : le personnage peut déverrouiller n’importe quelle serrure ou cadenas grâce


à un test de Torche.

qDans le mille : une fois par session de jeu, au lieu de lancer les dés pour les dégâts, vous
occasionnez le nombre maximal du dé de Dégâts + 2.

q Solide : vous avez un Avantage à tous vos tests de Vie.

Équipement
Arme de dotation (Sig-Sauer SP 2022 9mm), menottes réglementaires, uniforme (port faculta-
tif), brassard «Gendarmerie» pour les interpellations en civil.

Expérience
progression améliorations
Votre personnage découvre une
Le score de Bagou de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d8.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une
Le score de Torche de votre person-
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q nage est désormais d8.
chez une nouvelle case ci-dessus.
Votre personnage découvre une
Le score de Dégât(s) armé de votre
m q nouvelle Capacité spéciale : co- q personnage est désormais d10
chez une nouvelle case ci-dessus.
Le score de Force de votre per- Le score de Constitution de votre
m q sonnage augmente définitive- q personnage augmente définitive-
ment de 2 points. ment de 2 points.

39 39
SECTION 0

40
les encagés

section 2
INTRODUCTION
LE
CONTEXTE

41 41
INTRODUCTION
Cette section contient : mois de mai 2013, des informations sur les
différentes villes où se déroule le scénario.
SECTION 2

• Des informations de fond : un résumé de


l’intrigue En quelques mots, une présentation • Des « utilitaires » : la liste de tous les PNJ
des enquêteurs et de leurs principaux adver- mentionnés dans le scénario, une chronologie
saires, ainsi qu’un résumé des faits à l’usage détaillée, la liste des meurtres avec leurs cou-
du meneur de jeu. pables et des cartes des sites importants, en
France et en Grande-Bretagne.
• Des informations destinées à vous aider
dans votre mise en scène : des conseils de • Des suggestions pour vous aider à dépla-
visionnage et de lecture, des notes sur l’am- cer cette campagne dans l’espace ou le temps,
biance et des recommandations sur la ma-
nière de présenter un scénario aux théma- Si vous souhaitez aller vite, lisez les informa-
tiques très sombres. tions de fond puis passez directement au cha-
pitre La tuerie de Villegouge, qui commence
• Des informations d’arrière-plan : un ca- p. 79. Avant de l’attaquer, il est conseillé de
lendrier, des notes sur l’air du temps de ce survoler les personnages prétirés, pp. 30-39,
sans que ce soit obligatoire.

42
INFORMATIONS DE FOND
le papier, mais sont sans beaucoup d’intérêt
En quelques mots

LE CONTEXTE
en jeu. La gendarmerie a d’excellents experts
tout prêts à mâcher le travail des enquêteurs.
Les personnages sont des gendarmes ratta-
chés à la Section de Recherches Aquitaine. Ils
enquêtent sur une tuerie commise dans un
paisible village de Gironde. Les tueurs ne sont
pas des sectateurs des Grands Anciens, mais ... et antagonistes
d’anciennes victimes d’un culte qui cherchent
• James Sutton, sorcier ressuscité. De re-
à se venger et à empêcher leurs bourreaux de
tour parmi les vivants depuis à peine cinq
nuire.
mois, Sutton se retrouve déjà traqué par ses
Les enquêteurs devront donc : anciennes victimes. Il n’apprécie pas.
• Découvrir les liens qui unissent les vic- • Emmanuel Lormier. Ce médecin a veillé
times. sur les sectateurs à la place de Sutton et a été
l’architecte de sa résurrection.
• Comprendre ce qui, dans leur passé, re-
monte à la surface. • Pierre Ménard, chef des « encagés ». Sur-
vivant des agissements du culte en 1993, il
• Arrêter les meurtriers. opte pour la forme violente du « plus jamais
ça ».
• Jean-Pierre Dozier, investigateur à la re-
traite. Dozier faisait partie du groupe qui a
Protagonistes... abattu Sutton en 1993. Contrairement aux
enquêteurs, il répond à la définition classique
Les Encagés parle « d’enquêteurs » et pas d’un investigateur, et veut comprendre ce qui
« d’investigateurs ». Nos héros ne creusent se passe sans se mettre en danger. Il n’a pas
pas des mystères préhumains, ils essayent de d’objections à ce que d’autres se salissent les
résoudre une énigme policière. Ce scénario mains.
se prête mal à l’intervention de mouches du
coche qui fourrent leur nez là où ils n’ont rien
à faire (même si cette option est envisagée au
paragraphe Variations, p. 45). Par défaut, tous
les personnages sont des officiers de police
Les faits pour le MJ
judiciaire (en dépit de son nom, ce rôle existe Ce qui suit concerne ce que vous avez be-
dans la police et dans la gendarmerie). soin de savoir maintenant. De nombreuses in-
formations d’arrière-plan supplémentaires se
Le groupe devrait se composer d’un direc- trouvent dans Un si long passé, p. 146.
teur d’enquête, qui coordonne l’action des en-
quêteurs. À ce noyau dur peut s’ajouter, pour Dans les années 1980, James Sutton était un
les joueurs rebelles à la discipline militaire, homme d’affaires britannique et le chef d’une
des consultants extérieurs, criminologues, petite secte cthulhienne. Son objectif était de
profileurs, etc. Un groupe prétiré est fourni à parvenir à contacter, puis à supplanter, une
la fin de la section 1, pp. 30-39. N’hésitez pas entité connue comme l’Homme dans le La-
à le modifier selon vos besoins. byrinthe. La base initiale de Sutton était le
Résistez à la tentation de distribuer des Suffolk, mais les événements l’ont conduit à
rôles de technicien de laboratoire ou de mé- s’installer dans le Bordelais. À condition de
decin légiste, qui paraissent séduisants sur se donner un peu de mal, il n’est pas si diffi-

43 43
cile de trouver des fugueurs, des paumés et
autres indésirables à faire disparaître selon
les prescriptions des Nuits de l’homme sans
tête. Ce « livre maudit » présenté p. 161 sert
de guide à Sutton.
En 1992, la secte sacrifie Hélène Lombardi,
SECTION 2

la fille d’un officier qui, mécontent des efforts


de la police, prend l’affaire en main avec l’aide
de ses proches. Le 12 juin 1993, après avoir
enquêté pendant près d’un an, le colonel
Marc Lombardi, sa femme Valérie et sa fille
Jeanne, accompagnés de Jean-Pierre Dozier
et d’Hervé Torrès, un couple d’amis, inter-
rompent le rituel d’invocation de l’Homme
dans le Labyrinthe, tuent Sutton et libèrent
cinq jeunes prisonniers qui n’allaient pas tar-
der à passer sous le couteau du grand prêtre.
Les sectateurs survivants se dispersent et font
profil bas, les investigateurs reprennent le
cours de leurs vies et les anciens captifs re-
nouent tant bien que mal avec la normalité.
Tous ont été profondément marqués par l’ex-
périence.
En décembre 2012, Sutton revient d’entre
les morts avec l’aide d’Emmanuel Lormier,
l’un de ses anciens fidèles. Une partie des sec-
tateurs reprennent du service.
Ils n’auront pas le temps de reconstituer le
culte tel qu’il était vingt ans plus tôt. Le ca-
davre de Mélissa Laplace, la jeune fugueuse
qui a servi de sacrifice pour ressusciter Sut-
ton, est retrouvé début 2013. Les médias en
parlent, attirant l’attention des cinq captifs
survivants : Pierre Ménard, Thomas Vannier,
Jane-Eycott Vannier, Simon Thurston et So-
phie Ianski. Tous les cinq ont essayé de tour-
ner la page, avec des fortunes diverses, mais
ils comprennent que s’ils ne font rien, d’autres
jeunes gens mourront. Ils mènent l’enquête,
retrouvent une partie des membres de la
secte et les liquident. Sutton ne figure pas
parmi leurs victimes, mais les tueurs quittent
les lieux avec d’autres noms et adresses.
Les enquêteurs débarquent dans une ven-
detta entre une bande de sorciers et leurs
anciens sacrifices. Cependant, le groupe de
cinq anciens captifs n’est pas homogène. Pour
ajouter à la confusion, Jean-Pierre Dozier,
l’un des ex-investigateurs, resté dans la ré-
gion, tente également de comprendre ce qui
se passe.

44
AIDES À LA MISE EN SCÈNE
Tout cela forme un vernis rassurant, dissi-
Inspi-express

LE CONTEXTE
mulant des strates de secrets de plus en plus
noirs. Vers la fin du scénario, les enquêteurs
• À première vue, les joueurs peuvent se finissent par se retrouver face à des vérités
croire dans un épisode d’une de ces séries déplaisantes sur eux-mêmes, sur leur métier,
policières françaises qui sévissent sur TF1 et et sur l’univers en général. Même leur victoire
France 3 à l’usage du très grand public. N’es- finale aura sans doute un petit goût amer.
sayez pas de nier, on en a tous vu un épisode Après tout, les enquêteurs cherchent à jeter
ou deux, un soir de grande fatigue. en prison des types qui ressemblent bougre-
• Votre job est de les faire basculer petit à ment à des investigateurs. Sont-ils pour au-
petit vers une ambiance plus proche de La Fu- tant dans le camp des sectateurs ? Ont-ils, en
reur dans le sang, une série de la BBC diffusée définitive, servi les Grands Anciens ?
par Canal+ et disponible en DVD.
• La Fureur dans le sang est adaptée des ro- Variations
mans de Val McDermid, disponibles aux édi-
tions J’Ai Lu et également conseillés. • Et si… le cadre temporel et géographique
ne me dit rien ? Des conseils d’adaptation à
• La série Engrenages, toujours sur Canal+ la France des années 1920, ainsi qu’aux États-
est l’autre grande inspiration télévisuelle de Unis des années 1920 et 2010, vous attendent
ce scénario. à la fin de ce chapitre, p. 59.
• Le versant surnaturel de cette histoire doit • Et si… je n’ai pas envie de jouer des po-
quelque chose à trois auteurs britanniques : liciers ? Jean-Michel Delmin, le fils des pre-
James Herbert, Graham Masterton et surtout mières victimes, pourrait engager un « privé »
Clive Barker, même s’il s’agit plus d’imprégna- pour mener une enquête parallèle. Un jour-
tion que d’emprunts directs. Si vous n’avez naliste peu scrupuleux qui veut tirer un docu-
pas vu le premier Hellraiser, c’est le moment ! mentaire télé de l’affaire avant même qu’elle
• Si vous voulez insister sur les aspects « cri- soit bouclée est également envisageable, tout
minalistiques » de ce scénario, le supplément comme toute une faune de scribouillards qui
Sciences Forensiques & Psychologie Crimi- rêvent de produire un best-seller. Notez que
nelle pour L’Appel de Cthulhu vous rendra de si vous revenez dans les années 1920, l’écart
grands services, bien qu’il soit désormais dif- technique et humain entre amateurs et pro-
ficile à trouver ailleurs que sur le marché de fessionnels se réduit. L’investigateur « clas-
l’occasion. Il vous aidera notamment à appor- sique » redevient une option viable.
ter des réponses cohérentes aux joueurs qui
voudraient dresser le profil psychologique des
tueurs, exploiter à fond les indices des scènes
Notes de mise en scène
de crime, etc. • La région est jolie. Servez-vous des collines
couvertes de vignes, des villages pittoresques,

Ambiance des vieilles églises romanes aux toits de tuiles


et ainsi de suite pour créer un contraste avec
les aspects malsains de l’enquête. C’est un
Dans un premier temps, n’hésitez pas à
choix délibéré… mais tempéré par la météo
vous appuyer sur les clichés établis par les sé-
exécrable de ce mois de mai, qui douche les
ries télé policières, mélangeant travail de ter-
enthousiasmes, détrempe les scènes de crime
rain, rapports du laboratoire et interactions
et sape le moral de tout le monde.
personnelles.

45 45
• À quoi ressemblent les bureaux des en- leur devoir est d’arrêter leurs assassins. Cela
quêteurs ? Ils n’ont pas été décrits, et c’est devrait déstabiliser les joueurs.
délibéré. Le ressenti des joueurs ne sera pas • Du surnaturel ? Quel surnaturel ? Du
tout à fait le même si leurs personnages tra- point de vue des enquêteurs, l’affaire est une
vaillent dans une ancienne caserne XVIIIe vengeance, une histoire de secte, bref tout ce
classée monument historique (de la pierre que vous voulez, mais même s’ils entendent
SECTION 2

blanche, des escaliers majestueux, des décors parler de l’Homme dans le Labyrinthe et des
sculptés, beaucoup de petites pièces peu pra- Grands Anciens, cela donne juste une iden-
tiques) ; dans un immeuble des années 60 qui tité aux illusions des assassins. Sutton est le
commence à accuser son âge (du béton, des seul élément anormal de l’histoire, mais il est
néons, des taches d’humidité au plafond, un tout à fait possible que les enquêteurs ne le
vaste parking et des pièces caverneuses) ; ou croisent jamais. Du coup, vous pouvez le faire
dans un bâtiment ultramoderne (beaucoup de jouer à des gens qui ignorent tout de Love-
verre, des éclairages légèrement trop faibles craft et que le fantastique n’intéresse pas. Les
qui créent une ambiance d’aquarium, et des Encagés n’a pas été rédigé pour l’initiation de
caméras de sécurité partout). Ce choix n’influe nouveaux joueurs, mais entre les mains d’un
pas sur leurs moyens, qui restent les mêmes, MJ compétent, il peut remplir ce rôle.
mais peut vous aider à poser une ambiance.
• De la violence ? Quelle violence ? Que ce
• Rappelez autant de fois que nécessaire
soit chez les encagés ou les sectateurs, per-
aux joueurs que les enquêteurs sont du côté
sonne n’a envie de s’en prendre aux enquê-
de la loi. Ils ne sont pas là pour décider de
teurs. De leur côté, ceux-ci disposent de co-
la justesse de telle ou telle cause. Leur tâche
pieux « multiplicateurs de force » sous la forme
est de réunir suffisamment d’éléments pour
d’autant de gendarmes que voudrez bien leur
remettre un ou plusieurs individus entre les
en donner. Les confrontations sont donc uni-
mains de la justice. Ce sera à la Cour d’as-
latérales, ne dégénèrent pas en fusillades, et
sises, ensuite, de déterminer la culpabilité
tournent presque toujours à l’avantage des
ou l’innocence des inculpés. Contrairement
enquêteurs, leurs adversaires cherchant plus
à une tradition rôliste solidement ancrée,
à fuir qu’à leur tirer dessus. Cela ne veut pas
les personnages ne sont pas juges, jurés et
dire qu’il n’y aura pas de confrontations, mais
bourreaux. Ils peuvent être révulsés, à titre
elles seront psychologiques, pas physiques.
personnel, par les victimes des encagés, mais

46
• La gestion du temps est très importante. • Demander, par la voix de leur of-
Plus vous serez proche de la réalité, plus l’en- ficier supérieur, le commandant Mata, que
quête prendra du temps. Il faut remplir des chaque piste soit suivie par un binôme ou un
procès-verbaux, faire des rapports à la hié- trinôme. Bien entendu, le directeur d’enquête
rarchie, attendre des résultats qui tardent à ve- reste libre d’associer ses hommes comme il le

LE CONTEXTE
nir, obtenir des autorisations et des feux verts désire et de modifier les affectations d’un jour
à n’en plus finir, etc. Les analyses prennent des sur l’autre. Ainsi, les gendarmes observeront
jours et des jours et coûtent de l’argent. En ces mieux les sacro-saintes procédures… et les
temps d’austérité, il y a aura bien quelqu’un joueurs auront toujours plusieurs cerveaux
pour faire les gros yeux aux PJ parce qu’ils sur chaque piste.
« gaspillent » les deniers du contribuable. • Faire un peu de jeu « hors séance »
par mail ou par téléphone avec un joueur qui
Quant au versant international des Encagés, s’est engagé sur une piste que vous n’avez pas pu
il peut consommer des semaines entières, le traiter autour de la table. C’est plutôt à éviter, à
temps que les différents services de police ac- moins que le roleplay ne le justifie, par exemple
cordent leurs violons. pour un joueur qui a une idée qu’il veut creuser
Dans le monde réel, une telle enquête pren- tout seul avant d’en parler aux autres.
drait des mois. Un tel degré de réalisme n’est • Trouver un second MJ et vous lan-
ni obligatoire, ni souhaitable. Vous pouvez, cer dans la maîtrise à deux. Cela simplifie la
au choix, compresser le temps nécessaire aux gestion des enquêteurs, mais rajoute la ges-
recherches, ce qui donne une enquête dyna- tion d’un associé. Mon seul conseil est de
mique ramassée en quelques jours, ou faire choisir quelqu’un en qui vous avez confiance
de copieuses ellipses, sur le mode « une se- et, si possible, qui compense vos faiblesses
maine plus tard, vous recevez enfin les résul- (par exemple un « théâtral » si tous vos PNJ
tats des tests ADN ». Le choix de condenser ont tendance à se ressembler, ou un « tech-
le scénario sur environ un mois est purement nique » si les règles vous embêtent).
rédactionnel. Il ne vous contraint nullement.

Une fois l’enquête lancée, toutes les dates « C’est trop glauque ! »
indiquées dans le texte sont donc indicatives,
et ce davantage encore que de coutume. Prise 1 : les joueurs
• La gestion du groupe est également im- Résumons : un culte de cinglés enlève,
portante. Que vous vous serviez ou non des viole, torture et assassine des adolescents
prétirés, réfléchissez en amont à la manière fugueurs pendant des années avant de dis-
dont vous allez gérer votre nombre de joueurs. paraître, liquidé par les parents de l’une de
leurs victimes. Vingt ans plus tard, des captifs
S’ils ne sont qu’un ou deux, ils vont devoir
survivants entreprennent de traquer les sec-
gérer une quantité faramineuse de pistes et
tateurs, les torturent et les tuent. Et les per-
une enquête d’une grande complexité. Lais-
sonnages ? Eh bien, ils sont là pour arrêter les
sez-leur un peu plus de temps, et faites-leur
assassins des sectateurs.
sentir qu’ils ne sont pas seuls : ils peuvent
Si cette rapide présentation vous met mal à
s’appuyer sur le grand corps de la gendarme-
l’aise, n’essayez pas de faire jouer ce scénario !
rie, avec ses services spécialisés et son per-
sonnel prêt à les épauler à toute heure du Si, après lecture, vous pensez que ce scénario
jour ou de la nuit. mettra les joueurs mal à l’aise, vous avez pro-
En sens inverse, si vous avez plus de quatre bablement raison, vous les connaissez mieux
joueurs, vous risquez de faire face à un certain que moi. Des choses qui passent à l’écriture
éparpillement, chacun courant son propre peuvent plomber l’ambiance autour de la table
lièvre et exigeant que vous lui consacriez un et le vécu des uns et des autres peut envoyer
bout de temps de jeu – qui, hélas, n’est pas la partie dans le mur la tête la première avant
extensible à l’infini. Dans ce cas, vous avez au que vous ayez eu le temps de dire « sévices ».
moins trois solutions :

47 47
Donc, avant de vous lancer : • Enfin, souvenez-vous que vous n’êtes pas
là pour jouer des arpèges sur les traumas des
• Parlez-en aux joueurs en amont. Dites- joueurs, juste pour leur faire passer un bon mo-
leur franchement avant la première séance : ment en leur faisant vivre une histoire policière
« c’est un scénario policier contemporain plu- avec des accents fantastiques, ou le contraire.
tôt sombre, avec des thèmes durs. Est-ce que
ça vous pose problème de jouer une histoire
SECTION 2

de ce genre ? » Prise 2 : les enquêteurs


• S’il y a ne serait-ce qu’un « oui »,
passez à autre chose. N’insistez pas. N’argu- Prenons une seconde pour considérer l’effet
mentez pas. de cette histoire sur les personnages. Ce sont
des professionnels, habitués à nettoyer les
• Si tout le monde à l’air partant, de- égouts de la société. Ils sont protégés par leur
mandez « est-ce qu’il y a des thématiques que statut et par une couche de procédures qui les
vous ne voulez voir abordées sous aucun pré- isole des aspects les plus durs de leur métier.
texte ? » Si vous avez des réponses du type
« viol » ou « torture », passez à autre chose. Sauf que… dans le monde réel, des policiers
et des gendarmes qui craquent, ça arrive. Il
• Enfin, demandez aux joueurs quel niveau suffit de voir ce qui est arrivé au gendarme
de dureté ils désirent. Pensez aux classifica- Michel Roussel, happé par l’affaire Alègre. Nos
tions des films : la même histoire peut être héros vont être confrontés à une affaire hors
mise en scène de plusieurs manières : normes, de celles qui vous marquent à vie, et
• Interdiction aux moins de 13 ans. opérer sur un champ de bataille mouvant, où
Les victimes du culte ont subi « des sévices », les cadavres s’empilent et où la pression mé-
point. Ne vous étendez pas sur les détails diatique monte à chaque nouveau meurtre.
horribles des rapports d’autopsie, etc. Les Il n’est pas indispensable de donner une forme
enquêteurs reçoivent ces informations, bien technique à cet aspect de leur enquête. Si leur
sûr, mais pas les joueurs. L’abstraction opère comportement indique qu’ils sont dévorés
comme une couche d’isolant. par la traque, jouez une ou deux vignettes qui
montrent l’effet que cela a sur leurs proches. S’ils
• Interdiction aux moins de 16 ans.
travaillent vingt heures d’affilée, une saynète qui
Vous pouvez vous permettre d’être plus expli-
les montre en train de faire une grosse erreur,
cite, sans perdre de vue le confort des joueurs.
ou pire, de s’endormir au volant, rappellera aux
C’est le niveau retenu lors de la rédaction.
joueurs qu’ils ne sont pas Superman.
• Interdiction aux moins de 18 ans.
Personnellement, je vous conseille d’éviter,
pour une raison toute simple : vous n’êtes ni Prise 3 : les deux ensemble
le marquis de Sade, ni même Tobe Hooper.
Pour que ce scénario fonctionne comme
Bien sûr, vous ne pourrez pas tout édulcorer : je l’espère, il faut que les enquêteurs et les
c’est difficile de réaliser une version de Mas- joueurs éprouvent de l’empathie, voire de
sacre à la tronçonneuse pour le public des Té- la sympathie, pour les tueurs qu’ils sont
létubbies. Si le choix final ne vous semble pas chargés d’arrêter. Pour cela, il est souhaitable
correspondre à ce que vous souhaitiez faire, de mettre en lumière la malfaisance des
une fois de plus, mieux vaut vous abstenir. victimes… ce qui passe par une présentation
• Une fois en jeu, mettez en place un dis- pas trop abstraite de leurs actes, or celle-ci
positif du type « X-card », qui permettra aux risque d’écœurer les joueurs.
joueurs qu’un détail met mal à l’aise de vous Bref, ce versant du scénario vous impose un
demander de passer à autre chose. Vous pou- numéro d’équilibriste qui vous compliquera la
vez trouver des informations sur la X-Card sur : mise en scène. Bien sûr, Les Encagés ne repose
https://tousrolistes.fr/wiki/jeu-de-rôle/x-card. pas entièrement là-dessus et si vous n’obtenez
pas cet effet à votre table, cela n’a aucune im-
portance tant que vous vous amusez.

48
INFORMATIONS D’ARRIÈRE-PLAN
l’érosion rapide de la popularité présiden-
Le temps qui passe et le temps

LE CONTEXTE
tielle, qui tourne autour de 25 % d’opinions
favorables.
qu’il fait Le 9 mai, depuis Tokyo, François Fillon an-
nonce qu’il sera candidat en 2017, « quoi qu’il
Le soleil se lève autour de 6 h 45 au début arrive ». Nicolas Sarkozy, dont tout le monde
du scénario, de 6 h 30 à la fin du mois de mai attend le retour, reste silencieux.
et de 6 h 20 fin juin. Il se couche vers 21 h 15
au début du scénario, vers 21 h 35 fin mai et L’hiver a été occupé par l’affaire Cahuzac.
vers 21 h 45 fin juin. Accusé de fraude fiscale, le ministre du Bud-
get a démissionné le 19 mars. Il a reconnu
La météo est désastreuse. Avec 21 jours de les faits le 2 avril et présenté des excuses pu-
pluie sur le mois de mai, une pluviométrie bliques et peu convaincantes le 16, avant de
tournant autour de 150 % de la normale et des quitter son siège de député. Il se prépare un
températures inférieures de 3° à la moyenne, avenir judiciaire chargé.
on se croirait en mars. La météo est au cœur
Le printemps a été occupé par la discus-
de pas mal de conversations. Dans une région
sion et le vote de la loi sur le « mariage pour
viticole, elle a un impact mesurable sur l’acti-
tous », portée par la ministre de la Justice,
vité économique. Tout le monde s’accorde à
Christiane Taubira, et combattue, entre
dire que c’est le pire printemps depuis trente
autres, par Christine Boutin et Frigide Barjot,
ans. La première quinzaine de juin ne sera pas
avec le soutien plus ou moins discret de l’épis-
meilleure.
copat. Votée le 23 avril, elle est validée par le
Conseil constitutionnel le 17 mai et promul-
L’air du temps guée le 18. Le premier mariage homosexuel
est célébré le 29 mai à Montpellier. Ses oppo-
Le 15 mai 2013 marque le premier anniver- sants, Manif pour tous et Printemps français,
saire de l’investiture de François Hollande réunissent encore 150 000 manifestants dans
comme président de la République. Jean- toute la France le 26 mai (selon la police, eux
Marc Ayrault est à Matignon. Les ministères en revendiquent un million). À Paris, la ma-
de l’Intérieur et de la Défense, les deux auto- nifestation se termine par des heurts avec la
rités de tutelle des gendarmes, sont occupés police sur l’esplanade des Invalides.
par Manuel Valls et Jean-Yves Le Drian. Le Le terrorisme ne préoccupe pas grand-
général Denis Favier, ancien patron du GIGN, monde. En mars 2012, Mohammed Merah a
est devenu directeur général de la gendarme- tué sept personnes avant d’être abattu par le
rie le 1er avril. RAID, mais en dehors des services de rensei-
Sur le plan local, Alain Juppé est maire de gnement, tout le monde se berce de l’illusion
Bordeaux depuis 1995, avec une éclipse judi- que c’est un événement aberrant et que le
ciaire entre 2004 et 2006. C’est un maire po- calme qui prévaut depuis le milieu des années
pulaire, mais pas absolu : la puissante Com- 1990 va continuer.
munauté Urbaine de Bordeaux, avec ses 27
Les mois de mai et juin sont marqués par
communes, est aux mains de son adversaire
plusieurs faits divers :
socialiste Vincent Feltesse. Quant à la région
Aquitaine, elle est présidée par Alain Rousset • Le 6 mai, trois jeunes femmes se sont
(PS), qui en est à son troisième mandat. échappées d’une maison de Cleveland où elles
Le quinquennat Hollande commence étaient séquestrées depuis dix ans. Aman-
mal. Les ministres couaquent, les députés da Berry, Michelle Knight et Gina DeJesus,
frondent, et les commentateurs glosent sur les rescapées de la « maison de l’horreur »,

49 49
vont faire la Une pendant des semaines. Leur Le 26 mai, à Cannes, la palme d’or récom-
bourreau, Ariel Castro, est arrêté le 8 mai. Il pense La vie d’Adèle, d’Adbellatif Kechich. On
sera condamné en août à la perpétuité plus… a beaucoup entendu Gangnam Style au début
1 000 ans de prison, et se suicidera dans sa de l’année, mais ce printemps, c’est Get Luc-
cellule en septembre. ky, de Daft Punk et Pharrel Williams, qui est
omniprésent. Enfin, si les enquêteurs veulent
• Le 21 mai, Dominique Venner, un intellec-
SECTION 2

aller au cinéma, sachez qu’Iron Man 3 domine


tuel d’extrême-droite, se tire une balle dans
le box-office français de ce début mai, avant de
la bouche devant le maître-autel de Notre-
céder la place à Gatsby le Magnifique, de Baz
Dame. Ce suicide spectaculaire suscite beau-
Luhrmann, puis, dans un genre assez différent,
coup de spéculations dans la presse.
à Fast and Furious 6 et à Very Bad Trip 3.
• Le 5 juin, Clément Méric, un étudiant d’ex-
trême-gauche, meurt lors d’une bagarre de
rue avec des nationalistes. Populations
À l’étranger, la guerre civile en Syrie Bordeaux compte 240 000 habitants dans la
commence à tourner à l’avantage de Bachar ville même et 720 000 dans la communauté
el-Assad. Rebelles et forces gouvernementales urbaine, qui inclut entre autres Mérignac et
se rejettent la responsabilité d’attaques Bègles.
chimiques, les Israéliens bombardent
La plupart des lieux importants pour l’aven-
quelques cibles en mai. L’Égypte du président
ture sont de petits bourgs, et ont entre 1 000 et
Morsi s’enfonce dans l’instabilité, en
2 000 habitants (Villegouge 1 200, Fronsac
attendant le coup d’État du mois de juillet.
1 000, La Sauve 1 500, Villandrault 1 000 et
Début juin, le Guardian et le Washington Post
Targon 1 800).
publient une longue enquête sur les pratiques
de la NSA. Edward Snowden, leur informa- Le culte montre une préférence pour les
teur, devient du jour au lendemain une cible tout petits villages. Dardenac n’a qu’une cen-
pour les agences occidentales. Il passe la fin taine d’habitants, Madirac moins de deux
du mois de mai et le début de juin dans une cents, et Jordis est un hameau où vivent une
planque à Hong Kong. Le 23 juin, il arrive à vingtaine de personnes. Quant à Saint-Adalric,
Moscou et y reste bloqué, le gouvernement c’est un simple lieu-dit dont Le Clos des fleurs
américain ayant révoqué son passeport. est la seule maison. Aubeterre-sur-Dronne, le
Après diverses péripéties, la Russie lui oc- village voisin, compte à peine 500 habitants.
troiera l’asile fin juillet.

50
aide de jeu 01

51
DISTRIBUTION
• Jacques Bazas (décédé en 2013), p. 93
Dans le camp de la Loi • Thomas Easton (décédé en 2013), p. 97
• Dennis Baker (décédé en 2012), p. 114
• Lieutenant Pierre Da Silva, Brigade de Recherches de • Stephen Selden (décédé en 2002), p. 115
Libourne, p. 70
SECTION 2

• Sarah Selden, p. 115


• Commandant Richard Mata, Section de Recherches • Marie Ulbrich (en sursis), p. 184
Aquitaine, p. 70 • Guillaume Brunet (en sursis), p. 188
• Capitaine Yann Kerrien, Section de Recherches Aqui- • Sébastien Texier (en sursis), p. 189
taine, p. 118
• Lieutenant Marc Poitvin, Section de Recherches Aqui- Le culte des années 1990
taine, p. 118
• Brigadier-chef Jacques Vidal, Section de Recherches • Arnaud Leval (décédé en 1993), p. 155
Aquitaine, p. 71 • Marie-Anne de Forceville (décédée en 1993), p. 156
• Adjudant-chef César Murat, PSIG Aquitaine, p. 71 • Charles Wegener (décédé en 1993), p. 156
• Capitaine Rémi Covelle, état-major Aquitaine, p. 72 • Damien Saux, p. 156
• Lieutenant Bastien Kuntz, SIRPA Gendarmerie, p. 72 • Frédéric Gosselin, p. 156
• Dr Bruno de Gaillefert, médecin légiste, p. 69 • David Maignan (décédé en 1993), p. 156
• Adjudant-chef Vincent Foulon, technicien d’investiga- • Michel Salvagnac, p. 157
tion criminelle, p. 73 • Manuel Mabire (décédé en 1992), p. 157
• Major Émilie Lacroix, IRCGN, p. 73 • Marc Delaforge (optionnel), p. 149
• Commandant Michel Ribières, IRCGN, p. 73 • Isabelle d’Ancignac (optionnelle), p. 150
• Dr Mathilde Cazenave, consultante, p. 74 • Dr Florian Bascoul (optionnel), p. 152
• Capitaine Axelle Bouchard, IGGN, p. 75
• Lieutenant Michel Michelet, IGGN, p. 75 Les sectateurs de jadis…
• Sergent Neal L. Willis, CID d’Ipswich, p. 97
• Capitaine Roland Miremont, SRPJ de Bordeaux, p. 190 • « Saint » Adalric, fondateur de la branche normande du
• Philippe Houiller, consultant, INRAP, p. 219 culte, p. 146
• Louis de Honnecourt, l’Homme dans le Labyrinthe,
La Justice p. 146
• Charles de Honnecourt, auteur des Nuits de l’Homme
• Daniel Hoareau, procureur, p. 68 sans tête, p. 146
• Caroline Lopez, juge d’instruction, p. 68
• Lætitia Jacquard, greffière, p. 68 Les encagés
• Geoffroy de Laborde-Beaulieu, procureur général, p. 123
• Pierre Ménard, p. 168
La presse • Jane Eycott-Vannier, p. 169
• Thomas Vannier, p. 172
• Amandine Léger, Sud Ouest, p. 89 • Simon Thurston, p. 173
• Kévin Colinet, « reporter d’images », p. 131 • Sophie Ianski, p. 174
• Charles Demark, producteur, p. 213
Les anciens investigateurs
Les sectateurs
• Colonel Marc Lombardi, suicidé le 12 juin 1994, p. 139
Le culte de 2012-2013 • Valérie Poli, son ex-femme, p. 139
• Jeanne Lombardi, leur fille, p. 139
• James Sutton, p. 101 • Jean-Pierre Dozier, un vieux monsieur trop tranquille,
• Dr Emmanuel Lormier, p. 103 p. 122
• Paul Delmin (décédé en 2013), p. 87 • Hervé Torrès, écrivain interné, p. 139
• Simone Delmin (décédée en 2013), p. 87

52
Les baveux Témoins et passants

• Me Charles-Guillaume Maurrin, avocat de Jean-Pierre • Jean-Michel Delmin, fils des premières victimes, p. 87

LE CONTEXTE
Dozier, p. 125 • Marion Delmin, fille des premières victimes, p. 87
• Me Leïla Ameziane, avocate des encagés, p. 205 • Anna Grand, maîtresse de Thomas Easton, p. 97
• Me François Durrieux, avocat du Dr Lormier, p. 208 • Peter Wolton, amant d’Anna Grand, p. 98
• Matthew Eagle, avocat londonien de Simon Thurston, • Lucie Bazas, fille de Jacques et Marie-France Bazas, p. 94
p. 173 • Dr Cordelia Andrescu, remplaçante du Dr Lormier, p. 103
• Philippe et Victoire Chéreau, alibi des Lormier pour la
Ils ne s’en sortiront pas indemnes soirée du 8 mai, p. 112
• Anna Soares, témoin, p. 94
• Marie-France Bazas, dommage collatéral, p. 93 • Christophe Chappert, ex-mari de Sophie Ianski, p. 174
• Mélissa Laplace, victime du culte en 2012, p. 117 • Dr Didier Lévy, psychiatre, p. 175
• Hélène Lombardi, victime du culte en 1992, p. 138 • Jacqueline Launis, propriétaire d’une 207 volée, p. 112
• Rachel Gardet, victime du culte en 1993, p. 176 • Luc Nguyen, témoin, p. 186
• Nathalie Lormier, épouse du Dr Lormier, p. 103 • Jean Vinquant, témoin, p. 186
• Édith Lormier, fille du Dr Lormier, p. 103 • Stéphanie Simon, assistante sociale et ancienne fu-
• Éric Lormier, fils du Dr Lormier, p. 103 gueuse, p. 137
• Lilia Eycott-Vannier, fille de Jane et Thomas, p. 171 • Jean-Claude Hyvères, journaliste spécialisé dans les
• Peter Maes, étudiant néerlandais, p. 186 faits divers, p. 141
• Mehdi Lharbi, punk à chien, p. 187 • Henri Langlois, relation de Sutton dans les années 80,
• Nadia Bordes, punkette à chien, p. 187 p. 153
• Lady, chien, p. 187 • Myriam Dioma, ancienne maîtresse de Sutton (option-
• Louise Texier, dommage collatéral, p. 189 nelle), p. 151
• Aurélie Martin, mère éplorée, p. 189 • José Quevedo, proxénète, p. 154
• Didier Frasquin, hôtelier malchanceux, p. 220 • « Lily », prostituée, p. 154
• Élodie Frasquin, hôtelière malchanceuse, p. 220 • Henry et Parvati Dixon, amis de Thomas et Jane Vannier,
p. 128
• Marie-Élise Champdenier, libraire et consultante, p. 162

53 53
CHRONOLOGIE
• Entre le 22 décembre 2012 et le 6 mars 2013 : Jacques
Voici les dates les plus importantes de ce scénario, his- Bazas retire une vingtaine de milliers d’euros en liquide
toire de vous simplifier la vie si les enquêteurs essayent pour les « premiers frais » de Sutton.
de construire une jolie frise chronologique (ce qui est • 6 janvier 2013 : le cadavre de Mélissa Laplace est
une excellente idée !). retrouvé par un plongeur de la gendarmerie.
SECTION 2

• 8 janvier 2013 : le cadavre est identifié.


Le temps du culte
Le temps des encagés
• Années 70 et 80 : James Sutton, riche promoteur, dirige
un culte en Angleterre, puis dans le sud-ouest de la • 13 janvier 2013 : Sophie Ianski commande un lot de
France. menottes chez Duteille SA.
• 1988 : James Sutton s’installe à Dardenac. La branche • Entre le 13 janvier et le 15 février : Jane Eycott appelle un
française du culte se développe. foyer de sans-abri, à Londres, et discute avec Simon Thurston.
• De 1988 à 1993 : le culte fait disparaître fugueurs et va- • 16 janvier 2013 : Thomas Vannier déclare le vol de son
gabonds. 7,65 mm.
• Septembre 1990 : Jacques Bazas devient l’un des deux fondés • 17 février 2013 : Simon Thurston arrive en France par
de pouvoir de CVS Investment, le bras financier du culte. Cherbourg.
• 14 avril 1992 : Hélène Lombardi fugue. Le culte la cap- • Mars 2013 : les Bazas emménagent à Fronsac.
ture peu après. • 22 avril : le culte kidnappe deux routards, Mehdi Lharbi
• 12 juin 1992 : invocation manquée de l’Homme dans le et Nadia Bordes.
Labyrinthe. • 5 mai 2013 : Sophie Ianski quitte son domicile.
• 13 juin 1992 : le corps d’Hélène Lombardi est retrouvé. • Nuit du 8 au 9 mai, 2 h 00 : les encagés massacrent les Del-
min, les Bazas et Thomas Easton, puis incendient la maison.
Le temps des investigateurs • 9 mai, 4 h 55 : les encagés cambriolent la maison des
Bazas, mais ne l’incendient pas, faute d’essence.
• Juin 1992 – juin 1993 : Marc Lombardi, le père d’Hé-
lène, mène sa propre enquête. Avec ses amis, il re- Le temps des enquêteurs
monte jusqu’à Sutton.
• Nuit du 11 au 12 juin 1993 : les investigateurs tuent • 9 mai 2013, 6 h 30 : intervention des enquêteurs.
Sutton et libèrent les encagés. • À partir de là, les dates sont indicatives et dépendent du
• Nuit du 11 au 12 juin 1994 : Marc Lombardi se tire une rythme que vous voulez donner à l’aventure.
balle dans la tête. • 13 mai 2013 : Dozier déjeune avec le procureur général
• Mi-juin 2004 : Hervé Torrès est interné à sa demande à Laborde-Beaulieu.
l’ULS Harmonie. • 14 mai, dans la matinée : Dozier envoie un premier mail
aux enquêteurs.
Le retour de Sutton • Dozier retire 5 000 € en liquide et quitte Bordeaux.
• 14 mai : le premier billet de Jane arrive aux enquêteurs.
• Été 2012 : le Dr Lormier bat le rappel des anciens du culte. • 21 mai, dans la soirée : les encagés tuent Marie Ulbrich.
• Septembre 2012 : Guillaume Brunet commence à pré- • Nuit du 21 au 22 mai : Simon Thurston agresse Peter Maes.
parer de nouvelles cages en prévision des sacrifices que • Soirée du 22 mai : Simon vole une camionnette qui
Sutton ne manquera pas d’ordonner dès son retour. servira la nuit même.
• 7 octobre 2012 : Thomas Easton assassine Dennis Baker • Nuit du 22 au 23 mai : les encagés tuent Guillaume
dans le Suffolk. Brunet et délivrent les prisonniers du culte.
• 5 novembre 2012 : la mort de Baker ayant fait de Bazas • Nuit du 25 au 26 mai : les encagés tuent Sébastien et
le seul fondé de pouvoir de CVS Investment, il en profite Louise Texier.
pour réaliser une opération frauduleuse avec ses vignes. • Les événements se précipitent peu après. Les dates sui-
• 18 décembre 2012 : disparition de Mélissa Laplace. vantes, notées « X », dépendent de votre bon vouloir.
• Nuit du 19 au 20 décembre : Mélissa est sacrifiée, Sut- • X mai/juin : les encagés tuent le docteur Lormier.
ton rejoint le monde des vivants, Hervé Torrès sort briè- • X mai/juin : les encagés attaquent le Clos des Fleurs et
vement de catatonie. tentent de liquider Sutton.

54
QUI TUE QUI ?
Avant le début du scénario

• Dennis Baker (p. 114) : Thomas Easton, pour le compte • Marie Ulbrich (p. 184) : Simon et Sophie. C’est Sophie
de Lormier. qui tire la balle fatale, mais Ubrich n’aurait sans doute

LE CONTEXTE
• Mélissa Laplace (p. 117) : le culte, pour ressusciter pas survécu aux attentions de Simon.
Sutton. • Guillaume Brunet (p. 188) : sa ferme est attaquée par
Simon et Pierre. Ce dernier abat Guillaume.
La tuerie de Villegouge (p. 81) • Sébastien et Louise Texier (p. 189) : Jane fait ouvrir
• M. et Mme Delmin : Thomas, en présence de Jane. la porte, Thomas tue accidentellement Louise, Simon
• Les Bazas et Easton : Simon, en présence de Pierre et torture et exécute Sébastien.
de Sophie. • Emmanuel Lormier (p. 208) : Simon avec l’aide de Pierre
et de Thomas si tous les encagés sont encore libres, ceux
• Les autres sectateurs qui ne sont pas en prison dans le cas contraire.
• James Sutton (p. 220) : tous les encagés encore en
liberté participent.
Les encagés ne sont pas tous présents lors de ces
meurtres.

55 55
aide de jeu 02
SECTION 2

56
57
57
LE CONTEXTE
aide de jeu 03
nature ». Torrès était un poète symboliste et
Autre temps, autres lieux buveur d’absinthe plutôt qu’un romancier.

Vous trouverez dans cette section des pistes • Les encagés. En 1914, Peter Anders, alias
pour transposer Les Encagés dans les années Ménard, ne s’est pas présenté lors de la mo-
1920 et/ou leur faire traverser l’Atlantique. bilisation. Il est donc recherché en Belgique

LE CONTEXTE
Attention, ce ne sont que des pistes. Il vous pour désertion. Il ne risque plus grand-chose,
restera du travail pour reconstruire l’enquête. tous les belligérants votant des lois d’amnis-
tie depuis la paix, mais c’est un levier dont les
gendarmes de 2013 ne disposent pas. Thomas
France 1923 Vannier a fait une guerre sans éclat, d’où il a
ramené un Lüger qui sera l’arme des crimes.
• Les lieux. Ce sont les mêmes que dans la Il est sourcier plutôt que magnétiseur. Simon
version 2013, mais en ce temps où le cheval Thurston s’est engagé dès le début du conflit.
n’a pas encore été détrôné par l’automobile, Vagabond violent, il est perdu dans la masse
ils paraissent plus éloignés. des vétérans qui n’arrivent pas à se réadapter
à la paix. Sophie Ianski a servi dans les ser-
• La police. La gendarmerie des années vices de santé, et travaille comme infirmière
1920 est un corps militaire dont le règlement dans un hôpital plutôt que dans la sécurité.
impose le port de la moustache. Les sections Enfin, Jane Vannier est égale à elle-même.
de recherche n’existent pas. La tuerie de
Villegouge sera traitée par la brigade dépar-
tementale, éventuellement épaulée par des États-Unis 1923
policiers parisiens. Des analyses balistiques
rudimentaires sont possibles, mais il n’existe • Les lieux. Philadelphie et ses alentours.
aucun fichier national des armes. L’analyse
des traces de pas, le bertillonage et les em- • La police. Les enquêteurs appartiennent à
preintes digitales représentent le summum la branche criminelle de la Pennsylvania State
de la criminalistique. Les aveux comptent Police. Fondée au début du siècle, elle est sur-
beaucoup plus que les preuves, et les droits tout composée d’anciens briseurs de grèves.
de la défense sont à la fois moins développés Dans les années 1920, elle entame sa marche
et moins respectés qu’au XXIe siècle. vers la professionnalisation, mais la plupart
• Sutton et le culte. Sutton est un self-made des officiers estiment que l’usage judicieux
man britannique qui s’est installé dans le Bor- d’une matraque remplace avantageusement
delais à la fin des années 1890, dans l’objectif les preuves. La PSP coexiste plus ou moins
avoué d’échapper au conformisme étouffant bien avec la police de la ville de Philadelphie
de la société victorienne. Son goût pour les et les shérifs des comtés alentour.
soirées arrosées avec des professionnelles
• Sutton et le culte. Dans cette version, Sut-
choque beaucoup moins qu’un siècle plus
ton s’appelle Jacques de Sutonne. C’est un
tard. Sutton est sans doute un missionnaire
aristocrate français expatrié qui s’est fixé dans
plutôt qu’un exilé volontaire : le culte britan-
la région à la fin du XIXe siècle. La police bor-
nique est vivace et a d’autres chefs.
delaise a un dossier plein de vilaines rumeurs
• Les Nuits de l’homme sans tête. L’ouvrage sur son compte. Dans les années 1890, Phi-
ne change pas, les dogmes du culte non plus. ladelphie traverse une phase de croissance
impliquant l’arrivée de nombreux immigrés,
• Les investigateurs. En 1903, le colonel venus à la fois du Sud profond et d’Europe. Ce
Lombardi porte le nom moins plébéien de vivier remplace les fugueurs comme source
Geoffroy de Massac. Son épouse se pré- de sacrifices. Le culte gère un bureau de pla-
nomme Eugénie et leurs filles Hélène et Vic- cement pour jeunes domestiques et une en-
toire. Dozier et Torrès étaient ce que l’époque treprise de bâtiment qui recrute des ouvriers
baptise pudiquement des « célibataires par à la journée…

59 59
• Les Nuits de l’homme sans tête. L’ouvrage • Sutton et le culte. Ce Sutton s’appelle
ne change pas, les dogmes du culte non plus. Jaime Rodriguez Sandoval. Propriétaire
d’un groupe de BTP implanté au nord-est du
• Les investigateurs. Le colonel Lombardi Mexique, il a passé ses dernières années à
s’appelle William Richards. Son épouse se Philadelphie, investissant assez pour être bien
prénomme Hannah, et ses filles Helen et Eli- vu des autorités. Le culte se procurait ses sa-
zabeth. Dozier, rebaptisé George McMasters,
SECTION 2

crifiés parmi les fugueurs, avec une prédilec-


est un juge à la retraite, mais qui reste très tion pour les jeunes Amish naïfs. Sutton opé-
influent dans les milieux judiciaires. David rait dans la bourgeoisie aisée, Sandoval visait
Wilson, la version locale de Torrès, était l’un plus haut : les sectateurs survivants sont plus
des pionniers de la littérature populaire et, en riches et plus influents que leurs homologues
dehors de Cages of Pain, son premier livre, il bordelais. Le Dr Volker, l’homologue de Lor-
a surtout écrit des westerns. Leur action a été mier, possède une clinique de chirurgie esthé-
un peu moins discrète que dans la France des tique, pas un cabinet rural.
années 1990. Beaucoup de gens savent que le
colonel « s’est fait justice » de la mort d’He- • Les Nuits de l’homme sans tête. En 1866,
len en 1903, même si personne ne connaît les un officier français chargé de lutter contre la
détails. guérilla mexicaine a vendu un exemplaire de
cet ouvrage à un sorcier, membre d’un petit
• Les encagés. Ménard s’appelle Oliver culte adorant un autre masque de la même
Washington. Il est journaliste et aussi bien entité. Un siècle de syncrétisme plus tard,
intégré qu’un Noir peut l’être en ce temps les dogmes ont une coloration plus aztèque
et en ce lieu. Vannier, rebaptisé Luigi Croc- qu’européenne. Hélas, le calvaire des sacrifiés
ce, est employé chez un vétérinaire. Il a servi ne change pas.
en France et là encore, l’arme des premiers
• Les investigateurs. La famille Richards
crimes est un Lüger. Il est marié à Jeanne Bou-
change peu par rapport à sa version de 1923,
chard, la fille rebelle d’un riche industriel qué-
le juge McMasters non plus. Quant à Torres,
bécois. Thurston s’appelle Simon Laliberté.
il s’appelle John Kim. C’est un touche-à-tout
C’est un Canadien français fruste et violent,
qui a écrit plusieurs romans, réalisé deux
dont on dit qu’il est à moitié Indien. Quant
films et signé des scénarios de BD avant de
à Sophia Ianski, elle travaille comme institu-
s’effondrer.
trice dans une école catholique gérée par des
bonnes sœurs. • Les encagés. L’équivalent local de Ménard
s’appelle Peter Lowe, un prof d’arts plastiques
très populaire dans un lycée de banlieue dont
les toiles commencent à bien se vendre. Van-
États-Unis 2013 nier, alias Abe Miller, est pasteur d’une petite
congrégation rurale. Jane Bouchard Miller est
• Les lieux. Philadelphie et ses alentours.
toujours issue d’une riche famille québécoise.
• La police. La tuerie initiale est du ressort Dans ce pays protestant, sa manie religieuse
de la PSP, qui est désormais une force de po- prend des accents résolument catholiques.
lice efficace et professionnelle. Le bureau Simon Thurston s’appelle Esteban Casal.
du shérif du comté, incarné par l’adjoint Da C’est un bon à rien violent, qui végète dans
Silva, remplace la BR de Libourne. Certains un bled paumé de l’Oklahoma jusqu’à ce que
des fugueurs disparus n’étant pas originaires Jane l’appelle à la rescousse. Enfin, Sophia
de Pennsylvanie, lorsque l’affaire prendra de Ianski est une ex-militaire reconvertie dans la
l’ampleur, le FBI s’en mêlera. Les enquêteurs sécurité.
seront intégrés à une task force dirigée par un
agent spécial, Arnold P. Leider, aussi pointil-
leux qu’inefficace.

60
61
61
LE CONTEXTE
SECTION 0

62
les encagés

section 3
INTRODUCTION
DANS LE CAMP
DE LA LOI

63 63
Nos enquêteurs n’évoluent pas dans le vide : ils obéissent à des procédures strictes, et ils
doivent rendre des comptes. Par ailleurs, ils dépendent pour une part de spécialistes, techni-
ciens ou médecin légiste. Ce chapitre vise à vous donner des informations de contexte sur la
gendarmerie et la vie des enquêteurs, des détails sur quelques points de procédure (perquisi-
tions, garde à vue, prescription) et de rapides « croquis » de PNJ avec lesquels les enquêteurs
pourront interagir.
SECTION 3

INFORMATIONS DE CONTEXTE
merie). Son équivalent pour la police judiciaire
Quelques notions de base est le STIC (Système de Traitement des Infrac-
tions Constatées). Ces deux bases de données
Tout ce qui suit est simplifié, mais détailler sont en train de fusionner dans un système
davantage rendrait la campagne indigeste. unifié, le TAJ (Traitement d’Antécédents Judi-
ciaires), qui doit être entièrement déployé au
Les personnages sont rattachés à la Section
31 décembre 2013. Il est accessible en version
de Recherches (SR) Aquitaine, basée à Bor-
Bêta, mais il reste « quelques » bugs et tout le
deaux et dirigée par un colonel. Les SR régio-
monde évite soigneusement de l’utiliser. Les
nales sont les unités de police judiciaire de
gendarmes utilisent aussi le FNAEG (fichier
la gendarmerie nationale. Elles prennent en
des empreintes génétiques) et le FAED (fichier
main les enquêtes longues et complexes, qu’il
des empreintes digitales).
s’agisse de crimes de sang, de crime organi-
sé, de terrorisme, de crimes en série, de trafic EUROPOL est une agence européenne basée
de drogue, etc. Les affaires criminelles « nor- à La Haye, dont le mandat concerne au pre-
males » sont de la compétence des enquêteurs mier chef le trafic de drogue, le terrorisme et
des Brigades de Recherche locales, mais l’af- la pédophilie. Elle n’a pas grand-chose à faire
faire de Villegouge s’annonce complexe. Les dans l’affaire. Il ne faut pas la confondre avec
collègues de la BR de Libourne, dont dépend Interpol, basé à Lyon, dont le champ d’activité
Villegouge, le comprennent tout à fait. Enfin, est mondial, mais qui est avant tout une struc-
les SR travaillent en liaison avec les gendarmes ture d’échange d’information.
« de base » des Brigades Territoriales.
Le versant scientifique des recherches échoit
Outre-Manche, l’enquête sera assurée par dans un premier temps aux Techniciens d’In-
le Criminal Investigation Department (CID) vestigation Criminelle (TIC) de la Brigade de
de la police du Suffolk. Libre aux enquêteurs Recherches locale. Vu la gravité de l’affaire, ils
de parler de « Scotland Yard », mais ça fait passent très rapidement la main aux spécia-
doucement rigoler les collègues anglais, qui listes de l’Institut de Recherches Criminelles
ont renoncé depuis longtemps à expliquer de la Gendarmerie Nationale. L’IRCGN est
aux étrangers que ça n’avait pas plus de rap- basé à Rosny-sous-Bois, en région parisienne.
port avec eux que la préfecture de police de Les enquêteurs ont la possibilité, si les sus-
Paris n’en a avec la gendarmerie de Bordeaux. pects leur filent entre les doigts, de déclen-
La gendarmerie utilise un logiciel d’analyses cher une traque de grande ampleur – le plan
criminelles nommé ANACRIM qui permet de « Épervier », avec barrages routiers, maîtres-
faire des synthèses, de relier les événements chiens, hélicoptères et quadrillage d’une zone
entre eux, de croiser les données télépho- donnée. Les mêmes moyens peuvent être
niques, les témoignages, etc. Son homologue mobilisés pour rechercher des disparus. Un
britannique s’appelle HOLMES 2.0 (pour tel déploiement de forces ne passe bien en-
Home Office Large Major Enquiry System). tendu pas inaperçu des médias.
Le fichier JUDEX donne les antécédents des Pour les arrestations, les enquêteurs ont la
personnes (s’ils sont déjà connus de la gendar- possibilité de faire appel au PSIG, le Peloton

64
de Surveillance et d’Intervention de la Gen- son tour, dirige l’enquête pendant la phase

DANS LE CAMP DE LA LOI


darmerie, qui se charge des interpellations, d’instruction.
généralement à 6 heures du matin, quand les
suspects sont les moins susceptibles d’oppo- Procureur et juge d’instruction ont des pou-
ser une résistance cohérente. voirs similaires mais légèrement différents,
notamment quant aux écoutes et aux perqui-
En cas de prise d’otages, ce qui risque d’être sitions, et les enquêteurs n’ont donc pas tout
le cas à la fin de la campagne, le Groupe d’Inter- à fait les mêmes droits lors des deux phases.
vention de la Gendarmerie Nationale peut être (Nous avons choisi d’ignorer cette différence
sollicité. Le GIGN est basé à Satory, en région dans le cadre des Encagés.)
parisienne, et dispose d’antennes régionales.
Lorsque le juge d’instruction rend ses
conclusions, le procureur reprend la main,
se charge de mettre le dossier en forme, puis
Enquête et instruction présente ses réquisitions au tribunal. Les pro-
cureurs endossent également une multitude
d’autres missions relatives à la politique pé-
Le ministère public, plus souvent appelé
nale, au droit civil, etc.
« le parquet », est une branche de la magis-
trature. Ses membres, procureurs et avocats
généraux, dépendent du ministère de la Jus-
tice et appliquent la politique décidée place
Vendôme. Il appartient à un procureur d’ou-
Les perquisitions
vrir et de clore les procédures judiciaires. Il Une perquisition peut avoir lieu en tout
dirige également l’action de la police durant lieu où le suspect vit ou travaille. Elle ne peut
la phase d’enquête, autrement dit au début commencer qu’entre 6 heures et 21 heures,
de l’affaire. S’il l’estime nécessaire au vu de mais rien ne s’oppose à ce qu’elle se prolonge
la complexité de l’affaire, le procureur ouvre après 21 heures, si besoin.
une information judiciaire et saisit un magis-
trat du siège, le juge d’instruction. Celui-ci, à

AU JOUR LE JOUR
Le site de recrutement de la gendarmerie est clair d’entrée de jeu : pour les gendarmes enquêteurs, « les
horaires de travail varient en fonction des enquêtes ». En temps normal, ils suivent plus ou moins des horaires
de bureau classiques, sans pour autant être forcément présents derrière un écran d’ordinateur : le terrain
commande, ce qui implique déplacements, filatures, etc.
Dans le cas d’une grosse affaire comme celle présentée dans Les Encagés, le directeur d’enquête gère
son équipe comme il le désire, mais selon une logique du type « tout le monde sur le pont, je ferai valider
vos heures supplémentaires par le commandant ». Le bon sens lui commande néanmoins de ménager ses
troupes : des gens qui travaillent vingt heures par jour pendant des semaines finissent par être incapables de
réfléchir. Mieux vaut faire preuve de souplesse et laisser les enquêteurs qui partent tard arriver une heure
plus tard le lendemain que de diriger des zombies drogués à la caféine. La vie personnelle des personnages est
censée passer au second plan, y compris les week-ends et les jours fériés, le mot-clé étant « censée », car un
bon directeur d’enquête n’accule pas non plus ses hommes au divorce.
Les enquêteurs ne sont pas libres comme l’air. Ils sont astreints à respecter des procédures. Chaque acte
d’enquête doit faire l’objet d’un procès-verbal écrit, le directeur d’enquête doit présenter des rapports au
procureur ou au juge d’instruction… bref, tout doit être documenté, à la fois pour que l’enquête puisse être
reprise par d’autres, mais aussi et surtout dans l’optique d’un procès.
Vous pouvez, si vous le désirez, utiliser cet aspect bureaucratique pour limiter le nombre de démarches quo-
tidien des enquêteurs. Considérez que chaque binôme ou trinôme (ou chaque enquêteur si vous n’avez qu’un
petit groupe) ne peut pas suivre plus de deux pistes par jour.

65 65
Il n’existe pas de « mandat de perquisition » taine latitude pour déterminer qui est « un
en France. La règle est qu’un domicile est in- proche », et ont la possibilité de refuser ce
violable sans le consentement de son occu- coup de téléphone s’ils estiment qu’il pourrait
pant. La personne perquisitionnée a donc le servir à avertir un complice.
droit de refuser l’accès de son domicile, mais
• Il a droit à un examen médical afin de s’assu-
la plupart des gens l’ignorent… et lorsqu’une
rer qu’il est en état de supporter la garde à vue.
SECTION 3

demi-douzaine de gendarmes se pressent sur


le pas de votre porte en disant « c’est pour • Il a droit à un avocat. Celui-ci peut interve-
une perquisition, signez ici », le citoyen lamb- nir de deux manières. La plupart se contentent
da signe l’autorisation sans se rendre compte d’un entretien en tête-à-tête de 30 minutes,
qu’il a le droit de les envoyer au diable. qui est davantage une prise de contact ac-
compagnée de conseils (« ne dites rien » ou
Il va de soi qu’un refus met les enquêteurs
« coopérez ») qu’une assistance véritable. Ce-
de mauvaise humeur, ce qui peut être un
pendant, l’avocat a la possibilité d’assister aux
calcul désastreux. En effet, dans un second
interrogatoires (ce qui impose un délai : il a
temps, il est possible de se passer du consen-
deux heures pour arriver, après quoi, les poli-
tement du perquisitionné, à condition d’avoir
ciers peuvent commencer). En revanche, il n’a
une autorisation écrite et motivée d’un juge
pas accès au dossier, et peut donc être laissé
des libertés.
dans le noir sur les détails des éléments qui
Une perquisition ne peut avoir lieu hors de jouent contre son client. Il n’a pas la possibilité
la présence de la personne perquisitionnée d’interrompre les enquêteurs, mais a le droit
ou de son représentant, ainsi que celle de de présenter des « observations » à la fin de
deux témoins. La présence d’un officier de po- l’audition. Au moment où se déroule Les Enca-
lice judiciaire est obligatoire (nos enquêteurs gés, en 2013, la présence des avocats lors des
le sont tous). Celle du juge d’instruction est gardes à vue est toute récente, et rencontre
facultative. encore de considérables résistances de la part
Le déroulement de la perquisition fait l’ob- des forces de l’ordre.
jet d’un procès-verbal, d’éventuelles décou- • Il a le droit de garder le silence, ce qui
vertes sont consignées et mises sous scellés. n’empêche pas les policiers de lui parler. La
Lorsque la perquisition est terminée, le pro- plupart des gens finissent par répondre, ne
cès-verbal est signé par le perquisitionné. serait-ce que par réflexe… et à partir du mo-
ment où une conversation s’engage, un bon
flic sait l’entretenir et guider le suspect dans
la direction où il veut le voir aller.
La garde à vue Enfin, les interrogatoires doivent être enre-
gistrés et peuvent servir plus tard dans la pro-
Le régime normal de la garde à vue en cédure, jusqu’au procès.
France est de 24 heures reconductibles une
fois. Toutefois, la tuerie de Villegouge se range
dans la catégorie des « meurtres en bande or-
ganisée » accompagnés de « torture et actes
de barbarie en bande organisée ». Pour ces
La prescription
crimes, la garde à vue peut durer jusqu’à En droit français, seuls les crimes contre l’hu-
96 heures (48 heures de base, plus deux pro- manité sont imprescriptibles. Ce qui veut dire
longations de 24 heures). que les différents criminels de cette histoire
Le suspect doit être informé de la nature de peuvent passer entre les mailles du filet pour
l’infraction qu’on lui reproche et de ses droits. des actes commis dans le passé. Les véritables
règles sont byzantines, mais en simplifiant :
• Il a le droit de prévenir un proche,
époux(se), parents ou employeur, au cours • Pour les crimes, il faut dix ans pour
des trois premières heures de la garde à « éteindre l’action publique », mais ces dix
vue. En pratique, les gendarmes ont une cer- ans ne sont pas forcément calculés à partir de

66
l’acte lui-même. Lorsqu’il y a eu enquête, ils les en a dissuadés : ce serait parole contre pa-

DANS LE CAMP DE LA LOI


le sont à partir du dernier acte de procédure. role, et vingt ans après, qui les écouterait ?

• Pour des crimes commis sur des mineurs, • Pour le culte : la plupart des meurtres
le délai est de vingt ans, calculés à partir de commis avant 1993 sont prescrits, mais pas
la majorité de la victime. Ce chiffre monte tous, en fonction de l’âge des victimes. Les tor-
à trente ans pour les mineurs de moins de tures subies par les encagés ne sont pas pres-
quinze ans au moment des faits. crites. Cependant, il faudrait prouver qu’elles
n’ont pas été commises par des sectateurs
• Pour certaines infractions « continues », la
morts. Tout cela est largement académique :
prescription ne commence à courir qu’au der-
l’affaire Laplace, toujours en cours d’instruc-
nier jour de l’infraction.
tion, suffirait amplement à leur valoir de lon-
Qu’est-ce que cela implique pour les PNJ ? gues années de prison si les encagés n’avaient
pas opté pour une solution plus radicale. Un
• Pour les investigateurs survivants : les procédurier créatif pourrait estimer que l’en-
morts de Sutton, Leval, Forceville, Wegener et lèvement de Mélissa Laplace fait partie de la
Maignan (pp. 157-157) ont toutes été considé- même série que les enlèvements de fugueurs
rées comme des accidents ou des disparitions des années 1980 et 1990, ce qui annule la
par la justice. Les crimes des investigateurs prescription pour les enlèvements (mais pas
sont donc prescrits depuis 2003. Dozier le sait. pour les meurtres). Il restera à prouver que
• Pour les encagés : les crimes commis à ces faits ont été commis en bande organisée,
leur encontre en 1993 ne seront prescrits que et que la « bande » était la même à vingt ans
vingt ou trente ans après leur 18e anniver- d’intervalle.
saire. Techniquement, ils pourraient encore
porter plainte et obtenir justice, mais Ménard

CELLULES

Le commandement peut, s’il l’estime nécessaire, monter une cellule d’enquête. Ces groupes temporaires
sont un artifice commode pour faire apparaître un enquêteur de remplacement au cas où il arriverait quelque
chose à l’un des prétirés, pour conserver les prétirés non sélectionnés comme PNJ… ou pour créer des compli-
cations. Muter temporairement l’un des membres du groupe Kerrien dans l’équipe, en vertu de ses connais-
sances sur l’affaire Laplace, peut créer des tensions qui n’existeraient pas s’il restait dans « son » groupe.
Une telle cellule est normalement limitée aux gendarmes, mais souvenez-vous que la gendarmerie compte
de nombreux spécialistes dans des domaines parfois surprenants. Si vous optez pour une approche plus ou-
verte, un représentant du SRPJ de Bordeaux ou un consultant extérieur peuvent y figurer à titre expérimental
(un hypothétique consultant sera strictement maintenu dans son domaine de compétence). La seule chose
indispensable, du point de vue de la gendarmerie, est une chaîne de commandement claire : le directeur d’en-
quête a autorité sur tous les membres de la cellule.
Parmi les PNJ présentés dans les pages suivantes, le lieutenant Da Silva, le brigadier-chef Vidal et le lieute-
nant Kuntz sont les plus susceptibles d’intégrer une cellule consacrée à la tuerie de Villegouge. Parmi les en-
cagés, il n’est pas impossible que les enquêteurs recherchent les lumières de Pierre Ménard sur les expatriés
britanniques dans un premier temps, avant de découvrir ses liens avec des personnes impliquées dans l’affaire.
Les enquêteurs peuvent aussi demander l’aide de gendarmes spécialistes en magouilles comptables pour dé-
brouiller les comptes de Bazas, voire d’un expert en mouvements sectaires.

67 67
LES PNJ
deaux. Hoareau leur dit poliment, mais claire-
Un schéma récapitulatif des relations entre
ment, qu’il veut des arrestations, et qu’il les
les enquêteurs et les différents services se
SECTION 3

veut vite. Il prend ses distances au fur et à me-


trouve p. 340. Les portraits des PNJ sont ac-
sure que l’affaire gagne en complexité, et au
compagnés de leur identifiant afin que vous
bout de quelques jours, il saisit le juge Lopez.
puissiez les retrouver facilement parmi les
Hoareau est un carriériste qui estime que
dix pages du trombinoscope présent dans la
dans le contexte actuel au palais (voir p. 124),
boîte. Les identifiants du trombinoscope sont
une affaire criminelle rondement menée au-
aléatoires afin d’éviter que les joueurs ne
rait pu l’aider à avancer dans la hiérarchie. Si
fassent des déductions « hors jeu ».
les enquêteurs s’en inquiètent, il est né à Paris
et vingt ans plus tôt, il officiait à Dijon.
Le procureur Le juge d’instruction
Le procureur Daniel Hoareau approche de
la cinquantaine. Il a du ventre et le teint fleuri Mme le juge Caroline Lopez a 35 ans, quelques
d’un amateur de bons bordeaux. Il aime son kilos en trop, une collection de tailleurs stricts,
métier, bien sûr, mais il s’intéresse davantage une coupe de cheveux BCBG et une bonne ré-
à ce qui vient « après » l’enquête, autrement putation. Elle est ouverte, à l’écoute des en-
dit le prétoire, qu’aux investigations propre- quêteurs… mais elle ne supporte pas d’être
ment dites. Dès le second jour de l’enquête, brusquée, surtout par des flics machos. Elle
il s’avère très présent… et semble assez peu veille à garder ses distances, tout en faisant
désireux de saisir un juge d’instruction, rien comprendre aux enquêteurs que c’est un
ne l’obligeant à sortir du régime de l’enquête choix professionnel, pas du snobisme. Elle
préliminaire. Les enquêteurs qui auront le n’est pas gendarme, et ils ne sont pas juges,
plaisir de participer à un « petit-déjeuner de voilà tout. Sa greffière, Mme Jacquard, fait un
travail » dans son bureau de palais de Justice excellent café et ajoute la touche d’humanité
découvriront des fauteuils confortables, un qui manque à la juge. Attentive aux détails de
excellent café et des viennoiseries venues la vie des enquêteurs, elle ne manque jamais
tout droit de la meilleure boulangerie de Bor- de s’enquérir de la santé du petit dernier, etc.

daniel hoareau (I8) caroline lopez (A1)


Procureur Juge d’instruction
68
EN TERMES DE RÈGLES

DANS LE CAMP DE LA LOI


Si vous pensez avoir besoin d’un cadre technique pour gérer les relations entre le procureur ou le juge et le
groupe, considérez que leurs échanges fréquents avec le directeur d’enquête nécessitent une Sauvegarde de
Sagesse, d’Intelligence ou de Charisme, selon les circonstances. Dans le premier cas, l’enquêteur fait valoir des
arguments de procédure, dans le second, il reste dans les bornes de la loi, et dans le troisième, il opte pour une
discussion « d’homme à homme ». Il est également possible d’utiliser un test de Bagou pour baratiner, mais il
expose l’enquêteur à un retour de bâton si le juge se rend compte de la manœuvre (test de Respect).

vaille à plein temps pour l’Institut Médico-Lé-


• Son rôle dans l’enquête. Après la brève gal de Bordeaux, installé au cœur de l’hôpital
« ère Hoareau », travailler avec le juge Lo- Pellegrin. Il sera présent sur toutes les scènes
pez devrait être un soulagement. Technique- de crimes, généralement en compagnie d’un
ment, c’est elle qui dirige et coordonne les ou deux assistants (dont une interne prénom-
recherches, les gendarmes n’étant que des mée Camille, qui ne s’acclimate pas et passe
exécutants. En pratique, elle leur laisse une son temps à aller vomir dans les buissons).
très large autonomie, du moins tant qu’elle Son équipe travaille en contact étroit avec les
a l’impression qu’ils avancent. Elle veille à ce experts de l’IRCGN, mais elle se concentre sur
que tous les crimes de la série soient confiés à les cadavres et ce qu’ils ont à raconter, alors
la même équipe. que le domaine d’intervention de l’IRCGN est
• Son rôle dans la campagne. Selon vos plus vaste.
besoins, le juge peut rester à l’arrière-plan et
laisser les enquêteurs travailler, être interven- Le Dr de Gaillefert est un quadragénaire
tionniste et imposer des directions inadap- mince et bronzé, aux tempes grisonnantes, à
tées… ou vous donner le prétexte d’un coup la poignée de main ferme et au sourire com-
de pouce si les joueurs sont perdus. municatif. Dans le boulot, il est prudent et mé-
ticuleux, au point où ses « peut-être » et ses
Le médecin légiste « nous ne sommes pas sûrs » en deviennent
agaçants. D’un autre côté, quand il présente
Le docteur Bruno de Gaillefert sera le des conclusions, on peut être sûr qu’elles sont
contact médico-légal des enquêteurs. Il tra- solidement étayées. En dehors du boulot, ce

laetitia jacquard (A2) BRUNO DE GAILLEFERT (B1)


Greffière Médecin légiste
69 69
passionné de voile et de plongée sous-marine pointe d’aigreur à l’idée de se voir retirer l’af-
est jovial, mais légèrement snob. faire, mais elle est à peine sensible. Il paraît
ravi de se rendre utile.

Les gendarmes
« Gendarme » est une appellation qui La SR Aquitaine
SECTION 3

recouvre une multitude de spécialités, allant


du militaire de base à des professionnels La SR Aquitaine est une force de police judi-
hautement qualifiés. Dans le cadre de cette ciaire. Ses agents sont des militaires, mais ils
campagne, les enquêteurs interagiront avec peuvent opérer en civil, et la SR dispose d’une
les groupes et les personnes suivantes. flotte de véhicules banalisés. Même si ce n’est
pas très important dans le cadre des Encagés,
elle couvre un ressort plus vaste que la seule
La Brigade de Recherches de Libourne région Aquitaine, du Midi-Pyrénées au Poitou
en passant par le Limousin. Elle est organisée
La tuerie initiale s’est produite sur le terri- en groupes spécialisés : homicides, stups, dé-
toire de la BR de Libourne. À partir du mo- linquance financière, etc.
ment où la SR Aquitaine prend l’enquête en • Commandant Richard Mata. La quaran-
main, elle n’est plus concernée… ce qui ne taine, grand, mince, teint mat, traits creusés,
l’empêche pas de rester une ressource exploi- barbiche et moustache grisonnante, surnom-
table par les personnages. Ils peuvent, par mé « Don Quichotte » par ses subordonnés.
exemple, lui déléguer le porte-à-porte à Ville- Le commandant Mata dirige le groupe « ho-
gouge, l’enquête de moralité sur les Delmin, micides » du SR Aquitaine, ce qui en fait le pa-
et ainsi de suite. tron des enquêteurs. Il exige des rapports ré-
• Le lieutenant Pierre Da Silva sera leur guliers, si possible accompagnés de résultats.
contact local. Il a vingt-six ans. Il est petit, Il évite de mettre la pression sur ses troupes :
trapu, avec une coupe en brosse et un collier il n’a pas d’ambition et ne croit pas aux solu-
de barbe noire. Il dirige sa propre équipe. Il tions miracle. De temps en temps, il s’invite
se montre compétent et précis dans ses rap- aux réunions du matin, se tait et observe. Il
ports, quoiqu’un peu sec. Il ressent une petite est très bon pour se fondre dans le décor.

lieutenant Pierre da silva (A4) commandant richard mata (A7)


Brigade de Recherches de Libourne Section de Recherche Aquitaine

70
La brigade départementale compte quelques heures plus tard. Que les

DANS LE CAMP DE LA LOI


nouvelles soient bonnes ou mauvaises dé-
Pour les besoins de la campagne, la Section pend de vos besoins.
de Recherche dispose d’un certain nombre
de gendarmes « de base », qui peuvent par
exemple se charger de la surveillance initiale
des encagés. Ils ne sont jamais en nombre
Le PSIG
suffisant, peuvent être piratés par d’autres
Le Peloton de surveillance et d’intervention
équipes qui sont sur « un gros coup », et ain-
de la gendarmerie nationale est une force hy-
si de suite. D’une manière générale, quand
bride, qui participe à la fois au maintien de
les enquêteurs ne font pas les choses eux-
l’ordre et aux opérations de police judiciaire.
mêmes, ils courent le risque qu’elles soient
Dépendant de la compagnie de gendarme-
mal faites… mais comme les journées ne
rie de la Gironde, le PSIG local compte une
comptent pas trente-six heures, ils sont for-
quinzaine d’hommes. Du point de vue de la
cés de déléguer.
SR, son principal intérêt est d’être spécialisé
• Le brigadier-chef Jacques Vidal est un dans l’arrestation de suspects dangereux. Les
chef d’équipe expérimenté, qui a trois gen- enquêteurs peuvent tout à fait procéder eux-
darmes sous ses ordres. La quarantaine à mêmes, mais quand il faut gérer des tueurs
poigne, il a été vice-champion de France de armés, avoir à ses côtés une demi-douzaine
karaté en 1995 et donne des cours d’arts de mastards dotés d’équipement lourd a un
martiaux aux recrues. Ce sous-officier bien petit côté sécurisant…
noté se fait gloire de toujours utiliser la dose • Adjudant-chef César Murat, PSIG Gi-
exacte de force nécessaire lors des arresta- ronde. Sec et tout en nerfs, ce Martiniquais
tions, mais il manque d’initiative sur le ter- âgé d’une trentaine d’années dirige une
rain. Servez-vous de lui pour donner un vi- équipe de six hommes. Son mode d’interven-
sage aux « petites mains » que dirigent les tion préférée est la « livraison de croissants »
enquêteurs. Lorsqu’ils ont besoin de porte- aux petites heures du matin : enfoncer la
à-porte, de recherches sur Internet, de fila- porte d’un bon coup de bélier hydraulique,
tures ou de quoi que ce soit d’autres, ils le puis cueillir tous les occupants au saut du lit.
briefent, lui et son équipe, et il vient rendre Son équipe peut aussi intervenir en pleine rue

brigadier-chef jacques vidal (C3) adjudant-chef césar murat (B2)


Brigade départementale PSIG Gironde

71 71
si le suspect est à l’extérieur. Murat prépare coûtent des heures de vol en hélicoptère, l’or-
minutieusement ses opérations, fait autant ganisation de barrages routiers, et ainsi de
de repérages qu’il est possible sans donner suite. Il peut être aussi bien un allié qu’un obs-
l’éveil, et tente de bloquer toutes les issues tacle. Grâce à lui, vous pouvez éviter que des
possibles. Il n’a jamais travaillé avec le lieute- enquêteurs ivres de pouvoir ne déclenchent
nant Messali, mais les deux hommes ont as- une simili-loi martiale sur toute la région.
SECTION 3

sez de points communs pour sympathiser, si


vous et le joueur le souhaitez.
Le SIRPA-Gendarmerie
L’état-major En théorie, la branche Gendarmerie du Ser-
vice d’Information et de Relations Publiques
Plus tard dans l’aventure, les enquê- des Armées gère les contacts entre l’institution
teurs risquent d’avoir affaire avec le versant et les médias. En pratique, le SIRPA assure des
« maintien de l’ordre » de la gendarmerie. formations à la gestion de la presse lorsque tout
S’ils veulent, par exemple, organiser des re- est calme, et intervient comme « soutien » des
cherches pour retrouver un disparu, ou dé- équipes de terrain en situation de crise.
clencher le « plan Épervier » pour coincer des
• Le lieutenant Bastien Kuntz occupe un bu-
suspects en cavale, ils doivent s’adresser à
reau à l’état-major. Âgé d’une petite trentaine
l’état-major régional Aquitaine, installé à Mé-
d’années, il a un visage carré aux traits régu-
rignac, à l’ouest de Bordeaux.
liers, une coupe en brosse, des yeux bleus et
• Le capitaine Rémi Covelle examinera leurs un sourire communicatif. Il a aussi un diplôme
requêtes et se chargera de coordonner les be- d’une école de journalisme, l’expérience des
soins des enquêteurs et les disponibilités des médias et une personnalité rassurante. Il re-
unités routières, aériennes, cynophiles, etc. joint l’équipe d’enquêteurs dès le 9 mai, avec
Il a trente-cinq ans, un visage un peu poupin pour mission de les aider à « bien commu-
et l’art d’accélérer les demandes réellement niquer » dans ce qui s’annonce comme une
urgentes même si elles ne sont pas rédigées affaire très difficile. Kuntz est célibataire et,
correctement. D’un autre côté, s’il se montre si vous utilisez les prétirés, il tombe sous le
trop compréhensif, l’argent du contribuable charme du lieutenant Josse, ce qui peut être
s’envole… Il a une conscience aiguë de ce que une source de complications.

capitaine rémi covelle (B5) lieutenant bastien kuntz (B6)


État-major SIRPA-Gendarmerie

72
Et le GIGN ? bande sont présents sur toutes les scènes de

DANS LE CAMP DE LA LOI


crime et plus généralement partout où les en-
Dans Les Encagés, le GIGN intervient da- quêteurs réclament leur expertise, d’abord de
vantage comme une force sans visage que manière autonome, puis sous la houlette du
comme une équipe de collègues. Un coup de major Lacroix.
téléphone, un interlocuteur qui ne présente
pas mais vous écoute avec attention, et une • Major Émilie Lacroix, IRCGN. Le major
heure plus tard, les vans noirs sont là. À leur Lacroix a une petite trentaine, des traits fins
bord, un groupe de commandement, un né- et des cheveux blonds coupés court. Son rôle
gociateur, un groupe Assaut, un groupe Appui est « d’apporter son expertise » à l’équipe de
et un groupe Effraction. Foulon, de veiller à ce que tous les prélève-
ments soient correctement étiquetés et ex-
En pratique, les forces susceptibles d’inter-
pédiés aux laboratoires de Rosny-sous-Bois,
venir rapidement dans le Bordelais sont celles
et de faire circuler les informations entre les
des antennes de Nantes ou de Toulouse. Elles
enquêteurs et les différentes équipes. Elle se
seront précédées par un détachement du Pe-
montre professionnelle, efficace, mais pas
loton d’intervention de la gendarmerie, chargé
très chaleureuse. Même si cela ne se voit pas
de sécuriser le site, de récupérer un maximum
encore, elle est enceinte de trois mois et ai-
d’information auprès des gendarmes locaux…
merait être ailleurs, si possible chez elle, en
et de passer à l’action en cas d’urgence.
région parisienne, avec son mari.
• Commandant Michel Ribières, IRCGN.
Les techniciens Ribières est le patron de Lacroix. Il a la cin-
quantaine athlétique, la mâchoire carrée et
• Adjudant-chef Vincent Foulon, TIC. Fou- beaucoup d’autorité. Originaire du Sud-ouest
lon est brun, de taille moyenne, avec un vi- et ami avec de nombreux haut gradés de la
sage banal. Il approche de la trentaine, com- Section de Recherches de Bordeaux, il suit l’af-
mence à perdre ses cheveux et déteste les faire de près. Il organise des visioconférences
vannes sur le thème « comme ça, on est sûr depuis son bureau de Rosny, afin de présenter
que tu n’en sèmeras plus sur les scènes de directement les dernières trouvailles de ses
crime, ah ah ah ». Son équipe compte trois techniciens (en court-circuitant Lacroix, que
techniciens, tous plutôt bons. Foulon et sa ça ne dérange pas plus que ça). Il est dispo-

adjudant-chef vincent foulon (D4) Major émilie Lacroix (D5)


Technicien TIC Technicienne IRCGN

73 73
sé à appuyer les demandes des enquêteurs si tage son temps entre le CHU et un cabinet en
ceux-ci ont besoin d’analyses pour hier… mais ville, qui se trouve être à deux pas des locaux du
un jour, il leur demandera un service équiva- SR Aquitaine. Disposant de toutes les habilita-
lent, pour lui ou pour un de ses amis. tions médico-judiciaires requises, c’est souvent
elle qui est appelée pour s’assurer de l’état de
santé d’un gardé à vue, procéder à des examens
Consultante
SECTION 3

psychologiques de routine, etc. À ce titre, c’est


elle qui examinera les prises des personnages.
• Dr Mathilde Cazenave, médecin et psycho- Le Dr Cazenave est une personnalité solaire, op-
logue. Grande, très brune, cheveux longs por- timiste et terre à terre. Isolément ou collective-
tés en queue-de-cheval. Le Dr Cazenave par- ment, les encagés lui font froid dans le dos.

commandant michel ribières (D6) docteur marthilde cazenave (D2)


Technicien IRCGN Médecin-psychologue

capitaine axelle bouchard (E7) lieutenant michel michelet (E8)


IGGN IGGN

74
L’IGGN au sein de la gendarmerie. Bref, c’est une bat-

DANS LE CAMP DE LA LOI


tante, épuisante à suivre au quotidien, avec
Basée à Paris et dirigée par un général, l’Ins- assez de charisme pour susciter des aveux
pection Générale de la Gendarmerie Natio- spontanés chez ses « clients » les plus faibles
nale intervient lorsque des gendarmes sont ou les moins compromis. Lorsqu’elle est loin
soupçonnés d’être sortis des clous. Elle peut de chez elle, elle passe ses soirées à jouer une
être saisie par la hiérarchie du fautif ou par guerrière gnome dans un jeu en ligne.
n’importe quel citoyen, sur toute question
• Lieutenant Michel Michelet. De taille et
liée à la discipline ou à la déontologie. Au cas
de corpulence moyenne, le lieutenant Miche-
où les enquêteurs « feraient une connerie »
let n’a qu’une caractéristique remarquable : il
visible, deux inspecteurs arrivent de Paris le
fume. Il passe pas mal de temps hors du bu-
lendemain de la saisie. Ils s’installent à la ca-
reau, avec une clope et un café, à bavarder
serne de gendarmerie la plus proche, réqui-
avec d’autres accros à la nicotine. Il est très
sitionnent un bureau à côté de celui du com-
doué pour orienter les discussions en dou-
mandant Mata et commencent leur enquête.
ceur. Il a également un talent pour repérer les
• Capitaine Axelle Bouchard. Petite, blonde liens interpersonnels peu évidents (« vous ne
et apparemment fragile, le capitaine Bouchard pouvez pas le blairer, hein ? Alors pourquoi
arrive en fin de trentaine. Elle travaille à l’IG- vous mettre en danger pour lui ? ») À titre per-
GN depuis cinq ans. Elle est aussi instructrice sonnel, il est sympathique et plein d’humour,
de judo et de tir et a fondé un programme pi- mais c’est une facette de sa personnalité que
lote de sensibilisation au harcèlement sexuel les enquêteurs ne verront sans doute pas.

SOUS LE MICROSCOPE DE L’IGGN


Vous trouverez en pp. 12-15 un système vous permettant de gérer les démêlés des personnages avec l’IGGN,
mais ce n’est qu’un système, simulant ce qui se passera en coulisses.
Concrètement, que voient-ils ?

Bouchard et Michelet épluchent les enquêteurs. Le duo se met au travail avant même d’arriver, consultant le
dossier des personnages depuis Paris. Dès leur arrivée, ils ont un entretien avec le commandant Mata. Ensuite,
ils reçoivent le plaignant, éventuellement accompagné de son avocat, et s’efforcent d’établir les faits. Lorsqu’ils
estiment qu’ils ont tiré le maximum de cette première entrevue, ils interrogent le fautif présumé en privé,
avant de passer aux témoins de l’incident, gendarmes ou civils. Si besoin, ils continuent par les autres membres
du groupe et enchaînent avec un certain nombre de collègues ou de personnes associées à l’enquête, par
exemple Kerrien (voir p. 118) ou le major Lacroix. Ils revoient le plaignant et le fautif en privé autant de fois
qu’ils l’estiment nécessaire. Lors de ces dépositions, ils ne mettent pas forcément les enquêteurs en face de
leurs contradictions, mais ils les notent et creusent autour.
Bien sûr, la gravité de la plainte conditionne l’ampleur et surtout la profondeur de leurs investigations, mais
même dans une affaire mineure, ils abattent énormément de boulot.

Lors des entretiens avec le groupe, ils sont professionnels et courtois, mais aussi insistants, habitués à repérer
les incohérences et les mensonges, et pas disposés du tout à fermer les yeux, parce que pour eux, la fin ne jus-
tifie jamais les moyens. Si l’incident le justifie, ils examinent toute la procédure, pièce par pièce, à la recherche
de signes de négligence ou pire, de manipulation. Ils évitent la routine bon flic/méchant flic : ils savent que
leurs clients la connaissent par cœur. Par tempérament, Michelet semble souvent un peu plus compréhensif
que Bouchard, mais c’est une très légère nuance.
Ils ne s’éternisent pas. Un incident mineur les occupe deux jours, un cas gravissime une semaine maximum.
Lorsqu’ils estiment avoir terminé, ils font leurs adieux au commandant et reprennent le train. Le lendemain,
Mata reçoit leur rapport. Un peu plus tard, il convoque le ou les intéressés dans son bureau.

75 75
SOUS LE MICROSCOPE DE L’IGGN (SUITE)
L’IGGN dispose d’une large palette d’actions, que vous pouvez moduler et panacher à votre guise. Il est parfaite-
ment possible, par exemple, que Bouchard formule une recommandation et que l’enquêteur écope d’un avertis-
sement. Ou qu’une mesure administrative s’accompagne d’une mise à pied temporaire. Les différents outils sont :
• Rien. Les inspecteurs estiment que la faute n’est pas caractérisée ou que la dénonciation relève de la ca-
SECTION 3

lomnie. Tout le monde, y compris Mata, pousse un soupir de soulagement. Le personnage visé par l’enquête
remonte à d6 en Respect s’il était plus bas.
• Une recommandation. L’IGGN a constaté un défaut d’entraînement ou de caractère chez le fautif, et for-
mule une ou plusieurs suggestions pour y remédier. Une évaluation psychologique, une formation au tir ou
au traitement des médias, ou encore un stage de gestion de la colère sont des possibilités adaptées aux Enca-
gés, mais il en existe une infinité. Mata s’exécute en essayant de ne pas trop perturber le cours de l’enquête.
Certaines recommandations peuvent s’avérer aussi punitives que des sanctions. « Nous recommandons que
l’agent X repasse sa certification au tir » se traduit par « il peut rester sur l’enquête, mais sans arme »… Le per-
sonnage visé par l’enquête remonte à d4 en Respect s’il était plus bas.
• Une mesure administrative. L’IGGN conseille de mettre l’agent sur la touche d’une manière ou d’une autre.
« Nous avons noté que l’agent X présentait des signes de stress et avait accumulé un crédit-jours » revient à dire
« mettez-le en vacances forcées avant qu’il ne fasse plus de dégâts ». Ce n’est qu’un demi-mal, des possibilités
plus sinistres existent, du type « nous estimons qu’une réaffectation à une autre affaire serait souhaitable »,
ou pire « une réaffectation à un autre service ». Dans ce dernier cas, l’enquêteur se retrouve hors-jeu pour une
longue période, dans un bureau, à expédier des tâches administratives sans intérêt… et le joueur change de
personnage. Mata conserve sa liberté d’appréciation quant à la durée de cette « presque sanction », mais il ne
va pas renvoyer quelqu’un de dangereux sur le terrain après quelques jours.
• Une sanction. L’IGGN peut distribuer des avertissements ou des blâmes. Les premiers sont mauvais pour
l’avancement immédiat, les seconds peuvent compromettre une carrière. Une bonne partie des prétirés ne
peuvent se permettre ni l’un ni l’autre, sous peine de renoncer à leurs ambitions.
• Une mise à pied. Avec ou sans solde, pour une durée déterminée. Une mise à pied définitive s’accompagne
de la riante perspective de passer devant une commission disciplinaire et d’être mis à la porte.
• Des poursuites. En parallèle à tout ce qui précède, si l’affaire le justifie, l’IGGN notifie le procureur de la
République, qui met en branle la machine judiciaire. Les conséquences sortent du cadre de la campagne : s’il
y a un procès, l’audience n’aura lieu que début 2014 au mieux, avec un jugement rendu au moins trois mois
plus tard.

DU BON USAGE DE L’IGGN


L’IGGN existe pour faire entrer une vérité toute simple dans la tête des enquêteurs : Bordeaux en 2013 n’est
pas Dodge City en 1883. Ils ne sont pas la Loi, ils sont des officiers de police dans un État de droit.
Si les joueurs décident de sortir des clous, sanctionnez-les à la hauteur de leurs errements. Le groupe suivant
sera peut-être un peu plus dans le ton.
Si les événements les font sortir des clous sans que ça ait été prémédité, c’est un peu différent, surtout s’ils
avouent – l’IGGN aime autant les aveux que n’importe quel autre flic. Dans ce cas, vous avez une large palette de
mesures de clémence, la difficulté étant de pas être trop clément.
Si les joueurs suivent les règles en s’autorisant juste un ou deux petits écarts, l’IGGN est une menace qui plane
au-dessus de leur tête tout au long de l’enquête, se concrétisant ou pas selon vos besoins. Son intervention ne
gèle pas l’enquête, mais elle va perturber tout le monde, peut-être à un moment crucial. Quant à la sanction,
elle sera sans doute assez légère.
Enfin, si vous avez des joueurs réglos, qui suivent la procédure, ils peuvent tout à fait être visés par une plainte,
sans doute de Me Ameziane relayant l’un des encagés. Dans ce cas, l’IGGN est surtout là pour leur faire peur.

76
POLICE SCIENTIFIQUE,

DANS LE CAMP DE LA LOI


LES VRAIES PERFORMANCES
Nous sommes conditionnés par la télévision à penser que les « experts » peuvent tout résoudre
en 42 minutes chrono, au point de faire passer les policiers au second plan, voire les effacer com-
plètement du tableau. Or, bizarrement, les crimes non résolus existent toujours, sans parler de
ceux qui ne sont jamais découverts. En France, le taux de résolution des homicides tourne autour
de 87 %. Cela paraît beaucoup, mais c’est surtout parce que la plupart du temps, les coupables
sont des proches, mus par des motivations assez classiques : sexe, argent, jalousie, etc.
Les techniciens apportent une aide précieuse, mais pas forcément déterminante. Parfois,
les fibres sont juste des fibres sans origine précise, les empreintes génétiques sont illisibles,
les traces de pas impossibles à relier à une paire de chaussures déterminée, et ainsi de suite.
Des éléments sans valeur scientifique peuvent aider les enquêteurs à se forger une intime
conviction et les encourager à persister dans une direction donnée, mais ils ne pèsent pas
lourd devant une cour d’assises. Face à un avocat qui connaît son métier, ils peuvent même
nuire à l’accusation.
Gardez à l’esprit les indications données pp. 24-27. Lorsqu’un PJ demande une analyse, déter-
minez le temps d’attente, le temps de travail, et le temps de transmission. Notez sur votre calen-
drier de suivi le moment où le temps de travail est terminé (si les joueurs veulent appeler pour
obtenir l’information de manière officieuse) ainsi que le moment où le temps de transmission
s’achève. Vous pourrez ainsi, lorsque le jour est venu, livrer aux joueurs les conclusions ou l’aide
de jeu correspondant à leur demande.
Gardez à l’esprit que les indications de temps sont… juste des indications. Ignorez-les ou pon-
dérez-les en fonction de la manière dont vous souhaitez Moduler le temps (voir p. 27). Vos déci-
sions passent avant le « réalisme » !

77 77
SECTION 0

78
les encagés

section 4
INTRODUCTION
LA TUERIE
DE VILLEGOUGE

79 79
Cette section présente la situation initiale, les pistes que les personnages pourront suivre en
partant de la tuerie, à la fois en Aquitaine et en Grande-Bretagne, puis les interférences de M.
Dozier, l’ancien investigateur, et celles de Jane Eycott-Vannier, l’une des encagées.
Sur le plan de la structure, cette partie suit un modèle en arborescence classique au début,
puis devient de plus en plus « diffuse » au fur et à mesure que le temps passe. C’est intention-
nel : certaines recherches sont des « tâches de fond » qui vont prendre du temps, d’autres sont
SECTION 4

rédigées de manière à vous laisser une marge d’improvisation.

INTRODUCTION DES ENQUÊTEURS


Nous sommes le 9 mai 2013. C’est le jeudi de 112 rue de la Libération sont noirs de monde,
l’Ascension, et le second jour férié consécutif voitures de pompiers, ambulances et, bien
après le 8, mais les jours fériés comptent peu entendu, véhicules de la gendarmerie. Le
pour les forces de l’ordre. Il est 6 h 30 du matin bâtiment, une grosse villa située à l’écart du
à Villegouge, tranquille village des alentours bourg, est en flammes.
de Libourne, dans le Bordelais. Les abords du
Donnez aux joueurs le calendrier (aide de
jeu 01) et la carte de la région (aide de jeu 02).

Les enquêteurs ont été appelés par la Bri-


gade de Recherches locale (voir Quelques no-
tions de base, p. 64). Lorsqu’ils sont tous là,
le lieutenant Da Silva, de la BR, leur commu-
nique le peu d’éléments dont il dispose, puis
leur passe le relais.
Les pompiers sont certains que le départ de
feu était d’origine criminelle. Deux corps ont
déjà été sortis des décombres. Ils portent de
très clairs impacts de balles. Ils se trouvaient
dans une chambre, au premier étage, alors que
l’incendie s’est déclaré au rez-de-chaussée.
Que font les personnages ? Et plus impor-
tant encore, quelles tâches donnent-ils aux
gendarmes de la BR ? Et à l’équipe de TIC de
Vincent Foulon, qui arrive quelques minutes
après eux ? Les uns comme les autres sont
demandeurs d’instructions… qui peuvent
orienter le début de l’enquête. Le procureur
Hoareau, seul habilité à donner des instruc-
tions aux enquêteurs à ce stade, n’arrivera
que vers 9 h 30. Il se contentera d’écouter leur
rapport, de les assurer de sa confiance et de
leur donner rendez-vous pour un « petit-dé-
jeuner de travail » le lendemain matin.
Bref, faites le nécessaire pour que les
joueurs comprennent que c’est leur affaire,
désormais !

80
PREMIÈRES CONSTATATIONS

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Toutes les informations qui suivent peuvent
être recueillies sur place, directement ou en in-
terrogeant les divers spécialistes qui s’affairent
sur les lieux. Tous remettront des rapports plus
détaillés dans un jour ou deux, mais prendre
de l’avance est toujours une bonne idée.
• L’incendie a été signalé à 3 h 22 par le pro-
priétaire du 100, un vieux monsieur réveillé par
sa prostate, qui a vu par sa fenêtre « que ça
flambait plus bas dans la rue ». L’intervention
des pompiers a commencé à 3 h 38. Le capi-
taine des pompiers pense qu’à ce moment-là, la
maison brûlait depuis environ une heure, une
intuition que les experts confirmeront dans les
jours suivants : le feu a démarré vers 2 h 30.
• L’incendie ne sera complètement éteint paul delmin (C1)
qu’aux alentours de 9 heures du matin. Le rez-
de-chaussée est presque entièrement détruit.
Les plafonds se sont en partie effondrés. Là où
ils sont encore en place, les planchers du pre-
mier étage sont instables et dangereux. Le se-
cond étage et le grenier restent accessibles, à
condition d’être très prudent (un échec à une
Sauvegarde de Dextérité entraîne une chute
(test de Vie), effectuer une deuxième tentative
et échouer encore provoque un effondrement
de l’étage). L’intérieur reste inaccessible aux
enquêteurs jusqu’en fin d’après-midi.
• À 9 h 12, les pompiers découvrent trois
autres cadavres très abîmés dans le salon,
portant le bilan à cinq morts. Tous trois étaient
attachés, et officieusement, le légiste estime
qu’ils étaient encore en vie lorsque l’incendie
s’est déclaré. Les autopsies constituent l’aide
simone delmin (C2)
de jeu 04 [4 jours / Charisme / 2 jours] (Del- lyse de la plaque d’immatriculation aboutit à
min, voir p. 82), l’aide de jeu 05 [5 jours / Cha- l’aide de jeu 07 [instantané], voir p. 84.
risme / 3 jours] (Bazas, voir p. 83) et l’aide de
jeu 06 [4 jours / Charisme / 2 jours] (Easton, • Deux autres voitures s’y trouvent aussi.
voir p. 84). De leur côté, les pompiers estiment La première, une grosse Audi blanche, a une
que l’incendie a éclaté dans le salon. immatriculation locale (aide de jeu 08 [ins-
tantané], voir p. 85). La seconde, une Ford
• La maison, une villa XIXe presque assez cos- noire plus modeste, arbore des plaques du
sue pour mériter le titre de manoir, appartient Royaume-Uni (aide de jeu 09 [3 jours / Res-
à M. et Mme Delmin, un couple de retraités pect / 1 jour et 4 heures], voir p. 85).
qui vivait là depuis 1998. Leur Mercedes est
dans le garage, d’anciennes écuries situées un • Les lettres « CC » ont été bombées à la
peu à l’écart de la maison. La demande d’ana- peinture noire sur le perron.

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aide de jeu 04

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RECHERCHES INITIALES

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Si les personnages font bien leur travail, ces
informations devraient sortir dès le début de
l’enquête.
• Les voisins (test de Bagou) n’ont pas
grand-chose à dire sur les Delmin. Ils étaient
âgés, à leur aise et discrets. Mme Delmin ne
manquait jamais de dire bonjour quand on la
croisait au marché. Leurs amis ? Personne au
village, mais ils recevaient souvent.
• Le couple n’a jamais eu d’ennuis avec
la justice. Paul Delmin, ancien directeur
d’agence bancaire, était à la retraite depuis
2001. Simone Delmin, son épouse, autrefois
secrétaire dans la même agence, a cessé de
travailler au début des années 1980.
• Leurs deux enfants sont adultes. Ils vivent jean-michel delmin (B4)
l’un en région parisienne, l’autre à Carcassonne.
Tous deux arrivent le vendredi 10 mai au matin.
Jean-Michel, le fils, a une quarantaine d’années
et semble ravagé par le chagrin. Interrogé sur
les fréquentations de ses parents, il confirme
qu’ils étaient amis avec les Bazas, dont ils lui
parlaient souvent. Pour le reste, il n’est pas très
utile : « vous savez, ça fait plus de vingt ans
que j’ai quitté la maison. Ils avaient leur vie ».
Marion, la fille, n’a pas encore trente ans, et
semble en état de choc. Sans avoir formelle-
ment coupé les ponts avec ses parents, elle ne
les avait pas vus depuis plus d’un an. Elle a du
mal à exprimer ses sentiments pour eux, mais
cela donne quelque chose comme « ils nous
ont toujours exclus de leur vie. Gentiment, en
douceur, mais quand j’y pense, on ne savait rien
d’eux ». Une rapide enquête apprend aux per- marion delmin (B7)
sonnages qu’elle est employée administrative
chez un assureur, à Carcassonne et qu’elle mi-
lite dans diverses associations vouées à la pro- • L’examen de l’intérieur de la maison
tection animale, à la défense d’une agriculture (test de Torche) n’est possible qu’une fois
biologique et autres causes du même ordre. que les pompiers ont donné leur feu vert,
vers 18 heures. La seule bizarrerie du rez-de-
• L’examen de l’extérieur de la maison et chaussée est un carreau cassé dont les débris
du terrain (test de Torche) permet de décou- sont tombés vers l’intérieur, dans la cuisine.
vrir des traces d’escalade sur le mur du jar- Les tueurs sont entrés par là. Il y avait un or-
din, à l’arrière. L’endroit était bien choisi : une dinateur, dans le bureau du premier étage. Il
route déserte et aucune maison en vis-à-vis. a disparu. C’est apparemment la seule chose
Si une voiture a stationné là, elle n’a pas laissé qui ait été volée.
de traces exploitables.

87 87
• L’Audi appartient à M. Jacques Bazas, été tués par un 7,65 mm. Il faudra quelques
qui habite Fronsac, à quelques kilomètres de jours pour identifier l’arme avec davantage de
Villegouge. Vérifications faites, le couple Ba- précision (voir La balistique, p. 102).
zas n’a plus été vu depuis le matin du 8 mai.
• Les menottes sont l’unique objet laissé par
• L’identification de la Ford impose de passer les tueurs. Ce n’est ni le modèle utilisé par les
par la bureaucratie britannique, ce qui risque forces de l’ordre, ni le genre de jouets qu’on
SECTION 4

de prendre quelques jours. Elle appartient à un achète dans les sex-shops. Vérification faite,
certain Thomas Easton, un antiquaire de Bu- elles sont vendues par la société Duteille, une
ry-Saint-Edmunds, dans le Suffolk. M. Easton est entreprise spécialisée dans la vente en ligne
en vacances en France depuis le 1er mai. de matériel d’autodéfense, de la bombe lacry-
• Les autopsies établissent que les deux mogène à la matraque télescopique en pas-
corps retrouvés à l’étage sont ceux de M. et sant par les tasers.
Mme Delmin. Ils ont été abattus à bout portant • Le modus operandi, différent dans les
d’une balle dans la tête. L’incendie complique deux pièces, laisse à penser qu’il y avait au
la reconstitution, mais ils ne semblent pas avoir moins deux tueurs. L’un d’eux a tué propre-
eu le temps de lutter. Sans doute ont-ils été ment, l’autre voulait faire souffrir (voir Qui tue
tués dans leur sommeil. Un oreiller a été utilisé qui ? p. 55).
pour amortir le son du premier tir, celui qui a • Une étude des relevés téléphoniques des
tué la femme. En revanche, les deux hommes victimes montre énormément de conversa-
et la femme du salon ont été menottés les uns tions entre les Delmin et les Bazas. Il y a aussi
aux autres, poignardés à plusieurs reprises, beaucoup d’appels à (et de) un Dr Lormier, de
arrosés d’essence et brûlés vifs. Ils se sont Targon, qui n’était pas leur médecin traitant.
débattus, propageant l’incendie. Parmi les échanges récents figurent aussi un
• Les plaies des trois victimes du rez-de-chaus- ou deux appels d’Easton depuis son mobile.
sée semblent avoir été faites par un couteau de Les prochaines victimes, Ulbrich, Texier et
cuisine, peut-être pris sur place, mais la cuisine Brunet, n’apparaissent pas dans ces relevés.
est si abîmée qu’il est difficile d’en être sûr. En revanche, ils figurent parmi les corres-
pondants de Lormier… au milieu d’une foule
• L’essence est du Sans-plomb 98. Une ana- d’amis et de patients. Si vous souhaitez que
lyse des additifs établit qu’elle vient d’une sta- les joueurs parcourent eux-mêmes les relevés
tion Total… ce qui ne mène nulle part, il y en téléphoniques, confiez-leur les synthèses qui
a une quarantaine dans la région. Les tueurs constituent l’aide de jeu 10 [2 jours / Cha-
sont venus avec, ce qui indique qu’ils comp- risme / 5 heures] (Delmin, voir p. 90) et l’aide
taient mettre le feu. de jeu 11 [1 jour / Charisme / 5 heures] (Ba-
• L’expertise balistique réalisée en parallèle zas, voir p. 91).
avec l’autopsie établit que les Delmin ont

88
TAPAGE MÉDIATIQUE

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
À 8 h 32 le 9 mai, une dépêche AFP catapulte la « tuerie de Villegouge » au premier plan de l’actualité. Les
équipes des télévisions nationales arrivent en milieu de matinée, avec leur contingent d’envoyés spéciaux qui
se filment devant la carcasse fumante de la maison et doivent absolument avoir quelque chose à se mettre sous
la dent pour le journal de treize heures. Le 10, deux équipes britanniques, l’une de la BBC, l’autre d’une chaîne
privée, se joignent à la fête.
« La meute » n’accepte pas d’être sevrée d’informations. Il faut organiser des conférences de presse quotidiennes
pour l’alimenter. Parler aux médias est l’un des rôles les plus ingrats du directeur d’enquête. Bien entendu, il est
aidé : le lieutenant Kuntz (p. 72) est sur place dès 9 h et organise un premier point avec l’équipe. Il a tendance à
jargonner, parlant « d’éléments de langage » et de « formaliser le message », mais ses conseils sont les bienvenus.
Parmi les questions qu’il soulève figure le contrôle de l’information : que disent les enquêteurs aux médias, et
que souhaitent-ils garder pour eux, sachant que tout ce qu’ils diront deviendra instantanément public pour la
France entière, y compris les tueurs ? Faut-il parler du modus operandi des meurtriers ? Du niveau très élevé de
violence ? De l’énigmatique « CC » ? Des motivations qui émergent peu à peu ? Du cambriolage de la résidence
Bazas ? S’ils décident de cacher des éléments, Kuntz les prévient, « ce sera une bataille de retardement » : les
journalistes finiront par tout savoir.
En sens inverse, Kuntz est prêt à diffuser des informations officieuses auprès de journalistes sûrs, si les enquê-
teurs pensent que c’est nécessaire.
Bien entendu, même calibrée au millimètre, une conférence de presse peut déraper si l’enquêteur gaffe. La
prise de parole est simulée par une Sauvegarde de Charisme, à laquelle vous pouvez accorder un Avantage si les
PJ ont été attentifs aux conseils de Kuntz. En cas d’échec, le maladroit peut s’attendre à de nouvelles réunions
au cours desquelles il se fait engueuler par le juge Lopez, suivi de sessions de damage control qui font perdre un
temps précieux à tout le monde.
À ce stade de l’affaire, les journalistes adhèrent sagement à la version proposée par les enquêteurs. La plupart
passent leur temps à trouver des moyens ingénieux de parler pour ne rien dire et pompent sans vergogne ce
que racontent leurs collègues. Une minorité cherche à approcher les enquêteurs et à leur soutirer des miettes
d’information. Les plus dangereux sont aussi les moins visibles : ils mènent leur propre enquête sans marcher sur
les pieds des personnages.

• Amandine Léger, journaliste. Fin de trentaine, petite et


mince, visage pointu, cheveux bruns coiffés en carré. Mme Léger
est l’une des meilleures plumes de la rubrique « faits divers »
de Sud Ouest. Elle se consacre à la tuerie de Villegouge tout au-
tant que les enquêteurs, produisant un ou deux longs papiers
bien documentés chaque semaine. Elle s’attache en priorité à la
personnalité des Delmin et des Bazas, puis change d’angle d’at-
taque en fonction de vos besoins. Elle a eu l’occasion de croiser
l’un des personnages (Brochard si vous utilisez les prétirés) sur
d’autres enquêtes, et n’hésite pas à le contacter. Son objectif est
de lui soutirer des informations, mais elle l’appâte en lui pro-
posant « de passer des infos en off, si vous avez besoin qu’une
“source proche de l’enquête” communique avec le public ».
Mme Léger est minutieuse. Elle prend le temps de déblayer des
pistes écartées par les joueurs et, une fois sa musette pleine,
leur propose un échange d’information. Enfin, il n’est pas exclu
que Dozier lui adresse également quelques mails. amandine léger (E1)

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aide de jeu 10

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aide de jeu 11

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REPLAY : TELLIER GAFFE
Les enquêteurs sont à Villegouge et travaillent sur l’incendie. Certains font le tour du voisinage, d’autres
explorent les alentours de la maison. Des journalistes arrivent et hèlent le capitaine Tellier, qui vient à leur ren-
contre. Soumis à un feu roulant de questions et peu préparé à l’exercice, Tellier confirme à la presse qu’il y a eu
un double homicide, « et peut-être pire ». Il lâche le nom des Delmin alors que leur identité n’a pas été confir-
SECTION 4

mée par l’autopsie, et révèle qu’une « suspecte » rôdait aux alentours (voir Une femme mystérieuse, p. 94).
Les autres joueurs, de plus en plus effarés, lui font des signes et des gros yeux pour qu’il se taise, mais il est
trop tard, Tellier passe au journal de 20 h. Face à un directeur d’enquête qui lâche des informations croustil-
lantes dès le début, les journalistes se sentent en terrain conquis. Ils seront particulièrement intrusifs durant
toute la campagne.
Quant à Tellier, il sera briefé dès le lendemain par le lieutenant Kuntz, après un entretien avec un comman-
dant Mata qui lui fait part de sa déception.

REPLAY : LA TAUPE
À l’insu de ses collègues, le lieutenant Messali a décidé de travailler avec Amandine Léger. Messali lui
communiquait de nombreuses informations exclusives. En retour, la journaliste, qui enquêtait également de
son côté, lui donnait quelques pistes, permettant au MJ de remettre les PJ sur la bonne voie, si besoin.
Pendant toute la campagne, les joueurs se sont demandé qui était la taupe, et ils commençaient à filtrer les
informations qu’ils donnaient à leurs collègues. Le lieutenant Messali ne s’est jamais fait prendre. Il s’en est
sorti comme une fleur alors que ses collègues ont tous terminé sous le coup d’une enquête de l’IGGN, pour
d’autres raisons.

92
LES TROIS AUTRES VICTIMES

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Les enquêteurs avanceront certainement
de front sur les cinq victimes : les Delmin, les
Bazas et Thomas Easton.

Jacques et Marie-France Bazas


• Victimes : Jacques Bazas avait 52 ans, son
épouse Marie-France 49. Ils s’étaient mariés
en 1996. Marie-France n’appartenait pas au
culte et ignorait tout de ce versant de la vie de
son mari. Jusqu’à fin 2012, les Bazas exploi-
taient une vingtaine d’hectares de vignes bien
situés, du côté de Pessac. Ils les ont revendus
le 5 novembre 2012 à une société basée à
Gibraltar, CVS Investment. La transaction est
légale, mais son montant, huit millions d’eu-
ros, paraît surévalué d’au moins 50 %. Depuis,
marie-france bazas (C6)
le couple se laissait vivre. Bazas avait des en-
nuis avec le fisc depuis 2005. L’analyse de la
transaction est l’objet de l’aide de jeu 12 [7
jours / Intelligence / 2 jours], voir p. 95.
• Lieux : ils avaient emménagé en mars 2013
dans une jolie villa moderne, 30 chemin Riche-
lieu à Fronsac, qui sent encore la peinture fraîche.
• Cambriolage : les tueurs visitent la mai-
son des Bazas le jeudi 9 mai vers 3 h du ma-
tin, juste après avoir mis le feu chez les Del-
min. Le modus operandi est identique à celui
de leur première intrusion : ils escaladent le
mur dans un coin peu visible des maisons voi-
sines, puis s’introduisent dans la maison en
cassant la vitre de l’une des pièces de l’arrière
(la buanderie ici, la cuisine chez les Delmin).
Ils quittent les lieux vers 3 h 30. Ils laissent
jacques bazas (C7)
un « CC » tagué sur le mur du salon et em-
barquent l’ordinateur, le carnet d’adresses, • Indices : en débranchant l’ordinateur, les
ainsi que les deux fusils de chasse de Bazas. tueurs ont laissé un minuscule bout de fibre
Ils ne semblent pas avoir essayé d’ouvrir le sur la prise. Les techniciens détermineront
coffre-fort scellé dans le mur du bureau. Il qu’il vient d’un gant en nylon noir renforcé, le
renferme quatre mille euros en liquide et un genre de gant que portent policiers ou agents
passeport gabonais au nom de José Bazras, de sécurité (aide de jeu 13 [17 jours / Res-
qui paraît tout neuf. La photo de « M. Bazras » pect / 13 jours], voir p. 96)…
est, bien entendu, celle de Bazas. Si vous sou- • Proches : les Bazas venaient juste d’arriver
haitez qu’ils soient présents, les « souvenirs » en ville. Ils étaient sociables et s’entendaient
de Sutton (voir p. 155) se trouvent dans une bien avec leurs voisins. Marie-France partici-
cantine cadenassée, à la cave. pait au club de bridge et s’était inscrite aux

93 93
cours de modern jazz, Jacques était chasseur • Une femme mystérieuse : Anna Soares vit
et supporter de l’équipe de rugby locale. Leur un peu plus bas dans la rue. C’est une vieille
fille, Lucie, est interne au CHU de Bordeaux. dame coriace, veuve, qui préfère observer ses
Elle confirme que les Delmin étaient de vieux voisins plutôt que de regarder le téléachat.
amis de ses parents. Gamine, elle allait jouer Elle ne sera pas difficile à trouver : elle al-
chez eux. Elle connaissait mal Marion, plus pague le premier gendarme qui passe devant
SECTION 4

âgée qu’elle et « très renfermée ». Quant à chez elle et insiste pour qu’il prenne son té-
Jean-Michel, qui a quinze ans de plus qu’elle, moignage. « L’autre jour – c’était le vendredi
elle a oublié son prénom. Pour elle, c’est juste 3 mai – j’ai vu une femme qui rôdait dans la
« le grand frère de Marion ». rue. Elle ne faisait rien, elle marchait en re-
gardant les maisons. Je me suis dit, “Toi ma
petite, tu fais des repérages pour un cambrio-
lage”. Il faut vous dire qu’en ce moment, les
cambriolages, ça y va, hein ! Mais c’est pas
votre problème, ça j’imagine ? C’est jamais
le problème de personne. Bref, j’ai pris ma
canne, je suis sortie et je lui ai demandé ce
qu’elle voulait. Elle m’a dit qu’elle cherchait
un monsieur Je-ne-sais-plus-comment, Jeudi
ou Jardi. J’ai dit qu’on n’avait pas ça ici, elle
a tourné les talons et elle a décampé. Je l’ai
suivie jusqu’au coin de la rue, mais elle était
déjà partie. Elle est montée dans une voiture
bleu foncé, ou peut-être vert sombre. Et non,
je n’ai pas noté l’immatriculation, mes yeux
ne sont plus ce qu’ils étaient. »
Mme Soares est ravie de passer dans une
lucie bazas (B3) gendarmerie pour travailler sur un portrait-
robot. Le résultat est une brune de taille
moyenne au visage banal, qui ressemble
• Ennemis : en dehors des agents du fisc, un peu à Sophie Ianski. Quant à la voiture,
apparemment personne. Mme Soares peut juste dire que c’était un
• La piste financière : les comptes de M. modèle compact, mais sa science s’arrête là.
Bazas sont dans un tel désordre qu’il ne peut Mme Soares a mal entendu. Prise de court,
être que volontaire. Entre le 22 décembre et le Sophie Ianski a dit « Jordis », le nom du village
6 mars, il a effectué six gros retraits en liquide, où étaient détenus les encagés. C’est le genre
pour une vingtaine de milliers d’euros en tout. de détail complètement inutile en apparence
Cette somme, remise à Lormier, est mainte- qui peut faire « tilt » longtemps après dans
nant entre les mains de Sutton. L’analyse des la tête des joueurs. Et s’ils interrogent
comptes bancaires constitue l’aide de jeu 14 [7 Sophie en garde à vue sur « Jardi », elle pâlit
jours / Intelligence / 1 jour], voir p. 95. visiblement…

9494
aide de jeu 12

aide de jeu 14

95
aide de jeu 13

96
BAZAS ET SUTTON
Bazas ne croyait pas que la résurrection de son maître allait réussir. Il a profité de la mort de Baker, l’autre
fondé de pouvoir de CVS Investment (voir p. 99), pour vendre ses vignes à la fondation. Il pensait réaliser un

INTRODUCTION
bon coup. Maintenant, le retour de Sutton le terrifie. Pour l’instant, le sorcier a d’autres chats à fouetter qu’à
s’occuper de l’intendance, mais Bazas a bien conscience que cela ne durera pas. Tôt ou tard, il découvrira que
Bazas a détourné les fonds du culte à son profit. Ce jour-là, Bazas mourra, lentement et dans d’horribles souf-
frances, comme d’autres avant lui.
En février, Bazas a acheté son passeport gabonais auprès d’un faussaire bordelais « connu des services ». En
mars et avril, il a transféré six millions d’euros sur des comptes anonymes aux îles Vierges britanniques. Il se
préparait à filer pour mener la grande vie à l’étranger, abandonnant son épouse au milieu d’un chaos financier
dont elle aurait mis des années à s’extirper. Les encagés ont mis fin à ce beau rêve.

Thomas Easton

neil l. willis (H7)

Bordeaux d’août 1991 à octobre 1992, et re-


thomas easton (C8) venait en France au moins une fois par an. Il
Pour ces informations et toutes celles qui est entré en France par Calais le 1er mai.
concernent le Royaume-Uni, les enquêteurs • Lieux : Bury-Saint-Edmunds, où vivait
sont dépendants de la police britannique. Easton, est une jolie petite ville, célèbre pour
Celle-ci coopère pleinement, mais la langue les ruines de son abbaye médiévale et ses
et la bureaucratie restent des obstacles. Le paysages bucoliques.
contact des enquêteurs sera le sergent Neil L.
• Proches : depuis 2004, Easton vivait avec
Willis, du CID d’Ipswich, le chef-lieu du comté
Anna Grand, 36 ans, qui l’aidait à la boutique.
de Suffolk. Son français est laborieux, mais il
L’enquête de voisinage établit que le couple
est ravi d’avoir l’occasion de s’en servir. Et si
se disputait beaucoup. Par ailleurs, Easton
les enquêteurs lui envoient une caisse d’un
avait encore sa mère. Cette octogénaire vit
bon bordeaux de leur choix, ils se feront un
à Ipswich et ignore tout des agissements
ami.
occultes de son fils. La mort de son unique
• Victime : Easton avait 45 ans. Il était anti- enfant va la précipiter dans la tombe d’ici
quaire. Pas de casier judiciaire. Il avait vécu à quelques mois.

97 97
• Ennemis : Easton avait la réputation d’être • Le cadavre est cocu : après avoir joué à la
un ronchon qui n’aimait ni les chiens, ni les veuve éplorée pendant quelques jours, Anna
enfants, ni le bruit, ni rien, mais ce n’est pas Grand se fait surprendre avec Peter Wolton,
un motif de meurtre… normalement. un assureur et son amant depuis deux ans.
Réinterrogée par la police, elle raconte une
• « You’ve got mail » : le mardi 14 mai, Anna
vie conjugale sordide, faite d’humiliations et
Grand trouve dans sa boîte aux lettres une
SECTION 4

de contraintes. Easton était un manipulateur


carte postale expédiée de Bordeaux et adres-
pervers et sadique. Elle tentait de trouver le
sée à Easton, portant juste les deux lettres
courage de le quitter.
« CC » au feutre noir. Elle représente la place
des Quinconces et ne porte pas d’empreintes
digitales exploitables.

98
PISTES, NOUVELLES ET ANCIENNES

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
dront plus apparentes, il est possible que l’un
Vous trouverez ici des éléments qui peuvent
des enquêteurs ait une illumination, du genre
intéresser les enquêteurs à différents stades
que l’on obtient avec une Sauvegarde d’Intel-
de l’affaire. Certains, comme La Balistique,
ligence avec un Désavantage. Sinon, Jane leur
p. 102, peuvent vous servir de « relance ».
adressera un billet pour leur expliquer de quoi il
D’autres sont le suivi de pistes amorcées lors
s’agit (l’aide de jeu 35, voir p. 129).
des premières recherches.

CVS Investment
« CC » Fondé par James Sutton pour que les deux
branches de son culte disposent de ressources
Les « CC » retrouvés chez les Delmin et les en cas d’urgence, ce fonds d’investissement
Bazas ne sont pas un graffiti de pro, juste deux est basé à Gibraltar, paradis fiscal peu coopé-
lettres tracées en vitesse avec une bombe à ratif. Les enquêteurs ont intérêt à s’armer de
peinture noire. Les enquêteurs peuvent s’in- patience s’ils veulent avoir des réponses.
terroger jusqu’au vertige sur une hypothé-
• Information semi-publique : CVS a été
tique « cellule communiste ».
créé en 1985. Il est géré par deux fondés de
À ce stade du scénario, il y a peu de pouvoir : un citoyen britannique du nom de
chances qu’ils comprennent que cela signifie Dennis Baker depuis 1985, rejoint en 1990 par
« Convicta & Combusta », « condamné et un Français, Jaques Bazas.
brûlé ». Cette mention figurait parfois à la fin
des interrogatoires des sorcières présumées, • En insistant : « CVS » correspond à « Coo-
un peu partout en Europe. per, Vickers & Sutton ». Les deux premiers
sont introuvables et n’existent peut-être
Plus tard dans l’aventure, quand les motiva- même pas, mais le troisième était James Sut-
tions religieuses d’une partie des tueurs devien-

LES PREMIERS SUSPECTS

La sagesse policière conseille de toujours commencer par les proches. Si les enquêteurs suivent cette voie, voici
ce qu’ils peuvent glaner :
• Jean-Michel Delmin. Pour : sa société de conseil en marketing bat de l’aile, il aurait pu vouloir hériter. Contre :
il peut prouver qu’il était à Paris dans la nuit du 8 au 9 mai, et rien dans ses comptes en banque n’indique qu’il
ait engagé des tueurs.
• Marion Delmin. Pour : elle avait coupé les ponts avec ses parents. Elle fréquente des militants dont certains
sont fichés pour des actions violentes. Contre : un examen de son compte Facebook montre que moins de deux
heures avant la tuerie, à minuit douze le 9 mai, elle a posté un long message anti-corrida. Après examen des mé-
tadonnées, les modérateurs de Facebook confirment qu’il a été posté de chez elle. Ce n’est pas un « vrai » alibi,
car un complice aurait pu s’en charger. Cependant, sa voiture était en bas de chez elle (le parking de sa résidence
est vidéoprotégé), et sur les bandes, on la voit partir à son travail à 8 h 30, comme tous les matins. Elle aurait pu
faire l’aller-retour dans la nuit, mais ça fait beaucoup d’éléments en sa faveur…
• Pour les deux. Pour : tous les deux connaissent bien les lieux, les meilleurs endroits pour s’introduire dans la
maison, etc. Contre : ils n’avaient aucune raison de massacrer trois autres personnes en même temps que leurs
parents.
• Lucie Bazas. Pour : elle devient d’un seul coup très riche… Contre : … et elle hérite d’un contentieux fiscal qui
va faire fondre sa nouvelle fortune. Elle était en bons termes avec ses parents. Enfin, elle était de garde la nuit
du crime.

99 99
ton, un riche entrepreneur de l’est de l’Angle- deux des retraits et des versements irréguliers
terre, décédé en 1993. et modestes. L’achat des vignes de Bazas, le
5 novembre 2012, a asséché le compte. Il n’y
• Via les collègues britanniques : Gibral- reste qu’une poignée de milliers de livres, à
tar est une dépendance du Royaume-Uni. peine de quoi payer ses frais de fonctionne-
Le CID a moins de mal que des enquêteurs ment pendant quelques années. L’opération
français à y obtenir des informations. CVS
SECTION 4

ne porte que la signature de Bazas. En clair, il


Investment est une simple boîte aux lettres s’est vendu ses vignes pour deux fois leur va-
dans un immeuble quelconque de Gibraltar leur. Quant à Baker, le CID s’y intéresse déjà,
City. Le compte en banque qui y est associé comme nous le verrons p. 114. L’analyse des
était loin d’être insignifiant, en revanche. Les comptes bancaires de CVS Investment est pré-
mouvements de fonds ont été très fréquents sentée dans l’aide de jeu 15 [9 jours / Intelli-
entre 1985 et la mi-1993. Ils se sont beaucoup gence / 3 jours], voir ci-contre.
raréfiés ensuite, et ne portaient plus que sur
des montants relativement faibles, de l’ordre
d’une dizaine de milliers de livres. Dennis
Baker et Jacques Bazas effectuaient tous les

LES AVOIRS BORDELAIS


DE CVS INVESTMENT
Si les enquêteurs ont établi d’excellentes relations avec le CID et décident de mettre le paquet sur cette piste
(Sauvegarde d’Intelligence pour formaliser une demande qui tienne la route, en cas d’échec le PJ doit effectuer
un test de Respect car sa demande soulève des interrogations), ils peuvent obtenir un état des avoirs de CVS
dans la région Aquitaine.
Sont pertinents pour l’enquête :
• Un coffre optionnel au Crédit Suisse, où Sutton conservait des « souvenirs », voir p. 155.
• Deux fermes, l’une à Madirac et l’autre à Jordis. CVS a un contrat en règle avec l’agence immobilière d’une
certaine Marie Ulbrich, qui se charge de la gestion de ces deux biens (voir La piste immobilière, p. 186).
La découverte prématurée des deux fermes risque d’avoir des effets de bord sur l’aventure telle qu’elle est
rédigée. Que faire dans ce cas ?
• Vous pouvez la retarder autant que vous le souhaitez. Suite à un « hasard » très britannique, le CID reçoit
les informations sur les avoirs anglais de CVS bien avant que les informations sur la France ne deviennent ac-
cessibles.
• Vous pouvez jouer la montre. Dans ce cas, ils apprennent que CVS possède 100 % des parts d’une société
immobilière établie aux îles Vierges britanniques, qui regroupe tout le patrimoine de Sutton des deux côtés de
la Manche. Cela confirme aux joueurs que la piste est juteuse tout en les obligeant à sauter à travers quelques
autres cerceaux bureaucratiques.
• Vous pouvez la minimiser. Dans ce cas, la ferme de Madirac est bien occupée par Guillaume Brunet, un
sectateur, mais les nouvelles cages ne sont pas situées dans la ferme même, plutôt dans la cave d’une dépen-
dance dissimulée par un bosquet. Quant à celle de Jordis, elle est sinistre au possible, mais ce n’est pas le re-
fuge des encagés, qui se sont établis dans une ferme abandonnée à quelques kilomètres de là.
• Enfin, vous pouvez aussi décider que les efforts des enquêteurs payent. Dans ce cas, ils auront sans doute
l’occasion de discuter avec Marie Ulbrich, peut-être le jour même de sa mort. Ils ont une chance d’arrêter Guil-
laume Brunet avant qu’il ne soit abattu, et les encagés peuvent être pris dans une souricière avant de s’embar-
quer dans une nouvelle série de crimes.
Comme toujours, le choix vous appartient.

100
aide de jeu 15

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Stephen Kramer, Sandi Jenkins, Denise Mer-
James Sutton cer et Solomon Goldstein, entretenaient tous
des liens avec Sutton. Toutefois, comme il
• Sa vie : né en 1934 dans une famille s’agissait de personnes majeures, dont cer-
modeste de Purfleet, un village de l’Essex, au taines avaient de bonnes raisons de se faire
nord-est de Londres, James Sutton était un oublier, l’affaire s’est rapidement tassée. Le
self-made-man, passé d’une modeste entre- sort de ces cinq infortunés est le sujet du scé-
prise de démolition à la direction d’un groupe nario hors procédure Le Labyrinthe, p. 262.
mêlant bâtiment, immobilier et spéculations
• Sa mort : elle est survenue le 12 juin 1993
boursières. Dans les années 70 et 80, son em-
dans sa résidence française, le château de
pire s’étendait sur l’Essex et toute l’Est-Anglie,
Dardenac, au sud de Bordeaux. Sutton était
une région qui regroupe Norfolk, Suffolk et
seul, il nettoyait un pistolet, le coup est par-
Cambridgeshire. Devenu multimillionnaire,
ti. Lorsque la femme de ménage l’a trouvé, le
fréquentant aussi bien des types douteux que
lendemain, il était mort depuis des heures.
de respectables parlementaires, Sutton a fait
Les gendarmes ont conclu à un accident.
une carrière spectaculaire avant de connaître
une éclipse à partir de 1986. Impliqué dans Les enquêteurs peuvent consulter le dossier,
des affaires de corruption et de mœurs, il a voire rencontrer certains des participants à
quitté la Grande-Bretagne en 1988 pour pro- l’enquête de l’époque. Ils se divisent en deux
fiter d’une semi-retraite dans le sud-ouest camps : ceux qui pensent que Sutton s’est
de la France. Si elle est consultée, la police suicidé et ceux qui estiment qu’il a été assas-
britannique mentionne qu’elle l’a entendu à siné. Sutton était aux abois, ruiné et sur le
plusieurs reprises entre l’été 1986 et le prin- point d’avoir de gros ennuis avec la justice de
temps 1987, en relation avec une série de son pays. La théorie du meurtre souligne qu’il
disparitions. Les cinq disparus, Will Connor, s’était fait beaucoup d’ennemis outre-Manche,

101 101
y compris des gens peu recommandables. Tout
le monde est d’accord pour dire que le juge La balistique
d’instruction Tissot a bâclé l’affaire. Benjamin
Tissot officie désormais à Nancy, et n’est pas L’IRCGN travaille lentement, mais sûrement.
disposé à discuter de cette « vieille histoire ». Après un laps de temps plus ou moins long
selon vos besoins et le degré d’insistance des
La vérité sur la mort de Sutton figure dans personnages, le major Lacroix apprend aux
SECTION 4

le scénario hors procédure L’Affaire Lombardi, enquêteurs que l’arme qui a tué les Delmin
p. 240. est un Beretta de calibre 7,65 mm, bien entre-
• Autres informations : Sutton s’était tenu et de fabrication relativement récente,
marié et avait divorcé deux fois, avec des sans doute la fin des années 1990 (aide de jeu
ressortissantes britanniques. Ses ex-épouses 16 [13 jours / Intelligence / 9 jours], voir page
se sont disputé les débris de sa fortune au 106. Plus tard, l’IRCGN fera un lien entre cette
cours d’une bataille qui n’a enrichi que leurs arme et celle qui tue Marie Ulbrich (voir Les
avocats. Elle s’est terminée par un armistice meurtres reprennent et l’aide de jeu 17 [15
en 1999. Le fonds CVS Investment ne figure jours / Intelligence / 10 jours], voir p. 107).
pas dans les inventaires de la succession. De rapides recoupements dans les fichiers de
Sutton était locataire du château de Darde- police et de gendarmerie permettent aux en-
nac. Le propriétaire, Jean Chaumeil, l’a reloué quêteurs de découvrir avec un test de Torche
dès que l’enquête a été terminée. En 2005, les qu’un pistolet correspondant à ces caractéris-
Chaumeil ont pris leur retraite et transformé tiques a disparu le 16 janvier 2013, au cours
le château en luxueuses chambres d’hôte. Ils d’un cambriolage chez un M. Thomas Vannier. Il
se souviennent de Sutton et de son suicide, s’agit de l’aide de jeu 18. M. Vannier, qui habite
mais n’ont rien d’intéressant à raconter. à Mérignac, dans la banlieue ouest de Bordeaux,
Sutton possédait également une propriété à l’avait acheté tout à fait légalement en 1998.
Colchester, dans l’Essex. Elle est aujourd’hui
occupée par Liz, l’une de ses ex-femmes.
Enfin, le testament de Sutton, rédigé en
Duteille SA
1990, contient une clause étonnante. Il a exi- L’entreprise, basée à Strasbourg, n’a qu’un
gé d’être enterré dans un cercueil dont l’in- magasin accolé à son entrepôt. Le gros de son
térieur était orné de dessins très inhabituels. chiffre d’affaires se fait par Internet. Ses prin-
Si les enquêteurs mettent la main dessus, un cipaux clients sont les sociétés de sécurité, les
test de Bagou (si les personnages font appel à vigiles soucieux d’avoir du bon matos pas cher,
des consultants ou à des amis) ou de Torche (si plus des collectionneurs et des amateurs, au-
les personnages recherchent en bibliothèque trement dit, n’importe quel fondu disposant
ou sur Internet) permet d’identifier une poi- d’une carte de crédit.
gnée de symboles alchimiques, mais le gros Les menottes sont l’un de leurs articles de
du message demeure incompréhensible. base. À 14,90 € TTC, ils en vendent des cen-

OPTION : COOPER ET VICKERS


CVS Investment n’existait que par et pour James Sutton. Cooper et Vickers étaient des hommes de paille,
voire des noms pris au hasard dans l’annuaire.
À moins que… si vous le désirez, Jedediah Cooper et Edward Vickers existent bien. Respectivement nés
en 1918 et 1922, ils sont obscènement riches et très peu disposés à recevoir des visites dans leurs manoirs de
l’Essex. Leurs avocats transmettront un communiqué à la police britannique sur le thème « M. Sutton est dé-
cédé en 1993, nous sommes prêts à aider la justice mais nous n’avons aucune information à fournir, car nous
nous sommes désengagés de CVS en 1991 ». Il va de soi qu’en réalité, ces deux individus sont des sectateurs,
mais leur malfaisance sort du cadre des Encagés.

102
taines chaque année. Éplucher leurs listings ?

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Certainement, mais à la recherche de quoi ?
De ventes dans le Sud-ouest ? Bien sûr, mais
encore ? Au bout de quelques jours, les en-
quêteurs reçoivent une liste comprenant une
vingtaine de noms (aide de jeu 19 [6 jours /
Charisme / 3 jours], voir p. 108). L’un d’eux se
détache du lot : une certaine Sophie Ianski a
acheté dix paires de menottes le 13 janvier.
Mme Ianski est agent de sécurité et a déjà
acheté du matériel chez Duteille (aide de
jeu 20 [2 jours / Charisme / 6 heures], voir
p. 109) : un blouson, un ceinturon, des bombes
lacrymogène… et des gants d’un modèle qui
cadre avec les fibres retrouvées chez les Bazas.

Lormier, Vannier, Ianski nathalie lormier (G8)


Ces trois noms apparaissent dans cette
phase de l’enquête. Le premier figure parmi
les correspondants des Delmin, le second est
le propriétaire de l’arme du crime et la troi-
sième a acheté tout un lot de menottes.

Le Dr Lormier
Le docteur Lormier possède une maison-ca-
binet médical à Targon, un joli bourg connu
pour ses églises romanes, à une trentaine de
kilomètres au sud de Bordeaux. Il est instal-
lé là depuis le milieu des années 1990, après
des études de médecine à Bordeaux. Gros tra-
vailleur, il est apprécié dans le village et n’a
pas le profil d’un tueur. En 1997, il a épousé
Nathalie Jullien. Le couple a deux enfants, cordelia andrescu (H8)
Édith, née en 1997 et Éric, né en 2002. Na-
thalie ne travaille pas, mais est très impliquée Jusqu’à fin 2012, Lormier était un bourreau
dans la vie locale. Entre autres activités, elle de travail qui enchaînait des journées de dix
est membre de la chorale de Targon et parti- heures. Depuis le début de l’année, il a réduit
cipe aux actions du Secours Populaire et des ses activités. Il évoque des soucis de santé,
Restos du Cœur. Édith est une adolescente une petite alerte cardiaque. Son cabinet n’est
sans histoire, plutôt bonne élève, qui prend plus ouvert que du mardi au jeudi, même s’il
des cours de chant et d’équitation. Éric est un lui arrive encore de recevoir des « urgences »
gamin dynamique, dont la vie tourne autour les autres jours, ou de se déplacer à domicile.
des jeux vidéo. Si les enquêteurs contactent le cabinet
Si les gendarmes écoutent les ragots du avant le 11 mai, ils tombent sur sa rempla-
bourg, ils apprennent que le couple ne s’en- çante, le Dr Cordelia Andrescu. Cette jeune
tend plus, et que les époux Lormier font diplômée de la fac de médecine de Bucarest
chambre à part depuis des années. Nathalie fait des vacations comme remplaçante dans
a confié à plusieurs amies qu’elle « restait tout le département. Elle n’a rien de particu-
jusqu’à ce que les enfants soient grands ». lier à dire sur le Dr Lormier, ni en bien ni en

103 103
mal. Il l’a draguée sans beaucoup de finesse Par ailleurs, Lormier confirme avoir croisé
lorsqu’il a fait appel à elle pour la première Bazas chez les Delmin. « Un malin, à mon avis.
fois, deux ans plus tôt, mais il n’a pas insisté Je ne lui aurai pas acheté une voiture d’occa-
quand elle l’a rembarré. sion ». Easton ? « L’Anglais ? Oui, je l’ai vu chez
eux, une fois, à la fin de l’année dernière. » Il
Lormier et sa famille rentrent
n’a aucune idée de qui a pu tuer les Delmin et
de Corse le dimanche 12 en
SECTION 4

semble très ébranlé par le drame.


milieu de journée. Lormier
prend une heure dans la ma- Les enquêteurs peuvent obtenir les re-
tinée du lundi 13 pour faire le levés téléphoniques de Lormier, ils consti-
point avec le Dr Andrescu, et tuent l’aide de jeu 21 [2 jours / Charisme /
rouvre son cabinet le 14. 9 heures], voir p. 110.
Quel que soit le moment où
les enquêteurs le contactent,
Lormier est coopératif, mais il Thomas Vannier
n’a pas grand-chose à dire lors
de cette première entrevue. Ce magnétiseur bordelais (p. 172) s’attend
« Je connaissais les Delmin de- à recevoir la visite d’enquêteurs. Il fait de son
puis très longtemps : c’étaient mieux pour rester calme, mais en dépit de ses
des amis de mes parents. efforts, il trahit sa nervosité. Il explique aux
Quand je suis arrivé sur Bor- enquêteurs qu’il avait acheté ce pistolet en
Emmanuel Lormier (E6) 1998, à un moment où il s’intéressait au tir
deaux pour faire mes études
Bras droit de Sutton de médecine, ils m’ont trouvé sportif. Il a cessé de pratiquer en 2003, mais
un studio, et je mangeais chez il a régulièrement renouvelé son autorisation
46 ans, brun grisonnant, visage eux de temps en temps. En- de détention. La seule chose qu’on puisse lui
anguleux, fossette au menton, suite, on s’est perdus de vue. reprocher est de ne pas l’avoir conservé dans
un faux air de Clooney campa- Et il y a à peu près deux ans, un coffre-fort comme l’exige la législation,
gnard. je suis retombé sur eux, ici, à juste dans une boîte métallique cadenassée,
Targon, dans une brocante – la en haut d’une armoire. Vannier leur montre
POINTS DE VIE 15 vie sociale de la région tourne la baie vitrée par où sont passés les vo-
POINTS D’ARMURE 0 beaucoup autour des bro- leurs, le dossier qu’il a constitué pour l’assu-
cantes, vous savez ? Bref, on a rance, la nouvelle télé et la chaîne hi-fi toute
Attaques : Coupe-papier ou renoué et je dînais régulière- neuve. Tout paraît en ordre. Il affirme ne pas
Scalpel (blessure simple) ET ment avec eux, disons une ou connaître les Delmin, les Bazas ou Easton, et
Flétrissement (voir Capacités deux fois par mois. Sans ma
spéciales) femme, d’ailleurs, Nathalie les
trouvait snobs ».
Capacités spéciales :
Les vérifications corroborent
• Échappée belle : une fois par
l’histoire. Les parents de Lor-
combat, Lormier évite les dé-
mier, qui profitent de leur
gâts d’une attaque contre lui.
retraite dans un village de
• Inoffensif : lorsqu’un joueur
Dordogne, connaissaient les
lance le dé de Dégâts après
Delmin depuis plus de trente
avoir touché Lormier, il le lance
ans et ils ont bien donné un
avec un Désavantage.
coup de pouce à leur fils à son
• Flétrissement : Lormier fait
arrivée à Bordeaux. Nathalie
noircir la chair de la cible. Si
Lormier, une grande brune
elle échoue à une Sauvegarde
aux traits tirés, confirme la
de Constitution, elle perd im-
scène de la brocante et son
médiatement 1 niveau en Vie.
antipathie pour les Delmin.
thomas vannier (C5)

104
rien ne prouve le contraire… pour l’instant. « trop intense » ou « avec des motivations pas

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
S’ils restent un moment, les enquêteurs croi- claires : il disait qu’il voulait se protéger, c’est
seront peut-être Jane, sa femme. pas le but du tir sportif ».

Sophie Ianski
Agent de sécurité, elle vit dans le quartier du
Lac, au nord de Bordeaux. Elle n’est pas chez
elle lorsque les enquêteurs s’y présentent.
Elle ne s’est pas rendue à son travail depuis
le 2 mai, ses voisins ne l’ont pas vue depuis
le dimanche 5 mai. Un courrier recommandé
de son employeur, annonçant le début d’une
procédure de licenciement pour abandon de
poste, arrivera chez elle le vendredi 10 mai.
S’ils pénètrent chez elle, ce qui ne peut se
faire qu’en présence de témoins, les enquê-
teurs trouvent les lieux impeccablement ran-
gés et quelque chose qui ressemble à une
jane eycott-vannier (E5) lettre de suicide posée bien en évidence sur
la table du salon (l’aide de jeu 22, voir p. 111).
• La piste du tir sportif. De 1997 à 2003,
En fait, Sophie s’y excuse de sa future parti-
Vannier a bien pratiqué le tir sportif dans un
cipation aux crimes des encagés. Une fouille,
club de Mérignac. Le propriétaire du club ne
accompagnée d’un test de Torche, permet
s’en souvient que vaguement, mais ses ar-
de comprendre qu’il manque quelques vê-
chives sont bien tenues. Vannier venait très
tements, juste de quoi remplir un sac de
régulièrement au début, moins souvent au
voyage. Quant aux dix paires de menottes,
cours des deux dernières années. Cotisation,
elles ne sont nulle part en vue. En définitive,
assurance et licence étaient en règle. La pre-
cela ressemble plus à une fuite qu’à un sui-
mière année, il louait un pistolet à air compri-
cide. Sophie s’est momentanément installée
mé, il a acheté une « vraie arme » à la rentrée
chez Pierre Ménard (p. 168). L’enquête éta-
1998. Il alternait entre les portées courtes et
blit assez vite qu’elle a un passé tourmenté
moyennes, 10 et 25 m, et était devenu un ex-
(pp. 175-176).
cellent tireur, meilleur en précision qu’en vi-
tesse. En prenant le temps d’éplucher la liste
des personnes inscrites au club au cours de
cette période, il est possible de tomber sur des
gens qui se souviennent de discussions avec
Vannier, décrit comme « un type super-moti-
vé ». D’autres, moins élogieux, le trouvaient

REPLAY :
PREMIER CONTACT AVEC LES VANNIER
Josse et Huard se rendent chez Thomas Vannier pour enquêter sur le pistolet. Ils posent quelques questions et
sont vite convaincus par l’argumentaire de Thomas. Huard demande à aller aux toilettes et en profite pour monter
à l’étage de la maison, pendant que Josse continue à discuter avec Thomas. À l’étage, elle croise Jane qui lui de-
mande ce qu’elle fait là. Huard note son petit accent anglais, s’excuse et redescend.
Sans le savoir, les enquêteurs sont face à deux des tueurs de Villegouge. Mais comme rien n’attire l’attention des
enquêteurs pour le moment, ils repartent paisiblement et classent la piste du pistolet.

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LA SECONDE VAGUE DE SUSPECTS
• Le Dr Lormier et sa famille étaient en Corse du 1er au 12 mai. Les collègues de Bastia peuvent procéder à
quelques vérifications de routine. Le 8 au soir, les Lormier ont dîné avec Philippe et Victoire Chéreau – cette der-
nière est une amie de fac de Nathalie Lormier. Ils se sont séparés vers 23 h 30. Le docteur est descendu au village
acheter du pain à 8 h 30 le lendemain. Matériellement, il ne peut pas avoir commis les meurtres.
SECTION 0

• Thomas Vannier prétend s’être couché vers 23 h et avoir dormi jusqu’au lendemain 7 h. Jane, son épouse,
confirme. Personne ne les a vus sortir, ils n’ont pas fait garder leur fille et leurs téléphones n’ont pas borné ailleurs
qu’à leur domicile. Bref, rien ne les disculpe, mais rien ne les accuse.
• Sophie Ianski n’est pas présente pour donner un éventuel alibi, ce qui fait d’elle un suspect de choix.

UN VOL DE VOITURE
Une 207 bleue a été volée le 2 mai sur le parking du centre commercial du Lac, où travaillait Sophie, dans une
zone non couverte par les caméras de sécurité. Sa propriétaire, une retraitée nommée Jacqueline Launis, a porté
plainte au commissariat du quartier, situé en zone police.
Si les enquêteurs font une recherche sur une voiture verte ou bleue signalée comme volée dans les jours pré-
cédant la tuerie, l’information les attend dans les bases de données. Demandez un test de Torche et donnez aux
joueurs l’aide de jeu 23, voir ci-contre.
Mme Launis est tout à fait désireuse d’aider, et transmet volontiers aux enquêteurs le copieux dossier qu’elle a
constitué pour son assurance, qui précise une foule de détails, y compris le modèle des pneus, des Goodyear. Ce
détail permettra aux enquêteurs de suivre la 207 à la trace – littéralement – lors de ses futures apparitions.
Les 207 sont assez passe-partout, et Ianski a échangé les plaques d’immatriculation de celle de Mme Launis avec
celles d’une voiture rouillée garée dans un coin reculé de la banlieue bordelaise. Tant que les encagés roulent
prudemment, ils estiment qu’ils peuvent s’en servir pendant quelques jours. Lorsqu’ils ne l’utilisent pas, ils la
garent dans des petites rues de banlieue, et Thurston se charge de la déplacer tous les quelques jours, avant que
les riverains ne s’étonnent de sa présence
S’ils doivent s’en débarrasser, elle subira le sort de la camionnette de la p. 188, et Ianski ou Thurston s’occupe-
ront d’en voler une autre.

REPLAY : UN TRI PARMI LES SUSPECTS


Lors de plusieurs parties tests, les enquêteurs se persuadèrent très vite qu’il n’y avait qu’un ou deux tueurs, dont
Sophie Ianski, laissant les mains libres au reste des encagés.
Lors de l’un des tests, la piste Ianski fut la première suivie. La jeune femme finit par être placée en garde à vue,
plusieurs semaines après le début de la campagne. En une autre occasion, elle échappa aux enquêteurs qui, en
revanche, finirent par s’intéresser à Thomas Vannier.

Premier bilan fibre et les menottes pointent vers l’implica-


tion d’un agent de sécurité ou de quelqu’un
Au bout de quelques jours, les enquêteurs ayant des contacts dans ce milieu. Des malver-
devraient avoir l’image d’un commando de sations financières autour de la fortune d’un
tueurs frappant cinq individus à la moralité dis- certain James Sutton, mort depuis vingt ans,
cutable, au moins pour certains d’entre eux. La jouent peut-être un rôle dans l’affaire.

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aide de jeu 23

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DEUX CADAVRES DE PLUS ?
de son implication dans CVS Investment, qui
En plus des cinq morts de la tuerie initiale, les n’a pas particulièrement retenu l’attention
premières recherches mettent au jour le nom de des policiers britanniques, il possédait onze
SECTION 4

deux autres victimes possibles. Elles sont liées comptes en banque, tous créditeurs, plus un
à l’affaire, mais définir leur rôle exact risque de important patrimoine immobilier. L’origine
donner des migraines aux enquêteurs. de ses revenus ? Des virements réalisés par
des entreprises situées en Afrique ou en Asie,
Dennis Baker pour lesquelles il a travaillé comme « consul-
tant en sécurité » au cours des années 1990.
Si le nom de Baker, l’autre fondé de pou- Il a notamment passé beaucoup de temps au
voir de CVS Investment, est communiqué au Sierra Leone et en Birmanie. Ces informations
sergent Willis, il leur apprend quelque chose sont révélées dans l’aide de jeu 25 [10 jours /
de très intéressant : Baker est mort ! Donnez Intelligence / 2 jours], voir p. 116.
aux joueurs la carte de l’Est de l’Angleterre
(aide de jeu 03, voir p. 58).
Les prolongements
Le crime Les informations suivantes peuvent remon-
ter ou non à la surface, selon votre bon vou-
Le CID possède les informations suivantes, loir et le degré de coopération des enquêteurs
et les communique aux enquêteurs sans trop avec la police britannique.
rechigner.
• Le mort qui tue ne tuera plus : si les en-
• Date : 7 octobre 2012. quêteurs comparent les échantillons ADN des
victimes de la tuerie avec celui de l’assassin de
• Victime : Dennis Baker avait 68 ans. Veuf Baker, ils obtiennent l’aide de jeu 26 [6 semaines
depuis une dizaine d’années, il vivait dans / Intelligence / 4 semaines], voir p. 117. Easton
une ancienne ferme reconvertie en maison était l’assassin de Baker ! L’Anglais refusait de par-
de campagne, à une dizaine de kilomètres de ticiper à la résurrection de Sutton. Lormier l’a fait
Bury-Saint-Edmunds. Retraité alcoolique et tuer par Easton… donnant sans le vouloir l’occa-
hargneux, peu aimé dans la région, il possé- sion à Bazas de taper dans les fonds du culte.
dait deux gros chiens d’attaque.
• La chambre des horreurs : si les enquê-
• Témoins : personne. Les chiens n’ont pas
teurs creusent un peu, ils apprennent que M.
réagi. Ils devaient connaître le tueur, mais
Baker occupait la ferme depuis 1998. Il l’avait
Baker vivait en ermite et ne semblait pas
rachetée pour une bouchée de pain. Elle fai-
avoir d’amis.
sait partie de la succession de… James Sutton,
• Lieu : la chambre de M. Baker. qui en était propriétaire depuis 1983. Les col-
lègues du CID sont disposés à retourner y jeter
• Conclusion médico-légale : Baker a été at- un coup d’œil si les Français insistent. Cette
taqué dans son sommeil et étranglé. Le tueur fois, ils font une découverte : dans la cave de
portait des gants, mais Baker s’est débattu, et la ferme, une trappe donne sur un petit sous-
il y avait du sang sous ses ongles. L’assassin est sol aménagé en salle de torture. Cette pièce
un homme de groupe A+, dont l’ADN ne figure n’a pas été utilisée depuis très longtemps. Elle
pas dans les bases de données criminelles du a été soigneusement nettoyée il y a de nom-
CID. Ces informations constituent l’aide de jeu breuses années par quelqu’un qui s’est servi
24 [4 jours / Respect / 2 jours], voir p. 116. d’un détergent industriel. Malgré tout, des
traces de sang humain restent lisibles. Les ca-
• Pistes suivies : les enquêteurs ont décou-
davres de vingt-deux fugueurs, sacrifiés entre
vert que Baker était un homme riche. En plus
1972 et 1986, sont enterrés dans le bois voisin.
114
• Sur la piste du tueur : rien ne relie du culte, active dans la première moitié des

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
directement Baker à la chambre des tortures années 1980. Définitivement perdue dans le
ou aux cadavres. Si les enquêteurs remontent passé, elle peut raconter aux enquêteurs des
à l’occupant précédent, ils découvrent que scènes de séquestrations et d’orgies, leur par-
de 1983 à 1994, Sutton louait la ferme à un ler de l’Homme dans le Labyrinthe et de ses
certain Stephen Selden (le loyer était si bas maîtres, les Anciens qui reviendront un jour.
qu’on peut presque le qualifier de symbo- Elle a beaucoup rêvé de Sutton, depuis des
lique). Ses voisins détestaient Selden, « un mois. Lui aussi reviendra, si ce n’est pas déjà
sale type, cruel avec les animaux et méchant fait. Des noms ? Elle en connaît beaucoup,
avec les gens ». Il a déménagé début 1994, susceptibles d’intéresser les collègues britan-
au soulagement général. La ferme est restée niques, mais elle n’était pas au fait des activi-
inoccupée pendant quatre ans, avant que Ba- tés du culte en France. Baker ? Bien sûr qu’elle
ker ne la rachète. se souvient de lui, il faisait partie des adeptes.
Easton ? Également.
• Sarah Selden : installé à Bury-Saint-Ed-
munds, Stephen Selden est mort d’un can-
cer en 2002. Sarah Selden, sa veuve, vit
toujours. Elle a soixante-quinze ans, souffre
d’Alzheimer et croupit dans une maison de
retraite de Southwold, sur la côte du Suffolk.
Elle faisait partie de la branche britannique

sarah selden (G3)

BALADE(S) EN ANGLETERRE
Si les enquêteurs demandent à leur hiérarchie la permission de faire un saut en Grande-Bretagne, le juge Lopez
délivre une commission rogatoire internationale. Celle-ci définit le périmètre de leurs investigations de manière
relativement stricte.
Les « French djendârms » sont là comme invités de la police britannique. Ils n’ont pas le droit d’être armés,
ni de poser des questions aux témoins. Leur seule prérogative est d’assister aux actes des collègues d’outre-
Manche. Toute enquête parallèle serait susceptible de soulever des complications, dont l’annulation de tout ce
pan de la procédure.
Si les enquêteurs préfèrent laisser les Rosbifs se débrouiller, ils peuvent demander communication de leurs
rapports. Les délais de transmission sont longs et, bien sûr, tous les documents sont en anglais.

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aide de jeu 24

aide de jeu 25

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aide de jeu 26

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
bois, près du cimetière de Dardenac. Après
L’affaire Laplace plusieurs battues, son corps a été retrouvé par
un plongeur de la gendarmerie, le 6 janvier
Sutton résidait à Dardenac. Or, le petit bourg 2013. Il avait été immergé dans le lac Bleu,
voisin de La Sauve vient de jouer un rôle dans une ancienne carrière reconvertie en base de
un fait divers qui a eu un retentissement natio- loisir, située sur le territoire de la commune
nal : la disparition de Mélissa Laplace. L’enquête d’Espiet, à une poignée de kilomètres au nord
montrera bientôt que les deux affaires sont liées. de La Sauve et de Dardenac.

Les faits
Mélissa Laplace avait dix-huit ans. Elle vi-
vait à La Sauve dans une famille recomposée,
était plus préoccupée par l’alcool et les fêtes
que par ses études d’esthéticienne et ne s’en-
tendait pas avec sa belle-mère. Elle a quitté
la maison le soir du 18 décembre 2012, sans
dire où elle allait. Cela lui arrivait souvent,
mais elle ne découchait jamais.
Son père s’est présenté à la gendarmerie
au matin du 19. La jeune fille étant majeure,
les gendarmes lui ont conseillé d’attendre un
peu. Les recherches n’ont commencé que le
20 décembre. Le 23, ses vêtements, lacérés et
tachés de sang, ont été découverts dans les mélisssa laplace (F5)

117 117
Mélissa a eu droit a tout ce qui va avec son Moyennant quelques bières et la promesse
genre de mort : l’ouverture des journaux télé d’un renvoi d’ascenseur, Poitvin leur commu-
nationaux, un ministre à son enterrement, nique les points pertinents du dossier :
des voisins en larmes qui organisent une
marche blanche… puis l’oubli, du moins en • Mélissa s’entendait mal avec sa belle-mère
apparence. et restait dehors le plus possible. Elle a sans
doute fait une mauvaise rencontre ce soir-là.
SECTION 4

• Un témoignage fait état d’une grosse voi-


Le lien ture grise, peut-être une BMW ou une Merce-
des, qui aurait traversé le village vers l’heure
Les enquêteurs se souviendront peut-être de la disparition de Mélissa.
que les Delmin roulaient en Mercedes (une
Classe C de 1998 de couleur grise, pour être • Le corps a été très abîmé par quinze jours
précis). Si les enquêteurs font examiner le d’immersion dans de l’eau glacée. Le rapport
coffre, les techniciens y retrouvent un cheveu d’autopsie est glaçant (aide de jeu 28, voir
de Mélissa (aide de jeu 27 [4 semaines / 3 se- p. 121). Le légiste a constaté de longues tor-
maines], voir p. 120). Les deux enquêtes cri- tures pré-mortem – les yeux de Mélissa ont
minelles les plus retentissantes de ce début été arrachés, sans doute à l’aide d’une banale
d’année sont reliées ! cuillère, son visage a été brûlé à l’acide… Par
ailleurs, elle a été violée à plusieurs reprises.
Pour finir, l’assassin lui a tranché la gorge.
Le dossier Laplace • Le cadavre a été emballé dans deux
sacs-poubelles de 160 litres scotchés en-
L’enquête a été confiée à une autre équipe semble avec du chatterton et lestés de pierres
du SR, dirigée par le capitaine Yann Kerrien, prélevées sur les berges du lac Bleu. Cela
un Breton très jaloux de ses prérogatives et donne l’image d’un tueur préparé, qui avait
pas du tout désireux de voir l’équipe des per- repéré les lieux à l’avance.
sonnages mordre sur ses plates-bandes.
• L’immersion s’est faite en face de la base
S’ils passent par la voie hiérarchique, nos de loisir, dans une partie boisée – et non sur-
enquêteurs sont sûrs d’avoir gain de cause, veillée – des berges du lac. La police scienti-
mais perdent 1d3 jours. Si vous utilisez les fique a relevé des empreintes de pneus sur
prétirés, il se trouve que le capitaine Bro- place. Leur moulage figure au dossier, et
chard a travaillé pendant quelques mois avec correspond à un modèle Michelin suscep-
le lieutenant Poitvin, le bras droit de Kerrien. tible d’équiper une multitude de voitures de
moyenne gamme, mais pas une grosse ber-
line allemande comme celle des Delmin. En
revanche, ce modèle pourrait correspondre à
la mystérieuse voiture bleue ou verte aperçue
par Mme Soares (p. 94), puis par Luc Nguyen
(p. 186)… sauf que cette voiture, volée peu
avant la tuerie de Villegouge, était équipée de
pneus Goodyear.
Si vous le souhaitez, le groupe Kerrien peut
recevoir, ou avoir déjà reçu, le document qui
déclenche le scénario hors procédure L’Affaire
Lombardi (voir p. 240).

capitaine yann kerrien (B8)

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CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
Les Delmin se sont rendus sur la tombe de Sutton le 18 décembre, pour prier l’Homme dans le Labyrinthe de
hâter la résurrection de leur prêtre.
Sur le chemin du retour, ils tombent sur une jeune fille qui marche seule sur une route de campagne, près de
La Sauve : Mélissa, qui tue le temps en attendant que ses parents soient couchés. Ils s’arrêtent, proposent de la
prendre en stop, la maîtrisent et la jettent dans le coffre de la Mercedes.
Madirac et la ferme de Guillaume Brunet, l’un des sectateurs, sont tout proches. Brunet vient tout juste de
finir d’aménager de nouvelles cages pour remplacer celles de la ferme de Jordis. Mélissa y passe la nuit du 18
au 19. Dans la soirée du 19, les membres du culte décident de tenter de ressusciter Sutton. Cette nuit-là, ils se
rendent dans les bois, juste au nord du cimetière de Dardenac, et procèdent au rituel. Mélissa est torturée et
mise à mort, son énergie vitale passe à Sutton. Le cercueil ensorcelé joue son rôle et téléporte le sorcier ressus-
cité parmi ses fidèles… qui ont du mal à y croire.
Lormier repart avec Sutton. C’est Texier qui hérite de la corvée de liquidation du corps. Craignant les gen-
darmes – qui n’ont pas encore commencé les recherches, mais il n’a aucun moyen de le savoir, il décide de ne
pas déposer le corps à Madirac, mais plutôt de s’en débarrasser au fond du lac Bleu, plus proche. Il avait prévu
de quoi emballer le corps, et le leste avec des pierres récupérées sur les berges du lac.

Conséquences pour l’enquête nique le moins possible et fait de son mieux


Le juge Lopez récupère l’affaire Laplace, et pour ramener la couverture à lui, mais si vous
Kerrien est invité à coordonner ses démarches avez besoin que « quelqu’un » explore les ar-
avec les enquêteurs. Son groupe travaille en chives à la recherche d’anciennes disparitions,
parallèle sur d’autres affaires. Kerrien commu- ses enquêteurs sont là pour ça !

EXPÉRIENCE
Lorsque les personnages ont dégrossi les premiers morts et pris la main sur l’affaire
Mélissa Laplace, ils commencent à comprendre que la tuerie de Villegouge est l’arbre qui
cache la forêt, il est temps pour eux de progresser :
1. Chaque joueur coche le premier cercle disponible de la colonne Progression de leur
personnage sur leur dossier de prétiré, p. 9. Toutes les Améliorations de cette ligne sont
désormais disponibles. (Si tous les cercles de la colonne Progression sont déjà cochés, le
joueur passe à l’étape suivante).
2. Le joueur choisit une Amélioration de son choix parmi celles disponibles, coche la
case correspondante et applique ses effets.

LA TOMBE DE SUTTON
Conformément à ses dernières volontés, consignées dans un testament en 1992, James Sutton a été enterré au ci-
metière de Dardenac plutôt qu’en Angleterre. Le village a un minuscule cimetière, coincé entre la départementale et
l’église. La tombe est une dalle de marbre gris assez sobre, qui ne porte que le nom de Sutton accompagné des dates
« 1934 – 1993 ». Elle ne contient plus qu’un cercueil vide. Utilisant l’énergie vitale de Mélissa et les symboles inscrits
dans le cercueil, le rituel de Lormier a téléporté les restes du sorcier au milieu de ses disciples, puis l’a réanimé.
Plus tard dans l’aventure, il est possible que Simon Thurston (p. 173) tente de profaner la tombe. Il y va à la barre à
mine, mais ne parvient pas à faire de gros dégâts. M. Dozier n’ira pas ouvrir la tombe de lui-même, mais il peut inciter
les enquêteurs à le faire, par mail ou tout simplement en s’arrangeant pour que l’idée soit transmise au juge Lopez.

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SECTION 4

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aide de jeu 28

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UN VIEUX MONSIEUR BIEN TRANQUILLE
Dès le lendemain de la tuerie de Villegouge, le voir partout. De plus, sa croyance ne s’ins-
Jean-Pierre Dozier, l’un des membres de crit pas dans un dogme – il peut employer des
SECTION 4

l’équipe d’investigateurs qui était intervenue termes comme « démon » ou « entité para-
en 1993, s’intéresse à l’affaire. mentale », mais il n’est pas plus catholique
que spirite.
M. Dozier a soixante-cinq ans, les porte
avec élégance, et ressemble à ce qu’il est : un • Ce qu’il suppose. Lorsqu’il a appris la
haut fonctionnaire à la retraite. Il a terminé mort de Mélissa Laplace, le 7 janvier 2013, il
son parcours comme directeur administratif l’a mise sur le compte d’un maniaque isolé.
de la préfecture de la région Centre, avant de La tuerie de Villegouge l’a fait changer d’avis.
revenir planter ses choux dans son bien-aimé Dans un premier temps, il raisonne en termes
Sud-ouest. de « relève de la garde » : Sutton a un héri-
• Ce qu’il sait. Dozier, un ami d’enfance tier, un jeune chef dynamique qui fait le mé-
de Marc Lombardi, était le parrain d’Hélène nage dans les rangs des anciens sectateurs. Il
Lombardi, une fugueuse assassinée par le ne tarde pas envisager une autre hypothèse,
culte en juin 1992. De mi-1992 à mi-1993, il celle d’un nouveau groupe d’investigateurs. Il
a aidé les Lombardi à découvrir qui avait tué sympathise, même s’il déplore leur brutalité.
leur fille, puis à se faire justice. Il sait que Sut- S’il les croise, il leur communiquera peut-être
ton dirigeait une secte qui avait des ramifica- une partie de ses informations.
tions en Grande-Bretagne et en France. Il sait • Ce qu’il veut. Que le culte soit démante-
qu’il y a vingt ans, le culte se réunissait dans lé sans qu’il ait à s’exposer. Si les gendarmes
une ferme, au hameau de Jordis (présentée p. s’en chargent, c’est parfait. À défaut, il n’a rien
214, elle sert désormais de planque aux en- contre la mort d’un maximum de sectateurs.
cagés). Il possède une clé USB où se trouvent Pour cela, il est disposé à protéger les tueurs,
trente-cinq rapports de disparitions datés de le temps qu’ils finissent le travail. Il ne change
1989 à 1992. Tous ces adolescents n’ont pas d’avis que si les encagés commencent à faire
été victimes du culte, mais il est tombé juste de gros dégâts collatéraux. Il ne réagit pas à
dans la majorité des cas. Il connaît les noms la mort de Marie-France Bazas, qui pouvait
d’une partie des sectateurs de 1993 : Sutton, appartenir au culte. En revanche, il tique sur
Leval, Wegener, Gosselin et Maignan (voir p. celle de Louise Texier, p. 189, ou à la mention
155). Les noms de Lormier, Bazas et des Del- de « tortures » dans la presse…
min n’étaient pas apparus dans son enquête,
mais il sait qu’un bon nombre de participants • Ce qu’il fait. Sa première démarche est un
à la cérémonie du 12 juin 1993 sont parvenus coup de fil à son vieil ami, le procureur général
à s’enfuir lorsque son groupe a donné l’assaut. Geoffroy de Laborde-Beaulieu. Ils déjeunent
ensemble le lundi 13 mai. Convenablement
Dozier a également enquêté sur les événe- renseigné, Dozier décide d’aiguiller les en-
ments survenus à Aubeterre-sur-Dronne en quêteurs vers Sutton et les crimes des années
juin 1944. Ils sont présentés p. 288, dans le 1990. Il leur envoie un premier mail vers 10 h
scénario hors procédure La Bête d’Aubeterre. du matin le 14 mai. D’autres suivront peut-
Si vous le souhaitez, le déclencheur de ce scé- être (aides de jeu 29 à 32, voir pp. 126 à 128).
nario se trouve dans ses affaires lorsque les Il signe « Nemo », autrement dit « personne »
personnages mettent la main sur lui. en latin et utilise des variations multilingues
Sceptique et rationaliste au départ, il pense de ce mot comme adresse d’expédition…
avoir vu « quelque chose » dans la cave de la
ferme-temple, vingt ans plus tôt, une entité • Comment le repérer ? Dozier a utilisé
impossible à décrire, et même à conceptua- quelques trucs de base pour rendre son pre-
liser. Depuis, il croit au surnaturel, mais sans mier mail difficile à tracer, mais il est loin

122
d’avoir le niveau des professionnels de la essayé d’effacer autant de données que pos-

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
gendarmerie et il le sait. Réussir une Sauve- sible, mais le laboratoire peut le faire parler
garde d’Intelligence avec un Désavantage en quelques jours (utilisez les temps de l’ac-
permet de remonter jusqu’à l’adresse IP de la tivité Pistage des mails de « Nemo »). Les en-
source. Les enquêteurs peuvent s’en charger, quêteurs sauront donc assez rapidement que
ou confier le travail aux informaticiens de la le 13 mai, il est resté de 12 h 30 à 14 h 40 Au
Section de Recherches (voir l’activité Pistage Hâ, un excellent restaurant situé à deux pas
des mails de « Nemo » p. 25). de la cour d’appel de Bordeaux.
• Pistes informatiques. Son premier mail • Si vous le souhaitez, un examen approfon-
est envoyé depuis l’un des ordinateurs publics di de ses papiers permet de mettre les enquê-
de la maison de quartier Saint-Sébastien, à teurs sur la piste du déclencheur du scéna-
deux pas de chez lui. Personne sur place ne se rio hors procédure La Bête d’Aubeterre (voir
souvient qui était devant l’écran au moment p. 288).
où le mail est parti.
Les suivants sont envoyés de cybercafés de La piste judiciaire
la banlieue bordelaise, situés sur la rive droite
du fleuve, à portée de vélo de La Sauve. Do- Le patron d’Au Hâ reconnaît Dozier, qui vient
zier choisit les moments de grande affluence, de temps en temps. Le 13, il a mangé dans un
et fait de son mieux pour ne pas se faire re- salon privé avec un habitué : M. le procureur
marquer. N’empêche, certains gérants se sou- général Geoffroy de Laborde-Beaulieu.
viennent vaguement « d’un vieux monsieur Le grand patron du parquet départemental
sympa ». Leurs descriptions ne sont pas assez ne se convoque pas comme un vulgaire mal-
précises pour en tirer un portrait-robot, mais frat, et sa secrétaire ne semble pas disposée
si Dozier est arrêté, ils l’identifieront. à accorder un rendez-vous avant les années
• Corroboration. Dozier est membre des 2020. Si les enquêteurs font intervenir le juge
clubs d’échecs et de randonnée de la maison Lopez, elle arrange une entrevue à son bu-
de quartier Saint-Sébastien, et y donne bé- reau. Ce sera juste une discussion polie, sans
névolement des cours de bureautique pour greffier pour prendre des notes.
grands débutants. Sa présence devant un or- M. le procureur général Geoffroy de La-
dinateur public n’a fait tiquer personne, mais borde-Beaulieu est un grand gaillard sec,
il a commis une petite erreur : il a profité de avec une moustache impeccable et une pas-
son passage pour se rendre au secrétariat et sion pour les chevaux, qui l’intéressent davan-
annuler ses cours des quinze prochains jours, tage que ses petits-enfants. À sa décharge,
prétextant une « urgence familiale ». Cela suf- ces derniers sont encore trop jeunes pour
fit à le placer à la maison de quartier au mo- faire des études de droit… Il rappelle volon-
ment où le mail a été expédié. tiers à ses auditeurs que les Laborde-Beaulieu
siégeaient déjà dans les Chambres criminelles
• Son logement. Si les enquêteurs perqui-
des Parlements au temps du Roi-Soleil. Il n’est
sitionnent sa maison de ville, ils n’y trouvent
plus présent au tribunal que quelques mati-
rien de compromettant, en dehors d’une do-
nées par semaine, et il les passe à préparer
cumentation sur l’art et la manière de falsifier
ses cartons. En effet, il part à la retraite à la fin
son adresse IP. Il n’a rien conservé qui le relie
de l’été, ce qui aiguise un certain nombre de
à la traque des assassins d’Hélène Lombardi.
convoitises parmi les subordonnées. Convain-
En revanche, ses albums photos, bien ran-
cu de pouvoir encore servir de longues an-
gés au grenier, le montrent de temps à autre
nées, écœuré d’être « mis au rebut » par une
avec la famille Lombardi (aide de jeu 33,
institution qu’il sert depuis trente ans, il a ra-
voir p. 128). Il conserve aussi quelques des-
conté tout ce qu’il savait à Dozier – autrement
sins d’enfant avec des mentions du type « Je
dit, tout ce qui figurait dans les rapports des
t’aime parrain ». Les coordonnées d’Hervé
enquêteurs, transmis à Hoareau, puis à lui.
Torrès se trouvent dans le carnet d’adresses
de son ordinateur. Enfin, Dozier a laissé son
iPhone 5 derrière lui. Dans la soirée du 13, il a
123 123
Laborde-Beaulieu a tendance à ignorer les gé de mettre en musique la politique pénale
enquêteurs, même lorsqu’ils posent les ques- de cette dame, je suis plus réservé… » A-t-il
tions et à ne s’adresser qu’au juge Lopez. Il personnellement interféré dans l’enquête
admet avoir déjeuné avec Dozier. « Nous ne sur la tuerie de Villegouge ? « À un certain
sommes pas proches, mais nous nous voyons niveau, en effet. J’ai conseillé à cet imbécile
régulièrement. Je le connais depuis plus de d’Hoareau, qui rêve de me succéder, de lâcher
SECTION 4

trente ans… depuis nos études de droit, en l’affaire et de vous saisir, ma chère. Je pense
fait. » Le sujet de leur conversation ? « Oh, avoir ainsi rendu service à tout le monde. »
mon Dieu, l’actualité. Nous avons beaucoup Il affirme ne voir aucun lien entre Dozier et les
parlé de Mme Taubira. Il l’admire et il a de victimes de la tuerie de Villegouge, ni entre Do-
bonnes raisons pour cela, même s’il a passé zier et Mélissa Laplace. Faites sentir aux enquê-
l’âge du mariage. Quant à moi, qui suis char- teurs qu’il ne dit pas toute la vérité sur ces deux
points. Il n’y a même pas besoin de faire de test, il
ne fait pas vraiment d’efforts pour mentir.
Il se trouble si les enquêteurs lui parlent
d’Hélène Lombardi. « Je ne connaissais pas
personnellement les Lombardi, mais Dozier
était très proche d’eux. Il adorait cette enfant.
Mais c’est si loin, tout ça… »

Dozier dans la nature


En fin de matinée, le 14 mai, Dozier se rend à
sa banque et retire cinq mille euros qu’il avait
commandés dès le vendredi 10. Après quoi, il
quitte sa maison de ville bordelaise, laissant
derrière lui sa voiture, son ordinateur et son
téléphone portable. Sa première démarche
est pour un magasin de sport, où il achète un
geoffroy de laborde-beaulieu (G2) vélo qu’il paye en liquide.

UN AMI BIEN PLACÉ


Laborde-Beaulieu n’a aucun moyen de contacter Dozier, et aucune intention de s’y risquer. Il n’est pas désireux
de partir avec un blâme et des soucis judiciaires pour lui gâcher sa retraite. Si, plus tard, son vieil ami se retrouve
en garde à vue, il suivra le dossier sans intervenir directement… et en faisant savoir qu’il n’intervient pas. De son
côté, Dozier pourrait incriminer son ami. Il n’en a pas l’intention, mais il ne sait pas ce que savent les enquêteurs
et s’il admet qu’il avait « une source au palais », il met le procureur général en danger.
Même sur la sellette, Laborde-Beaulieu s’efforce de bloquer d’éventuelles tentatives pour rouvrir le dossier
Sutton et y impliquer les Lombardi. Il estime sincèrement que c’est une cause perdue, et la plupart des juristes
tomberaient d’accord avec lui. Il lui suffit de glisser au procureur Hoareau « vous n’y pensez pas, mon cher ?
Vous imaginez les titres du Canard enchaîné ? “Vingt ans après, la justice persécute les proches de la victime
d’un tueur en série” Ça ferait désordre… et dans ce cas précis, une injustice est certainement préférable à un
désordre. »
Les enquêteurs peuvent contourner l’encombrant procureur général. Le juge Lopez peut exiger que l’affaire
Dozier / Sutton / Lombardi soit dépaysée, autrement dit transmise à un autre tribunal. L’ouverture d’une pro-
cédure disciplinaire contre Laborde-Beaulieu est également envisageable, même si elle exige davantage de bis-
cuits que la trace d’un déjeuner… Tout cela prendra des mois, et se résoudra certainement bien après la fin de
l’enquête.

124
Ensuite, il va s’installer à l’unique hôtel de nuis, même après la retraite du

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
La Sauve, à 5 km de Dardenac, sous le nom de procureur général. Son avocat
« Pierre Torrès ». fait remarquer qu’il a aidé les
enquêteurs, certes anonyme-
Les jours suivants, il se rend aux domiciles ment, mais qu’il faut en tenir
des Delmin et des Bazas, interroge les voisins compte.
et passe voir les proches de Mélissa Laplace,
le tout sous la couverture d’un « écrivain qui Si Dozier est remis en liberté
prépare un livre ». À vous de voir s’il croise le sous contrôle judiciaire, il s’y
chemin des encagés. Dans ce cas, il prend très conforme et cesse ses investiga-
prudemment contact avec eux. Il évite les en- tions.
quêteurs autant que possible. À un moment
de votre choix, il consacre un après-midi à
une visite à Hervé Torrès. L’avocat de Dozier
Maître Charles-Guillaume
Dozier et les enquêteurs Maurrin a la soixantaine, une
silhouette trapue, une crinière
Si les enquêteurs mettent la main sur Dozier, de cheveux blancs, une belle
jean-pierre dozier (D1)
ils le placeront probablement en garde à vue. Il voix grave et le ruban rouge Investigateur à la retraite
supporte les interrogatoires avec patience, et se de la Légion d’honneur à la
montre coriace, mais sans excès. Rien à voir avec boutonnière. C’est un avocat
la résilience anormale des encagés (p. 203). 65 ans, mince, cheveux poivre
redoutable, très respecté dans
et sel coiffés en arrière, lu-
• Dozier n’a pas d’alibi pour la tuerie de le milieu judiciaire bordelais.
nettes sans monture, sour-
Villegouge. Dans la nuit du 8 au 9 mai, il était Il s’efforce loyalement de ti-
cils broussailleux, vêtements
chez lui et dormait. Il aurait pu être sur place, rer son client des ennuis dans
adaptés à la situation, mais
mais rien ne le relie à la scène du crime. lesquels il s’est mis, sans pour
toujours coûteux.
autant saccager l’enquête des
• Il s’est rendu coupable ou complice de plu- personnages. Travailler avec
sieurs meurtres en 1993 (voir p. 44). Même POINTS DE VIE 14
lui n’est pas un plaisir, mais ce
s’ils sont prescrits, il ne tient pas à être impli- POINTS D’ARMURE 0
sera sans doute moins conflic-
qué. Si les investigateurs se lancent au petit tuel qu’avec l’avocate des en-
bonheur, Dozier voit clair dans leur bluff et Attaques : Fusil de chasse (6
cagés (voir p. 205).
garde le silence. En revanche, s’ils montrent dégâts), il n’est pas armé en
une connaissance très pointue de l’affaire début de scénario.
Lombardi et lui posent des questions
directes, ils reçoivent des réponses Capacités spéciales :
prudentes, calculées pour l’incrimi- • Enquêteur : Dozier inspire
ner le moins possible. Marc Lombardi confiance et sait poser les
a l’avantage d’être mort, ce qui fait de bonnes questions. Une fois
lui un bouc émissaire idéal. Il laisse par jour, il peut soutirer une
les trois autres membres du groupe information à un interlocuteur
dans l’ombre le plus possible. Mal- si celui-ci échoue à une Sauve-
gré tout, si les enquêteurs veulent garde d’Intelligence.
reconstituer les grandes lignes de • Calme : Dozier est un peu
l’histoire, Dozier est sans doute leur plus résistant aux interroga-
meilleure piste, du moins jusqu’au toires que la moyenne, tout
déclenchement du scénario hors pro- test visant à lui soutirer des
cédure L’affaire Lombardi. informations se heurte à un
Désavantage.
• Ses actions en 2013 sont plus dif-
ficiles à quantifier, mais elles ne de-
vraient pas lui valoir de trop gros en- charles-guillaume maurrin (G6)

125 125
À QUOI SERT DOZIER ?
Dans un premier temps, son rôle est de réorienter des enquêteurs qui se laisseraient séduire par une piste
financière. Ensuite, il est là pour vous fournir un joker. Vous pouvez vous en servir pour accélérer l’enquête ou
la ralentir. Il peut rester invisible à l’arrière-plan ou passer des heures en garde à vue à faire de l’obstruction
pendant que les encagés commettent des meurtres.
SECTION 0

Il est également possible qu’il se fasse tuer, soit par Simon Thurston qui l’aura pris pour un sectateur, soit
par Lormier qui n’aime pas qu’on fouine autour de chez lui… surtout en ce moment. Dans ce cas, son cadavre,
plus ou moins amoché, peut dévoiler des indices précieux.
La seule chose qu’il ne doit pas faire est de résoudre l’enquête à la place des personnages.

aide de jeu 29

126
aide de jeu 30

aide de jeu 31

127
aide de jeu 32

aide de jeu 33

128
LES TUEURS COMMUNIQUENT

LA TUERIE DE VILLEGOUGE
zaines d’heures de visionnage, il est possible
Lorsque l’on mène une enquête officielle
d’établir qu’une femme s’est arrêtée devant
et médiatisée, il faut faire le tri dans des di-
toutes ces boîtes. Elle porte des lunettes
zaines de témoignages spontanés qui arrivent
noires, un béret, un manteau ample et une
de partout. Les enquêteurs ne s’y attelleront
écharpe. Elle ne ressemble pas au portrait-ro-
sans doute pas eux-mêmes, déléguant la
bot qu’a pu leur fournir Mme Soares, la voisine
tâche à des gendarmes PNJ, mais ils recevront
des Bazas (voir p. 94). Il s’agit de Jane Eycott,
des rapports réguliers.
l’épouse de Thomas Vannier et l’une des enca-
À partir du 14 mai et jusqu’à ce que cela gées. Elle ne tente pas de se faire arrêter, mais
ne vous semble plus nécessaire, la Section elle ressent le besoin de justifier ses actes au-
de Recherches reçoit une série de billets, à près d’une autorité.
raison d’un par jour en moyenne (aides de
jeu 34 à 38, voir pp. 129 et 130). Tous ont été Un expert graphologue peut se pencher sur
postés depuis des lieux publics très fréquen- ses billets (aide de jeu 39 [3 semaines / Cha-
tés – la gare Saint-Jean, la poste centrale, etc. risme / 13 jours], voir p. 132).
La vidéosurveillance est assez développée à Pendant ce temps, les experts de la gen-
Bordeaux, mais elle est du ressort de la po- darmerie peuvent plancher dessus et en ti-
lice municipale, une institution distincte de la rer d’autres conclusions (voir aide de jeu 40
gendarmerie et de la police judiciaire. Moyen- [2 semaines et 5 jours / Intelligence / 1 se-
nant un bras de fer bureaucratique et des di- maine et 5 jours] voir p. 133).

aide de jeu 34 aide de jeu 35

129 129
aide de jeu 36 aide de jeu 37

aide de jeu 38

130
À QUOI SERVENT CES BILLETS ?
Lorsqu’ils recevront les premiers billets, il y a des chances que les enquêteurs se disent que « les tueurs nous
narguent ». S’ils en restent là, très bien. Leur véritable utilité est de leur donner du grain à moudre lorsqu’il fau-
dra identifier et interroger Jane. Ils laissent également penser qu’il y a peut-être des dissensions dans les rangs
des tueurs. Ce n’est pas encore le cas, mais qui sait ? Jane choisira peut-être de vivre lors de la scène finale (voir
la section Fin de partie).

EMBALLEMENT MÉDIATIQUE
Pour les médias, l’affaire rebondit :
• Si un lien entre « la tuerie de Villegouge » et les affaires Laplace et Lombardi se fait jour.
• Si des événements susceptibles d’intéresser le public se produisent (gardes à vue, communication autour
des mails de Dozier ou des courriers de Jane).
• Si d’autres meurtres en lien avec les premiers se produisent. Ce sera de toute façon le cas à la mort de
Marie Ulbrich, p. 184, mais le lien avec la mort de Dennis Baker peut faire office de rebondissement.
Lorsque cela se produit, la tuerie revient au premier plan de l’actualité et s’y installe solidement. Les journa-
listes sont à la fois plus nombreux et moins sages qu’au début de l’affaire. Les médias audiovisuels sont beau-
coup plus nombreux que la presse écrite, et les chaînes d’info en continu sont surreprésentées.
Le lieutenant Kuntz avertit les enquêteurs : contrôler l’information va devenir difficile, et en effet, les jour-
nalistes mettent ouvertement en doute leurs théories pour proposer les leurs. Selon vos besoins, ils peuvent
taper très loin de la vérité… ou non. Certains croient à un tueur en série qui aurait utilisé la voiture des Delmin
pour tuer Mélissa avant de faire taire ses… quoi ? victimes ? complices ? D’autres mettent en cause – et har-
cèlent – les parents de Mélissa Laplace. Ils se montrent aussi beaucoup plus insistants avec les enquêteurs,
et commencent à creuser autour d’eux, rôdant autour de la morgue, faisant jouer leurs contacts au palais de
justice ou pire, à la Section de Recherches. À la morgue, la jeune Camille, l’interne, sera parfaite dans le rôle
de la jeune fille qui se fait rouler dans la farine par un vieux pro du baratin. Le juge Lopez et sa greffière sont
muets, mais ce n’est pas forcément le cas de tout le monde au Palais. S’il est en mauvais termes avec les per-
sonnages, Kerrien n’hésite pas à lâcher quelques infos en off.
Selon la manière dont les personnages auront géré la presse
jusque-là, les enquêteurs et le juge sont présentés comme des
héros ou des nullités. Le commandant Mata discute en privé avec
Tellier, sur le thème « si vous avez besoin de quoi que ce soit pour
alléger la pression, vous le dites ». Il est, par exemple, plus que dis-
posé à refiler la corvée des points presse au procureur.
• Kévin Colinet, « reporter d’images ». Colinet est un grand type
tout sec, avec des cheveux bruns un peu trop longs et des boucles
d’oreilles, qui vend ses reportages à des sociétés de production in-
dépendantes. En surface, c’est un professionnel sympathique, qui
répète volontiers que chacun a le droit de donner sa version, qu’il
n’est pas là pour juger, etc. En réalité, c’est un piranha, capable de
vous arracher un bout de viande avant que vous ayez eu le temps
de vous en rendre compte. Il n’a pas d’idées particulières sur l’en-
quête, préférant coller aux gendarmes, mais vous pouvez compter
sur lui pour meubler le temps de cerveau des téléspectateurs avec
des demi-vérités enrobées d’idées toutes faites. kévin colinet (E3)

131 131
aide de jeu 39

132
aide de jeu 40

133
SECTION 0

134
les encagés

section 5
INTRODUCTION
AUX RACINES
DE L’AFFAIRE

135 135
Les éléments concernant les fugueurs disparus et Hélène Lombardi sont présentés ici, sous la
forme d’un seul « bloc » d’informations de référence. Il n’est pas certain que les enquêteurs les dé-
couvrent toutes, ni même qu’ils suivent ces pistes : ils n’en ont absolument pas besoin pour remon-
ter aux encagés. Piochez-y ce dont vous aurez besoin pour répondre aux questions des enquêteurs.

LES DISPARUS
SECTION 5

Ces informations vous serviront si les enquê- Les sacrifiés


teurs décident de suivre la piste indiquée par
« Nemo » dans son premier mail (voir p. 126). Avant l’arrivée de Sutton en 1988, le culte
Après tout, puisqu’il leur dit qu’il y a eu « beau- se contentait d’un ou deux sacrifices par an.
coup d’autres » victimes comme Mélissa, il doit De 1988 à 1992, il est passé à quatre ou cinq
être possible de retrouver leur trace, non ? « rites de sang » annuels. De début 1992 à
mi-1993, Sutton exige davantage, en prévi-
Éléments de contexte sion d’un rite exceptionnel : une invocation de
l’Homme dans le Labyrinthe. Celle-ci échoue
Dans leur grande majorité, les adolescents une première fois en juin 1992, Hélène Lom-
fugueurs ont entre 15 et 17 ans, 55 % sont bardi succombant quelques minutes trop tôt.
des filles et 40 % vivent dans des structures Sutton prépare une seconde tentative mi-
d’accueil. 80 % des fugueurs rentrent d’eux- 1993, en prévoyant plus large. Le culte stoc-
mêmes au bout de quelques jours ou de kait six futures victimes dans ses cages rien
quelques semaines et 18 % sont retrouvés par que pour ce rituel. Les investigateurs de Marc
la police. Restent 2 % qui disparaissent pour Lombardi y ont mis bon ordre.
de bon. Au total, de 1984 à 1993, le culte a sacrifié
Dans les années 1990, police et gendarme- trente-six personnes, vingt-huit adolescents fu-
rie étaient informées d’environ 25 000 fugues gueurs et huit jeunes adultes sans familles. À l’ex-
par an (au début des années 2010, ce chiffre ception d’Hélène Lombardi, tous ont été enter-
tourne autour de 40 000 par an, si les en- rés autour de la ferme-temple de Jordis, qui sert
quêteurs posent la question). Ces données désormais de planque aux encagés (voir p. 214).
sont celles de la France entière. À l’échelle de
l’Aquitaine, cela représente environ 1 250 fu-
gues par an, dont seules 25 se sont soldées
Que faire de ces informations ?
par une véritable disparition. Les enquêteurs peuvent se lancer dans l’éplu-
Le culte a puisé dans ce vivier, mais aussi chage de la montagne de données que repré-
parmi les fugueurs originaires d’autres ré- sentent les dossiers sur les mineurs en fugue.
gions. En septembre et octobre, saison des
vendanges, le Bordelais est une destination Sur la décennie 1985 – 1995, à l’échelle ré-
prisée pour des jeunes non qualifiés qui gionale, cela représente environ douze mille
veulent se faire un peu d’argent. Le reste de dossiers, dont beaucoup ne sont pas infor-
l’année, les vignes se taillent, se protègent matisés. Même en se limitant aux fugues qui
du froid… et un gamin des villes déboussolé se sont soldées par une véritable disparition,
n’a aucune idée du calendrier de toutes ces il en reste presque 250 rien que pour l’Aqui-
activités. Pour des prédateurs, le « vigneron taine, et vingt fois plus pour la France entière
sympa qui paye en liquide pour éviter de se Il existe des synthèses départementales com-
faire emmerder par l’Urssaf » est un masque pilées chaque année, mais elles manquent de
qui marche en toutes saisons. détails. Bref, quel que soit le bout par lequel
on le prend, c’est un boulot gigantesque. Les
dossiers des années 2000 ont été informatisés
et sont plus faciles à exploiter, mais le culte
n’était pas actif pendant cette période.
136
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
Aucun élément statistique n’indique l’exis-
tence d’un tueur en série dans la région. En
revanche, certains rapports des brigades de
gendarmerie locales, recueillant le témoi-
gnage de fugueurs rentrés chez eux, font état
de rumeurs inquiétantes. Sur la route, les ga-
mins se refilent les tuyaux, et l’un des plus
importants, au début des années 1990, était
« ne rien accepter d’un bon Samaritain ». Pour
des fugueurs, c’est un conseil valable en tout
temps et en tous lieux, mais ces rumeurs-là
étaient insistantes et précises.

Une source
Stéphanie Simon a trente-cinq ans. Elle est stéphanie simon (G4)
assistante sociale et travaille à la DIDAMS des
cru, à l’époque, mais vingt ans après, elle n’y
Landes, à Mont-de-Marsan (les Directions Dé-
voit plus qu’une légende urbaine.
partementales des Actions Médico-Sociales
ont pris la succession des DDASS en 2010). Elle a profité de ses loisirs pour compiler des his-
Entre décembre 1990 et mars 1991, à peine toires similaires. Elle les a publiées en 2007 chez
adolescente, elle a passé quatre mois sur la une petite maison d’édition locale, sous le titre
route pour échapper à un foyer brisé. Elle se Avant Dutroux, avant Toulouse, avant Outreau :
souvient très bien d’avoir entendu des ru- rumeurs bordelaises. Il s’en est vendu à peine
meurs sur « l’homme aux yeux verts », alias trois cents exemplaires. Plusieurs récits men-
« le monsieur du château », qui offre un abri tionnent explicitement les alentours de Darde-
aux gamins, les séquestre et les tue. Elle y a nac comme « malsains », « dangereux ».

EXPÉRIENCE
Lorsque les personnages ont compris que « quelque chose » sévissait dans les années
1990 aux alentours de Dardenac, ils progressent :
1. Chaque joueur coche le premier cercle disponible de la colonne Progression de leur
personnage sur leur dossier de prétiré, p. 9. Toutes les Améliorations de cette ligne sont
désormais disponibles. (Si tous les cercles de la colonne Progression sont déjà cochés, le
joueur passe à l’étape suivante).
2. Le joueur choisit une Amélioration de son choix parmi celles disponibles, coche la
case correspondante et applique ses effets.

REPLAY : CONDENSER LES


INFORMATIONS ET SEMER UNE GRAINE
Lors du test avec un MJ et un joueur, la discussion avec Stéphanie Simon a été riche d’enseignements. C’est par elle
que l’enquêteur a pris connaissance des statistiques concernant les fugueurs, ceux qui réapparaissent et les autres.
La mention de Dardenac dans Rumeurs bordelaises a permis au joueur d’établir un premier lien entre les dispa-
ritions et Sutton.
Bien plus tard, lors d’une discussion avec Nathalie Lormier (voir p. 208), le joueur s’est souvenu de la mention
des « yeux verts », et s’est mis à envisager que Sutton ait survécu, d’une manière ou d’une autre.

137 137
HÉLÈNE LOMBARDI
Les enquêteurs n’ont pas besoin de faire Elle est morte depuis une dizaine d’heures,
beaucoup d’efforts pour repérer l’affaire Lom- mais elle a vécu un long calvaire (aide de jeu
bardi. Un crime horrible sur une adolescente, 41, voir p. 142).
SECTION 5

toujours pas résolu plus de vingt ans après


les faits, et qui présente des points communs
avec l’assassinat de Mélissa Laplace… Ce dos-
sier est sur le bureau du capitaine Kerrien de-
puis février.
Hélène était issue d’une famille de militaires
et n’a pas manqué de se rebeller contre son
père colonel, catholique et sévère. Le 14 avril
1992, elle disparaît après une énième dispute
avec ses parents. Prévenus le 16 avril, les gen-
darmes de Mérignac concluent à une fugue :
Hélène a emporté quelques vêtements et un
peu d’argent. Un avis de recherche circule,
sans résultat.
Le samedi 13 juin 1992, à 5 h 40 du matin,
un passant découvre le cadavre d’Hélène sur
un chemin forestier, à moins d’un kilomètre
de la maison de ses parents. hélène lombardi (H6)

138
aide de jeu 41

139
Si les enquêteurs sont consciencieux, Comment les insérer dans l’enquête ?
ils peuvent joindre le médecin légiste de
l’époque, le Dr Granger, qui a réalisé l’au- Si les investigateurs creusent la piste Lom-
topsie d’Hélène. Il coule une retraite paisible bardi, ils n’ont aucun mal à découvrir que la
dans la région de Biarritz et se souvient fort mère et la sœur d’Hélène sont encore en vie.
bien de l’affaire. Il évoque quelques détails
• Le dossier militaire du colonel Lombardi
SECTION 5

qui n’apparaissent qu’en filigrane dans son


est accessible, si les enquêteurs en font la de-
rapport : les blessures aux poignets et aux
mande au ministère de la Défense. Saint-Cyr,
chevilles ont sans doute été causées par des
puis vingt ans de carrière, avec des périodes
fers, et il estime qu’Hélène a été séquestrée,
de garnison en Allemagne et des postes d’ins-
maltraitée et mal nourrie pendant plusieurs
tructeur auprès des diverses forces armées
semaines avant de mourir.
d’Afrique de l’ouest… Il en ressort l’image d’un
Si Granger ou Gaillefert comparent les deux officier fiable et efficace, exigeant envers ses
dossiers d’autopsie d’Hélène Lombardi et de subordonnés, peut-être un peu trop, et peu
Mélissa Laplace, ils concluent que les deux mo- diplomate avec ses supérieurs.
des opératoires se ressemblent beaucoup, mais
ne sont pas identiques. Le calvaire de Mélissa • Valérie refuse tout net de parler « de cette
donne l’impression d’avoir été une version accé- période terrible qui va de la mort de ma fille
lérée, ou une mauvaise imitation, de celui d’Hé- au suicide de Marc ». « Il n’y a rien à dire : un
lène Lombardi, sans le volet « séquestration ». monstre a pris mon Hélène, vous ne l’avez pas
attrapé et ça a rongé mon mari jusqu’à ce qu’il
Hélène est morte tard dans la soirée du ven-
se tire une balle dans la tête. » Elle n’a pas vu
dredi 12 juin 1992, un an jour pour jour avant
Dozier depuis dix ans et ignore ce qu’est deve-
le « tragique accident » qui a coûté la vie à
nu Torrès. Elle n’a pas envie de faire remonter
Sutton. Cette coïncidence devrait intéresser
toute l’affaire à la surface… sauf si vous souhai-
les enquêteurs.
tez faire jouer le scénario hors procédure L’Af-
Si vous le désirez, ils auront bientôt l’occasion faire Lombardi. Dans ce cas, elle est la source
de vivre L’Affaire Lombardi de l’intérieur, grâce primaire du document qui le déclenche (voir
à un scénario hors procédure (voir p. 240). p. 240).
• Jeanne est au bord du gouffre. La mort de
Mélissa Laplace a fait remonter de très mau-
vais souvenirs. Depuis, elle fait des cauche-
mars. Dozier l’a appelée le 20 janvier, depuis
Les investigateurs de 1993 une cabine, pour savoir si elle était désireuse
de « reprendre le collier ». Elle lui a raccroché
au nez, a pris rendez-vous avec un psychiatre
Qui étaient-ils ? et commencé une cure d’anxiolytiques. Si les
Le moteur de l’équipe était le colonel Marc gendarmes la convoquent, elle fait une tenta-
Lombardi, le père d’Hélène. Lombardi s’est tive de suicide. Elle s’en sort, mais les méde-
tiré une balle dans la tête le 12 juin 1994. Sa cins refusent qu’on l’interroge avant qu’elle
femme, Valérie Poli, s’est remariée en 2002 et ne soit remise, ce qui prendra des semaines.
vit en Corse. Jeanne Lombardi, la sœur aînée Si les enquêteurs passent outre, elle joue la
d’Hélène, a également joué un rôle dans l’in- même partition que sa mère, avec davantage
vestigation. Elle a aujourd’hui trente-neuf ans. de larmes. Elle sait que Torrès est interné
Devenue professeur d’allemand et restée céli- quelque part dans la région de Bordeaux.
bataire, elle traîne une dépression chronique • Dozier n’apparaît nulle part dans la procé-
dans un lycée de La Rochelle. Nous avons déjà dure de 1992, mais « Nemo » a déjà montré le
longuement parlé de Jean-Pierre Dozier. Le bout de son nez aux enquêteurs (voir p. 122).
dernier membre du groupe, un écrivain peu
connu du nom d’Hervé Torrès, a été interné • Torrès est le plus difficile à découvrir, mais
en 2004. Il est sur le point de mourir. le plus intéressant. Son nom peut apparaître
à propos de Vendanges de sang, son premier
140
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
livre (voir ci-après), ou à l’occasion d’un exa- sont détaillées dans l’introduction de ce scé-
men approfondi du passé de Dozier. Les deux nario, p. 262.
hommes étaient en couple au début des an-
nées 1990. Ils se sont séparés en 1995, mais
sont restés en bons termes. Torrès a deman- Deux sources d’information
dé à être interné en 2004. Il a passé quelques
Des enquêteurs vraiment méticuleux
semaines d’évaluation au Centre hospitalier
peuvent découvrir que l’affaire Lombardi a
Charles-Perrens, le très néogothique hôpital
connu des prolongements littéraires et judi-
psychiatrique de Bordeaux, avant d’être trans-
ciaires.
féré à l’Unité Long Séjour Harmonie, à Bouliac,
une petite ville de l’Entre-Deux-Mers bordée
par la Garonne, juste en face de Bègles. L’ULS
est un dépotoir pour cas désespérés, mais « Vendanges de sang »
c’est un dépotoir moderne, tout en courbes
douces et couleurs pimpantes. Le personnel Hervé Torrès a publié cinq romans entre 1996
est plein de bonne volonté, mais il gère des et 2002. Le premier, Vendanges de sang, a eu
pathologies lourdes et n’offrant guère d’es- les honneurs de la collection « Épouvante »
poir d’amélioration. D’abord très agité, Torrès de J’Ai Lu (aide de jeu 42, voir p. 142). Il traite
s’est peu à peu replié sur lui-même, jusqu’à la d’un culte satanique qui sévit dans la région
catatonie. Il a soudainement repris ses esprits de Bordeaux et tente d’invoquer un démon
dans la nuit du 19 au 20 décembre 2012. en sacrifiant des innocents. Comme il se doit,
un couple de héros y met bon ordre. Le sor-
Dozier lui rend visite peu après la tuerie cier est allemand plutôt que britannique et
de Villegouge, sans doute aux alentours du bien que les personnages secondaires soient
15 mai. Il écoute son ami délirer sur le « La- méconnaissables, la description des sacrifices
byrinthe, ce lieu terrible, ce cauchemar sans ressemble beaucoup à ce qu’à vécu Hélène,
éveil, où règne un prisonnier dément qui au point d’inclure des détails médico-légaux
bâtit tragédies et comédies pour son propre qui n’ont jamais été communiqués au public.
amusement ». Comme Sarah Selden (p. 115), Quant au point culminant de l’histoire, où
Torrès a conscience que Sutton « a quitté sa les héros abattent le sorcier en pleine céré-
prison » pour revenir sur Terre. Il faut abso- monie, il est franchement effrayant. Une
lument le tuer ! Dozier reste sceptique, mais Sauvegarde de Sagesse permet de se rendre
lui promet de faire son possible et le laisse compte qu’il est aussi intensément person-
aux bons soins des médecins. Quelques jours nel, comme si Torrès avait couché un véritable
plus tard, l’écrivain succombe à une crise car- traumatisme sur le papier. En cas d’échec à la
diaque. Sauvegarde de Sagesse, le personnage doit
Torrès est l’auteur du document qui sert de effectuer un test de Santé mentale avec un
déclencheur au scénario hors procédure Le Avantage. Les romans suivants de Torrès sont
Labyrinthe. Les différentes manières dont les des polars conventionnels, sans génie, mais
personnages peuvent mettre la main dessus qui se sont mieux vendus.

EXPÉRIENCE
Lorsque les personnages ont creusé les détails de l’affaire Lombardi, il est temps pour
eux de progresser.
1. Chaque joueur coche le premier cercle disponible de la colonne Progression de leur
personnage sur leur dossier de prétiré, p. 9. Toutes les Améliorations de cette ligne sont
désormais disponibles. (Si tous les cercles de la colonne Progression sont déjà cochés, le
joueur passe à l’étape suivante).
2. Le joueur choisit une Amélioration de son choix parmi celles disponibles, coche la case
correspondante et applique ses effets.

141 141
SECTION 5 aide de jeu 42

« Les Mystères Lombardi » fusions-acquisitions qui ont ravagé le secteur


depuis quinze ans. Jean-Charles Hyvères, en
Le 2 mars 1994, Marc Lombardi a inten- revanche, est assez facile à retrouver. Il vit
té une action en référé auprès du tribunal dans un pavillon à Ablon, du côté d’Orly. Jour-
de grande instance de Paris pour bloquer la naliste spécialisé dans les faits divers, arrivant
publication d’un ouvrage d’un certain Jean- en fin de carrière sans avoir connu le succès, il
Charles Hyvères, intitulé Les Mystères Lom- soigne ses rosiers et remâche de vieilles ran-
bardi. Il devait paraître deux mois plus tard cœurs. Parler aux autorités ? Oh, mais avec
aux Éditions Marly et être tiré à des dizaines plaisir ! Lombardi ? « Le père n’était pas blanc-
de milliers d’exemplaires. Le 28 mars, le tri- bleu, vous savez. Une brute. Ordre et disci-
bunal a estimé qu’en raison des « atteintes à pline avant tout. Je comprends que sa gamine
l’honneur du plaignant » et de son caractère ait fugué. J’avais des témoignages… non, il ne
« manifestement diffamatoire », l’ouvrage ne la battait pas, mais il y a bien des moyens de
devrait pas être publié en l’état. L’éditeur a blesser un enfant ». Mais ce n’était pas l’es-
annoncé que la publication était « retardée », sentiel du bouquin. « Ce qui a vraiment déplu
mais le livre n’est finalement jamais sorti. Si au juge, c’était la deuxième partie. Plusieurs
les enquêteurs suivent la piste de l’éditeur, témoins étaient prêts à jurer que Lombardi
elle se perd assez vite dans le marécage des avait mené une enquête parallèle à celle de
142
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
la police. Il avait menacé et brutalisé des tas
de gens. En définitive, il est bien possible qu’il
se soit fait justice lui-même, peut-être sur plu-
sieurs personnes. » Des noms ? Il mentionne
la mort « accidentelle » de David Maignan et
l’absence prolongée de Frédéric Gosselin (voir
p. 156).
En définitive, l’éditeur a jeté l’éponge et Hy-
vères est passé à autre chose. Le carton qui
contenait ses notes et son manuscrit a été
perdu au cours de son dernier déménage-
ment. Il ne peut rien prouver, et ses informa-
tions sont à peine plus que des on-dit, et il en
a conscience. Si vous le souhaitez, Hyvères est
une source possible pour le déclencheur du
scénario hors procédure L’Affaire Lombardi.
jean-charles hyvères (F4)

143 143
SECTION 5

144
les encagés

section 6
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
LE CULTE ET
SES ADVERSAIRES

145 145
Ce chapitre regroupe :

• Des informations sur le culte. Certaines sont à l’usage du meneur de jeu, d’autres sont ac-
cessibles à des enquêteurs persévérants.

• Une section sur Les Nuits de l’homme sans tête, le livre qui sert de référence au culte.
SECTION 6

• Enfin, il se tourne vers les auteurs de la tuerie de Villegouge : les encagés, d’anciennes vic-
times du culte.

Piochez dans ces données au gré des besoins des enquêteurs.

Ce chapitre vous propose diverses options pour personnaliser le culte et les encagés : PNJ se-
condaires, situations modifiées, etc. Utilisez-les ou non, selon vos besoins et vos envies.

UN SI LONG PASSÉ...
Les enquêteurs sont pris dans une chaîne sommeil et d’activité. Il n’est pas exclu qu’il ait
d’événements qui remonte très loin dans le joué un rôle les événements qui conduisirent
temps. Ils détermineront le sort du dernier au massacre de Limoges, en 1370 dont Love-
maillon, celui des encagés, et auront l’occa- craft parle dans L’Affaire Charles Dexter Ward :
sion d’apercevoir certains des précédents « Un jour, par exemple, Curwen interrogea un
dans les scénarios hors procédure, mais il y personnage tour à tour maussade et exalté
en a eu tant et tant d’autres… à propos du carnage perpétré en 1370 à
• Il y a trois mille ans, une tribu oubliée vé- Limoges par le Prince Noir, comme s’il pouvait
nère déjà une divinité cthulhienne sur la côte détenir des informations secrètes à ce sujet.
orientale de l’Angleterre. Tantôt puissant, tan- Il demanda au prisonnier – à supposer que
tôt traqué, son culte survit à toutes vagues de c’en fût un – si l’ordre du massacre avait été
migrations qui bouleversent le paysage poli- donné à cause du signe du Bélier trouvé sous
tique et religieux de la région. l’autel de la crypte romaine de la cathédrale
ou si l’Homme Noir de la Haute-Vienne avait
• Vers 600 après Jésus-Christ, le culte, cen- prononcé les Trois Mots. »
tré sur le royaume saxon de l’Essex, connaît
un apogée. C’est ici qu’entre en scène Adalric, • Après 1450, les liens entre les cultes an-
notre « premier » maillon. Contrairement au glais et bordelais se distendent.
souvenir qui s’en est conservé, par exemple
• Dans les années 1760, Jean de Honne-
dans l’aide de jeu 43 (voir ci-contre), Adalric
court, le dernier prêtre du culte normand,
n’était pas un « saint », mais un sorcier qui
épouse une sorcière britannique. Leurs ju-
franchit la Manche pour s’initier au culte.
meaux, Charles et Louis, sont soigneusement
Longtemps après, un groupe de parents de
préparés à un grand destin.
ses victimes le trouva et le tua, mais dans l’in-
tervalle, il avait planté une graine de corrup- • Pendant la Révolution, les frères Honne-
tion dans le sol normand. court recueillent le savoir des branches nor-
mande et anglaise. Louis quitte ce monde. Son
• Cinq siècles après Adalric, à une époque frère s’efforce de devenir son prophète, rédi-
de brassage de part et d’autre de la Manche, geant Les Nuits de l’homme sans tête, avant
les deux rameaux du culte se retrouvent. de renoncer et de prendre la fuite. Charles
• Vers 1250, sous l’influence d’un chevalier meurt dans les années 1830. Louis est tou-
anglais, un rameau bordelais naît. Au cours jours « en vie », pour une certaine valeur de
des siècles suivants, il alterne des périodes de « vie », mais il séjourne désormais dans un

146
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
Autre Lieu que les mortels perçoivent comme connaît une renaissance à la fin du XIXe siècle,
un Labyrinthe sans fin (les joueurs pourront avant de s’étioler de nouveau après la Se-
le découvrir dans le scénario hors procédure conde Guerre mondiale.
Le Labyrinthe, p. 262). Lorsqu’il en a la possi-
bilité, « l’Homme dans le Labyrinthe » revient • Dans les années 1980, Sutton le prend
sur Terre pour guider les fidèles du culte. Ce- en main et en fait sa chose, mais il se brûle
lui-ci devient de plus en plus « son » culte, la les ailes en Angleterre. Expatrié, il prend le
divinité originelle étant oubliée ou confondue contrôle du culte aquitain… mais il échoue à
avec lui. comprendre le message dissimulé dans Les
Nuits de l’homme sans tête, s’adonnant à des
• Le rameau normand du culte a disparu
débauches sans grand intérêt et à de peu ra-
avec les frères de Honnecourt. Son homo-
goûtants sacrifices humains qui n’intéressent
logue bordelais végète. La branche anglaise
guère Louis de Honnecourt.

aide de jeu 43

147 147
• Sutton meurt en 1993, victime de ses
propres excès. Son décès replonge le culte
dans le sommeil… jusqu’en 2013, lorsque ses
disciples survivants le ressuscitent en sacri-
fiant Mélissa Laplace. La mort de la jeune fille
SECTION 6

entraîne l’intervention des encagés, d’où dé-


coule celle des enquêteurs.

LE CULTE AQUITAIN
Né au temps de la Guyenne anglaise,
le culte aquitain a connu de longues dé-
cennies d’obscurité, entrecoupées de
brèves périodes d’activité. Ses contacts
sporadiques avec le culte britannique
ont complètement cessé après 1940.
Sutton venait de l’Essex, vieille terre
d’élection du culte, et il s’est taillé son
petit empire financier et cultuel juste
à côté, en Est-Anglie. La découverte
dans les papiers de l’un des précédents
grands prêtres d’une correspondance
vieille d’un siècle entre sectateurs lon-
doniens et bordelais l’a mis sur les traces
du culte aquitain.
Lorsqu’il s’est expatrié dans le sud-
ouest de la France, il savait qu’il al-
lait y trouver des coreligionnaires. Le
culte français était limité à une poi-
gnée d’adeptes, sans objectifs ni force
de frappe magique. Sutton n’a pas eu
grand mal à se l’approprier et à le re-
modeler à l’image de ce qu’il avait créé
en Est-Anglie.

148
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
L’HOMME DANS LE LABYRINTHE
Les disciples de Sutton vénèrent « l’Homme Toutes ces déclinaisons esquissent le por-
dans le Labyrinthe ». Jusqu’au début du XIXe trait d’un PNJ optionnel, que vous pouvez uti-
siècle, leurs prédécesseurs normands et bor- liser ou ignorer selon vos besoins (et rien ne
delais utilisaient surtout le nom de « saint vous empêche de vous en servir même si vous
Adalric », plus acceptable dans un monde n’optez pas pour le dieu qui lui est associé).
catholique. Leurs homologues britanniques
employaient d’autres identités de couverture,
sans intérêt pour nous. Nyarlathotep
Le Labyrinthe a donné lieu à des construc-
tions intellectuelles qui l’ont déguisé en méta- • Sous quel masque ? L’Homme Noir est
phore, ou lui ont rajouté des couches de sens, un choix évident, mais les premiers récits
selon la manière dont vous le percevez, mais mettant en scène un « homme noir » ou un
c’est aussi un lieu. « L’Homme dans le Laby- « homme en noir » dans le rôle du diable ne
rinthe » en est l’occupant temporaire. Le culte remontent qu’au XIIIe siècle. Le culte ayant
en a connu une dizaine en trois mille ans, des racines bien plus anciennes, il est pro-
druides noirs, sorcières immortelles et autres bable que ses disciples aient vénéré un autre
êtres plus difficiles à définir. Certains dispa- masque, sans doute un dieu chasseur cornu
raissent au bout de quelques siècles. Pour qui pourrait aussi bien ressembler à Cernun-
eux, c’était une simple étape. La plupart y nos qu’au « chaman » de la grotte des Trois-
restent jusqu’à leur mort. Parfois, ils sont tués Frères.
par des héros. Plus souvent, ils sont victimes
d’un prêtre ambitieux qui arrange sa propre • Qu’est-ce que le Labyrinthe ? Une méta-
transfiguration et s’empare de leur place. Pe- phore pour le monde des mortels, un endroit
tit à petit, au fil des siècles, « l’Homme dans où l’on erre sans être guidé, où l’on croise
le Labyrinthe », à l’origine un simple interces- d’autres égarés qui vous tuent si vous ne les
seur entre le culte et son dieu, s’est substitué tuez pas, où on lutte pour sa vie sans espoir
à ce dernier. L’actuel « Homme dans le Laby- de victoire, et où il n’y a qu’une seule place au
rinthe » a vécu sa vie de mortel sous le nom sommet. Cette vision simpliste a joué un rôle
de Louis de Honnecourt. Cette entité post-hu- dans l’échec final de Sutton. Il l’a transmise à
maine n’apparaît pas dans la campagne prin- Lormier.
cipale, mais se dévoile un peu dans les scéna-
rios hors procédure. • Ce qui intéresse le culte. Cette version
du culte s’intéresse en priorité au pouvoir
temporel : l’argent, l’influence et, à terme,
Un dieu, certes, mais lequel ? la domination. En plus des sectateurs détail-
lés plus bas, Sutton avait tenté de placer des
Si vous estimez qu’il est nécessaire de dé- pions dans la police, la magistrature, les mé-
finir le dieu que vénère le culte, au-delà de dias, voire les institutions. À la fin des années
l’Homme dans le Labyrinthe, vous avez une 1980 et au début des années 1990 le crépus-
large gamme de possibilités. Les quatre plus cule du très long règne municipal de Jacques
évidentes sont présentées ci-dessous. Notez Chaban-Delmas est propice aux dérives…
que les « centres d’intérêt » indiqués sont une
• PNJ optionnel : Marc Delaforge. Vers
teinture, rien de plus, le souvenir flou d’impé-
1990, Delaforge était un jeune politique am-
ratifs remontant à des dizaines de générations
bitieux, tout prêt à se laisser convertir par
qui ont souffert de nombreuses ruptures de
Sutton. Vingt ans après, il est devenu l’un des
transmission.
vice-présidents de la Communauté Urbaine
de Bordeaux. Notable installé, ayant coupé

149 149
les ponts avec ses anciens amis, il voit sans Yog-Sothoth
plaisir Lormier lui demander d’accélérer l’en-
quête sur les meurtres des membres du culte. • Sous quel masque ? Les adeptes de
Il a des relations à l’état-major de la gendar- Yog-Sothoth le connaissent sans doute sous
merie et peut se faire rembourser quelques ce nom, ou sous des titres descriptifs du type
services… Paradoxalement, il se trouve dans « Celui qui ouvre la voie » ou « l’Invisible ». Il
se manifeste parfois comme de simples voix
SECTION 6

le camp des enquêteurs, dans la mesure où il


veut la même chose qu’eux. tonnant dans des lieux déserts, en particulier
au sommet de collines ou de tours. Rêves,
visions et présages font également partie de
son arsenal, ce qui peut conduire ses adeptes
à pratiquer l’oniromancie ou diverses formes
de divinations plus ou moins sanglantes.

• Qu’est-ce que le Labyrinthe ? « Yog-


Sothoth est la porte et la clé »… d’un
Labyrinthe. Celui-ci est considéré comme une
métaphore du voyage vers la Connaissance et
la Perfection, pour des valeurs radicalement
antihumaines de ces deux termes. Au XVIIe
siècle, les prédécesseurs britanniques de Sut-
ton avaient codifié cette progression dans des
« cartes de Transcendance », réminiscentes
des cartes de Tendre. Cette déclinaison du
culte est la plus susceptible d’utiliser le laby-
marc delaforge (I6) rinthe comme image. Dans ce cas, toutes les
victimes des encagés possédaient chez elles
des photos encadrées du labyrinthe de la ca-
thédrale de Chartres. Chez les Delmin, cela n’a
rien de remarquable, mais chez les Delmin, les
Bazas, Ulbrich et Texier ?

• Ce qui intéresse le culte. Un tel culte est


voué à accumuler un maximum de connais-
sances occultes… ce qui fait de Sutton, un
autodidacte qui a commencé à travailler à
quatorze ans, le pire grand prêtre imaginable.
Esprit concret, allergique aux spéculations, il
n’a jamais approché la Transcendance… et il le
savait, ce qui ne l’empêchait pas de rêver de
devenir le prochain Homme dans le Labyrinthe.

• PNJ optionnel : Isabelle d’Ancignac était


membre du culte avant que Sutton n’en prenne
le contrôle. Elle lui a soustrait une demi-dou-
zaine de grimoires ayant appartenu à ses pré-
décesseurs. Mme d’Ancignac est une veuve fort
riche, remarquablement bien conservée pour
ses quatre-vingts ans. Très absorbée par ses
propres affaires, elle quitte rarement sa pro-
priété du Médoc. Cependant, elle conserve
une solide dent contre Sutton, et serait ravie
de contribuer à sa seconde chute, au point de
150
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
donner un coup de pouce discret aux enca- • Qu’est-ce que le Labyrinthe ? Les Grecs
gés, à Dozier ou aux enquêteurs, si elle en a le savaient déjà il y a vingt-cinq siècles, c’est
l’occasion. Elle ne se montre pas directement, un lieu où l’on s’égare et où rôde un monstre
mais elle a le pouvoir d’envoyer des rêves. Ils à qui il faut verser un tribut de jeunes gens.
ne transmettent pas d’informations, ce serait La construction intellectuelle correspondante
un cliché, mais ses cibles se réveillent repo- est la matrice de la Déesse, où l’Homme at-
sées, en ayant récupéré une partie de leurs tend sa nouvelle naissance. Enfant à naître
ressources : chaque cible récupère un niveau de la Déesse, l’Homme est également son
de dé en Torche ou Bagou. Elle est l’une des consort, le roi du bosquet sacré, qui vit dans
détentrices possibles du déclencheur du scé- l’abondance en attendant le combat rituel qui
nario hors procédure L’Abbaye de Monte-à- prouvera sa valeur ou consommera sa chute.
regret (p. 322).
Cette version du culte construit volontiers
des représentations physiques du Labyrinthe,
si possible avec des matériaux vivants. Les
grands labyrinthes en buis à la mode au XVIIe
siècle exigent des moyens trop importants,
mais des versions miniatures, par exemple
un parterre où les fleurs dessinent un motif,
peuvent pousser dans n’importe quel jardin.

• Ce qui intéresse le culte. Héritiers de so-


ciétés préhistoriques où la précarité était la
norme, les sectateurs ont conservé un désir
d’abondance. Certains amassent des choses
qui leur paraissent importantes : argent, par-
tenaires sexuels, bibelots… Sans être obèses,
d’autres sont trop nourris. Cette information
apparaît dans les rapports d’autopsie, mais
isabelle d’ancignac (I3) l’épidémie de surpoids touche le Bordelais
comme le reste du monde occidental. Lormier
et ses amis se retrouvent sous le couvert d’une
• Remarque : les frères de Honnecourt tournée des meilleurs restaurants du Médoc.
étaient des jumeaux, nés d’une mère appar- Et si vous le souhaitez, le légiste signale que
tenant au culte. Louis est devenu l’Homme certains des corps retrouvés à la ferme-temple
dans le Labyrinthe, mais il n’était peut-être de Jordis portent des marques indiquant qu’ils
pas entièrement humain au départ… et il a ont été désossés par un boucher.
peut-être eu des demi-frères à Dunwich dans
les années 1920. • PNJ optionnel : Myriam Dioma. D’origine
sénégalaise, « Mme Myriam » est la patronne
d’À la bonne Dame, un restaurant titulaire
Shub-Niggurath d’une étoile au Michelin, installé dans un vil-
lage tranquille au sud de Bordeaux. C’est une
• Sous quel masque ? Shub-Niggurath est
battante, qui a su s’imposer dans un milieu
aussi vaste et qu’incompréhensible. Ses fi-
machiste et gagner la sympathie de voisins pas
dèles français l’ont associé aux Vierges noires,
forcément ouverts à l’exotisme. Toute jeune,
mais aussi à de nombreux autres symboles de
elle a été l’une des maîtresses de Sutton, qui
fertilité culturellement acceptables, épis de
a financé son premier restaurant. Les enquê-
blé, sources, cornes d’abondance… sans ou-
teurs qui épluchent les archives de Sud Ouest
blier chèvres et boucs, mais ces derniers sont
peuvent la trouver par ce biais. Elle n’était pas
trop étroitement associés aux sabbats pour
membre du culte, mais Sutton, vantard, lui a
être considérés comme sûrs.
fait quelques démonstrations de ses « pou-

151 151
voirs ». Dioma peut donner quelques noms • Qu’est-ce que le Labyrinthe ? Le vide qui
aux personnages, selon vos besoins. Elle rêve sépare l’esprit humain de celui du Rêveur est
parfois du Labyrinthe. Tous les 12 juin, elle un gouffre infini et changeant. Une école de
laisse un tas d’abats et de viande périmée à la pensée estime qu’il est entièrement interne,
cave et le lendemain, il a disparu. une autre soutient que c’est un espace tan-
gible, et une troisième fait observer que cela
SECTION 6

n’a pas d’importance, méditation et cartogra-


phie donnant toutes les deux des résultats.

• Ce qui intéresse le culte. Cette version du


culte tente de s’approcher du Rêveur afin que
Ses rêves transforment les sectateurs. Les sa-
crifices sont un moyen de devenir « libre et
fougueux, au-delà du bien et du mal, les lois
et les morales rejetées ».

• PNJ optionnel : Florian Bascoul, psy-


chiatre. À bientôt soixante ans, le Dr Bascoul
possède un cabinet prospère dans le centre de
Bordeaux. Il s’était éloigné du culte à la fin de
l’ère Sutton et n’a pas participé à la cérémonie
de juin 1993. Il estime que le Labyrinthe est
myRiam dioma (I1) une construction mentale individuelle, reliée
à une noosphère en grande partie irriguée par
le Rêveur. Depuis peu, son Labyrinthe person-
Cthulhu nel a pris des aspects marins. Il s’est inscrit à
des cours de plongée dans l’espoir de mieux
• Sous quel masque ? Le culte vénère le « négocier ce passage ».
Rêveur, qui parle aux hommes dans leurs
songes. L’image qu’il y associe le plus souvent
est le Dragon. Dans les périodes où il était ma-
joritairement composé de chrétiens renégats,
ils l’appelaient Léviathan. Sutton savait que la
branche anglaise du culte venait elle-même
« d’au-delà des mers », d’un foyer nommé
« Raylet ». Dans le premier tiers du XXe siècle,
cette notion a ouvert le culte des influences
plus immédiatement toxiques que les Grands
Anciens. Certains de ses prêtres avaient as-
similé Raylet à l’Ultima Thule des occultistes
germaniques, important au passage des
concepts qui se retrouveront dans le nazisme.
Sutton ne croyait pas à la hiérarchie des races,
à l’eugénisme ou à la Terre creuse, mais Lor-
mier, ou les vétérans de l’époque pré-Sutton,
ont peut-être un autre avis.
florian bascoul (I7)

152
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
LA STRUCTURE DU CULTE
Sutton avait pensé son organisation comme
une pyramide, fonctionnant par sélections suc- Pour les enquêteurs :
cessives pour dégager un petit groupe de vrais
adeptes. Le noyau dur de la secte n’a jamais les amis de Sutton
compté plus d’une quinzaine de membres.
La base du système était constituée d’indi- Les soirées de Sutton attiraient de nombreux
vidus tout à fait normaux, qui fréquentaient notables bordelais. Elles étaient bien un peu
Sutton pour l’argent, les relations et l’in- tapageuses pour cette ville tranquille, mais
fluence. Il recevait beaucoup, dépensait plus elles étaient dans le ton des années 1980. On
encore, et n’hésitait pas à ouvrir tout grand y croisait aussi bien des entrepreneurs que des
son carnet d’adresses à ses « amis ». footballeurs, des promoteurs immobiliers que
Un groupe plus restreint goûtait aux joies des viticulteurs ou des chanteurs parisiens de
de « soirées privées », autrement dit des par- passage. Pour la majorité de ces gens, Sutton
touzes auxquelles participaient des profession- était un simple tremplin, qui leur a été utile à
nelles payées par Sutton. Sa riche collection un moment donné pour rencontrer du monde
d’ouvrages pornographiques était mise à dis- et faire des affaires. À ce niveau, personne n’a
position de ces « amis proches ». Les Nuits de honte de son implication.
l’homme sans tête (p. 161) en faisait partie. Il • Henri Langlois, négociant en vins. La cin-
notait très attentivement la réaction de ses lec- quantaine élégante, prospère et sans histoire,
teurs à cet ouvrage. Langlois est un représentant typique du pre-
mier groupe. Autour de 1990, plusieurs ar-
Les rares personnes à qui cela ne suffisait ticles de la presse régionale le mentionnent
pas se voyaient proposer quelque chose de comme un ami de ce sympathique expatrié
plus « épicé », et se retrouvaient mêlées à des britannique. Si les enquêteurs viennent le
histoires d’enlèvement, de viols et de tortures voir, il loue l’hospitalité de Sutton tout en cri-
avant d’avoir compris de quoi il retournait. À ce tiquant discrètement son côté nouveau riche
stade, l’arrière-plan religieux de la secte deve- flambeur. Interrogé sur les autres amis de l’An-
nait visible, sans jamais être très approfondi : glais, il mentionne les noms de quelques per-
Sutton lui-même n’était pas un mystique.

james sutton en 1992 (A5) henry langlois (C4)


153 153
sonnalités bordelaises, toutes mortes ou à la
retraite. « Je ne suis pas resté très longtemps,
vous savez. Il y a eu des bruits… fâcheux. J’ai
préféré prendre du champ avant qu’il n’y ait
un scandale ». Par défaut, il prétend ne pas
se souvenir des détails. Ce qu’il peut dire dé-
SECTION 6

pend des besoins de l’enquête.

Pour les enquêteurs :


les partouzeurs
Les membres du second étage de la pyra-
mide sont des notables bien propres sur eux,
bien lisses, peut-être un peu plus aventureux
que la moyenne. De loin en loin, Sutton en
soumettait certains à un chantage discret,
josé quevedo alias mr. joseph (G5)
présenté comme un « service » ou une « fa-
veur ». Sa mort en a soulagé pas mal. (Peut- vieillissante. Les soirées de Sutton ? Elle y a
être à tort, selon le sort des « souvenirs » de participé assez souvent. « Le Rosbif avait le
Sutton, présentés en page de droite.) Aucun pourboire facile, la bouffe était sympa, et les
nom ne circule. Personne n’est prêt à ad- clients… bah, la plupart étaient OK, mais il y
mettre que vingt ans plus tôt, il partouzait aux avait de vrais vicieux dans le tas. C’est là que
frais d’un homme d’affaires douteux. j’ai appris qu’il fallait se poser des bornes, vous
voyez ? J’en ai connu qui acceptaient tout, et
Heureusement, les notables n’étaient pas les qui sortaient de là en larmes. » Elle prétend y
seuls à participer à ces soirées. Sutton avait des avoir croisé des tas de gens haut placés, ad-
« arrangements » avec des patrons de boîtes joints au maire, préfet, etc., mais elle affabule.
échangistes et autres bars à putes. Beaucoup En revanche, elle est tout à fait sincère quand
se sont rangés de voitures, un ou deux sont elle mentionne les filles qui ne voulaient plus y
morts… Quant aux filles, elles ont passé la qua- aller parce que Sutton leur faisait peur. « Avec
rantaine, mais certaines officient toujours dans moi, il a toujours été correct. Mais on sentait
de discrets studios du centre-ville. qu’il y avait des trucs, derrière ces yeux verts,
des trucs froids… »
• José Quevedo, dit « Mr. Joseph » est deve-
nu le proxénète le mieux établi de la ville. Cet
amateur de montres de luxe, de bons whiskys
et de costumes anglais se fait vieux, il a des
problèmes avec des Nigérians qui cassent les
prix, mais surtout, il se souvient très bien de
Sutton, qu’il décrit comme « un cochon de
concours avec une tonne de fric à claquer.
Je l’ai bien aidé à le dépenser, son pognon ».
Pendant cinq ans, il lui a fourni une dizaine de
prostitués des deux sexes tous les mois pour
des « soirées ». « Je n’y assistais pas, mais les
filles m’ont raconté des trucs… extrêmes. Pas
de sang, mais je crois que c’était la seule li-
mite ».
• « Lily » est une fleur de trottoir un peu
fanée, qui conserve une clientèle fidèle, mais lily (G6)
154
OPTION :
LES « SOUVENIRS » DE SUTTON
Sutton avait accumulé des dossiers sur les membres du second niveau. Dans les années 1980, il les conservait
dans un coffre de l’agence bordelaise du Crédit Suisse. Que sont devenues ces centaines de photos, sans parler
de plusieurs heures de films divertissants bien qu’un peu répétitifs ?
Vous avez trois possibilités :
• Sortis du tableau. Lombardi & Cie ont récupéré la clé du coffre après avoir tué Sutton. Muni d’une procuration
falsifiée, Dozier a vidé le coffre le 14 juin 1993. Les documents ont été détruits dans la foulée.
• Toujours là. Le coffre était au nom de CVS Investment. Les frais de garde sont réglés automatiquement de-
puis Gibraltar, et les enquêteurs peuvent le repérer dans les actifs de la fondation. Dans ce cas de figure, le plus
étonnant est que Bazas n’ait pas fait main basse dessus pour lancer sa propre entreprise de chantage. S’ils les
récupèrent, les personnages se retrouvent à la tête d’un gros paquet d’informations gênantes pour tout un tas
d’individus influents à qui la nouvelle ne fera pas plaisir. Hélas, rien de tout cela n’est pertinent pour l’enquête.
• Dans la nature. Bazas ne s’est pas retenu. Il a ouvert le coffre dès juillet 1993, et il s’est servi de son contenu
pour garnir son propre bas de laine. La version physique des documents se trouve dans la cave de Bazas (p. 93).
En volant son ordinateur, les encagés ont récupéré une version numérique des photos et les films. Ils n’y at-
tachent aucune importance, contrairement à ce que penseront peut-être les enquêteurs…
Ces documents renforcent le côté crapoteux de l’entourage de Sutton, mais ont l’inconvénient de donner aux
enquêteurs une fausse piste à laquelle il est difficile de résister – et si l’un partouzeurs des plus compromis avait
commandité le meurtre ? Si les enquêteurs se lancent dessus, le juge Lopez douche leur enthousiasme d’une
simple question : « pourquoi maintenant, presque un quart de siècle après ? »

REPLAY :
SORTIE DE ROUTE ET INTUITION
Lors du test avec un seul joueur, Tellier est entré par effraction chez les Bazas, risquant de saboter la procédure
pour progresser plus rapidement. Il a fouillé la maison et trouvé photos et vidéos. Il en a confié l’analyse à des
collègues, sans rien obtenir de probant. Cependant, leur seule présence a cassé l’image de couple modèle des
Bazas et conduit le joueur à se demander si les tueurs de Villegouge pouvaient être d’anciennes victimes de ces
soirées. Le joueur n’était plus qu’à un pas de la vérité…

Arnaud Leval
Les véritables sectateurs • Qui était-ce ? Violoniste à l’Opéra de Bor-
Les membres du culte ne se distinguaient deaux, Leval dirigeait le culte bordelais avant
pas du reste de l’entourage de Sutton, même si que « ce salaud d’Anglais » ne s’installe dans la
tous étaient des sociopathes ou le devenaient région. Sutton le percevait comme un fidèle se-
rapidement. Leur croyance dans l’Homme cond qu’il avait fallu remettre à sa place, Leval
dans le Labyrinthe et ses maîtres ne garantis- le détestait pour lui avoir pris « sa » prêtrise.
sait pas leur conversion en « cultistes » dé-
• Que lui est-il arrivé ? Leval a pris une
cérébrés. Sutton ne disposait d’aucun moyen
balle dans le ventre le 12 juin 1993, lorsque
magique de s’assurer de leur loyauté. En re-
le groupe de Lombardi a interrompu la céré-
vanche, il ne reculait pas devant la violence si
monie d’invocation de l’Homme dans le Laby-
quelqu’un sortait du rang.
rinthe. Son squelette est toujours dans la cave
Lors de la chute du culte, mi-1993, le culte
de la ferme de Jordis. Sa disparition a été si-
proprement dit se composait des individus
gnalée à la police, mais l’enquête s’est égarée
suivants.
vers un départ volontaire. Elle est classée de-
puis longtemps.

155 155
Marie-Anne de Forceville
• Qui était-ce ? Aristocrate bordelaise ri-
chissime, multidivorcée, elle fut soupçonnée
par la justice d’avoir assassiné sa vieille mère
en 1992. Sutton l’admirait, d’un prédateur à
un autre.
SECTION 6

• Que lui est-il arrivé ? Elle a été abattue


lors de l’intervention des investigateurs. Son
squelette est toujours dans la cave aux sa-
crifices. La police a vu dans sa disparition un
aveu de culpabilité dans l’assassinat de Mme de
Forceville mère. Elle n’est plus recherchée
depuis quinze ans.

Charles Wegener damien saux (E4)


• Qui était-ce ? Ce marchand de livres an-
ciens était l’intellectuel de la secte. Sutton
Frédéric Gosselin
s’en servait sans lui faire confiance. • Qui était-ce ? Officiellement peintre, Gos-
selin vivait aux crochets de riches « amis ».
• Que lui est-il arrivé ? Grièvement blessé Sutton l’utilisait comme rabatteur (de futurs
lors de l’intervention des investigateurs, il est membres) et chasseur (de futures victimes).
parvenu à prendre la fuite, a perdu connais- Son sourire communicatif faisait merveille
sance au volant et a embouti la pile d’un pont dans les deux domaines.
sur la rocade sud de Bordeaux. Sa voiture a
• Que lui est-il arrivé ? Il a réussi à s’échap-
pris feu. L’autopsie, faite un peu rapidement
per de la ferme-temple de Jordis. « L’accident
(aide de jeu 44, voir p. 158), ne mentionne
de voiture » dont il a failli être victime en
pas les blessures par balle, mais si les enquê-
juillet 1993 l’a convaincu qu’il était temps de
teurs cherchent toutes les morts inhabituelles
partir faire le tour du monde. Il est revenu à
pour les journées du 11 au 13 juin 1993, ils re-
Bordeaux fin 1995. Devenu un artiste coté, il a
trouveront ce dossier avec un test de Torche.
coupé les ponts avec le culte. Lorsque Lormier
l’a contacté, Gosselin a refusé tout net de par-
ticiper à ses plans.
Damien Saux Dozier l’a longtemps surveillé avant de se
convaincre qu’il était devenu inoffensif. Il
• Qui était-ce ? Propriétaire de plusieurs peut jeter Gosselin en pâture aux enquêteurs,
immeubles et commerces, il avait la répu- pensant leur faire perdre du temps (aide de
tation d’être cynique et sans scrupule en af- jeu 45, voir p. 159). Il ignore qu’il peut, au
faires. Sutton le considérait comme un rival contraire, leur en faire gagner en leur parlant
potentiel. de Lormier.
• Que lui est-il arrivé ? Il a échappé au
groupe de Lombardi, a quitté Bordeaux préci-
pitamment en fin juin 1993 et s’est fixé à Lyon David Maignan
peu après. Il vient de fêter ses soixante ans,
mène une vie tranquille et ne touche plus à • Qui était-ce ? Un notaire de 110 kg, ancien
l’occultisme. En revanche, la brigade finan- pilier de rugby. Il aimait faire souffrir et avait
cière du SRPJ de Lyon le soupçonne d’être les moyens de faire mal. Sutton en avait fait
mouillé dans plusieurs grosses magouilles im- son tortionnaire en chef.
mobilières.

156
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
• Que lui est-il arrivé ? Il a échappé aux in-
vestigateurs lors de la cérémonie, mais il a été
victime d’un « accident de chasse » arrangé
par Lombardi et Dozier le 3 novembre 1993.
La gendarmerie a enquêté, mais n’est pas par-
venue à établir qu’il s’agissait d’un meurtre.

Michel Salvagnac,
alias « Michel l’Archange »
• Qui était-ce ? Un fils de bonne famille co-
caïné qui se vautrait dans l’alcool et le vice.
Sutton le trouvait amusant.
• Que lui est-il arrivé ? Salvagnac a échappé
aux investigateurs. Il a enchaîné cures de dé- michel salvagnac (G1)
sintoxication et « retraites de méditation ». À
partir du début des années 2000, portant une ne le dénonce aux proches d’Hélène (voir L’Af-
robe de bure, il s’est reconverti dans le « coa- faire Lombardi, p. 240).
ching spirituel ». Installé du côté de Beauvais,
• Que lui est-il arrivé ? Il a succombé à une
il a un petit groupe de fidèles avec qui il prie,
brusque « crise cardiaque » le 23 juin 1992, et
jeûne et se mortifie. Il a « répudié les excès de
n’était donc pas présent lorsque les investiga-
sa jeunesse », mais n’est pas du tout disposé à
teurs ont interrompu la cérémonie, près d’un an
les confesser à la police.
plus tard, mais il aurait été heureux de voir ça.

Manuel Mabire
Les autres
• Qui était-ce ? Ce pépiniériste de Cadillac
appartenait à la secte bien avant que Sutton Le culte comptait exactement autant de
ne s’installe dans la région. Contrairement monde qu’il vous en faut. Les personnages
à Leval, il ne cachait pas son hostilité envers optionnels présentés au paragraphe Un dieu
l’Anglais. Cela l’a conduit à la déloyauté, puis à certes, mais lequel ?, à partir de la p. 149,
la trahison. Sutton l’a éliminé juste avant qu’il peuvent compléter la liste.

LA TRAHISON DE MANUEL MABIRE


Manuel Mabire a commencé à trahir Sutton dès 1990. Il a commencé par s’y prendre en douceur, en faisant
circuler des rumeurs parmi les marginaux et les fugueurs dans l’espoir de les pousser à éviter certains lieux. Son
idée n’était pas de démanteler le culte, juste de pousser Sutton à la faute, puis de ramasser la mise avec son
ami Leval.
L’échec de la première invocation de l’Homme dans le Labyrinthe, en 1992, l’a convaincu de tenter sa chance.
Au lieu d’enterrer le corps d’Hélène à Jordis, comme prévu, il a attendu que tout le monde soit parti, l’a chargé
dans son camion et l’a déposé aussi près que possible de la maison des Lombardi, dans un endroit où il serait
facile à trouver. Après quoi, il est rentré chez lui et a attendu de voir ce qui allait se passer.
Il a dû jouer les imbéciles face à un Sutton furieux, expliquant que « non, je ne comprends pas, j’ai laissé le
corps ici, je devais revenir demain matin pour l’enterrer, quelqu’un est venu le prendre dans la nuit, c’est la
seule explication ». Quelques jours plus tard, il tentait de contacter le colonel Lombardi. Peu après, Sutton l’a
tué mais il était trop tard : Lombardi et ses amis étaient déjà sur le sentier de la guerre.

157 157
aide de jeu 44

158
aide de jeu 45

EXPÉRIENCE
Lorsque les personnages ont remon-
té le passé de Sutton, ont compris qu’il
était à la tête d’un culte, et identifié au
moins une partie de ses ex-membres,
ils progressent.
1) Chaque joueur coche le premier
cercle disponible de la colonne Pro-
gression de leur personnage sur leur
dossier de prétiré, p. 9. Toutes les Amé-
liorations de cette ligne sont désormais
disponibles. (Si tous les cercles de la co-
lonne Progression sont déjà cochés, le
joueur passe à l’étape suivante).
2) Le joueur choisit une Amélioration
de son choix parmi celles disponibles,
coche la case correspondante et ap-
plique ses effets.

159
Le culte entre 1993 et 2013 Le grimoire de Sutton
En 1993, Lormier, encore étudiant, était le Le Dr Lormier a rendu son grimoire au sor-
plus jeune des membres du troisième cercle. cier peu après sa résurrection. Les enquê-
Sutton admirait son intelligence et lui prédisait teurs le retrouveront sans doute après la
un grand avenir. Les Delmin, Jacques Bazas et scène finale, trop tard pour qu’il leur serve à
SECTION 6

Marie Ulbrich appartenaient tous au troisième quelque chose.


cercle et ont tous échappé aux investigateurs.
Une analyse du papier et de l’encre de ce
Lors de sa fuite, Lormier s’est emparé du mince volume relié de toile noire permet
grimoire de Sutton et Ulbrich des Nuits de d’établir qu’il a été fabriqué dans le centre de
l’homme sans tête. Après la mort de Sutton, l’Angleterre vers 1855. Les premières pages
tous les membres de la secte ont suivi leur sont rédigées dans un anglais victorien ver-
propre chemin. Le temps des sacrifices et des beux et hérissé de majuscules. Cette partie
invocations était passé, restait à survivre. est pleine de références à des « Intelligences
Lormier s’est remis à étudier le grimoire au de l’Extérieur ».
début des années 2000, après une période de Sutton prend le relais dans un style beau-
dépression. Il y a trouvé des notes de Sutton coup plus lisible, mais son « grimoire »
concernant un « rite de résurrection » à tenter contient peu de sorts et beaucoup de réfé-
après sa mort. Il lui a fallu des années pour le rences aux activités du culte dans les années
déchiffrer. Sa rencontre de 2011 avec les Del- 1980 et 1990. Ses acolytes y sont désignés
min était un authentique hasard, mais mi-2012, par des noms de code. Son exploitation, par
il a contacté Bazas, Easton et Ulbrich pour leur les enquêteurs ou par le CID, sort du cadre
demander de se préparer. Ulbrich a amené de cette aventure.
dans ses bagages Texier et Brunet qui, en 1993,
étaient des membres prometteurs du deuxième
cercle. À l’automne 2012, Brunet a fabriqué de
nouvelles cages. Fin décembre 2012, le culte
était prêt, Mélissa Laplace mourait et Sutton re-
gagnait le monde des vivants.

CADAVRES
Sur la fin de l’aventure, lorsque le charnier de la ferme-temple de Jordis aura été découvert, les enquêteurs
risquent de se demander pourquoi Hélène et Mélissa n’y ont pas été enterrées comme les autres. Après tout,
quand on a son cimetière privé, pourquoi ne pas l’utiliser ? La réponse à ces questions figure p. 119, pour Mé-
lissa, et p. 157, pour Hélène.
Autre question : Sutton ayant à sa disposition un immense Labyrinthe peuplé de monstres, pourquoi prend-il
le risque d’enterrer les corps dans notre réalité plutôt que les balancer « de l’autre côté » ? La réponse figure
dans Les Nuits de l’homme sans tête, où plusieurs passages développent la notion de « sacrifice ». Pour le dire
simplement : l’Homme dans le Labyrinthe se repaît d’âmes préparées rituellement par un séjour dans les cages
ou de sacrifiés envoyés vivants dans le Labyrinthe. Certains occupants du Labyrinthe consomment de la chair,
comme le montre le témoignage de Myriam Dioma (pp. 151-152), mais il ne peut en aucun cas s’agir du corps
des sacrifiés, que le culte perçoit comme des déchets impurs.

160
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
« LES NUITS DE L’HOMME SANS TÊTE »
Les enquêteurs mettront la main sur Les et où le Tyran qui règne sur nos plus vils ins-
Nuits de l’homme sans tête après la mort de tincts exerce enfin la Plénitude de son Despo-
Marie Ulbrich, soit assez tard dans la cam- tisme ».
pagne. Ils peuvent tout à fait ne pas s’y in-
téresser, mais voici de quoi répondre à leurs À la fin de cette 12e nuit, le baron de V***,
questions s’ils se penchent dessus. ayant accumulé assez de cadavres, est em-
porté avec son château, ses complices et ses
victimes vers « l’Autre Lieu ». Contrairement
En deux mots à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas une
damnation : l’auteur dit noir sur blanc que ce
Examiner, puis lire ce livre prend une jour- départ est une « apothéose », une transfor-
née et n’exige rien d’autre qu’un peu de pa- mation en un dieu ténébreux.
tience et un estomac bien accroché. Cela
permet d’obtenir les informations des para-
graphes L’objet et Résumé.
Avis critique
Pour un lecteur du XXIe siècle, la lecture des
Nuits exige un effort : l’auteur construit des
L’objet cascades de propositions relatives hérissées
de majuscules intempestives, truffe le tout de
Physiquement, cette édition des Nuits de subjonctifs et manie volontiers la citation la-
l’homme sans tête se compose de deux vo- tine. En revanche, une fois acclimaté au style,
lumes de 18 x 8 cm reliés en cuir, comptant la véritable horreur du propos s’impose avec
chacun 160 pages. Les caractères sont assez beaucoup de violence. Certaines descriptions
gros et l’interlignage important, le texte tien- ont tendance à vous revenir à l’esprit des se-
drait dans un petit livre de poche moderne. Le maines, voire des mois, après la lecture. Les
papier est piqueté, le cuir usé et les reliures enquêteurs y trouveront des scènes qui res-
donnent des signes de fatigue. semblent beaucoup aux martyres d’Hélène
Les assassins de Marie Ulbrich ont mis le feu Lombardi et de Mélissa Laplace.
aux deux volumes, mais le tome I est à peine
roussi. Le tome II a souffert davantage : une Les Nuits de l’homme sans tête a d’autres
partie du chapitre IX est illisible. niveaux de lecture, mais ils ne sont acces-
sibles qu’aux déments possédant un certain
niveau en occultisme. Quant aux gravures qui
Résumé ouvrent les chapitres, elles n’ont rien perdu
de leur pouvoir d’évocation.
Ce roman raconte les aventures d’un aristo-
crate guillotiné qui sort de la tombe, possédé
d’appétits charnels sans limites. Le baron de En termes techniques
V***, mort-vivant priapique et rongé par la
décomposition, s’installe dans les ruines de La lecture des Nuits de l’homme sans tête
son château, engage des rabatteurs et inflige peut être expédiée en une bonne journée.
des sévices répugnants à une multitude d’in- Elle engendre un test de Santé mentale. Si le
nocents des deux sexes, qui n’y survivent pas. lecteur obtient un « 1 » ou un « 2 », en plus de
baisser son dé de Santé mentale d’un niveau,
Le dernier chapitre, combinant orgie,
le personnage est obsédé par les illustrations
messe noire et sacrifices humains, se dé-
du livre pendant 1d20 nuits. Il dort mal et se
roule un 12 juin, une date « où les Mondes
rêve en victime ou en bourreau. Il effectue un
s’accouplent, où la Vie et la Mort sont abolies

161 161
nouveau test de Santé mentale avec un Désa- • Marie-Élise Champdenier, libraire. La cin-
vantage à la fin de la période. quantaine, petite, mince et à peine grison-
nante, Mme Champdenier est une force de la
Texte et gravures débordent d’informations nature, capable de travailler vingt heures par
ésotériques ouvrant les portes du Labyrinthe jour quand un sujet la passionne. Les Nuits
et un chemin vers une transcendance… mais de l’homme sans tête sont assez loin de son
elles ne sont accessibles qu’à des personnages
SECTION 6

principal centre d’intérêt – la littérature jan-


ayant perdu toute leur Santé mentale, et en- séniste du XVIIe siècle – mais l’idée de contri-
core, à condition de travailler dessus sans re- buer à arrêter un assassin la motive bien da-
lâche pendant des mois ou des années. vantage que les habituelles demandes liées à
Bizarrement pour des sectateurs adonnés des petits trafics sordides. Mme Champdenier
aux sacrifices humains, Sutton, Lormier et est aussi l’une des détentrices possibles du
consorts ont tous échoué parce qu’ils étaient déclencheur du scénario hors procédure L’Ab-
trop sains d’esprit. baye de Monte-à-regret, p. 322.

Consultation
Bibliophilie Mme Champdenier peut examiner les deux
Les enquêteurs n’auront sans doute pas le volumes. Selon ce qui lui est demandé, son
temps de s’intéresser de près à l’histoire édi- intervention peut comporter trois niveaux :
toriale d’un livre découvert sur le lieu d’un
meurtre, même s’il semble qu’il intéressait • Il ne lui faut que quelques minutes pour
les assassins. donner une estimation : cette première édi-
tion fatiguée et abîmée d’un classique mineur
Heureusement, ils n’ont pas besoin d’y tra- de la pornographie du XVIIIe siècle ne vaut pas
vailler directement, ils peuvent tout à fait plus de quelques centaines d’euros. En bon
confier la corvée à un expert. Installée dans état, et proposée à un connaisseur, elle irait
une rue tranquille du centre de Bordeaux de- sans doute chercher dans les 2 500 €.
puis 1856, la Librairie Champdenier est une
• Elle peut rassembler les informations
institution locale connue de tous les amateurs
publiques en 1d3+2 jours. Elle les rend sous
d’éditions anciennes. Sa propriétaire travaille
la forme d’un rapport, l’aide de jeu 46, voir
de temps à autre pour la police ou la gendar-
pages suivantes.
merie dans des affaires liées à des vols d’ou-
vrages rares. • Si les enquêteurs réclament des précisions
sur certains détails, elle accepte de continuer
à creuser. Exhumer chacune des informations
complémentaires suivantes lui prend 1d2
jours. Aucune aide de jeu n’existe pour ces
éléments. Communiquez-les oralement aux
joueurs et faites confiance à leur mémoire
ou à leur capacité de prendre des notes. Cela
engendrera peut-être un certain flou, qui est
volontaire : autant les fadettes et les rapports
d’autopsie sont des informations solides, au-
tant tout ce qui touche au Mythe est incertain.

marie-élise champdenier (I4)

162
aide de jeu 45 1/3

163
aide de jeu 45 2/3

164
aide de jeu 45 3/3

165
Les informations complémentaires : • Le docteur Hildebrand, le spécialiste al-
lemand des Nuits de la fin du XIXe siècle,
biographie affirmait qu’Elizabeth de Honnecourt était
apparentée aux Altwood, mais il n’a jamais
Ces informations concernent la famille de apporté la preuve de cette assertion.
Honnecourt.
• Dans les années 1790, Leytonstone était
SECTION 6

• Emprunté à un saint local, le prénom un village du sud de l’Essex. Il a été absorbé


d’Adalric est inusité, mais les deux frères sont par le Grand Londres en 1965. Aujourd’hui,
nés à un moment où le Moyen Âge revenait c’est un coin de banlieue tranquille, qui se fait
en grâce : la sœur de Louis XVI, née quelques gloire d’avoir été la ville natale d’Alfred Hit-
années plus tôt, a été baptisée Clotilde. chock et de David Beckham.
• Elizabeth de Honnecourt a été l’objet • Sir James, le protecteur des jumeaux lors de
de nombreuses rumeurs malveillantes de la leur exil anglais, est mort dans son lit en 1817.
part des bonnes gens de la province. Selon La famille Altwood apparaît à la fin du règne de
certaines sources, elle était serveuse dans Charles II, dans les années 1670 et s’est éteinte
un pub de Londres. D’autres en font une de- en 1892. Issue de la gentry, la petite noblesse
moiselle de petite noblesse et situent son ori- terrienne, elle ne semble pas avoir produit de
gine « quelque part dans le centre de l’Angle- rejetons marquants, juste une longue lignée
terre ». En tout cas, elle était « trop belle pour d’honnêtes gentilshommes vivant de leurs
être honnête ». rentes, qui partageaient leur vie entre leur ma-
noir et un pied-à-terre londonien.
• La famille comptait également une fille,
Marie-Louise, née en septembre 1776. Ja- • Tout au long de son séjour Outre-Manche,
mais inquiétée pendant la Révolution, elle se Louis est présenté comme « fort malade » et
marie en 1795 avec un riche armateur rouen- vit en reclus. Dans les rares documents de sa
nais, Robert Duval. Mme Duval aura six enfants, main qui ont survécu, il semble avoir utilisé
nés entre 1796 et 1805. Certains d’entre eux de préférence son second prénom – « Louis »
reprendront le nom « de Honnecourt » à la n’était plus tellement à la mode.
Restauration. Veuve en 1834, Marie-Louise • Examinées à la loupe, les douze gravures
mourra dans son lit en 1852, entourée de qui ouvrent les chapitres des Nuits sont toutes
ses enfants et petits-enfants. Elle ne parlait signées d’un minuscule « A.d.H ». Il est plus
jamais de ses frères, sinon pour dire qu’ils que probable qu’elles sont l’œuvre de Louis.
étaient « de la mauvaise graine ».
• Les circonstances de la mort de Louis sont
• Le baptême des jumeaux a été anormale- obscures. Le certificat de décès, signé par le
ment tardif : ils n’apparaissent sur les registres commissaire de police de la section de l’Unité,
de l’église Saint-Adalric d’Honnecourt que le mentionne un « horrible accident » et précise
2 janvier 1781. À l’époque, leurs parents ont que « sans la présence de son frère, le corps
été soupçonnés de les avoir éduqués clandes- n’aurait jamais été identifié ». La section de
tinement dans la foi protestante. Leur édu- l’Unité occupait le nord de notre VIe arrondis-
cation a été assurée par leur père, Jean, sans sement, entre le Pont-Neuf et l’Institut.
l’assistance d’un précepteur. En 1788, Jean et
Elizabeth meurent, laissant leurs enfants en • Charles ne figure pas parmi les « transpor-
possession d’une fortune très entamée. tés » à Cayenne, ni parmi les condamnés à une
peine de prison. Il ne semble pas non plus avoir
• Louis a laissé quelques traces dans les rap- été exécuté. Il est possible qu’il se soit évadé.
ports de police pour des affaires de mœurs. En 1867, son biographe, le R.P. Grammond,
Au printemps 1790, il est surpris en com- suggérera que Charles était tout simplement
pagnie d’un cocher dans les buissons des mort en prison, mais que le certificat de décès
Champs-Élysées. Des rumeurs courent sur la s’était perdu. « Dans ce cas, conclut-il, ce jeune
sexualité des deux frères, soupçonnés d’être homme doué, victime des passions politiques
aussi un couple.

166
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
d’une époque féroce, repose certainement n’est pas certain que le bon père ait lu Les Nuits.
dans une tombe anonyme, quelque part près En revanche, il était incollable sur l’œuvre jour-
de l’une des prisons parisiennes ». nalistique de Charles. Il appréciait particulière-
ment sa dernière année « au cours de laquelle,
comme libéré de la mauvaise influence de son
Les informations complémentaires : frère, il avait enfin trouvé sa voie ».
• Des .pdf de l’ouvrage sont disponibles sur
bibliographie Internet à partir de 2003. En français, il s’agit
d’un scan de qualité médiocre de l’édition suisse
Mme Champdenier peut mentionner qu’il a de 1902. Les anglophones peuvent quant à eux
peut-être existé d’autres éditions, dont elle n’a consulter un scan de l’édition de 1878. Ces deux
jamais vu aucun exemplaire, et apporter des dé- versions sont inoffensives. Des scans des gra-
tails supplémentaires « autour du livre ». vures tournent également sur Internet, mais
• Réédition, Londres, 1910. Un tout petit sans le texte, elles sont juste répugnantes.
tirage, dans une nouvelle traduction réalisée
par quelqu’un qui a pris le temps de comparer • Les Nuits ont inspiré un film pornogra-
ligne à ligne la première édition française et la phique sans titre de trente-deux minutes,
traduction de 1812. tourné dans les années 1920 et probablement
destiné à la clientèle d’un bordel parisien haut
• Réédition, Londres, 1965. Une version pro-
de gamme. Numérisé dans les années 2000,
fondément modifiée, sans dépôt légal, qui incor-
il est disponible à la vente en France, dans le
pore le texte des Nuits dans une œuvre plus im-
cadre d’une collection sur les balbutiements
portante, à vocation philosophique ou religieuse.
du porno. Il met mal à l’aise, sans plus.
• L’œuvre d’Hildebrand aurait été rééditée
en 1935, réalisée sur les Presses du parti nazi • Dans les années 1970, un célèbre réali-
pour le compte de l’Ahnenerbe. Si c’est vrai, il sateur français, dont l’identité change selon
n’en reste aucune trace. qui raconte l’anecdote, a tenté d’en faire une
adaptation « prestigieuse » avec de grandes
• Charles de Honnecourt a eu un biographe
actrices… et des scènes de sexe non simulées.
au XIXe siècle. Le Révérend Père Bertrand
Des morceaux du scénario, plus ou moins
Grammond était un historien légitimiste
apocryphes, circulent sous le manteau depuis
qui a publié de nombreuses études sur la
sa mort en 2002. On murmure que l’idée lui
restauration monarchique avortée de 1797. Il
aurait été soufflée par Michel Simon.

167 167
LES ENCAGÉS
héberge Sophie Ianski. Elle reste discrète et ses
SECTION 6

Voici le profil des cinq tueurs. Une fois la voisins n’ont pas conscience de sa présence.
personne repérée, les informations des ru-
briques « CV », « Résidence » et « Profes- • Profession : Ménard parle parfaitement
sion » sont relativement simples à exhumer. Si français et anglais. Il travaille à domicile
les personnages préfèrent se concentrer sur comme traducteur et sert parfois d’interprète
d’autres pistes, la tâche peut être confiée à dans des colloques et autres séminaires d’en-
des gendarmes PNJ. En revanche, le contenu treprise. Il consacre également un jour par
de la rubrique « Découverte » ne remonte à semaine à aider les sans-abri. Sa véritable vo-
la surface que si les enquêteurs creusent eux- cation est la peinture. Ses toiles, abstraites et
mêmes. Les informations des trois rubriques très sombres, commencent à se vendre.
suivantes sont destinées au MJ. Les relevés • Découverte : en rajeunissant une pho-
téléphoniques de Pierre, Jane, Thomas et So- to actuelle et en la comparant aux bases de
phie peuvent également être exploités par les données de la police belge, on reconnaît un
enquêteurs. Vous trouverez un diagramme certain David Anders, un adolescent gantois
relationnel synthétisant les relations des en- disparu fin 1991. S’il est interrogé sur ce point,
cagés entre eux p. 341. Ménard accusera ses parents (décédés dans
les années 2000) de maltraitance. Il n’y a rien
de répréhensible à changer de vie. L’usage
Pierre Ménard d’une identité fictive peut lui valoir des en-
nuis, mais ne suffira pas à l’envoyer en prison,
Illuminé, méticuleux, charismatique en tout cas pas avant un procès qui aura lieu
au plus tôt fin 2014.
34 ans, 1,85 m, 90 kg, blond, cheveux mi-
longs, collier de barbe, yeux bleus, nez cassé • Son rôle dans les meurtres : Ménard est
et mal redressé, pointe d’accent belge, tou- l’organisateur. Il planifie, distribue les tâches…
jours habillé trop légèrement et se salit les mains si besoin. Il considère qu’il
pour la saison. remplit le rôle qui devrait être celui de la jus-
tice si elle était bien faite. Il croit à la sorcelle-
caractéristiques des encagés
• CV : « Pierre Ménard » n’a pas
d’existence légale avant 2005,
alors qu’il avait 26 ans. Ces huit
POINTS DE VIE 15 dernières années sont docu-
POINTS D’ARMURE 0 mentées, mais son passé est un
trou noir. En tant que Ménard,
Attaques (selon l’équipe- notre homme est irréprochable,
ment) : Poings ou coup de tête pas une contravention, rien,
(blessure avec Avantage*) OU mais qui est-il vraiment ?
Couteau ou revolver (blessure) • Résidence : une ancienne
OU Fusil (blessure avec Désa- grange retapée à Villandrault, à
vantage) une cinquantaine de kilomètres
au sud de Bordeaux. Elle lui sert
* sauf Simon qui occasionne à la fois d’atelier et de domicile.
une blessure. Il vit seul, mais il a beaucoup de
relations et d’amis dans la ré-
gion. À partir du 5 mai au soir, il
pierre ménard (A3)
168
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
rie et a quelques ouvrages grand public sur le dorment dans leur cave depuis. Ménard se
sujet chez lui (en plus de ses recherches, pré- flatte d’avoir mémorisé leur contenu, et n’en-
sentées p. 170). C’est lui qui a trouvé le « CC » visage pas de les récupérer tant que l’affaire
et décidé de l’utiliser comme signature. ne sera pas terminée. La météo pourrie de ce
mois de mai va lui jouer des tours…
• Comment le trouver : son nom apparaît
dans les relevés téléphoniques des Vannier Comment les faire entrer en jeu ?
(aides de jeu 48 et 49 ) et de Sophie Ianski
(aide de jeu 50), ce qui le relie à la suspecte • Si les enquêteurs surveillent les commu-
n° 1 des enquêteurs et au propriétaire de nications de Ménard, celui-ci reçoit un coup
l’arme. Plus prosaïquement, d’autres équipes de téléphone des Rieux. Les pluies continues
de la SR peuvent le recommander aux en- de ces dernières semaines rendent leur cave
quêteurs comme expert en expatriés britan- anormalement humide, et ils s’inquiètent
niques. pour les bouquins de leur ami. Du coup, est-
ce que ça le dérangerait de passer leur don-
• Par rapport aux autres tueurs : Pierre do- ner un coup de main pour les mettre à l’abri
mine complètement Thomas et pense qu’il en au grenier ?
est de même avec Sophie. Il se méfie un peu • Si les enquêteurs surveillent directement
de Jane, trop brillante pour entrer complè- Ménard, ils le voient passer chez les Rieux. Il
tement dans son orbite. Il voit en Simon une ne s’attarde pas – il est juste là pour bouger
« âme perdue » qu’il faut sauver, même s’il les cartons – mais cela place le couple dans le
est sans doute trop tard. champ de vision des enquêteurs.
• Si les enquêteurs fouillent le domicile de
• Spécial : Pierre est le détenteur le plus Ménard, ils trouvent quelques fragments de
probable du déclencheur du scénario hors notes qui lui ont échappé lorsqu’il a préparé
procédure L’Abbaye de Monte-à-regret (p. les cartons, qui renvoient clairement à un cor-
322). pus plus important. Sa localisation peut deve-
nir l’un des enjeux de sa garde à vue.
• Relevé téléphonique : son relevé télépho-
nique constitue l’aide de jeu 47 [1 jour / Cha-
risme / 4 heures], voir p. 178.
Jane Eycott-Vannier
Amoureuse, mystique, déchirée
Les recherches de Ménard
35 ans, rousse, cheveux courts, peau claire,
Pendant sa captivité, Pierre Ménard a été taches de rousseur, yeux bleus, 1,60 m, 55 kg,
l’encagé le plus attentif à son environnement. vêtements chic campagnard, petit accent an-
Il a examiné sa prison, écouté ce que disaient glais à la Birkin.
ses geôliers… et après sa libération, il a essayé
de comprendre ce qui lui était arrivé.
• CV : fille de banquiers londoniens, elle a eu
Fin janvier 2013, après avoir décidé de pas- une adolescence agitée, incluant des renvois
ser à l’action contre le culte, Ménard a plan- d’écoles privées, des bagarres, une arrestation
qué ces documents compromettants. Il s’y pour vol à la tire et une fugue pendant des va-
est pris de la manière la plus simple qui soit : cances en France entre avril et juin 1993. Elle
en demandant aux Rieux, des amis de Villan- est rentrée d’elle-même. Elle a refugué entre
drault, s’ils avaient un peu de place dans leur janvier 1994 et septembre 1995, survivant
cave pour stocker quelques cartons de vieux tant bien que mal à la rue londonienne. Après
bouquins. Il a expliqué à Raphaël et Pauline une nouvelle réconciliation avec ses parents
Rieux qu’il s’agissait de documentation pour et une discrète cure de désintoxication, elle
un projet de traduction terminé, qu’il ne vou- n’a plus fait parler d’elle. Installée en Gironde
lait pas jeter parce que le client pouvait se re- en 2002, elle a épousé Thomas Vannier en
manifester. Les Rieux ont accepté. Les cartons avril 2006. Le mariage a été célébré à Londres,

169 169
OPTION :
LES RECHERCHES DE MÉNARD
Choisissez l’une des options suivantes :

• Ménard égaré. Autodidacte, Ménard s’est bâti une bonne culture générale, mais il s’avère à peine moins
crédule que Thomas Vannier lorsqu’il s’agit de paranormal. Ses cartons contiennent des piles de bouquins où
SECTION 6

sorcières et druides s’ébattent sur un lit d’occultisme garni d’Atlantes, d’extraterrestres et autres Templiers. Il a
également imprimé une bonne ramette de sottises sur les cultes sataniques qui sévissaient aux États-Unis dans
les années 1990. Une sortie imprimante des Nuits de l’homme sans tête surnage au milieu de ce naufrage. Réa-
lisée à partir d’un scan basse résolution de l’édition de 1974, elle n’a pas de pouvoirs.
Les notes de Ménard sont désorganisées et largement dépourvues d’intérêt, mais elles sont intensément
personnelles, contenant, par exemple, une liste des sévices qu’il a subis avec en regard les numéros de pages
correspondants des Nuits.
• Ménard tâtonnant. Ménard a mené des recherches sérieuses pendant plusieurs années en creusant autour
des thèmes suivants :
• Satanisme et luciférisme au XXe siècle. Il a consulté quelques ouvrages de fond bien documentés et une
paire de thèses d’anthropologie.
• La magie sexuelle, qu’il s’agisse du tantrisme ou du « Sentier de gauche » de l’occultisme européen. Il
s’est notamment intéressé à Aleister Crowley.
• Les disparitions de fugueurs, avec un album de coupures de presse et un exemplaire du livre de Stépha-
nie Simon (p. 137).
• L’image du labyrinthe dans la culture européenne. Deux gros cartons pleins d’ouvrages où il est beaucoup
question, entre autres, de la Crète et de Chartes.
• Les chasses aux sorcières, en particulier celle du Bordelais Pierre de Lancre au pays basque, au début du
XVIIe siècle. L’un des ouvrages renferme une mention à la formule « Convicta & Combusta ».
• Les Nuits de l’Homme sans tête. Il possède un exemplaire en bon état de l’édition de 1902.
• Le nom d’« Adalric », ce qui vous donne une bonne occasion de caser la biographie de ce saint (aide de
jeu 43, voir p. 147).
Les notes qui accompagnent cette masse de documentation sont abondantes et claires, mais elles se com-
posent surtout de synthèses de ses lectures. Il ne s’aventure guère sur le terrain des théories, se contentant de
pointer des convergences, par exemple entre les pratiques décrites dans Les Nuits et les idées d’Aleister Crowley.
L’ensemble dégage une impression de froideur et de détachement qu’un psychologue peut trouver forcé. De son
côté, Ménard explique qu’il s’agit de matériaux en vue d’un livre… et c’est exactement à cela que ça ressemble.
• Ménard compromis. Les sujets abordés sont les mêmes que dans l’option précédente, mais l’optique change.
Au lieu d’être un observateur, Ménard cherche à entrer dans l’arène. Si la magie marche, pourquoi ne pas s’en
servir pour lutter contre les sorciers ? Voire s’en servir tout court ? Ménard a développé plusieurs « rituels » non
sanglants qui ne lui ont pas donné satisfaction. Lorsqu’il lance les encagés à l’assaut du culte, il se préoccupe
davantage de récupérer les connaissances magiques des sectateurs que de protéger de futurs sacrifiés.
Attention, cette option change non seulement le personnage de Ménard, mais aussi le sens de la campagne.
Elle cesse de raconter l’histoire de victimes qui se vengent de leurs bourreaux pour devenir celle d’un aspirant
sorcier qui manipule les victimes d’un culte pour devenir plus puissant. Cette version des Encagés fonctionne
aussi, et même très bien, mais ce n’est plus la même histoire.

dans la plus stricte intimité. Ils ont une petite • Profession : ses parents, riches et influents,
fille de trois ans, Lilia. lui versent une pension suffisante pour
qu’elle vive confortablement. Elle n’est pas
• Résidence : un pavillon cossu dans le oisive pour autant. Elle enseigne le français à
centre de Mérignac, où elle a installé son des Britanniques expatriés dans le Sud-ouest,
bureau. Elle passe souvent ses après-midi à participe à une WebTV locale et tient un blog
chiner dans les brocantes ou à faire du shop- en anglais sur les joies et les horreurs de la
ping à Bordeaux. campagne française.

170
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
• Découverte : Jane est croyante et assiste
régulièrement aux services de la paroisse
anglicane de Bordeaux. Le pasteur s’inquiète
d’ailleurs de ses accès d’exaltation religieuse.
Au mois de février, Jane lui a glissé en confi-
dence qu’elle se sentait « appelée » à « une
mission » très importante.

• Son rôle dans les meurtres : elle se contente


d’être présente ou de servir d’appât.
• Comment la trouver : les enquêteurs la
croiseront peut-être lors de leur entretien ini-
tial avec son mari. Une Bible en anglais figure
dans la bibliothèque du salon des Vannier.
La version française de Louis Segond, relue
à de nombreuses reprises, est posée sur sa
jane eycott-vannier (E5)
table de nuit. Même si l’identification n’est
pas certaine à 100 %, c’est elle qui apparaît • Relevé téléphonique : son relevé télé-
sur les bandes de vidéosurveillance en train phonique constitue l’aide de jeu 48 [2 jours /
de poster les billets. Enfin, Jane est la « petite Charisme / 9 heures], voir p. 179.
Anglaise » que Texier se vante d’avoir séduite
(voir p. 190).

• Par rapport aux autres tueurs : La famille Vannier


personnalité dominante à l’extérieur,
volontaire et énergique, elle se montre très • Lilia a trois ans, des cheveux roux mous-
effacée dans le groupe. Elle s’est mise à la seux et tendance à mélanger le français et
remorque de Pierre. Si elle le désirait, elle l’anglais. Elle est mignonne, vive et très in-
pourrait s’opposer à lui. Elle ne le souhaite telligente. Elle est aussi beaucoup trop petite
pas. Elle est très amoureuse de Thomas. Elle a pour comprendre ce que font ses parents.
longtemps considéré Simon comme un frère, Les nuits des crimes, si Thomas et Jane par-
mais il lui fait de plus en plus peur. Elle n’a ticipent tous les deux, elle est gardée par l’un
jamais accroché avec Sophie.

OPTION : JANE ENCEINTE

Si vous le souhaitez, Jane peut être tombée enceinte début février. Cette grossesse n’était pas planifiée et a
été une source de conflit dans le couple : Thomas ne voulait pas voir naître un enfant dans un monde où le culte
continuait à sévir alors que Jane, fidèle à ses convictions religieuses, rejetait l’idée d’une IVG. Elle a eu gain de
cause. Ses rapports de surveillance parlent donc de visites chez le médecin et la sage-femme, d’échographie, etc.
Déjà hésitante devant la perspective d’une mort héroïque, elle l’est plus encore dans ce cas de figure. De son côté,
Thomas est encore plus déterminé à la sauver lors des scènes finales, et encore plus résolu à démanteler le culte.
Les trois autres encagés n’ont pas conscience de la grossesse de Jane. S’ils l’apprennent, Ménard s’en fiche :
seule la mission compte. Ianski est honnêtement contente pour Jane, en dépit d’un petit arrière-fond de jalou-
sie. Thurston est déjà prêt à tuer pour protéger sa « sœur », la seule différence est qu’il est désormais prêt à tuer
Ménard s’il met Jane en danger.
Si Jane survit, la petite Mélissa naîtra fin octobre.

171 171
REPLAY : COUP DE PIED
(INVOLONTAIRE)DANS LA FOURMILIÈRE
Le lieutenant Josse suspecte Jane d’être l’une des tueuses de Villegouge. Josse téléphone chez les Vannier.
Elle veut parler de Sophie à Jane dans l’espoir de la pousser à contacter Sophie.
Malheureusement pour elle, c’est Thomas Vannier qui décroche. Josse, contrainte d’improviser, tente de se
SECTION 6

faire passer pour Sophie Ianski et se décrit comme « une amie de Jane ». Elle ignore que Thomas connaît très
bien Sophie.
La conversation terminée, Thomas prévient Jane via leur téléphone prépayé : elle est grillée. Jane quitte pré-
cipitamment ses cours de français et ne revient plus à la maison. Les enquêteurs se rendent à son travail pour
lui parler, apprennent qu’elle n’est plus là, et comprennent que Thomas est également dans le coup. Quand
Josse revient chez les Vannier, ils ne sont plus là. Se disant que des parents n’abandonneraient pas leur fille,
les enquêteurs se rendent à la crèche, où ils rencontrent Parvati Dixon (voir p. 218).
Les Vannier s’installent à Jordis, où les trois autres encagés ne tardent pas à les rejoindre…

des autres encagés. Seule exception : elle est clarations d’impôts, son cabinet n’est pas par-
restée seule lors de la tuerie de Villegouge. ticulièrement prospère. Son train de vie dé-
Ses parents lui ont donné un léger somnifère pend de sa femme.
et elle a dormi comme une souche toute la • Découverte : l’argent dont il avait besoin
nuit. Elle était « patraque » le lendemain. Cela pour démarrer a été fourni par Jane Eycott en
se reproduira lors de l’assassinat des Texier, 2004… deux ans avant la date officielle de leur
p. 189. Les complications logistiques liées à la rencontre.
scène finale sont envisagées p. 218.
• Son rôle dans les meurtres : il a tué, sans
plaisir mais sans remords.

Thomas Vannier • Comment le trouver : par le 7,65 mm.


Vannier a signalé un cambriolage, fourni la
Crédule, subjugué, protecteur liste des objets dérobés à la police et à son as-
surance. Tout à l’air en ordre.
34 ans, 1,78 m, 75 kg, brun aux tempes gri-
sonnantes, costaud, traits anguleux, barbe de
trois jours, voix douce et apaisante.
• CV : enfant de la DDASS, placé dans une
famille d’agriculteurs de la région, il a en-
chaîné les fugues à partir de ses 13 ans. Il a
vécu dans la rue pendant plusieurs années,
sans faire parler de lui. Il se range au début
de la vingtaine, se découvre un don pour les
médecines parallèles et ouvre un cabinet de
magnétiseur à l’aide de fonds d’origine incon-
nue. Vannier est un papa poule hyperprotec-
teur, au point d’agacer les puéricultrices de la
crèche de Lilia.

• Résidence : avec Jane. Thomas passe ses


journées à son cabinet, installé dans une ar-
rière-cour, à un quart d’heure à pied de chez lui.
Sa routine comprend aussi un jogging matinal.
thomas vannier (C5)
• Profession : magnétiseur. D’après ses dé-

172
LE MÉTIER DE THOMAS
En d’autres temps, Thomas aurait été « coupeur de feu » ou « guérisseur ». Au XXIe siècle, l’Urssaf le définit
comme un « magnétiseur », une profession qui « intervient en complément des professionnels de santé, en
rétablissant l’harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme grâce à la transmission d’un fluide éthérique ». En 2004,
il a obtenu un diplôme de l’Institut Français des Thérapies Alternatives, un organisme tout à fait réel, mais non
reconnu par l’État.
Thomas accepte tous les patients, mais sa spécialité est la gestion de la douleur – il a découvert son talent
dans les cages du culte, après tout. Il s’est construit un petit réseau parmi les infirmières des cliniques et des
hôpitaux bordelais, qui lui adressent des patients. Il s’agit en général de gens qui se relèvent difficilement de
lourdes interventions chirurgicales ou traversent une chimiothérapie. Thomas les accueille dans un environne-
ment agréable, les écoute, les apaise, puis leur impose les mains… et la douleur régresse assez souvent pour
qu’il arrive à en vivre.

• Par rapport aux autres tueurs : Thomas


croit à la magie, aux OVNIs, à la réincarnation…
à tout, sauf en Dieu. Il croit surtout en Pierre,
son meilleur ami, son confident et son point
d’ancrage. Il aime Jane, mais la passion des
premiers temps s’est atténuée. Il est heureux
qu’ils aient tous les deux foi en Pierre, cela
leur crée un nouveau lien. Thomas voit Simon
comme un dégénéré, une arme et pas grand-
chose de plus. Les événements l’ont rapproché
de Sophie, qu’il commence à considérer d’un
œil un peu plus qu’amical, sans se l’avouer.
• Relevé téléphonique : son relevé télé-
phonique constitue l’aide de jeu 49 [2 jours /
Charisme / 8 heures], voir p. 180.

simon thurston (D3)


Simon Thurston était passé sur le Continent. Zonard à Londres,
Amoral, brutal, fidèle vagabond vivant de petits boulots, il est mis en
cause dans des affaires de viol en 2001, 2003
35 ans, 1,80 m, 90 kg, brun, massif, mal rasé, et 2005. Toutes se sont terminées par des non-
boucles d’oreilles, tatouages tribaux et pier- lieux. Simon est entré en France tout à fait lé-
cings, généralement vêtu de survêtements galement par Cherbourg, le 17 février 2013.
informes ou de jeans usés jusqu’à la trame,
maîtrise mal le français (sauf les grossièretés). • Résidence : inconnue.

• Découverte : lors de chacune de ses inter-


• CV : né à Leeds, en Angleterre, d’une mère pellations pour viol, charges et témoignages
célibataire, droguée et prostituée, il a grandi laissaient présager de condamnations, mais
en foyer à partir de l’âge de huit ans. Premières à chaque fois, un avocat beaucoup trop cher
fugues à 11 ans. Il traverse une adolescence pour lui est parvenu à l’en tirer en jouant sur
chaotique, avec de vagues études de méca- la procédure, en semant le doute sur les vic-
nique. La police française le ramasse à deux times, etc. Me Matthew Eagle, barrister, était
reprises, à Calais en septembre 1992 et à Bor- payé par Jane Eycott sur les fonds de sa famille.
deaux en août 1993. On ignore comment il

173 173
• Son rôle dans les meurtres : Simon a en-
dossé avec enthousiasme le rôle de l’exécuteur.
Il déploie une violence terrifiante, née de la co-
lère qu’il ressent encore vingt ans après sa cap-
tivité. Il est indifférent aux dégâts collatéraux.
SECTION 6

• Comment le trouver : Simon ne reste ja-


mais plus de quarante-huit heures au même
endroit. Il a les moyens de dormir dans des
hôtels bas de gamme en ville, mais il opte
plus volontiers pour un coin de forêt, un
abri de chasseurs ou simplement un champ.
Reste qu’un routard anglais qui parle très mal
français, ça ne passe pas inaperçu. Pour un
sans-abri, Simon possède deux choses inha-
bituelles : quelques centaines d’euros (don
de Jane) et un téléphone prépayé, dont les sophie ianski (F1)
autres se servent pour le joindre.
joindre, et tout à fait coopératifs. Ils racontent
• Par rapport aux autres tueurs : Pierre est que Sophie a fugué en novembre 1992, à l’âge
son mentor, la figure paternelle qu’il n’a jamais de quinze ans. Rentrée au bercail huit mois plus
eue. Leur relation a un arrière-plan sexuel ina- tard, elle a repris le cours de sa vie sans bruit,
voué. Jane est sa « frangine », qu’il a protégée presque comme si rien ne s’était passé. Elle s’est
quand ils étaient en cage, puis quand elle fai- enrôlée dans l’armée le jour de ses dix-huit ans,
sait les quatre cents coups à Londres. Il est ou- a servi pendant dix ans au bureau du personnel
vertement jaloux de Thomas, et a juré lui cou- d’une base militaire de l’est de la France avant
per les couilles s’il faisait du mal à Jane. Quant de démissionner avec le grade de sergent. Elle
à Sophie, elle l’énerve. Ce n’est pas normal s’est mariée en 2002 avec Christophe Chap-
qu’une gonzesse soit plus forte que lui ! pert, un ancien collègue, mais leur union s’est
soldée par un divorce en 2004. Depuis, Sophie
enchaîne les petits boulots dans la sécurité. Le
Sophie Ianski dernier en date concernait le centre commer-
cial du Lac, au nord de Bordeaux. Elle ne s’est
Pragmatique, lucide, terrifiée pas présentée à son travail depuis le 2 mai.
36 ans, 1,70 m, 65 kg, cheveux bruns, yeux • Résidence : un studio miteux pas loin de
noisette, traits tirés et expression lasse, privilé- son travail.
gie les vêtements fonctionnels, sans fantaisie.
• Découverte : avec un test de Torche, les en-
• CV : Sophie est née à Roubaix dans une quêteurs découvrent que le sergent-chef Chap-
famille de mineurs. Ses parents sont faciles à pert, son ex-mari, vit maintenant à Angers. Un
test de Bagou permet d’obtenir de lui quelques

THURSTON, JOKER

Là où ses quatre associés sont des individus insérés dans la société, faciles à surveiller et à appréhender,
Thurston est un marginal presque invisible.
S’il se retrouve seul, il hausse les épaules et continue. Les meurtres suivants seront perpétrés par une seule
personne plutôt que par un groupe. Thurston compense l’absence de complices par une surenchère dans la
violence. Il est assez rusé pour ne pas se laisser voir sur le moment. En revanche, il sème empreintes et ADN
sans souci de l’avenir.

174
LE CULTE ET SES ADVERSAIRES
racontent toute son histoire, enlèvement, viols
et séquestration, sans oublier l’insoutenable sa-
crifice de Rachel, sa voisine de cage, « juste avant
que ça ne s’arrête ». Le psychiatre y a vu des fan-
tasmes destinés à masquer une réalité moins ef-
froyable et plus sordide.

• Son rôle dans les meurtres : lors des pre-


miers meurtres, Sophie a repéré les lieux. Elle
tuera bientôt.

• Comment la trouver : par les menottes.

• Par rapport aux autres tueurs : Sophie


est la plus terre à terre du groupe et la plus
consciente du danger que pose la police. Elle
christophe chappert (A8) a cru en Pierre, mais le déroulement des tue-
ries est en train de la dégriser. Elle apprécie
informations. L’homme décrit une femme trau- Thomas. Jane l’a toujours laissée froide – une
matisée, hantée de cauchemars, qui faisait des gosse de riche qui joue à être dure. Quant à
efforts surhumains pour être normale. Il regrette Simon, elle a dû le « remettre à sa place » bru-
encore de ne pas avoir été à la hauteur de ses talement à une ou deux reprises. Depuis, il est
besoins. Il mentionne que Sophie a été suivie correct. Mais c’est un malade.
pendant des années par des psychologues et
des psychiatres, d’abord dans le civil, puis pen-
dant ses années d’armée. Avec un test de Torche • Relevé téléphonique : son relevé télépho-
les enquêteurs peuvent également accéder aux nique constitue l’aide de jeu 50 [1 jour / Cha-
dossiers du Dr Lévy, de Roubaix, qui s’est occu- risme / 6 heures], voir p. 177.
pée de Sophie juste après sa fugue. Ces dossiers

LE MÉDAILLON DE SOPHIE
Sophie ne se sépare jamais d’un médaillon bon marché contenant une mèche de cheveux bruns. Ses parents se
souviennent vaguement qu’elle l’a acheté après sa fugue, et Chappert le lui a toujours connu.
Incarcérée, Sophie souffre visiblement d’en être privée, mais elle comprend tout à fait qu’elle ne peut pas le conserver
en cellule. Si les enquêteurs essayent de s’en servir pour la manipuler, elle les classe à la rubrique « salauds » et se ferme.
Si l’IRCGN examine les cheveux (aide de jeu 51 [5 semaines / Intelligence / 3 semaines], voir p. 181), ses conclu-
sions se résument à « coupés il y a une vingtaine d’années sur une jeune femme ». Elles sont accompagnées d’un
profil ADN… qui correspond à une entrée du FNAEG, une certaine Rachel Gardet (présentée p. 176). Tout juste
sortie de sa cage, Sophie a prélevé une mèche de cheveux sur son cadavre, « pour ne jamais l’oublier ».

REPLAY : « VOS INITIALES


SONT BIEN CC ? »
Lors des tests, les enquêteurs se sont intéressés aux proches de Sophie Ianski et ont retrouvé son ex-mari, Chris-
tophe Chappert. Malheureusement pour ce dernier, ses initiales coïncident avec les « CC » laissés par les tueurs.
Les personnages l’ont interrogé longuement, sans parvenir à comprendre comment et pourquoi il était impliqué
– et pour cause, c’est un pur hasard. En revanche, les informations de Chappert sur les problèmes psychologiques
de son ex-femme conduisent les gendarmes à se focaliser sur elle, et les mettent sur la piste de la vengeance d’an-
ciennes victimes… de qui ou de quoi, au juste ?

175 175
d’impact sur Pierre, très autocentré, et sur Si-
La sixième encagée mon, arrêté par la barrière de la langue. Elle
est morte, égorgée par Sutton au moment où
Rachel Gardet a quitté son domicile d’Avi- le groupe de Lombardi faisait irruption dans
gnon le 18 mars 1992. Âgée de seize ans, elle la cave aux sacrifices. Ses amis l’ont enterrée
voulait rejoindre sa marraine, qui vivait à Bor- à Jordis et visitent encore sa tombe (p. 218).
deaux, pour échapper à un climat familial pe-
SECTION 6

sant. Quelques jours plus tard, elle est mon- Sa disparition a ressoudé les parents de Ra-
tée dans la mauvaise voiture, et est tombée chel, un couple de profs à la retraite, qui conti-
entre les mains du culte. nuent à croire qu’elle est peut-être encore en
vie quelque part. Ils lui ont consacré un site
Elle a partagé la captivité des encagés et, Internet, ont gardé sa chambre en l’état, et
pendant des semaines, elle s’est efforcée de ont même fait quelques apparitions à la télé-
soutenir leur moral. Son abnégation a pro- vision dans des talk-shows. C’est grâce à eux
fondément marqué Sophie. Jane et Thomas que la gendarmerie a pu verser son profil ADN
aussi pensent souvent à elle. Elle a eu moins au FNAEG.

Les encagés sur


les réseaux sociaux
Il serait étonnant que les enquêteurs ne s’in-
téressent pas à l’activité Internet de leurs sus-
pects. Dans l’ensemble, ils utilisent moins ces
nouveaux médias que la moyenne des gens de
leur âge.
• Pierre Ménard possède un compte LinkedIn et
une page Facebook où il poste régulièrement
de petits messages sur les pièges et les joies
du métier de traducteur.

rachel gardet (G7) • Thomas Vannier a une page Facebook


peu active, où il répercute des messages ve-

OPTION : UNE AIDE


VENUE DE L’AU-DELÀ
Il est possible que Rachel Gardet continue à aider ses amis par-delà la mort. Dans ce cas, son fantôme les in-
forme en rêve sur les menaces qui planent sur eux – le culte au premier chef, mais aussi la police. Grâce à elle,
les encagés ont le chic pour prendre le large juste avant leur arrestation, esquiver les barrages, etc.
Du point de vue de la narration, l’ajout d’un élément surnaturel dans le camp des encagés leur donne une lon-
gueur d’avance, des informations qu’ils ne pourraient pas « raisonnablement » avoir, etc. Elle a l’inconvénient
de diluer le propos de la campagne : une vengeance purement humaine. À vous de peser le pour et le contre
selon votre style de jeu.
Si vous vous engagez dans cette voie, je vous conseille de laisser planer le doute. Sophie « parle » à Rachel,
soit, mais s’agit-il d’une vraie conversation avec une morte, ou juste du monologue intérieur de Sophie ? Si vous
voulez faire pencher la balance, vous pouvez ajouter des éléments de plus en plus difficiles à expliquer ration-
nellement, comme les dessins que Lilia fait d’une femme aux cheveux noirs qu’elle présente comme « tatie
Rachel »…
Quoi qu’il en soit, enterrer ses ossements dans la concession familiale, à Avignon, fait disparaître son fantôme.

176
nus d’un peu partout sur le magnétisme, mais
aussi le paranormal en général. Il s’abstient
de les commenter, et ils n’ont rien de déran-
geant. En janvier, il a aussi republié l’annonce
de la marche blanche pour Mélissa Laplace,
comme des dizaines de milliers d’autres per-
sonnes. Il possède aussi un site profession-
nel : une page basique qui présente ses activi-
tés et donne ses coordonnées.

• En plus de son blog, plutôt amusant à lire,


Jane Eycott-Vannier gère la page Facebook de
la famille. Elle est crucifiante d’ennui, à moins
d’aimer les photos de la petite Lilia ou de se
passionner pour les activités de sa paroisse.
• Sophie Ianski a une page Facebook
sur laquelle elle n’a pas posté depuis sep-
tembre 2012. Elle n’était guère suivie que par
son ex-mari et une poignée d’amis du temps
où elle était militaire. Elle y posait surtout des
photos de paysages tropicaux qu’elle aurait
aimé voir en vrai.
• Simon Thurston n’a aucune présence sur
Internet.

aide de jeu 50

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aide de jeu 47

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section 7
les encagés

182
LES MEURTRES
REPRENNENT

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Cette section regroupe des « relances » destinées à éviter que le scénario se perde dans une
orgie de collecte d’informations puisées dans les chapitres précédents. Ces événements se pro-
duisent lorsque cela vous arrange. Les dates proposées ne sont qu’indicatives. Ajustez-les en
fonction des faits et gestes des enquêteurs. Si ces derniers se lancent dans de grands projets,
comme l’analyse des disparitions de fugueurs sur vingt ans ou la reconstitution du culte de Sut-
ton, ils peuvent attendre jusqu’à ce que l’ennui s’installe. En revanche, si nos héros ignorent
SECTION 7

l’arrière-plan et restent concentrés sur l’essentiel, ces nouveaux éléments vous seront utiles très
rapidement.

ACTIONS : EXÉCUTIONS ET LIBÉRATION


Cette section détaille la liquidation des trois • Victime : Marie Ulbrich était la
derniers membres du culte connus des enca- propriétaire d’une agence immobilière à
gés. Au passage, ils libèrent aussi deux sacri- Bègles, dans la banlieue sud de Bordeaux.
fiés potentiels. Âgée de 49 ans, elle avait deux employés qui
ne l’aimaient pas trop. Célibataire, elle vivait
seule, mais « profitait de la vie », pour citer
La mort de Marie Ulbrich ses amis, admiratifs ou dubitatifs. Inscrite à
de nombreux sites de rencontres, elle aimait
• Date : mardi 21 mai. dominer ses partenaires. Sa seule relation
durable était un certain Sébastien Texier,
• Intervention : la femme de ménage, qui a qu’elle connaissait depuis de longues années
les clés, trouve le corps de Marie Ulbrich en et avec qui elle passait quelques semaines, de
arrivant, mardi à 9 h 30. Elle appelle le 17 à temps en temps. Ses relevés téléphoniques
9 h 34. La police est sur place à 9 h 45. Les (aide de jeu 52 [2 jours / Charisme / 5 heures],
enquêteurs seront prévenus vers 10 h 10. Les voir p. 191) montrent des relations avec plu-
complications administratives liées à l’affaire sieurs membres du culte.
sont présentées au paragraphe Guerre des • Dégâts collatéraux : aucun.
polices ?, p. 190.
• Lieu : Marie a travaillé à son agence jusque
vers 20 h 30. Ses agresseurs l’attendaient à la
porte de sa villa de Bègles. Le crime a eu lieu
à l’intérieur, dans le garage, insonorisé et par-
tiellement aménagé en « donjon » SM.
• Autopsie : Marie Ulbrich a été torturée
pendant près d’une heure. Elle n’aurait sans
doute pas survécu, même si elle n’avait pas
été achevée. Le coup de grâce a été donné
vers 23 heures avec le 7,65 mm qui a servi
pendant la première tuerie (aide de jeu 17 [15
jours / Intelligence / 10 jours], voir p. 107).
L’autopsie constitue l’aide de jeu 53 [4 jours /
Charisme / 3 jours], voir p. 192.
• Police scientifique : les assassins étaient au
moins deux. La villa a été fouillée par quelqu’un
marie ulbrich (I2) qui portait des gants en nylon renforcé (aide

184
LES MEURTRES REPRENNENT
de jeu 54 [2 semaines et 1 jour / Intelligence / Ulbrich, bien trop tôt au goût de Simon.
1 semaine et 4 jours], voir p. 193) et n’a fait
aucun effort pour camoufler la fouille : tiroirs • Les Nuits de l’homme sans tête. Marie
ouverts, papiers répandus au sol, etc. L’or- Ulbrich possédait une petite collection d’ou-
dinateur portable de Mlle Ulbrich a disparu. vrages érotiques, dont quelques éditions
L’habituel « CC » a été tracé au sang sur le de valeur de Sade… et surtout Les Nuits de
front de la victime. Il y a eu une tentative l’homme sans tête, dont le sens ésotérique
d’incendie, comme chez les Delmin, mais elle lui a toujours échappé. Tous ces livres étaient
n’était pas très aboutie : même s’ils avaient conservés dans sa chambre. Lors de la fouille,
entièrement brûlé, les deux livres qui ont été Sophie découvre l’exemplaire des Nuits. Ce
utilisés pour démarrer le feu dans le garage livre a joué un grand rôle dans les tortures
n’étaient pas placés de manière à déclencher que le culte lui a infligé pendant sa captivité.
un incendie. Après le meurtre d’Ulbrich, elle jette les deux
volumes près du corps et y met le feu. Après
• Déroulement : Simon Thurston s’est chargé son départ, le livre s’éteint tout seul et attend
d’interroger Ulbrich pendant que Sophie fouil- sagement que les enquêteurs le trouvent
lait la maison. Ayant pris l’ordinateur et Les (aide de jeu 55, voir ci-dessous). L’ouvrage,
Nuits de l’homme sans tête, elle revient au ga- et ce que les enquêteurs peuvent en tirer, est
rage. Écœurée par ce qu’elle voit, elle achève décrit plus en détail à partir de la p. 161.

aide de jeu 55

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REPLAY : UN POINT DE BASCULE
La mort de Marie Ulbrich a modifié la manière dont les enquêteurs percevaient les tueurs. Torturée, puis
achevée… le capitaine Tellier a supposé que l’un des tueurs était déterminé, sans pour autant être un boucher,
une hypothèse confortée par la manière dont s’était déroulée la tuerie initiale. C’est à ce moment qu’un début
d’empathie a commencé à s’installer pour Sophie Ianski, même si à ce moment-là, les gendarmes ignoraient
SECTION 7

qu’il s’agissait d’elle.

OPTION : UNE BAGARRE


Simon Thurston et Sophie Ianski quittent la villa d’Ulbrich vers 23 heures, mais Simon refuse de rentrer sur
Bordeaux avec Sophie comme prévu. Il préfère rester à Bègles, pour « prendre l’air ».
À 23 h 20, il arrive à la station de tramway voisine, le terminus de la ligne C. Il y croise Peter Maes, un étu-
diant néerlandais qui rentre chez lui. Il le suit, et dès qu’ils se retrouvent dans une rue isolée et mal éclairée,
il l’aborde. La demande d’une cigarette dégénère en agression. Peter se défend comme il peut, mais se fait
brutalement tabasser. Il dira plus tard que l’autre lui a délibérément cherché querelle.
À 23 h 32, Simon disparaît dans la nuit. Plusieurs voisins appellent le SAMU. L’un d’eux descend pour tenir
compagnie au blessé. Il s’appelle Jean Vinquant, un comptable sans emploi d’une trentaine d’années. Il n’a rien
vu de particulier, mais c’est un très mauvais témoin qui cherche à faire plaisir aux policiers en allant dans leur
sens, quel qu’il soit.
À 23 h 41, Peter est pris en charge par une ambulance, puis par
les urgences du CHU Pellegrin.
À 1 h 30, ses blessures sont constatées à l’unité médico-légale
du CHU. Il s’en sort avec une collection de fractures aux côtes et
au poignet droit, un traumatisme crânien et des plaies au visage,
soit quinze jours d’ITT. Sa plainte constitue l’aide de jeu 57, voir
p. 195.
La concomitance du meurtre d’Ulbrich et de cet incident éveil-
lera peut-être l’attention des enquêteurs. L’agresseur est-il l’assas-
sin ? Peter a réussi à lui porter quelques coups, et l’homme a sai-
gné. Son ADN n’apparaît pas dans les bases de données françaises,
mais il est fiché par la police britannique. Il s’agit d’un certain Si-
mon Thurston. Les forces de l’ordre ont un nom et une photo, la
chasse à l’homme peut commencer. Elle aura lieu avec ou sans les
enquêteurs, mais elle sera menée beaucoup plus énergiquement
si Simon est soupçonné d’avoir participé à une demi-douzaine de
meurtres. peter maes (H5)

• La voiture bleue réapparaît : Luc Nguyen, celui où travaillait Sophie, dans une zone non
un voisin qui sortait ses poubelles, a vu une couverte par les caméras de sécurité (voir en-
Peugeot bleu marine garée devant chez cadré Un vol de voiture p. 112).
Marie Ulbrich vers 20 h 15. C’est celle que • La piste immobilière : un examen des
Mme Soares, la voisine des Bazas, avait vue transactions de l’agence immobilière (aide
sans arriver à la décrire précisément (p. 94). de jeu 56 [7 jours / Intelligence / 1 jour], voir
Une 207 de cette couleur a été volée le 2 mai p. 194) permet d’apprendre que c’est Marie
sur le parking du centre commercial du Lac, Ulbrich qui avait vendu leur maison aux Bazas
(au prix du marché et sans rien de bizarre dans

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LES MEURTRES REPRENNENT
la transaction). Plus intéressant, elle s’occupe de boulot. Tous deux sont nés en région pari-
de deux biens appartenant à CVS Investment. sienne et n’ont que de petits délits à leur actif,
La première, près du village de Madirac, est de petites histoires de drogue et des contra-
louée pour pas cher à un certain Guillaume ventions. Lors du premier entretien avec les
Brunet. C’est là que sont détenus les futurs enquêteurs, ils sont très préoccupés par le
sacrifiés (voir Le commando des libérateurs, sort de Lady, leur chienne amstaff.
ci-dessous). La seconde, près du hameau de
Jordis, est une ruine où le culte se réunissait
au début des années 1990. Elle n’a jamais
été mise en vente ou en location. Les enca-
gés, qui ont d’excellentes raisons de connaître
son existence, l’ont convertie en planque, voir
p. 214.

Le commando des libérateurs


• Date : la nuit suivant la mort de Marie
Ulbrich (le 22 mai par défaut).

• Événement : deux jeunes gens nus et hé-


bétés sont ramassés par la gendarmerie sur
une route départementale du côté de Mar-
mande, dans le département voisin du Lot-
et-Garonne. Ils erraient, en état de choc, au
nadia bordes (F3)
milieu de la chaussée. Il faudra vingt-quatre
heures pour qu’ils soient en état de témoi- • Leur histoire : leur camion est tombé en
gner, mais ce qu’ils ont à dire vaut le coup panne sur une route de campagne le soir du
d’attendre. 22 avril. Ils ont été pris en stop par un type
• Protagonistes : Mehdi Lharbi (22 ans) et grisonnant, élégant et sympa, qui leur a pro-
Nadia Bordes (21 ans) sont un couple de gen- posé de passer la nuit chez lui. C’était dans un
tils routards, vaguement travailleurs saison- bled qui s’appelait Targon, mais ils ne pour-
niers et un peu clochards quand il n’y a pas raient pas retrouver la maison, il faisait nuit.
Ils ont dormi comme des souches, et lorsqu’ils
se sont réveillés, ils étaient enfermés dans des
cages, nus, dans « un genre de grange ». Un
gardien masqué venait leur jeter de la nourri-
ture. Droguée, sans doute, parce que le reste
de l’histoire est confus. Il y a eu des visites,
Nadia a été battue et violée, ils revoient un
homme aux yeux verts, d’un vert… et puis,
une nuit, il y a eu des coups de feu. Deux
types cagoulés les ont fait sortir. « On a cru
que c’était le GIGN, un truc comme ça, vous
voyez ». Ils ont roulé un moment à l’arrière
d’une camionnette, jusqu’à ce que leurs libé-
rateurs leur ordonnent de descendre.

• Corroboration : leur camion a été signa-


lé à la brigade routière le 23 avril, et embar-
qué par la fourrière le soir même. À part un
mehdi larbi (F2) stock d’herbe qui justifie tout juste que les

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187
gendarmes leur fassent les gros yeux, il ne et appelle les gendarmes. Si les enquêteurs
contient rien de compromettant. demandent les relevés téléphoniques, ils ob-
tiennent l’aide de jeu 58 [2 jours / Charisme /
• L’implication des encagés : l’opération 4 heures], voir p. 196.
a été conduite par Pierre et Simon. L’Anglais
s’est chargé de voler la camionnette sur un • Assassins : Pierre Ménard et Simon Thrus-
parking des Aubiers, un quartier « difficile » ton. C’est Pierre qui tue Brunet.
SECTION 7

de l’agglomération bordelaise. Une fois l’opé-


• Dégâts collatéraux : aucun.
ration terminée, il la ramène à sa place et y
met le feu, effaçant la plupart des traces mé- • Lieu : Brunet gît devant une grange où se
dico-légales… et surtout, déguisant le vol en trouvent quatre grandes cages toutes neuves.
un banal acte de vandalisme. Le propriétaire Deux d’entre elles ont été utilisées récemment.
dépose une main courante et prévient son as-
surance. Dans la mesure où c’est la seule ca- • Autopsie : il a été abattu par un tir de fusil
mionnette brûlée cette nuit-là, il est possible de chasse. Les munitions utilisées, des balles
que des enquêteurs vigilants en entendent Brenneke Magnum, sont conçues pour stop-
parler. Si vous souhaitez enfoncer le clou, il per net la charge d’un sanglier. Brunet en a
est possible qu’une empreinte de Thurston reçu deux en pleine poitrine, presque à bout
échappe aux flammes. portant. La mort a été instantanée. Ces infor-
• Qu’en tirer : le sang de Lharbi et Bordes mations constituent l’aide de jeu 59 [5 jours /
contient des quantités appréciables de tran- Respect / 4 jours], voir p. 197 et l’aide de
quillisants, un mélange calculé pour les as- jeu 60 [15 jours / Intelligence / 9 jours], voir
sommer. Ce genre de chose ne se trouve pas p. 198.
dans le commerce. Targon a un médecin, le
docteur Lormier, que Mehdi et Nadia iden-
tifient sans hésiter comme le « bon Samari-
tain » qui les a pris en stop.

La mort de Guillaume Brunet


• Date : celle de la libération de Lharbi et
Bordes.

• Victime : Guillaume Brunet est le gérant


du tabac du village voisin de Madirac. Âgé
de cinquante ans, il vivait là depuis 1995. Les
gens du coin le trouvaient « un peu ours »,
mais il était plutôt apprécié. Si les enquêteurs
ne trouvent pas la ferme, un client décide
de rendre visite à Brunet, découvre le corps guillaume brunet (I5)

À LA RECHERCHE DE LA PRISON
Si les enquêteurs ont raté la piste immobilière (p. 186), ils ont une chance de se rattraper. En partant de Tar-
gon, il est tout à fait possible de décrire des cercles à bord d’un véhicule de la gendarmerie en compagnie de
Nadia et Mehdi, jusqu’à ce qu’ils repèrent la ferme où ils ont été séquestrés. Ils ne l’ont vue que quelques se-
condes au moment de leur libération, mais le cadavre qui gît devant la grange-prison vaut toutes les enseignes.
La découverte du corps de Brunet peut y conduire les personnages encore plus simplement.

188
OPTIONS : LE SORT DE LADY
• Lady morte. Par défaut, la vieille amstaff de Lharbi et Bordes repose dans une tombe peu profonde, un peu
à l’écart de la ferme de Brunet. Elle a été tuée d’un coup de fusil par Brunet dès le 23 avril.
• Lady adoptée. Si vous aimez les bêtes, Brunet a pu se prendre de sympathie pour elle et la garder. Les gen-
darmes la trouvent enfermée dans le bâtiment principal de la ferme. Elle est ravie de retrouver ses maîtres, vous
offrant un événement positif dans la noirceur de ce scénario…
• Lady retournée. Elle est avec Sutton au Clos des Fleurs. Son nouveau maître l’a brisée et reconstruite pour
en faire un chien d’attaque, mais son conditionnement n’est peut-être pas parfait… et même s’il l’est, Lady reste
une chienne de neuf ans avec de l’arthrite aux hanches. Elle ne survivra probablement pas au siège.

• Police scientifique : les traces de pneus


correspondent à la camionnette incendiée
aux Aubiers. Brunet était armé, lui aussi : un
couteau de chasse a été retrouvé près du
corps. À en juger d’après sa position, il était
en train de courir vers son assassin quand il
a été abattu. Le tueur a ramassé ses douilles.
Enfin, l’une des cages contient des traces ADN
appartenant à Mélissa Laplace (aide de jeu 61
[8 semaines / Intelligence / 5 semaines], voir
p. 194).

• Sur les lieux : un « CC » a été bombé à la


peinture devant les cages ouvertes. La ferme
proprement dite est la bauge d’un célibataire
alcoolique. Les enquêteurs trouvent une cin-
quième cage en cours de montage dans une
sébastien texier (H1)
dépendance.

La mort de Sébastien
et Louise Texier
• Date : quelques jours après celle d’Ul-
brich, par défaut le samedi 25 mai.

• Assassins : Jane sert d’appât, Thomas et


Simon se chargent de la suite. Voir Qui tue
qui ?, p. 55.
• Victimes : Sébastien Texier était un père
divorcé, âgé de 43 ans. Agent d’assurances, il
était fiché pour une paire d’excès de vitesse. louise texier (H2)
Louise, 8 ans, était sa fille.
• Dégâts collatéraux : Louise n’aurait pas dû • Lieu : un trois-pièces tristouille dans une
être là, Aurélie Martin, sa mère, avait modifié résidence grisâtre à la périphérie de Bor-
le plan de garde. deaux. Sébastien est retrouvé dans le local

189 189
des poubelles, au sous-sol, Louise dans l’ap- jeu 63 [2 jours / Charisme / 8 heures], voir p.
partement. 200) montre des liens avec Marie Ulbrich et
d’autres membres du culte.
• Autopsie : il y a eu lutte dans l’entrée de
l’appartement. Louise s’est réveillée, a tenté • « CC » : les lettres « CC » ont été brûlées
d’intervenir, et a pris un méchant coup à la sur le mur du local poubelle, par le même cha-
tête. Le légiste pense, sans pouvoir le prouver, lumeau qui a servi sur M. Texier.
SECTION 7

qu’il a été donné avec la crosse du 7,65 mm.


• Les sacs-poubelles : un rouleau entamé de
Elle a perdu connaissance. Son assassin l’a re-
sacs-poubelles de 150 litres, du modèle utilisé
couchée et bordée. Elle est morte une heure
pour emballer le corps de Mélissa Laplace, se
après d’une hémorragie cérébrale, sans avoir
trouve sous l’évier de l’appartement. Au quo-
repris connaissance. Son père a été conduit
tidien, Texier utilisait des 50 litres…
dans la cave, où il a été tabassé et torturé, sans
doute avec un petit chalumeau à gaz. L’autop- • Les traces de pneus : la Renault de
sie des deux corps constitue l’aide de jeu 62 [5 Texier attend bien sagement dans le garage
jours / Charisme / 3 jours], voir p. 199. souterrain de la résidence qu’on s’intéresse à
elle. Ses pneus correspondent exactement aux
• Témoins : la résidence n’a pas d’inter- empreintes laissées par l’assassin de Mélissa
phone. Texier a probablement ouvert à son Laplace près du lac Bleu. En dépit d’un nettoyage
assassin. Les voisins ont entendu un brou- poussé, d’infimes traces du sang de la jeune fille
haha confus vers minuit, sans s’en inquiéter. subsistent dans le coffre. L’analyse de ce sang
• Pistes à suivre : Texier était une figure bien constitue l’aide de jeu 64 [6 semaines / Intelli-
connue des milieux libertins de Bordeaux. Sa gence / 3 semaines], voir p. 201.
passion de l’échangisme était d’ailleurs la prin-
cipale raison de son divorce. Il ramenait sou- • La mort d’une innocente : le sort de Louise
vent des amis des deux sexes à la maison. Un pèsera très lourdement sur la conscience de
de ses potes se souvient qu’il se vantait d’avoir Thomas. Cela peut être un élément utile pour
dragué une « petite Anglaise super-chaude » l’amener à craquer ou à renoncer. Elle influe
qu’il comptait ajouter très bientôt à son également sur l’attitude de Dozier, s’il l’ap-
palmarès. Son relevé téléphonique (aide de prend. Dans ce cas, il renonce à toute tenta-
tive de contact avec les encagés.

OPTION : GUERRE DES POLICES ?


Les investigations sur la mort d’Ulbrich et des Texier se déroulent en « zone police », et dépendent du SRPJ
de Bordeaux. En pratique, cela veut dire qu’une autre équipe d’enquêteurs appartenant à la Police Judiciaire
devrait se mettre sur l’affaire. Vous pouvez gérer cela de trois manières différentes :
• Solution pratique. Gendarmes ou pas, les enquêteurs sont aussi des officiers de police judiciaire (OPJ).
Grâce à l’excellente coopération existant entre la police et la gendarmerie, ils peuvent travailler à Bordeaux
sans problème, le SRPJ restant à l’arrière-plan.
• Solution bureaucratique. Le juge Lopez obtient que ce nouveau crime de « CC » soit joint aux autres à son
niveau, mais ce sont des policiers qui enquêtent. Elle transmet leurs rapports aux enquêteurs (et vice versa,
bien sûr). Les gendarmes peuvent se rendre sur les scènes de crime et mener des interrogatoires en compagnie
des collègues. Tout cela génère des délais et des tensions, mais reste supportable.
• Solution pénible. Le juge Lopez gère l’affaire, mais elle est confiée à des policiers peu coopératifs et dési-
reux de tirer la couverture à eux. Les remontées d’information sont minimales et accompagnées de fréquentes
demandes de renvoi d’ascenseur. Travailler avec les Anglais s’avère plus simple qu’avec le SRPJ.
• Capitaine Roland Miremont, SRPJ de Bordeaux. La cinquantaine, plus grand que la moyenne, légèrement
voûté, long visage avec un menton proéminent. Yeux et cheveux très noirs. Miremont est un enquêteur expé-
rimenté, tenace et minutieux. En revanche, il manque d’imagination. Il peut être un allié ou un obstacle, selon
la manière dont vous avez décidé de gérer les complications administratives.

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RÉACTIONS :
LES ENCAGÉS ET LES ENQUÊTEURS
SECTION 7

Cette section est destinée à vous aider à gé- amie. Personne ne mentionne Simon, et ce-
rer les faits et gestes des tueurs vis-à-vis des lui-ci nie tout lien avec les quatre autres.
enquêteurs.
Une enquête de routine établit que Ménard,
les Vannier et Ianski se téléphonent effective-

Face à la gendarmerie ment une ou deux fois par mois. Il n’y a pas de
différence visible entre les premiers mois de
cette année et l’année 2012. Jane Eycott-Van-
À l’égard de la police, l’objectif des encagés
nier téléphone régulièrement en Angleterre
est double : ne pas se faire prendre et
pour discuter avec ses parents ou ses amis.
maintenir le plus longtemps possible une
Elle a aussi appelé un foyer de sans-abri lon-
façade de normalité. Lorsqu’ils estiment que
donien à trois reprises entre le 13 janvier et
ce n’est plus possible, ils prennent le maquis.
le 15 février 2013. C’était le point de chute de
Simon. Elle prétend qu’il s’agissait de discuter
des détails d’un don… dont personne là-bas
Surveillance n’a de trace.
Si les enquêteurs approchent les encagés Avec l’aval du juge Lopez, il est tout fait envi-
avant qu’ils n’aient liquidé Lormier et Sutton, sageable de mettre les téléphones fixes et mo-
leurs suspects sont polis, font en apparence biles du quatuor sur écoute. Ils s’appellent de
de leur mieux pour répondre aux questions temps en temps, pour des conversations bar-
de la police et évitent au maximum d’incrimi- bantes qui tournent autour de cinés, de res-
ner leurs amis. taus et de potins sans intérêt. Si les enquêteurs
Jane et Thomas disent avoir rencontré montent une filature, ils assistent à des sorties
Pierre à un vernissage en 2009 et avoir sym- banales. Mais le sont-elles vraiment ? Le qua-
pathisé. Thomas prétend avoir eu Sophie tuor a un don pour se placer dans les coins les
comme cliente en 2011 – elle souffrait de plus bruyants et parler bas… Un jour ou deux
douleurs lombaires – et s’en être fait une avant l’assassinat de Marie Ulbrich (voir p.
184), ils se retrouvent chez Pierre Ménard pour

LES AUTRES TÉLÉPHONES


À l’instigation de Pierre Ménard, les encagés ont décidé de basculer dans l’illégalité début janvier 2013, peu
après la découverte du corps de Mélissa Laplace. Entre le lundi 14 et le vendredi 18 janvier, Jane a acheté cinq
téléphones à cartes prépayées dans divers magasins de téléphonie de Bordeaux et des environs, et les a dis-
tribués à ses amis. Certains vendeurs s’en souviennent, mais pour eux, « une jolie femme paye en liquide un
téléphone discret » évoque davantage l’adultère que le meurtre.
En cas de perquisition, ces téléphones supplémentaires risquent de soulever des questions auxquelles les
encagés n’auront pas envie de répondre. Une fois en possession des numéros, il n’est pas difficile de com-
prendre qu’en fait, ils se sont téléphoné longuement, plusieurs fois par semaine, depuis la mi-janvier.
Si les encagés comprennent que leurs téléphones ont été découverts, ils les jettent après avoir détruit les
puces et reviennent à des méthodes plus simples : des rencontres face à face, dans des lieux publics convenus
à l’avance.

202
LES MEURTRES REPRENNENT
PRÉCAUTIONS
Le culte, les encagés et M. Dozier partagent une certaine paranoïa vis-à-vis de la technologie. Tous se mé-
fient des smartphones, notoirement trop faciles à pister. Ils privilégient les téléphones fixes, ou à la rigueur des
mobiles ordinaires dont ils retirent les batteries lorsqu’ils se rencontrent pour parler de sujets confidentiels.
Ni les uns ni les autres ne discutent de meurtres ou de sacrifices par mail. Ils ne gardent pas d’agenda in-
formatisé, payent en liquide plutôt que par carte bancaire, et ainsi de suite. Les encagés évitent au maximum
de laisser des « traces » et des « empreintes » sur les scènes de crime, même si leurs connaissances sur le
sujet leur viennent plutôt des Experts que d’une saine appréciation des possibilités réelles des techniques de
la police scientifique. Cela ne les empêche pas forcément de se trahir, mais leurs précautions imposent un
Désavantage à toutes les tentatives de les coincer via leur ADN.

monter leur plan d’action. Simon n’assiste posent d’une arme a priori fatale : la garde
pas à cette réunion, Jane se chargeant de le à vue.
mettre au parfum par téléphone. S’ils doivent
À la minute où elle leur est notifiée, les
se rendre à leur planque, à Jordis (p. 214), ils
encagés réclament un avocat et se taisent
laissent tous leurs téléphones chez Ménard, et
tant qu’il n’est pas arrivé. Impossible de
font attention de ne pas être suivis.
refuser : depuis début 2013, la loi impose la
Bref, si les enquêteurs se contentent d’une présence d’un avocat dès la première heure
surveillance superficielle, il ne se passe rien de garde à vue. La police dispose de tout un
jusqu’au moment où ils sèment leurs suiveurs, arsenal de tactiques de retardement, mais
alors que s’ils les observent de près, ils voient elles sont inopérantes face à un prévenu qui
bien que quelque chose cloche… sans forcé- connaît la loi. Comme d’habitude, Jane paye
ment découvrir quoi. Lorsqu’ils l’estiment né- les frais judiciaires de toute l’équipe.
cessaire, ils s’installent à Jordis. Avant de rencontrer leur avocat, les gardés
à vue ont droit à une visite médicale. Norma-
lement, le médecin se contente de vérifier
Gardes à vue que leur état physique est compatible avec
un interrogatoire, mais si les enquêteurs de-
Si les enquêteurs se font trop pressants,
mandent un examen un peu plus poussé, ils
les encagés se ferment. Ils ne refusent pas
découvrent que tous portent d’anciennes ci-
tout net de répondre, simplement ils « ne se
catrices, traces de brûlures ou de coups de
souviennent plus », « ne comprennent pas la
fouet, très estompées et datant d’au moins
question », et ainsi de suite. Face à des sus-
quinze ou vingt ans.
pects si peu coopératifs, les gendarmes dis-

EN GROS OU EN DÉTAIL ?
Le comportement des encagés n’est pas tout à fait le même selon qui a été arrêté.
• S’ils ont tous été pris, y compris Simon, ils résistent comme indiqué dans le texte principal. Ils espèrent
que leur avocate arrivera à faire libérer une partie du groupe, et que « leur mission » pourra être poursuivie.
S’ils sont tous mis en examen et incarcérés, cette porte se ferme. Dans ce cas, il est possible que Sophie,
Jane ou Thomas se décide à passer aux aveux.
• Si certains sont encore libres, les gardés à vue ont pour premier objectif de gagner du temps afin que
les autres terminent le boulot. Dans ce cas, ils se murent dans le silence… ou se lancent dans des aveux dé-
taillés et complètement imaginaires, à tous les niveaux, y compris leurs mobiles. Après tout, le temps que
les enquêteurs passeront à vérifier leurs déclarations ne sera pas consacré à chercher leurs amis. Thomas
est particulièrement susceptible d’avoir recours à cette tactique.

203 203
Normalement, au bout de quelques heures, Jane Eycott-Vannier
la fatigue aidant, des failles apparaissent
chez les suspects… or, cette fois, les enquê- • Comportement général : apaisement. Elle
teurs découvrent que leurs clients résistent. semble soulagée, demande une Bible, ne se
Ils supportent stoïquement les cellules in- formalise pas d’un éventuel refus, passe les
confortables et le manque de sommeil. Pire, pauses à prier… Elle se montre polie, super-
ficiellement coopérative, sans répondre pour
SECTION 7

les bluffs classiques de la police ne prennent


pas (« si mes copains vous ont tout dit, vous autant aux questions quand elles deviennent
n’avez pas besoin que je parle, alors remet- précises. Elle se prête à un test graphologique
tez-moi en cellule »). qui confirme qu’elle est l’auteur des billets,
mais avoir envoyé des messages à la police ne
fait pas d’elle la coupable des meurtres, n’est-
Pierre Ménard
ce pas ? Elle regrette, c’était idiot. Elle n’em-
• Comportement général : Repli. Ménard ploie cette stratégie que si les derniers billets,
regarde placidement les enquêteurs, sourit les plus compromettants, n’ont pas été en-
parfois et ne répond plus aux questions que voyés. Sinon, elle nie, même face à l’évidence.
par monosyllabes. Il marmonne des bribes
de prières latines et de mantras hindous. Au • Faille : elle s’inquiète pour sa fille et pour
bout de deux jours de garde à vue, il ne s’ali- Thomas, mais sa véritable angoisse est de
mente plus, ne réagit plus aux stimulus… Le laisser sa mission inachevée. Cette anxiété
Dr Cazenave conseille son transfert dans un transparaît, mais n’est jamais verbalisée. Les
hôpital. pros de l’interrogatoire, comme le capitaine
Brochard, peuvent essayer d’appuyer dessus,
• Faille : Il réagit beaucoup mieux aux « bons
mais cela provoque une spectaculaire crise de
flics » qu’aux « méchants flics ». Des phrases
larmes, rien de plus.
comme « je comprends, vous avez éliminé des
salauds » ou « vous faites ce qu’on rêve tous
de faire » permettent de nouer une ébauche Simon Thurston
de dialogue qui tourne court assez vite : il
• Comportement général : régression.
n’avoue pas et n’incrimine pas ses amis.
Thurston s’installe en position fœtale dans un
coin de la cellule. Il oublie le peu de français
Thomas Vannier qu’il connaît, obligeant les enquêteurs à faire
appel à un interprète assermenté. Il refuse de
• Comportement général : agitation.
boire et de manger, et le Dr Cazenave finit par
Vannier fait les cent pas dans sa cellule, se
recommander son transfert à Charles-Perrens,
ronge les ongles, transpire beaucoup… Son
l’hôpital psychiatrique de Bordeaux. Il peut
calme lors des interrogatoires n’en est que
tout à fait s’en évader au bout de quelques
plus étonnant. Il n’est pas détaché comme
jours, juste avant d’être déclaré assez remis
Ménard, mais il reste silencieux, concentré…
pour affronter un nouvel interrogatoire. Dans
Pire, il observe les enquêteurs, cherche des
ce cas, l’évasion sera violente à souhait.
failles dans leurs échanges… Il ne les exploite
pas ouvertement, mais peut tout à faire des • Faille : aucune. La folie est un mécanisme
réflexions du type « vous devriez faire quelque de défense imparable.
chose pour ces migraines, vous savez ? ».

• Faille : des commentaires du genre « Si ta Sophie Ianski


femme et toi allez en prison, qui s’occupera de
ta fille ? » le plongent dans une colère brève, • Comportement général : adaptation.
mais spectaculaire. Il reprend vite le dessus, Ianski profite des périodes en cellule pour
mais ne fait plus confiance aux enquêteurs. faire des pompes, obéit aux ordres, réagit po-
sitivement aux tentatives pour établir un dia-
logue… et continue à ne rien dire de concret.
Au fil des conversations, un psychologue peut
établir qu’elle divise clairement le monde entre

204
« nous » et « eux », et qu’elle n’accorde que • Faille : démolir sa fragile estime de soi
très difficilement sa confiance à tout ce qui est cruel, mais peut s’avérer payant. Des ré-
n’est pas « nous », alors qu’elle surinvestit dans flexions du genre « tu n’as jamais rien fait de
les liens qui la rattachent à son groupe. Ten- bien dans ta vie, hein ? » peuvent par exemple
ter de créer un groupe de substitution, en lui l’amener à répondre que c’est faux, que Pierre
parlant par exemple « de militaire à militaire » lui a toujours dit le contraire.
pourrait marcher, mais exigerait du temps, plus
que les quatre jours de la garde à vue. La bruta-
lité l’amène à se replier sur elle-même.
L’AVOCATE DES ENCAGÉS
Me Leïla Ameziane est une jeune avocate dynamique et accro-
cheuse, une étoile montante du barreau bordelais. Pendant les
gardes à vue, elle veille de près à ce que ses clients racontent à la
police. Elle ne manque pas une occasion de faire remarquer que
les gendarmes n’ont rien dans leur dossier, en dehors de quelques
coïncidences. Si les enquêteurs ont cru malin de mordre sur la ligne
jaune, elle tente de faire annuler les informations obtenues illéga-
lement. Si elle en a l’occasion, elle signale le groupe à l’IGGN. Les
médias l’adorent, et se bousculent pour entendre sa version. Bref,
Me Ameziane fait son métier, et elle le fait bien.
Elle ne devrait pas avoir trop de mal à empêcher les enquêteurs
de boucler les Vannier et Ménard. Elle aura plus de mal à sauver
Ianski, si celle-ci se fait arrêter. Quant à Thurston, après l’épisode
de Peter Maes (p. 186), le défendre sera très compliqué… mais il
faudrait d’abord qu’il soit arrêté. Si besoin est, Me Ameziane dispose
d’autant de stagiaires que nécessaire pour couvrir plusieurs gardes à
vue simultanées. Ils lui ressemblent tous : propres sur eux, avec les
leïla ameziane (F7) dents longues et une mauvaise foi d’airain.

EXPÉRIENCE
Lorsque les personnages ont suffi-
samment cherché à propos des enca-
gés pour déclencher une garde à vue,
ou faire fuir leur gibier, ils progressent.
1. Chaque joueur coche le premier
cercle disponible de la colonne Pro-
gression de leur personnage sur leur
dossier de prétiré, p. 9. Toutes les Amé-
liorations de cette ligne sont désormais
disponibles. (Si tous les cercles de la co-
lonne Progression sont déjà cochés, le
joueur passe à l’étape suivante).
2. Le joueur choisit une Amélioration
de son choix parmi celles disponibles,
coche la case correspondante et ap-
plique ses effets.

205
GARDE À VUE ET SUITE
DU SCÉNARIO
À première vue, on pourrait penser que le scénario s’achève par l’arrestation des encagés, la garde à vue
n’étant là que pour recueillir leurs aveux. Il n’en est rien, pour plusieurs raisons.
Pour les neutraliser, il faut que les enquêteurs arrêtent les cinq en même temps. Thurston étant très difficile
SECTION 7

à « loger », c’est peu probable. Cela vous laisse la possibilité de scènes où les enquêteurs hurlent « où sont tes
potes ? qui est la prochaine victime ? » à la figure d’encagés étrangement sereins…
Et surtout, la garde à vue n’est pas une incarcération. Au terme des 96 heures légales, les enquêteurs doivent
décider s’ils ont assez d’éléments pour déférer leurs suspects à la justice. S’ils n’ont pas parlé, les gendarmes n’en
savent pas forcément plus long que quatre jours plus tôt.
S’ils sont contraints de les relâcher faute d’éléments, l’enquête continue. En revanche, si les enquêteurs pensent
être prêts, le dossier passe au juge d’instruction qui prononce ou non une mise en examen, puis à un juge des
libertés et de la détention qui décide des suites à donner. Celles-ci peuvent aller de l’incarcération préventive à la
remise en liberté sous contrôle judiciaire. Les suspects de plusieurs meurtres atroces commis en bande organisée
ont de très fortes chances de se retrouver en prison, mais si le dossier est mal ficelé, ou si Me Ameziane se montre
très persuasive, certains encagés risquent de passer entre les mailles du filet.
Si la garde à vue ne concerne qu’une partie des encagés, les autres filent directement à la planque de Jordis
et préparent leurs actions suivantes comme si de rien n’était. Dans ce contexte, Simon et Sophie sont des jokers
particulièrement utiles. Simon n’a pas de domicile fixe, et Sophie peut tout à fait ne pas être chez Pierre lorsque
les enquêteurs viennent procéder aux arrestations…
Quelle que soit son issue, d’un point de vue purement narratif, une éventuelle garde à vue doit apporter trois
éléments aux enquêteurs :
1. leurs suspects portent d’anciennes traces de violence,
2. ils résistent beaucoup mieux que le pékin moyen à l’incarcération et
3. ils ne sont pas tous stables.

Le reste est de l’habillage.

BOUCLER UN DOSSIER
Vous pouvez décider vous-même du résultat des demandes des enquêteurs. Si vous avez envie d’un petit sys-
tème, demandez au « procédurier » de l’équipe de faire une Sauvegarde d’Intelligence, avec les modificateurs
suivants :
• Deux Désavantages si l’avocat est Me Maurrin, l’avocat de Dozier ;
• Un Désavantage si l’avocate est Me Ameziane, l’avocate des encagés ;
• Aucun modificateur si l’avocat est Me Durrieux, l’avocat de Lormier.
Le résultat détermine l’avis du juge Lopez quant à une éventuelle mise en examen. Une fois celle-ci obtenue,
le juge des libertés doit donner son avis sur une éventuelle incarcération. Vous pouvez demander un autre test,
ou décider vous-même selon le contenu du dossier.

206
LES MEURTRES REPRENNENT
COMPLICATION :
LE CAS D’EMMANUEL LORMIER
Les informations de base sur le Dr Lormier • « Ce type est un kidnappeur ». Lharbi
ont été présentées p. 103. Ce qui suit s’inté- et Bordes, les victimes libérées par les en-
resse à la manière dont les enquêteurs et les cagés, identifient Lormier comme leur ravis-
encagés vont le traiter. seur. Cette fois, la garde à vue n’est plus une
possibilité, mais une nécessité. Lormier reste
silencieux et laisse Me Durrieux développer
Lormier en garde à vue une thèse du type : « Oui, mon client a bien
pris ces deux personnes en stop, et c’est pour
Les enquêteurs peuvent mettre Lormier en cela que nous ne contestons pas les traces
garde à vue à différents moments de la cam- de leur ADN dans sa voiture, mais il soutient
pagne. Trois cas de figure sont possibles : qu’il est revenu sur son offre d’hébergement
et qu’il les a déposées au bout de quelques
• « Ce type est louche ». Dès leur première kilomètres. Quoi qu’il leur soit arrivé ensuite,
entrevue, des enquêteurs psychologues le ce n’est pas de sa responsabilité. Nous avons
trouveront peut-être un poil trop sûr de lui affaire à deux marginaux qui se vengent de
et un poil trop serviable. À ce stade, le juge quelqu’un qui ne les a pas assez aidés. »
Lopez estime qu’une garde à vue est préma-
turée, mais il y a des chances que les person-
nages ne le lâchent pas. La défense de Lormier Déroulement et conséquences
consiste à jouer les imbéciles : oui, il connais-
sait toutes les victimes, non, il ne sait rien. Comme tout le monde, Lormier se retranche
derrière son avocat et s’efforce de garder le si-
• « Ce type nous ment ». L’histoire que Lor- lence. Contrairement aux encagés, il a des réac-
mier sert aux enquêteurs lors de leur première tions tout à fait normales : l’inconfort le perturbe,
entrevue n’est pas corroborée par ses relevés l’incarcération l’angoisse et il sue comme un porc
téléphoniques. Ceux-ci montrent des appels pendant les interrogatoires. Il a aussi tendance
chez les Delmin, les Bazas et chez Easton en à répondre par réflexe aux questions posées à
Angleterre. Plus tard dans l’aventure, au fur et brûle-pourpoint, ce qui exaspère son avocat.
à mesure des meurtres, d’autres noms noyés Reste à savoir comment les enquêteurs vont
dans la masse apparaissent : il communiquait le prendre. S’ils l’accusent d’être derrière la
aussi avec Ulbrich, Brunet et Texier. Bref, du tuerie et la liquidation de ses amis, il lève les
point de vue des enquêteurs, Lormier semble yeux au ciel, s’exclame « vous n’avez rien com-
être le pivot de l’affaire. Le juge Lopez accepte pris ! » et ne dit plus rien. Si, en revanche, ils
une garde à vue, tout en insistant pour que le traitent comme une victime potentielle, ils
les enquêteurs ne s’embarquent pas sans obtiennent une réponse plus favorable… mais
biscuits. Après avoir discuté avec son avocat, calculée pour ne pas l’incriminer.
Me Durrieux, Lormier est prêt à admettre qu’il
À moins que Me Durrieux ne soit excellent,
soupçonne certains des défunts d’avoir été
les enquêteurs ont assez de billes pour le faire
mêlés à « des trucs pas clairs ». Il soutient qu’il
dormir en prison. Ce faisant, ils prolongent sa
lui est arrivé de leur prêter son téléphone, ce
vie, car les encagés n’iront pas l’y chercher.
qui explique le volume d’appels suspects. Il
Des joueurs un peu plus retors peuvent aus-
se ferme comme une huître s’il est question
si décider de le relâcher « faute d’éléments
d’enlèvements et de meurtres.
probants ». Dans ce cas, Lormier retrouve la
liberté et peut leur servir de chèvre…

207 207
L’AVOCAT DU DR LORMIER
Me François Durrieux. La cinquantaine empâtée et suffisante,
large d’épaules, il porte une barbe pour essayer de dissimu-
ler son double menton. Au Palais, on dit que Me Durrieux est
plus un bluffeur qu’un bosseur : il a de bons résultats, mais il
SECTION 7

y investit le moins d’énergie possible. Me Durrieux a rencon-


tré Lormier dans l’entourage de Sutton. Il n’a jamais progressé
jusqu’au troisième cercle de la secte, mais il a beaucoup profi-
té des agréments du deuxième. Il n’a pas envie que cette his-
toire de partouzes remonte à la surface, même si elle est vieille
de vingt ans, car elle compromettrait sa position au sein de la
branche bordelaise de la Manif pour Tous et d’autres associa-
tions proches à la fois de l’extrême-droite et de l’évêché. Il dé-
fend donc son client avec beaucoup d’énergie.

françois durrieux (F8)

Nathalie Lormier parle Lormier quitte la scène


Si les enquêteurs prennent le temps de s’in- • Si Lormier est en garde à vue ou en pri-
téresser à l’épouse du docteur, ils découvrent son, les encagés cambriolent son domicile, à
une femme malheureuse, mariée à un goujat la recherche d’indices sur la planque de Sut-
qui la trompe sans trop se cacher. ton. Ils évitent de s’en prendre à la famille Lor-
mier, attendant que la maison soit vide pour
Elle peut leur dire que peu avant Noël, Lor-
s’y introduire.
mier est rentré avec « un Anglais qui s’appe-
lait James ». L’homme a occupé la chambre • Si Lormier a été remis en liberté et sert de
d’amis pendant une dizaine de jours. Lormier chèvre, les encagés flairent le piège et évitent
lui a expliqué qu’il traversait une mauvaise de s’en approcher. Dans ce cas, le docteur se
passe et qu’il fallait l’aider. Bizarrement, Na- prépare de graves ennuis judiciaires, mais a
thalie a du mal à se rappeler des faits et gestes une chance de s’en tirer vivant… à moins que
de James, ou même à quoi il ressemblait. Elle Sutton ne l’appelle à lui quand il aura besoin
mentionne ses magnifiques yeux verts, mais d’aide lors de la scène finale.
c’est tout. • Si Lormier est encore en liberté et pas
Nathalie n’appartient pas au culte, mais surveillé, les encagés le font disparaître. Dans
la collection de « vieux bouquins moisis » ce cas, lorsque vous aurez besoin d’un re-
qu’elle n’a pas le droit de toucher l’agace bondissement, Nathalie Lormier appelle les
depuis des années. Si les enquêteurs de- enquêteurs. Elle n’a plus de nouvelles de son
mandent à la voir, elle remarque distraite- mari depuis vingt-quatre heures !
ment qu’il en manque un, un petit livre relié
Le docteur a un téléphone mobile, mais il a
de toile noire. Le grimoire de Sutton est avec
résisté à la mode des smartphones. Du coup,
le sorcier. Les autres sont des ouvrages oc-
il est possible de tracer le signal jusqu’à un re-
cultes sans grand intérêt. Si vous le désirez,
lais, mais pas de le localiser au mètre près. Il
le déclencheur du scénario hors procédure
se trouve dans un rayon de 2 km autour de
L’Abbaye de Monte-à-regret (p. 322) peut fi-
Dardenac et n’en bouge pas…
gurer dans ces papiers, particulièrement si
les enquêteurs s’y intéressent tôt.

208
aide de jeu 65

LES MEURTRES REPRENNENT


Fouiller le secteur exige des moyens logis-
tiques lourds, mais dans la mesure où Lormier
pourrait bien être aux mains d’un groupe de
tueurs de masse, le capitaine Covelle embraye.
Lormier a été capturé par les encagés, tortu-
ré pour lui faire dire où se trouve Sutton, puis
jeté dans le trou du Diable, une mare profonde
coincée entre champs et forêts. Il a une grosse
pierre attachée au cou. Si les enquêteurs s’abs-
tiennent de sonder les plans d’eau, leur cor-
respondant anonyme leur enverra un nouveau
billet (voir l’aide de jeu 65 ci-contre).

Retracer les faits et gestes de Lormier depuis le


début de l’année est tout à fait possible via son
téléphone mobile. Il a passé beaucoup de temps
dans un cercle de 6 km de diamètre autour d’Au-
beterre-sur-Dronne, dans le sud de la Charente.
Ses factures de carte bancaire indiquent qu’il a
fait le plein à Aubeterre le 4 mars.

OPTION : LES MALHEURS D’ÉDITH


La fille du Dr Lormier a quinze ans, à peu près l’âge qu’avaient les encagés lorsque le culte les a enlevés, violés et
torturés. Si les encagés surveillent la maison des Lormier, ils la voient, et il est possible qu’ils l’intègrent à leur plan
de bataille. Tout ce qui suit est strictement optionnel.
• Si les encagés n’ont pas mis la main sur Lormier, Sophie et Thomas enlèvent Édith un soir, alors qu’elle attend
sa mère à la sortie du centre équestre. Ils se rendent dans une ferme abandonnée et l’attachent dans la grange
après lui avoir confisqué son téléphone. Ensuite, ils prennent le large.
• Si Lormier est libre, Simon se charge de l’appeler pour lui demander de se livrer en échange de la libération de
sa fille. L’offre est sincère, et c’est l’un des moyens par lequel les encagés peuvent obtenir Lormier. Être un sectateur n’em-
pêche pas forcément d’être un père aimant : le docteur peut accepter l’échange et aller à sa mort. Il peut aussi, et c’est
plus probable, se présenter à la gendarmerie de Targon et porter plainte pour l’enlèvement d’Édith. Dans le premier cas,
il meurt, dans le second, il devient le père d’une victime, ce qui complique encore l’enquête. Le choix de Lormier dépend
beaucoup plus de la situation autour de la table que de la psychologie du docteur. Lormier se livre si vous souhaitez accé-
lérer les choses et a recours aux gendarmes si vous préférez augmenter la confusion. Certains, comme Kerrien, pourraient
se demander si les ravisseurs d’Édith n’appartiendraient pas à la même bande de ceux de Mélissa…
• Si Lormier est en prison, Ménard appelle les enquêteurs et leur propose un échange : le docteur contre
sa fille. Il fixe un rendez-vous, mais n’a pas l’intention de s’y présenter. C’est une simple diversion pendant laquelle
les encagés vaquent à leurs affaires. Lorsqu’Édith ne constituera plus une source de confusion satisfaisante, Mé-
nard appellera les enquêteurs pour leur donner l’adresse de la ferme.
• Si Lormier est déjà mort, l’enlèvement d’Édith peut quand même avoir lieu. Dans ce cas, Ménard demande une
rançon de 30 000 euros dont il se moque éperdument. Personne ne sera au rendez-vous pour la récupérer, il espère
juste que cette diversion permettra aux encagés de foncer sur Le Clos des Fleurs sans trop d’interférences policières.
Les encagés traitent Édith correctement, gardent leurs passe-montagnes devant elle et s’efforcent de ne pas se
trahir en sa présence. Elle est un moyen, pas une fin.
Il existe une exception possible à cette correction relative. Si Thurston est seul et en roue libre, il peut enlever
Édith, non pas pour avoir un moyen de pression, mais pour la torturer et la tuer avant de partir liquider Sutton.
Dans son esprit, c’est un moyen de faire goûter les souffrances des parents des victimes du culte à Lormier.

209 209
SECTION 5

210
les encagés

section 8
211
FIN DE PARTIE

211
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
À partir du moment où les enquêteurs se rapprochent des encagés, et surtout après la mort
de Marie Ulbrich, les événements s’accélèrent jusqu’au final. Donnez un rythme rapide à cette
partie de la campagne. Nous passons de l’enquête au thriller.
Si vous suivez la chronologie indicative, les encagés veulent en avoir terminé pour le 12 juin.
Sous-estimant les coups qu’ils ont portés au culte et surestimant la puissance de Sutton, ils re-
doutent un nouveau rituel d’invocation. L’attaque du Clos des fleurs aura donc lieu au plus tard
SECTION 8

vers le 10 juin.
Ils ont tort de s’inquiéter. Sutton aimerait bien fêter son retour par un sacrifice, mais il a
conscience de ne pas être prêt… et puisqu’il est désormais immortel, s’il fait profil bas, il y aura
une infinité d’autres 12 juin.

HYSTÉRIE MÉDIATIQUE
L’emballement médiatique évoqué p. 131 se quoi qu’ils disent, leur performance est désor-
transforme en hystérie si : mais évaluée de la pire manière possible par
la vox populi. Bien entendu, leurs accusateurs
• Les enquêteurs procèdent à des arresta- ignorent tout de l’enquête et des procédures.
tions qui n’empêchent pas les meurtres sui-
vants. À ce stade, les journalistes cessent d’être
des alliés ou une simple gêne pour devenir
• Les enquêteurs ne découragent pas Lharbi nuisibles, voire carrément dangereux. Des
et Bordes de communiquer avec les médias. types de LCI s’introduisent à la morgue et fil-
Un tête-à-tête sur le thème « fermez-la et on ment des images insoutenables des cadavres
oublie la came dans votre camionnette » suf- de Marie Ulbrich et de Louise Texier, que la
fit à les intimider pendant quelques jours. chaîne diffuse à peine floutées. Une équipe de
• Les enquêteurs évoquent un lien entre BFM loue un hélicoptère pour suivre les appa-
l’affaire et des disparitions de fugueurs ou reils de la gendarmerie qui tentent de retrou-
pire, avec la présence d’un charnier à la ferme ver le Dr Lormier. Une autre colle aux voitures
de Jordis. des enquêteurs, où qu’ils aillent, ignorant
feux rouges et limitations de vitesse. Après
• Les enquêteurs mobilisent des moyens avoir essayé de forcer le périmètre de sécurité
lourds pour retrouver le corps de Lormier ou autour du Clos des fleurs, des rigolos d’I-Télé
fouiller les alentours de la ferme. diffusent le siège en direct, commentant les
mouvements du GIGN pour le plus grand bé-
• Les enquêteurs déclenchent le plan Épervier.
néfice des encagés.
• Les enquêteurs font appel au GIGN. Livrée à elle-même, Nadia Bordes raconte
sa captivité et son sauvetage à qui veut l’en-
Dans chacun de ces cas, la tuerie de Ville- tendre, sans hésiter à inventer des détails
gouge devient le fait le plus important de pour « faire bien ». L’accent russe de ses libé-
l’actualité nationale. Les enquêteurs se re- rateurs, entièrement imaginaire, fera fantas-
trouvent à l’épicentre d’un séisme aussi in- mer les commentateurs pendant des jours.
tense que l’affaire Grégory, réseaux sociaux et Si l’angle « fugueurs » a été mis en évidence,
chaînes d’infos 24/24 en plus. Caroline Lopez Stéphanie Simon se retrouve sous les pro-
est sommairement vouée à rejoindre Jean-Mi- jecteurs. Si l’affaire Lombardi est remontée
chel Lambert dans l’enfer des « petits juges ». à la surface, M. Hyvères savoure son quart
Le lieutenant Kuntz fait ce qu’il peut, mais il d’heure de gloire.
est noyé. Quoi qu’aient fait les enquêteurs et

212
Si Bordes, Simon et Hyvères ont des choses
à dire, n’oubliez pas que les plateaux télé
sont aussi pleins d’éditorialistes qui pensent
à Villegouge et tiennent à le faire savoir. Des
sociologues colonisent les pages Opinion des

FIN DE PARTIE
journaux pour donner leur avis sur la crise de
la civilisation, la bourgeoisie provinciale, les
fugueurs, etc.
Au gouvernement, un secrétaire d’État an-
nonce une enquête sur le fonctionnement
des services sociaux aquitains. Dans la tradi-
tion du quinquennat Hollande, il est démen-
ti par son ministre de tutelle, mais pas avant
que les syndicats de fonctionnaires ne soient
montés au créneau, ce qui permet à la droite
de dénoncer leur « corporatisme ». De son
côté, le FN réclame, une fois de plus, la peine
de mort pour les assassins de mineurs.
Face à ce déferlement, le commandant
Mata rassure l’équipe : il les soutient toujours,
mais il ne leur cache pas qu’il apprécierait
une conclusion rapide, « avant qu’ils ne nous
mettent tous en pièces ».
• Charles Demark. Producteur et animateur
pour une célèbre chaîne cryptée, Demark
est une célébrité nationale, dont la calvitie
et les grosses lunettes sont familières à tous
les foyers français. Il se voit déjà à Cannes, moindres faits et gestes, mais il a conscience
recevant un prix pour son documentaire choc que leur hiérarchie risque de ne pas être d’ac-
sur la traque des « bouchers de Villegouge ». cord, bien qu’il ait appelé personnellement le
Pour cela, il a besoin de la coopération des directeur de cabinet du ministre. À défaut, il
enquêteurs. Son rêve serait qu’ils acceptent leur propose de jouer leur propre rôle dans
qu’une « équipe embarquée » filme leurs des scènes reconstituées.

Et comme ça ne fait pas de mal d’avoir une


taupe dans l’équipe, il approche l’un des en-
quêteurs et lui offre un poste de « consultant
police » dans ses émissions, pour le double…
non, le triple de son salaire actuel. Brochard,
qui est proche de la retraite, est sa cible pri-
vilégiée, mais cette approche peut aussi fonc-
tionner avec des jeunes aux dents longues. Il
ne demande rien en échange, en tout cas pas
explicitement, mais la contrepartie informu-
lée est un accès direct au dossier…

Bizarrement, Demark peut devenir un atout


pour les enquêteurs, s’ils décident d’imposer
« leur vérité » sur l’histoire des encagés. Il fau-
dra juste que cette version soit vendeuse.

charles demark (E2)

213 213
LA FERME DE JORDIS
moitié engloutis par les broussailles. (Le plan
S’ils sentent que l’étau se resserre, les enca-
SECTION 8

constitue l’aide de jeu 66, voir ci-contre.)


gés quittent leurs domiciles et vont se réfugier
dans une ferme située au sud de Bordeaux, à La cave n’a pas changé par rapport à sa des-
l’intérieur du parc naturel régional des Landes cription dans L’Affaire Lombardi, p. 251, avec
de Gascogne. Le hameau le plus proche s’ap- davantage de rouille et de poussière. Les six
pelle Jordis. cages, les alcôves et la représentation du La-
byrinthe sont toujours là, tout comme la pe-
L’endroit figure dans les fichiers de l’agence
tite statue en bois au XIVe siècle représentant
immobilière de Marie Ulbrich (voir La piste im-
« saint Aldaric ». En revanche, le portail vers
mobilière, p. 186). Dozier le connaît également.
le château de Dardenac ne fonctionne plus. Le
C’est là que le culte détenait ses victimes, il y
plan de l’intérieur constitue l’aide de jeu 67
a vingt ans. Les bâtiments, un corps de ferme
(voir p. 216). Enfin, les enquêteurs y trouve-
1900 et un grand hangar en tôle ondulée da-
ront plusieurs squelettes, ceux des sectateurs
tant des années 1970, sont très délabrés et à
abattus en 1993.

REPLAY : À DEUX DOIGTS


DE LA BAVURE
Au moment où les enquêteurs arrivent à Jordis, la ferme est abandonnée, mais les joueurs ne le savent pas. Les
gendarmes sont donc sur leurs gardes, et le MJ décide de les titiller un peu. Jouant à fond sur l’ambiance inquié-
tante de l’endroit, il fait monter la tension. Alors que le groupe explore la ferme, il mentionne un grattement…
Le lieutenant Messali dégaine son arme de service et cherche d’où vient le bruit. Un échec critique en Sauve-
garde de Sagesse plus tard, Messali voit une ombre bouger et tire dessus sans sommation. Heureusement, sa
joueuse rate aussi sa Sauvegarde de Dextérité pour toucher, parce qu’il s’agissait du lieutenant Josse !
L’équipe s’est fait très peur toute seule.

214
aide de jeu 66

215
aide de jeu 67

216
Activités à la ferme de Jordis Option : une visite de Dozier
Dozier ira peut-être jeter un coup d’œil à l’an-
Pour un lieu désert, la ferme de Jordis risque cien repaire du culte, juste pour s’assurer qu’il
de voir passer beaucoup de monde… est inoccupé. S’il doit rencontrer les encagés,

FIN DE PARTIE
cela se produira probablement à la ferme.
Si le contact se passe mal, il est possible que
Activités passées les enquêteurs le retrouvent dans une cage,
en plus ou moins bon état. Son témoignage
Depuis le 12 juin 1993, les membres du culte met en évidence une fracture entre Pierre,
évitent de se rendre à leur ancien repaire. En qui estimait qu’on pouvait le garder enfer-
dehors des cadavres, il n’y a plus rien là-bas, mé dans des conditions correctes, et Jane,
et l’adresse est connue d’individus dangereux. qui refusait catégoriquement qu’on mette
Depuis le début des années 2000, Marie Ul- qui que ce soit en cage, jamais et sous aucun
brich y passe tous les ans. Elle a une bonne prétexte. Dans le pire des cas, les enquêteurs
raison d’être là, après tout, elle est agent im- le trouvent dans une tombe fraîche, derrière
mobilier. Sa dernière inspection remonte à dé- la ferme. L’autopsie établira que Dozier a été
cembre 2012, et elle ne prévoyait pas d’y re- battu et étranglé. L’ADN de Simon se trouve
tourner avant l’hiver 2013-2014. sous ses ongles.
Dans le camp des encagés, Pierre Ménard
s’est installé à Villandrault, tout près de Jordis,
pour pouvoir surveiller la ferme. Il y passait au
moins une fois par mois, pour s’assurer que ses
Option : une visite de Lormier
anciens bourreaux n’étaient pas revenus. C’est
Sutton exige que Lormier aille récupérer
lui qui a proposé aux autres de l’utiliser comme
la statue de « saint Adalric » dans le temple.
planque. Tous les cinq s’y sont rendus plusieurs
Lorsqu’il s’y rend, le médecin tombe sur des
fois en mars et avril 2013, installant vivres et
traces du passage des encagés. Il en conclut
lits de camp à l’étage, repérant des itinéraires
que les « tueurs » d’il y a vingt ans sont de
de fuite… bref, se préparant à passer à la clan-
retour. Il récupère la statue, prend le large et
destinité. Ils y repassent après chaque meurtre
prévient ses complices. Le culte se met sur la
pour y déposer les objets volés aux sectateurs.
défensive (voir p. 219).

PREUVES MATÉRIELLES
En plus des vivres et des lits de camp, les encagés conservent le matériel suivant à la planque de Jordis.
• Cagoules de ski, vêtements sombres et gants pour tout le monde.
• Le 7,65 mm de Vannier et des munitions.
• Deux fusils de chasse calibre 12 volés chez les Bazas, avec un stock de chevrotines et de balles à sanglier
Brenneke Magnum.
• Une bombe lacrymogène par personne fournie par Sophie (en un Moment, toute personne Proche de la
bombe déclenchée doit effectuer une Sauvegarde de Constitution, en cas d’échec elle subit un Désavantage à
toutes ses actions jusqu’à la fin de la scène).
• Un taser (si la victime obtient 1 ou 2 sur son Dé de Vie, elle est hors combat pour 1d10 Moments).
• Sept paires de menottes.
• Les ordinateurs, les carnets d’adresses et autres documents volés chez les sectateurs. La planque n’a pas
Internet et les ordinateurs ne seront donc pas visibles en ligne.
• Si Dozier a croisé les encagés, il est possible que le déclencheur du scénario hors procédure La Bête d’Aube-
terre (p. 288) se trouve dans leurs affaires.
Tout cela porte assez de traces ADN et/ou d’empreintes digitales pour garantir leur mise en détention.

217 217
Il est possible que Lormier tombe sur les en- Les gendarmes à Jordis
cagés, à qui cela évite un enlèvement. Ils le
torturent et le font disparaître… Dans ce cas, Selon le moment où ils s’intéressent à la
le mobile de Lormier a activé le relais de Vil- ferme, les enquêteurs peuvent la visiter en
landrault, et pas celui de Dardenac. l’absence des encagés, découvrir leur arsenal
et explorer le temple, ou y arriver alors qu’ils
sont sur place.
SECTION 8

Les encagés à Jordis Une arrestation à Jordis présente de grosses


difficultés tactiques : le site est vaste, les enca-
Ménard passe beaucoup de temps à la cave, gés le connaissent bien et profitent du couvert
à méditer devant les cages. Jane a dégagé un de la végétation. De plus, ils ont soigneusement
passage à travers un taillis jusqu’à une croix étudié des itinéraires de fuite à pied ou en voi-
de bois, à une trentaine de mètres derrière la ture. Le parc naturel régional est tout proche,
ferme. Elle va souvent y prier. Rachel repose avec des kilomètres de forêt où disparaître, sans
juste à côté, dans une tombe creusée par les oublier plusieurs parkings où voler un véhicule.
encagés juste après leur libération. Sophie la Les enquêteurs peuvent néanmoins courir
fleurit tous les jours. Les autres victimes du le risque. Dans ce cas, à vous de voir si vous
culte sont enterrées un peu plus loin. Des optez pour une Fin prématurée (p. 219) ou si
fouilles mettent au jour une vingtaine de une partie des encagés s’échappe.
squelettes, des garçons et des filles âgés de 13
à 20 ans (voir Les experts à Jordis, ci-après). Si les enquêteurs se contentent d’une sur-
veillance, ils voient tout le monde partir une
Thomas et Simon, avec la participation oc- nuit, autour de deux heures du matin…
casionnelle de Sophie, montent la garde dans
le grenier, d’où on a une bonne vue sur la cam-
pagne avoisinante. Il y a toujours au moins un
guetteur.
Les experts à Jordis
Les encagés discutent beaucoup sur le S’il est découvert, le charnier de la ferme-
thème « que faire ? » Ménard tente de cana- temple de Jordis devient l’épicentre d’une
liser les débats sur « que faire de Sutton ? » tempête médiatique, et l’un des plus gros pro-
Sophie rappelle souvent qu’il faut aussi se po- jets médico-légaux conduits en France depuis
ser la question de la police et de « l’après », la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Dr
mais elle est la seule que cela préoccupe réel- de Gaillefert gérera l’identification des corps,
lement. mais les exhumations seront conduites par
une équipe d’archéologues de l’INRAP agis-
sant en liaison avec les techniciens de l’IRCGN.

DE L’INCONVÉNIENT D’ÊTRE PARENTS


QUAND ON CHASSE LE SORCIER
Thomas et Jane ne gagneront pas la planque sans avoir auparavant géré le problème de Lilia.
• S’ils ne se croient pas surveillés et s’ils ont un peu de temps, ils la confient à un couple d’amis britanniques ins-
tallés à Bordeaux, les Dixon, en leur servant un mensonge à base de catastrophe familiale à Londres et de départ
urgent. Henry et Parvati Dixon adorent Lilia et acceptent de grand cœur de l’accueillir quelques jours.
• En cas de départ précipité, ils l’emmènent s’ils en ont la possibilité. Cela veut dire qu’elle est à Jordis et qu’elle
sera sans doute présente au Clos des Fleurs lors de la scène finale. Vont-ils la laisser dans la voiture, ou reste-
ra-t-elle avec eux jusqu’à la fin ?
• Enfin, il est possible qu’ils soient obligés de fuir en la laissant derrière eux, faute d’avoir le temps de la récu-
pérer à la crèche. Dans ce cas, ce sont les services sociaux qui en héritent… et les enquêteurs gagnent un moyen
de pression sur le couple.

218
• Philippe Houiller, directeur des fouilles. Pour chaque corps, son équipe d’archéolo-
Âgé d’une trentaine d’années, Houiller est gues s’avère capable de définir une date d’in-
un grand brun costaud, avec des grosses humation approximative grâce aux pollens.
mains aux ongles incrustés de terre, un L’examen du sol révèle aussi le type d’outil
regard perçant et un goût prononcé pour utilisé et le profil de la personne qui a creu-

FIN DE PARTIE
le silence. Extraordinairement compétent, sé la tombe : sa taille approximative, la main
il est minutieux jusqu’à la maniaquerie. Il qu’il privilégiait, etc. La plupart de ces profils
est aussi célibataire, et si vous utilisez les correspondent au signalement de feu Manuel
prétirés, il a un coup de foudre instantané et Mabire.
déraisonnable pour le lieutenant Huard.

OPTION : LE CULTE SUR LA DÉFENSIVE


Telle que la campagne est rédigée, les sectateurs sont largement passifs. Le choc de la tuerie de Villegouge
et l’obligation de maintenir une façade de normalité les empêchent de prendre les mesures de protection qui
s’imposent.
Si vous le désirez, il est possible que Lormier et ses sbires soient davantage sur leurs gardes, que ce soit suite à
une visite de Lormier à Jordis, ou simplement parce qu’ils sont prudents.
Dans ce cas, leur ordre du jour est le suivant :
• Liquider les captifs. Brunet reçoit l’ordre d’abattre Lharbi et Bordes. Il les enterre dans un coin de la propriété,
nettoie la grange et démonte les cages. Tant pis pour les sacrifices !
• Se rendre intouchables. Lormier ferme son cabinet et ne sort plus de chez lui, au grand dam de Nathalie, son
épouse. Ulbrich prend quinze jours de vacances en Guadeloupe, convaincue que le problème sera réglé à son
retour. Texier veille à ne jamais rester seul, passant ses soirées en boîte ou dans des clubs libertins, dormant chez
des amis et ne repassant presque jamais chez lui. Le seul qui ne change rien à sa routine est Brunet, mais c’est
aussi le moins visible.
• Protéger Sutton. Lormier peut décider de déplacer le sorcier. Louer une ambulance privée pour transporter
un « grand malade » est largement à sa portée. Sutton se chargera d’hypnotiser les ambulanciers, qui le dépo-
seront à l’autre bout de la France, par exemple chez Luc Ulbrich, le frère de Marie, qui vit à Belfort. En 1993,
Luc partageait les escapades sexuelles de sa sœur, mais il ignore tout du culte. En revanche, il avait de bonnes
relations avec Sutton, et serait ravi de lui rendre service…
• Se défendre. Lormier garde un scalpel dans sa poche, Ulbrich met une bombe antiagression dans son sac et
Texier ne se sépare plus d’un solide Opinel. C’est insuffisant pour empêcher les encagés de les tuer, mais ce sera
peut-être assez pour en blesser un ou deux. Des traces du sang de leurs agresseurs seraient du pain béni pour
les enquêteurs.

FIN PRÉMATURÉE
Si les enquêteurs attaquent la planque avec des moyens lourds et réussissent à bloquer toutes les issues, Pierre
et Thomas optent pour le suicide. Simon tente de tuer Sophie, mais elle lui échappe et essaye de se rendre. Enfin,
Simon embarque Jane et cherche à se frayer un passage à travers le cordon de police. Il ne se laisse pas prendre
vivant et tente de tuer Jane pour lui épargner la capture.
C’est une « fin » en queue de poisson… sauf que Sophie et peut-être Jane sont encore en vie, et peuvent dire
aux enquêteurs où trouver Sutton. Bien sûr, il est officiellement mort depuis vingt ans, mais elles jurent qu’il est
en vie… et après tout, sa tombe est vide.
Au pire, Dozier peut endosser le rôle du vengeur, même s’il opte plutôt pour une action rapide et discrète que
pour une opération commando à cinq.

219 219
LA SECONDE MORT DE JAMES SUTTON
Le sorcier ressuscité s’est installé au Clos des Sutton a hypnotisé les Frasquin. Théorique-
SECTION 8

fleurs, un gîte rural bien tranquille (aide de ment, il occupe la chambre Lilas, qui donne
jeu 68, voir p. 233), au lieu-dit Saint-Adalric, sur le jardin, mais il a préféré s’installer à la
à 3 km d’Aubeterre-sur-Dronne. Ses proprié- cave. Il passe ses nuits à regarder la télévi-
taires, Didier et Élodie Frasquin, sont un sion, à imaginer des moyens de reconstituer
couple banal d’une trentaine d’années, qui le culte et à compulser son grimoire.
vivent le rêve bobo du retour à la campagne Lormier passe le voir régulièrement. Selon
après une première vie dans le monde impi- le temps qui s’écoulera entre la mort du doc-
toyable du marketing. teur et l’assaut, Sutton sera plus ou moins
sur ses gardes. S’il se méfie, il programme les
Frasquin pour lui servir de première ligne de
défense, barricade la porte de la cave (Sauve-
garde de Force pour l’ouvrir) et se tient prêt à
lancer quelques sorts de Flétrissement sur ses
agresseurs. Il « convainc » aussi Didier Fras-
quin de lui procurer un fusil de chasse, qu’il
garde sur ses genoux. Enfin, si vous le désirez,
il s’est peut-être doté d’un chien d’attaque à
la valeur discutable en la personne de Lady,
l’amstaff de Bordes et Lharbi (ne l’utilisez que
si les encagés ont largement l’avantage lors de
la scène finale).

L’assaut
Les encagés finissent par apprendre où se
élodie frasquin (D7) cache Sutton. Si Lormier n’est pas accessible,
l’information leur aura été fournie par Ul-
brich, que le docteur avait mise dans la confi-
dence. D’autres permutations sont possibles
selon vos besoins, impliquant Dozier, voire un
fichier crypté dans l’ordinateur des Delmin…
Ils peuvent passer à l’action immédiatement
ou hésiter pendant quelques jours. Quoi qu’il
en soit, une nuit, vers 4 heures du matin, Simon
force la serrure de la porte de la cuisine. Tho-
mas et Sophie s’introduisent dans la chambre
des propriétaires pour les neutraliser sans vio-
lence. Pendant ce temps, Simon, Pierre et Jane
partent explorer les étages à la recherche de
la suite Lilas. Quelques minutes plus tard, Tho-
mas et Sophie conduisent les Frasquin, hébétés
et menottés, au salon. Ils prennent le temps de
les attacher avant de rejoindre les autres. Si-
didier frasquin (D8) mon enfonce la porte de la suite. Constatant

220
FIN DE PARTIE
SAINT-ADALRIC
Ce lieu-dit est le seul endroit entièrement imaginaire de ce scénario. Sur son site Internet, le Clos des Fleurs
mentionne les ruines d’une chapelle dédiée à saint Adalric, à cinq minutes à pied du gîte. Si les enquêteurs vont
y voir, ils trouvent une ruine à demi éboulée et privée de toit, au détour d’un chemin forestier. Elle est entourée
de grillages sur lesquels des panneaux indiquent « entrée interdite » et « port du casque obligatoire ». L’unique
accès est bouclé par un solide cadenas.
Une demande à la direction départementale des monuments historiques permet de savoir qu’elle a été
construite vers 1840 sur les ruines d’un bâtiment plus ancien. Ravagée par un incendie à l’été 1944, elle n’a jamais
été restaurée. Tous les 12 juin, l’endroit communique avec le Labyrinthe pendant quelques heures.

Option : intrusion à la chapelle

Une nuit, Sutton tente de s’introduire dans la chapelle, et plus précisément dans la crypte décrite dans La Bête
d’Aubeterre, p. 289. Il découvre que la nef est pleine de décombres et rentre au Clos des Fleurs sans insister.
Le lendemain, un promeneur signale à la mairie d’Aubeterre que quelqu’un a cassé le cadenas. Il sera remplacé
quelques jours plus tard. Dans l’intervalle, un agent municipal passe examiner les lieux. Il ne constate pas de dé-
gradations. Pour la bonne règle, il signale l’incident à la gendarmerie du bourg, qui enregistre l’information, mais
n’enquête pas.
Si les enquêteurs s’intéressent déjà à Aubeterre ou à Saint-Adalric, la nouvelle de l’effraction remontera peut-
être jusqu’aux enquêteurs. Sinon, elle sera là quand ils s’en préoccuperont.

Option : le sacrifice du 12 juin

Sutton ne veut pas laisser passer le jour sacré de son culte sans marquer le coup, et faute d’humains, il prend ce
qu’il trouve. Le 13, le cadavre d’un chien éventré, aux yeux arrachés, est retrouvé à l’orée de la forêt, à dix minutes
du gîte. L’animal, un griffon dressé pour la chasse répondant au nom de Gascon, appartenait à Bernard Moreau,
un habitant d’Aubeterre qui le cherchait depuis le 10 juin – l’animal s’était échappé au cours d’une balade en fo-
rêt. M. Moreau porte plainte. Les gendarmes enquêtent mollement, mais là encore, l’histoire peut remonter aux
enquêteurs…

221 221
parmi : Fusil de chasse calibre 12 • Fascination : Sutton regarde
(blessure avec un Désavantage) ; intensément une cible qui doit
Morsure et griffures (blessure) ; réussir une Sauvegarde de Cha-
n’importe quel Sortilège (Épui- risme. En cas d’échec, Sutton la
sement, Fascination, Flétrisse- convainc d’attaquer un de ses al-
ment, Visions) liés. À chaque tour, la cible fasci-
née peut retenter la Sauvegarde
Capacités spéciales : de Charisme pour lever le mau-
• Chair morte : les balles des vais sort.
revolvers causent seulement • Flétrissement : Sutton fait
1 dégât. Les balles de fusils, les noircir la chair de la cible. Si elle
explosifs et les couteaux font échoue à une Sauvegarde de
leurs dégâts habituels. Constitution, elle perd immédia-
• Faiblesse : la lumière du jour le tement 1 niveau en Vie.
brûle. Une exposition directe au • Visions : la cible est submer-
soleil lui inflige 1d4 point de dé- gée de visions du Labyrinthe. Si
james sutton gâts par round. elle échoue à une Sauvegarde
Sorcier ressuscité • Mort : s’il meurt, Sutton se dé- d’Intelligence, toutes ses ac-
compose en quelques secondes tions jusqu’à la fin de la Scène
Âge indéterminé, chauve, (ce qui engendre un test de San- subissent un Désavantage. En
chair blanchâtre et bouffie. té mentale avec un Désavan- outre, elle doit effectuer un test
Il ressemble encore un peu à tage). L’espèce de soupe orga- de Santé mentale avec un Désa-
l’ancien Sutton. Il n’a plus d’yeux, nique qu’il laisse derrière lui ne vantage.
mais les deux flammes vertes contient pas d’ADN utilisable.
qui brillent dans ses orbites font lady
illusion. Sortilèges :
Molosse reconditionné
• Épuisement : d’un simple tou-
POINTS DE VIE cher, Sutton provoque la perte im-
médiate (jusqu’à la fin de la Scène) POINTS DE VIE 10
7+7 par encagé présent POINTS D’ARMURE 0
POINTS D’ARMURE 0 de 10 points en Force, ou 10 points
en Constitution, ou 10 points en
Dextérité. Si un personnage atteint Attaques : morsure (blessure)
Attaques : Sutton peut effectuer Capacités spéciales : -
[nombre d’encagés +1] actions, 0, il meurt sur le coup.

VARIABLES
• Il est possible que les enquêteurs aient manqué les encagés d’un cheveu à leur planque. Dans ce cas, ils
peuvent déclencher le plan Épervier. Les fugitifs forcent un barrage sur la D17, juste avant Aubeterre. Les gen-
darmes locaux sont à leurs trousses et arrivent sur place dès le début de l’assaut.
• Les enquêteurs ont peut-être trouvé Sutton par eux-mêmes, éventuellement grâce à un coup de main discret
de M. Dozier qui leur téléphone depuis un bistrot pour leur donner un tuyau anonyme. Dans ce cas, ils sont peut-
être déjà en train de planquer devant le gîte lorsque les encagés arrivent.
• Si les enquêteurs n’ont repéré ni Sutton, ni les encagés, les Frasquin, entendant du bruit au milieu de la nuit,
appuient sur le bouton de l’alarme silencieuse qui les relie à la gendarmerie d’Aubeterre. Les gendarmes viennent
voir ce qui se passe, sont accueillis par des coups de feu et demandent des renforts.
• Y a-t-il d’autres occupants au Clos des fleurs ? Un couple fêtant ses noces de Muguet dans la chambre du
même nom ? Un couple illégitime venu dans la chambre Rose pour s’envoyer en l’air loin de leurs conjoints
respectifs ? Une famille de Hollandais dans la chambre Tulipe ? Ces gens ne sont pas au courant de la présence
de Sutton et sont complètement sidérés d’être pris en otages par des types cagoulés…

222
DISTANCES
Un peu plus de deux heures de route séparent la ferme de Jordis, dans le nord des Landes, du Clos des Fleurs,
situé au sud de la Charente. L’itinéraire le plus direct et le plus discret consiste à suivre la D17, mais il est éga-
lement possible de passer par l’autoroute et de contourner l’agglomération bordelaise.
De nombreuses solutions alternatives existent. Si les enquêteurs souhaitent établir des barrages routiers,
ils ont intérêt à procéder à des déploiements ciblés, soit autour du point de départ des encagés, soit à leurs
points d’arrivée possibles… en espérant que Saint-Adalric soit sur leur liste.

l’absence de Sutton, ils redescendent interro- Si les enquêteurs restent passifs, on va droit
ger les Frasquin, qui sont plus ou moins cohé- vers un bain de sang, mais que faire ?
rents, mais parlent de la cave.
S’ils ont noué une relation avec les enca-
L’unique accès à cette dernière est une porte gés, il est possible que les preneurs d’otages
en chêne, sous l’escalier, dans l’entrée. Les ne veuillent parler qu’à eux. Le seul moyen
deux soupiraux extérieurs sont grillagés et trop de les convaincre de se rendre serait de les
étroits pour laisser passer un homme. L’un aider à « tuer le monstre de la cave », mais
d’eux donne sur la pièce que s’est attribuée Sut- le GIGN n’est pas là pour se faire l’instrument
ton, mais il n’en offre qu’une vue très partielle. d’une vendetta. Si les enquêteurs mènent les
Les encagés discutent. Simon est partisan de négociations, ils peuvent obtenir la libération
mettre le feu au gîte et de laisser Sutton rôtir. d’une partie des otages. Ensuite, les enca-
Thomas propose d’attendre l’aube pour passer gés tentent d’entrer de force dans la cave. Le
à l’attaque, Jane hésite, Sophie voudrait être GIGN intervient dès le premier coup de feu.
ailleurs mais refuse de reculer, Pierre réfléchit.
Vous pouvez tout à fait jouer cela de ma-
nière linéaire, mais cela a l’inconvénient

Le siège de condamner les joueurs à rester passifs


pendant que Sutton, les encagés et le GIGN
s’amusent entre eux.
Si les enquêteurs ont suivi les encagés
jusqu’au gîte, il est plus que temps de faire
quelque chose. Des renforts peuvent être là
en quelques minutes, le GIGN en une heure Inversion !
maximum. Reste à occuper les tueurs d’ici là.
Heureusement, vous avez une autre pos-
Faire du bruit, tirer quelques coups de feu et
sibilité. Distribuez aux joueurs les feuilles de
leur ordonner de se rendre est un bon début.
personnages des encagés (aides de jeu E1 à
Est-ce que cela suffira ?
E5, p. 228 à 232). Laissez-les s’en imprégner,
Une fois que les vans noirs du GIGN se garent et mettez le siège en scène du point de vue
devant le gîte, les enquêteurs sont mis sur la des preneurs d’otages. Si vous voulez ajouter
touche par une bande de ninjas polis, profes- un peu de pression, sortez un chronomètre
sionnels et efficaces. Des tireurs d’élite s’ins- de derrière votre écran, et annoncez-leur que
tallent partout où ils auront de bons angles vous lancez le compte à rebours avant l’assaut
de tir, un négociateur appelle le gîte pour du GIGN. Un « bip » de temps en temps de-
entamer les discussions, un groupe d’assaut vrait leur rajouter un peu de pression, même
repère les issues et commence à travailler sur si en réalité, il ne décompte rien.
l’intérieur, grâce au témoignage de voisins qui
leur dessinent un plan sommaire. Des appa- Aux joueurs de répondre à un négociateur
reils d’imagerie thermique indiquent la po- dont l’unique motivation est de pousser les
sition des tueurs et des otages (sans oublier encagés à capituler.
cette tache bizarre dans la cave, mais à 32 °C,
ce n’est sûrement pas humain).

223
À eux de se méfier des fenêtres et des lignes encagés ne sont pas leurs personnages. L’as-
de tir. saut contre Sutton devrait déboucher sur un
bain de sang. Le sorcier se défend, et le GIGN
À eux de se voir poser le choix entre la vie ne fait pas de détail.
et la mort.
Bien sûr, cette scène à la Tarantino se dé-
À eux de se déchirer sur ce qu’il convient roule dans un gîte rural mignonnet à souhait,
SECTION 8

de faire. avec des cuivres bien astiqués, une horloge de


grand-mère qui tictaque gaiement, une collec-
Attendez-vous à des cris, à de la violence tion de lapins en porcelaine, des napperons en
et à un ou deux règlements de comptes in- dentelle… et une cuisinière à gaz, si par hasard
ternes. Les joueurs peuvent se défouler, les les encagés optaient pour une fin explosive.

REPLAY : INVERSION
Sophie étant en garde à vue, Pierre, Jane, Thomas et Simon se rendent au Clos des Fleurs sans elle. Ils arrivent
en pleine nuit, font le tour du bâtiment, puis entrent. Jane et Thomas fouillent le rez-de-chaussée, Simon et Pierre
montent à l’étage. Ils regroupent les occupants du gîte sous la surveillance de Jane et Thomas. La journaliste
Amandine Léger, qui se trouvait à l’intérieur suite à des échanges secrets avec le lieutenant Messali, se fait confis-
quer son portable juste après avoir envoyé un message au lieutenant.
Jane et Thomas s’étonnent du comportement d’Élodie Frasquin, qui a l’air perdue et ne cesse de répéter « Vou-
lez-vous un peu de café ? ». Le couple ne pense pas à l’hypnose, mais fouille les étagères de la cuisine et examine
les sachets de café, à tout hasard.
Après avoir fouillé toutes les chambres, les encagés comprennent que Sutton est à la cave. À l’extérieur, le GIGN
se déploie. C’est maintenant où jamais ! Le quatuor descend et débusque le sorcier.
Thomas lui tire dessus et le blesse grièvement. Simon tente de le frapper et… échoue lamentablement. Au-des-
sus d’eux, le GIGN occupe le rez-de-chaussée et commence à investir les étages. À la cave, Sutton prend le contrôle
de Simon. Jane et Pierre se retrouvent sur le carreau. Le GIGN pénètre dans la cave. Simon reprend ses esprits
et achève Sutton avec Thomas. Après ce dernier round tendu, le GIGN ordonne aux survivants de se rendre… ce
qu’ils font, l’âme en paix.

224
CONCLUSION

FIN DE PARTIE
Quelle que soit l’issue du siège, l’affaire est Ils n’ont sans doute pas vu Sutton directe-
terminée. Les enquêteurs ont encore beau- ment, même s’ils ont peut-être trouvé son ca-
coup de travail pour boucler le dossier et bâtir davre décomposé dans les ruines du Clos des
une version acceptable par les médias et la jus- fleurs.
tice. S’il y a un procès, il aura lieu mi-2015. Son
Comme leur hiérarchie n’est pas réceptive
issue est entre vos mains. D’appel en cassation,
aux histoires de sorcier ressuscité, nous arri-
l’affaire peut ensuite traîner des années.
vons à la deuxième question :

Versions « Quelle sera la version officielle ? »


Vous avez deux questions à poser aux Si on s’en tient aux décès survenus en France
joueurs. et directement liés à l’affaire, on arrive à onze
morts : Mélissa Laplace, les Delmin, les Ba-
zas, Thomas Easton, Marie Ulbrich, Guillaume
« En tant que gendarme, que pen- Brunet, Texier et sa fille, plus sans doute le Dr
Lormier. Si on y ajoute Hélène Lombardi et les
sez-vous qu’il se soit passé ? » sectateurs abattus par les investigateurs il y a
Un cercueil vide, les trous de mémoire de vingt ans, plus les sacrifices des années 1980,
Nathalie Lormier… Les enquêteurs n’ont sans on frôle les cinquante morts, sans compter
doute pas perçu beaucoup d’éléments sur- les encagés qui ont succombé lors du siège
naturels, même si les joueurs ont sans doute du Clos des fleurs. Le versant britannique de
une opinion un peu différente de leurs per- l’histoire alourdit encore l’addition, avec un
sonnages sur ce point. charnier supplémentaire…

LA VÉRITÉ EST TOUJOURS AILLEURS


Quelle que soit la version proposée par les enquêteurs, les complotistes fous des réseaux sociaux s’en em-
parent, la démontent et la réassemblent dans un sens convenant à leurs fantasmes.
Même si leur dossier est impeccable et que la justice leur donne raison, dans les années à venir, les enquêteurs
entendront des versions divergentes :
• Les notables pervers sont des Illuminatis reptiliens francs-maçons. Sutton ? Du menu fretin. Les complo-
tistes cherchent des donneurs d’ordres plus haut placés à la mairie, à l’hôtel de région, dans la presse… et bien
sûr, ces gens ont étouffé l’affaire avec l’aide des enquêteurs.
• Satan est dans la place… Comment expliquer que Sutton et ses sbires s’en soient tirés si longtemps, s’ils ne
bénéficiaient pas d’une aide surnaturelle en provenance d’En-Bas ?
• … et les petits gris aussi. C’est évident : le culte revendait des fugueurs à des extraterrestres. Cette théorie
peine à expliquer le charnier, mais des créatifs en roue libre ne tarderont pas à parler de clonage, de transfert
d’esprit dans des prismes de cristal, et ainsi de suite.
• Le bal des espions. Tout est faux de A à Z. Les Bazas étaient des agents russes, Easton travaillait pour le MI6
et les enquêteurs ont accusé les premiers passants venus pour masquer un complot international, mais lequel ?
Tout ça, et bien d’autres insanités, prospérera pendant de longues années sur les réseaux sociaux et les blogs…
y compris des théories parfaitement diffamatoires à l’égard des enquêteurs, qui y gagnent une réputation un
brin sulfureuse auprès de leur propre hiérarchie.

225 225
Qui va devoir donner une explication Et récompensez-les à la mesure de leurs mé-
convaincante à ce carnage ? Les enquêteurs ! rites.
Et cette fois, elle ne doit pas être « assez
convaincante pour une poignée de journa- • Sutton et le culte. Le sorcier a-t-il survé-
listes », mais « assez convaincante pour un cu ? Si oui, il va tenter de reconstituer le culte.
procès d’assises ». Qu’il soit mort ou vif, reste-t-il des sectateurs
en liberté ? Si les enquêteurs ne les ont pas
SECTION 8

Laissez les joueurs assembler les éléments arrêtés en route, les encagés ont liquidé tous
de l’histoire de la manière qui leur conviendra ceux qui étaient encore actifs, mais la généra-
le mieux. S’ils veulent alléger la sentence des tion de 1993 compte encore quelques survi-
encagés, ils ont intérêt à mettre en lumière vants (voir pp. 155-157). S’il est encore en vie,
les événements des années 1980, et donc à Lormier n’hésite pas à donner leurs noms, sur
exhumer les victimes du charnier de Jordis. le principe « plus on sera nombreux dans le
En revanche, si tous les encagés sont morts, box, moins on prendra cher ».
cet élément peut être plus facilement laissé à
l’arrière-plan. Ils peuvent même ressortir cer- • Les encagés. Ont-ils connu le martyre au-
taines des fausses pistes de la première partie quel certains aspiraient, ou se sont-ils rendus ?
et « vendre » une vendetta autour de la pos- Dans ce cas, ils sont mûrs pour une longue
session des vignes des Bazas… peine de prison… ou d’hôpital psychiatrique.
La France ignore le « plaider coupable » pour
Par ailleurs, si leur histoire touche à des réa-
des crimes de sang, mais il y a toujours moyen
lités inconfortables – au hasard, des fugueurs
de minorer le rôle d’Untel pendant le procès,
torturés par une bande de malades mentaux
si Untel s’est montré coopératif. Encore faut-il
aux motivations religieuses – ils alimentent
qu’un encagé reste en vie et soit prêt à coo-
une hystérie médiatique qui, au fond, est
pérer. Sophie ou Thomas sont parfaits dans ce
toxique par elle-même.
rôle.

• Dozier. S’il est encore en vie et qu’il n’a


Prolongements possibles pas d’ennuis judiciaires, il peut rester en
contact avec les enquêteurs et, qui sait, leur
• Carrières. Prenez quelques minutes avec communiquer des éléments « de fond » dont
chaque enquêteur pour évaluer leur perfor- ils n’avaient pas connaissance, ce qui vous
mance. L’avis de leurs supérieurs dépend de permet d’utiliser les scénarios hors procédure
la version officielle qui leur a été présentée, après la campagne.
du nombre de victimes collatérales, d’éven-
tuelles interventions de l’IGGN et du degré • L’avenir des enquêteurs. Selon la manière
d’excitation des médias. Cependant, la contri- dont ils ont conduit l’affaire, ils vont devenir
bution du personnage à la résolution de l’af- des héros ou être mis au pilori par les médias
faire reste le point central. A-t-il eu des idées et ce, indépendamment de ce qu’ils ont réel-
brillantes ? A-t-il commis une lourde gaffe qui lement accompli. Il est possible qu’ils se dé-
a donné l’éveil aux encagés ? A-t-il creusé de tachent de l’affaire… ou qu’ils lui sacrifient le
vieilles pistes jusqu’à mettre la main sur des reste de leur carrière, passant tout leur temps
éléments « hors procédure » ? Si vous vous libre à éplucher de vieux rapports de dispari-
servez des prétirés, demandez-leur si, à leur tions.
avis, ils méritent une promotion et pourquoi…

226
REPLAY : À LA FIN DES FINS...
Après l’assaut du Clos des Fleurs, les enquêteurs interrogent les encagés survivants. Sophie prétend n’avoir tué
personne, en dehors de Marie Ulbrich, et c’était par pitié.

FIN DE PARTIE
Le capitaine Tellier, profondément troublé, va sermonner Dozier. Comment a-t-il pu libérer les encagés et les
laisser dans la nature, sans suivi, sans entourage, sans protection ? Il accuse Dozier d’être en partie responsable
de leur vendetta et du sort qui les attend : de très longues années dans une nouvelle cage.
Considérant que Sophie est largement innocente, les enquêteurs prennent sur eux de l’aider… en montant
un plan d’évasion. Un soir, tard, Tellier entre dans la cellule de Sophie et lui remet son arme de service. Elle le
« prend en otage » et gagne la sortie. Le capitaine Kerrien assiste à la scène, sort son arme et vise Sophie, mais
Brochard s’interpose et persuade Kerrien de ne pas tirer : « Vous risquez de tuer Tellier ! Laissez-la filer, elle n’ira
pas loin. »
Sophie parvient à s’enfuir. Simon est mort, Jane et Pierre sont considérés comme irresponsables par les ex-
perts psychiatres. Thomas est le seul à être jugé, et il écope d’une très lourde peine de prison. Peu après, Tellier
et Brochard reçoivent une carte postale de New York, disant simplement : « Merci. S. »

227 227
aide de jeu E1
PIERRE MÉNARD
Quel est mon rôle ?
Je suis l’organisateur. Je planifie, distribue les tâches… et me salit les mains
si besoin. Je remplis le rôle qui devrait être celui de la justice si elle était
bien faite. Je crois à la sorcellerie et j’ai quelques ouvrages sur le sujet chez
moi. C’est moi qui ai trouvé le « CC » et décidé de l’utiliser comme signa-
ture.

Que vais-je faire ?


Je me fiche de vivre ou de mourir à partir du moment où Sutton meurt,
pour de bon cette fois. Ce type est au-delà de la justice des hommes, il
nous appartient de le tuer ou de mourir en essayant. Ce qui nous arrivera
ensuite n’a aucune importance. Un suicide collectif est parfaitement envi-
sageable. La prison ressemble trop à un retour en cage !

CARACTèRE Les autres encagés


Illuminé, méticuleux, charisma-
tique Je suis le leader du groupe.

• Thomas est un bon gars fiable, je le domine.


description physique
34 ans, 1,85 m, 90 kg, blond, • Sophie est une exécutante digne de confiance, elle est sous ma coupe.
cheveux mi-longs, collier de
barbe, yeux bleus, nez cassé et • Je me méfie un peu de Jane, trop brillante pour entrer complètement
mal redressé, pointe d’accent dans mon orbite. Je ne suis pas sûr de sa fiabilité.
belge, toujours habillé trop lé-
• Simon est une « âme perdue » qu’il faudra sauver quand ce sera termi-
gèrement pour la saison.
né, même s’il est sans doute trop tard.

sauvegardes
FORCE
DEXTÉRITÉ
12
12 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 10 • Planificateur : vous vous êtes pré- Tenue noire, gants et passe-mon-
SAGESSE 12 paré depuis des années à cette tagne, une paire de menottes, une
INTELLIGENCE 18 situation. Vous avez un total de bombe lacrymogène, un fusil de
CHARISME 17 20 points à distribuer durant la chasse calibre 12 avec des muni-
Scène, en bonus à des Sauve- tions à sanglier.
ressources gardes. Vous devez indiquer que
TORCHE d4 vous donnez un bonus à un autre
BAGOU d10 personnage avant que son joueur
SANTÉ MENTALE d6 lance les dés.
VIE d8 • Domination : si vous donnez un
ordre simple (tire, cours, mets-toi
DÉGÂTS ARMÉ d6 à terre) à Thomas ou Sophie et
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 qu’ils suivent votre ordre, ils ont
un Avantage pour leur test.

228
aide de jeu E2
JANE EYCOTT-VANNIER
Quel est mon rôle ?
Je me suis contentée d’être présente ou de servir d’appât.

Que vais-je faire ?


Je hais Sutton. Ce monstre m’a pris ma jeunesse, m’a violée, torturée et
a martyrisé Dieu sait combien d’autres jeunes gens. Si je dois passer le
reste de mes jours en prison pour l’avoir tué, très bien. Échouer serait in-
supportable. Quant à mourir… Je ne suis pas sûre d’être prête à paraître
devant Dieu. Pas si tôt. Et même si je dois mourir, je veux que Thomas vive.
Quelqu’un doit s’occuper de notre fille. Il faut que Lilia sache que nous
n’étions pas des monstres !

Les autres encagés


CARACTèRE
Personnalité dominante à l’extérieur, volontaire et énergique, je suis très Amoureuse, mystique, déchirée
effacée dans le groupe.

• Pierre sait où il va. Je le suis. Si je le désirais je pourrai m’opposer à lui, description physique
mais je ne le souhaite pas. 35 ans, rousse, cheveux
courts, peau claire, taches de
• Je suis très amoureuse de Thomas.
rousseur, yeux bleus, 1,60 m,
• Je n’ai jamais accroché avec elle Sophie, elle ne m’intéresse pas. 55 kg, vêtements chic campa-
gnard, petit accent anglais à la
• J’ai longtemps considéré Simon comme un frère, mais il me fait de plus Birkin.
en plus peur.
sauvegardes
FORCE 11
Capacités spéciales Équipement DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
12
12
• Foi : vous avez une foi inébran- Tenue noire, gants et passe-mon- SAGESSE 16
lable. Vous avez un Avantage pour tagne, une paire de menottes, une INTELLIGENCE 16
résister à tout Sortilège qui vous bombe lacrymogène. CHARISME 16
prendrait pour cible.
• Soins : une fois durant la Scène, ressources
vous pouvez soigner un autre TORCHE d6
personnage. Cela vous occupe BAGOU d8
quelques minutes, sauf pour Tho- SANTÉ MENTALE d6
mas que vous pouvez soigner en VIE d6
une action. Le personnage re-
gagne 1 niveau de Vie. DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

229
aide de jeu E3
THOMAS VANNIER
Quel est mon rôle ?
J’ai tué, sans plaisir mais sans remords.

Que vais-je faire ?


Pierre nous a garanti que Sutton allait y passer. Si ce salaud meurt, je suis
prêt à mourir. Pas de souci. Au contraire, la mort sera un soulagement.
Sauf que… mourir en laissant la petite Lilia ? Rien que l’idée me brise le
cœur. Il faut que sa mère survive. Suivre Pierre, tuer Sutton, sauver Jane.
Sophie aussi mérite de vivre. Simon, en revanche, peut crever.

Les autres encagés


Je crois à la magie, aux OVNIs, à la réincarnation… à tout, sauf en Dieu.
CARACTèRE • Je crois en Pierre, mon meilleur ami, mon confident et mon point d’an-
Crédule, subjugué, protecteur crage.

• J’aime Jane, mais la passion des premiers temps s’est atténuée. Je suis
description physique heureux qu’on ait tous les deux fois en Pierre, cela nous crée un nou-
34 ans, 1,78 m, 75 kg, brun aux veau lien.
tempes grisonnantes, costaud,
traits anguleux, barbe de trois • Simon est brutal. C’est un dégénéré, une arme et pas grand-chose de
jours, voix douce et apaisante. plus.

• Les évènements m’ont rapproché de Sophie, que je commence à consi-


sauvegardes dérer d’un œil un peu plus qu’amical.
FORCE 12
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION
SAGESSE
14
13 Capacités spéciales Équipement
INTELLIGENCE 14
• Hypnose : une fois durant la Tenue noire, gants et passe-mon-
CHARISME 16
Scène, si vous arrivez à discuter tagne, une paire de menottes, un
seul à seul avec un personnage, pistolet 7,65 mm avec plusieurs
ressources vous pouvez le convaincre de vos chargeurs (Matériel d10).
TORCHE d4 idées (à moins qu’elles soient trop
BAGOU d10 éloignées de ses convictions) afin
SANTÉ MENTALE d6 qu’il vous soutienne.
VIE d8 • Main sûre : une fois durant la
Scène, vous réussissez automati-
DÉGÂTS ARMÉ d6 quement un test d’attaque à dis-
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 tance.

230
aide de jeu E4
SIMON THURSTON
Quel est mon rôle ?
J’ai endossé avec enthousiasme le rôle de l’exécuteur. Je déploie une vio-
lence terrifiante, née de la colère que je ressens encore vingt ans après ma
captivité. Je suis indifférent aux dégâts collatéraux.

Que vais-je faire ?


On va tous mourir, et c’est bien, c’est bon, mourir avec les potes en faisant
la peau à ce bâtard de Sutton. Dommage de partir sans avoir dit à Jane
que je l’aimais – que je n’ai jamais aimé qu’elle. Mais il y aura des décisions
tactiques à prendre si on veut s’en tirer, et il ne faut pas qu’on fasse de sen-
timent. Ah si, si on peut s’amuser un peu à faire souffrir Sutton avant de le
finir, ça serait bien. Les autres m’ont juste donné le taser, mais je suis sûr
qu’il y a des couteaux dans la cuisine.

Les autres encagés


Je me fous de Dieu et du diable, il faut juste que ça saigne ! CARACTèRE
• Pierre est mon mentor, la figure paternelle que je n’ai jamais eue. Amoral, brutal, fidèle

• Jane est ma « frangine », que j’ai protégée quand on était en cage, puis
description physique
quand on a fait les quatre cents coups à Londres.
35 ans, 1,80 m, 90 kg, brun,
• Je suis jaloux de Thomas, et j’ai juré de lui couper les couilles s’il fait du massif, mal rasé, boucles
mal à Jane. d’oreille, tatouages tribaux et
piercings, généralement vêtu
• Sophie m’énerve, ce n’est pas normal qu’une gonzesse soit plus forte de survêtements informes ou
que moi ! de jeans usés jusqu’à la trame,
maîtrise mal le français (sauf
les grossièretés).
Capacités spéciales Vie. Si vous tombez à 0 en San- sauvegardes
• Destructeur : une fois durant la té mentale, l’effet de la Folie ne FORCE 14
Scène, vous pouvez appliquer les s’applique qu’à la fin de la Scène. DEXTÉRITÉ 16
dégâts maximum à une attaque, CONSTITUTION 16
avec en plus un bonus de 6 points
de dégâts. Équipement SAGESSE
INTELLIGENCE
10
9
• Haine : vous voulez la peau de Sut- Tenue noire, gants et passe-mon- CHARISME 10
ton. Vous la voulez vraiment, au tagne, une bombe lacrymogène,
point de continuer à avancer, même taser. ressources
truffé de balles, et de vous relever TORCHE d10
au moment où tout le monde vous BAGOU d4
croit mort. Si vous tombez à 0 en SANTÉ MENTALE d4
Vie, au lieu d’être Hors-Jeu, vous VIE d6
lancez immédiatement 1d10 pour
connaître les conséquences sur la DÉGÂTS ARMÉ d12
table Hors-Jeu (si vous obtenez 1, DÉGÂTS NON ARMÉ d6
relancez), et vous revenez à d4 en

231
aide de jeu E5
SOPHIE IANSKI
Quel est mon rôle ?
J’ai repéré les lieux avant chaque crime. J’ai tué lorsqu’il le fallait.

Que vais-je faire ?


Je veux vivre ! Les autres, je m’en fiche, mais moi, je veux vivre. Même si
c’est en prison, même si je prends perpète, je veux vivre ! D’accord pour
que Sutton meure, mais que va-t-il nous arriver après ? Pierre est dingue,
Thomas le suit comme un toutou, Simon est un boucher… Je peux peut-
être trouver un appui auprès de Jane ?

Les autres encagés


Je suis la plus terre à terre du groupe et la plus consciente du danger que
pose la police.
CARACTèRE
Pragmatique, lucide, terrifiée • J’ai cru en Pierre, mais le déroulement des tueries est en train de me
dégriser. Je ne crois plus en lui.
description physique • J’apprécie Thomas. Je l’aime bien.
36 ans, 1,70 m, 65 kg, cheveux
bruns, yeux noisette, traits ti- • Jane m’a toujours laissée froide – une gosse de riche qui joue à être
rés et expression lasse, privilé- dure.
gie les vêtements fonctionnels,
sans fantaisie. • J’ai dû « remettre en place » Simon brutalement à une ou deux reprises.
Depuis il est correct. Mais c’est un malade.
sauvegardes
FORCE 16
DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
14
10 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 14
• Blessure grave : une fois durant la Tenue noire, gants et passe-mon-
INTELLIGENCE 11
Scène, vous pouvez causer les dé- tagne, une bombe lacrymogène,
CHARISME 12
gâts maximum de l’arme que vous un fusil de calibre 12 chargé à la
utilisez. Vous pouvez à la place chevrotine (Matériel d8).
ressources conseiller un autre personnage au
TORCHE d8 moment où son joueur lance les
BAGOU d6 dégâts : il lance les dégâts avec un
SANTÉ MENTALE d8 Avantage.
VIE d6 • Sens en alerte : vous avez un
Avantage à tous les tests de Sa-
DÉGÂTS ARMÉ d8 gesse.
DÉGÂTS NON ARMÉ d4

232
aide de jeu 68

233
SECTION 5

234
les encagés

section 9
235
HORS PROCÉDURE

235
AUX RACINES DE L’AFFAIRE
INTRODUCTION
Les scénarios hors procédure sont exacte-
ment ça : des éléments d’information suscep- Comment les présenter
SECTION 9

tibles d’aider les enquêteurs à mieux com-


prendre ce qui se passe, sans pour autant Vous avez trois solutions pour faire jouer ces
qu’ils puissent les inscrire dans la procédure. scénarios.

Tous fonctionnent comme des « aides de


jeu à vivre » : au lieu de donner un docu-
ment à lire aux joueurs, vous leur distribuez En prélude
les feuilles de personnages des prétirés et les
aides de jeu décrivant la situation, puis vous Dans ce cas, jouez ceux qui vous intéressent
lancez l’aventure. avant de lancer l’action des Encagés. N’hésitez
pas à les présenter comme des scénarios de
Cthulhu Hack sans rapport avec la campagne.
Par la suite, les enquêteurs découvrent les dé-
Structure commune clencheurs, mais vous n’avez plus besoin de
leur distribuer quoi que ce soit : les joueurs
Les hors procédure commencent tous par auront leurs notes et leurs souvenirs. Cette
un bloc d’informations où vous trouverez les méthode fonctionne mieux avec un groupe
éléments suivants. stable et dont les parties ne sont pas trop éloi-
gnées les unes des autres.

Le déclencheur
Intégrés à la campagne
Une présentation rapide du document dont
la lecture lance le scénario. Dans ce cas, vous les présentez comme des
flash-back : les enquêteurs trouvent un dé-
clencheur, vous distribuez les prétirés et vous
lancez le scénario.
La source
Gardez en tête que les hors procédure
Des informations sur la source du déclen- consomment du temps de jeu, au moins une
cheur, autrement dit sur l’endroit où il peut séance chacun, voire deux, et qu’ils interrom-
être découvert par les enquêteurs. Tous les pront l’enquête principale. Ce n’est pas un
hors procédure proposent au moins deux problème en début de campagne, lorsque le
sources possibles, et vous êtes libre d’en ima- rythme est relativement lent. Cela peut en de-
giner d’autres selon ce qui se passe autour de venir un à partir du moment où Les meurtres
votre table. Leur détenteur peut être désireux reprennent, et lorsque vous arriverez à Fin
de le communiquer aux enquêteurs… ou pas. de partie, il sera trop tard pour une longue
digression. Vous aurez toujours la ressource
de les faire jouer après, lorsque les enquê-
Le document teurs seront occupés à boucler le dossier.

Un paragraphe d’informations sur le do-


cument considéré comme objet : ce qu’en
pensent les experts de la police scientifique, Solution mixte
ce que l’on peut conclure de l’analyse du
texte, etc. Rien ne vous empêche de faire jouer, disons,
L’Abbaye-de-Monte à regret et Le Labyrinthe

236
comme préludes et de garder L’Affaire Lom-
bardi et La Bête d’Aubeterre comme scénarios • Type ? Fantastique surréel avec une
intégrés, ou toute autre combinaison qui vous touche de gore.
semble intéressante.

HORS PROCÉDURE
La bête d’Aubeterre
Les scénarios • Quand ? Juin 1944

Ces quatre scénarios sont présentés dans • Quoi ? Une incursion du Labyrinthe aux
l’ordre chronologique inverse de leur dérou- alentours d’Aubeterre, en Charente.
lement, du plus récent au plus ancien. Ce
n’est pas forcément l’ordre dans lequel ils en- • Le déclencheur ? Des fichiers audio ras-
treront en jeu : celui-ci est déterminé par les semblant les témoignages de survivants du
trouvailles des enquêteurs. maquis Cyrano.
Il va sans dire que ces scénarios sont aussi • La source ? Ces fichiers ont été réunis par
complètement optionnels. S’ils ne vous plaisent M. Dozier. Ils peuvent être chez lui, sur lui ou
pas, vous êtes libre de les ignorer. Aucun d’eux être passés dans les mains des encagés.
n’a d’impact direct sur l’enquête principale.
Leurs impacts indirects sont examinés ci-des- • Type ? Bac à sable durant la Seconde
sous, au paragraphe La place du fantastique. Guerre mondiale.

L’affaire Lombardi L’abbaye de Monte-à-regret


• Quand ? De juin 1992 à juin 1993. • Quand ? 1836

• Quoi ? Le démantèlement du culte de Sut- • Quoi ? Machinations et contre-machina-


ton par le groupe du colonel Lombardi. tions autour du culte bordelais.

• Le déclencheur ? Les aveux posthumes de • Le document ? Une lettre de Céleste


Marc Lombardi. d’Ancellys, courtisane parisienne, à François
Vidocq.
• La source ? Valérie Poli, la veuve du colo-
nel, ou M. Hyvères. • La source ? Elle peut se trouver chez Pierre
Ménard, le Dr Lormier ou chez Mme Champde-
• Type ? Polar noir. nier.
• Type ? Cadavre exquis de roman popu-
laire.
Le labyrinthe
• Quand ? Juin 1986… pour autant que le
temps ait un sens dans cet autre monde.
La règle des cinq
• Quoi ? La mise à mort d’une poignée de
gens qui ont contrarié Sutton. Arrivés à ce moment de votre lecture, vous
avez sans doute remarqué un détail : le groupe
• Le déclencheur ? Une « nouvelle » rédi- d’enquêteurs prétirés se compose de cinq
gée par Hervé Torrès lors de sa crise de dé- personnes, trois hommes et deux femmes.
mence de 2004. Les encagés sont cinq, trois hommes et deux
femmes. Et comme vous allez le découvrir, les
• La source ? Les papiers de Torrès, où qu’ils
prétirés des scénarios hors procédure sont
se trouvent.
toujours cinq, trois hommes et deux femmes.

237 237
Ce n’est ni une coïncidence, ni le résultat
d’un grand plan mystique qui verrait des cham- La place du fantastique
pions de l’Ordre se dresser face aux forces
du mythe de Cthulhu en suivant toujours la En dehors d’un Sutton ressuscité que les
même composition de groupe (à moins bien enquêteurs ne croiseront probablement
sûr que vous ne décidiez de l’interpréter ainsi, même pas, la campagne ne contient guère
d’éléments surnaturels. Telle qu’elle est ré-
SECTION 9

ce qui peut aussi être amusant).


digée, les personnages peuvent tout à fait la
Non, il s’agit d’un pur artifice de présenta-
résoudre en se disant : « nous avons affaire à
tion. Rien de plus, rien de moins.
des gens qui croient au surnaturel ».
Les Encagés n’a pas été écrit pour un nombre Les scénarios hors procédure sont différents.
de joueurs précis. Les tests ont montré qu’il Tous contiennent des éléments de fantastique
fonctionnait avec un seul joueur. À titre per- « concret », que leurs protagonistes subissent
sonnel, j’estime que pour ce genre de scénario directement. Sont-ils de nature à changer le
d’enquête complexe, le nombre optimal tourne ton de la campagne proprement dite ? Cela
entre deux et quatre participants, avec un pla- dépend de vous et de votre groupe.
fond à cinq. Au-delà de ce chiffre, le groupe a
tendance à se fragmenter et la cohérence de-
vient plus difficile à assurer. D’où l’inclusion de Des joueurs et des enquêteurs
cinq prétirés, même si je ne doute pas une se-
conde que certains d’entre vous le feront jouer Posons une évidence : vos joueurs sont
à six ou huit personnes et arriveront à en tirer probablement venus pour vivre une histoire
une histoire passionnante. cthulhienne. Je n’ai pas de remords de leur
avoir fourgué du polar à la place, mais consi-
Par ailleurs, une observation parfaitement dérés au premier degré, les scénarios suivants
non scientifique, conduite selon la méthode sont du fan service sur le thème « c’est bien
du pifomètre sur un échantillon à la repré- ici, la livraison de monstres indicibles ? »
sentativité incertaine, m’a permis d’établir
que les joueuses restent, hélas, en minorité Toutefois, il serait dommage de s’en tenir là.
dans notre loisir. C’est l’origine de ma décision Considérons l’effet de ces scénarios sur les en-
de m’en tenir à un ratio trois contre deux. Là quêteurs :
encore, je suis bien conscient que certains • Les joueurs vivront la campagne et ces
d’entre vous ont des groupes majoritaire- scénarios avec des personnages différents,
ment, voire presque exclusivement, féminins. mais dans certains cas, ils pourront retrou-
ver les traces des événements décrits dans
Pour résumer : ces deux choix sont des dé- les hors procédure, et confirmer une partie
cisions « méta ». Ils ne sont pas censés avoir des informations qu’ils renferment. De là à
d’impact réel sur l’histoire. Ignorez les préti- se laisser convaincre par ce que racontent les
rés. Altérez-les. Adaptez-les. S’ils ne corres- auteurs des documents, il n’y a plus qu’un
pondent pas aux souhaits de votre groupe, pas… À ce niveau, les hors procédure sont
travaillez avec les joueurs pour les faire coller. là pour donner aux joueurs la possibilité de
Si vous avez moins de cinq joueurs, ne rete- saper la croyance implicite de leurs person-
nez que les personnages qui vous semblent nages dans un univers explicable et borné
intéressants. Ignorez les autres ou faites-en par la logique. Les gendarmes prétirés sont
des PNJ. Changez leur sexe et leur histoire tous des individus rationnels, sans beaucoup
personnelle si cela vous semble souhaitable. de fantaisie. Vu leur métier, c’est normal et
Bref, habitez-les. Non seulement vous avez même souhaitable. Des assassins aux moti-
ma permission, mais je vous y encourage vations religieuses cadrent avec leur vision
chaudement ! du monde, mais ce que racontent les hors
procédure va au-delà, et même bien au-delà
dans le cas de Labyrinthe.

238
• Les enquêteurs restent libres de rejeter que chaque nouvel événement soit interprété
le surnaturel, même après avoir pris connais- à travers deux grilles de lecture.
sance des documents. En effet, ils ne vivent
pas les événements tels qu’ils se sont dérou- Entre nous, ce serait même un joli résultat.

HORS PROCÉDURE
lés, mais tels que des témoins les présentent.
Lors des tests, ils ont eu un impact très dif-
Or, ils sont bien placés pour savoir que tous
férent selon la sensibilité des joueurs et leur
les témoignages sont fragiles et subjectifs, et
lecture de leur personnage. Certaines incar-
dans trois cas sur quatre, ces témoins sont
nations de Tellier ont fini par croire au sur-
d’une fiabilité douteuse : Lombardi est suici-
naturel, d’autres ont choisi de croire que les
daire, Torrès couche ses hallucinations sur le
scénarios hors procédure illustraient juste les
papier, et Céleste d’Ancellys est une menteuse.
racines de l’affaire et la folie des différents
Reste le cas de La Bête d’Auberterre, plus diffi-
protagonistes. Lors de l’une des parties, seule
cile à écarter, mais pas forcément impossible
Huard a cru au surnaturel, sans parvenir à en
à rationaliser – de très jeunes gens soumis à la
convaincre ses collègues.
pression des événements de juin 1944 sont-ils
En conclusion, une évidence : si vous pen-
des « témoins fiables » ? Quoi qu’il en soit, la
sez que ces scénarios risquent d’affaiblir l’im-
décision appartient aux joueurs.
pact émotionnel de la campagne, vous êtes
libre de faire l’impasse dessus, de ne faire
Le fantastique explicable jouer que ceux qui vous conviennent et de
retirer les éléments qui vous dérangent. L’Af-
Au-delà de la question de la fiabilité des faire Lombardi est parfaitement jouable sans
témoins, nous arrivons à la notion de fantas- monstre, par exemple.
tique explicable.
Pensez à une balance à deux plateaux. Elle
va nous servir à peser les explications pos-
sibles d’un événement. À droite, nous met-
trons l’explication rationnelle. À gauche, la
surnaturelle. À un moment, la balance pen-
chera dans un sens ou dans l’autre, sous le
poids des « oui » et des « mais… »
Lombardi affirme avoir vu un monstre dans
la cave de la ferme temple, mais son témoi-
gnage n’est pas fiable.
Mais il y a d’autres témoins, par exemple
Dozier, qui n’est absolument pas fou et pense
qu’il y avait bien quelque chose.
Qu’en est-il des encagés ? Certains ont vu
un monstre ce jour-là, d’autres non, mais tous
étaient drogués, sous-alimentés et convaincus
qu’ils allaient mourir d’un moment à l’autre.
Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un élément
emporte la conviction des enquêteurs. Ou,
plus précisément, jusqu’à ce qu’un élément
emporte la conviction individuelle de chaque
enquêteur. Il est tout à fait possible que les
scénarios hors procédure divisent le groupe
principal entre « rationalistes » et « tenants du
surnaturel », que des tensions apparaissent et

239 239
L’AFFAIRE LOMBARDI
Ce scénario hors procédure permet aux en- nier, le retrouve et leur envoie. Dans cette
quêteurs de mieux comprendre ce qui s’est version, il est posté depuis Paris, sans lettre
SECTION 9

passé dans l’intervalle qui sépare la mort d’accompagnement et sans nom d’expéditeur.
d’Hélène Lombardi de celle de James Sutton,
entre juin 1992 et juin 1993.

Le document
Le déclencheur Il s’agit d’une vingtaine de feuillets à peine
jaunis, qui ne montrent que très peu de signes
Le colonel Lombardi a laissé un récit des de manipulation et d’usure. Ses premières
douze mois consacrés à traquer les assassins lignes constituent l’aide de jeu A7, voir p. 242.
de sa fille. Il y avoue plusieurs meurtres, dont
celui de Sutton.
Analyse physique
Selon toute probabilité, les enquêteurs ne
La source transmettront leur trouvaille au labo qu’après
lecture, et donc après avoir joué le scénario.
• La source la plus probable reste Valé-
rie Poli, la veuve du colonel Lombardi. Si les Les techniciens peuvent communiquer les
enquêteurs l’approchent, elle réagit comme informations suivantes aux enquêteurs :
indiqué p. 140, mais deux jours plus tard, ils
reçoivent une grosse enveloppe postée de • Le vieillissement du papier indique qu’il
Corse. Elle contient les aveux posthumes de vient d’une ramette commercialisée au début
Marc Lombardi, ainsi qu’une lettre, l’aide de des années 1990. Il est possible d’identifier sa
jeu A6, voir page ci-contre. marque, mais c’est un produit de série dont il
s’est vendu des centaines de milliers de feuilles.
• Valérie Poli peut également adresser ce
courrier à la Section de recherches de Bor- • La signature chimique de l’encre correspond
deaux de sa propre initiative. Il est même à une cartouche Hewlett-Packard du début des
possible qu’elle l’ait fait avant la tuerie de années 1990. Le dossier ne le précise pas et les
Villegouge. Dans ce cas, elle l’a envoyé aux principaux intéressés ne s’en souviennent pro-
enquêteurs en charge de l’affaire Laplace. Le bablement pas eux-mêmes, mais l’imprimante
document se trouve donc sur le bureau du de la famille Lombardi était bien une HP.
capitaine Kerrien. Celui-ci peut l’avoir exploi- • Le document porte les empreintes digitales
té ou pas, et le transmettre rapidement aux de son expéditeur. Ni Mme Poli ni M. Hyvères
enquêteurs ou non. ne sont fichés au FAED, ce qui limite l’intérêt
• Charles Hyvères constitue une autre de cette information dans un premier temps.
source, moins probable. Dans ce cas, le jour- Sur quelques pages, les experts découvrent
naliste a profité de l’enterrement du colonel, des empreintes anciennes, peu nettes, qui
en juin 1994, pour s’introduire chez les Lom- pourraient être celles du colonel Lombardi.
bardi. Il y a découvert ce document et l’a volé. « 50 % de chances », déclare le technicien, en off.
Il comptait l’utiliser pour mieux étayer le ma-
Ces trois analyses peuvent être menées en
nuscrit des Mystères Lombardi, mais lorsque
parallèle et prennent 2 semaines /3 jours/ 4
l’éditeur a renoncé à sa publication, les aveux
jour (ou si vous utilisez la gestion simplifiée
ont fini dans un carton. Après son entretien
des demandes : 3 semaines / Intelligence / 1
avec les enquêteurs, Hyvères fouille son gre-
semaine et cinq jours).

240
Analyse textuelle aide de jeu A6
Dans un premier temps, servez-vous de ces
éléments pour colorer votre mise en scène. Si
les enquêteurs ont des questions après le scé-
nario, il sera temps de les expliciter.
• Lorsqu’il rédige ses aveux, le colonel Lom-
bardi est devenu un protagoniste lovecraftien
classique, un homme brisé qui va mourir et
couche son ultime témoignage sur le papier.
Le document contient plusieurs allusions à
son suicide imminent.
• Pour expliquer sa décision de mourir,
Lombardi mentionne son désir de rejoindre
Hélène, et fait plusieurs allusions aux
« rêves qui le hantent depuis un an », sans les
détailler. Il s’est autodiagnostiqué un état de
stress post-traumatique, mais il s’agit plutôt
de séquelles de l’incident de la cave (voir Des
renforts pour l’ennemi ! p. 252).
• Lombardi a rédigé des aveux, pas un dos-
sier pour aider des enquêteurs à inculper sa
famille et ses amis. Dans toutes les circons-
tances où il risquerait de les incriminer, il parle
de ses « complices » et les désigne par un code
tiré de l’alphabet de l’Otan. Il pousse la pru-
dence jusqu’à accorder ses phrases au mascu-
lin même lorsqu’il s’agit d’une complice.
• Ses aveux ne sont pas un témoignage au
sens où il ne se soucie pas de donner des dé-
tails ou des noms. Ainsi, il parle de « la ferme
temple isolée, perdue au milieu des champs »,
mais il ne donne pas son adresse.

Les prétirés
Vous trouverez l’équipe de Lombardi en fin
de scénario, p. 256. Ils constituent les aides
de jeu A1, A2, A3, A4 et A5. La « règle des
cinq », présentée p. 237, s’applique : vous
pouvez modifier tous les éléments de leur
background et en supprimer à votre guise.
Souvenez-vous cependant que ce groupe est
davantage intégré à la campagne que ceux
des autres « hors procédure ». L’exercice
sera donc plus délicat, et risque de vous im-
poser des changements rétroactifs. (« Fina-
lement, Dozier a toujours été en couple avec
Alice Torrès. »)

241 241
NOTES DE MISE EN SCÈNE
Lorsque vous ferez jouer ce scénario, souvenez-vous que :
• Ce n’est pas une enquête. Lombardi et les siens ont interrogé des gens et remonté des pistes, mais ce scé-
nario se contente d’évoquer ces aspects, sans les détailler et sans créer de liens logiques entre ces éléments.
Faire jouer une année entière d’investigation en plus de la très longue enquête principale aurait été « trop ».
SECTION 9

• Joueurs et personnages ne savent pas les mêmes choses. Les prétirés sont désignés par leur nom et par
l’alias choisi par Lombardi. Lors de la partie, l’identité des complices du colonel sera donc tout à fait évidente…
pour les joueurs. En revanche, rien dans le texte dont les enquêteurs disposent ne leur permet d’incriminer les
survivants du groupe. Ils auront une « intime conviction », sans moyens de la traduire en termes juridiques.
• De la violence ? Oh oui ! La campagne principale peut se dérouler sans aucun combat. Par contraste, le
dernier tiers de ce scénario est une variation sur la scène des bayous de la nouvelle L’Appel de Cthulhu, où un
groupe de héros interrompt un « sabbat » agrémenté de sacrifices humains. Vous pouvez jouer le combat en
détail ou rester narratif, peu importe. De toute manière, c’est le moment d’une petite catharsis.
• Une mise en abyme. Lombardi & Cie font exactement ce que font des investigateurs « normaux ». Or, du
point de vue des enquêteurs, il n’existe pas tellement de différence avec les agissements des encagés… alors
que ces derniers sont censés être des extrémistes à moitié fous. Chacun en tirera ses propres conclusions.

aide de jeu A7
Acte I : le drame
Cet acte permet aux joueurs de faire la
connaissance de leurs personnages, de les
confronter à une situation traumatisante, puis
lance l’action.

Le coup de sonnette
Samedi 13 juin 1992, 10 h 02. Le colonel, sa
femme et sa fille sont chez eux, en compagnie
du couple Dozier-Torrès, arrivés la veille au
soir afin de passer le week-end avec leurs amis
pour les réconforter.
On sonne. Deux gendarmes attendent sur
le pas de la porte. Le plus gradé, le lieutenant
Laporte, prend la parole. « J’ai des nouvelles. De
mauvaises nouvelles. Les pires. Tôt dans la ma-
tinée, nous avons retrouvé un corps tout près
d’ici. Nous pensons qu’il s’agit d’Hélène. Je…
j’aurai besoin de votre aide pour l’identifica-
tion, bien sûr, mais je crains qu’il n’y ait guère de
doutes. » Laporte n’a rien de plus à dire, à part les
platitudes de circonstances, toutes mes condo-
léances, nous ferons le maximum, etc. La nou-
velle impose à tous un test de Santé mentale,
dont la conséquence éventuelle est un Choc.
Jouez la scène de l’identification comme
un cauchemar. Le technicien de l’IML qui re-

242
çoit les Lombardi refuse de leur montrer le aide de jeu A8
corps, et demande plutôt s’il n’y aurait pas
des cicatrices anciennes, ou de vieilles frac-
tures visibles aux rayons X. Les traces d’une

HORS PROCÉDURE
fracture ouverte à la jambe gauche, séquelle
d’une chute de cheval quand Hélène était en-
fant, permettent de confirmer que le corps
de la morgue est bien le sien. Les Lombardi
peuvent partir sans protester, ou faire un es-
clandre et insister pour la voir. Dans ce cas,
ils se retrouvent en face d’un médecin légiste
compatissant, qui parle de « graves bles-
sures » et leur déconseille de garder « l’image
de votre fille dans cet état ». Il capitule assez
rapidement. Voir Hélène défigurée et les yeux
arrachés impose un second test de Santé
mentale. Là encore, la conséquence éven-
tuelle est un Choc.
Les Lombardi rentrent chez eux vers
14 heures. Le lieutenant Laporte a promis
de repasser le lendemain. Demandez « que
faites-vous ? ». Les personnages viennent
d’être placés dans des circonstances ex-
trêmes. Laissez les joueurs s’en emparer et
jouer leurs rôles. Des cris ? Des larmes ? Un
silence accablé ? Un serment de vengeance ?

Les obsèques
Samedi 19 juin, 16 heures. L’enterrement
d’Hélène se déroule dans un petit cimetière,
au milieu d’une foule dense. Le prêtre fait
un beau discours creux où il est question de
avec mon mari samedi prochain à 13 heures.
l’amour de Dieu. Les Lombardi serrent des
Je vous appelle pour vous dire que… qu’il ne
mains et répondent aux condoléances de la
pourra pas venir. (Une pause.) En fait, il est
famille, des amis… et d’inconnus venus parce
mort cet après-midi. »
que l’affaire est médiatisée.
Un mot, l’aide de jeu A8, voir ci-contre, les Mme Mabire appelle tous les clients de
attend sous l’essuie-glace de la voiture du l’entreprise pour reporter leurs rendez-vous.
colonel. Il y a beaucoup de monde autour Elle a trouvé le numéro de téléphone des
d’eux, mais personne ne semble les observer. Lombardi dans l’agenda professionnel de son
Que font-ils ? Vont-ils en parler au lieutenant mari. Il n’avait pas noté leur nom, ce qui est
Laporte, ou le garder pour eux ? inhabituel.
Elle n’est pas en état de soutenir une conver-
sation prolongée, mais elle peut dire que son
Surprise au téléphone mari a succombé à une crise cardiaque à son
travail, en fin de matinée, et qu’il était pépi-
Mercredi 23 juin, 19 h 13. Le téléphone niériste. « Mais pourquoi vous me demandez
sonne chez les Lombardi. À l’autre bout du ça ? Si vous aviez rendez-vous, vous le savez,
fil, une femme. « Bonjour, Monsieur. Je m’ap- non ? »
pelle Sylvie Mabire. Vous aviez rendez-vous

243 243
Si les personnages laissent à Mme Mabire un Certaines saynètes sont pensées pour un
peu de temps pour absorber le choc avant de prétiré en particulier. D’autres sont « libres ».
la recontacter, ils peuvent avoir une conversa- Essayez de mettre tout le monde en valeur au
tion très fructueuse avec elle, que ce soit au moins une fois. Allez vite : cinq minutes par
téléphone ou chez elle, à Cadillac. scène, grand maximum, avec un minimum de
jets de dés. N’oubliez pas que les premières se
Elle ignore l’existence du culte, mais elle
SECTION 9

déroulent dans la chaleur de l’été et les der-


sait que :
nières au printemps de l’année suivante. Si
• Son mari était inquiet depuis une dizaine vous préférez leur consacrer un peu plus de
de jours. « En même temps, il avait l’air… temps, confiez les rôles des personnages se-
content de lui, vous voyez ? Comme soulagé. » condaires aux joueurs dont les personnages
ne sont pas « sur scène » et laissez-les impro-
• Son mariage battait de l’aile. « Mon mari a viser.
toujours eu une vie en dehors de nous. Des soi-
rées avec des amis, des parties de chasse, des Si vous avez besoin d’un fond sonore, The
week-ends entre potes. Ça ne me dérangeait Hunts Builds, de Wojciech Kilar, dans la BO du
pas, mais depuis deux ou trois ans, ça s’était Dracula de Coppola, se prête bien à l’exercice.
intensifié, et on ne se voyait presque plus ».
Vous pouvez les enchaîner à votre guise ou
• Elle connaît deux noms : Arnaud Leval et laisser la main aux joueurs, en leur disant par
David Maignan, qu’elle ne se fait pas prier exemple : « vous avez le choix entre mener des
pour donner. Surveillances ou tenter de recueillir des Té-
moignages. Plus tard, vous aurez la possibilité
de passer à l’Action. Que privilégiez-vous ? »
Intervention policière et Agression sont des
jokers que vous pouvez sortir après n’im-
porte quelle séquence qui aura mal tourné
et répéter plusieurs fois en exploitant leurs
différentes variantes. Cambriolage est une
séquence d’action. Ses deux petites sœurs
Kidnapping et Nettoyage conduisent directe-
ment à l’acte III. Quant à S’équiper, c’est une
séquence de transition, mais elle peut aussi
être placée plus tôt, si les joueurs se montrent
prévoyants en amont.

Surveillance 1 : repérages
manuel mabire (J1)
Les investigateurs procèdent à des repé-
rages autour du domicile d’un sectateur pré-
Acte II : face au culte sumé. Celui-ci peut être à l’intérieur ou être
sorti.
Cet acte est un survol de l’année que le
groupe de Lombardi a passé à remonter les • Qui ? Deux personnages prétirés au choix.
pistes qui l’ont mené à Sutton et à la ferme Ils sont équipés d’un appareil photo avec un
temple de Jordis. gros téléobjectif.
À partir de ce point, Lombardi commence • Où ? Une maison cossue dans une rue
à employer les alias pour ses proches, et ce tranquille.
scénario devient un « montage » : une série
de petites scènes qui dépeignent des mo- • Enjeu. Prendre des notes sur les habitudes
ments de l’enquête sans en être une. du suspect et ses fréquentations.

244
PAS DE RECHERCHES ?
Les membres du groupe de Lombardi ont bien entendu conduit des recherches sur leurs suspects, sur les

HORS PROCÉDURE
disparitions de fugueurs, etc. L’exercice étant très « statique » et faisant doublon avec les activités des enquê-
teurs de 2013, il a été rejeté « hors champ ». N’hésitez pas à glisser entre chacune des séquences suivantes
des phrases de transition du type « grâce à vos recherches, vous avez le nom d’un contact possible », ou « vos
recherches vous ramènent sans cesse à James Sutton ».

• Variantes. faire peut se terminer au poste.


3. Le suspect présumé les repère et c’est lui
1. Vous pouvez remplacer le domicile du qui prend leur voiture en photo de son balcon.
suspect par son lieu de travail, qu’il s’agisse (Le pare-brise de la voiture les protège, mais il
d’un bureau à Mériadeck, ou de l’opéra de a leur immatriculation.)
Bordeaux s’ils surveillent Leval.
2. Le pavillon peut devenir une maison de
ville ou un appartement. Surveillance 2 : filatures
3. Les investigateurs peuvent également Les investigateurs filent un sectateur présumé.
s’intéresser aux proches des sectateurs présu-
més. Beaucoup sont mariés, ont des enfants, • Qui ? Deux investigateurs au choix. Là en-
etc. En ces années de panique autour des pé- core, ils sont en voiture et équipés d’un ap-
dophiles, planquer devant une école est par- pareil photo. Si vous avez envie de mettre en
ticulièrement périlleux pour un homme seul. scène une poursuite, le gibier peut être confié
à un joueur.
• Complications.
• Où ? Le centre-ville de Bordeaux est plein
1. Quelqu’un, passant ou riverain, se rend de petites rues étroites et de sens interdits qui
compte de leur manège et les somme de dé- rendent les filatures compliquées, à moins de
guerpir, ou il appelle la police. coller au gibier. Les rocades extérieures sont
plus simples à négocier.
2. Quelqu’un a appelé la police. Une voiture
de patrouille s’arrête à côté de la leur, et son • Enjeu. Repérer d’autres complices pré-
conducteur leur demande ce qu’ils font là. À sumés de l’enlèvement d’Hélène et des sites
moins que les investigateurs ne se soient déjà à surveiller. L’existence de « complices »
fait remarquer, où qu’ils ne réagissent de ma- sous-entend la notion de groupe, mais ne
nière suspecte, il se borne à un « circulez ». donne encore aucune indication sur les moti-
D’un autre côté, s’il remarque l’appareil pho- vations des ravisseurs.
to, ou si les personnages partent en vrille, l’af-

REPLAY : REPÉRAGES
Lors des tests, deux joueurs incarnaient des prétirés, et deux autres étaient un couple de suspects passant
une soirée tranquille chez eux. Le MJ a alterné les « que faites-vous ? », avec les uns qui conduisent leur sur-
veillance (« je saute la barrière pour entrer dans le jardin et j’essaie d’entrer dans le cabanon ») et les autres qui
racontent leur soirée (« je vais chercher des glaces, tu en veux ? »). Le MJ a ajouté des complications comme
« la lumière du jardin s’allume automatiquement », ce qui a permis à l’épouse de placer un « chéri, tu veux aller
voir dans le jardin ? La lumière s’est allumée ».
Au bilan, ce fut une scène très tendue, avec deux groupes de joueurs ravis des réactions des uns et des autres.

245 245
• Variantes. approcher des fugueurs. Les investigateurs
peuvent aussi tenter le coup dans des foyers,
1. Le gibier sort pour des raisons sans rap- avec ou sans l’accord des travailleurs sociaux.
ports avec le culte : visite familiale ou amicale,
sortie culturelle, etc. • Enjeu. Si les enquêteurs de 2013 ne les ont
pas déjà eues, un fugueur peut leur donner
2. Le gibier se rend à une réunion du premier les mêmes informations que Stéphanie Simon
SECTION 9

niveau du culte : une soirée bling-bling avec (p. 137). Si elles sont déjà en possession des
des personnalités dans un grand restaurant gendarmes, leur contact peut être plus précis
du centre-ville. et leur donner, par exemple, une description
3. Le gibier se rend à une réunion du second assez précise de Frédéric Gosselin.
niveau : une partouze dans une boîte échan- • Variantes. Il est possible d’inverser la pro-
giste dans un coin discret de la proche ban- position : un ancien compagnon de galère
lieue, ou carrément chez Sutton, à Dardenac. d’Hélène entend parler de leurs recherches et
demande à leur parler.
Dans les cas 2 et 3, les lieux ont été privati-
sés pour l’occasion, et il est compliqué de s’y • Complications.
introduire si on n’est pas « sur la liste ». Mais
dans les deux cas, il y a une intéressante mois- 1. En fait, leur contact ne sait rien, mais
son de photos à faire à l’entrée et à la sortie. cherche une occasion de les dépouiller, peut-
être avec des complices. Il a un cran d’arrêt et
• Complications. le manque de drogue lui a fait perdre toutes
ses inhibitions quant à la violence.
1. Le gibier prend des précautions pour ne
pas être suivi. Simple routine, mais les per- 2. Leur contact veut de l’argent. Pas énor-
sonnages ne peuvent pas le savoir et risquent mément, mais plus que les investigateurs n’en
de s’imaginer qu’ils sont repérés. ont sur eux. À moins qu’il ne soit demandeur
d’un service : veut-il appeler ses parents ? Que
2. Le gibier s’arrête pendant un long mo- les investigateurs lui « arrangent le coup » avec
ment. L’un des investigateurs quitte son poste les services sociaux pour une place en foyer ?
pour aller manger (ou pisser) lorsqu’il se re-
met en mouvement. 3. Leur « contact » n’a jamais croisé Hélène.
En fait, il travaille pour les proxénètes qui ali-
3. Le gibier n’a rien vu, mais la sécurité sur mentent le second niveau du culte. Sous cou-
place repère les personnages. Pas question de vert de « se renseigner » pour le compte des
violence, mais une intervention de la police investigateurs, il cherche à leur tirer les vers
est du domaine du possible. du nez.

Témoignages 1 : les fugueurs Témoignages 2 :


Les investigateurs tentent de remonter la la périphérie de la secte
piste d’Hélène, qui a passé un certain temps Ayant identifié une partie du « noyau dur »
livrée à elle-même avant de croiser la route des proches de Sutton, les investigateurs
de ses assassins. tentent de faire parler des individus périphé-
riques.
• Qui ? Jeanne est la mieux placée pour
gérer des contacts avec des fugueurs, sans • Qui ? N’importe lequel des adultes, et le
doute sous la surveillance discrète de sa témoin peut être incarné par un joueur dé-
mère. Le rôle du ou des fugueurs peut être sœuvré.
confié à des joueurs, surtout si vous utilisez la
• Où ? Selon qu’ils interrogent un membre
complication n° 1, ci-dessous.
du premier ou du second niveau, la conversa-
• Où ? Les alentours de la gare Saint-Jean ou tion peut avoir lieu dans un restaurant hup-
de la gare routière sont de bons endroits pour pé ou dans un bar louche. Leur interlocuteur

246
peut être une version plus jeune de M. Que- teurs à l’encontre des personnages. Le culte
vedo, de Lily ou d’Henri Langlois. Ou un no- a des choses à cacher, lui aussi, et ne va pas
table qui a gravité autour de Sutton avant de tout raconter à la police, juste le nécessaire
s’en éloigner… pour nuire aux investigateurs. Par ordre de

HORS PROCÉDURE
gravité croissant, cela donne :
• Enjeu. Confirmer des soupçons, obtenir
des informations, introduire l’idée qu’ils ont 1. Un policier sonne chez l’un des membres
affaire à quelque chose de « très gros », au du groupe pour une simple « conversation in-
moins à l’échelle locale, et peut-être men- formelle ».
tionner l’idée d’une secte aux motivations re-
2. Une convocation en bonne et due forme,
ligieuses.
au cours de laquelle une paire d’enquêteurs
• Variantes. Les investigateurs sont libres leur pose des questions désagréablement
de choisir leur approche, courtoise ou mena- précises. La séance se conclut par « bon, on
çante. Ils peuvent corrompre leur interlocu- vous reconvoquera ».
teur, jouer sur sa fibre morale, ou essayer de
le faire chanter sur le thème « quand la police 3. Une arrestation suivie de vingt-quatre
donnera un coup de filet au milieu de toutes heures de garde à vue, ponctuée par une
ces pourritures, on glissera un mot en votre confrontation avec leur accusateur. L’affaire
faveur ». n’ira pas plus loin.
• Complications. • Complications.

1. Leur contact est soulagé d’être enfin ap- 1. Pour les policiers, Lombardi et ses proches
proché par quelqu’un. Il ne sait pas grand- sont a priori de braves gens qui cherchent à
chose, mais il confirme volontiers les soup- comprendre ce qui est arrivé à Hélène. Ils se
çons des investigateurs… que ces derniers montrent compréhensifs… jusqu’à un point.
voient juste ou non.
2. Si les policiers ont l’impression qu’ils ont
2. Leur contact est terrifié par Sutton, et il affaire à des individus irrationnels, ils font en-
s’avère plus difficile que prévu de le faire parler. trer un expert psychiatre dans la danse. Il ne
représente qu’une perte de temps… à moins
3. Leur contact lâche quelques informa- qu’il ne s’agisse du Dr Bascoul (p. 152).
tions, puis se ferme. Après leur départ, il ap-
pelle l’un des sectateurs. 3. Dans les jours qui suivent, les investiga-
teurs sont discrètement filés par la police.
S’ils ont l’intelligence de faire profil bas – sou-
venez-vous qu’ils ont près d’un an pour me-
Réaction du culte : ner leurs recherches – elle lâche rapidement
intervention policière l’affaire.
Si les investigateurs se font remarquer, mais
ne semblent pas trop proches du noyau du
culte. Les sectateurs demandent l’aide de la Réaction du culte : agression
police.
À force de creuser, les investigateurs
• Qui ? Les investigateurs qui se sont expo- finissent par agacer quelqu’un. S’agit-il d’un
sés lors des scènes précédentes. authentique sectateur ou juste de l’un des no-
tables qui gravitent autour de Sutton ?
• Où ? Probablement à l’Hôtel de police de
Bordeaux. • Qui ? Le colonel Lombardi, un autre per-
sonnage prétiré, et un ou deux joueurs dé-
• Enjeu. Ancrer dans la tête des joueurs que sœuvrés pour jouer les agresseurs. Dans ce
la voie légale est fermée. cas, alternez entre les deux groupes, deman-
dez aux poursuivis ce qu’ils font, où ils se
• Variantes. Cette scène change selon la
cachent, et aux poursuivants comment ils s’y
gravité des accusations portées par les secta-
prennent pour les retrouver.

247 247
• Où ? Les quais de la Garonne, de nuit. Les avez envie de souligner la notion de secte, ça
investigateurs sont poursuivis par des brutes peut être l’occasion de trouver un médaillon à
plus nombreuses qu’eux (deux par personne). l’effigie du dieu vénéré par le culte, voire une
Armés de couteaux et de matraques, leurs as- robe comme celles que portent les sectateurs
saillants ont plus l’intention de faire mal que lors de la scène finale. Plus subtilement, vous
de tuer. pouvez introduire des éléments apparem-
SECTION 9

ment anodins, mais qui résonnent avec les


• Enjeu. Éviter de se faire casser la gueule
thèmes du culte, et avec ce que les enquê-
ou pire.
teurs de 2013 découvriront chez les victimes
• Variantes. des encagés (l’image d’un labyrinthe, une sta-
tuette de saint Adalric, etc.).
1. Les investigateurs ne sont pas poursuivis,
mais l’un d’eux est blessé. • Variantes.

2. Ils sont indemnes, mais il y a du sang sur 1. Local secondaire : l’un des sectateurs loue
leurs vêtements, et l’un d’eux tient un cou- un garage ou une unité de stockage dans un
teau ensanglanté. garde-meuble. Dans ce cas, la sécurité peut
être inexistante… ou au contraire bien pré-
3. La scène se déroule à deux pas de chez sente et professionnelle.
eux plutôt que dans un lieu éloigné.
2. Absence fabriquée : les investigateurs ont
4. L’embuscade a été amorcée par un appât, fait l’effort d’éloigner le sectateur pour être
l’une des personnes qu’ils ont approchées sûrs de disposer de plusieurs heures. Revien-
lors de leur recherche de témoins. dra-t-il plus tôt que prévu ?
• Complications. • Complications.

1. Les agresseurs se sont déployés intelli- 1. La maison n’est pas vide. Le sectateur hé-
gemment, et deux d’entre eux barrent les is- berge un ami qui n’est au courant de rien, mais
sues possibles. réagit mal à la présence de « cambrioleurs ».
2. Les agresseurs sont accompagnés d’un 2. Les personnages découvrent une liste de
gros chien qui a repéré l’odeur des investiga- membres du culte désignés par des noms de
teurs. code. S’il ne s’agit pas de désinformation, la
police de Bordeaux et la gendarmerie de Gi-
3. Les agresseurs cherchent à les capturer ronde abritent des sectateurs ! (Cette com-
plutôt qu’à les tabasser. plication est surtout utile pour fermer la voie
légale aux joueurs qui ne voulaient « que »
rassembler des informations avant de les
Action 1 : cambriolage transmettre à qui de droit.)

Les investigateurs se sentent assez sûrs d’eux 3. Piège : le sectateur, sur ses gardes, s’éloigne
pour s’introduire chez l’un des sectateurs en comme prévu, mais avertit la police qu’un cam-
son absence, à la recherche d’informations. briolage est en cours chez lui. Les investigateurs
ont tout juste le temps de fuir par-derrière.
• Qui ? N’importe quel personnage. Aucun
d’eux n’est armé pour jouer les monte-en-l’air.

• Où ? Les sites et les complications pos- Action 2 : kidnapping


sibles sont les mêmes que lors de la séquence
Repérages, p. 244. Les investigateurs passent à l’offensive ! L’ob-
jectif de la scène est de s’emparer d’un sectateur
• Enjeu. Découvrir de nouvelles pièces du ou présumé comme tel. Peu importe son iden-
puzzle, s’assurer qu’Hélène ou d’autres fu- tité, il s’agit d’un individu qui a émergé lors des
gueurs n’ont pas été séquestrés ici. Si vous repérages. Maignan est trop costaud pour se lais-

248
ser enlever sans casse, et les investigateurs per-
çoivent Leval comme trop proche de Sutton, et
Action 3 : nettoyage
donc trop susceptible de donner l’éveil à la secte. Les investigateurs ont capturé un sectateur
et l’ont interrogé. Ayant obtenu de lui autant

HORS PROCÉDURE
• Qui ? Demandez aux joueurs de monter d’informations que possible, ils se retrouvent
le plan : combien de personnes ? Combien avec un cadavre sur les bras.
de véhicules ? Vont-ils enlever leur gibier en
pleine rue ? Utiliser l’un des membres du • Qui ? Lombardi n’est pas le genre d’homme
groupe pour l’attirer dans une maison isolée ? à esquiver ses responsabilités. En dehors de
Le charmer ou l’assommer ? lui, laissez les joueurs décider qui participe.
• Où ? Selon les besoins du groupe. Fixez un • Où ? La scène commence sans doute dans
seuil et laissez-les dépenser des ressources. Les une cave ou un garage, et risque de se termi-
personnages utilisent leur Torche pour trouver ner dans un bois ou au bord de la Garonne.
un point faible dans la bâtisse qu’ils cherchent Comme pour la scène du kidnapping, deman-
à infiltrer, ou un test de Bagou pour obtenir des dez aux joueurs quel est leur plan. Utilisez plu-
informations sur les habitudes de la cible. Ces tôt les tests de Sauvegarde : Force pour éviter
tests se font avec un Désavantage : les person- de faire tomber le corps au mauvais endroit
nages ne sont pas naturellement des enquê- et laisser des traces, Sagesse pour repérer un
teurs, contrairement aux gendarmes que les coin tranquille où enterrer le cadavre, Intelli-
joueurs incarnent durant le reste de la cam- gence pour trouver la bonne technique pour
pagne. Ce que les personnages tentent fonc- faire disparaître le corps. Les joueurs lancent
tionne, mais sur un 1 ou un 2, leurs actions en- les dés, dosez les complications en fonction
gendrent l’une des complications ci-dessous. des résultats.
• Enjeu. Interroger un membre confirmé de • Enjeu. Effacer les traces d’un « interroga-
la secte est le seul moyen de savoir où elle se toire » salissant.
réunit.
• Variantes. Si, lors du kidnapping, les
• Variantes. Selon toute probabilité, cette joueurs ont explicitement exclu toute issue
scène n’aura lieu qu’une fois. fatale à l’interrogatoire, convertissez cette
scène en séquestration. Il faut trouver un lieu
• Complications. sûr, quelqu’un pour nourrir le prisonnier, etc.
1. Le sectateur est armé, se méfie, hésite ou • Complications.
n’est pas seul.
1. Le « cadavre » reprend connaissance,
2. Le site choisi devait être désert, mais il y peut-être lorsque nos héros commencent à le
a du monde. Heureusement, les gêneurs ne découper pour le stocker dans des sacs-pou-
s’attardent pas. belles. S’ils achèvent le blessé de sang-froid,
exigez un test de Santé mentale.
3. La logistique ne suit pas. L’une des voi-
tures tombe en panne, il faut improviser. 2. Le produit choisi pour nettoyer le sang ne
convient pas, les taches ne partent pas… et où
4. Le plan initial échoue. Le sectateur trouver du détergent industriel au milieu de
s’échappe, en ayant ou non conscience de ce la nuit ?
qui a failli lui arriver. Il faudra recommencer…
ou agir à chaud, ce qui augmente les risques.

REPLAY : KIDNAPPING

Lors des tests, le groupe a basculé de l’enquête à la vengeance lors de la scène Action 2 : kidnapping, lorsque
le joueur de Torrès a tiré dans la jambe du sectateur qu’ils souhaitaient capturer pour l’empêcher de fuir.

249 249
3. Des motards de la gendarmerie sont pré- • Complications.
sents sur la route qu’ils empruntent. Ils ne
sont pas là pour eux et ne les contrôlent que 1. Le vendeur n’accepte que le liquide, si
s’ils agissent de manière suspecte. possible en deutsche marks ou à la rigueur en
francs. Où trouver l’argent, sachant que tout
est hors de prix ?
Transition : s’équiper
SECTION 9

2. Le vendeur est pris d’un accès de para-


noïa, le contact est rompu, il faut faire preuve
Muni des renseignements fournis par le de diplomatie pour le renouer.
sectateur, le groupe se prépare à l’assaut.
Écoutez les idées des personnages, deman- 3. La livraison ne correspond pas à la com-
dez-leur comment ils tentent de les concréti- mande, mais « c’est à prendre ou à laisser ».
ser, et mettez tout ça en scène.
• Qui ? Selon la nature du matériel ache-
té. Au début des années 1990, les conflits
en ex-Yougoslavie sont une source d’armes Acte III : vengeance !
toute trouvée… à condition d’avoir les bons
contacts. Cet acte se concentre sur l’attaque de la
ferme temple du culte lors de la cérémonie du
• Où ? Les commandes impliquent des dis- samedi 12 juin 1993.
cussions avec des moustachus nerveux dotés
de forts accents balkaniques, qui reçoivent
leurs clients sur les bancs de jardins publics.
Les livraisons se font sur des chemins de cam-
Matériel
pagne, vers 4 heures du matin.
De quoi disposent Lombardi et son groupe ?
• Enjeu. Être en mesure de mener l’assaut Cela dépend largement de leurs souhaits et
sur le temple. de la manière dont s’est déroulée la séquence
S’équiper. Ce qui suit est une base que vous
• Variantes. Il est également possible de êtes libre d’ajuster à la hausse ou à la baisse.
voler du petit matériel sur la base militaire
où travaille Lombardi. Hélas, les armes
lourdes sont très surveillées. Est-ce
que ça arrêtera le colonel ?

250
• Un passe-montagne, des lunettes de pro- La ferme temple
tection et une paire de gants en cuir par per-
sonne. Située loin de tout, sur plusieurs hectares
de terrain comprenant des champs en friche

HORS PROCÉDURE
• Trois talkies-walkies. Qui les prend ? et un petit bois, elle se compose d’un bâti-
ment central 1900 et d’un grand hangar en
• Deux gilets pare-balles. Qui les prend ? Ils tôle construit dans les années 1970. Sans être
confèrent un Avantage aux tests de Vie pour bien entretenus, ils ne sont pas encore en-
les dégâts d’armes à feu. gloutis par la végétation. Vous pouvez confier
• Trois gilets pare-lames. Qui les prend ? Ils aux joueurs l’aide de jeu 66, p. 215, s’ils ne
confèrent un Avantage aux tests de Vie pour l’ont pas déjà eue durant l’enquête des gen-
les dégâts tranchants (par exemple les coups darmes.
de couteaux). Les investigateurs vont sans doute déployer
un luxe de précautions pour s’approcher, mais
• Deux grenades à plâtre par personne, le culte n’a pas posté de gardes : l’invocation
volées dans le stock de la base militaire où de l’Homme dans le Labyrinthe est la cérémo-
travaille Lombardi. Elles peuvent assourdir nie la plus sacrée de leur religion, et personne
les sectateurs, mais les nuages de plâtre com- n’a voulu s’en priver.
promettent la visibilité (Désavantage aux Sau-
L’intérieur est sinistre et poussiéreux. De
vegardes de Force et Dextérité en combat).
vieux cartons s’entassent contre les murs
Les investigateurs connaissant moins bien
du salon. Ils contiennent les affaires person-
les lieux que les sectateurs, c’est une arme à
nelles des sacrifiés, dont celles d’Hélène. Leur
double tranchant.
seul nombre impose un test de Santé men-
tale. L’escalier de la cave s’ouvre dans la cui-
• Un couteau de chasse par personne.
sine. L’aide de jeu 67, p. 217, vous permet de
• Lombardi a un Uzi et deux chargeurs décrire les lieux et de gérer la progression des
(chaque chargeur a un score de d6 en Maté- investigateurs.
riel, changer de chargeur nécessite un Mo-
ment). Il l’a réglé pour tirer des rafales de
trois balles. Si tout le monde réclame un Uzi,
La cave des horreurs
glissez au joueur du colonel que d’un point de
L’escalier, en pierre, est visiblement plus an-
vue tactique, lâcher des civils équipés de pis-
cien que la maison. Il ouvre sur une vaste cave
tolets-mitrailleurs dans un espace confiné où
voûtée, qu’un amateur d’histoire comme Tor-
se trouvent des prisonniers est une très mau-
rès peut dater, avec une Sauvegarde d’Intel-
vaise idée.
ligence, du XVe siècle, et qui a de toute évi-
dence appartenu à un bâtiment beaucoup
• Un pistolet intraçable et cinq chargeurs
plus important que la ferme.
(chaque chargeur a un score de d4 en Maté-
riel) par personne pour les autres. • Le palier. Il abrite de très prosaïques ca-
siers où les sectateurs rangent leurs vête-
• Deux silencieux à fixer sur des pistolets ments et récupèrent leurs tenues rituelles.
(les silencieux sont plus bruyants que dans les
films). Qui les prend ? • Le labyrinthe. Cette structure symbolique
se compose de quelques pièces de tissu pen-
Les aveux de Lombardi mentionnent en une dant du plafond, qui composent une paire de
phrase que le groupe a passé le week-end des chicanes. Le traverser prend quelques ins-
5 et 6 juin dans les bois, à s’entraîner. Il n’est tants, et les investigateurs peuvent foncer au
pas nécessaire de jouer la scène, mais vous travers.
pouvez glisser l’information aux joueurs que
• La grande salle. Le plafond de cette longue
ce détail préoccupe.
salle basse au sol dallé est soutenu par une ran-
gée de massifs piliers gothiques. Elle est éclai-
rée par des torches qui laissent de vastes zones

251 251
d’ombre. Au nombre d’une bonne vingtaine, Les conditions tactiques sont optimales pour
les sectateurs sont agglutinés dans la moitié les investigateurs : les sectateurs leur tournent
la plus éloignée des investigateurs. La moitié le dos et sont absorbés par ce qui se passe de-
porte des robes noires, les autres sont nus. vant eux, et les futurs sacrifiés sont (relative-
ment) à l’abri dans leurs cages. La seule ques-
• Les cages. Il y en a trois de chaque côté de
tion qui se pose est donc : grenade, Uzi ou les
la grande salle. Cinq d’entre elles contiennent
SECTION 9

deux ? Le groupe est un peu trop loin pour faire


des adolescents nus et faméliques, recroque-
un carton sur les deux prêtres… qui ne vont pas
villés sur des litières de paille. La sixième est
tarder à lever les yeux et à les voir.
ouverte et vide.
Les premières secondes se déroulent
• Les alcôves. De chaque côté de la grande comme dans un rêve : les sectateurs des der-
salle s’ouvrent deux alcôves. Côté nord, la niers rangs tombent, fauchés par les balles
plus proche des investigateurs est vide, la se- des investigateurs. Les autres paniquent, re-
conde abrite un escalier qui débouche dans le fluent vers l’avant et se bousculent pour ga-
hangar. Côté sud, on trouve une « sacristie » gner la sortie de secours. Donnez l’aide de jeu
pleine de fouets et d’instruments de torture, A9 aux joueurs.
où les clés des cages sont accrochées, et la
« sortie de secours » de Sutton, un portail qui
conduit à Dardenac. Des renforts pour l’ennemi !
• L’autel. Lorsque les investigateurs inter-
viennent, Sutton et Leval se tiennent derrière Soudain, le Labyrinthe gravé sur le mur
l’autel, sur lequel se trouve le corps martyri- du fond se met à pulser, et quelque chose
sé de Rachel Gardet. Une paire d’acolytes se émerge de son centre. Les investigateurs qui
tiennent prêts à aller chercher le sacrifié sui- réussissent leur test de Santé mentale ne dis-
vant. Une représentation du Labyrinthe est tinguent qu’une zone floue, comme une bru-
gravée sur le mur du fond, et un saint médiéval me de chaleur. Ceux qui échouent perçoivent
incongru observe la scène depuis une niche. quelque chose de bien différent : une entité à
la fois immense et ramassée sur elle-même,
avec des organes qui sont à la fois à l’intérieur
Feu ! et à l’extérieur d’elle.
Pire, ils sentent qu’autour d’elle, la cave est
Le morceau Vampire Hunters, toujours tiré en train de changer. Les moellons de calcaire
de la BO de Bram Stoker’s Dracula, sera par- deviennent des parois de basalte, et ils ont
fait pour sonoriser cette scène. la certitude que si elle reste trop longtemps,
même l’air deviendra toxique.

OPTION : LE CULTE SE MÉFIE


Selon la manière dont les personnages ont joué l’acte II, ils sont plus ou moins apparus sur le radar du culte. La
description de la ferme part du principe qu’ils sont restés invisibles. Si vous estimez qu’ils ont été repérés, appli-
quez les modifications suivantes :
• Un guetteur est installé au grenier. Il ne couvre pas tous les alentours, et il reste possible de se faufiler dans
l’ombre des bâtiments, mais cela exige une Sauvegarde de Dextérité.
• Environ la moitié des sectateurs portent un couteau à la ceinture.
• Deux sectateurs sont postés dans le labyrinthe de tissu, prêts à donner l’alerte.
• Deux pistolets sont disposés dans chacune des alcôves du côté nord. Ils apportent au culte une puissance de
feu décente lors des premiers échanges, mais en absence de chargeurs de rechange, elle va vite s’étioler (les Sau-
vegardes en combat obtiennent alors un Avantage).
• Un fusil de chasse chargé est dissimulé derrière l’autel. Dans une salle pleine de sectateurs, si Leval ou Sutton
s’en servent, ils risquent de tuer leurs propres hommes, mais cela reste un excellent outil d’intimidation (les dé-
gâts du fusil de chasse sont conséquents : le Dé de Vie est lancé avec un Désavantage).

252
aide de jeu A9

253
Le monstre plane pendant de tir, il faut avancer, ce qui revient à s’exposer
sectateur deux rounds au-dessus de la aux sectateurs.
dépouille de Rachel Gardet,
POINTS DE VIE 5 se nourrissant d’elle d’une
POINTS D’ARMURE 0 manière impossible à perce-
voir ou à comprendre. En-
Achever Sutton
Attaques : Poignard sacrificiel
SECTION 9

suite, il se tourne vers les in- Le grand prêtre a franchi le rideau qui ferme
(blessure) vestigateurs. l’alcôve. En dehors d’un nouveau labyrinthe
Son apparition rend courage gravé au sol, elle ne contient aucun mobi-
Capacités spéciales : aux sectateurs, qui conservent lier. Sutton, concentré, avance sur le che-
• Surnombre : trois sectateurs l’avantage du nombre… mais min, soulevant des gerbes d’étincelles bleues
peuvent se regrouper pour at- sans doute pas de l’arme- à chaque pas. Avant que les investigateurs
taquer une cible, auquel cas ment. aient pu ajuster leur tir, il parvient au centre
toute blessure occasionnée
Sutton file vers l’alcôve-por- et disparaît.
par le groupe implique de je-
ter le Dé de Vie avec un Désa- tail. Leval tente de neutraliser Il n’y a plus qu’à le suivre… La traversée du
vantage. le membre le plus dangereux labyrinthe est impressionnante, mais rapide
du groupe en utilisant un sort et sans danger. Une fois au centre, les poursui-
de Flétrissement ou d’Aveu- vants ressentent une brève nausée et dispa-
leval glement. Si les investigateurs raissent. Ils se retrouvent dans le bureau de Sut-
souhaitent avoir un bon angle ton, au château de Dardenac, dos à une grande
POINTS DE VIE 16 gravure représentant un labyrinthe. Leur gibier
POINTS D’ARMURE 0

Attaques : Poignard sacrificiel


(blessure) (voire Fusil, auquel
cas blessure avec un Désavan-
tage) ET un Sort au choix (voir
Capacités spéciales)

Capacités spéciales :
• Flétrissement : Leval fait
noircir la chair de la cible. Si
elle échoue à une Sauvegarde
de Constitution, elle perd im-
médiatement 1 niveau en Vie.
• Aveuglement : si la cible
échoue à une Sauvegarde
de Sagesse, elle est aveugle
jusqu’à la fin de la Scène.

254
est à deux mètres d’eux à peine. Il vient de sor- que les investigateurs vident
tir un pistolet du tiroir de son bureau. les lieux.

Il est possible de l’abattre sur place, mais vu • Les investigateurs qui

HORS PROCÉDURE
sa position, il est aussi possible de lui sauter sont « Hors Jeu » s’en tirent.
dessus et de le maîtriser… Traitez tous les résultats in-
férieurs à 5 sur la table de la
p. 9 de Cthulhu Hack comme
Raccords des 5. Cette règle est valable
pour tous les hors procé-
Pour être conforme au résultat esquissé dure sauf Le Labyrinthe.
dans la campagne principale, vous devez arri-
ver aux résultats suivants :
Conclusion
• À Dardenac, Sutton meurt d’une balle ti-
rée par son propre pistolet. La blessure peut Regagner la cave de
passer pour un accident. Les investigateurs lui la ferme temple depuis
retirent sa robe et lui remettent des vêtements Dardenac exige juste de se
civils, mais cela peut arriver hors champ. Si les concentrer sur la gravure et james sutton
choses tournent autrement, par exemple un de la toucher.
Sutton abattu dans le dos par une rafale d’Uzi, Les aveux de Lombardi, et Voir ses caractéristiques p. 222
ce n’est pas dramatique. Cela veut juste dire donc le scénario, s’achèvent
que le juge Tissot, qui a conclu à l’accident, par l’ouverture des cages. Les
n’était pas incompétent, mais qu’il y a bien eu investigateurs disent aux en- l’entité du labyrinthe
une conspiration pour couvrir son assassinat, cagés « vous êtes libres »… et
et qu’il en faisait partie. Sutton gênait en haut la caméra revient sur les en-
lieu. Il est possible que Lombardi ait reçu un POINTS DE VIE 25
quêteurs de 2013. POINTS D’ARMURE 0
discret feu vert… mais il n’en parle pas dans
son témoignage.
Attaques : Drain psychique x 3
• Dans la cave, la bataille se termine par la
mort d’une partie des sectateurs, dont Leval, Capacités spéciales :
et la fuite des survivants. Dans le chaos d’une • Drain psychique : au lieu de
bataille, ce résultat est relativement simple à faire un test de Vie, la cible
obtenir, surtout avec l’aide de l’entité. Celle- effectue un test de Santé
ci reste aussi longtemps que nécessaire pour mentale lorsqu’elle est tou-
maintenir la pression sur les investigateurs, chée par l’entité du Labyrinthe.
puis disparaît. Si le groupe concentre le feu • Résistance aux balles : l’en-
sur elle, ils en viennent à bout lorsque cela tité ne subit que le minimum
vous arrange. Si les investigateurs ciblent spé- des dégâts contre les balles, en
cifiquement un PNJ dont le texte principal revanche elle subit les dégâts
dit qu’il a survécu, par exemple Maignan, eh classiques de la part des armes
bien, il est mort… ou il a fait le mort jusqu’à ce blanches.

NOTES DE MISE EN SCÈNE

Selon toute probabilité, le groupe va éclater, avec un ou deux investigateurs poursuivant Sutton et les
autres restant dans la cave, où il reste beaucoup à faire. Dardenac étant trop loin de Jordis pour que les talk-
ies-walkies servent à quelque chose, les deux groupes ne peuvent pas communiquer. Partagez-vous entre les
deux combats en changeant fréquemment d’écran.

255 255
aide de jeu A1
MARC LOMBARDI
Qui suis-je ?
SECTION 9

Un officier d’infanterie droit dans ses rangers, dont la fille Hélène a disparu
depuis deux mois. Elle a fugué par ma faute : une énième dispute idiote
avec une ado qui me ressemblait beaucoup.

Que vais-je faire ?


Tenir bon. J’ai cherché partout, tous les endroits où elle a ses habitudes,
interrogé tous ses amis… Désormais, il n’y a plus qu’à attendre.

Qui sont les autres ?


• Valérie et moi fêterons bientôt nos vingt ans de mariage… si notre
couple survit à cette épreuve. Pour la première fois, j’ai des doutes.
CARACTèRE • Jeanne est la grande sœur d’Hélène. Elle est plus mature qu’elle, heu-
Intransigeant, autoritaire, dés- reusement. Elle serre les dents, mais elle encaisse.
tabilisé
• Jean-Pierre Dozier est un très vieil ami et le parrain d’Hélène. Il est à
nos côtés depuis le début de cette épreuve.
description physique
45 ans, grand, mince et mus- • Enfin, Hervé Torrès est le compagnon de Jean-Pierre. C’est un littéraire
clé, cheveux bruns grisonnants un peu fumeux, mais bizarrement, nous nous entendons bien, lui et
aux tempes coupés en brosse, moi.
visage en lame de couteau.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement
FORCE 16 • Autoritaire : une fois par séance • Machette : souvenir d’un can-
DEXTÉRITÉ 12 vous pouvez donner un ordre à un tonnement au Gabon.
CONSTITUTION 12 PNJ. Si vous réussissez une Sauve-
SAGESSE 10 garde de Charisme, le PNJ exécute • Treillis : motif camouflage adap-
INTELLIGENCE 10 l’ordre s’il ne le met pas en dan- té à la forêt.
CHARISME 12 ger. Si vous échouez à la Sauve-
garde de Charisme, faites un test
ressources de Santé mentale ; vous pourrez
faire une nouvelle tentative d’uti-
TORCHE d6 lisation de cette Capacité spéciale
BAGOU d4 durant la séance, mais sur un
SANTÉ MENTALE d8 autre PNJ.
VIE d10
• Force de caractère : une fois par
DÉGÂTS ARMÉ d10 session de jeu, vous pouvez relan-
DÉGÂTS NON ARMÉ d4 cer les dés pour un test de Hors-
Jeu ou de Santé mentale. Choisis-
sez le résultat de votre choix.

256
256
aide de jeu A2
VALÉRIE LOMBARDI (OSCAR)

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
La mère d’Hélène, une ado têtue et bornée, comme son père. Elle a dis-
paru depuis le 14 avril, voici presque deux mois. À part ça, je suis femme
et fille de militaire, catholique et raisonnable… sauf si on touche à mes
enfants.

Que vais-je faire ?


La retrouver. On verra après. Et si le pire arrive ? La venger.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi est mon mari. « Derrière tout grand homme, il y a une
femme »… je suis derrière Marc et je le pousse en douceur là où je veux
qu’il aille. Je fais ça depuis vingt ans et il n’a toujours rien remarqué.
CARACTèRE
• Jeanne est notre autre fille, la plus raisonnable des deux. Elle a mal, Vengeresse, chaleureuse, dissi-
mais essaye de ne rien montrer. mulée
• Jean-Pierre Dozier est le parrain d’Hélène, un type brillant et un ex-
cellent ami. description physique
43 ans, grande et fine, yeux
• Hervé Torrès est son compagnon. Il est excentrique, pas très équilibré,
bleus, cheveux châtains, rides
mais Jean-Pierre lui réussit, et vice versa. Tous les deux font partie de
de rire au coin des yeux.
la famille.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
10
12
• Vengeresse : si vous tuez une per- • Bible : une source de réconfort CONSTITUTION 10
sonne responsable de l’enlève- depuis la disparition d’Hélène. SAGESSE 14
ment de votre fille, vous enlevez INTELLIGENCE 14
tous les jetons de Fortune actuel- • Affiches de recherche : avec la CHARISME 12
lement sur votre fiche. photo et le signalement d’Hé-
lène. ressources
• Inaperçue : vous avez un Avan-
tage pour tous les tests visant à TORCHE d8
passer inaperçue. BAGOU d10
SANTÉ MENTALE d8
VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

257 257
257
aide de jeu A3
JEANNE LOMBARDI (INDIA)
Qui suis-je ?
SECTION 9

La sœur d’Hélène. Pardon, la grande sœur un peu terne d’Hélène. Hé-


lène, la brillante, la chouchoute, tout le portrait de papa… Je la déteste.
Je l’adore. Ça fait deux mois qu’elle a disparu et que la famille ne vit plus,
moi la première.

Que vais-je faire ?


Mon deuil. Hélène a dix-sept ans, elle est dans la nature depuis deux mois…
Apparemment, je suis la seule à penser qu’on ne la retrouvera pas, sans
oser le dire. Il faudra aider les parents à passer le cap.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi… papa. Un père sévère, à l’ancienne, mais un bon père.
Pour l’instant, il a besoin de moi. Je ne le décevrai pas.
CARACTèRE
Lucide, en colère, pondérée • Valérie… maman. Elle tient le coup. Elle est moins fragile qu’elle en a
l’air. Beaucoup moins, même.
description physique • « Oncle Jean-Pierre »… n’est pas mon oncle, mais un vieil ami de la
19 ans, taille moyenne, mince, famille et le parrain d’Hélène. Il l’adore d’autant plus qu’il n’a pas d’en-
cheveux châtains et yeux fants.
bleus, ressemble à son père.
• Enfin, Hervé Torrès est le « +1 » de Jean-Pierre. Très décalé par rapport
à nous autres, si conventionnels. Il essaye d’écrire et je pense qu’il a du
sauvegardes
talent.
FORCE 11
DEXTÉRITÉ 14
CONSTITUTION 11 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 13
INTELLIGENCE 12 • Jauger l’ennemi : vous savez re- • Un iPhone 5 : le top de la tech-
CHARISME 11 pérer les faiblesses. Vous avez un nologie en 2013.
bonus de + 1 pour toucher et pour
calculer vos dégâts contre un ad- • Un ouvrage de vulgarisation sur
ressources versaire à condition d’effectuer un les tueurs en série : vous ne le
TORCHE d12 test de Torche après l’attaque. consultez pas en présence de
BAGOU d8 vos parents.
• La part des choses : une fois par
SANTÉ MENTALE d8
partie, lorsque vous échouez un
VIE d6
test de Santé mentale, de Torche
ou de Bagou, considérez que le
DÉGÂTS ARMÉ d6
test est réussi et ne baissez pas la
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
Ressource en question.

258
258
aide de jeu A4
JEAN-PIERRE DOZIER (SIERRA)

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Un type sans histoire, qu’on ne remarque pas. Camouflage protecteur : je
suis en couple avec un homme, et si ça se savait, ma carrière dans l’admi-
nistration en souffrirait.

Que vais-je faire ?


Hélène a disparu depuis deux mois. L’incertitude tue ses parents à petit
feu. Il faut que je les aide à tenir. Et pour ça, il faut être là juste ce qu’il faut,
trouver les mots… C’est compliqué.

Qui sont les autres ?


• Je connais Marc Lombardi depuis vingt-cinq ans. Nous sommes très dif-
férents, c’est sans doute pour ça que je m’entends si bien avec lui. Je l’ai
rarement vu aussi mal en point.
CARACTèRE
• Valérie, sa femme, tient mieux le choc. Elle a toujours été plus dure que Prudent, minutieux, déterminé
lui.

• Jeanne, leur fille aînée, m’inquiète davantage, parce que je la déchiffre description physique
moins bien que ses parents. 42 ans, taille et corpulence
moyennes, cheveux bruns
• Quant à Hervé Torrès, mon compagnon, ce n’est pas un roc – trop mo-
coiffés en arrière, lunettes.
bile, trop léger pour ça – mais j’ai confiance en lui.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
8
11
• Pas moi ! : lorsqu’un adversaire • Carnet de notes et stylo : simple CONSTITUTION 11
vous prend pour cible, vous pou- et pratique. SAGESSE 14
vez effectuer une Sauvegarde INTELLIGENCE 15
de Charisme avec un Avantage • Argent liquide : quelques cen- CHARISME 15
immédiatement. En cas de suc- taines de francs. Peuvent servir
cès, l’adversaire choisit une autre à stimuler la mémoire d’éven- ressources
cible. En cas d’échec en revanche, tuels témoins.
TORCHE d6
vous avez un Désavantage pour BAGOU d8
vous défendre contre cet Adver- SANTÉ MENTALE d8
saire jusqu’à ce que l’un de vous VIE d8
soit Hors Jeu.
DÉGÂTS ARMÉ d6
• Fierté amoureuse : vous êtes fier DÉGÂTS NON ARMÉ 1
des réussites de votre compa-
gnon. Chaque fois qu’il obtient un
20 naturel sur un dé, vous pouvez
retirer un jeton de Fortune de
votre fiche.

259 259
259
aide de jeu A5
HERVÉ TORRÈS (LIMA)
Qui suis-je ?
Une pièce rapportée. Pour être précis, je suis le compagnon de Jean-Pierre,
SECTION 9

le parrain d’Hélène. Mes amis me décrivent comme un artiste touche-à-


tout. Moi, je me vois comme un bon à rien.

Que vais-je faire ?


Il n’y a pas grand-chose à faire, à part aider les Lombardi à attendre les
nouvelles et empêcher Jean-Pierre de craquer. Il prend sur lui pour soute-
nir les autres, mais il est aussi mal en point qu’eux.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi est colonel, catholique et sans doute un brin homo-
phobe quand nous ne sommes pas dans les parages, mais il fait une
exception pour nous.
CARACTèRE
Enthousiaste, créatif, rêveur • Valérie, sa femme, est plus fine que lui. Je l’aime bien et je crois que
c’est réciproque.
description physique • J’ai de l’affection pour Jeanne, la fille aînée, écrasée entre un père do-
38 ans, plutôt petit et costaud, minateur et une sœur plus brillante qu’elle. Je lui ai montré quelques-
cheveux bruns, a tendance à uns de mes essais d’écriture et elle m’encourage à poursuivre.
souligner son propos avec les
mains quand il parle. • Quant à Jean-Pierre, il est l’amour de ma vie, point. Je le suivrai en enfer
s’il le faut.
sauvegardes
FORCE 10
DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
16
13 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 16
INTELLIGENCE 13 • Artiste : vous bénéficiez d’un • Anxiolytiques : vous dormez
CHARISME 10 Avantage lorsque vous divertissez mal depuis quelques semaines,
un auditoire ou jouez un rôle afin et votre psy vous a prescrit de
de communiquer vos idées ou quoi vous relaxer.
ressources convaincre quelqu’un.
TORCHE d8 • Ordinateur portable : avec
• Main sûre : vous êtes particulière- une suite bureautique et une
BAGOU d6
ment habile avec vos gestes, ain- connexion Internet.
SANTÉ MENTALE d6
si une fois par heure de jeu, vous
VIE d10
réussissez automatiquement un
test d’attaque à distance.
DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

260
260
261
261
HORS PROCÉDURE
LE LABYRINTHE
Ce scénario hors procédure lève le voile sur quelque chose de ce témoignage. Dans ce cas,
le sort d’un groupe de Britanniques dont la il l’expédie à quelqu’un, mais à qui ? Le choix
SECTION 9

disparition a été l’une des causes du départ évident est bien sûr Dozier, mais il peut aussi
de Sutton vers le Continent. Il permet aux vouloir le préserver. Dans ce cas, Jeanne Lom-
joueurs de découvrir les horreurs du Laby- bardi serait un choix logique. Avant la dispari-
rinthe. tion d’Hélène, ils étaient proches, et c’est elle
qui l’avait encouragé à écrire… Jeanne est déjà
au bord du suicide (voir p. 139). Une lettre
d’outre-tombe risque de la faire basculer.
Le déclencheur • Torrès peut aussi l’envoyer à un enquê-
teur : dans un instant de lucidité prophétique,
Hervé Torrès a été interné en juillet 2004. le nom et le visage de l’un des membres du
Personne, pas même Dozier, ne sait ce qui groupe lui apparaît. Dans ce cas, le cahier
a déclenché sa crise de démence : l’écrivain l’attend dans une enveloppe à son nom, à
s’est rendu à Honnecourt pour y enquêter l’accueil de l’ULS. Cette option est la plus
sur un curieux fait divers qu’il pensait utiliser nettement « surnaturelle » du lot.
pour l’un de ses romans.
Il ignorait que cette affaire était liée à Sut-
ton, et que quelque chose dans l’atmosphère
de Honnecourt résonnerait avec sa psyché Le document
abîmée. Peu après son retour à Bordeaux, il a
été assailli de visions détaillant le sort atroce Il s’agit d’un cahier au format 19 x 25 cm
d’un groupe d’ennemis du sorcier. Il les a cou- d’une centaine de pages, à la couverture de
chées dans l’un de ses cahiers de notes avant moleskine noire. Tout son début est occupé
de s’effondrer. par des notes à caractère professionnel : mi-
nutages d’alibis, symptômes d’empoisonne-
ment, etc.
Elles sont suivies d’une douzaine de pages
La source blanches. Le texte commence abruptement
au milieu de la page 35. Il est rédigé au sty-
• La solution la plus simple et la plus pro- lo-plume, à l’encre bleue, d’une écriture nette
bable est que le cahier se trouve dans les et lisible. Elle le reste jusqu’à la fin, mais à
affaires de Torrès, à l’ULS Harmonie (voir chaque double page, la présentation devient
pp. 139-140). Tant que l’écrivain est en vie, plus étrange : dès la page 36, les marges sont
il prend la poussière sur une étagère de sa occupées par des hachures, qui prolifèrent
chambre, intouchée depuis des années. Après de double page en double page, occupant de
son décès, ses affaires sont rangées dans deux plus en plus de place. Très vite, le lecteur com-
cartons et transférées dans une réserve du prend qu’il s’agit de l’aperçu d’un labyrinthe.
rez-de-chaussée. Sa sœur Florence passe les Sur les dernières pages, il occupe presque
récupérer au bout de quelques jours. Libraire tout l’espace, le texte se réduisant à quelques
à Aurillac, « Flo » Torrès est une femme solide mots au centre.
et prosaïque, âgée d’une cinquantaine d’an-
nées. Elle compte ranger tout le fourbi de son
cinglé de frère au grenier en attendant de dé-
cider quoi en faire.
Analyse physique
• Il est possible que Torrès, dans ses der- • Ni le cahier, ni l’encre n’ont quoi que ce
nières heures de lucidité, ait décidé de faire soit de particulier.

262
• Plusieurs lettres, dans les archives de Do- • La coupure de presse est la Conclusion de
zier, permettent de confirmer qu’il s’agit bien l’aventure. Attendez la fin du scénario pour la
de l’écriture de Torrès. communiquer aux joueurs, même si les en-
quêteurs la lisent d’emblée.

HORS PROCÉDURE
• Les marges grandissent de précisément
4,4 mm par double page.

• Si le texte est soumis à un graphologue


(2 semaines / Charisme/ 8 jours), il note l’ab- Les prétirés
sence de ratures ou de signes d’hésitation, et
estime que le texte a été rédigé d’un seul jet. Vous trouverez les victimes de Sutton en fin
de scénario, p. 284. Ils constituent les aides
• S’il y consacre un peu plus de temps (3 de jeu L1, L2, L3, L4 et L5. Distribuez-les aux
jours), le graphologue peut également dire joueurs. Tous reçoivent également un exem-
que le « labyrinthe » qui colonise peu à peu plaire des aides de jeu L6, L7 et L8. Notez
les marges est un simple réseau de traits d’où que Le Labyrinthe désigne les personnages-
il est impossible de tirer une image cohérente. joueurs comme « les victimes » plutôt que
En revanche, c’est bien la même image qui est « les enquêteurs ».
reproduite d’une double page à l’autre, chan-
geant peu à peu d’échelle jusqu’à ce que les aide de jeu L6
traits qui étaient en marge dans les premières
pages se trouvent, à peine perceptibles, au
centre à la fin du cahier. Normalement, ce
degré de précision exige un ordinateur ou de
très longues heures de travail… or l’analyse du
cahier montre que les traits ont été tracés en
même temps que le texte et à main levée.
• Une coupure de presse est dissimulée
entre deux pages collées, à la fin.

Analyse textuelle
• Pour un lecteur inattentif, ce texte est une
banale nouvelle gore rédigée par un écrivain
de seconde zone.
• Pour un connaisseur du genre, elle est
comparable à certains des premiers récits des
Livres de sang de Clive Barker. Autrement dit,
c’est un chef-d’œuvre, et elle est authentique-
ment dérangeante.
• Le CID a peut-être mentionné les noms
des protagonistes de l’histoire aux enquê-
teurs. Tous étaient liés à Sutton et tous ont
disparu en 1986. Comment Torrès pouvait-il
les connaître ?
• Le texte est rédigé du point de vue d’un
narrateur impersonnel, mais quelques « je »
se glissent ici et là dans les scènes de mort,
donnant l’impression que Torrès meurt un
peu plus à chaque victime.

263 263
aide de jeu L7 La « règle des cinq », présentée p. 237, s’ap-
plique : vous pouvez modifier tous les élé-
ments de leur background et en supprimer
à votre guise. Notez que ces prétirés ont été
conçus pour générer du conflit :
• Entre sorciers et non-sorciers. Mercer et
SECTION 9

Goldstein peuvent s’entendre sur le dos des


« civils »… ou décider que c’est chacun pour
soi et se chercher des alliés parmi les trois
autres.
• Entre ennemis naturels. Connor est une
brute antisémite et Goldstein un Juif. Oui, vu
les circonstances, se disputer pour ce genre de
chose est idiot, mais les gens stressés sont idiots.
• Entre individus. Kramer et Jenkins
peuvent vite devenir irritants si leurs joueurs
le décident.
Si vous les modifiez, essayez de conserver
ces antagonismes ou d’en créer de nouveaux.

Les regrets
En plus de leur background, chacun des pré-
tirés est hanté par un regret, présenté dans
l’aide de jeu L8, page ci-contre. Plutôt que de
les intégrer directement au personnage, ils se
présentent sous la forme d’un petit papier à
tirer au hasard. Cela obligera le joueur à un
petit effort de gymnastique… tout en l’aidant
à s’approprier le prétiré.
Vus de votre côté de l’écran, ces regrets sont
des appâts. Le Labyrinthe s’en sert contre les
victimes. Un amour perdu réapparaît, une oc-
casion manquée se représente… et à chaque
fois, la mort est au bout du chemin.

INSPIRATIONS
Ce scénario rend hommage à deux branches de l’horreur qui prospéraient dans les années 1980.
La première est la charcuterie littéraire de la défunte collection Gore des éditions Fleuve Noir, illustrée par des
titres aussi primesautiers que La Mort visqueuse ou La Cervelle contre les murs. Un groupe, un huis clos, des
sévices, des morts… bref, une formule sans fantaisie, avec laquelle ce scénario joue.
L’autre source est le film « d’ado crevé », illustré dans les années 1980 par le gang des joyeux bouchers : Jason,
Leatherface, Freddy et tous leurs potes.
Il doit aussi quelque chose à la génération précédente des films d’horreur, celle de la Hammer, et en parti-
culier à L’Abominable Dr Phibes, où Vincent Price liquide tout un tas de gens déplaisants d’une multitude de
manières créatives.

264
aide de jeu L8

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout cas
pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir épousé son amour de jeunesse.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir fait la paix avec l’un de ses proches avant sa mort.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne jamais avoir eu autant de pouvoir qu’il ou elle le souhaitait.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu. Cela peut concerner une personne en particulier, l’humanité en
général, être un pouvoir concret ou une influence morale…

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de mourir dans l’ignorance de la Vérité sur l’univers.
Prends quelques instants pour le définir les détails, et communique le résultat de tes
réflexions au meneur de jeu. Il peut s’agir par exemple de secrets mystiques, expri-
més ou non au sein d’une religion conventionnelle, ou de vérités occultes.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir été quelqu’un de meilleur.
Prends quelques instants pour le définir les détails, et communique le résultat de tes ré-
flexions au meneur de jeu. Pense à un événement de ton passé qui cristallise tout ce que tu
regrettes – as-tu négligé tes vieux parents ? Escroqué tes amis ? Trahi tes frères et sœurs ?

265
NOTES DE MISE EN SCÈNE
Le Labyrinthe pose deux défis au meneur de jeu.
• Doser le gore et l’intérêt. Ce scénario repose sur l’élimination des membres du groupe, un par un. Les
joueurs eux-mêmes en sont prévenus dès le départ par l’intermédiaire de l’aide de jeu L6. Dans un loisir où
l’objectif habituel est de conserver son personnage en vie à tout prix, cela peut être démotivant. Essayez de
déplacer l’intérêt des joueurs de la survie à « comment mon personnage va-t-il mourir ? », voire à « comment
SECTION 9

vais-je, moi le joueur, coopérer à sa mise à mort ? »


Dans ce contexte, les effets sanglants sont une simple ponctuation et, assez perversement, une récom-
pense : voir son personnage coupé en deux dans une immense gerbe de sang et un horrible bruit d’os broyés
salue un succès, pas un échec.
Face à des joueurs que le sang met mal à l’aise, qui rejettent ce contrat social modifié, ou font mine d’y ad-
hérer pour s’en désintéresser, insistez sur les bizarreries du décor, qui représentent le second défi.
• Onirisme et macabre. Initialement, le Labyrinthe était juste un environnement de pierre et de bave hanté
de monstres griffus, dans lequel erraient des sacrifiés nus et traumatisés. Il a évolué pour devenir tout autre
chose : une balade dans l’inconscient de Louis de Honnecourt, un sorcier qui a quitté ce monde à la fin du
XVIIIe siècle. Pensez-y comme à Barry Lyndon revu et corrigé par le Lovecraft première manière, celui de Je
suis d’ailleurs. Sous un autre angle, c’est une variation noire sur Alice aux pays des merveilles… Et vous pouvez
exploiter une direction encore plus étrange : un monde fluide, où le temps ne s’écoule pas comme à l’exté-
rieur, régi par une intelligence inhumaine et d’où l’on ne s’échappe que très difficilement… nous sommes au
pays des fées ! Le mythe de Cthulhu étant un gigantesque attrape-tout, vous aurez juste à faire comprendre
aux joueurs qui s’interrogeraient sur cette ressemblance que le Labyrinthe est la source des histoires de fées
qui enlèvent des gens…

premier temps, le Labyrinthe puise dans leurs


Visite du Labyrinthe souvenirs pour leur composer un environne-
ment « rassurant ». Ils voient des rues pleines
Avant de faire un sort à nos victimes, explorons de maisons en briques identiques, des pâtés
l’environnement où elles vont évoluer et mourir. de béton des années 1960, des bus à impé-
riale, etc. Si vous avez besoin d’individualiser
leurs perspectives, sachez que Connor se sent
chez lui dans les friches industrielles alors que
« Géographie » Jenkins est à l’aise dans les studios de télévi-
sion. L’habitat naturel de Kramer est un com-
Au commencement, l’espace qui s’étend
plexe de bureaux modernes, avec beaucoup
entre notre monde et le domaine du dieu
de surfaces vitrées, des couloirs moquettés
adoré par le culte était infini et vide, parcouru
de beige, etc. Goldstein se sent bien dans les
de monstres qui étaient autant de pensées.
rues étroites de la City, où se concentrent des
Au fil des siècles, ses maîtres successifs l’ont marchands de livres anciens. Enfin, Mercer est
apprivoisé, lui donnant une forme et une un produit des beaux quartiers, avec leurs élé-
structure compréhensibles par les humains. gantes villas géorgiennes.
Chacun d’eux l’a modifiée en fonction de sa
culture d’origine, mais le résultat tient plus • La strate dominante. Au bout d’un mo-
du kaléidoscope que du mille-feuille : chaque ment, les victimes « arrivent » dans ce qu’ils
strate est liée à toutes les autres. De plus, le percevront sans doute comme le « vrai » Laby-
Labyrinthe « lit » ses visiteurs et s’adapte à rinthe. Sous le règne de Louis de Honnecourt,
leurs attentes. c’est une enfilade de salons et de chambres
XVIIIe, séparés par des couloirs de service et
Voici ses différentes strates :
des escaliers, sans oublier d’immenses cui-
• La strate des victimes. Les personnages sines où rôtissent des êtres humains. La plu-
sont tous des Britanniques de 1986. Dans un part des pièces sont luxueusement meublées

266
mais désertes. De loin en loin, les victimes dé- être l’intérieur de bâtiments, mais il reste une
couvrent une section habitée, où se déroule infinité de jardins, de cloîtres et de terrasses…
un concert de clavecin, une orgie sanglante,
un bal masqué, une séance de torture ou tout Ces strates portent encore le sceau de leurs

HORS PROCÉDURE
divertissement susceptible de tromper l’en- créateurs. Il s’agit parfois d’un simple motif
nui du seigneur du lieu. qui met les personnages mal à l’aise, et par-
fois de choses beaucoup plus étranges – une
• Les strates anciennes. Héritées des an- forêt où les troncs de tous les arbres portent
ciens maîtres du Labyrinthe, elles sont des le même visage sculpté, des vitraux reprodui-
centaines. La toute première est une im- sant à l’infini l’image d’une géante sans yeux,
mense forêt de conifères enneigée où rôdent un immense cadavre écorché flottant dans le
les esprits de grandes bêtes de l’ère glaciaire. ciel, etc.
Parfois, elle se fond dans d’autres forêts, où le
• Le néant originel. Il est toujours là, tou-
passant erre entre des poteaux de bois sculp-
jours infini, et jamais très loin. Parfois, il suffit
tés surmontés d’andouillers. Ils débouchent
d’ouvrir une porte pour découvrir un espace
sur des alignements de mégalithes, qui à leur
où il n’existe ni chaleur, ni froid, ni gravité, ni
tour laissent la place à des bâtiments de tor-
rien. Y entrer revient à se condamner à une
chis, puis de pierre. À partir de là, beaucoup
éternité subjective d’isolation sensorielle.
de structures sont souterraines ou semblent

267 267
COMMUNICATIONS
Fenêtres, portes et miroirs forment des points de passage évidents entre les différentes strates bâties
du Labyrinthe. Ailleurs, les entrées de grottes, les plans d’eau et les arches végétales formées par certains
arbres remplissent le même rôle. La troisième dimension offre également une infinité d’escaliers, de puits,
de falaises ou de gouffres qui sont autant d’accès possibles.
SECTION 9

Les victimes qui ouvrent les rideaux d’un salon XVIIIe siècle découvrent… exactement ce que vous désirez
qu’ils voient, par exemple un mur aveugle, un cercle de mégalithes ou une jolie cour médiévale. Cepen-
dant, rien ne leur garantit que sauter par cette fenêtre les conduira dans cette cour médiévale. Rien ne dit
qu’ils ne se retrouveront pas dans des catacombes ou dans un autre salon presque identique au précédent.
Bref, cet environnement est dangereusement incertain.

« Population » mais ils ne frappent que si l’Homme dans le


Labyrinthe le désire. Ils font également preuve
Le seul véritable occupant de ce monde est d’une certaine déférence légèrement teintée
l’Homme dans le Labyrinthe, qui fut Louis de de moquerie envers Mercer, une prêtresse dé-
Honnecourt. Toutes les autres entités qui le chue. Ils trouvent Goldstein très appétissant,
peuplent sont des êtres éphémères. mais aussi un peu effrayant.
La plupart sont de simples rémanences,
des échos des âmes des sacrifiés, dénués de
conscience propre. Avec le temps, certains
se découvrent capables de mener une exis- Arrivée
tence autonome et deviennent des esprits.
Les victimes reprennent connaissance dans
L’Homme dans le Labyrinthe en dévore la plu-
une salle sans fenêtre, éclairée par un halo-
part mais de loin en loin, il capture un esprit
gène grésillant et réglé au minimum. Les murs
et l’altère jusqu’à en faire un serviteur dénué
sont d’un vilain beige. Ils sont allongés sur des
de libre arbitre.
matelas douteux posés à même un lino cras-
seux et vaguement collant. Tous portent des
Du point de vue des victimes, le Labyrinthe est : robes blanches qui leur arrivent aux genoux et
des couronnes de fleurs au parfum entêtant.
• Un lieu hanté. Les personnages perçoivent La seule sortie visible est une porte banale.
les rémanences comme des fantômes, des Leur dernier souvenir est d’être allés au lit
êtres intangibles et à peine visibles. La plupart comme d’habitude, en cette nuit du 12 au
portent des traces d’horribles sévices. Cer- 13 juin 1986. Laissez-les reprendre leurs es-
tains demandent de l’aide, d’autres supplient prits, puis accordez-leur quelques minutes
qu’on les achève, mais la plu- pour faire connaissance et, éventuellement,
part n’ont pas conscience de commencer à se disputer.
esprits et serviteurs leur environnement. La porte donne sur… une boîte de nuit. Pé-
• Un lieu peuplé. Esprits nombre, surfaces vitrées, danseurs, Everybo-
du labyrinthe
et serviteurs évoluent sur la dy Wants to Rule the World des Tears for Fear
même « fréquence » que les à fond les ballons… Bref, la normalité, sauf
POINTS DE VIE 8 victimes et sont tout à fait ma- que personne ne s’étonne de leur tenue, et
POINTS D’ARMURE 1 tériels. Les esprits jalousent que certains clients réagissent étrangement à
les vivants… et convoitent leur présence. Ils semblent les flairer, comme
Attaques : Griffe, Morsure, leur force vitale. Même s’ils s’ils sentaient l’odeur d’un bon repas.
Épée ou autre selon le person- n’attaquent pas, ils en ont visi-
nage (blessure) L’extérieur ressemble à une rue de Londres,
blement envie. Les serviteurs même si aucun d’eux ne se souvient d’y avoir
éprouvent le même désir, jamais mis les pieds. Les plaques de rue sont

268
INFLUER SUR LE LABYRINTHE
Le Labyrinthe étant un environnement fluide, les personnages peuvent le modifier à volonté. Techniquement,

HORS PROCÉDURE
il faut effectuer un test de Santé mentale et obtenir 1 ou 2 (et donc baisser le niveau de dé, sans pour autant
subir de Choc). Un joueur qui a compris ce mécanisme peut tout à fait s’infliger lui-même un Désavantage aux
tests de Santé mentale pour accroître ses chances d’obtenir 1 ou 2… et ainsi sombrer dans la folie en modelant
le Labyrinthe autour de lui. Un test « échoué » suffit pour :
• Modifier son équipement. Si les personnages ont besoin de changer de vêtements ou de se doter d’une
arme, rien de plus simple ! En revanche, il s’agit obligatoirement d’armes blanches ou contondantes, Honnecourt
n’aimait pas les armes à feu de son vivant. Si un joueur demande explicitement une arme à feu, il n’obtient qu’un
couteau, par exemple.
• Modifier le décor. « Bien sûr qu’il y a une issue ! » ou même « d’accord, la prochaine pièce sera un cabinet
médical avec de quoi te faire les premiers soins ».
• Neutraliser momentanément un PNJ. « Votre poursuivant se prend dans les ronces et tombe. Il va lui falloir
quelques instants pour se relever… »
• Faire intervenir un PNJ « ami ». « Une porte s’ouvre et quelqu’un vous fait signe d’entrer… » Personne n’est
vraiment un ami dans cet environnement, mais des alliances temporaires sont possibles.
Bien sûr, il y a un prix à payer : un personnage qui fait 1 ou 2 alors qu’il n’avait plus qu’1d4 en Santé mentale cesse
d’exister pour rejoindre les serviteurs de l’Homme dans le Labyrinthe. Traitez cela comme un décès (voir p. 274).

illisibles. Qu’ils restent ensemble ou se sé- ment. Le brun brandit un couteau de chasse,
parent, la promenade tourne rapidement au l’autre un poignard. Aucun d’eux n’est encore
cauchemar : des pas résonnent derrière eux, blessé, mais à la manière dont ils se tournent
les bâtiments paraissent de plus en plus me- autour, à la recherche d’une ouverture, cela
naçants, des ombres sinistres semblent les ne va pas tarder.
guetter dans les embrasures, etc.
• Si les personnages s’interposent, ils n’ont
Donnez-leur l’occasion de remporter une aucun mal à les désarmer – l’un et l’autre sont
petite victoire : ils trouvent un objet dont ils ivres.
ont besoin, ils changent de vêtements, etc.
Très vite, le décor évolue. Les maisons sont • S’ils laissent faire, les deux hommes se
plus petites, avec de petits carreaux sertis jettent l’un sur l’autre. Lorsqu’ils se séparent,
de plomb, ça sent le bois brûlé et le crottin… ils ont tous les deux une méchante estafilade.
S’ils entrent dans un bâtiment, ils atteignent Dans les deux cas, le brun s’en va. Le blond
la strate principale du Labyrinthe. Leur strate s’aperçoit de la présence du groupe, se pré-
d’arrivée survit néanmoins dans des détails sente comme « Louis de Honnecourt, artiste
incongrus, un Daily Mail ouvert à la page des et gentilhomme ». Il leur propose de boire un
résultats sportifs dans un salon Louis XVI, des verre et les conduit au salon rouge (voir page
joueurs de football aperçus par une fenêtre, suivante). S’ils sont réticents à accepter l’invi-
une photo d’Elizabeth II au milieu d’une tation, glissez à Mercer que le nom de Honne-
galerie de portraits peints, etc. court ne lui est pas inconnu : elle a entendu
Sutton le prononcer.

La querelle
Louis de Honnecourt
Après avoir erré un moment dans ce nouvel
environnement, le groupe entend des éclats Cette version de Louis semble avoir vingt-
de voix. Au détour d’un couloir, ils tombent cinq ans. Il traite les membres masculins du
sur deux jeunes gens habillés à la mode des groupe comme des amis perdus de vue de-
années 1790. L’un est brun, l’autre blond, mais puis longtemps, et flirte courtoisement avec
à ce détail près, ils se ressemblent énormé-

269 269
les dames. Autour d’un verre d’un excellent
bordeaux, il explique aux personnages qu’ils
ont interrompu une énième dispute avec son
frère Charles. « Je le hais depuis que… bah,
aucune importance. Mais cette fois, je veux
en finir. Peut-être aurai-je besoin de votre
SECTION 9

aide pour cela, qui sait ? »

charles de honnecourt (J3)


d’élégants trumeaux. Quelques peintures gen-
timent licencieuses ornent des murs tendus de
soie rouge. Le salon fait partie d’une enfilade
de pièces, mais ses deux portes sont faciles à
fermer, et il y a bien assez de meubles pour
improviser des barricades. Il suffit de son-
louis de honnecourt (J2) ner pour faire apparaître un laquais en livrée
Il leur explique confusément que Charles noire et argent. Apparemment, il est muet,
est un sorcier, et que ce sont « ses maléfices » mais il satisfait aux requêtes des personnages,
qui les ont piégés tous les deux ici, dans ce quelles qu’elles soient. Ils veulent à manger ?
Labyrinthe maudit. Interrogé sur une possible Des domestiques viennent dresser une table
sortie, Louis semble hésiter. « Tous mes ef- somptueuse. Ils désirent de la compagnie ? Ils
forts ont été vains, mais des rumeurs d’éva- n’ont qu’à le dire, et le salon se remplit d’invi-
sion circulent, bien sûr… » tés à leur goût, qui s’en iront lorsqu’ils seront
lassés. Bref, ils sont au paradis… à ceci près
Louis prend ensuite congé : « J’ai une ven-
qu’ils sont enfermés ensemble.
geance à ourdir, mes amis, mais je reviendrai
bientôt, je vous le promets. » Les personnages peuvent revenir dans le sa-
lon rouge quand ils le désirent, ils ont juste à
Bien entendu, tout cela est un tissu de le souhaiter et soudain, ils se retrouvent dans
mensonges. En réalité, l’Homme dans le La- l’un des couloirs qui y mènent. S’ils le désirent,
byrinthe a remarqué l’arrivée des victimes ils peuvent en faire leur base d’opération.
et a décidé de jouer avec elles plutôt que de
les tuer tout de suite. « Louis » lui sert de
porte-parole, « Charles » est un serviteur mo-
delé pour l’occasion. Actions !
Les saynètes qui suivent ont toutes pour ob-
Le salon rouge jectif la mort d’un personnage. Il vous appar-
tient de le choisir. Elles sont vaguement liées
Il s’agit d’un grand salon à la mode du aux regrets, mais pas de manière ferme, vous
XVIIIe siècle, avec des chaises et un canapé pouvez donc adapter votre cible en fonction
Louis XV, des guéridons, une table de jeu, des circonstances.
une commode et deux grandes cheminées
où brûlent des feux réconfortants, surmontés

270
ET SI...LES VICTIMES DÉCIDENT DE
NE PLUS SORTIR DU SALON ROUGE ?

HORS PROCÉDURE
Si le groupe se sent trop bien dans le salon rouge, ses membres peuvent décider d’y vivre à plein temps, igno-
rant les amorces d’aventures qui suivent. Dans ce cas, demandez à tout le monde des tests de Santé mentale à
chaque jour subjectif de séjour.
Deux choses se produisent :
• L’environnement se transforme. Les tableaux deviennent plus explicites, puis franchement répugnants, puis
représentent des scènes tirées du passé des personnages. Le laquais devient bossu, puis son enveloppe de chair
se décompose, révélant un être insectoïde qui se montre de moins en moins déférent.
• Les personnages se sentent de mieux en mieux dans cet environnement dégradé, et finissent par faire partie
des meubles – littéralement, dans certains cas (voir Influer sur le Labyrinthe, p. 269).

Notez que vous n’aurez sans doute pas be-


soin des quatre : il est assez probable que les
Distribution
victimes accélèrent la cadence en s’entre- • Le père Anselme. Dégarni, grisonnant,
tuant. avec une belle voix d’orateur et le sourire fa-
cile, le bon père porte une soutane taillée sur
Par ailleurs, l’ordre exact des séquences mesure dans une étoffe de qualité. Il affirme
est à votre bon vouloir. Si les personnages volontiers qu’il ne croit plus guère en Dieu,
semblent déterminés à comprendre où ils se « mais bien davantage au Diable ». Cela ne
trouvent et à s’en échapper, Le Livre est une l’empêche pas de bien connaître les Écritures.
première accroche idéale. En revanche, s’ils
• Aimable, l’assistant d’Anselme. Ce bel
semblent décidés à ne pas quitter le salon
adolescent aux grands yeux naïfs se dit sé-
rouge, La chasse d’enfer les forcera à prendre
minariste. Il est fidèle à son maître, plein de
l’air. S’ils s’intéressent à Louis et Charles, Pleu-
bonne volonté et facile à faire rougir.
rer Sophie est un bon début… Quant à Mort
au monstre !, il fonctionne mieux en scène fi- • La Marquise. Une jolie femme un peu
nale, mais rien ne vous empêche de le placer mûre dont le sourire ravageur émerge de ce
plus tôt, y compris en premier. qui fait la beauté à l’époque : fards, mouche
et perruque. La créature qui se dissimule sous
tout cela a faim.
• La Demoiselle de compagnie. Jeune et
Le Livre boulotte, elle reste à l’arrière-plan, ne parle
que si on lui adresse la parole et n’a aucune
Un prêtre approche le groupe de la part de conversation. La Marquise l’appelle « ma cou-
Louis. Il leur demande de l’aider à se procurer sine » avec une pointe de mépris.
« le grimoire de Charles ». Il laisse entendre
que l’ouvrage pourrait être une clé vers une • Le Garde-livres. Comme il sied à un biblio-
sortie du Labyrinthe. Il n’en est rien. thécaire, il porte un habit noir un peu râpé et
des manchettes tachées d’encre, mais c’est un
colosse, avec une trogne balafrée et un fouet
Victime de choix clouté à la ceinture.

Celui qui cherche la Vérité est particuliè-


rement vulnérable à cette séquence, tout Lieux
comme celui qui désire du pouvoir.
La Marquise occupe un hôtel particulier
dans le quartier de Saint-Adalric, une strate
ancienne du Labyrinthe.

271 271
SECTION 9

le faire tenir tranquille. Le Livre le dévore en


• Les salons. Meublés et décorés dans le goût quelques claquements de couverture. Hélas,
du XVIIIe siècle, ils sont clairement médiévaux : il a toujours faim.
fenêtres gothiques, poutres apparentes, sol
dallé et immenses cheminées de pierre. Tout
cela est surdimensionné et oppressant. Scènes
• La bibliothèque. Cette pièce immense, sur • La visite. Le père Anselme frappe à la
deux niveaux, compte près de vingt mille vo- porte du salon rouge. « Notre ami commun,
lumes, y compris quelques précieux ouvrages Louis de Honnecourt, a décidé de sévir contre
médiévaux. Beaucoup sont consacrés à la magie son frère. Charles, comme vous le savez, est
et la sorcellerie, mais le Livre ne s’y trouve pas. un sorcier, et non des moindres. Ces gens ont
tous des grimoires, et Louis a appris que ce-
• La chambre du Garde-livres. Attenante à
lui de son frère était conservé chez une mar-
la bibliothèque, elle est spartiate, et dispose
quise de ses amis. J’ai une certaine expérience
d’un accès aux sous-sols.
lorsqu’il s’agit de ce genre d’ouvrages. (Est-ce
• La prison du Livre. Situé au dernier niveau une lueur de convoitise que les personnages
des caves, c’est une solide cellule fermée par voient passer dans son regard ?) Je crains
une épaisse porte de chêne renforcée de métal. cependant de ne pas suffire à la tâche, et le
jeune Aimable, ici présent, aura déjà un rôle
à jouer. Accepteriez-vous de m’aider ? Il est
Accessoires possible que ce livre contienne de quoi vous
ramener chez vous… même si, honnêtement,
Plus grand qu’un homme, brillant d’une je ne peux rien vous promettre. »
lueur rouge, le Livre est solidement fixé au sol • Chez la Marquise. Anselme connaît le che-
et aux murs par d’épaisses chaînes de fer. Le min qui conduit au domaine de la Marquise.
Garde-livres le surveille de près. De temps en Celle-ci les reçoit et leur explique courtoise-
temps, il lui jette un manuscrit enluminé pour ment qu’elle conserve un Livre qui lui a été

272
prêté par Charles, mais qu’elle n’est pas dis- de s’emparer du Livre. Pour le reste, ces visi-
posée à s’en séparer… En revanche, s’ils sou- teurs peuvent s’entre-tuer si ça leur chante.
haitent le consulter, c’est possible, moyen-
nant une compensation : Aimable et l’un des • Anselme. Le prêtre a bien l’intention de

HORS PROCÉDURE
personnages. Anselme tique : d’accord pour sacrifier les personnages, les uns après les
Aimable, mais rien que lui. autres, pour obtenir un accès de longue du-
rée au Livre. S’il peut faire passer ça pour
• Une meilleure offre ? Alors qu’Anselme et « d’affreux accidents » et mettre leur mort sur
la Marquise commencent à marchander, la le dos du Livre, tant mieux…
Demoiselle de compagnie prend l’une des
• Le Livre. Il happe quiconque s’approche
victimes à part et lui glisse que sa maîtresse
trop près de lui. Un hurlement, une gerbe
pourrait aller au-delà d’une simple consulta-
de sang… et soudain, le livre est un peu plus
tion pour peu qu’ils tuent le prêtre…
épais. Il renferme désormais un chapitre en-
tier consacré au personnage dévoré.
• Fouiner. Les personnages peuvent se
promener dans le domaine de la Marquise, • Aimable. Rendu fou par le meurtre de la
bibliothèque comprise, et y croiser le Garde- Marquise, il est prêt à tuer quiconque l’em-
livres (taciturne et intimidant). Les autres pêche de rejoindre Anselme, ou tente de faire
pièces de l’hôtel particulier sont anodines… du mal à ce dernier.
selon les normes du Labyrinthe.
• La Demoiselle. Une fois la Marquise tuée
• Aimable et la Marquise. À moins que l’un par Aimable, elle devient la nouvelle Mar-
des personnages ne s’offre à remplacer Ai- quise. Elle ne veut pas forcément la mort
mable, celui-ci est conduit dans les apparte- des personnages, mais elle tient à celle d’An-
ments privés de la Marquise. Cette dernière selme. Si elle le souhaite, les chaînes qui en-
compte jouer avec, puis le dévorer. Aimable, travent le Livre disparaissent. Dans ce cas, il
dûment prévenu par Anselme, l’étrangle, mais s’enflamme et disparaît dans une gerbe de
elle le blesse grièvement. Nu et couvert de soufre ardent, brûlant atrocement tous ceux
sang, Aimable tente de rejoindre le groupe… qui se trouvaient dans sa cellule (test de Vie
avec Désavantage).
• Une audience avec le Livre. Le Garde-livres
escorte Anselme et le groupe dans les souter-
rains, et leur ouvre le judas de la cellule. La vue Au fait, que contient le Livre ?
du Livre dans toute sa gloire impose un test de
Santé mentale. Une chose est sûre : le voler C’est un accessoire créé par l’Homme dans
s’annonce sinon impossible, du moins beau- le Labyrinthe pour appâter et tuer les victimes,
coup plus compliqué que prévu… « La patronne rien de plus. Si l’un d’eux a le temps de le consul-
m’a dit que vous pouviez le consulter. Moi, ter avant d’être dévoré, il y trouve… ce qui vous
j’vous ouvre, pas d’souci, mais y a d’la place que arrange. Il renferme certainement le sens éso-
pour deux, là-dedans. Et j’vous préviens, y en a térique des Nuits de l’homme sans tête, ainsi
un, il ressortira pas indemne. » S’il est présent, que les souvenirs de plusieurs anciens maîtres
Anselme considère que l’une des places lui du Labyrinthe, dont Adalric, mais il faudrait des
revient. Qui prend l’autre, sachant que cela mois pour y comprendre quelque chose. Hélas
revient à entrer dans la cage d’un lion affamé ? pour elles, les victimes n’auront sans doute pas
plus de quelques minutes… au mieux.

Mise à mort
Laissez les victimes gérer la situation comme Épilogue
ils peuvent. Qui veut la peau des personnages
et comment envisagent-ils de les tuer ? Une fois que l’un des personnages est mort,
les survivants se retrouvent dans le salon
• Le Garde-livres. Il se méfie de tout le rouge, sauf s’il n’en reste plus qu’un. Dans ce
monde mais n’attaque que ceux qui tentent cas, passez au Visage du Dieu.

273 273
APRÈS LA MORT ?
Les cadavres vont s’accumuler, ce qui devrait vouloir dire autant de joueurs sur la touche. Ce n’est pas une
fatalité. Vous pouvez les maintenir dans le jeu grâce à :
• La survie post-mortem. Le personnage réapparaît tel qu’il était au moment de sa mort, blessures com-
prises (mais il n’a pas l’air d’en souffrir). À moins que ses ex-compagnons ne le chassent, il suit le groupe, par-
SECTION 9

ticipe et donne des conseils. Ce n’est plus vraiment le personnage, mais un serviteur du Labyrinthe qu’il est
dangereux d’écouter. Il s’efforce de les démoraliser ou de les attirer dans des pièges.
• « Oh qu’il est mignon, on le garde ? » Le Labyrinthe peut générer des PNJ sympathiques, pittoresques et
(apparemment) de bon conseil. Un gamin des rues qui se rend utile au groupe, un domestique attentionné, un
vieil érudit… tous ces masques recouvrent la même chose : le désir de tuer les victimes, mais en prenant son
temps, et après avoir gagné leur confiance.

(test de Vie). Si le groupe parvient à en tuer


La chasse d’enfer un, le monstre reprend forme humaine : ce
n’est qu’un jeune homme maigre couvert de
Une Fugitive implore les personnages de blessures.
la sauver : un Chasseur diabolique est à
ses trousses. Si elle parvient à lui échapper • Les Passants. Ils sympathisent tous avec le
jusqu’à l’aube, elle vivra. Sinon, il l’emmènera sort de la Fugitive, mais sont terrifiés par le
en enfer. Chasseur et refusent d’intervenir. Ils portent
des habits adaptés au décor : serviteurs, pèle-
rins, charbonniers…
Victime de choix
Celui qui regrette de ne pas avoir été meilleur Lieux
ou celui qui pleure un amour de jeunesse sont
particulièrement vulnérables à cette séquence. • Les communs. Cette strate intermédiaire
entre les parties bâties et la forêt se compose
d’une infinité de cours reliées par des pas-
sages. Il est possible de s’y abriter sous des
Distribution appentis branlants ou dans des écuries dé-
sertes, mais ils n’assurent que de courts répits.
• La Fugitive. Elle ressemble à Louis et à
Charles et prétend être leur sœur, mais sous • Une forêt. Figée par une nuit d’hiver gla-
certains angles, elle a presque le visage de ciale, avec des mares gelées, des plaques de
l’amour de jeunesse perdu de l’un des person- neige et des loups qui hurlent dans le lointain.
nages… et si le joueur embraye, elle évoque Une pleine lune anormalement grosse assure
des souvenirs communs qu’elle puise dans la un éclairage suffisant. Les abris y sont rares et
mémoire de son interlocuteur. précaires.
• Le Chasseur. Si les victimes prennent • Un pont. Étroit, verglacé et doté d’un
le temps de communiquer avec lui, il leur parapet absurdement bas, il enjambe un
explique posément qu’il est au service de gouffre. Qu’y a-t-il au fond ?
Charles et qu’il accomplit son devoir, rien de
plus.
• La Meute. Un grouillement indistinct de Accessoires
créatures qui pourraient être des chiens, des
humains, ou quelque chose entre les deux. Tous les lieux disposent d’un moyen de
Les personnages ne sont pas leur gibier. S’ils marquer le temps qui passe : un veilleur crie
leur font obstacle, ils se contentent de les ren- l’heure, les cloches d’une église sonnent dans
verser et de les piétiner, causant une blessure le lointain, un coq chante…

274
Scènes • La trahison de la Fugitive, première prise.
Alors que la confrontation avec le Chasseur va
• La rencontre. La Fugitive fait irruption tourner à la violence, la Fugitive étreint un
dans le salon rouge. Des aboiements reten- personnage et crie « Conformément aux lois

HORS PROCÉDURE
tissent dans les couloirs. « Je vous en supplie, antiques, je t’offre ce mortel pour me rempla-
cachez-moi », crie-t-elle. Quoi que tentent cer ». Le Chasseur répond « J’accepte », et les
les personnages, cela réussit, mais quelque chiens passent à l’attaque.
chose passe à proximité, quelque chose dont
• La trahison de la Fugitive, deuxième
les griffes grattent le parquet et qui flaire, de
prise. Si tout le groupe participe à la défense
l’autre côté de la porte… et puis, cela s’éloigne,
de la jeune fille, le coq chante, le Chasseur
pour l’instant.
hurle et disparaît. La Fugitive, folle de joie,
• La supplique. La Fugitive implore les saute dans les bras du personnage qui a le
personnages de l’aider. Si elle échappe au mieux répondu à sa présence… et lui plante
Chasseur pendant encore deux heures, deux un couteau surgi de nulle part dans le ventre
simples heures, elle vivra ! avant de s’effacer.
• L’attaque. La Meute revient, accom-
pagnée du Chasseur, et cette fois, ils ne se
laissent pas dépister. La fuite conduit les per- Épilogue
sonnages dans les Communs. Ils arrivent à re-
prendre un peu d’avance et, peut-être, à tuer Une fois que l’un des personnages est mort,
l’un des chiens. L’heure sonne, et lorsqu’ils re- les survivants se retrouvent dans le salon
commencent à se déplacer, c’est vers la forêt. rouge, sauf s’il n’en reste plus qu’un. Dans ce
cas, passez au Visage du Dieu.
• La forêt. Les victimes et la Fugitive peuvent
essayer toutes les ruses classiques pour éga-
rer leurs poursuivants : marcher dans un ruis-
seau, masquer leur odeur, etc. Toutes fonc-
tionnent pendant un temps, mais la Meute se Pleurer Sophie
rapproche, encore et toujours.
Mgr Adalric, le tuteur de Louis et Charles,
• Le pont. La dernière bataille a lieu sur le les invite dans sa propriété pour un repas de
pont : la Meute rabat le groupe dans cette famille dont l’objectif avoué et de leur faire
direction, et le chasseur les y attend avec conclure la paix. Louis insiste pour que le
d’autres chiens. Le Chasseur accepte de discu- groupe soit du voyage.
ter avec les personnages car il n’a rien contre
eux, mais l’aube va se lever dans quelques mi-
nutes. Victime de choix
Celui qui voulait faire la paix avec l’un de ses
Mise à mort proches est particulièrement vulnérable à cet
appât. Avec ses nombreux filleuls et protégés,
Vous avez plusieurs solutions pour tuer une Mgr Adalric pourrait aussi intéresser celui qui
victime. désire du pouvoir.
• L’offre du Chasseur. « Si l’un de vous
accepte de se livrer à sa place, je la laisse
partir ». Un éventuel volontaire est déchique- Distribution
té par la Meute avant de la rejoindre.
• Mgr Adalric. Un grand vieillard blême aux
• « Ils ne me prendront pas vivante ». La traits figés, qui s’exprime à voix basse. Il se
Fugitive étreint le personnage qui a le mieux déplace avec difficulté, alternant de courtes
réagi à sa présence et se jette dans le vide marches avec une canne et des déplacements
avec lui. Elle disparaît, et la victime se fracasse en chaise roulante, poussé par un laquais
seule sur des rochers pointus. presque aussi âgé que lui.

275 275
• Louis et Charles. Tous deux sont parfai- et emploie un vocabulaire châtié. Lorsqu’il
tement civilisés, urbains et agréables, Louis se met à l’œuvre, il est d’une brutalité
dans un style un peu plus extraverti que impersonnelle.
Charles. Hélas, ils cessent d’être rationnels
lorsqu’il s’agit de leur relation : ils se haïssent
et se haïront quoi qu’il advienne. Lieux
SECTION 9

• Sophie. La filleule d’Adalric est morte


« l’automne dernier ». Elle était la fiancée de • Le manoir de Mgr Adalric. En apparence, il
l’un des frères, mais lequel ? s’agit d’un joli petit château Louis XIII entouré
d’un vaste parc boisé. En réalité, sa géogra-
• L’Ami de la famille. Ce gros homme aux phie est aussi mouvante que celle du reste du
traits lourds est accompagné d’une « nièce » Labyrinthe. Quant aux bois qui l’entourent, les
trop maquillée, qui reste à l’écart. gens du coin déconseillent aux étrangers de
• L’Abbé. Jeune homme spirituel et dépour- s’y aventurer. Il paraît que l’on s’y perd.
vu de principes, il entreprend de séduire la • La demeure du Bourreau. Une maison
« nièce ». étroite, toute en hauteur, située à l’écart. Sa
cour est bordée de remises aux portes grandes
• Le Bourreau. Un Hercule au torse nu et ouvertes, qui abritent une invraisemblable
velu, qui porte un pantalon, des bottes et collection d’instruments de torture.
une cagoule rouges. Il est étonnamment poli,

276
Accessoires sonnages lui procurent une mandragore, il se
fait fort de ressusciter Sophie et de la laisser
La tombe de Sophie est une simple dalle de choisir entre les frères.
marbre noir, sans inscription, installée dans

HORS PROCÉDURE
un coin reculé du domaine de Mgr Adalric. • La quête de la mandragore, acte I. Comme
chacun sait, les mandragores poussent au pied
des gibets. Il faut donc trouver un pendu… ce
qui conduit les domestiques à leur conseiller
Scènes d’aller voir le Bourreau, qui vit « non loin de
là ». Sa maison se trouve au bout d’un sentier,
• « L’invitation ». Mgr Adalric se rend en per-
de l’autre côté de bois qui, au mieux, peuvent
sonne auprès du groupe pour leur demander
être décrits comme déplaisants…
leur aide. Qu’ils acceptent ou non, le salon
rouge fait désormais partie de son manoir, et • La quête de la mandragore, acte II. Le
il y restera jusqu’à ce que la crise soit réso- Bourreau est désolé, il n’a personne à pendre
lue, laissant aux personnages le choix entre ces jours-ci… toutefois, il est disposé à faire
participer ou rester enfermés « chez eux ». un petit extra, si le groupe lui donne un coup
S’ils optent pour la première solution, ils sont de main. Il doit « questionner » un client et
attendus au salon, où ils font la connaissance ses valets sont en ville. S’ils acceptent, les
de l’Ami de la famille, de sa nièce et de l’Ab- personnages participent à une séance de
bé. Charles les rejoint peu après. Il se montre torture dans le rôle des assistants. Les traits
froid, mais après tout, personne n’aime être de la victime n’arrêtent pas de changer, et
convoqué par son tuteur pour résoudre une tous la perçoivent différemment : un proche,
querelle de famille. Louis arrive à cheval juste un membre du groupe déjà mort. Quelle que
avant le déjeuner. soit son identité, le Bourreau lui pose des
questions absurdes… Tous les personnages
• L’histoire de Sophie. À table, Louis et qui acceptent de se prêter à ce jeu morbide
Charles échangent des regards furieux, et la effectuent un test de Santé mentale. S’il est
nièce met les pieds dans le plat, regrettant réussi, Sutton apparaît sur le chevalet. D’une
que « votre chère filleule ne soit pas là, Mon- voix curieusement moqueuse, il confesse tous
seigneur ». Adalric, blême, répond qu’elle ses crimes à l’égard du groupe. Une Sauve-
est morte depuis quelques mois. « Dehors », garde de Dextérité est nécessaire pour ne pas
l’orage qui couvait éclate et, à l’intérieur, les donner au chevalet le tour de trop qui le tue-
deux frères commencent à échanger des ra. Si cela se produit, le Bourreau fait la tête,
accusations curieusement symétriques : mais honore quand même sa part du marché.
c’est de la faute de l’autre si elle est morte, Encore faut-il trouver quelqu’un à pendre, et
il l’a entraîné à faire cette fatale promenade pour cela, il faut retourner au manoir…
en calèche d’où elle est rentrée avec un
refroidissement fatal. Et ils concluent, d’une • La quête de la mandragore, acte III. De
même voix « tu as tué ma fiancée, tu me le retour au manoir un peu avant l’aube, les per-
payeras ! » Interrogé, Mgr Adalric explique sonnages vont sans doute se demander qui
qu’il n’était pas présent. Quant aux fiançailles, pendre… Le choix est libre, sachant que selon
il a toujours eu le projet de marier sa filleule la tradition, il faut que ce soit un homme pour
à l’un des frères, mais rien d’officiel n’avait engendrer une mandragore. L’Abbé est là pour
encore été décidé. ça, mais les victimes peuvent aussi se rabattre
Curieusement, il n’y a aucun portrait de sur un domestique. Les personnages n’ont
Sophie dans le manoir. Les domestiques dé- qu’à attirer leur victime à l’extérieur, sous un
crivent une jeune femme radieuse, mais s’em- grand chêne où le Bourreau les attend. Elle
brouillent dans les détails. meurt, étranglée par une corde délibérément
mal posée, et un affreux homoncule végétal
• La solution de l’Ami. Il prend le groupe apparaît à ses pieds. Reste une complication :
à part et leur tient un petit discours sur le quiconque déterre une mandragore meurt
thème « ces deux idiots vont s’entre-tuer si sur-le-champ, foudroyé ou empoisonné. Heu-
on ne fait rien ». Il a une solution : si les per- reusement, l’Ami de la famille connaît le rituel

277 277
indispensable à sa cueillette. Il est sur le point
de l’achever lorsque… Mort au Monstre !
• Le duel. Charles et Louis sortent du manoir Un Monstre réside au cœur du Labyrinthe,
et prennent position sur la pelouse. Tous deux et un Héros souhaite l’en débarrasser.
sont armés et bien décidés à en découdre. Ils
ne prévoyaient ni témoins, ni protocole et ne
SECTION 9

retiennent pas leurs coups. Le groupe doit


s’interposer pendant que l’Ami de la famille
Victime de choix
termine la cueillette. Expliquer à deux jeunes Celui qui est en quête de vérité et celui qui
gens ivres de haine que Sophie peut revivre, aurait aimé être meilleur sont tous les deux
puis les convaincre de les suivre sur la tombe des victimes de choix.
de la jeune fille, n’est pas simple.

• La résurrection. Les premiers rayons du


soleil effleurent la pierre tombale de Sophie Distribution
lorsque l’Ami de la famille pratique le rituel
de résurrection, peut-être assisté de Mercer, • Le Héros. Un Louis idéalisé et lumineux. Le
de Goldstein, ou des deux. La dalle tombe en jeune aristocrate turbulent serait désormais à
poussière… et ce qui en sort est une mons- sa place dans un tableau préraphaélite consa-
truosité caquetante, qui n’a jamais été hu- cré aux chevaliers d’Arthur.
maine. En apparence, elle tente de tuer les • Les Sacrifiés. Vêtus de robes blanches et
deux frères, mais Charles est sa victime dési- coiffés de couronnes de fleurs, ce sont nos vic-
gnée. times telles qu’elles sont entrées dans le Laby-
rinthe, mais en mieux : Connor est un soldat
Mise à mort intrépide qui met sa violence au service d’une
bonne cause, Jenkins une ingénue au cœur
Ce petit scénario est riche en occasion de d’or, Kramer un conseiller avisé, Mercer une
mourir : prêtresse altruiste et Goldstein un sage.
• Le Monstre. Ce colosse difforme, avec
• Pendu. Certains individus directs se di- des bras trop longs, des jambes trop courtes
ront : « pourquoi s’embêter à aller voir un et un visage figé dans un rictus perpétuel,
Bourreau quand on peut trouver une corde ressemble beaucoup à Louis. Anormalement
dans une resserre et assassiner un rival ? » fort, il peut étrangler un homme d’une seule
main… mais il est doux et intelligent.
• Embroché. S’interposer dans un combat à
l’épée expose à prendre un très mauvais coup. • Les Rôdeurs de la nécropole. De son vi-
vant, Louis s’est frotté aux goules parisiennes,
• Dévoré. « Sophie » symbolise la quête de et ces créatures en sont un écho. Elles res-
sagesse des deux frères Honnecourt et ce qu’ils semblent davantage à des humains que les
ont effectivement trouvé, un savoir monstrueux goules classiques, parlent, portent des vête-
et affamé. Hélas pour les personnages, ce sym- ments et se soucient d’élégance… tout en res-
bole a des griffes et des crocs tout à fait réels… tant, au fond, des charognards opportunistes,
avides de chair humaine.
• Les Desservants. Les serviteurs du Monstre
Épilogue sont de simples silhouettes nébuleuses. Si
vous l’estimez nécessaire, vous pouvez les
Une fois que l’un des personnages est mort, personnaliser en fonction de l’entité que sert
les survivants se retrouvent dans le salon le culte : s’il s’agit de Shub-Niggurath, ils au-
rouge, sauf s’il n’en reste plus qu’un. Dans ce ront quelque chose de caprin, par exemple.
cas, passez au Visage du Dieu.

278
Lieux • La Nécropole. Elle n’est pas gardée. À quoi
bon, puisque personne n’est assez fou pour
• La Nécropole. Un canyon étroit et sinueux, s’y rendre ? Le canyon se divise bien vite en
creusé dans un incroyable bloc de roche noire. plusieurs branches. Louis les guide jusqu’à

HORS PROCÉDURE
Ses parois sont creusées d’innombrables une série de tombes, un peu à l’écart… Le
niches, de salles assez vastes pour y tenir des groupe a tout juste le temps de récupérer les
banquets funéraires de plusieurs dizaines de fameuses armes avant d’être cerné par des
convives et de tout un réseau de tunnels, créatures blafardes, aux dents et aux ongles
dont certains sont entièrement remplis d’os- trop longs, portant des vêtements élégants
sements. Des symboles d’innombrables reli- mais crasseux : les Rôdeurs.
gions connues ou oubliées apparaissent par- Cette rencontre ne se solde pas forcément
tout. par un combat : les personnages peuvent
• Le labyrinthe (avec un « l » minuscule). parlementer. Les Rôdeurs estiment le péage
Le Héros affirme qu’il s’agit du « vrai » Laby- à « un enfançon pour chacun de vous, fille ou
rinthe, de son « cœur ». En réalité, ce n’est garçon, pourvu qu’il soit sevré et mignonnet.
qu’une strate ancienne. Elle se rapproche de Et n’ayez crainte, nous ne le mangerons point,
l’image « classique » du labyrinthe : de hauts nous l’élèverons comme l’un des nôtres. »
murs où s’ouvrent des passages qui com- Louis veut refuser et se frayer un chemin vers
posent un dédale vertigineux. la sortie en combattant, mais les personnages
• Le cottage. Au cœur de ce labyrinthe, peuvent le mettre en minorité.
les visiteurs découvrent une petite ferme, la • Voleurs d’enfants ? Une fois sorti de la
recréation de l’endroit où Louis a passé son Nécropole, trouver des salles où vivent des
exil britannique. Le Monstre y vit en gentle- familles s’avère facile. Reste à s’emparer de
man-farmer, n’en sortant qu’occasionnelle- quelques bambins et à les livrer aux Rôdeurs…
ment lorsqu’on lui offre des sacrifices. puis à survivre au groupe de paysans armés
de fourches qui ne manque pas de prendre
les ravisseurs en chasse. Les personnages
Accessoires peuvent aussi promettre une livraison et ne
pas tenir parole. Dans ce cas, les goules inter-
Les armes des héros prennent l’apparence viendront plus tard aux côtés du Monstre.
qui convient le mieux à leur porteur, du stylet • Le convoi des sacrifiés. Louis connaît l’ac-
à l’épée à deux mains. Leur tranchant est tou- cès du labyrinthe et sait s’orienter jusqu’au
jours impeccable, elles ne rouillent jamais et convoi. Les gardes se défendent, mais ne sont
peuvent blesser les créatures magiques… pas de taille face aux armes magiques.
Découvrir que les sacrifiés sont leurs doubles
risque d’être un choc pour les victimes. Il leur
Scènes reste « un jour et une nuit » de route jusqu’à
l’antre du Monstre. Les personnages ont tout
• Nouvelle visite. Louis frappe une nouvelle le temps de faire connaissance avec leurs al-
fois à la porte des personnages. Il est nette- ter ego…
ment différent : plus éthéré, plus pur… du
moins en apparence. « Mes amis, j’ai identifié • Un rêve. Cette nuit-là, tous rêvent (sépa-
la source du mal. Un Monstre rôde au cœur rément) du Monstre. Il a l’air accablé de tris-
du Labyrinthe, et je pense que nous avons tesse et leur dit, très simplement « Je ne suis
une chance de l’anéantir… » rien. Vous voyagez avec le véritable Monstre,
et au fond de vous, vous le savez. »
Son plan ? Pénétrer dans la grande Nécro-
pole d’où nul ne revient, y dérober les armes • La confrontation. Le groupe arrive au cot-
de héros défunts, puis rejoindre les sacrifiés tage. Le Monstre est là, accompagné d’une
qui s’approchent du cœur du Labyrinthe, rem- troupe de Desservants deux fois plus nom-
placer leurs gardes, trouver le monstre et le breuse que le groupe. « Conformément à la
tuer. Quoi de plus simple ? tradition, dit-il, je prends livraison de vos cap-
tifs, qui me serviront pour le restant de leurs

279 279
SECTION 9

jours. » Louis dégaine et prononce une phrase • S’ils sont présents, les Rôdeurs veulent
héroïque et creuse du genre « Ton règne de la peau de Louis et des personnages, rien de
terreur touche à sa fin, Monstre ! » Que font plus.
les personnages ?
• Enfin, les sacrifiés peuvent s’équiper
d’armes de fortune et essayer d’aider Louis…
ou les personnages, si ces derniers les ont trai-
Mise à mort tés correctement.
La fin de cette saynète prend la forme d’un
combat final multipartite.
Épilogue
• Les personnages sont libres de choisir leur
camp. Ils peuvent aussi bien tuer le Monstre Le premier personnage qui se retrouve Hors
que poignarder Louis dans le dos. Jeu meurt… et les survivants se retrouvent
dans le salon rouge, sauf s’il n’en reste plus
• Louis semble bien décidé à tuer le qu’un. Dans ce cas, passez au Visage du Dieu.
Monstre, mais il préférait que le coup mortel
soit porté par un personnage.
• Le Monstre ne veut tuer personne. En fait,
il tente de protéger les plus vulnérables, au Le visage du Dieu
risque de s’exposer.
Le personnage s’éveille sur une pelouse.
• Les Desservants veulent récupérer les sa- L’air est doux, il est allongé dans un creux om-
crifiés sans les abîmer, et n’hésitent pas à tuer bragé, au flanc d’une colline au sommet de la-
quiconque leur fait obstacle. Ils souhaitent aussi quelle se dresse un élégant temple de marbre,
protéger le Monstre et tuer Louis, dans cet ordre. grec ou romain.

280
Louis est là, assis sous un arbre… mais est-ce
bien lui ? Ce Louis est un homme d’âge mûr, Conclusion :
grisonnant et aux traits marqués.
une coupure de presse

HORS PROCÉDURE
« Je suis content que ce soit toi. Les autres ne
m’inspiraient pas confiance, déclare-t-il. Viens.
Il est temps de t’initier aux derniers mystères. »L’article de Ouest-France qui a décidé Tor-
rès à se rendre à Honnecourt se trouve entre
Il accompagne le personnage jusqu’au les deux dernières pages du cahier. Il s’agit de
temple, commentant l’odyssée du person- l’aide de jeu L9, p. 282.
nage à l’intérieur du Labyrinthe, le félicitant
pour d’éventuels meurtres et saluant ses tra-
hisons comme autant d’actes de courage. Honnecourt
Pour un temple classique, le bâtiment est
curieusement dépourvu d’éléments figuratifs. Environ 700 km séparent Bordeaux et
Pas de sculpture sur le fronton, pas de visages Honnecourt. Les enquêteurs n’auront certai-
pour orner les portes de bronze… nement pas le temps de s’y rendre, mais ils
peuvent passer quelques coups de téléphone
« C’est parce qu’il est dédié au Dieu à leurs collègues locaux…
inconnu », déclare Louis si le personnage s’en
étonne. À l’intérieur règne une pénombre op-
pressante, avec une seule tache de lumière, • L’enquête de la BR de Fécamp a rapide-
qui tombe droit sur la statue d’un dieu au vi- ment tourné court et le dossier est en hiber-
sage couvert d’un voile de soie blanche. nation depuis 2005.
« Ta vie s’achève ici, sur un choix, dit • Le rapport d’autopsie parle d’un décès
Louis. Tu peux contempler le visage du Dieu, « assez récent » et avance une fourchette
abandonner une enveloppe charnelle deve- comprise entre un et six mois. En privé, le mé-
nue inutile et progresser dans les Mystères, decin légiste de Fécamp est beaucoup moins
ou te détourner de la Sapience et quitter à affirmatif. « Il a fallu que j’arbitre entre une
tout jamais le Labyrinthe. Dans ce cas, tu multitude de signes contradictoires, et j’ai
mourras, mais comme un mortel. » opté pour une estimation présentable. Mais
Si le personnage écarte le voile, il découvre à l’instinct, je serai tenté de dire qu’il était
ce que Sutton et tant d’autres ont toujours beaucoup plus frais que ça. »
désiré : la vérité sur le dieu que sert le culte.
Devenu dément, il perd connaissance. • Le squelette était impeccablement net-
toyé, mais il ne présentait aucun signe de dé-
S’il se détourne, le Labyrinthe se replie au- peçage, d’immersion dans une solution caus-
tour de lui et l’écrase. Après un instant de tique ou d’intervention de charognards.
souffrance atroce, il perd connaissance.
Fondu au noir, et retour aux enquêteurs.
REPLAY : DANS LES REPLIS
DU LABYRINTHE
Denise Mercer fut la première à mourir. Ayant abusé de ses sorts d’Injonction, elle a fini par devenir folle et
se dissoudre dans le Labyrinthe. Peu après, Will Connor choisit la fuite, sortant du château par les fenêtres dans
l’espoir d’échapper à « ce monde de fous ». Isolé, il ne fit pas long feu.
Après une visite à la Marquise et le sacrifice du jeune Aimable, Solomon Goldstein et Stephen Kramer se rendirent
auprès du Livre. Solomon s’en approcha un peu trop et fut dévoré. Il ne restait que Kramer, qui décida d’écarter le voile.
La mise en scène débridée et gore de ce scénario était radicalement différente de la campagne principale. Du
coup, les joueurs ont trouvé Le Labyrinthe rafraîchissant.

281 281
• Sa taille, son sexe probable, sa corpulence • Le squelette a été enterré au cimetière
et son âge estimé correspondent au dernier de Honnecourt, dans une tombe anonyme,
survivant du Labyrinthe. à l’écart. Croisés avec les dossiers du CID, les
échantillons prélevés en 2004 sont suffisants
• Le dossier comporte quelques photos pour confirmer son identité. Il s’agit bien du
troublantes, où l’on voit le squelette adossé à dernier survivant du Labyrinthe.
un arbre, face à l’est, comme si celui qui l’avait
SECTION 9

placé là avait voulu qu’il profite du lever du


soleil. L’herbe autour de lui est noire, comme
tuée par le gel, alors que la météo était clé-
Mettre la poussière sous le tapis
mente. Si l’on fait abstraction des arbres, le Cette identification soulève de nombreuses
site ressemble énormément au flanc de la col- questions gênantes : comment se fait-il qu’un
line où s’est réveillé le dernier survivant. individu disparu en Grande-Bretagne refasse
surface en France près de vingt ans plus tard ?
• Félicien Weber est mort d’un cancer en 2009. Comment se fait-il que d’après son squelette,
il n’ait pas vieilli dans l’intervalle, alors qu’il
• Julien Marcaux a soixante-douze ans, bon
est mort récemment ?
pied bon œil, et vit toujours à Honnecourt. Il
n’aime pas parler du squelette, qui lui a donné Au bout d’un moment, les bureaucraties
des cauchemars. « Je ne comprends pas pour- policières des deux pays opteront pour des
quoi, d’ailleurs… Il avait l’air plutôt paisible, en « données corrompues » ou une « erreur
réalité ». Il se souvient bien de la visite « d’une d’identification », et elles archiveront le dos-
espèce d’écrivain » au début de l’été 2004, sier… quant aux enquêteurs, ce qu’ils savent
mais ne se rappelle plus de son nom, juste est impossible à coucher dans un rapport.
que cette histoire l’intéressait beaucoup.

aide de jeu L9

282
aide de jeu L1
WILL CONNOR

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Un skinhead à peine réformé qui fait son chemin dans le monde. Sutton,
le Boss, me garde hors de vue, mais c’est moi qui tabasse ses concurrents,
qui « met à l’amende » ses rivaux… et pire, des fois.

Où suis-je ?
Dans la poubelle où le Boss jette les gens. À ma connaissance, personne
n’en sort.

Et pourquoi ?
J’ai dû merder un truc, je vois pas quoi.

Que vais-je faire ?


M’en sortir. Par la violence, je connais que ça mais là, j’ai peur que ça ne
suffise pas.

CARACTèRE
Qui sont les autres ? Brutal, direct, pas malin

• Je surveillais Kramer, il était dans le collimateur du Boss. Non, je sais description physique
pas pourquoi. 28 ans, compact et musclé,
crâne rasé, croix gammée ta-
• J’ai couché avec Sandi une fois ou deux. Le Boss était pas là, elle s’em-
touée à l’épaule droite, nez
merdait… rien de sentimental.
cassé, une oreille en chou-
• Je comprends pas ce que Mercer fout là, elle était dans les petits pa- fleur.
piers du Boss encore récemment.
sauvegardes
• Quant à Goldstein, il a un nom juif, l’air juif… et j’aime pas les Juifs.
FORCE 18
DEXTÉRITÉ 13
CONSTITUTION 11
SAGESSE 10
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 6
CHARISME 12
• Briser les os : une fois par séance Aucun
vos Dégâts non armé passent à
d10 jusqu’à la fin du combat.
ressources
TORCHE d6
• Intimidant : vous avez un Avan- BAGOU d6
tage à tous les tests visant à inti- SANTÉ MENTALE d6
mider un tiers. VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ d6

283 283
283
aide de jeu L2
STEPHEN CRAMER
Qui suis-je ?
SECTION 9

Un bon époux et un bon père. Bon, je suis aussi conseiller fiscal pour des
gens dont la morale est un peu… élastique, mais faut bien vivre. Le plus
inquiétant de tous s’appelle James Sutton, un « homme d’affaires » sur
lequel circulent des histoires effrayantes.

Où suis-je ?
Aucune idée.

Et pourquoi ?
Sutton a dû s’apercevoir que je détournais une partie de ses fonds. Merde,
c’était pour que mes filles aillent dans une université correcte !

Que vais-je faire ?


Si je veux m’en sortir, il me faudra des alliés, et on devra être imprévisibles.
Mon point fort, ce sont les négociations et les chiffres, j’ai peur qu’ils ne
CARACTèRE servent à rien ici.
Éloquent, terrifié, amoral

description physique
36 ans, mince et soigné, coupe
Qui sont les autres ?
de cheveux coûteuse, voix • Connor est l’un des gorilles de Sutton.
bien timbrée, accent d’Oxford.
• J’ai vu la blonde, Jenkins, à la télé dans une sitcom idiote.
sauvegardes • Je ne connais pas la brune, Mercer.
FORCE 8
DEXTÉRITÉ 10 • J’ai croisé Goldstein une fois, chez Sutton. Ils étaient partenaires dans
CONSTITUTION 12 une combine quelconque.
SAGESSE 12
INTELLIGENCE 14
CHARISME 16

ressources
Capacités spéciales Équipement
TORCHE d6 • Négociateur : vous avez un Avan- Aucun.
BAGOU d10 tage pour tous les tests visant à
SANTÉ MENTALE d8 convaincre quelqu’un de se ran-
VIE d8 ger de votre côté.
• As des chiffres : vous décelez au-
DÉGÂTS ARMÉ d6 tomatiquement les éléments chif-
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 frés dans votre environnement :
la distance entre deux points, le
nombre de minutes restantes
jusqu’au coucher du soleil, etc.
Cela vous donne un Avantage aux
tests visant à s’orienter.

284
284
aide de jeu L3
SANDI JENKINS

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Avant que je ne rencontre James Sutton, j’étais une jolie fille avec des
ambitions. Grâce à lui, j’ai tourné dans deux sitcoms, j’ai enregistré une
maquette pour un album… je n’étais pas encore une star, mais c’était en
bonne voie. Sauf que…

Où suis-je ?
James m’a dit un jour qu’il avait un endroit spécial pour les gens qu’il n’ai-
mait pas.

Et pourquoi ?
Ben, j’ai un peu dragué Connor. Bon, un peu plus que dragué, mais c’était
décevant. Or, James est bêtement possessif.

Que vais-je faire ?


Sortir de là, mais comment ?
CARACTèRE
Sexy, théâtrale, égoïste
Qui sont les autres ?
description physique
• Connor est un allié possible, même si c’est sa faute si je suis là. 26 ans, blonde, yeux verts,
traits fins, silhouette avanta-
• Kramer est un genre de comptable. Pas très utile ici, je pense.
geuse, pointe d’accent cock-
• Mercer ? On s’est croisées plusieurs fois. Moi, je suis une brave fille, au ney quand elle ne se surveille
fond. Elle, c’est une vraie garce. pas.

• Goldstein est venu dîner à la maison une fois. Il m’a à peine adressé la sauvegardes
parole.
FORCE 11
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 9
SAGESSE 9
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 13
CHARISME 16
• Comédie : vous avez un Avantage Aucun.
pour les tests visant à tromper
quelqu’un d’autre en jouant la co-
ressources
médie. TORCHE d6
BAGOU d10
• Fuyante comme une anguille : SANTÉ MENTALE d10
une fois par session vous pouvez VIE d6
répercuter les conséquences d’un
échec de Sauvegarde d’Intelli- DÉGÂTS ARMÉ d6
gence ou Sagesse sur quelqu’un DÉGÂTS NON ARMÉ d4
d’autre.

285 285
285
aide de jeu L4
DENISE MERCER
Qui suis-je ?
SECTION 9

Une fille des beaux quartiers… et une sorcière. James Sutton s’est imposé
comme grand prêtre de notre culte, mais il n’est pas à la hauteur. Je me
préparais à le « remplacer ».

Où suis-je ?
Les apparences sont trompeuses. Nous sommes dans le Labyrinthe qui
nous sépare de la présence divine. C’est un lieu dangereux, hanté, qui a
un Maître.

Et pourquoi ?
Sutton nous y a envoyés pour y mourir.

Que vais-je faire ?


Trouver des alliés. Survivre. Le surprendre. Le faire payer.

CARACTèRE
Obstinée, athlétique, cruelle
Qui sont les autres ?
description physique • Connor est une brute bornée, ...
32 ans, grande et musclée,
brune, yeux noirs, cheveux • ... Kramer un néant pompeux ...
longs, menton volontaire.
• ... et Jenkins une idiote à gros seins. Ça ne m’empêchera pas de leur
faire bonne figure et de m’appuyer sur eux si besoin.
sauvegardes
FORCE 14 • Goldstein, en revanche, est un sorcier. Un indépendant, sans connais-
DEXTÉRITÉ 13 sance particulière du Labyrinthe… je crois. Allié ou rival ?
CONSTITUTION 13
SAGESSE 8
INTELLIGENCE
CHARISME
12
12 Capacités spéciales Équipement
• Agile : vous bénéficiez d’un Avan- Aucun.
ressources tage pour les Sauvegardes néces-
TORCHE d6 sitant des capacités athlétiques,
BAGOU d6 comme grimper, sauter ou se ba-
SANTÉ MENTALE d8 lancer.
VIE d10 • Injonction : en effectuant un test
de Santé mentale, vous lancez
DÉGÂTS ARMÉ d6 un sortilège vous permettant de
DÉGÂTS NON ARMÉ d4 donner un ordre simple (« Donne-
moi ton arme », « Fuis », « Ap-
proche », « Crie »...).

286
286
aide de jeu L5
SOLOMON «SOL» GOLDSTEIN

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
« Marchand de livres rares » d’après mes cartes de visite. En réalité, un
magicien indépendant qui ne s’est voué à aucune Puissance.

Où suis-je ?
En enfer.

Et pourquoi ?
James Sutton m’a contacté pour obtenir des informations sur les activités
de ses prédécesseurs à la tête de son culte. C’est fou ce qu’on trouve dans
les vieux journaux victoriens ! Il n’a pas voulu me payer le prix convenu, je
l’ai menacé, il l’a mal pris…

Que vais-je faire ?


Survivre et regagner le monde réel, mais je ne vois pas bien comment.

Qui sont les autres ? CARACTèRE


Introverti, psychologue, cynique
• Connor a l’air d’une petite frappe...

• ... et Kramer d’une crapule bien élevée. description physique


45 ans, légèrement myope,
• Je trouve Jenkins très séduisante, au point d’avoir du mal à lui parler.
cheveux noirs autour d’une
• Enfin, Mercer appartient au culte. Je parie qu’elle va essayer de nous calvitie, nez fort, moustache,
sacrifier pour acheter sa liberté. un peu voûté, bedaine, parle
en cherchant ses mots.

Capacités spéciales Équipement sauvegardes


FORCE 10
• Appel du vide : en effectuant un Aucun. DEXTÉRITÉ 11
test de Santé mentale, vous lan- CONSTITUTION 12
cez un sortilège faisant apparaître SAGESSE 14
une sphère de ténèbres absolues INTELLIGENCE 14
autour d’une cible (personne ou CHARISME 13
objet) englobant tout ce qui est
Proche pendant une heure. L’expé- ressources
rience est traumatisante et donne TORCHE d12
lieu à un test de Santé mentale BAGOU d6
pour toute personne à l’intérieur, SANTÉ MENTALE d8
et il est impossible de voir ce qui se VIE d8
passe dans la sphère.
DÉGÂTS ARMÉ d4
• Sens du danger : vous avez un
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
Avantage lors des Sauvegardes vi-
sant à ressentir qu’une situation
dangereuse se profile.

287 287
287
LA BÊTE D’AUBETERRE
Ce scénario hors procédure est un bac à Le document
SECTION 9

sable où des maquisards découvrent peu à


peu que la guerre n’est pas leur souci le plus Il se compose de cinq fichiers audio d’envi-
pressant. ron une heure chacun, numérotés de 00001
à 00005 et d’un fichier texte intitulé Conclu-
sion. Chaque fichier audio commence par
une phrase d’introduction de Dozier, du type
Le déclencheur « nous sommes tel jour, il est telle heure et
j’interroge Untel sur les événements du mois
Un petit disque dur externe que Dozier a de juin 1944… »
emporté avec lui dans son expédition à La Ces interviews ont été réalisées sur une pé-
Sauve. riode de quinze jours, entre la mi-juillet et les
premiers jours d’août 1995.

La source Analyse physique


• Les enquêteurs le récupèrent dans les af- • Le fichier Conclusion a été sauvegardé
faires de Dozier lorsqu’ils mettent la main sur pour la dernière fois le 12 janvier 2006.
lui, mort ou vif.
• Les fichiers audio sont tous datés du lundi
• Dozier peut également le remettre aux 23 janvier 2006.
encagés s’il les croise. Il veut leur faire com-
prendre que le culte qu’ils ont connu n’est • Ils ont été créés à partir de bandes ma-
pas l’origine du mal et, peut-être, les pousser gnétiques. En plusieurs endroits, on entend
à s’arrêter et réfléchir. Dans ce cas, le disque les « clics » du dictaphone quand l’interviewé
se trouve à la ferme temple de Jordis (voir demande à faire une pause.
p. 214). Selon vos envies, il peut être oublié • L’examen des comptes bancaires de Dozier
à côté du matériel informatique pris chez les permet de retrouver un paiement par carte ban-
sectateurs ou avoir été examiné par Ménard. caire à Souvenirs durables, une entreprise borde-
Dans ce cas, celui-ci se rendra peut-être à laise spécialisée dans la numérisation, en date du
Saint-Adalric. Il tourne autour de la chapelle, 24 janvier 2006. La société existe toujours et peut
mais n’y entre pas. confirmer qu’il s’agissait bien d’une conversion
• Si vous préférez lancer le scénario plus tôt, de minicassettes en fichiers .mp3.
Dozier conserve une copie de ces fichiers sur • Rien n’indique que leur contenu ait été
un serveur privé sécurisé. Il paye quelques manipulé ou altéré.
euros mensuels « d’abonnement » qui se
voient si les enquêteurs épluchent sa compta-
bilité. Obtenir une commission rogatoire pour Analyse textuelle
les consulter prend cinq jours.
• Les cinq personnes interrogées ont des
voix de personnes âgées, et deux d’entre elles
s’expriment avec un fort accent espagnol.
• Dozier se comporte en bon interviewer :
il laisse ses interlocuteurs dévider leurs sou-

288
DOZIER ET AUBETERRE
En 1993, lorsque le groupe de Lombardi a « interrogé » un sectateur, ses membres ont obtenu quelques infor-

HORS PROCÉDURE
mations qu’ils n’ont pas exploitées, car le colonel les jugeait « sans rapport avec la situation tactique ».
Le nom de « saint Adalric » en faisait partie. Dozier a continué à creuser après le suicide de son ami. Il a décou-
vert l’existence de la chapelle Saint-Adalric d’Aubeterre, s’est documenté sur l’histoire locale et a appris que le
bâtiment aurait été incendié « lors de la Libération ». Partant de là, retrouver les survivants du maquis Cyrano et
les interroger allait de soi…

venirs, posant quelques questions et les re- une niche dans la chapelle. Et surtout, le père
mettant sur les rails quand ils se mettent à Étienne tombe en arrêt devant une large sec-
digresser. tion du mur nord, grossièrement badigeonnée
de peinture blanche. Le prêtre entreprend
• Quelques allusions à une correspondance des travaux de restauration, aidé par Simone
préparatoire apparaissent dans les échanges, Bravoud, la dévote épouse du fermier le plus
mais il n’en subsiste aucune trace chez Dozier. proche. Le 10 juin, tous deux achèvent de
dégager une fresque remontant au début du
XVe siècle, un Massacre des Innocents traité
de manière désagréablement réaliste et bizar-
Les prétirés rement organisé autour d’un petit labyrinthe
mural. Rares dans les chapelles, les labyrinthes
Les personnages prétirés se trouvent p. 316. d’église n’y sont pas complètement inconnus.
Ils constituent les aides de jeu B1, B2, B3, B4
et B5. La « règle des cinq », présentée p. 237, Sagement, le père Étienne attend la fin de
s’applique : vous pouvez modifier tous les élé- la guerre pour faire connaître sa découverte.
ments de leur background et en supprimer à Hélas, sans le savoir, il a rouvert une commu-
votre guise. nication avec le Labyrinthe. Louis de Honne-
court, l’Homme dans le Labyrinthe, est entré
Distribuez aux joueurs les aides de jeu B6,
dans ses rêves et dans ceux de Mme Bravoud.
B7, B8 et B9 en même temps que leurs per-
Le père Étienne, une âme simple, ne l’inté-
sonnages. B6 est une « mise en ambiance »,
resse pas tellement, ce qui n’a pas empêché
B7 leur fait découvrir le maquis Cyrano, B8
le Labyrinthe de « l’infecter ». Simone Bra-
présente la situation avec un peu plus de recul
voud, en revanche, intrigue Louis. Il lui parle,
et constitue également un rappel du contexte
lui confère une parcelle de pouvoir, et laisse
de cette mi-juin 1944. Enfin, B9 est un plan
les choses se faire. Dans la nuit du 12 au 13,
d’Aubeterre qui permettra aux joueurs de si-
Simone rêve qu’elle se rend à la ferme et se
tuer les différents lieux du scénario.
dispute avec son mari – et pour une fois, elle
ne se laisse pas battre, elle se défend…
Que se passe-t-il ? De leur côté, les maquisards s’inquiètent de
la capture de Raymond, l’un des leurs, par des
La chapelle Saint-Adalric est desservie par le miliciens cantonnés chez les Bravoud. Les ma-
père Étienne Pelletier, le curé d’Aubeterre, qui quisards investissent la ferme quelques heures
y célèbre la messe une fois par mois. Archéo- plus tard. Ils n’y trouvent que des cadavres,
logue et historien amateur, le père Étienne plus Raymond, inconscient, mais vivant.
occupe ses loisirs à relever les particularités
Œuvre de Simone, le massacre des miliciens
des églises du canton. Début 1944, il découvre
va être mis sur le dos de la Résistance,
un escalier muré dans la crypte de la chapelle.
entraînant une riposte des autorités. En
Le niveau inférieur, une salle basse soutenue
parallèle, les plans des chefs du maquis
par d’épais piliers romans, est vite exploré. Le
changent brutalement… De son côté, Louis
prêtre y découvre une statue en bois de saint
n’en a pas terminé avec Simone, et le père
Adalric. Nettoyée, elle occupe maintenant
Étienne est également en danger.

289 289
289
aide de jeu B6

290
aide de jeu B7

291
aide de jeu B8

292
aide de jeu B9

293
GLOSSAIRE
S’ils ne connaissent pas bien la période, les joueurs risquent de s’interroger sur certains termes utilisés
dans le scénario. Ils sont regroupés ici pour que vous les expliquiez, si besoin.
• STO, Service du Travail Obligatoire. Les volontaires ne se bousculant pas, la loi du 16 février 1943 fait
obligation à tous les jeunes Français nés entre 1920 et 1922 d’aller travailler en Allemagne pour y remplacer
SECTION 9

les ouvriers allemands mobilisés. Le STO a garni les usines allemandes… et les maquis.
• FTP, Francs-Tireurs et Partisans. Organisation de résistance, émanation du Parti Communiste, même si
elle est théoriquement ouverte à toutes les bonnes volontés.
• FFI, Forces Françaises de l’Intérieur. Regroupement des principaux mouvements de résistance, dont les
FTP, mais aussi les mouvements gaullistes et divers « inclassables ».
• Milice. Fondée en janvier 1943, la Milice Française a pour mission principale la lutte contre le « terro-
risme », autrement dit la Résistance. Cette tâche inclut la propagande, le renseignement… et la lutte armée,
menée par son bras paramilitaire, la franc-garde. Dirigée par Joseph Darnand, entretenant des liens étroits
avec la Gestapo et la pègre, elle est en 1944 l’une des institutions les plus haïes du régime de Vichy.
• Zone sud. L’ex-« zone libre » est occupée depuis novembre 1942, même si les Allemands l’ont pudi-
quement classée en « zone d’opérations » pour préserver la fiction de l’indépendance de Vichy. Sur le plan
administratif, les deux zones sont théoriquement réunifiées depuis mars 1943. En pratique, les Allemands
organisent encore des contrôles volants le long de l’ex-ligne de démarcation et les fonctionnaires de Vichy
ont toujours besoin d’un Ausweiss pour se rendre en zone nord.

L’assaut avorte et Bravoud. La cave a été sommairement


réaménagée en salle de torture, avec un ba-
La ferme Bravoud se trouve à cinq minutes quet plein d’eau, un brasero où est planté
à pied de l’orée du bois. Les enquêteurs de un tisonnier, etc. Raymond, vivant mais in-
2013 connaîtront l’endroit sous le nom de conscient, est roulé en boule dans un coin.
Clos des fleurs, mais pour l’instant, c’est une
ferme banale : une cour boueuse précède une Cette description est aussi clinique qu’in-
maison en pierre trapue avec un étage et un complète. Lorsque Simone est venue tuer son
toit de tuiles. Une grange-écurie occupe le mari (voir p. 289), le Labyrinthe l’a accompa-
côté gauche de la cour. À droite se trouvent gnée. Pendant un court instant, murs et cloi-
plusieurs bâtiments plus petits, poulailler, ca- sons sont devenus fluides avant de se figer à
banes à outils et appentis. Les toilettes sont nouveau. Le papier peint est gondolé et zébré
derrière, à l’extérieur. Plus loin vers l’arrière, de déchirures aux formes angoissantes. Les
il y a une petite porcherie (deux truies et un proportions de toutes les pièces sont légère-
verrat) et une étable (trois vaches et un veau). ment gauchies, les portes et les fenêtres sont
coincées ou impossibles à fermer. Les rideaux
Les maquisards vont certainement aborder en cretonne de la chambre de Bravoud ont été
tout cela avec un luxe de précautions… qui remplacés par un épais velours rouge.
s’avère complètement inutile. Il n’y a pas de
guetteurs. Et puis, il y a les corps. Les quatre miliciens
ne présentent aucune blessure, mais leurs vi-
• L’écurie est vide, en dehors des deux che- sages sont des masques d’épouvante, à croire
vaux de la ferme, morts dans leurs box, sans qu’ils sont morts de peur. Leur chef, en re-
blessures apparentes. Cinq miliciens logeaient vanche, n’est plus qu’une masse de viande ha-
à l’étage, dans le fenil. Leurs affaires sont en- chée et d’os pulvérisés… dans un uniforme in-
core là, mais pas eux. En revanche, tout est tact, quoique trempé de sang. Enfin, Bravoud
inondé de sang. n’est qu’à moitié là : il manque sa tête, son
• La porte de la ferme est ouverte. Le rez- buste et ses bras. La section est nette, comme
de-chaussée est vide. Six cadavres attendent laissée par une lame gigantesque.
d’être découverts à l’étage : cinq francs-gardes

294
NOTES DE MISE EN SCÈNE
La Bête d’Aubeterre est un monstre à deux têtes. Il combine des évènements historiques avec un versant

HORS PROCÉDURE
surnaturel lié au Labyrinthe. Le dosage de ces deux éléments dépend de vous – un « vous » qui inclut les
joueurs, car il est plus ouvert que les autres scénarios hors procédure. Le côté « Résistance » est volontai-
rement terre à terre, et le surnaturel délibérément étrange et éloigné des canons classiques du mythe de
Cthulhu. Tous les deux se parasitent, et le groupe va être contraint de passer sans cesse de l’un à l’autre.
La Bête d’Aubeterre est relativement long. Comptez une séance dense, voire deux si vous l’exploitez à fond.
Lors des tests, il a parfois tenu en une après-midi, mais les joueurs se sont focalisés sur l’angle surnaturel et
ont peu géré les actions de la Résistance.
Voici les points les plus importants à garder en tête pour le mettre en scène.
• Historicité. Ce scénario reste proche des évènements réels, mais prend quelques discrètes libertés avec
la chronologie du mois de juin 1944. Faites de même si vous l’estimez nécessaire.
• Un village français. La description d’Aubeterre est relativement vague. J’ai délibérément évité de trop
me documenter pour ne pas me retrouver prisonnier de la topographie et des personnalités de l’époque. Ce
scénario présente un fac-similé sur lequel chaque meneur de jeu pourra projeter son propre village idéal.
• Des héros ? Les prétirés de La Bête d’Aubeterre sont des altruistes qui veulent se battre pour une juste
cause, soit l’exact opposé de ceux du Labyrinthe. Qu’ils se comportent bien est le problème des joueurs. Hé-
las, un trop-plein d’héroïsme peut s’avérer dangereux pour eux comme pour la ville.
• Un bac à sable. Les personnages ont l’initiative, pour le meilleur ou pour le pire. Ils font des impasses ?
Pas de souci, mais certains événements se déroulent sans eux. Ils font des choix tactiques désastreux ? Ils
les payeront plus tard.
• C’est la guerre. Quand il est question de commandement, il n’y a pas de « bons » choix, juste l’obligation
de trancher rapidement entre des solutions qui ont toutes des avantages et des inconvénients, évaluées à
partir d’informations incomplètes. La seule chose sûre est que leurs décisions auront un impact. Autrement
dit, quelles que soient les décisions qu’ils prennent, les personnages se mettent en danger, et tout le maquis
avec eux. Vous devez le leur faire ressentir. Le meilleur résultat qu’ils puissent obtenir est « ouf, ça a mar-
ché à peu près comme prévu ». Le pire risque de ressembler à « Aubeterre, ville martyre, pleure ses morts ».
• Confusion, urgence et enjeux lourds. Les personnages se retrouvent aux commandes du maquis et
doivent le gérer tout en affrontant quatre menaces : la police, la milice et deux victimes du Labyrinthe, le
tout en temps limité. Tel qu’il est rédigé, ce scénario se déroule entre le mardi 13 et le dimanche 18 juin. Bien
entendu, vous pouvez décaler certains événements afin de donner plus de temps au groupe. Lors des tests,
les joueurs ont souvent privilégié le versant surnaturel de l’histoire, mais ce n’est pas une fatalité.

MUSIQUE !
Vous n’aurez pas trop de mal à trouver sur Internet de quoi composer une bande sonore. Je vous conseille :
• L’indicatif des émissions françaises de la BBC.
• Quelques « messages personnels ». Vous pouvez décider que l’un d’eux sera le signal du parachutage, plu-
tôt que d’utiliser celui qui est proposé p. 303.
• Ceux du maquis. La BBC diffuse régulièrement cette chanson, pensée pour être entraînante et motiver « les
gars du maquis ».
• Le Chant des partisans et La Marseillaise sont bien sûr incontournables.
Si vous avez envie d’aller plus loin, des albums comme La Vie quotidienne en chansons sous la drôle de guerre
et l’occupation vous aideront à vous faire une idée de ce qui passe à la radio… et des airs que tout le monde
fredonne dans ces années-là.

295 295
Que faire ? du groupe sans faire de commentaires, puis
déclare :
Les personnages sont maîtres des lieux, et il
leur reste une bonne heure avant le lever du « Nous avons reçu de nouveaux ordres
soleil. Ils peuvent : cette nuit. Nous devons aller à Ribérac. Il y
a deux mois, nos camarades là-bas se sont
• Évacuer Raymond. Bricoler une civière et fait décimer par les Allemands, et nous
SECTION 9

désigner deux porteurs est tout simple. sommes chargés de prendre la relève. Achille
est déjà parti avec un premier groupe, je
• Embarquer des provisions. Il y a des
suis en train d’organiser les autres. Vous,
bouches à nourrir, au maquis, et la ferme
vous allez rester ici et préparer la libération
regorge de nourriture, y compris des poules
d’Aubeterre. Jacques, jusqu’à présent, tu
et des lapins vivants. Il y a même quelques
avais la responsabilité du secteur sud. Je veux
bonnes bouteilles et des cigarettes appor-
que tu prennes le commandement de tout le
tées par les miliciens (ce sont des Astra, une
maquis. »
marque allemande, mais en ces temps de pé-
nurie, personne ne fait le difficile). Gérez la discussion qui s’ensuit à votre guise.
• S’armer. Les maquisards peuvent récupé- Cyrano a plusieurs messages à faire passer.
rer dix pistolets et trente chargeurs, plus deux
STEN saisies sur un stock d’armes parachu- • Ce n’est pas une sanction. Au contraire,
tées, accompagnées chacune de trois char- c’est une promotion sur le champ de bataille.
geurs. Elle est ravie que Raymond soit en vie.
• Effacer les traces. Les leurs ? Pas de pro- • « Puisque ce n’est pas nous… » Cyrano
blème. Celles de ce qui s’est produit, quoi conclut du rapport du groupe que les miliciens
que ce soit ? C’est plus compliqué. Si les per- ont été attaqués par d’autres résistants. Elle
sonnages envisagent de cacher les corps, ils souhaite donc que les maquisards prennent
peuvent les emmener et les enterrer en forêt. contact avec eux et étudient la possibilité d’un
Hélas, six tombes de fortune, ça prend du rapprochement.
temps à creuser… et ça se voit. Par ailleurs, • Des renforts. En plus du groupe qui a at-
le sang dans le fenil est impossible à faire dis- taqué la ferme, Cyrano prévoit de leur laisser
paraître avant le lever du jour. Quant aux che- une dizaine de maquisards supplémentaires.
vaux morts, ils ne sont pas transportables. Elle suggère de ne pas rester à la planque ac-
tuelle du groupe, dangereusement proche de
la ferme Bravoud.
Changement de pied Avant de partir, elle prend quelques minutes
en tête-à-tête avec Jacob pour lui délivrer la
Le retour à la planque se déroule sans inci- feuille de route du maquis (voir p. 299).
dent. Peu après l’aube, Cyrano en personne
rend visite au groupe. Elle écoute le rapport Ayant rempli son rôle dans l’histoire, Cyrano
quitte les personnages et les alentours d’Au-

LES AUTRES MEMBRES DU


GROUPE D’ASSAUT
En dehors des cinq prétirés, le groupe compte quinze membres. Ils s’appellent Jean, André, Fernande, Jo-
seph, René, Pierre, Henriette, Albert, Charles, Émilie, Léon, Eugène, Gaston, Michel et Auguste.
Âgés de dix-sept à vingt ans, ils sont très sérieux et extrêmement tendus. Tous ont un pistolet ou un fusil et
savent à peu près s’en servir, même si aucun d’eux n’est préparé à un véritable combat, et pas davantage à ce
qui les attend vraiment à la ferme.
Si besoin, ils ont tous d8 de Santé mentale. Ne faites qu’un seul test pour tous.

296
beterre. Le sort qui l’attend à Ribérac, situé à Parmi les lieux susceptibles d’intéresser les
une quinzaine de kilomètres à l’est, en zone personnages, citons :
sud, n’a pas d’importance dans le cadre de ce
scénario. • La mairie. Située au cœur de la ville, en

HORS PROCÉDURE
face du bureau de poste, elle est à moitié
déserte. Le maire a démissionné en avril,
et Vichy ne s’est pas encore préoccupé de
Que faire ? lui donner un remplaçant. Le secrétaire de
mairie, Philippe Lussan, expédie les affaires
Les joueurs ayant eu le temps de se fami-
courantes. Lussan est un petit monsieur ef-
liariser avec la situation et avec leurs person-
facé, avec un pince-nez, qui n’aime pas le dé-
nages, le scénario cesse d’être linéaire.
sordre et suit le mouvement, peu importe la
Les sections qui suivent proposent : direction.

• Une présentation du décor. • La gendarmerie. Située un peu à l’écart du


bourg proprement dit, elle est petite et pas
• Quatre « fils » narratifs qui vont s’entre- du tout étudiée pour soutenir un siège. Les
croiser : l’action du maquis, celle des forces cinq gendarmes permanents et leurs familles
de l’ordre et celle des deux victimes du Laby- sont logés dans une « caserne » située à deux
rinthe, Simone Bravoud et le père Étienne. minutes de marche, qui ressemble plus à une
grosse maison bourgeoise qu’à un bâtiment
officiel. La Loi est incarnée par le brigadier
Augustin Levasseur, un quinquagénaire cou-
Aubeterre perosé qui, depuis 1940, a décidé de ne pas
faire de vagues. Il suit les ordres à la lettre en
Aubeterre est un modeste chef-lieu de can- y mettant assez de mauvaise volonté pour les
ton, situé à l’extrémité sud du département saboter s’ils lui déplaisent. Ses hommes sont
de la Charente. sur la même longueur d’onde.

• La pension Mercier. Lors de l’exode de


1940, les sœurs Denise et Victoire Mercier
Les lieux ont accueilli des réfugiés, y compris des en-
fants perdus trop petits pour connaître leur
La ville est bâtie sur un éperon de craie, sur adresse. Elles ont continué sur leur lancée
lequel est bâti un château médiéval très en- pendant toute la guerre, accueillant de petits
dommagé par les siècles. La Dronne coule en Bordelais dont les parents ont été tués par les
contrebas, au sud-est. Les rues sont étroites bombardements alliés. Les autorités voient
et en pente, bordées de maisons en calcaire d’un très bon œil ces deux vieilles dames
blanc coiffées de tuiles ocre. Beaucoup sont aux mœurs austères qui, en surface, sont
dotées de vastes balcons qui, au XIXe siècle, d’ardentes maréchalistes. Cela leur a permis
servaient de séchoirs à chanvre. Quelques d’accueillir discrètement des enfants juifs et
maisons, bâties à flanc de falaise, sont partiel- quelques aviateurs britanniques en route
lement ou intégralement troglodytes. pour la zone sud. Simone Bravoud est femme
Parmi les monuments remarquables, citons de ménage chez les Mercier. Les deux sœurs
la collégiale Saint-Jacques, avec sa façade n’ont pas de contacts directs avec le maquis,
romane ; l’immense église troglodyte Saint- mais connaissent plusieurs sympathisants.
Jean et son baptistère souterrain, en ville
basse, fermée depuis le début de la guerre ; • Les alentours. Autour d’Aubeterre s’étend
et le couvent des Minimes, qui abrite en- un paysage de coteaux cultivés, de petits bois,
core des moines. La ville possède également de villages et de fermes isolées. Le couvert fo-
une modeste gare, sur la ligne qui relie An- restier est plus abondant au sud de la ville,
goulême à Périgueux via Ribérac. mais il y a davantage de structures où se dis-
simuler au nord.

297 297
OPTION : L’ÉGLISE SAINT-JEAN
Si vous le souhaitez, il est possible que cette étrange église souterraine ait un lien avec la chapelle Saint-Adalric.
• Avec le culte ? Suivre du doigt le labyrinthe de la chapelle transporte le personnage qui s’y risque devant le
grand reliquaire de Saint-Jean, au centre de l’église, au prix d’un test de Santé mentale. Les personnages qui s’y
risquent souffrent ensuite de symptômes comparables à ceux de Simone Bravoud ou du père Étienne. Une fois
SECTION 9

dans l’église, il reste à en sortir : elle est fermée de l’extérieur, et se trouve au cœur de la ville.
• Avec des ennemis du culte ? Avant d’être consacrée à saint Jean, l’église s’appelait Saint-Sauveur, et son
grand reliquaire est à l’image du Saint-Sépulcre. Il est possible que le grenier du presbytère abrite une caisse de
documents datant du XVe siècle et relatant le combat des prêtres de Saint-Sauveur contre une « congrégation
hérétique ».
• Avec la Résistance ? Une vaste église souterraine abandonnée depuis le début de la guerre ferait une planque
urbaine idéale, ou un site de rendez-vous parfait. Reste à se procurer l’une des clés de sa grande porte de chêne.
Il en existe trois, au presbytère, à la mairie et à la gendarmerie. À défaut, la légende parle de passages secrets
vers les ruines du château… Dans le monde réel, personne ne les a jamais trouvés, mais qui sait ?

298
Les gens Feuille de route
Aubeterre est une commune rurale, où le Lors de leur conversation en privé, Cyrano
rationnement a été moins douloureux qu’en confie les tâches suivantes au personnage qui

HORS PROCÉDURE
ville. Les biens de consommation, en re- prend sa succession :
vanche, se font rares. Beaucoup d’hommes
adultes sont prisonniers en Allemagne, et les • Récupérer un parachutage de matériel.
bras manquent.
• Trouver, former et encadrer un maximum
Comme partout ailleurs en France, la majo- de futurs maquisards.
rité de la population est attentiste et conserve
un vague respect pour le Maréchal, couplé • Créer une situation favorable à la prise de
d’une solide détestation pour Pierre Laval. La contrôle d’Aubeterre lorsque les événements
perspective de la Libération va faire évoluer le permettront.
l’opinion à toute allure.
• Ne pas commettre d’imprudences. Des
En dehors de quelques patrouilles, les Alle- combattants vivants valent mieux que des hé-
mands ne se sont pas beaucoup montrés. En ros morts.
revanche, le bourg compte sa part de colla-
borateurs. En dehors de feu Bravoud, le plus S’y ajoute une demande présentée lors la
détesté est Martial Gouffier, le notaire, suivi conversation initiale : prendre contact avec
d’assez près par Augustin Hubière, un gros les auteurs du massacre de la ferme Bravoud,
fermier enrichi par le marché noir. Marécha- les évaluer et s’allier avec eux si possible.
liste exalté, Gouffier fricote avec les miliciens, Cette liste n’est pas présentée sous forme
alors qu’Hubière fait profil bas et rêve de d’aide de jeu pour deux raisons. Primo, le
changer de camp. briefing est oral et rapide et se déroule au
terme d’une nuit blanche. Si le joueur oublie
des éléments, tant pis pour lui. Secundo, cela
Le maquis lui laisse une certaine latitude dans ce qu’il
présentera à ses camarades.
Réduit à une trentaine de personnes, dont
un blessé grave, il est désormais sous le com-
mandement de nos héros. Ses actions sont
entièrement entre leurs mains.

À LA RADIO
Les radios de Londres et de Paris sont d’accord sur un point : la situation militaire évolue peu entre le 13 et
le 18 juin. Les Alliés déversent troupes et matériel sur les plages normandes. Les Allemands ne parviennent
pas à les refouler, mais ils ne reculent que lentement, au prix de gros dégâts. À l’est, les combats atteignent
les faubourgs de Caen. Au sud, les Alliés progressent de quelques kilomètres, stabilisant la tête de pont.
Le 14 juin, le général De Gaulle est à Bayeux, où il prononce un discours rassembleur sur le thème « nous
faisons la guerre et nous continuerons tous ensemble jusqu’à la victoire » avant de partir pour Washington
s’entretenir avec Roosevelt.
Le 15 juin, Radio-Paris et les journaux collaborationnistes font leurs gros titres sur « le martyre de Vimou-
tiers », village normand rasé la veille par des bombardiers américains (200 morts).
Le 17 juin, un correspondant des émissions en français de la « bébécé » organise un premier direct depuis
la Normandie. Reporter et interviewés sont trop émus pour dire grand-chose.

299 299
GÉNÉRATEUR DE RÉSISTANTS
Comme promis, Cyrano laisse en arrière dix maquisards supplémentaires. Ils se prénomment George, Alice,
Victorien, Roland, Suzanne, Martial, Paul, Désiré, Marc et Annette. Ce sont des adolescents embarqués dans
une aventure dont ils ne mesurent pas l’ampleur.
Roland est le plus âgé de la bande. Il travaillait avec Achille sur l’opération « parachutage », et pourra briefer
SECTION 9

le groupe sur les détails.


Les détailler tous aurait considérablement rallongé ce scénario. À la place, si besoin, lancez 4d10 et appli-
quez les résultats des tables suivantes.

1d10 valeur
1-2 Mauvais : deux traits négatifs

3-8 Normal : un trait négatif, un positif

9-10 Bon : deux traits positifs

1d10 trait négatif


1 Menteur

2 Capricieux

3 Tire-au-flanc

Trouillard (1d10 : pair, ça lui passe


4 dans le feu de l’action ; impair, il file
se cacher si ça barde) 1d10 trait positif
5 Colérique 1 Sens de l’humour

6 Insubordonné 2 Doué pour le commandement

7 Goinfre 3 Bourreau de travail

8 S’ennuie vite 4 Prend des initiatives

9 Aimerait devenir chef 5 Patient

10 Plein d’idées désastreuses 6 Chanceux

7 A des contacts locaux

8 Endurant

9 Organisateur-né

10 Plein de bonnes idées

300
GÉNÉRATEUR DE RÉSISTANTS

1d10 motivations

HORS PROCÉDURE
1 A suivi un ami

2 Veut impressionner sa belle / son amoureux

Se cache de la police (1d10 : pair, pour des raisons qui relèvent du droit commun ; impair, pour
3
des raisons liées à ses activités ou à son origine)

4 Hait les Allemands

5 Aspirant héros

6 Réfractaire au STO

7 Patriote

8 Communiste

9 Gaulliste

A des comptes à régler (1d10 : 1-3 avec ses voisins ; 4-7 avec une autorité ; 8-10, avec un membre
10
de sa famille)

301 301
Les planques Les sympathisants
Contrairement à certains maquis de mon- Que ce soit par patriotisme, par idéologie ou
tagne, Cyrano ne dispose pas d’une « forte- par intérêt, une partie de la population ren-
resse » naturelle où se retrancher si besoin. seigne les maquisards ou leur apporte un sou-
Aucun des lieux suivants n’est entièrement tien plus concret sous forme de vivres, d’hé-
sûr et tous présentent des inconvénients. bergement ou d’argent.
SECTION 9

• Secteur I, à l’ouest de la ville : une grotte • Denise Vidal. Douze ans, des couettes, un
à flanc de coteau (discrète, mais elle peut se culot d’acier et un vieux biclou qu’elle arrive
transformer en nasse) ; une ferme isolée et à faire filer comme si elle courait le Tour. De-
abandonnée depuis 1940 (tranquille mais à nise est la fille de Jules, le patron du Café des
découvert) ; un petit bois qui domine la route sports, à Aubeterre. Elle est donc très bien
de Bordeaux (inconfortable, mais tranquille). placée pour informer le groupe de ce qui se
• Secteur II, au nord de la ville : une vieille passe en ville. De plus, le café se trouve juste
remise en bordure de départementale abrite en face de chez Odette Rivière, la sœur de Si-
un camion bâché et une Citroën de 1938, mone Bravoud…
toutes les deux avec le plein ; la bergerie • Fernand Raynal. Ce grand adolescent mai-
abandonnée au sommet d’une colline qui ser- grichon, à la santé fragile, rêve d’accomplir
vait de QG à Cyrano (excellente visibilité sur des exploits. Son père travaille à la mairie et
tous les côtés, plusieurs voies de repli, mais conserve un Lüger de la Grande Guerre chez
c’est un repaire évident). lui. Si vous voulez faire monter la tension, Fer-
nand pourrait le chiper et « faire une conne-
• Secteur III, à l’est de la ville : un moulin
rie » avec. Son arrestation obligerait à repen-
en ruine à proximité d’un hameau (bon poste
ser le système de boîtes aux lettres, coupant
d’observation, mais dangereusement près des
le maquis de ses sympathisants pendant au
habitations) ; une dépendance de la ferme Ri-
moins quarante-huit heures.
boult (en temps normal, le fermier devient
• Léon Gros. Ouvrier agricole d’une cin-
nerveux si les maquisards restent plus de
quantaine d’années, « le Léon » est un poivrot
deux jours. Avec les événements d’Aubeterre,
sympathique, qui vit de petits boulots chez les
il leur ferme sa porte).
uns et les autres. Il passe beaucoup de temps
• Secteur IV, au sud de la ville : la planque en cellule de dégrisement. Si le brigadier Le-
forestière où étaient installés Jacques et son vasseur veut communiquer avec le maquis,
groupe (spartiate et trop près de la ferme il le boucle quelques heures et lui confie un
Bravoud) ; un affût de chasse abandonné en message oral.
pleine forêt (un peu plus confortable, mais
situé dans une dépression et donc difficile à
défendre) ; un camp de bûcherons déserté Communication
depuis 1939 (plusieurs cabanes, des troncs
d’arbres abattus utilisables comme remparts Le maquis Cyrano a la chance rare de dis-
improvisés et une voie de fuite par le sud, poser d’une radio sur batteries, récupérée
mais c’est l’un des premiers lieux que fouille- le mois précédent auprès d’un autre maquis.
ront les gendarmes). Encombrante et fragile, elle ne permet pas
d’émettre, mais son existence évite de mettre
Toutes ces planques sont situées dans un
des civils en danger en écoutant la BBC chez
rayon de deux heures de marche d’Aubeterre.
eux. La batterie faiblit, mais ne lâchera pas
À l’intérieur du même secteur, elles sont sé-
avant la fin du scénario.
parées de 2 heures de marche. Changer de
secteur ajoute 1 heure à ce temps. Tous les sympathisants connaissent une
« boîte aux lettres » où laisser un message
si besoin. Au moment où le groupe prend
les rênes, il s’agit d’un terrier de lapin près
d’une borne kilométrique, sur la route d’An-
goulême ; d’une petite boîte métallique fixée

302
sur un poteau téléphonique sur la route de
Bordeaux ; et d’une bouteille vide qui traîne Action !
sous l’un des ponts de la Dronne. Bien sûr,
pour que le dispositif soit efficace, il faut les Le groupe est libre de décider de ce qu’il va

HORS PROCÉDURE
relever régulièrement, une corvée dange- faire en fonction des instructions de Cyrano,
reuse, mais indispensable. Le maquis reçoit modulées selon la situation.
un flux d’information tout juste suffisant pour
savoir en gros quel est le climat à Aubeterre.
Le parachutage
Se rendre en ville ? Il doit être annoncé par le message « Le
manchot la serre dans ses bras, nous disons “le
Les personnages ont tous de faux papiers manchot la serre dans ses bras” deux fois ». La
réalisés par un imprimeur communiste d’An- BBC le diffuse le 15 juin, lors des « messages
goulême. Les autres maquisards n’ont que personnels » de 13 h. Il est répété à 20 h. C’est
30 % de chances d’en posséder (1, 2 ou 3 sur donc pour minuit dans la nuit du 15 au 16.
1d10). Ceux qui en sont dépourvus possèdent
Si les personnages prennent le risque d’y as-
toujours leurs vraies cartes d’identité, qui
sister, ils doivent :
peuvent ou non attirer l’attention des gen-
darmes. • Récupérer le camion. Circuler de nuit sans
L’arrestation de Raymond n’incite pas à faire autorisation est dangereux, même si le trajet
totalement confiance aux faux papiers, mais est assez court : à peine une dizaine de kilo-
les gendarmes d’Aubeterre et les miliciens mètres vers le nord.
s’y laissent prendre (respectivement 90 % et
70 % de chances). Les gendarmes mobiles se • L’utiliser pour se rendre au site du para-
laissent avoir 50 % du temps. Les chances de chutage. Ils ne sont pas seuls : deux autres
tromper l’inspecteur Guillaumet (p. 306) sont groupes de résistants charentais sont de la
seulement de 30 %. fête. L’absence d’Achille, qui devait gérer
l’opération, les inquiète.
Parmi les villageois, les nouvelles têtes at-
tirent toujours l’attention, mais une histoire • Baliser le terrain. Il suffit de quatre per-
de couverture, même minimale, suffit pour sonnes avec des lampes de poche pour dessi-
rester quelques heures en ville. Les meilleures ner un carré approximatif.
sont du type « je me déplace de la ville A à la
• Attendre. Prévu pour minuit, l’avion n’ar-
ville B pour une raison familiale impérative,
rive qu’à 1 h 30 du matin.
je serai parti demain ». Quelqu’un risque de
parler des personnages aux autorités, ce qui • Donner le signal. Envoyer la lettre « C » en
déclenche un contrôle d’identité. (20 % de morse (longue-brève-longue-brève), toujours
base, mais des « comportements suspects » avec une lampe électrique.
peuvent le faire monter en flèche.)
• Réceptionner le largage. La précision des
aviateurs britannique laisse un peu à désirer, et
deux containers vont se perdre dans les arbres.
• Se partager le butin. Sur les douze contai-
ners, trois portent le nom de Cyrano.

• Les charger dans le camion. Chaque contai-


ner est long d’1,70 m pour cinquante centimètres
de diamètre. Ils pèsent environ 150 kg chacun, et
il faut quatre personnes pour les porter.
• Rentrer à la planque… et décider quoi
faire du matériel.

303 303
Le butin se compose de : pecteur Henri Durandeau est le partenaire de
l’inspecteur Guillaumet (p. 306). Un instruc-
• Un container C8 contenant 11 fusils-mi- teur attentif risque de le trouver un peu trop
trailleurs STEN, 55 chargeurs préremplis et un bon dans le maniement des armes et un peu
stock de 3 300 cartouches pour les regarnir, trop désireux de se faire bien voir. Démasqué,
plus un kit de nettoyage/réparation. il tente de négocier sa survie sur le thème « je
SECTION 9

peux vous donner des infos », avec si besoin


• Un container C16x contenant 1 bazooka,
une dose « vous savez ce que les collègues
14 roquettes, 14 charges explosives avec leurs
font aux tueurs de flics ? » S’il réussit son in-
détonateurs et 100 crève-pneus.
filtration, il essaye de signaler sa position à
• Un container C17 contenant 48 grenades Guillaumet. Il lui suffit de s’éclipser pendant
et 12 mines antichars. Un compartiment sé- un tour de garde. Le lendemain à l’aube, le
paré renferme 134 « rations militaires indivi- maquis se réveille cerné par les gendarmes.
duelles » de l’US Army, plus un paquet-cadeau
contenant quarante tablettes du meilleur cho-
colat que les personnages aient jamais mangé. Préparer la prise de la ville
Roland peut dire à Jacques que le signal de
Récupération et formation l’action sera le message BBC « Rimbaud rentre à
Charleville ». Il ne doit pas être donné avant plu-
Le maquis n’a pas de bureau d’enrôlement, sieurs semaines. En attendant, cet objectif géné-
mais les sympathisants peuvent aiguiller des ral inclut une multitude de tâches préparatoires.
personnes de confiance vers quelques fermes
dont les propriétaires « cherchent du monde • Propagande. Cyrano a laissé une machine
pour bosser aux champs ». Les fermiers se à polycopier à son QG, ainsi qu’assez de papier
chargent d’héberger les volontaires le temps pour imprimer une centaine de tracts. Reste à
que les maquisards les récupèrent. Le groupe décider de leur contenu, à les imprimer et à
est libre d’accepter des nouveaux ou de les assurer leur distribution.
laisser attendre, selon ses priorités. • Agitation. Les maquisards peuvent envoyer
Parmi les candidats : des messages menaçants ou de petits cercueils
en carton aux collaborateurs les plus notoires de
• Louis Vinchon. Costaud, trapu, pas malin, la ville. Laissez les joueurs se montrer créatifs !
mais bien décidé à se rendre utile, c’est l’ar-
chétype du « bleu » gaffeur à la tête dure, que • Sabotages. Les maquisards peuvent cou-
tout le monde charrie gentiment. Il le prend per les lignes téléphoniques ou électriques
bien, bosse et suit les ordres. sans beaucoup s’exposer (mais l’inspecteur
Guillaumet pointe chaque sabotage sur une
• Henri Durandeau. Une bonne tête sous carte, et les triangule). S’ils ont récupéré les
une masse de cheveux châtain, un sourire cal- containers, ils ont aussi de quoi crever les
culé pour donner confiance… En réalité, l’ins- pneus de tous les véhicules qui entrent et
sortent de la ville.

LES PÉRILS DE L’ABONDANCE


Le maquis était sous-équipé. Après le parachutage, il est surarmé. Nos héros ont désormais les moyens de
prendre Aubeterre. Cela leur sera certainement utile… en août 1944, longtemps après la fin de ce scénario.
Arrangez-vous que le groupe soit tenté d’utiliser tout ce matériel, ne serait-ce que parce que les maquisards
placés sous leurs ordres crèvent d’envie de s’en servir et demandent avec de plus en plus d’insistance pourquoi
« on reste assis à ne rien faire ».
S’en servir permet de se débarrasser momentanément des miliciens et des gendarmes, peut-être pour mieux
se concentrer sur les aspects surnaturels de l’affaire, mais déclenche un brutal Retour de bâton (voir p. 307).

304
• Action violente. Des mitraillettes ? Des tés tentent d’en tirer tout ce
explosifs ? Des mines ? Un bazooka ? Il y a qu’elles peuvent sur le plan gendarmes mobiles et miliciens
quelque chose de viscéralement satisfaisant à de la propagande.
faire sauter des miliciens, avec ou sans bâti-

HORS PROCÉDURE
DÉ DE VIE 2
ment autour. Le Retour de bâton qui s’ensui- Le 13 en fin de journée, un
POINTS DE VIE 8
vra est détaillé p. 307. « spécialiste de Bordeaux »
POINTS D’ARMURE 0
arrive en ville. Il est suivi le
lendemain matin par une
Attaques : Pistolet pour les of-
Le témoignage de Raymond nouvelle « dizaine » de mili-
ciens.
ficiers (blessure) OU Fusil pour
les hommes de troupe (bles-
Le rescapé de la ferme Bravoud souffre de • Inspecteur principal sure avec Désavantage)
nombreuses contusions, de cinq côtes cassées, Serge Guillaumet. Proche de
de vilaines brûlures causées par le tisonnier et la retraite, avec du ventre,
de dégâts internes impossibles à évaluer avec des bajoues, une calvitie et une moustache de
les moyens dont disposent les maquisards. phoque, Guillaumet a toujours l’air du brave
grand-père amateur de pêche à la ligne qu’il
Il reprend connaissance le soir du 13 juin,
était avant-guerre. Hélas, c’est aussi l’un des
mais présente de curieuses séquelles : il a perdu
meilleurs éléments de la brigade Poinsot, un
l’usage de la parole et, plus étrange, il est devenu
groupe antiterroriste qui travaille en étroite
gaucher. Son mutisme le frustre beaucoup, mais
collaboration avec la Gestapo. Son assistant,
ce qui va suivre est pire : à partir du milieu de
Henri Durandeau, tente de s’infiltrer dans le
la journée du 14, il se remet à parler, mais dans
maquis (voir page précédente).
une langue que personne ne comprend. (Parmi
les prétirés, Louise, qui a reçu une éducation • Chef de dizaine Alexandre Cabrol. Grand,
classique, penche pour un grec très archaïque costaud, sanguin, avec une moustache à la
dont elle ne comprend que quelques mots.) Darnand, il aboie plus qu’il ne parle. Cabrol
Le lendemain, 15 juin, Raymond se réveille est une brute avec juste assez de cervelle
en ayant retrouvé sa langue natale. Il raconte pour comprendre que la guerre est perdue et
comment il a été tabassé par Bravoud et ses qu’il va probablement être fusillé, tôt ou tard.
potes. Il a perdu connaissance, mais à un mo- Cette perspective le tient éveillé la nuit, mais
ment, il a repris ses esprits et a cru voir Si- elle ne l’arrête pas. Ses neuf sbires ne voient
mone Bravoud penchée sur lui. Après, il y a eu pas aussi loin : tant qu’il y a des civils à terro-
des cauchemars dont il ne se souvient plus… riser, ils sont contents. Leur valeur au combat
ou ne veut pas se souvenir. est extrêmement discutable.
Si quelqu’un peut éclaircir ce qui s’est pas-
sé à la ferme cette nuit-là, c’est donc Simone.
Reste à la trouver…

Les forces de l’ordre


Cette section se consacre aux actions entre-
prises par divers groupes policiers ou parapo-
liciers pour neutraliser le maquis.

Qui ?
Le « massacre de la ferme Bravoud » frappe
les esprits à Aubeterre et au-delà. Il est mis
sur le compte des « terroristes », et les autori- Alexandre cabrol (J4)

305 305
Guillaumet et Cabrol peuvent tous les deux Le 15 juin, il appelle Angoulême pour de-
faire appel à des renforts. L’inspecteur peut mander des renforts. Les gendarmes mobiles
obtenir une vingtaine de gendarmes mobiles. arrivent le 16 au matin, dans un gros bus bleu
Les « moblots » sont efficaces et profession- qui restera garé devant la gendarmerie. Ses
nels, mais peu désireux de se frotter à des occupants dorment dans les très inconfor-
adversaires bien armés. Cabrol a une autre di- tables combles de la caserne.
SECTION 9

zaine de francs-gardes sous le coude. Ils sont Dans la matinée du 15, Guillaumet remet au
motivés et dépourvus d’états d’âme, mais brigadier Levasseur une liste de trois « sym-
mauvais tacticiens. pathisants gaullistes » à arrêter, en lui disant
Les priorités des forces de l’ordre divergent. clairement qu’il sera jeté en cellule en cas
d’échec. Le brigadier s’exécute, la mort dans
• Guillaumet veut nettoyer le maquis. Il
l’âme. Henriette Pecq, l’institutrice, qui a des
prend son temps, mais il opère en profondeur.
contacts avec le maquis, figure sur la liste avec
• Cabrol veut venger les miliciens tués. Dans deux innocents. Guillaumet passe la soirée du
son esprit, cela passe par des exécutions. Tant 15 et la moitié de la journée du 16 à soumettre
qu’à faire, il préférerait abattre les coupables, ses suspects à des « interrogatoires poussés ».
mais ce n’est pas indispensable, à partir du Henriette Pecq craque et lui donne les noms
moment où il peut justifier ses choix dans un de deux autres fermiers dont elle sait qu’ils ont
rapport. ravitaillé le maquis. Ils sont arrêtés à leur tour.
• Le brigadier Levasseur et les gendarmes Le 17 à l’aube, les gendarmes mobiles com-
d’Aubeterre ne veulent pas se compromettre, mencent à quadriller les bois aux alentours
mais sont obligés d’obéir… en apparence. de ces deux fermes. Leur opération de ratis-
sage ne donne rien… à moins que les maqui-
Tout ce monde passe à l’action à partir du sards ne soient venus observer les opérations.
14, mais applique des tactiques différentes, La campagne de ratissage continue les jours
détaillées ci-dessous. La Chronologie par dé- suivants, « brûlant » sans doute une ou deux
faut de la p. 314 présente une synthèse des planques désertes.
évènements.
Le 17 vers midi, un fourgon cellulaire arrive
d’Angoulême. Le conducteur déjeune au Café
des sports, puis se rend à la gendarmerie pour
Guillaumet prendre livraison d’Henriette Pecq. Il repart
vers 15 h 00. Les maquisards ont une chance
L’inspecteur commence par faire recon-
de l’intercepter et de libérer l’institutrice.
naître son autorité par les gendarmes. Il tente
de leur faire lâcher quelques informations sur
les sympathisants possibles de la résistance,
se heurte à leur mauvaise volonté, hausse les
Cabrol
épaules et s’installe au bistrot de la gare. Il
Le 14 juin, les miliciens s’installent à l’école
perd à la belote, paye sa tournée, et fait une
communale, centrale et facile à défendre.
petite moisson d’informations.
Leur camion (un gros Citroën bâché) stationne
dans la cour.

LA PRESSE
La presse de la collaboration est représentée par André Derlot, reporter à La Petite Gironde. Ce jeune journa-
liste ambitieux a une double mission. Il doit présenter les méfaits des « terroristes » au grand public et couvrir
la destruction du maquis par les « vaillants miliciens ». Il rencontre Simone Bravoud le 14 et rédige dans la
foulée un article tire-larmes sur l’infortunée veuve ravagée par le chagrin.
Il est assez imprudent pour se promener seul. S’il est capturé, il ne voit pas d’inconvénient à changer de bord
et à couvrir les exploits du maquis face aux « miliciens assassins ».

306
Le 15, après l’enterrement de Bravoud, ils Le 18 au matin, Cabrol décide de libérer
rackettent passants et commerçants sous les femmes et les enfants, ne gardant que
prétexte d’une collecte pour les veuves et les les deux chefs de famille, leurs fils adultes et
orphelins de leurs potes. En fin de journée, ils trois ouvriers agricoles. À midi, les hommes

HORS PROCÉDURE
essayent d’en remettre une partie à Simone sont conduits devant l’église Saint-Jacques,
Bravoud, mais elle n’est pas chez sa sœur. où ses sbires rameutent un maximum de
Le 16, ils barrent le pont sur la Dronne et monde. Cabrol fait un discours sur le thème
contrôlent les passants. Ils rudoient tout le « vous avez une heure pour me dire où sont
monde, mais n’arrêtent personne. les maquisards, après quoi j’en exécute un
tous les quarts d’heure jusqu’à ce que vous
Le 17, ils transfèrent leur barrage sur la ayez parlé ». À 13 heures, il abat Joseph Glois.
route des Aulaye, et cette fois, ils arrêtent Jo- Guillaumet intervient quelques minutes plus
seph Glois et Gérard Pavaud, deux fermiers tard : au terme d’une discussion tendue avec
sans liens avec le maquis, mais dont les pa- Cabrol, les autres prisonniers sont conduits
piers ne sont pas en règle. En fin d’après-midi, à la gendarmerie. L’inspecteur y gagne à peu
ils se rendent à leurs domiciles et raflent leurs de frais l’image d’un brave type et muselle
familles et les employés. Tout ce monde passe Cabrol, qui agira désormais comme supplétif
la nuit bouclé à l’école, soumis à des interro- des gendarmes mobiles.
gatoires brutaux.

RETOUR DE BÂTON
Si les maquisards chassent gendarmes et miliciens de la ville, ils remportent une victoire à la Pyrrhus. Dix-
huit heures après leur « succès », une colonne allemande d’une centaine d’hommes, disposant de cinq auto-
mitrailleuses et d’un appui aérien, investit la ville. Le colonel Richter, qui la commande, prend des otages et
entreprend de « nettoyer la région des terroristes ». Il ordonne que la forêt, au sud de la ville, soit incendiée,
fait fusiller tous les sympathisants communistes et gaullistes connus sans distinction d’âge et de sexe, et fouille
les alentours avec beaucoup plus de soin que les gendarmes.

307 307
chez les sœurs Mercier. Elle a de bonnes rai-
Simone Bravoud sons d’être le moins possible chez elle. Depuis
des années, les commères murmurent que
Simone est l’une des deux « le Jean-Paul, il bat Simone comme plâtre à
personnes infectées par le La- chaque fois qu’il est ivre », mais personne ne
byrinthe. Elle est à la fois res- se mêle de ce genre d’histoire.
ponsable du massacre de la
SECTION 9

ferme et victime de forces sur-


naturelles qui la dépassent. Où vit-elle ?
Elle est également dange-
reuse pour son entourage. Quelques jours avant le massacre, Simone
et ses enfants se sont installés dans deux pe-
tites chambres, au-dessus de la quincaillerie
Qui est-ce ? Rivière. Ce départ leur a été soufflé par Bra-
voud, qui ne voulait pas que ses « potes » mi-
Simone, née en 1909, et sa
liciens manquent de respect à sa femme.
sœur Odette, née en 1912,
sont de purs produits d’Aube- Se rendre au bourg est dangereux pour les
terre. maquisards, mais Simone sort régulièrement
du village… et si les personnages veulent
Gustave Marval, leur père, a contacter la famille, Philippe, Martin et René
simone bravoud (J5) été tué à Verdun. Louise, leur jouent souvent au bord de la Dronne, sur une
Fermière déphasée mère, les a élevées seule. Elle petite plage de galets qui borde une courbe.
est morte en 1939. En 1934, La route n’est pas loin, mais elle est masquée
Simone a épousé Jean-Paul par un rideau d’arbres.
36 ans mais paraît plus âgée, Bravoud, un fermier. L’année
menton volontaire, joues creu- suivante, Odette s’est mariée
sées, chignon, habillée modes-
tement, frêle
avec Pierre Rivière, le quin- Que fait-elle ?
caillier d’Aubeterre. Depuis
1940, Rivière croupit dans un Fraîchement veuve, Simone ne peut échap-
POINTS DE VIE 5 stalag en Prusse-Orientale, per à certaines corvées.
POINTS D’ARMURE 0 et Odette tient la boutique
seule. • Le 13 juin en fin de matinée, les gen-
Attaques : Arme improvisée darmes lui apprennent le massacre et lui de-
(blessure avec avantage) Simone a eu trois enfants : mandent d’identifier les restes de son mari.
Philippe, né en 1936 ; Mar- Elle le reconnaît à une cicatrice à la hanche.
Capacités spéciales : tin, né en 1938 et Annie, née Dans l’après-midi, elle fait une déposition qui
• Outre ses capacités décrites en 1941. Odette en a deux : se résume à « j’étais chez ma sœur et j’ignore
pp. 309-310, Simone Bravoud René, né en 1935, sept mois ce qui s’est passé ». Par acquis de conscience,
ne subit que la moitié des dé- après le mariage de ses pa- le brigadier Levasseur interroge Odette, qui
gâts qu’elle reçoit. rents, et Juliette, née en 1939. confirme qu’à sa connaissance, Simone n’a
Les cinq gamins s’adorent. pas bougé.
Avant-guerre, le couple Ri-
vière était plutôt classé au • Le 15 juin, elle assiste à l’enterrement de
centre-gauche. Chez les Bravoud, Jean-Paul son mari au cimetière du bourg. L’assistance
était dégoûté de la « Gueuse » dès le milieu est très clairsemée : les deux sœurs et leurs
des années 1930, et Simone ne parle jamais enfants, un cousin de Jean-Paul Bravoud, le
politique. notaire collabo, et les miliciens.
Tout le bourg connaît Odette, qui trône der- • Le 16 juin, elle retourne à la ferme avec sa
rière la caisse de l’un des magasins les plus sœur et y passe une bonne partie de la jour-
importants d’Aubeterre. Simone vit un peu née : il faut nettoyer, faire enlever les bêtes
plus à l’écart, mais elle participe à la vie de la mortes, trouver un entrepreneur pour réparer
paroisse, aidant le curé et faisant le ménage les dégâts…

308
Que fait-elle en dehors de ces moments ? Les crises de Simone
Le 13 et le 14 juin, elle reste chez sa sœur, La topologie démente du Labyrinthe a infec-
mais elle comprend vite que « dans son té Simone qui, à son tour, peut contaminer le

HORS PROCÉDURE
état », elle est dangereuse pour son entou- reste du monde. Louis n’est strictement pour
rage. Le 15 juin après l’enterrement, elle rien dans cet effet, et l’un des moyens dont
passe l’après-midi à se promener autour de il dispose pour gagner la confiance de sa vic-
la ville. Elle ressort dans la nuit du 15 au 16 time est de lui apprendre à le gérer. Simone
et marche plusieurs heures, passant plusieurs perçoit son état comme une casserole de lait
fois par la chapelle Saint-Adalric. Elle rentre sur un feu : il faut l’empêcher de déborder, et
chez Odette à 4 heures du matin, épuisée, et pour cela, il faut contrôler la chaleur.
repart vers 10 h pour la ferme. Le 17 juin dans Massacrer son mari et les miliciens l’a « re-
la matinée, elle se rend au presbytère, mais froidie », mais à partir du 14 juin, la tempéra-
ne parvient pas à trouver le père Étienne. Elle ture remonte. Elle déclenche donc consciem-
lui laisse un mot, l’aide de jeu B10, voir plus ment des aberrations mineures pour éviter de
loin. Vous êtes libre de la placer où vous le faire « quelque chose de grave ».
désirez pour le reste de la journée.
1. Aberrations mineures. La voix de Simone
Enfin, le 18 juin vers 8 h 00, elle se présente porte anormalement loin ou est à peine au-
chez les sœurs Mercier. Si les maquisards ne dible alors qu’elle se trouve dans la même
l’ont pas désamorcée d’une manière ou d’une pièce que vous. Sa présence désoriente les
autre, elle livre les orphelins à Louis à 10 h 00. gens qui se trouvent dans un rayon de dix
À 11 h 00, elle est de retour chez Odette. mètres : leur oreille interne se cale sur la
Quelques minutes plus tard, elle disparaît topographie du Labyrinthe, provoquant ver-
avec ses enfants… tiges, nausées et perturbations de l’équilibre.

Simone et la voix aide de jeu B10


Au fond d’elle-même, Simone est restée une
petite fille qui croyait au prince charmant. Le
contact avec le Labyrinthe lui en a donné un.
Désormais, le « prince Louis » lui parle, une
voix chaude, sympathique, qui lui explique
que pour la rejoindre et vivre heureuse à ses
côtés, elle doit lui fournir « des pages » : les
gamins qui vivent chez les sœurs Mercier. Et
puis bien sûr, quand elle le rejoindra pour vivre
heureuse à jamais à ses côtés, il faut qu’elle
emmène ses enfants, car la séparation serait
vraiment trop cruelle. Simone refuse, Louis re-
vient à la charge, encore et encore, la noyant
sous de nouveaux arguments qu’elle rejette
tout d’abord en bloc, avant de céder petit à pe-
tit. Jusqu’au 13 juin, cette discussion est entiè-
rement interne. Puis, petit à petit, les proches
de Simone se rendent compte qu’elle « a des
absences » ou qu’elle « parle toute seule ».
Tous ceux qui la croisent lors de ses balades
hors d’Aubeterre diront la même chose : « elle
criait et se disputait avec quelqu’un qui n’était
pas là » ou « je l’ai entendue, elle criait “non !
non !” d’une voix furieuse. »

309 309
2. Aberrations majeures. Simone n’est 5. Anéantissement. Si les personnages ne
plus liée par l’espace classique. Un ou deux font rien, Simone quitte ce monde le 18, peut-
pas lui suffisent pour parcourir des distances être en compagnie des gamins des sœurs
énormes. Ses promenades des 16 et 17 juin Mercier et/ou de ses propres enfants. Ce
peuvent l’entraîner bien au-delà d’Aubeterre. départ s’effectue proprement, sans destruc-
Elle a toujours rêvé de visiter Paris, et pourrait tions. Louis dévorera l’âme de tous ceux qui
SECTION 9

poursuivre son débat intérieur devant la Tour rejoignent son domaine, et il est possible que
Eiffel. Concrètement, vous pouvez la faire ap- l’une des figurantes du scénario hors procé-
paraître où vous voulez pour que les maqui- dure Le Labyrinthe ait son visage…
sards l’aperçoivent, puis la voient disparaître.
3. Apportation. En sens inverse, elle peut
« apporter » dans notre réalité des objets pris Simone et les maquisards
dans le Labyrinthe. Elle le traverse sans en
avoir conscience et perçoit ses larcins comme Dans un premier temps, il faut que les per-
des cadeaux du prince Louis. Son butin est sonnages s’intéressent à elle. Le témoignage
« réel », mais déconcertant : un foulard en de Raymond devrait les y aider, mais il ne suf-
soie dont les motifs donnent mal au cœur, un fira probablement pas. À partir du 15, Simone
collier de perles éclaboussé de sang mais im- quitte régulièrement Aubeterre, et son com-
possible à laver, etc. portement perturbe tous ceux qui la croisent…
4. Destruction. Simone peut reproduire ce y compris, peut-être, des maquisards.
qu’elle a déclenché à la ferme. Le Labyrinthe Les jours suivants, il est tout à fait possible
se superpose pendant quelques secondes au de la rencontrer au détour d’un chemin fores-
monde matériel. Tous les gens pris dans le tier… ou de la voir apparaître au milieu de leur
rayon d’effet sont tués ou emportés sauf ceux planque. Elle n’a pas l’air d’avoir conscience
que Simone souhaite épargner. Si elle frappe de son environnement, trop prise par une dis-
en ville, le Labyrinthe tranche net les câbles cussion dont les passants n’entendent que la
de téléphone ainsi que les conduites d’eau et moitié. Il est vite clair qu’elle lutte pour ne pas
de gaz. La ferme a relativement peu souffert, « emmener » des enfants quelque part…
car les Bravoud n’avaient aucune commodi- Sur ces bases, les maquisards peuvent :
té moderne. Le côté surnaturel des dégâts
risque d’être masqué par une explosion au • Essayer de la capturer. Elle est impossible
bout de quelques minutes. à garder. Même solidement attachée, elle dis-
paraît pour réapparaître ailleurs.
POURQUOI LOUIS
VEUT-IL DES ENFANTS ?
Pour rien. Simone adore les enfants, les siens, ceux de sa sœur et les petits réfugiés des sœurs Mercier.
Inspiré par le thème de la fresque de la chapelle, Louis veut la briser, et l’amener à faire du mal à des enfants
lui semble être la meilleure méthode.
Louis n’a pas non plus de motifs puissants pour corrompre Simone : elle était au mauvais endroit au mauvais
moment et elle a attiré son attention, voilà tout. Si les maquisards la détachent de lui, il s’en consolera vite.

REPLAY : « MAIS... MAIS ! »


Les maquisards se sont organisés en deux groupes, séparés de plusieurs kilomètres. Tous les deux rencontrent
Simone et ont une conversation frustrante avec elle. Lorsqu’ils se retrouvent en fin de journée, ils comparent
leurs notes et comprennent qu’ils lui ont parlé, sinon exactement en même temps, du moins à quelques mi-
nutes d’intervalle. Le choc du « mais comment c’est possible ? » fut l’un des moments forts de ce scénario.

310
• L’abattre. Elle n’est pas exactement là où Qui est-ce ?
les personnages visent, mais une rafale de
STEN ou une grenade saturent l’espace de Curé d’Aubeterre depuis
projectiles. 1932, le père Étienne est

HORS PROCÉDURE
un quinquagénaire sec et
• Communiquer. Simone est encore ca- noueux, issu d’une famille de
pable de se rendre compte lorsqu’on lui parle, paysans de Dordogne. Il est
et sa personnalité – une brave femme dési- populaire parmi ses parois-
reuse d’aider les autres – est intacte. Il faut siens et plutôt bien noté par
juste attirer son attention, si possible sans vio- ses supérieurs. Il consacre
lence. Elle arrive à faire taire le prince Louis beaucoup de temps et d’éner-
assez longtemps pour raconter sa version des gie à soulager les pauvres.
faits, impliquant au passage le père Étienne Sa vraie passion est l’histoire
si ce dernier n’est pas dans le collimateur des locale – il a écrit plusieurs
personnages. articles dans d’obscures re-
vues de passionnés. Politi-
• L’aider. Simone a besoin d’être entourée,
quement, il se définit comme
soutenue et distraite de son tête-à-tête avec
« monarchiste évangélique » : étienne pelletier (J6)
Louis. Sa « voix » est persuasive, mais ses ar-
assez à droite pour que les au-
guments peuvent être contrés, à condition de Prêtre effacé
torités lui fichent la paix, as-
convaincre Simone que les princes charmants
sez bizarre pour que la gauche
sont rarement désintéressés et que la réalité
le trouve inoffensif. 55 ans, sec, noueux, cheveux
vaut mieux que les rêves. C’est un travail de
fond, qui peut être représenté par plusieurs blancs, soutane, lunettes à
monture d’écaille
Sauvegardes de Charisme. Chaque test réus- Où vit-il ?
si repousse l’échéance d’une demi-journée,
donnant un peu de temps au groupe pour POINTS DE VIE 5
Le presbytère d’Aubeterre
trouver une solution pérenne. En cas d’échec, POINTS D’ARMURE 0
est une modeste maison qui
Simone quitte les lieux ou déclenche une jouxte l’église Saint-Jacques.
aberration majeure ou une apportation. Capacités spéciales :
Le prêtre suit une routine
• Étienne est difficile à voir,
immuable, ponctuée en se-
• La sauver. Rompre le lien de Simone avec toute attaque le visant à dis-
maine par deux messes quo-
le Labyrinthe est possible. Les moyens d’y tance subit un Désavantage.
tidiennes, des visites aux ma-
parvenir sont présentés dans La chapelle
lades, des tournées parmi les
Saint-Adalric, p. 313.
plus pauvres de la paroisse
pour leur distribuer de modestes secours,
sans oublier les confessions, la préparation de
son sermon du dimanche, etc.
Le père Étienne Sa servante, Bernadette Legris, est une pe-
Le père Étienne est l’autre victime du Laby- tite personne effacée. Approchée intelligem-
rinthe. ment, elle peut dire que le curé a passé beau-

UTILISER SIMONE ?
Les personnages peuvent décider que Simone est une arme. Elle a déjà tué des miliciens, après tout.
Seul problème, Simone n’a pas envie de recommencer. Elle n’a qu’un souvenir confus de la nuit du 12 au 13,
mais elle sait que ce soir-là, elle a fait quelque chose de mal, et qu’après, Louis s’est fait insistant.
Toutefois, elle est épuisée, et il n’est pas dans sa nature de résister à l’autorité. Si les personnages la per-
suadent, elle s’exécute, quelle que soit la cible. Après quoi, elle disparaît hors de leur portée et renonce à lutter.
Le lendemain, elle part pour le Labyrinthe avec une vingtaine d’enfants. Bien sûr, un second massacre inexpli-
cable entraîne un Retour de bâton (voir p. 307).

311 311
coup de temps à la chapelle Saint-Adalric, ces Dans la soirée du 17, il tente de téléphoner
dernières semaines, plus que le très modeste à l’évêché d’Angoulême, mais personne ne
programme de messes là-bas ne le justifie. Si l’entend. Après une nuit agitée dans la forêt, il
Simone est déjà passée, elle peut aussi leur erre dans la campagne pendant toute la jour-
montrer son mot (l’aide de jeu B10, voir p. née du 18 juin. Dans la soirée, il se perd entre
307). les mondes.
SECTION 9

Que fait-il ? De quoi souffre-t-il ?


Le 13 juin, le père Étienne conserve sa rou- Le père Étienne a été contaminé par le Laby-
tine ordinaire. Ses paroissiens ne remarquent rinthe, mais ses symptômes sont un peu diffé-
rien de particulier. rents de ceux de Simone Bravoud.
Le 14 juin, il suit son programme habituel, Il n’entend pas de voix.
mais il laisse derrière lui plusieurs petits laby-
rinthes (voir De quoi souffre-t-il ?), et les gens 1. Aberrations mineures. Comme Simone,
qu’il visite notent qu’il n’est pas « comme p. 309.
d’habitude » sans comprendre ce qui cloche.
2. Apportation. À son grand embarras, les
Le 15 juin, il célèbre les funérailles de Jean- objets qui « apparaissent près de lui » sont in-
Paul Bravoud et dit quelques mots de récon- variablement blasphématoires : crucifix obs-
fort à Simone. Se disant malade, il renonce à cènes, Bibles sataniques, etc.
ses autres activités de la journée, qu’il passe
enfermé chez lui, générant un grand labyrinthe 3. Effacement. Contrairement à Simone, le
sur le parquet de sa chambre. père Étienne se déplace comme d’habitude,
mais les gens ne le perçoivent plus qu’avec dif-
Le 16 juin au matin, il célèbre sa dernière ficulté. À condition de fixer son attention sur
messe. Ses paroissiens en ressortent pertur- lui, il est là et il est possible de lui parler, mais à
bés et incapables de se mettre d’accord sur la moindre distraction, la communication « se
ce qu’il a dit ou fait. Était-il seulement là ? perd » à moins de réussir une Sauvegarde de
Le prêtre passe le reste de la journée à errer Sagesse. Après le 16, les gens ont tendance à
dans Aubeterre, générant un grand labyrinthe oublier son existence, ou à rationaliser son ab-
près de la gare. En fin d’après-midi, il voit ses sence (« je crois qu’il est à Angoulême »). Si
premiers fantômes. les PJ le croisent, ils doivent réussir une Sauve-
Il passe la nuit du 16 au 17 juin chez lui, garde de Sagesse avec un Désavantage pour
mais sa servante ne le voit pas. le remarquer. Si personne n’intervient, le père
Étienne cessera d’exister dans notre réalité et,
Le 17 juin, il se rend à la chapelle et tente de après avoir erré pendant un long moment entre
recouvrir le labyrinthe d’une nouvelle couche les mondes, il trouvera l’accès au Labyrinthe.
de badigeon, dans l’espoir que cela suffira à le
sauver. L’échec le frustre assez pour générer un 4. Marques du Labyrinthe. Le prêtre est hanté
labyrinthe géant dans le champ de blé le plus par l’image du labyrinthe qu’il a découvert dans
proche, celui de la ferme Bravoud. À son re- la chapelle Saint-Adalric, et son inconscient
tour à Aubeterre, il est presque complètement la reproduit partout. Il ne dessine pas : les
invisible pour les gens ordinaires, mais il est marques se manifestent spontanément autour
cerné d’une foule de fantômes qu’il est seul à de lui. Certaines sont brûlées dans une surface
percevoir. Estimant ne plus rien avoir à perdre, en bois, d’autres ressemblent à des graffitis,
il « emprunte » une voiture et prend la route des gravures dans la pierre ou d’étranges cal-
d’Angoulême, dans l’espoir de sortir de ce qu’il ligraphies sur des feuilles de papier… Plus les
considère comme « l’influence diabolique ». jours passent, plus l’image qui se forme est dé-
Il consacre plusieurs heures à des tentatives taillée et imposante. Les marques les plus pe-
infructueuses : quelle que soit la route qu’il tites tiennent dans un cercle d’une dizaine de
prend, il se retrouve toujours à Aubeterre. centimètres, identiques à celui de la chapelle.

312
Les plus grandes mesurent trente mètres de Les personnages peuvent descendre dans la
diamètre, font mal aux yeux, et donnent une crypte. Si le père Étienne a déjà recouvert la
impression de relief. Petites et grandes, toutes fresque, effacer sa couche de blanc passée à
ces images donnent à Louis une perception li- la hâte n’est pas trop compliqué. Les produits

HORS PROCÉDURE
mitée de ce qui se passe autour d’elles. En re- utilisés pour la dégager une première fois se
vanche, elles ont un intérêt : toute personne trouvent encore dans un coin de la crypte.
qui touche l’un de ces labyrinthes peut com-
Les expériences de Simone et du prêtre de-
muniquer avec le père Étienne comme s’il était
vraient dissuader les personnages de l’examiner
présent, y compris sur de grandes distances.
de trop près. Le 12 juin étant passé, elle n’est
5. Hantises. Le père Étienne perd le contact plus toxique, mais ils ne peuvent pas le savoir.
avec le monde réel, mais il commence à per-
Laissée tranquille, la fresque reste passive
cevoir les habitants du Labyrinthe. Les pre-
jusqu’au début du mois de juin 1945. Du 3
miers jours, ce sont juste des taches floues,
au 12, elle contaminera quiconque passera
mais peu à peu, il distingue des « fantômes »,
devant. D’ici là, un sorcier compétent peut
des hommes et des femmes portant des vê-
l’utiliser comme portail vers le Labyrinthe ou
tements d’époques révolues, qui l’observent
d’autres sites liés à « saint Adalric ».
avec une expression affamée. Peu à peu, in-
sensiblement, ils s’approchent de lui… Il a Simone et le père Étienne ont tous les deux
particulièrement peur du fantôme d’un prêtre fait le lien entre la fresque et leur état. Ils
entre deux âges, qu’il identifie comme « le en ont très probablement parlé aux person-
père Anselme ». nages. Ceux-ci envisageront sans doute de la
détruire… ce qui va leur attirer des ennuis.
Lorsqu’ils lui portent le premier coup, l’es-
Le père Étienne et les maquisards pace se déforme. Ils ressentent une vague de
nausée. Les soldats d’Hérode, occupés jusque-
Dans l’absolu, les personnages n’ont pas be- là à massacrer des bébés, sortent de l’image.
soin de lui. Ils peuvent le laisser s’égarer entre Ils restent étrangement unidimensionnels,
les mondes sans conséquences funestes pour mais ils sont assez matériels pour que leurs
Aubeterre ou pour la Résistance. épées fassent mal. Pire, le sang des innocents
Avant le 15 juin, il est possible de le rencon- massacrés rejoint également le monde réel, et
trer presque normalement. Ensuite, établir le pas sous la forme d’un petit écoulement : des
contact devient de plus en plus difficile, sans centaines de litres de sang se déversent sou-
jamais devenir impossible grâce aux proprié- dain dans la crypte, obligeant les personnages
tés des marques du Labyrinthe. à une Sauvegarde de Dextérité pour garder
leur équilibre. Les soldats d’Hérode ne sont pas
Le prêtre se sent de plus en plus menacé affectés, ils « marchent » sur le sang comme
par les « fantômes » et vit dans un état de si c’était une surface solide. Lors des tours sui-
panique croissante, mais il peut raconter aux vants, la fresque vomit d’autres éléments : les
personnages la découverte du labyrinthe de torches qui éclairaient le massacre, des ber-
la chapelle et sa conviction que cette fresque ceaux en osier, des fragments de murs, un âne
est à la racine du mal. (qui ne survivra pas à la transition d’un monde
à l’autre), plus une vingtaine d’enfants morts.
Quant au Labyrinthe au centre de la fresque,
il flotte dans la crypte comme une rosace dé-
La chapelle Saint-Adalric mente, pulsant d’énergies incompréhensibles.
La chapelle n’est ni surveillée, ni gardée. En Si les maquisards tournent les talons, le La-
l’absence du père Étienne, elle est fermée à byrinthe entreprend de les empêcher de fuir
clé, mais forcer la serrure n’est pas bien com- en rallongeant l’escalier, voire en faisant dis-
pliqué (Sauvegarde de Dextérité avec un paraître les issues (une Sauvegarde d’Intelli-
Avantage). La seule ferme proche est celle gence suffit à « ancrer » le personnage dans
des Bravoud, déserte la plupart du temps. le réel et à rejeter ces illusions).

313 313
Cette scène doit être diffi- en vie, ils perdent leurs pouvoirs et survivent.
garde d’hérode cile, mais pas insurmontable. S’ils ont déjà disparu, il est possible que le
Démolir la fresque à la masse Labyrinthe rejette leurs cadavres une fois la
exige des efforts coordonnés, fresque détruite.
POINTS DE VIE 6 avec par exemple un person-
POINTS D’ARMURE 1 Reste la question de l’incendie. Les enquê-
nage qui se charge de la dé-
(Cuirasse en bronze) teurs du XXIe siècle savent que la chapelle a
SECTION 9

truire pendant que les autres


brûlé cet été-là. Était-ce pendant le combat ?
le protègent. Considérez que
Attaques : Épée courte (bles- Ce mois de juin est chaud et sec, les produits
les coups qui lui sont portés
sure) utilisés pour dégager la fresque sont inflam-
« touchent » automatique-
mables… Rien n’empêche nos héros de la brû-
ment, et qu’il en faut cinq
ler après la bataille. Ou alors, les maquisards
pour l’endommager au point où elle se dé-
sont complètement innocents, et le feu est à
sactive. Cela « tue » les gardes d’Hérode et
mettre sur le compte d’un été chaud et sec…
change tous les autres éléments passés dans
à moins que le culte n’ait décidé de détruire la
le monde réel en taches de couleur floues.
chapelle quelques jours plus tard, la fresque
Si le lien avec le Labyrinthe est rompu alors n’existant plus.
que Simone et le père Étienne sont encore

CHRONOLOGIE PAR DÉFAUT


Cet encadré reprend les actions des différents groupes et les replace dans une perspective chronologique. Elle est in-
dicative. Vous êtes entièrement libre de l’aménager, de la bouleverser ou de l’ignorer selon les besoins de votre histoire.

8 juin 1944
• Peu après l’aube : Cyrano confie les rênes
• Dans la journée : dix francs-gardes de la
du maquis aux personnages et part pour Ri-
Milice s’installent à la ferme Bravoud. Simone
bérac.
Bravoud et ses enfants partent chez les Rivière.
• Fin de matinée : Simone Bravoud identifie
le corps de son mari.
10 juin 1944 • Fin de journée : l’inspecteur Guillaumet
• Dans la journée : le père Étienne et Si- arrive en ville, par le même train qu’André
mone Bravoud finissent de dégager une Derlot, le journaliste.
fresque dans la crypte de la chapelle Saint-
Adalric. Ils sont contaminés par le Labyrinthe. 14 juin 1944
• Matin : un nouveau groupe de miliciens
12 juin 1944 arrive en ville. Ils réquisitionnent l’école com-
• Matin : arrestation de Raymond par les munale. Guillaumet a une discussion tendue
miliciens. Il est conduit à la ferme Bravoud et avec le brigadier Levasseur.
torturé. • Journée : Guillaumet fait des repérages.
• Vers minuit : Simone se téléporte jusqu’à • Journée : le père Étienne semble « bi-
la ferme et massacre ses occupants, sauf Ray- zarre » à ses paroissiens, et commence à faire
mond. apparaître des labyrinthes.
• Quand ça vous arrange : Raymond re-
prend connaissance et présente des symp-
13 juin 1944 tômes étranges.
• 4 h du matin : les maquisards attaquent la
ferme Bravoud, début du scénario.

314
CHRONOLOGIE PAR DÉFAUT

15 juin 1944 • Journée : les miliciens procèdent à des

HORS PROCÉDURE
« contrôles d’identité » musclés sur la route
• Matin : Guillaumet demande des renforts.
de Ribérac, au niveau du pont sur la Dronne.
• Matin : Raymond peut communiquer.
• Matin : funérailles de Jean-Paul Bravoud, cé-
lébrées par le père Étienne. Simone est présente. 17 juin 1944
• 13 h, puis 20 h : la BBC diffuse le message • Aube : début du ratissage de la forêt par
personnel signalant le parachutage. les gendarmes mobiles.
• Journée : les miliciens « font une col- • Matinée : Simone Bravoud passe au pres-
lecte » pour leurs amis « tombés au champ bytère et laisse un mot au père Étienne.
d’honneur ». • Journée : le père Étienne tente de dé-
• Journée : le père Étienne, malade, garde truire la fresque de la chapelle et génère un
la chambre… et la transforme sans le vouloir. grand labyrinthe dans le champ des Bravoud.
• Après-midi : Simone Bravoud erre autour Il passe le reste de la journée à essayer de fuir
de la ville. la ville, sans succès.
• Après-midi : Guillaumet fait arrêter trois • Après-midi : transfert d’Henriette Pecq à
« sympathisants gaullistes », dont Henriette Angoulême.
Pecq, l’institutrice. • Journée : les miliciens s’installent sur la
• Nuit : Simone erre dans la campagne. route des Aulaye et procèdent des arrestations.
• Soirée : le père Étienne essaye d’appeler
16 juin 1944 l’évêché d’Angoulême, sans succès.
• 1 h 30 du matin : parachutage.
• Toute la journée : Simone Bravoud et sa 18 juin 1944
sœur remettent de l’ordre à la ferme. • Aube : suite des opérations de ratissage
• Matinée : arrivée des gendarmes mobiles menées par les gendarmes.
réclamés par Guillaumet. • Matinée : Simone se présente chez les
• Matinée : dernière messe du père Étienne. sœurs Mercier. À 10 h, elle enlève leurs pen-
• Journée : interrogatoire des suspects arrê- sionnaires. Une heure plus tard, elle rentre en
tés par Guillaumet, débouchant en soirée sur ville et disparaît avec ses enfants.
deux nouvelles arrestations. • Midi : place de l’église Saint-Jacques, les
• Journée : le père Étienne erre en ville et miliciens menacent d’abattre leurs prisonniers.
génère des labyrinthes là où il passe. • Soirée : le père Étienne se perd entre les
mondes.

315 315
Au fait, qui était la bête d’Aubeterre ? Cabrol
Conclusion est le candidat évident, suivi de près par Guil-
laumet. Il n’est pas non plus exclu qu’il s’agisse
Ce scénario présente une double crise : mi- du colonel Richter…
litaire et surnaturelle. Les personnages de-
vraient courir de l’une à l’autre sans avoir le Laissons le Mot de la fin à Dozier.
temps de souffler. Le rythme exact vous ap-
SECTION 9

partient, mais vous devez leur donner l’im-


pression qu’à chaque fois qu’ils gagnent du aide de jeu B11
terrain d’un côté, ils en perdent de l’autre.
Votre objectif n’est pas d’être punitif ou de
les pousser à échouer, juste de leur donner
l’impression qu’ils frôlent la catastrophe en
permanence.

En revanche, si les personnages ignorent


complètement l’un des deux volets de l’af-
faire, présentez-leur l’addition à la fin du scé-
nario.
• Crise militaire ignorée : arrestations par-
mi les sympathisants du maquis, possible in-
filtration de celui-ci par la police et exécutions
sauvages par la milice.
• Crise surnaturelle ignorée : disparition du
père Étienne, de Simone, des enfants et d’une
vingtaine d’orphelins volés à la pension Mer-
cier. Après la Libération, tout cela sera mis sur
le compte des miliciens.
Les enregistrements, et donc le scénario,
s’achèvent une fois la crise surnaturelle réso-
lue. La libération de la ville n’intéressait pas
Dozier.

316
aide de jeu B1
JACOB HERSHKOWITZ, ALIAS JACQUES

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Fils d’un ouvrier pelletier polonais, je suis arrivé en France à l’âge de cinq
ans. J’ai été naturalisé français en 1938, en même temps que mes parents,
puis déchu de ma nationalité en 42. J’ai échappé de justesse aux rafles de
cet été-là. J’ai passé un an caché chez les uns et les autres… Les braves gens
ne manquent pas, dans ce pays. Il y a un an, j’ai atterri au maquis Cyrano
et, sans que je comprenne bien comment, je suis devenu responsable du
Secteur IV du maquis, le sud d’Aubeterre. En pratique, être « officier » veut
juste dire que je me coltine les problèmes des autres.

Que vais-je faire ?


Sauver Raymond, participer à la Libération, entrer dans l’armée, aller à
Berlin avec Leclerc, retrouver ma famille. Après, on verra.

Qui sont les autres ?


• Maria est communiste et parfois, les volontés du Parti prennent le pas CARACTèRE
sur son bon sens. Charismatique, ambitieux, gé-
néreux
• Pedro, son frère, est plus pondéré.

• Bernard me fait penser à un gros rocher sur le bord d’une pente. Il faut description physique
le pousser fort, mais quand il bouge, gare dessous ! 20 ans, visage ovale, yeux
• Quant à Louise… je l’aime beaucoup. Vraiment beaucoup. Et elle n’a noirs, cheveux châtains en dé-
d’yeux que pour Raymond, bien sûr. sordre sous un béret crasseux.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
9
11
• Officier : lorsque tous les person- • Boussole et carte de la région : CONSTITUTION 11
nages doivent effectuer une Sau- modérément illégal, mais trop SAGESSE 13
vegarde pour éviter une menace, utiles pour être abandonnées INTELLIGENCE 12
vous pouvez décider de vous oc- comme ça. CHARISME 16
troyer un Désavantage pour don-
• Jeu d’échecs de voyage : vous
ner un Avantage à un coéquipier. ressources
êtes toujours à la recherche de
• Ambition : vous avez un bonus de partenaires. TORCHE d6
2 points aux Sauvegardes asso- BAGOU d10
ciées à un ou plusieurs Désavan- SANTÉ MENTALE d8
tage(s). VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

317 317
317
aide de jeu B2
MARIA ROSA PEREZ, ALIAS JOSÉPHINE
Qui suis-je ?
Je dois mon nom à un compromis : papa a insisté pour rendre hommage à
Rosa Luxemburg, morte peu avant ma naissance, mais maman a obtenu un
SECTION 9

« Maria » en hommage à la mère du premier des communistes. À seize ans,


j’étais secrétaire de cellule aux jeunesses communistes de Madrid. À dix-huit,
j’ai traversé les Pyrénées à pied avec mon frère pour échapper aux franquistes.
En août 1941, je me suis évadée du camp de réfugiés où nous étions parqués
et j’ai rejoint la Résistance. Aujourd’hui, je suis la responsable politique du sec-
teur IV du maquis Cyrano. Avec le temps, j’aurais sûrement pu en faire un vrai
maquis communiste, mais du temps, on n’en a plus.
Que vais-je faire ?
Participer à la Libération de la France, rentrer en Espagne pour assister à la
pendaison de Franco, puis participer au triomphe de la Révolution proléta-
rienne et de son guide, le génial camarade Staline.

CARACTèRE
Qui sont les autres ?
Énergique, croyante, prosélyte • Jacob est un petit-bourgeois trop populaire pour être remplacé, mais
pas du tout sûr politiquement.
description physique • Pedro, mon frère… bah, c’est mon frère.
25 ans, teint mat, fossette
au menton, yeux et cheveux • Bernard n’a aucune conscience politique au-delà de « tuons les
noirs, s’habille en homme. Boches », même s’il fait semblant pour me faire plaisir.

• Quant à Louise, c’est une aristo irrécupérable.


sauvegardes
FORCE 14 Mes réserves ne retirent rien à l’affection que j’ai pour eux.
DEXTÉRITÉ 11
CONSTITUTION
SAGESSE
11
14 Capacités spéciales Équipement
INTELLIGENCE 10
CHARISME 12 • Force de caractère : une fois par • Carnet de notes et crayon : vous
session de jeu, vous pouvez relan- y prenez des notes sur la fiabi-
cer les dés pour un test de Hors lité politique de vos camarades,
ressources Jeu ou de Santé mentale. Choisis- dans une sténo maison que vous
TORCHE d6 sez le résultat de votre choix. êtes la seule à pouvoir relire.
BAGOU d8
• Force de conviction : vous avez un • Vêtements féminins : une
SANTÉ MENTALE d10
Avantage à tous les tests visant à robe, des sous-vêtements et
VIE d6
convaincre un tiers. des chaussures, conservés à la
planque au cas où vous auriez
DÉGÂTS ARMÉ d6
besoin de vous rendre en ville.
DÉGÂTS NON ARMÉ d4

318
318
aide de jeu B3
PEDRO PEREZ, ALIAS SANCHO
Qui suis-je ?

HORS PROCÉDURE
Un réfugié espagnol en rupture de camp. Enfin, je ne suis pas trop sûr
d’être encore espagnol, si ça se trouve, je suis apatride. Papa était com-
muniste, maman était catholique. Maria, ma sœur, tient de papa, et moi
de maman. J’aurais peut-être pu rester en Espagne… mais la famille était
compromise, et être fusillé par erreur, ça ne me tentait pas. Avec Maria,
on est passés en France, en 1938. Trois ans dans un camp de réfugiés, à
Talence, où j’ai appris le français. On s’en est échappés pour rejoindre la
Résistance, d’abord à Bordeaux, puis dans le maquis. Je n’ai jamais tué per-
sonne, ni même tiré sur qui que ce soit. Par contre, je suis bon pour faire
du renseignement.

Que vais-je faire ?


Une fois la France libérée et la guerre finie ? Reprendre mes études et dia-
loguer avec Dieu.

Qui sont les autres ?


• Jacob est notre chef. Un gars bien, sérieux, attentif aux conséquences CARACTèRE
de ses actes… Cultivé, rassurant, fervent
• Maria est ma grande sœur. Je l’aime, bien sûr, mais je trouve son ca-
marade Staline un peu encombrant. Elle doit en penser autant de mon description physique
Jésus… 21 ans, teint mat, yeux et che-
veux noirs, visage rond et un
• Je me sens proche de Bernard mais un jour, après la guerre, il faudra
peu poupin.
que je trouve un moyen de lui faire comprendre que la notion de « par-
don » s’applique aussi aux Allemands.
sauvegardes
• Enfin, Louise est… on ne peut plus différente de ma sœur. Elle m’in-
FORCE 12
trigue.
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 10
Capacités spéciales Équipement SAGESSE
INTELLIGENCE
12
14
• Confession : les autres ont ten- • Une Bible : lue et relue, et vous CHARISME 12
dance à vous parler naturelle- n’avez pas l’intention de vous
ment. Vous avez un Avantage lors arrêter. ressources
des tests visant à soutirer des in-
TORCHE d8
formations à un tiers, du moment • Un chapelet : dernier cadeau de
votre mère, vous y tenez comme BAGOU d10
qu’il vous parle plus d’une dizaine
à la prunelle de vos yeux. SANTÉ MENTALE d8
de minutes.
• Réseau : une fois par session de DÉS DE VIE d8
jeu, vous pouvez éviter les consé-
quences d’une Sauvegarde de DÉGÂTS ARMÉ d4
Charisme ou de Sagesse ratée, en DÉGÂTS NON ARMÉ 1
tirant parti de votre réseau d’amis,
d’associés ou de faveurs que l’on
vous doit.

319 319
319
aide de jeu B4
BERNARD CARRÈRE, ALIAS PORTHOS
Qui suis-je ?
J’ai grandi dans une ferme, un peu au nord. Papa a fait la Grande Guerre.
Moi, j’étais trop jeune pour le début de celle-là, mais vais me rattraper.
SECTION 9

Comment je vois les choses ? Facile : faut tuer les Boches et les colla-
boches. Décider « combien » et « quand », c’est pas mon boulot, mon truc,
c’est le « comment ». Tout le monde croit que je suis lent. C’est juste que
les autres pensent à plein de bidules sans intérêt. Moi, je reste concret. Du
coup, quand il faut apprendre aux gars à tirer ou à se battre, c’est Bibi qu’ils
viennent voir.

Que vais-je faire ?


Le boulot. Ça me fait pas plaisir, mais les Boches sont chez nous depuis
quatre ans et ça commence à bien faire.

Qui sont les autres ?


• Jacob est une tête, un malin qui décide des trucs. Ca me fatiguerait
d’être à sa place.
CARACTèRE
Placide, lourdaud, impitoyable • Maria est pénible avec toutes ses conneries de communisme. Je fais
comme si j’y croyais, comme ça, elle me fiche la paix (et ils disent que
description physique je suis pas malin !).
22 ans, châtain, yeux bleus, • Pedro, son frère, est un mec bien. Il sait écouter, et mieux, il sait se
taillé en force, cou de taureau, taire. C’est bien, le silence.
taches de rousseur, air sérieux.
• Avec Louise, j’ai eu du mal au début, parce que j’ai pas l’habitude des
dames, mais en fait, elle est comme tout le monde.
sauvegardes
FORCE 15
DEXTÉRITÉ 15 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 14
SAGESSE 10 • Musclé : vous bénéficiez d’un • Un couteau de poche : vous
INTELLIGENCE 10 Avantage pour les Sauvegardes aimez bien sculpter des trucs,
CHARISME 8 lorsqu’il utilise sa force pour sou- quand vous avez un peu de
lever, déplacer ou lutter. temps.
ressources • Robuste : vous bénéficiez d’une • Une gourde métallique : pleine
TORCHE d6 protection naturelle dans les com- d’eau-de-vie offerte par un pay-
BAGOU d4 bats de mêlée, conférant un Avan- san sympathique. Vous trouvez
SANTÉ MENTALE d6 tage aux tests de Vie lorsque vous qu’elle cogne un peu, les autres
VIE d8 subissez des dégâts. la trouvent imbuvable.

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ d6

320
320
aide de jeu B5
LOUISE DE BUZAT, ALIAS FRANCINE

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Une famille normale, c’est des parents et des grands-parents. Moi, j’ai
grandi avec vingt générations sur le dos. L’ancêtre qui s’est couvert de
gloire aux Croisades, le compagnon d’Henri IV, le Buzat qui est mort en
Vendée, l’oncle Roger tué à Verdun… Comment voulez-vous que je ne suive
pas le mouvement ? Il y a deux ans, j’ai rejoint un réseau de résistance à
Bordeaux. Il a été démantelé par la Gestapo au début de l’année, et j’ai
rejoint le maquis.

Que vais-je faire ?


Pour le moment, sauver Raymond, dont je suis amoureuse. Ensuite, parti-
ciper à la Libération. Après, finir mes études de médecine que j’ai à peine
commencées, et peut-être bien faire de la politique.

Qui sont les autres ?


• Jacob est le premier Israélite que je vois de près. Bizarrement, il n’a pas
l’air si différent d’un type normal.
CARACTèRE
• Maria est une communiste exaltée. Y avait-il un de Buzat dans l’entou- Têtue, patriote, exaltée
rage de Jeanne d’Arc ? Si oui, il a dû en baver comme elle nous en fait
baver.
description physique
• Pedro, son frère, est un gentil garçon, un peu naïf, mais très intelligent, 20 ans, menue, visage pointu,
sans doute le plus malin d’entre nous. nez retroussé, cheveux châ-
• J’aime bien Bernard. Ce n’est pas un génie, mais il est solide. tains, yeux marron.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE 10
• Médecin de terrain : une fois par • Trousse de premiers secours : DEXTÉRITÉ 14
heure de jeu, en dehors d’un com- basique mais suffisante pour les CONSTITUTION 12
bat, vous pouvez faire regagner petits bobos. SAGESSE 12
un niveau de Vie à un personnage INTELLIGENCE 12
(cela peut être vous). • La chevalière des de Buzat : CHARISME 12
votre père vous l’a offerte quand
• Sens du danger : vous bénéficiez vous lui avez dit que vous alliez ressources
d’un Avantage lors des Sauve- « faire quelque chose ». Elle est
gardes visant à éviter les pièges TORCHE d6
trop grande pour vous, vous la
ou les embuscades qui pourraient BAGOU d6
portez autour du cou.
vous blesser ou vous entraver. SANTÉ MENTALE d8
VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ 1

321 321
321
L’ABBAYE DE MONTE-À-REGRET
Ce scénario hors procédure offre aux en- • Enfin, le manuscrit peut tout simplement
SECTION 9

quêteurs un aperçu sur un drame qui s’est figurer dans le stock de la librairie Champde-
joué à Bordeaux voici près de deux siècles. nier. Mme Champdenier s’en souvient lors de
ses recherches sur Les Nuits de l’homme sans
tête (voir p. 162), et le signale aux enquêteurs.
Elle n’est pas disposée à leur céder l’original,
Le déclencheur en tout cas pas gratuitement, mais elle ac-
cepte qu’il soit scanné.
Une lettre rédigée par une certaine Céleste
d’Ancellys. En 1836, Mlle d’Ancellys faisait
partie d’un groupe d’agents envoyés par le
premier des « détectives privés », François Le document
Vidocq, pour disculper le jeune baron Fran-
Il s’agit d’une longue lettre d’une trentaine
çois de Randeau d’une accusation de meurtre.
de pages. Jaunies et d’un format légèrement
supérieur à un A5 moderne, elles sont cou-
vertes d’une écriture fine et élégante. Elles
La source ont été pliées, mais cela fait des décennies
qu’elles sont conservées à plat, dans un carton
• Par défaut, ce document se trouve dans les à dessin vert un peu fatigué, au format 28 x
papiers de Pierre Ménard, présentés p. 169. 38, fermé par des rubans. Le début de la lettre
Si vous souhaitez le mettre en évidence, il l’a constitue l’aide de jeu M6, voir ci-contre.
gardé chez lui plutôt que de le mettre à l’abri
avec le reste de sa collection. Après tout, il n’a
rien de compromettant. Ménard l’a acheté
pour une bouchée de pain dans une salle des
Analyse physique
ventes en 2009, parce que le manuscrit com- Un passage par le laboratoire ou la consulta-
portait des noms qu’il a entendus pendant sa tion d’experts extérieurs permet d’établir les
captivité ou découvert par la suite : Adalric et points suivants :
Honnecourt.
• Le papier est d’époque. Son filigrane est
• Une autre solution est de le placer chez celui d’une papeterie bordelaise en activité
le Dr Lormier. Dans ce cas, il s’agit peut-être dans les années 1830 et 1840.
d’un fragment des archives du culte bordelais,
tombé en sa possession à l’époque de Sutton. • La composition de l’encre et son vieillis-
Il est également possible que Lormier l’ait sement sont conformes à l’âge théorique du
acheté en salle des ventes, pour les mêmes document.
raisons que Ménard. Ces deux points suffisent à établir qu’il ne
• Il est également envisageable que ces s’agit pas d’un faux moderne. Les experts
lettres soient en possession de survivants du s’étonnent qu’on leur confie une tâche « sans
culte bordelais, par exemple Mme d’Ancignac rapport avec l’enquête » et le font savoir à
(voir p. 150), pour qui ce sont des « papiers de leurs supérieurs qui, à leur tour, s’en plaignent
famille ». Si elle s’entend avec les enquêteurs, au commandant Mata. Que ce dernier relaie
elle leur offre de les laisser jeter un coup d’œil leurs doléances dépend de sa relation avec
à ce qu’elle perçoit comme « les racines de l’équipe et des progrès de l’enquête.
l’affaire ».

322
aide de jeu M6

323
Analyse textuelle Bordeaux en 1836
• L’écriture est élégante et le vocabulaire Avant la Révolution, Bordeaux était le port
choisi. Toutefois, l’orthographe est légère- le plus riche de France. Près de 20 % du com-
ment vacillante et quelques fautes de style merce extérieur du pays transitait par les
apparaissent ici et là. quais de la Garonne. Les guerres avec l’Angle-
SECTION 9

terre, le blocus continental et la perte des co-


• Le ton, familier, convient à un ami
lonies ont ruiné la ville. En 1814, elle a accueil-
proche. Il s’y mêle ici et là le rappel discret
li les Bourbons avec soulagement. La paix lui
de « tendres moments » qui laissent à pen-
a rendu une confortable prospérité, toutefois
ser que « M. François » a été l’un des amants
sans commune mesure avec celle du siècle
de Mlle d’Ancellys. En revanche, elle lui parle
précédent.
comme à un égal, de puissance à puissance.
• Une rapide recherche auprès des sociétés
historiques de Bordeaux permet d’établir que aide de jeu M7
L’Hôtel d’Angleterre, ouvert
en 1822, était l’un des meil-
leurs de la ville dans les an-
nées 20 et 30 du XIXe siècle. Il
a périclité dans la deuxième
moitié des années 1840, et
sombré en 1858. Le cours
du 30-Juillet est toujours là,
mais le numéro 2 est désor-
mais occupé par une banque,
installée dans un gros pâté de
pierres construit vers 1900.

Les prétirés
Vous trouverez les prétirés
de ce scénario pp. 335-339,
ils constituent les aides de
jeu M1 à M5. La « règle des
cinq », présentée p. 237,
s’applique : vous pouvez mo-
difier tous les éléments de
leur background et en sup-
primer à votre guise.
Ce groupe est composé de
« spécialistes » en activités
illégales qui mettent leurs
talents au service de la so-
ciété, ce qui leur donne un
petit côté Arsène Lupin avant
l’heure.
Remettez également aux
joueurs l’aide de jeu M7, voir
ci-contre.

324
« MAIS ELLE EST OÙ, CETTE ABBAYE ? »
Dans l’argot du temps, « l’abbaye de Monte-à-regret » est l’échafaud, où l’on se rend rarement de gaîté de
cœur. La justice des années 1830 applique le code Napoléon dans toute sa rigueur, et les bourreaux dépar-
tementaux ne chôment pas. Le roi Louis-Philippe, fils de guillotiné, est personnellement hostile à la peine de
mort, mais il n’use de son droit de grâce qu’avec parcimonie.

Le port est un immense chantier où l’on


aménage de nouveaux quais, capables d’ac-
cueillir des vaisseaux toujours plus gros.
Quelques petits navires à vapeur sillonnent
déjà la Garonne, mais rares sont ceux qui se
risquent en mer.
Les notables bordelais sont plutôt légiti-
mistes. Ce n’est pas pour rien que l’héritier
des Bourbons, en exil à Prague, porte le titre
de duc de Bordeaux. Sa mère, la duchesse de
Berry, a tenté de soulever la Vendée en 1832.
Arrêtée, elle a été détenue à Blaye, près de
Bordeaux, et vient juste d’être expulsée vers
l’Italie. Le gouvernement du roi Louis-Phi-
lippe est plus menacé sur sa gauche que sur
sa droite, mais garde un œil attentif sur ce qui
se passe en ville. François de randeau (J8)

et ne se sépare jamais de sa canne-gourdin.


L’inspecteur accepte d’autant plus volon-
Un entretien avec le baron de tiers de les laisser seuls avec leur client qu’il
compte bien écouter aux portes.
Randeau L’histoire du baron est simple : il y a cinq ans,
il a épousé clandestinement une couturière,
Le baron occupe un appartement indépen- Rose Dupré. Hélas, les histoires d’amour de ce
dant dans l’hôtel particulier de sa famille, à genre résistent mal au temps et à la pression
deux pas de la cathédrale. Un laquais les sociale. Sans l’avoir vraiment voulu, François
conduit jusqu’à sa porte. Comme toutes les de Randeau s’est retrouvé fiancé à Clémence
issues, elle est fermée à clé et gardée par un d’Ancignac, une jeune fille de bonne famille.
sergent de ville en uniforme. Il cherchait un moyen convenable de se dépê-
Le baron François de Randeau est un jeune trer de cette situation, lorsque…
homme mince, d’environ vingt-cinq ans, qui « Une nuit, il y a une dizaine de jours, j’ai fait
accueille les personnages avec un mélange ce rêve. Je cherchais Rose, c’était important, et
de soulagement, car ils viennent le tirer d’un puis… et puis je me suis réveillé. J’étais chez elle,
mauvais pas, et de mépris, parce que les dé- penché sur son cadavre, les vêtements couverts
tectives sont socialement un cran au-dessus de sang. Il y avait un poignard par terre. Après,
des bagnards, et encore. je ne sais plus, la police est arrivée… »
Le baron est sous la surveillance vigilante de Le baron ne comprend pas comment il s’est
l’inspecteur Donatien Fidèle, un trentenaire retrouvé, tout habillé, chez Rose alors qu’il
rougeaud, qui affectionne les redingotes as- s’était couché dix minutes plus tôt dans sa
sez amples pour y dissimuler un petit pistolet chambre : à cheval, il faut une demi-heure

325 325
pour aller de l’hôtel particulier à la maison de
Rose. Il pleure la mort de son épouse, mais Exemple
c’est un chagrin convenable qui sera vite
effacé. La discussion avec le baron de Randeau
terminée, les joueurs sont prêts à enquêter
Dans la bonne société bordelaise, l’affaire de manière classique. Les personnages s’ins-
est un scandale retentissant. Heureusement, tallent dans l’un des salons discrets du Café
SECTION 9

la presse n’a pas parlé de l’affaire. L’aristo- Montesquieu avec l’idée de préparer leurs dé-
cratie conserve quelques privilèges. Albert, marches suivantes… et le MJ les surprend en
le valet du baron, confirme l’heure à laquelle distribuant la feuille d’action.
il s’est couché, mais la police n’a pas tenu
Les joueurs lancent les dés. Damien, qui
compte de ce témoignage : puisque M. de
joue René Bertin, obtient un 1. C’est donc à lui
Randeau a été arrêté chez Rose, c’est forcé-
de préparer la première scène. Le MJ lui glisse
ment parce qu’il s’est couché plus tôt qu’il ne
discrètement que la scène doit faire interve-
le dit, puis qu’il s’est relevé et habillé avant
nir des sectateurs (le groupe est assez avancé
de sortir discrètement. L’inspecteur Fidèle
dans la campagne pour que leur présence ne
ne se sent pas tenu de répondre aux ques-
surprenne personne).
tions du groupe.
Damien décide qu’il va avoir une conversa-
tion en privé avec Albert, le valet du baron.
Cadavre exquis Elle se déroulera à l’hôtel de Randeau, et une
fiole interviendra dans la scène.
Vous aurez sans doute remarqué l’absence
d’un paragraphe Les faits pour le MJ. Les seuls Fondu au noir, et nous voilà dans les quar-
faits stables sont les suivants : quelqu’un a tiers des domestiques, où Bertin s’efforce de
poignardé Rose Dupré à douze reprises. Uti- faire parler un Albert très réticent, incarné
lisant des moyens surnaturels, cet individu par le meneur de jeu. Albert finit par ad-
ou son commanditaire s’est arrangé pour que mettre qu’il renseignait deux personnes sur
François soit sur place au moment où la police les faits et gestes de son patron : Clémence
arrivait, alertée par les voisins. d’Ancignac, sa fiancée, et une inconnue mas-
quée.
C’est tout. Avant qu’il ait eu le temps d’en dire da-
vantage, trois hommes masqués font irrup-
Je n’ai pas la moindre idée de l’identité de tion dans la chambre. René, qui n’est pas un
ce quelqu’un. Je ne sais même pas si Rose est foudre de guerre, se cache derrière le lit. Les
vraiment morte. Ce sont les joueurs qui vont hommes masqués poignardent Albert. René
« découvrir la vérité », et leur vérité sera la les voit récupérer un petit objet que le va-
bonne. let portait dans la poche de sa livrée. Une
Donc, à partir de ce point, non seulement fiole ! Ensuite, ils fuient, et René décide de
ce scénario cesse d’être linéaire, mais il cesse ne pas les poursuivre. Damien passe la main
d’être un scénario au sens conventionnel. Dis- à Bertrand.
tribuez à chaque joueur l’aide de jeu M8, La
feuille d’action (voir pp. 330 et 331).
Chacun joueur va devoir improviser une
scène utilisant une partie des éléments in-
diqués sur cette feuille, plus les contraintes
que vous leur indiquerez (voir p. 329 et sui-
vantes). La scène doit mettre son person-
nage en valeur. Elle peut impliquer les autres
personnages, mais ce n’est pas obligatoire.
Comme dans L’Affaire Lombardi, les joueurs
désœuvrés peuvent être recyclés en PNJ.

326
aide de jeu M6 1/2

327
aide de jeu M6 2/2

328
Éléments
Mise en scène
Cette section vous donne des ingrédients

HORS PROCÉDURE
Ce scénario doit beaucoup au théâtre d’im- supplémentaires pour vous permettre d’orien-
pro. Vous n’êtes plus un metteur en scène ter les scènes imaginées par les joueurs. Les
omniscient, vous êtes un arbitre. Les joueurs premiers sont des thèmes classiques de la
vont empiéter sur vos prérogatives. Au début littérature populaire, à utiliser de préférence
de chaque scène, ce sont eux qui décident de dans les scènes initiales. Les suivants sont liés
ce qui se passe, et ont la responsabilité du à l’arrière-plan des Encagés, puis viennent
décor, du casting et de l’action. Si vous vou- quelques PNJ supplémentaires que vous êtes
lez leur laisser vraiment la bride sur le cou, libres d’introduire ou non.
vous pouvez même sortir de la pièce pendant
leurs trois minutes de préparation. Une fois
Thèmes et outils du roman-feuilleton
la scène commencée, vous êtes libre de re-
prendre la main via l’interprétation des PNJ • Quiproquos. Tout le monde se trompe sur
ou des événements inattendus. tout le monde, et ces erreurs peuvent avoir
des conséquences tragiques.
Si vous sentez que les joueurs sortent
du sujet, ou qu’ils sont partis pour tout ré- • Déguisements. Personne n’est tout à fait
soudre en une scène, vous avez le droit de ce qu’il paraît au premier regard, mais cer-
les interrompre et de leur dire « non, faites tains endossent de fausses identités, tem-
autrement »…. à condition de leur expliquer poraires ou au long cours. Ainsi, Charles Ca-
pourquoi (par exemple « parce que vous diral est au service de la famille Randeau
contredisez la scène précédente »). Lais- depuis vingt-cinq ans… et son nom est une
sez-leur quelques minutes pour repenser leur anagramme d’« Adalric ». Serait-il Charles de
scène, et relancez. Honnecourt ? Ou un fils caché de Charles ? Si
oui, que fait-il là ?
Vous pouvez vous limiter à un tour de table,
mais si les joueurs sont peu nombreux, ou s’ils • Vengeance. Longuement mûrie, elle est
s’amusent visiblement, rien ne vous empêche adaptée à sa victime et calculée pour faire un
d’en faire deux. maximum de casse en un minimum de temps.
Le Comte de Monte-Cristo est la meilleure le-
Le plus difficile va être d’habituer les joueurs çon de choses dont vous pouvez rêver.
à dire « il se passe ça » plutôt que d’attendre
que le MJ le dise, mais en général, ils prennent
vite le pli.
La structure en cadavre exquis et les listes
d’ingrédients ont été pensées pour donner un
rendu assez proche des romans-feuilletons de
l’époque : grosso modo cohérent tant qu’on
ne s’attarde pas aux détails. Les feuilletonistes
produisaient vite, sans forcément se relire
d’un jour sur l’autre, et leurs lecteurs n’étaient
pas demandeurs d’intrigues millimétrées.
Vous ne serez jamais aussi rocambolesque
que Ponson du Terrail, même si vous laissez
subsister des incohérences, ni aussi mélodra-
matique que Paul Féval même si vous poussez
la grandiloquence au maximum.

charles cadiral (J7)

329
• Rédemption. Nous sommes dans un en s’empoisonnant ou en se tirant une balle
monde catholique où aucune faute n’est sans dans la tête.
rachat, ni la lâcheté, ni la trahison, ni l’adoration
des Grands Anciens. Si vous notez une contra- • La fausse sortie. Untel est mort, les PJ as-
diction avec l’idée de vengeance, vous avez rai- sistent à ses funérailles… sauf qu’en réalité,
son, sauf qu’il s’agit d’une tension. Un vengeur il n’est pas dans son cercueil ou en sera sorti
SECTION 9

peut renoncer à ruiner les vies de ses proies, et par des sbires. Il veut disparaître… ou avoir les
celles-ci peuvent faire amende honorable. mains libres.
• Le télégraphe. Voir p. 331. Les messages télé- • La mort bleue. Leur enquête conduit les
graphiques porteurs de révélations, ou trafiqués, personnages vers la maison d’un malade du
peuvent être des deus ex machina commodes. choléra (voir ci-dessous).
• La croix de sa mère. N’importe quel objet • L’incendie. Très redouté dans un monde
permettant de confirmer l’identité d’un or- presque dépourvu de pompiers, et où même
phelin ou sa présence dans un lieu donné fait les hôtels particuliers ont de belles char-
l’affaire. Fonctionne aussi avec une marque pentes en bois. Un incendie spectaculaire est
de naissance. une scène finale classique.
• Les sbires ont un cœur. Un assassin sans
scrupule, ça n’existe pas. Même les méchants Thèmes et outils surnaturels
ont peur de l’enfer et se confessent… et pas
forcément à un vrai prêtre. • Des miroirs hantés. Louis de Honnecourt
s’intéresse à cette histoire et observe le monde
• Le suicide maquillé. Qui est mort ? Et réel par l’intermédiaire des miroirs. Lorsqu’il se
qu’est-ce qui prouve que c’est un faux sui- manifeste, le miroir montre des vues du Laby-
cide ? Le baron de Randeau est accusé de rinthe. Parfois, des manifestations physiques
meurtre, et toute la bonne société bordelaise s’y ajoutent : des notes de musique lointaine,
s’attend à ce qu’il « agisse honorablement » une odeur d’encens incongrue, etc.

OPTION : LA MORT BLEUE

Commencée au printemps 1832, la pandémie de choléra connaîtra des flambées jusqu’aux années 1860.
Bordeaux a été durement touché en 1834 et 1835. Si vous décidez que c’est également le cas en 1836, vous
avez raison. Rien de tel qu’une épidémie pour rendre une année intéressante !
Très contagieuse, la maladie fait des ravages dans les quartiers pauvres, mais tue aussi les riches et les
puissants. Ses symptômes, fièvres, crampes, diarrhées et cyanose, sont terrifiants, et elle peut aussi bien
foudroyer ses victimes en quelques heures que les torturer pendant plusieurs semaines.
Complètement dépassée, l’Académie de médecine recommande des bains de pieds, des cataplasmes à la
farine de moutarde et des infusions de fleur de guimauve. Les contemporains ignorent les mécanismes de la
contagion, mais ils ont bien compris que la prévention passait par l’hygiène. Partout où vont nos héros, des
balayeurs nettoient les immondices. Des ouvriers blanchissent les couloirs des maisons à la chaux. Le cour-
rier des personnages leur est remis après fumigation. Les personnes ayant été en contact avec des malades
sont invitées à se laver les mains au vinaigre. L’odeur âcre de l’eau de Javel, produit de blanchisserie connu
depuis une cinquantaine d’années et tout juste promu désinfectant miracle, plane partout.
Le glas sonne à toute heure dans l’une des nombreuses églises paroissiales de la ville. Affiches et crieurs
publics communiquent des bilans sinistres. Des rues entières sont isolées par des soldats. Ailleurs, les mai-
sons des malades sont marquées de « X » rouges. Dans les hôpitaux, des salles sont réservées aux cholé-
riques, qui y meurent par centaines. Dans les rues des quartiers pauvres, on brûle les vêtements et la literie
des morts après les avoir jetés par la fenêtre. Devant les hôtels particuliers des malades riches, les domes-
tiques étendent de la paille sur la chaussée, pour que le bruit des voitures n’incommode pas leur maître.

330
OUTILS : LE TÉLÉGRAPHE

HORS PROCÉDURE
Paris est au cœur d’un réseau ultramoderne de
télégraphes optiques, inventés une génération plus
tôt par Claude Chappe. Il permet aux communica-
tions officielles de circuler dans tout le royaume en
quelques heures. Le long des grandes routes, une
tour de signalisation surmontée de deux longs bras
mobiles se dresse tous les quelques kilomètres.
Des guetteurs surveillent les tours précédentes et
suivantes, et un signaleur actionne des leviers pour
transmettre le message à la tour suivante dès qu’il
est déchiffré.
Le télégraphe de Bordeaux est installé au sommet
de la flèche de l’église Saint-Michel, désaffectée de-
puis la Révolution. C’est un simple maillon d’une
chaîne plus longue, qui se prolonge jusqu’à la fron-
tière espagnole.
En théorie, l’usage du télégraphe est réservé aux
communications officielles, mais Vidocq n’est pas
tout à fait un simple particulier. Les personnages
peuvent donc envoyer des dépêches à Paris, tant
qu’elles ne dépassent pas une dizaine de mots.
Vidocq répond dans les vingt-quatre heures. S’il
ressent le besoin d’envoyer une réponse plus détail-
lée, il a recours à un courrier à cheval, qui met entre
deux et trois jours à rejoindre Bordeaux.
Dans les années 1840, la ligne télégraphique Pa-
ris-Bordeaux sera piratée par des spéculateurs bor-
delais désireux de connaître les cours de la Bourse
de Paris avant leurs rivaux… et ce fait divers devien-
dra l’un des ressorts de la vengeance du comte de
Monte-Cristo.

• Des apparitions et des disparitions im- aime le vin rouge et parce qu’il fait couler le
possibles. Le Labyrinthe gauchit l’espace et sang. Cet artiste du couteau, un peu tueur à
forme un raccourci commode… ou un piège gages, un peu cambrioleur indépendant, res-
dont il est difficile de s’extraire. semble à n’importe qui et est à l’aise dans
tous les milieux. Il tue, mais qui ? Des secta-
• Des sectateurs. Le culte bordelais est à la
teurs, ou des innocents ?
manœuvre, mais comment et pourquoi ? Qui
le dirige ? Rose est-elle innocente, ou était- • Le logement de Charles Cadiral. Le secré-
elle membre de la secte ? Le culte peut être taire du marquis occupe une bonne partie des
différent de ce qu’il sera un siècle et demi combles de l’hôtel particulier de son maître.
plus tard, sous Sutton, et il existe peut-être un Au fil des années, il y a entassé une montagne
schisme entre les fidèles de « saint Adalric » et de vieux papiers. Que contiennent-ils ? Rien
ceux de « l’Homme dans le Labyrinthe ». Ces d’intéressant ? Des révélations sur la famille
derniers ne sont pas forcément dominants. de Randeau ? Ou sur la véritable identité de
• Le Vendangeur. Ainsi nommé parce qu’il « Cadiral » ?

331 331
• Doña Inès Clarida. Beauté brune rava- est une anagramme d’Adalric… Clarida et Ca-
geuse, cette riche Espagnole installée à L’Hô- diral sont-ils père et fille ? Alliés ? Ennemis ?
tel d’Angleterre pourrait être la femme mysté- Doña Inès est-elle une investigatrice ? Ou la
rieuse mentionnée plus haut. Son nom aussi grande prêtresse du culte ?

Résolution
SECTION 9

Les joueurs peuvent procéder de deux fa-


çons. Ils peuvent être honnêtes et chercher le
vrai coupable, ou tirer au flanc et choisir une
victime et monter une machination pour l’en-
voyer à l’échafaud. Le choix leur appartient.
Fonctionnellement, ça ne change rien à la
mécanique des scènes. Simplement, dans le
second cas, le groupe renonce à comprendre
ce qui s’est vraiment passé. L’énigme sera
considérée comme résolue quand le groupe
se sera mis d’accord sur les éléments suivants :
• Un coupable. Qui a tué Rose ?

• Un mobile. Pourquoi ce crime ? Et pour-


quoi le baron de Randeau est-il impliqué ?
Est-il visé, ou l’assassin l’a-t-il désigné comme
coupable pour atteindre son père, son frère
ou sa fiancée ?
• Une occasion. Le crime ayant eu lieu aux
petites heures de la nuit, la plupart des sus-
pects n’ont pas d’alibi.
• Des preuves. Si nos héros veulent dis-
culper le baron de Randeau, ils doivent appor-
ter des éléments acceptables par la Justice.
L’idéal reste bien entendu des aveux, mais la
fuite vaut un aveu. Et une disparition compte
comme une fuite…
Le coupable et le mobile peuvent être dé-
cidés dans n’importe quel ordre, selon que
les joueurs se demandent d’abord « qui » ou
« pourquoi ». Le reste vient en sus. Notez que
ce raisonnement, très « roman policier », est
juste là pour donner une structure à l’histoire.
Les héros des romans-feuilletons ne se posaient
pas les questions en ces termes… et souvent, ils
ne se la posaient pas du tout. Ils découvraient
la vérité par petites touches, jusqu’à avoir une
révélation, qui leur faisait parfois blanchir les
cheveux en une nuit si la machination du crimi-
nel était assez effroyable.

332
REPLAY : CADAVRE EXQUIS
Scène I

HORS PROCÉDURE
• Thème MJ : le médaillon de sa mère
• Objet : des documents
• Lieu : le domaine d’Ancignac
• Personnage : le chevalier Michel de Randeau
Les PJ se retrouvent à une soirée au domaine d‘Ancignac, où les messieurs jouent de fortes sommes. L’un
des PJ incarne Michel de Randeau, les autres sont Justin, Alphonse et Céleste, qui se fait passer pour une
domestique. Justin tente de faire avouer à Michel qu’il sait très bien que son frère aîné n’est pas le véritable
héritier du marquis. Michel, sur la défensive, ne dévoile rien. Justin et Alphonse finissent par l’amener faire
un tour dehors, pour l’interroger un peu plus fermement. Pendant ce temps, Céleste récupère la sacoche
que Michel a laissée au pied de la table, trouve un coin discret et la fouille. Dedans, des documents in-
diquent que François a été adopté par le marquis.

Scène II
• Thème MJ : la fausse sortie
• Objet : Les Nuits de l’homme sans tête
• Personnage : Charles Cadiral, le secrétaire du marquis
• Lieu : un cimetière paroissial, perdu dans un quartier mal famé de Bordeaux
Les PJ assistent à l’enterrement de Rose. L’un d’eux incarne Cadiral, les autres jouent Céleste, la d’Allières
et Alphonse. Avant l’arrivée du public, Céleste ouvre le cercueil… et constate que Rose n’a plus de tête !
Serait-il possible que la personne enterrée ne soit pas Rose ? La d’Allières remarque que les doigts de
« Rose » ne sont pas abîmés, ce qui devrait être le cas pour les mains d’une couturière. De son côté, Justin
s’entretient avec le secrétaire du baron : pourquoi est-il là et qu’est-ce que ce livre qu’il tient ? Les Nuits
de l’homme sans tête, quel drôle de titre… et quelle curieuse coïncidence avec la décapitation de Rose !
Pendant la discussion, un coursier apporte un télégramme de Vidocq à Justin, lui révélant que le secrétaire
est en réalité Charles de Honnecourt. Tout devient clair pour la d’Allières : Cadiral est là pour vérifier que
« Rose » va bien être enterrée et que personne ne posera de questions. C’est sans compter sur nos héros,
qui comprennent que cette mascarade était là pour que Rose ait les mains libres. Mais pourquoi faire ac-
cuser François ? Cela reste un mystère.

Scène III
• Thème MJ : des apparitions et disparitions impossibles
• Objet : un poignard taché de sang
• Lieu : l’hôtel de Randeau
• Personnage : le marquis de Randeau
Les PJ veulent tirer les choses au clair avec le marquis de Randeau. Pourquoi a-t-il adopté François de
Randeau ? Ils trouvent l’hôtel particulier inquiétant, avec des tableaux qui semblent les observer.
Un joueur interprète le marquis, les autres Céleste, Justin et la d’Allières. Céleste prétend qu’elle « sait
tout » sur les manigances du marquis. Ce dernier hausse les épaules, il n’a rien à se reprocher. Pressé de
questions, il leur avoue que la mère de François a été sacrifiée pendant un rituel, et qu’il a décidé d’adop-
ter l’enfant. Au fil de la discussion, le groupe comprend que le véritable coupable est Cadiral, le secrétaire.
C’est lui qui a amené François auprès du faux cadavre de Rose, afin qu’il soit discrédité et déshérité. Ainsi,
le nouvel héritier serait Michel, plus jeune et plus influençable. Dans un accès de folie causé par les ta-
bleaux qui lui murmurent des choses, Céleste s’empare d’un poignard posé sur la table et attaque le mar-
quis. Celui-ci s’enfuit, suivi par la d’Allières.

333 333
REPLAY : CADAVRE EXQUIS
Scène IV
• Thème MJ : le suicide maquillé
• Objet : le poignard sacrificiel
SECTION 9

• Lieu : le fort de Hâ
• Personnage : une mystérieuse inconnue
La d’Allières a disparu. L’un des PJ interprète la mystérieuse inconnue, les autres sont Alphonse, Justin
et Céleste.
Les PJ sont abordés en pleine rue par une mystérieuse inconnue. Elle dévoile son visage : c’est Rose !
Elle révèle aux PJ que leur amie, la d’Allières, est prisonnière du culte, et qu’un rituel a lieu en ce moment
même au fort de Hâ. Charles de Honnecourt soupçonne Rose d’être encore en vie, et elle a besoin du poi-
gnard que les PJ ont volé au marquis. Le groupe accepte de rendre le poignard à Rose, et tout le monde
se rend au fort. Ils y découvrent un groupe de sectateurs en plein rituel, conduit par Charles de Honne-
court. Les futurs sacrifiés sont dans des cages. La d’Allières est bien là. Un premier sacrifice a lieu, un
calice rempli de sang passe à la ronde. Les sectateurs extraient une jeune femme des cages. Elle hurle, se
débat… et Alphonse craque. Il arrache sa robe et court vers Charles pour le maîtriser. Au même moment,
le MJ dit à Céleste qu’elle est en réalité doña Inès Clarida, la véritable maîtresse du culte que Charles
a spolié. Doña Inès se précipite vers Charles et lui plante le poignard sacrificiel dans le ventre. Charles
meurt. Comprenant que Céleste n’est pas qui elle prétend être, Alphonse se saisit d’elle et la jette dans
une cage. Le reste du groupe maîtrise Alphonse, qu’il pense être devenu fou. Un incendie s’est déclaré
durant le combat, le groupe quitte précipitamment les lieux, Alphonse emportant le corps de Charles,
Justin emportant Clémence et la d’Allières sauvant le dernier sacrifié, un adolescent.

Scène V
• Objet : le poignard taché de sang
• Lieu : un café de Bordeaux
• Personnage : l’inspecteur Fidèle

Le MJ interprète l’inspecteur Fidèle, à qui le groupe présente une version édulcorée de leurs décou-
vertes : Rose a été tuée par Charles de Honnecourt, membre d’une secte qui s’était infiltré chez les
Randeau. Il l’a tuée et a drogué François pour l’amener sur le lieu du crime, afin de le faire disparaître. Il
espérait placer son pion Michel comme héritier. La fortune du marquis aurait servi sa secte. Une confron-
tation a eu lieu, durant laquelle Charles a tout avoué mais, hélas, il s’est suicidé pour éviter l’échafaud.
L’inspecteur Fidèle et le juge d’instruction sont convaincus. François est innocenté.
Fondu au noir.

Le baron de Randeau étant lavé de tout


sectateurs, sbires et gros bras Conclusion soupçon, nos héros n’ont plus qu’à rentrer
à Paris, rendre compte à Vidocq, et se sépa-
La solution des personnages rer en plus ou moins bons termes. S’ils pré-
Si besoin, utilisez les caracté- étant forcément la bonne, il
ristiques des sectateurs de la fèrent, ils peuvent rester à Bordeaux un mo-
ne reste plus qu’à mettre en ment pour y faire leurs affaires… et assister à
p. 245. place une scène finale. Là en- l’exécution du coupable, c’est dans le ton de
core, laissez l’initiative aux l’époque.
personnages. S’ils veulent lancer un raid sur la
forteresse du culte, c’est leur choix. S’ils pré-
fèrent réunir tous les protagonistes à l’hôtel
de Randeau, et s’offrir une petite scène où
ils démasquent le coupable sous les yeux de
tous, cela fonctionne aussi.
334
aide de jeu M1
CÉLESTE DU BREUIL, «D’ANCELLIS»

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
C’est une question indiscrète… et compliquée. À Paris, je suis Céleste d’An-
cellys, actrice, maîtresse occasionnelle de Vidocq et, disons-le, courtisane.
L’an dernier, un prince russe s’est suicidé après m’avoir envoyé une lettre
où il disait que j’avais « un corps de déesse, un visage d’ange et un cœur de
démon ». Le pauvre chéri m’a fait une publicité formidable. Je suis aussi –
et plus légitimement - Céleste du Breuil, une jeune fille de petite noblesse,
issue d’une famille ruinée, qui vient se placer sur le marché du mariage. On
verra à l’usage laquelle des deux Céleste me sera la plus utile.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis son visage « présentable » et souriant.

Que vais-je faire ?


Le boulot demandé… et si au passage, je peux trouver un époux aussi riche
que complaisant qui me permettra de « faire une fin », ce serait parfait. Les
princes russes sont vraiment lassants à la longue.
CARACTèRE
ambitieuse, amorale, char-
Qui sont les autres ? meuse

La Dallière est un avertissement : si j’attends trop, je risque de finir


comme elle. Justin est un escroc aimable, mais superficiel. Alphonse est description physique
une brute rusée. 23 ans, blonde, yeux verts,
visage ovale, nez droit, petite
Et René Bertin est malin, et même très malin.
bouche, coiffée « à l’anglaise »

Capacités spéciales Équipement sauvegardes


FORCE 8
• Visage d’ange : on vous donnerait • Une malle entière de robes. DEXTÉRITÉ 10
le bon dieu sans confession, vous Convenant à Céleste d’Ancellys CONSTITUTION 8
avez un Avantage pour convaincre (à la mode de Paris et légère- SAGESSE 15
un tiers que vous êtes innocente. ment provocantes) comme à INTELLIGENCE 13
Céleste du Breuil (plus sages). CHARISME 18
• Cœur de démon : vous pouvez uti-
liser Charisme pour les attaques
(au lieu de Force ou Dextérité) ressources
du moment que votre adversaire TORCHE d6
peut entendre votre personnage BAGOU d12
et le comprendre. Lancez les dé- SANTÉ MENTALE d6
gâts comme si le personnage VIE d6
était armé. Si la victime tombe à
0 Points de Vie, elle est Hors Jeu DÉGÂTS ARMÉ d6
mais n’est pas tuée. DÉGÂTS NON ARMÉ d4

335 335
335
aide de jeu M2
MARIE-MARGUERITE DALLIÈRE, « D’ALLIÈRES »
Qui suis-je ?
Une courtisane sur le retour. J’ai tourné de nombreuses têtes sous l’Em-
SECTION 9

pire, mais c’était il y a trente ans. Aujourd’hui, je vis sur les débris de ce qui
fut une jolie fortune. Heureusement, M. Vidocq sait reconnaître le talent
et m’emploie de temps en temps. Il m’a engagé pour jouer le rôle de la
vieille cousine et dame de compagnie de Céleste du Breuil. Sans me vanter,
je suis parfaite dans les rôles de duègne. Si tout se passe bien, il me trou-
vera une sinécure chez l’une de ses riches amies.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis très forte pour collecter des informations. Les « cousines pauvres »
ont des accès que les maîtres n’ont pas, notamment auprès des domes-
tiques.

Que vais-je faire ?


En plus du travail ? Si je peux regarnir mon bas de laine pendant cette mis-
CARACTèRE sion, tant mieux !
maternelle, avare, souriante

description physique Qui sont les autres ?


50 ans, cheveux poivre et sel, Céleste est une petite garce arrogante. J’ai été à sa place, elle sera à la
nez un peu fort et léger double mienne, ainsi va la vie. Justin est un joyeux compagnon, mais bas les pattes !
menton, yeux bleus et sourire C’est le genre à vous dépouiller de toutes vos économies. Alphonse est un
indulgent, porte une ample ancien bagnard avec une tête d’assassin, mais il est plus franc du collier.
robe noire. Quant à René, on se ressemble : plus tout jeunes et revenus de tout. Je
l’apprécie.
sauvegardes
FORCE
DEXTÉRITÉ
11
10 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 12
SAGESSE 11 • Maternelle : vous pouvez récon- • Une boîte de drogues : rien de
INTELLIGENCE 14 forter les autres après un coup fatal, mais de quoi faire dormir,
CHARISME 14 dur. Si un autre personnage a per- rendre plus ou moins malade…
du un niveau en Dé de Vie ou en
Santé mentale, après quelques
ressources heures de réconfort il peut lan-
TORCHE d6 cer Dé de Vie ou Santé mentale.
BAGOU d12 S’il obtient 1 ou 2, il remonte d’un
SANTÉ MENTALE d8 niveau.
VIE d6 • Rumeurs : vous avez un Avantage
pour obtenir des informations
DÉGÂTS ARMÉ d6 parmi les petites gens.
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

336
336
aide de jeu M3
« CHEVALIER » JUSTIN « DE » LONGPRÉ

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Justin Longpré, fils de cabaretier normand, est devenu il y a bientôt vingt
ans le chevalier de Longpré, ancien capitaine de hussards, vétéran de Wa-
terloo (dont je ne me lasse pas de faire le récit). Je suis ce que l’époque
appelle « un chevalier d’industrie » : spéculateur et marchand d’informa-
tions, même si je reste grosso modo du bon côté de la loi… Je suis respec-
table : je ne me suis jamais fait prendre.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis sociable et je présente bien. Les honnêtes gens me font des confi-
dences et m’écoutent. Et si besoin, je peux faire le coup de poing.

Que vais-je faire ?


Vidocq m’a engagé pour un travail. Je vais le faire d’autant plus sérieuse-
ment qu’il a promis de me rendre quelques lettres gênantes en échange
de ce petit service. Mais si je peux le faire en m’amusant, ma foi, ce sera
encore mieux !
CARACTèRE
fin, sarcastique, risque-tout

Qui sont les autres ? description physique


45 ans, carrure athlétique,
Céleste est une poule de luxe qui se prend pour le chef parce qu’elle a cou-
favoris et cheveux bruns lé-
ché avec Vidocq. Je laisse couler pour l’instant. La Dallière est une vieille
gèrement grisonnants, yeux
garce qui pleure misère à la moindre occasion. Alphonse est un cogneur,
noisette, élégant sans ostenta-
utile mais compromettant. Enfin, je me suis tout de suite trouvé des atomes
tion, ne se sépare jamais d’une
crochus avec Bertin, qui me traite comme si j’étais son neveu préféré.
solide canne-gourdin

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
14
16
• Château de cartes : une fois par • Des outils de crochetage. Inuti- CONSTITUTION 10
partie, vous pouvez trahir (vous lisés depuis longtemps, mais on SAGESSE 8
devez expliquer ce qui se passe) ne sait jamais. INTELLIGENCE 10
un allié, PJ ou non, afin d’éviter les CHARISME 14
conséquences d’une Sauvegarde
de Sagesse ou Charisme ratée. ressources
• Botte secrète : une fois par adver- TORCHE d8
saire, vous avez un Avantage à un BAGOU d10
test pour le toucher en combat SANTÉ MENTALE d8
rapproché. Si vous touchez l’ad- VIE d6
versaire, vous avez également un
Avantage pour déterminer les dé- DÉGÂTS ARMÉ d6
gâts. DÉGÂTS NON ARMÉ 1

337 337
337
aide de jeu M4
« PÈRE » RENÉ BERTIN
Qui suis-je ?
J’ai quitté l’Église pour une histoire qui n’intéresse que ma conscience, mais
SECTION 9

vous savez ce que c’est, on ne renonce jamais vraiment à ses premières


amours. Dans certains milieux, je suis encore connu comme « le Curé »,
bien que mon registre soit plus étendu. Vous montez une arnaque et vous
avez besoin d’un notaire ? D’un cousin de province naïf ? D’un brave com-
merçant un peu poire ? Je peux être tout ça, moyennant un pourcentage.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Un modérateur, un homme d’expérience, sera le bienvenu parmi toutes
ces fortes personnalités. Et on a toujours besoin d’un faussaire.

Que vais-je faire ?


Mon devoir de chrétien en sortant un jeune homme d’une mauvaise passe.
Si, au passage, je peux me faire d’utiles relations ou empocher un petit bé-
néfice…
CARACTèRE
comédien, érudit, sans illusions Qui sont les autres ?
Céleste est une pécheresse endurcie, à qui je ferai volontiers faire péni-
description physique tence, mais soyons honnêtes, elle n’est pas dans mes moyens. La Dal-
55 ans, visage rond plein de lière serait un sujet d’étude fascinant pour M. de Balzac, un Harpagon
bonhomie, yeux gris, cheveux femelle qui ne s’intéresse qu’à l’or. Longpré est un gentil garçon, à qui
gris et tonsure, voix élégam- je pourrai apprendre quelques trucs s’il est prêt à m’écouter. Enfin, Al-
ment modulée, porte une sou- phonse a la réputation de laisser ses poings penser à sa place, mais j’ai
tane démodée et des lunettes l’impression qu’il est plus réfléchi qu’il en a l’air.
dont il n’a pas besoin

sauvegardes
FORCE 6 Capacités spéciales Équipement
DEXTÉRITÉ 10
CONSTITUTION 8 • Faux et usage de faux : vous avez • Matériel de faussaire. Papier,
SAGESSE 18 un Avantage lors des tests de plumes, encres, cire, tampons,
INTELLIGENCE 10 Dextérité pour créer de faux do- outils de graveur pour créer de
CHARISME 12 cuments, et vous avez également faux sceaux.
un Avantage lorsque vous faites
valoir un faux document.
ressources
• Expérimenté : trois fois par scéna-
TORCHE d10
rio, vous pouvez assister un autre
BAGOU d10
personnage en le conseillant, il
SANTÉ MENTALE d12
obtient un Avantage pour son
VIE d10
test.
DÉGÂTS ARMÉ d4
DÉGÂTS NON ARMÉ 1

338
338
aide de jeu M5
ALPHONSE DUVAL, « TAPE-DUR »

HORS PROCÉDURE
Qui suis-je ?
Personne, rien qu’un type qui, un jour, a tapé un peu fort dans une bagarre
et qui s’est retrouvé au bagne. Là-bas, j’ai cogné un maton qu’en est mort
ou tout comme. Je me suis évadé juste après, sinon, ils m’auraient coupé
le cou. J’ai marché de Brest à Paris, j’ai fait quelques coups avec d’autres
gibiers d’échafaud, j’ai croisé la route de M. Vidocq, et me voici !

Quelle est ma place dans le groupe ?


S’il faut, je m’habillerai en valet et je jouerai le domestique de Longpré.
Sinon, je suis la brute qui fait peur. Y a un truc que j’aimerais les autres
apprennent pas : je fais peur tant que vous voulez, mais je cogne ni les
mômes, ni les dames, ni les types plus faibles que moi, et quand je me
bats, c’est à la régulière.

Que vais-je faire ?


Garder un œil sur les autres et envoyer des rapports au patron. Je suis pas
bon pour écrire, mais je peux dicter et les écrivains publics, c’est pas ce qui
manque. Si tout se passe bien, M. Vidocq a dit qu’il ferait en sorte que la CARACTèRE
police m’oublie, et qu’il m’aiderait à ouvrir une auberge dans un coin où intimidant, rustaud, honorable
on me connaît pas.
description physique
Qui sont les autres ? 29 ans, brun, trapu, taillé en
force, grosses paluches, oreille
Mlle Céleste et la Dallière sont beaucoup plus dangereuses que gauche en chou-fleur, s’habille
moi. Longpré est un « bon garçon ». Au bagne, j’en ai croisé plein des comme un homme du peuple
comme lui, avec la mention « escroc » sur le registre d’écrou. Faudra faire
gaffe, ce genre de type est doué pour faire payer les autres. Bertin… j’ai pas sauvegardes
d’avis pour l’instant. Les curés, ça n’a jamais été mon truc. FORCE 18
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 16
SAGESSE 10
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 6
CHARISME 10
• Tape-dur : une fois par scénario, • Un lingue. Autrement dit un
lorsque vous blessez un adver- couteau glissé dans ta botte, en
ressources
saire, vous pouvez occasionner les dernier recours.
dégâts maximum de votre arme. TORCHE d6
BAGOU d4
• Intimidant : vous bénéficiez d’un SANTÉ MENTALE d6
Avantage lorsque vous tentez VIE d8
d’intimider un tiers.
DÉGÂTS ARMÉ d8
DÉGÂTS NON ARMÉ d8

339 339
339
SECTION 9

340
341
341
HORS PROCÉDURE
Merci aux souscripteurs qui ont permis Gaël FRANQUET, Petit FREDERIC, Hermand
FREDERIC, Florian FREIDIG, Jean FRIDRICI,
cette splendide édition des Encagés ! Cédric GALEY, Antoine GANDILHON, Yoann
GARDIE, Gwenaelle GARRIOUX, Olivier GA-
Nathalie ACHARD, Ismaïl AHMED, Clau- THIER, Mathieu GAUTIER, Gérald GÉRALD,
dia ALBERTI, Malik ALLAOUA, Jeff-clyde AN- Davy GERARD, Frederic GIRAUD, Aymeric GLE-
DERS, Van malder ANDRE, Ludovic ARBERET,
SECTION 9

MATS, GILLES GOETTMANN, Bruno GOMIERO,


Yann AUDONNET, Clément AUMONT, GILLES Etienne GOOS, Pascal GOSSART, axel GOTTE-
AVIGNON, Besset AYMERIC, Ludovic BAENE, LAND, Jean-Paul GOURDANT, Aurélia GRANDI,
Christophe BATAILLON, Thomas BAUDART, Florent GRANET, Camille GRANIER, Vincent
pierre BAULET, Vincent BECKER, Alain BE- GRANIER, M. GRAS, Nicolas GREVET, Thomas
DOTTO, nicolas BENLOULOU, Franck BENOIT, GUARD, François GUÉGAN, Florian GUENAY,
Olivier BERBAIN, Paul BERNARD, Stéphane Robin GUERY, Jérémy GUILBON, Mael GUIL-
BERNARD, Dany BERNASCONI, caroline BER- LAMET, grégoire GUILLEMAIN, Franck GUILLE-
TALOT, Fabrice BERTRAND, ALAN BESSIERE, MOT, Florian GUYOT, Matthieu HAHUSSEAU,
Stephane BEZIER, Serge BILLARANT, ivan BI- Camille HALLER, Raphael HAMIMI, Olivier
ZOUARN, Jean-luc BLANC, Laura BLASUTTO, HANICOTTE, Guillaume HATT, sebastien HAU-
Thibaut BLEGER, Loic BOCQUET, Anne BOM- GUEL, Thibaud HECQ, Ludovic HEINRICH, Ric-
MELAERE, Alexis BONNEFOI, Eric BONNET, ci HENRI, François HENRY, Gaël HENRY, Gael
Philippe BORECEK, Bruno BOSC-ZANARDO, HERBIN, Nicolas HERMLE, Frederic HERNAN-
Benjamin BOUCHARD, Olivier BOUCHENIES, DEZ, Yann HERPE, Olivier HEZEQUES, Charles
Sylvie BOUR, Benoît BOURGEOIS, JC BOUS- HILL, Fabrice HUBERT, patrick HUET, Denis
SON, Joël BOUTTEVILLE, Thomas BOYER, Fa- HUNEAU, Maxime JAMMET, Thomas JARNET,
brice BRADFER, Benjamin BRETON, Franck Etienne JASPART, Myriam JAUVION, Hautin
BRISON, Bertrand BRY, Eric CABANNE, Jérôme JEAN-FRANÇOIS, Sébastien JEANNE-BROU,
CADIOU, Jean-Guillaume CARLES, Laurent Frederic JOLY, julien JOUANDO, Jean-françois
CATINAUD, Flaba CEDRIC, Geoffray CENGI- JOUANNETEAU, Lionel JOUFFRET, Camille et
ZALP, Tim CHAILLOT, Benjamin CHAMBON, stefan JUILLERAT, Bastien JULITA, Ismaël JUL-
Patrick CHAPALAIN, Jérôme CHARDON, Je- LIEN, Philippe KLEIN, Christophe KLENTZI,
rome CHARTIER, Fabien CHAZAL, Guillaume Laurent KLOETZER, Yves KOSKAS, Cyrille KO-
CHERON, Marc CHIAPELLO, Jean-Marc CHO- SOVSKY, Didier KURTH, Jérôme LACROUTS, DA-
SEROT, Sébastien CICCIA, Edouard CONTESSE, VID LAFAILLE, Yannick LALAGUE, Denis LALE-
Pierre COPPET, Baptiste CORTEGGIANI, Yves VEE, Julien LALOI, Alexis LAMIABLE, Morgan
COSSART, Pascal COURSIER, Lionel COURTOIS, LATERRADE, Yves-Marie LE CARRERES, Gaël
Olivier CRESPIN, Jean-Francois DABOMPRE, LE COSSEC, Thomas LE GOAREGUER, Maxime
Claudine DARDENNE, Carla et Frédéric DAU- LE GRAND, Benjamin LE JEUNE, Guillaume
BER, Beryl DAVID, ECHO DE L’ORANIE, Julien LE SEACH, Renaud LE_VAN_KIM, ANTOINE
DÉGARDIN, Jean-laurent DEL_SOCORRO, LEBIODA, Stéphane LEBONNOIS, Guillaume
Cyprien DELPUECH, Nicolas DELZENNE, Sté- LECLEF, Yannick LECLERC, Nicolas LECOMTE,
phane DEMONTOUX, Steve DEMPSEY, Ro- FRANCK LEFAIVRE, Axel LENOUVEL, Mickaël
main DEVICHI, Florent DIDIER, Arnaud DIET, LETERTRE, Fabienne LETOURNEUR, Fabrice
Marc DIEU, Nicolas DOBIN, Roulland DOMI- LEVRON, Tristan LHOMME, REGIS LHOMME,
NIQUE, JEROME DOREAU, Pascal DOUYEZ, cedric LITTARDI, Frederic LOCHEGNIES,
Fabien DOVERO, Vincent DREVET, Maxime Jean-François LOQUEN, Vincent MADICO,
DROUOT, Daniel DUBOSCQ, Eric DUBOURG, Jean-françois MAJOUR, Sébastien MALAN-
Eric DUCHENE, Cyrille DUGARCEIN, Damien GEAU, céline MANAC’H, Sébastien MANACH,
DUMAS, ARNAUD DUROY, Sébastien DUVER- Rémi MANTOVANI, Philippe MARICHAL, Flo-
GER NEDELLEC, Paul ENGUEHARD, Florian ER- rian MARINIER, Michaël MARQUANT, Frédéric
ZAR, Guillaume ESCRIVANT, Pascal EUGENE, MARTIN, Thibaut MARTIN, Freddy MARTINEZ,
Bertrand FAYOLLE, Philippe FENOT, Matthieu Laurent MASSOTTE, Julien MATA, Bastien
FÉNOT, Romain FLEURANT, Cédric FLORES, MATHIS, Etienne MATTA, Michael MAURAT,
Dominique FORESTIER, Olivier FRANCQ, Sébastien MENETRIER, Laurent MENU, Pa-

342
trice MERMOUD, Francois MERSON, Tho- RIN, yann SALVADOR, Severin SCHAEFER, Eric
mas MICHELIN, Renaud MICOUD, Marc MI- SCHALLER, Mathieu SCHEID, Laurent SCHEN-
LEUR LE PLAINE, Cyril MIMOUNI, Fabien KEL, Eric SCHMID, Alexandre SCHMITT, Alban
MODESTE, Jean-marc MOLINIE, Christophe luc SCHUITEN, Benjamin SCHVENT, Vincent

HORS PROCÉDURE
MONTASTIER, Olivier MONTBAZET, Vincent SEGARD, Benoit SERIN, Samuel SEYS, Kader
MORA, Ghislain MOREL, eric MOREL, Quen- SI-TAYEB, Thierry SILHOL, Aurélien SIMON,
tin MOUTOUS, Nicolas MUGNIER, Pierre NA- Cédric STEPHAN, Tristan STOHELLOU, Nicolas
TOLI, olivier NEMERY, Alain NEUVENS, Boyat SWIATEK, Samuel SZYMANSKI, Robin TAIL-
NICOLAS, Olivier NOÉL, Benjamin NOREST, LANDIER, Franck TARENDEAU, Christophe
Gilles NOUZIES, Dogan OGRETEN-WEISS, TASSIAUX, Nicolas TAUZIN, Martin TERRIER,
Thomas OLLIER, Eric-olivier PALLU, Mathieu Jm TESSIER, Corentin THERY, ronald VAN BE-
PAPY, Romain PELISSE, Nicolas PELLARD, Si- NEDEN, Cédric VARAIRE, Jonathan VAUTIER,
mon PELLETIER, Jean-pierre PERALEZ, Olivier Cyrille VEAU, Frederic VELASCO, Renaud VEL-
PERRONNY, Alexandre PERSYN, Patrick PETIT, TER, Romain VENNE, Philippe VERGE-BRIAN,
Arnaud PICHON, Coline PIGNAT, Guillaume Anne VETILLARD, David VIAL, Francois VOLLE
PINGLAUT, sandra PLETINCKX, Erik PLONKA, KERLOC’H, Denis WICHER, Jacques WYLLE-
Frédéri POCHARD, Ludovic PONCHANT, Fran- MAN, Vincent ZIEC, Vincent ZIMMERMANN,
çois POTIER, Renaud POULIQUEN, Benjamin François ZOLEZZI.
PRUVOST, Nicolas REGAL, Thomas RENAU-
DIER, Sébastien RIGAL, Romain ROBILLARD,
Pierre ROSENTHAL, Christophe ROSSIGNOL, Merci aux boutiques qui ont soutenu
benjamin ROULLEAUX, Jerome ROUQUET,
Florent RUARD-DUMAINE, philippe RUIZ,
cette édition !
Frédéric RUYSSCHAERT, Mehdi SAHMI, Da- Le Temple du Jeu Nantes, la Librairie Mar-
mien SAINTE-CLUQUE, Mathieu SAINTOUT, telle, Philibert, le Bazar du Bizarre, La règle du
Melvin SALIGNAT, Eric SALIVE, Philippe SALLE- jeu, L’Oeuf Cube, Black Book Éditions.

343 343
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License except as described by the License itself. No other LES ENCAGES, Copyright 2020, ReSpell SARL; Author: Tristan
Lhomme.

344
aide de jeu 01
aide de jeu 03
aide de jeu 04
aide de jeu 05
aide de jeu 06
aide de jeu 07

aide de jeu 08
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aide de jeu 18
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aide de jeu 25
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aide de jeu 20
aide de jeu 21
aide de jeu 65 aide de jeu 22
aide de jeu 23
aide de jeu 24

aide de jeu 64
aide de jeu 56

aide de jeu 26
aide de jeu 28
aide de jeu 29

aide de jeu 30
aide de jeu 31

aide de jeu 32
aide de jeu 33 aide de jeu M6
aide de jeu 45

aide de jeu 34
aide de jeu 35 aide de jeu 36
aide de jeu 37 aide de jeu 38
aide de jeu 39
aide de jeu 40
aide de jeu 41
aide de jeu 42 aide de jeu 43
aide de jeu 44
aide de jeu 46 1/3
aide de jeu 46 2/3
aide de jeu 46 3/3
aide de jeu 47
aide de jeu 48
aide de jeu 49
aide de jeu M7 aide de jeu 50
aide de jeu 51
aide de jeu 52
aide de jeu 53
aide de jeu 54
aide de jeu 55
aide de jeu 57
aide de jeu 58
aide de jeu 59
aide de jeu 60
aide de jeu 61 aide de jeu 27
aide de jeu 62
aide de jeu 63
aide de jeu 66
aide de jeu 67
aide de jeu 68
aide de jeu A1
MARC LOMBARDI
Qui suis-je ?
Un officier d’infanterie droit dans ses rangers, dont la fille Hélène a disparu
depuis deux mois. Elle a fugué par ma faute : une énième dispute idiote
avec une ado qui me ressemblait beaucoup.

Que vais-je faire ?


Tenir bon. J’ai cherché partout, tous les endroits où elle a ses habitudes,
interrogé tous ses amis… Désormais, il n’y a plus qu’à attendre.

Qui sont les autres ?


• Valérie et moi fêterons bientôt nos vingt ans de mariage… si notre
couple survit à cette épreuve. Pour la première fois, j’ai des doutes.
CARACTèRE • Jeanne est la grande sœur d’Hélène. Elle est plus mature qu’elle, heu-
Intransigeant, autoritaire, dés- reusement. Elle serre les dents, mais elle encaisse.
tabilisé
• Jean-Pierre Dozier est un très vieil ami et le parrain d’Hélène. Il est à
nos côtés depuis le début de cette épreuve.
description physique
45 ans, grand, mince et mus- • Enfin, Hervé Torrès est le compagnon de Jean-Pierre. C’est un littéraire
clé, cheveux bruns grisonnants un peu fumeux, mais bizarrement, nous nous entendons bien, lui et
aux tempes coupés en brosse, moi.
visage en lame de couteau.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement
FORCE 16 • Autoritaire : une fois par séance • Machette : souvenir d’un can-
DEXTÉRITÉ 12 vous pouvez donner un ordre à un tonnement au Gabon.
CONSTITUTION 12 PNJ. Si vous réussissez une Sauve-
SAGESSE 10 garde de Charisme, le PNJ exécute • Treillis : motif camouflage adap-
INTELLIGENCE 10 l’ordre s’il ne le met pas en dan- té à la forêt.
CHARISME 12 ger. Si vous échouez à la Sauve-
garde de Charisme, faites un test
ressources de Santé mentale ; vous pourrez
faire une nouvelle tentative d’uti-
TORCHE d6 lisation de cette Capacité spéciale
BAGOU d4 durant la séance, mais sur un
SANTÉ MENTALE d8 autre PNJ.
VIE d10
• Force de caractère : une fois par
DÉGÂTS ARMÉ d10 session de jeu, vous pouvez relan-
DÉGÂTS NON ARMÉ d4 cer les dés pour un test de Hors-
Jeu ou de Santé mentale. Choisis-
sez le résultat de votre choix.
aide de jeu A2
VALÉRIE LOMBARDI (OSCAR)
Qui suis-je ?
La mère d’Hélène, une ado têtue et bornée, comme son père. Elle a dis-
paru depuis le 14 avril, voici presque deux mois. À part ça, je suis femme
et fille de militaire, catholique et raisonnable… sauf si on touche à mes
enfants.

Que vais-je faire ?


La retrouver. On verra après. Et si le pire arrive ? La venger.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi est mon mari. « Derrière tout grand homme, il y a une
femme »… je suis derrière Marc et je le pousse en douceur là où je veux
qu’il aille. Je fais ça depuis vingt ans et il n’a toujours rien remarqué.
CARACTèRE
• Jeanne est notre autre fille, la plus raisonnable des deux. Elle a mal,
mais essaye de ne rien montrer. Vengeresse, chaleureuse, dissi-
mulée
• Jean-Pierre Dozier est le parrain d’Hélène, un type brillant et un ex-
cellent ami. description physique
• Hervé Torrès est son compagnon. Il est excentrique, pas très équilibré, 43 ans, grande et fine, yeux
mais Jean-Pierre lui réussit, et vice versa. Tous les deux font partie de bleus, cheveux châtains, rides
la famille. de rire au coin des yeux.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
10
12
• Vengeresse : si vous tuez une per- • Bible : une source de réconfort CONSTITUTION 10
sonne responsable de l’enlève- depuis la disparition d’Hélène. SAGESSE 14
ment de votre fille, vous enlevez INTELLIGENCE 14
tous les jetons de Fortune actuel- • Affiches de recherche : avec la CHARISME 12
lement sur votre fiche. photo et le signalement d’Hé-
lène.
• Inaperçue : vous avez un Avan- ressources
tage pour tous les tests visant à TORCHE d8
passer inaperçue. BAGOU d10
SANTÉ MENTALE d8
VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu A3
JEANNE LOMBARDI (INDIA)
Qui suis-je ?
La sœur d’Hélène. Pardon, la grande sœur un peu terne d’Hélène. Hé-
lène, la brillante, la chouchoute, tout le portrait de papa… Je la déteste.
Je l’adore. Ça fait deux mois qu’elle a disparu et que la famille ne vit plus,
moi la première.

Que vais-je faire ?


Mon deuil. Hélène a dix-sept ans, elle est dans la nature depuis deux mois…
Apparemment, je suis la seule à penser qu’on ne la retrouvera pas, sans
oser le dire. Il faudra aider les parents à passer le cap.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi… papa. Un père sévère, à l’ancienne, mais un bon père.
Pour l’instant, il a besoin de moi. Je ne le décevrai pas.
CARACTèRE
Lucide, en colère, pondérée • Valérie… maman. Elle tient le coup. Elle est moins fragile qu’elle en a
l’air. Beaucoup moins, même.
description physique • « Oncle Jean-Pierre »… n’est pas mon oncle, mais un vieil ami de la
19 ans, taille moyenne, mince, famille et le parrain d’Hélène. Il l’adore d’autant plus qu’il n’a pas d’en-
cheveux châtains et yeux fants.
bleus, ressemble à son père.
• Enfin, Hervé Torrès est le « +1 » de Jean-Pierre. Très décalé par rapport
à nous autres, si conventionnels. Il essaye d’écrire et je pense qu’il a du
sauvegardes
talent.
FORCE 11
DEXTÉRITÉ 14
CONSTITUTION 11 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 13
INTELLIGENCE 12 • Jauger l’ennemi : vous savez re- • Un iPhone 5 : le top de la tech-
CHARISME 11 pérer les faiblesses. Vous avez un nologie en 2013.
bonus de + 1 pour toucher et pour
calculer vos dégâts contre un ad- • Un ouvrage de vulgarisation sur
ressources versaire à condition d’effectuer un les tueurs en série : vous ne le
TORCHE d12 test de Torche après l’attaque. consultez pas en présence de
BAGOU d8 vos parents.
• La part des choses : une fois par
SANTÉ MENTALE d8
partie, lorsque vous échouez un
VIE d6
test de Santé mentale, de Torche
ou de Bagou, considérez que le
DÉGÂTS ARMÉ d6
test est réussi et ne baissez pas la
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
Ressource en question.
aide de jeu A4
JEAN-PIERRE DOZIER (SIERRA)
Qui suis-je ?
Un type sans histoire, qu’on ne remarque pas. Camouflage protecteur : je
suis en couple avec un homme, et si ça se savait, ma carrière dans l’admi-
nistration en souffrirait.

Que vais-je faire ?


Hélène a disparu depuis deux mois. L’incertitude tue ses parents à petit
feu. Il faut que je les aide à tenir. Et pour ça, il faut être là juste ce qu’il faut,
trouver les mots… C’est compliqué.

Qui sont les autres ?


• Je connais Marc Lombardi depuis vingt-cinq ans. Nous sommes très dif-
férents, c’est sans doute pour ça que je m’entends si bien avec lui. Je l’ai
rarement vu aussi mal en point.
CARACTèRE
• Valérie, sa femme, tient mieux le choc. Elle a toujours été plus dure que Prudent, minutieux, déterminé
lui.

• Jeanne, leur fille aînée, m’inquiète davantage, parce que je la déchiffre description physique
moins bien que ses parents. 42 ans, taille et corpulence
• Quant à Hervé Torrès, mon compagnon, ce n’est pas un roc – trop mo- moyennes, cheveux bruns
bile, trop léger pour ça – mais j’ai confiance en lui. coiffés en arrière, lunettes.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
8
11
• Pas moi ! : lorsqu’un adversaire • Carnet de notes et stylo : simple CONSTITUTION 11
vous prend pour cible, vous pou- et pratique. SAGESSE 14
vez effectuer une Sauvegarde INTELLIGENCE 15
de Charisme avec un Avantage • Argent liquide : quelques cen- CHARISME 15
immédiatement. En cas de suc- taines de francs. Peuvent servir
cès, l’adversaire choisit une autre à stimuler la mémoire d’éven- ressources
cible. En cas d’échec en revanche, tuels témoins.
TORCHE d6
vous avez un Désavantage pour BAGOU d8
vous défendre contre cet Adver- SANTÉ MENTALE d8
saire jusqu’à ce que l’un de vous VIE d8
soit Hors Jeu.
DÉGÂTS ARMÉ d6
• Fierté amoureuse : vous êtes fier DÉGÂTS NON ARMÉ 1
des réussites de votre compa-
gnon. Chaque fois qu’il obtient un
20 naturel sur un dé, vous pouvez
retirer un jeton de Fortune de
votre fiche.

117
aide de jeu A5
HERVÉ TORRÈS (LIMA)
Qui suis-je ?
Une pièce rapportée. Pour être précis, je suis le compagnon de Jean-Pierre,
le parrain d’Hélène. Mes amis me décrivent comme un artiste touche-à-
tout. Moi, je me vois comme un bon à rien.

Que vais-je faire ?


Il n’y a pas grand-chose à faire, à part aider les Lombardi à attendre les
nouvelles et empêcher Jean-Pierre de craquer. Il prend sur lui pour soute-
nir les autres, mais il est aussi mal en point qu’eux.

Qui sont les autres ?


• Marc Lombardi est colonel, catholique et sans doute un brin homo-
phobe quand nous ne sommes pas dans les parages, mais il fait une
exception pour nous.
CARACTèRE
Enthousiaste, créatif, rêveur • Valérie, sa femme, est plus fine que lui. Je l’aime bien et je crois que
c’est réciproque.
description physique • J’ai de l’affection pour Jeanne, la fille aînée, écrasée entre un père do-
38 ans, plutôt petit et costaud, minateur et une sœur plus brillante qu’elle. Je lui ai montré quelques-
cheveux bruns, a tendance à uns de mes essais d’écriture et elle m’encourage à poursuivre.
souligner son propos avec les
mains quand il parle. • Quant à Jean-Pierre, il est l’amour de ma vie, point. Je le suivrai en enfer
s’il le faut.
sauvegardes
FORCE 10
DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
16
13 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 16
INTELLIGENCE 13 • Artiste : vous bénéficiez d’un • Anxiolytiques : vous dormez
CHARISME 10 Avantage lorsque vous divertissez mal depuis quelques semaines,
un auditoire ou jouez un rôle afin et votre psy vous a prescrit de
de communiquer vos idées ou quoi vous relaxer.
ressources convaincre quelqu’un.
TORCHE d8 • Ordinateur portable : avec
• Main sûre : vous êtes particulière- une suite bureautique et une
BAGOU d6
ment habile avec vos gestes, ain- connexion Internet.
SANTÉ MENTALE d6
si une fois par heure de jeu, vous
VIE d10
réussissez automatiquement un
test d’attaque à distance.
DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu A6 aide de jeu A7
aide de jeu A8 aide de jeu L9
aide de jeu A9
aide de jeu L1
WILL CONNOR
Qui suis-je ?
Un skinhead à peine réformé qui fait son chemin dans le monde. Sutton,
le Boss, me garde hors de vue, mais c’est moi qui tabasse ses concurrents,
qui « met à l’amende » ses rivaux… et pire, des fois.

Où suis-je ?
Dans la poubelle où le Boss jette les gens. À ma connaissance, personne
n’en sort.

Et pourquoi ?
J’ai dû merder un truc, je vois pas quoi.

Que vais-je faire ?


M’en sortir. Par la violence, je connais que ça mais là, j’ai peur que ça ne
suffise pas.

CARACTèRE
Qui sont les autres ? Brutal, direct, pas malin

• Je surveillais Kramer, il était dans le collimateur du Boss. Non, je sais description physique
pas pourquoi. 28 ans, compact et musclé,
crâne rasé, croix gammée ta-
• J’ai couché avec Sandi une fois ou deux. Le Boss était pas là, elle s’em-
touée à l’épaule droite, nez
merdait… rien de sentimental.
cassé, une oreille en chou-
• Je comprends pas ce que Mercer fout là, elle était dans les petits pa- fleur.
piers du Boss encore récemment.
sauvegardes
• Quant à Goldstein, il a un nom juif, l’air juif… et j’aime pas les Juifs.
FORCE 18
DEXTÉRITÉ 13
CONSTITUTION 11
SAGESSE 10
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 6
CHARISME 12
• Briser les os : une fois par séance Aucun
vos Dégâts non armé passent à
d10 jusqu’à la fin du combat.
ressources
TORCHE d6
• Intimidant : vous avez un Avan- BAGOU d6
tage à tous les tests visant à inti- SANTÉ MENTALE d6
mider un tiers. VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ d6
aide de jeu L2
STEPHEN CRAMER
Qui suis-je ?
Un bon époux et un bon père. Bon, je suis aussi conseiller fiscal pour des
gens dont la morale est un peu… élastique, mais faut bien vivre. Le plus
inquiétant de tous s’appelle James Sutton, un « homme d’affaires » sur
lequel circulent des histoires effrayantes.

Où suis-je ?
Aucune idée.

Et pourquoi ?
Sutton a dû s’apercevoir que je détournais une partie de ses fonds. Merde,
c’était pour que mes filles aillent dans une université correcte !

Que vais-je faire ?


Si je veux m’en sortir, il me faudra des alliés, et on devra être imprévisibles.
Mon point fort, ce sont les négociations et les chiffres, j’ai peur qu’ils ne
CARACTèRE servent à rien ici.
Éloquent, terrifié, amoral

description physique
36 ans, mince et soigné, coupe
Qui sont les autres ?
de cheveux coûteuse, voix • Connor est l’un des gorilles de Sutton.
bien timbrée, accent d’Oxford.
• J’ai vu la blonde, Jenkins, à la télé dans une sitcom idiote.
sauvegardes • Je ne connais pas la brune, Mercer.
FORCE 8
DEXTÉRITÉ 10 • J’ai croisé Goldstein une fois, chez Sutton. Ils étaient partenaires dans
CONSTITUTION 12 une combine quelconque.
SAGESSE 12
INTELLIGENCE 14
CHARISME 16

ressources
Capacités spéciales Équipement
TORCHE d6 • Négociateur : vous avez un Avan- Aucun.
BAGOU d10 tage pour tous les tests visant à
SANTÉ MENTALE d8 convaincre quelqu’un de se ran-
VIE d8 ger de votre côté.
• As des chiffres : vous décelez au-
DÉGÂTS ARMÉ d6 tomatiquement les éléments chif-
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 frés dans votre environnement :
la distance entre deux points, le
nombre de minutes restantes
jusqu’au coucher du soleil, etc.
Cela vous donne un Avantage aux
tests visant à s’orienter.
aide de jeu L3
SANDI JENKINS
Qui suis-je ?
Avant que je ne rencontre James Sutton, j’étais une jolie fille avec des
ambitions. Grâce à lui, j’ai tourné dans deux sitcoms, j’ai enregistré une
maquette pour un album… je n’étais pas encore une star, mais c’était en
bonne voie. Sauf que…

Où suis-je ?
James m’a dit un jour qu’il avait un endroit spécial pour les gens qu’il n’ai-
mait pas.

Et pourquoi ?
Ben, j’ai un peu dragué Connor. Bon, un peu plus que dragué, mais c’était
décevant. Or, James est bêtement possessif.

Que vais-je faire ?


Sortir de là, mais comment ?
CARACTèRE
Sexy, théâtrale, égoïste
Qui sont les autres ?
description physique
• Connor est un allié possible, même si c’est sa faute si je suis là. 26 ans, blonde, yeux verts,
traits fins, silhouette avanta-
• Kramer est un genre de comptable. Pas très utile ici, je pense.
geuse, pointe d’accent cock-
• Mercer ? On s’est croisées plusieurs fois. Moi, je suis une brave fille, au ney quand elle ne se surveille
fond. Elle, c’est une vraie garce. pas.

• Goldstein est venu dîner à la maison une fois. Il m’a à peine adressé la sauvegardes
parole.
FORCE 11
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 9
SAGESSE 9
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 13
CHARISME 16
• Comédie : vous avez un Avantage Aucun.
pour les tests visant à tromper
quelqu’un d’autre en jouant la co-
ressources
médie. TORCHE d6
BAGOU d10
• Fuyante comme une anguille : SANTÉ MENTALE d10
une fois par session vous pouvez VIE d6
répercuter les conséquences d’un
échec de Sauvegarde d’Intelli- DÉGÂTS ARMÉ d6
gence ou Sagesse sur quelqu’un DÉGÂTS NON ARMÉ d4
d’autre.

131
aide de jeu L4
DENISE MERCER
Qui suis-je ?
Une fille des beaux quartiers… et une sorcière. James Sutton s’est imposé
comme grand prêtre de notre culte, mais il n’est pas à la hauteur. Je me
préparais à le « remplacer ».

Où suis-je ?
Les apparences sont trompeuses. Nous sommes dans le Labyrinthe qui
nous sépare de la présence divine. C’est un lieu dangereux, hanté, qui a
un Maître.

Et pourquoi ?
Sutton nous y a envoyés pour y mourir.

Que vais-je faire ?


Trouver des alliés. Survivre. Le surprendre. Le faire payer.

CARACTèRE
Obstinée, athlétique, cruelle
Qui sont les autres ?
description physique • Connor est une brute bornée, ...
32 ans, grande et musclée,
brune, yeux noirs, cheveux • ... Kramer un néant pompeux ...
longs, menton volontaire.
• ... et Jenkins une idiote à gros seins. Ça ne m’empêchera pas de leur
faire bonne figure et de m’appuyer sur eux si besoin.
sauvegardes
FORCE 14 • Goldstein, en revanche, est un sorcier. Un indépendant, sans connais-
DEXTÉRITÉ 13 sance particulière du Labyrinthe… je crois. Allié ou rival ?
CONSTITUTION 13
SAGESSE 8
INTELLIGENCE
CHARISME
12
12 Capacités spéciales Équipement
• Agile : vous bénéficiez d’un Avan- Aucun.
ressources tage pour les Sauvegardes néces-
TORCHE d6 sitant des capacités athlétiques,
BAGOU d6 comme grimper, sauter ou se ba-
SANTÉ MENTALE d8 lancer.
VIE d10 • Injonction : en effectuant un test
de Santé mentale, vous lancez
DÉGÂTS ARMÉ d6 un sortilège vous permettant de
DÉGÂTS NON ARMÉ d4 donner un ordre simple (« Donne-
moi ton arme », « Fuis », « Ap-
proche », « Crie »...).

133
aide de jeu L5
SOLOMON «SOL» GOLDSTEIN
Qui suis-je ?
« Marchand de livres rares » d’après mes cartes de visite. En réalité, un
magicien indépendant qui ne s’est voué à aucune Puissance.

Où suis-je ?
En enfer.

Et pourquoi ?
James Sutton m’a contacté pour obtenir des informations sur les activités
de ses prédécesseurs à la tête de son culte. C’est fou ce qu’on trouve dans
les vieux journaux victoriens ! Il n’a pas voulu me payer le prix convenu, je
l’ai menacé, il l’a mal pris…

Que vais-je faire ?


Survivre et regagner le monde réel, mais je ne vois pas bien comment.

Qui sont les autres ? CARACTèRE


Introverti, psychologue, cynique
• Connor a l’air d’une petite frappe...

• ... et Kramer d’une crapule bien élevée. description physique


45 ans, légèrement myope,
• Je trouve Jenkins très séduisante, au point d’avoir du mal à lui parler.
cheveux noirs autour d’une
• Enfin, Mercer appartient au culte. Je parie qu’elle va essayer de nous calvitie, nez fort, moustache,
sacrifier pour acheter sa liberté. un peu voûté, bedaine, parle
en cherchant ses mots.

Capacités spéciales Équipement sauvegardes


FORCE 10
• Appel du vide : en effectuant un Aucun. DEXTÉRITÉ 11
test de Santé mentale, vous lan- CONSTITUTION 12
cez un sortilège faisant apparaître SAGESSE 14
une sphère de ténèbres absolues INTELLIGENCE 14
autour d’une cible (personne ou CHARISME 13
objet) englobant tout ce qui est
Proche pendant une heure. L’expé- ressources
rience est traumatisante et donne TORCHE d12
lieu à un test de Santé mentale BAGOU d6
pour toute personne à l’intérieur, SANTÉ MENTALE d8
et il est impossible de voir ce qui se VIE d8
passe dans la sphère.
DÉGÂTS ARMÉ d4
• Sens du danger : vous avez un
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
Avantage lors des Sauvegardes vi-
sant à ressentir qu’une situation
dangereuse se profile.
aide de jeu L6 aide de jeu L7
aide de jeu L8

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir épousé son amour de jeunesse.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir fait la paix avec l’un de ses proches avant sa mort.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne jamais avoir eu autant de pouvoir qu’il ou elle le souhaitait.
Prends quelques instants pour le définir, et communique le résultat de tes réflexions
au meneur de jeu. Cela peut concerner une personne en particulier, l’humanité en gé-
néral, être un pouvoir concret ou une influence morale…

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de mourir dans l’ignorance de la Vérité sur l’univers.
Prends quelques instants pour le définir les détails, et communique le résultat de
tes réflexions au meneur de jeu. Il peut s’agir par exemple de secrets mystiques, ex-
primés ou non au sein d’une religion conventionnelle, ou de vérités occultes.

Ton personnage est hanté par un regret. En temps normal, il n’y pense pas, en tout
cas pas souvent, mais depuis son réveil, cela lui trotte dans la tête…
Son regret est de ne pas avoir été quelqu’un de meilleur.
Prends quelques instants pour le définir les détails, et communique le résultat de tes ré-
flexions au meneur de jeu. Pense à un événement de ton passé qui cristallise tout ce que tu
regrettes – as-tu négligé tes vieux parents ? Escroqué tes amis ? Trahi tes frères et sœurs ?
aide de jeu B1
JACOB HERSHKOWITZ, ALIAS JACQUES
Qui suis-je ?
Fils d’un ouvrier pelletier polonais, je suis arrivé en France à l’âge de cinq
ans. J’ai été naturalisé français en 1938, en même temps que mes parents,
puis déchu de ma nationalité en 42. J’ai échappé de justesse aux rafles de
cet été-là. J’ai passé un an caché chez les uns et les autres… Les braves gens
ne manquent pas, dans ce pays. Il y a un an, j’ai atterri au maquis Cyrano
et, sans que je comprenne bien comment, je suis devenu responsable du
Secteur IV du maquis, le sud d’Aubeterre. En pratique, être « officier » veut
juste dire que je me coltine les problèmes des autres.

Que vais-je faire ?


Sauver Raymond, participer à la Libération, entrer dans l’armée, aller à
Berlin avec Leclerc, retrouver ma famille. Après, on verra.

Qui sont les autres ?


• Maria est communiste et parfois, les volontés du Parti prennent le pas CARACTèRE
sur son bon sens. Charismatique, ambitieux, gé-
néreux
• Pedro, son frère, est plus pondéré.

• Bernard me fait penser à un gros rocher sur le bord d’une pente. Il faut description physique
le pousser fort, mais quand il bouge, gare dessous ! 20 ans, visage ovale, yeux
• Quant à Louise… je l’aime beaucoup. Vraiment beaucoup. Et elle n’a noirs, cheveux châtains en dé-
d’yeux que pour Raymond, bien sûr. sordre sous un béret crasseux.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
9
11
• Officier : lorsque tous les person- • Boussole et carte de la région : CONSTITUTION 11
nages doivent effectuer une Sau- modérément illégal, mais trop SAGESSE 13
vegarde pour éviter une menace, utiles pour être abandonnées INTELLIGENCE 12
vous pouvez décider de vous oc- comme ça. CHARISME 16
troyer un Désavantage pour don-
• Jeu d’échecs de voyage : vous
ner un Avantage à un coéquipier. ressources
êtes toujours à la recherche de
• Ambition : vous avez un bonus de partenaires. TORCHE d6
2 points aux Sauvegardes asso- BAGOU d10
ciées à un ou plusieurs Désavan- SANTÉ MENTALE d8
tage(s). VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu B2
MARIA ROSA PEREZ, ALIAS JOSÉPHINE
Qui suis-je ?
Je dois mon nom à un compromis : papa a insisté pour rendre hommage à
Rosa Luxemburg, morte peu avant ma naissance, mais maman a obtenu un
« Maria » en hommage à la mère du premier des communistes. À seize ans,
j’étais secrétaire de cellule aux jeunesses communistes de Madrid. À dix-huit,
j’ai traversé les Pyrénées à pied avec mon frère pour échapper aux franquistes.
En août 1941, je me suis évadée du camp de réfugiés où nous étions parqués
et j’ai rejoint la Résistance. Aujourd’hui, je suis la responsable politique du sec-
teur IV du maquis Cyrano. Avec le temps, j’aurais sûrement pu en faire un vrai
maquis communiste, mais du temps, on n’en a plus.
Que vais-je faire ?
Participer à la Libération de la France, rentrer en Espagne pour assister à la
pendaison de Franco, puis participer au triomphe de la Révolution proléta-
rienne et de son guide, le génial camarade Staline.

CARACTèRE
Qui sont les autres ?
Énergique, croyante, prosélyte • Jacob est un petit-bourgeois trop populaire pour être remplacé, mais
pas du tout sûr politiquement.
description physique • Pedro, mon frère… bah, c’est mon frère.
25 ans, teint mat, fossette
au menton, yeux et cheveux • Bernard n’a aucune conscience politique au-delà de « tuons les
noirs, s’habille en homme. Boches », même s’il fait semblant pour me faire plaisir.

• Quant à Louise, c’est une aristo irrécupérable.


sauvegardes
FORCE 14 Mes réserves ne retirent rien à l’affection que j’ai pour eux.
DEXTÉRITÉ 11
CONSTITUTION
SAGESSE
11
14 Capacités spéciales Équipement
INTELLIGENCE 10
CHARISME 12 • Force de caractère : une fois par • Carnet de notes et crayon : vous
session de jeu, vous pouvez relan- y prenez des notes sur la fiabi-
cer les dés pour un test de Hors lité politique de vos camarades,
ressources Jeu ou de Santé mentale. Choisis- dans une sténo maison que vous
TORCHE d6 sez le résultat de votre choix. êtes la seule à pouvoir relire.
BAGOU d8
• Force de conviction : vous avez un • Vêtements féminins : une
SANTÉ MENTALE d10
Avantage à tous les tests visant à robe, des sous-vêtements et
VIE d6
convaincre un tiers. des chaussures, conservés à la
planque au cas où vous auriez
DÉGÂTS ARMÉ d6
besoin de vous rendre en ville.
DÉGÂTS NON ARMÉ d4
aide de jeu B3
PEDRO PEREZ, ALIAS SANCHO
Qui suis-je ?
Un réfugié espagnol en rupture de camp. Enfin, je ne suis pas trop sûr
d’être encore espagnol, si ça se trouve, je suis apatride. Papa était com-
muniste, maman était catholique. Maria, ma sœur, tient de papa, et moi
de maman. J’aurais peut-être pu rester en Espagne… mais la famille était
compromise, et être fusillé par erreur, ça ne me tentait pas. Avec Maria,
on est passés en France, en 1938. Trois ans dans un camp de réfugiés, à
Talence, où j’ai appris le français. On s’en est échappés pour rejoindre la
Résistance, d’abord à Bordeaux, puis dans le maquis. Je n’ai jamais tué per-
sonne, ni même tiré sur qui que ce soit. Par contre, je suis bon pour faire
du renseignement.

Que vais-je faire ?


Une fois la France libérée et la guerre finie ? Reprendre mes études et dia-
loguer avec Dieu.

Qui sont les autres ?


• Jacob est notre chef. Un gars bien, sérieux, attentif aux conséquences CARACTèRE
de ses actes… Cultivé, rassurant, fervent
• Maria est ma grande sœur. Je l’aime, bien sûr, mais je trouve son ca-
marade Staline un peu encombrant. Elle doit en penser autant de mon description physique
Jésus… 21 ans, teint mat, yeux et che-
veux noirs, visage rond et un
• Je me sens proche de Bernard mais un jour, après la guerre, il faudra
peu poupin.
que je trouve un moyen de lui faire comprendre que la notion de « par-
don » s’applique aussi aux Allemands.
sauvegardes
• Enfin, Louise est… on ne peut plus différente de ma sœur. Elle m’in-
FORCE 12
trigue.
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 10
Capacités spéciales Équipement SAGESSE
INTELLIGENCE
12
14
• Confession : les autres ont ten- • Une Bible : lue et relue, et vous CHARISME 12
dance à vous parler naturelle- n’avez pas l’intention de vous
ment. Vous avez un Avantage lors arrêter. ressources
des tests visant à soutirer des in-
TORCHE d8
formations à un tiers, du moment • Un chapelet : dernier cadeau de
votre mère, vous y tenez comme BAGOU d10
qu’il vous parle plus d’une dizaine
à la prunelle de vos yeux. SANTÉ MENTALE d8
de minutes.
• Réseau : une fois par session de DÉS DE VIE d8
jeu, vous pouvez éviter les consé-
quences d’une Sauvegarde de DÉGÂTS ARMÉ d4
Charisme ou de Sagesse ratée, en DÉGÂTS NON ARMÉ 1
tirant parti de votre réseau d’amis,
d’associés ou de faveurs que l’on
vous doit.
aide de jeu B4
BERNARD CARRÈRE, ALIAS PORTHOS
Qui suis-je ?
J’ai grandi dans une ferme, un peu au nord. Papa a fait la Grande Guerre.
Moi, j’étais trop jeune pour le début de celle-là, mais vais me rattraper.
Comment je vois les choses ? Facile : faut tuer les Boches et les colla-
boches. Décider « combien » et « quand », c’est pas mon boulot, mon truc,
c’est le « comment ». Tout le monde croit que je suis lent. C’est juste que
les autres pensent à plein de bidules sans intérêt. Moi, je reste concret. Du
coup, quand il faut apprendre aux gars à tirer ou à se battre, c’est Bibi qu’ils
viennent voir.

Que vais-je faire ?


Le boulot. Ça me fait pas plaisir, mais les Boches sont chez nous depuis
quatre ans et ça commence à bien faire.

Qui sont les autres ?


• Jacob est une tête, un malin qui décide des trucs. Ca me fatiguerait
d’être à sa place.
CARACTèRE
Placide, lourdaud, impitoyable • Maria est pénible avec toutes ses conneries de communisme. Je fais
comme si j’y croyais, comme ça, elle me fiche la paix (et ils disent que
description physique je suis pas malin !).
22 ans, châtain, yeux bleus, • Pedro, son frère, est un mec bien. Il sait écouter, et mieux, il sait se
taillé en force, cou de taureau, taire. C’est bien, le silence.
taches de rousseur, air sérieux.
• Avec Louise, j’ai eu du mal au début, parce que j’ai pas l’habitude des
dames, mais en fait, elle est comme tout le monde.
sauvegardes
FORCE 15
DEXTÉRITÉ 15 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 14
SAGESSE 10 • Musclé : vous bénéficiez d’un • Un couteau de poche : vous
INTELLIGENCE 10 Avantage pour les Sauvegardes aimez bien sculpter des trucs,
CHARISME 8 lorsqu’il utilise sa force pour sou- quand vous avez un peu de
lever, déplacer ou lutter. temps.
ressources • Robuste : vous bénéficiez d’une • Une gourde métallique : pleine
TORCHE d6 protection naturelle dans les com- d’eau-de-vie offerte par un pay-
BAGOU d4 bats de mêlée, conférant un Avan- san sympathique. Vous trouvez
SANTÉ MENTALE d6 tage aux tests de Vie lorsque vous qu’elle cogne un peu, les autres
VIE d8 subissez des dégâts. la trouvent imbuvable.

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ d6
aide de jeu B5
LOUISE DE BUZAT, ALIAS FRANCINE
Qui suis-je ?
Une famille normale, c’est des parents et des grands-parents. Moi, j’ai
grandi avec vingt générations sur le dos. L’ancêtre qui s’est couvert de
gloire aux Croisades, le compagnon d’Henri IV, le Buzat qui est mort en
Vendée, l’oncle Roger tué à Verdun… Comment voulez-vous que je ne suive
pas le mouvement ? Il y a deux ans, j’ai rejoint un réseau de résistance à
Bordeaux. Il a été démantelé par la Gestapo au début de l’année, et j’ai
rejoint le maquis.

Que vais-je faire ?


Pour le moment, sauver Raymond, dont je suis amoureuse. Ensuite, parti-
ciper à la Libération. Après, finir mes études de médecine que j’ai à peine
commencées, et peut-être bien faire de la politique.

Qui sont les autres ?


• Jacob est le premier Israélite que je vois de près. Bizarrement, il n’a pas
l’air si différent d’un type normal.
CARACTèRE
• Maria est une communiste exaltée. Y avait-il un de Buzat dans l’entou- Têtue, patriote, exaltée
rage de Jeanne d’Arc ? Si oui, il a dû en baver comme elle nous en fait
baver.
description physique
• Pedro, son frère, est un gentil garçon, un peu naïf, mais très intelligent, 20 ans, menue, visage pointu,
sans doute le plus malin d’entre nous. nez retroussé, cheveux châ-
• J’aime bien Bernard. Ce n’est pas un génie, mais il est solide. tains, yeux marron.

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE 10
• Médecin de terrain : une fois par • Trousse de premiers secours : DEXTÉRITÉ 14
heure de jeu, en dehors d’un com- basique mais suffisante pour les CONSTITUTION 12
bat, vous pouvez faire regagner petits bobos. SAGESSE 12
un niveau de Vie à un personnage INTELLIGENCE 12
(cela peut être vous). • La chevalière des de Buzat : CHARISME 12
votre père vous l’a offerte quand
• Sens du danger : vous bénéficiez vous lui avez dit que vous alliez ressources
d’un Avantage lors des Sauve- « faire quelque chose ». Elle est
gardes visant à éviter les pièges TORCHE d6
trop grande pour vous, vous la
ou les embuscades qui pourraient BAGOU d6
portez autour du cou.
vous blesser ou vous entraver. SANTÉ MENTALE d8
VIE d8

DÉGÂTS ARMÉ d10


DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu b6

aide de jeu b10


aide de jeu b11
aide de jeu b7
aide de jeu b8
aide de jeu b9
aide de jeu M1
CÉLESTE DU BREUIL, «D’ANCELLIS»
Qui suis-je ?
C’est une question indiscrète… et compliquée. À Paris, je suis Céleste d’An-
cellys, actrice, maîtresse occasionnelle de Vidocq et, disons-le, courtisane.
L’an dernier, un prince russe s’est suicidé après m’avoir envoyé une lettre
où il disait que j’avais « un corps de déesse, un visage d’ange et un cœur de
démon ». Le pauvre chéri m’a fait une publicité formidable. Je suis aussi –
et plus légitimement - Céleste du Breuil, une jeune fille de petite noblesse,
issue d’une famille ruinée, qui vient se placer sur le marché du mariage. On
verra à l’usage laquelle des deux Céleste me sera la plus utile.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis son visage « présentable » et souriant.

Que vais-je faire ?


Le boulot demandé… et si au passage, je peux trouver un époux aussi riche
que complaisant qui me permettra de « faire une fin », ce serait parfait. Les
princes russes sont vraiment lassants à la longue.
CARACTèRE
ambitieuse, amorale, char-
Qui sont les autres ? meuse

La Dallière est un avertissement : si j’attends trop, je risque de finir


comme elle. Justin est un escroc aimable, mais superficiel. Alphonse est description physique
une brute rusée. 23 ans, blonde, yeux verts,
visage ovale, nez droit, petite
Et René Bertin est malin, et même très malin.
bouche, coiffée « à l’anglaise »

Capacités spéciales Équipement sauvegardes


FORCE 8
• Visage d’ange : on vous donnerait • Une malle entière de robes. DEXTÉRITÉ 10
le bon dieu sans confession, vous Convenant à Céleste d’Ancellys CONSTITUTION 8
avez un Avantage pour convaincre (à la mode de Paris et légère- SAGESSE 15
un tiers que vous êtes innocente. ment provocantes) comme à INTELLIGENCE 13
Céleste du Breuil (plus sages). CHARISME 18
• Cœur de démon : vous pouvez uti-
liser Charisme pour les attaques
(au lieu de Force ou Dextérité) ressources
du moment que votre adversaire TORCHE d6
peut entendre votre personnage BAGOU d12
et le comprendre. Lancez les dé- SANTÉ MENTALE d6
gâts comme si le personnage VIE d6
était armé. Si la victime tombe à
0 Points de Vie, elle est Hors Jeu DÉGÂTS ARMÉ d6
mais n’est pas tuée. DÉGÂTS NON ARMÉ d4
aide de jeu M2
MARIE-MARGUERITE DALLIÈRE, « D’ALLIÈRES »
Qui suis-je ?
Une courtisane sur le retour. J’ai tourné de nombreuses têtes sous l’Em-
pire, mais c’était il y a trente ans. Aujourd’hui, je vis sur les débris de ce qui
fut une jolie fortune. Heureusement, M. Vidocq sait reconnaître le talent
et m’emploie de temps en temps. Il m’a engagé pour jouer le rôle de la
vieille cousine et dame de compagnie de Céleste du Breuil. Sans me vanter,
je suis parfaite dans les rôles de duègne. Si tout se passe bien, il me trou-
vera une sinécure chez l’une de ses riches amies.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis très forte pour collecter des informations. Les « cousines pauvres »
ont des accès que les maîtres n’ont pas, notamment auprès des domes-
tiques.

Que vais-je faire ?


En plus du travail ? Si je peux regarnir mon bas de laine pendant cette mis-
CARACTèRE sion, tant mieux !
maternelle, avare, souriante

description physique Qui sont les autres ?


50 ans, cheveux poivre et sel, Céleste est une petite garce arrogante. J’ai été à sa place, elle sera à la
nez un peu fort et léger double mienne, ainsi va la vie. Justin est un joyeux compagnon, mais bas les pattes !
menton, yeux bleus et sourire C’est le genre à vous dépouiller de toutes vos économies. Alphonse est un
indulgent, porte une ample ancien bagnard avec une tête d’assassin, mais il est plus franc du collier.
robe noire. Quant à René, on se ressemble : plus tout jeunes et revenus de tout. Je
l’apprécie.
sauvegardes
FORCE
DEXTÉRITÉ
11
10 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 12
SAGESSE 11 • Maternelle : vous pouvez récon- • Une boîte de drogues : rien de
INTELLIGENCE 14 forter les autres après un coup fatal, mais de quoi faire dormir,
CHARISME 14 dur. Si un autre personnage a per- rendre plus ou moins malade…
du un niveau en Dé de Vie ou en
Santé mentale, après quelques
ressources heures de réconfort il peut lan-
TORCHE d6 cer Dé de Vie ou Santé mentale.
BAGOU d12 S’il obtient 1 ou 2, il remonte d’un
SANTÉ MENTALE d8 niveau.
VIE d6 • Rumeurs : vous avez un Avantage
pour obtenir des informations
DÉGÂTS ARMÉ d6 parmi les petites gens.
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu M3
« CHEVALIER » JUSTIN « DE » LONGPRÉ
Qui suis-je ?
Justin Longpré, fils de cabaretier normand, est devenu il y a bientôt vingt
ans le chevalier de Longpré, ancien capitaine de hussards, vétéran de Wa-
terloo (dont je ne me lasse pas de faire le récit). Je suis ce que l’époque
appelle « un chevalier d’industrie » : spéculateur et marchand d’informa-
tions, même si je reste grosso modo du bon côté de la loi… Je suis respec-
table : je ne me suis jamais fait prendre.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Je suis sociable et je présente bien. Les honnêtes gens me font des confi-
dences et m’écoutent. Et si besoin, je peux faire le coup de poing.

Que vais-je faire ?


Vidocq m’a engagé pour un travail. Je vais le faire d’autant plus sérieuse-
ment qu’il a promis de me rendre quelques lettres gênantes en échange
de ce petit service. Mais si je peux le faire en m’amusant, ma foi, ce sera
encore mieux !
CARACTèRE
fin, sarcastique, risque-tout

Qui sont les autres ? description physique


45 ans, carrure athlétique,
Céleste est une poule de luxe qui se prend pour le chef parce qu’elle a cou-
favoris et cheveux bruns lé-
ché avec Vidocq. Je laisse couler pour l’instant. La Dallière est une vieille
gèrement grisonnants, yeux
garce qui pleure misère à la moindre occasion. Alphonse est un cogneur,
noisette, élégant sans ostenta-
utile mais compromettant. Enfin, je me suis tout de suite trouvé des atomes
tion, ne se sépare jamais d’une
crochus avec Bertin, qui me traite comme si j’étais son neveu préféré.
solide canne-gourdin

sauvegardes
Capacités spéciales Équipement FORCE
DEXTÉRITÉ
14
16
• Château de cartes : une fois par • Des outils de crochetage. Inuti- CONSTITUTION 10
partie, vous pouvez trahir (vous lisés depuis longtemps, mais on SAGESSE 8
devez expliquer ce qui se passe) ne sait jamais. INTELLIGENCE 10
un allié, PJ ou non, afin d’éviter les CHARISME 14
conséquences d’une Sauvegarde
de Sagesse ou Charisme ratée. ressources
• Botte secrète : une fois par adver- TORCHE d8
saire, vous avez un Avantage à un BAGOU d10
test pour le toucher en combat SANTÉ MENTALE d8
rapproché. Si vous touchez l’ad- VIE d6
versaire, vous avez également un
Avantage pour déterminer les dé- DÉGÂTS ARMÉ d6
gâts. DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu M4
« PÈRE » RENÉ BERTIN
Qui suis-je ?
J’ai quitté l’Église pour une histoire qui n’intéresse que ma conscience, mais
vous savez ce que c’est, on ne renonce jamais vraiment à ses premières
amours. Dans certains milieux, je suis encore connu comme « le Curé »,
bien que mon registre soit plus étendu. Vous montez une arnaque et vous
avez besoin d’un notaire ? D’un cousin de province naïf ? D’un brave com-
merçant un peu poire ? Je peux être tout ça, moyennant un pourcentage.

Quelle est ma place dans le groupe ?


Un modérateur, un homme d’expérience, sera le bienvenu parmi toutes
ces fortes personnalités. Et on a toujours besoin d’un faussaire.

Que vais-je faire ?


Mon devoir de chrétien en sortant un jeune homme d’une mauvaise passe.
Si, au passage, je peux me faire d’utiles relations ou empocher un petit bé-
néfice…
CARACTèRE
comédien, érudit, sans illusions Qui sont les autres ?
Céleste est une pécheresse endurcie, à qui je ferai volontiers faire péni-
description physique tence, mais soyons honnêtes, elle n’est pas dans mes moyens. La Dal-
55 ans, visage rond plein de lière serait un sujet d’étude fascinant pour M. de Balzac, un Harpagon
bonhomie, yeux gris, cheveux femelle qui ne s’intéresse qu’à l’or. Longpré est un gentil garçon, à qui
gris et tonsure, voix élégam- je pourrai apprendre quelques trucs s’il est prêt à m’écouter. Enfin, Al-
ment modulée, porte une sou- phonse a la réputation de laisser ses poings penser à sa place, mais j’ai
tane démodée et des lunettes l’impression qu’il est plus réfléchi qu’il en a l’air.
dont il n’a pas besoin

sauvegardes
FORCE 6 Capacités spéciales Équipement
DEXTÉRITÉ 10
CONSTITUTION 8 • Faux et usage de faux : vous avez • Matériel de faussaire. Papier,
SAGESSE 18 un Avantage lors des tests de plumes, encres, cire, tampons,
INTELLIGENCE 10 Dextérité pour créer de faux do- outils de graveur pour créer de
CHARISME 12 cuments, et vous avez également faux sceaux.
un Avantage lorsque vous faites
valoir un faux document.
ressources
• Expérimenté : trois fois par scéna-
TORCHE d10
rio, vous pouvez assister un autre
BAGOU d10
personnage en le conseillant, il
SANTÉ MENTALE d12
obtient un Avantage pour son
VIE d10
test.
DÉGÂTS ARMÉ d4
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu M5
ALPHONSE DUVAL, « TAPE-DUR »
Qui suis-je ?
Personne, rien qu’un type qui, un jour, a tapé un peu fort dans une bagarre
et qui s’est retrouvé au bagne. Là-bas, j’ai cogné un maton qu’en est mort
ou tout comme. Je me suis évadé juste après, sinon, ils m’auraient coupé
le cou. J’ai marché de Brest à Paris, j’ai fait quelques coups avec d’autres
gibiers d’échafaud, j’ai croisé la route de M. Vidocq, et me voici !

Quelle est ma place dans le groupe ?


S’il faut, je m’habillerai en valet et je jouerai le domestique de Longpré.
Sinon, je suis la brute qui fait peur. Y a un truc que j’aimerais les autres
apprennent pas : je fais peur tant que vous voulez, mais je cogne ni les
mômes, ni les dames, ni les types plus faibles que moi, et quand je me
bats, c’est à la régulière.

Que vais-je faire ?


Garder un œil sur les autres et envoyer des rapports au patron. Je suis pas
bon pour écrire, mais je peux dicter et les écrivains publics, c’est pas ce qui
manque. Si tout se passe bien, M. Vidocq a dit qu’il ferait en sorte que la CARACTèRE
police m’oublie, et qu’il m’aiderait à ouvrir une auberge dans un coin où intimidant, rustaud, honorable
on me connaît pas.
description physique
Qui sont les autres ? 29 ans, brun, trapu, taillé en
force, grosses paluches, oreille
Mlle Céleste et la Dallière sont beaucoup plus dangereuses que gauche en chou-fleur, s’habille
moi. Longpré est un « bon garçon ». Au bagne, j’en ai croisé plein des comme un homme du peuple
comme lui, avec la mention « escroc » sur le registre d’écrou. Faudra faire
gaffe, ce genre de type est doué pour faire payer les autres. Bertin… j’ai pas sauvegardes
d’avis pour l’instant. Les curés, ça n’a jamais été mon truc. FORCE 18
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION 16
SAGESSE 10
Capacités spéciales Équipement INTELLIGENCE 6
CHARISME 10
• Tape-dur : une fois par scénario, • Un lingue. Autrement dit un
lorsque vous blessez un adver- couteau glissé dans ta botte, en
ressources
saire, vous pouvez occasionner les dernier recours.
dégâts maximum de votre arme. TORCHE d6
BAGOU d4
• Intimidant : vous bénéficiez d’un SANTÉ MENTALE d6
Avantage lorsque vous tentez VIE d8
d’intimider un tiers.
DÉGÂTS ARMÉ d8
DÉGÂTS NON ARMÉ d8
aide de jeu M6
aide de jeu M8 1/2
aide de jeu M8 2/2
aide de jeu E1
PIERRE MÉNARD
Quel est mon rôle ?
Je suis l’organisateur. Je planifie, distribue les tâches… et me salit les mains
si besoin. Je remplis le rôle qui devrait être celui de la justice si elle était
bien faite. Je crois à la sorcellerie et j’ai quelques ouvrages sur le sujet chez
moi. C’est moi qui ai trouvé le « CC » et décidé de l’utiliser comme signa-
ture.

Que vais-je faire ?


Je me fiche de vivre ou de mourir à partir du moment où Sutton meurt,
pour de bon cette fois. Ce type est au-delà de la justice des hommes, il
nous appartient de le tuer ou de mourir en essayant. Ce qui nous arrivera
ensuite n’a aucune importance. Un suicide collectif est parfaitement envi-
sageable. La prison ressemble trop à un retour en cage !

CARACTèRE Les autres encagés


Illuminé, méticuleux, charisma-
tique Je suis le leader du groupe.

• Thomas est un bon gars fiable, je le domine.


description physique
34 ans, 1,85 m, 90 kg, blond, • Sophie est une exécutante digne de confiance, elle est sous ma coupe.
cheveux mi-longs, collier de
barbe, yeux bleus, nez cassé et • Je me méfie un peu de Jane, trop brillante pour entrer complètement
mal redressé, pointe d’accent dans mon orbite. Je ne suis pas sûr de sa fiabilité.
belge, toujours habillé trop lé-
• Simon est une « âme perdue » qu’il faudra sauver quand ce sera termi-
gèrement pour la saison.
né, même s’il est sans doute trop tard.

sauvegardes
FORCE
DEXTÉRITÉ
12
12 Capacités spéciales Équipement
CONSTITUTION 10 • Planificateur : vous vous êtes pré- Tenue noire, gants et passe-mon-
SAGESSE 12 paré depuis des années à cette tagne, une paire de menottes, une
INTELLIGENCE 18 situation. Vous avez un total de bombe lacrymogène, un fusil de
CHARISME 17 20 points à distribuer durant la chasse calibre 12 avec des muni-
Scène, en bonus à des Sauve- tions à sanglier.
ressources gardes. Vous devez indiquer que
TORCHE d4 vous donnez un bonus à un autre
BAGOU d10 personnage avant que son joueur
SANTÉ MENTALE d6 lance les dés.
VIE d8 • Domination : si vous donnez un
ordre simple (tire, cours, mets-toi
DÉGÂTS ARMÉ d6 à terre) à Thomas ou Sophie et
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 qu’ils suivent votre ordre, ils ont
un Avantage pour leur test.
aide de jeu E2
JANE EYCOTT-VANNIER
Quel est mon rôle ?
Je me suis contentée d’être présente ou de servir d’appât.

Que vais-je faire ?


Je hais Sutton. Ce monstre m’a pris ma jeunesse, m’a violée, torturée et
a martyrisé Dieu sait combien d’autres jeunes gens. Si je dois passer le
reste de mes jours en prison pour l’avoir tué, très bien. Échouer serait in-
supportable. Quant à mourir… Je ne suis pas sûre d’être prête à paraître
devant Dieu. Pas si tôt. Et même si je dois mourir, je veux que Thomas vive.
Quelqu’un doit s’occuper de notre fille. Il faut que Lilia sache que nous
n’étions pas des monstres !

Les autres encagés


CARACTèRE
Personnalité dominante à l’extérieur, volontaire et énergique, je suis très Amoureuse, mystique, déchirée
effacée dans le groupe.

• Pierre sait où il va. Je le suis. Si je le désirais je pourrai m’opposer à lui, description physique
mais je ne le souhaite pas. 35 ans, rousse, cheveux
courts, peau claire, taches de
• Je suis très amoureuse de Thomas.
rousseur, yeux bleus, 1,60 m,
• Je n’ai jamais accroché avec elle Sophie, elle ne m’intéresse pas. 55 kg, vêtements chic campa-
gnard, petit accent anglais à la
• J’ai longtemps considéré Simon comme un frère, mais il me fait de plus Birkin.
en plus peur.
sauvegardes
FORCE 11
Capacités spéciales Équipement DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
12
12
• Foi : vous avez une foi inébran- Tenue noire, gants et passe-mon- SAGESSE 16
lable. Vous avez un Avantage pour tagne, une paire de menottes, une INTELLIGENCE 16
résister à tout Sortilège qui vous bombe lacrymogène. CHARISME 16
prendrait pour cible.
• Soins : une fois durant la Scène, ressources
vous pouvez soigner un autre TORCHE d6
personnage. Cela vous occupe BAGOU d8
quelques minutes, sauf pour Tho- SANTÉ MENTALE d6
mas que vous pouvez soigner en VIE d6
une action. Le personnage re-
gagne 1 niveau de Vie. DÉGÂTS ARMÉ d6
DÉGÂTS NON ARMÉ 1
aide de jeu E3
THOMAS VANNIER
Quel est mon rôle ?
J’ai tué, sans plaisir mais sans remords.

Que vais-je faire ?


Pierre nous a garanti que Sutton allait y passer. Si ce salaud meurt, je suis
prêt à mourir. Pas de souci. Au contraire, la mort sera un soulagement.
Sauf que… mourir en laissant la petite Lilia ? Rien que l’idée me brise le
cœur. Il faut que sa mère survive. Suivre Pierre, tuer Sutton, sauver Jane.
Sophie aussi mérite de vivre. Simon, en revanche, peut crever.

Les autres encagés


Je crois à la magie, aux OVNIs, à la réincarnation… à tout, sauf en Dieu.
CARACTèRE • Je crois en Pierre, mon meilleur ami, mon confident et mon point d’an-
Crédule, subjugué, protecteur crage.

• J’aime Jane, mais la passion des premiers temps s’est atténuée. Je suis
description physique heureux qu’on ait tous les deux fois en Pierre, cela nous crée un nou-
34 ans, 1,78 m, 75 kg, brun aux veau lien.
tempes grisonnantes, costaud,
traits anguleux, barbe de trois • Simon est brutal. C’est un dégénéré, une arme et pas grand-chose de
jours, voix douce et apaisante. plus.

• Les évènements m’ont rapproché de Sophie, que je commence à consi-


sauvegardes dérer d’un œil un peu plus qu’amical.
FORCE 12
DEXTÉRITÉ 12
CONSTITUTION
SAGESSE
14
13 Capacités spéciales Équipement
INTELLIGENCE 14
• Hypnose : une fois durant la Tenue noire, gants et passe-mon-
CHARISME 16
Scène, si vous arrivez à discuter tagne, une paire de menottes, un
seul à seul avec un personnage, pistolet 7,65 mm avec plusieurs
ressources vous pouvez le convaincre de vos chargeurs (Matériel d10).
TORCHE d4 idées (à moins qu’elles soient trop
BAGOU d10 éloignées de ses convictions) afin
SANTÉ MENTALE d6 qu’il vous soutienne.
VIE d8 • Main sûre : une fois durant la
Scène, vous réussissez automati-
DÉGÂTS ARMÉ d6 quement un test d’attaque à dis-
DÉGÂTS NON ARMÉ 1 tance.
aide de jeu E4
SIMON THURSTON
Quel est mon rôle ?
J’ai endossé avec enthousiasme le rôle de l’exécuteur. Je déploie une vio-
lence terrifiante, née de la colère que je ressens encore vingt ans après ma
captivité. Je suis indifférent aux dégâts collatéraux.

Que vais-je faire ?


On va tous mourir, et c’est bien, c’est bon, mourir avec les potes en faisant
la peau à ce bâtard de Sutton. Dommage de partir sans avoir dit à Jane
que je l’aimais – que je n’ai jamais aimé qu’elle. Mais il y aura des décisions
tactiques à prendre si on veut s’en tirer, et il ne faut pas qu’on fasse de sen-
timent. Ah si, si on peut s’amuser un peu à faire souffrir Sutton avant de le
finir, ça serait bien. Les autres m’ont juste donné le taser, mais je suis sûr
qu’il y a des couteaux dans la cuisine.

Les autres encagés


Je me fous de Dieu et du diable, il faut juste que ça saigne ! CARACTèRE
• Pierre est mon mentor, la figure paternelle que je n’ai jamais eue. Amoral, brutal, fidèle

• Jane est ma « frangine », que j’ai protégée quand on était en cage, puis
description physique
quand on a fait les quatre cents coups à Londres.
35 ans, 1,80 m, 90 kg, brun,
• Je suis jaloux de Thomas, et j’ai juré de lui couper les couilles s’il fait du massif, mal rasé, boucles
mal à Jane. d’oreille, tatouages tribaux et
piercings, généralement vêtu
• Sophie m’énerve, ce n’est pas normal qu’une gonzesse soit plus forte de survêtements informes ou
que moi ! de jeans usés jusqu’à la trame,
maîtrise mal le français (sauf
les grossièretés).
Capacités spéciales Vie. Si vous tombez à 0 en San- sauvegardes
• Destructeur : une fois durant la té mentale, l’effet de la Folie ne FORCE 14
Scène, vous pouvez appliquer les s’applique qu’à la fin de la Scène. DEXTÉRITÉ 16
dégâts maximum à une attaque, CONSTITUTION 16
avec en plus un bonus de 6 points
de dégâts. Équipement SAGESSE
INTELLIGENCE
10
9
• Haine : vous voulez la peau de Sut- Tenue noire, gants et passe-mon- CHARISME 10
ton. Vous la voulez vraiment, au tagne, une bombe lacrymogène,
point de continuer à avancer, même taser. ressources
truffé de balles, et de vous relever TORCHE d10
au moment où tout le monde vous BAGOU d4
croit mort. Si vous tombez à 0 en SANTÉ MENTALE d4
Vie, au lieu d’être Hors-Jeu, vous VIE d6
lancez immédiatement 1d10 pour
connaître les conséquences sur la DÉGÂTS ARMÉ d12
table Hors-Jeu (si vous obtenez 1, DÉGÂTS NON ARMÉ d6
relancez), et vous revenez à d4 en
aide de jeu E5
SOPHIE IANSKI
Quel est mon rôle ?
J’ai repéré les lieux avant chaque crime. J’ai tué lorsqu’il le fallait.

Que vais-je faire ?


Je veux vivre ! Les autres, je m’en fiche, mais moi, je veux vivre. Même si
c’est en prison, même si je prends perpète, je veux vivre ! D’accord pour
que Sutton meure, mais que va-t-il nous arriver après ? Pierre est dingue,
Thomas le suit comme un toutou, Simon est un boucher… Je peux peut-
être trouver un appui auprès de Jane ?

Les autres encagés


Je suis la plus terre à terre du groupe et la plus consciente du danger que
pose la police.
CARACTèRE
Pragmatique, lucide, terrifiée • J’ai cru en Pierre, mais le déroulement des tueries est en train de me
dégriser. Je ne crois plus en lui.
description physique • J’apprécie Thomas. Je l’aime bien.
36 ans, 1,70 m, 65 kg, cheveux
bruns, yeux noisette, traits ti- • Jane m’a toujours laissée froide – une gosse de riche qui joue à être
rés et expression lasse, privilé- dure.
gie les vêtements fonctionnels,
sans fantaisie. • J’ai dû « remettre en place » Simon brutalement à une ou deux reprises.
Depuis il est correct. Mais c’est un malade.
sauvegardes
FORCE 16
DEXTÉRITÉ
CONSTITUTION
14
10 Capacités spéciales Équipement
SAGESSE 14
• Blessure grave : une fois durant la Tenue noire, gants et passe-mon-
INTELLIGENCE 11
Scène, vous pouvez causer les dé- tagne, une bombe lacrymogène,
CHARISME 12
gâts maximum de l’arme que vous un fusil de calibre 12 chargé à la
utilisez. Vous pouvez à la place chevrotine (Matériel d8).
ressources conseiller un autre personnage au
TORCHE d8 moment où son joueur lance les
BAGOU d6 dégâts : il lance les dégâts avec un
SANTÉ MENTALE d8 Avantage.
VIE d6 • Sens en alerte : vous avez un
Avantage à tous les tests de Sa-
DÉGÂTS ARMÉ d8 gesse.
DÉGÂTS NON ARMÉ d4
ressources table des chocs générique
Eycott-Vannier (Jane) E5 E 105, 129-131, 169-172 Lormier (Édith) - V 103, 209
Nom Représente En cas d’épuisement d6 intitulé effet
Cette liste est un index des personnages de la campagne, indiquant
Eycott-Vannier (Lilia) H4 V 170-172, 176-177, 218 Lormier (Éric) - V 103
le numéro de portrait sur le trombinoscope (#), le type de personnage
(Gendarmerie, Justice, Presse, Culte, Avocats, Victimes, Investigateurs, Forceville (Marie-Anne de) - C 67, 156 Léger (Amandine) E1 P 89
Bagou Capacité à écouter les rumeurs, interroger, séduire, forger des liens le personnage ne parvient plus à s’exprimer correctement ou à obtenir des aveux. Modificateur de -1d6 pour les Sauvegardes de Dextérité durant au-
Témoins ou passants), et les pages pertinentes. Foulon (Adjudant-chef Vincent) D4 G 73, 80 Lévy (Dr Didier) - T 175
1 Tremblements tant de Moments que la valeur du modificateur. La pénalité réduit
Le personnage ne parvient plus à se concentrer suffisamment pour trouver des d’un point chaque Moment écoulé. Frasquin (Didier et Élodie) D7/D8 V 220, 222-224 Mabire (Manuel) J1 C 157, 219, 244
Torche Capacité à repérer, découvrir quelque chose Personnage # Cat. Page(s)
preuves sur une scène de crime.
Désavantage durant 1d6 Moment aux Sauvegardes de Charisme, In- Gaillefert (Dr Bruno de) B1 G 69, 140, 218 Maes (Peter) H5 V 186
La hiérarchie du personnage ne lui accorde plus le moindre passe-droit et l’IGGN 2 Confus
telligence et Sagesse. 146, 166, 170, 221, Gardet (Rachel) G7 V 175-176, 252, 254

LES ENCAGÉS
Respect Capacité à obtenir les faveurs de collègues ou de supérieurs Adalric (« Saint ») - C Maignan (David ) - C 67, 122, 143, 156, 244
enquête sur lui. 275-277, 298, 313
Le personnage ne peut effectuer aucune action ou Sauvegarde de Gosselin (Frédéric) H3 C 143, 156, 246 Martin (Aurélie) - V 189
Santé mentale Stabilité mentale, capacité à gérer le stress* Le personnage a définitivement sombré dans la folie*. 3 Immobile Ameziane (Me Leïla) F7 A 15, 76, 205, 206
Force, Dextérité, Constitution durant le prochain Moment. Grand (Anna) - T 97-98 Mata (Commandant Richard) A7 G 15, 70, 75, 131, 213
Ancignac (Isabelle d’) I3 C 150, 151, 322
Un autre personnage doit consacrer un Moment pour réveiller le per- Hoareau (Daniel) I8 J 68, 80, 123-124 Maurrin (Me Charles-Guillaume) F6 A 15, 125, 206
Vie La santé du personnage Le personnage est Hors Jeu. Andrescu (Dr Cordelia) H8 T 103-104
4 Inconscience sonnage. Après le réveil, le personnage subit un Désavantage pour les Honnecourt (Charles de) J3/J7 C 146, 167, 270, 276-278 Michelet (Lieutenant Michel) E8 G 74-75
Sauvegardes de Force, Dextérité, Intelligence durant 1d3 Moments. Baker (Dennis) - C 97, 99-100, 114-115,131 146-147, 149, 151,
* Lorsqu’un personnage obtient 1 ou 2 sur un test de Santé mentale, s’il avait d4 il a épuisé sa Santé mentale et obtient une Folie (voir p. 18), s’il avait au-dessus de d4, il Miremont (Capitaine Roland) - G 190
Bascoul (Dr Florian) I7 C 152, 247 Honnecourt (Louis de) J2 C 166, 266, 268-281,
baisse le niveau du dé et obtient un Choc. Le personnage ne peut effectuer aucune action autre que tenter de Murat (Adjudant-chef César) B2 G 71-72
5 Frayeur 88, 93-94, 97, 99-100, 289, 309-311, 313, 330
se dissimuler, durant les prochains 1d3 Moments. Bazas (Jacques) C7 C Ménard (Pierre) A3 E 67, 168-170, 204, 218
155, 160, 186, 207 Houiller (Philippe) - G 219
Nguyen (Luc) - T 186
regain de ressources hors jeu 6 Cri Le personnage crie. Cela attire l’attention. Bazas (Lucie) B3 T 94, 99 Hyvères (Jean-Charles) F4 T 141-143, 212-213, 240
Bazas (Marie-France) C6 V 93, 122 94, 103, 105, 112, 168, Poitvin (Lieutenant Marc) - G 118
Un jour de repos loin de l’enquête permet de remonter Ianski (Sophie) F1 E
Torche à son niveau maximum OU de remonter Bagou à son valeur conséquence effet Bordes (Nadia) F3 V 187, 188, 212 174, 177, 186, 204 Poli (Valérie) - I 44, 140, 240, 257
niveau maximum OU de regagner un niveau en Santé mentale. sauvegardes Bouchard (Capitaine Axelle) E7 G 74-76 Jacquard (Lætitia) A2 J 68-69 Quevedo (José) G5 T 154, 247
Affronter ses problèmes (voir les complications p. 29) per- 1 Mort Le personnage n’est plus de ce monde. 67, 118-119, 131, 138,
Brunet (Guillaume) I5 C 100, 119, 160, 187-189 Ribières (Commandant Michel) D6 G 73-74
met de faire remonter Torche et Bagou à leur niveau maxi- Enlevez définitivement 6 points parmi les valeurs de Sauvegardes.
Sauvegarde Menaces Kerrien (Capitaine Yann) B8 G
209, 240
Salvagnac (Michel) G1 C 157
2 Handicapé Cazenave (Dr Mathilde) D2 G 74, 204
mum OU de remonter Santé mentale à son niveau maximum. Choisissez deux Sauvegardes différentes. Kuntz (Lieutenant Bastien) B6 G 72, 89, 131, 212
Après huit heures de repos un personnage regagne un ni- Dégâts physiques ou obstacle que l’on ne peut pas esquiver. Combat à mains nues, Champdenier (Marie-Élise) I4 T 162-167, 237, 322 Saux (Damien) E4 C 156
Force Laborde-Beaulieu (Geoffroy de) G2 J 122-124
veau de Vie. S’il est Hors Jeu, il doit recevoir des soins médi- Enlevez définitivement 4 points à répartir entre Sagesse, Intelligence maintenir quelqu’un au sol, ou soutenir un mur en train de s’effondrer. Chappert (Christophe) A8 T 174-175 Selden (Sarah) G3 C 115, 141
3 Ravagé Lacroix (Major Émilie) D5 G 73, 75, 102
caux et se reposer durant 8 – [Valeur obtenue sur la table Hors et Charisme. Chéreau (Philippe et Victoire) - T 112 Selden (Stephen) - C 115
Jeu] Moments. Suite à cela il revient en jeu avec d4 en Vie. Dégâts physiques ou obstacle que l’on peut esquiver. Bondir pour éviter des balles, Lady - V 187, 189, 220, 222
Enlevez définitivement 2 points à répartir entre Force, Dextérité et Dextérité Colinet (Kévin) E3 P 131 Simon (Stéphanie) G4 T 137, 212
4 Estropié courir à travers la foule pour rattraper un suspect, ou sauter d’un toit à un autre. Langlois (Henri) C4 T 153-154, 247
Constitution. Covelle (Capitaine Rémi) B5 G 72, 209 Soares (Anna) - T 94
117-119, 125, 131,
Résister aux blessures ou entraves, que ce soit à cause de poison, de maladie, de Laplace (Mélissa) F5 V 99-102, 119, 136, 147,
fortune Toutes les valeurs de Sauvegardes de Force, Dextérité et Constitution Constitution
torture ou de dégâts inévitables, comme une explosion.
Da Silva (Lieutenant Pierre) A4 G 70, 80 140, 160-161, 189-190 Sutton (James) A5/A6 C
155, 160, 219-226
5 Os brisés sont réduites de 4 points jusqu’à la fin de la prochaine journée, ou Delaforge (Marc) I6 C 149-150 Launis (Jacqueline) - T 112
Un joueur peut décider de faire appel à la Fortune : Texier (Louise) H2 V 189-190, 212
jusqu’à la fin de cette session de jeu (le plus tôt des deux). Delmin (Jean-Michel et Marion) B4/B7 T 87, 94, 99
• Il peut placer 1 jeton Fortune sur sa fiche (seulement s’il a Menace ou obstacle en rapport avec la distorsion des sens grâce à la tromperie ou Leval (Arnaud) - C 67, 155, 249, 252-255
Sagesse Texier (Sébastien) H1 C 184, 189-190
actuellement 0 ou 1 jeton Fortune sur sa fiche) afin de relan- 6 Inconscient Vous êtes inconscient jusqu’à la fin de la Scène actuelle. les drogues psychotropes. Les défis qui nécessitent du sens commun ou de l’instinct. Delmin (Paul) C1 C 81, 87-88, 94, 102, Lharbi (Mehdi) F2 V 187-189, 207, 212, 219
cer un test de Sauvegarde ou de Ressource échoué. Thurston (Simon) D3 E 119, 173-174, 185-186
Menace ou obstacle en rapport avec la propagande, la manipulation de concepts Delmin (Simone) C2 C 104, 118-119, 160, 207 Lily G6 T 154, 247
• Il peut placer 2 jetons Fortune sur sa fiche (seulement s’il a Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez du- Torrès (Hervé) - I 123, 125, 140-141, 242
7 Commotion
actuellement 0 jeton Fortune sur sa fiche) afin de réussir au- rant les 20 prochaines minutes de jeu. Intelligence scientifiques, le surnaturel. Les défis qui nécessitent de comprendre un savoir obs- Demark (Charles) E2 P 213 Lombardi (Colonel Marc) - I 44, 140, 142, 240, 256
cur ou un puzzle diabolique. Ulbrich (Marie) I2 C 100, 160, 184-186, 214
tomatiquement un test de Sauvegarde ou de Ressource qu’il Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez du- Dioma (Myriam) I1 T 151-152, 160 Lombardi (Hélène) H6 V 138-140, 157, 242-243
8 Titubant Vannier (Thomas) C5 E 104-105, 112, 172, 176
a échoué. rant les 10 prochaines minutes de jeu. Menace ou obstacle en rapport avec l’influence mentale, la séduction, le charme, Dixon (Henry et Parvati) - T 218 Lombardi (Jeanne) - I 44, 140, 258, 262
Charisme ou les pouvoirs qui peuvent altérer ou écraser la personnalité de quelqu’un. Des pa- Vidal (Brigadier-chef Jacques) C3 G 67, 71
Dozier (Jean-Pierre) D1 I 122-126, 140, 217, 242 Lopez (Caroline) A1 J 68-69, 202, 206-207
Vous avez un Désavantage pour tous les tests que vous effectuez du- roles convaincantes ou en rapport avec l’émotion visant à retarder ou rendre confus. Vinquant (Jean) - T 186
9+ Essoufflé Durrieux (Me François) F8 A 15, 206, 207-208 103-104, 112, 119,
rant la prochaine minute de jeu. Lormier (Dr Emmanuel) E6 C Wegener (Charles) - C 67, 122, 156
Eagle (Matthew) - A 173 160, 188, 207-209, 217
Lormier (Nathalie) G8 V 103-104, 112, 208 Willis (Sergent Neil L.) H7 G 97, 114
Référence : DMKF06. Prix : 35€. L’écran de jeu est accompagné de dix pages de trombinoscope. Easton (Thomas) C8 C 88, 97-98, 114-115, 160
Wolton (Peter) - T 98

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