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Colloque international :

« Violences de genre, les comprendre, les contrer »

Rapport de la conférence inaugurale


Date : 04/05/2023
Heure : 10 :30
Lieu : Amphithéâtre Chouaib Doukkali
Présidente de séance : Pr Rhita Iraqi, conseillère du CEG, FLSHAC, UH2C.
Rapporteur : M.Aymen Nassif •
Intervenants :
Mme Fatna El Bouih, Militante pour les droits humains et auteure. •
Pr Hind Assouli, FLSHAC, Laboratoire GELM, UH2C

Mot de la présidente
Pr Rhita Iraqi en sa qualité de présidente a commencé par présenter les différents intervenant.e.s, notamment
Mme Fatna El Bouih en parlant un peu de son parcours exceptionnel, de son engagement auprès des détenus,
des mineurs, et des femmes. Tout en la remerciant chaleureusement d’avoir accepté de participer à ce colloque.
Ensuite, elle a présenté Pr Hind Assouli qui s’est chargée de faire une synthèse des écrits de Asmae Lamrabet
dont la présence était prévue, mais qui s’est excusée quelques jours avant le début du colloque.
Intervention de Mme Fatna El Bouih
Mme El Bouih a commencé son intervention par un bref détour historique où elle a relaté une partie de son
parcours de militante. Elle parlé surtout de cette période de postcolonial au Maroc, de son éducation, et les
violences qu’elle avait rencontrées pendant sa jeunesse. Elle a évoqué tout une expérience de discrimination, de
violence qu’elle a qualifié d’ « étatique ». A cette époque, ce n’est pas la question de la femme qui était
primordiale, mais plutôt de la démocratie, c'était la question du changement de cette société, de l'accès à la
scolarisation et au droit les plus élémentaires. La question de la femme est venue beaucoup plus tard, c'est-à-
dire dans les années 70.
Dans son allocution, Mme El Bouih a insisté sur deux éléments fondamentaux qui ont permis de faire avancer
les droits et les libertés dans notre pays. Le premier est la mise en place de l’instance équité et réconciliation, et
le deuxième est le rapport des cinquante ans. Selon elle, c’est ce qui a permis de revoir le passé, et d'aller de
l'avant mais avec une démarche beaucoup plus intéressante, une démarche de paix, une démarche de
réconciliation, mais surtout une démarche qui a aboutit à une « justice transitionnelle ». En effet, la question de
justice et des violences basées sur le genre sont intimement liées. S’il n’y a pas de justice, il n’y a par
réparation par rapport aux victimes de la violence faite aux femmes. Cela dit, l’intervenante a soutenu que la
femme n’avait pas sa place au tribunal, elle n’a pas le droit de se tromper, la présomption d’innocence ne lui
était pas accordée.
Elle a expliqué également que le deuxième relais de changement par lequel le Maroc a brillé, c’est le travail qui
a été réalisé pour le changement du code de statut personnel. Toutefois, malgré toutes ces avancées fulgurantes,
il existe encore un hiatus entre les textes de lois en tant que tel , et l’application sur le terrain de la réalité.
Mme El Bouih a parlé ensuite du rôle des associations dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes. Ces
dernières ont commencé d'abord par le renforcement des capacités féminines en fournissant à la fois un soutien
juridique et psychologique. A ce niveau, un travail considérable a été fait pour lever le silence sur un tabou qui
touche toutes les composantes de la société indépendamment du statut social des femmes.
Avant de conclure, l’intervenante a souligné que pendant des années, nous avons mis le focus uniquement sur
les femmes, or la société est composée de femmes et d’hommes. La société discrimine aussi les hommes en les
mettant dans un statut de force. A partir de là, la lutte contre les violences de genre devrait être menée sur les
deux fronts, en déconstruisant les masculinités toxiques et en faisant des hommes des alliés objectifs.
Intervention de Pr Hind Assouli
Pour commencer, Pr Assouli a présenté Asmaa Lamrabet et son œuvre qui traite des femmes en Islam, de la
question de l’égalité, l’héritage, la polygamie, etc.
En citant Asamaa Lamrabet, Pr Assouli avait mis en avant que les interprétations du Coran se sont construites à
l'encontre du texte sacré. Et que les violences de genre qui seront justifiées à partir de la religion n’ont aucun
fondement théologique. Dans ce sens, Lamrabat s’est employé à analyser le verset qui est souvent avancé pour
permettre à l'époux de frapper sa femme ; il s’agit du verset 34 de sourate nissa « …Et quant à celles dont vous
craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. » la majorité des
interprétations, des commentaires expliquent le mot frapper par une petite tape légère, une correction réduite au
minimum, et puis l'interprétation la plus courante, la plus commune, parle de toucher, d’effleurer avec une
petite tige.
En gros, Asmae Lamrabat explique que des termes en arabe dans ce verset sont polysémiques et peuvent être
interprétés de diverses manières. Étonnement, les mêmes termes sont expliqués de façons différentes d’un
verset à l’autre. A titre d’exemple : la racine arabe du verbe « daraba » frapper, qui revient plusieurs fois dans le
corps du texte sacré, prend plusieurs significations contradictoires : marcher, donner, accompagner, se
détourner, quitter, changer, prendre un exemple, Lamrabat se demande alors pourquoi dans ce verset on va
l'interpréter comme frapper ou corriger. En cas de « nuchuz » qui voudrait dire désobéissance ou
insubordination, mais aussi une situation conflictuelle entre un mari et sa femme. Asmae Lamrabt préconise de
quitter sa femme dans le lit conjugal-ce qui est d’un point de vue psychologique plus lourd- que de la frapper ou
l’effleurer avec une brindille et ce, en se fondant sur le hadith ( tradition prophétique), et d’autres exemples de
la vie du prophète.
A la fin de cette conférence, Mme la présidente a repris la parole pour synthétiser les deux interventions,
mettant en avant qu’elles nous interpellent pour plus de questionnements, de réflexions qui vont être développés
dans les différents ateliers du colloque.

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