JANVIER

2018

NAUTIC
2017
LE MEILLEUR
DU SALON
www.voilesetvoiliers.com

TRANSAT JACQUES VABRE

«NOTRE TRIMARAN
SEST RETOURNÉ»

PASSAGE DU NORD-OUEST

YVAN
BOURGNON
LAVENTURE FOLLE
N° 563 JANVIER 2018 MENSUEL M 02893 - 563 - F: 6,20 E - RD
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 SOMMAIRE
N° 563
Janvier 2018
Le numéro un de la
presse nautique française

Code acheteur de ce numéro : VVJAN3689

Ce code vous permettra d’accéder à certains contenus
réservés sur notre site Internet. Affluence de 5O5 à la bouée…
Cette photo insolite, signée Sören Hese,

SÖREN HESE
a séduit le jury du prestigieux
concours Mirabaud Yacht Racing Image
et remporté le premier prix.
SPOT
470 ....................................................................... 10

AVENTURE
L’ESSENTIEL
L’ESSENTIEL DU MOIS .....................................12
Yvan Bourgnon, paroles d’aventurier 54
LA COURSE .........................................................14
L’ACTUALITÉ .......................................................18
LA GRANDE CROISIÈRE...................................22
LA VOILE LÉGÈRE ............................................. 26
LA BIBLIO.............................................................28

LE MAGAZINE
NOUVEAUTÉS
Nautic 2017, un salon à l’offensive.................32

ESSAIS
Scow FR 18...........................................................38
Sun Odyssey 319 ...............................................40

YVAN BOURGNON
Rapido ...................................................................44

MINI-TRANSAT
Podium, les favoris au rendez-vous ................48

TRANSAT JACQUES VABRE DÉCOUVERTE

Café grand cru .....................................................50

AVENTURE
Friesland intime,
la Bretagne des Pays-Bas 62 TRADITION
Paul Boyton,
Yvan Bourgnon, paroles d’aventurier .............54 l’homme insubmersible 84
Passage du Nord-Ouest,
un défi complètement fou ! ...............................58

DÉCOUVERTE
Friesland intime
La Bretagne des Pays-Bas ................................62
COLLECTION BOYTON
LAURÈNE COROLLER

UN ARCHITECTE, UN BATEAU
Juan Kouyoumdjian et le ClubSwan 50
Le jusqu’au-boutiste ..........................................70

GRANDE CROISIÈRE
Itinéraire bis
Du Maroc aux Bijagos ........................................76 Vous & PARTAGER APPRENDRE CHOISIR
TRADITION
ÇA VOUS EST ARRIVÉ APPRENDRE
Paul Boyton
L’homme insubmersible ....................................84 «Nous avons chaviré en trimaran Matelotage : les tutos d’Elise
lors de la Transat Jacques Vabre»............ 90 L’épissure autobloquée ...................................98

COURRIER ................................................ 96 ÉQUIPEMENT

Salon de l’équipement d’Amsterdam
La sécurité progresse sur tous les fronts ...... 102
Encart abonnement 8 pages dans les numéros «kiosques»
entre les pages entre 66-67 et 106-107.
Encart abonnement 4 pages dans les numéros destinés
aux abonnés entre les pages entre 66-67 et 106-107. La bibliothèque de Voiles ........................106 Bulletins, petites annonces ....................118

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Télécopie commandes : 02.99.41.89.57.
Tirage : 80 000 exemplaires.
Fondateurs : J.O. Héron et P. Marchand.
Gérant (1985 à 2009) : Ch. de Fréminville.
Voiles et Voiliers est édité par SERNAS SAS,
capital 1 338 000 €.
Président, directeur de la publication :
Jean-Paul Boucher.
Directeur délégué : Jean-Marie Biette.
Directeur du développement
du pôle mer Ouest-France : Pierre Lavialle.
Associé unique : INFOMER.
Secrétaire général : Jean-Marie Biette,
responsable des rédactions du pôle mer
du groupe Ouest-France.
Directrice financière : Martine Le Rouzic.
Comptable : Stéphanie Picoult.
RÉDACTION

JEAN-MARIE LIOT
Rédacteur en chef : Loïc Madeline (02.99.32.58.54).
Rédacteur en chef adjoint : Philippe Joubin (02.23.35.59.27).
Chef de service régates et grands reportages : Didier Ravon.
Chef de service équipement : Sébastien Mainguet (02.23.35.59.26).
Chef de service hors-série et supp : Bruno Ménard (02.23.35.59.28).
Secrétaire générale de rédaction : Sophie Berteloot-Avram.
Secrétaire de rédaction : Jérôme Hervé (02.99.32.56.25). Le centre du Hall 1 de la porte de Versailles permet de présenter les bateaux mâtés. Cela a tout
Journaliste vidéo : Laurène Coroller (02.23.35.59.29). de même plus d’allure. Ne serait-ce que pour cette raison, on préfère y voir des bateaux à voile !
Direction artistique : Marine Cau.

L
Chef de fabrication : Ghislaine Cardin.
Mise en page PAO et conception publicitaire :
Tanguy Blanchard, Anne Caillet, Karine Delanis, e Salon nautique de Paris est une foire, un grand marché, qui permet de me-
Morgane Derderian, Laurence Forget, Céline Gaudin,
Jean-Luc Houdayer, Myriam Le Ber. surer les tendances, de voir les évolutions ou même de constater des chan-
Grands reportages : Daniel Allisy, Christian Février.
Dossiers : Julie Bourgois, Olivier Chapuis, gements. Le Nautic 2017 n’a pas échappé à la règle. Les temps changent,
Delphine Fleury, Eric Vibart. pas toujours comme on le souhaiterait, mais pas nécessairement non plus
Grande croisière : Jean-Luc Gourmelen.
Courses : Loïc Le Bras, Gilles Martin-Raget. dans le mauvais sens. Il va peut-être falloir que l’on s’habitue à voir des
Illustrateur : François Chevalier.
Webmaster : Vincent Brichet (02.23.35.59.38). bateaux à moteur sur les stands des constructeurs de voiliers, au beau
PROMOTION-DIFFUSION milieu du Hall 1, puisque certains chantiers qui ne connaissaient que les moteurs
Directeur promotion : Jean-Marc Puyeau.
Responsable promotion : Séverine Martin. «auxiliaires» s’essaient à ce marché grignotant petit à petit la part très importante
Assistante promotion : Catherine Besnard. de la voile qui fait encore aujourd’hui la spécificité de
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Directeur de la publicité : Philippe Engel (06.07.11.01.85).
la plaisance en France. Même si la propulsion élec-
Chefs de publicité papier + web : trique commence à se faire une place, nous préfére- Les voiliers sont de
Nadine Reinhard (06.07.11.48.35)
et Dominique Le Dez (06.07.10.84.40). rons toujours les voiliers. Ces derniers sont de plus en plus en plus aériens
Responsable petites annonces :
Dominique Le Dez (02.99.32.58.82). plus aériens et les petits solitaires à foils viennent au- et les petits solitaires
Ventes librairies et shipchandlers : jourd’hui s’ajouter aux catamarans volants : il va falloir à foils viennent
Nadine Reinhard : 06.07.11.48.35.
au moins essayer ! Loin de cette dimension sportive,
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son bateau et de les confronter à des prévisions météo au moins essayer !
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30 rue Raoul-Wallenberg, 75931 Paris Cedex 19.
Marchands de journaux : SIP, M. Ribaux, 01.42.36.80.91. L’Allures 45.9, équipé par Kara Technology (spécialiste des tables à cartes tactiles),
Chromie : Graph & ti.
Imprimerie : IPS, 27120
préfigure ce bateau 100 % connecté. Les multicoques océaniques intègrent déjà des
Pacy-sur-Eure. Imprimé en France. capteurs d’efforts au niveau du gréement et des foils pour mieux comprendre les
Dépôt légal janvier 2018.
Commission paritaire n° 1021 K 80845. forces qui s’exercent et savoir jusqu’où «ne pas aller trop loin». Dans le domaine de
la course, ce qui change le plus rapidement, c’est la vitesse atteinte par nos cham-
pions. Avant même que Thomas Coville ne soit sacré «Marin de l’année», François
ESSAIS ET COMPARATIFS
Si vous souhaitez vous procurer un essai de voilier paru dans Voiles et Voiliers (voir Gabart profitait de sa tentative de record autour du monde pour affoler les comp-
la liste en tapant www.voilesetvoiliers.com/voiles-et-voiliers/index-essais dans
la barre de recherche), écrivez-nous et nous vous enverrons une photocopie, la teurs. 851 milles en 24 heures, soit une moyenne supérieure à 35 nœuds ! Le chiffre
plupart des numéros étant épuisés (pour essai simple, 6,20 euros ; pour essai com-
paratif, 6,85 euros). Précisez bien le nom du bateau qui vous intéresse. est hallucinant, comme sa traversée record du Pacifique en seulement 7 jours et
Toute reproduction, même partielle, des textes et illustrations est interdite
sans accord préalable. La revue Voiles et Voiliers n’est pas responsable des 15 heures. Tout va très vite, même les habitudes de consommation changent, que
textes, dessins, photos et illustrations qui lui sont envoyés sous la seule
responsabilité de leurs auteurs. Les citations de marques et les adresses qui ce soit via des applications de co-navigation ou au travers des «boat-clubs» qui
figurent dans les pages rédactionnelles sont données à titre d’information,
sans aucun but publicitaire. Les noms, prénoms et adresses de nos abonnés commencent à s’intéresser à la voile. Nous, on ne les a pas attendus pour savoir que
sont communiqués à nos services internes et aux organismes liés contractuel-
lement avec Voiles et Voiliers, sauf opposition. Dans ce cas, la communication notre passion est encore plus prenante quand on la partage. Et c’est bien la mission
sera limitée au service de l’abonnement. Les informations pourront faire l’ob-
jet d’un droit d’accès ou de rectification dans le cadre légal. que nous entendons poursuivre en 2018. Bonne année à tous.

004_005_Edito.indd 5 04/12/2017 16:58

ÉCHOS
DES
“PROS”
R É A L I S A T I O N S E R V I C E C O M M E R C I A L
CONTACT - Philippe Engel - Tél. 06 07 11 01 85 - E-mail : p.engel@voilesetvoiliers.com
LE RÉSEAU AD DIFFUSE LES BALISES
DE DÉTRESSE PERSONNELLES S SIMY
Simy – comme « see me » - est la plus petite balise de détresse en mer
au monde. Deux à quatre fois plus petite que ses concurrentes, d’un
tarif accessible, elle se glisse dans tous les gilets de sauvetage,
même les plus compacts. Véritable élément de sécurité pour less
sorties en mer, même occasionnelles, elle permet de disposer
d’un moyen d’alerte d’une portée de 5 à 10 milles nautiques
selon les conditions de mer.
Simy est la marque grand-public des Balises Syrlinks, entreprisee
spécialisée depuis plus de vingt ans dans les communications spatiales
patiales
équipant aujourd’hui des centaines de satellites. Certains des équipe-
quipe-
ments produits par la société ont été utilisés pour la mission Rosetta
osetta
et son robot Philae destinée à comprendre l’origine du systèmee solaire
en se posant en 2016 sur la comète Tchouri.
Pour la plaisance, la balise Simy My-AIS est plus petite qu’un télé-lé-
phone portable (11x4x2 cm) et très légère (95g). Un fois insérée d dans
l’équipement du barreur ou des équipiers, elle se fait très rapidement oublier. Une
fois activée, My-AIS transmet la position GPS du naufragé par ondes VHF. Les
navires équipés de récepteur AIS naviguant dans la même zone ou les stations
côtières repèrent alors instantanément sa situation de détresse et sa position.
Un récent accord avec le chaîne Accastillage Diffusion permet désormais de trouver
la balise Simy AIS au prix de 199 euros sur l’ensemble du territoire et offre à tous les
plaisanciers une sécurité supplémentaire autrefois réservée aux professionnels et
aux initiés de la course au large. Innovation 100 % française, la production des ba-
lises Simy-AIS est réalisée en Bretagne, au cœur du bassin technologique rennais.
Balises Simy-AIS. www.accastillage-diffusion.com et www.simy-beacons.com
RADEAUX PLASTIMO,
LA GARANTIE PASSE À 18 ANS.
Co
Contrairement à une idée répandue, depuis l’adoption de la norme ISO 9650 en
mars 2005, les radeaux de survie fabriqués depuis 2006 n’ont plus de durée de vie
ma
limitée. Il en va désormais de la responsabilité de chaque fabricant de valider ou
lim
déclasser ses radeaux en fonction de leur qualité. En passant sa garantie de 18
dé
ans, Plastimo fait clairement la démonstration de sa confiance dans la fiabilité et la
an
longévité de ses radeaux au bénéfice du plaisancier.
lon
Fort de son savoir-faire de concepteur-fabricant et de ses nombreuses innovations
Fo
en matière de radeaux (double chambre, tête de percussion assistée brevetée,
poche étanche imitée depuis par tous les fabricants) Plastimo, qui révise ses
po
radeaux en usine, en environnement ISO 9001, s’affirme de nouveau précurseur
rad
avec cette garantie nouvelle de 18 ans, avec effet rétroactif sur tous ses radeaux
av
fabriqués depuis 2012. C’est parce que Plastimo conçoit, fabrique et révise lui-
fab
même ses radeaux depuis plus de 40 ans, qu’il peut en toute confiance offrir ce
mê
service inédit.
ser
Cette confiance s’appuie sur une qualité issue de choix techniques sans compromis
C
depuis 1978 et d’une traçabilité des matériaux employé (PVC + PU) ainsi que des
équipements assurée depuis cette date.
En faisant réviser son radeau à l’usine Plastimo tous les 3 ans, révision à laquelle
les plaisanciers peuvent assister à Lorient, celui-ci durera 18, voire 21 ans. De plus,
à partir de janvier 2018, Plastimo offre gratuitement le changement de bouteille
qui a lieu la plupart du temps au cours de la neuvième année d’utilisation. Ainsi, le
prix des révisions devient-il constant sur 18 ans… pour un radeau qui n’en est qu’à
la moitié de sa vie, comparé à un modèle concurrent qui, à âge égal, n’a plus que
trois ans de garantie : un élément appréciable dans la valeur de revente du bateau.
Plastimo. Internet : www.plastimo.com
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O S IMPECCABLES. fonction de la zone géographique. A ce jour, plusieurs milliers de m² de voiles de
plaisance et de course au large qui ont été traités par White Sails. Un agrandisse-
Installé depuis deux ans à Hennebont, près de Lorient, dans la Sailing Valley, ment de l’atelier de 200m² et une remorque de 10m de long pour transporter les
White Sails nettoie et entretien les voiles pour les professionnels du nautisme et voiles lattées, donnent aujourd’hui un nouvel élan aux services proposés.
les plaisanciers. Initialement formé à cette activité en Angleterre chez le leader du White Sails, 3 rue de Kerandré, 56700 Hennebont, tél. 02.56.54.11.57. Inter-
nettoyage de voiles, Rodolphe Delesalle, associé à Violette Ecobichon, juriste de net : www.white-sails.net
formation et issue de la même licence professionnelle nautisme à l’UBS a décidé il
y a deux ans de monter sa propre société.
Depuis, la société n’a fait que se développer
pour rassembler aujourd’hui deux personnes
FLAHAULT MARINE
à plein temps à la gestion et plusieurs au net-
toyage en fonction des besoins. White Sails
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prend en charge tous les types de voiles, du LES VOILIERS BENTE.
dériveur au multicoque de course en passant Flahault Marine, chantier établit depuis 1978 dans de la zone d’activité du Port du
par le yacht de croisière (200 pieds pour le Crouesty et centre de services Honda Marine élargit ses gammes de moteurs hors-
plus grand !) White Sails nettoie aussi les bord en devenant concessionnaire Premium BRP Evinrude.
tissus acryliques des lazy bags, capotes de
roof, tauds de protection, toiles d’ombrage et Le chantier a également conclut un accord pour importer des voiliers de
utilise des méthodes appropriées aux voiles course-croisière allemands Bente en septembre 2017. Les premiers Bente 24
et aux selleries parfois fragiles. Le nettoyage petits croiseurs de 7,55 m dessinés par Judel-Vrolijk, voiliers de lignes radicalement
s’opère dans un grand atelier à Henne- contemporaines, volumineux, solide et d’une prise en main facile, seront livrés en
bont avec des produits écolabélisés, sans début d’année 2018. Le grand-frère du 24, le Bente 39, présenté lors du dernier
phosphates ni nitrites. Whites Sails travaille Salon de Dusseldorf, viendra renforcer la gamme. Le chantier Flahault Marine est
avec des professionnels et des particuliers d’autre part centre de services Nanni Diesel et distributeur des semi-rigides High-
sur toutes les côtes de France, de Dunkerque field. Un autre partenariat avec un constructeur de bateaux à moteur coque rigide
à Menton. Pour les particuliers, un service sera annoncé après le Nautic de Paris.
de démontage et remontage des voiles sur Chantier Naval Flahault Marine, 6, Rue des Calfats, Z.A du Rédo,
le bateau est proposé avec possibilité de 56640 Arzon, tél. 02.97.53.74.95. Internet : www.flahault-marine.com
réparation chez des voileries partenaires en
 470

Saute-mouton !
PHOTO CRISTINA BALCELLS
On peut être très jeune et avoir envie de faire du saut de mouton ou plutôt de vagues
même sur un bateau dessiné il y a 55 ans par André Cornu ! C’est ce que David
et Alex Charles-Vila ont dû se dire ce jour en s’envolant sur leur 470. On ne sait
pas dans quel état le bateau est retombé, mais on voit que le dériveur n’est pas
au près, et que le câble de trapèze n’est plus tendu… Les deux Espagnols ont terminé
dixièmes du championnat d’Europe junior cette année. Enfin, cette superbe image
a fini troisième du Yacht Racing Forum Award Mirabaud 2017 ! Didier Ravon

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 SPOT 11

010_011_Spot_2.indd 11 04/12/2017 11:32

 12 L’ESSENTIEL DU MOIS

M
enés par le champion olym-
pique Xabi Fernández, les
VOLVO OCEAN RACE Espagnols de Mapfre se
sont imposés en Afrique
du Sud après 7 000 milles de régate au

Ils jouent couteau, devançant les Franco-Chinois

de Dongfeng de moins de trois heures
après 19 jours de course. Dans une
étape disputée sur un rythme délirant,

à qui perd gagne !

les sept concurrents, rivés à l’AIS, dé-
sormais véritable arme stratégique,
ont passé leur temps les mains sur

012_013_Essentiel_mois.indd 12 04/12/2017 11:35


les écoutes ou à matosser des tonnes
de voiles tout en se faisant copieuse-
ment arroser. L’équipage de Dongfeng
autour de Charles Caudrelier a mené
deux semaines durant, avant de se
faire doubler par Mapfre dans le
contournement de l’anticyclone de
Sainte-Hélène. «Je me suis senti très
coupable d’avoir manqué le timing de
l’empannage, raconte un Caudrelier
honnête. Nous étions dans une super
position, et c’est une erreur stupide
012_013_Essentiel_mois.indd 13
13
●
d’aller comme ça dans l’anticyclone.
Nous voulions trop gagner et avons RENDEZ-
beaucoup perdu. On prend les décisions VOUS
ensemble avec Pascal (Bidégorry le na-
vigateur, ndlr). On avait décidé d’em-
panner beaucoup plus tôt et il dormait
à ce moment-là. Moi j’étais sur le pont
et j’ai été trop gourmand. Je ne l’ai pas
réveillé au bon moment, on n’a pas as- ● MER ET
sez discuté. On aurait pu perdre 30 ou TRANSCENDANCE
40 milles et là c’était 100.» Avant d’ajou- Paris, 19 décembre
A 17 heures 30, conférence
ter : «A bord, ils ne m’ont pas fait de re-
à l’Institut catholique
proche. Ils se sont dit “allez on donne de Paris, par Sœur Nathalie
tout pour se refaire !” et on est remonté Becquart (missionnaire),
petit à petit. Je remercie tout l’équipage skipper et directrice
pour ce qu’ils ont fait.» Confirmation du service Jeunes à la
par le routeur-météorologue Christian Conférence des évêques
de France.
Dumard : «Dongfeng a essayé de cou-
www.ifmer.org/mardis-de-la-mer
per trop court dans l’anticyclone.
C’est tentant de raccourcir la route,
mais au final, il y avait plus de vent ● RAZZLE DAZZLE
Brest, jusqu’au
en continuant au Sud. Il faut accep-
31 décembre
ter de perdre pour gagner Le camouflage des bâtiments
«Nous étions ensuite. Dommage, parce de guerre de la Première
dans une que jusqu’ici, Caudrelier et Guerre mondiale s’expose au
Bidégorry avaient été très musée national de la Marine.
super position, bons, en réussissant tou- www.musee-marine.fr
et c’est une jours de bons petits déca-
erreur stupide lages à l’Ouest.» Après leur ● LA MODERNITÉ
d’aller comme démonstration de force, EN BRETAGNE
Mafpre et son navigateur Pont-Aven,
ça dans Juan Vila (quatre partici- jusqu’au 7 janvier
l’anticyclone.» pations à la VOR et cinq Le deuxième volet de cette
exposition artistique couvre
à la Coupe de l’America),
la période 1920-1940,
confirment leur statut de favoris. de Jean-Julien Lemordant
Dongfeng, clairement plus rapide à Mathurin Méheut.
dans la brise, gagnera sûrement des www.museepontaven.fr
étapes, à condition de ne pas réitérer
ce type d’erreur. Vestas poursuit son ● LA LICORNE
excellent début de course, et Brunel Louvain-la-Neuve
n’a pas encore fait grosse impres- (Belgique),
sion malgré la présence à bord du jusqu’au 7 janvier
Néo-Zélandais Peter Burling. Enfin, il A l’occasion de la parution
AINHOA SANCHEZ/VOLVO OCEAN RACE
du beau livre Tous les secrets
semble y avoir déjà un monde entre
de La Licorne (Gallimard/
les leaders et AkzoNobel, Sun Hung Moulinsart), le musée
Kai et Turn The Tide on Plastic, qui Hergé (Belgique) expose
ont fini roue dans roue, mais plus la maquette originale
d’un jour après le vainqueur. La du célèbre vaisseau.
prochaine étape – 6 500 milles entre www.museeherge.com
Le Cap et Melbourne dans les cin-
quantièmes – qui renoue avec les ori- ● ILES EPARSES
gines de la course autour du monde, Plouzané, 17 janvier
Démonstration est taillée pour les «sangliers». «Je Qualifiées de «joyaux
de force. Mapfre de la République»,
suis déçu de ne pas avoir gagné ce
dans 30 nœuds ces îles de l’océan Indien sont
de vent – sorte de que je considère comme la plus belle
au menu de la conférence
mistral local – à étape de la course, conclut Pascal de Stephan Jorry, chercheur
l’arrivée et en Bidégorry. J’espère vraiment que ce en géosciences marines.
vainqueur au Cap,
trois heures devant
sera pour la prochaine !» Réponse aux www.ifremer.fr
Dongfeng mené alentours de Noël pour cette course
par le Français mythique désormais dirigée depuis la
Charles Caudrelier.
démission de l’Anglais Mark Turner
par deux Suédois, addicts de la Volvo
Ocean Race (7 participations) Johan
Salén et Richard Brisius Didier Ravon
04/12/2017 11:35
 14 L’ESSENTIEL
DE LA COURSE
LA SOLITAIRE URGO/LE FIGARO u CRTW. Lors de l’étape
de l’océan Indien sur

La der’ du Figaro 2 en septembre

la Clipper Round the
World Race, Simon
Spiers, équipier de
Great Britain (60 ans),

P
est passé par-dessus
our la dernière du Figaro Bénéteau 2, il fal- bord. Il était décédé
lait bien cela ! La Solitaire Urgo/Le Figaro 2018, lorsqu’il a été récupéré
sommet du championnat de France élite 36 minutes plus
course au large, clôturera la saison en sep- tard. Cette course
avait connu deux
tembre, saison qui débutera avec la Solo Maître CoQ morts lors de sa
du 12 au 18 mars. Officiellement, cette date de La précédente édition.
Solitaire a été retenue pour éviter de pâtir de la con-
currence médiatique de la Coupe du monde de foot u ELUS. La Néerlandaise
mais le mois de juin ne serait pas forcément aban- Marit Bouwmeester,
championne du monde
donné pour les Solitaire suivantes. Le départ de cette
2017 de Laser Radial
édition, longue de 1 695 milles, sera donné du Havre malgré une blessure
le 26 août (où la flotte sera présente dès le 20) vers la en début de saison,
baie de Saint-Brieuc (570 milles). Elle en repartira le et le Néo-Zélandais
2 septembre vers la ria galicienne de Muros et Noia, Peter Burling,
vainqueur de la Coupe
au Nord-Ouest de l’Espagne (520 milles). La troisième de l’America, ont été
étape traversera de nouveau le golfe de Gascogne, à élus marins de l’année
partir du 8 septembre, à destination de Saint-Gilles- par la Fédération
Croix-de-Vie (440 milles) avant une quatrième manche internationale.
sous forme de sprint de 24 heures (165 milles) au dé-
u AVC. Jean-Marie
part (13 septembre) et à l’arrivée du port vendéen
Cahn, président
(clôture le 16), berceau du Figaro Bénéteau 2 qui y fut de l’association
lancé en 2003. Olivier Chapuis Navigavoilesanté,
victime d’un accident
vasculaire cérébral,
Qui succédera à Nicolas Lunven en remportant la dernière
veut être au départ
D.R.

Solitaire du Figaro Bénéteau 2 ?

de la Route du Rhum
2018 sur un JPK 40
pour démontrer qu’il y
a une vie après l’AVC.
WORLD SAILING jmroutedurhum.org

La course au large arrive !

On en rêve depuis un moment et ça a
l’air de prendre forme sous l’impulsion
conjuguée de la Fédération française de
voile – via sa nouvelle équipe dirigeante
emmenée par le président Nicolas Hé-
nard –, et de l’Américain Stan Honey, en
charge du comité de la course au large
et océanique au sein de World Sailing
puis en juin à Marseille (finale). Avec en
ligne de mire une démonstration aux
jeux Olympiques de Tokyo (2020) en
vue d’une intégration officielle pour Pa-
ris-Marseille 2024, en double mixte sur
un bateau de dix mètres et un parcours
de 300 milles. En attendant, pour aller en
ce sens, la conférence annuelle de World
THIBAULT BRACAMONTE/FFVOILE

(VV n° 554). Si les délais très courts le Sailing a d’ores et déjà acté la création
permettent, la course au large pourrait d’un championnat du monde de course
faire l’objet d’une épreuve «pour voir» au large sur monotype pour lequel tout
dès avril prochain à Hyères (sélections) reste encore à définir. O. Chapuis

Robin Follin pour le triplé

Robin Follin (CN Sainte-Maxime), à droite,
et son équipage ont remporté pour la troisième
fois d’affilée le championnat de France Espoir
de match-racing à Antibes, battant en finale
Simon Bertheau (APCC Voile Sportive) comme
On parle beaucoup
EYOTY/JULIEN GIRARDOT

du Figaro 3 comme
en 2016. Jérémy Jan, également de l’APCC,
support possible complète le podium de ce championnat réservé
de la course aux moins de 25 ans, et disputé sur First 7.5
au large en tant dans du petit temps. Didier Ravon
que discipline
olympique.

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 16 L’ESSENTIEL
DE LA COURSE
COUPE DE L’AMERICA

Un monocoque à foils lestés !

C
omme annoncé dans nos colonnes en
octobre, le futur monocoque pour la
36e Coupe de l’America en 2021 n’aura
pas de quille mais évidemment des
foils… lestés ! Le plan définitif ne sera connu
qu’en mars prochain, mais les Néo-Zélandais
ont dévoilé en images de synthèse à quoi res-
semblera l’engin, dont le dessin a été élaboré
en collaboration avec les Italiens de Luna
Rossa, challenger of record. A part sa lon-
gueur (75 pieds), on ne sait pas grand-chose
des mensurations si ce n’est que le maître bau
devrait être d’environ 6 mètres et le déplace-

LOÏC MADELINE
ment entre 6 et 7 tonnes. Mais ce sont surtout
ces énormes foils type kitesurf mais lestés per-
mettant de naviguer en mode classique, puis
en mode dynamique une fois en vol qui font le
«buzz» ! Si le concept semble révolutionnaire et L’année Coville
fait saliver de nombreux architectes et spécia- Le titre de Marin de l’année 2017
listes de la Coupe, il n’est pas nouveau, puisque a été décerné à Thomas Coville
Guillaume Verdier – encore lui ! –, membre de qui a recueilli la majorité des
l’équipe architecturale d’ETNZ, a déjà étudié voix du jury comme de celles du
un bateau similaire qui n’a pas vu le jour mais public. Record autour du monde
en solitaire (49 jours et 3 heures),
a sans doute convaincu les Kiwis. Enfin, il y a
record de l’Atlantique Nord en
fort à parier que cet AC75 soit doté d’une aile et
solitaire (4 jours et 11 heures)
d’un code zéro. Didier Ravon puis victoire en double dans
la Transat Jacques Vabre.
Révolutionnaire, c’est le moins que Le skipper de Sodebo ne pouvait
l’on puisse dire pour qualifier le nouveau pas être à plus belle fête.
D.R.

bateau de la Coupe de l’America.

TOUR DE FRANCE À LA VOILE Le site web du mois

u SPI. Les inscriptions
sont ouvertes depuis
Dites Tour Voile ! www.macifcourseaularge.com/
la mi-novembre pour
le 40e Spi Ouest-France
destination Morbihan
Pour succéder cartographie qui se courra à
à Damien
La Trinité-sur-Mer
Seguin et à Au rythme où navigue Fran- a atteint 60° Sud… est tou-
du 29 mars au 2 avril.
ses équipiers, çois Gabart – près d’une jours aussi fascinant même
vainqueurs Nous reviendrons
2017, il faudra journée et demie d’avance à si l’on regrette que les para- sur la présentation
s’adapter mi-parcours, le 26 novem- mètres de la centrale de na- de cette édition
JEAN-MARIE LIOT/ASO

d’emblée au anniversaire.
bre, sur le record du tour du vigation ne soient pas com-
format plus
monde en solo de Thomas muniqués. A commencer
rythmé de u BAPTÊME.
l’épreuve. Coville (49 jours 3 heures par le vent, trop imprécis Le trimaran Ultim
4 minutes 28 secondes) –, lorsqu’on passe le curseur Banque Populaire IX,
la carto du site Macif ne sur le bateau. Lorsqu’un skippé par Armel
A nouvelles ambitions, nouveau nom et nouveau logo. devrait plus servir long- front est en avance ou en Le Cléac’h, a été
Amaury Sport Organisation (ASO) rebaptise le TFV, Tour baptisé par Charline
temps… Pas après le 23 dé- retard, la superposition du
Picon et Damien
Voile pour l’édition 2018 – celle des 40 ans –, dont le for- cembre, à 13 heures 09, fichier Grib donne des affi- Seguin, médaillés d’or
mat va optimiser la révolution Diam 24 de 2015. Fini le espère le challenger. En at- chages loin de la réalité du aux Jeux de Rio.
côté tournée des plages et les animations généralistes, tendant, suivre sa trace qui bord. O. Chapuis
il s’agit de donner au grand public l’image d’un sport de u 29.12.19. La course
haut niveau, d’où les «motor-homes» qui remplacent les autour du monde
tentes sur le village et un suivi plus pointu des régates. en solitaire et sans
escale réservée aux
Avec sept actes au lieu de neuf, l’épreuve gagne en densité
multicoques de classe
sur trois week-ends et deux semaines. Plus de prologue, Ultim partira de Brest
on entrera dans le vif du sujet à Dunkerque dès le 6 juillet le 29 décembre 2019.
(jusqu’au 8), avec uniquement des courses en stadium Elle sera organisée par
pour le spectacle, le même format étant repris à Nice pour une société à actions
simplifiées (SAS) créée
le final du 21 au 22 juillet, sans postlogue. Entre-temps, la par Brest métropole
flotte aura couru à Dieppe (9-10), Barneville-Carteret (12- et le collectif Ultim.
MACIF

13), Baden-golfe du Morbihan (14-15), Gruissan (17-18) et

Hyères (19-20) avec une première journée en raid côtier et Dommage qu’il y ait un décalage sur la cartographie
une seconde en stadium. O. Chapuis entre les fichiers Grib et la réalité à bord de Macif.

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 18 L’ESSENTIEL
DE L’ACTUALITÉ
NAUTISME u DÉDOMMAGEMENTS.
L’Etat espagnol

Une vague d’embauches

touchera
1,573 milliard d’euros
et l’Etat français
61 millions pour

S
i ce n’est pas une sortie de
crise, ça en a tout l’air : de-
puis la rentrée, une vague
d’offres d’emploi a déferlé
sur le secteur du nautisme. Pour
le seul groupe Bénéteau, ce sont
500 postes en CDI qui sont propo-
sés de puis septembre, dont 450
pour la seule construction nauti-
que. «C’est le plan d’embauches le
plus ambitieux et le plus important
M. DESDOITS/GROUPE BENETEAU
en nombre que nous menons depuis
10 ans», rappelle Mirna Cieniewicz,
directrice de la communication cor-
porate du groupe. On embauche
aussi à grande échelle chez Amel,
Fountaine Pajot, Privilège ou Grand
Large Yachting (pour son nouveau
site de construction des catamarans
Gunboat à La Grande-Motte), qui
tous font état d’un accroissement
de leur activité. Problème : plus
la marée noire
de la moitié des postes proposés du Prestige en 2002
concernent des emplois d’opéra- dont l’estimation
teurs en composites pour la fabri- des dégâts était
cation des moules, coques et ponts, respectivement
de 4 milliards et
ou les métiers techniques de l’amé- 109 millions d’euros
nagement intérieur, la menuise- dans les deux pays.
rie, le montage des équipements,
l’électricité, l’électronique, et l’on u HOMMAGE. Décédé à
manque encore de personnel 89 ans, Alain Maupas
fut à l’origine du
formé à ces spécialités appliquées
Golif, premier croiseur
au nautisme. Si quelques-uns ont construit en polyester
depuis plusieurs années pris le (par Jouët), et l’un
taureau par les cornes en créant des fondateurs du
leurs propres centres de forma- Groupe des croiseurs
légers (1962), vivier
tion (comme le groupe Bénéteau novateur qui rejoindra
ou Multiplast), le secteur va devoir dans l’Union nationale
se retrousser les manches pour pour la course au large
former rapidement les futurs pro- (1969), et champion
du RORC 1964.
fessionnels de ce secteur et accom-
Un grand monsieur
pagner l’embellie, qui se confirme de la plaisance
avec une hausse de 12,1 % du

s’en est allé

chiffre d’affaires dans la produc- (voir le blog Route
tion française de bateaux de plai- fond sur www.
voilesetvoiliers.com).
sance (chiffres FIN). Delphine Fleury
Le travail ne manque pas dans le
nautisme avec une vague de plus de
1 000 embauches sur toute la France !

PROSPECTIVE
Nautisme et plaisance ont leurs assises
Dans le sillage des Assises de
l’économie de la mer, dont la
treizième édition, les 21 et
22 novembre, a été un franc
succès au Havre, le pôle mer du
groupe Ouest-France – auquel
appartiennent notam ment
Voiles et Voiliers, Le marin et
Chasse-Marée –, crée les Assi-
ses du nautisme et de la plai-
sance en partenariat avec la
Confédération du nautisme et
de la plaisance (CNP).
Préparée par Pierre Lavialle,
directeur du développement
de ce pôle, la première édi-
tion de cet événement annuel,
appelé à se déplacer chaque
printemps sur les façades ma-
ritimes du pays, se tiendra à
La Rochelle les 29 et 30 mai
2018. Tous les métiers du sec-
teur (construction, équipemen-
tiers, services, fédérations…)
s’y rencontreront autour de
tables rondes consacrées à
l’avenir de la filière. O. Chapuis

Jean-Paul Boucher
Rendons à César…
et Yves Lyon-Caen ce qui est à Thomas !
ont signé au Havre
le partenariat entre La superbe photo de couverture
JEAN-SÉBASTIEN EVRARD/AEM

le pôle mer Ouest- du précédent numéro de Voiles et

France et la CNP, en
présence de Pierre
Lavialle (à gauche)
et de Jean-Marie
Biette, directeur
délégué de Voiles et
Voiliers (au centre).
Voiliers – le tout nouveau Wally Tango
lors des Voiles de Saint-Tropez –
est l’œuvre de Thomas Campion. Une
erreur de crédit photo est à l’origine
de cette méprise. Didier Ravon

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 20 L’ESSENTIEL
DE L’ACTUALITÉ
SATELLITES MÉTÉO

JPSS : la nouvelle génération

A
près le renouveau des satelli-
tes géostationnaires GOES
(VV n° 552), la National Oceanic
and Atmospheric Administration
(NOAA) des Etats-Unis a lancé, le 18 novem-
bre, le premier satellite météo de son
pro gramme Joint Polar Satellite System
(JPSS) en collaboration avec la National
Aeronautics and Space Administration
(NASA). Sur une orbite polaire, ce satellite
défilant JPSS-1 (qui s’appellera NOAA-20
dès qu’il sera opérationnel), fait quatorze

fois le tour de la Terre chaque jour, fournis-
sant deux images complètes de la situation
météo sur l’ensemble du globe. Il va ainsi
alimenter en données les modèles numé-
riques de prévision de la NOAA, l’objectif
du programme étant notamment de pré-
voir d’ici à quelques mois les phénomènes
atmosphériques les plus sévères, dont les
cyclones, avec une grande précision, et ce
jusqu’à sept jours à terme, au lieu de trois
actuellement. Parmi les innombrables don-
JPSS-1 rejoint sur une orbite polaire le satellite Suomi NPP (lancé en octobre 2011) dont provient
cette image composite.
nées collectées, on relève la température des
océans, des terres et de l’atmosphère, les
nuages, les précipitations, la vapeur d’eau,
l’ozone, la végétation, les incendies, les érup-
tions volcaniques… et bien d’autres para-
mètres intéressant aussi les climatologues,
mais également le suivi du réchauffement
NOAA
climatique, sans oublier le sauvetage Search
and Rescue (SAR), multipliant ainsi la cou-
verture en ce domaine jusque dans les lati-
tudes les plus élevées. JPSS-1 devrait «vivre»
au minimum sept ans, bientôt épaulé par
JPSS-2, avant d’être relevés par JPSS-3 (2026)
et JPSS-4 (2031). Olivier Chapuis

SNSM

Donnez avant la fin de l’année !
Pour clore en beauté cette année
du cinquantenaire et profiter de la
défiscalisation, donnez à la Société
nationale de sauvetage en mer
(SNSM) avant le 31 décembre. Tel
est le message de la campagne d’hi-
ver, point d’orgue de ce millésime où
la SNSM a été Grande cause natio-
nale. Le site dédié http ://jesoutiens.
snsm.org a été mis en ligne à
cet effet. Son ergonomie efficace
permet de visualiser en temps réel
la défiscalisation de 66 % du mon-
tant versé (dans la limite de 20 % du
cœur
Coup de
P
Pour la formation
revenu imposable), soulignant ainsi Pr
Préparateur
qu’un don de 90 euros ne coûte que
Depuis le 30 novembre, ils sont douze à bénéficier de
30,60 euros. Si la SNSM est financée la formation Préparateur de bateaux de course, dispensée
à 80 % par des fonds privés (l’Etat par l’AFPA Auray. Le bassin d’emploi y est propice avec
vient d’augmenter sa participa- près de 120 skippers professionnels entre Lorient (Lorient
tion de 500 000 euros, la portant Grand Large) et Port-la-Forêt (Finistère/Course au large),
à 4,2 millions), ses donateurs ne à commencer par les plus grosses équipes. Le taux
sont que 90 000. Cela reste faible d’insertion est à l’avenant : onze des douze stagiaires de la
par rapport au nombre de prati- première session ont trouvé des postes – pas tous dans la
quants des loisirs nautiques. A course, la grande plaisance est également concernée –, dont
cinq avec un CDI à la clé. O. Chapuis
commencer par la navigation de
plaisance qui sollicite 80 % des in-
terventions embarquées des Sau-
veteurs en mer… O. Chapuis
u CÉTACÉS. Quatre navires de u PRIMÉS. Bénéteau
Corsica Ferries sont désormais et Multiplast-Groupe
équipés du système REPCET Carboman ont reçu au Mets
de repérage en temps réel d’Amsterdam un «Boat
des cétacés afin d’éviter les Builder Award»
collisions dans le sanctuaire pour le mode de fabrication
Pelagos. www.repcet.com innovant des foils du Figaro 3.

u NAISSANCE. Le Comité du u LA CIOTAT. Un appel d’offres

nautisme et de la plaisance a été lancé pour un travel
vient d’être créé au sein du lift de 4 000 tonnes pour des
Comité France maritime. yachts jusqu’à 80 mètres qui
DELPHINE FLEURY

Coprésidé par le secrétaire devrait desservir une nouvelle

général de la Mer et le président
de la Confédération du
nautisme et de la plaisance,
Après ceux de Sein et des Sables-d’Olonne, le nouveau canot tous temps il rassemble l’Etat, les régions
nouvelle génération Amiral Leenhardt a été béni le 25 novembre à Sète. et les professionnels.
zone de 4 hectares. Près
de 12 000 mètres carrés de
nouveaux locaux dédiés aux
professionnels du nautisme
sont également en projet.

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 22 L’ESSENTIEL Kiwi Spirit 2 Par Jean-Luc Gourmelen
gourmelen@voilesetvoiliers.com

DE LA GRANDE CROISIÈRE
TRANSATS u HAÏTI. Réunis par
Alain Coureau,

Embouteillages atlantiques
250 voiles et
20 moteurs hors-bord
ont été acheminés
par des plaisanciers

Ç
bretons et provençaux
a bouchonne sur l’auto- dans la commune de
route Canaries-Antilles, en Pestel, l’an passé. Une
ce début décembre ! En re- opération humanitaire
vanche, les flottes de l’Atlan- qui mérite d’être
renouvelée, avec
tic Rally for Cruisers, du un rallye France-Pestel
Rallye des îles du soleil, de l’At- organisé à partir
lantic Odyssey et du Royal Ocean des Canaries à
Racing Club, qui se sont engagées l’automne 2018.
alcoureau@gmail.com
dans les traces de la Mini-Transat
n’y ont pas rencontré les mêmes
u SCHOUTEN. Alors qu’il

conditions météo : les dépres-
sions se succèdent depuis le 15
novem bre au Nord de la route
orthodromique, d’où une pétole
persistante le long de celle-ci
ainsi que des alizés asthmatiques
qu’il faut aller chercher au moins
à la latitude du Cap-Vert. Il y a
peu de chances, donc, que des
records soient battus par cette
cuvée «transats 2017», même
par les plus véloces des engagés.
Parmi ceux-ci, notons le mano
à mano entre le TS 42 Guyader
JEAN-LUC GOURMELEN
était parti pour un tour
du monde à l’envers,
Alain Maignan a dû
rebrousser chemin
au large de l’Uruguay,
suite à une rencontre
Petit temps et près au menu de ce départ des 188 voiliers participants à l’ARC, nocturne avec un
devant la ville canarienne de Las Palmas. cétacé, choc qui a
fendu la varangue
de son Sun Rise
Gastronomie et l’Outremer 64 racing. Quant aux autres, c’est-à-
principale en deux
Saudade, ce dernier remportant dire la majorité des voiliers qui endroits.
finalement l’ARC, ainsi que la naviguent en pères peinards, ils
deuxième place – toujours occu- ont tout le temps d’apprécier la
pée à l’heure où nous écrivons ces flamboyance des couchers de so-
lignes – par le Pogo 36 Shah en leil devant l’étrave…

OCEANSCANNER KIWI SPIRIT 2

Jo Le Guen à la dérive ! Essai n° 3 pour Stanley Paris
Une dérive océanique, bien sûr, puisque le célèbre rameur molénais va s’élancer
des Canaries cet automne à bord d’un étonnant attelage composé d’un voilier
amarré par l’étrave à un ponton flottant sous lequel est immergé un conteneur
de six mètres, puis une bouée. Le tout est censé dériver à un nœud vers les Ca-
raïbes – les voiles ne seront pas hissées –, au gré des vents et des courants, le
couple ponton-conteneur servant d’ancre flottante, mais aussi en quelque sorte
de dispositif de concentration de poissons (DCP). L’idée ? Effectuer des relevés
en continu des paramètres physico-chimiques de la couche d’eau, mais aussi
observer in situ la formation de l’écosystème (algues, crustacés, coquillages,
poissons…), comme sur un DCP ou une carène de bateau sans antifouling. Vi-
déos et documents pédagogiques sous la forme de bande dessinée expliquant
le fonctionnement du plancton sont aussi au programme de cette dérive en
voilier et à reculons prévue pour durer 150 jours, soit largement le temps de
symboliser l’éloge de la lenteur…
D.R.

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Bel oiseau du large que ce FC53, et belle obstination
que celle de son propriétaire et skipper !

L’adage populaire dit que la troisième tentative est la bonne. Et c’est

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bien ce que l’on souhaite à Stanley Paris, qui a dû abandonner ses deux
premiers tours du monde sur casse matérielle avec son premier Kiwi
Spirit, un plan Farr de 65 pieds. Le numéro deux est un plan Finot-Conq
de 53 pieds en carbone construit chez Knierim (Allemagne), avec lequel
il a quitté Saint Augustine (Floride) le 18 novembre. Agé de 80 ans, cet
ancien médecin d’origine néo-zélandaise cherche à battre le record de
Dodge Morgan (1986), soit le tour du monde en 150 jours 1 heure et
6 minutes avec les Bermudes comme point de départ et d’arrivée. Un
Etonnant et ingénieux attelage que ce nouveau projet de dérive atlantique archipel où Stanley a dû faire un pit-stop impromptu afin de régler des
dans lequel Jo Le Guen s’engage. soucis techniques une semaine après son départ de Saint Augustine.

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 L’ESSENTIEL
Celeste

Par Jean-Luc Gourmelen

24 gourmelen@voilesetvoiliers.com
Fleur de Passion

DE LA GRANDE CROISIÈRE
DÉCÈS

Michèle Demai et son Nuage

S
peakerine pendant onze ans du temps
de l’ORTF, de Denise Fabre et de Renée
Legrand, elle plaque tout à 44 ans et s’en
va traverser l’Atlantique sur un Sun Fizz
lors de la première Transat des alizés, en 1987.
Ensuite, elle fait construire Nuage, un Esquina
sur plans Guy Saillard, chez Garcia, avec lequel
elle navigue en Atlantique et dans le Pacifique, en
réalisant des documentaires, des livres et des ar-
ticles dans les journaux, comme Loisirs Nautiques
ou Voiles et Voiliers. Tombée amoureuse des na-
vigations dans les hautes latitudes, elle décide
de tenter le passage du Nord-Ouest avec sa fille,
Sabrina, en 2001, une aventure aussi forte qu’ex-
trême, et que nous avons publiée dans le numéro
d’avril 2002.

Décédée le 9 novembre à 73 ans, Michèle Demai a

consacré la deuxième partie de sa vie à naviguer sur
Nuage, avec une prédilection pour les hautes latitudes.

FLEUR DE PASSION ANATOLE

Dans le sillage de Magellan Dakar-Bretagne sur la Céleste

Quand Manu lui a proposé de remonter l’alizé au près de Dakar
à Perros–Guirec, Anatole a dit «oui». «Après avoir trouvé mon
rythme, je réalise à quel point je suis heureux d’être en mer malgré
l’inconfort du près. Plus l’on s’éloigne de la terre, moins elle me
manque. Nous n’avons eu aucune avarie jusqu’au dixième jour
de mer. Alors que nous voulons prendre un ris, la grand-voile ne
descend pas, un coulisseau s’est coincé dans une aspérité dans
le rail le long du mât, et Manu doit monter là-haut. Nous aurons
finalement mis 17 jours pour rejoindre les Açores, où nous res-
terons cinq jours pour bricoler et préparer le bateau.» Après huit
jours au près dans le golfe de Gascogne, la bascule à l’Ouest arrive
enfin… «Au bout de quelques heures dans l’obscurité totale, la
lumière du phare du Créac’h est en vue. Une courte escale à l’Aber-
Wrach, puis nous rejoignons le lendemain Perros-Guirec. Le temps
est venu pour moi de faire le point sur cette fabuleuse aventure et
d’en conclure : désormais c’est sûr, je veux devenir marin !»
OMEXPEDITION

Actuellement en Indonésie, Fleur de Passion recueille des données

sur le réchauffement climatique et les océans.

Engagée depuis 2015 dans un tour du monde à bord de ce magnifique ketch

aurique – bordés de chêne sur une structure en acier – de 33 mètres battant
pavillon suisse, The Mapping Expedition poursuit ses navigations à partir
des Philippines. Le programme scientifique en cours consiste à quantifier en
ANATOLE FALCON

continu les gaz à effet de serre (méthane et dioxyde de carbone) à la surface

des océans, en partenariat avec l’université de Genève. Outre ces volets scienti-
fiques (cartographie de la pollution micro – et méso–plastique, blanchissement
des coraux, pollution sonore des océans…), l’équipage helvète accueille aussi à
Pendant les cinq derniers jours, nous serons au portant
bord des adolescents en difficulté dans le cadre du programme socio-éducatif à fond dans les dépressions : le vent est fort, la mer aussi,
«Jeunes en mer». Le retour à Séville est prévu en août 2019. mais quel bonheur de barrer jour et nuit !

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GRAND LARGE YACHTING GROUP

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 26 L’ESSENTIEL
DE LA VOILE LÉGÈRE
GRAND PRIX DE L’ARMISTICE u FUNBOARD. Delphine
Cousin-Questel a

Plus de 400 régatiers été sacrée vice-

championne du monde
en slalom à l’issue de la

à Maubuisson dernière épreuve qu’elle

a remportée à Nouméa.
Marion Mortefon est
médaillée de bronze,

L
comme son grand frère
e Grand Prix de l’Armis- Maé Cottereau en FKid, de Thomas en Nacra 15, de Jeanne Barbeau
Pierre chez les garçons.
tice, organisé par le CV et Eric Proust en F16, d’Arthur Bo- et Adèle Hovnanian en SL 15.5, et Maëlle Guilbaud et
Bordeaux sur le lac de Hoc et Laetitia Lefevre en F18, de enfin d’Oléane Laugé et Morgane Pascal Toselli terminent
Carcans-Maubuisson, Titouan Petard et Marion Declef Lorman-Nogue en SL16. dans le top cinq.
est l’épreuve de voile légère qui
clôt la saison depuis près d’un
demi-siècle. La 48e édition, dispu-
tée sur deux week-ends, a lou-
voyé entre petit temps et brise
permettant aux ténors de briller.
Kevin Peponnet et Jérémie Mion
se sont imposés en 470, Philippe
Boite et Mathieu Fountaine en 5O5,
Aloïs Verkest et Jean Robillard en
Fireball, et Jean-Jacques Frébault-
Nathan Fafiotte (Snipe) en inter-
série light. En Finn, – l’épreuve
comptait pour le championnat de
France Elite –, Guillaume Boisard a
été titré, mais il manquait le cham-
pion d’Europe et vice-champion
MICHEL ESPAIGNET/CVB

du monde Jonathan Lobert. Son

père Philippe, a fini 12e. Enfin, en Des risées et de jolies
catamaran, à noter les victoires figures en SL 15,5 et 16
lors du second week-end
de Milania et Hervé Le Maux en du Grand Prix de l’Armistice.
Dart 18, d’Antoine Monastier et

WORLD SAILING
Un championnat du monde eVoile !
Depuis tout gosse, il en rêvait. Philippe Gui-
gné, a créé il y a quinze ans Virtual Regatta,
dont le succès planétaire (Volvo Ocean Race,
Vendée Globe, Route du Rhum…) a conquis
World Sailing au point de lancer dès 2018 un
championnat du monde virtuel. Bref, il sera dé-
sormais possible de disputer simultanément les
épreuves de la coupe du monde, notamment
la World Cup Series de Hyères en avril, le Mon-
dial à Aarhus au Danemark, et de participer à
cœur
Coup de
un championnat du monde annuel à partir d’un
ordinateur, d’une tablette ou d’un mobile via le
jeu «Inshore». «Le eSport, compétition sur jeu
vidéo, est dans l’air du temps, et la Fédération
internationale l’a bien compris» explique Phi-
lippe Guigné. C’est une consécration méritée
pour cette entreprise française et ce type de jeu
en ligne, visant aussi un nouveau public et per-
mettant de régater sans se mouiller !
www.virtualregatta.com
P
Pour
Em
Emmanuel Dodé
Chirurgien-ophtalmologiste, Emmanuel
Dodé est aussi un redoutable régatier,
champion d’Europe et double champion
du monde de Dart 18. Il vient de gagner
lors du Grand Prix de l’Armistice
le National Classe A devant Jean-Louis
Le Coq et 47 concurrents. Son prochain
objectif est de gagner le championnat
du monde remporté à neuf reprises
par l’Australien Glenn Ashby,
et du coup il cherche des partenaires !
dodeemmanuel@yahoo.fr
P. DERVIEUX/KINEVIEUX.FR

On va pouvoir désormais
se prendre pour un futur
médaillé olympique…
D.R.

mais dans son canapé !

026_027_Essentiel_voile legere.indd 26 04/12/2017 11:36

 Par Didier Ravon
ravon@voilesetvoiliers.com 27

MONDIAL FORMULA KITE u TECHNO 293.

Jules Chantrel est

Nico Parlier l’extraterrestre !

devenu vice-champion
d’Europe junior
en planche à voile
Techno 293 à
Tarragone (Espagne).
Gaspard Carfantan a
terminé troisième, tout
comme Enora Tanné
chez les jeunes filles.

u HANSA 303.
Les Français Raphaël
Bizieux et Ange
Margaron ont remporté
la médaille d’or lors des
Jeux paralympiques
de la jeunesse à Gênes
en Italie.

u RS:X. Hélène
Noesmoen, 9e au
TOBY BROMWICH

TOBY BROMWICH
championnat d’Europe
à Marseille, 12e au
championnat du
monde à Enoshima
(Japon) et 1re Française,
Daniela Moroz et Nico Parlier, les nouveaux champions du monde de kitesurf. Notez les appendices de leurs planches rêve de participer aux
qui ressemblent à des avions ! jeux Olympiques de

I
Tokyo 2020. Etudiante
l est de loin le rider de l’année ! Que ce soit nique et sa vista tactique à 40 nœuds font merveille. à l’Insa Rennes,
sur le circuit de la coupe du monde à Hyères, L’autre Français, Axel Mazella, n’est pas en reste. Il a elle recherche des
partenaires. Helene.
Santander, ou lors du championnat du monde terminé à une superbe deuxième place, remportant
noesmoen@gmail.com
de kitesurf à Muscat dans le sultanat d’Oman, aussi le titre mondial des moins de 21 ans. Chez les
Nicolas Parlier domine avec une insolente aisance la filles, Alexia Fancelli a pris une très belle troisième u TOP TROIS.
future discipline olympique. Sur treize manches, il place d’un championnat remporté par une jeune Jonathan Lobert est
en a gagné onze : «Je remporte la Medal Series mais Américaine de 16 ans, Daniela Moroz. Enfin, Anaïs en tête du classement
j’aurais pu rester sur la plage et tout de même gagner. Mai Desjardins et Titouan Galea arrivent troisièmes national fédéral 2017
devant Damien Seguin
Nous allons de plus en plus vite et j’aime ça car notre des moins de 21 ans, confirmant que le kitesurf trico-
et Louis Giard.
sport est de plus en plus disputé.» Sa maîtrise tech- lore est décidément au top !
u LASER. Mathilde
de Kérangat et
Jean-Baptiste Bernaz
SAINT-BARTH CATA CUP terminent l’année au
quatrième rang du
Les Grecs maîtres à Saint-Barth ! classement mondial
World Sailing dominé
par Anne-Marie
Après le désastre causé née. Avec 47 équipages engagés ruption depuis sept ans, anciens Rindom chez les filles
par l’ouragan Irma à Saint- dont nombre d’étrangers, le suc- sélectionnés olympiques, les et Pavlos Kontides
Barthélemy en septembre, l’île cès de cette 10e édition n’a fait Grecs Paschalidis et Trigonis ont chez les garçons.
antillaise a tenu à maintenir la que le confirmer. Eux n’en atten- profité d’une bévue de Franck
Saint-Barth Cata Cup, l’une des daient pas tant ! Champions du Cammas et Matthieu Vandame,

régates les plus prisées de l’an-
24
monde de Tornado sans inter- largement en tête la veille de la
dernière manche mais qui se
sont trompés de bouée, pour
l’emporter devant les Argentins
Cruz Gonzales-Smith et Mariano
Heuser, et les Belges Patrick De-
mesmaeker et Olivier Gagliani.
Tenants du titre, les Français Le
Clainche et Joubert ont fini cin-
quièmes d’une épreuve toujours
le nombre de titres
aussi disputée et bien organisée.
mondiaux en funboard
remportés par Antoine
PIERRICK CONTIN

Peu de vent cette année, Albeau, le dernier à

pour la 10e édition, mais toujours
des parcours très techniques. Nouméa fin novembre !

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 28 L’ESSENTIEL
DE LA BIBLIO
Noel
LES BEAUX LIVRES
de
ÉPOPÉE
Histoire universelle
de la navigation
Tome II. Des étoiles aux astres nouveaux
Par François Bellec
Nous avions refermé le premier tome
de cette imposante histoire de la navi-
gation dans le sillage des navigateurs
partis autour du globe lors des grandes
découvertes. Nous en reprenons la lec-
ture dans celui des marchands hanséa-
tiques et italiens. François Bellec nous
embarque de nouveau au fil des pages
de cette somme monumentale, d’une
précision maniaque mais aussi d’une
iconographie, d’une richesse et d’une
justesse impeccables. Les expéditions
scientifiques, la nécessité pour les na-
tions d’offrir à leurs marins des outils
028_031_Essentiel_biblio.indd 28
..
CARTOGRAPHIE
HIE
Océans
ns
pier
de papier
Par Olivier Le Carrer
er
C
et Océans de papier est la réédition d’un ouvrage
Editions de Monza,
de qualité publié voilà onze ans. Olivier Le Carrer
512 pages, 24 x 30 cm,
s’était mis en tête de relater par le menu l’histoire
69 euros.
de la carte marine, véritable personnage central de son
ouvrage, de l’Antiquité à nos jours. Et le pari d’amener
cette épopée à portée du lecteur sans tomber dans la
thèse scientifique est gagné. Car avec sa plume vive et
parfois savoureuse, Le Carrer signe un ouvrage aussi
érudit qu’abordable, assemblant une à une toutes les
pièces de ce puzzle que fut la cartographie de notre
planète, des spéculations les plus fantaisistes jusqu’à la
précision quasi millimétrique des cartes actuelles. Le tout
adaptés aux conquêtes, accélérèrent
agrémenté d’une remarquable iconographie. Ph. J.
les connaissances en matière de navi-
gation grâce à l’indispensable décou- Editions Glénat, 128 pages, 24 x 32 cm, 30 euros.
verte de la longitude, aux raffinements
des sextants, horloges, compas… jus-
qu’à la rénovation de la cartogra-
phie, imposée par les Français. La
révolution industrielle apporta son
lot de mutations, jusqu’à l’irruption
de la navigation moderne avec les
GPS et autres cartes électroniques.
Mais pour en arriver là, les travaux de
Bellec sont une remarquable mise en
perspective. Ph. J.
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 29

APPRENTISSAGE
VOYAGES
En attendant l’équipier Le cours
& autres tribulations
Par Laëtitia Maltese et Antoine Bugeon
des Glénans
Ouvrage collectif

Ce petit livre ne se prend pas au sérieuxux et c’est

tant mieux. Il est d’autant plus facile de suivre
l’auteur, Laetitia Maltese, sur le Leenan n Head, un vieux gréement né en
Ecosse en 1906. A bord de ce bateau de e travail, le confort est minimum
mais les navigations sont ambitieuses, des Lofoten jusqu’aux Antilles en
passant par Terre-Neuve ou Le Cap-Vert. Fortunes de mer, intimité limitée,
équipiers atypiques ou communications défaillantes : tout est prétexte à
une observation savoureuse et drolatique. Une lecture amusante enrichie
par les dessins en forme de clins d’œil d’Antoine Bugeon. L. M.
Editions Scriberies Maritimes, 80 pages, 14,8 x 21,2 cm, 12 euros.
C’est déjà la huitième édition n de cette
véritable bible de la navigationon à voile.
édentes, il
Comme lors des éditions précédentes,
s’agit d’une œuvre collective, pas moins de 29 auteurs ont
travaillé à sa rédaction afin dee transmettre l’essentiel pour
puis le ressalage d’un dériveur
naviguer en toute sécurité. Depuis
jusqu’à la résolution de pannes s d’un moteur in-bord, en pas-
sant par la conduite à tenir enn cas d’accident, l’éventail des
situations couvertes est particulièrement large. Outre les no-
tions utiles à la conduite d’un bateau, on notera l’importance
du chapitre météo et l’arrivée de pages consacrées à l’environ-
nement marin. L. M.
Editions du Seuil, 1 072 pages, 15, 5 x 23,7 cm, 59 euros.

COURSE AU LARGE
40 ans de Mini-Transat
A la rencontre de l’Homo
oceanus minitransatus ANNIVERSAIRE
Par Patrick Benoiton

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur la Mini-Transat, cette incroyable Sauveteurs
course au large réservée à des bateaux de 6,50 mètres. Voilà la promesse
de Patrick Benoiton, journaliste et ancien ministe lui-même, qui s’est plongé en mer
dans des articles de journaux mais est surtout parti à la recherche des dizai- Par Gérard Piouffre,
nes de témoignages des coureurs et organisateurs ayant participé au suc- avec la participation de Bernard Rubinstein
cès de la course. A côté de l’historique, de l’évolution des bateaux ou de

celle de la sécurité, l’auteur met l’accent sur les motivations intimes des
coureurs, la multiplicité de leurs origines et cherche à comprendre en quoi
cette course transatlantique les a profondément marqués. L. M.
Editions Glénat, 336 pages, 14,1 x 22,5 cm, 19,99 euros.
VENDÉE GLOBE
Seul au monde
124 jours dans l’enfer du Vendée Globe
Par Sébastien Destremau
O
n ne fera pas l’insulte au lecteur de lui présenter la SNSM, ni de
rappeler aux plaisanciers ce qu’ils lui doivent. On se contentera
de dire que les auteurs, pour les cinquante ans de l’association,
lui ont fait un beau cadeau. D’abord, parce que sa partie historique,
sur les origines du sauvetage en mer, constitue une somme d’érudi-
tion richement illustrée de peintures, vieilles photos et cartes pos-
tales. Ensuite, parce qu’il fait la part belle à l’humain, et s’achève sur
une série de portraits d’hommes et de femmes qui font le sauvetage
en mer d’aujourd’hui. C’est le moins qu’on puisse faire pour rendre
hommage aux quelque 7 000 bénévoles qui incarnent la tradition de
solidarité des gens de mer. On donnera aux auteurs un dernier coup
de chapeau pour une iconographie particulièrement léchée. J. H.
Editions Ouest-France-SNSM, 192 pages, 26,7 x 28,7, 27,50 euros.

Le très médiatique dernier concurrent du Vendée Globe 2017, rompu à la

course au large en équipage, s’est engagé dans la course autour du monde
sans avoir jamais navigué en solitaire. Seul au monde n’est pas le récit de
cette course. C’est le récit sans fard du parcours d’un enfant blessé, d’un jeune
rebelle devenu un homme avide d’expériences fortes qui a choisi la course au
large comme exutoire. Et qui se retrouve, seul en mer, face à ses erreurs et à
ses contradictions. On ne peut qu’être touché par cette confession sincère, qui
détonne dans un univers où les discours formatés sont devenus la règle. D. F.
Editions XO, 264 pages, 155 x 240 cm, 19,90 euros.

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 30 L’ESSENTIEL
DE LA BIBLIO
GÉOGRAPHIE

HÉROS Cartes
Corto Maltese et la mer
Ouvrage collectif
anciennes
Par Kevin J. Brown

C
Les hors-séries déclinés par Ouest-France conti-
et ouvrage n’est pas centré sur l’importance de la cartogra-
nuent à proposer un nouveau regard sur les héros
phie en matière de navigation ou de découverte, pas plus
de bande dessinée. Après avoir visité les ports du
qu’il ne s’intéresse à une période historique particulière.
monde dans les pas de Tintin, il nous est proposé
Mais il regroupe des cartes très diverses assorties de commen-
d’appréhender le rapport du plus célèbre des marins
taires pertinents. Où l’on découvre que ce que le cartographe veut
de BD, qui fête cette année ses 50 ans, avec la mer.
mettre en évidence est tout aussi important que les sources aux-
Né d’un père marin britannique et d’une mère gitane
quelles il a accès. De toutes ces mappemondes présentant des
de Gibraltar, le grand Corto s’est toujours affranchi
pays réels ou fantasmés, nous retiendrons notamment celles des-
des frontières, maritim
maritimes surtout, en vagabond inspiré. Cet ouvrage per-
sinées en Chine et au Japon qui nous dépaysent autant qu’un
met ainsi
insi aux non initi de s’intéresser au monde de la mer par le prisme
non-initiés
voyage en Extrême-Orient. Une belle leçon de géographie. L. M.
de cette œuvre majeure de la BD, mais aussi de redécouvrir le héros sous
cet angle essentiellement maritime. Ph. J. Editions Glénat,
208 pages, 27,7 x 31,7 cm, 39,95 euros.
Editions Ouest-France, 130 pages, 23,5 x 30 cm, 9,90 euros.
En vente chez les marchands de journaux
et sur boutique.ouestfrance.fr ou boutique.voilesetvoiliers.com

IMAGINAIRE
IMAGINA

Les bateaux
de m
ma
bibl
bibliothèque
Par Jean-Be
Jean-Benoît Héron

Voici un pur bonheur de livre. De son coup de crayon inspiré,

Jean-Benoît Héron a décidé de donner corps à quelques-uns des
plus fameux bateaux de la littérature maritime. Souvent l’on re-
proche à l’image, animée ou non, d’affadir le rêve procuré par la
lecture d’un livre aimé. Là, bien au contraire. Héron concrétise nos
lectures en les magnifiant. Bounty, Pequod, Hispaniola, Nautilus,
HMS Harvey, Marie… ils sont tous là ou presque – il y a même
l’Arche de Noé –, et on se plaît à se souvenir, en contemplant ces
dessins et en découvrant les courts textes érudits qui les accom-
pagnent, des instants bénis passés avec Forester, Verne, Kipling,
Loti, Stevenson, Melville… Ph. J.
Editions
Glénat,
128 pages,
19,3 x 25,8 cm,
25 euros.
YACHTING
Histoire des yachts
en fer
Par François Puget
Il aura fallu quelque vingt ans à François
Puget, spécialiste incontesté des débuts du
nautisme en France et collaborateur histo-
rique du Chasse-Marée, pour réaliser cet ouvrage d’une fascinante
érudition. A la seule lecture du titre, on pourrait croire à tort qu’il
s’agit là d’une somme rébarbative et indigeste sur une niche du
yachting, propre qui plus est aux amateurs fortunés de la ville
de Nantes. Bien au contraire. Ce livre d’une précision chirurgi-
cale est écrit avec une plume vive qui rend agréable la découverte
une à une des yachts décrits avec minutie, les replaçant dans le
contexte de l’époque. Le rythme du récit est habilement rompu
par des portfolios remarquables à l’image de ceux consacrés à
des régates en Loire en 1868 et 1898 ou des éclairages sur les
jauges comme sur des armateurs locaux passionnés et créatifs.
De surcroît, la magnifique iconographie est mise en valeur par la
maquette élégante déclinée par l’éditeur. Une réussite. Ph. J.
Editions Locus-Solus,
210 pages, 16,5 x 24 cm, 23 euros.

028_031_Essentiel_biblio.indd 30 04/12/2017 14:21

 31

BIOGRAPHIE
HISTOIRE Le prix
de la victoire
La grande histoiree Par Armel Le Cléac’h

vue de la mer Pour un sportif hors d

Par Christian Buchet
«Prendre la mer et non plus la terre,
comme espace de référencement histori-
que est un renversement complet d’atti-
tude qui bouscule bien des idées reçues.»
Le préambule de cet ouvrage définit par-
faitement ce qu’il contient. Il a été écrit
dans le prolongement du remarquable
projet Océanides qui, cinq ans durant, a
permis à 260 chercheurs internationaux, ux,
issus de 40 pays, de plancher sur le rôleôle
de la mer dans l’histoire humaine. Son on
auteur, l’universitaire Christian Buchet, et,
ce
en fut le directeur scientifique. Et il place
à juste titre la mer au centre de toutes es
les préoccupations humaines, rendant nt
maritimement intelligible l’évolution du
monde tout en renversant les points de
vue les plus établis. La mer fait l’histoire ;
la mer est une chance qu’il faut mesurer
à sa juste valeur. C’est intelligent, éru-
dit, remarquablement écrit et illustré et
même rafraîchissant grâce à ce contre-
point inattendu. Ph. J.
Editions Le Cherche Midi,
216 pages, 29 x 23,5 cm, 30 euros.
commun, la publica
du
publica-
tion d’une biographie
biograph
après un exploit est un peu l’exer-
cice obligé. Armel Le Cléac’h, aidé en
cela par Dominique Le Brun, n’a pas
échappé à la règle. Le vainqueur du
Vendée Globe se livre ici à son image,
à savoir avec la pudeur et la simplicité
qui sont les siennes, au fil de pages
qui se lisent avec plaisir. Bien évidem-
ment, sa récente victoire majuscule y
est disséquée par le menu, ainsi que
son remarquable parcours avec son
actuel partenaire, Banque Populaire,
mais on apprécie plus particulière-
ment les débuts du «Chacal», les men-
tions émues à Monseigneur Le Cléac’h
ou la force de l’aventure Brit’Air. Et à
un garçon qui lit Tolkien en plein Ven-
dée Globe, on pardonne beaucoup.
Ph. J.
Editions Robert Laffont, 270 pages,
13,6 x 21,6 cm, 19,50 euros.

NAVIGATION

Les routess GLISSE

maritimess Une brève histoire du

u surf
Par François Chevalier,
Par Matt Warshaw
illustrations Laura Acquaviva

S
Le surf, plus qu’un sport, une phi- Editions Glénat,
on odyssée aurait mené Ulysse
losophie ? Loin de tordre le cou à ce 272 pages, 17,5 x 24,8 cm,
jusqu’en Irlande. Les Vikings au-
’ancien
vieux cliché, le bouquin de l’ancien 25 euros.
raient vraiment découvert l’Améri-
rédacteur en chef de Surfer Maga-
que (mais sans Astérix). Guillaume II
zine lui donne du corps. Et une pa-
était radin au point d’offrir une coupe en
tine, avec une très chouette icono-
étain – et non en or – au vainqueur de la
graphie vintage. Le surf, ses codes,
Kaiser’s Cup. Voici quelques-unes des his-
ses héros, sa musique… l’auteureur fait
toires glanées au fil des seize chapitres du
l’inventaire d’un sport qui n’a pas
nouveau livre de François Chevalier. Des
ectable,
toujours eu une image respectable,
navigations de l’Antiquité à l’invention de
plutôt un truc de beaux gossessses un
la course au large, notre collaborateur re-
ogants.
peu voyous et volontiers arrogants.
vient, cartes à l’appui, sur seize épopées
éritable
Si, après sa mutation en véritable
maritimes qui ont vu l’homme explorer
industrie dans les années 70, le
les mers du globe dans des conditions
surf a perdu de son aura contre-
parfois insensées. Non seulement c’est
sés par
culturelle, les portraits dressés
d’une érudition folle, mais en plus c’est
Matt Warshaw des héros actuels uels du
un bel objet en forme de clin d’œil aux ro-
este un
surf montrent que celui-ci reste
mans de Jules Verne. J. H.
sport de têtes brûlées. J. H.
Editions EPA,
224 pages, 18,7 x 28,7, 25 euros.

028_031_Essentiel_biblio.indd 31 04/12/2017 14:21

 32

NAUTIC 2017
Un salon
à l’offensive
Le tableau de marche de l’industrie de la plaisance est repassé
dans le vert pour la première fois depuis 2008. Une bonne raison
pour que le salon affiche des ambitions en termes de fréquentation.
On se réjouit de revoir les X-Yachts à Paris mais aussi que beaucoup
de nouveautés soient des petits bateaux, y compris des dériveurs.

Retrouvez les vidéos sur

www.voilesetvoiliers.com
JEAN-MARIE LIOT

Textes Philippe Joubin, Loïc Madeline, Sébastien Mainguet et Bruno Ménard.

Photos Jean-Marie Liot, Loïc Madeline et Didier Ravon.

SKELLIG 5
UN PROMENEUR TRANQUILLE
Il a une bonne tête, ce canot rondouillard. Comme les
autres modèles de la gamme, le nouveau Skellig 5 reprend
le concept du «pêche-promenade» mais en ajoutant une
petite touche de tradition : tonture assez prononcée, rouf
plutôt anguleux et gréement houari (celui-ci facilite le
transport, les espars étant moins longs). Les formes sont
inspirées des sandbaggers de la baie de Chesapeake,
avec une bonne largeur à la flottaison et un lest très
modéré – qui se limite à la dérive elle-même, une tôle de
100 kilos qui pivote pour s’escamoter entièrement dans
son puits (on utilise un double palan pour la relever et
le safran est pivotant lui aussi). La coque est toutefois
construite en stratifié de verre – elle sera en infusion sous
vide à partir du troisième exemplaire. Les emménage-
ments recevront un contremoule, ce qui n’était pas le cas
sur le modèle exposé au salon. A l’intérieur, le volume est
assez généreux, il faut dire que le rouf est large puisqu’il
va quasiment jusqu’au livet. La descente est elle aussi très Longueur : 5,95 m.
large : 77 centimètres. On peut dormir à quatre personnes Largeur : 2,50 m.
dans la cabine qui offre une très grande couchette double Tirant d’eau : 0,20-1,30 m.
de 2,45 x 2 mètres à l’avant et deux couchettes latérales de Déplacement : 700 kg.
2,10 x 0,65 mètre, qui se glissent sous le cockpit. La hau- Lest : 100 kg (dérive).
teur sous barrots se limite à 1,20 mètre, mais après tout SV : 23 m2.
c’est un petit bateau. En tout cas, on est très bien installé Matériau : stratifié verre-polyester
sur les banquettes. A noter aussi la présence inattendue (en infusion sous vide).
mais réjouissante d’une penderie à cirés. A l’extérieur, on Architectes : Christophe Baley,
peut apprécier la profondeur du cockpit mais les ban- Plasmor, Yannick Wileveau.
quettes semblent un peu étroites (à peine plus de 30 centi- Constructeur : Plasmor.
mètres). Le cockpit mesure près de 2 mètres sur 2, autant Prix : 34 900 €.
dire qu’il est accueillant.

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DUFOUR 360 GL
ENCORE PLUS CONFORTABLE
Longueur : 10,30 m. Largeur : 3,54 m. Tirant d’eau : 1,55 m.
Déplacement : 5 674 kg. SV : 55 m2. Matériau : fibre de
verre stratifiée. Architectes : Umberto Felci-Dufour Yachts.
Constructeur : Dufour Yachts. Prix : 115 373 €.
Plus qu’une évolution du 350, le Dufour 360 GL
inaugure la «version 3.0» de la gamme Grand
Large, signature appelée à être développée
sur les autres productions du chantier. Le
redressement à la verticale du tableau arrière
conjugué aux 30 centimètres de coque supplé-
mentaires entraîne un gain d’espace substantiel
derrière les deux postes de barre. Ce qui a sur-
tout permis à Umberto Felci et Dufour Yachts
de fermer le cockpit sur l’arrière par des assises
sécurisantes. Celles-ci intègrent des éléments de
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confort dignes d’unités plus grandes : une plan-
cha, un évier et un logement pour bouteille de
gaz de grande capacité.
D’une manière générale, tout est plus luxueux
et «premium» à bord. Les manœuvres ne sont
plus apparentes sur le pont, mais dissimulées
à l’intérieur d’un carter au look épuré. La dis-
position des winches, plus excentrés et plus en
arrière, a été revue pour une utilisation optimale
que l’on soit en équipage fourni ou réduit. Le
rouf est élargi d’une vingtaine de centimètres de
NOUVEAUTÉS 33
Pen Duick III, invité d’honneur du Nautic 2017,
était accessible au grand public qui découvrait
un bateau au palmarès exceptionnel.
chaque côté. Résultat : gain de place à l’intérieur,
où la luminosité est remarquable grâce au
panneau avant et au hublot de nez de rouf
emprunté au 520. A l’intérieur (cuisine en «L»),
on a joué sur les matériaux au look luxueux
avec trois essences de bois au choix : moabi,
chêne et teck. Ce nouveau 360 Grand Large est
disponible en trois et en deux cabines, l’avantage
de cette dernière version étant évidemment les
volumes beaucoup plus importants de la salle
de bains et de la cabine arrière.
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 34

BALKIS
L’ÉLÉGANCE INDÉMODABLE
Dommage que la place sur le stand du chan-
tier Franck Roy soit comptée car ce Balkis est
l’une des vraies vedettes de ce 57e Nautic. Ce
numéro un terminé peu avant le salon aurait
mérité une meilleure mise en valeur. Il s’agit
d’un plan Herreshoff de 1920, revu par Joël
White voilà vingt ans, en particulier en ce qui
concerne sa poupe. En l’occurrence, au lieu
de l’arrière norvégien original, il est doté d’un
superbe tableau arrière incliné verni du plus
bel effet. Pour le reste, le chantier a scrupuleu-
sement adapté le dessin d’origine, jusqu’aux
hiloires de cockpit, listons et plats-bords
(en acajou verni) mais en le construisant en Longueur : 7,06 m. Largeur : 1,85 m. Tirant d’eau : 0,56-1,75 m. Déplacement : 907 kg. Lest font de coque : 499 kg.
polyester de manière classique et en le dotant SV : 18 m2. Matériau : polyester. Architectes : Nathanael Herreshoff-Joël White. Constructeur : CN Franck Roy. Prix : 49 035 €.
de généreux volumes de flottabilité (dans la
pointe avant, sous les bancs, les planchers…)
de manière à le rendre insubmersible. Il a aussi ce dayboat de 7 mètres, son plan antidérive exemplaire terminé juste avant le Nautic n’a
été équipé d’un impeccable accastillage Harken (1,75 mètre de tirant d’eau, dérive abaissée), sa pas encore navigué. Mais on espère au plus vite
et d’un emmagasineur de foc Bartels. Mât et surface de voilure généreuse alliée à un poids pouvoir tester, barre franche en main – une très
bôme sont en aluminium anodisé noir classi- plume (907 kilos) en font certainement un jolie pièce en bois –, ce Balkis qui démontre
que. Les lignes épurées, élégantes et sobres de voilier des plus vivants et agréables. Le premier que les plans les plus réussis sont éternels.

KITE TENDER D-ZÉRO

UN PETIT DRAGSTER À AILE UN SOLO EFFICACE
Ce n’est pas tous les jours que l’on présente un bateau équipé d’un seul
et unique bout, en l’occurrence la commande de dérive. Pas tous les
jours non plus que vous pourrez atteindre 25 nœuds sur un bateau de
4 mètres ! Le Kite Tender est une plate-forme sur laquelle on grée n’im-
porte quelle aile de kite avec une simplicité biblique. Un barreur, un
pilote de l’aile, les pieds dans les straps et c’est parti, à deux ou à trois,
y compris équipier(s) à mobilité réduite. Chaînon manquant entre le
bateau et les pratiques de glisse, le Kite Tender promet de naviguer, sans
gîter, à la vitesse du vent «en sachant seulement faire du cerf-volant» et avec
des accélérations étonnantes, «de 5 à 20 nœuds en 2 secondes». Le concept
paraît simple et séduisant. Unique bémol : il faut 10 nœuds de vent pour
que l’engin fonctionne vraiment. Comme un kite ou un cerf-volant.

Longueur : 4,40 m. Largeur :

1,40 m. Tirant d’eau : 5 cm
(dérive haute), 95 cm (dérive
basse). Déplacement : 85 kg.
SV : n’importe quelle aile de
kite (1 000 à 2 000 euros l’aile).
Matériau : sandwich vinylester.
Architecte : Peter Schermer. Longueur : 4,22 m. Largeur : 1,40 m. Déplacement : 62 kg. SV : 8,10 m2 (pour barreurs
Constructeur : Kite Tender (NL). de 75 à 105 kg) ; 6,9 m2 (pour barreurs de moins de 75 kg). Matériau : polyester.
Prix : 9 000 €. Architectes : Dan Holman-Devoti Sailing. Constructeur : Devoti Sailing. Prix : 6 932 €.

Voilà un nouveau dériveur solitaire sur un marché déjà bien fourni.

Ce D-Zéro, fruit du travail conjoint de Dan Holman et de Devoti Sai-
ling est présenté pour la première fois en France – où il est importé par
Sail & Trade, distributeur Devoti dans l’Hexagone – trois ans après son
lancement en Grande-Bretagne. Outre-Manche, ce joli dériveur connaît
un succès d’estime. Et c’est sans doute justifié vu sa carène puissante,
très large sur l’arrière, son étrave aux entrées d’eau fines, le tout assu-
rant certainement des sensations fortes au planing. Le D-Zéro est équipé
d’une bôme et d’un mât carbone en deux parties, la voile (North) y étant
ralinguée et non enfilée. L’accastillage, signé Harken, semble aussi simple
qu’efficace, en tout cas il est dénué de gadgets pouvant à l’usage être inu-
tiles. Un bateau certainement aussi amusant que spectaculaire.

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OVNI 450 ET OVNICAT 48
NOUVELLE JEUNESSE
L’Ovni 450 annonce peut-être le retour
en grâce d’Alubat auprès des grands
voyageurs. Son carnet de commandes
semble en tout cas le prouver. Il n’est
pas révolutionnaire en ce sens qu’il
part d’une base connue et éprouvée,
la carène de l’Ovni 445. Mais l’archi-
tecte et le chantier ont travaillé pour
remettre ce grand croiseur au goût du
jour. L’évolution est très visible au
niveau du cockpit qui est maintenant
équipé de deux barres à roue et qui
s’ouvre plus largement sur une jupe
arrière revue également, plus large et
plus plate. L’étrave est plus verticale, ce
qui a permis de gagner en volume et
en longueur de flottaison. Elle est dotée
d’une delphinière qui supporte l’ancre
et permet d’amurer de grandes voiles
Ovni 450. Longueur : 14,15 m. Largeur : 4,29 m. TE : 1,05-2,90 m. Déplacement : 11 550 kg.
SV : 95,50 m2. Matériau : aluminium. Architecte : M. Lombard. Constructeur : Alubat. Prix : 468 600 €.
Ovnicat 48. Longueur : 14,94 m. Largeur : 7,75 m. TE : 1,23 m. Déplacement : 13 500 kg. SV : 139 m2.
Matériau : aluminium. Architectes : Mortain-Mavrikios. Constructeur : Alubat. Prix : 1 144 800 €.
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d’avant. La soute à voiles profite elle
aussi de ces modifications, son entrée
est plus large et elle est plus grande. Les
emménagements de leur côté bénéfi-
cient à plein de la lumière apportée
par des hublots de coque largement
revus à la hausse. Alubat sortira égale-
ment bientôt son premier catamaran
de grande croisière, l’OvniCat 48. Un
voilier toujours construit en alliage
d’aluminium pour aller partout, mais
un quillard, même si les ailerons sont
peu profonds. Ce cata proposé en trois
cabines adopte un dispositif original
avec une grande surface de pont au
niveau des étraves, une astuce certai-
nement sécurisante pour aller manœu-
vrer à l’avant. Le design très stylisé des
emménagements est signé Samer Lasta.
NOUVEAUTÉS 35
NAUTIC 2017, UN SALON À L’OFFENSIVE
RS CAT 14
IL SAIT TOUT FAIRE !
Avec son bouchain vif, ses longues nervures creusant les
quatre bordés, et ses poutres intégrées aux coques, ce cata
affiche une allure caractéristique rappelant bien sûr celle de
son grand frère le RS Cat 16, lancé il y a trois ans. Livré en stan-
dard avec un trapèze (un deuxième est proposé en option), le
14 est capable de s’adapter à des équipages très variés. Doté
d’un accastillage simple et bien optimisé, il est très facile à
prendre en main et offre cependant de bonnes sensations
dans la brise. Le bouchain et les nervures apportent une rai-
deur structurelle qui est gage de performances plus qu’hono-
rables pour un cata en polyéthylène. On doit souligner aussi
la qualité de la finition. Vous retrouverez bientôt dans Voiles
et Voiliers l’essai de ce nouveau modèle.
Longueur : 4,25 m. Largeur : 2,14 m. Déplacement : 125 kg
(dont coques 84 kg). SV : 10,20 m2. Matériau : polyéthylène rotomoulé.
Architecte : Jo Richards. Constructeur : RS Sailing. Prix : 7 800 €.
RS ZEST
LE FUN À PETIT PRIX
Difficile de ne pas être séduit au premier coup d’œil par ce
petit dériveur d’initiation habillé de couleurs vives. Au milieu
du cockpit, le banc incurvé de couleur jaune est du plus bel
effet et rappelle bien sûr le nom du bateau. Dans la gamme
du constructeur britannique, le tout nouveau Zest est le rem-
plaçant du Quba mais il est censé tout faire pareil en mieux :
il est plus volumineux, plus stable, et offre davantage d’es-
pace dans son cockpit à l’ergonomie très soignée. Doté d’une
dérive pivotante et d’un safran pivotant lui aussi et auto-
matique (qui se manœuvre sans bout de relevage), ce déri-
veur pardonne sans doute beaucoup. Conçu pour naviguer
avec ou sans foc, le Zest est avant tout un bateau d’initiation
mais il offre une bonne souplesse d’utilisation puisqu’il peut
accueillir un adulte ou deux enfants, voire trois enfants. A
noter qu’en configuration catboat, il est possible de rouler la
grand-voile sur le mât pour la réduire.
Longueur : 3,59 m.
Largeur : 1,47 m.
Poids coque : 68 kg.
SV : 6,90 m2 (avec foc).
Matériau : polyéthylène
rotomoulé. Architectes :
Jo Richards-RS Sailing.
Constructeur : RS Sailing.
Prix : 3 490 €.
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 36

STIR-VEN 19 CABINE
LE VRAI PLUS DE LA CABINE
Jusque-là simple dayboat, le Stir-Ven 19 se veut désormais petit
bateau de camping côtier. Le chantier Grand Largue l’a en effet
coiffé d’une mini-cabine, très élégante avec ses petits hublots ova-
les, qui permet de stocker du matériel voire d’envisager passer
une nuit ou deux à bord dans un confort très relatif. Un élément
qui ne vient pas rompre la ligne élégante de ce joli voilier à la
carène à clins, doté d’un gréement houari et à la mise en œuvre
particulièrement aisée. Nul doute que les qualités nautiques de ce
dériveur sur plans François Vivier doivent demeurer évidemment
identiques avec son ballast liquide de 240 litres, sa dérive lourde
(120 kilos) en fonte profilée tout comme sa généreuse surface de
voilure. Cette cabine que le chantier moule est aussi facilement
réalisable pour les constructions en kit par les amateurs. Et même
si le cockpit est plus petit, il reste d’une taille très agréable. Cette
cabine se révèle une jolie option.

Longueur : 5,70 m. Largeur : 2,10 m. Tirant d’eau : 0,25-1,10 m. Déplacement : 535 kg. Lest : 120 kg. SV : 21,3 m2.
Matériau : contreplaqué-époxy. Architecte : François Vivier. Constructeur : Grand Largue. Prix : 35 000 €.

WASZP CODE 1
LE FOIL POUR TOUS OU PRESQUE ET MAINTENANT, IL VOLE !
Si ce monotype venu de l’autre bout du monde est plus On connaissait le Code 1, le grand frère leurs voiliers du dernier Vendée Globe.
facile à prendre en main qu’un moth à foils, on ne peut pas du Code zéro, comme un extraordinaire «Il ne s’agit pas de voler en permanence
en faire grand-chose si on n’a pas déjà un bon niveau en voilier faisant la part belle au plaisir de la mais de navigation assistée par les foils»
dériveur classique. Le coureur Pierre Leboucher, agent du vitesse au détriment sinon du confort, en nous explique l’architecte qui en espère
constructeur australien pour la France, résume les choses tout cas de la hauteur sous barrots que un gain de 2 à 3 nœuds sur les allures
ainsi : «Pour des gens qui font un peu de régate en Laser, c’est l’on a l’habitude de trouver à bord d’un de reaching dans la brise. Les foils qui
possible de voler tout de suite…» Sur le stand, on tombe sur bateau de 12 mètres. Avec la version à sont rétractables pour rentrer dans une
un sémillant sexagénaire, un certain Marc Babin qui régate foils qui est annoncée aujourd’hui, place de port apportent un gain de puis-
en Waszp. «Une fois qu’on arrive à stabiliser le bateau, le le concept de grand «week-end boat» sance et allègent la traînée de la coque.
décollage n’est pas trop difficile», affirme-t-il. Rassurant. Des- ultrachic et ultrarapide est poussé encore La construction très légère en sandwich
siné par l’architecte du Mach 2 – une référence chez les plus loin. En lui ajoutant des foils, Marc carbone de la coque prédisposait certai-
moth –, ce Waszp est beaucoup plus accessible, techni- Lombard va booster les performances nement le Code 1 à ce type de dévelop-
quement… et financièrement. Il est aussi plus simple à de ce voilier déjà très impressionnant. pement. On pourra voir ce «foiler» en
manipuler puisque beaucoup moins fragile avec ses foils L’architecture retenue est dans la même action à l’occasion de la prochaine Gira-
et ses ailes en aluminium, et ses appendices rétractables veine que celle présente sur les meil- glia Cup, au mois de juin.
qui autorisent une mise à l’eau «normale». Si l’on en croit
Marc Babin, l’empannage en vol se fait bien «à condition de
ne pas réfléchir» (sic !). En revanche pour virer sans se poser,
il faut abattre pas mal afin de gagner en vitesse et sortir du
virement assez bas, ce qui n’est pas forcément payant en
régate. Ça va moins vite qu’un moth mais, on ne risque pas
de s’ennuyer. Une trentaine de bateaux sont attendus pour
le National de cette jeune série, épreuve qui sera disputée
à l’Ecole nationale de voile, à Quiberon, en mai prochain.

Longueur : 3,35 m.
Largeur : 0,43 m - 2,20 m.
Tirant d’eau : 0,20-1,00 m.
Déplacement : 48 kg.
SV : 6,90 ou 8,20 m2.
Matériau : sandwich
verre-mousse PVC, ailes
et foils en aluminium.
Architecte : A. McDougall.
Constructeur : McConaghy.
Longueur : 12 m. Largeur : 4 m. Tirant d’eau : 1,25 m-3 m. Déplacement : 4 500 kg. SV : 110 m2. Matériau : sandwich
Prix : 12 444 €.
carbone-mousse-époxy. Architecte : Marc Lombard. Constructeur : Black Pepper. Prix : 600 000 €.

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 NOUVEAUTÉS 37
NAUTIC 2017, UN SALON À L’OFFENSIVE

ONE FLY OPEN C 29

QUI PEUT VOLER ? ELEGANCE ET VITESSE
Le One Fly fait bien sûr penser à un moth à foil mais il s’agit d’un bateau
de série monotype et il ne prétend pas rivaliser en performance avec ces
derniers. Il est d’ailleurs sensiblement plus lourd (50 kilos tout gréé) et
un peu plus long qu’un moth. La coque dessinée par Sam Manuard est
également plus large, ce qui confère au One Fly davantage de stabilité et
la possibilité de naviguer en mode archimédien. Ce bateau sera proposé
avec deux gréements afin de pouvoir être utilisé par de jeunes champions
au sortir de l’Optimist. Le mât est simplement implanté et n’a pas besoin
de haubans mais il est en carbone tout comme la bôme, et il est équipé
d’un pousse-bas pour tirer le maximum de la puissance de la voile. Il
se différencie du Waszp par des appendices en carbone qui doivent lui
permettre d’aller plus vite. Le volet arrière du foil central est autorégulé à
l’aide d’un palpeur fixé au niveau de l’étrave. Le stick contrôle l’angulation
verticale du safran et donc celle du foil horizontal situé en son extrémité.
Longueur : 8,80 m. Largeur : 2,75 m. TE : 0,80-2 m. Déplacement : 1 600 kg. SV : 42 m2.
Un très séduisant bébé construit avec un soin extrême par Hervé Devic.
Matériau : CP époxy. Architecte : Paolo Bua. Constr. : Open C Yachts. Prix : 84 000 €.

Longueur : 3,48 m. Ce bateau signé Paolo Bua possède l’élégance d’un dayboat rapide mais
Largeur : 0,70 m-2,25 m son programme est plus ambitieux puisque sa taille l’autorise à quitter le
(avec ailes). continent pour aller s’offrir de petites croisières jusqu’en Angleterre ou
Déplacement : 50 kg. en Corse. Les performances seront sûrement au rendez-vous de ce bateau
SV : 7,25 m2. léger équipé d’une delphinière prolongée par un bout-dehors. Les bords
Matériau : verre de portant devraient être particulièrement jouissifs. Et pour le près et la
vinylester-mousse. puissance, il peut compter sur sa quille profonde mais relevable afin de
Architectes : Manuard-Col. permettre l’échouage. Le bateau est alors calé sur ses deux safrans. La
Constructeur : Tocatec. gamme Open C Yachts comporte beaucoup d’autres unités avec à chaque
Prix : 13 000 €. fois un matériau choisi en fonction du programme du bateau, depuis
le bois époxy jusqu’à l’aluminium en passant par le stratifié de fibre de
verre. On y trouve même des croiseurs hauturiers et des multicoques.

LAGOON 40
TAILLÉ POUR L’ANNÉE SABBATIQUE
Toujours plus d’espace et de luxe en améliorant
la performance : voici la philosophie du leader
mondial du catamaran de croisière pour ce nou-
veau 40 pieds, synthèse du 39 et du 400. Un des
défis était de concevoir une «petite» unité capable
d’être aussi performante en charge, quand on part
pour des mois au soleil, que pour une navigation
légère de quelques heures. VPLP a fait la chasse
au poids, gagnant au total 600 kilos. Le mât du
Lagoon 40 est très reculé vers l’arrière. Double
bénéfice : d’une part l’épontille est très en arrière
aussi, ce qui libère tout le volume de la nacelle où
la visibilité est excellente grâce aux grands vitrages
verticaux caractéristiques de la marque ; d’autre
part, ce recul du mât crée un grand triangle avant
et la possibilité de vraiment border un code zéro
utilisable dès le près dans 15 nœuds de vent.
L’accessibilité à la mer est réussie via deux larges
jupes qui partent d’un cockpit si spacieux que l’on
tient à huit personnes autour de l’immense table,
plus grande que celle du carré. A l’intérieur, on
peut opter pour trois versions différentes : quatre
cabines et quatre salles d’eau, quatre cabines et Longueur : 11,73 m.
deux salles d’eau ou bien trois cabines et deux Largeur : 6,76 m.
salles d’eau. C’est cette dernière version qui est Tirant d’eau : 1,35 m.
présentée au Nautic et elle est séduisante : dans Déplacement : 10 880 kg. SV : 80 m2.
la coque tribord, deux cabines sont séparées d’un Matériau : sandwich verre-balsa-vinylester.
grand cabinet de toilette, l’intégralité de la coque Architectes : VPLP Design.
bâbord étant occupée par une luxueuse suite pro- Constructeur : Lagoon.
priétaire avec salle d’eau sur l’avant. Une véritable Prix : 256 000 €.
provocation à l’année sabbatique !

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SCOW FR 18
Une énorme stabilité
Ce petit dayboat présente une stabilité de forme étonnante est déjà à poste sur son emmagasineur.
grâce à sa carène de scow. Mais en plus, il est lesté Il s’agit pour être plus précis d’un foc
pour davantage de sécurité. Un voilier aussi chic qu’original. autovireur. Le mât, malgré ses veines
apparentes, est en réalité en carbone et
CONDITIONS DE L’ESSAI : La Rochelle, vent d’Ouest 5 à 8 nœuds. participe aussi grâce à sa légèreté à la
stabilité du navire. Comme sur un déri-
veur, on s’assoit directement sur les cais-
LOÏC MADELINE
aussi avec une belle barre d’écoute située
sur le pontage arrière, barre d’écoute
dont les manœuvres reviennent sur les
caissons à la main du barreur.
On l’a dit, le bateau est particulière-
ment stable : c’est vrai en latéral, il
nous fallait mettre un équipier sous

L
e Scow, c’est d’abord un bateau
qui a de la gueule, une vraie
personnalité qui ne passe pas
inaperçue, ni sur le plan d’eau ni
sur les pontons. On se retourne
sur son étrave particulièrement large,
on est intrigué par son mât couleur bois
et impressionné par la richesse de son
accastillage. Sa livrée vert d’eau est ori-
ginale mais pas autant que son dessin.
Les scow reviennent à la mode par le
biais de la Mini-Transat, course domi-
née par les «gros nez», mais le FR 18
est directement inspiré des modèles
nord-américains, en vogue sur les lacs
de Nouvelle-Angleterre depuis plus d’un
siècle. Il s’agissait pour Alain Mortain et
Yiannis Mavrikios de dessiner un bateau
puissant mais pas volage. D’où le choix
de le lester pour limiter les risques de
chavirage. Nous sommes donc en pré-
sence d’un mini-quillard (en fait seule la
dérive est lestée), mais qui affiche des
allures de dériveur. Et pourtant, dès que
l’on pose le pied à bord, le doute n’est
plus permis. Ce Scow FR 18 présente
à l’arrêt une stabilité exceptionnelle
pour un navire de cette longueur. Nous
le préparons, debout dans le cockpit
comme si nous étions dans celui d’un
habitable. Nous enverrons la grand-
voile en quittant le port mais le génois
sons mais le fond du cockpit est habillé
de teck. Et l’on garde les pieds au sec car
ce cockpit est autovideur. La dérive en
position basse affleure à peine et forme
cale-pied entre deux blocs moulés et al-
longés qui reçoivent la tourelle d’écoute
de grand-voile (à l’arrière) ou les drisses
et commandes de dérive (à l’avant).
DU VOLUME À L’AVANT
ET À L’ARRIÈRE
Aucune pièce agressive, l’ergonomie est
soignée. Un puissant hale-bas avec palan
en cascade permet de contrôler l’impo-
sante grand-voile à corne que l’on règle
le vent pour gîter au près. Mais c’est
également vrai dans le sens longitudi-
nal : il est difficile de modifier l’assiette
du bateau, il y a du volume à l’étrave
comme au tableau arrière. Par rapport
au prototype présenté l’an dernier,
les architectes ont redessiné la carène
en affinant les volumes arrière mais
même avec ce «rock» plus prononcé,
il est difficile de mettre le Scow «sur
le cul» simplement en reculant l’équi-
page. Sous voiles, cette grosse stabilité
est un peu perturbante si l’on s’attend
à manier un dériveur car son compor-
tement est davantage celui d’un petit
quillard. Très vite, on apprécie la qualité
de l’accastillage : le palan double de

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 SPÉCIAL

ESSAI 39
Texte Loïc Madeline.

SCOW FR 18 Une énorme stabilité

LES CHIFFRES de Voiles et Voiliers

SCOW FR 18 GUÉPARD MORGANN 5.50
Longueur 5,50 m 5,50 m 5,50 m
Largeur 1,94 m 2,06 m 1,80 m
Tirant d’eau 1,15 m 1,10 m 0,80 m
Poids 278 kg 600 kg 290 kg
Lest 60 kg 110 kg
SÉBASTIEN MAINGUET

Surface de voile 21,30 m2 20 m2 14,20 m2

Grand-voile 15,70 m2 14 m2 9,50 m2
Foc 5,60 m2 6 m2 4,70 m2
strat. verre/
Matériau strat. verre-polyester bois traditionnel polyester
Comme un grand. La réalisation du FR 18 est très soignée et le bateau Architecte Mortain-Mavrikios Etienne Riguidel Yves Manac’h
bénéficie d’un accastillage de qualité. On voit ici le rail du foc autovireur, Constructeur CN Franck Roy Chantier du Guip CN Franck Roy
le palan de hale-bas largement dimensionné et le fond de cockpit en teck. Prix 34 900 € 27 000 € 31 460 €

Constructeur : Construction navale Franck Roy, www.cnfranckroy.com

Safrans excentrés. Cette image
met en relief les lignes d’eau
ALAIN MORTAIN
PRIX
PRIX STANDARD ... 34 900 €
(départ chantier avec mât alu
anodisé, noir, voiles Dacron UV

très tendues du Scow avec blanc et foc à recouvrement)

un bouchain très marqué. On
voit également la position très PRIX STANDARD .. 40 400 €
excentrée du safran tribord. (départ chantier avec mât carbone
verni, voiles film laminé fibres
Pentex et foc à recouvrement)
CE QUI NOUS CE QUI NOUS
A SÉDUITS A DÉPLU BATEAU ESSAYÉ ..... 45 604 €

Un petit bateau très original et très
chic pour se distinguer.
• L’accastillage de qualité.
• La personnalisation possible.
• La sensibilité de la barre.
grand-voile et sa tire arrière permet-
tent de la border sans effort. La barre
d’écoute s’avère très utile dans le petit
temps pour vriller la grand-voile. Au fur
et à mesure que le bateau accélère, on
borde et on lofe. La barre commande
un double safran via une tringlerie bien
ajustée puisqu’on ne la sent pas plus
qu’on ne la voit (elle est cachée sous le
pont et les safrans sont suspendus).
UN VRAI PLAISIR
À BARRER
Avec le foc autovireur, on peut s’amuser
à caper en rentrant le point d’écoute
mais il faut préalablement soigner sa vi-
tesse. Les virements sont très faciles, les
deux safrans sont tellement efficaces
qu’il faut prendre garde à ne pas ressor-
tir trop bas. Le spi qui s’amure à l’extré-
mité d’un bout-dehors rétractable est
indispensable pour vraiment s’amuser
On ne peut pas avoir les avantages PRINCIPALES OPTIONS
à la fois du quillard et du dériveur. Tangon asymétrique télescopique
• Grutage conseillé pour sortir carbone et accessoires
.............................................. 872 €
le bateau de l’eau.
Foc autovireur
• Prix élevé lié à la production limitée. .................................... sur devis
Spi asymétrique 21 m2
par moins de 10 nœuds. En serrant le .....................................
1 632 €
vent, on apprécie alors la puissance Prix remorque
.................................. 2 560 €
de la carène : la barre reste très douce
même quand le sillage s’aplatit et que
le bateau part au planing. Et avec un
safran toujours bien placé sous le vent,
on ne risque pas de perdre le contrôle.
Et ce devrait être encore mieux avec le
prochain exemplaire. Les architectes
nous promettent qu’il sera un peu plus
toilé. Mais il a fallu que la nuit arrive
pour que nous acceptions de rentrer au
port. Ce bateau est bien plus séduisant
que déroutant et nous aurions voulu
approfondir notre découverte en cher-
F. CHEVALIER
chant pour chaque allure les meilleurs
réglages. La qualité des finitions nous a
fait oublier que nous étions sur un voi-
lier de seulement 5,50 mètres. Le chic
d’une production Franck Roy se marie CONCLUSION
sans difficulté avec des aspects prati-
ques comme en témoigne la présence Un dayboat chic et très original qui bouscule les codes. Sa stabilité
de quatre pads-eyes à plat pont pour exceptionnelle lui offre une puissance surprenante aux faibles
élinguer facilement le bateau. ■ angles de gîte et son poids le rend plus sage qu’un dériveur.

038_039_Essai_Scow FR 18.indd 39 04/12/2017 14:22

 SUN ODYSSEY 319
Un croiseur compact et accueillant
Certes, il n’a pas le caractère innovant de son grand frère le 349, la partie coulissante horizontale du pan- lure, on s’ennuie un peu à la barre et
mais ce croiseur compact cultive une discrétion qui lui sied bien. neau et ensuite on l’oublie ! c’est normal. Nous doublons Joshua,
Confortable et facile à faire marcher sous voiles, le plus petit modèle Nous devons amener notre bateau le bateau de Bernard Moitessier, sans
d’essai de La Rochelle aux Sables- grandes difficultés, puis en arrivant de-
de la gamme Sun Odyssey pourrait devenir une valeur sûre.
d’Olonne et la météo nous annonce un vant les grands immeubles des Sables-
CONDITIONS DE L’ESSAI : pertuis breton, vent de secteur Sud, 5 à 12 nœuds, vent portant, mais faible, ce qui augure d’Olonne, on remet le cap vers le large,
petit clapot désordonné. une navigation un peu poussive. histoire de tirer quelques bords de lou-
D’autant qu’il nous manque un spi – voyage devant les roches de la Petite

A
n’en pas douter, il y a du vo-
lume là-dedans ! Vu de l’ar-
rière, au ponton, le nouveau
Sun Odyssey impressionne
par son franc-bord, d’autant
qu’entre l’angle vif du bouchain pro-
gressif et le livet, le bordé est très droit
et assez vertical. Autre surprise : on ne
trouve qu’une seule barre à roue dans
le cockpit, et non pas deux comme cela
se fait beaucoup aujourd’hui. Le volume
généreux du rouf en sifflet pourrait
alourdir la silhouette du bateau, mais
le dessin du grand hublot apporte une
touche de finesse. Au moment de ran-
ger le panneau vertical de la descente,
un bon point : cette pièce toujours en-
combrante et lourde peut être calée sur
symétrique ou asymétrique, ce se-
rait toujours mieux que notre code
zéro avec lequel on peut surtout tirer
quelques bords de bon plein, travers…
et constater en passant que les deux
safrans apportent une stabilité de
route suffisante pour que l’on puisse
lâcher la barre quelques minutes, au
moins dans les petits airs. Au portant,
avec cette voile peu adaptée à cette al-
Barge et de la Grande Barge. Le vent
est toujours très irrégulier, en force
comme en direction, on passe sans
cesse de 5 à 12 nœuds, avec des bas-
cules de 30 degrés. Un petit clapot dé-
sordonné se range plus ou moins dans
la direction opposée quand on est tri-
bord amures. Dans cette situation, le
bateau a tendance à tanguer pas mal,
et il est alors très difficile de prendre

040_043_Essai_SunOdyssey.indd 40 04/12/2017 11:37


de la vitesse. Sur l’autre bord, ça va
beaucoup mieux, on arrive à dépasser
les 5 nœuds au près. La barre est un
peu lourde mais le comportement du
bateau est sain. Le plan de pont bien
dégagé permet de circuler facilement
pendant les manœuvres.
UN «DEUX CABINES»
CLASSIQUE
On n’est pas trop mal installé non plus
à la barre, mais forcément, ce n’est
pas aussi bien qu’avec deux roues, et
en outre il manque un ou deux cale-
pieds. L’accastillage est suffisant – deux
winches Harken à une vitesse au piano
et deux winches à deux vitesses pour
les écoutes de génois et de spi –, mais
il nous semble que le point de tire de
l’écoute de grand-voile (sur le rouf,
040_043_Essai_SunOdyssey.indd 41
Vidéo de l’essai sur
www.voilesetvoiliers.com ESSAI 41
Texte et photos
Sébastien Mainguet.
Volume limité. Le cockpit est assez court, mais la barre à roue ne prend pas
beaucoup de place : même à quatre on sera à l’aise.
Paré pour la croisière. La grande baille à mouillage reçoit le guindeau électrique
et peut aussi contenir quelques amarres supplémentaires.
avec un palan en patte-d’oie) est vrai-
ment trop en avant. On essaie de faire
gîter le bateau sous code zéro, pour
mieux juger de la raideur à la toile et
de la stabilité de route, mais trop tard :
le vent a molli de nouveau et nous
n’aurons pas l’occasion de naviguer
dans la brise avec ce 319.
A l’intérieur comme sur le pont, le Sun
Odyssey 319 ne fait pas dans la fantai-
sie. Cette version deux cabines est par
ailleurs la seule disponible : elle offre
une grande cuisine en «L» au pied de la
descente à bâbord, deux grandes cou-
chettes doubles, et aussi une belle salle
d’eau à tribord. On apprécie également
les teintes claires des boiseries – style
hêtre pour les meubles et chêne pour
les planchers – et la bonne surface des
hublots (sur les côtés du rouf et dans les
bordés) qui apporte une certaine quan- Astucieux. Le panneau vertical amovible de la descente peut être stocké
tité de lumière naturelle. ■ sur le dessus du panneau coulissant horizontal. Il se fait alors totalement oublier !
04/12/2017 11:37
 42 ESSAI Vidéo de l’essai sur
www.voilesetvoiliers.com

SUN ODYSSEY 319 Un croiseur compact et accueillant

LES CHIFFRES de Voiles et Voiliers

SUN ODYSSEY 319 HANSE 315 OCÉANIS 31
Longueur 9,44 m 9,10 m 9,30 m
Longueur flottaison 9,09 m 8,70 m 8,69 m
Largeur 3,46 m 3,35 m 3,39 m
Tirant d’eau 1,85 m 1,85 m 1,80 m
Déplacement 5 100 kg 4 700 kg 4 850 kg
Lest 1 650 kg 1 500 kg 994 kg
Surface de voile au près 45,35 m2 47 m2 49,20 m2
Grand-voile 23 m2 29,50 m2 24,60 m2
Génois/foc 22,35 m2 17,50 m2 24,60 m2
Matériau verre-polyester sand. verre verre-polyester
Architecte Jeanneau Design Judel-Vrolijk & Co Finot-Conq
Chantier Jeanneau Hanse Yachts Bénéteau
Prix de base TTC 85 920 € 79 680 € 93 480 €

Constructeur : Jeanneau, www.jeanneau.fr

Lumière à foison. Celle qui entre par les grands hublots contribue aussi à mettre
en valeur les boiseries claires en Alpi style hêtre. PRIX
PRIX DE BASE ......................................................................................... 85 920 €
BATEAU ESSAYÉ ......................................................................... env. 105 000 €
PRINCIPALES OPTIONS
Pack «Préférence» (incl. batterie supp., hale-bas rigide, chauffe-eau…) ... 8 940 €
Guindeau électrique ....................................................................................... 1 884 €
Capote de rouf ................................................................................................. 1 722 €
Fond de cockpit en teck .................................................................................. 1 788 €

MESURES
Table à cartes : 0,74 x 0,55 m. HSB cabine avant : 1,96 m.
Couchettes latérales du carré, HSB salle d’eau : 1,93 m.
bâbord ou tribord : 2 x 0,55 m. HSB cabine arrière : 2,01 m.
Couchette double arrière : Longueur totale
1,99 ; 1,90 m x 1,60 m. du cockpit : 2,16 m.
Couchette double avant : 2 x 1,65 m. Largeur du cockpit : 1,78 ; 0,79 m.
Hauteur sous barrots carré : 1,96 m. Largeur des passavants : 0,55 m.

CONCLUSION
Disponible en version quillard mais aussi en version
dériveur – pour un supplément de 5 600 euros –, ce petit Sun
Odyssey développé en partenariat avec le chantier polonais Delphia
(sous-traitant habituel de Jeanneau) convient à tous les programmes,
du rase-cailloux à la grande croisière – la version quillard est
certifiée en catégorie A. Et son prix serré en fait un bateau accessible.
F. CHEVALIER

CE QUI NOUS CE QUI NOUS

A SÉDUITS A DÉPLU
Il n’a rien de révolutionnaire, mais La disposition de l’accastillage
pour un prix serré ce croiseur de poche ne semble pas toujours pertinente. Indépendante.
offre des prestations intéressantes. • Le point de tire de l’écoute La cabine avant
• Des emménagements simples de grand-voile, bien trop en avant. est séparée du
et volumineux. carré par une vraie
• Une barre un peu lourde.
cloison et elle offre
• Un plan de pont fonctionnel. • Un certain manque d’originalité. même quelques
• Une version dériveur lesté disponible. rangements.

040_043_Essai_SunOdyssey.indd 42 04/12/2017 11:37

 6
NOUVEAUTÉS
MONDIALES

VENEZ À DÜSSELDORF
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www.bavarialanguedoc.com www.neomarine.fr
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www.evasion-yachting.com www.snip-yachting.com
Evasion Yachting Star Yachting
www.evasion-yachting.com www.star-yachting.fr
Firros UNO Yachting
www.firrosyachts.com www.uno-yachting.com

040_043_Essai_SunOdyssey.indd 43 04/12/2017 11:37

 RAPIDO

Comme son nom l’indique

Il a fait sensation à Cannes et ce n’est pas étonnant : il est unique un tri de course. Dans le monde des
multicoques, on a aussi les luxueux
en son genre. Le Rapido n’est pas un ancien bateau de course assagi, catamarans rapides Gunboat, HH,
mais un trimaran de 60 pieds tout carbone conçu pour la croisière. Bañuls 60 ou Alibi, qui sont de vrais
Très rapide, confortable et tout à fait gérable en équipage réduit. bijoux de technologie. Mais un trima-
ran de cette taille, conçu dès le départ
CONDITIONS DE L’ESSAI : une journée en rade de Marseille, vent 0 à 5-6 nœuds, mer belle. pour la croisière, on ne voit pas.
Ce Rapido est le fruit d’une longue
teur sous barrots sans trop dénaturer la
silhouette, la taille de 60 pieds semble
nécessaire. Son idée : construire un
trimaran de croisière performant
mais confortable, dont l’espace carré-
cockpit serait de plain-pied, comme
dans les catas. Paul disposait déjà de
son usine au Vietnam, qui fabrique

A
ssister à l’apparition d’un
nouveau voilier tellement
différent des autres que
l’on ne trouve pas à quoi
le comparer n’est pas si
fréquent. Rapido est de bien ceux qui
ne ressemblent à rien de connu. Des
trimarans de 60 pieds, on en a vu,
bien sûr, et la présence des ORMA sur
les grandes courses au large n’est pas
si ancienne. Certains ont été adaptés
à une utilisation en charter, comme
l’ancien Foncia, mais ils restent des
voiliers de course. Il y a bien eu Pa-
radox, un trimaran sur plans Nigel
Irens-Benoît Cabaret. Lui se destinait
à la croisière, mais il a été construit
dans les moules de Fujifilm – encore
expérience. Paul Koch, qui en est à
l’origine, a longtemps construit des ca-
tamarans avant de se tourner vers les
bateaux à trois coques, les Corsair, dont
il a assuré la construction et la direc-
tion du chantier jusqu’en 2011. De ces
deux périodes, il a retenu deux leçons :
d’abord, en termes de performances,
rien ne vaut le tri. Ensuite, pour avoir
un peu d’espace habitable et de hau-
aussi du matériel pour les compar-
timents de trains. Il a confié le dessin
au cabinet Morrelli-Melvin, qui a re-
pris quelques-uns des attributs des
Class America (formes des étraves…)
et conçu cette coque centrale au re-
dan très marqué, qui permet d’avoir
une faible surface mouillée et un bon
volume au-dessus de la flottaison. Il
en résulte un bateau de 18 mètres de

044_047_Essai_Rapido.indd 44 04/12/2017 11:38

 ESSAI 45
Texte et photos Delphine Fleury.

Equilibre. Le dièdre peu important des flotteurs permet de garder les trois coques
à plat à l’arrêt, c’est plus confortable au mouillage.
ANTONIA WRIGHT

Convivial. Paul Koch (à la barre) a voulu un coin navigation accueillant,

avec des banquettes de chaque côté qui permettent à l’équipage
de tenir compagnie au barreur tout en profitant d’une belle vue sur le plan d’eau.

long pour 11,70 mètres de large (contre
environ 18 mètres pour un ORMA) qui
porte à peu près la même surface de
voile qu’un catamaran rapide de même
taille, mais pèse presque deux fois
moins lourd. Ça promet de décoiffer.
PAS ÉTRIQUÉ
Lorsque l’on monte à bord, une chose
frappe d’emblée : contrairement à un
trimaran de course où la cellule de vie
est très réduite, ici l’ensemble du volume
de la coque centrale – qui fait 18 mètres
de long pour une largeur maximale de
3,90 mètres – est exploité. Le Rapido
présente un habitacle tout en longueur,
avec en enfilade une jupe arrière qui
facilite l’accès à bord et la baignade, et
un poste de barre surélevé, entouré de
deux grandes banquettes. On continue
en contrebas, sous le bimini rigide qui
sert de couloir à drisses, où l’on trouve
un vrai cockpit, avec deux banquettes
et deux tables, communiquant de plain-
pied avec le carré-cuisine. Ces deux es-
paces sont séparés par une cloison ou-
verte – les vitres s’enlèvent et se logent
dans des goulottes prévues contre la
cloison, et la porte se fixe au plafond
du bimini rigide –, mais on peut tout
fermer au port ou dans le mauvais
temps. Le Rapido possède deux cabines
doubles : une grande à l’avant, avec
cabinet de toilette et douche séparée
dans la pointe, et une autre à laquelle
on accède depuis le cockpit. Tous les
meubles sont en panneaux composite
léger, et si l’absence de vaigrage peut
donner un côté monacal, le mélange
des consoles de rangement métalli-
sées avec de plus nobles placages
d’acajou compose une atmosphère très
agréable. On apprécie surtout le grand
hublot de coque dans la cabine arrière
qui donne sur le sillage : en navigation,
ça doit dépoter !
PLUS VITE QUE LE VENT
Pour nous, les sensations fortes ne sont
pas au menu du jour : la rade de Mar-
seille affiche un encéphalogramme
plat. Les équipages qui, à bord des
Grand Surprise de Team Winds, atten-
dent en vain le signal de départ de leur
régate, voiles en berne, vont pourtant
écarquiller les yeux en nous voyant tra-
verser leur flotte, à 2, 3, puis 8 nœuds
au près bon plein. C’est que s’il n’a
pas de vent, le Rapido s’en fabrique !
Avec son mât-aile en carbone, ses
voiles North Sails en 3Di et son poids
plume, il sait tirer parti du moindre filet
d’air – en l’occurrence, 3 ou 4 nœuds
venus d’on ne sait où, qui bientôt
retomberont comme un soufflé. Mais
entre-temps, nous aurons tout de
même réussi à atteindre l’hallucinante
vitesse de 12 nœuds, sous reacher,
toujours dans moins de 5 nœuds de
vent ! Des performances d’autant plus
bluffantes que le trimaran s’apprête à
traverser vers les Baléares et qu’il vient
de faire les pleins d’eau et de gazole.
A la barre, incroyablement douce, seul
un léger sifflement du safran (en «T»,
presque une aile), indique que l’on
vient de dépasser les 10 nœuds, mais
on a toujours l’impression de piloter
un engin de plage, et les virements et
empannages se font aussi simplement
qu’en monocoque. Rapido a bénéficié
d’une construction très sophistiquée :
coques et pont sont en sandwich car-
bone-mousse-vinylester ou époxy, et

044_047_Essai_Rapido.indd 45 04/12/2017 11:38

 46
Bel espace. Cuisine, carré et table à cartes se partagent la zone centrale de la coque, en arrière du puits de dérive
qui forme une demi-cloison. Lumière et aération sont assurées par deux panneaux ouvrants qui donnent
sur la plage avant. Les vitrages latéraux sont teintés de points blancs pour protéger du soleil sans obscurcir.
toutes les cloisons – renforts, poutres,
bras, dérive et safran – sont en car-
bone-époxy préimprégné, et passées
en four autoclave. L’accastil lage, le
gréement, les voiles sont de qualité
et de dimensions «course», mais le
plan de pont, lui, est conçu pour la
croisière : reacher sur emmagasineur,
solent autovireur, écoute de grand-
voile à l’allemande et winches élec-
triques plaident pour une utilisation fa-
cile. Nous aurons trop peu de vent pour
CE QUI NOUS
A SÉDUITS
L’originalité du concept, qui marie
la technologie et la performance
à une vision de la croisière simple,
pratique et conviviale.
• Les performances,
épatantes dans le tout
petit temps rencontré.
• La grande douceur de barre,
l’évolutivité du trimaran.
• Sa convivialité, avec la
multiplicité d’espaces à vivre.
• La construction, très soignée.
• L’originalité de la décoration
dans les cabines.
• La simplicité des emménagements.
044_047_Essai_Rapido.indd 46
nous faire une idée de son compor-
tement dans la mer formée et à très
grande vitesse – il a paraît-il approché
les 30 nœuds lors de sa première sor-
tie. Une certitude : c’est un bateau
rapide et simple à manier. Son autre
grande qualité provient de ses choix
d’aménagement, avec des espaces
conviviaux et des solutions qui privilé-
gient le côté pratique. Son défaut ? Son
prix qui en réserve l’usage à quelques
«happy few». Tant pis pour nous… ■
CE QUI NOUS
A DÉPLU
Le prix, qui le réserve à des
passionnés très fortunés. C’est bien
dommage ! Pour le reste, seuls
quelques détails restaient
à améliorer – et ils le sont parfois
déjà sur le deuxième exemplaire.
• La petite taille des tables, dans
le cockpit comme dans le carré.
• La grand-voile ne descendait pas
seule à l’affalage.
• La hauteur des lits dans les cabines,
un peu acrobatique.
• La structure Inox un peu massive
du siège barreur.
F. CHEVALIER
• L’absence de mains courantes
pour se caler dans le carré-cuisine
par mer formée.
04/12/2017 11:38
 ESSAI 47

RAPIDO Comme son nom l’indique

LES CHIFFRES de Voiles et Voiliers

RAPIDO BAÑULS 60 HH 66
Longueur coque 18,10 m 18,28 m 20,10 m
Longueur à la flottaison nc 18,28 m 19,80 m
Largeur 11,70 m 8,60 m 8,70 m
Tirant d’eau 0,75-3,30 m 1,40-3,20 m 1,88-4 m
Déplacement lège max. 9-11 t 9,5 t 16,7-21 t
Surface de voile au près 196 m2 1 748 m2 216,80 m2
Génois 71 m2 56 m2 78,80 m2
2 2
Grand-voile 125 m 118 m 138 m2
Cockpit. Partiellement protégées par le bimini, les deux tables sont Code 5/gennaker 130 m 2
nc 155 m2
petites – elles seront plus grandes sur le deuxième exemplaire –,
Spi asymétrique 210 m2 235 m2 265 m2
mais les banquettes sont assez longues pour servir de bannettes de mer.
sand. mousse- sand. verre- sand. mousse-
Matériau carbone-époxy Corecell-époxy carbone-époxy
Architecte Morrelli-Melvin Renaud Bañuls Morrelli-Melvin
Chantier Rapido Trimarans Performance Multis HH Catamarans
Prix de base TTC 1 800 000 € 3 000 000 € 3 816 000 €

Constructeur : Rapido Trimarans, www.rapidotrimarans.com

Représentant francophone : Jean-Marc Le Goueff, Multisailing, Lorient.

PRIX
PRIX STANDARD (TTC) ............................................................... 1 800 000 €
(départ chantier Vietnam)
PRIX DU BATEAU ESSAYÉ (TTC) ............................................. 1 920 000 €
PRINCIPALES OPTIONS (TTC)
Mât carbone rotatif et voiles 3Di sont en standard.
Une moins-value est possible selon le choix du client (gréement, voiles).
Ambiance. Les cabines bénéficient d’une décoration originale,
alliant tradition et modernité. Les lits sont hauts (0,90 mètre à l’avant
et 1 mètre dans la cabine arrière), mais il y a des rangements dessous,
sur les côtés, et beaucoup d’ouvertures pour faire entrer l’air et la lumière. MESURES
COCKPIT SALLE DE BAINS AVANT
Deux tables : 40 x 70 cm. Hauteur sous barrots : 203 cm.
Deux banquettes : 210 x 52 cm.
CABINE ARRIÈRE
CARRÉ Hauteur sous barrots : 193 cm.
Hauteur sous barrots : 210 cm. Lit : 140 x 196 cm.
Banquette en «L» : longueur 220 cm Hauteur : 101 cm.
et 105 cm, profondeur 48 cm.
Table à cartes : 68 x 50 cm. SALLE DE BAINS ARRIÈRE
Hauteur sous barrots : 193 cm.
CABINE AVANT
Hauteur sous barrots : 204 cm. POSTE DE BARRE
Lit : 140 x 208 cm. Hauteur : 92 cm. Deux banquettes : 220 x 50 cm.

Epurée. La salle de bains de la cabine
propriétaire, située à l’avant de la
coque centrale, est dépouillée mais
spacieuse, avec une grande cabine
de douche séparée des toilettes.
Minimaliste. La table
à cartes est petite mais joliment
dessinée. Elle occupe une place
stratégique juste à l’entrée
du carré, sur bâbord.
CONCLUSION
Rapido fait le pari audacieux d’offrir à la fois les sensations et les
performances d’un trimaran, et le confort d’un catamaran. Le résultat est
convaincant et ce multicoque propose une alternative plus qu’intéressante
aux catamarans de croisière très rapides. Moins chic que les Gunboat
ou HH, et doté d’un nombre inférieur de cabines, il est en revanche
plus léger et se révélera sans doute plus rapide. Un bateau de luxe
qui se paie le luxe d’être amusant et convivial, sans forcer sur les paillettes.

044_047_Essai_Rapido.indd 47 04/12/2017 11:38

 48

PODIUM

LES FAVORIS
AU RENDEZ-VOUS Retrouvez les vidéos de la Mini
sur www.voilesetvoiliers.com

Que ce soit en prototypes ou en bateaux de série, la Mini-Transat La Boulangère 2017 a sacré ceux que l’on annonçait
comme les grands favoris, Ian Lipinski et Erwan Le Draoulec. Deux grands marins, mais aussi deux tempéraments,
deux façons de gérer une course et une concurrence très différente. Comment ont-ils vécu leur traversée de
l’Atlantique ? Qui sont les hommes et la femme que l’on retrouve à leurs côtés sur le podium ? Eléments de réponses.

U
ne transat, ce n’est pas
un exercice anodin. On
a beau être le favori et
n’avoir rien laissé au
hasard dans sa prépara-
tion, ça ne suffit pas.
Pour gagner, il faut une petite part de
chance», explique Ian Lipinski. Lui
était clairement annoncé comme
le concurrent le plus redoutable
de cette édition 2017 de la Mini-
Transat dans la catégorie des pro-
totypes. Non seulement il n’a pas
déçu, mais en plus il n’a pas fait
les choses à moitié. Le skipper de
Griffon.fr a en effet remporté les
deux étapes, signant ainsi un dou-
blé historique puisqu’avant lui,
personne n’avait encore gagné en
bateau de série avant de récidiver
en proto (Sébastien Magnen a tou-
tefois déjà réalisé l’exploit de rem-
porter deux fois l’épreuve en proto
Erwan Le Droualec, 20 ans. Le plus jeune vainqueur en série de l’histoire
de la Mini-Transat démontre que le talent n’est pas une question d’âge !
en 1997 et 1999). «Jusqu’au bout,
je ne voulais pas y croire. Le stress de
casser s’est installé très vite et il est
resté constant jusqu’au passage de la
ligne d’arrivée. Par conséquent, j’ai
navigué sur la retenue constamment.
J’étais obsédé par le fait de ne surtout
pas abîmer le bateau», a indiqué Ian.
Si lui a géré son avance et sa course
en minimisant les risques, le vain-
queur en bateaux de série, Erwan
Le Draoulec, a mené sa transat de
manière bien différente. Un peu
frustré de sa quatrième place sur la
première étape, le skipper d’Emile
Henry n’a pas hésité à prendre des
risques. «Je suis sorti le premier des
dévents du Cap-Vert. A partir de là,
j’ai décidé d’attaquer comme un
malade», commente le benjamin
de cette édition qui a clairement
poussé très loin les limites de ce
que pouvait encaisser son Pogo 3,
barrant de préférence la nuit pour
prendre le meilleur sur ses concur-
rents et n’hésitant pas à se faire
mal. «Les conditions me plaisaient
bien et plus ça allait, plus j’étais bien
au large. J’ai pris un plaisir fou à me
mettre dans le dur. J’ai même sur-
kiffé ça, mais aussi sans doute parce
que chaque matin, à l’annonce du
classement à la BLU, je me rendais
compte que je gagnais du terrain»,
détaille Erwan, le plus jeune vain-
queur qu’ait jamais connu la Mini-
Transat (20 ans). «C’est vrai que le
rythme a été dingue. Je n’ai jamais
affalé et je n’ai même jamais pensé à
la casse matérielle. En fait, je ne me
suis pas posé beaucoup de questions et
puis je savais que je n’avais pas trop
le choix parce que, derrière, ça pous-
sait fort», ajoute-t-il, faisant notam-
ment référence à Clarisse Crémer,
sa partenaire d’entraînement à Lo-
rient qu’il savait très solide. «Elle
n’a pas lâché grand-chose. Elle a été
impressionnante», concède le jeune
homme. Impressionnante, c’est
effectivement le mot concernant
celle qui n’avait jamais navigué en
solitaire et encore moins passé une
nuit en mer il y a encore deux ans
lorsqu’elle s’est lancé le défi fou de
participer à la Mini-Transat.
DE LA CHANCE,
MAIS PAS QUE…
«J’ai l’impression d’avoir eu trop
de chance. Arriver en Martinique
c’était vraiment mon objectif. Être
deuxième, c’est juste magique»,
déclare la skipper de TBS qui
n’a eu de cesse de progresser de-
puis 2015. «Je me suis découvert
une sacrée force mentale. J’ai réussi
à trouver au fond de moi des res-
sources pour avoir le bon moral,
pour avancer, pour bien faire les
choses», précise la jeune naviga-
trice que certains qualifient au-
jourd’hui de «révélation», alors
que d’autres étaient sûrs de sa
capacité à performer sur l’Atlan-
tique après ses premières places
sur la Mini-Fastnet (en double
avec Le Draoulec) et sur la Trans-
gascogne cette saison.
«J’ai tout le temps été en mode
guerrière», confirme Clarisse.
Même topo pour ce qui concerne
Jörg Riechers. Les observateurs ne
doutaient certes pas de ses com-
pétences, mais s’interrogeaient
toutefois sur son bateau mis à
l’eau en mars dernier seulement.
«C’est sûr qu’arriver au départ de la
course avec un bateau neuf, ça ne
m’a pas simplifié la tâche, d’autant
plus que je n’ai pas eu le temps de
m’entraîner», souligne le skipper
de Lilcenthal qui avait à peine
navigué dix jours sur son plan
Bertrand avant de mettre le cap
sur la Martinique. «Vu la manière
dont ce projet s’est monté, finir deu-
xième (en proto), c’est quasiment un
miracle», reconnaît Riechers qui
a appris à découvrir sa monture
tout au long de l’épreuve tout en
puisant dans ses réserves et en
osant des options météo radicales.
«Je ne pouvais pas espérer mieux que
de finir sur les talons de Lipinski. Lui
n’a pas volé sa victoire. Il a fait le
projet parfait : il a acheté le meilleur
bateau, il s’est entraîné pour être prêt
et il a du talent. Impossible de faire
mieux. Il pourrait presque faire un
manuel “Comment gagner la Mini-

048_049_Mini-Transat.indd 48 04/12/2017 11:39


Transat”», s’amuse le skipper alle-
mand, convaincu de l’avenir des
scow, mais bien plus dubitatif en
ce qui concerne les foils.
LES «NEZ RONDS»
NE DÉÇOIVENT PAS
«Sur mon bateau, à l’origine, il de-
vait y avoir des foils mais finalement,
je me dis que ce n’est pas une solution.
Le mini 6,50 est trop petit pour navi-
guer avec ce type d’appendices», note
Riechers. Sentiment partagé par
Simon Koster, le skipper de Eight
Cube qui complète le podium des
protos de cette édition. «Selon moi,
il faut vraiment se creuser la tête entre
«IAN LIPINSKI, IL POURRAIT PRESQUE
FAIRE UN MANUEL “COMMENT
GAGNER LA MINI-TRANSAT”.»
048_049_Mini-Transat.indd 49
le devis de poids et l’usage que l’on
peut faire des foils. On sait que ce sera
impossible d’avoir un bateau qui vole
tout le temps», commente le marin
suisse qui, pour sa troisième parti-
cipation à l’épreuve retrouve le po-
dium, après celui de 2013 en ba-
teaux de série. «C’était, grosso modo,
l’objectif que je m’étais fixé. Après
la première étape, le jeu restait très
ouvert, même s’il y avait un peu de
monde devant. Comme d’habitude, la
traversée de l’Atlantique a redistribué
les cartes. Ian ne pouvait battre que
lui-même. Il aurait fallu des bateaux
différents comme ceux d’Erwan Le
Mené ou Arthur Léopold-Léger (mal-
heureusement confrontés à de la
casse, ndlr) pour espérer l’inquiéter»,
Texte Perrine Vangilve.
Photos Christophe Breschi/Mini-Transat La Boulangère.
confirme Koster à qui il aura fallu
deux éditions pour optimiser son
prototype. Benoît Sineau, troi-
sième également, mais en série
(un triplé pour le Pogo 3), aura
mis un peu de temps pour trouver
un bon équilibre. Et pour cause,
pas simple de vouloir diriger une
entreprise tout en s’investissant sur
tel un projet. Sa première expé-
rience sur la course quelques an-
nées auparavant ne lui a d’ailleurs
pas laissé un très bon souvenir à
vouloir tout gérer de front. «Cette
fois, j’ai totalement décroché de mon
activité professionnelle. C’était le seul
moyen de pouvoir faire quelque chose
et d’y prendre du plaisir», explique
le skipper de Cachaça II qui s’est
donné confiance lors de la pre-
mière étape et qui a ainsi attaqué
la deuxième sans complexe. «Fina-
lement, la voile, c’est un peu comme le
vélo, ça ne s’oublie pas vraiment. J’ai
toutefois eu le sentiment de progresser
tous les jours. C’est maintenant qu’il
faudrait repartir.» Sans doute. ■
mini
2017
La
TRANSAT 49
Doublé historique pour Lipinski.
Sa victoire en proto cette année
fait suite à sa première place
en série lors de l’édition précédente.
CLASSEMENT
Prototype
> Ian Lipinski ➞ Griffon.fr
22 j 23 h 44 min 46 s.
> Jörg Riechers ➞ Lilcenthal
23 j 20 h 14 min 11 s.
> Simon Koster ➞ Eight Cube
24 j 06 h 05 min 40 s.
20 bateaux classés.
Série
> Erwan Le Draoulec ➞ Emile Henry
(Pogo 3)
24 j 19 h 06 min 30 s.
> Clarisse Crémer ➞ TBS (Pogo 3)
25 j 05 h 15 min 25 s.
> Benoît Sineau ➞ Cachaça II
(Pogo 3)
25 j 08 h 21 min 37 s.
55 bateaux classés.
04/12/2017 11:39
 JEAN-MARIE LIOT/ALEA/TJV2017

Vainqueurs. Jean-Luc Nélias et

Thomas Coville ne sont «plus des perdreaux
de l’année», comme ils se qualifient,
et leur expérience est immense !

051_053_Transat JVabres.indd 50 04/12/2017 11:40


TRANSAT JACQUES VABRE
CAFÉ GRAND CRU
De l’incertitude, de l’intensité, des records, des aventures, des fortunes de mer…
Dans les quatre classes en lice, la 13e Transat Jacques Vabre, entre Le Havre et Salvador
de Bahía (Brésil) fut haletante de bout en bout en mer. Explications, catégorie par catégorie,
des moments clés dans la lutte pour la victoire et des enseignements à en tirer.
ULTIM
L’année Coville
A
vant même le départ, il
était évident que les va-
leureux Lemonchois et
Stamm ne pourraient
jamais à la régulière – c’est-à-
dire sans avarie ou abandon
de Sodebo Ultim’ ou Edmond de
Roths child – se mêler à la lutte
pour la victoire. A bord de Prince
de Bretagne leur course tourna au
calvaire entre drisse de grand-
voile cassée et surtout démâtage
à portée de Salvador.
Devant, la bagarre s’engagea
dès le coup de canon le 5 novem-
bre et sans aucune retenue. Bien
décidés à démontrer qu’ils étaient
venus pour gagner et pas unique-
ment continuer la mise au point
de leur plan Verdier, mis à l’eau
le 17 juillet seulement, Sébas-
tien Josse et Thomas Rouxel at-
taquèrent d’emblée. Leur passage
aux Casquets pleine balle puis
au large de Guernesey dans une
mer formée avec un départ à
l’abattée en vol ultraviolent, digne
d’un Flying Phantom, marquait
leurs adversaires, Coville et Né-
lias. Jusqu’aux Açores, Gitana 17
imprimait son rythme dans des
conditions qui ne lui étaient pas
toujours favorables. Rapidement
son avance tutoyait les 80 milles.
A bord de Sodebo, impeccable tant
en stratégie qu’en maîtrise du ba-
teau et en fiabilité (un constrictor
cassé en tout et pour tout), Coville
et Nélias faisaient le dos rond, ne
s’apercevant pas tout de suite de
l’avarie sur un premier foil de Gi-
tana au niveau des Açores.
051_053_Transat JVabres.indd 51
Jusqu’au moment où se créait
une ouverture tactique minime,
à savoir un très léger décalage,
5 milles en latéral, grâce auquel
le duo en profitait pour plonger
vers l’Ouest. «On sent alors qu’il
se passe chez eux un truc bizarre»
expliqua Thomas Coville. En ef-
fet, au délaminage du premier
foil s’ajoutaient des problèmes
de moteur récurrents – pas fa-
cile de refroidir un moteur sur
un bateau qui vole – et du coup,
comme le confia Josse, «une
perte de lucidité». Entre les soucis
d’énergie à résoudre par l’un, la
présence à la barre de l’autre, il y
a alors comme un léger manque,
sinon de communication, du
moins de compréhension et
d’anticipation du timing avec
les routeurs à terre. Josse : «Nous
sommes trop absorbés par ce qui se
passe à bord.»
UNE DEUXIÈME PLACE
ENCOURAGEANTE
Comme en sport collectif :
accaparés en défense, Josse et
Rouxel ne prennent pas le temps
de lever la tête pour lire ce qui se
passe sur le terrain. «Et nous pen-
sions aussi que nous pourrions en
vitesse pure reprendre Sodebo en-
suite.» Ce ne fut jamais le cas car le
deuxième foil subissait la même
avarie en arrivant dans le pot au
noir. Au niveau de la courbure, à
l’intérieur, les peaux extérieures
s’étaient décollées, délaminages
BRUNO FÉRAUD
Espionnage. Les foils de Gitana 17,
endommagés, ont été l’objet
de toutes les attentions, à commencer
par celles de l’équipe Sodebo…
dus sans doute à la création de
petites fentes sur le foil au rétreint
des appendices qui se trouvent à
la sortie des puits. La structure ne
semblait pas touchée. Du coup,
le bateau pouvait voler jusqu’à
30 nœuds mais pas au-delà, une
mini-dépression se créant dans
cette dite courbure. «On attendait
qu’ils nous déboîtent en dégainant
la pointe de vitesse à 40 nœuds,
s’amusait Nélias, mais elle n’est
jamais venue !» A bord de Gitana,
il y eut ensuite un black-out de
quatre heures sans la moindre
électricité, qui n’arrangea pas
les choses. Du coup, terminer
deuxième à 1 heure 47 minutes
seulement de vainqueurs absolu-
ment impeccables est une sacrée
performance. Mais malgré les re-
cords autour du monde puis de
l’Atlantique, et ce succès au terme
de «l’année Coville», Sodebo Ul-
tim’ a soudainement pris un sacré
coup de vieux ; la victoire n’en est
que plus belle.
51
Texte Philippe Joubin.
Retrouvez les vidéos de la Transat
sur www.voilesetvoiliers.com
LES PODIUMS
> ULTIM
> 1er Sodebo Ultim’ (Coville-Nélias)
Arrivé le 13 novembre à 11 h 42 min 27 s.
Temps de course : 7 j 22 h 07 min 27 s.
> 2e Maxi Edmond de Rothschild
(Josse-Rouxel). Temps de course :
7 j 23 h 55 min. Ecart : 01 h 47 min.
> MULTI50
> 1er Arkema (Roucayrol-Pella)
Arrivé le 16 novembre à 8 h 49 min 19 s.
Temps de course : 10 j 19 h 14 min 19 s.
> 2e FenétrêA-Mix Buffet (Le Roux-Riou),
Temps de course : 11 j 02 h 51 min.
Ecart : 07 h 37 min.
> 3e Réauté Chocolat (Tripon-Barnaud)
Temps de course : 11 j 19 h 44 min.
Ecart : 1 j 00 h 30 min.
4 bateaux classés.
> IMOCA
> 1er StMichel-Virbac (Dick-Eliès)
Arrivé le 18 novembre à 21 h 11 min 03 s.
Temps de course : 13 j 07 h 36 min 46 s.
> 2e SMA (Meilhat-Gahinet)
Temps de course : 13 j 13 h 58 min.
Ecart : 06 h 21 min.
> 3e Des Voiles et Vous ! (Lagravière-Peron)
Temps de course : 14 j 01 h 31 min.
Ecart : 17 h 54 min.
13 bateaux classés.
> CLASS40
> 1er V&B (Sorel-Carpentier)
Arrivé le 23 novembre à 00 h 19 min 15 s.
Temps de course : 17 j 10 h 44 min 15 s.
> 2e Aïna Enfance & Avenir
(Chappellier-Le Vaillant)
Temps de course : 17 j 11 h 01 min.
Ecart : 17 min.
> 2e Imerys Clean Energy (Sharp-Santurde)
Temps de course : 17 j 15 h 58 min.
Ecart : 05 h 14 min.
11 bateaux classés.
04/12/2017 11:40
 52

MULTI50
Pot au noir, juge de paix
M
algré une flotte en plein
renouveau, on imaginait
avant le départ que cette
transat allait tourner au
mano à mano entre les deux uni-
tés les plus affûtées menées par
des skippers au sommet de leur
connaissance de ces trimarans,
et épaulés par des équipiers et
comme en Ultim – à un décalage
Ouest effectué dès les Açores. Ils
n’auront de cesse ensuite d’accroî-
tre leur avance, la portant jusqu’à
115 milles. Puis, patatras… «C’était
un souci de timing en arrivant au pot
au noir, expliqua Riou. On a buté
dedans. Le vent est revenu par-derrière
avec Arkema. Et on n’a rien pu faire.
JEAN-MARIE LIOT/ALEA/TJV2017

des routeurs de talent. Et ce fut le On repartait à zéro, ce qui n’est pas

cas, cette 13e édition devenant ra-
pidement un duel entre Arkema
et FenétrêA Mix Buffet. Lancé peu
avant le départ, Ciela Village – plan
VPLP qui démontra un remarqua-
ble potentiel – abandonna sur
défaut de jeunesse. Pour leur pre-
mière transat sur Réauté Chocolat,
Tripon et Barnaud jouèrent intel-
ligemment la prudence au mo-
ment d’affronter le gros temps du
début de course. La French Tech,
ancien bateau ne disposant pas
des foils monotypes introduits sur
très grave car c’est le jeu de la voile.
Mais on s’est retrouvé dans une situa-
tion où nous ne disposions plus des
armes pour nous battre.»
L’EFFET FOILS
Arrivée à Bahia. Arkema glisse au petit matin vers la première victoire
Car, entre-temps, la drisse de sur cette course, tant pour Roucayrol que Pella.
gennaker de FenétrêA s’était cas-
sée et un foil avait pris des airs foils au grand large est excellent.
de chou-fleur après une collision «Cela change les bateaux, expliqua
avec un OFNI, vraisemblablement Roucayrol. On tient des moyennes 2
un fût de 200 litres ! Après le pot à 3 nœuds plus élevées et les tris sont

les Multi50, ne peut plus tenir des
cadences aussi élevées. Quant au
malheureux Drekan Groupe, il était
victime d’un chavirage. Et si Defert
et Pratt étaient récupérés sains et
saufs, le bateau est perdu (Voir «Ça
vous est arrivé» dans ce numéro).
Longtemps en tête, Roucayrol-
Pella étaient doublés au niveau des
Canaries par Le Roux-Riou, grâce –
JEAN-LOUIS CARLI/ALEA/TJV2017
au noir, il est de tradition que les nettement plus sains. C’est très posi-
riches en milles le deviennent tou- tif.» Preuves que ces Multi50 sont
jours plus, ce qui fut le cas d’Ar- phénoménaux : nouveau record
kema, pas même handicapé par des sur 24 heures (568 milles) ; nou-
ennuis techniques mineurs ou les veau record du parcours Le Havre-
côtes douloureuses de Pella, coincé Salvador (10 jours 19 heures
entre bôme et colonne de winch 14 minutes et 19 secondes), nou-
lors d’un surf sauvage, mais qui n’a veau record de vitesse moyenne Brochettes. Alex Pella, Vincent Riou,
jamais rencontré de souci de vi- sur cette épreuve (16,81 nœuds), Erwan Le Roux et Lalou Roucayrol,
tesse. Surtout, le bilan de l‘ajout des le tout pour Arkema. quatuor majeur en Multi50.

IMOCA
Monsieur Jean-Pierre
I
l détient la recette du succès nération, une hargne époustou-
sur la Transat Jacques Vabre. flante et une stratégie impecca-
Jean-Pierre Dick, quatrième ble furent les clés de la réussite.
victoire sur cette course, dé- Soyons réalistes, les seuls en
JEAN-MARIE LIOT/ALEA/TJV2017

sormais record à battre ! Alors, mesure de les contrer étaient

de sa longue silhouette, il peut
la tête haute raccrocher son ciré
et transmettre la barre de son
StMichel-Virbac à son coskipper
Yann Eliès en vue de la Route
du Rhum 2018 puis du Vendée
Passation. Jean-Pierre Globe 2020. L’expérience de ces
Dick (à droite) peut céder deux marins, le potentiel de leur
la barre de son bateau bateau, le haut niveau de fiabilité
à Yann Eliès (à gauche). de cet IMOCA à foils dernière gé-
les tandems de SMA (Meilhat-
Gahinet) et de Des Voiles et Vous !
(Lagravière-Peron), le reste de la
flotte composée d’individualités
de grand talent n’ayant pas dis-
posé de bateaux si performants
et/ou d’entraînements et de mi-
ses au point si élaborées, et/ou
d’équipes techniques terrestres si
compétentes, et/ou des sommets

051_053_Transat JVabres.indd 52 04/12/2017 11:40


CLASS40
17 minutes après 17 jours !
A
la lecture du résultat en
Class40, on pourrait se de-
mander s’il y avait un salut
pour les marins ne dispo-
sant pas d’un Mach 40, plan Ma-
nuard construit par JPS Produc-
tion. Les quatre premiers arrivés
à Salvador (V&B, Aïna Enfance
& Partage, Imerys Clean Energy et
TeamWork 40) portent tous cette
signature, qu’ils s’agissent des der-
nières évolutions (Aïna, Mach 40
JEAN-LOUIS CARLI/ALEA/TJV2017
d’expériences des vainqueurs…
liste non exhaustive. Après un
début de course où, matois Dick
et Eliès laissaient jouer SMA et
Des Voiles et Vous ! qui pointaient
subrepticement leurs étraves en
tête du classement en Manche
puis à sa sortie, ils tuaient la
course ensuite d’un coup de
griffe violent, emplafonnant tête
baissée le violent front les atten-
dant dans le golfe de Gascogne.
Au classement du 7 novembre à
6 heures, ils étaient devant ; ils
le furent ensuite jusqu’au bout.
051_053_Transat JVabres.indd 53
V.3 lancé en 2017) ou des plus
anciennes (TeamWork, de 2012, le
plus vieux des bons bateaux en-
gagés). Le premier non estampillé
Mach 40 est Région Normandie,
plan Verdier de 2016, construit
chez BG Race. Regrettable néan-
moins fut l’abandon de Carac qui
fit forte impression en début de
course avant d’arrêter sur blessure
au genou de Louis Duc. Les débuts
de transat dans le gros temps
Eliès : «Jean-Pierre a donné le
tempo car il savait que sa machine
était capable d’encaisser ce que nous
lui avons fait subir.» Dick : «Notre
grande force était d’avoir confiance
dans le bateau, de pouvoir vraiment
pousser. On n’a pas pensé un mo-
ment qu’il n’allait pas tenir, que
les foils pouvaient exploser. C’est
un gros plus.» Ensuite, auteurs
d’une trajectoire parfaite, ils ne
laissaient pas une once d’espoir
à leurs poursuivants. Jeu, set et
match. Mais le grand enseigne-
ment de cette épreuve, c’est l’af-
s’opérèrent en «mode sanglier»
expression chère aux marins de
cette catégorie. Et ceux de Carac
et V&B étaient remarquables, im-
posant un rythme élevé tout en
préservant leurs montures. Sorel
et Carpentier épataient avec des
vitesses moyennes supérieures de
10 % à celles d’Aïna et d’Imerys. Ils
explosèrent le record sur 24 heures
de la classe (377,7 milles… avec
cinq heures durant le code 5 en
firmation de la nouvelle généra-
tion, à l’image des Meilhat et Ga-
hinet qui auraient été plus me-
naçants s’ils avaient disposé d’un
IMOCA à foils. Les Josse, Riou,
Le Cléac’h, Le Cam s’en sont al-
lés comme Dick aujourd’hui. Et
si Beyou et Thomson, absents
cette fois, reviendront, il faudra
compter désormais sur tous ceux
qui menèrent ces 60 pieds lors
de cette transat composant une
flotte hétérogène mais de qualité
et dont aucun des treize bateaux
au départ n’a abandonné !
53
CAFÉ GRAND CRU
lieu et place du spi médium ex-
plosé !). Et ils amélioreront le
temps de référence entre Le Havre
et Salvador. La course se décantait
dans le sillage d’un trio d’échap-
pés qui abordait de conserve le
pot au noir, rejoint par TeamWork
et Région Normandie. Une fois sor-
tis de celui-ci, les bateaux récents
bénéficiaient de leur potentiel su-
périeur au reaching, V&B et Aïna
prenaient leur distance le long des
côtes brésiliennes, la victoire se
jouant la veille de l’arrivée. Pauvre
Imerys, qui s’inclinait ainsi après
une course toute en fluidité. V&B
allait à la côte trouver du thermi-
que, Aïna empannait pour le
chercher mais, contrôlant magni-
fiquement, Sorel et Carpentier pé-
nétraient dans la baie de Salvador
en leaders. Une arrivée de transat
digne d’une étape du Figaro. Et
seule la Class40 peut offrir une
telle intensité avec onze change-
ments de leaders et 17 minutes
d’écart à l’arrivée. Le duo de V&B
signe une victoire maîtrisée, ayant
agi en marins au départ et réagi en
compétiteurs ensuite.
Remarquable. Ce succès vient
confirmer le beau parcours de Maxime
Sorel à bord de V&B en Class40.
JEAN-LOUIS CARLI/ALEA/TJV2017
Mérite. Lagravière et Peron ont décroché
une très belle troisième place.
04/12/2017 11:40
 Paradoxe. La contemplation
et l’angoisse se sont parfois
confondues dans ce défi extrême !

054_061_Yvan Bourgnon.indd 54 04/12/2017 11:44

 AVENTURE 55
Texte et photos Yvan Bourgnon.

YVAN BOURGNON

PAROLES
d’aventurier
Un tour du monde en solitaire de presque deux ans sur un cata de sport non habitable de 21 pieds,
le passage du Nord-Ouest toujours en solitaire et sur le même bateau l’été dernier. A 46 ans,
Yvan Bourgnon revendique son «statut» d’aventurier et nous livre une véritable profession de foi.

V
ous vous demandez certai- Depuis toujours, j’ai rêvé de ces ex- prendre peu à peu que mon besoin de
nement les raisons qui ploits extrêmes, de ces voyages. Puis liberté est plus fort que tout !
m’ont amené à tenter un tel vient le temps de la compétition. Très Pour gagner une course, il faut
défi. Vous aimeriez peut-être vite je m’ennuie, les bateaux ne sont maintenant avoir le maxi-budget, évi-
savoir pourquoi je n’ai pas pas assez rapides, les courses sont demment les compétences pour, mais
abandonné et, surtout, com- toujours trop courtes, les règlements il faut aussi savoir attendre son tour,
ment j’ai fait pour trouver cette énergie de sécurité à rallonge me font com- multiplier les participations pour que
et cette détermination pour avancer. la météo et le reste se conjuguent pour
Plutôt que d’évoquer le récit qui sera trouver le bon moment. Mon impa-
bientôt édité, je profite de la chance tience et ma fougue finissent par l’em-
que m’offre Voiles et Voiliers pour ra- AVEC L’AVENTURE, JE SUIS porter sur ma raison, avec l’envie de
conter les coulisses de ce défi ainsi vivre intensément l’océan. Et puis,
que l’approche philosophique qui m’a CERTAIN DE VIBRER, DE SURVIVRE, avec l’aventure, je suis certain de vi-
poussé à une telle aventure. brer, de survivre, de coller à la nature,
J’ai trois ans, je joue dans une cour, DE COLLER À LA NATURE. de progresser rapidement.
quelques pas en arrière et plouf me voici
dans cette marmite d’eau bouillante avec
tout le dos brûlé au troisième degré. Ma
chère maman assistera à la souffrance
de son enfant condamné à rester sur le
ventre pendant deux mois, afin que les
greffes puissent prendre… Je ne parlerai
plus à personne pendant deux ans !
Cette coquille, ce monde dans lequel
je me suis enfermé, m’accompagnera
jusqu’à mes 18 ans, avec une timidité
maladive. Ce temps que je ne donne
pas aux autres, je le consacre à imaginer
dès l’âge de 12 ans toutes sortes de défis
insensés à la voile et sur terre.
A 17 ans, une sortie en mer en plein
hiver sur un Hobie Cat 16 me laisse à la
mer sans mon embarcation pendant de
longues heures. Là, j’apprends déjà les
leçons de la survie sans combinaison
Néoprène. Je nage des heures durant,
puis je rentre à la maison comme si
tout était normal ce jour-là, alors que
j’avais occasionné une vive inquiétude,
étant donné que les pompiers étaient
certains de me retrouver soit en hypo-
thermie, soit mort.
DENIS TISSERAND

Préparation. C’est à La Trinité-sur-Mer

que les moindres détails ont été peaufinés
avant le départ du bateau en Alaska.

054_061_Yvan Bourgnon.indd 55 04/12/2017 11:44

 56
DENIS TISSERAND
La chance que j’ai, c’est justement de
ne pas avoir compris trop vite que j’avais
des capacités pour réaliser ces défis ex-
trêmes. La fougue de mes 25 ans m’au-
rait amené à commettre l’irréparable et
la bêtise qui vous fait basculer du mau-
vais côté en fonçant tête baissée. C’est
seulement à 40 ans lors de mon passage
du cap Horn avec Sébastien Roubinet,
par force 10 sur un catamaran de sport
de série, que je réalise que mon futur
sera une vie d’aventurier, ce qui m’ira
comme un gant ! A partir de là, je vais
enchaîner un sans-faute en allant au
bout de tous mes défis. Moi qui avais
la réputation de casse-cou ou de casser
parfois du matériel, tout d’un coup ce
n’est pas le matériel qui me limite mais
la nature, et c’est là toute la différence.
Pourquoi autant de risques ? Quand
je fais le tour du monde en cata de
sport, je n’ai pas l’impression de réali-
ser un exploit, j’ai juste le sentiment
que c’est la continuité de ce que je sais
054_061_Yvan Bourgnon.indd 56
faire de mieux, de ce que j’ai imaginé
adolescent enfermé dans mes rêve-
ries. C’est difficile d’expliquer ce que
l’on ressent lorsque l’on se retrouve
en condition de crise, de survie. Je ne
connais pas d’autres situations où tout
d’un coup, c’est un processus com-
plexe qui se met en route. Ce danger si
proche vous oblige à utiliser tous vos
sens, toute votre intuition mais aussi
toute l’expérience de trente ans de navi-
gation. Il faut aussi bien sûr cette capa-
cité à réfléchir sur les solutions à mettre
en œuvre, à imaginer un plan de ba-
taille qui est forcément improvisé mais
se nourrit de tout ce que vous détenez
en vous à ce moment précis. Tous ces
acquis m’ont empêché de commettre
une seule erreur au cours des heures
passées à lutter contre 70 nœuds de
vent dans la mer de Baffin.
C’est une situation qui t’élève encore
un peu plus, pas dans l’assurance mais
dans une communion que tu ne peux
Physique. quasiment pas partager tellement elle
Ma Louloutte est est en toi. Et c’est là que j’ai une sorte
aussi une machine de frustration. Ces moments vécus ne
à sensations fortes. pourront jamais être retranscrits avec
des mots appropriés.
VIVRE SON AVENTURE
Quand tu reviens à terre, tu n’as
qu’une envie c’est de dire : «Prends ton
bâton et va vivre cela, va vibrer, va vivre
ton aventure à toi, quel que soit ton “cur-
seur de danger”.» C’est la seule solution
pour connaître réellement ce vrai sen-
timent qui appartient aux aventuriers,
à ceux qui trouvent leurs voies ! Je n’ai
pas toutes les réponses qui me poussent
à me faire autant mal. Si tu les as, je
pense que tu restes dans ton canapé !
Ce qui est certain, c’est que la nature
m’a offert dans ce dernier défi une vraie
leçon. Je ne pouvais pas faire autrement
que de m’émerveiller devant cette force
04/12/2017 11:44

sans limites et surtout d’une beauté si
rude que je me suis incliné de désespoir
mais aussi de bonheur…
Je vis à 200 à l’heure, et on n’arrête
pas de me le reprocher, mais j’ai tel-
lement envie de croquer, de partager
cela avec ma femme, mes enfants, ma
famille, de découvrir sans cesse ce
monde rempli de surprises.
L’océan Arctique offre cette magie de
pousser l’homme dans ses retranche-
ments, on ne va pas là-bas par ha-
sard… En partant pour ce défi ultime,
j’avais pourtant très peu consulté, très
peu lu, très peu pris de témoignages.
J’adore découvrir, j’aurai tellement
adoré vivre aux côtés de Vasco de
Gama. Je n’ose imaginer l’excitation de
ces hommes qui ont ouvert la voie…
La compétition m’a beaucoup ap-
pris et elle me manque parfois aussi. A
21 ans quand je débarque à La Trinité-
sur-Mer aux côtés de mon frère Laurent,
qui est déjà propulsé parmi les grands,
054_061_Yvan Bourgnon.indd 57
je saisis la chance d’apprendre, de
monter vite en puissance avec un fran-
gin en avance sur son temps, un vision-
naire sur la préparation des trimarans
de course au large… En grand frère, il
va me donner ma chance et va rapide-
ment me faire comprendre que si je
veux ma place dans son équipe, il fau-
dra que je sois meilleur que les autres.
Sans m’en rendre vraiment compte,
durant ces années, je serai malmené
par un grand frère toujours insatisfait
et perfectionniste. Je vais plus que ja-
mais m’endurcir, comprendre qu’il faut
se dépasser pour exister… Laurent est
sacrément dur avec moi, parfois même
intraitable, plus qu’avec quiconque et
je ne peux que le remercier aujourd’hui
de m’avoir toujours mis en dehors de
la zone de confort.
C’est seulement en arrivant dans le
Grand Nord, en étant confronté aux
glaces, aux vents catabatiques, au froid
extrême et aux ours polaires que je réa-
lise, après 40 ans de voile, que je suis
comme n’importe quel humain avec
ses craintes, ses angoisses, ses joies et
ses grands moments de doute. Je craque
à plusieurs reprises et là pour la pre-
mière fois, dans ce défi dangereux, j’ai
réellement besoin du soutien de Gé-
raldine, ma femme, qui a su chaque
JE REMERCIE LAURENT DE
M’AVOIR TOUJOURS MIS EN
DEHORS DE LA ZONE DE CONFORT.
AVENTURE 57
YVAN BOURGNON, PAROLES D’AVENTURIER
JEAN-MARIE LIOT
Duo de choc. fois trouver les mots pour me rassurer
Mon plus beau et me redonner cette force nécessaire
souvenir de victoire pour continuer à avancer, cela malgré
avec Laurent sur les angoisses légitimes qui l’animaient
la Transat Jacques elle aussi. Je suis redevenu un humain
Vabre 1997. comme tout un chacun, moi qu’on ap-
pelait «la machine», j’ai tout à coup le
sentiment d’avoir «bouclé la boucle»
qui me ramène sur terre avec tout ce
que l’homme détient comme richesse.
RETROUVER
L’ESSENTIEL
Ce que j’adore dans ce métier d’aven-
turier, ce n’est pas seulement le fait
de vivre une expérience solitaire et vi-
brante, c’est aussi de partager ce que je
viens de vivre, même si ce partage est
forcément incomplet. Dans cette société
aseptisée que nous avons créé de toutes
pièces où tout le monde a peur du len-
demain, peur du changement, peur de
régresser, je sens que tous les aventuriers
d’aujourd’hui ont leur rôle à jouer afin
de bousculer certaines vies où l’exemple,
le coup de pouce et la folie donnent en-
vie de renoncer à son train-train pour
se fabriquer une vie meilleure. On me
demande parfois à quoi ça sert de faire
tout cela ! Au-delà de la satisfaction per-
sonnelle, c’est un privilège de faire rêver
des milliers de gens. Le capitalisme a
fabriqué des tonnes de choses inutiles,
polluantes et repoussantes, alors ce n’est
certainement pas le moment de renon-
cer à cette quête où l’humain, le respect
de la nature et la vraie valeur des choses
doivent reprendre leurs droits. ■
04/12/2017 11:44
 58

PASSAGE DU NORD-OUEST

UN DÉFI COMPLÈTEMENT FOU!

Il a fallu 71 jours de navigation en solitaire sur Ma Louloutte,
catamaran de sport de 6,30 mètres, pour qu’Yvan Bourgnon
parvienne à franchir le passage du Nord-Ouest. Morceaux choisis.

Retrouvez son aventure en vidéo sur

www.voilesetvoiliers.com

160°W 140°W 120°W 60°W 40°W

Océan Arctique GROENLAND

Mer de Baffin

Pond Inlet
Mer de Beaufort

70°N

Baie de Disko
Cambridge Bay Nuuk
ALASKA Bloqué 12 jours
Nome Arrivée
Départ par les glaces
le 13 juillet 2017 le 22 septembre 2017

60°N
Baie
d'Hudson
Golfe d'Alaska
CANADA
FRANÇOIS CHEVALIER

50°N
PIERRE GUYOT

0 500 milles

PLAISIR
«Lors des trois premières semaines de mer
depuis Nome en Alaska, franchement ça a été.
Mais à partir de Weld Bay, tout s’est enchaîné
et violemment. C’était à la limite du sérieux.
J’ai pris trop de coups. Ma philosophie, ce
n’est pas ça. Je suis un épicurien, pas un
masochiste. J’ai besoin de prendre du plaisir,
et là ce n’était pas évident. La navigation était
trop «hard» ! Je m’attendais à des journées
sous le soleil avec 10 à 15 nœuds de vent,
et en fait je n’ai eu que de la pétole ou du
baston. Je ne crois pas avoir eu une seule
fois le créneau 10 à 25 nœuds de vent.
Le seul plaisir, c’est d’avoir le sentiment
d’accomplir quelque chose d’exceptionnel.»
DENIS TISSERAND

Equipement. Je n’ai quasiment pas quitté

ma combinaison étanche durant 71 jours.

054_061_Yvan Bourgnon.indd 58 04/12/2017 11:44


DANGER
«Le pire, c’est quand j’ai dû hisser mon bateau
sur la glace ! Il y avait des cailloux à la côte, la glace
se refermait derrière, et je voyais que j’étais en train
de me faire piéger. Un moment, je me suis dit,
soit je me fais broyer, soit je termine sur les cailloux.
De plus, le vent rentrait de plus en plus fort. Ma seule
issue était de monter sur la glace. J’ai commencé à
mettre les deux ancres derrière les glaçons de l’autre
côté, en ramenant le bout sur les winches pour tenter
de hisser le cata qui pèse quand même près d’une
tonne avec tout le chargement. Après des heures
d’efforts, je suis parvenu à hisser mon bateau sur
cet imposant growler qui commençait à dériver vers
le large. Je me suis dit que je pouvais déclencher les
secours pour qu’on vienne me chercher, mais pour
le bateau c’était mort ! Alors j’ai tenté de le remettre
Manœuvre. Il faut sans cesser régler
les voiles pour ne pas chavirer.
054_061_Yvan Bourgnon.indd 59
AVENTURE 59
Propos recueillis par Didier Ravon.
Nature extrême. On est si
vulnérable devant ces milliers de
glaçons qui ont croisé ma route.
dans l’eau. Cela a été une telle course contre la
montre que je n’ai pas eu le temps de me changer,
d’enfiler une combinaison. J’étais pieds nus sur la
glace. Heureusement, j’avais pied et sous le coup
de l’adrénaline, je ne me rendais même pas compte
que l’eau était à zéro degré quand j’accrochais
mes ancres qui dérapaient. Ensuite, j’ai dû plonger
pour trouver une pierre permettant que l’ancre
croche… A minuit, j’ai enfin réussi à dégager
Ma Louloutte de la glace. Il était temps, car le pack
partait au large à 1 ou 2 nœuds et il y avait de plus en
plus de fond. J’ai alors rejoint la baie pour mouiller.
J’avais une ancre Rocna (plate) et une ancre CQR
(charrue), respectivement de 4 et 7 kilos.
J’ai fait la bêtise de prendre un mouillage trop léger,
pas assez de chaîne, ni de câblot…»
04/12/2017 11:44
 60
Abri. Mon seul petit refuge : cette mini-tente en accordéon, qui peut aussi se transformer
en un vrai cercueil en cas de chavirage.
EXPÉRIENCE
«Le fait d’avoir fait un tour du monde il y a deux ans sur ce
même bateau m’a vraiment aidé. Lors de la traversée vers les
Antilles, j’avais fait une grosse erreur dans la première tempête.
Je m’étais mis en fuite et j’avais chaviré. Là, si j’avais chaviré,
je ne serais plus ici pour en parler. Du coup, j’ai essayé d’être
raisonnable dans ma navigation, mais si je n’avais pas accumulé
cette expérience lors du tour du monde, si je n’avais pas
eu cette préparation et le fait de l’améliorer à chaque escale,
je n’aurais pas pu réussir ce défi. Le bateau était parfait. La seule
fois où j’ai bricolé sur un safran, je me suis gelé deux doigts.»
Météo. La neige fera partie de mon quotidien
sur la deuxième moitié du parcours.
Rendez-vous avec l’histoire. Le célèbre bateau Blessure. Malgré les précautions et une préparation physique ad hoc, je n’ai pu éviter quelques «bobos».
d’Amundsen, Maud, vient d’être renfloué. Son En bricolant sur un safran, je me suis gelé deux doigts et mes mains m’ont complètement lâché
remorqueur attend la fin de la tempête avec moi. deux semaines avant l’arrivée.
054_061_Yvan Bourgnon.indd 60
RENCONTRES
«A part deux ou trois villages, je n’ai vu quasiment
personne. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont
les témoignages. Deux trois fois au mouillage,
des pêcheurs sont venus me saluer. Ce sont
des gens adorables. Dans un village où j’ai relâché,
ils n’avaient pas vu un bateau depuis six ans.
Je leur posais toujours la même question : “Comment
c’était ici avant, il y a dix ans, vingt ans, trente ans ?”
et tous m’ont dit que quand ils étaient petits, eux et
leurs parents ou grands-parents ne connaissaient pas
l’eau. Ils ne savaient pas ce que c’était que l’eau, à
part celle qu’ils buvaient. Ils avaient de la banquise
douze mois sur douze, et maintenant ils disent
que la moitié du temps, c’est glace et l’autre moitié,
mer. Je ne me suis pas plongé dans les études
sur le réchauffement climatique, mais ce type
de témoignage, ça parle. Aujourd’hui, Cambridge
Bay est en eau libre quatre à cinq mois par an.»
MANQUE
«J’ai surtout manqué de soleil. Sur 71 jours de navigation, j’ai
eu 60 jours de pluie et de brouillard. On m’avait dit que j’allais
avoir beaucoup de soleil, et avec mes trois panneaux solaires de
80 watts – ce n’est pas rien – je ne m’inquiétais pas. Il y a des mecs
sur la Mini-Transat qui partent avec un seul panneau. Même avec les
trois, je n’ai fait que barrer les dix premiers jours, et quand le pilote
fonctionnait bien, je barrais huit à dix heures par jour. Je manquais
d’énergie. A part les trois derniers jours où j’étais en positif, j’étais à
11,8 volts, 11,9, 12,1. Une fois, j’ai vu à la fin 12,8 volts. Si c’était à
refaire avec une telle météo, il me faudrait une pile à combustible.»
04/12/2017 11:44

Danger. Six heures d’efforts pour remettre
à l’eau les quelque 900 kilos du cata chargé,
avec le stress de rester coincé pour toujours sur la glace.
TEMPÊTE
«J’ai eu du très mauvais temps lors de
la descente le long de la côte canadienne.
Je slalomais entre icebergs et growlers
dans des creux de quatre mètres et toujours
avec du vent entre 25 et 40 nœuds. La mer
était croisée et la nuit sans lune. C’était de
la roulette russe ! Même à sec de toile, je
partais en surf à 10 nœuds, et je voyais passer
un glaçon à droite ou à gauche. Ça c’était
complètement barge ! J’ai eu aussi un gros
coup de baston, le premier à la sortie de la mer
de Baffin, juste après le village de Pond Inlet.
J’ai pris 60 nœuds au mouillage entre deux
falaises. Nous étions trois bateaux, dont celui
de Roald Amundsen (l’explorateur norvégien
a été le premier à franchir le passage du Nord-
054_061_Yvan Bourgnon.indd 61
Ouest en 1905, ndlr). Christian Dumard, mon
routeur, m’avait dit d’aller dans ce mouillage
et il a eu le nez fin car c’était une baie
complètement fermée. Pour la petite histoire,
alors que je naviguais vers ce mouillage, j’ai
croisé un voilier australien et on a parlé par
VHF. Je leur ai demandé s’ils étaient au courant
de la tempête. Ils n’avaient pas pris de météo.
Je leur ai conseillé de rejoindre cet abri, et
c’est là que nous nous sommes retrouvés,
les trois bateaux, dont celui d’Amundsen.
Nous sommes tous repartis ensemble après
la «cartouche», puis je les ai perdus de vue.
Lorsque nous sommes arrivés à Nuuk – eux
étaient passés par la baie de Disko – on s’est
reparlé à la radio. Ils étaient très surpris de
AVENTURE 61
PASSAGE DU NORD-OUEST
UN DÉFI COMPLÈTEMENT FOU !
m’entendre. Ils me croyaient mort ! J’avais
pris leur numéro de téléphone Iridium au
cas où… C’était démoniaque ! J’avais balancé
derrière tout ce que j’avais – aussières, bouts,
chaînes, sacs – bref tout ce qui pouvait freiner
le bateau, et il partait en surf en vibrant
de partout et en décollant. Le vent prenait
sous le trampoline. J’étais en combinaison
de survie avec mon couteau prêt à couper un
hauban dans 70 nœuds. Je me suis demandé
ce que je foutais là ! Heureusement que
le vent était parallèle à la côte, car sinon
je me fracassais sur les falaises. En mer de
Baffin, j’ai vraiment morflé. La température
était négative, et j’ai fini par perdre mon sac
de couchage une semaine avant l’arrivée.» ■
04/12/2017 11:44
 LAURENE COROLLER

Vert sur vert. La navigation en canal

n’interdit pas l’utilisation de la voile.
Pour notre plus grand bonheur.

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 DÉCOUVERTE 63
Texte Loïc Madeline.
Photos Bertel Kolthof.

FRIESLAND INTIME

LA BRETAGNE
DES PAYS-BAS
Ce n’est jamais qu’à cinq ou six heures de Paris. Et pourtant notre
croisière en Frise s’est avérée franchement dépaysante. Le décor
y est très différent de celui de nos côtes. Les bateaux encore plus.
Embarquez pour une navigation en Friesland à bord d’un Lemsteraak.

Retrouver la vidéo de la croisière

sur www.voilesetvoiliers.com

062_069_Friesland.indd 63 04/12/2017 11:45

 64
Q
uand ça veut pas, ça
veut pas ! Deux heures
déjà que nous avons
quitté Workum en di-
rection des écluses de
Kornwerderzand. L’Ijs-
selmeer est balayé par
des grains, le ciel
bas est gorgé d’eau et nous en pre-
nons notre part. Nous marchons au
moteur, appuyé par la grand-voile
contre un petit clapot court sur le-
quel bute l’étrave de notre Lemste-
raak. Une étrave façon péniche, nous
parlerions volontier de «gros nez» si
nous étions au départ d’une Mini-
Transat. Mais honnêtement, la carène
de Dageraad évoque davantage le
transport de marchandises sur canal
que les petites luges transocéaniques.
Les derniers bulletins météo mariés à
l’horaire des marées ne sont pas très
engageants. Nous voulions découvrir
les îles de la Frise, ce joli chapelet qui
s’égrène au large des Pays-bas, depuis
la fameuse île de Texel jusqu’à la fron-
tière allemande. Mais avec le jusant
qui s’annonce nous ne pourrons pas
faire route directe sur Terschelling. Et
comme le vent est pile-poil dans l’axe,
plein Nord, nous devrons tout faire au
moteur, une perspective qui ne nous
Façades pimpantes. La traversée des petites
villes est toujours l’occasion de vérifier le soin
extrême apporté aux maisons néerlandaises.
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0 20 milles
Terschelling
Leeuwarden
Texel Makkum
Sneek
53° N Workum Heeg
Gaastmeer
Woudsend
Lemmer
Ijsselmeer
Markemeer
enchante guère. Surtout avec les pa-
quets d’embruns qui viennent régu-
lièrement rincer nos lunettes. On ne
devrait pas se plaindre, l’eau est douce.
L’Ijsselmeer communique bien avec la
mer par le biais d’écluses mais ce grand
lac artificiel n’est même pas salé. Diffi-
cile du coup de faire la part de la pluie
dans ces gouttes qui cherchent à s’in-
filtrer à la base du cou. Après quelques
heures de ce trai tement, nous re-
voyons nos plans. Adieu îles exotiques
et bonjour veau, vache, cochon, cou-
vée pour prendre le contre-pied de La
Fontaine. Puisque la mer ne veut pas
de nous, nous allons découvrir la Frise
par l’intérieur, au travers de son réseau
de lacs et de canaux.
ON FAIT L’INTÉRIEUR
ET DES DÉCOUVERTES !
Nous avons débouché sur l’Ijssel-
meer à Workum, nous le quittons à
Makkum et déjà nous sommes per-
dus, incapable de ne pas confondre
des noms aux sonorités trop proches.
A la différence des Néerlandais qui
sont champions toutes catégories dans
l’apprentissage des langues étrangères,
nous n’avons guère de facilité à par-
ler batave. D’autant que les choses se
compliquent. Bertel qui nous sert ici
NOUS AVONS LE TEMPS DE
COMPTER LES VACHES ET MÊME
DE REGARDER PASSER LES TRAINS.
6° E
F. CHEVALIER
Parcours
en Friesland.
Selon la météo,
les possibilités de
navigation sont
assez variées, entre
les îles de la Frise
au large, les lacs
ou les canaux.
à la fois de skipper et de photographe
nous avait pourtant prévenus : «la
Frise, c’est un peu comme la Bretagne.»
Nous pensions qu’il voulait seulement
nous alerter sur le caractère humide
et changeant du climat. Que nenni.
Certes il fait beau plusieurs fois par
jour et les dépressions atlantiques
viennent souvent ici terminer leur
course. Mais la comparaison vaudrait
aussi pour la personnalité de ses ha-
bitants et pour leur langue. Car les Fri-
sons ont une langue, aussi différente
du néerlandais que le catalan l’est du
castillan. Nous aurions pu être aler-
tés par des panneaux de signalisation
routière bilingues mais franchement
nous étions trop occupés à coller à
l’itinéraire indiqué par le GPS. C’est le
problème de la voiture : ça va trop vite.
A bord d’un voilier traditionnel néer-
landais, nous avons le temps de lire
les panneaux, de compter les vaches
et même de regarder passer les trains !
Car si les ponts s’ouvrent presque
automatiquement sur notre passage,
bloquant un temps le flot des auto-
mobiles – et celui des vélos –, le train
reste prioritaire sur le bateau.
En nous engageant dans ce réseau
de canaux, nous craignons de tomber
dans une certaine monotonie. Sauf
04/12/2017 11:45
 DÉCOUVERTE 65
FRIESLAND INTIME : LA BRETAGNE DES PAYS-BAS

House-boat. Une vraie maison flottante, pour

ne pas être dérangé par les voisins mais avec
un hors-bord pour choisir son emplacement.

mément de bateaux à voile, même loin

que… Sauf que nous n’imaginions pas
passer devant autant de chantiers na-
vals. A Makkum, c’est le constructeur
de bateaux de voyage K&M qui soigne
ses fameux Bestevaer sur plan Gerard
Dijkstra. A Heeg, c’est un charpentier
de marine spécialisé dans la restaura-
tion de voiliers de régate centenaires
(voir encadré). Partout des petits chan-
tiers d’entretien ou de construction
avec accès direct au canal. Et puis nous
ne pensions pas croiser des bacs re-
liant simplement deux pistes cyclables
de part et d’autre du canal. La verdure,
ça dépayse.
Et surtout, nous avons été épatés par
le nombre et la variété de bateaux croi-
sés en seulement quelques jours. Enor-
de la mer. Beaucoup de dériveurs, de
tous âges et de tout type. Mais aussi
des croiseurs confortables. Des ba-
teaux traditionnels bien sûr. Des ba-
teaux à moteur aussi, beaucoup de
sloops notamment. Un sloop ici c’est
un canot à moteur ouvert, avec des as-
sises garnies de coussins sur lesquels
on s’assoit en cercle. A l’arrière, le skip-
per dirige l’embarcation à l’aide d’une
barre à roue. Au milieu une glacière
débordant de bières. Le sloop s’utilise
en fin d’après-midi, avec une poignée
d’amis à bord et ne rejoint sa place au
ponton qu’une fois les bières éclusées.
En guise de défenses, ces bateaux sont
souvent équipés d’un imposant cor-
dage qui ceinture la coque légèrement
Frise intérieure. sous le liston. Mais aucun n’est venu
Faute de météo se frotter à notre solide Dageraad et à
coopérante, nous son imposante coque en acier. Avec un
avons modifié notre bateau pareil, on craint de manquer
programme initial de place quand on croise un autre ba-
pour naviguer en teau sur un canal. Vous avez sûrement
eaux intérieures. déjà conduit une camionnette sur une
route de campagne, je ne vous fais pas
de dessin. Pourtant, je devrais essayer

LOUER UN LEMSTERAAK
Notre solide Dageraad (l’aube en français) peut coucher
jusqu’à dix personnes en utilisant le carré. Aux 13 mètres
de longueur de coque, il faut rajouter celle du bout-
dehors mais ce dernier est relevé lorsque nous naviguons
au moteur. Nous disposions d’un propulseur d’étrave
rarement utilisé mais rassurant. Dageraad ainsi que
d’autres Lemsteraak sont disponibles à la location chez
Waterrecreatie Syperda au départ de Gaastmeer. Prix pour
une semaine 2 188 euros (du vendredi au vendredi ou du
lundi au lundi). Comptez 1 183 euros pour un week-end
(vendredi 18 heures au lundi 11 heures). Le site du loueur
est accessible en anglais. www.waterrecreatiesyperda.com

Pullman sous le pont. L’agrément

des emménagements est certain
avec une grande cuisine au pied
de la descente et un carré
F. CHEVALIER très confortable.

062_069_Friesland.indd 65 04/12/2017 11:45

 66

parce que notre camionnette, elle est

équipée d’un mât, d’un bout-dehors,
d’une longue bôme et de toutes les
voiles qui vont avec. La bonne nou-
velle, c’est que, canaux ou lacs, nous ne
nous sommes pas privés de naviguer
à la voile. Pas partout bien sûr et pas
à n’importe quelle allure. Nous étions
de préférence sous foc seul à l’appro-
che des ponts et des villages : il faut
pouvoir réguler sa vitesse. Mais que le
canal s’élargisse, qu’un lac apparaisse
et hop, deux équipiers filaient en pied
de mât pour hisser la drisse de grand-
voile et celle de la corne. Le foc était
déjà établi. Et il ne fallait pas oublier
de descendre la dérive sous le vent.

DU TRANSPORT
À LA PLAISANCE
Les Lemsteraak sont équipés de lon-
gues dérives qui peuvent porter leur ti-
rant d’eau à deux mètres. C’est même
ce qui permet de les reconnaître. La
plupart des bateaux traditionnels que
nous croisons sont eux aussi équipés
de deux dérives mais celles-ci sont
courtes et rondes. Ce sont des ba-
teaux qui ne naviguent qu’en eaux
intérieures, là où il y a peu de fond.
Les Lemsteraak étaient utilisés pour
transporter le produit de la pêche
mais aussi des moules depuis les îles
de la Frise jusqu’aux grandes villes du
Sud. Quand je dis le Sud, c’est rela-
tif, je parle d’Amsterdam, de Londres,
d’Anvers ou même de Bruxelles, on se
comprend. Du coup, notre bateau est
très toilé, le premier arrivé au port est
sûr de vendre son poisson. Et puis il a
de belles dérives, asymétriques et bien
profondes, car mieux vaut être capable
de faire un bon près pour parer les
bancs de sable qui s’alignent le long du
littoral. Il y a belle lurette que les Lems-
Grande dérive. teraak ne jouent plus au chasse-marée.
L’allongement de Mais leurs performances ont suffi-
la dérive trahit un samment séduit de propriétaires pour
bateau taillé pour que ces bateaux deviennent voiliers
naviguer en mer. de plaisance. Ils n’étaient à l’origine
La voile est ferlée pontés que dans leur partie avant, ce
sur la corne courbe. gaillard servait de grand coffre de ran-
gement. Ils abritent maintenant sous
leur rouf des emménagements cossus
et le cockpit rejeté tout à l’arrière est
Café au soleil. relativement court. Mais ils sont tou-
Petit déjeuner dans jours performants au point qu’existe
le cockpit en plein un véritable circuit de régate qui réu-
centre de Sneek. nit ces gros bateaux autour de quatre
Plaisir d’une bouées. Des rassemblements toujours
escale en ville. spectaculaires, le fameux «si tu choques
t’es un lâche» n’étant manifestement
pas l’apanage de nos coureurs océa-
niques. Pour preuve que ces voiliers
vont vite, nos confrères néerlandais
de Waterkampioen avaient organisé un
comparatif entre un X-40 et un Lems-
teraak moderne avec espars en carbone
et voiles en laminé. Sur un parcours
comportant remontée au vent et des-
cente. A la fin, c’est le X qui gagne mais
seulement parce qu’il manœuvre et se
relance beaucoup plus vite. Au près, le
Lemsteraak compensait largement par
sa vitesse ce qu’il perdait en cap. Dans
une confrontation de ce type, nous
n’aurions guère de chances.
Même si nos dérives présentent un
profil asymétrique, nous sommes bien
à bord d’un modèle 100 % croisière,
équipé d’un gros moteur de camion,
et d’aménagements en bois massif. Je
vous l’avoue sans difficulté, on s’y fait
très bien. Dageraad est tellement stable
et confortable que l’on oublie une
fois sous le pont que l’on se trouve
à bord d’un bateau. Les emménage-
ments sont simples mais chaleureux.
Sur bâbord, au pied de la descente
(qui est décen trée sur tribord), une
cuisine dans la quelle le réchaud se
passe très bien du cardan. On l’utili-
sera au port. Elle comprend aussi un
évier et un grand plan de travail. Et
beaucoup de rangements. Le carré en
«U» est décalé sur tribord. Imaginez
de profondes banquettes bien moel-
leuses, des vaigrages en bois sombre et
une solide table en bois massif et vous
y êtes. Comme dans un confortable
pub britannique. Sur bâbord, un haut
meuble de rangement. Et puis l’on
passe la cloison qui délimite la partie

MAGIE DE CETTE NAVIGATION

DANS LES TERRES… NOUS NOUS RÉVEILLONS
DANS LE BASSIN CENTRAL DE SNEEK.

062_069_Friesland.indd 66 04/12/2017 11:45

 DOSSIER 67
ACCROCHE DOSSIER

Un vrai voilier. Remarquez la bastaque mollie

sous le vent mais aussi le tangon rangé le long des haubans
qui permet d’établir le foc en ciseau au vent arrière.

062_069_Friesland.indd 67 04/12/2017 11:45

 68
vie de la partie couchage. Sur tribord,
des toilettes, dont la pompe inspire
le respect, suivies d’une belle cabine
double. Sur bâbord, deux couchettes
superposées en coursive, et à l’avant
deux grands lits doubles qui font un
peu dortoir. Privilège de l’âge, j’ai eu
droit à la plus belle des cabines, tout
habillée de bois avec un petit hublot
rond en cuivre pour l’aération. L’am-
biance est un peu vintage et pour la
vue, on repassera. Mais pour dormir,
c’est carrément bien. Que l’on soit au
cœur d’un village, en plein centre d’une
ville ou au beau milieu des champs.
Car c’est un peu ça la magie de cette
navigation dans les terres. Nous avons
passé notre première nuit dans le bassin
central de Sneek. Au cœur d’un réseau
de canaux qui fragmentent le centre-
ville en de minuscules îlots. Et partout
062_069_Friesland.indd 68
des ponts qui relient des rues pavées éta-
lées comme des balcons au soleil. Nous
finissons par atterrir dans une taverne
au nom improbable de «Lachende
Koe» (en français, La vache qui rit).
Nous y goûtons nos premières bières
régionales mais ce sujet mériterait une
étude plus approfondie que la nôtre. Au
retour, Bertel nous fait remarquer que
nous sommes amarrés à moins d’une
encablure du coffee shop local. Le nom
de ce dernier nous promet le paradis
(Heaven) mais nous avons l’impression
d’être déjà tout proches de celui des
marins. Et de fait notre navigation le
lendemain nous a franchement régalés.
Quelques longs virages négociés au ra-
lenti et au moteur pour sortir de la ville.
Le soleil est au rendez-vous et nous ne
savons où donner de la tête entre les
bateaux amoureusement vernis et les
A pied ou maisons impeccables. Et toujours ces
en bateau. grandes vitres sans rideaux ni volets qui
Les voitures sont trop donnent l’impression de pénétrer dans
larges pour explorer l’intimité des foyers. Très vite nous voilà
les villages où à la campagne et nous pouvons établir
nous faisons halte. le foc pour glisser au portant. Quelques
minutes plus tard, les rives
s’espacent et nous dé-
bouchons sur un lac. Oh,
il ne fait guère plus de
deux kilomètres de large
par trois de long mais il
s’agit d’un superbe ter-
rain de jeux. A hisser la
grand-voile et nous al-
lons pouvoir nous mesu-
rer à des dizaines d’em-
barcations de toutes
tailles et de toute sorte.
Un bon exercice pour
prendre la mesure de
notre bateau. La barre est
longue et l’on comprend
pourquoi : le safran rap-
porté n’est pas du tout com-
pensé, pas très profond non plus
Rébus héraldique. et il faut peser de tout son poids pour
Ce blason sur modifier la course du bateau. L’écoute
une maison de de grand-voile est heureusement prise
Woudsend nous en bout de bôme, la démultiplication
indique que l’on est suffisante mais il y a quelques di-
y pesait le beurre. zaines de mètres de bout. En lieu de
Jusqu’en 1903 ! taquet, on se contente d’une demi-clé
sur la poulie double qui coulisse sur la
barre d’écoute. Les winches ne sont pré-
sents que pour les écoutes de foc. Mais
on ne les met pas trop à contribution,
en fait le virement est plutôt lent. On
Bois verni. commence par choquer le clinfoc, la
Peu importe l’âge voile d’avant établie sur le beaupré. Si-
du navire ou celui non le bateau ne viendra pas dans le lit
du capitaine, du vent. Puis on choque le foc pendant
les bateaux croisés qu’un équipier descend la dérive qui
sont toujours sera bientôt sous le vent. Une fois le lit
parfaitement du vent passé, on peut reprendre foc
entretenus. et clinfoc. Pour le clinfoc, cela se passe
LORSQUE NOUS APPROCHONS
TROP DE LA RIVE, LA DÉRIVE
S’APPUIE UN PEU SUR LA VASE…
04/12/2017 11:45

WIND EN WATER À HEEG : AU BONHEUR DU BOIS
Bordés chauffés. Pour la mise en forme des bordés, les épaisses lattes de bois sont chauffées jusqu’à ce qu’elles adoptent
la courbure désirée. La latte est maintenue en forme pendant son refroidissement avant sa mise en place définitive.
sur la plage avant à l’aide du guindeau.
Puis on remonte la dérive au vent qui,
sinon, à tendance à vouloir s’écarter du
bateau. Bien sûr, il est indispensable
de relancer la machine par une belle
abattée en sorte de virement. Sinon le
Lemsteraak n’avance plus, il dérape et
c’est un peu la punition pour le barreur
novice. Le moment le plus délicat aura
été ce manque à virer qui nous a fina-
lement contraints à mettre le moteur
pour éviter d’aller s’échouer dans un
vert pâturage en marche arrière !
A MANŒUVRER
NOTRE LEMSTERAAK !
Mais les débutants que nous som-
mes apprennent vite, pas question
de se faire ridiculiser par des marins
d’eau douce. Au troisième virement,
la coordination de l’équipage est par-
faite : les voiles sont choquées dans le
bon ordre, Iris manœuvre les dérives
dans le bon timing et Laurène reprend
le clinfoc dès que le virement est as-
062_069_Friesland.indd 69
suré. Fort de notre maîtrise toute neuve
nous nous enhardissons à emprunter
un chenal creusé entre deux champs.
Lorsque l’on croise un bateau et que
nous nous rapprochons trop de la rive
nous sentons parfois la dérive qui s’ap-
puie un peu sur la vase mais rien ne
nous arrête. Il faut seulement surveil-
ler l’extrémité de la longue bôme qui
déborde largement du bateau. Nos ex-
DÉCOUVERTE 69
FRIESLAND INTIME : LA BRETAGNE DES PAYS-BAS
Tjotter de légende. Le chantier s’est
spécialisé dans l’entretien et la restauration
de Tjotter, des petits yachts de régate
du début du XXe siècle.
Code couleur. Cette frise aux couleurs du
drapeau national qui orne les safrans des
bateaux traditionnels est purement décorative.
ploits nous ont fatigués et l’on s’arrête
sur une petite île le temps d’un déjeu-
ner. Ici, on passera la nuit en rase cam-
pagne. Le lendemain soir, nous serons
Grand bleu. au cœur du village de Woudsend. Son
Le beau temps port est bien rempli mais nous avons la
n’était pas garanti, chance de trouver une place à l’ombre
mais nous pouvions d’une église transformée en apparte-
compter sur une ments. Au petit matin, nous suivrons
mer très calme. les flottilles de l’école de voile locale,
en remorque pour gagner un autre
lac. A son extrémité Est, la petite ville
de Heeg, touristique et colorée, nous
accueille pour une halte gourmande,
toujours en bordure de canal. Mais
nous allons surtout profiter du Hege-
mer Mar pour tirer de longs bords de
largue. Bertel est débarqué pour faire
des photos de Dageraad sous voiles.
Toutes voiles dehors, nous jouons un
peu aux pirates, trop contents de dé-
passer les 7 nœuds et d’afficher un
beau sillage. Nous voilà roi du lac,
puisque la mer s’est refusée à nous.
Mais elle ne perd rien pour attendre,
nous reviendrons la défier entre pol-
ders et bancs de sable. ■
04/12/2017 11:45
 70

Esprit libre. A 46 ans, Juan

Kouyoumdjian demeure l’enfant terrible
de l’architecture, travaillant sans
compromis, selon ses propres méthodes.

070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 70 04/12/2017 14:24


JUAN KOUYOUMDJIAN ET LE CLUBSWAN 50
LE JUSQU’AU-BOUTISTE
Il y a des bateaux plus réussis que d’autres. Mais y a-t-il des architectes
plus talentueux que les autres ? C’est la question à laquelle
nous avons tenté de répondre avec Juan Kouyoumdjian et son ClubSwan 50.
Texte Philippe Joubin.
Photos Gilles Martin-Raget.
I
l fait un rude cagnard en cette mati-
née d’été sur Palma de Mallorca.
Un à un les équipages de la Copa
del Rey, pas très optimistes sur les
chances de régater en cette journée
de calme blanc, rejoignent molle-
ment leurs bateaux. Au bar du Real
Nautico de Palma, Juan Kouyoum-
djian arrive tranquille, sans stress. Et en
retard : pas de son fait mais parce qu’il
ne peut faire un pas sans qu’un marin
vienne lui serrer la louche, sans une tape
amicale sur l’épaule, sans qu’un proprié-
taire d’un coursier l’apostrophe. Avec
070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 71
sa crinière poivre et sel, sa fine barbe,
ses yeux de jais, sa stature généreuse de
baryton et son grand sourire, Juan s’y
plie avec grâce. Heureusement, le roi
Felipe VI vient fort opportunément dé-
tourner l’attention : c’est que son altesse
embarque à bord d’Aifos, Corel 45 de la
marine nationale espagnole dont il tient
la barre avec tant de talent qu’il gagnera
dans sa classe cette édition 2017 de la
classique majorquine.
La famille royale espagnole juste-
ment… un des clients de Juan K ! En
mai dernier a été mis à l’eau en Espa-
UN ARCHI… 71
UN BATEAU
gne un 6m JI dessiné par l’architecte
pour Juan Carlos. Toujours aussi pas-
sionné de voile, le vieux souverain
compte bien prendre part, à la barre
de cette nouvelle unité, au champion-
nat d’Europe de la spécialité, l’année
prochaine, à La Trinité-sur-Mer. Un
roi, des milliardaires, des chantiers de
prestige : il serait bien réducteur d’en-
visager Juan Kouyoumdjian par ce pe-
tit bout de la lorgnette. Car si l’homme
s’est taillé une belle réputation dans
la régate et la course au large, c’est par
une certaine pureté dans l’approche de
son métier, par son refus des compro-
mis et de faux-semblants. Et parce que
ses bateaux gagnent, beaucoup.
Racé et extrême.
Le ClubSwan 50 est
une petite révolution RÉGATIER DANS L’ÂME
pour le chantier
finlandais, mais Cette semaine, il régate à bord de
aussi un succès Cuordileone, le ClubSwan 50 de Lo-
commercial. renzo Ferragamo, patron de Nautor.
04/12/2017 14:24
 72

Un bateau dont l’architecte est parti-
culièrement fier. Pour fêter ses cin-
quante ans en 2016, le chantier finlan-
dais avait en effet décidé de lancer un
concours. Cinq cabinets y répondirent,
deux furent retenus en finale : ceux de
German Frers et Juan K. Drôle de coïn-
cidence : ils sont tous deux argentins
et, enfant, le cadet admirait son aîné
qu’il fréquentait au gré des régates de
Buenos Aires ! «Le cahier des charges du
chantier était simple, se souvient Juan.
Le nouveau bateau devait conserver l’ADN
des Swan, être un monotype compétitif ca-
pable de faire de la course au large comme
des régates entre trois bouées et permettre
de naviguer facilement en croisière en
équipage réduit. Et bien sûr : 50 pieds de
long comme 50 ans !»
Après avoir revu un premier jet trop
pointu de manière à l’adoucir, l’enfant
terrible de l’architecture l’emporte.
«Lorsque German appris qu’il avait
Olympisme. perdu, il demanda à voir mon bateau.
Lors des derniers Puis m’envoya un mot me disant qu’il
JO, 23 des 24 Finn était magnifique et que je devais main-
engagés avaient été tenant incarner l’esprit Swan. Un vrai
revus par le cabinet gentleman. Je suis très fier de ce plan.»
de Juan K, dont Tout y porte la marque du Franco-
celui de Giles Scott, Argentin, et même s’il apprécie peu la
médaillé d‘or. notion de monotypie. «Non seulement,
il devait parfaitement répondre au cahier
des charges mais, en même temps, je vou-
Maxi. Lancé lais qu’il puisse transmettre un sentiment
en 2014, Rambler 88 de plaisir ; l’émotion de naviguer vite et
a encore étoffé efficacement que seul un déplacement lé-
son palmarès ger peut procurer.»
en gagnant cet été A regarder cette carène puissante,
le Fastnet large et évasée, qui débute par une
en temps réel. étrave inversée agressive et se prolonge

070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 72 04/12/2017 14:24


par un bouchain marqué sur lequel il sorte de cage structurelle ménagée
se cale, un franc-bord faible, un mât dans la coque. Et la circulation à l’inté-
immense avec une quête de cinq de- rieur n’en est que plus fluide.
grés de manière à ménager de grands Alors l’architecte ne boude pas son
triangles avant et accroître la surface plaisir lorsqu’il retrouve ses racines
des spis, cette longue et fine quille, ses de régatier à bord de Cuordileone au
deux safrans, sa légèreté de 8,5 tonnes milieu de la flottille de ces nouveaux
(malgré le pont en teck – Swan monotypes dont une quinzaine
oblige –, qui fit tiquer l’architecte d’exemplaires a déjà été vendue. A plus
au démarrage du projet) obtenue en d’1,2 million la bête, c’est une franche
grande partie grâce à la coque carbone, réussite. «Il y a d’ailleurs un propriétaire –
mât, bôme et bout-dehors étant aussi qui a découvert la voile il y a un an – qui
dans le même matériau, il y a tous les en possède deux, un pour lui, un pour sa
codes Juan K sur ce bateau. La struc- femme, s’amuse l’architecte. Et il m’a de-
ture aussi est innovante : plus d’épon- mandé de lui dessiner son grand frère de
tille ou de mât posé sur la quille, l’en- 100 pieds ! Ce sera le ClubSwan 100 !»
semble du gréement est tenu par une Dans les grandes tailles, l’enfant de
Buenos Aires sait faire. Depuis deux
décennies que son cabinet existe – le
20e anniversaire en octobre 2017 –, il
n’a plus rien à prouver en la matière.
Son tableau de chasse est impres-
sionnant avec ses trois victoires sur la
Volvo Ocean Race, son avalanche de
succès en Maxi, les multiples Fastnet
et autres Sydney-Hobart, ses parti-
cipations au sein des équipes archi-
tecturales de Prada, Oracle ou Arte-
mis sur la Coupe de l’America… Il y
a aussi les refontes et optimisations
apportées ici au Class J Lionheart,
à l’IMOCA PRB, au Wally Lira… Ça
part, ça fuse dans tous les sens, d’une
étude d’un dhow high-tech (boutre)
pour les Emirats au premier surf à foil
pour la légende Laird Hamilton, en
passant par les hélices de son propre
motor-yacht qu’il dessina, ne trouvant
pas sur le marché celles qu’il voulait !
LE DISCOURS
DE LA MÉTHODE
D’ailleurs, lorsque nous devions le
rejoindre à Palma, c’était pour le re-
trouver à la barre d’un Finn. Manque
de chance, pas une seule mouture du
dériveur solitaire signé Kouyoumdjian
ne s’y trouvait. Car l’homme s’est aussi
penché sur la manière de l’amélio-
rer et ce avec tellement de talent que,
lors des derniers Jeux de Rio, 23 des
24 Finn en lice étaient des plans revus
de sa griffe sous le libellé D-Fantastica,
construits par l’orfèvre Luca Devoti.
Bilan : le triplé olympique.
Un joli coup après celui de 2008 à
Pékin où le seul Star estampillé Juan K,
construit par Mader et mené par Percy
CHRISTOPHE JOUANY/VOILES DE SAINT-BARTH
et Simpson, avait chipé l’or ! «En tra-
vaillant sur de tels projets, tu as tout à
gagner… explique ce régatier accompli
en Star. Mais aussi tout à perdre si tu te
rates. Pour moi, les classes olympiques sont
les plus exigeantes en termes de finesse de
voile et de qualité de navigation. Tu arrives
à faire la différence sur des détails infimes :
la forme du skeg sur le Star ou la liaison
entre voile de quille et bulbe. L’olympisme
070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 73
UN ARCHI… 73
UN BATEAU
Motor-yacht. est tellement fin. Cette finesse se trouve à
Lorsqu’il ne régate l’intérieur de la tolérance de la méthode.
pas, Juan K aime Et c’est cela qui est passionnant…»
assister aux régates Ah, la méthode… nous y voilà !
depuis son splendide Depuis 1997 et le premier bateau
Rejucilo, vieux dessiné par Juan Kouyoumdjian – en
de 80 ans. l’occurrence l’improbable Krazy K-Yote
Two*, 50 pieds IMS destiné à l’Admi-
ral’s Cup et retiré de la compéti-
tion ! – il y a un dogme au sein de
son cabinet. «Lorsque je me lance sur
un projet, je commence par dessiner le
moteur, à savoir les voiles, comme celles
si spécifiques du ClubSwan 50. On fait
un brief aérodynamique de manière à
augmenter ensuite l’efficacité hydrodyna-
mique. Je commence par optimiser cette
équation : β = εA + εH où β est l’angle
de vent apparent qui doit être égal à l’ef-
ficacité aéro (εA) plus l’efficacité hydro
(εH). Ensuite, nous travaillons en spi-
rale. Je ne veux pas travailler sur un pro-
jet de manière séquentielle, à savoir en
prenant les éléments d’un bateau les uns
après les autres. Nous partons du brief
initial puis nous définissons le concept
général. Ensuite, c’est au tour de l’ingé-
nierie et de la structure et là nous pou-
vons calculer un premier poids avant de
faire l’analyse des performances à base
de CFD («Computational Fluid Dyna-
mic» ou mécanique des fluides numé-
riques, ndlr) et de VPP, puis d’atteindre
la quatrième phase de la boucle : l’exé-
cution des plans. Cette première spirale
délivre une première estimation des
coûts. Et nous reprenons ces quatre élé-
ments de la boucle jusqu’à l’obtention
des plans définitifs, ce qui demande au
minimum deux passages dans cette spi-
rale, trois au plus. Le ClubSwan 50 est le
bon exemple : ce n’était pas un choix de
supprimer l’épontille mais en fonction de
son emplacement nous en sommes venus,
grâce aux réflexions émanant de cette spi-
‘‘
Les classes olympiques
sont les plus exigeantes en
’’
termes de finesse de voile.
04/12/2017 14:24
 74
Méthode. Cette spirale que Juan nous
dessina explique la méthode de l’architecte :
une religion au sein de son cabinet.
rale, à cette solution de couloir stratifié
structurellement sur lequel se décharge
la compression du mât. Cette méthode
est une religion, presque. Je ne suis pas
tolérant à ce sujet ni sur celui du devis
de poids, car celui-ci définit les points de
passages des boucles de la spirale.» C’est
au fil de sa progression intellectuelle
et professionnelle que Juan a mis
patiemment en place sa méthode. A
17 ans, il quitte l’Argentine pour étu-
dier l’architecture navale aux Etats-
Unis tout d’abord, puis en Europe
à l’école de Southampton, avant de
rejoindre le cabinet rochelais de Phi-
CLUBSWAN 50
❯ Longueur hors tout : 15 m.
❯ Longueur hors tout
avec bout-dehors : 16,74 m.
❯ Longueur à la flottaison : 14 m.
❯ Largeur : 4,20 m.
❯ Tirant d’eau : 3,50 m.
❯ Déplacement : 8,5 t.
❯ Lest : 3,4 t.
❯ Surface de voilure au près : 142 m2.
❯ Surface de voilure au portant : 296 m2.
❯ Constructeur : OY Nautor.
❯ Prix : environ 1,2 million d’euros.
070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 74
lippe Briand dès 1993 où il est inté-
gré aux projets America’s Cup de Marc
Pajot. «Il y avait un vrai fourmillement à
La Rochelle, se souvient-il, et je voulais
vraiment que nous adoptions cette mé-
thode imaginée alors par le CRAIN (bu-
reau d’ingénierie naval, ndlr).» Quatre
ans plus tard, il quitte Briand pour
prendre son envol avec pour première
commande ce fameux Krazy K-Yote
Two, avant d’être sollicité pour le défi
Yaka dans l’America 2000. Et depuis
cette omniprésence dans le monde
de la compétition lui colle à la peau.
A tel point que, contrairement à ses
confrères, il n’est guère sollicité par
les grands chantiers.
LA DÉCEPTION BÉNÉTEAU
Pourtant, Bénéteau fait appel à
ses services en vue de la création du
nouveau First 30 en compagnie de
Michel Desjoyeaux, lancé en 2010.
Et il y va d’un trait provocant : étrave
droite, carène tendue à bouchain évo-
lutif, quille en «T», cockpit immense,
grand-voile à corne, suppression du
pataras… Du pur Kouyoumdjian.
Malgré des attentes énormes, ce ba-
teau ne rencontrera pas le succès es-
compté. Aujourd’hui, il parle sans dé-
tour de la «trahison de Bénéteau». «Les
bateaux faisaient 600 kilos de plus que
prévus : 4,2 tonnes au lieu de 3,6. Ils ne
comprenaient pas. Personne ne voulait
prendre ses responsabilités et le seul qui
me comprenait était Eric Ingouf (direc-
teur produit voile First et monotype chez
Bénéteau, ndlr). On en a quand même
sorti 197, ce qui n’est pas si mal.» Mais il
est mal à l’aise avec les contraintes de
l’industrie, ne supporte pas la bride à
la créativité qu’elle impose.
«C’est le bateau que vous regrettez ?»
«Sans doute et Maiden Hong Kong
(super-yacht radical de 35,5 mètres, lancé
en 2000, ndlr). Je me suis laissé trop in-
fluencer par mon client.»
«Et celui dont vous êtes le plus fier ?»
«ABN AMRO, vainqueur de la Volvo
2006. On a eu une liberté totale et le ba-
teau gagne le général à quatre étapes de la
fin ! Si on vient solliciter mon cabinet c’est
pour le laisser libre.» A bon entendeur…
«Ah si, j’ai un autre regret : je me
suis un peu éloigné de la voile française.
J’adorerais faire un Ultim. C’est sans
doute une des dernières zones de créati-
‘‘
Si on vient solliciter
mon cabinet, c’est
’’
pour le laisser libre.
F. CHEVALIER
04/12/2017 14:24
 UN ARCHI… 75
UN BATEAU

First 30. A la demande de Bénéteau,

Juan K créa le nouveau First 30 en
2010. Une expérience douloureuse.

LOÏC MADELINE
YVAN ZEDDA

vité totale même si on m’a sollicité sur des
détails pour différents trimarans géants.
Et puis peut-être un nouvel IMOCA pour
le Vendée Globe…» Histoire de prendre
une revanche après les projets intel-
lectuellement intéressants mais spor-
tivement décevants que furent Pindar
et Cheminées Poujoulat. Récemment,
il a tellement travaillé à l’adoption
avortée de foils sur le PRB de Vincent
Riou en vue du dernier Globe qu’il
possède dans ses cartons un 60 pieds
quasi terminé, bateau qui devrait voir
le jour pour un cador de la voile en
solitaire… Nul doute qu’il y aura du
ClubSwan dans des lignes reconnais-
sables entre toutes. «Pourtant, je ne
pense pas avoir une griffe particulière…»
Si, celles d’une certaine idée de l’ab-
solu nautique, sans compromis, ni
demi-mesure.
Triplé. Après ABN
AMRO I en 2006, Une production très compétition
Ericsson en 2009,
Groupama 4, mené
Juan Kouyoumdjian, né le 15 juillet 1971 > 1997. Krazy K-Yote Two (50’ IMS).
par Franck Cammas
et ses hommes, à Buenos Aires (Argentine). > 1998. Maiden Hong Kong (Maxi).
était le troisième > 2003. KOD 33 (monotype de régate).
plan Juan K à > 2004. Star (quillard de régate).
gagner la Volvo > 2004. ABN AMRO I et II (VO70).
Ocean Race en 2012.
> 2005. Mui Mui (TP52).
> 2007. Pindar (IMOCA).
> 2008. K650 (monotype de 6,50 m).
> 2008. Speedboat 100 (Maxi 100’).
> 2008. Ericsson 3 et 4 (VO70).
> 2009. Team Heiner 38 (proto 38’).
> 2010. Team Origin (TP52).
> 2010. K37 (course-croisière).
> 2010. First 30 (bateau de série).
> 2010. Groupama 4 (VO70).
■ > 2010. Puma Mar Mostro (VO70).
R
ALIE

> 2010. Telefonica (VO70).

HEV

> 2011. Cheminées Poujoulat (IMOCA).

IS C

*Ce 50 pieds IMS, destiné à l’Admiral’s Cup, défraie

Depuis 20 ans qu’existe Juan K Yacht
NÇO

la chronique en 1999. Doté d’un large mât-aile de > 2014. Rambler 88 (Maxi).
FRA

78 pieds de haut en carbone et autoporté, il montre Design, ce cabinet, installé à Valence avec
des antennes à Buenos Aires et Londres, > 2015. Finn (dériveur solitaire).
des performances tellement époustouflantes qu’il
s’attire les foudres des régatiers anglo-saxons. Suite à a travaillé sur 107 projets différents et > 2016. ClubSwan 50 (monotype).
plusieurs réclamations, il est rejaugé puis lourdement compte actuellement quinze collaborateurs. > 2017. Lady of Tasmania (croiseur côtier).
pénalisé. L’équipe française décide de le retirer.

070_075_Un archi_JuanK-Pogo3.indd 75 04/12/2017 14:24

 ITINÉRAIRE BIS

Du Maroc
Houat FRANCE

La Corogne

ESPAGNE

Archipel

aux Bijagos
des Açores

Archipel Agadir
des Canaries

Océan Atlantique
MAROC
Archipel
du Cap-Vert Dakar
Casamance
Archipel des Bijagos

Et pourquoi pas l’Afrique au lieu des classiques îles atlantiques ?

C’est après s’être posé cette question que Claire et Jalil, à bord
de leur solide Anao, ont tiré sur la barre et opté pour le chemin
des écoliers vers le Maroc, la Mauritanie,le Sénégal, la Gambie,
la Guinée-Bissau et l’archipel des Bijagos, sans jamais le regretter ! Salvador de Bahia

0 1000 milles
0 1000 milles

076_083_Bijagos.indd 76 04/12/2017 11:48

 GRANDE CROISIÈRE 77
Texte et photos Claire Grimonprez
et Jalil Schaffar.

Carénage participatif. Devant le village

de Bubaque (Bijagos), Anao profite de
la basse mer pour se refaire une beauté
alors que les enfants prennent la pose.

076_083_Bijagos.indd 77 04/12/2017 11:49

 Maroc
MÉDINA, SOUK ET BRICOLAGE
L
es lumières d’Agadir peinent à
percer la brume épaisse. La visi-
bilité est nulle, on distingue
tout juste l’étrave. Dans ce coton
blanc, l’approche se fait à vitesse
réduite au moteur pour ne pas
aborder l’un des nombreux bateaux de
pêche dont on entend le ronronnement
des moteurs sans les voir. Enfin, le môle
du port se dessine. Nous amarrons
Anao sous les remparts illuminés de la
casbah, l’ancienne forteresse qui sur-
plombe la ville. Sur le versant de la col-
line sont dessinées d’immenses lettres
qui signifient en arabe «Dieu, la Patrie,
le Roi». Avec un tel insigne au-dessus
de nos têtes, on peut dormir en paix…
La marina d’Agadir est l’une des meil-
076_083_Bijagos.indd 78
leures du pays. Catways solides et bien
entretenus, eau et électricité incluses,
surveillance 24 heures sur 24, 7 jours
sur 7, douches, wi-fi, station gazole,
boutiques et restaurants : le standing
est le même qu’en Europe pour un tarif
abordable – et négociable selon votre
capacité à marchander.
L’AÏD-EL-KÉBIR
EN GUISE DE BIENVENUE
A peine avons-nous posé pied à terre
que Moustafa, notre voisin de pon-
ton, nous invite à bord de sa vedette.
Même s’il dispose d’un appartement
en ville, il préfère «l’air frais de la mer et
le calme de la marina». On nous régale
d’un délicieux thé à la menthe accom-
pagné de fruits, de fromage blanc, de
miel et de noix. «Vous tombez bien, c’est
l’Aïd-el-Kébir dans trois jours. On tue un
mouton dans chaque famille pour l’occa-
sion, soit quatre millions de bêtes égorgées
en un jour !» Dès le lendemain, nous
verrons effectivement des moutons
partout : dans les bus, les coffres de
voiture et jusque sur les épaules des
chauffeurs de Mobylette.
Nous sommes heureux d’arriver sans
l’avoir prévu pour l’une des plus grandes
fêtes musulmanes de l’année. Nous par-
tons flâner dans les médinas de Rabat et
de Meknès, entre articles de maroquine-
rie, tapis berbères, savon noir et huile
Gorges de l’Atlas. Choc des
couleurs, quand le minéral
rouge succède au grand bleu…
04/12/2017 11:49
 GRANDE CROISIÈRE 79
ITINÉRAIRE BIS,
DU MAROC AUX BIJAGOS

d’argan. Dans l’Atlas, le dépaysement

est total : au cœur de cette immensité de
cailloux et de poussière ocre, on en ou-
blierait la mer. Nous visitons la specta-
culaire mosquée Hassan II à Casablanca
avant de découvrir le spot de surf de
Bouznika. Grâce au bon réseau routier, il
s’avère très facile de se déplacer au Maroc
en bus ou en voiture de location. De re-
tour à Agadir, c’est le moment d’une raz-
zia au souk : pâtes, riz, sucre, thé, farine,
semoule, épices, ustensiles de cuisine,
linge de maison, fruits et légumes... On
trouve de tout à des prix très compétitifs.
BÉQUILLES ET
BATEAU-STOPPEURS
Nous souhaitons également faire
réaliser deux béquilles pour Anao. En
plus de constituer un gage de sécurité
en cas d’échouement, il nous semble
utile de pouvoir béquiller pour gratter
les coquillages sur les œuvres vives ou
plus prosaïquement vérifier coque et
safran en cas de talonnage. C’est Moha-
med, un soudeur conseillé par notre
ami Moustafa, qui s’occupera de nous.
Les plus
> Pas de visa pour les Français.
> Formalités d’entrée et de sortie gratuites, faciles et rapides.
> Bonne sécurité pour les voyageurs.
> Bonnes marinas à des prix accessibles
(Bouregreg, Casablanca, Agadir…).
> Possibilité de faire halte dans des ports de pêche.
> Sites historiques et naturels remarquables.
> Accueil chaleureux des Marocains.
> Français compris ou largement parlé.
> Approvisionnement varié et compétitif.
> Possibilité de bricoler facilement : on trouve de tout dans
les grandes villes (batteries, matériaux divers, outillage…).
> Bons artisans pour réaliser certains travaux à un coût avantageux.
Il ne parle pas un mot de français, ne
sait ni lire ni écrire, mais la mécano-
soudure est un langage universel. En
quatre jours, les béquilles sont prêtes.
La suite logique du programme ? Les
Canaries, juste en face. La petite île de
La Graciosa, au Nord de Lanzarote, n’est
qu’à 215 milles d’Agadir. Quelques jours
avant le départ, deux bateau-stoppeurs
Les moins
> Pas de mouillages forains
ni de cabotage agréable : le littoral
est monotone et ne présente
aucun abri naturel.
> Navigation côtière compliquée : forte
nébulosité, pêcheurs, filets dérivants.
> Présence parfois gênante de
l’harmattan, vent qui dépose
une fine poussière ocre sur le bateau.
> Pas de véritable shipchandler ou
services spécifiques aux plaisanciers :
en cas de grosse réparation, il faudra
faire envoyer du matériel de France.
polonais passent une tête à la marina en
quête d’un embarquement. Ils deman-
dent à être déposés à Fuerteventura. Leur
bonne humeur communicative nous in-
cite à accepter. Ils s’avéreront être deux
boute-en-train fort sympathiques et met-
tront leurs compétences de kinésithéra-
peutes au service de l’équipage. Mode
stretching sur la teugue d’Anao !

Quartier des
Oudayas.
Au bout des ruelles
tortueuses aux
façades colorées
et richement
décorées, la mer
et la ville de Salé.

076_083_Bijagos.indd 79 04/12/2017 11:49

 Senegal
L’AFRIQUE NOIRE EN DOUCEUR
A
près les Canaries et le Cap-
Vert, c’est avec bonheur que
nous remettons cap sur
l’Afrique. Immense métro-
pole, Dakar étale son ruban
de lumières interminable le
long de la côte. Une odeur entêtante
d’encens et d’épices monte jusqu’à
nous. On imagine déjà les marchés
colorés et les restaurants de rue qui
servent le tieboudienne, plat national
à base de riz et de poisson.
Il n’existe pas de marina au Sénégal
mais les bateaux de passage relâchent gé-
néralement au Club des voiliers de Dakar
(CVD) dans la baie – polluée – de Hann.
Accueil sympathique, eau, wi-fi, petits
services de réparation, bar-restaurant :
tout le nécessaire à un voilier de voyage
est là… Le responsable du club nous
informe : «Avant, on recevait le triple de
voiliers étrangers, mais maintenant à peine
une quarantaine passe ici par an, c’est dom-
mage.» Nous faisons la rencontre de Dio-
gop et Simon, un jeune couple franco-
sénégalais. Ils se proposent de nous ac-
compagner au marché pour nous aider
à trouver – et négocier – ce dont nous
avons besoin en vue de la transat. Un
épicier chez qui nous faisons le plein de
conserves en marchandant comme des
diables nous conviera à manger un tieb
derrière le comptoir. Le légendaire té-
ranga sénégalais (hospitalité, en wolof)
n’est pas un vain mot.
Pour autant, notre séjour à Dakar
ne s’éternise pas : nous avons envie de
Dakar
Océan Banjul
Atlantique
Ziguinchor
Kachouiane
Cacheu Bissau GUINÉE-
Îlot de Kéré
Île d’Unhocomo
Île de Bubaque
0 100 milles
F. CHEVALIER
076_083_Bijagos.indd 80
Jeune penseur.
Des Français sur
un voilier mouillé
devant le village…
Surprenant !
nature et d’eau douce. Cap sur la Casa-
mance. Situé à 130 milles de Dakar,
le fleuve Casamance est navigable sur
35 milles jusqu’à la capitale régionale,
Ziguinchor. Une fois la barre passée,
on oublie vite les vagues océanes et les
embruns dans le calme des eaux in-
Route sinueuse. térieures. De part et d’autre du fleuve
Nous avons passé principal, bien balisé, s’étend un im-
deux mois entre eau mense labyrinthe de marigots dans
douce et eau salée, lequel on navigue principalement au
avant de partir moteur, avec la marée comme alliée.
pour la transat. Le décor est fantastique : la mangrove
au premier plan laisse ensuite place aux
baobabs, fromagers, cocotiers et pal-
miers. Une plage ou un ponton se des-
sinent, annonçant l’escale. Des dizaines
de petits villages et campements sont
SÉNÉGAL
nichés au cœur des bolongs (Djogué,
Karabane, Ehidj, Egueye, Nioumoune,
Elinkine…), ces bras d’eau salée carac-
téristiques de la région. Ces villages sont
GAMBIE tantôt chrétiens, tantôt musulmans,
mais animistes assurément, et on y
est toujours bien accueillis. Le bateau
Casamance
constitue la meilleure manière de visiter
ces régions fluviales, difficiles d’accès par
BISSAU la terre. Cette navigation lente et calme,
avec pour compagnie de gros dauphins
GUINÉE placides et nonchalants, permet d’obser-
Orango ver la nature luxuriante et le ballet des
oiseaux. D’un signe de la main, on salue
les pêcheurs qui posent et remontent
Conakry inlassablement leurs filets depuis leurs
pirogues richement peintes et décorées.
Rizières de Kachouiane.
C’est l’époque de la récolte du riz
par les femmes du village.
Les possibilités d’escapades sont illimi-
tées. Et c’est seulement la hauteur d’eau
qui contraint à faire demi-tour. Car le
principal «danger» demeure l’échoue-
ment sur l’un des innombrables bancs
de sable. Il faut garder un œil sur le son-
deur, mais à la longue on apprend que
les bancs se forment quasi systémati-
quement à l’intérieur des virages du bo-
long. On peut aussi ruser en évaluant la
hauteur d’eau grâce à une sonde à main
depuis l’annexe. Anao cale 1,40 mètre
dérive relevée et nous ne talonnerons
qu’une fois grâce à cette pratique.
RENCONTRES ET COUTUMES
Au village de Kachouiane, Yann, la
vingtaine, s’improvise spontanément
comme notre guide. «Voici la place cen-
trale avec le fromager sacré : les hommes
y discutent, prennent le thé et jouent aux
dames. Ici, c’est l’école, qui est ouverte aussi
le samedi pour les élèves qui ont des diffi-
cultés. Et là-bas, c’est la case des jeunes : on
s’exerce à la lutte sénégalaise et aux danses
traditionnelles. Il faut profiter de danser
quand on est jeune, car une fois que l’on est
marié, il n’est plus permis de danser qu’avec
sa femme !» Nous passerons ensuite par
les champs de riz où femmes et enfants
nous invitent à déjeuner. Puis nous
continuons à marcher sous un soleil
de plomb le long des pistes de brousse.
04/12/2017 11:49

«On va aller voir les gars qui extraient le vin
de palme deux fois par jour. C’est LA spécia-
lité de Casamance.» Dans une petite oa-
sis, trois hommes déjeunent. Adama, la
cinquantaine, le corps musclé et svelte,
nous salue. Il empoigne sa ceinture faite
de lianes tressées, l’ouvre, y enserre le
stipe d’un palmier puis la referme en la
calant le long des reins. Agile comme
un singe, il met moins d’une minute à
monter en haut du palmier – à 15 mè-
tres au-dessus du sol – pour récolter la
sève écoulée dans la bouteille en plas-
076_083_Bijagos.indd 81
tique prévue à cet effet. Il redescend
aussi vite et nous tend la liqueur blan-
châtre. C’est bon, laiteux et pétillant, ça
descend tout seul.
Voyager en Casamance est syno-
nyme d’immersion culturelle en pays
diola, l’ethnie la plus traditionnelle
du Sénégal. Le maraboutisme, les féti-
ches et les croyances animistes y sont
très présents. Si vous restez longtemps,
les occasions de découvrir cette magie
ne manqueront pas tant les fêtes de
toutes natures sont nombreuses.
Bonnes pêches !
Huîtres, crabes,
crevettes et
poissons foisonnent
dans les bolongs.
GRANDE CROISIÈRE 81
ITINÉRAIRE BIS,
DU MAROC AUX BIJAGOS
Les plus
> Pas de visa pour les Français (trois mois gratuits
en arrivant sur place).
> Formalités d’entrée plutôt faciles (mais pas forcément
rapides) : visite de la police d’immigration et des douanes,
ainsi que de la capitainerie qui délivre un permis
de circulation d’un mois. Coût : 5 000 CFA, renouvelable.
> Formalités de sortie possibles dans de nombreuses villes.
> Pas d’insécurité ressentie pour les personnes ou le voilier.
> Sites historiques (Saint-Louis, île de Gorée),
parcs naturels, plages.
> Superbes fleuves à découvrir (Sine Saloum et Casamance).
> Culture traditionnelle préservée et multiethnique.
> Accueil chaleureux des Sénégalais.
> Français compris ou parlé par beaucoup de gens.
> Approvisionnement varié, mais pas forcément bon marché
(de nombreux produits sont importés d’Europe).
> Possibilité de bricoler : on trouve de tout à Dakar.
Les moins
> Dakar est le seul port d’entrée (ce qui oblige à remonter
si vous souhaitez visiter Saint-Louis en voilier).
> Pas de marina dans le pays, mais trois possibilités de
mouillages à Dakar : l’ADP (Amicale des plaisanciers), le CVD
(Club des voiliers de Dakar) et le Marinas (bateaux ayant un
tirant d’eau inférieur à 1,30 mètre et pouvant s’échouer).
> Navigation côtière compliquée : forte nébulosité, pêcheurs.
> Présence parfois gênante de l’harmattan.
> Navigation plus difficile pendant la saison des pluies
de juillet à septembre.
> Traitement contre le paludisme et vaccin fièvre jaune
recommandés.
04/12/2017 11:49
 Guinee -Bissau
ROBINSONS POUR DE BON

N
ous venons de jeter l’ancre naturelle de l’Unesco, car elle abrite litres de cana !» Laurent nous régalera
devant le fort de Cacheu, une faune et une flore marines excep- de bien d’autres histoires sur ce peuple
l’un des plus vieux comp- tionnelles dont font partie les hippopo- avec lequel il s’est lié d’amitié. On re-
toirs portugais d’Afrique de tames et les tortues de mer. tiendra surtout que le spirituel occupe
l’Ouest. Les dernières lueurs Notre première escale, nous la choi- une place centrale dans la vie des habi-
solaires inondent de rose et sissons sur l’îlot de Kéré. L’île est para- tants des Bijagos qui ont su conserver
de violet la brume qui caresse l’eau. disiaque et abrite un camp de pêche leur culture animiste millénaire en
Nous arrivons à peine à croire que nous sportive tenu par Laurent, un Français dépit de cinq siècles de colonisation.
sommes enfin aux portes de l’archi- installé depuis plus de vingt ans dans Ici, la plupart vivent en autarcie. Leurs
pel des Bijagos tant nous l’avons rêvé. le pays. «Bienvenue à bord, les jeunes !» villages, dont les cases sont construites
De par leur beauté, leur éloignement nous lance-t-il derrière le comptoir. Il en briques de terre et recouvertes de
et le peu d’informations disponibles est vrai que depuis ce petit coin de sable paille, sont parfaitement intégrés dans
à leur sujet, les Bijagos font figure de cerclé d’eau turquoise on se croirait sur le milieu. Ils vivent de l’agriculture, de
fantasme pour les rares plaisanciers qui le pont d’un voilier. «Avant, l’île était in- l’élevage d’animaux domestiques et
en ont entendu parler. Seuls quatre à habitée car réservée aux rites d’initiation. de la pêche artisanale. Ce mode de vie
cinq voiliers étrangers s’y aventure- Il n’était pas question qu’un étranger s’y simple et ancestral contribue à la pro-
raient par an… Et pour cause, l’endroit installe. Mais avec le temps, j’ai appris les Plages tection de la biodiversité.
est très mal cartographié, les bancs de coutumes et les rites bijagos. Je me suis fait d’Unhocomo. Enchantés par l’endroit, nous passe-
sable sont nombreux, le marnage peut accepter par la communauté et j’ai fini par Au bout du bout rons trois semaines à sillonner l’archi-
atteindre six mètres et les courants sept avoir la bénédiction de la prêtresse du vil- de l’archipel des pel. De temps à autre, une pirogue colo-
nœuds. Dans le fond, rien qui puisse lage une fois mes rites d’initiation accom- Bijagos, voici notre rée passe au loin. A leur bord, une bande
effrayer les Bretons, qui se retrouveront plis.» Il ajoute en riant : «Il faut surtout île préférée aux de pêcheurs aussi jeunes que bien bâtis.
en terrain connu ! Mais les tracasseries ne pas lésiner sur le sacrifice des cochons paysages rythmés Curieux et souriants, ils s’approchent
ne s’arrêtent pas là. et pouvoir honorer les ancêtres de quelques par les marées. pour voir de plus près notre voilier qui
Il faut aussi mentionner les forma-
lités compliquées et interminables, la
corruption généralisée des fonction-
naires, une population farouchement
indépendante à l’histoire complexe,
la présence de narcotrafiquants sud-
américains ayant trouvé là une plate-
forme de déchargement formidable,
car non surveillée, des risques sani-
taires importants en l’absence d’hô-
pital correct et la présence – entre
autres – de la malaria ainsi que de re-
quins et de serpents venimeux… Par
ailleurs, la Guinée-Bissau est l’un des
pays les plus pauvres de la planète,
avec pour seuls revenus ceux de l’ex-
portation de noix de cajou, de l’huile
de palme et de la pêche. Le tourisme
s’y développe à peine, attirant avant
tout les amateurs de pêche au gros.

LES MERVEILLES
DES BIJAGOS
Tout ceci est vrai, mais ce n’est pas
ce qu’il faut retenir. Les Bijagos, ce sont
88 îles et îlots préservés du modernisme,
de la pollution, des constructions en
dur et du tourisme de masse. Un tiers
seulement de ces îles est habité et l’on
se retrouve souvent seul au monde, sur
des plages vierges interminables bor-
dées d’une végétation luxuriante. La
partie Sud de l’archipel est une réserve

076_083_Bijagos.indd 82 04/12/2017 11:49


détonne dans le paysage. Mais la plu-
part du temps, nous serons seuls. Un
matin, nous mettons deux lignes à l’eau.
Le temps de remonter un maquereau-
bonite, la seconde ligne s’agite déjà. Se-
cond maquereau-bonite ! Au loin, une
centaine d’oiseaux tournoient dans les
airs et plongent dans l’eau frétillante
de poissons : impossible de louper une
chasse pareille ! Nous faisons route sur
la nuée d’oiseaux, nos deux cannes de
traîne à l’eau. Notre alarme de sondeur
sonne : plus que 70 centimètres d’eau
sous la quille. Préoccupant, mais pas cri-
tique. Un œil sur les cannes et l’autre sur
le sondeur, on attend. La prise de risque
a payé : on ramasse deux gros barracu-
das de six et huit kilos sans talonner.
C’est sur l’île d’Unhocomo que nous
aurons le plus de contacts avec les ha-
bitants. Elle a été brûlée sur son plateau
central pour laisser place aux champs
de riz. Entre termitières géantes et porcs
en liberté, les enfants nus jouent avec
076_083_Bijagos.indd 83
ce qui leur tombe sous la main. On se
débrouille comme on peut pour les sa-
luer en crioulo (mélange de portugais
et d’anciens dialectes africains). Ils nous
invitent à nous asseoir et partager leur
repas, veulent savoir d’où nous venons
et si nous avons des médicaments. «Vous
ne voudriez pas construire un hôtel sur notre
île ?» nous demande un jeune qui parle
français. A ses côtés, une jeune femme
pile du riz sous l’œil sévère d’une mama
âgée qui surveille l’opération. Soudain,
elle cesse son activité, ouvre un sac de
toile et nous tend fièrement une Bible.
Nous sommes conviés pour Noël.
25 décembre : tout le village est en
liesse. Les fillettes portent des robes en
dentelle et des jupons à tutus, les gar-
çons arborent fièrement leurs maillots
de foot. En chemin vers la case du chef,
on crie sur notre passage : «Brancos, bem-
vindo brancos.» Le chef est un drôle de
luron, coiffé d’un bob de pêcheur et
drapé d’une simple couverture. Il nous
GRANDE CROISIÈRE 83
ITINÉRAIRE BIS,
DU MAROC AUX BIJAGOS
fait les gros yeux et commence à débiter
un flot de paroles incompréhensibles. Le
jeune homme, qui maîtrise le français,
traduit : «Vous auriez dû venir me saluer à
votre arrivée ! Tout le monde vous connaît,
sauf moi ! Ici, il n’y a pas de police, c’est
moi la police, et je veux savoir qui est dans
mon île.» Après excuses et palabres, tout
rentre dans l’ordre et le chef nous offre
une grosse courge de plusieurs kilos. En-
suite, place à la messe évangéliste sans
Rio Cacheu. autel, crucifix, ni communion. L’un des
Mouillage paisible assistants porte un tee-shirt Carlsberg et
devant ce qui le second un sweat de hard-rock avec des
est le premier têtes de zombies. Le prêtre tient lui aussi
«port d’entrée», à nous voir repartir avec une courge, si
en arrivant
possible plus grosse que celle du chef !
par le Nord.
C’est la tête pleine de souvenirs et la
cambuse lourde de cucurbitacées que
nous quitterons les Bijagos. Non sans re-
gret : il y avait encore tant à couvrir. ■
www.leslongscourriers.fr
Pêche au gros.
Les plus
Des passionnés > Destination hors des sentiers battus,
du monde entier dépaysement total.
viennent ici se > Nature vierge, plages superbes et désertes.
mesurer aux > Parcs naturels extraordinaires
barracudas et
pour leur faune et leur flore.
autres carnassiers
> Nombreux animaux à observer :
pélagiques.
tortues, requins, flamants roses, pélicans,
singes, hippopotames…
> Pêche miraculeuse.
> Immersion en culture animiste et au cœur
d’une société matriarcale encore très préservée.
> Français compris par quelques personnes.
> Pas d’insécurité ressentie pour les personnes
ou le voilier.
Les moins
> Visa obligatoire pour les Français
(durée d’un à trois mois, coût très variable).
> Formalités d’entrée et de sortie «à la tête
du client» selon les fonctionnaires et les lieux.
Dans tous les cas, elles seront complexes,
longues, coûteuses et changeantes.
> Pas de marina ou de services aux
plaisanciers : en cas d’échouement demander
assistance auprès d’un lodge de pêche ;
en cas de casse, remonter à Dakar.
> Navigation compliquée : pas de guides
nautiques récents, cartes très imprécises,
hauts-fonds, bancs de sable et récifs,
grand marnage, courants puissants,
forte nébulosité, pêcheurs.
> Nécessité de se prémunir contre le paludisme.
> Vaccin fièvre jaune obligatoire.
> Approvisionnement très pauvre
(même en fruits, légumes et œufs) et cher.
> Fermeture de la plupart des hôtels, restaurants
et lodges de pêche durant la saison des pluies,
qui est très forte (de juin à octobre).
04/12/2017 11:49
 PAUL BOYTON

L’homme
INSUBMERSIBLE
Au royaume de l’«homo aquaticus», Paul Boyton mérite une mention spéciale.
Exploitant une combinaison de survie parfaitement étanche dès 1873, il en fit une
attraction internationale avec laquelle il multiplia les coups d’éclat. Peu se souviendraient
de cette tête brûlée en avance sur son temps si Jules Verne ne l’avait immortalisé.

Bateleur au fil de l’onde. Paul Boyton parcourut des milliers

de milles sur les fleuves et rivières d’Europe et d’Amérique
pour démontrer en homme de spectacle les possibilités
d’une combinaison de survie… qu’il détourna de son propos.

084_089_Tradition_Boyton.indd 84 04/12/2017 14:26

 TRADITION 85
Texte Eric Vibart.
Illustrations Collection Boyton.

GEORGE GROSS

084_089_Tradition_Boyton.indd 85 04/12/2017 14:26

 86
M
étamorphose volontaire,
Paul Boyton prit l’ha-
bitude de convoquer
les foules de long des
rivages pour se glisser
dans une enveloppe de
caoutchouc épousant parfaitement la
forme de son corps afin de se trans-
former… en voilier ! Un voilier idéal,
absolu, fusion totale où le corps de-
vient coque, les mains pagaies et les
pieds voile. L’homme naviguait à vo-
lonté, tous ses appendices nautiques
commandés par ses moindres mouve-
ments. Le spectacle était parfaitement
réglé : une fois revêtu de sa tenue de
caoutchouc vulcanisée pesant plus de
15 kilos, Boyton sonne une charge de
cavalerie avec le clairon qu’il porte en
bandoulière et s’allonge dans l’eau,
sur le dos, porté par des volumes d’air
gonflables à la demande, et qui lui per-
mettent d’adapter en permanence sa
portance et sa stabilité hydrostatiques.
Ainsi peut-il, chassant l’air des vo-
084_089_Tradition_Boyton.indd 86
lumes placés autour de ses jambes,
adopter une position verticale permet-
tant diverses pitreries : lancer une fu-
sée éclairante, agiter un drapeau, fu-
mer un cigare ou boire un verre de co-
gnac, négligemment accoudé sur une
bouée. Revenu en position horizon-
tale, il s’ensuit des évolutions à la pa-
gaie et à la voile, Boyton remorquant
derrière lui une maquette de canot de
90 centimètres de long nommé Baby
Mine contenant un réchaud à alcool,
des vivres et toutes sortes d’accessoires
propres à agrémenter ses spectacles.
Ambigu et rusé, Paul Boyton est
moins un clown qu’un aventurier dé-
terminer à gagner argent et célébrité.
Né à Dublin en 1848, il émigre fort
jeune aux Etats-Unis et, en 1864, s’en-
gage pour un an dans les troupes de
l’Union. Il voyage ensuite aux Antilles,
puis passe au Mexique, intégré à un
groupe de partisans, prêtant main-
forte aux troupes du général Pedro
Martinez contre le président en place
Jeune sauveteur.
Portrait très
sage – et vendu
lors de ses
démonstrations –
d’un aventurier de
moins de 30 ans,
prêt à tout pour
gagner en notoriété.
Benito Juárez. Rapidement lassé par
des stratégies absurdes et une inorga-
nisation chronique, Boyton déserte
en traversant le Rio Grande à la nage.
En 1870, à l’âge de 22 ans, le soldat
de fortune débarque en France où,
«vêtu d’un uniforme digne d’un portier
du Ritz», il rejoint la deuxième com-
pagnie de francs-tireurs du Havre pour
batailler contre les Prussiens. Lorsque
le sort se retourne contre les Français,
Boyton déserte une nouvelle fois.
UN SAUVETEUR
EXCEPTIONNEL
De retour à New York, il se mêle
comme mercenaire à un complot, ra-
pidement éventé, pour renverser les
autorités espagnoles de Cuba, avant
de partir jouer les prospecteurs en
Amérique du Sud puis en Californie.
Il finit par s’embarquer pour un tour
du monde sur un quatre-mâts barque,
probable esquive pour se faire oublier.
De retour sur la terre ferme en 1873,
De pied en cap. Paul Boyton parvient à se faire nommer
Solidaires de part
capitaine d’une station de sauvetage à
et d’autre d’une
ceinture métallique,
Atlantic City. Ses habiletés de nageur et
les deux parties de marin font merveille. Grand, solide,
de la combinaison large d’épaules, regard bleu marqué
pouvaient être d’un léger strabisme, l’homme gagne en
gonflées ou deux saisons la réputation d’avoir sauvé
dégonflées 71 personnes. Sa célébrité de sauveteur
indépendamment attire l’attention d’un industriel du
dans l’eau par caoutchouc de Pittsburgh, C.S. Merri-
l’utilisateur. man, qui lui propose d’essayer la com-
LE SAUVETAGE EN MER
STIMULA LE GOÛT DU DANGER
DU JEUNE AMBITIEUX.
04/12/2017 14:26

binaison de survie étanche et flottante
qu’il vient de mettre au point pour
sauver du naufrage les passagers des va-
peurs. L’homme cherche quelqu’un de
suffisamment déterminé pour mettre
son invention en lumière de manière
spectaculaire «comme accomplir le tour de
l’île de Manhattan, ou quelque chose dans
ce genre», précise-t-il. Sceptique, Boyton
opère ses premiers essais de nuit et
après plusieurs semaines de réflexion
accepte le marché. Son idée ? Illustrer
les possibilités de la combinaison en
sautant depuis le pont d’un vapeur
pour atteindre la côte par ses propres
moyens, allongé sur le dos, propulsé
par une pagaie double. En secret, ainsi
équipé, il a réussi à parcourir un mille.
A New York, tous les capitaines de va-
peur qu’il approche pour leur proposer
l’expérience refusent de l’embarquer.
Une seule solution : agir par surprise.
Un jour d’octobre, il embarque à
bord du transatlantique Queen’s com-
mandé par le capitaine Bragg. Après
Héros désinvolte. Au comble
du confort au cœur de la houle,
cigare en main et clairon en bouche,
Boyton se mue en créature
marine, produit de la modernité.
084_089_Tradition_Boyton.indd 87
onze jours de mer, Boyton est surpris
de nuit sur le pont, vêtu de sa combi-
naison, pagaie en main et chargé d’un
matériel bringuebalant autour du
corps, essayant pesamment d’enjamber
le bastingage. «Mais qu’est-ce que vous
foutez ?» hurle le capitaine. «Je vais à
terre», rétorque Boyton. La terre la plus
proche gisant à 250 milles, le capitaine
est convaincu que le type ainsi accoutré
s’est échappé d’un asile d’aliénés. Après
une vive discussion, Bragg et Boyton
en viennent à discuter technique, l’an-
cien sauveteur détaillant sa combinai-
son et en expliquant la fonction. Après
deux jours de débats, le capitaine laisse
Boyton mener son expérience à envi-
ron 30 milles des côtes d’Irlande. Le
21 octobre 1873, à 9 heures du soir,
par mer forte et mauvais temps, Paul
Boyton se jette à la mer. Le temps se dé-
grade fortement deux heures plus tard.
Dans la nuit, cinquante-six navires
sont drossés sur les côtes irlandaises,
le capitaine Bragg est persuadé de ne
TRADITION 87
PAUL BOYTON
L’HOMME INSUBMERSIBLE
Rencontre jamais revoir l’aventurier. Sur le dos, à
en Manche. raison de cent coups de pagaie par mi-
En avril 1875, nute, Boyton parcourt, non sans mal,
un bateau-pilote les 30 milles qui le séparent d’une côte
indique son cap rocheuse battue par les lames. Parvenu
à l’aventurier sur la à terre et accueilli par des pêcheurs in-
route de Douvres. crédules, il se rend à Cork et, grâce au
témoignage du capitaine Bragg, câble
l’annonce de sa réussite sur les deux
rives de l’Atlantique.
SUCCÈS, GLOIRE
ET PROSPÉRITÉ
Acclamé, félicité, Boyton s’adonne
à une nouvelle démonstration à Du-
blin, descendant la Liffey devant
100 000 personnes, puis renouvelle le
spectacle sur la Tamise. Reçu à l’île de
Wight par la reine Victoria, il prononce
une conférence à bord du yacht royal,
détaille les atouts de sa combinaison,
puis plonge dans le Medina, sauve des
«naufragés» barbotant autour de lui,
assemble un radeau avec quelques ma-
driers et démontre comment utiliser
son accoutrement pour déposer une
mine sur la coque d’un voilier ennemi.
En récompense, la reine lui offre un
chronomètre en or. Ce témoignage
d’intérêt le hisse au faîte de la popu-
larité. Conférences et démonstrations
se succèdent avec des chiffres d’affaires
atteignant jusqu’à 1 750 dollars par
semaine. Boyton détient désormais la
clef du succès. Avec l’aide de son frère
Michael, promu agent et attaché de
presse, il met au point ses démonstra-
tions publiques et se produit sur les
principaux fleuves d’Europe.
Boyton mûrit alors un grand pro-
jet : la traversée de la Manche, gage
d’une nouvelle célébrité. Une douille
en cuivre fixée à la semelle gauche de
la combinaison permet de fixer une
voile. C’est peu dire que la propulsion
est médiocre, mais aux allures por-
tantes, cela permet de progresser un
tant soit peu en corrigeant le cap avec
la pagaie. Et en eaux douces, au fil du
courant, quel spectacle !
04/12/2017 14:26
 88
Après avoir visité de nombreux ports
anglais et français, et avoir fait le par-
cours plusieurs fois en vapeur, Boyton
tente la traversée à partir de Douvres,
mais dépalé par les courants, doit in-
terrompre l’expérience après quinze
heures passées en mer. Quelques jours
plus tard, à la mi-avril 1875, il repart
cette fois de France, se mettant à l’eau à
trois heures du matin non loin du cap
Gris-Nez. Des embarcations l’accom-
pagnent, dont un pilote à bord duquel
se trouvent son frère et le préfet du
084_089_Tradition_Boyton.indd 88
Pas-de-Calais. Au cours des trois pre-
mières heures, 6 milles sont parcou-
Grands moments à
rus à la pagaie à la faveur du courant,
travers la Manche. puis à 8 heures 45, Boyton demande
L’exploit de Boyton qu’on lui passe sa voile. «Le brave pe-
fit la fortune des tit mât est emplanté sur l’une de ses
journaux illustrés semelles, témoigne un journaliste an-
et inspira des glais. La minuscule voile se gonfle, mais
vocations : la l’entraîne sur le mauvais bord. Boyton se
première traversée résigne alors à pagayer une heure de plus.
de la Manche à la Après qu’un premier pigeon voyageur eut
nage eut lieu quatre été envoyé vers Douvres, le capitaine hisse
mois plus tard. de nouveau la voile et se met à filer cette
fois dans la bonne direction, léger comme
une mouette frôlant les flots bleus.» A
midi, Boyton est à mi-route et salue
peu après un navire de tourisme venu
à sa rencontre en agitant son dra-
peau américain. A 18 heures 30, trois
milles restent à couvrir et, après vingt-
trois heures et demie de traversée,
«sept cigares et une bouteille de cognac»,
Paul Boyton finit par toucher terre à
Fan Bay, à l’Est de Douvres.
DE LA MANCHE
À JULES VERNE
Visage tuméfié par le sel et l’humi-
dité, l’athlète rayonne, salué par onze
coups de canon. La reine Victoria, le
prince de Galles et le président Grant
le félicitent, l’Europe se l’arrache et
les affaires s’emballent. Boyton pro-
cède à des démonstrations à Paris,
Berlin, Rome, Bruxelles. Il descend le
Rhin sur 460 milles, puis viennent
l’Elbe, la Loire, le Tibre, le Rhône
où il manque se faire lacérer par un
barrage de chaînes. On le tire du Pô,
grelottant de fièvre après quatre-vingt-
trois heures passées dans l’eau. Puis, il
s’attaque aux détroits de Gibraltar et
de Messine. De retour aux Etats-Unis,
il met sa gloire à profit outre-Atlan-
tique et multiplie les exploits avant
de revenir en Europe. On le voit à Pa-
ris, sur la Seine, à l’occasion de l’Ex-
position universelle de 1878. L’an-
née suivante, après avoir descendu
le Delaware, le fleuve Connecticut et
d’autres autres fleuves américains, il
est reçu à la Maison-Blanche par le
président Hayes et acclamé par les
congressmen après une performance
au Washington Navy Yard.
Cette même année 1879, Boyton,
qui croule sous les médailles et les tro-
phées, voit son invention longuement
mise en scène par Jules Verne dans son
roman Les Tribulations d’un Chinois en
Chine. Dans les chapitres XIX et XX, le
héros, Kin-Fo, poursuivit par le philo-
sophe Wang qu’il a lui-même chargé
de le tuer, s’échappe de la jonque Sam-
Yep en compagnie de son domestique
Soun et de deux agents de la compa-
gnie d’assurances «La Centenaire», les
Américains Craig et Fry. Grâce à des
«scaphandres Boyton» découverts à
bord, les quatre personnages glissent
nuitamment à l’eau par un sabord et
mettent à la voile. L’épisode donne
lieu à une description minutieuse de
la combinaison de survie inspirée mot
pour mot des articles de presse parus
en France :
«Les appareils du capitaine Boyton
consistent uniquement en un vêtement de
caoutchouc, comprenant le pantalon, la
jaquette et la capote. Par la nature même
de l’étoffe employée, ils sont donc imper-
04/12/2017 14:26

méables. Mais, imperméables à l’eau, ils
ne l’auraient pas été au froid, résultant
d’une immersion prolongée. Aussi ces
vêtements sont-ils faits de deux étoffes
juxtaposées, entre lesquelles on peut in-
suffler une certaine quantité d’air. Cet
air sert donc à deux fins : 1°, à mainte-
nir l’appareil suspenseur à la surface de
l’eau ; 2°, à empêcher par son interposi-
tion tout contact avec le milieu liquide,
et conséquemment à se prémunir de tout
refroidissement. Ainsi vêtu, un homme
pourrait rester presque indéfiniment im-
mergé. Il va sans dire que l’étanchéité
des joints de ces appareils était parfaite.
Le pantalon, dont les pieds se terminaient
par de pesantes semelles, s’agrafait au
cercle d’une ceinture métallique, assez
large pour laisser quelque jeu aux mouve-
ments du corps. La jaquette, fixée à cette
ceinture, se raccordait à un solide collier,
sur lequel s’adaptait la capote. Celle-ci,
entourant la tête, s’appliquait herméti-
quement au front, aux joues, au menton,
par un liseré élastique. De la figure, on
ne voyait donc plus que le nez, les yeux
et la bouche.» Tout comme Boyton, les
quatre hommes adoptent la position
verticale pour se passer une bouteille
d’eau-de-vie et échangent des idées sur
leur sort. «En vérité, ces braves gens cau-
saient là “comme chez eux” ! Seulement,
la légère houle leur imprimait un mou-
vement de haut en bas, qui avait un côté
singulièrement comique. Ils montaient et
descendaient tour à tour, au caprice de
l’ondulation, comme les marteaux d’un
clavier touché par la main d’un pianiste.»
UNE INVENTION
SANS LENDEMAIN
Si populaire qu’il fut, le roman de
Jules Verne n’aura pas suffi à diffuser
l’emploi de la combinaison. A cela
plusieurs raisons : son coût non né-
gligeable et la résistance des milieux
maritimes. Très peu savaient nager et
l’emploi des ceintures de liège était
encore loin d’être universel. Au large,
les marins naufragés étaient consi-
dérés comme perdus après quelques
heures et en ce temps du commerce
à la voile où les bateaux remontaient
mal au vent, de nombreux drames
avaient pour théâtre les pointes ro-
cheuses sur lesquelles les navires
étaient jetés. Dès lors, développer
des canots de sauvetage, des canons
lance-amarres ou des bouées-culottes
permettant l’établissement de va-et-
vient avec la terre était plus essentiel
que d’équiper des marins hauturiers
de combinaisons de survie.
D’apôtre du sauvetage en mer,
Paul Boyton s’est mué en homme
de spectacle. Mi-athlète, mi-Tartarin
et vaguement crapule, il se fourre en
1880 dans une sale histoire quand
084_089_Tradition_Boyton.indd 89
des agents du Pérou lui proposent se-
crètement de couler trois destroyers
chiliens qui bloquent le port de Cal-
lao : 100 000 dollars pour le premier,
125 000 pour le deuxième et 150 000
pour le troisième. L’ancien merce-
naire s’embarque dans l’aventure, mais
avant d’être passé à l’action, il est ar-
rêté par les Chiliens, emprisonné et
condamné à mort pour espionnage.
Ses amis américains versèrent tous les
pots-de-vin nécessaires pour qu’il soit
finalement expulsé vers les Etats-Unis
où il recommença non sans risques ses
descentes de rivières sur le Missouri, le
Mississippi et l’Ohio. Boyton signe un
contrat pour se produire au cirque Bar-
num et poursuit ses démonstrations
jusqu’en 1892.
Créant pour son propre compte le
Paul Boyton’s Water Circus, il monte
en 1895 un parc d’attractions nauti-
ques à Brooklyn : le Sea Lion Park. Les
deux grandes attractions y sont un cir-
cuit de montagnes russes comportant
un looping et la descente d’un plan
incliné vertigineux recouvert d’eau,
propulsant les embarcations et leurs
occupants en planing à travers un
plan d’eau en contrebas. Renouvelant
ses manèges régulièrement, Boyton
connaît un vaste succès. En 1896,
une dernière fois, l’aventure toque à
sa porte lorsqu’il est approché par un
groupe de banquiers juifs new-yorkais
qui lui proposent 5 000 dollars pour
faire évader le capitaine Dreyfus de
EN AVANCE SUR SON TEMPS,
LE PHÉNOMÈNE DE FOIRE
ANNONÇAIT LA SURVIE MODERNE.
TRADITION 89
PAUL BOYTON
L’HOMME INSUBMERSIBLE
Portrait officiel. l’île du Diable. Boyton décline l’offre
Couvert de lorsque la femme de Dreyfus le sup-
médailles, Boyton plie de ne pas intervenir, les autorités
porte une dague du bagne ayant fait savoir que toute
d’honneur en argent tentative d’évasion du condamné se
massif, cadeau solderait par une condamnation à
de la ville de Lyon. mort. En 1902, exproprié, l’homme de
spectacle cède le Sea Lion Park qui, re-
Tartarin. Se construit un peu plus loin, deviendra
défendre contre des le Luna Park de Coney Island, premier
«monstres marins» d’une longue série. Marié, père de
apportait du relief
quatre enfants et fortune faite, Boyton
à l’imagerie.
descend le Mississippi en house-boat
et s’adonne à une nouvelle passion
pour l’ornithologie qui l’amène à cou-
rir le monde. Il meurt en 1924 d’une
pneumonie, homme d’une autre
époque, passablement oublié.
UN SIÈCLE
PLUS TARD…
Il faudra attendre encore des années
pour que le commandant Rigolet, ca-
pitaine au long cours, mette au point
en 1971 avec les établissements Piel
(plus tard rachetés par Guy Cotten)
une combinaison de survie qui prou-
vera son efficacité. Tout comme le
capitaine Boyton, Daniel Rigolet dut
multiplier les coups médiatiques pour
imposer son invention : largage au raz
Blanchard par force 9, puis essai de
24 heures en 1974, plongeon dans la
Seine à l’ouverture du Salon nautique
1979 pour sensibiliser les autorités.
Mécène, il fit don en 1980 de cin-
quante combinaisons de survie à des
canotiers de la SNSM, mais ce n’est
que trois ans plus tard, que la com-
binaison de survie devint obligatoire
à bord des navires professionnels.
Paul Boyton, avec les moyens de son
époque, aura finalement été en avance
d’un siècle sur son époque. ■
04/12/2017 14:26
 CHRISTOPHER PRATT
Né à Marseille en 1981, Christopher a fait ses classes
sur le Tour de France à la Voile, la SNIM et La Solitaire du
Figaro avant de tâter du 60 pieds sur la Route du Rhum
2010, puis aux côtés d’Armel Le Cleac’h et Jérémie
Beyou, avec deux podiums sur la Transat Jacques Vabre.
C’était sa quatrième participation à la transat en double.

Récit par Christopher Pratt

avec Delphine Fleury. ATLANTIQUE
F. TANNEAU

« Nous avons chaviré

en trimaran lors de la
Transat Jacques Vabre»
Concurrents de la Transat Jacques Vabre 2017 en Multi50 à bord

L
a nuit a été agitée sur l’océan
du trimaran Drekan Groupe, Eric Defert et Christopher Pratt comme sur la bannette. Al-
longé sur ma couchette de
chavirent au large des Açores. Ils seront récupérés sains et saufs la cabine du navire militaire
par un cargo mais Christopher, qui était à l’extérieur au moment qui nous ramène aux Açores,
du chavirage, n’est pas passé loin du drame. Il raconte, à chaud*. je cherche désespérément le som-
meil. Difficile de dormir lorsque tu
30° O 15° O
viens de griller une carte de chance
Le Havre
au jeu de la vie.
Revenons au Havre quelques jours
Départ de la Transat
Jacques Vabre plus tôt. Je suis au départ de ma qua-
trième Transat Jacques Vabre aux cô-
FRANCE
0 500 milles tés d’Eric Defert sur un multicoque de
50 pieds. Le projet, monté sur le tard,
est fort sympathique. Nous ne par-
tons pas favoris avec un bateau sans
Océan
Atlantique
foil, mais cela va être une expérience
Vigo incroyable que de traverser l’Atlan-
tique sur cet engin. […] Le début de
course est conforme à nos attentes :
ESPAGNE violent, froid et humide. Beaucoup
35° N
PORTUGAL de vent, du courant fort. Le parfait
mélange pour que mon estomac ne
Lisbonne
Archipel me laisse rien avaler pendant les
des Açores Chavirage 48 premières heures de course. Nous
de Drekan Groupe
naviguons prudemment. Eric assure
dans la baston. Le bateau est en par-
fait état à la sortie du front le mardi
F. CHEVALIER
mais rien de rédhibitoire. Le mercredi,
nous filons au portant et recollons
peu à peu au peloton, bataillant pour
la troisième place.
PRISONNIER SOUS LE FILET
La nuit tombe et la fin de mon quart
approche. La mer est désordonnée,
courte et le trimaran difficile à me-
ner. Je suis fatigué mais serein. Le ba-
teau va bien. Eric se réveille. Le vent
forcit. Nous réduisons la toile pour la
nuit. Il est en train d’enfiler sa veste
pour sortir. Je suis proche de l’en-
trée de la coque centrale. C’est alors
qu’une risée puissante, certainement
combinée à une vague plus profonde,
plus raide que les autres, fait brutale-
ment sancir le bateau. Je suis projeté
sous la casquette et ne parviens plus
à bouger. En moins de deux secondes,
le bateau est à la verticale, puis re-
tombe à l’envers. J’essaie de me jeter
dans la descente de la coque mais le
pouf à billes sur lequel nous dormons
me tombe dessus et m’en empêche.
De l’eau, de l’eau partout.
Du noir, rien que du noir. Je me dis

matin. C’est là que nous décidons de que je vais pouvoir respirer entre la
Archipel
des Canaries vraiment attaquer. Nous avons pris mer et les filets. Ce n’est pas le cas.
un peu de retard sur nos concurrents, Je ne vois rien. Je sais que pour sor-
ÇA VOUS EST ARRIVÉ
Le chavirage a failli coûter la vie à Christopher, prisonnier sous le filet. Il a finalement pu rejoindre la coque centrale par l’un des deux hublots de survie.
tir de là, il me faut nager sous le filet
jusqu’à trouver une sortie au bout
d’une coque ou d’un bras de liaison.
Je le fais d’instinct, sans trop y pen-
ser. Pas de panique. Quand soudain
un bout se prend autour de mon cou.
J’essaie de le dégager en poussant
plus fort sans succès. J’essaie de res-
pirer. Je bois la tasse. Je fais machine
arrière. Je lâche le filet. Me voilà libre
de nouveau. Je parviens à rattraper le
bateau. C’est la poutre arrière. C’est
gagné ! Je me hisse sur le filet sans
même m’en rendre compte, alors
que je porte mes bottes, mon gros
ciré et quatre couches de polaire.
J’entends Eric m’appeler. Je tape sur
la trappe de survie. Il m’ouvre et je
m’engouffre dans la coque centrale.
Je suis dedans. Nous jurons tous les
«EN MOINS DE DEUX SECONDES,
LE BATEAU EST À LA VERTICALE PUIS
RETOMBE À L’ENVERS BRUTALEMENT.»
PARTAGER A
APPRENDRE CHOISIR
D.R.
deux. «Putain, j’ai failli me noyer et de vent. Il est à peine 23 heures, la tout fermer cette maudite descente,
bordel !» Je suis choqué. «Putain de nuit va être très longue… Je me change par laquelle les vagues envahissent la
merde, on a retourné le bateau» dit et parviens à trouver des vêtements coque. Après maintes reprises, nous
Eric. Choqué aussi. secs avant d’enfiler la combinaison parvenons à un résultat convena-
de survie. Nous rangeons ce qui peut ble à l’aide de rabans et de longes
FILM NOIR l’être. Nous préparons les «grab-bags» de harnais. Nous tentons chacun de
Nous déclenchons la balise de dé- avec les affaires essentielles que nous nous aménager un «coin» pour nous
tresse. Nous attrapons le conteneur voulons emporter. Nous écopons un reposer, allongés sur des sacs, des bi-
de survie pour prévenir la direction de maximum d’eau. Nous voulons sur- dons, des bouteilles, sans être com-
course de notre situation. Le bateau
est à moitié rempli d’eau, de gazole,
de nourriture explosée partout. Les
vagues font des geysers autour de la
descente. Nous essayons de la fermer
pour étanchéifier un peu notre habita-
cle. Après quelques échanges avec la
direction de course, nous décidons de
passer la nuit dans la coque retournée.
Impossible de tenter une opération de
secours dans ces conditions de mer
D.R.
Après une nuit d’attente dans le flotteur, Christopher et Eric s’apprêtent à
quitter le trimaran retourné. Sans savoir si le bateau pourra être récupéré.
 92 ÇA VOUS EST ARRIVÉ
D.R.

D.R.
C’est à bord de cette petite coque de noix que trois membres de l’équipage du cargo MRV Beautriton viennent de récupérer
les deux naufragés du trimaran, non sans difficultés.

qu’un cargo ne l’aperçoive par hasard.
«NOUS VOYONS APPARAÎTRE Il avait bien failli y rester. Je relativise.
Il ne fait pas si froid. Nous sommes
faible. Il est deux heures du matin.
La nuit défile entre pensées, éco-
page et échanges avec le cargo. Le

UN CANOT RIDICULE AVEC TROIS en contact avec les secours. Je pense

HOMMES À BORD.»
plètement dans l’eau. J’ai mal au dos
et aux cervicales. J’essaie de trouver
le sommeil. Impossible. Je me refais le
film sans cesse. Plus exactement, deux
films passent. Le premier interroge la
situation. Comment en sommes-nous
arrivés à chavirer ? Nous naviguions
très prudemment pendant ces trois
premiers jours de course, et là, en l’es-
pace d’une fraction de seconde, nous
voilà à l’envers. Putain de merde.
Le second film est bien plus noir. C’est
celui de ma sortie du filet. Plus il re-
passe, plus je comprends qu’il y avait
neuf chances sur dix pour que ça se
finisse mal. Prendre le bateau sur la
tête, être assommé. Rester coincé
dans des écoutes. Partir dans la mau-
vaise direction. Lâcher le bateau. Me
retrouver à nager dans la nuit au mi-
lieu de l’Atlantique. J’ai eu de la chance.
Ça s’appelle un joker. Je viens d’en gril-
ler un. Je lance cette phrase à Eric. Il
ne dément pas. Nous nous parlons un
peu. Eric me raconte son premier nau-
frage, il y a vingt ans, en Méditerranée :
il était resté une semaine dans une
coque retournée en plein hiver avant
à Darell Standing, le «vagabond des
étoiles» de Jack London. Lui, il par-
venait à s’évader dans des vies anté-
rieures, ligoté pendant des jours dans
une camisole de force au fond de sa
cellule. Je pense à ma famille. J’essaie
de trouver un sens à tout cela. Quel
est le message ? Dois-je passer à autre
chose ? Est-ce simplement «normal»
dans une vie de skipper ?
COURTS-CIRCUITS
Soudain, j’aperçois de la lumière de-
hors. Nous attrapons la VHF dans le
conteneur de survie pour appeler le
cargo. Il est là. Tout près. Nous parve-
nons à le joindre. Il passera la nuit à
nos côtés. Nous convenons de nous
appeler toutes les deux heures seu-
lement, car notre batterie VHF est
jour arrive enfin. Nous échangeons à
nouveau avec la direction de course
par téléphone satellite, puis avec le
sponsor. Nous préparons les derniers
détails de notre évacuation. Nous as-
surons l’étanchéité du bateau, pour
que l’on puisse le retrouver. Les bat-
teries commencent à surchauffer.
Des courts-circuits apparaissent.
Une fumée noire envahit l’habitacle.
Nous coupons l’alimentation. Il est
temps de se tirer de là.
Il est 8 heures. L’opération de sauve-
tage est lancée. En accord avec le
cargo néerlandais MRV Beautriton,
nous sortons sur les filets et voyons
apparaître un canot ridicule avec trois
hommes à son bord, poussé par un
moteur minuscule. Ils parviennent à
peine à étaler le vent et la mer. Je me
dis : «C’est une blague. On n’est pas

LE POINT DE VUE D’ERIC DEFERT

Skipper et copropriétaire du bateau (avec son
sponsor Thibaut George), Eric Defert était à
l’intérieur du trimaran lorsque celui-ci s’est
retourné. Au-delà de la course, c’est tout un projet
dans lequel il avait beaucoup investi qu’il a vu
s’effondrer en un instant. Nous l’avons joint
par téléphone à Lisbonne, alors qu’il se rendait
aux Açores pour tenter de localiser le trimaran
et d’organiser son éventuelle récupération.
Le chavirage
«Christopher était de quart, à l’extérieur, et je
me préparais à prendre la relève. Il était environ
23 heures 30, le bateau marchait bien mais
F. TANNEAU
toilé avec un ris et le petit gennaker, et en début
de nuit le vent a forci, amenant des rafales au
moment où je me réveillais. Ça a été très rapide.
On a senti le bateau partir en glissade – on était
sous pilote –, ça a planté, le bateau s’est levé et
puis a basculé. Du mauvais côté. J’étais sous la
descente et instinctivement, comme en cata de
sport, je me suis reculé pour faire contrepoids – ça
ne sert pas à grand-chose mais c’est instinctif ! Je
me suis retrouvé à l’arrière, près du hublot, avec
ma combinaison sèche dont j’avais juste enfilé les
pieds. L’eau est rentrée très vite, par la descente
et inondait tout. Il faisait nuit et c’était un vrai
bordel, je n’y croyais pas. Le choc n’a pas été très
violent car le mât ne s’est pas cassé, il a touché

depuis le début on s’était dit qu’on naviguerait l’eau d’abord, ce qui a freiné le mouvement,
prudemment. C’était notre première transat sur puis le mât s’est enfoncé dans l’eau, jusqu’à
ce multi, notre but était d’aller au bout. On était ce que le bateau se retourne à 180 degrés.»
 PARTAGER AAPPRENDRE
P CHOISIR

encore sorti d’affaire.» Après vingt

bonnes minutes à lutter contre les
vagues, ils arrivent à proximité du tri-
maran. Nous leur lançons une amarre,
puis parvenons à sauter à bord. Et
nous voilà donc repartis, à cinq, dans
cette coquille de noix ballottée dans
des creux de plus de trois mètres.
SAUVETAGE ÉPIQUE
Nous approchons péniblement du
cargo. Il faut grimper à bord sans
se faire broyer par le mastodonte.
Nous nous y reprenons à plusieurs
fois pour amarrer le radeau, malgré
la bonne volonté de l’équipage phi-
lippin. Le matériel est sommaire et
vétuste. La première amarre cède, le
radeau s’écrase sur la coque. Nous
manquons de nous retourner. Nous
passons à quelques mètres seule-
ment des hélices. Le moteur cale.
Seconde tentative, nous agrippons
des sangles. Ça y est, nous sommes
amarrés. Je me jette sur l’échelle de
corde. Eric m’emboîte le pas. Nous
sommes à bord, sains et saufs. Je n’y
crois pas. J’ai les larmes aux yeux. Nos
sauveteurs galèrent encore de lon-
gues minutes à remonter le radeau à
bord. Nous sommes accueillis comme
des princes à bord de ce petit cargo
néerlandais. Ces gars ont passé la
nuit à nous tourner autour pour nous
sauver. Ils ont ensuite risqué leur vie
pour venir nous récupérer. L’un des
officiers, Sergueï me lance en riant :
«It’s my birthday.» «For sure, this one,
you’ll never forget !»**
Après quelques heures de repos sur
ce cargo, on nous signifie que nous
allons être transférés sur un navire
de guerre en pleine mer. «Say what ?»
La simple perspective de me remettre
en combinaison de survie, de procé-
der à un nouveau numéro d’équili-
briste entre les échelles de corde
m’agresse. Quitter ce cargo et cet
Les leçons que j’en tire
Qu’aurions-nous pu faire pour éviter cela ?
En réalité, pas grand-chose… Nous avons navigué
sagement pendant le début de course sans prendre
de risque. Nous nous préparions à réduire la toile
au moment du chavirage. Les écoutes étaient
sur des taquets, mais je n’ai pas eu le temps
de les atteindre. Eric, à l’intérieur, ne pouvait
absolument rien faire. Nous avions la toile du temps,
le comportement du bateau était sain et il n’y a
pas eu de «préavis». En termes de précaution avant
le chavirage, il n’y a rien de plus à rajouter
Cela va peut-être en faire bondir certains mais
je suis ravi de ne pas avoir eu de gilet, ni de longe
sur moi. Si cela avait été le cas, je ne serais
probablement pas là pour en parler.
Le fait de ne pas paniquer une fois sous
l’eau a été déterminant. C’est en grande partie
grâce à ce self-control que j’ai réussi à trouver
une issue. Le vrai moment de stress a été quand
je me suis bloqué le cou dans des cordages et
que j’ai bu la tasse. Le reste du temps, guidé
par mon instinct de survie mais aussi probablement
par des réflexes ancrés hérités des stages de survie,
j’ai eu l’impression de maîtriser la situation.
Nous avons parfaitement respecté les
procédures (déclenchement de la balise, appel à
la direction de course…). Nous avons eu la présence
d’esprit de rassembler les affaires importantes dans
le bidon de survie, ce qui nous a évité de les chercher
au fond de la mare d’eau et de gazole qui s’agitait
sous nos pieds. Nous nous sommes ensuite changés,
mis en combinaison de survie, puis nous avons essayé
d’organiser le bord au mieux pour nous reposer.
Nous avons continué à nous alimenter et à boire
régulièrement pour être en forme pour le sauvetage.
Nous avons communiqué avec le cargo
et convenu de se rappeler toutes les deux heures.
Nous avons défini l’heure de début de l’opération
de sauvetage après le lever du jour.
Sur les choses qui ont moins bien marché,
nous n’avions qu’une VHF et l’accu de secours s’est très
vite déchargé. Heureusement, nous avions le chargeur
12 volts. Par miracle, il y avait encore du courant à
bord. En laissant charger la VHF, les fils ont fini par
surchauffer, et une fumée noire a envahi l’habitacle,
à tel point que nous avons dû tout couper, pour ne pas
mettre le feu au bateau. De même, nous avons très vite
épuisé la première batterie de l’Iridium.
Nous avions une balise Sarsat que nous
avons déclenchée. J’avais aussi une EPIRB personnelle,
mais je l’ai perdue peu après être rentré dans le
bateau. Je l’ai posée machinalement, puis une vague
a dû l’emporter. J’ai fait de même pour ma balise AIS
que je n’ai jamais retrouvée après m’être changé.
Je crois que j’étais sous le choc à ce moment-là.
J’ai manqué de concentration, ce qui m’a fait égarer
mes balises, pourtant très importantes dans
ce genre de situation.
Nous n’avions pas de seconde balise
de tracking. Notre second moyen de
positionnement (imposé par la course) était
le Standard C mais il était sous l’eau. Lorsque
nous avons quitté le bateau, nous n’avons pas
pu laisser de tracker à bord pour organiser
ensuite une opération de remorquage. Ce qui
nous mène à la situation actuelle, à savoir
de longues et incertaines opérations de recherche
de l’épave, avec l’espoir de pouvoir ensuite
déclencher une potentielle opération
de retournement, puis de remorquage.
Le cargo qui est venu à notre secours
a été à la fois une bonne et une mauvaise surprise.
La mauvaise surprise, c’est quand j’ai vu approcher
les trois membres d’équipage sur une petite
barquette équipée d’un hors-bord de 15 chevaux.
Je me suis dit qu’on allait bientôt être cinq à barboter
au milieu de l’océan… La bonne surprise, c’est
que cet équipage a été exceptionnel de courage
et de générosité en nous accueillant à bord.
Je dois avouer que cela me gêne particulièrement
de savoir que ces hommes ont risqué leurs vies
pour les nôtres. Bien qu’ils soient tenus
de porter assistance par la législation maritime,
ils ne sont ni payés ni formés pour cela,
et leur détermination force le respect.
Si c’était à refaire, je partirais avec :
- une balise de tracking type «yellow brick»,
que nous aurions laissé dans le conteneur de survie.
- Une VHF supplémentaire dans le bidon de survie.
- Un accu de secours supplémentaire pour l’Iridium.
- Une tenue sous-vide dans un «grab-bag».

Frayeur d’écoute automatique, ndlr) mais il ne Opérations de recherche

«Mon premier réflexe est d’ouvrir le hublot
bâbord, je ne vois que la nuit noire. J’appelle
Christopher et je n’ai pas de réponse. Je l’appelle,
je l’appelle, et je me dis que ça craint vraiment.
Si jamais il a lâché le bateau, je ne vois pas du
tout comment faire dans cette mer-là. La fin
peut être désastreuse. Je me remets à l’intérieur
pour essayer de trouver une lumière, un
projecteur, car les bouées fer à cheval sont sur
le pont, il faut que je trouve quelque chose pour
éclairer l’extérieur. C’est à ce moment-là que
j’entends frapper à l’autre hublot. Il rentre
dans la coque et me dit “j’ai failli y passer”,
ce sont ses premiers mots. Il a vu sa vie défiler.»
Système anti-chavirage ?
«On avait un système anti-chavirage (largage
fonctionnait qu’en mode gîte : on n’avait
qu’un capteur de gîte, pas de capteur d’assiette.
Je ne suis pas sûr qu’il aurait fonctionné dans
ce cas. Mais de toute façon, l’écoute n’était pas
sur ce bloqueur-là, c’est un bloqueur particulier,
il faut que l’écoute soit dessus.»
Pas de localisation
«C’était la balise de détresse Cospas-Sarsat
qu’on avait en main, et il nous a fallu
l’éteindre avant de quitter le bateau. On avait
deux autres balises à bord : la «yellow brick»
de la course, qui elle, on l’a vu après,
a cessé d’émettre au moment du chavirage,
et une petite balise individuelle, mais
on l’a perdue dans le chavirage.»
«Simon de chez MetOcean nous fait chaque
jour une mise à jour de l’estimation de dérive,
et il y a eu une démarche de l’assureur – mais
très courte : ils sont arrivés sur zone mardi et
repartis mercredi… Il faut dire qu’ils sont partis
de Porto, or le bateau est à 250 milles de São
Miguel (Açores). Là je suis avec une personne de
mon équipe, on se rend à São Miguel et on va
essayer d’armer un bateau pour aller sur zone.
Normalement, l’assureur prend en charge le
remorquage, mais on va voir dans quel état il est
et les moyens qu’il faut mettre en œuvre pour
le ramener sans l’abîmer. En dernier recours, on
essaiera de faire un coup d’avion pour mettre
toutes les chances de notre côté pour le retrouver
– c’est un super trimaran, qui a une belle histoire.
C’était ma première course offshore à bord.»
 94 ÇA VOUS EST ARRIVÉ

LE TRIMARAN DREKAN GROUPE

Un beau palmarès
Lancé en 2005 sous les couleurs de Crêpes Whaou ! 2, ce plan VPLP
construit chez CDK a largement contribué au développement et
au succès de la classe Multi50, en remportant dès son lancement
une moisson de victoires aux mains de Franck-Yves Escoffier – dont
la Route du Rhum 2006, les Transat Jacques Vabre 2005 et 2007 et la
Québec/Saint-Malo 2008. En 2010, il est racheté par Loïc Féquet qui
mènera Maître Jacques sur le podium de la Route du Rhum 2010 (3e)
puis de la Transat Jacques Vabre 2011 (2e). Subissant des avaries
structurelles deux années de suite, il repasse par la case chantier
sous la houlette de Thierry Bouchard (Ciela Village) qui lui offre une
nouvelle jeunesse, une étrave plus puissante et deux belles places de
deuxième, à la Transat Jacques Vabre 2015 et à la Québec/Saint-Malo
D.R.

2016. Eric Defert et Thibaut George l’ont racheté en mars 2017.

Ambiance chaleureuse à bord du Longueur : 15,24 m ; largeur : 14 m ; déplacement : 4 t ;
cargo. Dommage qu’il faille quitter surface de voiles au près/portant : 200/264 m2 ; architectes : VPLP ;
si vite ce sympathique équipage. chantier : CDK Technologies.

Après avoir été transférés

sur un navire militaire, les
naufragés sont accueillis par
le MRCC de Punta Delgada
D.R.

qui a coordonné les opérations.

équipage nous attriste. Nous aurions
volontiers passé la soirée avec eux
pour fêter l’anniversaire de Sergueï !
Après des au revoir chaleureux au
commandant et à tous ses hommes,
nous revoilà en tenue de gala, pour
un nouveau tour de manège !
décompresser. Merci à tous ceux qui
ont œuvré dans l’ombre durant ces
48 heures compliquées, en particulier
Thibaut George, le patron de Drekan
Groupe, qui met d’ores et déjà tout
en œuvre pour sauver le bateau. ■

RECONNEXION AU MONDE
Tout se passe très vite, dans la sé-
rénité et le professionnalisme mili-
taire. La froideur aussi est de mise.
Nous embarquons à bord de la fré-
gate. Personne ne nous salue. Nous
peinons même à savoir que faire et
où aller. Finalement, un quartier-
maître nous indique une cabine et
des douches. Il promet de revenir
nous voir. Nous attendons en vain.
Nous nous aventurons dans le na-
vire, trouvons le réfectoire télévisé,
nous nous asseyons là dans l’indif-
férence générale. Nous avalons un
repas en suivant le rituel des ma-
telots qui nous expliquent vague-
ment le fonctionnement du bord.
Rapidement, je regagne la cabine
pour essayer de dormir enfin. Avec
mes podcasts écoutés d’une oreille
distraite, le sommeil arrive enfin. Je
me réveillerai six heures plus tard.
Une éternité.
Au matin, nous atteignons enfin
les Açores. Nous sommes accueillis
par l’amiral qui nous invite à visiter
le Maritime Rescue Coordination
Center afin d’échanger avec ses équi-
pes qui ont coordonné le sauvetage
et faire quelques photos. Dans un
hôtel du centre de Ponta Delgada,
je me reconnecte enfin au monde
terrien et découvre avec émotion les
messages de soutien et de tendresse
de la famille et des proches. Je vais
rester quelques jours sur l’île pour
*Christopher a d’abord publié ce récit sur sa
page Facebook. Nous le reproduisons ici, dans
sa forme brute, avec son aimable autorisation.
** Traduction : «C’est mon anniversaire.» A sa sortie, en 2005, l’ancien Crêpes Waouh ! 2 a tout raflé
«C’est sûr, celui-là, tu ne l’oublieras jamais !» sur le circuit des Multi50 aux mains de Franck-Yves Escoffier.
L’ANALYSE DE VOILES ET VOILIERS
Chavirage en trimaran : la hantise des skippers
Le chavirage du trimaran Drekan Groupe fait écho à nombre
d’autres cas qui ont émaillé l’histoire de la course au large
et des multicoques. De Franck Cammas (sur la Route du Rhum
2002 puis lors d’une tentative du Trophée Jules Verne en 2008),
à Armel Le Cléac’h (sur le trimaran Foncia avec Damian Foxall,
lors de la Transat Jacques Vabre 2005), en passant par
Jean Le Cam (Vendée Globe 2008-09) ou, plus récemment,
les spectaculaires chavirages des MOD70 Virbac-Paprec
ou Spindrift, filmés en direct, bien des skippers qui se sont
frottés au multicoque océanique ont connu la frayeur
d’un chavirage, ou au moins le sentiment d’être passé
«pas loin de la correctionnelle».
Depuis l’hécatombe de la Route du Rhum 2002 (où seuls trois
trimarans de 60 pieds sur les dix-sept au départ franchissaient
la ligne d’arrivée), la sécurité et la fiabilité de ces fabuleux
engins ont été grandement améliorées, mais le risque est
toujours présent. Car à la différence d’un monocoque de
course, qui a la capacité de se redresser, le multicoque,
une fois retourné, ne peut pas revenir dans sa position
initiale. En cas de chavirage, la sanction est donc immédiate
et la récupération du bateau est souvent très problématique,
selon le lieu de l’accident, son accessibilité et les conditions
J. VAPILLON
météo qui règnent les jours suivants sur zone. On se souvient
ainsi de la belle opération de sauvetage du maxi-trimaran
Prince de Bretagne en 2014, et de la décision – radicale
mais déterminante pour la suite – de son skipper
Lionel Lemonchois de rester à bord du bateau retourné,
pendant dix jours, au large du Brésil, en attendant que son
équipe le rejoigne pour procéder à une délicate manœuvre de
retournement (voir la rubrique «Ça vous est arrivé» du n° 518).
Pour l’équipage de Drekan Groupe, les chances de récupérer
le bateau sont d’autant plus réduites qu’Eric et Christopher
n’ont pas eu d’autre choix que d’éteindre la balise
de détresse, lorsqu’ils ont quitté le bord pour rejoindre
le cargo, celle-ci étant uniquement dédiée aux opérations de
sauvetage. La balise de la course n’émettant plus et la balise
personnelle des skippers ayant été égarée pendant le
chavirage, le bateau n’a plus été localisé – et ne l’était toujours
pas deux semaines après le naufrage. L’issue restait très
incertaine au moment d’écrire ces lignes, car Eric Defert
venait d’annoncer le report des opérations de recherche de
son Multi50 au large des Açores, faute d’une météo favorable.
Reste que l’équipage s’en est sorti sans dommages
et c’est déjà un grand soulagement. Delphine Fleury
 Marin de l’année 2017
thomas coville
RECORD DU TOUR DU MONDE EN SOLITAIRE EN MULTICOQUE
RECORD ATLANTIQUE NORD
VAINQUEUR DE LA TRANSAT JACQUES VABRE

© JM LIOT / SODEBO

FÉLICITATIONS
THOMAS COVILLE
élu

MARIN DE L’ANNÉE 2017

 96 COURRIER PARTAGER AP
APPRENDRE CHOISIR

Petit budget
Ado passionné souhaite naviguer
Je suis un jeune ado passionné de voile et Il existe
abonné à votre très intéressante revue pas mal de
possibilités
depuis quelques années. Je vis ma passion à pour intégrer
travers Voiles et Voiliers et au travers d’autres un équipage
ouvrages tels que le Cours des Glénans. J’ai fait en course ou
des stages de J80 au Centre régional de voile en croisière.
de Dunkerque mais, par manque d’inscrits,
les cours ont été annulés plus d’une fois. Je
souhaite pratiquer davantage ma passion car,
étant Lillois et étudiant en prépa, les moments
de navigation sont rares. De plus, comme

beaucoup de jeunes de mon âge, je n’ai pas
les moyens de m’offrir une semaine de stage
aux Glénans et encore moins de m’acheter
un bateau. Ainsi je vous sollicite car je
recherche une manière d’intégrer un équipage
à moindres frais pour pratiquer la régate ou
faire des sorties sur plusieurs jours, pendant
les vacances scolaires. Pour joindre l’utile à
l’agréable, si l’équipage était anglophone,
cela me ferait progresser énormément
dans la maîtrise de cette langue.
Pol Deprez, par @
Nous n’avons pas connaissance d’un
club précis dans votre région, mais il
existe un peu partout sur le littoral des
associations de propriétaires ou «clubs de croi-
sière» qui organisent des sorties, régates ou croi-
sières à bord de voiliers de propriétaires. Peut-
être aurez-vous la chance d’en dénicher un en
vous renseignant auprès des capitaineries et
yacht-clubs ? Par ailleurs, l’autre solution est celle
LOÏC MADELINE
des sites spécialisés dans la co-navigation, comme
Vogavecmoi, par exemple, qui mettent en relation
des propriétaires et des équipiers volontaires,
pour des croisières ou des sorties régulières. En-
fin, les forums des sites communautaires, tels que
Hisse et Oh, sont aussi une piste possible. Et
puisque votre demande apparaît dans notre cour-
rier des lecteurs, peut-être que quelqu’un nous
contactera pour vous proposer d’embarquer ?

Clin d’œil Insolite

Tempête de force huit… nœuds Bonne pêche !
Juste ce petit mot pour montrer que certains journaux ne maîtrisent
pas bien la mer ! Le dimanche 22 octobre a eu lieu à Cannes une
sorte de biathlon (nage + course à pied). Nice Matin nous raconte
l’événement dans son édition du lundi et un petit encart me paraît
surprenant à la lecture. Il y avait du vent ce jour-là, mais pas comme
l’indique le quotidien. Vos lointains confrères confondent nœuds et
Beaufort ! C’est vrai que cela soufflait bien mais pas à 8 nœuds, plutôt
à force 8 (d’où le terme de «terrible»). Je n’ai pas envoyé cet article à
Nice Matin mais à vous, spécialistes du nautisme, pour vous amuser.
François Bévillon, fidèle lecteur
de Voiles et Voiliers, par @

Ce n’est pas beau

de se moquer ! Trêve de
D.R.

plaisanterie, ce genre de confusion

est très fréquente mais ne manque
jamais de nous faire sourire, nous
autres les marins. Merci donc
de nous faire partager ce clin
d’œil – à charge de revanche pour
nos confrères de Nice Matin,
car il nous arrive à nous aussi
de laisser parfois passer
D.R.
La pompe manuelle du w.-c. est soudainement dure,
puis ne descend plus… Démontage des divers organes,
RAS. Remontage, pas d’évolution. La pompe descend en forçant
en position admission et évacuation mais pas en position
évacuation seule. Diagnostic : il n’y a pas d’arrivée d’eau.
Je démonte le tuyau d’eau de mer, et voici ce que je trouve !
Moi qui n’ai jamais rien pêché !

quelques cocasses coquilles… Jean-Marie Kirtz, voilier Océanis 37 Cocoon, Riposto, Sicile.

VOTRE COURRIER, VOS RÉACTIONS, VOS ASTUCES

Écrivez-nous à : Voiles et Voiliers au 13, rue du Breil, CS 46305 - 35063 Rennes Cedex ou par mail : courrier@voilesetvoiliers.com (Texte maxi : 250 mots. Photos bienvenues.)

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 98 MATELOTAGE
n° 1

L’épissure
autobloquée
Gréeuse professionnelle des skippers les plus
Texte Elise Bakhoum
exigeants, Elise Bakhoum est une experte du avec Bruno Ménard.
matelotage moderne. Elle a accepté de partager son Photos Alexis Courcoux.
Retrouvez la vidéo sur savoir-faire avec nous. Voici le premier des «Tutos
www.voilesetvoiliers.com d’Elise», consacré à la très utile épissure autobloquée.

V
ous voulez remplacer une vieille poulie par
un anneau à friction, réaliser un palan, un dé-
viateur pour votre amarre, ou encore un sys-
tème d’écarteur pour votre foc ? Simple et ra-
pide, l’épissure autobloquée sur cosse est la
solution la plus efficace. L’épissure autobloquée – on
dit aussi «lockée» – est celle qui demande le moins
d’outils. Ni fil ni aiguille à coudre.
Nous allons la présenter autour d’une cosse, mais
elle peut être réalisée sur n’importe quelle autre
pièce d’accastillage (mousqueton, pad-eye, etc.). Une
réserve : elle fragilise davantage le cordage que l’in-
démodable épissure cousue. L’épissure autobloquée
doit donc être privilégiée pour des manœuvres de
pont, mais pas pour vos transfilages de bastaques ou
de haubans par exemple. ■

Les outils Faites une première

nécessaires : marque (A) de la
un couteau, un longueur à épisser.
marqueur, un jeu La longueur épissée
d’aiguilles creuses (LE) est déterminée
à épisser, un mètre, en multipliant
la cosse et notre le diamètre
cordage dégainé, du cordage
ici du diamètre 6. par soixante.
Ici : diamètre
6 mm x 60 = 360 mm.

1 2

Entourez le Avec l’aiguille à

cordage autour épisser, traversez
de la cosse. Faites le cordage à la
une deuxième marque (B). On
marque (B) juste peut légèrement
sous la cosse, gonfler le bout
alignée avec sur lui-même pour
votre première faciliter le passage
marque (A). Vous de l’aiguille entre
avez ainsi délimité les fuseaux.
la taille de l’œil.

3 4

098_101_Tuto_Epissure.indd 98 04/12/2017 14:30

 &
Vous
PARTAGER APPRENDRE CCHOISIR

Dans l’aiguille Serrez bien votre

creuse se trouve œil autour de la
votre longueur cosse. Vos deux
à épisser (LE). marques (A) et (B)
Faites-la passer doivent se toucher.
entièrement.

5 6

Traversez de Toujours à l’aide

nouveau le cordage de votre aiguille
avec votre aiguille, creuse, faites passer
mais cette fois la partie longue
sur la marque (A). de votre cordage.

7 8

Tirez la partie Commencez

longue, ce qui va votre épissure
refermer l’œil sur proprement dite de
la cosse. Souquez (LE). Gonflez votre
fermement, à la tresse pour faciliter
main, en tirant le passage de
à la fois sur le bout l’aiguille dans
et sur la cosse. le «tunnel» ainsi
créé. Attention :
l’aiguille doit
entrer le plus près
possible de l’œil.

9 10

Enfilez votre Ressortez l’aiguille

longueur à épisser une fois que votre
(LE) dans l’aiguille longueur à épisser
creuse. Faites (LE) est entièrement
avancer l’aiguille rentrée.
dans le «tunnel»
en gonflant
progressivement la
tresse devant elle.

11 12

098_101_Tuto_Epissure.indd 99 04/12/2017 14:30

 100 MATELOTAGE

Retirez l’aiguille. Pour éviter

Garder la longueur cette «marche»,
à épisser (LE) il faut réduire
sortie. Il faut progressivement
maintenant réduire le diamètre de
son diamètre, afin (LE). Le calcul de
d’éviter la création la bonne longueur
d’une «marche» à diminuer est le
(un dénivelé tiers de la longueur
trop important) épissée (LE). Ici :
sur votre bout. 360 mm x 0,3 = 108.
Faites une marque
à 10 cm et détressez
13 14 brin par brin.

Détressez de En partant de
l’extrémité de votre la marque vers
bout jusqu’à l’extrémité, coupez
la marque. les brins détressés
progressivement,
à des longueurs
différentes,
en escalier.

15 16

De la cosse vers Voilà, c’est fait,

l’extrémité, on le mou a disparu.
ramène le mou de Epissure lissée,
façon à entrer de épissure terminée.
nouveau l’ensemble
du mou de l’âme.
Tirez fermement
et répétez au moins
trois fois ce geste
pour vous assurer
qu’il ne reste plus
du tout de mou.

17 18

Le fruit de votre Exemple

travail en gros plan. d’application :
un palan de
pataras. Il en existe
beaucoup d’autres.
A vous de jouer !

19 20

098_101_Tuto_Epissure.indd 100 04/12/2017 14:30

098_101_Tuto_Epissure.indd 101 04/12/2017 14:30
 102 ÉQUIPEMENT
Salon de l’équipement d’Amsterdam

La sécurité
progresse sur tous les fronts Texte Sébastien Mainguet.
La barre des 1 500 exposants a été franchie cette année par le salon
de l’équipement METS (Marine Equipment Trade Show), qui se tient
tous les ans à la mi-novembre à Amsterdam. Et s’il est un domaine dans
lequel on avance à grands pas ces derniers temps, c’est celui de la sécurité.

MOUILLAGE HARNAIS
Une alarme Une longe
pour téléphone à enrouleur
Une longe de harnais peut
Le développeur de l’application
Android Sailgrib propose aujourd’hui être dangereuse quand on
pour les smartphones une petite appli passe par-dessus bord tout en étantant
toute simple, distincte de Sailgrib, accroché : on est généralement
et qui se limite à une seule fonction, sur le ventre. Si le bateau avance,
à savoir celle d’alarme de mouillage. on risque de se noyer et il est très
A noter la possibilité, avec un difficile de se hisser soi-même à
deuxième téléphone, de recevoir des bord. L’idée est donc lumineuse :
SMS d’alerte envoyés par le téléphone plutôt que de choisir entre une
sur lequel l’application est installée. longe d’un mètre, trop courte pour
se déplacer sur le pont, et une longe
www.sailgrib.com
de deux mètres, trop longue pour
D.R.
D
MEA
AR
OSC
Teamo, fonctionne sur ce principe.
A noter que dans un ordre d’idées
assez proche, Teamo a développé
auparavant des gilets automatiques
«Backtow», intégrant un harnais
de conception novatrice, qui tracte
une personne sur le dos et non sur
le ventre, dans le cas où – justement

Prix 20 €, version premium. assurer une sécurité optimale, l’idéal
Version de base gratuite est un enrouleur de type ceinture
automobile, grâce auquel la longueur
de longe déployée est toujours
minimale. Le dispositif Autolock
Tether, mis au point par la société
– le naufragé se retrouve dans l’eau
accroché à sa longe.
www.teamomarine.com
Prix 106 € ; gilet Backtow 170 N
à 220 € ; gilet Backtow 275 N à 295 €.

ENGIN FLOTTANT
Ne comptez pas que sur l’électronique
Le nom de «balise» est peut-être un peu
abusif. Mais pour le reste, ce dispositif conçu
par une simple pratiquante des sports
nautiques et fabriqué par Outils Océans est
assez bien vu, c’est le cas de le dire. Pas la
moindre électronique là-dedans, il s’agit de
pouvoir se signaler – visuellement – dans
une situation de détresse, que ce soit en
mer ou à terre. Le BAB’so, qui pèse moins
de 80 grammes, se présente sous la forme
d’une sorte de bracelet que l’on peut porter
D.R.
différents éléments : un drapeau orange
équipé de bandes rétro-réfléchissantes
et de bandes à effet miroir, deux tubes
lumineux que l’on doit simplement casser
pour les activer, une robuste garcette
de 1,50 mètre de long, un sifflet et une
étiquette d’identification personnelle et
médicale. L’ensemble est bien pensé, utile
pour la voile légère comme pour le large.
www.outils-oceans.com

aussi à la cheville ou à la ceinture. Il intègre Prix 79 €.

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 &
PARTAGER APPRENDRE CHOISIR

PHOTOVOLTAÏQUE COMMUNICATION
Tauds de bôme multifonctions La connexion 4G
On n’y pense pas assez, mais en mer

D.R.
disposer d’une source d’électricité
de secours peut avoir son On peut certes se connecter
importance. Et puis un accessoire sans problème au réseau
aussi pratique pourra être utilisé Internet mobile (4G) avec
en toutes circonstances. Ce n’est un simple téléphone, mais
pas un lazy-bag mais un taud, ou il existe aussi des antennes
plutôt un ensemble de deux demi- qui amplifient le signal et
tauds, qui se stockent enroulés sur permettent d’obtenir une
eux-mêmes sur la bôme, de chaque portée deux ou trois fois
côté du profil. La puissance crête supérieure, soit une quinzaine de Digital Yacht. Il se décline
totale atteint 268 watts, pour de milles au lieu de cinq. en deux versions, Standard
une surface de 2 x 1,12 mètre carré. C’est pratique – et sécurisant avec deux petites antennes
aussi – mais ces antennes intégrées sur le boîtier, et Pro
www.solarclothsystem.com sont coûteuses. Jusqu’ici, avec deux grandes antennes
on connaissait surtout le externes de 48 centimètres.
D.R.

Prix 1 530 € les deux demi-tauds.

NeptuLink de la société MVG
(22 000 euros, distribué
par M.C. Technologies), mais
on a découvert cette année
un nouveau modèle nettement
APPLICATIONS MOBILES HOMME À LA MER moins cher : le 4G Connect
Dans les deux cas, un routeur
wi-fi est présent. Ce matériel
est fourni avec une carte
SIM Vodafone, mais on peut
bien sûr utiliser n’importe
quelle autre carte.

L’embarras du choix digitalyacht.fr

D.R.

Prix 479 € (Standard, avec antennes intégrées)

Dans notre dernier numéro, nous avions présenté nté
ou 779 € (Pro, avec antennes externes).
deux nouvelles applications mobiles pour homme me à
la mer, celle de Weems & Plath (CrewWatcher) et celle
d’Exposure Lights (OLAS Float-On). Si la première re a
été récompensée au salon d’Amsterdam par un prix
de l’innovation, la deuxième nous semble tout aussi
intéressante. Car l’émetteur individuel OLAS Float-On,
oat-On,
c’est en même temps une lampe torche avec un flux
lumineux de 120 lulumens et un mode flash
qui s’active automatiquement
autom au contact AIS
O en profite pour rappeler
de l’eau de mer. On
cô la société Navicom
que, de son côté, Des transpondeurs
distribue aujourd’hui
au le système
(
Sea Tags (photo ci-dessus), assez plus puissants
similaire au CrewWatcher.
Les récepteurs et transpondeurs AIS
D.R.

sont de plus en plus fréquents sur les

voiliers de plaisance, il faut dire que
leur prix est attractif, rapporté au
APPLICATIONS MOBILES HOMME A LA MER
service rendu – à partir de 200 euros
D.R.

OLAS environ pour un récepteur, et de 500

Nom de l’appli CrewWatcher Sea Tags
Float-On
Fabricant / Weems Exposure pour un transpondeur. Ce sont des
Sea Tags puisqu’il est très compact et
développeur & Plath Lights appareils assez simples d’un point de
Systèmes Android, Android, Android, vue technique, moyennant quoi, en s’alimente en USB. En revanche, c’est
iOS iOS iOS un classe B ordinaire qui émet à
termes de composants électroniques,
Vaïma,
Distributeur - H2O Sport Navicom ce sont un peu tous les mêmes. Il 2 watts. Le modèle Graphene MOB de
Distribution faut faire une exception au moins True Heading se distingue quant à lui
Prix avec pour le nouveau transpondeur ATB1 par son alarme – sonore et visuelle –
90 $ 115 € 90 €
1 émetteur
d’Ocean Signal, qui se distingue intégrée dans le boîtier.
nettement des autres appareils
crewwatcher.com de type transpondeur de classe B
puisqu’il émet à 5 watts (au lieu de 2) www.oceansignal.com
Prix 90 $ avec un émetteur,
et bénéficie de la même priorité Prix 742 €, transpondeur classe B ATB1,
170 $ avec deux émetteurs (non distribué en France).
d’accès au réseau que les appareils (distribué par Furuno France).
exposurelights.com de classe A (professionnels). Ce
Prix 115 €. modèle est doté de sorties NMEA0183 digitalyacht.fr
et NMEA2000, USB et wi-fi. Déjà Prix 715 €, transpondeur classe B Nomad.
sea-tags.com présenté dans notre dernier numéro,
Prix 90 € avec un émetteur, 259 € avec le nouveau transpondeur de Digital www.trueheading.se
trois émetteurs, et 424 € avec cinq émetteurs. Yacht est également intéressant Prix nc, transpondeur Graphene MOB.

102_105_Equipements_Metz.indd 103 04/12/2017 15:03

 104 ÉQUIPEMENT

CASQUE FORWARD SAILING PROWIP 2.0 PLASTIMO

Une protection Un pare-battage articulé
optimale
Pour les bateaux dont les bordés ont
Depuis que les bateaux des formes compliquées, ce modèle
volent à 30 nœuds, le de pare-battage développé par Plastimo
risque de choc en cas de et constitué d’une succession d’anneaux
sortie de route est devenu articulés, semble très intéressant.
important et les régatiers ontnt Il convient tout particulièrement
donc besoin de porter un casque.
asque. aux boudins des semi-rigides

D.R.
Cette deuxième version du modèle ProWIP mais pourra bien sûr trouver
a une capacité d’absorption n d’énergie, lors d’un d’autres utilisations. Cet
impact, qui est trois fois supérieure
périeure à celle exigée deux jeux de mousse thermoformée
est livré avec de objet à la forme inédite est
par la norme EN 1385 pour un simple casque pour l’ajuster au mieux aux différentes formes protégé par un brevet.
type eaux vives. Il est constitué
it é d’
d’une fine coque de têt
d tête. Di
Disponible
i d’ici à mars 2018.
injectée polycarbonate et mousse polystyrène. Et il Taille unique, trois coloris. www.plastimo.com
Prix 20 €.
www.forward-sailing.fr

D.R.
Prix 90 €.

ELVSTRÖM
Voile double pour le portant
Pas facile de détrôner le bon vieux spi symétrique
(voire asymétrique) sagement stocké dans sa chaussette.
Jeremy White, le directeur d’Elvström pour le Royaume-Uni,
propose une solution radicale qui rappelle certaines voiles
utilisées en croisière il y a quarante ans. Il s’agit d’une sorte
de grand génois double, taillé dans un simple tissu à spi,
et que l’on peut utiliser non seulement comme un ensemble
de génois jumeaux (tangonnés si possible, et a priori
sans la grand-voile), mais aussi au reaching comme
un gennaker, la voile étant alors repliée sur elle-même.
Etonnant, non ? Ce drôle de génois double est baptisé
Blue Water Runner.
MIKE JONES

www.elvstrom-sails.com ENVIRONNEMENT
Prix 4 989 €.
Recyclez
vos extincteurs
Les magasins
KITS DE SURVIE ACR Accastillage Diffusion
rejoignent désormais
Une panoplie complète ! une filière de recyclage
des petits extincteurs
à poudre ou à mousse
Dans la gamme de ce fabricant américain, on
(charge nominale
trouvait déjà des balises Sarsat de type EPIRB (pour
inférieure à 2 kilos
un bateau) ou PLB (personnelles) ou encore des
D.R.

ou 2 litres). Cette
lampes flash. ACR propose désormais deux kits très
filière est organisée
complets, incluant au moins une balise et une lampe
en partenariat avec
flash. Le kit «GlobalFix Pro», à 484 euros, comprend
Récylum, un éco-
une balise EPIRB Globalfix Pro (modèle avec GPS),
organisme à but non
une lampe flash C-Strobe H20 (un nouveau modèle à même sac de rangement. En revanche, la balise
lucratif spécialisé
activation par contact eau de mer), un feu de secours homme à la mer AISLink, que le fabricant a aussi à
dans le recyclage.
HemiLight ainsi qu’un sac de rangement adapté à son catalogue, ne fait partie d’aucun de ces deux
D.R.

Pour le client, c’est

tout ce matériel. Plus complet, le kit «GlobalFix V4» kits. ACR, qui est distribué en France par Seimi, vient
très simple : il suffit
comprend le dernier modèle de balise Sarsat EPIRB par ailleurs de racheter la société britannique Ocean
d’amener les appareils
d’ACR (la GlobalFix V4), mais aussi une balise Sarsat Signal, un autre fabricant de balises Sarsat et AIS.
usagés dans l’un des
type PLB (modèle ResQLink), une lampe flash
www.acrartex.com 80 magasins Accastillage Diffusion.
Firefly 3 Waterbug à activation par contact eau
de mer, un feu de secours HemiLight, et toujours le Prix nc. www.accastillage-diffusion.com

102_105_Equipements_Metz.indd 104 04/12/2017 15:03


SPINLOCK
Le gilet de la Volvo Race
L’accastilleur de l’île de Wight a développé
une version spéciale Volvo Race de son
gilet automatique Deckvest. Un modèle
dit «VOR», doté bien sûr d’un équipement
très complet qui inclut un kit de détresse
homme à la mer avec balise individuelle
AIS, balise Sarsat PLB, et lampe flash (les
balises sont des modèles Ocean Signal).
www.spinlock.co.uk
Prix nc.
D.R.
RECHERCHE ET SAUVETAGE
Bientôt l’AIS sur les balises Sarsat
Ces nouvelles balises fixes, Sarsat
type EPIRB intégrent un émetteur de
détresse de type SART AIS. A priori,
une telle balise par rapport à un mo-
dèle de la génération précédente, est
encore plus efficace : la transmission
en 406 MHz vers les satellites permet
de donner l’alerte et la position GPS,
la transmission en 162 MHz sur le ré-
seau AIS permet aux navires sur zone
d’avoir eux aussi l’alerte et la posi-
tion, et on conserve encore un émet-
teur 121,5 MHz pour les recherches
aériennes par radiogoniométrie.
Ce matériel existe : chez Orolia par
exemple, les balises avec AIS sont
prêtes depuis plusieurs mois – c’est
102_105_Equipements_Metz.indd 105
D.R.
GILET ROOSTER PRO
Avec poche
pour couteau
Il s’agit d’un gilet fin qui
se qui se porte par-
dessus son équipement
et évite de s’accrocher
accidentellement aux
différents éléments
d’accastillage du bateau.
Ce modèle Rooster Pro
est doté d’une poche
pour ranger un couteau
de secours.
www.roostersailing.com
Prix 40 €.
la SmartFind G8 pour la marque
McMurdo et la SafePro AIS pour la
marque Kannad Marine (il s’agit de
la même balise, seules la couleur
et les étiquettes changent). Après
quelques difficultés réglementaires
qui ont retardé leur commerciali-
sation, elles seront disponibles à
partir de début 2018. Par ailleurs,
ces derniers modèles de balise Sar-
sat sont compatibles avec les nou-
veaux récepteurs embarqués sur
les satellites en orbite moyenne
(ceux utilisés pour la navigation),
qui offrent une couverture mondiale
permanente (comme avec les satel-
lites géostationnaires) et autorisent
&
PARTAGER APPRENDRE CHOISIR
CARTOGRAPHIE ÉLECTRONIQUE
Navionics chez Garmin
La société italienne Navionics, qui édite les cartes électroniques du
même nom, a récemment été rachetée par Garmin… dont les appareils
utilisaient jusqu’ici une cartographie BlueChart spécifique à Garmin.
www.navionics.com
D.R.
GOÏOT
Ça ne tourne pas rond
Il ne s’agit pas de sécurité, mais difficile de
passer à côté de cette drôle de barre à roueue
dont la forme hexagonale est une réussite ite
esthétique. Les concepteurs de cette roue oue
baptisée Triak Hexa avancent par ailleurs eurs
qu’avec elle on peut visualiser la position n barre
.
D.R
anœuvres en
droite, de quoi peut-être faciliter les manœuvres
particulier au portt ou au mouillage.
goiot-systems.com
m
Prix nc.
oppler
une localisation par effet Doppler
ellites
plus précise qu’avec des satellites
en orbite basse. En revanche,nche,
ces nouvelles balises Orolia ia ne
recevront pas d’accusé de
réception de l’alerte après
qu’on les aura déclenchées.
Cette fonction qui semble
précieuse (au moins pour
le moral !) devait être dis-
ponible dès cette année
avec les satellites en orbitee
moyenne, mais il va falloir
attendre un peu…
D.R.
www.mcmurdogroup.com,
www.kannadmarine.com
04/12/2017 15:03
 106
Grande croisière
Destinations de
grande croisière
184 pays visités !
Plus qu’un guide ce livre
est une source d’inspiration
inégalée pour bien choisir sa
destination et ses escales.
L’infatigable Jimmy Cornell
fournit toutes les informa-
tions pour décider quels en-
droits visiter, les préparatifs
à faire avant d’y arriver et ce
à quoi il faut s’attendre une
fois sur place. 432 pages.
Prix : 59 € + port
Réf. 92301
Gréement dormant,
mât et haubanage
Comprendre les différents
réglages du gréement
dormant, c’est-à-dire du
mât et du haubanage,
n’est pas toujours facile.
Ce guide apporte solutions
et conseils à la portée de
tous les plaisanciers.
116 pages.
Prix : 16 € + port
Réf. 92175
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BoutiquE
www.boutique.voilesetvoiliers.com
Routes de
grande croisière
Jimmy a parcouru plus de
200.000 milles sur tous les
océans. Cette édition tient
compte de toutes les évo-
lutions météorologiques et
climatiques qu’il a constaté.
Plus de 6000 waypoints
essentiels y fi gurent. Pour
chaque route, les conditions
et particularités météorolo-
giques sont commentées.
Format 19x24, 362 pages.
Prix : 69 € + port
Réf. 92325
La VHF et les
communications
en mer
Par Jean-Philippe Malice
Remise entièrement à
jour, cette édition tient
compte des nouvelles
réglementations et
dispositions sur l’usage
des communications en
mer. La VHF revient en
force et redevient un outil
de sécurité indispensable
pour la navigation au large.
108 pages.
Prix : 14,70 € + port
Réf. 091115
Voyages de
grande croisière
Fort de sa grande expé-
rience, Jimmy Cornell vous
aidera à programmer votre
croisière sur toutes les
routes du monde selon les
saisons - avec cartes de
vents et de courants pour
tous les océans et systèmes
météos du monde. Il vous
suggère des itinéraires,
vous conseille des périodes
de navigation… 346 pages.
Prix : 49 € + port
Réf. 92263
L’énergie à bord
Par Jean-Luc Pallas
Essentiel : apprenez à
calculer la consommation
électrique des équipements
installés à bord. Pratique
: l’auteur propose les
solutions pour produire
l’énergie nécessaire,
les plans de montage et
les schémas de câblage,
des éoliennes, panneaux
solaires, chargeurs…
132 pages.
Prix : 16 € + port
Réf. 091337
Atlas des océans
Par Jimmy et Ivan Cornell
Cet atlas, le pilot chart de
tous les océans, tient compte
des récentes modifications
climatiques et présente
la direction dominante des
vents et des courants pour
chaque mois en tous points
des océans du monde. Indis-
pensable pour choisir
la bonne période. 120 pages.
Prix : 69 € + port
Réf. 92216
Le moteur diesel,
hors-bord
par Jean-Philippe Malice
Comment maîtriser ces
machines et intervenir
dessus pour en tirer le
meilleur parti, question
de sécurité ! Du repérage
des différents circuits
à l’entretien de tous les
jours, des interventions
faciles à l’hivernage, les
moteurs n’auront plus
aucun secret pour vous.
132 pages.
Prix : 14,70 € + port
Réf. 091155
Les routages, en
course et en croisière
En course ou en croisière le
dilemne n'est pas le même !
Le routage est une aide à la
réflexion et à la décision. En
complément du livre, J.Y.
Bernot a conçu pour vous
un mini site, à retrouver sur :
www.voilesetvoiliers.com/
mini-site-bernot.
16,5 x 24,5 cm - 210 pages.
Couverture renforcée avec
rabats.
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Réf. 92321
Prévisions météo
Par Jean-Yves Bernot
Les moyens modernes
(fax, Internet…) permettent
d’obtenir une multitude
de documents. Jean-Yves
Bernot vous donne des
éléments simples de
météorologie vous
permettant de les analyser
et de les déchiffrer.
132 pages.
Prix : 14,70 € + port
Réf. 091137
Nouveautés
GUIDE DE MANŒUVRE
d’Éric Tabarly
Préface et dessins de titouan lamazou
Ce Guide de manœuvre est un résumé de
l’immense expérience d’Éric Tabarly acquise au
cours d’une vie de navigation à la voile et dont
les illustrations témoignent de la vie à bord.
Dans un texte clair et précis, Éric Tabarly décrit
méthodiquement toutes les situations qu’un bon
navigateur doit savoir maîtriser. De la simple
manœuvre d’accostage ou d’appareillage
au délicat réglage des voiles afin de tirer le
meilleur parti de la marche du bateau, tous ces
conseils sont accompagnés d’anecdotes vécues
à bord des Pen Duick.
Prix : 19,90 € + port
Réf. 92404
LE COURS DES GLÉNANS
Depuis 1961 le cours des Glénans s’est
imposé comme le manuel de référence du
marin plaisancier. Cette édition entièrement
revue et remise à jour souhaite répondre aux
attentes de tous ceux qui aiment la
voile et la navigation.
Éditions du Seuil, 8e édition.
1 056 pages.
Prix : 59 € + port
Réf 092417
 une
107

A la
272 pag
es
16,5 X2
4 cm
34,90 €
IMAGES SAT Réf. 92
409
LA MÉTÉO VUE DU CIEL
Avec Jean-Yves Bernot vous apprendrez à mieux connaître ces « images sat » et en tirer la quintessence.
C’est un jeu excitant et formateur. En les combinant avec les cartes isobariques et les chiers de vent, on
découvre le spectre complet des phénomènes météo et leurs évolutions. Vous utiliserez ces fascinantes
images venues de l’espace pour étudier d’abord les zones tempérées : dépressions, cyclogénèses, zones
anticycloniques, effets locaux… Ces images vous aideront dans l’observation et la prévision à court terme
du vent, des orages, du brouillard et de la neige. Les inconditionnels du grand large seront sensibles à
l’étude de la zone tropicale de l’Atlantique et ses systèmes particuliers : alizés, dépressions tropicales, pot
au noir… En n, au cas où l’envie vous prend de passer l’équateur ou de suivre le sillage des concurrents
du Vendée Globe, Jean-Yves Bernot analyse quelques phénomènes remarquables de l’hémispère Sud.
Paré au départ ? Suivez Bernot, il vous embarque dans l’espace.
Prix : 34,90 € - Réf. 92409

Hors-séries Pilote côtier

Découvrez les Réussir son
secrets du année sabbatique
rase-cailloux Par Delphine Fleury
Quel plaisir de Avec Delphine Fleury, qui a
elle-même pris une année
s’aventurer là où seuls
sabbatique, nous vous
les locaux osent aller.
Ce nouveau hors-série donnons toutes les clés,
pratiques et concrêtes, pour
vous donne tout, le
pilotage, les manoeuvres, surmonter les obstacles
le marnage, la direction et réaliser votre rêve de
voyage et d’aventure. Et
du vent, l’échouage,
le mouillage, la quatre grands témoignages
vous convaincront de
réglementation.
Prix : 6,50 € relever ce défi d’une
parenthèse extraordinaire.
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50 problèmes, Bien manœuvrer
50 solutions au moteur
Pour pallier tous les Manœuvrer au moteur
dans les ports est un
problèmes qui peuvent
toujours survenir exercice difficile. Après
pendant vos navigations. les explications sur la
théorie, ce hors-série vous
Des solutions simples,
pratiques et efficaces présente en images le pas
avec un peu de savoir- à pas des 12 manœuvres
faire, de sens marin et les plus courantes. Avec
un complément en vidéo
de méthode. Un hors-
série indispensable pour sur voilesetvoiliers.com.
faire face aux imprévus. Prix : 5,80 €
Prix : 6,50 € Réf. 92254
Réf. 92303
Bien naviguer à
deux !
Sous réserve de bien
préparer sa navigation, de
bien répartir les tâches,
partir à deux n’est plus
vraiment un problème.
Dominic Bourgeois a
voulu faire de ce hors-
série un mémo pratique
où toutes les situations
de la navigation à deux
sont envisagées dans les
moindres détails.
Prix : 6,50 €
Réf. 92335
Les bons gestes
Naviguez dans les
règles de l’art
Ce hors-série aborde de
façon inédite la gestuelle,
c’est-à-dire les bons
mouvements du corps et
des mains pour utiliser un
winch, lancer une amarre,
hisser à la volée ou tirer
une fusée parachute…
Prix : 5,80 €
Réf. 92209
L’essentiel pour
bien naviguer
Marins expérimentés,
Jean-Louis Guéry et Jean-
Yves Béquignon ont ras-
semblé et organisé dans
cet ouvrage toutes les
connaissances indispen-
sables pour prendre la mer
à la voile. Noeuds de base,
réglages, manoeuvres,
sécurité, météo etc sont
déclinés et illustrés de
manière claire et pédago-
gique. Indispensable!
Prix : 6,50 €
Réf. 92330
Naviguer en
équipage réduit
Pour naviguer avec un
équipage réduit ou
parfois inexpérimenté,
nous vous donnons tous
les conseils pour faciliter
vos manœuvres, organiser
la vie à bord et prévoir des
aménagements judicieux.
Prix : 5,50 €
Réf. 091198
À l'aise par gros
temps
Quand le vent dépasse les
25 nœuds, ou même 20
nœuds sur un petit voilier,
il faut être sûr de ses
voiles, de son équipement
de sécurité et aussi... de
soi. Il faut savoir quand et
comment réduire la toile,
comment barrer pour
négocier les vagues les
plus mauvaises, comment
gérer et rassurer son
équipage...
Prix : 6,50 €
Réf. 92323
Astuces et
tours de main
Alain Mercier vous
explique, étape par étape,
par des pas à pas photo-
graphiques avec conseils
et astuces à l’appui,
comment prendre soin de
votre voilier. Un ouvrage
indispensable à tout
l’équipage.
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Réf. 091299
La cartographie
électronique
En partenariat avec
les Glénans,cet
ouvrage pédagogique,
doté de nombreuses
illustrations vous 11 GUIDES
permettra d'acquérir
touts les connaissances
nécessaires pour
DE NAVIGATION
Ports - Mouillages Plans
maîtriser ces nouvelles
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Réf. 92322 N° 1 Marseille - Gênes
(avec CD-ROM PC 1)
38 € (réf. 92234)
N° 2 Marseille - Barcelone
38 € (réf. 091258)
N° 3 Corse - Nord Sardaigne
(avec CD-ROM PC 3)
38 € (réf. 92331)
N° 5A Brest - Quiberon
38 € (réf. 92239)
N° 5B Quiberon - La Rochelle
38 € (réf. 92259)
Nœuds et N° 6 De Saint-Malo à Brest
matelotage 38 € (réf. 92334)
En complément des
nœuds de base et du
matelotage classique,
N° 10 Cornouailles, Scilly,
Patrick Moreau explique
l’utilisation des cordages
Irlande SW
modernes et tous les 38 € (réf. 92260)
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les manœuvres sur le
pont, le gréement ou
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l’accastillage. 38 € (réf. 92298)
Prix : 5,80 €
Réf. 091329 N° 16 Les Antilles
Martinique, Grenade
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 108

Le bateau savoir
BoutiquE Comprendre
La navigation hauturière
Par J-Y Béquignon et J-L Guéry
Une fois que l’on a quitté la terre
des yeux, un livre indispensable de
la collection « Comprendre » pour
se débrouiller tout seul et mettre en
Bien préparer sa météo
Sylvain Mondon, météorologue et
navigateur, s’est attaché à expliquer
comment analyser les documents
météorologiques (cartes, préiso,
photos satellites…) dont on
application tout ce que l’on a appris dispose. Un livre indispensable
pour assurer la sécurité de son équi- pour ne plus se contenter du seul
page et de son embarcation. bulletin de prévisions. 92 pages.
Prix : 20,50 € + port Prix : 20,50 € + port
Réf. 92299 Réf. 92213

Le réglage des voiles Bien utiliser sondeur,

et du gréement loch, girouette et
Naviguer jusqu’à Techniques Le système AIS Loïc Le Bras et Pierre-Marie pilote automatique
force 6 de mouillage Cet ouvrage montre tous les
avantages du système AIS
Bourguinat expliquent les interactions
entre voiles et gréement et combien
Frédéric Augendre et Pierre-Marie
Frédéric Augendre aborde Cet ouvrage explique les fon- Bourguinat vous apprennent à
pour les plaisanciers, le long il est important de régler mât et utiliser sondeur, loch-speedo,
les spécificités qu’impose damentaux qui vous permet- des côtes ou en traversée. haubanage. Ils ont réalisé leurs
la force du vent au bateau tront de réussir la manœuvre girouette et pilote automatique
52 p. photos sur des voiliers de grande en « mode avancé » afin de rendre
et à son équipage. 52 p. en toute sécurité. 52 p.
Prix : 9,90 € + port Prix : 9,90 € + port Prix : 9,90 € + port production comme votre propre vos navigations plus sûres et
Réf. 92245 bateau. 84 pages. performantes. 76 pages.
Réf. 92273 Réf. 92272 Prix : 20,50 € + port Prix : 20,50 € + port
Réf. 92142 Réf. 92242
Marées, vents et courants Le balisage et les
Au large ou près des côtes, il faut
composer avec le vent et les
signaux maritimes
Balisage des dangers et des
courants. Comment prévoir son chenaux, de jour comme de nuit,
échouage ? Comment calculer l’heu- phares et feux, signaux des navires.
re d’accès dans un port à Tout le système de signalisation
écluse ? Comment prévoir sa route maritime est expliqué et illustré.
en fonction d’un courant traversier
Allures et Bien barrer Établir les voiles ? 84 pages.
Indispensable à bord et pour les
candidats aux permis. 92 pages.
virements son voilier Des connaissances que Prix : 20,50 € + port Prix : 20,50 € + port
tout bon équipier se doit Réf. 92164
Ce « Bateau Savoir » Cet ouvrage vous de connaître parfaitement. Réf. 92204
vous explique comment aidera à optimiser
un voilier évolue en fonc- les sensations que peut 52 p.
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Quand une forte dépression est en voie d’occlusion,
un talweg peut se former 272 pages mini-site-bernot-
à l’arrière du front occlus : on parle de talweg post-frontal.
potentiellement dangereuse : l’air froid qui contourne
C’est une situation
la dépression est remis
mieux, le gradient sera
pour vous des exemples et études de cas,
au contact de l’air chaud au Sud de la dépression. Au
très fort au voisinage du talweg, au pire des dépressions
meront sur le talweg. Cette situation est classique quand
grade, c’est-à-dire que le front occlus «revient en arrière».
secondaires se for-
l’occlusion est rétro-

stationnaire au Nord de
34,90 euros images-sat compléments à retrouver absolument sur
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Dans cette situation d’hiver agitée, la dépression
est rétrograde.
l’Écosse présente un long front occlus enroulé : l’occlusion

le site de Voiles et Voiliers.

et le vent dépasse 50 kt dans le secteur
Fig 19. La pression a baissé de 20 hPa en 24 heures
Nord » ce type de dépression au
Sud-Ouest de la dépression. On appelle « bombe de l’Atlantique
creusement explosif.
le jet-stream puis s’est
Remarquez comment la dépression s’est creusée dans
de creusement rapide.
déplacée à son Nord immédiat. C’est un signe certain

Fig 21. Le gradient est fort à l’Ouest du centre dépressionnaire.

montre un centre secondaire (point 2) qui se creuse dans
Le modèle CEP (maille 0,5°)
le champ de la dépression principale. La
carte du Met Office suggère divers petits fronts occlus délicats
à interpréter. Routeur des plus grands skippers (Cammas, Joyon, Gabart...
L’image sat est plus précise et plus inquiétante : de
daires se forment dans l’Ouest du centre principal. Le
très fort à l’Ouest de cette zone perturbée.
nombreux centres secon-
vent sera probablement entre autres!), navigateur et météorologue Jean-Yves Bernot
dans Squid © (images espacées de
alias «Le Sorcier» est un expert reconnu de la compréhension des
Fig 20. Images sat à laquelle est superposé le courant-jet
24 heures). La dépression a traversé le jet sous un maximum
de basse couche se sont mises en phase avec les ascendances
le jet : la dépression s’est creusée rapidement.
relatif de vitesse. Les ascendances
liées aux variations de vitesse dans
phénomènes météo. Auteur de nombreux ouvrages de référence,
Quelques commentaires :
› Les amas virgulés sont à surveiller : ils traduisent contrastes
et ascendances liées à du tourbillon local.
de température
› 1 ‹ Centre dépressionnaire principal.
› 2 ‹ Centres secondaires.
il s’attaque cette fois à un sujet inédit. Excellent pédagogue,
› 3 ‹ Creusement potentiel.
› Le courant-jet a joué un rôle important dans la cyclogénèse
virgulé s’est fait rattraper par un maximum de vitesse
› Le passage d’une dépression du Sud au Nord du jet
explosive : l’amas
du jet.
est toujours un indice de
Fig 22. L’image dans l’infrarouge montre en blanc les ascendances
secondaires.
caractéristiques des centres avec lui vous découvrirez un univers passionnant. Pour les marins
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