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1 COMMUNIQUER ORALEMENT

COMMUNIQUER ORALEMENT
Parler devant un auditoire ou donner son avis en réunion est pour la plupart des gens un exercice
difficile. Ils n'osent pas ouvrir la bouche, se sentent paralyser, ont l'impression qu'ils n'ont plus aucune
idée. C'est un handicap dans la vie professionnelle en particulier où ils perdent ainsi l'occasion d'enrichir la
réflexion de tous et de montrer leurs compétences. En effet les obstacles à la communication orale ne sont
pas, la plupart du temps, de nature intellectuelle. On n'ose pas « prendre la parole », non pas parce qu'on
n'a rien à dire ou qu'on ne connaît pas son sujet, mais pour une série de raisons plus opaques qui tiennent à
la psychologie et aux émotions.
Cette difficulté n'existe pas à l'oral. Ce serait plutôt même l'inverse qui serait en cause, la présence
et la réaction possible de ceux qui écoutent ou avec lesquels on parle. On est en « direct » dans une
situation qu'on ne peut totalement maîtriser puisqu’avec les autres, l'interaction n'est pas différée mais
immédiate. Et non seulement on est en direct mais qui plus est, quand on prend la parole, on est le point de
mire de tous les regards. L'auditoire observe, se tait, attend quelque chose, juge. C'est une situation
inconfortable et génératrice de stress.
La tension émotionnelle dans la prise de parole est normale et peut être même bénéfique. C'est le
trac, disent les acteurs, qui leur donne l'énergie de se dépasser. On connaît la fameuse réplique de Jouvet
expliquant à une jeune comédienne que le trac lui viendrait avec le talent ! Peut-être connaissez-vous
moins la formule de Cicéron qui écrivait dans son Traité sur l'orateur :
« Il me semble que ceux qui parlent le mieux et qui sont en état de parler avec le plus de facilité et
élégance, s'ils n'éprouvent pas une certaine timidité au moment où ils vont commencer un discours et
même de trouble quand ils commencent, seraient d'une hardiesse que j'appellerai presque impudence. »
Mais il y a aussi une tension émotionnelle excessive qui peut paralyser complètement celui qui doit
prendre la parole surtout si l'enjeu est important. Certains ratent systématiquement leur entretien
d'embauche, ne savent jamais quoi répondre dans une discussion, se desservent quand ils doivent faire une
présentation. Il arrive que des étudiants s'évanouissent pendant des épreuves orales et certains sont si émus
qu'ils avalent leur texte, répondent de façon inaudible ou se montrent étrangement agressifs.
Or ce n'est pas une fatalité. Ici, comme pour l'écriture, il peut y avoir une question de don au départ
mais il y a aussi et surtout une question de prise de conscience de ses qualités et de ses défauts, de
compréhension des phénomènes en cause et d'entraînement. S'entraîner à parler par l'écrit (à travers un
livre) est bien évidemment impossible mais comprendre comment et pourquoi le faire et connaître les
règles de communication qui président à l'oral et dans la plupart des situations professionnelles et
universitaires est une nécessité.
La communication orale
Communiquer oralement est à la fois bien simple et bien complexe. Nous faisons de la
communication orale tous les jours tout le temps mais peut-être, contrairement à l'écrit ne nous sommes-
nous jamais interrogés sur ce qui se passait dans une situation de communication orale. En fait nous avons
tous (plus ou moins bien] appris à écrire. L'école consacre beaucoup de temps à cet apprentissage et la
plupart des exercices ou des examens sont fondés sur une maîtrise de la rédaction. L'oral est beaucoup
moins valorisé dans notre système scolaire alors qu'il constitue, et de loin, l'essentiel de nos
communications. Ce deuxième volet de la communication complémentaire du premier - c'est pourquoi la
plupart des examens de fin d'étude articulent les deux aspects en prévoyant une soutenance -partage bien
évidemment un certain nombre de caractéristiques avec le premier. Les règles de la logique, de la langue,
de l'attention au destinataire ou au réfèrent, etc. sont bien les mêmes mais le canal de transmission comme
les situations de communication sont très différents, réagissent sur les caractéristiques communes et
modifient les paramètres à prendre en compte pour qu'il y ait une communication orale réussie.
À l'oral, en effet, interviennent différents éléments qui ne sont pas tous de nature intellectuelle. Les
spécialistes ont l'habitude de distinguer trois domaines : le verbal, le para-verbal et le non verbal. Le
verbal a trait aux mots, au « verbe » écrit ou oral ; le para-verbal concerne la production orale du verbe, la
voix et la prosodie, le non verbal comprend tout ce qui entre dans la communication, tout ce qui est reçu,
indépendamment du « verbe », les gestes, les postures, l'émotivité, l'image corporelle.

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C'est dans le para-verbal et le non verbal que vont jouer aussi toute la diversité des codes culturels.
Chaque culture et, dans une même culture chaque groupe social, a une façon différente de se placer dans
l'espace, d'entrer en relation, de mener une conversation, d'interagir avec l'interlocuteur, de le toucher ou
pas, d'accepter ou pas son regard. « Cependant, ces aspects-là sont moins évidents que la dimension
proprement linguistique. Ils risquent donc de passer inaperçus et d'être la source de malentendus ou
d'incompréhensions d'autant plus complexes que les interlocuteurs n'en ont pas conscience. »
Ainsi a-t-on pu imaginer une « ethnographie de la communication ». John Gumperz, un de ses fondateurs,
a analysé par exemple
« Les difficultés de communication qui surgissaient dans un restaurant britannique entre
les clients et les serveuses indiennes perçues par ceux-là comme revêches1 et peu
coopératives. Il montre que l'incompréhension venait d'habitudes intonatives différentes :
lorsqu'elles posaient une question aux clients, elles utilisaient une intonation descendante
(signe de l'interrogation dans leur culture] alors qu'une telle intonation a valeur
affirmative et non interrogative en anglais. D'où le malentendu et l'impression des clients
qu'elles ne respectaient pas les règles de politesse [en affirmant au lieu de questionner). »
1- La dimension d'échange
A. La situation de communication orale
La grande caractéristique de la communication orale, ce qui en fait la spécificité par rapport à l'écrit
c'est la présence commune de l'émetteur et du récepteur et la possibilité de l'échange. C'est la situation la
plus fréquente, celle de la discussion, de la réunion, de la négociation, de l'exposé avec questions
/réponses. Au téléphone la présence physique n'est pas la même (on entend une voix, un ton, un souffle,
des signes vivants auxquels on est peut-être d'autant plus attentif qu'on ne voit pas son interlocuteur) mais
elle existe quand même et surtout le téléphone permet un échange direct, comme les réunions par
visioconférence qui tendent à se développer dans les entreprises.
Il y a aussi des situations de communication orale sans échange direct ou plus exactement sans
dialogue. Le récepteur et l'émetteur sont bien en présence comme dans le cours magistral, le discours
politique ou la pièce de théâtre, mais le récepteur n'a pas une égale possibilité de parole. Ce qui ne veut
pas dire qu'il n'y ait pas une forme d'échange, mais elle est rudimentaire. Un bon orateur sent si son public
le suit ou non. L'attention ou l'inattention des auditeurs, la qualité du silence, les applaudissements ou les
murmures sont des réponses au discours entendu. L'orateur peut aussi passer la parole au public pour des
questions mais celles-ci seront forcément limitées et le statut des intervenants n'est pas équivalent au sien.
Bien sûr il y a de l'oralité sans présence immédiate et sans échange quand on enregistre un discours,
qu'on parle à la radio ou à la télévision mais ce sont des situations particulières qui ne vous concernent pas
directement. Plus fréquemment vous vous trouverez confrontés à des situations de communication directe
où vous parlerez à des interlocuteurs présents eux aussi. Cette présence a des conséquences directes sur les
composantes de la communication. A l'oral, on ne s'adresse pas à des intelligences désincarnées ou à des
êtres purement rationnels mais à des êtres vivants, corporellement présents dans un temps donné et limité.
On peut imaginer que votre lecteur essaiera de lire votre texte à un moment où il sera en forme pour le
faire, qu'il y reviendra sinon. Votre auditeur lui est obligé de vous écouter au moment et au jour fixé qu'il
soit en forme ou non réceptif ou non.
Les interactions, déjà importantes à l'écrit à travers le choix des mots, la construction des phrases, la
composition du plan, ce qu'on appelle le style toujours révélateur d'une personnalité (même s'il est
sérieusement gommé par le choix d'un style neutre, professionnel) deviennent extrêmement importantes à
l'oral. La communication orale fait appel à tout le corps et ne concerne pas que la parole. Tout fait signe à
un auditoire même s'il n'en a pas intellectuellement conscience et s'il ne sait pas l'analyser. Selon une
enquête internationale, 2007, « 20 % des recruteurs déclarent qu'il leur suffit de cinq à dix minutes pour
se forger une opinion. » Le premier contact compte pour beaucoup, le premier geste, la façon de sourire
et de tendre la main comme de suivre le recruteur jusqu'à son bureau ou de s'asseoir.

1 Qui a mauvais caractère, qui a un aspect rébarbatif.

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1. Prendre en compte les registres de communication


À chacune des situations de communication vont correspondre des attitudes, des tons, des façons de
parler et des façons de préparer ce qu'on veut dire, différentes. Ici, comme pour l'écrit, il y a à prendre
conscience du « genre » de la communication, de ses objectifs, du destinataire avant de déterminer un
contenu et un style.
Nous retrouvons à l'oral les mêmes domaines que ceux que nous avions définis à l'écrit. Dans le
registre professionnel et universitaire, il ne s'agira pas de raconter des histoires ni d'envoûter votre
auditoire par la magie de votre voix et de votre verbe. Le directeur du personnel qui vous reçoit pour un
entretien d'embauche, votre jury le jour de la soutenance, votre client dans un cabinet d'expertise
comptable ne vous demandent pas de les captiver par votre faculté à leur faire revivre des événements
bouleversants. En revanche, ils demandent de pouvoir comprendre clairement ce que vous souhaitez leur
exposer, au besoin d'être convaincus et peut-être même séduits, mais de façon discrète, pour adopter votre
point de vue.
Si vous voulez donc expliquer une nouvelle procédure, démontrer une formule mathématique,
exposer les différents aspects de votre sujet de rapport de stage, vous n'aurez pas besoin de jouer sur le
suspense ou de chercher à tenir en haleine votre auditoire. Il ne faut pas l'ennuyer non plus, il risquerait de
« décrocher » et de ne plus suivre ! Il faut lui donner les moyens de comprendre intellectuellement un
raisonnement. Les qualités de clarté et de précision des termes comme de la composition sont
indispensables pour qu'il puisse suivre.
2. Tenir compte de l'auditoire
On ne peut pas bien parler, c'est-à-dire parler en étant compris, si on ne s'intéresse pas à son
interlocuteur, à ses objectifs, sa connaissance du sujet, son niveau de langue, son intérêt, etc. Tout ce que
nous vous avons dit sur la prise en compte du destinataire dans la communication écrite reste bien
évidemment essentiel. Quand votre exposé est prévu, que vous n'êtes pas obligé d'improviser, vous devez
comme pour l'écrit « anticiper » les réactions de l'auditoire et veiller à répondre par avance à ses
interrogations. Mais le jour de l'exposé ou de l'entretien (ou si vous êtes obligé d'improviser), il vous
faudra de plus être attentif à ses réactions réelles, de façon à réagir efficacement, à ajuster votre
argumentaire, à savoir vous adapter à la lassitude ou aux sautes d'attention de votre public. C'est en cela
que résident à la fois l'intérêt et la difficulté spécifiques de l'oral.
Il faudra être capable aussi de l'écouter comme d'écouter les membres du jury ou votre client pour
répondre ensuite aux questions de façon adaptée. Cette capacité d'écouter l'autre ou de sentir ses réactions
s'il ne parle pas, fait partie intégrante des qualités requises pour la communication orale. Écouter, c'est se
rendre disponible physiquement, intellectuellement et affectivement pour percevoir par tous ses sens les
informations dites et non dites par l'interlocuteur dans un esprit de neutralité bienveillante, perceptible
dans sa propre attitude. Aider l'autre à parler et l'accompagner dans sa parole constitue le travail de
l'écoute ; c'est une sorte de travail d'accouchement.
L'écoute ne consiste donc pas seulement à « écouter » au sens physiologique. C'est une attitude
active qui s'appuie sur quelques outils dont les plus fréquents sont la reformulation comme écho, reflet,
synthèse de ce qui a été dit et la question (non l'interrogatoire). On peut y ajouter le silence pour établir
une respiration dans un entretien tendu ou pour donner le temps de la réflexion, le geste régulateur
(acquiescement, accompagnement des propos de l'autre). Bien parler c'est aussi savoir bien écouter.
C'est de plus tenir compte de la difficulté particulière de l'exercice pour vos auditeurs. Les bruits de
toute nature (les vrais bruits qui peuvent masquer votre voix un moment, mais aussi ce qu'on appelle bruit
dans les théories de la communication et qui renvoie à tout ce qui affecte la transmission du message, la
distraction du récepteur, un moment d'inattention, des instants de fatigue, etc.) perturbent le message. Les
langues pallient cet inconvénient par les redondances, c'est-à-dire par le fait de répéter un certain nombre
d'informations sous des formes diverses. On évalue à 50% le taux moyen de redondance des langues.
(Ainsi écrire « les langues pallient » est une forme de redondance syntaxique puisque nous pouvons noter
trois marques différentes du pluriel.) À l'oral, le taux de redondance est beaucoup plus important qu'à
l'écrit et suppose qu'on ré-exprime les idées importantes, qu'on synthétise régulièrement des éléments
d'information, qu'on reformule mais aussi qu'on souligne ce qu'on dit par le ton ou le geste.

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Un autre moyen de savoir si le message a été compris est le « feed-back » ou vérification par un
effet retour de la compréhension du message transmis. L'orateur peut poser des questions, il peut aussi se
satisfaire de l'attitude des auditeurs qui signalent par leur sourire ou un hochement de tête que tout va bien
ou au contraire, en s'agitant sur leur chaise par exemple ou en se penchant sur l'épaule de leur voisin pour
regarder ses notes, qu'ils ne peuvent plus suivre. Encore faut-il que là aussi l'orateur soit attentif à son
auditoire et prêt à capter ses signaux de détresse !
B. Le « verbal »
La plupart des situations de communication, en dehors des discussions informelles ou des échanges
spontanés (plus ou moins brefs) supposent qu'on ait préparé ce qu'on avait à dire. Un exposé de
soutenance se prépare. Les réunions gagneraient en clarté et en efficacité si chacun connaissait l'ordre du
jour et avait préparé ses dossiers.
Cette préparation est indispensable si vous avez à mener un entretien, à animer une réunion, à
proposer un exposé, etc. Ne croyez pas que bien parler soit l'équivalent d'être capable d'improviser sur
n'importe quel sujet. Les qualités d'improvisation sont importantes en ce qu'elles manifestent de présence
d'esprit, de facilité linguistique et d'empathie, mais ne définissent pas à elles seules le bon orateur.
2. Sélectionner les informations
Préparez donc sérieusement ce que vous avez à dire. Comme à l'écrit, il faut être très précis sur :
ü Son sujet
ü Son objectif
ü Les attentes de son auditoire
C'est ce qui vous permettra de rassembler l'information, de sélectionner les éléments importants en
fonction de vos objectifs et de la personnalité de l'auditoire. Si dans un entretien d'embauche, vous voulez
permettre à votre interlocuteur de savoir qui vous êtes, il vous faudra être capable de sélectionner les
informations pertinentes étant donné l'objectif de la rencontre, le poste que vous seriez susceptible de
remplir, les caractéristiques de l'entreprise, etc. Il faut que vous repériez et mettiez en lumière dans votre
présentation ce que vous souhaitez que « lui » retienne..., pas ce qui « vous » intéresse vous d'abord !
Composer un plan
Comme à l'écrit encore, il vous faut composer un plan pour organiser ce que vous avez à dire en
fonction de la conclusion à laquelle vous voulez parvenir. Un plan qui, dans une situation professionnelle
ou universitaire, privilégiera la clarté, la cohérence, l'articulation du raisonnement.
Votre exposé devra être plus rigoureusement composé encore qu'à l'écrit puisque vos auditeurs ne
peuvent pas revenir en arrière s'ils ont mal compris. Il vous faudra insister sur les articulations logiques,
indiquer très précisément les objectifs, vous faire aider et aider vos auditeurs en projetant des schémas, le
plan de votre intervention, les noms et les chiffres à retenir, etc. Vous veillerez à guider votre public par
des phrases d'annonce précises, par des transitions claires, en mettant l'accent sur les articulations, en
répétant au besoin les titres.
Vous essaierez de trouver une structure de plan plus conforme aux exigences de l'oral, en indiquant
d'abord très clairement où vous voulez en venir, les enjeux du sujet, le contexte dans lequel vous vous
situez. La capacité de concentration du public est vite atteinte. Il faut éviter de le perdre dans des détails.
Si vous vous lancez dans des précisions, des explications, un exemple, utiles, il faudra revenir à l'idée
générale en montrant clairement comment cette explication, ce détail, cet exemple que vous venez
d'évoquer s'y rattache. Il faut donc avoir sélectionné une idée directrice précise, trouvé un axe, montré une
logique.
Un bon plan d'exposé est souvent le plan démonstratif synthétique qui explique et justifie les
résultats plutôt que de retracer les diverses étapes de la méthode ou de la recherche. Il est ainsi plus
intéressant pour votre client de savoir dès le début de l'exposé quel est le statut que vous préconisez, de
connaître ensuite les raisons qui vous l'ont fait proposer avant que vous lui montriez les limites des autres
statuts que vous avez éliminés, plutôt que de commencer par entendre un exposé complet sur les différents
statuts sans savoir où vous voulez en venir. Le plan de l'exposé s'apparente ainsi au plan journalistique qui
dit l'essentiel dès le départ, annonce d'abord l'événement avant de remonter ensuite aux causes qui
l'expliquent. Mais là aussi tout est affaire d'adéquation entre le sujet, la matière disponible, l'orateur et son

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public. Vous préparez ainsi votre intervention en rédigeant un plan détaillé avec les indications claires de
ce que vous voulez dire et non pas un texte entièrement rédigé. Vous ferez une exception pour
l'introduction et la conclusion qui devront être rédigées pour vous permettre de bien commencer au
moment où vous êtes le plus ému et de prendre ainsi de l'assurance et de bien finir en sachant où et
comment poser votre voix.
Répéter son exposé
Vous devez aussi préparer votre exposé en le répétant ! D'abord pour être sûr de tenir dans le temps
imparti. Rien de plus ennuyeux que ces orateurs qui débordent et ne savent pas s'arrêter ! Ils finissent par
dire à toute allure l'essentiel après s'être perdu et avoir perdu leur public en remontant au déluge. Rien de
plus inefficace que ceux qui parlent trop peu de temps et restent secs alors qu'on attendait plus
d'informations. Ils finissent par les fournir dans le désordre, faute d'avoir bien prévu leur temps
d'intervention. Ensuite pour vous sécuriser et bien savoir ce que vous avez à dire. Il ne s'agit pas
d'apprendre par cœur. Vous n'êtes pas un acteur et vous ne saurez pas dire votre texte avec la conviction
qu'il faut si vous récitez. Par ailleurs si vous êtes interrompu pour une raison ou une autre, vous ne saurez
pas reprendre facilement et risquez de rester bouche bée ! Enfin si vous avez trop rédigé votre texte, fait
des phrases un peu trop jolies, vous aurez tendance à oublier votre auditoire, vous ne vous adresserez plus
à lui, mais vous vous efforcerez de vous remémorer des formules. D'où ce regard vide, flottant qu'ont
certains orateurs qui ont l'air de s'adresser au plafond !
4. Savoir l'oublier
La base de la communication orale, c'est l'échange, la rencontre entre des personnes vivantes qui
réagissent les unes en fonction des autres. Bien préparer son exposé, c'est donc tout à la fois savoir très
exactement ce que l'on veut dire et où on veut en venir, mais c'est aussi savoir s'adapter à son auditoire. Il
faut donc faire confiance aussi à votre imagination. C'est elle qui vous rendra capable d'improviser et de
rendre vivant votre message.
L'imagination est la capacité à dépasser le domaine des choses trop connues pour inventer. Elle a un lien
direct avec la sensibilité. C'est votre attention à ce que transmet, même inconsciemment, votre auditoire,
votre perception de qui il est, de sa façon de réagir, qui vous fera vous adapter à ses attentes. Vous
quitterez alors vos notes pour avancer avec lui. Tous les acteurs savent que ce texte (toujours le même
pourtant dans leur cas) qu'ils jouent tous les soirs, se joue différemment selon les publics, sonne, résonne
différemment selon l'auditoire. Lors d'un exposé, il est nécessaire d'oser l'improvisation, de faire confiance
à sa propre capacité d'invention, afin d'inventer son texte au fur et à mesure.
Le regard planté dans le public, l'orateur, qui a devant lui quelques notes succinctes, crée la vie, et le
mouvement, et la musicalité, et les ruptures de ton, parce qu'il se fait confiance et fait également confiance
à cette relation qu'il sollicite en permanence dans le public. C'est cette relation recherchée, acceptée,
assumée, qui va permettre la créativité, l'inventivité du discours, des images, des métaphores, ainsi que la
liberté d'expression des émotions.
I La dimension de présence : para verbal et non verbal
Dans la communication orale, le canal de transmission, pour reprendre un des éléments du schéma de la
communication de Jakobson, c'est la personne elle-même. Elle est corporellement présente et cette
présence physique de même que la qualité du lieu dans lequel elle parle et le moment de l'intervention,
sont indissociables de ce qu'elle dit. L'auditoire perçoit, avec les mots, les gestes, le ton, l'attitude,
l'humeur, etc. de l'orateur et tout cela va interférer dans sa compréhension de ce qui est dit. Le destinataire
perçoit un message global dans lequel il est difficile pour lui de faire la part entre les mots et ce qui les
accompagne.
Certains psychologues évaluent à 17 % la part du verbal dans la communication orale, 33 % celle du para
verbal (ton, intonations, volume de la voix) et 50 % le non verbal (regard, attitude, gestes, etc.). D'autres
accordent 20% au verbal, cette différence s'expliquant par les différences de situation de communication.
On n'écoute pas avec la même attention un cours (on sera bien évidemment plus attentif à ce qui est
réellement dit) qu'une opinion donnée dans une discussion informelle ! Quels que soient les chiffres il est
important de remarquer l'énorme part de ce qui est non verbal dans la communication orale. Cela explique

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en partie l'influence incompréhensible, quand on lit à tête froide leur discours, de certains orateurs sur les
foules.
A. Le para verbal
À l'oral, la manière « d'émettre » phonétiquement une phrase revêt une grande importance : lors
d'un exposé, par exemple, l'articulation, le débit, la hauteur de la voix ont leur importance, ils vont servir
le discours ou le desservir si l'orateur « mange » ses mots, s'exprime d'une manière monotone, ne sait pas
faire retomber sa voix en fin de phrase, laissant ses auditeurs en suspens, etc. Il faut donc veiller à
améliorer les aspects suivants.
1. La voix
La voix est un révélateur de votre personnalité et de votre humeur. On vous reconnaît à votre voix
et on peut même savoir en vous entendant quand on vous connaît bien, si vous êtes en forme, joyeux et
paisible ou au contraire triste et angoissé, etc. La voix est bien évidemment un des éléments clefs de la
communication. Le trac va jouer en amplifiant ses caractéristiques. Une voix légère, un peu haute
deviendra aiguë, une voix grave s'assourdira encore. Apprenez donc à « écouter » votre voix de l'extérieur
comme les autres l'entendent. Vous serez surpris et peut-être même déçus ! Peu de gens en effet aiment
leur voix quand ils l'entendent enregistrée, mais il est important de savoir l'écouter pour mieux savoir
ensuite comment atténuer les effets de l'émotion et mieux la placer.
La voix est le produit de la vibration de l'air à travers les deux cordes vocales qui se trouvent dans le
larynx. Le son ainsi produit par cette vibration est ensuite dirigé sur des résonateurs qui vont l'amplifier.
Ces résonateurs sont les suivants : poitrine, larynx, pharynx, nez, os du visage, crâne. Pour que la voix
résonne au mieux, il faut qu'elle soit « dans le masque » c'est-à-dire qu'elle résonne au niveau des os du
visage. Une fois dans le masque, enrichie par les vibrations des autres résonateurs, on pourra la placer
dans la salle et moduler son intensité. Elle est dite dans le « médium » quand elle est placée sur une note
de confort qui varie d'une personne à l'autre et qui correspond pour chacun à une note « moyenne », de
plus grande aisance. Il faut trouver votre médium pour être à l'aise et pouvoir parler assez longtemps sans
« casser » ou « forcer » votre voix, mais une fois que vous l'aurez trouvé vous pourrez alors jouer de tous
vos registres et animer votre exposé.
On appelle « timbre » de la voix, la couleur personnelle à chaque voix : chaude, métallique, étouffée,
voilée, etc.
L'étendue de la voix est appelée tessiture (on retrouve toute la tessiture de la voix, c'est-à-dire
l'ensemble des notes et des octaves entre la poitrine (notes les plus basses) et le sommet du crâne (notes les
plus hautes).
L'intensité de la voix (ou son volume) est modulable en fonction de la distance qui nous sépare du dernier
rang de spectateurs, de l'acoustique de la salle, de l'intensité des émotions. Le trac en nous serrant la gorge
diminue l'intensité de la voix et vous risquez d'être peu audible. Pensez à vous adresser au dernier rang et
parler un peu plus fort pour que votre discours passe.
Le ton est une composante essentielle du message. La même phrase selon le ton avec laquelle vous
la prononcez peut-être perçue de façon très différente par votre interlocuteur. « Passez-moi le dossier, s'il
vous plaît. » peut sonner, selon le ton employé, comme une demande courtoise, un ordre cassant, un
reproche agacé ! Cette idée du ton est si importante qu'on explique bon nombre d'incompréhension dans la
communication par mail par son absence. Expliquons-nous : le mail par sa rapidité donne parfois
l'impression d'une communication orale. La formulation est rapide, peut être relâchée et on ne se rend pas
compte que ce qu'on a écrit, avec humour pensait-on, sans le ton qui l'aurait accompagné à l'oral peut être
perçu comme une agression ou une familiarité déplacée.
2. La prononciation
La prononciation est l'art de proférer les voyelles. Chaque voyelle possède une sonorité particulière
que l'on appelle timbre : le timbre de A = son de A ; le timbre de E = son de E ; etc.
On distingue des voyelles ouvertes (le a de « chatte » par exemple) et fermées (le a de « pas » par
exemple). Plus le point d'articulation de la voyelle (opéré par le contact de la langue avec le palais
inférieur ou supérieur) est loin des dents plus la voyelle est ouverte.

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La pureté et l'élégance sont les qualités d'une bonne prononciation et sont aussi l'indication d'un
niveau de langue. Il y a des prononciations relâchées ou familières et des prononciations correctes, d'autres
pédantes ou snobs...Les accents régionaux ou étrangers interfèrent aussi avec la prononciation et certains
accents un peu trop prononcés rendent quelque fois la compréhension difficile. Il ne s'agit pas de bannir
tout accent, (l'accent peut donner de la vie, de la chaleur, de la personnalité à ce que vous dites) mais de
l'atténuer s'il vous rendait peu clair. Pour ce faire, prenez conscience de ce que vous déformez ainsi par
rapport à une prononciation plus classique, entraînez-vous à parler plus lentement, en articulant plus
nettement.
3. L'articulation
L'articulation est l'art de proférer les consonnes. On articule avec les lèvres mais d'abord avec le ventre
(par un mouvement rentrant de la paroi abdominale qui chasse en quelque sorte l'air vers le haut de la
trachée). Pour articuler, il faut ouvrir la bouche, faire l'effort de bouger les lèvres pour projeter l'air comme
il convient. L'articulation donne du relief à la parole et permet de mieux comprendre la structure du mot.
Si vous n'articulez pas correctement, vous pouvez donner l'impression d'une bouillie de mots et
décourager votre auditoire d'y chercher un sens. Les qualités d'une bonne prononciation sont la netteté, la
vigueur, la légèreté, et la virtuosité.
4. Le débit
C'est le nombre de mots à la minute. Si un débit lent agace l'interlocuteur, un débit trop rapide le
fatigue, le décourage. On remarque que le stress induit généralement un débit rapide. Il convient donc de
respirer, en fonction de la prosodie, de marquer les fins de phrases. N'essayez pas d'avoir un rythme
monocorde et neutre. Essayez au contraire de le varier pour souligner votre propos, mettre en relief une
phrase essentielle ou réveiller votre auditoire. Et surtout n'ayez pas peur des silences ! Les silences sont la
ponctuation du discours oral.
Dans toute phrase il y a des pauses et micro-pauses (effectuées en apnée dans une même expiration)
à respecter pour élargir la diction et provoquer l'attention des auditeurs.
Dans les silences vibrent la pensée et les émotions. C'est cette vibration qui porte le sens et procure un
confort d'écoute. Il existe deux types de silence : les temps froids (vides) et les temps chauds (pleins). Il ne
faut pas confondre les silences qui s'imposent quand, d'un coup, on ne sait plus quoi dire et ceux que
l'orateur, qui maîtrise son exposé et sent bien son public, se ménage pour mettre en relief ce qu'il dit. L'un
et l'autre type de silence ne résonnent pas de la même façon et ne créent pas le même effet dans l'auditoire.
De la gêne s'il se prolonge dans le premier cas, une attention plus intense dans le second.
Le sens, le son, la respiration et l'émotion se prolongent dans le silence et le regard au public et créent
ainsi une émotion commune.
5. La respiration
Pour tout ce qui concerne la voix et la prononciation du discours, c'est bien évidemment la
respiration qui est essentielle. C'est le moteur de la phonation (émission des sons). Elle participe à la
prononciation mais aussi à l'articulation. Souvent nous ne savons pas respirer comme il convient et le trac
en nous serrant la gorge va aggraver ce défaut. Or nous avons besoin de souffle pour parler, pour émettre
en particulier les consonnes dont l'émission demande plus de souffle que les voyelles, pour soutenir la
mélodie de la phrase, pour aller jusqu'au bout en restant audible. Il convient donc de s'entraîner à respirer
et de penser à le faire ! Certains candidats ont l'air de vouloir battre le record du monde de l'apnée pendant
leur exposé de soutenance. Non seulement alors, ils ont une voix peu claire et découpent mal leur phrase,
mais leur état de malaise se reporte sur leur jury qui se met lui aussi à mal respirer.
5-1 Le non verbal
Dans la communication orale, le non-verbal concerne le corps, la sensibilité et l'affectivité de l'orateur.
5-1-1) Le regard
Le regard est primordial. C'est, dans notre culture, un appui fondamental et incontournable. Dans d'autres
cultures, regarder en face son interlocuteur, surtout si on est plus jeune que lui ou d'un niveau hiérarchique
inférieur, est considéré comme une indélicatesse. Mais en France et dans les pays occidentaux en général,
c'est par le regard qu'on établit le contact. Il faut donc commencer par regarder votre interlocuteur ou votre
public. Un vrai regard qui distingue ceux qu'il voit, qui les rend présents, qui vous permet de leur faire

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comprendre que vous vous adressez bien à eux. Or très souvent on voit des regards qui partent en l'air, qui
sombrent vers le sol, voire cherchent à s'échapper vers les fenêtres latérales (lorsqu'il y en a...)
La tentation commune est en effet de fuir pour éviter d'affronter l'impressionnante convergence de regards
dont l'orateur est l'objet et qu'inconsciemment il redoute. La solution est au contraire d'accepter le contact,
de « rentrer » dans le « dur » des regards du public. Comme dans l'aïkido, on se sert de l'énergie de
l'adversaire pour la retourner à son avantage : on accepte donc le regard du public et on en fait une force,
un atout, et un appui. Le regard doit embrasser l'ensemble de l'auditoire. Il ne doit pas se fixer de façon
trop prolongée sur une personne au détriment des autres. Celle-ci pourrait finir par se sentir gênée alors
que les autres, se sentant exclus, pourraient se désintéresser de ce que vous dites. II doit rester libre et
passer d'un auditeur à l'autre sans ordre préconçu.
Planté dans le public, le regard redresse tout le haut du corps : buste, épaules, cou, tête. Si on baisse le
regard, le cou a tendance à partir en avant, les épaules se voûtent, le buste fléchit légèrement et on perd la
tonicité et la tenue du corps.
5-1-2) La distance
Sachez aussi vous placer à la « bonne » distance par rapport à votre interlocuteur. Cette bonne distance
tient évidemment compte à la fois du genre de la communication orale (un discours n'est pas une
intervention même préparée dans une réunion), du nombre d'auditeur, de la taille et de la configuration de
la salle et aussi de normes culturelles ! 4 Ce sont les travaux de E.T Hall en particulier qui ont attiré
l'attention sur ce qu'il a appelé la proxémique dans son ouvrage La dimension cachée, publié en 1969. Il
distingue 4 types de distance : la distance intime ; la distance personnelle ; la distance sociale et la distance
publique.
La distance intime est celle de la plus grande proximité corporelle : on peut sentir et toucher son
interlocuteur, on le voit de très près. C'est la distance de la tendresse ou de l'agression !
La distance personnelle, en éloignant un peu les interlocuteurs, rend la communication plus aisée, ils se
voient bien, n'ont pas besoin de parler ni trop fort ni trop bas, peuvent se toucher ou se passer des
documents en étendant la main mais ne sont pas en contact.
La dimension sociale est celle de la relation professionnelle. Elle correspond à l'espace d'une table ou d'un
bureau.
La dimension publique est celle de l'orateur. On s'éloigne pour parler à un plus grand nombre, on parle
plus fort, on y voit bien mais globalement, etc.
Sans connaître exactement la mesure de ces distances qui varient selon les pays, nous savons pourtant
tous, dans une culture donnée, les respecter. Nous connaissons aussi tous des gens qui parlent de trop près,
entrent dans notre espace intime, nous oblige à reculer. Celui qui parle doit tenir compte de cette
dimension de même que de sa position par rapport à ses interlocuteurs parce qu'elle conditionne aussi sa
façon de parler et la façon dont son message va être reçu.
5-1-3 La posture
Votre corps aussi parle « pour » vous ou « contre » vous. Il dit sans mot quelque chose de vos émotions et
de votre attitude profonde par rapport à ce que vous êtes en train de faire. Il dit quelque chose qui
inconsciemment se répercute sur votre auditoire et va l'influencer. Quelqu'un qui se recroqueville, baisse
les épaules, regarde par en dessous, s'éponge nerveusement le front sans pouvoir réprimer le tremblement
de sa jambe gauche met tout le monde mal à l'aise.
La posture idéale du bon orateur a cinq qualités essentielles :
La verticalité : le dos est droit, le menton horizontal, le plafond de la tête parallèle au plafond du ciel ou
de la salle, les genoux souples.
la stabilité : il faut être bien stable sur ses pieds, être attentif à ne pas se laisser dominer par une nervosité
et une tension excessives que l'on retrouve souvent dans les mains (éviter le stylo que l'on tourne dans tous
les sens ou les mains qui battent la mesure contre les cuisses) ou les bras (moulinets rapides et
incontrôlés), ou encore des mouvements désordonnés de la tête, des jambes agitées de soubresauts, ou qui
avancent d'avant en arrière ou de droite à gauche de façon métronomique, ou des balancements d'un pied
sur l'autre. L'écartement des pieds doit correspondre grosso-modo à celui des hanches. La posture est alors

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stable : on est fermement ancré dans le sol, ce qui confère fermeté et solidité tout à la fois à l'orateur et à
son intervention.
La tonicité : lorsqu'on est assis, on ne s'affale pas sur son siège ; c'est mauvais pour la respiration car cela
déforme la colonne d'air et empêche une correcte émission des sons ; c'est aussi le signe d'un affaissement
de la personne, d'une mollesse, et c'est mauvais pour le dynamisme général de l'intervention.
L’aisance : pas de rigidité, on doit respirer aisément. Entre la mollesse et la rigidité il y a un juste milieu :
fermeté et souplesse.
L’ouverture : le corps est ouvert vers le public, on évitera les mains croisées (qui parfois viennent se
placer devant le pubis dans un geste inconscient et ô combien révélateur de protection...) ou les bras
croisés, ou encore un bras ballant avec une main qui vient se ficher sur le coude. La position idéale (ou
neutre) est la suivante :
Pieds légèrement ouverts vers le public,
Bras souples le long du corps,
Paumes légèrement tournées vers le public.
À partir de cette position neutre et ouverte, on pourra « gestuer » son discours et évoluer dans l'espace
sans paraître nerveux ni agité.
6- La gestuelle
Il ne faut pas confondre les mouvements inconscients qui disent pourtant quelque chose à votre
interlocuteur avec les gestes conscients qui lui disent ce que vous avez décidé de lui dire. Le geste quand il
est conscient et volontaire va aider à la compréhension de la parole. Le mouvement inconscient, la
mimique involontaire, le tic parasitent, au contraire, ce que vous dites.
L'idée ici, comme toujours en expression, n'est pas d'imposer à tous une gestuelle commune mais
d'apprendre à chacun à utiliser au mieux sa façon d'être. Certains parlent avec les mains et soulignent leur
propos de gestes. Il suffit pour eux d'en avoir conscience et de savoir qu'au début de leur exposé, ils
risquent d'avoir des gestes trop nerveux et qu'il vaut mieux qu'ils commencent en posant leurs mains sur la
table. Ce n'est qu'ensuite quand ils seront plus à l'aise qu'ils pourront souligner leur propos de la main.
D'autres sont plus mesurés dans leur geste. Il faudra seulement qu'ils veillent à ne pas être complètement
pétrifiés.
Les bras ne sont pas des appuis mais des instruments au service de l'expression : on ne s'appuie pas
donc sur les coudes quand on est assis. Les gestes sont souples (pas de rigidité), variés (attention à la
répétitivité : tout ce qui est répétitif est lassant), posés, amples (épaules basses mais thorax ouvert),
maîtrisés (attention à la nervosité ou à une trop grande impulsivité), respires. Le geste précède toujours la
parole : c'est d'abord le corps qui entre en scène, puis le regard, puis le geste, puis la parole.
Avec le corps et sa gestuelle intervient le mouvement. Le mouvement physique doit être libre (avant,
arrière, droite, gauche), maîtrisé. Les déplacements doivent accompagner le discours et non le parasiter),
et « respiré » comme les gestes. Un mouvement est dit « fondé » quand il n'est pas l'expression d'une
nervosité, d'une gêne ou d'un mal-être mais qu'il est motivé par le contenu de l'intervention, l'illustration
d'une image ou d'une métaphore, l'utilisation d'un accessoire (tableau, rétroprojecteur, etc.).
Réussir à maîtriser tous ces éléments, à être efficace tout en restant spontané est une gageure ! Pour
améliorer votre communication orale il faudra donc vous entraîner. Plus on parle, mieux on se connaît,
mieux on se maîtrise, moins l'exercice fait peur. Plusieurs éléments vont jouer dans cette connaissance de
soi et dans cette maîtrise. Il faut à la fois être détendu et concentré. La concentration est un état du corps
plus qu'un acte volontaire. Elle associe disponibilité et spontanéité. Elle suppose que l'on soit pleinement
dans le présent, ici et maintenant, ouvert et disponible à tout ce qui se passe, en soi et hors de soi. Donc
aussi détendu. Là aussi la respiration joue un rôle primordial. Elle fait disparaître les tensions par la
maîtrise et la régulation du souffle. Il est donc conseillé de faire avant toute intervention quelques
mouvements et de se relaxer.

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