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Les fables, Jean de La Fontaine, Second recueil

La Fontaine place beaucoup d’espoir dans la publication de son second recueil de fables publié en
1678 (Livre VII à XI) dédicacé à Madame de Montespan (la favorite du roi, Louis XIV).

La Fontaine dans le second recueil des fables s’en prend aussi bien à l’absolutisme royal qu’à
l’ambition sans limite des courtisans. But des fables : « plaire et instruire »

Le classicisme : « aux œuvres classiques est assignée une finalité : élever les âmes à la vertu,
célébrer le Beau et le Bien » Richelieu

Def de l’apologue : court récit allégorique à visée morale.

Livre VII : 18 fables

I : « Les animaux malades de la peste »


La fable illustre le fonctionnement de la société de son temps qui était fortement organisée selon une
hiérarchie faisant intervenir des animaux qui ont une signification symbolique très nette. Le lion, le roi des
animaux, représente le roi. Il est orgueilleux de son autorité quasi divine, exerce majestueusement son
«métier», aime étaler sa puissance dans de pompeuses cérémonies, méprise ses sujets qui redoutent sa colère
terrible et sa cruauté impulsive, se conduit en despote, abuse de sa force au service de ses appétits. Il est
entouré d’une cour où les principaux courtisans sont le renard et le loup. On assiste à un grand conseil
politique dont dépend le sort du royaume dans une circonstance grave. C’est l’heure où les âmes se dévoilent.
Le roi fait un beau discours sur le bien public mais ne songe qu’au sien. Les courtisans trouvent mille
arguments juridiques en sa faveur et s’entendent comme larrons pour accabler le pauvre hère sans défense
qu’est l’âne. C’est la loi générale du monde : la raison du plus fort.

Plan :
I – Un récit plaisant
II – Récit allégorique dénonçant la politique et l’arbitraire

Morale : «Selon que vous serez puissant ou misérable,


Les jugements de cours vous rendront blanc ou noir.»

Personnages : animaux : lion, renard, loup et âne, morale à la fin, dénonciation et critique du pouvoir
arbitraire.

II : « Le mal marié »


Les dix premiers vers de la fable contiennent un avertissement contre l'institution du mariage qui, selon le
fabuliste, est rarement heureuse. Beaucoup veulent se marier et selon lui, presque tous s'en repentent; Pour
illustrer cette morale, il raconte l'anecdote d'un mari qui a épousé une très méchante femme; comme cette
dernière lui gâche la vie et passe son temps à  le critiquer et à dénigrer tout ce qui l'entoure , il décide de la
renvoyer chez se parents à la campagne; quand il décide de al reprendre, il réalise qu'elle est toujours aussi
insatisfaite te méchante. Il la renvoie donc définitivement.

Morale : «Que le bon soit toujours camarde du beau, […] Les quatre parts aussi des humains s’en repentent»
Personnages : un homme et une femme, morale au début, satire du mariage et des mauvaises femmes

III : « Le rat qui s’est retiré du monde »


L'histoire se déroule au Moyen-orient; un rat s'est retiré dans un fromage de Hollande et devient gros et gras;
Des députés du peuple rat viennent un jour lui demander de l'aide pour se défendre contre le peuple chat ;
leur cité est attaquée et l'Etat miséreux ne peut pas leur prêter main-forte; L'ermite refuse de leur faire
l'aumône et se contente de leur dire de prier le Ciel . Le fabuliste s'adresse au lecteur, à la fin de l'anecdote,
pour lui poser une question " Qui désigné-je à votre avis par ce rat si peu secourable ? " Il fait ici
la satire des religieux peu secourables : certains ordres monastiques avaient cette réputation de vouloir
conserver leurs richesses . 

Plan :
I) L’art du conteur
1. La structure du conte : schéma narratif, morale
2. La gaieté : hétérométrie (différents vers), dialogue vivant, emploi de questions réthoriques

II) La critique du clergé


1. L’avarice : citations
2. L’égoïsme : idée : clergé qui ne partage pas ses richesses → emploi de l’ironie

III Un monde dangereux


1. La guerre : parler d’un contexte historique en éviter la censure (animaux + fromage de Hollande → guerre)
2. La solitude et l’isolement : citations → idées : se cacher pour assurer sa sûreté+ réflexion nature humaine
(violente et égoïste : message pessimiste)

Morale : « Ayant parlé de cette sorte, […] Je suppose q’un moine est toujours charitable » :
Critique violente du clergé, dénonçant le fait que le clergé détient toutes les richesses mais ne donne rien au
peuple qui meurt de faim.

35 vers,  rat et chat ,morale implicite, satire de l'avarice des moines 

IV : « Le Héron » et V : « La fille »


Un héron se promène le long d'une rivière à la recherche de nourriture : il dédaigne d'abord la carpe et les
brochets qui sont des gros poissons car il n'a pas encore assez faim. Quand il a plus d'appétit ,il aperçoit des
tanches, poissons à la chair fade: il décide d'attendre une nourriture meilleure . Il doit finalement se
contenter d'un limaçon. le conteur renouvelle la leçon avec l'anecdote de la fille qui cherche un mari: elle
méprise tous ses prétendants et leur trouve des défauts mais , par peur de ne plus trouver de mari car elle
devient vieille,elle finit par épouser un homme laid .

→ Les deux récits sont deux illustrations pour une même morale. (morale placée au milieu des deux récits)

Morale : « Ne soyons pas si difficiles […] Vous verrez que chez vous j’ai puisé ces leçons »
77 vers (35 pour Le Héron et 43 pour La Fille), animaux et humains , double leçon, satire de ceux qui ne sont jamais satisfaits et veulent
toujours plus ou de ceux qui repoussent la réalisation de leurs désirs en espérant toujours mieux

VI : « Les souhaits »


Le second recueil des fables est marqué par une plus grande diversité d'inspiration, dont la légende orientale.
Il n'est ainsi pas étonnant de voir cette 5e fable s'ouvrir sur un décor indien.

Le conte se déroule au Mogol: un follet travaille pour une famille à laquelle il est attaché et au moment de les
quitter pour aller travailler au bout du monde  ( il est en Inde et on l'envoie en laponie ) , il leur pose de
réaliser trois de leurs souhaits; Ils demandent d'abord l'abondance mais se rendent compte que c'est un
fardeau ; Ils souhaitent alors qu'on leur retire leurs trésors pour retrouver  la médiocrité . Enfin, ayant
compris, ils demandent la sagesse "c'est un trésor qui n'embarrasse point " 

Morale : « Ils demandèrent la sagesse : c’est un trésor qui n’embrasse point »

62 vers, pas d'animal, merveilleux, morale explicite, fin , satire de ceux qui pensent que l'argent fait le bonheur  

VII : « La Cour du Lion »


Lecture linéaire de la fable :
Dans la Cour du lion, la satire occupe une place importante : les animaux sont utilisés pour reproduire et
dénoncer  le fonctionnement  féroce de la Cour .

Au moment de la parution de son second recueil de fables en 1678 , le poète Jean de La fontaine, qui s’inspire
des auteurs antiques en remettant le genre de la fable à la mode, souffre encore d’une forme de disgrâce
royale ; le roi lui tient rancune d’avoir soutenu publiquement Nicolas Fouquet qu’il a  pourtant condamné
injustement. La Cour du lion , sixième apologue du livre VII, peut ainsi se parcourir comme une satire, à
peine dissimulée,  de la cour . Voyons comment le récit fait voir cette dimension satirique .

D’emblée le personnage du lion, est présenté avec son titre de noblesse : Sa Majesté, au vers 1, et les détails
choisis par le conteur , évoquent la monarchie absolue de son époque : le lion règne grâce au Ciel qui
l’avait fait maître ; on note ici la référence à l’exercice du pouvoir de droit divin et le caractère absolu de la
monarchie, est traduit grâce à l’expression “fait maître “; la domination naturelle du roi sur ses vassaux est
donc une donnée du récit.La nature féodale du pouvoir est rappelée ici, au vers 4, par l’emploi du
terme vassaux qui illustre la réalité de l’exercice du pouvoir à cette époque. Le roi est, de fait , le suzerain de
tous les seigneurs du royaume de France  ; Ainsi, de toute nature, peut faire référence à la diversité des
sujets du roi car il gouverne aussi bien les princes, les ducs, les comtes , les clercs, les paysans qu’il soient
fermiers ou métayers. De toute nature en parallèle avec de tous les côtés est également une indication
de l’ampleur du pouvoir royal et le détail du vers suivant “circulaire écriture “ corrobore cette idée d’une
domination qui s’étend sur l’ensemble du peuple ainsi que sur l’ensemble du territoire. Le sceau rappelle 
les armes du roi, son titre et son pouvoir ; Il est la métonymie du pouvoir .

La situation initiale est, dès lors, mise en place avec la mention des réjouissances offertes ; Le
conditionnel “tiendrait cour plénière”  ici a la valeur d’un futur proche et le détail de la cour plénière
reprend l’idée d’un pouvoir illimité , qui s’étend à tous. Le roi veut donc faire étalage de sa puissance  et
rendre la cérémonie attractive en offrant à ses sujets un  fort grand festin, au vers 10   et des spectacles 
extraordinaires. L’hyperbole “fort grand festin “ marque le caractère quelque peu excessif de ce qui est
promis et il est plaisant de constater que l’attraction qui sera donnée à voir est un spectacle d’un singe
savant . On peut d’ores et déjà , y deviner une satire des courtisans à travers ce singe dressé, Fagotin ,au vers
11, qui imite les gestes des humains , à la manière dont un courtisan s’efforce d’imiter les moindres gestes du
roi et de copier son attitude . Le conteur mentionne alors, de manière fort malicieuse, les intentions du
monarque-lion que les lecteurs avaient déjà devinées : “par ce trait de magnificence /le prince à ses
sujets étalait sa puissance”. On observe d’une part , l’emploi du terme magnificence pour désigner un
festin et des tours de foire : à la rime avec puissance , on peut peut être y lire l’idée que la puissance d’un
souverain se mesure à l’éclat de ses fêtes . Du moins, c’est ici  ce que  comprend le lecteur avisé : le roi
souhaite que ses vassaux admirent le faste de la Cour; le surnom du roi Louis XIV, le roi Soleil , peut ainsi se
lire , à la fois comme un symbole de puissance mais également d’éclat ; Il voulait impressionner son peuple et
les puissances voisines en organisant notamment de somptueuses fêtes à Versailles . Le vers 14 précise que le
roi reçoit chez lui, dans son palais  : son Louvre . A cette occasion, La Fontaine, en profite pour rappeler
que contrairement à tous ses prédécesseurs, le roi a choisi de ne pas continuer à exercer le pouvoir au Louvre
mais a préféré  se faire construire un château digne de lui, à Versailles .La phrase nominale exclamative  
“Quel Louvre “ peut , dès lors , traduire différents sentiments . Si elle imite l’admiration, alors la suite du
vers, nous révèle qu’ il s’agit d’ironie car la  demeure princière est décrite comme nauséabonde.  La
transformation de la demeure royale en charnier peut se lire , sur le plan satirique, comme une critique de la
politique meurtrière du roi qui ,  élimine de manière violente et sans procès, certains de ses opposants . La
Fontaine fait sans doute allusion aux répressions qu’encourent , par exemple, les protestants, à la Cour,
faussement accusés et qui , pour certains choisiront l’exil plutôt que la prison ou qui,pour d’autres, furent 
sauvagement assassinés. L’utilisation, ici , du caractère anthropomorphique du personnage du lion, permet
ainsi de faire passer la satire de manière plaisante, en ayant recours à un animal .

La suite du récit décrit les conséquences  dramatiques des maladresses des courtisans : l’ours est d’abord
choisi , au vers 16 , pour incarner les Puissants , les Grands de la Cour, c’est à dire les courtisans du premier
cercle du roi: il désigne les aristocrates redoutés, eux aussi , en raison de leur position dans la société
animale; L’ours, en effet, est craint ; Dans d’autres fables, il est associé à des prédateurs aussi dangereux que
le tigre, le côté exotique en moins, et les mâtins qui sont des chiens féroces ( cf Animaux malades ) .
Paradoxalement, l’ours ici a fait preuve de délicatesse parce qu’il “ boucha sa narine “ C’est vraiment un
trait humoristique de choisir , pour un ours, ce caractère anthropomorphe, qui souligne une forme de
délicatesse car cet animal est plutôt associé à une forme de balourdise et de brutalité .  Ce geste esquissé 
pour se protéger des odeurs pestilentielles de la Cour, va causer sa perte  . Au vers 17, le conteur présente
d’ailleurs ce réflexe de protection comme une “grimace “ ; le roi a ainsi jugé qu’il s’était moqué de lui , que
quelque chose lui déplaisait et il le fait tuer , pour une simple moue; On notera, à la fois, le caractère dérisoire
de la cause de sa mise à mort (tué pour une grimace ! cf animaux malades ) et la cruauté expéditive du
monarque soulignée par différents procédés. Tout d’abord, le fabuliste précise, au vers 18, que le monarque
est irrité  : ce participe passé, à valeur d’adjectif ici, est l’une des principales critiques de la seconde partie du
règne personnel de Louis XIV . Les colères du roi étaient particulièrement redoutées à la Cour et de
nombreux personnages , notamment l’ami  et le mécène de La Fontaine, Nicolas Fouquet, en ont fait les
frais . D’autre part, le conteur note également que son principal crime est de déplaire au roi . Il donne ainsi
l’image d’un pouvoir royal capricieux qui ne prend pas en compte les mérites de ses sujet ou les véritables
fautes de ses vassaux, mais simplement leur capacité à lui plaire . La cruauté du roi est également illustrée
par le recours à l’euphémisme du vers 18 l’envoya chez Pluton pour désigner la décision de le faire
exécuter. Le fait également de rappeler la grimace de dégoût qui est à l’origine de sa condamnation est
également humoristique . Le recours ici à la mythologie donne un côté burlesque à la situation . Les
références à l’Antiquité sont , en effet, omniprésentes dans les Fables mais elles sont parfois associées à des
réalités triviales et ce singulier mélange a des effets comiques . De plus, La Fontaine, en campant ensuite le
personnage du singe , fait la satire des courtisans zélés .

En effet, le singe qui symbolise le plus souvent l’imitation servile , paraît ici tout indiqué , pour représenter
les courtisans , eux aussi serviles , qui ne cherchent qu’à plaire au roi , dont ils redoutent les réactions et
l’emportement . Ainsi le singe commence tout naturellement par  approuver et louer les actions du lion. On
note ici la gradation : approuver signifie simplement être d’accord alors que louer a le sens plus précis de
faire un compliment , vanter les mérites de quelqu’un ou de quelque chose . Le singe se comporte en
flatteur excessif et c’est d’ailleurs cette qualification qui le désigne dès son apparition au vers 21. Le
conteur , une fois de plus, emploie un euphémisme pour désigner la cruauté sanguinaire du monarque qui est
présentée par le singe, comme de la simple sévérité. Au sens antique, le terme désigne l’exercice de la
justice sans concession et on l’associe  assez souvent avec l’adjectif juste ; Les empereurs devaient être
sévères mais ils n’en étaient pas moins justes; Rien de semblable dans la fable où le roi-lion  vient de tuer un
courtisan pour une simple grimace : il n’a pas supporté que ce dernier puise oser critiquer l’odeur de son
palais. L’habileté de La Fontaine consiste à passer sans cesse du domaine animal au domaine humain et de
montrer , par l’anthropomorphisme de ses personnages, à quel point justement, certains hommes se
comportent sauvagement. Si le terme colère apparaît au vers 21 pour désigner le comportement “humanisé”
du souverain-animal, il est aussitôt associé à deux caractéristiques purement  animales : sa griffe ,
métonymie de sa force ou plutôt ici de sa violence , et son antre , qui renvoie à son animalité car le mot antre
désigne la tanière d’un animal sauvage .

La flagornerie du singe est traduite par une accumulation aux vers 23 et 24 : l’odeur affreuse est tour à tour
comparée à des senteurs délicieuses comme l’ambre, une matière précieuse et odorante et la fleur .
D’ailleurs  dans le langage populaire, l’expression “ne pas sentir la fleur” restera associée à des odeurs
désagréables . Au moyen-âge, le verbe fleurer déformation de flairer , était utilisé pour désigner des odeurs
particulières marquantes ; Le dernier terme qui introduit la comparaison, qui ne fut ail au prix au vers
24 , marque , une fois de plus, de manière comique, la parole excessive du singe qui semble ne pas avoir de
mots assez forts pour désigner la suavité des odeurs qui émanent du palais.  Le conteur met alors en parallèle
les deux sanctions en employant un paradoxe : sa sotte flatterie eut un mauvais succès ...

L e second hémistiche du vers « et fut encore punie » renforce le caractère féroce du monarque qui
passe ainsi pour un tyran étant donné qu’il punit ,à la fois, ceux qui le contrarient et ceux qui le flattent
excessivement . La référence à Caligula est ainsi préparée : le roi est assimilé à cet empereur dont la cruauté
et les caprices sont légendaires et qui n’hésitait pas faire exécuter ses opposants . Le vers 26 comporte une
dimension humoristique avec la mention de « ce Monseigneur du lion -là. » Le fabuliste présente le roi
lion comme un roi parmi d’autres et sous- entend ainsi que seul ce dernier désigné par le démonstratif ce -
là fait preuve de cruauté. C’est une manière plaisante de souligner les ressemblances avec la figure historique
de Louis XIV tout en réaffirmant le caractère fictif de la satire dans la fable . Le dernier acte de la fable est
préparé avec l’entrée en scène du renard : l’adjectif proche peut avoir ici un double sens; Il indique, à la fois
une proximité géographique et sans doute un degré d’intimité ( un proche désigne encore aujourd’hui un
parent ou un ami cher ) . La Fontaine fait alors parler le roi : des phrases courtes et des questions directes qui
appellent des réponse immédiates : « Que sens-tu ? » On notera également l’effet comique de l’injonction
« parle sans déguiser »  au vers 29 qui peut paraître ironique ; En effet, exiger la sincérité dans un
univers où chacun utilise la parole pour tenter de tromper l’autre et  mentir sur ses véritables sentiments,
peut sembler drôle. Le renard invente alors un mensonge qui le tire d’affaire : le verbe alléguer signifie qu’il
ment et privé odorat,  il se trouve ainsi privé de la possibilité de s’exprimer donc privé de parole . On peut
même affirmer que c’est son silence qui lui sauve la vie et le conteur joue sur les mots en expliquant
comment il s’en tire (vers 32 ) sans pouvoir  sentir ( au sens propre ) . On retrouve au vers 32 un lien
important dans les Fables entre le fait de parler, d’ouvrir la bouche et le fait de subir une sanction, juste ou
injuste. Les quatre derniers vers contiennent la morale explicite de l’histoire racontée ; Le vers 33 a la forme
d’une maxime et rappelle la dimension didactique de la fable : sa fonction première en quelque sorte . Le
second vers du quatrain énonce un conseil sous la forme d’une leçon de prudence ; dans l’univers de la Cour,
il est préférable de ne pas avoir d’avis trop tranché . Le Courtisan qui veut « plaire » doit apprendre à garder
ses véritables sentiments cachés et se contenter d’une parole publique mesurée . Avec humour le fabuliste
souligne le caractère impossible d’en telle entreprise en associant « fade »  à « adulateur » et « parleur » à
l’adjectif « sincère » ; Ce deux couples d’oxymores nous montrent à quel point il est difficile de plaire au roi
car pour cela, il faut être capable , justement , de concilier les contraires; En effet, un adulateur est
quelqu’un qui va louer celui qu’il admire de manière tout à fait excessive : cela correspond vraiment à une
flatterie, un panégyrique et ce type de discours n’est jamais fade ; bien au contraire, il s’efforce de mettre en
évidence le caractère exceptionnel de la personne dont on vante les qualités.   De la même manière , le terme
« parleur » désigne souvent une personne qui cherche à tromper en enjolivant la vérité ; Un beau parleur
est celui qui se sert de la parole pour tromper les autres donc il n’est jamais sincère. L’auteur montre ainsi à
quel point il est périlleux de s’exprimer à la Cour et qu’il est préférable de taire son avis ; Le dernier vers
poursuit la leçon et rappelle un exemple de sagesse populaire : il faut faire comme les  Normands qui ont la
réputation de ne jamais dire ni oui ni non et de différer ainsi  la réponse et par là-même la prise de décision.

Cette anecdote  comme le titre l’indique La Cour du lion, éclaire certains aspects du fonctionnement du
pouvoir royal et engage les courtisans, et les lecteurs, à la plus grande prudence dans leurs propos s’ils ne
veulent pas faire les frais de la colère du Prince ; Le roi y apparait sous les traits d’un tyran capricieux et très
difficile à contenter . La Fontaine garde sans doute en mémoire le fait d’avoir été évincé de la Cour pour avoir
osé prendre publiquement la défense de son ami Fouquet condamné à la prison par une  décision de Louis
XIV ; La Fontaine avait alors écrit une lettre au roi dans laquelle il s’attristait de cette décision .

Le fabuliste utilise ici les animaux dans le but de dresser un portrait satirique de la Cour .

- Le lion. Sa puissance, son orgueil démesuré, son attitude rappellent le comportement de Louis XIV. A
l’image de l’animal qui le symbolise, le roi règne en maître sur sa Cour. Jaloux de son pouvoir, méfiant d’une
Noblesse remuante de nature, il convoque régulièrement auprès de lui les princes de sang pour mieux les
surveiller. Une invitation à Versailles ne se décline pas. Il faut s’y soumettre, quitter sur l’heure sa résidence
provinciale et accourir au plus vite. La violence que le lion déploie quand un courtisan commet l’erreur de lui
déplaire (L’Ours grimace de dégoût lorsque lui parviennent les relents du charnier) souligne avec quelle
facilité le souverain peut briser la réputation, la renommée de celui qui ne satisfait pas ses exigences.  Si le
lion n’est pas dupe des courbettes du singe ce qui signifie que Louis XIV n’apprécie pas davantage les
hypocrisies trop marquées d’un courtisan empressé et soucieux d’obtenir sa faveur.

- Le singe, l’ours et le renard évoquent les attitudes possibles des nobles de la Cour. Le bonheur qu’éprouve le
singe quand l’ours endure la colère léonine n’est pas sans rappeler que de profondes tensions animent les
couloirs de Versailles : la déchéance de l’un fait le bonheur de l’autre, la disgrâce du malheureux arrange les
affaires de l’ambitieux.

- La morale de la fable résonne comme un avertissement. Le Renard est le plus malin de ses compères. Il a
compris qu’au palais de son maître, il n’est jamais bon de dévoiler trop haut ses opinions.

- Enfin, la comparaison que l’auteur utilise quand il évoque la Cour dévoile des sentiments sans concession à
l’égard d’un univers où il ne s’est jamais senti à son aise. Le message est clair : par delà les dorures des
tableaux et l’éclat brillant de la Galerie des Glaces, les corridors du palais ne sont guère plus avenants qu’un
affreux charnier. Comportements écœurants, attitudes répugnantes découragent l’honnête homme de
pénétrer à Versailles…où règne la férocité des moeurs.

Morale : « ceci vous sert d’enseignement. […] Et tâchez quelquefois de répondre en Normand. »
36 vers ,morale finale , satire de la gouvernance du roi , mise en évidence des dangers de la Cour, leçon de prudence.

VII : « Les vautours et les pigeons »


Plan :

Introduction

I) Le récit vif et plaisant d'une guerre (schéma narratif)

II) Une parodie épique


A. Le registre épique agrémenté de références mythologiques
B. La tonalité parodique

III) La leçon
A. La subjectivité du fabuliste (emploi du « je »)
B. Les dénonciations (les méfaits de la guerre + une mise en garde contre le pacifisme → srt dans la morale)

Conclusion : La Fontaine adoucit un épisode de guerre par la poésie. Ainsi, loin des discours excessifs de
l'épopée, Les Vautours et les Pigeons, par sa simplicité et sa grâce enjouée, persuade en douceur. Par un récit
longuement développé, le fabuliste prépare le lecteur à accepter une morale difficile et quelque peu
paradoxale, dans laquelle il intervient explicitement pour souligner l'utilité des guerres, meilleur garante de
la sécurité des pacifistes. La fable s'apparente ainsi à un réquisitoire à la fois contre les bellicistes et contre les
pacifistes.

Morale : « Tenez toujours divisés les méchants : […] Ceci soit dit en passant. Je me tais. »
La fable nous avertit que les querelles entre méchants doivent être stimulées plutôt qu’apaisées, car tandis
qu’ils se déchirent, ils laissent les honnêtes gens vivre en paix.

45 vers, morale à la fin, avertissement quant à l’utilité de la guerre et mise en garde contre le pacifisme.

IX : « Le coche et la mouche »


Plan :
I) La vivacité de la fable
A. Les étapes du récit (schéma narratif)
B. Le rythme (rapidité du récit et changement de longueur des vers)
II) Le comique de situation
A. Les difficultés du coche
B. Les propos de la mouche révèlent son caractère (la mouche est orgueilleuse et se glorifie alors qu’elle n’a
pas aidé le coche à avancer)

III) La voix du fabuliste


A. L’ironie (le fabuliste exagère les faits, ridiculise la mouche et la décrédibilise)
B. La morale (révèle le point de vu du fabuliste, il se place en moralisateur, il juge le comportement de la
mouche)

Morale : «  Ainsi certaines gens, faisant les empressés, […] Et, partout importuns devraient être chassés. »

Ne pas intervenir dans les affaires d'autrui surtout si on est incompétent - La mouche
32 vers, morale à la fin, dénonciation des personnes qui se mêlent des affaires des autres sans que pour autant elles y soient conviées.
X : « La laitière et le Pot au lait »
Plan :

I) Un récit plaisant (précautions inutiles, rêverie de Perrette)

II) Une morale pour dénoncer les défauts des hommes (leçon de sagesse, danger de l’imagination)

Conclusion : récit qui offre une réflexion sur l’être humain et son rapport à l’imagination. L’imagination peut
être débordante mais il est agréable de s’y abandonné.

Morale : « Quel esprit ne bat la campagne ? […] Je suis Gros-Jean comme devant. »
43 vers , leçon de sagesse , dangers de l'imagination

XI : « Le curé et le mort »


Un curé, après avoir enterré un mort, se réjouit des bénéfices qu'il va pouvoir tirer de la cérémonie. Mais
ironie du sort, il se fait briser le crâne par le cercueil tombé de son carrosse. Le fabuliste critique les mœurs
du clergé et sa folie des grandeurs.

Plan :
I) Récit ludique
A. La structure classique d’un récit (schéma narratif : longue situation initiale puis rapide élément
perturbateur → provoque suspense et plaisir du lecteur)
B. La variété des vers et des rimes (différents vers = hétérométrique → vivacité du récit + variété des rimes →
insiste sur le côté humoristique)
C. Un récit comique (décalage humoristique, opposition entre gravité et légèreté)

II) Une double morale


A. Le portrait négatif du curé (cupide, irrespectueux, hypocrite)
B. Une réflexion philosophique sur la vie (sur le rapport que les hommes entretiennent avec l’existence, fable
qui parle de tous les hommes, critique des hommes : ne pas vivre dans l’instant / ne jamais être satisfait )
C. Une satire du clergé (présenté comme des gens avides, intéressés, hypocrites et matérialistes)

Morale : faire des plans sur la comète sans profiter de ce que l’on a, en oubliant qu’un accident peut survenir
à tout moment
Livre VIII : 27 fables

Livre IX : 19 fables

Livre X : 14 fables

Livre XI : 9 fables

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