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Dans son livre « Malaise dans la civilisation », Freud grandes figures

scientifiques grâce à ce qu’il revendique comme son invention : la


psychanalyse, invention qu’il fonde sur la découverte de l’inconscient. Selon
la psychanalyse, l’esprit humain est composé d’un inconscient, le « Ça »,
siège des pulsions (instincts), le Surmoi, acquis par la culture, dont la fonction
est de contrôler ces pulsions, et le Moi, partie de la personnalité assurant les
fonctions conscientes. Il propose une analyse de la violence omniprésente
dans la société contemporaine, notamment à travers la guerre. Il attribue ces
comportements violents à une tendance naturelle à l’agressivité et il ramène
l’ensemble des règles et normes de la civilisation à une tentative sans cesse
renouvelée de juguler ces pulsions agressives. Ecrit à la toute fin des années
1920, après la boucherie de la Première guerre mondiale et dans une Europe
en proie à la violence politique, notamment fasciste, son analyse est
empreinte de pessimisme.
dans ce texte, Freud aborde la question des rapports entre nature (ici, la «
nature humaine », les aspects innés de la psychologie humaines) et culture
(ici la mise en place de contrôle des comportements interhumains à l’intérieur
d’une culture).
Nous tenterons de comprendre quel rôle joue la culture dans la conservation
d’une société ?
Répondre à cette question permet de mieux comprendre le rôle de certaines
formes de contraintes que l’on retrouve dans de nombreuses cultures sous
forme d’institutions (comme la religion).
L’idée principale de cet extrait est de montrer que l’homme porte en lui de
manière innée des pulsions agressives et donc anti-sociales, de sorte que
l’un des rôles de la culture consite à limiter l’expression de ces pulsions dont
l’expression rendrait impossible l’existence durable d’une société.
le texte est structuré en deux parties. Dans la première, Freud affirme que
par nature l’homme n’est pas un être pacifique mais qu’au contraire il est mû
par des pulsions agressives. Pour appuyer cette thèse, il donne divers
exemples de ces comportements agressifs dans le domaine de la sexualité,
de l’économie et des rapports humains en général.
Dans le second paragraphe, Freud montre comment la libre expression de
ces pulsions agressives menacerait la stabilité de la société. Il en conclut
qu’un des rôles de la culture est de limiter cette expression de l’agressivité et
cite l’exemple, dans la culture judéo-chrétienne, de ce qu’il nomme un
« commandement de l’idéal ».
Freud commence par formuler sa conception de l’homme.
Tout d’abord, il nie que l’homme soit un être naturellement bon et raisonnable
contrairement à la conception optimiste des philosophes des Lumières
comme Rousseau (XVIIIe siècle) : « L’homme naît bon, c’est la société qui le
pervertit ». C’est un point de vue que Freud rejette.
Ensuite il affirme qu’« au contraire » l’homme est naturellement agressif.
Cette conception pessimiste de l’humanité paraît réaliste quand on considère
la période historique à laquelle Freud a écrit son livre – à savoir après une
pramière guerre mondiale qui constitue alors le plus grand carnage connu
dans l’histoire de l’humainité, avant une seconde qui semble inévitable du fait
de la montée en puissance des dictatures, à une époque où le colonialisme
est à son apogée, où la ségrégation raciale se perpétue aux USA et
l’antisémitisme dans de nombreux États européens. Les insitutions que sont
la religion et la justice montrent comment la culture s’efforce en effet de
limiter l’expression des pulsions agressives des êtres humains à l’intérieur
d’une société :
•La religion : Freud donne lui-même l’exemple de la religion à
travers le cas d’un des commandements de l’Évangile. La religion
est un élément qu’on trouve dans toutes les cultures. Un de ses
rôles est de poser des interdits dans les comportements humains.
•La justice : Le rôle de la justice et de ses lois est lui aussi de
contraindre les êtres humains à limiter l’expression de leurs
pulsions, en les menaçant de punition. Si chaque culture possède
ses propres critères définissant la gravité des crimes et les peines
correspondantes ainsi que des formes institutionnelles variables,
aucune ne se dispense de lois contraignantes et de moyens pour
les faire appliquer.
. Les deux rôles qu’autrui joue pour nous ( l’aide et l’objet sexuel) sont pour
Freud ce qui justifie le regroupement des êtres humains en sociétés :L’aide
sert à assurer la sécurité de chacun que ce soient les parents, les amis…) et
l’objet sexuel vis à la perpétuation du groupe et au-delà de l’espèce humaine.
Ces deux fonctions déterminent la plupart des rapports humains dans leurs
aspects les plus primaires, les plus « naturels », puisqu’elles permettent de
satisfaire des besoins naturels fondamentaux (survie et reproduction). De ce
point de vue, les relations interhumaines répondent à un intérêt à la fois
individuel et général et donc favorables à la vie sociale. Mais l’agressivité
induit des comportements d’un tout autre ordre puisqu’ils nuisent au contraire
à la paix sociale.
« mais aussi une tentation, celle de satisfaire sur lui son agression, d’exploiter sans
dédommagement sa force de travail, de l’utiliser sexuellement sans son
consentement, de s’approprier ce qu’il possède, de l’humilier, de le faire souffrir, de
le martyriser et de le tuer. » Ensuite, Freud explique que puisque nous sommes dotés
naturellement d’un penchant à l’agressivité. Celui qui nous est proche représente aussi
(en plus d’être un aide ou un partenaire sexuel possible) un objet sur lequel notre
agressivité (ou celle de tout une communauté d’individus) va pouvoir se défouler. Freud
prend les exemples de l’exploitation économique, de l’esclavage (« exploiter sans
dédommagement sa force de travail »), celui du viol (« l’utiliser sexuellement sans son
consentement »), celui du vol (de « s’approprier ce qu’il possède ») avant de conclure
avec la torture et le meurtre. L’histoire ou les faits d’actualité peuvent justifier encore
aujourd’hui de telles affirmations : la violence est constitutive de la nature humaine,
présente ne nous et donc toujours susceptible de s’exprimer. Reconnaître cet aspect de
l’humanité n’interdit pas de reconnaître la présence d’une capacité d’empathie chez l’être
humain. L’expression spontanée de l’une ou de l’autre peut être affaire de circonstances.
Mais évidemment seule l’expression de l’agressivité constitue en soi un problème pour la
vie sociale.

Freud nous prend à témoin : nous avons tous un jour ressenti cette pulsion de violence,
cette envie de détruire autrui dès lors qu’il s’oppose à nous, à la satisfaction de nos
besoins, voire à notre existence ou à celle de nos proches. Cela doit nous conduire à
supposer qu’elle est innée chez l’être humain donc commune à tous, indépendamment de
notre culture, de notre sexe, de notre âge. De sorte que toute société, pour garantir sa
conservation, doit inclure dans la culture qu’elle transmet à chacun de ses membres, les
moyens de contrer l’expression de cette agressivité.

Quelle que soit la forme qu’elle prend, l’agressivité, cette « hostilité des hommes les uns
envers les autres », induit dès lors qu’elle peut s’exprimer l’injustice puisqu’elle permet
d’imposer ses désirs, ses points de vue, ses intérêts personnels par la force, en niant ceux
d’autrui. Elle en traîne rancœur, haine, peur, et désir de vengeance, tous ces sentiments
négatifs (ces « passions tristes » comme les nomme Spinoza) qui sont sources de conflits
et menacent donc la société de « désagrégation ».

« Il faut que la culture mette tout en œuvre pour assigner des limites aux pulsions
d’agression des hommes. » Puisque c’est la condition pour qu’une société perdure, il
incombe à toute culture de commencer par réguler l’expression de l’agressivité. Ce qui
passe par des règles de comportement qui vont être intériorisées dans cette « instance
psychique » que Freud nomme le « Surmoi » dont le travail consiste à censurer
l’expression spontanée de nos pulsions (le « Ça »). Il ne s’agit pas d’interdire absolument
l’expression de pulsions, ce qui entraînerait des frustrations dont le retour pourrait prendre
des formes pathologiques plus dangeureuses encore que leur expression directe, mais de
leur « assigner des limites ». La violence sera tolérée dans un cadre légal : on pourrait
ainsi considérer que certains sports (boxe, arts martiaux, lutte mais éventuellement aussi
rugby) constituent des soupapes à l’agressivité que la société propose à ses membres. De
même, on trouve dans de nombreuses sociétés primitives des danses guerrière où la
violence est mise en scène, réglée par une chorégraphie qui l’ampute de toutes ses
conséquences néfastes.
Toute les sociétés régulent par des lois la vie sexuelle, interdisant (en général) le viol.
Mais plus subtilement, les cultures transmettent des règles dans le jeu de la séduction,
règles qui contraignent à emprunter des procédures comportant des étapes convenues,
distribuent les rôles que chacun reconnaît. Ces règles constituent, de fait, des
« restrictions de la vie sexuelle » qu’il faut lever progressivement, évitant ainsi l’expression
violente du besoin sexuel. Enfin, la maxime chrétienne « aime ton prochain comme toi-
même », que Freud qualifie de « commandement de l’idéal », implique de ne pas faire
subir à autrui ce que l’on ne voudrait pas qu’il nous fasse subir. Ce que l’on souhaite pour
soi, on doit le souhaiter pour les autres. Et puisque nous ne voulons pas souffrir, nous ne
devons pas faire souffrir autrui. Ce commandement s’oppose donc frontalement à cette
part de la nature humaine qui menace constamment la société, l’agressivité.

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