Revue de l’Infirmier Congolais RIC

Article Original ISSN: 2520 - 0844

Pratiques alimentaires des nourrissons : Connaissances, attitudes et

pratiques des mères d’une commune urbaine de la ville de Lubumbashi,
République Démocratique du Congo
Carrel Z. Mavuta1, Whari L. Imani2, Stephanie L. Ngimbi1,3, Nathalie L. Ngoie1,3,
Sandra M. Tshiswaka1,3, Éric K. Luboya4, Janvier M. Tawi4, Olivier Mukuku4,
Stanislas O. Wembonyama1, Oscar N. Luboya1,4
1
Département de Pédiatrie, Faculté de Médecine, Université de Lubumbashi, Lubumbashi, République Démocratique du Congo.
2
Institut Supérieur des Techniques Médicales d’Uvira, Uvira, République Démocratique du Congo.
3
Hôpital Général Provincialde Référence Jason Sendwe, Service de Pédiatrie, Lubumbashi, République Démocratique du Congo.
4
Institut Supérieur des Techniques Médicales de Lubumbashi, Lubumbashi, République Démocratique du Congo.

Résumé
Objectif. Décrire les connaissances, attitudes et pratiques (CAP) en rapport avec les différentes pratiques
d’alimentation chez les nourrissons de 6 à 23 mois dans la zone de santé de Kamalondo à Lubumbashi.
Matériel et méthodes. Il s’agit d’une étude descriptive transversale dont la période d’étude s’étend du mois de
juin à juillet 2017. Il a été fait recours à un échantillonnage en grappe et les grappes étaient constituées des
avenues de la zone de santé de Kamalondo à Lubumbashi.
Résultats. Sur 422 mères enquêtées, 62,8% ont déclaré que la durée recommandée d’allaitement était de 6 à 11
mois ; 97,16% des enquêtées ont déclaré que la mesure d’allaiter au-delà de 6 mois était bien. Dans 70,14%, les
enquêtées ont déclaré que l’allaitement au-delà de 6 mois n’était pas difficile. L’âge de 6 mois est l’âge
d’introduction d’aliments de complément déclaraient par 92,42% des enquêtées et 65,88% avait déclaré que la
pratique de la diversification alimentaire n’était pas difficile. Cent-huit enquêtées (25,59%) déclaraient avoir
diversifié l’alimentation de leurs enfants avec au moins quatre groupe d’aliments différents ; 232 femmes
(54,98%) pratiquaient la diversification avec trois groupes d’aliments et 82 femmes (19,43%) diversifiaient
l’alimentation de leurs enfants avec seulement deux groupes d’aliments. Les produits laitiers étaient les aliments
les plus introduits dans l’alimentation des nourrissons (81,99%) suivis des fruits et légumes (78,91%).
Conclusion. Cette étude laisse apparaitre que les CAP d'alimentation des nourrissons sont peu conformes aux
recommandations de l'OMS. Cette situation peu reluisante nécessite une mise en place de stratégies basées
essentiellement sur l’éducation nutritionnelle des mères.

Mots-clés : Pratiques alimentaires, Enfant, Etat nutritionnel, Lubumbashi.

Introduction croissance optimale, de la santé et du développement

Une nutrition adéquate au cours de la petite enfance est
fondamentale pour le développement de l’ensemble du
potentiel de chaque enfant. Il est bien reconnu que la
période située entre la naissance et l’âge de deux ans
est un moment critique pour la promotion de la
[1]. A l’échelle mondiale, 60% des décès de nourrissons
et de jeunes enfants surviennent en raison de pratiques
inappropriées d’alimentation du nourrisson et de
maladies infectieuses dont les deux tiers sont
attribuables à des pratiques d’allaitement insuffisantes
[1]. La République Démocratique du Congo (RDC) fait

Correspondance: Copyright © 2018. CarrelZ. Mavuta et al. This is an open access

Carrel Z. Mavuta, Département de Pédiatrie, Université de Lubumbashi,
article distributed under the Creative Commons Attribution License, which
Lubumbashi, République Démocratique du Congo.
Téléphone: +243 997678855 - Email: carrel2012@gmail.com permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium,
Article reçu: 12-04-2018 Accepté: 09-07-2018 provided the original work is properly cited.
Publié: 21-07-2018

Pour citer cet article:Mavuta CZ, Imani WL, Stephanie L. Ngimbi SL, Ngoie NL, Tshiswaka SM, Luboya EK, et al. Pratiques
alimentaires des nourrissons : Connaissances, attitudes et pratiques des mères d’une commune urbaine de la ville de Lubumbashi,
République Démocratique du Congo. Revue de l’Infirmier Congolais. 2018 ; 2(2): 109-116.
Pratiques alimentaires des nourrissons…
partie de 5 pays au monde (Inde, Nigeria, Pakistan et
Chine) comptant un fort taux de mortalité chez les
enfants de moins de 5 ans et la malnutrition est l’une
des principales causes de décès dans ces pays [2]. Dans
les pays en développement, la malnutrition est la cause
sous-jacente de plus de 50% de décès chez les enfants
moins de 5 ans [3]. Dans la genèse de cette affection,
des pratiques d’alimentation inappropriées jouent un
rôle primordial. Dans les pays en développement, les
pratiques d’alimentation sont très souvent inadéquates
et incompatibles avec les recommandations de
l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et
constituent les principaux facteurs qui nuisent à la
croissance physique et au développement mental de
l’enfant [4,5].
Selon la récente Enquête Démographique et de Santé
menée en RDC (EDS-RDC II), presque tous les enfants
sont allaités (98%), mais que seul 48% d’enfants restent
allaiter exclusivement au sein jusqu’à l’âge de 6 mois.
Celle-ci rapporte par ailleurs que la moitié des enfants
est allaitée durant une période de 21,8 mois [6].
A Lubumbashi, précisément à Tshamalale, une récente
étude menée par Mukuku trouvait que l’âge moyen
d’introduction d’aliments de complément était de 4,20
±1,59 mois (extrêmes: 1 et 12 mois) et 72,5% des
enquêtées avaient déclaré avoir introduit un aliment de
complément avant 6 mois et que les dérivés de céréales
ont constitué l’aliment de complément dans la totalité
des cas [7].
Lubala, dans une étude menée à Lubumbashi et ses
environs, avait rapporté que les mères résidant en
milieu rural allaitaient plus longtemps, recourraient plus
au lait de formule infantile et introduisaient les aliments
de complément précocement comparées à celles
habitant le milieu urbain [8].
Cependant, ces études se sont peu intéressées à l’aspect
qualitatif de cette alimentation de complément. La
diversité alimentaire est une caractéristique de la qualité
de cette alimentation.
Le présent travail s’inscrit donc dans une démarche de
décrire les connaissances et attitudes en rapport avec
les pratiques alimentaires telles que conduites par les
mères des enfants de 6 à 23 mois dans la zone de santé
de Kamalondo à Lubumbashi.
Les résultats issus de ce travail permettront l’amélio-
ration de connaissances et la bonne compréhension des
aspects spécifiques des pratiques alimentaires dans
notre milieu. Ainsi cette étude s’est fixé comme objectifs
de décrire d'une part les caractéristiques sociodémo-
graphiques des enquêtées et leurs enfants; d'autre part
évaluer les connaissances, attitudes et pratiques (CAP)
en rapport avec les différentes pratiques d’alimentation
Mavuta et al.
chez les nourrissons de 6 à 23 mois dans la zone de
santé de Kamalondo à Lubumbashi, en RDC.
Matériel et méthodes
Type d’étude
Nous avons mené une étude descriptive transversale
intéressant 422 mères afin d’évaluer les CAP en rapport
avec les différentes pratiques d’alimentation chez les
nourrissons de 6 à 23 mois dans la zone de santé de
Kamalondo à Lubumbashi.
Cadre d’étude
Cette étude a été menée dans l'aire de santé de
Masikilizano dans la zone de santé de Kamalondo à
Lubumbashi, province du Haut-Katanga (RDC).
Cette aire de santé est constituée de 16 avenues. Nous
avons tiré d’une manière aléatoire 9 avenues. C’est ainsi
que nous nous sommes retrouvés avec 9 avenues qui
sont : avenues de sport (218 habitants), avenue Baluba
(532 habitants), avenue Basanga (750 habitats), avenue
Lunda (655 habitants), avenue Lufira (575 habitants),
avenue Luapula (821 habitants), avenue Kafubu (751
habitants), avenue Karavia (362 habitants) et avenue des
écoles (495 habitants).
Participants
Nous avons procédé à un échantillonnage probabiliste
en grappe ; les grappes sont constituées des avenues
constituant l’aire de santé. Nous avons recueilli 422
mères élevant au moins un nourrisson de plus de 6 mois
(âge requis pour initier une diversification alimentaire)
et de moins de 2 ans.
Nous nous sommes servis de la formule suivante pour
calculer la taille de l’échantillon :
𝑍².𝑝.𝑞
N=
𝑑²
N : taille de l’échantillon ; Z2 : risque d’erreur lié à l’intervalle de
confiance qui est égal à (1,96)2 ; p : proportion d à la prévalence du
phénomène observé dans un milieu donné ; q: proportion à la
prévalence n’ayant pas connu ce phénomène qui est égale à 1-p ;
d2 : préciser un souhait par le chercheur, elle varie entre 1 et 5%,
mais pour cette étude nous avons souhaité une précision de 5%.
Nous nous sommes servis de la prévalence à 50%, c’est-
à-dire pour la proportion des parents ayant des
connaissances sur les pratiques d’alimentation des
enfants de 6 à 23 mois. Alors n=384 ménages à
enquêter. S’agissant d’un échantillonnage en grappe,
nous avons multiplié par 10% de non réponse à
l'enquête. Ainsi nous sommes arrivés à n=422,4
ménages à enquêter.
Collecte des données
L’enquête était conduite sur base d’un questionnaire.
L’enquête a été effectuée durant la période allant de
Juin à Juillet 2017. Chaque fois, un enquêteur,
110
Pratiques alimentaires des nourrissons…
préalablement formé, a mené le groupe de discussion
avec les mères. L’interview était menée soit en français,
soit en swahili selon la préférence linguistique de la
mère.
Les variables étudiées étaient:
o Les caractéristiques sociodémographiques des
enquêtées et leurs enfants : l’âge de la mère, le niveau
de scolarité de la mère, la profession de la mère, l’âge
de l’enfant, le sexe de l’enfant ;
o Les pratiques d’alimentation : des questions ont été
posées sur l’allaitement au sein (Jusqu’à quel âge est-il
recommande qu’une mère continue à nourrir son
enfant au sein?, Dans quelle mesure est-ce bien de
continuer à allaiter un enfant au-delà de six mois?,
Combien est-il difficile pour vous de continuer à
allaiter un enfant au-delà de six mois?), sur
l’introduction d’aliments de complément (Quel est
l’âge recommandé d’introduction d’aliments de
complément ?, Pourquoi est-il important de donner
d’autres aliments aux bébés, en plus du lait maternel,
à partir de l’âge de 6 mois?) et sur la diversification
alimentaire (Dans quelle mesure est-ce bien de
donner différents types d’aliments à votre enfant
chaque jour?, Combien est-il difficile pour vous de
donner différents types d’aliments à votre enfant
chaque jour?, Quels aliments ou types d’aliments
peuvent être ajoutés à la bouillie de riz pour la rendre
plus nourrissante?).
Ces questions étaient tirées du questionnaire type CAP
sur l’alimentation des enfants en bas âge publié par la
FAO (6-23 mois) [9].
Les aliments donnés par les mères à leurs enfants
étaient reclassés en 7 groupes selon les recomman-
dations de l’OMS [10]:
 céréales, racines et tubercules (groupe 1),
 légumineuses et noix (groupe 2),
 produits laitiers (lait, yaourt, fromage) (groupe 3),
 produits carnés (viande, volaille, abats) et poissons
(groupe 4),
 œufs (groupe 5),
 fruits et légumes riches en vitamine A (groupe 6),
 autres fruits et légumes (groupe 7).
La diversification alimentaire bien conduite était définie
comme une consommation des aliments appartenant
au moins à 4 groupes alimentaires distincts [10]. Selon
l’OMS, un aliment compte dans chaque groupe quelle
que soit la quantité consommée. C’est-à-dire qu’il n’y a
pas de quantité minimale, sauf si l’aliment en question
est utilisé comme condiment. Le seuil a été fixé à au
moins 4 des 7 groupes d’aliments cités ci-dessus, car il
Mavuta et al.
s’associe à un meilleur régime alimentaire, que l’enfant
soit (ou non) allaité au sein [9,10].
Dans la plupart des populations, la consommation
d’aliments appartenant à au moins 4 groupes le jour
précédent signifie que l’enfant a eu une grande
probabilité de manger au moins un aliment d’origine
animale et un fruit ou légume ce jour-là, en plus d’un
aliment de base (céréales, racines ou tubercules) [10].
Analyse des données
Les différentes données recueillies ont été saisies et
analysées grâce au logiciel Epi Info 2011 (version
7.0.8.3). L’analyse et l’interprétation ont utilisé le calcul
de la proportion, de la moyenne et l’écart-type (ET).
Considérations éthiques
Le recrutement était anonyme. Par ailleurs les femmes
incluses dans l’étude ne sont recrutées qu’après leur
consentement préalable. Les informations recueillies ont
été analysées dans la stricte confidentialité.
A la fin de l’interrogatoire les insuffisances notées dans
les interviews par rapport à l’allaitement maternel ou à
les pratiques alimentaires ont été corrigées à travers
l’éducation sanitaire faite par nous.
Résultats
Le tableau 1 présente les caractéristiques des enquêtées
et leurs nourrissons.
L’âge moyen des enquêtées est de 29,09±6,36 ans
(extrêmes : 17 et 43 ans). Quarante-sept pourcent
(209/422) des enquêtées avaient un âge compris entre
20 et 29 ans. Plus de 8 enquêtées sur 10 (86,73%)
étaient mariées et près de 6 sur 10 (57,10%) avaient au
moins un niveau secondaire.
Les ménagères étaient les plus représentées avec
75,59% suivies des femmes de métier libéral et de
fonction publique avec respectivement 13,03% et
10,43%.
L’âge moyen des enfants était de 16,20±5,39 mois
(extrêmes : 6 et 23 mois). Quarante-six pourcent
(194/422) étaient âgés de 18 à 23 mois. Sur 422 enfants
des enfants enquêtés, 240 soit 56,87% étaient de sexe
féminin. Seize (3,79%) enquêtées avaient deux enfants
de moins de 24 mois.
Le tableau 2 donne les connaissances et attitudes des
mères en ce qui concerne les pratiques alimentaires
chez les nourrissons. Soixante-deux virgule huit
pourcent des enquêtées ont déclaré que la durée
recommandée d’allaitement était de 6 à 11 mois et
10,66% ont déclaré que 24 mois et plus était la durée
recommandée.
111
Pratiques alimentaires des nourrissons… Mavuta et al.

Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques S’agissant des aliments à ajouter dans la bouillie de riz
des enquêtées et leurs nourrissons des nourrissons pour la rendre plus nourrissante, près
Effectif de la moitié des enquêtées (49,05%) ont déclaré que
Variable Pourcentage
(n=422) c’était les aliments à haute teneur énergétique (huile,
Age maternel beurre) et 33,65% disaient ne rien ajouter.
<20 ans 17 4,03
20-24 ans 91 21,56 Sur la conduite de la diversification, nous constatons
25-29 ans 108 25,59 que 108 enquêtées (25,59%) déclaraient avoir diversifié
30-34 ans 101 23,93 l’alimentation de leurs enfants avec au moins quatre
35-39 ans 84 19,90 groupe d’aliments différents ; 232 femmes (54,98%)
≥40 ans 21 4,97 pratiquaient la diversification avec trois groupes
Moyenne (ET) 29,09 (6,36) d’aliments et 82 femmes (19,43%) diversifiaient
Statut matrimonial l’alimentation de leurs enfants avec seulement deux
Célibataire 40 9,48
groupes d’aliments. Trois cent quarante-six (81,99%)
Divorcée 12 2,84
Mariée 366 86,73 enquêtées avaient déclaré avoir introduit les produits
Veuve 4 0,95 laitiers (lait, yaourt, fromage) dans l’alimentation de
Niveau de scolarité leurs nourrissons et 333 (78,91%) avaient introduit les
Primaire 104 24,65 fruits et légumes. Les produits carnés (viande, volaille,
Secondaire 241 57,10 abats) et poissons étaient l’aliment le moins utilisé
Supérieur 77 18,25
(16,35%) dans la diversification.
Profession
A propos du nombre de repas pris lors de
Fonctionnaire 44 10,43
Ménagère 319 75,59 diversification, 62,56% d’enfants ont pris 3 repas par
Métier libéral 59 13,98 jour et ceux qui en prennent 2 fois représentaient
Age de l’enfant 31,75%.
6-11 mois 104 24,65
12-17 mois 124 29,45 Discussion
18-23 mois 194 46,00
Moyenne (ET) 16,20 (5,39) Ce travail a porté sur 422 femmes ayant des enfants
Sexe de l’enfant âgés de 6 à 23 mois, résidant dans la commune de
Féminin 240 56,87
Kamalondo, une des 7 communes de la ville de
Masculin 182 43,13
Lubumbashi en RDC.
Nombre d’enfants
Notre enquête vise à décrire les connaissances, attitudes
de moins de 24
et pratiques des mères en ce qui concerne les pratiques
mois dans la fratrie
alimentaires. Comme nous le savons, la femme doit être
1 406 96,21
bien préparée avant son accouchement et doit avoir des
2 16 3,79
connaissances satisfaisantes concernant l’hygiène de vie
de son bébé, son alimentation et surtout l’utilité du lait
Quant à savoir si la mesure de continuer à allaiter un
maternel et ses avantages nutritionnels ainsi que les
enfant au-delà de six mois était bien, 97,16% des
particularités de la diversification.
enquêtées ont déclaré qu’elle l’était. Lorsqu’il s’agissait
L’étude a montré qu’environ 24,65% des femmes ont un
de savoir si continuer à allaiter un enfant au-delà de six
niveau de scolarité faible (analphabètes ou scolarité
mois était difficile, 70,14% des enquêtées ont déclaré
primaire). Seulement 25% des femmes ont une activité
qu’elle ne l’était pas.
professionnelle rémunératrice. Ces facteurs (le niveau
S’agissant de l’introduction d’aliments de complément, bas d’étude et l’activité professionnelle) sont très
92,42% des mères ont déclaré que 6 mois est l’âge importants pour la prise de décision concernant
recommandé et 74,41% ont déclaré ne pas savoir l’adoption de tout comportement. En effet, le niveau
l’importance de cette introduction. Lorsqu’il s’agissait d’études élevé est un facteur régulièrement associé à
de savoir si donner différents types d’aliments au une durée prolongée d’allaitement maternel [11,12].
nourrisson chaque jour était bien, 83,89% des Notre échantillon comptait une majorité des ménagères
enquêtées ont déclaré qu’elle l’était. Quant à savoir si la (75,59%) et des femmes mariées (86,49%). Mukuku [7],
mesure de donner différents types d’aliments au dans une étude menée dans une autre contrée de la
nourrisson chaque jour était difficile, 65,8% des mères ville de Lubumbashi, avait eu des résultats relativement
déclaraient qu’elle ne l’était pas. proches aux nôtres.

112
Pratiques alimentaires des nourrissons… Mavuta et al.

Tableau 2: Connaissances et attitudes des mères sur les pratiques alimentaires

Effectif
Variable Pourcentage
(n=422)
Jusqu’à quel âge est-il recommande qu’une mère continue à nourrir son
enfant au sein?
Moins de 6 mois 36 8,53
6-11 mois 265 62,80
12-23 mois 68 16,11
24 mois et plus 45 10,66
Ne sait pas 8 1,90
Dans quelle mesure est-ce bien de continuer à allaiter un enfant au-delà de
six mois?
C’estbien 410 97,16
Ce n’est pas bien 4 0,95
Ne sait pas 8 1,90
Combien est-il difficile pour vous de continuer à allaiter un enfant au-delà
de six mois?
Difficile 60 14,22
Ni facile ni difficile 66 15,64
Pas difficile 296 70,14
Quel est l’âge recommandé d’introduction d’aliments de complément ?
6 mois 390 92,42
Ne sait pas 32 7,59
Pourquoi est-il important de donner d’autres aliments aux bébés, en plus
du lait maternel, àpartir de l’âge de 6 mois?
Le lait maternel à lui seul ne suffit pas 108 25,59
Ne sait pas 314 74,41
Dans quelle mesure est-ce bien de donner différents types d’aliments à
votre enfantchaque jour?
C’estbien 354 83,89
Ce n’est pas bien 52 12,32
Ne sait pas 16 3,79
Combien est-il difficile pour vous de donner différents types d’aliments à
votre enfant chaquejour?
C’est difficile 57 13,51
Ce n’est ni facile ni difficile 87 20,62
Ce n’est pas difficile 278 65,88
Quels aliments ou types d’aliments peuvent être ajoutés à la bouillie de riz
pour la rendre plus nourrissante?
Aliments à haute teneur énergétique (huile, beurre) 207 49,05
Rien 142 33,65
Légumes secs et noix 31 7,35
Graines de tournesol, arachide, soja 20 4,74
Aliments d’origine animale (viande, volaille, poisson, foie/abats, œufs) 8 1,90
Légumes à feuillesvertes 6 1,42
Fruits et légumes riches en vitamine A (carotte, patate douce à chair organe,
4 0,95
courgeà chair jaune, mangue, papaye)
Ne sait pas 4 0,95

Chiabi avait des résultats sociaux légèrement meilleurs:
73% de femmes un niveau d’études secondaire, 55% de
femmes ménagères et 89% de femmes mariées [13].
Par contre, les données de Thimou révèlent que 24%
sont du niveau d’instruction du secondaire, 2% du
niveau universitaire et 86% de femmes au foyer [14].
Cette étude a rapporté que 62,80% des enquêtées ont
déclaré que la durée recommandée d’allaitement
maternel était de 6 à 11 mois. Selon les recomman-
dations de l’OMS et l’UNICEF, les enfants doivent être
exclusivement nourris au sein jusqu’à l’âge de six mois
et l’allaitement au sein doit être poursuivi jusqu’à l’âge
de 2 ans [15]. Selon les enquêtes réalisées en Afrique
subsaharienne par l’UNICEF, 59% des nourrissons sont
en allaitement continue jusqu’à 24 mois [16]. Le lait
maternel est l’aliment naturel et idéal pour le nourrisson
durant les premiers mois de sa vie [16]. Tout enfant doit
recevoir exclusivement le lait de sa mère dès la
naissance et le plus longtemps possible pendant au
moins les deux premières années de la vie. Mukuku,

113
Pratiques alimentaires des nourrissons… Mavuta et al.

dans une étude menée dans le village Tshamalalé faire à partir de l’âge de 6 mois. Selon les recomman-
rapportait un âge moyen d’ablactation de 15,99 mois et dations de l’American Academy of Pediatrics, l’OMS et
que 83% des femmes allaitaient leurs enfants entre 12 l’UNICEF, l’introduction des aliments de complément
et 24 mois [7]. doit intervenir à 6 mois avec continuité d’allaitement
maternel [5,22]. Les résultats de l’étude de Mukuku
Tableau 3. Aliments introduits par les mères dans trouvaient un âge moyen de l’alimentation complémen-
l’alimentation de leurs nourrissons taire diversifiée est de 4,20±1,59 mois et 72,5% des
Effectif enquêtées avaient pratiqué une diversification alimen-
Variable Pourcentage
(n=422) taire précoce (<6 mois) [7]. D’autres études menées
Nombre de groupe dans les pays africains rapportaient un âge moyen
d’aliments introduits d’introduction des aliments de complément inférieur à 6
2 82 19,42 mois [15,23-25]. L’étude de Mbalaga, menée au Kenya,
3 232 54,97 rapporte un âge moyen de 2,7 mois [26]. Une étude
4 99 23,46 faite en Côte d’Ivoire mentionnait un constat similaire
5 9 2,13 [27]. L’âge optimum d’introduction des aliments de
Type d’aliments complément demeure sujet à controverse. Si l’intro-
introduits duction est trop précoce, l’enfant réduira sa consom-
Groupe 1 145 34,36 mation de lait maternel ; si elle est trop tardive, les
Groupe 2 142 33,65 quantités de lait maternel ne suffiront pas à satisfaire les
Groupe 3 346 81,99 besoins énergétiques de l’enfant, entraînant le risque de
Groupe 4 69 16,35 ralentir la croissance. Cette introduction précoce des
Groupe 5 117 27,72
aliments de compléments pourrait agir de façon
Groupe 6 136 32,23
Groupe 7 333 78,91 défavorable sur l’état nutritionnel des enfants entrainant
Nombre de repas ainsi une malnutrition [8]. En effet, ces aliments de
journaliers complément ont une valeur nutritionnelle inférieure à
1 20 4,74 celle du lait maternel. En plus, leur consommation se fait
2 134 31,75 au détriment de l’allaitement au sein, ce qui réduit la
3 264 62,56 quantité de lait produit par la mère (la production de
4 4 0,95 lait maternel est déterminée, en partie, par la fréquence
et l’intensité de la succion). Et enfin, donner précoce-
Dans l’étude de Gamgne-Kamga, l’arrêt d’allaitement ment aux jeunes enfants les aliments de compléments
maternel se fait plus précocement chez les femmes les expose davantage aux agents pathogènes et donc,
mariées et les femmes ayant un niveau d’instruction augmente leur risque de contracter des maladies
élevé [17]. Par contre, Nlend a trouvé que l’âge de la diarrhéiques [28]. Par ailleurs, les facteurs protecteurs
mère influençait négativement la durée de l’allaitement contenus dans le lait maternel sont réduit entraînant
maternel en général [18]. Selon Thulier [19] et Whalen une augmentation du risque de maladie. Les directives
[20], l’incidence et la durée d’allaitement dépend de de l’OMS pour une alimentation optimale du jeune
l’association de plusieurs facteurs entre autre les enfant comprennent non seulement l’introduction, à
facteurs physiques, comportementaux, sociaux et partir de l’âge de 6 mois, d’aliments complémentaires
économiques ; de Lauzon-Guillain [21] y ajoute tout en maintenant l’allaitement mais aussi une
l’impression parentale des besoins de l’enfant, c’est-à- alimentation complémentaire diversifiée c’est-à-dire
dire la perception que l’enfant n’est complètement apportant l’énergie, les protéines et les micronutriments
satisfait par l’allaitement au sein. en quantité suffisante pour satisfaire les besoins
De la naissance jusqu’à l’âge de 6 mois le lait maternel nutritionnels liés à la croissance de l’enfant [13,29].
couvre tous les besoins nutritionnels de l’enfant. Ainsi, des fruits et légumes riches en vitamines et sels
Cependant à partir de l’âge de six mois, il devient minéraux devraient être consommés quotidiennement.
difficile pour les enfants allaités de satisfaire leurs De même, la consommation de protéines devrait aussi
besoins nutritionnels à partir du seul lait maternel. Ainsi, être quotidienne ou aussi fréquente que possible.
le consensus est que six mois est l’âge approprié pour Il ressort de cette étude que l’alimentation des enfants
introduire les aliments complémentaires [15]. était peu conforme à ces recommandations. En effet, la
Les résultats de cette étude trouvent que 92,42% des veille de l’enquête moins de la moitié des enfants ayant
femmes déclaré que l’introduction d’aliments de une alimentation de complément a consommé des
complément dans l’alimentation des enfants doit se protéines animales (produits laitiers), des légumes et

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Pratiques alimentaires des nourrissons…
des fruits source essentiels de vitamines. Ceci pourrait
être expliqué en partie par les habitudes alimentaires
des adultes dépeignent très souvent sur les pratiques
alimentaires des plus jeunes. Par ailleurs, seulement
25% avait eu une alimentation plus variée la veille de
l’enquête. Cette alimentation était d’autant plus variée
que l’enfant était plus âgé et était au repas familial. Ce
constat a également été fait à Madagascar où la
proportion d’enfants consommant plus de 2 groupes
d’aliments ne dépasse pas 40% et la diversité alimen-
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Conclusion
Cette étude laisse apparaitre que les CAP d'alimentation
des nourrissons sont peu conformes aux recomman-
dations de l'OMS. Cette situation peu reluisante néce-
ssite une mise en place de stratégies basées essentiel-
lement sur l’éducation nutritionnelle des mères dans la
commune de Kamalondo. 
Conflits d’intérêt : Aucun
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