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1. La Naissance de l’Islam.

Vie de Mahomet (570 – 632)


Dans cette première séance, nous allons parcourir l’histoire des islams, étudier
les fondements des sociétés musulmanes et en particulier la situation de la femme
dans ces sociétés…
Histoire des islams car il n’y a pas qu’un islam (on parle beaucoup du sunnisme
et du chiisme). Il y a un grand nombre de sectes musulmanes (sans donner un
sens péjoratif à ce mot) comme il existe beaucoup de sectes chrétiennes
(catholiques, orthodoxes, et parmi les protestants initiaux (luthériens et
calvinistes) se sont séparés anglicans, mormons, darbistes, pentecôtistes etc …

Sur les feuilles distribuées, vous observez, peut – être avec surprise qu’il y a
autant de mormons ou de spirites (les spécialistes des tables tournantes …) que
de juifs … En réalité la population juive mondiale a retrouvé un nombre égal à
celui d’avant l’holocauste par des conversions facilitées par une loi israëlienne
pour toute personne ayant un ascendant juif et l’émigration russe vers Israël.

Mahomet, on dit aussi Mohamed, naît vers 570, cinq ans après la mort de
Justinien, le dernier des grands empereurs romains, à La Mecque, l’une des rares
villes de la péninsule arabe non loin de la mer Rouge.

D'une manière générale, l'Arabie traverse à cette époque une période désastreuse
et se trouve en grande partie dévastée et ruinée, en proie à une certaine anarchie.
La Mecque compte 3.000 habitants. Sa prospérité repose sur le commerce
caravanier et sur un sanctuaire, la Kaaba, construit autour d'une mystérieuse
pierre noire.

Disons un mot de cette Kaaba, qui n’est pas à l’origine un lieu de culte ou de
pèlerinage musulman. Ce sanctuaire est un lieu de pèlerinage pour les idolâtres
de toute la péninsule. Le polythéisme y est alors la règle, bien qu’il y ait des
groupes juifs (sédentaires, surtout au Yémen et dans le nord, mais aussi dans les
oasis, comme à Médine et chrétiens (surtout nomades), dans le Yémen.

On ignore la date de l’édification de la Kaaba, simple enclos de pierres sans toit,


à proximité d'un point d'eau au fond d'une vallée sèche et non arborée. La
circumambulation se pratiquait avant l'Islam comme la plupart des rites du
pèlerinage, rappelant les sept prêtres faisant pendant sept jours, pour l’effondrer,
le tour de Jéricho avec des trompettes.

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Selon le Coran, la Kaaba a été construite par Abraham et son fils Ismaël. Pendant
très longtemps, la Kaaba fut un symbole du culte monothéiste d’Abraham dans
la Péninsule Arabique, mais un jour des populations bédouines vinrent de toute
l'Arabie y déposer les statues de leurs idoles, auxquelles elles rendaient visite une
fois par an lors d'un pèlerinage, appelé umra, coutume perpétuée jusqu’à
Mahomet.

Mahomet perd ses parents en bas âge. Il est élevé par son grand-père, le chef du
clan des Bani Hachem (les Hachémites, dynastie qui a régné sur l’Irak, jusqu’à la
république de 1958, et qui règne en Jordanie), puis par son grand-oncle, Abou
Talib (père de son futur gendre, Ali). Bien que ne sachant ni lire ni écrire, il
assure sa fortune en épousant à 25 ans une riche veuve de quinze ans plus âgée
que lui.

Khadidja – c'est son nom – sera sa première disciple. En 26 ans de vie commune
(et malgré son âge avancé), elle lui donnera quatre filles et deux garçons, morts
en bas âge, ce qui supprima la possibilité d’une succession héréditaire.

Devenu un notable, Mahomet a de multiples occasions de dialoguer avec les juifs


et les chrétiens de passage ou installés à La Mecque, ce qui lui donne une assez
bonne connaissance de la Bible ...

Vers l'âge de 40 ans, en 610, il prend l'habitude de se retirer dans une grotte du
désert, sur le mont Hira, à cinq kilomètres de La Mecque.

Selon ses dires, pendant la nuit dite «nuit du Destin», l'ange Gabriel lui souffle à
l'oreille : «Récite» !

À son retour à La Mecque, Mahomet commence à annoncer la parole de Dieu


(Allah en langue arabe). Il se présente comme son envoyé. Il est le dernier des
prophètes du monotéisme, récitant à ses premiers compagnons les versets du
Coran qui seront transcrits après sa mort par ses disciples.

Outre sa femme, les premiers convertis sont son cousin Ali (qui sera son gendre,
le quatrième calife et le fondateur du chiisme), son serviteur Zeïd, un esclave
qu'il a affranchi, et son disciple Abou Bakr (qui sera le premier calife).

Après quelques années d'hésitation, Mahomet entreprend de rendre publiques ses


révélations mais sa prédication lui aliène les familles influentes de l'aristocratie
mecquoise et une partie de la population qui voit d'un mauvais œil le
monothéisme prêché par Mahomet ainsi que ses attaques contre les divinités
traditionnelles. En effet, ces critiques risquent de saper la prospérité économique
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de la cité, liée aux foires et aux pèlerinages à la Kaaba, tandis que le rejet des
cultes ancestraux risque de fragiliser le statut social des grandes familles.

En 619, Mahomet voit son horizon s'obscurcir avec la mort de son épouse
Khadidja ainsi que du puissant Abou Talib. Se sentant menacé, il part pour l'oasis
de Taïf, à une centaine de kilomètres, mais il en est chassé par les habitants, qui
craignent de se fâcher avec les commerçants mecquois.

De retour à La Mecque, il se remarie et met fin à sa monogamie antérieure. Il


épouse d'une part une veuve du nom de Saïda, d'autre part la très jeune fille,
Aïcha, de son disciple Abou Bekr. Selon les sources, elle a 6, 15 ou 19 ans. Il
aura de très nombreuses épouses (une dizaine) avant que lui soit révélée la limite
de quatre épouses pour un musulman. Il aura une épouse juive, une concubine
chrétienne …

Malgré tout, Mahomet ne se satisfait pas de rester à La Mecque. C'est alors que
survient un événement décisif qui débouchera sur ce qui est appelé la fuite à
Médine...
Avec la mort de sa première épouse, Mahomet a perdu tous ses appuis et est
contraint de chercher des soutiens dans la ville plus septentrionale de Médine où,
en 621, les habitants lui demandent de trancher un conflit entre les deux tribus
principales. Le succès de cette médiation gagne à sa cause une partie des
habitants de la ville qui reconnaissent son autorité, renoncent aux idoles et lui
promettent de l'accueillir et de le protéger. L'année suivante marque l’hégire
c’est-à-dire la fuite à Médine le 24 septembre 622, date retenue plus tard pour
marquer le début du calendrier musulman.

Un mot sur ce calendrier : avant l’hégire, il y avait un calendrier lunaire, donc de


12 mois de 29 ou 30 jours, auquel s’ajoutait un 13 ème mois pour que les saisons
agricoles ne soient pas perturbées. Mais ce mois intercalaire a été interdit par le
Coran et les années ont donc 10, 11, ou 12 jours de moins que dans la calendrier
grégorien. Ce qui explique le décalage des fêtes : en particulier le mois de
ramadan (huitième mois de l’année) qui avance chaque année d’une dizaine de
jours. Pour les curieux le calcul de l’année musulmane est donnée (la formule est
sur la deuxième page distribuée) par :

(x − 621,5709) × 1,0306888 soit cette année (2016 – 621.5709) x 1.0306888 =


1437 du 14 octobre 2015 au 2 octobre 2016.

Si Mahomet semble avoir voulu gagner la reconnaissance, voire l'adhésion des


tribus juives de Médine par l'adoption ou l'adaptation de certaines de leurs
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pratiques – jeûne, prière de midi, institution de l'Achoura, à l'imitation du Yom
Kippour, (Grand Pardon) … – , les réticences de ces tribus juives le poussent à
prendre ses distances avec le judaïsme. La rupture se marque, selon la tradition,
vers 623, à la suite d'une vision de Mahomet qui invite les fidèles à ne plus prier
vers Jérusalem mais désormais tournés vers La Mecque. Le sanctuaire mecquois
dont la fondation, je l’ai dit, est attribuée à Abraham devient le centre spirituel de
la nouvelle religion tandis que le Coran s'affirme comme la seule révélation
authentique.

Rapidement après son arrivée à Médine, Mahomet se transforme en chef de


guerre et, pour subvenir aux besoins de ceux qui l'ont suivi, organise des
expéditions contre les caravanes mecquoises, malgré les réticences de ses
disciples. Mais les succès assurent à Mahomet un prestige croissant qui lui
permet de s'allier à des tribus de bédouins et de poursuivre ses raids malgré un
sérieux revers, en 625 aux portes de Médine, où Mahomet est blessé.

Des négociations débouchent sur un accord pour une trêve de dix ans entre les
belligérants ainsi que sur l'autorisation pour Mahomet d'accomplir l'umra (le
pèlerinage traditionnel, antérieur à l’islam, à la Kaaba). Cette islamisation du rite
païen garantit la perpétuation des pèlerinages et leurs retombées économiques à
La Mecque, levant les préventions des élites mecquoises.

Des négociations secrètes avec les représentants omeyyades et hachémites (les


deux dynasties qui dominent La Mecque) permettent à Mahomet de s'emparer de
la ville en janvier 630. La plupart des habitants se convertissent à l'islam.

En 632, Mahomet a donc accompli son grand pèlerinage à La Mecque dont il


détermine les rites qui devront être suivis par tout musulman qui en a les moyens
une fois dans sa vie. Il tombe malade quelques mois plus tard et meurt emporté
par une forte fièvre le 8 juin 632, mais sans laisser aucune instruction concernant
sa succession et sans descendant mâle, je l’ai dit...

À l'instant de mourir, il a achevé par les armes l'unification de la péninsule arabe.


Mahomet n'a pas désigné de successeur mais il a indiqué qu'Abou Bakr, un de
ses plus fidèles compagnons et père d'Aïcha, sa jeune épouse préférée, dirigera la
prière collective après sa mort.

2. Sa succession
Très vite une tension se fait jour entre les premiers compagnons du Prophète
venus avec lui de La Mecque à Médine, appelés les émigrés, et les Médinois qui
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se sont ralliés au prophète, appelés les Ansars. Les uns et les autres réclament la
légitimité pour désigner parmi eux le Calife (le successeur, le représentant de
Dieu sur Terre).

Abou Bakr appartient au groupe des émigrés. C’est un homme remarquable,


modèle du parfait musulman. Sa sagesse parvient à éviter l'éclatement et il est
désigné Calife. Seul Ali, le gendre du prophète, déplore son élection. C’est
l’origine de la scission entre les musulmans sunnites et les chiites (les partisans
d’Ali : chi’at Ali qui a donné chiite).
Le califat d’Abou Bakr dure deux ans. Il affronte victorieusement plusieurs
soulèvements, appelées guerres d'apostasie, de tribus qui tentent de revenir aux
pratiques anté-islamiques.
Omar, un autre compagnon du Prophète, lui succède. Son Califat dure dix ans
(634-644). Il est marqué à la fois par une grande stabilité et les conquêtes de
l'Irak, de la Syrie puis de l'Egypte qui font surgir le monde arabe sur la scène
politique mondiale de l'époque.
Puis Osman, ou Othman, lui succède. Il déclare le califat héréditaire donnant
ainsi le pouvoir à sa famille, les Omeyades, avec Damas comme capitale. C’est
cette dynastie qui pendant deux siècles donnera une expansion au monde arabe,
jusqu’à Poitiers en 732.
Osman déclare aussi que l’islam des chiites n’est pas orthodoxe.
Les tensions entre les défenseurs de diverses transcriptions du Coran et les
querelles avec Ali aboutissent à l’assassinat d’Osman en 656.
Ali s’autoproclame calife en 657. La colère monte dans le clan du cousin
d’Osman, Mouawiyya, gouverneur de Damas et chef des Omeyyades. Ali
parlemente, accepte l'idée d'un arbitrage pour arrêter le bain de sang. Ce que
refusent certains des partisans d’Ali rappelant que le Coran dit : « L'arbitrage
n'appartient qu'à Dieu ». Ils décident de « sortir » de son parti. Kharaja = sortir,
d’où leur appellation de kharejites. C’est un troisième islam.
Plus tard, ils entrèrent ouvertement en rébellion contre Ali qui les vainquit à la
bataille de Nahrawân (658).
Mouawiyya, de son côté, se proclame calife.
On a deux califes. Lequel suivre ?
La communauté musulmane explose. L’islam n’est plus un, mais plusieurs.
L’autorité est divisée entre la dynastie syrienne des Omeyyades, à Damas, et les
chiites qui se replient en Irak. Tout bascule quand Ali est assassiné à son tour en
janvier 661. Par qui ? Par un de ses anciens compagnons, un kharejite !

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Les chiites reportent leurs espoirs sur les fils d’Ali, Hassan en premier, qui est
assassiné avec les siens, en 670. Les chiites se tournent alors vers le cadet,
Hoseyn, qui mourra sous les coups des omeyyades au cours d’une sanglante
bataille livrée à Karbala, en 680. Les chiites subissent alors la répression et leurs
imâms sont presque tous décimés.

3. Les schismes : les 4 islams


Le schisme est alors consommé, avec trois islams, sunnite, chiite et kharejite.
Pour aider à comprendre ces schismes, jetons un œil sur les autres religions.
50 conciles apostoliques et presqu’autant de schismes dans le christianisme. A
Nicée (325) l’arianisme conteste l’identité Dieu/Christ, A Ephèse (431) Nestorius
nie que Marie est la mère de Dieu. Les querelles byzantines sur la réincarnation,
le filioque du credo qui marque la séparation entre les églises grecque – pour
laquelle le Saint Esprit ne procède que de Dieu le Père – et romaine – pour
laquelle le Saint Esprit procède du Père et du fils (filioque). Les mises à sac de
Constantinople par les croisés consommeront ce schisme. Les conciles de Latran
(12ème siècle) consacreront deux papes (Avignon et Rome). Et, bien sûr, les
schismes luthériens et calvinistes, avec leurs variantes …
Dans le judaïsme aussi, il y a eu des schismes (au retour d’exil de Babylone
schisme entre judéens et samaritains ; puis saduccéens et pharisiens …). Le
jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme sont des schismes de l’hindouisme.
Mais ce qui différencie les schismes musulmans des schismes chrétiens, c’est
qu’ils reposent sur des ruptures essentiellement politiques et très peu
théologiques.
Le quatrième islam, l’ismaëlisme est créé en 765, à la mort du sixième imam
chiite.
Ici intervient la notion d’occultation commune à toutes les branches chiites de
l’islam.
C’est une vision messianique qui considère qu’un certain imam n’est pas mort,
mais qu’il vit dans un monde invisible, en attendant de revenir à la fin des
temps : il est occulté. C’est l’impossibilité d’accéder au pouvoir politique,
monopolisé par les sunnites, qui a conduit les chiites à ce concept.
Le sixième imam chiite a deux fils et a transmis sa succession à l’aîné Ismaël.
Mais quand il meurt, les chiites « orthodoxes » affirment qu’Ismaël est mort
avant son père et nomme imam son cadet.
Les contestataires affirment qu’Ismaël est le septième imam, vivant, occulté, et
créent le schisme ismaëlien, appelé chiisme septimain.
Leurs adversaires sont dit duodécimains, car ils croient que c’est le douzième
imam qui est occulté.
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On a vu que c’est un conflit de succession qui a engendré la scission
fondamentale au sein de l'islam : d'une part, les chiites qui reconnaissent Ali
comme premier successeur légitime de Mahomet. Avec ses deux fils — Hassan
et Hussein — qui lui succédèrent, a commencé pour les chiites la lignée des
imams. De l'autre, les sunnites majoritaires ne voient en Ali que le quatrième
calife. Les particularités doctrinales et les différences théologiques entre ces deux
courants se sont donc construites sur un socle politique.
Depuis quelques minutes, j’ai employé deux mots, calife et imam, dont il faut
préciser le sens. Je ne prétends pas être exhaustif, des nuances existent. C’est un
peu compliqué : j’espère être simple et clair.

Pour les sunnites, le chef religieux et politique était le calife, Abou Bakr ayant
été le premier calife.
Chez les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Allah, et l’imam
(parfois appelé oulema) n’a qu’un rôle de pasteur. Lors de la prière, il lit des
passages du Coran et les commente. Ceci reste vrai aujourd’hui.
Mais après le démantèlement de l'Empire Ottoman, le califat est aboli en 1924
par Kemal Pacha, Atatürk qui veut que la Turquie soit un état laïque.
De nombreux mouvements jihadistes et extrémistes (en particulier les takfiristes
dont nous parlerons (lors d’une prochaine conférence remise au mois de
décembre car ce sont, bien plus que les salafistes, les terroristes qui se réclament
de Daech) ont pour projet politique la restauration du califat, qu'ils partagent avec
les mouvements issus de l'islam politique dont Al-Qaïda. Nous verrons que ce
sont les Frères musulmans qui ont les premiers prônés la restauration du califat.
Le dimanche 29 juin 2014, l'État islamique en Irak et au Levant (Daech) a été le
premier des mouvements djihadistes à prétendre avoir rétabli le califat en
proclamant calife son chef Abou Bakr al – Baghdadi, le mouvement djihadiste
exigeant de tous les musulmans de lui prêter serment d'allégeance. De plus en
plus de groupes djihadistes à travers le monde acceptent de se ranger derrière lui.
Pas tous : actuellement, les talibans (chiites) et Daech (sunnites) se livrent une
guerre sans pitié dans le Sud Est de l’Afghanistan, le Paktia, d’où vient un jeune
de 20 ans hébergé à Montélimar après avoir été éloigné de Calais. Un autre
groupe a été envoyé à Carpentras.
Chez les chiites, historiquement, l’imam est l’équivalent du calife, le chef de la
communauté. Mais il n’y a plus d’imam (pour les duodécimains, depuis le
douzième imam, occulté), seulement des mollahs (parfois appelés oulémas),
(portant cape et turban noirs s’ils sont descendants de la famille de Mahomet,
blancs sinon). Le grade le plus élevé est ayatollah.

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Notons encore le mufti sunnite, qui interprète la loi et en tire des fatwas. Chaque
pays a son Grand Mufti. Et le cheikh, qui est un chef de tribu.

Un petit historique des califats :


 Califat Omeyyade de Damas, déjà évoqué (661 – 750)
 Califat Abbasside de Bagdad (750 – 1258), qui chasse le calife omeyyade
qui se réfugie à Cordoue
 Califat Fatimide (910 – 1173), califat chiite qui règne en Afrique du Nord
(2 califats coexistent). En 1009, sous ce califat l’église du Saint Sépulcre de
Jérusalem est détruite, provoquant les croisades.
 Califat abbasside du Caire (1262 – 1517) après avoir fui Bagdad et les
massacres par les mongols. Califat entretenu par les sultans mamelouks,
sans véritable pouvoir politique.
 Califat Ottoman (1517 – 1924) d’Istamboul, seul califat non arabe.

4. Etude des 4 islams


4.1 Le sunnisme
Le sunnisme est le courant religieux majoritaire de l'islam. 90% des musulmans
sont sunnites.
Géographiquement, les sunnites sont répandus en Afrique du Nord, en Libye et
en Égypte, en Arabie saoudite, en Syrie et en Irak, au Pakistan, en Indonésie (203
M sur cette carte, mais plutôt 220 M), en Afrique noire ; on les trouve tantôt
seuls, tantôt mêlés à des minorités kharidjites (Afrique du Nord) ou chiites
(Liban, Syrie, Irak, Inde).
La Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie, fondée en 670, est le berceau de
l'Islam sunnite dans tout l'Occident musulman et elle fut le centre de formation
des premières générations de savants musulmans dans cette région.
Les sunnites ont trois sources de référence principales : le Coran et les hadiths,
Coran et hadiths formant la sunna, qui leur a donné leur nom. (C’est un des mots
de la feuille distribuée)
Le Coran, c’est la parole de Dieu, les hadiths sont les paroles et les consignes
attribuées au prophète.

La jurisprudence musulmane sunnite (le fiqh) est déclinée en quatre écoles


juridiques, appelées madhab, toutes fondées aux 8ème ou 9ème siècles : le
hanafisme, le malékisme, le chaféisme et le hanbalisme. Chaque musulman
sunnite se réclame plus ou moins d'une école, souvent selon sa situation
géographique..
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 L'école hanafite est la plus répandue : elle insiste sur la liberté d'opinion, le
jugement personnel. L'école hanafite se retrouve surtout chez les peuples
turcs, indo-pakistanais, afghans et chinois.
 L'école malekite est principalement répandue en Afrique du Nord (elle s’est
développée à Kairouan) et en Afrique de l'Ouest, ainsi qu'en Syrie et aux
Émirats arabes unis. L'Espagne musulmane était le bastion du sunnisme
malekite.
 L'école chaféite est un compromis entre les deux écoles précédentes. Elle
est particulièrement répandue en Égypte, Arabie, Yémen, Koweït,
Indonésie, Malaisie, Viêt Nam, Philippines et Thaïlande.
 L’école hanbalite est l'école traditionaliste par excellence. Majoritaire dans
la péninsule arabique, notamment en Arabie saoudite, Elle exerce une
influence intellectuelle importante.
Certaines questions théologiques ne trouvent pas de réponses claires dans le
Coran, comme la nature de Dieu, le libre arbitre ou l'éternité de l'existence.
Plusieurs écoles de théologie et philosophie se sont développées pour répondre à
ces questions.
Contrairement aux quatre écoles de jurisprudence, ces écoles théologiques se
contredisent. Elles alimentent les divisions au sein du sunnisme : je ne fais que
citer leurs noms :
 L'asharisme adopté par la majorité des sunnites, doctrine littéraliste
 L'atharisme
 Le maturidisme
 Le mutazilisme, importante école théologique musulmane s'oppose aux autres
écoles de théologie. Le mutazilisme, dans la distance qu'il prend avec la lecture
littérale des textes est de nos jours perçu comme une réponse possible aux
mouvements radicaux wahhabites et salafistes. La théologie mutazilite se
développe sur la logique et le rationalisme, inspirés de la philosophie grecque et
de la raison. Elle est adoptée aussi par une majorité de chiites.

4.2. Le Chiisme
Le chiisme regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la
population iranienne.
Pendant plus de huit siècles, les chiites sont écartés des pouvoirs politiques
jusqu'au début du XVIe siècle, à l'exception du califat des Fatimides (des
ismaéliens) en Afrique du Nord du Xe au XIIe siècle. En Perse, Ismail Ier fait du
chiisme la religion d'État de l'Iran en 1502, afin de se démarquer du monde arabe
sunnite (l'empire mamelouk et les Ottomans à l'ouest).

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Le chiisme reconnaît l'unicité divine, les textes sacrés du Coran, Mahomet, le
jugement dernier et la résurrection. les cinq obligations fondamentales : c’est
l’occasions de les rappeler :
 La profession de foi « il n’y a Dieu qu’Allah et Mahomet est son
prophète ». Les chiites ajoutent « et Ali est l’imam d’Allah »
 Les 5 prières quotidiennes (les chiites peuvent n’en dire que trois)
 L’aumône aux pauvres
 Le jeûne du ramadan
 Le pèlerinage à la Mecque, pour ceux qui en ont les moyens physiques et
financiers
La loi religieuse, la Charia, étant fondée sur les hadiths, le fait que les chiites et
les sunnites ne s’accordent pas sur la validité des mêmes hadiths entraîne des
différences dans les traditions religieuses, donc dans la jurisprudence. En face
des quatre écoles sunnites, le jafarisme est la principale école juridique chiite.
Certains chiites prient en posant leur front sur un petit disque plat d'environ 6 à
8 cm de diamètre d'argile propre, car les chiites refusent de poser le front sur des
fibres animales ou synthétiques lors de la prière puisqu'il est écrit de poser le
front sur la terre d'Allah pendant la prière.
Deux grandes tendances forment l’essentiel du monde chiite d'aujourd'hui : le
chiisme duodécimain, et les zaïdites. Je prends ici le parti de faire de
l’ismaëlisme un quatrième islam, même si on peut en faire une tendance du
chiisme : le chiisme septimain
Le chiisme duodécimain désigne – on l’a déjà dit – le groupe des chiites qui
croient dans l'existence de douze imams. Ils attendent le retour du Mahdi, le
12ème imam, occulté en 873.
Les duodécimains sont considérés comme la branche orthodoxe du chiisme.
90 % des chiites sont duodécimains et ils sont majoritaires parmi les écoles de la
pensée chiite. Ils sont majoritaires en Azerbaïdjan, à Bahreïn, en Iran, en Irak, et
constituent la communauté musulmane majoritaire au Liban. Bachar – el – Assad
est alaouite – secte du chiisme. Mais seulement 20 % des syriens sont chiites,
d’où les conflits intérieurs, avec Daech et le soutien de l’Iran et du Liban à
Bachar – el – Assad.
Le chiisme duodécimain est la religion officielle de l'Iran depuis la révolution de
1979.
Zaydites
Le zaydisme est une variante du chiisme qui se différencie fortement du chiisme
duodécimain Il présente de fait davantage de ressemblances doctrinales avec le
sunnisme qu'avec le chiisme : ainsi les zaïdites n'ont pas d'ayatollahs,

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C'est la raison pour laquelle, ils sont considérés par les chiites les plus rigoureux
comme une cinquième colonne du sunnisme. Ils ne reconnaissent que 5 imams,
leur nom venant du cinquième imam, Zaïd.
Les Zaydites sont surtout présents au Yémen

4.3Le kharidjisme
Le kharidjisme est une secte de l'islam apparue, nous l’avons vu, lors du conflit
entre Ali et les Omayades, quand Ali a souhaité un arbitrage.

Les kharijites se divisèrent, par la suite, en une multitude de groupes (près d'une
vingtaine). Tous partagent des fondements communs comme l'excommunication
des musulmans commettant des grands péchés, l'obligation de se révolter contre
le dirigeant injuste ou débauché.
Le kharidjisme fut importé chez les berbères par les premières tribus arabes ayant
fui les persécutions Omeyyades vers l'ouest au début du Moyen Âge et était
utilisé par certains maghrébins comme une forme d'opposition aux Califats
(Omeyades, Abbassides et Fatimides).
Le kharidjisme est une pratique puritaine de l’islam, à la morale rigoriste,
condamnant tout luxe. La foi n’a de valeur que si elle est justifiée par les œuvres.
Plusieurs tendances ont existé :
Les Azraqites , dits les kharidjites bleus. Ce sont des radicaux faisant usage de la
violence politique et qui n’admettent pas la dissimulation de la foi.
Une tendance moins brutale, les Sufrites, les kharidjites jaunes qui vivaient en
milieu hostile au kharidjisme. Cette tendance condamne le meurtre politique,
admet la dissimulation de la foi par prudence et rejette le massacre des enfants
des infidèles.
Une troisième tendance, l’ibadisme le kharidjisme blanc s'est beaucoup plus
développée que les deux précédentes et existe encore actuellement en plusieurs
variantes régionales.. Plus généralement, c'est l'usage de la violence qui est
prohibé excepté pour se défendre. Ils considèrent légitime de confier l'imamat à
une femme si cette dernière est capable de remplir les tâches liées à ce rôle
Dès les débuts de la conquête musulmane du Maghreb, les kharidjites avaient des
représentants qui essayaient de se rallier les populations berbères. Les Berbères,
habitués à un système communautaire et supportant mal la domination arabe,
trouvaient dans le kharidjisme un cadre idéologique à leur révolte.
Bien que pratiquement disparues, il existe encore quelques communautés
kharidjites ibadites. La plus nombreuse est celle du sultanat d'Oman, où les
ibadites représentent environ 75 % de la population. L'ibadisme est la confession
de la dynastie régnante.

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Une des communautés les plus connues est celle des Mozabites, qui habitent
Ghardaïa et les oasis du Mzab en Algérie. Les Kharidjites sont aussi présents sur
l'île de Djerba en Tunisie, dans le djebel Nefoussa en Libye, et à Zanzibar.
4.4 . L’ismaëlisme
Les Ismaéliens (environ 15 millions de musulmans) sont très dispersés. Ils
reconnaissent l’Aga Khan, qui vit en Inde, comme leur chef spirituel. On les
appelle aussi chiites septimains car ils ne reconnaissent que 7 imams.
Leur apogée est le califat des Fatimides (qui règne en Afrique du Nord aux 10 ème
et 11ème siècles) en opposition aux Abbassides.
Leurs communautés d'origine sont au Pakistan et en Syrie, mais la plupart
forment une diaspora, surtout dans les pays anglo-saxons ;
Dans cette diaspora, on peut citer les Nizârites, les Bohras, les Alevis, qui sont
environ 25 millions en Turquie : c’est un courant libéral avec des traditions
soufies.
Il y a aussi les Druzes, vivant principalement au Liban (environ 10 % des
Libanais) et en Syrie (environ 10 % des Syriens). Ils croient en la réincarnation.
Aux cinq piliers principaux de l’islam ils en ajoutent deux : l’aharah (observation
de la pureté, corporelle et vestimentaire) et le Jihad, différent du Jihad armé des
salafistes : c’est l’effort dans la voie de Dieu, en réfrénant ses passions.

5. Quelques principes communs

La dogmatique n'a pas la même importance en islam que dans le christianisme. Il


n'y a d'ailleurs pas à proprement parler de dogmes en islam. Les disciplines
reines de la théologie islamique sont le commentaire coranique et le fiqh
(réflexion juridico-éthique).
Il existe cependant, nous l’avons vu, plusieurs écoles théologiques en islam qui
se sont opposées historiquement sur les questions de la prédestination et de
l'interprétation du Coran.
Le credo islamique porte sur Dieu, les anges, les livres révélés, les prophètes et le
jugement dernier.
Du point de vue de l'histoire des religions, l'islam est un monothéisme personnel
radical (Dieu ne se fractionne pas), par opposition, par exemple, à l'hindouisme
qui est un monothéisme impersonnel, (Brahman n’est pas une personne) et au
christianisme qui est un monothéisme personnel incarnationniste (Dieu est une
personne). Remarquons qu’on parle toujours de monothéisme, alors que les
chrétiens sont dualistes (Dieu et le Diable) voire polythéistes (Sainte Rita, Saint
Christophe …)
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L'islam distingue les prophètes ordinaires (nabî) des prophètes législateurs
(rasûl).
Les nabî sont innombrables, tandis que les rasûl sont au nombre de 5 : Noé,
Abraham, Moïse, Jésus fils de Marie, Mahomet, qui clôt le cycle de la Prophétie
pour les sunnites, alors que les chiites attendent le retour du mahdi, l’imam
occulté.
L'eschatologie est semblable à l’apocalypse biblique. La Terre sera secouée par
un grand séisme, le ciel se fendra, les planètes se disperseront, les mers seront
projetées, les sépulcres bouleversés, les montagnes voleront comme des flocons
de laine cardée.
La tradition ajoute d’autres signes parmi lesquels la venue de l'Antéchrist, la
descente sur terre de Jésus, la venue de Gog et de Magog, la venue de la Bête qui
écrira « croyant » entre les yeux des croyants et « infidèle » entre les yeux des
infidèles, la destruction de la Kaa'ba. Et la résurrection (précédée de la fin et de
l'anéantissement du monde). Le corps de résurrection appelé « corps de gloire »
sera dénué de toute imperfection. Ce schéma est commun aux trois religions
sémitiques, le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Le chiisme pratique insiste sur le raisonnement, l'argumentation, le libre arbitre et
le caractère créé du Coran, à l'opposé du sunnisme. Le sunnisme vient en effet de
Sunna, c'est-à-dire la Tradition du Prophète, qui comprend ses paroles, ses actes
et ses pratiques. Être musulman sunnite revient davantage à perpétuer
mimétiquement la Tradition du Prophète. Les sunnites croient que l'univers et
l'Histoire sont prédéterminés.

Les chiites sont autorisés à dissimuler leur foi (c’est la taqiya) en cas de danger.
Car ils ont toujours été minoritaires et menacés.

Les chiites renouvellent régulièrement l’excommunication d’Aicha, veuve de


Mahomet et des trois premiers califes non reconnus. Et pratiquent l’Achoura,
célébrant la mort du troisième imam, Hussein, à Kerbala : ils s’auto torturent
avec des chaînes, voire des fils barbelés.

6. Un mot sur le soufisme

Le soufisme est le mysticisme de l’Islam. Comme tel, il a la particularité


d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite, qui le
considèrent avec la plus grande méfiance. Comme tout mysticisme, il est avant
tout une recherche de Dieu et son expression peut prendre des formes très

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différentes. Chaque maître se constitue une cohorte de disciples attirés par la
réputation de son enseignement.

En Iran, la grande majorité des mollahs y est vivement opposée et dans l’Islam
sunnite, la plupart des théologiens y sont opposés ce qui contribue à la discrétion
du soufisme.

L’importance de cet Islam secret n’en est pas moins remarquable. En littérature,
il a profondément inspiré certaines des oeuvres arabo-persanes les plus
remarquables comme les Contes des Mille et Une Nuits ou le poème d’amour de
Leyla et Qaïs ou Majnoun.

Historiquement, il a joué un rôle de premier plan dans la naissance des déviations


du chiisme que sont l’alevisme dont j’ai cité la présence en Turquie, la religion
druze déjà citée en Syrie et en Irak et le bahaisme.

Le bahaïsme a été fondé par un iranien il y a 150 ans. En 2011, cette religion
annonce 7 millions de membres, répartis dans près de 200 pays. Son centre
spirituel et administratif est situé à Haïfa et Acre, en Israël. La communauté
baha’ie a le statut d’ONG auprès des Nations unies.

Leur foi étant postérieure à l’islam, elle n’est pas considérée comme une religion
par le régime iranien, qui brime les 300 000 baha’is d’Iran, considérés comme
des « infidèles non protégés, qui n’ont pas le droit de percevoir de retraite,
d’inscrire un nom sur la tombe de leurs défunts, d’hériter, de se réunir pour
pratiquer leur religion. Des pressions sont exercées sur les employeurs pour
licencier les salariés baha’is..

C’est par sa spiritualité que le soufisme est le plus original. Dans la conception
soufie, l’approche de Dieu s’effectue par degrés. Il faut d’abord respecter la loi
du Coran, mais seule une initiation permet de pénétrer derrière l’apparence des
choses.
Le Dieu des soufis est un Dieu d’amour proche du Dieu des mystiques chrétiens.
A son origine, le soufisme a été influencé par la pensée pythagoricienne et par la
religion zoroastrienne de la Perse.

La recherche de Dieu par le symbolisme passe, chez certains soufis, par la


musique ou la danse qui, disent-ils transcendent la pensée ; c’est ce que
pratiquent les derviches tourneurs ; chez d’autres soufis, le symbolisme est un
exercice intellectuel où l’on spécule, comme le font les Juifs de la Kabbale, sur la
valeur chiffrée des lettres ; parfois aussi, c’est par la répétition infinie de
l’invocation des noms de Dieu que le soufi recherche son union avec Lui.
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Le soufisme apporte ainsi à l’Islam une dimension poétique et mystique qu’on
chercherait en vain chez les exégètes du texte coranique.

7. Que dit le Coran ?

Si les ventes du Coran sont en pleine expansion (on n’ose pas employer le mot
d’explosion !), sa lecture reste impossible en arabe coranique pour 90 % des
musulmans et ses traductions sont diverses. Dans le « qu’un sang impur abreuve
nos sillons » de la Marseillaise, on peut trouver les arguments d’une guerre
raciale ou religieuse. C’est ce que font les djihadistes armés en lisant le Coran.

Un exemple : le verbe quital peut se traduire par tuer, ou combattre, ou s’engager


pour se défendre, ou risquer sa vie. Donc, au choix « Il faut tuer les infidèles » ou
« Il faut combattre les infidèles » ou « il faut s’engager pour se défendre » ou « il
faut risquer sa vie ».

Les problèmes de traduction sont mal connus, mais fondamentaux. Par exemple,
le discours chrétien de Jésus, fils de Dieu, est inacceptable pour un musulman.
Mais si le mot araméen est traduit par verbe de Dieu ou transparence de Dieu, le
problème disparaît. En anecdote, je signale que Eve n’est pas sortie de la côte
(mauvaise traduction) d’Adam mais qu’elle est apparue aux côtés d’Adam … ce
qui change bien des choses …
Les fatwas sont des avis juridiques, qui ne trouvent pas leur justification dans le
Coran, mais dans des hadiths souvent très postérieurs. Le blasphème, l’apostasie
ne sont pas condamnés par le Coran. La caricature était courante à l’époque de
Mahomet, souvent insulté, moqué. La représentation de Mahomet qu’acceptent
les chiites, a été interdite chez les sunnites par un hadith tardif par crainte
d’idolâtrie.
Pour les femmes, si la fille de Sukarno en Indonésie et Benazir Bhutto au
Pakistan ont été présidentes de leurs pays, et si deux femmes juges ont été
nommées dans les tribunaux islamiques de Malaisie, et si de nombreuses femmes
sont maires de leurs cités en Iran, et s’il y a davantage d’étudiantes iraniennes
que d’étudiants, cela ne masque pas qu’il il y a clairement inégalité. Car le Coran
est le reflet de la société patriarcale dans laquelle il est apparu. Et nous devrions
sans doute faire preuve d’un peu d’humilité sur ce sujet.
 Lors d’un héritage, l’homme reçoit le double de la femme. Avant l’islam,
elle n’avait aucun droit.
 Les mœurs de la femme sont encadrés car c’est elle qui transmet la lignée.
 En cas d’adultère, elle est la première punie (mais la lapidation n’est pas
dans le Coran)

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 Le voile : lisons un texte « Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête
couverte, déshonore sa tête. Toute femme qui prie ou qui prophétise la tête non
voilée, déshonore sa tête: elle est comme celle qui est rasée. Si une femme ne se
voile pas la tête, qu'elle se coupe aussi les cheveux. Or, s'il est honteux à une
femme d'avoir les cheveux coupés ou la tête rasée, qu'elle se voile. L'homme ne
doit pas se couvrir la tête, parce qu'il est l'image de la gloire de Dieu, tandis que
la femme est la gloire de l'homme. En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme,
mais la femme de l'homme; et l'homme n'a pas été créé pour la femme, mais la
femme pour l'homme. C'est pourquoi la femme doit, à cause des anges, avoir sur
la tête un signe de sujétion. »
Pas de commentaire, sur cette épître (Chapitre 11) de Saint Paul aux Corinthiens.
Dans le Coran, le voile est à peine évoqué. Peut – être avait – il pour but de
distinguer les croyantes libres des esclaves. Le port du voile n’est pas un des
piliers de l’islam, de même que le port de la barbe pour l’homme. Il s’agit de
règles sociales et non religieuses. Dans les années 60, en Afghanistan, beaucoup
de femmes, musulmanes n’avaient aucun voile. Les juives iraniennes sont voilées
… Les juives intégristes en Israël, aussi. Je suis convaincu que les femmes
iraniennes seront bientôt libres de se voiler ou non. Comme en Indonésie, le plus
grand pays musulman, où le voile n’est pas obligatoire. Et où huit femmes sont
ministres, d’autres hauts fonctionnaires ou femmes d’affaires, Quelques photos :

Chez les anciens sémites, des milliers d’années avant l’Islam, on avait déjà
imposé le voile aux femmes pour se couvrir les cheveux. En effet, les anciens
sémites considéraient la chevelure de la femme comme le reflet de la toison du
pubis. On reparlera peut – être dans notre prochaine rencontre des conséquences
aujourd’hui des fantasmes des colons français au Maghreb traduits par des
tableaux ou des photos de femmes dénudées.
Ataturk avait trouvé la bonne astuce en faisant voter une loi :
« Avec effet immédiat, toutes les femmes turques ont le droit de se vêtir comme
elles le désirent. Toutefois toutes les prostituées doivent porter la burqa. »
Dès le lendemain, on ne voyait plus de burqa en Turquie.

 La polygamie existe, mais n’est pas recommandée, et limitée à quatre


épouses, souvent des veuves : Bourguiba avait pu s’appuyer sur une
interprétation du Coran pour l’interdire en Tunisie.

Notons une pratique étonnante, acceptée par les chiites, en particulier en Iran : le
sigheh, « mariage temporaire » Pour les sunnites, cette forme d’union est
interdite par le Prophète, tandis que le sigheh se trouve dans la constitution de la
République islamique d’Iran même si sa légitimité sociale fait débat dans le pays.
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Il s’agit d’un accord oral entre un homme et une femme : contre de l’argent, la
femme se donne à l’homme pour la durée choisie, une heure, un jour, un mois, un
an ou plus. Les enfants nés de cette union ont un droit sur l’héritage de leurs
parents et doivent être reconnus et entretenus par leur père. Le but du sigheh est
d’autoriser les relations sexuelles hors du mariage permanent pour parer les
problèmes d’adultère lors des longs voyages ou de maladies, ou encore pour des
veuves ayant des difficultés à se remarier. Grâce au sigheh, l’homme et la femme
peuvent s’offrir l’un à l’autre en respectant les lois de l’islam, sans recourir à la
prostitution par exemple. Peu de sigheh débouchent sur une union permanente, et
les femmes y ayant recours y perdent leur réputation et peinent ensuite à se
marier de manière permanente.

Terminons sur ce texte qui introduit notre prochaine rencontre et qui


aurait pu être écrit après le 13 novembre 2015

Qui pourrait cependant exprimer les ravages


Dont cette nuit cruelle étala les images ?
Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris,
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris,
Le fils assassiné sur le corps de son père,
Le frère avec la sœur, la fille avec la mère,
Les époux expirant sous leurs toits embrasés,
Les enfants au berceau sur la pierre écrasés :
Des fureurs des humains c’est ce qu’on doit attendre.
Mais ce que l’avenir aura peine à comprendre,
Ce que vous-même encore à peine vous croirez,
Ces monstres furieux, de carnage altérés,
Excités par la voix des prêtres sanguinaires,
Invoquaient le Seigneur en égorgeant leurs frères ;
Et, le bras tout souillé du sang des innocents,
Osaient offrir à Dieu cet exécrable encens.
C’est Voltaire qui écrit ce texte sur la nuit de la Saint Barthélémy

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