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N° 409701

SYNDICAT PROFESSIONNEL DES


PÊCHEURS PETITS MÉTIERS
D'OCCITANIE (SPMLR)

3ème chambre jugeant seule


Séance du 20 mars 2018
Lecture du 30 mars 2018

CONCLUSIONS

M. Vincent DAUMAS, rapporteur public

Comme le soutient le ministre de l’agriculture dans son mémoire en défense, vous


n’êtes certainement pas compétent pour connaître des conclusions de cette requête.

Le syndicat qui vous saisit demande l’annulation d’un arrêté ministériel procédant à la
répartition d’un quota de capture de thon rouge accordé à la France pour 2017, notamment
pour la zone Méditerranée. Vous ne pourriez vous reconnaître compétent pour statuer sur
cette demande, sur le fondement de l’article R. 311-1 du code de justice administrative (CJA),
que si un tel arrêté revêtait un caractère réglementaire. Or votre jurisprudence est fermement
fixée en ce sens que les décisions de l’administration procédant à la répartition de quotas
nationaux de captures ou d’efforts de pêche ne sont pas des actes réglementaires
(CE assemblée, 21 octobre 1966, Société Graciet et Cie, n° 61851, 61935, au Recueil p. 560 ;
CE 9 juillet 1992, FROM Nord et autres, n° 33143, inédite au Recueil ; CE 19 mai 1993,
Comapêche, n° 124677, inédite au Recueil). Nous ne voyons pas de raison de remettre en
cause cette jurisprudence, même si une décision de votre 3e sous-section jugeant seule
relativement récente paraît s’en être écartée, de manière tout à fait implicite et à notre avis par
inadvertance 1 (CE 14 octobre 2011, Société Chrisdéric et M. F…, n° 340328, 340329, inédite
au Recueil).

Vous devrez donc renvoyer l’affaire au tribunal administratif territorialement


compétent. Pour déterminer quel est ce tribunal, vous ferez application des dispositions de
l’article R. 312-10 du CJA, qui règlent la question s’agissant des litiges relatifs aux
législations régissant les activités professionnelles – voyez sur ce point votre décision du
19 mai 1993 Comapêche, précitée. Lorsque la décision attaquée n'a pas un caractère
réglementaire, ces dispositions désignent comme territorialement compétent le tribunal
administratif dans le ressort duquel se trouve soit l'établissement ou l'exploitation dont
l'activité est à l'origine du litige, soit le lieu d'exercice de la profession. Le syndicat requérant

1
Cette inadvertance peut s’expliquer par la circonstance que, dans la version de l’article R. 311-1 du CJA
antérieure à l’intervention du décret n° 2010-164 du 22 février 2010 relatif aux compétences et au
fonctionnement des juridictions administratives, votre compétence de premier ressort s’étendait aux requêtes
dirigées contre des actes administratifs « dont le champ d'application s'étend au-delà du ressort d'un seul tribunal
administratif ». Sur ce fondement, vous aviez admis de connaître de requêtes dirigées contre des arrêtés
ministériels répartissant des quotas de pêche. Ce chef de compétence a été supprimé par le décret du
22 février 2010, dont les dispositions se sont appliquées aux requêtes enregistrées à compter du 1er avril 2010.
Les requêtes sur lesquelles vous avez statué par votre décision du 14 octobre 2011 avaient été enregistrées très
peu de temps après cette date.

1
Ces conclusions peuvent être reproduites librement à la condition de n’en pas dénaturer le texte.
s’est donné pour mission la défense des intérêts des pêcheurs professionnels dits « aux petits
métiers », plus particulièrement dans le secteur géographique correspondant aux anciens
quartiers maritimes de Sète (Hérault) et de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales). Ces deux
ports sont situés dans le ressort territorial du tribunal administratif de Montpellier. C’est donc
à lui que vous renverrez la requête.

Par ces motifs nous concluons au renvoi de l’affaire au tribunal administratif de


Montpellier.

2
Ces conclusions peuvent être reproduites librement à la condition de n’en pas dénaturer le texte.

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