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Antigone de Sophocle
GUIDE PÉDAGOGIQUE
par Hélène Maggiori-Kalnin
ÉLEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
LE TABLEAU DE LA SEQUENCE
Séance 11. Mettre le ton, faire des gestes, prendre des postures
Le travail en classe
• Spécialement conçu pour des élèves de 3e, l’ouvrage est volontairement varié, attractif
dans sa forme et non savant. On a choisi d’y privilégier l’étude des éléments du genre (les
personnages, la montée du tragique, la structure dramatique) et des approches thématiques
(les mythes, le tragique).
L’avant-texte
L’avant-texte doit permettre à l’élève d’entrer facilement dans la lecture du texte qui peut
se présenter de façon inhabituelle pour lui.
S’agissant plus particulièrement d’Antigone de Sophocle, les élèves de 3e vont rencontrer une
structure dramatique et des acteurs propres à la tragédie antique. Il a donc paru utile de leur
présenter, de façon imagée, les personnages essentiels et les données principales de la pièce,
de manière à leur donner envie de lire et à les aider à avoir très vite les repères suffisants pour
« accrocher ».
Le texte de l’œuvre
Le texte d’Antigone est donné dans son intégralité en continuité : ainsi le plaisir de la
lecture n’est pas « parasité » par des éléments pédagogiques, tous regroupés dans le dossier
littéraire qui suit.
Cependant, s’il bute sur un mot, une construction ou la compréhension d’un passage difficile,
l’élève peut recourir aux notes et explications disposées en bas de page.
Le texte grec de Sophocle est traduit mais dans une langue moderne accessible aux élèves du
e
XXI siècle. Les parties qui étaient chantées par un chœur sont traduites en vers d’une structure
simple.
Des illustrations inédites agrémentent la lecture.
Le dossier littéraire
Le dossier littéraire est articulé autour d’un axe principal : « Une tragédie antique ». Il
s’ouvre par la rubrique « Repères » qui fournit quelques éléments de cours sur la
caractérisation de la tragédie grecque, et sur le mythe d’Antigone que l’on trouve dans
l’Antigone de Sophocle.
Il propose également un parcours de lecture en 7 étapes, avec des lectures analytiques et des
synthèses sur l’œuvre. Chaque étape correspond à un objectif simple et se termine par un
bilan permettant à l’élève de récapituler ses acquis.
L’enquête documentaire
Le guide pédagogique : tous les outils pour étudier l’œuvre avec les élèves
• Ce guide complète l’ouvrage élève et est destiné à vous aider à préparer votre parcours de
lecture d’Antigone de Sophocle avec votre classe.
• Il s’articule autour d’une proposition de séquence pédagogique, que l’on peut suivre
entièrement, ou dans laquelle on peut prélever des éléments, en fonction de sa classe.
Voir le tableau de la séquence.
• Cette séquence est complétée par 4 fiches téléchargeables et photocopiables : une fiche
d’activité en classe et trois fiches d’évaluation de la lecture.
• Les corrigés précis des questionnaires de l’ouvrage élève et des fiches photocopiables
sont intégrés dans le guide des séances.
ÉLEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
• Sur la mythologie
Dictionnaire de mythologie grecque et romaine, Pierre Grimal, PUF, 1951.
LE TABLEAU DE LA SEQUENCE
Le travail en classe
Analyser le sommaire
3. Voici le tableau complété.
À l’occasion de ce travail de découverte du livre, on pourra proposer des questions sur les
iconographies des deuxième et troisième de couverture.
Quelle est l’expression du masque ? Pourquoi ?
Réponse attendue : le masque a une expression sérieuse voire triste pour tenir un rôle
tragique.
D’après le détail du vase de Pronomos, essaie de dire pourquoi les acteurs doivent porter
des masques quand ils jouent.
Réponse attendue : d’après le détail du vase de Pronomos, on voit que les acteurs vont porter
des masques quand ils jouent pour que les spectateurs sachent quel est le rôle de chacun.
Le travail en classe
• Ce travail fait l’objet d’une première évaluation (de préférence, au début de la séance 3).
Voir l’évaluation n° 1.
L’auteur
5. Sophocle a vécu au Ve siècle avant J.-C., de 496 à 405.
6. Il excelle au jeu de balle, il chante dans un chœur, il est chef militaire, il crée un comité de
salut public pour défendre la démocratie, il est prêtre d’Amynos.
7. Il introduit un troisième acteur sur scène, alors qu’il n’y en avait que deux auparavant.
8. On peut citer : Ajax, Électre, Œdipe-Roi.
Rédaction personnelle
13. On attend une explication argumentée pour accorder les points.
Le travail en classe
• On utilisera les données fournies par les « Repères » (p. 72 à 75) et on insistera sur le cadre
dans lequel se déroulaient les pièces de théâtre, données au cours de fêtes religieuses, et sur
les sujets qui étaient traités.
• Les élèves apprennent le rôle du prologue, et l’on fera le parallèle avec la scène d’exposition
des pièces de théâtre classique français.
• On veillera à bien mettre en évidence l’importance de ce début dans lequel naît l’atmosphère
tragique.
Corrigé du questionnaire n° 1
As-tu bien lu ?
1. Antigone et Ismène sont sœurs. Leurs frères se nomment Étéocle et Polynice.
2. Elles restent seules parce que leurs parents sont morts.
3. Antigone demande à Ismène de l’aider à enterrer leur frère.
4. Le chœur des vieillards a un double rôle : il raconte les événements passés et il annonce
l’entrée en scène de personnages.
La situation initiale
5. La situation de la ville de Thèbes au début de la pièceest qu’elle a gagné une bataille
puisque : « Elle fuit, la terrible armée ».
6. Si Étéocle a été enseveli et honoré chez les morts, Créon a ordonné de laisser Polynice sans
larmes, sans tombeau et la proie des oiseaux. Quiconque enfreindrait cet ordre sera lapidé
par le peuple de Thèbes.
7. Antigone propose à Ismène d’ensevelir le cadavre de Polynice.
La langue et le style
11. Dans les cinq premières répliques, les noms appartenant au champ lexical de la souffrance
physique et morale et de la mort sont : « les maux » (l. 2 et 15), « sépulture » (l. 20),
« larmes » (l. 25), « tombeau » (l. 21 et 26), « les morts » (l. 23). Ils permettent de créer
l’atmosphère tragique.
12. a. Dans la strophe 1, les vers sont des octosyllabes et les rimes sont tantôt croisées, tantôt
plates et tantôt embrassées.
Les métaphores sont : « œil du jour », « Splendeur d’un matin sans pareil ».
Les adjectifs qualificatifs sont : « flamboyante, éclatant, limpide, rapide, blanc, superbe,
hautain, misérable, innombrables, chevelus ».
b. Le chœur utilise de la poésie lyrique.
Faire le bilan
13. Ce prologue sert de scène d’exposition puisque tu apprends :
‒ que Polynice et Étéocle sont les frères d’Antigone et d’Ismène, qu’ils sont tous deux morts
au combat ;
‒ qu’Antigone veut désobéir à Créon, son oncle, le roi, en ensevelissant son frère Polynice ;
‒ que sa sœur Ismène ne veut pas l’aider dans son projet, qu’Antigone sait qu’elle risque de
mourir.
À toi de jouer
14. On fera remarquer aux élèves que le sujet induit la structure de leur travail :
1. expliquer la situation « impossible »,
2. expliquer les raisons de l’obstination ;
3. montrer les conséquences (que l’on peut assez facilement imaginer désastreuses…) ;
et qu’il est tout à fait nécessaire de respecter cet ordre.
Le travail en classe
Corrigé du questionnaire n° 2
As-tu bien lu ?
1. Créon a réuni le conseil des vieillards pour leur demander de ne pas aider ceux qui
s’opposeraient à ses ordres.
2. Dans le premier épisode, le garde n’était pas attendu. Il vient parce que le sort l’a désigné
pour aller annoncer à Créon que le corps de Polynice a été enseveli malgré son interdiction.
3. Entre le premier et le second épisode, Antigone a été surprise recouvrant de terre le corps
de Polynice. Le garde tient donc un coupable, ce qui prouve qu’il a bien monté la garde !
l’auteur. Il ne serait pas juste que je fusse puni » (l. 204-206, p. 23). Le garde a peur d’être
rendu responsable de ce qu’il vient annoncer et d’être puni.
b. quels soupçons Créon fait peser sur le garde sont : « Mais ceux qui pour un salaire ont
accompli ce crime, en seront bientôt punis » (l. 264-265) et « Et c’est pour de l’argent que tu
as exposé ta vie » (l. 283). Créon soupçonne le garde d’avoir agi par intérêt et d’avoir accepté
de l’argent pour ne pas dénoncer le responsable.
6. Voici le tableau complété.
La découverte Dès que le premier garde du jour nous eut avertis, ce fut pour tous un
prodige funeste.
La suspicion nous allions à la fin en venir aux coups, et personne n’était là pour nous
en empêcher.
La décision Enfin comme nos recherches n’aboutissaient à rien, quelqu’un ouvre un
avis qui de crainte nous fit à tous baisser les yeux à terre.
Le résultat Me voilà donc, contre mon gré et contre le vôtre aussi sans doute.
La langue et le style
11. On peut proposer le tableau suivant. Temps du verbe souligné Valeur du verbe souligné
Des murmures éclatèrent parmi nous Passé simple Action achevée de premier
(l. 225) plan
Nous allions en venir aux coups (l. 226) Imparfait Action inachevée de
second plan
12. La valeur du présent de l’indicatif des verbes soulignés est :
‒ Pour moi, il est juste que désormais je sois libre (l. 359) : présent d’énonciation ;
‒ Les yeux fermés, nous supportons l’orage déchaîné par les dieux (l. 383) : présent de
narration ;
‒ Il est doux d’échapper au malheur ; il est pénible d’y pousser ceux qu’on aime (l. 397) :
présent de vérité générale.
Faire le bilan
13. Le garde vient sur scène une première fois pour annoncer que l’ordre de Créon a été
enfreint sans pouvoir dire par qui, puis une seconde fois pour amener la coupable.
Il permet à Créon de réaliser que ses décisions ne sont pas acceptées par tous et que la
coupable est sa propre nièce qu’il va devoir punir. Le garde sème donc le désordre et la
perturbation.
Le garde est veule et lâche, refuse toute responsabilité, n’est préoccupé que de lui-même et de
sa sauvegarde.
À toi de jouer
14. On veillera à conserver un niveau de langage courant correct, même si l’on peut imaginer
que des soldats ne sont pas tendres entre eux. La malveillance doit surtout apparaître dans le
choix des accusations.
On fera apparaître les accusations que les soldats peuvent porter entre eux pour dégager leur
responsabilité (« C’était ton tour de garde, pas le mien »… « J’ai bien vu que tu n’arrivais pas
à garder les yeux ouverts »… « Tu n’as jamais su monter la garde correctement, tu préfères
rêvasser »…).
Le travail en classe
• On montrera tout ce qui oppose d’emblée ces deux personnages (homme-femme, vieillesse-
jeunesse, roi-sujet…).
Corrigé du questionnaire n° 3
As-tu bien lu ?
1. Antigone prononce dans le second épisode cette phrase pour expliquer son attitude : « Je ne
pensais pas que les décrets eussent assez de force pour que les lois non écrites, mais
immuables, émanées des dieux, dussent céder à un mortel. »
2. Hémon dit à Créon au moment de le quitter : « Pour toi, tu ne me reverras plus jamais sous
tes yeux ». Il sous-entend ainsi qu’il va disparaître, donc se suicider.
3. Créon veut enterrer Antigone vivante.
Créon
4. Les propos de Créon révèlent son caractère profond. Il est essentiellement autoritaire
puisqu’il ne cède à aucun argument, à aucun sentiment. Au contraire, il affirme : « Ces âmes
si opiniâtres s’abattent aisément ». Il est également violent puisqu’il menace ceux qui lui
résistent : « Il pourrait en cuire à ceux qui tardent à l’emmener. »
Mais ses propos révèlent aussi sa lâcheté : « Nous sommes innocents de ce qui lui arrive »,
son orgueil : « elle m’outrageait… elle ajoute un second outrage », sa misogynie : « Une
femme ne fera pas ici la loi. »
5. Créon qualifie son fils deux fois d’esclave d’une femme.
6. Au début du premier épisode, Créon paraît critiquer la tyrannie. Cependant Antigone (au
second épisode) lui dit : « Tous ceux qui m’écoutent approuveraient mes paroles si la crainte
ne paralysait leur langue. Mais un des privilèges de la tyrannie c’est de pouvoir faire et dire ce
qui lui plaît », et Hémon (au troisième épisode) affirme : « Une cité n’est plus une cité quand
elle est la propriété d’un homme seul ! », ce qui montre bien que Créon agit lui-même en
tyran.
Antigone
7. On peut proposer le tableau suivant.
8. Créon à bout d’argument finit par dire à Antigone : « Va donc aux enfers ; puisque tu as
besoin d’aimer, aime ceux qui les habitent. Moi vivant, une femme ne fera pas ici la loi. »
9. Les propositions suivantes sont celles qui correspondent aux reproches qu’Antigone fait à
Ismène : tu as refusé de m’aider ; tu es l’alliée de Créon ; tu n’aimes qu’en paroles ; tu as
choisi de vivre.
10. Dans le quatrième épisode, Antigone regrette que ni la cité ni ses amis ne la pleurent, elle
se sent totalement seule devant la mort : « personne n’est là pour verser une larme amie, un
regret sur mon malheur… je n’ai pas un ami qui me pleure ; Personne ne me pleure, je n’ai
plus d’amis ». Elle regrette aussi de ne pas avoir connu la joie du mariage avec Hémon : « je
n’ai pas connu les joies de l’hyménée ». Enfin elle implore les dieux en aveugle, ne sachant si
elle a tort ou raison : « En quoi donc ai-je blessé la justice des dieux ? À quoi bon dans mon
malheur tourner vers eux mes regards ? lequel appeler à mon secours ? on m’accuse
d’impiété, moi qui fus toujours pieuse. Eh bien, oui, si les Dieux trouvent bon mon supplice,
je porterai, j’y consens, la peine de mon crime. Mais si ce sont mes ennemis qui sont
coupables, puissent-ils ne pas souffrir plus de maux qu’ils ne m’en font injustement
endurer ? »
La langue et le style
11. Dans la réplique de Créon (l. 487-490, p. 35), on peut relever une comparaison : « comme
une vipère » et une métaphore : « deux fléaux prêts à renverser mon trône ».
12. Si Antigone nomme Créon par son nom, jamais Créon ne nomme Antigone. Il l’interpelle
par : « Toi qui inclines ton front vers la terre » (l. 400, p. 33), puis parle d’elle en la désignant
par les mots « femme » ou « jeune fille » souvent précédés du déterminant démonstratif
« cette » qui se charge d’une valeur péjorative.
Faire le bilan
13. Voici le tableau complété.
Créon Antigone
C’est un homme. C’est une femme.
Il est âgé. Elle est jeune.
Il est libre, c’est le roi. Elle est prisonnière.
Il a interdit d’enterrer Polynice. Elle est allée enterrer Polynice.
Il impose des lois humaines. Elle respecte les lois divines.
Il veut qu’on lui obéisse. Elle désobéit.
Le travail en classe
• En analysant les propos du devin, on permettra aux élèves de déterminer la place qui était
réservée aux dieux et à la divination dans la société grecque. L’époque de Périclès est une
période charnière pour la pensée grecque.
Corrigé du questionnaire n° 4
As-tu bien lu ?
1. Tirésias et Créon se sont déjà rencontrés puisque Créon dit au devin : « Je ne me suis
jamais, du moins jusqu’ici, écarté de tes conseils » et « Je puis attester que j’ai éprouvé
l’utilité de tes avis. »
2. Créon se méfie de Tirésias car il l’accuse d’avarice.
3. La phrase qui montre que Créon a enfin changé d’avis est la dernière de l’épisode 5 : « Je
pars. Allez tous, esclaves, présents et absents, prenez des haches et courez vers la colline. Et
moi, puisque j’ai changé de dessein, moi qui avais enchaîné la jeune fille, eh bien ! j’irai et je
la délierai. Je crains bien de reconnaître que le meilleur est de vivre en observant les lois
établies. »
Le rôle de Tirésias
4. Les verbes à la première personne du singulier (l. 844, p. 54 à l. 855) sont : « J’étais assis »,
« J’observe », « J’entends », « Je le reconnus », « J’interrogeai », « J’appris de cet enfant. ».
Ils permettent de suivre les étapes du présage que Tirésias a reçu des dieux. Tirésias est
aveugle. Ce sont les oiseaux qui par leur bruit le préviennent. Puis il fait des sacrifices que lui
décrit l’enfant qui le guide ; il comprend ainsi le message des dieux.
5. Ces éléments des sacrifices qu’observe Tirésias sont de mauvais présage : la flamme n’est
pas brillante ; la graisse des victimes fond et se répand sur la cendre, fume et pétille, le fiel se
disperse dans l’air en vapeurs ; et, ruisselants de la graisse qui les couvrait, les os demeurent à
nu.
6. Tirésias est obligé de lancer des menaces (l. 905 à 923, p. 57) pour que Créon cesse de
l’insulter.
7. Les « terribles menaces » proférées par Tirésias sont les suivantes :
‒ tu donneras un mort en échange des morts ;
‒ les Furies te feront tomber dans de semblables malheurs ;
‒ tous se lamenteront dans ton palais.
La langue et le style
11. Discours indirect (l. 907 à 911, p. 57) : « Tirésias disait que Créon donnerait un mort en
échange des morts, parce qu’il avait précipité une âme vivante aux enfers et l’avait
indignement enfermée dans la tombe, parce qu’enfin il retenait là loin des dieux infernaux, et
c’était un sacrilège, un cadavre privé des derniers honneurs. »
Les transformations effectuées concernent les temps des verbes et leur personne, ainsi que
l’adverbe de lieu ici.
12. Discours direct (l. 229 à 233, p. 24) : « Je déclare que je suis prêt à prendre dans mes
mains des charbons ardents, à passer à travers la flamme, à attester les dieux que je n’ai point
fait la chose, que je ne suis point complice de celui qui l’a méditée et accomplie. »
Les transformations effectuées concernent les temps et personnes des verbes et les accords des
attributs.
Faire le bilan
13. Créon pense que pour faire régner l’ordre dans la cité il faut imposer justice et lois
humaines. Le devin Tirésias est un humain que Créon soupçonne d’avarice, d’être
corrompu par l’argent, pourtant il décrit les présages envoyés par les dieux avec beaucoup
de précisions. C’est le chœur, constitué de vieillards thébains, qui oblige Créon à accepter de
revenir sur sa décision contre Antigone. Cette tragédie était le reflet de la société grecque
du Ve siècle dans laquelle la croyance en l’homme prend le pas sur les croyances divines.
À toi de jouer
14. Il arrive d’accepter les moyens de voyance et d’accès au monde des esprits parce que, face
à l’inconnu de l’avenir, chercher à connaître ce qui peut se produire permet d’écarter ses
angoisses (on peut évoquer aussi dans le monde de l’Antiquité la grande renommée de la
Pythie de Delphes).
C’est aussi se rassurer quand on a perdu un être cher en imaginant qu’on peut le retrouver (on
peut évoquer Victor Hugo qui faisait des expériences de spiritisme pour communiquer avec sa
fille morte noyée).
Mais ceux qui rejettent tables tournantes, boule de cristal ou autre horoscope avancent
l’argument de la raison, du rationnel. Au nom de la science qui cherche à tout démontrer, ils
tournent en dérision toute prédiction, récusent le paranormal. Ils considèrent que le monde
matériel et tangible qui les entoure ne peut cacher un monde inconnu peuplé d’ombres.
Le travail en classe
• On peut aisément relever les éléments dramatiques au fil du texte et déterminer le crescendo
dramatique jusqu’au dénouement.
• On verra comment, dès le prologue, est créée une atmosphère dramatique puis comment les
entrées successives des personnages vont ajouter à l’ambiance de tragédie tout en tenant en
haleine le spectateur qui jusqu’au bout peut attendre un retournement de situation.
Corrigé du questionnaire n° 5
As-tu bien lu ?
1. À la fin de la pièce de Sophocle, Créon, Ismène et Tirésias sont encore vivants.
2. On comprend que la malédiction de Tirésias s’est réalisée au début de l’exode, avec les
premières paroles du messager.
3. Créon, lorsqu’il apprend qu’il est « trop tard », comprend qu’il est responsable de tout. Il
est désespéré et réclame sa propre mort.
Créon Antigone Ismène Hémon Eurydice Tirésias Garde Messager 1 Messager 2 Chœur
Prologue X X
Épisode X X X
1
Épisode X X X X X
2
Épisode X X X
3
Épisode X X X
4
Épisode X X X
5
Exode X X X X X
Le dénouement
6. Dans l’exode le premier messager s’adresse successivement au chœur des vieillards
thébains puis à Eurydice. Il ne répète pas deux fois la même chose. Au chœur il dit l’essentiel,
à Eurydice, il raconte en détail ce qu’a fait son mari.
7. Avant l’arrivée du second messager, Créon dit : « dans ce moment d’erreur, un dieu
courbait ma tête sous sa pesante main ; il m’a poussé dans une voie cruelle, foulant aux pieds
mon bonheur renversé ». Il rend responsable « un dieu » et se dégage de toute responsabilité.
8. L’annonce du second messager accable Créon parce que sa femme l’a traité de meurtrier.
9. Le dernier mot que Créon prononce est « destin », « un intolérable destin », c’est-à-dire une
chose à laquelle il ne pouvait échapper, contre laquelle il ne pouvait lutter. Le destin, c’est ce
qui arrive à l’homme sans que l’homme choisisse sa voie. Dans l’Antiquité, les dieux étaient
responsables du destin heureux ou malheureux des humains.
10. Sophocle n’a pas fait annoncer les deux nouvelles par un seul et même messager pour
amplifier progressivement la situation tragique finale.
La langue et le style
11. Le point d’exclamation est abondamment utilisé par Créon dans toutes ses dernières
paroles, pour montrer son désarroi, son indignation, son agitation.
12. Le lien logique qui unit ces phrases prononcées par Créon (l. 1 131 à 1 133 p. 68) :
« Aucun mortel ne portera à ma place la responsabilité de ces crimes. Car c’est moi qui l’ai
tuée ! » indique la cause.
La réécriture de ce texte donne : « C’est moi qui l’ai tuée si bien qu’aucun mortel ne portera à
ma place la responsabilité de ces crimes. »
Faire le bilan
13. Sophocle parvient à renouveler l’intérêt tragique d’un sujet connu.
a. Créon pourrait éprouver de la compassion, de la pitié vis-à-vis des membres de sa famille ;
il pourrait hésiter à condamner à mort sa nièce et future belle-fille. En réalité, il paraît agir
comme un étranger cruel et froid à leur égard.
b. On pourrait penser qu’Hémon arriverait à faire pression sur son père, à le faire plier,
revenir sur sa décision ; il n’en est rien, au contraire. Hémon exaspère son père qui semble se
raidir dans sa posture de tyran.
c. Le premier messager annonce dans l’exode la mort d’Antigone et celle d’Hémon à
Eurydice, sa mère, qui maudit Créon et le juge responsable de ce drame. Un second messager
annonce à Créon qui vient d’être le témoin de la mort d’Hémon que sa femme Eurydice s’est
aussi suicidée. Créon enfin conscient de sa responsabilité appelle la mort.
À toi de jouer
14. On peut attendre des élèves un récit tel que celui-ci :
Créon entra dans la « chambre d’hyménée » sur les talons de son fils. Hémon tenait déjà dans
ses bras Antigone qui respirait difficilement. Créon se jeta à genoux devant eux les suppliant
de vivre et de lui pardonner son erreur. Il était aveuglé par les dieux. À présent, il avait
l’impression de se réveiller au milieu d’un cauchemar. Il voulait seulement leur bonheur et le
pouvoir lui importait peu.
Les jeunes gens restaient silencieux, incrédules. L’attitude de Créon ne laissait pourtant aucun
doute, il n’y avait pas de piège dans ses paroles. Hémon lui tendit la main pour qu’il se
relevât. Créon regarda Antigone droit dans les yeux et lui promit que Polynice recevrait une
sépulture équivalente à celle d’Étéocle. Antigone esquissa un sourire puis s’appuyant sur son
fiancé sortit de ce lieu qui avait failli devenir son tombeau.
Le travail en classe
• Cette séance est une séance d’évaluation notée. Les élèves auront révisé ce qui a déjà été
étudié à propos d’Antigone de Sophocle. Le tragique et son traitement, sa montée et son
dénouement, sont considérés comme compris.
• Voir l’évaluation n° 2.
Les dieux paraissent totalement indifférent à la souffrance humaine dans ce monde : « À quoi
bon dans mon malheur tourner vers eux mes regards ? lequel appeler à mon secours ? »
Le travail en classe
• On étudiera les différents problèmes soulevés dans les dialogues de la pièce et les positions
prises par les différents personnages.
Corrigé du questionnaire n° 6
As-tu bien lu ?
1. Polynice peut apparaître comme un ennemi de Thèbes parce qu’il a voulu renverser et
livrer aux flammes sa patrie.
2. La loi divine impose de rendre au mort des honneurs funèbres et de l’ensevelir. Créon
impose sa propre loi tout humaine et menace de lapidation quiconque s’approchera du corps
de Polynice.
3. Créon est un roi.
9. Dans le troisième épisode, dans son face à face avec Hémon, Créon poursuit son idée de
vengeance à l’égard de la jeune fille, totalement sourd aux arguments d’Hémon. Pire, il donne
cet ordre à un garde : « Amène cette femme odieuse pour que sous ses yeux, à l’instant, elle
meure en présence de son fiancé. » Et il reste insensible à la protestation de son fils qui lui
dit : « Non, certes, pas devant moi ! ne le crois pas ; non, elle ne mourra pas en ma présence.
Pour toi, tu ne me reverras plus jamais sous tes yeux ; je te laisse donner ta folie en spectacle
à tes complices. »
Créon ne semble humain, capable de sentiments, qu’à la fin de la pièce, dans l’exode, quand il
apprend qu’il est responsable du suicide de sa femme et qu’il a vu son fils se tuer et Antigone
morte.
La langue et le style
10. a. Les verbes à la deuxième personne du singulier de l’impératif présent sont : « Souviens-
toi » ; « viens » (x 3) ; « quitte » ; « franchis ».
b. Les verbes du premier groupe ne prennent pas de -s à la deuxième personne du singulier de
l’impératif présent.
Les formes conjuguées des verbes sont : conduis, loue, guide, secours et chéris.
Faire le bilan
11. a. Le thème principal de cette pièce de théâtre est le problème du respect de l’autorité
humaine.
b. Les autres thèmes également abordés en relation avec le pouvoir sont le rapport entre
religion et état, et la place de la femme dans la société.
À toi de jouer
12. On pourra développer une des idées suivantes, en prenant amour dans un sens large :
‒ par amour on peut se surpasser ;
‒ par amour on peut agir de façon désintéressée (bénévolat) ;
‒ par amour on peut faire jaillir la paix (cf. les Sabines dans l’Histoire romaine)…
Le travail en classe
• Pour le texte d’Anouilh, il sera profitable pour des élèves de 3e de situer ce texte dans son
moment d’écriture et d’évoquer le totalitarisme, la résistance et la collaboration, tout en
gardant le mythe antique en toile de fond.
• On peut prendre le texte de Bauchau comme point de départ d’un travail sur
l’autobiographie et le roman à la première personne.
• Dans tous les cas, on déterminera la pérennité du mythe d’Antigone et les transformations
subies par le mythe antique.
As-tu bien lu ?
1. Les deux textes racontent un moment du mythe d’Antigone : dans le premier, Créon ne
veut pas qu’Antigone meurt et il essaie de la sauver. Dans le deuxième texte, Antigone est
déjà condamnée à mort et crie un non formidable.
2. Les éléments qui se trouvent à la fois dans les documents 1 et 2 et dans le texte de Sophocle
sont : les personnages d’Antigone et de Créon ; Créon est exaspéré par Antigone.
Lire l’image
9. Voici le tableau complété.
10. Ces marionnettes en papier peuvent facilement se déchirer ; elles sont donc éphémères.
Or Antigone est condamnée à mourir. Elle représente une jeune fille fragile.
Ces marionnettes ne ressemblent à personne si bien qu’elles laissent notre esprit libre
d’imaginer. Celle qui paraît la plus repliée sur elle-même est Antigone.
11. On peut dire que la marionnette de gauche a l’air plus décidé et qu’à ce titre elle devrait
figurer Antigone, mais la marionnette de droite semble plus réfléchie, plus pensive et butée et
correspond mieux que l’autre à l’image que l’on se fait d’Antigone.
À toi de jouer
12. On rappellera à l’occasion de cet exercice d’écriture les contraintes propres à l’écriture
d’une lettre :
‒ lieu et date d’écriture en haut à droite ;
‒ plus bas au milieu de la ligne « Chère Antigone », et non « Bonjour ».
On fera ensuite apparaître nettement les trois paragraphes bien définis dans le sujet (avec
retour à la ligne et alinéa pour chacun) :
‒ les raisons de la lettre (sympathie, sentiment de proximité morale…) ;
‒ les sentiments de révolte contre Créon (décision injuste, arbitraire, inhumaine…) ;
‒ les raisons de résister.
On proposera enfin :
‒ une formule de politesse finale (et non « salut » ou « ciao ») ;
‒ une signature.
Séance 11. Mettre le ton, faire des gestes, prendre des postures
Le travail en classe
• Il serait regrettable d’étudier une pièce de théâtre sans jamais « s’essayer » au théâtre.
Le travail en classe
• Cette séance propose aux élèves de s’intéresser aux informations fournies par l’enquête « Le
théâtre au siècle de Périclès » pour établir un lien clair.
Corrigé du questionnaire n° 7
As-tu bien lu ?
1. L’action de la tragédie de Sophocle commence au moment où le nouveau roi, Créon, vient
de célébrer les funérailles d’Étéocle et de proclamer l’interdiction, sous peine de mort, de
célébrer celles de Polynice, considéré comme traître à sa patrie. Le corps de Polynice doit
rester dans la campagne sans sépulture, proie des vautours et autres charognards. Antigone
refuse la décision de Créon, au nom de la piété filiale et des lois divines supérieures aux lois
humaines. Seule, elle va procéder aux rites funéraires. Arrêtée, elle tient tête, elle une femme,
à son oncle le roi. Il fait appliquer la condamnation : Antigone est emmurée vivante.
2. Les éléments de la pièce de Sophocle qui font apparaître le caractère religieux du concours
de théâtre sont l’évocation des lois non écrites et l’évocation de Dionysos.
proédrie, c’est-à-dire de la préséance. Les femmes étaient groupées sur les gradins les plus
élevés.
Chacune des dix tribus avait un emplacement bien établi. Mais les bagarres restaient
nombreuses au moment de l’installation et des « porteurs de baguettes », véritables forces de
l’ordre du théâtre, devaient intervenir fréquemment. Pour des séances qui duraient la journée
entière, tous voulaient être installés au mieux et apportaient même à boire et à manger !
Au moment du choix du vainqueur
À la fin des concours avaient lieu le jugement et la remise des prix. Dix juges avaient été tirés
au sort au début des représentations. Ils votaient à la fin des spectacles mais par un nouveau
tirage au sort on ne conservait que cinq suffrages sur les dix exprimés. On procédait pour ce
tirage au sort comme pour le choix des magistrats, à la seule différence que l’on n’utilisait pas
des fèves blanches et noires mais des cubes blancs et noirs ! De telles précautions évitaient les
tricheries et manœuvres déloyales en tout genre. La foule elle-même par ses cris et ses gestes
essayait d’intimider ou d’influencer les juges, contraignant les « porteurs de baguette » à
calmer les enthousiasmes trop vifs.
6. Pour éviter les tricheries et le favoritisme, les manœuvres déloyales, pour que les chances
soient réparties selon une décision aléatoire donc divine pour les Grecs de l’Antiquité, on
procédait par tirage au sort : chaque chorège, appelé après tirage au sort, pouvait choisir son
poète. Puis, par tirage au sort de nouveau, on attribuait un protagoniste à chaque poète.
On procédait également à plusieurs tirages au sort au moment du choix du vainqueur : les
juges étaient tirés au sort, puis on tirait au sort parmi leur vote.
La vie de la cité
7. Tous les citoyens se réunissaient en assemblée, l’Ecclésia, trois fois par mois, pour voter
les lois. Les décisions de ces assemblées étaient souveraines. Parmi ces citoyens, des
magistrats étaient élus ou tirés au sort. On peut citer : les archontes, au nombre de neuf, tirés
au sort parmi les candidats élus (dix par tribu), qui organisaient les fêtes religieuses,
codifiaient les lois, présidaient les tribunaux. Les stratèges, élus au nombre de dix, qui
commandaient les armées, la flotte, négociaient les traités et fixaient en temps de guerre le
montant de l’impôt. Les prytanes, au nombre de cinq cents citoyens tirés au sort chaque
année, qui préparaient les projets de loi soumis à l’Ecclésia.
8. Les auteurs tragiques athéniens du Ve siècle ont mis en avant : la nécessaire défense de
l’ordre civique et l’importance de l’humain et de ses sentiments.
9. L’utilisation des mythes permettait de dénoncer des comportements humains dont la
responsabilité avait été rejetée sur le destin, donc sur la volonté divine.
Le mythe de Médée permet de dénoncer la monstruosité de l’humain incapable d’aller à
l’encontre de son destin.
Le mythe d’Antigone permet de dénoncer l’aveuglement de l’homme tyrannique et de
montrer le triomphe de la volonté humaine.
Le mythe d’Œdipe permet de dénoncer un comportement existant dans chaque humain
comme la psychanalyse le montre.
Faire le bilan
10. Pour les Athéniens, voir représenter au théâtre le mythe d’Antigone devait les amener à
réfléchir sur l’importance des lois et les limites du pouvoir. Le destin ne pouvait plus être
considéré comme seul responsable des situations tragiques.
11. Pour nous, au XXIe siècle, Antigone reste l’image d’une jeune fille résistante face à un
adulte rigide.
Le travail en classe
4. La pièce est jouée à l’occasion des fêtes données en l’honneur de Dionysos. Ce dieu est
donc honoré par certains chants du chœur.
En outre le sujet de la pièce a en partie un sujet religieux avec la volonté d’Antigone de
donner une sépulture à Polynice et le refus de cette soumission aux lois divines par Créon.
Les dieux sont encore présents dans la personne de Tirésias et ses présages qui sont des signes
de la volonté divine.
5. Il existe un conflit entre pouvoir politique humain (qui veut privilégier un culte public) et
pouvoir divin et absolu, plus traditionnel (où le culte des morts de la famille a sa place).
6. Voici l’explication des mots proposés.
• Exode : dernière partie de la pièce correspondant à l’acte de dénouement.
• Stasimon : chant du chœur à la fin des épisodes.
• Libation : offrande à une divinité d’un liquide que l’on versait sur le sol ou sur un autel.
• Hadès : dieu du royaume des morts.