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LA VIOLENCE

Introduction
La violence est aussi difficile à définir qu’elle est aisée à
identifier. Les bagarres dans les rues de nos cités, dans les couples,
les agressions devenues quotidiennes, l’exploitation économique des
uns sur les autres, les dictatures politiques et autres oppressions, les
ouvertes entre Etats, voilà qu’indique la persistance de la violence au
quotidien et dans l’histoire. Pourtant la violence est dans son essence
principale destructrice, avilissement de l’autre. Quel que soit sa
forme, son degré, elle menace la liberté et l’intégrité physique ou
morale de l’autre, et détériore les relations humaines.
Paradoxalement, elle s’intensifie et rationalise au cours de
l’histoire en même temps qu’elle s’érige en expression de puissance
voire de développement (l’action des USA sur les autres Etats du
monde). De là, surgissent quelques interrogations : la violence est-
elle inhérente à l’espèce humaine ? Prut-on supprimer la violence ou
faut-il simplement la voir comme un malheur destin qui entraîne
l’homme malgré lui ? Est-il possible de légitimer la violence ou
simplement y-a-t-il une raison de la violence ? Pour commencer,
définissons ce que l’on entend par violence.
I/ DEFINITION DE LA VIOLENCE
Exercer la violence veut dire agir contre un gré, amputer le droit
ou la justice. En fait, C’est agir par contrainte sur l’autre, utiliser
contre lui une certaine force physique ou morale. La violence désigne
aussi tout acte, toute conduite qui s’oppose à l’autonomie de la
volonté d’autrui. Dans sa « Lettre à Mersenne », Descartes écrit :
« L’entendement humain nomme violent tout ce qui n’est pas selon
sa volonté ». Précisons que la violence n’est pas la force, plutôt un
certain usage de la force. Mikel Dufrenne souligne que la violence
est : « la forme forte de la force ». Utiliser pour exploiter ou détruire
les biens de l’autre, le « frapper » voilà ce qu’on appelle la violence.
Ici, l’intention est de nuire, de nier, de supprimer la liberté de l’autre.
François Stirner écrit précisément que : « la violence consiste dans un
emploi de la force pour contraindre l’autre, nier son autonomie,
l’intégrité morale, physique de l’autre ou des autres ».
Ainsi, la violence est spécifiquement humaine. Elle est
pluridimensionnelle : économique, psychologique, culturelle,
symbolique ou politique. Ce qui signifie en quelque sorte que la
violence est au cœur de l’existence et de ses manifestations. Mais
quelle valeur allons-nous lui accorder. Pourquoi d’ailleurs la
violence ?
II/ ETHIQUE DE LA VIOLENCE
D’emblée, la violence est un mal quel que soit la dont elle est le
moyen et ceci tant pour l’argent que la victime. Tous deux se
retrouvent installer dans la forme sauvage de l’être. Rien ne rappelle
l’homme, en le « sauvageant » et en le « sauvagé ». La violence nie
l’humanité en l’un et l’autre. Ainsi, doit-on condamner la violence.
Malheureusement, la violence perturbe toujours ; faudrait-il
s’interroger sur ses origines.
1-ORIGINE DE LA VIOLENCE
a)LA THESE INNEISTE
La violence est liée à la nature même de l’homme ; selon
Nicolas Machiavel « L’homme est par essence méchant », aussi
conseille-t-il «Quiconque veut fonder un Etat et lui donner des
lois supposer d’avance des hommes méchants. Les hommes ne
font du bien que forcément ; mais dès qu’ils ont le choix, et la
liberté de commettre le mal…ils ne manquent pas de porter
partout turbulences et désordres ».Dans la même alignée,
Freud ajoute : « L’homme n’est plus cet être débonnaire au
cœur assoiffé d’amour dont on dit qu’il se défend quand on
l’attaque, mais un être au contraire qui doit porter du compte
de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité ».
Voué à l’instinct de mort, l’homme comme le voit Joseph de
Maistre : fait de la tuerie une propriété fondamentale.
L’homme serait selon une terminologie chère à Heidegger,
« Etre pour tuer ». Selon Joseph de Maistre, «Au-dessus de ces
nombreuses rages d’animaux, est placé l’homme dont la main
destructrice n’épargne rien de ce qui vit. Il tue pour se vêtir, il
tue pour se nourrir, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer ».

b) LA THESE SOCIALE
La société crée des conditions de vie propice à la violence.
Selon Rousseau dans le « Discours sur l’origine des inégalités parmi
les hommes », c’est la naissance des biens privés, des propriétés
privées qui est à l’origine de la violence par l’entremise des égoïsmes
liées au capitalisme. En effet, l’avènement du capitalisme au 19 ème
siècle secret des dysfonctionnements sociaux qui créent
l’exploitation de l’homme par l’homme. Karl Marx n’enseignera pas le
contraire qui y verra même le moteur de l’histoire.

III/ VIOLENCE, SOCIETE ET RAISON


Le principe de socialisation vise la moralisation des
comportements. Il s’agit d’inculper aux membres du groupe le
respect des valeurs sociales ; il s’agit en fait de les soumettre aux
interdits. Or cette mission n’est pas spontanée, l’homme étant
capable de transgression des lois, d’une part. Et d’autres parts, la
société elle-même est menacée à chaque instant à cause des instincts
égoïstes dont la conséquence intime est la désintégration du corps
social. La violence s’avère alors nécessaire comme moyen
d’intégration et facteur de maintien de la cohésion sociale.
Le processus de socialisation est essentiellement violent au
point où l’on peut se demander s’il existe une société sans violence.
Selon Freud, la civilisation est fondée sur l’assujettissement des
instincts. Autrement dit, la société sacrifie la libido et dévie son
énergie vers des objectifs socialement plus nobles. Dans « Malaise
dans la civilisation », il écrit : « Notre société est construite sur la
répression des pulsions ; chaque individu a cédé un morceau de sa
tendance agressive… ». La société met en place des mécanismes par
lesquels elle détourne, réprime l’énergie libidinale (école, travail)
pour le convertir en autre chose. Au nom de la rentabilité, les
hommes s’engagent dans la conquête, la production des moyens
d’existence. Ils se font continuellement violence au nom du
développement.

IV/ EST-IL POSSIBLE DE SUPPRIMER LA VIOLENCE ?


Pour Hegel par-ailleurs, la violence « Maintien les peuples dans la
santé éthique de même que le mouvement des vents protège les lacs
d’être corrompu par une tranquillité durable comme les peuples le
seraient par une paix prolongée et même éternelle ». La violence est
ici impliquée comme une nécessité historique que génératrice des
valeurs.

CONCLUSION
Il faut en définitive dire que la violence est un phénomène
spécifiquement humain, elle apparaît dans l’existence de
l’homme comme une négation de la valeur humaine. Et
pourtant, on ne peut s’en passer. Fondamentalement, elle est
même le prix à payer pour entrer dans la civilisation comme
l’entrevoit Freud. Faudrait-il alors socialement organiser la
violence pour qu’elle ait un usage humain au lieu de penser
qu’on peut la supprimer. Car elle au cœur de l’action humaine
en tant que son essence.

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