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Analyse d’une image :

À l’été 1953, un jeune homme de 24 ans, fils de bonne famille, quitte Genève à bord se sa Fiat
Topolino. Nicolas Bouvier a déjà effectué de courts voyages ou des séjours plus longs. Cette fois,
il vise plus loin : la Turquie, l’Iran, Kaboul puis la frontière avec l’Inde. Il est accompagné de son
ami, Thierry Vernet, qui documentera l’expédition en dessins et croquis.
En 1953 à « Batchka » une petite région en Serbie, Thierry Vernet, peintre et compagnon de
voyage de Nicolas Bouvier, a réalisé un dessin au fusain appelé : « Les Tzyganes » dont la
légende cite : "in, Une odeur de melon, Batchka…". L’image illustre un passage du 1er chapitre
de l’œuvre « L’Usage du Monde » qui raconte le voyage et les aventures des deux amis.
Ce dessin en noir et blanc de taille moyenne en plan pied, représente quatre hommes assis
autour d'une table sur des tabourets dans une ambiance frugale mais aussi joyeuse. Deux
instrumentistes, un guitariste et un violoniste assis à droite, accompagnent les chanteurs assis à
gauche. Les vêtements de ces paysans sont sales et rapiécés, leurs visages sont sales et couverts
de tâches noires et leurs pieds sont nus sous la table. Ils chantent ensemble et l'un d'entre eux
applaudit après la performance. Sur la table, on voit une bouteille et des verres, signe qu'ils ont
dû boire quelque chose. Ce dessin ne prend pas toute la page, en effet, il ne prend que la
moitié. Le style de dessin de Vernet est très original, il ne colorie pas ses dessins, il se contente
de tracer des petits traits pour marquer les ombres. En bas à gauche, on voit la signature
« Thierry Vernet ».
Thierry Vernet est un peintre et illustrateur genevois établi à Paris, compagnon de route de
Nicolas Bouvier, il vient d’une famille riche et instruite. Etre nomade était une occupation rare à
l’époque, réservée à quelques malheureux, et pas très bien considérée en 1953. Les deux amis
s’étaient installés dans ce pays froid et silencieux, affaiblit par les différents conflits et guerre
froide dans lequel la musique et la nourriture étaient les seules sources de joie. A travers ce
dessin, Thierry Vernet nous offre un aperçu de son point de vue sur les Tzyganes. Il les voit
comme un peuple qui aime chanter du folklore serbe. Leur vie est simple et humble, mais ils
savent apprécier les petits plaisirs de la vie, tels que la musique et la boisson. Ce dessin
représente un instant de convivialité et de partage entre ces paysans. Cela montre que chaque
tableau de Thierry Vernet est une sorte de révélation dont les paroles se traduiraient en termes
picturaux.
Ecriture et photographie sont deux modes d’expression qui se complètent et qui jouent à
merveille la fontion de véhiculer les soucis de l’ecrivain suisse envers l’humanité, tout en étant
de véritables témoins d’une philosophie de vie qui embrasse et se nourrit de la rencontre entre
cultures. Les dessins de Vernet ne se limitent pas à une illustration, leur présence établit une
sorte de « dialogue » entre l’image et le texte. Ce texte et cette image témoignent tout deux de
beaux moments de rencontre avec l’autre, moments où se donne un véritable partage
d’identités et de cultures, individuelles comme collectives.
Pour conclure, l’Usage du Monde est un regard neuf, sans complaisance, humaniste dans son
essence, drôle tout comme féroce dans sa forme donnant donc à l’œuvre une originalité et une
saveur jamais démenties.

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