Vous êtes sur la page 1sur 16

488 CONGRÈS DES AMÈKIG'ANISTES.

M. HAOlU. DE LA <iiiASSEKiK. De lu famille linguistique Puno.

Sept langues Américaines, le Pano, le Mayoruna Doraes-


tica, le Mayoruna Fera, le Alaxuruna, le Caripuna, le Culino,
le Conibo et le Pacavara forment une seule famille linguistique;
c'est cette parenté non encore constatée que nous avons à
démontrer ici.
Malheureusement les preuves les plus importantes, les
preuves morphologiques nous feront défaut; en effet, sauf les
quelques nations grammaticales que nous donnerons à. la fin
de cette étude, il n'existe, et faute de textes il n'est possible
de constituer actuellement aucune grammaire de ces langues.
Nus preuves seront donc d'ordre purement lexiologique.
mais comme en définitive la classification essentielle et généa-
logique repose sur l'étymologie, nous aurons prouvé complète-
ment, si nous apportons des ressemblances de mots, non |>a»
isolées et possiblement fortuites, mais si nombreuses, si régu-
lières aussi, qu'elles 11e peuvent être le résultat ni du simple
contact, ni encore moins du hasard.
E11 ett'et, ce qui rend le rapprochement des racines de
plusieurs langues concluant, ce n'est pas tant la concordance,
même l'identité, que les signes suivants: 1° la ressemblance
croissante, lorsqu'on va des objets internationaux pour ainri
dire, c'est-à-dire servant aux relations entre les peuples, comme
les noms do nombre, par exemple, à ceux de plus en plus per-
sonnels et incommunicables, comme les parties du corps, tandis
que dans l'étymologie seulement apparente, c'est l'inverse
qui a lieu, 2" la ressemblance plutôt que l'identité, c'est-à-dire
celle variant telle ou telle voyelle ou telle ou telle consonne,
lorsqu'on passe d'une langue à une autre, tandis que l'identité
absolue soustraite aux lois phoniques particularistes dénote
souvent le hasard ou l'importation, i)" la ressemblance variable,
c'est-à-dire, s'établissant pour une langue du groupe, tantôt
avec telle langue, tantôt avec telle autre, non toujours avw
la même, ce qui forme un croisement et une communauté de
mots sur une large surface exclusive de l'influence de la ron-
tiguité, 4" la modification régulière de la même lettre radicale,
en passant de telle langue à telle autre, suivant une varit»bl«
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 439

Uuiversclite/'ttiii/, ce t|iii courte l'hypothèse du hasard. Or, ces


moyens de contrôle peuvent être appliqués avec succès aux
sept langues que nous groupons.
Nous diviserons ainsi qu'il suit la présente étude:
1" renseignements sur la situation géographique et ethno-
graphique de chaque peuple parlant une langue de la famille
linguistique Pano,
2" tableau des racines communes à ces langues,
3° examen de ce tableau,
4" notice sur la grammaire Pano.

I.
Situation l'thiwyrajihU/ue et </éo</nt/thit/tte.
1" Le Pano est parlé par des Indiens habitant la région
du Haut Ucayali. Castelnau en a recueilli H'J mots et a l'ait
suivre son vocabulaire de notes sur la grammaire Pano. (Castel-
nau, Expéd. tome V.) M. Paul Mareoy 'dans Le Tour du Monde
1864, page 169, donne quelques renseignements sur les Panos.
„Lorsque des Franciscains venus de Lima, dit-il, explorèrent
pour la première fois la partie du Pérou comprise entre les
rivières Huallaga, Maranon, Ucayali et Pachitea, ils trouvèrent
établie sur les bords de la petite rivière Sarah-Ghéné (aujour-
d'hui Sarayacu) affluent de gauche de l'Ueayali une nation
autrefois llorissante et dont le type, l'idiome, les vêtements,
les us et coutumes étaient communs à six tribus voisines qui
paraissaient s'être détachées d'elle à une époque qu'on ne pou-
vait préciser. Cette nation était celle des Panos. Elle était
descendue primitivement des contrées de l'Equateur par la
rivière Morona, elle s'était fixée d'abord à l'entrée du rio
Huallaga, où parait s'être opérée sa division en tribus. Plus
tard, à la suite de démêlés avec les Indiens Xbéros elle avait
abandonné ce territoire, erré longtemps à travers les plaines du
Sacrement, puis s'était établie dans le voisinage de la rivière
Ucayali connue alors sous le nom de Paro. Vers la fin du
17' siècle, cette nation fort amoindrie par les luttes qu'elle avait
eu à soutenir après sa division en tribus des Conibos, etc. était,
sur les bords de la rivière Sarayacu où le P. Hiedma, l'un des
440 CONGRÈS DES AMÉRICAN1STKS.

premiers explorateurs do l'Uoayali (1686) la vit. en passant


Cent ans plus tard, les P. P. Œrbal et Marqués évaluent se.i
forces à mille hommes dont 011 peut sans scrupule retrancher
la moitié.
2" Le Oonibo est parlé par des Indiens de ce nom qui
habitent les bords de l'Ucayalé, depuis Parùitcha jusqu'à Rio
Capucinia, où ils sont limitrophes d'un côté des Chontaquiros,
de l'autre des Sipibos, sur une étendue d'environ soixante dix
lieues. Paul Marcoy a recueilli 131 mots de cette langue (Tour
du Monde 1864, II, page 182).
3" L e Pacavara est la langue d'Indiens vivant sur les bords
du Beni, entre le 11" et le 12" de latitude sud. Leur vocabulaire
que nous avons extrait de la Kansas city review est peut étendu.
4" Le Caripuna ou Jaun-avo est parlé près des cataractes
du Madeira. Natterer en a recueilli 153 mots (Martius, worter-
buch der Brasilianischen sprachen).
6" Le Oulino est parlé sur les rives du Javary, du Jutay,
du Jarua, affluents de droite de l'Amazone. Spix en a recueilli
244 mots.
6° Le Maxuruna est la langue d'Indiens qui habitent la
région comprise entre le Javary et le Jutai. Spix en a recueilli
137 mots.
7" et 8". Le Mayoruna est parlé par des Indiens qui de-
meurent sur les bords du Tapichi, l'un des affluents de l'Ucay-
alé, au travers des forêts jusqu'à la rive gauche du Javary
Oastelnau a recueilli 54 mots d'un dialecte dit mayoruna
domestica et 79 d'un autre dit mayoruna fera.

II.
Tul/letni tirs mots ayant une continuité origine dans toutes ces 1 an y un
nu dans quelques-unes.

Nous allons dresser ce tableau par ordre d'idées, et nous


y compendrons successivement: 1" les noms des parties du
corps, 2" ceux de parenté, 3" ceux d'animaux, 4" ceux de v i -
taux, 5" ceux d'êtres inanimés, 6" les verbes. 7° les adjectifs.
8" les noms de nombre.
Nous suivons ainsi, au moins pour les 5 premiers numéros
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 441

et pour le 8'' une gradation descendante, c'est-à-dire commen-


çant par l'ordre d'idées le plus concluant pour la parenté lin-
guistique, les parties du corps occupant sous ce rapport le rang
le plus élevé, et les mots de nombre, au contraire, le moins
important.
Souvent la même idée s'exprime par deux racines qui se
partagent le domaine des langues Pano; nous donnons alors
à chacune d'elles un alinéa différent.

1° Parties (lu cor pu.

Auris max. papisclian; may. dom. pabauun: may. fera


pachuiran; carip. pauke : pano paviquê; conibo pahiqui ; paca-
vara puaqui; cul. taabynky.
Brachium — m a x . paro; m a y . d o m . para; m a y . f e r a paru.
c a r i p pituya; p a n o jmya ; c o n . puya; pacav. puyana.
Oapillus — max. pu; may. dom. boh: may. fera bnoii ;
carip. vooit; pano; woh; cul. wo; con. ha; pacav. »•<>.
Caput — max. maschô; may. dom. moJio : may. f. muc/ih;
c a r i p . ntupo; cul. mazu.
Collum — m a y . d o m . techo; c u l . tiika.
Cor — max. unité; may. dom. wintay: may. t. /militai;
cul. liuaity.
Coxa — perna — max. zimpiz; cul. schiputa.
conibo i/uic/ii, ghiisii; may. dom. quesi; carip. ki.sr/ir;
p a n o quichi; cul. q/iisi-wurena.
maxur. inpuku; may. dom. huiponyu.
Dens — max. tschittu; carip. seth ; cul. dza-hiriri-setu;
pacav. tseuu
Frons — m a x . pumnnan; m a y . d. hamana; m a y . f. /mmai-
nan; c a r i p . baemana; c u l . wumana; con. huetunyo.
Hepar — m a x . tacqua; cul. tayhà.
Labium max. tjuipy; cul. yhilba.
Lingua max. âna; pano hana; (Mil. iiie, mur, con. inu;
pacav. jima.
M a m m a — m a x . schunta; e a r i p . srumu; c u l . tschunm.
M a n u s — m a x . niaJcoii; m a y . d . makiui, maki; c a r . niitiiLana ;
cul. ntut'ke.
442 CONGKÈS DES AMÉHICANISTES.

Mentuni m a j . d. i/uïiti; m a y . f . </nil<i.


o a r i p . atnainutu; p a n o uluu; c o u . utmi.
N a s u s — m a x . tihc/ian; m a y . d . dehan; m a y . f. tlizan.
c a r i p . i-roi/iiin ; p a n o raiki; c u l . riïky, c o n . riii/ui; p a c a v . requiri.
Oculus inax. iuira; may. d. beda; carip. bur.ro; pano buero;
c u l . wilrru; c o u . hue ni ; p a c a v . huera.
Os may. f. ibi; conib. i/uebi.
m a y . d . usc/tii; p a n o kais/ira.
Pectus m a y . f. svhitou ; c u l . situhu ; c o n . nuclii; pacav.
shiputr, m a y . d . itou.
Pes — m a y . d . tacu; m a y . f . tahi; c a r i p . ttiè; p a n o tarrï,
con. tuf, pacav. tae.
m a x . uitas; c u l . caliytà.
P o p l e s — m a x . tantuseha; c u l . ratiika.
S a n g u i s — m a x . ymy; c o n . tuti; c u l . ijiutj.
Scapula m a x . boreachana; c o n . hajtuexco,
Supercilium max. fairuku/ii'ze; may. f. harocoujietat; pano
liai jiiinrhka; COU. Iniesea.
V e n t e r — m a x . jiakukite; m a y . f. /joutai; c a r . /le.enchu; con.jniru.

1 - " Xiims tte tatrente.

F i l i a — c a r . /aana-wiiko; c u l . eyimjieky; p a c . tjasa; car. justa.


Filius max attuiuy; c u l . uumy; p a c . omibaque.
F e m i n a — m a y . d . schirawa; m a y . f. tivu/iua.
p a n o mira; c u l . aili; c o u . ai!m; p a c a v . ynsabu.
H o m o — p a n o /mette; c o n . fiuebu; m a x . tseliira — haine.
I n f a n s — m a x . /lekunc/iuzu; m a y . d. bakoue; m a y . f. bat/ut;
c a r . irakii-jituinka; p a n o tcut/ué; c o n . bai/ué.
Mater — carip. kai; pacav. kai.
Pater — max. /tujui; car. /»»/>«; pacav. /ui/ia.
V i r — m a y . d . dura; m a y . f. dura.
carip. uni; cul. Iiuiny.
.'!•• Noms d'aniiiiau.r.
A r a — m a y . f. raua; m a y . d . eunu.
C e r v u s — c a r . txe/taxmi; c u l . txc/ienc/ib.
( ' a n i s , tigi'is — m a y . f. eanwun; m a y . f. camo; c u l . yhuiiin.
m a y . f. hua/ta; m a y . f. tc/mx/iu.
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 443

Orooodilus — may. d. capeu; may. f eu pu; carip. eapuana;


cul. uill'll.
O v u m — car. vatschï; p a n o vosvhi; c o n . boschi.
P é c a r i — c a r i p . Jaua; p a n o jawa; c u l . naua; con. yaumanca.
P i s c i s — ç i a y . d.jajia; m a y . f. iajià; c u l . tjhiiiuu; c o n . buaca.
Psittacus — niay. d. bawa; may. f. bauu; pano bawa; cul.
waungu; c o n . huila; p a c . ai.
S e r p e n s — m a y . f . dounon; p a n o ruuno; c u l . rhuniui; c o n . runi.
T a p i r u s — m a y . d . awa; m a y . f. habita; c a r . au-haua; c o n . uuu.
Similis (Atèle) — car. issu; pano isso; cul. ysu.

4 Noms île végétaux.

Arbor — may. d. imi; may. fera hibui; carip. j-ui; pano ici;
cul. huibi; p a c a v . ivi; con. yjuebi.
F i n s — m a x . pinii; p a n o binié; c u l . eype.uy; m a y . f. ibuina;
may. d. ira.
Fructus c a r i p . viniu; p a n o béni; cul. wimy; m a y . f. />ata.
Ilerba m a y . f. hninsin; c a r . yuassi; pano uuasi.
Lignum max. yuy; car. j-iy; cul. hiiyby.
M ai z c a r . schoki\ p a n o sc/teki; c o n . sei/ui.
Mandioc — may d. usa ; may. f. basa ; carip. hatsa-mutu;
pano atsu ; eonib. atsa.
Musa m a y . d o m . siyui; m a y . f. sine ni.
Radix m a y . f. ihustapan; c a r i p . ivi-tapona; ctd. hiiy-tapù.

!>'• Noms d'êtres inanimés.

A ë r — c u l . neuy ; c a r . niuhe.
Aqua m a x . tiaka; m a y . d . tcaka; m a y . f . /touaca; c u l . yaku,
kuhua, uaka.
c a r . oic-passua; p a n o unparse; c o n . empan.
Arcus c a r . eannuti; c o n . cauati; p a c a v . caniiati; m a y . d.
tenyatuy.
Ooulum may. d. abu; may. f. abou; pano naibouch.
Oymba con. nui; may. il. nuntay; may. I. inmtey; pano
uoumti; c o n . nouty.
Via m a y . f. bail; p a n . ba i.
l)ies p a n o veté; c u l . nutii; c o n . nete.
444 CONGRÈS DES AMERICANISTES.

Domus — niax. nchubo; may. cl. nbu ; may. f. schubo; con.


xii/hi: |iac. no/m.
c o n . tapi; pano tapinu.
Fumus - may d o m . chiaqui; c a r i p . cohiti; c u l . kuhi
Fulgur — inax. yhanantes; car. cananna.
Fluvius m a y . d . parou; m a } ' , f. pan/para.
p a n o nuea; c u l . uaka.
Humus max. mu/tu; cul. mai.
Ignis max. tey; may. dom. ni; maj. t. cii; car. tchii; panu
schi; c o n . chi.
Lapis m a x . nesky; c u l . ntispi; c o n . maca.
Luna max. ugnchy; may. fera hou-ji; carip. ursc/iè; pann
usdr; c u l . oschy; c o n . uschè; p a c a v . usi.
M o n s — m a x . makusch; m a y . f. makuchi; c u l . matsy.
Pluvia may. d. ouï-; may. f. houai-oi; con. uni.
Rivus may. f. huaca; pano mica.
S o l — m a x . [Kiry; m a y . d. bail; m a y . f. ha ri; c a r . baari; pauo
vari ; c u l . rari; c o n . rari; pac /mari.
Stella m a x . uispa: m a y . d. inpa.
p a n o <iuisti: c u l . wizi; c o n . uirti.
Sabulum m a y . d. massi ; m a y . f. /nazi: pano muchi;
con. mari.
Sagitta — inay. d. tawa; may. f. taliua.
S i d u s — m a y . f. huispa, m a y . itisttii.
Terra — may. d. ma/ma ; da. may. f. mapu; carip. mai; pauo
Hiawi; c u l . mai.
Tonitru m a x . apukuré; m a } ' , d. abuu; m a y . f. habuu.

Il" 1 trhfs.

B i b o — m a y . nche-am ; p a n o sceay; p a c a v . seani.


Dormio max. uxc/iè ; carip. uur.se/ia Lia; pano ounray.
M i n g o — m a x . ysume; c u l . ytsuny.
O i e s — m a x . sciure; c u l . achat y.

S t e r n u o — m a x . aritincliune; p a n o atisclii; c u l . atesclimiky.

7' Atljn'Ji/'s.
Niger — max. tsohiischu ; m a y . d. hiiyai; c a r i p . tschekô;
pano rhernfi.
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 445

P t t i i c u s — m a x , fiuzii; c u l . huta-jnilschema.
Ruber m a x . xchyn; m a y . f. rhimii; c a r i p . >hini.

H" Noms île nombre.

U n u s — c o n . atchoupê: m a x . pajii; m a y . f. patxi.


Duo - c o n . rrabui; m a x . taboe; m a y . f. dubui; c a r i p . erunt-
bttè; c u l . ruba.
Très — max. mukenauté; may. fera makadilautentai.
Quatuor Dérive en maxuruna, en mayorua fera et en
caripuna du nombre: deux.

III.

E x a m e n de c e t a b l e a u .

Cet examen a deux objectifs : 1° l'observation de la trans-


mutation des sons entre eux, ce qui établit une sorte de phoné-
tique comparée de ces langues; 2° celle de la régularité de
cette transmutation d'une langue à l'autre, ce qui faire décou-
vrir au moins les amorces d'une véritable /(mtrrrsr/iiebimy.

1Observation de la permutation îles sous.

1° Le k se change souvent en p , et réciproquement,


exemple: lapis, m a x u r . mesky, cul. mispy.
2' le k se change aussi en ts, et trh ; exemples: nions,
max. niukusch, c u l . matsy.
3° l'.s- e n /•: stella, p a n o uisti; c o n i b o uirti; sabuluiii m a y .
mussi, c o n i b o mari.
4 l's a u s s i e n z e t ch: sabulmn m a y o r . d . mussi, m a y . i. mazi,
pano mac.hi.
5" le sch se change en h ou disparaît au commencement des
m o t s : domus m a x . schubo; m a y . uhu; niyer, m a x . tschiischii, may.
kiiizai; p e c t u s schitou; may. itou.
6" le t et le d en r; serpent) m a y . dounon; pano rouno;
poptes m a x . tantiiscJia c u l . ratulca.
7" le p, le b, le v et l'm p e r m u t e n t : arbor. cul. huibi, pacav.
iW, m a y . d . imi; fins. m a x . pimy, p a n o hinif, m a y . d . n-u.
8" l e p d e v i e n t sch ; caput c a r i p . mapo; max. maseho.
9" tsch d e v i e n t s; dens m a x . tchitta; carip. seta.
446 CONGRÈS DES AMÉRICAN1STKS.

10" l e t d e v i e n t d; iiasus m a x . tuschan] m a y . dehan.


11° le h s'adoucit en gh ; fémur conibo ghiisii; carip. kùchi.
12° l'A, l e y e t l'u permutent: herba c a r . yuassi; may. t
huinsin ; p a n o uuasi.
13° de même l'y et l'A; lignum max, yuy; carip. juy, coL
hilyby.
14" le c se change en t; arcus carip. kannati; may. d. i
gatay.
15" le y, de même que le seA, tombe souvent en initial*:
os, oris, c o n . quebi; m a y . f. ibi.

16° IV s'intercale auprès de 1'* . dormio, max. itschè] carip.


uurscha.
17° des syllabes médianes disparaissent; le max. arùischmt,
sternuo, devient en pano atichay.

2"" Traces de lautverschiebung.

Ces traces sont surtout remarquables dans la permutatin


entre les labiales, tenue, sonore et fricative.
Le n maxuruna devient b en mayoruna et en conibo, » I
caripuna, en culino et en pano.
max. pu, capillus; may. hou, boou; conibo bu; caripuna n m ;
culino wo; pano wou; pacavara vo.
D e m ê m e m a x . pumunan, f r o u s ; m a y . bamana; c u l . tourna
m a x . para, o c u l u s ; m a y . bedo, c u l . umrru.
max. pari, sol; may. bari-, carip. bixri; pano, culino et i
nibo: vari.
m a x . apo/curé, t o n i t r u ; m a y . abou.
m a x . purukupeze, superciliuin; may. barocoupetai.
Le t maxuruna devient d en mayoruna, et r en Culino, '
Caripuna et en pano
m a x . taboe, d u o ; m a y . dabui; c u l . rubà, c a r i p . erambui
m a x . tuschan, n a s u s ; m a y . dehan
m a x . tantuschu, p o p l e s ; c u l . ratuka
m a x . . . . may. dounon, serpens; pano rouvo.
Le k maxur. devient en culino : ts, tch, jj, et en Conibo f L
ainsi qu'il est facile de le voir en consultant le tableau
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 447

le sch maxur. se change en h ou disparait dans les autres


langues
le tsch max. devient « ou disparait ailleurs.
L e c max. disparait dans les autres langues ou se change
<.
Nous ne pousserons pas plus loin ces recherches; nous
Arrivons déjà à un résultat qui dans l'état des faits connus
n'est que provisoire, mais qu'on peut formuler ainsi:
L a lautverschiebung est une loi générale des langues; au
sortir de la langue proethnique ou si la langue proethnique
n'existe pas, dans le fourmillement des dialectes et des parlers
individuels, les langues apparentées s'orientent chacune dans
le même ordre de phonèmes vers l'un de ceux qui le com-
posent, la ténue, le sonore, la fricative ou la vibrante, en ren-
forcent ou réduisent le son, en un mot se polarisent; cette
polarisation phonétique crée la lautverschiebung.
Dans la famille Pano cette loi aussi domine et peut se
Tourner dans le tableau suivant:
maxuruna mayoruna, culino, pano
conibo pacavara
labiales V b (v) « (A)
dentales t d r
gutturales h gh ts, tch
sifflantes sch h h
tsch s s

La lautverschiebung est régulière en passant du inaxurum


au 2° groupe, elle devient moins exacte en passant du deuxième
au troisième. En outre, nous pensons qu'il existe dans ces
langues plutôt des amorces de ce système que le système com-
plet; on sait, du reste, qu'il n'est point absolu dans les langues
Oaraliennes, ni même dans les langues. Indo-Européennes.
Nous ne voudrions pas généraliser dans une étude toute
spéciale; cependant nous ne pouvons pas ne pas faire remar-
quer la généralité du phénomène de la lautverschiebung, ou loi
V 4» substitution, qui n'a été attentivement observé que dans les
langues indo-européennes. Cette loi forme une véritable pola-
448 CONGRÈS DES AMÉRICAN1STKS.

filiation, tantôt complètement décidée, tantôt en simple voie de


formation.
Dans le groupe indo-européen, la lautverschiebung se fait
entre la sonore, la ténue et la fricative de chaque ordre, par
exemple, en ce qui concerne les dentales, entre d, t, et
(,th, dh, S).
Mais la lautverschiebung s'accomplit ailleurs sur un antl*
terrain, par exemple dans le groupe bantou, entre la ténue
nasalisée, l'aspirée et la nasale, par exemple, en ce qui concerna
les dentales, entre ut, th et n.
Enfin dans la groupe Pano, comme dans d'autres groupe^
comme dans la groupe Bantou lui-même qui établit une seconda
substitution, entre la ténue, la fricative et la spirante, en <•
qui concerne les gutturales et les labiales, termes réduits an I
et à IV en ce qui concerne les dentales, le Pano établit lai
trois termes suivants de lautverschiebung : ténue, sonore, aspirit,
mais met à cette dernière place IV parmi les dentales, le i
parmi les gutturales. L'intime rapport entre le t (d), l'« (il
IV {l) est d'ailleurs attesté par un grand nombre de langBMt
et par les principes de la phonétique physiologique.
Nous ne voudrions pas exagérer pourtant la force de I
lautverschiebung signalée ici. Ce n'est qu'une substitution à
seul terme dans chaque ordre, et il ne s'opère point ce qui i
lieu dans les langues indo-germaniques où chaque langue w
sède les différents degrés du même phonème, une gradalMÉ
successive de tous les termes, ce qui lui a valu son nom.

IV.
Notice sur la grammaire de la langue Pano.

Il n'existe point de cas. Awi signifie à la fois, It, du,


e t avivou — les, des, aux.
Pronoms personnels — evi, j e ; mevi, tu; avi, il; no
nous; mivombi, vous; avombi, eux.
Pronoms possessifs — noconna, mon; novombina,
niitombina, mitona, leur.
Pronoms relatifs — avombi, lequel; avombùia, leeqs
anue, q u e ; tsona, qui.
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 449

Veilies.
Indicatif présent,: 1° evinui, j'aime; '2° i,ieein<>ui, tu aimes;
S® avinuui, il aime; pl. 1° novoiiibi-nout, nous aimons; 2° nirnmbi-
MM», vous aimez; 3° uvniubi-miui, ils aiment-.
Imparfait — se forme en ajoutant mouti a l'iniinitil: umuu-
•wxnoui = j'aimais.
Futur - se forme en ajoutant atia: atia-evinoui = j'aimerai.
Impératif — très iiTégulier: noui oué= aime; nato-novi-
iwue — qu'il aime; ativi-nuui-sou — aimons; mitombi-noui-no = aimez ;
mi-fwui-no-so = qu'ils aiment.
Verbe : avoir — aouna.
Présent 1 "evié; 2 ° mevirouê: 3 ° uviu; plur. 1° novombi-aounu,
mivumbi-aouna„ 3° avombi-aouna.
Imparfait— 1° abi-aqui] 2 ° mevi-aqui; 3 ° avi-aqui; 1° novombi
utta-ayui, 2 ° inivoiubi-aouna-aqui, 3° avombi-aouna-aqui.
Tout renseignement grammatical manque sur les langues
OOngénères.
Mais les preuves lexiologiques que nous venons de fournir
"us semblent bien suffisantes pour établir leur parenté avec
Pano, et. justifier le groupement que nous proposons.

Mu. BAXTEK said that. the paper from Mr. Bandelier had
not yet arrived, and he would therefore content himself with
a few woi'ds about his work. Mr. Bandelier is the Spanish-
American Historian of the Hemenway Southwestern Arc.haeolo-
gical Expédition and liaving the privilege of free access to
the archives in Mexico and in Santa Fé, has discovered a large
nmber of very important documents relating to the condition
the Pueblo and other primitive populations of the South-
stern régions of the United States at the time of the Con-
qnest and the early years of the Spanish occupation. His work,
tnd the ethnological researches of Mr. Cushing, follow parallel
lines, mutually supplementary, and coordinated. l t is a grati-
fying testimonial to the exactness of the methods of each, that.
rherever the researches of the one have met upon commun
ûund the results have, without exception, been mutually con-
Annatory. For instance, Mr. Cushing ascertained the names
•J9
OONOHÈS DES AMÉHICANISTES.

Gegenstande von grober Form gefunden, bei denen es


kaum merkbar ist, dass die menschliche Hand dieselben
arbeitet hat. A u f den grôssten Hiigeln waren die Steinb
so zahlreich, dass damit wohl Holz verarbeitet wurde. In
vorderen Sambaquis haben die SteinH.xte eine entwickeltl
Form. Die Sambaquis der zweiten Zone sind in ihren Ho
flachen bereits denen ahnlich, welche aus der dritten und )et
Periode stammen. W i r finden aber derartig gearbeitete !
dass man Papier damit durchschneiden kann. Schleifrie
von 6 Fuss mit senkrechten Einschnitten und kleinen
miissten unbedingt in Gips abgegossen werden. Ich habe
selben photograpliiren lassen. Das Material werde ich den
theiligten Fachmânnern unterbreiten, um dasselbe weiter
verarbeiten. Ich hoffe, zur Kenntniss der Sambaquis eu
Beitrag geliefert zu haben, da die vorgefundenen Sachen
vorgeschrittenere Kultur andeuten, als man bisher anzuneha
kônnen glaubte.

M. STEINTHAL fait la communication suivante: Dtu


hfiltnisu, dus zwischev dent Ketschuxi und Aimard betteht,
unter den gegenwartig obwaltenden VerhiUtnissen mit 8io
heit weder behauptet noch geleugnet werden, am allerwen
ausfiihrlicher dargestellt werden. Tschudi hat in seinem
Werke iiber die Ketschua-Sprache (1853) I. S. 18 f. geu
dass beide Sprachen „einen gemeinsamen Stamm" haben.'
Miiller in seinem verdienstvollen Werke, Grundriss der 8p
wissenschaft (II 1) behandelt sie zusamnien, ohne sich
iiber das Verhaltniss der beiden zu einander auszuspr
Aus dem Umstande, dass er, so weit es geht, die Fo
beider neben einander stellt, lâsst sich hôchstens sot
dass er geneigt ist, ihreStamm-Verwandtschaft anzunehmen;i
darf aber alsdann gegentheilige Bemerkungen, welche er I
nicht unbeachtet lassen, wie die folgende (S. 374): ,,G»ni '
schieden von dem klaren durchsichtigen Bau des Yerbnnit j
Ketschua ist die Anlage desselben Eedetheils im Ain
Millier kann also nicht gemeint haben, dass das Aimait I
Dialekt des Ketschua sei. Endlich hat Tschudi, dieser
SIXIÈME SÉANCE ORDIN A1KE. 463

te Kenner des Peruanischen, in seinem letzten Werke:


ganismus der Ketschua-Sprache" 1884, S. 76 ft. beide als
on einander unabhângig" erklart und ineint, dass die Ueber-
timmungen auf gegenseitiger Entlehnung beruhen, besonders
be das Aimarâ vom Ketschua entlehnt, etwa 20 Procent seines
ortschatzes. Hierin sehe ich keinen Widerspruch gegen die
liiere Ansioht Tsehudis. Denn zwei Sprachen kônnen recht
hl grôssere als bloss dialektische Yerschiedenheit haben, wie
in der Einleitung des letzten Werkes behauptet, und dennoch
gemeinsamem Stamm entsprungen sein, indem sie sich
ich zuerst jede unabhângig von der andern und in ganz
ohiedener Weise fortentwickelt haben, dann aber durch
tlehnungen in „innigem Contact" die gegenseitigen A b -
ichungen wieder vielfach aufgewogen haben. Dies diirfte
hl Tsehudis Meinung sein, da er in seinein Werke durcli-
ends auf das Aimarâ hinblickt und gelegentlich geradezu
„engere Verhaltniss beider Sprachen" (S. 282) hervorhebt.
merhin scheint Tschudi so wenig wie Miiller zu einer ent-
'edenen und klaren Ansicht ûber das Verhaltniss beider
chen zu einander gekommen zu sein; nur eine blosse
ektiache Verschiedenheit lilugnet er, wie er andererseits die
erdings weitgehende Uebereinstimmung grosstentheils fur
irkung der Entlehnung hait.
Es sei mir gestattet, diese Sachlage durch einige Falle
erlèiutern.
Es braucht heute nicht mehr gesagt zu werden. dass das
Ôrterbuch erst dann den Werth eines vollen Beweises haben
, wenn die grammatische Analyse vollzogen und nament-
die Lautgesetze erforscht sind. Immerhin lasst sich bei
erer Erfahrung auf gesicherten Gebieten manches durch die
" o Betrachtung einzelner "Wôrter mit einem gewissen Grade
Wahrscheinlichkeit erschliessen.
In dem kurzen Vater Unser in dem Aimara fand Tschudi
, lexikalische Uebereinstimmungen. Da das Ketschua fur
ehmer gilt, so ware es erklàrlich, dass gerade in religiôsen
en die Lehnwôrter aus dem Ketschua beliebt waren und
Nun ist „ Vater ll, im Aimara durch anki wiedergegeben. Dies
l'ONGuKS 1JES AMERICAN 18TE8.

W o r t aber ist im Ainiara das ùbliche W o r t fiir den wirklichett 1


Vater. Im Ketschua besteht dasselbe un Ici in der Bedeotnng
„Herr, Vorsteher, Richter" und ist der Titel der Sôhne d«r
Incas bis zu ihrer Verheirathung. Es ist demnach kaum
zunebmen, dass hier das Aimara entlehnt habe; aber auch TOB
den Tncas ist es niclit wahrscheinlich, dass sie ihre Sôhne mit i
dem Worte eines unterjochtenVolkes benennen.—Unter 16W6P-
tern, welche Theile des Kôrpers benennen, scheinen nur zw«i
ïïbereinzustimmen, namlich die Namen fiir Auge und .Halt.,
I.)as ist freilich wenig ; aber wie wâre es erklârlich, dass gerada
fur diese beiden Theile der Name entlehnt wurde, und nur
fiir sie?
Auf die Prononrina einzugehen, ist misslich; dieser Rade» ;
theil bietet bekanntlich iiberall besôndere SchwierigkeitCTL sj
Bald haben Anomalien, bald Zufall eine Gleichheit her
gebracht, die keine Verwandtschaft beweist, bald hat die Ent-
wicklung die urspriingliche Gleichlieit verdunkelt.
Die Zahlwôrter gehôren zu den Wôrtern, welche
leichtesten entlehnt werden; und da die Incas bei Volksrtb» ;
lungen, wie bei Steuererhebungen diese Wôrter in Anwendung ®
zu bringen hatten, so scheint es hier besonders naheliegend, i
anzunehmen, dass das Aimara vom Ketschua entlehnt habd
Nun zeigt sicli hier folgendes merkwiirdige Verhâltniss. Nnr
die Worter fur H, 5, 6 und 10 stimmen oft'enbar uberein. W M |
nun diese entlehnt, warum nur sie und nicht auch die andem Jj
Einer? Und wenn fur 4 der siidliche und der nôrdliche
lekt des Ketschua unter sich ebenso sehr abweichen, wie
Aimara: woher kommt das? — Ausserdem stossen wir nock >
auf folgende auffallende Punkte. Aile Einer sind im Ketaohl
durch einfache Wôrter bezeichnet; dagegen sind im
die Zahlen 7, 8 und 9 zusammengesetzt : 2 + 5, 3 + 6, 4 + 1
„Neun" wird auch durch „weniger zehn" bezeichnet. Abar il
diesen drei Zahlwôrtern wird 5 nicht durch dasjenige Wort
ausgedrilckt, welches eben die Zahl B bezeichnet, sondera duicfc 1
ein Wort, das sonst nicht im Gebrauch ist.
Endlich : wenn es schon zu erwarten steht, dass im
wie 7, 8, 9, so auch 6 zusammengesetzt sei aus 1 + 6, »o wird
SIXIÈME SÉANCE ORDINAIRE.

g dièse Erwartung allerdings bestiitigt, nur auffallenderweise so,


dieses Zahlwort, welches dem Aimara und Ketschua ge-
meinsam ist, in dem vorderen 1 deutlich das Ketschuawort
1 zeigt, nàmlich 6 sokta, auch sukta, 1 suk, Aimara:
I ûokta. Also h&tte das Antschua sonst weiter keine Zusammen-
«ung als in 6, wobei unklar bleibt, was die zweite Syllie tu
[bedeutet.
Die Ordnungszahlen werden in beiden Sprachen ans den
fcGrundzahlen ganz regelmassig, aber in jeder verschieden
gebildet. Hervorzuheben ist hier „der erste", das in jeder
der beiden Sprachen nicht von der Cardinalzahl abgeleitet
es heisst im Aimara nuira, welches W o r t eigentlich
luge", dann „vorn",1 „vor",
1!" „der vordere" bedeutet. Im
schua heisst „der erste1' „der vorderste" Haupa, von
das Auge".
Auch einige Postpositionen, welche unseren Prâpositionen
atsprechen, zeigen Identitât: kama „bis", „bis zu", „bis an";
tHev, Aimara laiku „wegen". Das Suffix -pi, -ntpi bedeutet im
aara „mit", instr. und comitativ, im Ketschua bildet es den
nessiv oder Localis. Aimara: mahka contra, erga, Ketschua:
das Suffix -ta bedeutet im Aimara schnell thun oder
erden, im Ketschua nur beilttufig thun, -tamu etwas thun und
schnell weggehen; -ra Aimara und Ketschua „Dauer";
Efatia Ketschua „Dauer", Aimara „zu lange", besonders zu un-
liter Zeit thun, da eben Wichtigeres vorliegt.
Ich denke, dies beweist entschieden, dass Aimara und
»• Ketschua zwei stammverwandte Sprachen sind, welche ausser-
| dein noch viele Entlehnungen zeigen; daher gehen sie bald
eit auseinander, bald zeigen sie voile Uebereinstimmung, bald
lîne Differenz, welche sich auf ursprilngliche Identitât zuriick-
ren lasst.

M. GAFFAHEL présente la reproduction photographique d'une


ancienne carte de l'Amérique. Cette carte fait partie d'un
appartenant à M. le comte de Malartic de Dijon. Elle a
très vraisemblablement composée dans la première moitié
X V I e siècle, car la découverte de Magellan au sud du con-
:io

Vous aimerez peut-être aussi