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Sur les feuilles distribuées, vous observez, peut – être avec surprise qu’il y a
autant de mormons ou de spirites (les spécialistes des tables tournantes …) que
de juifs … En réalité la population juive mondiale a retrouvé un nombre égal à
celui d’avant l’holocauste par des conversions facilitées par une loi israëlienne
pour toute personne ayant un ascendant juif et l’émigration russe vers Israël.
Mahomet, on dit aussi Mohamed, naît vers 570, cinq ans après la mort de
Justinien, le dernier des grands empereurs romains, à La Mecque, l’une des rares
villes de la péninsule arabe non loin de la mer Rouge.
D'une manière générale, l'Arabie traverse à cette époque une période désastreuse
et se trouve en grande partie dévastée et ruinée, en proie à une certaine anarchie.
La Mecque compte 3.000 habitants. Sa prospérité repose sur le commerce
caravanier et sur un sanctuaire, la Kaaba, construit autour d'une mystérieuse
pierre noire.
Disons un mot de cette Kaaba, qui n’est pas à l’origine un lieu de culte ou de
pèlerinage musulman. Ce sanctuaire est un lieu de pèlerinage pour les idolâtres
de toute la péninsule. Le polythéisme y est alors la règle, bien qu’il y ait des
groupes juifs (sédentaires, surtout au Yémen et dans le nord, mais aussi dans les
oasis, comme à Médine et chrétiens (surtout nomades), dans le Yémen.
Mahomet perd ses parents en bas âge. Il est élevé par son grand-père, le chef du
clan des Bani Hachem (les Hachémites, dynastie qui a régné sur l’Irak, jusqu’à la
république de 1958, et qui règne en Jordanie), puis par son grand-oncle, Abou
Talib (père de son futur gendre, Ali). Bien que ne sachant ni lire ni écrire, il
assure sa fortune en épousant à 25 ans une riche veuve de quinze ans plus âgée
que lui.
Khadidja – c'est son nom – sera sa première disciple. En 26 ans de vie commune
(et malgré son âge avancé), elle lui donnera quatre filles et deux garçons, morts
en bas âge, ce qui supprima la possibilité d’une succession héréditaire.
Vers l'âge de 40 ans, en 610, il prend l'habitude de se retirer dans une grotte du
désert, sur le mont Hira, à cinq kilomètres de La Mecque.
Selon ses dires, pendant la nuit dite «nuit du Destin», l'ange Gabriel lui souffle à
l'oreille : «Récite» !
Outre sa femme, les premiers convertis sont son cousin Ali (qui sera son gendre,
le quatrième calife et le fondateur du chiisme), son serviteur Zeïd, un esclave
qu'il a affranchi, et son disciple Abou Bakr (qui sera le premier calife).
En 619, Mahomet voit son horizon s'obscurcir avec la mort de son épouse
Khadidja ainsi que du puissant Abou Talib. Se sentant menacé, il part pour l'oasis
de Taïf, à une centaine de kilomètres, mais il en est chassé par les habitants, qui
craignent de se fâcher avec les commerçants mecquois.
Malgré tout, Mahomet ne se satisfait pas de rester à La Mecque. C'est alors que
survient un événement décisif qui débouchera sur ce qui est appelé la fuite à
Médine...
Avec la mort de sa première épouse, Mahomet a perdu tous ses appuis et est
contraint de chercher des soutiens dans la ville plus septentrionale de Médine où,
en 621, les habitants lui demandent de trancher un conflit entre les deux tribus
principales. Le succès de cette médiation gagne à sa cause une partie des
habitants de la ville qui reconnaissent son autorité, renoncent aux idoles et lui
promettent de l'accueillir et de le protéger. L'année suivante marque l’hégire
c’est-à-dire la fuite à Médine le 24 septembre 622, date retenue plus tard pour
marquer le début du calendrier musulman.
Des négociations débouchent sur un accord pour une trêve de dix ans entre les
belligérants ainsi que sur l'autorisation pour Mahomet d'accomplir l'umra (le
pèlerinage traditionnel, antérieur à l’islam, à la Kaaba). Cette islamisation du rite
païen garantit la perpétuation des pèlerinages et leurs retombées économiques à
La Mecque, levant les préventions des élites mecquoises.
2. Sa succession
Très vite une tension se fait jour entre les premiers compagnons du Prophète
venus avec lui de La Mecque à Médine, appelés les émigrés, et les Médinois qui
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se sont ralliés au prophète, appelés les Ansars. Les uns et les autres réclament la
légitimité pour désigner parmi eux le Calife (le successeur, le représentant de
Dieu sur Terre).
Pour les sunnites, le chef religieux et politique était le calife, Abou Bakr ayant
été le premier calife.
Chez les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Allah, et l’imam
(parfois appelé oulema) n’a qu’un rôle de pasteur. Lors de la prière, il lit des
passages du Coran et les commente. Ceci reste vrai aujourd’hui.
Mais après le démantèlement de l'Empire Ottoman, le califat est aboli en 1924
par Kemal Pacha, Atatürk qui veut que la Turquie soit un état laïque.
De nombreux mouvements jihadistes et extrémistes (en particulier les takfiristes
dont nous parlerons (lors d’une prochaine conférence remise au mois de
décembre car ce sont, bien plus que les salafistes, les terroristes qui se réclament
de Daech) ont pour projet politique la restauration du califat, qu'ils partagent avec
les mouvements issus de l'islam politique dont Al-Qaïda. Nous verrons que ce
sont les Frères musulmans qui ont les premiers prônés la restauration du califat.
Le dimanche 29 juin 2014, l'État islamique en Irak et au Levant (Daech) a été le
premier des mouvements djihadistes à prétendre avoir rétabli le califat en
proclamant calife son chef Abou Bakr al – Baghdadi, le mouvement djihadiste
exigeant de tous les musulmans de lui prêter serment d'allégeance. De plus en
plus de groupes djihadistes à travers le monde acceptent de se ranger derrière lui.
Pas tous : actuellement, les talibans (chiites) et Daech (sunnites) se livrent une
guerre sans pitié dans le Sud Est de l’Afghanistan, le Paktia, d’où vient un jeune
de 20 ans hébergé à Montélimar après avoir été éloigné de Calais. Un autre
groupe a été envoyé à Carpentras.
Chez les chiites, historiquement, l’imam est l’équivalent du calife, le chef de la
communauté. Mais il n’y a plus d’imam (pour les duodécimains, depuis le
douzième imam, occulté), seulement des mollahs (parfois appelés oulémas),
(portant cape et turban noirs s’ils sont descendants de la famille de Mahomet,
blancs sinon). Le grade le plus élevé est ayatollah.
4.2. Le Chiisme
Le chiisme regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la
population iranienne.
Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques
jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception du califat des Fatimides (des
ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle. En Perse, Ismail Ier fait du
chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe
sunnite (l'empire mamelouk et les Ottomans à l'ouest).
4.3Le kharidjisme
Le kharidjisme est une secte de l'islam apparue, nous l’avons vu, lors du conflit
entre Ali et les Omayades, quand Ali a souhaité un arbitrage.
Les kharijites se divisèrent, par la suite, en une multitude de groupes (près d'une
vingtaine). Tous partagent des fondements communs comme l'excommunication
des musulmans commettant des grands péchés, l'obligation de se révolter contre
le dirigeant injuste ou débauché.
Le kharidjisme fut importé chez les berbères par les premières tribus arabes ayant
fui les persécutions Omeyyades vers l'ouest au début du Moyen Âge et était
utilisé par certains maghrébins comme une forme d'opposition aux Califats
(Omeyades, Abbassides et Fatimides).
Le kharidjisme est une pratique puritaine de l’islam, à la morale rigoriste,
condamnant tout luxe. La foi n’a de valeur que si elle est justifiée par les œuvres.
Plusieurs tendances ont existé :
Les Azraqites , dits les kharidjites bleus. Ce sont des radicaux faisant usage de la
violence politique et qui n’admettent pas la dissimulation de la foi.
Une tendance moins brutale, les Sufrites, les kharidjites jaunes qui vivaient en
milieu hostile au kharidjisme. Cette tendance condamne le meurtre politique,
admet la dissimulation de la foi par prudence et rejette le massacre des enfants
des infidèles.
Une troisième tendance, l’ibadisme le kharidjisme blanc s'est beaucoup plus
développée que les deux précédentes et existe encore actuellement en plusieurs
variantes régionales.. Plus généralement, c'est l'usage de la violence qui est
prohibé excepté pour se défendre. Ils considèrent légitime de confier l'imamat à
une femme si cette dernière est capable de remplir les tâches liées à ce rôle
Dès les débuts de la conquête musulmane du Maghreb, les kharidjites avaient des
représentants qui essayaient de se rallier les populations berbères. Les Berbères,
habitués à un système communautaire et supportant mal la domination arabe,
trouvaient dans le kharidjisme un cadre idéologique à leur révolte.
Bien que pratiquement disparues, il existe encore quelques communautés
kharidjites ibadites. La plus nombreuse est celle du sultanat d'Oman, où les
ibadites représentent environ 75 % de la population. L'ibadisme est la confession
de la dynastie régnante.
Les chiites sont autorisés à dissimuler leur foi (c’est la taqiya) en cas de danger.
Car ils ont toujours été minoritaires et menacés.
En Iran, la grande majorité des mollahs y est vivement opposée et dans l’Islam
sunnite, la plupart des théologiens y sont opposés ce qui contribue à la discrétion
du soufisme.
L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. En littérature,
il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus
remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour de
Leyla et Qaïs ou Majnoun.
Le bahaïsme a été fondé par un iranien il y a 150 ans. En 2011, cette religion
annonce 7 millions de membres, répartis dans près de 200 pays. Son centre
spirituel et administratif est situé à Haïfa et Acre, en Israël. La communauté
baha’ie a le statut d’ONG auprès des Nations unies.
Leur foi étant postérieure à l’islam, elle n’est pas considérée comme une religion
par le régime iranien, qui brime les 300 000 baha’is d’Iran, considérés comme
des « infidèles non protégés, qui n’ont pas le droit de percevoir de retraite,
d’inscrire un nom sur la tombe de leurs défunts, d’hériter, de se réunir pour
pratiquer leur religion. Des pressions sont exercées sur les employeurs pour
licencier les salariés baha’is..
C’est par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception
soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi
du Coran, mais seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des
choses.
Le Dieu des soufis est un Dieu d’amour proche du Dieu des mystiques chrétiens.
A son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la
religion zoroastrienne de la Perse.
Si les ventes du Coran sont en pleine expansion (on n’ose pas employer le mot
d’explosion !), sa lecture reste impossible en arabe coranique pour 90 % des
musulmans et ses traductions sont diverses. Dans le « qu’un sang impur abreuve
nos sillons » de la Marseillaise, on peut trouver les arguments d’une guerre
raciale ou religieuse. C’est ce que font les djihadistes armés en lisant le Coran.
Les problèmes de traduction sont mal connus, mais fondamentaux. Par exemple,
le discours chrétien de Jésus, fils de Dieu, est inacceptable pour un musulman.
Mais si le mot araméen est traduit par verbe de Dieu ou transparence de Dieu, le
problème disparaît. En anecdote, je signale que Eve n’est pas sortie de la côte
(mauvaise traduction) d’Adam mais qu’elle est apparue aux côtés d’Adam … ce
qui change bien des choses …
Les fatwas sont des avis juridiques, qui ne trouvent pas leur justification dans le
Coran, mais dans des hadiths souvent très postérieurs. Le blasphème, l’apostasie
ne sont pas condamnés par le Coran. La caricature était courante à l’époque de
Mahomet, souvent insulté, moqué. La représentation de Mahomet qu’acceptent
les chiites, a été interdite chez les sunnites par un hadith tardif par crainte
d’idolâtrie.
Pour les femmes, si la fille de Sukarno en Indonésie et Benazir Bhutto au
Pakistan ont été présidentes de leurs pays, et si deux femmes juges ont été
nommées dans les tribunaux islamiques de Malaisie, et si de nombreuses femmes
sont maires de leurs cités en Iran, et s’il y a davantage d’étudiantes iraniennes
que d’étudiants, cela ne masque pas qu’il il y a clairement inégalité. Car le Coran
est le reflet de la société patriarcale dans laquelle il est apparu. Et nous devrions
sans doute faire preuve d’un peu d’humilité sur ce sujet.
Lors d’un héritage, l’homme reçoit le double de la femme. Avant l’islam,
elle n’avait aucun droit.
Les mœurs de la femme sont encadrés car c’est elle qui transmet la lignée.
En cas d’adultère, elle est la première punie (mais la lapidation n’est pas
dans le Coran)
Chez les anciens sémites, des milliers d’années avant l’Islam, on avait déjà
imposé le voile aux femmes pour se couvrir les cheveux. En effet, les anciens
sémites considéraient la chevelure de la femme comme le reflet de la toison du
pubis. On reparlera peut – être dans notre prochaine rencontre des conséquences
aujourd’hui des fantasmes des colons français au Maghreb traduits par des
tableaux ou des photos de femmes dénudées.
Ataturk avait trouvé la bonne astuce en faisant voter une loi :
« Avec effet immédiat, toutes les femmes turques ont le droit de se vêtir comme
elles le désirent. Toutefois toutes les prostituées doivent porter la burqa. »
Dès le lendemain, on ne voyait plus de burqa en Turquie.
Notons une pratique étonnante, acceptée par les chiites, en particulier en Iran : le
sigheh, « mariage temporaire » Pour les sunnites, cette forme d’union est
interdite par le Prophète, tandis que le sigheh se trouve dans la constitution de la
République islamique d’Iran même si sa légitimité sociale fait débat dans le pays.
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Il s’agit d’un accord oral entre un homme et une femme : contre de l’argent, la
femme se donne à l’homme pour la durée choisie, une heure, un jour, un mois, un
an ou plus. Les enfants nés de cette union ont un droit sur l’héritage de leurs
parents et doivent être reconnus et entretenus par leur père. Le but du sigheh est
d’autoriser les relations sexuelles hors du mariage permanent pour parer les
problèmes d’adultère lors des longs voyages ou de maladies, ou encore pour des
veuves ayant des difficultés à se remarier. Grâce au sigheh, l’homme et la femme
peuvent s’offrir l’un à l’autre en respectant les lois de l’islam, sans recourir à la
prostitution par exemple. Peu de sigheh débouchent sur une union permanente, et
les femmes y ayant recours y perdent leur réputation et peinent ensuite à se
marier de manière permanente.