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de Michael PORTER
Conclusion - 36 -
Bibliographie - 39 -
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Les interconnexions entre Unités d’Activité Stratégiques de Michael PORTER
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1
L’expression d’Unité d’Activité Stratégique (UAS) a été puisée de l’ouvrage de
2
Michael Porter "L’avantage concurrentiel". Il convient à mentionner que nous FRERY F. et al., (2005), Stratégique, Pearson Education, 7ème Edition, p. 284.
3
utiliserons ici indifféremment l’expression de SBU, d’UAS, d’unité d’activité ou DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 850.
4
seulement d’unité par souci de simplification. Cf. p. 15 de ce document.
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Une SBU est dirigée de façon autonome avec des objectifs par un
manager qui est responsable de son fonctionnement. Elle dispose, à La segmentation stratégique qui évoque l’action de découpage,
ce titre, de ses propres ressources/compétences, son propre marché cherche à découper les activités d’une organisation (et non du
et correspond à une combinaison de FCS5. En effet, un DAS est une marché qui renvoie à la notion de segmentation marketing8) en des
sous-partie d’une organisation du point de vue de la prise de sous-ensembles homogènes mais mutuellement distincts appelés
décision stratégique, mais il ne constitue pas nécessairement une chacun un DAS pour lequel il est possible de formuler une stratégie
division du point de vue structurel6 : « unité ou unit ». particulière (business strategy) qui n’est pas nécessairement la
même pour tous les DAS.
Figure n°1 : Corrélation entre un DAS et une SBU
Pratiquement parlant, la segmentation stratégique vise à identifier
SBU DAS + Unité au sein de l’activité globale de l’entreprise _qui se présente la
Source : Conception de l’auteur plupart du temps comme un ensemble confus de produits,
marchés, technologies, outils de production, etc._ les ensembles
Il convient à noter que sur un plan d’ordre terminologique, certains
pertinents, homogènes du point de vue de la formulation de la
auteurs américains utilisent à côté de la notion de SBU celle de la
stratégie et donc de l’allocation des ressources, à partir desquels les
Strategic Business Area (SBA) qui signifie la zone géographique
dirigeants pourront construire la réflexion stratégique. On parle
dans laquelle l’organisation va agir à travers son DAS7.
dans ce cas d’une segmentation par découpage dans laquelle on
Un DAS étant le résultat d’une segmentation stratégique et vu part du sommet pour identifier les grands secteurs d’activités, puis
l’interdépendance entre la notion de DAS et celle de SBU, on juge les branches qui correspondent aux segments9.
utile le fait d’expliciter, même de la manière la plus concise que
Ainsi, dans un groupe chimique, on peut identifier les grands
possible, qu’est-ce que c’est la segmentation stratégique fondée sur
secteurs suivants (métiers) : fibres, colorants, peintures. Ce dernier,
l’identification des DAS et ayant pour objectif principal de fournir
en l’occurrence le secteur de peintures, regroupe des DAS (segments
au dirigeant une représentation du champ de bataille approprié sur
lequel il va opérer. 8
La segmentation marketing repose sur la segmentation de la clientèle afin de
définir des couples produits/clients ce qui permet d’obtenir des segments de
5
Les Facteurs Clés de Succès (FCS) constituent les éléments stratégiques que marché. De ce fait, la segmentation marketing, à la différence de la segmentation
l’organisation doit maitriser en vue de surpasser la concurrence (FRERY F. et al., stratégique, concerne un seul secteur d’activité de l’organisation et s’inscrit dans
(2005), Op. Cit., p. 717). une perspective de court terme qui peut être remise en question au quotidien
6
Idem, p. 288. (FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., pp. 284-285).
7 9
KESSAB E., (2010), Cours de « Management stratégique » (prise de note), ENCG – DURAND R., (2005), Op. Cit., pp. 13 et 264. Il est à préciser ici qu’un "segment"
Oujda. dit aussi "segment stratégique" est similaire à un DAS (Cf. Idem, p. 854).
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stratégiques) tels que : bâtiment, industrie, réparation automobile, Figure n°2 : Les modalités de la segmentation stratégique
construction automobile, grand public, marine. Chaque segment Le découpage Le regroupement
stratégique contient de sa part des segments de marché10 auxquels
est associée une politique fonctionnelle de marketing.
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7. Synergies ;
8. Coûts partagés prépondérants (coûts de structure). La dernière étape de la segmentation stratégique consiste à analyser
les interconnexions entre DAS (ou UAS) : les partages de ressources,
Dans le prolongement des critères de segmentation, certains auteurs les transferts de compétences (connaissances, savoir-faire, etc.) et
avancent deux critères clés qui doivent permettre de valider ou les synergies actuelles et/ou potentielles entre les DAS définis, et ce,
d’invalider une segmentation en DAS à priori14 : afin de les regrouper en bases stratégiques (BS).
1. Le premier indicateur concerne la répercussion de la La notion de BS attire l’attention sur les liens de dépendance qui
segmentation stratégique retenue en termes d’allocations de existent entre certains DAS17. Elle se définit comme un « Ensemble
ressources et son homogénéité avec le type d’avantage de domaines d’activités stratégiques entre lesquels il existe des
concurrentiel recherché pour chaque DAS ; partages de ressources et de compétences, ou des complémentarités
2. Le deuxième indicateur fait référence aux FCS dans la mesure de gamme, ou des cessions internes, réels ou potentiel.18 ».
où les environnements concurrentiels de deux DAS ne doivent
pas partager la même combinaison de facteurs clés de succès Entre les DAS d’une même base, il existe des liens qui font que l’on
et nécessiter donc la même capacité stratégique15. ne peut pas prendre de décision sur un DAS sans affecter un autre
DAS appartenant à cette base. Par définition, il ne doit exister
Lorsqu’on effectue une segmentation stratégique, les confusions aucun lien significatif entre deux BS d’une entreprise, sauf19 :
sont fréquemment liées au fait que les divisions qui composent les
organisations ne sont pas nécessairement définies en fonction des 1. Coût de la direction générale et des services financiers ;
DAS. Un domaine d’activité stratégique est une subdivision d’une 2. Partage du cash-flow pour lequel les BS sont en concurrence.
organisation du point de vue de la prise de décision stratégique,
mais il ne constitue pas nécessairement une division structurelle. Clairement, la notion de base stratégique trouve sa place en matière
Cela explique en partie pourquoi les grands groupes se réorganisent des niveaux de segmentation (stratégique et marketing) qui s’articulent
très fréquemment : ils ne font que suivre, ou parfois anticiper, comme suit20 :
l’évolution nécessaire mouvante de leurs activités16.
17
BARON-GAY. MESSIER. et SIMARD., (2005), « La segmentation stratégique », p. 10.
14
FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., p. 289. http://managementworld.a.m.f.unblog.fr/files/2008/06/segmentationstrat.ppt
15 18
La capacité stratégique d’une organisation vient de l’aptitude de ses ressources Idem, p. 4.
19
et compétences à lui permettre de survivre et de prospérer (Idem, p. 715). Idem.
16 20
Idem, p. 13. Idem, p. 5.
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Figure n°3 : Synergies et diversification Partant, et par rapport à ce caractère subjectif, la notion de métier
peut conduire une organisation à s’aventurer dans des voies de
diversification non appropriées d’où l’intérêt de son identification.
Or, il n’est pas toujours simple de reconnaitre le métier d’une
entreprise même pour ceux qui y bossent ; pour Anis BOUAYAD,
l’auteur de l’ouvrage "Stratégie et métier de l'entreprise : Pourquoi et
comment définir le métier de votre entreprise", plusieurs dirigeants
ne sont pas en mesure de répondre instantanément à la question :
"Quel est mon métier ?" et de nombreux sont ceux qui devraient se
Source : DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 207
la poser, ou prendre le temps d'y réfléchir. Il y a alors de fortes
25
PORTER M., (1999), L’avantage concurrentiel : Comment devancer ses concurrents
27
et maintenir son avance, Edition Dunod, pp. 381-382. Idem, p. 205.
26 28
DURAND R., (2005), Op. Cit., pp. 205-206. Idem, p. 399.
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chances qu'ils constatent que la définition de son métier « s'avère Elles distinguent l’organisation de ses concurrents ;
une tâche aussi nécessaire que complexe, voire périlleuse.29 ». Elles interviennent au niveau de l’architecture, c'est-à-dire de
la structure d’organisation et de ses principes d’organisation.
Pratiquement parlant, on entend par métier, au niveau de l’analyse
stratégique, une combinaison de compétences et de savoir-faire qui Par suite, ce sont ces compétences-là dites stratégiques qui définissent
se trouvent réunis dans une organisation et qui confèrent à celle-ci le métier d’une organisation. Voilà pourquoi, une analyse interne
un aspect particulier. L’identification du métier se fait à ce titre en fondée sur les ressources et compétences31 s’avère d’une importance
cherchant les compétences « cœurs » (core competencies) ou indéniable lorsqu’il s’agit pour une organisation de définir son métier.
stratégiques qui permettent de créer un avantage concurrentiel par Toutefois, des auteurs préconise pour cette affaire d’associer de
ce qu’ils présentent un critère d’originalité et sont l’apanage de manière interactive l’analyse interne et celle externe permettant de
ceux qui travaillent dans l’organisation. On regroupe par la suite se rendre compte des forces environnementales essentielles pour
ces compétences stratégiques en un ou plusieurs métiers. l’organisation ainsi que des facteurs clés de succès de son secteur et
ses activités. Pour eux, seule une telle approche permettra d’éviter le
De sa part, une compétence est une aptitude VRIST (Valorisable, dépérissement, la disparition ou la diversification hasardeuse, car
Rare, Inimitable, Non-Substituable, Non-Transférable). Soulignant elle donne son sens et sa cohérence aux choix stratégiques.
qu’une aptitude se conçoit comme étant la capacité d’associer et de
combiner un ensemble particulier de ressources qui caractérisent Néanmoins et particulièrement avec les turbulences assistées par
une organisation. L’organisation se définit de la sorte comme un l’environnement, actuellement, l’approche par les ressources et les
ensemble de compétences, et, parmi toutes ses compétences, elle en compétences se voit préférable, solide et avantageuse en matière
détache certaines qu’elle juge fondamentales, appelées compétences d’identification du métier en comparaison avec la méthode fondée
« cœur » ou compétences stratégiques, car permettant de créer un sur l’analyse externe car un métier « ce n’est pas seulement le
avantage concurrentiel en combinant trois aspects30 : résultat d’une étude détaillée du contexte concurrentiel. Un métier,
cela se vit. C’est la pratique quotidienne de milliers d’individus de
Elles correspondent à ce que l’organisation sait et peut mieux toutes compétences qui ont la même activité. La spécificité d’un
faire que ses compétiteurs (le filtre VRIST) ; métier est donc directement liée à la façon dont l’entreprise le vit et
l’agence en interne.32 ».
29
BOUAYAD A., (2000), Stratégie et métier de l'entreprise : Pourquoi et comment
définir le métier de votre entreprise, Dunod. Cité par :
31
http://www.amazon.fr/Strat%C3%A9gie-lentreprise-Pourquoi-comment- Pour plus d’informations là-dessus, s’initier en matière du courant de la Ressource-
entreprise/dp/2100051539 Based View (RBV) et celui de la Competence-Based View (CBV).
30 32
DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 98. Idem, p. 402.
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Les niveaux de la stratégie sont parfois appliqués de façon abusive à différents domaines. Ils
sont ainsi souvent utilisés dans des situations où d'autres termes,
& Stratégie horizontale plus modestes et plus spécifiques, tels que politique, concept, idée,
plan, alliance ou tactique, seraient en fait plus appropriés34.
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Ceci dit, les décisions que Frédéric Fréry et al appellent « stratégies En fonction donc des orientations stratégiques exprimées aux niveaux
opérationnelles » relèvent en réalité du niveau tactique, d’où la non corporate et business, l’entreprise définit sa politique financière
adéquation de l’adjectif « opérationnelles ». Le niveau tactique joue (ex : augmentation de capital ou endettement), de production (ex :
un rôle de relais entre les choix stratégiques en amont et leur intégration ou sous-traitance), de RH (ex : internalisation ou
traduction en action concrète en aval, ce qui renvoie au processus externalisation du recrutement : recourt aux cabinets de recrutement),
relevant du cycle de Contrôle de gestion. de marketing (ex : ciblage différencié ou indifférencié), etc. Dès
lors, lorsqu’on parlera des niveaux de la stratégie, on fera référence
En tout cas, qu’elles soient stratégies opérationnelles, fonctionnelles à la corporate et à la business strategy. On verra qu’il existe un
ou autres, il parait qu’il n’en est question que d’appellation car les niveau intermédiaire, celui de la stratégie horizontale (horizontal
auteurs se mettent d’accord que ce niveau n’est qu’une déclinaison strategy) inventée par M. Porter :
de la stratégie par fonction. Pour autant, le mieux consiste à parler
de « politiques fonctionnelles » (ou « politiques tactiques ») ou lieu Le premier niveau est celui de la stratégie d’entreprise ou de
de « stratégies » afin de se démarquer du niveau stratégique. Dès groupe (corporate strategy). Elle concerne le dessin et le périmètre
lors, les politiques fonctionnelles se définissent de la sorte : de l’organisation dans sa globalité. Cela inclut le choix de couverture
géographique, de diversité de l’offre de produits et services et la
Bref, les politiques fonctionnelles déterminent comment chaque manière dont les ressources sont allouées entre les activités38.
fonction articule effectivement les stratégies définies au niveau Lorsqu’on est placé au niveau corporate, l’entreprise ou l’organisation
global, également au niveau des DAS36. Elles sont spécifiques à une est amenée à choisir entre :
fonction car les décisions n’engagent en général que cette dernière,
éventuellement au sein d’un domaine d’activité. Elles sont le plus Une stratégie de spécialisation : un métier/DAS39 unique,
souvent prises par la DG et les cadres supérieurs en charge de la voire le choix du maintien dans un seul domaine d’activité et
fonction concernée. Les politiques fonctionnelles ont pour objectif l’exploitation de compétences bien maîtrisées (ex : Renault, Accor,
d’assurer la mise en œuvre effective des stratégies globales
(corporate strategies) et par domaine d’activité (business strategies). 38
FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., p. 12.
39
De bons choix en matière des politiques fonctionnelles assurent la Comme on l’a déjà mentionné pour ce qui est de la diversification, lorsqu’on
parle de la stratégie de spécialisation, la distinction entre métier et DAS n’est pas
performance des stratégies des niveaux supérieurs37. tranchée entre auteurs ; certains raisonnent : métier = DAS, d’autres : un seul
métier peut donner lieu à plusieurs DAS,… chose qui marque les différences
36
FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., p. 13. constatées au niveau des ouvrages lorsqu’il s’agit de définir les stratégies de
37
LECOCQ X. et al., (2009), Stratégie, Pearson Education France, p. 41. spécialisation et de diversification.
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Par niveau intermédiaire, on ne raisonne donc pas en terme La stratégie horizontale s’appuie sur l’avantage concurrentiel et non
temporel mais, plutôt, en terme de l’étendu du champ couvert par sur des considérations financières ou boursières. Les stratégies
la stratégie. d’entreprise assises sur des motifs purement financiers n’offrent
qu’une justification illusoire de la diversification. De plus, les bienfaits
Les firmes diversifiées ont prêté beaucoup plus d’attention à la des stratégies financières sont souvent éphémères. Seule la stratégie
première qu’à la seconde question49 qui débouche sur la mise en horizontale justifie la diversification et fait de l’entreprise autre
place d’une stratégie horizontale et renvoie par occasion au test, chose qu’un fonds commun de placement amélioré. A ajouter qu’en
avancé par M. Porter50, de l’avantage apporté pour conduire une l’absence d’une stratégie horizontale qui exploite réellement les
diversification faisant en sorte que le groupe doit pouvoir fournir interconnexions, l’apparition d’une « pénalité de conglomérat52 »
un avantage concurrentiel significatif à l’unité acquise, tout comme est souvent justifiée53.
celle-ci doit apporter un bénéfice au groupe51.
On a annoncé auparavant que la dernière étape d’une segmentation
La stratégie horizontale est un ensemble d’objectifs et de mesures stratégique consiste à analyser les interconnexions actuelles et/ou
cordonnées entre des unités de l’entreprise distinctes mais reliées. potentielles entre les DAS définis afin de les regrouper en bases
Elle s’impose au niveau du groupe, du secteur et du siège d’une stratégiques54, alors qu’en fait, la mission de segmentation stratégique
firme diversifiée. Elle ne supprime pas la nécessité d’unités distinctes ne peut pas être couronnée en l’absence d’une stratégie horizontale
au sein de l’entreprise et ne remplace pas les stratégies propres à propre à chaque base stratégique. La dite stratégie a pour qualité de
ces unités. coiffer le processus de segmentation stratégique.
Cette stratégie assure plutôt une coordination explicite entre les D’après Porter, de nombreuses firmes diversifiées ont accordé peu
unités de la firme, qui fait de la stratégie du siège ou du groupe d’attention, voire aucune, à la coordination des stratégies des unités,
quelque chose de plus que la somme des stratégies propres aux dans le moment où il est de plus en plus important d’y veiller et
différentes unités. C’est le mécanisme par lequel une firme diversifiée d’entrer dans de nouveaux secteurs dont la contribution à l’avantage
renforce l’avantage concurrentiel de ses unités. concurrentiel soit claire au sein de l’entreprise55.
52
Un conglomérat est un groupe qui possède des activités dans des domaines
49
Idem, p. 433. fort différents et non liés tels que le BTP, la finance ou l'électricité. A titre
50
En fait, en plus du test de l’avantage apporté, Porter parle de deux autres tests d’exemple, General Electric est un conglomérat.
53
essentiels pour la création de valeur dans une diversification. Il s’agit du test de PORTER M., (1999), Op. Cit., pp. 382-383.
54
l’attrait et du coût à l’entrée (BOJIN J. et SCOETTL JM., (2005), Op. Cit., p. 304). Cf. p. 7 de ce document.
51 55
Idem, p. 303. Idem, p. 433.
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dont ils ont besoin de manière plus efficace et/ou efficiente que ses
Le deuxième niveau est celui des stratégies par domaine d’activité concurrents via une approche difficilement imitable par ces derniers.
(business strategy). La notion de « business strategy », ou stratégie Pratiquement, le choix d’une stratégie générique revient à se
concurrentielle, est la stratégie mise en œuvre par une organisation positionner en termes de coût (stratégie de domination par les coûts),
dans un domaine d’activité donné afin de maximiser sa performance de valeur (stratégie de différenciation) ou de marché (stratégie de
dans ce DAS. Elle ne doit pas être confondue avec celle de la niche)60.
« corporate strategy » qui concerne la stratégie de l’organisation
dans son ensemble axée sur la question de diversification et Bien entendu, la construction par l’organisation d’un avantage
d’identification des domaines d’activités dans lesquels l’organisation concurrentiel doit s’appuyer sur l’éventail des ressources et
doit investir et se développer56. compétences spécifiques dont elle dispose. Ces compétences
distinctives pourront, selon les cas, être davantage cohérentes avec
La business strategy revient généralement à définir comment un la mise en œuvre d’une stratégie de coût61, de valeur ou de marché.
avantage peut être obtenu par rapport aux concurrents et quels De l’autre côté, il doit nécessairement exister un lien entre les
nouveaux marchés peuvent être identifiés ou construits57. Ceci dit, stratégies par domaine d’activité et la stratégie de l’entreprise dans
pour chacun des domaines d’activités considérés, et compte tenu son ensemble, car la seconde alimente et contraint les premières62.
des résultats de l’analyse concurrentielle58, une stratégie appropriée
permettant à l’entreprise de se créer un avantage compétitif durable En guise de conclusion, le traitement des niveaux de la stratégie se
doit être mise en œuvre59. recoupe avec la démarche générale de l’analyse stratégique :
Les différentes options offertes en la matière forment ce qu’on Tableau n°1 : la démarche générale de l’analyse stratégique
appelle les 3 stratégies génériques de Michael Porter, c'est-à-dire les 1ère étape Définition des domaines d’activités de l’entreprise.
approches qui permettent d’établir un avantage concurrentiel au 2ème étape Analyse concurrentielle de chacun de ces domaines d’activité.
niveau d’un DAS. La discussion sur les stratégies génériques part du 3ème étape Choix d’une stratégie générique pour chaque domaine identifié.
4ème étape Détermination des voies de développement stratégique vers de
postulat qui fait qu’une organisation construit un avantage
nouvelles activités.
concurrentiel en proposant à ses clients ce qu’ils demandent ou ce 5ème étape Management du portefeuille d’activités et mise en place d’une
stratégie horizontale.
56
DURAND R., (2005), Op. Cit., p.259. Source : DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 15 (Avec adaptation)
57
FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., p. 12.
58 60
L’analyse concurrentielle convient à analyser pour chaque DAS (DURAND R., FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., pp. 290, 291, 295 et 304.
61
(2005), Op. Cit., p. 13). DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 14.
59 62
Idem, p. 13. FRERY F. et al., (2005), Op. Cit., p. 13.
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DURAND R., (2005), Op. Cit., p. 15.
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En fait, ce qu’on vient de citer sont des facteurs que Porter les a Face au contexte de la décentralisation et
considérés jouer en faveur de l’exploitation des interconnexions
entre unités stratégiques.
d’enthousiasme pour la synergie
& Introduction du concept d’« organisation horizontale »
Cependant, on juge que la prise en conscience de la pertinence
d’analyse des interconnexions entre unités d’activité stratégiques et, Au cours des années 60 et au début des années 70, de nombreuses
subséquemment, des enjeux de leur exploitation, a été inspirée par entreprises s’étaient diversifiées en invoquant le prétexte de la
Michael Porter comme réaction à un certain nombre de pratiques synergie qui fait que la combinaison d’activités différentes mais
erronées qu’il a observé au cours des années soixante et début des voisines pouvait créer une valeur par synergie.
années soixante-dix.
Néanmoins, les entreprises semblaient se douter des bienfaits de la
On estime que l’essentiel de ces observations se résume de la sorte : synergie à partir de la fin des années soixante-dix, bien qu’en réalité,
« La décentralisation, combinée au désenchantement à l’égard de l’échec de la synergie vient de l’incapacité des firmes à la comprendre
la synergie, a renforcé l’idée selon laquelle la gestion de portefeuille et à la concrétiser dans la pratique par manque des outils d’analyse
est la principale tâche stratégique de la haute direction.66 ». Or, pour nécessaires, et ce, même lorsqu’une réelle possibilité de synergie
Michael Porter, « la stratégie horizontale, et non la gestion de existe68.
portefeuille, est la véritable mission de la haute direction de
l’entreprise.67 ». Pour ce faire, Porter s’est donné à cette problématique d’exploitation
de la synergie en faisant surtout comprendre le contenu de la
On explique… : synergie, d’ailleurs jadis obscure : « Le plus souvent, la synergie a été
comprise en termes d’interconnexions intangibles, c'est-à-dire le
1. Face au contexte de la décentralisation et d’enthousiasme pour transfert de compétences d’une unité à une autre. ». Avec cela, « Les
la synergie ; interconnexions intangibles furent au centre des débats sur la
2. Pour une mise en perspective de la gestion ou de l’analyse de synergie. Les difficultés de découvrir et d’exploiter les interconnexions
portefeuille… intangibles importantes expliquent pour une grande part la déception
que de nombreuses firmes ont ressentie à l’égard de la synergie. ».
Or, « La synergie ne correspond pas à une, mais à trois idées
66
Idem, p. 382.
67 68
Idem, p. 383. Idem, pp. 381-382.
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1. Les interconnexions tangibles ; Certainement, la décentralisation reste une nécessité dans les firmes
2. Les interconnexions intangibles ; diversifiées, mais elle doit être recoupée par des mécanismes visant
3. Les interconnexions de concurrence. à assurer l’exploitation des interconnexions importantes.
D’après l’auteur, les interconnexions ne reposent pas sur l’idée Du point de vue organisationnel, l’avantage concurrentiel introduit
fameuse de « l’adéquation » qui sous-tend la plupart des discussions pour la première fois le concept d’« organisation transverse », qualifié
sur la synergie, mais sur des possibilités bien réelles de réduire les par l’auteur d’organisation horizontale, qui peut être défini comme
coûts et de renforcer la différenciation dans pratiquement toutes les le type d’organisation visant un optimum global, par opposition aux
activités de la chaine de valeur71. organisations qui ne peuvent obtenir que la somme des optimums
locaux.
69
Idem, pp. 390 et 420.
70
Cf. p. 27 de ce document.
71 72
Idem, p. 382. Idem, pp. 382-383.
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Porter introduit le concept comme étant le mode d’organisation semble suffisamment novatrice à l’auteur pour parler d’une nouvelle
permettant d’exploiter les interconnexions entre départements forme d’organisation75.
d’une même firme. Autrement dit, c’est l’ensemble des pratiques
d’organisation qui facilitent les interconnexions. L’organisation horizontale permet de surmonter des obstacles à
l’exploitation concrète des interconnexions entre unités même
L’organisation horizontale doit relier entre elles les unités de la lorsqu’une réelle possibilité de synergie existe76 car même des
structure verticale. Il faut trouver un équilibre entre les éléments interconnexions offrant un réel intérêt peuvent se révéler difficiles à
verticaux et ceux horizontaux d’une firme diversifiée pour libérer mettre en place. C’est le cas quand les avantages procurés ne sont
les potentialités des interconnexions73. Cette organisation repose pas (ou ne semblent pas) répartis de manière égale entre les unités
sur quatre éléments74 : d’activité stratégiques.
1. La structure horizontale correspond à un découpage transverse Les responsables de ces dernières peuvent aussi craindre une perte
dans certains domaines, au regroupement d’unités ou à une d’autonomie, surtout si la culture répandue dans l’entreprise jusqu’à
centralisation partielle ; présent a été une décentralisation poussée, avec une identité propre
2. Les systèmes horizontaux concernent la gestion transverse de à chaque division77.
la planification, du contrôle et du choix des investissements ;
3. Les pratiques horizontales des ressources humaines sont Aucun mécanisme unique cherchant à encourager la coopération
destinées à faciliter la coopération ; entre les unités ne suffit à garantir que toutes les interconnexions
4. Enfin, des structures horizontales de résolution des conflits stratégiquement souhaitables seront exploitées. Il faut recourir à
peuvent se révéler nécessaires. plusieurs pratiques qui se renforcent les unes les autres. Les dirigeants
du siège, à travers leur attitude, leur articulation des finalités de
La combinaison de ces éléments horizontaux et d’une structure
l’entreprise, leur volonté de créer des valeurs communes et une
verticale (sans correspondre pour autant à une structure matricielle)
identité d’entreprise forte, ont un rôle majeur à jouer pour développer
73 l’organisation horizontale78.
YAN H., (2000/2001), « Les fiches de lecture de la Chaire D.S.O – Michael Porter :
L’avantage concurrentiel ». http://mip-
ms.cnam.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=12
95877017838
74 75
FLEURY H., (1998/1999), « L’avantage concurrentiel : Comment devancer ses Idem.
76
concurrents et maintenir son avance – Résumé de l’édition traduite de YAN H., (2000/2001), Op. Cit.
77
l’américain par Philippe de Lavergne », p. 9. FLEURY H., (1998/1999), Op. Cit, p. 9.
78
http://lverdon.free.fr/resumes/avantage.doc YAN H., (2000/2001), Op. Cit.
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Pour une mise en perspective de l’analyse Les « modèles de portefeuille d’activités » ont pour finalité de
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89 90
Idem, p. 303. Idem, pp. 305-311.
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les unités les plus solides dont les résultats sont positifs pour
réduire le coût de l’acquisition. Il arrive fréquemment que les Chacune de ces quatre concepts stratégiques ne peut être mis en
groupes qui se restructurent profitent des stratégies de application qu’après avoir rempli les trois conditions définis (qu’on
portefeuille antérieures. Pour se distinguer de ses dernières, a auparavant cité92) par les tests essentiels de la création de valeur
les meilleures entreprises considèrent qu’elles n’acquièrent dans une diversification93.
pas seulement une entreprise mais qu’elles restructurent une
industrie ; Porter, après avoir étudié la stratégie et les résultats de nombreuses
entreprises, suggère que les activités partagées et les transferts de
3. Le transfert de compétences : le transfert de compétences compétences94 devraient à l’avenir générer davantage de valeur que
est une base solide pour la stratégie d’un groupe diversifié. la gestion de portefeuille95. En termes d’intérêt, une firme peut élaborer
Chaque SBU a une chaine de valeur spécifique91, mais il est à partir de l’exploitation des interconnexions96 :
possible de mettre en commun les compétences acquises entre
les différentes unités d’activité. Deux entreprises types qui se 1. Une stratégie horizontale avec les unités existantes ;
sont diversifiées en s’appuyant sur le transfert de compétences 2. Une stratégie de diversification pour entrer dans de nouveaux
sont : « 3M » et « Pepsico » ; secteurs.
4. Le partage d’activités : partager les activités consiste à relier Par ailleurs, l’identification des interconnexions possibles concernant
sur le terrain les domaines de plusieurs SBU. A titre d’exemple, un secteur, y compris les interconnexions de concurrence, permet à
Procter & Gamble emploie un système de distribution et une l’entreprise de prévoir quels seront les prochains concurrents les
force de vente commune pour les serviettes en papier et les plus probables. Ces derniers sont ceux pour lesquels le secteur est97 :
couches-culottes. Le partage d’activités dégage un avantage
compétitif en diminuant les coûts ou en permettant de se 92
Cf. p. 14 de ce document.
93
différencier plus encore (ex : services apportés aux clients). Idem, p. 305.
94
Bien entendu, au niveau de l’avantage concurrentiel, Porter identifie 3 types
Une analyse du coût et des bénéfices envisageables concernant
d’interconnexions potentielles entre UAS qui sont : (i) le partage d’activités, (ii) le
le partage d’activités doit permettre d’évaluer les synergies transfert de compétences et (iii) les interconnexions de concurrence. Néanmoins,
possibles. Le coût de la coordination doit être compensé par ce sont uniquement les 2 premières formes d’interconnexions qui sont permises
par la chaine de valeur et donc basées sur une analyse interne (Cf. p. 27 de ce
les avantages retirés. document).
95
Idem, p. 311.
96
PORTER M., (1999), Op. Cit., p. 384.
91 97
Cf. pp. 26-27 de ce document. Idem, p. 432.
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98
Idem.
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Pour développer des synergies, il faut que les SBU ne soient pas
seulement en concurrence mais qu’elles coopèrent. Un des moyens Figure n°5 : La chaine de valeur de Michael Porter
de concevoir ces liaisons s’appuie sur la chaine de valeur99.
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activités clés de la firme, c’est à dire celles qui ont un impact réel en Les interconnexions de concurrence surviennent quand les rivaux
termes de coût ou de différenciation par rapport aux concurrents100. de la firme se combattent sur plusieurs terrains. Ces derniers,
appelés « concurrents multipolaires », créent inévitablement des
Chaque segment ou encore SBU correspond à une chaine de valeur liaisons entre secteurs parce que les actions qu’ils entreprennent
spécifique qui va de la conception à la vente décrivant la série des dans un secteur ont des incidences sur un autre. Lorsqu’on est face
étapes et activités discrètes réalisées par une unité dans son domaine à des interconnexions de concurrence, l’organisation lutte contre
d’activité et c’est sur cette chaine que la SBU dégage des avantages ses concurrentes diversifiées par l’intermédiaire de plusieurs unités.
concurrentiels. La chaine de valeur permet deux types de relations L’avantage concurrentiel de la firme face à ces concurrents alors
entre les SBU101 : multipolaires dépend en grande partie de la pertinence et l’efficience
des interconnexions qu’exploitent les unités en question.
1. Le transfert de compétences ou interconnexions intangibles ;
2. Le partage des activités appelé « interconnexions tangibles ». Les trois types d’interconnexions peuvent apparaitre simultanément.
Les interconnexions tangibles qui concernent certaines activités
Quoique le transfert de compétences et le partage des activités sont créatrices de valeur peuvent être complétées par des interconnexions
les deux types d’interconnexions permises par la chaine de valeur intangibles entre d’autres activités. Les activités communes à deux
entre SBU, Michael Porter et dans son chef d’œuvre "L’avantage activités peuvent être améliorées par un savoir-faire acquis dans des
concurrentiel"102 apparu en 1985, identifie 3 types d’interconnexions activités similaires d’autres unités.
possibles entre les UAS d’une organisation : (i) les interconnexions
tangibles, (ii) intangibles et (iii) de concurrence. Des interconnexions tangibles et intangibles interviennent souvent
quand des concurrents multipolaires sont présents. Mais chaque type
Ceux-ci forment les trois types d’interconnexions possibles entre d’interconnexion conduit à un avantage concurrentiel par des voies
unités d’activité qui, pour Porter, « Toutes ont des effets importants, différentes. Si les interconnexions de concurrence sont indépendantes
mais distincts, sur l’avantage concurrentiel.103 ». des interconnexions tangibles et intangibles, elles coexistent souvent
par ce que ces deux dernières offrent une base de différenciation ; les
interconnexions de concurrence rendent crucial la découverte et
100
YAN H., (2000/2001), Op. Cit. l’exploitation des interconnexions tangibles et intangibles. Partant,
101
BOJIN J. et SCOETTL JM., Op. Cit., p. 309. un concurrent multipolaire peut obliger une firme à exploiter une
102
Il sera affaire au niveau de cette section d’une reproduction synthétique du
chapitre 9 dudit ouvrage appelé « Les interconnexions entre unités de l’entreprise », interconnexion au risque de subir un désavantage concurrentiel104.
sans pour autant se prêter à une analyse supplémentaire.
103 104
PORTER M., (1999), Op. Cit., p. 388. Idem, pp. 389, 390 et 421.
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Les interconnexions tangibles correspondent à la mise en commun les coûts totaux de la firme que si les activités créatrices de
d’activités créatrices de valeur appartenant à différentes unités de valeur concernées représentent une fraction importante des
l’entreprise, qu’autorisent des clients, des canaux de distribution, coûts d’exploitation ou des actifs immobilisées.
des technologies ou d’autres facteurs communs106.
Généralement, il est rare que toutes les unités concernées par une
Une unité peut pratiquement partager n’importe quelle activité interconnexion y voient un avantage équivalent car la mise en
créatrice de valeur avec une autre unité de la firme, qu’il s’agisse commun d’une activité n’aboutira pas à une amélioration égale des
d’une activité principale ou d’une activité de soutien, d’une ou de coûts, ou encore de la différenciation, à l’égard de toutes les unités
plusieurs activités. Toutefois, si presque toutes les activités créatrices de l’entreprise. La portée des interconnexions dépend108 :
de valeur sont communes, on n’a en réalité plus affaire à des UAS
distinctes, mais à une seule. 1. D’échelle des unités : généralement, les grandes unités d’une
entreprise se montrent rarement enthousiastes devant les
La mise en commun des activités crée ainsi un avantage concurrentiel interconnexions avec des unités plus petites. En fait, alors que
lorsqu’elle permet une baisse des coûts ou un accroissement de la ces dernières connaitront une amélioration extraordinaire de
différenciation de manière à compenser les coûts supplémentaires leurs coûts, les grandes unités ne tireront pas grand profit, par
qu’elle engendre107 : les coûts, d’une mise en commun d’une activité ;
2. Des différences dans la structure des secteurs propre à
105
Idem, p. 391. chaque unité : une faible amélioration des coûts peut, entre
106
Idem, p. 388.
107 108
Idem, pp. 391-395. Idem, pp. 396-397.
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autres, ne pas avoir la même importance selon qu’il s’agit d’un Bien que deux produits puissent être vendus par l’intermédiaire
secteur où la firme lutte par les coûts (stratégie de domination de grands magasins, il n’y aura probablement que de faibles
par les coûts) ou par la qualité (stratégie de différenciation) ; interconnexions entre circuits de distribution si l’un est vendu
3. Des stratégies des unités concernées : une interconnexion dans des chaines populaires et l’autre dans des grands magasins
qui renforce la singularité peut être très intéressante pour une de prestige.
unité et peu pour une autre !
Enfin, il est souvent plus facile de mettre en commun des activités
Pour identifier les interconnexions tangibles dans une firme, il est indirectes, comme les études de marché, la gestion de la force de
utile de commencer par recenser toutes les formes de mise en vente et la production de publicité, que des activités directes parce
commun d’activités qui interviennent dans la pratique ainsi que les qu’elles entrainent moins de coûts de compromis111.
différentes façons par lesquelles elles peuvent créer un avantage
concurrentiel. Michael Porter identifie cinq grandes catégories au Interconnexions dans la production : ce type d’interconnexions
sujet des formes de mise en commun des activités dont chacune renvoi à la mise en commun d’activités créatrices de valeur situées
d’elles soulève des problèmes spécifiques. Il s’agit des109 : en amont, telles que la logistique interne, la fabrication des pièces,
l’assemblage, la vérification, et des fonctions indirectes tel que
Interconnexions tenant au marché : elles concernent toute mise l’entretien et l’infrastructure du site. Le choix des activités à mettre
en commun d’activités principales qui touchent à la clientèle, depuis en commun dépendra des stratégies des unités concernées : deux
la logistique externe jusqu’aux services, chose qui inclut la vente et unités ayant opté pour une stratégie de différenciation auront plus
le service après-vente. Les possibilités de mise en commun sont plus de chances d’avoir des seuils de tolérance ou normes de vérification
riches quand les unités ont des clients et des circuits de distribution proches que deux unités dont l’une choisit la domination par les coûts
communs à condition de s’éloigner de la tendance à considérer de et l’autre la différenciation112.
façon trop large les clients et les circuits. En effet110 :
Interconnexions dans les approvisionnements : elles font
Les interconnexions dans le marché ne sont potentiellement référence à la mise en commun des moyens de production communs
intéressantes que lorsque les acheteurs du produit sont les achetés à l’extérieur et qui existent souvent (moyens de production
mêmes ou en contact les uns avec les autres ; communs) dans les firmes diversifiées, indépendamment des matières
premières et des grands équipements. Les interconnexions dans les
109 111
Idem, pp. 403-405. Idem, p. 409.
110 112
Idem, pp. 405 et 408. Idem, pp. 409-410.
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approvisionnements sont évidemment intéressantes d’autant plus grand effet sur l’avantage concurrentiel, parce que l’infrastructure ne
que les fournisseurs sont de plus en plus désireux de négocier des représente pas une fraction importante des coûts et que la mise en
contrats qui couvrent l’ensemble des besoins mondiaux d’une firme commun n’a guère d’effet sur la différenciation.
et de jouer sur les prix. Cependant, il ne faut pas aller loin dans la
voie d’approvisionnements communs faute de ne pas percevoir les En matière des interconnexions dans l’infrastructure, celles financières
coûts de compromis potentiels ou de mise en place d’un processus ont été considérées comme un avantage important que la firme
d’approvisionnement rigide qui ne laisse aucune place à des occasions diversifiée procure à ses unités et il en existe deux sources : (i) la
de négociation impromptues113. collecte et (ii) l’utilisation des capitaux (essentiellement le fond de
roulement). On discute si souvent des interconnexions financières
Interconnexions technologiques : qui dit interconnexions par ce qu’elles sont les plus faciles à exploiter et par ce qu’elles
technologiques dit une mise en commun de l’une des activités de entrainent, en général, peu de coûts de compromis.
développement technologique au niveau de la chaine de valeur. Les
interconnexions technologiques naissent d’un partage des activités Toutefois, les interconnexions financières sont rarement la base d’un
principales et interviennent le plus souvent en conjonction avec les avantage concurrentiel important vu que les économies d’échelle
interconnexions de production ou celles de marché. Néanmoins, les sont généralement modestes dans le financement. D’autres formes
promesses de certaines interconnexions technologiques peuvent d’interconnexions dans l’infrastructure peuvent avoir de l’importance
être illusoires particulièrement quand les disciplines scientifiques dans certains secteurs. Ainsi et à titre d’exemple :
partagées sont bien moins vitales pour la réussite des unités que
celles qui ne le sont pas. Par surcroit, pour avoir un impact, les Une infrastructure commune pour l’embauche et la formation
interconnexions technologiques doivent porter sur des technologies peut avoir un intérêt pour les prestataires de services ;
qui font la différence en termes de coûts ou de différenciation114. Des relations communes avec les pouvoirs publics peuvent
constituer un avantage substantiel pour les firmes spécialisées
Interconnexions dans l’infrastructure : cette catégorie porte dans les ressources naturelles115.
sur des activités telles que la gestion financière, le service juridique,
la comptabilité ou la gestion des ressources humaines. Certaines Porter stipule que le partage d’activités implique, pourtant, des
activités relatives à l’infrastructure sont presque toujours communes coûts qui vont des coûts de coordination à la nécessité de modifier
dans les firmes diversifiées. La mise en commun n’a, souvent, pas les stratégies des unités pour faciliter le partage. On en distingue116 :
113 115
Idem, p. 410. Idem, pp. 416-417.
114 116
Idem, pp. 414-415. Idem, p. 391.
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Une firme peut donc examiner les principales activités créatrices de 1. Jusqu'à quel point les activités créatrices de valeur des
valeur dans ses unités afin de mettre à jour toute ressemblance, unités de l’entreprise sont-elles semblables ?
entre elles ou dans leur configuration, qui serait susceptible de
125
Idem, pp. 418-419.
124 126
Idem. Idem, pp. 418 et 420.
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2. Quelle est l’importance des activités créatrices de valeur 1. Impliquant la diffusion des mêmes compétences, le transfert
concernées dans la lutte contre la concurrence ? de savoir-faire engendre le plus souvent une réticence de la part
3. Quel serait l’impact du savoir-faire éventuellement transféré du personnel de l’unité propriétaire du savoir-faire qui peut
sur l’avantage concurrentiel de l’unité qui en bénéficie ? hésiter à prendre sur son temps et se révéler jaloux ;
2. De sa part, le personnel de l’unité bénéficiaire du transfert peut
C’est pourquoi, le piège le plus fréquent consiste à identifier des se montrer circonspect ou hésitant quant à la valeur du savoir-
interconnexions intangibles illusoires ou sans importance pour faire hérité ;
l’avantage concurrentiel, soit par ce que le savoir-faire transférable127 : 3. Encore, le transfert de compétences demeure un processus
délicat et les dirigeants peuvent avoir du mal à en saisir les
1. N’a pas d’effet sur les activités créatrices de valeur ; avantages lorsqu’ils le comparent aux interconnexions tangibles,
2. Ou qu’il procure des informations déjà connues de la part de du moment que la notion du savoir-faire acquière une dimension
la concurrence. subjective !
Fréquemment, semble-t-il d’après M. Porter, les interconnexions de Certainement, le transfert de compétences doit s’accompagner de
type intangibles sont artificielles ; elles représentent plutôt une mécanismes institutionnels, d’un échange de cadres et d’employés,
rationalisation à postériori de diversifications entreprises pour et être, notamment, soutenu par la volonté des dirigeants.
d’autres motifs… Une exploitation efficace des opérations de transfert
de compétences exige une compréhension des unités de l’entreprise Pour conclure, alors que les interconnexions intangibles sont très
concernées et des secteurs dans lesquels elles luttent. répandues, sous une forme ou une autre, et qu’il est toujours possible
de mettre le doigt sur quelques ressemblances structurelles dans
Le transfert effectif du savoir-faire est en outre aussi important que une activité créatrice de valeur pour n’importe quel couple d’unités
le savoir-faire proprement dit, quel que soit l’intérêt de ce dernier de l’entreprise ou presque129, cette forme d’interconnexion, c'est-à-
pour l’unité bénéficiaire. Pourtant, il y a des facteurs qui rendent les dire le transfert de compétences d’une unité à une autre, est d’après
interconnexions intangibles difficiles à exploiter à moins de mettre Michael Porter, peut-être la plus éphémère et ce sont les partages
en place une configuration structurelle, voire une forme d’organisation d’activités et les interconnexions de concurrence qui ont des liens
favorable128 : les plus forts avec l’avantage concurrentiel, et ce sont les plus faciles
à mettre en œuvre.
127
Idem, p. 421.
128 129
Idem, pp. 420-421. Idem, p. 419.
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130
Idem, p. 390.
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Conclusion
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FLEURY H., (1998/1999), Op. Cit, pp. 8-9. La deuxième perspective offerte jaillit du fait que :
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@ BOUAYAD A., (2000), Stratégie et métier de l'entreprise : Pourquoi effectuée le 15/05/2015 à 11:48
et comment définir le métier de votre entreprise, Edition Dunod https://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_de_d%C3%A9cision
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Pour d’autres documents de synthèses, rendez-vous sur :
https://www.calameo.com/accounts/5712692
…
mary.dphn@hotmail.com