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2023-2024
Séance n° 05
Séance n° 05
La notion d’État
Équipe pédagogique :
Monsieur Alexandre CHEVALLIER
Madame Noémie ETCHENAGUCIA
Monsieur Solal GEA
Monsieur Mathieu LAFOUX
Monsieur Gavin MARFAING
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Travaux Dirigés d’introduction au droit public
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Séance n° 05
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Article premier
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle
assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou
de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et
fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
Article 2
La langue de la République est le français.
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Article 3
Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la
Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.
Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français
majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.
Article 72
Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l'ensemble des
compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à leur échelon.
Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s'administrent librement par
des conseils élus et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs
compétences.
Dans les conditions prévues par la loi organique, et sauf lorsque sont en cause les
conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti, les collectivités territoriales ou leurs groupements
peuvent, lorsque, selon le cas, la loi ou le règlement l'a prévu, déroger, à titre
expérimental et pour un objet et une durée limités, aux dispositions législatives ou
réglementaires qui régissent l'exercice de leurs compétences.
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Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant,
lorsque l'exercice d'une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités
territoriales, la loi peut autoriser l'une d'entre elles ou un de leurs groupements à
organiser les modalités de leur action commune.
Article 72-1
La loi fixe les conditions dans lesquelles les électeurs de chaque collectivité
territoriale peuvent, par l'exercice du droit de pétition, demander l'inscription à l'ordre
du jour de l'assemblée délibérante de cette collectivité d'une question relevant de sa
compétence.
Dans les conditions prévues par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte
relevant de la compétence d'une collectivité territoriale peuvent, à son initiative, être
soumis, par la voie du référendum, à la décision des électeurs de cette collectivité.
Lorsqu'il est envisagé de créer une collectivité territoriale dotée d'un statut particulier
ou de modifier son organisation, il peut être décidé par la loi de consulter les
électeurs inscrits dans les collectivités intéressées. La modification des limites des
collectivités territoriales peut également donner lieu à la consultation des électeurs
dans les conditions prévues par la loi.
Article 72-3
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Article 73
Dans les départements et les régions d'outre-mer, les lois et règlements sont
applicables de plein droit. Ils peuvent faire l'objet d'adaptations tenant aux
caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités.
Ces adaptations peuvent être décidées par ces collectivités dans les matières où
s'exercent leurs compétences et si elles y ont été habilitées selon le cas, par la loi ou
par le règlement.
Par dérogation au premier alinéa et pour tenir compte de leurs spécificités, les
collectivités régies par le présent article peuvent être habilitées, selon le cas, par la
loi ou par le règlement, à fixer elles-mêmes les règles applicables sur leur territoire,
dans un nombre limité de matières pouvant relever du domaine de la loi ou du
règlement.
Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité, les droits civiques, les garanties des
libertés publiques, l'état et la capacité des personnes, l'organisation de la justice, le
droit pénal, la procédure pénale, la politique étrangère, la défense, la sécurité et
l'ordre publics, la monnaie, le crédit et les changes, ainsi que le droit électoral. Cette
énumération pourra être précisée et complétée par une loi organique.
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prévues par une loi organique. Elles ne peuvent intervenir lorsque sont en cause les
conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti.
Article 74
Les collectivités d'outre-mer régies par le présent article ont un statut qui tient
compte des intérêts propres de chacune d'elles au sein de la République.
Ce statut est défini par une loi organique, adoptée après avis de l'assemblée
délibérante, qui fixe :
-les compétences de cette collectivité ; sous réserve de celles déjà exercées par elle,
le transfert de compétences de l'État ne peut porter sur les matières énumérées au
quatrième alinéa de l’article 73, précisées et complétées, le cas échéant, par la loi
organique ;
-les conditions dans lesquelles ses institutions sont consultées sur les projets et
propositions de loi et les projets d'ordonnance ou de décret comportant des
dispositions particulières à la collectivité, ainsi que sur la ratification ou l'approbation
d'engagements internationaux conclus dans les matières relevant de sa
compétence.
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La loi organique peut également déterminer, pour celles de ces collectivités qui sont
dotées de l'autonomie, les conditions dans lesquelles :
-le Conseil d'État exerce un contrôle juridictionnel spécifique sur certaines catégories
d'actes de l'assemblée délibérante intervenant au titre des compétences qu'elle
exerce dans le domaine de la loi ;
-des mesures justifiées par les nécessités locales peuvent être prises par la
collectivité en faveur de sa population, en matière d'accès à l'emploi, de droit
d'établissement pour l'exercice d'une activité professionnelle ou de protection du
patrimoine foncier ;
-la collectivité peut participer, sous le contrôle de l'État, à l'exercice des compétences
qu'il conserve, dans le respect des garanties accordées sur l'ensemble du territoire
national pour l'exercice des libertés publiques.
Article 76
Sont admises à participer au scrutin les personnes remplissant les conditions fixées
à l’article 2 de la loi n°88-1028 du 9 novembre 1988.
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Article 77
-les compétences de l'État qui seront transférées, de façon définitive, aux institutions
de la Nouvelle-Calédonie, l'échelonnement et les modalités de ces transferts, ainsi
que la répartition des charges résultant de ceux-ci ;
-les conditions et les délais dans lesquels les populations intéressées de la Nouvelle-
Calédonie seront amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine souveraineté.
Pour la définition du corps électoral appelé à élire les membres des assemblées
délibérantes de la Nouvelle-Calédonie et des provinces, le tableau auquel se réfèrent
l'accord mentionné à l'article 76 et les articles 188 et 189 de la loi organique n°99-
209 du 19 mars relative à la Nouvelle-Calédonie est le tableau dressé à l'occasion du
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La Grande Terre et les îles étaient habitées par des hommes et des femmes qui
ont été dénommés kanak. Ils avaient développé une civilisation propre, avec ses
traditions, ses langues, la coutume qui organisait le champ social et politique. Leur
culture et leur imaginaire s’exprimaient dans diverses formes de création.
L’identité kanak était fondée sur un lien particulier à la terre. Chaque individu,
chaque clan se définissait par un rapport spécifique avec une vallée, une colline, la
mer, une embouchure de rivière, et gardait la mémoire de l’accueil d’autres familles.
Les noms que la tradition donnait à chaque élément du paysage, les tabous
marquant certains d’entre eux, les chemins coutumiers structuraient l’espace et les
échanges.
Des hommes et des femmes sont venus en grand nombre, aux XIXe et
XXesiècles, convaincus d’apporter le progrès, animés par leur foi religieuse, venus
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contre leur gré ou cherchant une seconde chance en Nouvelle-Calédonie. Ils se sont
installés et y ont fait souche. Ils ont apporté avec eux leurs idéaux, leurs
connaissances, leurs espoirs, leurs ambitions, leurs illusions et leurs contradictions.
Parmi eux certains, notamment des hommes de culture, des prêtres ou des
pasteurs, des médecins et des ingénieurs, des administrateurs, des militaires, des
responsables politiques ont porté sur le peuple d’origine un regard différent, marqué
par une plus grande compréhension ou une réelle compassion.
Les nouvelles populations sur le territoire ont participé, dans des conditions
souvent difficiles, en apportant des connaissances scientifiques et techniques, à la
mise en valeur minière ou agricole et, avec l’aide de l’État, à l’aménagement de la
Nouvelle-Calédonie. Leur détermination et leur inventivité ont permis une mise en
valeur et jeté les bases du développement.
Des clans ont été privés de leur nom en même temps que de leur terre. Une
importante colonisation foncière a entraîné des déplacements considérables de
population, dans lesquels des clans kanak ont vu leurs moyens de subsistance
réduits et leurs lieux de mémoire perdus. Cette dépossession a conduit à une perte
des repères identitaires.
L’organisation sociale kanak, même si elle a été reconnue dans ses principes,
s’en est trouvée bouleversée. Les mouvements de population l’ont déstructurée, la
méconnaissance ou des stratégies de pouvoir ont conduit trop souvent à nier les
autorités légitimes et à mettre en place des autorités dépourvues de légitimité selon
la coutume, ce qui a accentué le traumatisme identitaire.
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Les communautés qui vivent sur le territoire ont acquis par leur participation à
l’édification de la Nouvelle-Calédonie une légitimité à y vivre et à continuer de
contribuer à son développement. Elles sont indispensables à son équilibre social et
au fonctionnement de son économie et de ses institutions sociales. Si l’accession
des kanak aux responsabilités demeure insuffisante et doit être accrue par des
mesures volontaristes, il n’en reste pas moins que la participation des autres
communautés à la vie du territoire lui est essentielle.
Il est aujourd’hui nécessaire de poser les bases d’une citoyenneté de la Nouvelle-
Calédonie, permettant au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les
femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun.
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Les accords de Matignon signés en juin 1988 ont manifesté la volonté des
habitants de Nouvelle-Calédonie de tourner la page de la violence et du mépris pour
écrire ensemble des pages de paix, de solidarité et de prospérité.
Dix ans plus tard, il convient d’ouvrir une nouvelle étape, marquée par la pleine
reconnaissance de l’identité kanak, préalable à la refondation d’un contrat social
entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie, et par un partage
de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté.
5. Les signataires des accords de Matignon ont donc décidé d’arrêter ensemble
une solution négociée, de nature consensuelle, pour laquelle ils appelleront
ensemble les habitants de Nouvelle-Calédonie à se prononcer.
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Le Congrès a adopté,
Article 1er
Article 2
Article 3
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« Art. 77. - Après approbation de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76,
la loi organique, prise après avis de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-
Calédonie, détermine, pour assurer l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dans le
respect des orientations définies par cet accord et selon les modalités nécessaires à
sa mise en œuvre :
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institution qui incarne la présence de l'État sur l'ensemble du territoire. Cette loi avait
été précédée, quelques semaines auparavant, de la Constitution du 22 frimaire an
VIII (13 décembre 1799) dont l'article 1er réaffirmait : « La République française est
une et indivisible », en reprenant les termes exacts de l'article 1er de la Constitution
du 5 fructidor an III (22 août 1795)(2).
C'est donc dans une longue perspective historique que s'inscrit l'affirmation de
l'indivisibilité de la République. Par rapport à ces proclamations anciennes et
révolutionnaires(3), la référence à l'unité a cependant disparu des textes
constitutionnels français plus récents. La République doit s'accommoder en effet de
la satisfaction d'intérêts locaux ou de considérations historiques ou géographiques
qui conduisent à la prise en compte de diversités qui sont toutes, plus ou moins, en
lien avec l'existence d'une ou plusieurs collectivités territoriales. Ce sont ces
dernières, dont le développement est devenu incontournable, qui accompagnent et
justifient la diversité, au sein de la République restée indivisible.
I – L'indivisibilité de la République
A - L'unicité de la souveraineté
L'État unitaire se caractérise par l'unité du pouvoir politique, qui se traduit, sur le plan
juridique, par l'existence d'une seule catégorie de lois, adoptées par des
représentants de la souveraineté ou directement par référendum, et qui ont vocation
à s'appliquer sur l'ensemble du territoire. Cette indivisibilité du pouvoir normatif
implique qu'il n'existe qu'une seule catégorie de lois.
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Si la loi peut tolérer l'édiction de règles de droit qui s'appliquent sur une portion du
territoire, comme peuvent l'être les actes des autorités déconcentrées ou même
décentralisées, ces normes locales ne peuvent cependant être édictées qu'en
application et en conformité avec les normes nationales préalables. Elles ne peuvent
être créées que si la loi nationale détermine les matières dans lesquelles elles
peuvent intervenir. Ainsi, les autorités locales, c'est-à-dire les collectivités locales, ne
disposent d'un pouvoir normatif que dans le cadre de la loi, et en respectant cette loi,
comme l'affirme l'article 72 al 3 : c'est « dans les conditions prévues par la loi » que
les collectivités territoriales « s'administrent librement », ce que l'article 34 alinéa 13
proclame aussi en confiant à la loi la compétence pour déterminer les principes
fondamentaux de la libre administration des collectivités territoriales. De même, si la
loi constitutionnelle du 28 mars 2003 a également reconnu aux collectivités
territoriales un pouvoir réglementaire, celui-ci est limité à l'exercice de leurs
compétences (art. 72 al. 3), et ne peut empiéter sur le pouvoir réglementaire reconnu
au Premier ministre et au président de la République (art. 21 et 13) : le pouvoir
réglementaire reconnu aux collectivités territoriales est donc secondaire et résiduel.
Les actes des autorités locales restent des actes administratifs soumis au contrôle du
seul juge administratif, notamment par l'intermédiaire du contrôle administratif confié
au représentant de l'État et n'ont aucune vocation à concurrencer ni la loi ni même
les règlements nationaux (art. 72 al. 6).
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L'intégrité du territoire n'est pas absente de la Constitution qui organise surtout les
conditions de sa protection. Le texte constitutionnel fait du président de la
République le garant de cette intégrité (art. 5), et son ultime rempart en cas de crise
grave (art. 16) et il interdit toute révision « lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du
territoire » (art. 89).
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les territoires des collectivités situées outre-mer, quel que soit leur statut. Cet article
peut être compris comme interdisant que ces « territoires » qui sont aussi des
collectivités territoriales, de cesser d'appartenir à la République française sans une
révision de la Constitution. Le territoire deviendrait alors « indivisible » sans
modification de la Constitution mais, paradoxalement, cette exigence ne pèserait que
sur les collectivités situées outre-mer.
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Dans une seconde décision (déc. no 99-412 DC du 15 juin 1999, Charte européenne
des langues régionales ou minoritaires, Rec. p. 71), le Conseil constitutionnel a
confirmé sa position sur l'unicité du peuple français, consacrée comme ayant valeur
constitutionnelle (cons. 5). Cette Charte, signée par la France en 1998 et initiée par
le Conseil de l'Europe, a été déclarée contraire à la Constitution, et sa ratification ne
peut intervenir qu'après une révision de cette dernière, ce qu'une absence d'accord
politique a toujours empêché depuis 1999. Les critiques dirigées contre ce qui était
considéré comme une conception archaïque et dépassée de la nation française n'ont
pas manqué. Toutefois, cette analyse correspond à une vision historique de cette
nation et à un refus de s'engager dans un chemin, jugé dangereux, de la
reconnaissance de groupes d'individus liés entre eux par des intérêts divers,
communautés ou ethnies. Elle permet de comprendre pourquoi le Conseil
constitutionnel a préféré utiliser le concept de peuple plutôt que celui de langue de la
République, pourtant consacré à l'article 2 de la Constitution et qui semblait au cœur
du texte qu'il examinait.
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L'un des liens qui permet, en effet, de cimenter l'unicité du peuple peut être la langue
parlée par ce groupe, tant l'unité nationale peut être associée à l'unité linguistique.
Cette dernière, qui reflète l'unité du peuple, est aussi la conséquence de l'unité de la
souveraineté nationale. C'est tardivement, avec la révision du 25 juin 1992, que le
français a été érigé comme langue de la République, à l'article 2 al. 1er de la
Constitution. Cette reconnaissance constitutionnelle a été inspirée, notamment, par
le contexte de construction européenne et de lutte contre la domination de la langue
anglaise. Le juge constitutionnel a fait application de cette disposition et il a distingué
la sphère privée, dans laquelle l'usage d'une autre langue que le français est
possible au nom du principe de la liberté de communication, inscrite à l'article 11 de
la Déclaration des droits de 1789, et la sphère publique pour laquelle le français est
la langue officielle et donc la seule à pouvoir être utilisée dans ce cadre (déc. no 94-
345 DC du 29 juillet 1994, Loi relative à l'emploi de la langue française, Rec. p. 106).
Le français est ainsi devenu une langue publique, officielle, qui peut être imposée à
tout détenteur d'une parcelle de l'autorité publique et à ceux qui sont en relation avec
les administrations et juridictions. Les autres personnes peuvent continuer
néanmoins, à utiliser librement la langue qu'ils veulent dans les rapports privés, la «
liberté fondamentale de pensée et d'expression proclamée par l'article 11 de la
Déclaration des droits de l'homme » s'y opposant (cons. 9). C'est dans ce sens qu'il
faut envisager l'ajout, par la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, d'un article 75-1
reconnaissant que « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la
France ». Cette disposition ne remet pas en cause le caractère officiel du français et
son insertion au sein du Titre XII consacré aux collectivités territoriales paraît limiter
ces langues régionales au seul cadre de ces collectivités. Elle permet seulement de
considérer que l'unité linguistique de la République peut connaître des nuances.
Cette reconnaissance de la diversité n'est pas isolée.
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législative explique peut-être que l'adjectif « une » qui figurait dans les textes
révolutionnaires, ait disparu dans les Constitutions du xxe siècle. L'existence de
textes venant concurrencer la loi et la reconnaissance de populations au sein du
peuple français sont deux illustrations de la recherche d'une diversité territoriale qu'il
n'est pas possible d'ignorer.
L'État, aussi unitaire que peut l'être la République française, peut supporter la
reconnaissance d'une diversité législative. Le plus troublant est que cette dernière ne
date pas des lois de décentralisation des années 1980. Alors que l'indivisibilité du
pouvoir se caractérise par la soumission de tous les citoyens aux mêmes lois, un
droit d'Alsace-Moselle subsiste depuis la loi du ler juin 1924 mettant en vigueur la
législation civile française dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la
Moselle qui conservaient un certain nombre d'éléments du droit allemand. Son article
7 dressait ainsi la liste des lois locales qui devaient continuer à être appliquées, et
qui sont encore en vigueur dans les trois départements. Dans sa décision no 2011-
157 QPC du 5 août 2011, Société Somodia [Interdiction du travail le dimanche en
Alsace-Moselle], le Conseil constitutionnel a d'ailleurs reconnu au maintien « des
dispositions législatives et réglementaires particulières aux départements du Bas-
Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle » la valeur d'un principe fondamental reconnu
par les lois de la République ayant valeur constitutionnelle. Pour ce faire, il s'est
fondé notamment sur cette loi du 1er juin 1924. Dans le cas de ce « droit local »,
c'est le législateur français qui est à l'origine de cette diversité et qui l'organise,
bénéficiant d'une reconnaissance constitutionnelle. Dans d'autres cas, ce sont des
parcelles du pouvoir législatif qui sont abandonnées à des autorités décentralisées,
quand bien même il a fallu, à chaque fois, l'autorisation du constituant.
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collectivité ainsi qu'à leurs groupements, de déroger aux lois et règlements nationaux
par le biais d'une expérimentation législative encadrée par la loi organique no 2003-
704 du 1er août 2003 (codifiée aux articles LO 1113-1 et s.) , mais dans des
conditions très strictes et encadrées par une loi organique, et sans pouvoir
méconnaître une liberté publique ou un droit constitutionnellement garanti. Les
collectivités territoriales peuvent ainsi adopter des mesures qui dérogent à la loi et se
substituent à elle. Le bilan de cette expérimentation normative, qu'il faut distinguer de
la possibilité, reconnue à l'article 37-1, lui aussi introduit en 2003, donnée au
législateur d'adopter des lois ayant un caractère expérimental est cependant très
faible, peu de lois ayant autorisé ces collectivités à déroger, tant la méfiance du
législateur semble grande.
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que les lois nationales ne s'appliquent dans ces collectivités que si le législateur le
prévoit au cas par cas.
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72-3 qui proclame que « La République reconnaît, au sein du peuple français, les
populations d'outre-mer, dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité ».
En faisant une distinction, dont les contours ne sont pas précisés, entre le peuple et
les populations, le constituant a voulu aussi réaffirmer l'unité du « peuple français »
mais en même temps reconnaître une certaine diversité historique, géographique et
culturelle des populations situées outre-mer.
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y ont un intérêt « local » pourraient voter) ou de manière extensive (tous ceux qui se
sentent concernés par la question pourraient voter, même ceux n'habitant pas « sur
place »). L'article 72-4 al. 2 de la Constitution, lui aussi introduit en 2003, a prévu que
les électeurs de ces collectivités ne peuvent être que ceux inscrits sur place même
s'ils ne semblent pas appartenir aux populations d'outre-mer telles qu'elles sont
conçues dans l'article 72-3. Ces dispositions ont fait l'objet de plusieurs applications
pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin, lors des consultations du 7 décembre 2003 en
vue de leur transformation en collectivités d'outre-mer régies par l'article 74 de la
Constitution, à Mayotte le 29 mars 2009 à propos de la départementalisation de cette
île de l'Océan indien, et en Martinique et en Guyane les 10 et 24 janvier 2010 à
propos de la création d'une collectivité unique dans ces deux départements et
régions d'outre-mer. C'est pour échapper à cette définition objective des électeurs
que l'accord de Nouméa signé le 5 mai 1998 et publié au Journal officiel du 27 mai
1998 sous l'égide de Lionel Jospin entre le Gouvernement français et les principaux
partis néo-calédoniens, a créé une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie au sein de
la nationalité française et qui est propre à la collectivité de Nouvelle-Calédonie,
particulière au sein de la nationalité française et propre à la collectivité de Nouvelle-
Calédonie. Est alors citoyen néo-calédonien tout citoyen français résidant de manière
principale sur le territoire depuis le 8 novembre 1998, date du référendum organisé
en Nouvelle-Calédonie visant à approuver l'accord de Nouméa, ou celles majeures
après cette date dont au moins l'un des deux parents est citoyen néo-calédonien.
Cette citoyenneté locale, qui s'ajoute à la citoyenneté française, permet à ses seuls
titulaires de participer aux élections des Provinces et du Congrès de la Nouvelle-
Calédonie et aux futures consultations sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Cet
accord a été introduit dans la Constitution française aux articles 76 et 77 par la loi
constitutionnelle précitée du 20 juillet 1998, l'article 77 ayant été modifié, dans le
sens d'une précision de sa signification par la loi constitutionnelle no 2007-237 du 23
février 2007 ( JO du 24 février 2007 p. 3354).
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le Titre XII de la Constitution, peut conduire à une nouvelle conception des rapports
entre l'unité et la diversité.
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L’innovation institutionnelle
Les bilans intermédiaires des accords de Matignon montrent que des inégalités et
des tensions subsistent au sein du territoire et entre les communautés. Dès 1991, les
acteurs politiques calédoniens affichent la même volonté d’éviter un « référendum-
couperet » qui pourrait faire resurgir les troubles et les affrontements
communautaires. Jacques Lafleur invite alors la classe politique calédonienne et
l’État français à rechercher une solution consensuelle. Au regard de l’évolution de la
démographie, le FLNKS sait son échec probable lors du référendum de 1998, il se
rallie donc au point de vue du député Jacques Lafleur. Il pose cependant comme
préalable à toutes discussions d’ordre institutionnel la conclusion d’un accord relatif
au nickel permettant la construction dans la province Nord d’une usine de traitement
du minerai. En effet, suite aux accords de Matignon, la province Nord a racheté au
groupe Lafleur la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP). Elle se trouve ainsi
depuis 1990 à la tête d’un important potentiel économique. Afin de le mettre en
valeur, elle négocie à partir de 1995 avec l’État pour qu’il autorise l’implantation
d’une usine de traitement du nickel dans le Nord. L’enjeu est de taille puisqu’une telle
infrastructure permettrait à la province Nord de profiter de la valeur ajoutée issue de
la transformation du minerai, de ne pas dépendre de la seule usine de traitement du
territoire située dans la province Sud et de tenter de contrebalancer la domination
économique du Grand-Nouméa. Parallèlement à ses tractations avec Paris, la
province traite avec le groupe minier canadien Falconbridge, qui se dit prêt à investir
dans la construction de l’usine à condition qu’elle l’autorise à exploiter ses sites
miniers pendant au moins vingt-cinq ans. Une requête d’une telle durée nécessite de
disposer d’un vaste domaine minier. Pour répondre à cette attente, la SMSP souhaite
échanger le site qu’elle possède à Poum avec le site que la Société Le Nickel (SLN)
détient à Koniambo. Toutefois, Eramet qui contrôle la SLN tarde à accepter un
échange bénéficiant à l’un de ses principaux concurrents. Le gouvernement Juppé
s’enlise dans la tractation avec Eramet et par conséquent, la négociation
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Document n°6 : Cons. Const. n°99-410 DC, 15 mars 1999, Loi organique relative
à la Nouvelle-Calédonie
Le Conseil constitutionnel,
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3. Considérant, en premier lieu, que rien ne s'oppose, sous réserve des prescriptions
des articles 7, 16 et 89 de la Constitution, à ce que le pouvoir constituant introduise
dans le texte de la Constitution des dispositions nouvelles qui, dans les cas qu'elles
visent, dérogent à des règles ou principes de valeur constitutionnelle, ces
dérogations pouvant n'être qu'implicites ; que tel est le cas en l'espèce ; qu'il résulte
en effet des dispositions du premier alinéa de l'article 77 de la Constitution que le
contrôle du Conseil constitutionnel sur la loi organique doit s'exercer non seulement
au regard de la Constitution, mais également au regard des orientations définies par
l'accord de Nouméa, lequel déroge à un certain nombre de règles ou principes de
valeur constitutionnelle ; que, toutefois, de telles dérogations ne sauraient intervenir
que dans la mesure strictement nécessaire à la mise en œuvre de l'accord ;
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l'ensemble des dispositions de la loi organique, alors même que certaines d'entre
elles ont une rédaction ou un contenu identique à ceux de dispositions
antérieurement déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel
ou figurant dans la loi n°88-1028 du 9 novembre 1988 portant dispositions statutaires
et préparatoires à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en 1998, adoptée par
le peuple français à la suite d'un référendum ;
(…)
6. Considérant que la loi examinée comprend six articles avant son titre Ier ;
7. Considérant que l'article 1er fixe les limites des trois provinces de la Nouvelle-
Calédonie et les conditions dans lesquelles ces limites peuvent être modifiées ; qu'il
dresse également la liste des aires coutumières ; que l'article 2, en son premier
alinéa, désigne ainsi les institutions de la Nouvelle-Calédonie : le congrès, le
gouvernement, le sénat coutumier, le conseil économique et social et les conseils
coutumiers ; que le deuxième alinéa du même article fait du haut commissaire de la
République le dépositaire des pouvoirs de la République et le représentant du
Gouvernement ; qu'aux termes du troisième alinéa : « La Nouvelle-Calédonie est
représentée au Parlement et au Conseil économique et social de la République dans
les conditions fixées par les lois organiques » ; que l'article 3 dispose que les
provinces et les communes de la Nouvelle-Calédonie sont des collectivités
territoriales de la République et qu'elles s'administrent librement par des assemblées
élues au suffrage universel direct, dans les conditions prévues au titre IV en ce qui
concerne les provinces ; que l'article 4 définit la citoyenneté de la Nouvelle-
Calédonie ; que l'article 5 prévoit que la Nouvelle-Calédonie détermine librement les
« signes identitaires permettant de marquer sa personnalité aux côtés de l'emblème
national et des signes de la République » et « peut décider de modifier son nom » ;
qu'enfin l'article 6 dispose que, en Nouvelle-Calédonie, le droit de propriété s'exerce,
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- SUR LE TITRE II :
14. Considérant que ce titre est relatif aux compétences ; qu'il comprend les articles
20 à 61 ;
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apportées au corps électoral appelé à désigner les « institutions du pays », sert aussi
de « référence pour la mise au point des dispositions qui seront définies pour
préserver l'emploi local » ; qu'enfin, selon le point 3.1.1 de l'accord de Nouméa : « la
Nouvelle-Calédonie mettra en place, en liaison avec l'État, des mesures destinées à
offrir des garanties particulières pour le droit à l'emploi de ses habitants. La
réglementation sur l'entrée des personnes non établies en Nouvelle-Calédonie sera
confortée. Pour les professions indépendantes, le droit d'établissement pourra être
restreint pour les personnes non établies en Nouvelle-Calédonie. Pour les salariés du
secteur privé et pour la fonction publique territoriale, une réglementation locale sera
définie pour privilégier l'accès à l'emploi des habitants » ;
17. Considérant, en second lieu, que les modalités retenues par l'article 24 pour
favoriser l'emploi local respectent également l'habilitation donnée à la loi organique
par l'article 77 de la Constitution ; qu'il appartiendra aux « lois du pays » prises en
application de l'article 24, et susceptibles d'être soumises au contrôle du Conseil
constitutionnel, de fixer, pour chaque type d'activité professionnelle et chaque
secteur d'activité, la « durée suffisante de résidence » mentionnée aux premier et
deuxième alinéas de cet article en se fondant sur des critères objectifs et rationnels
en relation directe avec la promotion de l'emploi local, sans imposer de restrictions
autres que celles strictement nécessaires à la mise en œuvre de l'accord de
Nouméa ; qu'en tout état de cause, cette durée ne saurait excéder celle fixée par les
dispositions combinées des articles 4 et 188 pour acquérir la citoyenneté de la
Nouvelle-Calédonie ;
18. Considérant que, sous cette réserve, l'article 24 n'est pas contraire à la
Constitution ; qu'il en va de même des autres dispositions du titre II ;
19. Considérant que ce titre est relatif aux institutions de la Nouvelle-Calédonie ; qu'il
comprend les articles 62 à 156 ;
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20. Considérant que le chapitre II, qui comprend les articles 99 à 107, est relatif aux
« lois du pays », délibérations du congrès ayant force de loi ; que l'article 99 définit
leur domaine d'intervention ; que les articles 100, 101 et 102 déterminent leurs
conditions d'adoption ; que l'article 103 institue une procédure de nouvelle
délibération de tout ou partie de ces lois ; que les articles 104 et 105 définissent les
conditions dans lesquelles le Conseil constitutionnel peut être saisi et se prononce
sur ces lois ; que l'article 106 est relatif à leur promulgation ; que l'article 107 fixe leur
régime juridique ;
22. Considérant que l'article 104 dispose qu'une « loi du pays » qui a fait l'objet d'une
nouvelle délibération en application de l'article 103 peut être déférée au Conseil
constitutionnel, aux termes d'une saisine contenant un exposé des moyens de fait et
de droit qui la fondent, par le haut-commissaire, le gouvernement, le président du
congrès, le président d'une assemblée de province ou dix-huit membres du congrès,
dans les dix jours suivant la nouvelle délibération ;
24. Considérant que l'article 104 prévoit qu'une « loi du pays » doit avoir fait l'objet
d'une nouvelle délibération pour être déférée au Conseil constitutionnel et
subordonne dès lors la recevabilité du recours à la condition que les dispositions
contestées d'une « loi du pays » aient fait l'objet d'une nouvelle délibération ; que la
procédure ainsi instituée, qui met en œuvre les dispositions précitées de l'article 77
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25. Considérant que l'article 107 définit la nature juridique des « lois du pays », ainsi
que la procédure selon laquelle il peut être constaté par le Conseil d'État qu'une
disposition de « loi du pays » est intervenue en dehors des matières mentionnées à
l'article 99 ; qu'en pareil cas, la légalité de cette disposition pourra être critiquée
devant la juridiction administrative compétente ;
26. Considérant que les dispositions prévues par les articles 99 à 107 sont
conformes à la Constitution ; qu'il en va de même des autres dispositions du titre III ;
(…)
- SUR LE TITRE V :
28. Considérant que ce titre, qui comprend les articles 185 à 199, est relatif aux
élections au congrès et aux assemblées de province ;
29. Considérant que ce chapitre est consacré au corps électoral et aux listes
électorales pour les élections au congrès et aux assemblées de province ; qu'il
comprend les articles 188 et 189 ;
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31. Considérant que l'article 189 comprend des dispositions permanentes relatives à
la tenue « de la liste électorale spéciale à l'élection du congrès et des assemblées de
province » et « du tableau annexe des électeurs non admis à participer au scrutin » ;
32. Considérant qu'aux termes du I de l'article 189 : « Les électeurs remplissant les
conditions fixées à l'article 188 sont inscrits sur la liste électorale spéciale à l'élection
du congrès et des assemblées de province. Cette liste est dressée à partir de la liste
électorale en vigueur et du tableau annexe des électeurs non admis à participer au
scrutin » ; que les II et III du même article ont trait à la composition et aux attributions
de la commission administrative spéciale chargée, dans chaque bureau de vote,
d'établir la liste électorale spéciale et le tableau annexe ; qu'en vertu des IV, V et VI
du même article, la liste électorale spéciale et le tableau annexe sont permanents et
font chaque année l'objet d'une révision et de rectifications dans les conditions qu'ils
précisent ; qu'enfin le VII dispose que « l'Institut territorial de la statistique et des
études économiques tient un fichier général des électeurs inscrits sur les listes
électorales de la Nouvelle-Calédonie pour l'élection du Président de la République,
des députés à l'Assemblée nationale, des conseils municipaux et du Parlement
européen et pour les référendums ; ce fichier comporte également les électeurs
inscrits sur la liste électorale spéciale à l'élection du congrès et des assemblées de
province » ; qu'il résulte de ces dispositions que le tableau annexe comprend à tout
moment les électeurs inscrits sur les listes électorales de la Nouvelle-Calédonie pour
l'élection du Président de la République, des députés à l'Assemblée nationale, des
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33. Considérant qu'il ressort des dispositions combinées des articles 188 et 189 que
doivent notamment participer à l'élection des assemblées de province et du congrès
les personnes qui, à la date de l'élection, figurent au tableau annexe mentionné au I
de l'article 189 et sont domiciliées depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie, quelle que
soit la date de leur établissement en Nouvelle-Calédonie, même postérieure au 8
novembre 1998 ; qu'une telle définition du corps électoral restreint est au demeurant
seule conforme à la volonté du pouvoir constituant, éclairée par les travaux
parlementaires dont est issu l'article 77 de la Constitution, et respecte l'accord de
Nouméa, aux termes duquel font partie du corps électoral aux assemblées des
provinces et au congrès, notamment, les électeurs qui, « inscrits au tableau annexe,
rempliront une condition de domicile de dix ans à la date de l'élection » ;
34. Considérant que les articles 188 et 189 ne sont pas contraires à la Constitution et
ne méconnaissent pas l'habilitation donnée à la loi organique par l'article 77 de la
Constitution ;
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- SUR LE TITRE IX :
45. Considérant que ce titre est consacré à la consultation sur l'accession à la pleine
souveraineté ; qu'il comprend les articles 216 à 221 ;
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46. Considérant que l'article 216, qui prévoit les modalités de convocation des
personnes appelées à participer à la consultation et dispose que le corps électoral se
prononce à la majorité des suffrages exprimés, n'encourt pas de critique
d'inconstitutionnalité ;
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procédure et dans les mêmes délais ; qu'enfin, la réunion du comité des signataires
de l'accord de Nouméa pour examiner la situation née de réponses négatives ne
peut intervenir qu'à l'issue de trois consultations successives ;
52. Considérant, d'autre part, qu'en prévoyant la réunion du comité des signataires,
afin d'examiner la situation résultant de réponses négatives successives, non pas à
l'issue d'une troisième consultation mais dès l'issue de la deuxième, le quatrième
alinéa de l'article 217 a méconnu l'obligation que faisait au législateur organique
l'article 77 de la Constitution de respecter les orientations définies par l'accord de
Nouméa et de fixer les modalités nécessaires à sa mise en œuvre ; qu'il y a lieu dès
lors de déclarer le quatrième alinéa de l'article 217 non conforme à la Constitution ;
53. Considérant que les autres dispositions de l'article 217, relatives aux deux
premières consultations, sont séparables du quatrième alinéa ; qu'elles sont
conformes aux stipulations de l'accord de Nouméa applicables aux deux premières
consultations ; que le législateur organique a l'obligation constitutionnelle de prévoir
une troisième consultation en cas de réponse négative aux deux précédentes ;
54. Considérant que cet article définit le corps électoral appelé à participer à la
consultation sur l'accession à la pleine souveraineté conformément au point 2.2.1 de
l'accord de Nouméa ; qu'il se borne ainsi à mettre en oeuvre l'article 77 de la
Constitution ;
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Décide :
Article premier :
Sont déclarés contraires à la Constitution le 5 ° du I de l'article 195 et le quatrième
alinéa de l'article 217 de la loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie.
Article 2 :
Sous les réserves d'interprétation qui précèdent, les autres dispositions de cette loi,
tant celles qui ont le caractère de loi organique que celles qui ont le caractère de loi,
sont déclarées conformes à la Constitution.
Article 3 :
La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.
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