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By Maryam

Rahou
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Partie 1 : Flash-back sur la réforme budgétaire -
2001

P.rogrammation pluriannuelle glissante


G.estion budgétaire Axée sur les Résultats
A.udit de performance
S.ystème d’information de gestion budgétaire Partie 2 : Réforme de la Loi Organique relative à
C.ontrôle Modulé de la Dépense la Loi de Finances - 2015
D.éconcentration budgétaire
R.enforcement de la performance de la gestion publique
R.enforcement des principes et règles financiers
A.ccroissement du contrôle parlementaire sur les finances
publiques

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Table des matières

Tables des matières -4-

Index des tableaux et figures -8-

Partie 1 : Flash-back sur la réforme budgétaire - 2001 - 10 -

Préambule ___________________________________________________________________________________________________________ - 12 -
 I. Réforme de l’Etat, réforme de l’administration publique et réforme budgétaire - 13 -
 II. Réforme budgétaire : Pour quoi faire ? - 15 -
 III. Réforme marocaine VS Réforme française - 16 -
 IV. La réforme budgétaire : Quelles parties prenantes ? - 19 -
 V. Quels facteurs clés de succès de ladite réforme ? - 22 -
 VI. Axes de la réforme budgétaire… ?? - 24 -
 VII. La réforme budgétaire… Quel impact ? - 25 -

Programmation pluriannuelle glissante _________________________________________________________________________________ - 26 -


 I. Le quoi ? - 26 -
 II. Le pourquoi ? - 27 -
 III. Le comment ? - 27 -

4
Gestion budgétaire Axée sur les Résultats ______________________________________________________________________________ - 30 -
 I. Le quoi ? - 30 -
 II. Le pourquoi ? - 31 -
 III. Le comment ? - 31 -
III. 1. Premier pilier : Le cadre réglementaire - 32 -
III.1.1. La globalisation des crédits - 32 -
III.1.2. La contractualisation - 34 -
III.1.3. Le partenariat - 35 -
III. 2. Second pilier : Le cadre structurel - 38 -

Audit de performance ________________________________________________________________________________________________ - 48 -


 I. Le quoi ? - 48 -
 II. Le pourquoi ? - 49 -
 III. Le comment ? - 49 -

Système d’information de gestion budgétaire ___________________________________________________________________________ - 51 -


 I. Le quoi ? - 51 -
 II. Le pourquoi ? - 51 -
 III. Le comment ? - 52 -
III. 1. Le système e-Budget - 52 -
III. 2. Le système de Gestion Intégré de Dépense (GID) - 53 -
III. 3. Le système de Gestion Intégré des Ressources Financières (GIRF) - 56 -

Contrôle Modulé de la Dépense _______________________________________________________________________________________ - 59 -


 I. Le quoi ? - 59 -
 II. Le pourquoi ? - 63 -
 III. Le comment ? - 63 -
III. 1. Chantiers 1 : Le rapprochement des structures opérant dans le contrôle à priori - 66 -
III. 2. Chantier 2 : Augmentation de la capacité de gestion des services des ordonnateurs - 67 -

5
III. 3. Chantier 3 : Généralisation et approfondissement de la réforme budgétaire - 68 -
III. 4. Chantier 4 : Evolution des métiers d'audit et d'inspection - 68 -
III. 5. Chantier 5 : Pilotage du projet de la réforme - 69 -

Déconcentration budgétaire ___________________________________________________________________________________________ - 73 -


 I. Le quoi ? - 73 -
 II. Le pourquoi ? - 76 -
 III. Le comment ? - 76 -

Partie 2 : Réforme de la Loi Organique relative à la Loi de Finances - 2015 - 79 -

Préambule ___________________________________________________________________________________________________________ - 81 -
 I. Avant tout : le contexte - 82 -
 II. Le quoi ? - 86 -
 III. Le pourquoi ? - 90 -
 IV. Le comment ? - 91 -
IV. 1. Opérations de préfiguration - 92 -
IV. 2. Calendrier de mise en œuvre - 94 -
IV. 3. Conduite du changement et éléments de réussite de la LOLF - 97 -
IV. 4. Système de pilotage - 102 -
IV. 5. Partenaires de la LOLF - 103 -

Renforcement de la performance de la gestion publique _________________________________________________________________ - 107 -


 I. Cadre de Dépenses à Moyen Terme - 107 -
 II. Nomenclature budgétaire - 110 -
 III. Objectifs et indicateurs de performance - 114 -

Renforcement des principes et règles financiers _________________________________________________________________________ - 117 -


 I. Principes des finances publiques - 117 -
 II. Nouvelles règles financières - 119 -

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II. 1. Equilibre financier de l’Etat - 119 -
II. 2. Nouvelles règles de gestion des SEGMA et des CST - 121 -
II. 3. Nouvelles règles comptables - 125 -

Accroissement du contrôle parlementaire sur les finances publiques ____________________________________________________ - 127 -


 I. Enrichissement et diversification des informations communiquées au Parlement - 128 -
I. 1. La Loi de Finances - 128 -
I. 2. La Loi de Règlement - 129 -
 II. Réaménagement du calendrier de préparation de la Loi de Finances - 132 -
 III. Réaménagement des modalités et des calendriers d’examen et de vote des Lois de Finances - 133 -
 IV. Réhabilitation de la Loi de Finances rectificative et l’encadrement de son calendrier d’examen et de vote - 134 -
 V. Eriger la Loi de Règlement en Loi de Finances et réaménager son calendrier d’examen et de vote - 135 -
 VI. Clarification, encadrement et élargissement du droit d’amendement parlementaire - 136 -
 VII. Coresponsabilité du Parlement et du Gouvernement dans la préservation d’équilibre des finances de l’Etat - 137 -

Bibliographie - 138 -

Annexe 1 : Liste des textes législatifs et règlementaires relatifs à la LOLF - 147 -

Annexe 2 : Liste des évènements organisés par le MEF afférents à la mise en place de la LOLF - 149 -

7
Index des tableaux et figures

Figure n°1 : Les parties prenantes dans la réforme budgétaire _________________________________________________________________ - 19 -

Figure n°2 : Les axes de la réforme budgétaire au Maroc _____________________________________________________________________ - 24 -

Tableau n°1 : De la logique des moyens vers la logique des résultats ____________________________________________________________ - 31 -

Tableau n°2 : Les documents relatifs à la performance dans le contexte des organisations publiques marocaines ____________________________ - 36 -

Tableau n°3 : Calendrier de mise en œuvre de la nouvelle LOLF _______________________________________________________________ - 96 -

Figure n°3 : Les enjeux du SI budgétaire _________________________________________________________________________________ - 102 -

Figure n°4 : Le système de pilotage de la LOLF ____________________________________________________________________________ - 103 -

Figure n°5 : Comment s’élabore la programmation budgétaire triennale (PBT) ? ____________________________________________________ - 109 -

Figure n°6 : Les trois dimensions relatives à un programme ___________________________________________________________________ - 111 -

Figure n°7 : La LOLF et l’amélioration de la lisibilité budgétaire ________________________________________________________________ - 113 -

Figure n°8 : Principes des finances publiques ______________________________________________________________________________ - 119 -

Figure n°9 : Enrichissement et diversification des informations communiquées au Parlement avec la LOLF _________________________________ - 130 -

8
Figure n°10 : La LOLF et la révision de la procédure d’examen et de vote du PLF ___________________________________________________ - 133 -

Figure n°11 : La LOLF et la réhabilitation de la Loi de Finances rectificative _______________________________________________________ - 135 -

Figure n°12 : Clarification, encadrement et élargissement du droit d’amendement parlementaire ________________________________________ - 136 -

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Flash-back sur la
réforme budgétaire
 2001 

10
e marocaine de la réforme budgétaire se voit une
« référence prometteuse pour tous les observateurs qui
suivent les efforts de modernisation entrepris depuis
».

Benoît Chevauchez,
Développement Economi ADETEF

°43 Août 2008

11
Préambule

La dynamique de la réforme budgétaire qui a été enclenchée au Maroc


par le Ministère de l’Economie et des Finances (MEF), au cours de la Pratiquement parlant, la réforme budgétaire renvoie à un cadre marqué
dernière décennie, s’inscrit dans le prolongement d’un mouvement par la nécessité de (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 28) :
amorcé au niveau international en quête d’un nouveau modèle de
gestion publique aligné à des standards universellement reconnus, et 1. Mettre en place les conditions politiques, économiques, celles
ce, afin de répondre aux enjeux d’un environnement marqué par la sociales et culturelles qui permettraient l'intégration du Maroc
complexité, les crises à répétition et l’accélération des échanges, en dans l'environnement international qui connaît d’importantes
faveur d’une plus grande interdépendance des systèmes et d’un retour mutations ;
du débat sur le rôle de l’Etat (Firadi, Juin 2010, p. 41). 2. Prendre en compte les engagements du Royaume relatifs à la
conclusion de l’accord d'association avec l'Union Européenne (UE)
Cette réforme s’inscrit dans un contexte d’ouverture de l’économie qui visait l'établissement progressif d'une zone de libre-échange à
nationale exigeant l’amélioration de la compétitivité des entreprises et l'horizon 2010 et l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange
de l’environnement d’affaires, ainsi que la dynamisation de la croissance. avec les Etats-Unis (EU) ainsi qu'avec d'autres pays.

Elle s’inscrit également dans le cadre des réformes structurelles (lutte Dès lors, la réforme budgétaire s’inscrit dans un contexte de (Haddad,
contre la pauvreté, généralisation de la scolarité, couverture médicale), Décembre 2007, p. 3) :
de la modernisation de l’administration à travers le renforcement de la
déconcentration, l’amélioration des prestations et de la gouvernance,  Modernisation de l’environnement général du Royaume : à
sans oublier les contraintes des finances publiques (prédominance des travers une libéralisation de l’économie, consolidation de la bonne
dépenses de fonctionnement, aggravation de charges de compensation) gouvernance et ouverture du secteur public ;
(Al Maliya, Septembre, 2006, p. 5).

12
 Maintien de la stabilité du cadre macro-économique : maîtrise connus par les Etats dans leurs structurations et leurs fonctions et,
du déficit budgétaire et de l’inflation, dynamisation de la croissance ; d’autre part, par les mutations économiques et sociales qu’imposent les
 Approfondissement des réformes structurelles : pousser lesdites évolutions des sociétés, elles reviennent tout au long de l’histoire
réformes autour d’objectifs stratégiques datés et chiffrés ; moderne et constituent un des éléments du débat public de par le
 Renforcement de la cohésion sociale : via la promotion des monde.
secteurs sociaux et du développement humain.
Aujourd’hui, ces thèmes demeurant au centre des préoccupations de
La réforme de la gestion budgétaire a commencé en 2001. Ainsi, une tous les pays, à des degrés et des rythmes différents, ont été confrontés
Circulaire du Premier Ministre en date du 25 Décembre 2001 énonçait à un mouvement de réforme. A ceci deux arguments : (i) le coût
deux objectifs principaux, mais limités de la réforme : une globalisation budgétaire jugé excessif de la fonction publique et (ii) l’évolution de la
des crédits budgétaires et une gestion budgétaire sur la base des culture économique et politique des citoyens qui préféreraient choisir
résultats. Un décret du 31 Décembre de la même année organisait leurs prestations, selon leur qualité et leur volonté.
plus précisément les procédures de ces nouveaux modes de gestion.
De sa part, le Maroc s’est engagé depuis quelques années dans la voie
De plus, un certain nombre d’orientations et de décisions parcellaires, des réformes politiques, économiques et financières. De telles réformes
émanant de niveaux normatifs différents, sont venus compléter le texte visent à accélérer le développement du pays, dans une économie de
initial et ont ainsi constitué un ensemble à peu près cohérent visant en plus en plus ouverte, et à réduire les disparités sociales et spatiales. La
fait une réforme potentielle d’ensemble des modes de gestion du budget réforme budgétaire est l’une des réformes phares engagées par le
de l’État (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 5). Gouvernement. Son élément central est la notion de « performance »
(Al Maliya, Aout 2008, p. 3 et 13).

I. Réforme de l’Etat, réforme de Dit autrement, le Gouvernement marocain a entrepris depuis l’an 2001
une réforme en profondeur de l’administration publique. La dite
l’administration publique et réforme budgétaire réforme s’étend à la fonction publique, au système budgétaire de l’Etat,
et s’inscrit dans le cadre d’un mouvement renforcé de déconcentration.
En effet, le volet budgétaire de la réforme vise à mettre en œuvre une
La réforme de l’Etat et la modernisation de l’administration ont toujours nouvelle approche axée sur les résultats et la performance.
été au cœur de l’actualité. Suscitées, d’une part, par les changements

13
A cette fin, le Gouvernement a mis en place une procédure relative à la système d’évaluation de politiques publiques, de reddition des comptes
globalisation des crédits1 qui donne aux gestionnaires plus de souplesse aussi bien que l’orientation de l’action publique vers la performance (Al
dans la gestion de leurs crédits en échange d’une responsabilité accrue Maliya, Aout 2008, p. 15).
en matière de résultats. Cette étape de la réforme a été formalisée
dans le Décret n°2-01-2676 du 31 Décembre 2001. Dans cette phase, Les réformes introduises dans la sphère publique marocaine reposent
les ministères adhèrent à ce dispositif dans un contexte de volontariat sur la construction d’un management supposé respecter la spécificité
et la généralisation à l’ensemble de l’administration a été prévue en du service public tout en y introduisant des concepts managériaux qui
2007 (Collange et al, Novembre 2006, p. 1). n’étaient pratiqués jusqu’à lors que dans le secteur privé2.

La relation entre la réforme budgétaire, la réforme de l’Etat et celle de Ceci a été consacré dans la Constitution de 2011 introduisant de
l’administration publique est que la réforme budgétaire débouche de la nouveaux principes qui s’articulent autour de la philosophie de
réforme de l’Etat. Cependant cette réforme ne suffit pas à réformer gouvernance basée sur la transparence, la performance aussi bien que
l’Etat. La réforme de l’administration est, quant à elle, une composante la reddition des comptes. Sur le plan financier, cela se traduit par « le
de la réforme de l’Etat et les deux sont conditionnées par une réforme recours au modèle du new public management3, inspiré des bonnes pratiques
de la fonction publique (Al Maliya, Aout 2008, p. 5-6 et 15). en vigueur dans les entreprises privées. », a expliqué Noureddine BENSOUDA,
Trésorier Général du Royaume (L’Economiste, Mai 2012).
En fait, « la réforme budgétaire est la porte d’entrée de la grande réforme
de l’Etat », a considéré M. Driss El AZAMI El Idrissi, ex-Ministre délégué Le programme de réformes, qui s’est étendu jusqu’en 2008, est soutenu
chargé du Budget auprès du Ministre de l’Economie et des Finances par des appuis financiers au budget de l’Etat de la part de la BM, de
(L’Economiste, Mai 2012, p. 2). l’UE, et de la Banque Africaine de Développement. En outre, la Banque
a mis en œuvre, sur une base également programmatique, un appui
La réforme budgétaire constitue, bien évidemment, un important levier analytique méthodologique qui vise à appuyer les efforts de réforme
et accélérateur de la réforme d’Etat à travers sa contribution à la
formalisation d’un nouveau cadre de gestion publique, qui passe d’une
2 Cf. Figure n°1.
culture de moyens à une culture de résultats. Ainsi, la définition des 3 Le « Nouveau Management Public » (NMP) ou New Public Management « NPM » (selon
objectifs et d’indicateurs de performance permettent l’instauration d’un l’expression des auteurs britanniques du best-seller paru en 1996) s’inspire essentiellement des
réformes de l’Etat dans certains pays anglo-saxons, comme le Royaume-Uni ou la Nouvelle-
Zélande. L’expression NMP est désormais largement utilisée pour évoquer les remises en
cause assez fondamentales de la place et du fonctionnement des structures de l’Etat pour
1 Cf. « Globalisation des credits », p. certains pays anglo-saxons depuis presque cinq décennies.

14
par des apports basés sur les expériences internationales de la Banque, 3. Alléger et simplifier les procédures de la dépense publique ;
ainsi que sur la contribution d’experts. 4. Donner plus de clarté aux choix stratégiques en renforçant la
programmation budgétaire pluriannuelle ;
Il s’agit essentiellement d’aider le Maroc à développer les outils 5. Renforcer la déconcentration budgétaire en vue de favoriser une
techniques essentiels au succès de la réforme tels que l’appui à gestion de proximité répondant mieux aux attentes des citoyens.
l’élaboration en Novembre 2006 d’un « Guide méthodologique de
suivi de la performance »4 (Collange et al, Novembre 2006, p. 1). Les mesures et actions entreprises dans le cadre de la réforme budgétaire
s’articulent autour de trois axes distincts :

II. Réforme budgétaire : Pour quoi faire ?  La maîtrise de l’évolution de la masse salariale : les mesures de
type structurelles engagées au Maroc sont accompagnées d’une part,
par la limitation de créations de postes budgétaires et d’autre part,
La nouvelle approche budgétaire vise, entre autres, à conférer plus de par le maintien de la disposition concernant la suppression des postes
responsabilité aux gestionnaires par l’assouplissement des procédures budgétaires devenus vacants, et ce, afin de réduire le poids de la
budgétaires, en contre partie de leur engagement à réaliser des masse salariale par rapport au PIB.
objectifs prédéfinis, mesurés par des indicateurs de performance et à
rendre compte des progrès réalisés en égard des moyens utilisés (Al  L’amélioration de l’efficacité de l’administration dans la gestion
Maliya, Aout 2008, p. 15). des ressources humaines : la réforme de l’administration publique
reconnaît le rôle stratégique de l’élément humain en tant que pilier de
Clairement, les objectifs assignés à ladite réforme s’énoncent de la toute la dynamique du changement.
sorte (Haddad, Décembre 2007, p. 10) :
Ainsi, les efforts consentis dans ce sens avaient pour but la généralisation
1. Renforcer l’efficacité de la dépense publique, voire accroître la progressive des référentiels des emplois et de compétences (REC), le
performance en orientant le budget davantage vers les résultats ; renforcement de la mobilité des fonctionnaires, la mise en œuvre d’une
2. Octroyer plus de liberté et de responsabilité aux gestionnaires nouvelle politique de formation continue, l’adoption du projet de Décret
budgétaires ; d’application relatif au recrutement par des contrats, l’amélioration de
l’efficacité du système de rémunération et la mise en œuvre d’un
4 Cf. Bibliographie. nouveau système d’évaluation.
http://www1.worldbank.org/publicsector/civilservice/frenchadmin/Guide4_RPK.pdf

15
progressive (amélioration continue/capitalisation d’acquis), participative
 L’amélioration de l’efficacité de l’administration dans la gestion (implication des départements ministériels et d’autres partenaires) et
des ressources budgétaires : s’agissant des ressources budgétaires, surtout pragmatique (choix d’actions facilement réalisables). Ceci sans
cette réforme repose sur une amélioration de la programmation changement du cadre juridique la réglementant (Al Maliya, Aout 2008, p. 15
budgétaire pluriannuelle, la mise en place d’une nouvelle approche et 5).
budgétaire axée sur les résultats, la performance, le renforcement de la
déconcentration administrative et des capacités d’évaluation et d’audit En effet, la démarche choisie par le MEF pour la mise en œuvre de la
des performances des administrations publiques. réforme budgétaire s’appuie sur les 2 principes fondamentaux suivants :

 La progressivité : la mise en œuvre de la réforme budgétaire


III. Réforme marocaine VS Réforme française nécessite le développement d’un certain nombre d’outils au niveau des
différents départements ministériels, notamment les indicateurs de
performance. Ceci a donc nécessité l’adaptation des modes de gestion
A noter que la réforme budgétaire initiée à partir de 2002 au Maroc, des ministères, leur orientation vers le résultat et le renforcement de
repose sur une démarche progressive et volontariste, en tenant compte leurs capacités.
des capacités des gestionnaires, et s’est faite à législation constante sans
réformer la Loi Organique relative à la Loi de Finances (LOLF ou Afin de réussir cette mise en œuvre et permettre aux administrations
simplement LOF). de se l’approprier, le MEF a dû s’inscrire dans le cadre d’une démarche
progressive tenant compte des capacités des services concernés et
Par contre, en France la démarche poursuivie a consisté en l’adoption, permettant d’accumuler les expériences réussies pour le bénéfice de
en date du 1er Août 2001, de la LOLF qui remplace l’ordonnance de l’ensemble des départements.
1959, même si l’exécution budgétaire en régime « LOLF », n’a commencé
qu’à partir du 1er Janvier 2006. Ceci dit, même si les orientations et la La démarche progressive retenue au Maroc pour la mise en œuvre de
philosophie sont souvent inspirées par les mêmes concepts, le chemin cette approche a pour but d’accompagner les différents départements
emprunté par le Maroc est différent de celui de la France. ministériels dans le développement des outils nécessaires à sa mise en
œuvre, qu’il s’agisse de la programmation pluriannuelle, de l’élaboration
Alors que la France a opté pour le changement de la législation avant des indicateurs de performance ou encore de la contractualisation avec
toute expérimentation, le Maroc a choisi, de sa part, une réforme qui est les services déconcentrés.

16
A ce titre, le MEF, et particulièrement la Direction du Budget (DB), L’originalité de l’expérience du Maroc réside donc dans son (Haddad,
s’est mobilisé pour assister ces départements afin de réussir la mise en Décembre 2007, p. 12) :
œuvre de la réforme et favoriser son ancrage, notamment au niveau
des services déconcentrés.  Approche globale et intégrée englobant l’ensemble du processus
budgétaire ;
Cet accompagnement a pris la forme de soutien des ministères dans la  Démarche participative via l’implication des départements dans
restructuration de leurs documents budgétaires de manière à ressortir la conception et la mise en œuvre des dispositifs de la réforme ;
leurs programmes d’actions stratégiques ainsi que l’élaboration des  Démarche pragmatique basée sur une expérimentation au sein
indicateurs de performance associés auxdits programmes. D’autre part, des départements pilotes avant de procéder à la généralisation aux
l’accompagnement s’est consisté en une réflexion continue en vue de autres départements pour apprentissage ;
simplifier les procédures budgétaires et assurer leur adaptation à cette  Démarche progressive et volontaire qui tient en compte les
logique de résultats (Al Maliya, Septembre 2006, p. 10-11). capacités des départements.

La réforme budgétaire s’est également caractérisée par de nombreuses Quoique les voies poursuivies par les deux pays sont différentes, des
expérimentations, dont le choix des administrations pilotes ainsi que similitudes entre les deux expériences sont à relever. Rappelant à ce
l’échelonnement dans la mise en œuvre, voire dans le contenu de stade qu’en France, la réforme budgétaire est passée aussi par une
l’expérimentation (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 5). phase d’expérimentation, et ce depuis 1999.

 L’implication des ministères : dès le départ, la démarche participative L’expérience a été menée au niveau des préfectures avec la globalisation
a été adoptée par le MEF afin d’impliquer les départements ministériels et la contractualisation des crédits, a précisé M. Benoît CHEVAUCHEZ,
dans la conception et la mise en œuvre des dispositifs de la réforme. Chef de l’équipe ADETEF5 et DG de l’Institut de Gestion Publique et
du Développement Economique (Al Maliya, Aout 2008, p. 6).
Cette implication a, certes, permis leur appropriation des finalités et
objectifs de la réforme, la conception en commun de ses dispositifs en
tenant compte des attentes et des spécificités du système budgétaire 5 L'Assistance au Développement des Échanges en Technologies Économiques et Financières
(Adetef) est l'opérateur pour la coopération internationale pour les Ministères des Finances,
marocain et l’accélération de sa mise en œuvre (Al Maliya, Septembre 2006, du Budget et du Développement durable. Elle a été fondée en 1981. ADETEF fait partie des
p. 10). multiples opérateurs français chargés de la coopération internationale. En 2015, la structure
est intégrée dans l'Agence Française d'Expertise Technique Internationale (AFETI).

17
Les deux démarches, a-t-il ajouté, sont principalement semblables, elles
reposent sur une gestion budgétaire centrée sur les objectifs et les 1. Partage des mêmes finalités avec les réformes ou expériences
résultats, plutôt que sur le contrôle et la gestion des moyens. Les internationales : maîtrise des dépenses et des déficits publics,
expériences marocaine et française ont toutes les deux débuté en détermination à améliorer l’efficacité des politiques publiques et la
2001. qualité du service rendu aux usagers, volonté de renforcer la
transparence de l’action publique pour le Parlement et le citoyen ;
Cependant, en France, si la nouvelle approche a été appliquée dans
l’année qui a directement suivi l’adoption de la Loi Organique des 2. Tendance convergente autour de l’articulation entre la réforme
Finances par le Parlement, la démarche marocaine se veut plus des processus budgétaires et la réorganisation des modes de
progressive, plus adaptée et plus pragmatique. gestion de l’administration : renforcement de la décentralisation,
approfondissement de la déconcentration, délégation de la gestion
Ensuite, M. B. CHEVAUCHEZ a dévoilé que l’expérience marocaine aux opérateurs, privatisation, etc. ;
présente un ensemble d’avantages par rapport à la démarche française.
D’abord, elle se distingue par sa pluriannualité, ceci dit une approche 3. Rééquilibrage des rapports entre l’exécutif et le législatif :
prospective qui a opté pour une vision sur 3 ans. Ensuite, la démarche améliorer les conditions d’exercice des pouvoirs de contrôle du
marocaine a été fortement liée au processus de déconcentration et de Parlement sur le Gouvernement ;
décentralisation qui marque toute l’action administrative.
4. Rééquilibrage des relations entre le MEF et les ministères
Autrement dit, le Maroc a suivi une approche ascendante dans le sens gestionnaires : démarche de performance et de reddition des
où les décisions budgétaires nationales ont été définies sur la base des comptes avec des objectifs explicités des moyens mobilisés et des
besoins ressortis au niveau local et provincial. En France, la conception résultats attendus.
était plus centralisée et surtout descendante, où les programmes
budgétaires ont été décidés au niveau central et communiqués par la À la différence d’un certain nombre de pays ayant procédé à des
suite aux différentes provinces et régions pour être appliqués (Al Maliya, réformes d’ensemble de leur système budgétaire et comptable, les
Septembre 2006, p. 8). autorités marocaines n’ont pas souhaité s’engager dans cette voie et
ont opté plutôt pour des aménagements limités faisant prédominer les
Au-delà, la réforme budgétaire telle qu’adoptée dans sa version expériences pilotes et permettant d’avancer graduellement dans la
marocaine a pour caractéristiques (Haddad, Décembre 2007, p. 11) : complexité et l’envergure des réformes. La globalisation des crédits, la

18
gestion par les résultats, le cadre de dépenses à moyen terme, la
réforme du circuit et du contrôle de la dépense ont pu être réalisés Chaque partenaire joue un rôle particulier, en fonction de ses missions,
sans modification d’envergure du cadre législatif (MEF et Banque mondiale, dans le processus de la réforme budgétaire sans empiétement de l'un
Mars 2007, p. 125). dans les attributions de l'autre (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p.
62).
Enfin, l’approche marocaine de la réforme budgétaire se voit une «
référence prometteuse pour tous les observateurs qui suivent les efforts de Figure n°1 : Les parties prenantes dans la réforme budgétaire
modernisation entrepris depuis l’année 2000 », a déclaré sur les colonnes
d’Al Maliya M. CHEVAUCHEZ (Al Maliya, Aout 2008, p. 20).

IV. La réforme budgétaire : Quelles parties prenantes ?

Les groupes de partenaires relatifs à la réforme budgétaire se résument


au nombre de trois. Il s’agit du « Gouvernement », du « Parlement » et
de la « Société civile ».
Source : MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 62
Le Gouvernement, en tant que pouvoir exécutif, ainsi que le Parlement,
comme pouvoir législatif, jouent un rôle fondamental en matière de
modernisation de la gestion budgétaire. La société civile est également Jusque-là, on a tant parlé du rôle du Gouvernement (présenté par le
un partenaire important dans la réforme budgétaire en application du MEF) au niveau de la conduite de la réforme budgétaire. Ici, on tentera
principe de la démocratie participative6. de passer en revue le rôle du Parlement et celui des associations en la
matière :
6 Pour le professeur GHAZALI, Président d’Al Amana et professeur universitaire à la Faculté de
droit Rabat-Agdal, la démocratie participative se ramène à l’ensemble des dispositifs et des
procédures qui permettent d’augmenter, d’accroître l’implication des citoyens dans les prises  Le rôle du Parlement : dans les pays démocratiques, le processus
de décision et trouve son fondement dans les lacunes de la démocratie représentative qui budgétaire est lié au cadre politique de la vie parlementaire :
connaît des limites dans l’implication des citoyens dans la prise de décision, la mise en œuvre
et le contrôle.

19
 Les majorités fortes et influentes permettent de prévoir l’issue
du vote du budget ; Il se peut que les cycles de plusieurs budgets interfèrent, ce qui
 Dans l’absence d’une majorité confortable, le vote est plus difficile conduit le Parlement à assumer plusieurs tâches simultanément. A titre
à orienter vu qu’il dépendra de la capacité de négociation des d’exemple, ces tâches peuvent être comme suit :
parties ;
 Le rôle de l’opposition peut être déterminant vu son statut de  La discussion du projet de budget pour l’année à venir, en vue de
force d’interpellation du Gouvernement ; son adoption ;
 La présence de groupes parlementaires dédiés aux questions  Le suivi de l’exécution du budget de l’année en cours ;
thématiques à caractère formel ou non (environnement, femmes,  Le règlement du budget de l’année précédente (adoption de la
enfants,…), peut avoir un impact sur les décisions concernant le Loi de Règlement).
budget à travers des plaidoyers envers les partis politiques et leur
influence sur les discussions, le vote ; Les partenaires du Parlement dans l’examen de la LF sont :
 Le rôle des femmes élues (notamment en tant que membres de la
commission de finances, de commissions sectorielles ou autres)  Gouvernement : stratégies sectorielles, plan de développement,
peut être décisif en incitant le Parlement au respect des principes programme gouvernemental, PLF, données statistiques, rapports,
d’équité et d’égalité dans l’adoption de la Loi de Finances (LF) et études,… ;
d’autres textes législatifs.  Société civile : thématiques, propositions, expertises, dossiers, et
rapports ;
Par ailleurs, le budget n’est pas une activité ponctuelle à l’égard du  Organisations internationales : rapports ;
Parlement mais plutôt, un processus qui dure une année à travers un  Experts : expertises techniques pointues ;
cycle de plusieurs étapes :  Electeurs et électrices/Instances locales élues : besoins, attentes,
propositions,… des citoyens.
1. Préparation ;
2. Examen du projet ; En fait, ces différentes instances présentent des sources d’information
3. Discussion ; qui facilitent l’examen du budget et contribuent à l’effort d’optimisation
4. Vote ; des ressources afin de satisfaire, à la fois, les besoins des citoyens et les
5. Suivi ; exigences d’une économie moderne par rapport à la perspective d'un
6. Contrôle d’exécution. développement humain durable.

20
La tendance à la spécialisation de la majorité des associations, dans un
Afin que le Parlement puisse jouer son rôle de manière efficace, il est but d’améliorer l'impact de leurs actions, a contribué à en faire un
appelé à : cadre d’abord de concertation et de production et ensuite d’action et
d’engagement bénévole.
1. Sur le plan de la communication entre les parties prenantes :
(i) interagir avec l’exécutif dès les premières phases de préparation Le développement durable, dans ses différentes dimensions sociale,
du budget et (ii) s’ouvrir sur les différentes composantes de la économique, politique et culturelle, constitue pour les associations une
société civile dont notamment les associations, les médias et les finalité pour laquelle elles mobilisent l’expertise et la volonté de leurs
institutions académiques ; membres.

2. Sur le plan des moyens : disposer de (i) ressources humaines Par rapport au rôle du budget dans le processus de développement, la
compétentes dans l’expertise technique et opérationnelle, (ii) participation des associations à travers leurs préoccupations et points
moyens propres pour l’analyse et la recherche, (iii) statistiques de vue, revêt une importance primordiale… Afin de s'acquitter de
précises, actualisées, ventilées selon le sexe, l’âge, l’appartenance façon efficace de leur rôle, certains préalables sont nécessaires pour
socioéconomique et géographique des populations et (iv) bases une participation efficace des associations :
de données pour l’analyse de l’impact des politiques sectorielles
(enseignement, santé, emploi, industrialisation, transport fiscalité, 1. Le renforcement de leurs capacités en relation avec la réforme
…) sur les femmes, les hommes et les couches les plus défavorisées budgétaire : planification stratégique des activités (programmation,
ainsi que (v) accéder systématiquement aux informations utiles à suivi, évaluation), connaissances du sujet et formation de cadres
la prise de décision (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 64-65 spécialisés, connaissance du contexte et du processus budgétaire,
et 67-68). bonne utilisation des médias, formation des groupes et réseaux
pour relever les capacités d’influence, relation avec le Parlement ;
 Le rôle des associations : actuellement, les associations figurent
parmi les principaux acteurs de la construction démocratique et du 2. L’accès à l’information : les associations ont bien évidemment
développement social non seulement, à travers l'intervention sur le besoin d'informations précises provenant de plusieurs sources
terrain mais également, au niveau de la réflexion qui oriente l'action d'information : Haut-Commissariat au Plan, site internet du MEF
dans le sens d’une participation citoyenne. (www.finances.gov.ma), séances plénières du Parlement (rapports
de séances), etc.

21
Les associations peuvent multiplier leurs sphères d’influence en situant V. Quels facteurs clés de succès de ladite réforme ?
le budget dans son cadre global :

1. Agir sur le processus d’élaboration du Plan de Développement Les facteurs notables qui ont déjà permis de favoriser l’accélération de
Economique et Social (PDES) au niveau des orientations générales ; la mise en œuvre de la réforme sont :
2. Agir sur l'élaboration des plans sectoriels et locaux au niveau des
choix et priorités locales et régionales ;  La formation : la mise en œuvre de la réforme budgétaire, son
3. Mener du plaidoyer en amont auprès de l’exécutif ; appropriation ainsi que son redéploiement au sein des différents
4. Mener du plaidoyer auprès du législatif. départements ministériels ont passé, en fait, par l’adaptation et le
renforcement des capacités de ces ministères.
Enfin, il est clair qu’il existe une relation bidirectionnelle entre le
Parlement et les associations : A cet égard, le Ministère des Finances a organisé plusieurs ateliers et
séminaires en présence de consultants externes, afin d'expliquer les
 D’une part, les associations offrent des sources d’information meilleures pratiques internationales en matière de la réforme budgétaire
indépendantes et de l'expertise de terrain dans les domaines de axée sur les résultats ainsi que pour présenter la réforme engagée par
spécialisation ; le Maroc et les dispositifs de sa mise en œuvre.
 D’autre part, le Parlement s’ouvre aux associations à travers des
rencontres afin de s'enquérir de leurs points de vue et de leurs Ces rencontres ont été complétées par des sessions de formation
propositions. organisées par le MEF et ayant permis de traiter des cas pratiques
élaborés à partir des programmes d’action afférents aux départements
En somme, les rôles des trois partenaires, en l’occurrence celui du bénéficiaires. En outre, un cycle de formation sur la performance
Gouvernement, du Parlement et des associations, se complètent pour budgétaire a été monté en partenariat avec l’ISCAE (l’Institut Supérieur
la réalisation des objectifs de développement basés sur l’égalité, de Commerce et d'Administration des Entreprises), faisant bénéficier à
l’équité et la justice sociale dans le cadre de la transparence et de la trente gestionnaires budgétaires par an.
bonne gestion de la chose publique (MEF – Direction du Budget et FDNUF,
2005, p. 70, 72-73 et 62).  L’élaboration de manuels de procédures : la formation doit être
relayée par des manuels expliquant aux gestionnaires budgétaires la

22
démarche de la mise en œuvre de la réforme budgétaire et les  Un accompagnement spécifique et adapté en termes de formation
améliorations attendues dans la gestion budgétaire. aussi bien que du renforcement des capacités des départements
ministériels ;
Pour cela, 2 manuels de procédures ont été en cours de finalisation au  La mise en place de mécanismes d’évaluation systématique des
niveau du MEF en 2006, et dont leur déploiement au sein des ministères politiques publiques (ex-post) en vue de renseigner sur l’efficacité
bénéficiera à l’ensemble des gestionnaires qu’ils soient au niveau central des choix de politique ;
ou déconcentré. Il s’agit de manuels de procédures relatifs à la :  Le développement de systèmes d’information performant et
intégrée notamment ceux budgétaire et comptable permettant
1. Programmation pluriannuelle ; un meilleur suivi des réalisations ;
2. Performance budgétaire.  La refonte de la Loi Organique relative à la Loi de Finances en
vue de consacrer la démarche de la performance et intégrer les
 La mise en œuvre de la réforme du contrôle de la dépense nouveaux concepts et outils y afférents (Haddad, Décembre 2007, p.
publique : pour pouvoir intéresser davantage les administrations dans 13).
leur démarche de performance, il faut renforcer l’intégration entre la
réforme budgétaire et la réforme du contrôle de la dépense publique. Pareillement, afin de garantir le succès à ce processus de réforme, il
Cette dernière, qui vise à alléger le contrôle à priori et renforcer le est primordial, d’après M. CHEVAUCHEZ, de disposer d’un soutien
contrôle à posteriori, est une composante essentielle de la notion de politique profond dans la durée, car ce type de réforme met plusieurs
performance et de l’approche budgétaire axée sur les résultats (Al Maliya, années pour aboutir puisqu’il s’agit de changement de comportements
Septembre 2006, p. 10). et d’habitudes. Cette réforme nécessite une impulsion au plus haut
niveau étatique.
Néanmoins, la réussite de la réforme budgétaire en question requière,
bien évidemment et également : Au-delà des aspects techniques, des nomenclatures et des indicateurs,
la réforme budgétaire est avant tout une affaire humaine. Il est surtout
 Une généralisation de la mise en œuvre des différents volets et question de gestion des ressources humaines, des hommes, de leur
axes de la présente réforme7 à l’ensemble des départements formation et du renforcement de la communication autour de cette
ministériels ; réforme afin de les convaincre et de les amener à adhérer à ce grand
chantier (Al Maliya, Septembre 2006, p. 8).
7 Cf. « Figure n°2 », p

23
VI. Axes de la réforme budgétaire… ? ?
Figure n°2 : Les axes de la réforme budgétaire au Maroc

Le périmètre couvert par cette approche budgétaire est composé de


l’ensemble des services publics, qu’il s’agisse d’administrations centrales,
de services déconcentrés ou encore d’établissements publics bénéficiant
de subventions budgétaires. Ces administrations sont appelées à accroître
leur performance, à améliorer la qualité de leurs prestations et donc à
améliorer l’efficacité de la gestion publique (Al Maliya, Septembre 2006, p. 10).

Dans le cadre de cette note de lecture, il est important de revenir sur


la nature et l’ampleur des différents axes de la réforme en cours visant
à instaurer le suivi de la performance des services publics en liaison
avec le système budgétaire. La figure ci-après s’efforce de résumer
l’ensemble de ces axes qui tracent la réforme budgétaire au Maroc.
Source : Haddad, Décembre 2007, p. 13
À côté des mécanismes (axes) de la réforme purement budgétaires, en
l’occurrence la globalisation des crédits, le pilotage par les objectifs D’autre part, il importe d’indiquer que les axes susmentionnés sont
(GAR), l’allègement des contrôles (contrôle modulé de la dépense),… interdépendants entre eux de par leur complémentarité et interaction.
d’autres évolutions ne sont pas de nature proprement budgétaire mais Ainsi, on verra que :
en semblent indissociables, telle la politique de ressources humaines
notamment (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 5).  Le Contrôle Modulé de la Dépense (CMD) vise l’'instauration
d'une Gestion Axée sur les Résultats (GAR) (Cf. p. 63) ;
D’ailleurs, on a déjà mentionné que l’amélioration de l’efficacité de  La contractualisation, étant parmi les composantes de la GAR, est
l’administration dans la gestion des ressources humaines figure parmi soutenu par la logique du CMD qui a pour objectif, entre autres,
les objectifs de la réforme. une responsabilisation des gestionnaires locaux dans les services
déconcentrés de l’Etat (Cf. p. 63) ;

24
 Les systèmes d’informations prennent une importance renouvelée
aujourd’hui dans la gestion financière publique compte tenu de la  Secondement, à rez de la gestion budgétaire des ministères :
logique de performance et de résultats qui se trouve impulsée et depuis l’adhésion de ces départements à la nouvelle approche budgétaire,
de la réforme du système de contrôle de la dépense publique (Cf. une amélioration qualitative au niveau de leur gestion budgétaire a été
p. 68) ; notée. En effet, du fait qu’ils impliquent plus leurs services déconcentrés
 Le système de Gestion Intégrée des Dépenses est d’une importance et qu’ils s’engagent sur des niveaux de performance à atteindre, ils
majeure pour la réussite de la réforme du contrôle qui lui est utilisent mieux les moyens mis à leur disposition.
très liée en tant que socle pour une meilleure fiabilité et sécurité
des informations budgétaires et comptables (Cf. p. 64). A titre d’exemple, M. Samir TAZI, cite le cas du Ministère de la Santé
_premier département à adhérer à cette approche_ qui a enregistré
des améliorations substantielles en matière du renforcement de ses
VII. La réforme budgétaire… Quel impact ? performances pour la mise en œuvre de sa stratégie sectorielle, surtout
en ce qui concerne la couverture sanitaire dans le milieu scolaire, par
les visites médicales, dont le taux de couverture qui ne dépassait pas
D’après M. Samir TAZI, ex-Adjoint au Directeur du Budget au MEF, la 75% en 2002 est passé à plus de 85% en 2005.
réforme budgétaire a eu d’importants impacts qualitatifs sur le
comportement des ministères ayant adhéré, et ce à deux niveaux : En outre, en raison d’une implication plus forte des services déconcentrés
dans la gestion budgétaire dudit Ministère, ceci a favorisé une véritable
 Premièrement dans leurs relations avec le MEF : une amélioration gestion de proximité et la possibilité de répondre avec diligence aux
qualitative dans la présentation des documents budgétaires par les attentes des populations. Ainsi, le taux de déconcentration budgétaire
départements concernés et dans leurs discussions avec le Ministère des dans ce Ministère, qui ne dépassait pas 27% en 2002, est passé à près
Finances a été constatée. En effet, les ministères précisent mieux leurs de 50% en 2005 (Al Maliya, Septembre 2006, p. 11-12).
stratégies sectorielles, avec des objectifs clairement définis, et déclinent
leurs actions par rapport aux résultats attendus. De plus, les discussions
budgétaires s’appuient essentiellement sur les indicateurs de performance
et les résultats attendus et non uniquement sur les moyens à mettre en
place.

25
Programmation pluriannuelle glissante

I. Le quoi ? définissant le chemin pour l’atteinte de ces objectifs et en encadrant


les adaptations du budget requises pour la mise en œuvre des actions
retenues (MEF – Direction du Budget, Juin 2006, p. 1 et 3).
On ne peut pas parler de performance dans l’administration si on n’a
pas une bonne visibilité sur l’action des ministères. Dès lors, il est En effet, le CDMT se présente comme étant l'interface entre le Plan de
question de mettre en place une nouvelle approche de programmation Développement Économique et Social qui s'étale sur cinq ans, et la Loi
budgétaire appelée « Cadre de Dépenses à Moyen Terme » (CDMT). de Finances à périodicité annuelle (Al Maliya, Février 2007, p. 36). Ce cadre
permet une meilleure visibilité sur les possibilités d’allocations
C’est une démarche qui n’a pour vocation ni de se substituer au PDES pluriannuelles des ressources budgétaires (tenant compte du cadre
ni à la Loi des Finances, mais elle s’inscrit de préférence dans la macroéconomique) et un renforcement de la concertation dans la
prospective budgétaire offrant une meilleure visibilité budgétaire aux programmation pluriannuelle.
différents départements ministériels tout en adaptant l’allocation des
Le caractère annuel de la LF ne va pas être modifié avec la mise en
ressources budgétaires aux contraintes du cadre macroéconomique (Al
Maliya, Septembre 2006, p. 9). œuvre de la nouvelle approche budgétaire et la pluriannualité du
CDMT. Ce dernier est un cadre de programmation indicatif. Il a pour
Le CDMT est un instrument de programmation triennal glissant qui vocation de donner un meilleur éclairage sur le budget afin de faciliter
vise à établir le lien entre les objectifs stratégiques et le budget annuel en la programmation et les arbitrages budgétaires lors de la préparation
de la Loi de Finances.

26
3. Améliorer les conditions de préparation des Lois de Finances qui
Le CDMT s’articule autour des éléments suivants : seront adossées à un cadre triennal ;
4. Mettre à la disposition des départements ministériels un cadre
 Tableau des Opérations Financières de l’État triennal et glissant ; d’action pluriannuel leur permettant de mettre en œuvre, leurs
 Evolution des agrégats de recettes et de dépenses ; politiques de contractualisation, d’obligation de résultats ainsi
 Projection sur 3 ans par ministère des ressources affectées ; que celles de reddition des comptes ;
 Besoins de financement relatifs aux programmes sectoriels (masse 5. Améliorer la performance opérationnelle des services publics, en
salariale, matériel et investissement), l’examen et la mise au point donnant aux gestionnaires une meilleure visibilité pour gérer
en commun des propositions préalablement à la préparation du leurs programmes d’action et en fournissant un cadre pour le
Projet de la Loi de Finances (PLF) (Al Maliya, Septembre 2006, p. 11 et suivi de la performance des dépenses publiques en termes
6). d’efficacité et d’efficience (Al Maliya, Aout 2008, p. 14 ; MEF – Direction
du Budget, Juin 2006, p. 3).

II. Le pourquoi ?
III. Le comment ?
Le CDMT permet de placer la gestion budgétaire dans une perspective
pluriannuelle en vue de : Afin de mettre en place le chantier de la programmation pluriannuelle
glissante, le MEF a procédé, de prime à bord, à l’élaboration, en 2006,
1. Renforcer la pérennité des politiques publiques et assurer une d’un « Guide méthodologique de préparation du CDMT »8 par une
meilleure visibilité des politiques sectorielles et des décisions Commission Interministérielle et son test par des départements pilotes
d’allocation de ressources correspondantes, chose qui permet (Santé, Education Nationale, Aménagement du Territoire, Eau, Habitat
de renforcer l’adéquation de ces politiques et de leur impact et Urbanisme, Equipement).
budgétaire futur avec les possibilités financières de l’Etat et les
contraintes du cadre macroéconomique ; Le guide a été diffusé à l’ensemble des départements ministériels par
2. Renforcer l'efficacité afférente à l'allocation intersectorielle des Circulaire de Monsieur le Premier Ministre. Une journée portant sur la
ressources, par le biais de développement d’outils permettant la thématique du CDMT a été également organisée au profit de l’ensemble
déclinaison desdites politiques dans les budgets annuels ; 8 Cf. Bibliographie.

27
des départements pour leur permettre de s’approprier la méthodologie différents ministères et donnant un éclairage sur la compatibilité des
retenue pour l'élaboration dudit Cadre. besoins sectoriels avec les possibilités de financement budgétaires (MEF –
Direction du Budget, Juin 2006, p. 4).
Ainsi, et au titre de l’année 2008, neuf départements ministériels ont
élaboré leurs CDMT sectoriels (Education Nationale, Santé, Pêches La démarche de préparation de ce cadre triennal glissant passe par
Maritimes, Culture, Plan, Industrie et Commerce, Eau, Habitat et plusieurs étapes :
Urbanisme, Equipement et Transport) (Al Maliya, Aout 2008, p. 14).
 La définition par le MEF, dès le début de l’exercice budgétaire
Le CDMT préparé annuellement établit des projections des différentes du cadre macroéconomique sur un horizon de trois ans et devant
dépenses de l’Etat y compris celles afférentes à la masse salariale et aux présider à la préparation de la Loi de Finances. L’instrument qui sera
charges de fonctionnement courant des administrations, et ce, sur une produit dans cette phase est le « TOFE », qui donnera une meilleure
période de trois ans. Les dépenses relatives à la première année sont visibilité sur l’évolution des grands agrégats budgétaires en ressources
conformes à celles du budget. Les données afférentes aux deux années et en charges, en tenant compte des contraintes macroéconomiques,
suivantes sont indicatives et correspondent aux besoins de financement en termes notamment d’inflation, de déficit budgétaire et de prix des
des programmes9 d’action découlant des priorités du Gouvernement. produits pétroliers.

Tenant compte des objectifs de soutenabilité du cadre macroéconomique,  La préparation par les départements ministériels de CDMT
lesdites projections sont établies par ministère sous forme de CDMT sectoriels, sur la base du « TOFE », en déclinant leurs stratégies
sectoriels et détaillées par programme d’action en vue de s’assurer de sectorielles en termes d’objectifs chiffrés dotés de moyens budgétaires
la cohérence des allocations intra sectorielles avec les stratégies nécessaires à leur réalisation et en tenant compte des besoins en
sectorielles et améliorer la prévisibilité dans la gestion des programmes. fonctionnement et en investissement dans une vision intégrée, le tout
assorti d’une définition des indicateurs de performance.
Les CDMT sectoriels établis par les différents ministères doivent être
consolidés par les services concernés du MEF pour aboutir à un CDMT  Les discussions du MEF avec les départements pour s’assurer de
global (CDMT national) agrégeant les projections de dépenses pour les la cohérence globale, entre l’impact budgétaire futur de leurs programmes
d’action et les possibilités de financement du Trésor. Cette étape a permis
9 Dans le langage de la réforme budgétaire, un programme constitue un ensemble de faciliter les arbitrages rendus par le Gouvernement pour l’établissement
homogène d’activités d’un organisme poursuivant une finalité générale commune. Il n’est pas
nécessairement constitué d’un seul service ou d’une seule Direction, et peut ne correspondre de la Loi de Finances.
qu’à une partie de service.

28
 L’actualisation des CDMT sectoriels. Une fois l’arbitrage rendu et
les enveloppes budgétaires fixées pour l’année N+1, les ministères sont
appelés à actualiser leurs CDMT en prenant en compte, pour la première
année les enveloppes budgétaires arbitrées et en ajustant les enveloppes
demandées au titre des années suivantes.

En somme, il s’agit de renforcer la concertation et le ciblage avec les


différentes administrations, pour la clarification des priorités sectorielles
et leur déclinaison en moyens budgétaires, en prenant en considération
dans leur programmation les contraintes du cadre macroéconomique.

Cet exercice devra être refait annuellement pour tenir compte des
ajustements opérés par rapport aux priorités du Gouvernement, au
cadre macroéconomique et pareillement aux stratégies sectorielles (Al
Maliya, Septembre 2006, p. 11).

Les travaux en amont du CDMT tels que la préparation de stratégies et


programmes à long terme sont particulièrement importants et l'examen
des stratégies et de la conformité des programmes de dépense à ces
stratégies est donc une étape essentielle de la préparation du CDMT
(Collange et al, Novembre 2006, p. 8).

29
Gestion budgétaire Axée sur les Résultats

I. Le quoi ? Traditionnellement, les Lois de Finances présentent le budget par


nature économique ou administrative de dépenses. Cela ne permet pas
de répondre aux questions suivantes :
Le politique s’oriente depuis plus d’une décennie vers une réduction
des moyens, surtout en personnel, sans que l’impact de ces réductions  Pourquoi les dépenses sont-elles engagées ?
de moyens sur les résultats ne soit toujours mesuré de manière précise.  Quels résultats les dépenses permettront-elles d’atteindre ?
 Est-ce que les résultats sont atteints au meilleur coût ?
Cette tendance conduit à ce que certaines entités se voient parfois
privées de moyens qui leur sont pourtant indispensables pour assurer Avec un budget de moyens, on s’intéresse au taux d’engagement des
correctement leur mission alors que d’autres, épargnées pour des crédits et au taux d’émission des dépenses engagées. Partant, le budget
raisons variées, sont tentées de surconsommer leurs moyens financiers de moyens ne fait pas ressortir les domaines d’intervention stratégiques
de crainte que ceux-ci leur soient supprimés dans la période budgétaire d’un ministère donné ni les programmes d’action qui traduisent la
suivante ; « L’Etat répond à une logique de conformité, les entreprises à une politique publique dont il a la charge.
logique d’efficacité ; le premier administre pour exécuter les budgets les
secondes gèrent pour obtenir des résultats.10 » (Charpentier M et Grandjean P, Ainsi, les gestionnaires ont compris qu’il faut migrer d’une gestion des
1998, p. 35 et 59). moyens vers une gestion de résultats (Haddad, Janvier 2011, p. 3 et 5) : c’est
la nouvelle Gestion budgétaire Axée sur les Résultats.
10 Buverez N. et Olivennes D., L’impuissance publique, Calmann Levy, 89.

30
Tableau n°1 : De la logique des moyens vers la logique des résultats
1. Le respect des équilibres financiers fondamentaux afin éviter les
dysfonctionnements ayant un impact négatif sur le cadre macro-
Logique des moyens Logique des résultats économique sachant que ce dernier a des répercussions sur le
Objectifs Utiliser les crédits. Assurer l'efficacité de la dépense plan social ;
publique et améliorer le niveau 2. L'instauration de la transparence par l’amélioration de la présentation
de vie des citoyens.
du budget, le renforcement de sa crédibilité vis-à-vis de l’opinion
Mode Au niveau de la logique des Au niveau de la logique de résultats,
d’arrêt des moyens, les objectifs sont les objectifs sont arrêtés en partant publique ainsi que la consolidation des principes de l'interpellation
objectifs déterminés en fonction des des besoins et des priorités : et de la reddition des comptes ;
ressources :
 Fixons des objectifs à partir 3. La rationalisation des dépenses publiques de façon à améliorer
 Nous disposons de des besoins / priorités ; l’efficacité et l’efficience de l’administration ;
ressources ;  Mobilisons les ressources
4. L'adaptation du processus budgétaire au cadre de la déconcentration
 Fixons nos objectifs dans la nécessaires pour réaliser les
limite des ressources ; objectifs ; (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 28).
 Evaluons le taux d’utilisation  Evaluons le taux de réalisation
des crédits et le respect des des objectifs et leurs impacts sur
procédures. la population. La GAR vient également pour approfondir les réformes structurelles
Source : MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 29-30 autour d’objectifs stratégiques datés/chiffrés, pour libéraliser l’économie
et faciliter l’ouverture du secteur public (Haddad, Janvier 2011, p. 5).
Loin d’être un simple néologisme éphémère, cette nouvelle logique de

III. Le comment ?
gestion axée sur les résultats représente l’une des tendances lourdes
qui façonnent, à l’échelle internationale, la légitimité de l’Etat et du
service public (Al Maliya, Mars 2007, p. 57).

II. Le pourquoi ? L’amélioration de l’efficacité de la dépense publique passe donc par


l’orientation de la gestion budgétaire vers une culture de résultat,
basée sur plus de responsabilité dans la gestion des crédits. A cet
égard, le rôle du MEF est d’assurer l’assouplissement des procédures
La réforme relative à la Gestion budgétaire Axée sur les Résultats et l’orientation du contrôle vers la performance. Les départements
répond à un ensemble d’impératifs dont notamment : ministériels, quant à eux, auront à :

31
 Clarifier leurs objectifs et leurs programmes d’action ;
III. 1. Premier pilier : Le cadre réglementaire
 Elaborer des indicateurs de performance ;
 Mettre en place un système d’information (SI) fiable pour le suivi
La nouvelle approche budgétaire s’articule autour des dispositifs de
des indicateurs ;
globalisation des crédits, de contractualisation des relations entre les
 Instituer un contrôle de gestion11, un audit de performance et
administrations centrales et services extérieurs et de développement
réorienter la gestion interne sur la base de la logique des
du partenariat avec les collectivités locales (CL), la société civile et le
résultats (Al Maliya, Septembre 2006, p. 5).
secteur privé (Al Maliya, Septembre 2006, p. 4).

Pratiquement parlant, la réforme budgétaire axée sur les résultats


La contractualisation constitue à côté de la globalisation des crédits et
repose sur deux piliers fondamentaux :
du partenariat entre l'Etat et les acteurs locaux, les principaux axes de
la nouvelle approche budgétaire axée sur les résultats (Al Maliya, Février
1. Premier pilier : le cadre réglementaire12 prévoyant trois dispositifs,
2007, p. 38) :
à savoir, la globalisation des crédits, la contractualisation et le
partenariat. D’ailleurs, les 3 mécanismes se caractérisent par leur
III.1.1. La globalisation des crédits
complémentarité et interaction, nécessaires à l’atteinte progressive
des objectifs de la réforme ;
Déployée dès l’année 2002, la globalisation des crédits constitue un
axe majeur dans la mise en place d’une gestion axée sur les résultats, la
2. Second pilier : de nature structurelle, il est représenté par un
recherche de la performance et la reddition des comptes (Al Maliya,
cadre d'analyse de la situation économique et sociale à travers
Aout 2008, p. 14).
l'intégration de la dimension « Genre » (MEF – Direction du Budget
et FDNUF, 2005, p. 32).
Son objectif final est d’améliorer la gouvernance budgétaire à travers
l’augmentation de la marge de manœuvre des gestionnaires et leur
11 Cf. « Le Contrôle de gestion dans les Organisations publiques ». responsabilisation autour d’objectifs prédéfinis, mesurés par des
http://fr.slideshare.net/mimi-cerise/le-cntrole-de-gestion-dans-les-administrations-publiques- indicateurs de performance (Al Maliya, Septembre 2006, p. 5).
35668557
12 Il s’agit de la Circulaire de Monsieur le Premier Ministre n°12/2001 du 25 Décembre 2001,

Décret n°2-01-2676 du 31 Décembre 2001, Circulaire du Ministre chargé des Finances « En simplifiant, l'on peut dire que ce qui est attendu des gestionnaires, c'est
n°483/E du 28 Février 2002, Circulaire de Monsieur le Premier Ministre n°7/2003 du 27 Juin
2003. d'abord d'identifier les indicateurs de résultats au regard de leurs projets

32
inscrits dans les budgets sectoriels. Dans le cadre de la réforme, il leur sera budgétaires ; chaque paragraphe étant destiné à la réalisation d'un
accordé la possibilité de pouvoir gérer à l'intérieur des programmes arrêtés programme, d'un projet ou d'une action déterminée (MEF –
l'ensemble des dotations inscrites sans autorisation préalable du Ministère de Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 38). L’objectif est donc de faire
tutelle et de la Direction du Budget. En contrepartie, les ordonnateurs sont ressortir les programmes pour lesquels sont fixés des objectifs et
tenus de réaliser les résultats escomptés de ces programmes et en fin auxquels, désormais, sont adossés des indicateurs de performance
d'exercice, d'élaborer un rapport sur les résultats obtenus. » a déclaré M. (Al Maliya, Aout 2008, p. 14) ;
Abdellatif BENNANI, ex-Directeur du Budget au sein du MEF, dans un  L’élaboration d’indicateurs chiffrés (Al Maliya, Septembre 2006, p. 5)
entretien accordé à Al Maliya (Al Maliya, Février 2007, p. 36). permettant d’établir un lien entre les crédits alloués à l’action,
programme ou projet et les résultats attendus ;
Par ailleurs, la globalisation de crédits tend à adapter le processus  La fongibilité progressive des crédits, à savoir la suppression du
budgétaire au cadre de la déconcentration : visa de la DB sur les virements14 de crédits entre les lignes d’un
même paragraphe concernant les dépenses de matériel et
 En octroyant, aux ordonnateurs13 et aux sous-ordonnateurs, une dépenses diverses, les dépenses d’investissement, les Services de
plus grande liberté, flexibilité et responsabilité dans la gestion des l'Etat Gérés de Manière Autonome (SEGMA)15 et les Comptes
crédits mis à leur disposition ; Spéciaux du Trésor (CST)16 (MEF – Direction du Budget et FDNUF,
 En contrepartie, ces derniers sont directement responsables de 2005, p. 38) ;
la réalisation des objectifs prédéfinis (MEF – Direction du Budget et  L’élaboration par les ministères de rapports d’évaluation annuels
FDNUF, 2005, p. 37). (Al Maliya, Septembre 2006, p. 5).

Concrètement cela se concrétise par : En effet, la réforme budgétaire de Décembre 2001 traduit une évolution
majeure de la gestion publique d’une logique de moyens vers une
 La clarification des stratégies sectorielles et leur déclinaison en
14 Un virement est un mouvement de crédits entre articles, paragraphes et lignes à l’intérieur
objectifs et programmes (Al Maliya, Septembre 2006, p. 5) ; d’un même chapitre. Les virements constituent une dérogation au principe de la spécialité des
 Le réaménagement des documents budgétaires autour de crédits et étaient jusqu’à lors autorisés par le Ministre des Finances.
15 Les Services de l’Etat Gérés de Manière Autonome sont des services de l’Etat qui ne
programmes cohérents via la restructuration des morasses sont pas dotés de la personnalité morale et dont certaines dépenses, non imputées sur les
crédits du budget général, sont couvertes par des ressources propres. Ces services sont dotés
13 Un ordonnateur est une autorité publique qui prescrit l’exécution des recettes et des de budgets autonomes.
dépenses. Les Ministres sont ordonnateurs de droit ; on distingue les ordonnateurs principaux 16 Les Comptes Spéciaux du Trésor sont des comptes retraçant des opérations qui ne

qui sont les Ministres et les sous-ordonnateurs qui sont les Gouverneurs et les Chefs des peuvent être incluses dans le budget général en raison de leur spécialisation, d’un lien de cause
services extérieurs des ministères. à effet réciproque entre la recette et la dépense ou de leur continuité dans le temps.

33
logique de performance. Elle introduit une certaine souplesse dans la budget d'investissement. En outre, un « recueil des indicateurs de
gestion des crédits relatifs à un même paragraphe dans le budget, en performance » est établi annuellement en vue d’accompagner les projets
rendant possible le virement des crédits d’une ligne budgétaire à une de budgets sectoriels transmis au Parlement (Al Maliya, Aout 2008, p. 14).
autre, sans avoir à obtenir le visa préalable du MEF.
III.1.2. La contractualisation
Autrement dit, le Ministre chargé des Finances peut, par Arrêté pris
sur proposition des ordonnateurs intéressés, et par dérogation à La contractualisation entre l’administration centrale et ses services
l’article 17 du Décret n°2-98-401 du 26 Avril 1999, autoriser ceux-ci et déconcentrés constitue un corollaire indissociable de la globalisation
leurs sous-ordonnateurs à modifier, par décision, les dotations des des crédits en tant qu'outil de modernisation de la programmation et
lignes d’un même paragraphe, à l’intérieur des chapitres du budget de l'exécution de la dépense publique et ce, en introduisant un mode
général, des budgets des SEGMA, relatifs aux dépenses de matériel et de gestion nouveau entre l'administration centrale et ses services
dépenses diverses et aux dépenses d’investissement, et des CST. extérieurs qui est basé sur l'amélioration des performances ainsi que le
renforcement de l'autonomie et de la déconcentration budgétaire (Al
Néanmoins, cette autorisation est subordonnée à la présentation en Maliya, Février 2007, p. 38).
annexe des chapitres du matériel, dépenses diverses et d’investissement
du budget général, des budgets SEGMA/CST relevant de l’ordonnateur La contractualisation se matérialise par la conclusion de contrats
concerné, d’indicateurs chiffrés correspondant à l’objet de chacun des objectifs-moyens (COM) qui se décompose en :
paragraphes dotés du budget considéré et établissant un lien entre les
crédits alloués et les résultats attendus de l’utilisation de ces crédits.  Objectifs : définition, programmation des objectifs envisagés en
les inscrivant dans le cadre de la mise en œuvre des politiques
En clair, la nouvelle approche budgétaire de globalisation des crédits publiques, et ce, selon un échéancier de réalisation précis ;
vise à octroyer aux gestionnaires budgétaires une plus grande marge  Moyens/ressources : fixation des moyens humains, financiers et
de manœuvre en contrepartie de leur engagement sur des objectifs organisationnels ;
prédéfinis, mesurés par des indicateurs de performance (Al Maliya, Mars  Système d’information : instauration d'un SI en mesure de
2007, p. 58). collecter, d'analyser et de traiter les données à même de permettre
la mise en place, l'exécution et le suivi du contrat y compris le
Les efforts menés dans ce cadre ont permis, à fin 2007, l'adhésion à ce suivi des indicateurs d'exécution financière (MEF – Direction du Budget
dispositif de 32 départements ministériels gérant près de 77% du et FDNUF, 2005, p. 35).

34
Alors que l’ancien système était caractérisé par une :
Bien évidemment, les services déconcentrés constituent des acteurs
importants dans la concrétisation et la mise en œuvre des politiques  Faible ouverture des services déconcentrés envers les acteurs
sectorielles. A cet égard, il y a lieu de les renforcer pour qu’ils puissent locaux chose qui aurait permis une meilleure connaissance de la
intervenir dans le processus de la réalisation des programmes sectoriels réalité locale et utilisation des moyens d'intervention de proximité
et dans l’exécution des dépenses publiques. ;
 Absence de cadre transparent et concerté au niveau et de la
La contractualisation permet justement à ces services déconcentrés de planification et du suivi de l'intervention des associations ;
jouer un rôle important en les associant à la définition des objectifs qui  Complexité des procédures d’aide publique aux associations.
leur sont assignés, des moyens nécessaires pour leur réalisation et des
résultats attendus de l’exécution de leurs interventions (Al Maliya, Le nouveau système basé sur la logique du partenariat entre l’Etat et
Septembre 2006, p. 9-10). les acteurs locaux fait ressortir les changements suivants :

III.1.3. Le partenariat  Instauration d'un nouveau mode de partenariat, basé sur la


concertation, la coordination et la confiance mutuelle en clarifiant
S’agissant de l’instauration des relations de partenariat entre les services le rôle des partenaires locaux ;
extérieurs et les acteurs locaux (collectivités locales, secteurs associatif  Capitalisation des expériences en matière de gestion des projets ;
et privé. Ex : le partenariat entre l’Etat et les associations - Circulaire  Amélioration de l’efficacité de l’intervention de l’Etat et de ses
du Premier Ministre n°07/2003 du 27-6-2003), il s'agit d'une nouvelle partenaires pour une mobilisation de l’ensemble des ressources
approche de développement intégrée basée sur la participation de disponibles, une meilleure gestion des projets et un renforcement
l'ensemble des acteurs dans la réalisation de projets de proximité dans de l’approche axée sur les résultats ;
le cadre d'un partenariat avec l'Etat qui :  Prise en compte des préoccupations et besoins des citoyens et
citoyennes dans le cadre de partenariats contribuant à améliorer
 Respecte les principes de la bonne gouvernance ; les politiques de développement local ;
 Institue la pratique de démocratie participative ;  Développement des dynamiques locales par le biais d'activités
 Instaure une politique de proximité qui répond aux besoins de la partenariales dans le cadre d'un renforcement des processus de
population. décentralisation et de déconcentration à travers l’ensemble du
territoire national (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 42-43).

35
Direction ou Ministère Compte Rendu  Relatif à la région
Enfin et toujours dans le cadre de la logique de la GAR, des documents Délégation technique, de Performance  Rappel des objectifs N
régionale Administration (CRP-annuel)  Résultats observés N, N-
d’éclairage de décisions sont à mettre en place… comme le montre le Centrale 1
tableau ci-dessous :  Explication des écarts
 Conclusions
Contrat  Stratégie
Tableau n°2 : Les documents relatifs à la performance dans le contexte des Objectifs-  Objectifs
organisations publiques marocaines Moyens (COM-  Résultats prévus
annuel) [Budget  Ressources
- programme  Triennal glissant N à N+2

Emetteur Récepteur Intitulé du Contenu


dans la
Circulaire du
document Directions Direction
25/12/2001]
Tableau de  Forme libre
Ministère Parlement, Loi de Finances  Ensemble des ministères
ou Délégation bord  Suivi détaillé des
Gouvernement pour l’année N  Objectifs chiffrés provinciales,
des Finances, régionale (trimestriel, principaux indicateurs
– Indicateurs  Par programme, Services,
Direction du (provinciale) mensuel, …) sensibles
chiffrés nationaux et régionaux Organismes
Budget Contrat de  Forme libre
 Pour N, N+1 et N+2 publics d’Etat
programme,  Permettant l’alimentation
(avec
Programme de des documents de
rétrospectif N-3, N-2, N-1)
travail,… performance régionaux et
Ministère Ministère Rapport Annuel  Ensemble du ministère
(annuel) nationaux
technique, des Finances, de Performance  Rappel des objectifs N
 Engagement contractuel
Administration Direction du (RAP)  Résultats observés N, N-
Source : Collange et al, Novembre 2006, p. 41-42
centrale Budget 1, N-2,…
 Explication des écarts
 Conclusions Au-delà des fortes similitudes qui existent entre eux, lesdits documents
 Tableaux objectifs-
résultats-moyens, détaillés figurant dans le tableau se différencient les uns des autres, d’abord parce
par région que certains se consacrent à l’observation et l’interprétation de l’année
Projet Annuel  Ensemble du ministère écoulée, ce sont les documents qualifiés de rétrospectifs (RAP, Compte
de Performance  Stratégie et objectifs
(PAP)  Résultats prévus Rendu de Performance, Tableau de bord), tandis que les autres visent
 Ressources les années à venir (PAP, COM, Contrat de programme). Ces derniers
 Tableaux par région constituent la chaîne des documents prospectifs.
 Triennal glissant N à N+2
(+ rétrospectif N-3, N-2, N-
1)

36
Surtout le champ géographique, voire le niveau d’organisation considéré
dans ces documents varie fortement : partant de services de terrain De surcroit, le PAP présente la stratégie du programme. Il présente et
pour les plus détaillés, des administrations régionales d’un ministère commente les objectifs fixés au programme, ceux d’efficacité et
pour d’autres, jusqu’à l’ensemble d’un ministère pour quelques-uns ou d’efficience, de qualité de service ou encore d’équilibre interrégional
encore l’ensemble de l’administration d’Etat pour l’un d’entre eux (LF) outre les résultats escomptés d’un point de vue global, c'est-à-dire
(Collange et al, Novembre 2006, p. 42). national, pour l’année à venir et pour les deux suivantes.

Ici, on a vu nécessaire de passer en revue les deux documents qui Il situe ces résultats dans le prolongement ou en rupture des résultats
portent sur l’ensemble d’un ministère, en l’occurrence le PAP et le observés dans le passé récent. Il évoque les principales hypothèses
RAP vu qu’ils vont être évoqués plus loin, lorsqu’on abordera la retenues pour effectuer la prévision. Un tableau retrace, indicateur de
réforme de la LOLF17… résultat par indicateur de résultat ainsi que les valeurs observées et
prévues, région par région.
 Projet Annuel de Performance : le PAP présente sommairement
le ministère. Il précise son mode d’action, son organisation, les projets Le PAP ne manque pas de décrire aussi le montant des ressources
sur lesquels il s’appuie, les programmes interministériels auxquels il financières allouées globalement au programme par le moyen du
participe et les partenaires avec lesquels il travaille. budget du ministère (sommation des ressources centrales et régionales
de fonctionnement et d’investissement affectées au programme) pour
Il décrit et synthétise également les orientations stratégiques du l’année à venir et les deux suivantes, en les situant par rapport aux
Gouvernement relatives à son secteur d’activité, pour le moyen et le dépenses passées constatées.
court terme et (re)définit les objectifs généraux du ministère. S’il y a
lieu, le PAP évoque des objectifs d’équilibrage entre les régions. Toujours d’un point de vue global, il décrit en unités physiques les
moyens affectés au programme, notamment le personnel. Un tableau
Programme par programme, le Projet Annuel de Performance décrit retrace les dotations financières du budget du ministère, celles de
sommairement le fonctionnement du programme, ses rapports avec l’administration centrale aussi bien que des services déconcentrés, région
l’environnement, les facteurs à l’œuvre et les risques auxquels il est par région, pour l’année à venir et les deux suivantes, en les situant par
exposé. rapport aux dépenses passées constatées. Enfin et en annexe, le PAP
fournit des explications complémentaires : cartes, appuis de partenaires,…
(Collange et al, Novembre 2006, p. 49-50)
17 Cf. p.

37
 Rapport Annuel de Performance : comme le PAP, le RAP présente Le rapport examine particulièrement la question de l’équilibre (ou des
sommairement le ministère en précisant son mode d’action, son déséquilibres) entre les régions outre les facteurs essentiels influençant
organisation, les projets sur lesquels il s’appuie, la liste des programmes la performance (facteurs exogènes, facteurs internes, événements
auxquels il participe et les partenaires avec lesquels il travaille. particuliers, etc.). Il précise également quelles ont été les ressources
utilisées en les détaillant région par région et en les situant par rapport
Il décrit les orientations stratégiques du ministère et évoque les faits à ce que prévoyait le budget initial.
saillants survenus durant l’année. Programme par programme, le RAP
rappelle les résultats prévus pour l’année qu’il couvre, relatifs aux Le RAP tire les leçons importantes de la période passée et présente
objectifs nationaux et régionaux d’efficacité, d’efficience ou encore de les implications pour le futur qui en découlent : évolution de la
qualité de service (tableaux récapitulatifs). stratégie, ajustement des objectifs de résultat, ajustement des objectifs
opérationnels, changement du mode d’action ou de gestion, etc. Enfin,
Le rapport de performance montre les résultats réellement atteints il contient un avis autorisé garantissant la sincérité des mesures
pour l’année considérée, résultats nationaux et régionaux (tableaux). Il chiffrées présentées (Collange et al, Novembre 2006, p. 43).
compare les résultats nationaux aux cibles prévues antérieurement et,
pour chacun d’entre eux, il fournit (i) un diagnostic précisant si l’écart
constaté est significatif ou non ainsi que (ii) l’explication de tout écart
III. 2. Second pilier : Le cadre structurel
significatif.
Comme mentionné auparavant, le second pilier est représenté par un
En fait, le Rapport Annuel de Performance facilite la compréhension et
cadre d'analyse de la situation économique et sociale à travers
l’interprétation de l’information sur la performance en présentant des
l'intégration de la dimension « Genre ». Toutefois, pour assimiler
points de comparaison :
l’approche Genre ou encore la Budgétisation Sensible au Genre (BSG),
il est important, de prime à bord, de clarifier quelques notions de
 Chronologiques : performance nationale et régionale au cours
base :
des années passées, pour faire ressortir la tendance à l’œuvre et
son influence sur le résultat récent ;
 La notion de « sexe » : se réfère à la structure biologique de
 Transversaux : performance d’administrations étrangères (à condition
reproduction chez l’être humain.
que les indicateurs soient bien identiques), norme en vigueur.

38
 Le concept de « Genre » : se réfère plutôt aux comportements,
aux rôles et responsabilités, socialement construits à l’intérieur d’une Le Genre est en fait :
société donnée. Il s'agit de l'ensemble des différenciations (activités,
rôles, pouvoirs) entre les hommes et les femmes, produites par la  Une méthode à appliquer sur le terrain : une institution qui
société dans laquelle ils vivent. veut favoriser la prise en compte des rapports de Genre par ses
partenaires doit également l’appliquer en son sein ;
 Approche Genre : est une démarche scientifique qui prend en  Une nouvelle approche professionnelle avant tout : si le
compte la relation sociale de sexe au niveau de l’analyse et de la concept est intériorisé, il peut également s’appliquer dans la vie
transformation de la réalité sociale. privée de tous les jours. Il s’agit d’atteindre une meilleure équité
entre hommes et femmes (Al Maliya, Juin 2006, p. 20 et 22).
 Relations de Genre : ce sont les rôles, les responsabilités et les
statuts différenciés des hommes et des femmes, résultant d’un L’approche Genre constitue l'un des instruments renforçant la logique
conditionnement social et dépendant de facteurs tels que l’âge, la axée sur les résultats dans la gestion publique dans la mesure où :
religion, la classe sociale… Elles varient selon les cultures, les facteurs
économiques, géographiques et historiques. 1. Elle s’inscrit dans le cadre d’une analyse et d’une évaluation
précises de l'impact du budget sur l’ensemble de la population, à
 Egalité : tout le monde a les mêmes chances, particulièrement dans savoir les hommes, les femmes, les garçons et les filles de toutes
le domaine de l’accès aux ressources. les couches sociales tout en tenant compte de leurs besoins
différenciés ;
 Equité : tient compte des facteurs discriminants qui ne permettent
2. Elle permet d’identifier les inégalités et les déficits afin de mieux
pas à ceux que l’on désigne comme égaux de bénéficier réellement de
cibler les interventions.
ces avantages à égalité. L’équité permet la prise en compte des écarts
de départ. Par conséquent, le « Genre » n’est pas :
L’approche genre est dons un outil d’analyse, de planification mais aussi
d’évaluation pour une connaissance précise de la réalité (MEF – Direction
 Un terme à la mode qui remplacerait le terme « sexe » ;
du Budget et FDNUF, 2005, p. 57 et 51). Partant, la « Budgétisation Sensible
 Un nouveau terme qui vise l’intégration des femmes dans le
développement. Cette dernière approche se concentrait sur au Genre » ou "Budget Sensible au Genre" signifie l’introduction d’un
outil d’analyse Genre au niveau du processus de programmation et
l’analyse de la situation des femmes, alors que le « Genre » met
d’exécution du budget.
l’accent sur les interactions entre hommes et femmes.

39
En fait, le budget est un instrument qui reflète des politiques et des
Bref, l’approche Genre dans la programmation du budget signifie stratégies de développement. Aussi, faut-il qu'il soit la traduction de
l’utilisation efficiente des crédits budgétaires à partir d’une analyse des politiques et stratégies intégrant l’approche Genre. Ainsi, le budget
besoins dans le but d’améliorer la qualité de vie des hommes et des constitue, selon l’approche Genre, un prolongement naturel d’un
femmes. Il ne s’agit pas du volume des dépenses mais de leur nature et processus cohérent visant la satisfaction des besoins des femmes et des
de leur impact sur l'ensemble des couches sociales (MEF – Direction du hommes et la réalisation de l’équité et de la justice sociale à travers les
Budget et FDNUF, 2005, p. 46 et 53). étapes suivantes :

Ainsi, un budget intégrant l’approche Genre ou "Budget Sensible au 1. Diagnostic de la situation des hommes et des femmes : rôles et
Genre" est un budget qui : besoins ;
2. Définition des besoins et fixation des objectifs ;
1. Prend en considération la contribution différenciée des femmes 3. Etablissement d’indicateurs et programmation ;
et des hommes quel que soit leurs appartenances sociales et 4. Allocation des ressources budgétaires ;
propose des solutions de façon à ce que le budget prenne en 5. Exécution des programmes et des projets ;
compte le lien existant, par exemple, entre l’économie formelle 6. Evaluation de l’impact sur les femmes et les hommes.
et informelle ;
2. Etudie les effets de la répartition des recettes et des dépenses Il s’agit d’une politique économique, sociale et financière qui prend en
sur les hommes et les femmes non seulement à court terme, compte les besoins différenciés des hommes et des femmes et qui vise
mais également à moyen et long terme, c’est à dire tout le long à réaliser l’équité, l’égalité aussi bien que la justice sociale (MEF – Direction
de leur cycle de vie ; du Budget et FDNUF, 2005, p. 52 et 56).
3. Veille à répondre de manière équitable aux besoins pratiques et
stratégiques des femmes, des hommes, des filles et des garçons En effet, le budget étant la traduction des politiques et des programmes
issus des différentes couches socioéconomiques et de tous les publics en terme d’allocation des ressources, il offre, par conséquent, la
milieux ; possibilité d’agir sur les inégalités entre les sexes.
4. Vise à réduire les inégalités socioéconomiques existantes entre
ces couches sociales et à concrétiser les principes de l’équité et Dans ce sens, plusieurs initiatives budgétaires pour l’équité entre les
de l’égalité. sexes ont été mises en place de par le monde. Bien qu’encore au stade
d’analyse pour la plupart d’entre elles, leur objectif était d’intégrer la

40
notion de Genre dans les critères de programmation budgétaire, et ce année de la Conférence internationale de haut niveau sur la BSG à
dans un souci d’équité, de pertinence et d’efficacité de l’allocation des Marrakech, ont été des moments forts où la communauté internationale
ressources (Al Maliya, Juin 2006, p. 27). a marqué son intérêt et son soutien pour les avancées du Maroc dans
le domaine de la prise en considération des Droits de l’Homme en
De sa part, le Maroc a donc lancé une dynamique ininterrompue depuis général et de l’intégration de l’égalité de Genre dans les politiques
2002, par le Ministère des Finances en partenariat avec l’ONU-Femmes publiques en particulier.
en vue de développer l’intégration de l’approche Genre au sein du
processus budgétaire. C’est dans ce sillage qu’est intervenue en 2013 la création du « Centre
d’Excellence de la BSG » au sein du MEF. Ce centre qui est dédié à
Cette démarche cumulative a permis au Maroc de se doter d’instruments l’innovation et à l’apprentissage entre pairs au niveau régional et
analytiques fondés sur des guides, des manuels budgétaires dédiés et international et au développement de la recherche.
des rapports Genre produits de par la Direction des Etudes et des
Prévisions Financières (DEPF) du MEF en accompagnement de la LF afin Ce processus est aussi appelé à s’accélérer et à se renforcer avec
de renforcer les mécanismes de suivi et d’évaluation des politiques l’adoption du projet de la LOLF qui intègre, désormais, la dimension
publiques, sous le prisme du Genre au regard de l’accès aux droits Genre dans le processus budgétaire, tant au niveau de la programmation
fondamentaux. qu’au niveau du suivi/évaluation18 à travers une batterie d’indicateurs de
performance sensibles au Genre19.
En raison de la pertinence de l’approche adoptée et des résultats
obtenus, l’expérience marocaine se qualifie aujourd’hui d’expérience Il est important de tirer l’attention au fait que le Parlement et la société
pilote sur le plan et régional et international, comme en témoigne le civile _qui constituent d’ailleurs des parties prenantes au sein de la
nombre important de Délégations étrangères en provenance de plusieurs réforme budgétaire à l’instar du Gouvernement20_ jouent un rôle loin
pays d’Afrique, du moyen Orient, d’Europe et d’Amérique Latine, qui d’être négligeable en matière de l’approche Genre. Du coup, ils
ont marqué un intérêt soutenu vis-à-vis du partage des connaissances présentent tous les deux, de par leur proximité du terrain, des sources
développées.
18 Cf. pp.
Pareillement, la visite consacrée par Mme Michelle BACHELET, sous- 19 MEF – DEPF. (2014), « L’obtention par le Ministère de l’Economie et des Finances du
Premier Prix d’Excellence des Nations Unis pour le Service Public 2014 – Catégorie : Service
Secrétaire Général de l'ONU et Directrice Exécutif de l'ONU-Femmes, Public intégrant la dimension Genre ».
au Maroc le 08 Mars 2012 et l’organisation en Novembre de la même http://www.finances.gov.ma/depf/SitePages/autre/prix_onu/prix_onu.html
20 Cf. p.

41
pertinentes en ce qui concerne l’étude et l’analyse des attentes et des place d'un budget qui répond aux conditions d’équité, de justice sociale,
besoins du public : d’efficacité économique et de transparence politique.

 Le rôle du Parlement : le Parlement joue un rôle d'intermédiaire Ce rôle du Parlement n’est pas seulement un acte institutionnel visant
entre les citoyennes et citoyens, c'est-à-dire les contribuables, et le la bonne gestion de la chose publique, mais il a de même une portée et
Gouvernement en charge de l'utilisation des ressources publiques. une signification symboliques et éthiques.

L’importance de ce rôle stratégique du Parlement réside dans le fait Etant donné que le budget est un outil de mise en œuvre des priorités
qu'il représente les différentes couches de la population et qu'ainsi, ses de développement, la connaissance des membres du Parlement des
membres bénéficient de la confiance des citoyens et des citoyennes besoins des populations renforce la perspicacité de son intervention
pour veiller à ce que le budget traduise fidèlement leurs intérêts et en lui permettant de participer à l’orientation des politiques encadrant
leurs ambitions. le budget, afin qu’elles soient structurées et formulées de manière à
garantir la satisfaction desdits besoins. Le rôle du Parlement dans
Les citoyens et les citoyennes ne sont pas des êtres abstraits mais des l’établissement d’un budget équitable et efficace, passe par plusieurs
filles et des garçons, des hommes et des femmes. Issus de différentes mécanismes dont notamment :
catégories socioéconomiques et de l'ensemble des régions du pays avec
leurs disparités, ils vivent dans des conditions spécifiques et ont des  Les étapes d’adoption du budget (LF) : étude, propositions
besoins quotidiens réels, connus par les parlementaires compte tenu de d'amendements, vote ;
leurs liens avec les entités territoriales, sectorielles, professionnelles et  Les étapes de suivi et de contrôle de son exécution : questions
sociales qui constituent leurs assisses électorales. écrites et orales, requêtes des commissions sectorielles et des
commissions d’enquêtes.
Ainsi, ce qu'on désigne par « politique de proximité », prend une
dimension particulière quant à l'intervention du Parlement dans le Pour une participation de qualité dans le processus budgétaire, les
processus budgétaire dans la mesure où le budget constitue une parlementaires utilisent différentes sources d'information et collaborent
concrétisation des choix macroéconomiques. avec plusieurs partenaires. Toutefois, dans leur rôle de représentation
directe et indirecte des citoyens/citoyennes, l’action des parlementaires
L’appui du Parlement au processus de la réforme budgétaire axée sur est guidée par les besoins, les intérêts et les attentes de ces derniers
les résultats et intégrant l'approche Genre, contribue dans la mise en obligations (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 63-64 et 66-67).

42
 Le rôle des associations : les associations ont un rôle important à  La capacité à agir en amont : à travers le développement des
jouer dans le processus de la réforme budgétaire axée sur les résultats politiques publiques dans divers domaines tels que les droits de
et intégrant l'approche Genre. Ce rôle se manifeste à travers une femme, de l’enfant et des personnes handicapées, l’environnement,
proximité des habitants et des besoins, c'est-à-dire la participation à la la lutte contre la pauvreté… ;
définition des objectifs et à la fixation des priorités sur le plan local, une  La capacité d'agir en aval : donner à l’approche de proximité
telle ouverture qui renforce simultanément deux facteurs fondamentaux toute sa signification (réalisation de projets de développement en
dans la réforme, à savoir l’efficacité et la transparence. partenariat avec les populations bénéficiaires en s'orientant plus
particulièrement vers les couches sociales les plus défavorisés et
L’importance du rôle des associations se présente à deux niveaux : marginalisées).

1. Au niveau du processus : la participation citoyenne renforce la De manière égale, ces capacités peuvent être mobilisées au niveau du
démocratie participative ; processus d’exécution du budget via les rôles complémentaires qu’elles
2. Au niveau des résultats attendus : un développement durable peuvent jouer :
au profit de l’ensemble des habitants.
 L’expertise : les associations ont une maîtrise des dossiers et
Ce qui justifie ce rôle c’est que durant les dernières décennies, le tissu causes qu'elles défendent et possèdent une expertise accumulée
associatif s'est renforcé aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif : par l’expérience. Cette expertise peut être exploitée lors de
l’examen du budget par le Parlement ;
1. Quantitativement : via l’accroissement du nombre d’associations  Le plaidoyer : les associations ont développé d’importantes
et l’élargissement de l’espace géographique de leur intervention ; capacités de plaidoirie et de communication en vue de défendre
2. Qualitativement : par l'évolution significative enregistrée dans certaines causes en utilisant un argumentaire qui vise à influencer
la nature et les domaines de leur intervention aux niveaux local les décideurs et à sensibiliser l’opinion publique ;
et national.  La proposition : un des aspects de l’évolution, qu’a connu le
mouvement associatif réside dans l’accompagnement de l’action
L’expérience des associations, durant la dernière décennie, a mis en revendicative par une force de proposition ;
exergue la capacité des associations à promouvoir les grandes causes  L’interpellation : l’interpellation est un des rôles reconnus à la
et les projets de société : société civile. Elle consiste à rendre les parties interpellées, aussi

43
bien le Gouvernement que le Parlement, conscientes de leurs 4. Réduire la pauvreté ;
droits et obligations (MEF – Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 69- 5. Augmenter la transparence et la participation ;
71). 6. Définir les responsabilités ;
7. Renforcer le rôle du Parlement dans le processus budgétaire.
Maintenant, la problématique relative à l’initiative du « Budget Sensible
au Genre » peut être schématisée par la réponse à la question de Bien que stratégique, l’analyse des ressources publiques selon l’optique
savoir : Dans quelle mesure les politiques et les ressources qui leurs Genre reste de par le monde peu développée, en raison de la difficulté
sont allouées, sont susceptibles de réduire ou d’accroître les relevée par les systèmes d’information, notamment ceux fiscaux à
inégalités de Genre ? fournir de façon exhaustive des données au sujet des contribuables
individualisées et ventilées par sexe pour l’ensemble des impôts et
Ceci dit, la prise en compte de la dimension "Genre" dans le cadre du taxes institués au niveau d’un pays.
budget de l'Etat découle d'une double perspective, à savoir : (i) assurer
l'efficacité des politiques publiques et (ii) garantir l'équité entre les Voilà pourquoi la mise en place d’une Budgétisation Sensible au Genre
Genres. exige un certain nombre de conditions. Outre la volonté politique,
l’analyse du budget en fonction du Genre requiert :
Cela se concrétise par l’analyse Genre du budget qui privilégie en
amont, le critère Genre pour la sélection des projets. En aval, elle met  La disponibilité d’informations quantifiées en matière des situations
l'accent sur l'impact des budgets sur les femmes, les hommes, les filles réellement vécues par les femmes/hommes et sur leur contribution
et les garçons selon l'optique Genre. Elle cible des groupes précis de économique et sociale. En d’autres termes, elle nécessite l’existence
femmes et d'hommes, de filles et de garçons afin de répondre à leurs d’un système de données statistiques « Genre » détaillées, fiables
besoins spécifiques. et actualisées ;
 Le renforcement des capacités, en matière de Genre et BSG, des
La Budgétisation Sensible au Genre a donc une finalité plurielle : acteurs intervenant dans tout le processus d’élaboration, celui
d’exécution et de contrôle et suivi du budget et des politiques
1. Répondre aux besoins de toutes les catégories de la société et publiques.
renforcer l’efficacité des choix budgétaires ;
2. Promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ; S’agissant des outputs de la BSG, six principaux documents sont issus
3. Accroître l’efficacité économique et contribuer au bienêtre social ; de cette démarche. Il s’agit du :

44
1. Cadre de travail de la politique économique à moyen terme Ce budget dit « Citoyen » ne vient que pour instituer une nouvelle
sensible au Genre ; approche fondée sur la transparence et la participation des citoyens au
2. Analyse Genre de la politique gouvernementale ; débat autour du contenu de la Loi de Finances. Cette approche
3. Rapport Genre du budget ; s’inscrit dans le cadre de la consécration des droits et des libertés
4. Analyse Genre de l’incidence des dépenses publiques ; préservés par la Constitution de 2011, notamment ceux relatifs à
5. Examen Genre de l’impact du budget sur l’utilisation du temps ; l’accès à l’information.
6. Evaluation Genre des bénéficiaires des prestations de service
public (Al Maliya, Juin 2006, p. 27-30). Elle constitue également un point d’ancrage pour la mise en œuvre de
la réforme de la LOLF et ses nouvelles dispositions, qui font des
On note que le Maroc, présenté par le Ministère de l’Economie et des principes de transparence, de reddition des comptes, de performance
Finances, a été élu par la Commission des Experts des Nations Unies et de qualité du service public, un axe fondamental de la gestion
du service public, comme l’administration gagnante de l’édition 2014 du publique21 (MEF – Direction du Budget, 2015, p. 1).
premier prix d’excellence pour le service public (catégorie 4 relative
aux efforts déployés pour promouvoir l’égalité de Genre) et ce, en Au sujet de la publication du BC, M. Nizar BARAKA, ex-Ministre de
reconnaissance des efforts déployés par le MEF dans le cadre du l’Economie et des Finances, a déclaré dans un entretien accordé à la
programme « Budgétisation Sensible au Genre » (BSG-Maroc). Finances News : « En fait, l’idée est d’être dans cette logique pédagogique
et de pouvoir assurer plus de transparence au niveau de la Loi de Finances.
Ce prix constitue la plus prestigieuse reconnaissance internationale de Cela vise surtout à rapprocher le citoyen dans le cadre de son droit à
l'excellence dans le service public. Il récompense, moyennant un l’information, de l’une des lois les plus importantes. » (Finance News, 2012, p.
concours annuel, les réalisations créatives ainsi que les contributions 9).
des institutions publiques de par le monde qui conduisent à une
administration publique plus efficace (MEF – DEPF, 2014, p. 1). En effet, ledit budget enrichi suite aux sondages réalisés auprès des
citoyens et aux échanges entretenus avec les différents acteurs de la
En réalité, la mise en œuvre de l’approche Genre dans l’élaboration du société civile, permet au simple citoyen comme au spécialiste d’interagir
budget permet une ouverture vers l’évaluation des politiques publiques, avec les dispositions de la Loi de Finances en termes de préparation,
qui a été concrétisée par l’élaboration au titre de l’année 2012 du
premier « Budget Citoyen » (BC) (Al Maliya, Aout 2008, p. 7). 21 Cf. la deuxième partie « Réforme de la Loi Organique relative à la Loi de Finances - 2015 »,
p.

45
d’hypothèses et d‘orientations, de données chiffrées réparties selon les
différents programmes et projets ainsi qu’en termes de mesures Le BC doit être saisi par les pouvoirs publics entant qu’opportunité
proposées au niveau douanier et fiscal. d’associer de larges couches de la population au processus budgétaire,
et une occasion d’ouvrir le débat au niveau de la presse, la radio et la
De manière précise, le « Budget Citoyen » entant que représentation télévision sur les choix et les priorités budgétaires retenus.
simplifiée de la LF, permet aux citoyens, indépendamment de leurs
catégories et de leurs aspirations, de suivre de près la mise en œuvre Une telle démarche peut éventuellement favoriser l’adhésion des
du programme gouvernemental au niveau institutionnel, économique et citoyens à l’effort fiscal requis de tous et contribuer de la sorte à
social mesuré par des indicateurs relatifs aux réalisations et aux endiguer l’évasion fiscale qui réduit considérablement les ressources
prévisions pour l’année en question et les années qui suivent. financières de l’État.

Notant que la mise en œuvre dudit programme gouvernemental s’opère En outre, un meilleur accès à l’information des citoyens ainsi que la
dans le respect des priorités et des besoins des citoyens, en particulier promotion d’un contrôle social (par l’accès à l’information) devraient
les catégories les plus démunies et les habitants du monde rural et des contribuer à la rationalisation et à l’amélioration du rendement des
régions lointaines, à l’effet de renforcer le principe de la justice sociale finances publiques. Ainsi, en plus de la satisfaction d’un droit citoyen et
et de l’égalité des chances (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 1). de l’approfondissement de la participation démocratique, l’accès à
l’information devrait, en fait, être considéré comme un investissement
En termes de contenu, le « Budget Citoyen » résume les objectifs
rentable23.
fondamentaux de la Loi de Finances. Il cite ses principaux chiffres à
travers lesquels le citoyen peut déterminer la façon dont les dépenses
Egalement, le « Budget Citoyen » doit être considéré comme un moment
sont réparties pour financer les services publics, ainsi que les recettes
privilégié du débat public autour des priorités et des dispositions du
provenant de diverses sources.
budget. Là-dessus, le rôle de la société civile étant d’agir pour élargir
Il met en exergue les services à caractère social relevant des secteurs les opportunités d’information et d’implication de la population.
intéressant les citoyens comme l'éducation, la santé et le logement. Par
ailleurs, le BC donne une idée sur les indicateurs relatifs à la stabilité
macroéconomique ; déficit budgétaire et niveau de la dette publique22. 23 La publication Transparency News de l’observatoire de la corruption, Numéro 8, a
soulevé une question fondamentale relative à la non implication des citoyens contribuables au
processus budgétaire en disant : « Peut-on espérer une adhésion ou acceptation massive et
22 MEF. « Budget Citoyen ». http://www.finances.gov.ma/fr/Pages/budget- volontaire à/ de l’impôt si le contribuable citoyen est totalement écarté de la décision publique et
citoyen.aspx?m=Loi%20de%20Finances%20et%20Budget ignore totalement le sort des impôts collectés ? ».

46
Le BC est censé prendre la forme d’une version simplifiée du PLF ou 3. Développer et étendre les bonnes pratiques de management,
de la LF. La première possibilité offre plus de chance pour l’implication notamment en développant la transparence dans la gestion des
de la société civile et des possibilités de plaidoyer. La seconde servirait biens publics (Al Maliya, Mars 2009, p. 34).
principalement à titre informatif.

Le souhaitable serait de développer le BC à ces deux moments du


cycle du budget. En principe, l’information existe aussi pour la seconde
version du « Budget Citoyen », il suffirait d’actualiser les données selon
la version adoptée de la LF (par rapport au projet de Loi de Finances).

Il est raisonnable de produire et de disposer de la seconde version du


BC 2 à 3 mois après la publication de la LF en cours d’exécution (qui
est généralement publiée au bulletin officiel début Janvier), c’est-à-dire
au mois de Février ou au mois de Mars, puisqu’il est important que la
concertation puisse se faire suffisamment en avance ou au début du
débat parlementaire, chose qui est tout à fait possible (Transparency
Maroc, Octobre 2010, p. 4-5).

Enfin, intégrer les pratiques de bonne gouvernance dans la gestion


quotidienne des institutions publiques, à travers la nouvelle approche
budgétaire axée sur les résultats, est l’une des conditions d’amélioration
de la croissance économique. A noter que la bonne gouvernance trace
comme mission la réalisation de trois objectifs fondamentaux :

1. Instaurer un climat de confiance dans les institutions et leur


capacité à gérer les deniers publics ;
2. Créer de la richesse afin d’améliorer les conditions de vie du
citoyen, notamment à travers la création de l’emploi ;

47
Audit de performance

I. Le quoi ? Il aboutit à un rapport comportant d’une part les avis de la mission


d’audit et, d’autre part, les commentaires et les réponses des services
concernés. Le rapport est remis aux principaux destinataires des
L’audit de performance renvoie à une évaluation indépendante et documents du suivi de performance. Il demeure à la disposition des
objective, en dehors de toute appréciation sur l’opportunité des choix demandeurs éventuels.
politiques opérés par les Ministres, de la pertinence des objectifs, de la
fiabilité du système de mesure à travers notamment les indicateurs de L’audit de performance s’inscrit bien dans la préoccupation de recherche
performance, et de l’analyse des résultats d’une organisation en termes de qualité. Eventuellement, il pourra suivre ou s’inspirer des normes et
d’efficacité et d’efficience. Cette évaluation, effectuée à l’aide d’une procédures en vigueur pour la certification de la qualité des systèmes,
approche systématique/méthodique, doit mener à des recommandations en particulier les normes ISO.
pour améliorer la performance ainsi que son pilotage. Partant, un suivi
régulier des plans d’actions faisant suite à ces recommandations concourt Il recouvre et approfondit une grande variété de sujets et se déroule
à la création de valeur ajoutée. sur plusieurs années. Par conséquent, même si une petite partie des
questions qu’il se pose ressemble bien à celles traitées par la certification
En clair, l’audit de performance s’effectue dans le cadre d’une mission des données, il ne peut pas se confondre avec elle (Collange et al, Novembre
confiée par le ministère concerné et le Ministère de l’Economie et des 2006, p. 87 et 76).
Finances aux Inspections Générales.

48
II. Le pourquoi ? L’IGF a été, par cette occasion, applaudi pour son rôle jouée en la
matière et qui consistait à accompagner les départements ministériels
dans l’appropriation de la méthodologie de conduite des audits et des
Les missions d’audit de performance ont pour objet d’appuyer la nouvelle contrôles orientés vers l’appréciation des performances en vue de
approche budgétaire au sein des différents ministères en apportant une pouvoir tester la qualité et la pertinence des indicateurs et de procéder
appréciation positive des outils de pilotage de leurs programmes et de à l’évaluation des résultats obtenus.
leurs indicateurs de résultat.
A cet effet, l’IGF a organisé des cycles de formation au profit de 15
Elles visent, dans le cadre d’une intervention conjointe de l’Inspection IGM. Elle a également procédé, avec l’appui d’un consultant externe, à
Générale des Finances (IGF) et des Inspections Générales Ministérielles l’élaboration, conformément aux normes et pratiques internationales,
(IGM), à procéder à l’analyse de la performance de ces départements d’un « Manuel d’audit de la performance » qui constitue actuellement,
(Bousta et El bouzidi, Janvier 2010, p. 3). un guide méthodologique de référence pour les ministères qui veulent
adopter une telle démarche de performance (Al Maliya, Mars 2009, p. 34-
L’audit de performance peut s’appliquer à un programme dont il cherche 35).
à examiner toutes les composantes, les procédures, les techniques,
etc., afin de découvrir les éventuelles insuffisances et de proposer des Le manuel qui a été élaboré en concertation avec des organismes
mesures d’amélioration (Collange et al, Novembre 2006, p. 76). d’audit et de comptabilité répondant aux normes internationales en
ces matières, vise à renforcer les capacités d’audit de l’IGF en mettant
ses méthodologies en la matière en conformité avec les standards
III. Le comment ? internationaux.

Dans le cadre de ses missions d’audit stratégique et de performance,


Les représentants de l’IGF ont mis en exergue, lors du séminaire sur la l’IGF est chargée d’auditer des organismes publics, des projets financés
thématique de la bonne gouvernance des finances publiques, organisé par les bailleurs de fonds ainsi que des projets dans le secteur associatif
par la Direction du Budget conjointement avec l’Inspection Générale qui bénéficient du concours de l’État. Dans ce cadre, l’IGF a décidé de
des Finances et la Cour des comptes le Jeudi 22 Mai 2008, l’importance normaliser sa méthodologie d’audit en vue de répondre aux objectifs :
de l’audit de performance dans la réussite de la réforme budgétaire.

49
 D’harmonisation des principes d’audit et de leurs modalités  Le dispositif de contrôle interne mis en place ;
d’application ;  La cohérence des programmes vis-à-vis des stratégies sectorielles
 D’unifier les pratiques professionnelles et la culture technique de et de l’organisation mise en place ;
ses inspecteurs ;  La pertinence d’objectifs découlant des stratégies sectorielles
 De produire des rapports standards relatant les résultats de ses arrêtées par les différents départements ;
missions d’audit (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 103).  La pertinence et la fiabilité des indicateurs de performance ;
 Les résultats atteints au regard des objectifs arrêtés et des
Au sein du MEF, les travaux des missions d’audit ont été donc réalisés moyens mis en œuvre (Bousta et El bouzidi, Janvier 2010, p. 4).
conformément audit manuel d’audit élaboré spécifiquement à cet effet,
étant conforme aux normes régissant les missions d’audit en général et Dans la phase initiale de mise en place du suivi de la performance,
celles d’audit de performance en particulier. l’audit aura à vérifier que les programmes évoqués dans les documents
de performance sont nettement de vrais programmes, correspondant à
Ces normes exigent surtout que les missions d’audit soient planifiées la réalité, que leurs éléments constitutifs sont bien associés dans leur
en vue d’appréhender le système de gestion de l’organisme audité, fonctionnement, qu’ils visent bien les objectifs retenus pour ledit
d’analyser les risques y inhérents et de déterminer en conséquence programme et que les responsabilités y sont clairement distribuées.
l’étendue des travaux à réaliser lors de la phase de terrain. La méthode
mise en œuvre s’articule autour des trois étapes suivantes : L’audit de performance d’un programme aura également à aborder
l’étude détaillée du programme, dans le but de rechercher des voies
1. Évaluation des risques inhérents par processus et sous processus ; d’amélioration de sa performance (meilleure efficience et efficacité). La
2. Analyse de l’efficacité et l’effectivité des mesures de contrôle question traitée sera alors typiquement celle de savoir si :
interne mises en place et évaluation des risques résiduels ;
3. Définition des mesures soit correctives ou complémentaires,  Les produits du programme sont les plus indiqués pour produire
présentées sous forme de recommandations, pour optimiser la les effets désirés ;
maîtrise des risques identifiés.  Les méthodes et techniques employées pour réaliser ces
produits sont les meilleures ;
Les différentes missions d’audit de performance se sont attachées à  La combinaison des moyens mis en œuvre est optimale ;
évaluer les éléments suivants :  Les moyens engagés sont acquis au meilleur prix et engagés en
quantité juste suffisante (Collange et al, Novembre 2006, p. 76).

50
Système d’information de gestion budgétaire

I. Le quoi ?
II. Le pourquoi ?
La fonction budgétaire est appelée à être valorisée davantage à travers
l’utilisation du système d’information budgétaire qui ne doit pas se Instaurer un système d’information de gestion budgétaire vise à renforcer
limiter à la gestion de crédits, mais devra pouvoir assurer l’évaluation la transparence budgétaire à travers notamment (Haddad, Décembre 2007,
et le suivi de la réalisation des projets, rendre compte de l’évolution p. 10) :
des indicateurs mis en place, permettre d’identifier les points forts et
faibles de la réforme budgétaire et procéder de la sorte aux ajustements 1. L’enrichissement des documents accompagnant la LF : note
nécessaires. de présentation, rapport économique et financier, rapport sur les
dépenses fiscales, etc. ;
En effet, la recherche de la performance budgétaire passe aussi bien par 2. La réduction du retard de préparation des Lois de Règlement
le développement des systèmes d’information intégrés, que par la mise (LR) : de 7 à 2 ans ;
en place de dispositifs donnant davantage de marge de manœuvre et de 3. L’évaluation du système budgétaire marocain par le FMI
visibilité aux gestionnaires, notamment ceux locaux, tout en allégeant le (RONC24 en 2004) et la BM (CFAA25 en 2004 et 2006) : système
contrôle pour l’orienter vers la performance (Al Maliya, Février 2007, p. 37 fiable assurant la transparence des finances publiques ;
et 39).
24 Rapport sur l’Observation des Normes et Codes.

51
L’amélioration de la lisibilité budgétaire :
III. Le comment ?
4.
- Regroupement des budgets sectoriels dans un seul document ;
- Refonte du tableau d’équilibre de la Loi des Finances ;
- Soumission des projets de budgets de SEGMA aux commissions
sectorielles du Parlement. Conscient du rôle des TIC dans l’amélioration de la qualité des services
5. La communication permanente autour du budget : rendus à ses clients et partenaires, le MEF a poursuivi ses efforts en
- Points de presse annuels et communication à travers les médias « e-Services », affirmant ainsi sa volonté d’offrir une prestation de
autour des grandes lignes de la LF et son exécution ; qualité et de proximité.
- Diffusion des informations budgétaires à travers le Site Web du
ministère ; La gestion interne des ressources n’a pas été en reste puisque l’année
- Vulgarisation de matières budgétaires (ouvrages, guides/manuels). 2006 a connu la mise en place de nouveaux Systèmes Intégrés de
Gestion des Ressources, en l'occurrence « GISRH » pour les RH et «
Par ailleurs et dans le cadre de la vision gouvernementale dite « e- SIG BC » pour le Budget et la Comptabilité, ainsi que le lancement de
Gouvernement », lancée en 2009, visant l’introduction et l’utilisation GID (Gestion Intégrée de la Dépense) (Al Maliya, Octobre 2007, p. 45).
des Technologies de l’Information et de Communication (TIC), le MEF
s’est positionné comme précurseur en ce domaine à travers sa stratégie Cela concerne la stratégie du MEF au niveau interne. Quant au
« e-Finances » par laquelle elle vise essentiellement (Al Maliya, Octobre développement des systèmes d’information intégrés orientés « gestion
2009, p. 8) : budgétaire », on fait référence essentiellement à la mise en place des
deux outils suivants :
1. L’automatisation de ses processus métier pour l’amélioration de
l’efficacité et de la performance de ses structures internes, tout
en les dotant d’outils de pilotage en vue de faciliter la prise de
III. 1. Le système e-Budget
décision ;
2. La mise à la disposition des usagers davantage de services orientés,
Lancé depuis 2003, le système e-Budget tend à mettre en ligne les
accessibles et de qualité.
prestations de la DB au profit des ministères, élaborer à distance les
documents budgétaires et permettre une exploitation commune des
25 Country Financial Accountability Assessment (Évaluation de la gestion des systèmes de
bases de données disponibles (Al Maliya, Février 2007, p. 37).
finances publiques).

52
 L’optimisation des processus administratifs par le biais de
L’objectif premier est donc de mettre en ligne les services de prise en l’unification des méthodes de travail ;
charge, d’analyse et de suivi des opérations budgétaires. Ces services  La dématérialisation des échanges entre la Direction du Budget
seront accessibles en extranet sécurisé, notamment aux ministères, aux et ses partenaires ;
SEGMA, aux établissements publics et aux bailleurs de fonds.  La réduction à terme des coûts liés à la prise en charge et la
préparation des budgets ;
Une importance particulière a été donc accordée au développement de  La mise à disposition des différents départements ministériels et
systèmes d’information dédiés aux métiers du « budget », afin d’être en décideurs de tableaux de bord pour l’analyse décisionnelle, leur
phase avec leur évolution et de moderniser les méthodes et outils de permettant de suivre les réalisations budgétaires dans le temps,
travail des structures en charge de ces métiers (Al Maliya, Octobre 2009, p. suivant les différents axes d’analyse (chapitre, article, paragraphe,
11). ligne, code fonctionnel ou code économique), et ce d’une manière
dynamique et à jour ;
Projet d’envergure nationale, l’« e-Budget » s’inscrit dans le cadre  L’offre aux partenaires la possibilité de suivre l’évolution du
d’ouverture de l’administration sur ses usagers. Il constitue sur les traitement de leurs dossiers au sein de la DB.
plans fonctionnel et technologique un saut qualitatif important.
Les bénéficiaires externes (partenaires) du système n’ont pas à investir
Son aboutissement à terme permet, surtout, la réduction des coûts liés dans le développement du logiciel ; l’utilisation du « e-Budget » nécessite
à la prise en charge et la préparation des budgets, la mise en place uniquement l’accès au réseau internet et un poste de travail muni d’un
d’une banque de données commune exploitable en temps réel par « Browser » (Al Maliya, Septembre 2003, p. 40).
l’ensemble des intervenants directement de leur lieu de travail ainsi que
la normalisation des procédures, des méthodes de travail et des modes
de communication.
III. 2. Le système de Gestion Intégré de Dépense (GID)
L’exploitation du système d’information de la DB directement par ses
Ce système vise à mettre l’ordonnateur au centre de la dépense publique,
partenaires a certes contribué à l’amélioration des performances et à la
favoriser la déconcentration et simplifier les procédures, renforcer les
qualité des services offert, principalement à travers :
capacités du contrôle interne de régularité, dématérialiser les échanges
d’information et mutualiser l’information budgétaire à même d’accroître
 La célérité dans le traitement des actes budgétaires ;
les capacités d’évaluation (Al Maliya, Février 2007, p. 37 et 39).

53
Selon le même « Workflow » l’opération est ensuite basculée chez le
Il s’agit d’une passerelle de communication unique qui permet aux comptable (payeur : TGR/Maroc) pour des signatures électroniques en
partenaires acteurs de la dépense, d’assurer le transfert de leurs fichiers fonction de vérifications intégrées dans le progiciel utilisé. Les plus
EDI (Echanges de Données Informatisés), en se connectant à la plateforme modernes de ces logiciels donnent la possibilité de la signature
d’échanges, conformément aux différents protocoles de communication automatique des chèques de paiement des opérations.
et en fonction de leurs besoins.
Cette intégration de toutes les étapes du processus d’exécution de la
La ligne de la plateforme d’échange GID a été mise en place à partir de dépense publique, telle que permise par l’outil informatique, et sous
Juin 2006. Une « Télé procédure Engagement » et « Télé procédure réserve de mise en place d’éléments de sécurité (signatures cryptées…)
Ordonnancement » ont été également développées (Al Maliya, Octobre fait largement disparaître, dans la pratique, la séparation des pouvoirs
2007, p. 55). entre l’ordonnateur et le comptable27, qui est un grand pilier de la
doctrine et de la pratique comptable dans nos administrations, a déclaré
En général, le développement de tels progiciels d’exécution des dépenses M. CHEVAUCHEZ (Al Maliya, Aout 2008, p. 22).
(tel que le système de GID ici au Maroc) communs à l’ordonnateur et
au comptable26, permettent une gestion intégrée de tout le processus Le système GID est par ailleurs d’une importance majeure pour la
d’exécution de la dépense publique, de l’engagement au paiement. Leur réussite de la réforme d’ensemble du contrôle qui lui est très liée en
usage contribue donc aussi à effacer la distinction juridique entre tant que socle pour une meilleure fiabilité et sécurité des informations
l’ordonnateur et le comptable. budgétaires et comptables (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 56).

De manière schématique, au début du processus de toute dépense, 27 Il existe deux grandes catégories d’agents d’exécution du budget : les ordonnateurs et les
comptables publics. Les premiers décident de l’opération de recettes ou de dépenses, les
l’ordonnateur signe l’acte d’engagement de la dépense publique (bon seconds procèdent au recouvrement ou au paiement. L’exécution du budget s’effectue
d’achat, contrat, recrutement…) qui est alors vérifié automatiquement conformément aux règles de la comptabilité publique qui repose sur deux principes
fondamentaux : (i) la mise des opérations financières sous la responsabilité de deux ordres
par le contrôleur financier selon des critères préétablis. d’agents : les ordonnateurs et les comptables et (ii) la séparation des ordonnateurs et
des comptables dont les fonctions sont incompatibles.

Cette séparation se pratique dans toutes les grandes organisations, publiques ou privées.
26 Le comptable public est un fonctionnaire ou agent ayant qualité pour exécuter au nom Néanmoins et contrairement aux administrations anglo-saxonnes, où l’ordonnateur et le
d’un organisme public des opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de titres. Les comptable relèvent de la même entité hiérarchique, dans nos administrations, ils rendent
comptables publics sont les comptables du Trésor, à savoir : le Trésorier Général du compte à des supérieurs hiérarchiques différents au sommet de la pyramide hiérarchique : (i)
Royaume, les trésoriers régionaux, préfectoraux et provinciaux, les percepteurs et enfin le Ministre du département ministériel concerné pour l’ordonnateur et (ii) le Ministère chargé
l’agent comptable central des chancelleries diplomatiques et consulaires. des Finances pour le comptable.

54
mise en adéquation de crédits (virement, fond de concours, etc.),
Bref, GID vise la simplification du circuit de la dépense publique par la d’engagement, d’ordonnancement et de règlement.
mise en réseau des systèmes d’information des différents intervenants
(la Direction du Budget, les ordonnateurs, la TGR ou comptables Le système GID permet :
publics) (Al Maliya, Septembre 2003, p. 13). Il vise également à :
1. Des accès simples et multiples pour l’exécution des opérations
 Offrir un service de qualité aux acteurs de la commande publique ; de gestion de la dépense, à travers : (i) un menu vertical listant
 Réduire les délais relatifs à l’exécution des dépenses ; les procédures par domaine fonctionnel, (ii) un menu horizontal
 Optimiser les coûts de traitement de la commande publique ; par procès dans le cycle de vie de chaque acte de gestion, (iii)
 Disposer en temps réel de l’information budgétaire et celle une liste de travail des actes en instances de traitement et (iv)
comptable. une fonctionnalité de recherche par type d’acte et une utilisation
guidée et une navigation intuitive ;
Construit selon une approche « gagnant-gagnant » avec les ordonnateurs, 2. Une organisation ouverte, flexible qui s’adapte à l’organisation de
le système GID vise à offrir un service d’exécution de la dépense dans chaque département et ce, grâce à un découpage fin des rôles
les meilleures conditions de fiabilité, de célérité et d’efficacité. Son des acteurs-utilisateurs et une gestion maîtrisée des habilitations ;
périmètre fonctionnel offre des services à forte valeur ajoutée pour 3. Une agilité, une flexibilité et une ouverture en permettant une
l’ensemble des intervenants dans le circuit de la dépense publique à capacité d’intégrer les évolutions stratégiques, réglementaires,
travers une triple complétude : organisationnelles ou fonctionnelles, de façon contrôlée sur le
plan des délais et des coûts, à s’interfacer avec les systèmes
1. La complétude des acteurs : avec un périmètre qui inclut tous existants (si nécessaire) et d’élargir le périmètre fonctionnel à
les acteurs de la dépense publique : DB, ordonnateurs, sous - d’autres services non prévus initialement.
ordonnateurs et comptables publics ;
2. La complétude budgétaire : puisque ce périmètre couvre toutes Plus qu’un outil informatique de gestion de la dépense, le système GID,
les composantes du budget de l’Etat, à savoir le Budget Général mis en ligne à partir du 01 Janvier 2009, se veut être :
(BG), CST et SEGMA ;
3. La complétude fonctionnelle : puisque ce périmètre couvre  Un levier d’amélioration de la productivité de l’Etat et de la
tous les processus depuis la mise en place des crédits jusqu’à modernisation de l’administration ;
l’élaboration des comptes administratifs, incluant les phases de  Un socle de mise en œuvre des réformes budgétaires ;

55
 Un outil de convergence vers l’assurance d’un service de qualité Un identifiant fiscal unique pour l’ensemble des directions du ministère
à tous les acteurs de la dépense publique ; ainsi que des procédures et des systèmes d’informations intégrés, sont
 Un outil capable de fournir en temps réel l’information nécessaire les objectifs assignés au système de Gestion Intégrée des Ressources
aux prises de décisions ; Financières. A cet effet, le système comprend deux volets :
 Un accélérateur de la mise place des réformes des finances
publiques, et il est amené à devenir l’unique outil de travail pour 1. La mise en œuvre d’un identifiant fiscal unique ;
les acteurs de la dépense publique par le biais de la Trésorerie 2. L’adoption des procédures d’échange entre les SI. Les échanges
Générale du Royaume (TGR), pilote de ce projet. prévus tracent comme objectifs principaux le recoupement et
l’amélioration du contrôle et du recouvrement.
Le projet GID s’inscrit dans un vaste mouvement de modernisation
profonde de l’ensemble de l’administration publique. Il consacre encore Notons que ledit projet qui constitue d’ailleurs l’une des composantes
une ambition collective de relever le défi de la bonne gouvernance et du programme d’appui à la réforme de la fiscalité au Maroc financé par
de faire de l’excellence opérationnelle un levier de modernisation de la l’UE, a été élargi à la Direction des Entreprises Publiques et de la
gestion publique (Al Maliya, Octobre 2009, p. 21-23). Privatisation (DEPP) et à l’Office des Changes (OC).

A part le système « e-Budget » et celui « GID » et toujours dans la Bien que des efforts restent à faire pour enraciner la culture de partage
liste des systèmes d’information intégrés de la gestion budgétaire, on de l’information et pour fluidifier les échanges, le MEF peut se targuer
joint : aujourd’hui de disposer d’une base de données d’identification des plus
larges et des plus fiables. La consolidation de cette base ainsi que le
développement des échanges entre les différentes administrations du
III. 3. Le système de Gestion Intégré des Ressources Financières (GIRF) ministère sont de nature à permettre à ces administrations d’optimiser
leurs procédures en vue d’améliorer les services rendus aux citoyens
(Al Maliya, Octobre 2009, p. 31 et 33).
Le système de Gestion Intégrée des Ressources Financières (GIRF)
(2007) inscrit en tant que projet transverse du MEF dans le cadre de
En clair, le processus d’informatisation des activités de préparation du
son plan d’action stratégique. Il fait appel aux synergies, essentiellement,
budget de l’Etat a démarré dans les années 80, selon une démarche
de la Direction Générale des Impôts (DGI), la TGR et l’Administration
participative/progressive, dans un souci de performance, d’efficacité, et
des Douanes et des Impôts Indirects (ADII).
de sécurité.

56
a été fait dans le cadre d’une approche itérative par focalisations
Le MEF étant, de par la nature de ses métiers un acteur incontournable successives sur un ensemble de domaines.
dans le cadre de la réforme budgétaire, toute modernisation de son
système d’information apporte, d’ordinaire, des réponses qui dépassent  L’axe « Collaboratif et communication » : le développement de
les frontières des Directions y attachées notamment sur le plan du ce dernier axe trouve son essence dans le renforcement des outils de
processus de préparation, d’exécution et de contrôle budgétaire. communication et du travail du groupe (groupware) et la valorisation
du patrimoine informationnel. Cet axe est davantage renforcé par la
Vis-à-vis son architecture fonctionnelle, le système d’information du mise en place du réseau intranet constituant un instrument de travail
MEF actuel s’articule autour de 3 axes : l’axe métier, l’axe décisionnel incontournable dans l’accomplissement des tâches à l’aide surtout des
et l’axe collaboratif et communication : fonctionnalités liées à l’accès, l’échange, le partage et la recherche des
documents, en plus de la disponibilité de services en ligne et l’accès
 L’axe « Métier » : est bâti autour de la solution « e-Budget » qui aux applicatifs web (extranet budgétaire, décisionnel).
constitue le socle de ce système. Elle a été conçue selon une vision
d’intégration de l’ensemble des métiers de la Direction du Budget. Sa Compte tenu de la nécessité d’offrir un point focal d’accès à l’ensemble
mise en œuvre s’est faite selon une démarche progressive privilégiant des ressources de la Direction du Budget, en fonction des habilitations
les besoins prioritaires. et moyennant une authentification unique, l’option de mise en place
d’un « Portail » fédérateur et collaboratif a été retenue. Elle a été
 L’axe « Décisionnel » : cet axe vise à se rapprocher davantage des entamée par la réalisation des modules prioritaires notamment celui
préoccupations de ses utilisateurs en leur offrant des outils plus relatif à la préparation de la Loi de Finances.
adaptés d’aide à la prise de décision. L’initiation du projet décisionnel a
été matérialisée par la mise en œuvre de deux chantiers prioritaires Par surcroit et afin d’accompagner les différents chantiers de réforme
relatifs à « l’historique budgétaire28 » et à « la masse salariale29 ». Ceci dans lesquels s’est inscrite la Direction du Budget et en vue de mettre
en place un cadre d’évolution stratégique du système d’information
28 L’historique budgétaire intègre les informations de l’ensemble des crédits ouverts des devant assurer l’alignement sur la stratégie métier, une étude a été
différentes LF depuis 1990 jusqu’en 2009. Les données sont structurées autour d’un ensemble
d’axes d’analyse permettant une lecture multidimensionnelle de l’information budgétaire réalisée avec le concours d’un bureau d’études international « Deloitte
(économique, fonctionnelle, régionale et administrative). Conseil » pour l’élaboration du schéma directeur du SI.
29 Il s’agit des données pour avoir une vision multidimensionnelle des dépenses de personnel,

des effectifs budgétaires et des postes pourvus et analyser les écarts entre la prévision et la
réalisation des données y afférentes. Cet inventaire est destiné à se doter des outils applicatifs masse salariale. Les tableaux des effectifs comportent également les créations de postes
nécessaires à la prévision budgétaire ainsi que pour assurer une meilleure maîtrise de la budgétaires et suppressions ainsi que les transformations/transferts.

57
Cette étude a abouti à la définition d’une feuille de route pour la La fonction d’information des contrôles n’est certes pas nouvelle ayant
période 2009-2012, fixant les axes d’évolution du SI ainsi que la cible à même toujours constitué leur raison d’être et ayant fondé leur rôle de
atteindre, les chantiers à mener pour construire cette cible (applicatifs, premier plan. Mais il est à observer que cette fonction prend une
techniques et stratégiques) ainsi que l’effort d’investissement en termes importance renouvelée aujourd’hui dans la gestion financière publique.
de moyens matériels et humains (Al Maliya, Octobre 2009, p. 11-13). Il en est ainsi compte tenu de la logique de performance et de résultats
qui se trouve impulsée… (Esclassan, Mars 2008, p. 33-34), mais aussi et
En dernier, dans une gestion orientée vers la performance et les surtout, compte tenu de la réforme du système de contrôle de la
résultats, l’information est certes essentielle. Elle est une condition sans dépense publique et de l’introduction d’un Contrôle Modulé de la
laquelle il ne peut y avoir de contrôle effectif des résultats obtenus, Dépense qu’on verra juste après.
sachant que les contrôles participent eux-mêmes à l’enrichissement de
l’information. En effet, les contrôles financiers publics sont dorénavant
appelés à jouer un rôle loin d’être négligeable quant à l’enrichissement
du système d’information budgétaire et comptable.

Le schéma d’autonomie et de responsabilisation qui est celui de la


nouvelle gestion publique implique que les gestionnaires gèrent des
enveloppes globales selon une démarche de performance et d’évaluation
des résultats. Dans ce cadre où l’information s’avère par conséquent
fondamentale pour les besoins de la bonne gestion, les contrôles
deviennent par là même des instruments stratégiques d’aide à la
décision.

Mais ce faisant, ils prennent en même temps une dimension nouvelle


en participant aux côtés d’autres dispositifs ayant la même vocation, au
bon fonctionnement d’un ensemble plus vaste constituant le système
dit d’information budgétaire et comptable.

58
Contrôle Modulé de la Dépense

I. Le quoi ? C’est également un projet qui s'inspire des meilleures pratiques


internationales (Angleterre, Australie, Canada, Chili et France), mais
qui prend en compte les spécificités historiques, structurelles et
Dans la dynamique de modernisation et de réforme budgétaire, le MEF humaines du Maroc. Le CMD est une réforme qui s'inscrit dans la
a accordé un intérêt particulier à la rénovation de la gestion et du durée, mais qui produira à court terme des résultats concrets (Al Maliya,
contrôle des finances publiques. Février 2007, p. 3 et 10-11).

Ainsi, plusieurs chantiers ont été ouverts notamment la réforme du D’une manière générale, la transformation de la logique du contrôle
contrôle financier des établissements publics, celle du contrôle général financier public est essentiellement liée à l’introduction dans la sphère
des engagements de dépenses de l'État en sus de la mise en place de publique d’une logique de gestion qui fait appel, sans doute avec des
mécanismes de contrôle souples et rénovés au profit des opérations spécificités, aux méthodes utilisées dans le cadre du management des
relatives à l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH). entreprises. Le phénomène n’est pas nouveau et sans remonter très
loin dans le temps, on peut sur ce point rappeler les tentatives
Le Contrôle Modulé de la Dépense est ainsi l’appellation attribuée à la d’introduction de la « Rationalisation des Choix Budgétaires » (RCB)30
réforme du système de contrôle de la dépense publique (RCDP) au dans la seconde moitié des années 1960.
Maroc qui s’inscrit dans le cadre des réformes entreprises en matière
de la bonne gouvernance de la gestion publique. 30La « Rationalisation des Choix Budgétaires » est une technique expérimentale inspirée
du « Planning Programming Budget System » (PPBS, utilisé aux États-Unis). L'objectif est

59
L’ambition pour le secteur public d’une logique de management
comparable à celle du secteur privé _qui a été mise en action par le Pratiquement parlant, le CMD consiste à confier aux ordonnateurs le
pouvoir exécutif à travers un processus de modernisation des contrôle à priori des dépenses (exercé jusqu'à présent par les services
structures administratives et des procédures_ a débouché sur une du MEF) tout en l’orientant (le contrôle à priori) vers une logique de
réforme de l’Etat et de la gestion publique. Dans ce nouveau contexte, résultats et d’évaluation des performances.
il s’ensuit deux conséquences pour les contrôles financiers publics :
A titre de clarification vis-à-vis du lecteur, le contrôle à priori, l’une des
1. D’une part, ils tendent à se rapprocher dans leur nature des modalités du contrôle en matière des finances publiques (qui s’oppose
contrôles en vigueur dans le secteur privé en évoluant de plus en au contrôle à postériori) revêt une grande efficacité sur le plan du
plus vers un « contrôle de gestion » ; contrôle de la régularité32 (conformité) de la dépense publique puisqu’il
2. D’autre part, ils deviennent des éléments fondamentaux du bloque son exécution jusqu’à sa régularisation, mais il présente
système d’information budgétaire et comptable31. l’inconvénient de ralentir et parfois de paralyser l’action administrative
(Philip, Mars 2008, p. 19).
Ce rapprochement avec la nature des contrôles en vigueur dans le
secteur privé ne résulte pas d’un quelconque volontarisme mais des Bref, le CMD consiste en l’externalisation du contrôle à priori vers les
dispositifs sur lesquels repose la nouvelle gestion publique, des ordonnateurs aussi bien que la responsabilisation de ces derniers sur
dispositifs qui induisent nécessairement des contrôles financiers publics les performances financières des politiques mises en œuvre. En effet, la
différents dans leur nature et leur finalité des contrôles traditionnels. préoccupation traditionnelle de régularité et de vérification de la
conformité à la norme qui avait été jusqu’à lors l’axe essentiel des
Ainsi, par exemple, l’introduction au sein du secteur public d’une contrôles financiers publics, tend à être concurrencé voire supplantée
démarche de performance et de responsabilisation va forcément dans par une préoccupation d’efficacité et de performance.
le sens du développement d’un « contrôle de gestion ». De même
l’adoption par l’Etat d’une comptabilité d’exercice, certes aménagée,
tend inévitablement à conduire vers le contrôle des résultats et comptes, 32 En fait, le contrôle de la régularité s’effectue aussi bien à priori qu’à postériori. Le
contrôle à priori de la régularité consiste à vérifier la régularité de la dépense et la
et subséquemment vers la certification (Esclassan, Mars 2008, p. 32-33). disponibilité de crédits. Au Maroc, ce contrôle est effectué par la Trésorerie Générale du
Royaume. S’agissant du contrôle à postériori, il existe trois modalités du contrôle de la
d'optimiser les choix budgétaires par une meilleure prise en compte, évaluation et contrôle régularité, à savoir : le contrôle administratif (TGR, IGF), le contrôle juridictionnel (Cour des
des résultats de l'action administrative. La méthode repose sur des outils d'analyse systémique comptes) et le contrôle politique (Parlement). La régularité de la dépense est contrôlée d’une
et des bilans « coût-efficacité ». manière non systématique alors que la performance est contrôlée d’une manière plus
31 Cf. p. ponctuelle.

60
Pour autant, le contrôle de régularité ne disparait pas dans cette
Processus de contrôle de la dépense publique au Maroc évolution. Toutefois, il connait des changements sensibles ; il se trouve
désormais associé au contrôle de la performance et des résultats
(Esclassan, Mars 2008, p. 33).
Ledit processus comprend plusieurs phases :
 La programmation de la dépense publique : se situant en C’est ce que l’ex-Secrétaire Général du MEF, M. Abdellatif LOUDIYI,
amont du processus, cette phase recouvre successivement l'évaluation pilote du projet de la réforme du contrôle de la dépense publique, le
des besoins des administrations, la négociation des montants à allouer,
la préparation de la Loi de Finances, le vote par le Parlement de la Loi confirme : « l’internalisation du contrôle de régularité chez l’ordonnateur ne
de Finances et la mise en place des crédits. Elle associe 2 principaux
acteurs : la Direction du Budget, qui représente le MEF, ainsi que les signifie en aucun cas la suppression de ce contrôle… il s’agit tout simplement,
ordonnateurs. de confier progressivement son exercice aux ordonnateurs. ».
 Les contrôles d'exécution : ces contrôles ont lieu au moment
de la dépense et sont de deux types : (i) le contrôle d'engagement. Il M. LOUDIYI ajoute que toutes les précautions sont prises pour opérer
s'agit de la vérification de la régularité de la dépense et sa bonne
imputation sur des crédits suffisants. Ce contrôle est exercé par les ce transfert de façon à sécuriser et protéger les deniers publics. A cet
administrations dépensières et surtout par le MEF, par le biais de la égard, il est nécessaire de rappeler que le nouveau système de contrôle
TGR et (ii) le contrôle de paiement (ou contrôle de validité). C'est
principalement la vérification de l'exactitude des calculs de liquidation (CMD) repose sur deux actions importantes :
des dépenses, et le caractère libératoire du règlement. Cette tâche est
assurée également par la TGR.
1. L a mise en place d’un système de contrôle allégé et modulé ;
En principe, ce dispositif est complété par un contrôle interne mis en
place par l'ordonnateur pour vérifier non seulement la régularité et la 2. L’amélioration de la capacité de gestion via un diagnostic des
validité de la dépense, mais aussi le service fait, la réception, etc. moyens et des ressources des ordonnateurs et un plan d’action
 Les contrôles à posteriori : après la réalisation de la dépense, et pour les améliorer.
d'une manière non systématique, plusieurs contrôles à posteriori
peuvent être exercés, notamment pour vérifier la régularité de la
dépense et de manière plus ponctuelle, sa matérialité, voire sa Notant que ces deux initiatives ont été réalisées dans le cadre de
performance. Ils sont pris en charge par différents acteurs (l'IGF, le
Parlement, la Cour des comptes…) qui interviennent indépendamment l’accompagnement à la mise en œuvre de la réforme, confié au
les uns des autres. groupement d’intérêt public « ADETEF » dépendant du MEF, étant
Le processus de contrôle s'applique à toutes les dépenses, ceux de rappelé que le projet de décret portant institutions du CMD est le
fonctionnement et d’investissement, aussi bien au sein des ministères Décret n°2-07-1235 du 5 Kaada 1429 (4 Novembre 200833) relatif au
que des collectivités locales. Le cas des Entreprises et d’Etablissements
Publics (EPP) fait l'objet d'un traitement différencié. contrôle des dépenses de l'Etat (Al Maliya, Février 2007, p. 6 et 8-9).

Source : Al Maliya, Février 2007, p. 13 33 Bulletin Officiel n°5684 du Jeudi 20 Novembre 2008.

61
Le CMD porte donc sur une amélioration qualitative du contrôle de la En résumé, le CMD est un système modulable de contrôle qui prévoit
dépense publique, en responsabilisant les administrations dans le contrôle un champ de contrôle variable en fonction de la capacité de gestion du
de régularité et en développant le contrôle de performance visant à service ordonnateur.
s’assurer du bon usage des moyens alloués aux différents départements
ministériels, au regard des objectifs assignés à l’action publique et à Le principe étant de contrôler le minimum des opérations présentant
l’impératif de rationalisation des dépenses (Al Maliya, Septembre 2006, p. 10). le maximum des risques vis-à-vis des finances publiques. En outre, le
niveau de contrôle à appliquer à un service gestionnaire est déterminé
Partant, le système qui précédait la mise en place de la réforme du à l’issue d’un audit de capacité de gestion de ce service (Al Maliya, Février
CMD était caractérisé par la multiplicité des niveaux de contrôle tout 2007, p. 8-9).
en privilégiant le contrôle à priori souvent décrié pour son caractère
formel, sa lenteur voire son inefficacité. C’est principalement dans ce contexte que l’audit de performance,
explicité auparavant, a pour principale mission l’évaluation des dépenses
Cependant, avec le nouveau système de CMD, on assiste à (MEF – publiques afin d’apporter une valeur ajoutée via des recommandations
Direction du Budget et FDNUF, 2005, p. 44) : tendant à hisser à terme la performance des administrations publiques
(Agouzoul et Firadi, 2003/2005, p. 94).
 Une clarification et délimitation de la responsabilité des acteurs
de la dépense publique (ordonnateurs, contrôleurs et comptables) En effet, ce type de contrôle, basé sur une approche par le risque,
sur la base d'une vision intégrée du contrôle ; recèle une grande réserve de flexibilité qui permet de « moduler » de
 Une introduction du contrôle de substance pour plus de célérité, façon importante l’étendue, la nature ainsi que la périodicité des
d'assouplissement et de rationalisation (relèvement du seuil des contrôles en fonction des niveaux de certification des ordonnateurs
dépenses sujettes au contrôle à priori et visa avec observations (trois niveaux dont deux certifiés).
évitant ainsi le rejet de l'engagement des dépenses) ;
 Un renforcement du contrôle de la performance en parallèle avec Le passage à un niveau de capacité supérieure s’organise autour de
une valorisation du contrôle interne ; l’évolution de la liste des contrôles restant à effectuer, plus cette liste
 Un renforcement de la déconcentration de la mission de contrôle est réduite, plus le ministère voit son contrôle allégé (MEF et Banque
sur le plan territorial afin d’élargir les possibilités de partenariat, mondiale, Mars 2007, p. 64-65).
d’assistance technique et de conseil.

62
 Une simplification des procédures budgétaires et donc l'accélération
II. Le pourquoi ? de la réalisation des programmes, actions et projets en cours.

L’objectif d’une telle réforme, tel qu’il ressort des développements


L’objectif principal du Contrôle « Modulé » de la Dépense s’inspire précédents, est double, puisqu’il s’agit :
même de son appellation (modulé). Il s’agit ainsi de contrôler le
minimum d’actes de gestion correspondant au montant maximum de 1. D’une part, de tendre vers l’internalisation du contrôle de la
dépenses totales d’un ministère dans le cadre d’une approche basée régularité chez l’ordonnateur, chose qui suppose son transfert
sur le risque (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 65). progressif aux ordonnateurs (et non pas la suppression pure et
simple du contrôle de régularité) ;
Ensuite, le CMD a pour objectifs de réorienter le système de contrôle 2. D’autre part, de responsabiliser et d’évaluer l’ordonnateur sur
vers la performance, simplifier les procédures de contrôle, réduire ses la performance de ses dépenses.
coûts, introduire plus de fluidité et de flexibilité dans l’exercice du
contrôle (Al Maliya, Septembre 2006, p. 6) et, enfin, responsabiliser davantage Le MEF a dû gérer ce projet en veillant à ne faire peser aucune menace
les gestionnaires. sur la sauvegarde des derniers de l’Etat ; l’administration dans son
ensemble, a dû donc et d’abord, faire la preuve de sa capacité à passer
Trois objectifs fondamentaux sont assignés à cette réforme, à savoir : d’une culture de moyens à une culture de résultats, et à conduire
ensuite des projets de grande envergure (Al Maliya, Février 2007, p. 10, 35
 L'instauration d'une gestion axée sur les résultats, autrement dit, et 12).
une gestion orientée vers la logique des résultats et de l’évaluation de
l’impact de la dépense sur les bénéficiaires finaux dans chaque domaine
d'activité au lieu de la logique des moyens qui a prévalu depuis longtemps III. Le comment ?
pour les finances publiques.

 Une responsabilisation d’ordonnateurs en charge de l’exécution La réforme du contrôle de la dépense publique a constitué un défi pour
de la dépense publique, notamment les gestionnaires locaux dans les le MEF qui a dû être relevé avec responsabilité, courage et conviction.
services déconcentrés de l’Etat. Il s'agissait pour cela de modifier les relations du MEF avec les
ordonnateurs, mettre en œuvre des actions d'accompagnement en

63
faveur des services ordonnateurs, réorganiser les Directions chargées
du contrôle, développer de nouveaux métiers de contrôle et veiller à la 1. Modifier l’équilibre en place en matière des activités de
concertation avec les services ordonnateurs dans le processus de contrôle, c’est envisager de réaliser de moins en moins de
conception et de mise en œuvre de la réforme. contrôle à priori au sein du MEF… tout en veillant à ce que ces
allègements soient compensés par de nouveaux dispositifs de
Afin d’offrir à cette réforme toutes les chances de réussite, les sécurisation de la dépense ;
responsables et cadres des Directions du MEF, notamment la TGR, 2. Infléchir son approche budgétaire consiste, pour le MEF, à
l'Inspection Générale des Finances et la Direction du Budget, ont été généraliser, approfondir la réforme budgétaire, et développer
appelées à se mobiliser autour de ce chantier d'envergure. l’évaluation de la performance.

Il s'agissait concrètement pour ces Directions, au niveau de leurs En effet, tout en allégeant sa pression exercée en matière du contrôle à
ressources humaines, de les sensibiliser et de les mobiliser, au sein des priori, le MEF va responsabiliser les ordonnateurs sur la performance
services centraux et déconcentrés, au contenu et aux modalités de la de leurs dépenses, et pour cela, leur octroyer une plus grande marge
réforme à l’aide d’une forte communication et de veiller au renforcement de manœuvre dans l’emploi des crédits (en les globalisant), tout en
de leurs compétences afin de faire face à l’évolution des métiers de définissant avec eux les objectifs de résultats à atteindre, les indicateurs
contrôle. à utiliser pour mesurer l’atteinte des objectifs ainsi que les modalités
d’évaluation de leur performance (Al Maliya, Février 2007, p. 3-4 et 13).
Au niveau organisationnel, lesdites Directions ont été appelées à
promouvoir et adapter la réorganisation de leurs services en fonction Dans la pratique, la réorientation du contrôle vers la performance s’est
des nouvelles responsabilités, participer activement aux instances de faite à travers la création d’un seul pôle de contrôle à priori, l’évolution
pilotage de la réforme et aux commissions prévues au niveau des des fonctions du contrôle, l’internalisation du contrôle à priori relatif à
différents chantiers de la réforme, et prévoir de manière anticipative les la régularité et le renforcement du rôle des Inspections Générales des
risques éventuels de la mise en œuvre de la réforme et les remèdes y Ministères (Al Maliya, Septembre 2006, p. 6).
afférents, le tout dans un esprit de cohérence et de complémentarité.
En fait, dans un souci d'optimisation de l'efficacité du contrôle de la
La réforme du CMD a impliqué, pour le MEF, d’une part, la modification dépense publique, le MEF a fait appel à un cabinet international pour
de l’équilibre en place en matière des activités de contrôle, et d’autre entamer une réflexion à ce propos. Cette étude s'est réalisée sur une
part, d’infléchir son approche budgétaire : période de 6 mois, à partir d'entretiens internes au MEF et auprès d'un

64
large échantillon d'ordonnateurs (ministères et CL), complétés par un Les résultats de l’étude ont, en effet, mis en évidence un besoin
benchmark auprès de pays avancés dans leurs réformes (Angleterre, prioritaire de réforme du contrôle de la dépense publique, selon trois
Australie, Canada, Chili et France) et a permis de mettre en avant les axes d’évolution :
éléments suivants :
1. Réorientation du contrôle à priori vers une logique de résultat et
 De grands progrès ont déjà été accomplis sous l’impulsion du d’évaluation de performances parallèlement à la responsabilisation
Contrôle Général des Engagements de Dépenses (CGED) et de progressive des gestionnaires ;
la TGR permettant de simplifier le contrôle à priori de dépense ; 2. Renforcement de la cohérence et de l’efficacité de la prestation
 Un processus visant à structurer le budget par programmes, en rendue aux ordonnateurs par les organes de contrôle relevant du
vue de permettre la responsabilisation des ordonnateurs sur les MEF via une meilleure coordination entre les services ;
performances financières des politiques mises en œuvre, a été 3. Réduction des coûts du système de gestion et de contrôle de la
initié ; dépense publique.
 Le besoin de responsabiliser les ordonnateurs sur l’efficacité de
leurs dépenses au lieu de vérifier seulement la régularité de celles Le système cible proposé s’articule autour de deux idées force :
-ci, comme moyen de mieux optimiser les ressources financières
de l’Etat, est partagé (c’est d’ailleurs une pratique généralisée 1. Prise en charge progressive du contrôle de régularité par les
dans l’ensemble des pays étudiés) ; services ordonnateurs avec les préalables nécessaires pour
 La capacité de gestion des ordonnateurs reste aujourd’hui très l’amélioration de leurs capacités de gestion ;
inégale, ce qui rend actuellement difficile la mise en œuvre d’une 2. Repositionnement du MEF sur le contrôle d’accompagnement et
évolution fondée sur ce type de compétence (Al Maliya, Février 2007, l’évaluation de performances de gestion des services ordonnateurs,
p. 10-11). ainsi qu’un réaménagement du contrôle à postériori.

Le MEF a décidé de retenir l’option qui opère un changement structurel La mise en place du système cible nécessite néanmoins, le passage par
au niveau de l’organisation du contrôle préalable par le rapprochement une période transitoire destinée à permettre :
du CGED et de la TGR, créant ainsi un seul pôle de contrôle de la
dépense, qui doit constituer l’interlocuteur unique pour les services  L’intégration de la réforme budgétaire axée sur les résultats, y
ordonnateurs. compris la mise en place progressive d’un système d’information
performant reposant sur le projet de GID ;

65
 L’augmentation de la capacité de gestion des services ordonnateurs, Les objectifs visés par la réalisation de ce chantier s’énoncent de la
et l’accompagnement des services ordonnateurs pour la mise en sorte :
œuvre progressive du contrôle de régularité à leur niveau ;
 L’évolution des métiers d’audit, de contrôle à postériori et  Harmoniser, optimiser et hiérarchiser le contrôle d'exécution et
d’évaluation de la performance (Al Maliya, Septembre 2006, p. 7). adapter l'assistance des contrôleurs et comptables publics en
fonction de la capacité de gestion des ordonnateurs, en vue de
Face à ce premier diagnostic et après avoir analysé les différents les rendre autonomes ;
scénarios, le MEF, et sous l’impulsion du Gouvernement, a opté pour la  Générer des synergies et réduire le coût relatif au contrôle
mise en œuvre d’une réforme progressive scindée en 5 axes. d'exécution exercé par le MEF ;
 Faire converger les SI et les rendre cohérents et interfaçables
Cette réforme pilotée par le Secrétaire Général du MEF, a été mise en avec ceux des ordonnateurs.
œuvre par 3 Directions du département _qui sont la TGR, la Direction
du Budget et l'Inspection Générale des Finances_ selon le partage des Son contenu se compose de plusieurs actions, à savoir :
responsabilités suivant (Al Maliya, Février 2007, p. 10-11) :
 Gestion des impacts du rapprochement TGR-CGED : il était
question de gérer, dans une optique de recherche de synergies,
le rapprochement organisationnel, matériel et humain entre les
III. 1. Chantiers 1 : Le rapprochement des structures opérant dans le deux entités (organisation34, RH, logistique, budget, etc.) en créant
contrôle à priori une organisation unique, adaptée aux nouveaux métiers de la
dépense, avec des fonctions support mutualisées tout en gérant
les aspects sociaux/logistiques afférents au rapprochement en
Il s’agit en l’occurrence de la TGR et le CGED à travers le projet baptisé question ;
« TACAMOUL ». Chantier porté par la TGR, il permettra à terme  Organisation du transfert de compétences : faire évoluer les
l'évolution du contrôle d'exécution de la dépense publique vers plus fonctions existantes de partenariat et formation des ordonnateurs
d'efficacité, d'efficience et de souplesse. A court terme, il se concrétise aujourd'hui, développées séparément par les contrôleurs aussi
par le rapprochement des entités en charge de ce contrôle, le CGED 34 A titre d’information, cette fusion entre la TGR et le CGED a donné lieu à une
et la TGR. réorganisation des services centraux de la TGR qui a été suivie par une réforme
organisationnelle au niveau des structures de réseau notamment la création des
Trésoreries Ministérielles (TM) et Directions Régionales (DR).

66
bien que les comptables, vers un transfert de compétences plus
moderne et plus efficace dans une logique intégrée ; Savoir écouter, savoir rassurer, savoir informer, faire adhérer et
 Rationalisation et hiérarchisation du contrôle d'exécution : impliquer l’ensemble des équipes tout au long du processus de
homogénéiser les procédures du contrôle à priori et la gestion rapprochement, telle était l’ambition donnée à ce travail. Là-dessus, des
des crédits entre CL et ministères, les optimiser et mettre en actions spécifiques ont été réalisées de par la TGR, notamment
place un niveau de contrôle à priori différencié (modulé) en l’élaboration : d’une charte des valeurs « ILTIZAM », d’un bulletin
fonction de la capacité de gestion de l'ordonnateur ; d’information spécifique « TACAMOUL », d’un film institutionnel et
 Évolution de la comptabilité : mise en œuvre une comptabilité des ateliers de sensibilisation… (Al Maliya, Février 2007, p. 14-15 et 53)
patrimoniale35 afin de donner aux ordonnateurs les moyens de
mesurer leur efficacité de gestion ;
 Évolution des systèmes d'information : intégrer les systèmes
III. 2. Chantier 2 : Augmentation de la capacité de gestion des services
d’information existants en projets (y compris le portail intranet, SI des ordonnateurs
décisionnels des entités CGED et TGR) et mettre en œuvre des
solutions intégrées de gestion de la dépense.
Un deuxième chantier confié à la TGR dont la finalité est de mobiliser
Dans sa conduite des chantiers de la réforme dont elle a la charge, la les ordonnateurs sur les transformations (RH, SI, procédures...) à
TGR a arrêté un plan de communication visant l'explication des objectifs opérer au sein des services gestionnaires pour évoluer vers plus
de la réforme et la mobilisation des énergies pour réunir les conditions d'autonomie et d'efficacité dans la réalisation des dépenses. Ce
de sa réussite. deuxième chantier porte sur les actions suivantes :

Sur le plan interne, l’action a concerné les populations directement  L’animation d'un réseau d'ordonnateurs : constituer un réseau
concernées par la fusion, à savoir l’ensemble des agents, cadres et d'ordonnateurs pilotes qui donnent l'exemple en matière de
responsables du CGED et TGR. En effet, dès le lancement du chantier progression sur la capacité de gestion, qui partagent sur leurs
d’intégration, la TGR a mis l’accent sur la dimension humaine, et a initié expériences (SI, organisation, procédures internes, guides, flux
dans ce cadre une sous-commission relative à la gestion du changement. d'échanges externes...) qui « testent » les premières concrétisations
de la réforme au sein du MEF (transfert de compétences, audit de
35 Développement récent de la comptabilité nationale et encore peu répandus au plan
international, les comptes de patrimoine visent à offrir au niveau macroéconomique le même maturité, contrôle hiérarchisé, etc.) ;
type d'information que les bilans de la comptabilité privée : ils s'intéressent donc
essentiellement aux variables économiques de stock et non plus de flux.

67
 La valorisation de la fonction budgétaire : en définir les profils dans l'apprentissage et dans l'instrumentalisation de cette logique de
adéquats pour la réalisation des nouveaux objectifs (internalisation performance. Son contenu comprend les actions suivantes :
des contrôles d'exécution et évaluation sur la performance des
dépenses) et définir avec le Ministère chargée de la Modernisation  Emergence des programmes d'actions stratégiques pluriannuels
des Secteurs Publics les postes types correspondants (mode de avec la mise en place des indicateurs de performance : faire
recrutement, d'évaluation, compétences et qualifications, mobilité évoluer progressivement la présentation budgétaire dans le but
interministérielle, formations, perspectives d'évolution, etc.) ; d’intégrer la notion de programme stratégique et définir les objectifs
 La réorganisation de la fonction budgétaire : mettre en œuvre de résultats des ordonnateurs ;
les réorganisations internes des services ordonnateurs, standardiser  Globalisation des crédits : augmenter progressivement le niveau
les documents, élaborer des manuels de procédures communes, de globalisation de crédits sur un périmètre croissant d'ordonnateurs
diffuser des guides budgétaires, déployer les nouvelles procédures (paragraphe, programme stratégique transverse aux titres, article) ;
dans tous les services gestionnaires, normaliser les échanges avec  Pluriannualité de programmation budgétaire : construire, avec
les partenaires, déployer les nouveaux outils (matériel, logiciel…) ; la contribution d'un nombre croissant de ministères, une vision
 La contractualisation avec les services extérieurs : définir, par pluriannuelle glissante du budget intégrant les programmes d'actions
le biais de la contractualisation, les plans de modernisation des stratégiques et s'ajuste en fonction des chocs exogènes (Al Maliya,
services extérieurs pour leur permettre d'accéder au CMD et Février 2007, p. 15-16).
pour les pousser à rendre compte de leurs résultats (définition
des objectifs, d'un calendrier, des moyens mis à disposition,
construction des tableaux de bord…) (Al Maliya, Février 2007, p. 15).
III. 4. Chantier 4 : Evolution des métiers d'audit et d'inspection

III. 3. Chantier 3 : Généralisation et approfondissement de la réforme Mené par l’Inspection Générale des Finances, ce chantier est axé
sur l’évaluation des performances et l’évolution de ses métiers, son
budgétaire aboutissement s’est concrétisé par la mise en place du système cible
de contrôle du MEF fondé sur l'évaluation de la performance et
l’adaptation de l'organisation et des modes de fonctionnement de l'IGF
Sous la responsabilité de la DB, la réalisation dudit chantier consiste à à l'évolution de ces nouveaux métiers. Dans ce sens les quatre actions
traduire dans la programmation et l'évaluation budgétaires la logique de suivantes ont été menées par l’IGF :
performance axée sur les résultats en sus d’accompagner les ordonnateurs

68
1. Audit/certification de la capacité de gestion des ordonnateurs pilotage du projet, à même de garantir l'atteinte de la cible dans les
: mettre en place et entretenir un dispositif d'évaluation des délais et les budgets fixés.
ordonnateurs sur leur capacité globale de gestion (indicateurs de
mesure de la capacité de gestion des ordonnateurs : organes, Ce chantier se traduit par l’implication des ordonnateurs dans les
ressources, outils et modalités d'audit et de certification, montée enjeux et les actions de la réforme, l’évaluation des efforts à produire,
en compétence des organes de contrôle interne) ; le maintien de la visibilité sur les résultats et les objectifs, et enfin par
2. Contrôle de la régularité dans une logique d'audit : consolider, la coordination et la synchronisation des travaux des différentes
au sein du MEF et en coordination avec les autres ministères ainsi Directions du MEF.
que les acteurs externes (Cour des comptes, Parlement) le
dispositif de contrôle de régularité à postériori dans une logique Ainsi, ce chantier couvre les actions suivantes :
d'audit (généralisation de pratiques d'audit comptable privé,
moyens dimensionnés aux objectifs, vulgarisation de l'obligation  Gouvernance de la réforme : détailler l'organisation projet (équipes,
de rendre compte) ; livrables, échéanciers…), mettre en place et animer les structures
3. Évaluation de la performance : mettre en place et entretenir de pilotage pour suivre l'avancement de la réforme, la tenue des
un dispositif de mesure relatif à l’atteinte par les ordonnateurs jalons et des objectifs de résultats des différents chantiers de
des objectifs de la performance (indicateurs de mesure de la transformation pour anticiper et désamorcer les risques au niveau
performance, organes, ressources, outils et modalités d'évaluation de chaque chantier, et pour rendre les arbitrages nécessaires ;
de la performance, accompagnement des ordonnateurs) ;  Gestion des impacts juridiques de la réforme : adapter les
4. Adaptation de l'organisation de l'IGF à l'évolution des métiers textes législatifs/réglementaires aux transformations des métiers
d'audit et d'inspection : adapter l'organisation et les modes de et d’organisations relatives au contrôle des dépenses, de manière
gouvernance de l'IGF aux nouveaux métiers d'audit et d'inspection cohérente et synchronisée, harmoniser les textes entre eux (selon
(Al Maliya, Février 2007, p. 16). leur source et leur niveau) afin de disposer d'un référentiel juridique
cohérent et fiable ;
 Accompagnement au changement : réaliser le suivi des actions
III. 5. Chantier 5 : Pilotage du projet de la réforme d'accompagnement au changement menées par les 3 Directions
du MEF en charge de la réforme (TGR, DB et IGF) et en faire un
bilan régulier (audits), gérer la communication interne et externe
Par ce chantier, le Secrétariat Général du MEF assure la mise en
sur la réforme en vue de relayer les messages adéquats sur son
place et l’entretien, tout au long de la réforme, d’un dispositif de

69
avancement tant auprès du personnel du MEF qu'auprès des
différents intervenants dans la réforme, ainsi qu'auprès des cibles  Evolution de la logique de contrôle : le MEF a été convaincu de la
externes : parlementaires, presse, bailleurs de fonds, etc. (Al nécessité de faire évoluer sa logique de contrôle, dans le sens de
Maliya, Février 2007, p. 16) l’allègement progressif de son positionnement sur le contrôle a priori,
et dans son recentrage sur le contrôle de la performance et sur le
Pour conclure, les responsables et cadres des Directions du MEF, contrôle de la régularité a posteriori.
notamment la TGR, l'IGF et la DB, ont été appelées à se mobiliser
autour de ce chantier d'envergure afin d’offrir à cette réforme toutes Cette évolution a dû nécessairement être progressive, pour tenir
les chances de réussite. compte de la difficulté d’opérer les changements organisationnels qui y
sont associés et afin de donner le temps de faire évoluer les
Il s'agissait concrètement pour ces trois Directions : compétences existantes.

 Au niveau de leurs ressources humaines : de les sensibiliser et  Ruptures organisationnelles pour implémenter cette nouvelle
les mobiliser, au sein des services centraux et ceux déconcentrés, logique de contrôle : cette dernière logique de contrôle que le
au contenu et aux modalités de la réforme à travers une forte ministère a souhaité mettre en place, suppose en fait de nombreuses
communication et un renforcement de leurs compétences pour ruptures organisationnelles, tant au sein du ministère, qu’au sein des
faire face à l’évolution des métiers de contrôle ; autres départements ministériels. Parmi ces ruptures, il y a lieu de citer :
 Au niveau organisationnel : ces Directions ont été appelées à
promouvoir et adapter la réorganisation de leurs services en 1. La nécessité de rapprocher, au sein du MEF, les entités chargées
fonction des nouvelles responsabilités, participer activement aux du contrôle a priori, dans une optique de refonte de leurs
instances de pilotage de la réforme et aux commissions prévues métiers (recentrage progressif sur les activités de conseil et
au niveau des différents chantiers de la réforme, dans un esprit d’assistance, avec des étapes intermédiaires d’une importance
de cohérence et de complémentarité et prévoir de manière cruciale pour la réussite de la réforme) : c’est là que s’inscrivait la
anticipative les risques éventuels de la mise en œuvre de la logique de rapprochement entre le CGED et la TGR décidée
réforme et les remèdes y afférents (Al Maliya, Février 2007, p. 3-4). début 2006 ;
2. La nécessité de réorganisation de l’entité chargée du contrôle a
En clair, la stratégie retenue par le MEF pour construire son projet de posteriori en lui permettant d’assumer de nouvelles fonctions,
réforme relatif au CMD a reposé sur trois volets : dans une logique d’évaluation de la performance ;

70
3. Le besoin de réorganiser les structures de gestion internes aux
ministères et aux CL (services gestionnaires, entités de contrôle Plusieurs outils ont été utilisés à cet égard : des journées d'information
interne de type IGM), pour être prêts à prendre en main, à plus et de sensibilisation destinées aux responsables des départements
ou moins long terme, leur contrôle de régularité et à rendre des ministériels et aux responsables et cadres du MEF, des bulletins
comptes sur les résultats atteints. d'information internes à une Direction spécifique...

 Mobilisation interministérielle : ce troisième volet pris par le Pratiquement parlant, le MEF a organisé le 30 Mars 2006 un séminaire
Ministère des Finances part du fait que pour faire aboutir la réforme du d’information afin d’expliciter et de partager avec les responsables des
contrôle de la dépense publique, l'adhésion de tous les départements ministères les principes de la réforme.
ministériels est nécessaire.
C’est ainsi que les Secrétaires Généraux des ministères ont été
Pour cela, le MEF a engagé des chantiers de transformation qui associent informés des conclusions de l’étude engagée, et du contenu de la
étroitement les autres ministères, et même, le moment venu, les CL. réforme retenu. Il leur a été demandé notamment, une contribution au
Cela signifie que la dynamique de progrès devra être assumée et succès de la réforme autour de trois idées qui sont : l’adhésion, la
entretenue par tous, et que tous les ordonnateurs s’investiront afin de mobilisation et la coopération.
mener la réforme à son terme (Al Maliya, Février 2007, p. 12).
Cette contribution devait se réaliser à travers principalement :
Effectivement, en vue de garantir son déploiement dans les meilleures
conditions, l’adhésion des différents intervenants à la réforme du  La mobilisation des services ordonnateurs au niveau central et
contrôle de la dépense est cruciale du moment que la réussite de toute déconcentré sur le contenu et les modalités de la réforme du
réforme est conditionnée par l'implication des acteurs intervenant dans contrôle de la dépense publique ;
sa mise en œuvre.  La réorganisation des services ordonnateurs en vue de mieux
s’approprier les nouvelles responsabilités, être plus efficace et
Ainsi, parallèlement à la mise en place de la réforme du contrôle de la augmenter les compétences ;
dépense publique, des actions de communications externes et internes  Rendre disponible les ressources nécessaires pour coopérer avec
ont été menées, visant l'explication des objectifs de la réforme, son les Directions du MEF en charge des différents chantiers de la
contenu, la démarche de sa mise en œuvre, ainsi que la vulgarisation de réforme.
ses concepts.

71
Ce séminaire s’est aussi adressé aux responsables et cadres du MEF Pour conclure, le projet de réforme du contrôle de la dépense publique
intervenants dans le circuit de la dépense publique. Il leur a été (CMD) adopté par le MEF est à la fois ambitieux (par ses objectifs et
demandé surtout de : conséquences), pragmatique, et mobilisateur (par sa démarche). Si seuls
trois caractéristiques devaient en effet être retenues pour le qualifier et
1. Se repositionner vis-à-vis des ordonnateurs pour constituer un le décrire, ce sont bien là ceux qu’il faudrait retenir (Al Maliya, Février
interlocuteur unique en ce qui concerne le contrôle à priori ; 2007, p. 12).
2. Développer de nouveaux métiers relatifs au contrôle (contrôle à
posteriori et audit de performance) ;
3. Réorganiser les Directions chargées du contrôle ;
4. Promouvoir une politique d’accompagnement vis-à-vis des services
ordonnateurs ;
5. Développer la communication en interne et celle externe avec
les partenaires autour de ce thème du contrôle ;
6. Veiller à la concertation avec les services ordonnateurs dans le
processus de conception et mise en œuvre de la réforme ;
7. Veiller à la cohérence d’ensemble des différents chantiers de
réforme des finances publiques (GAR, GID, CDMT et RCDP) ;
8. Dégager des actions concrètes avec un impact à court terme
pour les services gestionnaires de manière à ancrer la réforme et
à la rendre irréversible (Al Maliya, Février 2007, p. 50 et 8).

Un deuxième séminaire des Présidents des Comités Locaux de


Coordination (CLC), a été organisé le 17 Mars 2006. Ce séminaire a
été l'occasion d'approcher les membres des CLC, acteurs principaux
dans la mise en œuvre de la réforme, de son contenu et de ses objectifs
et de les sensibiliser à l'importance de leur adhésion et implication (Al
Maliya, Février 2007, p. 52-53).

72
Déconcentration budgétaire

I. Le quoi ? centrales et leurs services déconcentrés. Elle est basée sur une
approche pragmatique visant à déléguer progressivement les pouvoirs
et les responsabilités aux services déconcentrés. Une charte sur la
Tout d’abord, la déconcentration renvoie à la distinction nette des déconcentration fixant le cadre général régissant l’allocation de la
responsabilités entre le niveau central où se font « les règles du jeu » gestion des ressources concrétise cette démarche (Al Maliya, Septembre
et le contrôle de l’action de l’Etat, d’une part, et le niveau local pour 2004, p. 9 et 5).
les décisions individuelles et l’exécution de l’action de l’Etat, d’autre
part. Pratiquement parlant, le budget de l’État comprend des crédits
ministériels dont la gestion est confiée soit à des ordonnateurs
Définie ainsi, la déconcentration permet tout à la fois d’avoir une centraux au niveau ministériel (ordonnateurs / crédits centralisés), soit
visibilité, une réactivité, l’adhésion et la participation de tous, ainsi que à des ordonnateurs déconcentrés (ordonnateurs secondaires/ crédits
l’obligation de rendre compte. La déconcentration est basée sur trois déconcentrés) au niveau local (régional ou provincial) :
principes constituant à la fois les unités de mesure et la méthodologie
 Les crédits centralisés sont des crédits qui sont gérés par des
du processus : la territorialité, la subsidiarité et l’interministrialité.
ordonnateurs, soit pour des opérations à caractère général (ex :
crédits relatifs à la dette) ou central (ex : crédits relatifs à une
La déconcentration est de plus en plus considérée comme règle
administration centrale), soit pour des opérations à caractère
générale de répartition des compétences entre les administrations
local (ex : construction d’une route nationale dans une région) ;

73
 Les crédits déconcentrés sont des crédits qui sont gérés par des au plan local. Ces crédits doivent fondamentalement être distingués des
ordonnateurs secondaires au plan local, pour des opérations crédits décentralisés qui, eux, ne correspondent pas à des crédits de
locales de leur ressort territorial. l’État mais à des crédits des collectivités locales financées sur ressources
locales (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 18).
Les ordonnateurs secondaires sont généralement les Directeurs soit
régionaux ou provinciaux des ministères. Les Walis, représentants En fait, l’amélioration de la déconcentration budgétaire renvoie de près
locaux du Gouvernement, n’ont pas, le plus souvent, la compétence au renforcement de la contractualisation entre l’administration centrale
d’ordonnateur secondaire, sauf pour les crédits de leur ressort. En et les services déconcentrés en vue de réhabiliter leur rôle dans la mise
général, ils n’interviennent pas au niveau de la gestion des crédits des en œuvre des politiques publiques.
ordonnateurs secondaires ministériels.
Cette contractualisation permet à ces services déconcentrés de jouer
La déconcentration d’un système budgétaire se mesure à la part des un rôle important, en les associant à la définition des objectifs qui leur
crédits gérés de façon déconcentrée par rapport à celle gérée de façon sont assignés, des moyens nécessaires pour l’exécution de ces objectifs
centralisée. Un indice fiable de cette déconcentration doit toutefois et des résultats attendus de l’exécution de leurs interventions (Al Maliya,
porter sur les crédits « déconcentrables », sachant par exemple que Aout 2008, p. 14).
les crédits de personnels restent, dans beaucoup de systèmes, encore
gérés de façon centralisée ou que certains crédits restent par nature Le renforcement de la déconcentration budgétaire est un axe majeur
gérés au plan central (dette) ou encore que certains crédits d’intérêt de la nouvelle GAR, laquelle doit être parfaitement appropriée au
nationaux peuvent requérir une gestion centralisée. niveau des services extérieurs, et c’est dans ce sens que le principe de
contractualisation a été conçu.
C’est donc la part plus ou moins grande des crédits afférents à des
opérations locales gérés au niveau des ordonnateurs secondaires qui Il ne s’agit plus de confiner les services déconcentrés dans un rôle
détermine le degré de déconcentration d’un système budgétaire. d’exécutant mais d’adapter les modes de gestion budgétaires aux
nouvelles exigences de rendement, d’efficacité et de transparence (Al
Clairement, la déconcentration de la gestion budgétaire repose sur le Maliya, Février 2007, p. 37-38).
postulat simple d’une meilleure rationalité et efficacité de l’action
publique au plus près du bénéficiaire ; les crédits de l’État affectés à des A titre de clarification quant à la dichotomie conceptuelle entre
opérations locales doivent être mis en œuvre, autant qu’il est possible « déconcentration » et « décentralisation », les deux mots auraient

74
étymologiquement le même sens. Ils impliquent, tous les deux, un Cette relative autonomie permet de traiter la diversité des situations
mouvement du centre à la périphérie. locales et d’y apporter des réponses adaptées. Toutefois, le concept de
« décentralisation » demeure inséparable de celui de « déconcentration ».
La science administrative définit la « déconcentration » comme étant Ce sont donc deux modèles d’organisation complémentaires contribuant
la politique ayant pour objet la rationalisation de l’exercice des à la réalisation du développement local (Al Maliya, Juillet 2009, p. 24).
compétences de l’État tout en aménageant les rapports entre les
administrations centrales et leurs services extérieurs dans le sens d’une Or, la déconcentration n’est pas une fin en soi mais doit être un
plus grande délégation de responsabilités consenties à ces derniers. vecteur de modernisation et de changement. La déconcentration
comme mode d’organisation n’a de sens que si elle est à même de
C’est un système d’organisation de l’Etat qui correspond, dans la renforcer l’efficacité des interventions, maîtriser les coûts et améliorer
pratique, à une délégation des moyens et des pouvoirs de décision de la qualité du service au citoyen et si elle contribue au développement
l’administration centrale à ses services extérieurs (crées au niveau de l’investissement. Elle a ainsi pour finalité un service de proximité,
régional, préfectoral, provincial ou communal). Ces services sont soumis une orientation vers la performance et les résultats, et s’adosser au
à l’autorité étatique (hiérarchie administrative). Ils ne disposent d’aucune principe de la subsidiarité.
autonomie. Ils agissent, donc, toujours pour le compte de l’Etat.
Concrètement, la déconcentration revêt plusieurs formes. Au sein du
S’agissant de la « décentralisation », cette dernière renvoie à un MEF, il en existe trois formes :
processus consistant à un transfert par l’Etat, de certaines compétences
et ressources correspondantes à des institutions distinctes de lui : les 1. La déconcentration qui découle des pouvoirs propres aux
collectivités locales. responsables locaux des services : impôts, douanes, domaines,
comptables publics et contrôleurs des engagements des dépenses ;
Ces entités sont dotées de la personnalité morale et de l’autonomie 2. La consolidation de la déconcentration par la délégation
financière (Il s’agit, selon la Constitution de la région, de la préfecture, progressive des pouvoirs par l’administration centrale aux
de la province et de la commune), et ce, sous la surveillance de services déconcentrés : tel le traitement du contentieux fiscal et
l’autorité de tutelle. Le contrôle est en fait la contrepartie nécessaire douanier, les restitutions au titre de certains impôts qui fait l’objet
du principe de libre administration des collectivités et rappelle le d’une déconcentration croissante ;
caractère unitaire de l’État. 3. La délégation de pouvoirs opérée en faveur des autorités
locales qui concerne certains actes de gestion du domaine privé

75
d’Etat dans le cadre de la promotion de l’investissement, et ce,  La taille critique des services extérieurs (hétérogénéité des
conformément à la Lettre Royale sur la gestion déconcentrée de structures et des effectifs) ;
l’investissement.  La problématique d’incompatibilité des statuts d’ordonnateur
avec celui du contrôleur et du comptable public ;
L’effort de déconcentration des ressources doit s’inscrire dans le  Le risque d’effritement des crédits alloués ; les Directions à
cadre de la nouvelle vision de Gestion Axée sur les Résultats. La réseaux préfèrent, en vue de réaliser des économies d’échelle et
déconcentration des ressources s’est faite au sein du MEF, de façon maîtriser des processus complexes, continuer à gérer de façon
progressive en tenant compte principalement de la taille critique des centralisée les crédits affectés aux grosses dépenses notamment
structures, de l’insuffisance des ressources humaines qualifiées et de celles liées au développement des SI (Al Maliya, Septembre 2004, p.
certaines incompatibilités des fonctions. 10-11, 13 et 16).

Toujours au regard du MEF, s’agissant de la déconcentration de la


gestion budgétaire, il y a lieu de souligner que des efforts soutenus ont II. Le pourquoi ?
été déployés par les Directions à réseau en matière de mise en place
des structures chargées de la gestion des crédits délégués. A cet égard,
il a été procédé à la nomination de 32 sous-ordonnateurs et la mise en Bref, la déconcentration budgétaire trace entant qu’objectifs la
place de 98 régies de dépenses au niveau des services extérieurs. responsabilisation des gestionnaires déconcentrés dans la réalisation
des objectifs et des résultats, et ce, à travers une plus grande
Toutefois, le niveau actuel de déconcentration budgétaire demeure autonomie octroyée aux gestionnaires, une délégation des moyens et
très faible dans la mesure où les services centraux des Directions à une évaluation des résultats (Haddad, Décembre 2007, p. 8).
réseau gèrent environ 96% du budget relatif au fonctionnement et 81%
du budget d’investissement du ministère.
III. Le comment ?
Dès lors, un très faible pourcentage des crédits déconcentrés au
bénéfice des services locaux a été relevé. A savoir, les contraintes qui
entravent le processus de déconcentration de crédits vers les services La logique de déconcentration passe à travers la contractualisation des
extérieurs sont liées notamment à : relations entre administrations centrales et leurs services déconcentrés

76
de manière à responsabiliser les gestionnaires des services extérieurs 4. L'élaboration du budget du ministère par consolidation des
dans la réalisation des objectifs et résultats. budgets-programmes des différents services déconcentrés ;
5. La conclusion des COM entre les administrations centrales et
Cette contractualisation qui se base sur la conclusion de contrats leurs services déconcentrés fixant les moyens humains, matériels
objectifs-moyens triennaux glissants, la fixation des moyens vitaux à et budgétaires mis à la disposition des services déconcentrés et
l’atteinte des objectifs sur la base du CDMT, l’augmentation de la les engagements de ces derniers en terme d’objectifs à atteindre
marge de manœuvre des services déconcentrés et l’élaboration par ces et mesurés par des indicateurs chiffrés préalablement définis ;
derniers de rapports annuels sur la performance (Al Maliya, Septembre 6. L'évaluation et le suivi des réalisations notamment à travers
2006, p. 6). l’établissement par les services déconcentrés des rapports
périodiques d’activité et de tableaux de bord (Al Maliya, Février
Ceci dit, pour la concrétisation de la déconcentration budgétaire, l’Etat 2007, p. 38).
a instauré la logique de la contractualisation entre les administrations
centrales et leurs services déconcentrés qui se fait en six étapes et Afin de réaliser ces objectifs, le cadre de travail a compris l’élaboration
selon un schéma précis : du guide méthodologique de contractualisation, la réalisation d’actions
pilotes, l’adoption du Décret relatif à la déconcentration administrative
1. L'établissement par l’administration centrale d’une lettre de (schémas directeurs relatifs à la déconcentration) et l’introduction en
cadrage stratégique notifiée aux services déconcentrés ; 2006 de la dimension régionale dans la présentation budgétaire (Al Maliya,
2. La détermination par chaque service déconcentré de ses objectifs Septembre 2006, p. 6).
et plan d’action ;
36
3. La discussion et la finalisation du budget-programme et des plans A ce titre, il y a lieu de signaler la mise en œuvre du Décret du 02
d’actions en concertation entre l’administration centrale et ses Décembre 2005, fixant les règles d’organisation des départements
services déconcentrés ; ministériels et de la déconcentration administrative, qui est de nature à
renforcer la déconcentration et conforter le dispositif portant sur la
36 Un budget-programme est un budget examiné programme par programme, sachant que contractualisation des relations entre les administrations centrales et
la nomenclature budgétaire proprement dite s’articule sur les titres, chapitres, programmes,
régions, projets ou actions. Le plus souvent les budgets de programmes sont des budgets de leurs services déconcentrés. Ce Décret a prévu l’élaboration par les
performance, qui comprennent stratégie, objectifs, financement et indicateurs. Cette départements ministériels des schémas directeurs de déconcentration
dénomination est remplacée par « contrat objectifs-moyens » pour ce qui concerne le
document de préparation de la négociation budgétaire annuelle entre une Direction régionale administrative à mettre en œuvre durant une période allant de deux à
et son AC. Il s’agit du même document, élaboré selon la même logique mais qui joue cinq ans.
explicitement le rôle d’un contrat.

77
continuer à relever des compétences des administrations centrales ainsi
Ces schémas comprennent surtout les attributions qui sont à transférer que les mesures et délais nécessaires à la réalisation desdits schémas (Al
aux services déconcentrés, les moyens humains, matériels et financiers Maliya, Aout 2008, p. 14-15).
qui leur sont accordés, les décisions administratives individuelles devant
continuer à relever des compétences des administrations centrales ainsi
que les mesures et délais nécessaires à la réalisation desdits schémas
(Al Maliya, Aout 2008, p. 14-15).

78
Réforme
de la Loi Organique
relative à la Loi de
Finances (LOLF)
 2015 

79
la réforme, est un « processus
technique », mais aussi une
«« responsabilité politique », d où le rôle important du
Parlement et la nécessité de la révision de la Loi Organique des
Finances.

Abdelatif LOUDYI, Ministre délégué auprès du Chef de gouvernement,


chargé de l'Administration de la Défense nationale

°43 Août 2008

80
Préambule

Les travaux de réforme de la Loi Organique relative à la Loi de Finances


ont démarré au sein du Ministère de l’Economie et des Finances depuis 1. Chapitre premier : Des Lois de Finances et des principes
2008 avec l’assistance technique d’experts de l’Union Européenne et ce, budgétaires (art premier  art 10).
dans le cadre du Programme d’Appui à la Réforme de l’Administration 2. Chapitre Il : De la détermination des ressources et des charges
Publique (PARAP) (Haddad, Janvier 2011, p. 22). de l'Etat :
 Section première : Des ressources de l'Etat (art 11) ;
Toutefois, le nouveau cadre constitutionnel de 2011 imposait la revue  Section 2 : Des charges de l'Etat (art 12).
de la Loi du moment que la Constitution renforce le rôle du Parlement 3. Chapitre III : Du budget général (art 13  art 20).
ce qui doit se traduire également sur la LOLF (Finance News, Mai 2012, p. 4. Chapitre IV : Des Services d’Etat Gérés de Manière Autonome
9-10). (art 21  art 24).
5. Chapitre V : Des Comptes Spéciaux du Trésor (art 25  art
37
A la suite du Dahir n°1-15-62 du 14 Chaâbane 1436 (2 Juin 2015) , est 30).
promulguée et publiée au Bulletin officiel la Loi Organique n°130-13 6. Chapitre VI : Des comptes de l'Etat (art 31  art 33).
relative à la Loi de Finances telle qu'adoptée par la Chambre des 7. Chapitre VII : Des procédures comptables particulières (art 34
représentants et la Chambre des conseillers.  art 35).

Le texte de la LOLF, tel qu’édité dans ledit Bulletin officiel, comprend  Titre II : De la présentation des Lois de Finances (art 36  art 45).
70 articles répartis comme suit :
 Titre III : De l’examen et du vote des Lois de Finances :
 Titre Premier : De la définition et du contenu des Lois de Finances : 1. Chapitre premier : De l'examen des Lois de Finances (art 46
 art 51).
37 Cf. « Annexe 1 : Liste des textes législatifs et règlementaires relatifs à la LOLF », p. 2. Chapitre Il : Du vote de la Loi de Finances (art 52  art 57).

81
3. Chapitre III : De la portée de l'autorisation parlementaire (art
58  art 63). Partant, et afin de mettre en œuvre les dispositions de la nouvelle
Constitution, notamment celles relatives à la gestion des finances
 Titre IV : Du règlement du budget (art 64  art 66). publiques et de poursuivre la série des réformes fructueuses entamées
depuis 2001 dans ce domaine, il est devenu impératif, conformément
 Titre V : Dispositions diverses (art 67  art 68). aux engagements du Gouvernement contenus dans sa déclaration, de
procéder à la refonte de la Loi Organique relative à la Loi de Finances.
 Titre VI : Entrée en vigueur (art 69).
Cette réforme, qui s'inscrit dans un contexte international marqué par
 Titre VII : Abrogation et dispositions transitoires (art 70) (Bulletin Officiel, l'engagement des divers pays précurseurs à la réforme de leur système
Juin 2015, p. 1-10). des finances publiques et son orientation vers la logique axée sur les
résultats, constitue un couronnement dans le processus des réformes
budgétaires menées depuis plusieurs années, et ce, sans refonte de la
I. Avant tout : le contexte Loi Organique des Finances de 1998 (MEF – Direction du Budget, 2013, p. 2).

En fait, le projet de réforme de la Loi Organique des Finances est le


Le Maroc, sous l'impulsion de SM le Roi, s'est engagé depuis quelques couronnement d’une série de mesures d’accompagnement touchant au
années dans la voie des réformes structurelles visant la consécration de cadre budgétaire, engagées depuis 2001 (Finance News, Mai 2012, p. 8), à
l'Etat de droit, la modernisation des structures de l'économie du pays, savoir : la programmation pluriannuelle glissante, la globalisation des
le renforcement de sa compétitivité, le développement de la solidarité crédits, le CMD, etc. Bref, tout ce qu’on vient de présenter au niveau
sociale et la consolidation des bases de la bonne gouvernance. de la première partie.

La réforme constitutionnelle, engagée sous la conduite éclairée de D’ailleurs, Michael HAMAID l’affirme. Intervenant à Skhirat le Mercredi
Sa Majesté, vient couronner cette série de réformes constituant ainsi 21 Octobre 2015 à l’occasion d’un séminaire d'appropriation de la
un tournant historique dans le processus démocratique du Royaume à LOLF38, le Chargé des opérations principal pour le Maroc au niveau de
travers la consécration des principes de séparation et d'équilibre des la Banque Mondiale a fait savoir que l'adoption de la LOLF ainsi que
pouvoirs, l'adoption de la régionalisation avancée et le renforcement ledit séminaire (de Skhirat) représentent la consécration d'une réforme
des principes de la bonne gouvernance. 38 Cf. p.

82
que la BM accompagne depuis sa genèse, il y a plus d'une décennie, financière, la garantie d’une bonne répartition et d’équilibres régionaux,
notant que la gestation de cette réforme a nourri d'importants espoirs le renforcement du rôle du Parlement…
de modernisation de la gestion publique, notamment celle axée sur la
performance. M. El AZAMI, quant à lui, a affirmé lors de la journée d’étude sur « La
refonte de la Loi Organique des Finances : Enjeux et perspectives
Evidemment, afin de réussir la mise en œuvre de la réforme budgétaire, de mise en œuvre », que « Cette réforme s'inscrit dans un nouveau
il était nécessaire de procéder à la refonte de la Loi Organique relative contexte marqué par la nouvelle Constitution qui renforce le pouvoir du
à la LF afin d’y intégrer la gestion budgétaire axée sur les résultats et Parlement, le pouvoir d'évaluation des politiques publiques, ainsi que celui de
les nouveaux concepts, démarches et outils y afférents, a affirmé M. A. l'efficacité et de l'efficience de la dépense publique, outre la bonne utilisation
BENNANI ex-Directeur du Budget lors du séminaire du 22 Mai 2008 (Al des recettes publiques. » (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).
Maliya, Mars 2009, p. 34).
Organisée le 02 Mai 2012 par l’AMIF au siège de la TGR, ladite journée
Dans ce sens, lors de la Conférence-débat « Regards croisés sur la s’inscrit dans le cadre de la célébration du 52ème anniversaire de la
modernisation de l’administration publique » co-organisée, le 10 création de l’IGF. Cette rencontre a constitué une occasion pour faire
Avril 2008, par le MEF et l’ADETEF, avec l’appui de l’Ambassade de le point sur l’état d’avancement des travaux de préparation de cet
France au Maroc, M. Abdelatif LOUDYI a souligné que la réforme, est un immense chantier et d’esquisser les exigences d’une conduite réussie
« processus technique », mais aussi une « responsabilité politique », d’où le de la réforme (Al Bayane, Avril 2012, p. 5).
rôle important du Parlement et la nécessité de la révision de la Loi
Organique des Finances (Al Maliya, Aout 2008, p. 5). Partant, le projet de la Loi Organique relatives à la Loi de Finances
attendu depuis les premières années du nouveau millénaire, et retardé
Pour M. BARAKA, l’ex-Ministre des Finances, la refonte de la LOLF entre d’année en année, a été relancé par la Constitution de 2011 qui a
dans le cadre de concrétisation de la nouvelle génération de réformes, reformulé les articles 50 et 51 de la Constitution antérieure de 1996 en
telle qu’édictée, en termes de bonne gouvernance, par la nouvelle introduisant de nouveaux principes constitutionnels qui renforcent le
Constitution mais s’inscrit aussi dans le programme gouvernemental de rôle du Parlement dans les domaines du contrôle et de l’évaluation39
réformes législatives afférentes à l’efficience des établissements et des particulièrement, et qui encadrent les finances publiques en terme
dépenses publiques, et ce, dans la perspective de parvenir à un certain général :
nombre d’objectifs dont le renforcement du contrôle interne et à
posteriori, la promotion de la transparence au niveau de l’information
39 http://www.quid.ma du 18/01/2014.

83
 Renforcement de la transparence, de la participation et de la
bonne gouvernance ; Ceci dit, la réforme de la LOLF vient pour pallier aux limites que
 Préservation de l’équilibre des finances de l’Etat ; présente le modèle de gestion en vigueur des finances publiques, à
 Renforcement du contrôle parlementaire sur l’action relative au savoir : « le modèle de gestion des finances publiques présente certaines
Gouvernement et à l’évaluation des politiques publiques (MEF – fragilités dues à la structure du budget et à certains mécanismes et/ou
Direction du Budget, Novembre 2014, p. 3). pratiques dénués de toute considérations d’ordre économique liées à la
performance et à l’impact réel des dépenses sur le quotidien des citoyens. »,
Pris sur le fondement de l’article 75 de la Constitution, la Loi Organique d’après une interview accordée par le Trésorier Général du Royaume
n°130-13 relative à la Loi de Finances promulguée par le Dahir n°1-15- au Reporter (Le Reporter, Mai 2012, p. 31).
62 du 14 Chaâbane 1436 (2 Juin 2015) constitue une réponse aux
nouvelles dispositions constitutionnelles, et ce, en ce qui concerne (MEF Selon une déclaration de M. El AZAMI, « Le chantier de la Loi Organique a
– Direction du Budget, 2015, p. 1) : été ouvert par l’ancien Gouvernement au moins sur le plan administratif et
technique au niveau de la programmation et de la mise en œuvre budgétaires.
 Le renforcement de la performance de la gestion publique ; De même, l’ancien Gouvernement a travaillé sur un projet de la Loi Organique
 L'édiction des principes et règles financiers concernant l'équilibre de la Loi de Finances mais au moment de la finalisation de ce projet, la
financier de la Loi de Finances et la mise en place d'un ensemble nouvelle Constitution a été adoptée.
de règles afin d'améliorer la transparence des finances publiques ;
 L'accroissement du rôle du Parlement au niveau du débat Suite à cette nouvelle donne, il était donc logique de revoir cette copie au
budgétaire et du contrôle des finances publiques. niveau du rôle du Parlement qui a été d’ailleurs renforcé. Ce dernier aura en
effet le droit d’être informé tout au long de l’année sur l’état d’exécution de
Cela étant, la refonte de la LOLF était un choix et elle est devenue une la Loi de Finances ainsi que son implication dans la préparation de la LF de
obligation (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 3) ; aujourd’hui la l’année suivante.
réforme de cette Loi s’impose, ne serait-ce que pour se conformer à la
nouvelle Constitution (L’Economiste, Mai 2012, p. 1). Or, pour BENSOUDA, Le second point concerne la co-responsabilisation de l’exécutif comme du
la question sur la réforme de la LOLF se pose essentiellement par Parlement sur l’équilibre budgétaire. On soulignera la constitutionnalisation
rapport à « la viabilité de nos finances publiques et l’approche budgétaire de la programmation pluriannuelle et de la Loi de Règlement ainsi que le
fondée sur les moyens et la comptabilité de caisse qui ont prévalu jusqu’à principe de la bonne gouvernance notamment en matière de gestion des
présent. » (Le Soir, Mai 2012, p. 17). finances publiques à travers une réactivité vis-à-vis des institutions

84
constitutionnelles du contrôle (…) sans oublier sa mise en œuvre ainsi que aspects purement budgétaires et à établir un équilibre démocratique
l’adaptation des structures administratives mais aussi la modélisation des entre le Gouvernement et le Parlement40.
structures de contrôle. ». Tels sont les points que le Gouvernement de
BENKIRANE a eu à revoir par rapport à l’ancien projet de la LOLF de « L’évolution des lois organiques de finances au Maroc a toujours été
l’ancien Gouvernement (Le Soir, Mai 2012, p. 17). marquée par les changements qui ont affecté les contextes politiques,
économiques et sociaux et surtout par une articulation systématique entre les
« Le contexte actuel de la réforme se caractérise donc par l’adoption d’une révisions constitutionnelles et la refonte des lois organiques régissant les
nouvelle Constitution le 1er Juillet 2011, comme une réponse intelligente de finances de l’Etat. », explique d’emblée M. BENSOUDA (Finances News, Mai
notre pays à la montée en puissance d’un mouvement social de fond, 2012, p. 9). En effet, le projet de la LOF n°130-13 s’inscrit dans la successivité
réclamant plus de démocratie, plus de libertés et surtout plus de transparence des Constitutions et des Lois Organiques antérieures comme suit :
dans la gestion des affaires publiques. », analyse M. BARAKA.
 LOLF 1963 : Constitution 1962 ;
Il ajoute : « Du coup, on est loin des conditions ayant prévalu lors de  LOLF 1970 : Constitution 1970 ;
l’élaboration du premier projet. Autre facteur non négligeable : les  LOLF 1972 : Constitution 1972 ;
enseignements tirés de la crise économique et financière qui pèse sur  LOLF 1998 : Constitution 1996 ;
l’économie mondiale, forçant les Etats à revoir le mode de gouvernance de  LOLF 2015 : Constitution 2011 (MEF – Direction du Budget, 2015, p. 1).
leurs finances publiques. Cette contrainte, alors que la démarche a été
entamée par le Maroc en 2001, force le Royaume à l’instar de beaucoup de M. Nizar BARAKA a déclaré, lors de la journée d’études, que la réforme
pays, à se doter d’une véritable « constitution financière » laquelle donnera de la LOLF se doit d’être en adéquation avec le nouveau contexte
corps et substance aux nouveaux principes fondateurs de la gouvernance national marqué surtout par les perspectives ouvertes suite à la
des affaires publiques. » (Finances News, Mai 2012, p. 8). Constitution de Juillet 2011 et au projet de la régionalisation avancée.

Le projet de Loi Organique de la Loi des Finances adopté constitue une Il a également estimé qu’elle doit s’inscrire au niveau de la stratégie de
grande réforme appelée à compléter la Constitution. Ladite Loi est développement sectoriel et servir la distribution des richesses la plus
assimilée en fait à une constitution des finances publiques, selon le large, refléter l’intégration des politiques publiques, renforcer le pouvoir
jargon utilisé par les spécialistes. Elle est appelée également à remplacer de décision et celui de contrôle financier du Parlement et favoriser la
la Loi Organique de 1998, révisée en 2000, à introduire un nouveau transparence et l’accès à l’information (Aujourd’hui le Maroc, Mai 2012, p. 10).
système de gouvernance des finances publiques sans se limiter aux
40 http://www.quid.ma, Op. Cit.

85
être votées au Parlement en conformité avec l’esprit de la Constitution. », a
D’autre part, compte tenu de l’organisation du système législatif et de souligné M. Nizar BARAKA lors de la journée d’étude du 02 Mai 2012
la hiérarchie des normes du Maroc, une telle Loi, ayant valeur supérieure (Finances News, Mai 2012, p. 8).
à la Loi simple, se prête assez mal à des révisions régulières et est
censée fournir un cadre stable pour la définition ainsi que la gestion des La raison d’être d’une Loi Organique relative à la Loi des Finances
finances publiques (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 125). vient du fait que « La Constitution ne peut pas entrer dans les détails de la
question budgétaire et comptable. », d’où le rôle de cette Loi qui « vient
En conclusion, le projet de réforme de la Loi Organique des Finances pour préciser comment on va gérer cette relation entre le pouvoir exécutif, le
« s’inscrit doublement dans le cadre de la réforme constitutionnelle. Elle en pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire à travers le contrôle qui se fait par la
anticipe même certaines dispositions. », a expliqué Ali BOUABID, Délégué Cour des comptes. Donc, c’est de l’évolution de cette relation ou de la
général de la Fondation Abderrahim BOUABID41… séparation entre les trois pouvoirs qu’il s’agit. », a dévoilé M. BENSOUDA
au Reporter (Le Reporter, Mai 2012, p. 30).
La réforme de la LOLF a donc était plus ou moins anticipée, que ce soit
par les parlementaires ou par le MEF, qui a engagé un certain nombre En effet, « C’est justement la Loi Organique des Finances qui fixe le cadre
de mesures préparatoires durant la dernière décennie (Les Echos, Mai pratique de l’élaboration concrète du concept de la bonne gouvernance en
2012, p. 7). termes de gestion des ressources publiques. », ajoute Mme Latefa El
ABIDA, Présidente de l’Association des membres de l’Inspection
II. Le quoi ? Générale des Finances (AMIF) (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).

« Le projet de la Loi Organique insiste essentiellement sur les possibilités


d'améliorer l'efficience de la dépense publique et d'inscrire les projets de Loi
La Loi Organique des Finances est une sorte de constitution qui régit
de Finances dans une démarche qui vise à territorialiser les projets publics. »,
les LF… C’est « Une loi érigée en priorité des lois organiques qui devront
a déclaré M. BARAKA, en marge de la journée d'étude organisée par
41 Indépendante dans son fonctionnement, la Fondation Abderrahim BOUABID (FAB) se l’AMIF… Ce dernier a estimé que le projet de la LOLF, qui implique
donne pour mission de contribuer au débat public sur les grands problèmes de société, en
favorisant la réflexion susceptible d’en éclairer les enjeux, dans les domaines culturel et une nouvelle réforme de l’Etat basée sur la régionalisation avancée, vise
scientifique. Pour ce faire, elle s’associe à des organisations nationales et internationales dans l’amélioration de l’efficience de la dépense publique (Maroc Hebdo, Avril
l’optique de mener des travaux conjoints. Pôle d’analyse et d’observation privilégiés des
mutations qui travaillent la société marocaine dans un contexte d’ouverture sur le monde, la 2012, p. 32).
FAB jouit d’une notoriété liée autant à la qualité de ses apports qu’au prestige des intervenants
marocains et étrangers qui s’y sont exprimés.

86
Le chantier enclenché ou réenclenché, relatif à la refonte de la LOLF, Organisé par le MEF en partenariat avec la BM et l'Agence française
consiste à réformer la gestion budgétaire et comptable, à adopter une d'expertise technique internationale "Expertise France", le séminaire
gestion moderne qui exige de la pro action et de l’anticipation et à vise à communiquer autour des apports de la nouvelle LOLF et à
rompre avec la gestion fondée sur la réaction face aux événements de permettre l'appropriation de ses dispositions par les différents acteurs.
l’environnement national et international (Finances News, Mai 2012, p. 9).
Lors de cette rencontre qui a connu une participation de Ministres,
Il s’agit, en effet, d’instaurer la culture de performance dans la gestion bailleurs de fonds, parlementaires, représentants de la société civile et
publique à travers l’orientation de la dépense publique vers une logique différents départements ministériels, 3 présentations ont été programmées
de résultats et la consécration de la pluriannualité dans la programmation sur le contenu de la nouvelle LOLF, ses objectifs, les modalités de sa
budgétaire comme déterminant d’une meilleure visibilité financière et mise en œuvre ainsi que le dispositif de son accompagnement.
d’une plus grande maîtrise des enjeux budgétaires (MEF – Direction du
Budget, 2014, p. 87). Deux panels ont été également prévus sur les différents volets relatifs
à la mise en place de la nouvelle gestion axée sur la performance et sur
La réforme de la Loi Organique relative à la Loi des Finances est d’une l'amélioration de la transparence à travers les nouvelles dispositions de
importance capitale dans la mesure où elle intéresse l’efficacité même la LOLF, outre une table ronde sur les retours d'expériences des trois
du budget de l’Etat et son exécution (Le Matin, Avril 2012, p. 7)… Selon départements ministériels qui ont fait l'objet d'une préfiguration de la
Mme Latefa El ABIDA, cette Loi Organique, qui arrête les règles de gestion axée sur la performance.
préparation, d’exécution et de contrôle de budget, est une pièce
maitresse dans le système de gestion de la dépense publique (L’Opinion, Le Chef du Gouvernement n'a pas manqué de relever l'impératif de
Mai 2012, p. 3). moderniser les lois régissant la gestion de finances publiques en vue
d’accompagner la dynamique enclenchée au niveau du Royaume. Il a
Le Chef du Gouvernement, M. Abdelilah BENKIRANE, a noté quant à lui appelé, dans ce contexte, à s'armer de courage et d'audace de manière
que la nouvelle LOF constitue une « révolution douce » dans le domaine à moderniser les législations obsolètes qui limitent l'efficience des
de gestion des finances publiques, en ce sens qu'elle consacre le réformes enclenchées dans l'ensemble des secteurs, et par conséquent,
courage dans la prise de décision politique et consacre le principe de favoriser le positionnement du Maroc en tant que pays émergent42.
reddition des comptes, a-t-il souligné lors de l'ouverture du séminaire
de Skhirat.
42 Perspectives Med n°105., (17 Décembre 2015), « LOF : Le pied à l’étrier… ».
http://www.perspectivesmed.ma/lof-le-pied-a-letrier/

87
D’après l’ex-Ministre de Finances : « Nous sommes conscients de l’importance culture managériale de résultats et d’imputabilité des décisions, voire
que revêt la LOF vis-à-vis de l’application des politiques publiques et sectorielles une culture d’« Accountability » (Finances News, Mai 2012, p. 9).
et de l’atteinte des objectifs escomptés. Chose qui place cette Loi en tête des
textes qui nécessitent une réforme immédiate. Et ce, conformément au Selon le Ministre de l'Economie et de Finances, Mohamed BOUSSAID, la
programme du Gouvernement et à l’esprit de la Constitution. », a déclaré M. nouvelle Loi Organique des Finances constitue une rupture avec le
Nizar BARAKA lors de la journée d’étude (La nouvelle Tribune, Mai 2012, p. principe d'évaluation basé sur la liquidation des dotations financières et
16). instaure le principe de reddition des comptes, avec des objectifs axés
sur les résultats.
Pour Noureddine BENSOUDA, Trésorier Général du Royaume, « La
réforme de la Loi Organique des Finances est une opportunité pour donner S'exprimant à l'ouverture du séminaire d'appropriation de la LOLF, M.
une impulsion à la modernisation de l’Etat. » (L’Economiste, Mai 2012, p. 2). BOUSSAID, a également fait savoir que cette nouvelle législation
représente un « chantier structurant et une grande réforme ». Il a aussi
Il estime par ailleurs que « les finances publiques doivent être utilisées avec précisé que cette Loi Organique qui respecte les critères avancés de
autant d’habileté, de sagesse, de prudence et de parcimonie car nées pour transparence et de visibilité en matière de gestion publique permettra
servir le politique et constituer le moyen le plus efficace de Gouvernement, de définir un nouveau cadre pour l'élaboration, l'adoption et le
elles ne servent et n’aident à gouverner qu’autant que leur emploi est fait à contrôle des Lois de Finances43.
bon escient. D’où l’intérêt qui s’attache à l’articulation parfaite entre la
constitution politique de l’Etat, qui impose les jalons du partage des pouvoirs Sur le plan conceptuel, M. B. CHEVAUCHEZ (DG de l’IGPDE et Chef de
politiques et la constitution financière, qui détermine le partage du pouvoir l’équipe ADETEF), interpellé à éclairer l’assistance sur la qualification
financier, les moyens de financement des politiques engagées par les pouvoirs donnée à la LOLF française de 2001 en tant que nouvelle « Constitution
publiques et les modes de bonne gouvernance financière, à même d’assumer financière de l’Etat », a précisé que cette expression se réfère à
la réussite des politiques publiques. ». l’ensemble des règles et principes qui régissent les finances publiques
(finances de l’Etat, des collectivités locales et dans certains pays les
A cet effet, BENSOUDA considère que la refonte de la LOLF devrait finances sociales).
constituer une opportunité pour donner une nouvelle impulsion à la
modernisation de l’Etat, au renforcement de la performance publique
43 MapExpress., (21 Octobre 2015), « La nouvelle LOF consacre le principe de reddition des
en matière de gestion et au changement de cap de notre système de comptes et des objectifs axés sur les résultats (M. BOUSSAID) ».
gestion des finances publiques pour le faire évoluer vers une nouvelle http://www.mapexpress.ma/actualite/activite-gouvernementale/nouvelle-lof-consacre-principe-
reddition-comptes-objectifs-axes-les-resultats-m-boussaid/

88
Il a également signalé que, parler de la LOLF de 2001 (France) en la
qualifiant de « constitution financière » est un « abus » de propos Revenant au contexte du Maroc, la mise en œuvre de la réforme de la
utilisé pour exprimer l’ambition de cette Loi, en précisant qu’elle ne LOLF constitue une nouvelle étape dans le processus d'amélioration de
couvre que les dépenses de l’Etat et ne traite ni de la politique la gestion des finances publiques et de la reddition des comptes à
budgétaire, ni des finances sociales. travers notamment, la consécration des principes de l'efficience, de la
performance et de suivi-évaluation, a indiqué Mardi, 20 Octobre 2015,
Par ailleurs, il a ajouté, que la transcription des règles et principes à Rabat le Ministre de l'Economie et de Finances, Mohamed BOUSSAID.
légiférant la gestion des finances publiques est souvent faite en fonction
des sujets, et leur formalisation dans un seul texte est une rareté de Elle permettra également l'adoption de nouveaux mécanismes de
par le monde. A titre d’exemple, a-t-il précisé, dans les pays anglo- gestion budgétaire conformes aux standards internationaux les plus
saxons et notamment en Grande Bretagne _mère du Parlement et du récents, particulièrement la programmation pluriannuelle, les rapports
contrôle parlementaire_ ces règles et pratiques ne sont pas consignées de performance et la création de deux systèmes de comptabilité sur la
dans un texte unique, et pourtant les réformes budgétaires y sont les base de mérite et de comptabilité analytique, outre des mécanismes
plus concluantes. En Allemagne, ces pratiques et règles font partie contractuels.
intégrante de la « Constitution » elle-même, a-t-il relevé.
De ce fait, le Gouvernement a veillé à mettre en place le projet de LF
Signalant que la France dispose, en plus du traité de Maëstricht, de 2016 conformément aux dispositions de la nouvelle LOF, en particulier
trois Lois Organiques : la LOLF, celle des Finances Sociales et celle des par rapport à l'ajout d'un nouvel article relatif aux dépenses liées aux
Finances Locales (avec les principes d’autonomie, de péréquation de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, la révision de la
compensation et de transfert de charge entre l’Etat et les collectivités structure du tableau d'équilibre des recettes et charges de l'Etat et
locales). l'enrichissement des rapports présentés aux 2 chambres du Parlement.

C’est seulement par la codification de l’ensemble de textes qui régissent Enfin, la nouvelle LOLF est structurée autour de trois principaux axes,
la gestion de finances publiques qu’on pourra disposer d’une constitution a rappelé le Directeur du Budget au MEF, M. Fouzi LEKJAA, l’un des
financière », a fait remarquer M. CHEVAUCHEZ lors de la Conférence - artisans du texte de la Loi Organique relative à la Loi de Finances. Il
débat du 10 Avril 2008, co-organisée par le MEF et l’ADETEF entant s’agit de44 :
qu’espace d’échanges entre les techniciens marocains et français de la
réforme budgétaire et de la dépense publique (Al Maliya, 2008, p. 6). 44 Le Matin., (22 Octobre 2015), « La loi organique est là, place à son appropriation ».
https://lematin.ma/journal/2015/la-loi-organique-est-la-place-a-son-appropriation/233982.html

89
performance au niveau de la nouvelle LOLF, et déjà donc la refonte de
1. Renforcement de la performance de la gestion publique ; celle-ci, revêt une grande importance.
2. Renforcement des principes, règles financiers et de la transparence
publique ; Il s’agit, en effet, d’instaurer la culture de performance dans la gestion
3. Accroissement du contrôle parlementaire sur les finances publiques. publique à travers l’orientation de la dépense publique vers une logique
de résultats et la consécration de la pluriannualité dans la programmation
Ces trois axes vont être détaillés subséquemment45. budgétaire comme déterminant d’une meilleure visibilité financière et
d’une plus grande maîtrise des enjeux budgétaires (MEF – Direction du
Budget, 2014, p. 87).
III. Le pourquoi ?
Dans ce sens, l’ex-Ministre des Finances, M. N. BARAKA a souligné, dans
une déclaration à la presse en marge de la journée d’études organisée à
La mise en place d’un environnement favorable à la réalisation des Rabat par l’AMIF, que le projet de la LOF, qui implique une nouvelle
objectifs de consolidation du cadre macroéconomique, celles de réforme de l'Etat basée sur la régionalisation avancée, vise l'amélioration
promotion de la croissance économique, de réduction des déficits et de l'efficience de la dépense publique (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).
de développement humain nécessite une efficacité de la dépense
publique afin d’assurer une meilleure allocation des ressources En fait, les enjeux du projet sont multiples parce que les Lois de
budgétaires et une amélioration de la qualité des prestations du service Finances au Maroc, où l’Etat continue à louer le rôle de locomotive de
public. l’économie et du développement en général, ne sont pas réductibles à
un équilibre comptable entre recettes et dépenses pendant une année
Néanmoins, cette amélioration de l’efficacité de la dépense publique budgétaire, mais représentent plutôt une programmation financière et
est tributaire de l’institution et de la consécration d’un ensemble de économique qui vise à atteindre des objectifs globaux, économiques,
principes et règles budgétaires permettant ainsi la maîtrise de la financiers, monétaires, sociaux, administratifs… qui s’inscrivent dans
dépense, l’approfondissement de la transparence budgétaire et une perspective stratégique, ou doivent l’être normalement. Les Lois
l’accroissement du contrôle, de l’évaluation et de la reddition des de Finances annuelles ne produisent leurs effets qu’à moyen terme et
comptes. C’est dans cette optique, que l’introduction de l’approche de non durant l’année budgétaire, qui correspond à l’année civile46.

45 Cf. p. 46 http://www.quid.ma, Op. Cit.

90
Pour Abdellah SERHANE, Secrétaire Général de la Cour des comptes,
Ainsi, la nouvelle LOLF affiche comme objectifs d'atteindre un l’objectif ultime d’une telle réforme réside dans l’amélioration de la
développement plus équilibré, d'améliorer les services citoyens grâce à performance de l’Etat : « un meilleur service public à moindre coût. »,
une meilleure efficience des dépenses publiques et de renforcer la résume-t-il lors de la journée d’études (Les Echos, Mai 2012, p. 6).
transparence afin de donner les moyens au Parlement d'assurer un
véritable contrôle sur l'action publique, a souligné M. BARAKA. Pratiquement parlant, la réforme de la LOLF trace trois objectifs qui
forment d’ailleurs les trois axes fondamentaux de la Loi, ceux qu’on a
Et de poursuivre que l'un des objectifs majeurs de cette réforme est auparavant cités, en l’occurrence : (i) le renforcement de la performance
d'améliorer la qualité du service publique rendu au citoyen en plus de la de la gestion publique, (ii) le renforcement des principes et règles
réduction des coûts des prestations publiques et la mise en place des financiers et de la transparence publique et (iii) l’accroissement du
dispositifs de contrôle de la performance des responsables (L’Opinion, contrôle parlementaire sur les finances publiques (MEF – Direction du
Mai 2012, p. 3). Budget, Novembre 2014, p. 5).

En réalité, les objectifs de cette réforme sont multiples. D’après M.


Driss El AZAMI, « il s’agit notamment de la promotion de la démocratie IV. Le comment ?
budgétaire, via la prise en compte du nouveau rôle du Parlement consacré
par la constitution, de l’amélioration de l’efficacité et l’efficience de la dépense
publique et de la garantie de la transparence financière de l’Etat. A cela Tout d’abord, il faut signaler que la mise en œuvre effective de la LOLF,
s’ajoute la responsabilité accrue des gestionnaires des deniers publics, le droit après son adoption par le Parlement, nécessitera entre 3 et 5 ans
à l’information et l’implication des citoyens. » (Le Matin, Avril 2012, p. 5). puisque c’est une loi structurante : « par ce qu’on passe d’une logique de
programmation de crédits à une logique de programme et de mission, qui
Autrement dit, en visant la refonte du cadre juridique et des principes inclut une logique de résultat et de performance. Donc, il va falloir définir les
fondateurs des finances publiques, la réforme de la Loi Organique missions, les programmes et les indicateurs de performance. C’est un travail
permet la transparence qui engendre la traçabilité ainsi que l’imputabilité de longue haleine qui va nécessiter l’adaptation de la structure administrative,
qui débouchent sur la responsabilité, a déclaré M. El AZAMI lors de la l’adaptation des institutions de contrôle… », selon une interview accordée
journée d’études. Pour lui, tous ces éléments contribuent à l’efficacité par M. El AZAMI au Finances News Hebdo.
qui améliore les dépenses de l’Etat (Aujourd’hui le Maroc, Mai 2012, p. 10).

91
Le Ministre délégué auprès du Ministre de l'Economie et des Finances A cet effet, le MEF a tenté d’expérimenter son projet de la LOLF au
chargé du Budget ajoute : « C’est un chantier qui va nécessiter du temps et niveau de l’élaboration de la Loi de Finances de 2013. D’ailleurs, le
nous en sommes pleinement conscients. Ce qu’il faut souligner c’est que cela projet de la LF pour 2013 a constitué une sorte d’expérimentation à
n’est pas une spécificité marocaine, c’est le cas partout par ce que la LOF est blanc de différentes mesures proposées par la LOF. L’idée est justement
une loi structurante. » (Finances News, Mai 2012, p. 10). de préparer déjà les administrations, et de manière générale, le terrain
pour une mise en œuvre effective de la LOF (Finance News, Mai 2012, p. 9-
10).
IV. 1. Opérations de préfiguration
 Première vague de préfiguration : la première vague de préfiguration,
initiée par la Note d’orientation relative à la préparation du PLF 2014, a
La période précédant l’adoption du texte de la LOLF et l’entrée en
concerné 4 départements, à savoir : l’Economie et Finances, l’Education
vigueur de l’ensemble de ses dispositions a été mise à profit pour
Nationale, l’Agriculture et le Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et
accompagner les départements pour une meilleure appropriation et
à la Lutte contre la Désertification. Elle a permis de tester les axes
internalisation des nouveaux outils et règles financiers et budgétaires.
relatifs à la structuration des budgets autour des programmes et à la
En effet, La préfiguration est une étape préalable à la mise en œuvre
déclinaison de la démarche de performance ainsi que l’élaboration des
progressive de la LOF.
projets de performance (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 88-89).
Cette dernière vise à expérimenter, à législation constante et à systèmes
Au cours de cette préfiguration, la Direction du Budget appuyée par
d’informations quasiment inchangés, quelques dispositions de la LOLF
des experts de la Banque mondiale, a organisé des réunions et des
auprès de certains départements dits préfigurateurs, et ce dans le but
sessions de travail avec les départements préfigurateurs pour les
de leur permettre de s’approprier d’un système moderne de gestion
sensibiliser, les former sur les axes testés et pour les accompagner
conforme aux normes internationales avant sa mise en œuvre complète
dans l’élaboration des livrables attendus48.
et généralisée. Il est à noter que ces préfigurations sont encadrées par
des circulaires du Chef du Gouvernement au début de chaque vague de
Cette expérience a démontré une réelle implication et une forte
préfiguration47.
adhésion de ces départements à l’opération ainsi qu’une mobilisation
48 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : 1ère vague de
47 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Opérations de préfiguration ».
préfiguration ». http://lof.finances.gov.ma/deploiement-de-la-reforme/operations-de-prefiguration/1ere-vague-
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/operations-de-prefiguration de-prefiguration

92
accrue de leurs ressources humaines afin de mener à bien cette nouveaux par rapport à la deuxième phase. Ces départements sont :
première préfiguration (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 88). Ministère de l’Agriculture & Pêche (Département de la pêche maritime),
Ministère de l'Artisanat et de l'Economie Sociale et Solidaire, Ministère
 Deuxième vague de préfiguration : compte tenu des résultats de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de la
encourageants de cette première expérience, une seconde phase de Formation des Cadres, Ministère Délégué auprès du Ministre de
préfiguration a été lancée le 12 Juin 2014 par la Circulaire de M. le Chef l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, chargé de l’Eau,
de Gouvernement n°06/2014. Ministère Délégué auprès du Chef de Gouvernement, chargé des
Affaires Générales et de la Gouvernance, Ministère de l'Habitat et de la
Elle avait pour objet de tester, en plus des deux axes de la première Politique de la Ville, Ministère de la Solidarité, de la Femme, de la
phase, l’axe relatif à la programmation budgétaire triennale tout en Famille et du Développement Social.
élargissant le champ de la préfiguration à cinq nouveaux départements.
Il s’agit en l’occurrence du Ministère de l’Equipement, du Transport et A cet effet, ces départements préfigurateurs ont été invités à tester les
de la Logistique, Ministère de la Justice et des Libertés, Ministère des axes portant sur la structuration de leurs budgets autour de
Affaires Etrangères et de la Coopération, Ministère de la Santé et du programmes, l’adoption de la démarche de performance, la mise en
Département de la Formation Professionnelle (MEF – Direction du Budget, place d’une programmation budgétaire triennale pour la période 2016-
2014, p. 88). 2018 et l’élaboration de leurs projets de performance.

L’accompagnement des départements préfigurateurs dans l’élaboration A l’instar des deux vagues de préfiguration, plusieurs réunions de
des projets de performance et des morasses structurées autour des sensibilisation et de formation et ateliers de travail ont été organisés
programmes, a été assuré par la Direction du Budget et par les experts avec les départements préfigurateurs pour concrétiser les axes objet
de l’Agence Expertise France49. de la préfiguration50.

 Troisième vague de préfiguration : cette troisième vague qui a été  Quatrième vague de préfiguration : suite aux trois opérations de
lancée par la Circulaire n°4/2015 du Chef de Gouvernement du 18/06/ préfiguration qui ont été menées au titre des exercices budgétaires
2015, a concerné 16 départements ministériels soit sept départements 2014, 2015 et 2016 et qui ont concerné 16 départements ministériels,
49 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : 2ème vague de 50 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : 3ème vague de
préfiguration ». préfiguration ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/operations-de-prefiguration/2eme- http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/operations-de-prefiguration/3eme-
vague-de-prefiguration vague-de-prefiguration

93
une quatrième vague de la budgétisation par programme axée sur la
performance dans le cadre du déploiement de la LOLF n°130-13 a été
lancée par la Circulaire du Chef du Gouvernement n°06/2016 en date
IV. 2. Calendrier de mise en œuvre
du 23 Mai 2016.
En résumé, la conception du projet de texte a suivi une démarche
En vue de mettre à profit la dernière année de préfiguration des
basée sur la concertation et l’ouverture. Les étapes y franchies depuis
dispositions de la LOLF qui entrent en vigueur à partir de 2018
2011 jusqu’à 2014 se présentent de la sorte :
notamment celles relatives à la budgétisation par programme, il a été
décidé d’associer l’ensemble des départements ministériels et
 2011 : Elaboration d’un premier projet du texte de la Loi Organique
institutions à la quatrième vague de préfiguration.
relative à la Loi de Finances par le MEF ;

Par ailleurs et conformément à l’esprit progressif intrinsèque à


 2012 :
l’opération de préfiguration, il a été jugé opportun d’expérimenter
l’élaboration des rapports de performance. En effet, les départements
 Actualisation du contenu du projet et son adaptation aux grands
ont été invités, par l’élaboration de leurs rapports de performance, à
principes dictés par la nouvelle Constitution du Royaume ;
rendre compte de leurs réalisations et de l’atteinte des objectifs
 Ouverture sur le Parlement : organisation d’une journée d’étude
préalablement définis dans leurs projets de performance au titre de
(12 Juin) et mise en place des commissions mixtes entre le MEF
l’exercice budgétaire 201551.
et les deux chambres du Parlement dans le but d’enrichir le
projet de réforme.
Cette démarche de préfiguration présente plusieurs avantages dont
notamment la possibilité d’une concertation et coordination avec les
 2013 :
ministères et services concernés par le changement du mode de
préparation/gestion du budget, ainsi que la possibilité d’enclencher une
 Présentation du projet de texte de la LOLF devant la Commission
dynamique positive de la réforme à partir des résultats des premiers
mixte (Chambre de représentants) amélioré suite aux propositions
tests (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 88).
de ladite commission (12 Février) ;
51 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : 4ème vague de  Présentation du projet de texte de la LOLF devant la Commission
préfiguration ». mixte (Chambre des conseillers) amélioré (06 Mars) ;
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/operations-de-prefiguration/4eme-
vague-de-prefiguration

94
 Organisation, d’un séminaire au profit des Secrétaires Généraux Ainsi, l'année 2016 a constitué le point de départ de la mise en œuvre
de l’ensemble des départements ministériels en vue de débattre de la Loi Organique relative à la Loi des Finances, a dévoilé Mardi, le 20
du contenu de la future LOF ainsi que de sa mise en œuvre (12 Octobre 2015, à Rabat le Ministre de l'Economie et des Finances qui a
Juin). présenté le PLF 2016 devant les deux chambres du Parlement :

 2014 : « Ce projet se veut le fruit des efforts déployés par les institutions législative
et exécutive pour mettre en place le cadre législatif financier capable
 Adoption par le Conseil du Gouvernement (03 Janvier) ; d'accompagner le processus démocratique et la dynamique du développement
 Adoption par le Conseil des Ministres (20 Janvier) ; engagée par notre pays sous la conduite éclairée de SM le Roi que Dieu
 Adoption par la Chambre des représentants (08 Juillet) ; L'assiste. »53.
 Adoption par la Chambre des conseillers (22 Octobre) ;
 Transmission à la Chambre des représentants pour la deuxième Toutefois, il ne faut pas se leurrer, la réforme de la LOLF ne pourra
lecture (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 4). être mise en œuvre que de manière progressive. Cela est d’autant plus
vrai qu’elle devra prendre en compte la réforme de la régionalisation
La première Chambre a adopté le texte de loi, en deuxième lecture, avancée également (Les Echos, Mai 2012, p. 7) ainsi que la capacité des
après avoir rejeté certains amendements introduits au sein de la gestionnaires à même d’assurer, d’une part, une transition souple vers
Chambre des conseillers. Le texte a fait l’objet de bon nombre de les nouvelles dispositions édictées par la LOLF et d’autre part une
concertations au sein du Parlement. L’exécutif et la majorité ont espéré meilleure appropriation des nouvelles règles budgétaires et une
le faire passer avant la présentation du projet de budget au titre de appréhension des nouveaux modes de gestion publique54.
l’année 2015.
En clair, les dispositions de la Loi Organique relative à la Loi de
Cependant, son examen a été accusé du retard, tant à la première qu’à Finances ont entré en vigueur à partir du 1er Janvier 2016, de façon
la seconde Chambre. Ainsi, cette Loi n’a entré en vigueur qu’à partir de progressive sur une durée de 5 ans (2016-2020) sous réserve de ce
2016 étant donné que le projet de la Loi des Finances relatif à l’an 2015 qui suit (MEF – Direction du Budget, 2015, p. 2) :
a déjà été élaboré, et ce, sur la base de l’ancienne Loi Organique des 53 MapExpress., (22 Octobre 2015), « Communiqués de Presse : Physionomie de la presse
Finances52. quotidienne (PPQ) ».
http://www.mapexpress.ma/revue-de-la-press/physionomie-presse-quotidienne-ppq-304/
54 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Calendrier de mise en

œuvre ».
52 http://www.quid.ma, Op. Cit. http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/calendrier-de-mise-en-oeuvre

95
La mise en œuvre de ces dispositions sera donc progressive et s’étalera
Tableau n°3 : Calendrier de mise en œuvre de la nouvelle LOLF sur une période de 5 années. Pour éclaircir « Bien entendu, les concepts
opératoires qui ont fait la preuve de leur efficacité, dans d’autres contextes
1er Janvier  Caractère limitatif des crédits du personnel (art 58 al. 1). de réformes budgétaires, doivent être explorés et adaptés à notre culture
2016
institutionnelle et administrative. », explique M. El AZAMI qui a énuméré
1er Janvier  Tenue de la comptabilité générale (art 31 al. 2). quatre de ces concepts qui lui semblent des plus pertinents (Finances
2017  Nomenclature programmatique des dépenses du budget de
News, Mai 2012, p. 8-9) :
l’Etat (art 38, 39, 40).
 Présentation au Parlement des projets ou actions déclinés en
lignes budgétaires au niveau de la Loi de Règlement (LR) 1. Le rattachement clair et précis des moyens humains et financiers
relative à la Loi de Finances (art 41). aux grandes politiques publiques menées par les pouvoirs publics
 Plafond limité des reports des crédits d’investissement (art
de façon à rendre le budget plus lisible par le Parlement et à
63 al. 2).
donner plus de portée et sens au débat et vote parlementaires ;
1er Janvier  Programmation budgétaire triennale (art 5).
2018  Présentation de la programmation budgétaire triennale
globale de l’Etat dans l’exposé du Ministre chargé des Finances 2. L’appropriation des instruments modernes de gestion axée sur la
aux commissions des finances du Parlement prévu avant le 31 performance au moyen d’une corrélation engageante entre les
Juillet (art 47 (d)). objectifs, les moyens et les résultats évalués via des indicateurs
 Présentation de la programmation pluriannuelle aux
commissions parlementaires sectorielles en accompagnement bien étudiés ;
des projets de budgets (art 48 al. 5).
 Suppression des SEGMA et des CAS ne répondant pas aux 3. La responsabilisation des gestionnaires en assouplissant les règles
conditions de création (art 21 et 27). d’allocation, de réallocation et d’utilisation des crédits contre un
1er Janvier  Intégration des cotisations de l’Etat au titre de la prévoyance reporting rigoureux et documenté à postériori ;
2019 sociale et de la retraite dans le chapitre des dépenses de
personnel (art 15).
 Tenue de la comptabilité d’analyse des coûts (art 31 al. 3) 4. Enfin, la capitalisation intelligente des bonnes pratiques et des
Certification de la régularité et de la sincérité des comptes de règles d’or de la politique budgétaire dans le cadre juridique de
l’Etat par la Cour des comptes (art 31 al. 5). préparation et d’exécution du budget de l’Etat sans pour autant
 Rapports accompagnant le projet de Loi de Règlement lier les mains de celui-ci en cas de crise ou d’urgence.
relative à la Loi de Finances (art 66 al. 1).
Source : MEF – Direction du Budget., (2015), p. 2

96
Sans oublier le facteur temps, dans la mesure où, précise Mme El
IV. 3. Conduite du changement et éléments de réussite de la LOLF ABIDA, les expériences internationales ont montré, en ce sens, que ce
genre de réforme s’inscrit dans les moyens et long termes et exige de
ce fait un travail de longue haleine (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).
S’agissant des éléments de réussite, « La réforme budgétaire ne pourrait
se réduire à la refonte d’un texte, fut-il la Loi Organique relative aux Lois de
Toujours, au chapitre des mesures d’accompagnement devant garantir
Finances. Elle se conjugue aussi et surtout en une redéfinition des objectifs,
une mise en œuvre dans les meilleures conditions, trois éléments
des instruments et des leviers de la politique budgétaire. Elle se prolonge
reviennent dans l’intervention de Driss El AZAMI (Finances News, Mai 2012,
profondément, dans la sphère de la gestion et de la gouvernance. En fait, la
p. 9) :
réforme budgétaire n’est que la porte d’entrée d’une réforme plus globale : la
réforme de l’Etat et la bonne gouvernance au service du développement
1. D’abord l’information et la formation des ressources humaines
économique, social et humain de notre pays. », a indiqué l’ex-Ministre de
chargées de la mise en œuvre de la réforme budgétaire, en
l'Economie et des Finances chargé du Budget, M. El AZAMI lors de la
général, et celle de la LOLF en particulier et l’adaptation de la
journée d’études à Rabat (Finances News, Mai 2012, p. 9).
modernisation des institutions de contrôle ;
2. Puis, l’adaptation des systèmes d’information et de gestion au
M. Driss El AZAMI a ajouté que la réussite du projet de réforme de la
nouveau dispositif, et la poursuite de l’intégration et de la
LOLF requiert une coordination entre les différentes composantes du
dématérialisation ;
Gouvernement autant qu'elle dépend de la mise en place d'une démarche
3. Enfin, l’information des instances constitutionnelles chargées de la
participative impliquant les différents acteurs notamment le Parlement
gouvernance sur l’état d’avancement du projet et le recueil de
et la société civile (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).
leur observations et leurs propositions en l’objet.
Pareillement, Mme Latefa El ABIDA estime que la Loi Organique relative
De surcroit, M. El AZAMI a appelé à une mise à niveau des compétences
à la Loi des Finances, de par sa consécration du concept de la bonne
non seulement parmi les inspecteurs des finances, mais aussi parmi les
gouvernance interpelle un effort considérable et une forte mobilisation
élus membres des commissions parlementaires, ceux connaissant des
de la part de toutes les parties, en l’occurrence, le Gouvernement, le
questions financières. Il a également indiqué que l’affaire n’est pas aisée
Parlement et las autres organismes concernées dont la Cour des
par ce qu’elle suppose un dosage habile entre l’accroissement des
comptes. Et d’autre part, exige l’appropriation de nouvelles approches
pouvoirs financiers du Parlement et ceux des gestionnaires.
et techniques de travail.

97
La question est de trouver un compromis susceptible d’élargir les a stipulé dans son intervention lors de la journée d’études : « C’est une
compétences du Parlement sans appauvrir, outre mesure, celle des œuvre de longue haleine, qui nécessite un changement culturel. Toutefois, si
technocrates, a affirmé M. El AZAMI (Aujourd’hui le Maroc, Mai 2012, p. 10). cette réforme constitue une partie de la solution, ce n’est pas toute la
solution. » (Les Echos, Mai 2012, p. 6).
La réussite de cette réforme qui vise, notamment, un renforcement des
pouvoirs budgétaires du Parlement, une plus grande efficacité de la Michael HAMAID a fait savoir, lors du séminaire organisé à Skhirat, que
dépense et des politiques publiques et une amélioration des services le facteur clé du succès d'une telle réforme, sur fond des expériences
publics rendus aux citoyens, nécessite des changements majeurs dans internationales, réside en son appropriation par tous les acteurs
l’organisation, les structures, les méthodes de travail de l’administration concernés et une réelle responsabilisation des responsables et
et sur les politiques de gestion des ressources humaines ainsi qu’un gestionnaires de programme : « Responsabiliser les gestionnaires implique
engagement fort de la part des acteurs concernés (Info Express, Avril 2012). une définition claire du rôle de chacun, une visibilité budgétaire à moyen
terme, des souplesses de gestion, des incitations collectives et individuelles
D’ailleurs, pour la mise en œuvre de cette réforme, un dispositif spécial outre un système de suivi et d'évaluation efficace pour la reddition des
a été mis en place. Une structure administrative dépendant du MEF a comptes. », a-t-il expliqué.
été chargée d’accompagner les Ministères durant la phase d’application
progressive. Un délai de cinq ans a été fixé après sa publication au Même son de cloche chez le Directeur Général délégué d'Expertise –
Bulletin Officiel (L’Economiste, Mai 2012, p. 1). France, M. Bertrand BARBE, qui s'est félicité de l'élaboration de la
nouvelle LOLF, et a réaffirmé le soutien constant de son établissement
Ceci dit, pour opérationnaliser cette réforme, des instruments pour ce chantier prometteur.
d’accompagnement sont nécessaires et M. BENSOUDA en cite trois, à
savoir (Finances News, Mai 2012, p. 9) :  Formation : dans le même cadre des mesures d’accompagnement
de la mise en œuvre de la réforme de la LOF, un plan de formation a
1. Les systèmes d’information ; été d’ailleurs développé en 2014 portant à la fois sur les aspects
2. La réforme de la comptabilité de l’Etat ; théoriques et généraux, comme opérationnels de la nouvelle gestion
3. La consolidation des comptes. budgétaire, en prenant en considération les besoins de l'ensemble des
acteurs du système budgétaire, y compris ceux des départements
De son côté, Mme Faouzia ZAABOUL, Directrice du Trésor et des ministériels, et ce, afin d’assurer une meilleure appropriation de ladite
Finances Extérieures au sein du Ministère de l’Economie et des Finances réforme (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 89).

98
 Intégrer les bonnes et les meilleures pratiques ;
En effet, la nouvelle LOF crée un besoin de formation et d’appréhension  Créer un langage commun chez les gestionnaires des finances
par les différents acteurs. Le besoin de formation est lié notamment à publiques ;
la nécessité d’adapter les compétences professionnelles des acteurs qui  Accompagner le changement via le développement d’une nouvelle
interviennent au niveau de la gestion des finances publiques au nouvel culture managériale orientée résultats et performance.
environnement budgétaire et d’intégrer en priorité les changements
fondamentaux introduits par la LOLF. Ainsi, la formation se situe entant que vecteur essentiel visant le
renforcement des compétences et l’appropriation de la nouvelle
Partant, un plan de formation venant en appui au plan d’action et au gestion budgétaire55.
plan de communication, a été établi dans le cadre de la coopération
entre le Maroc et l’Union Européenne. Ce plan de formation dédié à la  Communication : la Loi Organique relative à la Loi de Finances
mise en œuvre de la LOF, vise à répondre aux besoins de formation véhicule un changement des processus de la gestion des finances
créés par les dispositions de la nouvelle Loi en question, et ce, afin de publiques en passant de l’approche axée sur les moyens à une approche
faciliter notamment le passage d’une logique budgétaire de moyens à axée sur les objectifs et résultats. Le plan de communication a pour but
une logique budgétaire de résultats. Il est destiné à tous les acteurs du d’accompagner la conduite de ce changement.
système budgétaire.
Cela passe d’abord par le renforcement du front interne via une
formation opérationnelle et motivante, incitant les personnels de
A cet effet, le plan de formation a un double objectif. Un objectif
l’administration publique à l’action autour des enjeux, des dispositions
général qui vise le renforcement des capacités de tous les acteurs
et des objectifs de la LOLF, et aussi par la sensibilisation des publics
concernés par les modifications législatives/réglementaires impliquées
externes aux changements que représente la mise en œuvre de ladite
par la mise en œuvre de la LOLF et des objectifs opérationnels qui
Loi et aux contributions de l’administration publique à l’amélioration
s’énoncent de la sorte :
du service public.

 Former les cadres et les responsables des administrations et des Pour créer des synergies entre les actions, les activités et les outils de
institutions publiques aux nouveaux métiers et aux nouvelles communication, plusieurs dispositifs doivent accompagner la mise en
compétences requises par la mise en œuvre de la LOLF ; œuvre de la LOLF, à savoir :
 Diffuser les nouveaux concepts/procédures liés à la préparation,
à la gestion, au suivi et à l’évaluation en mode LOLF ; 55 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Formation ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/conduite-de-changement/formation

99
Les objectifs assignés à ce séminaire est de lancer la mise en œuvre
 Un dispositif d'identification pour faire reconnaitre la source opérationnelle des différentes dispositions de la LOLF, assurer son
d'information et harmoniser les outils, les activités ainsi que les appropriation collective par toutes les parties prenantes, témoigner de
actions ; l’importance qu’elle revêt avec l’impulsion et le soutien du pouvoir
 Un dispositif d'information et de sensibilisation pour expliquer politique et démontrer l’importance d’une coordination interministérielle
les concepts, capitaliser, documenter, valoriser et mettre à dans la réussite de la réforme56.
disposition les acquis en matière de procédures et de pratiques
opérationnelles relatifs à la LOLF ;  Accompagnement de proximité : dans le cadre de son rôle
 Un dispositif d'échange pour confronter les connaissances, d’animation et d’accompagnement des départements ministériels au
évaluer les parcours, partager les expériences, mutualiser les sujet de la LOF, la Direction du Budget a participé à plusieurs séminaires,
acquis en interne, sensibiliser et impliquer les publics externes ; conférences, journées d’études et ateliers.
 Un dispositif image institutionnelle ayant pour objet de sensibiliser
l'opinion publique quant aux efforts de l'administration publique A ce titre, les représentants de la Direction du Budget ont animé des
pour la conception et la mise en œuvre de la LOLF. sessions sur la LOLF au profit de plusieurs ministères (Administration
de la Défense Nationale, Ministère chargé des Marocains Résidant à
A cet effet et dans la cadre des actions de communication réalisées par l’Etranger et des Affaires de la Migration,…) et de leurs directions
le MEF, un séminaire d’appropriation de la LOLF sous le slogan « régionales (Ministère de la Santé, Ministère de la Justice et des Libertés,
Partageons nos expertises cultivons la performance » a été Direction de la Météorologie Nationale,...) ainsi qu’au bénéfice d’un
organisé au Centre International de Conférence Mohammed VI- certain nombre d’associations telles que Transparency Maroc57. Aussi,
Skhirat, le Mercredi 21 Octobre 2015, en partenariat avec l’Agence des interventions sur la Loi Organique des Finances ont été présentées à
Française d’Expertise Technique Internationale « Expertise France » et des délégations (UEMOA, Congo, Togo, ..)58.
avec l’appui financier et technique de la Banque Mondiale.

Monsieur le Chef du Gouvernement a procédé à l’ouverture de cet 56 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Communication ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/conduite-de-
évènement qui a connu la participation de Ministres, parlementaires, changement/communication
représentants des bailleurs de fonds, de la société civile, des différents 57 Cf. « Annexe 2 : Liste des évènements organisés par le MEF afférents à la mise en place de

la LOLF », p.
départements ministériels ainsi que de la presse. 58 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Assistance de proximité ».

http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/conduite-de-changement/assistance-de-
proximite

100
 Système d'information : les systèmes d’information automatisés
permettent de donner aux différents acteurs de la gestion budgétaire  La gestion budgétaire des dépenses de personnel. Les crédits de
les éléments nécessaires en vue d’appuyer les décisions dans un personnel devenant limitatifs à partir du 1er Janvier 2017, une
environnement où un grand nombre d’informations doivent être procédure de contrôle de ces dépenses devra être mise en place ;
consolidées puis analysées dans les meilleurs délais. L’existence de
systèmes d’information adaptés et opérationnels est une condition  La production d’états financiers par ministère et programme. La
nécessaire pour le succès de la réforme budgétaire. gestion par programme nécessite que les systèmes informatiques
puissent produire des états financiers donnant l’ensemble des
La gestion budgétaire de la dépense est actuellement assurée par les dépenses ventilées par programme quelle que soit leur nature
systèmes « e-Budget » pour la préparation des morasses, le système économique ;
WADEF-AUJOUR pour les dépenses de personnel, le système de
Gestion Intégrée de la Dépense (GID) pour l’exécution du budget hors  La capacité à enregistrer la dépense au stade du service fait.
personnel et le système comptable. Cette capacité existe au niveau du système GID. Toutefois, en
pratique les ordonnateurs saisissent le service fait au moment de
Ces systèmes gèrent correctement le budget et peuvent de même gérer l’ordonnancement. Un travail de formation est nécessaire. Il
actuellement les morasses des ministères préfigurateurs, la structure de conviendrait aussi d’examiner si des améliorations dans les menus
la nomenclature budgétaire n’ayant pas été changée dans le cadre de la du système ne seraient pas susceptibles d’encourager les
préfiguration. « e-Budget » et GID gèrent aussi bien le budget des ordonnateurs à saisir correctement les opérations de constatation
ordonnateurs bénéficiant du Contrôle Modulé de la Dépense que celui du service fait.
des autres ordonnateurs.
Une action de mise à niveau d’ « e-Budget » a été engagée. La nouvelle
Clairement, la Loi Organique des Finances et les réformes associées version d’ « e-Budget » devrait gérer la préparation du budget sous
nécessitent une adaptation en matière des systèmes informatiques. Ces son nouveau format et celle des programmes pluriannuels de dépense.
adaptations comprennent : La Trésorerie Générale du Royaume dispose de systèmes permettant
de gérer les nouvelles méthodes comptables59.
 La gestion de la nouvelle nomenclature budgétaire, dont
l’architecture devrait être modifiée, pour tenir compte des
différents besoins ; 59 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Système d’information ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/syst%C3%A8me-dinformation

101
Figure n°3 : Les enjeux du SI budgétaire
Cet objectif exige nécessairement des dispositifs de contrôle et
d’évaluation adaptés à cette finalité et qui doivent être appréhendés
comme des instruments de surveillance de la cohérence des actions et
de l’avancée coordonnée des ministères.

Ainsi, pour suivre et évaluer la mise en œuvre de la LOF de telle sorte


à accélérer son déploiement et à apporter, le cas échéant, les correctifs
et améliorations nécessaires aux procédures de sa mise en œuvre, un
système de pilotage à plusieurs niveaux est mis en place :

 Pilotage stratégique interministériel : le pilotage stratégique


interministériel est assuré par un Comité de pilotage stratégique présidé
par le Secrétaire Général du MEF et composé des Secrétaires Généraux
des différents ministères ou institutions. Ce Comité a pour mission la
supervision de la préparation et de la mise en œuvre de la LOLF afin de
permettre une coordination et une harmonisation entre les différents
ministères.
Source : MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Système
d’information »  Pilotage ministériel : un Comité de pilotage est mis en place au
niveau de chaque ministère. Il est présidé par le Secrétaire Général et

IV. 4. Système de pilotage constitué des directeurs centraux et a pour tâche principale la mise en
œuvre de la LOLF au niveau ministériel.

 Pilotage opérationnel : s’agissant du pilotage opérationnel de la


La conduite de la Loi Organique relative à la Loi de Finances et son
LOLF au sein du MEF, une unité dédiée au pilotage de la mise en
pilotage impliquent un suivi efficace et une évaluation régulière afin de
œuvre de la réforme de la LOF a été créée au sein de la Direction du
mesurer périodiquement les avancées réalisées ainsi que les obstacles
Budget. Cette unité a pour principales missions :
éventuels.

102
 Le pilotage opérationnel et la conduite de la mise en œuvre de la Figure n°4 : Le système de pilotage de la LOLF
LOLF ;
 L’élaboration des textes législatifs et règlementaires d’application
des différentes dispositions de la LOLF ;
 Le déploiement des dispositions de la LOLF au niveau interne et
au niveau interministériel ;
 L’élaboration et la mise en œuvre des plans de communications
et de formation relatifs à la réforme de la LOLF ;
 L’élaboration des référentiels et des méthodologies relatifs à
l’implémentation des instruments de la réforme de la LOLF.

Cette unité administrative œuvre en concertation avec les acteurs


concernés notamment les différentes directions du MEF en vue de
garantir la réussite de la mise en œuvre de la LOLF.

Quant au pilotage opérationnel de la LOLF au sein des ministères, une


équipe projet spécifique doit être créée et formalisée par une note du
Ministre ou du Secrétaire Général au niveau de chaque ministère et
composée des représentants de la Direction des Affaires Financières Source : MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Système de
et des autres directions métiers du ministère concerné. pilotage »

Cette équipe constitue le principal interlocuteur de l’unité administrative IV. 5. Partenaires de la LOLF
relevant de la Direction du Budget du MEF dédiée au pilotage de la
mise en œuvre de la LOLF. Elle a pour rôle d’animer la réforme en
interne du ministère et d’assurer la communication autour de la LOF60. La Loi Organique relative à la Loi de Finances a suscité l’intérêt des
organismes internationaux pour appuyer le Maroc dans la mise en
60 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Système de pilotage ». œuvre de ce vaste chantier.
http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/systeme-de-pilotage

103
Ainsi, le MEF a bénéficié d’une assistance technique et financière de la Cette assistance vient d’appuyer la mise en œuvre de trois réformes
Banque Mondiale à travers un don de 1.5 Millions USD et un appui de stratégiques visant à renforcer (i) la gouvernance inclusive grâce à une
l’UE de 5 millions d’Euros, dans le cadre du programme « Hakama »61 participation accrue du public, (ii) la redevabilité du Gouvernement
au titre de la période Décembre 2013 – Décembre 2017 (4 ans). dans la gestion des finances publiques grâce à la réforme de la LOLF
ainsi que (iii) la décentralisation fiscale.
Ledit programme trace comme objectif global d’accroître l'efficacité,
l'efficience et la qualité de l'action et des services publics par une A cet effet, la réforme de la LOLF a été soutenue par le transfert de
mobilisation plus efficace et équitable du financement public et par la connaissances et de savoir-faire provenant de pays de l'OCDE ayant
mise en œuvre d'une gestion publique, en particulier budgétaire, plus mis en œuvre des réformes budgétaires fondées sur la performance
performante et transparente.62 notamment la France.

 Banque Mondiale : le Royaume du Maroc a bénéficié, dans le cadre Ce partenariat a pris la forme d’un contrat de jumelage institutionnel
du partenariat de Deauville, de l’assistance technique de la BM, visant à relatif à l’appui pour la mise en œuvre de la LOLF, conclu entre le
soutenir la concrétisation du nouveau cadre de gouvernance introduit Ministère de l’Economie et des Finances marocain et l’Agence publique
par la nouvelle Constitution. pour la coopération technique internationale des ministères français
économiques et financiers (ADETEF) et financé par la BM à travers un
61 Le programme de gouvernance (Hakama) de la Banque mondiale, est ancré dans la nouvelle don de 1.5 Millions de USD du Fonds de Transition pour une période
Constitution marocaine. Il soutient les réformes du Maroc visant à renforcer les mécanismes allant de Juillet 2014 jusqu’au Décembre 2017.
de transparence et de redevabilité dans la gestion des ressources publiques et la
concrétisation des nouveaux droits et principes constitutionnels pour une gouvernance plus
ouverte, pour un développement économique et social plus inclusif et une amélioration de  Expertise France : l’Agence publique pour la coopération technique
l’efficience et de la qualité des services et des programmes publics. Il s’agit d’un programme
holistique et intégré lancé en 2012, qui vise à maximiser les synergies des réformes de internationale des ministères français économiques/financiers (ADETEF),
Gouvernance à travers le secteur public, tant au niveau de l’administration centrale, des qui a conclu le contrat de jumelage d’appui pour la mise en œuvre de la
collectivités territoriales et des Entreprises et des Etablissements Publics (EEP), afin de
renforcer les résultats tangibles pour tous les citoyens, tout au long de la chaîne de prestation Loi Organique des Finances, a fusionné le 1er Janvier 2015 avec cinq
de services publics. autres opérateurs publics de coopération technique internationale au
62 Union Européen – Délégation auprès du Royaume du Maroc., « Programme de coopération

Maroc-Union européenne Hakama ("Gouvernance Publique") ». profit d'« Expertise France », l'Agence française d'expertise technique
http://eeas.europa.eu/archives/delegations/morocco/documents/news/appui_ue_au_maroc_- internationale.
_hakama_gouvernance_publique_fr.pdf

104
Les activités à réaliser dans le cadre du contrat de jumelage se
présentent comme suit : Les principales composantes de la Convention portent sur :

 L’appui à l’élaboration des nouvelles règles pour la mise en œuvre 1. La composante I : consiste à faire appel à une cinquantaine de
de la LOLF ; formateurs nationaux et fournir une formation des formateurs
 L’appui à la mise en œuvre de la LOLF au sein des ministères sur les onze modules prioritaires de la LOLF. A la fin dudit
sectoriels ; programme de formation, les candidats se verront attribuer une
 L’élaboration d’un système de suivi/évaluation des performances ; certification de formateur national LOLF, et seront chargés de
 L’appui à la gestion et à la coordination du jumelage. dispenser les modules de cette dernière au profit de l’ensemble
des acteurs de la chaine de gestion budgétaire, tant au niveau
 Union Européenne : dans le cadre du renforcement de la central qu’au niveau déconcentré ;
coopération avec l’Union Européenne à travers son appui au Royaume
du Maroc dans le pilotage et la mise en œuvre de la LOLF, la délégation 2. La composante II : consiste à mobiliser jusqu'à mille cinq-cents
de l’UE a mobilisé un cabinet conseil pour apporter son soutien technique fonctionnaires (cadres de l’administration marocaine) par an, les
à l’administration publique marocaine dans la formulation d’un plan sensibiliser et les former sur les modules prioritaires de la LOLF.
d’action de mise en œuvre des dispositions de la LOLF, d’un plan de Il s’agit de formations de sensibilisation intensive et de courtes
formation et d’une stratégie de communication. durées centrées sur les innovations et les dispositions de la
nouvelle Loi Organique.
 Institut des Finances : la Direction du Budget, avec ses partenaires
ont jugé opportun d’établir un plan de formation LOLF (2016-2020) et La mise en œuvre du plan de formation a fait l’objet d’un dispositif
ont désigné l’Institut des Finances pour apporter son appui à la mise en d’accompagnement en vue de permettre l’ancrage de la réforme et la
œuvre progressive du plan de formation et l’accompagnement du pérennisation de l’intensité des efforts de formation, de communication
processus de renforcement des capacités des gestionnaires pour le et de conduite de changement à travers les six axes ci-après :
déploiement de la LOLF.
1. Mise en œuvre des actions de formation planifiées (plan 2016-
Les modalités et les moyens de mise en œuvre du plan de formation 2020) ;
ainsi que les rôles et les responsabilités des partenaires concernés ont 2. Formations complémentaires ;
été définies par une Convention de partenariat. 3. Formation des formateurs ;

105
4. Formation à distance ;
5. Séminaires, colloques et journées d’études ;
6. Capitalisation, ouverture outre un partage d’expériences et de
connaissances – KM.

Les départements ministériels intéressés par les cycles de formation


dispensés par l'IDF peuvent bénéficier de l’offre proposée à travers
trois modes de contractualisation, à savoir :

 Une Convention cadre : en vue de pérenniser le partenariat et


l’inscrire dans la durée ;
 Un Contrat de droit commun : pour la réalisation des
formations en présentiel, en ligne ou sur mesure ainsi que
l’assistance technique ;
 Des Conventions spécifiques : pour l’immersion des cadres et
le transfert de compétences, l’organisation de séminaires et de
conférences ainsi que la mise à disposition de fonds documentaires63.

63 MEF – Direction du Budget., (2017), « Déploiement de la réforme : Partenaires de la LOF ».


http://lof.finances.gov.ma/fr/deploiement-de-la-reforme/systeme-de-pilotage

106
Renforcement de la performance
de la gestion publique

S'agissant du premier volet, M. LEKJAA a fait savoir que cette nouvelle


Loi Organique des Finances pose les jalons d'une gestion budgétaire 2. L’élaboration de programmes budgétaires, à travers une nouvelle
orientée vers les résultats et la performance pour garantir une meilleure nomenclature budgétaire, à même d’amélioration de la gouvernance
visibilité et une plus grande maitrise des enjeux budgétaires et du des politiques publiques ;
processus de préparation et d'exécution du budget de l'Etat64. Clairement, 3. Le renforcement de la responsabilisation des gestionnaires via
le renforcement de la performance de la gestion publique est matérialisé des objectifs et des indicateurs de performance.
par65 :

1. La mise en place de la programmation budgétaire triennale I. Cadre de Dépenses à Moyen Terme


(PBT) qui représente un cadre de suivi de la performance en
permettant d’inscrire la gestion budgétaire dans une perspective
triennale ; « La Loi de Finances de l'année est élaborée par référence à une
programmation budgétaire triennale actualisée chaque année en vue de
64 Investareagroup., (2016), « La Loi de Finances marocaine 2016 ».
http://www.investareagroup.com/2016/02/03/lf-2016/ l'adapter à l'évolution de la conjoncture financière, économique et sociale du
65 MEF – Direction du Budget., (2017), « Piliers de la LOF : Performance ».
pays. Cette programmation vise notamment à définir, en fonction d'hypothèses
http://lof.finances.gov.ma/fr/piliers-de-la-lof/performance

107
économiques et financières réalistes et justifiées, l'évolution sur trois ans de des réalisations passées et des possibilités pluriannuelles des finances
l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. Le contenu et les modalités publiques.
d'élaboration de cette programmation sont fixés par voie réglementaire. »
(Art 5_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 1). Sa mise en place consolide, en fait, le rôle de l’Etat stratège et renforce
la performance de l’action publique tout en sauvegardant la soutenabilité
La première nouveauté est donc le passage à une programmation des finances publiques. Elle permet, en outre, le développement de
pluriannuelle des finances publiques, cette fois-ci « impérative ». Le cadre l’évaluation des politiques publiques et l’amélioration des conditions de
de dépense à moyen terme, introduit à titre expérimental à partir de préparation de la Loi de Finances (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 87).
2007, est, d’ores et déjà, impératif, tout en restant glissant66, et ce, afin
d’accroître la visibilité des choix stratégiques et d'améliorer la cohérence Pour améliorer le cadre de pilotage des finances publiques et renforcer
entre les stratégies sectorielles tout en préservant l'équilibre financier la cohérence des stratégies sectorielles, la LF sera donc désormais
de l'Etat (MEF – Direction du Budget, 2015, p. 1). préparée selon une programmation pluriannuelle glissante, matérialisée
par l’établissement des cadres de dépenses ministériels à moyen terme.
A noter que l’annualité67 des LF demeure un principe fondateur à côté
des 3 principes classiques (unité68, universalité69 et spécialité70), enrichis Ces derniers serviront de cadre général pour la définition des besoins
par le principe de sincérité71 qui est introduit pour la première fois72. et la justification des propositions de répartition des ressources. En
pratique, la réforme s’inscrirai dans une nouvelle architecture du budget
Aussi, le recours à la programmation pluriannuelle glissante est-il une
qui sera définie par programmes et projets plutôt que par Ministère et
pratique facilitant la mise en œuvre des choix budgétaires en fonction
nature des dépenses (fonctionnement, investissement,…) comme c’est
66 http://www.quid.ma, Op. Cit. le cas actuellement. Ainsi, le budget refléterait mieux les grands choix
67 Le principe d’annualité est un principe selon lequel les recettes et les dépenses
autorisées par la Loi de Finances ne sont valables que pendant une année.
de politique publique. A indiqué M. Fouzi LEKJAA, Directeur du Budget
68 Le principe d’unité est un principe selon lequel toutes les recettes et toutes les dépenses au MEF lors de la journée d’études (L’Economiste, Mai 2012, p. 2).
sont imputées au budget général.
69 Le principe d’universalité est un principe selon lequel il est fait recette du montant

intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses. Il s’agit du rattachement clair et précis des moyens humains et financiers
70 Le principe de spécialité des crédits veut dire l’affectation des crédits ouverts par la LF

à un service particulier et à une catégorie déterminée de dépenses. Elle consiste, pour le aux grandes politiques publiques de façon à rendre le budget plus lisible
budget général, à partir les crédits par titre et à l’intérieur d’un même titre, par chapitres, par le Parlement et à donner plus de portée et de sens au débat et au
subdivisés en articles, paragraphes et lignes.
71 Cf. p. . Le principe de sincérité budgétaire interdit à l'État de sous-estimer les charges vote parlementaire (Finances News, Mai 2012, p. 8).
ou de surestimer les ressources qu'il présente dans la LF.
72 http://www.quid.ma, Op. Cit.

108
En clair, l’institutionnalisation de la programmation pluriannuelle vise Les prévisions triennales des dépenses issues de la programmation
l’amélioration de la lisibilité budgétaire, et ce, à travers : budgétaire triennale figurent au niveau des projets de performance afin
d’assurer leurs cohérence avec les objectifs de performance et limiter
 La clarification de la vision stratégique du Gouvernement à moyen ainsi la multiplication des documents budgétaires73.
terme pour l’atteinte des objectifs de développement économique
et social du pays ; Figure n°5 : Comment s’élabore la programmation budgétaire triennale
 La fixation des priorités de l’action publique et leur mise en (PBT) ?
cohérence ;
 Le renforcement de la discipline budgétaire (adéquation entre les
politiques sectorielles et les objectifs de la soutenabilité et de la
viabilité du cadre macro-économique) ;
 L’amélioration des conditions de préparation de la LF ;
 L’octroi d’une meilleure visibilité aux gestionnaires pour gérer les
programmes en fournissant un outil de suivi de la performance
des dépenses publiques en termes d’efficacité, d’efficience et de
qualité de service (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 8).

Pratiquement parlant, la PBT telle qu’institutionnalisée par la nouvelle


LOLF est glissante et actualisée chaque année. Ainsi, les données de la
première année sont celles du projet de la LF et les données afférentes
aux deux années suivantes sont indicatives mais doivent être réalistes.
La programmation budgétaire triennale fera l’objet d’une actualisation
annuelle faisant ressortir les écarts par rapport aux prévisions initiales.
Source : MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Programmation budgétaire
Cette programmation concerne aussi bien les budgets des ministères triennale »
ainsi que les établissements et entreprises publics soumis à leur tutelle
et bénéficiant de ressources affectées ou de subventions de l'Etat.
73 MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Programmation budgétaire triennale ».
http://lof.finances.gov.ma/piliers-de-la-lof/performance/programmation-budgetaire-triennale

109
La programmation pluriannuelle du budget figure au niveau de la LOLF
comme une tentative d’une meilleure maitrise des enjeux budgétaires.  D’une part, les dispositions de la LOF stipulent que les ressources
La nouvelle LOF doit également privilégier une programmation budgétaire du budget général sont présentées en chapitres subdivisés en
basée sur les objectifs de chaque ministère. C’est ainsi que la reconduction service et par nature de recettes ;
normale des budgets doit laisser la place à une motivation des projets  D’autre part, la LOF prévoit le passage d’une approche normative
qui se traduit par l’allocation de budgets détaillés (Le Matin, Mai 2012, p. 7). des dépenses à une présentation par programme avec une mise
en exergue de la dimension régionale.

II. Nomenclature budgétaire La nouvelle nomenclature des dépenses telle que définie au niveau de
la LOLF s’articule autour des éléments suivants :

Afin d’inscrire la programmation budgétaire dans ledit cadre pluriannuel,  « Titre  Chapitre  Programme  Région  Projet/Action »
en l’occurrence celui du CDMT, et d’assurer une meilleure visibilité de concernant la programmation budgétaire ;
l’action publique, la réforme de la LOF passe également par une refonte  « Titre  Chapitre  Programme  Région  Projet/Action 
de la nomenclature budgétaire pour passer d’une approche normative Ligne » pour ce qui est de l’exécution budgétaire74.
des dépenses à une présentation par programme et projet/action, avec
la consolidation de la dimension régionale (MEF – Direction du Budget, 2014, Ci-joint, la définition d’un certain nombre de concepts indispensables à
p. 87). la compréhension de la nomenclature budgétaire en question. Il s’agit
de :
Ainsi, la deuxième nouveauté réside dans l’adoption d’une nouvelle
nomenclature améliorée qui fait que « les dépenses du budget général  La Gestion budgétaire Axée sur les Résultats nécessite la refonte de
sont présentées, à l'intérieur des titres, par chapitres, subdivisés en programmes, la nomenclature budgétaire en la structurant autour de programmes
régions et projets ou actions. » (Art 38_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 6). qui incarnent le cadre de la démarche de performance : « Un
programme est un ensemble cohérent de projets ou actions relevant d'un
A noter que cette nouvelle architecture budgétaire concerne les même département ministériel ou d'une même institution et auquel sont
différentes composantes du budget de l’Etat (Budget général, services
74 MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion budgétaire axée sur les
de l’Etat gérés de manière autonome, Comptes spéciaux de Trésor). résultats ».
Elle concerne, en outre, à la fois les recettes et les dépenses : http://lof.finances.gov.ma/fr/piliers-de-la-lof/performance/gestion-budgetaire-axee-sur-les-
resultats

110
associés des objectifs définis en fonction des finalités d'intérêt général ainsi Un programme doit ainsi concilier entre les trois dimensions suivantes :
que des indicateurs chiffrés permettant de mesurer les résultats escomptés
et faisant l'objet d'une évaluation qui vise à s'assurer des conditions 1. Une dimension budgétaire : chaque programme correspond à
d'efficacité, d'efficience et de qualité liées aux réalisations. » (Art 39_Bulletin des enveloppes de crédits consacrées à une politique publique
Officiel, Juin 2015, p. 6). définie ;
2. Une dimension managériale : la réforme budgétaire a également
Figure n°6 : Les trois dimensions relatives à un programme pour conséquence une nouvelle organisation du pilotage d’une
politique publique ou celle des fonctions support. Ainsi, chaque
responsable de programme, en concertation avec les structures
opérationnelles, définit les procédures et le mode d’organisation
à mettre en place pour l’atteinte des objectifs associés à son
programme ;
3. Une dimension relative à la performance de l’action publique
: les programmes sont le cadre de la présentation et de la
conduite de la nouvelle démarche de performance.

La construction d’un programme est régie par les principes suivants :

1. Un programme est ministériel : l’article 39 de la LOF précise


qu’ « un programme est un ensemble cohérent de projets ou actions
relevant d’un même département ministériel… ». Il n’y a donc pas de
programmes interministériels ;
2. Un programme doit être facilement gérable en exécution : il
ne doit jamais être construit de manière analytique, au sens de la
comptabilité analytique (la rémunération d’un fonctionnaire ne
s’impute que dans un programme et un seul,…) ;
Source : MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion des programmes »

111
3. Un programme doit avoir une taille critique : plus le nombre de parlementaire concernée, en accompagnement du projet du budget dudit
programmes est réduit, plus les enveloppes de crédits sont département ministériel ou institution.
importantes et plus les gestionnaires auront plus de marges de
manœuvre. En outre, la réduction du nombre de programmes L'aspect genre est pris en considération lors de la fixation des objectifs et des
permet de réduire les coûts de gestion (moins de mouvements indicateurs cités ci-dessus. Les crédits afférents à un programme sont répartis,
de crédits, moins de visas, moins de marchés à passer, moins de selon le cas, à l'intérieur :
factures à traiter…) ;
4. L’inscription de crédits dans les grandes catégories (personnel,  Des chapitres relatifs au budget du département ministériel ou institution
matériel et dépenses diverses, investissement) : cette dernière concerné ;
doit toujours respecter les principes relatifs aux grandes natures  Des chapitres relatifs aux services de l'Etat gérés de manière autonome
économiques de la dépense. Ainsi, et à titre d’exemple, tous les rattachés au département ministériel ou institution concerné ;
crédits relatifs aux dépenses de personnel doivent être inscrits  Des comptes d'affectation spéciale rattachés au département ministériel
dans les chapitres de personnel. ou institution concerné. » (Art 39_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 6).

Par ailleurs, chaque programme est attaché à un responsable de  « Un projet ou une action est un ensemble délimité d'activités et
programme qui est chargé, en coordination avec le directeur des d'opérations entreprises dans le but de répondre à un ensemble de besoins
affaires financières et les structures opérationnelles, notamment de la définis. Les crédits afférents à un projet ou à une action d'un même
construction de son programme et de l’élaboration des projets et des programme sont répartis, selon le cas, à l'intérieur :
rapports de performance s’y rapportant75 : « Un responsable par
programme, désigné au sein de chaque département ministériel ou  Des chapitres relatifs au budget du département ministériel ou institution
institution, est chargé de définir les objectifs et indicateurs dudit programme concerné ;
et d'assurer le suivi de sa mise en œuvre.  Des chapitres relatifs aux services de l'Etat gérés de manière autonome
rattachés au département ministériel ou institution concerné ;
Les objectifs d'un programme et les indicateurs y afférents sont repris  Des comptes d'affectation spéciale rattachés au département ministériel
dans le projet de performance élaboré par le département ministériel ou ou institution concerné. » (Art 40_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 6).
l'institution concerné. Ledit projet de performance est présenté à la commission
 « Un projet ou une action est décliné en lignes budgétaires qui
75 MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion des programmes ». renseignent sur la nature économique des dépenses afférentes aux activités
http://lof.finances.gov.ma/piliers-de-la-lof/performance/gestion-des-programmes

112
et opérations entreprises. La déclinaison des projets ou actions en lignes est
présentée dans le projet de Loi de Règlement de la Loi de Finances soumis Figure n°7 : La LOLF et l’amélioration de la lisibilité budgétaire
au Parlement. » (Art 41_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 6-7).

Bien entendu, cette nomenclature impose une meilleure programmation


des budgets sectoriels adaptée à une gestion axée sur les résultats et
non plus une consommation des crédits alloués et susceptible d’assurer
une meilleure lisibilité des budgets76. En effet, cette deuxième nouveauté
permet :

 Une simplification de la présentation budgétaire et la sauvegarde


de l’information budgétaire ;
 Une meilleure lisibilité des choix budgétaire et des priorités
publiques ; Source : MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 9
 Une mise en évidence de la territorialisation de la dépense ;
 L’adaptation de la présentation budgétaire aux exigences d’une Cruciale est le réaménagement de la Loi de Finances pour qu’elle se
meilleure allocation des ressources ; mette au diapason des changements que connait le pays, notamment
 Un suivi plus rigoureux par rapport à l’exécution des politiques par rapport à la régionalisation. Ceci dit, la manière dont le budget est
sectorielles ; conçu, sa philosophie ainsi que ses grandes orientations devront avoir
 Des résultats mieux appréhendés ; un cachet régional (Le Matin, Avril 2012, p. 7).
 Des responsabilités mieux identifiées ;
 Une approche managériale plus affirmée (MEF – Direction du Budget, La région introduite auparavant dans la préparation du budget par
2015, p. 1). Circulaire du Premier Ministre est dorénavant devenue un cadre
indispensable pour la programmation des dépenses. Il en résulte
La mise en place de cette nomenclature « programmatique » permet l’obligation non seulement de contractualisation entre les ordonnateurs
ainsi d’apprécier la totalité des moyens déployés pour la mise en œuvre centraux de programmes et les sous-ordonnateurs régionaux, mais
des politiques publiques (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 87). aussi une mise à disposition des sous-ordonnateurs des budgets alloués
76 http://www.quid.ma, Op. Cit ;
à leurs projets ou actions.

113
 Le programme : doit s’inscrire désormais dans une perspective
Cette mutation ne peut réussir, d’après les résultats de la période pluriannuelle ;
d’expérimentation, qu’après la mise en place d’une charte sur la  Les objectifs : doivent être représentatifs des aspects essentiels
déconcentration administrative. Ladite charte est indispensable pour la du programme, clairs, simples, faciles à comprendre par tous et
réussite du projet de régionalisation élargie77. mesurables par des indicateurs chiffrés ;
 Les indicateurs : permettent la reddition des comptes ainsi
que l’évaluation de la performance.
III. Objectifs et indicateurs de performance
Cela permet une :

La refonte de la nomenclature budgétaire implique également une  Responsabilisation des gestionnaires quant à l’atteinte des objectifs
détermination des objectifs et des indicateurs de performance adossés préalablement définis censés être mesurables par des indicateurs
aux programmes définis, ainsi qu’une responsabilisation accrue des de performance ;
gestionnaires quant à l’atteinte de ces résultats tout en leur octroyant  Amélioration du pilotage de l’administration publique en la dotant
davantage de souplesse en matière de gestion (MEF – Direction du Budget, de nouveaux outils opérationnels d’orientation et de suivi de
2014, p. 87). l’action publique ;
 Evaluation des résultats atteints via l’appréciation de l’efficacité
Articulé autour de programmes, le budget de l’Etat doit, désormais, et de l’efficience dans la conduite des activités (MEF – Direction du
refléter les grandes politiques publiques sectorielles. Afin d’orienter, de Budget, Novembre 2014, p. 10).
mesurer et d’améliorer l’efficacité de leur mise en œuvre, il est défini
pour chaque programme une démarche de performance constituée de  Définition de la stratégie associée à un programme : en
la stratégie du programme, des objectifs concrets de performance qui l’absence de réflexion stratégique, il est difficile de définir les priorités,
en découlent aussi bien que des indicateurs dits de performance qui et donc de proposer des objectifs pertinents et priorisés. La stratégie
mesurent la réalisation de ces objectifs78 de la sorte : du programme permet d’assurer la cohérence globale des objectifs
retenus et de justifier leurs choix. Elle doit :

77 http://www.quid.ma,Op. Cit.  Etre élaborée au terme d’une réflexion approfondie, ce qui se


78MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion budgétaire axée sur les traduit par une évaluation de l’environnement, des ressources,
résultats », Op. Cit.

114
une définition précise de l’action entamée, une compréhension  Objectifs d’efficience : ils expriment l'optimisation attendue dans
des priorités, etc. ; l'utilisation des moyens employés. Ce type d’objectifs permet de
 S’inscrire dans une perspective budgétaire triennale et être montrer que, pour un niveau donné de ressources, la production de
relativement stable sur le moyen terme. l'administration peut être améliorée ou que, pour un niveau
donné de production, les moyens employés peuvent être réduits ;
 Fixation des objectifs de performance : un objectif peut être  Objectifs de qualité de service : ils énoncent la qualité attendue
défini comme étant le but qu'une organisation se propose d'atteindre du service rendu à l'usager, c'est-à-dire l'aptitude du service à
au cours d'une période déterminée. Il exprime les priorités les mieux à satisfaire son bénéficiaire79.
même de permettre d’atteindre les finalités du programme. Le choix
des objectifs assignés à un programme doit répondre à un certaines de Les gestionnaires des programmes, qui sont souvent des Directeurs
qualités, à savoir : centraux, des départements ministériels et le Gouvernement dans son
ensemble, ont l’obligation de tenir à ce que les budgets alloués aient
 En nombre limité ; des résultats concrets, les voire quantifiables, qui justifient les coûts
 Représentatifs des aspects essentiels du programme ; engagés80.
 Enoncés en termes clairs, simples, précis, concrets, bien expliqués ;
 Attestant de l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique ; A chaque programme seront donc associés des objectifs définis en
 Mesurables par des indicateurs de performance. fonction des finalités d’intérêt général et des indicateurs chiffrés
permettant de mesurer les résultats atteints. Cela nous renvoie à la
Par ailleurs, la nouvelle LOLF a défini la performance publique comme notion de budget-programme à travers à la fois une (MEF – Direction
étant l’atteinte des objectifs préalablement définis en termes d’efficacité du Budget, 2015, p. 1) :
socio-économique, d’efficience et de qualité de service comme suit :
 Liberté des gestionnaires : le gestionnaire a une liberté totale
 Objectifs d’efficacité socio-économique : ils traduisent la de redéploiement des crédits entre projets ou actions d’une
recherche de l’intérêt général, portent sur les effets attendus des même région à l’intérieur du même programme. Aussi, le
politiques publiques et énoncent le bénéfice attendu de l'action gestionnaire peut effectuer des virements de crédits entre les
de l'État pour le citoyen en termes de modification de la réalité régions d’un même programme subordonnés à l’accord du MEF.
économique, sociale environnementale, culturelle, sanitaire... dans
laquelle il vit ; 79 Idem.
80 http://www.quid.ma, Op. Cit.

115
Par ailleurs, le gestionnaire peut recourir à des virements de  Responsabilité des gestionnaires : engagement sur les objectifs
crédits entre des programmes avec un plafond de 10% et un (PAP) et reddition des comptes (RAP) (MEF – Direction du Budget,
accord préalable du MEF. 2015, p. 1).

Ce plafond ne s’applique pas aux virements entre programmes Bref, il s’agit d’assurer une meilleure programmation du budget, une
du chapitre du personnel. Il s’applique aux virements entre effectivité de l’exécution, une clarification des objectifs mais aussi et
chacun des programmes des chapitres relatifs aux dépenses surtout une responsabilisation des gestionnaires en leur donnant plus
d’exploitation et aux dépenses d’investissement des SEGMA et d’autonomie pour qu’ils soient réellement responsables de leurs actions
entre chacun des programmes des CAS. et comptables devant le Parlement des résultats des politiques publiques
et de leur impact sur le citoyen (Finances News, Mai 2012, p. 9).
Le Ministre chargé des Finances peut, sur proposition des
ordonnateurs intéressés, autoriser ces derniers ou leurs sous  Identification des indicateurs de performance : à chaque objectif
ordonnateurs à procéder, par décision, à des virements de doivent être associés un ou plusieurs indicateurs chiffrés, permettant
crédits entre régions à l’intérieur d’un même programme. d’apprécier les résultats du programme considéré.

Les dotations des projets ou actions d’un même programme et Un indicateur peut être défini comme une variable ayant pour objet de
d’une même région ainsi que celles des lignes d’un même projet mesurer la réalisation de l’objectif le plus objectivement possible. Ces
ou action peuvent être modifiées par décision de l’ordonnateur indicateurs associés aux objectifs suivent la même typologie : l’efficacité
intéressé ou de son sous-ordonnateur, à l’exception toutefois socio-économique, l’efficience et la qualité de service.
de certaines natures de dépenses dont la liste est fixée par
arrêté conjoint du Ministre chargé des Finances et du Ministre La démarche de performance par programme figure dans les projets
intéressé. de performance élaborés par les ministères81 ainsi qu’au niveau des
rapports des performances censés être communiqués au Parlement
Les ordonnateurs sont tenus de transmettre aux services du MEF chaque année, chose qui renvoie au principe constitutionnel de
un état récapitulatif de l’ensemble des virements effectués par reddition de compte82.
eux et par leurs sous-ordonnateurs dans les dix jours suivant la
fin de chaque trimestre (Art 23_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 2) ; 81 MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion budgétaire axée sur les
résultats », Op. Cit.
82 http://www.quid.ma, Op. Cit.

116
Renforcement des principes/règles financiers

La transparence des finances publiques est une condition sine qua non
de la gouvernance de l’action publique. Au-delà de l’amélioration de la le produit des emprunts dépasse la somme des dépenses relatives à
gouvernance, la transparence des finances publiques constitue un enjeu l'investissement et du remboursement du principal de la dette au titre
majeur de la démocratie. de l'année budgétaire84.

Sa concrétisation se base d’une part, sur l’adoption de nouveau principes


des finances publiques comme le principe de la sincérité selon lequel les I. Principes des finances publiques
comptes de l’Etat et les hypothèses qui président à l’élaboration des
Lois de Finances doivent être sincères, et d’autre part, sur l’institution
de nouvelles règles financières visant la maîtrise du déficit budgétaire et En plus des quatre principes classiques des finances publiques, la Loi
une meilleure appréciation du patrimoine de l’Etat et de sa situation Organique relative à la Loi de Finances a introduit un nouveau principe
financière83. relatif à la « sincérité » comme suit :

A cet égard, le Directeur du Budget a fait savoir que la LOLF établit de  Annualité : le principe de l’annualité vise à obliger le Gouvernement
nouvelles règles financières de manière à renforcer la soutenabilité et à se présenter devant le Parlement de façon périodique afin de confirmer
l'équilibre financier, de même qu'elle encadre la dette en interdisant que les autorisations qui lui sont accordées pour lever des fonds publics et
rendre compte de l’usage qui en a été fait. L’année budgétaire commence
83 MEF – Direction du Budget., (2017), « Piliers de la LOF : Transparence ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/piliers-de-la-lof/transparence 84 Le Matin., (22 Octobre 2015), Op. Cit.

117
le 1er Janvier et se termine le 31 Décembre de la même année (Art 3
de la LOLF).  Sincérité budgétaire : « Les lois de finances présentent de façon
sincère l'ensemble des ressources et des charges de l'État. La sincérité
 Unité : le principe de l’unité du budget répond à l’exigence de des ressources et des charges s'apprécie compte tenu des informations
l’appareil législatif de voir l’ensemble des recettes et des dépenses de disponibles au moment de leur établissement et des prévisions qui
l’Etat groupées dans un document unique afin de lui permettre d’avoir peuvent en découler. » (Art 10_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 2).
une vision précise et globale de la situation des finances publiques.
La sincérité budgétaire exige la pertinence des hypothèses qui
 Universalité : le principe de l’universalité exige que les ressources président à la préparation de la LF, et la présentation sincère au
et les charges soient comptabilisées chacune de son côté de façon à ce niveau de cette dernière de l'ensemble des ressources et des
qu’il n’y ait pas de compensation entre les recettes et les dépenses. charges de l'État. Dans le même sens, cette sincérité budgétaire
sollicite l’engagement de procéder à la présentation des Lois de
Ce principe a pareillement pour conséquence la non affectation des Finances Rectificatives, et ce, en cas de modifications significatives
recettes aux dépenses, en vertu duquel les recettes définies ne des priorités et des hypothèses de la Loi de Finances86.
devraient pas être affectées à la couverture de dépenses déterminées.
Ainsi, l’ensemble des recettes devrait servir à la couverture de  Sincérité comptable : « Les comptes de l'État doivent être réguliers,
l’ensemble des dépenses. sincères et donner une image fidèle de son patrimoine et de sa situation
financière. La Cour des comptes certifie la régularité et la sincérité des
 Spécialité : ce principe procède du souci du Parlement de ne pas comptes de l'Etat. » (Art 31_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 5).
conférer à l’autorisation de dépenses consentie au Gouvernement un
caractère absolu, permettant à ce dernier de disposer des crédits Les comptables publics sont chargés de veiller au respect des
ouverts en toute liberté. Cette autorisation est liée à l’obligation principes et des règles comptables en s’assurant notamment de
d’affecter ces fonds à la couverture de dépenses déterminées. la sincérité des enregistrements comptables et du respect des
procédures et de la qualité des comptes publics. En outre, la Cour
 Sincérité : le principe de la sincérité renvoie à la fois à la sincérité des comptes certifie la régularité, la sincérité et la fidélité des
budgétaire et à celle comptable85 : comptes de l’Etat87.

85 MEF – Direction du Budget., (2017), « Transparence : Principes des finances publiques ». 86 Idem.
http://lof.finances.gov.ma/fr/transparence/principes-des-finances-publiques 87 Idem.

118
Figure n°8 : Principes des finances publiques II. 1. Equilibre financier de l’Etat

« En vue de préserver l'équilibre des finances de l'Etat prévu à l'article 77 de


la Constitution, le produit des emprunts ne peut pas dépasser la somme des
dépenses d'investissement et du remboursement du principal de la dette au
titre de l'année budgétaire. Le Gouvernement peut procéder aux opérations
nécessaires à la couverture des besoins de trésorerie. » (Art 20_Bulletin
Officiel, Juin 2015, p. 3).

La soutenabilité des finances publiques est un facteur primordial pour


assurer un développement socio-économique durable. A cet effet et
en vue de maitriser l’équilibre budgétaire, plusieurs règles en la matière
ont été introduites par la LOF89 :
Source : MEF – Direction du Budget., (2017), « Transparence : Principes des finances
publiques »
 Interdiction d’inscrire les dépenses de fonctionnement dans le
budget d’investissement : et ce, pour une plus grande lisibilité budgétaire.
II. Nouvelles règles financières Ainsi, les dépenses d’investissement « ne peuvent comprendre des dépenses
de personnel ou du matériel afférentes au fonctionnement des services
publics. » (Art 17_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 2).
La concrétisation des principes des finances publiques édictés par la LOF
 Définition de la nature des dépenses afférentes aux charges
se traduit par la mise en place de nouvelles règles financières ayant trait
communes : « Un chapitre des charges communes est ouvert aux titres I
à la maitrise de l’équilibre budgétaire, à la rationalisation de la gestion
et Il du budget général, pour la prise en charge des dépenses y afférentes et
des Services de l’Etat Gérés de Manière Autonome et des Comptes
qui ne peuvent comprendre que les charges ne pouvant être imputées sur les
Spéciaux de Trésor et à l’institution de la comptabilité générale88.
budgets des départements ministériels ou institutions. » (Art 43_Bulletin
Officiel, Juin 2015, p. 7).
88 MEF – Direction du Budget., (2017), « Transparence : Règles financiers ».
http://lof.finances.gov.ma/fr/transparence/regles-financieres 89 Idem.

119
remarquons donc que la plupart des Ministères n’atteignent jamais la
 Limitation des reports relatifs aux crédits d’investissement reportés moyenne. ».
par l’introduction du seuil de 30% des crédits de paiement : les
crédits de report sont plafonnés à 30% des crédits de paiement ouverts Il ajoute : « En général, la moyenne est de 70% et dans cette moyenne se
au titre du budget d’investissement avec possibilité de réviser ce cachent les disparités. Il y a des Ministères qui ne font que des subventions
plafond à la baisse par une Loi de Finances. et, bien sûr, le taux d’émission va se réaliser à 100%. D’autres, qui doivent
exécuter des programmes (par exemple, mettre en œuvre des budgets
« Les crédits ouverts au budget général au titre d'une année budgétaire d’investissement), arrivent parfois à 30, 40 ou 60%, le maximum étant 70%.
donnée ne peuvent être reportés sur l'année suivante. Toutefois, les crédits Donc il y a une perte de 30% et c’est un moins pour un autre département. ».
de paiement ouverts au titre des dépenses d'investissement du budget général
et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés, sont reportés, sauf Le but de ne plus reporter ces dépenses : « c’est de donner aux
dispositions contraires prévues par la loi de finances, dans la limite d'un ordonnateurs, c’est-à-dire aux Ministères, les crédits nécessaires qu’ils
plafond de trente pour cent (30%) des crédits de paiement ouverts au titre doivent exécuter durant l’année, mais ce qui n’est pas exécuté doit être
du budget d'investissement pour chaque département ministériel ou institution annulé. C’est l’une des logiques, aujourd’hui, de la Loi Organique des
au titre de l'année budgétaire. Finances pour qu’il n’y ait pas de pertes par ce que ce sont des possibilités
en moins qui iront à d’autres départements ministériels. » (Le Reporter, Mai
Les modalités de report sont fixées par voie réglementaire. Le plafond 2012, p. 30-31).
précité peut être revu à la baisse en vertu d'une loi de finances. Les crédits
reportés s'ajoutent aux crédits de paiement ouverts par la loi de finances de La réforme de la Loi Organique a dû donc bannir le renvoie du reliquat
l'année. » (Art 63_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9). du budget d’investissement d’une année à l’autre, chose qui sous-tend
une bonne gouvernance des besoins immédiats et prévisionnels de
Au sujet de l’interdiction du report des dépenses, d’ailleurs critiquée sorte qu’il n’y ait plus d’excédent pour cause de non-exécution des
par l’opposition parlementaire, M. BENSOUDA a déclaré au Reporter : projets (Le Matin, Avril 2012, p. 7).
« Il y a un ratio important, c’est le taux d’émission, c'est-à-dire le taux
d’exécution des dépenses par rapport aux crédits qui sont autorisés ; le  Consécration du caractère limitatif quant aux dépenses de
Parlement autorisant un département ministériel à dépenser tant… Est-ce personnel et intégration des cotisations de l’Etat au titre de la
que c’est à la fin de l’année qu’on va faire les comptes ? Est-ce que ce prévoyance sociale et de la retraite dans les dépenses de
département a vraiment exécuté cela ? Ce n’est pas toujours le cas. Nous personnel : Il s’agit là de prime à bord de la responsabilisation des

120
gestionnaires dans la prévision des crédits du personnel : « Pour les ministériel ou institution concerné. Il peut être procédé à des redéploiements
dépenses de personnel, elles ne peuvent être engagées, ordonnancées et de postes budgétaires entre les chapitres du personnel, en vertu de la loi de
payées que dans la limite des crédits ouverts au titre du chapitre. » (Art finances. » (Art 59-61_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9).
58_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9).
 Consécration de la Loi de Règlement en tant que Loi de
La nouvelle LOF prévoit également l’introduction de nouvelles Finances : « Au sens de la présente loi organique, on entend par loi de
dispositions pour une meilleure maitrise des dépenses de finances : la loi de finances de l'année, les lois de finances rectificatives, la loi
personnel à travers (i) la prise en compte des dispositions statutaires de règlement de la loi de finances. » (Art 2_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 1).
régissant les personnels dont les crédits sont évalués et autorisés par la
Loi de Finances de l’année et (ii) une possibilité de redéploiement entre II. 2. Nouvelles règles de gestion des SEGMA et des CST
ministères lors de la préparation de la Loi de Finances.

« Seules sont prises en compte les dispositions statutaires régissant les Dans ce sillage d’amélioration de l’efficacité de la dépense publique, la
personnels, applicables à la date d'entrée en vigueur de la loi de finances de LOLF introduit de manière explicite le principe de sincérité budgétaire
l'année et dont les crédits sont évalués et autorisés par ladite loi de finances. et comptable et fixe aussi un ensemble de règles visant notamment à
En cas de nécessité impérieuse et imprévue d'intérêt national, des crédits rationnaliser la création et la gestion des SEGMA et des CST… (MEF –
supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours d'année Direction du Budget, 2014, p. 87).
conformément à l'article 70 de la Constitution. Les commissions parlementaires
chargées des finances en sont préalablement informées. Cette nouveauté consiste en la réduction des CST et des SEGMA ainsi
que l’annulation d’une catégorie des comptes, tout en ouvrant la
Les créations, les suppressions et la répartition de postes budgétaires entre possibilité de maintenir ceux crées par la LF, y compris ceux destinés à
les départements ministériels ou les institutions ne peuvent résulter que des octroyer des primes90.
dispositions prévues dans la loi de finances. Les transformations de postes
budgétaires peuvent être opérées en cours d'année selon les modalités fixées  La rationalisation de la création et de l’utilisation des Comptes
par voie réglementaire. Spéciaux du Trésor s’effectue à travers :

Les redéploiements de postes budgétaires, en cours d'année, ne peuvent être  Réduction du nombre de catégories des CST ;
opérés qu'à l'intérieur du même chapitre du personnel relatif au département
90 http://www.quid.ma, Op. Cit.

121
 Interdiction de versement d’un CAS vers CST ou SEGMA ;
 Condition de création : les ressources autres que les versements Les comptes d'affectation spéciale qui ne répondent pas à cette condition
budgétaires doivent représenter au moins 40% du total des sont supprimés par la loi de finances suivante.
ressources autorisées par la Loi de Finances ;
 Suppression : (i) pas de dépenses pendant 3 années consécutives 2. Les comptes d'adhésion aux organismes internationaux qui décrivent
pour les CAS et (ii) conditions de création ne sont plus réunies les versements et les remboursements au titre de la participation du Maroc
pour les CST (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 14). aux organismes internationaux. Seules peuvent être portées à ces comptes
les sommes dont le remboursement est prévu en cas de retrait.
« Les comptes spéciaux du Trésor comprennent les catégories suivantes :
3. Les comptes de financement qui décrivent les versements sous forme
1. Les comptes d'affectation spéciale qui retracent les recettes affectées de prêts de durée supérieure à 2 ans, ou d'avances remboursables de durée
au financement d'une catégorie déterminée de dépenses et l'emploi donné à inférieure ou égale à 2 ans, effectués par l'Etat sur les ressources du Trésor
ces recettes. Ces comptes sont alimentés par le produit de taxes, de ressources et accordés pour des raisons d'intérêt public. Ces prêts et avances sont
affectées et, le cas échéant, de versements du budget général. productifs d'intérêts.

Aucun versement au profit d'un compte spécial du Trésor ou d'un service de


4. Les comptes d'opérations monétaires qui décrivent les mouvements
l'Etat géré de manière autonome ne peut être effectué à partir d'un compte
de fonds d'origine monétaire. Le découvert de comptes d'opérations monétaires
d'affectation spéciale. Des versements peuvent être effectués, en cours d'année
est limité par la loi de finances de l'année. La tenue de ces comptes est
budgétaire, au profit du budget général à partir d'un compte d'affectation
assurée de manière à faire ressortir les résultats définitifs.
spéciale. Dans ce cas, des crédits d'égal montant peuvent être ouverts en
addition aux crédits accordés par la loi de finances selon les modalités fixées
5. Les comptes de dépenses sur dotation qui retracent des opérations
par voie réglementaire.
relatives à une catégorie spéciale de dépenses dont le financement est
assuré par des dotations du budget général.
Les ressources des comptes d'affectation spéciale provenant du produit des
taxes et/ou des recettes qui leur sont affectées doivent représenter, à compter
(…) Les opérations des comptes spéciaux du Trésor sont prévues, autorisées
de la 3ème année budgétaire suivant la création desdits comptes, au moins
et exécutées dans les mêmes conditions que les opérations du budget
quarante pour cent (40%) de l'ensemble de leurs ressources autorisées au titre
général, sous réserve des dispositions qui suivent.
de la loi de finances de ladite année, et ce pour les comptes d'affectation
spéciale créés à partir du 1er Janvier 2016.

122
Le solde de chaque compte spécial est reporté d'année en année. Toutefois,
les profits et les pertes constatés, au titre d'une année budgétaire considérée,  La rationalisation de la création et de l’utilisation des Services
sur les comptes d'opérations monétaires, sont pris en recette ou en charge de l’Etat Gérés de Manière Autonome se concrétise via :
au budget général au plus tard la deuxième année suivant celle au cours de
laquelle ils sont dégagés.  Interdiction de versement d’un SEGMA vers SEGMA ou CST ;
 Condition de création : ressources propres représentant au moins
Les revenus éventuellement produits par les sommes inscrites aux comptes 30% du total des ressources autorisées par la Loi de Finances ;
d'adhésion aux organismes internationaux sont pris en recette au budget  Suppression des SEGMA qui ne répondent pas à la condition
général au titre du produit des participations financières. précédente ;
 Interdiction d'imputer à un SEGMA les dépenses du personnel
Les soldes des comptes d'affectation spéciale et des comptes de dépenses sur (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 14).
dotation sont toujours créditeurs.
« Les services de l'Etat gérés de manière autonome sont créés par la loi de
Sauf dérogations prévues par une loi de finances, il est interdit d'imputer à finances. Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le montant
un compte spécial du Trésor les dépenses résultant du paiement des maximum des dépenses qui peuvent être imputées sur les budgets desdits
traitements ou salaires ou indemnités à des fonctionnaires et agents de l'Etat services.
et des collectivités territoriales et au personnel des établissements et entreprises
publics. La création d'un service de l'Etat géré de manière autonome est conditionnée
par la justification de l'existence de ressources propres provenant de la
Les comptes spéciaux du Trésor, ne remplissant plus l'objet pour lequel ils rémunération de biens ou de services rendus.
ont été créés sont supprimés. Leur solde et, le cas échéant, leurs recettes ou
leurs dépenses, afférentes aux opérations antérieures à leur suppression, Les ressources propres doivent représenter, à compter de la 3ème année
sont pris en recettes ou en charges au budget général. budgétaire suivant la création desdits services, au moins trente pour cent
(30%) de l'ensemble de leurs ressources autorisées au titre de la loi de
Les comptes d'affectation spéciale qui n'ont pas donné lieu à dépenses finances de ladite année, et ce pour les services de l'Etat gérés de manière
pendant trois années consécutives sont supprimés au terme de la troisième autonome créés à partir du 1er Janvier 2016. Les services de l'Etat gérés de
année par la loi de finances qui suit et leur solde pris en recette au budget manière autonome qui ne répondent pas à cette condition sont supprimés
général. » (Art 27-28_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 4-5). par la loi de finances suivante.

123
Il est interdit d'imputer au budget d'un service de l'Etat géré de manière L’insuffisance des recettes propres affectées aux dépenses d'investissement
autonome les dépenses de personnel. est compensée par une subvention d'équilibre prévue au titre II du budget
général.
Aucun versement au profit d'un compte spécial du Trésor ou d'un service de
l'Etat géré de manière autonome ne peut être effectué à partir du budget L'excédent des recettes réalisées sur les paiements effectués est reporté
d'un service de l'Etat géré de manière autonome. d'année en année. Le solde du budget des services de l'Etat gérés de manière
autonome supprimés par une loi de finances est pris en recette au budget
Des versements peuvent être effectués, en cours d'année, au profit du général.
budget général, à partir du budget d'un service de l'Etat géré de manière
autonome. Dans ce cas, des crédits d'égal montant peuvent être ouverts en Les services de l'Etat gérés de manière autonome peuvent être dotés de
addition aux crédits accordés par la loi de finances selon les modalités fixées crédits d'engagement correspondant à leurs programmes d'investissement
par voie réglementaire. pluriannuels.

Les opérations des budgets des services de l'Etat gérés de manière autonome Les engagements n'ayant pas donné lieu à ordonnancement au titre d'une
sont prévues, autorisées et exécutées dans les mêmes conditions que les année budgétaire sont imputés en priorité sur les crédits ouverts au titre du
opérations du budget général sous réserve des dispositions qui suivent. budget de l'année suivante.

Le budget de chaque service de l'Etat géré de manière autonome comprend


Les projets d'opérations programmées dans le cadre des services de l'Etat
une partie relative aux recettes et aux dépenses d'exploitation et, le cas
gérés de manière autonome sont présentés aux commissions parlementaires
échéant, une deuxième partie concernant les dépenses d'investissement et
concernées en accompagnement des projets de budgets des départements
les ressources affectées à ces dépenses. Les autorisations d'engagement par
ministériels ou institutions auxquels ils se rattachent. » (Art 21-24_Bulletin
anticipation ne peuvent être accordées aux services de l'Etat gérés de
Officiel, Juin 2015, p. 3).
manière autonome.
Après avoir passé en revue les règles afférents à la préservation de
L'insuffisance des recettes d'exploitation est compensée par le versement d'une
l'équilibre des finances de l'Etat ainsi que celles relatives à la gestion des
subvention d'équilibre prévue au titre 1du budget général. L'excédent éventuel
SEGMA et des CST, il est le temps à présent de repérer les nouvelles
des recettes d'exploitation sur les dépenses est affecté au financement des
règles comptables…
dépenses d'investissement, le cas échéant.

124
l'exercice auquel elles se rattachent, indépendamment de leur date
d'encaissement ou de paiement.
II. 3. Nouvelles règles comptables
Les régies applicables à la comptabilité générale de l'Etat ne se distinguent
de celles applicables aux entreprises de droit privé qu'en raison des spécificités
Il est question ici de l’exigence d’une évolution de la comptabilité publique
de son action. Les comptables publics sont chargés de la tenue et de
en ne se limitant pas à une comptabilité de caisse, adaptée à la logique
l'élaboration des comptes de l'Etat. Ils veillent au respect des principes et des
de consommation des crédits qui a prévalu auparavant, mais en adoptant
règles comptables en s'assurant notamment du respect de la sincérité des
une comptabilité générale, patrimoniale et analytique similaire aux celles
enregistrements comptables, du respect des procédures et de la qualité des
adoptés par les entreprises, tout en tenant compte des spécificités des
comptes publics. » (Art 31 et 33_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 5).
fonctions de l’Etat91.

 Mise en place de la comptabilité budgétaire : « L'État tient une


En effet, la LOF prévoit la tenue de trois comptabilités, en l’occurrence,
comptabilité budgétaire des recettes et des dépenses (…) :
(i) la comptabilité générale qui permet d’évaluer le patrimoine et la
situation financière de l’Etat, (ii) celle budgétaire pour effectuer un
 Les recettes sont prises en compte au titre de l'année budgétaire au
suivi de l’exécution budgétaire et enfin (iii) la comptabilité d’analyse des
cours de laquelle elles sont encaissées par un comptable public ;
coûts permettant d’avoir le coût réel des politiques publiques92.
 Les dépenses sont prises en compte au titre de l'année budgétaire au
cours de laquelle les ordonnances ou mandats sont visés par les
Ceci dit, le renforcement de la consolidation comptable en matière de
comptables assignataires ; elles doivent être payées sur les crédits de
la LOF passe à travers une (MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 15) :
ladite année, quelle que soit la date de la créance. » (Art 31-32_Bulletin
Officiel, Juin 2015, p. 5).
 Mise en place de la comptabilité générale : une image fidèle du
patrimoine de l’Etat et de sa situation financière. Ainsi, l’Etat « tient
En fait, « Le contexte impose aux gestionnaires des finances publiques de
(…) une comptabilité générale de l'ensemble de ses opérations. (…) La
passer de la comptabilité à base caisse à la comptabilité d’exercice. », en
comptabilité générale de l'État est fondée sur le principe de la constatation
l’occurrence la comptabilité budgétaire, a déclaré M. BENSOUDA,
des droits et obligations. Les opérations sont prises en compte au titre de
résumant ainsi les enjeux de la journée d’étude organisée par les
inspecteurs des finances (AMIF). Pour le Trésorier Générale du Royaume,
91 http://www.quid.ma, Op. Cit. « la comptabilité à base caisse ne permet pas de décrire l’état du patrimoine
92 MEF – Direction du Budget., (2017), « Transparence : Règles financiers », Op. Cit.

125
de l’Etat, de ses créances, de ses dettes et de ses engagements vis-à-vis des C’est à l’occasion de l’établissement de cette déclaration de conformité
tiers. » (Aujourd’hui le Maroc, Mai 2012, p. 10). que la Cour des comptes établit un rapport général sur l’exécution de
la Loi de Finances et présente un examen en profondeur des pratiques
Notant bien qu’en France, la comptabilité publique est désormais une budgétaires suivies par le Gouvernement.
comptabilité patrimoniale au service de la performance. Ceci va permettre
d’avoir des comptabilités spécifiques par « programme », avec des La certification des comptes de l’État constitue donc une approche au-
assignations d’ « actifs » (bâtiments, équipements, etc.) à chacun d’entre delà de la déclaration de conformité puisqu’elle équivaut pour l’auditeur
eux. La comptabilité générale ainsi enrichie servira la gestion de la à donner une assurance raisonnable que les comptes de l’État reflètent
dépense publique (Al Maliya, 2008, p. 22). de façon exhaustive et sincère la réalité de la situation financière et
patrimoniale de l’État. Elle conduit l’auditeur à émettre une opinion sur
 Introduction d’une comptabilité d’analyse des coûts : l’Etat « peut la sincérité des comptes de l’État et ne peut s’appréhender que dans le
tenir une comptabilité destinée à analyser les coûts des différents projets cadre de la production de comptes normalisés (compte de résultats,
engagés dans le cadre des programmes. » (Art 31_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. comptes de bilans) (MEF et Banque mondiale, Mars 2007, p. 114).
5). Il s’agit donc de suivre le coût global des services publics et des
efforts menés, et ce, pour la maîtrise de l’ensemble des dépenses y  Accompagnement du projet de Loi de Finances de l’année d’un
afférentes. rapport sur les comptes consolidés du secteur public : « Le projet de
loi de finances de l'année peut être (…) accompagné d'un rapport sur les
 Certification par la Cour des comptes de la régularité et de la comptes consolidés du secteur public. Il est immédiatement soumis à
sincérité des comptes de l'État93 : il importe de noter ici que la l'examen de la commission chargée des finances de la Chambre des
certification des comptes se diffère de la déclaration de conformité des représentants. La programmation pluriannuelle des départements ministériels
comptes de l’État qui consiste à donner l’assurance de la concordance ou institutions, ainsi que celle des établissements et entreprises publics
entre les comptes individuels des comptables et le compte général du soumis à leur tutelle et bénéficiant de ressources affectées ou de subventions
Royaume, ce qui suppose d’examiner la concordance entre la comptabilité de l'Etat, est présentée, pour information, aux commissions parlementaires
des ordonnateurs (compte général de l’administration des finances) et concernées en accompagnement des projets de budgets desdits départements
celle des comptables (compte de gestion du Trésorier général) en fin de ministériels ou institutions. » (Art 48_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 7).
gestion, élément essentiel de fiabilité de l’exécution.

93 Cf. « Sincérité comptable », p.

126
Accroissement du contrôle parlementaire
sur les finances publiques

Le troisième volet concerne la relation entre le Gouvernement et le


Parlement. Pour ce qui est du contrôle parlementaire sur les finances soumet, annuellement, le Gouvernement, mais plutôt un acteur de
publiques, M. LEKJAA a signalé que la nouvelle Loi Organique renforce premier plan tant dans l’élaboration du budget de l’État que dans son
le rôle du Parlement dans le débat budgétaire en introduisant une exécution.
phase de concertation et d'information en amont de la préparation du
projet de la LF, tout en mettant à la disposition du Parlement des C’est ainsi que les 2 chambres du Parlement vont s’impliquer pleinement
données précises et de qualité sur le projet de Loi94. dans le débat sur l’efficacité de la dépense publique, les règles concernant
l’équilibre des finances de l’État et celles relatives à la gestion des SEGMA
Et si les deux premiers volets relèvent plus d’un aspect théorique, le et des CST95.
dernier volet, relatif à l’implication du Parlement, constitue donc l’une
des innovations majeures les plus importantes du nouveau texte. En somme, il s’agit de généraliser les pratiques d’évaluation, voire de
renforcer le rôle de l’institution législative dans la discussion du PLF96.
Le Parlement ne sera donc plus une simple chambre d’enregistrement
95 Les Echos., (30 Juin 2015), « La organique des finances : Bras de fer en perspectives ».
destinée à discuter et apporter quelques amendements aux PLF que lui http://leseco.ma/decryptages/evenements/33041-loi-organique-des-finances-bras-de-fer-en-
perspective-2.html
94 Le Matin., (22 Octobre 2015), Op. Cit. 96 http://www.quid.ma, Op. Cit.

127
Ainsi, la nouvelle Loi Organique impose au Gouvernement de présenter
En effet, la réforme de la LOLF visait, comme l’indique Ali BOUABID, au au Parlement les résultats de l’exercice budgétaire à mi-parcours,
niveau des institutions représentatives de leur participation, à « montrer au mois de Juillet de chaque année, et de procéder à l’ouverture d’un «
que le Parlement peut porter une voix audible sur la réforme de l’Etat et des débat d’orientation budgétaire ». Il n’aura plus le droit de s’en
institutions. ». Et de poursuivre : « Elle montre aussi qu’il ambitionne de échapper sous aucun prétexte97.
mieux contrôler, évaluer et participer à la conception des politiques publiques.
La Constitution actuelle traite largement du renforcement du rôle du Parlement En clair, l’enrichissement des informations communiquées au Parlement
et de la participation citoyenne à la vie publique. » (Les Echos, Mai 2012, p. 7). s’articule sur deux volets :

I. Enrichissement et diversification des informations I. 1. La Loi de Finances


communiquées au Parlement « Le ministre chargé des finances expose aux commissions des finances du
Parlement, avant le 31 Juillet, le cadre général de préparation du projet de loi
de finances de l'année suivante. Cet exposé comporte :
Il est question ici de renforcer le contrôle du Parlement sur l’action du
Gouvernement par l’enrichissement qualitatif de l’information sur la (a) l'évolution de l'économie nationale ;
LF, mais aussi par l’orientation du débat parlementaire davantage vers (b) l'état d'avancement de l'exécution de la loi de finances en cours à la date
la performance du budget et ses retombées sur la qualité de vie des du 30 Juin ;
citoyens (Le Matin, Avril 2012, p. 7). (c) les données relatives à la politique économique et financière ;
(d) la programmation budgétaire triennale globale. Ledit exposé donne lieu à
Ceci dit, dans le but de renforcer le contrôle parlementaire sur les un débat sans vote.
finances publiques, les documents accompagnant le projet de la Loi de
Finances de l’année et le projet de la Loi de Règlement ainsi que ceux Le projet de loi de finances de l'année est déposé sur le bureau de la Chambre
communiqués aux commissions parlementaires, en accompagnement des représentants, au plus tard le 20 Octobre de l'année budgétaire en cours.
des projets de budgets des départements ministériels concernés, seront Il est accompagné des documents suivants :
enrichis (MEF – Direction du Budget, 2014, p. 88).
97 http://www.quid.ma, Op. Cit.

128
(1) note de présentation de la loi de finances comportant des données Egalement, les projets de performance élaborés par les départements
concernant les investissements du budget général ainsi que les impacts ministériels figurent parmi les documents accompagnant les budgets
financiers et économiques des dispositions fiscales et douanières proposées ; des ministères98.
(2) rapport économique et financier ;
(3) rapport sur les établissements et entreprises publics ;
(4) rapport sur les services de l'Etat gérés de manière autonome ;
I. 2. La Loi de Règlement
(5) rapport sur les comptes spéciaux du Trésor ;
(6) rapport sur les dépenses fiscales ;
« Le projet de loi de règlement de la loi de finances est accompagné :
(7) rapport sur la dette publique ;
(8) rapport sur le budget axé sur les résultats tenant compte de l'aspect genre ;
1) du compte général de l'Etat appuyé du bilan et des autres états financiers
(9) rapport sur les ressources humaines ;
ainsi que d'une évaluation des engagements hors bilan ;
(10) rapport sur la compensation ;
2) d'une annexe relative aux crédits supplémentaires ouverts, accompagnée
(II) note sur les dépenses relatives aux charges communes ;
de tous les justificatifs nécessaires, le cas échéant ;
(12) rapport sur le foncier public mobilisé pour l'investissement ;
3) du rapport annuel de performance élaboré par le ministère chargé des
(13) note sur la répartition régionale de l'investissement.
finances. Ce rapport constitue la synthèse et la consolidation des rapports de
performance élaborés par les départements ministériels et institutions ;
Le projet de loi de finances de l'année peut être également accompagné d'un
4) du rapport sur les ressources affectées aux collectivités territoriales ;
rapport sur les comptes consolidés du secteur public. Il est immédiatement
5) et du rapport d'audit de performance.
soumis à l'examen de la commission chargée des finances de la Chambre des
représentants.
Le rapport sur l'exécution de la loi de finances et la déclaration générale de
conformité entre les comptes individuels des comptables et le compte général
La programmation pluriannuelle des départements ministériels ou institutions,
du Royaume sont communiqués par la Cour des comptes au Parlement. Copie
ainsi que celle des établissements et entreprises publics soumis à leur tutelle
en est transmise au Gouvernement. » (Art 66_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9-10).
et bénéficiant de ressources affectées ou de subventions de l'Etat, est
présentée, pour information, aux commissions parlementaires concernées en
accompagnement des projets de budgets desdits départements ministériels ou 98 MEF – Direction du Budget., (2017), « Reddition des comptes : Informations communiquées
institutions. » (Art 47-48_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 7). au Parlement ».
http://lof.finances.gov.ma/role-du-parlement/informations-communiquees-au-parlement

129
Figure n°9 : Enrichissement et diversification des informations communiquées
au Parlement avec la LOLF Ainsi, chaque année à l’occasion de la préparation du projet de Loi de
Finances, les ministères gestionnaires s'engagent devant le Parlement à
travers l’établissement de leurs projets de performance qui accompagnent
les projets de budgets sectoriels transmis aux commissions sectorielles
parlementaires.

Ces projets de performance contiennent, grosso-modo, la stratégie du


ministère, les crédits qui lui sont octroyés, ainsi que les objectifs et les
indicateurs de performance.

Face à l’engagement des ministères, ces derniers doivent rendre compte


de leurs réalisations via l’élaboration de leurs rapports de performance
qui présentent notamment les éventuels écarts observés par rapport aux
engagements et les justifications de ces écarts. La consolidation de ces
rapports par le Ministère chargé des Finances au niveau d’un Rapport
Annuel de Performance est jointe au projet de Loi de Règlement100.

Une telle consécration des principes de l’évaluation et de la reddition


des comptes a pour objectifs de :

Source : MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 17  Rendre compte des progrès réalisés au regard des moyens utilisés,
et ce, au Parlement ainsi qu’au grand public ;
Le Projet Annuel de Performance et le Rapport Annuel de Performance,  Enrichir le SI mise à la disposition des parlementaires ;
qu’on a auparavant indiqué99, constituent les documents clés du suivi de  Améliorer la gouvernance budgétaire et développer l’évaluation
la performance au niveau de l’ensemble d’un ministère (Collange et al, des politiques publiques.
Novembre 2006, p. 42).
100MEF – Direction du Budget., (2017), « Performance : Gestion budgétaire axée sur les
99 Cf. p. résultats », Op. Cit.

130
En fait, cette volonté de consacrer la participation des parlementaires
Pratiquement parlant, cela consiste en : dans le débat public a entamé même durant la phase de finalisation du
projet de la Loi Organique où les groupes parlementaires avaient accès
 L’élaboration, par chaque ministère, d’un Projet de Performance, au document de référence, leur permettant de faire valoir une vision
et ce, en accompagnement du projet de budget sectoriel, transmis au claire des attendus et des modalités de cette réforme.
Parlement.
Aussi, le Gouvernement ne pouvait objectivement présenter son projet
 L’élaboration, par chaque ministère, d’un Rapport de Performance, de réforme de la Loi Organique des Finances, sans prendre en compte
et ce, en accompagnement du projet de Loi de Règlement de l’année ces propositions… Driss El AZAMI, l’ex-Ministre délégué au Budget, ne
concernée. Ce rapport compare : s’y trompait d’ailleurs pas, puisqu’il a affirmé aux Echos quotidien que la
journée qui s’est organisée par la commission des finances (journée du
 Les réalisations avec les prévisions initiales pour chaque programme ; 02 Mai 2012) a permis de mettre à plat les différentes propositions, car,
 Les résultats obtenus avec les objectifs escomptés figurants au explique-t-il : « il y en a qui émanent du Gouvernement et d’autres qui
niveau du Projet de Performance avec une explication des écarts viennent du Parlement. L’idée c’est de faire la synthèse de ces différentes
éventuels enregistrés. propositions, pour bien sûr commencent les discussions par la suite. ».

 La consolidation de ces rapports au niveau du Rapport Annuel de Quoi de plus normal d’ailleurs, quand on sait que le principal axe de la
Performance établi par le Ministère chargé des Finances, et présenté réforme est d’accroitre l’implication du Parlement dans l’élaboration de
au Parlement à l’occasion de l’examen du projet de Loi de Règlement. la Loi de Finances, mais aussi le suivi de son exécution.

 L’audit de performance des départements au moins une fois tous Le Gouvernement affiche donc sa volonté réelle de s’inscrire dans une
les trois ans : démarche participative, pour réussir cette réforme imposée tant par le
besoin d’améliorer la gestion publique que par la nécessité de se
 L’appréciation du dispositif du contrôle interne ; conformer aux principes énoncés par la nouvelle Constitution.
 L’analyse des programmes ;
 L’analyse des indicateurs et suivi des résultats (MEF – Direction du Il faut rappeler dans ce sens que le texte de cette dernière met en
Budget, Novembre 2014, p. 11). avant le renforcement des pouvoirs du Parlement, de l’échange des
informations et des arguments entre ce dernier et le Gouvernement,

131
autour de la LF, tout au long de l’année budgétaire et pas uniquement S’agissant de l’accessibilité des parlementaires à l’information, M. N.
lors de son adoption. La nouvelle Constitution constitue d’ailleurs un BENSOUDA a annoncé : « C’est la Constitution qui l’ordonne et le garantit.
ancrage important pour les députés qui ont participé à l’élaboration du Le droit à l’information est important et les rapports sont fournis au niveau
texte de proposition (Le Echos, Mai 2012, p. 7). du Parlement et ses deux chambres. Toute une documentation est mise à
leur disposition, que ce soit sur les établissements publics, par exemple, le
En effet, pour atteindre l’objectif d’amélioration de la performance de budget général, la masse salariale ou autre… Il faut donner davantage,
l’Etat, ou celui d’offrir un meilleur service public à moindre coût, expliquer, mais surtout avoir des documents qui permettent la lisibilité et
Abdelatif BERROHO, parlementaire du PJD a avancé que « la Loi Organique l’utilisation facile, par ce qu’il ne s’agit pas de donner beaucoup de
doit comprendre l’exécution de la Loi de Finances. ». La Chambre des documents. Il faut aussi donner des documents qui sont pédagogiques et
représentants devrait ainsi suivre l’exécution du budget, ce qui passe peuvent même être utilisés par le grand public, pour savoir exactement ce
notamment par le fait de donner plus d’importance à la Loi de Règlement que tel département ministériel a fait en matière de dépenses publiques. »
(Les Echos, Mai 2012, p. 6). (Le Reporter, Mai 2012, p. 31).

A noter qu’une proposition de rapports mensuels a été avancée par


certains parlementaires dans le cadre du suivi du Parlement de l’exécution II. Réaménagement du calendrier de préparation
budgétaire.
de la Loi de Finances
A ce sujet, M. El AZAMI, a déclaré dans une interview accordée aux Echos :
« En tout cas, nous voulons clairement nous inscrire dans une démarche
participative, car c’est dans l’intérêt du Gouvernement d’avoir un Parlement Il s’agit de l’introduction de deux nouvelles phases, à savoir :
et dans l’intérêt de ce dernier d’avoir un Gouvernement fort. Donc, dans le
cadre de cette démarche participative, nous sommes prêts à discuter des 1. Phase de préparation du cadre de la programmation
différentes propositions des parlementaires sur l’exécution du budget tout au pluriannuelle de référence : dans laquelle la Loi de Finances
long de l’année, ainsi qu’au moment de la préparation de la Loi de Finances. doit s’inscrire ;
Sur l’échange d’informations, nous sommes prêts à fournir les informations 2. Phase de concertation et d’information du Parlement
nécessaires aux parlementaires pour avoir une bonne argumentation lors de sur les choix et priorités budgétaires : en amont de la
la discussion de la Loi de Finances. » (Les Echos, Mai 2012, p. 6). présentation de la Loi de Finances (MEF – Direction du Budget, 2015,
p. 18).

132
Selon Fouzi LAAKJAA lors de la journée d’études organisée par l’AMIF, en « La Chambre des représentants se prononce sur le projet de loi de finances
plus de la profusion des informations mise à sa disposition, le Parlement de l'année dans un délai de trente (30) jours suivant la date de son dépôt.
sera impliqué à toutes les étapes de la préparation de la LF (L’Economiste, Dès le vote du projet ou à l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent, le
Mai 2012, p. 2). Gouvernement saisit la Chambre des conseillers du texte adopté ou du texte
qu'il a initialement présenté, modifié, le cas échéant, par les amendements
III. Réaménagement des modalités et des calendriers votés par la Chambre des représentants et acceptés par lui.

d’examen et de vote des Lois de Finances La Chambre des conseillers se prononce sur le projet dans un délai de vingt-
deux (22) jours suivant sa saisine. La Chambre des représentants examine
les amendements votés par la Chambre des conseillers et adopte en dernier
ressort le projet de loi de finances dans un délai n'excédant pas six (6)
M. El AZAMI considère qu’« il est indispensable de tenir compte dans le jours. ». (Art 49_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 7-8).
texte de la LOLF des autres dimensions plus techniques, revisitées par la
réforme constitutionnelle, relatives aux conditions de présentation, de dépôt Figure n°10 : La LOLF et la révision de la procédure d’examen et de vote du
et de vote du projet de Loi de Finances. » (Le Matin, Avril 2012, p. 5). PLF

D’ailleurs et selon l’article 75 de la Constitution, le Parlement vote le


PLF, déposé par priorité au bureau de la Chambre des représentants.
Conformément à cette disposition, la Loi Organique des Finances précise
une nouvelle procédure d’examen et de vote du projet de LF. Ainsi, le
PLF est déposé le 20 Octobre de chaque année et il est examiné et voté
dans un délai de 58 jours répartis comme suit :

 30 jours : examen et vote par la Chambre des représentants ;


 22 jours : examen et vote par la Chambre des conseillers ;
Source : MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 18
 6 jours : deuxième lecture par la Chambre des représentants101.

101 MEF – Direction du Budget., (2017), « Reddition des comptes : Réaménagement des http://lof.finances.gov.ma/role-du-parlement/reamenagement-des-calendriers-de-vote-des-
calendriers de vote des projets de lois de finances ». projets-de-lois-de-finances

133
arrêter les prévisions et y bâtir une LF. », a expliqué M. Driss El AZAMI
Il est évident que pour se mettre au diapason de la réforme souhaitée dans un entretien accordé à la Finances News (Finances News, Mai 2012, p.
de la Loi Organique des Finances, députés et conseillés ont besoin de 10).
plus de temps et de disponibilité technique en vue de comprendre les
inextricables rouages du budget. Pour la plupart des parlementaires, le Désormais, le Gouvernement se trouvera aussi devant l’obligation de
présent délai est trop insuffisant pour cerner toute la technicité du présenter un projet de Loi des Finances rectificatif à chaque fois
budget qui souvent dépasse les aptitudes des représentants. que la Loi de Finances autorisée par le Parlement subit des changements
qui soient un dépassement de l’autorisation102 : « Seules des Lois de Finances
A titre d’illustration, au cas où un groupe au Parlement propose un rectificatives peuvent en cours d'année modifier les dispositions de la Loi de
amendement, il est obligé d’en motiver la pertinence par le biais d’une Finances de l'année. » (Art 4_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 1).
étude. Difficile de respecter une telle disposition par un laps de temps
aussi court. C’est pour toutes ces raisons que la discussion de la LF En effet, le recours aux Lois de Finances rectificatives est intimement
vire généralement à des batailles byzantines à colorations politiciennes lié au respect du principe de sincérité promu par la LOLF. Ainsi, tout
(Le Matin, Avril 2012, p. 7). changement significatif au niveau des hypothèses qui prévalent lors de la
préparation de la LF de l’année doit être matérialisé dans le cadre de
Lois de Finances rectificatives.
IV. Réhabilitation de la Loi de Finances rectificative
A cet effet, la LOF encadre le calendrier d’examen et de vote du projet
et l’encadrement de son calendrier d’examen et de vote de la Loi de Finances rectificative. Le délai global d’examen et de vote
est de 15 jours répartis comme suit :

« Bien évidemment, au cours de la réforme de la LOLF, on peut aborder les  8 jours : examen et vote par la Chambre des représentants ;
conditions qui peuvent déclencher une Loi de Finances rectificative. On ne  4 jours : examen et vote par la Chambre des conseillers ;
fait appel à cette dernière que lorsqu’on a un changement de structure et un  3 jours : deuxième lecture par la Chambre des représentants103.
changement majeur des conditions d’exécution de la Loi de Finances. Mais
les conditions de cadrage qui varient tout au long de l’année ne nécessitent
pas de rectification puisqu’elles sont constamment en changement. Et puis, à 102 http://www.quid.ma, Op. Cit.
103 MEF – Direction du Budget., (2017), « Reddition des comptes : Réaménagement des
un certain moment dans le cadre de la programmation budgétaire, il faut calendriers de vote des projets de lois de finances », Op. Cit.

134
V. Eriger la Loi de Règlement en Loi de
Figure n°11 : La LOLF et la réhabilitation de la Loi de Finances rectificative

Finances et réaménager son calendrier d’examen et de vote

La LOF consacre également le rôle dévolu au Parlement en matière de


contrôle des finances publiques. C’est dans cette optique qu’elle a
Source : MEF – Direction du Budget, Novembre 2014, p. 19
consacré la disposition constitutionnelle relative à la date de dépôt du
projet de Loi de Règlement de la Loi de Finances104.
« Le projet de loi de finances rectificative est voté par le Parlement dans un
Avant tout, qu’est-ce qu’une Loi de Règlement ? « La loi de règlement
délai n'excédant pas quinze (15) jours après son dépôt par le Gouvernement
de la loi de finances constate et arrête le montant définitif des recettes
sur le bureau de la Chambre des représentants.
encaissées, des dépenses dont les ordonnances sont visées, se rapportant à
une même année budgétaire, et arrête le compte de résultat de l'année. Elle
La Chambre des représentants se prononce sur le projet de loi de finances
approuve le compte de résultat de l'exercice de l'année concernée, établi à
rectificative dans un délai de huit (8) jours suivant la date de son dépôt. Dès le
partir des recettes et dépenses constatées conformément aux dispositions de
vote dudit projet ou à l'expiration du délai prévu à l'alinéa précédent, le
l'article 32 ci-dessus. Elle affecte au bilan le résultat comptable de l'exercice.
Gouvernement saisit la Chambre des conseillers du texte adopté ou du texte
Le cas échéant, la loi de règlement de la loi de finances :
qu'il a initialement présenté, modifié, le cas échéant, par les amendements
votés par la Chambre des représentants et acceptés par lui.
- ratifie les crédits supplémentaires ouverts conformément aux dispositions
de J'article 60 ci-dessus ;
La Chambre des conseillers se prononce sur le projet dans un délai de quatre
- constate et autorise à titre de régularisation les dépassements des crédits
(4) jours suivant sa saisine. La Chambre des représentants examine les
ouverts et ouvre les crédits nécessaires pour les régulariser tout en donnant
amendements votés par la Chambre des conseillers et adopte en dernier
les justificatifs nécessaires ;
ressort le projet de loi de finances rectificative dans un délai n'excédant pas
- et constate l'annulation des crédits n'ayant pas été consommés. » (Art
trois (3) jours. » (Art 51_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 8).
64_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9).

104
Idem.

135
des justifications et des ajustements nécessaires aux objectifs et aux
Bref, il s’agit de la reddition des comptes désormais constitutionnalisée : indicateurs des programmes (MEF – Direction du Budget, 2015, p. 2).
« Conformément à l'article 76 de la Constitution, le projet de loi de règlement
de la loi de finances est déposé annuellement, en priorité, sur le bureau de la En clair, ce droit d’amendement porte sur l’interdiction d’augmenter
Chambre des représentants, au plus tard, à la fin du premier trimestre du une charge publique relative à un chapitre tout en offrant une possibilité
deuxième exercice qui suit celui de l'exécution de la loi de finances concernée. » de réallocation des crédits en programmes à l’intérieur d’un chapitre (MEF
(Art 65_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 9). – Direction du Budget, 2015, p. 2).

Pour le Trésorier Général du Royaume, ce nouveau dispositif renforce Figure n°12 : Clarification, encadrement et élargissement du droit
les prérogatives du Parlement et met en avant le rôle de la Cour des d’amendement parlementaire
comptes en tant qu’organe de contrôle juridictionnel des comptes (Finances
News, Mai 2012, p. 9).

VI. Clarification, encadrement et élargissement


du droit d’amendement parlementaire Source : MEF – Direction du Budget, 2015, p. 2

« Conformément au alinéa de l'article 77 de la Constitution, le Gouvernement


peut opposer, de manière motivée, l'irrecevabilité à des articles additionnels
D’ailleurs, disait M. N. BENSOUDA, Trésorier Général du Royaume, le ou amendements ayant pour objet soit une diminution de ressources publiques,
Parlement contrôle l’action du Gouvernement et évalue les politiques soit la création ou l'aggravation d'une charge publique. S'agissant des articles
publiques. Selon lui, l’un des axes stratégiques de la réforme concerne additionnels ou amendements, la charge publique s'entend des crédits ouverts
le nouveau partage des pouvoirs. Si par le passé, le droit d’amendement au titre du chapitre.
a été suffisamment encadré pour donner la prééminence au Gouvernement
sur le Parlement, les choses doivent changer (L’Economiste, Mai 2012, p. 2). A l'intérieur d'un même chapitre, des articles additionnels ou amendements,
qui doivent être justifiés et accompagnés des ajustements nécessaires aux
En effet, il est question, au niveau de la LOLF, d’un élargissement du objectifs et indicateurs relatifs aux programmes concernés, peuvent augmenter
droit d’amendement parlementaire en contrepartie de la présentation ou diminuer les crédits afférents à un programme, dans la limite des crédits

136
prévus au titre dudit chapitre. Les amendements non conformes aux dispositions du Parlement lorsque leur adoption aurait pour conséquence, par rapport à
de la présente loi organique sont irrecevables. Tout autre article additionnel ou la loi de finances, soit une diminution des ressources publiques, soit la
amendement doit être justifié. » (Art 56_Bulletin Officiel, Juin 2015, p. 8). création ou l'aggravation des charges publiques. »105.

Là-dessus, M. El AZAMI stipule que « ce principe renforce le Gouvernement


VI. Coresponsabilité du Parlement et du Gouvernement dans ses choix budgétaires et de politiques publiques par ce que si le
Parlement est mieux informé et qu’il y a des discussions et des argumentations
dans la préservation d’équilibre des finances de l’Etat sur les choix budgétaires, cela renforce également le travail du Gouvernement.
», d’après un entretien accordé au Finances News (Finances News, Mai
2012, p. 10).
Pour M. Driss El AZAMI, la refonte de la Loi Organique des Finances
permettra au Maroc de se doter d’une nouvelle constitution financière
et de promouvoir une réelle démocratie budgétaire à même d’améliorer
l’efficacité de la dépense publique et de garantir un meilleur accès à
l’information financière. Le tout dans la perspective de responsabiliser
et le Gouvernement et le Parlement quant au respect de l’équilibre des
finances publiques (L’Opinion, Mai 2012, p. 3).

En fait, la réforme de la Constitution a introduit un nouveau dogme se


basant, entre autres, sur cette coresponsabilité du Parlement et du
Gouvernement en matière de préservation d’équilibre des finances de
l’Etat (Le Soir, Mai 2012, p. 17).

Ainsi, l’article 77 de la Constitution, qui a remplacé le fameux article 51,


y ajoute un paragraphe qui concerne cette responsabilité partagée :
« Le parlement et le gouvernement veillent à la préservation de l'équilibre
des finances de l'Etat. Le gouvernement peut opposer, de manière motivée,
105 AgenceMarocaine de Presse., (2012), « La Constitution ».
l'irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulés par les membres http://www.mapnews.ma/fr/maroc/la-constitution

137
Bibliographie

Bibliographie de la première partie


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Articles
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MALIYA, n°38 Juin 2006.
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 « Journée des Cadres/Séminaire des Directeurs : Deux manifestations pour MALIYA, Spécial n°3 Février 2007.
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 « La Budgétisation Sensible au Genre : Un instrument au service de Septembre 2003.
l’équité, l’égalité, la transparence et la bonne gouvernance », AL MALIYA,
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 « Le Secrétaire Général du MFP présente la Réforme du Contrôle de la
 « La Réforme Budgétaire au Maroc : Levier et accélérateur de la Réforme Dépense Publique dans un entretien à Al Maliya », AL MALIYA, Spécial n°3
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MALIYA, n°43 Août 2008.
 « Le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur à la Journée des cadres
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publique et conditions de réussite », AL MALIYA, n°43 Aout 2008.

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d’amélioration », AL MALIYA, n°46 Octobre 2009. Spécial n°3 Février 2007.

 « Loi organique des finances : Ce qui va changer », L’Economiste107, n°  « Séminaire sur la bonne gouvernance des finances publiques », AL
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146
Annexe 1 : Liste des textes législatifs et
règlementaires relatifs à la LOLF

 Circulaire du Ministre de l’Economie et des Finances n°1693/E en date


 La Constitution de 2011 ; du 13/03/2017 relative à l’élaboration des projets de performance
(PdP) ;
 Loi Organique n°130-13 relative à la Loi de Finances ;
 Arrêté du Ministre de l’Economie et des Finances n°811 du 20 Février
 Décret n°2-15-426 du 28 Ramadan 1436 (15 Juillet 2015) relatif à 2017 fixant les modèles des documents accompagnants les
l’élaboration et à l’exécution des Lois de Finances ; propositions de dépenses au titre du chapitre du personnel de l’année
budgétaire ;
 Circulaire de M. le Ministre de l'Economie et des Finances NOI 4973/E
en date du 19/07/2017 a/s de la nomenclature budgétaire ;  Arrêté du Chef de Gouvernement n°3-221-16 du 27 Rabii I 1438 (27
Décembre 2016) fixant les règles de gestion budgétaires et comptables
 Circulaire de M. le Ministre de l'Economie et des Finances NOI 4509/E nécessaires au respect du caractère limitatif des crédits ouverts au
en date du 10/07/2017 relative à la gestion financière et comptable des titre du chapitre de personnel ;
Etablissements Publics bénéficiant de ressources affectées ou de
 Circulaire de M. le Ministre de l'Economie et des Finances en date
subventions de l'Etat ;
du19/07/2016 portant application de l'article 5 du décret relatif à
l'élaboration et l’exécution des Lois de Finances ;

147
 Circulaire du Chef du Gouvernement n°6/2016 en date du 23/05/2016
A/S du lancement de la 4ème vague de préfiguration de la LOF ;

 Arrêté du Ministre de l’Economie et des Finances n°193-16 du 10


Rabii II 1437 (21 Janvier 2016) fixant les modalités d’exécution des
dépenses relatives aux remboursements, dégrèvements et restitutions
fiscaux ;

 Circulaire du Chef du Gouvernement n°4/2015 en date du 18/06/2015


A/S du lancement de la 3ème vague de préfiguration de la LOF ;

 Circulaire du Chef du Gouvernement n°06/2014 en date du


12/06/2014 A/S du lancement de la 2ème vague de préfiguration de la
LOF.

148
Annexe 2 : Liste des évènements organisés par le
MEF afférents à la mise en place de la LOLF

12.06.2013
Séminaire de lancement de la réforme de la Loi Organique relative responsables appartenant à la quasi-totalité des directions centrales du
à la Loi de Finances Ministère, à savoir la DTFE, la DEPP, la DEPF, la DB et la DAAG. Les
représentants de certains départements non préfigurateurs y étaient également
Cette conférence a été animée par Mme Mouna BENGRINE, Chef de la présents.
Division de la Réforme Budgétaire au sein de la Direction du Budget. Mme
BENGRINE relève de la sous-Direction chargée du pilotage de la mise en 13.11.2014
œuvre de la réforme de la LOLF. Cette structure a la responsabilité de Débat sur le Projet de la LOF à Transparency Maroc
mener à terme cette réforme qui a permis de doter le Royaume du Maroc de
la nouvelle Loi Organique, prise sur le fondement de l'article 75 de la Transparency Maroc et la Fondation Heinrich Böll ont organisé, le Jeudi 13
Constitution, et promulguée par le Dahir n°1-15-62 du 14 Chaâbane 1436, Novembre 2014, un débat sur le thème : « Projet de Loi Organique
correspondant au 02 Juin 2015. relative à la Loi de Finances : Lectures à la lumière des normes
internationales de transparence et de bonne gouvernance ». A cet
Il est à souligner que la présentation de Mme BENGRINE, a suscité grandement événement M. Faouzi LEKJAA, Directeur du Budget, a pris part et est revenu
l'intérêt de l'assistance qui s'est manifestée par un débat chaleureux. La sur les grandes lignes et les objectifs du projet de la LOF, adopté fin Octobre
conférence a été aussi marquée par une forte présence composée de cadres et 2014 par la Chambre des conseillers et transféré pour la deuxième lecture à

149
la Chambre des représentants. M. LEKJAA a rappelé ainsi que ce projet de Cet évènement a été co-animé par Mme Mouna BENGRINE et M. Mohammed
texte, inspiré de la Constitution de 2011, vise l’efficacité de la gestion LAMJOUN, Chef de la Division du Système d’Information relevant de la
publique, l’amélioration de la transparence des finances publiques et le Direction du Budget. Ainsi, après avoir présenté les nouvelles dispositions de
renforcement du rôle du Parlement en matière de contrôle des finances la LOLF, l’intervenante a développé la partie relative à la construction des
publiques. programmes, aux règles de gestion ainsi que la fonction du responsable de
programmes et ses responsabilités.
25.04.2015
Journée d’étude portant sur le thème « La réforme de la Loi La deuxième intervention réalisée par M. LAMJOUN s’est focalisée sur les
Organique relative à la Loi de Finances : Nouveautés et Enjeux » spécifications fonctionnelles générales du futur système d’information
budgétaire et sur la description des différents processus relatifs notamment à
L’Association Nationale des Administrateurs du Secteur de la Santé (ANASS), la préparation du PLF, l’édition des projets de performance et la mise en
en collaboration avec la Direction Régionale de la Santé de la région de place de la programmation budgétaire triennale.
Doukala-Abda, a organisé le 25 Avril 2015 à Safi une journée d’étude portant
sur le thème « La réforme de la Loi Organique relative à la Loi de 21.05.2015
Finances : Nouveautés et Enjeux » à laquelle Mme BENGRINE a pris part. Session d’information et de sensibilisation à la LOF au profit du
Ministère de la Justice et des Libertés
Ainsi, après avoir présenté les différents apports de ladite Loi Organique,
l’intervenante a animé un débat avec les représentants des directions Un atelier sur la programmation budgétaire a été organisé à l’Institut Supérieur
régionales présentes à la journée qui ont démontré un intérêt aux nouvelles de la Magistrature et auquel la DB a été conviée à y participer en vue de
dispositions contenues au niveau de cette Loi tout en soulignant la nécessité partager avec les représentants des directions centrales et régionales les
de dupliquer ces journées au niveau d’autres régions du Maroc. nouveaux apports de la réforme de la LOF. Ainsi, Mme Mouna BENGRINE a
expliqué que la nouvelle architecture budgétaire a fait émerger un nouveau
15.05.2015 centre de responsabilité managériale à savoir le programme budgétaire qui
Forum des responsables de programmes au Ministère de la Santé donne du sens à la performance de l’action publique...

La Direction de la Planification et des Ressources Financières relevant du 01.06.2015


Ministère de la Santé a organisé ledit forum aux locaux de la Division de la Séminaire sur le développement des compétences et Gestion des
Coopération, un forum des responsables de programmes auquel ont assisté Ressources Humaines
les responsables des 6 programmes budgétaires ainsi que tous les Chefs de
division, Chefs de service et cadres relevant de ladite Direction. Ce séminaire a été organisé par le MEF en collaboration avec l'Agence
Française d'Expertise Technique Internationale « Expertise France », et auquel

150
M. Ahmed BERRADA, Adjoint au Directeur du Budget chargé du pilotage de la de la LOLF, de connaitre son calendrier d'application ainsi que les premières
mise en œuvre de la LOLF, a pris part à la 1ère table ronde sur la planification dispositions qui entreront en vigueur dès Janvier 2016.
stratégique et la gestion des ressources humaines en axant son intervention
sur l'impact de la LOLF sur la gestion des ressources humaines. 04.12.2015
Cycle de formation à Transparency Maroc
L’intervenant a démontré que la mise en place de la LOLF, basée sur la Transparency Maroc, avec l’appui d’Oxfam Novib, a organisé au cours du
performance, la responsabilité, la reddition des comptes et l'évaluation, aura mois de Décembre un cycle de formation en trois sessions consacré aux
des impacts sur la GRH, notamment grâce à une meilleure estimation de ces finances publiques. Ce cycle a été destiné aux représentants des associations
ressources, l'instauration d'une culture de performance, de communication, de œuvrant dans les domaines de lutte contre la corruption et la bonne
dialogue, de formation et de revalorisation des métiers de l'audit. gouvernance.

19.09.2015 La 1ère session de ce cycle, qui a été dédiée à la LOLF, a été organisée les 4
Journée d’information et de sensibilisation à la LOF à la Direction et 5 Décembre 2015 et animée par Mme BENGRINE. Ainsi, l’intervenante a
de la Météorologie Nationale présenté une lecture de la Loi Organique sous le prisme de la transparence.
Elle a, en particulier, démontré que le nouveau principe de sincérité introduit
Ladite journée a été organisée à Casablanca en présence des responsables et par cette loi peut être considéré comme le prolongement sublimé de
cadres de ladite direction ainsi que des directeurs et représentants des cinq l'exigence de transparence puisque son inscription comme principe de droit
directions météorologiques régionales (centre, Sud, Nord, Nord-Est et budgétaire vise à renforcer la transparence du processus de décision
Laayoun). Ainsi l’intervention de Mme BENGRINE s’est focalisée sur les apports budgétaire.
de cette constitution financière et qui peuvent se résumer au niveau de trois
axes fondamentaux : (i) renforcement de la performance publique, (ii) de la 09.12.2015
transparence des finances publiques qui peut être considéré comme un levier Sessions d’information et de partage sur les dispositifs de Loi
efficace pour le rétablissement de la confiance publique et (iii) l’affermissement Organique relative à la Loi de Finances pour le Ministère de la
du rôle du Parlement dans le débat public. Santé

27.11.2015 Le Ministère de la Santé, avec l’appui de l’OMS, a organisé trois Sessions


La Loi Organique relative à la Loi de Finances présentée au d’information et de partage sur les dispositifs de la LOLF, respectivement le 9
personnel du MEF et 10 Décembre, le 14 et 15 Décembre, et le 16 et 17 Décembre 2015, au
bénéfice des Directeurs régionaux, des Chefs de service et des cadres au
Cette conférence a été animée par Mme Mouna BENGRINE et dont l’exposé a niveau régional. La DB a été représentée au cours de ces 3 sessions par Mme
permis à l'assistance d'avoir notamment, une idée exhaustive sur le contenu Mouna BENGRINE qui a intervenu sur le contenu de la LOLF et sur la mise en

151
place de la démarche de performance au sein de l’administration publique. départements préfigurateurs de s’approprier les nouvelles règles financières
Aussi, au cours du débat, l’animatrice a fourni quelques enseignements qui et budgétaires.
ont été tiré des opérations de préfiguration.
Animé conjointement par les experts de l’Agence Expertise France et les
16.12.2015 représentants de la DB, cet atelier était une occasion pour présenter les
Séminaire sur l’application de la LOLF à l’Administration de la apports de la nouvelle LOLF, les travaux menés lors des trois premières
Défense Nationale opérations de préfiguration, les enseignements en tirés ainsi que les leviers de
réussite.
Le Directeur du Budget, M. Fouzi LEKJAA, a animé le 16 Décembre 2015 aux
locaux de l’Administration de la Défense Nationale (ADN), une demi-journée 01.04.2016
sur les apports de la LOLF. Les discussions ont par la suite porté sur les Matinée de sensibilisation au Haut-Commissariat au Plan
nouvelles règles et responsabilités budgétaires qui doivent être mises en place
au sein de l’ADN sachant que ladite administration présente des spécificités. Ont pris part à cette matinée l’Inspecteur Général, les Directeurs centraux,
le Directeur de l'Institut National de Statistique et d’Economie Appliquée, le
01.01.2016 Directeur du Centre National de Documentation ainsi que les Chefs de
Demi-journée de sensibilisation au Ministère chargé des Marocains division et de services et les cadres de la Direction des Ressources Humaines
Résidant à l'Étranger et des Affaires de la Migration et des Affaires Générales.

Organisé par la DB, cette demi-journée a été animée par M. Ahmed BERRADA Ainsi, Mme BENGRINE a explicité les innovations de cette Loi en matière
et M. Youssef ROCHDI cadre au sein de la Division de la Réforme Budgétaire. budgétaire, comptable et managériale. Aussi, en partageant avec l’assistance
La journée de sensibilisation a connu la participation du Secrétaire Général et des éléments des retours d’expériences, elle a souligné que la démarche de la
des Directeurs centraux du Ministère qui ont débattu les différents aspects performance est un exercice de longue haleine qui nécessite la mobilisation
de la mise en œuvre de la nouvelle LOLF au sein dudit Département. de tout le personnel et l’amélioration de la communication sur les enjeux et
l’intérêt de cette démarche.
01.03.2016
Lancement de la 4ème vague de préfiguration 01.04.2016
Séminaire d’appropriation de la Loi Organique relative à la Loi de
La DB a organisé, le Mardi 1er Mars 2016, un atelier de lancement de la 4ème Finances
vague de préfiguration afin de mettre à profit la dernière année de
préfiguration des dispositions de la LOLF et permettre ainsi aux nouveaux Organisé par le MEF en partenariat avec la Banque Mondiale et l'Agence
Française d'Expertise Technique Internationale « Expertise France » au

152
Centre International de Conférence Mohammed VI-Skhirat, cet événement a des départements préfigurateurs et des directions du Ministère ainsi que les
été marqué par la présence du Chef du Gouvernement, Monsieur Abdelilah cadres et responsables de la DB.
BENKIRANE et a connu la participation de Ministres, parlementaires, bailleurs
de fonds, représentants de la société civile ainsi que des hauts responsables Cet atelier a été également l’occasion de procéder à la signature de la
des différents départements ministériels. Convention de partenariat entre la Direction du Budget et l’Institut des
Finances (IDF) représentés respectivement par M. A. BERRADA et M. Hakim
A cette occasion, le Chef du Gouvernement a invité les fonctionnaires de FIRADI, Adjoint au Directeur des Affaires Administratives et Générales chargé
l'administration publique à s'approprier de manière efficiente la nouvelle Loi du pôle formation et Directeur de l'IDF. Ladite Convention a pour objet de
Organique. Il a également incité l'administration publique à être audacieuse définir les modalités et les moyens de mise en œuvre du plan de formation
dans la proposition de nouvelles législations, qui permettront d'introduire des LOLF.
réformes à même de servir l'intérêt national et le bien-être du citoyen.
25.05.2016
Monsieur BENKIRANE a félicité le MEF ainsi que tous les départements Demi-journée de sensibilisation au Département de l’Energie et
préfigurateurs, pour les efforts qu'ils ont déployés sur plus d'une décennie, des Mines
afin que cette Loi puisse voir le jour. Le Chef du Gouvernement a remercié
la Banque Mondiale et Expertise France pour leur engagement et leur La DB a été sollicitée par le Département de l’Energie et des Mines pour
collaboration à ce grand projet de réforme. animer, le Mercredi 25 Mai 2016, une demi-journée de sensibilisation à la
nouvelle LOLF en présence des directeurs et des chefs de division et de
Pour sa part, le Ministre de l'Economie et des Finances, Monsieur Mohammed service dudit Département.
BOUSSAID, a prononcé une allocution où il a remercié tous les partenaires du
Ministère qui ont soutenu et appuyé le projet de réforme de la LOLF. M. Lors de sa présentation, Madame BENGRINE Mouna a expliqué qu’au-delà de
BOUSSAID a souligné la qualité de l'expertise et des bonnes pratiques la nouvelle architecture budgétaire, cette constitution financière véhicule une
échangées avec les partenaires étrangers, en l'occurrence la Banque Mondiale série d’avancées majeurs, entre autres, une définition plus claire des priorités
et Expertise France. de l’action de l’Etat, un contrôle parlementaire plus renforcé sur ces priorités
et sur les grands choix budgétaires, un engagement des administrations
17.05.2016 publiques dans la dynamique de réalisation des objectifs avec plus d’autonomie
Atelier de restitution du plan de formation et de responsabilisation en faveur des gestionnaires.

La DB a organisé, le Mardi 17 Mai 2016, à l’amphithéâtre du MEF un atelier de Aussi, elle a ajouté que les opérations de préfigurations menées depuis 2014
restitution du plan de formation pour la mise en œuvre de la LOLF. Ont pris vont permettre de mettre en place les bases d’une approche consensuelle
part à cet atelier, les représentants de la délégation de l’UE au Maroc, ceux garante de l’adhésion de l’ensemble des départements ministériels à la LOLF.

153
20.07.2016
09.06.2016 4ème réunion du Comité de Pilotage Technique du Jumelage
Réunion de sensibilisation au profit de la Cour des Comptes institutionnel d’appui à la mise en œuvre de la réforme de la Loi
Organique relative à la Loi de Finances au Maroc
Présidée par M. le Secrétaire Général de la Cour des Comptes, une réunion
de sensibilisation au profit de cette institution a été tenue en date du 9 Juin, Le Comité de Pilotage Technique du jumelage d’appui à la mise en œuvre de
en présence de MM. le Chef de la Division des Ressources Financières et du la LOF, s’est réuni pour la quatrième fois, le Mercredi 20 Juillet 2016 au siège
Patrimoine, le Chef de la Division des Ressources Humaines ainsi que les du MEF, afin d’examiner les points suivants :
chefs de services et cadres relevant de ces divisions.
 Etat de mise en œuvre des principales résolutions du 3ème comité de
Dans son allocution d’ouverture, Mme BENGRINE a tenu à circonscrire pilotage tenu le 29 Février 2016 ;
l’objectif de cette séance de travail à la transposition de la morasse budgétaire  État d’avancement de la mise en œuvre des activités prévues durant le
des juridictions financière en mode de préfiguration de la Loi Organique et au 4ème semestre du contrat de jumelage (écart par rapport au prévu,
le lancement de la réflexion à propos des objectifs et des indicateurs de causes et mesures correctives) ;
performance.  Bilan de la 2ème année de mise en œuvre et besoins en re-planification
des activités du reste à faire ;
Ainsi, et suite à un éclairage apporté par le Secrétaire Général énumérant les  Plan de travail du cinquième semestre, livrables attendus et paiements
principales missions des juridictions financières, cette réunion a été caractérisée prévus ;
par un consensus des parties sur l’option de structuration de la morasse en  Examen et validation de la note relative à la gestion du contrat du
programmes et sur la démarche de la mise en place d’un système de pilotage jumelage.
de la performance.
Le bilan de la 2ème année de mise en œuvre des activités du jumelage a fait
15.06.2016 ressortir que l’essentiel des activités est exécuté selon le calendrier initial.
Session d’information au Ministère de l’Intérieur
En date du Mercredi 15 Juin 2016, le Gouverneur-Directeur des Affaires 21.07.2016
Administratives relevant du Ministère de l’Intérieur a présidé une session Séminaire sur « Les indicateurs de Performance liés à la Préparation
d’information sur la nouvelle Loi Organique des Finances co-animée par M. de la Loi de Finances »
Ahmed BERRADA et Mme Mouna BENGRINE. Le dialogue fructueux qui a eu
lieu, a débouché sur une feuille de route pour l'opérationnalisation de Organisés à l'amphithéâtre du MEF au profit des responsables et cadres dudit
l'opération de préfiguration. Ministère, le séminaire a été co-animé par Mme Rajae REMMAL et M. Abdennaji
HEDDA relevant de la Division de l’Elaboration de la Loi de Finances.

154
 Contenus des projets de guides sur « Les déterminants de la dépense »
Dans son intervention, Mme REMMAL a mis en exergue le cadre général de la et sur « Le dialogue de gestion et le pilotage opérationnels » ;
performance budgétaire consacrée par la LOF entant que pilier incontournable  Modèle pour l’établissement d’une charte de gestion.
à la performance de l’action publique. Elle a précisé à cet égard, le rôle des
indicateurs de performance dans l’évaluation de la mise en œuvre des 27.10.2016
politiques publiques et des stratégies sectorielles. Organisation d'une réunion le 01/11/2016 sur le suivi de l'exécution
budgétaire au titre de l'année 2016
Dans le même ordre d’idée, M. HEDDA a précisé le cadre conceptuel de la
notion de performance, son cadre de référence et sa démarche. Il a présenté Dans le cadre de la mise en œuvre de la LOLF et en vue de permettre un
des cas illustratifs d’objectifs et d’indicateurs de performance liés à la LF et meilleur suivi de l’exécution des budgets des départements ministériels et
associés aux programmes de certains départements ministériels et institutions des institutions au titre de l’année budgétaire 2016, la Direction du Budget a
préfigurateurs en évoquant quelques insuffisances relevées dans le cadre des organisé une réunion de travail à l’amphithéâtre du Ministère de l’Economie
opérations de préfigurations aussi bien que les perspectives d’évolution du et des Finances (entrée D) le Mardi 1er Novembre 2016 à 9h.
déploiement de la LOF.
05.01.2017
27.09.2016 Journée d’information et d’échange sur les nouvelles dispositions
Atelier de partage autour de la LOF au profit des responsables des de la LOF relatives aux dépenses du personnel
affaires financières des départements ministériels et institutions
Dans le cadre de la mise en œuvre de la LOLF, la Trésorerie Générale du
La DB a organisé un atelier de partage au profit des responsables financiers Royaume a organisé, le Jeudi 5 Janvier 2017, un atelier pour les ordonnateurs,
de l’ensemble des départements ministériels et institutions. L’atelier, auquel sur les nouvelles dispositions relatives aux dépenses de personnel et ce, à
ont pris part plus de 195 responsables et cadres, a été animé par MM. F. l’issue de la publication de l’arrêté du Chef du Gouvernement fixant les règles
MORDAQ et E. MILLARD, tous deux Experts au sein de l'Agence d'Expertise budgétaires et comptables nécessaires au respect du caractère limitatif des
Technique Internationale de la France (Expertise France), M. BERRADA et crédits ouverts au titre du chapitre du personnel.
Mme BENGRINE. Cet atelier fut l’occasion d’échanger sur les aspects ci-après :
Cet atelier a été consacré à la présentation notamment, des nouvelles
 Etat d’avancement de la mise en œuvre des dispositions de la LOLF dispositions de l’arrêté précité, de la nouvelle démarche de programmation
avec un focus sur les enseignements et les défis ; des dépenses de personnel ainsi que du nouveau système INDIMAJ destiné
 Témoignages de responsables du Ministère de l’Emploi et des Affaires aux ordonnateurs et dédié à la prise en charge des dispositions de la LOLF en
Sociales et du Conseil Economique Social et Environnemental sur le matière de personnel (programme de l’atelier).
déroulement de l’opération de préfiguration au titre du PLF 2017 ;

155
01.02.2017 a été présenté. La conférence a été marquée par une participation active de
Organisation d'un atelier d’échanges et de partage sur le « Dialogue la part d’officiers d'encadrement et des officiers stagiaires (futures Intendants
de gestion : Administration centrale-Services déconcentrés » militaires) et de riches échanges témoignant ainsi d’un grand intérêt pour la
nouvelle gouvernance financière de l’Etat.
Cet atelier organisé par la DB au profit des départements ministériels ayant
des services déconcentrés, a été consacré, d’une part, à la présentation de la 10.02.2017
démarche, instruments du pilotage opérationnel et du dialogue de gestion au Ateliers de sensibilisation et de partage au profit des directions
sein d’un ministère, et d’autre part, aux témoignages de représentants de régionales du HCEFLD
départements ministériels (Eaux et Forêts, Justice et Libertés, Formation
professionnelle, Finances, Culture, Emploi et Affaires Sociales) concernant Dans le cadre de la mise en œuvre de la LOLF, le Haut-Commissariat aux
l’évolution du dialogue de gestion ministériel sous le prisme de la LOF. Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Désertification a organisé, au courant
du mois de Février 2017, avec le soutien du "Programme d’Appui à la
09.02.2017 Politique Forestière" financé par l’Union Européenne, une série d’ateliers de
Conférence sur la Loi Organique relative à la Loi de Finances sensibilisation et de partage au profit des directions régionales et des sous-
ordonnateurs au niveau provincial relevant dudit département. Les volets
Sur invitation du Cours Supérieur Interarmées de l'Intendance des Forces traités au cours cette série d’ateliers se présentent comme suit :
Armées Royales, la DB relevant du MEF a animé une conférence sur « La Loi
Organique n°130-13 relative à la Loi de Finances », le Jeudi 09 Février  La budgétisation axée sur les résultats et les meilleures pratiques
2017 à Marrakech. internationales ;
 La Loi Organique n°130-13 relative à la Loi de Finances ;
Cette conférence, qui s’inscrit dans le cadre des activités périscolaires de la  Les opérations de préfiguration et les retours d’expérience ;
formation des intendants militaires des Forces Armées Royales, a porté sur  Examen du Projet de performance du HCEFLD et voies d’amélioration ;
les apports de la LOLF en termes de performance, de transparence et de  Le dialogue de gestion administration centrale-services déconcentrés ;
contrôle des finances publiques. De même, le processus de montage des  Présentation du nouveau Système de la programmation et du budget.
programmes budgétaires, d’élaboration des objectifs et des indicateurs de
performance ont été explicités. Cette conférence a été aussi l’occasion de 21.02.2017
développer les différentes notions afférentes aux Projets de Performance Atelier sur les déterminants de la dépense et le nouveau système
(PdP), leurs étapes d’élaboration, leurs architectures et leurs contenus. d’information : e-Budget 2

Finalement, pour illustrer la mise en place d’un budget-programmes axé sur Ont pris part à cet atelier, organisé par la DB, 170 participants relevant des
la performance, le cas concret se rapportant au PdP du Ministère de la Santé différents départements ministériels et institutions. La première partie de

156
l’atelier a été consacrée à la présentation de la démarche d’explication des chaque mois les états mensuels relatifs à l’exécution des dépenses du
déterminants de la dépense en tant qu’outil de transparence et d’amélioration personnel relevant de leur département et ce conformément au modèle des
de la lisibilité du budget, alors que la seconde partie a porté sur la tableaux annexés à ce guide.
présentation du nouveau système d’information "e-Budget 2" pour prendre en
charge les nouvelles fonctionnalités notamment celles relatives au PLF, la 11.05.2017
programmation pluriannuelle et l’établissement des projets de performance. Organisation de la deuxième et troisième étapes de la caravane de
partage et de sensibilisation autour de la LOF
21.03.2017
Atelier de présentation du guide pratique pour la prévision et le Suite au lancement de la caravane de partage et de sensibilisation autour de la
suivi de l’exécution des dépenses de personnel de l’Etat LOF à Rabat le Mercredi 12 Avril 2017, 2 nouvelles étapes ont été organisées
au niveau des régions de Casablanca-Settat et Tanger-Tétouan-Al Hoceima
Ce guide a pour objet de mettre à la disposition des différents départements respectivement le 25 et 27 Avril 2017.
ministériels, un outil technique et pratique pour la prévision et le suivi de
l’exécution des dépenses de leur personnel dans un souci d’assurer la L’étape organisée à Casablanca a connu la participation d’environ 200
couverture de l’ensemble des engagements et de respecter le plafond des responsables et cadres relevant de services déconcentrés des différents
crédits octroyés. départements ministériels et institutions au niveau de la région Casablanca-
Settat.
Lors de cet atelier, il a été signalé également que le pilotage des dépenses de
personnel ne se limite pas uniquement à des opérations techniques telles que Outre les exposés et les interventions de l’équipe du MEF en charge de
décrites dans ce guide, mais exige des mesures préalables à savoir notamment : l’organisation et de l’animation de la dite caravane, cette étape a été marquée
par des contributions des départements ministériels sur le déploiement de la
 Une bonne organisation des ressources humaines chargées de la prévision nouvelle gestion budgétaire issue de la LOLF.
et du suivi des dépenses de personnel ;
 Une planification réaliste et des opérations relatives au personnel ; A l’instar du déroulement de l’étape de Casablanca, et en plus des exposés
 L’amélioration des procédures internes pour la maîtrise des délais des de l’équipe du MEF, l’atelier Tanger a connu des témoignages de responsables
opérations planifiées ; relevant des services déconcentrés sur l'importance de la contractualisation
 Un système d’information adapté. entre l’administration centrale et les directions régionales ainsi qu’entre ces
dernières et les services opérationnels. Les participants à ce 2ème atelier ont
Aussi, et conformément aux dispositions de l’arrêté n°811 du Ministre de été d’environ 160 responsables et cadres relevant de services déconcentrés
l’Economie et des Finances, les départements ministériels ont été appelés à de cette région.
l’issue de cet atelier de produire et de transmettre à la DB avant le 10 de

157
18.05.2017 déconcentrés et les services centraux en matière de réalisation des objectifs
Organisation de la quatrième et cinquième étape de la caravane de de performance, de comptabilité générale et de comptabilité d’analyse des
partage et de sensibilisation autour de la LOF coûts ainsi que du dispositif de formation de la LOF et de méthodologie de
son déploiement.
Après l’organisation des trois premières étapes de la caravane de partage et
de sensibilisation autour de la LOF, sous le thème « Dimension régionale et La cinquième étape organisée à Fès a connu la participation d’environ 130
implication des services déconcentrés : Gage de réussite du déploiement responsables et cadre issus des différents services déconcentrés. Cette étape
de la LOF », deux nouvelles étapes ont été organisées au niveau des régions a été marquée, en plus des interventions et exposés des responsables du MEF,
de l’Oriental et Fès-Meknès, respectivement, le 8 et 10 Mai 2017 à Oujda et par la présentation des témoignages de départements ministériels en matière
à Fès. Ces 2 étapes ont connu la participation de plus de 240 responsables et de gestion budgétaire orientée vers la performance.
cadres relevant des services déconcentrés des différents départements
ministériels et institutions. Le débat engagé au terme de cette étape s’est focalisé, essentiellement, sur la
problématique des ressources humaines en relation avec la production des
L’étape organisée à Oujda a connu la participation d’environ 110 responsables indicateurs de performance au niveau régional, l’importance de la mise en
/cadres relevant de différents services déconcentrés et institutions au niveau place d’un dialogue de gestion efficace entre l’administration centrale et les
de ladite région. services déconcentrés, de la contractualisation aussi bien que du dispositif
d’accompagnement pour la mise en œuvre de la LOLF.
À l’instar des étapes précédentes, cette étape a connu la présentation des
exposés sur la LOLF : principes, concepts, apports et calendrier de mise en 26.05.2017
œuvre, le dispositif du pilotage opérationnel orienté performance, le dispositif Organisation de la sixième étape de la caravane de partage et de
d’accompagnement pour la mise en œuvre de la LOLF et le témoignage sensibilisation autour de la LOF
d’Expertise-France. Cette étape était, également, l’occasion pour présenter les
expériences et témoignages de départements ministériels ayant préfiguré la La ville de Laâyoune a abrité, en date du le 18 Mai 2017, la sixième étape de
gestion budgétaire instituée par la LOF. la caravane de partage et de sensibilisation autour de la LOF organisé par le
MEF sous le thème « Dimension régionale et implication des services
Au terme de cette étape, le débat a porté sur les questions relatives à la déconcentrés : gages de réussite du déploiement de la LOF ».
problématique des ressources humaines dans les services déconcentrés et
leur gestion dans le cadre de la démarche de performance instituée par la Cette étape a connu la participation de 80 responsables et cadres relevant de
LOF, la sincérité budgétaire, les reports des crédits en relation avec les services déconcentrés des différents départements ministériels et institutions
capacités de gestion des départements ministériels. L’assistance a évoqué, de la région "Laâyoune-Sakia El Hamra".
également, les questions du partage des responsabilités entre les services

158
Durant cette journée, les travaux de l’atelier s’intéressaient, particulièrement, Hollandais, ces journées ont vu la participation des représentants des
à la gestion budgétaire sous le prisme de la démarche de performance et sa Départements ministériels et institutions ainsi que des cadres et responsables
déclinaison au niveau des régions. A ce titre, les interventions de l'équipe du de la Direction du Budget.
MEF ont porté sur le nouveau dispositif de la LOLF notamment les principes,
concepts, apports et calendrier de sa mise en œuvre, le dialogue de gestion Lors de ce workshop, les experts néerlandais ont présenté le système de
et du pilotage opérationnel, le dispositif d’accompagnement pour la mise en gestion des finances publiques Néerlandais, notamment le processus d’adoption
œuvre de la LOLF et le témoignage d’Expertise France. du budget aux Pays-Bas et le rôle de la Direction de l’Inspection Budgétaire
du Ministère des Finances néerlandais sur le budget des ministères.
Cette étape s’est marquée par la participation de départements préfigurateurs
qui ont partagé leur expérience en matière du déploiement de ce nouveau Par la suite, les experts néerlandais ont explicité aux participants les
dispositif budgétaire à travers des témoignages. techniques de la négociation budgétaire aux Pays-Bas qui s’inscrit dans une
démarche de performance, à travers une simulation du budget du Ministère
A l’issue de ces interventions, le débat s’est focalisé sur le lien entre la PBT et de l’Education néerlandais qui a porté sur la négociation budgétaire en
les contrats-programmes, le développement d’un système d’information relatif interne entre la Direction des Affaires Financières et Economiques et les
au pilotage opérationnel et sur la problématique de report de crédits ouverts directions métiers, afin d’élaborer un projet de budget qui cadre avec les
au titre des dépenses d’investissement et des nouvelles règles de gestion orientations du Gouvernement Hollandais.
afférentes aux SEGMA à caractère social.
Cette simulation s’est achevée par l’organisation d’un jeu de négociations
20.07.2017 entre le Ministère de l’Education et le Ministère des Finances. Un groupe
Organisation d'un atelier sur « Les techniques de négociations d’observateurs a été chargé d’analyser le contenu des propositions du groupe
budgétaires dans une démarche de performance » du Ministère de l’Education et des contrepropositions du groupe du MEF. Ce
workshop a été l’occasion pour les participants et les experts de partager
La DB a organisé, en collaboration avec la « National Academy for Finance » leur expérience et d’échanger leurs informations autour de la négociation
des Pays Bas, un workshop sous le thème « les techniques de négociations budgétaire dans une démarche de performance.
budgétaires dans une démarche de performance » et ce, les 10,11 et 12
Juillet 2017, à Rabat. 28.07.2017
Organisation d'un atelier sur l’état d'avancement de la mise en
Ce workshop a été financé par l’instrument TAIEX de la Commission œuvre de la Loi Organique relative à la Loi de Finances
Européenne et a eu pour objectif la sensibilisation autour de l’intégration de
la démarche de la performance dans les négociations budgétaires, qui revêt Dans le cadre de la mise en œuvre de la LOLF, la DB a organisé, le Jeudi 20
une grande importance dans la nouvelle LOLF. Animé par des experts Juillet 2017, un atelier d’échanges et de partage sur « L’état d'avancement

159
de la mise en œuvre de la loi organique relative à la loi de finances », La dixième étape, organisée à Beni-Mellal, a connu la participation
auquel ont pris part les responsables et cadres relevant des différents d’environ 90 responsables et cadres des différents services déconcentrés de
départements ministériels et institutions ainsi que les représentants de l’IGF. la Région de Beni-Mellal-Khenifra. A l’instar de l’étape précédente de Souss-
Massa, le programme de la journée s’est déroulé en deux temps. Il a été
05.10.2017 inauguré par un mot d’ouverture et la projection du film institutionnel.
9ème et 10ème étapes de la caravane de partage et de
sensibilisation autour de la LOF En plus des présentations relatives aux concepts et apports de la LOF, au
pilotage opérationnel ainsi qu’au dispositif d’accompagnement pour la mise en
Dans le cadre de la mise en œuvre du plan de communication accompagnant œuvre de cette loi, deux témoignages de l’administration centrale ont été
le déploiement de la LOF, la 9ème et la 10ème étapes de la caravane de partage présentés, il s’agit du MEF, présentés par Mme TAZI et M. El ANSSARI. Ces
et de sensibilisation autour de la LOF, ont été organisées respectivement le interventions ont suscité un débat sur différents aspects de la LOF, à savoir :
25 Septembre 2017 dans la région de Souss-Massa et le 27 Septembre 2017
dans la région de Beni Mellal-Khenifra.  Le besoins d’apporter des éclaircissements sur les virements des crédits
entre programmes, l’élaboration des RdP, la création et la suppression
La neuvième étape, organisée à Agadir, a connu la participation d’environ des SEGMA ;
100 responsables et cadres des services déconcentrés de la région Souss-  La nécessité d’organiser des ateliers LOF au niveau régional par les
Massa. Après le mot d’ouverture de M. FIRADI, un film institutionnel a été administrations centrales des départements gestionnaires.
projeté, suivi par un exposé de Mme BENGRINE, portant sur les principes, les
concepts, les apports et le calendrier de mise en œuvre de la LOF. Par ailleurs, les intervenants ont soulevé la problématique de Gestion des
Ressources Humaines (GRH) dans l'administration publique. A cet effet, Mme
Le programme de cette étape a été articulé de la sorte : BENGRINE a souligné que la mise en place d’une nouvelle gestion de la GRH
est une conséquence de la LOF et qu’elle doit prendre en considération
 Exposé de M. FIRADI Hakim sur le dispositif du pilotage opérationnel et notamment la digitalisation et l’innovation tandis que M. FIRADI a signalé que
dialogue de gestion ; la réussite de la mise en œuvre de la LOF dépend de plusieurs facteurs
 Témoignage de M. FALCHA, Directeur Régional de Souss-Massa au sein relevant de la GRH (moyens humains adaptés à leurs activités, mise en place
du Ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de d’un système de rémunération basé sur la performance individuelle,....).
l’Eau (METLE) ;
 Exposé de Mme Hajar BEN AMEUR, cadre à la DB, sur le dispositif La clôture des deux étapes de cette caravane a été caractérisée par la
d’accompagnement (formation, communication, etc.) pour la mise en projection d'une capsule vidéo portant sur la vulgarisation des différents
œuvre de la LOF. dispositifs de la LOLF.

160
16.10.2017  D’un exposé sur le dispositif d’accompagnement pour la mise en
11ème étape de la caravane de partage et de sensibilisation autour œuvre de la LOF, présenté par Mme Ouahbia HAMDAOUI Chef du
de la LOF Service de la Mise en Œuvre et du Suivi à l’IDF.

Dans le cadre de la mise en œuvre du plan de communication accompagnant Par ailleurs, les intervenants ont insisté sur la nécessité de capitaliser sur
le déploiement de la LOF, la 11ème étape de la caravane de partage et de l’expérience menée par rapport à la mise en œuvre de la réforme, la
sensibilisation autour de la LOF, a été organisée dans la région de Guelmim- recherche de la convergence entre les différents acteurs, la mutualisation
Oued Noun le 10 Octobre 2017. entre les départements ministériels, l’implication davantage de l’ensemble des
acteurs dans la concrétisation de la démarche de performance et la
Cette étape a connu la participation d’environ 70 responsables et cadres des programmation budgétaire triennale. La clôture de cette étape a été
services déconcentrés au niveau de la région Guelmim-Oued Noun. Après le caractérisée par la projection d'une capsule vidéo portant sur la vulgarisation
mot d’ouverture de M. FIRADI Hakim, un film institutionnel a été projeté, suivi des différents dispositifs de la LOF.
par un exposé de Mme BENGRINE Mouna portant sur le contexte général, les
apports de la LOLF et les enseignements tirés de sa mise en œuvre ainsi que 02.11.2017
les défis à relever. Organisation de la dernière étape de la caravane de partage et de
sensibilisation autour de la LOF
Par la suite, deux présentations illustratives de l’expérience de déploiement
de la LOF au niveau du Département de l’Agriculture et du MEF, ont été Dans le cadre de la mise en œuvre du plan de communication accompagnant
présentées respectivement par M. BOUNNAR, Adjoint au Directeur et par le déploiement de la LOF, la dernière étape de la caravane de partage et de
Mme TAZI Aziza, Chef du Service de la Programmation Budgétaire à la sensibilisation autour de la LOF, a été organisée le 24 Octobre 2017 dans la
Direction des Affaires Administratives et Générales relevant du MEF. région "Dakhla-Oued Ed-Dahab".

La deuxième partie de cet atelier s’est articulée autour : Cette dernière étape, organisée à Dakhla, a connu la participation d’environ
50 cadres et responsables des services déconcentrés de la région. Après le
 D’un exposé sur le dispositif du dialogue de gestion et du pilotage mot d’ouverture de M. FIRADI Hakim, la capsule vidéo de vulgarisation de la
opérationnel orientés performance présenté par M. H. FIRADI ; LOLF a été projetée, suivi d’un exposé de M. Ahmed BERRADA portant sur le
 De témoignages opérationnels de responsables déconcentrés présentés contexte général, les apports de la LOF et les enseignements tirés de sa mise
par M. ZEMZAMI Directeur Régional de l’Equipement, du Transport, de en œuvre ainsi que les défis à relever.
la Logistique, de l’Eau (METLE) et M. BENMOUSSA Directeur Provinciale
au Haut-Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte Contre la Les travaux de cette journée ont été poursuivis par :
Désertification (HCEFLCD) ;

161
 L’exposé de M. FIRADI Hakim sur le dispositif du pilotage opérationnel La DB a été représentée par MM. Ahmed BERRADA, Adjoint au Directeur,
et dialogue de gestion ; Mohamed BOUZAFFOUR, Chef de Service de la Jeunesse et Sport et des
 Le témoignage de M. Abdellatif IDYASSINE, Chef du Service de la Affaires Culturelles et responsable du pôle rayonnement et communication au
Gestion des Ressources Humaines et de la Formation de la Direction sein du centre d’excellence pour la BSG et Mohamed LEMTOUNI, Chef de
Régionale de l’Administration des Douanes et Impôts Indirects ; Service l’Enseignement Supérieur.
 Le témoignage de Mme Salima SAASAA Directrice Régionale du Ministère
de la Santé ; Cette rencontre a été l'occasion pour la DB pour partager avec l'assistance
 Et l’exposé de Mme BEN AMEUR sur le dispositif d’accompagnement son expérience en matière de mise en œuvre des réformes portant sur la
pour la mise en œuvre de la LOLF (formation, communication, etc.). nouvelle LOF et la BSG.

Le débat suscité par ces interventions, a porté essentiellement sur : Dans sa présentation intitulée « Loi Organique 130.13 relative à la Loi de
Finances : Levier de transparence et de performance des finances
 L’importance de la conduite de changement dans la réussite du publics », M. Ahmed BERRADA a rappelé le contexte qui a présidé à
déploiement de la LOF ; l'élaboration de LOLF, ses principaux apports, le calendrier de sa mise en
 La nécessité d’impliquer davantage le top management ; œuvre ainsi que les principaux renseignements tirés des opérations de
 L’établissement d’un bilan d’étape et la conduite d’une évaluation des préfigurations ainsi que les défis qui restent à relever.
trois premières années de mise en œuvre effective de la LOF ;
 Les outils de mesure et de suivi de la performance ; L’intervention de M. BOUZAFFOUR a porté sur la BSG au Maroc « Contexte,
 La place des services déconcentrés dans l’élaboration des objectifs et Etats des Lieux et Perspectives ». Ainsi, après un rappel de l'historique de
indicateurs de performance. mise en œuvre, il a mis en avant les outils de mise en place de cette BSG,
l'intégration de la sensibilité genre dans le processus budgétaire et les
15.12.2017 opérations de coopération et d'échange en la matière.
Participation de la Direction du Budget aux travaux de la 10ème
réunion annuelle des Hauts responsables du budget des pays du 27.12.2017
Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA-SBO) à Doha-Qatar Participation de la Direction du Budget aux travaux de la journée
d’étude sous le thème : « La Loi Organique relative à la Loi de
La DB a participé du 6 au 7 Décembre 2017 à Doha-Qatar, aux travaux de la Finances : Impact et mécanismes de mise en œuvre au niveau des
10ème réunion annuelle des Hauts responsables du budget des pays du Centres Hospitalo-Universitaires »
Moyen-Orient et d'Afrique du Nord (MENA-SBO) organisée conjointement
par l'OCDE et le Ministère des Finances du Qatar. La DB a participé le 16 Décembre 2017, aux travaux de la journée d’étude
organisée par l’Association des Administrateurs du Centre Hospitalier Ibn

162
Sina, sous le thème : « La Loi Organique relative à la Loi de Finances :
Impact et mécanismes de mise en œuvre au niveau des CHUs ». Ce panel a été l’occasion pour M. TANOUTI de présenter l’expérience de la
mise en œuvre de la LOF au niveau du Ministère de la Santé et pour M. BAALI
Les travaux de la journée d’étude ont été ouverts par les allocutions d’exposer l’état d’avancement du chantier de déploiement de la LOF au
respectives de M. LAMRANI, Président de l’Association des Administrateurs, niveau du CHU Ibn Sina en tant qu’établissement préfigurateur. La clôture de
M. ERROUGANI, Directeur du CHU Ibn Sina, M. BERRADA et M. BELFAHMI, cette journée d’études a été marquée par la restitution des travaux et la
Chef de la Division des Programmations et Contractualisations au sein de la lecture des principales recommandations.
Direction des Entreprises Publiques et de la Privatisation.
03.01.2018
Dans son allocution d’ouverture, M. Ahmed BERRADA, a rappelé le contexte Cycle de formation sous le thème « Les nouveaux métiers de
sous-jacent à la mise en œuvre de la LOF ainsi que les objectifs escomptés à contrôle : Leviers de l’amélioration de la performance du système de
travers son déploiement, tout en mettant l’accent sur l’opportunité que santé »
représente l’intégration des Etablissements Publics bénéficiant de ressources
affectées ou de subventions de l'Etat dans la dynamique enclenchée par la La DB a participé du 25 au 27 Décembre 2017, aux travaux du cycle de
réforme de la gestion budgétaire. formation sous le thème « Les nouveaux métiers de contrôle : Leviers de
l’amélioration de la performance du système de santé » organisé par le
Suite à cette séance d’ouverture, un premier panel auquel ont pris la part Ministère de la Santé, au profit de l’Inspection Générale et des
trois représentants du Ministère de l’Economie et des Finances, a traité des coordonnateurs régionaux chargés des missions d’inspection.
apports de la LOF en termes de renouveau de la gestion budgétaire.
Les travaux dudit cycle de formation ont été ouverts par les allocutions
Le débat issu de ce panel a traité de thématiques diverses portant respectives de M. Lahcen CHTIBI, Inspecteur Général du Ministère de Santé,
notamment sur les dispositions de la LOLF (budgétisation par programme, et M. Noureddine MAANA, Secrétaire Général par Interim dudit Ministère, qui
responsabilité managériale, programmation pluriannuelle, évaluation de la ont mis l’accent sur l’importance de l’organisation de ce type d’évènement
performance, déclinaison de l’approche genre,…) et sur la contractualisation pour débattre du nouveau rôle dévolu aux Inspecteurs Généraux des
(mécanismes, méthodes et assistance technique,…). Ministères dans l’administration publique eu égard à leurs nouvelles missions.

Le second panel a abordé la thématique de la LOF dans le secteur de santé La DB, représentée par Mme Mouna BENGRINE, a pris part aux travaux de la
en réunissant un représentant du Ministère de Santé en la personne de M. séance dédiée aux méthodes d’évaluation de la performance. Ainsi, dans son
Abdelkrim TANOUTI, Chef du Service Administratif de la Direction de la intervention sous le thème « L’évaluation de la performance au cœur de
Population et un représentant du CHU Ibn Sina, en la personne de M. Khalid la LOF », Mme Mouna BENGRINE a présenté outre les fondements de la
BAALI, Chef par intérim de la Division des Affaires Financières. performance au niveau de la LOF, les concepts et les enjeux de la performance,

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l’articulation entre la démarche de performance et la budgétisation, la Par la suite, l’exemple du Projet de Performance au titre de l’année 2018 du
démarche de performance au sein de la chaîne de responsabilité et ses Secrétariat d’Etat auprès du Ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime,
caractéristiques ainsi que les instruments du suivi et d’évaluation de la du Développement Rural et des Eaux et Forêts, chargé de la Pêche Maritime a
performance (RAP, PAP, Rapport d’Audit de Performance…). été présenté comme un cas pratique sur lequel les participants ont pu mettre
en pratique le volet théorique présenté au niveau de la première partie de la
A la fin de son intervention, Mme Mouna BENGRINE a présenté un retour séance de formation. Cet exercice a également permis aux participants de
d’expériences issu des quatre opérations de préfiguration qui ont concerné faire une analyse comparative avec la cas français présenté au niveau de la
notamment les aspects liés à la démarche de performance. formation en ligne et d’identifier certaines spécificités marocaines en termes
de pratiques et de gestion budgétaires.
La clôture de ce cycle de formation a été marquée par la restitution et la
synthèse des travaux qui ont eu lieu au cours des trois jours. La dernière partie de la séance de formation a été dédiée à un quiz
d’évaluation des connaissances qui a permis aux participants d’assimiler les
16.01.2018 principaux éléments abordés lors de cette session.
Séance de formation sur le budget-programme axé sur la
performance 18.01.2018
Organisation d'un atelier de partage consacré à la présentation du
Dans le cadre de l’action de formation en ligne sur le cours "Budget de plan de formation 2018-2020 sur le « Renforcement des capacités des
performance" élaborée par le MEF en partenariat avec GIFT-MENA et gestionnaires dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi Organique
l'Institut de la Banque Mondiale, Mme BENGRINE a été invitée à animer, le relative à la Loi de Finances »
Mardi 16 Janvier 2018, une séance de formation en présentiel au profit des
cadres et responsables du MEF (TGR, DGI, DDE, ADII, DAAG, DTFE, IGF et Dans le cadre du jumelage institutionnel portant sur le renforcement des
DB) bénéficiaires de ladite formation à distance au titre de l’année 2017. capacités des gestionnaires pour la mise en œuvre de la Loi Organique des
Finances, financé par l’Union Européenne et conclu entre le MEF et Expertise
Ainsi, cette session de formation sur le « Budget-programmes axé sur la France, la DB a organisé, le Jeudi 18/01/2018, un atelier de partage consacré à
performance » s’est articulée autour de trois parties. Après un rappel des la présentation du plan de formation 2018-2020 auquel ont pris part 78
différentes dispositions de LOF, la 1ère partie a été consacrée à la présentation cadres et responsables relevant des différents départements ministériels et
des concepts, des principes, des éléments méthodologiques et des outils institutions.
relatifs aux différents volets se rapportant à la nouvelle nomenclature
budgétaire, à la construction des programmes et des projets et actions, à la M. Ahmed BERRADA a introduit la présentation en expliquant l’importance de
démarche de performance et au dialogue de gestion. la formation dans le dispositif de mise en œuvre de la LOF.

164
A l’issue de cette introduction, Mme Leila MAJLAL, Chef de Service de la Monétaire Ouest Africaine, la délégation malienne avait pour objectif de
Formation dans le domaine de la réforme budgétaire a présenté de manière s’inspirer de l’expérience marocaine en la matière.
détaillée le bilan de toutes les formations réalisées dans le domaine de la
LOLF de 2015 à 2017 ainsi que le nouveau plan de formation prévu pour la Ainsi, après avoir expliqué le contexte de ladite visite, le consultant a donné
période 2018-2020. la parole à Mme Mouna BENGRINE pour présenter le cas marocain en
matière de préparation et de négociation des budgets-programmes comme
Par la suite, M. Laurent PAUVRET FONTAINE, Conseiller Résident du Jumelage axe fondamental de la LOF.
a présenté Expertise France, les coopérations conduites entre la France et le
Maroc ainsi que l’organisation et les objectifs du jumelage institutionnel UE Aussi, l’intervenante a précisé le cadre juridique et les référentiels relatifs à
relatif au renforcement des capacités des gestionnaires dans le cadre de la l’implantation des budgets programmes et le rôle des indicateurs de
mise en œuvre de la LOLF. performance dans l’évaluation de la mise en œuvre des politiques publiques
et des stratégies ministérielles. Des cas illustratifs de programmes, d’objectifs
Pour finir, M. Hakim FIRADI s’est exprimé sur l’implication et le rôle de l’IDF et d’indicateurs de quelques départements ministériels pour l’exercice 2018
en tant qu’élément clé de la mise en œuvre du plan de formation et sur ont été présentés ainsi que des acquis à consolider et des défis à relever
l’importance de la formation pour pérenniser un transfert des connaissances pour permettre un rythme soutenu à la mise en œuvre de la LOF et
et des compétences au sein des ministères. atteindre les objectifs escomptés.

25.01.2018 Au cours de cette session, un débat a eu lieu et qui a porté notamment sur la
Visite d’une Délégation malienne nouvelle fonction du responsable de programme, l’institutionnalisation du
dialogue de gestion, le cadre budgétaire des Etablissements Publics et des
Dans le cadre de la collaboration Sud-Sud en matière de gestion des finances collectivités territoriales et leurs articulation avec le budget de l’Etat, le rôle
publiques et faisant suite à une invitation émanant de l’IDF, la DB a accueilli, d’appui et de conseil de la Cour des Comptes au Parlement en ce qui
le Jeudi 25 Janvier 2018, une délégation malienne composée de députés, du concerne l’évaluation des politiques publiques ainsi que sur les conditions de
Directeur Général du Budget, de Directeurs régionaux et de responsables de l’élaboration d’une Loi de Finances rectificative.
la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique ainsi que du
consultant auprès du centre Majafrique International organisateur de la visite
de ladite délégation au Maroc.

Ayant basculé à partir de 2018 en budget-programmes dans le cadre de la


transposition et de l’application des directives de l’Union Economique et

165
Pour d’autres documents de synthèses, rendez-vous sur :

https://www.calameo.com/accounts/5712692


mary.dphn@hotmail.com

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