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COURS THERMIQUE DU BATIMENT

Dr Boukaré OUEDRAOGO

Université Norbert ZONGO


IUT /GENIE CIVIL L3S5
Cours de thermique du bâtiment Génie Civil S5 UNZ 2023-2024

Chapitre 1 : Rappel de transfert thermique

1. Introduction
La thermique du bâtiment fait référence à l’échauffement ou au refroidissement du bâtiment et
de l’air interne qu’il contient par diverses sources thermiques. Le confort thermique recherché
dans le bâtiment dépend essentiellement des paramètres de température, d’humidité et de
vitesse de l’air interne aux locaux habités.
C’est pour cette raison que la thermique du bâtiment fait essentiellement appel aux disciplines
de la thermodynamique et de transferts thermiques. Nous ne développons dans ce rappel que
les notions nécessaires à la compréhension de ce cours sur la thermique du bâtiment.

2. Rappels thermodynamiques.
2.1.Loi des gaz parfaits
L’air des locaux d’habitation obéit à la loi des gaz parfaits. C’est la raison pour laquelle tout air
humide est considéré comme un gaz parfait et obéit à la loi générale des gaz parfaits. L’air
atmosphérique est un mélange de composants que l’on peut regrouper en air sec (azote, oxygène,
…) et vapeur d’eau. L’ensemble est un mélange qui obéit à la loi :

𝑃𝑉 = 𝑛𝑅𝑇
Où n est le nombre total de moles
R = 8,314 J/°K/mole est appelée constante des gaz parfait.
On définit aussi la masse volumique de ce gaz parfait comme suit.
En partant de la relation
𝑃𝑉 = 𝑛𝑅𝑇
On peut faire apparaître la masse volumique 𝜌 en écrivant :
𝑚 𝑚
𝑃 𝜌 = 𝑀 𝑅𝑇

On tire la masse volumique

𝑃𝑀
𝜌= 𝑅𝑇

2.2.Humidité absolue
Si on désigne par 𝑚𝑣 la masse de vapeur d'eau contenue dans un air humide et 𝑚𝑎 la masse d'air
sec (sans vapeur d'eau) contenu dans le même air humide, alors le rapport
𝑚
𝑋 = 𝑚 𝑣 en kg de vapeur d'eau par kg d'air sec (kg/kgAS)
𝑎

x est appelé la teneur en eau de l’air ou humidité absolue ou humidité spécifique.

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L'humidité absolue d'un air est donnée soit en kg/kgAS ou en g/kgAS. En général les valeurs de x
sont comprises entre 5 et 15 g/kgAS. Les courbes d'égale humidité absolue sont des droites
horizontales dans le diagramme de Carrier

2.3.Humidité relative de l'air ou degré hygrométrique.


Elle est le rapport de la masse de vapeur d'eau contenu dans un air humide à la masse
maximale de vapeur d'eau que peut contenir cet air.
𝑚𝑉
𝑒= 𝑚𝑠

Dans cette relation mv est la masse de vapeur d'eau dans l'air et ms la masse de vapeur d'eau
saturée dans le même air. On démontre facilement à partir de l'équation d'état des gaz parfaits
que.
𝑃𝑉
𝑋= 𝑃𝑠

𝑃𝑉 est la pression partielle de la vapeur d'eau à la température T


𝑃𝑠 est la pression de saturation de l'eau pure à la température T
Théoriquement les valeurs prises par l'humidité relative varient de 0% à 100%. La figure ci-
dessous donne l'allure des courbes d'égale humidité relative. Au-delà de la courbe à 100%
d'humidité relative appelée courbe de rosée ou courbe de saturation, on a la zone de brouillard
dans laquelle il n'est pas possible d'avoir toute la vapeur d'eau contenue dans l'air à l'état de
vapeur.
Une partie de cette eau doit être condensée.
Dans la pratique on repère le plus souvent l'état de l'air humide par sa température de bulbe
sec et son humidité relative.

2.4.Point de rosée ou température de rosée.

Si on refroidit un air humide en prenant soin de ne pas lui ôter ni lui ajouter de la vapeur d'eau
on constate que l'air finit tout de même par être saturé. C’est-à-dire qu'on atteint la courbe de
saturation où e = 100%. Sur le diagramme de l'air humide, une telle évolution correspond au
segment de droite AB (figure ci-dessous).

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Température de rosée
Le point B est appelé point de rosée et la température tr correspondante est la température de
rosée appelée elle aussi d'ailleurs par abus de langage point de rosée. Lorsque sur une surface
froide quelconque (comme une bouteille venant du réfrigérateur par exemple) on constate un
dépôt humide, c'est que la température de la surface est inférieure au point de rosée de l'air. Si
la surface froide est en dessous de 0°C, le dépôt humide est solide (glace) et on parle de point
de givre à la place de point de rosée.

2.5.Température humide ou température de bulbe humide

C'est la température d'équilibre d'un thermomètre dont l'élément sensible est entouré d'un bulbe
humidifié et autour duquel on provoque une convection forcée. En général, le bulbe est constitué
par un mince tissu de textile imbibé d'eau et placé dans un courant d'air approprié.
Pour que l'erreur commise soit la plus faible possible la vitesse de circulation de l'air doit être
voisine de 2 m/s.
Sur le diagramme de l'air humide, les courbes d'égale humidité relative sont des droites obliques.

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Température humide

Le groupement d'un thermomètre humide et d'un thermomètre sec permet la détermination


précise de l'humidité de l'air et est appelé psychromètre.

2.6. La température de rayonnement dans une chambre


Elle est déterminée approximativement par la formule suivante :

∑ 𝑇𝑖 𝐹𝑖
𝑇𝑟𝑎𝑦 =
∑ 𝐹𝑖

𝑇𝑖 : température de la surface du mur i entourant l’occupant [°C].


𝐹𝑖 : l’aire de la surface du mur i [m²].

2.7.Diagramme psychrométrique

Pour faire les calculs du traitement de l'air humide on utilise en général le diagramme de l'air
humide.
Plusieurs types de diagrammes sont proposés dans la littérature. Le plus utilisé dans le cas du
confort thermique est sans doute celui de Carrier. Celui-ci présente l'humidité absolue de l'air en
ordonnée et la température en abscisse.

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Diagramme psychrométrique de Carrier

La figure ci-dessus présente le diagramme de l'air humide de Carrier (t, x) avec l'enthalpie et
l'humidité relative comme autres paramètres. Nous donnons ci-dessous la définition et la
représentation graphique de chacun des paramètres les plus utilisés dans les calculs de
traitement de l'air.

2.8.Température de bulbe sec ou température sèche


C'est la température mesurée par un thermomètre parfaitement sec placé dans l'air humide. C'est
également la température indiquée en abscisse du diagramme de Carrier. Les courbes d'égale
température sèche sont des droites verticales. Plus un air est froid et plus son point figuratif sur le
diagramme de l'air humide est décalé vers la gauche.

2.8.La chaleur
La chaleur est une forme d’énergie (énergie de mouvement des molécules) qui va d’un point
chaud (température plus élevée) vers un point froid (température moins élevée).

C’est la sensation perçue par nos organes de sens lorsque nous sommes placés devant un
corps incandescent par exemple.

L’unité légale est le Joule (J) mais la kCal (kiloCalorie) est également utilisée.

Une kCal est la quantité de chaleur qu’il faut fournir à un kg d’eau pour augmenter sa
température de 1°C.

Conversion d’unités :

1 kCal = 4,185 kJ = -1 Fg (frigorie)

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1 thermie (Th) = 1000 Cal = 4,185 kJ

1 BTU = 1,053 kJ (BTU : British Thermal Unit)

2.9.La puissance
La puissance est le rapport de l’énergie fournie ou absorbée sur l’unité de temps.

L’unité légale est le Watt (W).

Conversion d’unités :

1 kW = 860 kCal/h

1 kCal/h = -1 Fg/h = 1,163 W

1 cv (cheval) = 736 W

2.10. La pression
L’unité légale de la pression est le Pascal (Pa) qui est égal à la pression uniforme exercée par
une force de 1 N (Newton) sur une surface de 1 m2.
L’unité de pression couramment utilisée par les frigoristes est le Bar et il faut distinguer :
Les appareils de mesure des pressions (appelés manomètres) sur les systèmes frigorifiques qui
sont gradués généralement en pression relative (par rapport à la pression atmosphérique) les
appareils de mesures du vide (appelés vacuomètres) sur les systèmes frigorifiques qui sont
gradués en pression absolue (par rapport au vide absolu).
Conversion d’unités
1 Bar = 105 Pa = 1.02 kg/m2 = 0.986 atm = 750 mmHg
1 Bar = 10.2 mCE (mètre de colonnes d’eau)

3. Différent mode de transfert chaleur

Le transfert thermique est un processus complexe qui est réalisé selon trois modes
fondamentaux : la conduction, la convection et le rayonnement.

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Figure : les modes de transfert de chaleur à travers une paroi.


Source : www.bilan thermique.com

3.1. Conduction thermique

La conduction est le processus de propagation de la chaleur par le contact directe entre les
particules d’un corps ou entre des corps ayant des niveaux énergétiques, donc de températures
différentes.

Dans les gaz, le transfert thermique par conduction est le résultat de la diffusion moléculaire.
Dans le liquide et les solides diélectriques, il a lieu à l’aide des ondes élastiques.

Dans les métaux, la conduction est déterminée essentiellement par la diffusion des électrons
libres des zones plus chaudes vers celles plus froides, les oscillations élastiques jouent un rôle
mineur.

L’étude de la conduction considère toujours les corps qui la subissent comme des milieux
continus, en négligeant la structure moléculaire.

Exemple : le transfert de chaleur à travers les parois d’un bâtiment ou une barre de fer par
chauffage de forgeron. La théorie de la conduction repose sur l’hypothèse de Fourier : la
densité de flux est proportionnelle au gradient de température :

𝜑 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑇
⃗ = −𝜆𝑔𝑟𝑎𝑑

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑇
Donc le flux de chaleur Φ = −𝜆 × 𝑆. 𝑔𝑟𝑎𝑑

𝜕𝑇
Sous la forme algébrique à une dimension Φ = −𝜆. 𝑆.
𝜕𝑥

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 densité de flux de chaleur transmis par conduction (W/ m2)


 Conductivité thermique du milieu (W m-1 °C-1)
x Variable d’espace dans la direction du flux (m)
S Aire de la section de passage du flux de chaleur (m2)

Φ flux de chaleur par conduction (W)

3.2. Convection thermique

La convection est le processus de transfert thermique déterminé par le mouvement des


particules élémentaires d’un fluide entre des zones ayant des températures différentes.

La convection est régit par la loi de Newton :

Φ = h S (𝑇2 − 𝑇1 )

Φ Flux de chaleur transmis par convection (W)

h : Coefficient de transfert de chaleur par convection (W m-2 °C-1)

T2 : Température de surface du solide (°C)

T1 : Température du fluide loin de la surface du solide (°C)

S : Aire de la surface de contact solide/fluide (m2)

Il existe deux modes de convection thermique : la convection naturelle ou convection libre et


la convection forcée. La convection est forcée lorsque le mouvement du fluide est causé par
l’action des forces extérieures du processus (par exemple : pompe, ventilateur, etc.) qui lui
imprime des vitesses de déplacement.

La convection est naturelle lorsque le mouvement du fluide est due à la différence de densité
entre les particules chaudes et celles froides existant dans le fluide.

Remarque : la convection forcée est toujours accompagnée d’une convection naturelle, mais
les effets de celle-ci est plus souvent négligeable devant ceux de la convection forcée. Les
effets de la convection libre seront d’autant plus importants que la différence de température
entre les particules sera plus grande et que la vitesse du fluide dans la convection forcée sera
plus faible.

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3.3. Le rayonnement

Le transfert de chaleur par rayonnement est un mode d’échange thermique qui ne nécessite
pas un support matériel, exemple le rayonnement solaire. Il existe deux sortes de
rayonnement : le rayonnement électromagnétique et le rayonnement thermique.

Le rayonnement électromagnétique

Il regroupe l’ensemble des échanges d’énergie à distance entre les corps par ondes
électromagnétiques.

Le rayonnement thermique

C’est le rayonnement émis par un corps du fait de sa température et au détriment de son


énergie calorifique. Pour la longueur d’onde 𝜆 ∈ [0,1 100] 𝜇𝑚.

Le flux de chaleur échangé par rayonnement entre un corps de surface S avec le milieu
environnant est :

Φ = σ𝜀𝑃 S (𝑇24 − 𝑇14 )

Φ Flux de chaleur transmis par rayonnement (W)


 Constante de Stefan (5,67.10-8 W m-2 K-4)
p Facteur d’émission de la surface
T2 Température de la surface (K)
T Température du milieu environnant la surface (K)
S Aire de la surface (m2)

3.4.L'évaporation-condensation:
La chaleur cédée à un matériau pour l'évaporer est restituée à la surface sur laquelle la vapeur
se condense.

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Le phénomène d’évapo-condensation implique une migration combinée de chaleur et d'eau. Il


peut être la source de problèmes d'humidité (moisissures, gel, dégâts) rencontrés dans des
bâtiments.
Le transfert de chaleur implique un flux de chaleur (en Watt) qui exprime la quantité d'énergie
passant chaque seconde au travers d'une surface quelconque, ou, localement, une densité de
flux de chaleur (en W/m²) qui exprime la quantité d'énergie transmise chaque seconde au
travers d'une surface unité. Le modèle mathématique du transfert de chaleur par évaporation
peut s’écrire :
𝑞𝑒𝑣𝑎𝑝 = ℎ𝑒𝑣𝑎𝑝 𝑆(𝑇2 − 𝑇1 )

4. Confort thermique
Le confort est donc une sensation physiologique faisant intervenir plus d'un paramètre. Le
confort thermique ne tient compte que des paramètres suivants :
Les facteurs liés à l'individu :
• Son activité et le rendement de cette activité.
• Son habillement.
Les facteurs liés à l'environnement :
• Températures de l'air et des surfaces environnantes,
• Vitesse relative de l'air et le degré de turbulence,
• Pression de vapeur d'eau ou humidité relative.
En effet, la chaleur dégagée par le métabolisme, plus ou moins grande selon l'activité, est
éliminée, directement ou au travers des habits, par convection et conduction vers l'air ambiant,
par rayonnement vers les surfaces voisines et par évapo-transpiration dans l'air
(Figure ci-dessous). On notera que, dans la zone confortable, les échanges par rayonnement,
convection, conduction et évapo–transpiration se répartissent en trois parts
approximativement égales.
Ainsi, contrairement à ce qui est généralement admis, il est erroné de vouloir satisfaire ces
critères de confort par une simple régulation de la température de l'air intérieur de l'habitation.

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Figure : Répartition des échanges de chaleur d'une personne en fonction de la température


ambiante, supposée homogène.

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Chapitre 2 : Caractéristiques thermiques des matériaux de


construction

1. Propriétés thermophysiques
1.1.Conductivité thermique
La conductivité thermique 𝜆 est le flux de chaleur qui traverse un matériau d’une surface de 1
m² et d’une épaisseur d’1 m lorsque l’écart de température entre les deux faces de ce matériau
est de 1°C. Elle représente l’aptitude du matériau à transmettre un flux de chaleur sous l’effet
d’une différence de température. La conductivité dépend principalement de la nature du
matériau, la température. D’autres paramètres comme l’humidité ou la pression interviennent
également. Dans le domaine des matériaux poreux, la présence de l’eau au sein du milieu poreux
modifie la conductivité thermique globale du matériau car l’eau présente une conductivité
thermique (𝜆𝑒𝑎𝑢 = 0,6 Wm-1k-1) trente fois supérieur à celle de l’air (𝜆𝑎𝑖𝑟 = 0,026 Wm-1k-1).
Cependant la variation de 𝜆 est peu sensible dans le domaine de la température observée dans
le bâtiment. 𝜆 n’est jamais nul, ce qui montre qu’un matériau isolant ne peut arrêter totalement
le passage de la chaleur ; il ne peut que la ralentir.

La masse volumique a une influence non négligeable sur la valeur de la conductivité (la
conductivité thermique augmente de l’ordre de 20 % lorsque la masse volumique augmente de
40 %).

L’eau présente une conductivité thermique (𝜆𝑒𝑎𝑢 = 0,6 Wm-1k-1) trente fois (30) supérieure à
celle de l’air (𝜆𝑎𝑖𝑟 = 0,026 Wm-1k-1). Sa présence au sein du milieu poreux va modifier la
conductivité thermique globale du matériau.

1.2.Capacité thermique massique


C’est la capacité d’un matériau à emmagasiner la chaleur par rapport à sa masse. Elle est définie
par la quantité de chaleur nécessaire pour élever de 1°C, la température de 1 kg du matériau.
Plus, la capacité thermique massique est élevée plus la quantité de chaleur que peut stocker le
matériau est grande. La capacité thermique d’un matériau est le produit de sa capacité thermique
massique par sa masse.

Dans la littérature, deux termes renvoient à la capacité thermique massique : capacité thermique
massique dite à pression constante ou à volume constant. Ces termes décrivent le processus mis
en œuvre au cours de la mesure. Dans notre étude, nous nous référerons à la capacité thermique
massique à pression constante, notée Cp. Elle s’exprime par la relation suivante:
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𝑸
𝑪𝒑 = (1-1)
𝒎∆𝑻

Où 𝑄 est la quantité de chaleur absorbée par le corps en joules (J),

m est la masse de l’échantillon en kilogramme (kg),

et ∆𝑇 est la différence de température en degré Celsius (°C).

1.3.La diffusivité thermique


La diffusivité thermique représente la vitesse de pénétration et d’atténuation d'une onde
thermique dans un milieu. Elle permet de prévoir le temps que met la chaleur pour traverser
une épaisseur donnée d’un matériau. En effet plus la diffusivité thermique est faible, plus la
chaleur mettra du temps pour traverser l’épaisseur du matériau. Ce temps est appelé le
déphasage thermique. Dans le contexte des pays sahéliens où le rayonnement solaire devient
fort entre 8h –9h un déphasage de 9 à11h permettrait d’atténuer les différences de température
entre le jour et la nuit.

La diffusivité thermique s’exprime par la relation suivante :

𝝀
𝜶= (1-2)
𝝆.𝑪𝒑

Où :

𝛼= diffusivité thermique en m2/s

𝜆 = Conductivité thermique en W/m °C

𝜌 = masse volumique du matériau en kg/m3

Cp = chaleur massique du matériau en kJ/kg °C

1.4.Effusivité thermique

Parfois appelée « chaleur subjective », l’effusivité thermique est la rapidité avec laquelle la
température superficielle d’un matériau augmente. Elle indique la quantité de chaleur pénétrée
sur 1 m² de surface d’un matériau une seconde après qu’elle ait été mise en contact avec une
autre surface de 1 m² plus chaude qu’elle de 1°C. Plus sa valeur est grande plus le matériau
absorbe rapidement les apports de chaleur (interne ou solaire) sans que la température intérieure
n’augmente notablement. L'effusivité caractérise la sensation de chaud ou de froid que donne
un matériau. Elle est donnée par la formule suivante :

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𝚬 = √𝝀𝝆𝑪𝒑 (1-3)

Exprimée en (J/ (m2. °C. s1/2))

La diffusivité thermique et l’effusivité thermique sont liées par la formule

𝚬 = √𝜶 𝝆Cp. (1-4)
Cependant à la différence de la diffusivité thermique qui décrit la rapidité d’un déplacement
des calories à travers la masse d’un matériau, l’effusivité décrit la rapidité avec laquelle un
matériau absorbe les calories.

Quand deux corps de dimensions semi-infinies ayant des températures différentes (T1, T2) sont
mis en contact thermique, la température T0 qui s’établit à la surface de contact dépend de
l’effusivité thermique 𝐸𝑗 :

𝐸1 .𝑇1+𝐸2 .𝑇2
𝑇0 =
𝐸1 +𝐸2

1.5.L’inertie thermique des matériaux de construction

Associée à l’isolation thermique des bâtiments, l’inertie thermique est un critère du confort
hygrométrique, car, à eux deux, elles favorisent à la fois le bien être des personnes et les
économies d’énergie grâce aux matériaux qui emmagasinent et restituent petit à petit la chaleur
ou la fraicheur, permettant le réchauffement ou le refroidissement progressif. Pour réduire
l’amplitude d’un flux thermique, les parois de l’enveloppe doivent présenter une faible
diffusivité thermique et une forte émissivité thermique. L’inertie thermique est proportionnelle
à l’épaisseur du mur et inversement proportionnelle au coefficient de conductivité thermique
du matériau. Le temps de déphasage ainsi que la conductivité thermique du matériau sont
fonction de l’épaisseur. Par l’augmentation de l’inertie de l’enveloppe, la variation journalière
des températures disparait, seul le cycle annuel pèse sur l’ambiance intérieure.

Une forte inertie constitue un avantage en été, puisque le mur accumule la chaleur lentement au
cours de la journée, ce qui évite de surchauffer l’intérieur du bâtiment. Le cycle s’inverse la
nuit en déchargeant lentement la chaleur accumulée le jour. L’inertie d’un matériau ou d’une
construction correspond donc à sa capacité à stocker de la chaleur et s’apprécie sur des cycles
jour/nuit. Globalement, lorsqu’une construction est réalisée avec des matériaux lourds et épais,

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elle offre une bonne inertie, et donc un réservoir ou accumulateur de la chaleur. Un mur ou une
paroi trop peu épais(se) ou mal isolé(e) ne peut que restituer à l’intérieur le trop plein de chaleur
qu’il n’a pas su stocker.

L’inertie a la propriété de déphaser ces pics de températures intérieures, ce qui d’autant plus
remédie à la limitation des surchauffes.

INERTIE THERMIQUE: "Propriété d'un bâtiment à s'opposer aux variations de température".

2. Propagation de la chaleur
La propagation de la chaleur à travers un matériau dépend de sa diffusivité thermique 𝛼(m2.s-1)
et par ricochet de sa conductivité thermique 𝜆(W.m-1.K-1) et de sa capacité thermique massique
𝜆
𝐶𝑝 (J.kg-1.K-1) puisque ces trois grandeurs sont liées par la relation : 𝛼 = 𝜌𝐶 . L’inertie
𝑝

thermique d’un matériau reste liée à sa capacité à rendre la diffusion ou la propagation de la


chaleur en son sein très lente. Ainsi, l’objectif de ce point est de déterminer le temps mis par
une excitation thermique envoyé sur la face d’une paroi pour être ressentie sur l’autre face de
la même paroi, connaissant sa vitesse de propagation, qu’est sa diffusivité thermique. Ce temps
de diffusion est le produit de la capacité calorifique surfacique par la résistance thermique.
𝑒 𝑒2
𝑡 = 𝑅 × 𝐶𝑝𝑠 → 𝑡 = (𝑒𝜌𝐶𝑝 ) 𝜆 donc 𝑡 = . La profondeur de pénétration de la chaleur 𝑒 =
𝛼

√𝛼𝑡 et s'exprime en m où t est un temps caractéristique.


Exemple, si on plonge une barre d'acier chauffée dans de l'eau froide, il faudra attendre un
temps tel que la profondeur de pénétration soit approximativement égal à la moitié du
diamètre (ou de l'épaisseur) de la barre pour qu'elle soit froide.
𝑃
Pour les phénomènes périodiques le temps caractéristique à utiliser est 𝑡 = 𝜋, où P est la

période.

3. Déphasage thermique et amortissement thermique d’un bâtiment


Le déphasage et l’écrêtement de l’onde thermique dans les murs dépendent essentiellement de
la diffusivité thermique des matériaux qui composent les murs de l’édifice.

Le déphasage est le temps qui sépare les instants où les températures des faces externes et
internes de la paroi sont à leur maximum par exemple. Les variations de température des faces
externes sont toujours supérieures à celles des faces internes : c'est l'amortissement de l'onde

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de chaleur. On la définit comme le rapport des amplitudes de l'onde initiale externe et de


l'onde finale interne.
L'onde finale est d'autant plus déphasée et plus amortie que la paroi est épaisse

Figure : Déphasage et amortissement d’une onde de chaleur à travers un matériau homogène

5. Isolation thermique
Qualité des isolants thermiques
La conductivité thermique n'est pas la seule propriété à prendre en compte dans le choix d'un
isolant. Les caractéristiques suivantes sont au moins aussi importantes, et peuvent être
primordiales suivant les applications:
􀂃 Résistance au feu

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􀂃 Résistance mécanique (traction et compression)


􀂃 Étanchéité à l'air
􀂃 Résistance à la diffusion de vapeur d'eau
􀂃 Faible absorption d'eau par immersion, par flottaison et par diffusion
􀂃 Stabilité dimensionnelle et comportement à la chaleur
􀂃 Qualités acoustiques
􀂃 Prix.

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Chapitre 3 : problème du mur et les surfaces planes


1. Résistance thermique par conduction d’un mur simple
A une dimension, la densité de flux de chaleur échangé par conduction s’exprime selon la loi
de Fourier par :
𝜕𝑇
𝜑 = −𝜆 𝜕𝑥

𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇
En remplaçant les dérivées partielles par des différences finies on a : 𝜑 = −𝜆 𝑥2−𝑥1 = 𝜆 𝑥1−𝑥2
2 1 2 1

Δ𝑇
𝑥2 − 𝑥1 = 𝑒 épaisseur du mur et 𝑇1 − 𝑇2 = Δ𝑇 → 𝜑 = 𝜆 .
𝑒

Δ𝑇 Φe
Le flux de chaleur Φ = 𝑆𝜑 = 𝑆𝜆 ou = 𝑇1 − 𝑇2 = Δ𝑇
𝑒 𝑆𝜆

Par analogie à la conductivité électrique on a : Δ𝑇 analogue à la tension U, dont 𝑇1 𝑒𝑡 𝑇2


représentent respectivement les potentiels V1 et V2 aux bornes du conducteur ohmique.

Φ analogue au courant I.
e e
Φ 𝑆𝜆 = R.I donc 𝑅𝑡ℎ = 𝑆𝜆 la résistance thermique

Figure 1 Schéma électrique équivalent d’un mur simple


En considérant l’analogie électrique – thermique, on peut voir la Tableau suivant.

Tableau : L’équivalence entre grandeurs thermiques et électriques

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La résistance thermique surfacique


La résistance thermique surfacique est le produit de la résistance thermique et de la surface
d’échange

2. Mur multicouches sans production interne

On considère un mur composite constitué de n murs simples de conductivités λi, (i=1,n) et


d’épaisseur ei, (i=1,n) accolés les uns aux autres.

Le flux de chaleur pour chacun des murs s’écrit :


𝑇𝑖−1 −𝑇𝑖 𝑒𝑖
Φ𝑖 = S𝑖 𝜆𝑖 on alors 𝑇𝑖−1 − 𝑇𝑖 = Φ𝑖
𝑒𝑖 S𝑖 𝜆𝑖
En régime permanent, le flux de chaleur se conserve lors de la traversée du mur et s’écrit :
Φ1 = Φ2 = Φ3 = Φ4 = ⋯ = Φ𝑛 = Φ
En développant on a :
𝑒1
𝑇0 − 𝑇1 = Φ1
S1 𝜆1

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𝑒2
𝑇1 − 𝑇2 = Φ2
S2 𝜆2
𝑒3
𝑇2 − 𝑇3 = Φ3
S3 𝜆3
……… = ……….
𝑒𝑛
𝑇𝑛−1 − 𝑇𝑛 = Φ𝑛
S𝑛 𝜆𝑛
En ajoutant membre à membre on a :
𝑒1 𝑒2 𝑒3 𝑒𝑛
𝑇0 − 𝑇𝑛 = Φ𝑛 ( + + + ⋯+ )
S1 𝜆1 S2 𝜆2 S3 𝜆3 S𝑛 𝜆𝑛
Par analogie à la conductivité électrique, on a :
𝑒1 𝑒2 𝑒3 𝑒𝑛
R 𝑡ℎ = + + + ⋯+
S1 𝜆1 S2 𝜆2 S3 𝜆3 S𝑛 𝜆𝑛
Schéma électrique équivalent

3. Résistance thermique par convection ou résistance thermique


superficielle
Soit un mur d’un habitat. Il est soumis à une convection à l’intérieure et une autre convection
externe. Sur chacune de ces faces il y a une résistance au transfert de chaleur. Chaque
résistance thermique aux échanges sur ces deux faces est appelée résistance thermique
superficielle ou résistance thermique par convection.

𝑇1 𝑇2

ℎ1
ℎ2

1 1
𝑅𝑡ℎ1 = 𝑆×ℎ et 𝑅𝑡ℎ2 = 𝑆×ℎ exprimée en °C/W ou en °K/W.
1 2

Résistance thermique surfacique


La résistance thermique surfacique est la résistance thermique multipliée par la surface d’échange :

𝑅𝑠 = 𝑆 × 𝑅𝑡ℎ . Donc on aura :

𝑅1𝑠 = 𝑆 × 𝑅𝑡ℎ1 et 𝑅2𝑠 = 𝑆 × 𝑅𝑡ℎ2

Exprimée en °𝐶. 𝑚2 . 𝑊 −1 ou en °𝐾. 𝑚2 . 𝑊 −1

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4. Coefficient de transfert thermique d'un mur composite

5. Exemple d'application
Mur composite (brique + plâtre) avec une porte simple et une fenêtre à double vitrage.

Trouver la résistance thermique de ce mur. Le flux arrive perpendiculairement à la surface du


mur. On fera le schéma électrique équivalent à chaque étape.

6. Coefficient global d’échange thermique ou Conductance thermique surfacique


L’échange de chaleur entre deux fluides de températures Tf1 et Tf2 à travers une paroi solide se
fait selon deux modes :
La convection entre le fluide chaud et la paroi
La conduction dans la paroi
La convection entre la paroi et le fluide froid

La chaleur transmise d’un fluide à l’autre est calculable en utilisant une seule formule
Q = HS (Tf1 – Tf2)
Q est la chaleur qui passe du fluide chaud ou fluide N°1 au fluide froid ou fluide N°2.
S est la surface de la paroi qui sépare les deux fluides
H est appelé coefficient global d’échange thermique ou Conductance thermique surfacique ou
Coefficient de transmission thermique

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Le coefficient global d’échange H d’une paroi tenant compte de la convection sur les deux
surfaces et de la conduction dans la paroi est défini par
1 1 𝑒 1
= + +
𝐻 ℎ1 𝜆 ℎ2

Le coefficient global d’échange thermique H est en W.m-2.K-1


Lorsque l’écart de température entre deux masses d’air ou de fluide séparées par une paroi
quelconque est de Tf on écrira que la chaleur échangée est :
Q = H STf
Lorsque plusieurs matériaux de nature différente sont en série dans un mur composite, le
coefficient global d’échange H du mur se calcule par :
1 1 𝑒 1
= + ∑𝑖 𝜆𝑖 +
𝐻 ℎ1 𝑖 ℎ2

Pour calculer les gains de chaleur d’un bâtiment climatisé on utilise le coefficient global
d’échange comme indiqué ci-dessus.

7. PAROI DISCONTINUE
Elle est constituée de plusieurs parois simple(s) et composite(s).
Exemples :
- façade avec mur et vitrage.
- cloison de séparation (mur et porte) entre deux pièces d’un appartement…

En thermique du bâtiment on utilise le coefficient de transfert de l’ensemble des parois pour


déterminer directement le flux échangé, donc l’énergie échangée avec le milieu extérieur.
Cela a conduit à la définition du Coefficient de transmission thermique de l’habitat. Il
noté H ou U.

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On tire donc le coefficien U :

Generalisation :

∑𝑛
𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖
𝑈 𝑜𝑢 𝐻 = ∑𝑛
𝑖=1 𝑆𝑖

Exercice (Début)
Une façade comporte un mur de surface S1 = 25 m2 et une partie vitrée de surface S2 = 5 m2.
Les coefficients de transmission thermiques du mur et du vitrage sont respectivement :
Um = 1,23 W.m-2.K-1 et Uv = 2,81 W.m-2.K-1.
La façade sépare deux ambiances aux températures égales à 20°C (intérieur) et -3°C
(extérieur).
1) Calculer les flux thermiques Φm et Φv traversant le mur et la baie vitrée.
En déduire le flux thermique Φ traversant l’ensemble de la façade.
2) Calculer le coefficient de transmission thermique U de la façade.
En déduire le flux thermique Ф traversant la façade...

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Chapitre 4 : bâtiment et les interactions externes

1. Les sources de chauffage du bâtiment


Un bâtiment ou tout simplement un local est chauffé à partir de trois types de source
thermique :
Le rayonnement solaire direct et/ou diffus.
L’atmosphère externe au bâtiment de température différente de celle du bâtiment.
Les sources de chaleur dites internes (appareils électriques, personnes, feu, braises…). Nous
allons voir dans la suite de ce chapitre comment se comporte un bâtiment au soleil et dans
l’atmosphère externe. Les sources internes ne seront pas étudiées dans cette partie du cours.

2. Le bâtiment et l’atmosphère externe


2.1.Echange thermique par les parois
L'atmosphère constitue une masse inertielle à température variable de période 24 heures.
L'échange de chaleur se fait par convection avec l’enveloppe du bâtiment. La température est
en règle générale supérieure à 30°C en climat chaud.
Le tableau ci-dessous donnent à titre indicatif les valeurs des températures pour la ville de
Ouagadougou.

Températures moyennes mensuelles et écarts diurnes de température pour la ville de


Ouagadougou. La voûte céleste dont la température peut être égale à 0 à 5°C échange aussi
par rayonnement avec l'enveloppe. La nuit cet échange peut être bénéfique pour le bâtiment. Il

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correspond à un bilan négatif ou une perte d'énergie par rayonnement infrarouge de


l'enveloppe au profit de la voûte céleste.
Les bâtiments échangent la chaleur avec l’atmosphère extérieure essentiellement de deux
façons.
A travers les parois, opaques, vitrées, de toitures etc., sous la forme d’échange calorifique
donnée par l’équation de transmission par convection et conduction dans les parois
Par les échanges d’air externe et interne.
Dans les deux cas on assiste à un échauffement de l’air interne du local quand l’atmosphère
externe est chaude et à un refroidissement dans le cas contraire.

Echanges thermiques des parois d’un local


Un local placé dans une atmosphère de température différente, échange de la chaleur à travers
ces parois selon la loi
Q = H S T
H est le coefficient d’échange thermique de la paroi qui permet l’échange de chaleur entre air
atmosphérique externe et air interne
S est la surface de la paroi
T est l’écart de température entre air externe et air interne. On écrira aussi
Q = H S (Te – Ti)
Le coefficient H d’échange thermique de la paroi est donné par le tableau de l’annexe 1
Les vitres fermées, les portes, les toitures ou toute autre surface séparatrice entre l’air externe
et l’air interne d’un local transmet la chaleur entre extérieur et intérieur selon la loi indiquée
ci-dessus

3. Les ponts thermiques


Un pont thermique est constitué par toute discontinuité dans la couche isolante, par tout
endroit où la résistance thermique présente une faiblesse. Au voisinage d'un pont thermique,
les lignes de flux se resserrent: plus de chaleur passe par unité de surface. Les isothermes se
déforment en s'écartant les unes des autres. Les lignes de flux restent néanmoins

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perpendiculaires aux isothermes. Ces ponts ne causent pas seulement des pertes de chaleur
inutiles, mais peuvent être sources de dégâts: moisissures, taches de poussière.

3.1. Types de ponts thermiques


On distingue les ponts thermiques géométriques tels que les angles et les coins, et les ponts
thermiques matériels, dans lesquels un matériau plus conducteur de la chaleur interrompt ou
traverse la couche isolante. On classe aussi les ponts thermiques en ponts linéaires, qui ont
une certaine longueur (en W/(m·K)), et les ponts ponctuels, dans lesquels l'interruption de la
couche isolante reste locale (en W/K).
Toute courbure dans la couche isolante ou dans la paroi constitue un pont thermique
géométrique.
Ce type de pont thermique est dû à la forme de l’enveloppe à un endroit : la surface de la face
extérieure (surface chauffée) est beaucoup plus grande que la surface de la face intérieure
(surface de refroidissement).

Les ponts thermiques géométriques n'ont en général pas des effets importants, notamment sur
les déperditions, parce que la couche isolante n'est pas interrompue, elle n'est que déformée.
Toutefois, lorsque les conditions sont critiques, l’augmentation de température à la surface
extérieure peut être suffisante pour favoriser l'apparition de moisissures.

Figure: Pont thermique linéique Figure: Pont thermique ponctuel

3.2. Déperditions de chaleur dues aux ponts thermiques


Une méthode simplifiée permettant de tenir compte des ponts thermiques dans le calcul des
déperditions de chaleur consiste à attribuer aux ponts thermiques un coefficient de
transmission thermique linéique 𝜓 (prononcer psi), en W/(m·K), qui, multiplié par la
longueur du pont thermique (par exemple le périmètre de la dalle), s'ajoute aux déperditions

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des parois. Le tableau ci-dessous donne une valeur maximale pour le coefficient linéique de
transmission thermique 𝜓 des ponts thermiques.

Table : Valeurs limites données pour les coefficients linéiques de transmission thermique des
ponts thermiques

On attribue de même un coefficient de transmission thermique ponctuel 𝜒 (prononcer ksi), en


W/K, aux ponts thermiques locaux constitués par des fixations ou des éléments en forme de
barres traversant la couche isolante. Si on tient compte de tous les éléments de l'enveloppe, le
coefficient de transmission dû aux ponts thermiques vaut :
𝐻𝑝 = ∑𝑖 𝑙𝑖 𝜓𝑖 + ∑𝑖 𝜒𝑖 [W/K]
Donc le flux échangé due aux ponts thermiques est :
𝜙 = [∑𝑖 𝑙𝑖 𝜓𝑖 + ∑𝑗 𝜒𝑗 ](𝑇𝑖 − 𝑇𝑒 )
𝑇𝑖 est la température intérieure et 𝑇𝑒 est celle extérieure.
𝑙𝑖 est la longueur du pont thermique linéaire, en m;
𝜓𝑖 est le coefficient de transmission thermique linéique du pont thermique i, en W/(m·K);
𝜒𝑗 est le coefficient de transmission thermique ponctuel du pont thermique ponctuel j, en
W/K. Les ponts thermiques ponctuels faisant normalement partie de parois planes et qui sont
déjà pris en compte dans leur coefficient de transmission thermique ne doivent pas être
ajoutés ici;
La somme est effectuée sur tous les composants de bâtiment séparant l'intérieur de l'extérieur.
Lorsque la couche isolante principale est continue et d'épaisseur uniforme, les coefficients de
transmission thermique linéiques et ponctuels peuvent être négligés pour autant que les
dimensions extérieures soient utilisées. La couche isolante principale est la couche de plus
grande résistance thermique des parois adjacentes au pont thermique potentiel.
Les ponts thermiques peuvent engendrer :
• des dépenses énergétiques supplémentaires ;
• un inconfort sur le plan de l’hygiène (moisissure) ;

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• la détérioration des matériaux (due à l’humidité engendrée).


3.3. Coefficient de transmission thermique d’un habitat
On définit maintenant un coefficient de transfert thermique pour le bâtiment. Il est la
somme des parois (murs, fenêtres, portes) et des ponts thermiques divisée par la sur
face des parois.

(∑𝑛
𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖 +∑𝑘 𝑙𝑘 𝜓𝑘 +∑𝑗 𝜒𝑗 )
𝐻′ = ∑𝑛
𝑖=1 𝑆𝑖

Exercice (suite 1)
Les liaisons ont une longueur totale ℓ = 38 m et un coefficient de transmission linéique
ψ = 0,4 W.m-1.K-1, les ponts thermiques ponctuels sont égaux à χ = 1,7 W.K-1.
3) Calculer le flux thermique Φp perdu par les ponts.
4) Calculer le flux thermique perdu Φ’ par la façade de deux façons différentes.

3.3.Comment éviter les ponts thermiques?


• une conception prévoyant de poser l'isolation à l'extérieur de la structure porteuse
permet très souvent d'éviter la plupart des ponts thermiques. Par isolation extérieure,
on entend tout système dans lequel la couche d'isolant est posée à l'extérieur de la
structure porteuse du bâtiment. Il s'agit aussi bien du double mur (le mur intérieur
étant porteur) que de l'isolation extérieure crépie ou bardée.
• Les bâtiments à parois homogènes en matériaux légers (bois massif, béton cellulaire
autoclavé ou briques porosifiées) peuvent aussi être considérés comme tels si les
dalles sont faites en matériaux semblables ou, si elles sont plus conductrice (béton)
elles ne traversent pas entièrement les murs, mais s'arrêtent au milieu.

L'isolation extérieure présente de nombreux autres avantages:


• Augmentation de l'inertie thermique intérieure, donc amélioration du confort d'été et
meilleure utilisation de gains solaires passifs en hiver.
• Stabilisation de la température de la structure, donc vieillissement plus lent de celle-ci.

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• Diminution, et dans la plupart des cas élimination totale des risques de condensation
dans les éléments de construction.

En résumé, les ponts thermiques


• Perdent de la chaleur et refroidissent les surfaces intérieures.
• Augmentent le risque de moisissures.
• Sont donc à éviter autant que possible et à prendre en compte dans le cas contraire.
• Pour les éviter, placer l'isolation à l'extérieur, la structure porteuse étant à l'intérieur de
la couche isolante.
• Si nécessaire, traiter les ponts thermiques de manière à augmenter leur température
superficielle intérieure, quitte à perdre de l'énergie.

4. Aération
4.1. Effets de l'aération
L'aération influence au moins quatre domaines de la physique des bâtiments:
• la qualité de l'air et en conséquence la santé des occupants,
• les déperditions de chaleur, donc la consommation d'énergie,
• les problèmes de condensation interne et superficielle, donc la durabilité du bâtiment,
• le confort thermique, notamment les courants d'air.
En général, l'aération apporte à l'intérieur de l'air extérieur, afin de diluer les sources de
nuisances localisées dans les bâtiments. Cet apport d'air nécessite une quantité d'énergie
importante pour donner à l'air extérieur les caractéristiques climatiques (température et
humidité) souhaitées. Pour éviter de gaspiller cette énergie, il est donc important d'éviter tout
apport d'air neuf superflu.
Une aération inadéquate peut avoir, sommairement, les conséquences suivantes:
En cas d'aération trop forte :
• consommation d'énergie exagérée,
• courants d'air, mauvais confort thermique.
Si le renouvellement d'air est insuffisant:
• mauvaise qualité de l'air, odeurs, et trop grande concentration en vapeur d'eau et autres
polluants.
• condensation dans les endroits froids, moisissures.

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4.2.Transfert thermique du au renouvellement d’air


Chaque heure, un certain volume (η en pourcentage) d’air du local est remplacé par de l’air
extérieur.
Énergie perdue : E = m.c.Δθ
c : capacité thermique massique de l’air (J.kg-1.K-1)
m : masse d’air du local (kg)
m = ρ.V
V : volume du local (m3)
ρ : masse volumique de l’air (kg.m-3)
𝐸 𝜌𝑉𝐶∆𝜃
Cette énergie correspond à un flux 𝑄 = = t = 3600s.
𝑡 𝑡

Alors le flux transfert thermique réalisé par renouvellement d’air est :


𝜂𝜌𝑉𝐶∆𝜃
𝑄𝑎 = (W)
3600

4.3.Flux thermique perdu par l’ensemble du local


Le bilan thermique instantané du bâtiment exprime que, à tout instant:

La chaleur produite dans le bâtiment est: soit évacuée ou perdue à l'extérieur, soit stockée
momentanément dans le bâtiment.

Les transferts de chaleur ont lieu par les quatre modes possibles: conduction dans la matière
immobile, convection dans les fluides, rayonnement dans les milieux transparents et
évaporation- condensation de vapeur d'eau.

Le bilan thermique instantané peut s'écrire de la manière suivante :


𝑄𝑚 + 𝑄𝑓 + 𝑄𝑉 + 𝑄𝑝 + 𝑄𝑎 = 𝑄𝑡
Avec 𝑄𝑠𝑡 la chaleur stockée dans le bâtiment,
𝑄𝑚 = flux de chaleur transféré à travers les murs,
𝑄𝑎 = flux transféré par renouvèlement d’air,
𝑄𝑉 = flux de chaleur transféré à travers les portes,
𝑄𝑓 = flux de chaleur transféré à travers les fenêtres
𝜂𝜌𝑉𝐶
𝑄𝑡 = (∑𝑛𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖 + ∑𝑘 𝑙𝑘 𝜓𝑘 + ∑𝑗 𝜒𝑗 + ) ∆𝜃
3600

Remarque
Les flux dus aux apports thermiques internes (appareils électroniques, les occupant(e)s, la
cuisine,…), perte de chaleur par évaporation, par condensation ne sont pas prises en compte.
Exercice (Suite 2)

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La façade donnant sur l’extérieur appartient à un local de volume V = 240 m3.


Ce local se trouve dans un immeuble, il est entouré d’autres locaux ou couloir à la même
température que lui : 20°C.
5) Pourquoi les pertes thermiques sont nulles entre les parois du local et les autres locaux ?
6) Le taux de renouvellement de l’air est η = 90%.
Calculer le flux perdu (Φair) pour ce renouvellement (ρair = 1,293 kg.m-3 et cair = 1000 J.kg-
1 -1
.K ).
7) En déduire le flux thermique perdu Φ’’ pour l’ensemble du local.

5. Coefficient volumique de déperdition thermique G

Coefficient volumique de déperdition thermique est Puissance thermique perdue par 1 m3


du local pour une différence de température de 1°C entre l’intérieur et l’extérieur du local. Il
noté : G et s’exprime en (W.m-3.K-1).
𝜂𝜌𝑉𝐶
(∑𝑛
𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖 +∑𝑘 𝑙𝑘 𝜓𝑘 +∑𝑗 𝜒𝑗 + )
3600
𝐺=
𝑉
(∑𝑛
𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖 +∑𝑘 𝑙𝑘 𝜓𝑘 +∑𝑗 𝜒𝑗 ) 𝜂𝜌𝐶
= +
𝑉 3600
On pose : (∑𝑛𝑖=1 𝑈𝑖 𝑆𝑖 + ∑𝑘 𝑙𝑘 𝜓𝑘 + ∑𝑗 𝜒𝑗 ) = 𝐻′′ (W/°K)
𝐻 ′′ 𝜂𝜌𝐶
𝑮= +
𝑉 3600
En posant
𝐻 ′′ 𝜂𝜌𝐶
𝐺𝑓𝑎ç𝑎𝑑𝑒 = 𝑉 le coefficient volumique de transfert thermique des parois et 𝐺𝑎𝑖𝑟 = 3600 le
coefficient volumique de transfert thermique par renouvellement d’air
𝐺 = 𝐺𝑓𝑎ç𝑎𝑑𝑒 + 𝐺𝑎𝑖𝑟

Exercice (Fin)
8) Calculer le coefficient G pour ce local, après avoir calculé Gfaçade et Gair.
9) En déduire le flux thermique perdu Φ’’ pour l’ensemble du local.
10) Quelle est la PUISSANCE de CHAUFFAGE du local.
En déduire l’ENERGIE dépensée pendant 24 h en kWh

6. Actions pour une bonne efficacité énergétique :


1 - Diminuer la consommation des équipements électriques du bâtiment.
Il est TOUJOURS intéressant de diminuer la puissance des équipements électriques d'un
bâtiment.
Celle-ci est totalement transformée en chaleur dans les locaux. Dans certains cas, la limitation
des apports internes électriques peut permettre d'éviter l'installation d'un système de
climatisation.
2 - Optimaliser le volume du bâtiment.
Limiter les déperditions des façades mais néanmoins profiter de l'éclairage naturel, et faciliter
le rafraîchissement par ventilation naturelle.
3 - Limiter les pertes de chaleur.
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Isoler et étanchéifier les façades, les toitures et les planchers.


4 - Favoriser l'éclairage naturel.
Diminuer la consommation en éclairage artificiel et limiter la production de chaleur par les
lampes.
Celles-ci entraînent des surchauffes et, si le bâtiment est climatisé, des consommations de
refroidissement.
5 - Gérer les apports solaires.
Eviter le soleil en été, quand il entraîne de la surchauffe ou des consommations de
refroidissement.
En hiver, valoriser l'ensoleillement et profiter ainsi d'apports de chaleur gratuite ou, si les
équipements intérieurs apportent déjà beaucoup de chaleur, éviter les apports solaires.
6 - Valoriser la fraîcheur de l'air extérieur.
Refroidir gratuitement le bâtiment lorsqu'il en a besoin et que la température extérieure est
néanmoins inférieure à celle du bâtiment.
L'ensemble de ces objectifs sont à prendre en considération au stade de l'avant-projet. Ils font
partie de la « Conception énergétique du bâtiment ». L'enveloppe et l'organisation interne du
bâtiment doivent être définies avant d'envisager la mise en place d'équipements de qualité

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Annexe
Propriétés thermiques de vitrages

Uv: coefficient de transmission thermique pour un vitrage placé entre l'intérieur chauffé et
l'extérieur
gp: coefficient de transmission global pour le rayonnement solaire perpendiculaire au vitrage
gg: idem, pour le rayonnement solaire global, climat européen.
Fr: facteur de réflexion

Coefficients de transmission thermique de cadres

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