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Pour étayer l’hypothèse, que j’ai avancée il y a quelques années, d’un sens mystico-
politique sous-jacent à la persécution des templiers lancée par Philippe le Bel et ses
conseillers, on mettra en relation des éléments concernant les aspects suivants : le
christocentrisme de la royauté capétienne à partir du début du XIIIe siècle et sa propension à
se prétendre titulaire d’une Nouvelle Alliance avec Dieu (en particulier depuis le transfert des
reliques de la Passion dans la Sainte Chapelle, « nouvel Arche d’Alliance », sous Louis IX) ;
la vogue des prophéties et des traités eschatologiques dans l’Occident latin à la fin du XIIIe et
au début du XIVe siècle ; les preuves de l’intérêt particulier porté par les conseillers de
Philippe le Bel (en particulier par Guillaume de Nogaret) à la « prophétie des soixante dix
semaines » de Daniel, 9, 24-27, et, notamment, à l’interprétation de cette prophétie dans les
écrits d’Arnau de Villeneuve ; la prégnance des motifs bibliques de la Destruction du Temple ,
de l’Antéchrist et de l’Alliance dans les textes rédigés par des membres de l’entourage du
Capétien non seulement au cours de l’affaire du Temple, mais aussi dans le cadre d’autres
conflits avec la papauté à la même époque – en particulier à l’occasion des procès pour
hérésie intentés contre Boniface VIII avant et après sa mort (1303-1312).