Vous êtes sur la page 1sur 116

Université Victor Segalen Bordeaux 2 Université Sidi Mohamed BenAbdillah

Bordeaux - France Fès - Maroc

Année 2010 Thèse n°

THÈSE

pour le DOCTORAT de

L’UNIVERSITÉ BORDEAUX 2 - FRANCE


ET
L’UNIVERSITÉ SIDI MOHAMED BENABDELLAH - FES –
MAROC

Mention : Sciences Biologiques et Médicales


Option : Epidémiologie et Santé Publique

Présentée et soutenue publiquement

Le 16 Décembre 2010
Par Karima EL RHAZI
Née le 02 Avril 1974 à Fès

Transition nutritionnelle, facteurs associés et


émergence des maladies chroniques au Maroc :
étude transversale en population générale adulte

Membres du jury
Mme le Docteur Françoise CLAVEL Présidente
Mr le Professeur Mohamed BENNANI OTMANI Examinateur
Mr le Professeur Adnane REMMAL Examinateur
Mme le Professeur Chantal SIMON Rapporteur
Mr le Professeur Abderrahim ZIYYAT Rapporteur
Mme le Docteur Pascale BARBERGER-GATEAU Co-Directrice de Thèse
Mr le Professeur Chakib NEJJARI Co-Directeur de Thèse

1
RESUME
Il est actuellement bien établi que les facteurs nutritionnels sont les principaux déterminants
de l’émergence des maladies chroniques. Au Maroc, il n’existe pas à ce jour de données
étayant ces propos, bien que ce pays soit en pleine transition épidémiologique. L’objectif de la
thèse était d’étudier la relation entre les facteurs nutritionnels et l’obésité ou surpoids chez un
échantillon représentatif des adultes marocains âgés de 18 ans et plus obtenu par tirage au sort
et stratification sur le sexe et l’origine. Au total, 2896 sujets ont participé à cette enquête
transversale. L’obésité et le surpoids étaient très fréquents (13,5% et 29,9% respectivement)
avec de grandes disparités socioéconomiques. Pour mieux décrire le comportement
alimentaire des marocains, très probablement en rapport avec l’émergence de ce phénomène,
plusieurs approches complémentaires ont été utilisées. D’abord, l’adhérence au régime de
type méditerranéen, a été mesurée par un score construit selon une approche confirmatoire.
Puis, l’identification des principaux profils de consommation spontanément observés par des
méthodes exploratoires (analyse en composantes principales). Il s’avère que le régime
méditerranéen n’était pas le régime communément suivi par toute la population marocaine.
De plus, quatre principaux profils étaient identifiés et décrivent mieux le phénomène de
transition nutritionnelle dont la spécificité au Maroc est le maintien de certains aliments
traditionnels tels les céréales et légumes en plus de l’introduction des aliments occidentalisées
tels les produits laitiers. Ces profils étaient associés aux caractéristiques sociodémographiques
des individus. Une association significative a été notée entre l’obésité et les profils
alimentaires occidentalisés mais pas avec le régime méditerranéen qui était, par ailleurs,
associé au surpoids.

Mots-clés : Prévalence, transition nutritionnelle, transition épidémiologique, obésité/surpoids,


adhérence à la diète méditerranéenne, profils de consommation alimentaire, Population
marocaine.

Adresses des laboratoires :

Laboratoire d’Epidémiologie, Recherche Clinique et Santé Communautaire. Faculté de


Médecine et de Pharmacie de Fès. Km 2,2 Route Sidi Harazem – Fès - Maroc

Equipe "Epidémiologie de la nutrition et des comportements alimentaires", Centre de


recherche INSERM U897, Université Victor Ségalen Bordeaux 2, ISPED, case 11, 146 rue
Léo Saignat 33076 BORDEAUX Cedex, France.

2
Title : Nutritional transition, associated factors and emergence of chronic diseases in
Morocco: cross-sectional survey in Moroccan Adults.

Abstract
It is now well established that nutritional factors are the main determinants of the emergence
of chronic diseases. In Morocco, there is currently no data to support this evidence, although
this country is experiencing an epidemiological transition. The aim of the thesis was to study
the relationship between nutritional factors and overweight or obesity in a representative
sample of Moroccan adults aged 18 years and above. This sample was obtained by a simple
random technique after stratification by sex and origin. In total, 2896 subjects have
participated in this cross-sectional survey. Obesity and overweight were very frequent (13.5%
and 29.9% respectively) with large socioeconomic disparities. To better describe the behavior
of Moroccan food, most likely related to the emergence of this phenomenon, several
complementary approaches were used. First, adherence to Mediterranean diet was measured
by a score constructed using a confirmatory approach. Then, the identification of major
patterns of consumption observed spontaneously by exploratory methods (Principal
Component Analysis). Mediterranean diet was not the commonly diet followed by the entire
Moroccan population. In addition, four major patterns were identified and describe better the
nutritional transition in Morocco whose specificity is the maintenance of some traditional
foods such as cereals and vegetables with some Westernized foods newly introduced such as
dairy products. These profiles were associated with sociodemographic characteristics of
individuals. A significant association was found between obesity and westernized dietary
patterns but not with the Mediterranean diet which was associated with overweight.

Keywords: Prevalence, nutritional transition, epidemiological transition, obesity/ overweight,


Mediterranean Diet adherence, Dietary profile, Moroccan Population.

3
‫ﺍﻟﻌﻨﻮﺍﻥ‪ :‬ﺍﻻﻧﺘﻘﺎﻝ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ ﻭﺍﻟﻌﻮﺍﻣﻞ ﺍﻟﻤﺮﺗﺒﻄﺔ ﺑﻬﺎ ﻭ ﻅﻬﻮﺭ ﺍﻷﻣﺮﺍﺽ ﺍﻟﻤﺰﻣﻨﺔ ﻓﻲ ﺍﻟﻤﻐﺮﺏ‪ :‬ﺩﺭﺍﺳﺔ ﻣﺴﺘﻌﺮﺿﺔ‬
‫ﻟﻌﺎﻣﺔ ﺍﻟﺴﻜﺎﻥ ﺍﻟﺒﺎﻟﻐﻴﻦ ﻓﻲ ﺍﻟﻤﻐﺮﺏ‬

‫ﻣ ﻠﺧﺹ‬

‫ﻟﻘﺪ ﺛﺒﺖ ﺣﺎﻟﻴﺎ ﺃﻥ ﺍﻟﻌﻮﺍﻣﻞ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻴﺔ ﻫﻲ ﻣﻦ ﺃﻫﻢ ﺃﺳﺒﺎﺏ ﺑﺰﻭﻍ ﺍﻷﻣﺮﺍﺽ ﺍﻟﻤﺰﻣﻨﺔ‪ .‬ﻓﻲ ﺍﻟﻤﻐﺮﺏ ﻻﻳﻮﺟﺪ ﻟﺤﺪ ﺍﻵﻥ‬
‫ﻣﻌﻄﻴﺎﺕ ﺗﺘﻌﻠﻖ ﺑﻬﺬﺍ ﺍﻷﻣﺮ‪ .‬ﻫﺪﻑ ﻫﺬﻩ ﺍﻷﻁﺮﻭﺣﺔ ﻫﻮ ﺩﺭﺍﺳﺔ ﺍﻟﻌﻼﻗﺔ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﻌﻮﺍﻣﻞ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻴﺔ ﻭ ﺍﻟﺴﻤﻨﺔ ﺃﻭ ﺍﻟﻮﺯﻥ‬
‫ﺍﻟﺰﺍﺋﺪ ﻓﻲ ﺷﺮﻳﺤﺔ ﻣﻤﺜﻠﺔ ﻟﻠﻤﻐﺎﺭﺑﺔ ﺍﻟﺒﺎﻟﻐﻴﻦ ﺍﻟﺬﻳﻦ ﻳﺒﻠﻎ ﺳﻨﻬﻢ ‪ 18‬ﺳﻨﺔ ﺍﻭ ﺃﻛﺜﺮ ﺣﺼﻞ ﻋﻠﻴﻬﺎ ﺑﺎﻟﺴﺤﺐ ﻭ ﺍﻟﺘﺪﺭﺝ‬
‫ﺣﺴﺐ ﻁﺒﻘﺎﺕ ﺍﻟﺴﻦ ﻭ ﺍﻟﻌﺮﻕ‪ .‬ﻋﺪﺓ ﻣﻘﺎﺭﺑﺎﺕ ﺗﻜﻤﻴﻠﻴﺔ ﺍﺳﺘﻌﻤﻠﺖ ﻟﺪﺭﺍﺳﺔ ﺃﺩﻕ ﻟﻠﺴﻠﻮﻙ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ ﻟﻠﻤﻐﺎﺭﺑﺔ ﺍﻟﺬﻱ ﻣﻦ‬
‫ﺍﻟﻐﺎﻟﺐ ﺃﻧﻪ ﻳﺮﺗﺒﻂ ﺑﺒﺰﻭﻍ ﻫﺬﻩ ﺍﻟﻈﺎﻫﺮﺓ‪.‬‬
‫ﺃﻭﻻ ﻗﻴﻢ ﺍﻻﺭﺗﺒﺎﻁ ﺑﺎﻟﻨﻈﺎﻡ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ ﺍﻟﻤﺘﻮﺳﻄﻲ ﺑﻮﺍﺳﻄﺔ ﺣﺎﺻﻞ ﻣﺒﻨﻲ ﻋﻠﻰ ﺃﺳﺎﺱ ﻣﻘﺎﺭﺑﺔ ﺗﺄﻛﻴﺪﻳﺔ‪ ,‬ﺛﻢ ﺗﻢ ﺍﻅﻬﺎﺭ ﺃﻫﻢ‬
‫ﻧﻤﺎﺫﺝ ﺍﻻﺳﺘﻬﻼﻙ ﺍﻟﻤﻼﺣﻈﺔ ﺗﻠﻘﺎﺋﻴﺎ ﺑﻄﺮﻕ ﺍﺳﺘﻘﺼﺎﺋﻴﺔ )ﺗﺤﻠﻴﻞ ﺍﻟﻰ ﺍﻟﻤﻜﻮﻧﺎﺕ ﺍﻷﺳﺎﺳﻴﺔ(‪ .‬ﻳﺘﻀﺢ ﺃﻥ ﺍﻟﻨﻈﺎﻡ‬
‫ﺍﻟﻤﺘﻮﺳﻄﻲ ﻟﻴﺲ ﻫﻮ ﺍﻷﻛﺜﺮ ﺍﺗﺒﺎﻋﺎ ﻋﻨﺪ ﺍﻟﻤﻐﺎﺭﺑﺔ‪ .‬ﺑﺎﻷﺿﺎﻓﺔ ﺃﻟﻰ ﺫﻟﻚ ﺗﻢ ﺍﻟﺘﻌﺮﻑ ﻋﻠﻰ ﺃﺭﺑﻊ ﻣﻈﺎﻫﺮ ﺗﺒﻴﻦ ﺑﻮﺿﻮﺡ‬
‫ﻅﺎﻫﺮﺓ ﺍﻻﻧﺘﻘﺎﻝ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ ﺍﻟﺘﻲ ﺗﺘﻤﻴﺰ ﻓﻲ ﺍﻟﻤﻐﺮﺏ ﺑﺎﺳﺘﻤﺮﺍﺭ ﺍﺳﺘﻬﻼﻙ ﺑﻌﺾ ﺍﻻﻏﺬﻳﺔ ﺍﻟﺘﻘﻠﻴﺪﻳﺔ ﻛﺎﻟﺤﺒﻮﺏ ﻭ ﺍﻟﺨﻀﺮ‬
‫ﻭﺃﺩﺧﺎﻝ ﺍﻷﻏﺬﻳﺔ ﺍﻟﻐﺮﺑﻴﺔ ﻛﻤﺸﺘﻘﺎﺕ ﺍﻟﺤﻠﻴﺐ‪ .‬ﻫﺬﻩ ﺍﻟﻤﻈﺎﻫﺮ ﻣﺮﺗﺒﻄﺔ ﺑﺎﻟﻤﻤﻴﺰﺍﺕ ﺍﻟﺴﻮﺳﻴﻮﺩﻳﻤﻐﺮﺍﻓﻴﺔ ﻟﻸﺷﺨﺎﺹ‪ .‬ﻫﺬﺍ‬
‫ﺍﻻﺭﺗﺒﺎﻁ ﺍﻟﺪﻻﻟﻲ ﻟﻮﺣﻆ ﺑﻴﻦ ﺍﻟﺴﻤﻨﺔ ﻭ ﺍﻟﻤﻈﺎﻫﺮ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻴﺔ ﺍﻟﻐﺮﺑﻴﺔ ﺩﻭﻥ ﺍﻟﻨﻈﺎﻡ ﺍﻟﻤﺘﻮﺳﻄﻲ ﺍﻟﺬﻱ ﻫﻮ ﻣﺮﺗﺒﻂ ﻣﻦ ﺟﺎﻧﺐ‬
‫ﺁﺧﺮ ﺑﺎﻟﻮﺯﻥ ﺍﻟﺰﺍﺋﺪ‪.‬‬

‫ﻣﻔﺎﺗﻴﺢ ﺍﻟﺒﺤﺚ ‪ :‬ﻣﻌﺪﻝ ﺍﻻﻧﺘﺸﺎﺭ‪ ،‬ﺍﻻﻧﺘﻘﺎﻝ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ‪ ،‬ﺍﻻﻧﺘﻘﺎﻝ ﺍﻟﻮﺑﺎﺋﻲ‪ ،‬ﺍﻟﺴﻤﻨﺔ ‪ /‬ﺯﻳﺎﺩﺓ ﺍﻟﻮﺯﻥ‪ ،‬ﺍﻻﻧﻀﻤﺎﻡ ﺇﻟﻰ ﺣﻤﻴﺔ‬
‫ﺍﻟﻨﻈﺎﻡ ﺍﻟﻤﺘﻮﺳﻄﻲ ‪،‬ﺃﻧﻤﺎﻁ ﺍﻻﺳﺘﻬﻼﻙ ﺍﻟﻐﺬﺍﺋﻲ‪ ،‬ﺍﻟﺴﻜﺎﻥ ﺍﻟﻤﻐﺎﺭﺑﺔ‪.‬‬

‫‪4‬‬
Cette thèse a donné lieu aux publications suivantes :
Article publié

El Rhazi K, Nejjari C, Zidouh A, Bakkali R, Berraho and P Barberger Gateau M. Prevalence


of obesity and associated sociodemographic and lifestyle factors in Morocco. Public Health
Nutr 2010; 6: 1-8. [Epub ahead of print].

Articles soumis

El Rhazi K, Nejjari C, Romaguera D, Feart C, Obtel M, Zidouh A, Bekkali R, Barberger


Gateau P. Adherence to a Mediterranean Diet in Morocco and its correlates: cross-sectional
analysis of a sample of the adult Moroccan population. Soumis à BMC Public Health

El Rhazi K, Samieri C, Tachfouti N, Jutand MA, Bekkali R, Nejjari C, Barberger Gateau P.


Dietary patterns and their socioeconomics determinants in Morocco: a national cross sectional
study. Soumis à European Journal of Epidemiology

Ce travail de thèse a donné lieu aux communications orales ou affichées suivantes:

El Rhazi K, Nejjari C, Berraho A, Abda N, Zidouh A, Bekkali R. Prévalence de l’obésité et


les principaux facteurs sociodémographiques associés au Maroc. Rev Epidemiol Santé Publ
2009;1(57):S25. Communication orale
Congrès International de l’ADELF, 7-8 Mai 2009 Fès, Maroc.

Berraho M, El Rhazi K, Benslimane A, El Achhab Y, Bendahou K, Nejjari C. Etude des


connaissances des facteurs de risque comportementaux des cancers chez la population
marocaine. Rev Epidemiol Santé Publ 2009;1(57):S15. Communication affichée
Congrès International de l’ADELF, 7-8 Mai 2009 Fès, Maroc.

El Rhazi K, Abda N, Obtel M, Zidouh A, Nejjari C. Public Awareness of risk factors for
cancer and its determinants in Moroccan Population. Communication affichée
World Cancer Congress, 18-21 August 2010 Shenzhen, China

Zidouh A, El Rhazi K, Bennani M, Nejjari C, Bekkali R. Prevalence of behavioral risk


factors for cancer in Morocco. Communication affichée
World Cancer Congress, 18-21 August 2010 Shenzhen, China

El Rhazi K, Nejjari C, Tachfouti N, Obtel M, Abda N, Barberger Gateau P. Facteurs associés


à l’adhérence à la diète méditerranéenne au Maroc - Analyse transversale d'un échantillon de
la population marocaine. Epidemiol Santé Publ 2010;2(58):S68. Communication orale
Congrés International de l’ADELF. Marseille, 15-17 Septembre 2010.

5
El Rhazi K, Nejjari C, Tachfouti N, Bendahou K, Najdi A, Barberger Gateau P. Prévalence
des facteurs de risques nutritionnels du cancer au Maroc. Résultats d’une étude nationale. Rev
Epidemiol Santé Publ 2010;2(58) : P6-9 Communication affichée
Congrés International de l’ADELF. Marseille, 15-17 Septembre 2010.

Najdi A, El Rhazi K, Tachfouti N, Zidouh A, Bennani M, Nejjari C. Les niveaux d’activité


physique au Maroc sont t-ils compatibles avec les recommandations de l’OMS ? Rev
Epidemiol Santé Publ 2010;2(58) : P13-14 Communications affichée
Congrés International de l’ADELF. Marseille, 15-17 Septembre 2010. (Prix ADELF 2010)

6
Autres publications au cours de la formation doctorale

El Rhazi K; Nejjari C; Berraho M; Serhier Z; Tachfouti N; El Fakir S; Benjelloun M; Slama


K. Inequalities of smoking profile in Morocco: The role of educational level. Int J Tub Lun
Dis 2008;12(11):1327-1332.

El Rhazi K, Nejjari C, Kanjaa N, Tachfouti N, Qarmiche N, Berraho M, Serhier Z, ElFakir S.


Evolution de la Prévalence des infections nosocomiales et ses facteurs de risque au CHU de
Fès. Maroc Médical 2008;30(1):4-11.

El Rhazi K, Elfakir S, Berraho M, Tachfouti N, Serhier Z Kanjaa N et Nejjari C. Prévalence


et facteurs de risque des infections nosocomiales au CHU Hassan II de Fès (Maroc). East Med
Heal Jour 2007;1(13):56–63.

Amara B, El Rhazi K, Rahimi H, Elbiaze M, Nejjari C, Chakib Benjelloun M. Attitudes et


connaissances des pneumo-phtisiologues marocains vis-à-vis du tabagisme chez leurs patients
tuberculeux. Rev Mal Respir 2008;25:569-75.

Bennani B, El Rhazi K, Bennis S, Nejjari C, Melhouf MA, Zenati K, Ouafik L’H, Amarti
Riffi A. Hétérogénéité géographique de la prévalence de l’infection à HPV: résultats d’une
étude au centre nord du Maroc. ». Accepté pour publication dans « African Journal of
Cancer ».

Serhier Z, El Rhazi K, Elfakir S, Berraho M, Qarmiche N, Tachfouti N, Nejjari C. Nombre


de sujets nécessaires à la réalisation d'un essai clinique. JESP 2007;1:39-50.

Tachfouti N, Serhier Z, El Rhazi K, Nejjari C. Les études coût-efficacité en évaluation


médico-économique : intérêt et méthodologie. Les cahiers du médecin 2009 ; 132.

Arroud M, Afifi MA, El Rhazi K, Nejjari C, Bouabdallah Y. Lung hydatic cysts in children:
comparison study between giant and non-giant cysts. Pediatr Surg Int 2009;25(1):37-40.

Nejjari C, Benjelloun MC, Berraho M, El Rhazi K, Tachfouti N, Elfakir S, Serhier Z, Slama


K. Prevalence and demographic factors of smoking in Morocco. Int J Public Health 2009;54:
447-451.

Couillet M, Serhier Z, Tachfouti N, El Rhazi K, Nejjari C et Perez F. The use of antenatal


services in health centres of Fez Morocco. J Obstet Gynaecol 2007;27(7):688-94.

Tachfouti N, Berraho M, Elfakir S, Serhier Z, El Rhazi K, Slama K, Nejjari C.


Socioeconomic status and tobacco expenditures among Moroccans: Results of the MARTA
survey. Am J Health Promot. 2010; 24(5):334-9.

Berraho M, Tachfouti N, Serhier Z, Elfakir S, El Rhazi K, Slama K, Nejjari C. Burden of


smoking in Moroccan rural area. East Mediterr Health J. 2010; 16(6):677-83.

7
Tachfouti N, El Rhazi K, Berraho M, Benjelloun MC, Slama K, Nejjari C. Knowledge and
attitude about antismoking legislation according to smoking status in Morocco. Eastern
Mediterranean Health Journal (in press).

Tachfouti N, Berraho M, El Rhazi K, Zidouh A, Bekkali R, Nejjari C. Les principaux


facteurs de risque des cancers au Maroc : Données disponibles dans la littérature. Les Cahiers
du Médecin (in press).

El Fakir S, Serhier Z, Qarmiche N, Tachfouti N, El Rhazi K, Berraho M, Nejjari C.


Perception des risques de la pollution atmosphérique chez les consultants des Centres de
Soins de Fès. Espérance Médicale, 2009. (In press).

Articles en cours

El Rhazi K, Nejjari C, Abda N, Benjelloun MC, Amazian K, Barberger Gateau P, Garcia


Larsen V. Development and reproducibility of a food frequency questionnaire (FFQ) for
Moroccan population

Najdi A, Nejjari C, Abda N, Teresa N, Bennani M, Zidouh A, El Rhazi K. Pattern of physical


activity in Moroccan Population and its correlates: Cross sectional study

8
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Chakib Nejjari,
Quoique je dise et quelque soient les expressions que je puisse utiliser, je ne peux exprimer
ma grande reconnaissance pour m’avoir encadré, non seulement pour cette thèse mais bien
avant depuis neuf ans déjà. Vos grandes qualités scientifiques mais aussi humaines ont
toujours été pour moi la référence et je n'ai eu de cesse d'essayer de suivre vos traces.

A Madame le Dr Pascale Barberger Gateau


Cette thèse représente l'aboutissement d'une longue et fructueuse collaboration. Vous m'avez
accompagnée depuis mes premiers pas en Epidémiologie et recherche clinique avec
excellence, rigueur, enthousiasme et beaucoup d’humanisme. Cela a été pour moi l'occasion
de riches échanges et de grandes satisfactions intellectuelles. Je voudrais à travers ce travail
vous exprimer ma profonde admiration, ma gratitude, et également mon affection sincère.

A Marthe-Aline Jutand, Cathrine Féart et Cécilia Samieri, pour leurs conseils


méthodologiques et leur fructueuse collaboration,

A toute l’équipe du Laboratoire d’Epidémiologie, Recherche Clinique et Santé


Communautaire qui ont dû participer à ce travail d’une manière ou d’une autre…

A mes parents, qui n’ont jamais cessé de me soutenir…

A mon mari Rachid, et mes enfants Maryame, Aya et SiMohamed, qui sans leur affection et
leur compréhension, jamais ce travail n’aura vu le jour.

A tous ceux, qui m'ont apporté, directement ou indirectement, leur aide ou leurs
encouragements lors de la réalisation de cette thèse.

9
SOMMAIRE
Liste des annexes ...................................................................................................................... 14
Liste des figures ....................................................................................................................... 15
Liste des tableaux ..................................................................................................................... 16
Liste des abréviations ............................................................................................................... 18
1- Introduction générale et objectif général ............................................................................. 19
2- Etat de connaissances ........................................................................................................... 20
2-1 Alimentation et transition nutritionnelle ........................................................................ 20

2-1-1 Définitions et caractéristiques de la transition nutritionnelle .................................. 20

2-1-2 Les déterminants de la transition nutritionnelle ...................................................... 23

2-1-3 Transition nutritionnelle dans les pays en voie de développement et au Maghreb . 24

2-1-4 Caractérisation des profils alimentaires .................................................................. 25

2-1-4-1 Profil à priori .................................................................................................... 25

2-1-4-2 Profil a posteriori .............................................................................................. 26

2-2 Transition nutritionnelle et maladies chroniques ........................................................... 27

2-3 La situation au Maroc ..................................................................................................... 30

2-3-1 Bref aperçu sur le Maroc ......................................................................................... 30

2-3-2 Caractérisation de la transition épidémiologique au Maroc .................................... 32

2-3-2-1 Indicateurs des conditions de vie ..................................................................... 32

2-3-2-2 Indicateurs de l’état sanitaire au Maroc ........................................................... 34

2-3-2-2-1 Evolution de la structure d’âge .................................................................. 34

2-3-2-2-2 Tendance de la fécondité ........................................................................... 35

2-3-2-2-3 Espérance de vie à la naissance ................................................................. 36

2-3-2-2-4 Tendance de la mortalité ........................................................................... 37

2-3-2-2-5 Evolution de la charge de morbidité ......................................................... 38

a- Les maladies transmissibles............................................................................ 38


b- Les maladies chroniques ................................................................................. 39
b-1 L’obésité ...................................................................................................... 40
b-2 Le diabète ..................................................................................................... 40
b-3 L’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires ......................... 41
b-4 Les cancers ................................................................................................... 41

10
c- Les problèmes nutritionnels............................................................................ 43
2-3-3 Transition nutritionnelle au Maroc .......................................................................... 45

2-3-4 Hypothèses de recherche ......................................................................................... 49

3- Objectifs de l’étude .............................................................................................................. 51


3-1 Objectif principal............................................................................................................ 51

3-2 Objectifs secondaires ...................................................................................................... 51

4- Méthodes .............................................................................................................................. 52
4- Méthodes .............................................................................................................................. 52
4-1 Aspects organisationnels ................................................................................................ 52

4-2 Type d’enquête ............................................................................................................... 52

4-3 Population cible .............................................................................................................. 52

4-4 Échantillonnage .............................................................................................................. 53

4-4-1 Base de sondage ...................................................................................................... 53

4-4-2 Taille de l’échantillon.............................................................................................. 53

4-4-3 Procédure pratique de l’échantillonnage ................................................................. 53

4-5 Le recueil des données ................................................................................................... 55

4-6 Les variables à l’étude .................................................................................................... 56

4-6-1 Les variables d’intérêt principal .............................................................................. 56

4-6-1-1 Corpulence ....................................................................................................... 56

4-6-1-2 Facteurs nutritionnels (Fréquentiel de consommation alimentaire) ................. 57

4-6-2 Variables explicatives.............................................................................................. 58

4-6-2-1 Âge, sexe, origine, statut matrimonial.............................................................. 58

4-6-2-2 Niveau d’éducation .......................................................................................... 59

4-6-2-3 Niveau socio économique ................................................................................ 59

4-6-2-4 Consommation du tabac ................................................................................... 60

4-6-2-5 Consommation de boissons alcoolisées ........................................................... 60

4-6-2-6 Activité physique.............................................................................................. 60

4-7 Enquête pilote ................................................................................................................. 61

4-8 Analyse statistique.......................................................................................................... 62

11
4-8-1Analyse globale ........................................................................................................ 62

4-8-2 Méthode de calcul du score d’adéquation au régime méditerranéen, profil de


consommation alimentaire a priori ................................................................................... 62

4-8-3 Méthode d’analyse en composantes principales pour la caractérisation des profils


de consommation alimentaire à posteriori ........................................................................ 64

4-9 Aspects éthiques ............................................................................................................. 66

5- Résultats ............................................................................................................................... 67
5-1 Résultats généraux ............................................................................................................. 67
5-1-1 Description de l’échantillon de l’enquête ................................................................ 67

5-1-2 Données sociodémographiques ............................................................................... 67

5-1-2-1 Origine et sexe .................................................................................................. 67

5-1-2-2 Age ................................................................................................................... 67

5-1-2-3 Niveau d’éducation .......................................................................................... 68

5-1-2-4 Profession ......................................................................................................... 69

5-1-2-5 Revenu mensuel du ménage ............................................................................. 70

5-1-2-6 Statut matrimonial ............................................................................................ 70

5-1-2-7 Nombre de personnes dans le ménage ............................................................. 71

5-1-2-8 Type d’habitat .................................................................................................. 71

5-1-3 Consommation d’alcool .......................................................................................... 71

5-1-4 Consommation de tabac .......................................................................................... 72

5-1-5 Activité physique ..................................................................................................... 74

a- Activité physique de forte intensité........................................................................... 74

b- Activité physique d’intensité modérée ...................................................................... 75

c- Trajets d’au moins 10 min à pied ou à vélo .............................................................. 76

5-2 Relation entre obésité et caractéristiques sociodémographiques au Maroc (Article 1) ..... 77


5-2-1 Introduction ................................................................................................................. 77

5-2-2 Article 1 ...................................................................................................................... 78

5-2-3 Discussion ................................................................................................................... 79

5-3 Description des profils alimentaires au Maroc .................................................................. 81


5-3-1 Adhérence de la population marocaine au régime méditerranéen (Article 2) ............ 81

12
5-3-1-1 Introduction .......................................................................................................... 81

5-3-1-2 Article 2 ............................................................................................................... 83

5-3-1-3 Discussion ............................................................................................................ 84

5-3-2 Profils alimentaires et leurs déterminants au Maroc (Article 3) ................................. 86

5-3-2-1 Introduction .......................................................................................................... 86

5-3-2-2 Article 3 ............................................................................................................... 87

5-3-2-3 Résultats complémentaires sur les profils alimentaires ....................................... 88

5-3-2-4 Discussion ............................................................................................................ 92

6- Discussion générale et perspectives ..................................................................................... 95


6-1 Principaux résultats ........................................................................................................ 95

6-2 Limites de l’étude ........................................................................................................... 97

6-3 Points forts de l’étude ..................................................................................................... 98

6-4 Perspectives de recherche ............................................................................................... 99

6-4-1 Meilleure exploitation des données de l’activité physique ..................................... 99

6-4-2 Le développement et la validation d’un questionnaire de fréquentiel alimentaire.. 99

6-4-3 Exploration des conséquences de l’évolution des habitudes alimentaires sur l’état
de santé de la population marocaine ............................................................................... 101

Réferences .............................................................................................................................. 102


Annexes .................................................................................................................................. 116

13
Liste des annexes
Annexe 1 : Questionnaire « Etude des facteurs de risque comportementaux et nutritionnels des
cancers au Maroc »

Annexe 2 : Description du comportement alimentaire de la population adulte marocaine, Mai


2008

14
Liste des figures
Figure 1 - Stades de la transition nutritionnelle, Popkin 2004. ................................................ 22

Figure 2 - Carte géographique du Maroc. ................................................................................ 31

Figure 3 - Evolution de la structure d’âge de la population marocaine 1960 – 2004 .............. 35

Figure 4 - Evolution de l’indice synthétique de fécondité, 1960/62 – 2003/2004 ................... 36

Figure 5 - Evolution de l'espérance de vie à la naissance par sexe au Maroc 1967-2004........ 37

Figure 6 - Evolution du taux de mortalité infantile (décès / 1000 naissances normales) au


Maroc. Source: Banque mondiale, indicateurs de développement dans le monde. ................. 37

Figure 7 - Comparaison de l’évolution du taux de mortalité infantile (décès / 1000 naissances


normales) entre le Maroc et certains pays similaires. Source: Banque mondiale, indicateurs de
développement dans le monde. ................................................................................................ 38

Figure 8 - Evolution de l’incidence de la tuberculose au Maroc entre 1990 et 2006 ............... 39

Figure 9 - Principales causes de décès, année 2003. Source : Santé en Chiffre 2007, Ministère
de la Santé Maroc. .................................................................................................................... 39

Figure 10 - Principales localisations cancéreuses au Maroc. Globocan 2008 ......................... 42

Figure 11 - Principales localisations cancéreuses chez les hommes et les femmes. Globocan
2008 .......................................................................................................................................... 42

Figure 12 - Moyenne de consommation par capita (Kg/personne/an) des différents groupes


alimentaires au cours des périodes 1968/1970, 1990/1992, 2000/2003. (FAO, Division des
statistiques) ............................................................................................................................... 48

Figure 13. La pyramide du régime méditerranéen traditionnel ................................................ 82

15
Liste des tableaux
Tableau 1 - Caractéristiques générales de la transition socioéconomique, épidémiologique et
nutritionnelle dans les pays industrialisés, adapté d’Omran, Milkbank Mem Fund Quart 1971.
.................................................................................................................................................. 21

Tableau 2 - Classification des masses corporelles chez les adultes ......................................... 28

Tableau 3 - Classification du risque pour la santé en fonction du tour de taille ...................... 28

Tableau 4 - Risque pour la santé: classification à partir de l'IMC et du tour de taille ............. 28

Tableau 5 - Evolution des effectifs et des taux de pauvreté au Maroc. .................................... 32

Tableau 6 - Evolution du taux d’urbanisation au Maroc, 1960 - 2006 .................................... 33

Tableau 7 - Evolution et tendance de la structure de la population marocaine par groupe d’âge


(1960 – 2019) ........................................................................................................................... 34

Tableau 8 - Les statuts anthropométriques de la population marocaine selon deux études


nationales : L’étude sur les revenus et consommation des ménages, 1984/85 et l’étude
nationale sur le niveau de vie, 1998/99. D’après S. Benjellon PHN 2002. .............................. 40

Tableau 9 - Prévalence du retard de croissance pondérale parmi les enfants de moins de 5 ans
au Maroc ................................................................................................................................... 44

Tableau 10 - Allocation des grappes en termes de commune selon le milieu de résidence et la


région ........................................................................................................................................ 54

Tableau 11 - Allocation de la taille de l’échantillon en terme de ménages selon le milieu de


résidence et la région ................................................................................................................ 55

Tableau 12 - Items alimentaires du fréquentiel alimentaire utilisé dans l’enquête nationale sur
les facteurs de risque comportementaux et nutritionnels du cancer au Maroc, 2008 ............... 58

Tableau 13 - Définition des composantes du score de régime méditerranéen à partir des


groupes d’aliments issus du fréquentiel alimentaire ................................................................ 64

Tableau 14 - Taux de participation à d’étude en fonction du milieu et du sexe, échantillon


d’adultes. Maroc 2008 .............................................................................................................. 67

Tableau 15 - Répartition de l’échantillon en fonction des tranches d’âge, Maroc, 2008 ......... 68

Tableau 16 - Répartition de l’échantillon en fonction du niveau d’étude, Maroc, 2008. ......... 69

Tableau 17 - Répartition de l’échantillon en fonction de la profession Maroc, 2008. ............. 69

Tableau 18 - Répartition de l’échantillon en fonction du revenu mensuel du ménage en MAD.


Maroc, 2008. ............................................................................................................................ 70

16
Tableau 19 - Répartition de l’échantillon en fonction du statut matrimonial, Maroc, 2008. ... 70

Tableau 20 - Répartition de l’échantillon en fonction de la consommation des boissons


alcoolisées selon le sexe et le milieu, Maroc, 2008. ............................................................... 71

Tableau 21 - Répartition (%) de l’échantillon en fonction de la fréquence de la consommation


d’au moins une boisson alcoolisée durant les douze derniers mois selon le sexe et le milieu,
Maroc, 2008. ............................................................................................................................ 72

Tableau 22 - Prévalence du tabagisme dans la population étudiée en fonction du milieu et du


sexe, Maroc, 2008. ................................................................................................................... 73

Tableau 23 - Prévalence du tabagisme dans l’échantillon en fonction des tranches d’âge selon
le milieu et le sexe. ................................................................................................................... 73

Tableau 24 - Fréquence de la pratique des activités physiques de forte intensité dans le cadre
du travail, nombre de jours/ semaine et durée habituelle selon l’origine et le sexe, Maroc,
2008. ......................................................................................................................................... 74

Tableau 25 - Répartition (%) de la population de l’étude ayant une activité physique (AP) de
forte intensité en fonction de la durée et la fréquence de cette activité selon l’origine et le
sexe, Maroc, 2008. ................................................................................................................... 74

Tableau 26 - Fréquence de la pratique des activités physiques d’intensité modérée dans le


cadre du travail selon l’origine et le sexe, Maroc, 2008........................................................... 75

Tableau 27 - Répartition (%) de l’activité physique (AP) d’intensité modérée en fonction de la


durée et la fréquence de cette activité selon l’origine et le sexe, Maroc, 2008. ....................... 75

Tableau 28 - Fréquence de la pratique des trajets d’au moins 10 min à pied ou à vélo selon
l’origine et le sexe, Maroc, 2008. ............................................................................................. 76

Tableau 34 - Scores des troisième et quatrième composantes en fonction des caractéristiques


sociodémographiques et des consommations de corps gras dans l’échantillon d’adultes
marocains, 2008. ...................................................................................................................... 89

Tableau 35 - Coefficients (β) dérivés de régression linéaire multiple pour les scores des
troisième et quatrième facteurs dans l’échantillon d’adultes marocains, 2008. (N=2585) ...... 91

17
Liste des abréviations
ACP : Analyse en Composantes Principales
AGMI : Acides gras mono-insaturées
AGPI : Acides gras poly-insaturées
AGS : Acides gras saturés
AICR : American Institute for Cancer Research
ALSC : Association Lalla Salma de Lutte contre le Cancer
AP : Activité physique
ATCD : Antécédents
CERED : Centre d’Etude et de REcherche Démographique
DQI : Diet Quality Index
ENCDM : Enquête nationale sur la consommation et les dépenses des ménages
ENNVM : Enquête nationale sur le niveau de vie des ménages ENPS
EVN : Espérance de Vie à la Naissance
FFQ : Food Frequency Questionnaire
HEI : Healthy Eating Index
HDI : Healthful Diet Indicator
ENSPF : Enquête Nationale sur la Santé de la Population et le Famille
HTA : Hypertension artérielle
IMC : Indice de masse corporelle
IPAQ : International Physical Activity Questionnaire
ISF : Indice Synthétique de Fécondité
MAD : Dirham Marocain
DM : Diète Méditerranéenne
MDS : Mediterranean Diet Score
MET : Equivalent Métabolique Standard
MNT : Maladies Non Transmissibles
MONICA : Multinational MONItoring of trends and determinants in CArdiovascular
disease
MPE : Malnutritions protéinoénergétiques
WCRF : World Cancer Research Fund
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PAMO : Profil Alimentaire Marocain Occidentalisé
PAMT : Profil Alimentaire Marocain Traditionnel
PAPCHILD : Enquête Nationale sur la Santé de la Mère et de l’Enfant
PIB : Produit intérieur brut
PNUD : Programme des Nations Unis pour le Développement
PVD : Pays Voie de Développement
RCRC : Registre de la région de Casablanca
RC : Retard de croissance
SPSS V17 : Statistical Package for the Social Sciences v17
STEPS : Approche STEPwise pour la surveillance des maladies chroniques
UNICEF : United Nations of International Children's Emergency Fund

18
1- Introduction générale et objectif général
L’augmentation mondiale des maladies chroniques touche aussi bien les pays développés que
ceux en voie de développement (PVD) même les plus pauvres dans lesquels persistent encore
des maladies infectieuses ou parasitaires et des carences nutritionnelles. Les maladies
chroniques sont responsables du plus grand nombre de décès à travers le monde. En effet,
parmi les 58 millions de décès survenus dans le monde en 2005, 35 millions (60 %) sont
imputables aux maladies chroniques (soit deux fois la mortalité attribuable aux maladies
infectieuses), affections maternelles et périnatales et carences nutritionnelles toutes
confondues (1). Ces décès étaient principalement attribuables aux maladies cardiovasculaires
(17 millions), cancers (7,6 millions), maladies respiratoires chroniques (4 millions) et diabète
(environ 1 million) (1). Parmi ces maladies chroniques non transmissibles, certaines ont un
lien reconnu avec l'alimentation (hyperlipidémie, diabète non insulinodépendant, hypertension
artérielle et maladies cérébro ou cardio-vasculaires, certains cancers) comme avec d'autres
facteurs du mode de vie, la sédentarité et la consommation de tabac ou d'alcool notamment
(2).

Si les pays occidentaux sont massivement confrontés aux problèmes d’obésité et de maladies
chroniques avec le déclin des maladies transmissibles et des carences nutritionnelles, les pays
en développement font maintenant face à un double fardeau : celui des maladies infectieuses
et celui des maladies chroniques dégénératives qui s’exacerbent de plus en plus avec la
transition nutritionnelle. Cette dernière est caractérisée par la coexistence de la malnutrition
par carences globales ou spécifiques et le surpoids/obésité dans le même environnement, la
même société, la même famille, voire chez le même individu (3-8). Cette coexistence serait
associée au niveau de développement économique des pays et à l’urbanisation (8), ainsi qu’à
une faible qualité de l’alimentation et aux mauvaises conditions de vie.

Depuis sa première description par Omran (9), la transition nutritionnelle a été très
documentée dans plusieurs pays en voie de développement, en Amérique Latine, en Asie et
même en Afrique subsaharienne (3, 10-15). Plusieurs études publiées confirment le lien entre
la transition nutritionnelle et l’émergence des maladies chroniques dont l’obésité (16-18).

Au Maroc, peu d’études sur la transition nutritionnelle ont été menées (19-21). A l’exception
de celle de Benjelloun (19) qui portait sur des données nationales, toutes ces études ont
concerné des populations spécifiques telles que des femmes et des préadolescents, et aucune
d’entre elles n’a étudié le lien avec des facteurs de risque des maladies chroniques. De plus,
l’étude de Benjelloun (19) était basée sur une analyse secondaire de données des enquêtes sur
la consommation et dépenses des ménages menées par le Haut Commissariat au Plan (22, 23).
A ce jour, aucune étude n’a encore décrit les caractéristiques de la transition nutritionnelle et
ses interrelations avec les maladies chroniques au Maroc, d’où l’intérêt de notre travail qui a
été réalisé dans tout le territoire marocain et décrit les caractéristiques de l’alimentation et du
mode de vie en lien avec certaines maladies chroniques chez la population adulte marocaine.

19
2- Etat de connaissances
2-1 Alimentation et transition nutritionnelle

2-1-1 Définitions et caractéristiques de la transition nutritionnelle

La transition est un phénomène global largement étudié et caractérisé par l'ensemble des faits
marquant le passage d'une société préindustrielle à une société moderne avec, en matière de
santé, la substitution progressive des maladies chroniques dégénératives aux maladies
infectieuses comme principale cause de décès et, dans le domaine de la nutrition, la
substitution des problèmes de surcharge pondérale et d'obésité aux problèmes de carences
liées à l'alimentation (24). C’est aussi l’ensemble des changements des habitudes
d’alimentation et du mode de vie qui surviennent chez des populations des PVD sous l’effet
conjugué de l’urbanisation et de l’industrialisation des villes, des changements de
l’environnement socio-économique et de la mondialisation (25-27).

Ce concept de transition a été décrit pour la première fois par Omran qui l’a défini comme le
passage d’un tableau dominé par les maladies transmissibles à un tableau où prédominent les
maladies chroniques non transmissibles (9). (Tableau 1)

La transition nutritionnelle est fortement liée aux transitions démographique, sociale et


épidémiologique (24, 28-31). Selon Popkin (31), on parle de transition alimentaire et
nutritionnelle pour caractériser les évolutions les plus marquées allant de la chasse, la pêche
traditionnelle et la cueillette à l’ère de l’agriculture et de l’élevage, jusqu’à la période de plus
grande prospérité alimentaire comme celle qui a accompagné l’industrialisation des pays du
Nord (32) en passant par des périodes de famines récurrentes. (Figure 1)

20
Tableau 1 - Caractéristiques générales de la transition socioéconomique, épidémiologique et
nutritionnelle dans les pays industrialisés, adapté d’Omran, Milkbank Mem Fund Quart 1971.
Transition Ere des pestes et des Ere de la régression des Ere des maladies
famines pestes et des famines chroniques dégénératives
Economique
Agriculture de Révolution industrielle Diminution de la pénalité,
subsistance des tâches industrielles et
Révolution des transports
domestiques
Traction animale
Révolution agricole
Révolution technologique
Artisanat
Elévation plus rapide de
Montée du secteur tertiaire
produit national brut
Démographique
Fécondité élevée Diminution de la fécondité Maîtrise de la fécondité
Mortalité élevée aux Déclin de la mortalité Espérance de vie/ 60 ans
jeunes âges précoce
Vieillissement de la
Forte mortalité Croissance active de la population
maternelle population
Fort taux d’urbanisation,
Faible espérance de vie Pyramide des âges Banlieues
rééquilibrée
Population jeune
surtout rurale Début de l’urbanisation et de
l’immigration

Epidémiologique
Nombreuses maladies Expansion puis régression Déclin des maladies
infectieuses (épidémies des maladies infectieuses infectieuses
fréquentes, tuberculose (variole, polio, tuberculose) ;
Montée des maladies
endémiques, etc,…) vaccins
chroniques liées à
l’alimentation, la
sédentarité et la pollution
Handicap aux âges
avancés liés aux maladies
chroniques dégénératives
Agriculture/
Forte dépendance Techniques industrielles de Technologie de haut
alimentation
saisonnière transformation et niveau
conservation
Productivité Forte productivité
insuffisante, disettes Diversification (via
fréquentes transports)
Conservation artisanale Productivité accrue

Céréales, pommes de Davantage de produits Taux élevés de lipides, de


terre animaux, fruits et légumes graisses saturées, de sucre
Diversification limitée Produits transformés

21
Faible taux de lipides Faible teneur en fibres
Nutritionnelle
Malnutrition par Diminution des carences Surpoids et obésité
carence courants
Problèmes de sevrage, moins
Retard de croissance de problèmes de croissance Recherche de minceur
de l’enfant dans les classes affluentes
Surpoids dans les classes
affluentes

Figure 1 - Stades de la transition nutritionnelle, Popkin 2004.

Ces évolutions se sont produites selon les régions et les sociétés à des moments différents et
sur des périodes de temps variables, généralement longues, et ont contribué à une
modification importante des profils épidémiologiques (9).

Dans les pays industrialisés, ces évolutions ont concerné plusieurs domaines de la vie
humaine : augmentation de l’espérance de vie avec le déclin des maladies infectieuses,
passage de la carence à l’abondance alimentaire. Mais il y a eu aussi passage d’une activité
physique vigoureuse à l’adoption d’un mode de vie sédentaire directement lié à la diminution
des tâches domestiques physiques, la mécanisation des opérations industrielles et la
motorisation des transports. En alimentation, le recul de certains régimes traditionnels riches
en légumes verts, céréales, fruits et autres aliments faibles en matières grasses, au profit de
viandes et graisses animales, sucre et céréales raffinées a augmenté la prédisposition aux
maladies chroniques (3, 12, 33). Ces changements ont eu, parfois, des conséquences néfastes
pour les individus et leurs sociétés. Ainsi, le vieillissement de la population et l’augmentation
de la vulnérabilité des individus aux maladies chroniques dégénératives liées à l’âge avancé

22
ont été une conséquence directe du recul de la mortalité et de la maîtrise de la fécondité
augmentant ainsi la charge morbide de la société. Dans un stade plus avancé de la transition
alimentaire, il y a eu une augmentation de la diversité alimentaire surtout en milieu urbain et
chez les personnes des classes élevées, ainsi que l’adoption progressive de schémas
alimentaires et de mode de vie plus propices à la santé (34) avec le recul des malnutritions et
l’amélioration de la sécurité alimentaire surtout chez l’enfant mais aussi l’apparition des
maladies chroniques dont l’obésité et le surpoids.

Dans les PVD, qui subissent une transition épidémiologique parallèle aux transitions
démographique et sociale à la suite des processus d'industrialisation et des changements dans
les modes de vie qui les ont accompagnés (24, 28, 29, 35), la transition nutritionnelle est un
processus récent mais extrêmement rapide. Elle touche de plein fouet des populations qui en
sont aux premiers stades de la transition démographique. Les études menées dans des pays en
voie de développement montrent, qu’en plus des maladies infectieuses et parasitaires ou de
problèmes de malnutrition par carences auxquels ces pays font toujours face, l’obésité et les
maladies chroniques non transmissibles liées à l’alimentation occupent une place de plus en
plus importante (36-38). Une des particularités de cette évolution dans les PVD est son
caractère accéléré par rapport aux pays développés et qui découlerait d’un progrès certain
dans la lutte contre la mortalité par maladies infectieuse ainsi que de l’allongement de la durée
moyenne de vie dans ces pays. Cette situation aurait pour conséquence une plus longue
exposition aux facteurs de risque entraînant une hausse des maladies chroniques non
transmissibles liées à l’alimentation, la croissance économique et démographique,
l’urbanisation rapide et le développement technologique (30, 39, 40).

2-1-2 Les déterminants de la transition nutritionnelle

D’après B Maire (41), la mondialisation et l’urbanisation sont les principaux déterminants de


la transition nutritionnelle.

L’urbanisation selon Popkin est caractérisée, dans les pays en voie de développement par le
passage des soucis récurrents de disponibilités alimentaires insuffisantes ; de manque de
transports publics, d’insuffisance de commerces et de produits transformés dans le secteur de
l’alimentation avec en plus un mode de vie actif à une large palette d’aliments transformés et
de boissons gazeuses disponibles, l’abondance de transports publics et une vie de plus en plus
sédentaire (30).

La ville, par référence à l’urbanisation, est depuis toujours, un lieu de concentration, de flux et
d’échanges humains et économiques ouvert sur le monde. C’est le lieu de l’évolution des
styles alimentaires avec le maintien des habitudes alimentaires traditionnelles auxquelles
s’ajoutent des produits typiquement urbains ou typiquement occidentaux (7).

Contrairement aux pays développés, l’urbanisation dans les PVD est caractérisée par son
caractère rapide et se manifeste par des changements radicaux dans les modes de vie,
alimentation comprise. Ces changements sont la conséquence du flux migratoire d’origine
rurale incontrôlé, d’absence d’infrastructures pour accompagner la concentration humaine

23
exponentielle et du manque de moyens pour une bonne gouvernance urbaine. De plus, ces
changements surviennent dans des économies encore largement dominées par des
phénomènes de pauvreté générant inégalités et entraînant des situations fortement contrastées
aux deux extrémités du spectre alimentaire et nutritionnel et un terrain propice au
développement du double fardeau de la dysnutrition.

La mondialisation, autre déterminant de la transition nutritionnelle, contribue aux


changements des habitudes alimentaires locales notamment à travers le libre échange de
marchandises et de cultures, le transfert rapide des technologies, du capital et de
l’information; les techniques de mise en marché et de distribution et l’influence des médias
(marketing, publicité). Le changement des habitudes alimentaires a été marqué
essentiellement par le déclin de certains aspects bénéfiques de l’alimentation traditionnelle au
profit du régime dit « occidental» surtout dans les grands centres urbains où les disponibilités
alimentaires sont plus abondantes, diversifiées et accessibles à moindre coût, particulièrement
pour des aliments riches en énergie (42).

2-1-3 Transition nutritionnelle dans les pays en voie de développement et au


Maghreb

La transition nutritionnelle qui touche les pays en voie de développement est


fondamentalement différente de celle préalablement vécue par les pays industrialisés. Si la
transition nutritionnelle s’est installée, dans les pays développés, sur plusieurs étapes à un
stade assez avancé de la transition démographique, elle a touché pleinement les pays en voie
de développement, aux premiers stades de la transition démographique alors qu’ils font
encore face aux problèmes de malnutrition due à des carences générales ou spécifiques et elle
est exagérée par ses principaux déterminants qui sont la mondialisation et l’urbanisation.

L’augmentation rapide de la prévalence de l’obésité et d’un certain nombre de maladies


chroniques est attribuée à l'évolution rapide des populations urbaines à un rythme exagéré par
rapport à celle survenue il y’a un siècle dans les pays de l'Ouest. Les principales raisons
invoquées pour expliquer ce phénomène sont les changements dans la structure
professionnelle et l’influence des médias (marketing, publicité) dans les pays du sud (30).
Cette transition nutritionnelle, largement documentée dans ces pays (17, 24, 43-47), a été
marquée par le passage des régimes alimentaires traditionnels principalement à base de
céréales, de tubercules et de légumes, vers des régimes de plus en plus diversifiés, plus riches
en produits animaux de plus en plus gras, de plus en plus sucrés, et de moins en moins riches
en fibres et en micronutriments antioxydants. Il en est découlé des améliorations en termes de
diminution des maladies de carence, d'une forte croissance staturo-pondérale des enfants et
d'un allongement sans précédent de l'espérance de vie, y compris à des âges avancés. Mais
cette situation a eu aussi pour conséquence une plus grande prévalence de l'obésité et des
maladies chroniques liées à l'alimentation, à une diminution de l’activité physique avec une
mortalité associée élevée.

Dans les pays du Maghreb, le phénomène de transition nutritionnelle est peu documenté (19,
48). Mais il est clair que l'obésité et les maladies non transmissibles associées progressent

24
rapidement comme dans les autres PVD (30, 48). Cette progression est liée à la transition
nutritionnelle et à des changements profonds au niveau des sociétés (mécanisation des tâches
ménagères, accessibilité au transport, …). De plus, les sociétés et les systèmes de santé de ces
pays sont peu préparés à cette évolution dont les conséquences sanitaires et économiques sont
énormes. Ces pays restent confrontés à des malnutritions de type carentiel dont la coexistence
avec l'obésité et les maladies non transmissibles (MNT) se traduit par une situation de double
charge, y compris au niveau familial, inédite et jusqu'ici très peu documentée.

2-1-4 Caractérisation des profils alimentaires

Afin de décrire la transition nutritionnelle et d’analyser ses relations avec l’état de santé, il est
nécessaire de décrire les comportements alimentaires des individus.
De nombreuses études épidémiologiques soulignent l’existence des relations entre la
consommation d’aliments et l’état de santé des populations, en particulier les maladies
chroniques et l’obésité (34, 47). Toutefois, il est difficile, en pratique, d’isoler le rôle de tel ou
tel nutriment ou aliment dans l’apparition de certaines maladies. En effet, la consommation
des repas consiste en une variété d'aliments, avec des combinaisons complexes de nutriments
et des effets qui peuvent être interactifs ou synergiques [53]. De plus, les habitudes
alimentaires sont influencées par de nombreux facteurs notamment le climat et l’agriculture
de la zone géographique considérée, le niveau économique, et enfin des facteurs comme le
passé historique, la culture et la religion caractéristiques de chaque population.

La description de profils alimentaires, plutôt que celle de la consommation d’un aliment ou


nutriment isolés, est une approche globale permettant de mieux appréhender la relation des
nutriments et des aliments entre eux. Cette approche consiste soit en l’exploration des
combinaisons entre aliments à partir de l'observation des consommations alimentaires dans
une population ; ce sont des méthodes dites « à postériori », soit en l’évaluation de
l'adéquation des consommations alimentaires à des référentiels préétablis suivant des
recommandations nutritionnelles bien définies. Ces dernières méthodes sont dites « à priori ».

2-1-4-1 Profil à priori

La méthode des profils dits « à priori » consiste à évaluer l'adéquation des consommations
alimentaires à des référentiels prédéfinis. Ces méthodes consistent à calculer des scores
d’adéquation à des recommandations nutritionnelles. La construction de ces scores repose sur
des connaissances déjà acquises ou hypothèses scientifiques dans le domaine de la nutrition
« hypothèses à priori ». Les paramètres constituant ces scores peuvent être des aliments ou
des groupes d’aliments, des nutriments, voire d’autres indicateurs tels que des indices de
variété alimentaire, la prise de compléments alimentaires ou encore l’activité physique. Parmi
ces paramètres, en particulier les aliments, certaines de leurs composantes sont utilisées plus
que d’autres pour l’élaboration de ces scores tels les apports en lipides sous différentes formes
(lipides totaux, saturés / mono-insaturés, cholestérol) ou consommation de fruits et légumes.

Quatre principaux scores sont largement utilisés à l’échelle internationale. Il s’agit du Diet
Quality Index (DQI) (49), le Mediterranean Diet Score (MDS), le Healthy Eating Index (HEI)
25
(50) et le Healthful Diet Indicator (HDI) (51). Ces différents scores discriminent les habitudes
de consommations selon des recommandations américaines pour le DQI et le HEI, des
recommandations de la diète méditerranéenne traditionnelle pour le MDS et des
recommandations de l’OMS pour le HDI. Un score élevé sera signe d’une bonne adéquation
avec les recommandations, tandis qu’un score bas correspondra à un comportement
alimentaire jugé délétère.
Le régime méditerranéen – régime habituellement consommé par les populations habitant au
bord de la mer méditerranéenne, est considéré comme un modèle d’une alimentation saine du
fait de sa contribution à un meilleur état de santé et une meilleure qualité de vie. En effet,
plusieurs études ont démontré que le régime méditerranéen peut diminuer significativement le
risque de mortalité globale, mortalité liée aux maladies cardiovasculaires, mortalité due aux
cancers et l’incidence de la maladie de Parkinson et d’Alzheimer (52-55). Dans d’autres
études, le régime méditerranéen était considéré comme référence pour l’adaptation de certains
scores d’évaluation destinés à décrire et analyser les profils alimentaires des populations (56).

Le score Médi est le score d’adéquation au régime méditerranéen le plus fréquemment utilisé.
Ce concept a été défini pour la première fois par Trichopoulou et al (57) et mis à jour en 2003
(52) avec l’introduction du poisson. Il s’agit d’un score de qualité de l’alimentation basée sur
les recommandations de la diète méditerranéenne (DM) traditionnelle. Les composantes de ce
score incluent les céréales, légumes, fruits et noix, lait et produits laitiers, viandes et produits
dérivés, légumes secs, alcool, ratio graisses mono-insaturées/saturées avec l’ajout du poisson.

2-1-4-2 Profil a posteriori

Cette approche méthodologique consiste à mettre en évidence des combinaisons "spontanées"


d'aliments dans des enquêtes en population générale. Des méthodes statistiques mesurent les
corrélations entre les consommations de groupes d'aliments et identifient « a posteriori » des
profils de consommations observés, dont les relations avec l'état de santé peuvent être
évaluées secondairement. Les profils alimentaires émanant de cette approche sont
différemment associés aux caractéristiques sociodémographiques des individus enquêtés (âge,
sexe, origine ethnique, religion, niveau social,…).

De manière générale, il existe deux grandes méthodes d’analyse statistique utilisées pour la
caractérisation des profils alimentaires a posteriori:
- Les méthodes multidimentionnelles qui incluent :
o l’analyse en composante principale (ACP) dont l’objectif est de réduire le nombre
de variables qui ne se fait pas par une sélection de certaines variables, mais, par
une construction de nouvelles variables ou facteurs obtenus en combinant les
variables initiales au moyen de facteurs. Cette méthode utilisée dans le cadre de
cette thèse sera reprise avec plus de détails dans le chapitre « Méthodes ».
o et l’analyse factorielle des correspondances (AFC), qui a le même objectif que
l’ACP mais traite des variables qualitatives.

26
- Les méthodes de classification qui ne seront pas détaillées dans le cadre de cette thèse car
elles n’ont pas été utilisées.

2-2 Transition nutritionnelle et maladies chroniques

Les tendances en matière d’alimentation et de mode de vie, qui résultent du développement


économique, de la globalisation et du commerce, ont eu un impact significatif sur la santé de
la population. En effet, de multiples travaux réalisés au cours des 30 dernières années ont
cherché à identifier les facteurs nutritionnels ou comportementaux susceptibles d’intervenir
soit comme facteur de risque, soit comme facteur de protection dans le déterminisme des
maladies. Si dans de nombreux cas, les arguments disponibles ne permettent pas d’affirmer la
réalité du lien entre les facteurs nutritionnels et certaines maladies, dans d’autres cas, au
contraire, la convergence des arguments est telle qu’elle fait l’objet d’un consensus (58-60).
Cependant, les effets les plus dramatiques de cette transition nutritionnelle ont été observés
dans les pays en voie de développement qui souffrent en plus de l’impact du déficit
nutritionnel et du développement de la population.

Le phénomène de transition nutritionnelle et sanitaire est marqué par l’apparition de surpoids


et d’obésité, d’hypertension, de diabète, d’hypercholestérolémie, et par une augmentation de
la mortalité par maladies cardiovasculaires (cardiopathies ischémiques, accidents vasculaires
cérébraux), et par certains cancers (sein et colon, notamment) comme nous le détaillerons ci-
dessous.

Pour ce qui est de l’obésité, elle se définit comme une accumulation excessive de masse
grasse dans le corps. Un individu adulte est considéré comme obèse lorsque sa masse grasse
est supérieure à 25% chez les hommes et 35% chez les femmes, d’après Lohman et al (61).
L’indice de masse corporelle (IMC), mesure simple et rapide, sert d’indicateur de cette masse
grasse (62). L’obésité peut être mesurée par l’IMC, par l’adiposité abdominale plus
spécifiquement et par le tour de taille par le rapport tour de Taille/hanche.

L'IMC permet de classer les adultes de 18 ans et plus dans différentes catégories de poids :
insuffisant, normal, surpoids et obésité. Il est calculé comme suit :

IMC = Poids (kg) ÷ Taille (m2)

IMC = kg / m 2

Un adulte qui présente un IMC de 25,0 à 29,9 a un surpoids. Celui ou celle qui présente un
IMC au-dessus de 30 est obèse. L'obésité a également été classifiée par l'OMS dans trois
classes : modérée, sévère ou morbide. Le risque pour la santé s'accroît selon la classe où
l'adulte se trouve (tableau 2) (OMS, 2003, Santé Canada, 2003). (Tableau 2)

27
Tableau 2 - Classification des masses corporelles chez les adultes
Catégorie de l’IMC Risque de développer des
Classification
(kg/m 2) problèmes de santé
Poids insuffisant < 18,5 Accru
Poids normal 18,5 à 24,9 Moindre
Surpoids ou pré-obésité 25,0 à 29,9 Accru
Obésité
Classe I (modérée) 30,0 à 34,9 Modéré
Classe II (sévère) 35,0 à 39,9 Élevé
Classe III (morbide 40 et plus Très élevé

Le tour de taille permet d'identifier un excès de graisse abdominale. Un tour de taille


supérieur à 102 cm chez les hommes et 88 cm chez les femmes est un indicateur fiable des
problèmes de santé reliés à l'obésité abdominale (tableau 3). Le tour de taille est
particulièrement utile pour détecter le risque associé à un excès de graisse abdominale chez
les individus ayant un IMC normal.

Tableau 3 - Classification du risque pour la santé en fonction du tour de taille


Seuil du tour de taille Risque pour la santé
Hommes: 102 cm
Risque accru
Femmes: 88cm

Le risque pour la santé relié au poids se détermine en tenant compte à la fois de l’IMC et du
tour de taille (tableau 4).

Tableau 4 - Risque pour la santé: classification à partir de l'IMC et du tour de taille


Indice de masse corporelle
Excès de Obésité
Normal
poids classe 1
< 102 cm (hommes) Moindre
Risque accru Risque élevé
Tour de taille < 88 cm (femmes) risque
102 cm (hommes) Risque très
Risque accru Risque élevé
88cm (femmes) élevé

Le rapport Taille/Hanche : Cette approche peut être complétée par le rapport taille-hanche
qui va permettre de distinguer les obésités androïdes (plutôt masculines) des obésités
gynoïdes (plutôt féminines), on parle aussi dans ce cas d'obésité en pomme ou en poire par
analogie à l'aspect de la silhouette. Pour la déterminer, on mesure le tour de taille au niveau de
l'ombilic et on le divise par le tour de hanches au niveau du pubis. Si le résultat est de plus de
1 pour les hommes et de plus de 0,8 pour les femmes, il s'agit d'obésité androïde.

Plusieurs études (17, 63-66) ont démontré une évolution marquée de surpoids et de l’obésité
fortement liée aux changements des habitudes alimentaires et de l’activité physique dans les

28
pays en développement comme dans les pays développés. En effet, l’obésité est un
phénomène multifactoriel. Cependant, la cause physiologique qui en est directement
responsable est le déséquilibre énergétique comme conséquence d’une faible activité physique
(67) et/ou l’apport énergétique élevé (68-70). Certaines études ont démontré qu’un régime
riche en lipides, peut entrainer un excès de l’apport énergétique et donc un gain du poids (71-
73). D’autres études avancent des évidences non concluantes quant au rôle de certains
macronutriments spécifiques qui pourraient affecter le poids corporel bien que la balance
énergétique reste maintenue (74-76).

L’obésité et surpoids sont fortement liés au diabète (77, 78). En effet, l'incidence de la
surcharge pondérale, de l'obésité, et par voie de conséquence du diabète de type 2, est en
augmentation constante dans les pays développés du fait d'une consommation calorique
excessive et d'une moindre dépense énergétique. A côté de ces deux facteurs (surpoids/obésité
et activité physique), la nature des glucides et des lipides de l’alimentation peut jouer un rôle
(79). En effet, les glucides ne créent pas de diabète de novo. Ils peuvent seulement être
hyperglycémiants chez des sujets à très fort risque de diabète soit par leur hérédité, soit par
leur âge. Les études épidémiologiques semblent indiquer que la nature des glucides ingérés
intervient toutefois ; les aliments à fort index glycémique et pauvres en fibres pourraient être
diabétogènes chez les sujets fortement prédisposés au diabète (79). Pour les lipides, les acides
saturés pourraient favoriser le diabète en aggravant l’insulino-résistance ou en la favorisant. Il
existe une relation inverse entre la sensibilité à l’insuline et la teneur en acides gras saturés
des phospholipides membranaires musculaires, cette teneur étant en partie déterminée par la
nature des graisses consommées (80).

En ce qui concerne les affections cardio-vasculaires, l’étude internationale de Keys (1986)


(59) portant sur 16 cohortes réparties dans 7 pays, a mis en évidence un taux de cholestérol et
une mortalité d’origine cardio-vasculaire plus faibles dans les pays méditerranéens par rapport
aux pays du nord de l’Europe et de l’Amérique. L’étude prospective MONICA (1994) (60) a
aussi montré une incidence plus faible des affections coronariennes dans le sud de la France et
dans la région de Barcelone (Catalogne, Espagne). D’autres études ont démontré une
réduction significative de la mortalité par maladies cardiovasculaires chez les forts adhérents
à la DM (52-55). Ces différences étaient expliquées en partie par une cholestérolémie plus
basse. Cependant à cholestérolémie égale, le risque coronarien était beaucoup plus faible dans
les pays à faible incidence, soulignant l'influence d'autres facteurs de l'environnement, en
premier lieu les facteurs nutritionnels. Ces derniers peuvent influer sur le risque cardio-
vasculaire par l'intermédiaire de plusieurs mécanismes en particulier par l’élévation de la
cholestérolémie liée à la consommation excessive des graisses saturées (AGS) et à moindre
degré celle du cholestérol contenu dans les aliments. L’élévation de l’hypertension artérielle
(HTA), autre mécanisme influant le risque cardio-vasculaire, est favorisé par une
consommation excessive de sodium, d'alcool et par la surcharge pondérale. D’autres
nutriments ont pu être incriminés sans qu’aucune preuve formelle de leur responsabilité n’ait
été apportée. Il faut noter que les liens de cause à effet entre un aliment ou un nutriment et la
survenue d’une HTA sont difficiles à établir, notamment du fait de l’hétérogénicité de la

29
maladie et de réponses différentes de sous-groupes de population à un même facteur
alimentaire.

En ce qui concerne les cancers, l’utilisation des données de prévalence des facteurs de risque
permet d’estimer à 72 à 96% la proportion des cancers incidents qui peuvent être évités dans
les pays du nord par l’élimination des facteurs de risque connus (81-84). Dans le rapport du
panel d’expert commun du World Cancer Research Fund (WCRF) et de l’American Institute
for Cancer Research (AICR) (58), on estime que 30 à 40% de l’incidence des cancers peuvent
être prévenus par l’alimentation saine, le contrôle du poids et par l’activité physique
appropriée.

Certains aspects de la nutrition ont des effets néfastes pour la santé alors que d’autres
s’avèrent au contraire bénéfiques. Ainsi, une alimentation plus riche en calcium (produits
laitiers non gras) et en potassium (fruits et légumes) abaisse la pression artérielle (85, 86), les
graisses mono-insaturées (AGMI) et surtout les graisses poly-insaturées (AGPI) et les
phytostérols abaissent la cholestérolémie (87, 88). Les AGPI de la série (n-3) ont
potentiellement un effet anti-inflammatoire (au niveau artériel), anti-thrombotique, et sans
doute préventif vis à vis de la mort subite (89, 90). Les fruits et légumes apportent des anti-
oxydants et des fibres, dont l’effet anti cancéreux n’est plus à démontrer (58).

2-3 La situation au Maroc

2-3-1 Bref aperçu sur le Maroc

Le Maroc, dont la superficie est de 710 850 kilomètres carrés, est situé au Nord-Ouest de
l'Afrique. Il est délimité au Nord par le Détroit de Gibraltar et la Mer Méditerranée, au Sud
par la Mauritanie, à l'Est par l'Algérie et à l'Ouest par l'Océan Atlantique. La côte marocaine
s'étend sur 3450 km. Son littoral atlantique de 3 000 km est bordé de plaines basses ou de
plateaux, alors que sa façade méditerranéenne longue de plus de 450 km, est plus étroite et
constitue une zone bordée de montagnes difficilement franchissables.

Selon le découpage administratif, le Maroc est divisé en 16 régions économiques. Ces régions
sont elles-mêmes subdivisées en 68 provinces ou préfectures. Ces dernières sont regroupées
en Wilaya. Le Wali ou gouverneur qui est à la tête d'une wilaya ou d'une province et
préfecture, est le représentant de Sa Majesté le Roi. Chaque province est divisée en
municipalités, arrondissements, cercles et communes. Ainsi, on compte 76 municipalités, 249
communes urbaines et 1 298 communes rurales. (Figure 2)

La population du Maroc est constituée de trois principaux groupes ethniques : les Berbères,
qui vivent en majorité dans les régions montagneuses du Rif (les Rifains), du Moyen et Haut
Atlas (Les Amazighenes) et de l'Anti-Atlas (les Tachelhites ou Souassas) ; les Arabes qui sont
installés, en général, dans les plaines intérieures et côtières et les Sahraouis qui vivent au
Sahara marocain.

30
Figure 2 - Carte géographique du Maroc.

31
2-3-2 Caractérisation de la transition épidémiologique au Maroc

L’état de santé de l’individu et par extension celui de la communauté est fortement


conditionné par son niveau socio-économique dans la mesure où un revenu correct et stable
permet d’assurer une alimentation suffisante et équilibrée, un habitat adéquat et salubre ainsi
que l’accès aux soins médicaux.

A la veille de son indépendance en 1956, le Maroc était confronté à d’immenses problèmes


socioéconomiques et sanitaires qui ont beaucoup évolué durant les deux dernières décennies.

Les résultats présentés dans le chapitre suivant sont tirés essentiellement des enquêtes auprès
des ménages réalisés par le haut commissariat au plan et qui sont : l’Enquête nationale sur la
consommation et les dépenses des ménages (ENCDM) de 1984-85 (22), l’ENCDM 2000-
01(91). L’enquête nationale sur le niveau de vie des ménages (ENNVM) de 1990-91 (92),
l’ENNVM 1998-99 (93), l’ENNVM 2006-07 (94), le recensement de l’Habitat et de la
Population 2004 (95) et enfin le rapport, Santé en chiffre annuellement élaboré par le
Ministère de la Santé (96).

2-3-2-1 Indicateurs des conditions de vie

Les principaux indicateurs caractérisant les conditions de vie des populations sont le taux de
chômage, le taux de pauvreté et le taux d’urbanisation.

Selon le haut commissariat au plan, le taux de pauvreté au niveau national a augmenté au


cours de la première décennie entre 1990/91 et 1998/99 passant de 13,1% à 16.3% et en
milieu rural de 18% à 24,2%. Entre 1998 et 2007, le taux de pauvreté a perdu plus de 7 points
de pourcentage passant ainsi de 16,3% à 9% au niveau national. Cette baisse de la pauvreté a
été plus marquée en milieu rural qu’en milieu urbain. Dans ce milieu (rural), le taux est passé
de 24,2% à 14,5% soit une baisse de 10,6 points de pourcentage. En milieu urbain cette baisse
n’a été que de moins de 2,8 points de pourcentage passant de 7,6% à 4,8%. (Tableau 5)

Tableau 5 - Evolution des effectifs et des taux de pauvreté au Maroc.


1998-99 2000-01 2006-07
Effectifs % Effectifs % Effectifs %
(en milliers) (en milliers) (en milliers)
Urbain 1439 9,5 1235 7,6 829 4,8

Rural 3085 24,2 3225 25,1 1945 14,5

Ensemble 4534 16,3 4461 15,3 2773 9,0

Source : Ministère du développement social, de la famille et de la solidarité/PNUD Maroc.


Cadre stratégique national de réduction de la pauvreté au Maroc : A propos du concept de la
pauvreté et analyse de la situation, Septembre 2009. Disponible au site internet

32
http://www.social.gov.ma/MdsfsFichiers/pdf/CONCEPT_DE%20PAUVRETE_ET%20ANA
LYSE_DE%20LA_SITUATION.pdf Consulté le 31/10/2010.

L’évolution du revenu par habitant, appréhendé par le produit intérieur brut (PIB) par habitant
reste limitée. Ainsi, le PIB par habitant était de 12 300 MAD (1999) et de 15003 MAD en
2003. Cette évolution s’est traduite par une baisse du rythme de progression des dépenses de
consommation par ménage de 10,2% par an entre 1985 et 1991 à 2,7% par an entre 1991 et
2003. La part des dépenses réservée à l’alimentation enregistre une diminution en passant de
48,8% en 1984/85 à 43,1% en 1998/99 et 40,6% en 2006/2007

L’offre globale de travail a augmenté au cours des deux dernières décennies à un rythme plus
rapide que la population totale. Ainsi, le taux de chômage a enregistré une croissance
importante entre les années 1990 et 1998 passant de 12,1% à 19%. Cette croissance semble
s’atténuer depuis en 2001 ou le taux de chômage enregistré était de 12,8%. Depuis 2006, le
taux de chômage est descendu sous la barre des 10%, tendance qui s’est confirmée en 2007
(9,8%) et en 2008 (9,6%) (97).

En matière d’habitat insalubre, facteur pouvant accentuer l’exposition aux facteurs pouvant
altérer la santé (promiscuité, chaleur, froid, bruit,…) et favoriser la transmission des maladies
véhiculées par l’air (tuberculose, méningite), la proportion de la population urbaine habitant
les bidonvilles a connu une baisse relative sur la période 1982-1994 : elle est passée de 12,8%
en 1982 à 9,2% en 1994. Cependant, la population des bidonvilles est passée de 200000
ménages en 1982 à 230000 ménages en 1994 et 270000 ménages en 2004.

L’analphabétisme touchait 48% de la population et 61,9% des femmes ne savaient ni lire ni


écrire en 1998/99. Ces proportions étaient plus accentuées dans le monde rural affectant 67%
de la population et 83% des femmes. Selon le recensement 2004, le taux moyen
d’analphabétisme national est de 43%. Ce taux varie selon le sexe et le lieu de résidence, il est
de 18,8 % pour les hommes et 39,5% pour les femmes en milieu urbain, alors qu’en milieu
rural il est nettement plus élevé, 46% pour les hommes et 74,5% pour les femmes.
L’évolution de l’analphabétisme chez la femme entre 1960 et 2004 laisse apparaître une
inégalité importante entre les milieux urbain et rural.

L'urbanisation constitue un des changements les plus importants connu par le Maroc. Ce
phénomène est le résultat de l'accroissement naturel propre au tissu urbain, de l'exode rural et
du reclassement de certaines zones rurales en localités urbaines. La population urbaine est
passée de 23,4% en 1960 à 52,4% en 2006 (98) (Tableau 6)

Tableau 6 - Evolution du taux d’urbanisation au Maroc, 1960 - 2006


Milieu de résidence Année du recensement national ENPA 2006
1960 1971 1982 1994 2004 2006
Urbain 23,4 29,1 36,7 47,1 52,2 52,4
Rural 76,6 70,9 63,3 52,9 47,8 47,6
Ensemble 100 100 100 100 100 100

33
Ce rythme accéléré d’urbanisation au Maroc a engendré la prolifération des bidonvilles,
l’extension des quartiers périphériques suburbains et de l’habitat clandestin insalubre avec une
demande de plus en plus accrue des services de soins auprès des services de base des centres
urbains (santé, eau, assainissement, éducation, etc.) incapables d’y faire face. La précarité
engendrée par ces conditions sur l’état de santé de cette population se traduit par
l’augmentation des maladies transmissibles et non transmissibles.

2-3-2-2 Indicateurs de l’état sanitaire au Maroc

2-3-2-2-1 Evolution de la structure d’âge

La structure de la population par âge est caractérisée par une population jeune de moins de 15
ans qui représentait 44,4% en 1960, 33,1% en 1999 et qui ne dépassera pas 23,6% de
l’ensemble de la population en 2019. Par contre la population active, 15-59 ans représentait la
moitié de la population marocaine (51,6%) en 1960 et atteindra 69,2% en 2019. Par ailleurs,
la population des 60 ans et plus passera de 4,0% en 1960 à 7,3% en 2019. (Tableau 7)

Tableau 7 - Evolution et tendance de la structure de la population marocaine par groupe


d’âge (1960 – 2019).
1960 1971 1982 1994 1999 2004 2009 2014 2019

0-14 ans 44,4 45,9 42,2 37,0 33,1 29,6 26,9 25,1 23,6

15-59 ans 51,6 49,4 53,9 55,9 59,7 62,7 65,1 65,6 69,2

60 ans et + 4,0 4,7 3,9 7,1 7,2 7,7 8,0 9,3 7,3

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Source : Projection de la population 1994 – 2014, CERED

La comparaison des pyramides d’âge de la population marocaine entre 1960 et 2004 montre
une tendance à l’inversion de la structure d’âge avec la part des jeunes (de moins de 15 ans)
qui a baissé de 44,4% à 29,8%; la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus qui est
passée de 7% à 8%; et un vieillissement plus par le bas que par le haut de la pyramide. (Figure
3)

34
Figure 3 - Evolution de la structure d’âge de la population marocaine 1960 – 2004

2-3-2-2-2 Tendance de la fécondité

L’Indice Synthétique de Fécondité (ISF), principal indicateur mesurant la fécondité


marocaine, a connu une baisse dès les années 60. Il est passé de 7,8 en 1960 à 2,4 en 2004.
Cette tendance à la baisse s’effectuait de manière différente entre les milieux urbain et rural.
(Figure 4).

Le taux brut de natalité, quant à lui, est passé de 37,2‰ en 1982 à 24,2‰ en 1994 et à 20,1‰
en 2003 au niveau national. Cette baisse est liée essentiellement aux changements de
comportement de la nuptialité au Maroc. En milieu rural, cet indicateur a baissé de 18,4 points
entre 1982 et 2003 pour atteindre 21,8‰ en fin de période, contre une baisse de 13,2 points en
milieu urbain où il se situe à 18,6‰. Cette différence peut être imputée à l’importance de
l’exode rural des jeunes.

35
Figure 4 - Evolution de l’indice synthétique de fécondité, 1960/62 – 2003/2004

2-3-2-2-3 Espérance de vie à la naissance

L’espérance de vie à la naissance (EVN) s’est accrue de 25 ans en l’espace de 42 ans entre
1962 et 2004. Cet indicateur est passé de 47 ans en 1962 à 72 ans en 2004. Cette élévation
était plus marquée chez les femmes par rapport aux hommes. Ceci traduit la transition
épidémiologique dans laquelle s’est engagé le Maroc depuis déjà quelques années avec en
plus de l’augmentation de l’EVN, une diminution de la mortalité se traduisant par une
augmentation de la longévité, une proportion de plus en plus importante des sujets âgés de 60
ans et plus et le maintien à des taux élevés de la proportion des sujets jeunes grâce à une
amélioration des conditions de vie et de la sécurité alimentaire (Figure 5).

36
Figure 5 - Evolution de l'espérance de vie à la naissance par sexe au Maroc 1967-2004

2-3-2-2-4 Tendance de la mortalité

Les principaux indicateurs de la mortalité globale ou spécifique ont connu une baisse
importante.

Au Maroc, le taux brut de mortalité a fortement baissé, passant de 20,8‰ en 1960 à 5,9‰ en
2000 et à 5,5‰ en 2003.

La mortalité infantile, conséquence de la malnutrition et des infections, a beaucoup baissé,


passant de 194 ‰ au début des années 60 à 36,4 ‰ en 2008. (Figure 6) Le niveau de mortalité
infantile, a connu une importante réduction, mais reste relativement élevé comparativement à
certains pays similaires comme la Tunisie, Jordanie et l’Egypte (99). Les progrès notés sont le
reflet des campagnes de vaccination menées par le Ministère de la Santé, ciblant
particulièrement la lutte contre les maladies qui touchent les enfants en bas-âge en plus de
l’amélioration de la couverture sanitaire d’une manière générale. (Figure 7)

Figure 6 - Evolution du taux de mortalité infantile (décès / 1000 naissances normales) au


Maroc. Source: Banque mondiale, indicateurs de développement dans le monde.

37
Figure 7 - Comparaison de l’évolution du taux de mortalité infantile (décès / 1000 naissances
normales) entre le Maroc et certains pays similaires. Source: Banque mondiale, indicateurs de
développement dans le monde.

2-3-2-2-5 Evolution de la charge de morbidité

Le Maroc comme plusieurs pays en voie de développement est aujourd’hui en pleine phase de
transition épidémiologique avec la coexistence des maladies infectieuses et des maladies non
transmissibles en particulier les maladies de surcharge.

a- Les maladies transmissibles

Malgré les progrès notables dans l’amélioration de l’état de santé de la population, les
affections transmissibles, périnatales et maternelles continuent à représenter un poids
relativement lourd dans la charge de morbidité globale et touchent davantage les groupes de
population défavorisée.

Une nette diminution a été aussi notée pour les diarrhées aiguës de l’enfant ou la prévalence
n’est plus que de 12 % en 2004. L’incidence des maladies à transport hydrique est en
également en nette diminution. Pour le choléra, la dernière épidémie de choléra remonte à
1995. La typhoïde et les hépatites épidémiques (A et E) continuent à sévir encore à l’état
endémique.

La tuberculose demeure un problème de santé publique au Maroc. L’incidence annuelle


cumulée est passée de 111,7 pour 100000 en 1995 à 82 pour 100000 habitants en 2008
(Figure 8). 70% des malades sont âgés de 15 à 45 ans et 57% sont de sexe masculin,
généralement résidant dans des zones urbaines très peuplées.

38
Figure 8 - Evolution de l’incidence de la tuberculose au Maroc entre 1990 et 2006

b- Les maladies chroniques

Le déclin des maladies transmissibles s’est accompagné de l’émergence d’autres maladies non
transmissibles prenant parfois l’allure d’une véritable épidémie. En effet, durant les cinq
dernières décennies, il y a eu un développement considérable de l’offre de soins et une lutte
permanente contre les grands fléaux épidémiques. Ces efforts se sont soldés d’une part, par
des gains importants en termes de certains indicateurs de santé (espérance de vie, taux de
mortalité maternelle et infantile, …) et d’autre part, par l’émergence d’une nouvelle
répartition de la charge de morbidité du fait d’une transition de nature épidémiologique. Ainsi,
les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies endocriniennes, nutritionnelles et
métaboliques constituent actuellement les principales causes de décès au Maroc (Figure 9).

Figure 9 - Principales causes de décès, année 2003. Source : Santé en Chiffre 2007, Ministère
de la Santé Maroc.

39
b-1 L’obésité

Au cours des deux dernières décennies, la prévalence de l’obésité et de surpoids a nettement


augmenté tandis que la proportion du sous poids a diminué dans toutes les catégories (19). La
prévalence de l’obésité et du surpoids est passée de 4,1% et 21,4% respectivement en 1984/85
à 10,3% et 25,2% en 1998/99 alors que celle de la malnutrition est passée de 9,8% en 1984/85
à 5,3% en 1998/99. Pour les deux périodes, l’obésité et le surpoids étaient plus fréquents chez
les femmes et en milieu urbain alors que la malnutrition était plus fréquente chez les hommes
et en milieu rural. (Tableau 8)

L’obésité résulte d’un déséquilibre de la balance énergétique. L’augmentation de sa


prévalence peut s’expliquer par à la fois une augmentation des apports énergétiques dans une
société où l’apport alimentaire est devenu plus facile, et à une diminution des dépenses
énergétiques en raison de l’urbanisation (abandon du travail aux champs), de la mécanisation
des tâches et du développement des moyens de transport motorisés, en lien avec les transitions
décrites plus haut. La différence des paramètres anthropométriques entre les deux milieux
urbain et rural peut être expliquée par la différence d’alimentation et du mode de vie lié
essentiellement à l’activité physique.

Telles sont les principales hypothèses qui pourraient expliquer cette différence puisque
aucune étude n’a été faite jusqu’à ce jour pour décrire le mode alimentaire des marocains en
se basant essentiellement sur l’apport alimentaire individuel ni d’ailleurs pour décrire le profil
de l’activité physique et ses déterminants.

Tableau 8 - Les statuts anthropométriques de la population marocaine selon deux études


nationales : L’étude sur les revenus et consommation des ménages, 1984/85 et l’étude
nationale sur le niveau de vie, 1998/99. D’après S. Benjellon PHN 2002.

b-2 Le diabète
Au fur et à mesure que l’épidémie de l’obésité se propage, le diabète de type II devient un
problème fréquent et inquiétant. Au Maroc, selon la seule étude (100) réalisée en 2000 par le

40
Ministère de la Santé auprès de la population adulte marocaine, la prévalence du diabète est
de 6,6 %. Dans certaines régions du Maroc, cette prévalence atteint 13,5% (101-103). Cette
prévalence atteint 18% chez les sujets âgés entre 50 et 60 ans.

b-3 L’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires

Selon les statistiques 2006 (96), 15,7% des décès ont pour cause les maladies cardiovasulaires
dont l’hypertension artérielle (HTA) qui occupe la première place parmi les maladies
chroniques au Maroc. Selon L’enquête nationale du Ministère de la Santé en 2000 (100), la
prévalence de l’HTA était de 33,6%. La recrudescence des maladies telle l’infarctus du
myocarde est due principalement aux changements négatifs du mode de vie notamment la
sédentarisation, l’urbanisation et le tabagisme.

b-4 Les cancers

Le cancer constitue un autre problème de santé publique au Maroc. Selon le dernier rapport
sur les indicateurs de santé élaboré par le Ministère de Santé au Maroc (96), les cancers
représentent 8,2% des causes de décès occupant ainsi le troisième rang des causes de décès
après les maladies de l’appareil circulatoire et celles dont l’origine survenant au cours de la
période périnatale. En termes de morbidité, les cancers ont connu une progression notable.
L’incidence des cancers serait de 30500 nouveaux cas d’après les données du Registre de la
région de Casablanca (RCRC) (104) et de 27600 nouveaux cas d’après les données de
Globocan 2008 (105). L’incidence standardisée du cancer est plus élevée chez les femmes
(100,1/100 000) que chez les hommes (99,6/100 000) (105).

Comme pour les pays nord africains, les cinq premiers cancers les plus fréquents au Maroc
sont les cancers du sein, poumon, le col utérin, le cancer colorectal et les lymphomes non
hodgkiniens. Par ailleurs, l’incidence d’autres cancers, notamment colorectaux, de la vessie,
de l’ovaire ainsi que les hémopathies malignes, reste inférieure à celle observée dans les pays
développés alors que l’incidence du cancer du nasopharynx, comme dans les autres pays du
Maghreb, est nettement plus élevée. La répartition des différentes localisations selon le sexe
est représentée dans la figure 11. Bien que la surveillance du cancer reste très insuffisante et
que les données sont rares, les chiffres avancés en terme d’incidence et de mortalité liés aux
cancers sont très alarmants.

41
Figure 10 - Principales localisations cancéreuses au Maroc. Globocan 2008

Men Women

Figure 11 - Principales localisations cancéreuses chez les hommes et les femmes. Globocan
2008

42
c- Les problèmes nutritionnels

Au Maroc, bien que la malnutrition ait sensiblement régressé, elle continue à poser un
problème de santé publique. Deux grands types de pathologies peuvent être distingués : les
malnutritions protéino-énergétiques et les carences nutritionnelles.

La malnutrition protéino--énergétique (MPE) est, à l'heure actuelle, le plus grave problème


nutritionnel auquel se heurtent l'Afrique et d'autres régions en développement. Ses deux
grandes formes cliniques sont le kwashiorkor et le marasme. Dans le premier cas, il s'agit
surtout d'une carence protéique, et dans le second, d'une carence énergétique (calories).

Parmi les conséquences des carences protéino-énergétiques, on distingue le retard de


croissance staturale et le retard de croissance pondérale. Le retard de croissance staturale est
une des manifestations les plus répandues de la malnutrition chez le jeune enfant dans les pays
en développement. L'indice taille/âge reflète la croissance linéaire et on parle de retard de
croissance lorsque cet indice présente un déficit de plus de 2 écarts-types au-dessous de la
valeur moyenne de référence au niveau international. La valeur moyenne de la taille pour un
enfant de même sexe et âge dans la population étant définie par le National Center for Health
Statistics des Etats-Unis d'Amérique. Ce retard révèle des problèmes de santé et de nutrition
aux effets cumulatifs tout au long de la croissance du jeune enfant. Au-delà de la croissance
physique, c'est l'ensemble du développement psychomoteur qui peut être retardé. De plus, il
semble de plus en plus probable aujourd'hui qu'une telle manifestation de malnutrition chez le
tout jeune enfant, comporte un risque accru de maladies chroniques telles que le diabète ou les
maladies cardiovasculaires à un âge adulte précoce (106) la prévention ou la prise en charge
précoce de la MPE est donc une préoccupation importante de santé publique.

Selon le rapport de l’UNICEF (107), le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans souffrant


d’un retard de croissance (RC) modéré et grave était de 23,3% en 1997 et a baissé à 18,1% en
2003/2004; celui de l’insuffisance pondérale modérée et grave était de 9% et a augmenté a
10,2% en 2003/2004 (108). La disparité entre milieux reste manifeste puisque le retard de
croissance touche 29,3% des enfants en milieu rural et 14,6% en milieu urbain en 1997, soit
deux fois plus, au moment où les pourcentages de l’insuffisance pondérale varient entre
11,8% en milieu rural et 4,7% en urbain, soit près de 3 fois plus. (Tableau 9)

43
Tableau 9 - Prévalence du retard de croissance pondérale parmi les enfants de moins de 5 ans
au Maroc
ENPS –II 1992 PAPCHILD 1997 ENSPF 2003 - 04

Urbain Rural Ensemble Urbain Rural Ensemble Urbain Rural Ensemble

Retard de
croissance 13,1 27,7 22,6 14,6 29,3 23,3 12,9 9,2 18,1
(Taille/age)

Insuffisance
pondérale 3,3 12 9 4,7 11,8 8,9 6,5 14,1 10,2
(Poids/age)

A ces malnutritions protéinoénergétiques (MPE) s’ajoutent des problèmes de carences


spécifiques, les carences en micro-nutriments dont notamment la carence en vitamine A, en
vitamine D, en fer et en iode. Les enquêtes réalisées ces dernières années sur les carences en
micronutriments par le Ministère de la Santé, ont montré que :

a) Pour la carence en fer, la carence martiale est la carence nutritionnelle la plus répandue
dans le monde. Elle représente un problème de santé publique majeur à l'échelle nationale. En
effet, le fer est l'oligo-élément le plus important dans l'organisme, il remplit plusieurs
fonctions vitales. Arbitrairement, il existe dans l'organisme sous trois classes : la forme
métaboliquement active, essentielle au fonctionnement de la cellule qui représente 75% de la
quantité totale du fer sous forme d'hémoglobine, myoglobine, cytochromes et flavoprotéines.
La forme de transport du fer, la transférrine représente moins de 1% du fer total de
l'organisme et la forme de réserve la férritine et l'hémosidérine (109). L'anémie nutritionnelle,
se définit comme toute condition dans laquelle, l'érythropoïèse est incapable d'assurer un taux
normal d'hémoglobine, par déficit ou non disponibilité d'un ou plusieurs nutriments nécessaire
à sa réalisation. Inversement, la disponibilité de ce nutriment permet de corriger l'anémie
(110, 111). D’après l’enquête nationale du Ministère de la Santé, 37,2% des femmes
enceintes, 31,5% des enfants âgés de 6 mois à 5 ans, 32,6% des femmes en âge de procréer et
18% des hommes sont anémiques (112).

b) La prévalence de la carence en vitamine A, chez les enfants âgés de 6 à 71 mois, est de


40,9% (taux de rétinol inférieur ou égal à 200 μg/l) dont 3,1% ont une carence sévère (taux de
rétinol ≤ 100 μg/l (113-116).

c) La prévalence de la carence en iode chez les enfants de 6 à 12 ans est de 63% dont 22%
présentent un goitre (117). Par ailleurs, 78,9 % des enfants portant un goitre vivent dans des
régions où la prévalence est supérieure à 30 % (118, 119). Ceci signifie l'existence de zones à
haute prévalence où le degré de gravité des conséquences de la carence en Iode peut être
classé comme " sévère " (crétinisme, handicaps mentaux et moteurs). Une étude réalisée
conjointement par le ministère de la santé et l'UNICEF (119), montre que le taux de
crétinisme au Maroc est de 0,616 %, alors que le taux des légers handicaps mentaux et

44
moteurs est de 1,84%. Ce résultat situe le Maroc parmi les pays où la gravité des troubles dus
à la carence en iode est modérée.

d) La prévalence des enfants de moins de 2 ans présentent un rachitisme radiologique est de


2,5% (120) La prévalence du rachitisme (déficit en vitamine D) a beaucoup diminué grâce à
la politique de lutte menée depuis plusieurs années. Le nombre de cas de rachitisme dépisté
est de plus en plus bas (121).

Au niveau national, pour palier à ces problèmes de malnutrition, le Ministère de la Santé a


développé un programme national de lutte multisectorielle et intégrée contre les troubles dus
aux carences en micronutriments impliquant l’enrichissement et la fortification des denrées de
base de large consommation, la supplémentation en micronutriments des populations
vulnérables, l’éducation nutritionnelle et le renforcement des programmes de santé afférents à
la nutrition. Ce programme a pour but de réduire l’anémie ferriprive d’un tiers par rapport à
son niveau de 2000 et d’éliminer les carences en iode et en vitamines A et D d’ici 2015. La
stratégie du gouvernement inclut l’enrichissement de la farine en fer et vitamines B, de l’huile
en vitamines A et D3, et du sel en iode (122).

2-3-3 Transition nutritionnelle au Maroc

La transition démographique et la transition épidémiologique qu’a connu le Maroc se sont


accompagnées d’une modification des modes de vie, au premier plan desquels les modes
alimentaires et l’activité physique. Cette transition alimentaire était marquée par le passage
d’une alimentation traditionnelle, à base de céréales et de légumineuses, à une alimentation
qui comprend davantage de produits d’origine animale, et tend à devenir excessive par rapport
aux besoins énergétiques d’une vie sédentaire. Cette transition nutritionnelle a entraîné
progressivement, une diminution de la malnutrition des jeunes enfants, et une plus grande
fréquence de surpoids et d’obésité chez les adultes, surtout en milieu urbanisé, faisant ainsi le
lit d’un certain nombre de maladies chroniques.

Pour bien illustrer cette notion de transition nutritionnelle au Maroc, il est intéressant
d’examiner successivement d’abord les caractéristiques du régime traditionnel marocain
considéré comme régime méditerranéen et puis les changements actuels des habitudes
alimentaires caractérisés par l’évolution des dépenses et de la consommation alimentaire au
cours de ces dernières décennies.

Le régime alimentaire marocain est un régime appartenant à la gamme des régimes


méditerranéens. De nombreuses recherches ont étudié le régime méditerranéen et son effet
protecteur contre certaines maladies cardiovasculaires, l’obésité, les cancers et bien d’autres
pathologies (123, 124). L’ensemble de ces études s’est intéressé spécifiquement au régime
nord méditerranéen et très peu d’entre elles avaient abordé le régime sud méditerranéen qui
reste peu ou pas du tout exploré.

Le régime alimentaire marocain est un régime assez particulier. Il est caractérisé par la
multitude de ses plats et des produits à base de leurs préparations, le mode de cuisson et de

45
conservation. Les légumes et les lipides restent les matières incontournables pour la
préparation des repas, en particulier sous forme de tagines, les céréales accompagnant
obligatoirement la consommation de ces tagines. Les produits alimentaires d’origine animale
font aussi partie de ce régime. Ils sont consommés à l’état frais mais cuits à haute température
ou sous forme conservée. Les principaux types de viandes conservées sont les suivants :
Qaddid (viande conservée par assèchement et salaison avec plus ou moins des épices tel le
poivre et le safran), Lkhliaâ (viande préalablement asséchée avec des épices et sel et cuite
dans beaucoup de graisses animales), Qerdas (ce sont des abats : morceaux de poumons, foie,
peau gastrique et intestins asséchés avec salaison), Mrouzia (viande longuement cuite avec du
raisin (le temps de conservation de ce type de viande peut s’allonger jusqu’à un mois)). Ces
viandes sont généralement conservées lors de la grande fête (fête du sacrifice) et sont
consommées dans les mois qui suivent. Il s’agit de méthodes de conservation adoptée par les
groupes de population de moyen et bas niveau socio économique.

Ce régime est caractérisé aussi par la fréquence des fritures en particulier des légumes
(pomme de terre, poivron, aubergines, courgettes …) avec l’utilisation pour la préparation des
lipides représentées essentiellement par les huiles dont la composition est rarement
mentionnée sur les produits commercialisés, sauf s’il s’agit d’huiles spécifiques par exemple
les huiles d’olive, argan, soja, tournesol, mais. Les fritures à base d’huiles modifient la
composition des aliments en acides gras, augmentent la densité énergétique, et réduit la teneur
en eau (125). Les fritures améliorent la saveur des aliments en les rendant croquant et
aromatisants (125, 126). Cependant, la consommation des fritures augmente le risque de
l’obésité par l’augmentation de la consommation de lipides (127) et de la densité énergétique
(128). De plus, elles apportent des acides gras dont certains peuvent être néfastes pour la
santé, exemple : les acides gras saturés de l’huile de palme.

Les graisses ajoutées font aussi partie du régime alimentaire traditionnel et sont consommées
sous forme de « smen » et de graisses animales. Le « smen » est le résultat de la fermentation
du beurre auquel se surajoute le sel. Il contient de l’acide butyrique et des quantités
importantes en Nitrites/Nitrates, et est considéré comme un puissant réactivateur in vitro du
virus d’Epstein Barr (129). Les graisses animales surtout du mouton sont fréquemment
consommées soit mélangées aux viandes traditionnellement conservées (khliâa, Qaddid, …),
soit asséchées seules ou cuites dans les tagines.

Les habitudes alimentaires des marocains ont subi un certain nombre de changements liés à
l’urbanisation, l’accélération du rythme de vie, etc,… Ces changements étaient marqués par la
consommation de plus en plus fréquente des fast food et des produits industrialisés. Les deux
principaux indicateurs de ces changements tels qu’ils étaient jusqu’au là décrits sont les
dépenses des ménages et la consommation alimentaires.

La part des dépenses sur l’alimentation a progressivement diminuée de 70% en 1959 à 43%
en 1998 (130). L’analyse de ces dépenses par type d’aliment montre que les dépenses pour
l’alimentation d’origine animale ont augmenté surtout en milieu urbain, un peu moins en
milieu rural. En ce qui concerne les céréales, la tendance inverse a été observée entre les
milieux urbain et rural. Ceci reflète les changements d’habitudes alimentaires des ménages au

46
Maroc dont la consommation des céréales n’a pas automatiquement diminué avec
l’augmentation de la consommation des produits d’origine animale. Les données des études
sur la consommation alimentaire au Maroc en 1970/71 et en 1984/85 (22) montrent que la
consommation des céréales et des produits sucrés semble résister au changement. En effet leur
consommation reste élevée dans les deux milieux. Ceci peut être expliqué par le rôle joué par
ces deux groupes d’aliments dans les habitudes alimentaires au Maroc. Le sucre est utilisé
dans le thé, la boisson la plus consommée et durant toute la journée au Maroc. Les céréales
utilisées pour la préparation des pains qui accompagnent tous les repas comportant
notamment des tagines ou du Couscous. Ce dernier est généralement consommé en milieu
urbain une fois par semaine (le plus souvent le vendredi) et consommé avec une plus grande
fréquence en milieu rural. Le mode de cuisson des tagines a considérablement changé ces
derniers temps passant d’une cuisson à température douce et dans des récipients à base de
terre à une cuisson dans des cocottes minutes et à haute température.

La consommation des produits alimentaires d’origine animale (spécialement la viande, le


poulet et les poissons) et végétale (légumes) a augmenté. La viande et les légumes,
séparément ou ensemble, sont à la base de la préparation des tagines et induisent la
consommation accrue des céréales. De plus, ces plats sont préparés par des huiles, le produit
standard pour la cuisson des tagines. La sauce est mangée avec du pain.

Un changement important qui a touché le régime alimentaire marocain est aussi le succès
rencontré par les fast-foods de plus en nombreux à s’installer en milieu urbain et qui sont
particulièrement fréquentés par une clientèle jeune.

La population marocaine tend, donc non seulement à consommer plus de produits


alimentaires et des légumes avec l’amélioration du statut socio économique mais en plus
continue à consommer davantage des céréales et des produits gras entraînant ainsi une
consommation plus élevée des calories. (Figure 12)

47
Figure 12 - Moyenne de consommation par capita (Kg/personne/an) des différents groupes
alimentaires au cours des périodes 1968/1970, 1990/1992, 2000/2003. (FAO, Division des
statistiques)
Source : Extrait de Zeghichi-Hamria, World Rev Nutr Diet 2000.

La plus part des données nutritionnelles présentées dans ce chapitre sont obtenues à partir des
enquêtes nationales sur la consommation et des dépenses sur les ménages (22). Les résultats
de ces études sont généralement insuffisants et souvent publiés sous forme de rapports qui ne
sont pas toujours facilement accessibles. Les méthodologies utilisées dans ces enquêtes sont
souvent différentes et rendent plus difficile la comparaison des résultats. De plus, il n’y a pas
de données empiriques qui reflètent réellement la consommation nutritionnelle individuelle
des marocains et donc de mieux visualiser le phénomène de transition nutritionnelle et les
causes de cette transition ne sont pas encore bien élucidées, d’où l’intérêt de cette thèse.

48
2-3-4 Hypothèses de recherche

La transition rapide en matière de nutrition et de modes de vie que connaît le Maroc depuis
quelques années, l'urbanisation intense, l'ajustement structurel, la privatisation et l'intégration
progressive dans l'économie mondiale ont modifié les comportements alimentaires et
engendré des problèmes nutritionnels nouveaux qu'il convient d'analyser et de surveiller.

Les changements ayant touché les habitudes alimentaires marocaines ont eu un impact direct
sur les caractéristiques anthropométriques des marocains qui ont beaucoup évolué. Ainsi,
l’évolution de la proportion du surpoids et de l’obésité parmi les hommes et femmes durant 20
ans selon deux études (1984/85 et 1998/99) (22, 93) montre que ces deux indicateurs
augmentent dans toutes les catégories. Cette augmentation a été plus marquée chez les
femmes et dans le milieu urbain par rapport aux hommes et au milieu rural.

L’émergence des maladies chroniques (diabète, HTA, maladies cardiovasculaires et certains


types de cancers) est aussi une conséquence directe de cette double transition
épidémiologique et nutritionnelle.

Au Maroc, il est clair que le nombre de nouveaux cas de cancer ainsi que d’autres maladies
chroniques augmente chaque année. Ces problèmes émergents, coexistent avec des
malnutritions de type carentiel (retard de croissance, anémie), se traduisant par une situation
de double charge, y compris au niveau familial.

Il s'avère aussi que les facteurs de risques des maladies chroniques et les comportements de la
population marocaine progressent rapidement suite à des changements techniques et sociétaux
profonds. Cette progression serait aussi liée à la transition nutritionnelle qui présente des
spécificités locales jusque là peu documentées.

En effet, les habitudes alimentaires marocaines sont caractérisées par leur aspect traditionnel
mais aussi par des changements profonds vers un mode de vie occidental. En ce qui concerne
l’alimentation traditionnelle, elle présente quelques problèmes liés en particulier à sa richesse
en graisses animales et aux conditions de conservation. De plus en plus, on constate une
occidentalisation des modes alimentaires qui s’accompagne de la consommation de plus en
plus fréquente de tabac, d’alcool, de « malbouffe » tout ceci dans un contexte de mode de vie
sédentaire et stressant.

La prise de conscience de la nécessité d’un changement approprié des comportements et du


mode de vie pour réduire une grande proportion de la mortalité et de la morbidité liées aux
Maladies chroniques ne peut être fructueuse que si un état des lieux précis sur la distribution
de leurs facteurs de risque au sein de la population marocaine est fait et que l’effet de certains
facteurs alimentaires qui pourraient soit favoriser l’apparition de ces nouvelles pathologies
soit, au contraire, contribuer à leur prévention est profondément étudié.

Les questions qui se posent alors sont :

· Quelles sont les spécificités de la transition nutritionnelle au Maroc ?

49
· Est-ce que les marocains suivent toujours leur régime traditionnel dit
« méditerranéen » ?

· Quels sont les principaux profils alimentaires caractérisant cette transition


alimentaire ?

· Quels sont les facteurs sociodémographiques et économiques associés à l’obésité et au


surpoids, un des marqueurs de la transition nutritionnelle en cours ?

· Quels sont les déterminants sociodémographiques et économiques des autres facteurs


de risques directement liés à la transition nutritionnelle, tels l’activité physique, … ?

· Quelle est la nature du lien qui pourrait exister entre la transition nutritionnelle avec
ses spécificités locales et l’émergence des maladies chroniques au Maroc ?

Telles sont quelques-unes des questions qui émergent depuis quelque temps. Pour répondre à
quelques unes de ces questions, cette recherche se propose donc de décrire la transition
nutritionnelle et ses déterminants dans la population marocaine en faisant l’hypothèse que :

- La prévalence de l’obésité et du surpoids varient selon les catégories sociéconomiques


et les profils de comportement alimentaire au Maroc.

- la population marocaine s’écarte de plus en plus de la diète traditionnelle supposée être


« méditerranéenne »

- il existe plusieurs profils de comportement alimentaire au sein de la population


marocaine correspondant à des caractéristiques sociodémographiques différentes.

Il serait alors envisageable dans un second temps de considérer les conséquences de


l’évolution des habitudes alimentaires sur l’état de santé de la population marocaine mais ce
n’est pas le propos de cette thèse qui a mis l’accent sur l’aspect comportemental de ces
habitudes alimentaires en vue d’une investigation en profondeur des facteurs qui les
influencent.

50
3- Objectifs de l’étude
3-1 Objectif principal

L’objectif principal de l’étude est de décrire le statut nutritionnel en termes de


surpoids/obésité et le comportement alimentaire de la population adulte marocaine et d’en
rechercher les facteurs associés.

3-2 Objectifs secondaires

· Décrire la prévalence de l’obésité et du surpoids et leur association avec les facteurs


socioéconomiques

· Décrire le comportement alimentaire chez la population adulte marocaine

· Identifier les profils alimentaires soit par méthodes à priori (DM) ou à postériori

· Analyser les associations entre les caractéristiques sociodémographiques et le


comportement alimentaire

· Analyser les associations entre le statut nutritionnel (Obésité/surpoids) et le


comportement alimentaire.

Pour répondre à ces objectifs, une étude nationale en population générale a été menée et a
permis de décrire le surpoids/obésité au Maroc et d’identifier les profils de consommation
alimentaire chez des adultes marocains apparemment en bonne santé que nous avons associés
aux différents facteurs socio démographiques.

51
4- Méthodes
4-1 Aspects organisationnels

Les travaux présentés dans cette thèse ont utilisé les données de l'enquête sur les facteurs de
risque comportementaux et nutritionnels des cancers au Maroc réalisée par le Laboratoire
d’Epidémiologie, Recherche Clinique et Santé Communautaire de la Faculté de Médecine de
Fès. Cette étude s’inscrivait dans le cadre de l’élaboration de la stratégie nationale de la lutte
contre le cancer au Maroc. La description de la répartition des différents facteurs de risque au
sein de la population marocaine était un préalable indispensable à cette stratégie. L'assistance
technique et les coûts locaux de l’enquête ont été assurés par l’Association Lalla Salma de
Lutte contre le Cancer (ALSC).

Au cours de cette enquête, j’ai contribué à :

- la rédaction du protocole qui a été validé par le comité scientifique de l’ALSC,

- l’élaboration du plan d’échantillonnage dont la base de sondage nous a été fournie par le
Haut Commissariat au Plan mise à jour lors du recensement de l’Habitat et de la Population
2004 (95).

- la formation des enquêteurs et la réalisation de l’enquête pilote.

- la coordination de la réalisation du projet dans les différents centres de l’étude au niveau


national.

- l’analyse statistique des données utilisées dans cette thèse

- la rédaction du rapport final, en plus des articles scientifiques qui en ont été tirés et qui sont
présentés dans la partie « résultats ».

La centralisation des dossiers a été faite au niveau du Laboratoire d’Epidémiologie ou j’ai pu


suivre au quotidien la saisie des données avec, au fur et à mesure, leur validation et leur
codage. A l’issue de cette étape, j’ai analysé les données et rédigé le rapport qu’on avait
envoyé aux instances concernées.

4-2 Type d’enquête

Il s’agit d’une étude transversale, descriptive et analytique réalisée en Mai 2008 auprès d’un
échantillon représentatif d’adultes marocains âgés de 18 ans et plus, réalisée par des
enquêteurs formés pour l’administration d’un questionnaire et les mesures physiques.

4-3 Population cible

La population cible est représentée par les personnes âgées de 18 ans et plus, des 2 sexes
vivant en milieu urbain ou rural. Les personnes âgées de moins de 18 ans, les femmes

52
enceintes, les personnes malades alitées et les personnes atteintes de maladies mentales étaient
considérées comme inéligibles.

4-4 Échantillonnage

4-4-1 Base de sondage

Il s’agit d’un échantillonnage en grappes stratifié à deux degrés visant à tirer au sort un
échantillon représentatif de la population marocaine âgée de 18 ans et plus.

La base de sondage utilisée est celle élaborée par la direction de la statistique et mise à jour
en 2006. L’unité statistique de cette base est la commune. La méthodologie poursuivie dans
cette enquête est similaire à celle utilisée par le ministère de la santé pour l’enquête sur les
facteurs de risque des maladies cardiovasculaires réalisée en 2000 (131).

4-4-2 Taille de l’échantillon

La taille de l’échantillon était calculée à partir de la formule suivante (pour les populations
très larges):

Za 2
N = k ´ P ´ (1 - P) ´ ( )
p

Avec :

- Za est la valeur de Z correspondant à a (risque de première espèce) pour une situation


bilatérale ;

- a choisi en fonction du degré de confiance (1-a) désiré ; ici 95% ;

- P , la proportion attendue de sujets présentant un facteur comportemental parmi ceux


étudiés dans la population marocaine ;

- p, l’écart d’imprécision que l’on accepte de chaque côté de l’estimation pour rendre le
résultat ;

- k : effet de grappes

Pour une proportion recherchée d’un comportement donné où P =15%, un risque d’erreur
a=0,05 (5%), un écart d’imprécision p=2 % et un effet de grappe k=2, l’effectif minimal (N) à
inclure dans l’étude a été estimé à 2448 individus. Ce chiffre était arrondi à 3000 sujets pour
constituer 150 grappes de 20 personnes.

4-4-3 Procédure pratique de l’échantillonnage

Le Maroc est divisé en 16 régions administratives qui sont elles mêmes découpées en 70
provinces ou préfectures. Chaque province est divisée en municipalités, arrondissements,

53
cercles et communes. Ainsi, on compte 76 municipalités, 249 communes urbaines et 1 298
communes rurales.

L’échantillon de 3000 personnes a été réparti en 150 grappes de 20 personnes, la grappe étant
le quartier en urbain et la localité en rural. Les grappes étaient réparties de façon
proportionnelle au nombre de ménages par région et par milieu. Un nombre de communes a
été tiré au sort, égal au nombre de grappes par région et par milieu, proportionnellement à la
taille des communes. Dans chaque commune, un quartier/localité a été tiré au sort et dans
chaque quartier/localité 20 foyers étaient sélectionnés de façon aléatoire.

Dans chaque foyer sélectionné, une seule personne était tirée au sort parmi la liste de
personnes éligibles et qui sont sensées être présentes au foyer au cours de la journée de
l’enquête. Dans chaque grappe, un total de 10 hommes et 10 femmes ont été inclus dans
l’échantillon en recrutant alternativement un homme puis une femme par foyer.

Le détail des nombres de communes et des ménages qui ont été tirés au sort est donné dans les
tableaux ci-dessous. (Tableau 10 et 11)

Tableau 10 - Allocation des grappes en termes de commune selon le milieu de résidence et la


région
Régions Urbain Rural Total
Sahara* 3 1 4
Souss-Massa-Draa 7 8 15
Ghab-Chrarda-Béni-Hssen 4 4 8
Chaouia-Ouardigha 4 4 8
Marrakech-Tensift-Al Haouz 7 8 15
Oriental 6 3 9
Grand-Casablanca 19 2 21
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër 11 2 13
Doukkala-Abda 4 6 10
Tadla-Azilal 3 4 7
Meknès-Tafilalet 7 4 11
Fès-Boulemane 6 2 8
Taza-Al Hoceima-Taounate 2 6 8
Tanger-Tétouan 8 5 13
Total Maroc 91 59 150
* correspond aux trois régions : Oued Eddahab-Lagouira, Laâyoune-Boujdour-Sakia-Lhamra,
Guelmim-Es-Smara.

54
Tableau 11 - Allocation de la taille de l’échantillon en terme de ménages selon le milieu de
résidence et la région
Régions Urbain Rural Total
Sahara* 60 20 80
Souss-Massa-Draa 140 160 300
Ghab-Chrarda-Béni-
Hssen 80 80 160
Chaouia-Ouardigha 80 80 160
Marrakech-Tensift-Al
Haouz 140 160 300
Oriental 120 60 180
Grand-Casablanca 380 40 420
Rabat-Salé-Zemmour-
Zaër 220 40 260
Doukkala-Abda 80 120 200
Tadla-Azilal 60 80 140
Meknès-Tafilalet 140 80 220
Fès-Boulemane 120 40 160
Taza-Al Hoceima-
Taounate 40 120 160
Tanger-Tétouan 160 100 260
Total Maroc 1820 1180 3000
* correspond aux trois régions : Oued Eddahab-Lagouira, Laâyoune-Boujdour-Sakia-
Lhamra, Guelmim-Es-Smara.

4-5 Le recueil des données

Le recueil des données a été réalisé par des enquêteurs du ministère de la Santé qui sont
habitués à mener ce type d’enquêtes et qui ont été formés dans le cadre de cette étude afin de
standardiser la collecte des données et les mesures anthropométriques. Afin de pallier à
certains problèmes d’ordre culturels liés essentiellement à la possibilité du refus de
l’interview et des mesures anthropométriques soit par le chef du ménage ou par la personne
interrogée si l’enquêteur était de sexe différent, des couples d’enquêteurs (Homme / femme)
ont été constitués. Ainsi, 15 couples d’enquêteurs étaient nécessaires à la réalisation de cette
étude. Chaque couple d’enquêteurs contactait le même ménage en même temps. La personne
tirée au sort était interrogée par l’enquêteur du même sexe. Les enquêteurs ont été supervisés
par les membres de l’équipe de planification de l’enquête constituée d’épidémiologistes, et
avaient la responsabilité des questionnaires et des mesures physiques.

Le questionnaire utilisé lors de cette enquête a été inspiré de l’instrument STEPS élaboré par
l’OMS selon l’approche STEPwise pour la surveillance des maladies chroniques (132). Ce
questionnaire (voir annexe 1) est constitué des items suivants :

55
· Les informations démographiques (âge, sexe, milieu de résidence, statut matrimonial),

· Les informations socio-économiques (niveau d’étude, profession, revenu mensuel du


ménage, nombre de personnes vivant sous le même toit, nombre d’enfants de la
personne interrogée, ..),

· Les antécédents personnels et familiaux de cancer,

· La consommation de tabac et d’alcool,

· L’activité physique,

· L’exposition au soleil,

· Un questionnaire nutritionnel englobant tous les aliments dont le lien avec la survenue
du cancer est évoqué par la littérature,

· Comportement vis-à-vis de la santé,

· Connaissances des facteurs de risque,

· Les mesures physiques (poids, taille, tour de la taille, tour de hanches) : La taille
debout (m) était mesurée avec une précision au mm près à l’aide d’une toise. Le poids
(kg) était mesuré à l’aide d’un pèse-personne. Les différents pèse-personnes
électroniques, étaient préalablement tarés et les hauteurs au sol des toises
standardisées. Des consignes particulières ont été données aux enquêteurs concernant
la pesée des sujets en sous-vêtements ainsi que le respect d’une bonne position pour la
mesure de la taille (pieds joints, jambes tendues, talons au mur et regard fixant
l’horizon).

4-6 Les variables à l’étude

Les variables à l’étude ont été classées en trois groupes : variables dépendantes ou d’intérêt
principal et les variables indépendantes. Les variables dépendantes sont l’obésité et les
facteurs nutritionnels. Les variables indépendantes sont des facteurs socio économiques tels le
sexe, l’âge, le lieu de résidence (urbain ou rural), la profession, le revenu mensuel du ménage,
le niveau d’éducation et le mode de vie (consommation de tabac et d’alcool).

4-6-1 Les variables d’intérêt principal

4-6-1-1 Corpulence

Dans cette étude, l’obésité et le surpoids ont été mesurés par l’IMC et définis en suivant les
recommandations de l’OMS tel qu’explicité plus haut.

56
4-6-1-2 Facteurs nutritionnels (Fréquentiel de consommation alimentaire)

Le fréquentiel alimentaire utilisé dans la présente étude évaluait la fréquence hebdomadaire


de consommation des aliments et boissons les plus habituellement consommés au Maroc. Ce
questionnaire était composé de deux parties.

La première partie concernait les consommations habituelles des principaux composés


alimentaires au Maroc : groupes d’items alimentaires, boissons, graisses et huiles (Tableau
12). Huit classes de fréquences de consommation étaient rapportées pour chaque item allant
de moins d’une fois par semaine jusqu’à 7 fois par semaine.

Pour les boissons, les mêmes fréquences étaient aussi rapportées avec en plus la précision de
la nature du repas concerné (le déjeuné, les repas du midi et soir et en dehors des repas).

Pour les graisses, 5 types ont été ciblés : l’huile d’olive, huile d’Argan, autres huiles
végétales, le beurre et la mayonnaise. Seuls leur type et la raison de leur utilisation, soit pour
la cuisson ou pour l’assaisonnement, étaient rapportés sans détailler la fréquence de leurs
consommations.

La deuxième partie du questionnaire contenait des questions d’ordre général qui ont permis de
décrire, selon des estimations rapportées par les personnes interrogées, leurs attitudes et
comportements alimentaires. Ces questions concernaient essentiellement l’ajout dans
l’alimentation de matières grasses et de sel, le degré de température du repas pris et sa
régularité. Une modalité de réponse parmi les trois choix proposés (très élevé/moyennement
élevé/pas du tout) pouvait être rapportée à chacune de ces questions par la personne
interrogée.

Le fichier de données contenait 26 variables alimentaires parmi lesquelles ont été retenues 22
variables à 8 classes pour l’analyse multidimensionnelle. Le lait était regroupé avec les
produits laitiers. D’autres items ont été exclus des analyses : il s’agit des items d’ordre général
dont le détail par rapport à la consommation habituelle était rapporté par les autres items
alimentaires comme pour l’item « viande rouge ».

Les questions générales et les questions sur la consommation de graisses n’ont pas été
exploitées dans les analyses multidimensionnelles car elles ne pouvaient pas donner lieu à une
transformation en données quantitatives, mais elles ont été utilisées dans les analyses
descriptives ultérieures.

57
Tableau 12 - Items alimentaires du fréquentiel alimentaire utilisé dans l’enquête nationale sur
les facteurs de risque comportementaux et nutritionnels du cancer au Maroc, 2008
<1 1 2 3 4 5 6 7
Groupes alimentaires
Pain, des biscottes, ou des céréales
Riz, des pâtes, des pommes de terre, semoule
Produits laitiers (lait, yaourt, fromages, …)?
Fruits
Légumes
Légumes secs (haricots secs, lentilles, etc.)
Viande rouge (veau, agneau, chameau, chèvres…)
Viande rouge très bien cuite
Viande rouge grillée ou rôtie
Viande en conserve (Khaliâ, Qaddid, )
Charcuterie
Volaille
Œufs
Poisson ou d’autres produits de la pêche
Boissons
Lait
Café
Thé vert
Thé noir
Jus de fruits
Soda

Huiles et graisses
Huile d’olive Oui Non
Utilisation pour Huile d’Argan Oui Non
cuisson des repas de Autres huiles végétales Oui Non
midi ou soir Mayonnaise Oui Non
Beurre Oui Non
Huile d’olive Oui Non
Huile d’Argan Oui Non
Utilisation pour
Autres huiles végétales Oui Non
l’assaisonnement
Mayonnaise Oui Non
Beurre Oui Non

4-6-2 Variables explicatives

4-6-2-1 Âge, sexe, origine, statut matrimonial

L’origine et le sexe étaient des variables de stratification ayant servi pour la constitution de
l’échantillon de l’étude. Elles ont été de ce fait utilisées dans tous les travaux ayant découlé de
cette étude.

58
4-6-2-2 Niveau d’éducation

Les informations sur le niveau d’éducation des individus ont été recueillies par questionnaire.
Le sujet interrogé précise son niveau d’étude parmi les cinq modalités de réponse :
analphabète, niveau primaire, secondaire, supérieur, éducation informelle et l’école coranique
avec en plus la précision des nombres d’années d’études si le sujet a suivi ses études dans
l’école coranique ou dans le cadre de l’éducation informelle. La durée de ces deux dernières
formations peut varier du niveau primaire jusqu’à au delà du niveau universitaire.

Pour les besoins de l’analyse, nous avons distingué trois niveaux d’éducation en fonction du
nombre d’années d’étude : ‘0’ pour aucune scolarité ou analphabète, ‘1-6 années d’études’
pour l’école primaire et ‘≥ années d’études 6’ pour le niveau secondaire ou universitaire.

4-6-2-3 Niveau socio économique

Le niveau socioéconomique a été mesuré indirectement à travers des questions sur la


profession, le revenu mensuel du ménage, le nombre de personnes vivant sous le même toit, le
nombre d’enfants de la personne interrogée et le type d’habitat

En ce qui concerne la profession, les sujets interrogés devaient préciser s’ils sont actifs,
retraités, chômeurs, femmes au foyer ou étudiants. S’ils sont actifs ou retraités, la nature de la
principale activité professionnelle exercée au cours de la vie doit être rapportée.

Pour le revenu mensuel du ménage, cinq catégories ont été définies : < 2000 dirham marocain
(MAD), 2000 à 4999 MAD, 5000 à 9999, ≥ 10000 MAD et un choix « Ne sait pas » pour les
personnes qui ignorent le revenu mensuel de leur ménage. 1Euro étant l’équivalent de 11,22
MAD et le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en vigueur au Maroc étant de
2110 MAD/mois en 2009.

Les questions sur le type d’habitat concernaient : les habitats luxueux ou villas, appartements
moderne haut standing, habitat nouvelle médina, habitat ancienne médina, habitat précaire ou
bidonvilles et habitat de type rural. Cette classification est la même que celle utilisée par le
Ministère de la Santé dans l’enquête sur la population et la santé familiale 2003 (133). En
effet, le type d’habitat, ce critère a été toujours retenu comme critère de stratification dans les
enquêtes précédentes, il est très corrolé avec les niveaux de vie des ménages qui y résident.
En se basant sur ce critère, les définitions de chacune des sous-strates retenues sont les
suivantes :

i/ Habitat luxueux : C'est une zone où des logements luxueux avec grands jardins sont
nombreux et, où il n'y a pas d'activité industrielle avoisinante. Peu de commerçants sont
installés dans ces quartiers résidentiels, les loyers sont très élevés. Ces zones sont
généralement habitées par les ménages à niveau de vie très élevé.

ii/ Habitat moderne : C'est une zone où l'urbanisation est soignée et moderne. Elle est
généralement habitée par des personnes à revenus assez élevés. Cette strate regroupe les zones
où sont localisées les petites villas et qui sont caractérisées par l'absence d'activité industrielle

59
et par l'existence d'un nombre réduit de commerçants ainsi que les zones où existent des
immeubles généralement bien entretenus. Ces dernières zones sont caractérisées par une
prépondérance des activités tertiaires.

iii/ Nouvelle-médina : Ce sont les quartiers nouvellement construits (généralement loin du


centre de la ville). Ils regroupent également les cités substituées souvent à d'anciens
bidonvilles. Cette zone se distingue des strates précédemment citées par l'existence d'une
multitude d'activités: épiciers, marchands de légumes, drogueries, réparateurs de radiateurs,
tôliers, mécaniciens, menuisiers, magasins, matériaux de construction, etc.

iv/ Ancienne-médina : C'est la partie de la ville où les différents aspects de la vie


traditionnelle dominent (habitudes de consommation et type d'habillement y sont de type
marocain) et où l'urbanisation est ancienne. Elle se caractérise par l'existence d'une multitude
d'activités à caractère artisanal.

v/ Habitat précaire et clandestin : C'est une zone où les conditions sanitaires d'habitation
font défaut: absence d'eau, d'électricité, d'égout. Les constructions sont très sommaires et les
rues sont souvent très étroites.

4-6-2-4 Consommation du tabac

Un questionnaire sur le comportement tabagique a été utilisé et comprenait des questions sur
le statut tabagique de la personne interrogée (non fumeur, ex-fumeur, fumeur occasionnel ou
fumeur quotidien), l’âge du début du tabagisme si la personne est fumeuse ou ex-fumeuse,
type et quantité de tabac consommé soit sous sa forme fumée ou non et des questions sur le
tabagisme passif et les lieux d’exposition.

Seul le statut tabagique était exploité dans le cadre de cette thèse.

4-6-2-5 Consommation de boissons alcoolisées

Les données sur la consommation de boissons alcoolisées ont été obtenues par questionnaire.
Les questions utilisées ont été tirées de l’instrument STEPS de l’OMS pour la surveillance des
maladies chroniques (132) et adaptées au contexte de l’étude. Ces questions cernent les
habitudes de consommation (fréquence, quantité), le type de boisson (vin, bière, liqueurs…).
Ces questions ont permis de distinguer les non consommateurs, les ex-consommateurs
(consommation avant les douze derniers mois précédant l’enquête) et les consommateurs
actuels durant les douze derniers mois précédant l’enquête avec pour ces derniers des
questions sur la fréquence de consommation quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle.

4-6-2-6 Activité physique

La mesure de l'activité physique est un pré-requis pour le suivi de santé de la population et


pour évaluer l'efficacité des interventions. L'International Physical Activity Questionnaire
(IPAQ) est utilisé comme outil standardisé d'autoévaluation pour la mesure de l'activité
physique habituelle des populations de différents pays et des contextes socioculturels. Deux
formes de l'IPAQ ont été développées: une courte et une version longue. La forme courte (SF)
60
utilisée dans le cadre de cette étude, est composé de 8 items pour estimer le temps passé à
marcher, le temps passé à effectuer des activités physiques modérée à vigoureuse dans les
domaines du travail, de transport, de domestiques et de jardinage (jardinage), loisirs et aux
activités connexes ainsi que le temps d'inactivité (temps passé en position assise). Quelques
modifications ont été apportées à cette version afin d'accroître l’acceptabilité et la
compréhension de l'instrument auprès de la population marocaine. Les items de ce
questionnaire concernaient les activités d’intensité modérée à vigoureuse réalisées au cours du
travail ou des moments de loisirs dans une semaine habituelle. Les données sur les moyens de
transport à pied ou par bicyclette ont été aussi rapportées. Pour chaque item, le nombre de
jour / semaine et le nombre de minutes par jour ont été précisés.

Des exemples de chaque type d’activité physique ont été précisés dans ce questionnaire. Ainsi
les exemples pour l’activité physique de forte intensité étaient les suivants :

· Au cours du travail : soulever des charges lourdes, travailler sur un chantier, effectuer
du travail de maçonnerie, … pendant au moins 10 minutes d’affilée.

· Au cours du sport ou loisirs : ce sont les activités qui nécessitent une augmentation
importante de la respiration ou du rythme cardiaque comme courir ou jouer au
football, … pendant au moins dix minutes d'affilée.

Pour l’activité physique d’intensité modérée, les exemples étaient les suivants :

· Au cours du travail : une marche rapide ou soulever une charge légère, .. durant au
moins 10 minutes d’affilée.

· Au cours du sport ou loisirs : ce sont des activités qui nécessitent une petite
augmentation de la respiration ou du rythme cardiaque comme la marche rapide, faire
du vélo, nager, jouer au volley, … pendant au moins dix minutes d'affilée

4-7 Enquête pilote

Une enquête pilote, a été conduite sur un échantillon réduit de sujets (N=20). Son objectif
était de finaliser le questionnaire et la logistique des différentes opérations de l’étude. Les
données étaient collectées auprès des sujets interrogés. Ces derniers étaient sollicités pour
répondre au questionnaire de l’enquête, dégager les items qui posent un problème de
compréhension ou d’enchaînement logique des questions et donner des alternatives en cas de
soucis. A l’issue de cette enquête, des rectifications de certains items du questionnaire ont été
rapportées avant le démarrage de l’enquête proprement dite.

61
4-8 Analyse statistique

4-8-1Analyse globale

La première étape de l’analyse a consisté en une description des différentes variables de


l’étude dans l’ensemble de l’échantillon et puis dans chacune des strates. Les résultats ont été
présentés sous forme de moyennes ± écart-types ou des pourcentages.

Au cours de la deuxième étape, des comparaisons des moyennes et de pourcentages entre les
différents groupes ont été réalisées en utilisant les tests paramétriques classiques (test de Chi2
et test de Student). Un seuil de signification p<0.05 a été retenu.

Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel SPSS V.17.

4-8-2 Méthode de calcul du score d’adéquation au régime méditerranéen, profil


de consommation alimentaire a priori

Le score d »adhésion à la DM (MeDi) a été calculé en suivant une adaptation des scores
précédemment décrits par Trichopoulou et al (52, 57) pour prendre en considération les
données disponibles. Dans la présente étude, le calcul du score d’adhérence méditerranéenne
était basé sur le nombre de journées de consommation hebdomadaire pour chaque item à
l’exception des fruits pour lesquels le nombre de portions consommées de façon
hebdomadaire était calculé par multiplication du nombre de jours de consommation par
semaine par le nombre de portions consommées à chaque jour. Concernant les viandes rouges,
plusieurs détails ont été rapportés. La fréquence de consommation des viandes cuites à haute
température, des viandes grillées ou rôties, des viandes traditionnellement conservées (Khliaa,
Qaddid) et de la charcuterie ont été utilisés pour calculer le seuil du « groupe viande » dans le
score de la DM. Pour les céréales, la fréquence de consommation a été calculée par la somme
des items Pain/biscottes/céréales et Riz/pâtes/pommes de terre/semoule.

La valeur de 0 ou 1 a été attribué à chacun des huit composants suivants :


Pain/biscottes/céréales/riz/pâtes/pommes de terre/semoule, légumes, légumes secs, fruits,
produits laitiers, viandes, poisson, matières grasses en utilisant la médiane spécifique au sexe
comme seuil. Pour les items alimentaires supposés être bénéfiques pour la santé
(Pain/biscottes/céréales/riz/pâtes/pommes de terre/semoule, légumes, fruits, légumes secs,
poisson), la valeur de 0 a été attribuée aux personnes dont la consommation était inférieure à
la médiane des sujets de l’échantillon du même sexe et la valeur de 1 si cette consommation
était supérieure à la médiane. Pour les items alimentaires supposés être délétères pour la santé
(viande et produits laitiers), la valeur de 1 était attribuée aux personnes dont la consommation
était inférieure à la médiane et 0 si cette consommation en était supérieure. Pour les matières
grasses, comme nous n’avons pas pu utiliser le ratio acide gras mono insaturés (AGM) /acides
gras saturés (52, 57), nous avons utilisé une approche pour le calcul du score MeDi. En effet,
nous avons considéré la consommation d’huile d’olive comme la principale source
alimentaire d’AGM au Maroc en l’absence de la consommation de la viande porcine pour des
raisons religieuses. Ainsi, la valeur 1 a été attribuée aux personnes consommant de l’huile

62
d’olive soit pour la cuisson ou pour l’assaisonnement et 0 si non. La consommation modérée
d’alcool est considérée comme une composante de la DM traditionnelle (52). Etant donné que
la consommation d’alcool est illicite dans le contexte marocain pour des raisons religieuses, et
donc sa consommation est non habituelle ou sous estimée comme le montre le résultat de la
présente étude, ce composant alimentaire n’a pas été considéré dans le calcul du score de la
DM. Ainsi, le total du score de la DM était égal à la somme des scores binaires associés et
allait de 0 (adhérence minimale à la DM) à 8 (adhérence maximale à la DM). (Tableau 13)

Ce score MeDi a été par la suite dichotomisé en deux groupes: un score de la DM de 0 à 4


représentait une faible adhérence à la DM et de 5 à 8 représentait une forte adhérence. Dans
cette étude sur l’adhérence à la DM, les individus avec au moins une donnée manquante dans
au moins une des composantes du score de la DM ont été exclus de l’étude (N=682, 23.5 %
de l’échantillon). Cette étude a été basée sur 2214 sujets avec des données nutritionnelles
complètes.

63
Tableau 13 - Définition des composantes du score de régime méditerranéen à partir des
groupes d’aliments issus du fréquentiel alimentaire
Groupes alimentaires issus Points attribués en cas de Points attribués en cas de
du FFQ consommation supérieure à consommation inférieure à
la médiane la médiane
Composantes bénéfiques
Pain, des biscottes, ou des
céréales
1 0
Riz, des pâtes, des pommes
de terre, semoule
Fruits 1 0
Légumes 1 0
Légumes secs (haricots secs,
1 0
lentilles, etc.)
Poisson ou d’autres produits
1 0
de la pêche
Huile d’olive 1 0
Composantes délétères
Viande rouge (veau, agneau,
chameau, chèvres…)
Viande rouge très bien cuite
Viande rouge grillée ou rôtie 0 1
Viande en conserve (Khaliâ,
Qaddid, )
Charcuterie
Produits laitiers 0 1

4-8-3 Méthode d’analyse en composantes principales pour la caractérisation des


profils de consommation alimentaire à posteriori

Principe

L’Analyse en Composantes Principales (ACP) permet d'analyser des tableaux de données


numériques quantitatives pour en réduire la dimensionnalité et en représenter graphiquement
les interrelations. Les composantes principales sont de nouvelles variables, indépendantes,
combinaisons linéaires des variables initiales. Chaque sujet obtient un score pour chaque
composante. Il importe de signaler que cette méthode s'applique à des variables continues ou,
par extension, à des variables par intervalle. Souvent, les réponses à un questionnaire sur des
échelles de type Likert (par exemple avec des options "pas du tout" à "tout à fait" avec
réponses intermédiaires) peuvent être considérées comme telles. Cette méthode a
généralement deux fonctions distinctes.

La première fonction consiste à regrouper des variables. Si l’on dispose d'un grand nombre de
variables mesurant un même construit unidimensionnel, ou supposé tel ou plusieurs
dimensions d’un même construit, on peut utiliser cette analyse afin de regrouper les variables
qui semblent mesurer « la même chose » et de pouvoir ainsi calculer un score synthétique
(comme leur moyenne) ce qui s’avérera beaucoup plus économique que de mener des

64
analyses individuelles sur chaque item isolé. Cette méthode permet également de prendre en
compte les interrelations entre ces items et d’obtenir de nouvelles variables qui elles, sont
indépendantes entre elles.

La deuxième fonction consiste à mettre en évidence les dimensions organisant les relations
entre des variables. Dans certains cas, l’objectif n’est pas de synthétiser des variables mais
d’explorer la façon dont celles-ci s’organisent. Pour parvenir à de telles interprétations, on se
fondera sur la façon dont les items se « structurent » sur ces deux axes.

La procédure d’extraction des composantes

L’analyse se fonde sur un tableau de corrélations entre toutes les variables et ce, en
considérant la variance de chaque variable comme égale à 1 de telle sorte que la variance
totale à expliquer est égale au nombre total de variables. Sans rentrer dans le détail, le
principe d’extraction des composantes principales consiste initialement à choisir les
composantes de façon séquentielle en fonction de la variance qu’elle explique. La première
« composante » sera celle qui explique la variance la plus importante. Le pouvoir explicatif de
chaque composante est exprimé par sa « valeur propre » (ou eigenvalue) qui correspond à la
part de variance représentée par cette variance.

L’interprétation des composantes

Dès lors que les composantes constituent des « nouvelles » variables synthétiques, on peut
examiner la relation entre les variables originales et les composantes. Plus cette relation est
forte, plus la variable est « expliquée » par le facteur. Cette relation, qui peut s’exprimer par
un chiffre variant de -1 à +1 s’appelle le poids (factor loading) de la variable sur le facteur. On
considère souvent qu’une variable n’est associée à un facteur que si sa saturation dépasse 0,20
en valeur absolue, même si c’est un seuil arbitraire. Pour interpréter un facteur, on recherche
effectivement les items qui ont les poids les plus élevés en valeur absolue. Lorsque l’on peut
« opposer » des items par le signe (l’un a une forte saturation positive et l’autre une forte
saturation négative) cela facilite l’interprétation car on peut plus facilement déterminer la
dimension qui organise le facteur.

Nombre de facteurs à retenir

Le nombre de facteurs à retenir dépend essentiellement de la variance totale expliquée et des


valeurs propres initiales. Si un seul facteur explique à lui seul une grande partie de la variance
totale (par exemple plus de 40%) alors que le suivant n’en n’explique comparativement que
très peu, on peut considérer qu’une solution unifactorielle est acceptable. Dans le cas
contraire, afin de savoir combien de facteurs il est opportun d’inclure, on cherche
généralement à examiner le diagramme de valeurs propres « scree plot ». Ce graphique
présente les « eigenvalues » (« valeurs propres ») de chaque facteur en ordonnée et le numéro
du facteur en abscisse. Les valeurs propres associées à chaque facteur successif diminuent.
Une façon de sélectionner le nombre de facteurs consiste à s’arrêter là ou la « pente » devient
plus abrupte indiquant une baisse radicale du pouvoir explicatif du facteur. Une autre solution
65
consiste à fixer à priori un pourcentage de la variance qui doit être représenté par les
composantes (par exemple 75%) et de retenir les composantes jusqu’à concurrence de ce total
de variance expliquée.

Analyser les scores factoriels

Comme il est possible de situer la position d’un sujet sur une droite de régression, il est
également possible de situer sa position sur un facteur. Effectivement, un sujet qui a obtenu
des scores élevés sur les items saturés positivement (ou des scores faibles aux items saturés
négativement) sera caractérisé par un score factoriel élevé sur ce facteur. On peut ainsi
calculer le score factoriel de chaque sujet sur un facteur qui varie généralement entre -1 et 1
(bien qu’il puisse excéder ces limites). C’est là une façon particulièrement simple de créer des
scores « synthétiques » regroupant des variables.

Ces scores permettent par la suite d’estimer leurs associations avec des variables
explicatives par des méthodes d’analyses multivariées en particulier par des régressions
linéaires multiples.

4-9 Aspects éthiques

Avant le recrutement dans l’étude, les procédures et objectifs de l’étude ont été expliqués à
chaque individu tiré au sort, et ce n’est qu’après son consentement éclairé que les procédures
de l’étude lui ont été appliquées.

Toute information recueillie sur les individus a été tenue confidentielle et anonyme. Les
données de l’étude ont été stockées dans un emplacement sûr, aucune information sur
l’identité des individus n’a été collectée.

Les autorités ont été préalablement informées par les délégations du Ministère de la Santé sur
la réalisation de l’étude, ses objectifs et ses modalités.

66
5- Résultats
5-1 Résultats généraux
5-1-1 Description de l’échantillon de l’enquête

L’enquête s’est déroulée dans l’ensemble du territoire marocain entre le 09/05/2008 et


03/06/2008. Au total, 150 communes (59 rurales et 91 urbaines) ont été incluses dans cette
étude.

Un total de 3000 sujets devait être recruté dans cette étude, mais 104 (3,47%) individus ont
refusé d’y participer ou était absents le jour de l’enquête dont 63,5% étaient de sexe masculin
et 83,6% étaient d’origine urbaine. (Tableau 14)

Malgré cette différence du taux de refus ou absents statistiquement significative (p<0,01)


entre le milieu urbain et rural et entre les hommes et femmes, la répartition de la population
de l’étude en fonction de l’origine et du sexe était comparable aux résultats du RGHP 2004.

Tableau 14 - Taux de participation à d’étude en fonction du milieu et du sexe, échantillon


d’adultes. Maroc 2008
Urbain Rural Echantillon total
Total H F Total H F Total H F
Participants 1688 830 858 1208 602 606 2896 1434 1462
Refus ou absents 87 54 33 17 12 5 104 66 38
Total 1775 884 891 1225 614 611 3000 1500 1500
Taux de participation (%) 95,1 93,9 96,3 98,6 98,0 99,2 96,5 95,6 97,5

5-1-2 Données sociodémographiques

5-1-2-1 Origine et sexe

Au total, 2896 sujets ont répondu au questionnaire, parmi eux 50,5% étaient de sexe féminin,
soit un sexe ratio H/F de 0,98. Parmi ces sujets, 58,3% appartenaient au milieu urbain et
41,7% au milieu rural. Les femmes représentaient 50,8% et 50,2% respectivement dans les
milieux urbain et rural.

Le pourcentage des personnes de sexe féminin était comparable à celui rapporté par le dernier
RGHP 2004 qui était de 50,7% alors que le taux d’urbanisation en était légèrement différent
se situait à 55,1% en 2004.

5-1-2-2 Age

La moyenne d’âge était de 41,57±15,3 ans avec une étendue allant de 18 à 99 ans. La
répartition des sujets par tranches d’âge de 10 ans est présentée dans le tableau 19. Les
personnes âgées de 20 à 59 ans représentaient 81,4%. En raison des données manquantes, la

67
taille de l’échantillon décrit dans les tableaux qui suivent est inférieure à 2896 sujets. (Tableau
15)

Tableau 15 - Répartition de l’échantillon en fonction des tranches d’âge, Maroc, 2008


Tranches Urbain Rural Population totale
d’âge Total H F Total H F Total % H F
< 20 73 27 46 40 17 23 113 3,9 44 69
20 - 29 344 159 185 276 115 161 620 21,5 274 346
30 - 39 416 178 238 249 112 137 665 23,0 290 375
40 - 49 384 176 208 242 102 140 626 21,7 278 348
50 - 59 242 145 97 198 120 78 440 15,2 265 175
60 - 69 144 86 58 115 69 46 259 9,0 155 104
>= 70 79 56 23 87 67 20 166 5,7 123 43
Total 1682 827 855 1207 602 605 2889 100,0 1429 1460

Par rapport au recensement de 2004, et si on considère que la population âgée de 20 ans et


plus pour laquelle nous disposons du détail concernant les mêmes tranches d’âge, les
proportions de la population en âge d’activité entre 20 et 59 ans et celle du troisième âge de
60 ans et plus étaient comparables 86,2% et 14 % respectivement versus 85% et 15,3% dans
notre échantillon.

5-1-2-3 Niveau d’éducation

En ce qui concerne le niveau d’éducation (Tableau 16), 43,4% de la population étudiée étaient
des analphabètes, 20,4% avaient un niveau d’étude primaire, 19,8% le niveau secondaire,
7,6% le niveau supérieur, 3% avaient suivi une éducation informelle et 5,8% ont suivi leur
formation à l’école coranique. Parmi ces derniers, la moyenne de la durée d’étude à l’école
coranique était de 6,02±5,65 ans.

Dans la population étudiée, l’analphabétisme était plus important en milieu rural qu’en milieu
urbain (63,5% contre 29%) et particulièrement chez les femmes : 80% contre 47% en rural et
40% contre 18% en urbain.

68
Tableau 16 - Répartition de l’échantillon en fonction du niveau d’étude, Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale
Niveau d’étude Total H F Total H F Total H F
Analphabète 485 145 340 765 282 483 1250 427 823
% 29,0 17,7 39,8 63,5 47,0 79,8 43,4 30,1 56,4
Primaire 399 214 185 189 125 64 588 339 249
% 23,8 26,2 21,6 15,7 20,8 10,6 20,4 23,9 17,1
Secondaire 470 266 204 99 76 23 569 342 227
% 28,1 32,5 23,9 8,2 12,7 3,8 19,8 24,1 15,5
Supérieur 204 131 73 15 12 3 219 143 76
% 12,2 16,0 8,5 1,2 2,0 0,5 7,6 10,1 5,2
Informelle 53 6 47 32 4 28 85 10 75
% 3,2 0,7 5,5 2,7 0,7 4,6 3,0 0,7 5,1
E. coranique 62 56 6 105 101 4 167 157 10
% 3,7 6,8 0,7 8,7 16,8 0,7 5,8 11,1 0,7
Total 1673 818 855 1205 600 605 2878 1418 1460

La distribution de notre échantillon selon le niveau d’éducation est en concordance avec les
données du RGHP 2004 où le taux d’analphabétisme était de 43,0% avec aussi des différences
entre les hommes et femmes (30,8% versus 54,7% respectivement) et entre le milieu urbain et
rural (29,4% versus 60,5% respectivement).

5-1-2-4 Profession

En ce qui concerne la profession, 43,6% de la population étudiée était active et 6% étaient des
retraités. Les chômeurs représentaient 7,4%, quatre femmes sur dix étaient des femmes au
foyer et les étudiants représentaient 4,1% des sujets de l’étude. (Tableau 17)

Tableau 17 - Répartition de l’échantillon en fonction de la profession, Maroc, 2008.

Urbain Rural Population totale

Total H F Total H F Total % H F


Actif 711 568 143 539 485 54 1250 43,6 1053 197
Retraité 138 125 13 35 35 173 6,0 160 13
Chômeur 129 85 44 83 71 12 212 7,4 156 56
Femme au foyer 596 -- 595 518 518 1114 38,9 -- 1113
Etudiant 103 50 53 14 7 7 117 4,1 57 60
Total 1677 829 848 1189 598 591 2866 100,0 1427 1439

La proportion de la population active dans notre échantillon était différente de celle du RGHP
2004 où une proportion de 35,9% était notée.

69
5-1-2-5 Revenu mensuel du ménage

La répartition du revenu mensuel des participants à l’étude était comme suit : 52,5% avaient
un revenu du ménage inférieur à 2 000 MAD par mois, 25,7% entre 2 000 et 4 999 MAD,
5,7% entre 5 000 et 9 999 MAD et seulement 3,2% avaient un revenu qui dépasse 10 000
MAD par mois. (Tableau 18)

Tableau 18 - Répartition de l’échantillon en fonction du revenu mensuel du ménage en MAD.


Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale

Total % H F Total % H F Total % H F

< 2000 747 45,9 45 9 709 62,0 422 287 1456 52,5 819 637

2 000 à 4 999 519 31,9 266 253 195 17,0 123 72 714 25,7 389 325

5 000 à 9 999 142 8,7 74 68 17 1,5 14 3 159 5,7 88 71

≥ 10 000 69 4,2 39 30 20 1,7 16 4 89 3,2 55 34

Ne sait pas 152 9,3 34 118 203 17,7 13 190 355 12,8 47 308

Total 1629 100,0 810 819 1144 100,0 588 556 2773 100,0 1398 1375

5-1-2-6 Statut matrimonial

La répartition des personnes interrogées selon le statut matrimonial était comme suit : 23,2%
étaient célibataires, 69,2% mariés, 2,2% divorcés et 5,5% veufs (Tableau 19). Les proportions
des célibataires et des divorcés sont plus élevées en milieu urbain qu’en milieu rural.

Tableau 19 - Répartition de l’échantillon en fonction du statut matrimonial, Maroc, 2008.


Urbain Rural Population totale
Statut
matrimonial Total % H F Total % H F Total % H F

Célibataire 433 25,9 243 190 234 19,5 125 109 667 23,2 368 299

Marié (e) 1101 65,8 566 535 885 73,8 462 423 1986 69,2 1028 958

Divorcé (e) 48 2,9 9 39 14 1,2 5 9 62 2,2 14 48

Veuf (ve) 91 5,4 8 83 66 5,5 5 61 157 5,5 13 144

Total 1673 100,0 826 847 1199 100,0 597 602 2872 100,0 1423 1449

Les résultats concernant les divorcés et veufs étaient comparables à ceux du recensement
2004 où les proportions étaient de 2,0% et 5,6% respectivement, alors qu’ils étaient différents
pour les célibataires et mariés (39,7% et 52,7% respectivement).

70
5-1-2-7 Nombre de personnes dans le ménage

La moyenne du nombre de personnes vivant sous le même toit était de 6,06±2,99 ; [0 – 38].
En milieu rural, cette moyenne était de 6,52±3,46 alors qu’en milieu urbain, elle était de
5,73±2,55.

En ce qui concerne la moyenne des nombres d’enfants des personnes interrogées, elle était de
3,62±2,55 ; [0 – 20]. Elle était de 4,27±2,77 en milieu rural versus 3,15±2,26 en milieu
urbain.

5-1-2-8 Type d’habitat

En ce qui concerne le type d’habitat, 3,4% résidaient dans des habitats luxueux, 12,3% dans
des appartements modernes, 14,7% dans la nouvelle médina, 19,2% dans l’ancienne médina,
9% dans des habitats précaires ou des bidonvilles et 41,5% avaient des logements de type
rural.

5-1-3 Consommation d’alcool

Parmi les sujets interrogés, seuls 3,4% disaient avoir consommé une boisson alcoolisée
comme de la bière, du vin, de la liqueur les douze derniers mois précédant l’enquête. Parmi
eux, 99% étaient des hommes. (Tableau 20)

Tableau 20 - Répartition de l’échantillon en fonction de la consommation des boissons


alcoolisées selon le sexe et le milieu, Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale

Total H F Total H F Total H F

N 1626 800 826 1203 602 601 2829 1402 1427

Oui dans les douze


4,4 9,0 0,0 2,0 4,0 0,0 3,4 6,8 0,0
derniers mois

Avant les douze


4,9 9,8 0,1 4,1 8,1 0,0 4,5 9,1 0,1
derniers mois

Non 90,7 81,2 99,9 93,9 87,9 100,0 92,1 84,1 99,9

Parmi ces hommes, 38,4% avaient consommé une boisson alcoolisée avec une fréquence
allant de 1 à 4 jours par semaine, 4% de 5 à 6 jours par semaine, 6,1% buvaient
quotidiennement, 16,2% buvaient 1 à 3 fois par mois et 35,4% buvaient moins d’une fois par
mois. Une consommation fréquente était plus observée en milieu urbain par rapport au milieu
rural. (Tableau 21)

71
Tableau 21 - Répartition (%) de l’échantillon en fonction de la fréquence de la consommation
d’au moins une boisson alcoolisée durant les douze derniers mois selon le sexe et le milieu,
Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale

Total H F Total H F Total H F

N 71 71 00 24 24 00 95 95 00

<1 fois/mois 25,4 25,4 0,0 58,3 58,3 0,0 33,7 33,7 0,0

1 – 3 jours/mois 16,9 16,9 0,0 16,7 16,7 0,0 16,8 16,8 0,0

1-4 jours/semaine 45,1 45,1 0,0 20,8 20,8 0,0 38,9 38,9 0,0

5-6 jours/semaine 5,6 5,6 0,0 0,0 0,0 0,0 4,2 4,2 0,0

Quotidiennement 7,0 7,0 0,0 4,2 4,2 0,0 6,3 6,3 0,0

5-1-4 Consommation de tabac

Dans la population étudiée, la prévalence globale du tabagisme était de 15,8% dont 14,2%
étaient des fumeurs quotidiens et 1,6% des fumeurs occasionnels. Les ex-fumeurs
représentaient 9,1%.

Chez les hommes, la prévalence des fumeurs était de 30% dont 27,1% étaient des fumeurs
quotidiens et 2,9% des fumeurs occasionnels. Les ex-fumeurs représentaient 17,1%.

Chez les femmes, la prévalence du tabagisme était de 0,7%. Parmi elles, 0,5% étaient des
fumeuses quotidiennes et 0,2% des fumeuses occasionnelles. La proportion des ex-fumeuses
était de 0,5%.

Le tableau 22 présente la prévalence du tabagisme en fonction du milieu de résidence et du


sexe.

72
Tableau 22 - Prévalence du tabagisme dans la population étudiée en fonction du milieu et du
sexe, Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale
Total H F Total H F Total H F
N 1619 831 788 1162 602 560 2781 1433 1348

% 14,8 28,4 0,6 13,4 25,4 0,4 14,2 27,1 0,5


Fumeurs
[13,1- [25,3- [0,06- [11,4- [21,9- [0,1- [12,9- [24,8- [0,1-
quotidiens IC95%
16,5] 31,5] 1,1] 15,4] 28,9] 0,9] 15,5] 29,4] 0,9]

% 1,7 2,9 0,4 1,6 3,0 0,0 1,6 2,9 0,2


Fumeurs
[1,1- [1,8- [0,04- [0,9- [1,6- [1,1- [2,0- [0,04-
occasionnels IC95% -
2,3] 4,0] 0,8] 2,3] 4,4] 2,1] 3,8] 0,4]

% 9,0 17,0 0,6 9,1 17,3 0,4 9,1 17,1 0,5


Ex fumeurs [7,6- [14,4- [0,06- [7,4- [14,3- [0,1- [8,0- [15,2- [0,1-
IC95%
10,4] 19,6] 1,1] 10,8] 20,3] 0,9] 10,2] 19,0] 0,9]

% 74,5 51,7 98,4 76,0 54,3 99,3 75,1 52,8 98,7


Non fumeurs [72,4- [48,3- [97,5- [73,5- [50,3- [98,6- [73,5- [50,2- [98,1-
IC95%
76,6] 55,1] 99,3] 78,5] 58,3] 99,9] 76,7] 55,4] 99,3]

Selon les tranches d’âge, la prévalence du tabagisme la plus importante était de 18,8% et elle
a concerné la tranche d’âge de 30 à 39 ans. En milieu urbain cette prévalence était de 19,3%
et elle a concerné les deux tranches d’âge 30 à 39 ans et 40 à 49 ans. En milieu rural, cette
prévalence était de 18,3% et elle a concerné la tranche d’âge 20 à 29 ans. (Tableau 23)

Tableau 23 - Prévalence du tabagisme dans l’échantillon en fonction des tranches d’âge selon
le milieu et le sexe.
Tranches d’âge (en
Urbain Rural Population totale
année)
Total H F Total H F Total H F
18-19 (%) 4,3 11,1 0,0 5,4 11,8 0,0 4,7 11,4 0,0
N 70 27 43 37 17 20 107 44 63
20-29 (%) 15,2 31,4 0,0 18,3 40,0 1,4 16,6 35,0 0,6
N 328 159 169 262 115 147 590 274 316
30-39 (%) 19,3 40,4 1,4 17,8 37,5 0,0 18,8 39,3 0,9
N 388 178 210 236 112 124 624 290 334
40-49 (%) 19,3 38,6 1,6 15,7 36,3 0,0 17,9 37,8 0,9
N 368 176 192 235 102 133 603 278 325
50-59 (%) 17,5 28,3 1,1 14,1 22,5 0,0 16,0 25,7 0,6
N 240 145 95 192 120 72 432 265 167
60-69 (%) 13,4 20,9 1,8 11,7 18,8 0,0 12,6 20,0 1,0
N 142 86 56 111 69 42 253 155 98
>=70 (%) 7,7 10,7 0,0 4,6 6,0 0,0 6,1 8,1 0,0
N 78 56 22 87 67 20 165 123 42

73
5-1-5 Activité physique

a- Activité physique de forte intensité

Parmi les sujets interrogés, 23,7% avaient un travail qui impliquait une activité physique de
forte intensité pendant au moins 10 minutes d’affilée. Cette proportion était plus importante
en milieu rural par rapport au milieu urbain (34,8% versus 15,7%). (Tableau 24)

Tableau 24 - Fréquence de la pratique des activités physiques de forte intensité dans le cadre
du travail, nombre de jours/ semaine et durée habituelle selon l’origine et le sexe, Maroc,
2008.
Nombre moyen de Durée moyenne habituelle
Milieu de
Sexe N % jour/semaine (en min)
résidence
N M(ET) N M(ET)
Total 1686 15,7 263 4,75(2,18) 261 236,26(178,41)
Urbain H 831 22,5 186 5,10(1,85) 185 279,54(178,99)
F 855 9,1 77 3,91(2,64) 76 130,92(126,03)

Total 1208 34,8 419 5,25(2,18) 420 206,74(194,25)


Rural H 601 35,1 211 4,98(2,04) 211 286,71(214,21)
F 607 34,4 208 5,52(2,29) 209 126(129,02)

Total 2894 23,7 682 5,06(2,19) 681 218,05(188,75)


Population
H 1432 27,8 397 5,03(1,95) 396 283,36(198,32)
totale
F 1462 19,6 285 5,09(2,49) 285 127,32(128,03)
M= Moyenne, ET=Ecart-Type

Parmi les sujets ayant une activité physique (AP) de forte intensité, 63,5% avaient une AP
élevée, c'est-à-dire, la pratiquent durant plus de 30 min à chaque fois et pendant la plupart des
jours de la semaine (≥5 jours par semaine). Cette fréquence était plus importante en milieu
rural par rapport au milieu urbain. Pour l’AP moyenne (durée < 30min pendant 3 jours ou
plus/semaine ou durée ≥30 min mais pendant moins de 5 jours par semaine), cette proportion
était de 33,7%, elle était plus importante en milieu urbain (37,5%) par rapport au milieu rural
(31,3%). L’AP faible (durée < 30min pendant moins de 3 jours par semaine) était rapportée
par 2,8% de la population concernée ; 2,1% en milieu rural et 3,8% en milieu urbain).
(Tableau 25)

Tableau 25 - Répartition (%) de la population de l’étude ayant une activité physique (AP) de
forte intensité en fonction de la durée et la fréquence de cette activité selon l’origine et le
sexe, Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale
Total H F Total H F Total H F
N 261 185 76 419 211 208 680 396 284
AP élevée 58,6 67,6 36,8 66,6 64,9 68,3 63,5 66,2 59,9
AP moyenne 37,5 29,7 56,6 31,3 32,7 29,8 33,7 31,3 37,0
AP faible 3,8 2,7 6,6 2,1 2,4 1,9 2,8 2,5 3,2

74
b- Activité physique d’intensité modérée

Parmi les sujets interrogés, 50,5% avaient un travail qui impliquait une activité physique
d’intensité modérée comme une marche rapide ou soulever une charge légère durant au moins
10 minutes d’affilée. Cette proportion était plus importante en milieu rural par rapport au
milieu urbain (60,4% versus 43,5%). (Tableau 26)

Tableau 26 - Fréquence de la pratique des activités physiques d’intensité modérée dans le


cadre du travail selon l’origine et le sexe, Maroc, 2008.
Milieu de Nombre moyen de Durée moyenne habituelle
résidence jour/semaine (en min)
Sexe N % N M(ET) N M(ET)
Total 1684 43,5 730 5,06(2,13) 726 166,40(164,07)
Urbain H 831 43,7 361 5,22(1,82) 358 221,23(194,48)
F 853 43,3 369 4,91(2,38) 368 113,05(102,95)

Total 1209 60,4 729 5,64(1,99) 726 146,73(139,02)


Rural H 602 52,3 315 5,26(2,00) 314 193,92(157,57)
F 607 68,4 414 5,92(1,93) 412 110,76(110,39)

Total 2893 50,5 1459 5,35(2,08) 1452 156,56(152,32)


Population
H 1433 47,3 676 5,24(1,90) 672 208,47(178,58)
totale
F 1460 53,7 783 5,45(2,21) 780 111,84(106,88)
M= Moyenne, ET=Ecart-Type

Parmi les sujets ayant une activité physique (AP) d’intensité modérée, 60,9% avaient une AP
élevée, c'est-à-dire, la pratiquent durant plus de 30 min à chaque fois et pendant la plus part
des jours de la semaine (≥5 jours par semaine). Cette fréquence était plus importante en
milieu rural par rapport au milieu urbain (63,8% et 58,1% respectivement). Pour l’AP
moyenne (durée < 30min pendant 3 jours ou plus/semaine ou durée ≥30 min mais pendant
moins de 5 jours par semaine), cette proportion était de 34,7%, elle était plus importante en
milieu urbain (37,1%) par rapport au milieu rural (32,4%). L’AP faible (durée < 30min
pendant moins de 3 jours par semaine) était rapportée par 4,3% de la population concernée ;
3,8% en milieu rural et 4,8% en milieu urbain). (Tableau 27)

Tableau 27 - Répartition (%) de l’activité physique (AP) d’intensité modérée en fonction de


la durée et la fréquence de cette activité selon l’origine et le sexe, Maroc, 2008.
Urbain Rural Population totale
Total H F Total H F Total H F
N 730 361 369 465 211 254 1459 676 783
AP élevée 58,1 67,0 49,3 63,8 67,0 61,4 60,9 67,0 55,7
AP moyenne 37,1 30,5 43,6 32,4 30,2 34,1 34,7 30,3 38,6
AP faible 4,8 2,5 7,0 3,8 2,9 4,6 4,3 2,7 5,7

75
c- Trajets d’au moins 10 min à pied ou à vélo

Au total, 83,9% de la population étudiée effectuaient des trajets d’au moins 10 min à pied ou à
vélo. Cette proportion était similaire en milieu urbain et en milieu rural ; 83,6% et 84,2%
respectivement. (Tableau 28)

Tableau 28 - Fréquence de la pratique des trajets d’au moins 10 min à pied ou à vélo selon
l’origine et le sexe, Maroc, 2008.
Nombre moyen de Durée moyenne habituelle
Milieu de
Sexe N % jour/semaine (en min)
résidence
M(ET) N M(ET) N
Total 1687 83,6 5,47(2,07) 1405 81,37(115,88) 1400
Urbain H 831 86,2 6,25(1,49) 712 98,27(153,53) 708
F 856 81,2 4,67(2,26) 693 64,08(49,79) 692

Total 1208 84,2 6,00(1,83) 1003 93,45(89,34) 1013


Rural H 601 89,2 6,21(1,58) 531 104,40(107,37) 533
F 607 79,2 5,75(2,05) 472 81,29(61,45) 480

Total 2895 83,9 5,69(1,99) 2408 86,44(105,70) 2413


Population
H 1432 87,4 6,23(1,53) 1243 100,90(135,63) 1241
totale
F 1463 80,4 5,11(2,24) 1165 71,13(55,49) 1172
M= Moyenne, ET=Ecart-Type

76
5-2 Relation entre obésité et caractéristiques
sociodémographiques au Maroc (Article 1)
5-2-1 Introduction

L’obésité et le surpoids constituent un problème majeur de santé publique et leurs prévalences


augmentent à des taux alarmants à travers le monde (134). L’obésité est un facteur de risque
majeur pour le développement d’un certain nombre de maladies chroniques y compris le
cancer (135, 136). Plusieurs facteurs environnementaux tels le mode de vie et la malnutrition
(137, 138), l’âge (139), les facteurs socioéconomiques (140) et le manque d’activité physique
(141) jouent un rôle important dans la survenue de l’obésité (142). Le changement du profil
alimentaire et de celui de l’activité physique dans les sociétés en pleine transition sont à
l’origine de l’épidémie de l’obésité (17, 18).

Bien que plusieurs études (143, 144) aient montré que le statut socio économique élevé,
comme indicateur du mode de vie est inversement lié à l’obésité et au surpoids dans les pays
développés et y est positivement associés dans les pays en voie de développement, cette
liaison reste peu explorée dans plusieurs pays.

Dans les pays Nord-Africains, l’obésité en particulier féminine est perçue comme symbole de
beauté, de fertilité et de prospérité chez les femmes (145). La plupart de ces pays sont en
pleine transition démographique (146) et développement économique ayant des implications
directes sur le style de vie, l’alimentation et l’état de santé des populations en particulier
l’obésité. La Tunisie est un exemple de ce profil de changement et la prévalence de l’obésité
dans ce pays est à peu près similaire à celle des pays européens en particulier chez les femmes
avec un niveau socioéconomique élevé (147). Les déterminants de l’obésité dans les pays
Nord Africains restent mal connus et peu d’études ont fait le point sur son importance chez les
femmes (145).

Depuis une cinquantaine d’années, la population Marocaine est entrée dans une phase de
transition épidémiologique (148). Un changement important a aussi été documenté dans les
habitudes alimentaires marocaines et leur style de vie comme indicateur d’une transition
nutritionnelle. Plusieurs études (131, 149-151) se sont intéressées à la prévalence de l’obésité
soit en population générale ou dans des groups spécifiques mais aucune d’entre elles, à notre
connaissance, n’a étudié l’association entre l’obésité ou le surpoids et les déterminants
socioéconomiques.

77
5-2-2 Article 1

78
5-2-3 Discussion

La présente étude a permis d’étudier la relation entre l’obésité/surpoids et les facteurs


sociodémographiques dans un échantillon représentatif de la population adulte marocaine
âgée de 18 ans et plus. La prévalence de l’obésité et du surpoids y était de 13,5% et 29,9%
respectivement. Elle était plus élevée chez les femmes et en milieu urbain comparativement
aux hommes et au milieu rural. Les données de la littérature montrent que cette prévalence
avait augmenté entre les années 1984 et 1998 allant de 1,6% à 4,3% chez les hommes et de
6,4% à 16,0% chez les femmes de 20 ans et plus (19). Nos chiffres de prévalence sont
beaucoup plus élevés. Cette différence de prévalence selon le sexe retrouvée dans cette étude
a été aussi rapportée par des études précédentes au Maroc (131) et dans d’autres pays (152,
153).

Une association significative était notée entre l’âge et l’obésité chez les femmes, comme dans
d’autres études (154). Ceci peut être expliqué en partie par la parité et la ménopause (155). La
diminution de la prévalence de l’obésité chez les jeunes femmes par rapport aux femmes plus
âgées, peut aussi refléter le changement de la perception de l’« obésité » qui était
traditionnellement considérée comme signe de beauté et de prospérité chez les femmes (149,
150) à un symbole de sous développement surtout chez les femmes jeunes à niveau d’étude
plus élevé qui s’acharnent plus à avoir des comportements à moindre risque pour l’obésité,
comme conséquence de leur exposition à une culture occidentalisée.

L’obésité était inversement liée au niveau d’éducation chez les femmes, et ce même après
ajustement sur les facteurs de confusion. Ceci est en accord avec les résultats d’autres études
plus récentes (156). Ce résultat pourrait s’expliquer par l’acquisition par les femmes à niveau
d’étude élevé d’un mode de vie plus occidental auquel elles sont exposées par le biais de leurs
études et sont de ce fait davantage influencées par des stéréotypes occidentaux de minceur.

Plusieurs études (157, 158) soulignent l’importance du lien entre l’obésité et le niveau
socioéconomique. Notre étude a montré qu’il y a un lien significativement positif entre le
revenu mensuel du ménage et l’obésité en particulier chez les hommes dans les analyses
univariées, mais qui disparaît en analyse multivariée. Chez les femmes, l’obésité était plus
fréquente chez celles habitant des habitats luxurieux ou modernes. Les gens d’un niveau
socioéconomique élevé sont plus susceptibles d’adopter un style de vie occidental caractérisé
par la consommation des fast food ou des repas dans les restaurants. Ils passent plus de temps
dans des activités ne demandant généralement pas d’effort physique (travail au bureau,
regarder la télévision, …)

L’activité physique n’était pas significativement liée à l’obésité/surpoids en analyse


multivariée. Ceci peut être dû au manque de précision de la mesure de l’activité physique qui
était présenté dans ce travail sous forme de variable dichotomique (> ou >= à 30 min
d’activité physique par jour) sans tenir compte de l’intensité de cette activité physique, ni de
sa nature et sans ajustement sur les dépenses énergétiques qui pourraient être engendrées par
cette activité physique.

79
Comme dans d’autres études (159, 160) les sujets mariés, divorcés ou veufs, les femmes au
foyer et les retraités avaient un risque plus élevé d’obésité ou surpoids aussi bien chez les
hommes que chez les femmes. Ces catégories de sujets sont, en effet, plus âgés que les autres.
De plus, les femmes de ces catégories sont le plus souvent des multipares et/ou ménopausées.
Tout ceci pourrait expliquer la fréquence élevée de l’obésité chez ces personnes.

Cette étude, malgré ses limites liées en particulier à son schéma transversal et aux éventuels
biais de mémorisation avec sur ou sous estimation de certains indicateurs, elle présente
l’avantage d’avoir été réalisée sur un échantillon représentatif de la population marocaine.
Elle a reproduit des résultats similaires à ceux d’études précédentes. Cette étude a permis, en
plus, de mieux comprendre la relation entre les facteurs sociodémographiques et l’obésité et
surpoids dans la population marocaine. Il s’avère donc que l’obésité et le surpoids sont très
fréquents au Maroc et qu’il y a des disparités socioéconomiques dans l’émergence de cette
pathologie au Maroc. Mais devant l’augmentation rapide de la prévalence de cette pathologie,
on se demande s’il y a d’autres facteurs, autres que sociodémographiques, qui pourraient
expliquer ce phénomène dans un pays en pleine phase de transition démographique et
épidémiologique qu’est le Maroc.

Le rôle des facteurs environnementaux dans le développement de l'obésité, en particulier ceux


expliquant l'augmentation rapide de sa prévalence ces dernières décennies, n’est plus à
démontrer. La modification des habitudes alimentaires en est l’un des principaux
déterminants.

Il est donc légitime de se demander si les marocains adhèrent toujours à leur régime
traditionnel supposé être méditerranéen. Le cas échéant, on se demande quels sont les
principaux profils alimentaires caractérisant ce changement et quelle est la nature du lien qui
pourrait exister entre cette transition nutritionnelle et l’émergence de l’obésité au Maroc.

Cette question sur les habitudes alimentaires des marocains est d’autant plus importante que
l’alimentation est un facteur sur lequel les possibilités d’intervention existent tant à niveau
individuel qu’en termes de santé publique et de prévention.

80
5-3 Description des profils alimentaires au Maroc

5-3-1 Adhérence de la population marocaine au régime méditerranéen


(Article 2)

5-3-1-1 Introduction
La DM est le profil alimentaire habituellement consommé par les populations habitant au bord
de la mer méditerranée. Plusieurs études considèrent que le régime méditerranéen est un
modèle pour un mode d’alimentation sain du fait de sa contribution à un état de santé
favorable, à une réduction des maladies chroniques et à une meilleure qualité de vie (123,
161-165).

Les composantes communes de ce que l’on appelle traditionnellement une DM sont: une
consommation élevée d’aliments d’origine végétale (fruits, légumes, pain, céréales,
légumineuses, noix, …); l’huile d’olive comme la principale source de matières grasses
ajoutées, une consommation modérée d’alcool, modérée à faible de produits laitiers, de
fromage, yoghourt, poisson, volaille et œufs et une faible consommation des viandes rouges à
l’état frais comme à l’état conservé (161, 166) (Figue 13).

Il n’existe pas un seul modèle du régime méditerranéen. En effet, les pratiques alimentaires
des pays de la méditerranée varient considérablement et même dans le même pays entraînant
ainsi une différence significative dans les habitudes alimentaires (167). De plus, plusieurs
études montrent que les régimes méditerranéens ont beaucoup changé et qu’il y’a une
occidentalisation de plus en plus importante des habitudes alimentaires dans la région
méditerranéenne (168-170).

Au Maroc, pays bordé au nord par la mer méditerranée, le régime alimentaire est supposé être
méditerranéen. Cependant, à notre connaissance, aucune étude n’a jamais décrit ce régime
auparavant. L’émergence des maladies non transmissibles en particulier de l’obésité au Maroc
soulève la question sur la nature du régime suivi par les marocains. Le processus de transition
nutritionnelle dans lequel est entré le Maroc précédemment décrit (19), n’a pas pu répondre
clairement à cette question car il a été décrit selon des indicateurs indirects de consommation
alimentaire globale et n’a pas été basé sur l’apport alimentaire individuel. De plus, les
déterminants de ces changements ne sont pas encore bien élucidés et les groupes à risque
n’ont pas été identifiés. D’où l’intérêt de ce travail dont l’objectif était d’avoir une
information précise non seulement sur l’adhérence de la population marocaine à la DM mais
aussi sur les facteurs démographiques et socioéconomiques qui y sont reliés.

81
Figure 13. La pyramide du régime méditerranéen traditionnel

82
5-3-1-2 Article 2

83
5-3-1-3 Discussion

Cette étude a permis de décrire l’adhérence à la DM d’un échantillon de la population adulte


marocaine et son association avec les caractéristiques socioéconomiques. Les résultats de
cette étude montrent que la DM est loin d’être le régime commun à tous les marocains et que
les déterminants de l’adhérence à la DM sont différents de ceux observés dans les autres pays
méditerranéens.

Contrairement à d’autres études précédentes (171-173), aucune association significative n’a


été retrouvée entre l’âge et l’adhérence à la DM. Dans les pays méditerranéens, en particulier
ceux qui passent par une transition nutritionnelle, les sujets jeunes sont plus à risque d’adopter
un mode alimentaire occidental. Ceci n’a pas été retrouvé dans notre étude ce qui pourrait
s’expliquer par le fait que le Maroc est dans les stades de début de la transition nutritionnelle.
Une autre explication pourrait être que du fait que les repas au Maroc sont encore pris dans
des plats collectifs, souvent préparés selon un modèle traditionnel (souvent des tagines,
couscous, …) par les sujets les plus âgés, surtout les mamans; les habitudes alimentaires des
jeunes marocains se trouvent alors influencées par ceux des sujets plus âgées qui
maintiendraient leur régime traditionnel. Une dernière explication pourrait être que cette étude
a été menée sur des sujets adultes âgés de 18 ans et plus et n’a pas inclus les enfants et les
adolescents qui sont normalement les plus influencés par le mode alimentaire occidental.

Les hommes étaient moins adhérents au régime méditerranéen par rapport aux femmes. L’une
des explications pourrait être que les hommes étaient le plus souvent actifs ou étudiants par
rapport aux femmes qui étaient le plus souvent des femmes au foyer. Les hommes passent, de
ce fait, la plus part de leur temps hors domicile et donc plus susceptibles de consommer une
alimentation occidentale tels les Hamburgers et autres fast foods.

Les personnes mariées semblent être les plus adhérentes au régime méditerranéen. Ceci
pourrait s’expliquer en partie par le fait que les personnes mariées respectent les habitudes
familiales plus que d’autres et mangent le plus souvent à la maison suivant les obligations des
règles sociales et partagent, de ce fait, avec leurs familles des repas souvent préparés selon un
mode traditionnel.

Comme d’autres études (174, 175), nous n’avons pas trouvé de différence significative de
l’adhérence à la DM selon le revenu mensuel du ménage, ni selon le niveau d’étude.
Cependant, une forte association a été retrouvée avec le type d’habitat. Nos résultats
supposent que la DM est de plus en plus abandonnée par les habitants aussi bien du milieu
urbain que rural, en particulier parmi les personnes résidant dans des habitats luxurieux et
modernes. Dans la vieille médina qui contient toujours de vieilles maisons traditionnelles, les
sujets gardent toujours leurs habitudes alimentaires traditionnelles qui sont maintenues grâce à
la disponibilité des aliments végétaux et à leur prix abordable par cette population qui est
majoritairement à bas niveau socioéconomique. Le changement des habitudes alimentaires
des personnes résidant des habitats luxurieux peut être lié à un meilleur accès à une
alimentation riche et très énergétique avec un choix très varié. Ainsi, les riches se permettent

84
de consommer plus de repas aux restaurants ou des fast-foods avec des portions de plus en
plus larges. Pour les personnes vivant dans des habitats précaires dont la plupart vivant en
milieu rural (81,1%), et donc dans des zones enclavées éloignées des marchés de légumes
avec une faible disponibilité des produits alimentaires en plus des longues années de
sécheresse qu’a connue le Maroc qui ne leur a pas permis la cultures des aliments végétaux,
tous ces facteurs peuvent être une explication des changements des habitudes alimentaires de
cette catégorie de la population.

La principale limite de cette étude est liée au fréquentiel alimentaire utilisé et aux réponses
des sujets interrogés. La consommation des aliments n’a pas été mesurée avec la précision
requise et les sujets pourraient sous estimer ou surestimer leur consommation de certains
aliments selon qu’ils soient considérées bénéfiques ou délétères pour la santé ou selon qu’ils
soient des indicateurs de richesse ou de pauvreté comme par exemple la viande et les
légumineuses. De plus, comme les quantités d’aliments consommés n’étaient pas demandées
et notées, nous n’avons pas pu ajuster sur l’apport énergétique. L’autre limite de cette étude
est liée à son schéma transversal qui n’a pas permis d’identifier les individus qui ont remplacé
leurs habitudes alimentaires traditionnelles par des habitudes occidentalisées ni le sens de
l’association entre l’adhérence à la DM et les sujets obèses qui sont les moins adhérents.

Cette étude a, par ailleurs, plusieurs points forts. Elle a été menée sur un échantillon important
de la population marocaine. Les participants répondaient à un questionnaire détaillé et étaient
particulièrement motivés par des enquêteurs entraînés et sensibilisés pour ne pas laisser des
questions sans réponse. Les résultats de cette étude donnent pour la première fois, une
description de l’adhérence à la DM de la population marocaine en prenant en considération la
variation saisonnière de la consommation alimentaire puisque le questionnaire concernait les
consommations alimentaires habituelles dans une semaine habituelle. Cette information peut
être très intéressante en particulier quand d’autres données comparables ne sont pas
disponibles surtout en matière de la formulation des recommandations alimentaires et des
initiatives de santé publiques impliquant des politiques nutritionnelles et leurs
implémentations.

En conclusion, cette étude a permis de démontrer que, contrairement à ce qu’on pourrait


penser, la DM n’est pas le régime commun à toute la population marocaine. L’adhérence à la
DM est un comportement alimentaire qui est en train d’être abandonné indépendamment de
l’âge et du niveau d’éducation dans le milieu urbain comme dans le milieu rural, chez les
hommes et les personnes d’un niveau socioéconomique élevé. Les stratégies d’intervention
pour arrêter ce changement d’habitudes alimentaires et maintenir le régime méditerranéen
traditionnel considéré comme la DM d’origine au Maroc, doivent cibler les groups les plus à
risque et qui ont été identifiés dans le cadre de cette étude. Par ailleurs, il est indispensable de
compléter cette approche des profils de comportement alimentaire au Maroc par une approche
a posteriori, permettant de décrire les profils de comportement réellement observés dans cet
échantillon comme nous l’avons fait dans l’article 3.

85
5-3-2 Profils alimentaires et leurs déterminants au Maroc (Article 3)

5-3-2-1 Introduction

La transition nutritionnelle est caractérisée par le changement d’une diète traditionnelle de


meilleure qualité nutritionnelle à une diète industrialisée incluant plus d’alimentation
conservée, plus d’alimentation d’origine animale, plus de sucre et de gras et souvent plus
d’alcool (18). Les données de la littérature montrent que les groupes de populations à travers
le monde remplacent leurs habitudes alimentaires traditionnelles par une alimentation de plus
en plus occidentalisé (176).

Comme plusieurs PVD, le Maroc est entré dans une phase de transition épidémiologique
(148) caractérisée par la régression de la part des maladies transmissibles et l'accroissement
de celle des maladies non transmissibles. Cette augmentation est en grande partie liée à une
évolution marquée des modes de vie, notamment via des changements dans les modes de
consommation alimentaire. Cette transition épidémiologique soulève des questions
fondamentales, notamment sur son lien avec la transition alimentaire et nutritionnelle et sur
ses principales causes.

Les données de la littérature utilisées pour la description de la transition nutritionnelle au


Maroc ont été obtenues à partir des études sur les dépenses et les consommations des ménages
conduites entre 1970 et 1998 (19, 145, 177). Les résultats de ces études sont souvent publiés
sous forme de rapports qui ne sont pas toujours facilement accessibles. De plus les méthodes
utilisées dans ces études sont souvent différentes rendant ainsi leur comparaison difficile. Les
données sur l’apport alimentaire individuel ne sont pas disponibles ce qui constitue une lacune
pour supporter cette notion de transition nutritionnelle au Maroc. Les causes de cette
transition nutritionnelle sont aussi peu connues.

Cette étude avait comme objectif de décrire les habitudes alimentaires des marocains en se
basant sur l’apport alimentaire individuel selon le niveau socioéconomique et le mode de vie.

86
5-3-2-2 Article 3

87
5-3-2-3 Résultats complémentaires sur les profils alimentaires

L’analyse en composante principale a permis d’identifier quatre profils alimentaires


expliquant 39% de la variance totale. En plus des deux premiers profils qualifiés de profil
alimentaire marocain occidentalisé et profil alimentaire marocain traditionnel et qui ont été
largement décrits dans l’article 3, les troisième et quatrième profils ont une composition
différente.

Le troisième profil était caractérisé par une consommation élevée de charcuterie (0,52), poulet
(0,46), viande grillée (0,32), thé vert (0,28) et de soda (0,30). Alors que la consommation des
fruits, produits laitiers, café et thé noir était négativement associée à ce profil (-0,28, -0,27, -
0,29, -0,31 respectivement). Ce profil est caractérisé par une alimentation riche en viande
rouge, poulet avec peu de fruits, légumes et céréales.

En ce qui concerne le quatrième profil, les principaux groupes alimentaires représentés


étaient: pain/céréales (0,40), semoule/pomme de Terre/riz (0,34), légumes (0,27),
légumineuses (0,28), poulet (0,43), œufs (0,47), café (0,22) et thé vert (0,26). Les viandes
rouges grillées ou rôties (-0,42) et le jus de fruits (-0,24) étaient les moins représentés. Ce
profil alimentaire était riche en glucides, surtout complexes, avec du poulet et les œufs
comme principale source de protéine animale.

En analyse univariée (Table 34), une association négative a été notée entre l’âge et le score du
troisième facteur (β = -0,007, r2 = 0,01, p<0,001). Le score moyen du troisième facteur était
significativement plus élevé en milieu urbain, chez les hommes, chez les sujets célibataires ou
divorcés ou veufs et chez les sujets actifs ou chômeurs ou étudiants et avec un revenu mensuel
ne dépassant pas 2000 MAD. Ce score était aussi significativement élevé chez les fumeurs.
Par ailleurs, aucune association n’a été notée entre le score moyen du troisième profil et le
niveau d’étude ni avec le nombre de personnes dans le ménage. Ce score était également plus
élevé chez les sujets d’IMC < 25 Kg/m2.

Le score du quatrième profil était aussi négativement associé à l’âge (β = -0,006, r2 = 0,009,
p<0,001) et positivement associé au nombre de personnes dans le ménage (β = 0,03, r2 =
0,008, p<0,001). A l’inverse du troisième profil, ce score était positivement associé au milieu
rural, au sexe féminin, au niveau d’étude faible (moins de 7 années d’étude), au revenu
mensuel inférieur à 5000 MAD. Ce score était aussi positivement associé à la profession
(femme au foyer). Par ailleurs aucune association n’a été notée entre le score du quatrième
facteur et le statut marital ni avec l’IMC. Le score du 4ème facteur était plus élevé chez les
fumeurs et ex-fumeurs.

En ce qui concerne les matières grasses ajoutées, le score du troisième facteur était
négativement associé aux huiles d’olive et d’Argan et positivement associé aux autres huiles
végétales alors que le score du quatrième facteur était négativement associé à l’huile d’Argan
et positivement associé aux autres huiles végétales (olive exclue) et au beurre.

88
Tableau 29 - Scores des troisième et quatrième composantes en fonction des caractéristiques
sociodémographiques et des consommations de corps gras dans l’échantillon d’adultes
marocains, 2008.
Score du 3ème facteur Score du 4ème facteur
N m SD P* m SD P*
Origine 0,009 0,0001
Urbain 1682 0,04 1,11 -0,06 1,06
Rural 1206 -0,06 0,81 0,08 0,91
Genre 0,0001 0,0001
Masculin 1428 0,07 1,05 -0,02 1,02
Féminin 1460 -0,07 0,94 0,10 0,97
Statut marital 0,007 0,65
Célibataire/ Divorcé/veuf 883 0,07 1,08 -0,01 1,03
Marié 1982 -0,03 0,96 0,004 0,98
Niveau d’éducation 0,92 0,0001
0 1248 0,004 0,89 0,09 1,00
1-6 791 -0,03 0,95 0,02 0,89
7-12 596 -0,004 1,10 -0,04 0,99
≥13 235 0,004 1,35 -0,45 1,22
Occupation 0,0001 0,0001
Actif 1247 0,05 1,03 -0,11 1,01
Retraité 173 -0,22 1,14 -0,13 1,13
Chômeur 210 0,21 1,01 -0,11 0,90
Femme au foyer 1112 -0,09 0,92 0,18 0,96
étudiant 116 0,22 1,10 -0,14 0,96
Revenu mensuel du 0,02 0,0001
ménage (MAD)
<2000 1453 0,04 0,89 0,09 0,91
2000 – 4999 710 -0,04 1,10 0,08 0,91
5000 – 9999 159 -0,23 1,22 -0,43 1,17
≥ 10000 89 -0,05 1,42 -1,16 1,62
Ne sait pas 355 0,01 0,99 0,05 1,00
Tabagisme 0,0001 0,049
Fumeur 439 0,22 1,16 -0,11 1,20
Ex-fumeur 252 0,03 0,94 -0,09 0,89
Non fumeur 2083 -0,04 0,97 0,01 0,96
IMC (Kg/m2) 0,002 0,40
< 25 1632 0,05 1,00 0,01 0,96
25 – 30 853 -0,03 0,99 0,01 1,05
≥30 388 -0,14 1,04 -0,06 1,02
Matière grasse ajoutée
Huile d’olive 0,0001 0,17
Non 644 0,17 0,97 -0,05 1,05
Oui 2244 -0,05 1,00 0,01 0,98
Huile d’Argan 0,045 0,0001
Non 2808 0,006 1,00 0,02 0,97
Oui 80 -0,22 1,05 -0,57 1,62
Huile végétale 0,0001 0,006
Non 410 -0,28 1,02 -0,12 1,00
Oui 2478 0,05 0,99 0,02 1,00
Beurre 0,08 0,0001
Non 1622 -0,03 -0,06 0,97
Oui 1266 0,04 0,08 1,03

89
Le tableau 35 présente les coefficients de régression β et leurs écarts-types correspondants
pour l'association entre les facteurs socio-démographiques et de mode de vie avec les scores
des troisième et quatrième facteurs ajustés sur les facteurs sociodémographiques dans
l’échantillon de 2585 sujets qui n’avaient aucune donnée manquante pour toutes les
covariables.

Le troisième facteur (R2 total = 0,038) était positivement associé au sexe masculin et au statut
tabagique (fumeur). Par ailleurs, il était négativement associé à l’âge et au milieu rural. Bien
que l’association entre ce troisième facteur et le revenu mensuel du ménage d’une part et la
profession d’autre part ait disparu en analyse multivariée, ce score était positivement associé
aux chômeurs et négativement associé aux personnes ayant un revenu mensuel du ménage
entre 2000 et 10000 MAD.

Le quatrième facteur (R2 total = 0,095) était négativement associé à l’âge et au revenu
mensuel >= 2000 MAD. Par ailleurs, ce facteur était positivement associé au statut de retraité
ou femme au foyer et au nombre de personnes dans le ménage.

90
Tableau 30 - Coefficients (β) dérivés de régression linéaire multiple pour les scores des
troisième et quatrième facteurs dans l’échantillon d’adultes marocains, 2008. (N=2585)
3ème facteur 4ème facteur
N β SE P β SE P
Age 2585 -0,007 0,002 <0,001 -0,007 0,002 <0,001
Origine 0,001 0,18
Urbain 1519 Référence Référence
Rural 1066 -0,14 0,04 0,06 0,04
Genre 0,09 0,14
Féminin 1358 Référence Référence
Masculin 1227 0,13 0,05 0,10 0,07
Statut marital 0,74
Marié 1803 Référence
Célibataire/ Divorcé/veuf 782 -0,02 0,05
Niveau d’éducation NS
0 1092 Référence
1-6 720 -0,04 0,05 0,42
7-12 552 -0,06 0,06 0,35
≥13 221 -0,14 0,09 0,11
Occupation NS <0,01
Actif 1192 Référence Référence
Retraité 170 -0,14 0,09 0,12 0,20 0,08 0,02
Chômeur 177 0,20 0,08 0,01 0,02 0,08 0,84
Femme au foyer 946 0,02 0,07 0,75 0,37 0,07 <0,001
étudiant 100 0,12 0,11 0,27 0,03 0,11 0,80
Revenu mensuel du
NS <0,001
ménage (MAD)
< 2000 1345 Référence Référence
2 000 à 4999 649 -0,10 0,05 0,03 0,01 0,05 0,80
5000 à 9999 157 -0,30 0,08 0,001 -0,37 0,09 <0,001
≥10 000 89 -0,10 0,11 0,36 -1,09 0,11 <0,001
Ne sait pas 345 0,02 0,06 0,70 -0,18 0,06 0,003
Nombre de Personnes
2585 0,03 0,006 <0,001
habitant sous le même toit
IMC (Kg/m2) NS
<25 1918 Référence
25 – 29,99 249 0,01 0,05 0,77
≥30 418 -0,06 0,06 0,34
Tabagisme 0,05 NS
Non fumeur 1918 Référence Référence
Ex-fumeur 249 0,11 0,07 0,13 0,05 0,07 0,45
Fumeur 418 0,21 0,06 0,001 -0,004 0,06 0,94

91
5-3-2-4 Discussion

La présente étude a permis de décrire l’apport alimentaire dans un échantillon d’adultes pris
dans tous le territoire marocain. Nous avons pu mettre en évidence quatre principaux
composants dont le premier facteur que nous avions appelé profil alimentaire marocain
occidentalisé (PAMO) ainsi que le troisième facteur pourraient représenter la transition
nutritionnelle, actuellement en cours au Maroc et le deuxième profil alimentaire que nous
avons appelé profil alimentaire marocain traditionnel (PAMT) avec le quatrième sont plus
proches des habitudes alimentaires marocaines traditionnelles.

Les moyennes de consommation alimentaire et les premier et troisième profils alimentaires


observés dans cette population confirment cette notion de transition nutritionnelle avec
certaines spécificités marocaines. Par exemple, une consommation élevée de céréales,
végétales et de fruits sont typiques de l’alimentation traditionnelle marocaine (178).
Cependant, certaines caractéristiques telles une consommation élevée de produits animaux
(viande rouge, viandes conservées et produits laitiers) et soda sont des aspects typiques d’un
profil alimentaire occidental (16, 18) et aussi de la transition nutritionnelle par laquelle
passent certains PVD (179-181).

Les deux types de matières grasses (huile d’olive et le beurre) étaient associés au premier
facteur (PAMO). Ceci est aussi en faveur de l’hypothèse que le Maroc est en pleine phase de
transition nutritionnelle avec la consommation élevée aussi bien de l’huile d’olive comme
composante principale de la DM que du beurre qui caractérise les régimes occidentaux.

L’âge était inversement lié au PAMO et au troisième facteur dans notre étude comme dans
d’autres études (182-184). Les sujets jeunes au Maroc, comme dans d’autres pays
méditerranéens, semblent plus à risque d’adoption d’un mode alimentaire occidental. De la
même manière, les sujets célibataires, divorcés ou veufs, tendent à choisir un mode
occidentalisé par rapport aux personnes mariées qui maintiendraient plutôt leur régime
traditionnel. Ceci pourrait être expliqué par le fait que les sujets mariés prennent leurs repas le
plus souvent et de manière régulière au sein de la famille et partagent donc des repas qui sont
encore préparés selon un mode traditionnel.

Des études précédentes (185-190) ont rapporté que les femmes suivent un régime alimentaire
sain beaucoup plus fréquemment que les hommes. Le même résultat a été retrouvé dans la
présente étude où les femmes avaient un score des deuxième et quatrième facteurs
significativement élevé. Ainsi les femmes marocaines gardent plus souvent leurs habitudes
alimentaires traditionnelles contrairement aux hommes qui adoptent plutôt une alimentation
d’origine animale surtout en zone urbaine, qui assez occidentalisée comme le montre les
résultats des premier et troisième profils.

Comme rapporté dans des études ultérieures (191-194), le type d’alimentation est directement
influencé par la profession, le niveau d’éducation et le revenu du ménage. Les résultats de
cette étude fournissent un argument montrant un éloignement progressif d’un profil

92
alimentaire traditionnel avec l’introduction de nouveaux aliments à la place de l’alimentation
originale, en particulier parmi les sujets riches et de haut niveau d’étude. En effet, le régime
traditionnel marocain, est basé essentiellement sur la préparation des repas à domicile et ne
nécessitent pas donc des composants qui coûtent parfois excessivement cher. Les sujets de bas
niveau socioéconomique préparent leur repas à la maison plus souvent que les sujets d’un
niveau socioéconomique élevé qui se permettent des repas industrialisés tous prêts comme ce
qui été reportés dans les études précédentes (195-197).

Certains styles de vie sont associés au PAMO et au troisième profil. Les fumeurs actuels ou
les ex fumeurs suivent un profil alimentaire traditionnel beaucoup moins fréquemment que les
non fumeurs. Ces sujets sont probablement des personnes à haut risque de mauvaises attitudes
comportementales pour la santé et donc de maintenir ou d’adopter des habitudes alimentaires
plutôt en faveur d’un meilleur état de santé.

Le PAMO était significativement lié à un IMC plus élevé. L’obésité ou surpoids peuvent être
jugés comme conséquence d’un profil alimentaire occidentalisé plutôt qu’une cause.
Cependant, le schéma d’étude qui était transversal n’a pas permis de trancher quant à la nature
causale de cette relation. En contrepartie, ni le PAMT ni le quatrième profil, n’avaient montré
de telle association an analyse ajustée.

Certaines limites de cette étude méritent d’être soulignées. La première est liée à l’utilisation
d’une version courte du fréquentiel alimentaire. Cependant, cette version a été testée dans une
enquête pilote auprès d’une vingtaine de sujets et était acceptable et compréhensible. Mais
elle n’a pas été validée par rapport à une autre méthode alimentaire ou par rapport à des
biomarqueurs. D’autre part, cette étude avait pour objectif d’explorer la consommation
alimentaire au Maroc dans le but d’avoir un premier état des lieux permettant de pallier aux
manques de connaissances dans ce pays.

Le manque de quantification de l’apport alimentaire individuel est aussi une autre limite
souvent remise en question dans les études utilisant la méthode des fréquentiels alimentaires.
Cependant notre fréquentiel alimentaire est un outil rapide qui a démontré sa capacité
d’évaluer la consommation alimentaire de la population marocaine en analysant les données
nutritionnelles par ACP. Ceci a permis d’établir les liens entre les différents profils
alimentaires et l’état de santé des populations même sans ajuster sur l’apport énergétique et la
taille des portions consommées, ce qui est une des limites de l’étude. L’utilisation de plusieurs
interviews, d’un fréquentiel semi-quantitatif ou d’autres mesures de l’apport alimentaire tel le
rappel de 24h n’était pas faisable dans le cadre de cette étude, alors qu’elle aurait pu donner
plus de détails sur les variations de l’apport alimentaire individuel. Une autre limite de cette
étude est le caractère transversal du schéma d’étude ce qui n’a pas permis d’identifier les
personnes ayant changé leurs habitudes alimentaires d’un mode traditionnel à un mode
occidental. Ce schéma d’étude n’a pas permis non plus de déterminer si les facteurs de risque
mis en évidence comme l’obésité/surpoids étaient une cause ou une conséquence de ces
profils alimentaires.

93
Cette étude présente, néanmoins, quelques points forts. Il s’agit d’abord d’une large étude
nationale ayant inclus des sujets âgés de 18 à 99 ans. A notre connaissance, c’est la première
étude qui a décrit le profil alimentaire de la population adulte marocaine en se basant sur
l’apport alimentaire individuel.

En conclusion, nous avons décrit l’apport alimentaire et les principaux profils alimentaires de
la population adulte marocaine. Nous avons identifié deux profils plutôt occidentalisés et deux
autres plutôt traditionnels. Ce travail est un préambule qui ouvrira d’autres voies de
recherches pour une meilleure exploration du lien entre le régime alimentaire au Maroc et son
influence sur l’état de santé de la population marocaine. Ces résultats peuvent aussi être
utilisés pour la formulation des interventions nutritionnelles ciblant les groupes de populations
à plus haut risque de changement des habitudes alimentaires vers un mode occidental.

94
6- Discussion générale et perspectives

6-1 Principaux résultats


Le principal objectif de cette thèse était de décrire le statut nutritionnel en termes de
surpoids/obésité et le comportement alimentaire de la population adulte marocaine et de
rechercher les facteurs sociodémographiques et style de vie associés. Ce travail a permis donc
de combler, du moins en partie, la grande lacune en données nutritionnelles au Maroc. Les
données recueillies et les résultats obtenus ont permis de mieux apprécier la transition
nutritionnelle et ses liens avec le risque de maladies chroniques en prenant comme exemple
l’obésité/surpoids.

Les principales conclusions que nous tirons de ce travail sont :

1. L’obésité et le surpoids sont très fréquents dans la population adulte Marocaine avec une
augmentation rapide de leur prévalence au vue des résultats d’études précédentes ce qui
représenterait un sérieux problème de santé publique et augmenterait davantage le risque
des maladies chroniques dans cette population si des mesures préventives ne sont pas
prises.

2. Il y a des disparités socioéconomiques et aussi par rapport au sexe dans l’émergence de


cette pathologie au Maroc. Ce sont les sujets à revenu mensuel du ménage élevé qui sont
les plus touchés chez les hommes. Chez les femmes, ce sont surtout les personnes
résidant des habitats modernes mais aussi traditionnels qui sont les plus à risque d’obésité
ou surpoids alors que celles d’un niveau d’étude élevé en étaient, au contraire, à moindre
risque. Les personnes mariées et âgées sont aussi à risque de cette pathologie et ce
quelque soit le sexe.

3. Le régime méditerranéen, tel que défini dans la littérature, n’est pas le mode alimentaire
communément suivi par la population marocaine. Cela suppose un éloignement d’une
partie de cette population de son régime traditionnel supposé jusqu’à maintenant être
méditerranéen au profit d’un autre régime occidental.

4. Le régime méditerranéen peut ne pas correspondre aux habitudes de l’ensemble du bassin


méditerranéen. Dans ce cadre là, on suppose que le régime traditionnel marocain n’est
pas forcément identique au régime méditerranéen décrit à partir de l’alimentation
crétoise. Il existe, certes, des points communs tels que la consommation des fruits,
légumes et céréales, mais aussi des variantes telles les types d’huile utilisés, la
consommation d’alcool, le mode de cuisson et de conservation… Ceci expliquerait
probablement l’éloignement d’une partie de la population marocaine du régime
méditerranéen prédéfini.

5. Face à cette diversité « des régimes méditerranéens », l’utilisation du score MeDi pourrait
être critiquable puisqu’il a été établi à partir d’un seul type de régime méditerranéen et
n’a pas pris en compte les autres types, et donc on peut se poser la question sur le choix

95
des variables alimentaires entrant dans le calcul de ce score mais aussi des cut-off
définissant les niveaux de consommation des variables entrant dans la composition du
score.

6. L’existence au sein de la même population de plusieurs profils représentant les deux


modèles traditionnel et occidentalisé, est un autre argument que le Maroc est dans les
premières phases de la transition nutritionnelle.

7. Les profils alimentaires plutôt occidentalisés qui ont été identifiés dans le cadre de cette
thèse, touchent aussi bien le milieu urbain que rural et sont caractérisés par l’introduction
de plus en plus importante de viande et de produits laitiers. Une des particularités des
profils occidentalisés est la conservation de nombreux éléments du régime traditionnel
comme la consommation de légumes et céréales.

8. Les répercussions de ces changements des habitudes alimentaires sur les facteurs de
risque des maladies chroniques ont été perçues à travers la fréquence de l’obésité et
surpoids. Cette pathologie était liée au profil alimentaire occidentalisé et pas à celui
traditionnel.

96
6-2 Limites de l’étude
Bien que ce travail ait de multiples avantages, il présente plusieurs limites dont certaines ont
déjà été soulevées dans les travaux publiés ou soumis.

La principale limite de cette étude est son caractère transversal qui ne permettait pas d’établir
les liens de causalité entre les facteurs socioéconomiques et nutritionnels et le risque de
maladies chroniques, en particulier l’obésité qui a été étudiée dans le cadre de cette thèse.

La deuxième limite se rapportait au fréquentiel alimentaire utilisé et à la technique de collecte


de données alimentaires :

En ce qui concerne la technique de collecte des données, le fréquentiel alimentaire utilisé


concernait des questions sur les comportements alimentaires habituelles des personnes
interrogées. Ceci fait référence à la mémoire des gens qui risquent de sous estimer et/ou
surestimer leurs comportements alimentaires.

De plus, le questionnaire a été administré en face à face. Ceci pourrait influencer les réponses
des gens interrogés qui pourraient soit :

- surestimer leur consommation des aliments supposés bénéfiques pour la santé comme
les fruits et légumes et sous estimer les aliments supposés délétères pour la santé
comme la viande et les produits laitiers.

- ou au contraire surestimer certains aliments qui sont censés être consommés surtout
par des personnes à haut niveau socioéconomique comme la viande et les produits
laitiers et sous estimer la consommation des aliments qui sont censés être consommés
surtout par des personnes à bas niveau socioéconomique comme les légumineuses,
indépendamment de leurs effets par rapport à la santé

L’administration en face à face du questionnaire a, par ailleurs, l’avantage de minimiser le


nombre des données manquantes puisque les enquêteurs s’acharnaient à poser toutes les
questions à toutes les personnes quel que soit leur âge, sexe, niveau d’étude, … et motivaient
les sujets interrogés à y répondre.

Une autre limite du fréquentiel alimentaire utilisé est le manque de la précision requise dans la
collecte des données nutritionnelles. En effet, certains aliments étaient regroupés en un seul
item ; c’est l’exemple de l’item céréales et l’item pommes de terre. L’effet propre de chacun
des aliments et sa considération dans le calcul du score ou dans la description des profils a
posteriori n’ont pas pu être faits. D’autre part, certains items alimentaires intéressants dans la
détermination de la santé des populations ont été omis du questionnaire comme par
exemple les noix. Enfin, les quantités d’aliments consommés n’étaient pas disponibles,
l’ajustement sur l’apport énergétique n’a pu être possible, ce qui permettrait d’expliquer
certains résultats.

97
La dernière limite du fréquentiel alimentaire utilisé est la non prise en compte des variations
saisonnières pour l’évaluation des apports alimentaires, comme c’est recommandé (198).
Nous avons estimé que les questions posés sur les aliments, concernent la consommation dans
une semaine habituelle. Ceci peut limiter, sans entièrement l’annuler, cette variation
saisonnière.

Les techniques d’analyses utilisées dans le cadre de cette thèse présentent, elles aussi
certaines limites. En ce qui concerne l’analyse factorielle, sa principale limite est liée aux
multiples décisions subjectives requises à chaque étape du processus analytique. La première
décision concerne le nombre de variables à introduire dans l’analyse et il est souvent très
difficile de justifier que l’ensemble des variables choisies regroupe les variables d’intérêt et
sont pertinentes. L’introduction de certaines variables non pertinentes ou au contraire
l’omission d’autres plus pertinentes pourraient conduire à l’identification de facteurs erronés.
L’étape du choix du nombre de facteurs à retenir est aussi une étape cruciale. Bien que
certaines recommandations aient été formulées à ce sujet, on décide souvent de conserver la
solution qui fournit l’interprétation la plus simple qui peut être influencée par des
connaissances préexistantes sur les relations entre l’alimentation et le risque de maladie.

La dernière limite des études réalisées dans le cadre de cette thèse est la non prise en compte
de l’activité physique, bien que les données sur cet item étaient disponibles. Le travail
d’exploitation et d’analyse de ces données sont en cours de réalisation.

6-3 Points forts de l’étude


Bien que cette étude ait certaines limites, elle présente plusieurs points forts.

D’abord, elle a été réalisée sur un échantillon représentatif de la population marocaine. Ceci a
été vérifié à travers la comparaison de certaines données sociodémographiques qui étaient
similaires à celles du RGHP 2004. De plus, elle a été menée sur un échantillon important de la
population marocaine ce qui a permis de mieux explorer les données nutritionnelles et
d’utiliser les méthodes d’analyses factorielles qui généralement nécessitent un grand nombre
de sujets. Elle a été aussi menée sur des adultes marocains avec une grande hétérogénéité de
l’âge de 18 à 99 ans ce qui a permis d’avoir une bonne représentativité des habitudes
alimentaires à travers les différentes générations.

L’administration du questionnaire par des enquêteurs entraînés, quoi qu’il aurait


probablement influencé certaines réponses dans un sens ou dans un autre, il a permis d’avoir
le minimum de données manquantes et donc d’éviter que la puissance statistique de l’étude ne
diminue.

Les résultats de cette étude ont permis pour la première fois :

- de mieux comprendre la relation entre les facteurs sociodémographiques et l’obésité et


surpoids dans la population marocaine.

98
- de décrire l’adhérence à la DM de la population marocaine et les profils alimentaires
de la population adulte marocaine en se basant sur l’apport alimentaire individuel.

- d’objectiver, en se basant sur les données nutritionnelles individuelles, le phénomène


de la transition nutritionnelle précédemment décrit.

- et enfin d’avoir des données nutritionnelles qui pourraient combler la grande lacune
dans ce domaine. Ceci peut être très intéressant surtout en matière de la formulation
des recommandations alimentaires et des initiatives de santé publiques impliquant des
politiques nutritionnelles et leurs implémentations.

6-4 Perspectives de recherche


Au regard de nos résultats, certains aspects évoqués méritent d’être examinés en profondeur,
alors que d’autres peuvent être explorés dans des recherches ultérieures. A ce propos, nous
suggérons trois principales pistes de recherche qui permettraient de pallier aux limites de la
présente étude et de répondre à certaines questions en particulier celle en rapport avec le lien
de causalité entre les maladies chroniques au Maroc et les facteurs nutritionnelles.

6-4-1 Meilleure exploitation des données de l’activité physique

La première piste de recherche propose une meilleure exploration de l’activité physique en se


basant sur les données disponibles. Ce travail vise :

· dans un premier temps à décrire le profil de l’activité physique au sein de la population


marocaine

· à mieux préciser les écarts entre, d'une part, les recommandations relatives à la
pratique de l'activité physique et, d'autre part, les déterminants de ce comportement
auprès de la population adulte marocaine.

· et enfin à étudier le lien entre l’activité physique et l’obésité ou surpoids d’une part et
avec les facteurs nutritionnels d’autre part.

Une partie de ce travail a été déjà faite et la rédaction des résultats est en cours.

6-4-2 Le développement et la validation d’un questionnaire de fréquentiel


alimentaire

La deuxième piste de recherche propose le développement et la validation d’un questionnaire


de fréquentiel alimentaire adapté au contexte marocain et palliant aux différentes lacunes
présentes dans le fréquentiel alimentaire utilisé dans cette étude. Le questionnaire requis est
déjà conçu et l’enquête de validation statistique pour la vérification de ses propriétés
psychométriques a été déjà menée.

Ce questionnaire a été conçu à partir de la version adaptée de GA2LEN FFQ (199) qui elle-
même était conçue pour identifier les aliments les plus communément consommés à travers

99
l’Europe et comprend 250 items classés en 33 groupes. Les différentes étapes d’adaptation
transculturelle du GA2LEN Food Frequency Questionnaire (FFQ) au contexte marocain
auxquelles j’ai participées, sont les suivantes :

La production de la première version marocaine du FFQ (version 1) après traduction de la


langue anglaise à la langue arabe marocaine la version anglaise du GA2LEN. Cette première
traduction en langue dialectale a été effectuée par deux personnes bilingues et a été revue par
l’équipe de recherche constituée par des épidémiologistes et des investigateurs médicaux.
Cette version a été testée par la suite auprès de 5 patients hospitalisés au CHU Hassan II de
Fès. Tout doute ou difficultés de réponses aux questions ont été investiguées et après cette
deuxième évaluation, une seconde version arabe (version 2) a été produite. Pour mieux
identifier l’alimentation la plus communément consommée par la population marocaine, nous
avons visité certains supermarchés locaux et avons identifié les marques des produits
alimentaires les plus communs ainsi que l’alimentation habituelle. Des exemples de
l’alimentation locale et des méthodes de cuisson ont été ajoutés. D’autres questions ont été
modifiées ou simplifiées (eg. la consommation d’alcool et du porc) pour mieux refléter les
habitudes alimentaires locales et maintenir la comparabilité internationale du FFQ.

La contre traduction vers la langue anglaise a été réalisée par un autre traducteur ayant de
bonnes connaissances de la langue anglaise et n’ayant pas été familiarisé avec le FFQ
auparavant. L’équivalence conceptuelle était approuvée entre la version arabe finale et la
version anglaise originale.

J’ai participé aussi à l’enquête de validation de ce fréquentiel alimentaire par la rédaction du


protocole, la formation des enquêteurs et la coordination de l’enquête sur le terrain.

Dans cette enquête de validation, 120 sujets travaillant au niveau du CHU Hassan II de Fès,
Maroc, étaient invités à y participer. Toutes les personnes adultes ayant conservé un régime
régulier au cours des 12 derniers mois précédents la date de l’étude et n’étant pas sous
traitement affectant l’appétit, étaient considérées comme éligibles à l’étude.

Les participants à la présente étude qui travaillaient au niveau du CHU Hassan II de Fès,
étaient invités à remplir la version marocaine du FFQ en deux temps à 15 jours d’intervalle en
moyenne. Ils étaient informés de l’objectif et du schéma de l’étude et remplissaient eux-
mêmes le FFQ à l’exception des analphabètes pour lesquels le questionnaire était administré
par un interviewer qui lisait les questions et rapportait la réponse choisie par l’interviewé pour
chaque item. Les questions du FFQ concernait les 12 derniers mois précédant l’enquête mais
excluait le mois de Ramadan au cours du quel les personnes arrêtaient de manger et de boire
depuis la levée jusqu’au coucher de soleil et changent de ce fait leurs habitudes alimentaires.

L’analyse des données et la rédaction des résultats est aussi en cours.

100
6-4-3 Exploration des conséquences de l’évolution des habitudes alimentaires sur
l’état de santé de la population marocaine

Il est aussi important de considérer les conséquences de l’évolution des habitudes alimentaires
sur l’état de santé de la population marocaine. Comme nous l’avions vu dans le chapitre sur la
transition épidémiologique au Maroc, il y a une émergence de plus en plus marquée des
maladies chroniques dans ce pays avec en tête de liste les maladies cardiovasculaires, les
tumeurs et les maladies endocriniennes (96). La relation de ces pathologies avec
l’alimentation n’est plus à démontrer.

Parmi ces pathologies, le cancer est un problème de santé mondial qui, d’ici 2010, devrait
devenir la principale cause de mortalité, devant la cardiopathie ischémique. Au Maroc, les
cancers les plus fréquents sont les cancers du sein, du poumon et le cancer colorectal. Ces
cancers sont tous étroitement liés au mode de vie en particulier l’alimentation. Pour pouvoir
établir ce lien dans le contexte du Maroc, nous proposons de réaliser une étude
observationnelle de type cas témoin en prenant comme exemple le cancer colorectal et en
utilisant le questionnaire alimentaire quantitatif adapté au contexte marocain brièvement
décrit plus haut. Le protocole de l’étude proposée a été déjà rédigé et validé et sa réalisation
est actuellement en cours.

101
Réferences

1. Tunstall-Pedoe H. Preventing chronic diseases: a vital investment. WHO global report.


Geneva: World Health Organization 2005.

2. Shetty PS, McPherson K. Diet, nutrition and chronic disease. Lessons from contrasting
worlds. Chichester John, Wiley Sons, editors 1997.

3. Vorster HH, Venter CS, Wissing MP, Margetts BM. The nutrition and health
transition in the North West Province of South Africa: a review of the THUSA (Transition
and health during urbanisation of South Africans) study. Public Health Nutr. 2005;8:480-90.

4. Vorster HH. The emergence of cardiovascular disease during urbanisation of Africans.


Public Health Nutr. 2002;5:239-43.

5. Garrett JL, Ruel M. Stunted child-overweight mother pairs: An emerging policy


concern? Discussion Paper no. 148. International Food Policy Research Institute, Food
Consumption and Nutrition Division, 2003.

6. Ntandou G, Fayomi B, Delisle H. Malnutrition infantile et surpoids maternel dans des


ménages urbains pauvres au Bénin. Cahiers Santé 2005;15:263-70.

7. Sodjinou R, Agueh V, Fayomi B, Delisle H. Dietary patterns of urban adults in Benin:


relationship with overall diet quality and socio-demographic characteristics. Europ J Clin
Nutr. 2009;63 (2):222-8.

8. Sodjinou R, Agueh V, Fayomi B, Delisle H. Obesity and cardio-metabolic risk factors


in urban adults of Benin: Relationship with socio-economic status, urbanisation, and lifestyle
patterns. BMC Public Health. 2008;8:84.

9. Omran AR. The epidemiologic transition: a theory of the epidemiology of population


change. Milkbank Mem Fund Quart 1971;29:509-38.

10. MacIntyre UE, Kruger HS, Venter CS, Vorster HH. Dietary intakes of an African
population in different stages of transition in the North West Province, South Africa: the
THUSA study. Nutrition Research. 2002;22(3):239-56.

11. Maletnlema TN. A Tanzanian perspective on the nutrition transition and its
implications for health. Public Health Nutr. 2002;5(1A):163-8.

12. Vorster HH, Bourne LT, Venter CS, Oosthuizen W. Contribution of nutrition to the
health transition in developing countries: a framework for research and intervention. Nutr
Rev. 1999;57(11):341-9.

13. Steyn K, Kazenellenbogen JM, Lombard CJ, Bourne LT. Urbanization and the risk of
chronic diseases and lifestyle in the black population of the Cape Peninsula, South Africa. J
Cardiovacular Risk. 1997;4:135 - 42.

14. Siervo M, Grey P, Nyan OA, Prentice AM. Urbanization and obesity in The Gambia: a
country in the early stages of the demographic transition. Eur J Clin Nutr. 2006;60:455 - 63.

102
15. van der Sande MAB, Ceesay S, Milligan P, Nyan O, Banya W, Prentice A, et al.
Obesity and Undernutrition and Cardiovascular Risk Factors in Rural and Urban Gambian
Communities. Am J Public Health. 2001;91(10):1641-4.

16. Galal OM. The nutrition transition in Egypt: obesity, undernutrition and the food
consumption context. Public Health Nutr. 2002;5:141-8.

17. Popkin BM. The nutrition transition and obesity in the developing world. J Nutr.
2001;131:S871-3.

18. Popkin BM, Gordon-Larsen P. The nutrition transition: worldwide obesity dynamics
and their determinants. International Journal of Obesity. 2004;28:S2–S9.

19. Benjelloun S. Nutrition transition in Morocco. Public Health Nutr. 2002;5:135-40.

20. Soualem A, Ahami AOT, Aboussaleh Y, Elbouhali B, Bonthoux F. Le comportement


alimentaire des préadolescents en milieu urbain au nord-ouest du Maroc. Revue Francophone
de Clinique Comportementale et Cognitive. 2008;Vol XIII(4):39-46.

21. Aboussaleh Y, Farsi M, El Hioui M, Ahami A. Transition nutritionnelle au Maroc:


Coexistence de l’anémie et de l’obésité chez les femmes au Nord Ouest marocain. Antropo.
2009;19:67-74. www.didac.ehu.es/antropo. Consulté le 31/10/2010

22. Direction de la Statistique. Consommation et Dépenses des Ménages 1984/85 Rabat,


Morocco: Statistics Office1992.

23. Direction de la Statistique. Enquête Nationale sur les Niveaux de Vie des Ménages
1998/99. Premiers Résultats. . Rabat, Morocco: Statistics Office2000.

24. Popkin BM. The nutrition transition in low income countries: an emerging crisis. Nutr
Rev. 1994;52:285-98.

25. Hoddinott J, Yohannes Y, editors. Dietary diversity as a food security indicator.


Discussion Paper No.136.: Washington (DC): International Food Policy Research Institute.;
2002.

26. Ruel MT, editor. Is dietary diversity an indicator of food security or dietary quality? A
review of measurement issues and research needs. FCND Discussion Paper 140.: Washington
DC: International Food Policy Research Institute.; 2002.

27. Ruel MT, Haddad L, Garrett JL. Some urban facts of Life: implications for research
and policy. World Development 1999;27:1917-38.

28. Caldwell JC. Population health in transition. Bull WHO. 2001;79:159-70.

29. Gaylin DS, Kates J. Refocusing the Jens: epidemiologic transition theory, mortality
diHerentials, and the AIDS pandemic. Soc Sci Med. 1997;44:609-21.

30. Popkin BM. The shift in stages of the nutrition transition in the developing world
differs from past experiences ! Mal J Nutr. 2002;8(1):109-24.

103
31. Popkin BM, Keyou G, Zhai F, Guo X, Ma H, Zohoori N. The nutrition transition in
China: a cross-sectional analysis. Eur J Clin Nutr. 1993;47(5):333-46.

32. Knapp VJ. Diet and disease during Europe’s agricultural and industrial revolutions.
Nutr Health. 2000;13:185-98.

33. Keys A. Mediterranean diet and public health: personal reflections. Am J Clin Nutr
1995;61(6):1321S-3.

34. Maire B, Lioret S, Gartner A, Delpeuch F. Transition nutritionnelle et maladies


chroniques non transmissibles liées à l’alimentation dans les pays en développement. Cahiers
santé. 2002;12:45-55.

35. Frenk J, Murray CJL, Bobadilla JL. Health transition in middle-income countries: new
challenges for health care. Health Policy Plann. 1989;4:29-39.

36. Delpeuch F, Maire B. Obésité et développement des pays du Sud. Med Trop.
1997;57:380-8.

37. WHO. Obesity : preventing and managing the global epidemic. Geneva: World Health
Organisation1998.

38. Popkin BM, Doak CM. The obesity epidemic is a worldwide phenomenon. Nutr Rev.
1998;56:106-14.

39. Zimmet P. Globalization, coca-colonization and the chronic disease epidemic : Can the
Doomsday scenario be averted ? J Int Med. 2000;247:301-10.

40. Beaglehole R, Yach D. Globalisation and the prevention and control of non-
communicable disease : The neglected chronic diseases of adults. Lancet 2003;362:903-8.

41. Maire B, Delpeuch F. La transition nutritionnelle, l'alimentation et les villes dans les
pays en développement = Food and nutritional transition, and cities, in developing countries.
Cahiers Agricultures. 2004;13(1):23-30.

42. Mahaney MC, Blangero J, Rainwater DL, Comuzzie AG, VandeBerg JL, Stern MP, et
al. A major locus influencing plasma high-density lipoprotein cholesterol levels in the San
Antonio Family Heart Study. Segregation and linkage analyses. Arterioscler Thromb Vasc
Biol 1995;15:1730-9.

43. Shetty PS, McPherson K, editors. Diet, nutrition and chronic disease. Lessons from
contrasting worlds.: Chichester: John Wiley & Sons; 1997.

44. Monteiro CA, Mondini L, Medeiros de Souza AL, Popkin BM. The nutrition transition
in Brazil. Eur J Clin Nutr 1995;49:105-13.

45. Walker ARP, Walker BF. Nutrition-related diseases in southern Africa: with special
reference to urban populations in transition. Nutr Res. 1995;15:1053-94.

46. Drewnowski A, Popkin BM. The nutrition transition: new trends in the global diet. .
Nutr Rev. 1997;55:31-43.

104
47. Popkin BM. The nutrition transition and its health implications in lower-income
countries. Public Health Nutr. 1997;1(1):5-21.

48. Ben Romdhane H, Khaldi R, Oueslati A, Skhiri H. Transition épidémiologique et


transition alimentaire et nutritionnelle en Tunisie. Options Méditerranéennes. 2002;41(B).

49. Patterson RE, Haines PS, Popkin BM. Diet Quality Index: capturing multidimensional
behavior. J Am Diet Assoc. 1994;94:57–64.

50. Kennedy ET, Ohls J, Carlson S, Fleming K. The Healthy Eating Index: design and
applications. J Am Diet Assoc. 1995;95(10):1103-8.

51. Huijbregts P, Feskens E, Räsänen L, Fidanza F, Nissinen A, Menotti A, et al. Dietary


pattern and 20 year mortality in elderly men in Finland, Italy, and the Netherlands:
longitudinal cohort study. BMJ. 1997;315:13.

52. Trichopoulou A, Costacou T, Bamia C, et al. Adherence to a Mediterranean diet and


survival in a Greek population. N Engl J Med. 2003;348(26):2599-608.

53. Trichopoulou A, Bamia C, Trichopoulos D. Modified Mediterranean diet and survival:


EPIC-Elderly cohort. Arch Intern Med. 2005;165(8):929-35.

54. Sofi F, Cesari F, Abbate R, Gensini GF, Casini A. Adherence to Mediterranean diet
and health status: meta-analysis. BMJ. 2008;337(a1344).

55. Sofi F, Abbate R, Gensini GF, Casini A. Accruing evidence about benefits of
adherence to the Mediterranean diet on health: an updated systematic review and meta-
analysis. Am J Clin Nutr. 2010;92(5):1189-96.

56. Scali J, Richard A, Gerber M. Diet profiles in a population sample from Mediterranean
southern France. Public Health Nutrition.4(2):173-82.

57. Trichopoulou A, Kouris-Blazos A, Wahlqvist ML, et al. Diet and overall survival in
the elderly. BMJ. 1995;311(7018):1457- 60.

58. World Cancer Research Fund, American Institute for Cancer Research. Food,
Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer, a Global Perspective: Washington
D.C. AICR2007.

59. Keys A, Menotti A, Aravoris C, et al. The seven countries study 30 years of follow up
from Framingham study. JAMA 1987;257:2176 - 80.

60. Tunstall-Pedoe H, Kuulasmaa K, Amouyel P, Arveiler D, Rajakangas AM, Pajak. A


Myocardial infarction and coronary deaths in the World Health Organization MONICA
Project. Registration procedures, event rates, and case-fatality rates in 38 populations from 21
countries in four continents. WHO MONICA Project. . Circulation 1994;90:583-612.

61. Lohman T, Going S. Assessment of bodycomposition and energybalance. In: Lamb D,


Murray R, editors. Perspectives in Exercise Science and Sports Medicine. . Carmel: Cooper
Publishing Group; 1998. p. 61-105.

105
62. OMS. Utilisation et interprétation de l’anthropométrie. Genève: Organisation
Mondiale de la Santé1995.

63. Bray GA, Popkin BM. Dietary fat intake does affect obesity! Am J Clin Nutr.
1998;68:1157-73.

64. Guo X, Mroz TA, Popkin BM, Zhai F. Structural changes in the impact of income on
food consumption in China, 1989–93. Econ Dev Cult Change. 2000;48:737-60.

65. Monteiro CA, Benicio MHDA, Mondini L, Popkin BM. Shifting obesity trends in
Brazil. Eur J Clin Nutr. 2000;54:342-6.

66. Paeratakul S, Popkin BM, Ge K, Adair LS, Stevens J. Changes in diet and physical
activity affect the body mass index of Chinese adults. Intl J Obes. 1998;22:424-32.

67. Deharveng G, Charrondiere UR, Slimani N, D.A S, Riboli E. Comparison of nutrients


in the food composition tables available in the nine European countries participating in EPIC.
European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition. Eur J Clin Nutr. 1999;53:60-
79.

68. Ferranti S, Mozaffarian D. The perfect storm: obesity, adipocyte dysfunction, and
metabolic consequences. Clin Chem. 2008;54:945-55.

69. Trichopoulos D. In defense of the Mediterranean diet. Eur J Clin Nutr.


2002;56(9):796-809.

70. Tur JA, Serra-Majem L, Romaguera D, Pons A. Profile of overweight and obese
people in a Mediterranean region. Obes Res. 2005;13:527–36.

71. Ferro-Luzzi A, James WP, Kafatos A. The high-fat Greek diet: a recipe for all? Eur J
Clin Nutr. 2002;56:796–809.

72. Astrup A, Grunwald GK, Melanson EL, Saris WH, Hill JO. The role of low-fat diets
in body weight control: a meta-analysis of ad libitum dietary intervention studies. Int J Obes
Relat Metab Disord. 2000;24:1545-52.

73. Astrup A, Ryan L, G.K G, Storgaard M, Saris W, Melanson E, et al. The role of
dietary fat in body fatness: evidence from a preliminary meta-analysis of ad libitum low-fat
dietary intervention studies. Br J Nutr. 2000;83(1):S25-32.

74. Sacks FM, Bray GA, Carey VJ, Smith SR, Ryan DH, S.D A, et al. Comparison of
weight-loss diets with different compositions of fat, protein, and carbohydrates. N Engl J
Med. 2009;360:859–73.

75. Willett WC. Dietary fat and obesity: an unconvincing relation. Am J Clin Nutr.
1998;68:1149-50.

76. Willett WC. Is dietary fat a major determinant of body fat? Am J Clin Nutr.
1998;67:S556-62.

77. Ford ES, Williamson DF, Liu S. Weight change and diabetes incidence: findings from
a national cohort of US adults. . Am J Epidemiol. 1997;146:214-22.

106
78. Resnick H, Valsania P, Halter J, Lin X. Relation of weight gain and weight loss on
subsequent diabetes risk in overweight adults. J Epidemiol Community Health. 2000;54:596-
602.

79. Vialettes B. Rapport glucides/lipides dans l'alimentation et tolérance glucidique : Peut-


on conseiller les glucides ad libitum dans la prise en charge nutritionnelle de l'obésité. Cahiers
de nutrition et de diététique. 2001;36(5):327-30.

80. Diabète de type II Physiopathologie. Cah Nutr Diét 2001;36(hors série 1): [serial on
the Internet].

81. Olsen JH, Andersen A, Dreyer L, Pukkala E, Tryggvadottir L, Gerhardsson de Verdier


M, et al. Avoidable cancers in the Nordic countries. APMIS Suppl 1997;105:1–146.

82. Wynder EL, Gori GB. Contribution of the environment to cancer incidence: an
epidemiologic exercise. J Natl Cancer Inst 1977;58:825–32.

83. Doll R, Peto R. The causes of cancer: quantitative estimates of avoidable risks of
cancer in the United States today. J Natl Cancer Inst 1981;66:1191–308.

84. Tomatis L, Aitio A, Day N, Heseltine E, Kaldor J, Miller A, et al. Cancer: causes,
occurrence and control. IARC Sci Publ. 1990;100:1–352.

85. Akita S, Sacks FM, Svetkey LP, Conlin PR, Kimura G. Effects of the Dietary
Approaches to Stop Hypertension (DASH) Diet on the Pressure-Natriuresis Relationship.
Hypertension. 2003;42:8-13.

86. Appel LJ, Moore TJ, Obarzanek E, Vollmer WM, Svetkey LP, Sacks FM, et al. A
clinical trial of the effects of dietary patterns on blood pressure. N Engl J Med.
1997;336:1117-24.

87. Kris-Etherton PM, Pearson TA, Wan Y, Hargrove RL, Moriarty K, Fishell V, et al.
High-monounsaturated fatty acid diets lower both plasma cholesterol and triacylglycerol
concentrations. Am J Clin Nutr. 1999;70:1009–15.

88. Lefevre M, Champagne CM, Tulley RT, Rood JC, Most MM. Individual variability in
cardiovascular disease risk factor responses to low-fat and low-saturated-fat diets in men:
body mass index, adiposity, and insulin resistance predict changes in LDL cholesterol. Am J
Clin Nutr. 2005;82:957– 63.

89. Sacks FM, Katan M. Randomized clinical trials on the effects of dietary fat and
carbohydrate on plasma lipoproteins and cardiovascular disease. American Journal of
Medicine. 2002;113(9):13-24.

90. Hargrove RL, Etherton TD, Pearson TA, Harrison EH, Kris-Etherton PM. Low Fat
and High Monounsaturated Fat Diets Decrease Human Low Density Lipoprotein Oxidative
Susceptibility In Vitro. J Nutr. 2001;131:1758–63.

91. Direction de la Statistique. Consommation et Dépenses des Ménages 2000/2001.


Rapport de synthèse Rabat, Maroc: Haut Commissariat au Plan,2001.

107
92. Direction de la statistique. Enquête nationale sur le niveau de vie des ménages 1990-
1991. Rabat, Maroc.: Haut Commissariat au Plan.1993.

93. Direction de la Statistique. Enquête Nationale sur les Niveaux de Vie des Ménages
1998-1999. Rabat, Maroc.: Haut Commissariat au Plan.2001.

94. Direction de la statistique. Enquête nationale sur le niveau de vie des ménages 2006-
2007. Rabat, Maroc.: Haut Commissariat au Plan2008.

95. Direction de la statistique. Recensement Général de l’Habitat et de la Population 2004.


Rabat, Maroc: Haut Commissariat au Plan2005.

96. Direction d’Epidémiologie et de lutte contre les maladies. Santé en Chiffres 2007.
Rabat Morocco: Ministère de la Santé. disponible au site:
http://srvweb.sante.gov.ma/Publications/Etudes_enquete/Documents/SanteEnChiffre2007.pdf.
2008. Consulté le 31/10/2010

97. Khachani M. Maroc, Migration, marché du travail et développement. Disponible au


site : http://www.ilo.org/public/french/bureau/inst/download/maroc.pdf Consulté le
31/10/2010.

98. Direction de la statistique. Enquête nationale sur les personnes âgées au Maroc
(ENPA) 2006. Rabat, Maroc.: Haut Commissariat au Plan.

99. Banque mondiale. indicateurs de développement dans le monde. Disponible


http://wwwgooglecom/publicdata?ds=wb-
wdi&met=sh_dyn_mort&idim=country:MAR&dl=fr&hl=fr&q=taux+de+mortalit%C3%A9+i
nfantile. Consulté le 31/10/2010

100. Tazi MA, Abir-Khalil S, Chaouki N, et al. Prevalence of the main cardiovascular risk
factors in Morocco: results of a national survey 2000. J Hypertens. 2003;21:897–903.

101. Division de la planification de la statistique et de l’information sanitaire. Le diabète


non-insulinodépendant à Safi. . Dossier populations et santé n° 2 Ministère de la santé
publique Royaume du Maroc. 1994.

102. Ziyyat A, Legssyer A, Mekhfi H, Dassouli A, Serhrouchni M, Benjelloun W.


Phytotherapy of hypertension and diabetes in oriental Morocco. J Ethnopharmacol
1997;58:45-54.

103. Bnouham M, Mekhfi H, Legssyer A, Ziyyat A. Ethnopharmacology Forum Medicinal


plants used in the treatment of diabetes in Morocco. Int J Diabetes & Metabolism.
2002(10):33-50.

104. Maroc. Registre de la région du Grand Casablanca. Casablanca, Maroc, 2004.

105. Globocan. http://globocan.iarc.fr/factsheets/populations/factsheet.asp?uno=504 2008.


Consulté le 31/10/2010

106. Rotteveel J, van Weissenbruch MM, Twisk JW, Delemarre-Van de Waal HA. Infant
and childhood growth patterns, insulin sensitivity, and blood pressure in prematurely born
young adults. Pediatrics. 2008;122(2):313-21.

108
107. Bellamy C. La situation des enfants dans monde. ATAR SA, UNICEF, editors.
Genève1998.

108. UNICEF. State of the World's Children 2001.

109. MECHAINAUD LA CROIX F. Métabolisme du fer, anémies hypochromes


Hématologie de l'enfant,. In: Flammarion, editor.1995. p. 57-71.

110. BACHER SJ, DE MACYER EM. Nutritional anemia : its under standing and control
with special reference to the work of the wold health organization. AM J Clin Nutr.
1979;32:368-417.

111. GHIAR OP, CHOUDHRY VP. Nutritional anaemia in children. Paediatrician.


1980;9:113-26.

112. Ministère de la Santé. Enquête nationale sur l’anémie par carence en fer, la
supplémentation et la couverture des ménages par le sel iodé. Rabat Maroc,: Ministère de la
Santé2000.

113. Mokhtar N, Nasri I, Belahsen R, Aguenaou H. Vitamin A status in Morocco. Sight and
Life Newsletter. 1998;3:8-9.

114. Direction de la population. Enquête régionale sur la carence en vitamine A. Rabat


Maroc,: Ministère de la Santé1998.

115. Nasri I, Aguenaou H, Mokhtar N. Evaluation de la déficience en vitamine A d'une


population de femmes du Maroc. Médecine et Santé. 1999;47:241-4.

116. Nasri I, El Bouhali B, Aguenaou H, Mokhtar N. Vitamin A deficiency among


Moroccan women and children. Afr Health Sci. 2004;4(1):3-8.

117. Ministère de la Santé. Enquête nationale sur les carences en fer et en iode. Rabat
Maroc,: Ministère de la Santé1996.

118. Ministère de la Santé. UNICEF : Impact Economique de la Carence en Iode au Maroc.


Rabat Maroc,2001.

119. Ministére de la Santé. UNICEF, Analyse de la situation des enfants au Maroc. Rabat
Maroc,2001.

120. Division de Santé Maternelle et Infantile. Rachitisme et état nutritionnel des enfants en
milieu hospitalier. Rabat Maroc,: Ministère Santé Publique1992.

121. Direction de la Population. Politique de santé de l’enfant au Maroc - Analyse de la


situation. Rabat Maroc: Ministère de la Santé 2005.

122. Ministère de la Santé. La lutte contre les troubles dus aux carences en
micronutriments. Situation et perspectives. Rabat Maroc,: Ministère de la Santé2003.

123. Trichopoulou A, Kuper H, Trichopoulos D. Cancer and Mediterranean dietary


traditions. Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention. 2000;9:869-73.

109
124. Gramenzi A, Gentile A, Fasoli M, Negri E, Parazzini F, La Vecchia C. Association
between certain foods and risk of acute myocardial infarction in women. BMJ.
1990;300(6727):771–3.

125. Pokorn J, Panek J, Trojakova L. Effect of food component changes during frying on
the nutrition value of fried food. Forum Nutr. 2003;56:348-50.

126. Fillion L, Henry CJ. Nutrient losses and gains during frying: a review. Int J Food Sci
Nutr. 1998;49:157- 68.

127. Astrup A, Astrup A, Buemann B, Flint A, Raben A. Low-fat diets and energy balance:
how does the evidence stand in 2002? Proc Nutr Soc. 2002;61:299 -309.

128. Bell EA, Castellanos VH, Pelkman CL, Thorwart ML, Rolls BJ. Energy density of
foods affects energy intake in normal-weight women. Am J Clin Nutr. 1998;67:412-20.

129. EL MARRAKCHI A, TANTAüUI-ELARRAKI A, EL MANE A, TIFRIT L. La flore


microbienne du smen marocain - Flore naturelle et flore d'intérêt hygiénique. Le Lait.
1988;68(2):205-18.

130. Statistique. Ddl. Enquête Nationale sur les Niveaux de Vie des Ménages 1998/99.
Premiers Résultats. . Rabat, Morocco: Statistics Office2000.

131. Tazi MA, Abir-Khalil S, Chaouki N, Cherqaoui S, Lahmouza F, Sraı¨ri JE, et al.
Prevalence of the main cardiovascular risk factors in Morocco: results of a National Survey,
2000. Journal of Hypertension. 2003;21:897-903.

132. World Health Organization. The WHO STEPwise approach to surveillance of


noncommunicable diseases (STEPS). STEPS Instruments for NCD risk factors Available
from: wwwwhoint/ncd_surveillance.

133. Direction de la planification et des ressources financières. Enquête sur la population et


la santé familiale 2003. Rabat Maroc,: Ministère de la Santé2003.

134. World Health Organization. Obesity: preventing and managing the global epidemic.
Report of a WHO Consultation on Obesity. Geneva2000.

135. Pi-Sunyer FX. Medical hazards of obesity. Ann Intern Med 1993;119:655-60.

136. Khan LK, Bowman BA. Obesity: a major global public health problem. Am Rev Nutr.
1999;19:13-7.

137. Chen M, You Y, Zhao W, Yang X. Influences of diet and nutrition on obesity of pre-
school children. Health Research. 2002;31:370-2.

138. Shepard TY, Weil KM, Sharp TA, Grunwald GK, Bell ML, Hill JO, et al. Occasional
physical inactivity combined with a high-fat diet may be important in the development and
maintenance of obesity in human subjects. American Journal of Clinical Nutrition.
2001;73:703-8.

110
139. Bartali B, Benvenuti E, Corsi AM, Bandinelli S, Russo CR, Di IA, et al. Changes in
anthropometric measures in men and women across the life-span: findings from the
InCHIANTI study. Soz Praventivmed. 2002;47:336.

140. Heitmann BL. Occurrence and development of overweight and obesity among adult
Danes aged 30-60 years. Ugeskr Laeger. 1999;161:4380-4.

141. Lindstrom M, Isacsson SO, Merlo J. Increasing prevalence of overweight, obesity and
physical inactivity: two population based studies 1986 and 1994. Eur J Public Health.
2003;13:306-12.

142. Bouchard C. Genetics of obesity in humans: current issues. In The Origin and
Consequences of Obesity. In: Chichester, editor. CYBA Foundation Symposium Wiley; 1996.
p. 108 - 17.

143. McLaren L. Socioeconomic status and obesity. Epidemiol Rev. 2007;29:29-48.

144. Monteiro CA, Moura EC, Conde WL, Popkin BM. Socioeconomic status and obesity
in adult populations of developing countries: a review. Bulletin of the World Health
Organization. 2004;82:940-6.

145. Mokhtar N, Elati J, Chabir R, Bour A, Elkari K, Schlossman NP, et al. Diet Culture
and Obesity in Northern Africa. J Nutr. 2001;131:887S-92S.

146. Popkin BM. Nutritional patterns and transitions. Popul Dev Rev. 1993;19:138-57.

147. Kamoun M HS, Imen S, Achour N and Slimane H. Prevalence of obesity and
overweight in Tunisia on 2001. Tunis Med. 2008;86(7):649-52.

148. Jroundi I. Epidemiological Transition in Morocco in the Past 50 Years Epidemiology.


2007;18(5):S12.

149. Rguibi M, Belahsen R. Prevalence of obesity in Morocco. Obes Rev. 2007;8(1):11-3.

150. Lahmam A, Baali A, Hilali MK, Cherkaoui M, Chapuis-Lucciani N, Boetsch G.


Obesity, overweight and body-weight perception in a High Atlas Moroccan population. Obes
Rev. 2008;9(2):93-9.

151. Belahsen R, Mziwira M, Fertat F. Anthropometry of women of childbearing age in


Morocco: body composition and prevalence of overweight and obesity. Public Health
Nutrition. 2004;7(4):523-30.

152. Hajian-Tilaki KO, Heidari B. Prevalence of obesity, central obesity and the associated
factors in urban population aged 20-70 years, in the north of Iran: A population-based study
and regression approach. Obes Rev. 2007;8:3-10.

153. Xu F, Yin XM, Zhang M, Leslie E, Ware R, Neville O. Family average income and
body mass index above the healthy weight range among urban and rural residents in regional
Mainland China. Public Health Nutrition. 2004;8(1):47-51.

111
154. Peixoto MD, Benicio MH, Jardim PC. The relationship between body mass index and
lifestyle in a Brazilian adult population: A cross-sectional survey. Cad Saude Publica.
2007;23:2694-740.

155. Tufano A, Marzo P, Enrini R, Morricone L, Caviezel F, Ambrosi B. Anthropometric,


hormonal andbiochemical differences in lean and obese women before and after menopause. J
Endocrinol Invest. 2004;27:648-53.

156. Hajian-Tilaki KO, Heidari B. Association of educational level with risk of obesity and
abdominal obesity in Iranian adults. J Public Health (Oxf). 2010;32:202-9.

157. Martinez JA, Kearney JM, Kafatos A, Paquet S, Martinez-Gonzalez MA. Variables
independently associated with selfreported obesity in the European Union. Public Health
Nutrition. 1999;2:125-33.

158. AI-Isa AN. Dietary and socio-economic factors associated with obesity among
Kuwaiti college men. British Journal of Nutrition 1999;82:369-74.

159. Kahn HS, Williamson DF, Stevens JA. Race and weight change in US women: The
roles of socioeconomic and marital status. Am J Public Health. 1991; 81:319-23.

160. Sobal J, Rauschenbach B, Frongillo EA. Marital status changes and body weight
changes: A US longitudinal analysis. Soc Sci Med. 2003;56:1543-55.

161. Willett WC, Sacks F, Trichopoulou A, Drescher G, Ferro-Luzzi A, Helsing E, et al.


Mediterranean diet pyramid: a cultural model for healthy eating. Am J Clin Nutr.
1995;61(6):S1402-S6.

162. Serra-Majem L, Roman B, Estruch R. Scientific evidence of interventions using the


Mediterranean diet: a systematic review. Nutr Rev. 2006;64(2 Pt 2):S27-47.

163. Sofi F, Cesari F, Abbate R, Gensini GF, Casini A. Adherence to Mediterranean diet
and health status: meta-analysis. BMJ. 2008;337 a1344 (a1344).

164. Simopoulos AP. The Mediterranean diets: what is so special about the diet of Greece?
The scientific evidence. J Nutr. 2001;131(11):3065S-73S.

165. Feart C, Samieri C, Barberger-Gateau P. Mediterranean diet and cognitive function in


older adults. Curr Opin Clin Nutr Metab Care. 2010;13(1):14-8.

166. Trichopoulou A, Lagiou P. Healthy traditional Mediterranean diet: an expression of


culture, history and lifestyle. Nutr Rev. 1997;55(11 Pt 1):383-9.

167. Sofi F. The Mediterranean diet revisited: evidence of its effectiveness grows. Curr
Opin Cardiol. 2009;24(5):442-6.

168. Karamanos B, Thanopoulou A, Angelico F, Assaad-Khalil S, Barbato A, Del Ben M,


et al. Nutritional habits in the Mediterranean Basin. The macronutrient composition of diet
and its relation with the traditional Mediterranean diet. Multi- centre study of the
Mediterranean Group for the Study of Diabetes (MGSD). Eur J Clin Nutr. 2002;56(10):983–
91.

112
169. Garcia-Closas R, Berenguer A, Gonzalez CA. Changes in food supply in
Mediterranean countries from 1961 to 2001. Public Health Nutr. 2006;9(1):53-60.

170. Tur JA, Romaguera D, Pons A. Food consumption patterns in a Mediterranean region:
Does the Mediterranean diet still exist? Ann Nutr Metab. 2004;48(3):193-201.

171. Sanchez-Villegas A, Martinez JA, De Irala J, Martinez-Gonzalez MA. Determinants


of the adherence to an “a priori” defined Mediterranean diet pattern. Eur J Nutr. 2002;41:249-
57.

172. Moreno LA, Sarría A, Popkin BM. The nutrition transition in Spain: a European
Mediterranean country. Eur J Clin Nutr. 2002;56(10):992-1003.

173. Duncan GJ, Wilkerson B, England P. Cleaning up their act: the effects of marriage and
cohabitation on licit and illicit drug use. Demography. 2006;43:691-710.

174. EPIC Group in Spain. Sociodemographic differences in the pattern of adherence to the
MeDi in Spanish populations. Gac Sanit. 2002;16:214-21.

175. Martinez-Gonzalez MA, Perez-Gutierrez R, Martinez-Gonzalez J, Garcia-Martin M,


Bueno-Cabanillas A. Dietary intake of some food items in smokers and non-smokers in a
Mediterranean population. Eur J Public Health. 1997;7:40-4.

176. Delisle H. Findings on dietary patterns in different groups of African origin


undergoing nutrition transition. Appl Physiol Nutr Metab. 2010;35:224-8.

177. Zeghichi-Hamria S, Kallithrakab S. Mediterranean Diet in the Maghreb: An Update.


World Rev Nutr Diet. 2007;97:139-61.

178. Uusalito U, Sabal J, Moothoosamy L, et al. Dietary westernisation: conceptualisation


and measurement in Mauritius. Public Health Nut 2005;8:608-19.

179. Kosulwat V. The nutrition and health transition in Thailand. Public Health Nutr.
2002;5:183-9.

180. Madanat HN, Troutman KP, Al-Madi B. The nutrition transition in Jordan: the
political, economic and food consumption contexts. Promot Educ. 2008;15:6-10.

181. Sánchez-Villegas A, M D-R, Martínez-González MÁ, De Irala-Estévez J, Seguimiento


Universidad de Navarra group. Gender, age, sociodemographic and lifestyle factors associated
with major dietary patterns in the Spanish Project SUN (Seguimiento Universidad de
Navarra). Eur J Clin Nutr. 2003;57:285-92.

182. Schulze MB, Hoffmann K, Kroke A, Boeing H. Dietary patterns and their association
with food and nutrient intake in the European Prospective Investigation into Cancer and
Nutrition (EPIC)-Potsdam study. Br J Nutr. 2001;85:363-73.

183. Tseng M, DeVellis RF. Fundamental dietary patterns and their correlates among US
whites. J Am Diet Assoc. 2001;101:929-32.

113
184. Park SY, Murphy SP, Wilkens LR, Yamamoto JF, et al. Dietary Patterns Using the
Food Guide Pyramid Groups Are Associated with Sociodemographic and Lifestyle Factors:
The Multiethnic Cohort Study. J Nutr. 2005;135:843-9.

185. Williams DE, Prevost AT, Whichelow MJ, Cox BD, Day NE, Wareham NJ. A
crosssectional study of dietary patterns with glucose intolerance and other features of the
metabolic syndrome. Br J Nutr. 2000;83:257-66.

186. Gex-Fabry M, Raymond L, Jeanneret O. Multivariate analysis of dietary patterns in


939 Swiss adults: sociodemographic parameters and alcohol consumption profiles. Int J
Epidemiol. 1988;17:548-55.

187. Barker ME, McClean SI, Thompson KA, Reid NG. Dietary behaviors and
sociocultural demographics in Northern Ireland. Br J Nutr. 1990;64:319-29.

188. Osler M, Helms AA, Heitmann B, et al. Food intake patterns and risk of coronary
heart disease: a prospective cohort study examining the use of traditional scoring techniques.
Eur J Clin Nutr. 2002;56:568-74.

189. Kerver JM, Yang EJ, Bianchi L, Song WO. Dietary patterns associated with risk
factors for cardiovascular disease in healthy US adults. Am J Clin Nutr. 2003;78:1103-10.

190. Galobardes B, Morabia A, Bernstein MS. Diet and socioeconomic position: does the
use of different indicators matter? Int J Epidemiol. 2001;30:334-40.

191. Groth MV, Fagt S, Brondsted L. Social determinants of dietary habits in Denmark.
Eur J Clin Nutr. 2005;55:959-66.

192. Turrell G, Hewitt B, Patterson C, Oldenburg B. Measuring socioeconomic position in


dietary research: is choice of socio-economic indicator important? Public Health Nutr
2003;6:191-201.

193. Delisle HF, Vioque J, Gil A. Dietary patterns and quality in West-African immigrants
in Madrid. Nutr J. 2009;8:3.

194. Caraher M, Lang T. Can‟t cook, won‟t cook: a review of cooking skills and their
relevance to health promotion. Int J Health Prom Educ. 1999;37:89-100.

195. Kirkpatrick S, Tarasuk V. The relationship between low income and household food
expenditure patterns in Canada. Public Health Nutr. 2003;6:589-97.

196. Darmon N, Drewnowski A. Does social class predict diet quality? Am J Clin Nutr.
2008;87:1107-17.

197. Barkoukis H. Importance of understanding food consumption patterns. J Am Diet


Assoc. 2007;107:234-6.

198. Willett W. Recall of remote diet. Nutritional epidemiology. In: 2nd ed Oxford Press,
editor. New York1998. p. 148-56.

114
199. Bousquet J, Burney PG, Zuberbier T, Cauwenberge Pv, Akdis CA, Bindslev-Jensen C,
et al. GA2LEN (Global Allergy and Asthma European Network) addresses the allergy and
asthma ‘epidemic’. Allergy. 2009;64(7):969-77.

115
Annexes

116

Vous aimerez peut-être aussi