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Correspondance (1931-1965)
Edgard Varèse et André Jolivet
Christine Jolivet-Erlih (éd.)
DOI : 10.4000/books.contrechamps.2320
Éditeur : Éditions Contrechamps
Lieu d’édition : Genève
Année d’édition : 2002
Date de mise en ligne : 16 mai 2017
Collection : Écrits, entretiens ou correspondances
EAN électronique : 978-2-940599-27-1
https://books.openedition.org
Édition imprimée
EAN (Édition imprimée) : 978-2-940068-20-3
Nombre de pages : 232
Référence électronique
VARÈSE, Edgard ; JOLIVET, André. Correspondance (1931-1965). Nouvelle édition [en ligne]. Genève :
Éditions Contrechamps, 2002 (généré le 15 février 2024). Disponible sur Internet : <https://
books.openedition.org/contrechamps/2320>. ISBN : 978-2-940599-27-1. DOI : https://doi.org/10.4000/
books.contrechamps.2320.
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1
RÉSUMÉS
Né en 1883 à Paris, mort en 1965 à New York, Varèse a traversé son siècle comme un marginal et
un solitaire, selon le mot de Pierre Boulez. Son œuvre, coupée de ses racines (ses pièces de
jeunesse ont toutes disparu), se dresse comme un bloc erratique, loin d'une époque marquée par
le néo-classicisme : elle est novatrice et radicale. Le compositeur a rêvé d'une musique autre : son
catalogue, bref et intense, n'en est que la partie audible. Varèse fut par ailleurs très actif à
l'intérieur de la société américaine, où il s'engagea pour la musique contemporaine.
Sa correspondance avec André Jolivet, qui fut l'un de ses rares élèves et son ami, constitue un
document inestimable pour approcher son univers intellectuel et sensible ; on saisit, dans ses
propos souvent abrupts, la force de caractère d'un homme dont l'œuvre, en ouvrant des voies
nouvelles, a aimanté l'avenir. L'édition de ces lettres, qui couvre la période 1931- 1965, a été
établie par Christine Jolivet-Erlih ; elle est complétée par toute une série de documents qui en
éclairent la portée
2
NOTE DE L’ÉDITEUR
Cet ouvrage a été publié avec le soutien de la SACEM.
3
SOMMAIRE
Avant-propos
Philippe Albèra
Introduction
Christine Jolivet-Erlih
Correspondance
Edgard Varèse et André Jolivet
Annexes
Des sirènes de bateaux, des rugissements de lions : tout est musique pour Varèse
Le célèbre compositeur moderne qui donnera une conférence dimanche utilise tous les sons, et de nouveaux moyens
dans ses symphonies
Bach et Beethoven
L’utilisation de nouveaux instruments
Maître de son expression
La nouvelle musique est-elle incomprise ?
Un public plus que magnifique
Le monde n’a encore rien entendu en musique ; l’idée de Varèse comparée à ses possibilités
Edgar Varèse
André Jolivet
Index
Cahier d’illustrations
4
Avant-propos
Philippe Albèra
déflagration sonore d’Amériques. Les œuvres envisagées, les projets inaboutis, les sons
qu’il rêvait de tirer d’hypothétiques machines représentent par ailleurs un monde
sonore imaginaire à tout jamais virtuel. Plusieurs générations de compositeurs après lui
ont tenté d’en cerner les contours et de le faire advenir à la réalité.
4 Il existe bien des zones floues dans la biographie de Varèse, jusqu’à sa date exacte de
naissance. Il faut dire que son héritage a été en partie occulté et déformé, victime de
captations douteuses. Combien de documents ont été soustraits à la connaissance
posthume, par négligence ou par un intérêt malsain ? L’édition des Écrits ne constitue
pas elle-même un document fiable : c’est un montage dans lequel les textes sont
tronqués, et les propos authentiques de Varèse mêlés à ceux qu’on lui a prêtés. Faut-il
s’étonner que le premier volume des mémoires de sa compagne, Louise Varèse,
traductrice des grands auteurs français de la modernité, n’ait jamais été traduit en
français ? Où donc se trouve le manuscrit du second volume, dont on sait qu’il fut
rédigé, mais qui a disparu ?
5 Dans un tel contexte, la correspondance avec celui qui fut l’un de ses seuls élèves, et qui
devint très vite son ami, André Jolivet, constitue un document inestimable : cet échange
qui couvre la période 1931-1965 est un document authentique, le premier, s’agissant de
Varèse, publié en français. Il révèle l’homme tel qu’il fut, nous plaçant directement face
à ses idées dans la forme souvent abrupte qu’adoptait le compositeur pour s’exprimer.
Cette correspondance est malheureusement tronquée puisque la plupart des lettres de
Jolivet n’ont pas été retrouvées.
6 Nous devons au travail opiniâtre et consciencieux de sa fille, Christine Jolivet-Erlih, la
connaissance de ces lettres. Elle a travaillé directement à partir des manuscrits qui
appartiennent au fonds Jolivet dont elle a la responsabilité. Elle s’est chargée du travail
souvent difficile de retranscription des lettres, de l’établissement d’un riche appareil de
notes, d’une introduction situant le contexte de la correspondance, et de la publication
de quelques textes inédits qui l’éclairent.
7 Qu’il nous soit permis de remercier ici Madame Marylin Vespier, Monsieur Chou Wen-
Chung, la médiathèque musicale mahler et Christine Jolivet-Erlih, pour les
autorisations de publier qu’ils nous ont données.
8 Nous remercions également la SACEM pour son soutien, ainsi que Dieter Nanz pour sa
précieuse collaboration.
6
Introduction
Christine Jolivet-Erlih
1 L’intégralité des lettres qu’André Jolivet1 a reçues d’Edgard Varèse 2 est publiée ici pour
la première fois, même si certains extraits ont pu être cités ici ou là 3.
2 Toutefois, quelques lettres de Jolivet à Varèse ont pu être ajoutées à cet ensemble. Ce
sont celles qui se trouvent parmi les documents laissés par Louise Varèse 4. Pourtant,
selon les indications consignées dans ses agendas personnels et les dates de réponse
inscrites sur les lettres de Varèse, Jolivet a bien plus souvent écrit à Varèse qu’il ne le
paraît ici. Cette publication se réfère aussi à des notes manuscrites, des textes, des
programmes de concerts, des extraits de presse, bref, à toutes les sources susceptibles
d’expliciter certains aspects de cette correspondance.
3 Le réel échange entre les deux compositeurs n’ayant pu être rétabli, cette lecture
permet essentiellement la rencontre avec l’homme Varèse. Dans ses lettres, il aborde
des problèmes de tous ordres. Il n’en est jamais à une contradiction, à une ambiguïté ou
à un paradoxe près. Il livre ses points de vue, ses commentaires, presque sans aucune
retenue... Le jugement est émis ; le couperet tombe. La tête de turc du moment n’est pas
épargnée, mais il arrive à cet homme des contraires de la réhabiliter. Varèse apparaît
dans toute sa complexité, avec toute sa hargne5, mais il n’est pourtant jamais avare ni
de marques de sympathie ni de manifestations d’amitié.
4 Seules ses convictions musicales, comme sa foi dans les notions de « libération du son »
et de « son organisé » ou « d’une musique nouvelle faite avec des instruments
nouveaux »6 restent inébranlables. Exprimant aussi ses souffrances autant physiques
que morales, faisant part de ses réactions les plus spontanées comme les plus mûries, il
laisse peu à peu s’élaborer l’image d’une personnalité multiple.
5 La première lettre publiée, signée Varèse, est datée de 1931 ; la dernière, signée Jolivet,
l’est de 1965. A l’intérieur de cette période, la majeure partie des lettres de Varèse se
situe entre 1933 et 1937. Courant 1938 et 1939, les agendas de Jolivet contiennent
quelques mentions « Éc[rit] Varèse » (pendant cette période Varèse vit dans l’Ouest
américain et n’écrit pas à Jolivet), puis rien jusqu’à fin 1944 quand Varèse répond à une
lettre de Jolivet écrite le 26 septembre7, peu de temps après la Libération de Paris. Les
7
contacts sont rétablis, les échanges épistolaires reprennent et les deux hommes se
reverront jusqu’en 1965.
6 Quand débute cette correspondance, Varèse habite à nouveau à Paris depuis octobre
1928. Il a quitté l’Europe en 1915 pour les États-Unis8 et est revenu y séjourner à
plusieurs reprises. (En 1922 il est à Berlin, pour revoir son maître Ferruccio Busoni qu’il
savait malade ; de mai à septembre 1924, il est à Paris – pour la première fois depuis
1915 – avec deux escapades à Londres pour y entendre son œuvre Hyperprism 9 lors d’un
concert à la B.B.C. ; d’août à décembre 1925, il est à nouveau à Paris, pour livrer ses
problèmes de santé au Docteur Flandrin, qui a toute sa confiance car il l’aide à sortir de
ses crises de « mal-être » ; enfin, l’été 1927, il fait un séjour de repos sur la côte d’Azur
avec sa femme Louise10, à Antibes précisément). Fin 1928, il revient à Paris pour un plus
long séjour. La première rencontre avec Jolivet a lieu quelques mois après son arrivée,
en mai 1929.
7 Depuis 1927, Jolivet prend des cours particuliers d’écriture musicale avec Paul Le
Flem11. Il lui a été recommandé quelques années avant, par son ami Georges Valmier 12,
peintre et chanteur – qui connaissait Le Flem à ce titre.
8 Après une tentative d’entrée dans la marine, Le Flem mène parallèlement des études de
philosophie en Sorbonne et de musique au Conservatoire de Paris avec Charles-Marie
Widor et Albert Lavignac. À la suite d’un séjour de dix-huit mois en Russie comme
précepteur dans la famille des célèbres parfumeurs Brocard, il reprend, en 1903, des
études musicales à la Schola cantorum. Il y fait la connaissance de Varèse et, ensemble,
ils suivent les cours de Vincent d’Indy, Charles Bordes et Albert Roussel.
9 Outre une profonde amitié, Le Flem et Varèse garderont de leur formation à la Schola le
même goût des grands maîtres du Moyen Âge et des polyphonistes de la Renaissance,
qu’ils feront jouer et chanter13. Le Flem dirige longtemps les « Chanteurs de St
Gervais »14 créés par Charles Bordes. En 1924-1925, il est aussi chef de chœur à l’Opéra-
comique. Varèse crée d’abord à Paris, pendant sa deuxième année d’études au
Conservatoire, la « Chorale populaire du Faubourg Saint-Antoine » 15, puis à Berlin le
« Symphonischer Chor » (de 1909 à 1911)16 et plus tard le « Greater New York
Chorus »17. Le rapprochement des programmes des concerts élaborés par les deux amis
montre de grandes similarités18.
10 Le Flem, toute sa vie, a eu plusieurs activités. Dès 1921, il devient critique musical 19. À
partir de 1923, il enseigne le contrepoint à la Schola. Il participe, en 1935, à la fondation
de La Spirale 20, puis préside La Société nationale de musique 21. Le Flem compositeur ?
Jolivet l’a évoqué lorsque Le Flem reçut en 1951 le Grand Prix musical de la Ville de
Paris22 : « Avoir décerné ce prix [...], c’est avoir rendu justice à l’un de nos plus
authentiques musiciens vivants ». Et, citant Arthur Honegger : « Paul Le Flem était, à la
veille de 1914, un des premiers “musiciens de demain” et, volontairement, il s’effaça
devant les “nouveaux musiciens du jour” ». Notant que c’est grâce à la jeunesse qu’il n’a
jamais perdue que Le Flem a pu reprendre « le fil trop longtemps interrompu de sa
production » et, se référant à la pensée d’Alfred de Vigny : « Une belle vie, c’est un rêve
de jeunesse réalisé dans l’âge mûr », Jolivet pressentait que Le Flem composerait
encore. Sa Quatrième et dernière Symphonie date de 1971, il est alors âgé de quatre-
vingt-dix ans.
11 Le Flem, sachant que Varèse est à Paris, propose à Jolivet de le lui faire connaître,
pensant que les recherches et les moyens d’expression musicale de Varèse
correspondraient tout à fait aux tendances et aux curiosités manifestées par son élève.
8
L’occasion se présente : Varèse est joué en concert. Gaston Poulet dirige Amériques à la
Salle Gaveau. Le Flem adresse son élève à Varèse, le priant de lui procurer des places
pour ce concert du 30 mai 1929. C’est la première rencontre des deux hommes, que
Jolivet s’est souvent plu à relater23 : « Et je tombe me de Bourgogne24, sur Varèse et
Stokowsky. Il ne fallut pas moins, pour me délivrer de l’appréhension qui m’étreignait,
que l’étrange chaleur de ce regard bleu d’acier qui m’enveloppa, dès l’abord, d’une si
fraternelle et d’une si lumineuse cordialité. Et avant même que Varèse n’eût ouvert la
bouche pour me dire : “Le Flem a bien fait de vous envoyer. C’est l’audience des jeunes
qui m’intéresse et je leur suis tout dévoué”, je savais que j’avais trouvé mon maître et
mon plus grand ami ».
12 Une relation suivie s’installe très vite entre eux, faite de rencontres, de séances de
travail, de dîners25, de rendez-vous manqués, de concerts et de répétitions de concert...
Ainsi, Jolivet a noté avoir assisté, en compagnie de Heitor Villa-Lobos 26, au concert du
14 mars 1930 où Varèse dirigea deux de ses œuvres : Offrandes et Octandre ; aux concerts
du 11 juin 1931 et du 26 février 1932, tous deux sous la direction de Nicolas Slonimsky,
où il entendit successivement Intégrales et Arcana27.
13 Dans un entretien radiophonique accordé au lendemain de la disparition de Varèse 28, il
déclarera :
« Varèse, c’est toute ma jeunesse, et même le développement de toute ma carrière
[...] J’ai eu la chance de voir naître une œuvre aussi capitale dans l’évolution de la
musique que Ionisation. »29.
14 Quels ont donc été alors les apports du maître à ce nouvel élève ?
15 Il ne semble pas qu’il se soit agi de formation traditionnelle. Varèse ne donne pas de
cours à proprement parler à Jolivet30. Ce dernier, interrogé sur ce que lui avait apporté
la fréquentation de Varèse de 1929 à 1933, a répondu :
« [...] tous les aspects de la musique moderne [...] les principes de Schoenberg que
j’ai toujours utilisés selon les exigences de mon expression personnelle. [...] Les
points essentiels que j’ai retenus sont l’acoustique, le rythme et l’orchestration. [...]
L’acoustique, c’est-à-dire les dispositions donnant les meilleurs résultats sonores ;
la musique devant être avant tout un phénomène sonore. [...] La discipline atonale à
laquelle Varèse m’a astreint était beaucoup plus sévère que celle des
dodécaphonistes [...] Ce sont ces contraintes atonales et cette volonté de mise en
ordre qui m’ont probablement amené à rechercher une technique à la fois non
varésienne et non sérielle. [...] Le rythme, cet alphabet du langage universel qu’est
la musique, est fondé au départ sur l’utilisation de la percussion et le principe que
tout bruit est un son en formation... ».31
16 Au sujet de l’orchestration, il précise :
« Varèse, comme beaucoup de compositeurs de sa génération, estime à juste titre
que l’orchestration, c’est la composition musicale proprement dite [...] Depuis
Debussy, on peut considérer qu’écrire pour l’orchestre n’est pas la simple
répartition, entre les instruments, d’un monstre plus ou moins jouable au piano,
mais que l’architecture sonore d’une œuvre est sa raison profonde d’exister... » 32
17 Au-delà de ces principes, Jolivet lui doit aussi son initiation à la percussion et sa
découverte d’instruments qu’il employa dans certaines de ses œuvres comme le
tambour à corde33 et la cloche de vache de même que les ondes Martenot. Mais, plus
important, Varèse lui fit surtout part de certaines de ses découvertes, car il lui faisait
confiance. Dans un travail consacré aux « Sources du langage musical de Jolivet »,
Bridget Conrad écrit que Varèse a partagé ses idées « musicales et ses procédés avec
une personne au début des années trente, et c’était Jolivet »34.
9
18 Cette même confiance a conduit Varèse à présenter Jolivet à ses amis de Paris et à le
recommander à ceux avec qui il collaborait aux États-Unis depuis 1915. Ainsi, en mars
1931, il lui a conseillé d’envoyer à Georges Barrère35 la partition d’un Trio pour flûte,
harpe et violoncelle auquel Jolivet travaillait. Varèse avait eu l’idée de le faire jouer par
le trio que le flûtiste formait avec Carlos Salzedo36 et Horace Βritt37. Comme cela ressort
de la correspondance, l’œuvre ne sera en fait jamais jouée, alors qu’il en est bien
souvent question38. À son sujet, Varèse, de retour à New York, a prodigué de fréquents
conseils : « - Pas trop de notes - que l’œuvre soit concise - serrée et volontaire - Plus
vous chargez - plus vous enlevez de possibilités aux sons de se déployer et de se
projeter. [...] Potassez votre truc pour Salzedo - mais pas trop de notes - et souvenez-
vous que si vous avez une tête - il faut s’en servir et penser avec [...] Souvenez-vous en
outre - qu’une œuvre n’est jamais assez dépouillée - »39, ou encore : « Travaillez - en
vous souvenant que le cerveau sert à quelque chose »40. Mais, il ne se voulait pas
moraliste : « Travaillez pour vous avec des vues plus universelles. Merde - je deviens
moraliste - ça ne me va pas - faites donc ce qui vous plaira - après tout on ne profite que
de sa propre expérience - »41.
19 Une fréquentation régulière entre les deux hommes fait vite du « disciple » un proche.
Un détail le montre : entre 1931 et 1932, Varèse dans ses lettres modifie la formulation
qui, de « Cher Monsieur », passe à « Cher ami ». Par ailleurs, Bridget Conrad, à partir de
son étude approfondie de leurs biographies respectives, relève certaines
caractéristiques qui ont contribué à l’élaboration de leur harmonieuse amitié 42 : l’accès
tardif à la musique43, l’attirance pour les arts plastiques et leurs idéaux politiques.
Ensemble, ils pouvaient satisfaire des dispositions et des goûts communs.
20 À Montparnasse, ils fréquentèrent nombre d’artistes et de personnalités que Varèse
connaissait et qu’il n’hésita pas à présenter à Jolivet, comme ses agendas en
témoignent, égrenant les noms d’Artaud, Delaunay, Esperone, Freed, Rivier, Russolo,
Slonimsky, Villa-Lobos, et de tant d’autres. Varèse présenta donc ou même
recommanda Jolivet à ses connaissances. Dans son premier message 44 figure l’adresse
du flûtiste Georges Barrère ; dans le second45 sont évoquées une rencontre avec Freed et
une décision de Pomiès. Plus tard, il arriva même que Varèse intervienne auprès du
professeur de Guighy46, Fortunat Strowski, et qu’il s’en souvienne quelques mois
après47.
21 Quand Varèse impliqua Jolivet dans l’élaboration d’une IV e Internationale des Arts et
l’entraîna en Espagne où il pensait pouvoir réaliser la mise en place de ce projet 48, il
pensait y regrouper peintres, sculpteurs, architectes, écrivains, musiciens, etc... de
toutes nationalités. Tous ceux qui, comme Varèse, s’étaient retrouvés à Paris dans ces
années trente. Dans une conférence de 1960, Jolivet raconte :
« À cette époque où les cafés de la Rotonde, du Dôme et de la Coupole étaient de
véritables colonies américaines, lorsque nous finissions de travailler, Varèse et moi,
dans son petit atelier de la rue de Vaugirard, et que nous allions faire deux pas sur
le boulevard Montparnasse, nous rencontrions Picasso, Max Ernst, Marc Chagall,
Braque, Artaud, Robert Desnos, Foujita, qui se coudoyaient avec toute une faune
pittoresque et bariolée [...] Qu’on veuille bien se représenter [...] cet émerveillement
continuel dans le côtoiement de personnalités aussi diverses que dynamiques, dont
l’ensemble constituait un raccourci du monde entier... »49.
22 Accompagnés le plus souvent de Louise (Varèse) et Guighy (Hilda Jolivet), ils
rencontraient aussi leurs proches. Très vite, par exemple, Fernand De Nobele devint un
familier. Il travaillait avec son père Ferdinand De Nobele, libraire spécialisé dans la
10
fondé de « certaines mesures hitlériennes » ! Fin 1936, Varèse est satisfait d’apprendre
que Jolivet tente de récupérer leurs partitions que détient encore ce « c.. ». Il n’est pas
allé jusqu’à l’insulte quand il s’est agi de l’homonyme « Freed ». Il le « cro[yait] gentil »
et le laissait « fricoter dans sa petite bande juive de Philadelphie » 64.
27 Sans doute est-il moins embarrassant d’admettre certaines des considérations de
Varèse sur des sujets politiques. Les événements auxquels il s’intéresse sont ceux dont
il a connaissance, soit par la presse américaine, soit par la presse française – qu’il
demande qu’on lui envoie –, soit par les récits d’amis ou de relations venant d’Europe. Il
s’inquiète de la situation politique en France, des dangers d’une guerre 65, de la situation
en U.R.S.S.66 par exemple, et ses analyses ne manquent pas d’idées contradictoires.
Ainsi, après avoir affirmé que : « La France [lui] a l’air de sombrer de plus en plus dans
le marasme », quelques jours plus tard il juge la « situation folâtre » 67 et finalement
demande : « que se passe-t-il ? ». Comme pour se rassurer ? Ou pour confirmer ses
opinions ? Mais lesquelles ?
28 Car, malgré bien des ambiguïtés, rien ne semble en fait avoir grâce à ses yeux : en tout
cas, ni le communisme68, ni l’Action Française. Pourtant, à propos de cet extrémisme-là,
particulièrement, il peut écrire après une conférence de Barbusse : « Il a annoncé à cor
et à cri l’avènement proche du fascisme en France - Ça ne serait pas pire
qu’actuellement ! »,69 mais aussi : « Une forte vague de chauvinisme commence à
secouer le pays - Ça devient ridicule - mais très alarmant, car ici fascisme signifie dans
toute sa splendeur = triomphe du Ku Klux Klan »70. Et finalement, énonçant sa
sympathie pour la situation du moment en Espagne, il confie : « Je souhaite que tout se
tasse chez eux - comme ailleurs aussi - ici surtout où les jeunes cons fascistes
commencent à se sentir pisser... » ;71 il s’attaque aux hommes de l’extrême droite
française (Pierre Taittinger, François Coty, par exemple) tout en n’hésitant pas à se
référer, on l’a vu, aux « procédés hitlériens ». S’agit-il de l’une de ces controverses qu’il
menait avec lui-même ?
29 Néanmoins, il se présente comme un homme de gauche et en tout cas, comme un
compositeur de gauche. S’il a semblé suivre avec intérêt la création d’un troisième parti
aux États-Unis, le parti progressiste fondé par les frères La Follette 72 en août 1935 73,
ayant eu connaissance de la création en France du Front populaire lors du 14 juillet, il
écrit : « Je souhaite que ce dernier74 connaisse une ère meilleure dans un état social
nouveau - Ce que j’ai lu des manifestations du 14 juillet est réconfortant si toutefois une
organisation suffisante est à même de dominer les événements » ; et, au printemps
suivant : « J’espère que le front populaire ne va pas râter le coup » 75. Quand il n’a plus
été question de la IVe Internationale des Arts, il se mit à travailler avec d’autres
compositeurs (Freed, Salzedo...) « à un projet de front commun - alliance des
compositeurs de gauche » dont il envisage alors une « possibilité de collaboration avec
votre groupe »76. Et quelques semaines plus tard, à propos du titre de Jeune France donné
au groupe formé par André Jolivet avec Yves Baudrier, Daniel-Lesur et Olivier Messiaen,
il avoue : « Je n’aime toutefois guère (pour le malentendu auquel il peut prêter) votre
titre de Jeune France - pour vous surtout - Il est vrai que des questions de consommation
locale peuvent à la rigueur le justifier - Toutefois je n’aime guère les limites
qu’imposent certains tarifs ».
30 Cette observation du maître à l’élève semble permettre de lever toute ambiguïté sur la
nature de leur engagement commun. Comme semble le permettre la raison profonde du
séjour en Espagne préalable au retour de Varèse aux États-Unis : une IV e Internationale
12
des Arts. Expression choisie pour désigner le grand festival des arts à l’organisation
duquel Varèse souhaite voir collaborer les amis français et étrangers, rencontrés à
Paris, dont il sait les convictions de gauche et même les sympathies trotskistes. Ayant
probablement connaissance des difficultés de la IIIe Internationale, Varèse a anticipé
sur l’histoire en employant la qualification de IVe. En effet, ce n’est qu’en 1938 que
Trotski fonde la IVe Internationale et ce n’est qu’en 1940 que sont créés les Comités
français de ladite IVe Internationale.
31 Varèse est donc allé en Espagne pour établir des contacts et assurer la mise au point
d’un immense projet analogue à celui auquel il pensait déjà en 1919 d’une « Ligue des
Nations par l’Art »77. Jolivet, intéressé au projet, l’y rejoint. L’examen de ses agendas
permet de restituer les principaux moments de ce séjour.
32 Le 16 août 1933, le couple Jolivet-Guighy est arrivé d’Algérie78 à Barcelone, via Palma de
Majorque. Le soir même, ils participent à une réunion de la IV e Internationale.
Beaucoup de visites, des réunions pendant ces quelques jours passés à Barcelone et le
23, ils partent pour Tarragone79, puis ils passent trois jours à Valencia.
33 Au cours de ce déplacement, Jolivet et Varèse s’écrivent. C’est essentiellement dans ces
lettres qu’il fut question de la IVe Internationale. Varèse recommande alors le silence :
« Pas un mot lors de votre séjour à Madrid - et autres endroits d’Espagne - de la IV e
Intle »80, « Pas un mot à qui que ce soit de la IVème Intle et ce à la requête du Ministre » 81,
« [...] nous sommes tenus à une grande discrétion »82.
34 Les Jolivet arrivent à Madrid le 3 septembre ; Varèse y est sans doute depuis le 31
août83. Il réside chez Pedro Sanjuan84, le compositeur espagnol, chez qui se passe la
première soirée. Jolivet l’a connu par correspondance ; ils se sont écrit les mois
précédents, et Jolivet lui avait envoyé une partition85. Le séjour madrilène se déroule en
visites de la ville et de ses monuments – Palais Royal, Musée du Prado, etc. – et en
rencontres avec Torrès Garcia le peintre86, Rafaël Alberti le poète et auteur dramatique,
à nouveau Sanjuan87, et à nouveau Alberti88.
35 Le 11, les Jolivet repartent pour la France chargés de toute une série de démarches à
effectuer pour Varèse89, et leur correspondance reprend le jour même. Dès leur retour,
ils rencontrent Louise Varèse qui, elle, est restée à Paris. Il était fixé qu’elle irait
embarquer au Havre sur un paquebot faisant escale à Vigo, où Varèse la retrouverait
pour rentrer aux États-Unis.
36 Fin septembre, Jolivet est très occupé par les préparatifs de son mariage. Mais il renoue
les contacts avec Ribemont-Dessaignes, Stella, etc. Au premier, il a écrit sur une carte
de visite90 « qu’il regrett[ait] de ne pas l’avoir trouvé » et « qu’il se tenait à sa
disposition dès qu’il le voudrait » pour le mettre au courant d’une façon détaillée des
démarches de Varèse. Il l’a rencontré dès le début d’octobre.
37 Lorsqu’à Barcelone, évoquant les rencontres avec le « Conseiller de culture » – qu’il
appelle aussi « le Ministre »91 –, Varèse écrit qu’ils « travaillent à la formation du
Comité A »92 – et dans la même lettre, qu’il charge Ribemont-Dessaignes de former le
Comité Β en France –, il s’agit de Ventura Gassol93, poète, secrétaire de Francesc Macia94,
lui-même Président de la Generalitat de Catalogne depuis le 14 avril 1931. Or, Francesc
Macia et Ventura Gassol ne sont nommément désignés par Varèse qu’après son retour
aux États-Unis95. Il a donc respecté la discrétion qu’il a tant recommandée. Pour
constituer le Comité A, il est probable que Varèse a directement pressenti ses amis
retrouvés à Madrid : Rafael Alberti96, Torrès Garcia97, Pedro Sanjuan qu’il a connus,
13
selon leurs histoires personnelles, soit à Paris, soit à New York. Il en est de même des
personnes citées dans la lettre du 29 août 1933 pour faire partie du Comité Β :
« Ribemont-Dessaignes98 est chargé de former le Comité Β en France - avec jusqu’ici
(Artaud - Le Corbusier99 - Le Flem - R. Petit - (peut-être Lipshitz [sic] 100 sculpture -
Léger101 peinture) enfin du groupe, qui bon lui semblera ».
38 Il est intéressant d’observer que les membres du groupe, même s’ils ont affiché des idées
de gauche, n’ont, semble-t-il, pas confirmé leur engagement en adhérant à un parti
politique102. L’ouvrage de Ribemont-Dessaignes Déjà jadis 103 permet de le situer lui-
même et aide à expliquer l’évolution des positions et les engagements de certains
membres du groupe.
39 L’auteur a d’abord été peintre. « Sa famille le nourrissait des Salons des Artistes
français et de la Société nationale des Beaux-Arts, bien plus que du Louvre » 104. Il
fréquente de nombreux peintres et sculpteurs de l’époque héroïque du cubisme – parmi
lesquels Lipschitz. Mais lui-même, « tout en acceptant l’air de nouveauté qu’apportait
le cubisme », n’y a pas vraiment participé. Il a seulement figuré à une exposition de la
Section d’Or « qui servait d’enseigne à un groupement cubisant » 105. La remise en cause
par Ribemont de « la transformation des valeurs plastiques » qu’impliquait le cubisme
et de ce qu’il « avait de destructeur pour toutes les valeurs, et de destructeur pour le
sens même de valeur »106, est à l’origine d’une crise personnelle ; il se détourne peu ou
prou de la peinture107 et se met à écrire. Au moment où « Dada se préparait en Suisse »,
il rédige une pièce en vers (L’Empereur de Chine), qu’il a considéré être « un des premiers
témoignages d’avant Dada qui fit partie intégrante de Dada » 108. Et quand les Dadas ont
commencé à se manifester à Paris, voilà comment s’est déroulée une réunion se tenant
à l’Université populaire du faubourg Saint-Antoine109 : « Il fallut faire comprendre [au
public] que nous nous révoltions non seulement contre l’ordre bourgeois, mais aussi
contre tout ordre, toute hiérarchie, toute sacralisation, toute idolâtrie, quelle que fut
l’idole... »110.
40 Révolte, le terme est lancé. Mais c’est quand Ribemont s’exprime sur le Surréalisme que
les positions deviennent plus nettes. « Le Surréalisme [...] interdisait qu’il y eût un art
poétique. Mais il se voulait révolution permanente de l’esprit [...] Officiellement [...] né
en 1924, tout de suite il est une révolte contre toutes les valeurs de ce monde. [Il] croit
en tout ce qu’il affirme. Dada ne croyait en rien »111. « La véritable question [que se
posent les surréalistes] est celle de la grande contradiction entre l’intellectuel et le
social112 [...] Le Surréalisme se trouvait partagé entre les deux termes de la Révolte qui
lui était propre. L’esprit, ou le reste ; la cervelle, ou les pieds sur la terre ? [...] Certains
avaient une disposition naturelle à tenir pour primordiales des revendications
intellectuelles. D’autres s’abandonnaient aux réalités, mais celles-ci, du fait qu’elles se
situaient dans le domaine politique ou social, devenaient périlleuses » 113. « Les
manifestations plus directement axées sur la révolte dans les actes firent apparaître
l’ambiguïté politique. Et, pour mettre les points sur les i, c’est la question claire et nette
du communisme qui se posa, puisqu’il était le seul parti qui pût effectivement se
réclamer de la Révolution, celle-la même qu’il avait réalisée en Russie. » 114
41 Comme Ribemont-Dessaignes, les membres du groupe, pour la plupart, se sont réclamé
du Surréalisme ou l’ont fréquenté. Attachés plus jeunes à une forme d’anarchisme 115,
attirés par les idées révolutionnaires et la remise en cause de l’ordre établi, repoussant
toutes contraintes au nom de la liberté, il semble qu’ils aient trouvé, par le biais du
Surréalisme, dans les idées du communisme et mieux, du trotskisme, des principes
14
Paris sert encore de référence, mais cette fois-ci pour expliquer la société new-
yorkaise : « ... en musique - comme en peinture sculpture - théâtre on se croirait à
Paris, il y a une quinzaine d’années - Remue-ménage - agitation même les snobs se
sentent désemparés - dégoûtés, ils ne savent sur quoi, sur qui miser sans passer pour
des cons - »129. C’était son image du parisianisme, de celui que Varèse quitta pour
rentrer aux États-Unis, « écœuré [aussi] de l’incompréhension du milieu musical » 130
parisien.
49 Jolivet voulut le suivre en Amérique. Il commença même des démarches en ce sens,
notamment auprès d’Henri-Martin Barzun131, à qui Varèse l’avait recommandé. Dans
une lettre du 26 mai 1933132, il écrit :
« En 1929, Varèse arrivait à Paris. Mis en relation avec lui, séduit par ses
réalisations sonores, je m’attachai à ses théories et je crois pouvoir avancer que je
suis maintenant non seulement son plus fidèle élève, mais son disciple.
Or, il doit retourner aux États-Unis et mon plus grand désir serait de l’y suivre.
Varèse, qui paraîtrait heureux que je l’y rejoigne, estime, de plus, qu’étant donné
l’orientation de mes idées artistiques, elles trouveraient un milieu plus favorable là-
bas qu’en France. »
50 Il semblerait que Barzun l’en ait dissuadé. Tout autant que Varèse, qui lui adressa ce
conseil : « Dépêchez-vous de perdre vos illusions en ce qui concerne ce pays. Vous y
retrouverez le même état mental qu’à Paris - avec plus d’imbecillité [sic] - et tout
autant de muflerie [...] Quant à venir ici - n’y songez pas - Que pourriez-vous faire ? [...].
Tâcher de vous faire une place dans le monde musical ? Mais c’est plus dur qu’à Paris -
et les méthodes de combat plus crues et plus brutales - [...] Et puis un vent de
xénophobie - commence à souffler - Les Français surtout sont les moins bien vus - Autre
handicap - vous ne parlez pas l’anglais »133. Plus tard, Varèse prendra l’exemple même
de Barzun pour dissuader Jolivet : « Barzun arrive à peine à se démerder » 134.
51 Mais lui, Varèse, est réinstallé à New York avec Louise depuis le 28 septembre 1933. Sa
première lettre date du 14 octobre. Et le fait important est que Varèse annonce avoir
trouvé un « laboratoire ».
52 Un laboratoire ? Son rêve. « Toute la journée dans des laboratoires ? » 135, pouvoir aller
au « Western Electric » ?136 « pour y trouver une solution en 5 minutes » ? 137 ou « faire
de grands travaux de calcul - au sujet de nouvelles données acoustiques » ? 138 « Sortir
de nouveaux boulots et ce coup-ci hors des conventions orchestrales et autres
gélatineux climats à archets - Ensemble de masses chorales - instruments nouveaux » ?
139 Même dans une ferme ? Oui, il a prié Jolivet d’en chercher une dans la région
parisienne : « C’est fort honnête à vous de vous occuper de la ferme - J’y pense
sérieusement - et souhaite pouvoir un de ces quatre matins posséder les 4 sous
nécessaires - J’envisage déjà une grange transformée en laboratoire - avec l’électricité
nécessaire - »140.
53 Un laboratoire ? L’histoire de sa vie.
54 Un laboratoire à tout prix, avec pour objectif « l’art-science », « c’est-à-dire une
musique qui semble emprunter ses catégories à la science » et qui soit « la nouvelle
matière sonore appel[ant] une nouvelle pensée musicale et de nouveaux procédés de
construction »141.
55 Depuis sa jeunesse, Varèse avait été préoccupé par la « spatialisation de la musique » et,
à chaque occasion, il se tourna vers les scientifiques qui travaillaient à la conception
d’instruments nouveaux produisant des sons nouveaux. Il en attendait la réalisation de
16
l’un de ses objectifs majeurs : obtenir, par les applications des sciences physiques, « la
libéralisation du son ». D’où sa réaffirmation constante de la nécessité – qu’il juge
absolue – que « le compositeur et l’ingénieur en électricité d[oivent] travailler
ensemble »142.
56 À son retour définitif de Berlin, marqué par la déclaration de Busoni : « La musique est
née libre ; et conquérir la liberté est son destin »143, Varèse a voulu poursuivre cette
quête, guidé par cette autre phrase de son maître : « Je ne suis pas loin de penser que
dans la grande musique nouvelle, les machines seront nécessaires, et produiront une
des parties intégrantes des œuvres »144. Mais avant d’accéder à la collaboration qu’il
recherchait, il a rencontré quelques-uns des concepteurs d’instruments nouveaux de
l’époque.
57 En 1913, il a connu René Bertrand145, inventeur du dynaphone. Il l’a revu plus tard à
Paris et a découvert avec lui certaines des possibilités acoustiques de l’électronique. Sûr
de la qualité du travail de Bertrand, il ne manque pas de recommander à Jolivet
d’écouter le tout premier disque d’Ionisation sur des instruments Bertrand 146.
58 Dès 1915, lors de son arrivée à New York, Varèse a assisté à une démonstration faite sur
le dynamophone de Thaddeus Cahill, dont Busoni parle dans son livre 147, puis s’est
intéressé aux concerts « bruitistes » du futuriste italien Marinetti. « Il a partagé un
temps avec Marinetti son intérêt pour le monde mécanique moderne, mais pas son
désir de le reproduire »148. Varèse lui a reproché de vouloir « imiter les trépidations de
le vie quotidienne »149.
59 Autre « bruiteur » italien rencontré par Varèse, Luigi Russolo150, dont il a présenté le
« Russolophone » ainsi que l’archet enharmonique avant une audition de musique
futuriste à la Galerie 23, rue la Boétie, le 27 décembre 1929 151. Avec lui, il a aussi étudié
les possibilités d’expression musicale dues à l’électronique. Mais Russolo n’a pas
participé à la table ronde qui eut lieu à Paris en 1930 sur le thème de La mécanisation de
la musique152, contrairement à Ribemont-Dessaignes, Varèse, Vicente Huidobro,
Ungaretti, Alejo Carpentier et Arthur Lourié qui s’y sont tour à tour exprimés. Quand
Ribemont-Dessaignes, ouvrant le débat, demande à Varèse son « opinion au sujet de la
musique de l’avenir à moins que ce ne soit au sujet de l’avenir de la musique », celui-ci
répond : « Ce qui m’intéresse est l’état de la musique en relation avec le temps
présent ». Puis au cours du débat, il ajoute : « Dans toutes les œuvres d’art, ce qui est
important, c’est la nouveauté » ; ou : « J’attends des instruments nouveaux,
particulièrement dans le domaine électrique ou radio-électrique. Par exemple, le
Martenot, ou Bertrand comme une des possibilités »153, et « Une chose que je désirerais
voir se réaliser est la création de laboratoires acoustiques où compositeurs et
physiciens collaboreraient ». Idées qu’il a constamment répétées. Comme des
leitmotivs ?
60 Quand Varèse a-t-il précisément découvert le thereminovox, cet instrument inventé
par Léon Thérémin154 et dont deux exemplaires ont été utilisés dans Ecuatorial 155 en
1934 ? Dans son livre, qui s’arrête en 1928, Louise Varèse ne cite pas Thérémin 156, ce qui
laisse penser que Varèse n’a rencontré l’inventeur ni lors de son passage par la France
en 1927157, ni même lors de la première démonstration de ses instruments à New
York158. Dans un entretien accordé à Olivia Mattis, Thérémin se souvient « avoir
rencontré Varèse à New York avec d’autres compositeurs »159. Cette évocation tout à
fait vague ne permet pas d’affirmer que les deux hommes aient établi une véritable
collaboration. Pourtant, Jolivet est chargé de dire à Artaud « que nous sommes avec
17
est gérée par un comité technique de quatre compositeurs et un chef : Casella, Ruggles,
Salzedo, Straram et Varèse. Louise Varèse lui donne son slogan « Des oreilles neuves
pour une nouvelle musique, de la nouvelle musique pour des oreilles neuves » 190. Cette
nouvelle musique est celle de cinquante-six compositeurs191 de quatorze nationalités
différentes, joués pour la première fois aux États-Unis pour la plupart d’entre eux.
Varèse voit se réaliser l’un de ses objectifs : quatre de ses œuvres sont créées, Offrandes
en 1922, Hyperprism en 1923, Octandre en 1924 et Intégrales en 1925.
68 L’ICG est la première organisation de ce type et de cette portée au XX e siècle. Varèse
n’hésite pas à la propager ailleurs : en Allemagne, où il crée une section avec Busoni en
1922192, la même année en U.R.S.S. une section à Moscou avec l’Union des compositeurs
représentée par Arthur Lourié, et en Italie l’année suivante avec la Corporazione delle
nuove musiche de Casella.
69 Le dernier concert de l’ICG a lieu le 17 avril 1927 à l’Aeolian Hall. C’est Artur Rodzinski
qui dirige les œuvres des quatre compositeurs figurant au programme : Berg, Salzedo,
Stravinsky et Varèse. Une exception au règlement de l’ICG : l’œuvre de Varèse,
Intégrales, est donnée pour la deuxième fois à l’ICG, alors que seules des premières
auditions sont préconisées. Mais l’exécution d’une de ses œuvres avait été réclamée par
plus de cent-cinquante membres de l’ICG...
70 L’hiver suivant, alors que ses projets expérimentaux avec Fletcher semblent piétiner,
Varèse décide de créer la Pan-American Association of Composers (PAAC) 193, avec Carlos
Chávez, Henry Cowell, Wallingford Riegger, Carl Ruggles, Adolph Weiss et Emerson
Whithorne. Pour expliquer la fondation de cette nouvelle société de musique, Varèse
déclare à un journaliste :
« La PAAC est née parce que j’ai réalisé que l’Europe retournait vers le néo-
classicisme ou plutôt vers ce qui peut être considéré comme tel...
Vous ne pouvez pas écrire une œuvre « classique » ; elle doit le devenir avec l’âge.
Ce qui est appelé classicisme est vraiment de l’académisme [...] dont l’influence
étouffe la spontanéité de l’expression. »
71 À peine la PAAC créée, Varèse se rend en Europe194. Y vient-il pour se battre contre le
néo-classicisme ? La question peut être posée. Toutefois, la PAAC organise aussi des
concerts en Europe et pas seulement aux États-Unis et en Amérique latine.
72 Varèse se sert aussi d’autres organisations de concerts pour développer ses actions en
faveur de la musique contemporaine. Ainsi de l’International Exchange Concerts (IEC)
dont il est commissaire permanent pour les États-Unis déjà en 1933 195. En 1931, Daniel
Ruyneman est alors Secrétaire Général de la Commission permanente de l’IEC qu’il a
fondée avec le compositeur et chef d’orchestre autrichien Hans Pless. Cette
organisation doit « promouvoir la musique contemporaine en Europe et aux États-
Unis ». Il est intéressant de constater qu’aucun compositeur français ne siége à ladite
Commission permanente.
73 C’est avec le Comité de l’IEC qu’est d’abord prévu un concert196 : « Hier soir réunion du
Comité du International Exchange Concerts » et Varèse poursuit : « Si le concert en vue
- (décidé en principe) a lieu au printemps [vos mélodies] seront inscrites au programme
[...] Elles seront répétées aux petits pois - et bien chantées ». Il s’agit de deux des Quatre
mélodies sur des poésies anciennes qui datent de 1931, que Jolivet avaient orchestrées en
1932 et reprises en 1934. Dès novembre 1933, Varèse écrit à Jolivet : « Je vais m’occuper
pour tâcher de caser vos mélodies197 avec orchestre de chambre - Vous en reparlerai ».
Il lui en demande la partition en novembre 1934 et Jolivet l’adresse comme convenu à
20
78 Ces propositions énoncées dès le premier concert ont sûrement beaucoup plu à Varèse.
Elles ont été observées lors de chacun des onze concerts suivants 207. Ainsi, outre le
concert américain avec l’IEC de Varèse (troisième concert), plusieurs échanges avec des
groupements de compositeurs étrangers ont été organisés : hongrois par
l’intermédiaire de Lazio Lajtha (cinquième concert) et le Nouveau Quatuor Hongrois
(neuvième concert), hollandais (sixième concert, franco-hollandais) autrichiens
(septième concert, austro-français), suisses (onzième concert).
79 Mana, l’œuvre pour piano de Jolivet, créée au premier concert de La Spirale, est ensuite
donnée au concert français à New York de février 1936. Dès le lendemain du concert,
Varèse le félicite : « Bravo pour Mana » et ajoute : « Vous en parlerai à loisir - car les
(l’œuvre comprend six pièces) ai étudiées et fait répéter et j’ai pas mal de choses à vous
dire à leur sujet. Mais je veux le faire au poil de cul... ». Jolivet est encore l’élève. Varèse
lui a souvent donné avec beaucoup d’autorité son opinion et ses conseils sur la façon
dont il pourrait améliorer ses partitions, au sujet du Trio destiné à Salzedo et ses
collègues, ou à celui de l’orchestration des Quatre Mélodies sur des poésies anciennes 208, par
exemple. Et même si Varèse essaye, en le complimentant d’abord, d’être plus diplomate
– il sait qu’il a par certaines remarques parfois blessé la susceptibilité de Jolivet – il finit
par lui confier, Jolivet l’ayant sûrement sollicité pour qu’il lui fasse part de ses
remarques209, que s’il pouvait faire le voyage à Paris, « en un jour [son] œuvre serait
mise d’aplomb »210.
80 Un prétexte pour venir à Paris ? Pour revoir ses amis ? Car, pour Varèse, l’amitié
perdure et il s’enquiert toujours des nouvelles des uns et des aubes : Artaud, De Nobele,
Le Flem, Ribemont, Vargas..., tous ces noms retrouvés au fil des lettres. Varèse
s’inquiète tout particulièrement de recevoir des nouvelles d’Artaud, car en dehors de sa
réelle amitié pour lui, il tient à savoir où en est leur projet théâtral commun.
81 Avant sa venue à Paris, fin 1928, Varèse, fasciné par les légendes indiennes, a travaillé
sur un livret inspiré d’un mythe indien « The One-All-Alone, A Miracle » que son épouse
Louise a adapté de légendes découvertes lors de la lecture d’un ouvrage consacré aux
indiens Pueblos. Peu à peu, il a transformé le héros mythique d’origine en un
astronome moderne qui échange des signaux avec la planète Sirius et écrit son propre
synopsis211 qu’il intitule L’Astronome. Étant à Paris, Varèse propose d’abord à Alejo
Carpentier, Robert Desnos et Georges Ribemont-Dessaignes de parachever son texte. Ils
se mettent à « travailler sur le livret de l’opéra monstre » que souhaite écrire Varèse 212.
Ils y renoncent213. Mais c’est ce scénario qu’il propose à Artaud après avoir eu
connaissance du manifeste Le Théâtre de la cruauté écrit par ce dernier. L’exposé
d’Artaud commence par ces phrases :
« On ne peut continuer à prostituer l’idée de théâtre qui ne vaut que par une liaison
magique, atroce, avec la réalité et avec le danger.
Posée de la sorte, la question du théâtre doit réveiller l’attention générale, étant
sous-entendu que le théâtre par son côté physique, et parce qu’il exige l’expression
dans l’espace, la seule réelle en fait, permet aux moyens magiques de l’art et de la
parole de s’exercer organiquement et dans leur entier comme des exorcismes
renouvelés »214.
82 Varèse a trouvé là exprimée par Artaud cette idée de développement dans l’espace à
laquelle lui-même a tant tenu et qu’il a mise en œuvre dans ses recherches d’expansion
spatiale du son. Artaud, pour sa part, lui dédicaçant son Héliogabale ou l’anarchiste
couronné, a manifesté son admiration en ces termes : « À mon cher Edgard Varèse dont
j’aime la musique sans l’avoir entendue et parce que, de vous entendre parler de
22
musique, vous m’avez permis d’en rêver. Et parce que je sais qu’avec votre musique en
révolte nous pourrons réattendre un nouvel état du monde ». Les indications musicales
d’Artaud pour sa pièce Les Cenci, montée en 1935, semblent décrire des structures
varésiennes : « Un son volumineux s’étale et fuse, comme arrêté par un obstacle qui le
fait rejaillir en arêtes aiguisées »215. De leur collaboration devait naître un opéra : Il n’y a
plus de firmament.
83 Dans ses lettres de 1934216, Varèse a régulièrement pressenti Jolivet pour qu’il
intervienne auprès d’Artaud afin de récupérer le scénario original de L’Astronome. Pour
ce faire, Jolivet à son tour a sollicité Artaud à plusieurs reprises dans le courant de l’été
1934 et l’a souvent rencontré à l’automne de la même année217. Varèse a indiqué dans sa
lettre du 16 décembre 1934 avoir reçu le texte218.
84 Mais le projet d’opéra n’a jamais été achevé. Le séjour prolongé d’Artaud au Mexique,
non loin des terres indiennes où Varèse résidait à la même période, a probablement été,
avec les problèmes de santé d’Artaud, l’un des obstacles à la reprise de leur
collaboration. Pour Varèse, il n’en est resté que les éléments employés dans son Étude
pour Espace, terminée plus de dix ans après, en 1947. L’œuvre est écrite pour chœur
mixte sur des textes en plusieurs langues, deux pianos et une importante percussion.
Artaud n’a probablement jamais eu connaissance de cette œuvre.
85 L’intercession de Jolivet auprès d’Artaud n’a pas été le seul service demandé à Jolivet.
De nombreuses commandes de livres lui sont arrivées : celui d’Huré par exemple 219 ;
d’Alexandre Dumas : Les Mariages du père Oliphus 220 pour Louise, et bien d’autres. Ces
commandes étaient accompagnées de recommandations sur les précautions à prendre
pour éviter les frais de douane qui dépasseraient ses moyens financiers.
86 En échange, Varèse remercie, propose à Jolivet de l’aider : « Quant à Paris, que puis-je
faire pour vous ? Vous savez que je ne demande pas mieux que de vous rendre service,
mais je sais par expérience que les écrits explicites ne sont pas de saison, et passent vite
au panier »221, ou alors il s’inquiète de son état moral et cherche à le rassurer par
rapport à la situation ambiante : « Mais mon pauvre vieux - faut pas s’en faire ». 222 Il va
jusqu’à l’encouragement (malgré l’accueil de certains critiques) : « suis heureux de vos
débuts orchestraux »223. Il s’agit de la Danse incantatoire, donnée en juin 1936 au premier
concert Jeune France.
87 Passé la guerre et dès les relations renouées, Varèse et Jolivet s’écrivent, échangent des
nouvelles grâce aux amis et aux relations qui traversent l’Atlantique 224 et ont plusieurs
fois l’occasion de se revoir, en France, à Bruxelles et aux États-Unis.
88 Varèse entend quelques-unes des œuvres de Jolivet jouées à New York après la guerre :
le ballet Guignol et Pandore, le Concerto pour ondes Martenot et le Concerto pour piano. Pour
lui, ce dernier est réussi. Après en avoir entendu l’enregistrement, il écrit :
« Bravo ! »225. Le Maître l’apprécie et lui accorde un autre accueil que celui réservé à
l’œuvre lors de sa création. Il l’aime226 et ne l’écoute pas comme un « Concerto qui fait
Pschitt ! »227. Pourtant, cette œuvre, au soir de sa création au Festival de Strasbourg en
juin 1951, provoqua un tel tumulte qu’il lui valut un article intitulé « Un concerto pour
piano qui se termine au violon ! ». En effet, Hilda Jolivet ayant entendu lors des
applaudissements un auditeur qui criait « Au fou ! Au fou ! Qu’on l’enferme ! » à
l’adresse de son mari, le gifla. C’est ainsi que ce concerto surnommé « pour piano, gifle
et orchestre » a valu au ménage Jolivet de finir la soirée au commissariat de police...
23
89 Lors de la venue de Varèse à Paris en 1954, cet épisode lui a sûrement été relaté. Si mes
souvenirs sont exacts, la création de Déserts fut à peine moins mouvementée. Les
œuvres du maître et de l’élève, dans ces temps-là, provoquaient des réactions
analogues de la part du public. Quand Jolivet présentait ou dirigeait des œuvres de
Varèse, il arrivait souvent que le public aille jusqu’à manifester une totale hostilité
envers sa musique. Il fut parfois considéré comme une sorte d’illuminé dont n’étaient
admises ni les recherches sonores, ni les innovations acoustiques, ni les découvertes
étranges.
90 C’est en 1954 que je rencontrai Varèse pour la première fois. Étant à Paris, il souhaitait
faire connaissance avec les trois « lardons » Jolivet, comme il nous appelait. Sa
première visite lut fixée à un jeudi, jour du congé scolaire de l’époque. L’appartement
familial était au cinquième étage et, depuis le palier, la famille regarda Varèse grimper
gaillardement les escaliers. L’émotion était grande. Son statut de « Maître », sa stature,
ses cheveux blancs, tout me le rendait impressionnant.
91 Les présentations furent d’autant plus chaleureuses qu’il était aussi chargé de nous
transmettre toutes les tendres attentions de Louise. La glace fut ainsi vite brisée et il
s’installa à son aise. Les adultes, qui ne s’étaient pas revus depuis vingt ans, entamèrent
de fort longs échanges. J’écoutais ; ce qui me frappa d’emblée et dont je conserve un
inoubliable souvenir, c’est la grossièreté de langage de Varèse. Tous les trois mots, il
disait « merde ». Pour le reste du vocabulaire, je ne tiens pas ici à outrepasser les
limites de la décence (ses lettres en contiennent de typiques exemples). Dix ans plus
tard, à New York, je retrouvai cette même verdeur. Bien sûr, elle me choqua moins et
j’éclatais même de rire en retrouvant certaines expressions « varésiennes » fort
imagées.
92 Lors de ma première venue à Sullivan Street, Varèse m’entraîna dans son « studio ». Il
m’y montra toutes sortes d’objets hétéroclites, ses « fétiches », et surtout, m’y donna un
cours de « sirènes » qui se prolongea tellement que Louise manifesta plusieurs fois son
désespoir à l’idée que le rôti fut trop cuit. À table, j’assistai aux retrouvailles des deux
ménages. Leur conversation dura fort tard. Elle dut reprendre le lendemain car la
longue soirée de la veille n’avait pas suffi à aborder tous les sujets qui les passionnaient.
Et il en fut ainsi pendant la presque totalité de ce séjour new-yorkais auquel les Varèse
présidèrent en nous conseillant les visites à ne pas manquer. Pendant ce temps, j’appris
à connaître Varèse. Sa verve acérée servait son esprit critique. Aucune des
personnalités évoquées ne fut épargnée. Que n’ai-je entendu sur tel ou telle ! Cet
homme plein de charme, de générosité, d’humour, était aussi un homme plein
d’amertume, de sauvagerie et de... tristesse ; la tristesse de ne pas avoir été ou fort peu
reconnu de son vivant.
93 Il mourut quelques mois après ces beaux moments d’amitié.
94 Sa disparition fut saluée dans la presse. On s’interrogea : « Mais qui était Varèse ? » 228 ;
on affirma : « Edgar Varèse, le terroriste »229 ; on interpella : « Edgar Varèse, cet
inconnu ! »230. Derrière ces titres se cachent en fait d’élogieuses réactions, débuts d’une
véritable reconnaissance. Celle que Varèse attendait ?
95 Jolivet rendit hommage à Varèse231, au « Philosophe du bruit », au « précurseur de la
musique concrète », à l’inventeur d’une « nouvelle dynamique rythmique et
harmonique », à l’ami232.
24
NOTES
1. André Jolivet est né à Paris le 8 août 1905 et mort à Paris le 20 décembre 1974.
2. Varèse est né à Paris le 22 décembre 1883 (et non 1885 – comme le précise Odile Vivier dans
Varèse, Éditions du Seuil, coll. Solfèges, Paris, 1973 : « Sur la foi de son livret militaire, on le croira
plus jeune de deux ans jusqu’à la fin de sa vie ») et mort à New York le 6 novembre 1965.
L’orthographe Edgard de son prénom est conforme à son extrait de naissance (op. cit., p. 235).
3. Dans : Hilda Jolivet, Varèse, Hachette littérature, coll. Musiciens de notre temps, 1973 ; Olivia
Mattis, Edgard Varèse and the Visual Arts, Ph. D. dissertation, Stanford University, UMI diss. 1992 ;
The Sources of Jolivet’s musical language and his relationships with Varèse and Messiaen, dissertation for
the degree of Doctor of Philosophy by Bridget Conrad, The City University of New York, 1994 ;
Laetitia Chassain, André Jolivet : la force de l’intuition. Thèse de musicologie (cycle de
perfectionnement du CNSMD de Paris), 1999.
4. Documents en possession de Monsieur Chou Wen-Chung.
5. Il s’acharne avec la même force contre le néo-classicisme, contre Paris... et même, contre les
courses de taureaux.
6. Voir Chou Wen-Chung, « Varèse : a sketch of the man and his music », The Musical Quaterly, vol.
LII, n° 2, avril 1966, p. 157.
7. Lettre manquante, dont mention est faite dans l’agenda de Jolivet.
8. Tout comme Marcel Duchamp, Francis Picabia, Albert Gleizes, Juliette Roche-Gleizes, Henri-
Pierre Roché... Varèse était de cette « génération [...] marquée par la scandaleuse absurdité du
conflit de 1914-1918 » et qui s’était éloignée du « théâtre des combats » (Michel Sanouillet, Dada à
Paris, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1965, réimpression Centre du XX e siècle, 1980, pp. 14 et 26).
9. Hyperprism, dirigé par Eugène Goossens (Louise Varèse, A looking. glass diary, Norton, 1972, p.
216).
10. Louise Varèse, née Mc Cutcheon, est devenue la seconde épouse de Varèse en 1921.
11. Paul Le Flem (1881-1984).
12. Georges Valmier (1885-1937).
13. De cette formation, Varèse a pu écrire, dans une lettre de 1933 à sa femme Louise : « Nobody
ever taught me anything except d’Indy and Roussel what not to do » (« Personne ne m’a jamais
rien appris, excepté d’Indy et Roussel, ce qu’il ne fallait pas faire ») (dans Louise Varèse, op. cit., p.
270).
14. Y ayant pris la succession de Léon Saint-Réquier, il y a développé un répertoire contemporain
et enregistré quelques disques, dont la Damnation de Faust à laquelle il a collaboré avec Piero
Coppola.
15. L’Université populaire du Faubourg Saint-Antoine (U.P.F.S.A.) fut créée dans le cadre de la
Société nouvelle des Universités populaires (U.P.), elle-même fondée par Georges Deherme
(1867-1937, ancien sculpteur sur bois et ouvrier typographe, fondateur de la revue la Coopération
des Idées) et Georges Séailles (1852-1922, professeur à la Sorbonne, dreyfusard, membre-fondateur
de la Ligue des droits de l’homme). Cette société avait pour aspiration l’accès pour tous à la vie
25
les Vargas. (...) Varèse a reçu une lettre de Salzedo qui réclame votre Trio ». Alejo Carpentier
raconte ces réunions, un peu à « l’américaine » « avec [...] un monde assez Greenwich Village,
auquel se mêlaient des personnalités aussi diverses qu’Arthur Honegger, le tout jeune André
Jolivet, Arthur Lourié, des cantatrices latino-américaines, ou la Princesse de Polignac » (dans
Varèse vivant, Le nouveau commerce, Paris, 1980, p. 18).
26. Heitor Villa-Lobos (1887-1959), compositeur brésilien qui selon le témoignage d’Alejo
Carpentier (op. cit., p. 21) « avait fixé les techniques folkloriques des “batucadas” dans plusieurs
de ses œuvres (les Chōros, en particulier) ». Son œuvre Amazonas a été jouée au même programme
qu’Amériques. Il a fait sa première tournée aux États-Unis en 1944 et Varèse l’y a revu (voir lettre
du 20 janvier 1945, n° 77).
27. Arcana, œuvre pour orchestre créée sous la direction de Léopold Stokowsky, d’abord à
Philadelphie les 8 et 9 avril 1927 puis le 12 avril au Carnegie Hall à New York. À Paris, elle est
donnée le 25 février 1932 avec l’Orchestre symphonique de Paris, Salle Pleyel, sous la direction de
Nicolas Slonimsky. Au même programme : Mozart, Cowell, Liszt, Pétridis, de Falla ; soliste :
Arthur Rubinstein.
28. Émission radiophonique de Claude Samuel, en hommage à Varèse, Le Magazine de la musique, 9
novembre 1965 (Archives INA).
29. Ionisation, pour 13 percussionnistes, seule œuvre entièrement composée à Paris. Terminée en
novembre 1931, elle sera créée à New York le 6 mars 1933 sous la direction de Slonimsky, alors
que Varèse est encore en France. Dans ses archives, Jolivet a conservé la tablature de l’œuvre
établie de sa main.
30. Fernand Ouellette relate : « En arrivant à Paris (en 1928), Varèse avait l’intention de fonder
une école de composition. Mais comme il le dit, il ne s’attend pas à un grand succès. [...] Paul Le
Flem lui enverra un jeune musicien qui se nomme André Jolivet. Après lui avoir demandé de faire
une version de piano fondée sur Octandre, Varèse l’accepta comme élève » (op. cit., p. 108).
31. Pour souligner l’importance du rythme dans la conception générale de Varèse, Chou Wen-
Chung – lui aussi élève de Varèse – témoigne : « Le rythme était pour lui l’élément de stabilité de
l’œuvre, générateur de la forme » (dans Chou Wen-Chung, « Open rather than bounded »,
Perspectives of New Music, n° 5, 1966, p. 2).
32. Dans le deuxième des Douze entretiens radiophoniques d’André Jolivet avec Antoine Goléa,
inédits, 1960 (Archives Jolivet).
33. Tambour à corde : traduction de « string-drum », nom donné par Varèse qu’il préférait à
« lion roar ». Il introduit cet instrument pour la première fois dans Hyperprism (1923), puis le
reprend dans Ionisation (1929-1931). Son tambour à corde a été laissé par Varèse à Jolivet. Il a été
récemment déposé au Musée de la musique à Paris.
34. « Varèse did share his musical ideas and procedures with one person in the early 1930s, and
that was Jolivet. » dans Bridget Conrad, op. cit., p. 11.
35. Georges Barrère (1876-1944), flûtiste français parti pour les États-Unis en 1905. Il y a été flûte
solo du New York Symphony Orchestra et de l’orchestre de Damrosch (voir lettre n° 24, du 14
février 1934). Il a fondé le « Little Symphony Orchestra », avec lequel il donna en 1928 Offrandes
de Varèse. Louise Varèse relate qu’avant de jouer l’œuvre, Barrère s’est adressé au public : « You
must listen to the music your sons and grandsons will like » [Vous allez écouter la musique
qu’aimeront vos enfants et vos petits-enfants] (dans Louise Varèse, op. cit., p. 280). C’est à Barrère,
qui jouait une flûte en platine, que Varèse a dédié Density 21,5, qui fut créée en 1936 (voir lettre n°
58 du 18 février 1936).
36. Carlos Salzedo (1885-1961), harpiste, pédagogue et compositeur américain d’origine française.
À l’occasion d’un retour à Paris après dix ans d’absence, Arthur Hoérée relate les débuts de la
carrière du musicien et son apport à une technique de la harpe entièrement nouvelle (« Carlos
Salzedo à Paris » dans la Revue musicale, n° 9, juillet 1923, p. 72). Une relation avec Varèse d’abord
décrite comme difficile laissa place à une réelle amitié entre les deux hommes. Varèse lui exposa
27
ses idées sur une société de musique contemporaine auxquelles il adhéra et il devint cofondateur
de l’International Composers’ Guild (ICG) (dans Louise Varèse, op. cit., p. 152-153).
37. Horace Britt (1881-1971), violoncelliste belge qui a fait ses études au Conservatoire de Paris. Il
a commencé sa carrière aux États-Unis, en 1907, avec l’Orchestre symphonique de Chicago,
carrière qu’il a essentiellement consacrée à la musique de chambre (DBM, p. 565).
38. La partition a finalement été renvoyée à Jolivet par Salzedo en mai 1936 (voir lettres des 18
mars et 12 mai 1936, n° 62 et 64). Mais ce trio ne figure pas parmi les œuvres manuscrites
existantes de Jolivet.
39. Lettre du 14 octobre 1933, n° 15.
40. Lettre du 14 février 1934, n° 25.
41. Lettre du 19 juin 1934, n° 30.
42. « There are some interesting parallels in the lives of the two men that may have contributed
to their relatively friendship. » [Il existe d’intéressants parallèles dans la vie des deux hommes
qui peuvent avoir contribué à leur relative amitié] dans Bridget Conrad, op. cit., p. 41.
43. Les deux optèrent pour la musique contre le gré de leur parents.
44. Lettre du 31 mars 1931, n° 1.
45. Lettre du 9 avril 1932, n° 2.
46. Hilda Ghuighui (Alger, 1906-Paris, 1996) est venue en France au début des années vingt pour y
faire ses études supérieures. Elle fait ses débuts d’enseignante à Oujda au Maroc, près de son
oncle. Puis elle est nommée à Paris, où elle exerce dans le même établissement que Jolivet. Ils
font connaissance et se marient le 26 septembre 1933.
47. Lettres des 6 juin et 27 novembre 1933, n° 4 et 17.
48. Voir infra.
49. Aspects de la Musique française contemporaine à travers l’œuvre d’André Jolivet, 1960, inédit
(Archives Jolivet).
50. « Ensemble, partis le 29 juillet dernier de Villersexel (Haute-Saône), près de Belfort, ces deux
navigateurs – Jacques Mégret et Fernand de Nobele, libraires tous deux à Paris, et membres du
Canoë-club de France – ont tout d’abord emprunté l’Ognon, affluent de la Saône, ils ont touché
Lyon et descendu le Rhône jusqu’à Arles ; après quelques petits crochets dans l’Ardèche et le
Gard, ils ont longé le Petit Rhône jusqu’à Saint-Gilles et après avoir fait escale au Grau-du-Roi à
Port-Saint-Louis, Martigues et Marignane, arriveront à Marseille, au bas de la Canebière, cet
après-midi, vers 16 heures. Comme on peut s’en rendre compte, c’est sans se hâter que ces deux
grands touristes ont effectué leur croisière, mettant à profit des journées entières à visiter les
curiosités des pays qu’ils traversaient. » (Extrait de presse, Archives Jolivet). Les deux amis ont
tenu un journal de bord conservé par la famille De Nobele. Varèse a aussi entretenu une
correspondance avec Fernand De Nobele (1910-1989), mais seules ont été conservées par la
famille les lettres écrites entre 1958 et 1961.
Jacques Mégret (1905-1967), ami de Fernand de Nobele avec qui il a fait connaissance lors d’un
stage chez Margraff puis chez Clavreuil, le libraire historique. Il a travaillé avec Pierre Bérès, qui
a racheté la maison Dorbon, et est devenu lui-même bibliographe (Répertoire bibliographique des
livres imprimés en France au XVIe siècle, spécialiste de Toulouse).
51. Voir supra, note 15.
52. Le mot copains est employé par Louise Varèse pour désigner François Bernouard et Claude
Chéreau, qui formaient avec Varèse un joyeux trio. Nés tous les trois sous le signe des Gémeaux,
ils s’amusaient à faire ensemble tout ce qui plaît aux natifs de ce signe (dans Louise Varèse, op.
cit., pp. 39, 52-54).
Chéreau (1883-1974), peintre apprécié pour ses scènes et paysages de Paris ainsi que pour ses
vues ensoleillées du Midi, est aussi venu à l’édition en s’associant à François Bernouard, poète et
typographe, pour codiriger La Belle Édition de 1911 à 1914. Ils firent paraître des revues littéraires
(Schéhérazade, La Vogue française, Panurge) publiant « les jeunes intellectuels de Saint-Germain-
28
des-Prés », plus tard des « éditions spéciales de très grande qualité typographique d’auteurs
comme Barbey d’Aurevilly, Bloy et Jules Renard » et se firent précurseurs en diffusant des livres
de peintres en librairie (Le Guidargus de la peinture du XIX e siècle à nos jours, G. Schurr, Les éditions
de l’amateur, 1990).
53. Joseph Stella (1879-1946), peintre et sculpteur italien émigré aux États-Unis en 1896. Très ami
de Varèse, ils se fréquentent à New York dès le début des années vingt. Il fait un portrait du
compositeur à la pointe sèche (reproduit dans Louise Varèse, op. cit., p. 146). En 1921, Stella est
l’un des deux artistes – avec Man Ray – choisis par Tzara pour représenter l’Amérique au Salon
Dada – Exposition internationale – qui s’est tenu du 6 au 30 juin 1921, à Paris, Galerie Montaigne. Au
moment de ce qui peut être considéré comme les « grandes heures du dadaïsme américain, des
peintres comme Arthur Dove, Joseph Stella, John Covert... adoptèrent [...] les techniques
nouvelles de Duchamp, de Picabia ou de Schamberg » (dans Michel Sanouillet, op. cit., pp. 31, 279).
La même année, le peintre est invité à siéger au conseil d’administration de l’International
Composers’ Guild. En 1928, Varèse et lui quittent New York ensemble pour Paris. Stella n’est
retourné aux États-Unis que dans le courant de l’année 1934 (voir lettre du 1 er août 1934, n° 31).
Ses lettres écrites entre 1934 et 1936 figurent dans les Archives Jolivet, de même que la brochure
« New York » présentant cinq toiles consacrées à la ville et comprenant un texte en hommage à
son frère le Dr Antonio Stella et des coupures de presse commentant des expositions du peintre
au Washington Palace, 14, rue Magellan ou à la Galerie Jeune Peinture, rue Jacques-Callot à Paris
(New York Herald Tribune, European Edition, 28 juin 1931, p. 8).
54. Une ambiguïté demeure : s’agit-il du peintre Alberto Vargas ou de Luis Vargas, graveur ayant
illustré Fraternity, un poème de Stephen Spender traduit par Louis Aragon ? Dans aucune de ses
lettres, Varèse n’indique les prénoms des Vargas.
55. Dans la correspondance, il n’est pas fait allusion à la fille de Jolivet et de Martine Barbillon,
Françoise-Martine, née en 1930.
56. Dans lettres du 28 octobre 1933 et du 17 septembre 1934 (n os 16 et 34), par exemple.
57. Oskar Fried (1871-1941), chef d’orchestre et compositeur allemand qui a séjourné en France
au début des années vingt avant de s’installer en U.R.S.S., où il devient citoyen soviétique en
1940. Il a dirigé le Choral et Fugato de Jolivet en U.R.S.S. Dans ses archives, Jolivet a conservé, en
dehors des courriers que Fried lui a adressés, trois lettres de Varèse à Fried datées des 21, 27 juin
et 27 juillet 1933, de même qu’une carte postale envoyée d’Espagne et cosignée par Pablo Casals,
Maurice Eisenberg, Robert et Paldi Gerhard, Joan Prats et Varèse. Dans son agenda, Jolivet a noté
plusieurs rendez-vous avec Fried en février et mars 1934, dont certains à l’Ambassade d’U.R.S.S..
58. Voir lettre du 14 février 1934, n° 25.
59. Voir lettre du 12 janvier 1934, n° 22.
60. La date de son départ figure dans l’agenda de Jolivet.
61. Ces concerts ont eu lieu les 15 et 22 avril 1934, voir les lettres n os 25 et 26.
62. Premier ambassadeur des États-Unis en U.R.S.S. dont Varèse, dans sa lettre du 14 février 1934,
dit avoir « tout son appui moral » (voir lettre d’Oskar Fried en annexe).
63. Voir lettres des 24 avril, 2 et 19 juin, 9 juillet 1934, n os 26, 28, 30 et 31.
64. Dans lettre du 18 mars 1936, n° 62.
65. Dans lettre du 12 août 1934, n° 32.
66. Ibidem.
67. Dans lettre du 9 décembre 1934, n° 39.
68. « Le Communisme comme on le conçoit en chambre chez nous est bien un accessoire
romantique et périmé – et n’a aucune chance de réussite - ni ici - ni ailleurs. C’est pourquoi nos
pseudo-révolutionnaires (je parle de France) peuvent s’y cramponner en toute sûreté - Ils
peuvent gueuler à tue-tête sûrs de ne jamais avoir à faire face aux responsabilités du pouvoir -
Encore une forme d’académisme bien française- » (dans lettre du 12 août 1934, n° 32).
69. Dans lettre du 27 novembre 1933, n° 17.
29
l’autonomie catalane. Haute figure de l’histoire de la Catalogne, son portrait servit d’affiche lors
de la campagne électorale en 1936 (dans Manuel Cruells, Francesc Macia, Éditions Brughera).
95. Lettre du 11 janvier 1934, n° 21.
96. Rafael Alberti (1902-1999), poète, auteur dramatique et peintre espagnol. Il débuta comme
peintre cubiste puis, influencé par l’œuvre de Luis de Góngora y Argote, il délaissa la peinture
pour se tourner vers l’écriture. Il publia des poèmes d’inspiration populaire (Le Marin à terre),
baroque, surréaliste (Au-dessus des anges) qui eurent pour thème essentiel la révolte contre tout
ce qui s’oppose à l’épanouissement de l’homme. Il adhéra au Parti communiste en 1931, puis
fonda la revue Octobre en collaboration avec sa femme, l’écrivain Maria Teresa Léon, en 1934. La
même année, Rafael Alberti fut présent au Premier Congrès des écrivains soviétiques à Moscou
en août puis vint à Paris. Jolivet l’y rencontra et en fît part à Varèse, qui se souvient « avec plaisir
de leurs soirées madrilènes » dans une lettre du 16 décembre 1934. Pascal Ory, dans La Belle
Illusion (Plon 1994, p. 218), cite la parution, en 1936, de textes inédits d’Alberti dans la revue
Soutes ; c’est l’époque où il prit part au mouvement révolutionnaire contre l’armée franquiste.
Contraint à l’exil, il figura parmi les réfugiés espagnols secourus en 1939 par le comité d’accueil
créé par la section française de l’Association internationale des écrivains pour la défense de la
culture (dans Herbert R. Lottman, La Rive gauche, Éditions du Seuil, 1981, p. 130 et 237). Puis il se
réfugia en Argentine, séjourna dans plusieurs pays sud-américains avant de choisir de se fixer à
Rome. Il reçut le Prix Lénine en 1966. À son retour en Espagne, il fut élu député communiste de
Cadix en 1977 mais abandonna ses fonctions politiques pour se consacrer à son œuvre. Il fut l’un
des derniers survivants de la génération 27 , ainsi nommée en souvenir du tricentenaire de
Góngora (D’après Encyclopédie Hachette/Hachette Multimédia et Historia de Catalunya).
97. Joaquim Torres Garcia (1874-1949), peintre uruguayen de père catalan. À 17 ans, il part pour
Barcelone où il complète sa formation à l’École des Beaux-Arts. Très vite, il s’exprime en réalisant
de nombreuses peintures murales tant dans des églises que pour l’Exposition internationale de
Bruxelles en 1910. Il participe notamment à la restauration du Palais de la Generalitat. En 1920, il
vient à Paris, où il rejoint son ami Joan Miró. Puis il va passer quelques mois à New York et
s’installe enfin en Italie. À Paris, à partir de 1926, auront lieu pratiquement chaque année, dans
des galeries telles que Favre, Carmine, Zak, Jeanne Bucher, Pierre... ainsi qu’au Salon d’automne,
des expositions individuelles de ses œuvres. Il participe alors au groupe « Cercle et carré » (1930)
avec, entre autres, Piet Mondrian. De 1931 à 1934, il réside à Madrid (95 Ayala, adresse relevée
dans l’agenda de Jolivet). En 1934, il retourne vivre à Montevideo, où il développe, en dehors de
sa création personnelle, de nombreuses activités autour des arts plastiques (conférences, cours,
livres).
98. Georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974), peintre, poète, romancier, avait fait aussi de
sérieuses études musicales. Il présenta une œuvre musicale pour piano, Le pas de la Chicorée frisée,
lors d’une soirée dadaïste en février 1920 (Michel Sanouillet, op. cit., p. 164). Plusieurs lettres de
lui ont été conservées par Jolivet : 13.10.1933, 23.12.1936, 9.10.1957, 26.5.1960, 18.9.1963. Il est
l’auteur de Marche funèbre, texte mis en musique par Jolivet (dans Romantiques, composé en 1934).
99. Le Corbusier (Charles-Édouard Jeanneret, dit) (1887-1965), célèbre architecte, urbaniste,
peintre suisse, naturalisé français en 1930. Il s’était installé à Paris en 1917, où il fit rapidement
connaissance, parmi tant d’autres, de Lipschitz, Léger et Varèse. Dans ses notices biographiques,
il est souvent fait mention de voyages en Amérique qui lui ont sûrement permis de garder
contact avec Varèse. En 1958, Le Corbusier est appelé pour construire le Pavillon Philips pour
l’Exposition Universelle de Bruxelles. Il est aussi l’auteur du spectacle qui y est présenté sous le
nom de Poème électronique, auquel Varèse collabore pour la partie sonore. Autour de ce projet, il
se retrouve avec le compositeur et architecte Iannis Xenakis, Louis Kalff pour les lumières, Jean
Petit pour les images. Varèse trouve alors l’occasion de disposer du laboratoire électronique dont
il a rêvé toute sa vie.
31
100. Mis pour Jacques Lipschitz (ou Lipchitz) (Druskieniki, Lituanie, 1891 – Capri, 1973),
sculpteur. Il fit ses études à l’École des Beaux-Arts à Paris (1909-1911) ainsi qu’à l’Académie
Julian. Quand, persécuté par les nazis, il émigra aux États-Unis en 1941, il connaissait déjà une
certaine célébrité. En 1938, Jolivet était encore en relation avec lui (Agendas Jolivet).
101. Fernand Léger (1881-1955), peintre français dont l’œuvre riche et divers répond à l’appel de
tous les mouvements artistiques majeurs du XXe siècle : fauvisme, cubisme, futurisme, purisme,
surréalisme, néo-classicisme, social-réalisme... Varèse fit sa connaissance avant la Première
Guerre mondiale. Louise Varèse raconte qu’alors, dès le début de la guerre, Léger venant d’être
gazé, Varèse fit intervenir des amis influents pour le faire sortir des tranchées. Malgré quelques
disputes (Léger reprochait à Varèse de faire la cour à sa femme), ils restèrent amis et Léger lui
offrit un tableau. Plus tard, lorsque le ménage Varèse vint à Paris en 1924, ils habitèrent l’été un
grand atelier où se tenait l’hiver une école dont Léger était l’un des professeurs. C’est là que
naquit l’œuvre de Varèse, Intégrales (Louise Varèse, op. cit., pp. 108 et 216).
102. Aucun de leurs noms ne figure, par exemple, dans le dictionnaire biographique MAITRON, et
ces renseignements ne se trouvent pas forcément dans les biographies consultées.
103. Déjà jadis, ou Du mouvement dada à l’espace abstrait, collection 10/18, René Julliard, 1958.
104. Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 19.
105. Membre du groupe, Fernand Léger y exposa aussi en 1912.
106. Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 39.
107. En 1920, il expose au Sans pareil. Ce qui fait dire à Michel Sanouillet : « Ribemont n’était
peintre que d’aventure, ayant longuement hésité entre les diverses formes d’art sans jamais
pouvoir se fixer. [...] lié à Picabia, il lui servait de « gérant » dans la production de sa revue
391 » (op. cit., p. 171-172).
108. Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 71.
109. Il est amusant de souligner que la troisième des manifestations « Dada » à Paris en 1920 a eu
lieu à l’Université populaire du Faubourg Saint-Antoine, fréquentée quelques années auparavant
par Varèse (voir note 15). Michel Sanouillet (op. cit., p. 158) explique : « Ces jeunes bourgeois [les
dadaïstes] étaient irrésistiblement et sentimentalement attirés par les idées politiques de gauche
et rêvaient de se voir compris par le peuple ».
110. Ibid, p. 99.
111. Ibid, p. 168.
112. Ibid, p. 173.
113. Ibid, p. 183.
114. Ibid, p. 185.
115. « Anarchiste j’étais, rien ne me disposait à cesser de l’être, mais cette anarchie-là, c’est celle
de beaucoup d’intellectuels : rien ne sert de l’invoquer. Politiquement, elle ne mène à rien, on l’a
bien vu, en trop d’occasions. » (Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 219.)
116. Ibid, p. 187.
117. Revue publiée par Pierre Lévy, patron des Éditions du Carrefour.
118. Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 212.
119. Avec Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland et A. Rolland de Réneville, René Daumal
(1908-1944) forma un groupe aux préoccupations proches de celles des surréalistes. Ensemble ils
fondèrent en 1928 la revue Le Grand Jeu, dont les thèmes de base étaient ceux d’une société
secrète, « Les Phrères simplistes », placée sous le signe du « dérèglement des sens ». Ils
s’orientèrent plus vers la métaphysique, les religions orientales, l’ésotérisme que vers les
problèmes sociaux (dans G. Ribemont-Dessaignes, op. cit., p. 202).
120. Ibid, p. 215.
121. Hilda Jolivet, op. cit., p. 190.
122. Lettre du 14 octobre 1933, n° 15.
123. Il n’y revint qu’en 1950 (voir lettre envoyée, de Darmstadt, du 1 er août 1950, n° 96).
32
124. Ce profond refus est exprimé dès 1921, dans la dernière phrase du manifeste de
l’International Composers’ Guild (ICG) : « The ICG disapproves of all ’isms’... » (« L’ICG réprouve
tous les “ismes”... », dans Louise Varèse, op. cit., pp. 166-167). Par ailleurs, Varèse avait signé le
manifeste Dada, Dada soulève tout, daté du 12 janvier 1921, dont le thème était que « Face à toutes
les écoles dites modernes (Cubisme, Expressionnisme, Simultanéisme, Futurisme, Unanimisme,
néo-classicisme, Paroxysme...) et dont le seul dénominateur commun était le souci de créer de
nouvelles formes d’art, se dressait Dada... » (dans Michel Sanouillet, op. cit., p. 235).
125. Lettre du 19 juin 1934, n° 30.
126. Voir lettre du 19 juillet 1935, n° 42.
127. C’est le cas d’Octandre, voir lettre du 26 décembre 1935, n° 54.
128. Lettre du 20 juillet 1936, n° 69.
129. Voir lettre du 20 janvier 1945, n° 77.
130. Émission citée note 28.
131. H.-M. Barzun (1881-1973) a connu Varèse avant la guerre de 1914. Ce poète avait été reconnu
par Apollinaire comme le père de la Poésie simultanée tenant du Simultanisme et de l’Orphisme. Il
avait, comme membre-fondateur, fourni les fonds nécessaires à la création de l’Abbaye de Créteil,
cette coopérative d’écrivains et d’artistes établie à la fin de 1906, avec Charles Vildrac, Georges
Duhamel, Albert Gleizes, René Arcos et Albert Doyen. Il émigra aux États-Unis où il vécut en
enseignant. Varèse le retrouva l’été 1927 sur la Côte d’Azur, où il était lui-même venu passer l’été.
132. Lettre de Jolivet à Barzun, Columbia University Libraries, Special Manuscript Collection, H.-
M. Barzun, citée dans Bridget Conrad, op. cit., pp. 39 et 40.
133. Voir lettre du 13 décembre 1933, n° 19.
134. Voir lettre du 12 août 1934, n° 32.
135. Voir lettre du 11 octobre 1934, n° 36.
136. Voir lettre du 2 février 1934, n° 24.
137. Voir lettre du 19 juillet 1935, n° 42.
138. Voir lettre du 29 août 1936, n° 71.
139. Voir lettre du 20 janvier 1945, n° 77.
140. Voir lettre du 27 novembre 1933, n° 17.
141. Dans Hugues Dufourt, « Varèse et l’art moderne : Pour une critique socio politique de la
culture du XXe siècle », Critique, 467, Paris, 1986, p. 332.
142. Déclaration de Varèse au Christian Science Monitor, en 1922, rapportée par Chou Wen-Chung,
dans « Varèse : a sketch of the man and his music », op. cit., p. 165.
143. Citation extraite de l’ouvrage de Busoni, Entwurf einer neuen Ästhetik der Tonkunst, traduction
française : L’Esthétique musicale, Paris, Minerve, 1990).
144. Voir Hilda Jolivet, op. cit., p. 30.
145. « Varèse [était devenu] l’un des membres de notre bande de la Belle Édition, dirigée par
François Bernouard (voir supra, note 52) qui comprenait [...] René Bertrand, inventeur d’un
instrument électronique ». (Témoignage de Claude Chéreau dans Louise Varèse, op. cit., p. 53).
146. Lettre du 5 juin 1935, n° 41.
147. Voir op. cit. édition française, pp. 53 sqq.
148. « He shared Marinetti’s enthousiasm for the mechanical modern world but not his desire to
imitate it » (dans Louise Varèse, op. cit., p. 106).
149. S’exprimant dans la revue 391 de Francis Picabia à laquelle il a participé.
150. Luigi Russolo (1885-1947), inventeur, peintre, compositeur futuriste italien. En 1913, il
publie son manifeste futuriste L’Art du bruit, qui exprime la prise en compte du bruit comme
source possible d’œuvre d’art. Varèse, dans la revue 391 de Picabia, s’oppose à cette conception
car ce n’est pas « le bruit qui le passionne, mais le bruit se transmutant en son, le bruit devenant
beau [...]. Varèse fut ami de l’homme mais il n’acceptait pas le « “bruitiste” » (dans Fernand
Ouellette, op. cit., p. 48). Il s’intéresse cependant beaucoup au « russolophone », instrument
33
générateur de bruit construit en 1929. Varèse et Russolo sont en 1933 en même temps en
Espagne : Russolo est en séjour à Tarragone et ils s’écrivent (voir lettre du 24 août 1933, n° 6).
Plus tard, la musique machiniste présentera moins d’intérêt pour Russolo qui se tourne vers la
peinture et la philosophie (DBM, p. 3550).
151. Affiche de la manifestation dans Helga de la Motte et Klaus Angermann, Edgard Varèse
1883-1965, Peter Lang, Frankfurt am Main, 1990, p. 57.
152. Cette conversation sténographiée est reproduite dans Bifur, n° 5, Éditions du Carrefour,
Paris, 1930, p. 121 à 129, revue dont Ribemont-Dessaignes a été rédacteur en chef (voir supra note
117).
153. Dans son ouvrage, Fernand Ouellette écrit : « En 1927, Varèse décide de changer d’ambiance,
d’aller se rendre compte lui-même des recherches que Bertrand et Martenot font à Paris » (op.
cit., pp. 106-107).
154. Léon Thérémin, (né Lev Termen, 1896-1993) a été à la fois diplômé de l’École technique
d’électricité et de l’Université des Sciences de Saint-Pétersbourg et il a étudié le violoncelle au
Conservatoire de la même ville. Lors des événements d’octobre 1917, l’officier-ingénieur radio du
tsar est passé du côté des bolcheviks puis a commencé des recherches à la station radio de
l’Armée rouge. En 1918, il a déjà construit le premier prototype de son instrument :
l’aéthérophone (un instrument qui permettrait de créer des sons autrement que de façon
mécanique) dont la démonstration devant Lénine eut lieu en 1920 (1922, déclarent certains). Très
vite, des œuvres pour instrument « Theremin » et orchestre furent écrites. Les succès remportés
et la notoriété de l’inventeur lui permirent alors d’obtenir l’autorisation de voyager à l’étranger.
Après avoir présenté ses instruments en Allemagne et en France, il s’est embarqué pour les États-
Unis, où il est resté une dizaine d’années. Années pendant lesquelles, après avoir déposé un
brevet pour le thereminovox, il a mis au point une nouvelle invention, le rythmicon, élaboré avec
le compositeur Henry Cowell ; il a fondé un laboratoire d’acoustique à New York et collaboré à
des expériences menées par Leopold Stokowsky pour « renforcer les basses ». Nicolas Slonimsky
(dans Perfect Pitch, Oxfordk, Oxford University Press, 1988, p. 151) relate qu’un jour de 1938,
Theremin a simplement disparu. La rumeur voulait qu’il fût retourné à Moscou où il avait été tué,
accusé d’être un espion allemand. Thérémin a lui-même confié, lors du Festival de musique
électronique de Stockholm en octobre 1990, avoir passé après son retour en U.R.S.S. huit ans dans
des camps de travail près de Kolyma puis d’Omsk et enfin près de Moscou. Là, il a été placé dans
un centre spécial pour scientifiques où il a travaillé dans le domaine de l’acoustique, d’abord
comme prisonnier puis comme civil, jusqu’en 1964. Ensuite, il a exercé deux ans au Conservatoire
de Moscou dans le Département de recherche acoustique et d’enregistrement puis il a poursuivi
ses recherches sur l’analyse de la voix à l’Université de Moscou (dans Stephen Montague,
« Rediscovering Leon Theremin », Tempo (A quaterly review of Modern music) n° 177, juin 1991,
pp. 18 sqq. et dans Olivia Mattis, « Entretien inédit avec Lev Termen », dans La Revue musicale, n°
421 à 424, 1991, p. 205).
155. Ultérieurement, dans la partition éditée, les deux thereminovox ont été remplacés par deux
ondes Martenot.
156. Louise Varèse, op. cit.
157. Varèse a passé l’été 1927 en France (voir infra).
158. Elle a eu lieu au Metropolitan Opera de New York, le 31 janvier 1928. Varèse était à New
York.
159. Dans Olivia Mattis, op. cit., p. 207.
160. Dans lettre du 14 octobre 1933, n° 15.
161. Mais la lettre est revenue. Olivia Mattis semble avoir pu la consulter dans les documents de
Louise Varèse (et a pu la reproduire ?).
162. « With René Bertrand, to pursue work on an instrument for the producing of new sounds. To
inspect other new inventions in certain laboratories in order to discover if any of them could
34
186. Concerts donnés au Carnegie Hall, les 11 et 12 avril 1919 par un orchestre qui avait été fondé
pour Varèse dans le but d’introduire la musique vivante (voir Chou Wen-Chung, op. cit., p. 153).
187. Des œuvres de C. Griffes, C.M. Loeffer, Sibelius, Ε. Whithorne ; Busoni, Roussel, Ravel, Satie,
Tommasini devaient être jouées (dans Louise Varèse, op. cit., p. 140).
188. Le 31 mai 1921.
189. Publié dans Louise Varèse, op. cit., pp. 166-167 ; traduction française dans Fernand Ouellette,
op. cit., pp. 75-76.
190. « New ears for new music and new music for new ears » (dans Louise Varèse, op. cit., pp. 205
sqq).
191. Parmi lesquels : Bartók, Berg, Chávez, Cowell, Hindemith, Honegger, Kodály, Malipiero,
Milhaud, McPhee, Poulenc, Satie, Schmitt, Schoenberg, Stravinsky, Webern, etc. pour ne citer que
ceux-là (dans Chou Wen-Chung, op. cit., p. 154).
192. Cette section ne vécut pas longtemps et fut supplantée par la toute nouvelle SIMC – Société
Internationale de Musique Contemporaine – fondée par Edward Dent et Adolf Weismann le 11
août 1922 à Salzbourg. En 1923, la SIMC comptait déjà quatorze nouvelles sections (dans Louise
Varèse, op. cit., p. 181).
193. Bien qu’en 1925 il se fût juré de ne plus jamais le faire (dans Louise Varèse, op. cit., p. 279).
194. Laissant la charge de l’entreprise à Henry Cowell, Nicolas Slonimsky et Charles Ives (dans
Louise Varèse, op. cit., p. 279).
195. Pour preuve, ce détail trivial : il utilisait le papier à lettre à en-tête de l’IEC (comme il le
faisait de celui de la PAAC, voir lettres n° 17, 21, 25, 30, 31, 34).
196. Lettre du 16 décembre 1934, n° 40.
197. Jolivet a envoyé la partition à Salzedo le 16 décembre suivant.
198. Voir lettre n° 27.
199. Et Varèse ajoutait : « mais ne peux et ne veux fixer de date - car je tiens à ce qu’elles soient
présentées dans les conditions idéales - et je ne voudrais rater l’occasion lorsqu’elle se présentera
- faute de matériel - Faites donc un effort pour vous en recopier un pour les besoins de là-bas. »
(lettre n° 47).
200. Voir programme reproduit, ici même.
201. Nestor Lejeune, professeur de violon à la Schola cantorum et professeur de la classe
d’orchestre de 1926 à 1932, Jean-Claire Vançon, (La Spirale (1935-1937), « Un nouveau groupement
fondé sous l’égide de la Schola », Mémoire d’Histoire de la Musique, CNSMD de Paris, 2001-2002.
202. Georges Migot (1891-1976), compositeur français. Dans certaines de ses lettres à Jolivet, il est
question de Varèse. Par exemple, le 5 juillet 1935, il écrivait : « Merci pour votre mot. Je vais
écrire à Varèse, et répondre aux questions posées par lui » ou le 1 er mars 1936 : « ... ce mot en
hâte, et vous revoir au concert américain » et non datée : « Quand aurait lieu un prochain
concert ? Ceci parce que j’ai musiques d’un groupe américain ». De nombreuses autres lettres
concernent les concerts de La Spirale (Archives Jolivet).
203. Lettres des 5 juin, 13 août et 13 novembre 1935 (n° 41, 43 et 47).
204. Nationale mis pour Société Nationale de musique.
205. Dans le troisième des Douze entretiens radiophoniques d’André Jolivet avec Antoine Goléa,
inédits, 1960 (Archives Jolivet).
206. Douze entretiens, ibid.
207. Les programmes de douze concerts avaient été établis mais le dixième, celui consacré aux
femmes compositeurs, n’a pu être monté.
208. Un conseil d’orchestration : « Tuba au lieu de clarinette basse ; double emploi piano et
harpe. Méfiez-vous de la monotonie » (dans lettre du 15 novembre 1934, n° 38).
209. Dans lettre du 18 mars 1936, n° 62.
210. Dans lettre du 4 avril 1936, n° 63.
211. Dans Louise Varèse, op. cit., p. 260.
36
1 La transcription des lettres est conforme à la présentation de Varèse ainsi qu’à son
orthographe :
• Varèse complétait ses lettres par de fréquents ajouts disposés en haut, en bas et sur les côtés
de page (voir les documents reproduits ci-après). Leur positionnement est partout spécifié.
• La présentation des dates a été respectée : le mois est indiqué tantôt en chiffres romains,
tantôt en toutes lettres. Nous avons rajouté l’indication d’expédition lorsque celle-ci n’était
pas présente (elle est alors placée entre crochets).
• Les mots écrits en capitales ou débutant par une capitale ont été maintenus, de même que
l’ont été ceux qui devraient en avoir (exemple : gaité au lieu de Gaîté).
• Les paragraphes sont souvent précédés d’un titre souligné : les mots soulignés sont signalés
par des italiques. Lorsqu’un mot est souligné deux fois, il apparaît en italique souligné. La
mention des œuvres est gardée telle quelle.
• L’utilisation du signe = est fréquente, notamment à la place des deux points (:).
• Varèse n’emploie presque jamais de signes de ponctuation : les idées sont, à de rares
exceptions près, séparées par des tirets courts. Toutefois, points, points d’exclamation et
points d’interrogation apparaissent ici ou là.
• Il manque souvent les accents graves ou circonflexes, ainsi que les traits d’union dans les
mots composés. Nous avons signalé la plupart des fautes d’orthographe par un [sic] entre
crochets. Mais les traits d’union ont été rétablis dans les mots composés, afin de ne pas
alourdir la lecture (ils étaient trop nombreux !). Une rectification a été effectuée par respect
pour l’origine flamande du nom de De Nobele que Varèse écrivait avec un accent : De Nobèle.
• Certaines orthographes sont fluctuantes, comme celle de Salzedo (ou Salzédo). Elles ont été
maintenues pour l’amusement du lecteur, d’autant qu’elles sont parfois intentionnelles.
Varèse pratique beaucoup les jeux de mots, comme par exemple « la 4è raie publique ». Ses
déformations proviennent aussi d’une américanisation du français ou d’une francisation de
l’américain.
• Certaines abréviations ont été signalées à leur première occurrence, comme « s.v.pl. » pour
s’il vous plaît, ou « c.à.d. » pour c’est-à-dire, ou encore « bcp » pour beaucoup.
• La signature se résume fréquemment à un « V. » souligné ; rarement le nom de Varèse est
écrit en entier. Son prénom apparaît le plus souvent sans le d final d’origine (Edgar au lieu
d’Edgard).
38
• Varèse disait lui-même de son style : « Céline écrit comme je parle ». Alejo Carpentier
mentionne que « Varèse parlant était un spectacle verbal, marqué par la langue verte,
l’argot, le parler des faubourgs » (Varèse vivant, Paris, Le nouveau commerce, 1980, p. 25).
Ainsi, dans une même lettre (comme la lettre n° 31), se trouvent à la fois un exemple de
contrepèterie (« que l’on coule et mouillotte et non... ») et des modèles de grossièreté dont la
plus anodine est l’expression « trou du cul »...
• Les abréviations utilisées dans les notes sont :
2 DBM, Dictionnaire biographique des musiciens, Theodore Baker — Nicolas Slonimsky, Paris,
Collections Bouquins, Robert Laffont, 1995.
3 DIF, Dictionnaire des Intellectuels français, sous la direction de Jacques Julliard et Michel
Winock, Paris, Éditions du Seuil, 1996.
4 ALGD, Louise Varèse, A looking. glass diary, New York, Norton, 1972.
39
Correspondance
Edgard Varèse et André Jolivet
1.
1 Cher Monsieur -
2 Mon mot à Barrère - annonçant l’envoi de votre partition1 est parti - adresse :
3 Mr. George Barrère
4 162 West 56 st.
5 New York City (U.S.A.)
6 Faites donc le nécessaire et écrivez lui2 ainsi que convenu.
7 Hommage à Madame Jolivet - Votre sincèrement
8 Edgar Varèse
2.
9 - V / 1932
(sur papier bleu pâle)
expéditeur : 7, rue Belloni Paris 15è ; destinataire : A. Jolivet 68 rue Duhesme, Paris
18e
9 Cher Ami -
10 Je pense que vous avez du [sic] voir Freed3.
11 Pomiès4 tient absolument à remettre à la saison prochaine - et je trouve qu’il a raison -
Il considère le temps trop court d’ici à début de Juin [sic] pour mettre au point son
travail - et ne veut pas présenter une improvisation boiteuse. D’ailleurs j’ai bien pensé
40
qu’avec l’excuse des événements actuels l’époque n’est guère propice à la manifestation
que nous envisagions. Très beau prétexte pour se désoler - et ne rien vouloir
entreprendre.
12 Souhaitons plus de chance pour la saison prochaine.
13 J’espère que votre femme est tout à fait rétablie - et qu’un de ces jours ma porte
encadrera votre apparition.
14 Amicalement à vous 2.
15 V[arèse]5.
3.
10 - V / 1933
Carte postale d’Antibes, Côte d’Azur
4.
[Paris] 6 - VI / 1933
Pneumatique sur papier à en-tête du Café des 2 Magots
destinataire : A. Jolivet, 16 rue Lacretelle, Paris 15e
21 Cher Ami -
22 J’ai besoin urgent de mes 2 ouvr[ages].
23 Excusez-moi de vous les réclamer de façon si abrupte - mais c’est inattendu. On
arrangera pour passer une soirée - soit fin de la semaine - soit courant prochaine selon
mon œil.
24 Que faut-il faire au sujet de Strowsky7 ?
25 Hommage chez vous, et bien votre
26 V.
5.
22 - VI / 1933
sur papier à en-tête de Permanent Commission for International Exchange
41
Concerts8
expéditeur : 7, rue Belloni, Paris 15’ ; destinataire : A. Jolivet, 16 rue Lacretelle,
Paris 15e
27 Cher Ami -
28 Voulez-vous demain vendredi 5 ? ?9
29 On pourrait après casser la croûte ensemble si cela vous botte.
30 Bon souvenir à toute la famille.
31 Votre V.
6.
32 Chers Amis -
33 Reçu mot -
34 Ai fait commission à l’hôtel -
35 Poste restante - Vous devez écrire vous même - pour qu’on fasse suivre. Je me suis
informé - une personne étrangère n’a aucun droit à agir pour vous. Votre informateur
de Tarragona est un con. L’adresse est : Villa Paco - Tierras Cavados - Tarragona - à moins
que Jolivet ne l’ait mal écrite. Il n’y a aucune raison de confondre avec Tossa de Mar -
qui se trouve dans la province de Gerona. J’ai écrit à Tierras Cavados - plus de 10 lettres
à Russolo - et en ai reçu autant de sa part. L’endroit est à 10’ de Tarragona -
36 Dommage que vous soyez partis - Hier lère journée fraîche depuis mon arrivée. Je
compte partir - à moins d’imprévus - dimanche Excusez mot écrit au galop - J’ai 2 types
qui attendent en bas - mais je tenais à répondre de suite.
37 Amusez-vous - et méditez sur le processus comment se forment les légendes - Ceci à
propos du bon marché de la Vie en Espagne - et tous bobards s’y rattachant.
38 À bientôt et cordialement
39 Varèse
40 Dites à Jolivet de travailler à son truc pour trio.
7.
41 Chers Amis -
42 Malgré mes instructions précises d’hier, une lettre arrivée pour Jolivet, allait partir
pour Tarragona ce matin - Rassurez-vous - Suis arrivé à temps - et ai changé la
destination.
42
43 Il se peut que je doive rester ici jusqu’à Mercredi - Revu le Ministre - Il faut pour
démarrer former un Comité A - Or l’homme que nous avons en vue est dans les
Pyrénées - Deux dépêches sont parties pour le prier de rentrer - On lui téléphonera
encore cet après midi, afin d’arranger meeting.
44 Très important - Pas un mot lors de votre séjour à Madrid - et autres endroits d’Espagne -
au sujet de la IVè Int[ernationa]le et, ce, sur l’instante prière du ministre à cause de la
situation causée - par les transferts - Donc soyez gentils - de vous souvenir de cela - Je
compte sur vous -
45 Sauf contrordre [sic] - pense être à Madrid-Jeudi.
46 Reçu lettre de Sanjuan - me disant avoir trouvé pension convenable - Je pense que
j’aime mieux une chambre et dégotter des bouchons pour bouffer - changement-
imprévu - j’ai de bonnes adresses - Ne tiens pas à bouffer de la Merde marinée à l’eau de
Vaisselle - comme à la Pension Mayoral -
47 Amicalement.
48 V.
8.
49 Cher Ami -
50 Je vous confirme lettre d’avant-hier en réponse à celle de Guighy et adressée - chez Mr.
Campo10.
51 Autre lettre - arrivée de France (à votre adresse) a été réexpédiée - Liste de Correos à
Valencia. J’espère que les 2 vous parviendront. Impossible de quitter Barcelone - où
j’attends visite très importante d’un homme - qu’on a appelé par dépêche, des
Pyrénées. Dès que mon meeting aura eu lieu - je filerai à Madrid -
52 Au cas où ma lettre d’hier ne vous soit pas parvenue : Pas un mot à qui que ce soit au
sujet de la IVè Int[ternationa]le - et ce à la requête du Ministre - Une indiscrétion serait
en ce moment susceptible de tout faire râter.
53 Prévenez s.v.pl. Guighy aussi - Merci
54 [sur le côté gauche]
55 Toujours au cas où ma lettre ne vous serait pas parvenue : Vous devez vous même
écrire à la poste centrale de Barcelone - afin qu’on vous fasse suivre correspondance.
Personne n’est qualifié de le faire pour vous.
56 Je pense que tout va bien marcher - Travaillez à votre navet pour le Trio 11
57 [sur le côté droit]
58 Donc pour me résumer :
59 Je les mets pour Madrid dès entrevue avec mon Zèbre - Je pense y être Jeudi - J’ai
l’adresse de bons bistrots là bas. Regrette de ne pouvoir partager le poulet Salouppend 12 -
but business before pleasure. Sur cette forte parole des écritures anglo-américaines -
Salut et prospérité
43
60 V.
9.
61 Cher Ami,
62 Tenant à vous transmettre des informations positives - et non seulement de vagues
impressions - il ne m’a pas été possible d’écrire avant - Il y aura dans un bref futur
beaucoup à faire ici - et Barcelone sera à même de nous offrir un favorable champ
d’action.
63 J’ai eu de longs et fructueux entretiens avec le Conseiller de Culture (ainsi nomme-t-on
en Catalogne le ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts) - Il a été vivement
intéressé par mes idées - mais il faut pour leur réalisation attendre quelques temps car
il est procédé actuellement à une totale réorganisation administrative, rendue
nécessaire par l’autonomie Catalane - et qui absorbe toute l’attention du
gouvernement. Toutefois le Conseiller de Culture est décidé à agir énergiquement en
faveur des arts - surtout de la musique - et ce dès que possible. Il réalise l’importance
des facteurs spirituels dans la nouvelle Société vers laquelle nous nous acheminons. Des
plans que j’ai soumis sont à l’étude, et il est question que je vienne cet hiver pour
collaborer à leur réalisation.
64 Avez-vous envoyé votre lettre au président du Guatemala ? S’il ne vous est pas possible
obtenir [sic] satisfaction de vos amis politiques de Paris, pourquoi ne pas demander à
Staline (ou autres) ? Vos succès en U.R.S.S dûment mentionnés - donneraient du poids à
votre demande.
65 Dès la réception de cette lettre - jusqu’au 12 Sept[embre] voici mon adresse :
Cuidado Sr. Don Pedro Sanjuan
Velazquez 103 - 4° - Madrid.
66 Ne croyez pas à la légende de la vie à bon marché à Barcelone. C’est presqu’aussi cher
que Paris et la nourriture est loin, mais loin de valoir celle de vos amis Chinois.
67 Mon bon souvenir aux camarades (des 2 sexes) et à vous la cordiale amitié de
68 Varèse
10.
69 Chers Amis
70 Merci pour votre mot du 2813.
71 Il est 15 h - Sauf cas de force majeure je pars demain soir - mercredi. Ce soir dernier
meeting - Tout est convenu avec le ministre mais la situation politique actuelle - ne
permet pas encore - le décret - On travaille à la formation du Comité A.
44
11.
[Barcelone] 11 - IX / 1933
82 Chers Amis -
83 Bien rentré mais mal dormi impossible de fermer l’œil - avec mon bordel Stendahlien -
rouge et noir - qui m’a élancé toute la nuit.
84 J’espère que par contre - vous avez fait bon voyage - et avez pu en écraser - Vu ce matin
mon Homéopathe : à prendre - Hepar Sulfuris - traitement - compresses chaudes -
(aussi chaudes que possible) pendant 1/2 heure - toutes les 4 h - Il pense que le
chocoguerde16 crèvera dans une 40 ne d’heures - ce qui fait mercredi matin - C’est gai -
Naturellement pas de Tolède - C’est donc partie remise. Ne dites rien à Louise de mon
clou - pas la peine de l’inquiéter - J’écris -recroquevillé - à cause de mon bras - On dirait
la nageoire d’un requin arthritique - Voilà les nouvelles.
85 Ci-joint lettre revenue aujourd’hui - prouvant que le service de la maison Jolivet Guighy
Ltd - est fait à l’Espagnole - Le Chef de gare n’est donc pas fautif quoique cocu.
86 Je serais curieux de savoir qui a mis la lettre à la Poste - juste pour rigoler. Bonjour aux
Luchos et à tous les autres117
87 Bon souvenir aux invités de la noce18 - (ceux que je connais).
88 Dites à Louise que je serai heureux de la revoir bientôt à Vigo.
89 Tous mes vœux - et mon amitié à partager entre vous 2.
90 Varèse
91 Mardi matin
45
92 Mon truc énorme. Très douloureux - pas dormi de la nuit - La tête tourne - Je vais à
l’Hôpital [sic] - leur demander de couper - J’en ai marre - Confirmation - Le
Ouataplasme19 = de la Merde - Ça ne vaut rien - N’en dites rien à Louise - de mon clou
s’entend - en ce qui concerne le Ouataplasme - vous pouvez le crier sur tous les toits.
93 [sur le côté]
94 Je pense que les Drs [octeurs] d’ici - comme partout ailleurs - sont des cons - mais leur
connaissance ici n’a d’égale que l’exactitude et la précision des renseignements
espagnols -
12.
Carte postale - Date précise illisible ; toutefois, Varèse partant de Vigo pour les
U.S.A., on peut considérer qu’elle a été écrite en septembre 1933.
Vigo - Panorama desde la Guia
13.
15 - IX / 1933
Carte postale - Ria de Vigo
14.
15.
parce que je me refuse à engraisser un profiteur - Ensuite - qu’il coupe les pages - qu’il
écrive sur la 1ére : Property of Edgar Varèse - (ceci à cause de la Douane d’ici) et qu’il me
l’expédie - Demandez-lui de me faire savoir le montant de ma dette - et il sera couvert
(pas de plaisanteries obscènes et sulpiciennes) par retour du courrier. Allez voir les
Vargas4. Communiquez leur [sic] ma lettre - afin de m’éviter d’écrire les mêmes choses.
Je ne vois pas en quoi (ainsi que Claude) vous les auriez froissés. Mais N[om]. de D[ieu].
pourquoi attendez-vous que les camarades vous accusent réception d’un faire part
matrimonial ? ! Votre association Guighuiesque31 était un fait accompli - En quoi une
cérémonie bourgeoiso-périmée - (nécessaire de par la connerie de l’état social actuel)
peut elle pousser des camarades à vous témoigner une sympathie ou une amitié qu’ils
vous ont données - de façon bruyante et inopinée ? Expression nuptiale de
circonstance. Attention - Que le mariage ne vous emplisse pas de susceptibilité
bourgeoise - C’est une des institutions les plus sordides que l’hypocrisie et la religion
nous ont valu. Ne prenez donc pas au tragique - une telle vétille - Ici permettez-moi de
vous dire que la faute est à vous - Vous n’auriez pas dû accorder d’importance à ce qui
n’est qu’une formalité administrative - requise par votre profession alimentaire - Sur
ce : Merde pour la famille - et Vive le bon pinard ! Vous parlez si les curés eux-mêmes
après 2 bouteilles se foutent de la base de la Société - et de la pierre d’angle de la patrie.
129 Le Flem - Suis heureux de savoir son ballet 32 au point - et souhaite pour lui le plus
retentissant des succès. Mais qu’il n’oublie pas que nous attendons avec impatience les
vocalises de son rossignol33. Nous en anticipons autant de jouissance - que celle qu’il
procura à la dame donzelle bretonne - Dites à Le Flem et à Madame et Mademoiselle Le
Flem combien nous les aimons et combien mon vieux fraternel ami est présent à ma
pensée - Dites-lui aussi que je crois qu’il sera content - j’espère - de mes travaux en
cours et de mes progrès.
130 Ribemont - Artaud. Pas la peine de les presser pour la IVè Int[ernationa] le Trois lettres
écrites d’Espagne à Prats34 (au sujet d’Alberti - Sanjuan - Torres Garcia) n’ont pas encore
reçu de réponse. Barcelone me parait [sic] suivre les usages du reste de la Péninsule -
De toute façon gardez le contact avec toute la bande - y compris Daumal et Lecomte 35 -
Tenez-moi au courant de tout ce qui se passe à Paris - et dites-moi si Ribemont est en
voie de réaliser le projet de sa Revue36 -
131 Voyez Broqua37 et dites-lui que je lui écrirai dès que quelque chose de positif
s’annoncera à l’horizon. Priez-le toutefois de me faire parvenir (s’il en a) des œuvres de
musique de chambre - et des mélodies - pour l’Association Pan Américaine 38.
132 Ferme Informez-vous - Que peut-on trouver à 1 ou 2 h de Paris - Prix - Etat des
constructions - Surface de terrain - si boisé - ou pour culture etc.
133 Bras Après les drains de Vigo le 1 er abcès juste fermé - un autre - mais plus bénin est
revenu - Je suis en train de le soigner avec une nouvelle gelée - vaccin - C’est la barbe -
Le toubib espère toutefois arrêter la série.
16 - Χ :
134 Les camarades me disent que pendant mon absence, les critiques et essayistes me
mentionnaient souvent - J’en ai eu la preuve dès mon arrivée - Ci-inclus quelques
copies39 dont j’ai les doubles et que vous pourrez foutre aux chiottes (comme dirait
Guighy40) après lecture.
49
135 Dites à Artaud que nous sommes avec Thérenin - qui a un magnifique Laboratoire - en
plein travail pour mes nouveaux instruments - basés sur des données nouvelles - Dites-
lui aussi que j’espère avoir bientôt de ses nouvelles. Je suis officiellement depuis avant-
hier invité au Mexique - pour une période de cours extraordinaires (Master Class) au
Conservatoire - et aussi pour une série de concerts - Je compte y aller au Printemps
après la saison ici - Tenez-moi au courant de se [sic] qui se passe à Paris, et faites part
de mon cordial souvenir à tous les camarades.
136 Hommages à Madame Guighuy41 et notre amitié à vous 2.
137 Varèse
138 Potassez votre truc pour Salzedo - mais pas trop de notes - et souvenez-vous que si vous
avez une tête - il faut s’en servir et penser avec - Vous n’avez pas le droit de foutre sur
le papier des paquets de notes qui ne résistent pas à l’analyse - Souvenez-vous en outre
- qu’une œuvre n’est jamais assez dépouillée - mais ne confondez pas (comme certains
collègues) austérité avec pauvreté. Montrez les coupures à Claude 42 - s.v.pl.
16.
démerder - et malgré tout au point de vue matériel, il y a plus de chances pour moi qu’à
Paris - (où il n’y en a - toujours pour moi - aucune) - Il n’y a ici que des bourgeois - aussi
cons que ceux de Paris - mais plus gentils - Il ne faut pas demander plus - Aucun milieu
possible - Quelques intellectuels - dans le pire sens du mot - lamentables et
sordidement prétentieux - Mais ça m’est égal - Tout ce que je veux c’est de me
démerder matériellement - Je pense que mon turbin personnel va porter et c’est
l’essentiel -
145 Je suis officiellement invité à Mexico - par le Gouvernement, date à mon choix - Je
pense vers Pâques - Informez-vous ainsi que les camarades - pour la ferme - aux
environs de Paris - jusqu’à 70 kms - n’importe quelle direction.
146 Notre meilleur souvenir à Madame Guighy et amicalement des 2 aux 2.
147 Varèse
148 Bonjour à tous les camarades R.D.
149 Le Flem
150 Rue Belloni
151 De Nobele
152 Mégret
153 etc
154 etc
155 etc
17.
peine - Je pense aux futurs bons gueuletons arrosés de bon pinard. Ici on bouffe
beaucoup moins bien - La qualité de la viande et des légumes très inférieure. Les prix
exactement le double qu’à Paris - c.à.d en francs, mangeant à la maison deux fois ce que
ça coutait [sic] Rue Belloni - mais N[om] de D[ieu] quelle différence de climat - Si
seulement on pouvait emporter à Paname le ciel et l’air de N.Y. ! Broqua - Reçu un mot
de lui - et musique. Je lui ai déjà répondu et accusé réception -
161 J’espère que Guighui a bien passé son examen - Sans ça gare - Mr. Strowsky lui donnera
la fessée - eh ! eh ! il doit s’y connaître -
162 Très bien pour Salzedo et Sanjuan.
163 J’ai revu Barzun49 - Il en a marre de l’enseignement 50 et aimerait tout pouvoir lâcher et
pouvoir travailler pour lui - Moi comme je vous l’ai dit, je ne fais pas de plans
immédiats - Je fais et ferai de mon mieux pour me démerder - Si la ferme peut réussir
tant mieux - Au pis-aller - le monde est grand - et sûrement un pays m’offrira un jour
les possibilités à la réalisation de mon travail - Où, je m’en fous - Naturellement -
malgré que j’aie horreur de la Ville - Paris me plairait à cause des milieux - mais je n’ai
pas de rentes - et vous savez vous-même - que je n’ai rien à y faire et qu’on ne veut pas
de moi - J’ai perdu 5 ans à faire le con - et à respirer ses relents de poubelle - En plus la
France est vraiment trop bête - Elle se contente d’être à la remorque de l’Angleterre -
comme avant la guerre, l’Autriche était le brillant second de l’Allemagne - De loin sa
situation paraît très moche - On se demande comment un pays qui possède toutes ces
ressources morales et matérielles accepte d’être menée [sic] par une bande de tels
salauds incapables - sans envergure - La France et l’Allemagne - ensemble - seraient les
maîtres du monde - Non - il faut demander la permission de l’Angleterre pour
« causer » Tas de Coubour - et cet échappé de capote de Robespierre 51 continue - à poser
de profil - Barbusse52 a fait des conférences - auxquelles j’ai assisté - je crois vous en
avoir fait part - Il a annoncé à cor et à cri l’avènement proche du fascisme en France -
Ça ne serait pas pire qu’actuellement ! !53 En Allemagne - je ne sais ce que les journaux
chez vous racontent - tout semble aller très bien - Des amis qui viennent de sillonner
les U.S.[A] en tous sens me disent qu’en dehors des grands centres - dans la province et
surtout dans les campagnes, les paysans commencent à considérer sérieusement ce qui
se passe en Allemagne et à se demander si Hitler n’a pas raison - Alors les Soviets sont
reconnus ! ! Ça fera le profits [sic] des aigrefins - qui des 2 côtés se cramponnent à la
queue de la poêle - On est tout miel pour les U.R.S.S. - Pensez les cotons ! Et souvenez-
vous qu’il y a q[uel]ques mois on a fait un scandale parce que Rivera 54 avait peint Lénine
dans une de ses fresques à Radio-City - Il est vrai que comme connerie personne ne peut
prétendre à égaler les Rockfeller55 - Quels criminels hypocrites !
164 [haut de la 2e feuille, à l’envers]
165 Je vais m’occuper pour tâcher de caser vos mélodies56 avec orchestre de chambre - Vous
en reparlerai - dès que verrai possibilité.
166 [suite]
167 Si la saison à Paris s’annonce sinistre - celle d’ici est déjà lamentable - Des Toscanini 57 -
(nini - est de trop - Tosca suffit) - Walter 58 et autres cons continuent à déverser sur la
ville - tout ce que la musique contient de plus ennuyeux - On a l’impression d’être
naufragé dans un immense lac de merde - et d’y tirer la coupe - Je pense reprendre mes
concerts - je vous l’ai écrit ainsi qu’à Lods - Ce n’est qu’une question de galette - Or
cette denrée est fort rare par ces temps - et hors de prix. Mais j’ai bon espoir.
52
18.
28 - XI / 1933
Carte postale - New York City - Chrysler Bldg.
19.
186 Cher Ami - Merci pour votre lettre du 24-XI / 9-XII - reçue ce matin. J’y réponds en
suivant son contenu.
53
187 Ce que vous me dites de Paris m’est malheureusement trop connu - donc inutile d’y
revenir - mais dépêchez-vous de perdre vos illusions en ce qui concerne ce pays - Vous
y retrouverez le même état mental qu’à Paris - avec plus d’imbécillité [sic] - et tout
autant de muflerie - Vous parlez si les gens à galette (comme en France) jouent de la
crise : plus besoin de prétendre qu’on s’intéresse aux arts ; c’est la crise - plus besoin
d’acheter des tableaux - de souscrire à des manifestations musicales : c’est la crise -
Malgré eux - j’ai repris ma place - et je vais de l’avant - mais c’est un cas exceptionnel -
Quant à venir ici - n’y songez pas - Que pourriez-vous faire ? enseigner le français ?
Mais il y a des centaines de professeurs de français à N.Y. (de toutes nationalités) qui la
sautent. Tâcher de vous faire une place dans le monde musical ? Mais c’est plus dur qu’à
Paris - et les méthodes de combat plus crues et plus brutales - Il vous faudrait au moins
deux ans pour prendre pied - c.à.d. vous rendre compte de ce qui se passe autour de
vous - car ce laps de temps n’implique pas chance de réussir - Et puis un vent de
xénophobie - commence à souffler - Les Français surtout sont les moins bien vus - Autre
handicap - vous ne parlez pas l’anglais - Votre ami Nabokoff 61 [sic] est ici - Je l’ai
rencontré sur le même bateau - Il continue la vie mondaine de Paris - Salons - thés -
réceptions - soirées - Ne croyez pas que je le rencontre - car je ne me livre pas aux
manifestations mondaines - mais des amis de différents côtés m’informent de ses
prouesses - Il m’a dit être venu ici - invité pour l’hiver par des amis riches - C’est très
bien - Et puis ? Il faut dire que comme atout - lui et sa femme parlent admirablement
l’anglais - et que les Russes se trouvent entre eux - Or il y a à N.Y. une nombreuse
colonie russe - titrée - conséquemment reçue dans la haute société, qui jouit à prendre
des attitudes de valetaille - en se contorsionnant - et se gargarisant d’altesses -
monseigneurs - ducs - barons - princes - Tous ces parvenus s’épatant eux-mêmes de
jouer aux aristocrates et heureux de casquer pour ça. - Vous voyez que ce n’est guère
plus gai ici que la-bas [sic] - Il n’y a qu’une légère variété - mais dans son intensité et
dans sa persévérance l’emmerdement est le même -
188 Quant à Paris que puis-je faire pour vous ? Les démarches dont vous me parlez ne
peuvent être faites que « verbalement » - conséquemment en personne - Vous savez
que je ne demande pas mieux que de vous rendre service - mais je sais par expérience
que les écrits explicites ne sont pas de saison - et passent vite au panier. D’ailleurs
quand on est décidé à tirer son épingle du jeux [sic] - on y arrive - Je ne vous conseille
pas de gémir à l’avance - C’est malsain et ça fout la poisse -
189 Je pense toujours à mes projets agricoles. Naturellement pas pour tout de suite - Il faut
voir le tournant des évènements - et surtout posséder le pèse [sic] nécessaire... sans ça
gare à la peau de l’ours.
14 - XII / 33
190 Trio - Je l’attends de pied ferme - mais ne vous pressez pas - Mettez-le au point -
Ribemont - Peut-être le trouverez-vous au café - Informez-vous dans lequel il tient ses
assises et n’oubliez pas qu’il est très occupé - Pour lui c’est quotidiennement la chasse
au beef-steack. Rien n’est assuré - Donc récidivez -
191 Artaud - Suis depuis longtemps sans nouvelles - Mañana, mañana... n’est pas l’apanage
exclusif de l’Espagne - Je ne m’en fais plus - mais je souhaiterais toutefois un peu plus
d’empressement à me répondre-Je pensais pouvoir faire quelque chose pour lui - S’il
s’en fout c’est son droit - Je ne puis m’engager et être rendu responsable - J’ai plusieurs
54
écrivains qui me proposent de collaborer - Je verrai ça plus tard, car Artaud paraît
vouloir me laisser tomber - Tant pis pour lui car tout m’est ouvert ici -
192 La pianiste n’avait qu’à se foutre le doigt dans le cul - Le panari [sic] aurait mûri -
J’espère qu’il en est de même de vous - et que Guighy est en bonne santé - et gueule plus
fort que jamais : allegro furioso - ff con fuoco -
193 Malgré la tristesse de l’évènement je considère que la musique ne perd rien avec la
mort de Straram62 - tant pis pour les élèves de Büsser 63 - mais je regrette la maladie de
Ravel64 - qui en dépit du Boléro possède plus de verdeur et de truculence que tous les
jeunes gâteux néo-classiques - et les précoces académiciens lésion [sic] d’honneur -
194 J’espère que la belle-fille de Broqua - (nos bonnes amitiés à toute la famille) se porte
bien maintenant. Dites à Broqua que ses chansons Sud Américaines (Uruguayennes),
ainsi que ses pièces de guitare seront données sous peu et diffusées.
195 Pour le Trio - envoyez par lettre recommandée. C’est la seule façon - Je viens de recevoir
la musique de Solér65 par ce moyen - Ça coûte quelques sous de plus - mais le système
est sûr -
196 Schmitt Bravo - félicitez-le pour moi. On en a marre des Kurt Weill et autres Sérénades
et opérés de 4 merdes66 - sous gono-cocteaux [sic] - Je pense d’ailleurs que certaines
sérénades se préparent - qui ne seront pas pour charmer les « oreilles » de ces délicates
et précieuses gargouilles à foutre ou suintements similaires - (On fait ce qu’on peut ; la
plus belle fille du monde...) Je souhaite que le beau Florent [Schmitt] - qui a laissé ici un
excellent souvenir - fasse école - et que nombreux soient ceux qui lui emboîtent le pas -
Il est temps qu’on commence le nettoyage - et que les travailleurs honnêtes (sans
distinctions de tendances) occupent la place à laquelle leurs efforts leur donnent droit -
On devrait en finir avec tous les salonnards qui monopolisent le marché - profitant -
après l’avoir lancée - de l’inflation spirituelle d’après guerre - Je pense d’ailleurs que
leurs spéculations n’en ont plus pour longtemps. -
197 En chantier Espace 67 et Equatorial 68 - Le 2 nd sera fini dans 2 mois - car je dois cavaler et
me démerder - J’aimerais avoir mes textes pour y penser - et les ruminer - mais Artaud
n’est pas pressé - C’est dommage qu’un homme de son talent se laisse aller ainsi - et
n’ait pas plus de ressort - Je finis par croire que l’intelligence (la France en crève) n’est
qu’un accessoire - Volonté et imagination - sont à la base de la création - car tout acte
discipliné porte en lui l’intelligence -
198 Sur ce il est jeudi - 16h. Je dois me raser - dans une demi heure [sic] Lydia de Rivera 69 (la
soprano cubaine) vient avec son mari prendre le thé - et après j’ai un grand dîner -
Merdre70 - il faut s’habiller. Donc assez pour cette fois. J’ai écrit à De Nobele pour le
remercier - et lui accuser réception des bouquins - Que lui dois-je ?
199 Un autre service s.v.pl. C’est pour Louise71. Serait-il possible de lui trouver « les Mariages
du Père Oliphus » d’Alexandre Dumas père ? mais à des prix d’occasion c.à.d. tenant
compte de la crise et de ma poète - Elle voudrait en traduire un passage - et ici on ne
peut le trouver qu’à la Bibliothèque - qui ne permet pas de le sortir - Répondez s.v.pl.
ou mieux envoyez dès que possible. Merci. Mais je vous prie dites-moi ainsi que De
Nobele ce que je vous dois - car je ne vous crois pas millionnaires (il est possible que je
me trompe) non plus.
200 Bon Noël - Happy New Year - Amitiés à De Nobele - Mégret - Gonon 72 - Les Vargas - etc -
etc - tous et toutes - et les Le Flem N[om] de D[ieu].
55
20.
Noël 1933
Carte de vœux pour l’occasion signée Louise et Varèse.
21.
U.R.S.S. par des personnes très qualifiées pour qu’« Amériques » 75 figure à un des
« programmes culturels ». Il n’y aura je pense aucune difficultés matérielles [sic] pour
Fried - s’il demande à conduire l’œuvre - Dites-lui l’effet qu’elle doit forcément
produire sous sa direction - (l’ayant vous, entendue, même mal exécutée). Avec ma
marchandise il ne faut pas se fier à la lecture, j’en crois l’audition nécessaire même aux
personnes expérimentées - Ce ne pas [sic] de la musique de papier - pour l’esthétique
du graphique - Il faut que ça marche -
215 Comme je vous le dis je crois que Fried aura toute facilité 76 - à cet égard. Je lui écrirai par
quelle voie je fais agir - et lui ferai savoir qui voir pour que l’exécution d’« Amériques »
ait par la presse la répercussion qu’il faut ici. Mais N[om] de D[ieu], qu’il me donne son
adresse exacte et permanente en U.R.S.S afin que je ne perde pas le contact avec lui. 577
216 Dites à Tata Nacho78 que Diego Rivera - maintenant à Mexico - doit s’occuper de régler
les détails pour mon voyage - (avec Lupe Marin79 -) et voir qui de droit parmi les
officiels au pouvoir -
217 En écrivant au Mexique Oskar Fried peut naturellement se recommander de moi -
Dites-lui que j’ai reçu une lettre d’Asturias80 - Pour l’instant rien à faire au Guatemala -
En pleine réorganisation -
218 Espagne - J’attends - La mort de Macia - et Ventura Gassol éloigné du pouvoir sont des
facteurs à retarder l’accomplissement du projet - Mais Prats et Miró 81 paraissent dans
leurs lettres optimistes - Je crois même - me souvenant de ce que Prats m’avait dit cet
été - qu’un coup de barre à droite nous serait favorable - pour les capitaux nécessaires à
l’action - Pissant ! et très tauromachique ! ! à ce propos - quelle connerie que leurs
courses de mes fesses - Et dire qu’il y a des cons qui n’ont même pas l’excuse de
l’atavisme ou d’avoir vu le jour dans le pays - et qui s’emballent pour une telle
imbecillité [sic] - C’est aussi arythmique et traînaillant qu’un adagio de l’ami de Mr
Désormière - l’autre flûtiste, par derrière - Cohen - St Saëns82 - Je souhaite à 7 macaques
- matadors - pour la saison venante - de se faire défoncer le fondement à coups de
cornes bien rugueuses et de fort diamètre - Je pense que tant qu’il y aura des Corridas -
celles-ci représenteront pour le développement des masses en Espagne - un sérieux
handicap - Quoique en toute justice il ne faut pas oublier comme facteurs moraux et
spirituels l’adorable Serrano et l’ensoleillé Manzanilla83 - j’en bave -
219 Tout à fait de l’avis de votre copain en ce qui concerne Berlin : sauf que je ne crois pas
les Allemands froids - mais au contraire plus faciles à l’enthousiasme et à l’amitié
militante - que les Français - J’adore Berlin84 - et lorsque situation - circonstances - et
autres pompes le permettront je me promets d’y faire un long séjour -
220 [Texte le long d’un plan manuscrit]
221 Voici à peu près, ou [sic] se trouve le bijoutier ou [sic] je vis le soldat, le bossu et le
cheval - Il doit être très cher - mais faites vous monter le gri-gri que vous trouverez
sûrement ailleurs - Thank you. And thank you also to try to get Al Dumas book 85 -
Merde - je m’aperçois que je continue en étranger comme dirait Bernouard.
222 Suis de votre avis - pour moi Fêtes est la plus chose [sic] de Debussy - ensuite avec
certaines parties du St Sébastien - Nuages et l’Après-midi d’un Faune - Je n’aime pas la Mer 86
-
223 Equatorial - sera donné en Mars - écrit pour Orgue Trompettes Trombones qui gueulent,
Percussion - instrument de Theremin - et 2 voix Soprano et Basse - Finirai à mon aise
Espace - pour la saison prochaine - Pense en offrir la primeur à Monteux et à l’O.S.P. 87
57
mais gardez cela strictement pour vous - Souhaite que Artaud pousse le travail car je
voudrais me mettre à l’œuvre scénique - Je lui ai écrit il y a une 8 ne - J’ai des gens haut
placés dans le milieu théâtre qui s’intéressent beaucoup à ce que je pourrais faire pour
la scène.
224 Salzedo et Barrère et Britt attendent sans impatience votre trac Travaillez avec
conscience et patience - Je viens de leur entendre jouer le Trio de Riegger 88 - Jamais
compositeur ne peut être mieux défendu - Ils partent en tournée avec son Trio.
225 Amitiés à tous. Huyot89 - De Nobele que je vous prie de remercier pour son amabilité -
Maigret90 [sic], etc etc. Dites à Tata Nacho de m’écrire - que ses amis d’ici se
souviennent de lui et lui envoient le bonjour - ainsi que moi -
226 Saluez ceux que vous rencontrerez au hasard de vos pérégrinations mont-
parnassiennes ou autres - y compris les Vargas - Bernouard - Artaud - Ribemont etc, etc
-
227 Toute notre amitié à vous et Guighui.
228 V.
229 [en haut, à l’envers[
230 Félicitations à Ghighi91 pour son couss-couss ! affectueusement à vs [Sic] deux, Louise 92
22.
238 Voilà - C’est dimanche - journée et temps de con - molasse - fade et religieux - Ai été
hier entendre Salomé96 au Metropolitan - Orchestre dégueulasse - comme son chef 697 -
Mise en scène très con - à la Meyerbeer - et public aussi cul - Mais l’œuvre en dépit de la
mauvaise exécution sonnait - et bien mieux que celles de jeunes salonnards -
239 Dites à Fried que l’on commence à s’intéresser à Mahler et Brucker [sic] - pas beaucoup
il est vrai - mais ce peu signifie quelque chose si l’on songe qu’il y a quelques années,
critiques et public foutaient le camp lorsque ces noms étaient prononcés - Cela
l’intéressera - car il les conduit tous 2 épatamment - Au cordon bleu Guighy 17 mètres
de lésion [sic] d’honneur pour son gousse-gousse98 - Merde ce que l’on bouffe mal ici -
Mais j’espère gagner du pèze - et alors Vive la Ferme - Continuez à chercher aux
environs pour vous tuyauter - Tenez-moi au courant de ce qui se passe - Ça m’a l’air
240 [sur le côté droit]
241 de vouloir se mettre à barder - Vous voyez Tardieu99 en Mussolini ! !
242 Je m’en remets à vous pour faire ma commission à Fried - Merci - Aff[ectueusemen] t à
vous 2
243 V.
244 [en haut du verso, à l’envers]
245 Amitiés à tous et à toutes -
246 Fins roastbeefs et bath choucroutes -
23.
24.
264 [Note : La date indiquée par Varèse du 2. XI. 1934 inscrite sur cette lettre est sans doute
erronée. Le respect de l’ordre chronologique laissait paraître certaines contradictions.
En effet, en novembre, Fried est déjà en U.R.S.S. et les événements ont fait que Varèse
ne veut plus en entendre parler. L’indication par Jolivet de « présente = réponse de ma
lettre du mardi 16 » et la note « Ec. Varèse » dans son agenda au 16 janvier 1934, ont
permis de lever ces contradictions en fixant la réponse de Varèse au 2 février.]
265 Cher Ami -
266 Ci-joint copie de ma lettre à Oskar Fried106 - qui part par le même courrier. Mettez-vous
de suite en rapport avec lui et tuyautez-le au sujet de la percussion d’Amériques - que
vous connaissez et avez entendu - Je veux dire en ce qui concerne certains
instruments : comme tambour à corde - Sirène107 - que vous avez manipulés chez moi -
Spécifiez le bouton d’arrêt instantané - Passez lui - ou plutôt faites taper et passez lui
copie des notes de programme rédigées par Le Flem108 - pour que Fried s’en serve pour
ses programmes en URSS. Retournez-moi original - dont je puis avoir besoin - Merci -
Excusez le dérangement que je vous cause mais je n’ai pas de temps - Il me faut filer à la
poste afin que mes lettres partent demain matin - et j’ai un rendez-vous au Western
Electric109.
267 Je travaille - et ça marche - Les concerts de printemps s’annoncent bien - Paris me
paraît loin et mort - J’espère qu’Artaud ne m’oublie pas - Equatorial sera fini dans 6 ou 7
semaines (leçons et concerts me prennent b[eaucou]p de temps) - Espace verra le jour
la saison prochaine...
268 J’attends envoi du Trio pour Salzedo - Si ce n’est cette saison j’arriverai sûrement à
caser vos chansons pour la prochaine.8
269 Le Père Oliphus110 n’est pas arrivé encore - Merci et amitiés à De Nobele ainsi qu’aux
autres camarades - Voyez vous les Le Flem et les Vargas ? Que se passe-t-il à Paris et
qu’envisage-t-on ? Bonjour aux Tata Nachos -
270 En toute hâte et amitié
271 Varèse
272 Envoyez journaux français - Littéraire - Candide111 - Nouvelles littéraires112 - Canard113 -
Thank you -
273 Fried peut obtenir à mon sujet tout ce qu’il veut en U.R.S.S.
60
274 [à droite]
275 [en haut de la page Jolivet a annoté cette lettre au crayon :
276 x Le Flem malade
277 x Fried - Cools
278 x Fried et Sylvia
279 x Tristan Klingsor8 et le néo-classique
280 x Journaux
281 x Ionisation
282 x Présente = réponse de ma lettre de mardi 16]
25.
283 Voici Cher Ami - copie de ma lettre à Fried - qui part par le même courrier - Voyez-le de
suite - et communiquez présente - si ma lettre ne lui était pas parvenue 114 :
284 « Cher Ami -
285 Mr. William C. Bullitt Ambassadeur des U.S.A. en U.R.S.S. part demain pour Moscou,
rejoindre son poste - J’ai tout son appui moral -
286 Vous n’aurez en demandant, aux bureaux qualifiés, pour que je sois inscrit aux
programmes culturels, qu’à prier les directeurs de s’adresser directement à
l’Ambassadeur, pour toutes références me concernant - Ils auront satisfaction - D’autre
part, ainsi que je vous l’ai écrit, d’autres amis agissent, et je suis prévenu que tout
marchera selon vos souhaits.
287 Laberge115 le manager revient fin de semaine - Je le verrai de suite - Barrère (ancien flûte
solo de chez Damrosch116 - qui a joué sous votre direction et vous admire) occupe une
situation importante ici - Ici, Salzedo, Schönberg, d’autres camarades, et mon groupe
vous sont acquis - « Dans une huitaine je téléphonerai à Wachtell » - Merci.
288 Reçu Trio - je vous trouve en progrès - mais encore un peu trop de notes - Toutefois
grande et sensible amélioration. Bravo. Remis hier à Salzedo. A première vue il trouve
la partie de harpe trop « écrite au piano » - Envoyez de suite parties Ils veulent l’essayer
- Travaillez - en vous souvenant que le cerveau sert à quelque chose -
289 Vous verrez par lettre à Fried que tout s’arrangera pour l’U.R.S.S..
290 Vient de se fonder « the American Russian Institute »117. Tout ce qu’il y a de bien et de
solide - avec Ambassadeurs et tout ce qui compte dans les Arts et les Sciences. Je crois
que je serai nommé président de la section musicale - Vous confirmerai si ça colle -
P.L.F.118 pourra annoncer dans son canard - Mais attendez -
291 Voilà pour l’instant - Débordé de turbin - courses, etc, etc.
292 Heureusement qu’il n’y a pas de Cafés - On n’aurait pas le temps d’y aller - et c’est
moche de regretter -
293 Et Artaud ? Donnez nouvelles -
61
5 – IV / 1934
lettre dactylographiée de Louise Varèse
conférences à Columbia et aux écoles d’avant-guarde [sic] et il a fallu aussi guarder [sic]
un peu de temps pour ses élèves.
310 Moi, j’aurais du [sic] vous écrire mais même moi, je n’avais pas un instant. Depuis deux
mois je ne m’occupe plus du tout de mes traductions124, tellement il y a à faire pour ces
concerts. En plus nous sommes forcés de sortir pas mal. Heureusement je vais beaucoup
mieux cet hiver - plus d’exzéma [sic]. Je ne sais pas si c’est le climat de New York qui
m’a guerri [sic] ou les cocktails ? ?
311 Varèse écœuré par cet imbécile de Fried et son chantage. Il va vous écrire à son sujet.
312 Quel dommage que nous ne serez pas ici, vous et Ghuigui125, pour ses concerts. Je crois
vraiment que Equatorial est un prodige de beauté et de force. Jamais je n’ai vu Varèse
travailler comme il a fait dans les derniers quatre mois, sous pression tout le temps et
joyeux. Plus jamais des dépressions. Il est convaincu que c’est d’avoir quitter [sic] de
fumer. La [sic] Mexique n’a pas l’air de s’arranger encore.
313 Une longue lettre de Varèse vous est promis [sic] après le 15 126.
314 Excusez ce mot précipité et les fautes de français ! !
315 Nous vous embrassons tous deux.
316 Affectueusement
317 Louise
26.
321 Je souhaite vous lire bientôt - Mon salut cordial à tous les camarades - et à vous 2 notre
bonne amitié
322 Varèse
323 Je n’ai pas encore eu le temps d’écrire à Fried - (Oskar). Inutile de vous dire que je me
refuse à tout marchandage - et que je considère son chantage comme stupide - et
maladroit pour lui - Je me refuse à continuer toutes relations avec lui - et vous conseille
au point de vue éthique d’en faire autant.
324 Certains actes et certaines attitudes justifient les procédés Hitlériens - Dans quelques
jours Mr Fried aura de mes nouvelles - Il n’aura rien perdu pour attendre.
27.
325 Quoi de neuf ? suis en plein boulot - La saison prochaine s’annonce riche en promesses.
326 Espère pouvoir faire donner vos chansons - avec orchestre de chambre - Que se passe-t-
il à Paris ?
327 Saluez tous les copains et buvez à ma santé.
328 Bien amicalement.
329 V.
28.
2 juin 1934
sur papier à en-tête : 188, Sullivan Street, New York City
amitiés ni les dévouements qui lui ont manqués - il s’est aliéné les uns et a lassé les
autres - Tant pis pour lui - Dixi.
335 Barcelone Viens de recevoir nouvelles - Plus que jamais ils semblent tenir au projet 131 -
J’ai écrit pour préciser certains points et insister sur ligne de conduite - J’attends
réponse -
336 Il est ridicule que vous soyez déçu par ce que je vous ai écrit de votre Trio - Vous devez
vous sentir en progrès - mais vous êtes trop anxieux d’être joué à tout prix - Travaillez
et soyez sévère - On dirait que les lauriers éphémères des enfoirés de 20 ans - sacrés
génies pendant quelques saisons - et ensuite boyaux culiers132 boudeurs et défoncés
pour le reste de leurs jours - vous empêchent de dormir - Ne vous laissez pas monter le
bourrichon - Ne confondez pas gloire et publicité - où [sic] mieux, pissez aux fesses de
la 1ère et ne lâchez pas vos pépettes à la 2nde.
337 Nous passerons l’été sur une House Boat133 - sur un lac du Connecticut - à 80 miles de
N.Y - mais je serai en ville 3 jours par semaine - car j’ai du boulot sur la planche - et dois
préparer une série de conférences pour la saison prochaine, ce qui est intéressant et
profitable au point de vue alimentaire - Excusez-moi auprès de De Nobele - d’avoir tant
tardé à lui faire parvenir le montant de ma dette - complètement oublié. Ma négligence
sera réparée ces jours-ci.
338 [sur le côté gauche du recto]
339 Je dois renvoyer voyage au Mexique - Trop à faire ici.
340 Qui voyez-vous ? Que se passe-t-il à Paris ? Vous parlez que la France n’est pas
populaire ici - A quand la guerre ?
341 [en haut du recto, à l’envers]
342 Amitiés à tous les camarades.
343 Écrivez toujours à adresse ci-dessus134.
344 As à vs [Amitiés à vous]
345 Varèse
29.
346 J’ai reçu ce matin épreuve du disque de Ionisation - très précis - clair - mais (de la
percussion seulement) - ça a été un chiendent pour les ingénieurs. L’impression
spatiale manque - Toutefois on suit assez les dessins - quoique les timbres et les
essences sonores soient standardisés par le microphone - Enfin c’est mieux que rien et
c’est un commencement - Le disque sera mis sur le marché en Octobre -
347 Reçu lettre d’Artaud qui me dit vous avoir vu135.
348 Bons souvenirs à tous et meilleures bouteilles.
349 V.
65
30.
31.
377 Salzedo - Vous devez être en possession de la lettre qu’il vous a écrit [sic] il y a quelques
jours - Il m’a téléphoné ce matin - Il part demain pour sa maison de campagne dans le
Nord - Son adresse pour l’été :
378 C.S.
379 CAMDEN
380 (Maine)
381 U.S.A.
382 Je pense que dans le courant de l’hiver prochain Equatorial sera en disque - Je vais le
couper pour le faire tenir sur une double face - chaque face (4’20”). Il me faudra
l’amputer d’1/3. Pour Ionisation comme vous dites « le mieux qu’on a pu faire a été
d’éviter le pire ». Pour le piano, détrompez-vous : À plein bras - le couvercle tout ouvert
- sous le micro - Il ne sort pas. Columbia toutefois est satisfaite et anticipe une
« sensation »147. Je m’arrange déjà pour que le disque soit refait dans le futur - Mais de
ceci - je vous prie - pas un mot à personne - Je compte sur vous 2 -
383 Réclamez à Fried la partition - Vous aurez des surprises de ne pas entendre certaines
choses en suivant - Ceci - comme je vous le dis plus haut sera réparé à un
enregistrement ultérieur - Une fois encore gardez ça pour vous 2 - On doit me croire
satisfait - That’s business -
384 Mettez-vous à des œuvres d’orchestre. Vous serez toujours à même de les améliorer
lorsque de nouveaux moyens sonores verront le jour - et seront d’usage courant - et
d’emploi pratique -
385 Instruments à ondes Impossible de décrire - Il faut entendre - Mais allez-y pour une œuvre
d’orchestre et ne perdez pas votre temps à composer pour violoncelle.
386 Bruits pour commentaires et comédies radiophoniques Soyez tranquille - Paris n’a rien à
apprendre à Ν.Y. J’étais l’autre jour tout l’après-midi avec l’Ingénieur Chef du National
Broadcasting148 - inspecter tous les studios pendant les émissions - On m’avait appelé -
On voulait mes conseils - Ici aussi c’est enfantin en dépit d’un formidable
développement technique - mais soyez assuré que malgré leurs demandes puissantes, je
n’ai pas révélé mes idées - Je me contentais d’expectorer des phrases de louanges et
d’émerveillement - les traitant en moi-même de pauvres cons - Mes conceptions me
rapporteront lourd - et peut être bientôt dans un ou 2 ans - Un tas
387 [sur le côté gauche du verso]
388 de types de la haute « phynance » ont respect - considération pour moi - et un peu pour
aussi - juste assez pour que mes conceptions les excitent par le danger qu’ils y
rencontrent -
389 [en haut du recto, à l’envers]
390 Nous passons par une vague de chaleur - mais j’aime ça - Louise est sur son bateau -
391 Moi ici, à poil - coulant comme un con sous pression - à plein rendement - où chaque
coup de piston ferait gicler des jets de jouissance - Que c’est beau ! Que c’est beau ! (bis)
mais ça manque d’ail - de par le fait du piston qui élimine la gousse - Sur ce : il est 4 h
p.m. à l’ombre 96° - Humidité 93149
392 [sur le côté gauche du recto]
393 Vais sous la douche et de là, faire des expériences dans un laboratoire.
68
394 Considérations distinguées aux amis et à vous, civilités les plus empressées.
395 V.
396 [sur le côté droit du recto]
397 Photo du House Boat150 et de Louise et moi, ancré sur le lac du Connecticut (c’est tout
près à 85 Miles).
32.
407 preuve d’amitié que je pourrai leur offrir - car si ce n’était pour eux je n’y retournerais
jamais - Je compte au contraire sur l’Allemagne, après l’aventure Hitlérienne - lorsque
tout ce [sic] sera tassé - Mais jamais la paix sera possible tant que le monde sera régi
par cette ordure qu’est le traité de Versailles.
408 [en haut, verticalement]
409 Excusez mon mot décousu - Je ne voulais que vous dire bonjour. Je me suis laissé
emballer - en dépit de mon index - coupé en me rasant - qui m’empêche d’écrire, me
gêne et saigne comme un bœuf. - J’ai écrit au brave De Nobele et lui ai envoyé le
montant de mon dû - Je suis honteux de cet oubli - Excusez-moi encore - Salutations à
tous les camarades et à vous 2 ma bonne amitié.
410 V.
33.
24 - VIII / 1934
sur papier à en-tête : 188, Sullivan Street, New York City
411 Lettre illustrée avec une photo de presse découpée dans un journal, représentant 2
mouettes se disputant un poisson et commentée par Varèse : « Photo démontrant qu’il
n’est pas nécessaire d’aller en Bretagne pour se disputer une portion de poisson »
412 Cher Ami -
413 Ce matin me parvient votre lettre du 10 courant. Comme je vous l’ai écrit il y a 10 ou 12
jours - j’ai reçu la visite de Stella - qui m’a donné avec force détails de vos nouvelles et
m’a transmis vos messages -
414 Il fait aujourd’hui une humidité tropicale d’entre cuisse de négresse au régime
cantharidien - c.à.d. que l’on coule et mouillotte - ne pas dire que l’on moule et
couillotte -
415 Il est 4h 1/2 p.m. heure de Ν.Y. daylight saving - Je quitte mon turbin - Entre acte [sic] -
J’en profite pour prendre la plume et tailler une bavette avec vous - Attention, ne pas
dire à la Guighy : « prendre la bavette et tailler une plume ». Ce n’est pas comme il faut
- et ça ferait rater le bateau à la présente. Je souhaite vous savoir sorti de votre cafard -
Noyez ce dernier dans un lac de Beaujolais. La Bretagne vous retapera - Y voyez-vous Le
Flem - J’ai écrit à sa fille pour avoir leur adresse d’été - (Comme son père - à la
française)155 elle ne m’a pas répondu.
416 Très bien votre contact avec Martenot156 - J’en suis heureux pour vous - Si vous saviez
comme la bande des petits excités « russo-blancs - français-bien pensants-et-
patriotes »157 - néo-classique - paraît - ridicule de loin - Pas une note ne restera de leurs
sécrétions - Ils ne chient même pas - Après des efforts surhumains - une goutte de
sueur maigre et acide leur sort du trou du cul - C’est tout - Ça pue à peine le, pied de
punaise - Plus que jamais je veux un art fort et sain - dépouillé de toute intellectualité
morbide et décadente. Purgé de tout parisianisme - Un art qui vous empoigne aux
tripes - et vous entraîne dans son tourbillon - Celui-là est Universel - Pas besoin de le
comprendre - On le subit158. Point - fini -
417 À propos de tripes : Vous avez raison - j’avais grossi - Excès de bière - très mauvaise ici -
Je l’ai laissée et mon bide revient en bon français à la « juste mesure ». Le bateau - est
70
un vrai House boat159 - ancré à une 100ne de m[ètres] de la rive - On s’y rend en canot ou
canoë -
418 De Nobele - Reçu mot de Tournus. Dans un moment de folie des grandeurs se prenant
pour de vrais canoistes à moteur - ils ont dû faire leur plein - Leur carte mélange le
patriotisme local - auquel il [sic] me reprochent d’être infidèle - et certains propos
concernant le Beaujolais - Heureusement qu’ils descendaient la Saône 160.
419 Souhaite une bonne cure à Guighy161 - Ne vous faites pas trop de bile afin de ne pas
avoir à en subir une pour votre compte personnel.
420 Cahiers américains - Comme la lune - ainsi que la mère Furth 162 - Rassurez-vous,
l’Amérique est mieux que cela - Comme je vous l’ai écrit Barzun est très gentil - Il y a
fayot et fayot - Vous le savez - La camaraderie est une belle chose - tant qu’elle ne se
transforme pas en corps étranger qui vous entre dans l’œil - Ici cela ne représente :
RIEN -
421 Vous avez fait la critique de l’Orphisme163 - (ainsi que vous me l’avez raconté) lors d’une
manifestation plus ou moins poétique - Non - Il faut autre chose - Je le regrette pour
Barzun - Il a de bonnes intentions - mais N[om] d[e] D[ieu], il en est encore à cette
stupide aventure de l’Abbaye164 - et se réclame pour buts utilitaires de l’amitié d’un tas
de ratés officiels et autres Duhamels165 - C’est un peu dégueulasse - Quant à la Furth et
autres contributeurs - vous les placerez vous-même - Barzun continue à citer mon nom
- je m’en fous - car cela ne peut faire de tort - Sa revue est ici totalement inconnue : un
bulletin de réclame personnelle bien pâle et bien anodin -
422 Ces temps-ci j’ai lu du Giono - L’aimez-vous ?
423 Stella va vous écrire bientôt - Il vous aime bien tous les 2 et conserve un souvenir ému
du couss-couss Guighytien166 - Il m’annonce votre déménagement 167 ? Pour quand ?
Tenez-moi au courant de votre nouvelle adresse - Je pense que vous faites bien de
changer - Vous êtes vraiment trop loin de tout champ d’activité et de tout centre vivant
et intéressant -
424 Sur cette mâle et vigoureuse constatation - ainsi que disait Mr Daudet (Léon) 168 - je la
boucle pour de bon - Je ne sais si c’est lui - mais remarquez la riche « açonance » [sic] -
425 Bonnes amitiés aux 2 - et aux amis
426 V.
34.
Note 11179
rester dans le 15ème cherchez du côté Rue Mathurin Régnier - rue du Cotentin - Vous
devez sûrement trouver actuellement et à bon compte
437 Vous envoie le véridique et très ressemblant portrait de Mac 182 - sur ma table en face de
moi - Il vient ordonner le régime de Guighy -
438 Bonjour à tous [sic] le monde - Mes hommages et le bon souvenir de Louise à Madame
Guighy - et nos meilleures amitiés à vous 2.
439 V.
440 [en bas, à gauche] [dessin d’une croix avec annotation]
441 « BUVEZ pour MOI - mais du BON - »
442 [en bas, à droite] T.S.V.P1. [souligné au crayon rouge]
443 Quel est l’éditeur de l’Anthologie des Maîtres Religieux183 ?11184 De Combien de Volumes
est composé [sic] la Collection ? Quel est le prix ? Peut on [sic] trouver d’occasion ? Le
Flem et De Nobele pourront vous tuyauter - À votre tour soyez aimable de me
renseigner - Thanks Que devient Martelli185 ? Donnez-lui mon bonjour lorsque vous le
verrez - Naturellement n’oubliez jamais ni P. L.F. ni Fl. Sch 186.
444 Si vous voyez Artaud - priez-le de m’envoyer de suite - le scénario qu’il a de moi. J’en ai
besoin pour quelques jours « URGENT » - pour mise au point. Je renverrai ensuite - Mais
pour l’amour de Dieu qu’il envoie - ou vous – recommandé - C’est le seul - Que devient
Artaud ? Des nouvelles me feraient plaisir - ma dernière lettre est restée sans réponse -
Faites-lui mes amitiés.
445 Avez-vous des nouvelles du peu reluisant farceur Fried ? Quel pâle salaud -
35.
24 - IX / 1934
Carte postale - Massachussets - Catskill Mts
446 En ballade automobiliste avec les Barrère - et un séjour chez eux - Bon souvenir -
Espère que Guighy va bien.
447 V.
448 Salutations
449 George Barrère
36.
37.
471 La France m’a l’air de sombrer de plus en plus dans le marasme - Un camarade arrivé
hier sur le Bremen194 - m’a téléphoné au débarqué - pour me dire que Paris, était « un
concombre aigre mariné dans la pisse » -
472 À bientôt de plus longues nouvelles - Dès que la date pour mon enterrement sera
décidée.
38.
39.
40.
496 Merci - Cher Ami - pour votre lettre recommandée du 2 cour[an]t - et pour manuscrit 201
(à la machine) Excusez les ennuis que cette commission vous a causé [sic] - mais j’ai
grand besoin de ma prose et suis heureux que votre persévérance ait réussi -
497 Maintenant je procède par ordre selon teneur de votre lettre.
498 Paris C’est de divers côtés - par des amis français aussi bien qu’étrangers que j’ai été mis
au courant du marasme202 qui y sévit - Ici ce n’est pas folâtre non plus - mais on sent
quand même que des demains sont possibles et que la vie n’est pas limitée seulement
par la pompe nécrophile et le culte des ancêtres -
499 J’ai plusieurs choses en train dont je vous parlerai (prochainement j’espère) dès qu’elles
commenceront à se réaliser - Je gratte d’arrache-pied - Le moral n’a jamais été aussi
bon - surtout depuis que je suis à une diète très sévère à base de viande et de salade
(peu d’huile - mais vinaigre et citrons à volonté) - Ceci me remet sur pied - et retape ma
vésicule - pas de drogues - mais nourriture dosée et pesée avec précision - La radio a
révélée [sic] - une vésicule très enflée et enflammée - pas de calculs (j’ai donc bien fait
de bûcher les mathématiques) - Les Médecins ne veulent pas opérer et assurent me
guérir - J’ai vu un des grands pontes d’ici - Ce sera long - je m’en fous - et j’emmerde les
cafards passés - qui m’ont fait perdre tant de temps - De Nabele Ce n’est pas une
indiscrétion - Je veux tenter avec un camarade les possibilités de faire rapidement du
pèze - car ce n’est malheureusement pas la musique qui me paiera ma tôle ou [sic] je
76
puisse recevoir les copains - Mais par contre-coup - elle qui profitera de l’indépendance
matérielle et de l’absence de soucis - Merde ce que c’est compliqué -
500 [Lundi 17 - Je reprends lettre interrompue]
501 Artaud Suis désolé de le savoir dans la débine - surtout sensible et nerveux comme il est
- C’est dégueulasse quand on pense aux salopards sans ombre de talent qui sont
soutenus - et monopolisent les sinécures -
502 Stella va bien - Vous envoie ses amitiés - Aura une exposition en Janvier Le Flem Mon
meilleur souvenir à eux tous - Laissez-moi savoir où est Janot 203 - Je veux lui envoyer
une petite babiole - Merci.
503 Le succès de Roussel ne m’étonne pas - Tant mieux pour lui - mais je suis heureux de
celui du bon Florent204 en U.R.S.S. Transmettez-lui je vous prie félicitations et cordiales
pensées.
504 Je suis navré de savoir Le Flem si bousculé à des besognes ingrates et indignes de lui - Il
est vrai que tout le monde n’a pas le genre d’un Ferroud205 ou la transcendance d’un
Cortot206 ou d’une Boulangère 207 - Quel immense fatras - Ils doivent être propres leurs
concerts intimes - intimes à sentir le panier à linge sâle [sic] - Mais mon pauvre vieux -
faut pas s’en faire - Partout et toujours ça a été la même chose -
505 Ici nous attendons le retour des batteurs de mayonnaise - La grande prima donna
Tosca(nini)208 le plus exaspérant exemple de la virtuosité primaire et pédante -
Souhaitons qu’il crève bientôt209 - ou plutôt qu’on se décide à l’enterrer - car il y a fort
longtemps qu’il est mort - mais il ne le sait pas - Ceci s’applique aussi à d’autres
virtuoses de notre connaissance - cadavres blafards et ambulants -
506 Fried Ça ne m’étonne pas - Dans le fond c’est un lamentable gâteux (de naissance)
cachant sa pauvre nature sous le masque de la muflerie - Dangereux comme tous les
gens bêtes - car si souvent une certaine intelligence (ou plutôt roublardise) peut s’allier
à la vacherie - la bêtise est toujours méchante -
507 Protégé de Mme Monteux 210 - Pas la peine de la convaincre - Ne faites l’aumône de votre
sincérité qu’à bon escient - Souvenez-vous de Dante211 : « Ne t’occupe pas d’eux -
regarde et passe ».
508 Freed L’ai aperçu une ou deux fois - Il bricole et tâche de se débrouiller - Nous
n’évoluons pas dans les mêmes milieux. C’est dommage car il est gentil. Migot J’ai
toujours eu de la sympathie pour lui - Il est à déplorer que la majorité de nos collègues
n’aient ni sa finesse - ni sa culture - Ils feraient bien en tout cas de modeler leur
attitude sur la sienne - Quand vous le reverrez, mon amical bonjour.
509 Alberti Dites-leur combien je me souviens avec plaisir de nos soirées madrilènes -
Glorieta de Bilbao212 et visites jambonesques et œnoligiques [sic] - Je souhaite que tout
se tasse chez eux - comme ailleurs aussi - ici surtout où les jeunes cons fascistes
commencent à se sentir pisser. Mais le jet ne monte pas très haut : ils ne sont encore
[pas] arrivés à crever un œil à une étoile -
510 Vu Salzedo samedi soir - Il ne pense pas pouvoir mettre votre Trio sur pied - pour cette
saison il n’en est même pas question - Il m’a dit vous avoir écrit en détail à ce sujet -
Continuez votre transcription - Salzedo trouve que c’est une bonne idée - A son point
de vue la substance de votre boulot dépasse la limite sonore des instruments choisis - Je
pense qu’il y a du vrai - car la harpe et la flûte dans le grave ne portent guère - et
n’offrent pas les ressources que vos dynamiques réclament -
77
511 Guighy Content que sa santé s’améliore - Je l’entends rouspéter. J’espère que la solution
changement d’école ne se fera pas trop attendre.
512 Félicitations pour avoir été refusé par la bande SIMC213.
513 Vous écrirai dès que mes trucs sembleront se réaliser -
514 Les fêtes de Noël qui paralysent tout ne sont pas faites pour activer les dénouements -
515 Je recommence Equatorial - version de concert (et probablement aussi chorégraphique)
définitive qui sera donné [sic] en Mars et enregistré je compte - Ensuite reprise
d’Espace, et d’un autre boulot en voie de conception - Beaucoup de temps
malheureusement gaspillé à gagner la matérielle - et en courses et palabres - Les
contacts doivent être gardés et pour ça il faut payer de sa bête.
516 Tous nos vœux pour vous - les Vargas - Alberti - Carpentier 214 - De Nobele - Maigret 215 -
etc etc etc -, et notre bonne amitié à vous deux.
517 Votre Varèse
518 Vos Mélodies Hier soir réunion du Comité du International Exchange Concerts - Si le
concert en vue - (décidé en principe) a lieu au printemps elles seront inscrites au
programme - Les 2 choisies par vous - Nous aurons dans ce cas un orchestre de 36 - (par
2). Je les ferai donner avec cordes renforcées - Nous avons comme plan 6 répétitions -
Elles seront répétées aux petits pois - et bien chantées.
519 [note écrite sur papier à en-tête Edgar varèse, mais non datée]
520 [au recto]
521 Mélodies - 2x4 - Check up and correct material - according to score -
522 [au verso]
523 Modifications en rouge - (mélodies 2x4) pour orchestre ne possédant qu’l instrument de
chaque famille - faites par moi - en vue d’une tournée organisée par un orchestre de
chambre ainsi composé - La tournée a été abandonnée - La soliste (soprano) de qui en
grande partie cela dépendait, ayant dû pour cause de maladie partir en Californie -
524 V.
525 Salzedo me dit que le Trio vous a été renvoyé - Confirmez -
41.
526 Merci - Cher Ami - pour votre mot du 27-5 - et toutes nos félicitations pour l’arrivée du
citoyen P.A.J.21614
527 Nous souhaitons savoir Guighy totalement rétablie - d’attaque pour se mesurer avec
d’héroïques couss-couss - et pour leur mettre (selon son expression) le pied au cul.
528 Content que Ionisation217 vous intéresse - Tachez [sic] de l’entendre sur un bon appareil
- un appareil de Bertrand218 si possible - Le résultat d’enregistrement aurait été bien
meilleur - au point de vue spatial surtout si les ingénieurs du son avaient suivi mes
conseils - Enfin tel qu’il est le disque est très en demande et se vend bien - Il paraît que
c’est formidable le nombre d’exemplaires achetés par les « composers and Jazz
78
42.
côté m’a enseigné l’application de la thérapeutique adéquate - et les ribouis 237 made in
U.S.A. sont de qualité admirable -
557 Travaillez - J’espère que votre association ne tardera pas à se manifester de façon
constructive - Dites à M.F. Gaillard que je lui garde un souvenir amical et reconnaissant
- et que je n’oublie pas qu’il a été le 1er à me présenter à Paris.
558 Vous êtes gentil de penser à Octandre238 - mais mes vieux navets ne m’intéressent plus
et (ne le prenez pas en mauvaise part) - je m’en fous éperdument de l’hospitalité que
Paris daigne ou refuse accorder à ma pacotille - Paris ne m’a jamais admis que comme
touriste - J’y reviendrai comme tel - lui laisser mon pourboire - lorsque la situation
phynancière [sic] le permettra-Je regrette mon dégoût pour la Ville - Poubelle - car les
amis que j’aime le mieux s’y trouvent - malheureusement il faut faire sa vie de chaque
jour... et ceci est une histoire que vous tous aussi connaissez par cœur -
559 Ou [sic] passez-vous l’été ?
560 Excusez mot écrit ventre à terre - Il est 18h - Dois foutre le camp - En profite pour
mettre ma lettre à la poste - afin de ne pas rater le bateau -
561 [en haut, à l’envers]
562 Je vous envoie pour vous le seul exemplaire qui reste d’Octandre corrigé 239 - Dites-moi s’il
vous est parvenu -
43.
563 Merci - cher Ami - pour votre mot qui me parvient ce matin.
564 Je vois que Guighy et l’héritier se portent bien - et je souhaite que ce dernier connaisse
une ère meilleure dans un état social nouveau - Ce que j’ai lu des manifestations du 14
juillet est réconfortant si toutefois une organisation suffisante est à même de dominer
les événements - Les journaux d’ici se sont longuement étalés sur les 50 millions du
bouquet Laval240 - et sur les 10 qu’il compte donner comme dot à sa demoiselle -
Pendant qu’il tond le populo il ne doit sûrement pas s’appauvrir - Comme quoi les soi-
disant gauches ne perdent pas le sens boutiquier - lorsque la situation s’y prête - Je
vous inclus 2 photos prises par un ami sur le Normandie 241 : la structure extérieure -
(surtout vue de proue) est belle. Le Sun Deck spacieux - admirable - Mais N[om] de Dieu
- quelle marchandise que l’intérieur - Du Dufayel242 pédérasto-précieux - doré sur
tranches - pour rois nègres en goguette ou autres ministres de la 3 ème République
gonflés à bloc dans l’exercice de leurs pompeuses fonctions - Après tout « ce résultat de
l’art français n’est pas pire que les produits »243 des Officiels néo-classiques de tous âges
dans le domaine musical16 - Je suis content que votre Société 244 prenne corps et je lui
souhaite longue et prospère existence - Je me réjouis de vous savoir dans un milieu
d’individus propres - sérieux - pour qui la production de qualité - seule, semble
compter - et qui ne se soucient pas des grimaces à la mode et du snobisme qui s’y
rattache - Je suis aussi content que vous ayez la collaboration de M.F. Gaillard qui est
capable d’enthousiasme et refuse les limites épicières - et les ordres des différentes
écoles (primaires) qui régissent Paris. A propos de Paris et de son hospitalité - vous
m’avez mal compris - Je vous ai dit que je regrettais qu’elle me soit refusée - car c’est
81
dans ma ville que se trouvent ceux plus près de moi - et dont l’absence me fait grand
défaut - Donc rectifiez - et comme nettoyage de roubignolles245 - adoptez-en [un] 246
autre que la bave de votre correspondant -
565 Je vais dîner en ville avec des amis - et me rincer la gueule au vin d’Alsace. (La Çuite 247
au prochain N°)
13 - VIII /1935
568 For the sake of your record248 - ça va plus vite en anglais - : l’Alsace était du Chablis -
569 Je reprends le mot interrompu - et réponds par ordre à votre lettre : § par §. Content
que Bertrand249 vous plaise - C’est un chic copain - qui malheureusement n’occupe pas
la place à laquelle il a droit - et à qui les moyens matériels ne devraient pas manquer
pour mener à bien ses expériences.
570 Tomasi me paraît (ou m’a paru) être un adroit chef d’orchestre, débrouillard - un de ces
chefs qui vous épatent - par les résultats qu’ils obtiennent en 1 répétition - mais qui
sont bien gênés - et ne savent quoi faire des répétitions ultérieures - celles ou [sic] l’art
du vrai chef d’orchestre se manifeste - Comme compositeur nous n’en parlerons pas :
les absents ont toujours tort - et nous ne sommes pas mufles -
571 Bernouard250 Je le croyais passé à gauche - Quant à Carco 251... je pensais qu’il était classé
depuis longtemps - Académie - etc.. C’est curieux comme il y a des choses qui ne
franchiront jamais les fortifs : la majorité de l’art français d’aujourd’hui - et toute sa
production musicale (les exceptions sont toujours là pour confirmer la règle) ; les 2 -
malgré leurs efforts pour plaire n’arrivant même pas à s’élever à la hauteur de l’article
de Paris pour exportation - couture - parfums.
572 Freed Est à la campagne - C’est un gentil copain - franc - et pas combinard au détriment
des autres -
573 Bavage sur roupignolles252 : Voyez 1 ère page - et croyez que je suis sensible aux
manifestations d’amitié - Je suis un type qui ne lâche pas - car je prise fort la loyauté -
574 Slonimsky253. Je ne sais encore - Entre nous : il est bien faible - sans espoir de
développement - C’est un faux départ - à rester en route - mais gardez ça pour vous -
Roublard - mais pas vraiment intelligent -
575 Chabrier Non je n’ai pas lu sa correspondance : je n’en connais que quelques exemples -
qui m’ont mis en appétit - Oui ce devait être un chic bougre - Artaud Suis au courant de
son four254 - Ce que vous me dites ne m’étonne pas - mais corrobore certaines
observations - Quant à Désormière, c’est un pauvre petit calicot - jeunesse patriote -
même pas action française255 - Son culte de St Saëns doit lui venir de son entraînement à
emboucher la flûte - Vacances : N.Y. malgré la chaleur qui tape - et l’humidité
gélatineuse - Ma présence était nécessaire ici - Je travaille dur à me démerder
matériellement - La pauvre zizique à l’arrière plan - mais N[om]. de D[ieu]. je me
82
44.
22 - IX / 1935
Carte postale - St. Johnsbury, VT.
45.
596 L’International Exchange Concerts dont je suis un des commissaires permanents pour
les U.S. organise une série de concerts de musique de chambre - limités for the time
being262 - aux cordes : quatuors - quintettes - trios - sonates avec ou sans piano - pièces de
piano - mélodies avec piano - quatuor - etc - Peut-être un ou deux pianos pourraient
être considérés - Vocalistes263 et instrumentistes 1 ère qualité. L’I.E.C. est une société
basée sur la réciprocité -
597 Je vous prie de vous mettre en rapport avec vos collègues du Comité de votre Société 264
- de leur demander s’ils consentent à présenter dans votre série un programme
exclusivement composé d’œuvres de musique de chambre de compositeurs d’ici 265 -
dont nous vous enverrions de suite matériel - parmi lequel vous choisiriez ce qui vous
convient - De votre côté vous nous feriez parvenir au plus tôt - avec acceptation de
réciprocité pour cette saison - partitions et parties des œuvres par vous choisies pour
ensembles sus mentionnés - C’est urgent - Je vous prie donc de faire diligence et me
communiquer dès que possible décision. Je pense que Migot - Le Flem - vous -
Messiaens [sic] - Gaillard et quelques autres camarades de votre groupe fourniraient un
concert intéressant - comme valeur et nouveauté.
598 Ci-joint snap shot266 pris il y a 4 semaines (donc d’actualité) pendant notre séjour en
Vermont près de la frontière canadienne.
599 Excusez - mot écrit ventre à terre - Suis sous pression - en plein boulot - et ne veut pas
râter le courrier.
600 Merci à De Nobele pour son mot - Vais lui écrire dès qu’aurai un moment de répit - Mes
amitiés à lui, à Irène Joachim267 et à tous les camarades.
601 Aff[ectueusemen]t à vous 2.
602 Varèse
603 Affectueux souvenir à P.L.F. et cordial bonjour (comme on dit dans le Midi) aux
Collègues de votre groupe -
604 Pour vous : Les concerts sus mentionnés sont en dehors de ceux ou [sic] j’espère caser
vos mélodies.
46.
47.
611 Merci - cher Ami - pour votre mot du 5 cour[an]t reçu ce matin -
612 Spirale sonore269 Content que Migot soit d’accord - Mais il est de toute urgence que nous
recevions au plus tôt confirmation officielle - à savoir : concert de réciprocité garanti
pour cette saison - ainsi que matériel - Alors soyez gentil de me tenir au courant le plus
vite possible - afin que j’en réfère à mes collègues du comité - et en cas d’affirmative -
comme je le souhaite que nous fassions de suite mettre à l’étude et en répétition les
œuvres par vous envoyées - N’oubliez pas de faire mettre (pour éviter formalités et
frais de Douane) sur 1ères pages de toutes les œuvres : property of International
Exchange Concerts - et adressez :
613 INTERNATIONAL EXCHANGE CONCERT
614 C°/ Edgar Varèse
615 188 Sullivan St. N.Y.C.
616 Mélodies J’aimerais ne pas me dessaisir de votre matériel - Vos mélodies seront jouées -
je vous le promets - mais ne peux et ne veux fixer de date - car je tiens à ce qu’elles
soient présentées dans les conditions idéales - et je ne voudrais rater l’occasion
lorsqu’elle se présentera - faute de matériel - Faites donc un effort pour vous en
recopier un pour les besoins de là-bas. Content de vous savoir déménagé dans le vieux
quartier de St Germain270 qui est un de ceux qui me bottent le plus de Paris - et puis cela
vous rapproche de De Nobele - et du centre d’action.
617 Suis en plein boulot - Bousculé - mais en magnifique forme morale et physique -
Costaud et heureux - je fais de bonne besogne - Vous écrirai un de ces jours à ce sujet.
618 J’attends donc votre mot - et avec Louise, vous embrassons tous les 2 - Salutations
distinguées
619 au lardon271 et cordial souvenir aux copains.
620 Votre Varèse
621 Mon style est détraqué - Balais à pot de chambre - pouvant servir de brosse à dents aux
néo-classiques -
48.
20 - XI / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
622 Cette lettre est très abondamment annotée par Jolivet. Il est indiqué qu’il y a répondu le
13/12/1935.
85
49.
50.
4 - 12 / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street New York City
N.Y. et le Quatuor de Philadelphie292 - ... chez eux - ce qui ne facilite pas les choses au
cas où le quintette soit choisi - Mieux passez-vous même [sic] chercher les musiques et
envoyez - ou câblez pour faire savoir si nous ne devons pas compter sur elles - car je ne
puis garder mes gens en suspens - et le quatuor se refuse à jouer les œuvres qu’il ne
possède pas à fond - ce qui est chic et rare par les temps actuels-Je m’en remets à vous :
spirochète sonore, œnophile et dynamique -
662 J’espère que notre envoi fait par Cowell est parvenu - Kerr a envoyé son quatuor. 17
663 Tous les américains sur qui on pourrait compter et que je connais - (ainsi que nos amis)
sont rentré [sic] - et je ne vois pas à qui je pourrais vous adresser à Paris - Je vais
toutefois encore m’informer -
664 Tâchez de régler la question Le Flem dès que possible - Je tiens à l’avoir au programme -
mais naturellement ne puis être plus papiste que S. S293. Le programme - hors vous et
Migot - et P.L.F. - sera décidé dans une 10ne -
665 Envoyez les P.L.F. de suite - Merci -
87
51.
4 - 12 / 1935
sur papier à en-tête de « The New School for Social Research »,
52.
5 - 12 / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
53.
24 - XII / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
1er programme - passeront à d’autres - soit à N.Y. soit dans les autres branches que nous
avons dans tous les grands centres de l’Union - Pour la réciprocité agissez de même.
Mon choix personnel correspond au votre : Kerr - Ives - Riegger - Freed - Weiss 307 -
Complétez donc le programme comme vous l’entendez - et surtout qu’on ne fasse pas
une question de chapelle - qui n’a rien à voir avec nos buts - Je ne connais pas le trio de
Quincy Porter308 - Faites donc à ce sujet ce que vous jugerez convenable - Ceci s’applique
à toute œuvre que vous jugerez apte à former un bon programme - J’espère que le Kerr
vous est parvenu - sa durée est 19 minutes -
696 Je pense que mes explications effacent tout possible malentendu - Que les camarades se
rendent compte - que nous agissons pas [sic] en juges de leurs œuvres - mais que nous
n’en considérons le contenu que relativement à la rédaction d’un programme
organique et vivant - Migod [sic] doit savoir par expérience - que deux tableaux sur le
même panneaux [sic] - même lorsque créations de génie - se neutralisent - et se
détruisent réciproquement - fort souvent - D’ailleurs j’ai une assez grande expérience
dans ce domaine - et vous pouvez - me connaissant - être assuré que j’agis dans l’intérêt
général Je vous écrirai au sujet de Mana. Suis pressé. Dois aller à la gare comme
membre du Comité d’honneur, recevoir le chœur de Lincoln - Nebraska - qui a son
concert ici Vendredi - et arrive par train spécial de Washington - après avoir été
sérénader [sic] le Président - Ci-joint annonce -
697 Suis sur le Comité avec le Général Pershing309 et Lily Pons310 - Quel cocktail ! Demandez à
P.L.F. de m’envoyer immédiatement ce qu’il a de publié pour Chœur mixte - Je le ferai
chanter.
698 En hâte aff[ectueusemen]t à vous 2
699 V.
700 Amitiés aux copains et aux autres lièvres royalistes.
54.
26 - XII / 1935
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
qu’à ce moment surtout je m’en fouterai [sic] davantage encore-Je vous l’ai dit - La
seule chose qui me fera un de ces jours refouler le macadam de Paris : venir y saluer
mes amis. Pour le reste vous savez mon dégoût pour cette nécropole - et mon horreur
de l’esprit ! parisien - Et drôle de contradiction - les camarades que j’aime le plus s’y
trouvent - donc je vous prie - ne jouez rien de moi - cela créerait des interférences avec
mes plans -
706 Je pense qu’au reçu de la présente vous aurez revu Migot315 - et que mes explications lui
auront enlevé tous scrupules et craintes présidentiels - Je fais de mon mieux - et on ne
peut faire abstraction - des méthodes d’action qui diffèrent selon les climats.
707 Sur cette irréfutable constatation je refous le camp à ma table de travail - Il est 4 h - à 7h
00
un bon steak [sic] et une bouteille d’Alsace - et à 9 h -grand luxe - au pieu - car je suis
claqué - et si j’emmerde les corvées inhérentes à la nativité 316 - elle [sic] me rendent la
pareille en suçant ma vitalité - Sacrée Vierge Marie ! - protectrice de la France et de
tous les rois qui ont fait sa grandeur - comme cause Mr Daudet 317 et le pelliculeux
Maurras318 - Avez vous remarqué à propos de tous les Ras [sic] comme Haile Schasse 319
ressemble à Monteux ? avec une barbe miteuse comme symbole impériale.
708 Je vous souhaite la prospérité - afin que vous puissiez vous offrir le couscous qui
portera bonheur à Mana -
709 Sur ce - aff[ectueusemen]t à vous 2 - et au Fernandesque 320 souverain de la cité des
livres - ainsi qu’à son harem - entrée du quel est pour Mégret une descente à la cave -
ce qui en ce cas change les facteurs de pénétration - Ojalà -
710 V.
711 [sur le côté gauche]
712 Je n’écris pas de l’école 321 - mais j’ai tellement de cuivre pétaradant dans la tête - que
ma lettre est aussi mal torchée - Excuses et fécondité -
713 Je ferai imprimer le motto du Sage du Désert322 - dans les programmes... cette force qui
se prolonge...323 eh ! eh ! Voilà un fétiche qui doit connaître les succès féminins et
l’extase des petites morts tristanesques324 - du 2 è acte - Je souhaite qu’il n’en crève pas
au 3è
55.
5 I / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
717 Voilà. Vos pièces sont en répétition - ainsi que Quintette et le Migod [sic] - Le Martelli
complètera le programme -
718 Amitiés à vous tous.
719 V.
56
57
14 - 02 / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
58.
18 - II / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
731 Tout a admirablement marché330 - Deux pianistes m’ont demandé vos pièces qu’ils
veulent voir de près et étudier - Malheureusement gala au Metropolitan 331 - qui a
retenu la critique - Ai vu deux ou trois de ces Messieurs - qui ayant mal calculé sont
arrivé [sic] au moment de l’intermission332 - Vous tiendrai au courant -
732 Ci-joint ma gueule333 - Concert pour lequel j’ai écrit une pièce de circonstance - Flûte
seule334 - Public d’Ambassadeurs - millionnaires et autres importantes légumes
farineuses de la phynance et haute chochiété [sic] comme dirait le Comte Laval 335 -
733 Débordé de boulot - mais solide - en bonne forme et fonçant.
734 Tenez-moi - pour les copains au courant du concert de Paris 336.
735 Hier j’ai de vive voix sur la scène annoncé les œuvres - précédant les exécutions de
commentaires et d’exposés critiques337 - ce qui a b[eaucou]p plu au public et m’a valu
autant de mercis que les œuvres jouées - Voilà le résultat quand on est photographié
avec des prima donnas et autres Pipi Lons338 - En hâte - dois filer à un dîner - et une
autre réception après - C’est la grande bousculade - mais je l’aime mieux que les
croupissements belloniens339 -
736 J’ai parlé de Guighy : vieux sage arabe340. Vous parlez si elle aurait roulé ses calots - et
bavé dans sa barbe fluviale -
737 [en haut, à l’envers]
738 Stella341 était au concert - très enthousiaste - m’a demandé votre adresse - car il veut
vous écrire - Que devient Carpentier ? Qui voyez-vous des anciens copains - des
différentes bandes ? Connaissez-vous Malraux342 ?
739 Amitiés à De Nobele - Mégret - Irène343 - et aux autres.
740 [sur le côté droit]
741 Bravo pour Mana - Vous en parlerai à loisir - car les ai étudiées et fait répéter et j’ai pas
mal de choses à vous dire à leur sujet. Mais je veux le faire au poil de cul, d’ailleurs rien
ne presse -
742 Aff[ectueusemen]t à vous 2 -
743 V.
744 Louise vient de quitter Key West (Floride) en voiture - Sera ici Samedi -
745 [à propos du concert de musique française donné le 17 février, il existe la note suivante
écrite au crayon, non datée]
746 Voilà - comme programme - notes - je parlerai moi-même avant chaque œuvre -
747 Aff[ectueusemen]t
748 V.
749 C’est dommage que le trio Barrère-Salzedo-Britt - n’a pu présenter le Migot - Ils
arrivent en ville semaine prochaine - retour de tournée - et repartent le jour du concert
pour une 2 è en Californie - Mais le Ascona Trio344 - présentera l’œuvre admirablement
dans la version annoncée - Voilà 3 semaines que les répétitions marchent.
750 Mme B.H.345 - n’avait pas les qualités nécessaires pour vous - donc changement -
751 V.
93
59.
20 - II / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
60.
61.
10 mars 1936
date inscrite au crayon par Jolivet - sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan
Street, New York City
62.
18 - III / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
- vous le savez - et puis rien ne presse - puisque aucun éditeur n’est en vue. D’ailleurs
comme je vous l’ai dit - ne craignez aucune critique - plus j’avance - plus j’apprends -
moins j’ose m’ériger en juge - (il est vrai pour ces Messieurs - qu’ils doivent se
contenter de n’importe quelle érection) mais je considérerai certains illogismes de
structure - manques de densité, etc - etc - autres choses déjà signalées - et le moyen à
mon point de vue d’y remédier - j’ai déjà annoté les pièces - mais ne les ai pas - Elles
circulent
785 Très touché de la gentillesse de Moreux - Ce doit être un chic camarade - Dites-lui de ne
pas s’en faire pour moi - car c’est bien le moindre de mes soucis d’être regretté par la
France -
786 Je vais parler à des amis communs (qui viennent dîner après demain) de Mr George
Blumenthal - mais j’ai bien peur que ce dernier ne se trouve pas actuellement ici. C’est
dommage que ce soit sa femme qui ait fermé son parapluie 362 -
787 Content de vous savoir en bon travail - Amitiés à vous tous - et comme le disent les
Espagnols Salud y pesetas -
788 Votre
789 V.
790 Accusez-moi réception de mon envoi (à cause de votre manuscrit) dès que vous l’aurez
reçu de Mr Arnaud -
791 Vous ai répondu point par point - Amitiés à P.L.F.363 et tous mes vœux pour son
Macbeth -
792 [Rajout en haut, à droite et à l’envers du recto]
793 6h30 p.m.
794 Allons dîner chez des amis de la Nouvelle-Orléans - et manger à la créole - en
commençant avec des cocktails au Rhum - Il faudra faire ça un de ces jours dans
quelques 25 ans364 - lors d’un passage à Paris. Le Rhum aura le temps de prendre de la
bouteille.
795 Racontez-moi beuveries et ripailles - Vous savez combien cela m’intéresse - et dites-moi
quels vins ont en ce moment vos préférences - à vous - Mégret - De Nobele -
63.
4 - IV / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
[sic] en au Bordeaux - Méfiez [vous]366 des diètes - régimes qui mènent aux
neurasthénies freudiennes-Je souhaite savoir votre fausse maigre nationale retapée -
d’attaque - et le petit rétabli complètement -
799 Mana Vous tiendrai au courant des pianistes qui s’y intéressent - Naturellement si je
faisais un saut en Europe cela arrangerait tout - car en un jour votre œuvre serait mise
d’aplomb - Je ne vois cependant pas une traversée en perspective -
800 Avec des copains nous allons peut être acheter un terrain en Massachussets - endroit
sauvage et merveilleux - sur le large océan - à Cape Cod - Louise va aller avec eux
inspecter la semaine prochaine - C’est à 16h de bateau d’ici - Mais cela aussi est aléatoire
- et incertain.
801 Echange367 Je me fous - (comme vous d’ailleurs) des critiques plus ou moins acariâtres
que toute action provoque - et ne suis en rien responsable pour les compositions qui
sévissent ici - pas plus que des élucubrations - pissato néoclassiques qui foisonnent à
Paris - Je tenais à ce que des œuvres de votre groupe fussent bien présentées à Ν.Y.
Vous connaissez la cuisine que certains minus imposent - que nous savons tous
intéressés - J’ai réussi - La fin justifie les moyens - et ce n’est pas ma faute si la situation
commande des moyens d’action que je désirerais autres - Je sais que le programme
américain était loin de constituer un tout organique et vivant - mais certaines
associations salonardes établies ont présenté à Paris des œuvres qui ne valaient guère
mieux - Je n’ai été que le trait d’union entre 2 groupes - J’ai perdu du temps - dépensé
pas mal de galette en taxis - téléphone - déjeuners etc - Mon but a été plus que
désintéressé puisque jamais je n’ai songé à la situation pour m’imposer - Ceci comme je
vous l’ai écrit a d’ailleurs été mon dernier effort dans ce genre de sport. C’est dommage
que je ne sois pas placé pour répondre aux petits merdaillons qui se permettent des
remarques sympatiques [sic]. Vous pouvez leur dire que ceux qui ne me parlent pas
face à face - parlent à mon cul - Enfin tout ça n’a aucune importance - On a fait ici
preuve de meilleure camaraderie - et de généreuse cordialité -
802 Content que Budapest s’intéresse à votre quatuor368 - Good luck -
803 Spirale369 - C’était à s’y attendre - Cette expérience vous amène aux mêmes conclusions
que moi - Les temps sont révolus pour ces sortes de manifestations qui sentent le rut de
l’immédiat après guerre -
804 Je suis en plein boulot - et turbine bien - Jamais vous n’aurez entendu mon orchestre
sonner mieux - et au point de vue composition - (structure construction) je crois avoir
fait un formidable pas en avant - donc une nouvelle formule de « développement » si
vous voulez que nous l’appelions ainsi pour le besoin de la cause - et la compréhension
immédiate - quoique cela n’ait rien à voir avec la réthorique [sic] traditionnelle -
805 Dites à De Nobele que cette semaine je lui écris - et envoie chèque - Faites comme moi -
débarrassez-vous des poids morts-Je suis devenu - très fort très dur - et sans pitié. En
accordant de la gentillesse aux cons - nous gaspillons l’énergie qui doit nourrir nos
sentiments à l’égard de nos amis. Comme vous dites : Paf !
806 Voilà - assez p[our] aujourd’hui - Aff[ectueusemen]t à vous et au vieux sage du couss-
couss -
807 En hâte
808 V.
98
809 Amitiés à Moreux que je souhaite connaître un jour - à Mégret - De Nobele - Irène
Joachim etc etc.
810 [sur le côté gauche]
811 Comment est votre nouvel appartement ?370 Faites m’en un plan descriptif - Je m’en
remets à Guighy.
812 Surtout portez-vous bien - comme moi - C’est la seule façon de pouvoir en mettre un
coup -
813 [à l’envers, en haut du recto]
814 Le printemps qui arrive me donne un désir fou de foutre le camp - Antilles - Afrique du
Nord - Je voyage sur la carte - et n’ai ainsi aucun emmerdement de visas, de douane, de
punaises hôtelières
64.
12 - V / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
65.
26 - V / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
825 Je regrette de m’être dessaisi de vos mélodies - Elles auraient été données ici et dans
différentes villes de l’Est - avec instruments requis - admirable ensemble - excellente
cantatrice - et une huitaine de répétitions pour le programme. C’est vraiment
dommage. Enfin je pense que vos pièces de piano376 auront plus de chance la saison
prochaine -
826 Nous partons la semaine prochaine pour Santa-Fé (Nouveau Mexique). On m’offre une
maison pour les vacances - afin que je travaille en paix - et je vais en profiter - Ne me
suis jamais si bien porté - ni physiquement ni moralement-Je crois que ça va démarrer
-19
827 Vous écrirez longuement de la-bas [sic] - plutôt de la-haut [sic] - car nous serons sur un
plateau à plus de 7 000 pieds377.
828 Je verrai b[eaucou]p les Indiens - qui sont prévenus de ma visite et m’attendent -
Ecrivez ici - ça suivra -
829 Vous inclus dernière photo378 que le Associated Press vient de prendre pour les
journaux - et dont je reçois épreuve pendant que j’écris -
830 [sur le côté gauche]
831 Alors tenez-moi au courant - de ce que vous faites et de ce qui se passe - Amitiés aux Le
Flem - Moreux - Mégret - De Nobele - Irène Joachim - Migot etc - etc -
832 À vous 2 aff[ectueusemen]t des 2
833 V.
834 [sur le côté droit]
66.
6 juin 1936
Carte postale - Chicago-City of towers
835 Meilleures amitiés - Vous écrirai bientôt donnant adresse afin d’avoir nouvelles
détaillées et précises.
836 Bon souvenir à tous.
837 V.
67.
17 juin 1936
Carte postale - Acoma, « The Sky City » N. Mex.
avec adresse : 647 College Street Santa-Fé - New Mexico
841 V.
68.
14 juillet 1936
Carte postale - Gila Monster - Santa-Fé adressée à Mme Guighy Jolivet
842 Meilleur souvenir - Voici charmante mascotte379 à ballader dans les endroits mondains
de Paris -
843 Reçu lettre et critiques de Jolivet. Bravo - sommes heureux de son succès - Heureux
pour vous aussi -
844 Ici c’est simplement magnifique. Suis de plus en plus pris par ce pays - et par tout
l’Ouest -
845 Nous partons bientôt chez les Indiens (Apaches et Navajos) 380 - Avons déjà visité
plusieurs Pueblos - Vous parlez si l’on se fout du néo-classique - ici -
846 Aff[ectueusemen]t des 2 aux 2 -
847 V.
69.
20 juillet 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City avec adresse
d’été : 647 College Street, Santa Fé, (New Mexico) U.S.A.
leurs rites - elle ne signifie rien hors de ça - Quant à leurs rites - pas un blanc n’en sait -
n’en a jamais su - et ne saura rien - La haine du blanc persiste. Ceux qui prétendent le
contraire mentent - Je vais les approcher - plus fermé plus silencieux - plus poliment
distant qu’eux.
852 Désormière Ne comprend [sic] rien - car je ne vous ai jamais dit que je le détestais. Vous
après une répétition d’Arcana m’avez répété ce que vous lui aviez entendu dire : « Voilà
quelque chose que je ne dirigerai jamais ». Ce dont je me fous. Et puis souvenez vous
[sic] de ce que vous m’aviez écrit au sujet de sa partition pour une pièce d’Artaud -
Votre opinion a changé et vous avez des raisons pour ça386. Tant mieux.
853 Laberge Vos amis seront en de bonnes mains - Il est honnête - bon camarade - et aime la
musique - Ils peuvent tabler sur ses conseils -
854 Vœux de succès pour le Dictateur œnologique. La bousculade du départ a fait que j’ai
négligé de lui envoyer le montant de sa note387 - Cet oubli sera réparé à la rentrée -
855 Je suis navré de savoir Guighy souffrante - Surement [sic] que les vacances - le bon air
et le repos contribueront à la remettre d’aplomb -
856 Louise souffre de l’altitude 2300 m388. Mais comme moi (qui me porte comme un
charme) adore ce merveilleux - farouche - désolé et désertique pays - et en subit la
magie. Le West (Santa-Fé 3 700 kms de Ν.Y.) est très beau - inimaginable par un
Européen - Je pense pousser une pointe en Californie qui n’est qu’à 24 h et dire bonjour à
des copains - Quant [à]389 un voyage à Paris : Quien sabe 390 ? Ça n’est pas le désir de
revoir ceux qui sont chers qui manque - mais vu la situation - ce bordel de ville n’a
aucune compensation à offrir qui permette d’en envisager le projet - Si un jour l’Europe
- m’appelait alors l’excuse serait trouvée pour faire escale - et justifier ce crochet
sentimental - En attendant.... donnez nouvelles - Je trouve que la critique vous a été
amicale - ce qui - malgré les aigris - vaut mieux que le contraire - car on a peu de temps
à perdre - et tout a son importance -
857 Nos bonnes amitiés à vous 2
858 Varèse
859 Amitiés aux copains - et un fraternel salut au bon pinard - qui fait défaut ici - Il est vrai
que les serpents à sonnettes - ne manquent pas
860 [au recto, sur le côté droit et verticalement]
861 Excusez style. J’oublie mon français - J’en saurai toujours assez - pour me faire
empiler391 lorsque je reviendrai à Paris avec des Dollars.
862 [au verso, sur le côté gauche]
863 Nous avons une énorme - splendide maison - avec grand jardin et patio : bon augure
pour la splandeur [sic] à revenir -
70.
22 juillet 1936
Carte postale - Pueblo Indian Estufa or Kiva
102
864 Voici qui confirme ce que je vous disais dans ma lettre - Vous raconterai mes visites aux
dernières tribus - Suis surtout intéressé - dans les Apaches et Navanas qui sont les
nomades et les guerriers et dont la population augmente -
865 C’est une offense fédérale que d’offrir même une seule boisson alcoholique [sic] à un
indien - 5 piges de tôle !
866 Amicalement à vous 2 -
867 V.
71.
29 - VIII / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
Regardez le cabot - que fait-il ? « - Il pisse parbleu - Bon - mais levez les yeux - Ça
n’empêche pas la lumière de briller - » et voilà -
873 Travaillez - mais disciplinez vous [sic] - et surtout ne vous souciez pas de plaire - Aux
pauvres bombardements de crottes de chèvres - de vessies aigres et anémiques -
pondez à coup d’étrons virils - par des nappes de brans 397 grasses - plantureuses et
jubilatoires - Notre Société crève de constipation intellectuelle - Ne chie pas qui désire -
À la soi-disant intelligence - opposez la volonté opiniâtre - Affirmez vous - Chiez à la
1ère personne du singulier -
874 Pour en revenir au lamentable Schmitt et à son miteux entourage - ils souffrent
d’hémorroïdes cérébrales - Ils ont le rectum à la place de la trachée – Désormière -Milhau
[sic] Tant mieux - Vous me savez assez bon camarade - pour voir clair - juger les faits en
toute objectivité - et accepter toute collaboration - sans arrière pensée -
875 Dites à Guighy que nous souhaitons la savoir retapée au plus vite - Et dites-lui de ne pas
oublier de rigoler - car jusqu’ici le rire a été le meilleur massage intérieur -
876 Je vais la semaine prochaine visiter mon copain Pitachu - un des membres du conseil
des anciens des Indiens Santo Domingo -
877 À l’Ouest (c’est le cas) rien d’autre à signaler - Vous quitte pour me remettre au boulot -
et après aller acheter de l’encre - car mon fond de bouteille est aussi boueux et foireux
que le cerveau de certains esprits critiques -
878 À vous 2 notre amical souvenir
879 Varèse
72.
censé s’occuper de ses affaires - Mais jamais en Hollande on trouvera les instruments
nécessaires - surtout les Sirènes américaines - J’en ai 2 qui sont des merveilles !
886 Je travaille à tour de bras à la nouvelle partition - qui s’annonce bien - Content que vous
ayez eu de bonnes vacances. Ce que vous me dites de Paris et de sa mélasse ne m’étonne
pas. C’est d’ailleurs de l’histoire ancienne - et un sujet si épuisé qu’il ne vaut pas la
peine d’y revenir -
887 J’ai des nouvelles de Barcelone - de Zaragoza - mais pas de Madrid - Quelle tragédie 404 !
et comme d’ici je me sens plein d’affection pour ce beau pays, en dépit de mon bonbon
à liqueur405 - Enfin les beaux jours reviendront - Oui j’ai appris la mort de Cools - et par
vous
888 [suite sur le côté gauche]
889 celle de Ferroud406 -
890 Voilà pour l’instant - Ce que vous me dites de Roussel407 ne m’étonne pas - Il devrait y
avoir un Institut Goncourt408 où il est tout désigné de figurer entre MM Daudet 409 et
Chéreau410 - comme M. Schmitt entre MM. Claude Farrère411 et Duhamel.
891 [en haut, à l’envers]
892 M° A.R412 et M° F(réglisse) Smitt [sic]413 MEMBRES de Rince-Tutu414
893 Jeu de mot Dominical - Le Dimanche sévissant à Santa-Fé aussi - car en ce moment
l’Archevêque rôte [sic] aux Vêpres sa dinde du déjeuner.
894 À vous 2 et aux copains amicalement
895 V.
896 [en biais, à l’envers]
897 Suis sans nouvelles des Vargas ? Les voyez-vous ? Et Carpentier ? pas le Boxeur - Alejo !
Et Le Flem ?
73.
898 Merci - Cher Ami - pour votre lettre du 11 - qui me suit et que reçois aujourd’hui -
899 Serai à N[ew]. Y[ork]. le 5 Dec[embre] - Ai bien travaillé - et aurai au printemps une
bonne partition prête
900 Conférence - Je vois que votre lettre a croisée [sic] la mienne - où je vous expliquais - Ne
voyez donc pas une preuve d’anti-Parisianisme ni de j’m’en foutisme (? !) oublie le
français Vous ai aussi mis au courant de la situation de l’Editeur de Ionisation 415 -
Essaierai à N.Y. de trouver une partition. Heureux pour la Spirale - Peut être un jour
collaborerons-nous en vue d’une sérieuse manifestation Varèse à Paris - Pour l’instant
la situation est trop vague et incertaine pour risquer des projets
901 Fried (Oskar) est un pauvre con - Bravo de tâcher de récupérer nos matériels 416. Quel
salopard -
902 Enverrai le matériel du quatuor à Mr Lefèvre417 -
105
903 Etat des musiciens - Triste pour Ravel418 - Quand [sic] à la couture et articles de Paris -
m’en fous. En ce qui concerne les 2 autres419 - il y a longtemps qu’ils étaient morts - Il
était temps qu’on se décide à notifier Mr Borniol420 -
904 Triton - Très bien - J’espère que quelque naïade - lui a collé une bonne chaude pisse -
une vraie gigite merdeuse -
905 Viens de remporter un grand succès social avec ma nouvelle définition de « la Gloire » :
Avoir son nom connu et écorché par quelques milliers de cons - Et Mr Schmitt ? Le
Membre421 - est ce [sic] qu’il continue dans les confitures de Bar le Trou Duc 422 ?
906 Donnez-moi des nouvelles de ce qui se passe - et dites-moi ce que vous entre-voyez -
Les nouvelles sont contradictoires - sauf sur le résultat qui semble d’un côté comme de
l’autre sinistre -
907 À part ça : Rien à signaler à l’Ouest - Si ce n’est que j’aime l’Ouest de plus en plus - et me
sens attiré vers le Pacifique - N.Y. est trop près de l’Europe - Et ce pays : Quel Tonnerre
de Bordel de Dieu de grandeur et de force ! Espère y avoir ma tôle en adobe 423 un de ces
jours - Un indien vient de me dire qu’il savait que le temps arrivait pour mes ennemis
de disparaître - Je pense qu’il voit juste - et j’en connais un qui fait bien de se
cramponner à la rampe - Vous le connaissez aussi -
908 Sur ce - Salud y pesetas - Vargas me dit vous avoir vu dans un bistrot où le vin est bon -
Buvez en [sic] beaucoup - car ici il est hors de prix - et celui de Californie bon à faire
dégueuler une boîte à ordure -
909 À vous 2 bien amicalement
910 Varèse de Santa Fé
74.
911 Voici Cher Ami - snap-shots du bush que mon ami Will Shuster 424 vient de faire de moi -
912 Confirme lettre d’hier -
913 Amicalement à vous 2
914 V
915 Santa Fé
916 25 -XI / 1936
75.
19 - XII / 1936
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
919 Vais vous renvoyer le quatuor de Lefevre [sic]425 - Attends après les fêtes pour voir si
possible de le faire par la valise diplomatique - Vous préviendrai - Conférence 426 -
Malheureusement rien à faire - Deux grandes organisations - paraissent vouloir
s’intéresser à mes idées et ont ma promesse de ne pas les vulgariser - ni de les publier
avant leur décision - Donc tant pis - Après tout Paris peut continuer à se passer de moi -
sans s’en porter plus mal - Quant à vous je vous en ferai part un de ces jours - Rien ne
presse -
920 Je pense sérieusement à aller m’établir dans l’Ouest - où il y a un énorme futur - et des
gens qui ont encore le sens de l’aventure - Ici - c’est moche et plat - Intellectualité
stérile, à l’européenne - (N.Y. n’est pas l’Amérique - mais l’avant poste de l’Europe)
Resquillage international youpin - Jamais saison n’a été plus désespérément morne et
bêtement futile -
921 Je viens encore et de façon toute officielle de refuser la légion d’honneur - pour laquelle
on m’a fait appeler - de façon absolument inattendue - J’espère que ce sera la dernière
fois - et qu’en
922 [suite sur le côté gauche]
923 haut lieu on réalisera - que je n’en veux pas - Je ne vois aucune différence entre un
bourgeois bedonnant qui arbore un bout de ruban rouge à sa boutonnière - et un brave
nègre qui se pavane une plume dans le trou du cul - C’est formidable qu’en France (le
peuple le plus intelligent - qu’on dit) on en soit encore à de telles conneries.
924 [Verso]
925 Vous verrez que cet hiver - il y en aura d’autres encore - officiels encombrants - et
salopards - qui vont débarrasser le plancher -
926 Je turbine - et veux faire du pèze afin de réaliser mes idées - pour moi - Vis
complètement en dehors de milieux musicaux - qui ne m’intéressent pas - et ici comme
à Paris sont [un] ? siècle en retard sur l’époque - ce qui d’ailleurs a été de tous temps -
et en tous pays le même tabac -
927 Le South West : (Arizona Colorado Texas New Mexico et partie de la Californie) est
vraiment merveilleux -
928 Quelqu’un arrive - business -
929 Je vous quitte - Nos vœux et amitiés à vous 2
930 V.
76.
JOLIVET À VARÈSE :
Carte postale d’Aix-les-Bains, 9 septembre 1937
pour Barytons et orchestre - qui ont été donnés le 4 juin au concert Jeune France 427.
Succès mitigé - et surtout de vastes engueulades - particulièrement de M. Sauguet 428 qui
parle de complexe Beethovénien et autres sornettes.
934 J’espère que la prochaine saison américaine s’annonce moins plate que la parisienne -
tuée par cette foire de l’Exposition429 - et achevée par l’incertitude européenne.
935 Je travaillotte cependant mais sans grande conviction.
936 Vous savez que nous sommes toujours heureux d’avoir de vos nouvelles. Je salue ces
jours-ci l’anniversaire des derniers jours que nous avons passés ensemble à Madrid - il y
a 4 ans !
937 Présentez toutes nos affections à Louise et croyez-nous toujours bien amicalement
vôtres.
938 Jolivet
939 J’ai eu la surprise de rencontrer Huidobro430 à Paris, en juillet - il m’a chargé de vous
transmettre son souvenir amical.
77.
28 novembre 1944
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
[Nombreuses annotations de Jolivet au crayon (adresses, n° de téléphone, etc...).
Enveloppe d’origine datée du 16 décembre, postée à Paris.]
949 Vous inclus prospectus - et programme d’un concert organisé par le journal français
« Pour la Victoire » au bénéfice des œuvres françaises436
78.
20 -I / 1945
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
[Enveloppe indiquant envoi par Valise diplomatique
Réponse de Jolivet indiquée le 7 mars 1945]
sentent désemparés - dégoûtés, ils ne savent sur quoi, sur qui miser sans passer pour
des cons - Malgré tout le pays crève de possibilités - mais comme un centre de
ralliement est indispensable ! et comme j’entrevoit [sic] le Chœur dans ce rôle - Enfin
santés, esprit sont bons - boulot marche - et l’avenir appartient à ceux qui l’inventent.
956 Ecrivez-moi - nouvelles et détails me feraient grand plaisir -
957 Louise se joint à moi pour vous embrasser avec Guighy -
958 Varèse
959 Vient de retrouver les petites photos de l’Escorial443
960 Savez que Soler est à Toulouse depuis 4 ou 5 ans déjà si ce n’est plus ?
79.
80.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 21 décembre 1945
969 Puis en octobre j’ai enfin écrit l’article qui a para dans Listen 450 de novembre un peu
amputé et ai terminé une sonate pour piano451 que j’avais besoin d’écrire pour mettre
au point un certain nombre de questions formelles. Ensuite ça... (illisible)... mise au
point d’ouvrages pour la saison, et presque tous avec musique. Ajoutez à cela le tribut
obligatoire à la grippe, la famille sur le flanc pendant six semaines et les difficultés
domestiques, insurmontables.
970 Pendant ce temps la saison musicale se ressent des difficultés de la vie matérielle. Les
concerts succombent sous les taxes et seule la Radio peut s’intéresser aux œuvres
contemporaines. Les difficultés économiques ne permettent pas autant qu’on le
souhaiterait les échanges avec l’étranger dont nous aurions besoin plus que jamais. Ce
qui est grave aussi c’est la paralysie de l’édition musicale par manque de papier,
coupures d’électricité qui gênent les imprimeurs, et manque d’audace des éditeurs qui
ne se décident pas à faire la propagande que mériterait l’école française actuelle.
971 Le Flem rentre de Suède (où il a pu voir sa fille et connaître ses deux petits enfants) et
de Finlande. Il a été fort bien reçu et a fait des conférences sur la musique française. Il a
gardé contact avec ses hôtes mais a bien du mal à combler l’attente qu’ils avaient de
notre musique éditée.
972 De Nobele vient d’avoir un second enfant, une fille452, qu’il baptise demain. Le
commerce des livres d’art prospère, et il est maintenant un gros commerçant.
973 Mégret s’est marié et est un des bibliographes les plus recherchés.
974 Joachim et Gehret se sont séparés453. C’est dommage pour l’un et l’autre, mais Joachim
ne s’en rend pas compte. Quelle tête de linotte ! Je ne sais pas où en sont ses amours
avec Deso454 lequel est maintenant sous-directeur de l’Opéra, Reynaldo Hahn en étant le
directeur et Lehmann l’administrateur. Je n’ai pas vu Albert Wolff 455 depuis son retour
d’Amérique du Sud. Il a pris la direction de l’Opéra-Comique.
975 Avez-vous vu Milhaud ? Il est attendu ici comme professeur de Composition au
Conservatoire, et grand musicien officiel. Ibert est retourné à Rome étudier les
possibilités de réinstaller la villa Médicis456.
976 J’avais appris à Londres que Huidobro était à Paris - ou y avait été - En tous cas il l’avait
quitté quand j’y suis rentré en septembre.
977 Guighui continue de petits travaux radiophoniques tout en pourvoyant aux mille soucis
qui accablent ici les maîtres de maison. Mais elle est toujours courageuse. Elle a tout
fait, depuis la Libération, pour aller voir sa mère457 à Alger ; malheureusement sans
résultat jusqu’à présent. Cela la peine beaucoup d’autant plus que la santé de ma belle-
mère est défaillante.
978 Voilà à peu près les nouvelles. N’usez pas de représailles à notre sujet et ne tardez pas à
nous écrire. Nous vous souhaitons une bonne année 1946 et nous unissons pour vous
embrasser affectueusement.
979 Jolivet
980 Vu André Souris458, de Bruxelles. Il a donné votre Octandre à un de ses concerts de
disques.
111
81.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 4 septembre 1946
82.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 21 octobre 1946
83.
21 - 5 / 1947
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
84.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 24 février 1948
113
[Cette lettre fait allusion à une lettre de Varèse du 22 janvier 1948 qui ne figure
plus dans les Archives de Jolivet.]
85.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 1er - VI - 1948
86.
Varèse à Jolivet :
[New York] 5 - XI / 1948
aérogramme
mettant son pied au cul des récalcitrants et je me réjouis de son succès comme des
vôtres -
1027 Mon ami le compositeur Harrison Kerr sera à Paris dans la prochaine quinzaine de
Décembre et ira vous voir ainsi que Le Flem - C’est un vrai copain - Recevez-le comme
tel et faîtes je vous prie ce que vous pourrez pour lui rendre Paris agréable et si
nécessaire lui donner un coup de main - Comme il ne parle pas français ce sera une
occasion pour vous et Guighy d’exercer votre anglais - Kerr est attaché au Ministère de
la guerre, son titre officiel est : Chief of Music and Arts Section in the Civil Affairs
Division - et (avant sa visite à Paris) se rend en mission officielle en Allemagne - Il
arrivera d’ailleurs muni d’un petit mot d’introduction que je lui remets.
1028 Je suis bien maintenant - Le chirurgien avait raison, il me fallait un an après l’opération
pour me remettre483 - J’ai repris le travail et vais repartir -
1029 Je vois ce soir Goldbeck484 et sa femme - Il m’a dit par téléphone les choses les plus
gentilles et senties vous concernant et c’est avec plaisir que je vous rapporte ce potin
agréable - Voilà -
1030 Louise se joint à moi pour vous embrasser bien fort tous les 2 -
1031 Votre
1032 Varèse
87.
5 - XI / 1948
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
88.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 22 - XI / 1948
89.
Dec[embre]. 16 - 48
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
(date indiquée de réponse de Jolivet : 5 février 1949)
90.
VARÈSE À JOLIVET :
[New York] 14 - VII / 1949
aérogramme
1075 Varèse
91.
1076 Voici - cher Ami - programme d’un jeune groupe que j’ai guidé dans le choix des
œuvres et que j’ai fait répéter504 -
1077 Votre suite était trop longue pour être donné [sic] intégralement (il fallait variété et
productions américaines) elle le sera plus tard dans une tournée qu’ils envisagent -
1078 Comment allez-vous ? quoi de neuf ? Reçu lettre de Ginette Martenot pour me prévenir
de sa venue - Pense la voir à N.Y. à sa venue de Boston où elle a filé directement
1079 Et Guighy que devient-elle ?
1080 Ici ça va - travail et santé collent -
1081 Aff[ectueusemen]t
1082 Edg. Varèse
1083 amitiés aux Le Flem lors de votre prochain coup de téléphone -
92.
10 - XI / 1949
sur papier à en-tête Edgar Varèse, 188 Sullivan Street, New York City
(avec indication par Jolivet de réponse le 12-XI-1949)
93.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 12 - XI - 1949
94.
1102 Cher Jolivet, nous sommes tous réunis (Ginette Martenot, Yvonne Loriod 512 et moi) dans
le bureau d’Edgar Varèse - et nous pensons tous à vous avec émotion et affection, en
écoutant les disques d’« Ionisation »513 et de « Octandre » dont vous m’avez tant parlé !
1103 Olivier Messiaen
1104 Mille amitiés, mille bonnes pensées, concerts merveilleux.. !
121
95.
96.
Varèse à Jolivet :
[New York] 3 - IV / 1950
aérogramme
122
97.
Varèse à Jolivet :
1er Août 1950
sur papier à en-tête « Stadt Darmstadt - Kranichsteiner Musikinstitut »
98.
Varèse à Jolivet :
[New York] 10 - VI / 1952
aérogramme
intervention auprès de la Radio, je préfère ne pas être joué à Paris et y être totalement
ignoré. Soyez donc gentil de laisser tomber - et double merci pour ça.
1153 [suite sur le côté gauche, numéroté 2]
1154 Maintenant - et confidentiel - car on ne sait jamais - J’ai reçu la visite du moine de
Louisville (Kentucky)535 fanatique de musique et qui commande des œuvres en payant je
crois $ 1000 - Il m’a consulté pour les E[tats]. U[nis]. et l’Europe me demandant qui je
recommandais pour les différents pays. J’ai nommé vous et Boulez pour la France.
1155 L’Orchestre de Louisville est un ensemble d’une 60 ne - d’exécutants (bois par 2) - Le bébé du
moine - mais dont on commence à parler énormément pour l’intérêt militant que cette
organisation montre pour la musique contemporaine - Donc gardez ça pour vous - Juste
pour vous mettre au courant - Souhaitons !...
1156 [suite sur le côté droit, numéroté 3]
1157 Je travaille b[eaucou]p, mais avec patience - je ne crois plus dans les concerts - la sueur
des chefs d’orchestres [sic] et les cyclones de pellicules des virtuoses, et ne suis
intéressé que dans les enregistrements - et pour ça il faut attendre - Il y a plus de
chances en Europe - pour ces activités - mais il faudrait y être - et malheureusement on
n’y gagne pas sa croûte - Ça viendra - et ici.
1158 Un élève arrive et je la boucle -
1159 En hâte avec l’affectueux souvenir à vous 2 de Louise et de
1160 Varese
1161 [en haut de la partie centrale, à l’envers]
1162 Amitiés aux Le Flem aux Goldbeck De Nobele - Maigret etc. etc.
99.
6 - I / 1953
sur papier à en-tête Edgar Varèse,
188 Sullivan Street, New York City
(réponse de Jolivet indiquée le 11-I-1953)
1168 Hastily542
1169 Varèse
100.
Varèse à Jolivet :
[New York] 5 mai 1955
aérogramme
(réponse indiquée, le 16 mai 1955)
101.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 16 - V - 1955
1181 Vos entretiens avec Charbonnier548 sont bien passés à la Radio et ont dû être écoutés.
Charbonnier n’est pas peu fier d’avoir mené à bien cette entreprise épineuse dont je lui
avais suggéré l’idée. Vous a-t-il tenu au courant des réactions du public ?
1182 A part cela, la vie continue. J’ai enregistré pour Columbia mon Concerto de flûte et mon
2e Concerto pour trompette549. Ils doivent paraître aux USA chez Angel Records.
1183 Et vous que faites-vous ? Nous espérons bien que quand vous reviendrez l’an prochain
vous amènerez Louise.
1184 En attendant le plaisir de vous revoir nous vous embrassons tous deux bien
affectueusement.
1185 Jolivet
1186 Je ne crois pas que je ferai la tournée de la Comédie F[rançai]se au Canada et à N-Y.
102.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 1er - VII - 1955
103.
VARÈSE À JOLIVET :
[New York] 17 - VII / 1955
sur papier petit format, écrit à l’encre rouge, recto-verso
1195 Absent de N.Y. c’est à mon retour que je trouve votre lettre du 1er c[ouran] t. Merci. Je
suis très touché par votre amicale proposition, désolé toutefois de ne pouvoir prendre
part au projet que vous proposez - J’ai décidé de refuser tout enregistrement si ce n’est
moi présent. Je considère indispensable une étroite collaboration avec l’ingénieur du son
et le Chef d’orchestre - L’enregistrement est un document qui doit fixer les données de
l’œuvre et non projeter une interprétation fantaisiste n’ayant qu’un vague rapport avec
son esprit - ce qui malheureusement est trop souvent le cas.
1196 Il n’est pas question que nous venions avant 5 ou 6 mois - donc septembre impossible -
Si vous voulez bien nous reparlerons de tout ça - ou d’autres possibilités - ici - à la
maison, en famille lors de votre venue que la C[omédie].Française]. annonce avec la
sienne.
1197 Encore merci - A vous deux nos affectueuses pensées à partager avec le prince héritier
et ses cadets551
1198 Votre
1199 Varèse
1200 Déserts : Accueil triomphal au Festival de Bennington (Vermont) la rigide, puritaine
Nouvelle Angleterre s’éveille - Vous joins article du Harper’s Magazine 552. Veuillez je
vous prie le communiquer à Charbonnier - et lui demander s’il à pû [sic] joindre le D r
Mardrus553. Merci.
104.
Juin 1957
Carte postale adressée aux Jolivet -
George Washington Bridge-New York
105.
1210 Louise m’a dit que la Saccharine ne vous convenait pas et qu’elle vous avait conseillé
d’essayer le Sucranyl - Je promets de vous en envoyer un échantillon afin que vous
l’essayiez - Cela paraît réussir à différents amis qui le recommande [sic] - Ce produit se
trouve d’ailleurs partout - Vous le trouverez en tout cas dans toutes pharmacies
américaines à Paris - Une bonne est près de l’Opéra - American - British Pharmacy - ou
un nom de ce genre. Depuis presque un mois sommes de retour et avons été
triomphalement reçus par canicule et humidité tropicale -
1211 La connerie règne - comme vous devez vous en rendre compte - et ici ça bat tous les
records - tout le monde est dégoûté mais la révolte n’est que platonique -
1212 Nous avons été tous les 2 heureux de vous retrouver en bonne santé et prospères et de
passer q[uel]ques instants avec vous.
1213 Est ce [sic] que Talma556 est remis de son succès ?
1214 L’affectueux souvenir (à partager) de Louise et
1215 Varèse
1216 L’emmerdeur de téléphone n’arrête pas - Excusez griffonage - trop de trucs à
m’occuper - et pressants -
106.
JOLIVET À VARÈSE :
Carte postale, Aix-en-Provence le 2 septembre 1958
(réponse à lettre précédente n° 105)
107.
VARÈSE À JOLIVET :
[New York] Sept 23rd 1958
aérogramme
(réponse indiquée, le 29 septembre 1958)
1225 Je pense que vous avez dû trouver l’échantillon du Sucaryl expédié en même temps que
le mot vous l’annonçant - (expédié de même par avion) - après avoir dû aller aller [sic] à
poste pour les rassurer que ce n’était pas médicament camouflant narcotique [J’espère
aussi que ce mot que j’adresse à Paris, n’ayant votre adresse provençale, vous
parviendra -
1226 Ici le vieux N.Y. tel que laissé558 - transpirant - l’air empoisonné du New Jersey pesant
sur nous, puant et infiltrant. Repris boulot
1227 Avons gardé le meilleur souvenir de Bruxelles et de Paris - partiel de la Hollande -
J’espère sans trop y compter que q[uel]que chose arrivera à se goupiller pour moi afin
que nous puissions faire la navette - Louise
1228 [suite, sur le côté gauche]
1229 voudrait se partager entre Paris et Rome.
1230 Heureux du succès de Talma - Nous aimons b[eaucou]p votre petit bonhomme - avons
trouvé son actrice (en rouge) excellente559 - un vrai tempérament du coffre - don de
projection - Nos bons vœux pour sa nouvelle production - un jour un film mis en scène
par lui - (ne connais pas le jargon cinématographique français) Voilà pour l’instant.
1231 Affectueusement aux 2 de Louise et
1232 Varèse
108.
JOLIVET À VARÈSE :
Paris le 27 mars 1965
NOTES
1. Il s’agit de la partition d’un Trio pour flûte, violoncelle et harpe.
2. La partition a été envoyée le 23 avril 1931 par Jolivet à Barrère (Agendas Jolivet).
130
3. Isadore Freed (1900-1960), compositeur américain né en Russie, venu étudier à Paris avec
Ernest Bloch et Vincent d’Indy. En 1933 (voir infra lettre 27 novembre 1933, n° 17), il est retourné
aux USA où il a enseigné à Philadelphie notamment (cf. lettres à A. Jolivet et article sur Varèse en
Annexe ci-après : « Varèse et la nouvelle musique de l’Amérique », manuscrit olographe, Archives
Jolivet).
4. George Pomiès (1902-1933), danseur et chanteur. Il est admis à l’École « Physique et Chimie de
Paris » en 1921 puis à l’École dentaire de Garancière. Chante en imitant d’abord les vedettes de
l’époque dans des Revues des Écoles dentaires (1924) puis est engagé par Paul Franck comme
danseur à l’Olympia. Monte des ballets sur des musiques de Jean Wiéner, Arthur Honegger,
Darius Milhaud, Cliquet-Pleyel et des ballets sans musique (Rugby, Tennis, Boxe). Est accueilli par
Charles Dullin et Gaston Baty aux Théâtres de l’Atelier et de Montparnasse. Il écrit pour
L’Intransigeant, Paris-Soir, Jazz et pour la revue Esprit (décembre 1932) ; il laisse un essai sur ses
conceptions philosophiques : « La bonne nouvelle » (1928).
5. V[arèse] : dans la plupart de ses lettres, Varèse a signé : V.
6. L’une des spécialités culinaires de Hilda Guighy (qui deviendra la seconde épouse de Jolivet en
septembre 1933) était le couscous, que Varèse avait sans doute goûté lors de repas chez Jolivet
7. Il s’agit probablement de l’universitaire Fortunat Strowski (Carcassonne, 1885-Cervières, Loire,
1952), professeur d’histoire de la littérature française contemporaine. À cette époque, Varèse a
déjà fait la connaissance de Guighy. Elle a suivi des cours en Sorbonne et passé des examens avec
F. Strowski. Avait-elle besoin d’un appui au moment des examens ? Dans son agenda, à la date du
17 juin 1933, Jolivet a noté : « Varèse joint Strowski ».
8. À propos de l’IEC : Voir Introduction, p. 20.
9. Le dîner a effectivement eu lieu le lendemain, vendredi 23 juin (Agendas Jolivet).
10. Adresse des Jolivet pendant leur séjour en Espagne. Peut-être s’agit-il du compositeur et
violoniste espagnol Conrado del Campo (1879-1953) ?
11. Il s’agit du Trio Barrère-Salzedo-Britt.
12. Mot non identifiable.
13. Courrier signalé dans l’agenda de Jolivet.
14. Raymond Petit (1893-1976), compositeur et critique musical qui a écrit de nombreux articles
sur la musique moderne pour La Revue musicale et Le Ménestrel ( DBM., p. 3174). D’après la
correspondance retrouvée dans les Archives Jolivet, un projet de programmation de ses mélodies
à l’un des concerts de La Spirale en mai 1937 n’a pas été réalisé.
15. Jeu de mots sur le nom de Georges Auric.
16. Mot non identifiable.
17. Adjectif dérivé de Belloni, nom de la rue où les Varèse ont habité lors de leur séjour à Paris.
18. Jolivet et Guighy se marient le 26 septembre 1933.
19. Nom de pansement prêt à l’emploi.
20. Autre orthographe de Guighy.
21. Tous trois ne se reverront qu’en 1954 à Paris... 21 ans plus tard.
22. Il s’agit de la mère d’Hilda Ghuighy, venue en France pour le mariage de sa fille qui aura lieu
le 26 septembre.
23. Voir infra lettre n° 13.
24. Jacques Mégret a longtemps souffert d’une cirrhose...
25. Jeu de mot sur les mots maîtrise et métrite.
26. Paul Déroulède (1846-1914), écrivain et homme politique français, fondateur de la Ligue des
patriotes et partisan du général Boulanger, connu pour son patriotisme à caractère nationaliste
et même revanchard.
27. N[ew].Y[ork]. : Varèse employait très souvent l’abréviation N.Y. pour New York, qui est
respectée dans les lettres suivantes.
28. Très gros point d’interrogation par Varèse.
131
29. Jean Huré (1877-1930), organiste, compositeur et musicographe français. Il a fondé en 1923 le
mensuel L’Orgue et les organistes et a publié la même année L’esthétique de l’orgue (DBM, p. 1881).
30. Maison d’édition fondée par Maurice Senart dès 1908, reprise en 1941 par Salabert (DBM p.
3813).
31. Allusion au mariage de Guighy et Jolivet, voir léttre n° 11.
32. Le ballet est Kercado, ballet en un acte fini d’orchestrer à La Trinité sur mer, le 23 août 1933,
33. Allusion faite au Rossignol de Saint-Malo, voir lettre n° 62.
34. Joan Prats (1891-1970) fait des études de peinture à l’Escola de la Llojta, où il rencontra Joan
Miró et devint son ami. À la mort de son père en 1922, il abandonna la peinture pour reprendre la
gestion de la chapellerie familiale. Il se passionna alors pour la musique, devint membre actif de
Musica de Camera et fit ainsi connaissance de Schoenberg et de Varèse. En 1932, il fonda l’ADLAN
(abréviation pour Amies de l’Art Nou ), association catalane d’art moderne. Pendant la guerre
d’Espagne, il eut un rôle prépondérant dans la sauvegarde de l’art catalan. Il est l’un des
initiateurs de la Fondation Joan Miró. La chapellerie familiale installée 54 Rambla de Catalunya à
Barcelone fut transformée par Josep Lluis Sert en une célèbre galerie d’art qui porte son nom.
Louise Varèse figure parmi les personnalités qui ont participé au livre publié à sa mort :
« Friendship and Joan Prats », dans Homenatge a Joan Prats, Fundacio Jona Miró, Centre d’Estudis
d’Art Contemporani, 1975.
35. Lecomte, mis pour Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943).
36. Il s’agit de la revue Bifur.
37. Alfonso Braqua (1876-1946), compositeur uruguayen venu s’installer à Paris, où il étudia la
composition avec Vincent d’Indy à la Schola cantorum (DBM, p. 575). Il fut programmé par
Varèse. (Son Nocturne créole a été inscrit au programme de la Société nationale de musique en
mars 1931, Archives Jolivet).
38. Il s’agit de la Pan-American Association Of Composers, 113 West 57th Street, New York, créée
en 1928 en remplacement de l’ICG (International Composers’ Guild). La section nord-américaine
est présidée par Henry Cowell ; Carlos Salzedo en est vice-président, Adolph Weiss, secrétaire ;
Wallington Riegger, trésorier et Edgard Varèse, International Pres[ident]. La liste des noms des
36 membres figure sur le côté gauche du papier à lettres.
39. Varèse a terminé cette lettre le 16 octobre (date signalée en 4 e page) et a alors envoyé quatre
articles parus dans Musical Courier des 23 septembre et 14 octobre, dans le New York Herald Tribune
du 8 octobre ainsi que dans The Christian Science Monitor du 16 octobre (Archives Jolivet).
40. C’est de l’humour : ce vocabulaire argotique était plutôt étranger à Guighy ! !
41. Autre orthographe du nom de Madame Guighy, mère d’Hilda.
42. S’agit-il de Claude, la fille de Varèse ?
43. Voir lettre précédente, n° 15.
44. Mis pour Ribemont-Dessaignes.
45. Marcel Lods (1891-1978), architecte français. Sa carrière est liée jusqu’en 1940 à celle
d’Eugène Beaudouin, avec qui il mène des recherches innovantes dans les domaines de la
préfabrication et de l’industrialisation, des nouveaux matériaux et de l’urbanisme fonctionnaliste
à grande échelle. Elle fut aussi liée à celle de l’ingénieur Jean Prouvé, avec qui il travailla à la
réalisation des fameuses « maisons métalliques ». En 1934, il participa à la réalisation du film
Construire de Jean Benoit-Lévy, dont la musique de Jean Wiéner fut enregistrée par Roger
Désormière (Marcel Lods, une architecture de l’action, Thèse de Peter Uyttenhove, présentée à
l’EHESS en histoire de l’art, 1999).
46. Voir lettre n° 15.
47. Marie-Pierre Hamel (1786-1879), juge et facteur d’orgues, a publié Le Nouveau manuel complet
du facteur d’orgues (DBM, p. 1646).
48. Roger Désormière (1898-1963), chef d’orchestre et compositeur français. Flûtiste de
formation, il fut élève de Philippe Gaubert au Conservatoire de Paris (voir Darius Milhaud, Ma vie
132
heureuse, Éditions Belfond, 1987, p. 94). Membre de l’École d’Arcueil, il fonda plus tard
l’Association française des musiciens progressistes. C’est lui qui dirigea en 1936 et 1937, les
premiers concerts du groupe Jeune France et plus tard les représentations pour la reprise de
Pelléas à l’Opéra Comique avec Irène Joachim dans le rôle de Mélisande (voir infra, lettre n° 45)
(DBM, p. 997).
49. Henri-Martin Barzun.
50. Jolivet a noté au crayon dans la marge : « et moi itou ».
51. Jeu de mots non décrypté.
52. Henri Barbusse (1873-1935), écrivain. Il apparaît comme l’une des personnalités marquantes
du système de pénétration communiste en milieu intellectuel pendant l’entre-deux-guerres (Yves
Santamaria, dans DIF, p. 108).
53. Jolivet a noté au crayon dans la marge : « savoir ! peut-être mais pire que ce qu’il devrait y
avoir en ayant la guerre ».
54. Diego Rivera (1886-1957), l’un des grands peintres de fresques murales mexicains ; avant
1920, il a passé plusieurs années à Paris, où il a fréquenté Picasso et ses amis cubistes. Varèse l’y a
peut-être rencontré.
55. Le Radio City est l’un des immeubles du Rockfeller Center édifié au cœur du Midtown à New
York par John D. Rockefeller Junior.
56. Il s’agit de Quatre mélodies sur des poésies anciennes écrites par Jolivet en 1931. Jolivet enverra la
partition à Salzedo le 16 décembre suivant (Agendas Jolivet).
57. Arturo Toscanini (1867-1957) est une superstar à New York à cette époque – ses moindres
faits et gestes sont rapportés par la presse locale - et parmi les « batteurs de mayonnaise », c’est
la tête de turc privilégiée de Varèse. Louise Varèse raconte comment Varèse et Toscanini en sont
arrivés aux insultes à propos de la musique moderne et ajoute : « La plus légère allusion à
Toscanini faisait l’effet d’une muleta sur un taureau ; Varèse chargeait » (dans Louise Varèse,
ALGD, p. 249-250). D’après Louise Varèse, l’altercation aurait eu lieu pendant l’entracte d’un
concert de l’International Composers’ Guild en janvier 1926 auquel le chef d’orchestre avait
assisté et à partir de là, Toscanini serait devenu une « obsession » pour Varèse.
58. Bruno Walter (1876-1962), chef d’orchestre américain d’origine allemande. Son engagement
comme chef assistant de Gustav Malher au Stadttheater de Hambourg lui permit de devenir l’un
des spécialistes de la musique du compositeur : il dirigea la création de la Neuvième symphonie et
du Chant de la Terre. Il poursuivit sa carrière dans de nombreux opéras européens. Il dirigea son
premier concert à New York en 1932 et fut réengagé comme chef associé avec Toscanini les trois
saisons suivantes. En 1939, il émigra aux États-Unis, où il devint chef permanent de l’Orchestre
philharmonique de New York jusqu’en 1960 (DBM, p. 4494).
59. Louis Hasselmans (1878-1957), violoncelliste et chef d’orchestre ; fît ses débuts de chef aux
Concerts Lamoureux puis fut engagé à l’Opéra-Comique, à l’Opéra de Montréal et à Marseille. Il
dirigea le répertoire français d’abord au Civic Opera de Chicago, puis de 1921 à 1936, au
Metropolitan Opera de New York. Ce que Varèse confirme dans cette lettre. À partir de 1936, il
enseigna à l’Université de Louisiane (DBM, p. 997).
60. Voir lettre n° 17.
61. Nicolas Nabokov (1903-1978), compositeur américain d’origine russe, arrivé aux USA en 1933
(DBM, p. 2926).
62. Waither Straram (1876-1933), chef d’orchestre français ; en 1923, il est aux USA, fait partie de
l’ICG (International Composers’ Guild) avec Casella, Ruggles, Salzedo et Varèse (dans Louise
Varèse, ALGD, p. 204-205). Début 1929, Albert Roussel lui écrivit : « J’aurais souhaité pouvoir vous
dire deux mots au sujet de Varèse, qui désirerait vivement vous montrer quelques-unes de ses
partitions. Vous connaissez ses tendances avancées qui le rendent indésirable auprès de la
plupart de nos chefs d’orchestre. Stokowski, pourtant, l’a plusieurs fois inscrit à ses programmes
et ce que j’ai pu lire de ses partitions me semble intéressant et curieux. Peut-être aurez-vous
133
prochainement, avant d’arrêter vos programmes, quelques instants à lui donner pour prendre
connaissance de l’une ou l’autre de ses œuvres, Amériques, par exemple. » (dans Albert Roussel,
Lettres et écrits, présentés et annotés par Nicole Labelle, Paris, Flammarion, Coll. Harmoniques,
1987, p. 141). Albert Roussel (1869-1937) avait connu Varèse à la Schola cantorum où il lui avait
enseigné le contrepoint. La version parisienne d’Amériques lui est dédiée : « Varèse espérait que
ce maître incontesté aiderait à son lancement à Paris... » (dans Hilda Jolivet, Varèse, Hachette
Littérature, Coll. Musiciens de notre temps, Paris, 1973, p. 78).
63. L’allusion aux élèves d’Henri Büsser (1872-1973) peut s’expliquer par le fait que Straram ne
pourra plus, avec son orchestre les Concerts Straram, programmer leurs œuvres.
64. Varèse avait rencontré Maurice Ravel en 1908 à Paris et l’avait revu lors de sa venue à Paris
en octobre-novembre 1925 (dans Louise Varèse, ALGD, p. 56-57).
65. S’agit-il de Casabon Soler ami espagnol, venu à Toulouse dont l’adresse à Zaragosa figure dans
l’agenda 1933 de Jolivet, ou d’Antonio Soler (1729-1783), compositeur et organiste catalan qui a
été programmé et dirigé par Varèse ?
66. Jeu de mots autour de L’Opéra de quat’sous, titre de l’œuvre de Kurt Weill écrite sur un livret de
Bertolt Brecht en 1930-31, qui connut un très grand succès public et notamment à Paris en 1933.
67. Il s’agit des premières ébauches de l’œuvre pour chœur mixte, 2 pianos et percussion dont un
fragment sera créé en 1947 à New York, sous le titre Étude pour Espace.
68. Equatorial ou Ecuatorial pour basse, 4 trompettes, 4 trombones, piano, orgue, percussion et
thereminovox, écrite entre 1932 et 1934, créée le 15 avril 1934 sous la direction de Slonimsky.
Varèse, émerveillé par les textes du Popol-Vuh choisis par Asturias (voir note 151) pour figurer
dans son ouvrage, Les Légendes du Guatemala, en a retenu une grande supplication comme soutien
littéraire à son œuvre, Ecuatorial (dans Fernand Ouellette, op. cit., p. 132).
69. Les recherches concernant Lydia de Rivera ont été infructueuses.
70. Emprunté à Alfred Jarry, dans Ubu roi.
71. Louise est traductrice, spécialiste de la poésie française. Elle a traduit Éloges d’Alexis Léger (dit
Saint-John Perse), traduction publiée chez Norton d’abord en 1944 puis reprise ultérieurement
dans d’autres éditions (dans Henriette Levillain, Sur deux versants la création chez Saint-John Perse,
d’après les versions anglaises de son œuvre poétique, publication de la Fondation Saint-John Perse,
Paris, Libraire José Corti, 1987). Elle a aussi traduit Le Spleen de Paris de Baudelaire, La Joie de
Bernanos, Le Château d’Argol de Julien Gracq, Plaisirs et Regrets de Proust, Les Illuminations de
Rimbaud, et plusieurs romans de Simenon. En 1915-1916, elle a contribué à l’édition de textes des
écrivains du mouvement dadaïste américain, amis de M. Duchamp et de F. Picabia, dans de
petites revues telles que Roguel, qu’elle a copublié avec Allen (dans Michel Sanouillet, op. cit., p.
27).
72. Personne non identifiée.
73. Varèse avait connu et fréquenté Alexandre Calder (1898-1976) à Paris lors de son dernier
séjour. Le sculpteur est l’auteur de deux des objets ayant inspiré Mana, œuvre pour piano de
Jolivet, l’Oiseau et la Vache (voir infra lettre n° 23).
74. Judith Litante, soprano, dont le nom figure dans le programme d’un concert du 15 avril 1934
(Archives Jolivet).
75. Amériques, œuvre pour orchestre écrite entre 1918 et 1921, jouée à Paris en 1929.
76. Mots soulignés trois fois par Varèse.
77. Eugène Cools (1877-1936), compositeur français qui, en 1928, prend la direction des Éditions
Max Eschig (DBM, p. 830).
78. Tata Nacho, pseudonyme de Ignacio Fernandez, compositeur mexicain, l’un des arrangeurs de
la célèbre chanson La Cucaracha avec Eugène Gohin, dit Robert Champfleury. Il vivait à Paris dans
les années trente et c’est avec émotion qu’il évoqua cette période avec Jolivet en le retrouvant à
Mexico, en août 1964.
79. Lupe Marin, non identifié.
134
80. Miguel Angel Asturias (1899-1974), écrivain et poète guatémaltèque ; a voyagé en Europe de
1923 à 1933 et a séjourné notamment à Paris, où il a fréquenté les milieux surréalistes. En 1927, il
a traduit le Popol-Vuh en français et en 1930, il a publié Les Légendes du Guatemala, dont Paul Valéry
a préfacé l’édition française. Il retourne au Guatemala en 1933, où il a une importante activité
politique et diplomatique. Il revient en France d’abord comme attaché culturel (1950-1953) puis
comme ambassadeur de son pays de 1966 à 1970. Il reçoit le prix Lénine de la paix en 1966 et le
prix Nobel en 1967.
81. Juan Miró est en Espagne en 1933, ami très proche de Joan Prats, auquel il dédiera en 1934 un
collage, Homenatje a Prats.
82. Varèse a sans doute voulu faire un jeu de mot en modifiant le prénom de Saint-Saëns, Camille
en Cohen, simulant une prononciation déformée et traînante de « con » ?
83. Serrano et manzanilla sont les noms d’un jambon et d’un vin espagnols.
84. Rappelons que Varèse a vécu à Berlin, où il a connu Ferruccio Busoni et travaillé avec lui. Il y
est resté de 1907 à 1914, avec quelques aller-retour à Paris.
85. « Et merci aussi d’essayer de vous procurer le livre d’Al. Dumas », Le Mariage du père Oliphus
(voir lettre n° 19 du 13 décembre 1933).
86. « Fêtes » est le second des Nocturnes, « Nuages », le premier. À noter que Varèse avait
rencontré pour la première fois Debussy à Paris en 1907 et qu’il a dirigé la première de la version
concert du Martyre de Saint-Sébastien, le 4 janvier 1914, à la tête de la Philharmonie tchèque à
Prague (Louise Varèse, ALGD, pp. 38-39 et dans Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Éditions Seghers,
1966, p. 45).
87. Pierre Monteux (1875-1964), chef d’orchestre américain d’origine française qui a été, en effet,
à la tête de l’Orchestre symphonique de Paris entre 1929 et 1938.
88. Wallingford Riegger (1885-1961), compositeur et pédagogue américain, ( DBM, p. 3429),
programmé au concert américain de la Spirale, le 6 mars 1936 (voir infra).
89. Albert Huyot (1872-1968), peintre, ami de Jolivet, auteur de « Un musicien vu par un
peintre », article sur Jolivet (Archives Jolivet).
90. Maigret mis pour Mégret.
91. Autre orthographe de Guighy.
92. Note manuscrite de Louise Varèse.
93. Journal hebdomadaire humoristique.
94. Hans Wachtell, organisateur de concerts.
95. Arnold Schoenberg est arrivé aux États-Unis en octobre 1933 au moment où Varèse y est lui-
même retourné.
96. Opéra de Richard Strauss.
97. Artur Bodanzky (1877-1939), chef d’orchestre autrichien qui a dirigé le répertoire allemand
au Metropolitan Opera de New York ; son style s’inscrivait dans la tradition de Mahler, dont il
avait été l’assistant à l’Opéra de Vienne (DBM, p. 462).
98. Jeu de mot orthographique sur le mot couscous.
99. André Tardieu (1887-1965), homme politique français, député, plusieurs fois ministre et
Président du Conseil, notamment en 1932, lorsque Varèse était à Paris.
100. Dès son retour aux États-Unis, Varèse a fréquemment envoyé des coupures de presse. Parmi
toutes celles que Jolivet a conservées, il n’y en a aucune datée du 18 janvier 1934.
101. La Société de musique de chambre Triton (1932-1939) créée par Pierre-Octave Ferroud : voir
infra, lettre n° 40.
102. Phrase soulignée de 3 traits de crayons de 3 couleurs différentes : vert, bleu, rouge.
103. Bohuslav Martinu (1890-1959), compositeur tchèque. Il vit à Paris depuis 1923 et y a
probablement rencontré Varèse. Il y reste jusqu’en 1940 avant de fuir l’invasion allemande et
arrive à New York, en passant par le Portugal. (DEM, p. 2631).
135
104. Fétiche de Varèse, dessiné et décrit dans ses lettres du 13 décembre 1933 et du 17 novembre
1934.
105. Zoizeau désigne L’Oiseau de Calder (voir supra, lettre n° 21), l’un des six objets donnés par
Varèse à Jolivet lors de son départ de Paris en 1933, ayant inspiré les six pièces pour piano de
Jolivet réunies sous le titre Mana.
106. La copie de la lettre de Varèse à Fried est présente dans les Archives Jolivet.
107. Cette affirmation semble en contradiction avec ce qu’affirme Fernand Ouellette : « Dans
l’exécution d’Amériques, Varèse a dit qu’il a dû employer l’onde Martenot pour remplacer les
sirènes introuvables à Paris », dans Edgard Varèse, Éditions Seghers, Paris, 1966, p. 109.
108. Voir en annexe programme du concert du 30 mai 1929 lors duquel fut donnée la première
exécution d’Amériques en Europe, sous la direction de Gaston Poulet à la salle Gaveau.
109. Laboratoire où Varèse mène des expériences acoustiques en collaboration avec l’ingénieur
Harvey Fletcher.
110. Ouvrage d’Alexandre Dumas demandé par Varèse dans une lettre précédente (n° 19).
111. Candide, hebdomadaire politique et littéraire de droite fondé en 1924 par Arthème Fayard
(dans DIF, p. 215).
112. Le titre complet en est : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques, hebdomadaire
culturel fondé en 1922 par Maurice Martin du Gard (dans DIF, p. 843).
113. Arthur Justin Léon Leclère, dit Tristan Klingsor (1874-1966), peintre, poète et critique d’art
français, ami de Ravel, à qui il inspira Schéhérazade, un cycle de trois mélodies avec orchestre
(« Asie », « La Flûte enchantée », « l’Indifférent »).
114. La partie entre guillemets est entourée d’un trait de plume.
115. Bernard Laberge (1891-1951), imprésario américano-canadien qui s’occupait plus
spécialement de Ravel et de Bartók. C’est lui qui a organisé la première tournée du compositeur
Alexandre Tansman en compagnie de Ravel de novembre 1927 à janvier 1928.
116. Walter Damrosch (1862-1950), chef d’orchestre, compositeur et pédagogue américain
d’origine allemande, (DBM, p. 901).
117. Il s’agit d’une nouvelle institution, mais l’intérêt de Varèse pour les relations avec l’U.R.S.S.
a toujours été. En 1928, il était membre du Conseil d’administration de l’American Society for
Cultural Relations with Russia. À ce titre, il en employait le papier à lettres comme le montre une
lettre adressée à Le Flem en 1928 (voir reproduction en annexe). Varèse a siégé dans ce conseil
avec Foula La Follette, sœur du sénateur Robert La Follette que Varèse a rencontré en 1934 (voir
lettre n° 33). Elle fut historienne et actrice. Tournée vers l’éducation « progressiste », elle
accompagna John et Evelyn Dewey pour visiter des écoles et des camps d’été à Moscou et à
Léningrad.
118. Mis pour Paul Le Flem, qui écrit alors dans Comeodia.
119. Varèse fait allusion aux événements de février 1934. Les manifestants exigeaient la
dissolution de la Chambre des députés et la démission du gouvernement. Pour défendre les
abords du Palais-Bourbon, la police a tiré : 17 personnes ont été tuées, et plus d’un millier,
blessées. Dans son agenda, Jolivet a noté : au 6 février, « émeutes » ; au 12, « grève générale ».
Dans le courant du mois, il a indiqué plusieurs fois : « Ec.[rit] Varèse ». L’a-t-il tenu au courant de
ce qui se passait ?
120. Jolivet a été enseignant à Saint-Denis. C’est là qu’il a fait la connaissance de sa femme, Hilda
(Guighy).
121. Œuvre de Berlioz (référence au succès berliozien plus loin dans cette même lettre).
122. Du nom de Maksim Maksimovitch Valach, dit Litvinov (1876-1951), diplomate.
123. L’œuvre a été créée le 15 avril 1934, quelques jours après que Louise Varèse a écrit cette
lettre.
124. Voir lettre n° 77.
125. Autre orthographe de Guighy.
136
Robert La Follette Jr. a joué un rôle majeur auprès de Roosevelt dans la mise en place du New
Deal.
154. A.F., mis pour Action Française.
155. Parenthèses mises par Varèse.
156. Maurice Martenot (1898-1980), inventeur français de l’instrument électronique produisant
des ondes musicales ou ondes « Martenot » (DBM, p. 2619). Varèse l’a probablement rencontré
lors d’un séjour parisien en 1927.
157. Guillemets mis par Varèse.
158. Ce point est entouré d’un cercle ; ce que Varèse confirme par l’expression « Point, fini ».
159. Il est déjà question du Houseboat dans les lettres n° 28 et 31.
160. Allusion au voyage en canoë de Paris au port de Marignane effectué par Fernand De Nobele
et Jacques Mégret.
161. Hilda Jolivet a fait une cure à Vichy, entre le 28 août et le 20 septembre 1934 (Agendas
Jolivet).
162. Madame Diana H. Furth a écrit un article intitulé « Cubisme et création » dans le numéro des
Cahiers américains intitulé Les Arts du Nouvel Age Collectif (n° 6, hiver 1934, Éditions Excelsior,
dépositaire 27, quai de la Tournelle, Paris), auquel a aussi contribué le peintre Albert Gleizes (voir
infra, lettre n° 34).
163. L’Orphisme a été un style de peinture où les formes et les couleurs ont été utilisées pour leur
force expressive, indépendamment de toute représentation ou avec un style de représentation
soumis à une construction. Apollinaire a parlé du cubisme orphique dans Les Peintres cubistes, Sur la
peinture, VII, pp. 57-58 : « La lumière des œuvres de Picasso contient cet art qu’invente de son côté
Robert Delaunay et où s’efforcent aussi Fernand Léger, Francis Picabia et Marcel Duchamp ».
Considéré comme un sous-groupe du Simultanéisme, l’orphisme a aussi été une école poétique
concevant le lyrisme sous forme de chants simultanés, représentée notamment par Barzun et
Divoire.
164. Allusion au groupe de l’Abbaye qui se réunissait à Créteil entre 1906 et 1908. H.-M. Barzun
avait fourni les fonds nécessaires à la création de ce « phalanstère de poètes et d’artistes » (dans
DIF, p. 29).
165. Georges Duhamel (1884-1966), écrivain lui aussi engagé dans l’expérience de l’Abbaye de
Créteil.
166. Adjectif dérivé de Guighy.
167. C’est le moment où Jolivet quitte la rue Lacretelle pour la rue du Four.
168. Léon Daudet (1867-1942), journaliste et écrivain, défenseur de l’Action Française.
169. Jeu de mots sur Vichy, où Guighy vient de faire une cure (lettre précédente du 24 août 1934,
n° 32).
170. + ou – : abréviations utilisées par Varèse.
171. Mot américain mis pour : examen.
172. Répétition de la phrase précédente (comme dirait le Prof Barzun), cette fois-ci mise en
abrégé.
173. En effet, Stella a écrit à Jolivet le 19 septembre 1934 : « Varèse vous aime beaucoup, une
amitié comme la vôtre est unique. Varèse va essayer de faire jouer votre musique à New York »
(Archives Jolivet).
174. Mot américain mis pour : scientifiques.
175. Imitation orthographique probable de l’accent de Stella.
176. Institut russo-américain, dont il est question dans les lettres des 14 février et 24 avril 1934
(n° 25 et 26).
177. Il s’agit des Cahiers américains conçus et publiés par H.-M. Barzun.
178. Georges Duhamel et Jules Romains.
138
179. Moly Sabata, nom qui en patois local veut dire « Moulin Battant », est celui d’un hameau du
village de Sablons sur les bords du Rhône. C’est là que s’élève la Maison des Arts qu’a voulu créer
le peintre Albert Gleizes, en souvenir de l’Abbaye de Créteil à laquelle il avait participé. Un article
de Gleizes est paru dans le numéro 6 des Cahiers américains, l’hiver 1934, intitulé « Le groupe de
l’Abbaye. La nouvelle abbaye de Moly-Sabata ».
180. Mis pour Fernand De Nobele.
181. Jolivet va déménager, voir lettre n° 33.
182. Fétiche de Varèse, déjà représenté dans la lettre du 13 décembre 1933 (n° 19).
183. Répertoire des Chanteurs de Saint-Gervais, Anthologie des Maîtres Religieux Primitifs des quinzième,
seizième et dix-septième siècles, Édition populaire à l’usage des Maîtrises et des Amateurs par
Charles BORDES, Directeur-Fondateur des Chanteurs de Saint-Gervais, trois années contenant
chacune un Livre des messes et un Livre des motets, Au bureau d’Édition de la Schola cantorum,
Société de musique religieuse, 15, rue Stanislas, Paris (sans date). Le prix de chaque livre est de 10
Francs net.
184. Vincent d’Indy (1851-1931), compositeur et pédagogue français, fondateur de la Schola
cantorum (DBM, p. 1900).
185. Henri Martelli (1895-1980), compositeur français (DBM, p. 2618).
186. Abréviations mises respectivement pour Paul Le Flem et Florent Schmitt.
187. Thomas Bouchard, ami photographe de Varèse qu’il appelait « le poète des photographes »
(dans Louise Varèse, ALGD, p. 199). Il l’avait rencontré à Paris, en 1929, (dans Fernand Ouellette,
Edgard Varèse, Éditions Seghers, Paris, 1966, p. 111). En 1936, Varèse envoie aux Jolivet, un
portrait de lui par Bouchard, qui leur est dédicacé et est signé par son auteur (Archives Jolivet).
188. Albert Adès (1893-1921), écrivain français et Albert Josipovici (1892-1932), écrivain égyptien.
189. Sir Artur Stanley Eddington (1882-1944), astrophysicien britannique, intéressé toute sa vie
par la théorie de la relativité. Il contribua à sa diffusion par deux de ses ouvrages : L’Espace, le
Temps et la Gravitation (1920) et La Théorie mathématique de la relativité (1923).
190. Adresse présumée d’Artaud ; en janvier 1934, l’adresse notée dans l’agenda de Jolivet est 3,
quai Voltaire (Deharme).
191. Il s’agit de l’enregistrement d’Ionisation commenté dans les courriers des 11 et 19 juin 1934
(lettres n° 28 et 29) et 9 juillet 1934 (lettre n° 30).
192. Emile Vuillermoz (1878-1960), musicographe et critique musical français (DBM, p. 4452).
193. Vieux Paul mis pour Paul Le Flem.
194. Bremen, l’un des paquebots assurant alors la traversée de l’Atlantique.
195. Goha le simple, roman cité dans lettre n° 36.
196. Il s’agit toujours du manuscrit de L’Astronome déjà réclamé dans les lettres du 17 septembre
1934 (n° 34) et du 8 novembre 1934 (n° 37).
197. CB mis pour clarinette contrebasse.
198. P.L.F. mis pour Paul Le Flem, dont on a donné à Paris, le 3 novembre 1934, Pour les morts,
œuvre dédiée à ses deux enfants morts en bas-âge (Agendas Jolivet). Cette œuvre a été créée à
New York en novembre 1921 par Vincent d’Indy dirigeant le Damrosch Orchestra.
199. Jeannot est la fille de Paul Le Flem.
200. Il s’agit encore du manuscrit de L’Astronome déjà réclamé dans les lettres n° 34, 37 et 38.
201. Varèse vient de recevoir le manuscrit de L’Astronome que détenait Artaud.
202. Déjà le 8 novembre 1934 (lettre n° 37), Varèse fait allusion au « marasme » que connaît la
France. Certes l’instabilité ministérielle est révélatrice du déséquilibre d’alors entre un pouvoir
législatif souverain et un pouvoir exécutif faible. Déséquilibre qui entraîne le recours à des
procédures d’exception permettant ainsi aux députés et aux sénateurs de démontrer leurs
pouvoir. Entre 1934 et 1938, sur cinq présidents du Conseil qui ont requis les pleins pouvoirs,
trois les ont obtenus. Vu de l’étranger, ce régime pouvait donner lieu à inquiétudes.
203. Autre orthographe pour Jeannot.
139
204. Mis pour Florent Schmitt. Yves Hucher rapporte dans sa biographie du compositeur : « En
juillet 1934, Florent Schmitt passe une quinzaine de jours à Moscou où a lieu un concert de ses
œuvres : Tragédies de Salome, Mirages, Rêves. Sur une carte postale, on lit ces quelques mots :
« Soleil ardent. On ruisselle dans cette ville immense où une course est un voyage. Partitions
d’abord introuvables. Enfin dûment arrivées. Voici la Place rouge, sans république, sans
Vendôme, sans obélisque, un vaste espace bordé par le Kremlin et Saint-Basile. C’est très
beau... ». Il ira même jusqu’à Petrograd, mais ne pourra faire un pas dans la ville sans être
« intouristé » (dans Florent Schmitt, L’homme et l’artiste, Éditions d’aujourd’hui, Les introuvables,
copyright 1983, Paris).
205. Pierre-Octave Ferroud (1900-1936), compositeur français, fondateur en 1932 de la société de
musique contemporaine le Triton (DBM, p. 1250).
206. Alfred Cortot (1877-1962) était cousin de Varèse, côté maternel. Les grands-pères d’Alfred
(Denis Cortot) et d’Edgard Varèse (Claude Cortot) étaient frères.
207. Mis pour Nadia Boulanger (1887-1979).
208. Varèse a placé « nini » entre parenthèses.
209. Toscanini est mort en 1957...
210. Le protégé de Doris Hodgkins, épouse du chef d’orchestre Pierre Monteux, n’a pu être
identifié.
211. Ce vers de Dante, devenu proverbial en Italie, est extrait de la Divine Comédie, Enfer, Chant III.
Dans l’édition NRF, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, le vers (n° 51) est traduit par « ne
devisions point d’eux : regarde et passe », p. 897.
212. Rue pittoresque de Madrid longée de cafés.
213. Il s’agit de la Société Internationale de Musique Contemporaine.
214. Alejo Carpentier (1904-1980), romancier et musicologue cubain, a longtemps séjourné à
Paris. Il a écrit un article sur Varèse : dans Le Cahier, Revue Commerce, p. 31 à 37 (Archives
Jolivet).
215. Nouvelle orthographe pour Mégret.
216. P.A.J., mis pour Pierre-Alain Jolivet, fils aîné de Jolivet, né le 15 mai 1935.
217. Ionisation, œuvre de Varèse enregistrée sur disque envoyé à Jolivet. Celui-ci dans une lettre
du 17 juin 1935 à Ribemont-Dessaignes écrit : « J’aurais un disque de Varèse à vous faire
entendre ». (Bibliothèque Doucet)
218. Probablement René Bertrand, inventeur du dynaphone. L’ingénieur électronicien que
Varèse avait rencontré pour la première fois en 1913 et avec qui il entretenait encore le projet de
faire des recherches pour inventer des instruments électroniques. Il est à nouveau mentionné
dans la lettre du 13 août 1935, ci-après.
219. Allusion à la fondation de la société de musique de chambre La Spirale. Par sa remarque
suivante, Varèse indique qu’il ne connaît alors ni Messiaen ni Lesur.
220. La Sérénade, société fondée en 1931 par la violoniste Yvonne de Casa-Fuerte. Le comité
directeur de l’association « la Sérénade » incluait les noms de Auric, Markévitch, Milhaud,
Nabokov, Poulenc, Rieti, Sauguet (dans Michel Duchesneau, L’avant-garde musicale à Paris de 1871 à
1939, Liège, Mardaga, 1997, p. 123).
221. Surnom donné à Nadia Boulanger.
222. Parenthèse insérée par Varèse.
223. La mère d’Hilda Jolivet est revenue en France pour la naissance de son petit-fils Pierre-Alain.
Aux dires de Jolivet, sa belle-mère faisait un « sublime » couscous.
224. Mot pris sans doute comme féminin dérivé d’empereur.
225. Marius-François Gaillard (1900-1973), compositeur et chef d’orchestre français qui a dirigé la
première audition d’Intégrales de Varèse à Paris, le 23 avril 1929. Varèse le présente même comme
le premier à l’avoir présenté à Paris (voir supra lettre du 19 juillet 1935, n° 42).
226. P.L.F. mis pour Paul Le Flem.
140
254. Il s’agit sans doute de l’insuccès du drame écrit, mis en scène et joué par Artaud, Les Cenci,
dont Roger Désormière a composé la musique (dans Antonin Artaud : Qui êtes-vous ? par Alain et
Odette Virmaux, Paris, Éditions La manufacture, 1996, p. 208).
255. Cette assertion de Varèse laisse place, malgré elle, à l’engagement reconnu et affirmé de
Désormière comme musicien progressiste.
256. La partie du mot entre crochets a été omise.
257. C’est ainsi que la société La Spirale est tout d’abord désignée (voir Introduction).
258. « La Spirale [...] qui s’insère dans l’Univers en expansion ». Il s’agit d’une citation prise sans
doute dans l’ouvrage d’Eddington que De Nobele a adressé à Varèse.
259. R. Cl. Martin, personne non identifiée, citée plusieurs fois dans Agendas Jolivet 1935, sans
adresse spécifiée.
260. Mis pour Collioure, commune des Pyrénées orientales ?
261. Localité à proximité de Sel de Bretagne (Ille et Vilaine).
262. Expression signifiant : pour le moment
263. Américanisme.
264. Allusion à La Spirale.
265. Programme qui sera effectivement donné le 6 mars 1936 (3 e concert de La Spirale).
266. Expression signifiant : cliché instantané.
267. Irène Joachim (1913-2001), cantatrice française qui a été notamment une inoubliable
Mélisande (dans Pelléas et Mélisande de Debussy) et grande pédagogue.
268. Expression signifiant : communiqués presse.
269. Voir lettre n° 43, note 18.
270. Jolivet a emménagé 28 rue du Four, Paris 6e.
271. Lardon mot mis pour désigner le fils aîné de Jolivet, Pierre-Alain.
272. Voir programme en annexe.
273. Henry Cowell (1897-1965), compositeur américain, co-fondateur de la PAAC (voir lettre n°
15, note n 22), biographe de Charles Ives, éditeur de la première partition d’Ionisation de Varèse
(DBM, p. 857 et Fernand Ouellette, Edgard Varèse, Éditions Seghers, 1966, p. 107).
274. Charles Ives (1874-1954), compositeur américain, joué au troisième concert dit « américain »
de La Spirale (DBM, p. 1918).
275. Adolph Weiss (1891-1971), compositeur américain, membre de la PAAC, qui n’a pas été joué
au troisième concert dit « américain » de La Spirale (DBM, p. 4547).
276. Robert Crawford (1899-1961), compositeur américain, qui n’a pas non plus été joué au
troisième concert dit « américain » de La Spirale (DBM, p. 864).
277. Riegger a été joué au 3e concert dit « américain » de La Spirale.
278. Max Eschig (1872-1927), éditeur de musique, a fondé sa maison d’édition en 1907. Eugène
Cools (voir lettre n° 21, note 6) lui succède en 1925 (DBM, p. 1183).
279. Harrison Kerr (1897-1978), compositeur américain, dont le quatuor a été donné au 3 e concert
dit « américain » de La Spirale. Il en avait envoyé la partition à Jolivet le 24 novembre 1935 et le 11
février 1936, il lui écrivait pour lui donner des informations sur son quatuor ainsi que des
précisions biographiques. Détail amusant : il n’indique pas la même date de naissance que celle
donnée dans le Dictionnaire référencé ! (DBM, p. 2086).
280. Américanisme mis pour « soutiendrez ».
281. Allusion aux dispositions économiques du « New Deal » prises par le président F.D. Roosevelt
282. Le bistrot Lorenzi, situé rue des Canettes dans le 6 e arrondissement, devenu « Chez
Georges », existe encore.
283. Les Deux Magots, célèbre café parisien, place Saint-Germain-des-Prés.
284. Lettre datée du 24 novembre 1935.
285. Guighy a écrit le commentaire qui accompagne le titre de Mana, « cette force qui nous
prolonge dans nos fétiches familiers... », d’où la qualification de citation « guiguiesque ».
142
310. Lily Pons (1898-1966), chanteuse française, qui a fait partie de la troupe du Metropolitan
Opera de New York à partir de 1931, d’abord jusqu’en 1944, puis de 1945 à 1958, tout en menant
une brillante carrière internationale (DBM, p. 3248).
311. Lydia Hoffmann-Behrendt (1890-1971), pianiste russo-américaine qui a longtemps enseigné
le piano.
312. Ernst Toch (Vienne, 1887-Los Angeles, 1964), compositeur américain d’origine autrichienne,
a été contraint de quitter l’Allemagne en 1933 et a émigré aux États-Unis en 1935 (DBM, p. 4240).
313. Paul Hindemith (1895-1963), compositeur allemand, avait opté pour la nationalité
américaine en 1946 (DBM, p. 1796).
314. P.L.F. mis pour Paul Le Flem.
315. Migot, président de La Spirale, a-t-il ressenti une trop grande influence de Varèse sur le
choix des programmations de concerts ?
316. Cette lettre est écrite le lendemain de la fête de Noël.
317. Les opinions d’extrême droite de Léon Daudet en font l’une des têtes de turc de Varèse. (Voir
supra la lettre du 24 août 1934, n° 33).
318. Charles Maurras (1868-1952), écrivain et homme politique français, principal animateur du
mouvement Action Française de 1908 à 1944, autre tête de turc de Varèse.
319. Orthographe supposée de « Heil Scheisse » ou de « Heile Scheisse ». Varèse désigne-t-il ainsi
Hitler ? À moins que ce ne soit Maurras, lequel portait la barbe.
320. Fernandesque : allusion à Fernand de Nobele.
321. Il s’agit de la New School of Social Research.
322. Désignation de Guighy (voir supra la lettre n° 50, note 1).
323. Le sous-titre de Mana est en réalité : « cette force qui nous prolonge dans nos fétiches
familiers... ».
324. Allusion à l’opéra de Wagner, Tristan et Isolde.
325. Ce quatuor sera programmé le 17 février 1936 au concert de musique française à New York.
326. Fried mis par erreur pour Freed.
327. Béla Rózsa (et non Rosza) (1905-1977), compositeur, pianiste et organiste. Dans une lettre à
André Jolivet, il a adressé quelques notes biographiques : « né à Kecskemét en Hongrie, il a étudié
le piano et l’orgue à Budapest. Puis il a parcouru l’Europe comme soliste et accompagniste [sic] de
son père, baryton à l’Opéra de Berlin, de Vienne, de Budapest et du Metropolitan Opera de New
York. Il est allé aux États-Unis à l’âge de 15 ans dont il devient citoyen en 1926. Diplômé de la
Juilliard School, il a travaillé en privé la composition avec Schoenberg ». La sonate pour piano
qu’il adresse à Jolivet a été composée lors d’un séjour à Paris en 1929.
328. Expression signifiant : C’est à votre convenance.
329. Serge Moreux (1900-1959), musicologue français qui a fait ses études musicales à la Schola
cantorum et a travaillé avec Nadia Boulanger. Critique musical de plusieurs journaux, premier
biographe français de Bartók (Béla Bartók, Richard-Masse Éditeurs, Paris, 1955), auteur d’une
Histoire de la musique japonaise, il a dirigé la revue Polyphonie et a été directeur artistique des
disques Ducretet-Thomson. Jolivet, suivant le conseil de Varèse, lui a écrit le 17 février et a noté
l’avoir rencontré les 22 et 26 février (Agendas Jolivet). Il est devenu un proche ami de Jolivet et a
été le parrain de son fils aîné Pierre-Alain.
330. Il s’agit du concert de musique française donné la veille à New York au cours duquel Jolivet a
été joué.
331. Metropolitan Opera de New York.
332. Mot anglais pour entracte.
333. Photo de presse de Varèse (Archives Jolivet).
334. Il s’agit de Density 21,5, œuvre écrite pour Georges Barrère.
335. Mis pour Pierre Laval, voir supra la lettre n° 43, note 1.
336. Concert « américain » donné à La Spirale le 5 mars 1936.
144
annonçant et commentant le concert dans l’édition de Paris du New York Herald Tribune du 4 mars
1936 (Archives Jolivet).
360. Jeu de mots sur les noms des deux sociétés de concerts Sérénade et Triton.
361. Schmitt a été élu à l’Institut des Beaux-Arts au fauteuil de Paul Dukas (par 27 voix contre 5 à
Stravinsky !) probablement fin 1935. Voir également à ce sujet, et plus explicite, la lettre du 29
août 1936 (infra, n° 71).
362. Voir la lettre n° 62 : Varèse a déjà signalé le décès de Mrs. Blumenthal. George Blumenthal
partageait sa vie entre les États-Unis (après que ses activités professionnelles eurent cessé, il fut
nommé président du Metropolitan Art Museum de New York en 1934) et Paris.
363. P.L.F. mis pour Paul Le Flem. Il ne semble pas qu’il ait écrit un Macbeth. En 1936, Le Flem
travaille à un drame lyrique Le Rossignol de Saint-Malo, qui sera terminé en 1938 et créé en 1942 à
l’Opéra Comique. Peut-on voir dans cette assertion une plaisanterie varésienne : Drame pour
drame ?
364. Quelle prémonition : Varèse est revenu à Paris en 1954 ! ! 18 ans plus tard ! !
365. En ce sens : fausse nouvelle lancée dans la presse.
366. Mot oublié par Varèse.
367. Il s’agit de l’échange de concerts : américain à Paris (La Spirale, 6 mars 1936) et français à
New York (17 février 1936).
368. Le Nouveau quatuor hongrois a joué le Quatuor à cordes de Jolivet à Budapest ainsi qu’à Paris
(Archives Jolivet). Cette œuvre a été créée le 24 mars 1934, à la Société Nationale par le quatuor
Huot. Jolivet a alors sûrement fait part du concert à Varèse. C’est une période où Varèse n’avait
pas le temps d’écrire. Il n’y a donc aucun commentaire de sa part au sujet du Quatuor de Jolivet.
Toutefois, il était toujours question du Trio... (voir lettres n° 25 du 24 avril 1934 et n° 27 du 2 juin
1934).
369. Jolivet a-t-il fait part à Varèse des premières difficultés rencontrées au sein de La Spirale ?
370. Jolivet a emménagé rue du Four.
371. Il s’agit du manuscrit du Trio de Jolivet maintes fois cité dans la correspondance.
372. N.E. et W. mis pour le Nord-Est et l’Ouest.
373. Jolivet est allé rejoindre Guighy et Pierre-Alain en Algérie du 18 au 24 avril (Agendas Jolivet).
374. Nom donné à la coalition des partis de gauche qui arrivera au pouvoir deux mois après, en
juin 1936. Il avait été constitué le 14 juillet 1935.
375. Voir lettre précédente du 12 mai 1936, n° 64.
376. Il s’agit de Mana.
377. Soit à une altitude de 2 300 mètres.
378. Photo qui figure dans les Archives Jolivet.
379. L’indication portée par la carte postale indique qu’elle représente un « énorme reptile de la
famille des lézards ».
380. Deux des tribus d’indiens localisées dans le Sud-Ouest américain.
381. Voir carte du 14 juillet 1936, n° 68.
382. Il s’agit de la Danse Incantatoire de Jolivet donnée au premier concert Jeune France le 3 juin
1936, sous la direction de Roger Désormière.
383. Jolivet a sûrement annoncé à Varèse la création récente du groupe Jeune France formé par
Yves Baudrier, Daniel-Lesur, Olivier Messiaen et lui-même.
384. Des élections ont eu lieu en novembre 1936 qui redonnèrent au Président Franklin D.
Roosevelt, une majorité renforcée. Pour sortir de la crise de 1929, il avait mis au point un
programme économique et social (avec notamment l’aide du sénateur La Follette – voir lettre n°
32, note 3), le New Deal, qui lui valut le soutien populaire.
385. Quatre des tribus d’indiens localisées dans le Sud-Ouest américain.
386. C’est Roger Désormière qui a dirigé le 1er concert du groupe Jeune France en juin 1936.
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387. Le Dictateur est Fernand de Nobele. Dans sa lettre du 4 avril 1936 (n° 63), Varèse avait
chargé Jolivet de prévenir De Nobele qu’il lui « envoyait un chèque en paiement de sa dette ».
388. Altitude annoncée dans la lettre du 26 mai, n° 65.
389. Mot omis.
390. Expression signifiant : Qui sait ?
391. Expression signifiant : duper en volant.
392. Confusion amusante de dates corrigée par Jolivet. 29-VIII est transformé en 11-VIII.
393. Jolivet passe une partie de l’été en Savoie, à Chantemerle, où il compose les Cinq Incantations
pour flûte seule.
394. Voir même allusion faite dans la lettre du 20 juillet 1936, n° 69.
395. Voir les deux articles des 21 et 24 août 1936, parus dans le Santa Fe New Mexican en annexe.
396. Voir Annexes : Le Temps 27 juin 1936. Il est à relever que Varèse semble avoir eu de la
considération pour Schmitt manifestant son antisémitisme à l’encontre de Kurt Weill, mais du
mépris pour Schmitt critique musical.
397. Nom masculin signifiant : partie la plus grossière du son ou encore, excrément.
398. Ville de l’état du Nouveau Mexique sur le Rio Grande del Norte, fondée en 1706 par le vice-
roi d’Espagne à qui elle doit son nom.
399. Jeu de mots sur le nom de la célèbre marque des Réglisses Florent et celui de Florent Schmitt
qui, à son tour, subit les sarcasmes de Varèse. La maison Florent (1854-1975) produisait dans la
région d’Avignon une réglisse extrêmement populaire. Il en existe une affiche publicitaire
fameuse, dessinée par Cassandre en 1925.
400. Henri Hermans (1883-1947), organiste et chef d’orchestre néerlandais qui s’est intéressé à la
musique contemporaine française et néerlandaise. Cité à plusieurs reprises dans l’Agenda 1936 de
Jolivet à partir d’octobre, il a écrit les 27 octobre et 10 décembre 1936, sur papier à en-tête du
« Stedelijk Orkest » de Maastricht, Hollande. Dans ces lettres, il est question de la programmation
d’œuvres de Varèse et de Jolivet, mais aucune trace de ces projets n’a été retrouvée dans les
Archives de l’orchestre conservées à Maastricht.
401. Mot signifiant : indisponible.
402. Henry Cowell dirigeait depuis 1927 le trimestriel New Music qui a publié des partitions
nouvelles pendant un quart de siècle, parmi lesquelles celle d’Ionisation. L’emprisonnement de
Cowell explique en partie les difficultés de la publication.
403. Mot non identifié.
404. Varèse fait ici allusion à la guerre civile en Espagne.
405. Mis pour bubon ? Il s’agit d’un abcès que Varèse avait fait soigner en Espagne : voir lettres
des 11 et 15 septembre 1933 (n° 11 et 14).
406. Pierre-Octave Ferroud est mort le 17 août 1936 des suites d’un accident automobile en
Hongrie (DBM, p. 1250). Les activités de la société Triton ont été maintenues sous la direction de
Jean Rivier.
407. Ce à quoi Varèse fait allusion concernant Albert Roussel n’est pas clair ; peut-être s’agit-il de
ses fonctions de président du comité français de la Société Internationale pour la Musique
Contemporaine qui lui donnaient une influence prépondérante sur le choix des partitions
retenues pour les festivals de la SIMC.
408. Varèse procède par analogie en suggérant une entité Goncourt comparable à celle de
l’Institut des Beaux-Arts – Académie Française.
409. Membre de l’Académie Goncourt depuis 1897.
410. Chéreau mis plus probablement pour Gaston Chérau, écrivain français né à Niort (1874),
mort à Boston (1937), membre lui aussi de l’Académie Goncourt.
411. Frédéric Bargone, dit Claude Farrère (1876-1957), écrivain, membre de l’Académie Française,
fut sensible à l’influence maurrassienne. Florent Schmitt, membre de l’Institut, pouvait donc le
147
retrouver sous la Coupole ainsi que Georges Duhamel, lui-même membre de l’Académie Française
depuis 1935.
412. A.R. mis pour Albert Roussel.
413. Mis pour Florent Schmitt.
414. Jeu de mots « dominical » sur la ressemblance homophonique de « Rince-Tutu » avec
Institut.
415. Voir supra lettre n° 72.
416. Dans les Archives Jolivet figure le brouillon d’une lettre de Jolivet à un ambassadeur à
Moscou lui demandant d’intervenir auprès de Fried pour récupérer les dits matériels.
417. Mis pour Le Febvre.
418. Maurice Ravel souffrait d’une maladie cérébrale. Il décédera en décembre 1937.
419. L’un des deux pourrait être Eugène Cools, l’autre Pierre-Ocatve Ferroud (voir lettre n° 72).
420. Maison de Borniol, organisation de pompes funèbres.
421. Allusion à la nomination de Schmitt à l’Institut des Beaux-Arts.
422. Varèse appelle-t-il « confitures » ce que d’autres désigneraient par « huiles » ou
« légumes » ? Bar-le-Duc, en 1916, pendant la bataille de Verdun, fut le point de départ de la Voie
sacrée, nom donné à la seule route joignant la ville à Verdun par Rosnes et Souilly : Florent
Schmitt fréquente-t-il certaines autorités qui auraient alors participé aux combats ?
423. Adobe, mot anglais signifiant : brique ou maison. C’est aussi le crépi ocre dont les maisons
sont recouvertes au Nouveau Mexique.
424. Varèse est photographié dans un pueblo (Archives Jolivet). Voir document ci-joint.
425. L’envoi est déjà promis dans la lettre du 24 novembre 1936 (n° 73).
426. Allusion à la conférence donnée par Varèse à Santa-Fé, voir la lettre du 29 août 1936 (n° 71).
427. Il s’agit du deuxième concert du groupe Jeune France.
428. Henri Sauguet (1901-1989), compositeur français, a été dans les années trente critique
musical au journal Le jour. L’article paru le 7 juin 1937 se poursuit en ces termes : « On entendait
alors quelque chose qui rappelait le Paradis perdu d’Igor Markevitch, auquel M. Jolivet fait penser
par ses tentatives orgueilleuses et son complexe beethovénien, mais dont il est cependant bien
loin d’avoir l’aisance et l’éblouissante qualité. Il nous révèle, dans ses chants, son angoisse de ne
pas trouver " le mot capable d’éveiller la sympathie des hommes ". Il aurait tort de continuer à le
chercher sur la route où il s’est engagé : elle ne délivre que l’enflure, le bavardage et l’ennui. Et,
de plus, elle n’est pas en France et éloigne de la musique ».
429. Jolivet n’a pas reçu de commande pour participer aux réalisations musicales qui ont
accompagné les Fêtes de l’eau et de la lumière et laisse paraître une certaine amertume.
430. Vicente Huidobro (1893-1948), poète chilien qui arriva à Paris en 1916. « Dénationalisé », il
se mit à écrire en français. Sur l’un de ses poèmes, La Chanson de Là-Haut, Varèse a composé la
première partie de son œuvre Offrandes. Huidobro fonda avec Pierre Reverdy le mouvement
« créationniste ». Jolivet a lui-même mis en musique des poèmes des deux poètes.
431. Voir programme dans les documents ci-joints.
432. Suzoy, compositeur du XIVe siècle, École de Bourgogne.
433. Tomas Luis de Victoria (1548-1611), organiste et compositeur espagnol, (DBM, p. 4406).
434. Heinrich Schütz (1585-1672), compositeur allemand ( DBM, p. 3770) prévu mais non
programmé au concert du 24 avril (note 1).
435. Henry Prunières (1886-1942), musicologue français qui a fondé la Revue musicale en 1920
(DBM, p. 3301).
436. Concert donné avec la participation de « THE GREATER NEW YORK CHORUS » sous la
direction de Varèse. Au programme : Victoria, Couperin, Andreas Hammerschmidt, Ludovico
Viadana, Bruckner. Au verso du programme, liste des sponsors (Voir programme dans les
documents ci-joints).
148
437. Ces renseignements correspondent aux annotations de Jolivet portées sur la lettre précé
dente du 28 novembre 1944.
438. L’œuvre est inscrite au concert du 5 juin 1945 donné au profit des enfants de France ; la
lettre du 15 mai 1945 (voir supra n° 78) est écrite au verso du programme.
439. Voir note 11 de la lettre 19.
440. Mot mis pour « épineux » ?
441. Voir Introduction, note 26.
442. Arthur Lourié (1892-1966), compositeur américain d’origine russe ; Varèse l’avait connu en
Allemagne : en 1922, il faisait partie du Comité directeur de la section allemande de
l’International Guild of Composers présidée par Ferruccio Busoni. Ils s’étaient retrouvés à Paris
où Lourié vivait depuis 1924. En 1930, ils participèrent à une Table ronde sur la mécanisation
future de la musique qui réunissait aussi Ribemont-Dessaignes – qui fit publier le texte de
l’intervention de Varèse dans le numéro 5 de la revue Bifur –, Vicente Huidobro, Ungaretti, Alejo
Carpentier et Robert Desnos (dans Fernand Ouellette, op. cit., p. 115). C’est en 1941 que Lourié a
émigré aux États-Unis.
443. Photos prises à Madrid en 1933 lors du séjour en Espagne avec les Jolivet.
444. Voir programme dans les documents ci-joints.
445. Autour de Sullivan Street dans Greenwich Village, les échoppes italiennes sont fort
nombreuses.
446. Cette lettre ne figure pas dans les Archives Jolivet.
447. Voir Archives Jolivet.
448. Virgil Thomson (1896-1989), compositeur et critique musical américain (DBM, p. 4219).
449. Pièce de Paul Claudel dont Jolivet a dirigé la musique de scène d’Arthur Honegger depuis la
création à la Comédie-Française, dans la mise en scène de Jean-Louis Barrault, fin 1943
450. André Jolivet, « Paris Listening Post » dans Listen, The guide to good music, november 1945, p. 8
(Archives Jolivet).
451. Il s’agit de la Premiere Sonate pour piano de Jolivet écrite en hommage à Béla Bartók qui vient
de disparaître.
452. Françoise a un frère aîné, Claude.
453. Irène Joachim et Jean Gehret étaient mariés depuis 1937 (dans Brigitte Massin, Les Joachim,
une famille de musiciens, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1999).
454. Mis pour Désormière.
455. Albert Wolff (1884-1970), chef d’orchestre français. Il ne restera directeur de l’Opéra-
comique que pour la saison 1945-46.
456. Jacques Ibert (1890-1962) a été directeur de la Villa Médicis de 1937 à 1960 avec une
interruption entre 1940 et 1946.
457. Madame Guighy, plusieurs fois citée dans cette correspondance.
458. André Souris (Marchienne-au-Pont, Hainaut, 1899-Paris, 1970) chef d’orchestre,
musicologue et compositeur belge (DBM, p. 3944) membre de la SIMC (lettres des 6 et 11 février
1947, Archives Jolivet).
459. Robert Franc était marié à Mildah Polia, chanteuse (mezzo-soprano). D’après quelques
lettres conservées dans les Archives Jolivet, ils sont allés s’installer aux U.S.A. vers 1939/1940 et
sont revenus vivre à Paris en 1967.
460. Yves Le Rouzic, producteur d’émissions radiophoniques.
461. Ginette Martenot (1902-1996), ondiste, sœur de l’inventeur des ondes Martenot ; elle jouera,
à cette époque, le Concerto de Jolivet aux États-Unis sous la direction de Charles Münch, le chef
d’orchestre français (1891-1968).
462. Il s’agit de la musique pour La lueur qui s’éteint, un documentaire du Docteur Thévenard.
463. Ce texte conservé par Jolivet, ainsi que la lettre adressée à la Radio, sont publiés en Annexes.
149
464. Il s’agit probablement de Jean-Pierre Rampai qui avait obtenu son premier prix de flûte au
Conservatoire de Paris en 1944 avec le Chant de Linos de Jolivet.
465. Alfred Sauvy (1898-1990), démographe et économiste français, et son épouse Marthe.
466. Le quatuor Pascal était constitué de Léon Pascal et Jacques Dumont, violons, Maurice Crut,
alto et Robert Salles, violoncelle. Jolivet leur a dédié son Quatuor à cordes.
467. Son séjour annoncé en 1945 (lettre n° 79) semble avoir été remis.
468. Voir Archives Jolivet.
469. Il s’agit de deux articles parus sur Varèse : Paul Rosenfeld, « We want Varèse », dans Twice a
Year, n° VII, automne-hiver 1941, p. 255-258 et Kurt List, « Edgar Varèse, musicien », dans la
revue Listen, 1948.
470. Jolivet avait été chargé de présenter Varèse à la classe de Messiaen au Conservatoire.
471. Mrs Arthur M. Reis a été la secrétaire générale de l’International Composers’ Guild pendant
sa deuxième saison (1922-23) de concerts. Les répétitions avaient lieu chez elle et les concerts au
Klaw Theater. Elle a été l’un des six membres qui firent sécession en 1923 pour fonder la League
of Composers (dans Louise Varèse, ALGD, pp. 177 sqq.).
472. Jolivet a composé le Ballet des étoiles et la Pêche miraculeuse pour les ballets de marionnettes
de Jacques Chesnais, enregistrés en 1942 sous la direction de Roger Désormière et parus chez
Florilège.
473. Œuvre composée par Jolivet en 1940 et enregistrée sur disque par Pierre Bernac sous la
direction de Charles Munch en 1947 (disque Gramophone).
474. Il s’agit des 3 Talas pour piano et orchestre, œuvre créée le 14 février 1948 (DBM, p. 2749).
475. À l’automne 1947, Varèse a subi une opération de la vésicule biliaire.
476. Walter Green.
477. Étaient inscrites au programme du concert donné à Budapest, des œuvres de Yves Baudrier
(Le grand voilier), Olivier Messiaen (Les offrandes oubliées), Henri Barraud (Concerto pour piano,
soliste : Françoise Gobet) et André Jolivet (Cinq danses rituelles) (Archives Jolivet).
478. À chacun son orthographe !
479. Philippe et son frère François étaient directeurs des Éditions musicales Heugel à Paris qui, à
cette époque, éditent les œuvres de Jolivet.
480. René Le Roy (1898-1985), flûtiste français. Il a fondé avec le harpiste Pierre Jamet le
Quintette instrumental de Paris. Il a vécu aux États-Unis de 1940 à 1951 (DBM, p. 2389).
481. Varèse, en 1948, a donné une série de cours de composition à la Columbia University de
même qu’une série de conférences sur la musique du XXe siècle (dans Fernand Ouellette, op. cit.,
pp. 178 sqq.).
482. Hilda Jolivet a, à la sortie de la guerre, participé à plusieurs séries d’émissions
radiophoniques.
483. L’intervention a eu lieu à l’automne 1947.
484. Fred Goldbeck était marié à la pianiste Yvonne Lefébure (1898-1986).
485. Il s’agit de la lettre précédente datée du même jour (n° 86).
486. « Cher Mr. Jolivet, Je descends à l’hôtel Royal, avenue Friedland et serais heureux que vous
me fassiez signe. Je parle peu le français. H.K. »
487. Voir lettre n° 85.
488. Dominique Modesti, chanteur et peintre, ami de longue date de Jolivet. Ils ont fait
connaissance quand ils étaient tous deux dans l’enseignement. Modesti a souvent interprété les
œuvres de Jolivet ; il a notamment participé au deuxième concert Jeune France en 1937. Il a été le
professeur en particulier des barytons Albert Lance et James Bonnefin. En tant que peintre, ses
premiers vernissages datent de 1928 (invitation/catalogue dans Archives Jolivet) 1930 et 1931
(Agendas Jolivet). En décembre 1944, il a exposé à New York. La Revue de presse américaine
rendant compte de cette exposition à la Galerie Arthur U. Newton, donne peu de renseignements
150
biographiques : son lieu de naissance est pour les uns, Alger, pour les autres, la Corse. Tous sont
d’accord sur son goût pour les voyages et citent ses séjours, au Brésil, en Australie et au Mexique.
489. Il s’agit de Guignol et Pandore, ballet de Serge Lifar sur une musique de Jolivet, créé en avril
1944 à l’Opéra de Paris.
490. Hopi Snake Dance, œuvre de Jolivet pour deux pianos écrite en 1948, dédiée à Darius Milhaud.
491. Personne non identifiée.
492. Paul Collaer (1891-1989), pianiste et musicographe belge. Il a organisé les concerts Pro Arte à
Bruxelles qui ont été l’un des centres importants de la musique contemporaine (DBM, p. 812).
493. Il s’agit de la Magicienne de la mer, légende lyrique qui sera créée en 1954.
494. La fin de la lettre est écrite par Guighy.
495. Allusion au séjour commun Varèse-Jolivet en Espagne en août 1933.
496. Raymond Creuze dirige toujours sa galerie d’art et a fort aimablement accepté d’évoquer les
souvenirs de sa relation avec Varèse. Le compositeur était à Paris pour la création de son œuvre
Déserts et il assista à l’inauguration de cette galerie en novembre 1954. Inauguration saluée dans
L’information artistique par le texte suivant, reproduit dans le Bulletin de la galerie Raymond Creuze n°
I : « Une importante galerie s’ouvrira le 4 novembre, 12, rue Beaujon, Paris 8 e. Cette galerie
s’intitulera : Galerie R. Creuze, Salle Balzac, pour la distinguer de la galerie existant déjà avenue de
Messine. Elle ouvrira ses portes avec une rétrospective du peintre Alfred Le Petit [...] Le peintre
sera présenté par une intéressante préface de Jean Cassou ».
C’est après la Seconde Guerre mondiale que Raymond Creuze avait été présenté au compositeur
par des amis communs à New York, à une époque où il y séjournait plusieurs mois par an, autour
de l’été indien. Il essayait de rétablir des échanges entre l’Europe et les États-Unis, cherchant à
développer le marché de l’art. Entourés des amis de Varèse (Duchamp, Ozenfant, Bouchard,
Ruggles, parmi tant d’autres) ils passèrent de nombreuses soirées ensemble. Varèse avait alors
beaucoup insisté pour le convaincre de s’installer définitivement aux États-Unis. Il souhaitait que
R. Creuze s’implique dans le tournage d’un film sur les déserts.
Des années plus tard, dans l’ouvrage écrit et publié par Raymond Creuze en 1984, consacré à Vera
Cuningham, la célèbre femme peintre anglaise, Varèse est cité lors de l’évocation de la troisième
exposition des « Amis de Montparnasse » à l’automne 1924 : « c’est le commissaire général,
musicien d’avant-garde et peintre à ses heures Edgar Varèse qui invite Matthew Smith et Vera
Cuningham à y participer avec lui. Quelques semaines plus tard, ils reçoivent Edgar Varèse à
Londres ». Varèse est bien allé à Londres en 1924 pour entendre Hyperprism à un concert de la
BBC, le 30 juillet. Dans l’ouvrage de Louise Varèse, il est bien fait mention du concert mais non
d’une rencontre avec les deux peintres anglais.
497. Archives Jolivet.
498. Marie Laurencin (1885-1956), peintre et poétesse française. Elle réalisa en 1924 les décors du
ballet de Poulenc, Les Biches.
499. Enregistrement du Quatuor à cordes de Jolivet par le Quatuor Pascal, disque Contrepoint.
500. Maigret mis pour Mégret.
501. Voir lettre de Jolivet à Varèse du 22 novembre 1948 (n° 88) : les Jolivet passent l’été à Carnac
dans le Morbihan, non loin de La Trinité sur Mer où se trouvent les Le Flem.
502. Autre orthographe de Reis.
503. C’est l’époque où Villa-Lobos fait de fréquents séjours en France et aux États-Unis (DBM, p.
4415).
504. Il s’agit des Mages, deuxième mouvement des Pastorales de Noël de Jolivet, donné à New York
(cf. répertoire tenu par Jolivet et réponse à Varèse de Jolivet du 12 novembre 1949, (n° 93)).
505. De Jolivet, Charles Münch a, en outre, dirigé les Trois complaintes du soldat et la Première
Symphonie.
506. V.T., initiales mises pour Virgil Thomson dont l’article est paru dans le New York Herald
Tribune du 10 novembre 1949 (Voir en annexes).
151
539. Philippe Entremont, né en 1934, pianiste et chef d’orchestre français (cf. Alain Pâris,
Dictionnaire des interprètes, Robert Laffont, Collection Bouquins, Paris, 1995, p. 384).
540. C’est le Premier Concerto pour piano de Liszt qui était programmé.
541. Olin Downes (1886-1955), critique musical au New York Times depuis 1924 (DBM, p. 1059).
542. Mot signifiant : en hâte.
543. Pierre-Alain Jolivet a passé l’année universitaire 1954-55 aux États-Unis grâce à une bourse
Fullbright.
544. Voir supra lettre n° 98, note 5.
545. Mot mis pour « commande ».
546. Voir supra lettre n° 98, note 5.
547. Lors de son séjour à Paris en 1954, Varèse est venu en visite chez les Jolivet. À cette occasion,
il a fait connaissance des « cinq » (voir supra lettre n° 94, note 4).
548. Ces entretiens ont ensuite été publiés : Georges Charbonnier, Entretiens avec Edgard Varèse,
Éditions Pierre Belfond, Paris, 1970.
549. Disque Columbia FCX 500 réalisé avec le flûtiste Fernand Dufrène, le trompettiste Roger
Delmotte et l’Orchestre National de la R.T.F.
550. Hyperprism, pour 9 instruments à vent et 18 instruments de percussion, dont la création a eu
lieu à New York le 4 mars 1923 sous la direction de l’auteur.
551. Pierre-Alain et les cadets : Christine et Merri.
552. Edward Tatnall Canby, « Epoch at Bennington », Harpers Magazine, New York, juillet 1955
(Archives Jolivet).
553. Il pourrait s’agir du Dr. Joseph-Charles Mardrus (1868-1949), auteur de Toute-puissance de
l’adepte, livre publié en 1932 qui se trouvait dans la bibliothèque de Jolivet. Mais en 1955, le
célèbre traducteur du Livre des Mille et une nuits et du Coran est décédé depuis quelques années.
554. Mot mis entre guillemets par Varèse.
555. Surnom pour Pierre-Alain Jolivet qui, en 1958, montera son premier spectacle théâtral au
Théâtre du Moulin de la Galette à Paris – Mala de Jean Laugier – auquel Varèse a assisté.
556. Voir supra lettre n° 104, note 2.
557. Jolivet est, cet été-là, à Aix-en-Provence, ville du « bon Roi René » (voir carte postale
précédente, n° 106).
558. Varèse vient de rentrer d’Europe. 1958 est l’année de l’Exposition de Bruxelles : Varèse et
Jolivet s’y sont retrouvés (Pavillon Philips, ballets de l’Opéra de Paris et représentations de la
Comédie française) ainsi qu’à Paris.
559. L’actrice en rouge dans Mala (voir supra lettre n° 104, note 2.) était Jacqueline Dano.
560. André, Hilda et Christine Jolivet ont passé de longs moments chez les Varèse pendant leur
séjour à New York en juillet 1964.
NOTES DE FIN
1. Saluez les 3 cours belloniennes et leur monarque mon ami Minou. Ne laissez pas ma couverture
être la proie des matous.
2. il ne peut rien d’où il sort -
3. J’en fais d’ailleurs autant faute de renseignements depuis avoir quitté Barcelone.
4. Il est mieux que cela - C’est un portrait artistique.
153
Annexes
155
1 S’entretenir avec Edgar Varèse, c’est comme essayer de contenir un typhon ; on prend
vite conscience que le compositeur en connaît plus sur l’histoire de la musique que
n’importe lequel de ses contemporains : il peut donner au néophyte un aperçu nouveau
sur la façon dont la musique est notée, annoncer que de nouveaux instruments
électriques viendront élargir l’horizon des sons, et que l’expérience ne sera pas
complète avant que ses symphonies aient été entendues dans l’Ouest comme elles l’ont
été dans les grands centres musicaux.
2 Varèse parlera de « La musique dans le temps » à la Mary Austin House, à 20h30
dimanche, dans la série de manifestations organisées au bénéfice de l’Association pour
les affaires indiennes. Ce ne sera pas une conférence au ton léger : quand il s’agit de
musique, Varèse ne peut être léger. Il illustrera son propos avec des exemples sur la
notation musicale telle qu’elle était à ses débuts et ce qui en survit à notre époque. Il
donnera un aperçu aussi complet que possible de la musique, allant du passé jusqu’aux
vastes espaces du futur, qu’il envisage avec l’intensité d’un prophète, et qu’il anticipe
en mettant l’accent sur le bruit dans ses symphonies ultramodernes. Π ne voit aucune
différence entre « bruit et son », car « le bruit est un son en formation ». Lorsqu’on lui
demande s’il est musicien, sa réponse est : « Non, je suis quelqu’un qui travaille [worker]
avec le rythme, les fréquences et les intensités ».
3 Varèse est venu en Amérique pour un certain type de son dont « enfant il avait rêvé »,
comme il a rêvé de « certains sons et de certaines vibrations ». Le son dont il avait rêvé,
il le trouva à son arrivée : « Lorsque j’entends le do# produit par la sirène d’un bateau,
ou par des sirènes d’usines, je m’arrête et j’écoute », dit-il. Et depuis, il a incorporé
cette étrange musique dans ses compositions.
156
4 Monsieur Varèse dit que le compositeur a des « oreilles innocentes », comme George
Moore pensait que l’art devait être regardé avec des « yeux innocents ». C’est cette
qualité même qui fait que les sons signifient plus pour lui que pour le musicien moyen.
Π raconte qu’il lui arrive d’écouter attentivement le bruit des perceuses et des
riveteuses sur les chantiers d’immeubles en construction à New York ; et à quelqu’un
lui demandant ce qu’il faisait, Varèse répondit honnêtement qu’il « s’exerçait ».
5 Il y a vingt-et-un ans que Varèse est arrivé en Amérique à la recherche des sons qu’il
entendait dans son « oreille intérieure ». « En ce temps-là, j’ai pris la citoyenneté
américaine mais hélas pas l’accent ». Il a toujours plus de facilité à s’exprimer dans sa
langue maternelle, et quand il n’arrive pas à trouver l’expression adéquate en anglais,
sa femme et lui échangent très vite en français jusqu’à ce qu’ils trouvent le terme juste.
Bach et Beethoven
6 Pour Varèse, les deux immenses génies de la musique classique sont « Bach, qui a fermé
une porte, et Beethoven, qui a ouvert l’horizon. C’est vraiment une bénédiction que
Beethoven ait été sourd et aussi isolé du monde. Il entendait avec son oreille
intérieure... et il désirait vraiment les effets qui peuvent être obtenus aujourd’hui. Je
crois qu’il s’est tourné vers le quatuor parce que son imagination allait au-delà des
possibilités physiques de son temps ». Varèse revient sans arrêt à la Neuvième Symphonie
de Beethoven pour illustrer ses propos, faisant référence à sa « colossale majesté »,
l’appelant « la plus grande œuvre chorale ».
7 Varèse, qui ressent toutes les contradictions de la musique, dit que « la musique est le
plus abstrait et le plus physique des arts, et s’apparente à deux symboles : les étoiles et
le vin ». Il dit que les trois principes de base de toute composition sont « inertie, force
et rythme », avec leurs contradictions.
8 Il pense que dans les masses sonores, les gens confondent les mélodies (melodies) et les
airs (tunes) ». Dans son propre travail, ces « masses sonores organisées se meuvent les
unes contre les autres, variant en rayonnement et en volume ». Il recherche la qualité
tri-dimensionnelle dans la projection sonore, où « les faisceaux sonores sont semblables
aux faisceaux lumineux d’un phare... un prolongement, un voyage dans l’espace ».
NOTES
1. Le Lion’s Roar [rugissement du lion] est un instrument de percussion inventé par Varèse et dont
le nom français est « tambour à corde ».
NOTES DE FIN
1. Article paru sous le titre : « River Sirens, Lion Roars, All Music to Varèse », dans le Santa Fe New
Mexican, 21 août 1936 (p. 2).
Ces deux articles parus à Santa Fé (Nouveau Mexique) en 1936 sont cités par Fernand Ouellette
dans son livre sur Edgard Varèse (Christian Bourgois, Paris, 1989, pp. 141 sq.). Certains passages,
dont la traduction suit celle d'Ouellette, sont intégrés aux Faits réunis par Louise Hirbour et
traduits par Christiane Léaud, mais conformément au principe très discutable de cette édition,
sans mention des propos de Varèse mis entre guillements et des propos relatés dans le cours de
l'article par le journaliste. Ils sont par ailleurs présentés selon une continuité reconstituée plus
ou moins arbitrairement.
160
1 « Une œuvre d’art crée les règles ; les règles ne font pas une œuvre d’art. »
2 « Au seuil de la Beauté, l’art et la science doivent collaborer. »
3 « Je dis aux gens que je ne suis pas un musicien ; je travaille avec des rythmes, des
fréquences et des intensités. »
4 « On dit de la musique qu’elle est le bruit le plus coûteux. Mais elle diffère du bruit en
cela qu’elle a atteint la phase rassurante de la périodicité. »
5 « La musique, qui est vibrations, est le plus physique de tous les arts. »
6 « Les airs (tunes), dans la musique, ne sont que des bavardages (gossips). »
7 « Je conçois la musique comme spatiale ; pas seulement un ordre de proportion dans le
temps, mais aussi un ordre de proportion dans l’espace. Comme quelque chose capable
de se détacher et se prolonger dans l’espace. »
8 « Dans la composition, je travaille avec des masses sonores organisées se mouvant les
unes contre les autres. »
9 « Les trois principaux facteurs en musique sont, selon ma conception, l’inertie, la force
et le rythme. »
10 Les phrases ci-dessus, tirées d’une conférence donnée devant un large public par le
compositeur moderne (sic !) Edgar Varèse, la veille, à la résidence Mary Austin, sous les
auspices de l’Association pour les questions indiennes, peut donner au profane un peu
de lumière sur l’approche qu’a cette personnalité dynamique de la musique.
11 Varèse n’exclut pas l’élément humain de l’interprétation et des couleurs musicales.
Mais il envisage un développement mécanique et physique de la musique à un degré qui
va bien au-delà des limites physiques de l’homme. « La musique devrait finalement
vous entourer et vous envelopper au lieu d’être centrée sur la personne d’un chef
d’orchestre qui transpire », a dit le conférencier. « Lorsque vous lisez un livre, vous ne
pensez pas au typographe, aux moyens mécaniques ou humains qui l’ont produit ». Pas
161
plus que vous ne devriez être dérangé par le compositeur ou l’interprète, lequel est le
médiateur de l’expression musicale – telle est l’idée qui en découle. Et la Machine, en
définitive, est là pour produire la musique.
12 Varèse a retracé l’histoire de la musique avec une rapidité étonnante et quantité de
détails, depuis la première flûte en roseau jusqu’au développement de la mélodie à
travers l’harmonie en multipliant les complexités, évoquant brièvement le Moyen Âge
et passant en revue comme l’éclair la construction dramatique et lyrique de l’opéra,
avec sa procession kaléidoscopique de grands compositeurs.
13 « La musique est un art qui se perpétue, croît et se développe », a-t-il dit. Il s’est alors
plongé dans un dédale de notions : vibrations, fréquences, intensités, harmoniques
supérieures ou inférieures, masses de bruit ordonné, qui se heurtent, se rétractent, se
mélangent, se répercutent et s’interpénètrent. Avec brusquerie, il allait
périodiquement au tableau noir pour illustrer ses propos par de rapides esquisses.
14 Dans une sphère où les vibrations se transforment successivement en électricité,
silence, chaleur et lumière, il démontra les insuffisances de l’oreille humaine, et le peu
d’efficacité des doigts.
15 Dans un labyrinthe de méta-mathématiques à la puissance neuf, il donna à un public
déjà saturé quelques idées générales sur ce qu’il perçoit des possibilités scientifiques
quant au rythme, à l’inertie et à la force dans le champ des vibrations.
16 Beethoven, pense-t-il, eut la vision de cette infinité cosmique dans la musique...
17 Dire que sa conférence fut intéressante serait un euphémisme, quelles qu’aient été les
lacunes de la majorité des auditeurs dans les domaines du calcul et de la physique. [...]
Le sentiment général fut, une fois la conférence terminée, que Varèse savait de quoi il
parlait. En fait, il pense que le genre humain n’a fait qu’entrevoir le seuil du monde de
la musique, tandis que la science vient seulement d’ouvrir de nouveaux horizons.
18 (Après sa conférence de la veille à la Mary Austin House, Madame Margretta Dietrich
organisa une réception en l’honneur d’Edgar Varèse)
NOTES DE FIN
*. Article paru sous le titre : « World Has Really As Yet Heard Nothing in Music ; Varèse Idea,
Compared to Its Possibilities » dans le Santa Fe New Mexican, 24 août 1936.
162
NOTES DE FIN
*. Texte écrit vraisemblablement dans les années 1934-35, inédit (Archives Jolivet).
165
1 Edgar Varèse est le chef incontesté du jeune mouvement musical aux États-Unis. Ses
œuvres y ont provoqué de violentes polémiques ou suscité de vifs enthousiasmes.
Âprement discuté par les uns, il est considéré par d’autres comme le champion de
l’audace et de la force.
2 C’est lui qui fonda à New York l’International Composers’ Guild, la première Société qui
se soit exclusivement consacrée là-bas à la diffusion de la musique contemporaine.
Grâce à Edgar Varèse, 56 compositeurs, appartenant à 14 nations différentes, y ont été
joués, et l’École française, pour sa part, y était mise en bonne place.
3 Tout en se dévouant à la cause de ses confrères Varèse composait. Citons parmi ses
ouvrages de musique de chambre : Hyperprism, Octandre, Intégrales, Offrandes ; et parmi
ses œuvres d’orchestre : Trois pièces pour orchestre, Chanson des jeunes hommes, Rapsodie
romane, Prélude à la fin d’un jour, pour l’Églogue de Léon Deubel, Bourgogne, Mehr Licht,
Gargantua, Les Cycles du Nord, Amériques, Arcane [sic]. La guerre a interrompu une
collaboration avec Hoffmannsthal : Œdipe et le Sphinx. Actuellement, Edgar Varèse
travaille à une œuvre développée pour orchestre et chœurs, qui sera jouée à la [sic]
Philadelphia Orchestra, sous la direction de Stokowski.
4 La partition d’Amériques – qui figure à ce programme – composée à New York en
1921-22, a été jouée pour la première fois à Philadelphie les 9 et 10 avril 1926, sous la
direction de Stokowski, puis à New York le 13 avril de la même année. Diverses villes
des États-Unis l’exécutèrent par la suite.
5 Le titre ne doit pas ici prêter à équivoque. Le musicien n’a pas cherché dans son œuvre
à traduire ou à exalter la vie prodigieusement active du Nouveau Monde. Le titre a une
valeur de symbole. Il tend à éveiller des idées de découverte, de libres horizons, de
même qu’au moment de la Renaissance, les imaginations poussaient les chercheurs
d’aventures vers l’Amérique, symbole d’espoirs nouveaux.
6 Dans cette partition, les idées musicales, après avoir été exposées, ne servent pas de
prétextes aux développements qu’on pourrait attendre. Quand elles reparaissent, c’est
dans des masses sonores différentes, où elles créent d’autres perspectives. Le musicien
ne cherche pas tant à broder sur le canevas de ses thèmes qu’à faire entrer ceux-ci dans
166
des ensembles d’un tout autre caractère. « La marche de la partition, écrit M. Lawrence
Gilman, l’éminent critique américain, pourrait être présentée comme une idée de
déplacements variés et continuels des plans et des volumes sonores autour de pivots
solides qui supportent la charpente de la composition sans être eux-mêmes
apparents ».
7 « Le rappel des thèmes, explique M. Zanotti, dans une excellente étude, Varèse et la
géométrie sonore, se fait au moyen de passages de caractères différents, qui fonctionnent
comme des corps élastiques entre les masses principales. A plusieurs reprises, l’œuvre
offre de ces bonds soudains, de ces syncopes haletantes qui lui donnent une saveur
barbare. Ce caractère se condense encore dans les dernières pages, qui forment une
rapide synthèse de toute l’œuvre rappelant tous les éléments essentiels. »
8 Deux densités agissent surtout dans Amériques : l’orchestre proprement dit et son
stimulant, la batterie. Le rôle de la batterie n’est pas de marquer des accents ou
d’accentuer certaines cadences, mais de pénétrer les masses instrumentales, de leur
communiquer des vibrations spéciales et variées. La batterie sera donc tantôt profonde,
tantôt souple et légère, le rythme changeant et puissant.
9 Quelque soit la nouveauté d’une technique, elle ne doit pas être le seul but du
compositeur, déclare Varèse : « Un artiste, dit-il, doit avoir une parfaite connaissance
de ses moyens, mais il ne doit pas en être l’esclave ».
NOTES DE FIN
*. Ce texte de Paul Le Flem a paru dans le programme du concert du 30 mai 1929, salle Gaveau à
Paris, où l’Orchestre des Concerts Poulet, sous la direction de Gaston Poulet, exécuta Amériques en
première audition française.
†. Ce texte résulte vraisemblablement d’une discussion entre Varèse et Le Flem ; la citation finale
de Varèse est très proche de celle transcrite par le journaliste américain du journal Santa Fe New
Mexican (voir supra).
167
1 [...] Le cas de M. André Jolivet est un peu mélancolique. Après une assez importante
production de lieds et de musique de chambre où l’on aurait plaisir à encourager des
recherches parfois bien un peu inutilement laborieuses, mais souvent couronnées de
trouvailles, le voilà aujourd’hui qui s’engage de gaîté de cœur, longtemps après Edgar
Varèse – dont Arcana serait, pour ainsi dire, l’aboutissement par anticipation de cette
Danse incantatoire – dans un labyrinthe où Varèse lui-même erre à tâtons depuis des
lustres sans parvenir – en dépit d’une confiance inébranlable dans sa fameuse étoile de
l’Apocalypse – à y allumer le bienheureux rais d’espoir. Comme dans Varèse, sans se
développer, ne modifiant leurs apparitions successives que par la diversité des plans,
ces thèmes étales iront, se répétant avec une insistance obsédante, dans un adagio peut-
être seulement apparent, mais constant, où le rythme, ce créateur du mouvement,
n’engendrera qu’une sorte d’immobilité statique, où des agrégations harmoniques
agglutinées en grappes compactes, dominées çà et là par les sirènes aiguës ou les
puissants rugissements de trente-deux pieds des ondes Martenot, envelopperont cette
magie d’un halo de couleurs étranges et indécises. Tentative des plus intéressantes,
certes, mais que, je crains, hélas ! imperfectibles et sans issue. [...]
NOTES DE FIN
*. Extrait d’un article de Florent Schmitt paru dans Le Temps, 27 juin 1936.
168
1 [...] Le Concerto d’André Jolivet est d’une trempe vigoureuse. D’une écriture harmonique
et rythmique très recherchée, dans la nouvelle manière parisienne (l’auteur est un
compagnon d’armes de Messiaen), il est d’un coloris orchestral très particulier et d’une
extrême éloquence dans les passages les plus marquants. On souhaiterait que notre
public entendît plus souvent la musique de cet admirable artiste, mais sans l’adjonction
des ondes Martenot. C’est un compositeur habile et doué d’une imagination riche. Plus
on entend sa musique, plus on souhaite l’entendre. [...]
2 Extrait d’un article de Virgil Thomson publié dans le New York Herald Tribune du 10
novembre 1949, suite à un concert du Boston Symphony Orchestra sous la direction de
Charles Münch, avec en soliste Ginette Martenot.
169
1 Dès le prime début d’une œuvre de Varèse, que ce soit un bruit, un son isolé, un appel,
un accord, vous êtes saisi, agrippé par le caractère sonore même du phénomène
acoustique que constitue ce début.
2 Phénomène dont l’étrangeté acoustique fait naître immédiatement d’ailleurs une
émotion. Quel que soit l’imprévu de sa nature, de son intensité, de son timbre, il
contient toujours le germe d’un processus émotionnel.
3 En somme, dès sa naissance, l’œuvre de Varèse que l’on entend justifie toute la
musique : joie supérieure de l’intellect, émotion intense et généralisée de l’individu,
provoquées par les moyens physiques de l’interférence des sonorités et de la
production d’ondes sonores savamment calculées.
4 Varèse est l’homme qui actuellement connaît le mieux l’orchestre et ses possibilités.
5 Je peux affirmer cela parce que chez lui la virtuosité de l’orchestre n’est qu’une
manifestation de sa connaissance innée de la matière sonore.
6 On naît orchestrateur est-on d’accord de proclamer.
7 Mieux, Varèse, lui, est né architecte de sonorités, avec bien entendu la connaissance
parfaite des matériaux utilisables.
8 Lui qui n’aura été de sa vie capable de faire une gamme de piano, ne s’est jamais trompé
dans ses recherches instrumentales. Et les innombrables inventions de combinaisons
sonores nouvelles qui émaillent ses partitions ont toujours produit à l’exécution ce qu’il
en attendait. Même les plus osées.
9 Il projeta un traité d’instrumentation, ou mieux, un additif à celui de Widor
(continuation de celui de Berlioz). Nous tombions d’accord que, mieux encore, il devrait
écrire un traité d’orchestration. S’il le réalise, ce livre sera le dernier de ce genre. (Bien
que traité d’une façon nouvelle).
10 Il représentera la somme complète de la connaissance (et de l’instinct) sur ce sujet.
11 Et la destruction même de l’orchestre actuel (ou de l’orchestre tel qu’il pourrait être
actuellement).
170
12 En offrant toutes les possibilités pour passer des instruments existants aux instruments
électriques de l’avenir, puisqu’écrit en connaissance et application de tous les principes
acoustiques.
13 « Le Bruit est un son en formation ». Cette définition de Varèse est à la base de toute sa
technique de la batterie.
14 Et il suffit de lire ses partitions pour s’en convaincre.
15 Point n’y sont rares les dessins d’un instrument soliste uniquement soutenus par la
percussion qui en dégage l’harmonie.
16 En effet la percussion schématise alors le contrepoint d’autres phrases musicales qui
pourraient accompagner le seul dessin entendu.
17 C’est qu’alors Varèse attribue aux instruments de percussion des accents et des
rythmes qui suffisent, malgré leur caractère élémentaire, à synthétiser, tant ils sont
bien choisis, les plus riches « broderies » que pourraient fournir les autres instruments.
18 Il n’est pas rare de voir la percussion travaillant presque en « concertino », résumer les
moments essentiels d’une œuvre, synthétisant grâce au rythme et même par sa couleur
vraiment particulière leur caractère musical et jusqu’à leur « atmosphère ».
19 Il arrive aussi, comme au début d’Amériques, que certains instruments de l’orchestre (ici
les harpes) soient traités comme instruments percussifs, les notes produites servant
plus pour leur rythme et leur timbre que pour l’harmonie produite.
20 Cette définition citée plus haut, « Le bruit est un son en formation », est démontrée
d’une façon éclatante et indiscutable pour les tams-tams, les gongs, les cymbales
(frappées, frottées ou suspendues) et le fameux tambour à corde.
21 Ce dernier (dont le vrai nom, le nom anglais : Lion roar, est si expressif) constituant une
invention de Varèse qui offre des possibilités sonores et affectives d’une rare puissance.
22 Personne ne discutera les bases harmoniques inouïes que donnent aux cuivres
particulièrement les instruments métalliques de percussion, non plus que l’atmosphère
harmonique que peut créer dans un orchestre une cymbale suspendue bien employée.
La chose est démontrée depuis Debussy. Quant au tambour à corde, il enrichit aussi
bien les cordes et les bois graves que les cuivres, et même à découvert ou survolé de
quelques voix espacées, mais suffisamment puissantes, il produit un effet certain. Il
marque puissamment les démarrages des basses et il s’enrichit volontiers des
harmoniques produites par les instruments mêmes dont il a aidé ou accentué l’attaque.
23 Les sirènes jouent aussi un grand rôle dans la musique de Varèse. Que leur mise en
action soit dévolue aux batteurs et que leurs parties soient inscrites parmi celles de la
percussion, ne répond pas seulement au besoin de satisfaire à des commodités
matérielles. Cela indique aussi, ces sirènes ayant une voix si intensément expressive,
toute l’expression vraiment humaine que Varèse prétend tirer de la percussion. Car
bien qu’elle serve souvent à soutenir l’orchestre, elle doit produire parfois elle-même,
seule, sa propre expression, ainsi qu’il est dit plus haut.
24 De beaux gongs bien fondus, longuement et savamment martelés, des tams-tams clairs
ou graves à l’ample et large sonorité, une cymbale chinoise à la basse centrale bien
modelée, tous ces instruments dont Varèse possède de remarquables exemplaires
provenant d’Extrême-Orient ont une sonorité ample et riche d’harmoniques. On peut
les mettre en vibration de tant de façons différentes et toutes plus expressives les unes
que les autres que bien des gens en restent stupéfaits.
171
25 Leur étonnement fait vite place à l’admiration, à l’émotion. Pour ceux qui ont eu de
Varèse lui-même la démonstration de leurs possibilités sonores, aucun doute ne
subsiste sur l’enrichissement qu’ils peuvent apporter à l’expression de l’orchestre.
26 Et cependant, Varèse a su par sa façon de les traiter individuellement ou de les associer,
de les unir, de les grouper et de les opposer, faire rendre le maximum à des instruments
de percussion qui, par leur nature, rendaient méfiants d’autres musiciens : grelots,
castagnettes, fouet...
NOTES DE FIN
*. Texte d’André Jolivet noté sur petit cahier rose d’écolier (sans date, probablement fin des
années trente).
172
Edgar Varèse*
André Jolivet
1 Après avoir été réformé en 1916, Edgar Varèse partit pour l’Amérique. Lorsqu’il revint
en France en 1929, personne ne connaissait une note de sa musique. J’avais lu ce nom
deux ou trois fois dans les correspondances étrangères de La Revue musicale. Ce qu’on y
disait de ses innovations fort contestées, ajouté à une évidente intuition de mon propre
avenir, fit que je n’eus de cesse d’assister à la première audition en Europe de son
poème symphonique Amériques.
2 Devant l’impossibilité de trouver une place, je m’adressai à Paul Le Flem, lequel,
incontinent, me dit : « Allez voir Varèse lui-même, avec ce mot de ma part ».
3 Et c’est ainsi que je tombai, rue de Bourgogne, sur Varèse et Stokowsky. Il ne fallut pas
moins, pour me délivrer de l’appréhension qui m’étreignait, que l’étrange chaleur de ce
regard bleu acier qui m’enveloppa, dès l’abord, d’une si fraternelle et d’une si
lumineuse cordialité. Et avant même que Varèse n’eut ouvert la bouche pour me dire :
« Le Flem a bien fait de vous envoyer. C’est l’audience des jeunes qui m’intéresse et je
leur suis tout dévoué », je savais que j’avais trouvé mon maître et mon plus grand ami.
4 Le soir même de ce 30 mai 1929, au troisième rang de la salle Gaveau, je reçus la
révélation de ce monde nouveau dont j’avais pressenti l’existence au fond de ces yeux,
derrière ce front.
5 Et lorsque le cataclysmique déchaînement de ce prodigieux orchestre de 120 musiciens
provoqua une véritable transe frénétique dans l’auditoire, j’éprouvai la puissance
unique de cet art. En dépit des apparences, ce n’était pas un « chahut ordinaire » qui
s’élevait, mais la foule, portée malgré elle où le musicien voulait la mener, participait
de la voix et du geste à ce poème de la découverte des libres horizons, traduisant les
imaginations qui, au moment de la Renaissance, poussèrent les chercheurs d’aventures
vers l’Amérique, symbole d’espoirs nouveaux. L’Amérique, ce Parisien qui portait un
nom de lac italien et qui avait gardé de son grand-père Cortot un riche tempérament de
vigneron bourguignon s’y est si bien assimilé que la France ne l’a pas reconnu lorsqu’il
y revint.
6 En Amérique, il est le chef incontesté du jeune mouvement musical, considéré comme
le champion de l’audace et de la force, et à la tête de l’International Composers’ Guild, il
173
a fait, le premier, jouer Schoenberg et Alban Berg, imposé Debussy, Ravel et Roussel, et
diffusé en dix ans les œuvres de 56 compositeurs appartenant à 14 nations différentes.
7 Varèse possède l’esprit de renouvellement, la volonté tenace, l’énergie indomptable et
le courage indéfectible du pionnier ; dans son art, il a rompu avec les traditions et a
semé dans un sol nouveau, comme les pionniers américains l’avaient fait pour leur part.
Ses masses architecturales sonores sont la traduction musicale d’une nouvelle
conception de la vie. Avant de pénétrer cette musique, il faut se débarrasser de toute
présomption au sujet des fonctions psychologiques et esthétiques de la musique.
Écouter la musique de Varèse pour y trouver les mêmes stimulants que chez un
Schubert ou un Schumann serait comparable à vouloir prendre le pouls de l’Amérique
d’une place de diligence : la musique de Varèse est une projection dans l’espace de
plans et de volumes changeant constamment, agités et stimulés par les riches
substructures polyrythmiques d’une importante batterie. C’est une musique
géométrique dont la forme architecturale est basée directement sur la logique des
vibrations sonores et l’équilibre des formes euclidiennes. Cependant, il s’agit d’une
musique de l’imagination et non de la machine. Varèse l’a trouvée dans le rythme de la
vie américaine, audacieuse, rigoureuse et intense, et dans ce vaste et magnifique
continent, il a découvert l’inspiration cosmique qui l’a aidé à créer un langage nouveau.
Dès le prime début d’une œuvre de Varèse, que ce soit un bruit, un son isolé, un appel,
un accord, on est saisi, agrippé par son caractère sonore. Phénomène dont l’étrangeté
acoustique fait naître immédiatement une émotion ; quel que soit l’imprévu de sa
nature, de son intensité, de son timbre, il contient toujours le germe d’un processus
émotionnel. À lui seul il définit déjà toute la musique : joie supérieure de l’intellect,
émotion intense et généralisée de l’individu, provoquées par les moyens physiques de
l’interférence des sonorités et de la production d’ondes sonores savamment calculées.
8 Nous ne possédons en France qu’une seule œuvre enregistrée de Varèse : Ionisation. Elle
utilise uniquement des instruments de percussion au nombre de 40 (y compris des
cloches, un piano et deux sirènes) répartis entre quinze exécutants. Son nom indique sa
donnée psychologique. Elle exprime, sur le plan sensible humain, les bouleversements
atomiques d’un gaz qui produit des ions en rompant ses liens moléculaires.
9 Nous allons vous en donner un extrait qui, je l’espère, vous montrera que par le seul
truchement du bruit organisé rythmiquement – mais pour Varèse le bruit est un son en
formation –, et en partant d’une donnée scientifique, on peut atteindre à la plus pure et
à la plus authentique émotion.
NOTES DE FIN
*. Texte écrit par André Jolivet pour être lu à l’émision Les Nouvelles musicales du lundi 15 janvier
1945.
174
1 Monsieur,
2 J’ai eu l’occasion d’entendre hier, dans votre émission « À vos ordres », une interview
extrêmement intéressante du compositeur Edgar Varèse par votre speaker Robert
Franck.
3 La conversation entre ces deux personnes a été tellement chargée de sens et d’aperçus
intéressants que je pense bien qu’elle ne constituait qu’un essai et que vous aurez à
cœur de nous permettre de prendre contact plus souvent avec un esprit aussi distingué
et aussi novateur que celui de Monsieur Varèse.
4 En quelques instants, il a trouvé le moyen d’émettre les idées les plus intéressantes et, il
faut le dire, cela donnait un ton extrêmement sérieux et une grande valeur à votre
émission, laquelle, trop souvent, me paraît vouloir plutôt s’abaisser au niveau d’un
public très moyen (qu’à tort vous vous imaginez constituer la majorité du public
français) plutôt que d’amener ce public à goûter des plaisirs culturels plus élevés.
5 Au sujet de cette émission d’hier, je vous adresserai un reproche. Après avoir annoncé
l’exécution d’une œuvre de Varèse, vous en interrompez brutalement la diffusion en
disant qu’il s’agit d’extraits. En dehors de la curiosité qu’avait éveillée cette œuvre
remarquable et que vous avez déçue, il me paraît regrettable que la radio d’une nation
comme les États-Unis, qui respecte tellement les œuvres de l’esprit, se permette de
découper en petits morceaux un ouvrage aussi intéressant.
6 Espérant que vous multiplierez des émissions aussi intéressantes et que vous nous
permettrez de connaître mieux l’avant-garde des artistes américains, je vous prie
d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
7 André Jolivet
8 Directeur de la Musique
9 Comédie Française
10 30, avenue Carnot
175
11 Paris XVII
NOTES DE FIN
*. Cette lettre fait suite à la diffusion de l’émission « À vos ordres », services américains de la
Radio française, le 29 août 1946. Un double de cette lettre fut envoyé à Varèse. La bande originale
n’a pas été retrouvée.
176
« Philosophe du bruit » et
précurseur de la musique concrète :
Edgar Varèse*
André Jolivet
1 Le 3 juin 1929, Edgar Varèse portait un grand coup : il donnait, salle Gaveau, la
première audition française de cette œuvre somptueuse qui porte le titre si évocateur
d’Amériques.
2 J’étais au second rang des fauteuils d’orchestre. Dès les premières minutes de
l’exécution, un tel brouhaha se développa dans la salle que je ne sus qui faisait le plus
de bruit, de l’orchestre de cent vingt musiciens ou des auditeurs déchaînés. Merveilleux
effet de ces masses sonores subtilement organisées, elles déterminaient dans le public
l’émotion bouillonnante et batailleuse qui fut sans doute celle des conquérants de
l’Ouest devant les paysages grandioses du continent américain.
3 Varèse était depuis peu revenu à Paris, qu’il avait quitté en 1916 après avoir été
réformé. Son nom et le sens de ses recherches, je les avais connus dans de brefs
comptes rendus publiés par Henry Prunières dans sa Revue Musicale. Et déjà, à travers
ces lignes succinctes, j’avais perçu ce qu’il y avait d’important et de déterminant pour
l’avenir de l’art musical dans les créations de cet être d’élite.
4 Ami de toujours de Varèse, Paul Le Flem, avec qui, à l’époque, je travaillais l’harmonie
et le contrepoint, m’envoya chez Varèse, l’après-midi de ce fameux 3 juin 1929, pour lui
demander de me procurer des places pour le concert du même soir.
5 La cordialité de l’accueil (« Nous devons faire tout pour aider les jeunes », me dit-il en
réponse à ma timide et bredouillante requête), la vivacité de cet intense regard bleu, la
chaleur de la poignée de main, me conquirent instantanément Et dès l’abord je sus que
nous étions l’un et l’autre en parfaite concordance de phase, et que les mots seraient le
plus souvent inutiles entre nous pour que nous nous comprenions.
6 Varèse devait rester à Paris jusqu’en 1933. Sa forte personnalité, sa vigueur à vivre et à
combattre, sa chaleur humaine, la grâce et l’intelligence de son épouse, Louise,
attirèrent dans son atelier de Montparnasse les plus authentiques artistes qui avaient
177
conservé la foi, en dépit des cruelles difficultés matérielles qui s’abattirent à cette
époque.
7 D’Antonin Artaud à Calder, de Picasso à Max Jacob, de Russulo (le « bruiteur ») à Man
Ray et Miró, sans oublier Balthus, une sorte de vaste communauté fut catalysée par
Louise et Edgar Varèse.
8 Quelques audacieux jouaient les œuvres de Varèse : Marius-François Gaillard, Marya
Freund, Nicholas Slonimsky. Mais, dans son ensemble, le « milieu musical » rechignait.
Et celui qui aurait dû être, dès alors, ce qu’il apparaît maintenant : le rénovateur de la
création musicale française, retourna, très amer, vers les États-Unis, qu’il ne devait
presque plus quitter, parfaitement insouciant de ce qui se faisait (ou ne se faisait plus)
en Europe.
9 Pour mol, ce fut la fin de ces heures merveilleuses et passionnées où, en tête à tête,
nous confrontions nos recherches techniques et nos aspirations esthétiques,
établissions une véritable philosophie du bruit (considéré comme un son en formation)
et posions les premiers principes de ce qui devait apparaître un jour sous le nom de
« musique concrète ».
10 [...] Nous nous sommes beaucoup écrit. Après les quatre années d’interruption de la
guerre, nous avons reçu de lui, par le premier liberty-ship, un colis de café... et le disque
de l’enregistrement de Ionisation.
11 Sitôt arrivé à Paris, il me téléphonait ; sitôt arrivé à New York, je sautais chez lui...
12 [...] Varèse, si lointain, mais impérissablement présent.
NOTES DE FIN
*. Texte écrit par André Jolivet après la mort de Varèse, et paru dans Sud-Ouest Dimanche du 14
novembre 1965.
178
1 Son élévation de pensée, la hauteur de ses vues, la subtilité de ses moyens de mise en
œuvre, sa façon si particulière de percevoir le monde, l’originalité de ses conceptions et
l’indépendance de son caractère ont préservé Varèse des systèmes, des concessions et
des coteries. Sa vie durant il a su se garder (aidé en cela par une féroce fantaisie
verbale) de toute annexion par telle ou telle chapelle.
2 Mort maintenant, il serait moins protégé de ces tentatives qui nous valurent, en
certaines conjonctures, d’audacieux et impératifs : « un tel avec nous ».
3 Toutefois, si j’ai donné ce titre à ces quelques notes, c’est qu’on peut lui prêter un autre
sens, plus réaliste, et combien plus déterminant, celui de : Varèse parmi nous. Parmi
nous, au point de vue du public, par l’usage que les radios et les télévisions ont fait de
ses œuvres comme fonds sonores de leurs émissions. Ainsi, sans que le nom de l’auteur
soit publié, Octandre, Hyperprisme ou Ionisation sont connus (et acceptés) de millions
d’auditeurs tout comme les mobiles de Calder sont connus (et acceptés) de quiconque
les a vus utilisés par des décorateurs étalagistes. Parmi nous, amateurs de musique ou
musiciens professionnels, par l’influence directe de son style, de ses trouvailles, de ses
innovations sur notre façon d’entendre, ou de concevoir et de réaliser la musique.
Varèse, comme la plupart des compositeurs importants du XX e siècle, a tenté de libérer
le langage musical des impératifs du système tonal. Il y est parvenu par des moyens très
personnels, quoique voisinant parfois avec ceux de Schoenberg (à qui le liaient une
amitié et une estime réciproques – et un commun mépris des dodécaphonistes
orthodoxes).
4 Toutefois, si l’on se réfère à Hindemith (in : Traité d’harmonie ), les œuvres de
Schoenberg restent fidèles aux fonctions harmoniques traditionnelles de sous-
dominante, dominante, tonique. Varèse, lui, sur ce plan de la syntaxe, est vraiment
parvenu à dominer (pour l’exclure) la tonalité, jusqu’à obtenir des effets de
« détempérisation ». En outre, il a su rompre avec les formes musicales classiques.
Enfin, dans ses complexes rythmiques son-percussion, il a jeté les bases de ce qui a été
baptisé plus tard (à son grand esbaudissement) « valeurs irrationnelles ». Ne pouvant,
ici, exposer dans le détail toutes les données de l’art de Varèse, je me bornerai à
constater que, dans ses œuvres symphoniques, il a imposé une esthétique de
179
l’impétuosité et de l’expansion. Puis, dès 1932, avec Ionisation (pour percussion seule), il
a posé les prémices des musiques électroniques qu’il réalisa plus tard sous la
désignation de « son organisé ». Mais sans jamais oublier que, le son, comme l’homme
ne peut vivre que dans le domaine atmosphérique, et plaçant son œuvre sous le double
signe du vin et des étoiles, il a toujours eu présent à la pensée l’univers dans sa totalité
et l’être humain incarné. On peut affirmer que tout compositeur préoccupé de vivre
avec et pour notre temps a largement tiré parti des innovations de Varèse, qu’il soit
symphoniste ou électronicien. L’une des conséquences les plus spectaculaires de cette
influence de Varèse, c’est au Japon que j’ai pu la constater. En se référant aux
conceptions varésiennes, des compositeurs de ce pays, et au premier rang le
remarquable Yoritsuné Matsudaïra, opèrent la synthèse de la musique traditionnelle
japonaise et des techniques musicales occidentales. Varèse faisait volontiers sienne
cette définition de Wronsky : « La musique est la corporification de l’intelligence qui est
dans les sons ». Et nous savons maintenant qu’il demeurera comme un des exemples les
plus remarquables de ce que sont les grands compositeurs français : une intelligence
appliquée à l’organisation du silence.
NOTES DE FIN
*. Texte d’André Jolivet paru après la mort de Varèse dans Diapason, décembre 196. 5 (p. 9).
180
Index
A
ADÈS, Albert : 103
Amériques : 8, 13, 17, 36, 75, 76, 78, 79, 82, 83, 85, 206, 207, 209, 210, 214, 216, 221
Arcana : 13, 37, 147, 207, 211
ARNAUD, Monsieur : 137, 139, 140
ARTAUD, Antonin : 15, 16, 20, 21, 25, 31, 32, 46, 47, 58, 64, 65, 67, 68, 73, 76, 78, 81, 82, 84,
90, 101, 103, 107, 109, 116, 118, 147, 222
ASTURIAS, Miguel Angel : 21, 75, 77, 78
Β
BACH, Jean-Sébastien : 27, 36, 185, 186, 199
BARRÈRE, Georges : 15, 37, 51, 56, 63, 76, 78, 84, 102, 125, 134
BARZUN, Jacques Henri Martin : 22, 23, 43, 68, 70, 95, 98, 99, 100, 101
BODANSKY, Artur : 80
BRAQUE, Georges : 16
C
CAGE, John : 182, 183
CAMPO : 56
CARPENTIER, Alejo : 16, 21, 24, 25, 31, 36, 45, 46, 50, 109, 110, 122, 133, 152, 160
Concerto pour ondes Martenot : 33, 165, 168, 169, 178, 179, 181, 183, 185, 187, 189, 190, 212
Concerto pour piano : 33, 168, 183, 186, 187
COOLS, Eugène : 76, 78, 79, 83, 122, 151, 154
COWELL, Henry : 28, 37, 44, 46, 66, 118, 121, 122, 124, 151, 152
D
DAMROSCH, Walter : 37, 84, 86, 106
DE NOBÈLE, Fernand : 16, 31, 38, 50, 58, 63, 67, 70, 74, 78, 81, 82, 89, 96, 98, 100, 103, 107,
109, 113, 117, 119, 121, 122, 126, 127, 130, 133, 140, 142, 145, 148, 162, 174, 183, 186
DEBUSSY, Claude : 14, 27, 77, 79, 119, 214, 217
DÉSORMIÈRE, Roger : 67, 68, 70, 77, 116, 118, 147, 148, 150, 163, 168
Ε
Equatorial : 24, 73, 75, 77, 81, 82, 85, 88, 93, 109, 111, 118, 149, 159, 200
EDDINGTON, Artur Stanley : 103, 104, 117, 118
F
FARGUE, Léon-Paul : 126, 127, 150
FREED, Isadore : 15, 17, 18, 52, 68, 108, 111, 116, 121, 122, 127, 128, 131, 137, 140, 205
FRIED, Oskar : 17, 39, 76, 77, 79, 90, 92, 93, 101, 108, 131, 153, 154, 165
FURTH, Mme : 98
G
GAILLARD, Marius-François : 111, 113, 115, 119, 147, 222
GOLDBECK, Fred : 47, 137, 139, 141, 170, 172, 174, 185, 186
GUIGHY, Hilda Jolivet : 15, 16, 19, 21, 26, 33, 35, 38, 42, 43, 45, 53, 56, 58, 60, 62, 65 66, 67,
73, 75, 79, 80, 86, 88, 90, 91, 96, 98, 99, 101, 102, 104, 105, 108, 110, 111, 112, 113, 114, 115,
117, 124, 126, 130, 133, 134, 137, 143, 144, 146, 148, 150, 158, 160, 161, 163, 166, 170, 171,
173, 175, 177, 180, 183, 185, 187, 188, 193, 196
GUIGHY, Madame, mère d’Hilda : 111, 113, 133, 163
H
HAMEL, Marie-Pierre : 68, 70
I
INDY, Vincent d’ : 12, 35, 52, 66, 101, 102, 106
Intégrales : 13, 28, 42, 88, 112, 180, 201, 207, 209
Ionisation : 13, 24, 37, 83, 85, 88, 90, 91, 93, 103, 104, 110, 111, 118, 122, 149, 151, 153, 164,
165, 167, 180, 185, 190, 200, 201, 217, 222, 224
IVES, Charles : 46, 118, 121, 122, 127, 128, 131
J
JOACHIM, Irène : 16, 70, 119, 126, 127, 134, 142, 145, 162, 163
JOLIVET, André : 3, 5, 8, 9, 11, 19, 21, 26, 29, 43, 45, 47, 51, 56, 58, 59, 63, 65, 66, 70, 75, 78,
79, 81, 83, 85, 86, 88, 90, 92, 96, 98, 99, 101, 104, 106, 110, 112, 114, 117, 118, 120, 121, 123,
125, 128, 131, 132, 134, 135, 137, 138, 141, 143, 146, 148, 150, 152, 154, 157, 159, 160, 162,
165, 167, 196, 208, 211, 213, 215, 216, 218, 224
JOLIVET, Pierre-Alain : 110, 111, 188
Κ
KERR, Harrison : 92, 122, 124, 127, 128, 131, 139, 170, 174
KLINGSOR, Tristan : 83
L
LABERGE, Bernard : 17, 84, 86, 147
LE FLEM,Paul : 12, 13, 16, 20, 29, 31, 35, 37, 58, 64, 67, 74, 81, 82, 86, 97, 101, 102, 104, 107,
110, 112, 119, 124, 126, 128, 130, 137, 141, 145, 152, 162, 167, 170, 172, 175, 177, 184, 186,
209, 210, 216, 221
LEFEBURE, Yvonne : 47, 170
LÉGER, Fernand : 20, 41, 42, 58, 75, 99, 159, 198
LITVINOV : 85, 87
M
MACIA, Francesc : 20, 40, 54, 77
Mana : 30, 78, 81, 112, 121, 123, 124, 126, 128, 130, 133, 134, 136, 138, 140, 141, 145, 180
MARDRUS, Docteur : 191
185
MARTINU, Bohuslav : 81
MÉGRET, Jacques : 16, 38, 61, 63, 67, 74, 79, 81, 98, 100, 110, 130, 133, 140, 142, 145, 162,
175
MESSIAEN, Olivier : 18, 29, 35, 47, 111, 123, 124, 132, 137, 148, 167, 168, 180, 182, 212
MEYERBEER, Giacomo : 80
MIGOT, Georges : 29, 46, 70, 90, 108, 110, 112, 119, 120, 123, 126, 128, 130, 134, 137, 138,
145
MILHAUD, Darius : 29, 46, 47, 52, 70, 91, 92, 112, 163, 169, 172, 173
MIRO, Joan ou Fidel ? : 21, 26, 41, 65, 77, 78, 222
MÜNCH, Charles : 47, 165, 168, 174, 178, 179, 181, 212
Ν
NABOKOV, Nicolas : 74, 112, 185
O
Octandre : 13, 28, 37, 43, 88, 114, 129, 163, 169, 172, 180, 190, 209, 223
OUSMANSKY : 85
Ρ
PERSHING, Général : 128
PETIT,Raymond : 16, 20, 36, 38, 41, 58, 61, 66, 88, 106, 112, 116, 124, 141, 161, 164, 167,
170, 174, 188, 191, 195, 215
PITACHU : 150
Q
Quatre mélodies sur des poésies anciennes : 29, 31, 70
Quatuor de Jolivet : 30, 123, 124, 131, 143, 165, 168, 172, 174, 175
R
RABELAIS, François : 89, 136
RAVEL, Maurice : 45, 73, 75, 83, 86, 128, 153, 154, 217
RIBEMONT-DESSAIGNES : 16, 19, 21, 24, 31, 41, 42, 44, 58, 64, 66, 67, 72, 78, 111, 160
RIEGGER, Wallingford : 28, 66, 78, 79, 121, 122, 127, 128, 131
ROBESPIERRE : 69
ROUSSEL, Albert : 12, 35, 45, 74, 75, 107, 152, 153, 217
S
SAINT-SAËNS, Camille : 36, 68, 77, 78, 116
SALZEDO, Carlos : 15, 18, 27, 29, 31, 36, 37, 46, 50, 56, 63, 65, 66, 68, 70, 71, 74, 78, 82, 84, 87,
90, 92, 93, 105, 108, 109, 111, 125, 131, 134, 139, 141, 144, 145
SANJUAN, Pedro : 19, 20, 40, 55, 57, 64, 68, 81
SCHMITT, Florent : 17, 45, 46, 73, 102, 109, 110, 139, 141, 150, 154, 211
SCHOENBERG, Arnold : 8, 14, 46, 65, 79, 80, 84, 85, 129, 131, 182, 183, 201, 217, 223
SLONIMSKY, Nicolas : 13, 15, 37, 44, 46, 50, 75, 116, 118, 222
STELLA, Joseph : 16, 19, 38, 39, 66, 95, 97, 98, 100, 101, 104, 107, 133, 134, 139
T
TAITTINGER, Pierre : 18, 91, 92
TARDIEU, André : 80
THOMSON, Virgil : 47, 132, 162, 163, 178, 179, 187, 212
Trio de Jolivet : 15, 29, 31, 34, 37, 56, 78, 82, 89, 134, 143, 145
TURECK, Rosalyn : 185, 186
V
VALÉRY, Paul : 78, 126, 127
VARÈSE, Edgar : 3, 5, 11, 32, 34, 35, 36, 43, 47, 50, 51, 63, 66, 79, 83, 103, 109, 110, 114, 118,
120, 121, 122, 123, 126, 127, 129, 131, 133, 135, 137, 139, 141, 144, 145, 147, 149, 155, 157,
159, 166, 168, 171, 173, 175, 177, 178, 180, 181, 187, 189, 198, 202, 203, 204, 206, 208, 209,
211, 216, 219, 221, 222
VARÈSE, Louise : 8, 11, 12, 16, 17, 19, 23, 24, 27, 31, 38, 41, 46, 50, 59, 65, 70, 74, 75, 78, 79,
85, 87, 94, 99, 101, 103, 111, 113, 117, 118, 121, 132, 133, 141, 148, 156, 159, 160, 164, 166,
168, 170, 172, 174, 176, 178, 180, 183, 185, 189, 193, 195, 196, 202, 222
VARGAS : 16, 31, 36, 39, 64, 69, 74, 78, 82, 84, 105, 109, 122, 152, 154, 156
W
WACHTELL, Hans : 17, 79, 80, 84, 85
188
Cahier d’illustrations
Carte-lettre d’Oskar Fried à Jolivet (où il est question de Bulitt) voir lettre de Varèse n° 25
Louise et Edgar Varèse sur le pont d’un « houseboat » dans le Connecticut (photo ayant accompagné
la lettre du 9 juillet 1934, n° 31)
192
Recto et verso d’une carte postale représentant « Hudson Terminal and tubes » à New York (datée du
11 juin 1934, n° 29)
Portrait de MAC, le fétiche de Varèse présenté dans sa lettre du 17 septembre 1934 (n° 34)
194
Lettre du 24 août 1934 (n° 33) illustrée avec une photo de presse découpée dans un journal et ainsi
légendée par Varèse : « Photo démontrant qu’il n’est pas nécessaire d’aller en Bretagne pour se
disputer une portion de poisson »
Comment Varèse adapte une tache en flèche pré-colombienne ! (lettre du 19 juillet 1935, n° 42)
195
Prospectus d’annonce par la PAAC des concerts des 15 et 22 avril 1934 où sont programmées trois
œuvres de Varèse : Ionisation, Equatorial (création) et Intégrales
Programme du concert de musique française organisé par Varèse, donné le 17 février 1936 à New
York
André Jolivet dans les années trente à Blida (Algérie) écoutant un joueur de flûte
197
Autre portrait de MAC dit « Portrait artistique » par Varèse ! (lettre du 13 décembre 1933, n° 19)
Lettre de Varèse préparatoire au concert américain donné à La Spirale (n° 48) abondamment annotée
par Jolivet
198
Lettre de Harrison Kerr à André Jolivet, avec ajout de Varèse (voir lettre n° 49)
« The Great New York Chorus » sous la direction de Varèse : Programme de concert donné au bénéfice
des enfants de France, le 5 juin 1945
201
Programme du concert donné le 30 mai 1929, salle Gaveau, 45, rue de la Boétie, Paris 8’, par
l’orchestre des concerts Poulet sous la direction de Gaston Poulet, soliste : Magda Tagliaferro
Fac-similé de la lettre adressée par Varèse à Paul Le Flem le 28 juin 1928 sur le papier à en-tête de
l’American Society for Cultural Relations with Russia (U.S.S.R.) reproduit avec l’autorisation de la
médiathèque musicale mahler (Fonds Paul Le Flem)
203