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Revue de l'histoire des religions

« Règlement de la guerre des fils de lumière » : traduction et notes


(second article)
André Dupont-Sommer

Citer ce document / Cite this document :

Dupont-Sommer André. « Règlement de la guerre des fils de lumière » : traduction et notes (second article). In: Revue de
l'histoire des religions, tome 148, n°2, 1955. pp. 141-180;

doi : https://doi.org/10.3406/rhr.1955.7062

https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423_1955_num_148_2_7062

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« Règlement

de la guerre des fils de lumière »

traduction et notes
(Suite)1

Col. V :

Du bâton de commandement

(1) Et sur le b[âto]n2 du Prince de toute la congrégation3,


on inscrira [son] nom [et]4 le nom d'Israël et de Lévi et
d'Aaron, ainsi que les noms des douze tribus d'Israël selon
leur généalo[gi]e (2) et les noms des douze chefs de leurs
tribus5.

1) Voir le début dans RHR, juillet-septembre 1955, p. 25-43.


2) Lire probablement ra ; dans la lacune ont disparu la partie gauche
du d et la partie droite du то. Ce mot -со, s'il est bien à lire ici, ne peut guère
être que l'état construit de nno « bâton » ; il s'agirait du bâton de
commandement : cf. Nombres XVII 17-26. La graphie ce est curieusement defective : la
forme normale serait rrra ; lire peut-être тэа (à l'analogie de ,TEa).
3) Cf. CD VII 20 : « le sceptre (тэзшп), c'est le Prince de toute la
congrégation » ; et lQSb V 20-29 (bénédiction du « Prince de la congrégation »). Ce
personnage, dans notre rouleau, ne se trouve mentionné qu'ici. Est-il à identifier
avec le « Messie d'Israël » (cf. lQSa II 14, 20) ?
4) mzr[i i]rw.
5) II se peut que le début de ce chapitre ait disparu dans la lacune de la fin
de la col. IV ; dans Nombres XVII 17-26,' en effet, il est question des bâtons des
douze chefs de tribu, et l'on peut penser que, dans l'armée des fils de lumière,
d'autres chefs encore aient été dotés de bâtons comme insignes de leur
commandement. Ce chapitre aurait alors eu pour titre : mra- "pc « Règlement relatif
aux bâtons (de commandement) ».
142 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

De la formation en sept lignes


(3) Règlement relatif à la formation des bataillons de
combat.
Quand leur armée sera au complet, on remplira une ligne
de front avec mille hommes1. Cette ligne sera liée2. Et il y
aura sept formations (4) de front3. Pour chaque ligne, ils seront
disposés4 en ordre, (selon leur) poste, un homme après l'autre5.

De l'armement de l'infanterie
Et tous, ils tiendront des boucliers d'airain poli à la
manière (5) d'un miroir de visage. Et le bouclier sera entouré
d'une tresse de bordure, à l'aspect de lien6, ouvrage d'un
artiste, en or et en argent et en airain entrelacés (?)7; (6) et
(il sera orné) de pierres précieuses de couleurs (?)8 variées,
ouvrage d'un orfèvre artiste. La longueur du bouclier sera de
deux coudées et demie, et sa largeur d'une coudée et demie9.

1) Ces sept lignes (= sept bataillons) de 1.000 hommes font donc, au total,
7.000 hommes ; ce qui est à peu près l'effectif d'une légion romaine (à partir
de Marius, 6.000 hommes).
2) L'auteur veut dire sans doute que chaque ligne (= chaque bataillon)
forme une unité tactique.
3) Sept lignes faisant face à l'ennemi et disposées en profondeur : cf. V 16.
Le nombre sept est évidemment choisi à cause de sa valeur mystico-magique.
4) Lire e'Ttc, selon la correction du manuscrit lui-même ; ce mot est ici à
lire non pas п'тто « formations » (notre rouleau, en ce sens, emploie toujours
le mot ttd), mais пннс « formés, disposés » (participe passif).
5) Sur chaque ligne', les hommes prennent place au poste que leur assignent
le règlement et la hiérarchie. C'est de la même manière que défilent les membres
de la secte lors du recensement annuel : пт -ns ~т ycz « en ordre, l'un après
l'autre » (1QS II 20,- 21).
6) P-cna. Ce mot se lit dans Exode XXVI 4, 5 ; XXVIII 27; XXXVI 11,
12, 17; XXXIX 20, au sens ď « assemblage ». Cf. ligne 8 : mzrrai пзшпо m-x.
7) Dur^n. Ce mot, qui revient ligne 8, semble être un participe poal de
la racine ттз ; une racine ÎT2, en hébreu postbiblique et en judéo-araméen, est
attestée au nitpalpel et au itpalpel au sens d'« ê.tre amolli, assoupli ». Quel est
son sens dans notre,- passage ? Celui que nous proposons d'après le contexte
(» entrelacés ») est incertain.
8) >:i3N. Cf. ligne 9 : ЩП2 ; la consonne n est donc probablement prothétique.
Suivi de пери, ce mot est apparemment un pi. est. Est-ce d'un nom pa, ou
d'un nom n précédé de la particule 3? Lemotp3 est totalement inconnu. Quant
à p, il est attesté en judéo-araméen et en syriaque fdannâ) au sens de « cruche,
urne » ; mais ce sens ne convient guère ici. C'est uniquement d'après le sens
que nous proposons de traduire « couleurs ».
9) Rappelons que la coudée mesure 0 m. 444. La hauteur du bouclier est
donc de 1 m. 10 ; sa largeur, de 0 m. 666. Le bouclier est rectangulaire, comme
le scutum des légionnaires romains.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 143

Et dans leur main (ils auront) une lance (7) et un sabre1.


La longueur de la lance sera de sept coudées : dont la
hampe2 et la pointe3, (mesurant) une demie coudée. Et sur la
hampe (il y aura) trois anneaux ciselés à la manière (8) d'une
tresse de bordure, en or et en argent et en airain entrelacés (?),
tel un ouvrage d'un dessin artistique et (à l'aspect) de lien (?).
Le d[e]ssin4, de part et d'autre de (chaque) anneau, (9) tout
autour, sera de pierres précieuses de couleurs (?) variées,
ouvrage d'un orfèvre artiste et incrusteur (?)5. Et la hampe

1) p*r. Ce mot, à lire probablement kîdân, est évidemment à rapprocher


de Г"'-, qui se rencontre dans les passages suivants de la Bible : Josué VIII
18, 26*; / Sam. XVII 6, 45 ; Jér. VI 23, L 42; Job XXXIX 23, XLI 21, et
dans Sir. XLVI 2. Les versions anciennes ont rendu tit; tantôt par «
bouclier », tantôt par « javelot » ou « lance », tantôt par « sabre » ; c'est le sens de
« javelot » que les dictionnaires modernes proposent généralement. Mais ce
sens ne convient absolument pas à la description qui est donnée de cette arme
aux 1. 11-14. Cette description, comme nous le verrons un peu plus bas, nous
semble viser une épée ou, plus précisément, une épée courbe (Krummschwert),
du type de la harpe (voir p. ex. K. Galling, Biblisches Reallexikon, p. 474, fig.
nos 7-Ю), une espèce de cimeterre. C'est cette arme archaïque que Josué tenait
à la main à la bataille d'Aï (Josué VIII 18, 26) ; c'est aussi la même arme que
Goliath portait, lisons-nous (/ Sam. XVII 6), •« entre ses épaules » : vr^r yz.
Cette curieuse expression a été justement rapprochée de la phrase suivante
dans Iliade XI 29 : а{л<рь S'àp' w^oicriv (ЗаХето Çicpoç « autour de ses épaules
il jette son épée » ; brachylogie qui veut dire sans doute que le héros met à
ses épaules le baudrier qui porte l'épée. De la même manière, 'e рт; de Goliath
devait être suspendu à un baudrier : le parallélisme suggère donc que ce птг est
une épée ou un sabre. Dans Job XXXIX ~23, les Septante ont traduit îit; par
[ла/aipa, qui désigne « une sorte de sabre légèrement recourbé » (par opposition
à l'épée droite, siçcç) ; et dans Sir. XLVI 2 (où il est question de l'arme de
Josué à la bataille d'Aï), par po^<pocia (Vulgate : romphaea), qui désigne
proprement « un large sabre à deux tranchants ». Dans ces deux passages, on le voit,
le traducteur, à défaut d'un mot grec correspondant proprement à Т'тг, a employé
un terme qui rend du moins le sens essentiel du mot hébreu, à savoir le sens de
« sabre » (po^cpaia) et même de « sabre recourbé » {(jiáxatpa). Le sens de «javelot »
pour Г'Т-, en dépit d'une longue tradition exégétique, doit donc désormais être
abandonné ; dans notre rouleau de la Guerre, le mot « javelot » est rendu par
■î-st (VI 2, 3, 16; VIII 11).
2) -i:cri. Ce mot, en hébreu postbiblique, veut dire « fermeture, verrou ». Il
semble désigner ici la douille cylindrique qui relie- la pointe de la lance à la
hampe ; ou plutôt, par extension, la hampe elle-même : le "чс, en effet, est
comparé à une « colonne » (1. 10).
3) :m:n. Littéralement « la flamme », comme l'hébreu biblique zrrt ; il s'agit
de la pointe ou du fer de la lance, qui brille au soleil comme une flamme.
Cf. Hôdâyôt II 26 r':n z~'ř. — La lance tout entière mesure 7 coudées
(= 3 m. 108) ; la pointe, 1 /2 coudée (= 0 m. 222).
4) Lire гг[ч]хп. — L'auteur veut dire sans doute que, sur la hampe,
immédiatement au-dessous et au-dessus de chaque anneau, sera incrusté un cercle
de pierres précieuses.
5) n'rzïn rcwrra wn 4ir7c. Il est difficile de ne pas traduire le dernier mot
144 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

sera sculptée entre les anneaux à la manière (10) d'une


colonne artistique. Et la pointe sera en fer, blanc et brillant,
ouvrage d'un orfèvre artiste et incrusteur (?) ; (il y aura) de
l'or pur au milieu de la pointe, et (celle-ci) sera aiguisée
vers (11) l'extrémité. .
Et quant aux sabres, ils seront en fer épuré, purifié au
creuset et rendu blanc comme un miroir de visage, ouvrage
d'un orfèvre ar[t]iste, et (ornés) de figures incrustées (?),
(12) en or pur. Une attache y (sera fixée) à ses deux côtés1 ;
et des bords rectilignes seront vers la tête, deux d'un côté et
deux de l'autre2. La longueur du sabre sera d'une coudée (13)
et demie, et sa largeur de quatre doigts 3; mais le ventre4
aura quatre pouces (de large). Et (il y aura) quatre palmes
jusqu'au ventre ; et le ventre, recourbé (?)5 ici (14) et là, aura
cinq palmes (de long)6. Et la poignée du sabre sera en corne

« épi », ainsi que dans la Bible. Même locution à la ligne 10; cf. ligne 11 :
nVnur 'n-ict mírná ■ann "вг7э. Le mot « épi », ici, doit avoir un sens technique ;
mais que désigne-t-il au juste ? Le contexte semble indiquer qu'il s'agit d'un
travail d'incrustation, de « damasquinage » ; aussi traduisons-nous rvvzw шчп
« orfèvre incrusteur » et rniaw *>od « figures incrustées ». Dans la pointe de la lance,
comme dans la lame du sabre, le fer sera orné d'incrustations en or pur.
1) II s'agit, semble-t-il, de l'attache destinée au baudrier. Cf. Exode XXVIII
7, XXXIX 4.
2) Le mot mso ne peut guère être que le pluriel du mot fm. nsc « langue,
bord »r pour nstir, bien que la graphie avec D soit ici un peu surprenante (aux 1. 5,
8 : nsur) et que le pluriel de пэтс soit normalement rr.risw ou nvsw. — » La tête »
(топп) semble désigner la partie initiale de l'arme, immédiatement après la
poignée ; cette partie est « rectiligne » (nw), précédant la partie courbe ou renflée,
« le ventre » (гсзп). S'il est précisé qu'il y aura « des bords rectilignes vers la
tête, deux d'un côté et deux de l'autre », cette description veut-elle dire que la
partie rectiligne de l'arme, jusqu'à la courbure, sera de section rectangulaire
et, par conséquent, non tranchante ?
3) L'arme tout entière mesure donc 0 m. 666 de long ; rappelons que la harpe
de Byblos mesure 0 m. 65 ; celle de Gézer, 0 m. 58. — Quant à la largeur, le doigt
étant de 0 m. 018, elle est de 0 m. 072.
4) Ce mot т^зп, selon nous, désigne, nous l'avons dit, la partie courbe ou
renflée (cf. latin sinus). Le pouce étant de 0 m. 24, la largeur de la lame, dans sa
partie courbe, est de 0 m. 096, un peu plus grande que dans sa partie rectiligne.
5) nbma. Mot difficile ; apparemment, participe puai du verbe bn. Mais ce
verbe n'est pas attesté au puai. Notre traduction « recourbé » est très incertaine ;
notons qu'en judéo-araméen, Yafel de bn signifie : « 1° gewôhnen, verleiten ;
2° nach unten beugen » (Dalman, Handwôrlerbuch).
6) La palme étant de 0 m. 074, la partie rectiligne (« jusqu'au ventre ») mesure
donc 0 m. 296, et « le ventre », 0 m. 37 ; au total, 0 m. 666. C'est l'équivalent
exact d'une coudée et demie, mesure indiquée plus haut pour la longueur de
l'arme.
La guerre des fils de lumière 145

pure, ouvrage d'un artiste, (ornée d')un dessin multicolore en


or et en argent et en pierres précieuses.

De la manœuvre de l'infanterie

(16) Et quand prendront position les [


] ils formeront les sept lignes, une ligne
derrière l'autre. (17) [
trjente coudées1, pour qu'y prennent position les homm[es]

du front [ ]

Col. VI :

(1) sept. fois, puis ils reviendront à leur position2.


Et après eux sortiront trois bataillons d'infanterie, et ils
prendront position entre les lignes3. Le premier bataillon
lancera [ve]rs (2) la ligne de l'ennemi sept javelots de combat4.
Et sur la flamme du javelot on inscrira : « Éclair de lance5
pour la Puissance de Dieu ». Et sur le second trait6, on ins-

1) Un peu plus de 13 mètres. C'est apparemment la distance qui sépare une


ligne de la ligne placée derrière elle.
2) Comme la légion entière comprend sept lignes (= sept bataillons) et qu'il
est parlé ensuite de trois bataillons attaquant au javelot, puis de deux bataillons
combattant avec la lance et le sabre, il est clair que la partie manquante à la
fin de la col. V devait décrire le rôle des deux premiers bataillons. Quelle est la
fonction de ceux-ci ? D'après VIII 1-2, il semble que la seconde ligne soit celle
des frondeurs ; on peut supposer, en outre, que 1э première est celle des archers.
Archers et frondeurs constituent l'infanterie légère (velites), celle qui harcèle
l'ennemi au début du combat.
3) Entendons « entre les deux lignes л (cf. ligne 4), c'est-à-dire dans
l'intervalle qui sépare les deux armées, celle des fils de lumière et celle des fils de
ténèbres. Cf. VII 9 mrrsn тчз Ья « vers l'intervalle des lignes ».
4) пзпЬз глр-iT. Le nom р^т, pi. гпрчт, n'est pas attesté en hébreu ni en ara-
méen, mais seulement le verbe рпт « lancer ». Le contexte indique clairement qu'il
s'agit du javelot ; plus précisément, selon nous, du pilum, cette arme typique
des légions romaines, qui avait de 1 m. 60 à 2 .mètres de long et dont la portée
variait de 25 à 60 mètres selon qu'on le lançait ou non avec une courroie.
5) Le pilum, vu sa forme et sa longueur, ressemblait à une lance.
6) ■cW. Ce nom est évidemment synonyme de рчт. Il se rencontre plusieurs
fois dans la Bible, où on le traduit généralement par « bouclier » ; mais sa
signification est restée incertaine, et le sens de « bouclier » ne convient absolument
pas ici. En syiiaque, sloto est attesté au sens de « trait » (Brockelmann, Lexicon
Syriacum, p. 781) ; c'est ce sens, ou un sens voisin, qu'il faut retenir ici.
10
146 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

crira (3) : « Dards1 sanguinaires pour faire tomber des tués


par la Colère de Dieu. » Et sur le troisième javelot2, on
inscrira : « Flamme d'épée3 qui dévore les tués iniques par le
Jugement de Dieu. » (4) Tous ceux-ci lanceront sept fois, puis
ils reviendront a leur position.
Et après eux sortiront deux bataillons d'infanterie, et ils
prendront position entre les deux lignes. Le premier
bataillon (5) tiendra une lance et un bouclier, et le second bataillon
tiendra un bouclier et un sabre.

Ils feront tomber des tués par le Jugement de Dieu,


et ils feront fléchir la ligne (6) de l'ennemi par la Puissance
de Dieu,
pour payer la rétribution de leur malice à toute nation de vanité.
Et la royauté appartiendra au Dieu d'Israël,
et, par les saints de son peuple, II déploiera sa valeur.

De la cavalerie

(8) Et sept formations de cavaliers prendront position,


elles aussi, à droite et à gauche de la ligne ; d'un côté et de
l'autre leurs formations prendront position : sept cents (9)
cavaliers à une extrémité et sept cents cavaliers à l'autre.
Deux cents cavaliers sortiront avec les mille hommes de la
ligne d'infanterie4. Et de la même manière (10) (les cavaliers)
prendront position à toutes les ex[trémités]5 du camp.

1) «р'т. Cf. =*рт [Prov. XXVI 18) et ггрч (haïe L 11, Sir. XLIII 13)
« Brandpfeile ».
2) Le « second » et le « troisième javelot » désignent ici, semble-t-il, au sens
collectif, les javelots des second et troisième bataillons ; chacun des trois
bataillons possède une inscription identique pour tous ses javelots.
3) La pointe du javelot est comparée à celle de l'épée meurtrière.
4) A chaque ligne d'infanterie (= un bataillon de 1000 hommes) est affectée
une formation de cavalerie ; celle-ci compte 200 cavaliers, disposés aux deux ailes
de la ligne : 100 à l'aile droite et 100 à l'aile gauche. Comme les sept lignes
d'infanterie composant la légion sont disposées en profondeur (cf. V 16), il y aura donc
700 cavaliers à l'aile droite et 700 cavaliers à l'aile gauche ; au total, 1400
cavaliers pour 7000 fantassins.
5) "[=]? ; cf. ligne 9 : «:un irrh... -nsn -,Z7b.
La guerre des Fils de lumière • 147

Au total, quatre mille six cents (cavaliers), plus mille


quatre cents, montures1 pour les officiers2 des lignes ;
(11) cinquante pour [u]ne3 ligne. Et les cavaliers, y-
compris les montures des officiers, seront six mille : cinq cents
par tribu4.
Toutes les montures qui sortiront (12) au combat avec les
hom[mes] d'infanterie seront des chevaux mâles, au pied
rapide, et à la bouche tendre, et au souffle long, et de l'âge
voulu; exercés au combat (13) et capables d'entendre les cris ;
et ils auront tous un aspect semblable.
Et ceux qui monteront ces chevaux seront des hommes
aptes à combattre, exercés à l'équitation. Et (14) leur âge

1) 23-.. Lire probablement nr-, ; ce nom, au sg. collectif, est fréquemment


employé dans la Bible pour désigner « les chars (de combat) », « la charrerie ».
Mais tel n'est pas le sens de ce nom dans notre rouleau ; les nombreux passages
où il se rencontre imposent, en effet, croyons-nous, le sens de « montures », de
« cavalerie »; cf. notamment lignes 11-12 : « Toutes les montures (zz~\r\ Lrz)...
seront des chevaux mâles, etc. ». Dans la langue technique de l'auteur, de même
que c*rs désigne l'infanterie, 2:1 désigne la cavalerie ; il n'y a pas de chars de
combat dans l'armée des fils de lumière, pas plus que dans l'armée romaine.
Noter que, si le mot nzn est passé du sens de « charrerie » à celui de « cavalerie »,
une telle évolution est conforme à la signification fondamentale de la racine RKB.
Celle-ci, en effet, dans l'hébreu biblique même, veut dire ou « monter un animal »
(âne, chameau, cheval) ou « monter sur un char » ; et le nom лэп désigne tantôt
un « cavalier » (// Rois IX 17) et tantôt un « charriste » (/ Rois XXII 34,
// Rois XVIII 33). En syriaque, les mots rokbo, rakkobo, veulent dire seulement
« cavalier », et le mot rkûbo, « monture, cavalerie, equitation ».
2) "р° 'ш:х. Cette expression, qui revient plusieurs fois dans notre rouleau,
nous semble désigner les chefs, les officiers ; littéralement « hommes qui donnent
les ordres », « hommes du commandement ». Les « officiers des lignes », ce sont les
officiers d'infanterie ; ils ont le privilège d'être montés, comme les cavaliers
proprement dits.
3) nn[N].
4) Le nombre total de 6000 cavaliers est parfaitement assuré : d'une part,
chacune des douze tribus doit fournir 500 cavaliers ; d'autre part, le même nombre
de 6000 cavaliers est rappelé IX 5. Dans cet effectif total sont comptés 1400
officiers des lignes : « 50 pour une ligne », explique-t-on. D'où il résulte que l'armée
entière comporte 28 lignes, c'est-à-dire 28000 hommes d'infanterie ; c'est
précisément le chiffre qui est donné IX 5 : « 28000 combattants, plus les
cavaliers : 6000 ». Puisque chaque légion compte 7000 hommes, l'armée envisagée
comporte ainsi quatre légions. — Mais ici se présente une difficulté : puisque
l'effectif des cavaliers, déduction faite des 1400 officiers des lignes, est de 4600,
comment expliquer ce dernier chiffre qui correspond seulement à 23 lignes
d'infanterie ? Pour 28 lignes de 1000 hommes, il faudrait, selon le calcul indiqué aux
1. 8-9, non pas 4600, mais 5600 cavaliers, et l'effectif global de la cavalerie,
officiers compris, devrait être de 7000. Pourtant, les chiffres de 4600 et de 6000,
dans notre texte, ne sauraient être corrigés. Faut-il supposer qu'une des quatre
légions n'était escortée que de 400 cavaliers, au lieu de 1400 ?
148 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

sera de trente à quarante-cinq ans ; mais quant aux cavaliers


officiers, ils auront de quarante à cinquante ans1.
Et eux, (15) ils se[ront re]vê[tus de cuirassjes (?)2 et de
casques et de jambières3. Et ils tiendront dans leur main des
boucliers ronds4 et une lance longue de h[uit (?) coudées5 ]
(16) [ ] et un arc et des flèches et des
javelots de combat.
Et tous, ils seront prêts [ ] (17)
£ ]_ et à verser le sang de leurs tués
coupables. Ce sont eux qui seront les [

Des âges des diverses catégories de militaires6

Col. VII :
(1) Et les officiers auront de quarante à cinquante ans. Et
les commandants des camps7 auront de cinquante à soixante
ans. Et les intendants8 (2) auront, eux aussi, de quarante à

1) Tel est, en effet, l'âge requis pour les officiers dans VII 1. — L'âge exigé
pour les cavaliers des ailes (de 30 à 45 ans) les signale comme un corps d'élite,
particulièrement estimé ; la cavalerie des fils de lumière est une « chevalerie ».
2) m[2i>""D □>w;i]b[a v]rr ?
3) Ainsi traduisons-nous n'piwi cïtîo *пз ; littéralement « maisons de tête et
de jambes ».
4) Comme le clipeus des cavaliers romains.
5) On discerne, semble-t-il, après упх, les traces de la partie supérieure des
lettres du mot [пла]яг, plutôt que du mot [уз]ф. — La lance des fantassins a
seulement sept coudées (V 7) ; celles des « boucliers des tours », au contraire, huit
coudées (IX 12).
6) Le début de ce chapitre a disparu dans la lacune du bas de la col. VI ;
il devait y être question notamment de l'âge des fantassins : cet âge commençait
probablement à 20 ans. Rapprocher notre passage de lQSa I 6-18, où sont indiqués
les âges exigés pour l'accès aux diverses charges civiles, et aussi de CD X 4-10,
XIV 7-10.
7) гплпоп '3"hd. Même verbe yio « commander » dans II 1, 6. Les «
commandants des camps » sont-ils identiques aux « chefs (nwi) des camps de trois
tribus », dont il est question III 14 ?
8) стэтагп. Ce mot, fréquent dans la Bible, y désigne certaines catégories de
scribes ou de fonctionnaires. D'après Deut. XX 1-9, Josué I 10, III 2, il en est
d'attachés à l'armée, spécialement chargés du recrutement et de
l'approvisionnement de celle-ci ; c'est ce rôte qui leur est dévolu dans notre rouleau, confor-
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 14(J

cinquante ans. Et tous ceux qui dépouillent les (cadavres des)


tués et exécutent le pillage1 et purifient la terre et gardent
les armes (3) et préparent2 l'approvisionnement, tous ils
auront de vingt-cinq à trente ans.

De la pureté du camp et des qualités physiques et murales


exigées des combattants

Et nul jeune garçon et nulle femme n'entreront dans leurs


camps quand ils partiront (4) de Jérusalem pour aller au
combat, jusqu'à leur retour3.
Et nul homme boiteux, ou aveugle, ou estropié, ou ayant
dans sa chair une tare irréparable, ou frappé d'une
impureté (5) de sa chair, nul de ceux-là n'ira avec eux au combat4.
Tous, ce seront des volontaires pour le combat, et ils seront
parfaits d'esprit et de chair et prêts pour le Jour de la
Vengeance.
Et nul (6) homme qui ne sera pas en état de pureté à

mément aux données bibliques. Il est à rapprocher de celui des quaeslores milila-
res dans les armées romaines. Nous traduisons « intendants », vu que leurs
attributions, ou, du moins, quelques-unes d'entre elles, correspondent à celles
des services ď « intendance » d'une armée moderne. D'après VII 14, 16, ces
« intendants » sont recrutés, du moins partiellement, parmi les lévites ;
cf. II Chron. XIX 11. Leur âge (de 40 à 50 ans) les assimile en dignité aux «
officiers ». Les diverses catégories d'auxiliaires attachés à l'armée, mais non
combattants, qui sont mentionnés après les intendants, étaient probablement placées
sous les ordres de ceux-ci.
1) Voir les prescriptions relatives au pillage dans Deut. XX 10-18. — Sur
la purification des guerriers et le partage du butin, voir encore Nombres XXXI.
2) -piy. Sg. collectif ; ou faute pour »;m; ?
3) Ni, a fortiori, semble-t-il, quand les soldats seront dans le camp. Nulle
débauche n'est tolérée ni avec les garçons, ni avec les femmes ; noter que « les
jeunes garçons » sont mentionnés en premier lieu : allusion à la pédérastie que
l'hellénisme risquait d'introduire dans les mœurs juives elles-mêmes. —
Rapprocher Philon, dans Eusèbe, Praep. Evang., VIII, 11, 3 : « Parmi les Esséniens
on ne voit ni enfant ni adolescent ni jeune homme ... » ; ce que contredit, au
reste, Josèphe, B. J., II, 8, 2. Selon Lagkange, Le Judaïsme au temps der Jésus-
Christ, p. 312, n. 3, Philon aurait nié la présence d'enfants chez les Esséniens
« par crainte des soupçons des Grecs » ; mais peut-être aussi connaissait-il
certaines précautions imposées aux Esséniens à l'égard des jeunes gens, précautions
qu'il aurait transformées en une règle absolue de ne point accueillir de jeunes
gens dans leurs rangs.
4) Cf. Deut. XXIII 2 ss., et surtout lQSa II 3-9 (personnes exclues de
l'Assemblée).
150 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

cause de son flux au jour du combat ne descendra avec eux1 ;


car les anges de sainteté accompagneront leurs armées2, et
l'Esprit de YHYH3 (7) sera parmi tout leur camp4.
Quant à l'endroit du lieu (retiré)5, (il sera à) environ deux
mille coudées, et nulle chose honteuse et laide ne sera visible6
aux environs de tout leur camp7.

Du rôle des prêtres et des lévites durant le combat

(9) Et lorsqu'on formera les lignes de combat vis-à-vis de


l'ennemi, une ligne vis-à-vis de l'autre8, alors sortiront de la
porte centrale vers l'intervalle des lignes sept (10) prêtres
d'entre les fils d'Aaron, vêtus d'habits de fin lin blanc : des
tuniques de lin et des caleçons de lin, et ceints de ceintures
de lin, de fin lin retordu, de pourpre violette (11) et écarlate
et de cramoisi, à l'aspect multicolore, ouvrage d'un artiste, et
portant sur leur tête des coiffures en forme de tiares. Ce seront
des habits pour le combat, et dans le sanctuaire ils ne (12) les
introduiront pas.

1) A rapprocher de Deul. XXIII 11-12. Au lieu de -Уч-гпрг « à cause d'un


accident nocturne », notre rouleau porte vppas « à cause de sa source » ;
entendons sans doute « à cause d'un écoulement (d'origine sexuelle) » : dans Lev. XII 7,
XX 18, le mot mpc désigne le flux menstruel de la femme.
2) Cf. lQSa II 8-9 : ori[i73] шпр '=кЬо n'3.
3) -•-* тт. Le mot nm> « II est » (la 3e lettre est sûrement un >) est sans
doute employé ici intentionnellement à la place de mn' ; substitution qui semble
inspirée ďExode III 14. Le mot rrn étant fm., il est difficile d'en faire le sujet
du verbe п'гг, qui est ms. : « l'Esprit sera » ; d'autre part, l'expression rm,
sans complément, pour désigner l'Esprit divin serait insolite.
4} Cf. Deut. XXIII 15 : -рпа з-фз -jbnna yrhx mn> >=.
5) Cf. Deut. XXIII 13 : тапэЬ yirra "]h п'пп ti. Notre règlement fixe- à
2000 coudées (environ 900 mètres) l'éloignement du lieu retiré : précision ajoutée
au texte biblique. Josèphe, de son côté, déclare {B. J., II, 8, 9) que les Essé-
niens, pour aller à la selle, choisissaient « les endroits plus déserts » (touç ергцю-
xépouç tottouç).
6) уч -ai ппу Vis. Expression composite, empruntée à Deut. XXIII 10
("1 121 hz) et 15 (131 гпчу). —- Le verbe -n~i> Nib se lit aussi dans ce dernier verset,
mais là il est au qal, tandis qu'il est au nifal dans notre rouleau.
7) Si notre règlement ne formule pas en termes exprès l'obligation d'enfouir
les excréments, à la différence du Deut. et de Josèphe (loc. cit.), une telle
obligation découle, semble-t-il, du fait que « rien de honteux » ne doit rester visible
aux environs du camp.
8) La ligne des fils de lumière vis-à-vis de la ligne ennemie. C'est dans «
l'intervalle » entre ces deux lignes (глзчуоп рз bx), donc en avant de la première
ligne des fils de lumière, que les prêtres et les lévites doivent se tenir pour faire
retentir les sonneries.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 151

Le premier prêtre marchera sur le front de tous les hommes


de la ligne pour fortifier leurs mains dans le combat ; et dans
la main des six (autres) seront (13) les trompettes de l'appel
et les trompettes du mémorial1 et les trompettes de la clameur2
et les trompettes de la poursuite et les trompettes du
rassemblement.
Et quand les prêtres sortiront (14) vers l'intervalle des
lignes, sept lévites sortiront avec eux, ayant dans leur main
les sept trompes de corne de bélier. Et trois intendants d'entre
les lévites {iront) devant (15) les prêtres et les lévites.
Et les prêtres sonneront des deux trompettes de l'ap[pel
et du mémorial de cojmbat (?)3 sur cinquante
boucliers4. (16) Et cinquante hommes d'infanterie sortiront de
la première porte [ ]
les lévites intendants et la troupe (17) de toute une ligne. Et
une ligne sortira conformément à tout ce rè[glement-ci5
les hommes
d'jinfanterie (sortiront) des portes, (18) [et ils prendront
po]sition entre les deux lignes6, et[
1 - du com[bat]

Col. VIII :
(1) les trompettes sonneront pendant la durée (de
l'engagement) des frondeurs7 jusqu'à ce qu'ils aient fini de lancer
sept (2) fois. Et ensuite les prêtres sonneront pour eux des

1) A- identifier avec les « trompettes de l'appel des formations de combat »


(III 1), sur lesquelles il est inscrit : « Mémorial de vengeance à l'heure de Dieu. »
2) A identifier avec les « trompettes de la tuerie » (III 1, 8).
3) ncmfc ...гггтгп N4]-::. i'A. ligne 13.
4) C'est-à-dire 50 hommes armés d'un bouclier.
5) Suppléer : [...mr; "г]сй ; cf. VIII 14. — II s'agit dans ce paragraphe de
l'engagement de la première ligne ; le mauvais état du texte empêche de bien
comprendre la manœuvre ici décrite. Puisqu'il est parlé ensuite des frondeurs
(VIII 1), la première ligne est probablement composée d'archers ; elle manœuvre
par groupes restreints de 50 hommes, comme il convient à l'infanterie légère
(veliles).
6) гп-чусп Tiw yz n[:r].
7) Le début du paragraphe sur la ligne des frondeurs a disparu dans la lacune
du bas de la col, VII,
152 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

trompettes du repli1, et ils viendront à côté de la première


ligne2. (3) pour se tenir sur leur position.
Puis les prêtres sonneront des trompettes de l'appel, et
(4) trois bataillons d'infanterie3 sortiront des portes et
prendront position entre les lignes ; et à côté d'eux seront les
hommes montés4, (5) à droite et à gauche. Et les prêtres
sonneront des trompettes d'un son continu pour la formation
de combat, (6) et les sections5 se déploieront selon leurs
formations, chacune vers sa position. Et quand ils auront pris
position en trois formations, (7) les prêtres sonneront pour
eux une seconde sonnerie d'un son posé et appuyé pour la
marche au pas jusqu'à ce qu'ils se soient approchés de la
ligne (8) de l'ennemi. Alors ils étendront leur main sur les
armes de guerre6, et les prêtres sonneront des six trompettes
(9) de la tuerie d'un son aigu et pressé pendant la durée du
combat, tandis que les lévites et toute la troupe des trompes
feront retentir (10) d'une seule voix une immense clameur
guerrière pour faire fondre le cœur de l'ennemi. Alors, dans
le bruit de cette clameur, partiront (11) les javelots de combat
pour faire tomber des tués. On précipitera le son des trompes,
tandis qu'avec les trom[pet]tes (12) les prêtres sonneront d'un

1) A identifier avec les « trompettes du rassemblement » (VII 13) ; cf. III 10 :


« On inscrira sur les trompettes du repli : Dieu rassemble. »
2) Probablement celle des archers.
3) Les bataillons armés du javelot, comme il est précisé ligne 11 ; cf. VI 1-4.
4) ззчп Win. Entendons la cavalerie, disposée en formations de 200 hommes
aux deux ailes de chaque ligne : 100 à droite et 100 à gauche ; cf. VI 8-9.
5) n'\ffsin. Non pas « les chefs », mais « les sections », comme dans
Juges VII 16, 20 ; IX 34, 37, 43 ; / Sam. XI 11 ; XIII 17 s. ; Job I 17. Dans ces
divers passages bibliques, la division d'une troupe en trois sections apparaît
courante ; de même, Judas Machabée partage son armée en trois corps : èv
rpiaiv àp/aïç (/ Mac. V 33). Dans notre passage, il semble que la formation
en trois sections se fasse à l'intérieur de chaque « bataillon » ; il est encore question
de la formation en sections dans le « règlement annexe » (XVI 4-5, XVII 10),
mais le nombre des sections n'est pas indiqué. — II faut ici rappeler, croyons-
^nous, l'ordre de bataille de la légion romaine, à partir de Marius : dix « cohortes »,
dont chacune compte trois « manipules » (hastati, principes, triarii) ; la cohorte
compte 600 hommes, le manipule 200. Dans l'armée des fils de lumière, la
disposition du « bataillon » en trois « sections » — ou trois « formations » (dites aussi
« formations de combat », cf. III 1,6) — s'inspire probablement de l'usage romain :
le « bataillon » (bn) correspondant à la cohorte, et la « section » (wni) — ou
« formation » (me) — au manipule.
6) Ici les « javelots de combat » ( — pila), cf. ligne 11.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 153

son aigu et pressé pendant la durée du combat jusqu'à ce


qu'ils aient lancé vers la ligne (13) de l'ennemi sept fois. Et
ensuite les prêtres sonneront des trompettes du repli (14) d'un
son posé, continu, appuyé. C'est conformément à ce
règlement-ci que les [prê]tres sonneront pour les trois bataillons.
Et lorsque (15) le premier (bataillon) lancera1, les [prêtres
et les lévites et toute la troupe des tromjpes2 feront retentir
le bruit d'une immense clameur (16) pendant la durée du
com[bat jusqu'à ce qu'ils aient lancé sept fois. Et ensuite]
les prêtres [sonneront] pour eux (17) des trompe[ttes du
repli3 et ils
reviendront sur leur position4 (18) [*•
]et prendra
position5

Col. IX :
(1) ils commenceront à abattre leur main sur les tués6. Et
toute la troupe précipitera le bruit de la clameur7, et les
prêtres sonneront des trompettes (2) de la tuerie pendant la
durée du combat jusqu'à ce que les ennemis aient été
bousculés et qu'ils aient tourné leur nuque. Et les prêtres
sonneront pendant la durée du combat8.

1) Ьгп. Infinitif hi fil de Vo: ; cf. VI 4 ib'r\ synonyme de irw (VI 1).
— Il s'agit du premier des trois bataillons armés du javelot.
2) Suppléer, d'après ligne 9 : гпч[эфп пу Ь"ст cibrn п%лтз]п.
3) Suppléer, d'après ligne 12 : crib [iypn> -inxi п'отз ysw nrbwn 17 -пп]Ьа
[... ЛЧППП ЗТП]Х1ХПЗ П'ЗГПЭП.
4) Lire probablement : I2[in...]. En marge, a été ajouté le mot гспупл :
« dans (?) la ligne ».
5) II s'agit sans doute ici du second bataillon ; l'auteur, semble-t-il, après
avoir exposé de façon globale la manœuvre des trois bataillons armés du javelot
(1. 3-14), décrit successivement la manœuvre de chacun d'eux, en précisant
que ces bataillons doivent être engagés l'un après l'autre. La fin de ce paragraphe
a disparu dans la lacune du bas de la col. VIII. • — En marge, à la fin de la 1. 19,
le mot D>hb[n...] « des [t]ués ».
6) II s'agit ici, croyons-nous, des deux derniers bataillons, armés d'une lance
et d'un sabre, qui, selon VI 4-5, interviennent pour le corps à corps après les
trois bataillons armés du javelot. Le début de ce paragraphe a également disparu
dans la lacune du bas de la col. VIII.
7) Sans doute « la troupe des trompes », cf. VIII 9-11.
8) Cette phrase est peut-être un doublet.
154 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

(3) Et quand (les ennemis) auront été battus devant eux,


les prêtres sonneront des trompettes de l'appel, et tous les
hommes d'infanterie sortiront vers eux du milieu (4) des
lignes du front, et six bataillons prendront position, ainsi que
le bataillon qui aura attaqué1. A eux tous, sept lignes2 : vingt
huit mille (5) combattants, plus les cavaliers : six mille3.
Tous ceux-là feront la poursuite pour détruire l'ennemi
dans le combat de Dieu jusqu'à extermination (6) définitive.
Et les prêtres sonneront pour eux des trompettes de la
poursuite ; et ils se partageront]4 contre tout l'ennemi pour le
poursuivre en totalité. Et la cavalerie (7) reviendra sur les
lieux du combat jusqu'à destruction totale (de l'ennemi).
Et quand tomberont les tués, les p[rêtres] sonneront de
loin, et ils ne viendront pas (8) vers le milieu de la tuerie de
peur de se souiller de leur sang impur5 ; car ils sont saints, [et
ils ne] profaneront pas6 l'huile de l'onction de leur sacerdoce
par le sang (9) d'une nation de vanité.

Des « tours »

(10) Règlement relatif au. changement de formation des


bataillons de combat7.
On préparera la position contre (?) -- [ ]

1) Entendons : en dernier lieu. Ce septième bataillon n'a pas eu à se replier


sur sa ligne comme les précédents ; c'est lui qui, avec le sabre, a achevé la déroute
de l'ennemi : il est encore au milieu des lignes ennemies quand commence à
s'organiser la poursuite.
2) Plus précisément, sept lignes par légion ; l'effectif de 28.000 hommes est
celui de quatre légions : voir p. 147, n. 4 (sur VI 11).
3) Pour ce nombre de 6000 cavaliers, cf. VI 10-11.
4) [ip]bnri. Cf.. XVIII 4.
5) Les prêtres ne doivent pas s'approcher de la mêlée : le sang des ennemis
les rendrait impurs. Les soldats eux-mêmes, après le combat, devront purilicr
leurs vêtements souillés du sang des ennemis (XIV 2-3). — Les prêtres sont
tenus, selon la Tôràh, à des règles strictes de pureté; le contact des morts, en
particulier, leur est interdit (Lév. XXI 1-4). — Sur l'huile de l'onction sacerdotale,
cf. Lév. X 7.
6) N[-Ibi].
7) Ce chapitre, qui comporte de fâcheuses lacunes, est d'une interprétation
difficile. Il semble que le mot « tours » y désigne non pas des tours de combat,-
des engins de siège, mais des formations d'un type particulier, des formations
compactes, destinées à briser plus facilement les assauts de l'ennemi comme à
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 155

des lance-pierres (7)1 et des tours (11) et des arcs et des tours2.
Puis, au petit pas (?), les sections sortiront3, tandis que les
ailes4 [s'avanceront aux deulx extrémités de la ligne5 [pour
pié]tiner6 (12) l'ennemi.
Et les boucliers des tours seront longs de trois coudées7,
et leurs lances auront une l[ongu]eur de huit coudées8. Et
les tours (13) sortiront de la ligne. Cent boucliers, et cent9,
(formeront) les fronts de la tour ; [eux] to[us, ils] entoureront10
la tour dans les trois directions des fronts, (14) (au nombre
de) trois cents boucliers11. Et il y aura deux portes à la tour :
[une] à [droite et u]ne à gauche12. Et sur tous les boucliers
des tours (15) on inscrira : sur la première13, Mi[che]l; [sur la
seconde, Gabriel; sur la troisième,]14 Sariel; sur la quatrième,

défoncer plus efficacement le dispositif de défense ennemi. Que tel soit le sens du
mot « tours », c'est ce qu'indique déjà le titre même du chapitre : « Règlement
relatif au changement de formation des bataillons de combat. » Noter, d'autre part,
qu'en latin le mot turris, dans la langue militaire, désigne parfois précisément
« un ordre de bataille en carré » (Caton, Aulu-Gelle).
1) П'ээ est probablement ici le pluriel de 14*' *уэ « pierre ». Quant à Vb;, ce
mot se rencontre dans / Rois VI 34, Cant. V Esther I 6, mais son sens n'y
est pas clair; puisqu'il dérive de la racine bbi « rouler, tourner », ne peut-il désigner
ici un instrument servant à faire « tournoyer » les pierres, c'est-à-dire soit une
fronde soit peut-être une baliste ou une catapulte ?
2) II semble que le dispositif, échelonné en profondeur, comporte en premier
lieu des frondeurs (?), puis des « tours », ensuite des archers, enfin à nouveau
des « tours ». Frondeurs et archers, rappelons-le, constituent l'infanterie légère.
3) L'infanterie lourde, semble-t-il ; cf. VIII 3 ss. Elle avance « au petit pas » (?),
sous la protection des « tours », quand celles-ci « sortent de la ligne » (1. 13).
4) Les ailes de la cavalerie ; dans l'armée romaine, alae.
5) Lire probablement : n=y '[sub ins']. Cf. VI 8-10.
6) ma[-ib].
7) Les boucliers ordinaires ont seulement deux coudées et demie (VI 6) ;
ceux des « tours », c'est-à-dire des combattants des tours, sont plus longs afin
de mieux protéger les combattants.
8) Lire -|[-п]к. Les lances ordinaires ont seulement sept coudées (VI 7).
9) Tournure distributive : 100 par 100 ; chaque face de la tour est formée
de 100 hommes armés d'un bouclier.
10) i=c[« nb]i3.
11) Si la « tour » est une formation en cairé (comme la turris, cf. p. 154, n. 7).
cette formation n'est protégée et armée «que sur trois fronts : à savoir, semble-t-il,
à l'avant et sur les deux côtés.
12) tn[NT ï>o']b- [чпк]. ■— Le mot « portes » semble désigner ici les « issues »
ménagées dans les faces latérales de la formation.
13) Entendons sans doute : sur les boucliers de la première tour, sur les
boucliers de la seconde, etc. — Le nombre des « tours » est de quatre ; à chacune
est donné un nom d'ange.
14) ["c-tït- b~ bîoz: *:шп b~] b[x:]"2.
156 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

Raphaël. (16) Michel et Gabriel seront à [droite (?), et Sariel


et Raphaël à gauche (?)]*.

De Vembuscade

(17) [Règlement] relatif aux embus[cades]2.


[
un homme emjbusqué3 ils mettro[nt ] (18) [

Exhortation du grand-prêtre avant le combat

Col. X :
[... C'est toi, ô Dieu, qui nous as prescrit de sanctifier]4
(1) notre camp et de nous garder de toute chose honteuse et
laide5 ; — et qui nous as déclaré que tu serais au milieu de
nous, ô Dieu grand etj*edoutable, pour piller tous (2) nos
ennemis de[vant nous]6 ; — et (qui) nous as jadis enseigné ceci
pour nos générations7 : « Quand vous vous approcherez pour
le combat, le prêtre se tiendra debout et dira à la troupe :
(3) Écoute Israël ! Vous vous approchez aujourd'hui pour

1 ) Les mots « Michel et Gabriel » semblent commencer une phrase ; ils désignent
ici, semble-t-il, les deux premières « tours » elles-mêmes. La suite de la phrase
indiquait sans doute la position de ces tours, ainsi que celle des deux autres
tours : par exemple, « à droite » et « à gauche », ou bien « en avant » et « en arrière ».
2) [n>n]iNb [tid]. Cf. III 2, 8 (les trompettes de l'embuscade).
3) Lire 3Ti[n ...]. — Ce chapitre sur l'embuscade a presque entièrement
disparu dans la lacune du bas de la col. IX — lacune qui nous prive également
du début du discouis du grand-prêtre avant le combat (col. X-XII) ; discours
semblable, mais moins long, dans XV 2-XVI 2.
4) Nous suppléons ces mots de façfin tout à fait approximative, seulement
pour indiquer le mouvement de la phrase.
5) Allusion à Devl. XXIII 10 ss. ; cf. plus haut VII 6-8.
6) Lire [i2«j]sb. Cf. Deut. XXIII, -psb у?н rm'n.
7) Cf. Deut. XX 2-9 ; les v. 2-4 sont cités textuellement (avec quelques légères
variantes), mais, ensuite, les v. 5-9 sont seulement résumés, et quelque peu
adaptés. — Ce même passage de la Tôrâh est allégué par Judas Machabée dans une
exhortation à ses troupes (/ Mac. III 56).
LA GUERRE DES FILS DE LUMIERE 157

combattre contre vos ennemis. N'ayez pas peur! Que votre


cœur ne faiblisse pas ! (4) Ne tre[mblez pas ! N]ex vous
effrayez pas devant eux ! Car votre Dieu marche avec vous
pour combattre pour vous contre vos ennemis afin de vous
sauver. (5) Et <les> intendants2 diront à tous ceux qui seront
prêts pour le combat, volontaires de cœur, de s'attacher
fermement à la Puissance de Dieu et de renvoyer3 tous (6) ceux
dont le cœur aura fondu et de s'attacher fermement ensemble
à tous les héros vaillants » ; — et (c'est toi) qui a[s di]t4 par
le moyen de Moïse5 : « Quand arrivera le combat (7) dans
votre pays contre l'adversaire qui vous opprimera, vous son-
ner[ez]6 des trompettes, et vous vous rappellerez (ainsi) au
souvenir de votre Dieu, (8) et vous serez sauvés de vos
ennemis. »
Qui donc est comme toi, ô Dieu d'Israël, dans le ciel et sur
la terre,
pour qu'il accomplisse des œuvres telles que tes œuvres
grandioses,
(9) et comme ta puissance robuste ?
Et qui est comme ton peuple Israël,
lui que tu as choisi pour toi parmi tous les peuples des pays,
(10) le peuple des saints de l'Alliance et de ceux qui sont
instruits du Précepte,
de ceux qui ont une intelligence] entendue7 [et

et qui écoutent la voix de l'(Être) vénéré8

) [ ]
2) Compléter probablement ainsi : i:*Tci[wn]i ; il y a, en effet, dans la
petite lacune la place de deux lettres. Mais la forme чз'точягп est impossible ;
corriger ou bien en cmsiwn (avec TM) ou bien en nr-.riw.
3) Lire 3"arb = n'wrib (hifil).
4) n[ma]i.
5) Citation de Nombres X 9. Au lieu de Nizn, TM présente la leçon ixizn
(« Quand vous viendrez au combat »), qui est probablement moins bonne ; la
leçon de notre rouleau est aussi celle du samaritain.
6) [na]mnm.
7) [...П3]'3 >Ь'ЭШ2.
8) Plutôt que « la voix vénérée ». Qui est ici « l'Être vénéré »? Le vocable
П22Л convient évidemment à Dieu ; mais il convient non moins dans la secte au
Maître de justice. Or, notre phrase est à rapprocher de celles-ci, dans VÉcrii de
158 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

et qui voient (11) les anges de sainteté1,


de ceux dont l'oreille est ouverte et qui entendent les choses
profondes ?
[C'est toi, ô Dieu, qui as créé]2 l'étendue du ciel3,
l'armée des luminaires (12) et la charge des esprits et l'empire
des saints,
les réservoirs glo[rieux des eaux et des] nuées4 ;
(c'est toi) qui as créé la terre et les lois de ses divisions
(13) en désert et en terre agréable5,
et tous ses produits, avec [ses] fru[its et] ses [semences (?)]6,
l'orbe des mers et les réservoirs des fleuves et la fente des
abîmes,
(14) les créatures animales et les êtres ailés,
la forme de l'homme et les générations issues - de] sa
[semen]ce (?)7,
la confusion des langues et la dispersion des peuples8,
la résidence des clans (15) et le partage des territoires9,

les moments sacrés et les circuits des années et les temps


(16) éternels10
["-- ]•
;
Ces choses-là, nous les connaissons grâce à ton intelligence,

pis- mra
Damas : гг"О
« et Vipb
ont уотч
prêté « l'oreille
et a écouté
à la voix
la voix
du du
Maître
Ma!tie
de justice
» (XX 28),
» (XX
bip32).чгтхгп
Un
tel parallélisme nous semble suggérer que notre passage, sous le nom de
« Vénéré », désigne effectivement le Maitie de justice. S'il en est bien ainsi,
cette allusion au Maître de justice serait importante pour la datation de l'œuvre.
1) Les Esséniens sont des visionnaires ; sur leur science des noms des anges,
cf. Josèphe, B. J. II, 8. 7, § 142.
2)-. Suppléer : [х-лзп bs nnx]. Le mot N-лзп revient à la ligne suivante.
3) Littéralement « des nuages ». Cf. Job XXXVI 29, 37 чтэз.
4) Suppléer D'37b[i D'sb "п]зз ггппк ; la trace supérieure du b précédant
п«37 est visible sur la photographie. Cf. Job XXXVIII 22, Ps. XXXIII 7.
5) Adjectif (ms. злу); cf. Prov. XX 17, Cant. II 14. La « terre agréable », c'est
la terre fertile, par opposition au désert ; la lecture йзлу yiN « terre de steppe »
est peu probable, саг тз~^ et пзлу sont à peu près synonymes, tandis que le
texte parle de la diversité des terres.
6) гф-т ->]-is ?
7) чу[что тптфтп ?
8) Cf. Gen. XI 1-9.
9) Cf. Gen. X.
10) Allusion au calendrier de la secte.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIERE 159

que [---(17) ]
ton [oreille (?)] vers notre cri; car [ ] (18) [
_ ] sa maison

Col. XI :
(1) Mais à toi est le combat î1 Et par la vigueur de ta main
leurs cadavres2 ont été étendus à terre, sans personne pour les
ensevelir.
Et Goliath le Guittite, un géant valeureux,
(2) tu l'as livré dans la main de David ton serviteur ;
car (celui-ci) avait mis sa confiance dans ton Nom auguste,
et non dans l'épée et la lance.
Car à toi est le combat ! Et (3) les Philistins,
il les a aba[ttus]3 maintes fois par ton saint Nom.
Et, en outre, par le moyen de nos rois tu nous as sauvés maintes
fois,
(4) à cause de ta miséricorde,
et non pas selon nos œuvres, par lesquelles nous avons fait
le mal,
ni (selon) nos actions pécheresses.
A toi est le combat ! Et c'est de [toi] que vient la puissance !
(5) Non, (le combat) n'est pas à nous, et ce n'est pas notre
vigueur
ni la force de nos mains qui déploie de la vaillance,
mais c'est par ta vigueur et par la force de ton immense
vaillance,
ainsi que tu nous l'as déclaré (6) jadis4 :

1) Même refrain lignes 2 (ad finem) et 4. Cf. / Sam. XVII 47 : nanbsn mrň '=.
— Le début de cette tirade sur le Dieu du combat a disparu dans la lacune du
bas de la col. X.
2) S'agit-il de l'armée du Pharaon (Ex. XIV 30) ? Une allusion est faite à
cet événement aux lignes 9-10.
3) [y»]a=n.
4) Citation de Nombres XXIV 17-19. Le même passage est rappelé dans
CD VII 19-21 : Г « Étoile » y est identifiée avec « le chercheur de la Tôrâh, qui
est. venu à Damas », et le « Sceptre », avec « le Prince de la congrégation ». —
La citation biblique, dans notre rouleau, présente avec le TM d'importantes
160 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

« Une étoile a fait route de Jacob,


un sceptre s'est levé d'Israël ;
et il fracasse les tempes de Moab,
et il renverse tous les fils de Seth.
(7) Et il domine de Jacob,
et il fait périr les rescapés de la ville.
Et l'ennemi devient terre conquise,
et Israël déploie sa vaillance. »
Et par le moyen de tes Oints, (8) eux qui voient les Décisions1,
tu nous as annoncé les te[mps]2 des combats de tes mains,
ceux où tu serais glorifié3 en nos ennemis,
ceux où tu ferais tomber les sept bandes.de Bélial, (9) la
nation de vanité,
dans la main des Pauvres4 que tu as rachetés,
[par la vigu]eur5 et par la plénitude de la Puissance
merveilleuse.
Et le cœur qui avait fondu, tu l'as enveloppé6 d'espérance ;
et tu les traiteras7 comme le Pharaon
(10) et comme les chefs de ses chars dans la mer des Rose[aux].
Et ceux dont l'esprit est brisé, tu les feras passer comme une
torche enflammée dans la paille8,
dévorant les impies, et ne revenant pas
avant d'(ll)avoir exterminé les coupables.
variantes : le v. 19, notamment, y est transposé entre les v. 17 et 18 ; et, dans
le v. 18, le mot mu y est remplacé par зпы, tandis que les mots та»» туф пчп> rvm
en sont absents.
1) титл : « témoignages, décisions », mot assez fréquent dans notre rouleau
et dans 1QS. Il désigne ici les Décisions divines relatives aux événements, les
Destins. — Les « Oints », doués d'une prescience surnaturelle, sont ici les
Prophètes.
2) [>2]p.
3) Le texte porte 6ur la ligne : nnbnb « ceux où tu combattrais (contre nos
ennemis) » ; mais les trois dernières lettres nnb sont marquées de points et
remplacées, au-dessus de la ligne, par таз. Nous traduisons ici le mot ainsi corrigé :
iszrh.
4) Les « Pauvres », ce sont les membres de la secte ; cf. lQpHab XII 3, 6, 10,
et aussi 4QpPs (Commentaire du Psaume XXXVII, publié par J. M. Allegro,
H 10 : п'лтзы my « la congrégation des Pauvres »).
5) n[i=3].
6) Racine *]ib (ou ^sb), attestée en judéo-araméen. — Avec Sukenik, nous
lisons ici nnsb, mais, sur la planche, au lieu de n, on reconnaît clairement un n.
7) Évidemment les ennemis, les sept' bandes de Bélial.
8) Cf. Zacharie XII 6.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 161

Et jadis tu as annon[cé le mojment1


où tu déploierais la puissance de ta main contre les Kittim,
en ces termes :
« Et Assour tombera sous les coups d'une épée qui ne sera pas
celle d'un homme,
et une épée (12) qui ne sera pas (une épée) humaine le
dévorera. »
(13) Car c'est dans la main des Pauvres
que tu livreras les [enjnemis de tous les pays2
et par la main de ceux qui sont courbés dans la poussière
que tu abaisseras les vaillants des peuples,
afin de ramener la rétribution (14) due aux impies sur [la
têt]e de [leurs] en[nemis]3
et afin de justifier ton jugement de vérité parmi les fils
d'homme
et afin de te faire un nom éternel dans le peuple (15) [que tu
as racheté]4
[ ] les combats
et afin d'être exalté et sanctifié aux yeux des au[tr]es [nati]ons5,
afin qu'on sache [ ] (16) [
] que tu as [rach]eté (?)6, des jugements contre Gog7
et contre toute son assemblée, rass[em]blée8 [
(17) ]. Car tu com-

1) ^["2 nry]"2wn. — La citation qui suit est ďlsďie XXXI 8 ; elle concerne
l'Assyrie, mais l'auteur l'applique aux • Kittim (c'est-à-dire, selon nous, aux
Romains), soit qu'Assour soit ici pour lui le symbole des ennemis de- Dieu et
d'Israël (de même, Apocalypse XVII donne à Rome le nom de Babylone), soit
qu'il ait directement en vue la province romaine de Syrie.
2) mx-mn Vo >3%[in]. Le contexte semble indiquer que cette expression désigne
directement les Kittim ; elle leur convient fort bien, si les Kittim sont les
Romains, ces conquérants que « tous les pays » abhorrent (voir lQpHab III 4-5,
12-13, VI 6-8, etc.). Il serait un peu foreé, selon nous, de comprendre : « les
ennemis (d'Israël) appartenant à tous les pays » : rappelons, toutefois, que,
selon II 9-15, les- fils de lumière ont à faire la guerre non seulement aux Kittim,
mais encore à tous les peuples du monde.
3) [crrr^N ш[к-|]з. Entendons évidemment : sur la tête des ennemis des
Pauvres.
4) Suppléer au début de la ligne 15 [... пггглг].
5) n»["is]n -i[n]ït.
6) Lire : пзт[та] ?
7) Cf. Ézéchiel, XXXVI I I-XXXIX ; Apoc. XX 8.
8) b[n]psn.
11
1G2 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

battras contre eux du haut du cie[u

Col. XII :
(1) Car la multitude des saints est [à toli (?)2 dans le ciel,
et les armées des anges, dans ton saint domaine, pour l[ouer]
ton [Nom (?)]3.
Et les élus du. peuple saint, (2) tu les as placés pour toi sur
la t[erre],
[et le lijvre4 des noms de toute leur armée est avec toi dans ta
sainte demeure,
et le - [ ] des [ ] dans ton glorieux domaine ;
(3) et les grâces de [tes] bénédictions sont pour eux]5,
et ton Alliance de paix, tu l'as gravée pour eux avec le burin
de vie,
afin que régnassent [les fils de lumière (?)]6 dans tous les
moments des siècles
(4) et afin que tes [é]lus châtiassent [leurs] adversaires]7,
(rangés) selon leurs milliers et selon leurs myriades8,
en union avec tes saints et {avec]9 tes anges,
afin qu'ils héritassent d'une stèle (5) dans le combat
[en union avec]10 ceux qui se lèveront de la terre11 lorsque se
disputeront tes jugements
et avec les élus du ciel (qui auront été) vainqueurs]12.
(7) Et toi, tu es un Dieu re[doutable]13 dans ta gloire royale,

1) [n(]-:w2. — De la ligne 18, il ne subsiste que ceci : ]nc-2" c--h-[. Le second


mot est peut-être à rapporter à la racine ппп (le hitpalpel de ce verbe est
attesté en hébreu biblique, mais non le palpel).
2) ~[эЬ] ? — Les « saints » sont ici les anges, comme le montre le parallélisme.
3) n:[ow пк ЬЬ]пЬ ?
4) -s[di Y"i]n2.
5) [icb га>гф=чз.
6) [TIN 43] ?
7) пгт[пз nnn]s.
8) Probablement, les « milliers » et les « myriades » des fils de lumière.
9) [D71].
10) as тп\
11) Cf. Daniel XII 2.
12) [D'ns]ij.
13) [хтф.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 163

et la congrégation de tes saints est au milieu de nous pour


(apporter) un secours décisi[f].
[Parmi]1 nous, mépris pour les rois,
dédain (8) et moquerie pour les vaillants !
Car Adonaï est saint,
et le Roi de gloire est avec nous, accompagné des saints.
Les puissances]2 de l'armée des anges sont parmi nos hommes
recensés,
(9) et le Vaillant du combat est dans notre congrégation,
et l'armée de ses esprits accompagne nos pas.
Et n[os] cavaliers sont [comme] les nuages3
et comme les brouillards de rosée qui couvrent la terre
(10) et comme la pluie d'averse
qui arrose de la façon voulue tous ses produits.

Lève-toi, ô Vaillant ! Emmène tes captifs, ô Homme glorieux !


Et exerce (11) ton pillage, ô Valeureux!4
Mets ta main sur la nuque de tes ennemis
et ton pied sur des monceaux de tués !
Frappe les nations, tes ennemies,
et que ton épée (12) dévore la chair coupable !
Remplis ton pays de gloire
et ton héritage de bénédiction !
Multitude de bétail dans tes pacages,
argent et or et pierres précieuses (13) dans tes palais !
O Sión, réjouis-toi intensément !
Apparais au milieu des cris de joie, ô Jérusalem !
Montrez-vous5, ô toutes les villes de Juda !

) [ ]
2) [rrn]i3i.
3) п*злу[з "
4) A qui s'adressent" ces apostrophes? Apparemment à Dieu lui-même; un
peu plus haut (1. 9), c'est lui qui est appelé « le Vaillant du combat » (ncnbcn 1131).
L'expression « Homme glorieux » (1133 upn) peut paraître étonnante ; mais on
lit dans Exode XV 3 : « Yahvé est un homme de guerre » (nanbn ш"ы).
L'hypothèse proposée par Milik (Qumran Cave I, p. 129), selon laquelle le héros ici visé
serait le « Messie d'Israël », c'est-à-dire le « Prince de toute la congrégation », ne
nous semble pas s'imposer.
5) Racine rhz. (impératif nifal).
164 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

Ouvre (14) [tes] pointes]1 en permanence


pour faire entrer chez toi les richesses des nations !
Et que leurs rois te servent,
et que se prosternent devant toi tous tes oppresseurs,
et (15) [qu'ils lèchent] la poussière [de tes pieds]2 !
[0 filles] de mon peuple, éclatez en cris d'allégresse ;
ornez-vous d'ornements magnifiques,
et dominez sur [tou]tes [les nations]3 !
[--"] (16) [ ]
[et I]sraël4 pour la royauté éternelle !

(17) [ -- ] les vaillants du combat,


Jérusalem [ ]
(18) [- ] - sur
les cieux Adonaï [ ]

Bénédictions et malédictions à prononcer pendant le combat

Col. XIII :
(1) et ses frères les [pr]êtres5 et les lévites et tous les vétérans
officiers avec lui, et ils béniront, (2) quand ils prendront
position6, le Dieu d'Israël et toutes ses œuvres de vérité, et ils
exécreront là [Bélilal7 et tous les esprits de son lot. Ils
prendront la parole et diront :

« Béni soit le Dieu d'Israël


à cause de tout son plan de sainteté et de ses œuvres de vérité !

) [TÎ
2) Suppléer au début de la ligne 15 : [rr:s nrnr "P1"]-
3) [... ta-чп] [Vi3]3.
4) bKiï[n ...]. Cf. XIX 8.
5) m[rrcn]. — Avant les prêties devait être mentionné le prêtre en chef;
cf. XVIII 5 : ... trirrcm wnn fnis тэг.
6) Même locution XVI 3 ; cf. CD XI 1 f-reiy '-у).
7) by[>ba].
LA GUERRE DES FILS DE LUMIERE 1G5

Et bféjnis1 soient (3) tous ceux qui Le [ser] vent2 dans la justice,
ceux qui Le connaissent dans la foi !
(4) Et m[au]dit soit Bélial à cause du plan d'hostilité !
Et exécré soit-il à cause de son service coupable !
Et maudits soient tous les esprits de son lot
à cause de leur plan (5) impie !
Et exécrés soient-ils à cause de leur service souillé et impur !
Car ils sont le lot des ténèbres,
tandis que le lot de Dieu est pour la lumière (6) [éterneljle !3
(7) Et [toi]4, ô Dieu de nos pères,
nous bénirons ton Nom à jamais !
Et nous, nous sommes un peuple ét[er]nel5 ;
et tu as conclu une Alliance avec nos pères,
et tu l'as établie avec leur postérité
(8) pour les tem[p]s éternels.
Et, en tous tes témoignages glorieux6,
un mémorial de ta [Grâce]7 existe au milieu de nous
pour secourir le reste et les survivants8 de ton Alliance
(9) et pour qu'ils ra[content]9 tes œuvres de vérité
et les jugements de tes hauts faits merveilleux.
To[i,-ô Dieu de] nos [pè]res10,
à toi appartient le peuple éternel,
et c'est dans le lot de la lumière que tu as nous fait tomber
(10) pour ta vérité.
Et le Prince de lumière11, tu l'as commis jadis pour nous porter
secours ;
et dans [son lot sont tous les anges de justi]ce12,

) h]
2) -п[-1Ш=].
3) с-[эт1У].
4) [пп>ф.
5) [c]"ť!7]. Cf. ligne 9 : п'п'"лу пу.
6) II s'agit sans doute des révélations et des lois divines, consignées dans
les Uvres saints.
7) rcfrcn].
8) Probablement rvnc ; cf. // Chron. XIV 12.
9) [4s]Dbl. Tî*
10) i;'h[i:î( bx n]nx.
11) Dans 1QS III 20 et CD V 18 : « Prince des lumières » (m» чв, c~,*sn -w).
12) ?|>x -rxbn r.z r^]i"-
166 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

et tous les esprits de vérité sont dans son empire.


Et toi, (11) tu as créé Bélial1 pour la Fosse,
l'Ange d'hostilité et de reniement2,
[avec] son [plan]3 et avec son dessein,
pour qu'on commette des impiétés et pour qu'on commette
des fautes ;
et tous les esprits (12) de son lot sont des anges de destruction :
dans les décrets de ténèbres ils marchent,
et vers les ténèbres tend leur [dé]sir4, d'un même mouvement.
Et nous, dans le lot de ta vérité,
nous nous réjouirons à cause de ta Main (13) puissante,
et nous serons dans l'allégresse à cause de ton salut,
et nous exulterons de joie à cause de [ton] secoufrs et à cause
de] ta [p]aix5.
Qui est comme toi pour la vigueur, ô Dieu d'Israël ?
Oui, avec (14) les Pauvres est ta Main puissante !
Et quel ange ou quel prince est comme le secours de [ton]
intervention merveilleuse ?6
Dès autrefois tu as fixé pour toi le Jour de la granfde] bataille
[contre les ténè]bres?
(15) [pour sauver la lu]mière8 dans la vérité et pour détruire
parmi les coupables,
pour abaisser les ténèbres et pour élever la lumière,
et pour [ ]
(16) [ ] - pour un poste éternel,
pour exterminer tous les fils de ténèbres,
tandis que la joie (serait donnée) au [lo]t [des fils de lumière]9.
(18) [----- ]
e
c'est toi qui nous as assignés pour le mo[ment du combat]10

1) Cf. 1QS III 25 : -w-n-, -n rrn- n^; sin-,


2) Nous lisons inz\
3) in[=Wn-2].
4) rrsnp[iwn]. Cf. XV 10.
5) nrn'-Oz-, пгт]т7:.
6) nO -;-7]'s.
7) 1[етп= =]-. =-ф.
8) -[к] »:[-5гЛ].
9) [-X •:=] -[-.Г-.
10) [й:=пт=- -7J-C-.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 167

Col. XIV :
(1) comme le feu de son courroux contre les idoles de l'Egypte. »

Hymne d'action de grâces après le combat

(2) Et après qu'ils se seront éloignés des tués pour entrer


au camp, ils entonneront, eux tous, l'hymne du retour. Et
au matin ils laveront leurs vêtements, et ils les nettoieront
(3) du sang des cadavres coupables. Et ils retourneront à
l'endroit où ils avaient pris position, là où ils avaient formé
la ligne, avant que ne tombassent les tués de l'ennemi. Et
là ils béniront, (4) eux tous, le Dieu d'Israël, et ils exalteront
son Nom dans un joyeux unisson. Ils prendront la parole et
diront :

« Béni soit le Dieu d'Israël,


qui garde la grâce à son Alliance
et des témoignages (5) de salut au peuple qu'il a racheté !
Et il a appelé ceux qui chancelaient à [un salut merveilleux1,
tandis que l'assemblée des nations, il l'a supprimée
jusqu'à extermination, sans qu'il y ait un reste.
Et il relève dans la justice (6) le cœur découragé ;
et il ouvre la bouche des muets
pour qu'elle crie de joie à cause de [Ses] hauts [faits]2 ;
[et aux mains] débiles il apprend le combat,
et à ceux dont les genoux chancellent il donne la force de se
tenir debout,
(7) ainsi que la robustesse des reins à ceux dont le dos est
courbé.
Et par les humbles d'esprit [ ]
[sera] puni (?)3 le cœur endurci ;

1) xb[3 ri-'Tzr]'":.
2) [гт- "гг]--г:=.
3) n-[' ...] ? Racine n^: (imparfait hofal).
168 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

et par les parfaits de voie disparaîtront toutes les nations impies.


(8) et nul de leurs vaillants ne restera1 debout.
Et nous, le res[te de ton peuple],
[nous louerons]1 ton Nom, ô Dieu des grâces,
toi qui as gardé l'Alliance à nos pères
et, durant (9) toutes nos générations,
as fait tomber tes grâces pour le res[te de ton peuple]2.
[Car], à cause de l'empire de Bélial
et à cause des mystères de son hostilité,
[tu] n'as pas expulsé [celui-ci]3 (10) de ton Alliance ;
mais ses esprits de [destruction (?)4, tu les as repoussés loin
de [tes élus],
[et des piè]ges5 de son empire tu as gardé l'âme que tu as
rachetée.
Et toi, tu as relevé (11) par ta force ceux qui étaient tombés ;
mais les hommes de haute statu[re], tu les retranches

[et] pour leurs vaillants il n'y a pas de sauveur,


ni pour leurs hommes agiles de refuge ;
et à leurs hommes respectés (12) tu répliques avec mépris,
et tous [leurs] êtres de vanité6 [ ] -.
Et nous, ton peuple saint,
à cause de tes œuvres de vérité nous louerons ton Nom,
(13) et à cause de tes hauts faits nous exalterons [ta] ma[gni-
fîcence] :
[durant]7 les temps et les moments fixés par les témoignages
éternels,

1) [rvňn: rcc7
2) [n%: -==7 m
3) Nous lisons : [in]imn. Après le i, la photographie montre une haste
verticale, qui pourrait être la lettre т ; mais cette lettre, ici, ne donnerait aucun
sens. Nous considérons donc ladite haste verticale comme le début d'un n, et nous
suppléons un T : ^п^пнп : « tu l'as expulsé » (racine nn), — Dieu,
mystérieusement, a laissé Bélial s'attaquer à son Alliance ; mais il a protégé ses élus, le
« reste ».
4) nb[=n] ; cf. XIII 12 : Ьзп 'zvhs.
5) 'wfpion пз'тпз]с.
6) №-.
7) [C7 гсгрхэ]п. — Pour l'expression c%ri7 су, cf. 1QS X 1 (п'Зф □?). L'auteur
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 169

lorsque arfrivjent1 le jour et la nuit


(14) et (lorsque) s'en vont le soir et le matin.
Car grande est ta [royauté glori]euse2,
ainsi que tes Mystères merveilleux dans les hauteurs [du ciel],
pour [éle]ver3 vers toi de la poussière
(15) comme pour abattre des dieux4!
(16) Sois élevé ! Sois élevé, ô Dieu des dieux5 !
Et sois exalté dans les nu[ées du ciel]6
[ ..]
(17) [tou]s [les f]ils7 de ténèbres, et que ta grande lumière
[ -
](18)[ ] -- qu'elle brûle d'une
combustion éternelle (?)8 ]

REGLEMENT ANNEXE

Proclamation de la guerre

Col. XV :
(1) Car c'est le temps de détresse9 pour Isra[ël]
[et le moment fî]xé10 pour la guerre contre toutes les nations ;

insiste sur la fidélité au calendrier religieux de la secte, objet d'une


préoccupation majeure dans les divers écrits de Qoumrân.
1) n[t3]o. — Cf. 1QS X 10 : -ipim my ыпп пут... пУп uv ытза ny. Allusion
à la prière essénienne du matin et du soir (voir nos Nouveaux aperçus sur les
manuscrits de la mer Morte, p. 141 ss.).
2) nrt[i33 гпзЬо].
3) [n*-|-]b [n>aur]. C'est Dieu qui élève (аппЬ) et abaisse (Vswnb); cf. DanielV 19.
4) Dans пэуо, п'Ьхо, la particule p est partitive : « de la poussière », c'est-à-
dire des hommes faits de poussière ; « des dieux », c'est-à-dire des anges (allusion
à la chute des anges, cf. Hénoch et Écrit de Damas).
5) Cf. 1QH X 8 : с>Ьк чт? ппы « tu es le Prince des Dieux ».
6) Г... п*очг »a:]73. Cf. Dan. VII 13.
7) *:[э] ВД.
8) [... nViy п]эчфЬ ? Le sujet de la phrase a disparu.
9) Cf. I 11-12 : ... rnx ny пы%т ; d'après Daniel XII 1 : ... ms ny -rvm. —
II semble qu'on ait ici la fin d'un discours proclamant la guerre finale. Le début
de cette proclamation, par laquelle commençait le second Règlement (XV-XIX),
a disparu dans la lacune du bas de la col. XIV.
10) m[4yn yp": bN]im\ Nous suppléons huit lettres dans la lacune, alors que
170 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

et le lot de Dieu (est placé)' dans la* rédemption définitive1,


(2) et l'extermination (est décidée) pour toute nation impie. »

Dans le camp avant le combat : exhortation du grand-prêtre


Et toute la trou[pe des comjbattants2 ira camper en face
du roi des Kittim et en face de toute l'armée (3) de Bélial
rassemblée auprès de lui pour le Jour [de l'extermination]3
par l'épée de Dieu.
(4) Et le prêtre en chef se tiendra debout, ainsi que ses
frères les [prêtres]4 et les lévites et tous les officiers avec lui ;
et il lira à leurs oreilles (5) la prière du temps de guer[re et
tout le li]vre5 du règlement de ce moment-là, ainsi que toutes
les paroles de leurs hymnes d'action de grâces6. Puis il formera
là (6) toutes les lignes conformément à tou[tes les paroles de
ce règlement-]ci7. Et le prêtre qui aura été désigné pour l'Heure
de la vengeance par la décision (7) de tous ses frères8 s'avan-

cette lacune, telle qu'elle apparaît sur la photographie (planche 30), devrait
comporter encore environ sept lettres ; mais il nous semble que la lacune devrait
être moins large, d'environ 1 cm. 5, que ne le suggère la disposition des
fragments sur la photographie (notons que les diverses colonnes de notre rouleau
sont loin d'avoir toutes exactement la même largeur, voir flg. 24 de l'édition
princeps). Nos conjectures pour les lacunes médianes des diverses lignes de la
col. XV sont toutes conformes à la précédente observation.
1) Même expression I 12.
2) -Dnbnn ['шам n]y.
3) [пЬэп].
4) [п>лгпз]п.
5) is[d Va nxi по]пЬ^п.
6) S'agit-il des « Hymnes d'action de grâces » (Hôdâyôt) conservés
précisément dans l'un des rouleaux trouvés à Qoumrân ? Nous le penserions volontiers.
Ce fait prouverait à quel point les fils de lumière, c'est-à-dire la secte essénienne,
estimaient ce fameux recueil ; il indiquerait aussi la postériorité du livre de la
Guerre, du moins sous sa forme actuelle, par rapport aux Hôdâyôt.
7) п[тп "роп '^3i b]i:z. Cf. XVI 3. Il s'agit probablement du chapitre
intitulé « Règlement relatif à la formation des bataillons de combat » (V 3 ss.) ;
voir aussi VII 9 ss. — Nous traduisons -пет « Puis il formera ... » ; le sujet est
apparemment « le prêtre en chef », mais on peut s'étonner que ce personnage
ait ainsi lui-même la direction des opérations militaires. Peut-être fauf-il
comprendre « il fera former », ou « on formera ».
8) Cette expression semble désigner ici le grand-prêtre ; c'est lui, en effet,
qui exhorte également la troupe dans XVI 13. Dans VII 12, parmi les sept prêtres
qui sortent en avant de la ligne, c'est « le premier prêtre » (insn ]~"z~) qui est
chargé de prendre la parole,- tandis que les six autres sont chargés des
trompettes. — Nous apprenons ici que le grand-prêtre est désigné par « tous ses frères »
(les prêtres) ; c'est un renseignement important concernant les usages esséniens,
où nous savions déjà que l'élection jouait un rôle essentiel.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 171

cera et fortifiera le [cœur des combattants1. II prendra la


parole et dira :
« Soyez forts ! Soyez robustes ! Montrez-vous des hommes
valeureux !
(8) N'ayez pas peur ! Ne [craignez] pas ! [Que vo]tre [cœur ne
faiblisse pas !]2
Ne tremblez pas ! Ne vous effrayez pas devant eux !3
(9) Ne retournez pas en arrière ! Né [ ]!
Car ils sont une congrégation impie,
et dans les ténèbres sont toutes leurs œuvres,
(10) et vers les ténèbres tend leur dés[ir]4.
[ j ieur refuge,
et leur puissance sera comme une fumée qui se dissipe ;
et toute l'assemblée (11) de leur [muljtitude5 [ ],
£ ] on ne trouvera plus ;
et toute la substance de leur être se flétrira vite :
(12) [au tejmps du mati[n ]6,

Rassemblez vos forces pour le combat de Dieu !


Car c'est aujourd'hui l'Heure du combat :
(13) [- -]- sur toute la multitude de Bélial],
[et co]lère7 sur toute chair !
Le Dieu d'Israël lève sa main avec sa [Puissance8 merveilleuse
(14) [sur] tous les esprits d'impi[été] ;
[et tous les Va]illants9 des dieux se ceignent pour le combaft],
[et] les formations des] saints10 (15) [se disposent pour le
Jour [de Dieu]11.
1) п[зптап чип zzh n]x.
2) гга[зззЬ 7v bm nn]sn bxi.
3) Cf. X 3-4.
4) [... nnjpiwri. Cf. XIII 12 : in» nDnp[iwn] rbw irbnn> -\xnn >pina.
5) О21СГ.П].
6) [... «Opa Т[рз].
7) i[nt ЬуЬз riD]n.
8) H[ni35]3.
9) Nous lisons ainsi le début de la ligne 14 : ms[: V:i ny]un »nn Vc [by].
— • Les « Vaillants des dieux », de même que les « saints », ce sont les anges ;
cf. 1QH III 35 : п'снг mai nrnbs « le combat des Vaillants des cieux ».

10) D'wi|>p i]nc[i n]cnbnb.


11) [Ън] erb пис[*па]. Il s'agit évidemment du « Jour de Yahvé »; l'auteur a
172 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

(16) [ - ---]
(17) pour supprimer la cha[ir coupable1 ]
(18) dans son Abaddon -[ ]

Col. XVI :
(1) jusqu'à ce que disparaissent tous les consa[crés de Bélial]2 ;
[car] le Dieu d'Israël a appelé l'épée contre toutes les nations,
et par les saints de son peuple II déploiera sa vaillance3. »

Premier assaut

(3) Tout ce règlement-ci, ils l'appliqueront [en] ce [jour-]


là4, quand ils prendront position en face du camp des Kittim.
Et ensuite les prêtres sonneront pour eux des trompettes
(4) du mémorial, et on ouvrira les portes du co[mbat, et]5 les
hommes de l'infanterie sortiront, et ils prendront position en
sections entre les lignes. Et les prêtres sonneront pour eux
(5) la sonnerie « formation »6, et les sections [se déploieront7
entre les lignes au son des trompettes jusqu'à ce qu'ils se
tiennent chacun à son poste. Alors les prêtres sonneront pour
eux (6) une seconde sonnerie [pour l'as]saut8 ; et quand ils
se tiendront auprès de la ligne des Kittim à distance d'un
lancer, ils lèveront chacun sa main sur ses armes (7) de

dû écrire « Jour de Dieu », ou, bien entendu, toute autre expression semblable :
« Jour de Celui qui est » (I 11), « Jour de vengeance », « Jour d'extermination », etc.
1) [... -DÏTN "iïr]2.
2) [n'3 ЬяЬз чг]-про. « Les consacrés », ce sont les soldats, comme dans
Isaïe XIII 3, cf. Jér. LI 27, 28. — Cette ligne représente la fin du discours
commencé XV 7.
3) Même phrase VI 6.
4) [riNinn] 0Г2.
5) ^s['i nonban]. Cf. III 7.
6) Cf. III 6 (« trompettes des formations de combat »). Comparer VIII 5 :
« pour la formation de combat »; XVII 10 : « pour la formation des bataillons
de ligne ».
7) пршот:]. Cf. VIII 6.
8) n[p *t]\ Même préposition 'V VIII 5, 7.
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 173

guerre1. Et les six [prêtres sonneront des tr]ompettes2 de la


tuerie d'un son aigu et pressé pendant la durée du combat,
et les lévites et toute la troupe (8) des trompes feront retent[ir
une clameur guerrière d']une voix forte3 ; et tandis que
s'élèvera leur voix, ils commenceront à abattre leur main sur les
tués des Kittim. Et toute (9) la troupe précipitera le son [de
la clameur, tandis que les prêtrejs4 sonneront des trompettes
de la tuerie, tant que durera le combat contre les Kittim5.

Relève de la ligne qui a subi des pertes et appel d'une autre ligne ;
exhortation du grand-prêtre à celle-ci

(11) Et quand [Bélial]6 se ceindra (pour venir) au secours


des fils de ténèbres et que des tués parmi l'infanterie
commenceront à tomber par les Mystères de Dieu et qu'il
éprouvera par eux tous ceux qui auront été désignés pour
combattre7, (12) alors les prêtres so[nneront des] tr[omp]ettes8de
l'appel afin que sorte une autre ligne en remplacement pour
combattre. Et (ceux-ci) prendront position entre les lignes,
(13) tandis que, à l'adresse de ceux qui auront attaqu[é pour
comjbattre9, (les prêtres) sonneront pour qu'ils se replient.
Alors le prêtre en chef s'approchera, et il se tiendra debout

1) Même phrase XVII 12. Comparer VIII 8 : « ils étendront leur main sur
les armes de guerre ». Il s'agit, d'après le contexte, des javelots de combat (pila) ;
on les lance en « levant la main » au-dessus de sa tête. Chaque homme en lançait
sept (VIII 13).
2) rivsis[n3 lyprv п%:гпзп]. — Comparer VIII 8-9 : « et les prêtres sonneront
des six trompettes de la tuerie ». Sur les six prêtres, voir VII 12-13 ; chacun
des six piètres possède un jeu complet de trompettes.
3) Vin b-.pfz -rnb-2 n[y.-n "i]yn\
4) О['ЗГП2ГГ! ПУРПП].
5) Cette description de la première phase de la bataille, de même que celle
de la seconde phase (XVII 10 ss.), ne signale ni les sept lignes ni les frondeurs
ni les trois bataillons armés de javelots ni les deux bataillons chargés du corps à
corps ni la cavalerie, comme fait le premier règlement (VI, VIII-IX). Il semble
même que ce soit ici la même ligne qui attaque d'abord au javelot, puis se bat
au corps à corps.
6) [ЬуЬз].
ainsi
7) que
Lesdans
soldats
XVdes
6. La
filsdoctrine
de lumière;
de Г nous
« épreuve
faisons
» estdedéveloppée
ynn le part,
dans
passif
le discours
de yin,
qui suit (11. 15 ss.).
8) rvn[xix]n[3 iyp]n\
9) попЬ[=* п"]Ь
174 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

devant la ligne, et il fortifiera (14) leur cœur par [


] leurs [ ] en son combat.
(15) II prendra la parole et dira :

« [ ] le c[œ]ur de son peuple,


et il a éprouvé [ses] é[lus] (7)1,
et ne pas [ ] vos tués.
Car jadis vous avez entendu (16) les Mystères de Dieu
г i
leur [ ] pour réun[ir (?)2 ] (17) par la puissance de (?)3

Col. XVII :
(1) et II assurera leur intégrité parmi les brûlures4
[ ] ceux qui sont éprouvés dans le creuset ;
et II aiguisera <leurs> armes de guerre5,
et ils ne s'éteindront pas jusqu'à [ ] (2)
l'impiété.
Et vous, souvenez-vous du jugemenft de Nadab et Abijhou6,
fils d 'Aaron,
par le jugement desquels Dieu a été sanctifié
aux yeux de [tout son peuple],
[tandis qu'Éléazar]7 (3) et Ithamar, il se les est attachés
pour l'Alliance [pour les siècles des s]iècles8.
(4) Et vous, rassemblez vos forces, et n'ayez pas peur d'eux !
Eux9, c'est vers le chaos10 que tend leur désir,

1) Lire [v-rn]2 fnm? Allusion aux pertes subies dans le premier assaut; c'est
l'épreuve imposée par Dieu à ses saints, cf. Daniel XI 35.
2) [... -r]imb. Ou « pour la communauté »? Ou « pour l'Unique » (vrrb) ?
3) [... гтз]дз.
4) Dieu gardera les siens sains et saufs au milieu du feu ; cf. Daniel III.
5) Corriger nnonbo en nnonbo.
6) Nin[»3**i 213 r]swa. Cf.1' Lév. X 1-4.
7) [чтуЬят 107 Vq]. Cf. Nombres III 4.
8) trnbify 'abiyb].
9) Les fils de ténèbres. Avant r.D-, il existe une lacune offrant la place de
cinq ou six lettres ; mais il semble qu'il y ait eu là un blanc, comme par exemple à
la ligne 6.
10) inzbi '-?h. Ct. XIII 12, XV 10 : «et vers les ténèbres tend leur désir ».
LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 175

et leur appui est dans ce qui n'ex[iste] pas [et n'existera] pas ;
[car c'est au Dieu]1 (5) d'Israël qu'appartient tout ce qui
existe et existera,
et [ ] - dans tous les événements des siècles.
Ce jour-ci est Son heure pour courber et pour abaisser
le Prince de l'empire (6) de l'impiété ;
et au lot qu'il a [ra]cheté2 II enverra un secours décisif
grâce à la puissance du Grand Ange3,
au serviteur de Michel4 grâce à la lumière éternelle,
(7) afin d'illuminer de joie l'Al[liance d'I]sraël5.
Le bonheur et la bénédiction6 appartiendront au lot de
Dieu,
afin d'élever parmi les dieux le serviteur de Michel7 ;
et la domination (8) d'Israël sera sur toute chair.
La Justice se réjouira [dans] les hauteurs,
et tous Ses fils de vérité exulteront dans la- Connaissance
éternelle.
Et vous, ô fils de son Alliance, (9) rassemblez vos forces dans
l'épreuve de Dieu,
jusqu'à ce qu'il dépêche Sa main
[quand] seront achevées8 Ses épreuves,
Ses Mystères concernant votre existence ! »

1) [bxb n-= n-n:] N-[r r,"]n xï".


2) -п-л[г].
3) On pourrait aussi traduire « l'Ange du Grand (Dieu) » ; mais cette
traduction nous paraît moins probable. L'absence de l'article devant ~\tihn n'oblige pas
à considérer ce mot comme étant à l'état construit; cf. XVI 13, XVIII 5, XIX
11 : nwnn imz. Le « Grand Ange » est probablement le « Prince de lumière »,
chef suprême des anges de lumière ; cf. XIII 10 : « et le Prince de lumière,
tu l'as commis jadis pour nous porter secours ».
4) C'est-à-dire Israël, dont Michel est l'ange protecteur; cf. Dan. X 13, 21,
XII 1.
5) bs-iu[» m]z.
6) Cf. I 9.
7) Cf. Assomption de Moïse X 8 : « Alors, ô Israël, tu seras heureux..., et
Dieu t'exaltera et te placera dans le ciel des étoiles, dans leur habitation. Et
d'en haut tu regarderas et tu verras tes ennemis à terre ... » (traduction Bonsirven).
8) vhz[z].
176 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

Second assaut : défaite et poursuite de l'ennemi

(10) Et après ces paroles les prêtres sonneront pour eux


pour la formation des bataillons de ligne. Et les sections se
déploieront au son des trompettes (11) jusqu'à ce qu'ils se
tien[nent chacujn à [son] poste. [Et]1 les prêtres sonneront
avec les trompettes une seconde sonnerie pour l'assaut. Et
quand (12) les hommes de [l'infanterie] auront atteint [la
li]gne des Kitt[im]2 à la distance d'un lancer, ils lèveront
chacun sa main sur ses armes de guerre. Et les prêtres
sonneront des trompettes (13) de la tuerie [d2un son pressé, et tou]te3
la troupes des trompes fera retentir une clameur guerrière. Et
les hommes de l'infanterie porteront leur main sur l'armée
(14) des Kittim ; [et tandis que s'élèvera le bruit de la cla]-
meur4, ils commenceront à abattre (leur main) sur les tués des
Kittim. Et toute la troupe émettr[a]5 le bruit de la clameur,
tandis que les prêtres (15) sonneront des [trompettes de la
tuerie6 ] -
des [co]ups7 devant eux, (16) et dans le lot de la pa[ix8
. i __
les tués (17) [--]---[

Col. XVIII :
(i) [ 3
quand sera levée la grande Main de Dieu sur Bélial
et sur tout le [lo]t9 de son empire

) p ] ]
2) [П']'ЛЗ ПЭЧ[УоЬ П'УЗП].
3) b[i3i тптэ V<p].
4) nyi[-inn] b[ip uns t!7i] ; cf. XVI 8.
5) [i]rra% littéralement « posera ». Dans XVI 9, passage évidemment parallèle :
щгп' « précipitera » 1
6) [D'bbnn rvnnsn]3. Cf. XVI 9.
7) D'si[:]. Ou msi['] « ils les bousculeront » ?
8) [... m]bOTï. Ou « dans le lot du salut » (c'est-à-dire parmi ceux qui sont
sains et saufs) ?
9) b[Tia].
LA GUERRE DES FILS DE LUMIKRE 177

pour frapper un coup décisif


(2) [parmi le bruit d'une immense multitude]1
et la clameur des saints ;
quand on poursuivra Assour
et que les fils de Japhet tomberont sans se relever
et que les Kittim seront taillés en pièces2 sans (3) [qu'il y ait
un reste]3 ;

la Main du Dieu d'Israël levée sur toute la multitude de


Déliai !4 »
A ce moment-là les prêtres sonneront (4) [des six trom-
pett]es5 du mémorial, et toutes les lignes de combat se
rassembleront vers eux, et ils se partageront contre toutes les
l[ignes des Kittjim6 (5) pour les détruire totalement7.

Au soir, prière pour demander la prolongation du jour


en vue d'achever la poursuite

[Et quand]8 le soleil sera sur le point de se coucher9, en


ce jour-là, le prêtre en chef, ainsi que les prêtres et les [lévites]10
qui (6) seront avec lui et les che[fs de famille]11 officiers se
tiendront debout et béniront là le Dieu d'Israël. Ils prendront
la parole et diront :

« Béni soit ton Nom, ô Dieu [des dieu]x12 !

1) pr-r; р=л r-.z]. Cf. I 11 : =~x лэт-п' '-"i r=~ '"--z.


2) Racine r.r.r : jeu de mots sur le mot Kittim ?
3) [... mss].
4) Les lignes 1-3 semblent constituer la fin d'un discours d'exhortation pour
la poursuite de. l'ennemi.
5) m[-,nsn U-U-]. Cf. VIII 8.
6) E"[rcn ms-y]^.
7) Lire -a'innh. Cf. IX 7 : зчпп it. Il s'agit dans ce paragraphe, comme
dans IX 5-7, de la poursuite de l'ennemi; celui-ci est voué à la destruction
totale, au Urem : cf. Deuî. VII 2, XX 17.
8) r,»[âi].
9) Littéralement «se hâtera de se coucher »; cf. Josué X 13 : (игг'Л'~)хтлЬ y»«-Kbi.
10) [onb]m.
11) -pon [m:x >w]nt!. Cf. XIII 1 : yx~ *:PT '"'"; XV 4 : yicn чг?:а bi:i. — Sur
« les chefs de famille » et le commandement qu'ils exercent, voir II 6-7, III 4.
12) п['Ьм].
12
178 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS

Car (7) tu as magnifié [tes élusj1 merveilleusement.


Et tu nous as gardé ton Alliance jadis,
et tu nous as ouvert les portes du salut maintes fois
(8) à cau[se de ta grâce et de ]ta[ miséricorde]2 envers nous ;
et toi, ô Dieu de la jus[ti]ce, tu as agi pour [la gloire]3 de
ton Nom.
(10) [ ] merveilleux,
et jadis il ne s'est jamais produit d'événement tel que
celui-ci ;
car toi, tu as connu (ce qu'arriverait) en notre temps.
Et, aujourd'hui, a brillé (11) pour no[us? ]
[ j avec nous dans la rédemption définitive,
afin de supprimer la do[mina]ti[on de l'en]nemi5 de sorte
qu'elle n'existe plus ;
et ta Main puissante (12) [ ]
[tou]s6 nos ennemis d'un coup7 exterminateur.
Et maintenant, aujourd'hui il est urgent pour nous de
poursuivre leur multitude ;
car toi, (13) [ ]
tu as livré le cœur des vaillants, sans qu'on s'arrête.
A toi est la Puissance, et dans ta main est le combat ;
et il n'y a pas (14) [ -],
[ ] tes [---],
et les temps relèvent de ta volonté,
et le l[o]t (?)8 [ ] ton [ ],
et tu as amoindri (?) [- -]
(15) [ - ]

1) [nrrn=].
2) -=['=n-.* -:icn i]?-'-.
3) [v"]"-.
4) [... 4];~. — Ou : « apparais-ncnjs... ». On semhle demander à Iiieu de
renouveler le miracle de Josuè X 1*2-14.
5) Z"[n n№-=J-r.
6) •-['= ...].
7) Lire : m:-;-.
8) •-[-']:: ?
• LA GUERRE DES FILS DE LUMIÈRE 179

Col. XIX :
[dédain et moquerie] (1) [pour les vajillants î1
Car notre (Dieu) Grand2 est saint,
et le Roi de gloire est avec nous,
et l'arfmée de ses esprits accompagne nos pas].
[Et nos cavaliers sont comme les nuages]
(2) [et comme les brouillards de ro]sée qui couvrent la terre
et comme la pluie d'averse
qui arrose de la façon voulue t[ous ses produits].
[Lève-toi, ô Vaillant ! Emmène tes captifs (3), ô Glorieux !]
[Et exer]ce ton pillage, ô Valeureux !
Mets ta main sur la nuque de tes ennemis
et ton pied [sur des monceaux de tués] !
[Frappe (4) les nations, tes ennemies],
et que ton épée dévore la chair !
Remplis ton pays de gloire
et ton héritage de bénédiction !
Multitude de bétail dans tes pacages],
[argent (5) et or et pierres précieuses dans] tes palais !
O Sión, réjouis-toi intensément !
Montrez-vous, ô toutes les villes de Ju[da] !
[Apparais au milieu des cris de joie, ô Jérusalem !]
[Ouvre tes portes (6) en permanence]
[pour faire entrer chez toi] les richesses des nations !
Et que leurs rois te servent,
et que se prosternent devant toi [tous tes oppresseurs],
[et qu'ils lèchent la poussière (7) de tes pieds !]
[O filles de] mon [peu]ple, éclatez en cris d'allégresse ;
ornez-vous d'ornements magnifiques, .
et do[minez sur toutes les nations] !

1) Les lignes 1-8 reproduisent, avec quelques légères variantes, tout le


passage XII 8-16 ; celui-ci aide donc à combler les lacunes, fort nombreuses dans
la col. XIX. — La reprise du grand hymne de guerre : « Lève-toi, ô Vaillant !... »,
qui, dans le Règlement principal, est récité au début de la bataille, ne semble
s'expliquer que si, dans la col. XIX, la bataille est encore en cours, pour le
suprême effort de l'achèvement de la poursuite et de l'extermination de l'ennemi,
2) -íTin. Dans XII 8 : тля.
ISO REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS.

[-"- ] (8) [----] ton [----]


et Israël pour la royauté [éjternelle ! »

Le lendemain malin, hymne ďaclion de grâces

(9) [ ] cette nu[i]t-là pour se reposer jusqu'au


matin. Et au matin1 [ ] (10) [
les vajillants2 des Kittim et la multitude d'Assour et
l'armée de toutes les nations [ ]
(11) [ et [où] ils seront tjombés3 par l'épée de Dieu.
Et le prêtre en ch[ef] s'approchera là, [ainsi que ses frères
les prêtres et les lévites]4 (12) [et cjombat et
tous les chefs [des] lignes et [leurs] hommes recensés5 [
] (13) [ tjous [les t]ués
des Kitt[im, et ils lo]ueront là [le] Dieu [d'Israël6
_]

(Ici s'achève la parlie conservée du rouleau)

Paris, juin 1955.


Л. Dupont-Sommer.

au matin,
] ) DansilsXIV
lavent
2 ss.,
leurslesvêtements,
fils de lumière
et ils retournent
chantent unauhymne
camp d'action
après la de
bataille
grâces;
au lieu où ils avaient formé leurs lignes de combat. Les lacunes du présent pas-
snge sont trop importantes pour qu'on puisse songer à les combler ; il ne semble
pas, toutefois, qu'il ait été ici question du lavage des vêtements.
2} m[23...].
3) nw Vis:[i...].
4) [ff'ibm E'jmsn vnNi wn]ti-.
5) [... п-*]тфЭ1 ni:-!7=[n].
6) [... '"wiï'j ""în h[n] cur <i-:[rr. -']%rc *V"[n] h[i:...]. — Suivait sans doute le
texte d'un hymne d'actions de grâce, semblable à celui de XIV 4-18.

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