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Henry Bauchau

Biographie

Henry Bauchau provient du milieu de la bourgeoisie catholique francophone de Flandre. Sa petite


enfance est marquée par l'invasion allemande et l'incendie de sa maison maternelle à Louvain3. Le
romancier évoquera ce drame dans L'Incendie Sainpierre. Il suit des études de droit à la Faculté
universitaire Saint-Louis (devenue Université Saint-Louis - Bruxelles) puis à l'université de Louvain3. Il
fait la connaissance du journaliste Raymond De Becker en 19314.

Avant d'être mobilisé en 1939, il exerce des activités dans le journalisme et milite dans des mouvements
de jeunesse chrétiens. Pendant la guerre, de juillet 1940 à juin 1943, il sera responsable du Service des
volontaires du travail pour la Wallonie (SVTW), avant de rejoindre un mouvement de Résistance armée;
blessé dans un maquis des Ardennes, il termine la guerre à Londres. Son action dans le cadre du SVTW
lui vaudra d'être soupçonné après la Libération, mais il est officiellement acquitté par le tribunal
militaire5. Blessé néanmoins par cette incrimination, il s'éloignera de son pays et vivra en Suisse et en
France. À Paris, il travaille dans la distribution de livres, principalement pour l'éditeur franco-algérien
Edmond Charlot. Il fréquente Camus et bien d'autres intellectuels, et se lie d'amitié avec Jean Amrouche,
ce qui l'amènera à soutenir la cause algérienne, ultérieurement, à partir de la Suisse6.

De 1947 à 1951, Bauchau entreprend une psychanalyse auprès de Blanche Reverchon, l'épouse du
poète Pierre Jean Jouve7. Cette analyse marquera profondément sa pensée. Profondément lié à
Blanche, par une relation à la fois d'affection, d'estime et de transfert (analytique), il le sera d'une façon
plus tumultueuse mais néanmoins presque aussi continue avec Pierre Jean Jouve (dont il admirera
toutefois toujours l'œuvre), dont témoignent ses Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et
Pierre Jean Jouve parus en 2012.

C’est en 1958 qu’il publie son premier recueil de poèmes, Géologie, qui obtient le prix Max-Jacob. En
1960, Ariane Mnouchkine monte sa pièce Gengis Khan aux Arènes de Lutèce. Jean-Claude Drouot
reprendra l’œuvre en 1988 et qui sera reprise au festival d'Avignon en 20058.

Dans son second recueil L’Escalier bleu, publié en 1964, les poèmes y sont autant de regard sur
l’enfance, où le doute et la peur demeurent encore bien présents9.
Entre-temps, Henry Bauchau voyage. Sa vie se partage entre la France, la Suisse et la Belgique ; entre
l’enseignement, la psychanalyse (à Paris, avec Conrad Stein) et l’écriture ; entre succès et difficultés
financières. L’Essai sur la vie de Mao Zedong lui demande huit ans de travail et est publié en 1982. En
1985, il reçoit le Prix quinquennal de littérature pour l’ensemble de sa carrière10.

Enfin, il commence son cycle mythologique et donne successivement Œdipe sur la route (1990), Diotime
et les lions (1991) et Antigone (1997). Parallèlement, la publication de son Journal (1989-1997) éclaire la
création, permet de comprendre l'importance que représentent pour l'écrivain la poésie, les rêves,
l'inconscient et l'écriture.

Œdipe sur la route est une relecture du mythe œdipien qui évoque un parcours initiatique au terme
duquel le héros se fond littéralement dans l'art. Ici, Œdipe partage avec Orphée la même capacité, celle
de ranimer « les trésors perdus de la mémoire » grâce au chant, à la peinture et à l'écriture. Au lieu de
se disperser, le roi aveugle retourne à l'unité. Après avoir surmonté ses peurs, il est « encore, est
toujours sur la route », dira Antigone à la fin. La route de la connaissance de soi, libérée de la culpabilité
et du remords. Antigone, qui l'a accompagné jusqu'au bout, symbolise cette route de la réalisation de
soi. Gardienne du principe de vie, elle n'est pas de celles qui se retournent pour voir, par curiosité. De
même, quand elle revient à Thèbes pour tenter d'apaiser la rivalité entre ses deux frères, c'est aussi
pour dire « oui » à la vie, au futur, à la beauté et pour refuser, dans sa robe déchirée, toutes les
manifestations de pouvoir, toutes les guerres. Elle est la part féminine, celle du poétique, de l'amour
sans justification, de la patience.

Bauchau mêle l'enthousiasme mystique et la connaissance de l'Antiquité à la psychanalyse, aux


philosophies asiatiques et à la foi chrétienne11. Après la crise qu'il a connue au sortir de la Seconde
Guerre mondiale, il dira néanmoins se tenir "sur le seuil", dans une position agnostique, et non plus dans
l'Église où il s'était engagé dans l'action sociale avant la Guerre. L'art et surtout l'écriture, et avec eux
une forme permanente d'interrogation, vont alors remplacer les certitudes et l'engagement marqué
d'autrefois.

En 2010, il publie "Déluge", qui reçoit à nouveau un succès de librairie12.

Membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, il vit à Paris de 1975 à
sa mort en 2012[réf. nécessaire].

Prix et reconnaissances

2002 : lauréat du Prix international Union Latine de littératures romanes


2005 : Grand Prix de littérature de la Société des gens de lettres

L'écrivain se voit attribuer, en 2008, le Prix du livre Inter pour son roman Le Boulevard périphérique,
qu’il publie à l’âge de 95 ans3.

La vie de Henry Bauchau, issu de familles aisées liées au droit, à la sidérurgie, aux industries
brassicoles13,14 et à la vie politique inscrit en elle la complexité de l'histoire de Belgique[réf.
nécessaire].

Citation

Répondant aux questions d'adolescents, Bauchau définit ainsi son art :

« L'inspiration est toujours délirante, dionysiaque pour reprendre l'expression de Nietzsche. Elle a
besoin de la conscience ordonnée, musicale, apollinienne. C'est un équilibre. Quand Alexandre le Grand
brûle le palais de Persépolis, il fait basculer la Grèce sous la suprématie de Dionysos. Elle ne s'en est
jamais relevée. »

Famille

Henry Bauchau est le père de l'acteur Patrick Bauchau, du géologue Christian Bauchau, et l'oncle des
écrivains Bernard Tirtiaux et François Emmanuel[réf. nécessaire].

Œuvres

Romans

La Déchirure (Gallimard, 1966 ; Labor, 1986 ; Actes Sud, 2003)

Le Régiment noir (Gallimard, 1972 ; Les Éperonniers, 1987) – Prix d'honneur 1972 (Paris) ; prix Franz-
Hellens (Bruxelles) et prix triennal du roman

Œdipe sur la route15 (Actes Sud, 1990 ; Babel no 54) – Prix triennal du roman

Diotime et les Lions16(Actes Sud, 1991 ; Babel no 279)

Antigone (Actes Sud, 1997 ; Babel no 362) – prix Victor Rossel

L'Enfant bleu (Actes Sud, 2004)

Le Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008) – prix du Livre Inter 2008

Déluge (Actes Sud, 2010)

L'Enfant rieur. Arles : Actes Sud, 2011, 326 p. ; Rééd. coll. Babel no 1084), 2014, 326 p.

Temps du rêve (Actes Sud, 2012)


L'Enfant rieur, vol.2 : Chemin sous la neige : récit. Arles : Actes Sud, 2013, 223 p. - (ISBN 978-2-330-
01412-4).

Journaux

Jour après jour : journal 1983-1989. Bruxelles : Les Eperonniers, coll. maintenant ou jamais, 1992, 317 p.

Journal d'Antigone (1989-1997). Arles : Actes Sud, 1999, 524 p.

Passage de la Bonne-Graine 1997-2001 (Actes Sud, 2002)

La Grande Muraille : Journal de La Déchirure 1960-1965 (Actes Sud, coll. Babel, 2005)

Le Présent d'incertitude 2002-2005 (Actes Sud, 2007)

Les Années difficiles. Journal 1972-1983 (Actes Sud, 2009)

Dialogue avec les montagnes - Journal du Régiment noir 1968-1971 (Actes Sud, 2011)

Pierre et Blanche. Souvenirs et documents sur Blanche Reverchon et Pierre Jean Jouve, textes
rassemblés et présentés par Anouck Cape (Actes Sud, 2012)

Dernier journal (2006-2012) (Actes Sud, 2015)

Conversation avec le torrent (1954-1959) (Actes Sud, 2018)

Entretiens

Un arbre de mots, entretien avec Indira De Bie17, 2008, 64 p.

Poésie

Géologie (Gallimard, 1958 ; Prix Max-Jacob)

L'Escalier bleu (Gallimard, 1964)

La Pierre sans chagrin (L'Aire, 1966)

La Dogana (Castella, 1967), photographies de Henriette Grindat

Célébration (L'Aire, 1972)

La Chine intérieure (Seghers, 1975 ; Actes Sud, coll. Le souffle de l'esprit, 2003)

La Sourde Oreille ou le Rêve de Freud (L'Aire, 1981)

Poésie 1950-1986 (Actes Sud, 1986). Prix quinquennal de Littérature 1985 (Belgique) ; prix Foulon de
Vaulx de la Société des gens de lettres de France 1987

Heureux les déliants, poèmes 1950-1995. Préface d’Alain Badiou. Lecture de G. Henrot. Bruxelles : Labor
; RTBF, coll. Espace Nord, no 106, 1995, 382 p., bibl18. (Labor, Espace Nord, 1995)

Exercice du matin. Arles : Actes Sud, coll. Le Souffle de l’esprit, 1999, 43 p.

Nous ne sommes pas séparés (Actes Sud, 2006)


Poésie complète (Actes Sud, 2009)

Tentatives de louange (Actes Sud, 2011)

Éditions de bibliophilie

Fenêtre de présence, avec une gravure au carborundum de Jacqueline Ricard tirée en leporello, éditions
La Cour Pavée19, Paris, 2008

Nouvelles

L'Enfant de Salamine, dans La Revue générale, mars 1991, p. 81-92 ; repris ensuite dans Les Vallées du
bonheur profond

Les Vallées du bonheur profond : récits. Arles : Actes Sud, coll. Babel no 384, 1999, 84 p.

En noir et blanc, illustrations de Lionel D., Paris, les éditions du Chemin de fer, 2005, rééd. 2007

Essais

Essai sur la vie de Mao Zedong, avec la participation de Laure Bauchau. Paris: Flammarion, 1982, 1048 p.

L'Écriture et la circonstance. Louvain-la-Neuve : Publications de la Faculté de Philosophie et Lettres de


l’Université catholique de Louvain, coll. Chaire de poétique, no 2, 1988, 82 p.

L'Écriture à l'écoute (Actes Sud, 2000)

Théâtre

Gengis Khan (Henry-Louis Mermod, 1960 ; Actes Sud-Papiers, 1989)

La Machination ou La Reine en amont (L'Aire, 1969)

Prométhée enchaîné d'Eschyle, adaptation théâtrale. Bruxelles : Cahiers du Rideau no 23, 1998, 60 p.

Théâtre complet (Actes Sud-Papiers)

Livret

La Lumière Antigone : Poème pour le livret de l'opéra de Pierre Bartholomée (Actes Sud, coll. Le souffle
de l'esprit, 2009)

Œdipe sur la route : Opéra en quatre actes, à Pierre Bartholomée et Philippe Sireuil, commande du
Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles (Actes Sud, 2003)

Traductions de ses ouvrages

(es) El desgarro (Servicio de Publicaciones de la Universidad de Las Palmas de Gran Canaria, 2002 ; trad.
de Rosario García López)

(it) Il reggimento nero. Taduzione d'Angela Vitale. Firenze : Giunti, 1997, 368 p. - (ISBN 880920798X)

Oedipus unterwegs. Übersetzt von Anne Neuschäfer. Bielefeld : Cornelia Hanx, 1995, 348 p.
Edip pe drum. Trad., préf. et repères bio-bibliographiques par Rodica Lascu-Pop. Bucuresti : Editura
Libra, coll. Universalia, 1997, 277 p.

Voir la liste des traductions sur le site du Fonds Henry Bauchau de l'Université catholique de Louvain
[archive].

Correspondance

Approches : Henry Bauchau - Inédits, correspondances, hommages, Paris (no 152), décembre 2012, 342
p. (lire en ligne [archive])

Études critiques sur l’œuvre

Fratta Anna Soncini (dir.), Henry Bauchau, Un écrivain, une œuvre. Terzi Seminario Internazionale. Noci
8-10 novembre 1991. Bologna : Éditrice CLUEB, 1993, coll. Beloeil / Bussola no 13, 1993, 384 p., bibl.

Adriano Marchetti, « Peut-être que l’écriture va devenir plus humaine que la parole »: entretien avec
Henry Bauchau, dans Francofonia, 25, Autunno 1993.

Adriano Marchetti, « Ancora e sempre sulla strada. Conversazione con Henry Bauchau », in Henry
Bauchau, Diotima e i leoni, Giunti, Firenze 1993, pagine 61-79.

Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau (Un livre une œuvre), Bruxelles : Labor, 1994

Adriano Marchetti, « Les rêves dans Œdipe sur la route d’Henry Bauchau », dans Recherches & Travaux,
47, 1995.

Adriano Marchetti, «Œdipe sur la route d’Henri Bauchau. Le langage poétique et sa provenance, dans
Les nouveaux courants poétiques en France et en Grèce 1970-1990, Publications de l’Université de Pau,
Pau 1995.

Adriano Marchetti, « La traduction comme exode. Note en marge de la traduction d’Ordipe sur la route ,
Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.

Adriano Marchetti, « Deux lettres à Henry Bauchau, (traduction de l’italien de Danièle Rousselier),
Cahiers Henry Bauchau, 2, 1998.

Myriam Watthee-Delmotte, Parcours d'Henry Bauchau, Paris : L'Harmattan, 2001

Myriam Watthee-Delmotte, Bauchau avant Bauchau, En amont de l'œuvre littéraire, Louvain-la-Neuve :


Bruylant-Académia, 2002

Adriano Marchetti(dir), Henry Bauchau . Voix et création de l’écriture, dans Francofonia, 42, Primavera
2002.

Marc Quaghebeur et Anne Neuschäfer (dir.), Les Constellations impérieuses d'Henry Bauchau, actes du
colloque de Cerisy-la-Salle en juillet 2001, Bruxelles : AML/LAbor, Archives du futur, 2003

Adriano Marchetti, « Le Labyrinthe. Mythe de l’écriture/écriture du mythe, dans Les constellations


impérieuses d’Henry Bauchau, Éditions Labor, Bruxelles 2003.

Geneviève Henrot, Henry Bauchau poète. Le Vertige du Seuil, Genève : Droz, 2003
Olivier Ammour-Mayeur, Les Imaginaires métisses. Passages d'Extrême-Orient et d'Occident chez Henry
Bauchau et Marguerite Duras, Paris : L'Harmattan, 2004

Henry Bauchau, une poétique de l’espérance. Actes du colloque international de Metz (6-8 novembre
2002). Édité par Pierre Halen, Monique Michel, Raymond Michel. Bern, Berlin, Bruxelles, Frankfurt am
Main, New York, Oxford, Wien : Peter Lang, coll. Recherches en littérature et spiritualité, vol. 7, 2004,
251 p. — (ISBN 3-03910-465-9).

Régis Lefort, L'Originel dans l'œuvre d'Henry Bauchau, Paris : Honoré Champion, 2007

Olivier Ammour-Mayeur, Henry Bauchau, une écriture en résistance, Paris : L'Harmattan, 2007

« Un don de présence », interview réalisée par Jérôme Goude et publiée dans Le Matricule des anges,
janvier 2008

Emilia Surmonte, Antigone, La Sphinx d'Henry Bauchau : Les enjeux d'une création, Bruxelles [e.a.] :
Peter Lang, 2011)20

Myriam Watthee-Delmotte, Henry Bauchau : Sous l'éclat de la Sibylle, Arles : Actes Sud, 2013

Michele Mastroianni, La Déchirure di Henry Bauchau. Una rappresentazione della madre: allegoria
dell'incontro e dell'elaborazione poetica, Alessandria, Edizioni dell'Orso, 2013

Jérémy Lambert, Henry Bauchau, une poésie de l'existence, Amay - Bruxelles : L’Arbre à paroles - Midis
de la Poésie, 2015

Dossier critique : La Déchirure, Le Régiment noir et l'Enfant rieur d'Henry Bauchau. Études réunies par
Laurent Déom et Jérémy Lambert. [N° sp. de] Roman 20-50, (Lille : Presses universitaires du
Septentrion), 2016, no 2 (no 62), 192 p. - (ISBN 9782908481891).

Approches : Henry Bauchau - Inédits, correspondances, hommages, Paris (no 152), décembre 2012, 342
p. (lire en ligne [archive])

Expositions

2012 : Henry Bauchau. L’épreuve du temps, Musée royal de Mariemont21

2012 : Lionel. L'enfant bleu d'Henry Bauchau, art)&(marges musée, Bruxelles22

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