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Travaux Dirigés d’introduction au droit public

2023-2024

Séance n° 05

Séance n° 05
La notion d’État

Responsable du cours : Monsieur le Professeur Xavier BIOY

Équipe pédagogique :
Monsieur Alexandre CHEVALLIER
Madame Noémie ETCHENAGUCIA
Monsieur Solal GEA
Monsieur Mathieu LAFOUX
Monsieur Gavin MARFAING

Objectifs de la séance : Cette séance a pour objectif de permettre :

• Une connaissance de l’organisation étatique française


• Une meilleure compréhension des enjeux de la décentralisation
• Un approfondissement sur le statut de la Nouvelle-Calédonie

Contenu de la séance : que devez-vous préparer ?

• Exercice n° 1 : vous réaliserez un commentaire d’arrêt de la décision du


Conseil constitutionnel, n°99-410 DC du 15 mars 1999, Loi organique
relative à la Nouvelle-Calédonie (document n°6)

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Pour vous aider, vous consulterez les documents suivants :


1. Articles 1, 2, 3, 72, 72-1, 72-3, 73, 74, 76 et 77, Constitution du 4 octobre
1958
2. Accords de Nouméa, Préambule
3. Loi constitutionnelle n°98-610 du 20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-
Calédonie (version initiale)
4. M. VERPAUX, « L’unité et la diversité dans la République », Les Nouveaux
Cahiers du Conseil constitutionnel, 2014, n°42, pp. 7-16
5. S. MOHAMED-GAILLARD, “De la prise de possession à l’accord de Nouméa :
150 ans de liens institutionnels et politiques entre la France et la Nouvelle-
Calédonie », Journal de la Société des Océanistes, n°117, 2003, pp. 171-186.
6. Cons. Const., n°99-410 DC, 15 mars 1999, Loi organique relative à la
Nouvelle-Calédonie

_________

Document n° 1 : Articles 1, 2, 3, 72, 72-1, 72-3, 73, 74, 76 et 77, Constitution du


4 octobre 1958

Article premier
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle
assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou
de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et
fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.

Article 2
La langue de la République est le français.

L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.

L'hymne national est la " Marseillaise ".

La devise de la République est " Liberté, Égalite, Fraternité ".


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Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Article 3

La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et


par la voie du référendum.

Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.

Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la
Constitution. Il est toujours universel, égal et secret.

Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français
majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.

Article 72

Les collectivités territoriales de la République sont les communes, les départements,


les régions, les collectivités à statut particulier et les collectivités d'outre-mer régies
par l’article 74. Toute autre collectivité territoriale est créée par la loi, le cas échéant
en lieu et place d'une ou de plusieurs collectivités mentionnées au présent alinéa.

Les collectivités territoriales ont vocation à prendre les décisions pour l'ensemble des
compétences qui peuvent le mieux être mises en œuvre à leur échelon.

Dans les conditions prévues par la loi, ces collectivités s'administrent librement par
des conseils élus et disposent d'un pouvoir réglementaire pour l'exercice de leurs
compétences.

Dans les conditions prévues par la loi organique, et sauf lorsque sont en cause les
conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti, les collectivités territoriales ou leurs groupements
peuvent, lorsque, selon le cas, la loi ou le règlement l'a prévu, déroger, à titre
expérimental et pour un objet et une durée limités, aux dispositions législatives ou
réglementaires qui régissent l'exercice de leurs compétences.

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Aucune collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre. Cependant,
lorsque l'exercice d'une compétence nécessite le concours de plusieurs collectivités
territoriales, la loi peut autoriser l'une d'entre elles ou un de leurs groupements à
organiser les modalités de leur action commune.

Dans les collectivités territoriales de la République, le représentant de l'État,


représentant de chacun des membres du Gouvernement, a la charge des intérêts
nationaux, du contrôle administratif et du respect des lois.

Article 72-1

La loi fixe les conditions dans lesquelles les électeurs de chaque collectivité
territoriale peuvent, par l'exercice du droit de pétition, demander l'inscription à l'ordre
du jour de l'assemblée délibérante de cette collectivité d'une question relevant de sa
compétence.

Dans les conditions prévues par la loi organique, les projets de délibération ou d'acte
relevant de la compétence d'une collectivité territoriale peuvent, à son initiative, être
soumis, par la voie du référendum, à la décision des électeurs de cette collectivité.

Lorsqu'il est envisagé de créer une collectivité territoriale dotée d'un statut particulier
ou de modifier son organisation, il peut être décidé par la loi de consulter les
électeurs inscrits dans les collectivités intéressées. La modification des limites des
collectivités territoriales peut également donner lieu à la consultation des électeurs
dans les conditions prévues par la loi.

Article 72-3

La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'outre-mer,


dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité.

La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, Saint-Barthélemy,


Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les îles Wallis et Futuna et la Polynésie
française sont régis par l’article 73 pour les départements et les régions d'outre-mer

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et pour les collectivités territoriales créées en application du dernier alinéa de l'article


73, et par l’article 74 pour les autres collectivités.

Le statut de la Nouvelle-Calédonie est régi par le titre XIII.

La loi détermine le régime législatif et l'organisation particulière des Terres australes


et antarctiques françaises et de Clipperton.

Article 73

Dans les départements et les régions d'outre-mer, les lois et règlements sont
applicables de plein droit. Ils peuvent faire l'objet d'adaptations tenant aux
caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités.

Ces adaptations peuvent être décidées par ces collectivités dans les matières où
s'exercent leurs compétences et si elles y ont été habilitées selon le cas, par la loi ou
par le règlement.

Par dérogation au premier alinéa et pour tenir compte de leurs spécificités, les
collectivités régies par le présent article peuvent être habilitées, selon le cas, par la
loi ou par le règlement, à fixer elles-mêmes les règles applicables sur leur territoire,
dans un nombre limité de matières pouvant relever du domaine de la loi ou du
règlement.

Ces règles ne peuvent porter sur la nationalité, les droits civiques, les garanties des
libertés publiques, l'état et la capacité des personnes, l'organisation de la justice, le
droit pénal, la procédure pénale, la politique étrangère, la défense, la sécurité et
l'ordre publics, la monnaie, le crédit et les changes, ainsi que le droit électoral. Cette
énumération pourra être précisée et complétée par une loi organique.

La disposition prévue aux deux précédents alinéas n'est pas applicable au


département et à la région de La Réunion.

Les habilitations prévues aux deuxième et troisième alinéas sont décidées, à la


demande de la collectivité concernée, dans les conditions et sous les réserves

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prévues par une loi organique. Elles ne peuvent intervenir lorsque sont en cause les
conditions essentielles d'exercice d'une liberté publique ou d'un droit
constitutionnellement garanti.

La création par la loi d'une collectivité se substituant à un département et une région


d'outre-mer ou l'institution d'une assemblée délibérante unique pour ces deux
collectivités ne peut intervenir sans qu'ait été recueilli, selon les formes prévues au
second alinéa de l'article 72-4, le consentement des électeurs inscrits dans le ressort
de ces collectivités.

Article 74

Les collectivités d'outre-mer régies par le présent article ont un statut qui tient
compte des intérêts propres de chacune d'elles au sein de la République.

Ce statut est défini par une loi organique, adoptée après avis de l'assemblée
délibérante, qui fixe :

-les conditions dans lesquelles les lois et règlements y sont applicables ;

-les compétences de cette collectivité ; sous réserve de celles déjà exercées par elle,
le transfert de compétences de l'État ne peut porter sur les matières énumérées au
quatrième alinéa de l’article 73, précisées et complétées, le cas échéant, par la loi
organique ;

-les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la collectivité et le


régime électoral de son assemblée délibérante ;

-les conditions dans lesquelles ses institutions sont consultées sur les projets et
propositions de loi et les projets d'ordonnance ou de décret comportant des
dispositions particulières à la collectivité, ainsi que sur la ratification ou l'approbation
d'engagements internationaux conclus dans les matières relevant de sa
compétence.

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La loi organique peut également déterminer, pour celles de ces collectivités qui sont
dotées de l'autonomie, les conditions dans lesquelles :

-le Conseil d'État exerce un contrôle juridictionnel spécifique sur certaines catégories
d'actes de l'assemblée délibérante intervenant au titre des compétences qu'elle
exerce dans le domaine de la loi ;

-l'assemblée délibérante peut modifier une loi promulguée postérieurement à l'entrée


en vigueur du statut de la collectivité, lorsque le Conseil constitutionnel, saisi
notamment par les autorités de la collectivité, a constaté que la loi était intervenue
dans le domaine de compétence de cette collectivité ;

-des mesures justifiées par les nécessités locales peuvent être prises par la
collectivité en faveur de sa population, en matière d'accès à l'emploi, de droit
d'établissement pour l'exercice d'une activité professionnelle ou de protection du
patrimoine foncier ;

-la collectivité peut participer, sous le contrôle de l'État, à l'exercice des compétences
qu'il conserve, dans le respect des garanties accordées sur l'ensemble du territoire
national pour l'exercice des libertés publiques.

Les autres modalités de l'organisation particulière des collectivités relevant du


présent article sont définies et modifiées par la loi après consultation de leur
assemblée délibérante.

Article 76

Les populations de la Nouvelle-Calédonie sont appelées à se prononcer avant le 31


décembre 1998 sur les dispositions de l'accord signé à Nouméa le 5 mai 1998 et
publié le 27 mai 1998 au Journal officiel de la République française.

Sont admises à participer au scrutin les personnes remplissant les conditions fixées
à l’article 2 de la loi n°88-1028 du 9 novembre 1988.

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Les mesures nécessaires à l'organisation du scrutin sont prises par décret en


Conseil d'État délibéré en conseil des ministres.

Article 77

Après approbation de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76, la loi


organique, prise après avis de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie,
détermine, pour assurer l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dans le respect des
orientations définies par cet accord et selon les modalités nécessaires à sa mise en
œuvre :

-les compétences de l'État qui seront transférées, de façon définitive, aux institutions
de la Nouvelle-Calédonie, l'échelonnement et les modalités de ces transferts, ainsi
que la répartition des charges résultant de ceux-ci ;

-les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la Nouvelle-


Calédonie et notamment les conditions dans lesquelles certaines catégories d'actes
de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie pourront être soumises avant
publication au contrôle du Conseil constitutionnel ;

-les règles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l'emploi et au statut civil


coutumier ;

-les conditions et les délais dans lesquels les populations intéressées de la Nouvelle-
Calédonie seront amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine souveraineté.

Les autres mesures nécessaires à la mise en œuvre de l'accord mentionné à l'article


76 sont définies par la loi.

Pour la définition du corps électoral appelé à élire les membres des assemblées
délibérantes de la Nouvelle-Calédonie et des provinces, le tableau auquel se réfèrent
l'accord mentionné à l'article 76 et les articles 188 et 189 de la loi organique n°99-
209 du 19 mars relative à la Nouvelle-Calédonie est le tableau dressé à l'occasion du

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scrutin prévu audit article 76 et comprenant les personnes non admises à y


participer.

Document n°2 : Accords de Nouméa, Préambule

1. Lorsque la France prend possession de la Grande Terre, que James Cook


avait dénommée « Nouvelle-Calédonie », le 24 septembre 1853, elle s’approprie un
territoire selon les conditions du droit international alors reconnu par les nations
d’Europe et d’Amérique, elle n’établit pas des relations de droit avec la population
autochtone. Les traités passés, au cours de l’année 1854 et les années suivantes,
avec les autorités coutumières, ne constituent pas des accords équilibrés mais, de
fait, des actes unilatéraux.

Or, ce territoire n’était pas vide.

La Grande Terre et les îles étaient habitées par des hommes et des femmes qui
ont été dénommés kanak. Ils avaient développé une civilisation propre, avec ses
traditions, ses langues, la coutume qui organisait le champ social et politique. Leur
culture et leur imaginaire s’exprimaient dans diverses formes de création.

L’identité kanak était fondée sur un lien particulier à la terre. Chaque individu,
chaque clan se définissait par un rapport spécifique avec une vallée, une colline, la
mer, une embouchure de rivière, et gardait la mémoire de l’accueil d’autres familles.
Les noms que la tradition donnait à chaque élément du paysage, les tabous
marquant certains d’entre eux, les chemins coutumiers structuraient l’espace et les
échanges.

2. La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s’est inscrite dans un vaste


mouvement historique où les pays d’Europe ont imposé leur domination au reste du
monde.

Des hommes et des femmes sont venus en grand nombre, aux XIXe et
XXesiècles, convaincus d’apporter le progrès, animés par leur foi religieuse, venus

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contre leur gré ou cherchant une seconde chance en Nouvelle-Calédonie. Ils se sont
installés et y ont fait souche. Ils ont apporté avec eux leurs idéaux, leurs
connaissances, leurs espoirs, leurs ambitions, leurs illusions et leurs contradictions.

Parmi eux certains, notamment des hommes de culture, des prêtres ou des
pasteurs, des médecins et des ingénieurs, des administrateurs, des militaires, des
responsables politiques ont porté sur le peuple d’origine un regard différent, marqué
par une plus grande compréhension ou une réelle compassion.

Les nouvelles populations sur le territoire ont participé, dans des conditions
souvent difficiles, en apportant des connaissances scientifiques et techniques, à la
mise en valeur minière ou agricole et, avec l’aide de l’État, à l’aménagement de la
Nouvelle-Calédonie. Leur détermination et leur inventivité ont permis une mise en
valeur et jeté les bases du développement.

La relation de la Nouvelle-Calédonie avec la métropole lointaine est demeurée


longtemps marquée par la dépendance coloniale, un lien univoque, un refus de
reconnaître les spécificités, dont tes populations nouvelles ont aussi souffert dans
leurs aspirations.

3. Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même


si elle ne fut pas dépourvue de lumière. Le choc de la colonisation a constitué un
traumatisme durable pour la population d’origine.

Des clans ont été privés de leur nom en même temps que de leur terre. Une
importante colonisation foncière a entraîné des déplacements considérables de
population, dans lesquels des clans kanak ont vu leurs moyens de subsistance
réduits et leurs lieux de mémoire perdus. Cette dépossession a conduit à une perte
des repères identitaires.

L’organisation sociale kanak, même si elle a été reconnue dans ses principes,
s’en est trouvée bouleversée. Les mouvements de population l’ont déstructurée, la
méconnaissance ou des stratégies de pouvoir ont conduit trop souvent à nier les
autorités légitimes et à mettre en place des autorités dépourvues de légitimité selon
la coutume, ce qui a accentué le traumatisme identitaire.

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Simultanément, le patrimoine artistique kanak était nié ou pillé.

À cette négation des éléments fondamentaux de l’identité kanak se sont


ajoutées des limitations aux libertés publiques et une absence de droits politiques,
alors même que les kanak avaient payé un lourd tribut à la défense de la France,
notamment lors de la Première Guerre mondiale.

Les kanak ont été repoussés aux marges géographiques, économiques et


politiques de leur propre pays, ce qui ne pouvait chez un peuple fier et non dépourvu
de traditions guerrières, que provoquer des révoltes, lesquelles ont suscité des
répressions violentes, aggravant les ressentiments et les incompréhensions.

La colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a privé de


son identité. Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie
ou leurs raisons de vivre. De grandes souffrances en sont résultées. Il convient de
faire mémoire de ces moments difficiles, de reconnaître les fautes, de restituer au
peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance
de sa souveraineté, préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée
dans un destin commun.

4. La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les


communautés qui vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple
kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de
notre temps.

Les communautés qui vivent sur le territoire ont acquis par leur participation à
l’édification de la Nouvelle-Calédonie une légitimité à y vivre et à continuer de
contribuer à son développement. Elles sont indispensables à son équilibre social et
au fonctionnement de son économie et de ses institutions sociales. Si l’accession
des kanak aux responsabilités demeure insuffisante et doit être accrue par des
mesures volontaristes, il n’en reste pas moins que la participation des autres
communautés à la vie du territoire lui est essentielle.
Il est aujourd’hui nécessaire de poser les bases d’une citoyenneté de la Nouvelle-
Calédonie, permettant au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les
femmes qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun.
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La taille de la Nouvelle-Calédonie et ses équilibres économiques et sociaux ne


permettent pas d’ouvrir largement le marché du travail et justifient des mesures de
protection de l’emploi local.

Les accords de Matignon signés en juin 1988 ont manifesté la volonté des
habitants de Nouvelle-Calédonie de tourner la page de la violence et du mépris pour
écrire ensemble des pages de paix, de solidarité et de prospérité.

Dix ans plus tard, il convient d’ouvrir une nouvelle étape, marquée par la pleine
reconnaissance de l’identité kanak, préalable à la refondation d’un contrat social
entre toutes les communautés qui vivent en Nouvelle-Calédonie, et par un partage
de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté.

Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage,


par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun.

La France est prête à accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette voie.

5. Les signataires des accords de Matignon ont donc décidé d’arrêter ensemble
une solution négociée, de nature consensuelle, pour laquelle ils appelleront
ensemble les habitants de Nouvelle-Calédonie à se prononcer.

Cette solution définit pour vingt années l’organisation politique de la Nouvelle-


Calédonie et les modalités de son émancipation.

Sa mise en œuvre suppose une loi constitutionnelle que le Gouvernement


s’engage à préparer en vue de son adoption au Parlement.

La pleine reconnaissance de l’identité kanak conduit à préciser le statut


coutumier et ses liens avec le statut civil des personnes de droit commun, à prévoir
la place des structures coutumières dans les institutions, notamment par
l’établissement d’un Sénat coutumier, à protéger et valoriser le patrimoine culturel
kanak, à mettre en place de nouveaux mécanismes juridiques et financiers pour
répondre aux demandes exprimées au titre du lien à la terre, tout en favorisant sa
mise en valeur, et à adopter des symboles identitaires exprimant la place essentielle
de l’identité kanak du pays dans la communauté de destin acceptée.

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Les institutions de la Nouvelle-Calédonie traduiront la nouvelle étape vers la


souveraineté : certaines des délibérations du Congrès du territoire auront valeur
législative et un Exécutif élu les préparera et les mettra en œuvre.

Au cours de cette période, des signes seront donnés de la reconnaissance


progressive d’une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, celle-ci devant traduire la
communauté de destin choisie et pouvant se transformer, après la fin de la période,
en nationalité, s’il en était décidé ainsi.

Le corps électoral pour les élections aux assemblées locales propres à la


Nouvelle-Calédonie sera restreint aux personnes établies depuis une certaine durée.

Afin de tenir compte de l’étroitesse du marché du travail, des dispositions seront


définies pour favoriser l’accès à l’emploi local des personnes durablement établies en
Nouvelle-Calédonie.

Le partage des compétences entre l’État et la Nouvelle-Calédonie signifiera la


souveraineté partagée. Il sera progressif. Des compétences seront transférées dès la
mise en œuvre de la nouvelle organisation. D’autres le seront selon un calendrier
défini, modulable par le Congrès, selon le principe d’auto-organisation. Les
compétences transférées ne pourront revenir à l’État, ce qui traduira le principe
d’irréversibilité de cette organisation.

La Nouvelle-Calédonie bénéficiera pendant toute la durée de mise en œuvre de


la nouvelle organisation de l’aide de l’État, en termes d’assistance technique et de
formation et des financements nécessaires, pour l’exercice des compétences
transférées et pour le développement économique et social.

Les engagements seront inscrits dans des programmes pluriannuels. La


Nouvelle-Calédonie prendra paît au capital ou au fonctionnement des principaux
outils du développement dans lesquels l’État est partie prenante.

Au terme d’une période de vingt années, le transfert à la Nouvelle-Calédonie des


compétences régaliennes, l’accès à un statut international de pleine responsabilité et
l’organisation de la citoyenneté en nationalité seront proposés au vote des
populations intéressées.

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Leur approbation équivaudrait à la pleine souveraineté de la Nouvelle-


Calédonie.

Document n°3 : Loi constitutionnelle n°98-610 du 20 juillet 1998 relative à la


Nouvelle-Calédonie (version initiale)

Le Congrès a adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article 1er

Le titre XIII de la Constitution est rétabli et intitulé : « Dispositions transitoires


relatives à la Nouvelle-Calédonie. »

Article 2

Dans le titre XIII de la Constitution, il est rétabli un article 76 dans la rédaction


suivante :

« Art. 76. - Les populations de la Nouvelle-Calédonie sont appelées à se prononcer


avant le 31 décembre 1998 sur les dispositions de l'accord signé à Nouméa le 5 mai
1998 et publié le 27 mai 1998 au Journal officiel de la République française.

« Sont admises à participer au scrutin les personnes remplissant les conditions


fixées à l'article 2 de la loi no 88-1028 du 9 novembre 1988.

« Les mesures nécessaires à l'organisation du scrutin sont prises par décret en


Conseil d'État délibéré en conseil des ministres. »

Article 3

Dans le titre XIII de la Constitution, il est rétabli un article 77 dans la rédaction


suivante :

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« Art. 77. - Après approbation de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76,
la loi organique, prise après avis de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-
Calédonie, détermine, pour assurer l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dans le
respect des orientations définies par cet accord et selon les modalités nécessaires à
sa mise en œuvre :

« - les compétences de l'État qui seront transférées, de façon définitive, aux


institutions de la Nouvelle-Calédonie, l'échelonnement et les modalités de ces
transferts, ainsi que la répartition des charges résultant de ceux-ci ;

« - les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la Nouvelle-


Calédonie et notamment les conditions dans lesquelles certaines catégories d'actes
de l'assemblée délibérante pourront être soumises avant publication au contrôle du
Conseil constitutionnel ;

« - les règles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l'emploi et au statut


civil coutumier ;

« - les conditions et les délais dans lesquels les populations intéressées de la


Nouvelle-Calédonie seront amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine
souveraineté.

« Les autres mesures nécessaires à la mise en œuvre de l'accord mentionné à


l'article 76 sont définies par la loi. »

La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

Fait à Paris, le 20 juillet 1998.

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Document n° 4 : M. VERPAUX, « L’unité et la diversité dans la République »,


Les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel, 2014, n°42, pp. 7-16

L'article 1er de la Constitution du 4 octobre 1958 proclame à la fois que la


République est indivisible et que « Son organisation est décentralisée ». Si la
première affirmation est ancienne et si elle remonte directement, dans les mêmes
termes, à l'article 1er de la Constitution du 27 octobre 1946 (et, accessoirement, à
l'article 40 du projet de Constitution du 19 avril 1946), la seconde est beaucoup plus
récente. Elle est due à la loi constitutionnelle no 2003-276 du 28 mars 2003 ( JO du
29 mars 2003 p. 5568), précisément relative à « l'organisation décentralisée de la
République ». L'affirmation de l'indivisibilité de la République est très ancienne dans
l'histoire constitutionnelle et politique française comme en témoigne le décret de la
Convention nationale du 22 septembre 1792 qui abolit la royauté lors de sa première
séance, et qui proclama dès le 25 septembre 1792 à la fois l'unité et l'indivisibilité de
la République française(1), afin de lutter contre les ennemis de la Révolution,
accusés d'un fédéralisme qui menaçait l'unité du nouveau pouvoir révolutionnaire.
Malgré son caractère républicain, cette affirmation n'est pas propre à la République,
comme l'atteste l'article 1er du Titre II de la Constitution du 3 septembre 1791 selon
lequel « Le Royaume est un et indivisible », reprenant les principes mêmes de la
monarchie absolue. Sur ce point, l'Ancien régime et la Révolution forment une
continuité quasi parfaite. L'État unitaire français s'est construit autour du pouvoir
royal et par lui. La Révolution de 1789 n'a fait que parfaire ce mouvement, en
effaçant toutes les contraintes juridiques et économiques de l'Ancien Régime pour
que cette unité se réalise. Les décrets adoptés lors de la nuit du 4 août 1789 et
relatifs à l'abolition des privilèges, aussi bien ceux attachés aux personnes et aux
ordres que les privilèges territoriaux au profit de villes ou communautés d'habitants
ou de provinces, ont ainsi favorisé l'unité de la nation française. L'uniformité des
règles et des territoires a permis le développement d'un pouvoir centralisé, symbolisé
par le régime napoléonien, présenté souvent comme l'apogée du centralisme alors
qu'il s'inscrit aussi à la suite des mesures prises par la Convention et sous le
Directoire, et qui a légué, par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), le préfet,
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institution qui incarne la présence de l'État sur l'ensemble du territoire. Cette loi avait
été précédée, quelques semaines auparavant, de la Constitution du 22 frimaire an
VIII (13 décembre 1799) dont l'article 1er réaffirmait : « La République française est
une et indivisible », en reprenant les termes exacts de l'article 1er de la Constitution
du 5 fructidor an III (22 août 1795)(2).

C'est donc dans une longue perspective historique que s'inscrit l'affirmation de
l'indivisibilité de la République. Par rapport à ces proclamations anciennes et
révolutionnaires(3), la référence à l'unité a cependant disparu des textes
constitutionnels français plus récents. La République doit s'accommoder en effet de
la satisfaction d'intérêts locaux ou de considérations historiques ou géographiques
qui conduisent à la prise en compte de diversités qui sont toutes, plus ou moins, en
lien avec l'existence d'une ou plusieurs collectivités territoriales. Ce sont ces
dernières, dont le développement est devenu incontournable, qui accompagnent et
justifient la diversité, au sein de la République restée indivisible.

I – L'indivisibilité de la République

L'indivisibilité de la République signifie l'unité du pouvoir normatif, c'est-à-dire l'unité


du pouvoir politique, qui repose sur l'unicité du souverain qui ne peut être que le
peuple français, selon les termes des aliénas 1 et 2 de l'article 3 de la Constitution de
1958, tels qu'ils sont interprétés par le juge constitutionnel. En cela, la République
française est un État parfaitement unitaire.

A - L'unicité de la souveraineté

L'État unitaire se caractérise par l'unité du pouvoir politique, qui se traduit, sur le plan
juridique, par l'existence d'une seule catégorie de lois, adoptées par des
représentants de la souveraineté ou directement par référendum, et qui ont vocation
à s'appliquer sur l'ensemble du territoire. Cette indivisibilité du pouvoir normatif
implique qu'il n'existe qu'une seule catégorie de lois.

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Si la loi peut tolérer l'édiction de règles de droit qui s'appliquent sur une portion du
territoire, comme peuvent l'être les actes des autorités déconcentrées ou même
décentralisées, ces normes locales ne peuvent cependant être édictées qu'en
application et en conformité avec les normes nationales préalables. Elles ne peuvent
être créées que si la loi nationale détermine les matières dans lesquelles elles
peuvent intervenir. Ainsi, les autorités locales, c'est-à-dire les collectivités locales, ne
disposent d'un pouvoir normatif que dans le cadre de la loi, et en respectant cette loi,
comme l'affirme l'article 72 al 3 : c'est « dans les conditions prévues par la loi » que
les collectivités territoriales « s'administrent librement », ce que l'article 34 alinéa 13
proclame aussi en confiant à la loi la compétence pour déterminer les principes
fondamentaux de la libre administration des collectivités territoriales. De même, si la
loi constitutionnelle du 28 mars 2003 a également reconnu aux collectivités
territoriales un pouvoir réglementaire, celui-ci est limité à l'exercice de leurs
compétences (art. 72 al. 3), et ne peut empiéter sur le pouvoir réglementaire reconnu
au Premier ministre et au président de la République (art. 21 et 13) : le pouvoir
réglementaire reconnu aux collectivités territoriales est donc secondaire et résiduel.
Les actes des autorités locales restent des actes administratifs soumis au contrôle du
seul juge administratif, notamment par l'intermédiaire du contrôle administratif confié
au représentant de l'État et n'ont aucune vocation à concurrencer ni la loi ni même
les règlements nationaux (art. 72 al. 6).

Cette unicité du pouvoir politique exprimée par le principe d'indivisibilité ne se


confond pas avec la question de l'intégrité du territoire avec laquelle elle est parfois
confondue, même si cette souveraineté s'exerce nécessairement sur un territoire
déterminé. Associé à l'existence d'un pouvoir politique et à une population, le
territoire est le troisième élément de définition d'un État souverain. À la différence
d'autres pays européens comme le Portugal par exemple (art. 5), la Constitution de
1958 ne définit pas géographiquement, dans le sens d'une description à la fois
concrète et juridique, le territoire français. Le territoire est alors conçu, de manière
abstraite, comme étant celui sur lequel les autorités françaises avaient autorité en
1958. Celui-ci a connu cependant des évolutions, sans que la Constitution soit

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toujours et totalement respectée. C'est ainsi que les départements d'Algérie et du


Sahara en 1962, le Territoire d'outre-mer des Comores en 1975, puis les territoires
de Côte française des Somalis en 1977, ont accédé à l'indépendance dans des
conditions non prévues par la Constitution, même s'il y a eu des référendums
d'autodétermination.

L'intégrité du territoire n'est pas absente de la Constitution qui organise surtout les
conditions de sa protection. Le texte constitutionnel fait du président de la
République le garant de cette intégrité (art. 5), et son ultime rempart en cas de crise
grave (art. 16) et il interdit toute révision « lorsqu'il est porté atteinte à l'intégrité du
territoire » (art. 89).

Ces différentes protections du territoire n'empêchent pas l'article 53 al. 3 de la


Constitution d'organiser, à propos des traités, une possibilité de modification du
territoire de la République. Cette disposition signifie que le territoire n'est pas conçu
comme une donnée intangible, fixée au moment de la Constitution de 1958 et qui ne
pourrait plus être modifiée sans changement de la Constitution. À propos des
Comores, le Conseil constitutionnel a même reconnu, sur ce fondement, la possibilité
pour un territoire de faire sécession « afin de constituer un État indépendant ou y
être attaché », en interprétant de manière extensive l'article 53 qui ne concerne que
la cession, ou l'adjonction de territoire dans le cadre d'un traité international
(déc.no7559DCdu30décembre1975,Loi relative aux conséquences de
l'autodétermination des îles des Comores, Rec.p. 26). Cette interprétation était
audacieuse car, dans le cas de la sécession, aucun traité ne peut être conclu faute
de partenaire ayant la capacité de conclure un tel traité. C'est ainsi que les accords
d'Évian du 18 mars 1962 mettant fin à la guerre d'Algérie n'ont pas été conçus
comme un traité. Pour autant, ce droit à sécession n'est pas inconditionné : l'article
53 al. 3 tel qu'il est interprété par le Conseil constitutionnel, exige que l'initiative de ce
droit émane des « autorités compétentes de la République », ce qui implique
l'intervention d'une loi nationale. La procédure doit comprendre la consultation des «
populations intéressées ». C'est d'ailleurs pour réagir contre cette jurisprudence que
l'article 72-3 al. 2, introduit par la loi constitutionnelle du 28 mars 2003, a énuméré
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les territoires des collectivités situées outre-mer, quel que soit leur statut. Cet article
peut être compris comme interdisant que ces « territoires » qui sont aussi des
collectivités territoriales, de cesser d'appartenir à la République française sans une
révision de la Constitution. Le territoire deviendrait alors « indivisible » sans
modification de la Constitution mais, paradoxalement, cette exigence ne pèserait que
sur les collectivités situées outre-mer.

B - L'unicité du peuple français

Cette unicité correspond à l'unité de la nation française et elle est affirmée


notamment à l'article 3 al. 1 er de la Constitution : « La souveraineté nationale
appartient au peuple... ». La révision constitutionnelle du 28 mars 2003 a consacré,
presque de manière incidente, l'unité du peuple français à l'article 72-3. Deux
décisions du Conseil constitutionnel ont cependant précédé le Constituant et c'est au
Conseil que l'on doit la consécration constitutionnelle du peuple français.

Dans une première décision(no91-290DCdu9mai1991,Loi portant statut de la


collectivité territoriale de Corse, Rec.p.50),le Conseil constitutionnel a censuré la
référence à un « peuple corse, composante du peuple français ». Il s'est fondé
notamment sur l'article 1er de la Constitution selon lequel « la France assure l'égalité
de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion », pour
considérer que la Constitution ne connaissait que le peuple français, du moins pour
la métropole, et qu'il ne pouvait y avoir de distinction au sein de ce peuple. L'unité est
donc assimilée à l'égalité, la première permettant d'atteindre la seconde. Sur le
fondement des textes les plus solennels qui font référence au « peuple français » de
la Déclaration de 1789 (« les représentants du peuple français ») et des Préambules
de 1946 (« au lendemain [...] le peuple français réaffirme »), et de 1958 (« Le peuple
français proclame solennellement son attachement [...] »), le Conseil a estimé que «
la référence faite au “peuple français” figure d'ailleurs depuis deux siècles dans de
nombreux textes constitutionnels ; qu'ainsi le concept juridique de “peuple français” a
valeur constitutionnelle » (cons. 12). Le Conseil semble exprimer ici une sorte de
référence indirecte à une continuité constitutionnelle qui dépasserait un texte précis,
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par une sorte de coutume constitutionnelle ou de référence historique. Cette forme


de supra constitutionnalité dépasse les textes des différentes Constitutions, mais le
Conseil a pris la peine de n'invoquer que des textes dont la valeur constitutionnelle
positive est incontestable. La continuité constitutionnelle a été réaffirmée dans la
Charte de l'environnement de 2004 qui dispose que « Le peuple français [...]
proclame ». Sur le fondement de cette continuité constitutionnelle, le Conseil avait
jugé que la loi ne pouvait créer d'autres peuples, même en tant que composante du
peuple français, à propos de la reconnaissance, dans l'article 1er de la loi adoptée
par le Parlement, de la « communauté historique et culturelle vivante que constitue le
peuple corse, composante du peuple français » (cons. 13). Il a ainsi censuré la
totalité de cet article, en se fondant sur la mention du peuple français dans la
Déclaration des droits de 1789 et dans le préambule de 1958 qui distingue le peuple
français des peuples des territoires d'outre-mer.

Dans une seconde décision (déc. no 99-412 DC du 15 juin 1999, Charte européenne
des langues régionales ou minoritaires, Rec. p. 71), le Conseil constitutionnel a
confirmé sa position sur l'unicité du peuple français, consacrée comme ayant valeur
constitutionnelle (cons. 5). Cette Charte, signée par la France en 1998 et initiée par
le Conseil de l'Europe, a été déclarée contraire à la Constitution, et sa ratification ne
peut intervenir qu'après une révision de cette dernière, ce qu'une absence d'accord
politique a toujours empêché depuis 1999. Les critiques dirigées contre ce qui était
considéré comme une conception archaïque et dépassée de la nation française n'ont
pas manqué. Toutefois, cette analyse correspond à une vision historique de cette
nation et à un refus de s'engager dans un chemin, jugé dangereux, de la
reconnaissance de groupes d'individus liés entre eux par des intérêts divers,
communautés ou ethnies. Elle permet de comprendre pourquoi le Conseil
constitutionnel a préféré utiliser le concept de peuple plutôt que celui de langue de la
République, pourtant consacré à l'article 2 de la Constitution et qui semblait au cœur
du texte qu'il examinait.

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L'un des liens qui permet, en effet, de cimenter l'unicité du peuple peut être la langue
parlée par ce groupe, tant l'unité nationale peut être associée à l'unité linguistique.
Cette dernière, qui reflète l'unité du peuple, est aussi la conséquence de l'unité de la
souveraineté nationale. C'est tardivement, avec la révision du 25 juin 1992, que le
français a été érigé comme langue de la République, à l'article 2 al. 1er de la
Constitution. Cette reconnaissance constitutionnelle a été inspirée, notamment, par
le contexte de construction européenne et de lutte contre la domination de la langue
anglaise. Le juge constitutionnel a fait application de cette disposition et il a distingué
la sphère privée, dans laquelle l'usage d'une autre langue que le français est
possible au nom du principe de la liberté de communication, inscrite à l'article 11 de
la Déclaration des droits de 1789, et la sphère publique pour laquelle le français est
la langue officielle et donc la seule à pouvoir être utilisée dans ce cadre (déc. no 94-
345 DC du 29 juillet 1994, Loi relative à l'emploi de la langue française, Rec. p. 106).
Le français est ainsi devenu une langue publique, officielle, qui peut être imposée à
tout détenteur d'une parcelle de l'autorité publique et à ceux qui sont en relation avec
les administrations et juridictions. Les autres personnes peuvent continuer
néanmoins, à utiliser librement la langue qu'ils veulent dans les rapports privés, la «
liberté fondamentale de pensée et d'expression proclamée par l'article 11 de la
Déclaration des droits de l'homme » s'y opposant (cons. 9). C'est dans ce sens qu'il
faut envisager l'ajout, par la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008, d'un article 75-1
reconnaissant que « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la
France ». Cette disposition ne remet pas en cause le caractère officiel du français et
son insertion au sein du Titre XII consacré aux collectivités territoriales paraît limiter
ces langues régionales au seul cadre de ces collectivités. Elle permet seulement de
considérer que l'unité linguistique de la République peut connaître des nuances.
Cette reconnaissance de la diversité n'est pas isolée.

II – La République dans sa diversité

De plus en plus, est apparue la nécessité de garantir la diversité des dispositions


législatives afin d'adapter ces dernières aux réalités locales. Cette multiplicité

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législative explique peut-être que l'adjectif « une » qui figurait dans les textes
révolutionnaires, ait disparu dans les Constitutions du xxe siècle. L'existence de
textes venant concurrencer la loi et la reconnaissance de populations au sein du
peuple français sont deux illustrations de la recherche d'une diversité territoriale qu'il
n'est pas possible d'ignorer.

A - La loi nationale et les autres

L'État, aussi unitaire que peut l'être la République française, peut supporter la
reconnaissance d'une diversité législative. Le plus troublant est que cette dernière ne
date pas des lois de décentralisation des années 1980. Alors que l'indivisibilité du
pouvoir se caractérise par la soumission de tous les citoyens aux mêmes lois, un
droit d'Alsace-Moselle subsiste depuis la loi du ler juin 1924 mettant en vigueur la
législation civile française dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la
Moselle qui conservaient un certain nombre d'éléments du droit allemand. Son article
7 dressait ainsi la liste des lois locales qui devaient continuer à être appliquées, et
qui sont encore en vigueur dans les trois départements. Dans sa décision no 2011-
157 QPC du 5 août 2011, Société Somodia [Interdiction du travail le dimanche en
Alsace-Moselle], le Conseil constitutionnel a d'ailleurs reconnu au maintien « des
dispositions législatives et réglementaires particulières aux départements du Bas-
Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle » la valeur d'un principe fondamental reconnu
par les lois de la République ayant valeur constitutionnelle. Pour ce faire, il s'est
fondé notamment sur cette loi du 1er juin 1924. Dans le cas de ce « droit local »,
c'est le législateur français qui est à l'origine de cette diversité et qui l'organise,
bénéficiant d'une reconnaissance constitutionnelle. Dans d'autres cas, ce sont des
parcelles du pouvoir législatif qui sont abandonnées à des autorités décentralisées,
quand bien même il a fallu, à chaque fois, l'autorisation du constituant.

De façon plus générale, et afin de surmonter une jurisprudence contraire du Conseil


constitutionnel (déc. 2001-454 DC du 17 janvier 2002, Loi relative à la Corse, Rec.,
p. 70, cons. 19 et s.), la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, complétée par
celle du 23 juillet 2008, a reconnu à l'alinéa 4 de l'article 72 la possibilité pour toute
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collectivité ainsi qu'à leurs groupements, de déroger aux lois et règlements nationaux
par le biais d'une expérimentation législative encadrée par la loi organique no 2003-
704 du 1er août 2003 (codifiée aux articles LO 1113-1 et s.) , mais dans des
conditions très strictes et encadrées par une loi organique, et sans pouvoir
méconnaître une liberté publique ou un droit constitutionnellement garanti. Les
collectivités territoriales peuvent ainsi adopter des mesures qui dérogent à la loi et se
substituent à elle. Le bilan de cette expérimentation normative, qu'il faut distinguer de
la possibilité, reconnue à l'article 37-1, lui aussi introduit en 2003, donnée au
législateur d'adopter des lois ayant un caractère expérimental est cependant très
faible, peu de lois ayant autorisé ces collectivités à déroger, tant la méfiance du
législateur semble grande.

Pour les départements et régions d'outre-mer, l'adaptation des normes législatives a


été élargie, alors même que l'article 73 de la Constitution, révisé le 28 mars 2003,
dispose que « Dans les départements et les régions d'outre-mer, les lois et
règlements sont applicables de plein droit ». La deuxième phrase de cet alinéa 1er
prévoit en effet qu'« Ils peuvent faire l'objet d'adaptations tenant aux caractéristiques
et contraintes particulières de ces collectivités ». Ce pouvoir d'adaptation aux
caractéristiques locales n'est cependant pas possible pour les matières considérées
comme régaliennes et qui ne peuvent être régies que par une loi nationale. La liste
de ces compétences, fixée à l'alinéa 4 de l'article 73, comprend les matières dont le
constituant a estimé qu'elles ne pouvaient échapper à la loi nationale : parmi elles
figurent notamment la nationalité, l'état-civil, les libertés publiques, le droit pénal et la
monnaie. Pour toutes ces matières, le principe de l'indivisibilité demeure. Au sein des
collectivités d'outre-mer régies par l'article 74, qui ont remplacé les anciens territoires
d'outre-mer, cet article, lui aussi profondément modifié en 2003, prévoit que « Les
collectivités d'outre-mer régies par le présent article ont un statut qui tient compte
des intérêts propres de chacune d'elles au sein de la République. Ce statut est défini
par une loi organique, adoptée après avis de l'assemblée délibérante, qui fixe : les
conditions dans lesquelles les lois et règlements y sont applicables ». Au principe
d'assimilation législative, s'oppose alors celui de la spécialité législative qui signifie

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que les lois nationales ne s'appliquent dans ces collectivités que si le législateur le
prévoit au cas par cas.

De manière encore plus significative, la loi constitutionnelle no 98-610 du 20 juillet


1998 relative à la Nouvelle-Calédonie (JO du 21 juillet 1998 p. 11143) a introduit, à
l'article 77 de la Constitution, une nouvelle catégorie d'actes pris par l'assemblée
délibérante de Nouvelle-Calédonie et susceptibles d'être soumis avant publication au
Conseil constitutionnel. Ces actes ont été qualifiés de « lois du pays » par la loi
organique no 99- 209 du 19 mars 1999 relative à la Nouvelle-Calédonie. L'article 99
de cette loi, qui définit le régime de ces textes, prévoit que « Les lois du pays
interviennent dans les matières suivantes correspondant aux compétences exercées
par la Nouvelle-Calédonie ou à compter de la date de leur transfert par application de
la présente loi » et il énumère douze compétences législatives transférées aux
autorités locales. Pour que cette atteinte au caractère indivisible du pouvoir législatif
qui identifie un État unitaire soit possible, il a fallu rien de moins qu'une révision
constitutionnelle qui a introduit ce que certains auteurs ont qualifié de « fédéralisme
asymétrique ». Ces lois du pays sont adoptées par le Congrès de la Nouvelle-
Calédonie et ne peuvent être contrôlées que par le seul Conseil constitutionnel,
poussant ainsi l'assimilation des lois du pays aux lois nationales. Ces lois constituent
une atteinte à l'unité du pouvoir normatif, car il y a bien un pouvoir législatif propre. Il
est vrai que la Nouvelle-Calédonie connaît un régime constitutionnel provisoire,
destiné à préparer son accession à la pleine souveraineté si les électeurs de cette
collectivité en décident ainsi lors de référendums qui doivent être organisés entre
2014 et 2019.

B - La reconnaissance des populations d'outre-mer

Le constituant, une fois encore en 2003, a été conduit à reconnaître l'existence de «


populations d'outre-mer » au sein du peuple français, sans doute pour lutter contre
une conception ultra-rigide de la notion de peuple qui avait été affirmée dans la
jurisprudence précitée du Conseil constitutionnel de 1991 et de 1999. La révision
constitutionnelle du 28 mars 2003 a en effet permis d'insérer un alinéa 1er à l'article
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72-3 qui proclame que « La République reconnaît, au sein du peuple français, les
populations d'outre-mer, dans un idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité ».
En faisant une distinction, dont les contours ne sont pas précisés, entre le peuple et
les populations, le constituant a voulu aussi réaffirmer l'unité du « peuple français »
mais en même temps reconnaître une certaine diversité historique, géographique et
culturelle des populations situées outre-mer.

Cette limitation aux seules « populations d'outre-mer » a, en même temps qu'elle


reconnaissait ces dernières, fermé la porte à la reconnaissance de populations
situées sur le territoire métropolitain. Cette notion de « populations d'outre-mer » est
définie à la fois géographiquement puisque celles-ci sont « ultramarines », et
juridiquement, car elles correspondent aux territoires qui sont définis par l'alinéa 2 de
ce même article, complété par la loi constitutionnelle no 2008-724 du 23 juillet 2008,
qui énumère les collectivités qui sont situées outre-mer. Ainsi, ces collectivités sont
aussi bien les départements et régions d'outre-mer et les collectivités uniques régies
par l'article 73 que les collectivités d'outre- mer régies par l'article 74, (Saint-Pierre-
et-Miquelon, les îles Wallis et Futuna et la Polynésie française, Saint-Barthélemy et
Saint-Martin). À cette liste, il faut ajouter les populations de Nouvelle-Calédonie (al. 3
de ce même art. 72-3). La Corse, qui ne fait pas partie de cette liste, ne comprend
donc pas de populations ultramarines. La question de l'identification de ces
populations d'outre-mer reste posée : sont-elles définies par leur présence dans ces
mêmes collectivités situées outre-mer ? Une telle définition ne résout pas alors la
place des populations d'origine européenne vivant dans ces collectivités ni celle des
nombreux Français venus des DOM et qui vivent en métropole.

L'article 72-3 n'entraîne cependant pas de conséquences quant aux droits


particuliers qui pourraient être reconnus à ces populations d'outre- mer, notamment
pas en matière électorale. Au contraire, lorsqu'il est question de consulter les
collectivités situées outre-mer sur leur avenir statutaire ou sur leur évolution
institutionnelle, le constituant prend soin de prévoir que seront consultés les «
électeurs de la collectivité » et non les populations concernées, qui auraient pu être
comprises à la fois de manière restrictive (seuls les membres de ces populations qui
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y ont un intérêt « local » pourraient voter) ou de manière extensive (tous ceux qui se
sentent concernés par la question pourraient voter, même ceux n'habitant pas « sur
place »). L'article 72-4 al. 2 de la Constitution, lui aussi introduit en 2003, a prévu que
les électeurs de ces collectivités ne peuvent être que ceux inscrits sur place même
s'ils ne semblent pas appartenir aux populations d'outre-mer telles qu'elles sont
conçues dans l'article 72-3. Ces dispositions ont fait l'objet de plusieurs applications
pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin, lors des consultations du 7 décembre 2003 en
vue de leur transformation en collectivités d'outre-mer régies par l'article 74 de la
Constitution, à Mayotte le 29 mars 2009 à propos de la départementalisation de cette
île de l'Océan indien, et en Martinique et en Guyane les 10 et 24 janvier 2010 à
propos de la création d'une collectivité unique dans ces deux départements et
régions d'outre-mer. C'est pour échapper à cette définition objective des électeurs
que l'accord de Nouméa signé le 5 mai 1998 et publié au Journal officiel du 27 mai
1998 sous l'égide de Lionel Jospin entre le Gouvernement français et les principaux
partis néo-calédoniens, a créé une citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie au sein de
la nationalité française et qui est propre à la collectivité de Nouvelle-Calédonie,
particulière au sein de la nationalité française et propre à la collectivité de Nouvelle-
Calédonie. Est alors citoyen néo-calédonien tout citoyen français résidant de manière
principale sur le territoire depuis le 8 novembre 1998, date du référendum organisé
en Nouvelle-Calédonie visant à approuver l'accord de Nouméa, ou celles majeures
après cette date dont au moins l'un des deux parents est citoyen néo-calédonien.
Cette citoyenneté locale, qui s'ajoute à la citoyenneté française, permet à ses seuls
titulaires de participer aux élections des Provinces et du Congrès de la Nouvelle-
Calédonie et aux futures consultations sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Cet
accord a été introduit dans la Constitution française aux articles 76 et 77 par la loi
constitutionnelle précitée du 20 juillet 1998, l'article 77 ayant été modifié, dans le
sens d'une précision de sa signification par la loi constitutionnelle no 2007-237 du 23
février 2007 ( JO du 24 février 2007 p. 3354).

La diversité au sein de la République est devenue une réalité constitutionnelle. Elle


est l'une des conséquences de l'organisation décentralisée de la République qui, au
delà d'une nouvelle consécration des collectivités territoriales après celle inscrite par

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le Titre XII de la Constitution, peut conduire à une nouvelle conception des rapports
entre l'unité et la diversité.

Document n°5 : S. MOHAMED-GAILLARD, “De la prise de possession à


l’accord de Nouméa : 150 ans de liens institutionnels et politiques entre la
France et la Nouvelle-Calédonie », Journal de la Société des Océanistes,
n°117, 2003, pp. 171-186.

(…)

Vers la restauration du dialogue

Le 8 mai 1988, François Mitterrand est réélu à la présidence de la République. La


Nouvelle- Calédonie devient alors un des dossiers prioritaires du nouveau
gouvernement Rocard. Très rapidement, le Premier ministre suggère l’envoi dans le
territoire de la mission du dialogue, ce qu’accepte François Mitterrand. À l’issue d’un
séjour de cinq semaines en Nouvelle-Calédonie, cette mission, dirigée par Christian
Blanc et composée du chanoine Paul Guiberteau, du pasteur Jacques Stewart, du
préfet Pierre Steinmetz, du conseiller d’État Jean-Claude Périer et du franc-maçon
Roger Leray, rend son rapport à Michel Rocard. Elle estime que la solution du
problème passe par le dépassement de « l’opposition entre la logique
constitutionnelle et démocratique et la logique de la décolonisation ». Pour ce faire,
elle préconise la recherche d’un accord entre le RPCR et le FLNKS, la négociation
d’un nouveau statut, la tenue en novembre 1988 d’un référendum national sur
l’évolution statutaire du territoire, la mise en sommeil pendant dix ans de la question
de l’indépendance et le déroulement en 1998 d’un référendum d’auto-détermination.
Les réflexions de la mission du dialogue jettent les bases de l’accord de Matignon
conclu le 26 juin 1988 entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou. Après la poignée
de mains historique des deux hommes, les négociations se poursuivent et
aboutissent à la signature de l’accord Oudinot le 20 août 1988. Toutefois, Jacques
Lafleur et Jean- Marie Tjibaou doivent convaincre les franges extrêmes de leur
mouvement du bien-fondé de leur décision.

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Séance n° 05

Au terme de ces consultations, il est prévu d’organiser entre le 1er mars et le 31


décembre 1998 un référendum d’autodétermination dont seront exclues les
personnes arrivées sur le territoire après 1988. Par ailleurs, la loi du 12 juillet 1988
dote le territoire d’un statut d’administration directe, qui remet le pouvoir exécutif
entre les mains du haut-commissaire secondé par un comité consultatif dont les
membres désignés par décret représentent « les principales familles politiques de
Nouvelle- Calédonie ». Cette loi statutaire est clairement définie comme transitoire,
puisqu’elle doit permettre d’attendre que le référendum national du 6 novembre 1988
se prononce sur le statut devant régir la Nouvelle-Calédonie jusqu’en 1998. Le projet
statutaire soumis au référendum recueille 80 % des suffrages. La Nouvelle-
Calédonie enregistre une participation supérieure (63,2 %) à celle du référendum de
1987, mais les communes à dominante européenne ont majoritairement voté non,
alors que les communes mélanésiennes, y compris celles traditionnellement anti-
indépendantistes, se sont largement ralliées au oui.

La loi statutaire du 9 novembre 1988 découpe le territoire en trois provinces, Nord,


Sud et îles Loyauté. Chacune d’elles est dotée d’une assemblée de province élue au
scrutin proportionnel et est représentée par le président de l’assemblée. Ces trois
assemblées forment le Congrès du territoire chargé des affaires territoriales (art. 9,
loi n° 88-1028). Le haut- commissaire conserve l’exécutif. La loi statutaire prévoit
également la création d’un institut de formation des personnels administratifs, d’une
agence de développement de la culture kanak (ADCK) et d’une agence de
développement rural et d’aménagement foncier (ADRAF), dont le but est de favoriser
« le développement économique, social et culturel du territoire» (art. 1, loi n° 88-
1028). Ce statut entre en vigueur le 14 juillet 1989.

Les accords de Matignon et l’organisation statutaire qui en découle, traduisent la


volonté de l’État de dissocier l’avenir de la Nouvelle- Calédonie de la seule
alternative pour ou contre l’indépendance. En suspendant pour dix années la
question de l’indépendance, il permet au territoire de se concentrer sur son
développement. Cependant, l’adoption puis l’application des accords Matignon-
Oudinot ne se font pas sans résistances et sans susciter des interrogations ;
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l’assassinat le 4 mai 1989 de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné par


Djubelly Wéa en témoignent.

L’innovation institutionnelle

Les bilans intermédiaires des accords de Matignon montrent que des inégalités et
des tensions subsistent au sein du territoire et entre les communautés. Dès 1991, les
acteurs politiques calédoniens affichent la même volonté d’éviter un « référendum-
couperet » qui pourrait faire resurgir les troubles et les affrontements
communautaires. Jacques Lafleur invite alors la classe politique calédonienne et
l’État français à rechercher une solution consensuelle. Au regard de l’évolution de la
démographie, le FLNKS sait son échec probable lors du référendum de 1998, il se
rallie donc au point de vue du député Jacques Lafleur. Il pose cependant comme
préalable à toutes discussions d’ordre institutionnel la conclusion d’un accord relatif
au nickel permettant la construction dans la province Nord d’une usine de traitement
du minerai. En effet, suite aux accords de Matignon, la province Nord a racheté au
groupe Lafleur la Société minière du Sud-Pacifique (SMSP). Elle se trouve ainsi
depuis 1990 à la tête d’un important potentiel économique. Afin de le mettre en
valeur, elle négocie à partir de 1995 avec l’État pour qu’il autorise l’implantation
d’une usine de traitement du nickel dans le Nord. L’enjeu est de taille puisqu’une telle
infrastructure permettrait à la province Nord de profiter de la valeur ajoutée issue de
la transformation du minerai, de ne pas dépendre de la seule usine de traitement du
territoire située dans la province Sud et de tenter de contrebalancer la domination
économique du Grand-Nouméa. Parallèlement à ses tractations avec Paris, la
province traite avec le groupe minier canadien Falconbridge, qui se dit prêt à investir
dans la construction de l’usine à condition qu’elle l’autorise à exploiter ses sites
miniers pendant au moins vingt-cinq ans. Une requête d’une telle durée nécessite de
disposer d’un vaste domaine minier. Pour répondre à cette attente, la SMSP souhaite
échanger le site qu’elle possède à Poum avec le site que la Société Le Nickel (SLN)
détient à Koniambo. Toutefois, Eramet qui contrôle la SLN tarde à accepter un
échange bénéficiant à l’un de ses principaux concurrents. Le gouvernement Juppé
s’enlise dans la tractation avec Eramet et par conséquent, la négociation

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institutionnelle avec les acteurs politiques calédoniens stagne. Après la dissolution


de l’Assemblée nationale en 1997 et le retour des socialistes au gouvernement,
Lionel Jospin confie le dossier à Philippe Essig qui parvient à infléchir Eramet,
moyennant une compensation financière. Le 1er février 1998, Eramet et la SMSP
signent l’accord de Bercy qui, en levant le préalable minier, permet la reprise, le 24
février suivant, des discussions politiques et institutionnelles. Elles aboutissent à un
accord conclu le 21 avril 1998 à Nouméa dont le préambule reconnaît que : « La
colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a privé de son
identité. Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie ou
leurs raisons de vivre. De grandes souffrances en sont résultées. Il convient de faire
mémoire de ces moments difficiles, de reconnaître les fautes, de restituer au peuple
kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnais- sance de sa
souveraineté, préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un
destin commun. »

À partir de ce constat, l’État français prévoit de transférer certaines de ses


compétences au territoire. Ce processus d’aménagement et de partage de la
souveraineté de l’État est à la fois irréversible et progressif puisqu’il doit s’étendre sur
une période de quinze à vingt ans. Il repousse donc d’autant le référendum
d’autodétermination qui doit se tenir avant la fin du quatrième mandat du Congrès.
Le 5 mai 1998, l’accord est conclu à Nouméa par le Premier ministre, Lionel Jospin.
Puis le 6 juillet 1998, le Parlement réuni en congrès adopte la révision
constitutionnelle nécessaire à la mise en place de l’accord de Nouméa. Notons que
la révision constitutionnelle ne porte pas sur quelques articles, mais sur l’accord de
Nouméa lui-même qui est ainsi quasiment institutionnalisé. Le projet de loi
constitutionnelle du 6 juillet 1998 propose d’accorder à la Nouvelle-Calédonie une
autonomie sans précédent. Selon ce statut, l’archipel ne serait alors ni un territoire
d’Outre-mer, ni une collectivité territoriale et disposerait d’un cadre institutionnel taillé
sur mesure. L’accord est ensuite ratifié, le 8 novembre 1998, par 72 % des électeurs
calédoniens concernés. Enfin, se déroulent le 28 mai 1999 les élections permettant
la mise en place des nouvelles institutions territoriales. La Nouvelle-Calédonie

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expérimente depuis un statut inédit dans l’histoire des relations de la métropole et de


son Outre-mer.

Le statut issu de l’accord de Nouméa maintient les trois provinces et leurs


assemblées élues, mais augmente le nombre de sièges qui les compose. Le
Congrès porté à cinquante- quatre sièges est élu pour cinq ans et ses compétences
sont étendues par la loi du 19 mars 1999, qui lui permet de voter des délibérations
ayant le caractère des lois du pays. Le Congrès a la charge d’élire à la
représentation proportionnelle un gouvernement collégial composé de cinq à onze
membres représentatifs des groupes politiques élus en son sein. Le gouvernement
détient le pouvoir exécutif, peut proposer des lois au Congrès et est responsable
devant ce dernier. Un Conseil économique et social est élu pour cinq ans, le Congrès
doit le consulter pour toutes délibérations concernant la situation économique et
sociale du territoire. Le Sénat coutumier fondé en 1988 demeure, il doit être saisi des
lois de pays concernant l’identité kanak. Outre ces dispositions institutionnelles, le
statut instaure une citoyenneté calédonienne distincte de la nationalité française, ce
qui introduit une rupture avec le principe d’unité de la République. Cette citoyenneté
doit permettre « au peuple d’origine de constituer avec les hommes et les femmes
qui y vivent une communauté humaine affirmant son destin commun ». De plus, le
territoire peut exercer un rôle d’observateur au sein d’organisations internationales et
régionales.

L’accord de Nouméa et le statut qui en découle, semblent introduire une trace de


fédéralisme au sein de la République française. De plus, ils paraissent privilégier le
concept de décolonisation sans indépendance à celui de décolonisation réalisée
dans l’indépendance. Le statut de 1998 est donc inédit à plusieurs égards et la
députée Catherine Tasca souligne dans un rapport présenté à l’Assemblée natio-
nale, en juin 1999, que : « même si cette évolution institutionnelle est le fruit d’un
contexte spécifique et si elle ne saurait nécessairement constituer un modèle pour
d’autres territoires, rien n’interdit de voir en elle un précédent qui permette d’aborder
la question de l’Outre-mer d’une manière nouvelle. »

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La Polynésie française va tenter de profiter des innovations appliquées à la Nouvelle-


Calédonie. Si la solution calédonienne ne peut être transposée telle qu’elle à la
Polynésie française, puisque la question du maintien ou non de ce territoire au sein
de la République française ne se pose ni dans les mêmes termes, ni dans le même
contexte historique, l’accord de Nouméa ouvre des perspectives à l’ensemble de
l’Outre- mer français.

(…)

Document n°6 : Cons. Const. n°99-410 DC, 15 mars 1999, Loi organique relative
à la Nouvelle-Calédonie

Le Conseil constitutionnel a été saisi, le 16 février 1999, par le Premier ministre,


conformément aux dispositions des articles 46 et 61, alinéa 1, de la Constitution, du
texte de la loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie,

Le Conseil constitutionnel,

Vu la Constitution, et notamment les articles 76 et 77 résultant de la loi


constitutionnelle n° 98-610 du 20 juillet 1998 relative à la Nouvelle-Calédonie ;

Vu l'ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 modifiée portant loi organique sur


le Conseil constitutionnel, notamment le chapitre II du titre II de ladite ordonnance ;

Vu l'accord sur la Nouvelle-Calédonie, signé à Nouméa le 5 mai 1998 ;

Vu la loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 modifiée relative au redressement et à la


liquidation judiciaires des entreprises ;

Vu l'avis du Congrès du territoire de la Nouvelle-Calédonie en date du 12 novembre


1998 ;

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Séance n° 05

Le rapporteur ayant été entendu ;

1. Considérant que, le 5 mai 1998, a été signé à Nouméa, entre le Gouvernement de


la République française et les représentants des principales formations politiques de
Nouvelle-Calédonie, un « accord sur la Nouvelle-Calédonie » qui, outre un
« Préambule », comprend un « Document d'orientation » relatif, en son point 1, à
« l'identité kanak », en son point 2, aux « institutions », en son point 3, aux
« compétences », en son point 4, au « développement économique et social » et, en
son point 5, à « l'évolution de l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie » ;
que, comme le prévoyait le point 6 de ce même document, relatif à « l'application de
l'accord », une loi constitutionnelle a été adoptée par le Parlement réuni en Congrès
le 6 juillet 1998, laquelle a rétabli un titre XIII de la Constitution désormais intitulé :
« Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie » et comprenant deux
articles 76 et 77 ainsi rédigés :
Art. 76.- "Les populations de la Nouvelle-Calédonie sont appelées à se prononcer
avant le 31 décembre 1998 sur les dispositions de l'accord signé à Nouméa le 5 mai
1998 et publié le 27 mai 1998 au Journal officiel de la République française.
Sont admises à participer au scrutin les personnes remplissant les conditions fixées
à l'article 2 de la loi n° 88-1028 du 9 novembre 1988.
Les mesures nécessaires à l'organisation du scrutin sont prises par décret en
Conseil d'État délibéré en conseil des ministres."
Art. 77.- "Après approbation de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76, la
loi organique, prise après avis de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie,
détermine, pour assurer l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dans le respect des
orientations définies par cet accord et selon les modalités nécessaires à sa mise en
œuvre :

• les compétences de l'État qui seront transférées, de façon définitive, aux


institutions de la Nouvelle-Calédonie, l'échelonnement et les modalités de ces
transferts, ainsi que la répartition des charges résultant de ceux-ci ;
• les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la Nouvelle-
Calédonie et notamment les conditions dans lesquelles certaines catégories
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d'actes de l'assemblée délibérante pourront être soumises avant publication


au contrôle du Conseil constitutionnel ;
• les règles relatives à la citoyenneté, au régime électoral, à l'emploi et au statut
civil coutumier ;
• les conditions et les délais dans lesquels les populations intéressées de la
Nouvelle-Calédonie seront amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine
souveraineté.
Les autres mesures nécessaires à la mise en oeuvre de l'accord mentionné à
l'article 76 sont définies par la loi." ;

2. Considérant qu'en application de l'article 77 précité, le Parlement a adopté, le 16


février 1999, la loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie soumise au Conseil
constitutionnel ;

- SUR LES NORMES DE RÉFÉRENCE ET L'ÉTENDUE DU CONTRÔLE EXERCÉ


PAR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL SUR LA LOI ORGANIQUE PRÉVUE À
L'ARTICLE 77 DE LA CONSTITUTION :

3. Considérant, en premier lieu, que rien ne s'oppose, sous réserve des prescriptions
des articles 7, 16 et 89 de la Constitution, à ce que le pouvoir constituant introduise
dans le texte de la Constitution des dispositions nouvelles qui, dans les cas qu'elles
visent, dérogent à des règles ou principes de valeur constitutionnelle, ces
dérogations pouvant n'être qu'implicites ; que tel est le cas en l'espèce ; qu'il résulte
en effet des dispositions du premier alinéa de l'article 77 de la Constitution que le
contrôle du Conseil constitutionnel sur la loi organique doit s'exercer non seulement
au regard de la Constitution, mais également au regard des orientations définies par
l'accord de Nouméa, lequel déroge à un certain nombre de règles ou principes de
valeur constitutionnelle ; que, toutefois, de telles dérogations ne sauraient intervenir
que dans la mesure strictement nécessaire à la mise en œuvre de l'accord ;

4. Considérant, en deuxième lieu, qu'en raison de ce changement des circonstances


de droit, il y a lieu, pour le Conseil constitutionnel, de procéder à l'examen de

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l'ensemble des dispositions de la loi organique, alors même que certaines d'entre
elles ont une rédaction ou un contenu identique à ceux de dispositions
antérieurement déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel
ou figurant dans la loi n°88-1028 du 9 novembre 1988 portant dispositions statutaires
et préparatoires à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en 1998, adoptée par
le peuple français à la suite d'un référendum ;

(…)

- SUR LES ARTICLES 1 A 6 :

6. Considérant que la loi examinée comprend six articles avant son titre Ier ;

7. Considérant que l'article 1er fixe les limites des trois provinces de la Nouvelle-
Calédonie et les conditions dans lesquelles ces limites peuvent être modifiées ; qu'il
dresse également la liste des aires coutumières ; que l'article 2, en son premier
alinéa, désigne ainsi les institutions de la Nouvelle-Calédonie : le congrès, le
gouvernement, le sénat coutumier, le conseil économique et social et les conseils
coutumiers ; que le deuxième alinéa du même article fait du haut commissaire de la
République le dépositaire des pouvoirs de la République et le représentant du
Gouvernement ; qu'aux termes du troisième alinéa : « La Nouvelle-Calédonie est
représentée au Parlement et au Conseil économique et social de la République dans
les conditions fixées par les lois organiques » ; que l'article 3 dispose que les
provinces et les communes de la Nouvelle-Calédonie sont des collectivités
territoriales de la République et qu'elles s'administrent librement par des assemblées
élues au suffrage universel direct, dans les conditions prévues au titre IV en ce qui
concerne les provinces ; que l'article 4 définit la citoyenneté de la Nouvelle-
Calédonie ; que l'article 5 prévoit que la Nouvelle-Calédonie détermine librement les
« signes identitaires permettant de marquer sa personnalité aux côtés de l'emblème
national et des signes de la République » et « peut décider de modifier son nom » ;
qu'enfin l'article 6 dispose que, en Nouvelle-Calédonie, le droit de propriété s'exerce,

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en matière foncière, sous la forme de la propriété privée, de la propriété publique et


des terres coutumières ;

(…)

- SUR LE TITRE II :

14. Considérant que ce titre est relatif aux compétences ; qu'il comprend les articles
20 à 61 ;

15. Considérant que l'article 24 est ainsi rédigé :


"Dans le but de soutenir ou de promouvoir l'emploi local, la Nouvelle-Calédonie
prend au bénéfice des citoyens de la Nouvelle-Calédonie et des personnes qui
justifient d'une durée suffisante de résidence des mesures visant à favoriser
l'exercice d'un emploi salarié, sous réserve qu'elles ne portent pas atteinte aux
avantages individuels et collectifs dont bénéficient à la date de leur publication les
autres salariés.
De telles mesures sont appliquées dans les mêmes conditions à la fonction publique
de la Nouvelle-Calédonie et à la fonction publique communale. La Nouvelle-
Calédonie peut également prendre des mesures visant à restreindre l'accession à
l'exercice d'une profession libérale à des personnes qui ne justifient pas d'une durée
suffisante de résidence.
La durée et les modalités de ces mesures sont définies par des lois du pays" ;

16. Considérant, en premier lieu, que le principe de mesures favorisant les


personnes durablement établies en Nouvelle-Calédonie, pour l'accès à un emploi
salarié ou à une profession indépendante, ou pour l'exercice d'un emploi dans la
fonction publique de la Nouvelle-Calédonie ou dans la fonction publique communale,
trouve son fondement constitutionnel dans l'accord de Nouméa ; que celui-ci stipule
en effet, dans son préambule, qu'« afin de tenir compte de l'étroitesse du marché du
travail, des dispositions seront définies pour favoriser l'accès à l'emploi local des
personnes durablement établies en Nouvelle-Calédonie » ; qu'en outre, en vertu du
point 2 de l'accord, la citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie, qui fonde les restrictions
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apportées au corps électoral appelé à désigner les « institutions du pays », sert aussi
de « référence pour la mise au point des dispositions qui seront définies pour
préserver l'emploi local » ; qu'enfin, selon le point 3.1.1 de l'accord de Nouméa : « la
Nouvelle-Calédonie mettra en place, en liaison avec l'État, des mesures destinées à
offrir des garanties particulières pour le droit à l'emploi de ses habitants. La
réglementation sur l'entrée des personnes non établies en Nouvelle-Calédonie sera
confortée. Pour les professions indépendantes, le droit d'établissement pourra être
restreint pour les personnes non établies en Nouvelle-Calédonie. Pour les salariés du
secteur privé et pour la fonction publique territoriale, une réglementation locale sera
définie pour privilégier l'accès à l'emploi des habitants » ;

17. Considérant, en second lieu, que les modalités retenues par l'article 24 pour
favoriser l'emploi local respectent également l'habilitation donnée à la loi organique
par l'article 77 de la Constitution ; qu'il appartiendra aux « lois du pays » prises en
application de l'article 24, et susceptibles d'être soumises au contrôle du Conseil
constitutionnel, de fixer, pour chaque type d'activité professionnelle et chaque
secteur d'activité, la « durée suffisante de résidence » mentionnée aux premier et
deuxième alinéas de cet article en se fondant sur des critères objectifs et rationnels
en relation directe avec la promotion de l'emploi local, sans imposer de restrictions
autres que celles strictement nécessaires à la mise en œuvre de l'accord de
Nouméa ; qu'en tout état de cause, cette durée ne saurait excéder celle fixée par les
dispositions combinées des articles 4 et 188 pour acquérir la citoyenneté de la
Nouvelle-Calédonie ;

18. Considérant que, sous cette réserve, l'article 24 n'est pas contraire à la
Constitution ; qu'il en va de même des autres dispositions du titre II ;

- SUR LE TITRE III :

19. Considérant que ce titre est relatif aux institutions de la Nouvelle-Calédonie ; qu'il
comprend les articles 62 à 156 ;

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20. Considérant que le chapitre II, qui comprend les articles 99 à 107, est relatif aux
« lois du pays », délibérations du congrès ayant force de loi ; que l'article 99 définit
leur domaine d'intervention ; que les articles 100, 101 et 102 déterminent leurs
conditions d'adoption ; que l'article 103 institue une procédure de nouvelle
délibération de tout ou partie de ces lois ; que les articles 104 et 105 définissent les
conditions dans lesquelles le Conseil constitutionnel peut être saisi et se prononce
sur ces lois ; que l'article 106 est relatif à leur promulgation ; que l'article 107 fixe leur
régime juridique ;

21. Considérant que l'article 103 ouvre au haut-commissaire, au gouvernement, au


président du congrès, au président d'une assemblée de province ou à onze membres
du congrès la faculté de demander une seconde délibération d'une « loi du pays » ou
de certaines de ses dispositions dans les quinze jours qui suivent son adoption ;

22. Considérant que l'article 104 dispose qu'une « loi du pays » qui a fait l'objet d'une
nouvelle délibération en application de l'article 103 peut être déférée au Conseil
constitutionnel, aux termes d'une saisine contenant un exposé des moyens de fait et
de droit qui la fondent, par le haut-commissaire, le gouvernement, le président du
congrès, le président d'une assemblée de province ou dix-huit membres du congrès,
dans les dix jours suivant la nouvelle délibération ;

23. Considérant qu'aux termes de l'article 77 de la Constitution : "...la loi organique


détermine... : les règles d'organisation et de fonctionnement des institutions de la
Nouvelle-Calédonie et notamment les conditions dans lesquelles certaines
catégories d'actes de l'assemblée délibérante pourront être soumises avant
publication au contrôle du Conseil constitutionnel..." ;

24. Considérant que l'article 104 prévoit qu'une « loi du pays » doit avoir fait l'objet
d'une nouvelle délibération pour être déférée au Conseil constitutionnel et
subordonne dès lors la recevabilité du recours à la condition que les dispositions
contestées d'une « loi du pays » aient fait l'objet d'une nouvelle délibération ; que la
procédure ainsi instituée, qui met en œuvre les dispositions précitées de l'article 77

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de la Constitution, ne méconnaît aucune règle ou principe de valeur


constitutionnelle ;

25. Considérant que l'article 107 définit la nature juridique des « lois du pays », ainsi
que la procédure selon laquelle il peut être constaté par le Conseil d'État qu'une
disposition de « loi du pays » est intervenue en dehors des matières mentionnées à
l'article 99 ; qu'en pareil cas, la légalité de cette disposition pourra être critiquée
devant la juridiction administrative compétente ;

26. Considérant que les dispositions prévues par les articles 99 à 107 sont
conformes à la Constitution ; qu'il en va de même des autres dispositions du titre III ;

(…)

- SUR LE TITRE V :

28. Considérant que ce titre, qui comprend les articles 185 à 199, est relatif aux
élections au congrès et aux assemblées de province ;

. En ce qui concerne le chapitre II :

29. Considérant que ce chapitre est consacré au corps électoral et aux listes
électorales pour les élections au congrès et aux assemblées de province ; qu'il
comprend les articles 188 et 189 ;

30. Considérant que l'article 188 est ainsi rédigé :


"I.- Le congrès et les assemblées de province sont élus par un corps électoral
composé des électeurs satisfaisant à l'une des conditions suivantes :
a) Remplir les conditions pour être inscrits sur les listes électorales de la Nouvelle-
Calédonie établies en vue de la consultation du 8 novembre 1998 ;
b) Être inscrits sur le tableau annexe et domiciliés depuis dix ans en Nouvelle-
Calédonie à la date de l'élection au congrès et aux assemblées de province ;
c) Avoir atteint l'âge de la majorité après le 31 octobre 1998 et soit justifier de dix ans

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de domicile en Nouvelle-Calédonie en 1998, soit avoir eu un de leurs parents


remplissant les conditions pour être électeur au scrutin du 8 novembre 1998, soit
avoir un de leurs parents inscrit au tableau annexe et justifier d'une durée de
domicile de dix ans en Nouvelle-Calédonie à la date de l'élection.
II.- Les périodes passées en dehors de la Nouvelle-Calédonie pour accomplir le
service national, pour suivre des études ou une formation ou pour des raisons
familiales, professionnelles ou médicales ne sont pas, pour les personnes qui y
étaient antérieurement domiciliées, interruptives du délai pris en considération pour
apprécier la condition de domicile." ;

31. Considérant que l'article 189 comprend des dispositions permanentes relatives à
la tenue « de la liste électorale spéciale à l'élection du congrès et des assemblées de
province » et « du tableau annexe des électeurs non admis à participer au scrutin » ;

32. Considérant qu'aux termes du I de l'article 189 : « Les électeurs remplissant les
conditions fixées à l'article 188 sont inscrits sur la liste électorale spéciale à l'élection
du congrès et des assemblées de province. Cette liste est dressée à partir de la liste
électorale en vigueur et du tableau annexe des électeurs non admis à participer au
scrutin » ; que les II et III du même article ont trait à la composition et aux attributions
de la commission administrative spéciale chargée, dans chaque bureau de vote,
d'établir la liste électorale spéciale et le tableau annexe ; qu'en vertu des IV, V et VI
du même article, la liste électorale spéciale et le tableau annexe sont permanents et
font chaque année l'objet d'une révision et de rectifications dans les conditions qu'ils
précisent ; qu'enfin le VII dispose que « l'Institut territorial de la statistique et des
études économiques tient un fichier général des électeurs inscrits sur les listes
électorales de la Nouvelle-Calédonie pour l'élection du Président de la République,
des députés à l'Assemblée nationale, des conseils municipaux et du Parlement
européen et pour les référendums ; ce fichier comporte également les électeurs
inscrits sur la liste électorale spéciale à l'élection du congrès et des assemblées de
province » ; qu'il résulte de ces dispositions que le tableau annexe comprend à tout
moment les électeurs inscrits sur les listes électorales de la Nouvelle-Calédonie pour
l'élection du Président de la République, des députés à l'Assemblée nationale, des
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Séance n° 05

conseils municipaux et du Parlement européen et pour les référendums, mais qui ne


sont pas admis à participer à l'élection des assemblées de province et du congrès ;
que le tableau annexe est régulièrement mis à jour pour en extraire les personnes
accédant au corps électoral restreint appelé à élire les assemblées de province et le
congrès et pour y porter les noms des personnes nouvellement installées qui ne
peuvent participer qu'aux autres élections ;

33. Considérant qu'il ressort des dispositions combinées des articles 188 et 189 que
doivent notamment participer à l'élection des assemblées de province et du congrès
les personnes qui, à la date de l'élection, figurent au tableau annexe mentionné au I
de l'article 189 et sont domiciliées depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie, quelle que
soit la date de leur établissement en Nouvelle-Calédonie, même postérieure au 8
novembre 1998 ; qu'une telle définition du corps électoral restreint est au demeurant
seule conforme à la volonté du pouvoir constituant, éclairée par les travaux
parlementaires dont est issu l'article 77 de la Constitution, et respecte l'accord de
Nouméa, aux termes duquel font partie du corps électoral aux assemblées des
provinces et au congrès, notamment, les électeurs qui, « inscrits au tableau annexe,
rempliront une condition de domicile de dix ans à la date de l'élection » ;

34. Considérant que les articles 188 et 189 ne sont pas contraires à la Constitution et
ne méconnaissent pas l'habilitation donnée à la loi organique par l'article 77 de la
Constitution ;

(…)

- SUR LE TITRE IX :

45. Considérant que ce titre est consacré à la consultation sur l'accession à la pleine
souveraineté ; qu'il comprend les articles 216 à 221 ;

. En ce qui concerne l'article 216 :

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46. Considérant que l'article 216, qui prévoit les modalités de convocation des
personnes appelées à participer à la consultation et dispose que le corps électoral se
prononce à la majorité des suffrages exprimés, n'encourt pas de critique
d'inconstitutionnalité ;

. En ce qui concerne l'article 217 :

47. Considérant que l'article 217 est ainsi rédigé :


"La consultation est organisée au cours du mandat du congrès qui commencera en
2014 ; elle ne peut toutefois intervenir au cours des six derniers mois précédant
l'expiration de ce mandat. Sa date est fixée par une délibération du congrès adoptée
à la majorité des trois cinquièmes de ses membres. Si à l'expiration de l'avant-
dernière année du mandat du congrès commençant en 2014 celui-ci n'a pas fixé la
date de la consultation, elle est organisée à une date fixée par le Gouvernement de
la République, dans les conditions prévues au II de l'article 216, dans la dernière
année du mandat.
Si la majorité des suffrages exprimés conclut au rejet de l'accession à la pleine
souveraineté, une deuxième consultation sur la même question peut être organisée à
la demande écrite du tiers des membres du congrès, adressée au haut-commissaire
et déposée à partir du sixième mois suivant le scrutin. La nouvelle consultation a lieu
dans les dix-huit mois suivant la saisine du haut-commissaire à une date fixée dans
les conditions prévues au II de l'article 216.
Aucune demande de deuxième consultation ne peut être déposée dans les six mois
précédant le renouvellement général du congrès. Elle ne peut en outre intervenir au
cours de la même période.
Si la majorité des suffrages exprimés conclut une seconde fois au rejet de
l'accession à la pleine souveraineté, le comité des signataires mentionné à l'accord
signé à Nouméa le 5 mai 1998 examine les conditions dans lesquelles sera
poursuivie la mise en oeuvre des dispositions de l'accord.
En cas de dissolution du congrès, aucune consultation au titre du présent article ne
peut avoir lieu dans un délai de six mois suivant le renouvellement du congrès."

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48. Considérant qu'aux termes de l'article 77 de la Constitution : « Après approbation


de l'accord lors de la consultation prévue à l'article 76, la loi organique, prise après
avis de l'assemblée délibérante de la Nouvelle-Calédonie, détermine, pour assurer
l'évolution de la Nouvelle-Calédonie dans le respect des orientations définies par cet
accord et selon les modalités nécessaires à sa mise en œuvre : ...- les conditions et
les délais dans lesquels les populations intéressées de la Nouvelle-Calédonie seront
amenées à se prononcer sur l'accession à la pleine souveraineté » ;

49. Considérant que l'accord de Nouméa stipule en son point 5, consacré à


l'évolution de l'organisation politique de la Nouvelle-Calédonie :
"Au cours du quatrième mandat (de cinq ans) du Congrès, une consultation
électorale sera organisée. La date de cette consultation sera déterminée par le
Congrès, au cours de ce mandat, à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.
Si le Congrès n'a pas fixé cette date avant la fin de l'avant-dernière année de ce
quatrième mandat, la consultation sera organisée, à une date fixée par l'État, dans la
dernière année du mandat.
La consultation portera sur le transfert à la Nouvelle-Calédonie des compétences
régaliennes, l'accès à un statut international de pleine responsabilité et l'organisation
de la citoyenneté en nationalité.
Si la réponse des électeurs à ces propositions est négative, le tiers des membres du
Congrès pourra provoquer l'organisation d'une nouvelle consultation qui interviendra
dans la deuxième année suivant la première consultation. Si la réponse est à
nouveau négative, une nouvelle consultation pourra être organisée selon la même
procédure et dans les mêmes délais. Si la réponse est encore négative, les
partenaires politiques se réuniront pour examiner la situation ainsi créée " ;

50. Considérant qu'il résulte clairement des stipulations précitées de l'accord de


Nouméa qu'en premier lieu, en cas de réponse négative à la première consultation,
une deuxième consultation doit être organisée au cours de la deuxième année
suivant la première consultation, lorsque la demande en est faite par le tiers des
membres du congrès ; qu'en deuxième lieu, en cas de réponse négative à la
deuxième consultation, une troisième consultation doit être organisée selon la même
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procédure et dans les mêmes délais ; qu'enfin, la réunion du comité des signataires
de l'accord de Nouméa pour examiner la situation née de réponses négatives ne
peut intervenir qu'à l'issue de trois consultations successives ;

51. Considérant, d'une part, qu'en cas de réponse négative à la première


consultation, le deuxième alinéa de l'article 217 doit être entendu comme imposant
l'organisation d'une deuxième consultation à la demande écrite du tiers des membres
du congrès ;

52. Considérant, d'autre part, qu'en prévoyant la réunion du comité des signataires,
afin d'examiner la situation résultant de réponses négatives successives, non pas à
l'issue d'une troisième consultation mais dès l'issue de la deuxième, le quatrième
alinéa de l'article 217 a méconnu l'obligation que faisait au législateur organique
l'article 77 de la Constitution de respecter les orientations définies par l'accord de
Nouméa et de fixer les modalités nécessaires à sa mise en œuvre ; qu'il y a lieu dès
lors de déclarer le quatrième alinéa de l'article 217 non conforme à la Constitution ;

53. Considérant que les autres dispositions de l'article 217, relatives aux deux
premières consultations, sont séparables du quatrième alinéa ; qu'elles sont
conformes aux stipulations de l'accord de Nouméa applicables aux deux premières
consultations ; que le législateur organique a l'obligation constitutionnelle de prévoir
une troisième consultation en cas de réponse négative aux deux précédentes ;

. En ce qui concerne l'article 218 :

54. Considérant que cet article définit le corps électoral appelé à participer à la
consultation sur l'accession à la pleine souveraineté conformément au point 2.2.1 de
l'accord de Nouméa ; qu'il se borne ainsi à mettre en oeuvre l'article 77 de la
Constitution ;

(…)

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Décide :
Article premier :
Sont déclarés contraires à la Constitution le 5 ° du I de l'article 195 et le quatrième
alinéa de l'article 217 de la loi organique relative à la Nouvelle-Calédonie.

Article 2 :
Sous les réserves d'interprétation qui précèdent, les autres dispositions de cette loi,
tant celles qui ont le caractère de loi organique que celles qui ont le caractère de loi,
sont déclarées conformes à la Constitution.

Article 3 :
La présente décision sera publiée au Journal officiel de la République française.

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