Vous êtes sur la page 1sur 33

YATAGANS DE LA COLLECTION DU MUSEE HISTORIQUE D’ÉTAT DE RUSSIE

Parmi les cadeaux et les importations en Russie depuis la Turquie au cours des XVI XVI-XVIIe
siècles, on retrouve des sabres de type yatagans mais pas de véritables yatagans élaborés. Le terme
yatagan
atagan n’est pas mentionné dans les inventaires du XVIIe siècle.
La plupart des yatagans sont datés. Les inscriptions indiquent l’année de fabrication. Le plus
ancien date de 1761-1762
1762 et les suivants de 1781 et de 1786. De 1786 jusqu’en 1825, presqu’aucun
presqu’aucune
année ne manque. La diffusion des yatagans est peut peut-être
être liée au fait que la fin du XVIIIe et le début
du XIXe siècle ont été marqués par de nombreuses révoltes des janissaires et des mutineries et que
les janissaires avaient besoin d’une arme plus puiss
puissante
ante que la dague et le pistolet qu’ils avaient le
droit de porter en temps de paix (le fusil et le sabre devaient être rendus à l’arsenal). Il semble que le
yatagan pouvait servir d’arme personnelle autorisée. La supposition selon laquelle le yatagan étai était
une arme personnelle et non pas de combattant est confirmée par le fait que dans les inscriptions, à
côté du nom du maître, se trouvait le nom du propriétaire réalisé selon la même technique que les
autres inscriptions et les décorations de la lame. Ceci prouve que l’arme était fabriquée sur
commande.
Après 1862, lorsque l’armée turque est réorganisée selon le modèle européen et que les
armes de l’Europe de l’Ouest commencent à être importées, la fabrication des armes turques
diminuent sensiblement. Cela concerne également les yatagans même s’ils continuaient à exister
parmi la population. Les yatagans ultérieurs à 1862 se trouvent bien plus rarement et leur qualité est,
généralement, bien moindre. Arrêtons
Arrêtons-nous
nous sur les caractéristiques de ce type d’arme. Le yatagan se
compose d’une lame, d’une poignée et d’un fourreau.

Forme des lames des yatagans


La lame

Les lames étaient fabriquées à partir d’acier ordinaire et seulement certaines à partir d’acier
damassé : La forme de la lame, c’est-à-dire sa grandeur et sa courbe sont différentes. On trouve les
types suivants :
- Type 1. Lames avec un dos parfaitement droit.
- Type 2. Lames avec un dos presque droit, seule l’extrémité est légèrement recourbée.
- Type 3. Les lames sont courbes dans les deux directions : au niveau de la première moitié de
la poignée vers le dos de la lame, et au niveau de la deuxième moitié, vers le tranchant. Cette
forme assure la même coupe, la même entaille et la même percée. La coupe et l’entaille sont
assurées par la moitié inférieure de la lame ; en cas de coupe avec la partie opérationnelle de
la lame, celle-ci n’est pas courbée vers l’extérieur, comme sur le sabre et la partie incurvée,
le point de frappe, se trouvait au milieu de la deuxième moitié de la lame. En cas de percée,
étant donné que l’extrémité et le début de la lame sont sur le même plan, il est possible
d’exercer une percée puissante (plus puissante qu’avec le sabre)/ Le niveau de courbure de
ces lames est différent : il va de faible à important.
- Type 4. Lame avec un dos droit ou légèrement courbe et un tranchant fortement courbe et
incurvé après l’élargissement de la lame vers la fin. Ce type est rare.
Le dos de la lame possède plusieurs formes :
- non incliné – ses bords ne dépassent pas de la surface de la lame ;
- assez incliné – ses bords dépassent un peu de la surface de la lame ;
- très incliné – ses bords dépassent beaucoup de la surface de la lame.
Le dos de la lame en lui-même est plus souvent lisse mais sur certains yatagans, il est orné de
nervures et de motifs.
La surface de la lame présente parfois des gouttières (une ou deux) des deux côtés sous le dos de
celle-ci. Elles permettent de réduire le poids de la lame et de la décorer.
Les lames sont de grandeur différente, principalement comprise entre 50 et 75 cm pour la longueur
et entre 2,5 et 3,5 cm pour la largeur.
La surface des lames est ornée d’éléments géométriques ou végétaux auxquels s’associent
des inscriptions de grandeur différente. Les motifs sont variés : leur nature et leur technique de
réalisation sont définies par l’origine du yatagan.
Les procédés de décoration les plus répandus étaient : 1) incrustation d’or ou d’argent en
surface (entaille) ; 2) incrustation profonde d’argent ou de cuivre ; 3) gravure.
Les inscriptions sur les lames. Parmi tous les types d’armes turques, les yatagans possèdent
le plus grand nombre d’inscriptions et de dates. Les inscriptions sur les lames étaient réalisées selon
le même procédé que les ornements. Elles se trouvaient le long de la lame ou étaient librement
dispersées avec des ornements ou étaient insérées dans des cartouches pouvant contenir entre deux
et trois lignes.
Les inscriptions reprenaient l’année de fabrication de l’objet, les noms du maître-artisan et
du propriétaire, le plus souvent sous la forme : « Travail de…, propriétaire… ». Parfois le nom du
propriétaire est accompagné de son titre : alemder (Gonfalonier), aga, bek pacha et autres. Les noms
des maîtres appartiennent visiblement aux décorateurs des armes puisqu’ils sont réalisés selon le
même procédé que les autres décorations.
Inscriptions sur les lames

« Il n’y a pas de héros comme Ali, il n’y a pas d’épée comme Zulfikar » (arabe).

« Un secours [venant] d’Allah et une victoire prochaine. Et annonce la bonne nouvelle aux croyants »
(Coran, sourate 61, verset 13) (arabe).

« Il se venge de ses ennemis semblables à Zulfikar (en arabe) ».

« Ô, Mohamed, la frontière de ta protection est ta communauté » (arabe).

« Je me suis remis à Allah » (Coran, sourate 11, verset 59) (arabe).

« En vérité nous t’avons accordé une victoire éclatante » (Coran, sourate 48, 1).

« Mon espoir sur le Créateur est son esclave » (arabe).

« Ce qui convient à Dieu » (arabe)

« Ô Bienfaiteur » (arabe).

« Ô miséricordieux » (arabe).

« Ô, cœur ! Pour une seule âme, ne fais pas le bien à toutes les âmes,
Pour divertir le monde, ne fais le bien au sultan ! » (turc).

« En découpant ton ennemi, réjouis ton couteau, Que son propriétaire soit vainqueur pour
l’éternité ! » (turc).

« Les ennemis seront battus par la frappe de ce sabre » (turc).

« Sa main réclame l’épée, son cœur les louanges du Tout-puissant » (turc).

« Yamlikâ, Maksimlînâ, Mahsamlînâ, Martus, Dobernus, Chadamus, Kasutunus, Qitmir ».


Il se peut que parfois le même maître-artisan soit le fabricant des lames et le joaillier. Le fait
que les lames décorées de la même façon aient une forme et une taille similaires permet de faire ces
suppositions. Il peut s’agir ici du travail d’un seul maître-artisan ou de la répartition du travail au sein
d’un même atelier.
On retrouve un poinçon réalisé à l’aide d’une frappe spéciale de forme arrondie ou rappelant
celle d’une feuille dans lequel se trouve le nom du maître ou quelques lettres de son nom.
Visiblement ces poinçons appartenaient seulement au fondeur puisque l’on trouve des lames avec
deux noms différents : l’un fait à partir d’une frappe (probablement celui du fondeur) et l’autre
réalisé par un procédé de décoration (probablement celui du maître-joaillier). Les poinçons frappés
sont bien plus rares que ceux gravés ou incrustés.
Dans les poinçons et les inscriptions turcs, les lieux d’origine et de fabrication de l’objet ne
sont généralement pas indiqués à côté du nom. On ne les trouve pas sur les objets de la collection du
Musée historique d’État de Russie et seulement deux fois sur ceux de l’Hermitage. En raison de
l’anonymat de ces marques, nous en avons déduit que l’étude des poinçons orientaux ne permettait
pas d’indiquer des maîtres-artisans précis. Toutefois, ce n’est pas tout à fait juste. Il est évident que
la présence répétée du nom d’un maître-artisan sur plusieurs objets ne peut pas prouver que ces
objets sont fabriqués par un seul et même artisan. Mais avec le regroupement de plusieurs signes
(par exemple, l’ornement pour le maître-joaillier), la technique de réalisation, le nom) il est possible
de distinguer plusieurs objets fabriqués par un maître-artisan. Les listes des maîtres accompagnent la
description de chaque type de yatagans.
Mis à part les dates, les noms du maître-artisan et du propriétaire les yatagans comportaient
des inscriptions reprenant des phrases et des extraits du Coran. Les extraits du Coran étaient rédigés
en arabe, les phrases en turc et en arabe *.
L’inscription la plus répandue était celle liée à la légende des « Sept Dormants d’Ephèse »
Selon la légende chrétienne, de jeunes chrétiens d’Ephèse : Maximien, Malchus, Marcien, Denys,
Jean, Sérapion et Constantin fuient l’empereur romain Dèce (249-251) et se cachent dans une grotte
sur la montagne de Pion. En découvrant leur cachette, Dèce orne de les emmurer. Les jeunes
s’endorment dans la grotte pour 300 ans et se réveillent à l’époque de l’empereur Théodose II (408-
450). Ce délai de 300 ans a en général tendance à se réduire. Au Ve siècle déjà, la légende des sept
dormants se diffuse largement en Asie mineure et en Syrie et à partir du VIe siècle, en Occident où
elle devient bien populaire lors des Croisades. Cette légende s’est également répandue dans le
monde musulman. Pour l’islam, les jeunes se sont cachés avec un chien dans la grotte pour protéger
leur foi en un Dieu unique lors des persécutions. Les épisodes liés à cette légende figurent dans le
Coran dans le récit « La Caverne ». Dans le Coran, les jeunes s’adressent à Allah pour obtenir sa
miséricorde et être guidés dans le droit chemin. Allah les endort pour 309 ans qui leur semblent être
« une journée ou une partie de la journée ». En se réveillant, les jeunes envoient l’un deux acheter de
la nourriture et révèlent ainsi leur existence à la population, puis ils tombent dans un sommeil
éternel. e Coran ne donne pas leurs noms. Ils sont révélés par des auteurs arabes dans différentes
versions de cette légende et sont pour la plupart différents. On retrouve les mêmes noms que sur les
armes turques des XVIII-XIXe siècles dans une seule version (chez l’écrivain Zamakhchari, 1074-
1143)/ Yamlikâ, Maksimlînâ, Mahsamlînâ, Martus, Dobernus, Chadamus, Kasutunus, Qitmir. Les
noms traditionnels des dormants et du chien Qitmir ont acquis une fonction magique, dans certains
pays musulmans, le nom Qitmir figurait sur les lettres pour qu’elles ne se perdent pas (Mify narodov
mira (Mythes des peuples du monde) I, 119 ; t. II, 426, Attaya, 1-70, Krymskiyy, 56).
Le talon

Une figure se trouve sur le talon de la lame dont la forme et l’or


l’ornement
nement ne sont pas
caractéristiques

[…]
TEXTE MANQUANT

Figures sur le talon des lames

Formes des poignées des yatagans


La poignée

[…]
TEXTE MANQUANT

forme originale provient du tibia d’un grand animal.


Les poignées sont en ivoire ou plus souvent en os de morse, matière plus utilisée, plus claire
que l’ivoire et se fissurant moins. Elle a été exportée de Russie sous le nom « dent de poisson ». Les
poignées en corne noir étaient également très répandues.
Elles sont composées de deux moitiés fixées sur la talon de la lame à l’aide d’un rivet. L’extrémité de
ces deux parties est rassemblée par une chape reliant solidement la poignée à la lame.
Les yatagans dont les poignées sont recouverts d’argent niellé constituent un groupe important. Il y a
également des yatagans avec des poignées massives en cuivre de forme complexe. On trouve
également des poignées en bois mais elles sont presque toujours le résultat d’une restauration plus
tardive.
Au milieu de la poignée entre les oreilles se trouve une plaque en fer, en argent ou en cuivre
décorée dans le même style que celle de la lame. Elle est parfois ornée de rosettes en argent ou en
cuivre de différentes formes avec à l’intérieur des alvéoles abritant des coraux ; elle est parfois
simplement plaqué d’or.
La forme des poignées ainsi que celle des plaques sur les lames n’est pas liée à un groupe
précis de lames.
Nous n’avons pu distinguer que 28 formes différentes de poignée dans la collection du
Musée historique d’État de Russie. Les 10 premières sont les plus répandues (cf. page 139).

Yatagans aux poignées en os ou en corne et avec fourreaux en cuir


Le fourreau

Le fourreau sont composés de deux plaques en bois correspondant à la forme de la lame. Ces
plaques sont élargies sur leur partie supérieure puisque la partie inférieure de la poignée est insérée
dans le fourreau. Sur la plupart des yatagans, les fourreaux sont composés de plaques en bois sur
lesquelles sont collées du cuir noir ou marron avec souvent des coutures placées à l’intérieur. Les
fourreaux sont équipés d’une entrée et d’une bouterolle en métal et ornés d’éléments en cuivre, en
fer étroits ou très larges, gravés ou de type végétal. On trouve également des fourreaux sans entrée
ni bouterolle.
Ils sont parfois entourés d’un velours de couleur présentant des coutures en fil d’argent ou
d’or. Certains fourreaux constituent un étui tout en cuivre ou en argent avec des plaques en bois
insérées à l’intérieur. Ils sont ornés de ciselures, par des gravures et l’entrée, surtout sur les
exemplaires de bonne qualité, est réalisée au filigrane, à l’aide d’une ciselure directe, ornée de
coraux et d’autres pierres. Les fourreaux sont également ornés d’éléments végétaux de style rococo :
bouquets de fleurs, cornes d’abondance encadrés de coquilles et d’une armature. Ces motifs
provenant d’Europe de l’Ouest se sont développés dans l’art turc à la deuxième moitié du XVIIIe
siècle ; on retrouve également des représentations de palais, de mosquées, de navires.
La bouterolle du fourreau est généralement ornée de lamelles et se termine soit par une
frange soit par une tête de dauphin stylisée.
Les yatagans possèdent tous des signes définis permettant de les diviser en plusieurs groupes
correspondant à leur origine territoriale. La lame joue un rôle décisif dans cette classification. Ni la
poignée, ni les fourreaux ne peuvent être pris en considération car, comme nous l’indique l’étude
des collections, on pouvait trouver largement le même type de poignées dans toutes les régions de
l’Empire ottoman plus que des types de lames similaires. De plus, aussi bien la poignée que les
fourreaux pouvaient être remplacés en cas de réparation. On trouve des yatagans dont la monture
est clairement plus récente que la lame. Ces nouvelles pièces se distinguent fortement des pièces du
même groupe de yatagans non modifiés.
Lors de la classification des yatagans par types de lames, les signes utilisés sont le caractère
et la technique de réalisation de l’ornement et des inscriptions.
En suivant la classification d’Y.A. Miller, tous les yatagans de la collection du Musée
historique d’État de Russie (167 exemplaires) peuvent être divisés selon les types territoriaux
suivants :
- ceux fabriqués dans les régions de l’Anatolie orientale proches du Caucase, ceux d’Anatolie
orientale ;
- ceux fabriqués dans le centre de l’Anatolie, de type anatolien ;
- ceux fabriqués à Istanbul et dans les régions proches de la partie européenne de la Turquie :
le type stambouliote ;
- ceux présentant des inscriptions gravées ;
- ceux à poinçons ; leur lieu de fabrication est inconnu ;
- ceux plus tardifs, tout à fait identiques et réalisés selon un modèle défini ;
- ceux appartenant à un autre type.
Yatagans à fourreaux métalliques

Yatagans à fourreaux métalliques


Yatagans d’Anatolie orientale

Il est possible que ces yatagans aient été fabriqués en Anatolie orientale à proximité du
Caucase. Leurs oreillons sont bien plus petits que sur les poignées des autres types de sabres et
rappellent par leur forme les poignées des sabres caucasiens. On suppose également que l’art
caucasien puisse avoir influencé la décoration de ces yatagans mais il se peut qu’ils aient été
fabriqués dans les Balkans.
La collection du Musée historique d’État de Russie se compose de 24 yatagans appartenant
au groupe de l’Anatolie orientale. Ils possèdent les caractéristiques suivantes :
Les lames sont en acier, pour la plupart peu courbées, certaines ont le dos droit avec la partie
supérieure légèrement courbée vers le haut sur la fin. On trouve des lames assez courbes et d’autres
fortement courbes.
Le dos est le plus souvent d’une épaisseur normales mais parfois incliné.
Les lames ne sont pas grandes : leur longueur est comprise entre 50 et 67 cm et la taille la plus
répandue se situe entre 54-61 cm. Leur largeur est comprise entre 2,65 et 3,4 cm, plus souvent entre
2,9 et 3,1 cm.
La lame est décorée d’inscriptions et d’ornements gravés parfois de façon assez négligée. A
gauche de la lame se trouve toujours une cartouche dans laquelle figure une inscription et parfois la
date ainsi que le poinçon. La cartouche est entourée d’un ornement gravé de nature végétale ou
géométrique. L’inscription dans la cartouche est l’une des trois suivantes :
- Probablement le noms des « Sept Dormants ».
- Incompréhensible.
- « De la frappe de ton couteau, tous tes ennemis se dispersent (en turc). Il se venge de ses
ennemis semblables à Zulfikar (en arabe) ».
Parfois l’inscription est réalisée de façon négligée avec beaucoup d’erreurs.
Le poinçon se trouvant dans la cartouche au début ou à la fin de l’inscription contient le nom du
maître-artisan ou quelques lettres. Le poinçon a été réalisé à partir d’une ciselure spéciale, les formes
les plus utilisées se retrouvent dans le dessin.
Les poinçons appartenaient visiblement aux maîtres ayant fondu les lames et ayant peut-être
réalisé les inscriptions et les ornements dans la mesure où aucun autre nom ne figure sur les lames et
que la technique d’ornement est relativement simple.
A droite de la lame se trouvent des décorations de deux types : soit le même dessin gravé qu’à
gauche, mais avec une différence : au lieu d’une cartouche, on a un petit cercle avec une étoile à six
pointes avec à l’intérieur la date ; soit une cruche gravée à long bec ; le vase contient des fleurs ou
des herbes sur de longues tiges ; on retrouve parfois la date sur le vase lui-même.
Yu.A. Miller considère que ce dessin est caractéristique d’Erzurum et de Trébizonde puisque ces
dessins figurent sur des épées des XVI-XVIIIe siècles que l’on peut dater avec précision et qui
proviennent de l’Anatolie orientale (Miller, 1, 179).
L’inscription à gauche et le dessin à droite ne correspondent pas. Les inscriptions pour la cruche
sont les mêmes que pour la représentation d’une étoile dans un cercle. Sur le talon de la lame se
trouve une figure en argent sur laquelle apparaît un ornement géométrique ou végétal gravé et
niellé. Les tailles et les proportions des plaques ont quelque peu évolué mais la forme est restée la
même. L’ornement sur la plaque de la lame correspondait généralement à l’ornement sur la poignée.
Sur la plaque et le dos de la lame de la plupart des yatagans était insérée une inscription gravée ou
niellée : « Sept Dormants d’Éphèse ».
On retrouve parfois à la place de l’inscription un ornement la représentant et parfois simplement
un motif géométrique.
Il arrive que le nom du propriétaire ne figure pas sur les yatagans car ils devaient être fabriqués
non pas sur commande mais visiblement en vue d’être vendus. 8 sur 24 possèdent une date. Le plus
ancien date de 1787 et le plus tardif a été fabriqué en 1816. 5 yatagans sont des années 1802-1806.
Le même type de yatagans dans la collection de l’Hermitage datent à peu près de la même période :
le plus vieux de 1781, et le plus tardif de 1825. De la même façon, ici les yatagans datent pour la
majorité des années 1802-1806. Les collections du Musée historique d’État de Russie et de
l’Hermitage n’ont aucun yatagan de ce type datant d’après 1825. Leur fabrication a visiblement
commencé au dernier quart du XVIIIe siècle et s’est arrêtée au premier quart du XIXe siècle.
Les poignées sont entièrement en métal et sont fabriquées de la façon suivante : On soude deux
moitiés ovales à l’extrémité de la bande, des deux côtés que l’on a auparavant fixées sur un cadre en
métal ; l’ouverture de la tête est fermée vers le haut par de petites couches ; la poignée est lisse, sa
tête se présente sous la forme de petites oreilles fortement écartées rappelant légèrement les têtes
des sabres caucasiens. Toutefois, sur le dernière modèle, ces têtes sont plus rapprochées et plus
grandes. L’ensemble de la poignée est recouvert d’une fine feuille argentée (sont séparés les deux
moitiés, le dos de la poignée et les ouvertures des oreilles) sur laquelle se trouve un motif gravé et
niellé. Les motifs sont pour la plupart végétaux, stylisés et parfois géométriques. On en relève 6
types. Les motifs sont très similaires jusque dans les détails. Il y a des inscriptions sur certaines
poignées mais malheureusement elles sont presque entièrement effacées. Certains dessins sont
réalisés de façon très minutieuse.
13 yatagans sur 24 ont des fourreaux. 9 d’entre eux sont très simples : en bois entourés de cuir
noir ou marron. Chez certains, la bouterolle et l’entrée sont en métal et parfois ornées d’une
gravure. Trois fourreaux sont entièrement recouverts d’un cuivre argenté sur lequel on retrouve un
ornement végétal ciselé. Leur bouterolles représentent une tête de dauphin.
L’un des yatagans est de petite taille, vraisemblablement destiné aux enfants.

1787 Ahmed

1802

1803 Hussein Travail d’Ali Travail d’Ali

1801 Ali Oubeyd Mohamed

1805 1803 Propriétaire Djalil Aga

1805 Maître et propriétaire Hadji-Ali

1809 travail de Saïd 1815 Omar


Inscriptions et décorations sur les sabres d’Anatolie orientale
Plaques des lames et de la poignée
Type anatolien

On le retrouve par le procédé de décoration de la lame. Selon les suppositions de Y.A. Miller,
ces yatagans étaient fabriqués en Anatolie occidentale ou centrale.
La collection du Musée historique d’État de Russie compte 47 yatagans de ce type.
Les lames sont en acier, de formes différentes : allant de modèles droits à d’autres fortement
courbes. On retrouve des gouttières des deux côtés des lames : pour la plupart, le dos est d’une
épaisseur habituelle, mais sur certains il est incliné (9 exemplaires). Les lames sont relativement
grandes.
Leur longueur est comprise entre 50 et 76 cm, leur épaisseur entre 27 et 35 mm, entre 30 et
33 mm dans la plupart des cas. Les lames sont décorées d’inscriptions et d’ornements. Les
décorations sont réalisées par incrustation profonde de la manière suivante : des sillons dentés sont
formés au burin à la surface de l’acier dans lesquels on enchâsse un fil fin. Les dents retiennent ce fil
pour l’empêcher de se teindre. Parfois, les sillons sont réalisés sans dents. On retrouve alors des
incisions triangulaires (ce qui un procédé d’incrustation plus primitif).
On incruste souvent un fil d’argent et plus rarement un fil de cuivre. Le fil enchâssé est nivelé
sur toute la surface de la lame. C’est l’une des méthodes de décoration les plus difficiles mais
également la plus solide ; à l’exception des cas où le sillon n’est pas denté, l’incrustation se conserve
bien.
En fonction des ornements et de la disposition des inscriptions, on peut relever plusieurs
groupes qui seront décrits ci-dessous.
L’appareil utilisé pour ce type de yatagans est très différent. Les figures sur le talon des lames
et les plaques des poignées sont pour la plupart en cuivre ou en étain recouvert d’une feuille
argentée ou en argent. Elles représentent un motif et sont ornées d’éléments ciselés ou estampillés
de nature végétale ou géométrique : rosettes, feuilles, losanges,… Certaines plaques sont ornées de
gravures, de nielles, de granules ou de motifs végétaux ou géométriques. Sur certains yatagans, les
plaques de la lame et de la poignée sont en cuivre, lisses ou en métal blanc. Ils sont
vraisemblablement le résultat d’une restauration plus tardive. Cinq yatagans ont leurs plaques
ornées de coraux et de verre rouge et vert.
Les poignées sont pour la plupart en corne ou en os, parfois en métal blanc ou en cuivre. Les
formes des poignées diffèrent beaucoup. Par conséquent, on ne distingue pas de montage unique
pour ce groupe de yatagans. Les lames ont été fabriquées visiblement dans une seule région et
l’arme dans un autre endroit.
30 yatagans sont équipés de fourreaux, 24 d’entre eux sont en bois, entourés de cuir noir ou
marron dont la bouterolle et l’entrée, et parfois la chape, sont en métal, en cuivre ou en fer. Ces
dernières sont souvent larges, ornées de gravures. La bouterolle est parfois terminée d’une figure
fondue, le plus souvent représentant la tête stylisée d’un dauphin. Deux fourreaux sont entièrement
recouverts d’argent, le n°1193 est orné d’une gravure et d’un morceau de bois représentant un motif
de nature végétale : 6 médaillons de chaque côté reproduisent des branches ; le n°8415 est décoré
sur toute sa surface de boucles et de feuilles ciselées ; le fourreau du n°8476 est entièrement
recouvert de cuivre recouvert lui-même d’étain. Deux fourreaux sont entourés au milieu de velours.
Groupe 1

Le groupe 1 est composé de 30 yatagans que l’on peut diviser en trois sous
sous-groupes. Tous ont
ceci en commun : à gauche de la lame se trouve une inscription indiquant les noms du maître-artisan,
maître
du propriétaire et la date. L’inscription est en maille et se termine par un médaillon par la lettre
arabe « b », le mot « sakhib » (propriétaire) dans laquelle figure le nom du propriétaire.

Sous-groupe 1

La forme des lames est moyennement ou fortement courbe, leur longueur est comprise
entre 45 et 56 cm.
A gauche de la lame se trouve le nom du maître et du propriétaire (ce dernier se trouvant
dans le médaillon), on trouve parfois uniquement llee nom du propriétaire et parfois aussi la date. Une
des lames date de 1233 soit 1817/18. Les inscriptions ne sont pas décorées. On observe parfois à
droite de la lame de petites décorations : une petite fleur, un ornement. Les figures présentent sur la
lamee sont ordinaires, parfois un peu gravées. L’objet est différent. Les poignées sont en corne ou en
os. Les formes des poignées diffèrent. Le poids des sabres est compris entre 485 et 580 g. Deux
yatagans sont munis d’un fourreau de type ordinaire.

Noms des maîtres du sous-groupe 1

Sous-groupe 2

Les lames sont peu courbes, leur longueur se situe entre 51 et 61 cm. Les plus répandues ont
une longueur comprise entre 54 et 59 cm. Leur largeur se situe entre 30 et 33 mm. A gauche de la
lame se trouve une inscription
scription en maille indiquant le nom du maître
maître-artisan,
artisan, du propriétaire et la
date. L’inscription est encadrée d’ornements de trois ou cinq pétales. Parfois à ses côtés, le long de la
lame se trouve une autre inscription :
« Ô, Mohamed, la frontière de ta protection est ta communauté »
« Cœur ! Pour une seule âme « Ô, Mohamed, nous espérons ta miséricorde » « Sa main réclame
l’épée, son cœur les louanges du ToutTout-puissant »
« Sept Dormants d’Éphèse ».
Dates sur les lames : 1787,1797, 1799, 1804, 1809, 1811,1
1811,1824.
Il y a parfois à droite aucune décoration, parfois un ornement ordinaire ou une rosette.
Les figures de la lame et l’habillage de la poignée sont pour la plupart en étain et recouverts
d’une fine feuille d’argent ornée de motifs végétaux stylisés, de rosettes et de pétales en filigrane.
Les poignées sont en os ou en corne noire. La forme la plus répandue est 1-5 (Cf. page 139).
Six yatagans possèdent des fourreaux entourés de cuir ou de velours dont les entrées et les
bouterolles sont en fer ou en cuivre, parfois décorés de motifs végétaux ciselés. Leur poids sans le
fourreau est compris entre 430-500 et 560-600 g. Les fourreaux pèsent : de 110-200 à 325-430 g.

Noms des maîtres, propriétaires et dates. Sous-groupe 2

Date Noms du maître et du propriétaire

1787/88 Travail d’Ahmed, propriétaire Osman-pacha

1797/98 Travail d’Omar, propriétaire Ahmed-pacha

1798/99 Travail d’Ahmed, propriétaire Sadyk

1798/99 Travail de Hussein, propriétaire Hassan-pacha

1799/00 Travail d’Hadji Noukh, propriétaire Alibek

1804/05 Travail de Moustafa, propriétaire Sali-pacha

1809/10 Travail de Moustafa, propriétaire Mohamed

1811 Travail de Mohamed, propriétaire Ali

1824/25 Travail d’Abdallah, propriétaire Soliman

Travail d’Hassan, propriétaire Hassan

Travail de Soliman, propriétaire Ahmed-pacha


Sous-groupe 3

Les lames sont faiblement courbées ou droites. Leur longueur est comprise entre 52 et 63
cm, leur largeur entre 3 et 3,3 cm.. Sur une partie des lames sous le dos, se trouve des deux côtés on
trouve de petites gouttières et des incisions sur le dos de la lame. A gauche de la lame se trouve une
inscription indiquant le nom du maître-artisan, du propriétaire et la date et ornée de motifs végétaux
avec trois et cinq pétales. Mise à part celle-ci, on retrouve des inscriptions à une ou deux lignes le
long de la lame et enfermées dans des cartouches ; les cartouches sont ornées de motifs végétaux ou
géométriques composés de rosettes de grande et petite taille, de fleurs stylisées, d’œillets, d’épines,
de feuilles, de cercles, de filets, de dents et de lignes ondulées sur toute la surface de la lame. Le côté
droit de la lame est orné parfois tout le long, parfois sur une partie, du même motif. Les dates des
lames sont les suivantes : 1786 (1), 1794-1800 (4), 1803-1810 (8), 1813 (1).
Les inscriptions correspondent à des phrases du type : « Sa main réclame l’épée, son cœur les
louanges du Tout-puissant »; « Ô, Mohamed, ta protection se délimité à ta communauté ». « En
découpant ton ennemi, réjouis ton couteau. Que son propriétaire soit vainqueur pour l’éternité* ;
« Sept Dormants d’Éphèse » ; « Ce qui convient à Dieu » ; « De la frappe de ton épée, tous tes
ennemis se dispersent ». Sur plusieurs yatagans les inscriptions sont illisibles.
Les figures sur les lames et les plaquettes des poignées sont en laiton ou en métal blanc,
ornées de rosettes ciselées, de losanges, de feuilles représentant des filigranes. Le granule est
également une décoration.
Parfois les habillages et les plaquettes de la poignée sont ornés de coraux. Les poignées sont
pour la plupart en corne ou en os. Le type le plus répandu est 1, 5, 6, 12, 2 (Cf. page 139).
10 yatagans sur 15 ont des fourreaux. La plupart d’entre eux (8) sont ordinaires, entourés de
cuir noir ou marron, avec une entrée et une bouterolle en métal parfois gravées d’ornements
végétaux ou géométriques. Sur 4 d’entre eux, la bouterolle se présente sous la forme de figures.
L’une des parties des fourreaux est plus complexe.
Le fourreau du n°381 est en bois, incrusté de fines couches d’os sur lesquelles sont
représentées des petits cercles. Ces couches sont de couleur jaune, leur milieu sur 4 modèle est vert
de chaque côté.
Sur le n°3184, le milieu du fourreau est entouré de cuir, les parties supérieure et inférieure
sont couvertes de métal sur lequel sont ciselés : une mosquée avec un minaret, un voilier, une
armure et un bouquet de fleurs. Le motif se répètes par bandes. La bouterolle est ornée d’une jolie
tête de dauphin.
Les numéros 8474, 8475, 8476 sont visiblement fabriqués par un ou deux maîtres artisans
(fondeur et joaillier). Ils possèdent des lames de forme identique, une couleur sombre d’acier, d’une
longueur de 57 cm, largeur 3,2 cm ; ornement se différenciant uniquement par les détails ; nom du
maître : Mohamed. Leur poids est compris entre 560 et 750 g et celui des fourreaux entre 240 et
390 g. Ils datent des années 1807-1809.
Décorations des lames. Sous-groupe 3
Date Noms du maître et du propriétaire

1786 Travail d’Hadji Ibrahim, propriétaire Molla Omar

1794 Travail de Mohamed, propriétaire Abdoul-Baky Aga

1797 Travail de Salih, propriétaire Hassan-pacha

1798 Travail d’Abdallah, propriétaire Abdoul-Moumi

1800 Travail d’Ahmed, propriétaire Soliman Aga

1803 Travail de Ba s.r.h, propriétaire Omar-pacha

1804 Travail de Mohamed Garoudji, propriétaire Soliman

1804 Travail d’Abdi Ibri pacha, propriétaire Ahmad-pacha

1807 Travail d’Ibrahim, propriétaire Mohamed

1807 Travail de Mohamed, propriétaire Ali Aga

1808 Travail de Hussein, propriétaire Ibrahim

1809 Travail de Mohamed, propriétaire Osman Aga

1809 Travail de Mohamed, propriétaire

1813 Travail d’Ahmed, propriétaire Hussein

Travail d’Ahmed, propriétaire Omar

Travail de Moussal propriétaire Hassan bey

Travail de Makay, propriétaire Moudavali

Travail d’Ahmet Ibn Ibrahim, propriétaire Abdallah


Groupe 2

Ce groupe possède 10 yatagans dont le côté gauche est richement décoré par des ornements
de nature végétale géométriques et très stylisés composés de boucles, de petits cercles, de rosettes,
de flèches, etc. Au même endroit, au début de l’ornement se trouve un petit médaillon
comportement le nom du maître-artisan. A droite de la lame, se trouve une inscription stylisée,
légèrement décorée de flèches, d’étoiles… On peut répartir se groupe en deux sous-groupes.

Sous-groupe 1

Les dos des lames sont inclinés, fortement courbes, leur tranchant est donc incurvé. La
longueur des lames est comprise entre 59 et 62 cm, leur largeur entre 3 et 3,4 cm.. Le long de la
lame, des deux côtés, se trouvent des sillons ressortant de la surface.
A gauche de la lame, sur toute la surface, des deux côtés des sillons se trouvent un
ornement. Il se compose de petits cercles et de croix, de lignes ondulées, de petites flèches, de demi-
ovales, de gourdes, de grandes rosettes, d’œillets, etc. Au même endroit, à gauche, plus près du
talon, se trouve un petit médaillon avec le nom du maître-artisan à l’intérieur d’un ovale ou d’un
carré. Les noms sont tous différents mais les lames sont tellement similaires qu’on peut supposer
que ces objets proviennent du même atelier. Sur la partie droite, tout le long de la lame et plus près
du dos se trouve une inscription stylisée décorée de flèches, de petites étoiles… « Sept Dormants
d’Éphèse ».
Trois lames sont dotées à droite d’un médaillon. Dans l’un d’entre eux est écrit le nom du
propriétaire et dans les deux autres, la date. Les lames datent des années 1800-1810. Le procédé
utilisé est l’incrustation d’argent. Les yatagans sont montés différemment. On retrouve des figures et
des plaquettes de poignées bien ciselées, ornées de rosettes, certains estampillées et d’autres
ordinaires et lisses.
Les poignées des yatagans sont de types différents, en os, en corne, en métal et ornées de
ciselures. Leur poids est compris entre 630 à 815 g et celui des fourreaux entre 350 et 600 g.
Les fourreaux sont différents. On trouve des fourreaux entièrement recouverts d’argent
plaqué d’or (ou de laiton), ornés de boucles et de feuilles ciselées, entourés au milieu de velours
verts avec une entrée et une bouterolle très larges et également ornées de ciselures. Les fourreaux
sont également entourés de cuir noir, munis d’une entrée et d’une bouterolle, métalliques très larges
ornées de gravures. Sur la bouterolle se trouve une tête de dauphin ; les fourreaux sont ordinaires et
entourés d’un cuir marron et munis d’une bouterolle en fer.

1800/01 Hadji Mohamed


1809/10
1808/09 Mohamed Ali

1800/01

1808/09

1807/08 Hadji Ali


Inscription sur les lames Groupe 2, sous-groupe 1
Décorations des lames. Groupe 2, sous-groupe 1

Sous-groupe 2

Ici, les lames se distinguent de celles du sous-groupe précédent en ce sens qu’elles n’ont pas
de rainures. Elles sont très courbes et leur dos est faiblement incliné. La longueur des lames est
comprise entre 56 et 60 cm. Leur largeur entre 3 et3,2 cm. A gauche de la lame se trouve un
ornement du même type que les yatagans du sous-groupe 1 : des cercles, des demi-ovales, des fils
ondulés, des flèches, des rosettes incrustés d’argent ; au même endroit, dans l’ovale ou le carré se
trouve le nom du maître-artisan. A droite de la lame se trouvent la même inscription stylisée et la
même date que sur les yatagans du sous-groupe 1. Les lames datent de 1799, 1802, et de 1819. Les
yatagans sont montés différemment. L’habillage de la lame et les plaques des poignées peuvent être
en cuivre, ciselés, gravés, lisses ; on retrouve un habillage simple de la lame et une plaque ciselée sur
la poignée ornée de coraux ; sur l’un deux, la poignée et la monture correspondent au type de l’est
anatolien. Les poignées sont en corne, en os, en métal et de formes différentes.
Trois yatagans sont accompagnés de leur fourreau. Ils sont ordinaires, entourés de cuir noir
avec des bouterolles et des entrées en fer ou en cuivre. Les lames pèsent de 535 à 665 g, les
fourreaux de 230 à 277 g.

1799/00 Mohamed

1800/01 Travail d’Ali

1802/03 Moustafa

1819/20 Ali

Soliman
Inscription sur les lames Groupe 2, sous-groupe 2
Décorations des lames. Groupe 2, sous
sous-groupe 2
Groupe 3

Les lames sont à peu près de la même longueur compris


comprisee entre 54 et 62 cm, d’une largeur de
3 à 3,5 cm et présentent presque la même courbe importante.
Des gouttières se trouvent des deux côtés sous le dos de la lame sur trois yatagans. Au milieu
de la lame, à gauche, se trouve un dessin très primitif composé de lignes brisées et indiquant une
date. A droite, on retrouve le même dessin mais de plus petite taille. L’incrustation est réalisée au fil
de cuivre. Le nom du maître n’y figure pas mais si ces trois yatagans ne sont pas le fruit du travail
d’un seul artisan,
tisan, ils proviennent d’un seul et même atelier. En plus de la similitude de leurs dessins
et de leur date de fabrication proches les unes des autres : entre 1853 et 1862, ils ont exactement les
mêmes estampilles et les mêmes poignées en corne noire.
Deux des yatagans sont accompagnés de leurs fourreaux, ils sont entourés de cuir noir, leur
bouterolle et leur entrée sont en cuivre.
Les lames pèsent de 710 à 755 g, les fourreaux de 295 à 325 g.
Certains sabres se distinguent de tous ceux que nous avons cit cités
és et entre eux ; ils sont aussi
de type anatolien et décorés selon le même procédé. Leurs inscriptions indiquent les noms des
maîtres-artisans,
artisans, du propriétaire et la date. Le n°3208 a une inscription en grec.

Dates sur les lames


1853/54
1857/58
1861/62

1810 Maître et propriétaire Ahmed Aga. Moustafa (maître ?)

1826/27 Mohamed

1826/27 Travail d’Ammamad. Maître et propriétaire Halil-aga.


Halil

Décorations des lames du Groupe 3


Type stambouliote et balkanique

Pour bon nombre des yatagans, la surface des lames est munie d’ornements et d’inscriptions
incrustés en surface d’or et d’argent. Cette incrustation, également appelée technique d’entaille, est
réalisée de la manière suivante : sur une surface préalablement hachurée des deux côtés, un fil fin
d’or ou d’argent est enchâssé et à l’endroit où le maître-artisan souhaite épaissir le dessin, il bourre
le fil à l’aide de rangs rapprochés.
La surface irrégulière de l’acier retient bien le fil enchâssé, elle ne se teint jamais, mais après
un long usage, elle s’efface car la bande d’argent ou d’or est généralement très fine, surtout sur les
modèles de qualité moyenne.
Pour ce qui est de leur qualité, ces décorations sont très hétérogènes. On trouve aussi de
superbes modèles avec des ornements et des inscriptions d’une très grande finesse et des
décorations très ordinaires.
Les yatagans de ce groupe se différencient généralement par la forme de leur lame, par la
forme et la décoration de la poignée et du fourreau ; en ce sens on en relève de nombreux types
différents. On ne fera pas ici de conclusion sur cette caractéristique pour les différentes parties des
yatagans (lames, poignées, fourreaux) comme cela a été le cas pour les autres groupes.
Il est vrai que l’on peut également distinguer parmi ces yatagans plusieurs sous-groupes qui chacun
possède des signes précis permettant de les considérer comme les œuvres de maîtres et d’ateliers
précis. Mais ces signes n’ont pas l’importance que l’on retrouve, par exemple pour le type anatolien,
où, sur 47 yatagans, 43 font partie de différents sous-groupes :
Parmi les yatagans de ce type, on peut relever des modèles exceptionnels ornés d’entailles
dorées ou argentées et d’inscription, des poignées ornées de filigrane, de coraux et d’estampilles
ainsi que de fourreaux entièrement faits d’argent, de cuivre argenté ou doré et orné d’estampilles
massives.
Dans la collection du Musée historique d’Etat de Russie, le nombre de yatagans
correspondant au groupe stambouliote (décorés d’entailles) est de 64. On considère que les
yatagans dont les poignées sont recouvertes d’argent, ornées de filigrane et incrustées de coraux
proviennent de Bosnie-Herzégovine. Les poignées dont la forme est plus arrondie viennent de Grèce.
Les fourreaux de ces yatagans sont également des plus ornés, réalisés entièrement en métal : en
argent ou en cuivre et décorés d’estampilles, de filigrane, de coraux et d’autres pierres.
Les yatagans de ce groupe peuvent être classés dans la fabrication de la capitale et des pays
de la péninsule balkanique : Serbie, Monténégro, Grèce, Macédoine, Albanie et Bulgarie.
Parmi ce grand ensemble de yatagans se trouvent quelques exemplaires liés entre eux.
Les n°3206 et 3232 présentent à gauche de leur lame un dessin tout à fait identique (ses
contours sont d’un style végétal avec un filet à l’intérieur), au centre de ce dessin se trouve la même
inscription « Je m’en remets à Dieu » (Coran, 11,59) ; le dessin du n°1837 est plus petit et plus
primitif mais reste similaire par son style.
L’habillage des lames et les plaquettes des poignées sont en cuivre sur les trois sabres ; il se
compose de rosettes, de losanges et de points ciselés représentant des granules.
Les poignées sont noires en corne. Les fourreaux sont ordinaires, recouverts de cuir noir, la
bouterolle et l’entrée sont larges, en cuivre.
Ces yatagans sont visiblement fabriqués par le même fondeur et par le même monteur.
Parmi les yatagans datant de la deuxième moitié du XIXe siècle, on remarque un groupe présentant
de nombreuses similitudes, ce qui nous permet d’avancer qu’ils proviennent du même atelier. Les
lames sont presque toutes de la même longueur (55,5-57 cm) et de la même forme. Le dos de la
lame est souvent orné d’un motif à partir duquel se dessine un serpent ciselé ou une petite ligne.
Sous le dos, des deux côtés, se trouvent des gouttières de petite taille.
A gauche de la lame se trouve une inscription réalisée avec une entaille argentée sur fond
éraflé ; l’inscription contient la date, le nom du maître-artisan et du propriétaire et est entourée
d’une figure décorative. A droite de la lame se trouve une étoile à six pointes réalisée de la même
façon entourée d’un cercle.
La figure présente sur le talon de la lame et la plaquette de la poignée sont en cuivre. La
figure est décorée d’un filigrane.
Trois habillages entièrement conservés sont dotés de chaque côté d’une pierre rouge. La
partie supérieure de la plaquette de la poignée est également décorée d’un filigrane et d’un dessin
sur deux lignes.
L’habillage de la poignée est orné de rosettes en cuivre et de coraux enfermés dans des nids.
Les poignées sont en os de taille moyenne ou grande mais de forme identique.
Les fourreaux sont ordinaires, entourés de cuir.
Les noms des maîtres inscrits dans les poinçons sont différents mais, visiblement, tous ces
yatagans proviennent du même atelier même s’ils sont le fruit du travail de différents artisans. Ils
sont datés de 1845 à 1872, il s’agit donc d’objets très tardifs.

Yatagans avec poignées en métal et fourreaux ornés de coraux


Décoration
Décorations et inscriptions sur lames de type stambouliote
Date Noms du maître et du propriétaire

1709/10 Travail de Mohamed, maître Osman Aga

1804/05 Travail d’Hadji Mohamed, Propriétaire

[Abdallah Aga Djahir

1807/08

1808/09 Propriétaire Moullo (?) Ibrahim

1808/09 Propriétaire…

1810 Travail d’Ahmed Aga, propriétaire Mohamed Aga

1810 Travail d’Ousta Ahmed, propriétaire Mohamed

1810 Travail de Mohamed, propriétaire Soliman Aga

1813/14 Travail d’Ibrahim, propriétaire de ce

[couteau Soliman Aga

1816/17 Travail de Yuntar, propriétaire Paravaz Ali

1821/22 Travail d’Ibrahim, propriétaire Salih Aga

1821/22 Propriétaire Hussein

1823/24

1824/25 Travail de Mohamed, maître et propriétaire

[Ahmed Aga
1825/26 Travail d’Amin, propriétaire Osman

1825/26 Propriétaire Ali

1833/32 Travail d’Hadji Mohamed, propriétaire Moumi

1829/30 Ibrahim

1835/36 Travail d’Ahmed, propriétaire SolimanBek

1835/36 Travail de Charif, propriétaire Hussein Aga

1841/42 Travail…

1849/50 Propriétaire Moustafa Aga

1853/54 Travail du derviche Ibrahim Aga

1858/59 Travail du derviche Ibrahim, propriétaire


[Moustafa-pacha
1861/62 Travail d’Hadji Ahmed, propriétaire Mohamed
1863/64 Maître et propriétaire Ahmed
1873/74 Travail de Mohamed, propriétaire Yousif Aga
1874/75 Travail de Makhmoud, propriétaire Hussein Aga
Travail de Mohamed, propriétaire Uzun Moustafa, Illisible

Travail d’Ahmed, propriétaire Ibrahim Aga Travail…

1812 Travail d’Ousta Famykh, propriétaire Roustam


Travail de Halil, propriétaire Moustafa-pacha
Travail d’Ahmed, propriétaire…
Maître et propriétaire Soliman Alamander, travail du
[Sheikh Ali
Travail d’Abdallakh, propriétaire Mand Ibrahim
Travail de Mohamed
«Grakhov-laz» -« Gnou Kazanskome K. U Iikolame »
1267, soit 1850-1851 « Je m’en suis remis à Allah (Coran 11,59)

Propriétaire Hussein Aga

Propriétaire Hussein Aga

1805/06 Travail d’Ibrahim


1810 Travail d’Ibrahim, propriétaire Ahmed
Travail d’Ibrahim, propriétaire Ali

1823/24 Travail d’Hassan Djanab, maître et propriétaire Moustafa

1823/24 Travail d’Hadji Charif Alemder Ibrahim

Travail de Mohamed
Yatagans avec inscriptions gravées

Quelques yatagans (10 exemplaires) ont sur toute la surface de leur lame, à droite ou à
gauche, une inscription gravée : « Sept Dormants d’Éphèse ».
Les yatagans sont similaires même si l’on peut distinguer plusieurs sous-groupes.
L’inscription gravée à droite se trouve plus près du dos de la lame.
Sur le côté gauche se trouve un petit poinçon gravé entouré d’un cadre.
Le long du côté gauche de la lame, sur toute sa surface, figure un ornement composé de
flèches, d’étoiles et de rosettes incrustées (comme sur les yatagans anatoliens). Ces ornements sont
de formes différentes.
Les lames sont longues (60, 62,5, 65 et 69cm) et solides. Leur dos est très peu incliné et
fortement courbé. Pour l’un deux, la lame s’élargit beaucoup.
Les poignées sont de formes différentes : certains sont en os, d’autres en corne, de petite
taille avec des oreilles peu protubérantes.
L’habillage des lames et les plaquettes des poignées sont différents, en métal blanc ou en
cuivre, ciselés ou gravés. Les fourreaux sont entourés de cuir, parfois dotés d’une large entrée ciselée
et d’une bouterolle. Aucune date ne figure sur les lames. Dans l’ovale ou le rectangle se trouve un
nom, probablement celui du maître-artisan.

Travail de Moustafa
Poinçons sur les yatagans ornés d’inscriptions gravées
1845 Travail de Baka ( ?), Maître Mohamed

1861/62 Travail de Mohamed, maître Ahmed

1863/64 Travail d’Ibrahim

1874/75 Travail d’Ibrahim, maître et


[propriétaire Hassan Aga
1875 Travail d’Hadji Ibrahim, maître et
[propriétaire Osman Aga

1868/69 Travail d’Hadji Ibrahim, maître Ahmed


[Aga
1864/65 Travail d’Abdo, maître et propriétaire
[Ahmed Aga
Travail d’Abdo, maître et propriétaire d’Ibrahim
[Aga
Travail d’Abdo, maître et propriétaire Hussein
[Aga
Yatagans avec motif représentant un couteau

Les côtés gauche ou droit des lames sont ornés d’un couteau gravé, de forme et de grandeur
différentes selon le modèle.
Les sabres sont similaires et se trouvent sur le côté droit. A l’intérieur de l’un deux se trouve
le nom du maître-artisan. Les noms des maîtres sont différents.
Le côté gauche de la lame présente un poinçon gravé dans un cadre, probablement avec le
nom du maître-artisan.
Les lames sont de taille différente (58, 63 et 64cm), mais de forme identique, peu
recourbées, leur dos est courbé.
Les poignées sont différentes. Le n°377 présente une couverture au niveau de la lame, les
poignées et les fourreaux correspondent à un travail russe. Les fourreaux sont ordinaires et entourés
de cuir.

Maître et propriétaire Ali

(Présence d’un élément de travail russe

Travail de Ousta Moustafa, 1796/97


Yatagans à poinçons

Ces yatagans présentent tous sur le côté gauche de la lame un poinçon et sont exempts de
tout ornement supplémentaire (sur 10 exemplaires).
Ils sont tous dotés d’une monture différente. Il est possible qu’ils proviennent de différents
ateliers mais, peut-être, viennent-ils du même endroit.
Deux yatagans sont similaires : leur lame est légèrement courbée (mais celle du n°1839 et
plus longue 67,5 cm que celle du n°1863 : 60,5 cm) ; ils sont fabriqués à partir des mêmes matériaux,
mêmes types de gravures, éléments de cuivre recouvrant les lames ; poignées en bois identiques
incrustées de rosettes en cuivre et de petites étoiles en corne. Les noms des maîtres artisans sont
différents mais proviennent vraisemblablement du même atelier.

Omar

Kholil

Travail d’Hassan

Travail de Kholil

Osman

Ali
Yatagans réglementaires

Il s’agit vraisemblablement d’un modèle d’arme réglementaire, fabriqué en série et datant de


la deuxième moitié du 19ème siècle. Les yatagans reprennent la forme du vieux sabre artisanal mais
avec quelques modifications.
Toutes les parties de cette arme sont absolument identiques quels que soient les modèles.
Ses lames sont en acier, de forme identique avec le dos légèrement recourbé et d’une longueur
comprise entre 68,5 et 70,5 cm. Aucune décoration ni inscriptions n’y figurent. De petites figures se
trouvent sur les plaques des lames et des poignées : elles sont lisses et en cuivre.
Les poignées sont en corne noire. Leur longueur totale (poignée comprise) est de 81,5-83 cm.
Le fourreau est recouvert de cuir noir, avec son entrée et sa chape sont lisses, en cuivre. A gauche de
la chape se trouve une chape pour attacher l’arme à un porte-épée.

Vous aimerez peut-être aussi