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Bulletins et Mémoires de la

Société d'anthropologie de Paris

Note sur quelques mots français empruntés à la langue Tupi du


Brésil, au Galibi de la Guyanne, et à l'Aruac des Antilles
Constant Tastevin

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Tastevin Constant. Note sur quelques mots français empruntés à la langue Tupi du Brésil, au Galibi de la Guyanne, et à
l'Aruac des Antilles. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série. Tome 10, 1919. pp. 133-144;

doi : https://doi.org/10.3406/bmsap.1919.8874

https://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1919_num_10_1_8874

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TASTEVIN — QUELQUES MOTS FRANÇAIS EMPRUNTÉS A LA LANGUE TUPI 133
larsceur y^. 100
16 mm. A cause de ses grandes différences l'indice : —
longueur
est variable 3,81 mm.
Il est inutile de donner une moyenne qui ne saurait être typique:
D'après l'étude des Singes, j'ai pu constater que le muscle qui est
premièrement épais, devient plus mince et s'allonge comme on peut voir
dans le tableau suivant :
Platyrrhiniens 42-37
Catarrhiniens 30-20
Gibbons 13
Chimpanzés . 12-7
On voit donc que le plus haut indice qui indique la forme épaisse du
muscle est plus primitif. On remarque que chez l'Homme il existe moins
souvent que les autres types.

NOTE SUR QUELQUES MOTS FRANÇAIS EMPRUNTÉS A LA LANGUE TUPI DU


BRÉSIL, AU GALIBI DE LA GUYANNE, ET A L'ARUAC DES ANTILLES,

PAK G. TASTEVIN.

Séance du 6 novembre 1919.

La découverte de l'Amérique, en même temps qu'elle nous a enrichis


de connaissances nouvelles, nous a obligés à introduire dans notre langue
les mots dont se servaient, pour les désigner, les peuples américains avec
lesquels nous nous sommes trouvés d'abord en contact.
Les premières expéditions organisées par la France en ces pays
lointains nous ont fait connaître, avant tous les autres, les Indiens Tupis qui
peuplaient la côte américaine de l'Atlantique depuis l'embouchure de La
Plata jusqu'à celle de l'Orénoque. Les marins Dieppois de l'armateur
Angot leur achetaient le bois rouge, couleur de braise ou bois brésil et la
narcotique feuille du pétun, appelée à un si merveilleux avenir. Puis, ce
furent les Protestants de l'amiral de Coligny. qui, sous les ordres de La
Villegaignon, allèrent chercher, dans la baie de Rio-de- Janeiro, un pays
où ils pourraient pratiquer en paix leur nouveau culte ; mais ils y
trouvèrent les Portugais, bien plus intransigeants que les Français et s'en,
revinrent dans la mère-patrie. Jean de Léry, l'historien de cette aventure,
dont les récits eurent un grand succès de nouveauté, fut l'introducteur
dans notre Jangue de plusieurs noms d'animaux et de plantes de cette
région. Vint ensuite la tentative de Marie de Médicis : elle voulait établir,
dans l'île de Maragnon, les bases de la future France équinoxiale qui
aurait englobé tout le bassin du fleuve des Amazones ; mais la encore, le
Portugal nous barra le chemin, et, avec l'aide des Indiens Potiwaras et
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Tupinambas,. nous rejeta à la mer. Le P. Yves d'Evreux, missionnaire
capucin, nous a laissé le récit de son séjour de deux années au milieu des
Topinamboux et a contribué, autant que Jean de Léry, à vulgariser les
noms tupis d'animaux et de plantes de l'Amérique équatoriale.
Enfin, nous voici réduits à nous contenter de Cayenne et des quelques
îles des Antilles, où les flibustiers normands ont fait le métier de pirates
pendant le xvir9 siècle et assis la domination de la France sur cette région
pour tout le siècle suivant. Là, notre langue se trouve en contact avec les
dialectes caraïbes des petites îles et de la Guyanne, et avec les dialectes
aruacs des grandes Antilles. ,
La présente étude a pour but de grouper les mots vulgaires ou savants
que la langue française a empruntés aux idiomes de cette vaste contrée
de l'Amérique équatoriale où nous avons eu des colonies passagères ou
durables. On verra que, en changeant de langue, les mots ont parfois
subi une déformation ou même une amputation plus ou moins prononcée :
c'est surtout le cas des mots introduits par des savants qui, ne les
connaissant que par l'écriture, ont, par exemple, remplacé un c avec cédille
par un c dur. Aussi ai-je pensé que les curieux aimeraient à connaître la
forme originelle de ces mots, et que le plaisir de les voir grouper
s'augmenterait encore de l'intérêt qu'on peut trouver à les connaître sous la
vraie forme que leur ont donnée les Tupis du Brésil, les Galibis de notre
Guyanne, et les Aruacs ou Taïnos des Antilles.

noms d'animaux.

1. Agami. — Oiseau trompette (Psophia crepitans). Agami est la forme


galibi du mot tupy « yakami » dans lequel y représente l'article détermi-
natif, incorporé au substantif.
2. Agouti et acouchy.. — Lapin d'Amérique (Dasyprocta aguti). Agouti est
la forme galibi du mot tupy « akuti » dont le t mouillé est intermédiaire
entre le t dur et le ch. L'a initial ne fait pas partie du radical et correspond
à l'article déterminatif. Les Portugais. ne l'ont pas adopté et disent
« cutia ».
3. Aï. — Mouton paresseux (Bradypus tridactylusV En tupy : « ah9 »,
qu'on prononce sur deux tons de voix différents, la première voyelle en
baissant la voix, la deuxième en élevant le ton.
4. Alligator. — Crocodile d'Amérique (Grocodilus sclerops). On a voulu
faire dériver ce mot de « lagarto » lézard, en portugais et en espagnol,
mais outre que ces peuples, ayant déjà le mot « crocodilo » dans leur
langue, n'auraient pas songé à confondre l'alligator avec un lézard,
l'inversion de IV et le passage de l'accentuation de la pénultième à la
dernière syllabe demeureraient entièrement inexplicables. Je crois donc
devoir rattacher ce nom d'alligator au mot tupy correspondant « yakarè »
précédé de l'article ibérique et arabe « al ou el ». Le changement de l'y en
q s'explique aussi bien que celui du g en % ou y qui s'est si souvent pro-
"
TASTRVIN QUELQUES MOTS ÏRANÇMS KMPRUNTÉS A LK LANGUE TUPI 135
duit du latin en français, ex : ligare, lier ; quant au changement du k en
t, il est très normal en tupy, où ces deux lettres s'emploient l'une pour
l'autre, suivant les dialectes, et parfois même dans la même région.
5. Alouate. — Singe hurleur (Mycetes ursinus). La forme galibi d'après
Martius serait « alalouata » ; les Omawas de l'Amazone disent « araua-
ta » ; et la forme tupy est « wariwa » ou le « w » représente l'article
déterminatif, et où la dernière syllabe non accentuée a disparu, ce qui-est
normal dans cette langue. Sous les formes variées de aruak, arawaka,
tarawaka, tarapaka, ce mot est célèbre dans l'ethnologie et la géographie
de l'Amérique du Sud.
6. Améïva. — Lézard bleu ou vert (Agamae species). En tupy : « ameiwa ».
7. Ara. — (Psittacus macrocercus, prœsertim Macao). En tupy : « arâ-
ra ». En composition, la dernière syllabe n'étant pas accentuée devient
caduque, ex. : « araûna » ara à plumes jaunes et bleues, « una » signifiant
« de couleur sombre ».
8. Aracari. — Petittoucan (Pteroglossus aracari). En tupy : « arasari ».
Le transcripteur aura évidemment oublié de relever 1a cédille qui se
trouvait originairement sous le c, pour figurer la sifflante. Nous retrouverons
ailleurs la même faute. J'ai eu ainsi entre les mains un dictionnaire
manuscrit de la langue tupy, qui a failli être imprimé, et où presque tous
les s ou ç étaient remplacés par des c durs, et les w par des n, et vice
versa.
9. Boa. — Gros serpent de 9 à 10 m. de long : Boa constrictor. En tupy :
« boya »et « mboya », « serpent » en général. Le boa constrictor s'appelle
en tupy r <c sukuriyu », c'est-à-dire « su » ou « suu », animal, « ku-
riyu » ou « kariyu », dévorant, épithètebien appliquée, et que plusieurs
tribus indiennes se sont aussi fait attribuer. On l'appelle encore»: « boyu-
su », le grand serpent, mais ce dernier appel latif désigne surtout un serpent
chimérique, de dimensions extravagantes, large et long comme un petit
navire et qui aurait la faculté de fasciner et d'attirer dans sa gueule, sans
bouger, tous les êtres vivants dans un rayon de plusieurs centaines de
mètres. Dans la croyance des indigènes, cet animal serait la mère « mafia »
et le protecteur de tous les serpents. Quand il s'avance à travers la forêt,
son corps ne pouvant passer entre les arbres, il écrase et couche sous lui
toutes' les plantes qui se dressent sur son passage.
9 bis. Cabassou. — Espèce du genre tatou (Dasypus unicinctus). En
galibi : capacou. Ici, par exception, on a changé le c dur en sifflante.
10. Cabiai. — (Hydrochserus capyvara). En galibi : « kabiai » et
« cabiouara » ; en tupy « kapiwara», c'est-à-dire habitant « wara» des
hautes herbes des bords de l'eau « kapi », dont il fait sa nourriture.-
11. Caïman., — (Crocodilus sclerops). Mot emprunté au taïno ou aruac
d'Haïti, et de l'ouest de Cuba et de la Jamaïque. En plusieurs dialectes
arouacs, iman signifie grand. Le mot, caïman pourrait donc bien être un
composé de cet adjectif et du mot « iguana », iguane. Keheiman désigne
en Omawa le boa constrictor. Les Galibis disent aussi : « Cayman », cra^
codile.
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12. Caouanne. — Tortue de mer. En galibi : « caouanne-». Le mot tupy
analogue est « karumbe » qui désigne, sur l'Amazone, le mâle de la grosse-
tortue d'eau. C'est peut-être de là que vienl le mot caret « Testudo imbri-
cata ».
13. Caracara. — (Avis Milvago ochrocephalus). En tupy : « karaka-
rahi »..
14. Caria. — Termite des Antilles. En tupy : « tasiwa », fourmi. Le mot
français a du être emprunté à une forme dialectale où le t était remplacé
par un c et IV par un s ce qui n'a rien d'anormal en tupy.
15. Cariacou. — Cerf à cornes droites (Gervus simplicicornis). En tupy/
et particulièrement en dialecte oyampi de la Guyanne française : « Karia-
ku ».
16. Cariama. — Echassier pressirostre (Macrodactylus cristatus). En tupy
« seriema ». Nous retrouvons ici la- substitution du c dur au c doux, déjà
signalée.
17. Caviens. — Tribu de Mammifères rongeurs, comprenant le « cabiai »,
« l'agouti », le « paca », le « cobaye ». C'est un dérivé du mot. cabiai
(v. n° 10), à moins qu'il ne vienne du mot tupy « sawia », rat, par
changement de l's ou ç en c dur.
17 bis. Cayou. — Singe noir (Ateles ater). En tupy : « cusiu », singe
de nuit. Cayou est peut être une forme dialectale du Maragnon, introduite
par le P. Claude d'Abbeville.
18. Coati. — Nasua socialiset solitaria. En tupy : « kuati » ; en galibi :
« quachy ».
19. Cobaye. — Cochon d'Inde (Cavia aperea). « Aperea » ou « perea »
est le mot tupy. La forme « cobaye » provient probablement de « sawia»,
rat (v. n° 17).
20. Coendou. — Porc-épic d'Amérique (Synetheres prehensilis). En
tupy : « kuandu ».
tl. Cotinga — Passereaux dentirostres (Ampelis). En tupy : « kotinga ».
22. Couguar. — Puma ou lion d'Amérique (Felis concolor). En tupy « susu
arâna », c'est-à-dire semblable au cerf (par le pelage). Le cerf s'appelle
« susu » ou « suasu », c'est-à-dire le grand animal [« suu », animal,
« asu », grand]. La substitution de c durs aux c doux a produit la forme
monstrueuse « cucuarâna », dont Buffon a fait le mot couguar.
23. Guan. — Petit gallinacè (Penelope cristata). En,tupy : « arakuâ ».
« Ara » pour « wira » signifiant « oiseau », c'est avec raison qu'on l'a
laissé de côté, dans le mot français.
24. Guazouti. — Cerf à pelage blanchâtre (Cervus campestris). En tupy :
« suasu tinga », « cerf blanc ». Les Guaranis désignaient le cerf par le
qualificatif de « guasu », « guazu », ou « wasu », grand, négligeant
l'emploi du substantif suu, animal, encore employé- dans le tupy du
Nord.
25. Guira-cantara. — (Cuculus guira ou Crotophaga piririgua). En
tupy : « wira akangatara », c'est-à-dire « oiseau huppé ». L' «
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gatara » est la couronne de plumes dont s'ornent les Indiens les jours de
fête.
26. Habia. — Tangara à gros bec. En tupy : « sabia», rossignol du
Brésil.
27. Hocco. — Faisan des Amazones (Craxalector). En galibi : « hocco ».
En tupy,: « mutû ». En omawa : « oco », et « oco imâ » (grand hocco).
28. Hijau. — Engoulevent. (Caprimulgus nyctibius grandis) : En tupy :
« heweyau », onomatopée qui reproduit assez exactement le cri de cet
oiseau.
29. Iguane — (Agama picta catenata.) En aruac des Antilles:
«guana», «iguana», et «yuana». Les Omawas disent aussi «yuana». L'i
représente l'article déterminatif. En tupy : « sinimbu » ou « sénomg »
suivant les dialectes.
30. Jabiru. — (Ciconia mycteria). En tupy : « yaburû », « échassier cul-
trirostre » de la tribu des cigognes.
31. Jacana. — Petit échassier des marais (Parra jacana). , En tupy:
« yasana» : on a changé le c doux en c dur.
32. Jaguar. — Tigre d'Amérique (Felis onça). En tupy : « yawarete»,
c'est-à-dire le vrai et grand (« été ») chien (a yawara»),
33. Jaguarondi. — Chat sauvage de couleur noir brun (Felis jagua-
rondi). En tupy : « yawarundi », c'est-à dire « yawara, « chien », « una »,
« de couleur sombre ».
34. Jakie. — Grenouille guyannaise moins grosse que son têtard (Rana
paradoxa). En tupy : «yuhi », « grenouille ».
38rKamichi. — Echassier macrodactyle de la grosseur d'une oie (Pala-
medea cornuta). En galibi : « camichi» ; en tupy : «kawitahu» ou « ka-
mitau ».
39. Lamantin. — Cétacé herbivore (Manatus). En aruac des îles : «
mat ati ».
40. Macaque. — Singe. En tupy: « makaka», nom spécifique du «singe
blanchâtre ». Ce nom est bien d'origine tupy : on le retrouve dans la
désignation d'un grand nombre d'arbres delà région amazonienne; tels
que: «makaka hawa », arbre du macaque; « makaka kehana», piment de
macaque ; « makaka akan hawa», tête de macaque (nom d'une théobro-
mée) ; « makakahi ruaya», queue du petit macaque (nom d'un arbuste) ;
« makaka ko wawa», peigne de macaque (nom delà fleur d'une liane)
etc., etc.. Il désigne actuellement le Cebus xanthocephalus Spix.
41. Mara. — Lièvre des pampas (Gavia dolichotis patagonica). En
tupy : mbarâ ou marâ.
42. Margay. — Chattigre d'Amérique (Felis pardalis). En tupy: «mara-
kaya ».
43. Margajat. — Nom d'une tribu indienne du Maragnon, qui avait
pour totem le margay.
44. Maringouin. — Moustique. (Gulex). Entupy : «maruhi», petitemou-
che. Le maruhi n'est pas le cousin, mais une petite mouche à peine visible,
qui se met par centaines dans la barbe et les cheveux causant une dou-

L,.
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leur insupportable. Humboldt prétend qu'on peut en compter jusqu'à un
million par pied cube.
45. Nandou. — Autruche d'Amérique (Rhea americana). En tupy :
« nandû ».
46. Ouistiti. — Petit singe velu à tête ronde, à queue non prenante (Ha-
pale penicilata). En tupy: « sawi titi » ou « sawi sisika», ou « sawi miri >v
c'est-à-dire petit singe.
47. Paca. — (Gœlogenys paca). En tupy : «paka », en galibi : « pag ».
48. Parraqua. — Le même que guan (v. n° 23). En tupy : « arakuan ».
Le p a été ajouté évidemment par erreur.
49. Pécari. — Petit sanglier d'Amérique (Dicotyles torquatus). En
galibi : « pakira », en tupy : « caititû » ou « taititû ». « Titû » équivaut,
ici à « titi», « petit » (v. ouistiti), comme le prouve le nom du grand
sanglier : «taiasu » ou grand « tai ». Si au mot « tai » ou «cai» qui désigne
donc le « sanglier », nous ajoutons le préfixe « ape » qui équivaut à un
article déterminatif, nous obtiendrons « apecai» qui peut avoir été une
forme dialectale d'où nous est venu le mot pécari.
50. Perroquet. — (Psittacus). En aruac des îles : « paraca », en tupy :
«parawa», que les Espagnols et les Portugais écrivent «.paragua ». C'est
aussi de ce mot que vient le mot de « Paraguay », fleuve des «
perroquets».
51. Pipra ou manakin. —Passereaux dentirostres . En tupy : « pipira ».
52. Ran canca. — Petit aigle à gorge nue de Guvier (Avis crismatura
dominica). En tupy : « wira » (oiseau) « kàkà ».
53. Sagouin. — Petits singes (Hapale vel Ghrysothrix entomophaga). En
tupy : « sâwi ».
54. Saki. — Petits singes à queue non prenante (Hapale leucocephala). En
tupy : « sahi ».
55 Sapajou. - Singes à queue prenante. Le P. Y. d'Evreux quia lancé le
nom a dit- aussi Çajou, dont on a fait cayou (v. ce mot). Ce mot vient
probablement du tupy: « sâwi yu » ou « yua », sagouin de couleur fauve
ou de «sawa yu», poil roux.,
56. Sarigiie. — (Didelphys). En tupy : «sariweya».
57. Savacou. — Echassier cultrirostre (Avis Cozzugus ou dicotylis). En
tupy : « tayasu wira», « oiseau cochon », ainsi nommé à cause de son
cri qui ressemble au grognement du cochon. La déformation du mot est
due sans doute à une mauvaise calligraphie.
58. Tamanoir. — Fourmilier (Myrmecophaga). En tupy : «tamandua»,
59. Tamarin, — Petit singe à grandes oreilles (Simia midas). En tupy :
« sahi miri », petit saki.
60. Tamatia. — Oiseau grimpeur de l'ordre des « Barbus » (Gapito
maculalus). En tupy : « ta madia wira », « oiseau de la vulve ». Ce nom
lui vient sans doute de la touffe de poils dirigés en avant qui garnissent
la base de s-on bec.
61.' Tangara. — Passereaux dentirostres de brillantes couleurs (Avis
Tanagra). En tupy : « tangarâ ».
TASTEVIN — QUELQUES MOTS FRANÇAIS EMPRUMÉS A LA LANGUE TUPI 139
62. Tapir. — (Tapirus americanus). En tupy : «tapihira ».
63. Tatou. — (Dasypus). En tupy : « tatu ».
64. Tinamou. — Perdrix (Avis crypturus). Engalibi: « tinamou»; en
tupy: inambu. Le t représente l'article déterminatif.
66. Toucan. - (Avis Rhamphastos discolorus). En galibi : «toucan »,
en tupy : «tukana».
67. Toui. — Petites perruches vertes, dites inséparables (Gonurus). En
tupy : « tui ».
66. Tupinambi. — Sauve-garde ou Monitor. Eo tupy : yakuruaru. «
Margrave parlant de cet animal dit qu'il se nomme en tupy : « teyu-guaçu »,
grand lézard et chez les Topinambous, « temapara », « temapara tupi-
nambis ». Séba a pris ce dernier mot pour le nom de l'animal et tous les
naturalistes l'ont copié. » (Guvier, Règne animal, tom. II, p. 24, 1829).
69. fJnau. — Grand mouton paresseux (Bradypus didactylus). En tupy,
et particulièrement en dialecte oyampi : « unau », ou «unawa». Ce n'est
peut-être que l'adjectif una, brun, ajouté au substantif aï (v. n°3).
70. Urubu. — Vautour pérénoptère (Gathartes fœtens). En tupy: «
urubu », de « wira » ou « uni », « oiseau » et « ibu », « puant ». (V. Montoya,
Vocabularioy au mot heder, puer).
71. Vautour irubicha. - (Gathartes papa). En tupy : «urubu ruisawa»,
roi des vautours.
72. Yacou. — Espèce de faisan (Penelope marail). En tupy : « yakù ».
73. Yapou. — Cul-jaune des palétuviers (Gassicus cristatus ou Japu fia-
vus). En tupy : « yapo ».

Noms de végétaux.

1. Acajou. — (Anacardium occidentale), pomme acajou. Entupy «akayu


hawa », «arbre d'une année», c'est-a-dire qui donne du fruit dès la
première année.
L'acajou à planches ou cèdre acajou (Gedrela odorata) porte en tupy le
nom de « akayaka », et en aruac des îles, celui de « cahoba ».
L'acajou à meubles (Swietenia mahogoni) s'appelle en aruac des îles
« mahogani».
2. Ananas. — (Bromelia ananas, ou Ananassa sativa). En tupy :
« nana ». Une broméliacée de la forêt, s'appelle « nana rana » c'est-à-dire
« semblable à l'ananas ».
.

3. Avocat. — Poire de Cayenne (Persea gratissima). En tupy : « aba-


kati » ou « awakati ».Ce même mot, sous la forme d' « abakasi», désigne
aussi une espèce d'ananas fondant comme l'avocat, mais il n'a en ce cas
que la valeur d'un qualificatif.
4. Banane. — (Musa paridisiaca) En aruac des îles : «banana». En
omawa : « banàla ». Ce même mot, sous les formes « banala », « panala »,
« banara », et « panara » se retrouve dans plusieurs dialectes caraïbes :
Manâos, Baré, Araicu, Uirina, Gulino, Passé, Cocama, Peba. LesBanivas
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disent : «palana» et «palatana» et les Galibis « balatana », d'où le mot
espagnol « platano ».
5. Cacao. — (Theobroma). En tupy : « kakao; en aruac des îles :
« cacao » ; en omawa : « akao ». Plusieurs autres plantes de la forêt
amazonienne portent le même nom, telles le « kakao rana » et le «kakao
tuhari », qui sont aussi des théobromées, mais dont les graines ne se
prêtent pas a la fabrication du chocolat. Généralement on admet que ce mot
est emprunté à l'aztèque : « cacaoatle ».
6. Camare.' — (Lantanacamara), petit arbrisseau à fleurs dorées d'abord,
puis orangées et enfin vermillon. En tupy: « kambarâ » et « ka-
marâ».
7. Caoutchouc. — En tupy : « caa usu », c'est à-dire «.caa u siu », plante
qui pleure (Gastilloa elastica). Nous prononçons ce mot à l'espagnole, et
c'est pourquoi nous écrivons un t avant le ch.
8. Caraba. — Huile caustique de la noix d'acajou. En galibi, « caraba»
désigne n'importe quelle huile.
9. Caragate ou Cdraguate. — Broméliacée qui vit sur les arbres en faux
parasite (epiphyte).* «Karawata» désigne en tupy une broméliacée
cultivée dont on extrait des fils soyeux d'une très grande résistance.
10 Copuhu. — Térébenthine que l'on retire du copayer. En tupy : «kopa
ha », c'est-à-dire suc ou sève de copa.
11. Copayer. — (Copaifera), arbre dont on extrait le copahu. En tupy:
« Gopa hawa ».
12. Coumarou. — (Dipteryx odorata), arbre qui produit la fève tonka
qui sert à parfumer le tabac, etc.. En tupy: «kumaru ».
13. Coumier. — (Couma utilis ou Apocynea lactescens), de la famille
des Apocynêes; le suc coagulé donne un produit analogue à l'ambre gris,
et le fruit, semblable à la sorbe, porte a Cayenne le nom de « poire de
couma». En tupy : « kuma ».
14. Gaïac ou Gayac. — (Guayacum officinale), arbre à bois très dur qui
produit une résine employée en pharmacie pour combattre la goutte, la
syphilis et les maladies de peau. En aruac des îles : « guayac».-
15. Goyave. — Fruit du Psidium quayava. En tupy : « wayawa ».
16. Goyavier. — (Psidium guayava). En tupy : « wayawa hawa ».
il. Hévéa. — (Ilevea brasiliensis), arbre à caoutchouc. En .tupy: « si-
ringa hgwa».
Le mot générique d'arbre, Iwwa, a été appliqué par erreur à cette
espèce particulière, qui emprunte son nom .spécifique au portugais
« seringa » Le mot propre tupy a disparu.
18. Iciquier. — (Icica), de la famille des Burséracées, arbre qui produit
le faux éléini ou « encens de Cayenne ». En tupy : « isika », résine.
19. Igname. - (Dioscorea), tubercule alimentaire. En aruac des Antilles :
« niauie ». L'i représente l'article déterminatif.
20 Inga. — En tupy : « inga » est le fruit en gousse d'une légumineuse.
bin liolanique, ce même nom est appliqué à des plantes dicotylédones de
la famille des Mimosées, tribu des Acacîées.
TASTEVIN — QUELQUES MOTS FRANÇAIS EMPRUNTÉS A LA LANGUE TUPI 141
21. Ipecacuana ou ipecacuanha. — (Callicocca ipecacuanha), plante
dont la racine a des propriétés émétiques. En tupy : « ipeka » (canard),
« keafia » (piment), piment du canard, nom que la plante doit sans doute
à son fruit. On a proposé une autre étymologie, qui semble moins
correcte quoique plus attrayante : « ipe kaa », « plante du nom d'ipé »,
« wehena », « qui vomit ».
22. Karata. — (Bromelia karatas). En tupy : « karawata » (voir cara-
gate)..
23. Jaca ou Jack. — (Artocarpus integrifolia). En tupy : «, yaka » et
« ata » désignent deux espèces de corosolliers dont les fruits ressemblent
à ceux de l'arbre à pain (Lucuma gigantea).
24. Jacaranda. — (Jacaranda brasiliana), de la famille des Bignoniacées :
arbre à feuillage élégant, à fleurs bleues ou jaunes, à bois très dur,
employé en marqueterie. En tupy : « yakaranda ». Ce mot semble
indiquer que l'arbre ressemble sous quelque aspect au « yaka », « rana »
signifiant « ressemblant ».
25. Maïs. — (Zea maïs), blé de Turquie. En aruac des îles : mahiz ou
marisi. En tupy : awati.
26. Manioc. — (Manihot utilissima). En tupy : « manio-ka », «
tubercule de manioc » ; « mani hawa », « plante qui produit ce tubercule » ;
« mani sawa », « feuille de cette plante ».
27. Nandhiroba. — (Feuillea trilobata), plante grimpante. En tupy : « yandi
roba caa», plante donnant une « huile » (yandi) « amère » (roba).
28. Papayer. — (Garica papaya), arbre dont le fruit ressemble au
melon. En tupy :« ambapaya ».
29. Patate. — (Batatas edulis), tubercule produit par un liseron. En aruac
des îles : « batata ». En tupy, « batata rana » désigne un liseron dont
le suc sert à coaguler instantanément le suc de la Castilloa elastica (caa
uchu) ; et la patate s'appelle « yutika ».
30. Pétun. — (Nicotiana tabacum), vieux mot pour désigner le tabac.
En tupy : « patama » « tabac ».
31. Péluner. — Fumer le petun. Même étymologie.
32. Pichurine. — (Nectundra puchury), noix de sassafras-? ainsi nommée
parce que ce fruit, dur comme la coque de la noix, tient du sassafras par
son odeur et sa saveur. En tupy : « pusuri ».
33. Piratinier. — (Piratinera guyanensis), de la famille des Artocarpées.
En galibi : « pirati minere ». Ce dernier mot correspond au tupy : mara,
qui signifie arbre à bois de construction.
34. Pirigara. -r- tGustavia augusta), de la famille des Lécythidées : bois
puant de la Guyanne. En galibi : « pirigara mepe ».
35. Rocou ou Roucou. — (Bixa orellana). En tupy : « uruku », mais I'm
initial ne fait pas partie du mot et représente l'article déterminatif.
•36. Sapotillier. — Néflier d'Amérique (Sapata achras). En tupy : «. sa-
puta ».
37. Simarouba. — (Simaruba amara ou Quassia simaruba), arbre dont
l'écorce a des propriétés toniques et fébrifuges. En galibi : «simarouba »,
142 société d'anthropologie de paris

38. Tabac. — (Nicotiana tabacum). En galibi : « tamoui ». Les Omawas


disent « tama ».
Peut-être ce mot vient-il dit du nom de la pipe, en aruac des îles :
« tobaco ».
En tupy : « taboka » est le « bambou » dont on fait des « tuyaux de
pipe », et « tawari », le nom d'un arbre dont l'écorce battue s'effeuille
comme du papier a cigarettes, et sert à faire les longs cigares que les
sorciers fument pendant leurs opérations magiques.
39. Tomate. — (Lycopersicum esculentum). En aruac des îles : «
tomates ».
40. Topinambour. — (Helranthus tuberosus). Notre mot français, qui-ne
comptait pas primitivement IV final, n'est autre que le nom de la tribu
indienne du Maragnon qui nous a fait connaître cette plante : « les Tupi-
nambas ».
41. Yucca: - (Yucca gloriosa), sorte d'aloès de la famille des Liliacées.
En aruac des îles : « yuca ». En tupy « yu kaa » signifierait « la plante
à épines », par excellence; si l'on considère chaque feuille de la yuca
comme une épine, on peut dire que le nom est bien trouvé.

Noms divers.

1. Agoupa. — En tupy : « teyoupa », « abri, hutte, méchante cabane».


Le t est article déterminatif et ne fait pas partie du mot. .
2. Boucaner. — En tupy : « mukaê », « faire cuire ». « Mu » est un
préfixe verbal, contracté de « mûri » ou « mburi », « mettre », « poser », et
qui indique qu'on met en train l'action du verbe ; « kâê » ou « kai »,
signifie « brûler».
3. Cabiou ou Capiou. — Condiment fait avec le suc du manioc amer et
généralement additionné de piment. En tupy : « tukupi ». Le mot français, ou
plutôt guyannais, semble indiquer que la première syllabe du mot tupy
n'est autre que l'article déterminatif. On distingue le « tukupi » ordinaire
ou « tucupi du soleil », évaporé à la chaleur du soleil et qui reste liquide
et le « tukupi pisuna », « tucupi noir » épaissi au feu jusqu'à la
consistance du miel et qu'on dit efficace contre le béri-béri. La chaleur du
soleil ou du feu débarrasse le suc du manioc de son principe vénéneux.
3 bis. Cacique. — Chef indien. En aruac des îles : « casic » ; en tupy :
« tusawa ».
4. Cannibale. — Nom donné aux peuples anthropophages des Antilles et de la
côte guyannaise qui s'appelaient eux-mêmes : « Caniba », « Galibi »,
« Gariba », « Garaiwa », etc., et que nous appelons Caraïbes. Ce nom a
ensuite servi à qualifier tous les anthropophages, ^e boa mangeur
d'hommes s'appelle en tupy « suu kuriyu », et le crocodile aussi nuisible
« ya-karé ».
4 bis. Canot. — En plusieurs langues caraïbes : « kanawa ». Le mot
tupy est : « ngara » ; « qui va sur l'eau ». Il y a peut-être quelque
rapport çntre les deux mots.
TASTEVIN. — QUELQUES MOTS FRANÇAIS EMPRUNTES A LA LANGUE TUPI 143
5. Carbet. — Maison commune où les Indiens se réunissaient pour
causer, travailler, s'entretenir de leurs projets ou festoyer. En galibi :
« carbé ».
6. Cartahu. — Cordage volant pour hisser ou descendre divers objets sur
un navire. Le mot dont on ignore l'origine doit provenir de « karawata »
(voir : caragate),1 cette broméliacée dont on extrait un chanvre fort et
soyeux qui sert à faire des cordages.
7. Cassave. — Galette de manioc. En aruac des Antilles '.cassave. En tupy,
ngasaba est le plus grand vase en terre cuite où l'on conserve la cassave
au frais, où l'on garde la provision d'eau fraîche, où Ton enterre les morts.
Ce mot vient de « nga » : eau.
8. Couac. — Farine de manioc, ou manioc réduit à l'état de petit gravier
par la chaleur après avoir été débarassé de son écorce et de sou suc
vénéneux. Le couac se conserve des années s'il est à l'abri de l'humidité. Le
mot tupy est : « cuhi » ou « uhi », qui a évidemment la même origine.
9. Coui. — Calebasse. En tupy : « kuya ». L'arbre qui produit ce fruit
(Crescentia cujete) s'appelle « kuya hawa ». « Guyete », mot adopté par
la science, désigne la grande calebasse : c ete », « grand ».
10. Curare. — Poison dont les Indiens enduisent la pointe de leurs
flèches. En tupy : « hurari » ou « kurari ». Ce. poison extrait du jus
d'une liane a la consistance de la poix.
10 bis. Gamin. — En galibi : « tigami », petit garçon. Le H représente
.peut-être l'article déterminatif. Peut-être aussi l'a-t-on pris pour une
abréviation de l'adjectif « petit », et négligé comme inutile dans le cas
présent.
. 11. Hamac. — En aruac des îles : « amaca », « lit suspendu ».
12. Ouragan. — En aruac des îles : « uracan », « urocan », « tempête »,
« cyclone ».
13. Pagaie. - En tupy : « apokoi », « ramer », « apokoitawa »,
« rame ». La rame indienne ressemble à une pelle de boulanger et se
manœuvre d'avant en arrière, et non d'arrière en avant comme l'aviron.
14; Pian. — Eruption pustuleuse commune en Amérique du Sud et qui
est attribuée aux piqûres du « piû », nom tupy d'une petite mouche
(Simulium).
15. Pampa. — En tupy « penia » ou « pemba » ou « pewa » signifie
« plat », et c'est ainsi que les Guaranis désignaient les plaines herbeuses
des bords du Paraguay.
16. Pirogue. — Canot monoxyle: En galibi : piragua. Eu tupy : « muira ou
mara pirera », écorce d'arbre, est le nom qu'on donne aux canots faits de
l'écorce du jutahy. Pira est le nom du revêtement de tout être vivant :
peau, écorce ou écaille. Piroca signifie chauve, dépouillé de son
revêtement naturel, et ce mot a pu s'appliquer dans quelque dialecte à l'écorce
d'arbre transformée en canot, dans le sens d' « écorce arrachée ».
17. fiarbacane. — Long tube de palmier « marajâ » qui sert à lancer de
petites flèches empoisonnées. En tupy : « karawatana ». Ici encore un.
scribe aura changé le c dur en c cédille, puis en s.
144 société d'anthropologie de paris
18. Tapioca. — En tupy : « tapgaka », tiré du « fond » (tapa). C'est
la fécule qu'entraîne le jus du manioc râpé et qui se dépose au fond des
vases. -
19.' Tapirer. — Teindre en rouge. En galibi : « tapiré », « rouge ». En
tupy : « tawa piranga », « argile rouge » qui sert à teindre les vases.

QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LES INDIENS DU JURUA

par G. Tastevin.
Séance du 6 novembre 1919.

Les notes qui suivent n'ont aucunement la prétention d'épuiser le sujet


qui serait, pour un homme du métier, très étendu et relativement très
facile à étudier. Et il est vraiment dommage que la science ethnologique
et linguistique qui a inspiré des actes admirables d'héroïsme et des
efforts inouïs pour se mettre en contact avec les Indiens du Japurâ, du
Xingû et du Tapajoz, ne se soit pas préoccupé davantage de ceux qui
parcourent le bassin du Jurua et qu'il serait si facile d'atteindre.
Les quelques renseignements que je vais donner ici ont été recueillis
au cours des voyages que j'ai faits sur ce fleuve de 1908 à 1914, depuis
les souices du Tejo, au 10e degré de latitude Sud et celles du Môa, jusqu'à
l'embouchure du'Juruâ dans l'Amazone. Mes moyens ne m'ont pas permis
de faire un séjour au milieu des Indiens, mais j'ai baptisé des sujets
domestiqués de toutes les tribus, dont je vais parler, et les « seringueiros »
étant assez souvent en relation avec eux donnent sur leur localisation et
leurs habitudes des renseignements- qu'on \ peut enregistrer.
Malheureusement beaucoup de choses leur échappent que seul un professionnel
saurait discerner; car ces études exigent beaucoup de connaissances et de
sérénité dans le jugement. Il est donc à désirer que les Sociétés américanistes
ne tardent pas davantage à prendre les moyens de connaître les Indiens
du bassin de ce fleuve, qui est salubre, fertile, abondant en ressources,
facile à parcourir en vapeur, en canot, en radeau, à cheval, et qui est
exploité par le peuple le plus hospitalier qui soit sur terre.

1° Situation.

La Juruâ débouche dans l'Amazone entre le 2e et le 3e degré de latitude


sud, entre le 65e et le 66e degré de longitude 0. Il descend, comme ses
deux affluents le Tarauacâ et l'Envira et comme le Purus, des derniers
contreforts des Andes, à la hauteur où l'Urubamha, joint à l'Apurimac-
Tambo, forme l'Ucayali, qui, avec le Marafion, est l'une des sources de
l'Amazone. Aussi coule-t-il toujours en plaine, et c'est à peine si, en amont
du Grajahû, on rencontre de temps en temps à l'époque de la sécheresse

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