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Chabernaud jean-louis
Université Paris-Saclay
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MISE AU POINT
MOTS CLÉS Résumé La prise en charge du nouveau-né en détresse en salle de naissance est de plus en
Salle de naissance ; plus prévisible grâce aux progrès de la surveillance obstétricale et aux changements
Ventilation non importants intervenus dans le domaine de l’organisation des soins périnatals. L’anoxie
invasive ; périnatale et la naissance prématurée, surtout avant un âge gestationnel de 32 semaines,
Oxymétrie pulsée ; sont les deux situations les plus fréquentes exposant le nouveau-né à des gestes de
Ventilation
réanimation dès la naissance. Les préalables indispensables à une prise en charge
mécanique ;
Surfactant exogène ;
cohérente et adaptée à chaque cas sont une bonne connaissance des données obstétrica-
Prévention de les et un matériel vérifié et en bon état de marche. La priorité de la réanimation
l’inhalation respiratoire fait aujourd’hui l’unanimité dans les premières minutes de vie. Le dévelop-
méconiale ; pement des méthodes de ventilation non invasive et l’utilisation précoce d’un surfactant
Prévention de exogène naturel sont les deux progrès les plus récents pour la prise en charge précoce du
l’hypothermie ; grand prématuré en salle de naissance. Le matériel de prise en charge respiratoire
Hypothermie (respirateur, monitorage de l’oxygénation par oxymétrie pulsée) permet une améliora-
cérébrale ; tion indiscutable de la qualité de la prise en charge. Le transfert maternel est toujours,
Éthique lorsqu’il est encore possible et non contre-indiqué, préféré au transport du nouveau-né
en cas de possibilité d’accouchement prématuré ou de toute autre pathologie maternelle
menaçant la sécurité de la mère et de l’enfant. Le transport du nouveau-né, quand il
n’est pas évitable, est organisé et réalisé par un personnel entraîné avec un matériel
adapté à la pathologie de l’enfant dans des conditions optimales de sécurité et de
confort.
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caine de pédiatrie en 1992 [1] et l’Académie amé- d’une cascade métabolique excitotoxique délé-
ricaine de cardiologie [2] en 1987 font figure de tère. Ainsi à la phase anoxique succède une phase
référence. La dernière mise à jour de ces recom- de dépression du métabolisme énergétique céré-
mandations par l’ILCOR (International Liaison Com- bral. Parallèlement les phénomènes d’ischémie–re-
mittee on Resuscitation) date de septembre 2000 perfusion génèrent un stress oxydatif avec libéra-
[8] . La priorité de la réanimation respiratoire fait tion de radicaux libres et synthèse de NO.
aujourd’hui l’unanimité. En revanche, le type et les La prévention de l’anoxie périnatale est difficile
caractéristiques de la ventilation en pression posi- car les anomalies du rythme cardiaque fœtal n’ont
tive (manuelle ou mécanique) ou non invasive, le pas une sensibilité et une spécificité satisfaisantes
choix de la concentration en oxygène utilisée, la et les formes anténatales sont généralement mé-
place du massage cardiaque externe, la posologie connues. Le processus délétère ne peut être dé-
des produits médicamenteux en particulier l’adré- tecté que s’il se produit en per-partum. Ainsi mal-
naline, l’attitude en cas de naissance dans un li- gré les progrès incontestables des prises en charge
quide méconial ou de naissance très prématurée et périnatales, le taux d’infirmité motrice et céré-
l’intérêt de l’alcalinisation ou du remplissage vas- brale n’a pas significativement baissé ces dix der-
culaire font encore l’objet de nombreuses discus- nières années [18].
sions.
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Tableau 1 Score d’Apgar. Moyen chiffré, rapide mais subjectif d’évaluer l’état des grandes fonctions vitales à une minute de vie
et d’en apprécier l’évolution à trois, cinq et dix minutes.
Critères ; Cotations
0 1 2
Fréquence cardiaque < 80/minute 80 à 100/minute > 100/minute
Respiration 0 cri faible cri vigoureux
Tonus 0 extrémités normal
Réactivité 0 grimaces vive
Coloration bleue ou blanche imparfaite rose
tion et de l’oxygénation alvéolaire dans les premiè- alvéolaire correcte, mais aussi pour instituer une
res minutes de vie a ainsi un effet net sur : ventilation spontanée autonome, en déclenchant le
• la résorption de liquide alvéolaire ; réflexe paradoxal d’inflation de Head. Cela permet
• la sécrétion des inclusions lamellaires (forme assez souvent d’éviter d’avoir à recourir à l’intuba-
de stockage intracellulaire du surfactant), tion endotrachéale.
l’élaboration du film tensioactif et l’établisse- La prise en charge ventilatoire du nouveau-né
ment d’une capacité résiduelle fonctionnelle prématuré doit être optimale. Depuis plusieurs an-
(CRF) ; nées, les stratégies ventilatoires se sont orientées
• l’effondrement des résistances vasculaires pul- dans le sens d’une moindre agressivité que ce soit
monaires et la rapide augmentation de la per- précocement ou un peu plus tard.
fusion capillaire pulmonaire ; La stratégie ventilatoire initiale doit tenir le plus
• l’adéquation de la ventilation alvéolaire et de possible compte du risque de barotraumatisme ou
la perfusion pulmonaire. de volotraumatisme, au niveau du poumon mais
Le matériel nécessaire et l’ensemble de l’asso- également de l’arbre aérien. Un mauvais recrute-
ciation et de la succession des gestes sont résumés ment alvéolaire initial et une application inhomo-
dans le Tableaux 2 et 3. gène du volume courant et des pressions d’insuffla-
tion sont le risque principal [5]. Mais il peut
également s’agir d’un risque de surdistension de
Qualité de la ventilation manuelle l’arbre respiratoire avec une agression portant pré-
ou mécanique en salle de naissance férentiellement sur la trachée et les différentes
branches de l’arbre pulmonaire.
Une large proportion des nouveau-nés ayant des
difficultés d’adaptation à la vie extra-utérine va Ventilation nasopharyngée manuelle au
requérir une assistance ventilatoire dès la salle de masque
naissance.
Elle est précédée, quel que soit l’âge gestation- Elle a pour but d’accompagner l’installation d’une
nel, par une désobstruction rhinopharyngée douce ventilation spontanée efficace et de récupérer une
(dépression < 100 mmHg) pratiquée avec une sonde fréquence cardiaque > 100/minute. Actuellement,
de calibre 8 pour l’oropharynx et de calibre 6 pour il existe un consensus sur la fréquence de cette
les narines. L’aspiration gastrique, si elle est déci- ventilation manuelle et la pression nécessaire : elle
dée, doit être différée pour être mieux tolérée. En doit être comprise entre 40 et 60/minute, sauf
effet, toutes ces manœuvres douloureuses peuvent quand lui est associé un massage cardiaque externe
déclencher un réflexe vagal et la bradycardie ainsi qui doit alors faire réduire la fréquence à
induite peut alors rendre nécessaire une réanima- 30/minute [16]. Il est communément admis que
tion respiratoire qui aurait pu être évitée. L’aspira- pour les premières insufflations chez le nouveau-né
tion gastrique secondairement pratiquée par la à terme, il peut être nécessaire d’employer des
bouche (longueur bouche–ombilic) permet de véri- pressions aussi importantes que 40 cmH2O. Cela
fier la perméabilité œsophagienne et de vider l’es- peut donc nécessiter parfois le blocage de la valve
tomac, pour éviter une inhalation secondaire de de surpression (tarée à 40 cm). Il a été montré par
liquide ou si une distension gazeuse existe après un travail lillois que la ventilation manuelle à
ventilation au masque. l’Ambu® n’est pas qu’une simple question de doigté
Lorsqu’il s’agit d’un nouveau-né à terme dans un et qu’il est parfois difficile de maîtriser les varia-
contexte d’asphyxie périnatale, de nombreux tra- tions de pression d’insufflation selon l’opérateur
vaux ont montré l’importance d’une pression posi- [12]. L’utilisation d’un temps d’insufflation long
tive d’ouverture des alvéoles forte (par- (2 à 3 secondes) à pression d’insufflation constante
fois > 30 cmH2O) pour obtenir une expansion (20 à 40 cmH2O selon le terme) est actuellement
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6 cmH2O, par voie nasale (canule uni- ou binari- Ventilation mécanique sur tube
naire) peut éviter d’avoir à recourir d’emblée à endotrachéal
l’intubation endotrachéale [20]. C’est ainsi que
25 % des très grands prématurés peuvent ne pas L’article 9 de l’arrêté du 25 avril 2000 (Journal
être intubés en salle de naissance, même si 35 à officiel) précise que toute salle de naissance doit
45 % d’entre eux nécessitent ultérieurement une pouvoir disposer d’un respirateur adapté au
intubation endotrachéale en réanimation néona- nouveau-né permettant le contrôle continu des
tale une fois confirmée leur maladie respiratoire de pressions d’insufflation et de la teneur en oxygène
type maladie des membranes hyalines [15]. Il est du mélange gazeux administré, muni d’alarme de
également intéressant de proposer, pour les pre- surpression–débranchement. La plupart des respi-
mières insufflations, des temps inspiratoires longs rateurs néonatals sont des découpeurs de flux (Ba-
et des pressions d’insufflation maximale de 25, bylog 2000® Dräger, Stephan® PDG system, Baby-
voire 20 cmH2O, réduites ensuite très rapidement Pac® Sims-Médipréma). Les ventilateurs récents
en dessous de 20 cmH2O. (Babylog 8000® Dräger et VIP® Bird) permettent une
ventilation mécanique plus élaborée et avec moins
Un appareil récent comme le Néopuff® RD900 de risque de baro- ou volotraumatisme grâce à leur
(Fisher Paykel) est intéressant car il est peu encom- monitorage complet (mesure du volume courant) et
brant et permet de ventiler le nouveau-né soit au l’utilisation d’une ventilation synchronisée avec
masque, soit sur tube endotrachéal à partir d’un trigger en volume, mais aussi l’utilisation d’une
débit continu. Il permet de régler par obturation au PPC par canule nasale double (Babyflow® de
doigt le rythme respiratoire et le temps inspira- Dräger). Ils sont préférables pour une ventilation de
toire. Un régulateur permet d’appliquer une PPC plus d’une heure. On attache particulièrement
variable. La pression maximale peut être régulée et d’importance au réglage du temps d’insufflation
limitée. Un manomètre permet également de sur- (TI < 0,35) et au monitorage de l’oxygénation
veiller la pression d’insufflation et la PPC. Il est (SpO2 < 95 % avant 32 semaines d’âge gestationnel).
ainsi probable qu’on puisse limiter les baro- et La disponibilité d’un respirateur permet plus de
volotraumatismes. rigueur pour le réglage des paramètres de la venti-
lation ou de la FiO2 et libère les mains des utilisa-
teurs.
Intubation endotrachéale
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nouveau-né asphyxique à terme [19]. Le fait de peuvent avoir une toxicité cérébrale chez le
disposer en salle de naissance d’un respirateur per- nouveau-né, en particulier très prématuré.
met d’ajuster rapidement la FiO2 aux paramètres En ce qui concerne la voie endotrachéale, les
de saturation pour éviter toute hyperoxie qui se- études sont contradictoires et n’incitent pas pour
rait, même pour une durée courte, délétère. l’instant à proposer des doses intrachéales supé-
Actuellement, de nombreux oxymètres de pouls rieures aux doses précédemment recommandées de
utilisent la méthode Masimo® qui a l’avantage, en 0,03 mg/kg (0,3 mL/kg d’une dilution d’une am-
cas d’hypothermie, de faible perfusion locale et de poule de 1 mg d’adrénaline dans 9 mL de sérum
mouvement de l’enfant d’être beaucoup plus fiable physiologique). L’administration de la solution di-
et de fournir quasi constamment une mesure oxy- luée est faite par une sonde descendue le plus bas
métrique d’excellente qualité. possible. Elle est rapidement suivie d’une ventila-
tion en pression positive, idéalement par un respi-
rateur néonatal.
Massage cardiaque externe
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par la réalisation d’un test de Kleihauer sur le sang intérêt si elle est rapidement réalisable. Ensuite,
maternel), il est logique d’effectuer rapidement un l’enfant est confié à une équipe de réanimation, le
remplissage vasculaire (ou une exsanguino- plus souvent pour un bref séjour, afin de poursuivre
transfusion) avec du culot O Rhésus négatif, CMV la surveillance, les aspirations régulières et la kiné-
négatif sur la base de 10 mL/kg. Sinon, l’albumine sithérapie respiratoire.
humaine (à 20 %) diluée à 10 % (avec du glucosé à
5 %) est souvent préférée encore aujourd’hui en
France, surtout chez le prématuré [6]. Chez le Prévention de l’hypothermie
nouveau-né à terme, le sérum physiologique et réchauffement des grands
(10 mL/kg) est préconisé en première intention
prématurés
[17].
Il est rare d’avoir à utiliser également un ino-
Les tables de réanimation radiantes disposant d’un
trope. Si c’est le cas, on préfère commencer par la
matelas en gel de silicone préchauffé sont très
dopamine. Chez le grand prématuré, celle-ci est
performantes. L’essuyage avec des langes stériles
contre-indiquée en raison de la présence de sulfites
préalablement réchauffés, ainsi que l’installation
dans son solvant et de leur responsabilité dans la
de l’enfant dans un sac transparent en polyéthy-
leucomalacie périventriculaire. On privilégie
lène (par exemple des sacs à congélation) ne lais-
aujourd’hui, même si l’effet est assez lent, l’utili-
sant que le visage libre (ce qui permet tout geste de
sation précoce de l’hémisuccinate d’hydrocorti-
réanimation) sont extrêmement efficaces chez le
sone chez le grand prématuré (1 mg/kg intravei-
prématuré d’âge gestationnel < 28 semaines pour
neuse lente [IVL]) avec troubles hémodynamiques.
diminuer de façon significative les pertes thermi-
ques par évaporation et par convection, mais éga-
lement pour augmenter l’effet du réchauffement
Naissance dans un liquide méconial sur la table de réanimation radiante [21].
La mise en place précoce d’une perfusion péri-
La fréquence de la présence de méconium dans le phérique ou plus rarement d’un cathéter veineux
liquide amniotique à la naissance est estimée à ombilical, en permettant l’administration de subs-
13 %. Dans les années 1970, l’intubation systémati- trats énergétiques (glucosé à 10 %) évite tout risque
que pour aspiration trachéale de tous les enfants d’hypoglycémie et concourt à la réussite du ré-
nés dans un liquide méconial était préconisée. chauffement de l’enfant.
Depuis quelques années, une attitude plus sélec-
tive est proposée à la suite d’un certain nombre
d’études randomisées contrôlées ne montrant Encéphalopathie anoxique du
aucune différence significative entre les nouveau-
nés intubés de façon systématique ou élective pour
nouveau-né à terme et hypothermie
le devenir respiratoire immédiat, la mortalité ou la cérébrale
morbidité neurologique [13,22].
Aujourd’hui, l’aspiration oropharyngée au cours L’hypothermie contrôlée offre un réel espoir théra-
de l’accouchement lors du dégagement de la tête peutique chez le nouveau-né à terme souffrant
du nouveau-né est systématique. Si à la naissance d’encéphalopathie postanoxique [11]. Les résultats
le bébé a des difficultés d’adaptation à la vie encourageants des différentes études pilotes
extra-utérine ou une détresse respiratoire précoce, conduisent aujourd’hui à la réalisation d’essais thé-
une laryngoscopie directe est nécessaire pour aspi- rapeutiques randomisés dans plusieurs pays afin de
rer dans la trachée les sécrétions méconiales avec confirmer l’efficacité de cette technique tout en
une sonde plus grosse (CH 10). En cas de naissance en diminuant les dangers potentiels. Toute hyper-
en état de mort apparente, l’aspiration après intu- thermie iatrogène est ainsi à bannir dès la salle de
bation, et avant toute ventilation en pression posi- naissance.
tive (ventilation au masque contre-indiquée), reste
l’attitude recommandée. En revanche, lorsque le
nouveau-né à terme est en bon état et vigoureux, Éthique en salle de naissance
sans aucun signe respiratoire, il ne faut rien faire et
simplement le surveiller. Après l’intubation, si elle Aujourd’hui toutes les équipes, au niveau national
s’est avérée nécessaire, on s’abstient de tout « la- comme international, admettent que les enfants
vage alvéolaire » qui risquerait d’altérer ou même nés après une anoxie périnatale sévère doivent être
de détruire le surfactant pulmonaire. Une kinési- systématiquement pris en charge dès la naissance
thérapie respiratoire précoce trouve ici tout son quelle que soit l’origine supposée de leur mauvais
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état. C’est pour ceux d’entre eux qui vont rester Transport du nouveau-né
dans un état préoccupant que se pose la question
de la durée de la réanimation ou de son arrêt
éventuel. Ces questions se posent également pour Actuellement, lorsqu’il est possible et non
les enfants nés à la limite de la viabilité ou avec un contre-indiqué, le transfert maternel (transfert
très faible poids de naissance, et en cas de nais- in utero) vers un centre périnatal de type III ou
sance d’un nouveau-né malformé dont l’anomalie IIb selon les cas, est privilégié. En effet, de
n’avait pas été découverte en anténatal [9]. meilleurs résultats aussi bien en termes de mor-
talité que de morbidité et de séquelles à long
La salle de naissance n’est pas un lieu approprié terme sont rapportés après transfert du
pour résoudre les problèmes liés à ces dilemmes nouveau-né « in utero » par rapport au transfert
éthiques. C’est plutôt un lieu de vie que de fin de après la naissance, en cas de risque de nais-
vie. Par ailleurs, l’urgence ne permet pas de pren- sance très prématurée. Le transfert maternel
dre des décisions dans les meilleures conditions car évite également de séparer la mère de son
l’équipe médicale est souvent limitée et a peu de enfant qui vient de naître. Pour le nouveau-né à
moyens pour préciser rapidement un diagnostic in- terme ou proche du terme, le transfert postna-
certain ou porter un pronostic précis. De plus, les tal n’est pas toujours prévisible et évitable.
parents, ne sont pas préparés et n’ont le plus
souvent pas eu le temps de connaître leur bébé.
Organisation du transfert
La décision de fin de vie est envisageable dans
quelques cas précis : En cas de pathologie néonatale, le pédiatre de
• cessation de traitement en cas de naissance en maternité prend la décision soit de surveiller l’en-
état de mort apparente à terme sans récupéra- fant auprès de sa mère, si toutes les conditions de
tion stable au-delà de 20 minutes de gestes de sécurité sont réunies (personnel compétent et ma-
réanimation immédiatement mis en œuvre et tériel sur place) pour cela, soit au contraire de le
bien conduits ; transférer en milieu spécialisé. Le transfert d’un
• abstention de traitement quand un diagnostic nouveau-né est ainsi indiqué si son état réclame des
prénatal, déjà établi, s’avère tout aussi péjo- soins, une surveillance ou des investigations qui ne
ratif (voire plus péjoratif dans certains cas) peuvent être réalisés dans la maternité où il est né.
après la naissance ; Quelles que soient les circonstances, le transport
• limitation de traitement en cas de mauvaise du nouveau-né ne s’improvise pas. Dès l’appel for-
adaptation à la vie extra-utérine aux limites mulé par le pédiatre de la maternité à la régulation
extrêmes de la viabilité. du Samu départemental débute l’organisation de la
Le plus souvent, et surtout dans les situations les prise en charge de ce nouveau-né, de la maternité
plus incertaines, c’est le principe de la réanimation où il est né jusqu’à son arrivée dans le service
d’attente qui doit être respecté : l’enfant bénéficie spécialisé récepteur. Le service d’accueil est choisi
de traitements immédiats et appropriés puis est en fonction de la pathologie du nouveau-né, des
transféré sans aucune discontinuité de prise en places disponibles à proximité du domicile de ses
charge dans une unité de réanimation néonatale où parents, en évitant les transferts triangulaires. Le
une évaluation complète et documentée permet moyen de transfert est choisi en fonction de la
secondairement de prendre une décision collégiale, gravité de la pathologie motivant le transfert. Le
après entretien avec les parents. transfert est confié à une équipe de transport médi-
calisée (Smur pédiatrique) si l’état de l’enfant
reste grave ou instable au décours de la réanima-
tion initiale. Dans le cas contraire, l’enfant est
transféré par une ambulance paramédicalisée sous
Surveillance après la prise en charge
la surveillance d’une infirmière-puéricultrice ou
d’une infirmière formée à la néonatologie, avec un
Tout nouveau-né ayant nécessité des gestes de équipement adapté. Ce type de moyen de transport
réanimation doit être surveillé au moins 24 heures peut suffire pour les enfants atteints d’une patho-
dans un service de soins intensifs ou de réanimation logie stable ou pour un trajet de courte durée.
néonatale selon la gravité de la situation initiale et L’un des grands principes du transport néonatal
des gestes réalisés. Cela peut être dans le même reste la mise en condition préalable, la plus com-
site, ce qui évite la séparation mère–enfant, ou plète possible, du nouveau-né sur place, possible,
nécessiter un transfert médicalisé dans un centre en stabilisant les grandes fonctions vitales avant le
spécialisé. départ. L’utilisation d’un module pédiatrique com-
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Prise en charge d’un nouveau-né en détresse en salle de naissance et son transport 109
pact, rassemblant tous les appareils nécessaires, l’échangeur hygroscopique (« nez artificiel »). Il a
facilite la réalisation de cet objectif, ainsi qu’une l’avantage de simplifier grandement les circuits du
surveillance adaptée pendant toute la durée du respirateur. Tout épanchement gazeux liquidien
transport. est évacué avant la mise en route du transfert
(exsufflation pleurale ou drainage pleural, com-
Stabilisation des grandes fonctions vitales plété par l’installation d’une valve antiretour ou
avant le transport d’un dispositif de recueil à usage unique).
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renseignements administratifs, médicaux, la mise vant. Le père ressent une impression d’impuissance
en condition déjà effectuée, les compléments ef- et d’inutilité. Il est souvent désorienté, a du mal à
fectués, le déroulement du transport et l’orienta- se situer par rapport à sa femme, sa famille, son
tion diagnostique proposée. Un exemplaire de enfant malade, les médecins. Le rôle de l’équipe
celle-ci, ainsi que le sang de la mère (10 mL sur médicale de chaque maternité et du médecin trans-
tube sec et 5 mL sur tube avec anticoagulant), le porteur du Smur pédiatrique est de s’entretenir
placenta (surtout en cas de retard de croissance avec les parents, de les informer des raisons et du
intra-utérin, de souffrance fœtale inexpliquée ou lieu du transfert (dont on indique les coordonnées)
de contact infectieux) sont remis au service desti- en évitant toutes paroles blessantes ou traumati-
nataire. L’autorisation d’opérer, essentiellement santes (« souffrance fœtale », « état de mort
en cas de problème chirurgical est signée par les apparente »). À cette occasion, les parents vont
parents avant le transfert. parfois demander une estimation globale du pro-
nostic et des précisions sur les gestes thérapeuti-
Dernier contact avec le service d’accueil ques. Le rôle du pédiatre de maternité et du méde-
cin transporteur est alors de leur fournir des
Avant le départ, le médecin transporteur, au cours renseignements prudents, tout en trouvant des pa-
d’un échange téléphonique avec l’unité d’accueil roles apaisantes pour répondre aux questions
expose l’état de l’enfant et sa mise en condition, concernant le risque vital immédiat ou de séquelles
discute l’indication d’un certain nombre de théra- ultérieures. Il est fondamental de s’efforcer que la
peutiques (antibiotiques, remplissage vasculaire, mère voie et touche son bébé avant son départ. Une
éventuelle alcalinisation...) ou de la mise en jeu de photographie à développement instantané ou nu-
techniques exceptionnelles (ventilation à haute mérique est laissée aux parents. Tous ces moyens
fréquence ou par oscillation, monoxyde d’azote permettent de préserver au mieux la relation mè-
inhalé, assistance respiratoire extracorporelle...), re–enfant et d’atténuer les effets de la séparation
voire propose avant l’accueil dans l’unité de réani- liée au transfert. Ainsi peut s’instaurer le début
mation ou de spécialité la réalisation d’examens d’un dialogue qui se poursuit avec l’équipe du
complémentaires (échocardiographie, examen to- service de néonatologie qui prend en charge l’en-
modensitométrique...). fant après son transfert.
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Prise en charge d’un nouveau-né en détresse en salle de naissance et son transport 111
toutes les maternités. Ceux-ci doivent faire partie [11] Edwards AD, Wyatt JS, Thoresen M. Treatment of
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