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URL : https://journals.openedition.org/carnets/13833
DOI : 10.4000/carnets.13833
ISSN : 1646-7698
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APEF
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François Prévost, « Un chant “ pour les voyous virés de la Sorbonne » :la poéticité maudite des
chansons d’Hubert-Félix Thiéfaine », Carnets [En ligne], Deuxième série - 24 | 2022, mis en ligne le 30
novembre 2022, consulté le 01 décembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/carnets/13833 ;
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Un chant “ pour les voyous virés de la Sorbonne » :la poéticité maudite des c... 1
1 À l’image des oxymores qui innervent une œuvre discographique initiée en 1978,
l’auteur-compositeur-interprète Hubert-Félix Thiéfaine est un artiste de paradoxes,
sinon de franches contradictions. “ Dernier monstre sacrément poétique » (Bataille,
2021) de la chanson française dont il est probablement le plus “ célèbre inconnu »
(Lesprit, 2001), il est “ celui dont on parle pour dire que personne n’en parle » (Serrel,
2021), celui que les médias invitent pour rappeler qu’il n’est invité nulle part, celui qui
remplit “ sans aucune promotion » et “ dans l’indifférence des médias
mainstream » (Bataille, 2021) les plus grandes salles de France, le succès de la tournée
actuellement en cours2 confirmant l’invariabilité du constat. Auteur de dix-huit albums
écoulés à plus de quatre millions d’exemplaires3, “ le phénomène Thiéfaine » (Hamel,
1981) serait donc cette alliance a priori oxymorique entre un succès public jamais
démenti depuis la fin des années 1970 et une confidentialité mass-médiatique d’une
semblable constance.
2 Invité en 2012 à expliquer ce silence, voire ce mépris, son ancien manager et
compagnon de route Tony Carbonare avançait une hypothèse : “ La poésie ne passe pas
en prime time à la télévision » (Buzon et Debaralle, 2012). Il brouillait alors à dessein la
frontière ténue entre ce genre “ composite et polysémiotique » (July, 2019) qu’est la
chanson et l’art poétique, qui entretient par son essence mythologique et son “ oralité
originelle » (Dournel, 2020 : 3) une relation privilégiée avec le lyrisme et donc la
musicalité. Parce que précisément dans le cas de Thiéfaine, le canteur, selon le terme de
Stéphane Hirschi4, s’est façonné durant plus de quatre décennies un ethos de poète,
maudit à bien des égards. “ J’utilise les mots comme des peintures 5 » explique-t-il,
“ j’aime créer des images6 » rappelait-il très récemment, “ Je n’suis qu’un escroc
solitaire / […] qui blanchit des mots & du vent » chantait-il en 2014 : autant de marques
d’une indiscutable poéticité qui se manifeste bien au-delà des textes eux-mêmes pour
essaimer jusque dans le matériau péritextuel et épitextuel de son œuvre.
3 Sans prétendre défricher ou épuiser la question de la poéticité de l’œuvre
thiéfainienne dont plusieurs travaux d’envergure ont pointé l’acuité (au premier rang
desquels le dense et érudit “ Projet Thiéfaine » initié en 2012 par l’universitaire
Françoise Salvan-Renucci, ainsi que les deux ouvrages collectifs dirigés par Rémi Astruc
et Alexandre Georgandas parus en 2017 puis 2021), il s’agira de souligner ici combien
les chansons de Thiéfaine se donnent à voir comme objets poétiques et littéraires dès
leurs marges paratextuelles, et ont d’ailleurs été perçues comme tels, notamment dans
le discours médiatique, dès les premiers tours de chant du “ poète conteur 7 ». Il
conviendra d’observer plus largement la façon dont les vers de Thiéfaine, bien souvent
réfractaires aux canons radiophoniques et télévisuels, dessinent une poétique maudite
expliquant pour une large part près d’un demi-siècle de sous-exposition médiatique.
Car l’écriture thiéfainienne cultive son unicité, se faisant à dessein hermétique en
usant, à la manière d’un Mallarmé, d’une syntaxe et d’un lexique se distinguant de ceux
“ de la tribu ». Car elle ambitionne également de “ trouver une langue » dans le sillage
rimbaldien, choyant sa littérarité tout autant que le pouvoir de suggestion de ses tropes
agissant à la manière du “ stupéfiant image » que chérissaient André Breton et les
surréalistes, avec lesquels le corpus thiéfainien noue des affinités incontestables qu’il
conviendra de mettre au jour. Car, enfin, elles sont l’occasion de la reprise et de
l’appropriation des “ topiques du mythe du poète maudit » (Brissette, 2005) et le lieu
d’une intertextualité avec les figures tutélaires de la malédiction poétique. En somme,
autant de singularités propres à expliquer que l’œuvre de Thiéfaine résonne
aujourd’hui bien au-delà de la seule sphère de la chanson française.
Thiéfaine ». Signalons enfin la parution récente de Thiéfaine Christ Rock chez RKI press,
recueil d’exégèses universitaires de quatorze chansons iconiques de l’artiste et
présenté significativement à la Maison de la Poésie de Paris le 23 novembre 2021.
8 Autre manière de reconnaissance poétique, Thiéfaine fut l’objet dès 1988, c’est-à-dire
dix ans seulement après la sortie de son premier album, d’une biographie chez Seghers
dans la collection “ Poésie et Chansons », celle-là même qui avait accueillie en son sein
Brel et Brassens en les présentant comme des “ poètes d’aujourd’hui ». L’avant-propos
louangeur de cet ouvrage de Pascale Bigot était alors signé Léo Ferré, dont le répertoire
concrète on ne peut mieux la frontière poreuse entre chanson et poésie.
ambitionnant des textes musicaux avant même qu’un premier accord de guitare ne soit
posé dessus. Mentionnons entre maints exemples ces “ flèches où les fleurs flashent
avec la folie » de “ Soleil cherche futur40 » où l’allitération se fait mimétique de
crépitements lumineux des visions hallucinées d’un monde au bord d’un nouveau
déluge ; ou encore les paronomases facétieuses de “ L’Amour mou » pour signifier
l’engluement du protagoniste dans les affres et vanités de l’amour (“ l’amour le mord,
l’amour le moud/l’amour ça mord, l’amour c’est mou/l’amour ça meurt à la mi-août/
sans mots sans remords ni… remous !41 ») ; ou bien enfin le refrain d’ ” Affaire
Rimbaud » conjuguant précisément paronomase et allitération pour faire entendre
l’horreur du trafic d’armes éthiopien de l’ancien poète aux semelles de vent (“ Horreur
Harar Arthur42 »).
15 Plus remarquable encore, Thiéfaine semble avoir fait siennes les exhortations
rimbaldiennes et baudelairiennes et “ plong[e] » “ au fond de l’Inconnu 43 » pour
“ trouver une langue44 ». Dans ses chansons, “ le temps nous apoplexise 45 », les idoles
sont “ défunctées46 », on forge le terme “ médiacrité47 » pour condamner la médiocrité
des mass-médias. Thiéfaine chante des “ bannières désétoilées » dans “ Lobotomie
Sporting Club48 » ; se peint en “ vieille copie du terrien-terreur/tirée au
ronéochibreur49 » pour enfanter des “ Whiskeuses images again » ; s’invente un
“ scaphandre à nébulos » pour prendre un vol sur la “ Nyctalopus airline 50 ». Plus
intéressant encore, il expose en 2014 sa “ stratégie de l’inespoir », avant de découvrir
que Verlaine l’avait précédé dans l’emploi du néologisme. Dans un titre de 2011 51, non
sans rappeler l’ambition mallarméenne de donner un sens plus pur aux mots de la
tribu, il réactive l’étymologie d’” orchidoclaste52 » pour mettre en garde contre une
“ vamp » castratrice. Et en gardien de musée des vocables désuets de son enfance, il
s’empresse de sauver de l’oubli les termes “ kéfir », “ dinky » ou “ bouiffe », ressuscités
dans les vers nostalgiques de “ La Ruelle des morts53 »54.
16 Parce que d’après lui “ [s]a langue natale est morte dans ses charentaises / faute d’avoir
su swinguer au rythme de son blues55 », les chansons de Thiéfaine sont un creuset
linguistique relevant de ce que Michel Hamel nommait, dans un article de 1981, une
“ poésie des flippers » (Hamel, 1981). S’opèrent dans ses vers des métissages
linguistiques, des télescopages enfantant des expressions hapaxiques dont l’évocation
de certains titres de chansons permet de rendre compte : “ Amants destroy », “ Droïde
song », “ Sweet Amanite Phalloïde Queen », “ Roots & déroutes + croisement ». Le
répertoire thiéfainien est en somme un incubateur d’inédits lexicaux que l’on
rencontre avec régularité au gré de plus de quarante ans de création et “ d’acrobaties
verbales56 », à l’image de ces nombreux mots valises et de ces noms composés tels
“ bouche-agonie », “ cholest-et-rock-and-roll » ou “ bluesymentales », qui prouveraient
à eux seuls que les textes de Thiéfaine relèvent bien de la poésie, dans l’acception
étymologique pleine et entière du terme.
article conséquent que Le Monde consacre à l’artiste, sont mentionnées “ [s]es chansons
surréalistes », dans lesquelles le chanteur “ raconte[rait] en une cascade d'images une
histoire surréaliste » (Fléouter, 1982).
18 Se plonger dans sa biographie permet de comprendre en outre que la découverte du
surréalisme a constitué chez Hubert, alors futur bachelier, une forme de révélation,
restée gravée à jamais dans sa mémoire, lorsque son professeur de français, la dernière
heure de cours de l’année s’achevant, s’est décidé à lire quelques vers d’André Breton.
“ Ça m’a tétanisé » confie Thiéfaine, qui raconte avoir couru aussitôt dans une librairie
se procurer Arcane 17. Même choc à la lecture à peine plus tardive du Déshonneur des
poètes de Benjamin Péret. Et de cette découverte de l’or surréaliste, les chansons de
Thiéfaine portent les traces indélébiles.
19 Cela se constate d’abord au fait que ses premiers albums sont placés sous le signe du
délire le plus irrationnel, le chanteur s’octroyant pour reprendre le titre de son second
album une “ autorisation de délirer » la plus absolue. Les spectateurs de son premier
one dog show, “ Comme un chien dans un cimetière », pourraient en témoigner puisque
Thiéfaine se présentait alors sur scène avec perruques, grosses baccantes, cotillons et
accessoires, sa guitare “ Gordini » en bandoulière (“ une guitare ripolinée bleu de
France, avec deux barres blanches et le mot Gordini bien en vue, comme sur les
voitures Dauphine du même nom qui font fureur à l’époque ») (Théfaine, 2011 : 81). Les
concerts de Thiéfaine sont alors beaux comme la rencontre fortuite sur la scène d’un
cabaret de la rue Mouffetard d’une voiture de course et d’une guitare acoustique.
20 Les pochettes des trois premiers albums se font l’écho de cette période loufoque : une
paire de chaussures en guise de portrait au recto de Tout corps vivant branché sur le
secteur étant appelé à s’émouvoir ; la prise jack d’un écouteur plongé dans un bocal à
poisson rouge pour Autorisation de délirer ; le chanteur nez rouge, imposantes
moustaches et bouquet de roses, menaçant le spectateur avec son pistolet sur le verso
de De L’amour, de l’art ou du cochon ?, se rapprochant alors par sa posture de ce que
Breton, dans son Second manifeste du surréalisme, décrivait comme “ l’acte surréaliste le
plus simple » “ consist[ant], revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au
hasard, tant qu’on peut, dans la foule ».
21 Les chansons de l’époque contribuent bien sûr elles aussi au règne de l’absurde et du
non-sens apparents, avec leurs accumulations d’images hétéroclites donnant aux textes
des allures d’écriture automatique chantée. Quelques exemples pour s’en convaincre :
“ La Vierge au dodge 51 » relate, avec un fort accent québéco-franc-comtois, la matinée
de “ vieillards » qui, “ au lieu de se rendre à l’école », “ s’amus[ent] à casser des huîtres
sur le rebord du trottoir avec des démonte-pneus58 » ; “ De l’amour, de l’art ou du
cochon ? » est l’occasion d’une déclaration d’amour des plus fantaisistes : “ écoute-
moi… écoute-moi mon amour… je claquerai connement la tête coincée dans un
strapontin… ce sera pendant l’été de 1515 sur l’aéroport de Marignane… je claquerai
vraiment connement… mais je ressusciterai le troisième jour & ce troisième jour sera
l’avant-veille de l’attentat de Sarajevo…59 ». Évoquons enfin la chanson “ 22 mai »
consacrée à l’événement prétendument “ le plus important » du printemps 1968,
lorsqu’” un séminariste à moto » portant “ sur le porte-bagages / le Saint-Esprit […] »
est venu “ percuter de plein fouet / un pylône garé en stationnement illicite / sur le
bas-côté de l’autoroute60 ».
22 En outre, et parce que le surréalisme ne saurait se circonscrire à n’être que l’estampille
accolée hâtivement sur des textes à première vue incohérents, notons que les chansons
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NOTES
1. « Stratégie de l’inespoir » (Stratégie de l’inespoir, 2014).
2. Au mois de juin 2022, le site officiel thiefaine.com estimait à “ plus de 50 000 » le nombre de
spectateurs ayant assisté “ à la tournée Unplugged », entamée le 9 janvier 2022 et censée
s’achever le 22 novembre de la même année, alors même qu’une nouvelle tournée “ Replugged »,
passant dans les principaux Zénith de France du 3 mars au 14 avril 2023, était d’ores et déjà
annoncée.
3. Entretien personnel du 28 octobre 2021 avec Hugo Thiéfaine, manager de l’artiste depuis 2017.
4. Pour Stéphane Hirschi, le canteur est “ l’équivalent du narrateur dans une chanson » (Hirschi,
2008 : 20).
5. Entretien avec Michel Troadec, publié le 16 novembre 2014 sur le site www.ouest-france.fr
6. Entretien avec Jean-Marc Le Scouarnec, publié dans La Dépêche du Midi du 20 janvier 2022.
7. Entretien avec Julien Bouisset, publié sur le site de L’Obs le 18 décembre 2021.
8. Document consultable sur le site officiel de l’artiste : https://thiefaine.com/documents/lettre-
comme-un-chien-dans-un-cimetiere/
9. Article du 23 juin 1978 annonçant son concert au cabaret du Salignon (Animabus, 1991).
10. Sud Ouest, 3 mai 1978.
11. Ouest-France, 10 octobre 2021.
12. L’Obs, 18 décembre 2021.
13. La Croix, 19 octobre 2021.
14. Pour ne donner que quelques exemples parmi les maintes occurrences, évoquons
chronologiquement un article de Sud Ouest qui, le 2 février 1987, se fait l’écho de “ la légende qui
dit déjà qu’il est un peu le poète maudit des années 85 » ; celui paru dans L’Humanité le dimanche
22 août 1991 qui salue le “ rocker-poète » ; Hélène Hazera dans le numéro de Libération paru le 15
octobre 1994 parle quant à elle du “ poète rock » ; en 1998, Télérama recourt à la périphrase
(“ poète des sentiments (enfuis ?) et de la révolte ») pour évoquer “ cet obsédé textuel » (n° 2527,
juin 1998) ; Rock & Folk salue en 2001 le renouvellement musical de ce “ poète maudit » ; Ouest-
France se réjouit le 4 mars 2012 qu’” un poète de l’ombre » soit enfin couronné lors des Victoires
de la musique ; L’Express consacre un article le 9 novembre 2017 au “ poète qui se joue des chiffres
et des années » à l’heure d’entamer une tournée pour célébrer ses quarante ans de carrière
discographique.
15. L’Est Républicain, 1er avril 1998.
16. Sud Ouest, 14 mai 1988.
17. Le Monde, 16 août 1987.
18. Groupe privé de 17,2K membres au 1er septembre 2022.
19. Groupe privé de 4,3K membres.
20. Groupe privé de 8,3 K membres.
21. 7 membres seulement.
22. Le groupe privé “ Thiéfaine est vivant ».
23. “ Mi fugue mi raison », présentée par Patrice Laffont et diffusée sur Antenne 2 le mercredi 17
janvier 1979 à 21h10.
24. Sous la direction de Rémi Astruc et Alexandre Georgandas.
25. Le chanteur fut lauréat du Prix de l’académie Charles-Cros en 1996 et 2015, et décoré de
l'ordre des Arts et des Lettres (officier en 2009 puis promu au grade de commandeur le 13
septembre 2016).
26. Défloration 13, 2001.
27. L’expression “ homo plebis ultimae » est utilisée par Sénèque dans De la constance du sage et
traduite par J. Baillard (1914) par “ homme de la lie du peuple ».
28. “ Lorelei Sébasto Cha » (Soleil cherche futur, 1982).
29. Routes 88, 1988.
30. Vixi Tour XVII, 2016.
31. 40 ans de chansons sur scène, 2019.
32. Entre autres multiples exemples, et parmi les plus récents, citons les entretiens accordés à
Paris Match (7 octobre 2021), à Marianne (9 décembre 2021), L’Obs en ligne (18 décembre 2021), La
Marseillaise (14 janvier 2022), le Maine libre (4 mars 2022) ou encore les interviews radiophoniques
avec Rebecca Manzoni (pour France Inter, le 13 novembre 2021) et Elodie Suigo (pour France Info,
le 11 janvier 2022).
33. https://www.fremeaux.com/fr/4312-hubert-felix-thiefaine-9782844681287-fa8128.html
34. “ En remontant le fleuve » (Stratégie de l’inespoir, 2014).
35. Idem.
36. “ Les Jardins sauvages » (Scandale mélancolique, 2005).
37. “ Quand la banlieue descendra sur la ville » (Défloration 13, 2001).
38. “ Les Fastes de la solitude » (ibidem).
39. Idem.
40. Soleil cherche futur, 1982.
41. De l’amour, de l’art ou du cochon ?, 1980.
42. “ Affaire Rimbaud » (Météo für nada, 1986).
43. “ Le Voyage » (Baudelaire : 1861).
44. Lettre de Rimbaud à Paul Demeny du 15 mai 1871.
45. “ Autoroute jeudi d’automne » (Soleil cherche futur, 1982).
46. “ Narcisse 81 » (Dernières balises (avant mutation), 1981).
47. “ Médiocratie… » (Stratégie de l’inespoir, 2014).
48. Suppléments de mensonge, 2011.
49. “ Whiskeuses images again » (Alambic/Sortie-Sud, 1984).
50. Alambic/Sortie-Sud, 1984.
51. “ Ta Vamp orchidoclaste » (Suppléments de mensonge, 2011).
52. Tout en précisant dans le livret intérieur de Suppléments de mensonge l’étymologie grecque du
terme (orchis = testicules, clan = casser).
53. Suppléments de mensonge, 2011
54. Dans Galaxie Thiéfaine : Supplément d’âme (Buzon et Debaralle, 2012) Thiéfaine expliquait ainsi
sa démarche : “ Je me dis : si je n’utilise pas le mot Kéfir ou le mot Dinky Toys, ça va disparaître
donc il faut vite que je le sauve. Et j’ai voulu sauver tout un paysage, les bidons en fer blanc idem.
Donc, voilà, c’est un musée que j’ai créé. Le musée des années 50. Il faut éviter d’aller sur les lieux
de son enfance, d’aller sur les lieux où on a vécu un certain nombre de choses émouvantes parce
qu’on casse le souvenir. »
55. “ Was ist das rock’n’roll » (Eros über alles, 1988).
56. Idem.
57. Voir notamment le “ Dossier de presse (1973) » consultable sur le site officiel https://
thiefaine.com/
58. Autorisation de délirer, 1979.
59. De l’amour, de l’art, ou du cochon ?, 1980.
60. Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir…, 1978.
RÉSUMÉS
Prétendant “ jou[er] pour les voyous virés de la Sorbonne1 » et caractérisé comme poète dès ses
débuts par le discours médiatique, l’auteur-compositeur-interprète contemporain Hubert-Félix
Thiéfaine a constitué, en plus de quarante ans et près de deux cents chansons, un répertoire
brouillant les frontières poreuses entre la chanson et la poésie.
Cette contribution se donne pour objectif d’étudier quelques aspects de la poéticité d’une œuvre
qui se donne à voir comme objet littéraire, en observant notamment à quel point les chansons de
Thiéfaine sont le lieu de créations lexicales et ses dix-huit albums le recueil d’images à bien des
égards surréalistes. Il s’agira, également, de souligner combien cette dimension poétique s’établit
à travers la reprise des topiques du mythe du poète maudit, autant que par son intertextualité
avec les figures tutélaires de la malédiction poétique.
Claiming to “play for the thugs fired from the Sorbonne” and defined as a poet from the early
beginning of his career by the media, the contemporary singer-songwriter Hubert-Félix
Thiéfaine has been blurring the porous line between song and poetry for more than forty years
and nearly two hundred songs.
This contribution will focus on some of the poetic aspect of Thiéfaine’s work which is to be
studied as a literary piece. I will thus develop how lexical creations are conspicuous of his songs
and how the eighteen albums display a collection of images related to Surrealism. I will moreover
underline how much this poetic dimension is rooted in the reappropriation of the cursed poet
myth and in its intertextuality with the cursed tutelary figures.
INDEX
Mots-clés : Thiéfaine (Hubert-Félix), chanson, poésie, poètes maudits
Keywords : Thiéfaine (Hubert-Félix), song, poetry, cursed poet
AUTEUR
FRANÇOIS PRÉVOST
RiRRa 21 – Université Paul-Valéry de Montpellier
francois.prevost[at]univ-montp3.fr