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L'habit fait-il le moine ?

Dénoncer les travers de la société

Objectifs

✔ Je découvre des œuvres d’époques différentes et de genres variés dénonçant l’importance des
apparences dans la société.
✔ J’observe les procédés de dénonciation utilisés par les auteurs.
✔ Je comprends les modalités et les objectifs de la satire et de l’ironie.

a) Cherchez les définitions des mots « cliché » et « stéréotype ».

Un cliché est un poncif, une banalité que l’on dit à de nombreuses reprises. Un stéréotype est
également une opinion toute faite, sans aucune originalité. Les deux termes sont souvent qualifiés de
synonymes, mais le second possède une acception supplémentaire : il est souvent utilisé pour désigner
de manière schématique un groupe, une catégorie sociale. Les deux termes proviennent du même
domaine, la photographie, et sont utilisés pour désigner le phototype négatif servant au tirage des
photographies.

b) Quel risque y a-t-il à user d’un cliché ou d’un stéréotype pour désigner une personne ?

En utilisant un cliché ou un stéréotype pour désigner une personne, on prend le risque de créer des
tensions entre des groupes, voire des discriminations, d’autant que les stéréotypes sont généralement
négatifs.

a) « L’habit ne fait pas le moine. » Que signifie ce proverbe ?

Le proverbe « L’habit ne fait pas le moine » signifie qu’il ne faut pas se fier aux apparences : la vérité
d’un être (ici : le moine) ne peut pas se résumer à ce qu’il donne à voir (ici : son habit).

b) Démontrez la justesse ou, au contraire, le caractère erroné de ce proverbe en vous appuyant sur des
exemples connus de vous.

La réponse est personnelle, mais on peut utiliser quelques-uns des exemples suivants : ● pour
démontrer la véracité de ce proverbe : - une personne peut se montrer cordiale et très souriante en
société puis chercher à nuire aux personnes avec qui elle semblait entretenir des relations de sympathie
; - une apparence misérable peut cacher une grande richesse intérieure ; - porter des vêtements
sombres ne signifie pas forcément avoir des idées noires… ● pour montrer son caractère erroné : -
souvent une tenue vestimentaire soignée est signe de rigueur et de respect des codes sociaux ; - le
choix des vêtements révèle une part importante de la personnalité.

3 Cherchez d’autres proverbes évoquant les apparences.

Voici d’autres proverbes évoquant les apparences : - « Les apparences sont souvent trompeuses. » - «
Il ne faut pas se fier aux apparences. » - « Il ne faut pas juger le sac à l’étiquette. » - « L’âne peut aller

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à la Mecque, il n’en reviendra pas pèlerin. » - « La barbe ne fait pas l’homme. » - « Chien qui aboie ne
mord pas. » - « Les eaux calmes sont les plus profondes. »

4 Pour vous, l’apparence est-elle importante ? Répondez en avançant au moins deux arguments et
deux exemples précis.

On attend une réponse personnelle argumentée. Les exemples peuvent être tirés de l’expérience
personnelle (domaine scolaire, importance des vêtements dans une cour d’école), du monde du travail
(exemple de l’entretien d’embauche pour lequel une tenue soignée est exigée) ou de la culture
littéraire et cinématographique de l’élève.

Michel Faizant, dit Chimulus, Blabla de zinc, dessin paru dans Le Nouvel Observateur, 16 janvier
2009. En janvier 2009, Xavier Darcos était le ministre de l’Éducation nationale.

L'image

5 Que dénonce ce dessin ?

Ce dessin fustige le comportement grégaire d'adolescents tous vêtus de la même manière.

6 Par quel moyen cette dénonciation s’opère-t-elle ?

Cette dénonciation s’opère au moyen de l’humour : des jeunes qui désapprouvent l’idée du retour à
l’uniforme sont placés face à leurs propres contradictions puisqu’ils sont déjà, de fait, tous vêtus de la
même manière avec leurs casquettes à l’envers et leurs vêtements similaires.

7 Que pensez-vous de l’idée, souvent évoquée, de rétablir l’uniforme à l’école ?

La réponse est personnelle. Afin d’inciter l’élève à réfléchir avant de prendre position, on pourra
toutefois lui demander de trouver deux arguments en faveur de l’uniforme, et deux arguments qui s’y
opposent. Voici quelques pistes de réflexion : - L’uniforme pourrait permettre de gommer les
différences sociales à l’intérieur des établissements scolaires, ou tout au moins de les rendre moins
visibles. - Il pourrait également constituer une source d’économie pour les familles souvent incitées à
dépenser de fortes sommes d’argent pour acquérir des vêtements de marque ou à la mode pour leurs
enfants. - L’uniforme commun à tous les élèves d’un établissement permet également de créer un
sentiment d’appartenance et de fierté, et donc de construire une identité collective. - Il permet
également de protéger les élèves contre les moqueries, les jalousies voire le racket. Au contraire : -
L’absence d’uniforme permet à chacun d’exprimer sa personnalité à travers sa tenue vestimentaire, et

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donc de se construire une identité propre. - Le choix d’une tenue personnelle permet également de
créer au sein de l’école une société plurielle et donc d'éduquer les élèves à l’acceptation de la diversité.
- L’obligation de l’uniforme peut également engendrer des coûts supplémentaires pour les familles.

Écriture

8 Écrivez un conte bref commençant par « La vieille dame se souciait trop de son apparence, le vieux
monsieur ne s’en souciait pas assez. » Que se passe-t-il lorsque ces deux personnages se rencontrent ?

Pour aider les élèves à écrire un conte bref commençant par « La vieille dame se souciait trop de son
apparence, le vieux monsieur ne s’en souciait pas assez. », on peut attirer leur attention sur ces critères
de réussite : - décrire brièvement les deux personnages en insistant sur leur apparence et le soin qu’ils
y mettent ; - imaginer leur rencontre et le conflit ou l’échange qui s’ensuit ; - respecter les temps du
récit (l’imparfait dans la description et dans les actions de second plan, le passé simple pour les actions
de premier plan) ; - penser à une morale, explicite ou implicite.

1. Que fait la jeune femme ?

2. En quoi ce tableau peut-il illustrer le titre du chapitre ?

3. Quels comportements de notre société actuelle ce tableau met-il en lumière ?


Epigramme

1. Trompeuses apparences

Sur Gemellus et Alcine


Gemellus demande Alcine en mariage
et il désire, et il presse, et il prie, et il offre [des présents].
Est-elle si belle ? Mais non, rien n’est plus laid.
Qu’est-ce donc qu’il recherche et qui lui plaît en elle ? La toux.

Sur Gellia
Gellia a perdu son père, et ne le pleure pas quand elle est seule.
Voici quelqu’un : des larmes de commande jaillissent.
On ne pleure pas pour être admiré, Gellia ;

3
La vraie douleur, c’est la douleur sans témoin.

Sur Thaïs et Lecania


Thaïs a les dents noires, Lécania blanches comme neige.
Pourquoi ? Celle-là a gardé ses dents ; celle-ci les a achetées.

Contre Paula
Tu veux, Paula, te marier avec Priscus. Tu ne m’étonnes pas : tu as du goût.
Priscus ne veut pas se marier avec toi : lui aussi a du goût.
Martial, Épigrammes, Ier siècle après J.-C., traduit du latin
par Yves Ouvrard, site de l’académie de Poitiers, 2001

En lisant ces extraits, quelle épigramme vous semble la plus virulente ou la plus agressive ? Justifiez.

1. Texte 1 Reformulez chaque extrait pour en faire comprendre la pointe (la chute).

Première épigramme : Gemellus souhaite se marier avec Alcine, mais il s’intéresse avant tout à sa
toux, c’est-à-dire à sa maladie : il espère être bientôt veuf et riche. Deuxième épigramme : Gellia a
perdu son père, mais elle ne le pleure qu’en présence de ses amis : il s’agit pour elle de se faire
plaindre, mais, au fond, elle ne souffre pas. Troisième épigramme : Martial compare les dents de
deux jeunes femmes et met en évidence l’opposition entre les dents noires mais naturelles de Thaïs
et les dents blanches mais achetées (et donc fausses ou blanchies) de Lecania. Quatrième épigramme
: Il s’agit moins ici de dénoncer un travers social que de ridiculiser un personnage. Le parallélisme de
construction met en évidence l’opposition entre la beauté de Priscus et la laideur de Paula.

Analyse et interprétation

3. Texte 1 a) Quels sont les points communs entre ces quatre textes ?

Ces quatre textes sont des distiques ou des quatrains poétiques dont le but est de se moquer du
comportement d’un personnage (Gemellus, Gellia, Lecania, Paula). La leçon adressée au personnage
moqué et aux lecteurs (lectrices) apparaît dans les derniers mots. Dans la première et la troisième
épigramme, les phrases interrogatives (questions rhétoriques) interpellent le lecteur (la lectrice) pour
l’inviter à réagir.

b) À partir de leurs points communs, donnez trois ou quatre caractéristiques d’une épigramme.

Les épigrammes sont des textes brefs et satiriques qui ont pour enjeu de dénoncer le travers d'une
personne et de la société, par exemple ici : le mariage par intérêt, l’hypocrisie ou le culte des
apparences. Les épigrammes se terminent par une chute.

4. Texte 1 La critique exprimée est-elle implicite ou explicite ? Justifiez votre réponse par un
exemple.

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La critique est ici implicite : Martial ne dénonce pas directement mais suggère, et la connivence avec
le lecteur est essentielle. Si l’on prend la première épigramme, Martial ne déplore pas directement
l’attitude de cet homme qui veut se marier dans l’espérance que son épouse meure rapidement et lui
lègue tous ses biens : les deux derniers mots (« la toux ») indiquent pourtant le seul atout de cette
jeune femme (elle est malade), et l’on comprend que le mariage n’est pour Gemellus qu’un moyen
de s’enrichir en héritant de sa femme.

5. Texte 1 Dans quelle mesure pourrait-on appliquer ces vers du Ier siècle à des situations
d’aujourd’hui ?

Ces vers peuvent encore s’appliquer à des situations d’aujourd’hui. C’est le cas par exemple de la
troisième épigramme : si Lecania a acheté des dents plus blanches, nombreux sont aujourd’hui ceux
qui paient pour modifier leur apparence physique, notamment grâce à la chirurgie esthétique. Les
mariages intéressés sont évidemment encore d'actualité ; quant à l'hypocrisie, elle est de tous
temps.

L'apparence compte-t-elle plus que tout ?


Aux côtés d’autres fables, telles que « Le Chat et un vieux rat », « Le Cochet, le Chat et le Souriceau »
ou « Le Paysan du Danube », « Le Singe et le Léopard » met en garde contre les apparences.

Le singe avec le léopard


Gagnaient de l’argent à la foire ;
Ils affichaient1 chacun à part.
L’un deux disait : « Messieurs, mon mérite et ma gloire
Sont connus en bon lieu ; le roi m’a voulu voir ;
Et si je meurs, il veut avoir
Un manchon2 de ma peau : tant elle est bigarrée,
Pleine de tâches, marquetée,
Et vergetée, et mouchetée3 ! »
La bigarrure plaît ; partant4 chacun le vit.
Mais ce fut bientôt fait, bientôt chacun sortit.
Le singe de sa part disait : « Venez, de grâce ;
Venez, Messieurs ; je fais cent tours de passe-passe.
Cette diversité dont on vous parle tant,
Mon voisin Léopard l’a sur soi seulement ;
Moi, je l’ai dans l’esprit : votre serviteur Gille,
Cousin et gendre de Bertrand
Singe du pape en son vivant,
Tout fraîchement en cette ville
Arrive en trois bateaux, exprès pour vous parler ;
Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller5,
Faire des tours de toute sorte,
Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs6 !

5
Non, Messieurs, pour un sou ; si vous n’êtes contents,
Nous rendrons à chacun son argent à la porte. »
Le singe avait raison. Ce n’est pas sur l’habit
Que la diversité me plaît, c’est dans l’esprit :
L’une fournit toujours des choses agréables ;
L’autre, en moins d’un moment, lasse les regardants.
Oh ! que de grands seigneurs, au léopard semblables,
N’ont que l’habit pour tous talents !

Jean de La Fontaine, « Le Singe et le Léopard », Fables, Livre IX, 1678.

1. Présentaient leur numéro.


2. Vêtement que l’on met sur les manches et les mains pour avoir chaud.
3. « Bigarrée », « marquetée », « vergetée », « mouchetée » sont plus ou moins synonymes de
« tachetée ».
4. Par conséquent.
5. Danser (dans un bal).
6. Ancienne monnaie.

Jean de La Fontaine (1621-1695): Jean de La Fontaine est avant tout célèbre pour ses fables, de
courts récits en vers introduits ou achevés par une morale.

1. Texte 1 Reformulez en un court paragraphe ce que vous avez compris après votre lecture de la
fable.

Le singe et le léopard sont des amuseurs publics et tous deux se vantent. Le léopard choisit de se
vanter sur son apparence ; ce serait elle qui le rendrait célèbre. Le singe vante au contraire son
intelligence, son esprit. Or, de l'apparence on se lasse, mais pas de l'esprit.

2. Texte 1 Quel(s) défauts ou qualité(s) les animaux incarnent-ils dans cette fable ?

Le léopard vante son apparence extraordinaire, à la fois rare puisqu’il est arrivé de loin et variée
puisque son pelage comporte différentes couleurs et tâches. Sa vantardise est celle d'un être
superficiel. Le singe vante sa variété et sa vivacité d'esprit ; il met en avant l’intérêt de sa
conversation. C'est donc un être profond, spirituel.

Analyse et interprétation

4.Texte1
a) Distinguez l’apologue (le conte que le fabuliste raconte) de la morale : où se situent l’un et
l’autre ?

L'apologue court du premier vers au vers 25. La morale occupe les vers 26 à 31.

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b) Que signifie la morale ? Reformulez-la avec vos mots.

La morale signifie que l'apparence n'égale point l'esprit, que seul l'esprit est capable de plaire dans la
durée, au contraire de l'apparence dont on peut se lasser.

5. Texte 1 Lequel des deux discours, celui du léopard ou celui du singe, vous semble le plus efficace ?
Répondez à cette question en étudiant les arguments des deux orateurs, la longueur de leurs
discours, la longueur des vers utilisés par La Fontaine pour reproduire leurs paroles, les temps
verbaux et les procédés stylistiques.

On attend une réponse personnelle justifiée, avec plusieurs citations analysées (à chaque fois, relevé
+ procédé), telle que : Dans la fable de La Fontaine, le discours du singe me semble le plus efficace.
En effet, il est beaucoup plus développé (14 vers contre 6 pour le léopard) et plus argumenté. Tandis
que le léopard utilise quatre termes pour exprimer la même idée (« bigarrée », « marquetée », «
vergetée », « mouchetée »), le singe varie son vocabulaire de même que les actions dont il est
capable : danser, faire des acrobaties, raconter des histoire ; il a également recours à l’hyperbole
pour amplifier ses qualités (« cent tours de passe-passe »). Enfin, l’emploi de l’impératif « venez »
lance une injonction au spectateur, et le futur simple final (« nous rendrons à chacun ») considère la
présence de ce dernier comme étant acquise.

6. Texte 1 Selon La Fontaine, « Une morale nue apporte de l’ennui. Le conte fait passer le précepte
avec lui. » (La Fontaine, « Le Pâtre et le Lion », Fables).
a) Que veut-il dire ?

Dans cette phrase, la Fontaine explique qu’une leçon de morale peut sembler ennuyeuse, alors que
le fait de l’amener par une histoire (la parabole dans la Bible, les fables chez Ésope ou La Fontaine,
les contes philosophiques chez Voltaire) la rend plus vivante, et donc plus facile à comprendre et à
mettre en œuvre.

b) Êtes-vous d’accord avec lui ? Justifiez votre réponse en quelques mots.

On attend ensuite une réponse personnelle justifiée, par exemple : Je suis tout à fait d’accord avec La
Fontaine, car c’est d’abord l’histoire, le conte, qui va donner envie de lire et ainsi permettre l’accès à
la morale. Par ailleurs, les fables sont accessibles même à de jeunes lecteurs, élargissant la portée
des morales.

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