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du cinéma documentaire
Didier Mauro
Praxis
du cinéma documentaire
Une théorie et une pratique
Publibook
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Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2013
Emeline Mauro-Raholiarisoa
« On s’envolera du même quai,
les yeux dans les mêmes reflets pour cette vie et celle d’après »
F. Cabrel
Retrouvez Didier Mauro sur son site Internet :
http://didier.mauro.blogspot.com
Un livre original,
de caractère encyclopédique
Source :
« Rapport sur la thèse de Monsieur Didier Mauro : Du cinéma documen-
taire : étude sociologique d’un art entre rébellions et aliénation, soutenance
le 3 janvier 2003, à l’Université de Paris III »
15
De la Praxis en cinéma documentaire
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Langson et la Frontière de Chine jusqu’à Can Tho et le delta du
Mékong (via Hanoï, Haiphong, et Ho Chi Minh-Ville). Et du-
rant chaque journée, nous partagions des questions quant à la
manière de filmer : Convenait-il de pratiquer une ciné-transe
« rouchienne », avec des plans-séquence, ou bien D. Mauro
envisageait-il un montage très rythmé comme l’est l’œuvre
magistrale de Vertov ? Comment rendre le réel vietnamien via
un langage cinématographique subtilement analysé par Chris-
tian Metz ? Quel était le signifié d’un plan représentant des
paysannes repiquant le riz dans des rizières encore labourées
par les bombardements des avions B 52 cinq années plus tôt ?
Qu’en penserait Deleuze ? L’image cadrée était-elle « une
image juste », ou bien « juste une image, » (cf. Godard). Mais
quelle vérité cherchions-nous ? Bien des évènements surve-
naient, sur les terrains des tournages, nous amenant à redéfinir
nos points de vue, et corroborant l’analyse de Gilles Deleuze :
« La recherche de la vérité est l’aventure propre de
l’involontaire ». Aujourd’hui, D. Mauro et moi avons bien da-
vantage d’incertitudes que de certitudes.
Ensuite, au fil des décennies, nous avons filmé ensemble
d’autres sociétés : Cameroun, Mali, Madagascar, et ailleurs
…
Et nous avons partagé cette constance d’une élaboration artisti-
que en relation avec une pensée, des questionnements, la
relation entre théorie et pratique, sans pour autant oublier de ne
jamais nous répartir de ce formidable humour que représente
bien l’un des livres que D. Mauro emporte dans tous ses voya-
ges : La tête coupable, de Romain Gary.
Praxis, encore, dans le quotidien des tournages et des mon-
tages qui deviennent théorie en s’imprégnant de l’histoire de
l’Art et des idées, et en restituant le croisement des influences
ressenties par l’auteur.
Praxis, toujours, dans le ressourcement de D. Mauro par
l’action sociale, le bénévolat, l’engagement laïc, les actions
internationalistes « Pour un monde meilleur » écrivait Solidarité
Laïque il y a quelques années
… Un « monde meilleur », certes !
Le postulat de Karl Marx dans ses Thèses sur Feuerbach n’a
rien perdu de son actualité : « Les philosophes n’ont fait
qu’interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe,
c’est de le transformer ». La « mondialisation » financière, les
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délocalisations, l’état du monde confirment ces analyses fon-
dées, elles aussi, sur une praxis.
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plongées dans des lagons tièdes dont l’eau est à 27°, pour en-
suite, d’une longue brasse, nager un mile nautique).
Enfin, il poursuit une création artistique dans un autre do-
maine, complémentaire : les arts plastiques, qu’il pratique
depuis 1967. Deux films témoignent de ce travail : Art sauvage
(2010), et Beauté du Chaos (2012), ce dernier étant consacré à
l’œuvre de Thierry Ehrmann et à sa très rebelle Demeure du
chaos. Mais surtout, il achève début 2013 une série de cin-
quante œuvres néo-surréalistes influencées par Max Ernst : Les
Autoportraits intemporels improbables, pour commencer, mis
en ligne en une galerie virtuelle sur Picitfy. La couverture de ce
livre, œuvre intitulée, Cinéma-enlèvement, est extraite de la
collection.
Praxis ? L’énumération d’actions exposées dans les para-
graphes précédents permet d’élucider le sens mystérieux du
titre. Cette notion définit une théorie née d’une action et repen-
sée dans l’action ; la fusion entre théorie et pratique qui
s’entremêlent, se fécondent et s’enlacent en un acte artistique
sensuel, lié, selon les Dr Freud, Lacan et Reich et le Professeur
Marcuse, à la libido qui traverse l’œuvre.
Jean-Pierre ZIRN
Cinéaste documentariste
Fondateur de La Seine TV
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Avant-propos
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Sur le plan associatif, j’apporte une contribution aux 20 ans
de l’Association Des cinéastes DOCumentaristes/ADDOC, en
installant sur sa Web TV "La Toile d’Addoc" trois courts "ges-
tes documentaires" de 5' : Autoportrait en professeur de cinéma,
Deuil tamoul à Paris, et L’Inde Chante. Cette relation entre
théorie, pratique, enseignement et mutualisation d’expériences
est une constante qui traverse l’ouvrage."
Praxis du Cinéma documentaire, une théorie et une prati-
que. Pourquoi ce livre ? Tout dossier de production de
documentaire commence par l’indispensable Note d’Intention
de l’auteur. En proposant aux lecteurs cet ouvrage qui aborde
toutes les étapes de la vie d’un documentaire, depuis la concep-
tion du film, l’écriture de l’idée jusqu’au P.A.D. (Prêt À
Diffuser), notre intention, avec cet ouvrage, Praxis du Cinéma
Documentaire, est de faire partager un métier – passion vécue
pendant plus de trois décennies. Années principalement consa-
crées par l’auteur de ces lignes à l’écriture et à la réalisation
d’œuvres documentaires ; décennies consacrées, aussi, à la re-
cherche en Sciences de l’Art : Cet ouvrage reprend de
nombreux éléments développés dans notre thèse doctorale sou-
tenue à l’Université de Paris III Sorbonne nouvelle, en 2003,
sous la direction du Professeur Michel Marie (auteur, notam-
ment, de l’excellent Comprendre Godard publié chez Armand
Colin).
Nous voulons, aussi, faciliter la tâche de nos confrères, ci-
néastes documentaristes, et permettre aux nouveaux venus dans
cette profession de s’y retrouver dans le labyrinthe des métho-
des d’écriture et de réalisation, des procédures de production, et
des pistes de formation.
Ce livre offre aussi aux étudiants et chercheurs, ce que l’on
appelle le « produit de la recherche » : un corpus ouvrant la voie
à des questionnements, des travaux de laboratoire, des ateliers.
Nous tenons à remercier tout particulièrement nos “invités”
dans ce livre, les professionnels qui, bien que submergés de
travail, ont accepté de répondre à nos questions et à, ainsi, par-
tager avec les lecteurs leur expérience, et aussi, leur point de
vue, leur façon de travailler, et leurs analyses.
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Nous souhaitons beaucoup de créativité aux lecteurs des pa-
ges qui suivent, et nous les invitons à nous communiquer leurs
commentaires, afin que ce manuel qui associe théorie et prati-
que, puisse répondre encore plus aux attentes des
documentaristes lors des futures rééditions.
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monde entier pour plus de singularité, plus de regard personnel,
plus de dimension cinématographique est un des constats en
forme de mutation en cours que la manifestation de La Rochelle
a permis de faire. ». Comment ? « Plus de singularité, plus de
regard personnel, plus de dimension cinématographique » ?
Surprenant ! Hallucinant ! Epoustouflant ! Si cela se confirme,
voici de très bonnes nouvelles pour celles et ceux qui
s’inscrivent en résistances face à l’ordre audiovisuel hyper –
aliénant dominant. Car l’ « Homme unidimensionnel » annoncé
par Marcuse dans les sixtees est bien là, avec ses prolongations
le robotisant mentalement. Assis devant une télévision diffusant
des programmes insipides de bon ton, son ordinateur portable
sur les genoux et un téléphone cellulaire en main, il est bloqué
par la malédiction des trois écrans. Probablement ne les quitte-
ra-t-il que pour s’installer toute la nuit afin de jouer en réseau à
un jeu de massacre pathologique (du type Call Of Duty), à
moins que ce ne soit pour « chatter » jusqu’au petit matin sur le
Web au lieu de rencontrer de vraies personnes. Résister, donc.
Résistances !
Résistances ? A ce propos, il me semblerait inconcevable de
commencer ce livre sans évoquer un film programmé dans les
projections de films rebelles par le Sunny Side Of The Doc une
autre année, en 2010 : le magistral For Neda, d’Antony Thomas
(70’) produit par The Mentorn Group & Anthony Thomas Pro-
duction. De quoi s’agit-il ? Comme l’exprime le Sunny Side Of
The Doc : « C’est le portrait extraordinaire d’une jeune femme
iranienne, Neda Agha Soltan, qui a quitté la maison familiale
dans l’après-midi du 20 juin 2009, pour participer à une mani-
festation, sachant qu’elle risquait sa vie. Neda a été tuée à
Téhéran, par un tireur isolé
… Sa mort, filmée avec des télépho-
nes portables, est retransmise à travers le monde via Internet.
Neda est devenue un symbole de la lutte pour la Liberté.
Nous entrons ainsi dans le vif du sujet, via le résumé de ce film
dédié à une femme exemplaire, martyr de la Liberté : le Docu-
mentaire reflète notre monde, le questionne, et se rebelle,
souvent, face aux dominations et à l’ignominie.
Le documentaire aborde la deuxième décennie du
XXIe siècle en phase ascendante sur le plan de l’intérêt que le
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public lui porte. L’analyse de Charlotte Grierson (critique aux
Cahiers du Cinéma) résume bien la conjoncture actuelle :
« Tout porte à croire que le « réel » a triomphé sur les écrans.
Le cinéma de fiction se place sous influence documentaire
(
…/
…), et les arts plastiques utilisent de plus en plus souvent
les images du réel comme matériau premier. Les frontières se
brouillent et les films documentaires définissent une géographie
de genre et d’influence propre à chaque œuvre » (In Code Cou-
leur n° 6, Centre Pompidou, 1er trimestre 2010).
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marginale, actuellement avec peu d’impact sur le financement
des films) ; d’évidence, la diffusion des films documentaire sur
le Web est en expansion constante, et cette tendance devrait se
confirmer.
En parallèle à la Haute Définition, des acteurs de plus en
plus nombreux de la création documentaire s’emparent de tech-
niques dites « nomades » : films tournés dans la quotidienneté
et l’expérimentation avec des téléphones portables, des appa-
reils photos numériques (et plusieurs constructeurs proposent
maintenant des téléphones cellulaires équipés de caméras H.D.),
puis montés et diffusés sur Internet, en festivals.
Tournés, montés, et diffusés sur le Web aussitôt achevés, ces
films rencontrent peu à peu leur public. Ainsi le « ciné-tract
documentaire expérimental » Qui sème la misère récolte la
Rage (11’, production La Seine TV, 2010), consacré aux grèves
et aux résistances contre la régression du système des retraites
en France, dépassait les 1 000 spectateurs, sur Internet, en très
peu de temps. Cependant leur économie est des plus modestes,
et par ailleurs, le « Web Documentaire », s’il est un diffuseur,
ne contribue pas encore au financement de la création de façon
conséquente.
Mais l’Internet a une vertu : il permet de diffuser en stre-
ming les œuvres autoproduites, les « films sauvages », aussitôt
ceux-ci achevés. Par ce biais, rapidement, le public des « inter-
nautes cinéphiles » se compte en centaines puis en milliers de
spectateurs. Et cette première diffusion sur le Web, si elle n’a le
plus souvent aucune rentabilité financière, peut engendrer en-
suite des diffusions sur les télévisions hertziennes,
satellitaires, etc. En ce domaine, les expériences se multiplient.
Tout reste à inventer.
À l’occasion des XX ans du Sunny Side Of the Doc, mi-
2009, Jérôme Clément, Président d’ARTE France commentait :
« Plus que jamais le documentaire est indispensable pour que
chacun puisse se situer dans le monde et rencontrer d’autres
sensibilités » (News Letter n° 5, Sunny Side Of the Doc 2009).
Et en effet dans un monde en crises (crise financière, crise éco-
nomique, désastre environnemental, montée des intolérances et
des obscurantismes, corruption, guerres, etc.), le cinéma docu-
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mentaire est un espace ouvert sur d’autres façons de penser et
de voir le quotidien, à l’échelle d’une mondialisation qui serait
celle, citoyenne, des idées réflexives et rebelles. Et plus tard, en
juin 2010, l’équipe du Sunny Side Of the Doc s’enthousiasmait,
à juste titre, d’« avoir réussi à créer le Latin Side of the Doc à
Buenos Aires et l’Asian Side of the Doc à Hong Kong » (News
Letter n° 10, Sunny Side Of the Doc 2010), parmi d’autres évé-
nements. Une montée en puissance, donc, d’un intérêt
international pour le documentaire.
Mais cependant le documentaire demeure dans une situation
ambiguë : Intérêt accru du public, succès de certaines œuvres
sorties en salles (Océans, Être et avoir, Fahrenheit 9/11, ont
chacun marqué un moment de l’économie du documentaire), et
simultanément – raréfaction des sources de financements, –
extrême précarisation des professionnels du fait de la régression
du régime des intermittents du spectacle.
À propos des télévisions, des questions éthiques, se posent
toujours avec la confusion entretenue entre documentaires et
reportages, et avec les effets de mode (qui, comme toutes les
modes, passeront) des “docufictions” “docudrames”, “Docu-
soap” et documentaires avec excès de reconstitutions. Simulta-
nément, certains mènent de remarquables investigations
historiques (telles que Comme un juif en France d’Yves Jeu-
land, Le pays à l’envers de Sylvaine Dampierre, ou Les
Survivants de Patrick Rotman) ; et d’autres encore – dont nous
sommes – procèdent à des recherches expérimentales mêlant
documentaire et fiction, réel et surréel (Sottovoce de Claudio
Pazienza, mes films La Fuite malgache et Eaux pensantes, etc.).
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tendus par une pensée bien pensante de bon ton. L’ensemble
forme bien pire que le « robinet d’eau tiède » qu’évoquait Jean-
Luc Godard ! Aujourd’hui, le résultat ressemble à ce que Jean-
Michel Carré définit dans un entretien avec Eddy Colantoni
comme une « mayonnaise » indigeste. Ce commentaire qui est
supposé « guider le spectateur en le tenant par la main » est
rédigé dans la plupart des cas avec un style journalistique insi-
pide. La voix est posée en un ton sentencieux, donneur de
leçons, et omniscient. Lorsque l’on analyse ce dispositif, tous
les codes témoignent du peu de cas qui est fait de l’intelligence,
de l’esprit critique, et de la capacité du spectateur à la réflexivi-
té (cf. Pierre Bourdieu), de son intérêt pour les formes
atypiques, pour les innovations de style. Et curieusement, ce
modèle dominant a une influence telle que l’on a l’impression
que la même personne écrit les textes et que le même speaker
les lit, de chaîne en chaîne !
Ce que nous avions entrevu, il y a dix ans lors de notre re-
cherche doctorale dont le produit fut la thèse « Du cinéma
documentaire, étude sociologique d’un art entre rébellions et
aliénations » se trouve malheureusement confirmé : l’aliénation
prédomine avec un masque documentaire parmi la masse des
programmes audiovisuels de ce type.
Comment l’expliquer ? Effet de mode, manque d’audace des
décideurs des « cases » documentaires des chaînes de télévi-
sions, mimétisme qui contamine toutes les chaînes de télévision
(sans exception). Panem & circences disaient les dirigeants de
Rome pour résumer la méthode destinée à assoupir le peuple.
Nous sommes à l’heure du degré le plus dense de circences
dans sa dimension culturellement faible, psychologiquement
soporifique, et sociologiquement aliénante.
En télévision, toujours, des moments de création réellement
documentaire s’insèrent subrepticement dans le magma uni-
forme de l’information dominante. Moments de rébellion
jubilatoire, d’humour critique, de dérision. Moments de création
et d’expérimentation. Ils sont extrêmement rares. Leurs auteurs
s’inscrivent délibérément à contre-courant des idées reçues, des
clichés véhiculés par toutes les chaînes à longueur de J.T., de
reportages et de magazines. L’un d’eux est très méritoire : Mi-
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chel Mompontet, qui, dans sa collection Mon Œil (dont le nom
et la scène d’ouverture ne sont pas sans rappeler le « Ciné-Œil »
de Dziga Vertov) proposa pendant malheureusement trop peu
d’années, cinq minutes Hebdomadaires de subversion de
l’information, de pensée réflexive radicale, sans censure sur la
deuxième chaîne publique française, France 2, chaque samedi à
13 h 15. Et ces 5 minutes portées par un engagement, un point
de vue d’auteur fort, furent traversées, chaque fois, de moments
de cinéma documentaire nous ramenant à Marker, à Vertov, à
Rouch, à Ivens.
Du documentaire musical signalons une œuvre atypique,
Shine a light de Scorcese, consacré aux Rolling Stones et dont
le visionnage doit être accompagné du bien plus ancien Gimmie
Shelter des frères Maysles, pour comprendre l’importance du
traitement, de l’angle, et du point de vue d’auteur en cinéma
documentaire.
Et des œuvres faisant mémoire explorent des moments cen-
surés de l’Histoire. Ainsi, ce fulgurant retour sur la Commune
de Paris et les mouvements libertaires qu’opère le film Louise
Michel, la rebelle de Solveig Anspach, (90’, 2010), production
Jem Productions. Signalons encore la magistrale série documen-
taire inédite Adieu Camarades !(6x52mn, diffusée fin janvier
2012 sur ARTE et éditée par ARTE vidéo en DVD en février
2012) réalisée par Andreï Nekrasov, avec pour coauteurs Jean-
François Colosimo et György Dalos. Ici encore l’économie de
l’œuvre s’est construite à l’échelle internationale. C’est une
coproduction : ARTE France, ARTE G.E.I.E, ZDF/ARTE, Ar-
tline Films, Gebrueder Beetz Filmproduktion, TVP, YLE1, RT
S.
La pensée de la série, est exprimée en ces termes : « Vingt
ans après la fin de l’URSS, Adieu Camarades ! raconte
l’histoire de la période de l’effondrement du communisme entre
1975 et 1991 ». Intégrant des extraits de films soviétiques, des
chansons dissidentes et des archives privées les épisodes « res-
suscitent un monde perdu et explorent la face cachée du bloc de
l’Est ». Outre l’intérêt historique, esthétique, etc. de cette série,
elle témoigne encore une fois que l’on peut toujours faire œuvre
sur un sujet déjà traité en cinéma documentaire de façon remar-
quable, et que, en ce domaine, le postulat de La Bruyère « Tout
est dit » doit être relativisé. Quelques années après les remar-
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quables séries Les pages rouges de l’histoire ou La foi du siè-
cle, il est évident qu’Adieu Camarades ! fait œuvre, création, et
se distingue et complète les œuvres antérieures réalisées sur le
même thème.
Le genre animalier, aussi, connaît un beau retour créatif avec
le film de Jacques Perrin Océans. Ce film environnemental, est
le troisième film français le plus vu à l’étranger. Outre ses qua-
lités esthétiques et de contenu, ses résultats en termes
d’audience de débit d’exploitation sont étonnants : 10 millions
d’entrées dans le monde, dont 3 en France et près de 7 à
l’étranger, dont 2,6 millions aux USA et 2 millions au Japon
(résultats en juin 2011).
Il se décline en un opus initial pensé pour une diffusion ci-
néma, suivi d’une série télévisée lancée au Sunny Side of the
Doc 2011 : Le peuple des océans. Parallèlement, la réussite de
la série de la B.B.C Les Prédateurs (réalisée par David Wallace
& Peter Bassett), diffusée sur ARTE en décembre 2009, con-
firme l’intérêt du public pour ce genre. Intérêt soutenu dans la
lignée du succès commercial multimédia de La Marche de
l’empereur. Mais rappelons que ce genre a, lui aussi, une his-
toire, marquée par de beaux moments de cinéma comme Le
peuple migrateur et La fête sauvage.
Et nos maîtres, les doyens, toujours, continuent à explorer
des voies singulières et rebelles, comme le fit Chris Marker, il y
a quelques années de cela avec son passionnant film Chats per-
ché, ou recherchent de nouvelles voies pour exprimer
l’autobiographie (cf. Les plages d’Agnès, d’Agnès Varda).
Fin décembre 2011, ARTE termina l’année en programmant
l’étonnante série Agnès de-ci de là qui témoigne du renouvel-
lement constant de la création par les artistes documentaristes
ayant déjà une longue carrière. Avec une petite caméra, Agnès
Varda a voyagé et filmé dans la simplicité et la discrétion. Ré-
sultat : 5 opus atypiques, expérimentaux, et rafraîchissants.
Parallèlement, ARTE se maintient en pionnier de la création
(même si on peut regretter une tendance de cette chaîne à subir
les influences dominantes, dont la course à l’Audimat, et à dé-
laisser ses premiers amours). Et ARTE continue à présenter des
œuvres surprenantes et insolentes comme Lieux saints d’Alain
Cavalier, ou émouvantes et surréelles comme les remarquables
Scènes de chasse au sanglier de Claudio Pazienza.
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Un genre de documentaire connaît un développement quanti-
tatif constant (en nombre de programmes audiovisuels, de
qualités très inégales) : le film documentaire environnemental.
Les films se succèdent sur les écrans petits et grands, à un
rythme régulier, et l’on ne peut que s’en réjouir, du point de vue
du principe d’« éducation à l’environnement » prôné par
Greenpeace depuis des décennies. Sans exhaustif (ce serait trop
long !) citons Une vérité qui dérange d’Al Gore, Home de Yann
Arthus-Bertrand, Le Syndrome du Titanic de Nicolas Hulot et
Jean-Albert Lièvre, Nous resterons sur terre de Pierre Barou-
gier et Olivier Bourgeois, etc. Ces films, bienvenus, soulignons-
le, sont aujourd’hui dans l’« air du temps du politiquement cor-
rect, convenables ». Mais ce genre n’est pas une nouveauté en
soi, car le documentaire se situe dans un temps bien plus long,
le temps historique.
Or qui se souvient d’œuvres peu convenables et, elles, réel-
lement rebelles, qui semblaient comme des cris dans le silence,
à l’époque où les dominants traitaient par le mépris toute velléi-
té de contestation écologiste et où les médias qualifiaient de
« hippies, beatniks et babas cool affabulateurs » les scientifi-
ques qui parlaient déjà de « trou dans la couche d’ozone », de
« réchauffement climatique » et de « catastrophe environnemen-
tale à venir » ? Des films précurseurs seraient à revoir, et parmi
eux citons Golesh mon amour (sur le danger du nucléaire civil)
produit par ISKRA, ou encore Erdeven (sur les déchets nucléai-
res), Maison automne (sur les expériences d’énergie solaire et
éolienne) produits par le collectif Les Amis de La Terre, et Ma-
rée noire, colère rouge de René Vautier. Il est intéressant de
visionner ces films visionnaires toujours d’actualité. Malheu-
reusement pour notre planète, trente années ont été perdues.
Pourquoi ? Du fait des règles d’un système économique, règles
dont certaines sont dévoilées par le film dérangeant Prêt à jeter
de Cosima Dannontzer (diffusé sur ARTE fin janvier 2012)
dont la pensée se définit en ses termes : « Un produit usé = un
produit vendu ! Tourné aux quatre coins du monde, ce film
enquête sur l’obsolescence programmée, concept vieux comme
l’industrie mais toujours vivace. Une démonstration aussi im-
placable qu’éclairante ».
Signalons aussi le remarquable travail de Jean – Michel Ro-
drigo & Georges terrier dans le film rebelle et passionnant
31
L’Unef et les frondes étudiantes, dont le résumé est édifiant :
« On les croyait repliés sur eux-mêmes, égoïstes, individualis-
tes, hypnotisés par les écrans de leurs ordinateurs, incapables de
s’exprimer autrement qu’au travers du tchat, des téléphones
portables, des sms et autres novlang
… On était persuadé d’avoir
affaire à une génération d’étudiants mutants, uniquement préoc-
cupés par le CV, la carrière, indifférents à tout le reste. A la
chose publique
… A la République. A la société des adultes, au
monde
… » (2012, Mecano productions).
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Enfin, au niveau européen, l’écriture, la réalisation, la pro-
duction et la diffusion de documentaires font l’objet de
concertations qui laissent espérer un rayonnement et de nouvel-
les perspectives. Il convient de souligner le dynamisme du
réseau European Documentary Network et aussi les initiatives
telles que Docs in Europe, Dokfest, European Docuzone, etc.
33
pode, une régie vidéo avec (de préférence) le très « convivial »
et performant logiciel Final Cut Pro.
Dans le champ des métiers du bâtiment (où se situe une autre
de ses vies), l’auteur privilégie la truelle, le fil à plomb, le ni-
veau, l’équerre et le compas. Comme son titre l’indique, Praxis
du Cinéma documentaire, propose un point de vue d’auteur : la
théorie et la pratique qui y sont exposées ne prétendent absolu-
ment pas atteindre au dogme, c’est d’une singularité qu’il s’agit,
fondée sur trois décennies d’un engagement personnel. Plus que
des certitudes, l’auteur navigue chargé d’incertitudes.
Didier Mauro
Nota
1. Par ailleurs, le documentaire bénéficie de nouvelles sources
de revenus issues du DVD et de l’exploitation en salles du
cinéma
2. Pour ce qui concerne ces données, nous invitons nos lecteurs
à consulter les annuaires publiés par les éditions Dixit et en
particulier celui consacré à La Télévision. Deux autres an-
nuaires fréquemment mis à jour sont aussi des outils de
travail importants en ce domaine : – Celui, européen, édité
en anglais chaque année par European Documentary Net-
work – E.D.N. et – Celui qui accompagne chaque année le
marché Sunny Side of the Doc’ (les coordonnées d’E.D.N et
de Sunny Side of the Doc’figurent dans cet ouvrage). Pour
toutes autres questions, vous pouvez aussi contacter l’auteur
de ce livre, par Email adressé au Collectif Océans Télévi-
sions (adresse Internet : oceans.televisions@yahoo.fr). Il
fera en sorte de vous aider à orienter vos recherches autant
que faire se peut.
3. Lien pour visionner en streaming le documentaire Qui sème
la misère récolte la Rage sur la Web Tv DOCUMENTARY
REBEL & EXPERIMENTAL CHANNEL :
http://vimeo.com/channels/documentaryfilmrebel
4. Liens avec les exemples cités concernant le collectif
OCEANS TELEVISIONS : Web TV :
http://vimeo.com/channels/oceanstelevisions. – Site Inter-
net : http://oceanstelevisions.blogspot.com/
34
Méthode
35
sion des éléments de la recherche » ; la théorie du cinéma do-
cumentaire présentée dans cet ouvrage a fait l’objet de
recherches universitaires, et d’une thèse de doctorat soutenue à
l’Université de Paris III Sorbonne nouvelle.
Concernant l’aspect « Carnet d’adresses » et « Annuaire »,
principalement organisé dans les RESSOURCES, nous sollici-
tons la compréhension des lecteurs : C’est l’aspect le plus
« volatile » de l’ouvrage, dans la mesure où les adresses, télé-
phones, sites Internet peuvent déménager, changer d’intitulés,
ou encore disparaître. Donc pour les données fluctuantes de
cette nature, si une adresse est obsolète, il convient de commen-
cer à mettre en œuvre la démarche première de tout cinéaste
documentariste, qui est une recherche documentaliste afin de
retrouver les données perdues. De ce fait, pour ce qui est des
contacts, pistes, et la dimension « carnet d’adresses » de ce li-
vre, nous avons choisi comme méthode de communiquer des
coordonnées durables autant que faire se peut. Ainsi, les noms
des décideurs étant amenés à changer (et sont souvent obsolètes
aussitôt publiés), ceux-ci ne sont généralement pas indiqués.
Enfin, cet ouvrage étant interactif, nous invitons les lectrices
et lecteurs qui souhaiteraient des informations complémentaires,
à prendre contact avec nous via par Email adressé à :
oceans.télévisions@yahoo.fr, en indiquant dans l’objet : Email
destiné à Didier Mauro. Nous ferons en sorte de répondre à
leurs questions. En ce domaine, nous demandons à nos corres-
pondant(e)s de ne pas s’étonner si leur courrier ne reçoit pas de
réponse immédiate. L’auteur de ce livre répond à toutes les
lettres qu’il reçoit, mais il lui arrive d’être en tournage en des
lieux lointains et dépourvus de l’Internet, ou encore d’être dans
des phases de saturation totale de travail.
Nous souhaitons aux lectrices et lecteurs une agréable et
fructueuse lecture.
D.M.
36
Les Témoins
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Présentation par ordre alphabétique
Pierre Baqué : Membre permanent du Haut Conseil de
l’Éducation artistique et culturelle (organisme commun au mi-
nistère de l’Éducation nationale, et au ministère de la Culture et
de la Communication), Historien de l’Art, professeur émérite
des universités (enseignement à Paris 1 Sorbonne). Conseiller
pour les arts et la culture auprès des ministres de l’Éducation
nationale, il a assumé également différentes fonctions au minis-
tère de la Culture, au Conseil de l’Europe, et dans divers pays
comme consultant pour l’éducation artistique. Par ailleurs,
Pierre Baqué exerce une activité artistique centrée sur la rela-
tion entre l’art monumental et l’architecture (commandes
publiques à Aix, Boulogne, Caen, Courbevoie, etc.). Pierre Ba-
qué a été Directeur des études de la Fémis – école nationale
supérieure des métiers de l’image et du son.
Lien Internet : http://www.education.arts.culture.fr
38
Jean-Michel Carré : Fondateur du Collectif Grain de Sable,
Jean-Michel Carré est auteur – réalisateur de documentaires
depuis le début des années soixante-dix, opérateur de prises de
vues (diplômé de l’IDHEC), et producteur. Dans sa filmogra-
phie, très dense, je soulignerai les films Charbons ardents et
Koursk, un sous-marin en eaux troubles. Les Films Grain de
Sable produisent de nombreux films procédant d’un engage-
ment social.
Lien Internet : http://www.films-graindesable.com
39
chaîne franco-allemande ARTE depuis sa création en 1992.
Depuis l’été 2008, il se consacre à la création d'« Une cyberpla-
teforme documentaire internationale » et à un projet multimédia
sur la préservation des baleines blanches au large de l’île de
Vancouver. Thierry Garrel a permis à de nombreux documen-
taires rebelles d’exister, parmi lesquels citons : CIA guerres
secrètes, S21, la machine de mort Khmer rouge, et aussi la col-
lection Palettes.
Lien Internet : http://www.derives.tv/spip.php?article361
40
Pierrette Ominetti : Directrice de l’Unité documentaires
d’ARTE France, où elle tient un rôle central depuis 1995.
L’Unité documentaires d’ARTE France est fortement impliquée
dans la coproduction, les préachats et les achats de « Documen-
taires de création, documentaires d’investigation, essais,
collections, revues documentaires ARTE France décline toutes
les écritures du genre dans des registres aussi variées que
l’histoire, la société, l’environnement, l’économie, la politique,
l’art et la culture, associant toujours et résolument, pour le choix
des programmes qu’elle coproduit, préachète et achète, une
exigence de fond et de forme ».
Lien Internet : www.ARTE.tv
41
Jean-Pierre Zirn : Auteur – réalisateur de documentaires de-
puis le début des années soixante-dix, opérateur de prises de
vues (diplômé de l’École Louis Lumière), et producteur, Jean-
Pierre Zirn filme sur les cinq continents. Il a fondé le collectif
La Seine TV. Dans sa filmographie, très dense, je proposerai les
films Les Pessinois sont parmi nous et Les Dogons du Mali.
Lien Internet : http://www.laseine.tv
42
Ouverture
43
L’Art du documentaire de création
D.M. : Comment distinguez-vous un documentaire de création
d’un reportage, sachant que l’un et l’autre ont (en principe) le
réel pour objet ?
Pierrette Ominetti : « Quand on parle cinéma, immédiatement
les gens pensent « fiction ». Singulièrement, le documentaire,
dans les mentalités actuelles ne fait plus partie de l’art du ciné-
ma. On oublie trop souvent que le documentaire de création
c’est du cinéma, et que le cinéma c’est un art. Le documentaire
est pionnier en la matière, notamment si l’on se réfère à
L’entrée d’un train en gare de La Ciotat, de Louis Lumière.
Le reportage, c’est pour moi l’art du constat. On est dans le
réel, on constate les choses, même si l’on a le sentiment – à tort
– que c’est un constat neutre. Comme disait Marcel Mauss
« dans toute chose observée, l’observateur fait partie de la chose
observée ». Le journaliste tout comme le documentariste, l’un et
l’autre font partie du monde qu’ils essayent de capter. La diffé-
rence, c’est que si le reportage est l’art du constat, le
documentaire est une invitation à penser le monde en essayant
de trouver les structures sous-jacentes au réel. Il y réside une
infinité de possibles. Le documentaire de création, de par la
singularité des regards, fait son chemin dans la multiplicité des
possibles ».
44
Les Maîtres fous de Jean Rouch. Ce fut une révélation pour
moi. Mon engagement dans le documentaire remonte à la dé-
couverte de ce film. Tout jeune postulant au documentaire de
création doit parcourir l’Histoire. Il faut apprendre ce qu’ont fait
les maîtres pour construire ensuite son propre style, son propre
langage.
Personnellement, je me sens libre des écoles et suis contre
les dogmes quels qu’ils soient. Il faut se libérer des dogmes
…
Mais il faut tout de même les connaître. Ensuite, il faut se libé-
rer et s’inventer, je crois en la singularité et en l’unicité du
regard. ».
45
présenté un projet sous trois versions. Chacune des versions est
tellement différente des autres que je doute de son engagement
réel. Un autre au contraire, qui est un photographe vivant aux
USA et qui n’a rien réalisé, a proposé un projet focalisé sur les
jeunes soldats, engagés dans la guerre en Irak pour financer
leurs études. Sa sincérité en tant qu’auteur est évidente. Donc, il
y a la technicité, la méthode, et puis il y a “la longueur d’onde”.
Il y a un pacte à établir entre l’auteur, le producteur et le diffu-
seur. Pour moi la visée a tout à voir avec le bouddhisme zen :
plus la visée est claire et plus le film va tout droit et sans souf-
frances. C’est un état de grâce, un travail d’équipe magnifique.
Voilà, en quelques mots : visée de sujet et longueur d’onde ! ».
46
s’appelle Auschwitz premiers témoignages. L’auteur a proposé
une nouvelle approche avec des témoignages de survivants au
moment de leur libération, consignés à l’ouverture même des
camps. Les documents sont écrits, pas filmés. C’est sans état
d’âme, froid, factuel. Un traitement, donc, complètement diffé-
rent de celui mis en œuvre dans Shoah ».
47
ainsi que le jeu des textures, à partir du moment où l’on sait
pourquoi on le fait ».
48
que tous ces supports n’atteignent pas les mêmes segments de
public. Il reste à inventer un langage propre au Web. C’est en
développement ».
49
Le documentaire de création comme élément de la mémoire
audiovisuelle
D.M. : Quelle est la contribution spécifique du documentaire de
création en termes de patrimoine commun à toute l’humanité
(ce que nos amis anglo-saxons résument en la jolie formule
d’« Heritage », de la mémoire audiovisuelle mondiale ?)
Pierrette Ominetti : « Le documentaire de création participe
autant à la conservation d’une mémoire que d’autres formes de
création artistiques ou d’autres formes d’arts patrimoniaux,
comme la littérature, la peinture, etc. Tout dépend de ce que
l’on en fait après. Le dépôt légal c’est très bien. Mais il n’a de
sens que si des gens se penchent sur ce qui y a été déposé. Le
documentaire a naturellement sa place dans la conservation
patrimoniale. Car tout fait archive, aussi bien le documentaire
que les œuvres de fiction.
50
dans des archives – pour en faire un personnage, puis il
l’incarne. Entre l’incarnation et l’illustration, cela n’a rien à
voir.
On fait ce que l’on veut avec des archives, et l’on peut faire
des choses très différentes. Dans le documentaire Un automne
allemand, Mickael Gaumnitz utilise les archives des villes dé-
truites en Allemagne en 1945, et sur cette base, à travers le récit
de Stig Dagerman, il construit ses personnages. Il recrée ensuite
des personnages à la palette sur ces images d’archives. Il recrée
une matière. Tout peu faire archive, la palette est infinie.
J’adore par exemple le film de William Karel Mais qui a tué
Maggie ? C’est un vrai travail de cinéaste. Il en a fait une tragé-
die Shakespearienne : unité de temps, unité de lieux, unité de
personnages et unité d’action. Il a fait une construction incroya-
ble à partir de quelques documents d’archives bien choisis.
C’est du talent ! Le film 1929 était plus dans la pédagogie. Mais
c’était la volonté émanant de William d’être didactique. Il s’en
expliquait ainsi : “Puisqu’il y a une crise aujourd’hui, au
XXIe siècle, j’ai envie de savoir, si la crise de 1929 s’est dérou-
lée selon les mêmes modes et pour les mêmes causes”. Il a fait
un grand travail de recherches et documentation pour compren-
dre ce qui s’était passé. Ensuite, il a eu envie de tout retranscrire
et de communiquer au public ce que lui avait compris. Il avait la
volonté d’être pédagogique là où, au contraire pour Maggie, il
avait un désir de cinéma. Mais le talent est là. On est très loin
du “docucu” illustratif. Certains font du spectacle à partir
d’images d’archives et là c’est une autre affaire. Toute une pa-
lette de création existe avec l’archive audiovisuelle. Nous avons
la chance, avec Les mercredis de l’Histoire de permettre ces
expressions multiples. Et aussi de faire des films historiques
sans archives. C’est justement le cas avec le film d’Émile Weiss
que j’ai évoqué : les seules archives sont des textes lus par des
comédiens. Avec des images d’archives, tout est absolument
possible, y compris des projets “fous” comme Opération Lune
de William Karel, dans lequel l’archive est détournée puisqu’il
s’agit d’un faux documentaire, une supercherie ».
51
I. Livre premier.
Théorie & pratique
L’art du cinéma documentaire
55
Structuration de l’ouvrage
Rappelons-le : Ce livre est structuré en quatre par-
ties principales : ÉCRIRE, RÉALISER, PRODUIRE,
DISTRIBUER & DIFFUSER. Chaque partie comporte des
éléments de méthode, un état des lieux, et des contacts. Cet
ensemble est complété par des parties complémentaires (sur la
formation et la mémoire audiovisuelle) ainsi que par des docu-
ments et des ressources documentaires.
56
ment opposant en apparence documentaire et fiction : « Le do-
cumentaire aurait pour objet de livrer des informations sur le
monde et la condition humaine ; mais n’est-ce pas vrai aussi
pour les films de fiction ? » poursuivant ensuite sa réflexion en
ces termes « le critère le plus sûr reste encore ce que les Anglo-
saxons appellent les “non-fiction films”, qui ne sont pas tournés
selon un scénario sorti de l’imagination d’un auteur ».
Or que lit-on dans le Dictionnaire théorique et critique du
cinéma (Aumont & Marie : 2001) ? : « L’opposition “documen-
taire/fiction” est l’un des grands partages qui structurent
l’institution cinématographique depuis les origines (
…/
…) les
frontières entre documentaire et fiction ne sont jamais étan-
ches ». Cette frontière, précisément, est franchie lorsque le
théâtre du réel se transforme en une histoire avec son suspens,
son climax, et l’attente de la fin. Mais comment distinguer, spé-
cifiquement, le documentaire ? Notamment au regard du cinéma
de fiction. Dalila Ennadre, auteur de J’ai tant aimé (sélection du
festival Cinéma du Réel 2009) : « Je n’arrive pas à faire la dif-
férence entre le documentaire et la fiction. Pour moi la vie est
pleine d’histoires. Qu’ai-je en moi de plus que le réel ? » (In
Réel – Journal du festival Cinéma du Réel, n° 07, 1er mars
2009).
Et en effet, de par le réel des histoires se racontent tout au-
tant que de par l’imaginaire investi dans un scénario de fiction.
Selon Guy Gauthier, il s’agit surtout d’une question de mé-
thode : « On peut dès maintenant esquisser ce qui distingue le
documentaire de la fiction : ni le sujet, ni le contenu, ni la quan-
tité d’informations exactes qu’apporte le film. C’est une
question de méthode (
…/
…) chaque personnage, spontanément,
ou bien, sous directives, interprète son propre rôle, sans décors
de studio ou décors naturels détournés ; sans intrigue romanes-
que, c’est-à-dire étrangère à l’expérience vécue par l’équipe de
cinéastes » (Gauthier : 1995).
Le documentaire, en principe, a pour objet la restitution
d’une réalité (et, lors du tournage, le hasard, l’incontrôlable
interviennent avec constance et force). La fiction est fondée sur
un récit écrit (souvent inspiré d’une réalité), dont les éléments
textuels (scénario, découpage, séquencier, etc.), la mise en
57
scène, le jeu d’acteurs sont prédéterminés, contrôlés, imaginés.
Mais l’opposition documentaire-fiction, considérée comme
« intellectuellement correcte » dans les années cinquante, a été
contestée depuis lors par des générations de cinéastes désireux
d’explorer toutes les passerelles imaginables entre ces deux
catégories de cinéma. Aujourd’hui elle apparaît comme un
« cliché » obsolète si l’on ne prend pas garde à affiner et à pré-
ciser l’analyse. Agnès Varda a une jolie formule dans son film
Murs-Murs : « Je voudrais traquer la réalité jusqu’à ce qu’elle
devienne imaginaire, reprendre l’imaginaire et me servir de la
réalité, faire de la réalité, revenir à l’imaginaire ». Réel et ima-
ginaire se mêlent, tout particulièrement dans le documentaire
d’auteur, orienté explicitement par un point de vue, une inten-
tion, un engagement, une expérimentation.
René Prédal dans son Histoire du cinéma, commente en ces
termes les débats des années soixante : « On parle bientôt de
“cinéma vérité, puis de “direct”, plus tard de “cinéma du ré-
el”. Louis Marcorelles tient beaucoup à l’idée de “cinéma de
parole” et Pierre Perrault à celle de “cinéma du vécu” ». (Pré-
dal, 1994) Cette question de la relation au réel est aussi
ancienne que celle du cinéma documentaire puisque déjà, au
début du XXe siècle, Dziga Vertov théorisait ses principes de
travail en « ciné-œil » et en « kino-pravda » pour restituer ce
qu’il définissait comme « la ciné-sensation du monde ». Toutes
ces approches procèdent d’une même démarche. Elles se fon-
dent sur un même questionnement :
Mais de quel cinéma documentaire s’agit-il ? Est-il question
de « cinéma-vérité », de « cinéma direct », de « cinéma du ré-
el », de « candid-eye » ou de « cinéma de parole » ? Il peut
paraître irréaliste de prétendre, par le documentaire, restituer la
vérité. Tout au plus peut-on, avec certitude, restituer une vérité
– celle de l’auteur – car comme le rappelle le titre d’une pièce
de Pirandello – « À chacun sa vérité » – la Vérité est insaisissa-
ble, fluctuante, et sujette aux projections (conscientes ou non)
de l’auteur, devenu « médium » par lequel elle transite.
L’expression de « cinéma direct », très pertinente au début des
sixties du fait de sa relation avec une révolution technique (in-
duite par le son direct, synchrone à la prise de vue), prête
aujourd’hui à confusion du fait de l’amalgame de sens, générée
58
par l’habitus, avec le terme désignant les retransmissions direc-
tes d’événements (sportifs, culturels, politiques, etc.) par les
télévisions. Quant aux concepts de “cinéma du réel”, de « can-
did-eye » et de « cinéma de parole », ils forment un triptyque de
signifiants procédant d’éléments de méthodes de réalisation
documentaire ayant beaucoup en partage.
David Lodge (qui a été professeur de littérature à l’université
de Birmingham avant de se consacrer à une remarquable œuvre
littéraire) donne des éléments d’éclaircissement dans le magni-
fique livre Un tout petit monde, dont le sémiologue Umberto
Eco (Eco, 1991) a écrit : « C’est un livre “vrai” parce que,
comme chacun le sait aujourd’hui, la réalité dépasse la fiction
(
…/
…) l’un des livres les plus amusants et les plus férocement
hilares publiés au cours de ce siècle ». Dans l’un des dialogues
délirants d’Un tout petit monde David Lodge écrit : « Compren-
dre un message, c’est le décoder. Le langage est un code. Or
tout décodage est un nouvel encodage. Si vous me dites quelque
chose, je vérifie que j’ai bien compris votre message en vous le
redisant avec mes propres mots (
…/
…) ces mots ont pour moi
un sens différent de celui que vous leur donnez » (Lodge, 1991).
Toute la complexité de la relation de l’auteur, du cinéaste
documentariste avec le réel (et sa restitution) est résumée ici
dans la formule de Lodge : en enregistrant le réel, déjà le réali-
sateur en omet une fraction (puisqu’il demeure le hors-champ,
le non-filmé qui est un non-dit du réel). Ensuite tout – depuis le
choix des personnages jusqu’aux axes de caméra ou aux décou-
pes du montage – procède de choix d’auteur, qui sont autant
d’« encodages ». Certains festivals se sont choisis des noms qui
se rapprochent le plus du sens précis de cette singulière relation
au réel, qui est portée par une « intention », orientée par « un
regard d’auteur », déterminée par un « angle », etc. Ces grands
rendez-vous du cinéma faisant création du réel que sont Visions
du réel (Suisse) et Cinéma du réel (France) ont assumé dans
leurs intitulés avec lucidité les composants imaginaires, psycho-
logiques, subjectifs qui fondent toute œuvre documentaire.
59
Le cinéma documentaire est un type de programme
audiovisuel, et non pas un genre
Il existe des documentaires relevant de genres très diffé-
rents : historiques (exemples : Shoah de Lanzmann, La Foi du
siècle de Rotman), psychologiques (exemple : Titicut Follies de
Wiseman, San Clemente de Depardon), sociologiques (exem-
ple : Route One USA de Kramer), animaliers, etc., tout comme
la fiction comporte elle aussi des genres variés et codifiés –
drame, comédie, western, film noir, thriller, etc. Jean-Paul Col-
leyn confirme la diversité des genres relevant du « réel » : « Les
volcans, la faune sous-marine, le patrimoine architectural, les
chefs-d’œuvre de la peinture (
…/
…) s’offrent aussi au “regard
documentaire” » (Colleyn : 1994).
Pourtant, très souvent, le documentaire est présenté comme
un genre parmi les programmes audiovisuels. Or les films do-
cumentaires relèvent de genres très différents. Donc, pour le
documentaire, quelles classifications opérer ? Lister les genres
de documentaires de façon exhaustive serait une quête de même
nature que cette chasse aux papillons digne du personnage prin-
cipal du film de William Wyler L’Obsédé (USA, 1965), tant la
diversité est grande : voyage, exotisme, évasion, anthropologie
visuelle, sociologie, psychologie et psychosociologie, histori-
que, images des sciences, arts plastiques, musiques, danses,
environnement, faune, etc.
Pour conclure, il ne semble pas du tout pertinent de catégori-
ser le documentaire en un genre, puisque de nombreux genres
différents de documentaires sont concevables. En ce domaine
de théorisation, et de typologie, je partage l’analyse de Guy
Gauthier, qui écrit « le documentaire n’est pas un genre » (Gau-
thier, 1995) ; analyse pertinente, puisqu’il considère que cette
terminologie induit une profonde confusion. Il est plus précis et
plus pertinent de penser le documentaire comme une catégorie
ou un type (cf. typologie) de programmes audiovisuels.
60
Le film documentaire, le Septième Art, et les champs de la
création artistique
La recherche des racines étymologiques du sème document
conduit à un flash-back linguistique jusqu’à Rome : En latin,
docere (instruire), a généré documentum, interprété ensuite
comme « renseignement », « témoignage » « information », ou
« preuve ». Mais d’où vient le terme lui-même de documen-
taire, que nombre de cinéastes, de producteurs, de
diffuseurs, etc. trouvent de nos jours très « insatisfaisant »,
« disgracieux », « peu ludique », « sinistre », « austère », « lu-
gubre », etc. ?
Et quelle définition en trouve-t-on dans les dictionnaires les
plus aisément accessibles ? Selon le Petit Larousse, un film
documentaire est un programme audiovisuel « à caractère di-
dactique ou culturel montrant un aspect particulier de la réalité
(à la différence du film de fiction) » (Maubourguet (ed) : 2002),
la notion de documentaire étant, selon ce même dictionnaire
« qui a le caractère d’un document », tandis qu’un documenta-
riste est un « cinéaste réalisateur de documentaires », que
documenté est « appuyé par des documents » et que la docu-
mentation est « l’ensemble des documents relatifs à une
question ». Ainsi, puisqu’un documentariste est défini comme
un « cinéaste », les programmes audiovisuels documentaires
sont donc une catégorie d’un art : le cinéma, et relèvent du
champ artistique.
Le fait de définir le documentaire comme un art, position re-
vendiquée par nombre de cinéastes documentaristes, et en
particulier par Joris Ivens (dans le documentaire que Robert
Destanque lui a consacré en 1983), est un élément fondamental
au regard d’une autre confusion portant sur l’amalgame réalisé
très fréquemment entre le documentaire, les magazines, et les
reportages. Ainsi, même si sa diffusion principale se fait pour
l’essentiel, actuellement, via les télévisions, le documentaire
serait une catégorie de cinéma, relevant du champ artistique,
selon le sens donné par Pierre Bourdieu à la notion de champ :
« un espace social spécifique, constitué de relations objectives
entre des positions » (Férréol, 1995).
61
Sociologie des champs : champ de l’art versus champ du
journalisme
« Le principal et l’essentiel
est la ciné-sensation du monde. »
Dziga Vertov
62
point de vue d’auteur, une intention un engagement, un regard
personnel. La différence est majeure : cette subjectivité est oc-
cultée autant que faire se peut dans les news, reportages, et
magazines. Le spectateur doit avoir l’impression, l’illusion, que
ce qui lui est présenté est la vérité, et non l’opinion du journa-
liste, le point de vue de la rédaction, ou l’idéologie à laquelle
adhèrent les actionnaires ou le propriétaire du média diffuseur.
Parallèlement, les fausses informations et les désinformations
qui amènent Jean-François Bizot à s’interroger Les infos sont-
elles truquées ? (Bizot, 1992) et Pierre Carles (auteur des très
subversifs Pas vu, pas pris et Enfin pris) à conclure Le specta-
cle a-t-il tout perverti ? Oui, à l’évidence. (Carles, 1992).
Fréquemment, les documentaires sont réalisés par des au-
teurs – réalisateurs ayant une culture et une formation
cinématographique, tandis que news, reportages et magazines
sont essentiellement réalisés par des journalistes (de rares sujets
intégrés à des magazines sont réalisés par des documentaristes).
Cependant, il existe des exceptions. En France, Roger Pic et
Raymond Depardon sont symboliques en ce domaine. L’un et
l’autre ont “glissé” avec talent et éthique, du grand – reportage
au documentaire, et élaboré des œuvres de grande qualité,
comme le Plaidoyer pour l’Afrique de Roger Pic ou San Cle-
mente de Raymond Depardon.
63
technologies numériques légères, Internet, et la Haute Défini-
tion. Cependant un siècle d’audiovisuel est bien peu comparé à
plusieurs millénaires d’arts plastiques et tous les programmes
audiovisuels sont loin de pouvoir prétendre rejoindre un “musée
imaginaire” du cinéma et de la télévision ou un “nouveau Lou-
vre”, loin s’en faut !
Pour conclure sur ce point, le documentaire relève du champ
artistique (et cinématographique) alors que news, reportages et
magazines procèdent du champ journalistique. En ce qui con-
cerne la question des champs, en France les choses sont
classifiées sur un plan épistémologique, scientifique, et univer-
sitaire. Pour le Conseil National des Universités
(CNU/Ministère de l’Éducation nationale), le cinéma (et donc le
documentaire) relève des Sciences de l’Art (18e section du
CNU), tandis que les Sciences de la Communication (journa-
lisme, etc.) sont en 71e section du CNU.
Le documentaire a recours à des choix esthétiques (travail de
la lumière et de l’image), à des méthodes (préparation, écriture,
durée du montage), à une éthique (la subjectivité, le point de
vue d’auteur, l’intention sont assumés et explicites) et à une
transparence (dans les documentaires authentiques, le spectateur
n’est pas « bluffé », ce qui n’est pas le cas dans nombre de pres-
tations journalistiques prétendant à « l’objectivité »). Les modes
de création de référent au cinéma (tant dans les modes
d’écriture en séquences, scènes, etc.) que de tournage (axes,
choix des optiques, etc.), du montage (rythmes, relation
image/son, texte/image, etc.). Les films documentaires sont
considérés comme des œuvres, destinées à perdurer ou à témoi-
gner d’une époque, tandis que les programmes audiovisuels
journalistiques sont essentiellement constitués d’une informa-
tion à court terme (des programmes dits de flux) sans objectif de
pérennité même si les archives de l’INA ou de Pathé archives
permettent ensuite d’en réintégrer certains éléments dans de
véritables créations où les images d’archives et l’Histoire sont
partie intégrante d’un documentaire de création.
Comme l’écrit Michelle Gales dans La revue Documentaire,
« Le cinéma et la télévision sont des industries dans lesquelles
l’expression artistique est nécessairement confrontée à des en-
jeux économiques » (Gales, 1999), enjeux dont on mesure les
64
pesanteurs et qui sont autant de freins à la liberté de création.
Mais comment, in fine, caractériser le documentaire ? Il intègre
indiscutablement la notion de document et de restitution d’une
réalité. Les principes du « ciné-œil » énoncés par Dziga Vertov
définissent notamment comme objectifs le « déchiffrement de la
vie comme elle est », et la mise en valeur de l’« Action des
faits » (Vertov : 1972).
L’un de ses repères a pu être défini, et instrumentalisé en un
concept : le direct (différent dans son sens du “direct” en tant
que type de diffusion télévisuelle), dont deux des œuvres les
plus représentatives sont Le Joli Mai de Marker et Un été 62 de
Rouch et Morin. Un autre repère tient à l’improvisation perma-
nente, à la spontanéité, au happening, qui remettent en question
au moment du tournage tout ce qui est préconçu, comme
l’explique le cinéaste cambodgien Rithy Panh dans les excel-
lents “Carnets du Docteur Muybridge” : « Une réalité que vous
pouvez vivre mais que vous ne pouvez pas filmer. Vivre ce que
vous sentez
… C’est un truc instinctif. Là, j’oublie tout, la tech-
nique, tout ce qu’on m’a appris à l’école » (Panh : 1990)
Mais qu’est-ce enfin que le documentaire ? Il ne s’agit pas
ici de participer à un rituel intellectuel dans un débat qui de-
meure ouvert depuis plus d’un siècle, mais d’apporter le point
de vue d’un auteur de documentaires, d’un documentariste, sur
cette question qui demeure ouverte, en ayant conscience de
poser bien davantage de questions que d’apporter de réponses.
Ce point de vue est d’abord le suivant (nous l’avons théorisé
dans une thèse doctorale soutenue en 2003 à l’Université de
Paris III Sorbonne nouvelle) : le documentaire est un cinéma
faisant création du réel.
Ce cinéma relève du champ artistique (et a très peu de dé-
nominateurs communs avec les programmes se situant dans le
champ journalistique). Le documentaire n’est pas un genre mais
une catégorie de programmes audiovisuels. Et cet art, en muta-
tion constante, est foncièrement engagé, rebelle, et libertaire
comme l’a écrit Yves Jeanneau.
Ceci explique son implication dans les luttes sociales. Ceci
permet de comprendre son action (tout particulièrement visible
sur ARTE) pour la valorisation des cultures et le soutien aux
65
résistances des peuples du Tiers-Monde opprimés et exploités
par les conséquences de « l’ordre » économique mondial et par
le modèle dogmatique de so-called « développement » que les
puissances dominantes de notre époque, le nouvel impérialisme,
veulent leur imposer. Le documentaire procède le plus souvent
de l’utopie (au sens de projet et de « lieu de nulle part » !) et se
place en harmonie avec les multiples tentatives de créer un
monde plus juste et porteur de rêve où l’être ait plus
d’importance que l’avoir.
66
et réaliser des documentaires, cette démarche est impensable
sans l’acquisition de ce que Pierre Bourdieu définit comme un
« capital culturel » du champ considéré. Donc, il convient
d’étudier des œuvres, et aussi de « Voir des cinéastes au travail,
avec leurs outils, comme on regarde aujourd’hui Cézanne, sa
toile et son pinceau, dans des photos documentaires qui nous
permettent d’approcher très concrètement les gestes de la créa-
tion ». Alain Bergala in Le Cinéma Documentaire, L’Éden
cinéma (op.cit.)
Généralement, bibliographie et filmographie se situent en fin
d’ouvrage, comme des pistes potentielles, souvent assez denses.
Ici notre propos est différent : Ce livre a l’ambition de commu-
niquer des éléments de méthode, de faire glisser des idées, et
d’essayer de faire partager une passion. Aussi, nous invitons
nos lectrices et nos lecteurs à considérer qu’à ce stade de la
lecture de ce livre, la question du capital culturel se pose. D’où
cette invitation à commencer à visionner des œuvres, et à visiter
certains livres. Le visionnage de cette sélection de films (en
salles, en location, sur DVD, etc.) est un acte incontournable
pour toute personne désirant faire œuvre de cinéaste documen-
tariste, car il n’existe pas de « génie ex-nihilo ». Quant aux
livres, nous en recommandons un nombre restreint (renonce-
ment oblige), mais dont la lecture est indispensable. Cette
sélection est volontairement limitée, afin de donner un point de
départ simple et dense à, nous l’espérons, un désir de connais-
sances.
67
Le Documentaire, un autre cinéma de Guy Gauthier (édi-
tions Armand Colin) : Un livre complémentaire du premier,
permettant de comprendre l’histoire et les écoles, tendances et
genres d’un siècle de cinéma documentaire.
Pour le commander : http://www.armand-colin.com
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Filmographie : sélection de films
La filmographie ci-dessous n’est pas organisée par chrono-
logie, mais selon l’ordre alphabétique de la courtoisie. Elle est
limitée (ainsi, bien que fidèle à toute l’œuvre de Chris Marker,
je n’en ai choisi qu’un seul film sur cette liste) afin de permettre
à la lectrice, au lecteur de ce livre de se concentrer sur une pre-
mière approche.
Je propose de commencer par L’Homme à la caméra de
Dziga Vertov, car ce film est déclencheur de création, de ré-
flexion, de pensée. Il invite à l’audace. Et lorsque l’on considère
son année de production, il est d’une incroyable modernité
…
même aujourd’hui, sur tous les écrans pensables du monde, les
œuvres aussi subversives dans leur traitement, leur esthétique,
et leur point de vue, sont très rares. Ensuite, je suggérerai un
visionnage de Route One USA, de Robert Kramer, de Shoah de
Claude Lanzmann, et de Chroniques d’un été, de Jean Rouch et
Edgar Morin. Car le cinéma documentaire est largement tribu-
taire de ses personnes-personnages, et de la qualité des
entretiens. Ces trois films sont à la fois passionnants, sensibles,
et fondés sur la densité de la préparation et de la conduite des
entretiens ainsi que sur la relation des auteurs avec les témoins.
Dans les classiques, encore, Le tombeau d’Alexandre, de
Chris Marker, est incontournable à deux titres : – pour le travail
réflexif sur les archives, et pour la qualité du commentaire épis-
tolaire. Parmi les films très récents, dans le registre du
documentaire de recherche historique, Jihan El Tahri a procédé
à une élaboration remarquable, profonde, atypique dans Cuba,
une odyssée africaine ; et en un autre registre, celui de l’intime,
je m’arrêterai sur les Scènes de chasse au sanglier de Claudio
Pazienza, qui proposent une rencontre très « bunuelienne » en-
tre le réel et le surréel, avec finesse, émotion, beauté. En
matière de documentaire d’investigation soulignons l’excellent
Le Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin.
Quant à la méthode, en voici une assez efficace, qui consiste,
pour commencer, à visionner chaque film deux fois de suite, à
intervalle-temps rapproché. Le premier visionnage est celui
destiné au plaisir cinématographique : il convient de se mettre
dans la disponibilité mentale complète du spectateur, et de se
69
laisser emporter par le film, par l’histoire. Le second visionnage
est celui de l’étude. Ayant en main de quoi écrire (papier,
crayon), des notes de visionnages sont prises, notes qui seront
complétées par des lectures, des recherches documentalis-
tes, etc. L’important est de s’inscrire, dès lors, dans une culture
– celle qui s’est construite en plus d’un siècle de cinéma docu-
mentaire. Cette culture devenant ainsi une sorte de « miroir-
critique » au sens où l’entendait Jean Paul Sartre : « La culture
ne sauve rien, ni personne, elle ne se justifie pas ; mais c’est un
produit de l’homme : il s’y projette, s’y reconnaît ; seul ce mi-
roir critique lui offre son image ». Précisément, une culture
documentaire procède de cette mise en abîme.
70
Marcel OPHULS, Le chagrin et la pitié
Pier Paolo PASOLINI, Carnets de notes
Pierre PERRAULT, Pour la suite du monde
Alain RESNAIS, Nuit & brouillard
Jean ROUCH & Edgar MORIN, Le Joli Mai
Georges RUQUIER, Farrebique
Mario RUSPOLI, Regard sur la folie
Martin SCORCESE, Voyage au cœur du cinéma
Ousmane SEMBENE, L’Empire songhay
Johann VAN DER KEUKEN, Amsterdam Global Village
Agnès VARDA, Les plages d’Agnès
René VAUTIER, Afrique 50
Dziga VERTOV, L’Homme à la caméra
Jean VIGO, À propos de Nice
Wim WENDERS, Buena vista social club
Frederick WISEMAN, Titicut Follies
71
Richard DALE, D Day
Luc & Jean-Pierre DARDENNE, pour que la guerre s’achève
…
les murs devraient s’écrouler
Alice DE ANDRADE, Mémoire cubaine
Molly DINEEN, Home from the Hill
Sergey DVORTSEVOY, Bread Day
Antom EGOYAN, Calendar
Jihan EL TAHRI, Cuba, une odyssée africaine
Péter FORGACS, A Danube Exodus
Herz FRANK, The Jewish Street
Denis GHEERBRANT, Après, un voyage dans le Rwanda
Amos GITAÏ, Journal de campagne
Patricio GUZMAN, The Pinochet Case
Brian HILL, Drinking for England
Pirjo HONKASALO, Helsinski
Dariusz JABLONSKI, The Photographer
Stephen JARL, The Social Contract
Yves Jeanneau, Belfast my love
Fatima JEBLI OUAZZANI, In my Father’s House
Kazimierz KARABASZ, Memory
Abbas KIAROSTAMI, Lumière & company
Wolf KOENIG, City of Gold
John KRAMER, The Relationship
Yann LE MASSON, Kashima Paradise
Pierre-Oscar LEVY, Premiers mètres
Marcel LOZINSKI, Seven Jews from My Class
Dusan MAKAVEJEV, Manifesto
Didier MAURO, Madagascar, l’Autre voyage
Reena MOHAN, On an Express Highway
Michael MOORE, Capitalisme, une histoire d’amour
Errol MORRIS, Vernon, Florida
Luc MOULLET, Genèse d’un repas
Shinsuke OGAWA, Magino village, a tale
Mariana OTERO, Loin de toi
Rithy PANH, S21, la machine de mort Khmère rouge
Anand PATAWARDHAN, Bombay, Our City
Artavadz PELECHIAN, Our century
Nicolas PHILIBERT, La voix de son maître
Claudio PAZIENZA, Scène de chasse au sanglier
Michael PRAZAN, Les commandos de la mort
72
Anne REGITZE WIVEL, David or Goliath
Carole ROSSOPOULOS, Debout ! Une histoire du M.L.F.
Jean – Michel RODRIGO, Villa El Salvador, les bâtisseurs du
désert.
Patrick ROTMAN, La Foi du Siècle
Georges ROUQUIER, Farrebique
Sohrab Shahib SALESS, Letter from Kabul
Silvino SANTOS, Rio Putumayo
Claire SIMON, Les patients
Aleksander SOKOUROV, The Moscow elegy
Arne SUCHSDORFF, My home is Copacabana
Dorjkhandyn TURKMUN, Mongolia
TRAN Van Thuy, Vivre comme il faut
Agnès VARDA, Agnès de ci de là
Harry WATT, Night Mail
Basil WRIGHT, Cargo from Jamaïca
Méthode de recherche
Pour visionner des films de ces auteurs, les possibilités sont
multiples : sur grand écran, à la télévision, sur Internet, sur
DVD, etc.
Ici déjà la méthode de l’« auteur documenté » cher à Jean
Vigo est de mise : Il convient de procéder à une recherche do-
cumentaliste.
Voici deux premières orientations pour ce faire : des liens
Internet et deux ouvrages.
73
Mois du film documentaire :
www.moisdudoc.com
Association des cinéastes Documentaristes :
www.addoc.net
74
ARTE vidéo :
www.ARTE-boutique.com
75
D.M. : Le cinéma documentaire se focalise sur le réel. Com-
ment situer la création documentaire entre réalisme et
traitement expérimental ?
Pierre Baqué : « La réalité, en bref, c’est la qualité de ce qui
est réel. Le réel doit-il être objectif ou diégétique ? Le docu-
mentaire rejoint, dans l’histoire de l’art, le processus de la
création infinie. Considérons deux courants – le réalisme et le
surréalisme – dans une création artistique, on peut aller au-delà
de ce que l’on voit (le réalisme) pour atteindre une dimension
de création surréelle. Ceci est possible, aussi, pour les documen-
taires de création. Il est donc nécessaire de former son regard,
de stimuler son imagination. Le cinéma documentaire est aussi
appelé “cinéma du réel”. Le réel, en écoles artistiques, traverse
les courants de ce qui a été défini comme le réalisme. Mais en
même temps le réel est aussi un repère pour les créations sur-
réalistes ou encore hyperréalistes. Encore une fois, le
documentaire rejoint d’autres arts, et les genres du documen-
taire retrouvent dans leurs formes ces recherches et ces styles
d’expressions. Ainsi si l’on se limite à quelques exemples pris
dans l’histoire de la peinture, nous verrons les liens évidents
avec l’art du documentaire. Par exemple, considérons le ré-
alisme académique : il se focalise sur des scènes de la vie
quotidienne ou des portraits qui illustrent le réel et s’en rappro-
chent le plus possible par la forme. Cette forme d’art – le
réalisme académique – tenait dans la société la place de la pho-
tographie avant que celle-ci n’existe. Même Arcimboldo était
réaliste dans les détails de ses œuvres expérimentales. Picasso,
avec Les Demoiselles d’Avignon, a été l’un des premiers à se
démarquer du réalisme académique. Mais l’œuvre novatrice de
Picasso a été respectée par ses pairs parce qu’il avait d’abord
fait ses preuves dans la peinture académique. Il y a là une règle
constante que je résumerai en ces termes : “En art, il faut faire
ses preuves avant d’innover”. Considérons le surréalisme. Là,
le procédé consiste notamment à déstructurer le réel pour en
montrer l’absurde, l’émotion, la révolte ou l’humour. Ce mou-
vement, rappelons-le, est né après la première guerre mondiale
– une réalité cauchemardesque qui hanta toute une génération –
les artistes fondateurs du mouvement Dada puis du Surréalisme
sont révoltés par l’absurdité de cette guerre. Ils considèrent
76
aussi que le progrès technique s’emballe et la raison ne suit pas.
L’imaginaire est exploré, le réel est “dépassé” vers une recher-
che du surréel. Certains artistes peignent sous l’effet de drogues
et d’alcool pour permettre l’expression de leur inconscient. Des
influences se croisent, s’associent ou s’opposent : Freud et Bre-
ton, Breton et Salvador Dali. Ensuite, prenons pour finir
l’hyperréalisme. Encore une fois le réel est à l’origine des inspi-
rations, mais il est transformé d’une tout autre manière :
Sculptures et tableaux sont plus vrais que nature. Le cinéaste
documentariste se situe dans cette histoire, et, donc les traite-
ments, les styles de documentaires peuvent traverser les
“frontières” entre les courants. Pour conclure, le documentaire
peut être réaliste (et académique), surréaliste, hyperréaliste, et
même autre encore. »
77
regard porté par un auteur sur la réalité alors que le reportage se
contenterait d’informer d’une façon beaucoup plus neutre.
Même s’il entre dans cette distinction une certaine part de
vérité, il me semble qu’elle demeure assez grossière :- les jour-
nalistes, eux aussi, ont un point de vue et "le réel" – une
catégorie sur laquelle il faut d’ailleurs s’interroger – n’est pas
une donnée objective qui se refléterait sur nos écrans comme
n’importe quel objet devant un miroir. Aujourd’hui, il me sem-
ble que les deux catégories renvoient tout d’abord à des genres
télévisuels différents correspondant à des cases spécifiques dans
les programmes et à des "contrats" implicites avec les specta-
teurs. L’attente que nous pouvons avoir vis-à-vis d’une
émission d’information – fut-elle inconsciente – est différente
de celle qui est la nôtre en face d’un film documentaire. Toute-
fois, les frontières entre les deux genres sont poreuses et les
émissions présentées comme documentaires par les chaînes de
télévision se rapprochent bien souvent de l’information et du
magazine. À l’inverse, si l’on va chercher dans les archives de
l’Ina on trouvera sans doute des sujets de magazines tels "Cinq
colonnes à la Une", "Zoom" ou encore "Dim Dam Dom" qui
constituent de véritables documentaires d’auteur ! Il me semble
toutefois que le souci premier du reportage est de porter à la
connaissance du spectateur un certain nombre d’informations
jugées importantes alors que celui du cinéaste documentariste,
serait plutôt d’inviter ce même spectateur à une rencontre. C’est
bien parce qu’existe fortement cette double dimension subjec-
tive (le film d’un auteur/le regard d’un spectateur) que les films
documentaires font l’objet d’autant de discussions passion-
nées ».
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a épousé, et souvent même, anticipé les grandes révolutions. À
l’Ina, nous conservons et travaillons à mettre à la disposition
des publics, la mémoire de la télévision. À partir des années
soixante, le public de masse que rassemblait la télévision et les
innovations techniques (les caméras légères, le son synchrone
puis bientôt la vidéo) ont fortement contribué à donner au do-
cumentaire de nouveaux publics, à l’éloigner aussi, sans doute,
de la salle de cinéma.
L' Ina, dès sa création en 1974, a poursuivi les missions qui
étaient celles du Service de la Recherche qu’avait fondé Pierre
Schaeffer tout particulièrement dans le domaine de la produc-
tion. C’est ainsi que des cinéastes comme Jean-Luc Godard,
Jean Eustache, Raoul
Ruiz, Benoît Jacquot et bien d’autres encore ont été invités à
produire pour le Service Public, des œuvres particulièrement
fortes et originales.
Dans un contexte qui a considérablement évolué, la DPE
produit aujourd’hui des œuvres comme celles de Rithy Panh,
Malek Bensmaïl ou encore Zhao Liang dont le dernier film était
en sélection officielle à Cannes. Les films produits par l’Ina
continuent d’obtenir de très nombreuses sélections et récom-
penses dans les plus grands festivals en France comme à
l’étranger. L’une des richesses de cette production est justement
de ne s’être jamais laissée enfermer dans un genre ou une école,
d’avoir pratiqué systématiquement les chemins de traverse, les
sentiers qui étaient encore à explorer
… Chacun, bien sûr, aura
ses préférences, ses goûts personnels mais n’est-ce pas cette
diversité recherchée, revendiquée à l’Ina par les équipes succes-
sives de producteurs qui finalement a fait école ? »
79
sens, ce sont deux formes d’écritures du réel, mais qui n’ont
rien à voir. Le reportage appartient au champ du journalisme, il
amplifie et transmet des faits ou des groupes de faits. Par ail-
leurs, il s’inscrit dans une continuité et dans un tissu continu qui
s’appelle l’information, donc ce sont des contributions à un
tissu continu. De ce fait, le reportage cherche à être proche de la
même façon qu’une carte doit être le plus en adéquation avec un
territoire. C’est le processus même de l’information. Alors que
le documentaire, à mon avis, appartient au champ de
l’expression, qui est complètement autre chose, qui restitue dans
la langue des images et des sons, et de façon analogique, une
expérience du monde. Donc cela n’a rien à voir avec le repor-
tage. Dans un cas, on transmet des faits, dans un autre cas on
transmet de la pensée.
80
l’objet du documentaire ? Qu’en penses-tu, toi qui produis pa-
rallèlement documentaires et fictions sur des thèmes très réels ?
Jacques Bidou : En effet, je produis aussi des films de fiction
et des documentaires. Les deux sont pour moi étroitement asso-
ciés, et la démarche demeure la même, cela relève de la même
expérience. J’ai bien du mal à créer des frontières étanches en-
tre les films. Cela étant, je pense que le documentaire a un rôle
fondateur par rapport à l’ensemble des écritures et à l’ensemble
des approches. Finalement, c’est par ce regard du cinéaste que
le film et donc le documentaire fait œuvre. Le regard, le point
de vue de l’auteur est déjà une forme de fiction. Parallèlement,
dans le domaine de la fiction, le cinéaste va s’inspirer du réel
pour entièrement le reconstruire, le refaçonner et l’interroger.
Dans le cinéma qui m’intéresse, la frontière entre fiction et réel
est très ténue.
81
nant” dynamique et intelligent, c’est intéressant. Si c’est juste
pour me faire un portrait linéaire et à plat de quelqu’un – qui
que ce soit –, quel ennui ! Le documentaire a aussi une fonction
de compréhension. Prenons par exemple : Un coupable idéal de
Jean-Xavier de Lestrade. Ce film permet de comprendre – alors
que ce n’est pas strictement et immédiatement son sujet – com-
ment subsiste aujourd’hui une forme de “racisme ordinaire”
dans une petite ville du Sud des États-Unis, dont victime et
bourreaux peuvent tous être noirs ! Cela n’est jamais dit, mais
c’est là, très concrètement, dans le réel que fait émerger le film.
La question qui vient ensuite, c’est “et moi ?” – specta-
teur passif ou ébranlé par le film : Est-ce que je réagirai face à
une telle injustice ? Me contenterai-je des idées reçues sur la
question ? M’opposerai-je à l’unanimité initiale qui condamnait
sans nuance ni même doute ? – Cette relation au spectateur
donne une dimension universelle beaucoup plus forte ».
82
mode de figuration, voire de recomposition, ou de remise en
scène. Cela correspond à Flaherty, ou aux exacerbations du
montage et de la composition filmiques de Dziga Vertov. Avec
le synchrone se développe le cinéma direct, et l’illusion que le
documentaire reproduirait simplement la réalité, et que l’on
verrait ici ce qui se passe là-bas. Mais en fait, cela n’est valable
que pour les caméras de surveillance, pas pour le documentaire.
Et cela entraîne aussi – si l’on passe des années soixante aux
années 2000 – avec le développement des moyens vidéos, des
moyens techniques d’enregistrement et de captation de la réali-
té. Apparaît alors une prolifération de ce redoublement du réel,
et d’un cinéma d’observation qui progressivement se laisse
envahir par la chose observée et réduit le rôle de l’observateur,
ou l’expression de l’observateur. Concernant la notion de « do-
cumentaire de création », je pense que tout documentaire est de
création, que le propre du documentaire dans la définition que
j’en ai donné tout à l’heure, est d’être de création. Ensuite, cela
varie selon des formes qui sont plus ou moins fossilisées, qui
reproduisent plus ou moins des poncifs ou des stéréotypes pré-
existants dans les formes. Mais la vraie vitalité du documentaire
est d’avoir conscience que dans la langue des images, il n’y a
qu’une seule bonne forme pour rendre compte de l’unité d’une
pensée, et donc que toute l’histoire récente du documentaire –
voilà ce qui me fait penser que le documentaire est l’art du
XXIe siècle, dans la bascule du siècle en tout cas – consiste
justement en la découverte de l’incroyable richesse des capaci-
tés expressives des images et des sons organisés dans une
continuité temporelle ; et de ce fait en la capacité de restituer
des expériences de plus en plus complexes du monde.
83
création documentaire. En bref, lorsque le cinéaste « s’engage »
(jusqu’au péril) dans ce réel et qu’il utilise tous les moyens du
cinéma pour en sortir.
84
Chapitre 1.
Écrire
85
L’écriture du texte se distingue de l’écriture filmique
Le documentaire connaît deux types d’écriture : l’écriture
textuelle et l’écriture filmique (pour les documentaires de créa-
tion, le terme film est employé même lorsque l’on tourne en
vidéo et non pas en pellicule argentique). C’est un élément
identitaire, une position dans le champ du cinéma, de l’Art.
L’écriture textuelle connaît deux phases : celle du dossier de
projet avant production, et celle des éléments textuels (séquen-
cier, commentaire, traductions, etc.) pendant la réalisation.
On ne saurait trop insister sur l’importance d’élaborer un
bon dossier de projet avant de soumettre une intention de do-
cumentaire à un producteur ou bien à un diffuseur. Un dossier
élaboré, porté par une pensée, et agréable à lire, est un élément
stratégique important pour le succès et l’aboutissement d’un
projet de documentaire. Nombre de producteurs nous ont dit
recevoir une quantité conséquente de dossiers insipides, creux,
opportunistes, témoignant de la superficialité de l’intention, et
du peu de sérieux de la préparation. Nombre de diffuseurs nous
ont dit être saturés de dossiers mal écrits, bâclés, faits de copier
– coller d’éléments prélevés sans vergogne (et souvent sans les
guillemets de citation, ni l’indication de l’auteur, ni du site) sur
Internet. Les responsables des commissions d’aide à l’écriture
nous ont exposé le même vécu. Il en ressort que les dossiers
superficiels prédominent : ils représenteraient 7 à 8 dossiers sur
10 si l’on fait la moyenne des commentaires de nos interlocu-
teurs. Lesquels ont ajouté que ces dizaines de milliers de pages
de mauvaise qualité textuelle qu’ils reçoivent engorgent les
circuits des comités de lecture, fatiguent les lecteurs, et que de
bons projets en pâtissent lorsqu’ils sont reçus par un lecteur
épuisé et excédé par l’ingestion d’un volume trop copieux de
pages creuses et indigestes. Donc élaborer un dossier de projet
est la première étape. Nous proposons dans les pages qui sui-
vent quelques éléments de méthode pour ce faire.
L’écriture et la conception d’un documentaire répondent à
des spécificités méthodologiques, sémantiques, et esthétiques.
Celles-ci diffèrent des modes d’écritures et de conception des
films de fiction et des écrits textuels (romans, articles, etc.). Il
convient de distinguer deux phases d’écriture (et qui communi-
86
quent entre elles) : l’écriture textuelle et l’écriture audiovisuelle.
C’est de l’écriture textuelle qu’il s’agit ici.
87
ceux-ci achevés, fait apparaître une matière textuelle, des dialo-
gues, des récits, et des actions qui n’ont pas été écrits ni par un
auteur, ni par un réalisateur, mais ont été exprimés par les per-
sonnes dont la vie a permis l’existence du film. Et cela est
particulièrement dense pour les œuvres procédant d’un « Ciné-
ma Direct » telles que Titicut Folies (Wiseman), San Clemente
(Depardon) ou du « Cinéma Vérité » comme Un été 62 (Rouch
& Morin). Cette matière textuelle une fois retranscrite forme
une œuvre spécifique.
Apparaît donc ici, dans les faits, ce que nous avons théorisé
à l’Université de Paris III – Sorbonne comme une forme de
réalité-auteur. Celle-ci est forcément dérangeante, puisqu’elle
relève d’une sociologie de l’art et que comme l’analyse Pierre
Bourdieu : « La sociologie et l’art ne font pas bon ménage.
Cela tient à l’art et aux artistes qui supportent mal tout ce qui
attente à l’idée qu’ils ont d’eux-mêmes : l’univers de l’art est
un univers de croyance, croyance dans le don, dans l’unicité du
créateur incréé, et l’irruption du sociologue qui veut compren-
dre, expliquer, rendre raison, fait scandale » (Bourdieu : 1984).
Donc, précisément, scandale il y a et, dans le documentaire, la
notion d’auteur ne doit surtout pas être « réifiée », car la créa-
tion reste redevable au vécu de personnes qui n’ont souvent
aucun rapport avec les industries de programmes audiovisuels,
et qui ne retirent généralement aucun dividende ni financier, ni
moral, ni de notoriété de l’œuvre à laquelle elles ont participé.
88
audiovisuels (fiction et documentaire), notamment : la descrip-
tion des décors, des personnages, et des situations lorsque l’on
dispose des informations permettent de le faire. Avant le tour-
nage d’un documentaire, les principaux documents textuels
exposant le projet puis guidant la réalisation à venir sont la Note
d’intention, la fiche de Traitement, et le Synopsis, tandis que le
scénario et la continuité dialoguée sont les deux principaux
textes de base, préalables à la mise en scènes d’une fiction.
Dans “Scénarios du réel”, Gérard Leblanc remarque : « La
scénarisation du réel affirme l’auto-développement de la réali-
té, c’est-à-dire la disparition de toute forme de mise en scène.
La scénarisation précède la captation de la réalité, mais c’est
bien la réalité qui réalise le scénario » (Leblanc, 1997). Et en
effet, les éléments textuels préparés en amont d’un projet de
film documentaire sont très souvent dépassés par la réalité du
tournage, qui procède fréquemment d’un vaste happening lors
duquel le hasard, les contretemps, l’étrange et l’irrationnel bou-
leversent toutes les prévisions. Et c’est très bien qu’il en soit
ainsi, car la création y gagne souvent en intérêt narratif et esthé-
tique du fait de cette intrusion de l’imprévisible par un effet de
la réalité-auteur.
89
toute forme de décision et d’engagement. Ce dossier se com-
pose le plus souvent de cinq textes : La pensée du film (l’idée),
le résumé, la note d’intention, la fiche de traitement, le synop-
sis. Il est complété par un curriculum vitae et par une
filmographie de l’auteur.
Ces textes constituent le dossier-type qu’un auteur (ou un
auteur – réalisateur s’il s’agit de la même personne) doit élabo-
rer pour présenter son projet de documentaire à un producteur,
puis pour que le producteur puisse proposer le projet au diffu-
seur – chronologie de procédures indispensables en France pour
permettre d’enclencher le processus de production. Par ailleurs
ces mêmes documents sont demandés par les principales com-
missions d’aide à l’écriture (qu’il s’agisse du CNC, de Média
ou de la PROCIREP).
Mais ce n’est pas tout : cette phase d’écriture permet de pen-
ser le film, elle est indispensable du point de vue de
l’intelligence, et aussi de la création, de l’art documentaire.
90
une lettre d’amour » (Maillot, 1996). Et une intention d’œuvre
relève, précisément, du désir. Je partage ce point de vue, ce qui
m’amène à préciser certains points.
Ce chapitre consacré à l’écriture intègre quelques textes de
résumés, de notes d’intention, de synopsis, etc. provenant de
films documentaires. Ces exemples ne doivent être considérés
que comme des expériences illustrant un propos, et en aucun
cas comme des modèles. Ce, pour deux raisons : d’abord,
l’écriture documentaire ne saurait être ni dogmatisée ni délimi-
tée par des normes contraignantes, ensuite parce que ces textes
pourraient être encore bien meilleurs.
Nombre de stagiaires, techniciens, réalisateurs, etc. dont
j’assure la formation bloquent sur l’écriture, se demandant aussi
parfois à quoi cela peut bien leur servir. Répétons-le : écrire est
une étape indispensable ne serait-ce que pour bien penser le
film. Même s’il ne s’agit que d’esquisses de textes avant un
tournage conçu comme un happening constant.
2. Du documentaliste au documentariste
« Quand je fais des films de fiction,
je me livre plutôt à un travail architectonique,
de construction.
Dans le cas des films documentaires,
il s’agit plutôt d’archéologie. »
Amos Gitai
91
Précisément, la création ne vient pas du néant. La documen-
tation est indispensable, et comme l’écrit Georges Jean dans
“L’écriture, mémoire des hommes”, « l’écriture s’est chargée
d’un sens nouveau : la connaissance de l’histoire du monde »
(Jean, 1997). Se situer dans le monde, en non hors du monde
comme en font vocation les sâdhus de l’Inde, telle est la ques-
tion essentielle préalable au dispositif d’écriture. Car c’est
notamment ce travail de documentation et de préparation qui
permettra à l’auteur de sortir de son univers personnel pour
commencer une immersion progressive dans le sujet qu’il devra
souvent « porter » pendant au minimum neuf mois, voire quel-
ques années. Si l’auteur dispose des moyens pour ce faire, des
repérages, et la rencontre du réel, sur lequel porte le projet de
documentaire, sont évidemment l’une des meilleures formules.
D’autre part, le “terrain”, pour être compris, ne saurait sou-
vent suffire et il est bien irréaliste de penser pouvoir faire œuvre
créatrice en omettant de “visiter” les films et travaux préexis-
tants. Le travail d’écriture est une élaboration complexe qui
implique la connaissance des réalisations documentaires anté-
rieures éventuelles consacrées au sujet que l’on envisage de
traiter, et le positionnement de l’auteur par rapport aux œuvres
préexistantes, s’il en existe. Il implique aussi une recherche
bibliographique et des entretiens avec des personnes ayant une
connaissance du sujet. Comme le rappelle Pierre Maillot, « la
vision et l’analyse de films, est la meilleure préparation théori-
que qui soit à l’écriture pour le cinéma. On apprend à écrire en
apprenant à lire. » (Maillot, 1996).
Et, tant pour ce qui concerne le contenu du sujet que pour
concevoir un traitement spécifique, il est essentiel d’acquérir
une culture du cinéma documentaire, et en particulier de vision-
ner autant que faire se peut les films consacrés au champ précis
que l’on envisage d’aborder. Et ce, en remontant loin dans
l’histoire du documentaire. Un exemple : En écrivant le dossier
du film Retour à Cuba, j’ai visionné des dizaines d’heures de
films en commençant par Cuban Story (Errol Flynn, 1959),
(Chris Marker, 1961), Salut les Cubains (Agnès Varda, 1963),
et en terminant par Cuba, une odyssée africaine (Jihan El Tahri,
2008), J’irai dormir chez vous à Cuba (Antoine de Maximy,
2009), et Cuba entre deux cyclones (Bernard Mangiante, 2009).
92
Méthodologie documentalistes pour l’écriture documentaire
Les éléments de méthode présentés ci-dessous ne prétendent
pas à l’exhaustivité. Ce sont des pistes destinées à guider
l’organisation du travail. Elles doivent s’adapter à chaque cas
particulier.
93
La documentation initiale : une accumulation
- Documentation audiovisuelle : Localiser les program-
mes audiovisuels (Maison du documentaire et Club du
Doc d’Ardèches images, BIFI, catalogues de festivals,
INA, archives Pathé, cinémathèques, vidéothèques, Bi-
bliothèque Nationale, éditeurs de DVD, sites Internet,
etc.), puis visionner les programmes préexistants acces-
sibles et en établir les fiches de visionnage (pour ce
faire, se référer à l’excellent ouvrage “L’analyse de
films” de Jacques Aumont et Michel Marie, ou aux mo-
dèles proposés par Guy Gauthier dans “Le
documentaire, un autre cinéma”).
- Documentation écrite : Localiser les ouvrages publiés
concernant le sujet (Bibliothèque Nationale, sites Inter-
net, etc.). Étudier les ouvrages de référence et en établir
des fiches de lecture.
- Documentation interdisciplinaire et multimédia : Re-
censer les lieux permettant de visualiser et d’étudier le
sujet (musées, expositions, peintures, affiches, photos,
cd-rom, sites Internet, etc.). Les visiter. Établir des fi-
ches de documentation.
- Entretiens : Localiser et rencontrer les spécialistes du
sujet et de sa discipline (auteurs de livres, universitaires,
chercheurs, documentaristes, etc.). Les enregistrer,
prendre des notes, les filmer, etc. (solliciter au préalable
leur accord). Établir des fiches d’entretiens.
94
- Cordonner l’ensemble en un plan cohérent (canevas
d’une histoire), et commencer à remplir les chapitres du
dossier-type.
- Mener une réflexion créative : en quoi le film fait-il
création ? Qu’apporte-t-il par apport aux films préexis-
tants ? Se situer au regard de l’opposition Ivens/La
Bruyère (La Bruyère : « Tout est dit »/ Joris Ivens :
« Tu es toujours le premier »).
- Esquisser une écriture, un point de vue d’auteur (regard
d’auteur), un angle, une orientation, un axe personnel
dans l’approche du sujet, définir des hypothèses pour le
traitement.
- Concevoir une problématique, une analyse, une thèse, et
prendre position par rapport aux programmes audiovi-
suels préexistants. Rédiger des questionnements :
quelles questions le film pose-t-il ?
- Écriture : Élaborer une première ébauche des docu-
ments composant le dossier-type d’exposition du projet
(idée, note d’intention, fiche de traitement, synopsis).
1. La pensée du film
2. Note d’intention de l’auteur – réalisateur
3. Des questions posées par le film
4. Synopsis et traitement du film
5. Fiche technique du film
6. Biographie résumée et filmographie de l’auteur – réali-
sateur du film, Didier Mauro
95
Une phase de maturation et de réflexion
Laisser évoluer le projet, et prendre une distanciation, un re-
cul, puis tout relire. La durée est une question personnelle mais
pour reprendre une formule de feu mon ami Pierre Marchand,
éditeur chez Gallimard : « Il faut être très vigilant dans
l’écriture : car après le temps de la maturation vient le temps
du pourrissement ».
L’approfondissement de la documentation
- Documentation audiovisuelle, livresque, et multimédia :
Compléter la documentation, recueillir des données
nouvelles, poursuivre visionnages, recherches et entre-
tiens ; puis enrichir conséquemment les textes.
- Entretiens : Envoyer les premières ébauches des docu-
ments écrits (idée, résumé, note d’intention, etc.) aux
personnes rencontrées précédemment (cf. entretiens
première phase). Puis les rencontrer de nouveau : noter
leurs remarques et propositions d’améliorations, sug-
gestions par rapport aux textes. Les enregistrer, prendre
des notes, les filmer, etc. Établir des fiches d’entretiens.
L’écriture finale
- Améliorer et enrichir conséquemment les ébauches de
textes en y intégrant les éléments réunis lors de la se-
conde phase de documentation.
- Laisser un bref temps de maturation (quelques jours).
- Relire très attentivement tous les textes pour y apporter
des dernières retouches.
- Composer le dossier de production et le mettre en
forme : pagination, enregistrement sous RTF, justifica-
tion, passage au correcteur orthographique et gram-
matical, etc.
- Faire relire par une personne extérieure.
96
- Le dossier ainsi finalisé pourra être envoyé aux structu-
res d’aide à l’écriture du C NC et de la SCAM, ainsi
qu’aux producteurs.
97
cle, les documentaristes les plus créatifs du début de ce
XXIe siècle, tout en faisant porter leur travail sur la « restitution
du réel », récusent la prétention à l’objectivité (souvent définie
comme la présentation du réel en tant qu’objet extérieur). Une
analyse prédomine : tout film est explicitement ou implicite-
ment orienté (consciemment ou inconsciemment). La belle
phrase de Richard Dindo (auteur d’un excellent Journal de Bo-
livie) citée ci-dessus en têtière – « parler avec leurs voix »
rejoint l’« observation participante » recommandée par Marcel
Mauss, le fondateur de l’anthropologie française.
Cette orientation est un fait, parce que l’auteur et le réalisa-
teur, sont porteurs d’un vécu, d’une culture, d’une affectivité,
de tensions pulsionnelles, d’un regard sur le monde, et que dès
lors que l’on tourne une caméra vers une direction déterminée,
ce dispositif est déjà un choix, une orientation. D’autre part, il y
a les non-choix faits du « hors-film », du « hors-texte », du
« hors-champ », et des scènes tournées mais non montées, qui
sont autant d’éléments exclus du « réel » présenté.
Donc l’orientation doit être voulue, assumée, et elle doit
procéder du processus créatif. L’implication assumée de
l’auteur relève ainsi d’un choix, que Robert Bober a commenté
en ces termes : « Chaque film est une tentative personnelle » (in
La Lettre de la Scam, n° 11, janvier 2001, p. 4.). Le documen-
taire d’auteur ne prétend pas à l’exactitude scientifique ni à
l’« objectivité ». Il s’agit d’un regard sur le réel, d’un point de
vue, d’un film personnel. Cette théorisation de l’engagement de
l’auteur par un « point de vue » a contribué à la définition du
concept de « documentaire de création » élaboré dans les années
1980.
Ainsi, ce qui, normalement, différencie des films ayant le
même objet (ainsi il y a un nombre conséquent de documentai-
res consacrés au vaudou haïtien, aux papous d’Irian Jaya ou
bien aux nouvelles funérailles famadihana de Madagascar), sera
le choix du point de vue, le regard d’auteur. Ce « point de vue »
est généralement énoncé dans la note d’intention du dossier.
Ce point de vue est fondé sur la projection de l’auteur dans
son œuvre, et sur son implication assumée. Il intègre des élé-
ments de l’affectivité, de la vision du monde, de la personnalité,
des goûts, de l’éthique, de l’histoire personnelle, des pulsions
instinctuelles, de l’inconscient, etc. de l’auteur. L’élaboration
98
d’un point de vue d’auteur implique la recherche d’une écriture
personnelle, d’un style, d’une formalisation. Mais aussi elle
induit que l’auteur a une intention assumée (qu’il énonce dans
la Note d’intention), à partir de laquelle le sujet abordé sera
présenté sous un angle particulier. C’est fondamental, comme
l’expliquait le Professeur Pierre Baqué (ancien directeur des
études de la Fémis) aux stagiaires d’un Atelier d’écriture docu-
mentaire : « Borgès a dit : « Tous les poèmes ont été écrits,
nous n’écrivons que des variations ». Il faut trouver l’angle pour
élaborer le traitement »
C’est pourquoi l’engagement, l’intention, le point de vue, et
le regard d’auteur sont des éléments déterminants qui sont ex-
plicités dans le dossier de production.
99
taires plus anciens consacrés à ce pays. Le constat au terme de
ce travail de documentation était le suivant : ces programmes
racontent presque tous la même chose. Tous véhiculent une
somme considérable de clichés et de contrevérités (sociologi-
ques concernant l’absurdité de la prétendue « division ethnique
de l’île entre merina et côtiers », historiques sur l’image carica-
turale donnée de la reine Ranavalona I, etc.), leur forme est très
souvent insipide et journalistique : commentaire off écrit par
l’auteur (et truffé d’inexactitudes recopiées dans des livres peu
soucieux de véracité scientifique) alternant avec des séquences
reportages et des « témoins » illustrant le propos. Les témoi-
gnages sont le plus souvent montés selon le dispositif « le
pour/le contre » et suivis de la conclusion de l’auteur. Le dispo-
sitif est destiné à donner la sensation d’une pseudo objectivité,
et simultanément à dissimuler le point de vue de l’auteur,
l’ensemble étant construit autour d’un propos préétabli qui est
illustré par les séquences.
Le point de vue du projet « L’autre voyage » consiste à in-
verser le regard. Le point de vue est partagé par d’autres
auteurs, comme Arthur Miller évoquant l’Inde dans Sexus :
« L’Inde crevant de faim, se tordant sous le talon du conqué-
rant, avait plus de sens pour lui que tous les conforts, toutes les
occasions, tous les avantages d’un pays sans cœur comme
l’Amérique » (Miller, 1968). Mais le point de vue des habitants
du pays lui-même est un domaine encore différent.
100
de l’Inca" et maintenir leurs droits sur les richesses de la
Pachamama, qu’il s’agisse de l’étain, du gaz ou encore de
l’eau
… Une histoire forte et souvent tragique, un pays
grandiose et méconnu, des hommes déterminés. Et, désormais,
un président symbole : Evo Morales, ancien cocalero, "bête
noire de Washington", premier Indien à diriger un pays
d’Amérique depuis l’arrivée des Conquistadores ».
101
4. Le dossier de projet et sa rédaction
Esquisse d’une méthode pour exprimer un projet par l’écrit
Questions permettant, par l’écriture
De poser les bases d’un projet de documentaire
102
Des textes qui accompagneront toute la vie du film
La réalisation n’existe pas sans production (au minimum en
« autoproduction »), et la production avec capitaux conséquents
est presque impossible sans diffusion. Le dossier normalisé est
stratégique : il permet de démarcher les producteurs, puis, une
fois un producteur déterminé à “porter” le projet, de l’adapter
ensuite pour le présenter aux diffuseurs et aux structures de
financements. Afin de présenter une requête d’aide à l’écriture
pour un projet de documentaire de création, les documents de-
mandés par la commission d’aide du CNC sont de même nature.
Ce travail d’écriture est un investissement qui sera rentabili-
sé tout au long de la vie du programme audiovisuel. Les
documents du dossier normalisé représentent un capital textuel,
une matière fondamentale : ils pourront être réaménagés pour
accompagner la diffusion du film, l’inscrire dans les festivals et
les bases de données, rédiger les communiqués de presse, les
articles, les communications sur Internet, les fiches pour les
médiathèques ou les jaquettes des vidéocassettes. Mais aussi, ils
permettent de bien penser le film, son intention, son traitement,
ses questionnements, ce qui est fondamental.
103
De la forme et du fond
Si la mise en forme est à l’appréciation de chacun. Une po-
lice lisible et élégante (style Garamond ou Times), l’alignement
(« justification ») des textes, une maquette claire et aérée sont
appréciés. Un style léger, des phrases courtes, une ponctuation
souple et une syntaxe bien structurée sont des règles de base. La
personnalité de l’auteur transparaît dans le style, qui offre à
pressentir des éléments du regard d’auteur. Mais il est inutile de
« délayer » ou de faire de longs textes, tout l’effort doit porter
sur le sens, le style, l’expression, et l’intensité, car comme
l’écrivait Jean Paulhan : « Il suffit de quelques mots, que me dit
un livre, un autre homme, pour me jeter dans une vie intérieure
prodigieuse et inattendue. » (Paulhan, 1990).
104
« pitch », d’entretiens brefs ou d’appels téléphoniques. Un sujet
bien pensé, défini avec un point de vue et un traitement, docu-
menté et préparé doit pouvoir s’exposer brièvement et
clairement.
Résumer l’histoire
Le résumé développe la pensée du film et expose brièvement
le déroulement de l’histoire. Il en esquisse la trame narrative
tout en mettant en valeur les personnages principaux et les ac-
tions essentielles. Il est indispensable – dans le dossier de
production en amont des financements – et aussi dans le dossier
de presse, une fois le film achevé. Souvent le résumé du dossier
de presse reprend pour l’essentiel le résumé du dossier de pro-
duction, en l’actualisant en fonction des événements (et des
changements) intervenus pendant la phase de réalisation.
105
Exemple de Résumé
de film documentaire expérimental
Film : “Eaux Pensantes” de Didier Mauro
5’, DVCam & DV, 4/3
Produit par Jean-Pierre Zirn © La Seine TV, 2009, Paris
Site : http://laseine.tv
106
port au sujet. Pour certains cinéastes, l’intention est claire,
comme l’énonce Joris Ivens : « Je n’ai jamais eu une double
personnalité, d’un côté l’artiste, de l’autre le militant. La poé-
sie a toujours été là, comme un sous-courant. Mais au
XXe siècle, si tu ne t’es pas préoccupé des problèmes du monde,
quel artiste es-tu ? (
…/
…) Au lieu de signer une pétition pour le
Vietnam ou le Mali, je pars » (Devarrieux & de Navacelle :
1993). Cet exemple se réfère à un engagement social, et préci-
sément, politique, mais il existe d’autres formes
d’engagements : droits de l’Homme, tiers-mondisme, convic-
tions philosophiques ou religieuses, etc. Et quel que soit le
projet, c’est l’engagement de l’auteur par rapport au sujet qui
doit figurer au centre de la note d’intention.
Très concrètement, la note d’intention doit notamment ré-
pondre aux questionnements suivants : Quelle est l’intention de
l’auteur ? Qu’est-ce qui le pousse à vouloir faire ce film ?
Quelle est son implication par rapport au sujet ? Pourquoi
pense-t-il devoir faire ce film ? Quel est son point de vue sur le
sujet qu’il aborde ? Quel regard porte-t-il sur ce sujet ? Sous
quel angle compte-t-il le traiter ? Il convient, finalement,
d’apporter la réponse à une question qui inverse le postulat de
Joris Ivens dans le film que Robert Destanques lui a consacré
Tu es toujours le premier : en quoi l’auteur peut-il, précisément,
être le premier (a fortiori pour un sujet qui a déjà été traité par
de nombreux documentaristes) ?
Ceci nous conduit à préciser la notion de point de vue
d’auteur. Marcel Ophuls (dont le film Le Chagrin & la Pitié est
une référence en matière d’investigation historique créative)
apporte une explication : « Le film, c’est juste un regard. C’est
mon regard et, à partir du moment où les spectateurs savent que
c’est mon regard et que les témoins convoqués savent qui je
suis et pourquoi je viens les interroger ». (Marcel, Ophuls, in
« Charlie hebdo », n °726. 17 mai 2006).
107
tamment les remarquables Buena Vista Social Club de Wim
Wenders ainsi que Son et Salsa Opus d’Yves Billon.
Enfin, la note d’intention doit répondre aux questionnements
énoncés par Pierre Maillot dans L’écriture cinématographique :
« Le vrai problème (
…/
…) n’est donc pas l’histoire, mais le
sens de l’histoire ? La vraie question n’est pas : qu’est-ce que
je dois raconter ? Mais : qu’est-ce que je veux raconter, en
racontant ? » (Maillot, 1996).
108
guement, en Afrique, en Asie, et Amérique latine. Les « ter-
rains » du Tiers-Monde, je les appréhende à la façon de Marcel
Mauss, en « observation participante ». Et lorsque l’on revient
de tous ces terrains, lorsque l’on retourne à Cuba, on peut com-
parer ce qui est comparable : la société cubaine représente une
réalité atypique à bien des points de vue.
Mais ce n’est pas tout. La révolution cubaine me concerne
au même titre qu’elle concerne toutes celles et ceux qui
s’interrogent sur l’« ordre » actuel du monde (dont on voit à
quel point il est un désordre planétaire – le fameux « effet régu-
lateur du marché » et l’ultralibéralisme montrant de plus en plus
leur visage le plus irrationnel et prédateur). Et puis, je
m’interroge : Y a-t-il une fatalité à ce que les injustices et
« l’exploitation de l’homme par l’homme » se perpétuent indé-
finiment, que ce soit sous la forme du capitalisme égoïste (mais
aimablement démocratique) ou sous celle plus sinistre des hy-
pocrisies pseudo « communistes » (ex-URSS, Chine, etc.) ? Est-
il fatal que toute révolution soit trahie génère ce que Milovan
Djilas définit comme « une nouvelle classe dirigeante » et que
comme l’écrivait Malraux « les commissaires du peuple en ves-
tes de cuir se transforment » ?
109
l’histoire, nous la présente”. Il s’agit d’une question de toute
première importance (
…/
…) C’est de cette préoccupation que
sont nés les couples notionnels aussi connus et aussi utiles que
ceux qui opposent la mimesis et la diègèsis, le showing au tel-
ling, la représentation à la narration » (Gaudreault, 1999).
110
Exemple de Fiche de Traitement de film documentaire
Film : « Fuir nos vies par la route jusqu’au Sri Lanka ? »
de Didier Mauro
e
52’, Vidéo Haute Définition, 16/9
Produit par MECANO PRODUCTIONS, 2012/2013, Paris.
Site : www.mecanosprod.com
111
textes. Et ce partage est partagé avec leurs amis de rencontre
ainsi qu’IN et OFF avec les spectateurs.
. L’Autre voyage :
www.bonnepioche.fr &
http://www.film-documentaire.fr/Regard_malgache.html,
film, 12 636
. Pilot Guides :
http://www.pilotguides.com
. J’irai dormir chez vous :
www.jiraidormirchezvous.com
112
Et comme le rappelle Pierre Maillot dans L’écriture cinéma-
tographique : « L’histoire, au cinéma, comme dans les romans,
est la moindre des choses (
…/
…) l’important est dans la façon
de raconter, c’est-à-dire dans le sens qu’on lui donne » (Mail-
lot : 1996). Et cette façon de raconter vaut, précisément, pour le
documentaire.
Ainsi, lorsque l’on lit des œuvres d’Arthur Miller (comme la
trilogie sur la Crucifixion en rose) ou, surtout, de David Lodge
(comme le jubilatoire et subtil Un tout petit monde), l’essentiel
n’est pas tant dans les actions, ni dans les événements, mais
dans le point de vue, le choix narratif, la façon dont ces histoires
sont racontées.
113
- l’énoncé de la problématique et des questionnements, de
l’enjeu,
- l’enchaînement dramaturgique de la trame narrative,
- une présentation des principaux personnages et leur ca-
ractérisation,
- l’enchaînement des situations, des actions,
- l’évocation de scènes et séquences majeures,
- l’expression des conflits et contradictions,
- la présentation des paysages, des lieux, des décors, des
objets faisant sens et ayant une importance pour
l’histoire
114
tuels maoris. Cette première étape est le début d’une errance
internationale de cinq mois commençant selon l’itinéraire sui-
vant : Australie, Singapour, Malaisie, Thaïlande, Birmanie,
Laos, Cambodge, Vietnam, Chine, Hong Kong.
Mais cette première fuite n’est qu’un prélude. L’odyssée
principale, Cyril la conçoit pour le dernier trimestre 2012, avec
son ami Sri Lankais, Pradeep.
Pour sa part, Pradeep a connu récemment une rupture de
même ordre. Il envisageait de se retirer dans un monastère de la
région parisienne (Pradeep est bouddhiste). Ce voyage corres-
pond à une envie profonde, qu’il a, de se ressourcer : sa vie
ancrée dans la société de consommation le lasse.
L’omniprésence du virtuel, des téléphones portables, de
l’Internet, de la télévision, des marques vestimentaires lui don-
nent envie de fuir cet univers pour vivre le monde, se perdre et
se chercher.
Au fil des mois, ils définissent leur objectif : Partir en voi-
ture depuis Paris pour aller jusqu’au
Sud de l’Inde, au Kerala, dont la famille de Pradeep,
d’ethnie malayani, est originaire, puis de terminer le périple au
Sri Lanka, et là, dans le village où vit une partie de la famille de
Pradeep, faire généreusement don de la vieille Peugeot 205 de
Cyril à un pauvre paysan défavorisé.
Durant l’été, ils sont dans les rues de Paris, en procession
avec les adorateurs du dieu de l’Inde Ganesh. Le moment venu,
Pradeep et Cyril rendent, au cimetière de Créteil, une dernière
visite à la tombe de la mère de Cyril, décédée en 2010, puis ils
quittent l’Île de France. Direction : Le Sri Lanka, par la route.
115
Un récit personnel et Des lettres au fil du monde
Le film sera porté par un récit IN/OFF de deux personnes :
Cyril & Pradeep, dont nous filmerons les dialogues, soliloques,
monologues, discussions. Aucun commentaire Off de type jour-
nalistique se sera rajouté.
Le traitement du récit intégrera aussi des fragments de lettres
et des E Mail s que Cyril et Pradeep écriront à de multiples des-
tinataires : amis restés en France, parents au Sri Lanka, contacts
des étapes à venir. Le film rejoindra en cela le mode du docu-
mentaire épistolaire (cf. Lettres d’amour en Somalie de
F. Mitterrand, Le Tombeau d’Alexandre de C. Marker, etc.).
De multiples entretiens
Le film restituera les multiples rencontres de Cyril et Pra-
deep. L’ambiance relationnelle exprimera la personnalité des
deux voyageurs, tandis que s’esquissera une galerie de portraits
des personnes dont ils partageront des moments de vie dans
chacun des pays.
116
présentes. Ils demandent à leurs interlocuteurs de leur montrer
leurs photos, et aussi de sortir les albums de famille. Tout est
filmé.
117
permet de procéder aux évaluations financières (cf. chapitre de
cet ouvrage consacré à la production). La Fiche technique est
incorporée au dossier du projet afin d’informer les coproduc-
teurs, diffuseurs, et cofinanceurs sollicités de données
préfigurant les moyens à mettre en œuvre.
118
Habillages, génériques, sous-titres : 02 jours
Studio d’enregistrement voix : 01 jours
Mixage VO et VF : 03 jours
Nota
119
D’autres progressent, et en tout cas, un véritable « déblo-
cage » a lieu.
Cette méthode peut être adaptée à tous les contextes
d’écriture. Inutile d’attendre et de « mettre en souffrance » un
dossier de projet. Il suffit de choisir un(e) partenaire acceptant
de participer : épouse, frère, voisine, camarade de travail,
grand-père, etc. puis, de mettre en place ce jeu de rôles.
120
Raconte-moi le déroulement de l’histoire, telle que tu la res-
sens actuellement. Comment le film commence-t-il ? Que se
passe-t-il ensuite ? Comment penses-tu que cela puisse finir ?
Quel est le genre principal dans lequel ce film documentaire
s’inscrit, et pourquoi (animalier, historique, de voyages, etc.) ?
Quel traitement envisages-tu (cinéma de parole, film porté
par le récit d’un témoin, entretiens croisés, mode épistolaire,
road-movie, investigation ?) Et pourquoi ?
Quel est l’état de ta préparation de la documentation que tu
as réunie, de tes rencontres avec les personnages, de tes repéra-
ges dans les lieux ?
D’autres questions, complémentaires, peuvent, évidemment,
être ajoutées. Mais il faut bien évidemment se focaliser sur des
questions ouvertes, et non pas des questions fermées (ces der-
nières ont pour réponse « oui » ou « non » ou « peut-être », ce
qui ne fait guère progresser l’écriture). Règle de base : les ques-
tions ouvertes commencent par « pourquoi, comment, où, qui,
quelles, etc. ? ».
121
Concernant la protection d’un projet de documentaire de
création, l’écriture d’un dossier le plus développé possible en
termes de « potentiel créatif » (cf. Yves Jeanneau) revêt une
importance capitale si l’on considère les conditions légales de
protection résumées dans une Fiche Juridique de la Scam diffu-
sée en décembre 2009 (Source : Fiche Juridique. La Lettre de la
Scam. N° 36. Novembre 2009) : « La loi pose simplement deux
conditions pour qu’une œuvre soit protégeable : il faut une
forme, et il faut que cette forme soit originale. (
…/
…) Il est
nécessaire que la création soit ostensible. (
…/
…) La “forme”
désigne aussi le traitement apporté par l’auteur à, l’œuvre.
(
…/
…). Les idées (aussi originales soient-elles) ou les simples
“concepts” ne sont pas protégeables par le droit d’auteur.
(
…/
…). Les idées sont de libre parcours. Elles ne sont pas pro-
tégeables par le droit d’auteur. (
…/
…). Seule la forme compte,
c’est-à-dire – ostensiblement – le traitement, l’esthétique ou
l’expression artistique de l’auteur. (
…/
…). On entend par origi-
nalité l’expression de la personnalité de l’auteur. La forme de
l’œuvre doit être guidée par des choix, un discours personnel.
(
…/
…).
Ces deux conditions, forme et originalité, sont les seules
qu’il convient de remplir au regard de la loi sur le droit
d’auteur ». Cet extrait est édifiant et permet de comprendre
l’importance – même sur le plan juridique – de l’élaboration la
plus complète possible d’un dossier de projet de documentaire
porté par un point de vue d’auteur fort, avec une ébauche de
traitement, une intention. La méthode pour protéger un projet
dont le dossier répond à ces principes
Que faire ? Une seule solution, faire œuvre dès le dossier de
projet, ce qui implique : connaître les films antérieurs ayant été
réalisés sur une thématique voisine, avoir des personnes-
personnages qui n’ont jamais été filmés, penser un traitement
très personnel, avoir une intention, un point de vue, et un angle
qui fassent transparaître un engagement d’auteur.
Ensuite, il est un mythe qu’il faut évacuer rapidement :
s’envoyer à soi-même un dossier en recommandé n’a aucune
valeur juridique, et très curieusement, ce mythe a la vie dure !
122
Il n’y a que deux façons de protéger un projet dont le dossier
a été élaboré selon les méthodes définies dans ce livre :
a. Déposer un projet à la S.C.A.M. ou bien à la SACD (moyen-
nant une cotisation modique). Il s’agit en ce cas d’un
dispositif de protection de droit.
Éléments complémentaires
Afin de compléter le dispositif, il convient de procéder à une
demande d’immatriculation ISAN – « International Standard
Audiovisual Number » (sorte de numéro d’identité du film),
auprès de l’Agence Française et l’Agence Internationale ISAN,
sachant que « l’enregistrement et l’attribution d’un numéro
ISAN n’étaient nullement susceptibles d’établir ou de conférer
quelque droit de propriété que ce soit sur l’œuvre audiovisuelle
ayant fait l’objet d’un enregistrement auprès de l’Agence Fran-
çaise ISAN ».
123
Mais cependant, vu le coût très modique de l’immatri-
culation, celle-ci est un élément complémentaire de la
construction de la propriété intellectuelle de l’œuvre. Ce numé-
ro est par ailleurs très utile, demandé, une fois le film fini, par la
SCAM, la SACD, le Club du Doc, les diffuseurs, etc.
Agence Française ISAN c/o PROCIREP
11 bis rue Jean Goujon, 75008 Paris
Tél. : 01 53 83 91 59 – Fax : 01 53 83 91 92
E-mail : accueil@france-isan.org
Lien Internet : http://www.france-isan.org
124
tuent l’ensemble du film. Cette pensée doit être conçue en
amont, en tout premier lieu. C’est l’acte de création fondamen-
tal : écrire la pensée du film. Elle doit être traversée par une
seule idée, forte. Élaborer la pensée du film, c’est essentiel : il
faut dépouiller le projet pour trouver le « nerf » qui pourra faire
vibrer une réflexion, progresser vers la pensée qui fera film, qui
deviendra œuvre ».
125
Entretien avec Jacques Bidou
D.M. : Comment choisis-tu les documentaires que tu produis,
parmi les centaines de dossiers de projets qui te sont adressés ?
Jacques Bidou : « Les projets que je choisis sont toujours en
relation avec mon engagement. Comme beaucoup de personnes
de ma génération, je viens du cinéma militant et de
l’engagement politique. Quand j’ai créé J.B.A. et recommencé à
faire du cinéma, je ne voyais pas comment je pouvais faire des
films sans qu’ils aient un lien fort avec mon engagement. Je ne
voyais pas l’intérêt de faire des films qui soient juste des films
de plus. Mais j’ai aussi compris qu’un créateur était indispensa-
ble, l’efficacité de l’engagement passe nécessairement par l’acte
de création. L’efficacité, et la capacité à générer des œuvres qui
portent loin et longtemps. Le projet ne vient jamais de moi, pas
de “projet de producteur”, mes choix de production se portent
vers des terrains d’enjeux forts, proposés mais surtout portés, je
dirais de façon essentielle, par des créateurs. Sinon je me serais
profondément ennuyé dans ce métier ! Produire c’est un
“voyage”, il faut absolument l’entreprendre avec des gens qui
ont quelque chose à transmettre, des gens forts qui nous éton-
nent, des cinéastes ».
126
ture qui va forcer l’auteur à imaginer son film séquence après
séquence après l’avoir rêvé. C’est là où la note d’intention et le
traitement vont être primordiaux. On peut tomber exceptionnel-
lement sur des réalisateurs qui savent très bien écrire (en
général ils détestent), ce qui ne veut pas dire qu’ils seront capa-
bles de réaliser un bon film, même si l’analyse est excellente. Il
s’agit de les amener à concrétiser de la manière la plus pointue
quel va être leur regard d’auteur, leur point de vue personnel sur
leur sujet. Toutes les autres parties, synopsis, résumé sont im-
portantes pour arriver à définir les points essentiels de son
projet, pour qu’un diffuseur ou un coproducteur puisse très vite,
en quelques pages, saisir les perspectives du sujet. Il est indis-
pensable qu’à la lecture on puisse imaginer ce à quoi va
ressembler le futur film. Les Anglo-saxons sont d’ailleurs beau-
coup plus rigoureux que nous sur ces points. Ils sont très
rébarbatifs à la logorrhée et au subjectivisme des projets fran-
çais en général. Nous avons intérêt à nous inspirer de certaines
de leurs méthodes de travail. »
127
moment donné, il y a quelque chose, une espèce de force qui
passe ou qui ne passe pas dans un projet. J’ai une certaine idée
d’un sens politique du travail que nous faisons, et ce travail se
fait avec les films que nous aidons à produire. Il est vrai que je
m’intéresse au monde qui nous entoure, à l’histoire qui nous
précède, j’aime plutôt ces projets-là. Je n’ai pas de technique ni
de dogme quant au synopsis, quant à la note d’intention, etc.
Mais je ne crois pas du tout aux continuités. Par exemple, quand
je reçois un séquencier de trente pages, avec l’enchaînement des
séquences du documentaire, je ne peux même pas le lire. Je ne
dis pas qu’il est mal écrit ou qu’il est mal fait, je ne peux pas le
lire, car je n’y crois pas, cela n’existe pas pour moi. Si le sé-
quencier est fait, c’est peut-être un documentaire, mais cela ne
m’intéresse pas, parce que je ne crois pas que cela puisse fonc-
tionner ainsi. Donc, un projet de documentaire, au départ, cela
peut être un texte unique, et même une lettre de trois pages,
mais ce qui est essentiel, c’est qu’il doit y avoir une force dans
l’idée, une volonté de raconter une histoire, l’affirmation d’être
l’unique personne à pouvoir la raconter, la seule à être le “pas-
seur” de cette réalité, la seule à pouvoir toucher les autres avec
cette histoire particulière. Je dis sciemment “histoire”, car à
mon sens ce sont des histoires que nous racontons par le docu-
mentaire. Je crois que c’est pareil pour tous les auteur –
réalisateur : nous racontons une histoire. Nous racontons tous
des histoires. Il y a un début, un milieu et une fin, ainsi que des
personnages et une manière de raconter. Nous les racontons
autrement qu’en fiction, mais les mécanismes fondamentaux du
récit sont les mêmes. Après, nous n’avons pas les mêmes matiè-
res, ni les mêmes moyens. Ce n’est pas une affaire de pauvreté
ou de richesse d’ailleurs, car on peut être plus riche à deux per-
sonnes devant un paysage qu’à cinquante devant un studio. La
richesse n’est souvent pas là où l’on pense ».
128
du film (aussi dite, plus commercialement « le Pitch »), le Ré-
sumé, La Note d’Intention, La Note de Traitement, Le
Synopsis. Selon vous, qu’est-il fondamental que l’auteur trans-
mette dans ses textes ?
Mathieu Gallet : (Entretien réalisé avec le concours de Chris-
tophe Barrère) : « Qu’il s’agisse d’un documentaire de création
ou de tout autre projet audiovisuel ou cinématographique, le
problème est le même : pour que le projet se réalise, il faut qu’il
trouve les partenaires et les financements dont il a besoin.
La réalisation d’un film documentaire nécessite des moyens,
certes modestes par rapport à des longs métrages de fiction,
mais qu’il faut pouvoir mobiliser à partir d’une présentation du
projet. Il faut, sinon "donner à voir" le film avant qu’il existe,
du moins donner envie à ceux qu’on sollicite pour son finance-
ment et sa diffusion. Le rôle du producteur à ce stade est
essentiel. Je ne crois pas qu’il y ait de règles absolues. Chaque
projet est sans doute un cas particulier : la personnalité du réali-
sateur, sa filmographie, la confiance qu’il peut inspirer aux
décideurs – souvent fondée sur des réalisations précédentes –
sont des éléments déterminants.
Un projet se lit aussi entre les lignes et il entre une part de
pari dans l’accord qui est donné.
Pour tous les projets destinés à la télévision, la confiance des
diffuseurs est absolument essentielle. C’est une confiance dans
le projet mais aussi une confiance accordée au réalisateur et à
son producteur. Synopsis, note d’intention, traitement ; sont les
éléments qui sont mis sur la table pour que la discussion puisse
s’enclencher.
Enfin, il ne faudrait pas oublier que les chaînes ont des gril-
les de programmes, des cases thématiques, des événements
qu’elles estiment devoir traiter et que les projets auxquels elles
peuvent s’intéresser doivent satisfaire ces exigences. La seule
qualité artistique du projet n’est pas suffisante, elle peut être un
plus si le sujet correspond aux attentes, aux lignes éditoriales ».
129
Entretien avec Thierry Garrel
D.M. : En ce qui concerne l’écriture audiovisuelle, comment
définir le point de vue d’auteur ?
Thierry Garrel : « Le point de vue d’auteur dépend de la défi-
nition même du mot auteur, qui vient de auctor en latin, celui
qui augmente. Le fait d’augmenter, le fait que justement une
pensée sur le monde, ou un point de vue sur le monde peut pré-
tendre l’augmenter à travers l’œuvre : telle est la définition de
l’auteur. Dans les dossiers, les projets, nous essayons de sentir,
à la fois les motivations, l’engagement personnel, et la raison
unique qui fait qu’un auteur prétend s’emparer d’une question
du monde, ou du moins à une question, va fournir non pas la
réponse, mais un film qui, pour le spectateur, permettra de faire
surgir dans sa conscience cette même question, un espace
d’interrogation. Donc voilà ce que nous essayons d’estimer au
niveau du texte écrit, de la note d’intention, du résumé, etc. ».
130
cément de mal à reproduire sur une nouvelle forme. Je sur-
privilégie la nouveauté des démarches. Ce qui est paradoxal
puisqu’en télévision, la reproduction est plutôt la règle, puisque
celle-ci se consomme tous les soirs, toutes les semaines, tous les
mois, etc. Je privilégie des questions qui concernent l’espace
public, le collectif, le politique au sens grec, le vivre ensemble,
la question de l’identité et de l’altérité, le rapport à l’autre, la
question de la mémoire, de la “revisitation” du passé pour enri-
chir le présent et permettre l’avenir. Et puis, à titre personnel, je
crois fortement à l’engagement, pas au sens partisan du terme,
mais au sens de l’affirmation forte des points de vue. C’est là
aussi un paradoxe car à travers la singularité de ces points de
vue, l’idée de la télévision comme système répété semble anti-
nomique. En même temps, notre travail est d’organiser la
polyphonie et la diversité de ces points de vue, le pluralisme de
l’expression de ces points de vue dans un palimpseste, comme
l’appellent les Italiens, dans une grille continue qui offre aux
spectateurs ces films ».
131
vision. Mais l’écrit va aider l’auteur à construire, à ordonner sa
pensée. Il y a un autre objectif à l’écriture : c’est de « vendre »
son projet, de déclencher le désir qui aboutira au financement.
Comme ces textes s’adressent à des personnes qui, a priori,
aiment le cinéma et le documentaire, le propos du film doit être
exprimé avant tout en images. »
132
passe, et aussi que l’on puisse, à la lecture, percevoir qu’il y
aura tel climax, tel enjeu, telles contradictions, qu’il y aura une
évolution, un conflit, une résolution. Le dossier doit également
présenter son “casting documentaire” et préciser qui sera le
personnage principal et les personnages “secondaires”. D’où
l’intérêt de rédiger en préambule un texte bref, une sorte de
“pitch”. Un pitch, dans les ateliers, sur les marchés, en tête à
tête avec un décideur
… c’est un moment d’environ 7 minutes
disponibles pour raconter une histoire et convaincre. Ça ne suf-
fit pas, mais si ce premier contact est un échec, rien ne se
décidera. N’oublions jamais qu’il y a quelques milliers de pro-
jets qui sont en concurrence, qui attendent dans le couloir ou
sont déjà en lecture
… Ensuite, dans un dossier de projet de
documentaire, j’attends de trouver “des potentiels”. Il est ex-
trêmement rare de recevoir des dossiers pour lesquels il n’y ait
rien à redire, où “tout est là”. Parfois je reçois des dossiers pré-
tendument “bouclés”, voire adoptant la forme du scénario, qui
sont généralement prétentieux. Les dossiers dans lesquels il y a
du potentiel, de la profondeur, mais où il y a du travail à faire
m’intéressent beaucoup plus, car, en documentaire, les choses
sont amenées à évoluer, à s’approfondir. Car ce que j’attends, je
le répète, c’est du potentiel.
Et pas l’illustration d’une thèse ou d’une affirmation pé-
remptoire. Hegel parlait des Ruses de l’Histoire : celles du Réel
sont étonnantes et subtiles. Il arrive même que le “héros” prévu
se révèle un triste sire, un maquignon ou un menteur. Le projet
doit intégrer ces risques et ces découvertes à venir. Il est un
projet de recherche, de démarche, de questionnement ; il ne doit
être ni naïf ni définitif, mais laisser la place à la curiosité, à
l’étonnement, à des dimensions inattendues de l’histoire ou des
personnages. De plus, se pose aujourd’hui la question des mo-
des d’écriture en relation avec ce que l’on appelle la “diffusion
transmédia” : un projet qui va pouvoir aller, en plus des télévi-
sions, du DVD et du “companion-book”, sur le terrain
d’Internet, de I-Tunes et de la téléphonie, voire des “serious
games”, etc. répond pour moi à la définition du “projet exci-
tant”. Pas par effet de mode, mais parce qu’alors se pose
vraiment et concrètement la deuxième question fondamentale :
QUI va (spontanément ou non) s’intéresser à ce film ? À qui
s’adresse-t-il ? Comment cette communauté d’intérêt sera-t-elle
133
informée, mobilisée, tenue en haleine ? Les publics ne sont plus
captifs mais volatiles, et leurs écrans sont de plus en plus noma-
des. Un projet devrait, au XXIe siècle, intégrer ces données et
inventer des modes de subversion intelligente. La culpabilisa-
tion des téléspectateurs n’est pas la meilleure solution ! »
134
D.M. : Quelles sont les questions importantes relatives aux
« personnages » identifiés ?
Yves Jeanneau : « Une question de base à laquelle tout dossier
doit répondre est celle de la faisabilité et des « accès ». Un pro-
jet dans lequel on me propose des séquences d’entretiens avec
une personnalité ayant déjà fait l’objet de nombreux documen-
taires, comme Mme Simone Veil, ce sera un projet de plus avec
Mme Simone Veil, le énième film où elle apparaît. La question
du traitement, du caractère novateur du regard est alors fonda-
mentale. En revanche, si c’est un projet avec un Norman Mailer
qui, comme chacun sait, refusait toute interview et qui, pour la
première fois, accepte par écrit d’être filmé, là, c’est bien plus
intéressant ! Lorsque l’on pense un dossier de projet de film
documentaire, il faut répondre à la question : qu’est-ce qui est
exclusif dans ce sujet ? Ensuite, il faut envisager “l’accès” sous
une forme sécurisée : quelle est la garantie d’avoir l’accord de
ce nouveau Norman Mailer ? Il ne faut jamais “vendre la peau
de l’ours”. Commencer à élaborer un projet sans avoir toutes les
preuves garantissant la faisabilité du projet, c’est se diriger vers
l’échec. Pour intéresser un producteur, un diffuseur, etc. il faut
pouvoir disposer de preuves écrites que l’accès à tel endroit, à
telles archives, à telles personnes n’est pas un fantasme ou une
quête impossible. C’est là que réside l’originalité du projet. Il
n’y a pas de sujet original, car aujourd’hui tout a été fait vu et
revu. Ce qui rend un projet original ce sont les accès, les exclu-
sivités, le traitement, et ce qui spécifie l’angle ».
135
essentiel de voir les personnages, puisqu’il s’agit de toute façon
des gens dont nous parlons, que nous avons envie de connaître,
et de sentir. Que ce soit Un coupable idéal ou un documentaire
archéologique, c’est pareil : nous parlons de vraies personnes
qui ont forcément un caractère, un tempérament, une manière
de réagir. Nous avons envie de voir tout cela raconté. Nous
avons envie de voir développé dans un dossier ce qui peut arri-
ver, et comment l’histoire serait racontée si cela arrivait
… donc
a priori ce qui va se passer et comment on envisage de le ra-
conter. C’est très important pour moi de voir comment le
réalisateur, l’auteur raconte une histoire qui, potentiellement,
peut arriver, qui n’arrivera peut-être pas
… et comment, alors, il
la raconte si elle n’arrive pas ».
136
dans ce long processus. Cela demande du temps, de l’énergie,
sans que parfois le projet n’aboutisse. Il faut être capable de
faire la distinction entre les différents traitements possibles d’un
sujet : un sujet peut aussi bien donner un article de journal, un
livre, une émission de radio, un long-métrage de fiction, et un
documentaire (un grand ou un petit, pour le cinéma ou la télévi-
sion)
… C’est très difficile à faire comprendre et à intégrer soi-
même. Pour un même sujet de documentaire, il y a des quantités
de possibilités : à qui et à quelle chaîne de télévision il
s’adresse ; comment on le fait : est-ce qu’on l’incarne, on suit
un personnage ? Etc. En tant que producteur, sur le plan textuel,
nous voulons un document qui soit suffisamment explicite pour
voir vers quoi l’on se dirige, artistiquement et intellectuelle-
ment. Et c’est sur cette seule base que nous pouvons convaincre
des partenaires. Donc pour résumer, il faut écrire un dossier et
être extrêmement exigeant sur la qualité de ce dossier. Il faut
s’y résigner, même si l’auteur a envie de passer à une phase
plus gratifiante et plus excitante (la réalisation). Le dossier doit
permettre à tous ceux qui le lisent d’avoir une idée commune de
ce que va être le film : il doit générer chez le lecteur des images.
Ce dossier permet ensuite d’évaluer vers quel diffuseur on va
porter le projet, et d’établir un budget qui soit en adéquation
avec le projet »
137
D.M. : Que souhaites-tu trouver dans le résumé ?
Inger Servolin : « C’est le film, la démarche. Le résumé con-
siste en l’histoire du film, abrégée. Les thèmes importants du
film doivent y être esquissés. Il ne doit pas prendre plus d’une
page ou une page et demie. »
138
Chapitre 2.
Réaliser
139
mes, revendiquant lui aussi la « ciné-sensation du monde » dé-
finie par Vertov en 1929 : « Avec la DV, je filme le monde à
partir des détails : vent, peau, pieds, pluie, étoffes
… Nous
sommes davantage dans un cinéma de la sensation. Je ne cher-
che plus à proposer une histoire de manière autoritaire, mais par
fragments. Je filme des morceaux d’histoires, des traces d’une
possible histoire à raconter, l’histoire se fera ensuite seule, dans
l’esprit du spectateur qui l’inventera ou tentera de la reconsti-
tuer ». Robert Kramer, cité in L’image, le monde : une revue en
cinéma. N° 1. Octobre 1999.
Si les métiers des champs de l’audiovisuel nécessitent de
mettre en œuvre le plus souvent une phase d’écriture, une prise
de vues, une prise de son, un montage, une post-production,
etc., tous les programmes audiovisuels ne relèvent pas des mê-
mes méthodologies ni des mêmes approches. Ainsi, considérons
l’image. Dans la fiction, elle traduit et transpose une création
imaginaire (pouvant s’inspirer du réel) élaborée par une ou des
personnes (scénariste, dialoguiste, metteur en scène, etc.).
Dans les programmes relevant des champs du journalisme –
news, reportages, magazines – l’image prétend restituer la vérité
(alors qu’elle véhicule – caché ou inconscient – le point de vue
du journaliste sur l’événement qu’il « couvre », et souvent la
ligne éditorial du diffuseur et de ses financeurs, avec ce que cela
induit parfois comme censures et autocensures). En matière de
documentaire, l’image tend à refléter un point de vue d’auteur
(Vigo disait souvent un « regard d’auteur ») sur le réel, assu-
mant une subjectivité, une intention, un traitement, et ne
prétendant en aucun cas transcrire La vérité, mais tout au plus
capter et transmettre des fragments de vie.
Et quant à l’objectivité, la valeur véridique, la justesse de
l’image, rappelons la formule de Godard répondant à la ques-
tion « est-ce une image juste » ? La réponse de l’auteur de
l’excellent Pierrot le Fou fut « Non, c’est juste une image ! ». Il
est fondamental de prendre ces éléments en considération si
l’on envisage une réalisation documentaire. Par ailleurs, depuis
l’invention du parlant, les récits et témoignages ajoutent du sens
et du conte, les sons directs synchrones font ressentir les am-
biances et donnent autant à voir et à imaginer qu’à entendre.
Enfin, le montage est une phase ultime d’écriture filmique,
permettant encore d’ultimes créations.
140
Visionner des œuvres extraites de l’Histoire
du documentaire renforce la créativité
En ces domaines, encore, pour exprimer un traitement et or-
ganiser une réalisation faisant œuvre, l’acquisition d’un capital
culturel et le visionnage des classiques de l’histoire du docu-
mentaire sont fondamentaux. Il convient de se situer par rapport
à l’antériorité de cet art. Bien des documentaires que nous vi-
sionnons nous apparaissent insipides ou soporifiques malgré
l’intérêt de leur sujet. Et bien souvent leur réalisateur aurait été
bien inspiré de passer du temps en cinémathèque ou dans les
festivals et rétrospectives. Un exemple : combien de documen-
taristes du XXIe siècle ont visionné L’Homme à la caméra
(Vertov) ? Une œuvre libératrice et extrêmement audacieuse
dans sa forme au regard de la grande majorité des documentai-
res diffusés actuellement. L’excuse de la difficulté d’accès à ces
œuvres est obsolète : la plupart sont éditées en vidéo. Ainsi
L’Homme à la caméra fait l’objet d’une édition en DVD et peut
être commandé n’importe où (Fnac, Virgin, etc.). Enfin, il ne
faut pas oublier que le cinéaste, qu’il soit documentariste ou de
fiction, est un auteur qui raconte une histoire, et selon la belle
expression de nos amis anglophones d’European Documentary
Network (le réseau EDN, présenté en divers espaces de cet ou-
vrage), les documentaristes sont des storytellers.
La manière dont R. Leacock exprime sa relation à son mode
de création documentaire est belle, simple, et profonde : « Pour
moi, l’acte de filmer est un délice, un plaisir, comme chanter ou
dessiner. Capturer l’essence des lieux, des gens, les situations,
les tragédies, les comédies. La vie comme nous la voyons et
l’entendons autour de nous. Puis rentrer à la maison, pas dans
un studio, à la maison, et monter, créer un lien vers des gens
que vous ne connaissez pas et qui pourraient être intéressés par
ce qui est expérimenté. »
« Comme chanter ou jouer du violon, cette habitude est dé-
voreuse. Je dois tourner en permanence ». Richard Leacoak, in
Faits et gestes des cinémas documentaires (op. cit.). Ce disposi-
tif définit bien la position affective, psychologique, et sensuelle
de nombre des documentaristes avec leur métier. « Chanter ou
jouer du violon » ; nous pourrions ajouter peindre, dessiner,
141
danser. Le documentaire dans sa dimension artistique et ludique
rejoint le caractère dionysien de ces arts.
La réalisation d’un documentaire fait intervenir un ensemble
de dispositifs complexes : le traitement, le rendu de l’intention
et le regard d’auteur procèdent de la mise en œuvre de choix
esthétiques et sémantiques spécifiques. La lumière, les cadres,
les orientations d’enregistrement des sons, le rythme du mon-
tage contribuent à la construction de l’œuvre qui s’élabore, à
l’histoire qui se raconte via le documentaire. Dans ces appro-
ches, tout doit faire sens, et produire du sens en maintenant en
éveil les sens. Il importe donc de se définir par rapport aux mo-
dèles dominants et de situer le point de vue d’auteur et
l’intention dans ce contexte en fonction du regard personnel que
l’on porte sur le monde.
142
Concernant le renouvellement permanent de la création do-
cumentaire, prenons un premier exemple : depuis Nuit &
brouillard de Resnais et Shoah de Lanzmann, les films consa-
crés au génocide du peuple juif organisé par les Nazis sont
nombreux. Et pourtant surgissent, chaque année, de nouvelles
œuvres. Indispensables pour rappeler l’Histoire face aux néga-
tionnistes, nécessaires pour que les citoyens soient vigilants afin
que cela ne se reproduise jamais, ces documentaires explorent
des fragments de ce passé si peu lointain.
Et là encore, le postulat de La Bruyère dans Les caractères
(« Tout est dit ») s’avère inexact. Non, tout n’est pas dit. Il suf-
fit de venir aux projections-débats organisés au Mémorial de la
Shoah pour s’en convaincre. Trois films qui y furent projetés en
janvier-février 2012 l’illustrent parfaitement : Swimming in
Auschwitz film de cinéma de parole construit autour des récits
de six femmes juives détenues à Auschwitz-Birkenau, Portre-
tisca (Le portraitiste) d’Irek Dobrowolski qui raconte l’histoire
de Brasse qui, apprenti photographe, une fois déporté devint
« le photographe d’Auschwitz » et réalisa près de 50 000 photos
d’identification de prisonniers, ou encore Himmler et la Solu-
tion finale, qui pose la question : comment Heinrich Himmler,
ministre de l’Intérieur du Reich à partir de 1943, a-t-il orchestré,
avec Hitler, la Solution finale ?
Nota
Pour venir aux Projections-débats organisés au Mémorial de
la Shoah :
Adresse : 17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris
Tél. : 01 42 77 44 72
Site Internet : www.memorialdelashoah.org
143
nellement l’œuvre d’un génie isolé d’un auteur coupé du
monde, puisque son objet est précisément le socius et que
l’action est le théâtre du réel, le monde. Un documentaire est le
plus souvent produit d’un groupe, qui va de l’auteur au diffu-
seur, en passant par le réalisateur, le producteur et tous les
techniciens (image, son, montage, etc.).
Mais surtout un documentaire est généralement porté par des
personnes qui, devenant personnages, permettent l’existence
même du récit et de l’œuvre. La qualité d’un documentaire dé-
pend souvent de la richesse des relations humaines qui ont pu se
créer et de la motivation de tous pour achever une œuvre aussi
créative que possible. L’acceptation de la caméra, l’intégration
au milieu, la profondeur de la relation avec le sujet filmé (que
ce soit une personne, un village, etc.) conditionnent aussi la
qualité du résultat. Et même en autoproduction minimaliste,
moment où l’auteur assure la réalisation, l’image et le montage,
d’autres protagonistes sont amenés à intervenir dans
l’élaboration, la production, et la diffusion.
Enfin, vu qu’un projet de documentaire demande du temps,
et souvent des années de travail et d’aléas, il ne faut pas se dé-
partir de l’humour et du sourire, et ne jamais oublier les
exemples par lesquels les documentaristes portent un regard
critique et souvent hilare sur eux-mêmes. En 1995, Jean Pierre
Zirn a signé pour France 3 la superbe supercherie Les Pessinois
sont parmi nous, qui s’inscrit dans la lignée des magnifiques
Premiers mètres réalisés en 1984 par Pierre-Oscar Lévy : une
imposture présentant des faux débuts cinématographiques,
bouts de pellicule soi-disant retrouvés au terme de recherches
très compliquées
… mais pour l’essentiel fabriqués de toutes
pièces. Or ces “premiers mètres” sont attribués dans ce pastiche,
à des “maîtres du documentaire” : Joris Ivens, Nagisa Oshima,
Jean Rouch, Dziga Vertov, Frederick Wiseman !
Ces films subversifs, procédant tous deux du même registre,
rappellent la dérision salutaire et la vertu créative du sou-
rire. Car le cinéma faisant du réel ne saurait se concevoir sans
l’indispensable sourire, et chacun peut choisir son registre : ce
peut être le “sourire vertical” cher aux surréalistes et représenté
dans le tableau de Gustave Courbet L’origine du monde, celui
144
du chat d’Alice au pays des merveilles ou encore l’érotisme
subtil des lèvres des Apsara sculptées sur les temples khmers
d’Angkor.
145
pellicule film. Dans Le langage des images et des sons, Bruno
Toussaint écrit à juste titre que : « Contrairement à ce que l’on
peut imaginer, il ne suffit pas d’avoir une bonne idée, d’aller
tourner des images et des interview, et de revenir en se disant :
maintenant on va essayer de monter cela, et de donner un sens
à toutes ces images et à tous ces sons » (Toussaint, 1999). Un
documentaire s’élabore par des choix d’écriture. Donc quels
choix d’écriture adopter ?
Ces choix sont liés à la pensée du film qui, elle, est conçue
avant le tournage, pendant la phase d’écriture textuelle puis
durant les différentes phases de la production et de la postpro-
duction.
Quel regard porter ? Là encore, il est indispensable de vi-
sionner des œuvres préexistantes, de se forger un capital
culturel (cf. Pierre Bourdieu) de cinéaste documentariste. Il
convient aussi de procéder à un positionnement personnel, à un
engagement spécifique. Quant aux sujets, Jean-Paul Colleyn
remarque dans son excellent livre Le regard documentaire :
« Les documentaires les plus intéressants et les plus marquants
excellent dans le constant réexamen d’un lieu d’investigation
relativement limité. C’est pourquoi le huis clos a été si souvent
traité par des auteurs comme Leacock, Wiseman, Depardon,
Broomfield » (Colleyn, 1993). Il est vrai que les situations les
plus intimes, les plus proches des personnes forment des con-
textes psychosociologiques d’où émanent souvent des histoires
denses qui peuvent porter un film.
Quant à la relation forme/fond, le seul critère à prendre en
compte doit être l’intention de faire œuvre, dans une relation au
réel. La créativité rencontre les attentes du public, de plus en
plus lassé d’une télévision fade et unidimensionnelle. Enfin, le
domaine expérimental, sur les frontières du réel et du surréa-
lisme, du documentaire et de la fiction, sont un domaine à
explorer, comme l’ont fait avec créativité et sensibilité Pazienza
dans Scènes de chasse au sanglier, ou dans le registre de
l’humour et de l’irrévérence Cavalier avec Lieux saints (tous
deux diffusés dans la « case » La Lucarne, sur ARTE). Enfin, il
convient de rester disponible pour recréer le film, constamment,
jusqu’à son achèvement, comme l’exprime Nicolas Philibert :
146
« Ce qui me plaît c’est de repartir à zéro, d’inventer le film en le
faisant, de pouvoir continuer à, le chercher le plus longtemps
possible » (source : News Letter n° 4 du Sunny Side of The Doc
2009). Garder une constante potentialité, donc, pour repenser ce
qui a été défini, explorer d’autres voies de création, remettre en
question ce qui a été conçu.
Enfin, existe-t-il des supports pour l’autoformation ? Quels
livres lire avant de filmer, puis emporter en tournage ? S’il fal-
lait n’en retenir qu’un ce serait un objet extrêmement rare :
l’excellent manuel de Kevin J. Lindenmuth Réaliser son pre-
mier documentaire (éditions Eyrolles, 2011). Contact pour le
commander : www.dixit.fr
147
plans, scènes, séquences, parties, épisodes, etc. L’audiovisuel a
généré des structures spécifiques, effectivement comparables
aux organisations textuelles. Au XXe siècle, la tentation a été
grande d’espérer que le cinéma devienne une sorte d’esperanto
de l’image et du son, comme le rappelle Christian Metz : « Les
théoriciens du film muet aimaient à parler du cinéma comme
d’un “esperanto”. Rien n’est plus faux. Certes, l’esperanto
diffère des langues ordinaires, mais c’est parce qu’il réalise à
la perfection ce vers quoi elles ne font que tendre : un système
totalement conventionnel, spécifique, et organisé. Le cinéma
diffère aussi des langues, mais dans le sens contraire » (Metz,
1978).
Le documentaire n’est cependant pas (pas plus que
n’importe quelle forme d’écriture audiovisuelle) un langage
universel, même si ses modes d’élaboration techniques connais-
sent de grandes similitudes mondiales : les documentaristes
américains, cubains, français, indiens ont incontestablement en
commun des méthodes et des approches esthético-techniques ;
pour tous, un « plan américain », un « gros plan », « un plan de
grand ensemble » signifient la même chose. Pour tous, un plan
représente la même unité matérielle. Il existe une grammaire
mondiale de l’image audiovisuelle.
148
Le plan est la seconde unité d’écriture. Il est constitué d’un
ensemble d’images dont le nombre est proportionnel à sa durée.
Un plan est matériellement délimitable entre le déclenchement
et l’interruption du moteur de la caméra. Il est compris dans
l’espace situé entre les indications « moteur » et « coupez » en
fiction. Techniquement, au moment du tournage, il est conseillé
de filmer des plans ayant au minimum une durée de dix se-
condes, pour deux raisons : esthétique, et aussi technique (il faut
prendre en considération le préroll des bancs de montage et les
« poignées » indispensable à la numérisation). Il y a aussi des
raisons sémantiques (l’action peut changer, évoluer, et dégager
un sens inattendu). Par ailleurs, autant il est facile, pendant le
montage, de couper dans un plan de 10’’, autant il est compli-
qué de prolonger un plan filmé trop court au moment de la prise
de vue (à part les plans fixes sur des éléments sans mouvement :
bâtiments, plantes, objets, etc.).
Puis, et cela vient de l’héritage que le cinéma a reçu du théâ-
tre, un documentaire est constitué de scènes. C’est l’analyse du
montage qui permet d’analyser le plus précisément
l’enchaînement des scènes dans la narration : la scène est com-
posée par le montage d’une succession de plans consacrés à une
même action, une même situation, ou bien à un même sujet. Un
plan séquence peut intégrer plusieurs scènes (comme l’illustrent
en fiction l’admirable travail de Jankso, et en documentaire, les
œuvres de Yan Le Masson ou de Jean-Pierre Zirn). Selon la
Grammaire du langage filmé de Daniel Arijon, tout récit ciné-
matographique ne comporte que trois types de scènes : « Les
histoires filmées ont habituellement une structure qui progresse
par scène depuis l’exposition, en passant par le développement
du conflit jusqu’au dénouement qui boucle la pièce. Toutes les
scènes tombent dans l’une des trois catégories : 1. Dialogues
sans action 2. Dialogues avec action 3. Action sans dialogue »
(Arijon, 1983). Cette structure – type est effectivement prédo-
minante dans la fiction, mais l’improvisation et la très grande
variété des structures de récits documentaires ne limitent pas les
scènes à ces trois catégories.
La séquence est le plus souvent constituée d’une succession
de scènes consacrées à une action, un ensemble thématique ou
un sujet commun. La frontière entre la scène et la séquence
149
n’est pas des plus précise. Un plan-séquence peut, en un seul
élément, présenter plusieurs scènes.
À la différence des œuvres théâtrales, qui sont composées
d’actes, un film documentaire est structuré de plusieurs parties,
elles-mêmes composées de l’enchaînement d’une série succes-
sive de séquences.
Mais un documentaire peut n’être constitué aussi que d’un
seul plan, intégrant une série de scènes, de séquences, et de
parties. Il peut aussi être réalisé intégralement en tourné-monté.
L’exemple expérimental le plus caractéristique pour le docu-
mentaire est l’initiative prise par la chaîne de télévision ARTE à
la fin des années quatre-vingt, consistant à demander à une série
de réalisateurs de tourner un 52’en un seul plan-séquence (tour-
né en vidéo HI 8). Parmi les documentaires issus de cette
initiative, celui consacré à la Place Rouge, à Moscou, était par-
ticulièrement dense et bien construit.
La séquence se compose :
- soit de l’enchaînement d’une succession de scènes :
scène 1 + scène 2 + scène 3 + scène 4 + etc. = séquence
I
- soit d’un plan-séquence.
150
La partie se construit :
- soit par une succession de séquences : séquence 1
+ séquence 2 + séquence 3 + séquence 4 + etc. = partie I
- soit par un seul plan-séquence (qui devient alors un
plan-partie),
- soit par une succession de plans-séquences.
151
Autre question d’importance : mais qui est (ou sont) le(s)
personnage(s) ? Au cœur de toute histoire, des héros, protago-
nistes et personnages interviennent (même pour les films
animaliers). Une histoire est (en documentaire ou en fiction)
d’autant plus réussie sur le plan de la dramaturgie si elle est
portée par un ou des personnages forts qui mènent le récit. La
nuance dans le documentaire au regard de la fiction, est que ces
« personnages » sont des personnes qui interprètent leur vie,
souvent en la vivant (pour les tournages en cinéma-direct), donc
dont la construction est bien plus complexe que celle des per-
sonnages de fiction dont l’identité psychosociologique, le
quotidien, les rêves, la vie sexuelle, les désordres mentaux ont
été conçus et décrits par un scénariste. Dans les personnages du
documentaire, une grande part de secret demeure, et tout
comme Malraux a pu écrire que l’humain est formé d’un “tas de
petits secrets”, l’auteur – réalisateur de documentaire ne passera
que très rarement de l’autre côté du miroir.
Comment construire un personnage de documentaire ? Un
personnage de documentaire ne se construit pas, vu qu’il est et
vit indépendamment de l’histoire. Il se comprend, il se connaît
et il se raconte, ce qui demande un temps de connaissance, de
dialogue, de préparation, de repérages indispensables avant de
commencer à filmer ; temps nécessaire, aussi pour produire la
matière textuelle qui précède la matière filmique. Et souvent,
ces personnages surprennent, comme les « héros »
d’Amsterdam global village de Van der Keuken, ou ceux de
Charbons ardents de Jean-Michel Carré. Dans nombre de do-
cumentaires, les personnages sont en contradiction avec les
modèles et les schémas dominants. Umberto Eco rappelle que
« la télévision, de plus en plus, propose en modèle la personne
absolument normale, telle que lui ressembler ne demande au-
cun effort pour devenir comme elle. Le cas de Lady Diana est
exemplaire à cet égard. L’objectif, aujourd’hui, est de mettre en
scène sa propre normalité dans l’univers médiatique ». (Eco,
1998)
Les personnes qui deviennent, personnages, “héros” des do-
cumentaires, peuvent être en rupture et en rébellion avec les
modèles unidimensionnels liés à la fonction aliénante de la télé-
vision.
152
D’autres questions de narration se posent, telles que : com-
ment faire ressentir le temps ? Jean-Claude Carrière rappelle
qu’il s’agit d’une norme, codifiée, dans le cinéma de fiction :
« Dans un film, et il s’agit là d’une règle obscure, mal perçue,
les nuits doivent se succéder à intervalles réguliers » (Carrière,
1998).
Le documentaire ne connaît pas de pareilles contraintes,
mais le temps peut être perçu de même par une restitution des
atmosphères et des activités du matin et du soir, et par une mise
en image des levants et couchants, des crépuscules et des aubes,
de la lune, des étoiles.
153
acteur, un commentaire off, et faisant alterner scènes du réel et
scènes de fiction) représentent d’heureux moments de cinéma.
Des intertitres racontent. Il est très tentant, en cette deu-
xième décennie du XXIe siècle, de faire ce retour à un mode
narratif de la belle époque du cinéma muet. D’abord, parce que
les programmes audiovisuels que les grilles des chaînes de télé-
vision (et en particulier les chaînes françaises) cataloguent
comme « documentaires », sont envahis par des « docucus »,
des « niaiseries », etc. qui n’ont de documentaire que le nom (et
dont curieusement, le ton et même le timbre des voix est le
même d’une chaîne à l’autre
… stupéfiant
… Big Brother serait-
il là, finalement ?) : un commentaire envahissant porte le récit,
annonçant ce qui va se passer, glosant ce qui s’est passé, et les
quelques « témoins » ne sont que des sortes de figurants dépos-
sédés d’expression réellement personnelle, qui sont manipulés
et mis en place dans ce dispositif manichéen qui, loin de la ré-
flexivité, endort le spectateur par les effets soporifiques d’une
absence de pensée, d’une expression stylistique mièvre, de
l’impossibilité des surprises. Le spectateur n’est jamais invité à
penser par lui-même, ni à se poser de questions. L’intertitre
offre le bonheur du silence. Il apporte des informations, des
documents, une poésie. Il exprime le point de vue d’auteur, et
puis il disparaît pour laisser place à l’expression du réel. Deux
films récents pour illustrer cette méthode : Le dieu Ganesh tra-
verse Paris (11’© de 2011), diffusé notamment sur la Web TV
Oceans Television :
http://vimeo.com/channels/oceanstelevisions, ou Questions sur
la franc-maçonnerie (30’, janvier 2012), diffusé notamment
sur : http://www.godf.tv
Un personnage principal porte le récit : La prééminence du
grand témoin. Cette méthode de mode narratif est notamment
pratiquée pour le portrait de Joris Ivens réalisé par Robert Des-
planques et diffusé sur France 3 de même que pour les
documentaires Lire c’est partir, Lénine si tu savais ou encore
Erik Boulatov un peintre dans l’Histoire, etc., dont le mode
narratif est structuré par la prééminence d’un personnage prin-
cipal qui parle, in et off, son récit portant le film depuis le début
jusqu’à la fin. Ce mode narratif connaît des variantes :
154
- Première variante : le récit du personnage principal in et
off pouvant être la seule source d’informations et for-
mant la bande-son du commentaire (tel est le cas dans
Joris Ivens),
- Seconde variante : le récit du personnage principal in et
off est ponctué de témoignages d’autres personnes
complétant le récit et le faisant progresser (tel est le cas
dans Lire c’est partir, Lénine si tu savais, Le Journal de
Perline).
- Troisième variante : des moments de commentaire (IN,
OFF) de l’auteur s’intercalent avec l’un des dispositifs
ci-dessus.
- Etc. Les variantes peuvent se démultiplier en fonction
des choix de création. Tout est possible.
155
Les variantes à ces principaux modes narratifs sont multi-
ples. Le choix d’introduire un commentaire est lié au fait que
soit le commentaire apporte des éléments d’informations man-
quants dans les récits et témoignages – donc il les complète, soit
le commentaire introduit un point de vue d’auteur. La décision
de faire porter l’histoire par un seul personnage tient à
l’importance de celui-ci dans l’histoire (incontournable dans le
cas des portraits) à son charisme, son glamour, ses capacités de
narrateur, etc. Mais comme l’explique Agnès Varda dans Murs-
Murs, tout choix de mode narratif dépend de l’intention
d’auteur : « Je voudrais traquer la réalité jusqu’à ce qu’elle
devienne imaginaire, reprendre l’imaginaire et se servir de la
réalité, faire de la réalité, revenir à l’imaginaire ».
Les degrés de fluctuation entre réel et onirisme, social et my-
thique, réalité économique et univers mental, etc., sont en
corrélation avec le projet d’histoire et le regard d’auteur.
156
sur l’étude des sociétés, la psychologie apportera des éclairages
aux projets de documentaires ayant pour objet l’analyse des
comportements humains, l’anthropologie visuelle a une expé-
rience historique dont la connaissance est indispensable pour les
projets de documentaires consacrés aux sociétés du Tiers-
Monde et aux altérités. Il en est de même pour l’Histoire (pour
les documentaires historiques), la linguistique (documentaires
sur les cultures de l’oralité), etc.
Enfin, la recherche de la spontanéité, l’expérimentation, sont
des dispositions psychologiques qu’il est important de mettre en
œuvre. Pour s’y entraîner, il y a un livre qui peut être considéré
comme un manuel ! Les 101 expériences de philosophie quoti-
dienne, de Roger-Pol Droit (chercheur au CNRS). De quoi
s’agit-il ? Citons l’auteur : « Ca va très vite. Vous faites durer le
monde vingt minutes. Vous mettez les étoiles en bas. Vous té-
léphonez au hasard, buvez en pissant, (
…/
…) inventez les titres
de l’actualité. (
…/
…) Chaque fois, de petites portes s’ouvrent
dans la tête (
…/
…) C’est ainsi depuis qu’il y a des philoso-
phes : commencer à penser exige une pratique du décalage, du
pas de côté, du changement d’optique » (éditions Odile Jacob,
2001). Un livre qui propose des travaux pratiques extrêmement
décalés, qui, appliqués à la préparation d’un film documentaire,
représentent un entraînement des plus précieux.
Quant aux méthodes de documentation, celles indiquées
dans la partie de cet ouvrage consacrée à l’écriture sont adap-
tées pour la préparation d’un tournage.
157
les personnes se situent dans des réalités sociales, psychologi-
ques, historiques, économiques, géographiques, etc. Le repérage
permettra d’affiner le projet d’écriture audiovisuelle, de déter-
miner le cheminement narratif, de concevoir la répartition du
récit entre les personnes devenant personnages de l’histoire.
Et aussi, de ressentir les atmosphères, les lumières, les am-
biances relationnelles, afin de s’en imprégner pour les intégrer
et ensuite les restituer dans l’histoire.
Les repérages sont aussi le temps de la rencontre approfon-
die et de la connaissance, de l‘acceptation mutuelle entre celui
qui va filmer et ceux qui seront filmés. Le projet de documen-
taire n’existe que grâce au réel-acteur. Celui-ci est fait des
personnes qui deviendront personnages du film, des milieux
dans lesquels ces personnes évoluent, de la société dans laquelle
ils s’inscrivent. Et comme le dit Helga Reidemenster : « Vous
devez toujours rendre transparent le processus de la création
artistique. De cette manière, comme la caméra est incontourna-
ble, vous trouvez ensemble des solutions. » (Devarrieux & de
Navacelle, 1993).
Et plus le processus de création aura été préparé lors des re-
pérages avec les personnages de l’histoire à venir, plus les
solutions aux multiples problèmes qu’il pose auront été trou-
vées, plus les potentialités de création seront optimalisées ; car
le film qui se prépare sera devenu la « chose » des personnes
qui, étant filmées, le feront exister. Dès lors, ces personnes ne
seront plus objets mais sujets, comme les protagonistes de
L’évangile selon les Papous, les musiciens de Buena vista so-
cial club, ou les artistes paysans de Madagascar la parole
poème.
Cela procède aussi de cette question de l’éthique du docu-
mentaire, évoquée par Jonathan Brenda : « Pour ceux que l’on
nomme maladroitement les documentaristes, cette question de
l’éthique filmique n’est pas nouvelle, elle serait même la base
d’un (ou du) travail. Un film documentaire s’appuie apparem-
ment davantage sur la personnalité de son créateur, tant ce
dernier passerait un contrat avec le spectateur. Ce contrat ou
postulat de contrat est lié à la démarche que le cinéaste pré-
sente. » (Brenda, 1999). Cette question de l’éthique s’aborde
158
durant les repérages dans la relation avec les personnes qui se-
ront filmées. Car le contrat évoqué par Jonathan Brenda lie le
réalisateur de documentaires aux spectateurs, mais aussi aux
personnes qu’il filme.
159
rythme se ralentit, plus les contingences matérielles individuel-
les freinent le tournage et sont autant d’entraves au processus de
réalisation du cinéma faisant création du réel.
À l’opposé, légèreté suprême, le réalisateur seul, est, vrai-
ment, extrêmement efficace, puisque les seules contraintes
(repos, repas, etc.) sont les siennes. Il n’y a pas de chaîne de
transmission d’actes techniques qui ralentissent le dispositif de
tournage (puisqu’il pose ces actes lui-même). Enfin, son inté-
gration dans les milieux sociaux est d’autant facilitée qu’il est
seul. Mais ces avantages ont pour corollaire que faisant tout, se
posent des problèmes de solitude. Il est agréable de travailler
avec un(e) camarade avec qui échanger, faire le point de ce qui
a été filmé, écouté, etc.
Entre ces deux extrêmes, ma préférence va à l’équipe légère
de deux personnes. J’assure la réalisation en même temps que la
prise de vues, en travaillant avec un ingénieur du son. Mais
pour les situations très intimes ou nécessitant une observation
participante (cf.Mauss), je filme seul.
160
gnétiques des 6,25 de marque Pyral. Ce film, tourné au Viet-
nam, fut produit avec presque rien grâce à l’association de
bonnes volontés (Jacques Bidou – qui dirigeait alors Unicité –,
Jean-Michel Carré et Yann Le Masson des Films Grain de Sa-
ble, le pasteur Marcel Henriet de la Cimade). Son tournage était
le fait d’une équipe légère, puisque Jean-Pierre Zirn assumait
l’image, et que j’assurais le son et la réalisation. En 1985 en-
core, la série Moi l’Afrique (3x52'), coproduite par TF1 avec le
Collectif Orchidées et diffusée en Prime Time, a été tournée sur
support film, négatif, 16 mm couleurs (Fujicolor).
Puis les films une fois achevés ont été reportés sur support
vidéo un pouce par télécinéma (en interne, à TF1). Les caméras
16 mm avec lesquelles nous avons commencé à travailler
avaient toute une histoire : la Harriflex avait accompagné les
troupes des forces alliées pendant la libération de l’Europe du
joug nazi, la Beaulieu avec sa jolie tourelle était d’une forme
sculpturale intéressante, la Eclair-Coutant compensait son man-
que d’ergonomie (le cylindre bloc-moteur était peu confortable
sur l’épaule) par une robustesse exemplaire. Mais le véritable
bijou qui devait changer notre façon de travailler en film fut
incontestablement la caméra Äaton conçue par Beauviala et
apparue au début des années quatre-vingt.
La domination progressive de l’enregistrement sur bande
magnétique vidéo
Depuis le début du XXe siècle, les documentaristes ont vu
les techniques évoluer en deux grandes périodes : la période de
la pellicule argentique prédominante puis la période de la vidéo
prédominante.
La pellicule argentique avait été le support de tournage des
documentaires depuis les débuts du cinéma jusqu’au tournant
majeur du début des années quatre-vingt mais déjà à cette épo-
que, les documentaires tournés sur pellicule argentique étaient
transférés sur bandes vidéo par télécinéma avant leur diffusion.
Le film Raconte moi le Vietnam (1982) a été transféré sur vidéo
deux pouces avant sa diffusion par Antenne 2 (devenue France
2). Le film d’Andrès Silvart Argentine, la défaite des géné-
raux ? (1983) a été transféré sur vidéo deux pouces avant sa
diffusion par TF1 (alors de service public).
161
Bien des documentaires des années 1982-1986 ont été tour-
nés en vidéo trois-quart de pouce (les standards dominants
étaient le B.V.U et le B.V.U./SP, et dans une moindre mesure le
système U-Matic). Mais ces supports vidéos étaient physique-
ment lourds : le plus léger était fait d’une caméra d’épaule
(B.V.U.) reliée par câble à un magnétoscope d’un poids affli-
geant. Le véritable passage historique de la pellicule argentique
à la vidéo (qui était déjà largement utilisée aux USA dans les
années 1970) a eu lieu au début de la décennie 1980-1990, du
fait de l’inventivité de Sony qui a conçu un caméscope révolu-
tionnaire, performant et léger, et un standard d’enregistrement
de qualité supérieure à tous les systèmes vidéo préexistants : le
Betacam. Celui-ci s’est très rapidement imposé au monde entier
puis a évolué en qualité d’enregistrement des images et des sons
(avec le Betacam SP, puis le numérique) tandis que les magné-
toscopes offraient une grande ergonomie pour les prises de vues
en caméra portée.
Les supports vidéo ont dominé la fin du XXe siècle, et ont
suivi une évolution durant laquelle la qualité de l’image
s’améliorait simultanément à une simplification et un allége-
ment des équipements (et à une baisse des prix du matériel).
L’évolution suivie par ces techniques étant duelle sur le plan
broadcast (selon l’acceptation communément donnée à ce
terme : une norme technique permettant la diffusion hertzienne
sans perte de qualité notable). Durant les deux dernières décen-
nies du XXe siècle, on vit se succéder, chronologiquement, en
termes de surface de bande et de normes d’enregistrement vi-
déo, les principaux systèmes suivants : Vidéo 2 pouces, vidéo 1
pouce, vidéo 3/4 de pouce (U-Matic, BVU et BVU/SP), les
systèmes analogiques vidéo 1/2 pouce (Betacam et ses dérivés),
HI 8, et enfin les systèmes numériques (DV, Dvcam et DVC
Pro).
Certains documentaires furent aussi tournés en VHS (et su-
per-VHS) et dans le standard Betamax, qui malgré ses qualités,
n’a pas réussi à s’implanter notablement en Europe. Depuis le
début du XXIe siècle, les standards numériques se sont imposés
(Betacam numérique, DVCPro, DVCam, DV) jusqu’à ce
qu’une nouvelle révolution technique intervienne avec la Haute
162
Définition qui s’impose maintenant comme le meilleur choix
vidéo tant sur le plan esthétique que technique.
163
DVC-Pro, HDV, HD) qui allie une grande qualité d’image et de
son à une extrême maniabilité, et à un coût de plus en plus ac-
cessible. La majorité des documentaires se tournent
actuellement en numérique, le système ascendant de la deu-
xième décennie du XXIe siècle est la Haute Définition : une
nouvelle révolution technologique est en cours.
164
pellicule ou en s’enregistrant sur les bandes. Le projet
d’histoire, élaboré pendant les périodes d’écriture a évolué au fil
des repérages. Pendant la réalisation, l’histoire devient progres-
sivement un récit en images et en sons, récit tourné au fil d’une
enquête, de rencontres, ou d’un voyage.
Fiche Technique :
Éléments fondamentaux en tournage documentaire
1. Régler la dioptrie
2. Régler les menus :
3 4/3 ou 16/9, dvcam ou HDV, son, etc.
4.
5. Régler le time code
6. Enregistrer 30 secondes de noir ou mire en début de
bande (si tournage sur K7)
7. Essais son + microphones & écoute au casque
8. Propreté de l’optique
9. Régler la balance des blancs
10. Régler lumière et point
165
Luc Moullet complète en expliquant l’une des ses lignes direc-
trices : « Je donne bien sûr au départ quelques lignes pour
déterminer ce que l’on va faire et les idées d’organisation vien-
nent au fur et à mesure du tournage » (Prédal, 1987).
L’imprévu suscite l’improvisation. Un tournage de docu-
mentaire est dans une large mesure un vaste happening. Les
films tels que Titicut Follies (Wiseman), Les maîtres fous
(Rouch) ou San Clemente (Depardon) en témoignent. Le ciné-
ma faisant création du réel fait aussi création de l’imprévu et de
ce que l’inattendu suscite de connivences entre le vécu et
l’imaginaire. Dans Murs Murs, Agnès Varda explique
l’importance de cette disponibilité vis-à-vis du happening per-
manent qu’est un tournage de documentaire : « Si l’on est dans
un état de fluidité de l’inspiration, le hasard vient à vous ». Cet
état relève d’une légèreté psychologique et mentale, une capaci-
té de savourer l’attente, une écoute, un regard, et une
concentration.
Le travail de l’image :
Méthodes de base en cinéma documentaire
a. Les réglages et vérifications. Avant de tourner (1). Ré-
gler : – La dioptrie – Le Time-code. (2). Vérifier : –
La propreté de l’optique.
b. La sécurité des durées de plans (pour le montage). En
début de K7, tourner 30 secondes de plan fixe non
stratégique – Ensuite, chaque plan tourné doit avoir
une durée minimale de 10 secondes – pour chaque
plan, régler la mise au point manuellement (ou semi-
manuellement : serrer, puis appuyer sur la touche
« push-auto », puis recadrer)
c. Le cadrage & La composition : Prendre le temps de
cadrer et de penser le cadre, (cf. la grammaire de
l’image du PGE au TGP). Composer l’image, la pen-
ser (et éviter notamment les erreurs de coupes de bord-
cadre).
166
d. La stabilité et l’application : Pour chaque plan, se ca-
ler, se poser (avec tripode, sur le sol, une chaise, un
livre, etc.), s’installer, se stabiliser.
e. La lumière : Observer les orientations de lumière prin-
cipale sur le sujet central du plan en cours
d’élaboration ; étudier les ombres, les contrastes, et
penser la relation à la lumière (éliminer du cadre les
surfaces lumineuses inutiles, être vigilants à fuir le
contre-jour).
f. La fixité et l’harmonie des plans : S’appliquer à créer
de belles images, des plans fixes les plus stables possi-
bles, harmonieux.
g. Les valeurs de plans : Appliquer en fonction de la pen-
sée du film et des scènes tournées toutes les valeurs de
plans, depuis le PGE jusqu’au TGP (ou Close-Up).
h. Les axes possibles : Il est possible d’appliquer en fonc-
tion de la pensée du film et des scènes tournées trois
positions : “Hauteur d’homme” (le plus courant),
« Plongée », et « Contre-Plongée ».
i. Les mouvements. Zooms, panoramiques (vertical et ho-
rizontal) doivent être pensés, faire sens, raconter. Un
mouvement sans finalité est inepte. Se rappeler la rè-
gle de Roger PIC : « l’important n’est pas que la
caméra bouge, mais qu’elle soit bien fixe, posée, et en-
registre les scènes du monde qui se déroulent devant
elle »
Les mouvements de caméra non pensés camouflent
le plus souvent un vide de la pensée, une superficialité
esthétique, et une absence de sens.
j. Réglage de base du caméscope : Lorsque l’on « fait
connaissance avec un caméscope », il faut commencer
en automatique pour l’ensemble des réglages, à
l’exception de la mise au point (à régler manuellement
et en cas de problème avec la sécurité « push-auto »
sur les caméscopes qui en sont équipés). Puis passer
en manuel pour d’autres réglages quand vous vous
sentirez prêts. Ne jamais oublier cette règle : La tech-
167
nique n’est qu’un outil au service d’un sens (une pen-
sée) et d’une esthétique. L’important n’est pas de
compliquer les choses, mais de réaliser de belles ima-
ges faisant sens, en relation avec la pensée du film.
k. Les essais du matériel : Ils sont indispensables avant
tout tournage. Il faut tout essayer : caméscope, micros,
optiques, etc. Et tourner avec, puis visionner.
S’adapter au réel
Un tournage de documentaire (souvent limité en durée pour
des raisons budgétaires : location du matériel, salaires, assuran-
ces, régie, etc.) exige de gérer le temps au mieux. C’est aussi
indispensable pour suivre les flux des lumières naturelles. Sur le
plan des contingences, il est des méthodes simples, comme celle
qui consiste à s’alimenter d’un repas complet aussitôt levé (et
non d’un petit-déjeuner), pour ensuite ne plus s’arrêter pour des
pauses repas, et être ainsi disponible pour tourner sans interrup-
tion jusqu’à la nuit tombée, en suivant le rythme des personnes
que l’on filme, avec pour seules pauses celles que le relationnel
avec ces personnes impose. L’essentiel étant de se rendre dou-
blement disponible, pour accompagner le vécu des personnes
que l’on filme, et pour se concentrer sur l’œuvre en cours
d’élaboration. Les considérations de sommeil, d’alimen-
tation, etc., sont reportées sur les marges du temps de tournage
si l’on veut optimaliser ce moment rare et limité à l’échelle de
l’ensemble du processus de création (la production d’un docu-
mentaire de 52’demande souvent neuf mois, sur lesquels le
tournage ne représente souvent que cinq à sept semaines).
168
Une relation de proximité avec ceux que l’on filme
« C’est le B.A.-BA. du documentaire :
pour que les gens soient à l’aise,
les laisser dans leur costume, dans leur maison,
et dans leur travail. »
Agnès Varda
169
L’envoi d’une copie vidéo DVD ou VHS du film achevé (dans
les pays et régions où il est possible de visionner ces supports)
est la forme idéale de restitution de l’image.
170
temps ? Par quel biais esquisser un déplacement dans l’espace ?
Des réponses, personnelles et pratiques, s’expriment. Ainsi à la
question « comment filmer le vent ? », Jean-Claude Carrière,
dans Les questions du sphinx, donne un remarquable exemple,
simple, et applicable au documentaire : « Le temps, c’est un peu
comme le vent. Le vent, on ne le voit pas : on voit les branches
qu’il remue, la poussière qu’il soulève. Mais le vent lui-même,
personne ne l’a vu » (Carrière, 1998). Le visionnage des films
de Joris Ivens Pour le Mistral et Une histoire de vent permet de
concevoir des manières de filmer les éléments les plus insaisis-
sables.
L’image doit nécessairement faire sens : dès lors que l’on
détermine l’utilisation d’un vecteur pictural dans un récit docu-
mentaire, celui-ci doit apporter une contribution au processus
d’ensemble de l’élaboration de l’œuvre.
171
M’inspirant des méthodes employées par les peintres qui élabo-
raient les fresques qui recouvrent les murs des tombeaux de la
nécropole de Thèbes, j’adopte aussi des systèmes de réflecteurs
(souvent en utilisant des « couvertures de survie », qui repliées,
tiennent dans une poche). Je mets ainsi en œuvre des dispositifs
proches de ceux que Nestor Almendros évoque dans Un homme
à la caméra, lorsqu’il relate son expérience cubaine : « Travail-
lant dans les champs et dans les lieux dépourvus d’électricité, il
fallait s’arranger pour filmer à l’intérieur des huttes où vivaient
les paysans. Il nous est alors venu l’idée d’utiliser des miroirs
qui captaient la lumière solaire de l’extérieur pour la refléter à
travers la fenêtre. Dirigée vers le plafond, elle y rebondissait
ensuite pour éclairer toute la pièce. » (Almendros, 1980). Au
cas où il n’y aurait plus aucune source de lumière exploitable,
j’ai toujours avec moi deux petites torches dites « Minettes »,
qui peuvent sauver la situation. Tout cela, je l’ai appris en fil-
mant avec Jean-Pierre Zirn, lors de nos tournages au Vietnam
(en 1980 et 1982), au Mali (en 1983), au Cameroun (en 1988)
qui a cette particularité d’intégrer les groupes et les univers
sociaux les plus divers avec une profonde gentillesse et avec
simplicité, puis à disparaître nuitamment avec une vendeuse de
bananes (à Mopti), ou avec une jeune fille passant à bicyclette,
en montant sur son porte-bagages (à Saïgon), pour réapparaître
le lendemain recouvert de boue et tout aussi créatif.
Jean Brismée, dans le manuel technique intitulé Lumière et
son dans les techniques cinématographiques distingue les sour-
ces primaires des sources secondaires : « Les sources
lumineuses comme le soleil et les lampes à incandescence sont
appelées sources primaires. Les sources secondaires sont celles
qui réfléchissent la lumière émise par les sources primaires ;
c’est le cas des réflecteurs et de tous les objets éclairés (
…/
…)
nous considérerons (
…/
…) d’une part les sources primaires
(
…/..) d’autre part les récepteurs qui reçoivent la lumière émise
par celles-ci. » (Brismée, 1987). Dans le cadre d’une création
documentaire, l’approche de la lumière doit s’adapter au réel
pour le restituer avec créativité, fidèlement et précisément. Pour
ce faire, il convient de faire en sorte de créer le moins
d’interférences possibles avec les personnes filmées, et de mo-
difier le moins possible le réel. Aussi privilégie-t-on les
172
lumières du réel (que les documentaristes américains appellent
available-light : la lumière disponible du lieu où l’on se
trouve) : lumière solaire, feux, lampes-tempête, éclairage lo-
cal, etc. Sans rien y ajouter et en s’y adaptant. Le principe de
base de ce type de tournage consiste, pour obtenir une image
convenablement exposée, à ne jamais avoir la source lumineuse
principale face à la caméra, mais derrière la personne chargée
des prises de vues. Faute de quoi, l’image sera à contre-jour ou
sous-exposée, sombre. Or si le clair-obscur est une esthétique
d’éclairage pratiquée et théorisée depuis les origines de la pein-
ture, le contre-jour est assimilable à une "faute d’écriture
audiovisuelle". Donc la première chose à faire en tout lieu con-
siste à localiser et à identifier la principale source de lumière,
puis à se positionner de telle sorte à filmer l’action (ou le sujet)
dans les meilleures conditions possibles d’éclairage de celui-ci,
puis à procéder éventuellement à des ajustements (ouverture de
volets, de rideaux, installation de bougies et lampes tempê-
tes, etc.) si ceux-ci ne perturbent pas le groupe. L’idéal étant de
« travailler de manière très libre, avec du matériel léger, en
jouant de la beauté naturelle de la lumière » (Almendros,
1980).
173
le grand angulaire, on est proche, on peut marcher dans la rue
en étant tout proche de la personne qui parle » (Devarrieux &
de Navacelle, 1993). Le grand-angle permet aussi de restituer
l’espace géographique et social, les personnes dans leur habitat,
les groupes dans leur environnement. Il permet aussi de mettre
en image les scénographies de l’infini du ciel, des mouvements
de l’océan, de la pluie se déversant en vagues sur les plaines, les
forêts et les montagnes. Il donne de l’immensité au rendu des
nuages noirs qui glissent rapidement sur fond de ciel bleu clair
par une après-midi de tempête tropicale.
Mais le grand-angle capte aussi particulièrement bien la lu-
mière et permet de rendre l’atmosphère d’une nuit de pleine
lune ou d’une aurore éclairée d’un pâle disque solaire émer-
geant. Il est aussi excellent pour filmer les « magic-hours »,
lorsque jour et nuit se mêlent.
Comment appliquer les hiérarchies de valeurs de plans (gros
plan, plan rapproché, plan américain, plan d’ensemble, etc. ?).
Tout est question de situation, de contexte et de choix. Une
certaine mode du début du XXIe siècle favorise les bougés-
caméra et les images floues. Elle passera certainement. Ray-
mond Depardon privilégie les cadres fixes : « Je respecte un
cadre fixe, une fiction démarre à l’intérieur avec les dialogues,
je fais toute une séquence à travers un plan unique » (Devar-
rieux & de Navacelle, 1993). Un cadre fixe dans laquelle se
déroule le théâtre du réel : tel était le conseil de mon regretté
ami Roger Pic (alors Directeur des documentaires du JT de
TF1), début 1984, avant que je ne retourne filmer au Vietnam. Il
a mis ce principe en pratique, remarquablement, dans sa série
Plaidoyer pour l’Afrique.
Mais comment filmer, et que fait l’œil qui ne cadre pas, celui
qui ne contrôle pas le viseur ? Louis Malle (dont L’Inde fan-
tôme est une œuvre documentaire passionnante) rappelle son
expérience de documentariste en ces termes, en évoquant la
méthode de travail d’Étienne Becker : « Étienne Becker (
…/
…),
il gardait toujours les yeux ouverts. Avec l’œil dans le viseur de
la caméra, il voyait et filmait ce qu’il y avait dans le champ. Et
avec l’autre œil, il voyait ce qui se passait à côté » (Devarieux
& de Navacelle, 1988). De même, Yann Le Masson (dont il
174
convient de visionner Sucre Amer et Kashima Paradise)
m’expliquait en 1981 qu’il avait tourné ce film en gardant l’œil
gauche constamment ouvert, et m’incitait à adopter cette façon
de travailler. Bien des artistes de l’image comme les opérateurs
Jean Nocerra, Danièle Sené, Jean-Pierre Zirn travaillent les
deux yeux ouverts. Et parmi les auteur – réalisateur qui assurent
eux-mêmes l’image de leurs films, Yves Billon, Jean-Michel
Carré, Andrès Silvart, Richard Copans, etc. font de même.
L’œil qui demeure ouvert sur le hors-champ prépare les cadra-
ges imminents, il veille à ne pas perdre des éléments de la
réalité, il est attentif à tout changement de l’action, à tout élé-
ment faisant sens pour l’histoire qui s’élabore. Il est vigilant à
ce qui nécessiterait un recadrage, un changement d’axe, ou un
mouvement de caméra. L’imprévu et la surprise étant une cons-
tance du cinéma faisant création du réel, l’œil ouvert sur le
hors-champ est prêt à rencontrer cette surprise et à improviser
en conséquence.
Quant au cadre, on se référera aux excellents ouvrages con-
cernant les règles de la composition (ainsi un personnage ne
doit pas être placé au centre de l’image, mais sur l’un des cô-
tés), et les espaces doivent être harmonisés à l’intérieur du
champ. Et puis, la création est expérimentation. Il convient
d’essayer des formules atypiques, non-conformistes, de briser
les règles. Poser la caméra en des lieux inattendus (au ras du
sol, etc.), décadrer systématiquement en “cassant” la bulle du
niveau du pied, tourner un film entièrement dans un certain axe
(par exemple en contre-plongée).
L’important est que l’ensemble constitue une écriture filmi-
que faisant sens, et qu’une cohérence s’exprime des
expérimentations comme celle qui sous-tend l’incontournable
classique expérimental d’une audace magistrale L’Homme à la
caméra dont nous ne cessons de recommander le visionnage à
nos lecteurs au fil des pages de ce livre.
175
la construction future du montage des scènes par des enchaîne-
ments de plans procède d’abord à une déconstruction de l’action
en plans de valeurs distinctes, faisant sens du point de vue du
réel et de l’histoire qui s’élabore, et qui puissent se raccorder au
montage selon les échelles de la syntaxe audiovisuelle, en ce
sens que, comme l’écrit Arijon : « nous ne devons tourner que
ce que nous serons capables de raccorder en continuité plus
tard » (Arijon, 1983). En documentaire tout autant qu’en fic-
tion, le montage se prépare. En fiction, le scénario et la
continuité dialoguée aboutissent à un découpage et à un story-
board qui sont des repères de la mise en scène en fonction du
montage à venir. En documentaire, c’est plus compliqué, puis-
qu’il faut le plus souvent procéder à un processus intellectuel
complexe consistant à découper l’action que l’on vit au moment
où on la vit, pendant le tournage, afin de tourner les plans de
valeurs distinctes qui seront ensuite montés en harmonie. Un
usage très courant consiste à découper en plans l’action à la-
quelle on assiste, au fur et à mesure que l’on la filme, en
prévoyant les raccords et les différences de valeurs de plans, les
échelles de plans, indispensables pour le montage (plan
d’ensemble, plan moyen, plan rapproché, plan américain, gros
plan, close up, etc.). La meilleure solution, en vidéo surtout,
consiste à ne pas couper une prise, mais à recadrer via des
zooms lents (qui seront coupés au montage), afin d’enregistrer
les différentes valeurs de plans nécessaires aux raccords. Là
encore, la pensée, le sens prédominent : les plans doivent faire
sens et avoir une utilité du point de vue de l’action et de sa resti-
tution, ils ne doivent pas être gratuits. Nombre de réalisateurs de
documentaires privilégient le plan-séquence, qui peut être, soit
monté tel quel et restituer le réel sans découpage, soit – s’il est
conçu ainsi – découpé et structuré par les montages des multi-
ples plans qu’il intègre.
176
à cette question dépend du style d’écriture, et de la stabilité
personnelle de l’opérateur. Les bougés-caméra ne sont pas
agréables (même si une certaine mode du début du XXIe siècle
les provoque même pour des effets de style).
Concernant les entretiens, un postulat simple sur la relation
image/son est clarifié par Nestor Almendros quant à la nécessité
de se poser autant que faire se peut, afin de créer les conditions
de sérénité relationnelle et technique : « Plus l’image est tran-
quille et précise, plus net est le son, et mieux transparaît la
personnalité (
…/
…) rien ne pouvant remplacer (
…/
…) un bon
trépied » (Almendros, 1980). Mais lorsque l’on ne dispose pas
de cet objet essentiel, comme me l’a souvent répété Jean-Pierre
Zirn : « une pierre, une natte, un capot de voiture (moteur arrê-
té), un arbre, une chèvre, un rebord de fenêtre, un fut, etc.
remplacent avantageusement le pied et permettent de voyager
léger ». Il est vrai que, anticipant sur les excellents monopodes
que l’on trouve maintenant sur le marché. Jean-Pierre Zirn avait
aussi inventé un petit dispositif constitué de deux éléments : une
lanière de cuir faisant collier, au bout de laquelle était fixé un
tube cylindrique, et une tige métallique se terminant par une vis
adaptable dans les semelles pour caméras. L’ensemble formant
un point d’appui dont j’ai pu mesurer l’efficacité : il ajoute un
complément de stabilité aux caméras ergonomiques et allège la
charge des caméras les plus lourdes.
Si l’audiovisuel permet la restitution du mouvement, ce qui
importe n’est pas le mouvement de la caméra, mais l’action en
cours devant la caméra. Raymond Depardon rappelle aussi
l’importance de l’attente, de la patience : « j’avais appris à
cadrer, à attendre » (Devarrieux & de Navacelle, 1993). Une
règle fondamentale consiste donc, lors de tournages de docu-
mentaires, à appliquer quelques méthodes simples. Il convient
d’abord de se faire accepter, de faire accepter la caméra, ce qui
peut prendre des formes très diverses. Ainsi Johan Van Der
Keuken rappelle ses expériences indiennes : « J’ai appris qu’en
Inde on fait un rituel autour de la caméra au début de chaque
tournage. On casse quelques noix de coco pour faire plaisir aux
dieux. Même ceux qui se disent être non-croyants estiment que
c’est indispensable » (Devarrieux & de Navacelle, 1988).
L’équipe technique (même s’il ne s’agit que d’une seule per-
177
sonne) doit s’installer en un point déterminé de l’espace où se
déroule l’action qu’elle filme, et ne pas se déplacer avant
d’avoir enregistré depuis ce lieu suffisamment d’éléments per-
mettant cet axe de restitution du réel. Ceci fait, l’équipe
technique peut se déplacer pour, depuis un autre point de vue,
enregistrer d’autres éléments de la même action, sous un axe
différent du premier. Chaque plan enregistré doit avoir une du-
rée fixe, minimale de dix secondes (y compris au début et à la
fin d’un mouvement de panoramique ou de travelling). Sachant
que, le chef opérateur Jean Nocerra conseille de compter menta-
lement « un mille », « deux mille », « trois mille » pour être
certains d’avoir le minimum de secondes voulues. L’opérateur
de prises de vues doit privilégier des plans fixes, obtenus sans
bouger la caméra ni avoir recours au zoom. Le zoom ne doit
presque jamais être utilisé. Il ne sert, le plus souvent, qu’à
changer de cadre (pour passer, par exemple, d’un plan
d’ensemble à un gros plan) mais le recadrage ne sera pas utilisé
au montage et restera dans les images non utilisées, comme
l’explique Nestor Almendros : « Le zoom me permettait de pas-
ser sans interruption d’un gros plan à un plan d’ensemble ; je
pouvais fixer un point précis sans me déplacer ni gêner le cours
des événements. Pour une fois, l’emploi du zoom semblait plei-
nement justifié » (Almendros, 1980). Le recours aux
panoramiques, aux travellings, et au zoom (avant ou arrière) est
lié au choix de réalisation, car ces trois éléments d’écriture –
répétons-le – doivent faire sens, avoir une fonction sémantique
dans la restitution du réel, et ne jamais être gratuits. Il en est de
même pour les orientations classiques plongée/contre-plongée.
Chaque choix de mouvement doit raconter, exprimer, être pen-
sé.
178
Chek-list de poche pour tournages documentaire
1. Régler la dioptrie
2. Insérer une K7 vierge pré-identifiée
3. Régler les menus : 4/3 ou 16/9, DVCam ou HD, HDV,
son, etc.
4. Régler le Time Code
5. Si la K7 n’est pas trackée, enregistrer 3°’ de noir ou de
mire en début de bande
6. Procéder aux essais du son, avec écoute au casque
7. Vérifier la propreté de l’optique
8. Régler la balance des blancs (manuellement ou auto-
matiquement)
9. Régler le diaphragme et la mise au point (manuelle-
ment ou automatiquement)
10. Cadrer
179
propage dans les milieux matériels et excite l’organe de l’ouïe »
(Aumont & Marie, 2001). Le son direct permet des “prodiges”
auxquels Nestor Almendros n’a pas été insensible : « Je décou-
vrais les prodiges du son direct enregistré simultanément sur
Nagra portatif » (Almendros, 1980). Et cependant, certains
réalisateurs de documentaires considèrent tellement l’image
qu’ils en omettent l’importance de l’élément sonore dans la
restitution du réel. La vie est pourtant très largement sonore, et
ce sens conditionne la cognitivité de chaque instant. Pour
l’écriture audiovisuelle, qu’il s’agisse de fiction ou de docu-
mentaire, le son est, tout autant que l’image, porteur de sens,
d’émotions, et générateur d’esthétique. Le son raconte, le son
porte de la pensée. Il importe donc de lui apporter l’attention
qu’il mérite. Les techniques audiovisuelles les plus récentes
(numériques et Haute définition) facilitent grandement le travail
d’enregistrement du son, de par la qualité des équipements de
série fournis avec les caméscopes, et de par la gamme de mi-
crophones et accessoires annexes que l’on peut y connecter. Les
quelques éléments de méthode qui suivent sont fondés sur
l’observation personnelle (lorsque j’ai assuré le son de films
documentaires, sur magnétophone Nagra IV quartzé lors de
tournages en film 16 mm, puis en Betacam Sp, puis DV,
DVCam et Haute Définition avec DAT, etc.).
Quelques règles simples permettent, lors du tournage, de re-
cueillir correctement des sons restituant le relief de l’action en
cours. Ainsi, il est essentiel de s’immerger dans l’espace sonore
que l’on enregistre, en repérant les sons principaux et les sons
secondaires dès l’arrivée sur le lieu de l’action ; puis en écou-
tant le “retour” (tout en contrôlant l’enregistrement), à l’aide
d’un casque audio avec oreillettes isolant bien la réception.
Cette écoute, tout au long de l’enregistrement sonore, permet
aussi d’apporter les corrections et réglages en fonction des con-
traintes techniques.
Mais la notion d’immersion est centrale : il convient de se
faire submerger par l’espace sonore (qu’il s’agisse d’une voix,
du frottement d’un pinceau sur une toile, du souffle du vent
dans les palmes du ravinala, ou des doigts d’un musicien sur les
cordes d’un instrument). Cette relation avec l’espace sonore en
favorise la qualité d’écoute et de restitution. En début de tour-
180
nage d’une scène, il importe aussi d’étudier l’acoustique du lieu
et d’identifier le son central, principal, essentiel du point de vue
du sens. Ceci implique la localisation de la (ou des) source(s)
sonore(s). Ce son central doit être restitué (donc enregistré) en
priorité. Car « nous devons distinguer des sources sonores pri-
maires des sources secondaires » (Brismée, 1987). Le dispositif
technique s’adapte donc pour ce faire : choix des microphones
(omnidirectionnels, directionnels-cardioïdes, micros-
cravates, etc.), puis orientation des micros, modification de la
distance, extension de la perche, réglages de la mixette, etc.
Le son fait lui aussi l’objet d’une composition. Le “cadrage”
des sons et leur proximité sont conçus en relation directe avec
l’image, en fonction des valeurs de plans. Les plans sonores eux
aussi, comme l’image, ont une couleur, une profondeur de
champ, et sont enregistrés en gros plans, en plans moyens, et en
plans d’ensemble.
181
rituel ; une bande d’enfants se bat à côté d’un musicien dont on
enregistre l’art, etc. Dans chacun de ces cas, le plus simple con-
siste à prendre le temps de négocier dans la gentillesse et la
bonne humeur, afin d’obtenir l’interruption des sons indésira-
bles (en expliquant la finalité : obtenir un rendu de qualité, ce
qui est le plus souvent compris par les intéressés). L’autre solu-
tion consiste à se déplacer.
Afin d’éviter des problèmes dus aux coupures de la bande-
son lors des prises de vues, et en vue de faciliter le montage
son, une méthode consiste à ne pas interrompre le moteur de la
caméra lors des changements de cadre, et de recadrer en faisant
usage du zoom. Les recadrages de l’image seront coupés au
montage, mais la continuité sonore ne sera pas interrompue.
Enfin, en chaque lieu, au terme du tournage d’une séquence,
il est essentiel de prendre le temps d’enregistrer un son seul
(généralement d’une durée d’une minute) d’une (ou des) am-
biance(s) générale(s) du lieu, permettant lors du montage son de
recréer l’unité de l’ensemble.
Le son peut être un élément fondamental porteur de
l’histoire, et comme le souligne Raymond Depardon, il est inté-
ressant de « raconter le plus de choses possibles par le son »
(Devarrieux & de Navacelle, 1993). Quant aux musiques, elles
aussi doivent faire sens. Trop de documentaires sont envahis par
des musiques qui n’apportent rien ni en narration, ni en émo-
tion, ni en création.
Par exemple la bande-son de Home (dont les images sont
magnifiques) est phagocytée par une musique insipide préten-
dument dramatisante associée à un commentaire pontifiant dit
avec bien peu d’efforts de placement de la voix.
182
certainement de la radio, où, faute d’image, les réalisateurs
construisent les récits uniquement avec des sons. Et il convient
de rappeler que le documentaire est un type de programmes de
radio, depuis les origines de ce média. Ce que le son raconte,
des exemples récents en témoignent, en particulier sur France
Culture ou France Inter. Un exemple parmi les plus rebelles en
termes de documentaires, est celui du travail de l’équipe dirigée
par Daniel Mermet pour son émission Là-bas si j’y suis.
Par le son, des images naissent dans l’imaginaire de
l’auditeur ; le son devient plans, scènes, le réel s’installe par le
seul fait des enregistrements audio. Il suffit de poser sur ses
oreilles un casque très isolant, de diriger la perche avec un bon
microphone (directionnel ou omnidirectionnel, peu importe
pour l’expérience), et d’écouter : toutes les scènes du réel alen-
tours surgissent soudain avec force et envahissent celui qui se
concentre sur eux. Cela devient d’ailleurs, absolument fasci-
nant, captivant, même si le son que l’on enregistre est un seul
son de vent glissant dans les feuilles d’un arbre, ou le ruisselle-
ment de l’eau d’un caniveau pendant les jours de pluie.
183
quels le réel est porté par des récits individuels créant un sus-
pens, une « attente de la fin » (cf. Demarcy).
184
la personne qu’il filme : lorsqu’il s’agit de filmer l’ennemi (un
nazi ayant massacré des juifs, un militaire – argentin, uru-
guayen, chilien, nicaraguayen – ayant torturé à mort des
opposants pendant l’époque des dictatures des années 1970-
1980, un policier stalinien ayant envoyé des communistes au-
thentiques en asile d’aliénés ou bien au goulag, etc.).
185
Exemple de Questionnements préparés
pour un film documentaire de cinéma de parole
Film : “Retour à Cuba” de Didier Mauro
e
90’, Vidéo Haute Définition, 16/9
Produit par Michel Noll © ICTV, 2012/2013, Paris & Mexico.
Questionnements élaborés
pour une femme, médecin, internationaliste :
1. Présentation :
- Quels sont tes noms et prénoms ? Quel âge as-tu ?
- Où es-tu née, en quelle année ? Comment se sont dérou-
lées ton enfance et ton adolescence ?
- S’il fallait en retenir un quel est ton plus grand souvenir
d’enfance ?
- Quels métiers tes parents faisaient-ils ?
- Quelle vision du monde t’ont-ils transmise ?
- Pour eux, quelles étaient les choses importantes dans la
vie ?
- Comment tes parents concevaient-ils le bonheur ?
- Quelle est ta situation familiale ? Es-tu mariée ? Avec
qui ? Depuis quand ?
- Comment se sont déroulés votre rencontre et votre his-
toire de couple ?
- As-tu des enfants et quels âges ont-ils ? Que font-ils ?
- Quel avenir envisages-tu pour tes enfants ?
- Qui sont les personnes qui comptent le plus pour toi, et
pourquoi ?
2. La formation :
- Quelle fut ta scolarité, et quel a été le cycle de tes étu-
des depuis l’école primaire jusqu’en médecine ?
- Quelle idée de la médecine tes enseignants dispen-
saient-ils ?
186
- Comment était l’ambiance entre étudiants, Du point de
vue d’une étudiante, black ?
- Quelle est ta conception de la médecine, pourquoi avoir
choisi ce métier ?
- Variante : Quel a été ton parcours professionnel et
comment es-tu arrivé à exercer ce métier ?
3. La profession :
- Ici, qui soignes-tu, dans quel contexte social ?
- Comment ton travail est-il organisé ?
- Quelle est ta relation au travail, comment le ressens-
tu ?
4. La coopération internationale :
- Pourquoi et dans quel contexte es-tu partie en coopéra-
tion internationaliste en Afrique ?
- Quelle fut, concrètement, ta mission ? Qu’as-tu fait ?
- Comment as-tu ressenti la vie à Djibouti ? Comment ce-
la s’est-il passé ?
- Que signifie pour toi l’« internationalisme » ?
187
- Qu’est-ce que le bonheur, pour toi ? Te considères-tu
comme heureuse, et pourquoi ?
- Comment faire, selon toi, pour être heureux dans la
vie ?
7. L’amour et la sexualité
- Comment vis-tu, en tant que médecin, en tant que
femme, et en tant que mère, le mystère de la sexualité,
qui associe une attirance intense, une incroyable volup-
té, et dont la finalité biologique est la fécondation pour
reproduction des espèces ?
- Comment penses-tu l’amour, le sentiment amoureux.
Selon toi, qu’est-ce que c’est ?
9. La Révolution et le Socialisme
- Pour toi, que signifie la Révolution ?
- Le Socialisme, qu’est-ce que c’est, concrètement, ici,
dans ta vie quotidienne ?
188
- De quelle façon te sens-tu concernée par le Socialisme,
la Révolution ?
10. Le futur
Comment envisages-tu le futur ?
- Ton futur personnel ?
- Cuba d’ici 20 ans ?
- L’avenir du monde ?
- Quels sont tes espoirs : – pour toi – pour ta famille –
pour Cuba – pour le monde ?
189
14. Le « capital culturel » (cf. Bourdieu)
- Qu’aimes-tu vivre comme moments de culture : lire, al-
ler au cinéma, écouter de la musique, etc. Quelles sont
tes préférences et pourquoi ?
- Quelles œuvres et quels artistes et auteurs préfères-tu,
et pourquoi ?
15. L’argent
- Quelle est ta relation avec l’argent ?
190
vie ? ». C’est précisément tout l’enjeu : qu’une histoire se ra-
conte, via des entretiens réflexifs, sensibles, ludiques,
émouvants, inquiétants, passionnants. Et c’est fondamental pour
le cinéma documentaire qui est ancré dans un « cinéma de pa-
role ».
Enfin, dans le grand patrimoine que représente plus d’un
siècle de cinéma documentaire, recommandons deux films clas-
siques de « cinéma de parole » dans lequel les questions posées
déclenchent des récits surprenants : Un été 62 de Jean Rouch &
Edgar Morin, et Le Joli Mai, de Chris Marker. De toutes les
questions posées dans ces deux œuvres très poétiques, s’il ne
fallait en retenir qu’une je choisirais « Qu’est-ce que le bon-
heur, pour vous ? ». Question ouverte, abyssale, et engendrant
des récits de vie émouvants, drôles, surprenants.
191
Exemple de Restitution de repérages.
Présentation de personnes-personnages :
El Señor Pablo Fernandez
Film : “Retour à Cuba” de Didier Mauro,
e
90’, Vidéo Haute Définition, 16/9
Produit par Michel Noll © ICTV, 2012/2013, Paris & Mexico.
Site : http://www.ictv-solferino.com
192
problèmes – des disputes dans les couples, des trucs comme
ça » et – je cite encore « et les filles ! ah ! les filles ! si tu ima-
ginais ce défilé de nanas, ces culs, ces seins, ces cuisses !
putain, imagines
… Tiens, en voilà deux qui se pointent
… re-
garde ! Regarde ! ».
Il ne mentait pas. En dégustant le Tukon arrosé de Tukola, je
passais quelques heures en sa compagnie, et en effet, des habi-
tants du quartier défilaient et bavardaient copieusement avec
mon nouvel ami, qui courtisait à peu près toutes les jolies fem-
mes de toutes couleurs et de tous âges
… et quant à ce qu’il
avait énoncé, je ne puis le démentir, ce que je vis était fidèle à
ses propos. Je conçus donc un dispositif pour le tournage à ve-
nir, fondé sur deux caméras, l’une orientée vers El Señor Pablo
Fernandez ; l’autre, munie d’un grand-angle, placé de son point
de vue, derrière le comptoir, afin de restituer ces rencontres
multiples et ces récits de vie du quartier. Chaque fois que le bar
se vidait nous poursuivions lui et moi notre conversation, et El
Señor Pablo Fernandez non seulement se réjouissait du tournage
à venir, mais aussi, imagina des scènes chez lui, avec épouse et
famille et d’autres, nocturnes (sans épouse ni famille), pour
retrouver ses copains dans « ses lieux secrets » de La Havane.
La séquence avec l’élégant Señor David Fernandez sera donc
structurée en trois temps : chez lui et en famille, au bar Brisas
de Mar, et en un parcours surprise dans sa Havane.
*
Récits, témoignages, narration, sont trois vecteurs très im-
portants qui donneront de la qualité à la conduite de l’histoire
racontée dans un documentaire. On s’emploiera donc, autant
que faire se peut, à identifier des personnes ayant du glamour,
ne bloquant pas systématiquement lorsque l’on donne la parole,
et pouvant parler avec naturel devant un dispositif technique qui
est, lui, bien peu naturel (caméscope, tripode, microphones,
perche, etc.). L’idéal est, effectivement, lorsque l’on rencontre
des personnalités exceptionnelles, associant un vécu dense et un
talent de conteur.
193
5. Bases techniques élémentaires : une méthode de tournage
en documentaire de création
Les bases élémentaires énoncées ci-dessous ont été mises en
pratique par l’auteur de ce livre avec de nombreux étudiants en
cinéma, stagiaires, et nouveaux documentaristes lors d’ateliers
de création documentaire dans le monde entier (International
Documentary Workshop du Collectif Oceans Television, forma-
tions de l’INA, etc.). Pour les débutants ces « bases
élémentaires » sont un élément d’initiation ; pour les techni-
ciens déjà avancés, mettre en pratique ces « bases
élémentaires » permettra une révision, un renforcement des
capacités. Les méthodes énoncées ci-dessous sont applicables,
avec des variantes, sur tous les supports numériques : Betacam,
DVCam, DVCpro, Haute Définition, DV, etc.
194
et que la prise de vue sera plus efficace, plus simple, plus belle
(et plus stable) en posant l’objet (sur un pied, une chaise, un
coussin, une table, etc.).
Le réglage de la dioptrie
Chaque personne ayant une vue différente, tout d’abord,
pour toutes et tous, il convient de régler la dioptrie du viseur de
la caméra à sa vue, en faisant le point au plus « serré » (zoom
avant à fond) sur une mire de mise au point ou sur des traits
linéaires très définis et contrastés.
195
Le réglage du Time-Code
Pour les caméscopes disposant de cette possibilité, lors de la
mise en place d’une nouvelle K7, il convient de régler le Time
Code (en le changeant pour chaque K7, selon le processus K7
n°1 = 1 heure, K7 n°2 = 2 heures, etc.)
196
c. Enfin, pour tous : Il est vivement conseillé de procéder au
réglage manuel de la mise au point, car les effets de « pom-
page » peuvent survenir en réglage automatique. Ceci étant,
en cas de souci, ou de « point » peu évident ; sur le côté
avant gauche de beaucoup de caméscopes se trouve une tou-
che intitulée « Push-Auto » qui est utilisable en dernier
recours, et peut sauver des situations par une mise au point
automatique de dernière minute (mais il faut définir le pôle
de focalisation de la mise au point « à fond de zoom » sur le
sujet avant d’appuyer sur ce bouton). Là encore, l’usage de
mires de mise au point est bienvenu.
197
d. Réglage de base à côté des INPUT des micros à l’extérieur
du caméscope :
- Régler pour la piste (« Input 1 » = micro caméra) le
mode + 48 V en ON. Définitivement.
- Régler pour la piste (« Input 2 » = micro additionnel) le
mode + 48 V en OFF s’il s’agit d’un micro dynamique
(qui n’a pas besoin d’alimentation, qui est alimenté par
la caméra), comme le Beyer 88. Régler pour la piste
(« Input 2 » = micro additionnel) le mode + 48 V en ON
si c’est un micro statique (qui a besoin d’une alimenta-
tion, d’une pile ou d’une batterie généralement installée
dans le corps du micro – et on le constate tout de suite :
on n’entend rien si l’on débranche de Input 1 le micro
du caméscope et que l’on branche en Input 2 un micro
statique).
e. Le son doit être enregistré perché (l’idéal) pour le micro addi-
tionnel ou posé sur trépied ou autre support, et hors-champ
(pas dans le cadre).
f. Le micro additionnel doit être bien orienté vers la source, le
sujet sonore, et il convient de cibler en direction des lèvres
de la personne qui parle (pour les entretiens), de la source
sonore (le, piano, le marteau, la rame, l’oiseau chan-
tant, etc.). Les prises de repères sont les limites de bords de
cadres (haut, bas, gauche, droite) que l’opérateur de prises de
vues doit indiquer à l’opérateur de prises de sons avant cha-
que enregistrement de plan (ou bien que l’on doit évaluer
seul si une seule et même personne fait tout).
g. Réglages sonores : mieux vaut, si c’est possible, rapprocher
le micro d’un sujet sonore (en vérifiant le niveau et l’écoute
pour éviter les saturations) que de monter le niveau
d’enregistrement. Attention : distance minimum = 40 centi-
mètres (attention aux « plops », saturations, etc.).
h. Écouter et contrôler le son au casque : ceci doit être fait avec
un casque de qualité (qui isole l’écoute et la précise) plutôt
qu’avec des écouteurs de type « walkman ».
i. Lorsque l’on perche, il convient d’enrouler délicatement le
câble autour de la perche, de percher en suspension sur les
198
bras, de ne pas pianoter sur la perche, de ne pas poser sa per-
che au sol. Si une perche n’est pas portée, elle doit être soit
suspendue (cordes) en hauteur, soit reposer sur des éléments
insonorisants (coussins, etc.).
j. Ambiances : En chaque lieu où une scène a été filmée, il con-
vient de faire un enregistrement d’une ambiance d’une durée
de 30 secondes (minimum) à une minute (confortable).
k. Le vent : En extérieur, le vent peut poser problème. Il im-
porte alors de protéger les micros par des bonnettes, en
mousse (le minimum), en fourrure, ou de type Rycotte
(l’idéal).
199
personnellement son rapport physique à la caméra en termes de
stabilité et d’équilibre.
Parmi les méthodes de stabilisation figurent (exemples) :
- L’appui du dos contre un support (mur, véhicule, etc.)
- Les jambes légèrement écartées (position militaire dite
du « Repos » après le « Garde à Vous »)
- Les genoux fléchis (position du skieur détendu – pas en
« schuss »)
- Les coudes reposant contre le buste (et non pas les bras
tendus)
- En « respiration yogi » durant l’enregistrement : Respi-
rer par le ventre (l’abdomen) et non pas par le thorax.
200
- Un mouvement est le plus souvent doux, stable, fluide,
et donne le temps de voir, de découvrir (sauf excep-
tions : dramatisation par accélération : tout dépend de
ce que l’on raconte – le sujet – et de la façon dont on le
raconte – le style).
201
généralement chaude (en températures de couleurs), mais
contrastes élevés (il convient d’être vigilant aux moments
des lumières verticales avec soleil au zénith/notamment pour
l’éclairage des visages). Relief dans l’image, grande profon-
deur de champ.
c. Ciel mitigé avec des couvertures nuageuses fluctuantes.
L’éclairage naturel passe de (a) à (b) cf. ci-dessus. Pour une
unité de lumière, il faut de préférence choisir son dispositif
(choisir selon § a ou § b), et donc, attendre les moments vou-
lus en patientant pendant les glissements de nuages, afin
d’être « raccord ».
d. Pour filmer les éléments horizontaux (et en particulier les
bâtiments, l’architecture, mais aussi les plantes, les visages,
les murs, etc.), les meilleures lumières sont les moments où
le soleil procure un éclairage par rayons obliques. Donc, il
convient de repérer et noter les heures de sa « montée » (le
matin) et de sa « descente » (en fin d’après-midi).
e. « Magic Hours » : Il s’agit du moment dit « entre chien et
loup », juste avant le crépuscule et juste après l’aube. Il con-
vient d’en repérer en les heures exactes. Exemple urbain de
ce que l’on peut constater : Peu à peu, tandis que les rayons
du soleil éclairent encore le bleu clair du ciel et que les éven-
tuels nuages se teintent de rose, de pourpre, ou de vermillon ;
la clarté au sol demeure brillante, et simultanément les lu-
mières de la ville sont allumées (vitrines, lampadaires, etc.),
les phares des véhicules de même. Le sombre des situations
au sol est ponctué de touches bleues, or, rouge, blanc,
vert, etc.
202
ou un téléviseur) ; puis d’en tirer les conclusions, et de rédiger
des fiches (ou de tenir un cahier) récapitulant les conditions et
résultats de ces essais.
203
11. coupes dans l'« ours », renoncements : le film est ramené à
la durée du « format » voulu
12. Réalisation des passages IN/OFF sur les entretiens
13. Enregistrement des commentaires en sons final, puis calage
de ceux-ci
14. Création de la Rythmique générale du film, de son tempo
15. Enrichissement de la bande-son (ambiances, musiques, etc.)
16. Création des habillages et effets éventuels (surimpressions,
fondus, etc.)
17. Sous-titrages éventuels, création des intertitres et des titres
de présentation de personnes-personnages
18. Création des génériques
19. Mixage
20. Sortie des masters et dub-masters (au moins un master et un
dub-master) sur K7 (Haute définition, Betacam numérique,
DVCPro, DVCam, etc.)
21. Sortie des versions pour diffusion sur Internet (via Quick-
time : fichiers de type .MOV, MP4, 3GPP, etc.)
22. Création des DVD masters (au moins un master et un dub-
master)
204
La contribution du montage est essentielle à la construc-
tion de l’histoire, comme l’illustre ce témoignage de Luc
Moullet dont le remarquable documentaire Genèse d’un repas
témoigne d’un montage subtil et très élaboré : « J’ai pensé à
une construction possible aux trois quarts du tournage. Mais
celle-ci se définit effectivement au montage » (Prédal, 1987).
205
vrions (
…/
…) l’imposture inévitable du montage. Il nous fallait
ramener les dix heures de rushes de Chroniques d’un été à une
heure et demie. En coupant, en montant. » (Devarrieux & de
Navacelle, 1988). Et en effet, les dix ou vingt heures de rushes
réduits à cinquante-deux minutes posent le problème des « non-
utilisés ».
Cette matière filmique qui n’a pas été retenue pour l’œuvre
qui s’élabore, rejoint souvent les fonds des images d’archives
(Gaumont, INA, Orchidées, Pathé, etc.). Des extraits en sont
prélevés pour les insérer à d’autres montages. Et des œuvres
spécifiques peuvent aussi être parfois créées à partir des « chu-
tes », des « non-utilisés ».
Exemple de méthode de
montage d’un récit en documentaire de création
La Construction du récit
Dans un premier temps il convient de procéder au montage
du récit, en collant bout à bout dans la Time Line, la succession
de phrases construisant la progression d’une pensée. À cette
étape on ne se préoccupe pas des raccords, mais du sens de ce
que l’on raconte, de la logique interne du récit.
Habillage et rythmique
Dans un troisième temps on procède à l’habillage, à
l’affinement du rythme du récit et au tempo du montage.
206
Penser le montage en fonction d’un style, d’un rythme,
et surtout d’une pensée
De la plus petite à la plus grande unité, un film documentaire
se structure en images, plans, scènes, séquences, et parties. Le
montage est l’organisation de la continuité narrative, créant
l’histoire conçue par une écriture, puis élaborée en images et en
sons au moment du tournage. D’où vient la conception actuelle
du montage ? Selon Jacques Aumont et Michel Marie, « ce
n’est que vers 1910 que l’on commença à mettre au point des
modes de relations formelles et sémantiques entre plans succes-
sifs, notamment sous la forme du raccord, mais aussi par
utilisations de principes comme l’alternance. » (Aumont &
Marie, 2001). Aujourd’hui, les questions portent toujours sur la
restitution des ambiances, des atmosphères relationnelles, de la
psychologie des personnages, des situations sociales et psycho-
logiques, et la structuration de l’œuvre en un temps qui lui soit
propre et qui intègre le temps de l’histoire.
La stylistique du montage rejoint par bien des aspects celle
de l’écriture textuelle : le rythme d’une scène ou d’une sé-
quence se construit tout comme se construit le rythme d’une
phrase. L’ellipse est toujours préférable à la longueur, on évite
les redondances texte/image, les répétitions de plans dans un
même film sont à proscrire – sauf à titre d’effet, les bougés-
caméras et les flous de recherche de point sont éliminés, etc.
Tandis qu’une seule piste est consacrée à l’image où les plans
sont montés bout à bout, les pistes sons préalables au mixage
sont généralement au nombre de trois à six pistes, plusieurs
pistes étant affectées aux musiques, aux ambiances, à l’éventuel
commentaire. Les bandes sons ainsi constituées réintègrent les
sons du réel, tandis que la ligne de la continuité du récit est
souvent faite d’un montage son (un personnage in/off, une suc-
cession de témoignages, des témoignages alternés avec un
commentaire). Les effets et les habillages d’un montage de do-
cumentaire sont généralement sobres. Des fondus et des ralentis
représentent des ponctuations du récit.
207
Équilibres relationnels dans une équipe de montage
Quel choix opérer : montage directif ou monteur créatif ?
L’auteur – réalisateur doit-il avoir une présence lourde, et res-
tant en permanence dans la régie, sélectionner lui-même chaque
plan, chaque image, chaque raccord ; ou bien doit-il avoir une
présence légère et déléguer à la personne chargée du montage
de grandes strates de création ? Tout est question de caractère et
de connaissance de la personne avec qui l’on travaille.
Lorsque je ne monte pas mes films moi-même, j’ai opté pour
la légèreté. Mais cela suppose de travailler avec des personnes
alliant créativité esthétique, rigueur technique, ainsi que gentil-
lesse. Ce dernier point est fondamental : pour s’enfermer six à
huit semaines dans une régie avec quelqu’un, il faut éviter les
incompatibilités d’humeur ! Concernant la créativité, une mon-
teuse à qui l’on permet de s’exprimer par l’art qu’elle maîtrise
dans le cadre des responsabilités qui sont les siennes (raconter
par le montage, une histoire faite d’images et de sons) réserve
souvent d’excellentes surprises. Ma méthode consiste à vision-
ner tous les rushes, et à élaborer, durant ce dérushage, un
séquencier écrit d’après les images et les sons, et structuré en
scènes, séquences, et parties, constituant la structure du film.
Ceci fait, je communique ce séquencier à la monteuse, je le lui
explique. Je lui précise les plans et les scènes que je juge in-
contournables et je lui indique ma conception de leur
agencement. Puis je lui laisse une grande latitude de création et
de choix des plans à l’intérieur de ce séquencier. Je laisse en-
suite la monteuse seule. Elle monte ainsi les scènes et séquences
du film en leur donnant un souffle spécifique, en leur impulsant
un rythme, et en les imprégnant des éléments de création prove-
nant de la rencontre de son imaginaire, de son talent, avec la
matière filmique des rushes. Je viens régulièrement en régie de
montage, pour visionner et évaluer chaque séquence dont le
montage est achevé. Alors nous étudions le produit de son tra-
vail, au fur et à mesure que les séquences se construisent, et là
je demande des modifications, des améliorations, des réagen-
cements.
208
Théories du montage et formation autodidacte
Depuis le début du XXe siècle, le montage a fait l’objet
d’études et d’élaborations théoriques et d’une pédagogie. Le
lecteur souhaitant approfondir en ce domaine pourra se reporter
à certaines œuvres et à certains ouvrages. Les cinéastes de
l’école soviétique ont élaboré des théories du montage particu-
lièrement audacieuses, qui influencent toujours jusqu’aux plus
jeunes des générations de monteurs. Les textes de Sergueï M.
Eisenstein sélectionnés par Jacques Aumont sous le titre Au-
delà des étoiles (Eisenstein, 1974) contiennent plusieurs travaux
sur le montage. Les travaux de Lev Koulechov sont accessibles
dans L’art du cinéma et autres récits (Koulechov, 1994), tandis
que de Dziga Vertov sont incontournables le film L’Homme à la
caméra (1929) et les articles, journaux, projets (Vertov, 1972).
Plus récemment, les approches de Jean-Luc Godard, notamment
le texte intitulé Montage, mon beau souci, sont des plus intéres-
santes (Bergala, 1998).
209
pouce Betacam puis Betacam SP) a révolutionné les méthodes
de travail tandis que les systèmes de montage allaient du plus
simple (type RM 450 Sony) aux régies avec générateurs
d’effets, palettes graphiques, etc.
Durant la dernière décennie du XXe siècle, une seconde ré-
volution technologique vidéo est intervenue avec le montage dit
« virtuel », puis en vidéo numérique. Cette dernière mutation a
bouleversé les modes d’écriture du fait des facilités de dépla-
cements d’éléments (plans, scènes, séquences, parties) dans la
time-line. Le montage virtuel prédomine en ce début de
XXIe siècle, avec, pour l’essentiel, en France, trois systèmes de
montage également performants : Média 100, Avid, et surtout
Final Cut Pro. Chacun a ses avantages et ses inconvénients.
Leur logique de mise en œuvre présente de nombreuses simili-
tudes.
210
moins grande qu’en vidéo (un exemple : le rechargement des
magasins de la caméra en pellicule 16 mm dans le charging-bag
demande un minimum de 5’), et il est gênant, au cœur d’une
action, de devoir s’interrompre parce que la pellicule a décroché
et que tous les magasins de la caméra ont été tournés !
La passerelle du film à la vidéo est simple : le télécinéma est
une technique ancienne et éprouvée qui permet de monter en
vidéo ce que l’on a tourné en film, ou de diffuser en vidéo un
film achevé. Parallèlement, la passerelle de la vidéo au film est
aisée : le kinéscopage permet de disposer de copies 16 mm ou
35 mm d’œuvres tournées en vidéo, ce qui n’est pas inutile pour
une exploitation en salles (bien que de nombreuses salles soient
équipées de vidéoprojecteurs).
211
- En film : montage du négatif (conformation), puis éta-
lonnage
- Préparation du mixage
- Enregistrement des voice-over (doublages)
- Mixage
- En film : report du son mixé en une piste son optique
standard (COMOPT)
- Éventuellement, sous-titrages
- En film : tirage de la copie zéro son optique standard
- En film : rectifications éventuelles d’étalonnage sur la
copie zéro son optique standard
- En film : tirage des copies de série, son optique standard
- En film : télécinéma sur support vidéo (Haute Défini-
tion)
- Le master ainsi mixé, sous-titré, etc. est le Prêt À Diffu-
ser (P.A.D).
- Édition vidéo (DVD, VHS, etc.).
- Réalisation de copies sur des formats « légers » pour
une diffusion sur Internet : Séquences Mpeg 4, Quick-
time, .MOV, Mpeg 2, etc.
Questions d’idiomes :
l’expression des témoins dans leur langue
Traduire les rushes pendant le tournage ou avant le montage
Si l’on ne comprend rien à ce que disent les témoins, si l’on
ne pratique pas leur langue
… Il est indispensable, lors d’un
tournage dans un pays dont on ne comprend pas la langue,
d’être accompagné d’une personne (assistant, ingénieur du son,
opérateur de prises de vues, régisseur, assistant, stagiaire, etc.)
la pratiquant – et faisant office de traducteur – afin de compren-
dre ce que l’on tourne et de communiquer avec les personnes
que l’on filme
… ce qui peut sembler une évidence !
212
Ensuite, une méthode simple consiste à traduire chaque jour
les entretiens avec le traducteur (en le filmant) ainsi, il ne reste
plus qu’à transcrire ces traductions au retour du tournage.
Si cela n’a pas été fait, une autre méthode consiste, une fois
le tournage achevé, à faire réaliser les traductions par une per-
sonne native du pays, en demandant une traduction « collant au
sens » original et non par amalgames ou globale, afin de resti-
tuer les nuances du texte et de la pensée, des émotions, etc.
Ensuite il est souhaitable de tout traduire, l’ensemble des
rushes, y compris les bribes de phrases, de textes, de chants,
même s’il s’agit de scènes apparemment sans importance. Dis-
poser ainsi de l’ensemble des textes traduits permet de procéder
à une préparation du montage narratif des récits. Or, ces textes
peuvent ensuite « porter » le film, former la structure d’une
histoire.
Si, l’on pratique la langue des témoins, tout est plus souple.
Le traducteur n’est pas nécessaire, ni les traductions avant mon-
tage.
213
me reprochant d’avoir fait « un film à lire » et non un « film à
voir », tellement la densité des sous-titres empêchait selon eux
de s’attarder dans l’image. J’en suis venu, les années suivantes,
à procéder à des choix plus équilibrés et à adopter le dispositif
suivant : les longs récits sont doublés en veillant lors du mon-
tage à équilibrer la version originale et la version française pour
conserver autant que faire se peut les sons des voix dans la lan-
gue d’origine, puis lors du mixage, en étant vigilant de ne
surtout pas procéder à une méthode courante en journalisme
audiovisuel, dite du « son écrasé » qui rend les voix originelles
inaudibles. Parallèlement les chansons, les dialogues brefs, les
réunions, les rituels sont sous-titrés.
214
l’écriture cinématographique et avec son point de vue, engagé,
dans l’utopie majeure du XXe siècle : « Je considère qu’en plus
de la maîtrise des éléments du langage filmique, de la technique
de l’image et de la théorie du montage, nous avons un autre
élément à inscrire à l’actif de cette période : la valeur profonde
des liens qui l’unissent avec les traditions et la méthodologie de
la littérature. Construisant une œuvre entièrement opposée à
celle du théâtre et du cinéma théâtral bourgeois, le cinéma de
cette période a su maintenir un contact extrêmement étroit avec
toutes les formes de littérature. Ce cinéma a posé les problèmes
de sa poétique. Ce n’est pas en vain que durant cette période
est né le concept d’image cinématographique en tant
qu’élément indépendant du cinéma, la nouvelle notion du lan-
gage cinématographique, non en tant que langage de la critique
cinématographique mais comme l’expression de la pensée ci-
nématographique, quand le cinéma a été appelé à incarner la
philosophie et l’idéologie du prolétariat victorieux. » (Eisens-
tein, 1976). Si des “passerelles” existent bien entre les arts
(documentaire/littérature, documentaire/théâtre, etc.), les dispo-
sitifs d’écriture du documentaire, par leurs spécificités, se
distinguent de ceux de l’écriture textuelle, de l’écriture théâ-
trale, etc., mais ils ont bien des éléments en commun avec le
cinéma de fiction.
Agnès Varda disait dans Murs Murs : « C’est toujours le réel
du mensonge qui m’intéresse », cela pose la question du pas-
sage entre réel et irréel, et rend incontournable la conscience du
fait que l’objectivité est un leurre en réalisation documentaire
(et encore plus dans les programmes audiovisuels relevant du
journalisme de télévision).
La réalisation est aussi tributaire de l’économie dans laquelle
elle se situe. Ainsi, la durée moyenne des dispositifs de réalisa-
tion pour un documentaire de 52’est, concernant les chaînes de
télévision nationale de : trois semaines de préparation, deux
semaines de repérages, cinq semaines de tournage, huit semai-
nes de montage, deux jours de conformation, trois jours de
mixage. Les productions destinées aux chaînes locales (princi-
palement au câble) disposant de moyens financiers bien plus
limités, les données peuvent alors être les suivantes : trois jours
de préparation, dix jours de tournage, quatre semaines de mon-
215
tage, un jour de conformation, un jour de mixage. Ces contrain-
tes limitent d’autant la sérénité de la création. La qualité
d’élaboration des œuvres est donc directement liée à un système
censitaire.
La création documentaire fait intervenir une mise en ima-
ges impliquant une composition picturale (cadres, lumières,
couleurs), et une intégration des sons en vue d’une construction
qui s’affinera au montage, puis lors du mixage (sons du réel,
voix et paroles, musiques, ambiances, etc.). Le montage voit
l’aboutissement de la structuration du récit via des choix et une
sélection fine effectuée dans la matière filmique des rushes.
Pendant le montage, un rythme et une pulsion sont apportées à
la continuité narrative, qui est conduite par des mouvements
internes de plans en scènes et de scènes en séquences. Techni-
que et esthétique sont intimement liées au sens, dans une
intense relation forme/fond. Le documentaire d’auteur porte en
lui une thèse et véhicule le regard, le point de vue, la singularité
et l’intention de celui qui l’a conçu.
Il s’agit ici, selon Jean Vigo, de l’engagement de l’auteur.
L’engagement de l’auteur peut être variable. Ainsi, Joris Ivens
déclarait : « Je ne suis pas un homme de films politiques ; mon
esprit est militant, mais je suis avant tout un poète, qui fait
quelquefois des films militants (
…/
…) J’ai pensé qu’on pouvait
changer l’homme en une génération, mais c’était une illusion.
C’était bien, et j’y ai cru avec toute ma personnalité d’artiste en
tant qu’artiste, et j’y crois encore
… mais le changer en une
génération c’est impossible, trop difficile. Dans notre vie de
tous les jours, dans nos rapports, on est encore au Moyen-Âge ;
ça je l’ai appris avec l’âge » (Prédal, 1987).
Enfin, quel est le statut du réalisateur de documentaires ?
Nous écrivons ces lignes alors que les médias commémorent
comme ils le font rituellement les dix ans du décès de notre
maître, le professeur Pierre Bourdieu (1930-2002). Or,
P. Bourdieu, dans les Questions de sociologie, notait que : « Il
n’y a pas d’autre critère de l’existence d’un intellectuel, d’un
artiste ou d’une école, que sa capacité de se faire reconnaître
comme le tenant d’une position dans le champ, position par
216
laquelle les autres ont à se situer, se définir. » (Bourdieu,
1984).
Cette analyse rejoint les notions évoquées dès la partie de cet
ouvrage consacrée à l’écriture : « la position dans le champ »
sera ici délimitée par l’engagement, le regard d’auteur,
l’intention, qui de film en film, délimitent progressivement le
style, le sens, et la situation d’un artiste et de son œuvre.
Cette « position » est aussi le produit d’une constance, d’une
fidélité ; elle est liée à un engagement, un acharnement. Elle est
tributaire de l’action sociale et solidaire du documentariste. Ici
l’individuel rejoint le collectif tout en s’inscrivant dans le
temps, dans la durée. Il n’y a pas d’espace pour l’opportunisme
et la superficialité.
217
- Un micro très cardioïde (par exemple de type MKH 416
Sennheizer) avec alimentation fantôme 1 bonnette de
type Rycotte
- Un micro cravate de préférence H.F.
- Un casque isolé par oreillettes
- Une perchette télescopique avec suspension
- Un chargeur de batteries
- Un adaptateur secteur
- Un pied léger avec tête fluide, un monopode
- Quatre batteries pour caméscope (longue durée)
- Une mini-torche (dite « Minette ») adaptable sur camés-
cope avec 2 batteries et un chargeur
- Les câbles adaptés aux équipements ci-dessus définis
- Un prolongateur et une prise multiple (de type « terre »)
- Une quantité de vidéocassettes de bonne qualité adap-
tées au programme audiovisuel envisagé
- Deux bombes de dust-off et des nettoyants optiques,
une poire soufflante (de photographie)
- Une couverture de survie pouvant faire usage de réflec-
teur
- Un carnet à couverture rigide pour noter le Journal des
Rushes (résumé du contenu des K7 en fonction du nu-
méro de celles-ci) et toutes les informations utiles :
noms et prénoms de personnages, adresses, etc.
- Un rouleau d’adhésif, type Gaffer, noir
218
Fiche de remise de matériel
(Établie en deux exemplaires :
un pour le technicien et l’autre pour la production)
Date : Lieu :
Titre du film :
Production :
J’atteste, par la présente, avoir reçu de (M. Nom, Prénom,
Fonction) le matériel dont la liste suit :
- 1 Caméscope de type HVR-Z1E, de marque Sony, avec
sa semelle, son micro, sa valise
- 1 Adaptateur grand angle et pare soleil adapté
- 1 Chargeur de batteries avec ses câbles et 3 batteries
- Connectique son : 1 câble
- 1 Perchette avec suspension
- 1 Microphone Sennheizer de type MKH 416
- 1 bonnette anti-vent “Equipments El Hadj Zirn Special
Commitments ©”
- 1 minette avec chargeur et câbles, son sac
- 1 Pied Sachtler avec socle et semelle, son sac
Nota
219
Penser le calendrier du tournage
Alors que le tournage se prépare, le producteur demande
d’esquisser un calendrier prévisionnel jusqu’au P.A.D. Des
marges de temps sont toujours prévues entre le P.A.D. et la date
de diffusion. Ce calendrier est conçu au terme d’une concerta-
tion du producteur, de l’auteur réalisateur, et des partenaires de
la production.
Calendrier prévisionnel du 52’
« Journal de Guerre d’un Français Libre »
Destiné à être diffusé durant l’été 2014
(à l’occasion des commémorations 1944-2014)
*
Dossier PDF du film disponible sur demande à
oceans.televisions@yahoo.fr
1. Préparation finale : 4 semaines/Troisième trimestre 2013
2. Tournage : 6 semaines, donc réserver le matériel (un camés-
cope H.D.) pour cette période/Début décembre 2013
3. Numérisation, puis dérushage, sur logiciel Final Cut Pro
(3 semaines)/ Mi-janvier 2014
4. Montage virtuel puis mixage VI et VF, effets, finalisation,
sortie masters, vérifications : 8 semaines/Mi-février 2013
5. P.A.D. : Mai 2014
220
Concernant les rushes, le mieux est de pré-identifier les vi-
déocassettes avant le tournage, dans un moment de tranquillité
(plutôt que de les identifier à la va-vite de façon illisible au
moment de changement de K7 dans le caméscope pendant le
tournage), et cela peut être fait, par exemple en trackant les
bandes (procédé qui évite les trous de signal lors de
l’enregistrement, générant ensuite des problèmes lors de la digi-
talisation). Sur les tranches des boîtiers et sur les K7 de rushes
on apposera l’étiquette bleue conventionnelle intitulée « Origi-
nal ».
Pour ce qui est des masters et dubs des masters, le mieux est
de préparer les K7, de les pré-identifier avant le moment, sou-
vent dans l’urgence, où les masters sont sortis sur bande. Sur les
tranches des boîtiers et sur les K7 des masters on apposera
l’étiquette rouge conventionnelle intitulée « Master », tandis
que l’on apposera l’étiquette verte conventionnelle intitulée
« Dub » sur les duplicata de masters.
Film intitulé :
LIRE TON CORPS,
Auteur – réalisateur
Didier Mauro
RUSHES/HDV. K7 n°1
Format : 16/9e.
Merci de retourner cette K7 à :
LA SEINE TV, 1 rue de Vaugirard. 92190. MEUDON
E Mail : contact@laseine.tv Tel : 01 45 20 99 70
Site Internet : http://www.laseine.tv
221
10. Documents techniques pour le montage
« Je suis devenu un biographe de l’autobiographie, c’est-à-dire
un documentariste qui essaie de se mettre à la place de ses per-
sonnages, pour regarder le monde avec leurs yeux et pour
parler avec leurs voix. »
Richard Dindo
Cassette n° 02
* TC début 02080316 TC fin 02154002
Lieu : Paris, place de la Nation, le premier mai, lors de la
manifestation. Entretien avec Vincent Safrat avec les chômeurs
en fin de droits et les RMIstes
Intéressant à partir de la phrase commençant par : C’est bien
* TC début 02160812 TC fin 02492408
222
Lieu : Paris, place de la Nation, le premier mai, lors de la
manifestation. Discussion de Vincent Safrat avec les chômeurs
en fin de droits et les RMIstes sur l’utilité de l’action.
* TC début 02165000 TC fin 02180714.
Lieu : Paris, place de la Nation, le premier mai, lors de la
manifestation Réactions de chômeurs en fin de droits et les
RMIstes : le chômage les exclut de la culture, donc de la lec-
ture.
* TC début 02182624 TC fin 02191316.
Lieu : Paris, place de la Nation, le premier mai, lors de la
manifestation.
Vincent avec un bénévole de Lire c’est partir. Monter de-
puis la phrase : J’ai vu à de tout.
223
Exemple de Fiche de Dérushage
Film : « Le Regard Malgache » de Didier Mauro,
52’, Vidéo DVCam
Produit par Emmanuel Priou © Bonne Pioche, 2003, Paris.
Site : http://www.bonnepioche.fr
224
L’exemple qui suit est celui du documentaire de création Les
carnets malgaches (52’), produit par Anako Productions, dans
le cadre de la série Les Voix de l’Oubli. Ce film a été cofinancé
en aide sélective par le CNC et a fait l’objet d’un à-valoir distri-
buteur de Télé Images (cf. chapitre La Distribution), et diffusé
en premier lieu sur Image Plus en 2006.
225
Exemple de Conducteur de montage de séquences
Film : “Lire c’est partir” de Didier Mauro,
52’, Vidéo BetacamSP
Produit par Claude Gilaizeau © Productions de La Lanterne, 2001, Paris.
Site : http://www.lalanterne.fr
Générique début
Séquence n° 1. Distribution de livres au porte à porte à Méru
Séquence n° 2. Introduction. Vincent Safrat à la ferme (sé-
quence n° 1 des fiches précédentes)
Séquence n° 3. Avec le dessinateur M.Loïc Faujour
Séquence n° 4. Vincent Safrat à la ferme, prépare des distribu-
tions de livres gratuits (séquence n° 8 des fiches
précédentes)
Séquence n° 5. Distribution de livres à Sarcelles, dans une mai-
son de quartier, avec l’association Sarcelles Jeunes
226
Addition d’images : photographies, affiches, documents
écrits, etc.
Les images verticales devront être recadrées (de préférence
au moment su scanning pour ne pas prendre sur le temps de
montage)
Un scan 300 dpi d’une résolution d’environs 2 000 x 1 000
pixels sera suffisante (la résolution n’est pas fixe, elle dépend
du ratio : 4/3 ou 16/9)
Le format du fichier devra être du JPEG.
227
Exemple de présentation par sous-titrage
d’une personne-personnage
En documentaire de création
RAMILISON
Artiste-paysan
Opéra Hira Gasy de Madagascar
*
Exemple extrait de : Madagascar, la parole poème
Chroniques de l’opéra paysan Hira Gasy
1997 – France – 52 minutes – Betacam SP
Lien Internet : http://www.film-documentaire.fr/Madagascar_-
parole_poeme.html, film, 7416
228
Exemple de Générique
de début en documentaire de création
Carton 1 :
LA SEINE TV
Carton 2 :
Présente
Carton 3 :
EAUX PENSANTES
Carton 4 :
Un film de
Carton 5 :
Didier Mauro
Carton 6 :
Produit par
Carton 7 :
Jean-Pierre ZIRN
*
Lien Internet pour visionner cet exemple :
http://www.film-documentaire.fr/Eaux_pensantes.html,
film, 26890
229
Exemple de Générique
de début en documentaire de création
Image
Prénom NOM
Son
Prénom NOM
Montage
Prénom NOM
Trucages
Prénom NOM
Mixage
Prénom NOM
Régies vidéo
Prénom NOM
Une production
Prénom NOM
Remerciements
Ici ajouter les organismes et personnes ayant accordé des auto-
risations de tournages, des documents, des entretiens, des
facilités, etc.
Prénoms NOMS
Un film de
Prénom NOM
©. Nom de la production, pays, année de sortie du PAD
230
une exploitation en France, on mixe ensuite une version fran-
çaise (VF).
Nota
231
11. Méthodes de réalisation avec un téléphone cellulaire
Méthodes de tournage avec un téléphone portable
Lorsque l’on aime faire des films, tourner des documentaires
avec un téléphone portable est vraiment intéressant, surtout
quand on n’éprouve aucune attirance fétichiste pour cet objet, il
est alors possible de le détourner de sa fonction principale alié-
nante pour en faire un stylo, un pinceau, etc. Il est aussi des
choses à, essayer, comme l’a fait Claudio Pazienza dans Scènes
de chasse au sanglier : insérer des plans tournés avec un télé-
phone portable dans un documentaire filmé avec un caméscope
numérique.
232
doute dans les inventions venues d’Orient. En attendant, début
2010, sensible à mon amour de l’Art, la femme de mes rêves
m’a offert un téléphone cellulaire Sony-Ericsson Satio, avec une
sensibilité de 12 Mégapixels, un écran de 3,5 pouces, des com-
mandes tactiles, etc.
Dès mes premiers essais, je constate que le changement est
radical en termes de qualité de l’image et du son et pour ce qui
concerne la taille de l’image. Même si l’essentiel est l’histoire
et la manière de la raconter, je sais que ce nouveau « stylo au-
diovisuel » va me permettre d’élaborer un nouveau type
d’œuvres réalisées avec téléphone portable, d’optimaliser les
potentialités narratives. Mais, au second semestre 2012, des
remarquables téléphones cellulaires permettant de filmer en
Haute Définition sont arrivés (dont l’excellent Samsung Player
HD i8910)
… Il leur manque encore l’équipement d’une optique
de rêve, mais le saut qualitatif est remarquable.
Configuration
Choisir un téléphone dont la sensibilité est la plus élevée
possible. Parmi les modèles les plus intéressants nous recom-
mandons ceux permettant de filmer en haute définition et ayant
des capteurs rétroéclairés ainsi qu’un grand écran. Parmi ceux-
ci, le remarquable Samsung Player HD i8910
233
Penser le film/écriture
Pour le contenu, penser ce que l’on filme, prévoir un projet
d’histoire, l’écrire, et se mettre dans le même dispositif que
lorsque l’on dispose d’un caméscope Haute Définition pesant
bien plus qu’un « chat sur l’épaule », (cf. Beauviala)
Écrire les textes fondateurs, qui, même en autoproduction,
seront indispensables pour la diffusion et le « buzz », et au mi-
nimum : la pensée du film, le résumé.
Tournage
Enregistrer les plans sur la carte et pas sur le téléphone
Bien comprendre que le point est effectué automatiquement
dans la zone la plus éclairée du champ, filmé
Ne pas utiliser le zoom intégré (mieux vaut recadrer au mon-
tage)
S’exercer pour la stabilité jusqu’à trouver son équilibre ; un
bon dispositif est coudes appuyés contre le buste, le téléphone
étant tenu à deux mains.
Transferts
Transférer (avec la connectique USB fournie avec le télé-
phone), au plus vite les rushes tournés sur un disque dur
d’ordinateur (pour ne pas saturer la mémoire de la carte, et ainsi
garder une capacité permanente de, tournage de plans. En cette
occasion, nommer les plans, les classer, les répertorier.
234
- Effectuer les sorties des masters : Sur bande numérique
(au choix DV, DVCam, DVCPro). Sur DVD. Sur
« format » compatible Internet (3GPP ou bien MP4),
via la compression Quicktime.
Diffusion
Enregistrement du film au répertoire de la SCAM
Mise en ligne (Club du Doc, sites Internet, festivals, etc.)
Organisation du « buzz », la promotion du film
Notes complémentaires
Organisation du Transfert des rushes
Pour le transfert des rushes, avec un portable comme avec
n’importe quel caméscope, la méthode la plus simple consiste
à:
a. Créer dans l’ordinateur un dossier nommé en fonction du titre
du film (exemple : « CARNAVAL »)
b. Connecter le téléphone portable à l’ordinateur via le câble
USB, puis de faire glisser les fichiers audiovisuels depuis le
téléphone vers le dossier nommé dans l’ordinateur.
c. Nommer immédiatement chaque élément de rushes, sans
effacer son extension
235
Préparation de la diffusion
Quant à la diffusion, deux choses doivent être prises en
compte :
236
propos, il faut considérer que si l’on souhaite toucher un public
international une version anglaise est indispensable.
1. Technical datas
Title : A Letter to Romain Gary
Experimental documentary film
Shot with a cellular phone Mototola model « Razr »
(2 megapixels) and edited with Final Cut Pro
Cast : Didier Mauro, Emeline Raholiarisoa
Film-Director : Didier Mauro, 2009.
Autoproduction of the Film-Director
Created for the Web Short Film broadcasted by ARTE TV.
CONCOURS ONLINE CAMÉRA DE POCHE about “The
years 80”.
Broadcasted on the Web since june 2009
Link : http://php.ARTE-tv.com/court-circuit-
off/concours/playerConcours.php?film_id=4&page=1&vote=0
&concours_id=4&order=orderDate
Also broadcasted by YOUTUBE since august the 27, 2009.
Link : http://www.youtube.com/watch?v=HgQsBxYMfWk
Year of production : 2009
Lenght : 2 minutes
2. The method
This two minute film was shot for the pleasure of the art.
One evening, the woman I do love, told me : « do you know the
Web Short Film festival broadcasted ARTE organises a compe-
tition of short films about the eightees, shot with cellular
phones. You should participate ». So, the idea of making a
film began though I was with a huge crazy planning absolutely
full. This film has been made with a cellular phone Motorola,
237
with a small quality of definition (2 megapixels) and edited with
Final Cut Pro. Why with a phone ? Because, unfortunately for
me, it is always in my pocket
… and as Umberto Eco, I have not
any kind of interest for this object. It is in my pocket for profes-
sional and private bad reasons. So, I use it very often as a
camera, the « camera-stylo » every film director dreams of. But
in fact, I dream of a very small camera full HD, 3 CCD, inside
my cellular phone.
Exemples de Résumés
Film réalisé avec un téléphone portable
Film : « Une Minute de Beauté »,
Durée 1’, autoproduction de Didier Mauro, 2009
Film visionnable en ligne sur les pages
de Didier Mauro de http://www.film-documentaire.fr
*
Une minute Of Beauty, Summary
Every morning, SHE and HE make a journey in the subur-
ban railways, in different directions, for professional reasons.
Their dreams travel in the same direction. Love and cinéma. An
experimental documentary erotic « train-movie » dedicated to
Vertov, Gary, Gauguin, and Freud. This one minute short film
was shot in the parisian urban railways with a cellular tele-
phone.
*
Une Minute de Beauté, Résumé
ELLE et IL partent au travail. Chaque matin, c’est un
voyage vers l’Est. Leurs rêves et leurs pensées fusionnent.
Amour et cinéma. « Train movie » expérimental érotique hanté
par Vertov, Gary, Gauguin et Freud. Ce film court-métrage
d’une minute a été tourné pendant les trajets en trains franci-
liens, avec un téléphone portable.
238
d’insuffler à la lectrice, au lecteur, le désir de films, l’envie de
réaliser des essais-documentaires en toute liberté, des films qui
leur ressemblent, avec cet objet qui pèse dans leur poche, un
téléphone portable !
239
12. Données socio-économiques
« Depuis l’âge des cavernes, et sans doute, en dépit
du chasseur pariétal, l’image a opéré une sacralisation
de la chose représentée, laquelle, en contrepartie, ré-
gente celui qui la contemple. »
Pierre Perrault
240
Contrat d’auteur & contrat de réalisateur
Si le réalisateur est une personne distincte de l’auteur, et
qu’il n’a pas déjà signé un contrat d’écriture et de réalisation du
projet de documentaire avec le producteur, il est nécessaire de
contractualiser la collaboration par un contrat spécifique. Des
contrats-types sont téléchargeables gratuitement sur les sites de
la SCAM et de la SACD.
Lien Internet avec la SACD : www.Sacd.fr
Lien Internet avec la SCAM : www.scam.fr
241
La rétribution est effectuée en salaire pour ce qui concerne la
réalisation, et en droits d’auteur en ce qui concerne l’écriture.
Rappelons-le (cf. chapitre de ce livre consacré à l’écriture) : Si
l’auteur est une personne distincte du réalisateur, deux contrats
distincts sont établis. S’il s’agit de la même personne, certains
producteurs établissent deux contrats distincts, tandis que
d’autres établissent un contrat d’auteur – réalisateur.
242
13. Entretiens concernant la réalisation
Entretien avec Pierre Baqué :
D.M. : Quelles sont les qualités du travail en équipe ?
Pierre Baqué : « Le travail en équipe c’est l’école de démocra-
tie et de la modestie ».
243
Entretien avec Yves Billon
D.M. : Quel dispositif d’équipement technique recommandes-tu
en cinéma documentaire ?
Yves Billon : « Je crois qu’il faut revenir aujourd’hui au dispo-
sitif que j’appellerai l’équivalent audiovisuel du “papier-
crayon” en écriture textuelle : une petite caméra, ses vidéocas-
settes, et un ordinateur de montage. »
244
Mathieu Gallet (Entretien réalisé avec le concours de M.
Christophe Barrère) : « Bien sûr, on peut – légitimement –
penser que tout a été dit et aussi qu’il ne saurait y avoir de pro-
grès en art
… Toutefois, il ne faudrait pas oublier que le
documentaire est en tout premier lieu un regard porté sur le
monde, sur les sociétés dans lesquelles nous vivons et qui sont
en mutation constante. Ces conditions dans lesquelles vivent les
hommes se transforment tous les jours et ce, à une vitesse jus-
qu’ici inconnue.
Le rapport que nous avons au monde est largement façonné
par les médias, le lointain devient le proche, l’immédiat
… le
besoin de clés, de repères n’en est que plus nécessaire.
Dans un tel contexte, l’lNA a un rôle majeur à jouer : ses
fonds d’archives numérisés, documentés, analysés juridique-
ment ; constituent un patrimoine public irremplaçable pour
raconter notre époque en citant les faits "en chair et en os".
Il y a là tout un champ ouvert à la création : la réalisation de
documentaires à partir d’archives a toujours été au cœur des
préoccupations de l’Ina. Non seulement, à travers les très nom-
breux films que nous avons produits et qui souvent ont ouvert
de nouvelles pistes, en expérimentant de nouvelles formes de
narration, mais aussi, bien sûr, à travers les collaborations que
nous avons noué avec la production indépendante, en facilitant
techniquement et économiquement l’accès à ces images.
Notre mission n’est pas seulement de conserver ces fonds
mais aussi de les faire vivre, de les rendre visibles – sur tous les
écrans – pour tous les publics. C’est un immense chantier que
nous avons ouvert depuis déjà plusieurs années pour que ces
images, ces films et ces documents soient de plus en plus acces-
sibles à nos concitoyens qui en sont – en fait – les véritables
propriétaires ».
« Un sujet comme la Shoah sera encore, sous ses aspects les
plus divers, abordé dans les prochaines années mais, le temps
passant, il ne sera bientôt plus possible de filmer de nouveaux
témoignages. Un film comme celui de Claude Lanzmann ne
serait déjà plus possible aujourd’hui.
C’est vers de nouvelles formes d’écriture qu’il faudra se
tourner, c’est aussi la raison qui a fait s’engager l’Ina sur ce
vaste projet qu’était "Mémoires de la Shoah", enregistrement et
archivage volontaire de 110 longs entretiens de survivants ».
245
Entretien avec Thierry Garrel
D.M. : Le documentaire vit depuis 50 ans une succession de
révolutions techniques : on a vu le cinéma direct faire œuvre
grâce au 16 mm son synchrone, puis les auteurs s’emparer de
l’allégement su fait des mutations de la vidéo depuis le Betacam
analogique vers le numérique et maintenant la haute définition.
Quelles incidences les nouvelles technologies du XXIe siècle
peuvent-elles avoir sur les créations ?
Thierry Garrel : « Quant aux nouvelles technologies, il faut
être conscient qu’elles sont majoritairement poussées par des
intérêts de production de quincaillerie, et donc ne fournissent
pas forcément de nouvelles solutions. Même si évidemment on
prend dans l’Histoire le cinéma direct, il a fallu qu’il y ait des
gens comme Beauviala et Äaton pour réellement créer des sys-
tèmes de caméras synchrones à distance qui évitent les claps, et
qui permettent d’avoir cette mobilité dont on avait besoin pour
filmer en interaction et sans trop perturber le milieu des proces-
sus humains. Je mentionne Äaton parce que c’est un des
personnages les plus importants du monde de l’industrie techno-
logique. Beauviala, par ses liens avec les créateurs, a su
développer des recherches dans des directions correspondant à
des besoins. Mais il ne faut pas uniquement attendre du côté des
technologies. En revanche je suis absolument certain que nous
ne sommes qu’au début d’une ère qui sera longue : on vient
d’enclencher dans l’Histoire de l’esthétique et dans l’Histoire de
l’art et des techniques un cycle extrêmement fructueux pour le
documentaire. Car il représente, à mon avis, l’un des moyens
d’expression centraux de notre temps, par rapport aux questions
qui se posent, quant à la mondialisation et la nécessité de refon-
der, après l’effondrement des utopies, un humanisme ailleurs et
pas en reprenant les mêmes éléments. Je pense que le documen-
taire a non seulement un rôle à jouer, mais correspond dans les
pratiques vitales, à quelque chose de très important dans le
temps et la vie des gens. Par rapport à cela, les inventions lin-
guistiques auxquelles nous cherchons à contribuer sont encore
infinies, et à mon avis beaucoup plus riches que celles du ciné-
ma de la fiction. Celui-là a connu, ces dernières années, un
enrichissement évident en provenance d’Orient, d’Asie, dans la
réinvention et la richesse des écritures par rapport à la standar-
246
disation. Je pense que dans le documentaire, on est au début
d’une floraison formidable. Ces dernières années se caractéri-
sent par des œuvres qui, justement, ont cherché à affirmer des
points de vue à travers des formes non-standardisées, d’autres
structures linéaires, d’autres systèmes de narration. Bien enten-
du il y a les personnages, les processus, les histoires et tout,
mais aussi, réellement, un pari sur les images et les sons. Il y a
une vraie grande richesse, qui pour l’instant est plutôt contrecar-
rée par les nouvelles technologies. J’ai plutôt le sentiment que
les nouvelles caméras font oublier à ceux qui sont derrière, que
l’image est d’abord dans leur tête, et surtout doit, à la fin, être
dans la tête du spectateur alors qu’ils pensent que l’image est
sur leur écran de contrôle et sur l’écran du téléviseur. Par con-
séquent les moyens légers, finalement, relèvent plus d’une
autoscopie de surveillance « orwellienne » ou d’un cabinet psy-
chosocial et donc éventuellement scientifique, tandis que le
cinéma (au sens des images et des sons) documentaire comme
moyen d’expression doit redécouvrir que l’image est d’abord
l’image intérieure de celui qui fait le film puis l’image inté-
rieure de celui qui le regarde ».
247
qui se passe en Chine, mais aussi au coin de la rue. Enfin, dans
l’acte de créer, il y a de la communication. On crée rarement
pour soi seul. Il faut un peu d’empathie, un désir de partager.
C’est très rare qu’un bon auteur soit misanthrope. »
248
D.M. : En termes de réalisation, comment les documentaristes
peuvent-ils sortir de l’aliénation de l’illustration ?
Yves Jeanneau : « Il y a de nombreux exemples, et des métho-
des différentes. Si l’on considère La reprise du travail aux
usines Wonder de Jacques Willemont et Pierre Bonneau, c’est
un film militant avec un point de vue évident. Au lieu de tour-
ner des petits plans mis bout à bout pour coller à un discours
préétabli, ils ont laissé tourner la caméra ! Très bonne idée !
C’est le réel alors qui transcende le point de vue. Le vrai point
de vue alors devient : “je laisse parler”, “je laisse le réel prendre
sa place”, parce que j’ai conscience qu’il se passe là quelque
chose qui n’était en rien prévisible. Considérons Le Système
Poutine de Jean-Michel Carré. Là, c’est différent. C’était pour
moi un projet ambitieux et difficile. C’est d’une certaine ma-
nière un film d’investigation. Son point de vue ? Il ne se limite
pas à une simple antipathie envers le personnage de Poutine,
mais à une interrogation de fond, à une question posée par le
film : essayer de savoir, de comprendre comment fonctionne ce
système ? C’est un film risqué comme peu de documentaires le
sont. Ses enjeux géopolitique et philosophique en font un film
profond. La profondeur c’est une sorte de troisième dimension
du documentaire. Trop de films n’en ont que deux et se retrou-
vent “à plat” : illustratifs, et ennuyeux. J’ai besoin de sentir de
la surprise, une dimension psychologique, politique, philoso-
phique, culturelle autre que le sujet proprement dit. C’est ce qui
fait la richesse d’un film. Les films ont très rarement cette di-
mension-là. »
249
énorme : aujourd’hui, fabriquer des images et les assembler, en
termes de coûts, ne représente pas grand-chose.
Une caméra de bonne qualité coûte aujourd’hui quelques
milliers d’euros, un banc de montage aussi. Comme ces outils
se démocratisent, c’est beaucoup plus simple de “faire”. En
même temps, il est toujours aussi compliqué de “faire” un film,
car cela pose toujours la question de “qu’est ce qu’on ra-
conte ?”. Les problèmes liés à la narration n’ont pas disparu.
L’évolution technique n’a pas changé le problème de fond qui
est de “raconter des histoires”. Au contraire, on a vu
l’apparition d’une multitude de gens qui, face à cette facilité des
moyens techniques, décident de s’autoproduire. Ils partent, font
beaucoup d’images, et se retrouvent à la fin avec le même pro-
blème qu’au début : “Quelle est la pensée du film ?”, “Quelle
est l’histoire que je raconte ?”, “pour qui ai-je fait ce film ?
Dans quel but ? Quelle est sa destination finale ?”. Il est préfé-
rable de se poser ces questions bien en amont. L’outil s’est
simplifié dans son accès grâce à l’allégement de son coût, mais
qu’il n’a pas résolu “le problème du stylo”. (pour résumer la
métaphore) Ce n’est pas le stylo qui fait l’histoire. Accessoire-
ment, il existe des situations où cette évolution matérielle
présente un avantage réel : par exemple lorsqu’il s’agit de tour-
nages dangereux, techniquement ou physiquement. Partir avec
une caméra DV permet de limiter les risques financiers en cas
de casse, ou de vol dans certains pays du monde. Mais ce sont
des cas particuliers qui ne doivent pas faire écran à la question
que tout auteur doit se poser : “qu’est ce que je veux raconter ?”
Pour résumer l’idée, disons qu’il est plus simple aujourd’hui
qu’avant de fabriquer un film d’un point de vue technique, mais
que ça n’est pas plus simple artistiquement qu’auparavant ».
250
bonne idée puisse être mise en pratique facilement grâce à un
équipement léger : par exemple, un producteur pourra prêter
facilement une caméra numérique à un jeune auteur si l’idée
qu’il propose lui semble intéressante. Mais il est rare qu’une
production soit lancée sur ce genre de postulat. Il y a d’autres
considérations, ainsi, Antoine de Maximy (auteur et interprète
de la série « J’irai dormir chez vous ») utilise un appareillage
technique très léger, mais cela pour une raison pratique évi-
dente. En aucun cas l’outil ne doit faire oublier ni le propos, ni
la cohérence de l’ensemble ».
251
Chapitre 3.
Produire
Le documentaire :
Une économie en constante reconstruction
« C’est une évidence, les Français aiment le documentaire »
(Revue Astérisque, n° 41, Scam, novembre 2011, p. 24).
L’étude État des lieux du documentaire, publiée par la SCAM
fin 2011 (téléchargeable sur www.scam.fr), constate que, à
54 %, les téléspectateurs préfèrent les programmes audiovisuels
ayant le réel pour objet (sondage Scam/Ifop, 2011). Elle est
aussi traversée par une interrogation constante : comment cons-
truire l’économie de la création documentaire à venir ? Durant
la dernière période, la production de films documentaires a
augmenté, de même que le nombre de sociétés spécialisées.
L’intérêt du public pour les documentaires s’est confirmé, se
traduisant par certains succès lors de projections commerciales
en distribution en salles, et par des résultats mesurables en ter-
mes d’audimat. Cependant, simultanément, le système de
production en France rencontre un problème de fond lié à la
démultiplication de l’offre de projets au regard d’une capacité
de diffusion qui n’est guère extensible.
Par ailleurs, en France, deux données frappent l’économie
du documentaire : d’une part la régression du régime des inter-
mittents touche de très nombreux professionnels relevant du
champ du documentaire, et met en difficulté nombre de sociétés
de production qui pour la plupart fonctionnent avec des moyens
253
limités ; d’autre part, les changements intervenus dans le mode
de fonctionnement du COSIP mettent fin à un système de cofi-
nancement de documentaires diffusés par les chaînes de
télévisions ne pouvant (ou ne voulant) pas investir un minimum
de financement réel.
Du point de vue des producteurs, quelle est la situation éco-
nomique actuelle du documentaire ? À cette question, Jacques
Peskine (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle) nous
a répondu en ces termes : « La production documentaire reste
très sous financée, en dépit de succès importants en diffusion,
notamment en prime time sur France 3 et France 2. Un accord
entre les organisations de producteurs et France Télévision
devrait cependant permettre une amélioration progressive sur
la période 2005/2007. Sur les chaînes analogiques nationales,
c’est la diversification des cases de programmation qui carac-
térise la période récente. Les chaînes du câble et du satellite, si
elles jouent désormais un rôle significatif dans la production en
valorisant le marché secondaire des droits, restent marginales
quant au financement primaire de la production. ».
Une situation complexe, donc, qui demande de la part des
producteurs prudence économique, gestion rigoureuse
… et aus-
si audace en termes de création. Il est aisément prévisible que
les innovations en termes de traitement, d’originalité des sujets,
et de regard d’auteur documenté feront la différence en bien des
domaines pour susciter la mobilisation des moyens de produc-
tion.
254
documents (exemples de budget prévisionnel, de plan de
financement, etc.). Un carnet d’adresses des principaux
producteurs de documentaires est par ailleurs intégré dans
l’annuaire intitulé « Producteurs » publié par les éditions Dixit.
Enfin, nous abordons aussi les méthodes liées aux dispositifs
d’« autoproduction », cette méthode étant de plus en plus
fréquente du fait de la baisse des prix du matériel technique de
production et de post-production.
En constatant la démultiplication des sociétés de productions
(qui se comptent aujourd’hui par centaines), on peut mesurer le
chemin parcouru durant les vingt dernières années. Au regard
du nombre de productions et de la diversité des genres d’œuvres
en développement, le documentaire connaît un essor qui a été
rendu possible grâce à l’action des documentaristes engagés
dans La Bande À Lumière, et à la vigilance des sociétés
d’auteurs (SACD & SCAM en particulier) et de la mobilisation
des associations et réseaux de cinéastes documentaristes
(ADDOC, ROD, RED, etc.).
255
infra) et précisément énoncés par les règlements (disponibles
auprès du Centre National de la Cinématographie), relève le
plus souvent du schéma suivant :
a. Un producteur (répondant à certaines normes énoncées
plus loin dans le chapitre consacré au COSIP) effectue
un apport initial en fonds propres ou/et en industrie,
ressources humaines, moyens logistiques, archi-
ves, etc.
b. Un diffuseur (agréé par l’État et répondant aux normes
de fonctionnement du COSIP) conclut une convention
de coproduction ou un pré-achat-commande avec le
producteur.
c. Le CNC, via le Compte de Soutien aux Industries de
Programmes Audiovisuels (COSIP) apporte un com-
plément de financement proportionnel aux apports du
producteur et du diffuseur, évalué selon un barème très
précis en fonction du montant total du budget prévi-
sionnel et de l’état du compte de la société de
production au COSIP.
d. Des financements complémentaires (le plus souvent
publics : ministères, Union Européenne, collectivités
territoriales, etc.) peuvent être sollicités (mais ceux-ci
n’interviennent généralement qu’après qu’un accord
de diffusion ait été signé, cf. §.b, supra).
e. Des pré-ventes de droits de diffusion auprès de sociétés
de télévision locale, hertzienne, par satellite, de distri-
bution vidéo, etc., sont réalisées.
f. Des coproductions et/ou pré-ventes de droits de diffu-
sion par des télévisions étrangères.
L’ensemble de ces moyens constitue le capital
d’investissement productif du programme audiovisuel.
256
ressources financières destinées à la production ou à l’achat de
programmes.
Le COSIP s’est vu alors en état de saturation face à l’afflux
du nombre de projets. Cependant les contributions du COSIP
devaient, à l’origine, financer la création et non les programmes
de flux. Or face au poids de certaines chaînes et aux pressions
politiques, les fonds du COSIP ont financé un peu de tout et non
plus seulement de la création. La justice a d’ailleurs été saisie
de certains abus. Par exemple, le Tribunal administratif a jugé et
condamné le fait que le COSIP ait financé la production de
l’émission Popstars. Le CNC n’a pas remis en cause le juge-
ment.
257
Si concevoir un projet de film documentaire est une élabora-
tion, un labeur, produire n’est pas un processus simple. Et si
très rapidement le cinéma a été perçu comme un art qui est aussi
devenu une industrie, depuis les deux dernières décennies du
XXe siècle, télévision, cinéma, vidéo et multimédia se sont
structurés en ce que l’on désigne officiellement (ainsi, c’est
devenu une terminologie juridique) par « les industries de pro-
grammes audiovisuels ». L’aboutissement d’un projet de
documentaire intégré aux dispositifs de cofinancements organi-
sés est lié à la détermination et à l’engagement d’un producteur
qui s’investit, pendant parfois plusieurs années, afin de réunir
les moyens humains, financiers, techniques, et logistiques per-
mettant la réalisation de l’œuvre. Dans l’ensemble de l’industrie
cinématographique, la création est impensable sans la produc-
tion, car comme le note Francesco Casetti : « C’est en somme
l’idéologie (le rêve d’une “vraie vision”) avec l’économie (le
capitalisme en expansion) qui déterminent l’invention » (Caset-
ti, 1999). Et en effet, le documentaire est aussi, dans le système
économique actuel, un produit au même titre que le sont un
lecteur de DV Sony, des chaussures Nike, ou un téléphone por-
table Nokia. Un produit, répondant à un des modes de
production, de distribution, et de consommation spécifiques qui
conditionnent son existence même et fluctuent en fonction des
décisions des lobbies qui dominent l’évolution des industries de
programmes audiovisuels ; lobbies pour lesquels la seule finali-
té est le profit optimal et non la culture, comme il a été possible
de le constater depuis la privatisation de TF1 en 1986.
L’élément central pour initier économiquement un projet de
documentaire de création intégrant les industries de program-
mes audiovisuels (cinéma, télévisions, édition vidéo, etc.) est la
société de production. La personne au cœur du dispositif est le
producteur (ou la productrice). Ceci étant posé, il est maintenant
possible, comme nous le verrons plus loin, d’autoproduire un
documentaire, et, ensuite, de tout faire pour qu’il intègre les
industries de programmes audiovisuels.
258
Des contraintes liées à la création d’une société
de production
Souvent, des stagiaires et étudiants en cinéma, projetant de
devenir documentaristes, caressent l’idée de constituer une as-
sociation ou société pour produire leurs propres films. Je les en
décourage vivement, leur expliquant qu’à moins qu’ils
n’envisagent, par choix et par intérêt, de devenir producteurs, il
est préférable qu’ils aient recours à des professionnels, des spé-
cialistes. Ou bien, qu’ils se constituent en collectif, à plusieurs,
en un groupe où les projets et leur gestion sont portés par une
dynamique d’équipe. En effet, si l’on peut s’improviser produc-
teur, avec inspiration et talent, et aboutir à certains résultats, la
production demeure un métier dont l’apprentissage n’est ni
simple ni rapide. Car trois alternatives s’offrent aux nouveaux
documentaristes : s’autoproduire de manière informelle mais en
appliquant certaines règles (nous évoquerons ce point plus loin),
créer leur société de production, et rechercher une société de
production qui accepte de « porter » leur projet.
Avant de concevoir de créer sa propre structure de produc-
tion, il est indispensable de prendre en compte que cela
représente assez souvent :
- Un investissement financier (il faut des fonds, un capi-
tal, puis il y a des frais, des charges), un coût de
fonctionnement.
- Une charge de travail conséquente et incontournable
(administration, comptabilité, obligations réglementai-
res, etc.) qui est autant de temps en moins pour
l’écriture, la création, la réalisation, et la vie (sauf si
l’on est passionné par la gestion et l’administration).
- Un risque économique et social (perte de l’épargne,
perte du capital, faillite, endettement, etc.).
- Une charge psychoaffective (qui peut avoir des consé-
quences individuelles, familiales, de couple, etc.).
259
Par ailleurs, pour les salariés intermittents du spectacle, il
faut aussi prendre en considération le fait que leur statut est
incompatible (de manière radicale : cela enclenche aussitôt la
radiation du système des intermittents) avec celle de producteur,
que ce soit sous la forme de gérant ou mandataire d’une société
commerciale (EURL, SA, SCOP, etc.) ou en tant que président
ou administrateur d’une association sans but lucratif (ASBL) de
production audiovisuelle.
260
- La plupart des sociétés de production disposent d’une
base de matériel technique qui est un atout et permet de
valoriser un apport (chose indispensable dans le proces-
sus de production (Diffuseurs/CNC), et impossible
lorsque l’on est seul et que l’on n’a pas le capital néces-
saire. Ce matériel est aussi mis à disposition des
membres du groupe pour les tournages, montages, etc.
- Certaines sociétés de production génèrent de la trésore-
rie, qui leur permet d’avancer les dépenses et d’engager
le processus de création dès lors que les contrats avec
les diffuseurs et le COSIP sont signés.
- Ces structures maîtrisent le processus global/conception/
financement/production/diffusion, et connaissent le sys-
tème qu’il est extrêmement difficile de comprendre
lorsque l’on débute.
- La démultiplication infinie du nombre de sociétés de
production est un danger pour la production de docu-
mentaires elle-même (et ce sentiment est partagé par les
producteurs, les diffuseurs, le CNC, et les syndicats de
techniciens). Le marché est saturé.
C’est donc vers cette voie que j’oriente les nouveaux au-
teurs, étudiants et stagiaires qui me demandent quel choix
opérer. Je leur conseille de bien élaborer le dossier de présenta-
tion du projet, puis de se documenter en étudiant la ligne
éditoriale des producteurs de documentaires, afin de « cibler »
leurs démarches et de déterminer quels sont ceux dont ils appré-
cient la ligne éditoriale et qui pourraient s’intéresser au projet.
Cette question est essentielle : Il est peu probable qu’un film de
défense des droits de l’Homme puisse intéresser un producteur
spécialisé dans les films animaliers (encore que
… des droits de
l’Homme aux droits des animaux, la réflexion mérite d’être
prolongée et la réponse est moins simple qu’il n’y paraît).
Ensuite, quand les individualités se réunissent en vue de
créer un collectif qui se propose de réfléchir ensemble afin de
porter les projets de chacun des membres du groupe, la question
de constituer une association Asbl, une Sarl, une Eurl ou une
Coopérative peut être pertinente. Ensuite, il faut savoir que les
261
collectifs qui perdurent sont ceux dont la gestion et la relation à
l’économie se sont professionnalisées. Ceux, aussi, dont les
membres ont appliqué une prudence optimale avec quelques
règles de sagesse élémentaire : ne pas dépenser plus que l’on a,
avoir une gestion rigoureuse, mettre en place un dispositif
d’autogestion (où les plus compétents se chargent des tâches
économiques, en concertation avec tout le groupe), ne prendre
aucun risque, et travailler sans relâche et sans compter sur une
rétribution mirifique.
262
ni point de vue d’auteur. Donc un suivi du dossier est indispen-
sable, en appelant dans un premier temps pour vérifier si le
tapuscrit a bien été réceptionné, puis en rappelant régulièrement
pour faire le point du suivi du projet (savoir quand il a été mis
en lecture, etc.) et ce, jusqu’à obtenir une réponse, positive ou
négative. Plusieurs mois s’écoulent entre l’envoi du projet et la
réponse (mais ce délai est bref : dans l’édition de livres, pour
qu’un tapuscrit passe en comité de lecture, il peut s’écouler plus
d’une année).
Selon nombre de nos interlocuteurs, la proportion de projets
de documentaires qui aboutissent serait de moins de dix pour
cent. Il convient donc d’anticiper sur les échecs probables (et
les désirs de films qui n’aboutissent jamais), en mettant en
chantier d’écriture un nouveau projet, immédiatement après
avoir terminé et envoyé à une production un premier dossier. Il
est aussi prudent de constituer progressivement une réserve de
projets élaborés, pensés, écrits en appliquant les méthodes ex-
posées dans le chapitre de ce livre consacré à l’écriture.
Enfin, en cas de refus d’un projet par tous les producteurs
contactés, il convient de s’interroger sur la qualité du dossier.
263
production, un signe d’intérêt, une présence, un investissement
en temps, une prise de participation dans l’effort collectif.
264
plexe. Plus les sociétés de production sont anciennes, plus elles
ont produit de films, et plus leur reconnaissance, leur notoriété
facilitent les choses. Elles disposent alors d’un carnet d’adresses
très dense et ont des relations privilégiées avec certains diffu-
seurs, ce qui est essentiel dans le dispositif fondé sur la relation
dialectique (producteur/diffuseur/financements publics). Enfin,
un producteur apporte souvent sa contribution à la réflexion
créative tout au long de l’élaboration de l’œuvre, depuis
l’écriture des textes de base (note d’intention, synopsis, etc.)
jusqu’au « Prêt À Diffuser /P.A.D. ». Telle est la nature hu-
maine, et en ce domaine, tout est possible). Enfin, un producteur
est souvent de bon conseil au moment des choix décisifs au
montage (la final cut), il devient généralement pour l’auteur –
réalisateur plus qu’un opérateur économique, mais un complice
dans l’art et un ami dans la vie. Ceci étant posé, il est toujours
possible d’« autoproduire », de façon artisanale un film docu-
mentaire, mais là encore, des méthodes doivent être mises en
œuvre ; nous aborderons cette question plus loin.
265
tés territoriales, etc.). Enfin, une fois le film achevé, le dossier
sera réaménagé afin de proposer le film aux diffuseurs poten-
tiels (télévisions, festivals, marchés, etc.), soit directement, soit
par l’intermédiaire d’un distributeur.
Le dossier de production comprend les éléments textuels
élaborés par l’auteur (présentés dans le chapitre du présent ou-
vrage sur l’écriture) : la pensée du film, le résumé, la note
d’intention, la fiche de traitement, le synopsis, la biographie de
l’auteur et la filmographie du réalisateur (ou de l’auteur – réali-
sateur s’il s’agit d’une même personne). À ces éléments, qu’il
demandera peut-être de retravailler (ou bien, que dans certains
cas, il remettra en forme lui-même), le producteur ajoute une
note de présentation de la production. Ce document résume
l’histoire de la société, sa ligne éditoriale, ses références en
production, diffusion et partenariats, sa filmographie, et des
extraits de presse. Il présente généralement un à trois feuillets.
266
Le producteur élabore des documents financiers
Au dossier conceptuel s’ajoutent deux documents financiers
fondamentaux :
- Un budget prévisionnel. Il est ventilé en une série de li-
gnes budgétaires, évaluant une prévision des moyens
financiers à mettre en œuvre pour chaque étape du pro-
cessus de production. Ce budget évalue notamment les
moyens de production en une série de grands chapitres :
moyens en ressources humaines, moyens techniques,
moyens logistiques, moyens administratifs, etc.
- Un plan de financement. Il fait apparaître les différents
apports pressentis des coproducteurs, diffuseurs, et
sponsors, les subventions, etc. Une règle est constante :
la ligne finale du total hors taxes du plan de finance-
ment doit être d’un montant égal à celle du total du
budget prévisionnel.
267
il est possible d’obtenir une « fourchette » : le budget moyen
des productions pour les chaînes nationales est d’environ
230 000 euros tandis que le budget moyen d’une production
pour une chaîne locale va de 25 000 à 120 000 euros. Dans l’un
de ses bilans annuels, le CNC note que, durant la dernière pé-
riode « les devis diminuent de 9,4 % pour atteindre 333,6 m
(
…/
…). Le coût horaire moyen reste stable à 135,2 K. »
Durée du mixage :
- 1 à 2 jours (enregistrements de speak inclus)
268
Rétribution de l’opérateur de prise de son :
- forfait de 900 à 1 200 euros en salaire brut
Rétribution de la monteuse :
- forfait de 1 800 à 2 300 euros en salaire brut
Premier exemple :
Plan de Financement de film documentaires destiné
en premier lieu à diffusion TV sur une chaîne nationale
Plan de financement n° 1.
Film « Déchets, le cauchemar du nucléaire »
Le film Déchets, le cauchemar du nucléaire est un « grand
format » (98’) qui relève du genre « documentaires rebelles
d’investigation ». C’est une enquête de Laure Noualhat et Éric
Guéret menée avec la collaboration de Michèle Rivasi, avec une
269
liberté de ton et une profondeur de la recherche qui méritent
d’être soulignés.
Coproduit par ARTE (qui l’a diffusé en 2009), ce film pour-
suit sa vie par plusieurs médias : Sur le plan de l’édition vidéo
(il est édité dans la collection « Grandes enquêtes » d’ARTE-
Vidéo), il est vendu en DVD et blueray. En salles de cinéma, il
connaît un certain succès en festivals et a été notamment été
présenté aux manifestations suivantes en 2009 : Festival inter-
national du film écologique de Bourges, Festival Pariscience,
Festival du Vent à Calvi (France) ; Planet In Focus, Toronto &
Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (Ca-
nada) ; Visions du Réel, Nyon (Suisse) ; Prix Europa, Berlin
(Allemagne). Enfin, Laure Noualhat, co-auteur du film, a élabo-
ré un livre coédité par ARTE Éditions et Le Seuil.
Sur le plan budgétaire, la configuration de ce film est inté-
ressante dans la mesure où le Budget prévisionnel portait sur
une hypothèse de 558 478 €, tandis que le Budget final aboutit à
un financement de 562 707 €.
270
Région Île de France 72 000 € 12,8 %
Financements Européens : 19,2 %
RTBF 9 000 € 1,6 %
Plan Media 99 000 € 17,6 %
Financements Reste du monde : 12,5 %
SUNDANCE TV – 100 000 USD, 70 209 € 12,5 %
Taux de change :
562 707 € 100,0 %
271
Données du film « J’irai dormir à Hollywood »
*
Durée : 1 h 40 min
Écriture : Antoine de Maximy, avec la collaboration d’Arnold
Boiseau
Réalisation : Antoine de Maximy
Interprète(s) : Antoine De Maximy
Production : Bonne Pioche avec la participation de France 5,
Canal + et Cinémage 2
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures, France
Mandataire international : Wild Bunch
http://www.jiraidormirahollywood.com
Ce film a eu un Budget prévisionnel de 1,09 M€ HT, et un
coût définitif de même, de 1,01 M€ HT. Il est distributeur par
Walt Disney Studios Motion Pictures France. Il en a aussi été
tiré une version de 48’afin de démultiplier les formes
d’exploitations. Le Plan de Financement définitif présenté ci-
dessous, à la différence des prévisionnels, ne se fonde pas sur
des hypothèses, mais sur des résultats. Il est élaboré au terme du
processus de la production du film.
272
L’organisation du temps : le planning de la production
Chronogramme depuis l’idée jusqu’au prêt à diffuser (PAD)
La production n’est, le plus souvent, déclenchée, pour ce qui
concerne le début d’engagement des dépenses, que dès lors que
le seuil minimal des sommes évaluées dans le plan de finance-
ment afin de mener le projet à bonne fin est réuni en termes de
conventions signées et garanties avec des partenaires fiables (au
moins les contrats avec le diffuseur principal et le COSIP),
même si les versements sont échelonnés. En général les verse-
ments sont effectués par tranches, échelonnés jusqu’au P.A.D.
(le Prêt À Diffuser) : (x %) à la signature du contrat, (y %) lors
du début du tournage, (z %) au début du montage, etc. Ce dis-
positif contraint donc le producteur à faire une avance de
trésorerie, à avoir recours à l’emprunt pour faire la jonction, ou
à régler certaines factures en différé.
Les principales étapes du calendrier de la production, en vi-
déo et en film, sont les suivantes (ce mémorandum présente le
schéma prédominant en règle générale) :
- Écriture du dossier conceptuel (pensée du film, résumé,
note d’intention, synopsis, fiche de traitement, biogra-
phie, etc.).
- Proposition du projet à la production : envoi du dossier
normalisé.
- Appels téléphoniques de l’auteur pour procéder au suivi
du dossier.
- Entretiens, dont la conclusion, si le projet est accepté,
est souvent de remanier le projet (à la demande du pro-
ducteur d’après sa connaissance des potentialités de
diffusion).
- Réécriture et amélioration du projet.
- Nouveaux entretiens de l’auteur avec le producteur.
Précision du rôle de l’auteur, ou auteur – réalisateur, et
négociation (détermination de l’économie du projet et
des moyens à mettre en œuvre, du calendrier prévision-
nel, etc.).
273
- Élaboration du dossier financier (budget prévisionnel,
plan de financement) et de la note de présentation de la
production.
- Présentation du projet, par le producteur, au principal
diffuseur pressenti.
- Contractualisation de la société de production avec le
diffuseur principal.
- Une fois un accord de diffusion signé, signature d’un
contrat de cession de droits d’auteur (ou d’auteur – ré-
alisateur, cf. supra).
- Présentation du projet au COSIP.
- Contractualisation de la société de production avec le
COSIP.
- Recherche de moyens de production complémentaires
destinés à équilibrer le plan de financement à hauteur
des coûts évalués dans le budget prévisionnel (et ré-
aménagements budgétaires éventuels).
- Une fois les financements réunis, signature d’un contrat
de réalisation et définition de la méthodologie et du ca-
lendrier de mise en œuvre (s’il est distinct du contrat
d’auteur).
- Démarchages pour réunir des financements complémen-
taires, partenariats techniques et logistiques, sponsors,
mécènes, etc.
- Écriture, conception.
- Contractualisation entre la société de production et les
techniciens.
- Préparation.
- Repérages.
- Tournages.
- Postproduction (cf. rubrique "Montage et post-
production comparative en film et en vidéo", se reporter
au chapitre "La réalisation ")
274
- Le master mixé, sous-titré, etc. est le Prêt À Diffuser
(P.A.D).
- Diffusion par le principal diffuseur.
- Promotion.
- Contractualisation avec un distributeur si cela n’a pas
déjà été fait en amont (mais certains producteurs assu-
rent eux-mêmes le marketing des documentaires qu’ils
produisent).
- Ventes à d’autres diffuseurs.
- Présentations en festivals.
- Diffusions sur Internet.
- Projections sur grand écran.
- Édition vidéo, DVD, etc.
Nota
L’exposé de ce qui précède représente la moyenne des pa-
ramètres les plus fréquents mis en œuvre en France par les
sociétés de production de films documentaires.
Lorsque la spécificité du support (vidéo ou film) n’est pas
notée dans la grille ci-dessus, l’étape technique est commune
aux deux types de supports.
La durée d’un calendrier de production varie en fonction de
différents paramètres, les deux principaux étant la rapidité avec
laquelle les financements sont réunis, et la complexité du dispo-
sitif de réalisation (un documentaire de proximité est plus
simple et plus rapide à tourner qu’un film tourné dans des ré-
gions difficiles d’accès du bout du monde). La durée moyenne
pour obtenir une réponse d’une chaîne (positive ou négative) est
de trois à six mois. Chaque documentaire a, en fait, son calen-
drier spécifique. Un film de proximité dans le contexte d’un
tournage simple peut, de l’idée au P.A.D., être produit en deux à
trois mois (si la production dispose de trésorerie, ou bien en
autoproduction, ou encore en réunissant des financements rapi-
des), tandis qu’un film de dimension internationale avec
275
tournage complexe et budget « lourd » peut demander de neuf à
vingt-quatre mois pour réunir les moyens budgétaires.
*
Titre du programme audiovisuel : “Madagascar : l’autre
voyage”
Lieux de tournage (pays, région, ville de tournage) :
- Pays : Madagascar
- Villes : Antananarivo, Antsirabe, Antsiranana, Fiana-
rantsoa, Mahajunga, Toamasina, Toliara, Taolanaro.
276
Catégorie de programme audiovisuel : Documentaire de
création
Série (ou isolé) : Série
Durée en minutes : 3 X 52’
Format de tournage : DVcam
Langues : Malgache, français,
Producteur (nom, adresse, nationalité) : Bonne Pioche Pro-
ductions, en partenariat avec Pathé Télévision, France :
Auteur – réalisateur : Didier Mauro (de nationalité française)
Coauteur & Interprète : Raholiarisoa Emeline (de nationali-
té malgache)
Diffusion sur les chaînes européennes
Coproduction & premier diffuseur (France) : Série copro-
duite par Voyage
Diffuseurs à Madagascar : Malagasy Broadcastiong Sys-
tem/MBS & Televiziona malagasy
Autres coproducteurs : Collectif Orchidées (France), apport
en images d’archives.
Partenaires :
- Programme des Nations Unies pour le Développe-
ment/PNUD : apport en logistique (transports locaux)
- Entreprises malgaches de l’industrie du tourisme : ap-
port en logistique (hébergements locaux)
Calendrier de production :
- Repérages : 2 semaines par film (total : 6)
- Tournage : 4 semaines par film (total : 12)
- Montage et finalisation : 6 semaines par film (total : 18)
- Finitions : 10 jours
277
4. Le cadrage juridique d’un film documentaire
« Le don non-rendu rend encore inférieur celui qui l’a accepté,
surtout quand il est reçu sans esprit de retour. »
Marcel Mauss
278
fin, nominativement, les personnes, les services et les institu-
tions ayant aimablement offert ces autorisations.
279
Du Droit à l’image : Filmer des personnes
La procédure déclenchée pour le film Être et avoir est main-
tenant un cas d’école. Elle illustre parfaitement les extrêmes des
exigences liées au « droit à l’image » et ce à quoi tout cela peut
aboutir. Pour éviter les problèmes, le principe est le suivant :
faire signer (avant de la filmer) à toute personne acceptant
d’être filmée un formulaire d’autorisation spécifique (modèle
intégré dans ce livre), en double exemplaires : un pour le signa-
taire, l’autre pour la production. Cependant, il existe des
exceptions : si l’on filme une foule (par exemple une manifesta-
tion), c’est la foule le sujet de l’image, donc il n’y a
normalement pas lieu de faire signer chaque personne parmi des
milliers. Par contre si l’on filme un petit groupe (sur le perron
d’une mairie pendant un mariage, ou bien autour d’une tombe
pendant un enterrement), il y a lieu de faire signer chaque per-
sonne. Là encore, une réflexion préparatoire spécifique
s’impose avant de tourner. Nous proposons des exemples de
formulaires, quelques pages plus loin, dans cet ouvrage.
280
nancier quotidien : cachets de salariés, locations de maté-
riel, etc.) et mettre en bon ordre les autorisations nécessaires. Et
cette démarche est valable dans le monde entier. Le plus sou-
vent, pour ce qui est des lieux publics, les autorisations sont
gratuites et aisées à obtenir. C’est beaucoup plus compliqué
concernant les lieux privés.
281
tos, d’images d’affiches, de documents, de tableaux, etc. dans
une œuvre documentaire nécessitent une contractualisation. Les
ayants droits des extraits pressentis doivent être clairement
identifiés (il suffit pour ce faire de lire les génériques des œu-
vres dont des extraits seront montés). Cette démarche doit être
effectuée avant le montage des extraits (même si l’on dispose de
copies de ceux-ci).
282
cause est illicite
…". Conformément à cet article, vous devez
donc obtenir, pour les œuvres protégées reproduites,
l’autorisation préalable de l’auteur ou de ses ayants droit. La
plupart des auteurs d’œuvres de l’esprit ont confié à une société
de gestion collective, notamment la Sacd, la Sacem ou la Scam,
le soin de délivrer en leur nom les autorisations pour la repré-
sentation et la reproduction de leurs œuvres. Ces sociétés
d’auteurs se sont regroupées au sein de la Sdrm pour gérer spé-
cifiquement le droit de reproduction mécanique. Le non-respect
des droits de l’auteur est sanctionné par les dispositions des
articles L. 335-2 et L. 335-3 du CPI qui, notamment, prévoient
des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement et
300 000 € d’amende pour les personnes physiques et peut at-
teindre 1 500 000 € pour les personnes morales. En cas de
récidive, les peines sont doublées. En vous adressant à la Sdrm,
vous vous acquittez de vos obligations à l’égard des auteurs,
compositeurs et éditeurs qu’elle représente dont vous souhaitez
reproduire les œuvres ». (source : http://www.sdrm.fr). On
l’aura compris, le cadrage juridique est à penser avant
l’intégration d’une œuvre musicale à un documentaire, ce
d’autant que les conseillers de la Sdrm sont aussi aimables que
précis dans leur accueil. Ils font le maximum pour créer
l’harmonie entre les auteurs d’œuvres musicales et les docu-
mentaristes, et prennent en comptent les nuances des économies
variant selon les films (films avec budgets élevés, films avec
budgets limités, etc.).
La SACEM, quant à elle, ainsi que l’explique son site Inter-
net : « a pour vocation de protéger, représenter et servir les
auteurs compositeurs et éditeurs de musique. Elle collecte les
droits d’auteur et les redistribue aux ayants droit. Elle promeut
et soutient la création musicale sous toutes ses formes ». La
SACEM explique, très clairement, sur son portail que « À cha-
que type de musique de film correspond une démarche ». Le
site Internet propose trois grandes catégories dans lesquelles
s’orienter :
a. Vous voulez utiliser de la musique originale ou pré-
existante.
283
b. Vous voulez produire un programme audiovisuel des-
tiné à la Télévision.
c. Une fois le film réalisé, vous souhaitez le diffuser.
284
la chose est bien plus complexe. Il est fondamental, là encore,
de procéder à une évaluation poussée, en termes de droits pa-
trimoniaux, avant d’insérer quoi que ce soit que l’on pense
relever du domaine public (chanson, photo, peinture, etc.) dans
un documentaire.
Qu’est-ce que le « domaine public » ? Sébastien Canevet en
donne des définitions claires sur le site domaine-public.net et
situe les trois principaux cadres du domaine public en droit
français : « Le domaine public extinction des droits patrimo-
niaux : C’est le domaine public habituel, celui dans lequel entre
l’œuvre soixante-dix ans après le décès de son auteur. C’est à
cette seule situation que devrait être réservée l’appellation do-
maine public. Le domaine public initial : C’est la situation dans
laquelle se trouvent toutes les œuvres de l’esprit qui, par leur
nature, sont librement utilisables par tous. Il s’agit de la loi, des
textes réglementaires, etc. Certains y ajoutent les œuvres de
l’esprit qui ont été mises à la disposition de tous par la décision
de leur auteur. Le fonds commun : Il s’agit de tout ce qui est
trop général pour être susceptible d’appropriation, comme les
recettes de cuisine, les légendes, les histoires drôles. ». Cette
brève citation de ce site permet de comprendre le cadre général.
Mais il est fondamental de pousser l’investigation assez loin.
285
réalisateur Pierre Merejkowsky a siffloté un moment de cette
œuvre musicale.
Les résultats furent les suivants (source :
http://www.autrefutur.org) : « le directeur (des Films sauvages),
a reçu une lettre sèche, en recommandé avec accusé de récep-
tion, de la Société pour l’administration du droit de
reproduction mécanique des auteurs compositeurs et éditeurs
(SDRM), qui gère les droits d’auteur sur les supports cinémato-
graphiques. "Au cours d’un contrôle dans les salles de cinéma,
nos inspecteurs musicaux ont constaté que l’œuvre
L’Internationale avait été reproduite dans le film" sans autorisa-
tion. La SDRM demande donc 1 000 € pour avoir omis de
déclarer ce sifflotement, qui constitue une exploitation illégale
d’une musique éditée par la société Le Chant du monde (
…/
…).
Selon la loi sur la propriété intellectuelle, cette œuvre ne tombe-
ra dans le domaine public qu’en 2014, souligne Philippe
Lemoine, responsable des autorisations audiovisuelles de la
SDRM. Aux soixante-dix ans de protection post-mortem de
l’artiste, s’ajoutent les années de guerre. » En effet,
L’Internationale, est une œuvre dont la musique a été écrite par
Pierre Degeyter (1848-1932) et les paroles par Eugène Pottier
(1816-1887). C’est l’année de décès de Pierre Degeyter (mort
assez pauvre, alors que l’œuvre en question est interprétée de-
puis plus d’un siècle dans le monde entier) qui est prise en
considération pour aboutir à l’année 2014 pour le moment où
L’Internationale s’élèvera dans le domaine public
Liens Internet : Le développement juridique – très précis du
point de vue du droit, mais aussi très ironique et ludique – qui
éclaire très bien ce problème est disponible via le lien :
http://www.autrefutur.org/spip.php?article103
Pour s’informer et communiquer avec les autres protagonis-
tes de l’exemple cité ci-dessus :
Les Films sauvages : http://www.filmsauvages.com/
Chant du monde : http://www.chantdumonde.com
SDRM : http://www.sdrm.fr
286
De l’indispensable clarté juridique entre auteurs
et producteurs
Dans les relations entre auteurs et réalisateurs avec les pro-
ducteurs, la clarté juridique est essentielle. Il suffit de
s’entretenir avec les responsables du service juridique de la
Scam pour prendre la mesure des nombreux conflits et conten-
tieux dus le plus souvent au flou juridique entretenu par certains
producteurs ou auteur – réalisateur.
Les contractualisations juridiques
Le processus de production est donc ponctué par la contrac-
tualisation d’accords entre les différents partenaires.
Les principaux contrats sont :
- Un contrat de cession de droits d’auteur, conclu entre
l’auteur et la production (ce contrat est exigé par les dif-
férents diffuseurs et le CNC). Des contrats-types sont
disponibles (gratuitement) et téléchargeables sur les si-
tes Internet de la SACD et de la SCAM.
- Des contrats de ventes de droits, de coproduction et de
partenariats sont établis entre la production et les diffé-
rents intervenants financiers, matériels, logistiques, etc.,
précisant les contreparties liées aux apports de chacun
des partenaires.
- Des contrats formalisant les contributions du COSIP et
les subventions, etc., sont conclus avec le CNC et les
organismes publics (Union Européenne, ministères, col-
lectivités territoriales, etc.)
- Des contrats d’engagements (le plus souvent sous CDD)
entre la production et les salariés (réalisateur, techni-
ciens, speaker (ine), etc.).
- Des contrats de cession de droits musicaux (en relation
avec les normes de la SACEM/SDRM) formalisent
l’utilisation des musiques.
- Des contrats de cession de droits iconographiques (affi-
ches, photos, périodiques, peintures, etc.) en relation
avec les normes des sociétés d’auteurs.
287
- Des contrats de cessions d’archives (audiovisuelles, pa-
pier, etc.)
Éléments de méthode
Concernant les droits musicaux, droits iconographiques,
images d’archives, et toutes formes de droits relevant de la pro-
priété intellectuelle, assimilables à des droits d’auteur faisant
normalement l’objet de rétribution, la méthode en documentaire
est la suivante. Sachant que ceci est à faire avant d’intégrer
quoi que ce soit (musique, photo, etc.) à un documentaire :
Il convient de clarifier la question de la propriété intellec-
tuelle, et pour tout ce qui ne relève pas du domaine public,
d’identifier les ayants droits, et, pour ce faire, les sociétés
d’auteurs mentionnées dans cette partie du livre sont très effica-
ces.
Ceci fait il convient de négocier les conditions de cession
afin d’intégrer l’élément considéré au documentaire, pour la
durée du film, tous médias, tous supports existants et à venir, et
tous pays et territoires existants et à venir.
Après, généralement, trois possibilités se présentent :
- Cession à titre payant
- Cession moyennant un apport, donc équivalent à une
part-producteur (coproduction), donc faisant l’objet
d’une rétribution sur les R.N.P.P.
- Cession à titre gratuit (rare)
288
5. Bases de méthodes de production de documentaires de
création
« Je pense que le documentaire c’est La Télévision
même. À partir du moment où l’on prend la télévision
comme moyen de communication d’abord – et
d’expression aussi, on l’oublie toujours – je pense que le
documentaire est au cœur du projet d’une télévision de
service public. »
Thierry Garrel
289
nel à la durée (le « format » du film – 110’, 90’, 52’, etc.) en
terme de budget. Mais la durée du film peut avoir une incidence
sur les coûts de post-production (montage, finalisation, etc.).
290
pellicules argentiques, les régies de montage et de finalisation,
les studios d’enregistrement et de mixage, la duplication, etc.
Les principaux moyens logistiques sont : les transports,
l’hébergement (logement, nourriture, etc.), les défraiements, les
transitaires.
Les moyens administratifs et divers se résument à : les assu-
rances (personnel, matériel, production), les frais de secrétariat,
courrier, communications (téléphone, mails, fax, etc.).
291
Cette aide publique à la création documentaire, est très rare à
cette échelle, sur le plan mondial. Elle est déterminante : dans la
production de documentaires, le secteur privé (tant les chaînes
que les producteurs) n’apporte que très peu de ressources en
financement, et ne fait que valoriser des apports (principalement
en ressources humaines et en industrie : matériel de tournage,
régies de montage, etc.).
En France, depuis les mobilisations des documentaristes de
La bande à Lumière et les réformes initiées par le ministre Jack
Lang dans les années quatre-vingt, les modes d’aides à la créa-
tion et à la production mises en place ont permis un renouveau
du documentaire. L’aide à l’écriture et l’aide au développement
permettent d’initier de nombreux projets, tandis que le
C.O.S.I.P, dont le mécanisme est exposé de façon détaillée ci-
après, est le principal bailleur de fonds du documentaire destiné
à une diffusion télévisuelle.
La production audiovisuelle la plus créative est, tout comme
les arts de la scène, largement redevable à l’État, et au système
original du Compte de soutien alimenté par les chaînes. Il con-
vient de le souligner alors que nombre de bien étranges
« sirènes » ne cessent de réclamer « le désengagement de
l’État », « moins d’État », ou d’abandonner la culture au so
called « effet régulateur du marché » dont l’Argentine a pu me-
surer fin 2001 l’excellence et la remarquable efficacité pour
sinistrer un pays qui figurait parmi les plus « développés » de
l’Amérique latine ! Cette aide publique est aussi le témoignage
d’une volonté de perpétuer une certaine politique de la culture,
et d’une reconnaissance de la créativité du documentaire. Car
l’« exception française » dans un monde dominé par
l’hyperlibéralisme économique s’exprime tout particulièrement
dans le domaine de la production culturelle. Cette « exception »
tend à favoriser la création, et à permettre que plusieurs champs
de la culture, et tout particulièrement les arts plastiques, la litté-
rature, le théâtre, les spectacles vivants, et les industries de
programmes audiovisuels ne soient pas complètement assujettis
au dogme de l’effet « régulateur » du marché, qui, dans le cas
du théâtre ou du documentaire serait bien davantage un effet
dévastateur ! Le système de production français est, dans le
monde entier, considéré comme un modèle dans les milieux
292
professionnels du documentaire. Lors de débats organisés du-
rant les festivals et les marchés, des documentaristes d’autres
pays européens, des USA et d’Australie regrettent que leurs
pays respectifs ne s’inspirent pas de l’« exception française ».
Cette « exception », pour ce qui concerne le documentaire,
se manifeste par une très forte implication de l’État dans les
aides à l’écriture, à la production, et à la diffusion. Cependant,
cette implication peut être remise en question au fil de
l’alternance des majorités parlementaires. Les partisans les plus
dogmatiques du libéralisme envisageant volontiers un « allége-
ment des contraintes de l’État » en ce domaine, ce qui
signifierait la régression de la création documentaire (mais aussi
d’autres formes de création).
293
de vue et prise de son, montage, etc.) qu’elles ont acquis. Cet
apport est alors évalué et valorisé au prix moyen du marché
dans le budget prévisionnel et le plan de financement. Par ail-
leurs, certaines sociétés de production disposant d’une trésorerie
et de réserve, avancent des dépenses permettant de commencer
un tournage aussitôt que les deux contrats fondamentaux ont été
signés (dans la configuration française en vue d’une diffusion
TV) avec le principal diffuseur (à condition qu’il soit agréé par
le COSIP) et avec le COSIP.
294
de cet ouvrage consacré à la distribution. Nous y avons égale-
ment mentionné les contacts et les lignes éditoriales des
différentes chaînes.
En France, les chaînes publiques sont le premier diffuseur de
documentaires. L’heure de documentaire diffusé a une valeur
moyenne de 190 000 euros (source : CNC, op.cit). Les chaînes
publiques financent, en moyenne, 40,6 % du devis des docu-
mentaires dans lesquelles elles s’impliquent.
L’un des Rapport annuel du CNC (téléchargeable gratuite-
ment en PDF sur le site www.cnc.fr) mentionne que : « Les
chaînes hertziennes nationales initient 1 206 heures de docu-
mentaire (
…/
…) et participent, au total, à 1 319 heures. Elles
investissent 103,6 ME (
…/
…) Elles financent leurs programmes
à hauteur de 43,9 % des devis ».
Le suivi relationnel
Le suivi du dossier a lieu au fil de relances téléphoniques
destinées à obtenir un entretien. Selon un adage largement ré-
pandu parmi les producteurs que nous avons rencontrés, “un
dossier qui n’est pas suivi est un dossier enterré”. Les chaînes
reçoivent chaque année des centaines (et pour ARTE et France
2, des milliers) de projets, avec pour conséquence que le délai
295
entre l’envoi du dossier et la réponse varie entre trois et six
mois. Les producteurs présents sur les marchés du film (tels que
Sunny Side of the doc’) mettent à profit ces grands rendez-vous
professionnels pour tenter de faire le point de l’état d’étude de
leurs dossiers avec les responsables des chaînes.
296
que les diffuseurs s’immiscent incontestablement plus qu’il y a
quelques années dans leur travail de création. Seuls 8 % consi-
dèrent cette ingérence comme positive et 27 % considèrent
qu’elle dénature leur travail » (sondage Scam/Ifop, 2011). Une
coproduction a les mêmes implications qu’un pré-achat, mais de
plus, la chaîne coproductrice doit générer un apport (investis-
sement) représentant une part-producteur, généralement d’un
montant supérieur à un montant d’achat de droits (en finance-
ment, en ressources humaines, ou en industrie). La chaîne
coproductrice est présente en générique début et elle peut avoir
un regard sur le contenu et la forme (cette question de la « final
cut » du programme achevé est souvent une ligne de tension
entre auteur – réalisateur, producteur, et diffuseur).
Le règlement par les chaînes des sommes prévues aux con-
trats est le plus souvent ventilé en plusieurs échéances. Par
exemple : 25 % à la signature du contrat, 25 % au début du
tournage, 25 % au début du montage, 25 % à la remise du
P.A.D. Ce qui implique que la production doit pouvoir assumer
la trésorerie dans les intervalles, ou ajuster les engagements des
dépenses en fonction des encaissements.
De la coproduction
Coproduire signifie produire ensemble. Cela signifie que
chaque partenaire investit un apport en vue de faire aboutir le
projet d’œuvre. Les coproductions peuvent faire l’objet d’un
apport financier, en ressources humaines, en industrie, en ima-
ges, ou en logistique. A la différence des pré-ventes de droits
297
qui ont pour principale contrepartie la diffusion du programme
audiovisuel, la coproduction inclut une rétribution de chaque
coproducteur. Celle-ci est effectuée par le reversement d’un
pourcentage sur les recettes nettes part-producteur (RNPP) gé-
nérées par la distribution du programme audiovisuel. Ce
pourcentage est calculé au prorata de l’apport du coproducteur,
évalué au prix moyen du marché.
298
Les « guichets » du Centre National de la Cinématographie (CNC)
Nous mentionnons ci-dessous les principales aides propo-
sées par le CNC pour contribuer à la création documentaire.
Cependant, ne sont exposés ci-dessous que les principes et « li-
gnes éditoriales » de ces aides, une sélection parmi les
nombreuses données exposées par le CNC. Des compléments
d’information (critères d’éligibilité, calendriers des commis-
sions, montants des aides), sont disponibles (et régulièrement
actualisés) sur le site du CNC, où les lecteurs de ce livre pour-
ront également télécharger les dossiers de candidatures leur
permettant de présenter des projets aux différents « guichets ».
Lien Internet vers le site du CNC : www.cnc.fr
299
l’écriture ne fixe pas de ligne éditoriale et ne privilégie aucun
sujet en particulier ».
L’Aide au court-métrage
Le CNC contribue au financement du court-métrage (dont
les documentaires) sous des formes diverses aux différents sta-
des de l’écriture, de la production, de la promotion et de la
diffusion des films courts. Ses aides sont sélectives ou automa-
tiques, directes ou par l’intermédiaire d’organismes qu’il
subventionne.
Six formes d’aides avant production sont possibles :
a. Aide sélective avant réalisation aux films de court-
métrage (contribution financière).
b. Aide sélective après réalisation aux films de court-
métrage (prix qualité).
c. Aide au programme d’entreprise de production de
films de court-métrage.
d. Aide aux nouvelles technologies en production (NTP).
e. Aide sélective pour les œuvres cinématographiques
d’outre-mer.
f. Aide automatique à la production de films de court-
métrage.
300
Les informations complémentaires sont exposées sur le site
du CNC.
301
les) s’est accrue avec le dispositif pouvant se résumer à la for-
mule suivante : Un apport en ressources humaines et en
industries des producteurs (le plus souvent réel) + un apport en
industries des chaînes (le plus souvent fictif selon les partisans
du changement du système su COSIP) générant un cofinance-
ment moyen du COSIP d’environ 13 000 euros. De nombreux
documentaires, de réelles créations, ont bénéficié de ce système.
Le changement intervenu depuis la fin 2004 est fondé sur
l’équation suivante : un apport en ressources humaines et en
industries des producteurs + un apport en financement ne pou-
vant être inférieur à 6 000 euros des chaînes générant un
cofinancement variable du COSIP. Les associations de docu-
mentaristes, unanimes, estiment qu’il s’agit d’une régression
qui, s’ajoutant à la régression du régime des intermittents du
spectacle, forme une entrave à la création documentaire, et crée
une censure censitaire des œuvres par les structures de diffu-
sion les plus riches financièrement. Selon les associations de
documentaristes, l’introduction de plus de sélectif dans le CO-
SIP créera une situation « à deux vitesses » et ne pénalisera que
les projets d’œuvres mal financés (qui n’atteindront pas le seuil
des 6 000 euros d’apport).
Gérald Collas interroge le CNC en ces termes : “Pourquoi ne
pas introduire plus de sélectivité pour les projets qui sont con-
fortablement financés par les chaînes ?”
Les bases (résumées) de la réforme du COSIP appliquée de-
puis la fin 2004 sont les suivantes :
- Les films disposant de moins de 6 000 euros
d’investissement des chaînes ne disposent plus du fi-
nancement automatique mais passent désormais devant
la Commission d’aide sélective (avec une valeur du
point à 0,5 % au lieu de 0,7 %). La commission peut dé-
roger à ce pourcentage pour certains projets (et
appliquer un taux de 0,85 %). Le financement est effec-
tué non pas sur le budget de l’aide sélective mais sur le
compte de financement automatique des producteurs.
- Les producteurs peuvent utiliser jusqu’à 30 % de leur
COSIP pour le développement d’un projet sans avoir à
le rembourser.
302
Selon Jean-Pierre Thorn, ces changements induisent une
forte régression des dispositifs de financements : « La trop
grande sélectivité (90 % de refus) de l’aide pose problème ».
Cette analyse est partagée par toutes les associations de docu-
mentaristes.
303
Critères d’éligibilité :
Les entreprises ou associations éligibles au système sélectif :
- Ne doivent pas être contrôlées (au sens de l’article
L.233-3 du code du commerce) par une entreprise dis-
posant d’un compte automatique.
- Doivent être indépendantes d’une chaîne de télévision
(au sens de l’article 11 du décret n° 2001-609 du
9 juillet 2001). Les œuvres éligibles au système sélec-
tif : Les œuvres doivent faire l’objet d’une participation
financière sous forme de pré-achat et, le cas échéant, de
coproduction, explicitée par un contrat, d’un ou plu-
sieurs diffuseurs français (chaînes françaises
hertziennes, par câble ou satellite, nationales ou locales
autorisées ou titulaires d’une convention CSA).
- Les programmes doivent être financés par une participa-
tion française au moins égale à 30 % de leur coût
définitif et faire l’objet, à raison de 30 % au moins de ce
coût, de dépenses de production effectuées en France
(50 % lorsque la participation française au financement
de l’œuvre est supérieure à 80 %).
- L’ensemble des aides accordées par le COSIP ne peut
pas excéder 40 % du coût définitif de l’œuvre (ou de la
part française en cas de coproduction internationale). Le
montant total des aides accordés par l’État, l’un de ses
établissements et les collectivités locales ne peut dépas-
ser 50 % du coût définitif de l’œuvre (ou de la part
française en cas de coproduction internationale).
304
L’aide automatique au documentaire par le CNC/COSIP
Seules les premières diffusions sur une chaîne française
d’œuvres aidées par le CNC permettent l’accès au compte au-
tomatique. Le mécanisme « automatique » d’aide à la
production concerne :
- Les entreprises de production constituées sous forme de
société commerciale dont le nombre d’heures diffusées
sur les chaînes de télévision française (agréées par le
CNC comme œuvres de référence) leur permet d’avoir
un compte automatique.
- Les projets bénéficiant d’un apport d’un ou de diffu-
seurs français au moins égal à 25 % de la part française
du financement, et composé d’une part de numéraire
supérieure à 6 000 € de l’heure.
- Les projets dont le financement en numéraire par un dif-
fuseur est inférieur à 6 000 € de l’heure mais
bénéficiant d’un avis favorable de la commission sélec-
tive du COSIP ou d’une aide à la création d’une
commission spécialisée du CNC (voir aide à l’écriture
DCTP). L’aide accordée par le COSIP est estimée sur la
base du calcul du « généré potentiel » de l’œuvre, dont
le seuil varie selon les genres. En documentaire, le pro-
ducteur obtiendra l’ouverture d’un compte automatique
s’il atteint au moins le seuil suivant : 50 000 €. Les
conditions pour obtenir l’ouverture d’un compte auto-
matique : Avoir des œuvres aidées par le CNC et
diffusées dans l’année précédant l’ouverture du compte
automatique. Déclarer ces diffusions au CNC. Obliga-
tion de déclarer ces diffusions tous les trimestres et de
fournir un récapitulatif de toutes les diffusions de
l’année avant le 15 janvier de l’année suivant l’année de
diffusion. Au-delà du 15 janvier de l’année suivant la
première diffusion, aucune diffusion ne sera prise en
compte. Cette déclaration s’effectue œuvre par œuvre
au moyen d’un certificat de diffusion établi par la
chaîne, indiquant le titre, le genre, la durée exacte (à la
seconde près et par épisode) et la date de première dif-
fusion. Le CNC peut accepter l’inscription sur la liste
305
des œuvres de référence d’une copie certifiée conforme
du P.A.D (Prêt À Diffuser) remise par la (les) chaîne(s).
Celle-ci doit mentionner la date, le titre et la durée
exacte de l’œuvre. Ces œuvres doivent avoir été inscri-
tes par le CNC sur la liste des œuvres de référence qu’il
établit chaque année. Seules les œuvres qui ont bénéfi-
cié pour leur production d’une aide du compte de
soutien, qui remplissent les critères d’octroi d’une aide
au titre du soutien “automatique” (notamment un apport
diffuseur au minimum égal à 25 % de la part française),
qui ont été agréées au visionnage comme œuvres de ré-
férence par le CNC et qui ont fait l’objet d’une
diffusion l’année n-1 peuvent être inscrites sur cette
liste et générer du compte de soutien l’année n ; pour
les programmes unitaires, le généré ne sera pris en
compte que sur la base de la remise des comptes défini-
tifs.
306
- La production intégrée aux industries de programmes
audiovisuels.
- L’autoproduction.
307
dant, audacieux au regard des normes du marché et qui ne peut
sans aide publique trouver son équilibre financier.
L’attribution des avances sur recettes est décidée par la Pré-
sidente du CNC après avis d’une commission composée de
personnalités reconnues de la profession. Les avances avant
réalisation peuvent être demandées :
- soit directement par les auteurs du scénario ou par les
réalisateurs des films en projets à condition qu’ils aient
la nationalité française ou celle d’un État membre de
l’Union Européenne, ou qu’ils aient la qualité de rési-
dents étrangers
- soit par les sociétés de production de films de long-
métrage titulaires d’une autorisation d’exercice délivrée
par le CNC.
308
Le soutien automatique à la production de long-métrage
Les films de long-métrage français ou réalisés en coproduc-
tion internationale sont, dès lors qu’ils remplissent les
conditions fixées par la réglementation, générateurs de soutien
financier du fait de leur exploitation commerciale en salles, de
leur diffusion télévisuelle et de leur exploitation sous forme de
vidéogrammes destinés à l’usage privé du public. Pour déclen-
cher le calcul du soutien automatique, le film doit être titulaire
d’un agrément de production, délivré par le directeur général du
CNC. Les sommes calculées sont inscrites sur les comptes ou-
verts au CNC au nom des entreprises de production
bénéficiaires et peuvent être mobilisées par les producteurs pour
investir dans la production cinématographique.
Adresse concernant le soutien automatique :
CNC Direction du cinéma, service du soutien à la production et
à la distribution 12, rue de Lübeck 75116 Paris
Tél. : 01 44 34 36 05 – Fax 01 44 34 37 24.
Les dossiers pour présenter les projets sont téléchargeables
en ligne, et tous les éléments que nous résumons ci-dessus sont
développés et détaillés sur le site du CNC.
Lien Internet : www.cnc.fr.
309
Adresse : 14, rue Alexandre Parodi 75010 Paris
Tél. : 01 44 89 99 99 –Fax: 01 44 89 99 9
E-mail : info@grec-info.com
Lien Internet : http://www.grec-info.com
310
mémoire : « Nous sommes à un moment charnière en termes de
changements démocratiques et d‘évolution de l’usage des nou-
velles technologies numériques. Nous pensons, à l’ONF, que
nous pouvons participer à ces changements profonds en aidant à
la création d’œuvres originales, novatrices » (source : News
Letter n° 4 du Sunny Side of The Doc 2009). Donc la première
utilisation du Web par les diffuseurs et les producteurs est pour
donner un autre type de diffusion à des documentaires.
311
Channel) Art & Entertainment networks : « Aux États-Unis, on
voit beaucoup de vidéos longues sur Internet payées par la pub
mais en Europe ce n’est pas encore envisageable, les ressources
publicitaires étant pour la plupart insuffisantes pour couvrir les
frais de distribution » (source : News Letter n° 3 du Sunny Side
of The Doc 2009). Et comme l’explique Brigitte Baronnet :
« Les web-docs terminés à ce jour ayant bénéficié d’un préfi-
nancement se comptent sur les doigts d’une main (
…/
…) Les
passages du web au petit écran sont encore minoritaires »
(source : Écran total n° 761, 24 juin 2009). En Europe,
l’économie du documentaire destiné à l’Internet est en cours de
construction. Encore une fois, le CNC est le premier, et princi-
pal soutien de la création documentaire.
312
a. Le projet doit être « un concept original » comprenant
des contenus spécifiques (linéaires ou interactifs) pour
les nouveaux médias.
b. Le projet doit être destiné à au moins trois médias
parmi
- la téléphonie mobile
- Internet
- le jeu vidéo (consoles, ordinateur, jeu en ligne)
- le cinéma
- la télévision.
c. Le projet doit être conçu et écrit en langue française.
313
Adresse : CNC
direction du multimédia et des industries techniques
11, rue Galilée 75116 Paris
Tél. : 01 44 34 34 17 – Fax 01 44 34 34 62
Lien Internet : www.cnc.fr
314
audiovisuelles françaises, aujourd’hui abandonnées à quelques
grands groupes industriels et financiers publics et privés. La
création d’un contre-pouvoir télévisuel citoyen et indépendant
œuvrant à la démocratisation de l’accès aux médias audiovi-
suels est une urgence culturelle, sociale et politique et une
mission d’intérêt général qui justifie pleinement, selon nous, le
bien fondé et l’urgence de cette initiative. Passée du hertzien à
l’Internet, fondée en 1999 L’antenne, reste un espace de liberté
total, par une ouverture rarement pratiqué dans un média, et une
pratique de l’accès public. »
Lien Internet avec Zalea : http://www.zalea.org/
315
Sélection de pistes de financements complémentaires pour la
production de documentaires de création
La sélection de pistes de financements complémentaires pré-
sentée ci-dessous peut être prise en compte pour les différentes
formes de production qui ont été exposées précédemment (do-
cumentaires pour la télévision, les salles de cinéma, l’Internet).
Les démarches en direction des différents « guichets » peuvent
être entreprises, qu’il s’agisse de production intégrée aux indus-
tries de programmes audiovisuels ou bien d’autoproduction.
316
seul ou par un producteur. Cependant, les auteurs dont le projet
passerait le premier tour de sélection devront obligatoirement
être accompagnés d’un producteur lors de l’examen en plé-
nière ».
Adresse : CNC. Service de la Création
Fonds d’Aide à l’Innovation Audiovisuelle
Tél. : 01 44 34 36 82 / 01 44 34 34 41
Lien Internet : La brochure de l’Aide au Développement
Renforcé est téléchargeable sur le site du CNC :
http://www.cnc.fr
317
tions, définies ci-dessous, cet investissement peut-être complété
par une allocation égale à 25 % de son montant.
Fonds Sud
Descriptif résumé : Ce fonds est cofinancé à parité par le
Ministère de la culture et de la communication (CNC) et le mi-
nistère des Affaires étrangères. L’aide est accordée à des
cinéastes (dont documentaristes) des pays dits « du Sud » (Afri-
que, Asie, Amérique latine, etc.). L’implication d’une société de
production étrangère est obligatoire. L’utilisation de l’aide ac-
cordée se fera par l’intermédiaire d’une société de production
française au vu du contrat de coproduction établi avec la société
étrangère. Les aides concernent :
- la production.
- la réécriture.
- la finition.
318
monde de la musique ». Les programmes aidés dans le cadre du
Fonds Audiovisuel Musical ne peuvent pas bénéficier d’une
aide du CNC mais sont admis au soutien généré dans le cadre
du calcul du compte automatique.
Lien Internet avec le Fonds pour la Création musicale :
http://www.lefcm.org
*
Pour obtenir des renseignements complémentaires, ou pré-
senter des projets à l’ensemble des dispositifs d’aides
complémentaires listées dans cette rubrique ; les adresses sont
les suivantes :
Adresse : CNC – Centre National de la Cinématographie
12 rue de Lubeck, 75784 Paris Cedex 16
Tél. : 01 44 34 34 40
Lien Internet : Les critères, détails administratifs, dossiers télé-
chargeables, etc. concernant les aides ci-dessus listées sont
disponibles et mis à jour sur le site du CNC : http://www.cnc.fr
319
Les financements européens pour le documentaire
Le Programme Média
MEDIA est un programme de l’Union Européenne destiné à
« renforcer et développer en Europe l’industrie cinématographi-
que et audiovisuelle (fiction, documentaire de création et
animation) ainsi que les œuvres interactives, et ce au moyen de
soutiens financiers proposés aux différents acteurs du secteur :
producteurs, distributeurs, agents de vente, organismes de for-
mations, organisateurs d’événement ». Le Programme Média
Plus accorde des soutiens financiers aux sociétés de production
indépendantes européennes pour le développement de nouveaux
projets de production de documentaires de création. Ces sou-
tiens financiers peuvent être accordés à des projets unitaires,
mais aussi à des catalogues de projets. En règle générale, le
montant du soutien accordé est limité à 50 % du budget de dé-
veloppement (écriture, recherche de partenariats, mise en place
des plans de financement, de marketing, de distribution, etc.).
320
Aides au Développement
Le Programme MEDIA, sous certaines conditions, peut fi-
nancer une partie des coûts de développement de projets, isolés
ou en catalogue, audiovisuels et cinématographiques (fiction,
documentaire de création, animation) et œuvres interactives.
Diffusion TV
Le Programme MEDIA accorde des subventions à la pro-
duction d’œuvres télévisuelles qui bénéficient d’engagements
de diffuseurs européens.
i2i Audiovisuel
Le Programme MEDIA facilite l’accès des sociétés de pro-
duction aux financements offerts par les établissements
bancaires et financiers en prenant en charge une partie des coûts
sur les postes assurance, garantie de bonne fin et/ou frais finan-
ciers du budget de production. Les dossiers de présentations de
projets sont téléchargeables sur le site Internet.
321
- Antenne MEDIA Strasbourg 1 parc de l’Étoile
67076 Strasbourg Cedex
Adresse de visite : 6 rue du Jeu des enfants
Tél. : 03 88 60 95 89 – Fax : 03 88 60 98 57
E-mail : media@cus-strasbourg.net
322
E-mail pour soumettre une demande de soutien à la coproduction :
script@coe.int
Lien Internet : http://www.coe.int/t/dg4/eurimages/default_fr.asp
323
que des compléments, et qu’aucun apport de ce type n’est envi-
sageable tant que le premier diffuseur et le C.O.S.I.P. ne se sont
pas engagés par contractualisation.
Le CNC remarquait (dans sa publication CNC Infos) que :
« Les apports étrangers restent stables avec 29,2 millions
d’euros et couvrent 8,7 % des devis. ». Des deux formes
d’investissements, les coproductions prédominent avec
333 heures de documentaires (pour un devis total de
75,9 millions d’euros). Selon cette même source : « En
moyenne, les apports étrangers en coproduction couvrent 29 %
des devis. ». Le “partenaire privilégié” des producteurs français
est le Canada avec 3,7 millions d’euros d’investissements. Puis
viennent l’Allemagne (2,5 millions d’euros), la Grande-
Bretagne (2,4 millions d’euros, la Belgique (2,0 millions
d’euros), la Suisse (1,1 millions d’euros). Les préventes
s’élèvent à 7 millions d’euros pour 190 heures de programmes à
hauteur de 2,1 % des budgets. Les « partenaires privilégiés »
(cf. CNC Infos) étant (par ordre dégressif des montants investis)
le Canada, la Belgique et l’Allemagne. Si la société de produc-
tion est en contrat avec un distributeur, celui-ci peut aussi
intervenir et investir dans la production (en moyenne, avec un
apport huit mille euros pour un 52’). Ces éléments sont déve-
loppés dans la partie de ce livre consacrée à la Distribution.
Certaines œuvres à budget élevé nécessitent le recours aux
télévisions internationales, qui demeurent un objectif majeur
des stratégies actuelles de production. Ainsi, à titre d’exemples
récents : Les origines du Sida, diffusé sur France 2, est une co-
production de Pathé Doc’, Gala films, Channel Four (U.K.),
Radio Canada, la R.T.B.F. (Belgique) et Y.L.E. (Finlande) ;
Space Millenium 2, diffusé sur France 5, est une coproduction
de Télé Images, NHK (Japon) et ZDF (Allemagne) ;
L’empreinte des dinosaures de Pierre Stine, diffusé sur France
3, est une coproduction entre Gédéon, la R.T.B.F. (Belgique),
Discovery (USA) ; Quand les Romains dominaient l’Afrique de
Serge Viallet, diffusé sur ARTE, a été coproduit par Gédéon, la
R.T.B.F. (Belgique), la R.A.I. (Italie), la S.R.S. (Suède)
… La
contrainte majeure du recours à la coproduction internationale
est que celle-ci exclut les documentaires de proximité, trop
« hexagonaux », franco-français, et qu’elles ne sont concevables
324
que pour des sujets universels pouvant intéresser les téléspecta-
teurs de pays dont les cultures, les structures sociales, et les
centres d’intérêt diffèrent largement. La B.B.C. (U.K.) est répu-
tée pour être l’un des plus généreux des coproducteurs
européens, avec des apports atteignant les 450 000 euros. Par
ailleurs, rappelons-le, le programme MEDIA apporte son sou-
tien aux coproductions internationales.
325
La Fondation de France
C’est un véritable « portail », fondé en 1969. La Fondation
de France regroupe 654 fonds et fondations dont 62 créés par
des entreprises. Elle soutient des projets « concrets et innovants
qui répondent aux besoins des personnes face aux problèmes
posés par l’évolution rapide de la société ». Elle agit dans les
domaines suivants : l’aide aux personnes vulnérables, le déve-
loppement de la connaissance et l’environnement. Elle favorise
également le développement de la philanthropie. Ses grandes
orientations sont, en bref, les suivantes :
- Mettre la personne au centre de nos actions en favori-
sant sa dignité, son autonomie, sa responsabilité et en
lui donnant les moyens d’être acteur de sa vie.
- Privilégier le lien social en préservant et construisant
des relations autour de la personne dans la famille, le
quartier, avec les professionnels ou les associations.
- Respecter strictement les volontés de ceux qui nous font
confiance.
- Garantir la rigueur et la transparence dans nos pratiques.
Adresse : La Fondation de France 40 avenue Hoche 75008 Paris
Tél. : 01 44 21 31 00 – Fax : 01 44 21 31 01
E-mail : webmaster@fdf.org
Lien Internet : http://www.fondationdefrance.org
326
Fondation. C’est pourquoi le droit pour tous à disposer d’une
eau potable, libre et gratuite est devenu l’un de nos premiers
combats ».
Adresse : Fondation France Libertés 22 rue de Milan, 75009 Paris
Tél. : 01 53 25 10 40
E-mail : contact@france-libertes.fr
Lien Internet : http://www.france-libertes.org
327
Autant le « mécénat » est assez fantomatique (nous sommes
très loin de la Renaissance), autant c’est un fait que des spon-
sors peuvent intervenir en production de documentaires pour
des apports en logistique, en transports, etc.
En plus de 30 années de création documentaire, je n’ai ja-
mais vu l’ombre d’un mécène mais par contre j’ai vu des
sponsors apporter une aimable contribution logistique à la pro-
duction. À titre d’exemples, des compagnies aériennes (Cubana
de aviación, Lufthansa, Biman-Bangladesh airlines) ont fourni
des billets d’avion et des excédents de bagages gratuits, des
sociétés de l’industrie touristique ont fourni de l’hébergement
(Société Hôtelière et Touristique de Madagascar), des sociétés
de locations de véhicules ont mis à disposition des 4X4 avec
chauffeurs et carburant (Avis), etc. Ceci étant, Aussi modique
soit-elle, elle a chaque fois représenté une « non-dépense » ren-
forçant l’économie du documentaire. Mais pour une réponse
positive, il faut savoir que les producteurs ont reçu des dizaines
de refus (ou d’absence de réponse).
Le problème le plus courant en ce cas a trait à la contrepartie
qui peut leur être offerte, vu la demande de « lisibilité » Reste à
en étudier les modalités toujours complexes. L’une des formu-
les les plus équitables consiste à proposer une association
d’images (celle du sponsor avec celle du film et de son équipe
producteur/diffuseur, etc.) avec présence en générique de fin et
sur tous les supports de communication (communiqués de
presse, flyers, affiches, jaquettes de DVD, sites Internet, etc.)
plus parfois des droits non commerciaux (pour projections en
vol, DVD cadeaux d’entreprises, etc.).
328
Le portail Internet Fondations. org
Le portail Fonfations.org publie, en ligne, une liste très
complète, des fondations, ainsi que de nombreux liens, et vend
(version papier) un Guide des Fondation
Lien Internet : http://www.fondations.org
Funders Online
Ce portail Internet européen a été créé à l’inspiration
d’Orpheus – Centre européen des Fondations. Ce site est « des-
tiné à ceux qui recherchent des mécènes et des fonds, et
notamment les porteurs de projet. Il propose des liens vers les
sites de fondations, des liens externes, ainsi qu’un certain nom-
329
bre d’informations, de conseils et de références de publica-
tion ».
Lien Internet : http://www.fundersonline.org
330
mentaires (op.cit.) : « Face à cette démocratisation des outils, le
cloisonnement, l’asphyxie et le formatage de la production au-
diovisuelle sont ressentis toujours plus fortement par les
cinéastes et une partie du public. La domination du modèle té-
lévisuel et son mythe de l’objectivité sont prégnants ».
« Démocratisation des outils », donc, du fait de la baisse des
prix du matériel. De ce fait, de plus en plus de documentalistes
ont recours à, l’autoproduction. Cette décision intervient, soit
après l’échec des démarches autour d’un projet présenté à des
producteurs et à des chaînes, soit du fait des « surgissements du
réel », soit en raison d’un choix de consacrer sa vie à la création
cinématographique documentaire.
Cependant, pour que l’autoproduction ne transforme pas le
« rêve de film » en un cauchemar économique, familial, affec-
tif, etc. il importe de mettre en œuvre quelques éléments de
méthode. En voici une sélection.
331
que), citons les formations proposées par le Collectif Ardèches
Images, l’International Documentary Workshop du Collectif
Oceans Television, les cursus de Dixit Formation, l’INA, le
Collectif Varan pour les principaux.
332
2 entrées XLR pour microphones (exemple : le « Z1 »
de Sony) avec tous ses accessoires.
b. Un tripode léger et robuste avec semelle et tête aussi
fluide que possible
c. un microphone dynamique (alimentation via la camé-
ra), très cardioïde (exemple : le MKH 416 de
Sennheizer)
d. Accessoires : Un casque audio très isolant, une per-
chette télescopique avec suspension, câbles XLR,
bonnettes de type Rycotte ou en fourrure synthétique
e. Un éclairage léger de type « Minette ».
f. Deux batteries longue durée (pour le caméscope)
g. Une sacoche ergonomique permettant de ranger
l’ensemble
h. Un kit de nettoyage (K7 autonettoyante, dust-off, poire
soufflante, papier optique, pinceau optique)
333
Autoproduction de « films sauvages » et production intégrée
Rien n’interdit de mener en parallèle un projet de documen-
taire suivant la méthode exposée dans les chapitres
« l’Écriture », etc. de ce livre, afin de tenter de faire intégrer ce
projet dans une société de production, et de commencer à tour-
ner tout ou partie du film (après – condition incontournable –
l’avoir pensé et écrit). Mais ce qui suit doit être pris en considé-
ration.
Rien n’interdit, non plus, de rechercher des financements en
explorant les pistes énumérées dans la partie de ce chapitre con-
sacrée aux pistes de financement du documentaire intégré aux
industries de programmes audiovisuels (cf. supra).
334
La Note d’Intention
*
J’ai toujours vécu avec ma famille dans des pays occiden-
taux (Belgique, Suède, États-Unis, France). Je suis Belge
d’origine, mais déracinée, car depuis 12 ans, je réside en
d’autres pays. Depuis 3 ans, avec mon mari et nos deux enfants,
nous préparons activement un tour du monde à la voile qui
commencera au second semestre 2010.
Il s’agit d’un projet que nous nourrissons et mûrissons de-
puis 18 ans. Il ne s’agit pas précisément de fuir le monde du
travail, de s’évader, de rechercher l’exotisme. C’est de notre
point de vue un voyage initiatique, une odyssée, qui nous per-
mettra de prendre une part active, auprès de scientifiques, dans
la protection de la biodiversité marine et, plus largement, de
l’environnement. Opposés à certaines dérives occidentales tels
que la surconsommation, les jeux électroniques ou encore cer-
tains programmes télévisuels aliénants, nous prenons aussi le
risque de retirer nos enfants d’un système scolaire et social pen-
dant 18 mois pour les plonger dans une aventure maritime et
humaine. Si j’ai décidé de filmer Laurent Legrain, anthropolo-
gue, spécialiste de la Mongolie – et par ailleurs mon beau-frère
– c’est pour qu’il nous entretienne de son expérience de terrain
et des enjeux liés à la découverte d’autres cultures. Parcourant
la Mongolie depuis 1998, marié à une Mongole et parlant cou-
ramment la langue, Laurent aborde des sujets surprenants, tels
que les bienfaits de l’occidentalisation, l’éducation des enfants à
travers deux cultures, ou encore l’influence des mythes ances-
traux sur l’écologie. Natacha MOTTART.
335
Exemples de résumés
Premier exemple :
Résumé :
La rue parle, comme en 1936, comme en 1968. Le sujet de
ce film expérimental, ciné-tract : Une manifestation – toutes les
manifestations. Un défilé unitaire intersyndical organisé lors des
grandes mobilisations de 2010. Les slogans sont repris et affi-
chés en intertitres inspirés par l’époque du cinéma muet. La
désinformation est contestée via des images de téléviseurs dé-
phasés. Un slogan est privilégié : celui – très réaliste – appelant
à la « grève générale interprofessionnelle ».
Second exemple :
336
quelques questions : Qu’est-ce que La franc-maçonnerie ? Quel-
les sont les valeurs de La franc-maçonnerie ? Qu’est-ce qu’être
franc-maçon ? Quel sens donner aux symboles maçonniques ?
Qui vient dans les loges ? Quels visages donner de la franc-
maçonnerie ? Un engagement essentiel : la Laïcité. Pourquoi ?
Le récit est formé, pour l’essentiel, par un entretien avec
Guy Arcizet (médecin de quartier de 1965 à 2005 en Seine St
Denis), Grand Maître du Grand Orient de France. Le décor en
est le Temple La Fayette, rue Cadet, à Paris.
Des séquences iconographiques permettent de comprendre
l’Histoire de la franc-maçonnerie. On y apprend que l’origine
mythique des temples a pour référence le roi Salomon bâtissant
à Jérusalem, et aussi que des centaines de milliers de franc-
maçons moururent victimes du Nazisme. On y rencontre des
figures historiques de la franc-maçonnerie : Simon Bolivar,
Churchill, Giuseppe Garibaldi, La Fayette, Jules Ferry, Fran-
klin, José Marti, Mozart, Victor Schoelcher, Voltaire.
Le film est ponctué de citation de textes classiques de la
franc-maçonnerie : Constitutions d’Anderson (1723), Discours
de Ramsay (1737). Manifeste du Convent de Lausanne (1875).
337
le plus vaste possible. Il faut donc, au moment où le film est en
cours de production, envisager l’hypothèse la meilleure : que ce
soit un succès, et aussi un « money making film », que ses résul-
tats d’exploitation dépassent toutes les espérances. Donc, en
pareil cas, il conviendra d’effectuer un « retour sur investisse-
ment » vers toutes les personnes et organisations ayant investi
du temps (en ressources humaines) du matériel, de la logisti-
que, etc. Cette question doit être clarifiée pendant la phase de
production et avant que le film ne soit achevé, par éthique. Il
convient de poser un cadre juridique minimal pour chaque par-
tenariat, au moment où ceux-ci sont organisés (et non pas une
fois le film achevé). Le dispositif minimal consiste à élaborer
une « Lettre contrat » (au besoin avec l’assistance d’une société
d’auteur ou d’un avocat) définissant la rétribution que percevra
(ou non – il est possible d’y renoncer) chaque personne et orga-
nisation en cas de bénéfices engendrés par les diffusions du
film, dans l’hypothèse où le film génère des recettes. Le prin-
cipe le plus simple consiste à définir quelle est la « part
producteur » de chaque personne et organisation en calculant ce
que représente la valeur de son apport en proportion (%) de la
valeur totale du budget du film. Ainsi, ces personnes et organi-
sations sont en quelque sorte des « actionnaires » du film. Leur
rétribution interviendra selon les modalités habituelles des rétri-
butions sur RNPP. Le total des apports représentant la valeur
totale du film (cf. exemple de budget de film autoproduit).
En résumé, tout doit être contractualisé, juridiquement cadré.
Il n’y a pas place pour des engagements verbaux, ni par Email
(irrecevable en justice – car aisément falsifiable, à la différence
d’un fax). Tout « vide juridique » laisse la porte ouverte à des
conflits, des contestations, des procédures, etc.
338
Les seuls critères sont que – une ASBL n’a pas pour finalité
l’enrichissement ni de ses dirigeants ni de ses fondateurs (à la
différence des sociétés commerciales), et que – aucun salarié
intermittent du spectacle ne doit assurer une fonction de direc-
tion d’une association (président, trésorier, etc.) faute d’être
radié et de perdre son statut. De plus lorsque l’association fonc-
tionne en collectif, avec un vrai groupe porteur de projets de
documentaires, c’est humainement passionnant.
Constituer une ASBL est très simple. Les méthodes, statuts-
types (à réadapter), démarches, etc. sont exposées dans de nom-
breux livres et sites Internet. En voici une sélection.
Association1901.fr :
http://association1901.fr/blog
339
ce qui donne une représentation du coût minimal qu’il aurait
fallu engager s’il avait fallu engager des dépenses correspon-
dantes en production intégrée aux industries de programmes
audiovisuels. Cette méthode rejoint celle conçue et appliquée
depuis plus de trente ans par les Organisations de Solidarité
Européennes (à la demande de la Commission européenne), et
qui intègrent budgétairement l’apport de leurs bénévoles à leurs
actions dans une ligne budgétaire « Bénévolat Valorisé ». En
effet, ces apports en ressources humaines représentent une
« non-dépense » rendu possible par un investissement humain,
une générosité, mais qui a une valeur réelle en économie soli-
daire.
Dans l’exemple ci-dessous, le barème d’évaluation utilisé est
calé sur la moyenne des valeurs du marché, dans deux pays de
l’Union Européenne (Belgique & France).
340
- Sous-Total (a) : Évaluation au coût du marché.
Valeur des salaires bruts : : 8 jours (300 € x 8)
= 2 400 € + valeur des charges patronales
(1 440 €) = 3 840 €
b. Conseils en écriture/relecture textes. Valeur des salai-
res bruts : (200 €/jour) : 1/2 journée. Valeur des
salaires bruts : 200 € x 1/2 = 100 € + 60 % valeur des
charges patronales (60 €) = 160 euros.
c. Conseils en Post-production : Monteur truquiste, opé-
rateur son, mixeur. (200 €/jour) : 3 jours. (200 € x 3
= 600 € + valeur des charges patronales (360 €)
= 960 €
341
2 petits-déjeuners x 15 = 30 €
342
La méthode comptable minimale consistera à :
- Conserver toutes les factures engagées pour le film dans
un classeur, en les ordonnant par types de dépenses :
transports, hébergement, téléphone, achats de K7, etc.
- Dans ce même classeur, intégrer des tableaux (par
exemple de type Excel) répertoriant et totalisent les dé-
penses en corrélation avec ces factures,
- Dans ce même classeur, intégrer des tableaux (par
exemple de type Excel) répertoriant et totalisent les va-
leurs des contributions en ressources humaines, en
matériel, en logistique, etc.
343
sensation du monde » (cf. Vertov). La méthode est celle de
l’école documentariste du Cinéma direct : la caméra est dis-
crète, le cinéaste est en « observation participante » (cf. Mauss),
aucun commentaire journalistique omniscient n’est rajouté.
L’expression de l’auteur est communiquée via des intertitres qui
font hommage à l’époque du cinéma muet.
Le documentaire a été filmé avec un caméscope HDV Canon
sur lequel un objectif grand angulaire a été adapté afin de capter
l’espace de la rue devenue scène. La bande-son est constituée
des sons du réel. Le microphone choisi est un directionnel qui
permet de restituer le réel : voix, chants, prières, musiques. Le
film a été monté sur Final Cut Pro.
*
- Production : LA SEINE TV (France)
- Date de la première diffusion : octobre 2010, sur Internet (Re-
bel Television 1, diffusée sur Youtube)
- Support du tournage : DV
- Format : 4/3
- Film documentaire expérimental dédié aux Groupes Medve-
kine
- Tourné avec caméscope DV et intégrations de rushes DVCam
et de photos
- Monté avec Final Cut Pro
- Auteur réalisateur, image, son, montage : Didier Mauro,
- Pays de tournage : France
344
- Autoproduction de LA SEINE TV
- Diffusé par YOUTUBE depuis le 26 octobre 2010
- Année de production : 2010
- Durée : 11 minutes
- Supports disponibles : DVCam, DV, DVD, MP4
345
Ces contrats sont téléchargeables sur les sites des sociétés
d’auteur.
Liens Internet : www.scam.fr & www.Sacd.fr
346
sations à la société Pathé Télévision pour la diffusion, la repro-
duction, la représentation, la vente, et généralement toutes les
opérations nécessaires à l’exploitation de l’œuvre audiovisuelle
sur tout ou partie des images et commentaires enregistrés, pour
la production intitulée “Madagascar, l’autre voyage”, dans le
monde entier, en version originale/doublée ou sous-titrée, sur
tous médias et tous supports et par tous procédés existants ou
inconnus à ce jour, sans limitation de durée, et ce à titre gra-
cieux. Je garantis la production, le diffuseur, le réalisateur,
contre tout recours de quelque sorte que ce soit.
Mon nom pourra être mentionné au générique de l’œuvre
audiovisuelle, à l’occasion de toute promotion ou exploitation
de celle-ci.
Fait pour servir et valoir ce que de droit.
Nom et prénom de l’intervenant (du signataire) :
Date et lieu de naissance :
Adresse légale :
Signature :
Date :
347
Contrat à durée déterminée
Titre du programme audiovisuel : ...............................
Entre ......................(intitulé complet de la production,
adresse, n° Siret et APE)
ci-après désigné par les termes “la production”
d’une part,
Et ...........................(Nom, prénom, date et lieu de naissance,
n° de sécurité sociale, adresse fiscale du technicien)
ci-après désigné par les termes “le salarié”
d’autre part,
Il a été conclu le contrat de travail à durée déterminée sui-
vant :
Article premier : Objet du contrat
Le présent contrat est conclu en application des articles L
122-1-1 (3e) et D 121-2 du code du travail dans les secteurs
d’activité de l’audiovisuel et de la production cinématographi-
que pour la préparation et la réalisation du programme
audiovisuel de référence, produit par La Production.
Article second : Emploi concerné
Le salarié est engagé en qualité de réalisateur.
Article troisième : Durée du contrat
Le présent contrat est conclu pour une durée de DURÉE EN
JOURS.
Article quatrième : Rétribution
Le salarié percevra un salaire brut de SOMME euros pour
la durée du contrat.
Fait en double exemplaire le Date
Pour la production
(nom, prénom, qualité du signataire,
et cachet de la production)
Le salarié
(nom, prénom)
348
Nota
9. Organisations professionnelles
Sélection d’associations de professionnels du documentaire
Le ROD – Réseau des Organisations du Documentaire
Le ROD (Réseau des Organisations du Documentaire) a été
créé en janvier 2007. Il regroupe des producteurs, Réalisateurs
et Auteurs de documentaires, ainsi que leurs organisations re-
présentatives (ADDOC, SRF, USPA, réalisateurs « Électrons
Libres »). L’objectif des membres du ROD est « de coordonner
leurs actions, faire entendre leurs revendications pour assurer la
pérennité et l’essor du documentaire en France, et établir un
dialogue constructif autour de ces enjeux avec les diffuseurs,
institutions, pouvoirs publics et politiques ».
Lien Internet : www.addoc.net
349
Syndicat des Producteurs Indépendants (SPI)
11 bis rue du Havre – 75008 Paris
Tél. : 01 44 70 70 44 – Fax : 01 44 70 70 40
E-mail : info@lespi.org
Lien Internet : www.lespi.org
350
danse, etc.) face à la précarité de leur situation sociale. Elle
remonte à l’époque où le Général de Gaulle présidait aux desti-
nées du pays, et où M. André Malraux apportait à la culture
l’attention qu‘elle lui semblait devoir mériter. Début du
XXIe siècle
… autre époque, autres pratiques. Les annexes VIII
et X ont été modifiées du fait du diktat du M.E.D.E.F. et de la
complaisance de syndicats ultra-minoritaires dans les profes-
sions du spectacle (dont la C.F.D.T.). La régression du régime
des intermittents du spectacle a provoqué un conflit social histo-
rique en 2003. Précarisant des centaines de personnes (et en
particulier les femmes enceintes) le « nouveau système » lamine
également les professionnels spécialisés en documentaires. Il
reste vivement contesté. Pour connaître le détail de ce dispositif
et se renseigner en vue d’une ouverture de droits, il convient de
contacter l’Assedic spécialisée.
Adresse : ASSEDIC Spectacle 31 rue Bergère – 75009 Paris
Tél. : 01 47 70 32 32
Lien Internet :
http://www.pole-emploi.fr/informations/spectacle-@/spectacle/
351
Entretien avec Jacques Bidou :
352
la survie du documentaire. C’est en partie pour cela que je me
suis tourné vers le cinéma ».
353
de la Culture, du C.N.C, des chaînes publiques, d’ARTE, c’est
remarquable ».
354
Entretien avec Thierry Garrel :
355
et de jeunes, et ARTE en fait le pari. Dans le même temps, il
n’est pas concevable de ne se préoccuper que du nouveau et
laisser périr ceux qui ont été les “nouveaux” d’hier ! Je ne parle
pas des “anciens-anciens”, car on peut imaginer que ceux-ci
aient été suffisamment socialisés pour que d’autres télévisions
s’y intéressent ou répondent à leurs propositions, mais en tout
cas d’un certain nombre de gens de qualité. La règle, à ARTE,
pas absolue mais quand même vérifiée, est “jamais un sans
deux mais jamais trois”. C’est-à-dire que le trois devra se faire
ailleurs, et donc ensuite peut-être quatre se fera chez nous, mais
le cinq se fera ailleurs aussi. Il s’agit donc de pratiquer un asso-
lement, ou une jachère mesurée. Quand un premier succès a été
fait avec un jeune auteur, il faut l’aider à faire le second. Cer-
tains d’ailleurs peuvent aussi vouloir faire le second avec lui, et
vous le prendre. Dans ce cas-là, c’est positif pour tout le monde,
cela prend ailleurs et laisse une unité nouvelle. Cet ailleurs peut
être par un passage de l’unité documentaire à l’unité Théma,
donc interne à ARTE, ou de l’unité documentaire à une autre
unité documentaire de France télévision. Voilà une partie de la
réponse pour les jeunes ».
356
des coûts de production permet de contrebalancer ces manques,
et de permettre que ces œuvres puissent continuer à exister.
Il y a un deuxième aspect : cela permet à de jeunes généra-
tions, nées dans le numérique, très habiles pour manipuler les
nouveaux médias et les nouvelles technologies, d’accéder à un
mode d’expression plus facile, moins coûteux, plus rapide. »
357
risque dans l’isolement, un risque aussi, s’il n’y a pas de débat.
Cela n’interdit pas l’existence et l’expression de la singularité
du cinéaste et de son point de vue ; mais la singularité peut, elle
aussi, se nourrir du débat avec les autres. »
D.M. : Parmi les films que tu as produits, quels sont ceux qui te
tiennent le plus à cœur et pourquoi ?
Yves Jeanneau : « Je suis fier d’avoir produit certaines grosses
productions internationales, de beaux films comme Transan-
tarctica ou The Hollywood Sound
… Et puis il y a les films à
petits budgets, faits à l’énergie, “faits avec des élastiques”
comme disait Godard, qui m’ont beaucoup réjoui. À une époque
j’ai produit simultanément une grosse production pour le ciné-
ma – le film de Patricio Guzman Le cas Pinochet – et un film à
tout petit budget de Marcela Saïd Cares sur les “pinochétistes” :
I love Pinochet. Autant dire que ça revient à comparer un ca-
mion de 15 tonnes et une mobylette. Eh bien, dans ce cas précis,
mon préféré, c’est la mobylette ! C’est un film fait à l’énergie et
c’est ce que j’aime trouver dans un film. Mais parmi les docu-
mentaires que j’ai produits, les films qui me tiennent à cœur
sont nombreux, il y a aussi, Norman Mailer, histoires
d’Amérique de Richard Copans et Stan Neumann, La Ville Lou-
vre de Nicolas Philibert, et bien d’autres encore, mais j’avoue
un faible particulier pour Chili, mémoire obstinée
… parce que
ce film faisait pleurer – de rage – les adolescents, latinos ou
pas. »
358
D.M. : Comment t’impliques – tu dans un film ?
Yves Jeanneau : « J’ai toujours conçu mon métier comme celui
d’un “accoucheur” d’idées, de rêves, de possibles. Une partie
conséquente du métier réside dans la dimension psychologique
du rapport avec l’auteur. C’est aussi mon rôle de producteur de
recentrer, encourager, conseiller un auteur, le renvoyer travail-
ler. Et c’est valable depuis l’écriture jusqu’au P.A.D. Au
montage, lorsque la question de la durée se pose (d’en mettre
trop ou pas assez) mon expérience me permet de condenser un
film. Certains réalisateurs vivent ça comme un “bonus”,
d’autres le vivent comme une castration. C’est un vieux débat ».
359
tourner sur leur patrimoine, nous donnons le film à titre gra-
cieux aux télévisions locales. Donc celles-ci ont tous les droits
d’exploitation du film sur leur territoire ».
360
ou avec son sujet de film nous suffisait. Puis, petit à petit, nous
avons revu cette méthode de manière empirique. Trois facteurs
se sont révélés importants : l’aspect humain, car un film est au
minimum une aventure de six mois à un an et demi de travail
avec un auteur. L’entente est donc primordiale. La question du
sujet : “de quoi ça parle ?”, la pensée du film, le traitement,
l’intention de l’auteur. Et puis, de façon pragmatique : Va-t-on
réussir à financer le film et réussir aussi, nous, à gagner notre
vie au passage ? Y a-t-il une place aujourd’hui à la télévision
pour ce film ? Ce sont les questions qui sous-tendent nos choix.
Très souvent, nous avons fait des films pour une seule de ces
trois raisons : un sujet formidable, un réalisateur que l’on ap-
précie, ou un projet facilement vendable. Mais ça ne marche
pas. Il faut au minimum que deux de ces conditions soient res-
pectées. Par exemple le film sur Toscan du Plantier est un film
dont nous aimons l’histoire, et son auteur est une réalisatrice en
qui nous croyons. Par contre, financièrement, ce film ne génére-
ra aucun bénéfice. Le travail du producteur, c’est à 70 % un
métier de psychologie. La dimension humaine est très impor-
tante et c’est elle qui construit la relation entre le producteur et
l’auteur autour d’un film. Et parfois, c’est formidable, il arrive
que les trois conditions soient réunies : un sujet intéressant,
avec des gens sympas, un film économiquement faisable. Notre
apport de producteur va consister à essayer de cibler le projet en
visant une corrélation possible avec une distribution, nationale
ou même internationale. Il faut savoir qu’on ne fait pas le même
film avec un projet à 500 000 euros de budget pour France 2 en
prime time, et le même sujet traité pour la chaîne Voyage avec
75 000 euros. Puis vient la rencontre avec le diffuseur qui per-
met d’apporter un financement. C’est en général entre 30 et
60 % du budget d’un film, ce qui nous oblige à aller trouver un
financement complémentaire, en France et parfois à
l’international. Le tournage, pour moi, est presque la phase la
plus simple si le film a bien été préparé à l’écriture en amont.
L’étape de la post-production, le montage, permet de finaliser le
film. Cependant, croire qu’un film se fabrique au montage est
une erreur. Un film qui a bien été pensé est un film qui sera
facilement “montable”. Un film n’est en aucun cas une simple
accumulation de rushes. Le jour où le film est finalisé n’est
cependant pas le jour où le travail s’arrête. Reste tout le travail
361
d’accompagnement, de promotion lors de la sortie ou de la dif-
fusion du film ».
362
l’empereur, c’est le montage d’une part, et la restauration des
films endommagés d’autre part. Car les films ont souffert du
froid pendant le tournage, et il a fallu restaurer chaque plan
image par image pour reconstituer le film. Vingt graphistes ont
œuvré parfois simultanément aux studios Eclair pour récupérer
les images. La bande-son a aussi coûté très cher puisque le film
a été tourné muet et qu’il a fallu entièrement réaliser la bande-
son en post-production. Pour J’irai dormir à Hollywood, le coût
du film peut paraître exagéré pour un film fait par un individu
seul, sans équipe et avec un matériel léger. Il faut savoir que la
bande-son à elle seule a coûté plus de 150 000 euros en droits
musicaux. C’est une bande-son reprenant des grands standards
du rock, et rien que le titre des Doors, dont on utilise juste 30
secondes, a coûté 40 000 euros ! C’est un parti pris, nous pen-
sons que la bande-son apporte une vraie plus value au film.
Mais, je le répète, il n’y a pas de corrélation entre le budget
d’un film et sa qualité. Un film comme Elle s’appelle Sabine
n’a pas dû coûter très cher, et pourtant c’est un très beau docu-
mentaire de télévision qui a également existé au cinéma. En
revanche, il y a un seuil en dessous duquel on ne peut pas tra-
vailler décemment ».
363
Chapitre 4.
Diffuser
« Le documentaire,
il est de création ou il n’est pas documentaire. »
Thierry Garrel
365
que les Français. La tendance est mondiale, des U.S.A à Cuba,
de l’Inde à l’Australie, de l’Europe à la Chine.
Et, contrairement à ce que pensent certains responsables de
cases documentaires qui hésitent à prendre des risques, et se
cantonnent à la coproduction et à la diffusion de reportages
fallacieusement étiquetés documentaires, les publics aiment les
films créatifs, expérimentaux, étonnants, atypiques. Une im-
mense lassitude est massivement partagée pour les images
accompagnées d’un commentaire redondant qui dit ce que l’on
voit, annonce ce que l’on va voir, glose ce que l’on vient de voir
avec un ton sentencieux accompagnant le degré zéro de la pen-
sée et de la poésie. Le public aime les surprises, l’humour,
l’étonnement. Et, sur les marges, surgissent des films de ce
type, comme début 2012, sur ARTE, le film d’Angela Chrislieb
Urville, consacré à un parcours dans les provinces de France à
la recherche de la « cité idéale où les hommes vivent en paix ».
Moment de poésie documentaire, souvent très drôle. Instant de
cinéma à la télévision.
Mais comment les documentaires rencontrent-ils leurs pu-
blics ? Car, à moins de se complaire dans une contemplation
narcissique abyssale de l’artiste admirant l’œuvre qu’il a créée
et s’adorant lui-même
… un film documentaire n’a d’intérêt que
s’il rencontre un public. Dès lors que l’on souhaite assurer à un
film documentaire cette rencontre, diverses possibilités
s’offrent.
Pour bien comprendre le système, il convient, déjà, de dis-
tinguer la diffusion, par laquelle les films sont présentés au
public, de la distribution, qui consiste à démarcher les diffu-
seurs potentiels afin de leur proposer des programmes
audiovisuels.
En termes de diffusions, comme nous l’avons déjà exposé
précédemment dans cet ouvrage, un film documentaire peut être
présenté, du plus petit jusqu’au plus grand, sur, pour l’essentiel,
cinq types d’écrans : des écrans de téléphones GSM, des palet-
tes informatiques, des écrans d’ordinateurs, des téléviseurs, des
écrans de salles de cinéma. Tel est le potentiel.
366
Après, tout dépend du dispositif de production. Il y a, princi-
palement, deux modèles d’accès à ces écrans (ces éléments
seront développés dans les pages qui suivent) :
a. Pour les films intégrés au système des industries de
programmes audiovisuels (avec producteur, diffuseur
en amont, cofinancement CBC/Cosip, etc.), très sou-
vent, la production contractualise avec une société de
distribution (avant la création, ou bien une fois le film
achevé). Cependant certaines productions assurent el-
les-mêmes la distribution, ou ont créé une filiale pour
ce faire.
b. Pour les Films Sauvages, autoproduits, dans les marges
du système des industries de programmes audiovi-
suels, les collectifs, auteurs, associations et sociétés
qui les produisent sont nombreux à appliquer la mé-
thode suivante :
- Aussitôt celui-ci achevé, installation du film sur
Internet, en streaming, pour qu’il rencontre im-
médiatement de nombreux spectateurs, et aussi
pour en « booster » la distribution, en le faisant
connaître. Organisation du « buzz » (avec Twit-
ter, Facebook, LinkedIn, etc.). Mais il faut être
bien conscient du fait que le feed-back économi-
que est pratiquement nul.
- Des DVD sont gravés artisanalement pour le dé-
marchage des diffuseurs potentiels.
- Ces DVD sont envoyés – aux festivals dont la li-
gne éditoriale correspond au sujet du film, – aux
réseaux d’achats de droits non commerciaux
(Adav, BPI, etc.), etc. Là, il peut y avoir des re-
cettes non-commerciales sans que cela soit
forcément mirifique.
- Contractualisation est faite avec une société de
distribution afin de proposer le film aux télévi-
sions et aux réseaux commerciaux. Cependant
certains collectifs assurent eux-mêmes cet aspect
367
de la distribution. Ce secteur de la distribution
peut, à terme, être rentable.
368
ment de ce secteur de la production audiovisuelle. Si les télévi-
sions demeurent un « premier marché », un « deuxième marché
du documentaire » se confirme : exploitation en vidéo (avec le
développement des DVD) ; lieux alternatifs (notamment à
l’initiative de structures telles que l’Association Française des
Cinémas d’Art & Essai) ; projections-débats, etc. Enfin un troi-
sième pôle de diffusion émerge avec l’Internet et les « écrans
nomades », est en pleine croissance, même si son économie
n’est pas encore aboutie. La « seconde vie » du documentaire,
en rencontres directes avec son public, après avoir déjà eu une
longue histoire, semble promise à un bel avenir.
Conjoncture complexe que celle que nous vivons : Des chaî-
nes locales disparaissent (comme la chaîne Régions, ou bien
Cannes télévision), alors que les sociétés de production spécia-
lisées en documentaires sont dix fois plus nombreuses qu’il y a
vingt ans. La plupart d’entre elles fonctionnent sur un mode
“artisanal”, et beaucoup connaissent des problèmes de trésorerie
et d’équilibre économique. Les faillites et dépôts de bilan ne
sont pas rares.
369
documentaires à l’époque du service public. Depuis sa privati-
sation (EN 1986), la première chaîne historique de France a
limité sa contribution à la création documentaire. Le « réel » n’y
est présenté que sous les formes des différents types de pro-
grammes relevant du journalisme de télévision (news,
reportages, magazines). Et cependant, le documentaire a son
public, et les films diffusés en « prime time » sont assurés d’une
audience respectable, souvent attentive et motivée.
Des initiatives atypiques, telles que les « cases documentai-
res » La Lucarne (qui diffuse des œuvres underground, sur
ARTE) ou Contre-courant (créée par Yves Jeanneau sur France
2, puis abandonnée après le retour de son fondateur au métier de
producteur et de responsable du Sunny Side of the Doc), ren-
contrent l’intérêt du public au vu de l’audience (en millions de
spectateurs), et des courriers enthousiastes que rencontrent cer-
tains programmes comme la série de dix films, réalisés par dix
auteurs différents et intitulée Parlez-moi d’amour. Certains
films sont au cœur de l’actualité (par exemple des licenciements
massifs dans des entreprises pourtant florissantes) même
comme l’illustre La dernière digue, l’inspection du travail, de
Richard Bois. Nombre des spectateurs de documentaires ne
consomment pas de l’image passivement, mais procèdent à des
visionnages actifs ; s’ils choisissent de regarder un documen-
taire, ils ne « zappent » pas. La question des durées (aussi
appelées « formats ») des œuvres documentaires est une ques-
tion récurrente. Des séries durables et intemporelles telles que
Moi l’Afrique (Orchidées/TF1 1, 3 X 52’) ou La foi du siècle.
Histoire mondiale du communisme (Kuiv productions/ARTE, 4
X 52’) peuvent être diffusées et rediffusées à des heures de
grande écoute et connaître une distribution internationale hono-
rable, mais des « unitaires » comme Un coupable idéal (France
2) peuvent aussi connaître une audience importante et être pri-
més. Les longs-métrages de 90’disposent de plus en plus de
« créneaux », et les 26’sont davantage prisés en séries. Enfin, au
niveau international, les formats les plus divers sont possibles.
En fait, la durée (ou le « format ») d’une œuvre relève d’une
corrélation entre – le contenu de l’œuvre – et surtout la « case
documentaire » à laquelle le film est destiné. Quant aux diffu-
seurs majeurs de documentaires, en France, selon Jacques
370
Peskine (Union Syndicale de la Production Audiovisuelle), ils
représentent le « paysage audiovisuel » suivant : Les chaînes
publiques (
…/
… ) jouent un rôle presque hégémonique dans les
ressources. Les chaînes de la diversification (câble, satellite,
local, TNT bientôt) élargissent considérablement l’exposition,
et représentent désormais une proportion significative de la
« consommation » de documentaire.
371
à voir une vision macroscopique des choses : une sorte de photo
globale. Nous faisons ce que les Anglais appellent du “compre-
hensive documentary” » (source : News Letter n° 3 du Sunny
Side of The Doc 2009). Par ailleurs, certaines télévisions loca-
les ont une programmation régulière conséquente du Cinéma
faisant création du réel, et sont impliquées dans le soutien à la
production et à la création. Le réseau est de plus en plus dense,
et il importe de « cibler » les chaînes auxquelles on présente un
film ou un projet (pour l’adéquation avec la ligne éditoriale).
Les marchés, et en particulier l’incontournable Sunny Side Of
The Doc sont essentiels pour procéder aux ventes et coproduc-
tions et pour nouer des contacts professionnels.
372
politiquement correct. J’en veux pour preuve le film Le cau-
chemar du nucléaire produit par Bonne Pioche et réalisé par
Eric Guéret qui aborde sans ambages la question des déchets
nucléaires » (source : News Letter n° 3 du Sunny Side of The
Doc 2009). L’importance du diffuseur dans le système de pro-
duction, en France, présente deux aspects : un film est fait pour
être vu, pour rencontrer son public, et pour qu’il bénéficie du
soutien de l’État, des multiples formes d’aides publiques et de
contributions du COSIP, il est indispensable qu’il ait une certi-
tude contractuelle de diffusion. Cette diffusion implique des
contraintes que Chantal Bernheim, productrice (Dune), résume
en ces termes : « les documentaires doivent correspondre à des
cases, à des formats, qui, à la télévision, sont extrêmement rigi-
des : 26 minutes, 52 minutes, de temps en temps 90 minutes
(
…/
…). La télévision ne permet pas la fantaisie, malheureuse-
ment » (Eurofilmfest n° 18).
373
Lucarne (
…/
…) Tous les formats aussi, du 43’au 90’(
…/
…) Le
documentaire occupe environ 42 % de la grille d’ARTE ». Pa-
tricia Boutinard Rouelle (coordinatrice des documentaires pour
France télévision, et Directrice des magazines et documentaires
de France 2) déclarait : « des films événements dans le domaine
de l’histoire ou de la science sur des thèmes fédérateurs et qui
proposent une forme ou un traitement surprenants comme Apo-
calypse (6 X 52’) sur la seconde guerre mondiale » (
…/
…) des
films (52’ou 90’) qui traitent des mouvements de fond de notre
société et qui rendent compte des dernières grandes évolutions
idéologiques ou économiques. Concernant France 3, il convient
de rappeler que les bureaux régionaux ont une certaine latitude
de choix (ainsi FR3 Lille a longtemps fait figure de pionnier
accompagnant la création documentaire). Pour ce qui est du
desk national, Muriel Rosé, Directrice des magazines et docu-
mentaires de France 3 s’exprime en ces termes : « la ligne
éditoriale s’appuie sur, nos fondamentaux qui font la valeur du
service public en la matière : la société, l’histoire ».
374
chemar du nucléaire produit par Bonne Pioche et réalisé par
Eric Guéret qui aborde sans ambages la question des déchets
nucléaires » (source : News Letter n° 3 du Sunny Side of The
Doc 2009). Parmi les genres de documentaires en constance,
signalons les portraits de personnalités, dont les deux opus con-
sacrés à Lionel Jospin diffusés sur France 2 au premier 2010
sont un exemple créatif (réalisés par Patrick Rotman pour Kuiv
Productions).
Les pages qui suivent esquissent un état des lieux et forment
un carnet d’adresses permettant aux professionnels du docu-
mentaire de se repérer et d’établir les contacts indispensables à
la diffusion de leurs œuvres. Les principales chaînes qui peu-
vent, potentiellement, diffuser des documentaires, en France, et
les principales chaînes du monde y figurent. Cependant le dé-
marchage d’un projet, ou la présentation d’une œuvre, et c’est
une évidence, mérite d’étudier au préalable son adéquation avec
la ligne éditoriale du diffuseur. Le rôle des distributeurs est
stratégique pour les ventes internationales.
375
chaque année, et dans lesquels le lecteur souhaitant se procurer
ces données pourra les trouver aisément. Soulignons tout parti-
culièrement deux guides incontournables pour les personnes
(producteurs, distributeurs, etc.) qui voudront mettre en œuvre
un démarchage en de domaine : Le Who is Who du Sunny Side
Of The Doc et le EDN Financing Guide que nous présentons
quelques pages plus loin.
376
Jean Michel Carré Alertez les bébés et Charbons ardents. Mais
d’autres films faisant création du réel connaissant un véritable
succès en salles : Buena Vista Social Club de Wim Wenders
(700 000 entrées), Le Peuple migrateur (2,7 millions d’entrées),
Microcosmos de Jacques Perrin (3,4 millions d’entrées). Il con-
vient aussi de remarquer le bel accueil fait au film de Jocelyne
Lemaire-Darnaud, intitulé Paroles de Bibs, autoproduit par
l’auteur, et distribué en salles grâce à Jean Labadie (qui s’était
déjà engagé pour les films de Michael Moore Roger et moi et
The Big One). Paroles de Bibs, ce film rebelle, est sorti en sal-
les, a connu une certaine affluence, et a même suscité
l’enthousiasme de la critique : « Un documentaire qui regonfle
(
…/
…). Avec son petit film fauché, une documentariste donne
la parole aux employés de François Michelin, qui trouve logi-
que de licencier quand sa firme engrange des bénéfices
records » (Riou : 2001). Ce cas exemplaire n’est pas isolé : Le
réseau des salles Utopia, et de nombreuses salles d’art et essai
projettent régulièrement des longs-métrages documentaires, et à
Paris, le Cinéma des cinéastes permet un rendez-vous hebdo-
madaire avec des créations récentes. En province, les
associations et collectivités locales organisent des projections
thématiques, souvent accompagnées de débats, soit dans des
salles municipales, soit en partenariat avec les cinémas locaux.
Les projections ont lieu en vidéo ou en film, sur grand écran.
Exemple récent du succès des sorties en salles : Le film docu-
mentaire primé à Cannes Fahrenheit 9/11 a rempli les salles aux
U.S.A et connaît un succès notable en Europe. Confirmant cette
constance de l’intérêt pour le documentaire en salles, signalons
le film La planète Bleue d’Alastair Fothergill et Andy Byatt, qui
a réalisé 800 000 entrées en salles en peu de temps (disponible
aux Éditions Montparnasse depuis fin 2009 en DVD). Enfin,
Océans de Jacques Perrin obtient des résultats à la mesure de ce
magnifique documentaire-poème qui rénove le genre animalier.
377
d’année des documentaires animaliers consacrés à ce fascinant
volatile sur toutes les chaînes du monde, il y a pléthore de do-
cumentaires sur ce sujet). Et comme l’exprime le producteur
Emmanuel Priou « nous y avons vu une histoire universelle qui
touche à la vie, à la mort, à la reproduction. Il était possible de
transcender le film animalier traditionnel de télévision » (dos-
sier Documentaire en salle, p. 8. op.cit). Résultat : un apport de
Buena Vista International (Disney), complété par des investis-
sements de Canal +, et Wild Bunch pour aboutir à un budget de
2,8 millions d’euros. Les genres prédominants des documentai-
res présentés en salles sont :
- l’environnemental (avec notamment Océans de Jacques
Perrin, Le syndrôme du titanic, etc.).
- l’animalier (qui connaît un succès soutenu).
- le sociopolitique (avec des variations liées à leur rela-
tion à l’actualité – ainsi Le monde selon Bush réalisait
40 000 entrées sur Paris seulement, lors de sa sortie).
- le film de voyage.
378
projecteur vidéo, etc. Cet exemple témoigne de l’intérêt du pu-
blic, hors « petit-écran », pour le Cinéma faisant création du
réel.
379
Au programme de la théorie : histoire du documentaire, ana-
lyse stylistique, bases du langage cinématographique ; et aussi
de la pratique : accompagnement des films, recherche de parte-
nariats, constitution de public, organisation des débats. Enfin
DSGE organise un développement de projection de documen-
taires en régions en partenariat avec le RED – « Réseau
d’échange et d’expérimentation pour la diffusion du cinéma
documentaire ». Soulignons l’intérêt de s’abonner (en allant sur
le site Web indiqué ci-dessous) à la NewsLetter de DSGE (en-
voyée gratuitement par Email).
Adresse : Documentaire sur Grand Écran
52, Avenue de Flandre – 75019 Paris
Tél. : 01 40 38 04 00 – Fax : 01 40 38 04 75
E-mail : info@documentairesurgrandecran.fr
Lien Internet : http://www.doc-grandecran.fr
380
n° 3 du Sunny Side of The Doc 2009). L’Internet reste donc
d’abord fidèle à sa vocation encyclopédique première.
Le World Wide Web (WWW) offre avant tout, à ce jour, une
possibilité de diffusions alternatives ou complémentaires aux
autres formes de distribution. C’est aussi (et c’est heureux) une
source de documentation, et d’enrichissement culturel. On le
remarque aisément, en France, en « naviguant » sur les sites des
chaînes, ou encore sur celui de www.ina.fr, qui a été l’un des
plus innovants, en mettant en ligne des milliers d’heures
d’archives consultables par tous les internautes. Au japon, NHK
Educational Tv (qui fêtait son cinquantenaire en 2009) a élaboré
des dispositifs de diffusion sur Internet et en téléphonie mobile
parallèlement à sa diffusion traditionnelle (hertzienne, satelli-
taire et par câble). Au Canada, L’Office National du Film
(ONF, l’une des organisations pionnières du cinéma documen-
taire mondial) a célébré ses 70 ans en 2009, et en cette occasion
a annoncé la mise en ligne d’une très conséquente vidéothèque
constituée de plus de mille films consultables librement et gra-
tuitement. Et cependant, le président de l’ONF envisage d’aller
au-delà de la diffusion de cette mémoire : « Nous sommes à un
moment charnière en termes de changements démocratiques et
d‘évolution de l’usage des nouvelles technologies numériques.
Nous pensons, à l’ONF, que nous pouvons participer à ces
changements profonds en aidant à la création d’œuvres origina-
les, novatrices » (source : News Letter n° 4 du Sunny Side of
The Doc 2009). Et cependant le succès de certains films crée
une dynamique, ainsi Gazea-Sderot, la vie malgré tout (copro-
duction ARTE, Upian, Bo travail !), documentaire sur la vie
dans deux villes, l’une palestinienne, l’autre israélienne, et qui a
été conçu pour, et diffusé, d’abord sur Internet puis sur ARTE,
en 2009. Le succès du dispositif (en terme d’audiences, de
prix, etc.) a incité la chaîne franco-allemande à mettre en œuvre
un projet de même type, sur Cuba et Miami. Et à peu près au
même moment, Pierre Block de Frieberd (responsable du pôle
documentaires de France 5) annonce lancer : une collection de
24 web-documentaires « Portraits d’un nouveau monde »
(source : Écran total n° 761, 24 juin 2009). Sans s’extasier sur
le mythe de « l’explosion du Web Doc », il faut donc oser in-
vestir ce média qui ne peut que se développer.
381
Sélection de sites du Web-Documentaire
Cette sélection de sites présente un ensemble d’organisations
impliquées à des titres divers dans le « Web-documentaire »,
sachant que ce concept regroupe des réalités très différentes
allant de la mise en ligne de documentaires de création par l’un
des pionniers en ce domaine : le groupe organisé autour
d’Ardèches images, de la Maison du documentaire, et du Club
du doc, jusqu’à des entités récentes et d’autres plus éphémères.
Précision importante : pour presque tous les sites Internet, la
mise en ligne de documentaires n’est pas rétribuée.
382
teurs, Festivals, Livres, Annuaire (avec de nombreux liens, très
précieux pour les documentaristes), Articles, Vidéos. Concrè-
tement, pour un cinéaste documentariste, la méthode consiste à
inscrire gratuitement (via un formulaire en ligne) ses films, s’il
le souhaite, dans la Base de données. Constituée initialement
par la Maison du Documentaire en 1994, cette base de données
regroupe les filmographies de plus de 9 000 auteur – réalisateur.
Puis il faut ensuite envoyer un DVD du (ou des) film(s) inscrits
ainsi que des photos. Si l’auteur le souhaite, des extraits seront
diffusés en ligne (et les films en entier pour les courts-
métrages). Précision : comme pour presque tous les sites Inter-
net, cette mise en ligne n’est pas rétribuée. S’abonner à la
NewsLetter (gratuite) permet d’être informé de nombreux évé-
nements, de l’actualité des aides à la production, des nouvelles
« cases » documentaires des chaînes, etc.
Adresse : Association film-documentaire.fr. Le village
07170 Lussas
E-mail : contact@film-documentaire.fr
Lien Internet : http://www.film-documentaire.fr
383
Ko et de Mo), les types de fichiers (Mpeg 4, 3GPP, etc.) diffè-
rent. Quant à la méthode la plus simple est que l’auteur crée son
espace dans le (ou les) site(s) de son choix, et y installe des
extraits de films longs (ou des films courts), puis qu’il crée le
« buzz » : la promotion. Le choix des « mots-clés » est fonda-
mental pour l’identification du film dans les moteurs de
recherche Internet.
384
(ou des) “geste(s) documentaire(s)”, de cinq minutes de durée,
ou bien un (ou des) extrait(s) d’un ou de plusieurs de leurs films
(c’est gratuit). Ensuite, il est possibilité de créer des résonances
et des parcours autour d’un ou de plusieurs film.
385
pour les éditeurs de services VàD, qui est destinée à : « Toute
entreprise détentrice d’un catalogue de tous types de droits VàD
et également responsable d’un service de VàD peut solliciter un
soutien pour la numérisation, la mise en ligne et l’édition d’un
catalogue d’œuvres cinématographiques et/ou audiovisuelles
françaises et européennes sur son service de VàD ».
Adresse : CNC. direction du multimédia et des industries tech-
niques. Service de la vidéo 11, rue Galilée 75116 Paris
Tél. : 01 44 34 34 7 – Fax : 01 44 34 34 62
E-mail : commission-video@cnc.fr
Lien Internet : http://www.cnc.fr
Ces chaînes ont été créées afin de permettre à des films do-
cumentaires expérimentaux autoproduits (des « Films
Sauvages ») de rencontrer immédiatement leur public.
Le revenu économique est strictement nul. Là n’est pas
l’objectif. Le but est de donner une vie sociale aux films aussi-
tôt ceux-ci achevés. La vie économique des films commence
plus tard avec des ventes aux télévisions, des projections dé-
bats, etc.
En terme d’audience, même si l’on considère que le Web re-
présente des dizaines de millions de spectateurs potentiels, le
résultat n’est pas inintéressant car aucune publicité n’a été faite
pour ces films : chaque visionnage est un acte volontaire, le
produit d’une recherche avec les « Tags ».
386
Tableau présentant un exemple de résultats de films sauva-
ges en termes d’audience sur le Web
Nombre Nombre de
Dates de de films Spectateurs
Chaînes Liens
création au AU
01.01.12 01.01.12
The rebel
http://www.youtube.com/
documentary 10.01.2009 16 4 253
user/TV1WEBDIDIERMAURO
television
Rebel http://www.youtube.com/
20.09.2010 07 2 859
Television 1 user/REBELTELEVISION1
Documentary
rebel
http://vimeo.com/channels/
& Experi- 28.10.2011 09 1 029
documentaryfilmrebel
mental
channel
Total - - 32 8 141
La Méthode :
La méthode de mise en ligne de ces films est la suivante :
- Aussitôt un film achevé, celui-ci est compressé en for-
mat Mpeg 4 avec un réglage – qualité minimal de 800.
- Ce fichier est téléchargé sur le Web Tv, accompagné de
ses fiches de description.
- La précision des « Tags » ou mots-clés a son impor-
tance : c’est avec ces éléments que les spectateurs
internautes recherchent des films.
387
documentaire de création. Ce sont aussi des espaces dans les-
quels les documentaires acquièrent une notoriété tout en
rencontrant leur public. Les festivals, forums de la création. Il
existe presque autant de festivals que le documentaire comporte
de genres (historique, animalier, de voyage, ethnographique,
environnemental, etc.). Quel intérêt y a-t-il y à présenter des
films en sélection ? Car toute inscription – qui ne garantit pas la
sélection – a un coût minimum (modique) : frais de dossier et
envoi de DVD. Selon Chantal Bernheim, productrice (Dune),
les festivals seraient une ouverture pour des documentaires ex-
clus d’antenne par les télévisions : « Il faut vraiment garder en
tête qu’il y a deux sortes de documentaires, ceux qu’on voit à la
télévision et ceux qu’on découvre dans les festivals » (Euro-
filmfest n° 18). Mais Jean-Marie Barbe, fondateur des États
Généraux du Documentaire, présente un point de vue beaucoup
plus positif : « un producteur a un intérêt évident à travailler
avec un festival : ça amène de la notoriété, ça attire l’attention
des critiques sur les films qu’il produit, ça apporte de la recon-
naissance à certains auteurs, ça entretient une culture du
documentaire » (Barbe : 2002). En effet, certains festivals du
documentaire sont devenus incontournables : responsables des
unités de programmes des chaînes de télévision, producteurs,
distributeurs, cinéastes s’y retrouvent ; des décisions d’achats
de droits et de diffusion télévisuelle s’y prennent. La France
comporte plusieurs rendez-vous essentiels, dont : Les États Gé-
néraux du film documentaire, le festival Cinéma du Réel, et le
Festival International du Documentaire de Marseille Fictions du
réel.
388
qu’il suffit d’activer) sur les sites Internet de documentaire.fr,
du CNC, de la PROCIREP, de la SACD, de la SCAM, et de la
SFR. Ensuite nous recommandons aux lecteurs de visiter les
sites Internet pour connaître les lignes éditoriales des festivals,
et le plus souvent se pré-inscrire en ligne.
389
Les Écrans documentaires de Gentilly et du Val-de-Marne
Ligne éditoriale résumée :
Festival généraliste (tous genres) de films documentaires
Le festival Les écrans documentaires se fixe pour objectif de
“favoriser les recherches d’écriture et de dispositifs dans le ci-
néma documentaire de création et permettre l’émergence de
nouvelles démarches et « signatures » en soutenant la diffusion
des œuvres projetées”. Une programmation thématique com-
prend des films rares, des inédits, des avant-premières, un
espace de réflexion autour de l’évolution de la démarche docu-
mentaire (conférences débat, présentation de formations, etc.),
des ateliers. Une pensée anime le festival : « Mille manières
d’être au monde et d’en partager les impressions avec des œu-
vres et des créations, des rencontres et des échanges »
Adresse : Les Écrans Documentaires. Bureau du festival.
23, rue Émile Raspail – Cité Raspail – Bâtiment 1. 94110 Arcueil
Tél. : 01 46 64 65 93
E-mail : infos@lesecransdocumentaires.org
Lien Internet : http://www.lesecransdocumentaires.org
390
rence, où public et professionnels découvrent films d’auteurs
confirmés ou films de nouveaux talents, l’histoire du cinéma
documentaire comme les propositions contemporaines. Sur les
écrans du Centre Pompidou, mais aussi du Centre Wallonie-
Bruxelles, du cinéma MK2 Beaubourg, de l’Hôtel de Ville de
Paris et de plusieurs salles de la région Île-de-France, le festival
programme une centaine de films dans ses différentes sec-
tions ».
Adresse : Cinéma du réel. BPI Centre Georges Pompidou.
25, rue du Renard. 75197 Paris CEDEX 04
Tél. : 01 44 78 45 16
Lien Internet : http://www.cinereel.org
391
res ». L’association Images en Bibliothèques en est la coordina-
trice. La ligne éditoriale est très ouverte : « Les films
documentaires que l’on vous propose de découvrir sont des
œuvres créatives qui témoignent d’un investissement personnel
des auteurs. À travers eux se tissent des points de vue singuliers
sur le monde, qu’il soit très proche ou lointain ». Sur le site
Internet (qui offre des liens intéressants), il est possible de –
s’inscrire pour participer (organiser des projections), – rejoindre
les organisateurs régionaux ou encore – s’informer du pro-
gramme des projections.
Adresse : Le Mois du Film Documentaire.
Images en Bibliothèques : 21 rue Curial 75019 Paris
Tél. : 01 43 38 19 92 – Fax : 01 43 38 07 97
Lien Internet : http://www.moisdudoc.com
392
Peuples minorisés. Festival de Cinéma de Douarnenez
Ligne éditoriale : « Résistance, identité, peuples minorisés
…
l’équipe du festival de Douarnenez a su conjuguer à tous les
temps, et dans le monde entier. En invitant des voisins immé-
diats, Irlandais, Basques, Catalans, Écossais, Occitans
… Ou les
Tsiganes et les communautés immigrées en Europe. Et ceux si
proches, et si différents pourtant : Québécois, Arméniens, Ber-
bères
… Et enfin les parents éloignés : Aborigènes d’Australie,
Indiens d’Amérique, minorités d’Inde, peuples de l’Arctique ».
Adresse : Gouel ar filmoù – Festival de cinéma de Douarnenez
13, rue BP206 – 29172 Douarnenez CEDEX.
Tél. : 02 98 92 09 21
Lien Internet : http://www.festival-douarnenez.com
393
Parmi les documentaires diffusés durant la dernière période,
signalons la constance, en France, de deux pôles investis dura-
blement dans l’édition d’œuvres documentaires à caractère
encyclopédique, universel, qui s’inscrivent dans l’histoire de la
pensée : ARTE Vidéo et les Éditions Montparnasse. La liste
serait longue, mais de ces deux catalogues signalons une petite
sélection illustrant quelques exemples révélateurs d’une ligne
éditoriale Nous présentons plus bas les principaux éditeurs.
Soulignons l’engagement, durable, pour le documentaire, de
deux d’entre eux : ARTE Vidéo et Les Éditions Montparnasse.
ARTE Vidéo édite des classiques du documentaire (films de
Flaherty, Dindo, Gitaï, Ivens, Marker, les frères Maysles, Klein,
Resnais, Rouch, Van der Keuken, Vertov, etc.) et aussi des œu-
vres de type encyclopédique, qui s’inscriront dans l’histoire du
documentaire, parmi lesquelles citons une petite sélection (par
ordre alphabétique d’auteur) : Le procès de Nuremberg (de
Christian Delage), La Foi du siècle, une histoire du commu-
nisme (de Patrick Rotman, & Patrick Barbéris), Talmud (de
Pierre-Henri Salfati), Voyage au cœur du cinéma (de Martin
Scorcese). Les Éditions Montparnasse proposent plusieurs col-
lections de documentaires, avec un beau choix de classiques et
d’œuvres récentes qui le deviendront. La collection « Regards »
est dédiée à « De grands documentaires pour comprendre le
monde d’aujourd’hui ». Elle comprend notamment Norman
Mailer, histoires d’Amérique, l’étonnant Abécédaire de Gilles
Deleuze. La collection « Le geste documentaire » a fait en 2008
un bel hommage à 1968 en éditant plusieurs DVD, donc les
films (introuvables depuis 40 ans) du Collectif Medvekine ; en
2009, c’est un nouvel acte de mise à la disposition du public de
films profonds et ancrés dans le social avec le coffret de 2 DVD
Denis Gheerbrandt, L’Arpenteur. Enfin, la collection « Docu-
mentaire » permet de retrouver des classiques comme De
Nuremberg à Nuremberg (de Frédéric Rossif), ou encore des
films faisant date dans l’histoire tels que S 21, la machine de
mort khmère rouge. Fin 2009, ce travail se poursuivait avec
Nicolas Philibert, L’intégrale (jusqu’ici) un coffret de 9 DVD
proposant au public quatorze films dont le rebelle décryptage du
discours patronal La voix de son maître. Le documentaire en
tant que « produit » est bien installé pour sa diffusion en vidéo
(DVD) commerciale. Les supermarchés représentent les deux-
394
tiers de la vente des DVD, le reste se répartissant entre la
F.N.A.C. et les magasins spécialisés. Les meilleures ventes de
documentaires concernent surtout les animaliers, tels que Le
Peuple migrateur ou Microcosmos. Au vu de l’intérêt économi-
que de ce « second marché », les principales chaînes nationales
ont presque toutes créé des filiales d’édition vidéo. Dans ce
contexte, deux éditeurs ont une ligne constante : ARTE Vidéo
(qui édite plusieurs collections consacrées au documentaire –
tant récent avec des titres tels que Le Monde selon Monsanto
que classiques – comme L’Homme à la Caméra de Vertov) et
les Éditions Montparnasse (avec des séries de documentaires
classiques, des « objets » rares tels que les films des Groupes
Medvekine et Route One USA, et aussi des séries relevant da-
vantage des programmes de flux, comme Des trains pas comme
les autres). Se positionnant dans l’éthique du documentaire,
ARTE Vidéo et les Éditions Montparnasse se projettent dans la
durée, estimant que la rentabilité d’un documentaire ne peut
s’inscrire que dans le temps, de la même façon que l’élaboration
de ces œuvres dont le plus souvent la vocation est d’être péren-
nisées. En règle générale, un documentaire atteignant les 10 000
exemplaires vendus durant la première année est considéré
comme un succès commercial. Parallèlement, certaines sociétés,
telles que Kuiv Productions, autoéditent ou coéditent leurs do-
cumentaires, et réalisent des succès commerciaux, tels que ceux
générés par les films De Gaulle ou l’éternel défi de Jean Lacou-
ture et Jean Labib (6 X 60’, avec TF1 1), Montand de Jean
Labib, Génération d’Hervé Hamon, Patrick Rotman et Daniel
Edinger (15 X 30’, nominé aux 7 d’Or). Kuiv Productions met
aussi en œuvre l’édition de livres (avec des éditeurs largement
diffusés, tels que Le Seuil) et de CD-Rom comme produits dé-
rivés des plus populaires de ses documentaires. Ainsi, la série
Les brûlures de l’histoire (63 X 52’, diffusée sur FR3), après
avoir été diffusée, et éditée en vidéo, a fait l’objet d’une adapta-
tion en CD-Rom sous le titre XXe siècle : les totalitarismes, co-
édité avec le programme Info 2000 des Communautés Euro-
péennes. Citons aussi le cas des auteur – réalisateur qui gravent
leurs DVD et les vendent artisanalement, un par un ou par peti-
tes quantités. Enfin, les associations de documentaristes elles-
mêmes ont investi le champ de l’édition (et de la distribution)
de DVD, en ligne, notamment via le réseau Doc Net Films qui
395
associe de nombreux acteurs de la profession, dans toute la
France.
396
Perennou, qui figure parmi les meilleures ventes vidéo de do-
cumentaires. Le plus complexe L’Abécédaire de Gilles Deleuze
(coffret de 3 cassettes) a atteint les 15 000 ventes dès la pre-
mière année, et la série Palettes, co-éditée avec ARTE Vidéo
est un succès commercial avec 140 000 ventes dès sa sortie. Le
catalogue de cet éditeur est à visiter.
L’Harmattan TV
397
Sélection d’éditeurs associatifs (non-commerciaux)
Si certaines chaînes éditent en DVD tout ou partie des œu-
vres documentaires qu’elles coproduisent, toutes les
productions n’y ont pas recours systématiquement. Certains
collectifs procèdent à la diffusion directe en direction de leurs
réseaux (citons en particulier Bonnepioche, ICTV, Films Grain
de Sable, les Films d’Ici, Iskra, le Collectif Orchidées, Zara-
doc). À titre d’exemple d’une diffusion vidéo non-commerciale
très étendue, on peut citer la campagne Terres d’espoir : la col-
lection de documentaires intitulée Terres d’espoir (10 X 60’),
produite par le Collectif Orchidées avec le concours de
l’Unesco a été éditée sur supports vidéo (avec des jaquettes
quadrichromies élégamment maquettées, etc.), afin de faire du
documentaire alternatif un « objet » consultable ayant la même
forme qu’un livre. Suite à un mailing de plaquettes de présenta-
tion et après des souscriptions, ces collections ont été
implantées dans toute la France avec le concours du réseau de la
Ligue de l’Enseignement (les Fédérations des Œuvres Laïques),
d’associations et de groupes d’O.N.G. tiers-mondistes. Aux
milliers de cassettes diffusées dans des réseaux associatifs et
d’« éducation au développement et à la solidarité internatio-
nale », s’est rapidement ajoutée une diffusion par télévision
dans tous les pays francophones grâce à la couverture par satel-
lite de Canal France International, tandis que des copies étaient
implantées dans de nombreux pays du Tiers-Monde. Cette ex-
périence a été renouvelée avec l’édition vidéo d’autres séries de
documentaires : La moitié du ciel (3 X 60’), Les portes de la
ville (3 X 60’), Les couleurs du monde (3 X 60’), etc. Cet
exemple illustre la dynamique qui peut s’opérer pour investir
des marchés non commerciaux et d’« économie solidaire » avec
les documentaires édités en DVD. Aujourd’hui, l’exemple le
plus structuré de France est l’initiative lancée par l’association
Doc Net Films.
398
trepris l’expérimentation de nouveaux modes de diffusion pour
le documentaire de création ». Ses actions se concentrent en
axes :
- L’Édition de DVD
Doc Net Films mène une activité d’édition, orientée
vers les circuits de distribution alternatifs,
- La Distribution de DVD
Trois circuits assurent la distribution des DVD : le ré-
seau institutionnel et non-commercial, en partenariat
exclusif avec l’ADAV, la vente par correspondance sur
le site Internet : editions.docnet.fr, les librairies indé-
pendantes en région Rhône-Alpes.
- La Distribution de films documentaires en librairie
Doc Net Films mène une opération de distribution de
films documentaires édités sur DVD dans des librairies
indépendantes de la région Rhône-Alpes.
Adresse : Doc Net Films Édition Le Village 07170 Lussas
Tél. : 04 75 94 24 54
E-mail : contact@docnet.fr
Lien Internet : http://www.docnet.fr
399
Adresse : CNC. direction du multimédia et des industries
techniques service de la vidé 11, rue Galilée 75116 Paris
Tél. : 01 44 34 34 7 – Fax : 01 44 34 34 62
E-mail : commission-video@cnc.fr
Lien Internet : http://www.cnc.fr
400
être devenu un « produit » intéressant, puisque l’initiative des
créateurs du « côté ensoleillé du documentaire » a inspiré
d’autres opérateurs, financiers et non documentaristes, pour des
raisons toutes autres que la défense et la valorisation du Cinéma
faisant création du réel. Après Marseille, le Sunny Side of the
Doc s’est déplacé à la Rochelle, où il a célébré son XXe anni-
versaire en 2009.
401
deux autres manifestations en d’autres continents : The Asian
Side of the Doc’ (en Asie) et The Latin Side Of the Doc (en
Amérique du Sud), ces deux marchés permettant aux profes-
sionnels du documentaire d’établir des partenariats
professionnels avec les acteurs majeurs de ces deux continents.
Dernière initiative en date : la création du « Sunny Lab », en
collaboration avec Orange Valley ; Centre de ressources, de
séminaires et de formations, en particulier pour les producteurs
en régions et sur le Transmedia et la 3D, il a pour fonction
d’être au service de la Communauté internationale du documen-
taire pour offrir l’information, les contacts et les réflexions
nécessaires au développement des projets. Mais le Sunny Side,
ce n’est pas que cela. C’est avant tout un espace conçu dans la
dynamique des collectifs de documentaristes. L’éditorial
d’Yves Jeanneau pour le Sunny Side 2010 témoigne d’une fidé-
lité, d’une constance à un engagement et à une pensée : « Les
documentaires se doivent d’être rebelles aux ordres établis et
aux idées reçues. Nous réunirons toutes les initiatives qui, dans
le monde, permettent aux publics de voir des documentaires
engagés. Aux USA ou en Inde, ils circulent hors télévisions. En
Grande-Bretagne, en ce moment même, deux films défraient la
chronique : The end of the line, en salles de cinéma, et Choosen
primé par le BAFTA. Ces deux films ont en commun d’avoir
été produits sans argent des chaînes ! Le « Hors-TV », qui se
développe, renvoie, bien entendu aux nouveaux supports de
diffusion, mais aussi à des choix éditoriaux et artistiques « re-
belles ». Dans cette optique, nous offrirons une sélection de
films de femmes ou sur des femmes rebelles. Le documentaire
engagé au féminin pluriel, en quelque sorte. Un poète occitan
disait : « une Rebelle, c’est une femme doublement belle ! », jeu
de mots intraduisible en anglais mais qui sera la pierre de tou-
che de cette sélection » (source : site Internet du Sunny Side of
The Doc’). Un marché, donc, où l’on vend et où l’on achète, où
l’on coproduit et où l’on fait du business
… Mais aussi bien
plus : un espace de réflexion, de rébellions, de résistance, et de
pensée.
Adresse : Sunny Side of the Doc – DOC SERVICES –
Résidence le GABUT/Bâtiment E/16, rue de l’Aimable
Nanette/17000 La Rochelle – France
402
Tél. : 05 46 55 79 79 – Fax : 05 46 34 46 52
E-mails : coordination@sunnysideofthedoc.com – con-
tact@sunnysideofthedoc.com
Lien Internet : http://www.sunnysideofthedoc.com
403
les », à la « marge » des réseaux de distribution commerciale.
Inger Servolin estimait le réseau des points de diffusion non –
commerciale régulière des œuvres produites par Iskra à environ
trois cents groupes ou associations ; quand le Collectif Orchi-
dées organise un mailing de son catalogue, celui-ci atteint
environ trois mille lieux potentiels de diffusion. Ces deux
exemples illustrent la capacité de diffusion des éditions vidéo
du documentaire en parallèle aux circuits commerciaux. Autre
exemple : le collectif Anako, simultanément aux diffusions TV
(Discovery channel, ARTE, France 5, etc.) édite ses films en
vidéocassettes qui sont vendues sur Internet ainsi que par les
réalisateurs-conférenciers pendant leurs tournées dans les ré-
seaux de la francophonie. De qui sont constitués les réseaux des
collectifs ? Qui achète les vidéocassettes, loue les copies et or-
ganise des projections-débats ? Ce sont principalement :
- les établissements de l’éducation nationale (écoles, col-
lèges, lycées, universités, centres pédagogiques,
C.R.D.P., etc.).
- les vidéothèques et médiathèques municipales, Dépar-
tementales et régionales.
- les cinémathèques et vidéothèques des ministères, et des
centres de documentation.
- les centres de documentation des associations et des
syndicats.
- les comités d’entreprises, etc.
404
Sélection de distributeurs focalisés vers les réseaux
non commerciaux
Le réseau très dense des centres culturels (municipaux, Dé-
partementaux et régionaux) et des établissements de la
décentralisation culturelle (Maisons de la Culture, Centres
d’Action Culturelle, etc.), des M.J.C., se complète par le tissu
associatif (Fédérations des Œuvres laïques, CEMEA, Francs
Camarades, Fédération Léo Lagrange, etc.). Cet ensemble re-
présente le réseau de diffusion non-commerciale qu’investissent
les collectifs de documentaristes et qui, s’il est peu rentable en
termes de recettes, est très riche sur le plan social, puisqu’il
représente un grand potentiel de diffusion donnant un rayonne-
ment à la vie des œuvres, et permettant leur rencontre par un
nombre très conséquent de spectateurs. Il y a, en fait, de nom-
breux “conservatoires d’images” : « Les produits audiovisuels
sont également entrés au musée, grâce aux cinémathèques, con-
servatoires désormais rompus aux échanges internationaux,
grâce également aux collections vidéographiques qui sont prêtes
à les accueillir » (Sorlin : 1992).
Les pistes qui suivent ne sont que le “sommet de l’iceberg”
du très grand réseau potentiel de diffusion alternative.
405
diffusion non-commerciale de films (et notamment près de
15 000 documentaires), afin de les diffuser dans un réseau très
dense allant jusqu’aux centres de formation, hôpitaux, associa-
tions, comités d’entreprise, etc.
Adresse : Ateliers Diffusion Audiovisuelle ADAV 41 rue des
Envierges – 75020 Paris
Tél. : 01 43 49 10 02 – Fax : 01 43 49 25 70
E-mail : contact@adav-association.com
Lien Internet : http://www.adav-assoc.com
Heure Exquise !
Créée en 1975, Heure Exquise ! est spécialisée dans « la
promotion de l’art vidéo et de la vidéo de création ». Heure
Exquise ! a mis en place des activités « de distribution, de diffu-
sion, de documentation et d’aide à la création pour l’art vidéo et
les arts électroniques ». Le collectif Heure Exquise assure la
diffusion non-commerciale, en vidéo, de documentaires de créa-
tion, par un système de ventes par correspondance. Son
catalogue compte plus de trois mille titres. Il suffit, pour qu’un
documentaire figure au catalogue, d’adresser un DVD pour
soumettre le programme au Comité de sélection. Les documen-
taires retenus bénéficient d’un contrat assurant au propriétaire
des droits un pourcentage conséquent des recettes des locations
et des ventes. Cette association dispose aussi d’un centre de
documentation, très utile pour la préparation des documentaires.
Adresse : Heure Exquise ! BP 113 Maison Folie Fort de Mons
rue de NormandieF-59370 Mons-en-Baroeul France
Tél. : 03 20 432 432 – Fax : 03 20 432 433
E-mail : contact@exquise.org
Lien Internet : http://www.exquise.org
Images en bibliothèques
Depuis 1989, le CNC et la Direction du livre et de la lecture
ont créé Images en Bibliothèque, une structure associative char-
gée de la valorisation des collections audiovisuelles et du
patrimoine filmique dans les bibliothèques. Depuis 2000, Ima-
406
ges en Bibliothèque coordonne Le mois du documentaire qui
rassemble centres culturels, cinémas, bibliothèques, diffuseurs
de documentaires (souvent en partenariat avec Documentaire
Sur Grand Écran et l’Agence du Court-Métrage). Lors du mois
du documentaire, 70 % des projections ont lieu en salles, et
selon ce que nous ont communiqué ses organisateurs, durant la
dernière période, plus de 900 films ont circulé dans 418 lieux.
Chaque année, une centaine de documentaires sélectionnés par
la commission sont acquis par ces catalogues.
Adresse : Images en bibliothèques 21 rue Curial 75019 Paris
Tél. : 01 43 38 19 92 – Fax : 01 43 38 07 97
Lien Internet : http://www.imagesenbibliotheques.fr
407
représentations doivent être publiques, et gratuites sur le terri-
toire français. La reproduction et le prêt, sauf autorisation
explicite lors d’une mise à disposition, sont interdites ». Le
Fonds procède à des achats de droits non-commerciaux (pour
des projections par des organismes culturels des plus variés).
Les sujets recevables concernent : les arts plastiques et les arts
appliqués, le cinéma, les pratiques performatives (danse, chant),
la littérature, l’architecture, la littérature, etc.).
Adresse : CNC 11 rue Galilée – 76116 Paris.
Tél. : 01 44 34 35 05 – Fax : 01 44 34 37 68
E-mail : idc@cnc.fr
Liens : http://prep-cncfr.seevia.com/idc/data/cnc/index.htm
http://www.lesite.tv
408
8. La diffusion directe du documentaire par ses acteurs &
par ses partisans
La diffusion associative de documentaires de création est,
historiquement, une réalité sociale : depuis la Libération (1945),
des réseaux Peuple & Culture, nés dans la résistance au Na-
zisme, organisent des projections-débats d’œuvres
documentaires en relation directe avec le social le plus profond,
et jusque dans les usines, les villages, les granges. Au début des
années soixante-dix, de nouveaux réseaux se sont créés, en rela-
tion avec les utopies dont était porteur le « cinéma militant ».
Et, de nouveau, depuis le début du XXIe siècle, une vague nou-
velle d’initiatives et de collectifs voit le jour, focalisés sur le
documentaire comme vecteur de démarche citoyenne, de com-
préhension et de contestation de l’« ordre » (les guillemets
s’imposent) du monde. Nous invitons auteur – réalisateur, pro-
ducteurs, et distributeurs à proposer leurs documentaires à ces
réseaux. Là, une préoccupation autre économique (encore
que
… les frais de déplacement et d’hébergement sont toujours
pris en charge, les projections sont souvent rétribuées, et parfois
aussi les animations) doit guider cette démarche : celle de faire
rencontrer l’œuvre avec les publics tout en animant un moment
de débat. Il faut se focaliser sur un élément essentiel : présenter
un film, parler avec le public, l’écouter, questionner collective-
ment. Et s’il n’y a aucune recette à la clé, peu importe ! Mieux
vaut l’Être – et le Faire – que l’Avoir. L’argent ne doit pas être
le moteur d’une vie. Le volontariat associatif et le bénévolat
sont des actes citoyens qui témoignent de l’engagement d’une
personne dans son temps. Les projections suivies de débats sont
des moments de rencontres particulièrement passionnants. En-
core une fois la sélection proposée au lecteur n’est pas
exhaustive.
409
tons aussi les multiples projections-débats tels que les Lundis
du doc’européen, les projections en régions, les programma-
tions au Forum des images, etc. Le mieux, pour s’informer, est
de s’abonner à la NewsLetter (gratuite, même pour les non-
membres) et de visiter le site Internet.
La Chaîne de projection : Le documentaire en appartement,
toute l’année
ADDOC a mis en place un dispositif très convivial de pré-
sentation de documentaires : La Chaîne de projection propose,
chaque trimestre « la découverte d’un film et de son réalisateur
dans l’intimité d’un appartement autour d’un buffet ». Le dispo-
sitif de programmation est autogéré : « le choix du film revient
au réalisateur du documentaire présenté lors de la séance précé-
dente ».
Pour réserver des places (l’entrée est gratuite, mais chaque
spectateur doit apporter une contribution : une bouteille, un
plat ou un dessert) et recevoir l’adresse et le programme des
projections, il convient d’envoyer un mail en précisant le nom-
bre de places à l’adresse de ADDOC : courrier@addoc.net
Adresse : Addoc 14, rue Alexandre-Parodi 75010 Paris
Tél. : 01 44 89 99 88 – Fax : 01 44 89 89 11
E-mail : courrier@addoc.net
Lien Internet : http://www.addoc.net
La Maison du Doc
La Maison du doc’ a été constituée en 1994, avec une base
de données informatique, unique en son genre, qui est « la plus
exhaustive possible, sur les films documentaires produits cha-
que année en Europe francophone. Cette base s’est enrichie
également de films plus anciens, de films étrangers, parce qu’ils
nous semblaient être des films exemplaires ou remarquables du
genre. » Elle est consultable sur le site Internet. Pour inscrire un
film dans la base de données et au Club du Doc' il suffit de
remplir un formulaire en ligne, puis d’envoyer une copie de la
fiche remplie accompagnée d’un DVD du film.
Adresse : La Maison du Doc' – Le village – 07170 Lussas. France
Tél. : 04 75 94 25 25 – Fax 04 75 94 26 18
E-mail : lussas.maison@wanadoo.fr
410
Lien Internet : http://www.lussasdoc.com/maisondudoc
411
Adresse : Doc Net Films Le village, 07170 Lussas.
Tél : 04 75 04 24 54
E-mail : contact@docnet.fr
Lien Internet : http://editions.docnet.fr
412
Périphérie
Périphérie est une association engagée de longue date pour
le documentaire. Elle « favorise la création et surtout le docu-
mentaire de création et le court-métrage. Son action s’articule
autour de l’aide à la création (aide en industrie), l’aide à la dif-
fusion (en partenariat avec six salles de cinéma en Seine Saint-
Denis) et une action d’éducation à l’image, plus particulière-
ment axée vers les jeunes ».
Adresse : Centre régional de création cinématographique
40, rue Hector Berlioz – 93000 Bobigny
Tél. : 01 48 95 23 60 – Fax. 01 48 32 46 52
E-mail : p_pherie@club-Internet.fr.
Lien Internet : http://www.peripherie.asso.fr
413
(généralement sur tous supports, tous médias existants et à ve-
nir, tous territoires existants et à venir). Le plus souvent, le
distributeur est rétribué sur les ventes qu’il réalise, par une
commission (un %) qu’il prélève, sur les RNPP, avant de rever-
ser le solde au producteur avec qui le contrat a été signé. Les
comptes d’une année fiscale sont soldés durant le premier tri-
mestre de l’année fiscale suivante. Par exemple : les parts-
producteur sur les ventes d’un documentaire de création, réali-
sées en 2010 sont reversées par le distributeur vers mars 2011.
Certains distributeurs interviennent en amont, avant que le film
existe, par un apport qui est une avance sur les ventes à venir.
Cela s’appelle souvent un “à-valoir distributeur”. Pour exemple,
mon film Les carnets malgaches a obtenu, sur dossier, un ap-
port de dix mille euros de la part d’un distributeur intéressé par
le sujet. Ces à-valoir sont des avances qui sont ensuite déduites
des parts des RNPP que le distributeur reverse au producteur
lorsqu’il effectue des ventes une fois le film achevé. La sélec-
tion ci-dessous est volontairement limitée. Nous recommandons
aux lectrices et lecteurs souhaitant « explorer » ce secteur, de
visiter le site Internet de TV France International.
TV France International
Ce n’est pas un distributeur, mais l’association des exporta-
teurs de programmes audiovisuels français. Sa mission est de :
« Promouvoir l’offre de programmes français sur le marché
international, faciliter les coproductions, informer ses adhérents,
et fédérer leurs actions ». Cette association professionnelle re-
groupe « environ 140 exportateurs français – producteurs,
distributeurs, et filiales de distribution des diffuseurs – qui ré-
alisent 90 % du chiffre d’affaires total » de la profession à
l’exportation.
Adresse : TV France International 5, rue Cernuschi 75017 Paris
Tél. : 01 40 53 23 00 – Fax : 01 40 53 23 01
E- mail : info@tvfrance-intl.com
Metro : Wagram et Malesherbe
Lien Internet : http://www.tvfrance-intl.com
414
Docs and Co
Société fondée par Agat films & Cie, Ex Nihilo, Amip, Ar-
chipel 33, Interscoop, Les Films à Lou, JBA Productions et
Lapsus.
Adresse : 13 rue Portefoin – 75003 Paris
Tél. : 01 42 77 89 65 – 01 42 77 56 87
E-mails : doc_co@club-internet.fr – cat.leclef@compuserve.com
10 francs
Distributeur indépendant, et dynamique, 10 francs continue
ses activités malgré le passage à l’Euro.
Adresse : 8 rue Lamartine – 75009 Paris
Tél. : 01 48 74 43 77 – Fax : 01 48 74 42 95
E-mail : francs10@imagenet.fr
Heure Exquise !
Nous avons déjà présenté Heure exquise dans les pages qui
précèdent, conseillons donc une visite du site Internet de cette
sympathique organisation.
415
Adresse : Le Fort – Avenue de Normandie BP 113 –
59370 Mons-en-Baroeul
Tél. : 03 20 432 432 – Fax : 03 20 432 433
E-mail : exquise@nordnet.fr
Lien Internet : www.exquise.org
Kampaï Distribution
Adresse : Kanpaï Distribution – 102, rue du Fbg Poissonière –
75010 Paris – France
Tél : 01 53 25 08 – Fax : 01 53 25 02 05
E-mail : kampaidistri@wanadoo.fr
Lien Internet : http://kanpai.free.fr
Marathon
Adresse : 8 boulevard des Capucines 75009 Paris
Tél : 01 53 10 91 00
E-mail : marathon@marathon.fr
Lien Internet : http://www.marathon.fr
416
Nous avons distingué les télévisions francophones d’Europe
et d’Amérique du fait que les programmes produits en langue
française ont des débouchés immédiats dans ces pays. La RTBF
(Belgique), T.V.F.Q. (Québec), et la Télévision de Suisse Ro-
mande ont une politique de coproductions et d’achats de
documentaires de création, à l’échelle internationale. Les res-
ponsables des unités de programmes des sociétés de télévision
fréquentent régulièrement le marché Sunny Side Of The Doc’ et
les principaux festivals du documentaire. Enfin, répétons-le : les
coordonnées des télévisions, les noms des décideurs, les adres-
ses, etc. changent. Afin de ne pas « alourdir » l’aspect
« Annuaire » de ce livre, nous ne communiquons que les Liens
Internet, qui permettent de prendre connaissance, en temps réel,
des « cases » documentaires, des noms des décideurs, des adres-
ses, et souvent téléphones et Emails. Rappelons que peu de sites
sont en langue française. Et puis, des adresses de sites Internet
peuvent changer, aussi, il convient de procéder à une recherche
documentaliste, via un moteur de type MSN, Google, etc. Enfin,
pour disposer de ces données complètes, nous recommandons
donc deux annuaires mis à jour chaque année, et que nous pré-
sentons en plusieurs moments utiles de cet ouvrage (et
notamment en fin de cette partie consacrée à la Distribution) :
Le Who’s Who du Sunny Side of the Doc et l’annuaire édité par
European Documentary Network.
417
aux documents publiés par European Documentary network
(E.D.N). et tout particulièrement à l’annuaire des télévisions s
lancé en 2003 et remis à jour chaque année ; annuaire que l’on
peut acheter en ligne sur le site www.edn.dk.
Par ailleurs, les éditions Dixit éditent des annuaires réguliè-
rement mis à jour, qui sont des outils des plus précieux. Il est
possible de voir le catalogue et de commander en ligne sur le
site www.dixit.fr
En résumé, les modalités de partenariats sont de trois or-
dres : (a) – achats de droits de diffusion de films achevés (b) –
préachats achats de droits – commande – et (c) – coproductions
de films en projets (sur dossiers). Rappelons que les sujets très
locaux ou « hexagonaux » (franco-français) ne suscitent que
très peu d’intérêt tandis que les films à caractère universel ren-
contrent un réel succès en distribution internationale. Enfin, sur
le plan pratique, en dehors des rares pays francophones,
l’anglais est la langue en partage par les décideurs des industries
de programmes audiovisuels du monde entier. Il convient de
faire de chaque film – une version internationale (qui pourra
être doublée ou sous-titrée) et – une version anglaise (pour les
démarches de distribution), et traduire tout le dossier de présen-
tation du film en langue anglaise, ainsi que le texte intégral du
film : commentaires, entretiens, etc. La sélection présentée dans
la partie RESSOURCES de ce livre permet une première appro-
che internationale.
418
les possibilités de coproductions, et d’optimaliser la diffusion
des documentaires. Ce sont souvent, simultanément, des espa-
ces de forums et de débats sur les modes d’approche du réel et
sur les méthodologies de la création documentaire (esthétique et
technique). La sélection ci-dessous permet un début de mise en
réseau.
En France`
Le RED – Réseau d’échange et d’expérimentation pour la diffu-
sion du cinéma documentaire
Le RED (Réseau d’Échange et d’Expérimentation pour la
Diffusion du cinéma Documentaire) regroupe de grands festi-
vals internationaux, des salles de cinéma et des associations de
salles, des associations de diffusion. Les objectifs du RED sont
les suivants : « Tous sont engagés dans la diffusion du cinéma
documentaire et soucieux de défendre une approche créative du
documentaire. Tous sont désireux de partager et de promouvoir
la culture et la richesse du cinéma documentaire avec le public
et l’ensemble de ceux qui contribuent à le faire exister ». Les
membres fondateurs du RED sont : L’ACRIF – L’ACOR –
L’ADDOC – L’ALHAMBRA CINEMARSEILLE – ASSOCIATION AR-
DECHE IMAGE (États généraux du documentaire de Lussas) – CINÉMA DU
RÉEL – CINÉ NANTES LE CINÉMATOGRAPHE – DOC NET FILMS –
FILMDOCUMENTAIRE.FR – DOCUMENTAIRE SUR GRAND ÉCRAN –
LES ÉCRANS DOCUMENTAIRES – FESTIVAL DEI POPOLI – LE GNCR
– GULLIVER – IMAGES EN BIBLIOTHÈQUE – PÉRIPHÉRIE & LES
RENCONTRES DU CINEMA DOCUMENTAIRE – PEUPLE ET CUL-
TURE CORRÈZE – PEUPLE ET CULTURE MARSEILLE – LES YEUX
DE L’OUÏE – VOIR ET AGIR – LE CAFÉ DES IMAGES HEROUVILLE
SAINT CLAIR – FID MARSEILLE – FILMER À TOUT PRIX – LE PETIT
CINÉ – VIDÉO LES BEAUX JOURS – CINEMA l’ÉTOILE LA COUR-
NEUVE – TRACES DE VIE – ATMOSPHÈRES 53 (MAYENNE) –
AUTOUR DU 1er MAI – CFE, COMITÉ DU FILM ETHNOGRAPHIQUE –
COMPTOIR DU DOC – ENTREVUES Festival de Belfort – LE FOND ET
LA FORME – L’ESPACE CINEMA – LES YEUX DANS LE MONDE –
PEUPLE ET CULTURE CANTAL – RENCONTRES CINEMA DE MA-
NOSQUE – FESTIVAL ZINEBI (BILBAO) – RIDM
419
Le ROD – Réseau des Organisations du Documentaire
Le ROD (Réseau des Organisations du Documentaire) a été
créé en janvier 2007. Il regroupe des producteurs, réalisateurs et
auteurs de documentaires, ainsi que des représentatives (AD-
DOC, SRF, USPA, réalisateurs « Électrons Libres »).
Lien Internet : http://www.reseau-doc.org
En Europe`
E.D.N. European Documentary Network
E.D.N. regroupe des coordinations internationales de docu-
mentaristes et des membres individuels originaires de toute
l’Europe (Union Européenne, Europe de l’Est, Turquie, etc.) et
du monde entier (Afrique du Sud, Argentine, Australie, Brésil,
Canada, Chili, Chine, Colombie, Corée du Sud, Inde, Iran,
Israël, Kenya, Mongolie, Russie, U.S.A.).
E.D.N. organise des ateliers, des conférences et des forums :
DocsBarcelona (Terrassa, Espagne), le Forum d’Amsterdam
(Amsterdam, Pays-Bas), l’atelier sur les coproductions Twelve
For The Future (Helsinki, Finlande puis Bornholm, Danemark),
les ateliers Lisbon Docs (Lisbonne, Portugal), la conférence
Documentary in Europe (Bardonecchia, Italie), le forum sur la
distribution mondiale des documentaires Docs in Thessaloniki-
Pitching Forum 2002, (Thessaloniki, Grèce), European Storytel-
lers (Stockholm, Suède). Par ailleurs, le site propose en ligne
(pour ses adhérents) – les dates des principaux guichets de fi-
nancements, – un annuaire des festivals, ainsi qu’un annuaire
des principales télévisions avec identification des contacts des
décideurs concernant le documentaire (et Emails, téléphones,
adresses, etc.) Pour devenir membre d’E.D.N., l’inscription
online est possible en se connectant sur le site Internet, et il est
possible de régler de même façon la cotisation annuelle.
Adresse : EDN EDN – European Documentary Network
Vognmagergade 10, 1 DK 1120 Copenhagen K Denmark
Tél.: +45 3313 1122 – Fax : +45 3313 1144.
E-mail : edn@edn.dk
Lien Internet : www.edn.dk
420
12. Les aides à la diffusion et à la distribution de
documentaires
Sélections d’aides à la diffusion
Les aides du CNC
Le CNC apporte plusieurs types d’aides à la diffusion, à la
distribution, et à l’exportation. En voici les principales.
421
L’Aide au Court-Métrage
Cette aide est liée à la rubrique du même nom, présentée
dans le chapitre de ce livre consacré à La Production. Deux
dispositifs sont prévus : a). Aide automatique à la diffusion de
court-métrage ; b). Aide sélective à l’édition vidéo
422
pays bénéficiant de l’assistance du ministère des Affaires étran-
gères.
Adresse : Cultures France. Département cinéma
1 bis, avenue de Villars 75007 Paris
Tél. : 01 53 69 83 00
Lien Internet : www.culturesfrance.com/cinema
423
Le premier exemple cité ci-dessous est intéressant à plu-
sieurs titres. D’abord parce qu’il se réfère à un film sur une
problématique fondamentale de notre temps dont nous avons
présenté des éléments économiques dans le chapitre de cet ou-
vrage consacré à La Production ; et aussi, du point de vue de
l’écriture (cf. le chapitre de ce livre consacré à L’Écriture) parce
que ce texte intègre des éléments essentiels : La pensée du film,
les questions que le film pose, l’enjeu, des éléments de la note
d’intention, et un résumé de l’histoire.
*
En pleine prise de conscience des menaces de réchauffement
climatique, les industriels et certains politiques nous présentent
l’énergie nucléaire comme la solution d’avenir, une énergie
propre, maîtrisée, sans impact sur l’environnement et la santé.
Parfois même, une énergie qui s’inscrit dans le « développe-
ment durable ». Mais l’énergie nucléaire est-elle aussi propre
qu’on nous le dit ? Entre les pros et les anti-nucléaires, le débat
fait rage. Faut-il oui ou non relancer cette énergie que la plupart
des pays européens avaient déjà décidé d’abandonner ? Au
cœur des débats, la crainte des déchets nucléaires, partagée par
tous. Les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon
d’Achille, son pire cauchemar. Les populations en ont peur, les
scientifiques ne trouvent pas de solution acceptable, les indus-
triels tentent de nous rassurer et les politiques évitent le sujet.
Mais qu’en connaissons-nous exactement ? Comment les popu-
lations peuvent-elles avoir une vision claire d’un domaine
couvert depuis toujours par le secret ? Nous partons en quête de
« la vérité sur les déchets » en France, en Allemagne, aux États-
Unis et en Russie. Les scientifiques de la CRIIRAD (Commis-
sion de Recherche et d’Information Indépendante sur la
Radioactivité) nous accompagnent sur les sites nucléaires. À
424
l’aide de mesures et de prélèvements qu’ils effectuent sur le
terrain, d’analyses, de rencontres avec des travailleurs du nu-
cléaire et des opposants, nous tentons de répondre aux questions
que tout le monde se pose :
- Les déchets sont-ils dangereux ?
- Comment sont-ils gérés depuis l’origine du nucléaire ?
- Existe-t-il une solution pour les déchets ?
Exemple de Résumé
de film documentaire autoproduit
Film : « Écoles en Haïti » de Didier Mauro
e
80’, Vidéo Haute Définition. Format 16/9
425
Films Grain de Sable/Océans Télévisions/Solidarité Laïque/Collectif Orchidées, 2012
Site Internet : http://oceanstelevisions.blogspot.com
Résumé
ÉCOLES EN HAÏTI, pose la question : comment solarise-t-
on les enfants en Haïti, après un désastre social de plusieurs
décennies, accentué par le séisme de 2010 ?
Après une brève introduction historique et géographique, ce
film est structuré en un « road-movie » dont les escales sont :
deux camps abritant des victimes du séisme, trois écoles et un
lycée. Le film s’achève par un entretien avec l’écrivain rebelle
Lyonel Trouillot.
Le film (qui ne comporte aucun commentaire en voix Off)
est porté par les récits des témoins (en un cinéma de parole). Le
point de vue d’auteur s’exprime via des intertitres inspirés par
les méthodes de Vertov (dans L’Homme à la Caméra) et Flaher-
ty (dans Nanook of the North).
Une rencontre avec la profondeur du social de Ayiti/Haïti.
Exemple de Séquencier
de film documentaire autoproduit
Film : « Écoles en Haïti » de Didier Mauro
e
80’, Vidéo Haute Définition. Format 16/9
Site Internet : http://oceanstelevisions.blogspot.com
Séquentiel
1. Séquence 1 : introduction
Introduction géographique et historique :
Situation géographique (et cartographie)
Résumé de l’histoire d’Haïti : Ayiti des Amérindiens Taïnos,
l’arrivée de Christophe Colomb, la colonisation, l’extermination
des Indiens, l’importation d’esclaves africains, les guerres
426
d’indépendance, le premier État noir de l’Histoire, les espoirs
perdus, les décennies de dictature, le désastre social
Le séisme physique de 2010 et ses conséquences.
Transitions : scènes de vie d’Haïti
427
6. Séquence 6 : école Saint Martin
Le professeur Antonio Philogène enseigne à l’École Munici-
pale Saint Martin, de Port au Prince. Les scènes filmées en
classe sont stupéfiantes : des centaines d’écoliers de tour âges
(dont des « sur-âgés ») se mêlent sur les bancs ou assis sur des
parpaings de salles immenses dans lesquelles plusieurs classes
ont cours dans un univers sonore tumultueux. Antonio Philo-
gène évoque dans son récit la difficile vie des enseignants et des
écoliers haïtiens, son point de vue sur l’importance de
l’éducation (« un pays digne est un pays où tous les citoyens
savent lire et écrire »), et dresse un tableau du système scolaire
du pays. Parcours dans l’école : scènes de classe.
Transitions : scènes de vie d’Haïti
428
suivent exposent des expériences pratiques qui éclairent la rela-
tion entre producteurs, distributeurs et diffuseurs.
429
d’universalité en terme de programme et creuse le fossé qui
séparait déjà le documentaire d’auteur du documentaire de pro-
ducteur ».
D.M. : Quelles sont les bases d’un travail « à l’International » ?
Nicolas Deschamps : « Pour séduire, le projet doit être ambi-
tieux et le producteur suffisamment solide pour décrocher des
financements à l’international. Le carnet de commandes pour un
même film se trouve alors considérablement alourdi par de mul-
tiples contraintes, et contrats ; la multiplication des
coproducteurs et l’influence du distributeur finissent par avoir
raison sur la singularité d’un projet ».
430
“classiques” par les télévisions, les salles de cinéma, l’édition
vidéo) ? »
Mathieu Gallet : « Effectivement, aujourd’hui encore, il
n’existe pas de véritable économie pour financer un projet des-
tiné prioritairement à une diffusion via Internet. D’un autre
coté, de plus en plus d’images et même d’œuvres sont accessi-
bles à travers ce média, parfois même elles ne le sont plus qu’à
travers lui ! Il existe bien une demande mais celle-ci n’est que
très faiblement prête à payer pour ce qu’elle désire voir. C’est
tout à la fois un problème économique, juridique et culturel. Il
est donc difficile de faire le moindre pronostic pour le futur
proche d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une problématique
maîtrisable dans le seul cadre national ou même européen.
Pour le moment, la production de web-documentaires
s’appuie sur des financements publics (le CNC) et sur des par-
tenariats encore limités avec certains diffuseurs. Ces derniers y
voient sans doute le moyen de toucher des publics qui ne sont
plus forcément ceux des grandes chaînes de télévision. Le web-
doc c’est aussi un nouveau genre avec sa propre grammaire,
avec un rapport assez différent au spectateur. Peut-on d’ailleurs
encore parler d’un spectateur au sens classique du terme ? La
question que nous évoquions précédemment de la différence
entre le documentaire de création et le reportage pourrait ici être
reposée de façon encore plus pertinente. C’est en tout cas un des
défis auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés et qui est
en même temps une opportunité extraordinaire pour un travail
documentaire de type nouveau à partir de nos fonds en direction
d’autres publics. »
431
laquelle existent des missions de service public. Mais pour ce
qui concerne le documentaire, le marché ne suffit pas à en assu-
rer la vitalité, la diversité, le pluralisme, la liberté de création. Il
est sûrement dépendant, aussi, de l’audimat. Il y a les mêmes
phénomènes, on pourrait dire de censure, qui s’opèrent. Y com-
pris dans une chaîne comme ARTE, mais d’une autre façon,
puisqu’ARTE n’est pas tenue à une maximisation de l’audience
à tout instant, ce qui est le propre de la « vérole de l’audimat ».
En effet, l’audimat est une vérole pour la télévision publique au
sens fort du terme, non pas grossier, mais fort. C’est une mala-
die violente qui a pris la télévision publique et qui a assuré la
suprématie des critères du marché pour évaluer son action, ce
qui a rendu fous les décideurs de la télévision publique, ceux de
la télévision en général, les différents représentants politiques,
ainsi que les relais d’opinion. Il s’agit de bien autre chose que
de l’impact quantitatif, du nombre de cibles, qui concernent, là,
les publicitaires, les marchands. Il y va aussi de la qualité
d’altération des métabolismes des spectateurs ».
D.M. : « Quelle devrait être la règle première de sélection des
programmes destinés aux télévisions publiques ? »
Thierry Garrel : « La dimension qualitative de l’effet d’un
programme devrait être la seule règle en matière de télévision
publique. Je crois qu’un public se construit, et non qu’il se con-
quiert. Pour se construire, il faut avoir une idée claire d’un
horizon et de l’organisation d’une offre. Évidemment, même à
ARTE, les programmes plus ambitieux, plus “segmentants”,
moins consensuels, ont tendance à être repoussés en seconde
partie de soirée. La liberté de création maximale est obtenue en
se préservant de manière aussi maximale de toute logique de
l’audimat. Cette logique nous a amené à créer la case la lucarne
qui, par son heure tardive, est protégée de tout jugement, et
autorise en même temps les formes les plus ambitieuses de re-
nouvellement des écritures. C’est donc une case internationale,
où l’on peut voir des objets réellement singuliers, totalement
atypiques, qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes, ce qui est pro-
bablement le propre des grandes œuvres, et en même temps
avec une logique qui cherche à ne pas être une logique de ghetto
mais une logique dite “Parmentier”. Lorsqu’il a introduit la
pomme de terre en Europe sous Louis XVI, Parmentier avait un
432
carré dans le jardin de Versailles avec des palissades, gardé jour
et nuit par les soldats du roi. Des gens étaient allés voler ces
racines que personne n’allait manger. Finalement trois siècles
plus tard, tout le monde mange de la pomme de terre sous des
formes extrêmement variées. Je pense qu’il y a donc une logi-
que “Parmentier” pour le documentaire, que celui-ci est la
nourriture spirituelle de l’avenir ! »
D.M. : Comment analyser la démultiplication du système des
séries ou des collections dans la diffusion des documentaires
par les chaînes de télévision ?
Thierry Garrel : « Concernant les collections même, ce n’est
pas tellement du “refais-me-le” comme on dirait vulgairement,
ou la reproduction du même, qui facilite le travail de la télévi-
sion et qui a été pour une part la raison d’être de la sclérose des
télévisions de première génération. Ces télévisions intégrées
faisaient tout à la fois, la fabrication, la programmation, la pro-
duction, la diffusion, en ayant des équipes gigantesques de
techniciens, voire de réalisateurs, etc. Évidemment, au bout
d’un moment, elles ont rationalisé leur production, mais comme
n’importe quelle production industrielle, à travers des standards
qui étaient d’abord des standards économiques, puis des stan-
dards en unité d’œuvre, nombre de jours de tournage, nombre
de jours de montage, etc., des standards de durée, et ensuite des
standards simplement esthétiques. Il faut aller contre cette force
de reproduction du même dès lors qu’elle est sclérosante. En
revanche, quant au contraire il s’agit de l’invention d’une forme
nouvelle, comme dans l’Histoire de l’art, il peut être intéressant
de les développer. Les collections sont surtout frappantes dans
le champ de la connaissance, dans le champ de la transmission
ou de la transposition des disciplines existantes. Quand nous
avons mis au point un dispositif comme Palette, il porte en lui
la capacité de le reproduire pour finalement embrasser un cer-
tain nombre d’années, à travers une production continue, la
question de l’histoire de l’art, qui est une question qui est émi-
nemment au programme de nos sociétés, la tradition qui nous
vient d’avant. À cet effet, je pense que les collections ont une
vraie légitimité, quand elles ont mis au moins des dispositifs
singuliers de traitement et des dispositifs qui sont linguistique-
ment différents. »
433
Entretien avec Emmanuel Hoog
D.M. : « Concernant la diffusion, comment envisagez-vous les
diffusions de documentaires par les méthodes dites “nomades”
comme la téléphonie mobile, l’Internet etc. »
Emmanuel Hoog : « Concernant ces écrans “nomades”, il y a
quand même des limites liées à la taille de l’écran. Je n’imagine
pas apprécier vraiment un documentaire de 52 minutes en le
visionnant sur un téléphone portable. Je ne vois donc pas un
marché florissant pour le documentaire sur les téléphones cellu-
laires. Il y aura probablement des formes narratives courtes, des
feuilletons et des créations audiovisuelles adaptés à ce support,
mais j’ai du mal à imaginer le documentaire y trouver une
place. Le confort est un élément qui va jouer. Ceci étant, il y a
aussi des évolutions : la qualité de l’image et du son sur
l’Internet s’améliore, et il en est de même pour la taille de
l’écran. Ensuite, les évolutions technologiques font apparaître
de nouveaux téléviseurs qui se connectent directement à
l’Internet. Le lien est fait. »
D.M. : « Quelles conséquences ont ces nouvelles formes de
diffusion pour l’économie du documentaire ? »
Emmanuel Hoog : « La multiplication des écrans offre des
chances supplémentaires pour les documentaires. Le problème
reste toujours économique, car si ces nouveaux modes de diffu-
sion ne génèrent pas encore de revenus significatifs, les
documentaristes ont quand même besoin de vivre ! Je crois que
le service public a un rôle important a joué dans l’amélioration
de l’offre de documentaires. Il doit le faire pour défendre une
certaine vision de la société, la nécessité d’une dimension péda-
gogique, militante, contradictoire. Pour que le documentaire
participe au débat d’idées, au sens le plus large du terme. Si l’on
s’en remet uniquement au privé, la multiplicité des canaux n’ira
pas forcément de pair avec une augmentation de la diversité.
Car on sait que le secteur privé est très peu demandeur de do-
cumentaires et cherche surtout des programmes audiovisuels
sensationnalistes. Des projets très ambitieux comme Corpus
Christi ou L’Apocalypse de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur
n’auraient par exemple jamais pu voir le jour sans un finance-
ment public. D’autres questions se posent : quel est le degré
434
d’accessibilité des œuvres documentaires, en termes de numéri-
sation, mais aussi de droits ? Comment faire pour qu’il n’y ait
pas de rupture dans cette histoire du documentaire, entre l’ère
analogique et l’ère numérique ? Aujourd’hui, parmi les très
nombreux sites de VOD, il serait bienvenu de voir apparaître
une grande plate-forme focalisée sur l’histoire du documentaire,
avec des centaines de films bien référencés, bien documentés,
avec des fiches sur les réalisateurs, leur histoire etc. »
435
Claudio Pazienza, comment expliques-tu qu’un tel grand-écart
soit possible pour les chaînes ?
Yves Jeanneau : « C’est ce qu’on appelle “la diversité” !
…
Autant dire du “baratin” ! La diversité n’est en général que celle
des sujets, pas celle des formes et des audaces. Un critère de
“qualité de récit” serait beaucoup plus redoutable. Les films que
j’ai sélectionnés pour commémorer les 20 ans du Sunny Side
étaient tous des films qui échappaient à cette catégorie de films
formatés et illustratifs dont vous parlez. Tous ces films ra-
contaient des histoires, donnaient lieu à alimenter une réflexion,
une envie d’en savoir plus, une discussion avec des proches.
Qualité du récit, de l’histoire, et des personnages aussi. Le meil-
leur des talents pour un documentariste, c’est de laisser
s’exprimer ses personnages. Les films dont on se souvient sont
des films dans lesquels on laisse des gens habituellement sans
voix s’exprimer. Souvenez-vous du Pays des Sourds et de La
moindre des choses de Nicolas Philibert
… À propos des per-
sonnages, les documentaristes ne doivent pas oublier que leurs
films, ce sont des œuvres collectives, où les gens qui sont filmés
contribuent, eux aussi, à la création, parfois de manière discrète
mais déterminante. La qualité intrinsèque des personnages d’un
film peut emporter l’adhésion et la façon dont ils sont mis en
scène et en valeur est une valeur ajoutée (ou non !)
… Lorsque
c’est le cas, c’est la spécificité même du “cinéma documentaire”
qui s’exprime et permet de transcender l’histoire par la qualité
du récit
… »
Stéphanie Vitry : Qu’est-ce qui sous-tend les choix des déci-
deurs de la télévision, aujourd’hui ?
Yves Jeanneau : « La télévision, en tant que système produi-
sant de l’image et du son 365 jours par an, 24 heures sur 24 est
avant tout une machine. Le rapport entre le temps de production
et le temps de diffusion devient l’élément directeur de la con-
duite des programmes. Pour résumer, le temps de production
subit une compression considérable pour se rapprocher le plus
possible du temps de diffusion : c’est pourquoi l’on va donner
trois semaines pour la production d’un sujet de 26 minutes. Si le
diffuseur donne trois mois, il devra lancer dix fois plus
d’équipes pour alimenter la diffusion. C’est ce que l’on appelle
436
le flux, ce qui va approvisionner l’antenne. À côté du flux, il y a
des œuvres dites « de stock », qui bénéficient de plus de temps,
de moyens. Le problème dans toutes les chaînes internationales,
c’est cette réduction de la production des programmes de stock
au profit de la production des programmes de flux. Pour ce qui
concerne le documentaire, c’est : de moins en moins de films
unitaires, de plus en plus de séries, même si ce phénomène n’est
pas (encore) visible en France. C’est une raison strictement
économique, et c’est elle qui conduit aux formatages. Accessoi-
rement, ceux-ci permettent de contrôler les contenus et
d’éradiquer les figures libres des trublions ! Le combat pour
faire autrement, et d’abord pour inventer d’autres modes de
récit, n’est pas nouveau et n’est pas prêt de disparaître. C’est la
contradiction initiale et structurelle de la télévision : une ma-
chine qui doit tourner au quotidien mais qui a besoin – parfois –
d’images mémorables ! Le problème du formatage en télévision
– et c’est aussi là que réside l’espoir – c’est qu’il finit par
s’user. Les publics finissent par se fatiguer, se lasser
… et rejeter
ce qu’ils ont adoré. La dure loi de l’Audimat n’est pas toujours
favorable aux Formats. Aller chercher la curiosité,
l’intelligence, la complexité, c’est à contre-courant et c’est mi-
noritaire en télévision, comme dans la société en général. C’est
pourquoi je développe des projets qui ne sont pas faits spécifi-
quement pour la télévision. Parce que (notamment avec le
développement de l’Internet) nous allons vers la fin de la su-
prématie de la télévision, de la télévision comme objet central
du foyer. Elle ne va pas disparaître, mais perdre cette dimension
d’écran central. Cependant, on risque de retrouver les mêmes
questions – et des formatages nouveaux ! – dès que la Toile-
Internet ne sera plus un espace d’expérimentation mais un mé-
dia normé, avec ses modèles économiques imposés ».
437
ce que font les autres, et d’étudier leurs films. Les festivals nous
en offrent la possibilité. Nous inscrivons nos films dans les fes-
tivals pour les faire vivre et pour les faire voir. C’est pour nous
stratégique, et une personne de Gédéon se consacre à plein-
temps à la communication : pour communiquer sur Gédéon et
sur les programmes, et pour inscrire les films dans les festivals.
Les festivals font donc l’objet d’un très grand suivi : Nous de-
vons procéder à plus d’une centaine d’inscriptions par an. C’est
extrêmement important parce que lorsque nous avons un grand
prix dans un pays, le film est en général vendu immédiatement.
Nous avons d’ailleurs deux salles remplies de prix ! Ensuite, il y
a des marchés spécialisés, où il est très important d’être pré-
sents. Plus nous participons à des marchés, à des festivals, et
plus nous voyageons, et plus nous sommes confrontés au mar-
ché international des programmes audiovisuels. Plus nous
parlons, plus nous connaissons les autres, et plus nous compre-
nons les grilles de programmes des diffuseurs étrangers, avec
leurs programmes phares, leurs goûts. Et ainsi nous arrivons à
travailler avec eux. Les diffuseurs avec qui nous sommes en
contact, disent qu’il n’y a rien qui les exaspère davantage que
quelqu’un qui arrive, qui ne connaît pas leur grille, et qui leur
propose quelque chose qui n’a absolument rien à voir avec ce
qu’ils diffusent. Ceci est valable aussi pour nous, producteurs,
quand nous sont proposés des films qui n’ont rien à voir avec ce
que nous faisons. Cela veut dire que les gens n’ont même pas
pris un peu de temps avant pour comprendre avec qui ils par-
laient. C’est du même ordre que d’aller voir à l’étranger des
responsables d’une case documentaire et de ne pas connaître
cette case alors qu’il y a beaucoup d’outils pour le savoir au-
jourd’hui ».
438
documentaires “ciblés”, par genre – scientifiques, nature et
aventure etc. Nous faisons des tentatives à l’étranger, auprès de
distributeurs anglo-saxons plus installés internationalement. Le
problème qui se pose est un problème “d’éloignement”, tant
géographique que culturel. Or le distributeur pourrait être le
quatrième élément du trinôme (auteur, réalisateur, producteur)
dont la proximité serait indispensable. Il arrive parfois que le
distributeur soit consulté en amont d’un projet de film, afin de
permettre une ouverture éventuelle sur le marché international.
Par exemple, nous produisons aujourd’hui des documentaires
dans un format de 90 minutes. C’est un format “plus cinéma”,
très bien accepté par la télévision française qui peut les diffuser
en prime time. Or c’est un format quasi invendable à
l’international, qui, lui, est attaché au format de 52 minutes ou
du 48 minutes. De sorte qu’aujourd’hui nous prévoyons dès le
début, en prévenant le distributeur potentiel, le réalisateur, et la
directrice de production (pour qu’elle budgétise en consé-
quence), de faire une version internationale de 52 minutes.
C’est un sacrifice pour les réalisateurs, mais il ouvre la diffu-
sion au marché international. Il existe aussi des cas de figure où
nous faisons deux versions, d’une même durée, cette fois, tou-
jours dans l’optique du marché international. Dans la culture
française, le mode narratif des premières images d’un film, par
exemple, est très proche de celui des autres pays dits latins : une
entrée dans le film un peu déroutante, énigmatique, un plan
séquence lent et sans explication
… Toutes sortes de choses
parfaitement incompréhensibles pour un public anglo-saxon !
La tradition culturelle de télévision, qui est très ancienne aux
États-Unis, veut que le téléspectateur sache dès la première
minute ce que le film va lui raconter. Très peu nombreux sont
les films, que nous avons faits en tant que producteurs, pour
lesquels il n’y a eu qu’une seule version finale. Dans la version
américaine de La marche de l’empereur, la bande-son originale
a été changée. La narration de la version française élaborée sur
un système à trois voix a été remplacée par la voix unique de
Morgan Freeman. Le contenu informatif, quasi inexistant dans
la version française, l’emporte sur la poésie du film qui était
notre parti pris. Le résultat est un beau film formidablement
adapté au public américain. Pourquoi pas ? Le propos du film,
son message dépassent largement les clivages formels et cultu-
439
rels. Les Américains refusent aussi le doublage, la post-
synchronisation et le sous-titrage. Un personnage français par-
lant en français rend invendable le film. Dans Le renard et
l’enfant, seule une scène est parlée. Nous avons accepté de cou-
per cette scène pour distribuer le film aux États-Unis. »
D.M. : Quel est le public visé par les films produits par Bonne
Pioche ?
Emmanuel Priou : « Idéalement, le public visé est familial.
Rendez-vous en terre inconnue est l’exemple même du pro-
gramme familial. Les petits explorateurs aussi. Le public
difficile à toucher, c’est le public des garçons de 12 à 25 ans.
Les filles sont plus ouvertes. Nous essayons de rendre les films
le plus accessible possible, même si le sujet est "pointu". »
D.M. : Que penses-tu de « l’à valoir distributeur » sur dossier ?
Emmanuel Priou : « Un “à valoir distributeur” est une avance
sur les recettes présumées du film. Or si tu utilises tes recettes
pour produire le film, tu n’as plus de recettes. Du point de vue
du producteur, ça ne devrait pas avoir lieu, mais c’est un sys-
tème qui s’est largement généralisé. Aujourd’hui nous essayons
de sortir de ce schéma : techniquement, une première méthode
consiste à démarcher des préventes partout en Europe et dans le
monde, à accumuler des petites sommes qui vont me permettre
de boucler le financement d’un film dont toutes les recettes
seront ensuite du bénéfice. Ce dispositif prend un temps consi-
dérable. La deuxième méthode consiste à trouver un distributeur
qui va donner un minimum garanti immédiatement, minimum
que nous décidons être la somme exacte correspondant à nos
recettes futures. Cette somme-là n’est pas destinée à être utilisée
dans la production du film, mais doit être, au contraire, conser-
vée. Au final, si bénéfice il y a, cette somme pourra faire office
de recette ».
D.M. : Comment abordes-tu les marchés et festivals au moment
de la distribution ?
Emmanuel Priou : « Les grands rendez-vous du marché du
documentaire sont peu nombreux : Il y a principalement les
MIP de Cannes, le Sunny Side of the Docs à La Rochelle, le
Festival International du Film Documentaire à Amsterdam,
440
ainsi que quelques événements à l’étranger comme le congrès
des producteurs de films scientifiques et historiques, le Hot
Docs à Toronto et le Realscreen Summit. C’est une concentra-
tion instantanée et à taille humaine des acteurs de la profession.
(Hormis le MIP qui n’a pas cette dimension humaine). Le Sun-
ny Side apporte de la convivialité. La dimension humaine fait
partie du métier du producteur parce qu’elle a le mérite
d’installer la confiance. Pour beaucoup de producteurs français,
c’est l’occasion de rencontrer les décisionnaires de la télévision
française. Les rencontrer dans le cadre des marchés rend les
choses bien plus faciles à terme. Les Anglo-Saxons, eux, sont
plus spontanés ».
D.M. : Comment vous impliquez-vous dans les festivals ?
Emmanuel Priou : « Le contact humain avec le public lors des
festivals est très important. La télévision ne permet pas cela,
même si vous réussissez à réunir plusieurs millions de téléspec-
tateurs devant leur écran. C’est important pour un réalisateur et
un producteur d’avoir un « retour », ce contact direct avec les
gens qui aiment, ou qui n’aiment pas. C’est important aussi
pour gagner des prix. Avoir dans son CV une production pri-
mée, c’est la marque d’une reconnaissance de ses pairs. C’est
gratifiant pour toute l’équipe. Et ça rend la vente et la distribu-
tion plus facile : l’acheteur est plus vite séduit par un film qui a
reçu une reconnaissance notoire. Toutefois, j’ai une réticence
quant aux festivals où l’on est sollicité pour fournir nos films de
façon gratuite, sans qu’au final il y ait quoi que ce soit à y ga-
gner, pas de compétition, pas de prix. Il faut savoir que prêter
un film a un coût. Existerait-il une raison valable pour laquelle
un festival serait prêt à payer une location de salle, de matériel,
de moyens techniques, et ne serait pas disposé à payer ce qui est
quand même l’élément central de cette manifestation, à savoir
les films ? Avec les meilleures intentions du monde, ces festi-
vals participent du même mouvement qu’Internet et du « tout
gratuit ». Or un film, c’est souvent des années de travail, des
déficits importants, l’énergie d’une équipe, au nom de quoi ce
film serait en définitive gratuit ? »
441
D.M. : Quels sont les débouchés du documentaire sur Internet
aujourd’hui ? Ce média sert-il la diffusion ?
Emmanuel Priou : « On attend d’Internet, aujourd’hui, qu’il
soit un “second marché”, comme un nouveau souffle. Mais
Internet, comme certaines chaînes câblées dont on attendait
beaucoup il y a quelques années, n’a pas encore trouvé son mo-
dèle économique. Internet est pour nous un média qui, pour
l’heure, sert surtout à diffuser nos productions de façon anar-
chique, désordonnée et piratée. Le commerce des DVD s’en
ressent, et c’est un problème. Les télévisions sont encore au-
jourd’hui les meilleurs moyens de diffuser des programmes
documentaires. Parfois, la Télévision récupère les bons pro-
grammes du Web, comme Les Têtes à claques par exemple,
pour les intégrer aux diffusions sur les télévisions. Internet a
certainement un potentiel énorme, mais pour l’heure, il lui
manque un modèle économique valable pour exister. Nous de-
vons impérativement nous y intéresser. »
442
d’une idée – l’idée communiste – sur trois générations, et qui
racontait les raisons pour lesquelles les gens y ont adhéré mal-
gré les démentis de la réalité, les défaites. Ce qui nous
intéressait, c’était de montrer cette adhésion malgré tout, d’une
génération à l’autre, et selon les pays. La série a été un succès,
en diffusion en prime time sur ARTE, et ensuite avec les ventes,
puisque La Foi du siècle a été très bien vendue et nous avons
des options dans une trentaine de territoires. Nous avons fait
aussi un DVD, et les produits dérivés marchent bien. Pour reve-
nir à votre question, les grands succès sont donc Les Brûlures
de l’Histoire qui formaient une collection. Il y a aussi d’autres
films comme Mitterrand, le roman d’un pouvoir qui se vend
étonnamment bien à l’étranger alors que nous n’y croyions
pas. »
D.M. : Quels produits dérivés de documentaires commerciali-
sez-vous ?
Michel Rotman : « Nous avons fait des livres, des DVD, des
cassettes VHS, pour de nombreuses séries : pour de Gaulle,
pour Mitterrand, pour La Foi du siècle, pour L’ennemi intime,
pour Montand, pour Pierre Mendès France. Quant à Génération,
le livre existait avant le film. Nous ne voulons pas être mégalo-
manes, mais cela intervient lorsque nous savons que nous avons
un film qui va connaître une pérennité. »
443
- universitaire.
- réseaux culturels.
- médiathèques.
444
Chapitre 5.
La formation
Il en est ainsi pour tous les arts depuis des milliers d’années,
et déjà dans l’Égypte antique : la peinture, la musique, la danse
s’apprennent. Il convient d’en acquérir les codes, d’en connaître
l’Histoire, et d’en faire l’apprentissage. Ce principe concerne
évidemment le 7e Art, le Cinéma, et en ce champ, le Cinéma
documentaire : chaque personne ayant le désir de devenir ci-
néaste documentariste doit acquérir une formation
spécifiquement pensée pour cet art. Nous développons dans
cette partie les quatre principaux modes de formation au cinéma
documentaire : – La formation au documentaire fait l’objet
d’une demande accrue. En témoignent : la démultiplication des
cours de cinéma documentaire dans les universités (des nou-
veautés à Bordeaux, Aix, Censier) ; la création de nouveaux
stages par l’I.N.A. ; l’augmentation de l’offre de stages ciblés
“documentaire” par les organismes de formation privés. En ce
domaine, il faut considérer quatre cursus. Un, de la culture do-
cumentaire : il est indispensable, si l’on veut devenir
documentariste, d’acquérir une culture documentaire, de vision-
ner (en cinémathèque et aussi maintenant en DVD) les œuvres
majeures et les classiques (Flaherty, Ivens, Marker, Rouch,
Vertov, etc.). Aucune œuvre d’art ne s’élabore dans le néant,
toutes s’inscrivent dans l’histoire de leur art. Impossible de se
penser cinéaste documentariste sans disposer d’un capital cultu-
445
rel d’histoire du documentaire, fondé sur l’étude d’œuvres.
Deux, de l’écriture. Aucun projet sérieux n’a aujourd’hui de
chance d’aboutir sans un dossier de projet (cf. le chapitre de ce
manuel consacré à l’écriture) ; pour s’initier aux méthodes
d’écriture, des stages spécifiques abondent. Trois, réaliser :
Filmer le réel en documentariste procède de méthodologies
spécifiques et d’une éthique, qui rendent nécessaires une forma-
tion adaptée (ou une mise à niveau si l’on vient de la fiction ou
du journalisme). Quatre, produire : On peut s’improviser pro-
ducteur, mais en s’épuisant et en prenant de grands risques
(économiques, juridiques, familiaux, de santé mentale, etc.) si
l’on ne dispose pas d’une formation adaptée. Les pages qui
suivent offrent une sélection de pistes de formation. La forma-
tion autodidacte, – la formation pendant les études secondaires,
la formation universitaire, et – la formation professionnelle.
Afin de ne pas trop alourdir le volume de cet ouvrage par
l’aspect « annuaire », nous indiquons les principaux cursus, et
les coordonnées des organismes.
1. La formation autodidacte
Ce dispositif concerne les personnes qui n’ont pas la possibi-
lité de suivre l’un des cursus exposés dans la suite de cette
partie, et pour les autres, il complétera un cursus, quel qu’il soit,
446
Acquérir une formation esthétique et technique
Même si on envisage de se consacrer à l’écriture, à la réali-
sation, ou à la production, il est important d’acquérir une
formation de base aux disciplines de base concernant l’image, le
son, le montage, afin de comprendre ce qu’il est possible de
faire en chacun de ces domaines, tant sur le plan de l’esthétique
que de la technique. Cependant il est difficile de tout faire seul,
donc plusieurs approches sont possibles, la première consistant
à se rapprocher des associations et collectifs de documentaristes
afin d’y demander conseils.
447
c. Restituer visuellement un lieu, son ambiance, son architec-
ture, les gens qui y sont.
d. Faire ressentir la « ciné-sensation du monde » : La situation
des décors dans lesquelles se situe l’action, les gens dans
l’espace, les mouvements.
e. Poser les questions suivantes à des interlocuteurs qu’il con-
vient de solliciter aimablement sur le site, en leur demandant
de signer la fiche de Droit à l’image (cf. chapitre sur la Pro-
duction) :
« De quoi rêvez-vous la nuit ? »
« Quels sont vos rêves dans la vie ? »
f. Penser la prise de vues, la préparer : repenser sur site le dis-
positif (cf.§ a)., supra) de découpage par séquences, par
scènes, et par plans.
448
e. La lumière : Observer les orientations de lumière principale,
les ombres, les contrastes, et penser la relation à la lumière
(éliminer du cadre les surfaces lumineuses inutiles). Être vi-
gilants à fuir le contre-jour.
f. La composition : Composer l’image (et éviter notamment les
erreurs de coupes de bord cadre).
g. La fixité des plans : S’appliquer à créer de belles images, des
plans fixes le plus stables possibles, harmonieux.
h. Les valeurs de plans obligatoires : Chaque stagiaire doit ap-
pliquer Toutes les valeurs de plans, depuis le PGE jusqu’au
TGP (ou Close-Up). :
1. Plan de grand ensemble
2. Plan d’ensemble
3. Plan moyen
4. Plan américain
5. Plan rapproche
6. Gros plan
7.très gros plan
i. Les axes obligatoires : Il faut appliquer trois positions :
“Hauteur d’homme”, « Plongée », et « Contre-Plongée ».
j. Les mouvements. Un seul zoom, un seul panoramique vertical
et un seul panoramique horizontal sont demandés dans cet
exercice, à condition qu’ils fassent sens. Se rappeler la règle :
L’important dans le cinéma ce n’est pas les mouvements de
la caméra, mais ce qui se passe devant la caméra, l’action.
Les mouvements de caméra camouflent le plus souvent un
vide de la pensée, une superficialité esthétique, et une ab-
sence de sens.
k. Réglage de base du caméscope : Exercice à réaliser en auto-
matique pour l’ensemble des réglages, à l’exception de la
mise au point (à régler manuellement et en cas de problème
avec la sécurité de la touche “push-auto”). Ne jamais oublier
cette règle : La technique n’est qu’un outil au service d’un
sens (une pensée) et d’une esthétique. L’important n’est pas
de compliquer les choses, mais de réaliser de beaux plans,
pensés, et faisant sens, racontant.
449
Visionnage et tournage des « raccords »
Le lendemain matin : visionner les rushes, en faire l’analyse
critique.
L’après-midi : tourner des raccords et refaire les plans ap-
proximatifs ou bien ratés.
Montage et finalisation
Les jours suivants, procéder au montage et à la finalisation,
d’un documentaire dont la durée est libre, mais dans un des
« formats » standardisés : 1’/2’/2’/4’/5’/6’/12’/15’/20’/26’etc.
L’important est d’aboutir à un film racontant une histoire do-
cumentaire, avec un rythme cohérent, un tempo de montage en
harmonie avec le choix de traitement.
La Convention de stage
La première chose à faire avant tout consiste à se procurer
une Convention de stage. Pour les étudiants il suffit de passer au
Bureau des Stage de leur université pour faire compléter (en
trois exemplaire pour chacun des signataires : 1.Stagiaire,
2.Entreprise, 3.Université) des Conventions-types Université-
Entreprise. Puis il convient d’apporter les conventions déjà
remplies par le stagiaire et l’Université le jour du RV avec
l’entreprise. Ainsi l’entreprise n’aura plus qu’à les compléter.
450
Méthode de recherche de stages
De nombreuses sociétés de production de documentaires ac-
ceptent des stagiaires selon ce dispositif. La méthode consiste à
cibler les sociétés en fonction de la relation entre leur “ligne
éditoriale” et les affinités du stagiaire, puis de procéder à des
demandes de stage (lettre de motivation et CV ou cursus) en-
voyées par courrier, fax, ou Email.
Les annuaires des éditions Dixit et le Who’s Who du Sunny
Side of the doc’ sont des outils essentiel pour cette démarche.
*
Stage Libre non prévu dans le cadre des enseignements
La présente Convention règle les rapports entre l’Entreprise,
l’Université et le Stagiaire signataires de la présente
Article 1. L’entreprise
Raison sociale (nom) :
Adresse :
Tél. : – Fax. :
Email :
451
Représentée par (signataire de la présente) :
Article 2. L’université
Université :
Adresse :
Représentée par (signataire de la présente) :
Article 3. Le stagiaire
Nom/Prénom :
Adresse :
Tel :
Email :
Filière d’études :
Diplôme préparé :
N° de carte d’étudiant :
N° d’assurance maladie
Article 4. Le stage
Film : (titre)
Type et Genre :
Durée :
Format :
Programme du stage – Le stage suivra les étapes suivantes
de la production du film :
Préparation de tournage et de réalisation
Tournage
Préparation de montage
Montage
Finalisation, habillage, effets, génériques
Mixage version internationale et version française
Inscription du film dans les festivals de cinéma documentaire
Responsable pédagogique de la formation :
452
En cas de faute grave, le Chef d’entreprise se réserve le droit
de mettre fin au stage de l’étudiant stagiaire après en avoir in-
formé l’Université.
Il sera remis à l’étudiant-stagiaire un certificat de fin de
stage indiquant la nature du stage et les appréciations de
l’entreprise.
Paraphes des signataires :
453
Fait à (Ville) en trois exemplaires, pour servir et valoir ce
que de droit
Lu et approuvé
Pour l’entreprise
Date :
Nom/Prénom :
Signature :
Cachet :
Pour l’Université
Date :
Nom/Prénom :
Signature :
Cachet :
L’Étudiant-stagiaire
Date :
Nom/Prénom : Compléter
Signature :
454
rique. Focaliser sur le cinéma documentaire un cursus universi-
taire aux normes internationales Licence-Master-Doctorat
(LMD) est désormais possible. Nombre d’universités (par
exemple Paris III – Sorbonne nouvelle) disposent de cinéma-
thèques très denses qui permettent de visionner, d’analyser des
œuvres, et de se forger un capital culturel de documentariste.
Par ailleurs, la plupart des unités d’enseignement et de recher-
ches cinématographiques disposent de matériel (vidéo digitale
et souvent haute définition) de prises de vues, de prises de son,
et de montage qui permettent un apprentissage de la pratique au
fil des années de cursus universitaire. Les années universitaires
commencent en octobre. Il est donc recommandé de se rensei-
gner six mois plus tôt (dès mai) afin de prendre le temps de bien
organiser ses choix d’orientations. Il importe de contacter les
U.F.R. pour connaître le détail du programme des études
Creadoc : A Poitiers
Master Documentaire de création : Formation en 2 ans à la
réalisation documentaire avec une première année entièrement
axée sur le son et le documentaire sonore.
Lien Internet : edel.univ-poitiers.fr/creadoc
455
Écritures des Mondes contemporains : À Paris
Master ayant pour but d’« acquérir une culture et des prati-
ques du documentaire qui peuvent déboucher dans les secteurs
suivants : la création audiovisuelle, la production, la diffusion,
l’édition, la distribution et la promotion ».
Lien Internet : www.sigu7.jussieu.fr
L’association L’AFECCAV
L’Association Française des Enseignants et des Chercheurs
en Cinéma et Audiovisuel (AFECCAV) facilite l’orientation
des personnes souhaitant étudier le cinéma (dont le documen-
taire) à l’université. Une visite du site de L’AFECCAV
permettra de connaître les derniers enseignements en date et
d’entrer en contact avec les universitaires de toute la France, car
cette association, par l’intermédiaire de son site, vise à « rensei-
gner les usagers sur les réseaux existants en études
cinématographiques et audiovisuelles, en France et à l’étranger
ainsi que sur chaque chercheur adhérent. Elle renseigne sur les
publications en cinéma et audiovisuel. Elle renforce les liens
entre ses adhérents par l’organisation de congrès et de journées
doctorales (
…/
…) Enfin, sa revue en ligne offre à ses adhérents
une possibilité de publication internationale ».
Lien Internet : http://www.afeccav.org
456
chaque année, des cursus spécifiques consacrés au documen-
taire de création. Signe des temps, lié au succès croissant du
cinéma documentaire : l’offre de stage se démultiplie. Les inti-
tulés des stages répondent aux besoins de l’apprentissage ou du
perfectionnement : Analyse de films, histoire du documentaire,
ateliers d’écriture, réalisation, production, économie, etc. Dans
la plupart des cas, les enseignements sont dispensés par des
professionnels du documentaire. Nombre de stages sont agréés
pour pouvoir bénéficier de cofinancements au titre de
l’Assurance formation (cf. plus loin dans ce livre la section
consacrée au financement de la formation). Quant à la méthode,
pour connaître le détail des cursus, les matières enseignées, les
moyens techniques mis à disposition, les dates des stages, le
coût, etc. Le plus efficace consiste à visiter les sites Internet des
organisations présentées dans les pages qui suivent. Nous men-
tionnons aussi les stages qui se sont développés en Europe et
sur d’autres continents pour celles et ceux de nos lecteurs qui
souhaiteraient faire une formation en langue anglaise, espa-
gnole, etc. et rencontrer des documentaristes-formateurs à
l’échelle internationale. Il faut prendre en compte que la prati-
que de la langue anglaise est incontournable : c’est de fait
l’Esperanto des documentaristes qui travaillent à l’échelle
mondiale. Cependant, pour ceux et celles qui souhaitent ap-
prendre l’esperanto (langue reconnue par l’Unesco et pratiquée
par 10 millions de personnes), c’est possible et passionnant ;
voici un lien pour ce faire : http://esperanto-france.org.
457
qu’un réalisateur de fiction "invente" la matière de son film,
comment un cinéaste documentariste peut-il prévoir et formuler
à l’avance une réalité qui n’est pas advenue ? ».
Les risques du « JE ». Ce livre a pour thème : : « Il y a les
films pour lesquels la question du “JE” est évidente. Ce sont
ceux où l’auteur fait part d’une expérience personnelle, et ceux
où l’auteur choisit d’être à l’image. Pour les films qui ne sont
pas écrits à la première personne, la question du “JE” est moins
marquante, mais elle est néanmoins sous jacente. Il faut aller la
chercher. Accepter de travailler ses doutes autant que ses certi-
tudes ».
Cinéma documentaire Manières de faire, formes de pensée.
Ce livre a pour thème : « Les manières de faire sont toujours
des manières de penser » dit Jean-Louis Comolli. Les textes
réunis ici sont des synthèses des débats qui ont rendu publiques
quelques notions clés du cinéma documentaire : Celles
d'« histoires », de « personnages » ou de « héros documentaire »
(reprises depuis par les producteurs ou les diffuseurs, parfois
jusqu’à l’excès), ou d’autres questions récurrentes et essentiel-
les : le sujet, l’autre, la peur, la parole, le réel.
Le Style dans le cinéma documentaire. Ce livre a pour
thème : : « Qu’est-ce que le style ? Peut-on le repérer facile-
ment ? À quels signes et sous quelles conditions ? Le trouve-t-
on dans les œuvres de commande autant que dans les films
d’auteur ? Une dizaine de cinéastes et d’écrivains mènent une
réflexion sur le style dans le cinéma documentaire ».
Pour s’inscrire aux ateliers ou commander les publications
présentées ci-dessus, tout peut être effectué depuis le site Inter-
net d’ADDOC.
Adresse : Association des cinéastes documentaristes
14, rue Alexandre-Parodi 75010 Paris
Tél. : 01 44 89 99 88 – Fax : 01 44 89 99 60
E-mail : courrier@addoc.net
Lien Internet : http://www.addoc.net
458
images depuis un quart de siècle en faveur du documentaire, et
comme les fondateurs l’écrivent sur leur site Internet : « Le
principe de formation relève pour nous de l’engagement. À
travers l’organisation de formations à destination des auteurs
(Résidence d'écriture documentaire et Rencontre premiers
films), de producteurs, de vidéothécaires et d’enseignants, nous
mettons notre savoir-faire et nos convictions en œuvre pour
défendre le cinéma d’auteur ». L’École du Doc de Lussas re-
groupe un ensemble de formations proposées par Ardèche
images dont le MASTER 2 de réalisation documentaire de créa-
tion, les résidences d’écriture documentaire et le stage de
réalisation documentaire.
Adresse : L’École du doc’, Ardèche images. Le Village.
F – 07170 Lussas
Tél. : 04 75 94 31 – Fax : 04 75 94 29 06
E-mail : lussas.ecole@wanadoo.fr
Liens Internet : www.lussasdoc.com
& www.journaldesformations-lussas.org
Programme de
L’Atelier de cinéma documentaire expérimental
Cet atelier peut être quotidien, hebdomadaire, mensuel, ou
trimestriel et d’une durée de quatre à sept heures.
459
Il met en œuvre une pédagogie visant à permettre à chaque
participant(e) de faire l’apprentissage de la réalisation de films
documentaires.
Il s’accompagne du visionnage et de l’analyse d’extraits de
films classiques (culture documentariste & Histoire du cinéma
documentaire)
Pour ce faire les méthodes enseignées seront celles dites de
l’« école du Cinéma direct » : matériel technique léger et per-
formant, équipes réduites ou tournage en solitaire, proximité
avec le réel et discrétion.
Il comprend deux modules :
Module 1 : L’apprentissage pratique (esthétique et techni-
que) des disciplines suivantes :
Conception & préparation (penser un projet de film docu-
mentaire)
Image (prises de vues)
Son (prises de sons)
Montage
Postproduction : mixage, habillages, effets, génériques, mas-
térisation « Prêt À Diffuser »
Création d’une Web TV spécifique des programmes de
l’Atelier
Mise en ligne des films aussitôt ceux-ci achevés et organisa-
tion de leur promotion via les « réseaux sociaux » d’Internet.
Module 2 : Conception et réalisation de films documentaires
L’apprentissage (Module 1 de l’Atelier) sera aussitôt mis en
pratique via des exercices pratiques
Dès que les stagiaires auront acquis les bases le permettant,
ils seront encadrés dans la conception et la réalisation de films
documentaires sur des sujets définis en groupe dans le cadre de
l’Atelier.
Les applications pratiques de l’action pédagogique
Exemples de thèmes de réalisations :
Filmer le quotidien
Filmer un « cinéma de parole » : restituer des récits de vie.
460
Filmer sa vie (autoportraits, et restitution du social des sta-
giaires)
Filmer des portraits (travailleurs des cantines, enseignants,
parents, autres stagiaires, voisins, etc.)
Filmer des situations et manifestations (culturelles, sporti-
ves, syndicales, etc.).
etc.
461
3. Making creation-documentary
Filmmaking workshop.
How to make création at each step of documentary filmmak-
ing : film direction, picture, sound, editing, etc.
4. Producing creation-documentary at international level
How is organized the international industry of audiovisual
programs, and particularly in regard to documentary.
Initiation : bases of international laws
5. Selling and broadcasting worldwide creation-
documentary
462
- Have got the bases of the documentary international
economy
- Are able to make documentary films which have a high
level of création quality, the one that TV’s prefer.
- It means also that their companies can, then, sell, pre-
sell, or coproduce worldwide this king of audiovisual
programs.
Email : oceans.televisions@yahoo.fr
Liens Internet : http://oceanstelevisions.blogspot.com
Le C.I.F.A.P. à Montreuil
Le CIFAP se présente comme « le premier opérateur natio-
nal de formation professionnelle aux métiers de l’audiovisuel ».
Il propose plusieurs stages de formation focalisés sur l’Écriture,
la Réalisation, et la Production de documentaires.
Adresse : C.I.F.A.P 27 bis rue du Progrès – 93100 Montreuil
Tel : 01 48 18 28 38. Email : intermittents@cifap.com
Lien Internet : www.cifap.com
463
SERT TOTAL, aucune transmission de savoir possible. Quand
je demandais où je pouvais me former et m’informer, on me
répondait : “Mais cela ne s’apprend pas, cela se fait !” (
…/
…)
J’ai créé Dixit afin de mettre à la disposition des professionnels
des outils pour “transmettre le savoir”, et leur permettre de dé-
velopper leurs opportunités professionnelles et créatives. À ce
jour, Dixit a édité plus de 200 livres, principalement sur les
thèmes de l’écriture de scénario, de la production et de la réali-
sation, ainsi qu’une gamme de formations courtes sur des
problématiques très ciblées : écriture, production, financement,
distribution marketing, fiction, documentaire, etc. Mon objectif
est de concentrer en quelques jours ce que j’ai mis des années à
apprendre et comprendre. J’ai eu le bonheur d’être suivi par des
professionnels qui ont accepté, souvent avec gourmandise et
enthousiasme, de venir transmettre leur savoir ».
Adresse : DIXIT 3, rue La Bruyère – 75009 Paris
Tél. : 01 49 70 89 52 – Fax : 01 49 70 02 15
E-mail : info@dixit.fr
Lien Internet : http://www.dixit.fr
Eurodoc : À Montpellier
Le programme de formation Eurodoc a une vocation euro-
péenne et son objectif est de situer la formation à l’échelle des
industries de programmes audiovisuels de l’Union. Ce pro-
gramme de formation est destiné aux producteurs européens
porteurs d’un projet documentaire ayant un potentiel internatio-
nal, et aussi à tout professionnel issu des unités documentaires
des chaînes et institutions liées à la défense et au soutien à la
production documentaire.
Adresse : Eurodoc. BP 2060. F – 34025 Montpellier CEDEX 1.
Tél. : 04 67 60 23 30 – Fax : 04 67 60 80 46
Adresse : 4, rue Astruc F - 34000 Montpellier
Tél. : 04 67 60 23 30 – Fax : 04 67 60 80 46
E-mail : eurodoc@wanadoo.fr
Lien Internet : www.eurodoc-net.com
464
L’Institut National de l’Audiovisuel (INA) : À Bry/Marne
L’INA propose des stages couvrant tous les champs du ci-
néma documentaire. Les excellents cursus proposent
notamment un module Conception et écriture de documentaire,
Réaliser un documentaire, Analyse de films documentaires, etc.
Adresse : INA Sup – Pôle Européen des Métiers de l’Image et
du Son, 4, avenue de l’Europe – 94366 Bry-sur-Marne CEDEX
Tél. : 01 49 83 24 24 – Fax : 01 49 83 31 73
E-mail : formation@ina.fr
Lien Internet : http://www.ina-sup.com/formation-
professionnelle/catalogue-des-stages
465
Le Collectif Varan : À Paris et dans le monde
Les Ateliers Varan se présentent en ces termes : « Les ate-
liers Varan, un autre regard. Définir son point de vue, situer son
regard
… depuis plus de 25 ans, nous formons des documenta-
ristes dans la lignée du cinéma direct ». Ils forment des
documentaristes, en France et dans les pays du Tiers-Monde :
Bolivie, Afrique du Sud, Philippines, etc. Penser le film, réali-
ser, monter. Le tout avec « Du matériel de tournage numérique,
léger et performant, est mis à disposition avec un équipement de
tournage pour deux stagiaires, afin de favoriser le travail
d’équipe ».
Adresse : Ateliers Varan
6, Impasse Mont Louis – 75011 Paris.
Tél. : 01 43 56 64 04 – Fax : 01 43 56 29 02
Site Internet : www.ateliersvaran.com.
466
qualification supérieure. Les stages qui s’inscrivent dans le ca-
dre du CIF peuvent avoir une durée d’un à plusieurs mois.
467
Tél. : 01 44 78 38 45 – Fax : 01 44 78 39 60
Lien Internet : http://www.afdas.com
Les FONGECIF :
Fonds de Gestion du Congé Individuel de Formation
Fondés en 1983, les Fongecif focalisent leurs interventions
sur deux axes :
- l’accompagnement, l’information et l’orientation des sa-
lariés dans leurs projets de formation.
- le financement des projets de formation professionnelle.
Les FONGECIF cofinancent de nombreux stages de
formation au documentaire.
Le Pôle Emploi
Enfin, pour les personnes ne remplissant pas des conditions
nécessaires pour bénéficier d’un des financements exposés ci
dessus, il convient en premier lieu de se rapprocher du Pôle
Emploi, car d’autres financements plus occasionnels sont mobi-
lisables, notamment des Assedic, mairies, Départements,
régions, etc.
Lien Internet :
http://www.pole-emploi.fr/informations/spectacle-@/spectacle
468
5. Entretiens sur la formation
Entretien avec Pierre Baqué
469
Entretien avec Jacques Bidou
470
Entretien avec Thierry Garrel
D.M. : Quelles sont les œuvres, écoles, et auteurs que les futurs
documentaristes, les étudiants devraient connaître pour se forger
une culture du documentaire ?
Thierry Garrel : Le documentaire est l’art du XXIe siècle.
Mais avant d’aborder les tendances et les écoles du documen-
taire qui ont élaboré une véritable création au XXe siècle, je
crois qu’il faut remonter au XIXe, puisque le cinéma est né
« documentaire », avec les frères Lumière. Il faut voir les films
des frères Lumière, les visionner, et ne pas les oublier. Au XXe
il y a eu un certain nombre d’artistes importants. Je pense évi-
demment qu’il faut visionner les œuvres des grands anciens, il
faut voir celles de Flaherty – côté Amérique – et de Vertov –
côté URSS –, ainsi que toute l’école du court-métrage des an-
nées cinquante. Il y a ces cinéastes très intéressants que sont
Resnais avec Le Chant du Styrène, ou Franju, avec Le Sang des
bêtes. Concernant la seconde guerre mondiale, il faut absolu-
ment visionner Pourquoi nous combattons, et les films de
propagande de part et d’autre des deux camps, ceux de l’Axe,
les films de Riefenstahl et la réponse américaine. Il faut connaî-
tre le début du « cinéma vérité », avec les œuvres de Jean
Rouch, d’Edgar Morin, Le Joli Mai, etc. Et, simultanément, il
est nécessaire de comprendre le « cinéma direct » américain, les
films des Maysles (notamment Le Vendeur de Bible), les films
de Leacock, de Robert Drew, etc. Dans la même veine il faut
avoir vu les premiers Depardon, et connaître aussi les documen-
taires de la télévision des années soixante. Tout cela est assez
bien répertorié par la sélection de l’Inathèque. On est forcément
injuste et oublieux à trier comme je le fais. Il faut connaître
aussi la nouvelle vague des documentaristes français, les films,
de Claire Simon, de Nicolas Philibert, et ne pas oublier les
grandes figures incontournables : Frédéric Wiseman, Johann
Van der Keuken, Robert Kramer, Richard Dindo, et le cinéaste
est-allemand Volker Koepp. Il y a Pasternak aussi, et puis les
films de Bob Connolly et Robin Anderson. Mais les plus grands
films de cette époque sont probablement ceux de Wiseman. Il
faut voir aussi, bien sûr, dans les marges – mais c’est dans les
marges qu’il y a le centre. On y trouve des artistes cinéastes
471
pour lesquels la langue des images est une langue sacrée et donc
dans lesquels le rapport au réel est transcendé, comme Pele-
chian. Voilà un premier tour pour un aspirant documentariste.
Évidemment je n’ai pas parlé des courts métrages de l’entre-
deux-guerres, et en particulier ceux d’Henri Storck, je me suis
limité à Flaherty et Vertov. Il faut voir aussi les œuvres de Joris
Ivens, bien sûr. Il y a aussi les films du cinéma novo brésilien,
comme Cabra Marcado Para Morrer, et les expressions du
Sud, les films cubains, africains, cambodgiens, les œuvres
d’Ogawa et d’Hoshima pour le Japon. Quand on commence à y
penser, en fait, c’est infini ! Mais il faut avoir vu tout cela, je
pense. Si l’on comparait avec la littérature, en fait les grands
écrivains ne sont pas forcément ceux qui ont une vaste culture
littéraire, puisqu’il y a des autodidactes qui ont été de grands
écrivains. Mais je pense que, quand même, la majorité des
grands écrivains avait conscience d’écrire sur une planète qui
leur était commune, qui était mondiale. C’est bien de se situer à
l’échelle mondiale.
472
D.M. : « Il y a plus d’un siècle de documentaire dans l’histoire
du cinéma. Parmi toutes les écoles : celle de Vertov avec le
“Cine-Œil”, celle du “Cinéma Direct” avec notamment Wise-
man, Depardon et Ruspoli, celle de Rouch et Morin avec le
“Cinéma vérité”, etc., quelles sont les œuvres et les auteurs du
documentaire classique qui comptent beaucoup pour vous ? »
Emmanuel Hoog : « La découverte de Rouch a été un choc
pour moi. J’aime cette liberté, cette fluidité, cette insolence. Il y
a là quelque chose de très impressionnant. Ce qui m’a accroché
aussi, c’est Depardon, avec des sujets plus français, plus hexa-
gonaux. Cette capacité de faire œuvre à partir du quotidien,
avec ce sens de l’humour à la fois tendre et un peu décalé.
J’apprécie également une œuvre plus politique comme Le Fond
de L’air est Rouge de Chris Marker. De par mes goûts, de par
ma construction personnelle, mes études, mes engagements, je
dirais que la chose publique, la politique et le débat d’idées me
touchent beaucoup. Un engagement – comme celui de Chris
Marker – engendre une manière de regarder le monde permet-
tant d’aboutir à des œuvres édifiantes et instructives, avec un
propos militant. »
473
Darondeau, Christophe Lioud et Emmanuel Priou. En revanche,
nos positions et nos choix sont pris à l’unanimité et reflètent
cette capacité à la cohésion qui nous unit. En cela, Bonne Pio-
che est plus une somme de films très différents, mais qui
possèdent tous un fond qui nous réunit, une cohérence. Incons-
ciemment, des thèmes comme la quête initiatique, une idée du
mouvement, l’utilisation du road-movie dans l’idée de ren-
contre, de recherche de l’autre et de soi, sont des éléments qui
fondent les films que nous faisons. Je pense qu’un auteur
comme Pierre Stine apporte un sang neuf au documentaire ; il
vient de la pub, du clip, et, comme beaucoup de ceux que nous
aimons, il est originaire d’un univers hybride et éclaté. Venir de
la musique, de l’institutionnel, du théâtre, de différentes formes
de créations et passer au documentaire permet ce renouvelle-
ment. Non pas par réaction contre un certain “académisme” du
documentaire, mais par le regard décomplexé que ces auteurs
posent sur le documentaire. La marche de l’Empereur est
l’exemple même de cette évolution. Nous n’avions jamais fait
de films animaliers et pour cela, nous n’étions pas enfermés
dans les codes qui lui sont propres. La liberté que nous avons
eue a d’ailleurs enchanté les gens de Jackson Hole Wildlife
Film Festival, qui est “la Mecque” du documentaire animalier.
Les Américains nous ont remerciés d’avoir permis de raconter
cette histoire autrement que selon les conventions de ce genre.
Nous aimons beaucoup le mélange des genres, le côté inclassa-
ble d’une œuvre, même si les diffuseurs préfèrent enfermer les
choses dans des cases. La prise de risque est évidente sur certai-
nes œuvres, dont on sait que, au mieux, si nous ne perdons pas
d’argent, nous ne tirerons aucun bénéfice financier. En revan-
che, en termes de choix de création, de choix iconoclastes,
l’impact image est majeur. Faire Dans la peau de Jacques Chi-
rac juste après le succès de La marche de l’Empereur, c’est
encore une fois dérouter et brouiller les pistes. Classer, mettre
des étiquettes ne nous intéresse pas. Faire un film « intello » sur
Toscan du Plantier nous intéresse autant que faire un film plus
léger comme J’irai dormir à Hollywood ou encore comme la
série des Rendez-vous en terre inconnue qui est lui-même un
programme de télévision inclassable. Inclassable certes, mais
qui permet tout de même de parler d’ethnologie à 6 millions de
téléspectateurs à 20 h 35. Figer le documentaire dans des for-
474
mes et même en une seule une définition, comme certains le
revendiquent, c’est une absurdité. Je suis contre toute forme de
totalitarisme. Se référer aux grands maîtres du genre pour défi-
nir le documentaire, c’est oublier qu’eux-mêmes furent des
novateurs en leur temps. Définir et figer le documentaire,
comme certains le réclament, cela veut dire l’empêcher de bou-
ger, c’est l’enfermer dans un cadre et l’empêcher d’évoluer hors
de ce cadre. Il est important de se battre pour qu’il y ait une
vraie diversité dans l’écriture et les talents. Si j’osais une défini-
tion, je dirais que le documentaire, pour moi, c’est d’abord une
histoire vraie qu’on me raconte, qui pourrait me rendre plus
intelligent à la fin, et peut-être me divertir de temps en temps.
C’est tout. Trop souvent, le documentaire rime avec sérieux,
ennuyeux. Pourquoi ? »
475
Chapitre 6.
L’héritage :
les archives du cinéma & de la télévision
477
Dans sa Note d’intention, l’auteur, Alice de Andrade expli-
cite son propos (source : http://www.mecanosprod.com) :
« C’est aussi ma façon reconnaissante et affective de célébrer le
cinquantenaire de cette révolution qui m’a permis de compren-
dre ce que c’est d’être latino-américaine, d’être solidaire, d’être
généreuse dans mon cinéma et dans mon existence. Cuba tra-
verse encore un moment très dur après deux cyclones
dévastateurs. Les changements politiques sont lents, téméraires,
peu visibles, mais ils sont là. Ici, il ne s’agit pas de parler de la
politique du moment, mais de montrer qu’une vie bien réelle et
intéressante continue d’animer un peuple courageux et bien
drôle ». Mémoire Cubaine est in film remarquable, sensible,
incontournable pour toutes celles et ceux qui ont projet de tra-
vailler un film documentaire avec des archives.
Début 2012, ARTE a diffusé la très intéressante série Adieu
Camarades ! Cette œuvre, définie comme « cross-média » par
ses producteurs, comprend une série Tv de 6 X 52’, un web-
documentaire, un livre et un DVD. Cet aspect interactif a été
des plus toniques : des internautes ont passionnément contesté
les analyses politiques de la série, alors que dès 21 heures, avant
la diffusion du premier épisode de la série (Apogée, 1975-
1979), les réalisateurs de l’œuvre et du web-documentaire, An-
dreï Nekrasov et Pierre-Olivier François, répondaient aux
questions des internautes d’ARTE et du Nouvel Observateur.
Or, quel que puisse être l’opinion du spectateur (pro-soviétique,
anti-soviétique, indifférent ou néophyte), cette série est in-
contestablement remarquable de par la mise en scène des
archives comme élément déterminant de la création documen-
taire.
Parallèlement à cette relation avec les archives du passé, le
cinéma documentaire engendre en permanence des images et
des sons qui formeront la mémoire audiovisuelle de demain, un
Heritage pour reprendre cette jolie formule américano-
britannique.
Et cette relation avec la mémoire est en permanente rotation
le cinéma documentaire est l’un des plus grands « usagers » des
banques d’archives audiovisuelles depuis les origines du ciné-
ma. Dans l’Esprit des Formes, Elie Faure rappelait en ces
termes la fragilité de l’Art en tant qu’Héritage de l’humanité :
478
« Des fresques qui n’ont pas cinq siècles s’effritent de minute
en minute sur les murs des Campo Santo (
…/
…). À chaque
heure, de par le monde, la pierre d’un temple tombe (
…/
…).
Tous les jours, le lierre d’herbe envahit un dieu ». Ce danger
d’effacement est le même pour ce qui concerne cet art récent, né
à la fin du XIXe siècle, le Cinéma ; ou encore pour les œuvres
générées par l’essor de la télévision, depuis la seconde moitié
du XXe siècle. Selon l’Unesco, 80 % des archives audiovisuel-
les mondiales sont menacées de disparition d’ici 20 ans. Or, ces
archives sont rarement anodines. Cette mémoire représente
souvent bien plus que des œuvres. Un exemple : Face aux néga-
tionnistes et aux nostalgiques du nazisme, les images filmées
par les armées américaines et soviétiques en 1945, alors qu’elles
libéraient les survivants de l’Holocauste, constituent une preuve
irréfutable du génocide et de la Shoah. Un autre exemple, plus
récent : Au Cambodge et en Afghanistan, les archives audiovi-
suelles représentent un élément fondamental de reconstruction
socioculturelle, psychologique, et identitaire après les dictatures
des Khmers « rouges » et des Talibans. Car ces éléments, ces
sons et ces images, fixés sur des pellicules argentiques ou bien
enregistrés sur des bandes vidéo, forment une autre réalité que
celle, technique, qui se limite à une projection en relation avec
une persistance rétinienne. Ce sont plus que des images et bien
davantage que des sons ; ce sont les éléments constitutifs d’une
culture. Et là, l’une des définitions les plus profondes est certai-
nement celle qu’en donnait André Malraux, alors ministre de
« l’homme qui sur le sommeil de mon pays en maintint
l’honneur comme un invincible songe » (cf. Romain Gary), le
général de Gaulle : « Une culture, c’est d’abord l’attitude fon-
damentale d’un peuple en face de l’univers ». Relire Malraux
suscite cette question : Quelle est notre attitude à nous, peuples
de l’époque du consumérisme, de la mondialisation, de
l’Internet et du numérique, en face de l’univers ? Bien entendu,
je n’apporterai pas de réponse, ayant plus d’incertitudes que de
certitudes. Des chercheurs comme Christian Metz ont évoqué,
dans les années soixante-dix, l’émergence d’un langage audio-
visuel. Lors d’un de ses entretiens, Pierre Bourdieu constatait
que « le lettré traditionnel vit sa culture comme vivante, et se vit
comme le contemporain de tous ses devanciers. La culture et la
langue changent parce qu’elles survivent dans un monde qui
479
change ». Certes. Mais comment faire pour « se vivre comme le
contemporain de tous ses devanciers » lorsque l’on élabore une
œuvre cinématographique dans un pays dont la mémoire audio-
visuelle a été détruite par le temps, du fait de la négligence, à
cause des détournements des fonds publics qui auraient du être
affectés à leur sauvegarde, ou en raison de l’inculture des dicta-
teurs ? Comment questionner l’Héritage audiovisuel lorsque les
archives ne survivent pas dans un monde qui change ?
480
nées : elle ne cessait de tenter – en vain – de mobiliser l’intérêt
des instances culturelles de son pays et des bailleurs de fonds
pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Cette obstination a fini
par obtenir un résultat, et les rêves de Mme Monique Razafy se
matérialiser : En 2006, je coordonnais sur place une mission du
Président de l’INA, M. Emmanuel Hoog, au terme de laquelle
un partenariat fut mis en place avec le Ministère de la Culture
de la République de Madagascar, l’Ambassade de la Républi-
que française à Antananarivo, et avec le concours de Solidarité
Laïque. Puis je fus amené à concevoir avec Mme Razafy un
Plan pluriannuel de sauvegarde, conservation et valorisation
des archives audiovisuelles et accompagner la fondation de
L’Association pour la Sauvegarde, la Conservation et la Valori-
sation de l’Héritage Audiovisuel de Madagascar/« Fanajariana
Lova @ Haino Aman-Jery » a été constituée. Ensuite, l’action
commença rapidement : Les archives en danger ont été transfé-
rées dans un local sain. les responsables malgaches de
l’association furent invités à renforcer leurs capacités par des
formations (encadrées par Mme Annie Gauron) à la Direction
des Archives de l’INA, à Bry sur Marne, et aux Essarts le Roi,
en France. Ils participèrent à des rencontres professionnelles
internationales : les Rencontres de la Fédération Internationale
des Archives de Télévision en Espagne et au Maroc, le Fespaco
au Burkina faso, le Sunny Side Of the Doc en France. Des équi-
pements techniques sophistiqués, furent envoyés à Madagascar,
sur dons de l’INA et sur financement du Ministère des Affaires
Étrangères français : une nettoyeuse de films, un télécinéma un
banc de numérisation. Depuis lors, les archives suivent le cycle
technique logique : les supports sur pellicule argentique sont
d’abord nettoyés et restaurés – c’est la phase de sauvegarde –
puis elles sont transférées via un télécinéma, et numérisés sur
des supports durables – c’est la phase de conservation. Ensuite,
des bases de données sont constituées, et des pôles de conserva-
tion numérique sont mis en place afin de faciliter la préservation
de cette mémoire. Enfin, les archives sont prêtes à être intégrées
à des productions cinématographiques et télévisuelles, elles
deviennent accessibles au public – c’est la phase de valorisa-
tion.
481
Les nouveaux outils nés de la « révolution numérique »
Une prise de conscience est donc nécessaire, afin de mettre
en œuvre des actions de sauvegarde, de conservation, puis de
valorisation de cette mémoire audiovisuelle. Pour ce faire, la
« révolution numérique » offre de remarquables outils. Les
transferts réalisés, par exemple, depuis les pellicules argenti-
ques, après leur nettoyage, par télécinéma et numérisation, puis
reportés sur des supports vidéo DVC Pro, garantissent aux ar-
chives une durée de vie sans commune mesure avec celle de
leurs supports d’origine. Le stockage de ces archives, numéri-
sées, dans des bases de données, est ensuite une garantie
supplémentaire, et plus fiable encore, de leur conservation.
Mais la technique n’est qu’un médium. L’essentiel est la pensée
qui l’accompagne. Malraux écrivait « Il n’est qu’un seul acte
sur lequel ne prévalent ni la négligence des constellations, ni le
murmure éternel des fleuves : c’est l’acte par lequel l’homme
arrache quelque chose à la mort ». La sauvegarde, la conserva-
tion, de l’héritage et de la mémoire audiovisuelle de l’humanité,
se rattachent à cette forme d’acte. Il s’agit d’arracher des frag-
ments de culture à la mort. Ces archives, il faut se rappeler, ne
sont pas des objets inertes. Il ne s’agit pas de collectionner des
papillons morts : la mémoire audiovisuelle permet bien sûr, des
recherches en vue d’une compréhension du passé. Elle peut
également déclencher une réflexion sur le présent. Les archives
permettent d’apporter un éclairage sur des « trous de la mé-
moire collective », et sur certains sujets, comme l’holocauste,
nous avons la conviction qu’il n’y aura jamais assez de films
documentaires (et de fiction, comme l’excellent La Liste
Schlinder) pour rappeler ce qui ne fut pas « un détail de
l’Histoire », mais une abomination. Dans la lignée de Nuit et
Brouillard et de Shoah (film de « cinéma de parole » sans cons-
truction à base d’archives), signalons l’excellence de
Einsatzgruppen – Les commandos de la Mort de Michaêl Pra-
zan (2 X 90’, diffusé sur France 2 en 2009), consacré aux 3 000
soldats des commandos nazis qui exécutèrent plus d’un million
et demi de juifs entre 1941 et 1945. Un film construit en grande
partie à partir de l’interrogation d’archives audiovisuelles inédi-
tes d’Europe de l’Est.
482
2. Création documentaire et archives audiovisuelles
« Qui pourra imaginer le réel
sauf l’imagination elle-même ? »
Helma Sanders
483
sont certaines des vocations du documentaire depuis ses origi-
nes. Cela peut aboutir à de passionnants opus tels que Nuit &
Brouillard, Cuba une Odyssée africaine, Les Pages Rouges de
l’Histoire, etc.
Une autre méthode, bien plus rare, consiste à questionner les
archives. Chris Marker est très créatif en ce domaine et le vi-
sionnage de son œuvre Le Tombeau d’Alexandre est
incontournable pour les documentaristes qui veulent faire œuvre
à partir d’archives. Dans ce film, les entretiens contemporains
alternent avec des archives qui sont interrogées, montées parfois
à plusieurs reprises, interpellées, analysées. Les images faisant
mémoire prennent ainsi d’avantage encore de force et de sens
que lorsqu’elles sont simplement placées en insertions illustra-
tives.
Enfin, sur les marges, soulignons les supercheries à base
d’archives. Nombre de pouvoirs politiques y ont recours. Des
journalistes également. Nous n’aborderons pas ces deux types
de détournement, mais celui, très créatif et ludique de Pierre
Oscar Lévy intitulé Premiers Mètres, supposé présenter les
« premiers mètres » de film tournés par des maîtres du docu-
mentaire (Dziga Vertov, Joris Iven, Jean Rouch, Frédérick
Wiseman, Nagisa Oshima). Ici l’archive accompagne un travail
documentaire de création orienté vers une mystification ludique,
très bien construite et, sur le fond, fidèle à l’esprit des maîtres
impliqués malgré eux dans cette œuvre.
484
assez rappelé à la mémoire collective. Car l’oubli s’installe trop
vite, tandis que les négationnistes poursuivent leur œuvre de
mensonge organisé, que certains héritiers camouflés du nazisme
parlent pour l’Holocauste de « détail de l’Histoire », ou que les
dirigeants de grands pays très bien armés rêvent de « rayer
Israël de la carte du monde », aujourd’hui même. Ensuite, tout
est dans le traitement, le regard d’auteur, et le style. Par exem-
ple, prenons deux films sortis durant la première décennie du
XXIe siècle : dans Les Survivants, Patrick Rotman (Kuiv pro-
duction) recueille le témoignage de survivants qui rappellent
l’extermination des juifs de Hongrie et des Tziganes à Birkenau,
les « marches de la mort », l’évacuation des camps en Pologne,
la libération par les soldats alliés soviétiques et américains. En
un autre registre, dans le documentaire Audiences – Des journa-
listes au procès Papon, Rafaël Lewandowski (Yenta
Productions) rappelle la responsabilité des hauts fonctionnaires
du régime de Vichy dans l’extermination des Juifs durant la
seconde guerre mondiale. Deux exemples qui témoignent de la
possibilité d’explorer encore longtemps avec des traitements
créatifs et une pensée profonde ces sinistres pages de l’Histoire.
Enfin, signalons l’excellence de Einsatzgruppen – Les com-
mandos de la Mort de Michaêl Prazan (2 X 90’, diffusé sur
France 2 en 2009), consacré aux 3 000 soldats des commandos
nazis qui exécutèrent plus d’un million et demi de juifs entre
1941 et 1945. Un film construit en grande partie à partir de
l’interrogation d’archives audiovisuelles inédites d’Europe de
l’Est. Trois exemples de travail conséquent avec des archives
audiovisuelles qui questionnent l’Histoire.
485
nouveau dessus. Il convient, avant de le faire de s’interroger :
Quelle est la valeur des scènes qui seront effacées, en termes de
mémoire collective ? Et dès lors que se construit une « banque
d’archives », il convient de bien identifier les supports, et de les
conserver dans des cartons (pour éviter la poussière) en des
lieux peu humides (afin d’éviter les moisissures) ni trop secs
(les bandes deviennent cassantes), etc. Ensuite, il est possible de
se rapprocher des Archives du Film du CNC et d’autres orga-
nismes pour ce qui est de la conservation ; et des banques
d’images pour ce qui est de la valorisation (et de la commercia-
lisation).
Lien Internet : Les normes techniques de conservation peuvent
être communiquées aux lectrices et lecteurs de ce livre qui sont
intéressés. Pour ce faire, il suffit d’adresser un Email à
l’attention de Didier Mauro, via : oceans.televisions@yahoo.fr.
486
demandent un livre en soi. Il faut aussi savoir que les sociétés
de productions représentent des sources importantes, de même
que les diffuseurs. Pour les adresses des sociétés de production,
il convient de se référer aux annuaires publiés par les Éditions
Dixit, qui contiennent une localisation précise des sociétés spé-
cialisées dans la production documentaire, ainsi qu’au Who’s
Who du Sunny Side Of the Doc’
Règles de base concernant l’accès aux archives audiovi-
suelles pour intégration à un documentaire de création
487
d’utiliser les archives s’ajoutent alors d’autres droits à négo-
cier et rétribuer.
f. Certains organismes (tels que l’ECPAD, l’INA, etc.) en fonc-
tion de l’intérêt d’un projet de documentaire de création,
peuvent coproduire en archives et prestations annexes liées à
celles-ci moyennant une part-producteur, une rémunération
sur les RNPP, et une présence en génériques et sur tous sup-
ports de communication.
488
- Les médiathèques officielles : organismes internatio-
naux, européens, gouvernementaux, ambassades et
ministères.
- Les cinémathèques des bibliothèques et des musées.
- Les images produites sur le Web. Références : Valérie
Massignon, La recherche d’images : Méthodes, sources
et droits, Paris, I.N.A. & Bruxelles De Borck.
489
Sélections de DVD
Coéditée par ARTE et l’INA, le premier volet de la collec-
tion Mystères d’archives, sortie en juillet 2009 et composée de
2 DVD rassemble dix films documentaires. C’est un excellent
« outil » pour appréhender la création à partir de la mémoire
audiovisuelle. Son principe est le suivant : « l’image est fouil-
lée, disséquée, interrogée pour qu’elle livre ses secrets »
Liens Internet : www.ARTEboutique.com &
http://boutique.ina.fr
490
Entretien avec Matthieu Gallet
Entretien réalisé avec le concours de Christophe Barrère
491
Dans un tout autre registre, moins grave ; on peut aussi pen-
ser à tout le travail de recréation de spectacle vivant pour lequel
l’Ina a joué un rôle de pionnier. La notion même de “re-
création” dit bien qu’il ne s’agit pas simplement de capter un
événement culturel, de l’enregistrer tel quel, mais de le retra-
vailler avec les moyens de la télévision afin d’offrir au
téléspectateur un véritable objet conçu spécifiquement pour
l’écran et non plus pour la scène. Sans ce travail, la mémoire
que garderont les générations futures des mises en scène
d’Antoine Vitez ne serait sans doute pas tout à fait la même. Le
travail de Benoît Jacquot autour de Nathalie Sarraute ou Mar-
guerite Duras fait maintenant partie de notre patrimoine.
Quelles formes d’écriture documentaire préférez-vous pour
le traitement des archives, et pourquoi ?
Il ne saurait être question d’enfermer les réalisateurs dans
des formes et des dispositifs préexistants. Si on fait appel à eux,
si on est à l’écoute de leurs propositions c’est bien parce que
leur rôle est essentiel. On peut regretter que trop souvent
l’archive ne soit utilisée que pour “illustrer” le sujet, pour servir
de “preuve par l’image”.
Lorsque nous produisons pour ARTE et d’autres diffuseurs
européens une collection comme "Mystères d’archives", au-delà
de l’intérêt particulier de chaque histoire racontée c’est une
invitation qui est faite au spectateur afin qu’il réfléchisse sur les
images – souvent peu connues – qui lui sont montrées, sur le
contexte dans lequel elles ont été tournées. Travailler avec du
matériel d’archives oblige les cinéastes à se poser des questions
spécifiques, souvent d’ordre déontologique : respect du docu-
ment et de ceux qui sont filmés. La virtuosité au montage peut
susciter des tentations malsaines : privilégier les effets produits
au détriment d’une vérité historique, ou plus souvent encore
gommer la part d’ambiguïté que contient toute archive. Mais,
une fois encore, la mission de l’Ina c’est d’abord de mettre à la
disposition des auteurs les documents qui sont conservés dans
ses fonds, de le faire dans les meilleures conditions profession-
nelles possibles du point de vue de la qualité technique des
documents, de la facilité et de la rapidité d’accès et bien sur de
leur coût et de la garantie en termes de droits que l’on doit ap-
porte ».
492
Entretien avec Emmanuel Hoog
D.M. : Quelle est la contribution au documentaire à la mémoire
mondiale, via, notamment les archives audiovisuelles ? Quelles
écritures les archives permettent-elles ?
Emmanuel Hoog : « Il faut considérer deux aspects : la créa-
tion des archives du futur, et la valorisation des archives du
passé. Cette double contribution du documentaire est capitale :
dans les tournages actuels, il fabrique la mémoire, les archives
de demain. Grâce au formidable travail effectué par Jean-Marie
Drot à partir des années 1950, l’Ina a par exemple la chance de
disposer aujourd’hui d’interviews de personnalités artistiques
majeures, comme Man Ray, Giacometti ou César. Par ailleurs,
en termes de valorisation des archives, le documentaire joue un
grand rôle. Car la fiction utilise peu d’images d’archive, à quel-
ques exceptions près, comme le film américain Les Cadavres ne
portent pas de costard, dans lequel des images d’archives Hol-
lywood alternent avec celles du présent. Dans un tout autre
genre, je pense aussi au dernier film de Marco Bellocchio, Vin-
cere, qui incorpore de manière très créative des images de
Mussolini tirées des actualités de l’époque ».
493
Moore, par exemple – font plus que cela et proposent de revisi-
ter un passé. Il y a d’autres documentaires dans lesquels
l’archive joue beaucoup plus qu’un rôle de témoignage ou
d’illustration : elle est le cœur même du dispositif. Je pense
spontanément à la série Mystères d’Archives de Serge Viallet. Il
y a aussi les films où le présent se construit par une rencontre
avec le passé, comme dans Place de la République de Louis
Malle : il est revenu, vingt ans après, au même endroit, avec la
même caméra. Voir le rapport entre les deux, c’est magnifique.
Là, c’est bien plus que de l’illustration : l’œuvre s’inscrit dans
le temps, c’est une recréation. À l’inverse, certains films tirent
paradoxalement leur force de l’absence délibérée de toute forme
d’archive : c’est notamment le cas de Shoah de Claude Lanz-
mann. L’archive convoque le passé. J’aime quand elle est
interrogée. “Que dit cette archive ?”, “Est-ce qu’elle dit vrai-
ment ce qu’elle semble dire ?” C’est moins la question de
l’archive que la question de l’image qui se pose alors. Que dit
l’image ? Et au niveau du montage dans lequel elle s’inscrit,
est-ce qu’on ne lui fait pas dire encore autre chose ? Ce sont là
les questions que l’auteur doit se poser. Comment faire création
avec une archive audiovisuelle ? Il faut la découper, la réinven-
ter, la questionner, en faire une matière vivante et pas seulement
une fenêtre sur le passé. Je suis toujours très intéressé par les
films présentant des propositions novatrices sur l’archive. Les
archives sont chaque jour plus nombreuses, parce que nous en
fabriquons continuellement, c’est illimité. Sous réserve que l’on
sache les conserver, les protéger, cela démultipliera la capacité
des générations futures à créer avec cette mémoire, de manière
inventive et novatrice. Il y a encore de l’espace pour des écritu-
res expérimentales, pour l’invention totale. Tout est possible. »
494
II. Livre second.
Carnet d’adresses
Chapitre 7.
Ressources
« La fiction et le documentaire,
les deux revers de la même médaille »
Nelson Pereira Dos Santos
497
désespérer ni s’énerver ou fulminer
… en fait, n’est-ce pas, pré-
cisément, un début de pratique du travail de recherche
documentaliste dans le domaine du documentaire ? Et souvent,
par hasard fortuit, une recherche aboutit à la rencontre de tout
autre chose que ce qu’ l’on escomptait au départ
… alors sur-
prise-surprises !
1. Lieux de documentation
Lieux de documentation pour les recherches en vue de
l’Écriture et de la Réalisation
La Bibliothèque du film
Ce centre de ressources documentaires sur le cinéma intègre
de multiples données, très denses, sur l’histoire du cinéma do-
cumentaire : œuvres, auteurs, fiches de films, analyses,
filmographies, etc.
Lien Internet : www.bifi.fr/public/index.php
498
Adresse : 29, rue d’Ulm – 75005 Paris.
Tél. : 01 46 34 90 00 – Fax : 01 46 34 55 44
Lien Internet : www.cndp.fr
La Cinémathèque française
La Cinémathèque française a été fondée en 1936 par Henri
Langlois, Georges Franju, Jean Mitry et Paul Auguste Harlé.
Elle est l’une des bases de projection, expositions, manifesta-
tions et archives les plus célèbres dans le monde grâce à la
richesse de ses collections.
Lien Internet : www.cinemathequefrancaise.com
La Cinémathèque de Toulouse
Fondée au début des années cinquante par une équipe de ci-
néphiles réunie autour de Raymond Borde, la Cinémathèque de
Toulouse est un pôle dynamique disposant d’une base de don-
nées conséquente.
Lien Internet : www.lacinemathequedetoulouse.com
La Documentation française
Adresse : 29, quai Voltaire – 75344 Paris Cedex 07
Tél. : 01 40 15 70 00 – Fax : 01 40 15 72 30
Lien Internet : www.ladocfrancaise.gouv.fr.
499
La Maison du documentaire
La Maison du documentaire, fondée en 1994, anime une
base de données informatique, exceptionnelle sur les films do-
cumentaires produits chaque année en Europe francophone. La
base de données compte à ce jour plus de 10 000 titres.
Lien Internet : www.lussasdoc.com/maisondudoc/index.shtml
2. Associations de documentaristes
Les associations de documentaristes
Nous avons déjà présenté ADDOC, documentaire.fr, le ROD
et le RED qui sont les réseaux les plus denses. Leurs coordon-
nées figurent dans les parties précédentes de ce livre. Ci-
dessous figure une sélection d’organisations dont il est utile de
se rapprocher pour s’informer des actions autour du documen-
taire :
- nouveautés en termes de financements.
- modes de diffusion alternative.
- nouvelles « cases documentaires » des chaînes.
500
- ateliers.
- formation.
- calendriers d’inscriptions aux festivals.
- forums et réunions, etc.
501
Les Auteurs & Réalisateurs en Bretagne – ARBRE
L’ARBRE associe une centaine d’auteurs et de réalisateurs
de documentaire, de fictions et de films d’animation résidant en
Bretagne.
Lien Internet :
www.filmsenbretagne.com/union_des_professionnels/index.php
?arbre=1
SAFIRE : En Alsace
La Société des Auteurs Réalisateurs de Films Indépendants
en Région Est, regroupe des réalisateurs de films documentaires
et de fictions.
Lien Internet : safire.hautetfort.com/about.html
502
sage audiovisuel » de leur pays, les « cases » documentaires des
chaînes, les formats pratiqués, etc. Il en est de même pour orga-
niser la distribution, les diffusions d’un film documentaire
achevé. Bien entendu une éthique de réciprocité et de « mutua-
lisation » des informations et des contacts s’impose dès lors que
l’on sollicite les conseils de documentaristes d’un autre pays.
En Autriche – DOK.AT
Créée en 2000, DOK.AT associe des réalisateurs, des pro-
ducteurs et des auteurs. L’association a pour buts de :
« promouvoir et soutenir le genre documentaire, notamment en
503
cherchant à améliorer le système de subventions et en défendant
la présence du documentaire en salle et à la télévision ».
Lien Internet : www.dok.at
En Belgique – ARPF-DOC
L’ARPF-DOC est l’évolution de l’Association des Réalisa-
teurs-Producteurs, fondée en 1976. Ses objectifs : « d’accroître
la représentation et la défense du secteur documentaire et aider
à la sauvegarde d’une expression libre et créatrice afin d’offrir
au public une variété de regards sur le monde ».
Lien Internet : www.arpfdoc.be
En Finlande – DOKUMENTTIKILTA
Créée en 1996, forte de plus de 200 membres, Dokumentti-
kilta se veut « un forum national ouvert à tous les
professionnels – réalisateurs, producteurs, étudiants et critiques
– évoluant dans le monde du documentaire ». L’association met
en place des projections-débats, des tournées et des festivals,
ainsi, que des formations sur le plan national et international.
Lien Internet : www.dokumenttikilta.fi
504
En Italie – ASSOCIATION DOC.IT
Créée en 1998, Doc.it rassocie des documentaristes italiens
« qui œuvrent à accroître la visibilité du documentaire dans le
paysage cinématographique et audiovisuel national ». Elle se
présente comme un pôle « d’information, de lobby, de forma-
tion et d’aide au développement du marché ».
Lien Internet : www.documentaristi.it
Au Portugal – APORDOC
La très dynamique association Apordoc a été créée en 1998.
Elle forme des réalisateurs, universitaires, producteurs et tech-
niciens. Elle a pour objectifs de « développer la production et la
diffusion du documentaire ». Elle a mis en place d’importantes
manifestations comme Le « Doclisboa – Festival International
de cinéma documentaire de Lisbonne », le « Séminaire Interna-
tional Doc’s Kingdom », le « Panorama du Documentaire
Portugais » et aussi avec EDN, des séances de pitching e docu-
mentaires. Elle publie une revue bilingue (portugais-anglais) sur
le documentaire, intitulée docs.pt.
Lien Internet : www.apordoc.org
505
En Suisse – ARF-FDS (Association suisse des scénaristes et
réalisateurs de films)
L’ARF-FDS a été créée en 1962. Elle associe plusieurs cen-
taines de cinéastes de fiction et de documentaire (metteurs en
scène, auteurs, scénaristes, réalisateurs, producteurs).
Lien Internet : www.realisateurs.ch
506
organismes, dans le cadre de leurs actions, analysent régulière-
ment les documentaires diffusés.
Le forum « Docuboom »
Docuboom a pour but de « permettre aux professionnels du
cinéma documentaire de s’exprimer librement, sans contrainte
de formatage, d’opinion ou de temps ». Ce site créé par Arnaud
Contreras propose « une série d’interviews sur le cinéma docu-
mentaire, son "boom", sa définition, ses évolutions, ses
nouveaux modes de diffusions ».
Lien Internet : www.docuboom.com
507
En Europe : sélection de publications et de sites Internet
En Espagne : Blogs and docs
Un web magazine espagnol sur le documentaire.
Lien Internet : www.blogsandocs.com
En Italie : Il documentario
Ce site – Portail présente un panorama développé du docu-
mentaire italien
Lien Internet : www.ildocumentario.it
5. Revues et publications
Images documentaires
Fondée en 1993, la revue est entièrement consacrée au ci-
néma documentaire. Chaque numéro est centré autour d’un
cinéaste ou d’un thème de réflexion et offre également des ru-
briques régulières : analyses de films, textes et entretiens
éclairant la genèse des œuvres, prises de position critiques sur la
situation de la production, sélection d’articles et d’ouvrages à
508
lire. Par ailleurs les numéros épuisés à la vente sont téléchar-
geables gratuitement sur le site de la revue.
Numéros épuisés Téléchargeables : n° 15 (1993) : Chris
Marker, n° 16 (1994) : Cinéma du réel, n° 17 (1994) : Le mon-
tage, n° 21 (1995) : Le cinéma direct, et après, n° 23 (1995) :
Filmer l’ennemi, n° 26/27 (1997) : Ken Loach, n° 29/30
(1998) : Johan van der Keuken, n° 45/46 (2002) : Nicolas Phili-
bert
Adresse : Images documentaires
26, rue du Cdt Mouchotte (K110) 75014 Paris
Lien Internet : www.imagesdocumentaires.fr
La Revue documentaire
Le site de l’association « La Revue Documentaires » (fondée
en 1989 par La Bande à Lumière) permet de commander des
revues, de téléchargement d’anciens numéros, d’établir le con-
tact avec l’équipe.
Adresse : La Revue Documentaires
50 rue Crozatier – F 75012 Paris-France
Tél. & Fax : 01 43 45 80 15
E-mail : association@larevuedocumentaires.org
Lien Internet : www.larevuedocumentaires.org
L’art et le social
Le cinéma documentaire est ancré dans le social. Ce livre a
pour auteur l’un des principaux acteurs de l’installation des
cursus d’éducation artistique dans les programmes de
l’Éducation nationale, en France (cinéma, théâtre, arts plasti-
ques, etc.).
Art et société : renforcer les liens sociaux par les arts de
Pierre Baqué
Éditeur : Conseil D'analyse De La Societe, mars 2007.
ISBN : 2110065516
509
Librairies – vidéothèques
Par ailleurs, des librairies/vidéothèques spécialisées : Des li-
brairies/vidéothèques proposent des sélections de
documentaires rares. Parmi ces lieux recherchés des cinéphiles
– documentaristes signalons :
Vidéosphère, 105 Boulevard Saint-Michel, 75005 Paris
Tél : 01 43 26 36 22
510
documentaires de création sont l’un des dispositifs mis en place
par l’État en concertation avec les organisations professionnel-
les (associations de documentaristes, syndicats, sociétés
d’auteurs, etc.) pour favoriser l’émergence d’œuvres nouvelles
et contribuer au renouvellement de la création. Les postulants
doivent avoir conscience qu’il s’agit d’une forme de concours,
et que comme pour tout concours, les chances de succès sont
très aléatoires. Le Centre National de la Cinématographie reçoit
davantage de dossiers chaque année sans que le Budget de
l’État n’augmente pour autant (que serait-ce, si étaient mises en
pratique les recommandations de ceux qui demandent moins
d’État !). Les dossiers complets peuvent être téléchargés sur le
site Internet du CNC, ou bien demandés par téléphone, fax, ou
courrier postal. Des compléments d’information (critères
d’éligibilité, calendriers des commissions, montants des aides,
adresses Emails et téléphones des interlocuteurs, etc.), sont dis-
ponibles (et régulièrement actualisés) sur le site du CNC. Nous
invitons les lecteurs de ce livre à le visiter afin de préciser les
informations en fonction de leur projet. Ils pourront également y
télécharger les dossiers de candidatures leur permettant de pré-
senter des projets aux différents « guichets ».
511
Adresse spécifique des Commissions :
CNC Aide à l’écriture,
Direction de l’audiovisuel 3, rue Boissière 75116 Paris
Tél. 01 44 34 34 01 – Fax 01 44 34 34 52
512
a. Aide au développement des projets de films de long-
métrage
b. Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle (documen-
taire, aide à l’écriture)
c. Fonds d’aide à l’innovation audiovisuelle (documen-
taire, aide au développement)
d. Soutien au scénario (aide à l’écriture)
e. Soutien au scénario (aide à la réécriture)
513
Adresse : 1 bis Avenue de Villars 75007 Paris
Tél : 01 53 69 83 00
Site Internet pour télécharger les dossiers de candidature :
www.culturesfrance.com
514
de 2 000 euros, grâce au soutien de la Région Centre., tandis
que trois organisations apportaient une contribution sous la
forme suivante :
L’Ina : apport en ressources en documentation, accès gratuit
à ses collections pour consultation et conseils.
Le Centre Images, Agence régionale du Centre pour le ci-
néma et l’audiovisuel, apporte un accompagnement
professionnel (« mise en relation avec des producteurs, assis-
tance pour la recherche de financements institutionnels, etc. »).
L’ECPAD (Établissement de Production & de Communica-
tion Audiovisuelle du ministère de la Défense) met à disposition
du lauréat deux semaines de post-production.
Adresse : Les Rendez-vous de l’histoire,
3, quai Abbé-Grégoire. 41000 Blois
Tél. : 02 54 56 09 50 – Fax : 02 54 90 09 50
E-mail : rdv.histoire.blois@wanadoo.fr
Site Internet : http://www.rdv-histoire.com
515
avoir déjà écrit ou réalisé un documentaire diffusé à la télévi-
sion, dans des festivals ou des salles de cinéma »
Adresse : La Fondation Lagardère
5 rue Eblé, 75007 Paris – France
Tél. : 01 40 69 18 74
E-mail : fondjll@lagardere.fr
Site Internet : http://www.fondation-jeanluclagardere.com
516
Région : Franche-Comté. Lien Internet :
www. franche-comte.fr
Région : Guadeloupe. Lien Internet :
www.cr-guadeloupe.fr
Région : Haute Normandie. Lien Internet :
www. cg27.fr
Région : Île de France. Lien Internet :
www.iledefrance.fr
Région : Languedoc-Roussillon. Lien Internet :
www.laregion.fr
Région : Limousin. Lien Internet :
www. region-limousin.fr
Région : Lorraine. Lien Internet : www.lorraine.eu
Région : Midi-Pyrénées. Lien Internet :
www.midipyrénées.fr
Région : Nord Pas de Calais. Lien Internet :
www.ccrav.com
Région : Pays de la Loire. Lien Internet :
www.paysdelaloire.fr
Région : Picardie. Lien Internet : www.cr-picardie.fr
Région : Poitou-Charentes. Lien Internet :
www.cinema.poitou-charentes.fr
Région : Provence Alpes Côtes d’Azur. Lien Internet :
www.regionpaca.fr
Région : Réunion. Lien Internet :
http://tic.regionreunion.com
Région : Rhônes Alpes. Lien Internet :
www.rhonesalpes.fr
517
doit pour tout ou partie tourné localement, ou bien évoquer
l’histoire locale.
Écrire en Ardèche :
La résidence d’écriture du Collectif Ardèches Images
Depuis 1989, Ardèche Images (collectif de création docu-
mentaire fondé en 1979) développe plusieurs centres d’activités
dans le village Ardéchois de Lussas : le festival les États Géné-
raux du Film Documentaire (qui est devenu un rendez-vous
incontournable des documentaristes, producteurs, et diffuseurs,
au niveau international), un centre de formation national (des
résidences d’écriture et un Master de réalisation de documen-
taire de création), un centre de ressources et de documentation –
la Maison du doc’ – et un lieu de formation international. Ce
pôle comporte aussi un site Internet, dynamique, une base de
données, le Club du Doc, et dispose d’une médiathèque extrê-
mement importante représentative du documentaire mondial
Ardèche images a mis en place, depuis 1997, dans le cadre
d’une politique de formation globale autour du cinéma docu-
mentaire de création, une résidence d’écriture destinée à
accueillir des auteurs – réalisateurs, y compris débutants.
L’objectif d’Ardèche images est de « Permettre au plus grand
nombre d’accéder à une connaissance théorique et pratique de
la création documentaire, tout en œuvrant à la constitution et
au renforcement du réseau professionnel ».
La résidence d’écriture de la Maison du documentaire fon-
dée par Ardèche Images présente donc la qualité majeure d’être
intégrée à un groupe extrêmement dynamique, héritier d’un
quart de siècle d’actions exclusivement dédiées au documen-
518
taire de création. Cette formation à l’écriture est « destinée à
accueillir des auteurs réalisateurs, y compris débutants ».
En bref, selon les termes d’Ardèches Images, le programme
est le suivant : « La formation a pour objectif de permettre au
stagiaire d’identifier les questions de cinéma qui présideront à
la réalisation de son projet et de développer le travail
d’écriture du projet afin de le proposer aux professionnels
(producteurs, diffuseurs, etc.). Encadrés, tout au long de la
Résidence par un formateur principal, (auteur réalisateur), les
stagiaires bénéficient également de l’intervention de plusieurs
autres professionnels : un opérateur/réalisateur pour des exer-
cices pratiques à la caméra en rapport avec chaque projet et
deux réalisateurs qui viennent "lire" et analyser les projets à
mi-parcours. Les séances de travail individuel alternent, durant
toute la durée de la formation, avec une réflexion de groupe sur
chacun des projets, nourrie du visionnement collectif (et indivi-
duel) et de l’analyse d’un nombre important de films
documentaires (mais pas seulement) ».
Adresse : Ardèche images. L’École du doc’ Le Village.
07170 Lussas
Tél. : 04 75 94 05 31 – Fax : 04 75 94 29 06
E-mail : lussas.école@wanadoo.fr
Lien Internet : http://www.lussasdoc.com
Écrire en Normandie :
Centre des Écritures Cinématographiques du Moulin d’Andé
Le Centre des Écritures Cinématographiques – CECI est un
lieu « de réflexion sur les écritures de cinéma » ayant « un pro-
gramme visant à favoriser la liberté d’expression des cinéastes
et à défendre leur diversité ». Le CECI a mis en place un dispo-
sitif d’aide à l’écriture, prenant la forme de séjours de travail en
résidence, notamment ouvert aux documentaristes. La résidence
offre un encadrement pédagogique « souple et rigoureux, atten-
tif et généreux ». Le centre offre aux auteurs sélectionnés « un
cadre exceptionnel à leur concentration et favorise les ren-
contres interdisciplinaires ». Le Moulin d’Andé apporte ainsi un
soutien à l’écriture d’œuvres audiovisuelles (dont de documen-
taires de création) en accueillant chaque année, pour un séjour
519
de deux mois, des auteurs en résidence d’écriture en Norman-
die.
Le mode de sélection a lieu lors de deux sessions de sélec-
tion (printemps et automne). Chaque année le Moulin d’Andé
attribue vingt résidences d’écriture d’une durée maximum de
deux mois à des auteurs francophones. Les critères sont les sui-
vants, je cite : « Les candidats, outre la présentation de leur
projet d’écriture rédigé en Français, doivent faire état d’une
expérience professionnelle significative et attester de leur moti-
vation pour ce dispositif particulier, alliant une grande
autonomie à un encadrement pédagogique ». Toutes les infor-
mations pour concourir sont exposées sur le site Internet.
Adresse : Centre des écritures cinématographiques
CECI. 27430 Andé
Tél : 02 32 59 90 89/02 32 59 70 02 – Fax : 02 32 61 08 78
E-mail : moulin@moulinande.asso.fr
Lien Internet : www.moulimande.com
520
- Des ouvrages de référence, annuaires professionnels,
choix parmi la presse spécialisée.
- Des conseils sur l’écriture des projets (documentaires de
création uniquement).
521
documentaire en permettant la réflexion et l’échange à partir de
la pratique. Addoc prend position dans les débats questionnant
la définition de l’œuvre, les mécanismes de soutien, les condi-
tions de création et de diffusion, la télévision publique et défend
particulièrement l’idée que le cinéaste est à l’initiative de
l’œuvre. Les activités de l’association sont diverses, à l’image
des questionnements qui l’animent : organisation de débats dans
les festivals, ateliers publics autour de projections, publication
d’ouvrages ou encore actions de sensibilisation au documen-
taire. Par notre action, nous cherchons à regrouper les créateurs,
souvent isolés, et de défendre ainsi avec plus de force la diversi-
té des représentations du réel. Lier questions pratiques,
engagements esthétiques et politiques, constitue pour nous un
prolongement et un enrichissement de notre métier de ci-
néaste ».
Parmi les multiples actions de l’association, soulignons une
réflexion sur l’écriture, en ateliers et débats, des publications, et
des rencontres projections débats.
La newsletter mensuelle (gratuite, même pour les non-
adhérents) est une lecture indispensable pour les documentaris-
tes : recense une somme d’informations sur la vie du
documentaire (aides à l’écriture, festivals, sorties de films, ren-
contres, etc.). L’abonnement se fait sur le site Internet.
Adresse : ADDOC : 14, rue Alexandre-Parodi, 75010 Paris.
Tél. 01 44 89 99 88 – Fax : 01 44 89 89 11
E-mail : courrier@addoc.net
Lien Internet : http://www.addoc.net
522
« Un pays sans documentaire
c’est comme une famille sans photo »
Patricio Guzman
523
Adresse : SACD/Société des Auteurs et Compositeurs Dramatique
9 rue Ballu, 75009 Paris, France
Tél. : 01 40 23 44 55
Lien Internet : http://www.sacd.fr
524
firmée. Il reste à s’en donner les moyens. Quel gouvernement
relèvera ce défi ? ». La S.C.A.M. impulse des analyses rebelles
face aux dominations (cf. Pierre Bourdieu) qui traversent le
système audiovisuel français. Ces analyses sont des plus perti-
nentes, et très largement partagées par l’ensemble de la
profession des documentaristes de création (auteurs, produc-
teurs, etc.). Mais mettre en œuvre les réformes préconisées par
Maître Jean Martin procède d’une véritable révolution cultu-
relle : cette action demande une audace politique et une forme
de pensée alternative face à la pensée unidimensionnelle domi-
nante, qui considère que la télévision doit être soumise au
marché, que la logique commerciale doit prévaloir sur
l’intelligence et la culture, et que le produit doit primer sur
l’œuvre. Le questionnement final du texte publié par la Lettre
de la S.C.A.M. pose toute la réalité du problème : « Quel gou-
vernement relèvera ce défi ? ».
Le fonctionnement de la S.C.A.M.
La Scam est gérée via une direction élue au scrutin secret par
les auteurs qui en sont membres.
525
juridique accompagne les membres de ses conseils en ce do-
maine.
Adresse : Société Civile des Auteurs Multimédias (S.C.A.M.)
5, avenue Vélasquez – 75008 Paris
Tél. : 01 56 69 58 58 – Fax : 01 56 69 58 59
Action culturelle :
Tél : 01 59 69 58 41 – Fax : 01 59 69 58 49
E-mail du service juridique : juridique@scam.fr
Lien Internet : www.scam.fr
526
Méthodes d’écriture fictionnelle
Parmi les très nombreux livres proposant des méthodes
d’écriture, il existe une carence concernant le documentaire.
Nombre de documentaristes, voyant (à juste titre) des « passe-
relles » entre écriture documentaire et écriture fictionnelle,
lisent volontiers des manuels d’écriture de scénarios de fiction.
C’est déjà une très bonne base.
527
Adresse : La SRF Société des réalisateurs de films
14 rue Alexandre Parodi 75010 Paris
Tél. : 01 44 89 99 48 – Fax : 01 44 89 99 60
E-mail : contact@la-srf.fr
Lien Internet : http://www.la-srf.fr
528
AARSE (Sud-Est)
ADDOC (Ile-de-France) et (Haute Normandie)
ALRT (Pays de Loire)
ATIS (Aquitaine)
ARBRE (Bretagne)
ARRA (Rhone-Alpes)
Les Ateliers du Doc (Basse-Normandie)
REAL (Languedoc-Roussillon)
SAFIRE (Alsace)
SAFIRE-Lorraine (Lorraine)
SAFIR (Nord-Pas-de-Calais)
Lien Internet : http://inter-rezo.hautetfort.com
Belgique
L’Association des Réalisateurs et Réalisatrices de Films re-
présente les réalisateurs et réalisatrices de films résidant en ou
issus de la Communauté française de Belgique.
« Créée en mars 2002, sous la Présidence d’honneur
d’André Delvaux, elle regroupe plusieurs dizaines de membres,
aussi bien des jeunes réalisateurs que des cinéastes confirmés ».
529
Lien Internet : http://www.cinemawallonie.be/arrf.htm
Revue : http://www.cinergie.be
Suisse
En Suisse la principale association est l’Association suisse
des scénaristes et réalisateurs de films.
Lien Internet : http://www.realisateurs.ch
Canada
Les documentaristes du Québec sont pour la plupart regrou-
pés dans une association fondée en 1973 : l’Association des
réalisateurs et réalisatrices du Québec. L’ARRQ s’emploie à
« la défense des intérêts et des droits professionnels, économi-
ques, culturels, sociaux et moraux de ses membres. Elle a pour
mandat de représenter les réalisateurs en toute occasion et dans
tout dossier. L’ARRQ regroupe plus de 600 réalisateurs et réali-
satrices œuvrant principalement en langue française au
Québec ».
Lien Internet : http://www.arrq.qc.ca
530
Michael Freeman, L’Image, éditions V.M., 116 Bd Males-
herbes, 75017 Paris, Tel : 01 42 27 25 44
Son
Michel Chion Le son au cinéma, Édition : Cahiers du Cinéma
Montage
Vincent Amiel, Esthétique du montage, éditions Nathan ci-
néma
Vincent Pinel, Le montage, l’espace et le temps du film, édi-
tions Cahiers du Cinéma/CNDP-Scéren
Méthodes de réalisation
Bornell & Thomson, L’art du film, Édition : De Boeck
Patrick Leboutte Ces films qui nous regardent, une approche
du cinéma documentaire Édition : Médiathèque de la Commu-
nauté française de Belgique
René Prédal, Le Cinéma direct, Édition : Cinémaction
Maté Rabonovsli, Le Réalisateur, Éditions Anthropos &
INA
Emmanuel Siety, Le plan au commencement du cinéma, Édi-
tion : Cahiers du Cinéma/CNDP-Scéren
531
Musiques libres de droits
Adresse : Abydos Multimédia
La Giraudière 42350 La Talaudière France
Tél. : 04 77 74 11 30
Lien Internet : http://www.musique-libre-de-droit.fr
Banques de sons :
Une banque de sons d’ambiances diverses et variées en li-
gne, très utile pour le montage-son. Comme l’indique ce site :
« Téléchargez des milliers de bruitages gratuits, ainsi que de
nombreuses ambiances sonores, samples, sons, musiques gratui-
tes enregitrées en mp3 de qualité professionnelle pour tous les
musiciens, studios d’enregistrements, réalisateurs et soundesi-
gners ». Lien Internet : http://www.universal-soundbank.com
Amalgamez
Lien Internet : http://www.amalgamez.com
532
Bignoz
Lien Internet : http://www.bignoz.com
Caméra vidéo.net
Lien Internet : http://www.cameravideo.net
Earthworm vidéo
Lien Internet : http://earthworm.online.fr
La vidéo numérique indépendante
Lien Internet : http://www.dvfr.com
Soizic
Lien Internet : http://pagesperso-orange.fr/soizic/cinemavideo.html
Le Repaire
Lien Internet : http://www.repaire.net/index.php
533
Films du Dimanche (une société de production basée à Rouen et
dirigée par Alain et Ingrid Gogny).
Le Fonds des Films du Dimanche comprend des modèles de
contrats d’embauches, de cession des droits d’auteurs, de co-
production.
Lien Internet avec le fonds des Films du Dimanche :
http://195.115.141.14/expert/archives/fonds.php?id=lfd
Lien Internet avec la BIFI :
http://www.bifi.fr/public/index.php
Lien Internet :
http://www.addoc.net/public/lists/commander.php
534
voici les références : publication le mercredi 17 janvier 2007 sur
le site des Actualités de la Recherche en histoire visuelle
(EHESS/Paris)
Lien Internet avec l’article :
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/01/17/272-le-droit-
aux-images-a-l-ere-de-la-publication-electronique
Lien Internet avec le site « Actualités de la Recherche en
histoire visuelle » : http://www.arhv.lhivic.org/index.php
535
B. Sélection de pistes de financements potentiels
complémentaires publics
Les contributions des ministères et des musées
Les pistes de financements complémentaires que nous indi-
quons ci-après sont sujettes à “fluctuations conjoncturelles” en
fonction des aléas liés aux arbitrages budgétaires lors de la Loi
de finance. Toutes les pistes indiquées ci-après ont apporté des
contributions à des productions de documentaires. Ce qui ne
veut pas dire pour autant que ces organisations ou services ont
systématiquement une ligne budgétaire consacrée à
l’audiovisuel. Mais dans le marketing budgétaire d’une produc-
tion, il n’est pas inutile d’envoyer un dossier, une proposition
de partenariat, une offre de coproduction et une requête de fi-
nancement.
À part le « ministère de tutelle de la production audiovi-
suelle » et sa principale institution, le CNC, d’autres
ministères peuvent intervenir au cas par cas, par des finance-
ments de grandeurs variables. Leur implication est déterminée
selon l’intérêt que leurs représentants peuvent trouver au projet.
Le démarchage doit être ciblé.
Il convient encore une fois de procéder à un travail de do-
cumentaliste et étudier l’adéquation entre la pensée du film et le
ministère considéré. De nombreux ministères co-financent des
programmes audiovisuels en fonction de leur mission : environ-
nement, Affaires étrangères et coopération, recherche,
agriculture, justice, etc. L’une des conditions est que le sujet ait
une relation directe avec leur domaine de compétence
(l’environnement, la ville, l’agriculture, etc.).
Généralement la contrepartie porte sur des droits de diffu-
sion non-commerciale, et parfois des droits TV mondiaux pour
les pays dits “en voie de développement”, une présence au gé-
nérique, et une association d’image pour tous les événements
médiatiques. Les ministères demandent de plus en plus une
“lisibilité” de leur participation, ce qui n’est pas toujours simple
à gérer. Il est à peu près impossible d’obtenir des financements
de ministères si l’on ne dispose pas d’un contrat de diffusion
avec une télévision (hertzienne, par câble, satellite, etc.). Il en
est de même pour toutes les institutions présentées ci-après (col-
536
lectivités territoriales, instituts de recherche, organisations in-
ternationales, etc.).
Plusieurs ministères coordonnent les aides via le CNC. Tou-
tes les aides ne sont pas cumulables, certaines étant
incompatibles. Les fonds attribués fluctuent en fonction de la
conjoncture économique, des arbitrages budgétaires, et des
choix politiques. Les pistes de financement présentées ci-
dessous sont donc sujettes à des variations, voire à des arrêts
temporaires, puis à des reprises. Mais il n’est jamais inutile de
tenter un contact et d’envoyer un dossier dès lors que le sujet du
documentaire est en adéquation avec les domaines d’intérêt de
l’institution sollicitée.
La sélection ci-dessous n’est pas exhaustive. Nous conseil-
lons à nos lectrices et lecteurs de compléter ces informations en
fonction de leurs besoins spécifiques via une recherche docu-
mentaliste commençant en appliquant la méthode suivante :
1. Visiter le portail gouvernemental pour obtenir la liste
des ministères et les liens Internet avec chacun d’entre
eux.
2. Visiter les sites Internet des ministères potentiellement
concernés par la pensée du film et y identifier la Ci-
némathèque, ou bien, la Direction de l’Audiovisuel, ou
encore, la Direction de la Communication.
537
Le Ministère de la Culture et de la Communication
Les différentes directions du Ministère de la Culture co-
financent éventuellement des projets de documentaires dont le
sujet relève directement de leur compétence (livre, arts plasti-
ques, théâtre, musique, danse, etc.).
Adresse : Ministère de la Culture et de la Communication
3, rue de Valois – 75001 Paris
Tél. : 01 40 15 80 00
Lien Internet : www.culture.fr
538
Réunion des Musées Nationaux
La Réunion des Musées Nationaux (R.N.M.) produit et co-
produit certains documentaires en relation directe avec les
musées membres de la R.N.M. et avec les expositions qui y sont
présentées.
Adresse : RNM 49 rue Étienne-Marcel – 75039 Paris Dedex 01
Tél. : 01 40 13 49 65 – Fax : 01 40 13 49 68
Lien Internet : http://www.rmn.fr
Musée du Louvre
La Cellule de production audiovisuelle du Musée du Louvre
peut intervenir en coproduction pour des projets de documentai-
res fondés sur le patrimoine mondial conservé au Louvre.
L’apport peut être conséquent sous réserve d’un contrat de dif-
fusion TV.
Adresse : Musée du Louvre. Cellule de production audiovisuelle
36 Quai du Louvre – 75058 Paris CEDEX 01
Tél. : 01 40 20 52 57 – Fax : 01 40 20 54 46
Lien Internet : www.louvre.fr
Musée d’Orsay
Le Service Culture et productions audiovisuelles du Musée
d’Orsay peut intervenir en coproduction pour des projets de
documentaires consacrés à l’art, à la littérature, et à l’histoire,
en relation avec les expositions organisées par le musée.
Adresse : Musée d’Orsay. Service Culture et productions
audiovisuelles 26 rue de Lille – 75341 Paris Cedex 07
Tél. : 01 40 49 48 61 – Fax : 01 42 22 11 84
Lien Internet : www.musee-orsay.fr
539
Adresse : Centre Georges Pompidou. Direction du développement
culturel. Cellule audiovisuelle.75191 Paris Cedex 04
Tél. : 01 44 78 43 42 – Fax : 01 44 78 12 03
Lien Internet : www.centrepompidou.fr
540
Documentaires concernant l’agriculture
La Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture
Le Ministère de l’Agriculture a l’un des plus anciens servi-
ces cinématographiques et un fonds d’archives particulièrement
dense. Au début des années quatre-vingt, sa production était
extrêmement dynamique. Sous réserve d’un contrat de diffusion
avec une chaîne, le ministère apporte son concours financier à
des projets de documentaires ayant pour sujet l’agriculture et la
pêche. L’apport en moyens de production ou en archives (la
base de la cinémathèque est très conséquente) est aussi envisa-
geable. L’aide, qui est sélective, est formalisée par une
acquisition de droits de diffusion non-commerciale pour utilisa-
tion pédagogique, et/ou par une coproduction.
Adresse : Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture.
78 rue de Varenne – 75349 Paris SP
Tél. : 01 49 55 49 08 – Fax : 01 49 55 80 15
Lien Internet vers la Cinémathèque :
http://cinematheque.agriculture.gouv.fr
Lien Internet vers la Web TV :
http://webtv.agriculture.gouv.fr
Documentaires scientifiques
Cité des Sciences et de l’Industrie
La Cité des Sciences et de l’Industrie propose chaque année
des appels d’offres en relation avec les expositions et manifesta-
tions qui y sont organisées. Elle participe aussi parfois à des
projets de documentaires (en relation avec ses activités), et
achète des droits de diffusion non-commerciale de certains
films à caractère scientifique ou technique.
Adresse : 30, avenue Corentin Cariou – 75930 Paris Cedex 19
Tél. : 01 40 05 78 74 – Fax : 01 40 05 71 06
Lien Internet : www.cite-sciences.fr
541
plus souvent en industrie et parfois avec des cofinancements
certains programmes documentaires relevant de leurs champs
spécifiques. Quelques exemples extraits des trente années de
pratiques du Collectif Orchidées : le film d’Eric Dazin Plus
belle sera la moisson – diffusé sur Planète – a été cofinancé par
l’IRD, le film d’Andrès Silvart Argentine la défaite des géné-
raux ? – diffusé sur TF1 1 en prime time – a obtenu un apport
en industries du CNRS, le film La terre des sacrifices – diffusé
sur Planète – a obtenu un apport en ressources humaines de
l’INSERM). Dans chacun de ces trois cas, le fait qu’une diffu-
sion TV soit prévue a été un stimulant pour mobiliser ces
contributions.
Les contreparties demandées relèvent habituellement du dis-
positif général des coproductions. Souvent, il est exigé qu’un
chercheur soit impliqué dans l’élaboration de l’œuvre en qualité
de conseiller scientifique. La part dominante de la production de
ces instituts est interne et liée aux activités de recherches.
542
La décentralisation mise en place par M. Gaston Defferre en
1982, a permis de rapprocher l’administration des citoyens.
Cela concerne notamment les relations avec le CNC et le Minis-
tère de la Culture. Nous conseillons donc à nos lectrices et
lecteurs de province et des régions de France de prendre contact
avec la DRAC qui devrait faciliter leurs démarches.
Lien Internet avec toutes les coordonnées actualisées des
DRAC : adresses, téléphones, noms des responsables, etc.
http://www.culture.gouv.fr/nav/index-regions.html
543
LORRAINE. Lien Internet :
www.culture.gouv.fr/dracs/lorraine
MARTINIQUE : 54 Rue Professeur Raymond Garcin –
97200 FORT DE FRANCE
téléphone : (0 596) 60 05 36 – télécopie : (0 596) 64 27 84
MAYOTTE : direction des affaires culturelles, préfecture.
BP.676 – Kawéni – 97600 MAMOUDZOU. Tél. : 0269
635218. Fax : 0269 635127
MIDI-PYRÉNÉES : 32 rue de la Dalbade – BP 811 – 31080
TOULOUSE CEDEX 6. téléphone : 05 67 73 20 20 – télé-
copie : 05 61 23 12 71
NORD PAS-DE-CALAIS. Lien Internet :
www.nord.pref.gouv.fr
BASSE-NORMANDIE. Lien Internet :
www.calvados.pref.gouv.fr
HAUTE-NORMANDIE. Lien Internet :
www.haute-normandie.culture.gouv.fr
NOUVELLE-CALÉDONIE : Mission aux Affaires Culturel-
les/Haut Commissariat. 75 rue Sébastopol – Nouméa. boîte
postale : BP C5 – 98844 Nouméa CEDEX ; Tél. secrétariat :
+687 24 21 81 – Tél. chargée de mission : +687 24 84 – fax :
+687 24 21 80
PAYS DE LA LOIRE. Lien Internet :
www.pays-de-la-loire.culture.gouv.fr
PICARDIE. Lien Internet :
www.culture.gouv.fr/picardie
POITOU-CHARENTES. Lien Internet :
www.poitou-charentes.culture.gouv.fr
PROVENCE-ALPES-COTE D’AZUR. Lien Internet :
www.paca.culture.gouv.fr
RÉUNION. Lien Internet :
www.la-reunion.culture.gouv.fr
RHONE-ALPES. Lien Internet :
www.culture.gouv.fr/rhone-alpes
SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON : 19 Maître Georges Le-
fèvre – BP 4305 – 97500 Saint-Pierre et-Miquelon.
téléphone : 05 08 41 17 70 – télécopie : 05 08 41 17 72
544
Les collectivités territoriales
Les Aides régionales, Départementales et communales à la pro-
duction, France
Les collectivités territoriales, en France, disposent de bud-
gets décentralisés pour la culture et la communication. Les
Conseils régionaux et les Conseils généraux peuvent donc être
sollicités dans certains cas précis : le documentaire doit avoir
une relation de proximité avec le Département ou la région con-
cernée (ex : la région Île de France co-finance certains
documentaires réalisés en Île de France, mais elle a aussi co-
financé un documentaire du collectif Orchidées consacré à la
ville vietnamienne de Hanoï, où la coopération décentralisée du
C.R.I.F. apporte une contribution au développement urbain) ou
le documentaire doit présenter une relation avec une action de la
collectivité territoriale (ex : l’action internationale d’un Dépar-
tement). Certaines mairies interviennent aussi, à une hauteur
plus modeste, des projets ayant une relation avec leur rayonne-
ment ou leurs activités. La contrepartie demandée est
généralement la même que pour les ministères : droits de diffu-
sion non-commerciale, présence au générique, association
d’image pour tous les événements médiatiques, lisibilité de la
participation. Des informations complémentaires détaillées sont
présentées dans le livre “Les aides au financement” publié aux
éditions Dixit.
545
aussi en aide à la production. Donc nous ne reviendrons pas sur
ce point dans ce chapitre. Soulignons juste que nombre de ré-
gions se sont investies dans le soutien à la création
cinématographique. Un seul exemple non-francilien illustre
cette dynamique : La Région Languedoc-Roussillon a créé un
Bureau du cinéma qui est en relation avec les structures de
même type dans les autres régions.
Adresse : Languedoc-Roussillon Cinéma
6, rue Embouque-d’Or 34000 Montpellier
Tél. : 04 67 64 81 53
Lien Internet : www.languedoc-roussillon-cinema.fr
546
- Lien Internet avec L’ALBA :
www.alternativabolivariana.org
- Lien Internet avec La Banque Mondiale :
www.banquemondiale.org
- Lien Internet avec Le FMI : www.imf.org
- Lien Internet avec L’OCDE : www.ocde.org
547
Guides pour la recherche de financements
Afin de compléter les informations communiquées dans les
pages qui précédent nous proposons une sélection de guides,
régulièrement actualisés, et spécifiquement orientés vers les
recherches de financement.
548
Le Guide des Fonds et financements du documentaire en
Europe
Ce guide gratuit est édité par le MEDIA Desk France et
l’Antenne MEDIA Marseille dans le but « d’aider les profes-
sionnels du secteur audiovisuel et cinématographique à trouver
des sources de financements complémentaires pour le montage
de leur projet documentaire ». Il liste les plus importants fonds
privés, et des fondations contribuant à la création en Europe.
Adresse : MEDIA Desk France,
9 rue Ambroise Thomas. F-75009 Paris
Tél. : 01 47 27 12 77 – Fax : 01 47 27 04 15
E-mail : info@mediafrance.eu
Lien pour le Télécharger (gratuitement, en PDF), sur le site du
Mediadesk France : www.mediafrance.eu
549
Pour l’acheter (mais il peut être aussi commandé en librai-
ries) : Comptoir Kodak, 46 rue Poncelet, Paris 17e (Tél :
01 47 63 72 20).
Lien Internet : http://motion.kodak.com
550
Le n° 7 La Revue Documentaire : La Production
La Revue Documentaire, dans son n° 7 consacré à La Pro-
duction, explique le fonctionnement du COSIP, et donne la
parole à de nombreux producteurs et auteurs de documentaires
qui exposent leurs méthodes de production.
Adresse : La Revue Documentaires
50 rue Crozatier – F 75012 Paris – France
Tél. & Fax : 01 43 45 80 15
E-mail : association@larevuedocumentaires.org
Lien Internet : http://www.larevuedocumentaires.org
551
Le CNC précise que (source : site Internet du CNC) : « Ce
bilan statistique porte sur la production de films français ayant
reçu l’agrément du CNC (
…/
…). Sont exclus de cette analyse :
- les films financés par un producteur français mais ne
pouvant être qualifiés d’œuvres européennes (films sou-
tenus par le fonds Sud ou l’aide aux films en langue
étrangère
…).
- Les films dits “sauvages”, qui ne font pas appel à un fi-
nancement encadré ou au soutien financier de l’État et
dont la production n’est pas terminée. Seuls apparais-
sent dans ces résultats les films dont la production a
débuté (
…/
…), ou s’est achevée durant l’année (agré-
ment de production). »
Le Collectif Oceans-Televisions
Cette association est active dans les domaines de
a. la formation
b. l’accompagnement de projets de films sauvages
c. les conseils gratuits aux jeunes auteurs. Equipé
d’unités de tournage (Haute définition, DVCam, etc.),
et de stations de montage numérique Final Cut Pro ce
collectif propose pour ceux qui ont de petits budgets
552
des prix attractifs avec des techniciens de haut niveau
(réalisation, image, son, montage, finalisation, effets).
Mais elle peut aussi apporter un concours bénévole
(apport en conseils) aux projets retenus selon leur
créativité, leur degré d’expérimentation, et leur carac-
tère novateur par rapport aux écritures audiovisuelles
dominantes.
Oceans Televisions
Audiovisual, Cinema, Television, Video, Internet/Production,
création, & documentary workshops
Non-Profit Association/Association Sans But Lucratif. Récépis-
sé préfectoral n°W781003498
E-mail : oceans.televisions@yahoo.fr
Web TV : http://vimeo.com/channels/oceanstelevisions
Le Collectif Orchidées
ORCHIDÉES est une association ASBL qui ne se consacre
qu’au documentaire de création. Equipée d’unités de tournage
(Haute définition, DVCam, etc.), de stations de montage numé-
rique Final Cut Pro et d’un studio de mixage, l’association
propose des forfaits avec des techniciens chevronnés, spéciali-
sés dans la réalisation, des films documentaires. À noter que
tous monteurs savent aussi monter en pellicule argentique,
puisqu’ils ont commencé à travailler en 35 mm et en 16 mm.
Pour ce qui concerne l’aspect matériel, les tarifs sont modula-
bles et évolutifs en fonction des moyens de production et des
budgets spécifiques aux productions " confortables " et aux
limites financières des tournages de « films sauvages » et de
premiers films. L’association a été créée en 1981 (par des ci-
néastes documentaristes et des universitaires, avec les
associations : Cimade, C.C.F.D., Frères des Hommes, Ligue de
l’enseignement, Terre des Hommes). Disposant d’un important
fonds d’images et de sons (représentant trente années de mé-
moire audiovisuelle Afrique, Asie, Amérique latine, gérées par
Gaumont Pathé Archives) issues de ses tournages depuis sa
création, Orchidées investit ses archives en coproduction lors-
que les projets qui lui sont proposés présentent un lien avec sa
553
ligne éditoriale. Le collectif propose aussi des modules de for-
mation audiovisuelle (résumés dans la partie de ce livre
consacrée à La Formation).
Adresse : Collectif Orchidées Abs Solidarité Laïque,
22 rue Corvisart – 75013 Paris.
E-mail : lecollectiforchidees@yahoo.fr
Lien Internet : http://collectif-orchidees-cinema-
television.blogspot.com
L’Association Oroléis
Association selon la Loi de 1901 fondée en relation avec la
Ligue française de l’enseignement, l’Office Régional des Œu-
vres Laïques d’Éducation par l’Image et le Son – OROLEIS a
pour objectifs de « permettre et de développer la pratique des
techniques audiovisuelles et de communication afin de favoriser
la culture et l’éducation permanente, de susciter la création ».
Concernant ses activités, l’Oroléis produit ou coproduit « des
programmes audiovisuels à vocation pédagogique et
d’information. Ces documents sont mis à la disposition des
associations et du public afin d’être exploités en particulier dans
le cadre de campagnes de sensibilisation (protection de
l’enfance, éducation, culture & sports, insertion, forma-
tion, etc.) ». L’éducation à l’image, l’organisation de festivals et
de projections-débats sont d’autres champs de ses actions.
L’OROLEIS est aussi à l’origine d’un concours vidéo « Re-
gards Jeunes sur la Cité » qui réunit chaque année un millier de
jeunes constitués en groupes autour de projets de réalisations
audiovisuelles. L’OROLEIS est doté d’un équipement de pro-
duction (et de post-production Haute définition, DVCam, DV).
Adresse : OROLEIS de Paris 23 rue Dagorno 75012 PARIS
Tél. : 01 53 02 98 00 – Fax : 01 43 44 64 67
E-mail : contact@oroleis-paris.org &
concours@oroleis-paris.org
Lien Internet : http://www.oroleis-paris.org
554
E. Organisations des salariés du documentaire
Les salariés intermittents (l’économie du documentaire
compte extrêmement peu de permanents) agissent régulièrement
pour la défense de leurs droits. Ci-après quelques contacts par-
mi les plus engagés dans les luttes de ces dernières années pour
les résistances à venir face à la destruction du tissu culturel et de
ses professionnels.
ADDOC – L’Association des cinéastes documentaristes
Adresse : ADDOC : 14, rue Alexandre-Parodi, 75010 Paris.
Tél. : 01 44 89 99 88 – Fax : 01 44 89 89 11
E-mail : courrier@addoc.net
Lien Internet : http://www.addoc.net
La CNT.
Fédération de la communication, de la culture et du Spectacle
Adresse : BP 30423 35004 Rennes Cedex
Tél. : 0810 000 367 (N° Azur) – Fax : 02 99 63 12 58
E-mail : fede.ccs@cnt-f.org
Lien Internet : http://www.cnt-f.org/spip.php?article60
555
La SRF – Société des réalisateurs de films
Adresse : La SRF Société des réalisateurs de films,
14 rue Alexandre Parodi 75010 Paris
Tél. : 01 44 89 99 48 – Fax : 01 44 89 99 60
E-mail : contact@la-srf.fr.
Lien Internet : http://www.la-srf.fr
556
Lien Internet avec L’Annuaire des opérateurs de l’audiovisuel :
http://www.csa.fr/infos/operateurs/operateurs_annuaire_televisi
on.php
ARTE France
Site Web central : http://www.ARTEfrance.fr
Site grand public d’ARTE : tout sur la chaîne et ses pro-
grammes : dossiers, etc. certains programmes sont disponibles
en téléchargement gratuit pendant 7 jours suivant leur diffusion.
www.ARTE.tv
Par ailleurs, ARTE a créé des sites spécifiques en fonction
de ses spectateurs et partenaires. Nous citons ceux pouvant con-
cerner les lectrices et lecteurs de ce livre.
Le site pro d’ARTE, destiné aux professionnels de
l’audiovisuel et des médias catalogues de programmes, com-
ment envoyer un projet, annuaire de producteurs et de
partenaires, dossiers de presse, etc. www.ARTEpro.com
557
Le catalogue des Droits Audiovisuels, pour les profession-
nels qui souhaitent acquérir les droits de diffusion de
programmes produits ou coproduits par ARTE France. Site
Web : www.ARTEpro.com/sales
Le site ARTE Live Web, gratuit, légal et sans publicité, est
consacré au spectacle vivant de création récent. Les vidéos,
formatées en HD et 16/9e, chapitrées, parfois sous-titrées, sont
consultables pendant une durée de 15 jours à 3 mois. Site Web :
www.ARTEliveweb.com
La Boutique d’ARTE : des DVD, des livres, cinéma et do-
cumentaires. Site Web : www.ARTEboutique.com
Le site de "Vidéo à la demande" d’ARTE : films, fictions,
documentaires, etc. téléchargeables pendant 30 jours, visionna-
bles sous 48 heures Sur ce site, possibilité de commander un
DVD à la demande. Site Web : www.ARTEvod.com
FRANCE 2
Groupe France Télévisions
Site Web : www.france2.fr
FRANCE 3
Groupe France Télévisions
Site Web : www.france3.fr.
FRANCE 4
Groupe France Télévisions
Site Web : http://www.france4.fr
FRANCE 5
Groupe France Télévisions
Site Web : www.france5.fr
558
FRANCE O – RFO
Groupe France Télévisions
Site Web : http://franceo.rfo.fr
559
M6 – MÉTROPOLE TELEVISION
Site Web : http://www.m6.fr
NRJ 12
Site Web : www.nrj12.fr
NT1
Site Web : www.nt1.fr
PARIS PREMIÈRE
Site Web : www.paris-premiere.fr
PLANÈTE.
Site Web : www.planete.com
TF1
Site Web : www.tf1.fr
TMC
Site Web : www.tmc.tv
VIRGIN 17
Site Web : www.virgin17.fr
560
TV ANGERS
Site Internet : www.angers7.fr
BDM TV
Site Internet : www.bdmtv.fr
BIP TV
Site Internet : www.bip-tv.fr
7L TV
Avenue de la Pompignane, 34170 Castelnau-Le-Lez
Tél. : 04 67 41 88 00
CANAL 15 TÉLÉVISION
8, place Napoléon Galerie Bonaparte
85000 La Roche-sur-Yon.
CANAL 32
Site Internet : www.canal32.fr
CAP 24
Site Internet : www.cap24.com
CINAPS TV
Site Internet : www.cinapstv.fr
CITYZEN TV
Site Internet : www.cityzentv.com
CLERMONT 1re
Site Internet : www.clermont1ere.com
DEMAIN IDF
Site Internet : www.demain.fr
IDF 1
Société Ensemble TV 7, rue des Bretons
93210 La Plaine Saint-Denis
IMAGES PLUS TÉLÉVISION VOSGES
Site Internet : www.imagesplus.org.
LCM (La Chaîne de Marseille)
Site Internet : www.lachainemarseille.fr
LM TV SARTHE
Site Internet : www.lmtv.fr
561
NANTES 7
Site Internet : www.nantes7.fr
NRJ PARIS
40-50, avenue Théophile Gautier 75016 Paris
ORLÉANS TV
Site Internet : www.orleanstv.fr
TÉLÉ 102
8, rue de l’Hôtel-de-Ville 85103 Les Sables-d’Olonne
TÉLÉ BOCAL
Site Internet : www.telebocal.org
TÉLÉ GRENOBLE
Site Internet : www.telegrenoble.fr
TÉLÉ MIROIR
Site Internet : www.telemiroir.com
TÉLÉ SUD VENDÉE
E-mail : tele-sud-vendee@wanadoo.fr
TELESSONNE
Site Internet : www.telessonne.fr
TÉLÉNANTES
Site Internet : www.telenantes.com
TELEPAESE
20220 Santa Reparata di Balagna
TL7
Site Internet : www.tl7.fr
TLM – Télé Lyon Métropole
Site Internet : www.tlm.fr
TLP LUBERON
Site Internet : www.tlp.fr
TLT – Toulouse Télévision
Site Internet : www.teletoulouse.com
TV RENNES 35
19, rue de la Quintaine 35000 Rennes
562
TV TOURS
Site Internet : www.tvtours.fr
TV VENDÉE
Site Internet : www.tvvendee.fr
TV7 BORDEAUX
Site Internet : www.tv7bordeaux.fr
TV8 MONT BLANC
Site Internet : www.8montblanc.com
À la Guyane
ANTENNE CRÉOLE GUYANE (ACG)
Site Internet : http//guyane.outremer.com
CANAL GUYANE
Site Internet : www.canalguyane.com
563
À La Martinique
ANTILLES TÉLÉVISION (ATV)
Site Internet : www.antillestelevision.com
KMT
Voie n° Renéville 97200 Fort de France
À La Réunion
ANTENNE RÉUNION
Site Internet : www.antennereunion.fr
CANAL RÉUNION
Site Internet : www.canalreunion.com
À Tahiti
TAHITI NUI TELEVISION (TNTV)
Site Internet : www.tntv.pf
En Nouvelle Calédonie
CANAL CALÉDONIE
Site Internet : www.canalcaledonie.com
564
nom de la chaîne indique souvent de façon explicite son centre
d’intérêt (sa ligne éditoriale). Les chaînes National Geographic
France, Odyssée, Planète, et Voyage ont des lignes éditoriales
très voisines, focalisées sur le voyage, la découverte, l’évasion
et l’évocation des cultures, des civilisations, de l’Histoire. La
liste complète est disponible, actualisée très régulièrement, sur
le site du C.S.A. Nous y reviendrons plus loin.
ANIMAUX
Site Internet : www.animauxtv.fr
CANAL France INTERNATIONAL
Site Internet : http://www.cfi.fr
CUISINE TV
Site Internet : www.cuisine.tv
DIRECT 8
Site Internet : www.direct8.fr
ENCYCLOPÉDIA
Site Internet : www.encyclopedia.fr
ÉQUIDIA
Site Internet : www.equidia.fr
ESCALES
Site Internet : www.escalestv.fr
FILLES TV
Site Internet : www.fillestv.com
FRANCE 24
Site Internet : www.france24.com
HISTOIRE
Site Internet : www.histoire.fr
KANAL AUSTRAL
Site Internet : www.kanal.fr.vu
MEZZO
Site Internet : www.mezzo.fr
MOTORS
Site Internet : TV www.motorstv.com
565
ODYSSÉE
Site Internet : www.odyssee.com
PINK TV
Site Internet : www.pinktv.fr
PLANÈTE
Site Internet : www.planete.com
SPORT +
Site Internet : www.sport-plus.fr
TÉLÉ MAISON
Site Internet : www.dccv.tv
TÉLÉVISION MUSICALE ANTILLAISE (TMA)
Site Internet : www.tmacaraibes.com
TÉLÉVISION NUMÉRIQUE ALTERNATIVE (TNA)
Site Internet : www.tna-tv.org
TÉVA
Site Internet : www.teva.tv
TMC
Site Internet : www.tmc.tv
TOUTE L’HISTOIRE
Site Internet : www.toutelhistoire.com
TV ARDECHE
Site Internet : www.tv-ardeche.com
TV5 Monde
Site Internet : www.tv5.org
VIRGIN 17
Site Internet : www.virgin17.fr
VOYAGE
Site Internet : www.voyage.fr
566
mentaires : ainsi les télévisions locales de Clermont-Ferrand,
Montreuil, Pantin, Rosny, Strasbourg. Vu le nombre croissant
de chaînes, nous recommandons au lecteur intéressé par une
prospection de proximité (notamment afin d’identifier des télé-
visions locales proches de son domicile, ou dont la ligne
éditoriale pourrait présenter un « point de rencontre » avec son
projet de documentaire), de télécharger (gratuitement) la liste
complète sur le site du C.S.A. Sur cette partie de l’annuaire du
C.S.A. sont indiqués (et régulièrement actualisés) les adresses,
téléphones, fax, Emails, noms des responsables et sites Internet
lorsqu’ils existent.
Ce répertoire est le plus souvent chapitré avec des informa-
tions concernant les opérateurs suivants :
- Les télévisions françaises destinées aux informations
sur la vie locale
- Les chaînes diffusées par l’opérateur satellitaire Eutelsat
567
http://www.csa.fr/infos/operateurs/operateurs_cable_accueil.php
AVICCA
(Association des villes pour les communications électroniques
et l’audiovisuel)
Adresse : 11, rue La Fayette 75009 Paris
Tél. : 01 42 81 59 99 – Fax : 01 49 95 02 18
Lien Internet : www.avicca.org
568
de favoriser, par effet de miroir, la réflexion sur
l’identité de nos salles ».
569
Les réseaux CinéLigue
Depuis sa création, la Ligue de l’enseignement s’est engagée
pour la diffusion du cinéma. Cet engagement est exprimé avec
clarté dans les textes des réseaux Cinéligue (je cite) : « A la
Ligue de l’enseignement, le cinéma est à la fois engagement
poétique et politique. La véritable raison de cet engagement
pour le septième art se trouve dans les fondements de la Ligue.
Attachée à faire vivre la démocratie par l’éducation, la culture
et la citoyenneté, elle est convaincue de la nécessité du cinéma,
et des arts en général, dans la formation des individus et dans
celle d’une société de libertés, pluraliste et fraternelle. » Les
réseaux CinéLigue se présentent en ces termes : « A la campa-
gne ou en ville, la Ligue de l’enseignement promeut un cinéma
de qualité pour tous, culturel et éducatif. La Ligue de
l’enseignement, ce sont 20 réseaux Cinéligue présents dans 52
Départements : 36 circuits itinérants, 68 salles fixes, 650 points
de diffusion
… qui développent une vie associative locale autour
du septième art. Apporter le cinéma chez les habitants et déve-
lopper la vie associative locale Là où le secteur privé s’est
désengagé, la Ligue de l’enseignement met en place un système
de diffusion du cinéma. Grâce à un réseau de salles associatives,
appelé CinéLigue, qui comprend salles fixes et circuits itiné-
rants, la Ligue de l’enseignement créé une dynamique culturelle
autour du cinéma dans les collectivités locales. Des habitants
bénévoles, par exemple, organisent eux-mêmes des débats et
des rencontres autour de films projetés dans certaines salles
classées “art et essai” ».
Adresse (nationale) : 3, rue Récamier 75 341 Paris Cedex 07
Tél. : 01 43 58 95 00
Lien Internet : http://www.laligue.org/cinema
570
l’Ouest pour la Recherche, ACRIF – Association des Cinémas
de Recherche d’Île-de-France, ACRIRA – Association des Ci-
némas de Recherche Indépendants de la Région Alpine, ACC –
Association des Cinémas du Centre, ACAP – Association pour
le Cinéma et l’Audiovisuel en Picardie, Atmosphères 53, Ciné-
fol 31, Cinémas du Sud, Cinéphare, De la suite dans les images,
MaCaO 7e Art. Le GNCR est l’un des organisateurs du « Mois
du film documentaire ».
Adresse : GNCR. 19, rue Frédérick Lemaître 75020 Paris
Tél. : 01 42 82 94 06
E-mail : gncr@cinemas-de-recherche.com
Lien Internet : www.cinemas-de-recherche.com
571
E. Diffusions sur Internet
La vidéothèque francophone du documentaire
C’est par cette têtière que l’Internaute est accueilli sur le
site : « Il est une bonne chose d’être passionné de documentai-
res, car ceux-ci lorsqu’ils sont gravés dans la mémoire nous
sont utiles pour le reste de notre vie ». C’est un site associatif et
communautaire basé sur la mutualisation. Les auteurs peuvent
s’inscrire sur le site, puis comme il y est indiqué : « Vous pou-
vez dès maintenant nous envoyer vos documentaires libres de
droits, ou vos propres productions ». Il est possible pour les
documentaristes de devenir membres de cette vidéothèque, et
d’y diffuser leurs films. La Newsletter (gratuite) est une source
intéressante d’informations.
Lien Internet : http://documentaire-streaming.net
Lien Internet : http://webdocu.com
572
Informations généralistes et films documentaires
La sélection ci-dessous présente des sites « participatifs »,
qui souvent programment des documentaires. Pour illustrer
leurs orientations nous n’en citerons qu’un : vodeo.tv, qui est
édité par La Banque Audiovisuelle, laquelle est une société
indépendante, créée en mars 2004, dont l’objectif est de « favo-
riser la diffusion des programmes audiovisuels, grâce aux
nouvelles technologies, en permettant à tout un chacun
d’accéder aux contenus audiovisuels de son choix et ce, où et
quand il le souhaite ». Les sites ci-dessous sont en évolution, et
diffusent des documentaires sélectionnés selon des méthodes
différentes en fonction des opérateurs.
TV Bien
Cette web-tv indépendante se veut « une fenêtre ouverte sur
les autres », et un « aspirateur du réel ».
Lien Internet : http://www.tvbien.com
573
Rebel Television 1
Une Web TV fondée fin 2010, dédiée aux documentaires al-
ternatifs. Son appellation est un héritage de « Radio Rebelde »,
la station des jeunes révolutionnaires cubains en opposition à la
dictature, de 1957 à fin 1958.
Lien Internet : http://www.youtube.com/user/rebeltelevision1
Télé Bocal
Cette chaîne a été fondée en 1995, à l’initiative de « Shorties
pour le court-métrage » et d’un consortium d’associations : La
charrue avant les bœufs, Les copirates, Dreamland Pictures, etc.
Lien Internet : http://www.telebocal.org/bocal2
Free Speech TV
En langue anglaise, je cite, la Free Speech TV se présente en
ces termes : « Launched in 1995, Free Speech TV is an inde-
pendent, publicly-supported, non-profit TV multi-platform
digital media pioneer. Using both television and the Internet,
Free Speech TV inspires viewers to become civically engaged
to build a more just, equitable, and sustainable society. Free
Speech TV is owned and operated by Public Communicators,
Inc., a 501 (c)3 non-profit, tax-exempt organization, founded in
1974. Free Speech TV is based in Denver, CO ».
Lien Internet : http://www.freespeech.org
Harmattan TV
Filiale des éditions L’Harmattan (dont la création remonte à
1975), La Web TV fonctionne parallèlement à une offre de
DVD et de VOD (Vidéo à la demande). La ligne éditoriale est
la suivante : « apporter du contenu au grand public (
…/
…).
Offrir au grand public et aux réseaux institutionnels des vidéos
de qualité qui permettent d’approfondir les connaissances,
d’intégrer une culture, de partager des expériences fortes et cela
avec un point de vue d’auteur. C’est avant tout « un regard sur
le monde »
574
Lien Internet : http://www.harmattantv.com
Métazone TV
Cette chaîne se présente en ces termes : « Métazone TV est
née en 2002 d’une union entre deux idées simples, celle d’un
média vidéo de proximité et celle d’un public qui pourrait s’en
mêler. (
…/
…). Média de proximité mais généraliste, d’une
structure associative ouverte à tous ceux qui partagent sa ligne
éditoriale, elle diffuse reportages, rencontres avec des plasti-
ciens, documentaires et fictions. Elle revendique ses choix
hétéroclites, elle se veut un laboratoire télévisuel, elle invite le
public et les auteurs à échanger, Convaincue qu’une autre télé-
vision est possible ! Estomper la frontière entre ceux qui font et
ceux qui regardent. La télévision, présente dans 98 % des foyers
européens, constitue l’une des principales sources d’information
et de divertissement. Aujourd’hui, l’essor du numérique facilite
et rend crédible une approche nouvelle et indépendante de la
télévision permettant de diversifier les contenus. Métazone veut
contribuer à former de nouveaux acteurs des médias. Ainsi cha-
cun est invité à utiliser les outils audiovisuels, se prêtant ensuite
à la discussion sur le fond et la forme des programmes réali-
sés. Métazone bannit le sensationnalisme. C’est une télévision
du temps long, celui qui laisse les opinions cheminer, se frotter
à la discussion collective pour ouvrir des perspectives. Chacun
des spectateurs est invité à réagir sur le fond et la forme des
sujets. La pensée cherche son cours
… ça discute à Métazone ! »
Lien Internet : http://www.metazonetv.org
575
TeleviZione d’Action pour la Liberté d’Expression
Audiovisuelle – Zalea TV
Selon son site Internet l’objectif principal de Zalea TV est de
« susciter une large mobilisation pour déverrouiller
l’expression, la production et la diffusion audiovisuelles fran-
çaises, aujourd’hui abandonnées à quelques grands groupes
industriels et financiers publics et privés. La création d’un
contre-pouvoir télévisuel citoyen et indépendant œuvrant à la
démocratisation de l’accès aux médias audiovisuels est une
urgence culturelle, sociale et politique et une mission d’intérêt
général qui justifie pleinement, selon nous, le bien fondé et
l’urgence de cette initiative. Passée du hertzien à l’Internet,
fondée en 1999 L’antenne, reste un espace de liberté total, par
une ouverture rarement pratiqué dans un média, et une pratique
de l’accès public »
Lien Internet : http://www.zalea.org
La Télé du Net
Cette chaîne se veut résolument participative et se définit
comme « Votre télé locale sur le réseau »
Lien Internet : http://www.lateledunet.fr
TV 5 000
Cette Web TV a la ligne éditoriale suivante : « Aide à la
production et à la diffusion de documentaires thématiques sur la
solidarité Nord/Sud, la protection de l’environnement et la con-
servation de nos mémoires ».
576
Lien Internet : http://www.tv5000.org
577
- Télé Dieue – Édito
- Télé Millevaches
- TGB
- Tregor Vidéo
- TV5000.org
- TV Ardèche
- Vidéo Brenne
- Vidéon RSS
- VIDÉO SUR MARNE
- Vive TV RSS
578
NewsLetter gratuite :
http://www.dixit.fr/newsletter/newsletter.php?id=313
Adresse : 3, rue La Bruyère – 75009 Paris
Tél. : 01 49 70 03 33 – Fax : 01 49 70 02 15
Lien Internet : www.dixit.fr
Autres ressources
Un guide (en anglais), expliquant comment créer sa Web – TV :
Lien Internet : http://makeInternettv.org
L’agrément du CSA
Les textes officiels et les dossiers de demandes d’agrément
concernant la création de Web TV peuvent être téléchargés
gratuitement sur le site du CSA.
Lien Internet : http://www.csa.fr
F. Diffusions en Festivals
Festival de l’Acharnière à Lille
Animé par une équipe de dynamiques bénévoles, ce festival
fait chaque année une place importante à la création documen-
taire, lors de projections suivies de débats dans une salle du
centre ville.
Tél 03 20 66 95 85
E-mail : festival.lacharniere@free.fr
Lien Internet : http://festival.lacharniere.free.fr
579
Festival International du Film documentaire Océanien – Tahiti
Le principal festival documentaire des îles francophones du
Pacifique donne la priorité aux œuvres tournées pour tout ou en
partie dans les îles, mais est aussi ouvert à une sélection inter-
genres du documentaire.
Lien Internet : http://www.filmfestivaloceanie.org/articles.php
580
Les festivals européens
Allemagne
Festival international du film documentaire de Leipzig
Fondé en 1955 par le Club des cinéastes de la RDA, c’est
l’un des plus anciens festivals de cinéma documentaire
d’Europe de l’Est.
Adresse : Leipziger DOK-Filmwochen GmbH
Postfach 0940 – 04009 Leipzig
Tél. : + 49 341 980 39 21 – Fax : + 49 341 980 61 41
E-mail : info@dok-leipzig.de
Lien Internet : http://www.dok-leipzig.de
Belgique
Filmer à tout prix
Le festival du cinéma des réalités de Bruxelles
Tél. : 02 413 22 56 / 04 78 88 27 37 – Fax : + 02 413 30 00
Lien Internet : http://www2.cfwb.be
Italie
Festival dei Popoli de Florence
Adresse : Borgo Pinti 82 r. 0121 Firenze, Italie
Tél : 00 39 0 55 244 778 – Fax : 00 39 0 55 241 364
E-mail : festivaldeipopoli@festivaldeipopoli.191.it
Lien Internet : http://www.festivaldeipopoli.org
Pays-Bas
Festival international du documentaire d’Amsterdam
Adresse : Documentary Film Festival Amsterdam
Frederiksplein 52 1017 XN Amsterdam Nederland
Tél. : +31 (0)20 627332 – Fax : +31 (0)20 6385388
E-mail : info@idfa.nl
Lien Internet : http://www.idfa.nl
581
Suisse
Visions du réel
Festival international de cinéma documentaire de Nyon
Adresse : Visions du Réel 18, rue Juste-Olivier – 1260 Nyon
Tél.: + 41 22 365 44 55 – Fax. + 41 22 365 44 5
E-mail : docnyon@visionsdureel.ch
Lien Internet : http://www.visionsdureel.ch
582
- La compétition « web-films » présente des productions
audiovisuelles « conçues spécifiquement pour Inter-
net ».
- La sélection « Mobile » est destinée à « des films
courts tourné avec du matériel nomade : téléphone, ap-
pareil photo ou caméra numérique ».
- La sélection « Phone Reporters » est « dédiée à des re-
portages, filmés avec des téléphones mobiles ».
583
documentaires de création représentatifs de l’histoire euro-
péenne du Cinéma faisant création du réel, d’en acquérir les
droits, puis de les faire circuler, par lots de 10 films. Le premier
programme associe des films belges, italiens, portugais, britan-
niques et danois. Les films qui le composent sont des plus
créatifs.
Adresse : Coordination européenne des festivals de cinéma
64 rue Philippe le Bon, B – 1 000 Bruxelles – Belgique
Tél. : 32 2 280 13 76 – Fax : 230 91 41
E-mail : cefc@skypro.be
Lien Internet : www.eurofilmfest.org
Bases de données
Enfin, la base de données de Vidéadoc propose des liens
vers des festivals documentaristes
Lien Internet : http://www.videadoc.com
584
G. Distribution sur supports édités : DVD, etc.
ARTE
Adresse : ARTE éditions/ARTE Vidéo
8, rue Marceau – 92785 Issy les Moulineaux CEDEX 9
Tél. : 01 55 00 77 77 – Fax : 01 55 00 77 00
Lien Internet : http://www.ARTE-boutique.fr
585
de comprendre la crise du système bancaire mondial, miné par
la spéculation (d’Erwin Wagenhofer).
Lien Internet : http://DVD.mk2.com
Tél. : 01 41 90 44 42 – Fax : 01 41 90 67 22
E-mail : customerhelpdesk@reedmidem.com
Lien Internet : http://www.mipworld.com/en/mipdoc
586
Autres marchés spécialisés sur le documentaire
En Allemagne : DoK Industry
Lien Internet : www. dok-leipzig.de
587
E-mail : contact@unifrance.org
Lien Internet : http://www.unifrance.org/annuaires
I. Distribution non-commerciale
La Bibliothèque Nationale de France
La B.N.F. acquiert les droits de diffusion non-commerciale
de documentaires concernant les sciences, l’économie, les
sciences-politiques, la sociologie, les arts plastiques et les prati-
ques performatives (musique, danse, théâtre), la littérature et le
cinéma.
Adresse : Bibliothèque Nationale de France
Département de l’Audiovisuel
11 Quai François Mauriac – 75003 Paris
Tél. : 01 53 79 53 02 – Fax : 01 53 79 47 21
Lien Internet : http://www.bnf.fr
588
La Médiathèque des Trois Mondes
Depuis 1980, la Médiathèque des Trois Mondes diffuse non-
commercialement de documentaires ayant trait à la vie quoti-
dienne et aux cultures des peuples d’Asie, d’Afrique,
d’Amérique latine (et concernant le « Sud » ou du « Tiers-
Monde »). La promotion des documentaires est faite via un
catalogue le site Internet.
Adresse : 63 bis rue du Cardinal Lemoine – 75005 Paris
Tél. : 01 42 34 99 09 – Fax : 01 42 34 99 01
E-mail : cine3mondes@wanadoo.fr
Lien Internet : www.cine3mondes.fr
589
impliquées dans l’action culturelle. La ligne éditoriale de
l’association est la suivante : « Réunis autour du désir
d’explorer les relations fécondes entre la forme artistique et la
démarche documentaire, nous plaçons au centre de nos préoc-
cupations la question du point de vue »
Adresse : 8 rue du Bel Air 93100 Montreuil
Tél. : 06 75 19 37 69
E-mail : contact@lesyeuxdanslemonde.org &
info@lesyeuxdanslemonde.org
Lien Internet : http://www.lesyeuxdanslemonde.org
Gulliver
Ce collectif fondé en 2001 est focalisé sur « la présentation
publique de films documentaires, français et étrangers. Gulliver
a « conduit le public en Asie, chez les Belges, à Berlin, au Por-
tugal
… Des programmations ont été consacrées à l’amitié, à
l’amour, au sexe ou au jardinage
… Dans le cadre des Écrans
Documentaires, des journées thématiques ont mêlé films et dé-
bats sur l’Utopie, La Famille, Figures de la disparition ». Ce
dynamique collectif propose aussi des ateliers de formation et
de réflexion autour du cinéma documentaire, avec le concours
d’intervenants extérieurs : sur la voix off, la narration, la place
des archives.
Adresse : 87 rue Duhesme 75018 Paris
E-mail : contactgulliver@altern.org
Lien Internet : http://www.gulliver.eu.org
590
Tél. : 03 88 23 86 50
E-mail : info@videolesbeauxjours.org
Lien Internet : http://www.videolesbeauxjours.org
L’Agence du court-métrage
L’Agence assure un soutien à la promotion de tous les court-
métrages, dont les documentaires. Cette association publie éga-
lement le magazine Bref, revue trimestrielle offrant un
panorama complet de l’actualité du court-métrage (infos prati-
ques, portraits d’auteurs, productions récentes, agenda des
festivals et des programmations, etc.).
Adresse : 2, rue de Tocqueville – 75017 Paris
Tél. : 01 44 69 26 60 – Fax : 01 42 67 40 46
E-mail : acmbref@club-Internet.fr
Lien Internet : www.agencecm.com
LICHTPUNT – TELEMOUSTIQUE
Lien Internet : www.telemoustique.be
591
VRT
Lien Internet : www.vrt.be
Canada
CBC – Canada Broadcasting Corporation
Lien Internet : www.cbc.ca
Luxembourg
RTL – TVI
Lien Internet : rtl.lu
Suisse
T.S.R. Télévision Suisse Romande
Lien Internet : www.tsr.ch
TV en France (France)
Lien Internet : http://tvenfrance.com
FreeTV (Suisse)
Lien Internet : http://www.freeetv.com
592
Comfm (France)
Lien Internet : http://www.comfm.com
Albanie
Lien Internet : www.rtsh.sil.at
Allemagne
A.R.D./N.D.R. Norddeutscher rundfunk
Lien Internet : www.ard.de
Z.D.F
Lien Internet : http://www.zdf.de
Autriche
O.R.F. Osterreichischer Rundfunk
Lien Internet : www.orf.tv.at
Bosnie
P.B.S. Public Broadcasting Service
Lien Internet : www.pbsbih.ba
Bulgarie
Bulgaria national television
Lien Internet : http://www.bnt.bg
593
Canada
Canada Broadcasting Corporation
Lien Internet : www.newsworld.cbc.ca
Croatie
Croatian television
Lien Internet : www.hrt.hr
Danemark
Danish Broadcasting Corporation
Lien Internet : www.dr.dk
TV 2 Danmark
Lien Internet : www.tv2.dk
Espagne
Televisio de Catalunya S.A. TV 3 & Canal 33
Lien Internet : www.geoplanetatv.com
RTVE
Lien Internet : www.rtve.es
Estonie
Eesti Televisioon
Lien Internet : www.etv.ee
États-Unis d’Amérique
Public Broadcasting Service (PBS)
Lien Internet : www.pbs.org
594
CBS
Lien Internet : www.cbs.com
NBC
Lien Internet : www.nbc.com
Finlande
YLE. Finnish Broadcasting Company
Lien Internet : www.yle.fi
Grèce
E.R.T./N.E.T. Greek Radio Television
Lien Internet : www.ert.gr
Hongrie
MTV 1 & MTV 2
Lien Internet : www.mtv.hu
Islande
RUV
Lien Internet : www.ruv.is.
Irlande
R.T.E. Radio Telefis Eireann & Network
Lien Internet : www.rte.ie
TG4
Lien Internet : www.tg4.ie
595
Israël
Israël Broadcasting Autorithy
Lien Internet : www.iba.org
Italie
R.A.I
Lien Internet : www.rai.it
Japon
N.H.K. – Japan Broadcasting Corporation
Lien Internet : www.media.nhk.org
Lettonie
LTV Lavtian television
Lien Internet : www.ltv.lv
Lituanie
LRT Lietuvos Radijas Ir Televizija
Lien Internet : www.lrt.lt
Norvege
N.R.K. – Norwegian Broadcasting Corporation
Lien Internet : www.nrk.no
Pays-Bas
AVRO Television
Lien Internet : www.avro.nl
596
RNTV – Radio Netherlands Television
E-mail : nrtv@rnw.nl
Lien Internet : www. rnw.nl
Pologne
T.V.P. – Telewizja Polska
Lien Internet : www.tvp.pl
Roumanie
TVR The Romanian television Corporation
Lien Internet : www.tvr.ro
Royaume uni
B.B.C. – Television
Lien Internet : www.bbc.co.uk
Russie
ORT – Russian Public Television
Lien Internet : www.ortv.ru
Slovénie
Lien Internet : www.rtvsio.si
597
Suède
S.V.T. – Sveries television
Lien Internet : www. svt.se
Suisse
R.T.S.I. Radio Télévision Suisse Italienne
Lien Internet : www.rsi.ch
République tchèque
Czech Television – C.T
Lien Internet : www.czech-tv.cz
Serbie
RTS
Lien Internet : www.rts.co.yt
598
lecteurs du livre Le Documentaire cinéma, télévision, Internet,
du prix préférentiel de 10 € (+ frais de port.).
Adresse : Sunny Side of the Doc
DOC SERVICES – Résidence le GABUT/Bâtiment E
16, rue de l’Aimable Nanette/17000 La Rochelle – France
Tél. : 01 53 78 30 19 – Mobile : 06 72 83 28 2
Lien Internet : http://www.sunnysideofthedoc.com/fr
599
Lien Internet : www.dixit.fr
600
d’une année de télévision. Un regard anime la rédaction : » La
saison est un outil de résistance. Notamment pour la défense
d’une télévision publique forte et ambitieuse, indépendante du
pouvoir politique et directement doté de ressources pérennes
indispensables à la réalisation de ses objectifs ». Éditions
l’Harmattan, 7 rue de, l’École polytechnique 75005 Paris.
Lien Internet : www.editions-harmattan.fr
601
Tél. : 01 42 43 10 30 – Fax : 01 42 43 88 66
E-mail : rp@altermedia.org
Lien Internet : www.altermedia.org
602
European Social Documentary : En Italie
Les formations à l’échelle européenne proposées par EsoDoc
sont orientées vers les documentaires focalisés vers les droits de
l’Homme, la justice sociale et les projets environnementaux,
tout particulièrement dans les pays du Tiers-Monde. ESoDooc
veut préparer des professionnels pour changer le monde audio-
visuel. Des ateliers ont aussi été créés en Bosnie et en Inde.
Adresse : European Social Documentary ZeLIG
via Brennero 20/d Brennerstr. 39100 Bolzano/Bozen – Italy
Tél. : +39 0471 977930 – Fax +39 0471 977931
E-mail : info@zeligfilm.it
Lien Internet : http://www.esodoc.eu
La Fémis : À Paris
La Fémis développe deux formations sur le documentaire :
Un Atelier documentaire qui a pour objectifs de « mettre en
relation l’écriture des projets avec des expériences concrètes de
réalisation et la découverte de la diversité du cinéma documen-
taire » et le stage européen Archidoc : un « Atelier de
développement de projet de documentaire à base d’archives
(
…/
…) Travail sur l’écriture de synopsis, remontage du film-
annonce, Master classes, conférences, préparation au pitching,
pitch ».
Adresse : École nationale supérieure des métiers de l’image
et du son (Fémis), 6 rue Francoeur – 75018 Paris
Tél. : 01 53 41 21 00/21.01/21.02/ 21.80 – Fax : 01 53 41 02 80
Lien Internet : www.femis.fr.
603
Tél. : (+34) 93 446 0668 – Fax (+34) 93 457 0926
E-mail : info@observatoriodecine.com
Lien Internet : www.observatoriodecine.com/home.html
604
Filmographies
Visionner des œuvres depuis les origines du cinéma docu-
mentaire est fondamental. La question de la filmographie se
pose
- Une filmographie de base est conseillée dans la partie
L’Art de cet ouvrage. Elle représente la base que tout
documentariste devrait progressivement acquérir.
Bibliographie
Lire des livres permettra de situer les œuvres dans leurs éco-
les, dans leur contexte historique, dans leurs tendances.
- La bibliographie de base conseillée dans la partie L’Art
de cet ouvrage représente le strict minimum incontour-
nable.
- Il convient en priorité de compléter ce minimum par les
lectures conseillées au fil des parties de cet ouvrage, et
concernant L’Écriture, La Réalisation (et aussi l’image,
le son, le montage), La Production, La Distribution, La
Mémoire.
- Ensuite les quelques livres qui suivent compléteront ce
dispositif d’apprentissage :
605
11. Ressources pour la mémoire
Sélections de pôles de la mémoire audiovisuelle
La sélection ci-dessous présente une série de pôles pouvant
être explorés lors de la recherche d’archives. Cette sélection est
divisée en trois ensembles :
- d’une part, les grandes « banques » d’archives les plus
couramment sollicitées par les documentaristes.
- d’autre part, une série de « pistes » complémentaires,
enfin, des pistes d’archives audiovisuelles inédites.
Ciné Archives
Ciné Archives rassemble les archives audiovisuelles du Parti
Communiste Français, et les éléments produits notamment par
Unicité. Ces archives présentent une mémoire du mouvement
ouvrier français et de ses relations avec les pays dits du “socia-
lisme réel”.
606
Adresse : Ciné Archives 2 Place du Colonel Fabien – 75019 Paris
Tél. : 01 40 40 12 50 – Fax : 01 40 40 13 99
E-mail : cinearchives@free.fr
Lien Internet : http://www.cinearchives.org
607
Film Images
Film Images se présente en ces termes : « Banque d’images
film au contenu encyclopédique (
…/
…) Depuis la création de la
société en 1990, Film Images s’est donné pour critère prioritaire
l’accès à la pellicule. La plupart de nos sources, d’origine
35 mm, S35mm, 16 mm, S16mm ou même 70mm, ont conservé
leurs négatifs, ce qui nous permet aujourd’hui de répondre à
toutes les exigences de standards en Haute Définition »
Adresse : Film Images 18 rue Le Bua 75020 Paris
Tél. : 01 40 32 47 47 ou 47.41 – Fax : 01 40 32 47 57
E-mail : filmimages@wanadoo.fr
Lien Internet : http://www.film-images.fr&
http://www.footage.net
608
La Collection Lobster
La collection Lobster se présente en ces termes : « une mine
d’or d’images anciennes, noir et blanc ou couleurs, allant de la
naissance du cinéma au début des années soixante, et couvrant
tous les genres et des thèmes très variés. Actualités muettes et
sonores (notamment les Universal News), documentaires, films
de guerre, dessins animés, films burlesques, jazz, mais aussi
numéros de music-hall du début du siècle, westerns, films
d’aventure et comédies musicales de l’âge d’or d’Hollywood,
comédies Françaises des années trente et quarante, films éroti-
ques, films d’amateurs
… Sur les 20 000 titres de la collection,
plus de 3 500 heures ont été masterisées à partir des meilleurs
éléments film existants. Ces images d’une qualité exception-
nelle, aujourd’hui toutes disponibles sur support numérique et
indexées dans leur grande majorité, constituent une incontour-
nable source d’archives ».
Adresse : Lobster Films 13, rue Lacharrière 75011 Paris
Tél. : 01 43 38 69 69 – Fax : 01 43 57 26 05
E-mail : lobster@lobsterfilms.com
Lien Internet : http://www.lobsterfilms.com
Le Collectif Orchidées
Des dizaines d’heures tournées sur tous les continents depuis
1982. Le Collectif Orchidées conserve une “mémoire des Suds”
(en pellicule argentique, vidéo, et photo), et permet de faire le
lien avec les archives audiovisuelles des collectifs de solidarité
Nord-Sud (associations, O.N.G., etc.), les réseaux d’information
Tiers-Monde (notamment R.I.T.I.M.O.) et les bases d’images
des organisations internationales. Un fond conséquent du col-
lectif Orchidées est géré par Pathé Archives tandis que les
négatifs des pellicules argentiques sont conservés aux Archives
du film du CNC à Bois d’Arcy. Le Collectif Orchidées investit
volontiers ses images d’archives en coproduction (moyen-
nant % sur les RNPP et mention en génériques et tous supports
de communication) dès lors que le film correspond à ses choix
éthiques et à une valorisation, à un respect des cultures des peu-
ples du monde. La collection gérée par Gaumont Pathé
Archives comporte « de nombreuses images d’Afrique, d’Asie
609
et d’Amérique Latine ainsi que des reportages sur l’immigration
en France. Les principaux thèmes de la collection sont
l’agriculture, la sécheresse, la misère urbaine, la médecine tradi-
tionnelle, et les réfugiés (
…/
…) et également une interview
exclusive de Thomas Sankara, Président du Burkina Faso de
1983 au 15 octobre 1987, date de son assassinat ».
Adresse : Collectif Orchidées, 22 rue Corvisart 75013 Paris
E-mail : lecollectiforchidees@yahoo.fr
Lien Internet : Le fonds Orchidées sous mandat Gaumont Pathé
Archives http://www.gaumontpathearchives.com
610
CNRS Images : le Centre National de la Recherche Scientifique
CNRS Images a pour mission de « témoigner de la recherche
et spécialement de celle qui est conduite au sein du CNRS par la
photographie et l’audiovisuel ».
Adresse : CNRS Images
1 Place Aristide Briand. F – 92195 Meudon Cedex
Tél. : 01 45 07 56 86 – Fax : 01 45 07 59 00
Lien Internet : http://www.cnrs.fr/cnrs-images
611
Portail des archives audiovisuelles en Provence Alpes Côte
d’Azur
Ce portail dédié aux archives audiovisuelles en région PA-
CA est « un outil de travail, développé par Cinémémoire
cinémathèque de films amateurs à Marseille » Ce projet
s’adresse à « toute structure, publique ou privée, souhaitant
faire partie d’une dynamique régionale de valorisation de
l’histoire locale au travers de ses films ».
Adresse : Cinémémoire
11, rue du Commandant Mages 13001 Marseille
Tél. : 04 91 62 46 30
Lien Internet : http://archives-films-paca.net
612
Sélection de pistes d’archives audiovisuelles rarement
sollicitées
Le cinéma a depuis ses origines ses professionnels, qui en
ont fait métier, et qui en vivent, et ses « amateurs », qui en sont
amoureux, investissent leurs économies en achat de matériel
coûteux, et y consacrent temps et loisirs. Singulièrement, ces
deux groupes se rencontrent rarement, du fait, souvent, de
l’élitisme des champs cinématographiques et télévisuels. Et
pourtant, nombre d’« amateurs » aboutissent à une pensée de
film, et à une qualité esthétique et technique qui ne les différen-
cient pas de bien des professionnels. Nombre de professions ont
leurs cinéastes « amateurs » : cheminots, enseignants, agri-
culteurs, etc. Et ces réseaux constituent aussi des bases
d’archives audiovisuelles ancrées dans le social. Ces réseaux
sont à explorer. En termes de formalisation, insistons sur un
point : les choses doivent être menées avec éthique, et justice
économique. Les détenteurs d’archives, en clair, doivent rece-
voir un retour sur investissement, être rétribués soit comme les
bases d’archives professionnelles, soit en coproduction par %
sur les RNPP, en « mentionnés en génériques » ainsi que sur les
supports d’accompagnements des films.
613
Adresse : Alicc 21, rue des petits prés – Hameau de Bordeaux
77410 Villaudé France
Lien Internet : http://www.alicc.net
614
Union International de Cinéma
Cette fédération mondiale agrée par l’UNESCO regroupe les
regroupements nationaux de cinéastes amateurs. Son portail
offre des liens dans le monde entier.
E-mail : webmaster@unica-web.com
Lien Internet : http://unica-web.com
Le Ciné-Club 9,5 mm
Ce portail s’ouvre sur un format argentique rare, le 9,5 mm,
qui fut utilisé en professionnel et en amateur et a encore ses
passionnés. La raison de cette passion, outre la rareté de la
chose et la beauté du geste, tient au format de pellicule qui op-
timalise la surface utile de la pellicule. A titre de comparaison :
Le 16 mm utilise 57 % de la surface et aboutit à une l’image
de : 69,6 mm2, et le 9,5 mm utilise 71 % de la surface pour
aboutir à une image de 50,8 mm2. Au-delà de la recherche
d’archives, c’est un site à découvrir pour les passionnés curieux
de cinéma !
Lien Internet : http://cine9.5mm.free.fr
615
Sélection de coordinations internationales
Il est toujours complexe de s’orienter pour rechercher les ar-
chives audiovisuelles à l’échelle internationale. Par exemple :
Où trouver des images du Vietnam dans les télévisions et cen-
tres du cinéma des industries de programmes audiovisuels
d’Europe de l’Est et de Russie (ces pays ayant abondamment
filmé le Vietnam pendant la « Guerre Froide ») ? Les coordina-
tions internationales présentées ci-dessous sont des « portails »
permettant aux documentaristes, désirant identifier et localiser
des organismes détenteurs d’archives audiovisuelles, de
s’orienter et, via les liens Internet, d’établir des contacts avec
les grands fonds de la mémoire audiovisuelle mondiale. La pra-
tique de la langue anglaise est de rigueur.
616
Association of Moving Image Archivists
Association de professionnels de la sauvegarde, conservation
et valorisation des archives.
Lien Internet : www.amianet.org
617
La Journée Mondiale de l’Héritage Audiovisuel
Depuis 1980 l’UNESCO a institué dans le monde entier la
Journée Mondiale de l’Héritage Audiovisuel – The annual
World Day for Audiovisual Heritage.
Lien Internet : http://www.pia.gov.ph
Archives sonores
Les archives sonores de L’AFAS
L’Association des détenteurs de documents audiovisuels et
sonores – AFAS a été créée en 1979 par des responsables de
fonds d’archives sonores. Son objectif est « de réunir institu-
tions et personnes qui s’intéressent à la sauvegarde, au
traitement et à la communication des documents sonores et au-
diovisuels »
Adresse : L’AFAS : Bibliothèque nationale de France
Département de l’audiovisuel Quai François Mauriac
75706 Paris Cedex 13 France
Tél. : 01 53 79 53 10 – Fax : 01 53 79 47 82
Lien Internet : http://afas.imageson.org
12. Bibliographie
Figurent notamment, dans les pages qui suivent, les référen-
ces exactes de tous les ouvrages cités dans le corpus du livre
Praxis du cinéma Documentaire, Une théorie et une Pratique.
Par contre nous ne citons pas de nouveau les ouvrages dont
les références sont indiquées dans le corpus de l’ouvrage.
618
COLLEYN J-P., Le regard documentaire, Paris, Centre Geor-
ges Pompidou, 1993.
DEVARRIEUX C., de NAVACELLE M-C., Cinéma du réel,
Paris, Autrement, 1988.
GAUTHIER G., Le documentaire, un autre cinéma, Paris, Na-
than, 1995.
JEANNEAU Y., La production documentaire, Paris, Dixit,
1997.
MAURO. D., « Le pouvoir du documentaire : entretien avec
Thierry Garrel » in La Revue Documentaire, N° 5, no-
vembre 1991
MAURO D., Le cinéma documentaire entre rébellion et aliéna-
tions, essai de sociologie d’un art, thèse de doctorat,
Paris, université de Paris III – Sorbonne nouvelle & Lille,
ANRT, 2003, p. 720
ODIN R., (ed), L’âge d’or du documentaire, tome 1, Paris,
L’Harmattan, 1998.
ODIN R., (ed), L’âge d’or du documentaire, Tome 2, Paris,
L’Harmattan, 1998.
PIAULT M., Anthropologie et cinéma, Paris, Nathan, 2000.
PREDAL R., (ed) Le documentaire français, Cinémaction,
n° 41, 1987.
PREDAL R., (ed) Le Cinéma direct, Cinémaction, n° 76, 1995.
PREDAL R., (ed) Histoire du cinéma, Cinémaction, n° 73,
1994.
S.C.A.M. (Ed), Pour un manifeste du documentaire, Le livre
blanc de la Scam, 11 juin 1996.
619
AMSELLE J-L., « Ethnies et espaces : pour une anthropologie
topologique » in Au cœur de l’ethnie. Ethnie, tribalisme
et État en Afrique, Paris, La Découverte, 1999.
AUMONT J., (textes sélectionnés par) Eisenstein, au-delà des
étoiles, Paris, U.G.E., 1974.
BARBE J-M., Plaidoyer pour des festivals audacieux, Euro-
filmfest n° 19, hiver2002
BIZOT J-F., « Les infos sont-elles truquées », in L’info est-elle
truquée ? Actuel, n° 15, mars 1992, p. 1
BOURDIEU P., Questions de sociologie, Paris, éditions de
Minuit, 1984.
BRADBURY R., Fahrenheit 451, Grogmore, Dt Albans, Pan-
ther Books, 1977
BRECHT B., Théâtre complet, Tome 2, Paris, L’Arche, 1974.
BRENDA J., "Les aventures de l’auteur au cinéma" in L’auteur
en question, la revue Documentaire, n° 14, 1999, p. 135-
144.
BRETON A., Entretiens, Paris, Gallimard, 1973.BRISMEE J.,
Lumière et son dans les techniques cinématographiques,
Kraainem, MCP Éditions, 1987.
CARLES P., « Les petits mensonges de la télévision », in L’info
est-elle truquée, Actuel, n° 15, mars 1992, p. 12-17.
CARRIERE J-C., « Les questions du sphinx », in Entretiens sur
la fin des temps, Paris, Fayard, 1998.
CASETI F., Les théories du cinéma depuis 1945, Paris, Nathan,
1999.
COLLEYN J-P., & de CLIPPEL C., Demain, le cinéma ethno-
graphique, Paris, Cerf, 1992.
COLLEYN J-P., de LATOUR E., PIAULT M-H., « Enseigne-
ment, recherche, et documentation en anthropologie
visuelle », Paris, Le Journal des anthropologues, n° 47-
48, printemps 1992, p. 268 et p. 213-216.
620
COMOLLI J-L., « Puissances du vide et pleins pouvoirs » in
Images documentaires, n° 40/41, 1er et 2e trimestres 2001,
p. 15-28.
COMOLLI J-L & RANCIERE J., Arrêt sur histoire, Paris, Cen-
tre Georges Pompidou, 1997.
COPANS R. & JEANNEAU Y., (ed), Filmer le réel, de la pro-
duction documentaire en France, Paris, Les
documentaristes associés – La Bande À Lumière, 1987.
De FRANCE C., Pour une anthropologie visuelle, Ca-
hiers de l’Homme, Paris, Mouton, 1979.
DEVARRIEUX C., & de NAVACELLE M. C., Cinéma du
réel, Paris, Autrement, 1988.
ECO U., « Conclusion par Umberto Eco », in Entretiens sur la
fin des temps, Paris, Fayard, 1998.
ECO U., « Un petit monde très moderne » in LODGE D., Un
tout petit monde, Paris, Rivages, 1991.
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Bourgois, 1976.
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Centre Georges Pompidou, 1996.
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vision française de 1959 à 1981, Paris, INA, 1981.
621
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jours, Paris, Seuil, 1996.
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sième cycle, Paris, Université de Paris III – Sorbonne
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MULLER T.S., « Plaidoyer pour des festivals audacieux » in
Bruxelles, Eurofilmfest, n° 19, hiver 2001-2002.
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PREDAL R., Jean Rouch, un griot gaulois, Cinémaction, n° 17,
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622
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démocratie, Le Monde diplomatique, Manière de voir
n° 14, février 1992, p. 10-16.
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Bidendum » in Le Nouvel Observateur, n °1933. Du 22
au 28 novembre 2001, p. 152.
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du réel, Marseille, Vue sur les docs, 2001, p. 33-35.
SORLIN P., Sociologie du cinéma, Paris, Aubier-Montaigne,
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SORLIN P., Esthétiques de l’audiovisuel, Paris, Nathan, 1992.
TOUSSAINT B., Le langage des images et des sons, Paris,
Armand Colin, 1999.
VERTOV D., Articles, journaux, projets, Paris, U.G.E, 1972.
13. Entretiens
Entretien avec Yves Jeanneau
623
films, du « cinéma du réel » qui répondent à cette nouvelle
donne ? Un genre répond extrêmement bien à cela : c’est le
documentaire d’investigation qui prend beaucoup de temps,
d’énergie et de persévérance pour être mené à bien. La chance
du documentaire c’est ce luxe de temps, alors que – du temps –
la télévision n’en donne pas. Pour faire de l’investigation digne
de ce nom, il faut du temps. Le manque de temps est la plus
efficace des censures politiques. La révélation de la vérité est un
peu la raison d’être du documentaire. Le documentaire flirte
avec la vérité, sans jamais l’embrasser réellement, sans vrai-
ment la cerner. Parce que la vérité est toujours plus évanescente
et plus compliquée qu’on ne le croit. Dans cette recherche de la
vérité, le documentaire (d’investigation) est la voie royale. Au-
jourd’hui, ce sont ces documentaires-là que j’aurais envie de
voir davantage pour casser les idées reçues, les analyses pré-
conçues, les formatages des consciences, de manière à ouvrir
des perspectives et à pouvoir toujours espérer. Tant qu’il y aura
des révoltés
… »
624
Conclusion
625
parole étant donné aux « derniers témoins », dont l’auteur du
pamphlet Indignez-vous !, Stéphane Hessel, resté fidèle aux
idéaux de sa jeunesse
… et inspirateur non manichéen du mou-
vement mondial des Indignés.
L’année 2010 était celle de la célébration des indépendances
en Afrique francophone. Après les séries Africa (Channel 4,
1983), Moi l’Afrique (Collectif Orchidées & TF1 1, 1985), 2010
voyait l’émergence d’une œuvre majeure : Afrique(s), une autre
histoire du XXe siècle, d’Elikia M’Bokolo, Philippe Sainteny,
Alain Ferrari et Jean-Baptiste Péretié (Série de 7x52’ Produc-
tion : Temps Noir, INA, France 5. Le résumé du film expose sa
pensée, atypique en ces temps où certains disent que « l’homme
africain n’est pas encore entré dans l’Histoire » : « Trop long-
temps l’Afrique n’a eu ni visage, ni parole, ni mémoire. Sa
seule histoire était celle qu’écrivaient à sa place ceux qui
l’avaient fait souffrir et qui l’avaient pillée. Comme si l’Afrique
ne pouvait pas se dire, se raconter et nous révéler elle-même sa
profonde identité. (
…/
…) revivre 100 ans de l’histoire de
l’Afrique, par la voix de ses grands acteurs, tous ceux qui, de
près ou de loin, ont pris part à son réveil et l’ont fait entrer dans
le XXIe siècle » (source : programmation de Films rebelles,
Sunny Side Of The Doc’, 2010).
Comme l’analyse Charlotte Grierson (critique aux Cahiers
du Cinéma) : « Plus le monde paraît complexe et les flux
d’images qui nous parviennent abondants, plus la médiation
artistique du documentaire de création nous est précieuse. De-
venue plus rare à la télévision, la singularité du regard du
cinéaste sur le monde – son geste à la fois poétique et politique
– est plus que jamais salutaire ». (In Code Couleur n° 6, Centre
Pompidou, 1er trimestre 2010). Depuis ses origines, le documen-
taire de création est en « phase » avec son temps. La dernière
période a vu apparaître des films d’investigation audacieux,
libres et rebelles, questionnant l’« ordre » du monde. Alors que
la crise financière mondiale témoignait de l’absence totale
d’éthique et de l’opacité (c’est un euphémisme) du système
bancaire international, le cinéaste autrichien Erwin Wagenhofer
achevait le film Let’s make money ! consacré aux ravages so-
ciaux et économiques de la spéculation bancaire et financière, et
diffusé en salles en 2009. cette même année, France 5 diffusait
626
le film Médicamenteurs coordonné par Brigitte Rossigneux
(une collaboratrice du Canard Enchaîné), Stéphane Horel et
Annick Redolfi, consacré aux dominations et aux méthodes de
lobby des laboratoires pharmaceutiques (ainsi qu’à leur respon-
sabilité, en France, dans le déficit récurrent de la Sécurité
sociale).
Soulignons aussi l’exceptionnelle enquête internationale De-
famation du documentariste Yoav Shamir, porté par une
question simple (indiquant la pensée du film) « What is anti-
semitism today, two generations after the holocaust ? ». Nicolas
Philibert commentait : « Le grand public continue à confondre
documentaire et magazine parce que la télévision entretient
cette confusion » (source : News Letter n° 4 du Sunny Side of
The Doc 2009). Au-delà de la confusion que souligne à juste
titre cet auteur, la frontière entre journalisme et documentaire
est ténue, parfois pour de très bonnes raisons, jusque dans cer-
tains magazines. Ainsi, Michel Mompontet grand reporter à
France 2, a créé une série d’opus intitulés « Mon Œil » dans le
cadre du Magazine 13h 15 le samedi. Il y propose des « repor-
tages » de 5’30’’qui ressemblent fort à des documentaires
courts-métrages, de par leur caractère, précisément, finement
documenté, leur point de vue affirmé, leur regard d’auteur, et
leur traitement très engagé. Et comme le commente Agoravox –
le média citoyen : « Michel Mompontet nous offre un peu plus
de 5 minutes d’impertinence dans sa chronique "Mon œil"
(
…/
…) Michel Mompontet emprunte au jazz ses circonvolu-
tions improvisées pour nous offrir 5mn30 de pur plaisir. Son
objectif, avec son passe-vues, est de décrypter l’information
grâce à l’image. "Mon œil", titre de sa chronique, utilise les
images de l’actualité pour mettre en parallèle des informations
parfois disparates ou leur offrir un commentaire qui va nous
permettre de mieux replacer tel événement dans une histoire
globale du monde. (
…/
…) Critique, cynique, moqueur mais
toujours juste, "Mon œil" rappelle que France 2 sortit une pu-
blicité où deux jolis yeux (ceux de Carole Gaessler ?) nous
laissaient imaginer que nous y verrions ce que les autres ne
montrent pas. Mompontet réussi cette gageure » (source :
http://www.agoravox.fr). Traversés par une pensée rebelle et
portés avec humour, les courts 5’30’’ « Mon Œil » sont plus
627
que des « sujets », et rejoignent l’approche documentariste, car
ils ont une profondeur inversement proportionnelle à leur durée.
En janvier 2010, alors que le monde entier se mobilisait pour
Haïti victime d’une catastrophe qui y fit plus de victimes qu’une
guerre, Michel Mompontet rappelait à juste titre que, concer-
nant la vie du peuple haïtien « Avant (la catastrophe), c’était le
pire ordinaire et le monde regardait ailleurs (
…/
…) maintenant
c’est le pire, extra-ordinaire », éléments d’analyse confirmés
dans le documentaire grand – format Écoles en Haïti (Solidarité
laïque/Collectif Orchidées/Films Grain de Sable/Océans télévi-
sions, 2012). Dommage, « Mon œil » a disparu au second
semestre 2012.
En termes de relations des films documentaires avec
l’histoire immédiate, les « printemps arabes » (formule journa-
listique superficielle bien-pensante) font l’objet de recherches et
d’œuvres qui questionnent le réel et, pour reprendre les propos
de Abdel Aziz Haïchi : « Pourquoi les révolutions sont-elles
détournées, confisquées ? Pourquoi le so-called « printemps »
est-il suivi immédiatement d’un « hiver » ? Pourquoi les révolu-
tions sortent-elles les peuples des « pestes » des dictatures
familiales pour les enfermer dans les « choléras » des dictatures
islamiques et de la charia ? ». Questionnements des plus pro-
fonds, sur des réalités difficilement compréhensibles. La liberté
n’est-elle pas dans la laïcité ? Des films, là encore aident à per-
cevoir les nuances de ces sociétés ; citons-en deux, exemplaires,
et réalisés par des femmes arabes : Good-bye Moubarak de
Katia Jarjoura (diffusé sur ARTE en septembre 2011), Laïcité
Inch Allah ! de Nadia El Fani. Et quand verrons-nous un film
consacré à Maikel Nabil Sanad ? « Antinationaliste, athée et
pro-israélien » (cf. Jacques Attali « Pour Maikel Nabil Sanad »
in L’Express n°3157 du 14.01.2012), ce vétérinaire égyptien de
26 ans est l’une des figures majeures de la révolution arabe
égyptienne de 2011. Emprisonné, haï tant par les islamistes que
par les militaires corrompus, il sera peut-être déjà mort à l’heure
où ces lignes auront été publiées.
Pour ce qui est des formes, du style, de la façon de raconter,
il n’est pas inutile avant de clore ce livre, d’évoquer encore une
fois Joris Ivens qui a consacré à la Chine de nombreuses œu-
vres, depuis Comment Yukong déplaça les montagnes jusqu’à
628
Une histoire de vent, son dernier chef-d’œuvre réalisé peu de
temps avant sa mort. Ivens n’était pas insensible au slogan
maoïste « le vent d’Est l’emportera sur le vent d’Ouest », le-
quel, dans le contexte de l’époque, pouvait sembler une
rodomontade dogmatique. Mais quelques temps plus tard, un
ambassadeur de France en poste en Chine, peu « suspectable »
de maoïsme (M. Alain Peyreffitte) écrivait un livre dont le titre
aurait pu être pensé par des Gardes Rouges : Quand la Chine
s’éveillera, le monde tremblera.
En ces décennies du XXIe siècle, alors que les médias domi-
nants qualifient de manière moutonnière et simplette l’Inde et la
Chine de « pays émergents » (émergeant de quoi ?), que consta-
tons-nous dans le domaine de l’audiovisuel : L’Inde est le
premier producteur de films du monde, la Chine expérimente
des formes et des champs, en matière de cinéma documentaire,
impensables en ce lieu d’un point de vue occidental. Et là, pour
se re-situer et tout relativiser, il n’est pas inutile de lire La tenta-
tion de l’Occident d’André Malraux. Concernant le
documentaire en Chine, le point de vue d’un jeune cinéaste
chinois n’est pas inintéressant : « La façon de raconter une his-
toire est plus importante que l ‘histoire elle-même. Il n’y a pas
de bon ou de mauvais sujet, c’est la manière de raconter qui
compte ». Ce postulat exprimé par Zuolong Shan durant les
Écrans de Chine (manifestation organisée fin janvier 2012 à
paris par la Scam avec ICTV, l’Asian Side of the Doc et les
Films Grain de sable) met en avant la question du regard
d’auteur, du point de vue, du traitement, du style. Fondements
de toute création artistique, par seulement en cinéma documen-
taire, mais aussi en littérature, en peinture, etc. Cette question
du style est essentielle. Lors de la même manifestation, Jean-
Michel Carré (achevant, en 2012, la série de films Chine, le
nouvel empire du monde ?) rappelait que ce sont les films de
Jean-Luc Godard, et leur style, des plus expérimental, qui lui
avaient donné envie de consacrer sa vie au cinéma. Les formes
expérimentales, donc, à mettre en œuvre sans fin.
629
L’Internet comme « moteur » potentiel des créations à venir
Entre 2009 et 2012, l’Internet suscite un grand enthousiasme
au sein des éditorialistes et des commentateurs. On parle de
l’« explosion des Web-docs » (curieuse terminologie !). Ainsi,
selon Pierre Block de Friberg, responsable des documentaires
de France 5 « Alors qu’ils passaient encore pour des gadgets il y
a deux ans, les web-docus explosent. » Même si, « de l’écriture
au mode de financement, on n’en est qu’aux prémisses » in 20
Minutes, 25 juin 2009. http://www.20minutes.fr. Ce point de
vue est de plus en plus partagé, ainsi, le producteur
d’Honkytonk, Arnaud Dressen, commente : « Le web-doc ouvre
l’espace à une autre génération de réalisateurs et de produc-
teurs » (source : Écran total n° 761, 24 juin 2009).
Comme toujours, les titres aguicheurs n’ont pour but que de
vendre les publications qui impriment ces textes. La réalité est
plus nuancée. La question essentielle, toujours, est celle du fi-
nancement. Yves Jeanneau, lors des XX ans du Sunny Side of
the Doc’, commentait à propos du fameux « Boom des Web-
docs » (in le film français n° 3321 du 19 juin 2009) : « Au-
jourd’hui, les chaînes veulent toutes monter leur webtv. Il est
urgent qu’elles créent un budget propre à la production de ces
nouveaux médias ». Parallèlement, Guy Seligmann commentait
dans La Lettre de la SCAM (n° 36, novembre 2009) : « le do-
cumentaire est en constante augmentation : de plus en plus de
minutes en sont diffusées (
…/
…). Outre les chaînes hertziennes
traditionnelles (
…/
…) la démultiplication des nouveaux réseaux
de diffusion est exponentielle : TNT, câble, satellite, FAI, Inter-
net, sans oublier la VOD et le Web documentaire ». Selon la
SCAM : « L’ensemble des revenus de l’accès à l’Internet
s’élève en France à 5,4 milliards d’euros (
…/
…). Les œuvres
protégées constituent un des principaux attraits du web, il est
donc temps que les ayants-droits obtiennent une part de ces
ressources ». se fondant sur cet argument, la SCAM présentait à
cette époque une « proposition de financement de la création »
destinée aux œuvres conçues pour le Web. Et la dimension er-
gonomique des nouveaux outils contribue, elle aussi, à favoriser
le potentiel de création.
A propos de cette légèreté technique croissante des moyens
techniques mis en œuvre pour les nouvelles approches du do-
630
cumentaire, Muriel Rosé, Directrice des magazines et documen-
taires de France 3 s’exprimait en ces termes lors des 20 ans du
Sunny Side of the Doc’ (in Écran total, n° 761 du 25 juin
2009) : « L’identité du documentaire est en pleine évolution et
provoque une réflexion en regard justement, des nouveaux ou-
tils de fabrication – des caméras très légères aux téléphones
portables – et des modes de diffusion – Internet, TMP, réception
sur téléphones mobiles ». La conjugaison de ces outils est un
vecteur de renouvellement de tous les genres, en relation directe
avec les diffusions potentielles sur les écrans multiples.
En cette seconde décennie du XXIe siècle, le World Wide
Web (WWW) fait l’objet de bien ses spéculations : Internet
serait un « second marché », une « alternative » aux dispositifs
des industries de programmes audiovisuels, etc. Actuellement,
si l’on observe la réalité de la situation, pour ce qui concerne le
documentaire, le Web présente la situation suivante : a). En
terme de documentation, de culture documentaire, il est possible
d’y visionner gratuitement de nombreuses œuvres sur des sites
tels que ceux de l’ONF (Canada) de l’INA (France) ainsi que
sur les sites de nombreuses chaînes de télévision du monde
entier ; mais, et aussi, sur Youtube, Dailymotion, etc. b). En
matière d’achats, les offres (« VOD, « vidéo à la de-
mande », etc. », les achats de films téléchargeables, les DVD
commandables en ligne, etc. sont une autre possibilité relevant
du même registre c). Pour ce qui est de la production de docu-
mentaires avec financements, préachats, coproductions, etc. à
part quelques exceptions (cf. Gazea – Sderot, la vie malgré
tout), l’économie générée par le Web se cherche encore, est en
pleine élaboration. d). Pour les auteurs et les producteurs, le
Web offre avant tout, à ce jour, une possibilité de diffusions
alternatives ou complémentaires aux autres modes de distribu-
tion traditionnelle. Ainsi une œuvre documentaire autoproduite
en « film sauvage » peut être immédiatement diffusée sur le
Web, cependant que des démarches sont entreprises afin de la
faire vivre au maximum (festivals, télévisions, salles, bibliothè-
ques, etc.). Une nouvelle dimension apparaît, via l’Internet,
concernant les créations, productions et diffusions de documen-
taires.
631
Une dynamique des recherches inter-genres
Le documentaire de création aborde la seconde décennie du
XXIe siècle en relation avec une attente des publics : « Le ciné-
ma documentaire connaît aujourd’hui un regain général
d’intérêt aussi bien du côté du public (
…/
…) que de l’institution
cinéma (critique, enseignement du cinéma, festivals, etc.) ».
Alain Bergala in Le Cinéma Documentaire, L’Éden cinéma
(op.cit.). Et, parallèlement, de multiples recherches
s’expérimentent en tous les modes d’expressions pensables.
Documentaires-fiction catastrophistes et supercheries sont des
genres en constant renouvellement. Citons dans le premier re-
gistre 2012, La Conspiration de l’Apocalypse, de Dimitri
Gimblat, diffusé sur France 4 en novembre 2009, ou, dans le
second registre, l’excellent film Les Pessinois sont parmi nous
de Jean pierre Zirn (diffusé sur France 3). Concernant les films
d’investigation, ceux-ci se distinguent en documentaire de tou-
tes les pseudo-enquêtes sensationnalistes des reportages. Yves
Jeanneau (dans la News Letter n° 3 du Sunny Side of The Doc –
pertinemment intitulé en 2009 Respect The Truth) en rappelle
des règles fondamentales : « L’investigation, la vraie, ne se fait
pas en trois semaines et en six jours de tournage. Elle nécessite
temps et persévérance, compétence et spécialisation. (
…/
…)
Mais elle permet de produire des films surprenants, qui susci-
tent la controverse (
…/
…).L’argument discret qui prévalait hier
ne devrait plus tenir : il était impensable d’enquêter à fond sur
le rôle d’une grande compagnie pétrolière ou agroalimentaire
qui pouvait être un puissant annonceur. Les lobbys se sont sé-
rieusement armés pour faire face – et empêcher – que l’on aille
voir de trop près dans leurs arrières-cuisines
… Aujourd’hui les
puissances de l’argent sont largement mises en cause : les do-
cumentaires d’investigation sont donc, plus que jamais, des
programmes d’utilité publique ». En terme d’investigation, pré-
cisément, citons le remarquable travail de Jean – Michel
Rodrigo dans La guerre des cotons (2005, Mecano Produc-
tions), et dont l’enjeu est des plus passionnants : « D’un côté,
les Etats-Unis, première puissance économique de la planète, de
l’autre une poignée de pays d’Afrique de l’Ouest considérés
parmi les plus pauvres du monde. Entre les deux, une compéti-
tion acharnée pour la conquête du marché chinois : un milliard
632
trois cent millions de personnes à vêtir, cent millions d’em-
ployés dans le textile et le coton, des dizaines de milliers
d’usines géantes. Une industrie en pleine explosion qui inonde
le marché-monde et menace directement la concurrence, asiati-
que, maghrébine, latino-américaine »
(source : http://www.mecanosprod.com).
633
laissé dans son sillage une suite de mots et de notes de musique
(
…/
…) ces pistes de rêve formaient dans tout le pays des
“voies” de communication. » (Chatwin, 1988). L’œuvre docu-
mentaire de Joris Ivens témoigne des multiples « glissements »
de l’artiste. Engagé et fidèle à ses convictions jusqu’à sa mort, il
fluctua dans ses constructions esthétiques au gré de la rencontre
de son imagination avec les vents du « réel ». Cette œuvre est
très représentative des mouvements internes au cinéma docu-
mentaire. Dans le film que Robert Destanque lui a consacré
Joris Ivens qualifie le documentariste d’« Artiste ». Mais quelle
forme d’art est-ce donc que le documentaire ? Les travaux du
docteur Edward E. Muybrige (fin du XIXe siècle) sur la décom-
position du mouvement humain et animal sont considérés
comme précurseurs, tandis que Nanook of the North de Robert
Flaherty (1922), est généralement pris comme référence princi-
pale (contestée par certains historiens) du documentaire
d’auteur élaboré, puisque le réel y est remis en scène. Dans son
Histoire du cinéma mondial, qui demeure un classique, Georges
Sadoul écrit notamment : « Ce qui fait la grandeur du cinéma,
c’est qu’il est une somme, une synthèse aussi de beaucoup
d’autres arts ». Plus loin, Sadoul cite Lénine : « Le cinéma, de
tous les arts, est pour nous le plus important. » (Sadoul, 1972).
Les élaborations théoriques d’Eisenstein, de Koulechov, et sur-
tout, concernant le documentaire, de Dziga Vertov, ont une
influence qui perdure jusqu’à nos jours puisque les cinéastes se
référant au « cinéma vérité », « cinéma direct » et « cinéma du
réel » perpétuent peu ou prou au XXIe siècle, de façon cons-
ciente ou inconsciente, les thèses et méthodologies de l’auteur
de L’homme à la caméra, théoricien du « ciné-œil » et de la
ciné-sensation du monde.
634
bien conservée. Mémoire souvent à l’abandon, mémoire dé-
truite, encore, par les totalitarismes liberticides et les pays
minés par une culture de corruption. Par ailleurs, des actualités
assez particulières furent liées aux tumultes de l’Histoire : films
des missions de « civilisation » et d’évangélisation, documents
de l’administration coloniale et de l’armée, films de propa-
gande. Ces « actualités » représentent aujourd’hui un matériau
extrêmement riche pour l’élaboration de documentaires histori-
ques.
Henri Laborit écrivait, dans son Éloge de la fuite : « La cul-
ture, c’est, en principe, ce qui ne se vend pas. Un besoin inné
qu’éprouverait l’homme et qui le ferait accéder à sa véritable
essence »
… et pourtant. Au tournant des Années cinquante,
avec les changements survenus dans la distribution cinémato-
graphique (donnant une priorité à la rentabilité et à la fiction) et
l’émergence de la télévision, un changement progressif est in-
tervenu dans les modes de diffusion : le film documentaire a
alors quitté les salles pour devenir l’une des bases des pro-
grammes diffusés sur le « petit écran ». Des émissions cultes,
telles que « Cinq colonnes à la une », se sont largement inspi-
rées des méthodes élaborées par les documentaristes pendant un
demi-siècle, d’ailleurs, j’ai pu constater en collaborant avec
eux, qu’Igor Barrère, Pierre Dumayet, et Roger Pic considé-
raient le documentaire comme un art d’un intérêt majeur pour
ce média.
Mais la rencontre entre le documentaire et la télévision n’a
pas été des plus sereines. Plus tard (à partir de 1974), après le
démantèlement de l’O.R.T.F., l’hégémonie du mode de traite-
ment journalistique et la course à l’audience ont contribué à
provoquer une « crise du documentaire » particulièrement per-
ceptible lorsque le so-called « effet régulateur du marché » a
provoqué une concurrence impitoyable entre les chaînes et la
course effrénée à l’audimat. Le sociologue Pierre Bourdieu s’est
alarmé de cette dérive dans son essai intitulé « Sur la télévi-
sion » : « La télévision fait courir un danger très grand aux
différentes sphères de la production culturelle, art, littérature,
science, philosophie ; elle fait courir un danger non moins
grand à la vie politique et à la démocratie. » (Bourdieu : 1993).
635
Simultanément, l’information devenant un “spectacle” ou-
trancier et souvent “truqué”, ce que Pierre Bourdieu qualifie
d’« emprise du journalisme » a généré une ambiguïté entre les
catégories de programmes audiovisuels, et souvent relégué le
documentaire dans les marges des grilles des programmes. La
mobilisation des documentaristes français à partir de 1985, avec
la création de l’association La Bande à Lumière (présidée par
Joris Ivens), a suscité une série d’actions dont certaines se sont
institutionnalisées, telles que les festivals Les États généraux du
Documentaire et Fictions du réel, le marché Sunny Side of the
Doc’ (Marseille), les périodiques La Revue Documentaire et
Les Carnets du docteur Muybridge. Il convient de rappeler le
rôle très important joué par la S.R.F., la S.C.A.M et la SACD en
ces périodes de crise (avec notamment le Manifeste pour le
documentaire). Avec la création de la chaîne européenne ARTE
(qui peut être considérée, incontestablement, comme la plus
créative des télévisions de l’Union européenne) et les dispositifs
mis en place, en France, par l’État (dont, en particulier, le
C.O.S.I.P.), un véritable renouveau du documentaire est apparu
durant la dernière décennie du XXe siècle.
Aujourd’hui, le documentaire est projeté en salles (en film
ou vidéo-projection souvent suivie d’un débat) car il existe de
nombreux réseaux de diffusion, essentiellement non-
commerciaux : festivals, cinéma itinérant, réseaux associatifs,
vidéothèques publiques, Ligue de l’enseignement, etc. Des do-
cumentaires sont aussi diffusés de plus en plus largement sur les
réseaux Internet, notamment par les « WebTV » créées, sou-
vent, par des collectifs alternatifs. La télévision demeure le
principal diffuseur de ce cinéma faisant création du réel, et a un
rôle essentiel dans son économie (notamment puisque seul
l’engagement d’un diffuseur permet de déclencher la plupart
des dispositifs d’aides publiques dont le C.O.S.I.P.). Mais cet
équilibre demeure précaire : le dogme libéral du « désengage-
ment » de l’État, le diktat de l’audimat sur les chaînes
publiques, la pression des actionnaires sur les chaînes privées
représentent un danger permanent pour toute la création audio-
visuelle, donc pour l’existence même du documentaire.
636
La démultiplication des offres de formation
Au cours du XXe siècle, la plupart des cinéastes documenta-
ristes se sont auto-formés, c’étaient essentiellement des
autodidactes. Au XXIe siècle, l’engouement pour cet art provo-
que une démultiplication de l’offre de formation. Ardèches
Images, le CIFAP, Dixit, l’INA, Océans Télévisions, Varan,
proposent des cursus très complets. Mais quelles pédagogies
mettre en œuvre pour enseigner les méthodologies d’élaboration
de ces « fictions du réel » ? Au-delà des universités, des écoles,
et des stages, il y a la vie : le « réel » est formateur par essence ;
le terrain provoque des bouleversements identitaires : Tout
comme l’anthropologue, le véritable documentariste en revient
le plus souvent transformé, (à la différence de la plupart des
« envoyés spéciaux » et « grands reporters » qui partent et re-
viennent avec leurs reportages illustrant leurs préjugés et leurs
idées préconçues sur les réels d’Israël, de Cuba et d’ailleurs). La
transformation la plus radicale est connue sous le terme de
« syndrome indien » : le sujet qui en est l’objet est comme en-
voûté, et ne peut plus vivre comme il le faisait avant.
La formation des documentaristes devrait faire porter l’effort
en deux domaines : d’abord, une parité équitable reste à créer
afin de consacrer une place plus importante aux femmes, car les
professions de l’audiovisuel sont essentiellement masculines.
Ensuite, comme le font déjà les collectifs Varan et Orchidées, la
formation doit être un lieu de solidarités : Il convient d’ouvrir
des espaces de production aux auteurs du Sud. Il ne s’agit pas
de « charité », mais d’un juste retour des choses, d’un « contre-
don » pour reprendre un concept du fondateur de
l’anthropologie française, Marcel Mauss. Cette solidarité est
logique et légitime : les images des pays « exotiques » et de
l’altérité constituent une « matière première » massive en ter-
mes d’heures de programmes des pays dits « développés ». Or,
certains cinéastes du Sud considèrent qu’il s’agit d’un véritable
« pillage des matières premières » (ces images ne revenant
d’ailleurs le plus souvent jamais dans leurs pays d’origine).
Cette constatation a amené certains pays à agir. Ainsi le Minis-
teran’ny Kolontsaina (ministère de la Culture de la République
de Madagascar) a instauré, par arrêté ministériel, un « droit de
tournage » pour les équipes étrangères venant filmer sur la
637
grande Île, cette taxe perçue par l’État étant destinée à financer
un compte de soutien aux productions audiovisuelles locales
(pour un documentaire : environ mille cinq cents euros, ce qui
est peu pour les productions à budget de vingt mille euros, mais
beaucoup pour les productions à petits budgets). Intéressant
dispositif, en théorie, car en pratique
… Ces réserves sont, à
Madagascar, le plus souvent détournées (comme l’essentiel des
fonds publics) et ce, de façon massive depuis le coup d’Etat de
2009.
Des talents existent au Sud, comme le prouvent notamment
les œuvres de Tsilavina Ralaindimby, Mahamat Saleh Haroun,
Khal Torabully, Andrès Silvart, ou Sékou Traoré. Signalons
aussi les expériences remarquables, comme le travail de terrain
effectué par CinéTogo (lien : www.cinetogo.com/) et
l’infatigable Jacques Do Jokou (cinéma itinérant, production,
réalisation, ciné-clubs, éducation à l’image, formation, etc.).
L’expérimentation permanente
La création audiovisuelle relève d’un défi permanent.
L’auteur peut se soumettre aux normes du système et produire
une pensée conformiste, soumise, aliénée (cf. Marcuse) et alié-
nante dans laquelle le documentaire n’est qu’un produit
conditionnant de plus, entre les automobiles de luxe, le télé-
phone portable, les chiens domestiques urbains, les sites Cuir,
les achats virtuels via le Web
… Car le documentaire procède lui
aussi de l’ensemble du système. L’auteur peut, au contraire,
restituer par l’image et par le son des réalités dérangeantes, non-
conformistes, en rupture, remettant en cause les codes et les
dogmes dominants que l’on a pu appeler non sans pertinence la
« pensée unique ». Les exemples sont nombreux : Cécile Patin-
gre avec Saludemos, Luc Decaster avec Le rêve usurpé, Jean-
Michel Carré avec Charbons ardents, Marie-France Collard
avec Ouvrières du monde, Barcha Bauer avec Frantz Fa-
non, etc. En pareil cas, le créateur fait une œuvre rebelle. Dès
lors, les frontières du jugement fluctuent et les terrains
d’analyse deviennent mouvants, les certitudes liées aux habitus
fléchissent.
638
Mais qu’est-ce qu’un rebelle ? Que signifie la rébellion ?
Selon le Dictionnaire de sociologie, une rébellion est une « op-
position violente aux normes en vigueur » (Férréol : 1995). La
violence peut être ici symbolique lorsqu’il s’agit d’actions rele-
vant du champ artistique. Historiquement, tout au long du
XXe siècle, le documentaire a participé à des rébellions majeu-
res : guerre d’Espagne, résistance au nazisme, guerres de
décolonisation, luttes contre l’antisémitisme et le racisme, etc.
J’ai suggéré à un groupe de mes étudiants, « militants anti-
mondialisation » proche de l’association Attac, de communi-
quer leurs points de vue d’auteurs en prenant comme base
d’élaboration d’un projet de documentaire de proximité la mise
en parallèle de trois slogans publicitaires : « Auchan : la vie, la
vraie », « Avec Carrefour, je positive », « Galeries Lafayette :
la planète désir ». Le traitement portant sur le suivi de person-
nes confrontées à ces slogans dans leur quotidien de
consommateurs. La préparation fit apparaître des hypothèses de
travail extrêmement intéressantes. L’intention consistait à déno-
ter le réel par un décodage sémiologique : « Auchan : la vie, la
vraie » représente l’équation j’achète = je vis. L’acte d’acheter
est ici assimilé au domaine sémantique optimal : vivre (donc ne
pas mourir) ; ce paradigme ayant une ambition cosmogonique.
Pour « Avec Carrefour, je positive », l’acte d’acheter est mis en
relation avec une expression courante – « positiver ». L’achat
devient ici thérapie. Enfin, « Galeries Lafayette : la planète
désir » ayant une connotation davantage sexuelle, l’acte
d’acheter permet d’obtenir l’objet du désir, et de parvenir ainsi,
symboliquement à la jouissance. Ce paradigme-ci se ramenant,
par un détournement sémantique, à la reproduction de l’espèce.
Toute la démarche de l’intention du film portant sur l’étude
d’un certain « réel » : la sexualité refoulée (pour le travail) et
déviée (déviance), la libido étant transférée vers le consumé-
risme. Le projet incluait aussi un tournage lors de la Journée
Sans Achat ! organisée par les Casseurs de pub (chaque année,
généralement, fin novembre). Cet exemple malicieux n’est pas
isolé et se rattache à toute une tradition rebelle du documentaire
dont on peut prendre connaissance en feuilletant les catalogues
des sociétés de productions.
639
Les collectifs historiques du documentaire français des trente
dernières années du XXe siècle se sont fondés dans des rébel-
lions : Ardèches Images, les Films d’Ici, les Films du Village,
les États généraux du documentaire, Iskra, Océans Télévisions,
Varan, etc., sont autant d’espaces de liberté et de création qui
perpétuent des rébellions salutaires. Alors que l’image domi-
nante est un produit de consommation, vecteur d’aliénation et
de conditionnement idéologique, ces collectifs qui perdurent
après, pour certains, plus de quarante années d’existence pré-
caire, persistent et signent, et insufflent au documentaire un
renouveau permanent. Mais le documentaire n’a pas le mono-
pole de la rébellion : l’Histoire de l’art montre que bien des
créateurs ont, de tout temps, eu une relation privilégiée avec les
rébellions majeures de leur époque. Le tableau de Courbet
L’origine du Monde a toujours une portée scandaleuse, et à une
autre échelle, il en est de même du Déjeuner sur l’herbe de
Manet. Goya, Dada, les Surréalistes, le Living Theatre, ne sont
pas des cas isolés.
Au XXIe siècle, comme nous le confiait Inger Servolin, co-
fondatrice d’Iskra, les rébellions et les engagements majeurs du
documentaire porteront sur les solidarités avec les peuples du
Tiers-Monde, les inégalités et les injustices sociales, la défense
des droits de l’homme (dont le droit au travail et aussi le droit
…
à la paresse). Mais surtout, la rébellion essentielle portera sur la
défense de la planète, et intégrera des analyses proches de celles
énoncées par Wilhelm Reich dans La Révolution sexuelle : « Si
nous prenons considération des laps de temps d’échelle cosmi-
que, la vie est alors quelque chose qui émerge de la matière
inorganique et qui y retournera. Ces considérations nous font
mieux comprendre que toute autre l’extrême petitesse et
l’insignifiance des illusions humaines (
…/
…) et la grande im-
portance, au contraire, de la connexion entre la vie végétative
de l’homme et de toute la nature. » (Reich, 1968). Cette relation
de l’humanité à la nature est essentielle, la conscience de
l’importance de l’environnement, de la biodiversité, et finale-
ment, la re-valorisation de l’être par rapport à l’avoir devenant
un thème majeur de création.
640
Improvisation et conception en création documentaire
Qu’est-ce qu’un documentaire ? C’est une œuvre de l’esprit,
un récit. C’est aussi, avant tout, une histoire qui se raconte avec
des personnages vivant leur vie et avec des images (de préfé-
rence bien cadrées, belles, intégrant une lumière qui restitue les
atmosphères et donne à sentir autant qu’à voir), avec des sons
(de préférence plein de reliefs, de couleurs, et fidèles aux acous-
tiques de la vie), avec un montage (scandé par un rythme, une
pulsion, un flux spécifique), et une réalisation qui harmonise
ces trois éléments. Car les choix du traitement sont fondamen-
taux pour l’élaboration de l’œuvre : « C’est de la manière dont
nous allons laisser la vie pénétrer dans l’objectif, du moment
que nous choisirons pour cela, de la façon dont nous allons
capter la trace qu’elle aura laissée, que dépendent la qualité
technique, la valeur sociale et historique du matériau, et ulté-
rieurement la qualité de tout le film. » (Vertov, 1972). Et
précisément, un des objectifs de tout documentariste est de ten-
ter de permettre à la vie de « pénétrer dans l’objectif » pour être
re-présentée ensuite, au public.
L’intention, le point de vue, le regard de l’auteur (individuel
ou collectif) génèrent des manières de voir différentes, et préci-
sément, « le comportement envers un fait représenté s’incarne
dans la manière dont ce fait est représenté » (Eisenstein, 1976).
En effet : Le joli Mai de Chris Marker (France, 1962) a peu de
dénominateurs communs avec Welfare de Fred Wiseman (1976,
USA) ; Madagascar l’autre voyage procède d’un dispositif
d’écriture sans rapport avec celui de Vacances prolongées de
Johann Van Der Keuken (Hollande, 2000) ou Les Glaneurs et
la glaneuse d’Agnès Varda (France, 2000), etc. Les formes de
l’écriture peuvent donner à penser qu’il y a autant de styles de
documentaires qu’il y a de documentaristes. Et ces regards
d’auteur posent des questions spécifiques, car il y a une fron-
tière entre le regard et le ressenti, frontière délimitée avec
précision par Robert Kramer : « Le problème n’est pas ré-
el/fiction. Le problème, c’est de voir. Comment pouvons nous
voir ce que d’autres peuvent éprouver ? » (Kramer, 1991). La
meilleure méthode ne consiste-elle pas à laisser venir les évé-
nements ? En consacrant du temps à l’attente pour filmer
l’« action » de la « vie comme elle est ».
641
L’improvisation est constante lorsque l’on se concentre pour
écouter, voir, et sentir avec discrétion. Une méthode est des plus
efficaces : celle de l’« observation participante » pratiquée
(consciemment ou non) par les plus créatifs des anthropologues
(et notamment Georges Balandier, Michel Leiris, Jean-Paul
Colleyn). Le moment du tournage est fondamental : il est bien-
venu, en bien des circonstances, de s’armer de patience et de
savoir regarder, écouter, sentir, et attendre, la caméra étant aussi
discrète qu’une pierre sur le sol. Attendre que se déclenche le
happening issu du « réel » lui-même, qui provoque les moments
de magie du cinéma documentaire, bien mieux que tous les
dispositifs écrits, préparés et préconçus.
L’artiste doit donc se fondre dans le « réel » et s’y intégrer
autant que faire se peut, ce qui demande du temps. Mais un
artiste élaborant une œuvre d’après des situations où les réalités
extérieures prédominent, est-ce concevable ? En 1835, dans son
Esthétique, Hegel s’interrogeait sur ce thème qui procédait d’un
débat pluri-séculaire : « L’art est-il, en tant qu’imitation, en-
chaîné au réel » (Khodoss, 1967). Mais qu’est-ce que l’art, au
regard du réel dont le documentaire fait création ? Dans
l’excellent essai Eros et civilisation, Marcuse en donne une
belle définition : « L’art est peut-être le "retour de ce qui a été
refoulé" sous sa forme la plus visible, et ceci non seulement au
niveau individuel, mais aussi au niveau historique génétique.
L’imagination artistique donne une forme au "souvenir incons-
cient" de la promesse qui a été trahie. » (Marcuse : 1969). Cette
définition « freudo-marxiste » rejoint le point de vue des surréa-
listes exprimé par André Breton : « Le monde soi-disant
cartésien (
…/
…) est un monde insoutenable, mystificateur sans
drôlerie, contre lequel toutes les formes d’insurrection sont
justifiées. » (Breton, 1973). Or le tournage d’un documentaire
est rarement rationnel, cartésien et structuré. Cela ressemble à
bien des égards à ces errances créatives propices au surgisse-
ment du « hasard-fortuit » qu’affectionnaient les Surréalistes.
L’imprévisible prédomine, l’irrationnel est constant,
l’absurde est au rendez-vous pour peu que l’on se laisse toucher
par l’univers social, psychologique ou environnemental qui
forme le sujet du film, et que l’on s’y immerge pour s’y laisser
emporter. La création n’en sera que plus intense. Ainsi, pendant
642
le tournage du film Le journal de Perline, envoûtement et guéri-
son à Madagascar (France-Madagascar, 2001), l’artiste-paysan
Rabenasandrana m’expliqua en ces termes les raisons de la ma-
ladie du personnage principal, Perline Razafiarisoa : « Il y a les
gens qui prennent les empreintes des pas d’autres personnes,
pour les mettre dans des tombeaux vides ou chez esprits de va-
zimbas malicieux. Pourquoi les tombeaux vides ? Par exemple,
si moi j’ai un vieux tombeau, et que j’en construis un neuf, je
déplace tous les corps des ancêtres qui étaient dans le vieux
tombeau pour les installer dans le nouveau. Et voilà ! Il ne reste
plus rien dans le vieux tombeau, dans ce tombeau vide. Il n’y a
plus que des fantômes. Et c’est ça la maladie de Perline, seul le
kalanoro a trouvé sa cause ! ». Cet extrait de récit qui peut
sembler bien hermétique ou étrange livre une bribe de l’esprit
d’une histoire ; mais elle ne représente qu’un petit élément : en
cinq semaines de tournage, je fus conduit de rituels en cérémo-
nies par Perline, dont je suivais le parcours thérapeutique tout
en respectant les fady (tabous). Et bien qu’étant matérialiste,
athée, j’étais souvent assis sur le sol parmi les possédées en
transe, pieds nus et seulement vêtu d’un lambaoany (paréo), le
visage couvert de dessins au kaolin. La caméra était non loin de
moi sur une natte, mais je l’oubliais souvent. Je tapais dans les
mains pour contribuer moi aussi à faire venir les esprits des
ancêtres, jusqu’à ce que les jeunes femmes chantent « accueil-
lez-les avec joie, car ils arrivent ! ». Émile Durkheim a défini
d’un joli mot, le « Mana », l’émotion collective qui émane en
pareilles circonstances. Souvent, le réel submerge le tournage,
on ressent le vécu du groupe, on le partage, il devient alors im-
possible de filmer : il n’est plus question ni d’intention, ni de
traitement, ni de regard d’auteur, ni de point de vue. Le film est
lâché : le réel a possédé le documentariste. Alors, il convient
d’oublier le temps, le projet, le documentaire, et simplement de
vivre. Lorsque l’on reprend la caméra en main, avec discrétion
et en restant là où l’on s’est posé, l’histoire et le film qui seront
générés par ces situations n’en auront que plus de charge émo-
tionnelle et plus d’humanité. Dans Murs-Murs, Agnès Varda
disait : « Je voudrais traquer la réalité jusqu’à ce qu’elle de-
vienne imaginaire, reprendre l’imaginaire et se servir de la
réalité, faire de la réalité, revenir à l’imaginaire. » (France,
643
1980), mais en effet, très souvent, la réalité est empreinte de
l’imaginaire.
644
deux films relèvent du même genre : le documentaire environ-
nementaliste, et ont le même objet pour propos.
Mais après, tout diffère, dans le traitement : Une année sans
plastique relève de l’intime et suit le quotidien d’une famille –
celle du cinéaste – pendant une année, tandis que La malédic-
tion du plastique a pour approche une investigation
internationale menée dans le monde entier. Par ailleurs, en de-
hors de ces différences fondamentales de traitement, ces deux
opus ont en commun plusieurs éléments : – les vraies questions
sont posées, – les cinéastes documentaristes se filment, se met-
tent en scène, de façon à la fois très « décalée » et avec humour
(à la différence de la mise en scène narcissique prétentieuse
égocentrique des auteurs de certains documentaires français très
médiatisés ayant l’environnement pour objet). Enfin, à la diffé-
rence de Home ou du Syndrome du Titanic, si le propos est
passablement sérieux et scientifique, dans ces deux films, Une
année sans plastique et La malédiction du plastique le specta-
teur réfléchit en s’amusant, car un humour ravageur traverse ces
deux films. Tara, voyage au cœur de la machine climatique, de
E. Roblin & T. Ragobert (édité en DVD par ARTE vidéo) pose
des questions de fond concernant le réchauffement climatique,
mais son intérêt est altéré par un traitement qui relève d’une
écriture journalistique assez conformiste.
Par contre, dans le même registre du voyage environnemen-
taliste, le film La malédiction du plastique du Canadien Ian
Connacher (diffusé sur ARTE en janvier 2010) porte sur une
problématique importante : les déchets plastiques envahissent
dangereusement la planète (terre, fleuve, océans) depuis un
demi-siècle. Ils sont presque indestructibles
… comment s’en
débarrasser ? Quelles sont les alternatives au plastique ? Le film
nous emporte dans une investigation autour du monde : océan
Pacifique, Afrique, Europe, Inde, USA, etc. Il pose des ques-
tions de fond quant aux dangers – même de santé publique –
posés, et ouvre des espaces de perspectives nouvelles en mon-
trant les solutions du futur, notamment avec les plastiques
biodégradables. La problématique est donc, des plus graves,
sérieuse. Mais le traitement, au contraire, est extrêmement créa-
tif, faisant alterner humour, second degré, mise en scène de
l’auteur (sans aucune de cette forme d’autosatisfaction narcissi-
que qui fait le lot commun des films du genre) en des situations
645
improbables, scènes jubilatoires, présentation hyperréaliste des
témoins au travers d’un fish-eye. Le spectateur est emporté très
loin des discours pontifiants des commentaires soporifiques
bien-pensants de Home, ou de la somme de clichés surfaits ac-
cumulés dans Le syndrome du Titanic. Moins prétentieux que
ces deux opus dont le budget est inversement proportionnel à la
créativité, La malédiction du plastique pose des questions vita-
les pour la planète. Le spectateur, tout en réfléchissant avec
l’auteur du film et les intervenants, est emporté dans une narra-
tion jubilatoire. On retrouve l’un des modes des Classiques :
« Plaire et instruire ». Enfin, de tous les (nombreux) films sur
l’environnement présentés durant la dernière période, parmi les
documentaires majoritairement pompeux, pontifiants, en-
nuyeux, etc. relevons l’excellence d’une seconde exception avec
le film : Une année d’abstinence, diffusé sur ARTE en décem-
bre 2009. En bref, le résumé en est le suivant : Afin de
contribuer personnellement au combat mondial contre l’effet de
serre, avec son épouse et ses deux enfants, le documentariste
finlandais John Webster décide de renoncer à toute consomma-
tion de produits dérivés du pétrole (donc tout objet en matière
plastique, ce qui relève de l’exploit !). Une année d’abstinence
se déroule alors, avec de multiples péripéties traitées avec pro-
fondeur et un humour jubilatoire. Une réflexion sur les enjeux
environnementaux de la planète, un portrait de famille de
l’Europe du Nord, un film documentaire digne, par son humour
(très rare dans le domaine de l’environnement), des romans
finlandais tels que Petits suicides entre amis d’Arno Paasilinna.
646
pour objet (magazine, reportage, etc.), je suis conscient du fait
que cet ouvrage soulève davantage de questions qu’il n’apporte
de réponses. Le documentaire suscite nombre des questionne-
ments dont voici quelques exemples : quelles sont les
spécificités esthétiques et sémantiques élaborées par les docu-
mentaristes et faisant sens du point de vue de l’objet de cette
forme de création cinématographique ? Comment créer un es-
pace de liberté d’écriture et de rébellion face au diktat
économique et au dispositif de népotisme consensuel qui génère
une censure de facto sur les industries de programmes audiovi-
suels ?
Quelques décennies après Comment Yukong déplaça les
montagnes (de Joris Ivens), Jean-Michel Carré, présente au
Sunny Side of the Doc’ de juin 2012 un documentaire rare :
Chine, le nouvel empire du monde, qui porte un regard d’auteur
plus que documenté sur un pays qu’il connaît bien. Et ces deux
films (la fresque d’Ivens et le film de Carré) seraient à visionner
en complémentarité, car la Chine d’aujourd’hui s’est bâtie sur
ce que le « hollandais volant » a filmé en son temps.
L’utopie du cinéma d’intervention sociale et du documen-
taire engagé peut-elle persister dans le cadre d’un système qui
intègre subtilement tous les programmes audiovisuels pour les
transformer en produits de consommation procédant de la cons-
truction des aliénations ? Quelle sociologie de l’art élaborer
pour une expression dont la vocation est une relation au « ré-
el » ? Et qu’est-ce, toujours, que le « réel » ? Selon le
“Dictionnaire théorique et critique du cinéma” : « On désigne
alors par "réel", conformément au sens premier du mot en fran-
çais, à la fois "ce qui existe par soi-même" et "ce qui est relatif
aux choses". La réalité, en revanche, correspond à l’expérience
vécue que fait le sujet de ce réel ; elle est entièrement du do-
maine de l’imaginaire » (Jacques Aumont & Michel Marie,
2001). S’il est une réalité dont je suis certain, c’est que la re-
cherche consacrée au documentaire a un bel avenir.
Ce livre propose quelques éléments théoriques, quelques
thèses, permettant de situer son objet sur le plan épistémologi-
que. Pour conclure : Le documentaire n’est pas un genre, mais
une catégorie de programmes audiovisuels. Il ne s’apparente
pas au champ du journalisme, mais au champ de l’art cinéma-
647
tographique. Cet art fait création du réel. Et il est, par essence
rebelle et, comme le dit Yves Jeanneau, libertaire.
La situation du documentaire, en France, est actuellement
paradoxale : Good news : le nombre de projets documentaires
ne cesse de croître
… Bad news : les possibilités de financement
ne suivent pas tandis que les décideurs des chaînes et des com-
missions de financement « croulent » sous les piles de dossiers
(la seule ARTE France en étudie environ mille par an). Pour les
producteurs, la période actuelle appelle à la prudence extrême
sur le plan économique et aussi à l’audace dans le domaine de la
création (pour sortir de la masse des programmes de flux con-
formistes qui envahissent circuits de financements et de
diffusion).
Quant aux diffuseurs, on ne peut qu’espérer qu’ils démulti-
plient les « cases documentaires ». Pour ce qui est des
financeurs, comment ne pas être tenté de leur suggérer de faire
un effort en direction de la création, complètement marginalisée
par les programmes de flux largement financés par les sponsors
et la publicité et qui envahissent le fameux « robinet d’eau
tiède » (cf. Jean-Luc Godard) des programmes audiovisuels ?
Pour les auteurs, comment permettre aux projets d’aboutir ? Il
n’y a qu’un secret fondamental : les élaborer le mieux possible
en :
- se forgeant une culture du documentaire (visionner des
œuvres, étudier les « classiques »)
- approfondissant sa formation
- préparant et en se documentant sur le projet
- investissant dans une écriture agréable à lire et faisant
sens
- définissant un réel point de vue d’auteur, un angle, un
regard personnel, un engagement pour le sujet choisi.
648
pas désespérer en cas de refus du projet. Mais des éléments
récurrents se poursuivent, d’un siècle à l’autre, comme
l’exprime Christine Cauquelin Directrice de l’unité documen-
taire de Canal + : « En cette période trouble, le documentaire
doit avoir encore plus ce rôle d’éclairement du monde complexe
dans lequel nous vivons et dont nous avons l’impression qu’il
nous échappe » (source : News Letter n° 3 du Sunny Side of
The Doc 2009). Depuis les expériences du Dr Muybridge, le
cinéma faisant création du réel a porté ses objectifs en direction
d’un monde fait de tumultes.
Le Documentaire a « derrière lui » plus d’un siècle d’une
histoire passionnante et tumultueuse ; il a filmé des guerres
mondiales, un holocauste, des génocides, et aussi des révolu-
tions, des histoires d’amour, des renaissances. Et puis, au
XXIe siècle, la Crise est de nouveau là, majeure, mondiale, qui
ruine des peuples et bouleverse les règles de l’économie. Mais
comme l’écrivait Yves Jeanneau : « Les crises économiques,
financières, sociales ont fortement impacté notre secteur
d’activités. Les modèles à l’œuvre depuis vingt ans ne sont plus
en développement. Les chaînes publiques ont vu leurs audien-
ces fondre et vieillir ; elles ont eu tendance à se replier sur des
contenus domestiques et des formes consensuelles – ou suppo-
sées telles ! Nous savons tous d’expérience que ce n’est plus le
désir et l’envie qui président aux décisions. Du coup, les inno-
vations technologiques ouvrent des perspectives nouvelles, sans
modèles économiques établis, mais qui laissent place à la créa-
tivité et à l’audace ». (source : News Letter n° 10 du Sunny Side
of The Doc 2010).
Nous attendons du siècle actuel des œuvres résolument à
« contre-courant » des modes et des dominations symboliques,
des recherches expérimentales et formelles, des films faits avec
passion. La nouvelle révolution technologique en cours avec la
Haute Définition permet de restituer le réel avec une qualité
d’image exceptionnelle. La légèreté économique des moyens de
production facilite l’émergence de « Films sauvages » à contre-
courant de la pensée bien pensante des dogmes des médias do-
minants. De la rencontre de cette technicité avec un regard
d’auteur, un point de vue d’artiste, et une tendance à vouloir
(comme l’exprime un proverbe) « jeter du sucre dans l’océan
pour tenter d’en transformer le goût », peuvent surgir des œu-
649
vres étonnantes, rebelles, et aussi des moments de poésie,
d’érotisme, et d’émerveillement. En ce domaine, l’usage des
« petites caméras » est illustré de la manière la plus poétique par
la série Agnès de ci, Varda de là (premières diffusions : ARTE,
décembre 2011), sorte de carnet de vie par lequel la cinéaste
filme sans cesse et au quotidien des rencontres, des lieux, des
instants avec le caméscope qui ne la quitte pas.
Concernant l’incontournable Web, signalons une remarqua-
ble initiative finalisée en juin 2012 lors du Sunny Side of the
Doc’ : Le Cuban Hat project, une action de participation com-
munautaire à des documentaires transmedia envoyés par
Internet. Les projets ont été soumis au vote de tous les internau-
tes, et, au final, cinq ont été retenus. Les lauréats du scrutin en
ligne sont ensuite invités au Sunny Side of the Doc’ où ils et
bénéficient de la valorisation de leurs projets et d’opportunités
privilégiées de rendez-vous. Au final, le principal lauréat est
désigné grand gagnant, coiffer le Cuban Hat et profiter d’un
soutien à la réalisation grâce à des contributions (en argent et/ou
en services) offertes par Channel 4, Gaumont Pathé Archives,
SBS Online, Zeega, France Télévisions et ARTE France.
Avant de clore ces pages, précisons un point de style, de
traitement : Certains de nos spectateurs s’étonnent de notre goût
pour les intertitres (notamment dans les films Ecoles en Haïti,
L’Inde chante, dans ceux diffusés sur La Toile d’Addoc, et dans
les collections produites par La Seine TV et éditées en DVD par
L’Harmattan). Ce choix esthétique et sémantique a trois princi-
pales raisons. D’abord, une volonté de favoriser le récit, la
réflexivité, l’appropriation du film par son public – a contrario
des « documentaires » (les guillemets s’imposent) des pro-
grammes de flux dans lesquels un commentaire journalistique
niais paraphrase ce que l’image raconte, pour, finalement, ne
rien dire et conduire le spectateur dans une succession de scènes
fades tandis le simplisme du texte le dispute à la mièvrerie du
ton du narrateur. Nous sommes extrêmement loin des commen-
taires créatifs, ludiques et réflexifs de Chris Marker ou Jean
Rouch ! Ensuite, une valorisation d’un mode narratif qui doit
beaucoup à l’Histoire du cinéma (et en particulier à l’époque du
cinéma muet) ainsi qu’aux maîtres : Vertov, Flaherty. Enfin, le
650
postulat de Vertov reste à explorer, sous toutes ses facettes :
« Le principal et l’essentiel est la ciné-sensation du monde ».
L’auteur espère que ce livre sérieux et très ennuyeux sera de
quelque utilité à la lectrice, au lecteur ! Ce qui est certain, c’est
que cet ouvrage sera le dernier qu’il écrit en ce registre.
Qu’écrirai-je ensuite ? Quelques romans. Et tout comme en
cinéma documentaire aucune œuvre n’est exempte d’influences,
pour ces livres à venir je ne nie pas les présences latentes
d’auteurs dont je recommande vivement la lecture à celles et
ceux qui ont consacré un peu de leur temps à lire ces pages. Ces
ouvrages pourraient les réjouir, ou tout au moins les surprendre.
Voici donc les quelques lectures des plus divertissantes aux-
quelles j’invite : La tête coupable (R. Gary), Le mystère de la
crypte ensorcelée (E. Mendoza), Petits suicides entre amis (A.
Paasilina), Wilt (T. Sharp), Nocturne indien (A. Tabucchi).
L’auteur de ce livre va mettre un terme à l’élaboration des
pages de cet ouvrage. À quoi vais-je consacrer mon temps pro-
fessionnel ? Toujours à la réalisation d’œuvres documentaires.
En quels champs se situent mes chantiers ? La Laïcité, Cuba et
sa révolution, l’Inde et sa culture, les Anarchistes, l’érotisme, la
pensée athée
… Tels sont quelques – uns des champs que
j’explore. Et aussi, je vais revoir des œuvres de Bunuel, Fellini,
Godard, Marker, Vertov. Mais encore continuer à explorer la
poésie de la vie : regarder l’océan, contempler les étoiles, glis-
ser au gré des vagues sur un windsurf. Toucher. Vivre, et
ensuite mourir.
« Le principal et l’essentiel
est la ciné-sensation du monde »
Dziga Vertov
651
Épilogue
653
Entretien avec Yves Jeanneau
Propos recueillis par Cédric Mal
Directeur de la publication
Le Blog documentaire
654
et même “commander” des projections particulières pour 15 ou
20 amis. Des films qu’on connaît et qu’on a envie de partager. Il
s’agit partout de modes de consommation tout à fait nouveaux
qui font partie du virage.
Cela dit, je pense que la crise actuelle concerne d’abord et
avant tout la fonction même des chaînes de télévision (puisque
toutes nos activités, en dépit du cinéma et d’Internet, en dépen-
dent : une grande partie des moyens de production viennent des
télévisions). La crise est là : les télévisions ne savent plus où
elles habitent ! Le phénomène se vérifie partout ; il est global.
Elles ne savent plus où elles habitent et, pour celles qui ne se
situent pas dans des pays en crise, elles sont dans la répétition
du même. Dans les pays en crise, c’est la même chose en élimi-
nant tout risque et tout ce qui est novateur. On retrouve cette
problématique récurrente : le refus de prendre des risques pour
renouer avec des publics jeunes. Et dans les pays en crise, de la
Grèce à l’Italie en passant par l’Espagne, il n’y a même plus de
moyens de production pour réaliser des films. Les tissus pro-
ductifs et créatifs de ces pays sont en panne. Finalement, ce
phénomène participe à la renaissance des militants et des créa-
tifs purs qui se foutent de certaines contingences. Ça donne les
documentaires autoproduits ou les documentaires Web – peu
importe la forme – qui nous viennent des pays arabes, souvent
réalisés au téléphone et à la force du poignet. La tendance est
palpable, et on y retrouve des documentaires d’intervention
sociale, des films participatifs qui ne sont pas et n’ont pas de
modèles économiques. Le tremblement de terre sur lequel nous
sommes en train de nous asseoir, c’est cela : les modèles éco-
nomiques construits il y a 20 ans (qui ne sont donc pas vieux)
sont périmés. Ils sont certes rodés aujourd’hui et ils fonction-
nent encore. Mais ce sont ceux-là mêmes qui ont conduit à
l’existence de 650 maisons de production, dont 600 qui subsis-
tent difficilement, bon an mal an, aujourd’hui en France (nul
besoin d’être expert en gestion pour sentir que quelque chose
cloche dans ce chiffre). Ce sont ceux qui ont permis la produc-
tion de 2 500 heures de documentaires aidées par le CNC en
2011 (pas besoin d’avoir fait HEC ici non plus pour savoir que
quelque chose déconne avec ce chiffre). Ce que nous avons
construit a permis de faire vivre des milliers de gens en leur
655
permettant de faire des choses intéressantes, mais le système a
vécu.
Ces modèles sont en train de péricliter parce qu’il n’y a pas
de renouvellement. À quoi sert la télévision ? À quoi sert le
documentaire à la télévision ? Qu’est-ce qu’on y dit ? Comment
on le dit ? À qui s’adresse-t-on ? Ce devraient être des questions
basiques, mais elles ne sont plus posées. À l’heure actuelle, il se
dit globalement dans les chaînes de télévision : “qu’est-ce qui
marchait encore l’année dernière ? Changeons la couleur du
mur et fabriquons la même pièce !”. Cette logique est mortelle
parce que la répétition du même conduit à l’ennui et à la perte.
Nous nous situons exactement à ce point, et nous sommes
face à des décideurs qui n’ont aucune velléité de prendre des
risques, aucune velléité d’inventer de nouvelles formes. Plus
aucun responsable ne dit par exemple : “moi chaîne alpha, j’ai
la possibilité, les moyens et la force d’aller vous chercher, vous
public, là où vous êtes, sur votre terrain, avec vos besoins, et je
vais produire et diffuser des œuvres pour aller vous chercher
(pas seulement sur mon antenne, peut-être même pas d’abord
sur mon antenne), et vous ramener au contact de programmes
audacieux”.
Alors, il existe bien certaines chaînes dans le monde qui
commencent à exécuter ce mouvement, et même en France,
mais de manière trop homéopathique ou expérimentale – ce qui
est déjà bien, mais le retard s’accumule ».
656
Le Blog documentaire : « Tant que la télévision ne fera pas cet
effort, rien de possible ? »
Yves Jeanneau : « Oui, je crois, mais il n’y a là absolument
rien de nouveau sous le soleil. Cela a toujours été ainsi, et il y
aura toujours une petite partie de la production qui sera créative
et innovante. Dans cinq ans, on continuera de parler de ces
films audacieux et on aura oublié 95 % du reste de la produc-
tion. C’est la même chose pour les livres et la musique ».
657
ques. C’est d’ailleurs la même chose pour la fiction, mais heu-
reusement qu’il y a ces arbres pour cacher la forêt ! »
658
projet franco-espagnol sur Paco Ibañez, qui a vécu en France, et
qui est connu comme le loup blanc en Amérique Latine. C’est
un projet franco-espagnol qui a trouvé de forts intérêts là-bas.
Cette recette fonctionne. On a donc constaté une prime à ces
projets qui intègrent non pas un regard (respectueux
…) sur
l’autre mais quelque chose qui procède de l’intérieur même du
projet, qui intègre des points de vue complémentaires. C’est un
indice tout à fait significatif.
En Asie, c’est un peu la même chose. Les professionnels ri-
golent doucement quand les Européens arrivent avec des projets
de “conquérants”, si j’ose dire. “Je ne connais pas Shangaï,
mais je vais vous faire découvrir cette ville comme per-
sonne
…”. Ça ne fonctionne pas, ou plus. Ça semble évident,
mais bon
… »
659
Le Blog documentaire : « Les coproductions franco-
hispaniques ont de plus en plus de poids, et on pense ici à des
documentaires comme Agnus Dei. »
Yves Jeanneau : « Oui, Agnus Dei – bel exemple de coproduc-
tion mexicano-française – a pu se développer et se financer
grâce à Sunny Side. Nous sommes parvenus à développer ce
genre de démarches, à créer des couples qui fonctionnent ».
660
Le Blog documentaire : « Le Sunny Side va-t-il se développer
en Afrique ? »
Yves Jeanneau : « Nous essayons, mais cela relève pour
l’instant du volontarisme ou du militantisme pur. L’an passé par
exemple, CFI a déplacé à La Rochelle une formation pour une
dizaine de responsables de chaînes de télévision africaines, et
c’était fort utile de les initier au marché international
… Mais
nous restons pour l’heure modestes : les documentaristes afri-
cains ne sont pas encore structurés, et nous suivons avec
attention le travail d’Africa Doc par exemple
… Nous parlons
ici de l’Afrique francophone. Les choses s’accélèrent en revan-
che au Maghreb, et surtout en Afrique du Sud, au Kenya et dans
l’Afrique anglophone en général. Là-bas, les choses se structu-
rent très rapidement. Je pense que dans l’immédiat nous devons
surtout favoriser leur venue au Sunny Side
… »
661
l’aventure. Et puis, in fine, le raisonnement économique finira
par s’imposer : partager les coûts et les risques est une stratégie
plus intéressante et payante que le repli et la réduction des am-
bitions ! »
662
mation d’un programme non linéaire. J’élude le cas où le spec-
tateur recréé lui-même cette linéarité perdue. J’observe
simplement un certain nombre de projets de webdocumentaires
qui, dans un monde ancien, auraient été présentés sous la forme
d’un “feuilleton-documentaire”. Il est alors séquencé parce
qu’on parle de webdocumentaire, et quelques interactions sont
possibles. En caricaturant, c’est d’ailleurs plutôt de l’ordre de :
“Je vous ai ajouté les rushs, les photos du repérage, la bio des
personnages et la photographie du village dans lequel l’action
se déroule.” Finalement, il s’agit presque des repérages et des
bonus du DVD qui sont insérés dans le programme – sans parler
des carnets de notes sur les angoisses et les difficultés ren-
contrées pour réussir telle séquence. Je caricature, bien sûr,
mais c’est parfois ce que je vois ! Les membres de certaines
commissions du CNC dressent d’ailleurs un bilan éloquent des
projets qu’on leur envoie. »
663
taires et dynamiques. D’ailleurs la Commission du CNC ne s’y
trompe pas sur qui soutient bien ces projets et révoquent les
autres. Regardez : à Buenos Aires nous avions sélectionné le
projet d’Upian/ARTE : Les larmes d’Alma. Ça a été une révéla-
tion pour nombre de latinos, et les diffuseurs ont posé beaucoup
de questions sur cette forme nouvelle de traitement et de diffu-
sion.
664
informelle, décontractée, et totalement libre. Nous voulions que
ce type de programmes puisse vivre dans cet espace. Honnête-
ment, l’initiative a moins bien fonctionné qu’on l’escomptait.
Ce qui a été très bien apprécié en revanche, c’est l’agora où,
pendant deux ans, nous avons organisé des débats, des forums
et des rencontres autour des différentes dimensions de ces nou-
velles narrations (la technologie, le financement, la diffusion,
l’écriture, etc.). Cette initiative a été une réussite, peut-être aussi
parce que nous avions rassemblé des expériences provenant des
quatre coins du monde qui abordaient de nombreuses probléma-
tiques, jusqu’à la télévision connectée. Ce travail a été l’une des
raisons d’être de la création du Sunny Lab. Nous voulions, et
voulons toujours, suivre ces évolutions en tirant néanmoins les
leçons de ce que nous constatons. Nous allons mettre en valeur,
comme nous l’avons déjà fait, un certain nombre de projets qui,
au-delà du webdocumentaire, sont conçus comme des projets
interactifs (ou multimédia, ou multi-écrans).
Mais peu importe finalement la manière de les nommer. Au-
jourd’hui, concevoir un programme, une histoire, nécessite
parfois pour un producteur de réfléchir et de développer son
projet pour un certain nombre d’écrans ; de l’écran géant au
téléphone (je ne crois pas qu’il existe plus petit aujourd’hui). Si
avec un projet, une histoire ou une thématique (y compris en
mobilisant plusieurs réalisateurs), je peux faire un 45 minutes
pour la Géode, un 90 minutes pour le cinéma en 3D, une série
télé de 5x1h en 2D et des applications, un jeu destiné aux objets
mobiles, il serait inutile de s’en priver ! Je pense que le secteur
va tendre dans ce sens pour un certain type de productions (les
plus importantes). Hollywood s’inscrit d’ailleurs d’ores et déjà
dans cette stratégie.
Nous allons lancer une initiative cette année pour que ces
projets soient présentés en ligne, avant le Sunny Side, afin
qu’ils soient mieux compréhensibles et qu’ils commencent à
retenir l’attention des internautes ».
665
Le Blog documentaire : « Voyez-vous sur ce terrain davantage
de nouveaux producteurs arriver ou des professionnels aguerris
en phase de reconversion ? »
Yves Jeanneau : « De nouveaux acteurs émergent très claire-
ment. Les producteurs établis éprouvent des difficultés à se
reconvertir et à changer complètement leur fusil d’épaule, mais
certains d’entre eux font appel à des jeunes qu’ils intègrent dans
leurs structures pour justement penser les choses différemment.
Ce phénomène devrait faire naître de nouveaux producteurs,
plus jeunes et plus branchés sur ces nouvelles cultures ».
666
solution à cette situation. Comme la télévision n’a pas tué le
cinéma et comme le cinéma n’a pas tué le théâtre, Internet ne
tuera pas la télévision. Il modifie simplement son mode de con-
sommation.
La question de la linéarité, du rendez-vous quasi religieux,
va exploser. Je partage sur ce point l’opinion de Steve Jobs et
consorts qui expliquent que les télévisions, dans leurs pro-
grammations linéaires, sont vouées, sinon à disparaître, du
moins à agoniser
… sauf peut-être pour les émissions en direct
et les grands rendez-vous
… »
667
film. En ce qui concerne la France maintenant, nous sommes
68 millions d’habitants avec des communautés d’intérêts extrê-
mement éclatées et il n’y a pas beaucoup de frustration. Ce type
de pari est donc beaucoup plus difficile. L’équation est là.
J’ajoute qu’en ces temps de crise, les informations officielles
comme le discours politique officiel ne sont normalement pas
satisfaisantes. Par conséquent, il devrait naître une demande
pour une information autre, dissidente – et je n’en vois pas
beaucoup
… Produire ce type d’informations ou d’histoires de-
mande un certain courage politique et une certaine compétence
journalistique d’investigation. Qui plus est, ces entreprises exi-
gent un certain investissement de temps, ne rapporte pas
d’argent, et rares sont donc ceux qui prennent le risque de le
financer. Je n’en vois pas en tout cas, mais je devrais. Le travail
– par exemple – de Mediapart ou de XXI sur l’info,
l’investigation, l’ailleurs
… est très proche de la démarche do-
cumentaire ; mais ce sont de petites équipes qui n’ont pas les
moyens de devenir coproducteurs ou diffuseurs. »
668
Le blog documentaire
Épilogue réalise avec le concours de : le blog documentaire
Site : www.leblogdocumentaire.fr
E-mail : leblogdocumentaire@gmail.com
669
L’auteur de ce livre
671
MM. Jean-Michel Carré, Yves Jeanneau, Yann le Masson, Jean
Rouch. En 1985, il est l’un des fondateurs de l’association de
documentaristes La Bande à Lumière, présidée par Joris Ivens,
puis de La Revue Documentaires, en 1986.
672
archives audiovisuelles de Madagascar » qui concerne cin-
quante années de l’héritage audiovisuel de ce pays.
673
Praxis du Cinéma Documentaire :
Une valorisation de la recherche
675
Pour commander la thèse :
Lieu : Ministère de l’Éducation Nationale, l’Atelier National
de Reproduction des Thèses.
Site Internet : http://www.diffusiontheses.fr
Références de la thèse : Thèse de MAURO Didier Réf
ANRT : 41190. « DU CINÉMA DOCUMENTAIRE ÉTUDE
SOCIOLOGIQUE D’UN ART ENTRE REBELLIONS ET
ALIÉNATION ». Identifiant BU : 03PA030007 – 730 pages –
ISBN : 9782729554064
Patrick CHAMPAGNE,
Sociologue, proche de Pierre Bourdieu.
Depuis 1970, membre du Centre
de sociologie européenne
676
de l’École des hautes études en sciences sociales
(EHESS), chercheur en sociologie à l’INRA depuis 1973,
enseignant à l’Université Paris I (Panthéon – Sorbonne)
et à l’Institut d’études politiques de Toulouse.
677
Liens Internet complémentaires
679
Remerciements
Le Pr Michel MARIE,
Directeur de recherches de nos thèses de doctorat à l’Université
de Paris III Sorbonne,
Ainsi qu’à :
681
Un livre édité avec le concours de
OCEANS TELEVISIONS
*
Assistantes – Stagiaires
Natacha Mottart et Stéphanie Vitry
*
Mutualisation d’informations :
Ce livre doit être régulièrement actualisé, et, en vue de sa mise à
jour lorsqu’il sera réédité, il est possible de nous communiquer dès à
présent tous les éléments d’information qu’il semble utile de « mutua-
liser » pour les lectrices et lecteurs futurs. Pour ce faire, il convient de
nous les adresser par pièce jointe d’Email, exclusivement au format
RTF, à l’adresse Internet : oceans.televisions@yahoo.fr.
*
Ce livre est dédié à l’ascendance :
*
Visuel de Couverture
œuvre néosurréaliste de Didier MAURO :
« Cinéma enlèvement »
682
Du même auteur
683
Madagascar l’opéra du peuple,
Thèse de doctorat, Paris, Université de Paris III –
Sorbonne nouvelle, 2000.
Madagascar l’île essentielle,
étude d’anthropologie culturelle,
Paris, éditions Anako, 2000, Mauro D. & Raholiarisoa E.
Madagascar – L’Encyclopédie du Voyage,
Paris, éditions Gallimard., 1999.
(rééditions : 2000, 2005, 2010).
Madagascar l’île mère,
Paris, éditions Anako, 1999, Mauro D. & Raholiarisoa E.
Madagascar autrement,
Paris, éditions du Jaguar, 1996, Mauro D. & Andriamirado S
Madagascar Country Guide,
Paris, éditions Le Petit Futé, 1995.
Avec l’Afrique. Les relations entre la Franc
et l’Afrique subsaharienne francophone.
Paris, Cercle Condorcet, 65 p., 1992,
Biache R., Chesneaux J., Chombard De Lauwe P-H.,
Fayolle R., Gresh A., Hessel S., Julien C., Massiah G.,
Mauro D., Pisani E., Ruellan A.
Le pouvoir du documentaire. Entretien avec Thierry GARREL,
Paris, La Revue Documentaire, p. 05-11, 1991.
Un Vent du Sud – Terres d’Espoir,
Paris, éditions l’Harmattan, 1991, Mauro D., Battet M-J.
Cinéma & politique,
Thèse de doctorat, Paris, Université de Paris III –
Sorbonne nouvelle, 1979.
684
Table des matières
685
Le film documentaire, le Septième Art,
et les champs de la création artistique.......................................61
Sociologie des champs :
champ de l’art versus champ du journalisme............................62
Le documentaire serait un « cinéma faisant création du réel » .63
Éléments de capital culturel en cinéma documentaire ..............66
Bibliographie : trois livres pour commencer.............................67
Filmographie : sélection de films..............................................69
Entretiens sur l’art du cinéma documentaire.............................75
Chapitre 1. Écrire...........................................................................85
1. L’écriture d’un film documentaire........................................85
2. Du documentaliste au documentariste ..................................91
3. L’auteur, son engagement, son point de vue, et son style..........97
4. Le dossier de projet et sa rédaction.....................................102
5. Comment surmonter le « syndrome de la page blanche ».....119
6. Comment protéger un projet de film documentaire ? .........121
7. Entretiens concernant l’écriture ..........................................124
Chapitre 2. Réaliser......................................................................139
Nota ........................................................................................143
1. Préparer la réalisation d’un film documentaire...................145
2. Lorsqu’il est temps de tourner ............................................164
3. Éléments pour des entretiens réflexifs
en documentaire de création ...................................................183
4. Du casting des personnes-personnages
en documentaire de création ...................................................191
5. Bases techniques élémentaires : une méthode de tournage
en documentaire de création ...................................................194
6. Du montage : une écriture...................................................203
7. Vers L’œuvre prête à diffuser .............................................209
8. Expérimentation documentaire et création artistique..........214
9. Exemples de documents techniques....................................217
10. Documents techniques pour le montage ...........................222
11. Méthodes de réalisation avec un téléphone cellulaire ...........232
12. Données socio-économiques.............................................240
13. Entretiens concernant la réalisation ..................................243
Chapitre 3. Produire.....................................................................253
1. Modes de production de documentaires..............................255
2. Produire nécessite une structure..........................................257
3. Construire un dossier de projet ...........................................265
4. Le cadrage juridique d’un film documentaire.....................278
5. Bases de méthodes de production de documentaires
de création...............................................................................289
686
6. Le financement de la production intégrée au système
des industries de programmes audiovisuels............................ 291
7. Éléments de méthode en autoproduction : les films sauvages. 330
8. contrats-types & formulaires .............................................. 345
9. Organisations professionnelles ........................................... 349
10. Données socio-économiques sur le champ du documentaire 350
11. Entretiens : de la production documentaire ...................... 351
Chapitre 4. Diffuser ..................................................................... 365
1. La diffusion de documentaires par les televisions .............. 371
2. La projection de documentaires en salles de cinéma .......... 376
3. Les documentaires diffusés sur l’Internet........................... 380
4. Les documentaires diffusés en festivals ............................. 387
5. Les documentaires édités en DVD, blu-ray, et autres supports . 393
6. Le documentaire sur ses marches ....................................... 400
7. Le documentaire en diffusion non-commerciale & associative. 403
8. La diffusion directe du documentaire par ses acteurs
& par ses partisans .............................................................. 409
9. Les distributeurs commerciaux de film documentaires........... 413
10. Les, documentaires sur les télévisions du monde ............. 416
11. L’action associative pour le documentaire ....................... 418
12. Les aides à la diffusion et à la distribution de documentaires.. 421
13. Outils pour la distribution & la diffusion de documentaires . 423
14. Entretiens sur la distribution............................................. 428
Chapitre 5. La formation ............................................................. 445
1. La formation autodidacte.................................................... 446
2. Les études universitaires..................................................... 454
3. Les stages de formation ...................................................... 456
4. Comment financer une formation....................................... 466
5. Entretiens sur la formation ................................................. 469
Chapitre 6. L’héritage : les archives du cinéma & de la télévision.. 477
1. Une mémoire audiovisuelle en danger ............................... 477
2. Création documentaire et archives audiovisuelles.............. 483
3. Ressources pour le travail avec des archives audiovisuelles... 488
4. Entretien concernant les archives audiovisuelles
et la création documentaire..................................................... 490
687
5. Revues et publications ........................................................508
6. Ressources pour l’Écriture..................................................510
7. Ressources pour la réalisation.............................................527
8. Ressources pour la production ............................................533
9. Ressources pour la distribution & la diffusion....................556
10. Ressources pour la formation............................................601
11. Ressources pour la mémoire .............................................606
12. Bibliographie ....................................................................618
13. Entretiens ..........................................................................623
Conclusion........................................................................................625
Épilogue ...........................................................................................653
Le blog documentaire.......................................................................669
L’auteur de ce livre ..........................................................................671
Praxis du Cinéma Documentaire : Une valorisation de la recherche ...675
Liens Internet complémentaires .......................................................679
Remerciements .................................................................................681
Du même auteur ...............................................................................683
688