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Le gouvernement et les élus corses se sont accordés sur un projet d'autonomie pour

la Corse dans la nuit de lundi à mardi.

Ce projet prévoit :

● La reconnaissance d'un statut d'autonomie pour la Corse au sein de la République.


● La possibilité d'adapter les lois et règlements sur l'île.
● L'absence de deux catégories de citoyens ou de statut de résident.
● Une consultation des électeurs inscrits sur les listes électorales de Corse.
● Le projet sera transmis à l'Assemblée territoriale corse pour vote, puis au président
de la République pour engagement de la réforme constitutionnelle.

Jusqu’ici

La Corse, région la plus pauvre de France, bénéficie d'une forme relative d'autonomie, que
lui confère, depuis 2018, son statut de collectivité territoriale à statut particulier, selon l'article
72 de la Constitution. Elle compte deux principales institutions, l'Assemblée de Corse,
organe législatif, et le conseil exécutif. Elle dispose ainsi à la fois des compétences des
départements et des régions, mais également de compétences renforcées permettant
certaines adaptations du droit relevant du domaine de la loi organique, en vertu des
caractéristiques de l'île.

Les nationalistes au pouvoir souhaitaient :


● faire mention de la Corse dans la Constitution, ce qui permettrait une autonomie
fiscale comme dans certains territoires d'Outre-mer

● instaurer le bilinguisme corse-français dans l'administration et la justice (la co-


officialité)

● un statut de résident pour permettre une préférence locale en faveur de ceux qui
vivent en Corse depuis plus de cinq ans

● le transfert des prisonniers corses sur leur île et l'amnistie de des détenus considérés
par les nationalistes comme des "prisonniers politiques". Yvan Colonna, en faisait
partie…
Le moment Clé

Sur fond de vives tensions dans la rue au lendemain de l’assassinat d’Yvan Colonna, et à 25
jours du 1er tour de la Présidentielle, Gérald Darmanin a ouvert, au printemps 2022, le
processus de négociations entre les élus insulaires et le gouvernement.

Le 28 septembre 2023 devant l’assemblée corse à Ajaccio, le Président de la République,


Emmanuel Macron, utilise le terme d’«Autonomie» qui vient clôturer des mois de tractations
entre les élus de l’Île de beauté et le gouvernement. La collectivité disposerait ainsi d'un
«droit d'adaptation» locale de ses compétences. Loin de sa «ligne rouge» de 2018 (règle du
“en même temps”).

Emmanuelle Macron tend la main à la majorité territoriale conduite depuis 2015 par
l’autonomiste Gilles Simeoni: “Ce ne sera pas une autonomie contre l’État, ni une autonomie
sans l’État, mais une autonomie pour la Corse et dans la République.» Il ouvre la voie à une
inscription de l’île dans la future réforme de la Constitution pour «reconnaître l’histoire, la
culture, les spécificités corses dans la République». Pour rappel : Faire mention de la Corse
dans la Constitution, permettrait une autonomie fiscale comme dans certains territoires
d'Outre-mer. Macron a donné six mois (jusqu’au 28 mars 2024) aux élus insulaires pour
trouver un compromis avec la droite (elle avait rompu avec les nationalistes mais les appuie
aujourd’hui et réclame une évolution de la Constitution pour faire évoluer l’île vers une
autonomie plus grande, arguant de la nécessité d’une «adaptation» des lois nationales aux
conditions particulières de la société corse) afin de ratifier un accord avec le gouvernement.

Des difficultés rapidement apparues

1/ Venant des indépendantistes.

Après le discours d’Emmanuel Macron, les indépendantistes se montrent d’abord satisfaits


(le mot “autonomie” est prononcé) puis se ravisent (nuit bleue intense revendiquée par le
FLNC le 8 octobre 2024) en prétextant la mise à l’écart de revendications historiques, dont :
- la reconnaissance du « peuple corse » ;
- la « coofficialité » de la langue ;
- l’instauration d’un «statut de résident» pour les habitants de l’île…

De plus, selon eux : “L’autonomie, c’est le pouvoir législatif.» en référence au vote à la


majorité le 5 juillet 2023, d’une délibération de l’Assemblée de Corse.

2/ Cette réforme constitutionnelle octroyant un statut d’autonomie à la Corse aura du


mal à passer :

a/ Beaucoup de réformes sont déjà prévues ( IVG, proportionnelle, réduction du nombre de


parlementaires, etc.) et jusqu’ici, le chef de l’État n’est jamais parvenu à faire réviser la
Constitution.

b/ Emmanuel Macron entend soumettre un texte aux élus corses, qui ont six mois (jusqu’au
28 mars 2024) pour se mettre d’accord avec l’exécutif sur la mouture finale. Ce texte sera
soumis ensuite au vote des Corses par référendum. Puis ce texte devra être voté en des
termes identiques par l’Assemblée nationale et le Sénat. Emmanuel Macron doit utiliser
l’article 89 de la Constitution pour enclencher la procédure de révision. Il n'a pas de majorité.

c/ EM pourrait ne soumettrait au Congrès qu’une révision octroyant un statut d’autonomie à


la Corse. La majorité suffisante pour voter le texte sera moins difficile à réunir, si la droite
(notamment sénatoriale) appuyait le texte.

3/ La majorité des Corses ne souhaitent ni l’indépendance ni l’autonomie.

Laurent Marcangeli, le maire LR d'Ajaccio expliquait en 20181 : "La co-officialité ou le statut


de résident, aucun de mes électeurs ne m'en parle. Les gens veulent d'abord un emploi et
un logement." Le chômage en Corse a en effet augmenté de 2% en 2017 alors qu'il a baissé
de 0,5% en métropole.

Un sondage de février 2024 de Paroles de Corse le confirme : les Corses sont surtout
préoccupés par le pouvoir d’achat et la sécurité… L’’autonomie comme facteur
d’amélioration du quotidien ne semble pas convaincre les personnes interrogées (67%). Les
discussions engagées avec le gouvernement seraient de nature à freiner l’avancée de
certains dossiers du ressort de la Collectivité de Corse (57%).

1 Dans le JDD
Calendrier

Janvier 2024 : Darmanin annule sa visite en Corse.

14 février 2024 : Beauvau annonce une révision au premier semestre 2024.

11/12 mars 2024 : Un accord est annoncé par le ministre de l’Intérieur, Gérald
Darmanin.

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