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santé. Une large part est ainsi consacrée aux rapports qu'entretiennent B. Brochery É. Maujean
les maladies parodontales avec d'autres maladies ainsi qu'aux différents M. Feghali C. Micheau
aspects de la dentisterie implantaire. V Jaumet F. Mora
S. Kerner H. Rangé
Un second volume consacré aux thérapeutiques chirurgicales complé-
tera cette approche exhaustive des thérapeutiques parodontales fondée
S. Korngold B. Schweitz
sur les preuves scientifiques actuelles.
Secrétaire scientifigue
M. Frémont
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praticiens ou parodontologistes et tous les professionnels de santé "0 "'"'
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editions .lavoisier. fr Médecine
SCIENCES
Chez le même éditeur
Sous La direction de
Philippe Bouchard
Com i té scient i (i<:]Ue
B. Brochery É. Maujean
M . Feghali C. Micheau
V. Jaumet F. Mora
S. Kerner H . Rangé
S. Korngold B. Schweitz
J. Malet
Secrétaire scienti(i<:]Ue
M. Frémont
__plavoisier
Médecine
SCIENCES
editions. lavoisier.fr
Les photographies cliniques n 'ont pas été modifiées par des logiciels d 'images.
Elles ont été uniquement retravaillées pour en améliorer la lisibilité.
ALB OUY Jean-Pierre, Docteur en Chirurgie dentaire, exercice privé, Montpellier et département de Pm·odontologie, Goteborg, Suède.
BAILLEUL-FORESTIER Isabelle, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, faculté de Chirurgie dentaire, université Paul Sabatier Toulouse,
Hôpitaux de Toulouse, Pôle Odontologie.
BERDAL Ariane, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, INSERM UMRS1138, centre de référence<<Malformations rares de la face
et de la cavité buccale MAFACE >>, pôle d ' Odontologie, hôpital Rothschild AP-HP; UFR d'Odontologie, université Paris Diderot.
B1ossE DurLAN Mmtin , Assistant hospitalier universitaire, service d ' Odontologie, hôpital Bretonneau AP-HP, institut Imagine, université Pmis
Descartes.
BLANQUART Marie, Docteur en Chirurgie dentaire, exercice privé, Savigny-sur-Orge.
BoiLLOT Adrien, Docteur en Chirurgie dentaire, exercice privé, Paris et INSERM UMS 011 , « Cohortes épidémiologiques en population >>,
Villejuif.
BONNAU RE-MALLET Martine, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, Université Rennes 1, Présidente scientifique de l'Institut français
de recherche en odontologie (IFRO)- directeur EA l 254, équipe Microbiologie- Université Rennes 1.
BoucHARD Philippe, Professeur des Universités - Praticien hospitalier, service d ' Odontologie, hôpital Rothschild AP-HP, université Paris
Diderot.
BoucHER Yves, Professeur des Universités - Praticien hospitalier, UFR Odontologie, université Paris Diderot et centre de Psychiatrie et
Neurosciences, INSERM 894.
BouRGEOIS Denis, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, UFR Odontologie, université Claude Bernard Lyon 1.
BoY-LEFÈVRE Marie-Laure, Professeur des Universités- praticien hospitalier, UFR Odonto!ogie, université Pari s Diderot, pôle Odontologie,
hôpital Rotschild AP-HP.
BRAUD Adeline, Maître de conférences des Universités - Praticien hospitalier, service d' Odontologie, hôpital Rothschild AP-HP, université
Paris Diderot.
BRAUX Julien, Maître de conférences des Universités - Praticien hospitalier, pôle Odontologie, CHU de Reims, équipe d 'accueil 4691
« Biomatériaux et Inflammation en site osseux>>, université de Reims Champagne Ardenne.
BROCHERY Benoît, ancien Interne des Hôpitaux de Pm·is, ex-Assistant hospitalier universitaire, ex-Attaché universitaire, service d 'Odon tologie,
hôpital Rothschild AP-HP, université Pm·is Diderot et exercice privé, Paris, La Varenne Saint Hilaire.
CASTANEDA Beatriz, Professeur des Universités - Praticien hospitalier, faculté de Chirurgie dentaire de l'université Paris Diderot, serv ice
d ' Orthodontie, faculté de Chirurgie dentaire de l'université d ' Antioquia, Colombie, service d'Orthodontie.
CATTEAU Céline, Maître de conférences des Universités- Praticien hospitalier, service d'Odontologie, CHRU Lille, université Lille 2.
CAVELIER Sophie, ex-Assistant hospitalier universitaire, ex-Attaché hospitalo-universitaire, exercice privé, Paris.
CAZIER Stéphane, ex-Assistant hospitalier universitaire, Chargé d ' enseignement, Paris Descmtes et exercice privé, Paris.
CoEURIOT Jean-Louis, Maître de conférences des Universités- Praticien Hospitalier, pôle d'Odontologie, CHU de Reims.
CoLuoT Cyrille, Docteur en Chirurgie-dentaire, exercice privé, Paris.
CoLOMBIER Marie-Laure, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, université Pm·is Descmtes, hôpital L. Maurier AP-HP.
CoLON Pierre, Professeur des Universités- Praticien hospitalier, service d 'Odo ntologie, chef du pôle Odontologie, hôpital Rothschild AP-HP,
laboratoire LM! UMR CNRS 5615 Lyon 1, université Pari s Diderot.
VI LI STE DES COLLABORATEURS
CouRRIER Brun o, Maître de confë re nces des Uni versi tés- Praticie n hospitali er, unive rsité Paris Dide rot Garanc iè re, service hôp ital Roth schild
et hôp ital Laribo isiè re AP-HP, service ORL, unité de PMF.
DAGOR NE Cécile, a nc ie n Intern e e n Odontolog ie, exerc ice pri vé, Lori ent.
DANAN Marc, Maître de co nfé re nces des Un ivers ités- Praticie n hos pitali e r, service d 'Odontol og ie, g roupe hospitali er He nri Mondo r AP-HP,
Albert Che nev ier, Créteil.
D ARNAUD C hri ste ll e, Docte ur e n C hirurgie de nta ire, se rvi ce d 'Odontologie, hôpita l Rothsc hild AP-HP, uni vers ité Pari s Diderot et exercice
privé, Sa int-Germain -e n-Laye.
D AV IDEAU Jean-Luc, Professeur des U ni versités - Praticien hos pitalier, pôle de Médeci ne et de C hirurgie bucco-de ntaires, hô pital civil de
Strasbo urg, Uni versité de Strasbo urg.
DESCROIX Vian ney, Professe ur des Uni versités- P raticie n Hospitalier, UFR d' Odonto logie, uni versi té Pari s Dide rot, service d 'Odo nto logie,
C hef de Service, hôpitaux universitaires L a Piti é Sa lpêtri è re- Char les Foi x AP- HP.
DE LA DuRE- MOLLA M uri el, M aître de co nférence s des Universités- Praticien hospita li er, pôle d ' Odo nto logie, hôp ital Roth sc hil d AP-HP, uni-
versité Pa ri s Diderot et centre de référence << Ma lfo rm atio ns ra res de la face e t de la cav ité bucca le MA FACE >> .
FEGHALI Maya, Attaché hospita li e r, ex-Ass istant hospitali e r uni versitaire, service d' Odonto logie, hô pital Rothschild AP-HP, uni versité Paris
Diderot et exerc ice privé, Pari s.
FELIZAR DO Rufi no, Maître de co nfé re nces des U ni versités - Prati cie n hospitali e r, pô le d ' Odontologie, hôpital Roth sc hild AP- HP, Unive rsité
Paris Diderot.
FLAM ARION Ma ri e-Juli ette, Docteur e n C hirurg ie de ntaire, exerc ice privé, Vill e nnes-sur-Seine .
FouRNIER Benjamin , Maître de conférences des Uni versités - P rati c ie n hosp ita li e r, centre de rétërence << Ma lformat io ns rares de la face e t de
la cavité buccale MAFACE >>, pôle d' Odonto log ie, hôpital Rothsc hild AP- HP ; UFR d' Odontolog ie, uni versité Pari s Diderot, INSERM
VMRSII 38.
FRÉMONT Matthi e u, Docteur e n Chirurgie de ntaire, exercice pri vé, Pari s.
GADEAU Marika, Ass istant hospitali er uni versitaire, INSERM UMR 1 107, Ne urob io log ie de la do ul e ur trigé min ale; UFR Odonto log ie de
C lermont-Fe rrand e t exercice privé, Clermont-Ferrand.
G ALLETTI Ca the rine, ex-Ass istant hosp itali e r uni versitaire, exerc ice privé, Pari s et co-directrice du dipl ô me universitaire d' Orthodontie lin g uale,
U ni versité Pari s Diderot.
GAULTIER Frédé ri ck, Maître de co nfére nces des Unive rsités- Pratic ie n hospitali e r, service d'Odontologie, groupe hospitali e r Che nev ie r-Mondor
AP-HP, Un iversité Paris D esca rtes.
GODEAU Gaston, Professeur é mérite, univers ité Pa ri s Descartes.
GoGLY B run o, P rofesseur des Un iversités - Pratici e n hospitali e r, res ponsable du dé partement d'Odontologie du g ro upe hospitali e r Henri
Mondo r AP- HP, U ni versité Paris D escartes, INSERM UMRS 1 138.
GassET Ma~jo l a in e, Maître de contërences des U ni versités- Pratic ie n hosp itali e r, service d' Odonto log ie, hôp ital C h a~· l es Foix AP-HP, uni ver-
sité Pari s Descartes.
GuEz Dominique, Maître de confé re nces des Uni versités- Pratici e n hospitali er, se rvice d' Odontologie, hôpital B retonn eau AP-HP, uni vers ité
Paris Desca rtes et exerci ce privé, Pari s.
HENNEQU IN Martine, Professeur des Un ivers ités - Praticien hospitali er, C le rmont Uni versité, U ni versité d ' A uverg ne e t CHU de C le rm ont-
Ferrand .
]TIC Joël, ex-Ass ista nt praticie n hosp ita li er, exerc ice privé, Pa ri s.
JAOU l L ind a, ex-Assistant hosp ita li er unive rs ita ire, exerc ice pri vé, Pari s.
JAUMET Vin cent, Attac hé hosp ita li e r, ex-Ass istant hospitali er unive rsitaire, service d ' Odontologie, hô pital Rothsc hild AP-HP, uni versité Paris
D idero t e t exerc ice privé, Savig ny-s ur-Orge. Ex-Prés ide nt de la Société fra nçaise de parodontologie e t d' implantologie o rale de Pari s.
J EDEON Katia , Ass istante assoc iée, servi ce d ' Odon tolog ie; uni versité Pari s Dide rot.
KARAPETSA Dimitra, Docteur en C hirurgie de ntai re, service d' Odonto log ie et de Chirurgie orale, hô pital uni versita ire de Pise, Italie et exerc ice
pri vé, Bologne, Italie.
KE LLER Jea n-Fra nço is, Attaché uni versitaire, ex-Ass istant hosp itali e r uni versitaire, service de Consultations et de Tra ite me nts dentaires, hos-
pices c ivil s de Lyon et exerc ice privé, Vi e nn e.
KERNER Stéphane, Maître de co nférences des Universités- Pratic ie n hosp itali er, service d' Odontolog ie, hôpital Roth schild AP- HP, uni versité
Pari s Diderot et exercice privé, Pari s.
KoRNGOLD Stéphane, Attaché hospitalier, ex-Ass istant hosp itali er uni versitaire, servi ce d' Odontologie, hôpital Rothsch il d AP-HP, unive rsité
Pari s Diderot et exerc ice privé, Pari s.
L ALLAM Co rinn e, Attac hée hospitali er, ex-Ass istant hos pitali er uni vers itaire, se rvice d ' Odontolog ie, hô pital Albert Che nev ier AP-H P, Uni ve rsité
Paris Descartes e t exercice privé, Bo ul og ne.
LE G UÉHENNEC Laure nt, M aître de co nfére nces des U ni versités- Pratici en hosp itali er, service d' Odontologie restauratri ce et chirurgica le, CHU
Hôtel Die u, Nantes et dé pa rte me nt de Prothèses, fac ulté de Chirurgie dentaire de Nantes.
LESCA ILLE Gé raldine, Maître de conférences - Prati cie n hosp itali e r, service d'Od o nto log ie, hô pital Pitié-Salpêtrière AP-HP, uni versité Pari s
Diderot.
L ESCLOUS Phi lippe, Professeur des Universités- Praticien hosp itali e r, départeme nt et unité fo nctio nn ell e de C hirurgie o rale, hôp ita l Hôtel Die u
de Nantes, fac ulté de Chirurgie dentaire de Na ntes.
LEYMAR IE Sy lvai n, Docteur e n C hirurgie de ntaire e t exercice privé, Nice. Vi ce-Prés ide nt de la Socié té fran çai se de parodontologie et d' impl an-
tolog ie o rale de Nice Côte d ' Awr.
LowENSTEIN Mo rga n, Attaché hos pitalie r, ex-Assista nt hospitalie r uni vers ita ire, se rvi ce d'Odontologie, hô pital B reto nn eau AP-HP et exercice
1
privé, Pari s.
LISTE DES COLLABORATEURS VII
MALET Jacq ues, Attaché hospitalier, ex-Ass istant hosp ital ier uni versitaire, service d' Odontologie, hôpital Rothschild AP-HP, uni versité Paris
Diderot et exercice privé, Paris.
MANIÈRE Marie-Cécil e, Professe ur des Universités- Praticien hospitalier, département d ' Odontologie pédiatrique, faculté de C hirurgie den-
taire, Strasbourg.
MATTOUT Catherine, Docteur en Chirurg ie dentaire, exerci ce privé. Ex-Présidente de la Société française de parodontologie et d 'implantologie
orale de Pari s.
MAUJEAN Éric, Attaché ho spitali er, ex-Assista nt hospitaLi er universitaire, service d'Odontologie, hô pital Rothschild AP-HP, uni versité Paris
Diderot et exerci ce privé, Paris.
MEILHAC Olivier, Directeur de rec herc he à l' Inserm , Inserm U 1148 Paris; CHU de La Réunion , Saint-Deni s de La Réunion , C hercheur associé
à l' Universi té de La Réunion.
MICHEAU Charles, Attaché hospitalier, ex-Ass istan t ho spitalier uni versitaire, se rvice d 'Odontol ogie, hôpital Rothschi ld, uni versité Pari s Diderot
et exercice privé, Paris. Président de la Société française de pm·odontologie et d ' implantologie o rale de Pari s.
M oRA Francis, Maître de conférences des Universités - Praticien hospitalier, serv ice d' Odontologie, hôpital Rothschi ld AP-HP, uni vers ité
Pari s Diderot et Parodontologie-Implantologie exclusives à Bordeaux. Co-Directeur du Post-Gradu ate E uropéen en Pm·odonto logie &
Implantologie orale. U ni versité Pmis Diderot.
M ouRARET Sylva in, Docteur en Chirurgie dentaire, exercice privé N ice et Genève.
NABET Cathy, Professeur des Universités - Praticien hospitalier, facu lté de Ch irurg ie dentaire, Un iversité Paul Sabati er (Toulouse), pôle
d ' Odontologie, CHU de Toulouse, iNSERM UMR1027.
PorELUT Antoine, Docteur en Chirurgie dentaire, exercice privé, Pari s.
RANGÉ Hélène, Maître de conférences des Univers ités- Praticien hospitalier, ancien Interne en Odonto logie, service d ' Odonto logie, Hôpital
Rothsch ild AP-HP, UFR d 'Odontologie, université Pari s Diderot. Inserm Ul l48, Laboratory for Vascu lar Translatio nal Science.
REBOUL Olivier, anc ien Interne des hôpitau x de Paris, ex-Assistant hospitalier universita ire, exercice privé, Nantes.
RENERS Michèle, spéc iali ste exclusif en Pm-odontologie, maître de stage externe à l' uni versité de L iège, exercice privé, Liège. Présidente de la
Fédération européenne de Pm-odontologie 2013-2014.
SAFFAR Jean-Loui s, Professeur des universités - Praticien hospitalier, EA2496, université Paris Descartes, servi ce d ' Odontologie, hôp ital
Charl es Fo ix AP-HP.
SALMON Benjamin, Maître de conférences des Universités- Praticien hospitalier, se rvice d'Odonto logie, hôpital Bretonneau AP-HP, université
Pari s Descartes.
SCHWEITZ Bernard, ex-Assistant hospitali er universitaire, exercice privé, Paris.
SENNI Ka rim, Docteur-HDR en sciences, Consultant Biotechnologie, Vi siting Professor, Facu lty of Dental-Medicine, Saint-Joseph U ni versity,
Beirut, Liban.
S iMON Stéphane, M aitre de conférences des Universités - Praticien ho spitalier, université Pm·i s Diderot, gro upe hospitali er Pitié-Salpêtri ère
AP-HP.
S1xou Jean-Loui s, Professe ur des Unive rsités- Praticien hospitali er, université de Rennes 1 et CHU de Rennes.
TAVERN IER Bruno, Professeur des Universités- P ratic ien hospitalier, serv ice d'Odonto logie, hôpital Rothsch ild AP-HP, U ni versité Paris Diderot.
TENENBAUM Henri, Professeur des Uni versités, dé partement de Pm-odontologie, facu lté de Chirurgie denta ire, université de Strasbourg .
T HÉRY Laurent, ancie n Interne en Odontologie de Nantes, exercice privé, Nantes.
VERGNES Jean-Noël , Maître de conférences des Universités - Pratic ien hospitalier, UFR d 'Odontologie de Tou louse, France/Oral Health &
Soci ety Divi sion, McGill Univers ity, Québec, Canada et Correspo ndant Coc hrane Oral Hea lth Group.
VERNER Christian, Maître de conférences des Universités- Praticien hospitalier, service d ' Odontologie, CHU Nantes, Université de Nantes,
exe rcice privé, Nantes et Secrétaire général de la Société française de pm·odonto logie et d'implantologie orale.
VOHA Christine, Maître de conférences des Universités- Prati c ien hospitalier, service d'Odontologie, centre hospitalo-universitaire de Nice,
Univers ité de Nice-Sophia Antipolis.
WEISS Pierre, Professeur des Universités - Praticien hospitali er, UMRS 791 LIOAD, université de Nantes, département Biomatériaux, UFR
d ' Odontologie de Nantes, service d ' Odontologie Endodo nti e de Nantes .
ZAN INI Ma1jorie, ancienne Interne des hôpitau x de Paris, Assistante hospitalier uni versitaire, service d' Odontologie, hô pital Pitié-Salpêtrière
AP-HP, Université Paris Diderot.
Les déclm·ations de co nllit d ' intérêt des auteurs concernant le conten u de cet ouvrage so nt consu ltab les chez l'éditeur.
Liste des abréviations
Aa: Aggregatibacter actinomycetemcomitans ARCPOH: Australian Research Centre for Population Oral
AAA: Anévrisme de l'aorte abdominale Health
AAE: American Association ofEndodontists ARIF: Activation, résorption, inversion, formation
AAP: American Academy ofPeriodontology ARN: Acide ribonucléique
ABA: Applied Behavior Analysis (analyse appliquée ARNr: Acide ribonucléique ribosomique
du comportement) ASAT: Aspartate-aminotransférase
Ac: Anticorps ATM: Articulation temporomandibulaire
ACPA: Anticorps anti-peptides citrullinés ATP: Adénosine-triphosphate
ACTH: Adrénocorticotrophine AVC: Accident vasculaire cérébral
ADA: American Dental Association AVK: Antivitamine K
ADAM: Algie et dysfonction de l' apparei l manducateur BALO: Bdellovibrio-And-Like Organisms
ADH: Antidiuretic hormone (hormone antidiurétique) BANA: Benzoyl DL-Arginine-Naphthylamide
ADN: Acide désoxyribonucléique BCP: Biphasic calcium phosphate
AFSSAPS: Agence française de sécurité sanitaire des produits BCR: B cel! receptors
de santé
BDNF: Brain-Derived Neurotrophic Factor
Ag: Antigène
BIO: BH3-!nteracting Domain death agonist prote in
AGE: Advanced glycation end products
BMI: Body Mass Index
AGM: Accroissement gingival médicamenteux
BMP: Bane Morphogenetic Protein
AHA: American Heart Association
BMU: Basic Multicellular Units
AI-2: Auto-inducteur 2
BOP: Bleeding On Probing
AINS: Anti-inflammatoires non stéroïdiens
BP: Biphosphonates/bordure plissée
ALAT: Alanine-aminotransférase
BPCO: Bronchopneumopathie chronique obstructive
ALP: Phosphatase alcaline
BPE: Basic Periodontal Examination
AMM: Autorisation de mise sur le marché
AMS: Activité musculaire supplémentaire BPI: Bacterial Permeability Increasing protein
CAL: Clinicat Anachment Levet (ga in du niveau DSR®: Digital Subtraction Radiology
d'attache) EAE : Épithélium adamantin externe
CAP: Cemenlwn-derived Allachmenl Pmtein (proté ine EAl : Épithélium ad amantin interne
d'attachement du cément)
EB: Ép idermolyse bulleuse
CBCT: Cane Bean'l. Computai Tomography
EBV : Virus d'Epstein-Barr
CCFf: Cémen t cellulaire à fibre intrinsèque
ECR: Essai c linique randomisé
CCN: Cellules des crêtes neurales
EDAJ: Ectodysplasin e Al
CCSM: Cément cellulaire stratitié mixte
EDNOS: Eating Disorder Not Otherwise Specifiee!
CD C lasse (el us/er) de différenciation
EDTA: Acide éthylène diamine tétraacétique
CDC: Centers f or Disec1.se Control and Prevention
EEAP: Étab li sse ment pour enfants et ado lescents
CDT: Cytolethal Distending Tox in polyhandicapés
CET: Carcinome épidermoïde invasif EGF : Epidermal Gro wth Factor
CEJ: Court épithé lium de jonction EHPAD: Établissement d ' hébergement pour perso nnes âgées
CEMPI Cementurn proie in- 1 dépendantes
CFAO: Conception et fabrication assistées par ordinateur El : Endocardite infectieuse
CFU: Colony-Forming Unit ELAM- 1 Endothelial Leucocyte Adhesion Molecules -]
CGF: Cementwn-Derived Growth Factor ELISA: Enzyrne-Linked lnununosorbent Assay
CGRP: Calcitonin Gene-Related Peptide EMD: Enam.el Matrix Deri vati ves
CH 3SH: Mercaptan de méthyl EOA: Espèces oxygénées activées
CHX: Chlorhexidine EP: Érythè me polymorphe
CIST: Cumulative lnterceptive Supportive Therapy EPF : Érythème pigmenté fixe
CMH: Complexe majeur d' hi stocompatib ili té EPP : É lectrophorèse des protéines sériques
CMJ: Co ncentrati on minima le inhibitrice ERLM : Écrans radioluminescents à mémoire
CMY: Cyto mégalovirus ESC: European Society of Cardiology
CMYH: Cytomégalovirus hum ain ETP: Éducation thérapeutique du patient
CP: Copolymère EU-OSHA: European Agencyfor Safety and Health at Work
CPA: Cellules présentatrices d' antigène (Agence européenne pour la san té et la séc urité
au travail )
CPC: Chlorure de cétylpyridinium
F-CFU: Fibrob/ast Colony Forming Unit
CPITN Community Periodontallndex ofTreatment
Needs FACfT: Fibril Associated Collagen with lnterrupted Triple
CR.I: Complement Receptor type 1 helix
Fam: Fluorure d 'am ine
CRP: C-Reactive Protein (protéine C réactive)
CSP: Competence Stùnulating Peptide FDA: Food and Drug Administration
PDGF: Platelet- Derived Growth Factor RTl: Régénération tiss ul aire indui te
SIBLING: Small lnteg rin -Binding Ligand N-Linked TNF: Tumor Nec rosis Factor
Clycoproteins TNSALP : Tissue No n-Specifie Alkaline Phosphatase
SIS: Syndrome de Stevens-Johnson TOC : Troubles obsessionnels compulsifs
SLP: Single-nucleotide Polymorphism
TP: Temps de prothrombine
SLRP: Small Leucine Rich Proteoglycans
TPD: Thérapi e photodynamique
SMet: Syndrome métabolique
TPS: Thérapeutique parodontale de souti en
SnF2 : Fluorure stann eux/d ' étain
TRAIL: Tumor-necrosis-f actor Rela ted Apoptosis lnducing
SNP: Single Nu cleotide Polymorphism Ligand
SP: Substance P
Treg : Lymphocytes T régul ateurs
SPA: Protéine sérum amyloïde A
TS : Temps de sai gnement
SPS: Polyanéthol sulfonate de sodium
UE : Utilités es pérées
STAT3: Signal Transdu cer and Activator of Transcription 3
Ul: Unité intern ati onal e
T: Triclosan
us : UtiLités subjectives
t-PA: Tissue-Plasminogen Activator
V-ATPase : Vacuolar ATP-ase
TCA: Temps de céphaline activée/Troubles
du comportement alimentaire VCAM-1: Vascular Adhesion Molecule-1
Liste des collaborateurs ..... ......... .... ... ..... .......... .... ...... ... ... .V Muqueuse alvéolaire ...... .. .. .. .. ............ .. .. ...... .. ... .. ..... .. ..... 11
Liste des abréviations ......... .... .. .... .. .. ... ... .... ... ... .... .... .... .... .IX Freins et brides .................. .. .. .... .. .. .... .. .. .......... ......... .. .... 11
Préface .. .. ... ... ... ... ... ... ....... .... ..... ........ .. ... .. ....... ... .. ... ... ..... XXIX Aspects histologique et macromoléculaire
Avant-propos .... ... ... .. ...... ... .. ....... ... ..... .. ... ... ....... ..... .... ... XXXI de la gencive saine (KARIM SENNI, GASTON GoDEAu) ....... 13
Remerciements .... .. ..... ..... ......... ......... ........ ........ ... ..... .. XXXIII Épithéliums gingivaux ...... .... ............ .. .......... .. ........ .. .. .... . 13
Tissu conjonctif gingival .. .. .......... ............ ...... .. .... .. .... .. .... 14
Modelage de l'os alvéolaire .. .... .. ... ........ .. ... ........... .. .. ... 7 Tissu osseux ... .... .. ... ........... ... ... ..... .... .... ...... ..... ... ..... .. 26
Conclusion ..... ... .. ... ..... ... ... .... .... .... ... .... ... .. .... .... ....... ... ..... . 7 Particularités de l'os alvéolaire .... .... .. ..... ... .. ... ............ 31
Cément .... ............... ..... ... .. ... .......... .. ... .... ... .. .. ... ... ..... ...... 34
Chapitre 3 La gencive ........ .. .............. .... ................. ..... .. .... .. 9
Composition ..... ..... ..... ... ... .............. .. ... .... ..... ..... ...... ... 34
Anatomie macroscopique (PHILIPPE BoucHARD) .... ... .... .. ..... 9 Les différents types de cément ........ .. ....... ... .. ... .... ..... 34
Caractéristiques générales de la gencive ............ .. ........... 9 Phénotype(s) des cémentoblastes ... ... ... ... .... ... ........... 35
Gencive libre ... ... ... ..... ...... ..... ....... ......... ... ... ........ .... ........ 10 Homéostasie du cément ............. ....... ... ...... .. ... .... ..... .. 35
Gencive interdentaire .. .... .. ........ .. .. .. .. .. .. .. ... .. ................ ... 11 Adaptation globale de l'appareil d'ancrage
Gencive attachée ............. ..... .... ..... ... ............... .. .. ........ .. . 11 au x contraintes mécaniques .... .... .. ........ .... .. ...... .. .. .. .. . 36
XVI SOMMAIRE
Chapitre 13 Maladies gingivales non induites Contrôle de plaque ............ .... .. .... .... ......... ... ........... ... 111
par la plaque (BRuNo CouRRIER) ............ ... .......... ..... .. ... ... 92 Adaptation au stress ... .. ... .. .... .......... ..... ..... ...... ... .... ...112
Maladies gingivales d'origine bactérienne Affections associées .. ....... ... ... ..... ... ..... ..... ... .... .......... 112
spécifique .... .... .. ........ ......... ....... ..... .. ....... ... .. ....... ....... 92 Profil microbiologique ................ ... ........ ... ... .... .. .... ..... .. ... 112
Lésions associées à Neisseria gonorrhea ................... 92 Aggregatibacter actinomycetemcomitans ..... ... ........ .112
Lésions associées à Treponema pallidum .. ............... . 92 Réponse immunitaire ................. .......... .. .. ..... ...... ...... ..... 113
Lésions associées à certaines espèces Génétique .. ... ..... ............ ....... ........ ........... ....... .... ...... .. ... 113
de streptocoques : impétigo
Diagnostic .. .. ....... ... ... .. ........ .................. ... ......... .. ....... .... 114
et syndrome de Ritter-Lyell .................... ...... .... .. ...... 93
Dépistage ... .. .. ..... ... ........ ...... .... .. ..... .. .. ...... ..... ....... .... ..... 115
Maladies gingivales d'origine virale ...... ........ .............. ..... 93
Traitement .. .. .. .... ..... ... .. ...... ..... .. ...... ....... .. .... ...... .... ... ..... 115
Infections dues au virus herpès
Antibiotiques ... .. ... ...... .... .............. ... ... ... ......... .. ... .. .....116
(hu man herpes virus [HHV}) ...... ... ... .. ...... .... ......... .. .. 93
Approche par quadrant ou désinfection globale ? .... 116
Autre .... .. ... ..... .... ....... .... ... ................... ... .... ..... ... ......... 94
Traitements complémentaires et perspectives .... ...... 116
Maladies gingivales d'origine fongique .. .... .................... . 94
Infections à Candida (candidose gingivale Chap1tre 16 Maladies parodontales nécrotiques
généralisée) ... .... .... .. .... .... ... ......... ..... ... ... .. ........ .... .. .. 94 (PHILIPPE BoucHARD) ............ .................. .. .......... ...... ........ 119
Érythème gingival bordant Généralités .... ....... .. ... ... ............... ............... .... .......... ...... 119
(Candida dubliniensis) ... ......... ........ .. ........ ............ .. .. 96 Prévalence ... .. ..... ......... ................ .... ........ ..... ....... .. .. .. .... 119
Histoplasmose à grande forme Maladies parodontales nécrotiques
(Histoplasma duboisii) .................... .. .... .. ..... ............. 96 et infection VIH ....................................... .............. . 120
Lésions gingivales d'origine génétique .............. ............. 96 Facteurs prédisposants ...... .... ........ .. ..... ... ... .. ........ .... .... 120
Fibromatose gingivale héréditaire .......... ............ ......... 96 Signes cliniques ..... .......... .... .. ....... .. ....... .. ... .. ......... .. .. ... 122
Maladie de Cowden (syndrome des hamartomes Gingivite nécrotique ................ ........ ....... ... ......... ....... 122
multiples) ...... .. ... .. ... ........ .. ......... ... .... ... ....... .... ...... ... 97
Parodontite nécrotique .. ... ... ... ..... .... .... ... ..... .... ... ...... 122
Manifestations gingivales d'origine systémique .. .... ..... .. . 97
Diagnostic ..... ..... .... ............ .... .... ..... ............ .. ... .... ..... .. .. 123
Troubles cutanéomuqueux ........... .............................. 97
Microbiologie .. .... .. .. .... ........ ......... ...... .. ..... ... .... ....... ....... 123
Réactions allergiques ...... ..... .... ...... ... .... .. ............. .. ..... 99
Histopathologie ...... ............. ............ .. .... ........... ...... ....... 123
Lésions traumatiques ..... ....... .... .. .. ... ....... ....... ... .. ....... ... 101
Traitement ............ .. ........ .... ...... ....... .... ........ ...... ........ .... 123
Lésions traumatiques (origine iatrogène,
Phase d'état .. ..... ... ...... ... .. .... ... ...... .. ..... ... ...... ..... ....... 123
automutilation, accidentelle) ................. .. ...... .. .. .. ... 101
Phase reconstructrice .... ... ...... .. .... .... ... ... .. ... .. ... .. ..... . 124
Lésions traumatiques chimiques, physiques,
thermiques ........ ........ ....... ......... ..... ..... ........... ........ 101 Phase de suivi parodontal ...... .............. .. .... ......... ..... 124
Réactions à corps étranger ........................ .. ... .. .... .... 102
Traitement des péri-implantites ... ....... ... .... .... ...... .... .. .... 133 Coûts liés au traitement des maladies
Thérapeutiques non chirurgicales ........... ...... ....... .... . 135 parodontales ..... .. ................ ................... ... ..... ... ..... 162
Thérapeutiques chirurgicales ..... ....... .. ... ..... ..... ... ..... . 137 Renoncement aux soins parodontaux ...... ...... ....... .. . 162
Explantation ...... ..... ....... ........... ...... ... .... ...... ... .... .... ... 138
PARTIES
RT • PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES •
ÉPIDÉMIOLOGIE ET RECHERCHE CLINIQUE PHILIPPE BouCHARD
PHILIPPE BoucHARD
Chapitre 22 Microbiologie (MARTINE BoNNAURE-M ALLET,
11re Généralités appliquées JULIEN BRAUX, CHRISTIAN VERNER, CHRISTINE VOHA) .......... .. 167
à l'odontologie (ADRIEN BaiLLOT, Les micro-organismes orau x .. ........ .. .. .. ......................... 167
CYRILLE CoLLIOT, PHILIPPE BoucHARD) .. ...... .. ....... .. .. .. .. .. .... 143 Bactéries orales et pathogénicité ........... .. ...... ...... .. .. 167
Rech erche médicale .. .................. .. ...... .. .... ...... .. ..... .. .... 143
Les bactéries parodontopathogènes .. .... .. ...... .... .. .... 168
Classification des études .... .... ....... .... ......... .... .... .......... 144
Les virus .... .. ........... .. ......... ..... ............. ..... ..... .. ... .. ..... 17 1
Niveau de preuve .............. .... ... ... .. ... .. .. ........... .... .. .. .. .... 145
Infections fongiques ........ .. .............. .. ........ .. .. ....... .. .. 173
Revues systématiques .... .. .... .............. .... .. .. .. ... .. ........... 145
Parasites ..... .......... ..... ..... .............................. ... ....... .. 174
La dentisterie fondée sur la preuve .... ..... .... .. .. ... .. .. ....... 146
La plaque dentaire .... ........... .. .. .. .... .. ....... ... .... .... ....... ... . 175
Méthode ... ... .......... .... ....... .... ............ .... ..... ... .... .... ... .... .. 147
Formation ... ..... ...... .. ....... ... .. ... .. ... ....... ....... .... ...... .. ... 175
Association et causalité .... .... .. ... ........ ... .... .. ........ .. ........ 148
Organisation du biofilm .... ...... .... .... .... .. .. .. .. .. .. .. ... .. .... 176
Mesures d'association .. .... .. .. ........... .. .. .. ........ .... .. ... ...... 148
Minéralisation- formation du tartre .... ...... .. ... ... .. ...... 177
Risque relatif (RR) .. .. ...................................... ..... .. ... . 149
Structure ................ ...... ..... ... ........ .. ... ........... ..... ... .... . 178
Rapport de cote ou odds ratio (OR) ........ ........ .. .. .... .. 149
Parodontopathogènes- facteur étiologique ..... ....... .. .. .. 178
Rapport du risque instantané, ou hazard ratio (HR) . 149
Transmission et acquisition .... .. .. .. .... .. .. .......... .. .... .... . 179
Cl Indices parodontaux Facteurs de virulence/facteurs de persistance ......... 179
(CYR ILLE COLLIOT, ADRIEN BOILLOT, PHILIPPE BOUCHARD) .. .. . 150 Moyens d 'études de la pathogénie
Indices de plaque ...... .... .................. .. .... .... .. .. .. .... .... .. .... 150 microbienne ........ ... .... ............... .. ... ...... ...... .... .. ... ... 184
Indices gingivaux ... .. .. ... .... ..... ...... .... ..... ... ........ .... ... ....... 151 Bactériémie ....... ...... .... ..... ... .. ...... ..... ........... ...... ... .... ... .. 185
Indices de maladie parodontale .... ........ .. ...... .... ..... .... ... 151 Définition .. ......... .... ... ......... ..... ... .... ... .. ...... .......... ....... 185
Indice parodontal de Russell .. .. ............ ...... ........ ... .. . 152 Mécanismes .. .... ........ ........ .. .......... ..... ..... ..... ...... ... .... 185
Indice de maladie parodontale de Ramfjord ......... .. .. 152 Bactériémie et gestes quotidiens ........ ...... .... .. .. .. ..... 185
Indice CPITN ...... .. .......... .. .... ...... .. .... .... .............. ... ... 152 Bactériémie et parodontie .. .. .. .. ........ ....... .... ...... .. .. ... 185
Indices de mobilité .... .. .... .... .. .. .... .. .... ...... .. .. .. .. .... .... .. .... 153
Confirmation de la bactériémie .. .... .... .. ...... .. .. .. .. .. .. ... 188
·tr
20 Épidémiologie des maladies Les tests en parodontologie .. ........ .. ...... .. .... ........ .... ... ... 188
parodontales (ADRIEN BOILLOT, CYRILLE COLLIOT) ...... .. .... 155 Produits du métabolisme bactérien ...... .. .................. 188
Difficultés d'établir la prévalence des maladies Les tests des marqueurs de l 'inflammation .... .. .. ...... 188
parodontales ........ ..... ........ ... ....... .. .... .... ... ...... ..... ... ... 155 Les prélèvements bactériens .... .. .... .. .. ...... .. ............ .. 188
Gingivites ..... ..... .. .... ... .. .. .. ... ... ....... .... .. ... .. ... ..... ......... 155 Perspectives ........... ....................... .. ... ... .. ... ... ... .. ... ... 192
Parodontites ...... ...... ...... .... .... .. .......... ....... ... .. ..... ... .. . 155 Conclusion ........... .. ... .. ..... ... .. ............. ... .... ... .. ... .. ... .... ... 193
Épidémiologie des gingivites ...... .. .. .. .... .. ............ .... .... .. . 156
Épidémiologie des parodontites chroniques .......... .. .. ... 157 Chapitre 23 Anatomopathologie
Épidémiologie des parodontites agressives .... ..... .. ....... 157 (M ARJOLAINE GassET, PHILIPPE BoucHARD) ...... ...... ....... ..... 195
Conclusion ..... ..... ....... .. ....... ....... .. ......... .. .. ...... ... .. ......... 159 La lésion parodontale ........ .. ........ .... .......... .. .... .. .. ... .... ... 196
La lésion initiale ou gencive
~ r 1 Impact médico-économique macroscopiquement saine .... .. ....... ........ ... .. ... .... .. . 196
des maladies parodontales (ADRIEN BaiLLOT,
La lésion précoce ou gingivite .. .. .. .. .. .............. .......... 196
CYRILLE COLLIOT, DENIS BOURGEOIS) .......... .. .. ...... .. .... .. .. .. .. 160
La lésion établie ou gingivite établie .. .. ..... .. ... .. .. .... .. . 196
Associations entre maladies parodontales
La lésion avancée ou parodontite .. .... .. ... .... .... ... .. .. .. . 196
et autres maladies .. .. .... ........ .... ................................ 160
La poche parodontale ........ .... ...... .... ......... .. ........ ... .... ... 202
Prévalence des maladies parodontales et besoins
thérapeutiques associés .... .... .. ...... .... .. ...... ...... .. .. .. ... 161 Paroi gingivale ...... ... ............................. ..... ..... ..... ..... 202
Impact économique des maladies parodontales ...... .... . 161 Extrémité apicale de la poche parodontale .............. 202
Coûts liés à la prévention Paroi dentaire .. ........... ...... .. .. ... .... ... .... ... ....... ... ......... 205
des maladies parodontales .... ..... .. .. .. ... ...... ............ 161 Le contenu de la poche parodontale .......... .. .. .. ... .. .. . 205
SOMMAIRE XIX
Chapitre 25 Génétique (JEAN-Luc DAVIDEAU, Preuves épidémiologiques de l'association ... ..... ... ... 263
ARIANE BERDAL) ...... ........ .... ... ..... ............ .. ..... ... ... ..... .... .. . 243 Mécanismes physiopathologiques .... ... ......... ........ ... 263
Notions de génétique .. .... ................ .. .. .. .. ........ ............ .. 243 Implications cliniques ... .............. ....... ..... .......... .... .... ..... 264
Anatomie mucogingivale .. ... ............ .. .. ..... .... ...... ...... 278 Chapitre 35 Gynécologie-obstétrique
Facteurs iatrogènes .. ..... ......................... .. ..... ...... ... ..... .. 279 (JEAN- NOËL VERGNES, CATHY NABET) .......... .. ..... ... .. ......... .. 305
Facteurs associés aux restaurations ......... ...... ... ....... 279 Introduction ....... ... .. ... ... ... ... ..... ..... ... ................. ... ... .... ... 305
Facteurs comportementau x .................... ..... .. ... .. ..... .. .... 281 Grossesse normale et pathologique ........... .. ...... .. .... .. .. 305
Respiration buccale .. .. .... ...... .. .... .......... .. ...... ....... .. .. . 281 Définitions ........ ....... .. ........................... ...... ....... ... ..... 305
Pulsion linguale ..... ......... ..... .... ... ...... ... ... .... .. ......... .... 281 Données épidémio/ogiques ........ .... .... .. .................... 305
Automutilations et autres manœuvres délétères .. .... 281 Association entre les maladies parodontales
Autres facteurs " traumatiques •• ou pathologiques ...... 282 et la grossesse ......................................................... 306
Fractures radiculaires .... ... ..... .... .... ............ ........ ... .... 282 Effets de la grossesse sur la santé parodontale ... ... . 306
Résorption interne ........ ...... ..... .. .... .. ... ... ..... .... .. ........ 282 Effets des maladies parodontales
sur J'accouchement prématuré ......... .... .... .. ... .. ...... 306
Conséquences cliniques ....... ... ...... ... ... .. ... .. ...... ......... ... 307
PARTIES Traitement préventif et curatif des maladies
• MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES • parodontales chez la femme enceinte .... .... ........... 307
HÉLÈNE RANGÉ ET PHILIPPE BOUCHARD Effet du traitement parodontal
sur J'accouchement prématuré .... .. .... ........... .. ....... 307
Chapitre 31 Mortalité et cancers
Conclusion .. ... ....... .. .. ... .... .................. ..... .... ...... ..... ....... 307
(PHILI PPE BouCHARD) .. .... ... .... .... ......... ........... .. ...... .. ... ..... 287
Chapitre 36 Maladies respiratoires
Chapitre 32 Maladies cardiovasculaires
(CHRISTELLE DARNAUD) ..... ...... ...... ..... .... ...... ....... ..... ......... 309
(HÉLÈNE RANGÉ, ÜLIVIER MEILHAC, PHILI PPE BOUCHARD) ...... 289
Généralités sur les maladies respiratoires .................... 309
Généralités sur les maladies cardiovasculaires ...... ...... 289
Définitions .... .......... ..... ... ..... .. ... .. ... .... ... ..... ... ........... .. 309
Données épidémiologiques ... ......... ... .. .... .. ........... .... 289
Données épidémiologiques .................................... .. 309
Facteurs de risque de l'athérosclérose ........ .. ... .. .... .. 289
Moyens diagnostiques et principes de traitement .... . 309
Physiopathologie ... ..... .......... ....... ... ......... ..... ....... ..... 291
Association entre les maladies parodontales
Principaux traitements des maladies
et les maladies respiratoires ........ ...................... .. ..... 309
cardiovascu/aires liées à J'athérosclérose .......... .. .. 292
Mécanismes biologiques du lien entre les maladies
Association entre les maladies parodontales
parodontales et les maladies respiratoires ...... .. .... ... 310
et les maladies cardiovasculaires ...... ...... .. ...... .. ...... . 292
Rôle de l'infection .......... ........ ...... .. .... .. .... .. ...... .. .... .. . 310
Rationnel biologique du lien entre les maladies
parodontales et l'athérosclérose ............... ...... .......... 292 Rôle de la réponse inflammatoire ........ .. ................... 310
Bénéfices du traitement parodontal Effets du traitement parodontal sur les maladies
sur les marqueurs de risque de maladies respiratoires .... ......... ..... ...... .. ........ .. ...................... .... 310
cardiovasculaires .. ...... ....... .... ......... .......... ... ....... ...... 296
Chapitre 37 Maladies rénales (DIMITRA KARAPETSA) .. ...... .. 312
Conclusion ................ .... ....... .... .. .... ....... .... ... ... ... ...... .. ... 296
Généralités sur les maladies rénales .............. .... .......... 312
Chapitre 33 Obésité (HÉLÈNE RANGÉ) .... .. .. .. .... .. .... ......... ... 298 Définitions .. .. ... ..... ........ ... .. .. ... .. ...... ... ... .. .... ...... .. ...... . 312
Association entre les maladies parodontales Données épidémio/ogiques .... .... .. .... .. .. .. ... ....... ..... ... 312
et l'obésité ... ............. ....... ... ........ ..... ............. ... .. .. ... .. 298 Moyens diagnostiques et principes
Rationnel de l'association .. ........ .. ..... .. .. ........................ 298 de traitement .... .... .............................. .. .......... .. .... . 312
Bénéfice clinique .... .......... ... ........ .............. ... ................. 299 Association entre les maladies parodontales
Bénéfices du traitement parodontal et les maladies rénales .. ...... .... .. .. .... .. .. .. .. .... .......... ... 312
chez Je patient obèse .... ...... ........................ .. ........ . 299 Rationnel biologique du lien entre les maladies
Bénéfices du traitement de J'obésité parodontales et les maladies rénales ....................... 313
sur l'état parodontal .......... .. .. .... .. ...... ........ ... ... ....... 299 Rôle de la réponse inflammatoire ........ ..... ............... . 313
Conclusion .... ... .. ... ....... ....... ......... .................. .. ... .. .. ...... 299 Rôle de l'infection .................... ...... ...... .... ........ ......... 313
Comportement thérapeutique du parodontiste
Chapitre 34 Syndrome métabolique
face à l'association entre maladies parodontales
(HÉLÈNE RANGÉ) ...... .......... ................ ...... ............... .. ....... 301
et rénales ... ... ........ ... .... ... ... ....... ............. ................. .. 313
Généralités sur le syndrome métabolique ..................... 301
Association entre les maladies parodontales Chapitre 38 Ostéoporose (PHILIPPE LESCLous,
et le syndrome métabolique .......................... .... ....... 301 JEAN -LOUIS SAFFAR) .... .......... .. .................. ...... .. .... ........... 315
Rationnel biologique du lien entre les maladies Rationnel biologique d'un lie n entre ostéoporose
parodontales et le syndrome métabolique .. .. ......... ... 301 et maladies parodontales ............ ........ ..................... 315
Bénéfices du traitement parodontal Densité osseuse du squelette appendiculaire
sur les paramètres du syndrome métabolique .. .... .. .. 303 et/ou axial et masse osseuse des maxillaires .. ........ 317
SOM MAIRE XXI
Sarcomes .. ... .. .. .. .... ... ... ...... .. ........ ... .. ... ... .... ... .. .. .. ... .. .... 320 Chapitre 43 Maladie d ~ lzheime r
Mélanomes ...... .. ..... .... ..... ... .. ... .. ... .. ... .... ..... ...... .. ... .... ... 320 (PHILIPPE BoucHARD) ....... .... ............. ....... .. .. .... ... ... .. ........ 344
Métastases gingivales .. ..... .. ..... ... ....... ... ..... ... .. .. .... .... .... 321 Épidémiologie .......... ........ .. ...... ........... ..... .. .... ..... ...... .... 344
Leucémies ....... ...... ....... ....... .. .... .......... ..... .... ....... ....... ... 321 Pathogénie ...................... ......... ....... ..... .. ....... ..... .. .. .. ..... 344
Lymphomes .......... .... .. .... ....... ............................ ............ 321 Association entre maladies parodontal es
Plasmocytomes ... ......... ...... ... .. .... .. ....... ... ...... ...... ........ .. 322 et maladie dl\lzheimer .............. .... .... .... .. .. .. .. .. ..... .. ... 345
Rationnel biologique du lien entre maladi es
Chapitre 40 Polyarthrite rhumatoïde
parodontales et maladie dl\lzheimer ........................ 345
(MARJOLAINE GasSET, JEAN-NOËL VERGNES) .... .. ........ .. ...... . 323
Prise en charge parodontale des malades ...... .... ..... .. ... 345
Association entre les maladies parodontales
et la polyarthrite rhumatoïde ............ ........ .. .... .... .... ... 325
Rationnel biologique du lien entre les maladies PARTIE9
parodontales et la polyarthrite rhumatoïde .. .. .... .. .. ... 325 • LA CONSULTATION PARODONTALE •
Points communs entre polyarthrite rhumatoide HÉLÈNE RANGÉ ET PHILI PPE BoucHARD
et parodontite chronique .... .. .............. .. ................. 325
Rôle de la parodontite chronique dans la pathogénie Chapitre 44 Anamnèse (SoPHIE CAVELIER) ......... .. ... ......... . 349
de la polyarthrite rhumatoide .. .......... .. ........ ........ .. . 325 Lentretien avec le malade ...... .. .... .. ............ .. .. ............... 349
Conséquences cliniques : effets du traitement parodontal Motif de consultation .. .. .......... ... ... ... .. .. ........ ... .. ...... ...... . 350
sur l'activité de la polyarthrite rhumatoïde .. .... ........ .. 325 Symptômes .. ... ...... ... .... ... .. ...... ...... .... .. ... ... ....... .. .... ... 350
Attentes du malade ...... .... ...... .... .. ..... ..... ...... .... ..... .... 350
Chapitre 41 Immunodépression et maladies
parodontales (G ÉRALDINE LESCAILLE) .... .... ...... .. ........... ... 327 Anamnèse médicale ... ..... ............. ... .. ... .... .... ...... ..... ..... 351
Généralités sur l'immunodépression .. .. .. .. .......... .. .. .... .. . 327 ConnaÎtre son malade .................. .... .......... ...... ....... .. 351
Définitions et étiologies .... .. ...... .. .......... .. .. .. .............. 327 Antécédents médicaux et chirurgicaux .................... 351
Données épidémiologiques ........ .... .. .... .. .. .......... ...... 328 Traitements médicamenteux .... ... ...... ... ..... .. ....... ....... 352
Moyens diagnostiques et principes Anamnèse parodontale .... .. ............ ...... .. ........ ......... ...... 354
de traitement ........ .. .. ........ .. ........................... ....... . 328 Recherche des facteurs et indicateurs
Rationnel biologique du lien entre maladies de risque parodontaux .... ......... ..... ... ...... .... .. .......... 354
parodontales et immunodéficience ........ .... .............. . 328 Histoire dentaire et parodontale .. .................. .. ... .... .. 354
Attitude préventive et thérapeutique du parodontiste Chapitre 45 Examen extra-oral (CHRISTELLE DARNAUD) ...... 356
face à cette association .................... .. ................ .. .... 330
Lexamen visuel .. .. ........ .. .... ...... ...... .... .. ...... ............ .. .. ... 356
Sphère orale et patient immunodéprimé .. ........ .. .. .... 330
Le visage de face et de profil ..... .. ... ....... ........ .. ........ . 356
Prise en charge du patient immunodéprimé .. .. .. .... .. 330
Le sourire .. .. ...... ... ....... ... ..... ... ....... ........ ... ...... .... ..... .. 356
Chapitre 42 Maladies rares (MuRIEL DE LA DuRE-MOLLA, Les tuméfactions maxillofaciales .. .. ....... ... ........... ..... 358
MARI E-CÉCILE MANI ÈRE , MARIE-LAURE Bov-LEFÈVRE , La palpation .................. ......... ........... ............... ....... ...... 358
ARIANE BERDAL) ... ..... ....... .. .... ... .... .... .. ..... ..... ..... ..... ... ...... 332 Le système neuromusculaire .... .... ...... .. .. .... .. .... .. .. .... 358
Introduction .. ......... .... .. .. ... ..... .. ..... ... .. ... .... ........ .. ..... ...... 332 Les dysfonctions de l'articulation
Anomalies des tissus épithélioconjonctifs .... .. .. .. ... ........ 332 temporomandibulaire (ATM) .. .... .. ...... .... .... .. ..... .. ... 358
Pathologies épithéliales .......... .... ...... .. ........ ... ... .. .... .. 332 Les aires ganglionnaires cervicofaciales ..... .. ............ 358
Pathologies conjonctives ....... ..... .... .. ......... ..... ... ... ... . 334 Les glandes salivaires .. .. .... .. .......... .... .... .... ... .. ... .. .. ... 358
XXII SOMMAIRE
Chapitre 46 Examen intra-oral : dents, Chapitre 49 Le diagnostic (CÉCILE DAGORNE) .. ..... .... .. ...... 405
muqueuses et OCClUSiOn (G ÉRALDINE LESCAILLE, Intérêt du diagnostic parodontal. ...... .... .............. .... ...... . 406
BRUNO T AVERNIER) ....... ....... ....... ........ ... ...... .. .... ... .... ... ..... 360 Les maladies parodontales ....... ..... ........... ...... .... .. ...... .. 406
Examen des dents ........ ........ ... ..... ............. .... ..... ......... . 360 Diagnostic différentiel ..... ..... ..... ... ...... ... ..... ..... ... ..... .. 406
Anomalies ...... ... ... .... ... .. ......... ..... ..... ....... .. .. .. ... ........ . 360 Diagnostic .. .... ......... .... ........ .......... ..... ..... ....... ... ....... . 406
Lésions carieuses .. ......... ............. .. ... .... ... ...... ... .... .... 360 Lésions parodontales ....... ..... .... .. .... .. .... ... ....... .. ....... . 407
Lésions cervicales non carieuses ...... ..... .... .... .. ..... ... 361 Lésions inter-radiculaires ..... ..... ... .... ... ... .... .. ...... ....... 407
Fractures et fêlures ............ ... .. ............. ............ ..... .. .. 361 Lésions intra-osseuses ... ..... .. ... ...... ..... ....... .. .... ...... .. 407
Prothèses et restaurations ........ .... ... ... ... .. ..... .... .. ...... 361 Abcès parodontaux ... ..... ..... ..... .. ..... .. ...... .. .. ..... ... ..... 408
Examen des muqueuses orales ...... .... .. ... .................... . 361 Lésions endoparodontales ... ... .. .. .. .. .... ..... ....... ... .... .. 409
La langue et Je plancher lingual ... .... .... ..... ................ 361
Chapitre 50 Le pronostic
Les muqueuses jugales .... ............. ... .... ...... .. .. .. ..... ... 362
(MARIE BLANOUART) .. ... .... ...... ..... ... .. ... .. .... ... ... ....... ...... .... . 4 10
Occlusion dentaire ...... .. ... ......... .... .... .... ... ..... ...... ..... ..... 362
Le pronostic parodontal : mise en œuvre
Caractéristiques de l'occlusion dentaire .. ... ..... ..... .... 362
et problématique clinique .. .... ........ ... ... ....... ..... ....... ... 410
Occlusion et maladies parodontales ...... ......... ... ....... 366
Pronostic de la maladie ....... ...... ..... ..... ........ ....... ... ... .. .. . 411
Chapitre 47 Examen clinique parodontal Facteurs liés au patient ... ..... .... ... ..... ...... ......... ..... ... .. 4 11
(MARIKA GADEAU, HÉLÈNE RANGÉ, PHILIPPE BouCHARD) ....... 369 Sévérité et étendue de la maladie
Dépistage ou examen conventionnel : parodontale .... ... .... ..... ....... ... .. ... ... .... ..... ..... ..... ..... . 412
quelle approche adopte r ? .... ... .................. ......... ...... 369 Pronostic des sites parodontau x ....... ... ... ..... ... ...... .. ...... 412
Omnipratique et approche spécialisée ....... .... .. ... .... . 370 Facteurs parodontaux .... .. .... ..... .... .... ....... ... ..... ... .. ... . 413
Caractéristiques du dépistage .. .. ....... ........... ....... ..... 370 Facteurs locaux non parodontaux ... ..... ... .. ... .... ........ 414
Examen visuel du parodonte superficiel. ........ ... ... ..... .... 371 Besoins en soins conservateurs .... ....... ... .... .... ......... 415
Dépôts minéralisés et non minéralisés ....... .... .......... 371
Chapitre 5 1 Examens complémentaires
Inflammation gingivale ... ....... .. ..... .... .... .. ........ ........... 375
(J ULIEN BRAUX) ................ ... ...... ..... .... ......... .. .. ..... .... .. .... ... 417
Morpho type parodontal ....... ...... .. .............. ...... .. .. .... . 375
Tests microbiologiques .... ....... ... ..... .. .... ... ... .. ..... ..... .. ..... 417
Crêtes édentées .... .. .. ... .... ........ ........... ... ... ....... .. ...... 377
Examens mycologiques .. .............. .. ........ .... .... .. ....... . 418
Charting parodontal .. ...... ....... ..... ...... ....... ... ..... .. .. ... .. ... . 377
Cultures bactériennes .. .... ... .. ........ ... .......... ... .. ..... ..... 418
Sondage .. ... .. ... ..... .. ... ... ... .... ...... ... ... .... ...... .. .. ... .. .. ........ . 379
Techniques moléculaires .. ... ...... .... ....... .. .... ....... .. ... .. 420
Technique de sondage ........... ..... .. ....... ..... .... .. .. .. ... .. 379
Microscopie à fond noir ........... .... ...... ..... ..... ...... .. ..... 420
Sondes parodonta/es .. ........... .. .. ........... ............. ... .... 383
Test BANA ...... ......... ..... ..... ... ....... ...... ..... ...... ..... ... .... 420
Saignement au sondage ....... ... ... .... ... .... .... .... ... ..... ....... 385
Intérêt clinique .. ......... .... .... ... ... ...... .. ... .. .. .... .... ........ .. 421
Lésions inter-radiculaires ... ...... ..... .... .... .......... .. .... .... .... 387
Tests de susceptibilité .. ........ ... ..... ..... ..... ..... ..... ...... .... .. . 421
Examen des dents ........... ....... .... ...... .... ... .... ..... .. ... .... ... 387
Marqueurs génétiques ... ....... .... ..... .... ... ....... .......... ... 421
Mobilités dentaires ...... ........ ...... .... .. ........ .. ......... ...... 387
Intérêt clinique ............. ...... ..... ... ...... ... .... ... .. ... ...... .... 421
Surcharges ace/usa/es ................ ....... .... .. .. .. ....... .. .. .. 388
Examens biologiques ...... .. .... .... .. ..... ..... ..... ...... ..... ... ..... 421
Facteurs de rétention de plaque .... .... ....... ...... ... ....... 388 Exploration de l'hémostase .. ... .. .. .. ..... .... ...... ..... ....... 421
Égressions, migrations dentaires .. ..... ... ....... .. ..... ...... 389 Explorations biochimiques .... ....... ........ ..... .... ... .... ..... 422
Chapitre 48 Techniques d'imagerie
en parodontologie et dentisterie implantaire
PARTIE 10
préchirurgicale (RuFINO FELIZARDO, BENJAMIN SALMON) ... 390
• PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE •
Techniques d'imagerie orale ...... .... ..... .. ..... ................... 391
JAcouEs MALET, FRANCIS MoRA ET PHILIPPE BoucHARD
Techniques intra-ora/es ... .. .. ..... ... ....... ..... .. ..... .. ........ . 391
Techniques extra-orales .............. ........ ..... ....... ... ... .... 394 Chapitre 52 La décision thérapeutique
Anatomi e radiologique 2D et 3D .... ...... .. ..... .......... ... .... . 398 (M AnHIEU FRÉMONT, PHILI PPE BoucHARD) ..... .... .. ... .. .. ...... .. 427
Structures dentaires, osseuses ..... ... ..... ... .......... .. ... .. 398 La dentisterie fondée sur la preuve .......... ..... .... .. ..... .. ... 427
Structures maxillaires ............. ..... ...... ...... .. .. .. ...... ..... 400 La " meilleure " preuve ... .. ... .... ........ ..... ........... .... ..... 427
Canal et foramen grand palatin .. ... ........ ..... ..... ..... .... 400 Les préférences du patient ......... .. .... .......... ... ..... ...... 428
Structures mandibulaires ............... .. ... ... ...... .. ..... ...... 400 L'expertise du praticien .... .. .. .... .... ....... ... ... .. ..... .... ..... 428
Indications - recommandations .. ...... .. .... ... ... ..... .. .... .. ... 402 Les arbres de décision ...... .......... ..... ... ....... ... .. .. ..... ..... .. 429
Bilan initial ..... ....... ......... ........... .... ......... ........... ......... 402 Les modèles d'aide à la décision ... ...... .. ....... .. ........ ... ... 431 1
Suivi parodontal ............ ..... .. ..... ... ..... ... ... ..... .. ... ........ 402 Intégration de l'économie
l
Bilan préchirurgica/ ..... .......... .. ....... .......... .... ... .. .. ..... . 403 dans la prise de décision .... ..... ... ... .... .. ... .. ....... ......... 432
SOMMAIRE XXIII
Analyse coût-minimisation ........ .. ... .. ... ... ...... ..... .. ...... 432 Diagnostic et diagnostic différentiel ... .... ..... .... .. ....... 452
Analyse coût-efficacité ... ...... .......... ..... .... ........ ..... .... 432 Traitements .... ........... ....................... .... ....... ..... .... ..... 453
Analyse coût-utilité .. .... ..... ..... ..... ..... ... .......... .... ....... . 433 Complications : perte dentaire, dissémination
Analyse coût-bénéfice ............... ... ....... ... ........ ... .. ..... 434 infectieuse ... .... ..... .... ... .... ......... .. ... ..... ... ..... ........ ... 455
Urgence douloureuse ....... ....... ... ..... ..... .... .......... .... ... .... 455
Chapitre 53 Étapes thérapeutiques (SYLVAIN LEYMAR IE,
Maladies parodontales nécrotiques :
JACQUES MALET, PHILIPPE BouCHARD, FRANCIS MoRA) ......... 436
traitement d 'urgence .... .. ...... .. ............................ .. . 455
Étape 1 :contrôle des facteurs/indicateurs Lésions endoparodontales ... ..... .... .... .... ........ ..... ...... 455
de risque (SYLVAIN LEYMARIE) ... .... ........... ... ..... ....... ... ..... 437 Syndrome du septum .............. .. ... ........ .. .. ..... ... ...... .. 455
Risques associés au traitement parodontal ... ... ........ 437 Douleurs post-opératoires .... ... .. ........... .. ... ... .. .......... 456
Risques associés au développement Hypersensibilité dentinaire ....... ...... ........ ..... ... .... ...... . 456
de la maladie parodontale .... .... ... .... ..... .. .... ...... ..... 438 Mobilités : contention en urgence .. .. .. ....... ... .............. .... 456
Étape 2 : traitement initial (SYLVAIN LEYMARIE) ......... .... .... . 439 Indications ...... .... .. ... .... ..... .... ...... ........ ........ ....... ...... . 456
Contrôle de plaque ............. ....... ..... ..... .... .... ... .. .. .. ... . 439 Techniques ... ........... ..... ............. .............. ... .. .. ........ .. . 456
Détartrage-surfaçage radiculaire ..... ............ ... .. ....... . 440 Perte dentaire par expulsion spontanée ........ .. ... ........... 456
Antibactériens .. ... .. ......... ... .... ... ... .. ..... ........... .... .. ... ... 440 Gestion de l 'alvéole ... ..... .. .... .. .... .. ............................ 456
Remplacement dentaire en urgence : techniques .. .. 456
Étape 3 : réévaluation parodontale (J ACQUEs MALET) ..... 440
Saignement post-opératoire .... ............................ ..... .. ... 457
Indice de plaque ... .......... .. ... ...... .... .. ..... ... ................. 441
Médicaments perturbant l'hémostase ................ .... ..457
Indice de saignement ................. .... ....... ... .. ... ... .. ... ... 441
Techniques d 'hémostase ... ... .. .... ....... ........ ... ... .... ..... 457
Profondeur de sondage ..... ....... .. ... .. ...... ...... .... .... ..... 441
Prévention .......... ....... ............. ........... .... .. .... ... .......... . 458
Niveau d 'attache ..... ...... ...... ....... ... .. ..... ....... .. .. ........ .. 441
Récession gingivale .. ...... ........ .............. ......... ..... .... .. 441
Microbiologie .... ....... ... ... ..... .... ........... ....... ....... ... ... ... 442 PARTIE 12
Défauts gingivaux .. ...... .......... .. ... .......... ....... ... .. ........ 442 • THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES •
Défauts osseux .... ....... .... ........ ..... ............. .. .............. 442 CHARLES MICHEAU
Mobilités dentaires .... .... ..... ..... ..... .... ...... ........ .. .... .... 442
État dentaire .. ........... .... ... ... .... ..... ... ...... .. ... ....... ... ..... 442 Chapitre 55 Principes (CHARLES MICHEAU,
MATIHIEU FRËMONT) .. .... .. ... .. ..... ...... ....... .... .......... ..... ....... 461
Étape 4 : traitements parodontaux
Définition ...... ....... ..... .. ... .. ... ... ........... ..... ... .... ... .. ... .. ... .... 461
complémentaires (JACQUES MALET) .......... ....... .. .. ......... 442
Rationnel ... ............ ..... ......... ....... .... ..... ....... ..... ... .. .. ....... 462
Traitements non chirurgicaux ...... .. ... ....... ... ......... ... .. . 442
Intérêt et limites .. .... ..... .. ..... .. .. ...... ..... .. ....... ..... ... ... ........ 462
Traitements chirurgicaux .... .. .. .. ... ... ................ ... ........ 443
Étape 5 : bilan de fin de traitement (PHILIPPE BOUCHARD) .. 443 Chapitre 56 Contrôle de plaque individuel
(VIANNEY 0ESCROIX, JOËL ITIC, CORINNE LALLAM) .... .. ...... .... 464
Bilan de fin de traitement parodontal ...... .. ............... 443
Effet du contrôle de plaque supragingival sur la
Bilan parodontal de fin de traitement .... ......... ... .... ... 444
composition de la plaque sous-gingivale ........ ....... ... 464
Étape 6 : suivi parodontal (FRANCIS MoRA) .... .. ....... .. ... .. .. 445 Effet du contrôle de plaque individuel
Définition ..... .. ....... ... ...... ...... .. ......... ... ........... .... ......... 445 sur les maladies parodontales ....... ............ ............... 465
Pronostic parodontal .. ....... ... ... .... .. ......... .. ........ ... ... .. 445 Le brossage : .. ....... ..... ..... .......... ... .... ..... ... .. ...... .... .... .. ... 465
Procédure de suivi ...... ..... .. .. ..... ... ... ..... .... ... .......... .... 446 Efficacité .. ........... ...... .. ... .. .. .... .. ..... ....... ...... .... ........... 465
Rythme et durée des séances ......... ... .... ......... ...... .. . 446 Brossage manuel .. ... .. ...... .. ..... ..... .... .... ............ ... .. .... 465
Observance ... .... ..... ......... ...... ..... ......... ... ...... .... ........ 446 Brossage électrique ............ ... ...... ...... .......... ....... .... .. 467
Contrôle de plaque interdentaire .. ........... .. .. ...... .. .. ........ 467
Fil dentaire ..... ... ...... ..... ........ ..... ....... .. ......... .... .... ... ... 467
PARTIE 11
Brossettes interdentaires ....... .. .. ... .... ..... ....... ........ .... 469
• URGENCES EN PARODONTOLOGIE •
Bâtonnets interdentaires .......... ... .. ... .... ........ .. ... .. ...... 4 70
CHARLES MICHEAU
Stimulateurs gingivaux ........ .............. ..... ....... ..... ... .... 4 70
Chapitre 54 Urgences en parodontologie Jet dentaire ........ ..... .......... .. .. .... ... .... ..... ............. .... ... 4 70
(OLIVIER REBOUL, CHARLES MICHEAU) .. .... ... .. ... .... ..... ........ .. 451 Brossage de la langue ....... ................... ... ..... .. ... ... .. .... .. 470
Urgence infectieuse : abcès parodontal .. ..... .. ... .. ... .. ..... 451 Objectivation de la plaque dentaire ........ .. ..... ... .. .... .. .. ... 470
Prévalence ....... ..... ........ ... .. ............ ........ .... .... .... .. .... . 451 Effets indésirables .. ............................ .. ..... ....... .... ......... 470
Étiologie ........... .. ........... .... ...... ... .......... ....... ......... ..... 451 Tissus durs .. ...... ..... ...... ..... ... ..... .... ....... ........ ....... ... ... 4 70
Pathogénie et microbiologie ........ ... ... ... .... ... .. ...... .. .. . 452 Tissus mous ......... ...... ..... ........ ..... .. ..... ........ .. .... ... ... .. 4 72
XXIV SOMMAIRE
Rationnel .. ... .... ..... ... ......... .. ... .. .... ... .......... .... .... ......... .... 491 Traitements de l'halitose ...... .. ... .. ..... ...... .. ... ... .. ... ... .. .. .... 519
Traitement étiologique ............ .. .... .. ........... .. ..... .. .. .... 519
Les antiseptiques (JoËL IT1c) .... ........ .. .......... ............. .. .. 492
Traitement adjuvants de /'halitose .. .. .. ... .. .. ...... ... .. .... 520
Contrôle de plaque supragingival .... .. .. .... ..... ....... .. ... 492
Prévention ...... .. ...... ...... .... ... .. ..... ........ .. ....... .. ...... ...... 520
Contrôle de plaque sous-gingival ..... .. ...... .... ... .... .. .. . 495
Les antibiotiques (VIANNEY DEscRolx) .... .... ... .. ...... ......... 497
Les molécules ... ........... ..... ... ................ .... .... ... .... ...... 497 PARTIE 14
Antibiotiques administrés • PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES •
par voie locale ........................... .. .... .... ..... .. ... ..... .... 499 BENOÎT BROC HERY, STÉPHANE KORNGOLD
Antibiotiques administrés
par voie systémique .... .... .. .... .. .... .. ... ..... ... .. ..... .. .. ... 501 Chapitre 61 Prévention et dépistage des maladies
parodontales (MARIE BLANOUART) .. .... .. .... ...... .... .. .......... 525
Autres molécules .. ... ...... ....... ....... ..... ... .. ... ............ ....... .. 502
Définition de la prévention .. ............ .. ............ .. .. .... .... ..... 525
lmmunomodulateurs ........ .. .. ....... ... ............ .. .... ... ...... 502
Devoir d'information ...... ......... .. ............. ... ... .. ... .... ... .. .... 526
Probiotiques ....... .......... .. ..... .. ...... .... .. ... ... .... .. ... ........ 502
Modification des conduites à risque .... .. .. ........ .. .. .. .. .... .. 526
Chapitre 59 La thérapeutique initiale parodontale Dépistage précoce ... ..... ... .. .... .... .... ........ ..... .. .... ... ....... .. 527
(LAURENT THÉRY , MICHELE RENERS) ...... .. .......... .. .... .. .... .... . 505 Soins de prophylaxie ... ..... .. ... .......... ... .. ... ..... .... .... .. .. ... .. 528
Information du malade .. ............ .. ........ .. ........ .... .. ... .... ... 505
Chapitre 62 Rationnel du suivi parodontal
Aspects psychologiques de la prise (ANTOINE PoPELUT, PHILIPPE BoucHARD) .. ........... .. .... .. ....... 529
en charge .. .......... ............. ........ ... ..... .... ...... .. ..... ..... 506 Histoire naturelle de la maladie :
Éducation thérapeutique ... .............................. ......... 507 évolution des concepts .. .... .. .. .. .. ................. ... ...... ..... 529
Élimination des facteurs de rétention de plaque .. .... .. ... 508 Études de cohorte .. .... .. .. .... .. ...... .... .. .. .. .. .... ...... ... ..... 529
Avulsions dentaires ... ........ ... ... .... .... ... ... ................ .... 508 Refus de soins : conséquences .. .... ... .................. .... . 531
Traitement des caries dentaires .. .. .. .. ..... ............. .. .... 508 Initiation et progression des maladies parodontales ..... 531
Traitements endodontiques .. .. ........ .... .......... .... ........ 509
Chapitre 63 Évaluation du risque parodontal :
Élimination des restaurations inadaptées ................. 509 le pronostic (ANTOINE PoPELUT, BENOÎT BROCHERY,
Rétablissement d 'un espace interproximal SYLVAIN LEYMARI E, JACQUES MALET) .... .................. ............. 533
adéquat .... ... ..... ..... ....... .......... ...... .. .... .. ..... .. ... ... .... . 509 Les différents types de pronostic ...... .. ........ .. ........... .. .. .. 533
Traitement temporaire des mobilités dentaires .. ....... 510 Les éléments du risque : critères d'évaluation .. ...... .. .. .. 534
Autres ..... ....... ............ .. ... ....... ......... ....... .... ...... ....... .. 510 Le patient ........ .. ........ ..... ..... ..... ..... ..... ..... ... ....... .. ..... . 534
SOMMAIRE xxv
La dent .... .... ... .... .. ... ... ................. ....... ... ... ..... ... .. ....... 535 Alcool .... ... .... .... ........ ........ ..... .. .. ....... ..... ..... ... ..... ....... 562
Le parodonte .... .... .. .. ..... .... ................. .. ..... ..... .. .. .. .... 536 Cannabis .... ... ........ ........ ........ ....... ...... .... .. ....... .. ...... .. 563
Le calcul de risque ... ...... .. .. .. .. ....... .. ..... .... .. .. ... ............ .. 537 Ecstasy et amphétamines .... .. .. .. .. .. ........... .. .. ..... ....... 563
Risque de récidive de la maladie ..... ... .. ... ... .. .. ... .... ... 537 Cocaïne ........... ... ........... .............. ... ... ... .. ... ... ....... ... ... 563
Le risque de perte dentaire ..... ......... ... .. ... ... ... .. .. .. ... .. 541 Héroïne .. ..... .... ...... ........ .... ........ ... ... ... .... ... .. .............. 563
Effet des substances addictives sur le parodonte .. .... ... 563
Chapitre 64 Le suivi parodontal
Réponse immunitaire et consommation
(LINDA J AOUl , BENOÎT B ROCHERY) ........ ... ........ ................ ... . 543
de substances addictives ....... .. .. .. .. .. ... ... ... ... .. .... ..... . 563
Objectifs ...... .... .. .... .... ........ ........ ....... .................. .... ....... 543
Aspects thérapeutiques .. ...... ........... .. .............. .. ..... .. .. .. 564
Protocole standard ... ..... .. .. ... ... ... .... .. .... ......... .. ... ..... ..... . 543
Gestion de la douleur chez les patients
Examen clinique ..... ........ .... .... ... ... ..... ... .... ..... ..... ...... . 543
dépendants ... ..... .. ....... ........ ... ...... ...... ........... .... ... .. 564
Contrôle de plaque individuel ...... .. .. ... .. .................... 544
. Traitements parodontaux non chirurgicaux ...... ... .... . 564
Contrôle de plaque professionnel .. .. ... ..... .. ..... ... ... .. .. 544
Traitements chirurgicaux ........ .. ..... ........ .... ....... .... ..... 565
Fréquence ........ .. ...... ... .. ..... .. ...... .... .. ... ......... .. ...... ...... .. . 545
Suivi parodontal .. ....... ......... ........ ............. .... .......... .. . 565
Durée des séances .. .. .... ..... .. ... .... .. .. ... ....... .. .. .. .. ... .. ... ... 545
Compliance .... ... ... .... ..... ..... .. .... ....... .... .. ........ ... .. ..... .. ... . 545 Chapitre 68 Parodontologie pédiatrique
(I SABELLE B AILLEUL- F ORESTIER, J EAN-LOU IS SIXOU ) .. .. .... .. .. .. 567
Chapitre 65 Traitement des récidives Aspects anatomiques du parodonte chez l'enfant.. .. .. ... 567
(OLI VIER REBOUL) .. .. ... .. .. .. ... .. .. ... . ..... . ... ..... .......... .... .. .. . .. . 547
Étiopathogénie et diagnostic des maladies
Définitions .. .. ... ... ..... ..... .. .. ... .. ... .. ..... ... .. ..... ... .. .. ... .. ...... .. 547 parodontales chez l'enfant .. .... .. .. ..... .. .. .... .. .. .. .. .. .. .. .. . 568
Récidive ... ... .. .. ..... .... .... .... ...... ..... ..... .. ... .. ... ... .... ..... ... 54 7 Données épidémiologiques .. .. ....... .. .. ... ... ........ .. ..... .. 568
Non-réponse au traitement .. .. .. ....... ..... ... ... ....... ..... ... 548 Susceptibilité à la maladie parodontale .... ....... ... ... .. . 568
Récurrence .... .... ...... ...... ... ........ ...... ... .... .. .... ............. 548 Diagnostic .... ....... .... ........ ........ ..... ..... .. ....... .. .... ........ . 569
Complications ................ .... ......... ... ............. .. ...... ... ... 548 Maladies gingivales et parodontales chez l'enfant.. .. .... 571
Aspects microbiologiques ........ ... ..... .... ..... ... ... .... ..... ..... 548 Maladies gingivales induites par la plaque .... .... .. .... . 571
Profil microbiologique différent des sites sains ........ 548 Maladies gingivales non induites par la plaque .... .. .. 572
Profil microbiologique non spécifique .. .... .. ........ .. .... 548 Parodontites chroniques .......... ... ..... ... ... ......... ..... ..... 572
Diagnostic .. .. ..... ....... ....... .. .. ... ... ..... .. ........ ... .. .. .. .. ... ... .. .. 549 Parodontites agressives ...... ..... .. ... ....... .... .... .. ........... 572
Étendue de la récidive .... ... ... .. .... ........ .. .... .. ... ... ... .. ... 549 Maladies parodontales nécrotiques ........ .. .. .. ..... ... .. .. 574
Tests microbiologiques .. ... .... ..... .. ... ............... ..... .. .... 549 Thérapeutiques parodontales et prise
Traitement ..... .... ... .... ..... .. ..... .. ..... .... ... ..... ... .. .......... ... .... 549 en charge de l'enfant.. .. .. .. .. ... .. .......... .. .... ....... .. .... .. .. 575
Détartrage-surfaçage ... ..... .. ............ .... ..... .. .. ... ...... ... . 549 Traitements non chirurgicaux chez l'enfant ...... .. .... .. 575
Antiseptiques ........ .... ... ........ .. ... ............ .. ..... .... ....... .. 550 Traitements chirurgicaux ... ..... .... .. ......... ..... ... .. ... .. .. ... 576
Antibiothérapie ..... ...... ....... .... .. .. .. .... .. ... .. ..... .. .. ..... .. .. 550 Traitement orthodontique .. ... ....... .. .... ...... ... ... .. ....... .. 576
Association surfaçage - antibiothérapie .... ... .. .... .. .... 551 Phase de suivi .. .. .. ... .. ... .. ... .. ........ .. .. ... .. .. .. ...... ..... ... ... 576
Chirurgie parodontale ....... .. .... ...... ....... .... .... ... ..... .... . 552
Chapitre 69 Sénescence et parodonte
Chapitre 66 Efficacité des traitements (JuLIEN BRAUX, JEAN-Lo ui s C oE URIOT) .. ...... .... ...... ... . .. ... .... 578
parodontaux : suivi à long terme Généralités ...... ........ ...... ... ... ... .... ......... ... .. .. .. .... ........ ... .. 578
(LIN DA J AOUl , BENOÎT B ROCHERY) .. .. .............. .. .. ... .. .... .. .. .. .. 553 Vieillissement mondial .... ..... .. ........ ... .... ... ... .. .. ... .. .. ... 578
Définitions de la personne âgée .. .. .. ...... .. .. ...... .. .... .. . 578
Qualité de vie et parodontologie
PARTIE 15
chez la personne âgée ............. ........ ... .. ... .. ..... ...... . 579
• PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES •
Sénescence parodontale ...... .. ........ .. ... .. ... .......... .. ... ... .. 579
FRANC IS MORA, HELENE R ANGE
Bases fondamentales .. .. .. ...... .... ..... .. ... ..... .. ...... .... .... 579
Chapitre 67 Addictions et maladies Histologie de la sénescence parodontale .. .. .. .... .. .. .. . 581
parodontales (MORGAN L OWENSTEI N) ........ .. . .... ... .. .. . .. ..... 561 Vieillissement physiologique ..... ..... .... .... .... ...... ..... .... 582
Bases neurologiques des conduites addictives ... ... .. .. .. 561 Vieillissement et microbiologie ......... ...... ... .. .. .. .. ...... . 584
Le circuit de la récompense .... .. ..... .. .. ...... .... .. .. ........ 561 Aspects cliniques de la sénescence orale ........ ... .. ... 585
Dopamine et récompense ... .... .. ........ ... .. ... .. ........ ... .. 561 Effet du vieillissement sur les paramètres
Le cerveau addict .... .... ... .... .. .... ... .... ..... ..... ..... ........ .. 562 cliniques parodontaux ........ ..... ... .... .... ........ ... ...... .. 586
Épidémiologie et problème de santé publique Traitements parodontaux .... .. ..... ... ... .. ... .. ....... .. ..... ....... .. 586
en addictologie .. ........ .... .... ...... .... .. ... ... .. ... .. ... ...... .... . 562 Contrôle de plaque ... ... .... ..... .... ... .. ... ..... ... ... ... ... .... ... 586
Toxicité et effets des substances addictives ........... .. ..... 562 Traitement non chirurgical ...... .. ....... .. ... .. .. ... .... ... ..... . 587
XXVI SOMMAIRE
Traitements chirurgicaux .. .... .. ...... ..... ... ... .. ..... ... ..... ... 587 PARTIE 16
Traitements implantaires .. .... ...... .... ... ... .......... .... .... ... 587 • APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE •
BERNARD ScHWEITZ
Chapitre 70 Troubles du comportement alimentaire
(PIERRE CoLoN) ..... .... ... .. ....... ... ... ......... .. ........................ . 589 Chapitre 72 La contention en parodontologie
Définitions et classifications ......... ....... ... ... .... .. .... ....... ... 589 (MARC DANAN, STEPHANE GAZIER,
MARIE-JULIETTE FLAMARION) .. ...... ........ ... .... ............ ... ... .. .. . 603
Épidémiologie ..... ...... .. .. ....... .... ............... .. .. .... ... ... ... ... .. 590
Parodonte réduit ........ ....... ............ ... .... ..... ........ ... ....... .. . 604
Étiopathogénie ... ... .. ... .. .... ... ....... .... ..... ........... .. ...... .... ... 590
Comparaison parodonte réduit
Diagnostic et traitements ......... ........ ...... .. .. .... ...... ... ... .... 590
et parodonte non réduit.. ..... .... .......... ... ... ....... ....... 604
Conséquences sur l'état général. .. .. .. ... ..... .. ..... ... .. ....... . 590 Conséquence de la réduction du parodonte ... ....... .. 604
Manifestations orales des TCA .. ........ ....... .... ... .... ...... ... . 590 Prise de décision et place de la contention
Érosions .... ... ........... ... ......... ... ..... .......... ... ...... ....... .... 590 dans le traitement parodontal .. .... ...... ... ...... ..... ..... ... . 605
Atteintes parodontales ........ ... ... ..... .... ... .. ..... .. .... .. .. ... 592 Protocoles opératoires .. .. ....... ..... ... ... ..... .... ...... ..... .... ..... 605
Hypersensibilité ... .... ... ... ... ... .... ...... ........... ...... ...... .... 592 Technique directe ...... ....... ... ..... ........ ...... ....... ... .. ...... 605
Douleurs de type ADAM .... ............. .............. ... ..... .... 592 Technique indirecte .... .... .... ... .... ..... .... ... ...... ...... ..... .. 606
Pathologies des glandes salivaires ...... ............... .... .. 592 Pronostic et longévité des différents
types d'attelles .. ..... .... .... .. ..... ..... ... .. ...... .. ........ .... ...... 613
Aspects étiopathogéniques et thérapeutiqu es
Technique directe .. .... .... ... .. .. ... .... .. .... ..... ............ ...... 613
au niveau parodontal .......... ... .. ... .. .......... .... .... .......... 593
Technique indirecte ....... ...... .... ....... ..... ... .... ... .......... . 613
Rôle du brossage et de l 'acidité ...... ....... ..... .... ... .. .... 593
Technique directe ou indirecte :critères de choix ...... .... 614
Prévention des maladies parodontales
chez le patient anorexique ... ... ... ... .... .. ... .......... .. .... 593 Chapitre 73 Odontologie restauratrice
Traitement parodontal chez le malade (PIERRE COLON) .... ... .. .. ... .. ... ............... .. ...... ... .... .... ... .. .... . 616
atteint de TCA. ......... ......... ............ ........... ... .. ..... .... 593 Traitements de la maladie carieu se ... ...... .... ... ..... .......... 616
Traitements des lésions d'usure ...... ..... ..... ....... ...... .. ..... 616
Chapitre 71 Personnes présentant des troubles Hypersensibilité .... .... ...... .. ... .... .. ...... ..... .. ... ... ... .. .. .... . 618
neuromoteurs, psychiques et/ou cognitifs Éclaircissement ............ ...... ... ...... .. .... ......... .... ........ ... 618
(M ARTINE HENNEQUIN , CEUNE CATTEAU) .... ... .. .. ........ .. ....... .. 594
Traumatismes dentaires .... ...... .......... ...... ..... ...... .... ... 618
Introduction .. ..... .. ... .... .. ..... ....... .......... .. .. .. ..... ....... .. .. .... . 594 Examen clinique et critères permettant d'envisager
Prévalence des maladies parodontales un traitement parodontal préalable ... ...... ..... ............. 618
chez les personnes présentant des troubles Situation de la limite cervicale
neuromoteurs, psychiques des lésions carieuses ..... .. .... ... ......... ..... .. ...... .... ..... 618
et/ou cognitifs ..... ........ .... .. ........... ..... ............. ...... ... .. 594 Situation de la limite cervicale
Facteurs de risque des maladies parodontales .. ..... ... ... 595 après fracture coronaire .... ...... .. .... ... ... ...... ... .. .... ... 619
Facteurs prédisposants .. .. .......... ............... ....... ... ..... 595 Pertes de substances cervicales .. .. ....... .. ..... ...... ..... . 619
Facteurs aggravants ...... ...... ...... .... ......... .. ..... ....... .. .. 596 Examen parodontal ... .... ...... ..... .... ...... .... .... ... ... ...... ... 619
Esthétique du secteur antérieur ... ... ..... .......... ......... .. 619
Comorbidités .... .. ... ....... ................ .. ....... .. .. ..... .. .... .... 596
Inclure la temporisation dans le plan
Spécificités préventives et thérapeutiques
de traitement pluridisciplinaire ......... ... .. ... ..... ... ..... . 620
des maladies parodontales ... .. .............. ... ... .. ... ..... .... 596
Examen clinique en parodontologie
Traitements non chirurgicaux .... ... ... ....... ......... ...... .... 596 et critères permettant d'envisager
Traitements chirurgicaux ... ... ........ .... ... ......... .... ........ . 597 un traitement restaurateur préalable .. .. ... ... .. ..... ........ 620
Traitements prothétiques et implantaires ...... ... ...... ... 597 Critères d 'évaluation des restaurations
Modalités de prise en charge .................. .. ....... .. ....... .. .. 598 existantes ... ....... ... ... ... ...... ... ..... ........... ........ .... ..... .. 620
Prise en charge cognitivo-comportementale ..... ..... .. 598 Critères d 'é valuation endodontique ..... ...... ... .... .. ...... 620
Sédation consciente ..... .... ........ ...... ......... ...... ..... .. .. .. 598 Possibilités et limites des thérapeutiques
restauratrices des lésions cervicales d 'usure ... .... . 620
Anesthésie générale ... ...... ....... ....... ... ...... .. ..... .. .. ..... . 598
Relations entre lésions érosives dentaires
Complémentarité des procédures
et lésions gingivales induites
permissives du soin ......... ....... .......... ... .. ..... .. ... ..... . 598 par un environnement buccal acide ......... .. ....... .... 620
Cas clinique ....... ....... ... ... .... .... ... ... .... .. ... .. ..... ............ ..... 599 Prise en charge multidisciplinaire
Conclusion ..... .. ....... ... ..... .... .... .. ... ... .... ....... ....... .. ...... .. .. 599 et prise en charge globale ....... ..... ..... ...... ..... .... ...... .. 621
__ ____.
SOMMAIRE XXVII
Intérêt et effets du traitement orthodontique Éléments prothétiques implanta-portés ...... ... ... ...... . 661
chez le patient parodontal ...... .. .... .. .... .. .................... 632 Position des limites ........... .... .... ... ... .. .. ........... ... ........ 663
Le traitement orthodontique est-il bénéfique Composants .... ..... ... .. ........ ... ..... .... ...... ........ .. ... .... .. .. 663
pour la santé parodontale ? .... .. .. ...... .... ................. 632 Analyse prothétique .. .... .. ....... .......... ... .... .. ... ..... ........... . 664
Le traitement orthodontique est-il sans risque Analyse du sourire .. .. .. .. ........ ... ..... ..... ... ........ .... .. .. .... 664
pour le parodonte ? ................ ........ ...... .... ........ .... . 634 Essayages esthétiques ......... .... .... ................. ........... 665
Quelles sont les conséquences parodontales Compensations des pertes tissulaires ..... .............. .. . 666
des déplacements orthodontiques ? .. ................... 637
La région esthétique .... ...................................... .... .. . 666
Intérêt des mini-vis orthodontiques .. .. .... ...... .... ... .. ... .. .. . 641
La région de transition ... .......... ................ .. .. .. ...... .. ... 667
Complications : les résorptions radiculaires .................. 643
La région d'interface .. .... .. ... .. ............... .................... . 669
Données de la littérature .... ............. .... .......... .. .. ... ..... 643
Attitude clinique .... .......... ........ .......... ...... .. .. .... ..... .. ... 643 Index ......... .. .... :.. ...... ... .... ............. ... ........... ... .. .... ...... ........ 671
- - - ·-----'
Préface
ft is a/ways a great event when our academie community releases C'est touj ours un événement maj eur lorsq ue notre commu nauté
a new work that enlarges our scientijic culture and promotes the scientifique et uni versita ire sort un nouve l ouvrage qui élarg ie notre
training of our students and professionals. Frequent/y these books culture scientifique et parti c ipe à la promotion de la formation de nos
introduce new knowledge, new therapeutic concepts or new tec/mol- étudi ants et des professionnels de sa nté. Habituelle ment, ces li vres
ogies. ft is however; less ji·equent a work that co vers a who le area introd ui sent de nouvell es connaissances, de nouveaux concepts thé-
of" dentisuy in a scientific, but at the same time clinical/y relevant rapeutiqu es ou de nouvelles technologies. Il est cependant moins
manner: fréqu ent qu ' un ouvrage couvre la totalité d ' un e discipline odontolo-
This work 1 have the great honour to present il is precise/y a gique de façon pertinente, tant sur les plans scie ntifiqu e que c liniq ue.
book of these characteristics. ft covers comprehensive/y modern Ce livre que j' ai le grand honneur de présenter ici possède préci-
Periodontology ji·om the basic knowledge necessary to understand sément ces caractéristiques. 11 couvre l'étendue de la Parodontologie
the pathogenesis of"periodontal diseases to the most relevant aspects actue lle, des conn aissances fondamentales indispensables à la compré-
o./the prevention and therapy o.f"these conditions. hension de la pathogénie des maladies parodontales jusqu'aux aspects
This work is comp rised of two volumes. Th e first book provides les plus appropriés de la prévention et du trai tement de ces affections.
detailed inf"ormation on the structural and physiological aspects of L'ouvrage comprend deux vo lumes. Le prernier volume di spense
periodontal and peri-implant tissues, on the classification of perio- une information détai!Jée sur les aspects structuraux et physio lo-
dontal diseases and ali the relevantfactors needed to understand the giq ues des tis sus parodontaux et péri-implantaires, la class ificatio n
aetiology and pathogenesis of these disec1ses. des maladies parodontales et l'ensemble des données indispensables
The authors, leaded by Pro.l Philippe Bouchard, from the à la compréhension de l'étiologie et de la pathogéni e de ces maladies.
University o.l Paris VIl, are not only a clear referent in France, but Les auteurs, coordonnés par le Professeur Philippe Bouchard de
also in Europe and beyond. Th eir contribution in this work clearly l' université Pari s Diderot, ne sont pas seulement une référence en
demons/rates not only their preparation, but also their academie France mais aussi en Europe et au-del à. Leur contribution à ce travail
spirit and tec1ching capacity that is needed to make a work of these démontre clairement non seul ement l'étendue de leurs conn aissances
characteristics with scientific rigour and at the same tirne with such mai s aussi leur espri t académique et les co mpétences pédagogiques
practical relevance to the readers. nécessaires à la ri gueur scientifique associée à la qua li té de l' approche
ln summcuy, we herein present a ve ry usejitl and relevant work clinique que le lecteur trouvera dans ce livre.
that provides high educational content and at the same time very En rés umé, nou s présentons ici un travail précieux et pertinent qui
high levet clinical t-elevance. offre un contenu pédagogique de haut niveau ainsi qu ' un très grand
intérêt c linique .
Mariano San z
Professor and Chairrnan of Periodontology Professeur Mariano Sanz
Faculty o.f"Odontology, University Complutense of"Madrid Responsable du Département de Parodontologie
(Spain) Faculté d'Odontologie, Université Complutense de Madrid
(Espagne)
Avant-propos
Les avancées thérapeutiq ues q ui ont bouleversé le quotidien des la denti sterie impl antaire, en particuli er les pathologies no uvell es
chirurgiens-denti stes ces derni ères années sont le résultat d' une qu 'elle génère, sont également abordés. Ces sujets témoignent de la
rec herche fondam entale, ép idémi o logique et c linique très active. modernité de la di scipline et de so n importance dan s tou s les co m-
Cepend ant, la nature toujo urs plus spéciali sée de ces progrès et la partim ents de la science, de la médec ine et de la chirurgie. Ainsi, en
rap idité de leur diffu sion ont rendu plus diffic ile leur compréhensio n co ncertation avec l'éditeur, il est rapidement devenu évident qu ' un
profonde et la prise de décision méd ica le. seul volume ne suffira it pas à embrasser la pathogéni e et les diffé-
Ainsi, des rev ues primaires (à la so urce de l' information méd icale rents types de traiteme nt des maladi es parodontales. D e mê me, la
et scienti fique) aux rev ues de fo rm ation continue (dont l' objet est de description des patholog ies péri-implantaires et les avancées chirur-
co mmuniqu er cette information au plus grand nombre), le message g icales de la denti steri e implanta ire ne pouvaient te nir en un seul
théra peuti q ue subit une év idente di sto rsion inhérente à la compl ex ité opus.
de son conten u et au vo lume des co nn aissa nces nouvelles à appré- Ce premier volume co ncernant la parodontolog ie médi cale n'es t
hender. Ce problème (vitesse et contenu du progrès médical) es t bien donc pas seulement un passeur de co nnai ssa nce mills aussi un suj et
identifi é. li a dorlll é nai ssance vers le milieu des années 1980 à la de réflexion sur une di scipline co mplexe au carrefour des connais-
médec ine fondée sur la preuve (Ev ide nce- Basee/ Medicine o u EBM), sances en médecine o rale. En s'appu yant sur l'ex perti se des auteurs
à l'ori gine de la denti steri e fondée sur la preuve (Evidence-Based et sur leurs qualités pédagog iques, nou s avons souhai té rendre ce
Dentislry ou EB D). Cepe ndant, l' EBD, dont le but initial visait à traité de Parodontologie et Dentisterie ùnplantaire indi spensable
simplifier la décision thérapeutique en en codifiant l' approc he, s'est aux étudiants et access ibles à tout praticiens. Po ur cela, le cho ix
e ll e-même complexifiée, comme en témoignent les méta-analyses du comité scientifiqu e s'es t porté sur des coll aborateurs de to ut âge
reposant sur des essais c liniq ues randomi sés dont la qu alité n'es t et de toute expérience, issus d'un exercice pri vé ou hos pitalo- uni-
pas aisée à évaluer pour un no n initié . Les li vres reg roupant des avis versitaire, afin d 'enri c hir l' éventail de la communi cation, pourvu
d ' ex perts deviennent alors nécessaires et prennent toute leur dim en- qu e celle-ci soit juste et pertinente, ce qui est le cas co mpte tenu
sion. Il s enrichissent nos connaissances mais permettent au ss i (et de la grande qualité des auteurs. Cet o uvrage a donc l' ambition de
peut-être surtout) de faire une pause, de s' attarder sur l' in térêt de s'adresser à des profess io nne ls en devenir, à des chi rurgiens-den-
l' inform atio n, bref, de réfléchir à nos ges tes quotidiens et parfo is, ti stes omniprati ciens ou parodontol ogistes spécialisés, mais aussi à
à re mettre en cause leu r bien-fondé. Les li vres no urri ssent l' intelli- des médecins ou à des sc ientifiqu es curi eux d'appréhend er une dis-
gence, ù1ternet la tient en éve il. cipline qui les touche mais do nt il s ig norent trop souvent l'ex istence.
L' information et la réfl ex ion sont donc à l' origi ne de cet o uvrage. Après avoir refermé ce premier vo lume, notre espoi r est que le
Comme le lecteur le verra, certains chapitres, ceux concernant la lecteur imaginera le seco nd . No us l' avons préparé afin qu ' il répo nde
décis ion médi cale, l' éco no mi e de santé, la sénescence o u le han- au mi eux à ses asp iratio ns et aux ex igences scientifiques et clini ques
dicap, so nt totalement inéd its dans un traité de Pa1·odo ntologie . de la Parodontologie el de La Dentisterie implantaire chirurg icale.
U ne large part est auss i consac rée aux rapports qu ' entreti ennent les
maladies parodontales avec d'autres mal adi es. Différents aspects de Philippe Bouchard
__ ______..
Remerciements
Ce traité de Parodontologie et Dentisterie ùnplantaire a vu le jour co nn aissances ta nt à la portée de l'o mnipraticien qu 'à la hauteur du
grâce au x efforts et à la coll aborati on de nombreux acteurs. Plu s spéciali ste. Exercice éminemment diffic il e que de s' ad resse r à to us,
de llO coll aborateurs, un comité scientifique de 11 membres et un tout en ménageant l'intérêt d' un petit nombre. En cela, leur travail
secrétaire scienti fique ont travaillé sans rel âc he à sa réussite et à est une réussite qu ' il co nvient de saluer.
celle du seco nd vo lume. Ce traité, qui n'aura it pas vu le jour sans Merci à mon ami Bruno Taverni er qui nous a mi s en re lation avec
e ux, leur apparti ent donc et il convient de leur rendre homm age. notre éditeur. Sans la contïance des éditions Lavoisier et de leur
E n premier lieu, il fa ut citer le comité scientifi que qui s'est réuni direction, d 'abord sous l'impulsion d 'Emm anu el Lec lerc pui s so us
afin de déterminer 1'ordre des chapi tres et de désigner des auteurs. Les celle de Fabienne Roulleaux, ce traité n' aurait pu se di stin guer du
membres de ce comité ont piloté les parties dont ils avai ent chacun pays age éditorial odontologique habituel. L' incroyable implicati on
la charge et ont procédé à la relecture des tex tes ati n d'ass urer leur de notre édi tri ce Agnès Aubert doit être saluée. Sa co mpétence et
homogénéité . Une attention toute parti culi ère à Matthieu Frémont, le sa force de travail servent un e dynamisante volonté d'a boutir qui
sec rétaire scientifi que dont la tâche, le plus souvent in grate, a consisté est parve nue à surmonter toutes les diffi cultés inhérentes à ce type
à mettre en place une organi sation permettant d' aboutir à l'o uvrage d 'ouvrage. Saluons égal ement Cyrille Martinet, auteur des illustra-
tel qu ' il est auj ourd ' hui. Il a aidé à coordonner le travail avec l'éditeur ti ons, do nt la précision arti stique au service de la science rend cette
et s' est ass uré, entre autres, de la conformité des textes avec les ins- derni ère plus co nviviale au regard et donc plus aisée à appréhender.
tr ucti ons aux au teurs. Au-delà de leurs qualités professionne!Jes, les Merci également à ceux et celles qui nous ont transmis des doc u-
membres du comité scientifique possèdent des qualités hum aines qui ments cliniques pour illustrer ce li vre.
ont permi s cette réali sati on collective dans une atmos phère hanno- Enfin, << lasl but nol least >> ,merci au Professeur Mariano Sanz, qu i
nieuse que le lecteur percevra sans nul doute au fi l des pages . compte parmi les plus importants enseignants-chercheurs européens
C haque coll aborateur, clinicien ou fo nd amentali ste, mérite éga- en Pm·odontologie en E urope, d'avoir accepté de préfacer ce traité .
lement le respect ; non seul ement pour la quali té év idente de leurs Un traité tel qu e celui-ci ne peut être que la résultante d' une
textes mais aussi pour l'enthousiasme qui fût le leur tout au long volonté collective. Que tous ceux et celles qui y ont coll aboré soient
des étapes qui jalonnent un long parcours éditori al. Ainsi, chacun remerc iés de leurs efforts. Ils permettent au plus grand nombre l' ac-
mériterait un e phrase pour dépei ndre 1' excellence des chapitres dont cès en fran çais de cette discipline complexe qu ' est la Parodontologie
i 1 avait la charge mais la li ste es t trop longue pour trouver sa pl ace tout en conservant la qu ali té scienti fi que et l'excellence clinique
ic i. Le lecteur appréciera à juste titre leurs efforts pour mettre leurs nécessaires à sa compré hension et à sa pratique.
------
À nos maîtres, qui ne nous ont pas seulement transmis leur savoir
et leur expérience mais nous ont aussi donné le goût d'apprendre,
le devoir d'enseigner et le besoin de chercher des connaissances nouvelles.
Les tissus
parodontaux
Direction scientifique : Philippe Bouchard
Ligament
alvéolodentaire
ou desmondonte
Muqueuse
alvéolaire
Os alvéolaire
Figure 1-1 Les quatre composantes du parodonte. BM : bord marginal; CA: cément ace/lu/aire; CC : cément cellulaire; Cid : contact inter-
dentaire ; GA : gencive attachée ; GM : gencive marginale ou libre ; LC : lame cribriforme ; LMG : ligne mucogingivale ; OC : os cortical ; OS : os
spongieux ; SM : sillon marginal.
---
Le parodonte
Le parodonte co nstitue l' appareil d'ancrage de la dent. Il est com- Les autres co mposantes du parodonte ou parodo nte profond
posé de deux tiss us mous, la gencive et le ligament alvéolodentaire (ligament, cément et os alvéo laire) constituent l'appa reil d' ancrage
ou des modonte, et de deux tissus minéralisés, le cément et l'os alvéolaire permettant la stabilité et l'amortisseme nt de l' organe
alvéo laire (Figure l-1 ). dentaire dans les maxillaires. En dehors de la gencive, les autres
La gencive ou parodonte superfic iel es t un ti ssu de reco uvrement composa ntes du parodonte ne sont pas visibles lors de l' examen cli-
composé d' un épithélium et d' un tiss u co nj onctif. Le sertissage de la nique d' un parodonte sain. La description anato mique du parodonte
gencive à la dent est assuré grâce à un système d'attache épithélio- sain correspond à une normalité de référence située immédiatement
conjon ctif perméable autori sant des échan ges de fluides. Des fibres après l 'éruption complète d 'une dent en normoposition.
gingivales, indépend antes du système d' attache, forment un apparei l
d' ancrage supra-alvéolaire ex trêmement résistant.
Embryologie du parodonte
Beatriz Castaneda
Points clés
• Les tissus d u squelette c râ niofacia l dérivent d es cellules des • Les tissus de soutien sont formés à p a rti r d e la d ifférencia-
crêt es neura les. tio n d es cellules mésenc hymateuses d u sac fo llic ulaire.
• Le développement d u complexe dento-parodonta l d épend • Les cellules épithéliales de la gaine de Hertw ig oriente nt la
d'interactions séquentielles et récip roques e ntre cellules épi- mig ratio n d es cellules d u sac fo llic ula ire et induisent leur d if-
thélia les et mésenc hymateuses. fé ren c ia tion.
----
CHAPITRE 2 - EMBRYOLOGIE DU PARODONTE 5
Cellules
de la crête neurale
;;;;;--...~<>·
01:)~
~1
/ oooo oO Oo
1 \
a
Tube neural
)~
c
Figure 2·1 Représentation schématique de l'embryologie du parodonte. a) Migration des cellules de la crête neurale. b) Les différents arcs
branchiau x ou pharyngiens, dont le maxillaire (1 a) et la mandibule (1 b). c) Une combinatoire de signaux moléculaires détermine la typologie et la
pos1t1on 1ntra- et mtermax1lla1res de chaque unité dentaire et de l'os alvéolaire.
Figure 2-2 Développement du parodonte. a) Représentation schématique de la morphogenèse dentaire précoce. b) Histologie des stades
du développement parodontal. Formation de la gaine épithéliale de Hertwig ; prolifération et migration des cellules épithéliales pendant J'élonga-
tion radiculaire. Am : améloblastes ; C : cément ; D : dentine ; DEM : débris épithéliaux de Malassez ; E : émail ; Fa : follicule apical ; Fe : follicule
co ronaire ; GEH : gaine épithéliale de Hertwig ; L : ligament; OA: os alvéolaire ; Od : odontoblastes ; P: pulpe; PMR: papille mésenchymateuse
radiculaire. (Documents Beatriz Castaneda.)
théli ales fusionnant au niveau des ex trémités de J'organe de l 'émail ~ HISTOGENÈSE RADICULAIRE
[28]. Ces ce llules prolifèrent et migrent en directi on apica le séparant
l 'ec tomése nchyme en papille mésenchymateuse radiculaire et sac L es inter ac tion s entre les ce llul es du fo lli cule dentaire et les
fo llicul aire (Fi gure 2-2b). ce llules de la gaine ép ithéli ale de H ertwi g parti cipent à la diffé-
Ap rès formation de la première couche de dentine radiculaire, ren ciation des cémentoblas tes, des ostéoblastes et des fibroblastes
la gaine de Hertwi g se frag mente du côté coro naire pui s forme du parodonte à partir des ce llul es mésenchymateuses du fol licul e
des amas de cellules épithéli ales nommés débri s épithéli aux de dentaire. L es cellules épithéli ales de la gaine produi sent une mem-
Malassez [3] . Du côté apica l, la gaine migre, orientant la croissance brane basale qui orienterait la mi grati on des ce llul es du sac folli cu-
et l 'élongation de la racine [14] . L ' ori gine de cette migrati on apica le laire [15] et induirait leur différenci ati on en cémentob lastes. Parmi
est mal connue. Il a été suggéré que l 'élongation radicul aire pui sse les molécu les de la membrane basale, plu sieurs protéines matri-
être guidée par la migration de la gaine. D es étud es portant sur la cielles (notamment de l 'émail), des facteurs de croissance et des
mutati on du gène Nfi c (nuclear factor /) ont suggéré l 'ex istence molécul es d 'adhésion com me la protéine d'attachement du cément
d' un mécanisme de développement propre à l a raci ne, qui serait (CAP) recruteraient les précurse urs des cémentob lastes [29].
régulé par l a ga ine [21] . Lors de la dentinogenèse et de la cémenta- Pareillement, des études in vivo et in vitro ont démontré que les
genèse, les process us de différenci ati on cellul aire et de minérali sa- BMP2 et 7 indui sent l' expression du marqueur de différenciation
ti on pourraient être li és à cette migrati on. Néanmoins, des travaux cémentoblastique C p23 [1] et stimul ent la cémentogenèse pendant
récents ont déi11ontré l 'absence des ce llules épithéli ales issues de la la formati on du parodonte.
ga ine au ni veau apica l de la racine et la présence de cémentocy tes et Une population de cellules pluripotentes a été récem ment iden-
cémentoblastes d' ori gine mésenchy mateuse [12]. suggérant que la tifi ée dans la partie ap icale du sac fo lliculaire durant le stade
stimulation de l 'élongati on rad iculaire ne dépendrait pas seulement d' élongation radi culaire [11 , 2]. Ces cellules, hautement prolifé-
de la ga ine épithéli ale, mai s aussi de la si gnalisation émanan t du ratives, auraient la capac ité de se différencier en odontoblastes
mésenchyme [9, 19] . primaires et cémentob lastes et de sécréter des marqueurs de dif-
CHAPITRE 2- EMBRYOLOGIE DU PARODONTE 7
féren ciation ostéogéniq ue et odo ntogén iqu e (BSP [b ane sialopro- Conclusion
tein] ; DSPP [dentin sialophosphop rotein] ; ALP [p hos phatase
alca line] ; OC [ostéoca lc ine]) nécessa ires pour l'édifi ca ti o n de la
La dent et ses tiss us de so uti e n, le céme nt, le li ga me nt paro-
racin e [2].
do nta l et l' os a lvéo laire, co nstitu e nt un e unité fo ncti onn e ll e. U ne
cascade de sig nali sation initi ée dan s le premi er arc branchial
entre 1' épithélium et 1'ectomésenchyme dérivé des crêtes neural es
cé phaliques rég ul e 1' odo ntogenèse pend ant les stades précoces
Ostéogenèse elu déve loppement. E n interdépend ance avec la de nt, les ti ss us
de so utien sont fo rm és à partir de la diffé renc iat io n des cellules
~ INITIALE mése nchymateuses elu sac folli cul a ire. À leur tour, les ce llules de
la ga ine é pithé li a le de Hertwi g prolifèrent et mi gre nt en réponse
Com me présenté en in trod uction , le développement de l'os alvéo- aux signali sati o ns des ce llul es mésenchym ate uses adj acentes.
laire se fait en coordinati on avec celui de la dent. Plus précisé ment, Ai ns i, l'édifi cati o n rad ic ul a ire et la formation des ti ss us de so utie n
la cro issance vo lumétrique dentaire tant au niveau co ronaire que pe uve nt être co ns idé rées co mm e un e co ntinuité des in teractions
radicul aire ainsi que les déplacements des ge rmes dentaires en cro is- réciproques mises en place entre l'é pithé lium et le mése nch y me
sance, les uns par rapport aux autres, implique nt un process us de lo rs du développem ent précoce.
modelage de l'os alvéo laire périphérique.
Implications cliniques
~ MODELAGE DE L'OS ALVÉOLAIRE
• Les tissus de soutien e t la genc ive forment. avec la dent.
le complexe fon c tio nn e l dento-parodontal.
Éruption dentaire
• Une altérati o n de la formation ou d u maintien de l'un
Le méca ni sme par lequel se form e la vo ie d ' érupti on apparaît des constituants a des ré perc ussions sur les autres.
très co mpl exe. En effet, la formation de cette vo ie ne dé pend pas
• Les cellules du fol licule apical constitue nt une source
de la press ion de la dent sur l' os qui l'entoure, mai s se produit
cellulaire p o ur la régéné ratio n et l'édific ation radicu-
par un e réso rption osse use locali sée, programmée et coo rd o nnée
laire.
qui sera it indépendante de la formation rad ic ulaire [5] . Le pro-
cess us d 'éruption intèg re des évé ne me nts de co upl age/déco uplage
entre dent et os impliqu ant des signa li sati ons e ntre les cellul es de
l'épithé lium dentaire, du sac folliculaire et de l' alvéo le osseuse POUR EN SAVOIR PLUS
[27]. Ce rta ines de ces sig na li sations o nt été caractéri sées. Ell es Cordera DR, Brugmann S, Chu Y et al. , Crani al neural crest cells on
implique nt des facteurs de tran sc ripti o n, de s proto-oncogènes et the move : their roles in craniofacial development. Am J Med
des facteurs diffusibles. Co nce rnant le li g nage ostéoclastiqu e, les Genet A, 201 1, 155 : 270-279.
signali sations peuvent être c lassées en deux catégori es. La pre- Fleischmannova J, Matalova E, Sharpe PT et al. , Formation of the
mi ère co rres pond aux mo lécul es (M-CSF, MCP-1 ) perm ettant tooth-bone interface . J Dental Res, 2010, 89: 108- 115.
Thesleff 1 and Tummers M. Tooth organogenesis and regeneration.
le recrutement, au bon mo ment et au bon site, des précurse urs
StemBook (Internet). Cambridge (MA) : Harvard Stem Cell
mo no nucl éés dans le follicule dentaire [27]. La seconde catégorie, Institute, 2008, NBK27071.
correspondant à la signali sation RANKL/RANK, induit la fu sion
des préc urse urs mon onu c léés et la di ffé renciation fonctionn elle
des ostéoc las ies vi a l'ex press ion de facteurs de tran sc ripti on, do nt
c-Fos et NF-KB [22, 17]. BIBLIOGRAPHIE
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17. Odgren N, Kim CA, MacKay A, et al., T he role of RANKL Cran iofac Res, 2009, 12: 67-73.
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crest state : Control of stem cel! attributes by gene regulatory, post- li al root sheath cell s in tooth root development. Dev Dyn, 2003,4 1:
transcriptionaJ and ep igenetic interactions. Dev Biol, 2012, 366 : 10-21. 27-38.
La gencive
Philippe Bouchard, Benjamin Fournier, Gaston Godeau, Bruno Gog/y, Karim Senni
Tableau 3-1 Caractéristiques des trois types de structure des muqueuses orales.
Bordante Non kératinisé Réseau coll agène Lâche et élastique Musculaire Toute muqueuse hors gencive, palais
peu dense dur et face dorsale de la langue
Masticatoire Kératinisé Réseau collagène Ferme et fibreuse Osseux Gencive, palais dur
très dense
Spécialisée Kératinisé stratifié Papilles, glandes, Souple Muscul aire Face dorsale de la langue
bourgeons du goût
10 PARTIE 1 -LES TISSUS PARODONTAU X
Gencive libre
L a genci ve marginale ou gencive libre es t ainsi nommée en rai son
de son absence de liai son phy sique à la dent. Elle est Jimjtée co ro-
nairement par le bord marginal et api calement par un sillon marginal
inco nstant (30 à 40 % des adultes), situé sensiblement en regard de la
Figure 3·1 Aspect clinique de la gencive saine chez l'adulte j onction am élocémentaire. Hi stométriquement, l a hauteur de la gen-
jeune. Sextant mandibulaire antérieur. Noter l'aspect ferme et rose ci ve libre est d'environ 1,5 mm. E lle comprend la hauteur du sulcus
corail de la gencive comparée à la muqueuse alvéolaire rouge sombre
ou sillon gingivodentaire ("' 0,5 mm), espace libre de toute attache
et élastique sous laquelle on distingue le réseau vasculaire.
SM : sillon marginal ; GA: gencive attachée; LMG: ligne mucogingivale; à la dent, et la hauteur de l 'attache épithéli ale("' 1,0 mm), adhérant
MA: muqueuse alvéolaire (Document Philippe Bouchard). à la surface dentaire par des hémidesmosomes. Cette collerette de
gencive qui n' intervient pas à proprement parl er dans le serti ssage
de la dent suit idéal ement la form e de la j onction am élocémentaire,
lui donnant un contour plus ou moins festonné en fonction de l'ana-
adopterons les mesures simplifiées indiquées dans le schéma de la tomi e cerv ical e de la dent, plate au niveau molaire et très f es tonnée
Fi gure 3-2. Ce système d' attache est de toute premi ère importance au niveau incisif. Elle es t d' aspect li sse et de consistance ferme, d' un
dans la co mpréhension de la pathogénie des parodontites car c'es t rose légèrement plu s pâl e que la gencive attachée. E lle est souvent
lui qui sera détruit au co urs des parodontites (<< perte » d' attache). difficile à di stinguer à l 'œ il nu en rai son de l ' inconstance du sillon
L'espace bi ologique est constitu é par la somme des hauteurs de l ' at- marginal. Il est néanm oins aisé de l' identifi er par sondage en cas de
tache épithéli ale et de l' attache conjoncti ve. L a hauteur de l 'espace parodonte sain : insérée entre la genci ve et la dent en exerça nt une
..
Q) Attache
:::l 1 mm
C" épithéliale
'ë>
0
0 Jonction
:c amélocémentaire - - ' --+- -=.....::....---"'T''''P-+""""'.
Q)
(.)
"'1/Ja.
w Attache
1 mm
conjonctive
Figure 3·2 Le système d'attache sain. Cbc : cellule basale cuboïde ; Hd : hémidesmosome.
1
~~~~~==~~~~~======---------------------·___.
CHAPITRE 3- LA GENCIVE 11
Gencive interdentaire
Col
La gencive libre se termine coronairement par la gencive interden-
taire ou pap ille, dont la form e plus ou moins lancéolée est déterminée
Papille
par les zo nes de contact entre les dents (Figure 3-3). La fusion entre
le versant vestibulaire et lingual (ou palatine) de la papille détermine
coronairement le col de cette dernière qui épouse le contour apical de
la zone de co ntact interdentaire. La largeur du col dans le sens vesti- --- · BM
bulopalatin/lingual vari e de 2 mm dans le secteur incisif à 6 mm dans SM
le secteur molaire. Le col de la papille est non kératinisé. Le corps
de la papille est en co ntinuité avec la gencive attachée et en pré-
sente toutes les caractéri stiques. Visuellement, la hauteur papillaire
LM G
s'étend des ex trémités proximales du col à une li gne droite joignan t
la partie la plus apicale du collet vestibul aire des dents.
MA
Gencive attachée
La gencive attachée es t limitée coronairement par le sillon mar-
Figure 3·3 Aspect clinique de la papille interdentaire saine chez
gi nal ou la base du sulct1s et apicalement par la ligne mucogingi- l'adulte jeune. Sextant mandibulaire antérieur. Noter que, dans le cas
vale (parfois appelée ligne de jonction mucoging ivale) qui la sépare présent, le col est situé légèrement à distance de la base apicale de
de la muqueuse alvéo laire, muqueuse bordante soupl e et richement la surface de contact interdentaire. BM : bord marginal ; Cid : contact
vascularisée. La li gne mucogingivale n' existe pas au niveau pala- interdentaire ; LMG : ligne mucogingivale ; SM : sillon marginal ; GA :
tin pui sque le palais dur et les procès alvéolaires sont recouverts gencive attachée ; MA muqueuse alvéolaire (Document Philippe
par Je même type de muqueuse masticatoire. La gencive attachée Bouchard).
est physiquement fermement attachée au cément, au périoste et à
l'os alvéolaire par des fibres gingivales qui parcourent l'épaisseur
du tissu conjonctif en tout sens (Figure 3-4, p. suivante). Lorsque le
sillon marginal n' es t pas identifi ab le, la hauteur de gencive attachée aspect est lisse, sa consistance lâche et élastique. Contrairement à la
peut être calculée en soustrayant la profondeur de sondage de la dis- gencive attachée, elle est mobile par rapport au plan profond.
tance entre le bord marginal gingival et la ligne mucogingivale. Cette
hauteur présente une grande variabilité intra- et interindividuelle (1 à
9 nun). Ses valeurs moyennes (4 à 6 mm) varient en fonction (1) de Freins et brides
la localisation , plus haute au max illaire qu 'à la mandibule, et (2) de
l' âge (augmentation de hauteur avec l'âge du e à l' éruption passive).
Un frein est un repli muqueux qui arrête, contrôle ou limite les
L'épaisseur de la gencive attachée présente également une grande
mouvements de tout ou partie d'un organe (Figure 3-5). Dans la
variabilité intra- et interindividuelle (0,5 à 2,5 mm en vestibul aire)
cav ité buccale, on distingue:
pour une épaisseur moyenne de 1,5 nun. L'épaisseur semble inver-
• les freins labiaux supéri eur et inférieur respectivement situés
sement proportionnelle à la hauteur : plus la gencive est large, moins
au maxillaire et à la mandibule en position médiale vesti bulaire et
elle es t épai sse. Elle est de co ul eur rose corail, mais peut présenter
limitant le mouvement des lèvres ;
chez les sujets de couleur des plages de coloration brune (pigments
• le frein lingual médian limitant les mouvements de la langue ;
mélaniques). Elle présente une surface piquetée classiquement
• les freins latéraux vestibulaires, inconstants, limitant le mouve-
décrite << en peau d'orange>> chez 40 % des adultes. Elle se distingue
ment des joues .
nettement de la muqueuse alvéo laire dont elle est séparée par la ligne
Les freins labiaux s'insèrent sur le versant vestibulaire du rempart
mucogingivale.
alvéolaire et se déploient classiq uement en éventail dans la partie
muqueuse des lèvres. L'insertion ves tibulaire peut être plus ou moins
coronaire. L'attache peut être muqueuse, le plus souvent gingivale,
Muqueuse alvéolaire parfois papillaire, voire interdentaire, c'est-à-dire aberrante, lorsque
l' insertio n fusionne avec la gencive palatine ou linguale, cette dernière
La muqueuse alvéolaire est limitée coronairement par la li gne situation cmrespondant le plus souvent à la présence d'un di astème.
mucogingivale et ap icalement par le fo nd du vestibule (ligne de L'épaisseur des freins est vat"iable, proportionnelle le plus souvent à
réflexio n muqueuse) où elle est en co ntinuité avec les muqueuses la hauteur du point d'insertion : plus le fre in est inséré co ronairement,
jugales et labiales afin de permettre le mou vement des lèvres et des plus l' épaisseur ou largeur du frein est importante. Cliniquement, Je
joues. La muqu euse alvéolaire es t rouge sombre, caractérisée par un point d ' insertion est décelé à l' œil nu ou en exerçant une légère trac-
réseau vasculaire superfi ciel identifi able à l' œil nu (Figure 3-3). Son tion horizo ntale de la lèvre entraînant un blanchissement.
12 PARTIE 1 - LE S TISSUS PARODONTAU X
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Figure 3-4 Les fibres gingivales. 1 : dentogingivales ; 2 : circu laires/semi-ci rcu laires ; 3 : dentopériostées ; 4 : alvéologingivales ; 5 : périostogin-
givales ou gingivopériostées ; 6 : transseptales ; 7: transgingivales ; 8: intercircu laires ; 9 : intergingiva les; 10 : interpapillaires.
Implications cliniques
• L'espace biol og ique e t la papille sont des zones invio-
lables qu' il convient de respecter.
ASPECTS HISTOLOGIQUE
ET MACROMOLÉCULAIRE
DE LA GENCIVE SAINE
Karim Senni, Gaston Godeau
Points clés
• L'attache é pithé li a le g ing ival e à l'ém a il co mpre nd une
la m e basale spécialisée ne com porta nt n i collagène IV
ni lam ini ne 1 (111 ).
• La m o trice extrace llula ire g ing iva le com prend to utes les
fa milles de macro m o lécules re trouvées dons les tissus
co njo nctifs no n min é ralisés (collagènes, g lycopro té ines,
pro téoglycan es, é lostine).
• L' hétérogé né ité fib roblostiq ue est liée a u re m odelage
tissula ire constant de la gencive afin de répond re aux
cont rai ntes de l'enviro nn e m e nt b uccal.
Figure 3·6 L'épithélium gingival. CB :couche basale ; CC : couche
corné e ; CE :couche épineuse ; CG :couche granule use ; CL :cellule
de Langerhans ; CM :cellule de Me rke l ; D : desmos omes ; FBL : fib ro-
La genc ive, en tant que ti ssu de recouvrement, joue, co mme la blaste ; FC :fibre de collagène ; FN : fibre nerveuse ; K : ké ratinocyte ;
peau, un rô le de barri ère phys ique entre le mili eu extéri eur et les LB : lame basale ; M : mé lanocyte ; TC : tissu conjonctif.
ti ss us qu 'elle recouvre. Ex tension de la muqueuse orale, elle assure
au x éléments du parodonte que sont le li ga ment alvéolodentaire, le
cément et l' os alvéo laire une protection mécanique contre les trau-
mati smes provoqués notamment lors de la mas ti cation ainsi qu ' une
du sill on gingiva l pour n' atteindre qu ' une épaisseur de 2 à 3 cel-
protecti on co ntre les agressions phys iques et chimiques (cha leur,
lules vers la j oncti on amé locé mentaire. Les cellules de cette j onction
ac idité, etc.) pouvant être occasionnées par notre alimentati on. Par
épithéli ale sont para llèles à la dent. E lles proLifèrent constamment,
sa position particuli ère, dans un mili eu favo ri sant la pro lifé rati on
mi gre nt continuellemen t vers le fo nd du sulc us, pui s sont é liminées
bactéri enn e et abritant un e fl ore commensale très sensible à tout
par le fluid e oral. Di x- hui t pour cent de cet épithé lium est co nstitué
déséquili bre, c'est aussi la premi ère li gne de défense immunitaire
par des espaces intercellulai res autori sant le passage ou la présence
du parodonte.
de leucocytes (po lymo rphonucl éaires [PMN] , monocytes, lymph o-
cy tes) du ti ss u co nj oncti f vers le sul cus. La migrati on des PMN vers
le front de plaque, à travers l' épithé lium sulcul aire, est observée
Épithéliums gingivaux même en cas de gencive cliniquement saine [3 3] ( voir chapitre 5) .
Si les épithéli um s sulculaire et oral de la gencive repose nt sur un e
Hi stologiquement, le ti ss u gingival est constitué d' un ti ssu lame basal e class ique (Figure 3-7) composée d' un réseau de coll a-
conjonctif recouvert d ' un épithélium stratifi é pav imenteux co mpre- gène IV et d ' un réseau de laminines co mprenant des g lycoprotéines
nant l'épithé lium gingiva l oral kératini sé (Figure 3-6), l'épi thélium co mme le nidogène/entactine et des protéoglycanes co mm e le perlé-
sul cul aire et un e form ati o n ép ithéliale dite épithélium de joncti on ca ne, l'épithé lium de jo ncti on a la parti cul arité de s' in terca ler entre
très carac téri stique car ass urant 1' ancrage de la de nt à la ge ncive . deux lames basales. La premi ère, épithélio-mésenchymateuse, appe-
• L' épithé lium gin giva l oral kératini sé fa it face à la muqueuse lée lame basa le interne, assure l'a ncrage de l'épithélium de joncti on
buccale et présente cliniquement un as pec t piqueté chez le sujet au conj oncti f ging iva l par l' intermédi aire du co ll agène de type VII
j eune. Cet épithélium présente de nombreuses di gitations s' enfon- (fi brilles d 'ancrage) et ressembl e fo rtement, qu ant à sa structure et
ça nt dans le ti ss u conj onctif so us-jace nt, ce qui , en multipliant la à sa co mposition, à la lame basale du reste de la ge ncive. L' autre,
surface de co ntact entre ces deux ti ss us, renforce ain si 1'a ncrage ép ithélio-amélaire (l ame basal e ex terne) , est essenti e lle à l' attache
épithéli o-conj onctif. Outre les cellules épithé Li ales, l'épithé lium de cet épithélium à la dent. La lame basale ex terne présente ainsi
oinoiva l kératini sé possède d ' autres cellules résidentes, te lles que plusieurs particul arités uni ques. Par exemple, elle ne repose pas sur
les ~élanocytes, res ponsables de la pigmentati on, et les cellules de un ti ssu conj oncti f, ma is sur l' émail , ti ssu calc ifié non coll agénique
Langerhans impliquées dans la défe nse immunitaire [33]. d 'o ri g ine épithéli ale. De plus, partie lle ment minérali sée en regard
• L' épithélium non kératini sé fait face à la dent et forme le sulcL1s de l'émail , son épa isseur (160 ~-tm) es t supéri eure à celle rencontrée
g ingival, petite dépress ion située entre la surface de la dent et la dans une lame basa le c lass ique (3 0 à 60 !-lm) [30] . E lle ne comporte
gencive. ni collagène IV ni laminine l , laminin e a.l~l yl ou lll (selon la
Le fond de la dépression que fo rme le sul cus est clos par un épi - nouve lle nomenc lature) retrouvées dans la plupart des lames basales
thélium d it de joncti on, prolongement de l'épithélium sul cul aire. et en parti culi er dans la lame basa le supportée par le ti ssu conj onc-
Cet épithélium fo rme un collet autour de la dent pouvant atte indre tif ging ival [21] . Enfi n, la molécule majoritaire de cet éd ifice est la
100 !-lm d'épaisseur et jusqu 'à 2 mm de profo nde ur dans la ge ncive laminine 5 (laminine 332), à laque lle s' ajoute le grand protéogly-
sain e. II co mprend un e vingta ine d' épaisse urs cellulaires vers le fond ca ne qu 'est le vers icane et du collagène V lU retro uvé aussi da ns les
14 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAU X
Ké ratinocytes
basaux
Figure 3-7 Schéma d'une lame basale classique. 1 : hé midesmosomes ; 2: fibres d'ancrage ; 3 : collagè ne fibrillaire .
membranes de Descemet (œ il ) et l'e ndothélium vasc ul aire [22, 29] av~6 interviendrait dans l'activation du TGF~ (trans.forming growth
(Tab leau 3- ll). factor beta) pour limiter l' infl am mation et em pêc her la progres-
L'absence de laminine l et de co llagène IV dans la lame basale sion apicale de l'ép ithé lium lors de la patho logie parodo ntale [12].
interne pourrait être exp liq uée par l' absence d'influence mésenchy- Enfin , des protéoglycanes de surfaces cellul aires majoritairement à
mateuse sur les cellules épithéliales la synthéti sa nt [34] . Ma lgré ces héparane-sulfates tels que le sy nd écane 1 ou le CD44 sont retrouvés
différences, l'ancrage des cellules épithéliales aux lames basales en au niveau des couches cellul aires basales et suprabasa les des épithé-
regard du tissu co nj onctif gi ngival et de l'émail dentaire dans l' épi- liums oraux [27] . Ces protéoglycanes exprimés sur les faces basales
thélium de jonction est assuré, co mme pour l' épithélium ging ival et baso latérales des cellules épithé liales seraient des facte urs impor-
ora l, par des hémides mosomes. Ceux-ci comprennent c lassiq ue- tant imp liqués notamm ent dans la survie et la prolifération cellulai re
ment des protéines cytosoliques comme la BP230 (B PAG 1) o u des par leur capacité d'interagir avec plusieurs facteurs de croissance se
protéines transmembranaires comme le collagène XVII (BP 180 o u liant à l' héparine [5].
BPAG2) et l' intégrin e a6~4. assurant les interactions de la surface
cellulaire avec les éléments macromoléculaires de ces lames basales
tels que la laminine 5 [20, 22]. Cependant, certaines intégrines
semblen t spécifiq uement exprimées par l'épithélium de j oncti on Tissu conjonctif gingival
[22] (Tableau 3-III). Parmi celles-ci, l' intégrin e av~6 j oue un rôle
central dans l' ho méostasie de l'épithélium de j onction où elle est La matrice conjonctive ging ivale est très semblabl e à celle du
constitutivement exprimée. En effet, l'invalidation de son gène chez derme quant au co ntenu macro mol éc ul aire, ma is présente des
la so uri s conduit à l'apparition spo ntanée de parodontite chronique. stru ctures fibri ll aires aux fonctions très différentes . En effet, la
Tableau 3-11 Différences dans la composition macromoléculaire Tableau 3-111 Expression des intégrines de l'épithélium de jonction
des lames basales externes et interne de l'épithélium de jonction et l'épithélium gingival oral kérati nisé (liste non exhaustive).
(liste non exhaustive).
Épithélium Épithélium Épithélium gingival
Lame basale externe Lame basale interne de jonction gingival oral oral cicatriciel
gencive, contraireme nt au derm e, s'ancre à di ffé rents tissus et ment régulier des molécules de tropocollagène s' agrégeant pour
présente plusieurs types de fibres collagé niqu es liant la gencive les former [11 ].
à l' os alvéolaire, au cément ou à d'autres fibres li ées à la dent Comme pour le derme qui en présente les mêmes proportions
vo isine. phénotypiq ues, les coll agènes fibrillaires de la gencive s'organisent
Les collagènes fibrillaires représentent 55 à 60% des protéines en fibres hétérotypiques comprenant un cœur de molécules de col-
retrouvées dans le tissu co nj onctif gingival [2] . Les analyses phé- lagène de type V inclus dans une ga ngue composée de molécules
notypiques montrent que ces derniers so nt représentés à 91 % par coll agène de type I, les molécules de collagène de type III se situant
du collagène type I, pour 8 à 9 % de co llagène de type Ill et que à la périphérie de cet édifice. Les interactions ainsi que la propor-
moins de 1 %sont de type V [33]. Dans la gencive histolog ique- tion entre ces trois coll agènes régulent la formation de ces fibres.
ment saine, après coloration spécifique au rouge Sirius et analyse L' augmentation en proportion du co llagène III ou du collagène V
hi stomorphométrique (Figures 3-8a-d), il a été montré que cette a ainsi pour conséquence de diminuer le diamètre des fibres de col-
composante coll agé nique occupe 60 % du tissu conj onctif gin- lagène [3, 8, 9]. Une plus grande ri chesse en collagène III dans le
gival chez le sujet jeune. Cette fractio n d'aire augme nte jusq u'à tiss u co nj onctif sous-épithélial expliquerait donc la fai ble épaisseur
80 % chez les suj ets les plus âgés alors qu'elle ne semble pas des fibres collagéniq ues de cette région comparativeme nt à celles du
varier au cours du vieillissement dans le derme [13]. En micros- conj onctif gingival profond [1 3].
copie électronique à tran smi ss ion, com me dans tous les autres Les collagènes XII et XIV, collagènes non fibrillaires de la famille
tissus conjon ctifs, ces fibres de co ll agène se caractérisent par le ur des FACIT (jibril associatecl collagen with interupted triple helix ),
striati on périodique égale à 67 nm, dont !"ori gine est l' arrange- sont assoc iés étroitement à la périphérie de ces fibres. Impliqués
Figure 3·8 Coupes longitudinales de gencive humaine après colorations histologiques (x52).
• Mise en évidence du réseau collagénique après coloration au rouge Sirius observée en lumière transmise (a , c) et sous lumière polari sée (b , d).
• Mise en évidence du réseau élastique gingival après coloration à la (+)catéchine fuschine (e) .
Ela : fibres d'élaunine ; Ep : épithélium ; FE :fibres élastiques ; Ox : fibres d'oxytalane ; TC :tissu conjonctif gingival.
Crédit photographique : Dr Ronald Younes, service de chirurgie orale, Faculté de Médecine dentaire, Université Saint-Joseph , Beyrouth .
16 PARTIE 1 -LES TISSUS PARODONTAU X
dans la rég ul ati on de la fibrill ogenèse, ces coll agènes o nt de plus la L'associatio n du résea u é lastique à des moléc ul es non co nstitu-
partic ul a rité d 'être des protéog lycanes do nt les chaî nes à dermatane tives de la matri ce ex tracellul ai re montre aussi qu ' il ne peut être
ou à cho ndroïtine sul fate pointe nt vers l'ex té ri e ur de la fibre. Ainsi, réd uit à un simple rôle stru cture l. Par exempl e, les fibrillin es qui
par les multipl es interact ions do nt il s so nt res ponsables, il s pe uvent présente nt des homologies avec la protéine de li aiso n au TGF~
modifi er les propriétés méca niques et ad hés ives des fibres co llagé- late nt sont en effet capables de li e r dans la matrice extracellul aire les
niqu es [3 1] . facte urs de croissance de cette fam ille. Cette capacité pe rmet ainsi
Des petits protéoglycanes de la famill e de s SLRP (smallleucine de supposer un rôle dan s la rég ul ation des réponses cellulaire aux
rich proteoglycans), porta nt des c haînes dermata nes/c hond roïtin e signau x méd iés par ces facteurs de croissance [6]. Le lysozyme a
sulfates tels que la décorine e t le big lycane o u portant des c haînes auss i été retrouvé associé dans plusie urs ti ssus, au résea u élastiq ue
à kératane sulfate tels qu e la fib ro moduline e t le lumi ca ne, co m- et plus particulière me nt da ns la genc ive, o ù il pourrait co nstitue r un
plètent cet édifi ce. Ces protég lyca nes se li ant par le ur partie pro- systè me de protection co ntre l'activité des sérin es protéases comme
té iqu e à la périphéri e des fibres de coll agè nes en régul e nt la fo r- la cathe psine G , notamm ent à certain s stades de la pa th olog ie paro-
mation. Il s o nt de plus un rô le essenti e l dan s la structuration du donta le [37].
résea u co ll agén iqu e dan s la matri ce ex tracellulaire [l] . Capables La di stribution du d ia mètre des fibres é lastiques ai nsi qu e l' aug-
de séqu estre r dan s la ma trice ex trace llul aire des facteurs de c roi s- men tation de la composante co ll agénique au co urs du vie illi ssement
sances te ls que le TGF~ (tran~fo nning g rowth fa ctor beta) , l' lGF mo ntrent que la genc ive, à la diffé re nce du derme, est so umi se à
(insulin-like growthfactor) o u l'EGF (epidennal growthfactor), il s un important et constant remodelage. Ce re modelage est la co nsé-
se mbl e nt par a ill e urs ê tre im pliqués dans le co ntrô le de le ur biodi s- que nce de l'environne me nt partic ulier de la sphère buccale soumi se
po nibilité [ 19]. Le coll agè ne VI, plus o u moins étroite me nt assoc ié à des co ntraintes mécaniqu es importantes e t réguLi ères du es à la
a ux faiscea ux de co ll agènes fibr ill a ires notamme nt par l' inte rm é- mast icatio n ainsi qu ' à la présence de la plaque bactérie nne o rgani sée
cli aire des SLRP, fo rme un résea u fib rill aire de fa ible diamè tre (6 à e n biofilm à la surface de la de nt [26].
10 nm ). Ce coll agè ne intervie ndra it dan s 1'organi sation des résea ux Ces facteurs affectent plu s o u moin s direc teme nt les fibrob las tes
co ll agén iques et élastiques e t participe rait à l'adh és ion cellul aire g in g ivaux qui re prése nte nt 65 % des cellules présentes da ns le
[7]. D 'a utres protéog lycanes te ls que le versica ne, grand protéog ly- ti ss u co nj o nctif g in giva l. Ces fibrobla stes so nt en g rand e pa rti e
ca ne po rtant de très nombre uses c haînes de c hond roïtine/derrn ata ne res ponsa bles du re modelage o bservé dan s la genc ive sa in e [33].
sul fates, so nt retrouvés dan s la matrice extracellul aire, so n assoc ia- Afin de préserver l' attach e de la ge nc ive au cé ment et à l'os alvéo-
tion spéc ifique non cova le nte avec l'acide hy aluro nique permettant la ire, les fibrobla stes gin g iva ux doivent ê tre ca pables de ré po ndre
la c réation d 'espaces hydratés e ntre les résea ux coll agé nique et co nstamment aux co ntra intes q ui s'exe rcent s ur le ti ss u qui les
é las tiqu e [ 15] . a brite:
Le réseau élastique constitue l'autre réseau fibreux du co nj o nc- • e n sy nthétisant de no uveaux élé me nts matri ciels ;
tif gingiva l ; celui-ci est étroiteme nt li é a u réseau co mposé par les • en séc rétant des protéases capables de dégrade r les structures
co ll agè nes et les macromol écules qui y so nt assoc iées et contri bue, e ndomm agées et de favorise r le re mode lage ;
co mme son nom l' indique, à l' élasticité de la genc ive. E n microsco- • e n proliférant afi n de remp lacer les cellules viei ll issa ntes ;
pie électro nique, les fibres élastiques se présente nt co mme des struc- • e n sécrétant des facteurs de c ro issance et des cytokines.
tures co mposées de zones a morphes sous le fai sceau d'électrons et Cette activation permanente se traduit par une très grande hété-
d'é lé me nts microfibrillaires périphé riqu es, denses, e t réguli èrement rogénéité phénotypique des fibrobla stes gingivaux. L'ex isten ce de
espacés, de 10 à 12 nm de di a mètre. Les zones a morph es con·es- nombreuses sous-popul ations fibrobla stiqu es au sein d' une mê me
po ndent à des agrégats ou, plus préc iséme nt, coacervats de mol é- gencive est démontrée in vitro chez l' homme depui s de nombre uses
c ul es d' élastine (tropoélastine), les é lé ments mi crofibrillaires é tant a nnées [23, 26]. Les cultures cellulai res co mprenant plusieurs sous-
la co mposa nte g lycoprotéiq ues des fib res é las tiques [28]. L'anal yse populations issues d ' une mê me ge ncive se caracté ri sent toutes par
hi sto morphométrique de la gencive saine après coloration spéc ifique des sy nthèses matri ciell es, des ac ti vités co ll agénolytiques e t un pou-
du réseau é lastique par la(+) catéc hin e fu sc ine (Figure 3-8e) mo ntre voir prolifé ratif très di ffére nts [ 17, 36]. Ces différences se tradui se nt
que les fib res élastiques occupent, co mm e dans le derme, une frac- auss i par des réponses méta boliques très variables à des stimuli
ti o n d ' aire éga le à 8 % [13]. On peut ainsi, dans la gencive attac hée ex té ri e urs. Par exemple, des travaux portant sur plus ieurs souches
ne présenta nt auc un sig ne hi stologiq ue d'i nfl a mm ation , di stinguer cellulaires fibroblastiqu es issues d ' une mê me gencive montre nt de
e n mi crosco pie photonique une orga ni sation complexe dite e n can- très impo rta ntes variatio ns quant à la production de co ll agénase et
dé labre, co mp renant troi s types de fibre s : oxy talanes, élaunine et de TIMP (tissue inhibitors of metalloproteinases) sous l' effet de la
élast iques. ciclosporine [36]. Cette not ion d' hé térogénéité fibroblastiqu e exa-
Les fibres d 'oxy talane forment dans le ti ss u conjonctif sous- cerbée dan s la gencive implique :
é pithéli al un réseau fin et perpendic ul aire à la la me basa le. Ces • une spécialisation de chaq ue so us-population cellulaire dans
fibres pré-é las tiques de 0,7 J.Lm de di amètre sont essentiell e me nt de une réponse métaboliqu e donnée (synthèse co ll agénique, sy nthèse
nature glycoproté ique et o nt pour é lé me nt prin cipal les fibrilLin es, protéas iqu e, prolifération) ;
mais auss i d'autres g lycoproté ines spéc ifiques telles que les fibu- • une réponse plus ou moin s marquée de c haq ue souche cellul aire
lin es, l'émiline (e lastin microjibril inte1j'ace located protein) [4] , ou à une so lli citation particuli ère (médicame nteu se, phys iologiqu e,
les MAG P (microjibrillar associated glycoproteins) [1 8]. Les fibres patholog ique) .
d 'élaunine situées plus profondé me nt da ns le derme sont parall è les Ces implica tion s perme tte nt les hypothèses sui vantes:
à la j o nction de rmoépidermiqu e. M es urant l ,5 à 2,5 J.Lm de di amètre, (a) L' hétérogénéité fibrobla stique observée dan s la genc ive (et
ell es conti e nne nt un e plus grande propo rtion d 'élé ments microfibril- da ns le desmodonte) serait e n fait la conséqu e nce d ' une présélectio n
laires glycoprotéiq ues que d' élastin e. Dan s le ti ss u conj onctif moye n de cellules s pécialisées .
et profo nd , les fibre s élastiques matures co nstituent un réseau rami- (b) Cette présélec tion vers un phé notype spéc iali sé permet de
fi é de fibre s de 2 à 4 J.Lm de diam ètre . Ces fibre s co mporten t 90 % ré pondre métaboliqueme nt, et au plus vite, aux contraintes exercées
d'é las tine e t des é lé ments mi cro fibrill aires pé riphé riques [13 , 28]. afin de préserver l'intégrité des stru ctures g ingivales .
CHAPITRE 3- LA GENCIVE 17
(c) La présence et le regroupement de phénotypes fibroblastiques 5. Carey D.T. Syndecans mul tifun ctional ce ll -surface co-receptors.
spéc iali sés permettent d ' interag ir au mieux avec les différe nts tissus B iochem J, 1997 , 327 (Pt 1): 1- 16.
parodontaux au contac t de la gencive (épithélium , o s, céme nt, des- 6. MR, Summers KM. Structure and fun ction of the mamm a li an fib ril -
lin gene family : implications for human co nnect ive ti ssue d iseases.
modonte) [23].
Mol Genet Metab, 2012, 107: 635-647.
Cette spéciali sation fibrobl astique présenterait donc un avantage 7. Everts V, Niehof A, Jansen D, Beertsen W. Type VI coll agen is
dan s des cond iti o ns phys io logiqu es, mais pe ut se révéler ex trê me- associated with mi crofibril s and oxyta lan fi bers in the extracellul ar
ment dé létère dans le cadre de pathologies touchant le parodonte. matrix of periodontium, mesenterium and periosteum. J Periodonta l
En effet, toute altération de cet éq uilibre cellulaire entraînerait selon Res, 1998, 33 : 11 8- 125 .
cette hypothèse l'activati o n non dési rée de certains phé notypes ce l- 8. Fichard A, Kleman .JP, Ruggiero F. Another look at co ll agen V and
XI molec ul es . Mao·ix Biol , 1995, 14 :5 15-5 31.
lul aires modifiant l' équilibre écolog ique ce Uulaîre qui prévaut dan s
9. Flesch maj er R, Perlish JS, Burgeson RE, et al. Type I and Ill coll agen
le ti ss u sa in. interaction during fibri llogenes is. Ann NY Acad Sei, 1990, 580 :
Plus réce mment, des travaux se mbl ent suggérer la présence de 161-175.
précurseurs mésenchymateux au se in du conjonctif g ingival [1 0]. E n 10. Fournier BP, Ferre FC, Couty L, et al. Multipotent progenitor cells in
effet, certa ines sous-population fibroblastiq ues g ingival es ex priment gi ngival connective ti ssue. Tissue Eng Part A, 20 10, 16 : 2891 -2899.
les mêmes marqueurs que les précurseurs mésenchy mate ux médul- 11. Gathercole LJ, Porter S, Sc ull y C. Ax ial peri odici ty in periodon-
laires et o nt la potentialité in vitro de se différenci er en ostéob lastes, en tal co ll agens. Human periodontal li ga men t and gin gival co nnective
tissue coll agen fi bers possess a dermis- like D-period. J Perioclontal
adipocytes ou en chondrocytes tout en possédant des propriétés immu-
Res, 1987, 22 : 408-41 1.
nomodulatrices [25, 38]. La muqueuse orale et la gencive, son exten- 12. Ghannacl F, Nica D, Full e MI, et al. Absence of alphavbeta6 integrin
s ion, connaissant une réparation se rapprochant par certains points de is linked to initiatio n and progression of perioclontal di sease. Am J
la réparation ti ssul aire fœtale en ne formant pas de cicatrice [14, 16], il Patho l, 2008, 172: 1271 -1286.
a été suggéré un rôle prépondérant du pool de cellul es souches mésen- 13. Gog ly B, Gocleau G, Gi lbert S, et al. Morphometric analys is of co l-
chym ateuses dans cette propriété [ 10, 32]. Cependant, ces mêmes ce l- lagen and elasti c ti bers in norm al ski n and gingival in relation to
age. CLin Oral Inves ti g, 1997, (3) : 147- 152.
lul es semblent au ssi impliquées dans des processus fibrotiques dan s
14. Guo F, Carter DE, Mukhopadhyay A, Leask A. Gingival fibrob lasts
certaines conditions et notamment après stimulation inflammatoire disp lay reclu ced adhesion and spread in g on ex trace llul ar matrix
[24, 35]. Ainsi, la spécificité de la cicatrisation gingivale pourrait être a poss ibl e basis fo r scarless ti ssue repair 1 PLoS One, 2011 , 6.
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~ MÉTALLOPROTÉINASES MATRICIELLES
Remodelage gingival physiologique Les MMP nou s inté ressant pe uvent se c lasser en quatre sous-
g ro upes .
~ RÔLE CENTRAL DU FIBROBLASTE GINGIVAL • Les collagénases: MMP-1 , MMP-8, MMP-1 3. Le fibrobl aste
ET TURNOVER g in g iva l ex prime la MMP- l qui es t capable de clive r les co ll agènes
de ty pe I, Il, III, VI , VII , X e n de ux frag me nts dits %- 14 , a ins i que
Les ti ssus g in g ivau x sont capables de régéné ration rapide grâce leurs dé ri vés dé naturés (l es gélatines). Cette co ll agénase est inhibée
au turnover é levé des cellul es é pithé liales e t des fibroblas tes g ing i- par le TIMP-1 et par l' a 2-macrog lo buline.
va ux. Le re mpl aceme nt tota l de l' épithé lium de j onction p rend 4 à • Les gélatinases : MMP-2 (gé latin ase A) et MMP- 9 (gélati-
6 j ours a lo rs que celui de l' é pi thé lium g ing iva l pre nd 6 à 12 j o urs nase B ). Le fi broblaste g ing ival sécrète de maniè re co nstituti ve la
(20 à 30 j o urs pour l' épithé lium c uta né). Ces te mps correspo nde nt MMP-2. Il peut produire la MMP-9 , ma is seul e me nt d ans certa ines
a u te mps nécessaire à l'épi thé lium de jonc tion po ur se refo rme r co nditio ns. L'activité de la MMP-2 est contrô lée par le TIMP-2, lui-
après sa destructi o n (5 à 7 j ours) [ 17]. Mê me après sa destru cti o n mê me ex primé par le fibro blas te . La MMP-9 est inhibée par TIMP-
compl ète par g in g ivecto mi e, un nouve l é pithé lium de j o nc ti o n es t 1. Ces gé latinases pe uve nt lyser e ntre autres les collagènes dé naturés
refo rmé en 14 j o urs par pro lifé rati o n des ce llules basale de l' é pithé- (gé latines), les collagènes nati fs IV, V, VII, X, XI et des g lycopro-
lium gin g iva l et est indi scern able de l'anci e n [ l 1]. té ines de structure ain s i que la pa rti e proté iqu e des pro téog lyca nes .
Le taux de re nouvelle me nt elu ti ss u co nj o nc ti f g ingival est éga- E ll es j o ue nt donc un rô le maj eur dans de no mbreuses c irco nstances
leme nt très é levé (bie n supé ri e ur à la peau o u à l'os al véo la ire) . Il phys io log iq ues et patho log iques.
se di stin gue éga le me nt par la qu antité de co ll agène so lubl e présent. • Les stromélysines : MMP- 3, -10. Le fibrobl aste g in g ival peut
Cette frac ti o n de co ll agè ne so lubl e n'est ni dé truite ni maturée. La produire la MMP- 3, suite à l' indu cti on de certa ines cy to kines et de
d ens ité du co ll agène et so n taux de reno uve lle me nt sont habitue l- fac te urs de c ro issance. L a stromé lys in e- 1 (MMP- 3) pe ut lyse r, e ntre
CHAP ITRE 3- LA GENCIVE 19
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Appareil d'ancrage
Martin Biosse Duplan, Jean-Louis Saffar
Si par co mmodité, les troi s constitu ants de l' appare il d' ancrage (environ 15 %). Du coll agène de type V s' intercale à l' intérieur des,
sont traités séparément, il faut garder à l' e sprit cette unité fon cti on- ou entre les fibrill es. D 'autres coll agènes mineurs ont été identifi és,
nelle et d 'ori gine. collagènes de types VI, Xll , XIV. Les fa isceaux, qui ont un traj et
ondul é et so nt so lidement ancrés dans l'os et le cé ment, so nt organi -
sés en groupes selon leur directi on :
- le groupe cres ta! j oignant la crête osseuse au cément cervical. Il
Ligament parodontal assurerait la rétenti on de la dent dans son alvéole, s'opposerait aux
forces laté rales ;
Cette structure unit la dent à la paro i de l' alvéo le (Figure 4-2), et - le groupe hori zo ntal, perpendi cul aire au grand axe de la dent,
au-delà aux os max illaires, l'intégrant à l'appare il sto matognathique. au niveau cervical. Il s' opposerait aux forces latérales;
Sa largeur, de l' ordre de 0,3 mm en moyenne, vari e en foncti on: du - le gro upe o blique dont l' insertion cémentaire est plus apicale
nivea u radicul aire- il es t plus étroit à mi - hauteur radicul aire - ; de que 1' inserti on osseuse, et qui intéresse la plus grande parti e du li ga-
l'âge du suj et - son épaisseur diminu e avec le vie illi sse ment- ; de ment. Il s'opposerait aux forces ax iales ;
l' état fo ncti onnel de la dent - il est élarg i en cas d ' hyperfo ncti on et - le groupe apical qui rayonne autour de l' apex . Il s'opposerait
se réduit en cas d ' hypo foncti on. En fait, la largeur du li gament n'es t aux mouve ments de basc ul e et à l'ex tru sion de la dent ;
pas homogène sur toute la hauteur de la racine et il ex iste des zo nes - le groupe inter-radicul aire qui passe au-dessus de la crête
relati ve ment réduites où il est plus étroit. osseuse joignant deux surfaces cémentaires. Il aurait une fonction
Le li gament ass ure différentes fo ncti ons essentielles pour le paro- similaire au groupe api cal.
donte : ancrage de la dent aux structures e nvironnantes ; adaptati on L'o rgani sation des faiscea ux dan s le plan sagittal ne rend pas
aux charges mécaniques appliquées à la dent ; rôle trophique et de total ement compte de la co mpl ex ité de leurs orientation s. En effet,
défense ; transmi ssion d' influ x sensori els permettant la coordination dans le pl an hori zontal, leur traj ectoire es t soit perpendi cul aire
des mu scles masti cateurs et le positionneme nt des max illaires pendant (Figure 4-3) soit oblique (Fi gure 4-4), voire parallè le, au cément et à
la masticati on ; réservo ir cellulaire assurant 1' homéostas ie et la répa- 1' os. À tou s les ni veau x, les faisceaux se croi sent, ce qui renfo rcerait
rati on, voire la régénérati on, de l' ensemble de l' appareil d'ancrage. mécaniquement l'ense mbl e. Des fibrill es passent d' un fai sceau à un
autre, au gmentant la résistance du système (Figure 4-3).
Des donn ées réce ntes revi sitant la stru cture fibreuse du li gament
.... STRUCTURE
par reconstructi on d' images de mi cro-CT montrent une organi sation
Le li gam ent parodontal es t une structure viscoélastique compo- non pas en fa isceau x juxtaposés mai s en feuill ets épais, re lativement
peu nombreu x, à peu près perpendicul aires aux surfaces min érali-
sée de fa isceaux de fibres arrim ant la dent à l' os et d ' une matri ce
sées, séparés les uns des autres par un réseau de fibres éparpillées
ex trace llulaire interstiti elle dans laque lle résident différents types
les interconnectant. Ils se forme ra ient à partir des faisceaux insé rés
cellulaires. La vasc ul ari sati on et l' innervation y sont importantes .
dan s les surfaces min éraLi sées [40]. Ces feuillets se localiseraient
surto ut dan s les zones en ten sion du li ga ment, c'es t- à-dire sur la face
Organisation du système fibrillaire
en appositi on de l' alvéole (vo ir ù1fi·a).
Les fibres du li gament sont form ées de coll agène de type l qui es t D ' autres types de fibres ont été identifiés dan s le li gament. Il
le constituant principal des fai sceau x fibre ux (environ 80 %), et Ill s' agit en particuli er des fibres oxytalanes qui ont une orientati on à
Figure 4·3 Faisceaux de fibres ligamen- Figure 4·4 Faisceaux de fibres ligamen-
taires (rat) perpendiculaires. Les larges fais- taires obliques (rat) dans une zone du liga-
Figure 4·2 Ligament parodontal humain. ceaux sont formés de fibres qui s'entrecroisent. ment dont la largeur est réduite (comparer
Alors que la surface cémentaire est rectiligne, Des anastomoses joignent les différents avec la figure 4-3). Ce dispositif semble être
la paroi alvéolaire (PA) est irrégulière, ména- faisceaux (flèches). Le départ des fibres de une adaptation fonctionnelle à la largeur du liga-
geant des espaces pour des élargissements Sharpey du côté de la paroi alvéolaire se fait au ment, permettant probablement un étirement suf-
du réseau vasculaire (V) . La flèche double au niveau de protrusions osseuses (astérisques) fisant des fibres dans une zone où les contraintes
centre du ligament indique la direction géné- entre lesquelles l'insertion fibreuse est absente. ne sont pas transmises perpendiculairement à
rale des faisceau x de fibres. Les petites flèches Au contraire, du côté cémentaire (C), l'insertion J'axe de la dent mais en torsion (le ligament est
marquent la jonction dentinocémentaire .1 des fibres de Sharpey est régulière. très élargi à d'autres régions de cette racine) .
1. Matéri el hi stolog ique de ce chapi tre : doc uments Jean-Loui s Saffar, EA2496.
CHAPITRE 4 - APPAREIL D'ANCRAGE 23
Figure 4·5 Cellularité du ligament parodontal. a) Animal (rat) jeune. Les cellules de grande
taille sont nombreuses. Elles ont une forme allongée et leur grand axe est parallèle aux fibres .
b) Parodonte humain mature. Le nombre et la taille des cellules sont comparativement réduits.
!..:alignement des cellules parallèlement aux fibres est ici mieux visible. Noter dans les deux situa-
tions l'orientation différente des cellules situées à proximité des surfaces minéralisées.
Figure 4·6 Reste épithélial de Malassez. Figure 4-7 Présence de cellules apparte- Figure 4·8 Restes épithéliaux de Malassez
Parodonte humain . Il est constitué de cellules nant à la lignée monocyte - macrophage, humains (astérisques). !..:hétérogénéité de la
à gros noyaux dont la morphologie est hétéro- marqués pour l'estérase non spécifique morphologie des noyaux et la répartition de la
gène. Noter la présence de nombreuses cel- (flèches). Elles sont situées à proximité de chromatine suggèrent des différences métabo-
lules d'aspect divers à la périphérie de l'amas la surface osseuse (PA) et à la périphérie des liques eVou fonctionnelles des cellules. Noter
épithélial , suggérant des interactions étroites vaisseaux (V) par lesquels elles ont pénétré la taille très variable des restes de Malassez
entre diverses populations cellulaires. dans le ligament. qui pourrait résulter d'une fragmentation irré-
gulière de la gaine de Hertwig ou d'une sortie
progressive de cellules pour contribuer à l'ho-
méostasie locale.
peu près perpendiculaire aux fai sceau x principau x et sont souvent vai sseaux péri os tés pénètrent dans le li gament et s' an as tomosent
associ ées aux vaisseaux et au x nerfs. Des fibres élaunines sont éga- avec les autres vaisseau x. Après leur pénétration dans le ligament,
lement présentes . les vai sseau x donnent naissance à un pl exus capill aire près de la
L es constituants non coll agéniques de la matrice extracellulaire surface radiculaire et à un plex us post-capillaire veineux près de la
comprennent des glycoprotéines ri ches en leucine et acide aspartique paroi al véol aire qui se draine vers l es espaces médull aires.
et des protéoglycanes, parmi lesquels du derm atane sulfate (maj ori -
taire), de l' acide hyaluronique, des chondroïtines sulfates et des hépa- Innervation
ranes sulf ates. Diverses protéines non coll agéniques sont représentées
en relativement faible quantité, parmi lesquelles des molécules d' ad- L e ligament est innervé par des fibres myélinisées et non myé li-
hésion comme la fibronectine et la vitronectine, largement di stribuées nisées qui permettent la perception de la douleur et de la press ion.
dans le ligament, et la ténascine, présente essentiellement à la surface L' innervation est issue de branches du ner f maxillaire ou du nerf alvéo-
du cément et de l'os. L e Ligament est riche en phosphatase alcaline laire inférieur, eux- mêmes branches du nerf trijumeau. L 'innervati on
(ALP), associée aux fai sceaux de fibres, et en périostin. suit les mêmes routes que la vasculari sati on. Une innervation sym-
Les fibres et l 'ensemble des molécules du ligament parodontal ont pathique est également présente. Il ex iste des termin aisons libres,
un taux de remodelage très élevé, ce qui implique une synthèse et transmettant les sensati ons douloureuses, et des terminaisons spécial i-
une dégr adati on extrêmement rapides. sées (récepteurs de Ruf fini , de M eissner), percevant des informati ons
critiques pour la coordi nation de l' activité musculaire au cours de la
Vascularisation masti cati on et pour l ' initiati on de réfl exes d'évitement.
entreti ennent des interacti ons importantes avec la matrice extra- laire et par une réponse élast ique d ue aux fai scea ux de fibres co ll a-
cellul aire et sont orientées parall è lement aux faisceaux de fibres gène. Qua nd une pression occlusale es t app liquée sur une dent, la
(Figures 4-Sa et b) autour desquels s' enro ul ent leu rs prolongements matri ce extracellulaire viscoélastique et le sa ng so nt chassés vers les
cy toplas miques. Elles co nti ennent de u·ès nombreux orga nites intra- es paces médullaires. Les co mposa nts de la matri ce, en particu lier les
cellul aires en rapport avec leur importante activ ité métabolique et g lycoproté ines et les g lycosamin oglycanes, et le plex us vascu laire
ont un cytosque lette très développé. Elles ex priment fortement ALP agissent donc comme un absorbeur de chocs.
et périostin. Les << fibrobla stes >> ass urent le re model age co nstant de Les cellules li gamentaires perçoivent les fo rces et les transform ent
la co mposante co ll agén ique, qu ' ils so nt capables à la foi s de syn- en messages biochimiqu es . Les cellules interag isse nt avec la matrice
thétiser et de phagocy ter et dégrader. Ces << fibrobla stes >> sont des ex trace llul aire via des mol éc ul es présentes à leur surface, dont les
cellules mobiles, polari sées qui entreti ennent des relati ons étroites intégrines. Cette mécanou·ansduction fait intervenir des ca naux
avec les cellules vois ines par des gap junctions et des jonctions ioniques mécanosensibles à 1'étirement qui , en s'o uvrant, permettent
ad hérentes . un influ x de Ca2+et une mobilisation du Ca2+ intracellulaire ([Ca 2•]i).
Les cellules des res tes ép ithéliaux de Malassez, q ui rés ultent de L' influ x de calcium active phospholipase C qui gé nère de l'inosito l
la frag mentation de la ga ine de Hertwi g au cours de l' éd ifi cati on tri phosphate (IP3) , res ponsable de la libérati on du [Ca 2•]i et de l' ac-
radiculaire, so nt une po pul ation spécifique au liga ment parodontal tivatio n des dérivés de l'acide arach idoni que dont prostaglandine E, .
(Figure 4-6). Les restes de Ma lassez so nt situés à prox imité de la sur- Le cytosque lette est également influencé par le [Ca 2+]i , en parti culi ~r
face cé men taire. Des reco nstituti ons 3D montrent qu ' il s fo rment un e le réseau d 'actine qui polymérise pour former des fibres de stress, ce
sorte de rési lle continue auto ur de la rac ine . Ces cellules, lon gtemps qui indui t des cascades méta boliques impliquant de nombreux gènes
considérées co mme vestigia les et inactives, possèdent les caractéri s- et adapte la position de la cellule dan s son environne ment. Ce sys-
tiques des cellules épithéli ales : présence de tonofi laments, de des- tème dynamique permet à la cellule de réo rgani ser ses contacts avec
moso mes, express ion de cytokératines. Une membrane basa le à la la matrice en réponse au stress mécaniqu e. La pol arité de la cellule
périphéri e des restes les sé pare du ti ss u co nj onctif environnant. Ces a une grande importance po ur la détection de la m agnitude et de la
cellules épithéli ales ex priment un grand no mbre de facteurs solubles direction de la fo rce. Quand une cellule se réali gne en répo nse à une
dont des cytokin es, des chémoki nes, des facte urs de croissance et fo rce, ell e devi endrait apte à percevoir cette directi on dans le futur,
leurs régul ateurs [44] , ainsi que des marqueurs propres à leur ori- comme si le cytosq uelette était un sys tè me mémoire enreg istrant ses
gine épithéliale spécifique (a melogenin. et ename/in.) et de cellules << expéri ences mécani ques >> . Ainsi, la réponse à un e force pourrait
conj onctives, osteoprotegerin. (OPG), osteopon.tin. (OPN), bone sia- dépendre de la façon dont la cellule organise ses interactions entre
loprotein (BS P). Ces cellules se divisent activement. Le nombre des la mau·ice et so n cytosquelette en fon ction des stimul ations méca-
restes de Malassez tend à décroître avec le vi eillissement. niques anté ri eures [3].
Monocytes et macro phages sont des rés idents phys io logiques du L'a mortissement des forces es t un phénomène plus co mplexe
li gament parodontal (Figure 4-7). Ils sont situés dans la partie cen- faisa nt in tervenir l'ense mbl e de l' appare il d ' ancrage et sera abordé
u·ale du li ga ment au vo isinage immédiat des vaisseaux et des nerfs plus bas.
et à prox imité de la surface osse use. Ce rtains devi enn ent des pré-
curseurs des ostéoclastes phys io logiquement actifs sur la paro i de Réservoir cellulaire
l'alvéole.
Les cellules du li ga ment parod ontal co mprenne nt éga lement les À l' interface de deu x ti ssus minérali sés, le li gament est la source
cémentoblastes, les ostéoblastes et les ostéoc lastes traités ailleurs cellul aire qu i ass ure l' homéos tas ie de ces ti ssus et la sienn e. Les
dans ce chap itre. questions qui se posent sont les sui vantes : les fibrob lastes li ga men-
taires sont- ils tou s des fibrob lastes (do nc des cellules déj à di ffére n-
ciées) ou ont-ils, pour une partie plus ou mo ins importante, d 'autres
~ FONCTIONS DU LIGAMENT PARODONTAL potentiel s ? Ex iste-t-il des pop ul at ion s spécialisées dan s la fo rma-
tion spécifique de cément ou d' os, o u au co ntrai re so nt-e lles indi f-
Régulation et maintenance de l'espace fé remment aptes à former l' un ou l' autre de ces ti ss us? Quel est le
ligamentaire rôle des cellules des restes de M alassez?
Les << fibrobla stes » du li ga ment qui proviennent de l'ectomésen-
Un rôle maj eur du li gam ent parodontal est d' inhiber la minéra-
chyme des c rêtes neurales ont co nservé leur aptitude à ex primer des
li sati on et, par là, de maintenir sa largeur. Les cellul es du li ga ment
marqueurs neuronaux [ 14] et peuvent se différenci er en cellules pro-
séc rètent des mol éc ul es qui régul ent la minéralisati on et préviennent
dui sant des nodul es minérali sés o u des ad ipocytes. Cette plasticité
l' ankylose. Ainsi, un équilibre entre BSP et OPN , l'acti on de m.atrix
phénotypique est caractéri stique des cellules souches multipotentes.
Gia ptvtein. (MGP), un inhibiteur de la minérali sation ex primé à
Leur caractè re multipote nt est confirmé par leu r potenti e l à se diffé-
proximi té de la surface cémentaire, les g lycosaminoglycanes (en
renci er en cellules exprimant le facteur de vo n Willebrand et laVE-
parti culi er les derm atanes sulfates) maintiendraient cette co nstante.
cadhérin e, des marqueurs des cellules endothé liales, et à former des
La protéine intrace llulaireS l00A4, qui se Lit au calci um , et asporin. ,
structures tubul aires quand e lles sont exposées au FGF-2 (fibroblast
un protéoglycane proche de decorin. et du biglycan, sont des inhibi -
growth factor 2). La d iffére nci ation de ces << fi bro blastes >> en cel-
teurs de la min érali sation ex primés par les << fibrob lastes >> du li ga-
lules endoth éli ales est inhibée par la BMP-2 (bon.e morphogenetic
ment. Ces mo léc ul es participeraient à la protection du li ga ment par
un e acti on négative sur la différenci ati on des précurseurs d 'ostéo-
protein 2) qu i les ori ente ve rs la for mati on de nod ul es minérali sés,
engagement lui -même inhibé par FGF-2 [51] . En outre, ces cellules
bl astes présents dan s le li gament [27].
so uches peuvent se différenc ier en cellules nerveuses et permettent,
en sécrétant du NGF (nerve growth factor), la différenciation, la
Distribution des forces
1nigrati on, 1'ex pression du phénotype et la survie des cellules ner-
Le li gament réagirait à la mise en charge par un e réponse hydro- veuses [6 1] . S i, dans le cadre d ' un e régénération parodontale, la dif-
statique due à une réaction des va isseaux, de la matrice ex traceUu- férenciati on locale de neurones ne sembl e pas pertinente , l' ex tension
CHAPITRE 4- APPAREIL D'ANCRAGE 25
des arborescences des fibre s neuro nales présentes est fo nd amentale [68]. L'étude c inétique cie la transitio n épithéli o-conj o ncti ve cie ces
po ur la maintenance, la ré innervati on et la res taurati on fo ncti o nn ell e cellules mo ntre un déc lin prog ress if des marqu eurs é pithéli aux et
du ti ss u. une augmentation des marq ueurs mésenchymateux, ces cell ules
La comparai son de cellules de sac fo llicul aire avec des << fib ro- exprimant des fac teurs de transcripti on qui régule nt la transition
blastes >> li gam entaire mo ntre des convergences et des di ve rgences épithé li o-conj o nctive au co urs de l'embryogenèse. Cette trans ition
e ntre les deux types cellulaires. Alors qu e les cellules du sac folli- nécess iterait la présence de TGF- ~ 1, do nt les récep teurs sont pré-
c ulaire so nt allongées et po lygo nales, ce Ll es du ligament so nt très sents sur les cellules des restes de Ma lassez.
a ll o ngées et de plus faibl e taille. Les deux types cellulaires ex priment Ce potenti el de transitio n acc rédite l' hypothèse d ' un potentiel
des marqueurs des crêtes neural es (nes tin et SLUC ) et prése ntent un de d ifférenc iati o n cie ces cellules é pi théli ales en cé mentoblas tes.
pro fil géniqu e proche. Cependant, les cellules li gamentaires ont une So noya ma et al. o nt mo ntré que des cellules de restes de Ma lassez
ex pression génique g lo bale plus réduite et se di sting uent par un e hum aines transpl antées sur des souri s immunoco mpro mi ses
transcripti o n augmentée cie gènes codant po ur des proté ines d' adhé- in dui se nt, après transitio n é pi théli o-co nj o nctive, la fo rm ati o n d ' un
s ion à la matri ce extrace llulaire et po ur secretedji·izzled- related pro - ti ss u proche du cément cellul aire où les cé mentocy tes sont des cel-
te in 1 (S FRPl ), un antago ni ste cie Wn t, qui co ntribuerait à inhiber la lules hum aines [54]. La qu antité de cé ment fo rm é par ces cellules
min érali sati on du li ga ment [17]. épithé li ales est cependant re lati vement faible, alors qu e des << fib ro-
Concernant la spécifi cité des cellules form ant l' os et le cément, bl astes >> li gamentaires, so us le po uvo ir inducteur de cellules de
des réponses émergent : a près ex traction cie 3'" molaires hum aines, restes de M alassez, se différencient en cémentobl as tes et fo rment
des cellules prélevées séparément sur la paroi de l'alvéo le et sur les des quantités impo rtantes de cément. U ne so us- po pul ati o n de cel-
rac ines prése ntent des différences significati ves [53, 66]. Les cellules lules cie res tes de Malassez po urrait do nc subir la transition épithéli o-
«osseuses>> ont un tau x de prolifération plus élevé et un potenti e l de mésenchymateuse. Sur un modèle anim al de parodontite, un agent
différenciati on ostéogénique et adipogénique plus important que les de régénérati o n induit la co loni sati on cie la surface radi culaire par
cellules << radi culaires >> . Les cellules << osseuses >> fo rment elu ti ssu des restes de M alassez, fo rtement immunopositi fs po ur BMP-3,
fibreu x et des nodul es osseux en plus grand no mbre et ex priment plus dont les cellules gli ssent sur le cé ment préalablement ex posé. Ces
fo rtement des marqueurs associés à la minérali sation (ALP, Run x2, aspec ts précèdent l'activité de cellules morpho logiquement se m-
coll agènes 1 et rn, OC), tandi s que les << radi cul a ires >> dé posent cie bl ables à des cé mento blastes ex primant BMP-7, un marque ur de
fin es couches d ' un matéri el ressemblant à elu cément. Impl antées l' engage ment cé mento bl astiqu e [31].
clan s des défauts osse ux anim aux, les cellules <<osse uses >> form ent L'ense mble de ces observati o ns étaye l' hypothèse cie Bosshardt
plus d ' os que les << radi cul aires >>. Les cieu x populations ex priment selo n laquelle deux popul ati o ns ce llul aires aurai ent le potenti e l cie
1' << osseuse >> plus fortement, un facteur de transcripti on spécifique se di ffé rencier en cémentobl astes chez l'adulte [ 10] : les cellul es
du tendon, d 'o ù cette ca pacité de déposer un ti ssu fibreux. Il ex iste- des res tes cie Malassez dont la co ntributi on serait re lati vement fa ible
rait donc un e ré partiti on to pogra phique des phénotypes cellulaires à et des << fibroblas tes >> li gamentaires situés près de la surface radi -
l' intéri eur elu li gament parodontal. Ces rés ultats confortent l' hypo- cul a ire dont nous avo ns vu plus haut qu ' il s apparti endraient à un e
thèse de Bosshardt d' un domaine cé mentaire abritant une po pulatio n so us-populati on engagée, qui se différencierai ent sous la stimul ation
fibrobl astique dérivant du sac follicul aire, tandi s que les ostéoblastes des ce llules de Malassez (Fig ure 4-9).
dériverai ent du mésenchyme péri fo lliculaire. Ce dom aine cémen-
ta ire serait dé limité par les restes de M alassez [10].
Les restes de Malassez sembl ent avoir un rô le fondam ental dan s
l' ho méostas ie et la régé nération de l' appareil d'ancrage. Ces cel-
lules épithéli ales ont un e foncti on neuroencl oc rine et entreti enn ent
des re lati ons étroites avec les fibres nerveuses. Elles sont également 1
e n contact étroit avec des cellules immunocompétentes, macro- Dé bris é pithé li a ux
phages, cellules dendritiques [57] . La fon cti on de ces contacts n' est de Ma lassez
pas établi e.
Les cellules des restes de Mal assez possèdent des caractéristiques
de cellules souches épithéliales, mais expriment également des mar- Cé mentoblaste
queurs de cellules souches embryonnaires (Oct-4, Nanog). Il sembl e
que cette population soit hétérogène (Figure 4-8, voir p. 23) avec des
potentie ls hi érarchi sés cie différenciation [39]. Cette propriété permet-
trait à une po pulation réduite d 'ass urer au long terme le renou velle-
ment de son pool. Les cellules des restes de Malassez ont le potentiel
Fibroblastes
de se différencier en améloblastes [50] et en cellules neuronales [68].
Outre des marqueurs épithé liau x, les cellules des res tes de
Malassez ex priment des marqu eurs de cellul es souches mésenchy-
mateuses. Cette particul arité phénotypiqu e suggère que ces cellules
sont aptes à réali ser une tran sition épithé li o- mésenchymateuse.
Quand ell es so nt cultivées dan s des milieux adéqu ats, elles se di f- Cé mentoblas te
fé renci e nt en ostéoblastes/cémento bl astes , en adipocytes, en chon-
Figure 4·9 Rôle des débris de Malassez dans la différencia-
drocy tes et ex priment des marqu eurs spécifiques de ces li gnées. La
tion des cémentoblastes. Certaines cellules des dé bris peuvent
transpl antati on de cellules de restes de M alassez induit la form a-
subir une transition épithé lio-mésenchymateuse et se diffé re ncie r
ti o n de ti ssu osseux ou de cé ment, héri ssés cie stru ctures ressem- en cémentoblastes (voie 1 ). Les restes de Ma lass ez peuvent a ussi
blant à des fibres de Sharpey. De faço n intéressa nte, ces os téoblastes engager des " fibroblastes " du ligament vers la différenciation e n
et cé mento blastes res tent positi fs pour des marqueurs é pithéliaux cémentoblastes (voie 2).
26 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAU X
Os alvéolaire osseuses. Les autres protéines non coll agéniques produites locale-
ment appartiennent à quatre groupes : les protéoglycanes, les glyco-
L'os al véo laire, s' il présente des particularités propres à la pré- protéines, les SIBLING (small integ rin-binding ligand N-linked
sence des dents et à son origine embryologique, est partie intégrante glycoproteins) et les proté ines Gia.
du squelette. De ce fa it, so n métabo lisme obéit aux mêmes régul a- Les protéoglycanes, entre autres versican, aggrecan, decorin et
tions qu e l'ensemble du tiss u osseux. Aujourd ' hui , on considère le le groupe des smallleucine-rich proteoglycans (S LRP), participent
sq uelette co mme un véritab le organe, intégré dans un ensembl e plus à 1'orga ni sation de la matri ce collagéniqu e et fixent des facteurs de
vaste, au sein duquel il dialogue avec d'autres tissus. croissa nce dont ils régul ent la disponibilité et donc l'activité biolo-
gique.
Les glycoproté ines, présentes en gra nde quantité, ont un rôle
~ TISSU OSSEUX centra l dan s la minérali sation et l'activité ostéob lastique. E lles
co mprenn ent l' ALP et osteonectin. L' ALP es t un marqu eu r maj eur
Le tiss u osseux est constitué de zo nes minéralisées et non miné-
de la différenciation ostéoblastique, mais n'est pas exclus iveme nt
ra li sées des régions cortica les et trabéculaires des os longs et plats,
prod uite dans l'os (rein, foie). L' ALP a pour substrat le pyrophos-
con tenan t les cellules osseuses, des é léme nts vascul aires et nerveux
phate ino rganiqu e, un inhibiteur de la minérali sation. Des muta-
et une matrice extrace llul aire. L'os trabéculaire enserre la moelle
tions inactivatri ces du gène codant pour 1'ALP sont responsables
osseuse.
d' hypophosphatasie, une forme rare de rachitisme ou d 'ostéoma-
lacie, et e ntraîne nt des défauts sq uelettiques et dentaires plus ou
Composition
moin s sévères, parm i lesqu e ls une hypom inéra li sation gé nérali-
La matrice extracellulaire est composée de minéral, de coll agène, sée du squelette et la perte prématurée de dents due à des défauts
d 'eau, de protéines non collagén iques et de lipides dont les propor- cémentaires [67]. Le taux d ' ALP osse use dans le sérum refl ète
tions varient en fonction du site anatomiq ue et de l'âge du ti ssu. l'activité os téob last ique et est utili sé co mme marqueur de la for-
La phase minérale du tiss u osseux est formée de cri staux d ' hydro- mation osseuse. L'ostéonectine participe également à la miné-
xyapatite de calcium (Ca 10 [P0 4 MOH]), oü le groupe (OH-) peut ralisation e n régulan t l'o rgani sation du collagène et le dépôt de
être substitué par du carbonate, du mag nés ium, du phosphate ou 1' hydroxyapatite.
d'autres éléments plus rares qui seront présents sous forme de traces La fami lle des SIBLING co mprend BSP, OPN, dentin matrix pro-
(par exemple le fluor). La minérali sation se produit via des vés icul es fein 1 (DMP- 1), dentin sialophosphoprotein (DSPP) et matrix extra-
matricielles sécrétées par les ostéoblastes oü le ca lcium et le phos- cellular phosphoglycop rotein (MEPE). Ces protéines possédant la
phate inorganiqu e s'acc umul ent et atteig nent des concentrations séquence Arg-Gi y-Asp (RGD), reconnue par les intég rin es à la sur-
suffisa ntes pour précipiter et former des cristaux d ' hydroxyapatite. face des cellules, elles permettent à la cellule de communiquer avec
Ces cristaux augmentent de taille jusqu 'à traverser la membrane des la matrice extracellul aire en participant à l'adhésion, la migration
vés icul es matricielles et se répandre dans la matrice extracellulaire. et plus généralement à la signalisation intracellulaire. Ces protéines
La phase organiqu e du ti ss u osseux es t co mposée en majo rité de so nt des rég ul ateurs négatifs ou positifs de la minéra lisation en se
collagène de type l qui forme un résea u de fibres. U ne moléc ul e de fixant aux crista ux d' hydroxyapatite.
coll agène de type I es t composée de deux chaînes a J(I) et d ' un e Au moins quatre protéines Gia so nt retrouvées dan s l'os : osteo-
chaîne a2(I) for mant un e triple hé lice. Pour former la triple hélice, calcin (OC) , MGP, protein Set Gla-rich protein (GRP). E lles pos-
les chaînes subi ssent des modifications post-tra nslationne ll es et sède nt des résidus g lutamate qui so nt modifiés par carboxy lation,
forme nt des lia iso ns cova lentes entre leurs ex trémités, les ponts ce qui augmente l' affi nité de la protéine pour les ions minéraux.
pyridinoline et désoxypyridinoline présents sur les télopeptides N MGP et GRP, impliquées dans la minéralisation, peuvent circuler
et C terminaux. Au co urs de la résorpt ion, les té lopeptides so nt dans l'orga ni sme oü elles jouent un rôle dans la calcification des
c li vés ; pour cette raison, la conce ntrat io n des télopeptides N et ti ssus mous, notamment des parois vasculaires. Outre son rôle dans
C te rmin aux (CTX et NTX) et des ponts (Pyr et d-Pyr) dans le la minérali sati on, l' OC semble fonctionner comme une véritab le
sérum ou l'urine sont utili sés co mme marq ueu rs de résorpti on. La hormone, coordon nant la régul ati on de la masse osseuse, du méta-
tripl e hé lice es t d'abord sécrétée so us forme de procollagène, une bolisme énergétique et la ferti lité [26]. Son dosage dan s le sérum est
mol écul e préc urseur qui con ti ent deux extensions aux extrémités N un marqueur de formation osseuse et de remodelage, puisqu 'elle est
et C terminales de la molécule : les propeptides N et C terminaux sy nthétisée par les ostéoblas tes et libérée lors de la résorption.
(PINP [j;rocollagen 1 N-terminal propeptide] et PICP [procollagen Enfin, l'os co nti ent des lipides qui interviennent dans la formation
1 C-propeptide]). Leur clivage dan s le milieu extracellul aire par et l' homéostasie de l'os. La minéralisation du sq uelette est sévère-
des protéases permet 1'organisa tion des moléc ules de coll agène en ment affectée quand le métabolisme des sphingolipides est altéré [4].
microfibrilles qui , associées entre e ll es, forment une fibre. PINP et
PICP, dosés dan s le sé rum et le fluid e gingival, reflète nt la fo rm a- Cellules osseuses
tion osseuse. D 'autres types de co ll agène (X, III et V) so nt présents
so us forme de traces. Le collagène for me un résea u qui va organ i- Les cellules osseuses trouvent leur origine dans la moelle oü
ser la minéralisation en fixant et orientant les protéines non co ll a- deux grands types de cellules souches, les cellules souches mésen-
gé niqu es qui participent directement à la nuc léatio n des cri staux chy mateuses (mesenchymal stem cells [MSC]) et hématopoïétiqu es
d ' hydroxyapatite. (hematopoietic stem cells [HSC]) sont à l'origine respectivemen t
La matrice protéique de l'os contient 10 à 15 % de protéines des lignées ostéoblastique et ostéoclastiq ue.
non coll agéniques qui dérivent du sérum o u sont produites par les
Lignée ostéoblastique
cellules osseuses. Les principales protéines du sérum sont l'albu-
mine et l'a2HS-g lycoprotéine qui participent à la minéralisation. De Lors du développement, les MSC so nt d 'origine mésodermiqu e
nombreux fac teurs de croissance libérés hors du tissu osseux sont dans la plu s grande partie du sq ue lette, mai s issues des crêtes neu-
aussi retrouvés dans la matri ce et influencent l'activ ité des cellules rales dans les os de la face et de la partie la plus antéri eu re de la
CHAPITRE 4- APPAREIL D'ANCRAGE 27
voûte du crâne. Chez l' adulte, elles sont essentiellement présentes Les différentes vo ies de signaüsation de la famille Wnt sont cen-
dans le périoste, 1' endos te et le stroma de la moelle osseuse ; il existe trales dans la formation osseuse [5] . Il existe plus d' une douzaine
aussi des progéniteurs extrasquelettiques et/ou circulants [8]. Ces de ligands W nt qui, en se fixant à la famille de récepteurs Frizzled
MSC sont à l'ori gine d'autres populations cellulaires (fibroblastes, et aux co récepteurs LRP, activent plusieurs voies de signaUsation et
adipocytes, cellules musc ul aires et chondrocytes). Lors de l'enga- orientent le progéniteur vers la différenciation ostéoblastique. Des
gement dans la voie ostéoblastique, les MSC se différenc ient en régul ateurs extracellulaires (SFRP, DKK l , sclerostin ), qui se fixent
ostéo-chondro-progéniteurs, communs aux li gnées ostéoblastique et aux récepteurs ou aux li ga nds, fonctionnent comme des inhibiteurs
chondrocytaire, en pré-ostéoblastes, puis en ostéo blastes matures. et bl oq uent la signalisation des li gands Wnt. Plusieurs pathologies
Ce stade atteint, la cellule peut mourir par apoptose, se différencier humaines illustrent l' importance des vo ies Wnt : l'inactivation de
e n ostéocyte ou en cellule bordante. LRP5 entraîne une os téoporose pseudo-gliome (OPPG), une mala-
die extrêmement rare où la formation osseuse est très diminuée,
Ostéoblaste alors qu'une mutation activatrice de LRP5 ou une mutation inacti-
vatrice de SOST, le gène codant pour sclerostin, augme nte la masse
Les ostéoblastes matures sont des cellules cuboïdales mononu-
osseuse via une formation augmentée.
cléées, alignées et attachées sur la matrice osseuse, caractérisées
La parathormone (PTH) contrôle très finement le taux de calcium
par une activité ALP importante. Leur fonction principale est de
circulant en agissant sur le métabolisme osseux, l'excrétion rénale
sy nthétiser le tissu ostéoïde et de le minérali ser (Figure 4-10). La
et l'absorption intestinale. Parathyroid-hormone-related peptide
différenciation de 1'ostéoblaste est so us le contrôle de plusieurs fac-
(PTHrP) , un peptide dont la séqu ence présente une grande homo-
teurs de transcripti on, parmi lesquels Runx2, aussi appelé Cbfa-1,
logie avec PTH, joue un rôle local en agissant de manière auto-,
est central et intervi ent très tôt pour l' engagement de la cellule dans
para- et intracrine. PTH et PTHrP agissent sur un récepteur com-
cette voie [25]. Son expression reste élevée lors de la différenciation
mun, PTHlR, exprimé par les ostéoblastes et les chondrocytes.
ostéoblastique, alors qu 'elle diminue pui s di sparaît dans les chon-
PTH et PTHrP ont un e action catabolique sur l'os en stimulant la
drocytes . L'élément régulateur Run x est situé sur le promoteur de
résorption ou anabolique en stimulant la fo rm ation. Un taux de PTH
plusieurs gènes maj eurs de l'ostéoblas te (collagène de type I, OPN,
élevé continu ag it sur les ostéoblastes pour augmenter la syn thèse
OC, BSP). Des souri s dont le gène codant pour Runx2 est invalidé
de RANKL et diminuer celle d'OPG, ce qui induit la différencia-
présentent une absence de tissu osseux et d'ostéoblastes [45]. Chez
tion et l'activité des ostéoclastes et la Ubération du calcium osseux.
l'homme, des mutations inactivatrices de Runx2 entraînent la dy s-
L'a ugmentation intermittente du taux de PTH stimule la proliféra-
plasie cléidocrânienne. Run x2 régule aussi négativement la proli-
tion et la différenciation des ostéoblastes, diminue leur apoptose et
fération de l'ostéoblaste et inhibe sa différenciation terminale en le
active les cellules bordantes.
maintenant dans un état immature. L'activité de Runx2 est contrôlée
D'autres cytokines peuvent affecter la formation osseuse : les
par d'autres facteurs de transcription comme Twist! , Msx2, Shn3
molécules de signalisa tion Hedgehog (Sanie et lndian Hedgehog),
et Statl.
la famille des FGF et le urs récepteurs FGFR (fibroblast growthfac-
Osterix, autre facteur de transcription exprimé dans l'ostéoblaste,
tor receptor), des facteurs de croissance conune IGF-1 (insulin-like
est critique pour la différenciation du pré-ostéoblaste en ostéoblaste
growthfactor 1), EGF (epidermal growth.factor) et PDGF (platelet-
immature. L'inactivation d'Osterix chez la souri s conduit à un e
derivecl growth.factor) .
absence totale de tissu osseux [38]. Son expression est absente dans
Au fur et à mesure gue la matrice est sy nthétisée et minéralisée,
les embryons de so uri s dépourvues de Runx2, alors que Runx2 est
les ostéoblastes deviennent moins actifs et s'aplatissent. Certains
normalement exprimé dans les embryons où Osteri x est absente,
ostéoblastes meurent par apoptose, d' autres s' incorporent à l'os-
s uggérant qu ' Osteri x ag it en aval de Runx2 lors de la différenci ation
téoïde et devienn ent des ostéocytes. Certains ostéoblastes restent à
ostéoblastique.
la surface osseuse et de vienn en t des cellules bordantes.
Des facte urs de transcriptions de la famille APl (c-Jun, c-Fos,
Fral) interviennent également dans la différenciation de l'ostéo-
Ostéocyte
blaste. Le facteur de transcription ATF4 et les protéines codées par
des homéogènes (Msx 1 et 2, Dlx3, 5 et 6) participent aussi à une Les ostéocytes (Figure 4-11), de loin les cellules les plus nom-
régulation transc riptionnelle extrêmement complexe. Cependant, breuses dans l'os, ·représentent 90 à 95 % des cellules osseuses,
l'invalidation de ces gènes ne conduit pas à une absence d'ostéo- contre 4 à 6 % pour les ostéoblastes et 1 à 2 % pour les ostéoclastes.
blastes comme dans le cas de Runx2 et Osterix. On leur connaît deux rôles majeurs : agir comme mécanosenseurs du
De nombreuses molécules agissent sur 1' ostéoblaste pour modifier remodelage et régul er l'homéostasie du phosphate [9].
l'expression et l' acti vité de ces facteurs de transcription . La famille La transition de l'ostéoblaste à l' ostéocyte est encore mal com-
des bone morphogenetic proteins (BMP) joue un rôle critique lors pri se. Deux co ncepts sont proposés : un processus passif où l' ostéo-
du développement et du remodelage en régulant la différenciation blaste ralentit sa synthèse de matrice et se retrouve enseveli par
et l'apoptose des ostéobl astes [65]. BMP2 et 4 activent, via leurs les ostéoblastes environnants, et un process us actif où un e sous-
récepteurs me mbranaires, la voie de signalisation des Smad qui population spécifique stoppe sa migration, se polarise et forme des
module l'expression de Run x2 et d'Osteri x. La suppression in vivo dendrites qui envahissent l' os téoïde [16]. Les dendrites so nt de longs
de BMP, de leurs récepteurs, de l' antago niste Noggin ou de pro- prolongements cellulaires présents dans des canalicules, permettant
téines Smad perturbe la formation osseuse. TGF-~, une cytokine la conun unication entre ostéocytes, avec les cellules du périoste ou de
de la matrice osseuse, signale également par les Smad et régule l'endoste, avec les cellules de la moelle et avec les vaisseaux. Lors de
la prolifération et la différenciation des ostéoprogéniteurs. TGF-~ cette transition, l'express ion gé nique de la cellule change, plusieurs
participe à la coordination des différentes phases du remodelage : molécules imp]jquées dans la réorgan isation du cytosquelette sont
présent dans la matrice, il est libéré par les ostéoclastes et induit surexprimées (par exemple Ell, un des marqueurs de l'ostéocyte).
le recrutement des précurseurs ostéoblastiques qui vont co mbler la Les dendrites perm ettent à 1' os téocy te de<<sentir >> les co ntraintes
zo ne résorbée [58]. mécaniq ues qui s' exercent au cœur de l'os. Ces contraintes pro-
28 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAU X
vogu ent des mi cro mo uvements de flui de dan s les canali cules qui Différenc iation ostéoclastique
défo rm ent la membran e ce llul a ire des ostéocytes, déc le ncha nt
Deux molécul es sont indi spensa bles et suffi santes pour permettre
des sig nau x intracellulaires. E n foncti o n des co ntraintes perç ues,
la différe nciation elu préc urseur en os téoclaste : M-CSF et RANKL
l'os téocy te favorise un e aug mentati on o u une baisse de la masse
qui indui sent l'ex pression de facteurs de transcription qui à le ur tour
osseuse [59] e n produi sa nt deux cytokines, sclerostin et RANKL
vo nt permettre l'ex press ion de gènes spécifiq ues à la fonction de
qui ag iront res pectivement sur 1'ostéo blaste et 1'os téocl as te.
l' ostéoclas te (Figure 4- 14) .
Scle rostin bloque la diffé renci ation et l' activité ostéo blastique
La pre mi ère étape de la différenc iation est l'engagement de la
et limite la formation à la quantité d 'os réso rbé lors du remode-
HSC dan s la Li gnée myé loïcle; le facteur de tran sc ription PU.J joue
lage. Q uand l'ex press ion de sclerostin es t au g mentée (lors d'un e
un rôl e central dans cette étape. Sa délétion provoque un e absence
diminu tion des co ntraintes méca niques ou après admini strat ion de
de macrophages et d' ostéoc lastes et une ostéopétrose sévère. PU.l
glucocorticoïdes), la formation osse use diminue. Quand l'ex pres-
induit l'ex press ion du récepteur de M-CSF (c-Fms) à la surface de
sion de sclerostin est diminuée (par ad mini stration intermitte nte
la cell ule . MITF, autre facteur de transcription précoce dont la dél é-
de PTH o u un e stimul ation méca niqu e augmentée), la format ion
tion aboutit au ss i à une ostéopétrose, est un gè ne cible de M-CSF.
osse use augmente [37] . RANKL, une cytoki ne co ntrôlant la diffé-
L' importance de M-CSF et de c-Fms est illustrée par l'os téo pétrose
renc iation et l' activité des ostéoc lastes, sembl e être produite prin-
sévère des so uri s invalidées pour l' un e ou l'autre de ces mol éc ules .
cipa leme nt par l'os téocy te lors du rem ode lage [69]. Les ostéocytes
M-CSF est exprimé par les cellules stromales et cell es de la li gnée
co upl era ient les co ntra intes méca niqu es et la réso rption , e n aug-
ostéoblastique et régul e positi vement la survie des préc urseurs
mentant la réso rption lorsqu e les co ntra intes diminu e nt et inver-
ostéoclastiques. M-CSF induit également l' ex pression de RANK ,
se ment.
le récepteur de RANKL, permettant au précurseur de répondre aux
L'ostéocyte es t auss i un acte ur maj e ur dan s l'homéostas ie du
signau x de différenciation .
phosphate en ex primant ou surex primant spécifiquement plusieurs
La deu xième étape est la tran sformation du précurseur en ostéo-
proté ines [47] : PHEX , MEPE, DMPl et FGF23. Des mutati ons
c las te ; ell e est so us le contrô le de RANKL et de so n inhibiteur
de PHEX ou DMPl so nt responsables chez l' homme de rac hiti sme
endogène OPG. C ' est le ratio RANKL/OPG exprimé clans l' envi-
hypophosphaté mique lié à l'X et autoso mique récessif, en assoc ia-
ronnement de l'os téoclaste notamment par les cellules de la li gnée
tion à un e augmentati on importante de FGF23 circulant et dan s les
ostéo blastique qui co ntrô le sa différenciation. De nombreuses mol é-
ostéocytes.
cul es con nu es pour leur action prorésorbante agi sse nt en modulant
la quantité de RANKL et cl ' OPG di sponibles. L'activation de RANK
Cellules bordantes
modifi e profondément le phénotype du préc urseur e n activant plu-
Les cellules bordantes so nt des ostéob lastes qui se so nt progres- sieurs facteurs de transcription. NF-KB est une famille de facteurs
siveme nt aplati s pour fo rmer une couche cellul aire à la surface de transc ription , compo sée de nombreuses so us-unités, qui joue un
osseuse (Figure 4-12). E lles constituent une barrière entre la moelle rô le cruci a l clans 1'os téoc lastogenèse. La dé létion de certaines sous-
osseuse et l' os, co mmuniq uent avec les ostéocytes et les cellul es de unités (p50, p52) empêc he la différenciation ostéoclastique, mais
la moelle. Ces cellules seraient une réserve d'ostéoblastes, activ ée pas celle des macrophages. NF-KB n' est pas seul ement activé par
si nécessaire par des signaux locaux ou systémiques. Ces cellules RANKL, mais également par TNF-a. et IL- l. Une de uxième famille
participent au remodelage en permettant 1' accès à la surface osseuse de facteurs critique est AP 1, en particulier c-fos, qui, avec NF-KB ,
aux ostéoclastes. active un troisième facteur, NFATc 1, qui est probablement le facteur
de tran sc ription central pour l' ostéoclaste [42]. De nombreux gènes
lignée ostéoclastique codant pour des protéines c lés ou très spécifiques de l' ostéoclaste
sont contrôlés par NFATc 1 : la protéine DC-STAMP, impliquée dan s
Les ostéoclastes dérivent de progénite urs myé loïcles iss us des
la fusion des précurseurs, les enzy mes cathepsine K e t TRAP, impli-
HSC [60] résidant dan s la moell e osseuse oi:1 ces progéniteurs
quées dans la destruction de la matrice osse use, la chaîne ~3 des
amorcent leur différen c iati o n en monocytes qui gagnent ensuite la
intégrines impliquée dan s l'attache de l'ostéoclaste à l' os, le récep-
circulation avant de pénétre r dans l'environ nement osse ux et d 'y
teur à la calc itonine, le récepteur OSCAR, etc. La surex pression de
termin er leur différen c iation. À mesure que le monocyte se rap-
NFTAcl permet la différenciation en ostéoclaste en l'abse nce de
proche de l'os, so n express io n génique change et la cellule évo lu e
RANKL. L' os téoclastogenèse est totalement bloquée si NFATc 1 est
e n préc urseur os téoc lastique. Ces préc urseurs fusionne nt en un e
supprim é. Alors que plusieurs cytokines peuvent activer les voies
cellule multinucl éée, l' ostéoc laste inactif qui , au co ntact de l'os,
NF-KB et APl et moduler ainsi l' ostéoc lastogen èse, RANKL est
dev ient ostéoc laste actif (Figure 4-13). Plusieurs sous-groupes de
unique dans sa capacité de maintenir un taux élevé de NFATc 1. clans
monocy tes peuvent être iso lés dans le sa ng en fonction de l'ex pres-
la cellule. L'activation de NFATc 1 par la li aison RANK/RANKL
sion de marqueurs de surface et ils n' auraient pas le mê me poten-
dépend d'a utres molécules présentes à la su rface de l' ostéoclaste,
tie l de différenciation e n ostéoc las te. La spécificité du préc urseur
notamment des récepteurs de costimulati on co mm e OSCAR, dont
ostéoc las tiqu e pourrait donc être établi e de façon précoce [33]. Les
les ligands reste nt mal co nnus.
précurse urs myéloïdes qui se transforment en ostéoc lastes sont
communs aux macrophages et aux cellul es clenclritiques qui par-
Ostéoc/aste résorbant
tage nt plusieurs voies de signali sation et facteu rs de transcription.
Cependant, seu ls les ostéoc lastes sont capables de résorber effica- L'ostéoc laste remplit un e tâche spécifique : la résorption du
cement le ti ss u osseux grâce à des mol éc ul es dont ces cellules so nt ti ss u osseux. Pour ce faire, la cellule présente des caractéri stiques
particulièrement riches (TRAP, cathepsine K, a.v~3, etc.), mais fonctionnelles qui défini sse nt le phénotype de l'ostéoclaste actif
quasiment absentes des macro phages et cellul es dendritiques. ln (Figure 4- L5).
vitro, une plasti c ité existe entre ces cellul es : il es t possible de dé- Lorsque l' ostéoclas te mature se fixe à la surface osseuse, la cel-
différenc ier des macrop hages ou des ce llul es dendritiqu es pour les lule altern e des phases de mi gration et des phases de résorption . Ces
tran sdifférencier en ostéoc lastes. deux phases doive nt être régul ées très fin e ment pour permettre une
...
CHAPITRE 4- APPAREIL D'ANCRAGE 29
Figure 4-10 Ostéoblastes sécréteurs (rat). Figure 4-11 Ostéocytes à différents stades Figure 4 -12 Cellule bordante. Os humain.
Les ostéoblastes de grande taille sont alignés de différenciation (rat). Une cellule est en Aplaties et allongées à la surface de la matrice
sur une mince bande de tissu ostéoïde non cours de transition ostéocytaire (flèche pleine). minéralisée dont elles sont séparées par une
minéralisé (astérisque). Les cellules sont carac- Elle conserve un noyau et un Golgi de grande fine couche matricielle non minéralisée, les
té risées par un noyau rejeté au pôle non excré- taille mais est déjà enfermée dans de la matrice cellules bordantes séparent la matrice osseuse
teur de la cellule. Le cytoplasme est occupé par en voie de minéralisation . Deux autres cellules et ses cellules du milieu extérieur.
un appareil de Golgi très développé. En arrière de petite taille (flèches) sont des ostéocytes
des cellules sécrétrices, des préostéoblastes matures totalement enserrée dans la matrice
sont en cours de différenciation. osseuse.
Figure 4-13 Ostéoclastes (rat). Un groupe Figure 4-15 Ostéoclasie résorbant fixé à
d'ostéoclastes résorbent activement cette tra- la surface osseuse au niveau de la zone de
vée osseuse. Leur zone de contact (flèches) scellement (flèches fines) délimitant la bor-
avec la matrice osseuse est bien visible. Un dure plissée (flèches épaisses) par laquelle
ostéoclaste immature (non résorbant) se trouve s'effectue le trafic vésiculaire entre le cyto-
en arrière des cellules actives (astérisque). plasme et la lacune de résorption. Noter la
Ces ostéoclastes contiennent plusieurs noyaux proximité d'un vaisseau (V) qui apporte les élé-
et leur cytoplasme est riche en vésicules. ments nécessaires à l'activité de la cellule (rat).
Ostéoblaste Ostéocyte
Figure 4-14 Étapes de la différenciation ostéoclastique. L.:ostéoclaste dérive d'un précurseur myéloïde et sa différenciation est sous le
contrôle de cytokines comme M-CSF et RANKL, produites par les cellules de la lignée ostéoblastique.
30 PARTIE 1 -LES TISSUS PARODONTAU X
résorpti on efficace et ciblée. Deux types de signaux interviennent : d 'ostéopétrose. La dissolution de la co mposante minérale découvre
ceux issus des cellules environnantes qui vo nt être reco nnu s par les la matri ce protéique qui devient access ible à plusieurs enzy mes
nombreux récepteurs présents sur la cellule (par exem ple RANKL, protéolytiques . La cathepsine K, fortement exprimée par les ostéo-
M-CSF qui influent aussi sur l' activ ité des ostéoclastes) et ceux pré- clastes, est sécrétée dans la lacune oü e lle coupe le coll agène de
se nts à la surface osseuse, reconnu s principalement par les intégrines . type I à pH acide. La délétion du gène de la cathepsine K chez la
La migration et la fix ati on de l' ostéoc laste font appe l à un sys- souri s abo utit à une os téopétrose, même si le défaut de résorption est
tème d 'attache particuli er, les podoso mes. Ce sont des complexes parti ellement compensé par une augmentation de 1'ostéoclastoge-
protéiques présents à la surface de la cellule sur sa face ventrale nèse et par une exp ression augmen tée d'autres enzy mes impliquées
permettant de coupler les intégrines au cytosque lette d 'actine et aux dans la résorption comme MMP-9 et TRAP [28]. Chez l' homme,
microtubules de la cellule . L'activation des intégrines, en particu- des mutation s elu gè ne de la cathepsine K sont à l' ori g ine de pyc-
lier av~3, par certaines séqu ences d 'acides am inées de protéines nody sostose. TRAP fo ncti onne comme une phosphatase, agit sur
de la matrice extracellul aire, déclenche des cascades de signaux des protéines (OPN, BSP) et est également capable de générer des
molécul aires au sei n des podoso mes abouti ssant à la déformati on espèces réactives de l' oxygène (ROS) qui facilitent la dégradation
du cytosquelette et permettant à la cellule de mi grer ou de s' étaler. du coll agène. Le dosage de certaines isoformes séri ques de TRAP
Lorsq ue l' ostéoclaste se fixe à la surface osseuse pour la réso rber, (S b) es t utili sé pour mesurer l'activité de résorptio n. Les ostéo-
le réaménagement du cytosqu elette permet la mise en place d'une clastes exp rimen t plusieurs métall oprotéases matricielles (MMP,
structure caractéri stique : la zo ne de sce lle ment, un e bande périphé- principalement les MMP-9, 10, 12 et 14), mai s leur contribution à la
rique d' actine co mposée de podoso mes co ll és les un s aux autres. résorption n'est pas clairemen t étab lie et pouiTait dépendre elu type
Cette zone scelle hermétiquement la cellule à l' os et crée un co m- d' os résorbé. La figure 4- 16 est un e rep résentation schématique de
partiment isolé du milieu extéri eur entre la face ventrale de la cellule 1' ostéoclaste résorbant.
et la surface osseuse. La zone de scelleme nt délimite deux domaines
membranaires distincts : la bordure pli ssée (BP) qui correspond au Remodelage osseux
site de résorption proprement dit et le dom aine basolatéral orientée
vers le mili eu extéri eur. Le re modelage ass ure le rempl ace ment de ti ss u osseux anc ien
La BP es t une zo ne spécialisée de la membrane plasmique dont les par de l' os nouvea u. C inq phases sont distinguées : ac ti vation ,
replis permettent les échan ges entre la lac une et la cellule. L' acti vité résorpti on, inversion, apposition et quiescence (Figure 4-17). Le
de l' ostéoclaste est possible grâce à un tran sport de vésicules dans co upl age et l'équilibre entre résorpti on et fo rmati on co nsti tuent la
plu sieurs directions [15] . Les proté ines nouve llement sy nthéti sées base elu concept du re mod elage. Ces deux processus ne so nt pas
quittent l'appareil de Golgi formant des lysoso mes sécréto ires qui indépenda nts m ais so nt li és clans le temps et au sein de structures
fusionnent avec la BP. Ces lysosomes ex priment à leur surface des anatomiqu es et d 'e ntités cellulaires particuli ères, les basic multi-
canaux et tran sporteurs ioniques, notamment des pompes à proton cellular units (BMU) [2 1]. Au sei n des BMU, les ostéoclastes, les
comme la vacuolar ATP-ase (V-ATPase) qui abaissent le pH des ostéoblastes, les cellules vasculaires et nerveuses et les cellules du
vés icul es. Ces lysosomes transportent aussi des enzymes protéo ly- tissu co nj o nctif ag isse nt de mani ère séq ue nti elle et couplée dans le
tiques fonctionne lles à pH ac ide comme la cathepsine K. La fusion temps et l'espace, les os téocy tes coordonnant probablement l'e n-
des lysosomes avec la BP libère ainsi une g rande quantité de proto ns se mbl e localement. Les BMU se dép lace nt dan s les trois dimen-
et d'enzy mes dans l'es pace isolé par la zo ne de scellement et ins- sions, creusa nt et bouchant un tunne l dan s 1'os cortical, les canau x
talle sur la BP les canaux et transporteurs qui continuent à ac idifier de Havers, ou une tranchée ouverte sur la moelle à la surface de
la lacune. La BP est aussi un site d'e ndocytose intense. La résorp- l'os trabéculaire. Un BMU cortical se déplace d 'environ 20 !lill/
tion libère des quantités importantes de calc ium , de phosphate et de jour. Un BMU trabéc ul aire parcourt la moiti é de cette di stance dans
produits de dégradation des protéines de la matri ce, éliminés par le même temps. Cette e ntité nécess ite un recruteme nt co nsta nt de
des vésicules qui se forment à la BP. Les vés icul es d 'end ocy tose précurseurs ostéoclastiques à 1'avant du front de progress ion et de
fusionnent avec des endoso mes pour dégrader leur co ntenu dans la précurseurs ostéoblastiques à l' arri ère. Chez l'adulte, le nombre
cellule ou traversent la cellul e pour être évac uées par tran scy tose es timé de BMU qui o pèrent à chaque instant est d' environ un mil-
au nivea u du domaine baso latéral. Ce tran sport vés iculaire entre la li on [35].
lacune de réso rpti on, l'ostéoc las te et le mili eu ex térieur es t néces- La naissance d' un BMU se produit sur une zone qui escente de la
saire à un e résorption effi cace : des défauts d'adressage ou de di s- surface osseuse et nécessite la réuni on de plusieurs événements : la
tribution des vés icules peuvent conduire à un e bai sse d 'acti vité de digestion d'une prutie de la matrice extracellulaire non minéralisée qui
l' ostéoclaste et une augmentation de la masse osseuse [64, 72]. recouvre la swface osseuse par des enzy mes produites par les cellules
La dissolution de l' hydroxyapatite, ass urée par l'acidifi cation bordantes, un changement de la morphologie de ces cellules pour ex po-
de la lacune, repose sur la capacité de l'ostéoclaste de séc réter des ser la surface osseuse minérali sée, une néoangiogenèse, la sorti e de pré-
ions H+ tout en maintenant un équilibre élec trochimiqu e et un pH curseurs os téoclastiques, leur migration vers la zone à résorber et leur
constant dans la cellule [55] . Cet équilibre repose sur des anhy- fusion , et enfin l'accumulation d' un nombre suffi sant cl'ostéoclastes. La
drases carboniques (notamment CAli) qui produisent des ions H+ et reconnaissance du site et sa sélection impliquent probablement le réseau
HC0 3- à partir du C0 2 et d ' Hp, des pompes à proton (V- ATPase) des ostéocytes. Le recmtement des précurseurs circulants fait intervenir
qui transportent les ions H+, des canaux chlore (C lC7) qui trans- les cellules endothéliales et dépend des molécules d'adhésion exprimées
portent des ions CI- vers la lacune pour maintenir l'électro-neutralité sur les cellules endothéliales et les précurseurs [36]. Une foi s la phase de
de part et d'autre de la membran e, des échange urs CI-/HC0 3- (Ae2) résorption achevée, des cellules mononucléées arrivent au contact des
qui éjectent de la cellule HC0 3- pour éviter so n alcalinisation et font fibres de collagène exposées au fond de la lacune et déposent des glyco-
rentrer CI-, des pompes Na+fK+, des co-transporteurs K+/C l- et des protéines qui fom1ent la ligne d'inversion. Sur cette li gne, des ostéo-
éc han geurs Na+/Ca 2+ et Na+fH+. La mutation de ces agents réd uit blastes prennent place pour combler la lacune de résorption. Les ostéo-
l'acidification de la lacune et la résorption. C hez l' homm e, des clastes jouent un rôle central clans le recrutement des ostéoblastes [11].
mutations de sous- unités de V-ATPase ou C lC7 sont responsab les La différenc iation de l'ensemble des cellules du BMU est soumise aux
CHAPITRE 4- APPAREIL D'ANCRAGE 31
OSCAR
Endosome Lysosom e
sécrétoire
Podosomes
Cathepsin K
TRAP
MMP
Figure 4-16 Caractéristiques fonctionnelles de l'ostéoclaste actif. L:activation de RANK et du corécepteur OSCAR permet l'activation des
facteurs de transcription AP1, NF-KB, et NFATc1. Les podosomes forment la zone de scellement qui délimite la bordure plissée en regard de la lacune
de résorption. La bordure plissée est le lieu d'intenses échanges ioniques (assurés par des pompes à protons comme V-ATPase et canaux chlore
comme CIC7) et vésiculaires. Dans la cellule , plusieurs enzymes permettent la production d'ions H+ et le maintien de l'équilibre électrochimiqu e.
molécul es (honnones, cytokines, facteurs de croissance) de l'environ- sur le pancréas, les ti ssus muscul aires, adipeux et le foi e, et participe au
nement local. Le nouveau BMU se déplace ensuite dans une direction métabolisme énergétique et du glucose [26].
donnée et pour un temps limité ; pendant cette période, le recrutement
de précurseurs ostéoclastiques et ostéoblastiques se poursuit. Quand ce
.... PARTICULARITÉS DE L'OS ALVÉOLAIRE
recrutement se termine, le BMU s'arrête et di sparaît.
Le remodelage osseux est un mécani sme qui permet le renouvelle- L' os alvéolaire, C?S d 'ancrage et os de souti en, présente des parti-
ment du ti ssu osseux. Les contraintes cycLiques peuvent endommager la cul arités foncti onnelles qui le di sting uent du reste du squelette. La
matri ce osseuse et le rempl acement de ti ssu ancien est nécessaire pour premi ère est l.i ée à la mi grati on des dents, fo nctio n qui dépasse le
préserver ses propriétés mécaniques. Il constitue aussi un mécani sme seul mo uvement des dents, qu ' il soit spontané ou provoqué, et qui
d ' adaptati on du squelette aux contraintes mécaniques de son environ- s' intègre à l' adaptati on globale de l'appareil stomatognathique au
nement. Lorsque les contraintes augmentent, la formation est supé- cours de la vie. Par ailleurs, la structu re de la paroi de l' alvéo le (ou os
rieure à la résorption et lorsque les contraintes diminuent, l'inverse se al véo laire proprement dit) est o ri ginale du fait de l'ancrage l.i ga men-
produit. Le remodelage osseux participe aussi à l' équilibre minéral et taire. Cet os présente une double o ri entation fibrill aire : une trame
aux métabolismes du calcium et du phosphate en fi xant ou libérant des extrinsèque constituée par les fi bres de Sharpey et la trame in trin sèq ue
minéraux lors de la fonnati on ou de la résorption. Le remodelage j oue de la matTice déposée par les ostéoblastes alvéo lair es. Ce type d ' os
aussi un rôle dans l'hématopoïèse et l' homéostas ie des cellules souches. qui existe au ni veau des insertions tendineuses est appelé os fasc icul é.
Certaines cellules souches rés ident dans la moell e à proximité des sur-
faces osseuses au sein d' un micro-environnement ou niche qu 'ostéo- Migration physiologique
blastes et ostéoclastes maintiennent [30]. E nfin , le remodelage du sque- L'ex istence du mouvement a pour co nséquen ce une po larisa ti on
lette lui permet de fonctionner comme organe endocrine, capable de de l'alvéo le (Figure 4- 1. 8). U ne face de l'alvéole, cell e qui « o uvre »
Libérer des hom1ones qui circulent et agissent à distance. C'est le cas de le mo uve ment, est le siège d ' un re mode lage (face en réso rptio n) oli
1' OC Libérée de la matrice osseuse lors de la phase de résorption qui agit altern ent de façon asy nchrone des phases de résorption - appositio n,
32 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAU X
l
Précurseurs @ ® Précurseurs
ostéoclastiques @ ostéoblastiques
Cellules bordantes
Figure 4-17 Phases du remodelage osseux. Cellules bordantes, ostéoclasies, ostéoblastes et ostéocytes fonctionne nt de mani ère coordon-
née et synchronisée pour permettre la résorption d'une surface osseuse quiescente puis l'apposition d'une quantité égale d'os à celle résorbée.
tandis que la face opposée, celle qui << ferme >> le mouvement, est en Face en apposition
appos ition co ntinue (face en appos iti on). Il s' agit d' un dépl acement
Sur cette face, aucune perte d'ancrage ne se produit. L'apposi ti on
co mplexe de la dent qui a des composan tes ve rti cale et hori zon tal e
est continue, rythmée par des << pauses >> conc réti sées par des li gnes
(mésiale chez l' homme). C hez l'adulte, la migration perm et l'adap-
cémentantes. Des ostéoblastes déposent de la matrice osseuse englo-
tat ion à l'attrition dentaire occlusale et prox imale. La desc ripti on
bant les fibres de Sharpey qu e l'étirement produit par le mouvement
déta illée de la migration physiologique n'entre pas dans le cadre de
fait croître (Figure 4-22). Sur cette face , le bilan est positif et équi-
ce chap itre et peut être co nsultée ailleurs [48].
libre les pertes subies sur la face en réso rption. Globalement, la
balance osseuse est neutre sur l' ensemb le de l' alvéo le.
Face en résorption
À noter que l'épai sseur d'os fascic ul é est faible sur la face en
La caractéri stique de cette face est la coexistence de foye rs à des résorpti on, apparemment plus importante sur la face en appositio n.
stades différents du cycle de remodelage. L'intérêt majeur de ce di s- En fait, se ul e la couc he la plus superfi cielle y est réellement fonc-
positif est une perte d 'ancrage très réd uite à un moment donné qui ne ti onne lle.
compromet pas l' intégrité globale et l'efficacité de l'ancrage. Les ostéoblastes qui forment cet os fasc iculé proviennent du li ga-
Très localement, des ostéoclastes se différencient et creuse nt une ment paroclontal et dérivent majoritairement des crêtes neurales. Par
lacune, et ce faisant sectionnent les fibres de Sharpey. À ce niveau, rapport aux << fibroblastes >> li ga mentai res, les ostéoblas tes ont une
l'a ncrage est donc perdu (Figure 4-19). À la fin de la résorption, le signature génique qui inclut les gènes de MGP, prostaglandin D2 syn-
fo nd de la lac une se situe dans de l'os de so uti e n. L' inversion débute thase, BSP et !GF-binding protein (TGFBP) 5, assoc iée à la proliféra-
par la format ion d'une ligne d'inversion sur laque lle des cellules tion ostéob lastique et à une production élevée de matTice osseuse [ 17].
fibrob lastiq ues déposent des fibres di sposées perpendicul airement
à la surface (Figure 4-20). La cro issa nce de ces fibres forme des Spécificités métaboliques des os dérivant
moignons de fa isceaux qui s'abo utent avec les fibres de Sharpey
des crêtes neurales
sec tionnées. À ce stade, 1' anc rage est res tauré. Des ostéoblastes se
positionnent a lors parallè lement à la surface de la lacune et déposent Au-de là de la spécificité de l'os alvéo laire, des caractéristiques
de la matrice qui enrobe les fibres de Sharpey. La minérali sation de propres aux os membranaires du squelette crâniofacial ont été iden-
cette matrice et de la périphérie des fa isceaux fi xe et renforce l'an- tifiées.
crage. La quantité d' os déposé dan s la lacun e est inférieure à ceLl e La comparaison d 'ostéoblastes d 'os frontal (o ri gine crêtes neu-
résorbée (Figure 4-21). C'est la so mm ation de ces pertes locali sées rales) et d 'os pariétal (origine mésenchymateuse) montre des dif-
qui va permettre le mouvement de la dent dan s so n alvéole. Ainsi, fére nces notables entre les deux populations. Les ostéob lastes fron-
sur la face en résorption, la balance osse use est négative. taux prolifèrent et s'attachent plus vite, forment plus de nodul es
.....
CHAPITRE 4- APPARE IL D'ANCRAGE 33
Figure 4-18 Coupe d'une racine de molaire Figure 4-21 Foyer d'apposition sur la face Figure 4-23 Cémentoblastes. Parodonte
de rat montrant le phénomène de migration en résorption de l'al véole (rat). Une ligne humain. Cellules aplaties et allongées paral-
physiologique. Le sens de la flèche indique la d'inversion marque la limite atteinte par la lèles à la surface de cément acellulaire. En
direction du mouvement. Sur la face en résorp- résorption (flèches). Une partie de la matrice arrière, d'autres cellules orientées identique-
tion (R) , des foyers de résorption - apposition déposée s'est minéralisée et un ostéocyte a ment pourraient être des précurseurs. Noter la
ouvrent le chemin à la racine. Sur la face en été piégé (astérisque). Les fibres de Sharpey présence à proximité de cellules épithéliales de
apposition (A), de l'os est déposé, maintenant (flèches pleines) sont ancrées dans le nouvel Malassez (astérisque).
constantes la balance osseuse et la largeur du os. L'apposition est décalée d'un bord de la
ligament. Deux injections d'un marqueur fluo- lacune à l'autre ; elle est terminée à l'une des
rescent objectivent l'amplitude du mouvement. extrémités (balise rouge) , débutante à l'autre
(balise verte). La quantité d'os formée est infé-
rieure à celle résorbée.
osseux que les ostéoblastes pariétau x. Il s s' organisent en co lon ies, L' ensemble de ces données montre q ue les cellules osseuses
suggérant qu e des interactions cellul es - cellules so nt cruciales pour co nservent l'emprein te de leur ori gi ne embryologique tout au long
leu r survie et leur croissa nce rapide. A u con traire, le comportement de la vie et influence nt leur environn ement de façon décis ive.
des cellules pariétales re fl éterait une ap titude plus faible à orga ni ser
rapidement leur cytosq ue lette et les mol éc ul es de leur matrice extra-
cellulaire [70]. Il est intéressa nt de constater que ces caractéristiq ues
des ostéoblastes fro ntaux, peu différenciés et très sensibles à leur
Cément
environnement, les rapprochent des << fibrob lastes >> li gamen taires.
Le céme nt, interface entre la dentine et le li gament parodontal, est
La tran splantation dans des plaies tibiales (enviro nne ment méso-
un ti ss u compac t re lat ivement fin recouvrant les racines. Sa fonction
dermique) de périoste mandibulaire, riche en préc urseurs issus des
principale est d 'ancrer les dents aux max ill aires. À la différence de
crêtes neural es, ind ui t le comblement des plaies par de l' os dont les
l' os, la présence de cellules au sein du ti ssu, les cémentocy tes, n'est
cellules exprim ent des marqueurs de crêtes neurales. À l' inverse, la
pas systématique. Le cément est cru·actérisé par un métabolisme bas,
greffe de péri oste tibial dans un e plaie mandibulaire forme peu d 'os
une absence de vascu lru-isation et d'innervation. Il ne co nti ent pas
mais beauco up de carti lage contenant des chonclrocytes d'o ri gine
d' espaces médullaires et ne se remodèl e pas .
tibi ale. Alors que les cellul es de périoste tibial exp riment Ho x a Il ,
les cellules dérivées des crêtes neurales ne l' exp rim ent pas . Placées
au co ntact de ce llules péri os tées Hoxa Jl-pos itives ou clans un site ..... COMPOSITION
osseux Hoxa Il -positi f, les cellules des c rêtes neurales adoptent le
phénotype Hoxal l. Cette plasticité n'existe pas chez les cellules La matri ce extrace llulaire du cément est très proche de celle de
mésodermiques qui co nse rvent leur statut gé niqu e Hox que l que so it l'os. E ll e es t co mposée de minéral , de coll agè ne, de protéines non
leur environnement [32]. co ll agéniques, de li pides et d ' eau . Des cristaux d'hydroxyapatite
La composition cie la matrice déposée par ces ostéoblastes d 'ori- de calc ium forment sa phase minérale. Le co ll agène de type I
gine membranaire est également différente. Les ostéoblastes mandi - co nstitue l a gra nde majorité des protéines de la matrice organiqu e
bu laires libèrent plus de BMP-3, 4, 7 et 8 [56] , de FGF-2, d ' IGF-II (90 %). D ' autres co ll agè nes so nt prése nts, comme les co ll agè nes
et cl'fGFBP4 [34] que des ostéoblastes d ' os long. La matrice d 'os de type Ul séc rété surtout lors de phénomène de réparation , et de
membranaire est moins minérali sée et contient plus de coll agène, type XII présent da ns le li gament parodontal. Comme pour l' os,
d' ostéoglycine (q ui intervient dans la fibrillogen èse elu co ll agè ne) les protéines non coll agéniqu es apparti enn ent aux quatre gro upes
q ue la matrice d 'os long. La so lubilité cie ce co llagène est plus impor- détaillés p lus haut : protéoglycanes (des SLRP comme decorin,
tante, et l' organi sati on spatiale de ses fibrilles (crosslink) est moins jibromodulin et Lumican) , glyco proté ines (ALP, osteonectin),
importante, ce qui a des conséq uences sur l'activité ostéoc lastique SIBLING (OPN, BSP, DMPI, DSPP) et protéines G ia (OC). Des
lors de la dégradation matri c ielle [63]. Alors que les ostéoc lastes lipides et des fac te urs de cro issance (TGF-~, BMP-2 , PDGF) so nt
d ' os longs utilise nt cathepsin K pour dégrader la matrice, ceux d 'os également présents dan s la matrice. Co mme dans la matri ce osse use,
membranaires utiliseraient cathepsin K mais surtou t des MMP [18] ces proté ines no n coll agén iques participent à l' organi sation et à la
et exprime nt plus fortement la phosphatase ac ide [46]. Des souris minérali sation de la matrice. La distribution et la proportion des
déficientes en Ae2, un écha ngeur d 'a nions ch lorure/bicarbonate qui différentes protéines non co ll agéniqu es varient entre les matrices
régule le pH intracellul aire, présentent une ostéopétrose au niveau osseuse et cé menta ire et entre les différents types de cément. Ai nsi,
des os longs. Cepend ant, la structure elu crâne de ces animaux et lumican et fibromoduline so nt plus présents dans le céme nt que
1'é ru ption de leurs dents so nt norm ales. Les ostéoclastes de leurs dans l'os [13]. Plusieurs protéines seraie nt spécifiques au cément.
os longs sont incapables cie résorber et présentent cie nombreuses Cementum-derived allachment protein (CAP) est un e protéine
anoma lies fo nctionnell es. Au contrai re, les ostéoclastes crâniens collagén ique impliquée dan s l'adhésion des cellules mésenchyma-
expriment un co-transpo rte ur sodium/bicarbonate (S ic4a4) supplé- teuses à la matrice, qui participerait à la différenciation des céme n-
mentaire dont la fonct ion est identiqu e à Ae2 [23]. Il n'est pas clair toblastes [49]. Cementum protein-1 (CEMP 1 o u CP-23), exprimée
si ces différences fonct ionnelles so nt dues à des particul arités des par les cémentob lastes et par ce rtain es cellul es elu li gament, pré-
ostéoclastes eux- mêmes ou si ell es sont induites par des environ- sente, com me CAP, un e hom ologie de séqu ence avec les collagènes
nements di fférents qui modifient leur comportement. L'o bservation de type I et X [2]. La matrice cémentai re co nti endrait auss i un fac-
que des os téoclas tes d'os membranaire cultivés sur des tranc hes d'os teur de cro issance spécifique proche d'IGF- 1, cementum-derived
long, et vice versa, conservent leur phénotype spécifique suggère growthfactor (CGF).
que les cellul es so nt différentes.
La moelle osseuse de l'os alvéo laire contient des cellules so uches
qui pro lifèrent plus, se différencient spontanément en ostéoblastes
..... LES DIFFÉRENTS TYPES DE CÉMENT
et produ isent plus d'os que des cellules souches de moell e iliaque,
Chez l' ho mme, il exis te plusieurs types de céments qui diffèrent
mais elles ont un potentie l moindre de différenciation en chond ro-
les un s des autres pa r leur locali sation, leur structure, leur vitesse de
cytes ou en ad ipocytes [1] . Alors que les cellules alvéo laires forment
fo rm ation et leur fonction [10].
des nodules osseux iso lés, les cellules iliaques fo rm ent cie l'os en
nappe. Ap rès impl antation in vivo , les cellules alvéo laires n' orga-
ni sent pas de moelle osseuse.
Cément acellulaire afibrillaire (CAA)
E nfin , alors que le systè me nerveux centra l régule le métabo- Ce cé men t, co mposé d ' un e matrice min éra li sée dépourvue de col-
li sme osseux via le sys tème sy mpathique ad rénergique, l' os alvéo- lagène, est déposé su r la dentin e radiculaire et ne participe pas à
laire es t rég ul é par des méd iateurs cholinergiques [6]. L' influence l' ancrage de la racine dans l'alvéo le. Il est locali sé à la partie la plus
des os téoblastes d ' os alvéo laires se mble déte rmin ante dans cette cervica le de la rac ine, à la jonction émail - cé ment et peut même
spéc ifici té. recouvrir une partie de l' émai l. L'orig ine des cellules qui assurent
CHAPITRE 4- APPAREIL D'ANCRAGE 35
sa form ation est incertaine. Il pourrait s'agir de cellules de la gaine au se in du CCFI, via l' ex press ion de mo léc ul es co mm e sclerostin
de Hertwig aya nt subi une tran sition épithé lio- mésenchymateuse. Sa e t Dkk-1 (rég ul ateurs négatifs de la voie Wnt) capables de co ntrô -
fonction es t inconnu e. le r la form ation de ti ssu en surface [22]. Le re mode lage du CCFI
res te très limité.
Cément acellulaire à fibre extrinsèque (CAFE) Les fibres de co llagène que les cé mentoblastes fabriquent clans le
CCFI so nt également incorporées à la dentine au cours de sa miné-
Co mposant essentie l du système d ' attache, le CAFE permet l' an- rali sati on, mai s à la différen ce du CAFE, l' appos ition rapide de
crage des fibres du ligament dan s la rac ine. Il couvre les deux ti ers matri ce ne perm et pas un e organi sati on unidirectionnelle des fibres
cervicaux de la rac ine et parfois toute la hauteur radi culaire de cer- perpendiculairement à la rac ine. En conséqu ence, l' aboutement
taines dents (incisives et canines). avec les fibres du liga ment ne se fait pas. Les fibres de coll agèn e
Le CAFE, également appe lé cément primaire, est formé avant la so nt déposées parall èlement à la surface de la dent et sont qu alifiées
mise en fonction de la dent. Sa formation est lente (0,005 à O,OlJlm/ d ' intrinsèques. La di stribution des proté ines non coll agéniques dans
jour) ; elle est assurée par les cémentob lastes (Figure 4-23). Lors de le CCFI est très proc he de celle de l'os.
l'édifi cation de la rac ine, la gaine de Hertwig contrôle l'apposition La vitesse de formation du CCFI peut décroître, permettant
de dentine radiculaire. Lorsqu 'elle se fragmente, les cellules fo llicu- alors l' intég ration de fa iscea ux de fibres du lj ga ment au cément
laires les plus proches de la gaine entrent en contact avec la dentin e et stoppant l' inc lus ion de cellul es. Le cé ment prése nte alors une
et se différenci ent en cé mentoblastes qui présentent des carac tères alternance de co uches cellul aires et ace llul aires, avec des fibres
morph ologiques de fibroblastes (voir supra). La dentine radiculaire intrinsèqu es ou ex trinsèques et est appe lé cé ment cellula ire stratifi é
n'est pas minéralisée à ce stade, des prolongements cellulaires des mi xte (CCSM) .
cémentoblastes y pénètrent et sécrètent des fibres de collagène. La CCFI et CCSM sont prése nts au tiers ap ical des rac ines, au niveau
dentine es t minérali sée dans un deu xième tem ps, ass urant un ancrage des furcati ons, parfo is à l' apex , au ni vea u de traits de ti·acture ou
optimal dans la racine à ces fibre s cémentaires. Les cémentoblastes de zo nes de résorption radiculaire. À l'apex, la présence de cément
sécrètent aussi une matri ce, immédiatement min érali sée, les cellules ace llul aire à fibre intrinsèque a été rapportée. Ces céments per-
recul ant tout en restant à la surface du tiss u. Aucun cémentoblaste mettent par rég ul ation de leur apposition de maintenir la dent dans
n' es t incorporé dans la matrice, form ant ainsi un ti ss u acellulaire. le pl an d ' occlusion et de réparer la rac ine si besoin .
Ce type de cément ne prése nte pas de cémentoïcle superfi ciel non
rninérali sé. Au sein du CAFE, des lignes cé mentantes parallèles à
la surface de la racine, indicatrices de phases d ' arrêt de la forma- ~ PHÉNOTYPE($) DES CÉMENTOBLASTES
tion cé mentaire, témoi gnent d ' une appositi on épisodique en réponse
à des signau x permettant l'adaptation de l' appareil d 'ancrage. En La spécificité des cémentoblastes par rapport aux ostéoblastes
effet, la direction des fibres de Sharpey vari e légèrement entre alvéo laires reste incertaine. Les données obtenues in vitro suggèrent
chaque couche. que les deux types cellul aires seraient di stincts. La con tribution de
Le collagène sécrété par les cémentoblastes s'organi se en fibres facteurs de tran sc ription comme Runx2 et Osteri x, deu x acteurs
perpendi cul aires à la surface de la rac ine. Ces fibres forment des majeurs de l' ostéoblastogenèse, dans leur différenciati on pourrait
faiscea ux qui joignent et prolonge nt les fai sceaux elu li ga ment, être différente [ 12, 73]. Cémentoblastes et ostéoblastes répondent
fibres qu alifiées d 'extrinsèqu es . Les proté ines non co ll agé niques auss i diffé remm ent à certains liga nds co mme Wnt [43]. La com-
de la matrice co mbl ent les espaces entre les faiscea ux. La matrice parai so n globale du profil d 'ex pressio n génique de cémentoblas tes
du CAFE serait rich e en BSP et en OPN, pauvre en OC et dépo ur- et d'ostéoblastes d 'os alvéolaire révèle des différences importantes
vue de DSP (dentin sialoprotein). La di stribution de decorin, lumi- intéressa nt de nombre uses voies de signalisation [17 , 29] et plu-
can et ve rsican serait différente des autres types de cé ment et de sieurs protéines pourraient être spécifiquement ex primées par les
l' os. cémentoblastes (voir plus haut). Par rapport aux << fibroblastes >>
ligamentaires, les cémentoblastes et les ostéoblastes so nt de plus
Cément cellulaire à fibre intrinsèque (CCFI) grande taille, mais la morphologie de leur noyau diffère par certains
aspec ts. Comparés aux ostéoblastes, les cémentoblastes ont une
Lorsqu e la dent entre en fonction , l'édifica tion radi c ul aire se exp ression génique globalement réduite et une signature géniqu e
termin e et l' apex se ferme. Un deu xième type de cé ment se forme spéc ifique [17].
alors (céme nt secondaire) pour répondre aux co ntra intes méca- Cémentoblastes et ostéoblastes diffèrent égale ment dans leur
niqu es qui s'exercent sur la racine . La formation du CCFI, ti ss u capacité à promouvoir l'ostéoclastogenèse, même si in vitro les deu x
très proc he de l'os, est rapide (plus de 30 fois cell e du CAFE chez types cellulaires so nt capables de synthéti ser RANKL et OPG et que
le singe). les cé mentobl astes répo ndent à PTHrP et PGE2 en diminuant leur
Des cé me ntoblastes dépose nt un cémentoïcle qu'ils miné ra- sy nthèse d ' OPG, comm e les ostéoblastes .
li se nt. Ces cellules de for me cuboïdale ont un phénoty pe très
proche de celui de l'ostéobl as te. Comme lors de la fo rm at ion
osse use, des cémentoblastes so nt inclus dan s la matri ce et se ~ HOMÉOSTASIE DU CÉMENT
tran sfo rm e nt en cémentocy tes (Figure 4-24). Cependant, la cel-
lularité elu CCFI es t infé ri e ure à celle de l'os et de no mbreuses Le remaniement cémentaire, ex trê mement limité, peut intervenir
lacun es so nt vides dans ses couches les plu s profondes. L'absence lorsq ue des modifi cations importantes des contraintes occlusales
de vasc ul ari sation pourrait ex pliquer la difficulté à mainte nir des (so us- ou surocclusion) ou mécaniques (traüement orthodontique)
cellul es vivantes dan s ces lacun es. Comme les ostéocy tes , les se produisent. La réso rption qui intéresse généralement le cément
cémentocy tes prése nte nt des prolongeme nts cellulaires qui le ur ce llulaire au njveau apical est sui vie d ' une phase d ' apposition. Le
perm ette nt de communiquer entre eux e t avec les cellules pré- cé ment cellulaire est aussi le plus sensible aux vari ations systé-
se ntes e n surface. Il s pourraient j ouer un rôle de méca nose nse urs miqu es hormonales et de facteurs de croi ssance [52].
36 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAU X
Le céme nt, en parti culi e r le CAFE, es t spéc ia le me nt se nsibl e a ux per à l'adaptatio n de l' a nc rage par le dépô t d ' une co uc he de céme nt,
var iati o ns loca les d u ta ux de phos ph ate , et plus g lo ba le me nt a ux ce llul aire o u acellul a ire, au ni vea u de laque ll e l' inser tio n des fi bres
perturbat ions de la mi né ra li sati on. Ainsi , l' hypop hosp haté rni e des de Sharpey est mod ifi ée po ur restaure r la directio n fo ncti o nne ll e des
so uris présenta nt une mutati o n des gènes Phex o u DM P1 e ntraîne fi bres de S harpey. C'est a lo rs la couc he céme ntaire la plu s périphé-
un e réd uctio n de l'épaisseur du CAFE [1 9, 7 1]. L' a bse nce c hez la rique qui est la co uc he fo ncti o nn elle.
sou ri s o u l' ho mm e d ' ALP, un e e nzy me c lé de la miné ra li satio n qui E n cas de contra inte méca ni q ue dépassa nt les capacités d 'adap-
co nvertit le pyrophosphate e n phosp hate, provoq ue une absence tatio n elu systè me (par exe mpl e fo rces excess ives lo rs du traite me nt
de CAFE [7 , 62] , avec de g raves co nséqu e nces s ur l'a ncrage des o rthodontiqu e), des résorptio ns radi c ulaires peuvent se produire,
de nts. À l' inverse, une défic ie nce e n pyrop hos ph ate chez les souri s souvent da ns la rég io n api cale, peut-être pour protéger la vascul ari-
déficientes po ur ANK o u N PPl co nduit à un e aug me ntati o n de sati o n et préve nir la mo rt pulpa ire.
l'épaisse ur de CAFE [20]. E nfi n, e n l'absence de MG P, la de ntin e
rad icul ai re et le céme nt cellul a ire sont prése nts ma is no n min é ra- Implications cliniques
li sés, et le CAFE est absent [24]. L' atte inte do min a nte du CAFE
po urra it s' expliquer par l' une de ses caractéristi ques, l'abse nce de • L'a p p are il d'a ncrage est co nstitué d' un e nsem b le p h y-
dépô t d ' une co uche ma tri cie ll e précéda nt la minéra li sati o n, co mme sio logiq ue de tissus (liga m e nt p arodontal. os a lvéola ire,
cela se prod ui t po ur l'os, la de ntin e o u le cé me nt cellul aire [20] . cém e nt) q ui interagissent constam m e nt lo rs de son
d évelo p pe m e nt e t d e so n ho m éostasie, ma is aussi lors
des m a ladies parodonta les.
• La com p ré he nsio n des m éca nism es m o léc ula ires q ui
Adaptation globale de l'appareil gouverne nt ces int e ractions, spécifiques o u no n a u
parodonte, est in d isp e nsa ble pour a na lyse r co rrect e -
d'ancrage aux contraintes m e nt les m odificatio ns q ui inte rvie nne nt lors d es ma la-
mécaniques dies parodontales, e t pour e nvisager des a p proches
ra ti o nn e ll es de régé né ra ti o n p arodonta le e t de no u-
La mas tication induit la mi se e n charge cyc liqu e des dents pen- veau x o utils d iagnostiques e t stra tég ies thérapeutiq ues.
dant des te mps courts. Les fo rces déve loppées au co urs du bru xisme
sont plus longues et plus impo rtantes. Le mo uveme nt vertical des
dents mandibul aires et la rés istance o pposée par les de nts max il-
laires engendre nt des fo rces de co mpressio n. Les mouveme nts ma n- POUR EN SAVOIR PLUS
d ibul aires hori zontaux induise nt des fo rces latérales. Les co ntra in tes
- Sur le ligament :
appliquées sont donc complexes et do ivent s'e nvisager clans les tro is Bartold PM . Bone and tooth interface : peri odontal li gament. ln :
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de zo nes de rétréc isseme nt elu li ga ment, entre autres au ni veau de la
furcation des mo laires . Il e n résul tera it une co mpress io n elu ligame nt
et une restricti o n des mouveme nts dans certa ines directio ns de la BIBLIOGRAPHIE
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CHAPITRE 4- APPARE IL D'ANCRAGE 37
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-
Innervation et microcirculation
parodontale
Yves Boucher, Adeline Braud
• L'innervation parodontale joue un d ouble rôle, sensitif et La plupart des axones innervant le des modonte pénètrent la par-
défensif. ti e ap icale à prox imité des va isseaux sanguins ; les autres entrent
• Le d esmodo nte jo ue un rôle cl é dans l' analyse d es par les fo ramin a latérau x de l'os al véo laire [1 8]. Les structures neu-
forces occlusales (innervation) et leur amortissement rovascul aires du li gament parodontal (LPD) et de l' os alvéolaire
(va scularisation). communiquent et forment un réseau entrant et so rtant de di gitati ons
interconnectées [20]. D e faço n sché matiqu e, la parti e apicale du des-
• L'innervation d esmod o nta le est complexe et plastique,
modonte est la plus innervée, avec une innervati on plus dense à la
issue du gang lio n trigéminal et du noyau mésencépha-
lique d u trijumeau. parti e périphérique, en regard de l'os a lvéolaire [Il ] (Figure 5-l ).
Le cément n'est pas innervé. La di stributi on et la morpho logie des
• La mic rocirc ulation parodonta le fo rme un réseau d ense
termin aisons des modontales peuvent être modifi ées en fo ncti on des
et anastomé avec des spécific ités to pographiq ues.
co nditi ons phys iologiques ou pathologiques (traum ati smes occ lu-
saux, mouve ments orth odontiques, etc.) [15].
~
Les neurones Cet Ao sont responsab les de la sens ibilité thermique
v L et nociceptive incluant une certa ine chémoréception. Certai ns ne
0
0 sont sensibles qu ' à un type de stimulu s, mais la plupart sont poly-
modaux. Ils jouent en outre un rôle trophique au nivea u des tissu s
D périphériques, grâce à leur propri été de neuro-effection, c'es t- à-d ire
de libérati on de molécul es bioactives dans le milieu ex tracellulaire.
Ce phénomène dit de t#lexe d'axone aboutit à la libération de
neuropeptides (SP, CGRP) qui participent aux phénomènes infl am-
c mato ires tels qu 'augmentation du flux sanguin, extravasation pl as-
GT% Mes% matique, activation des ce llules du système immunitaire et mobi-
lisation/régul ation de nombreuses autres ce llules impliquées dans
3 Cercical 0
les processus de défense/réparation (mastocytes , ly mphocytes,
28 Mi-cervical 0
macroph ages, fibroblastes). On observe par exemple lors de dépla-
43 Médian 7
ce ments orth odontiques une up-régulation des neuropep tid es SP,
21 Mi-apica l 28
5 Apical 65 CGRP et GAL dans le desmodonte, mai s éga lement dans la pulpe,
indiquant un rôle actif de ces neuropeptid es dans l ' infl ammati on
induite. Les récepteurs à SP (NKl) et autres neuropeptides (NKA,
Figure 5·1 Représentation schématique de l'innervation sen- CGRP) ont été identifi és sur les va i sseaux sanguin s, m ai s également
sitive et autonome du parodonte de la canine mandibulaire. sur d'autres ce llules comme les fibroblastes et les cellules des tis-
a) Récepteurs de Ruffini desmodontaux. Les digitations sont arbo- sus durs [8]. Ils peuvent égal ement réguler l ' ex pression des facteurs
risées entre les fibres collagènes du desmodonte. b) Densité des de croi ssance angiogéniques par les fibroblastes et participent donc
mécanorécepteurs dans le plan transverse. Elle est plus importante
aux phénomènes inflammatoires et au remodelage ti ssulaire subsé-
dans le secteur mésiovestibulaire, à la partie externe du ligament.
c) Distribution des récepteurs sensitifs selon l'axe transversal et quent. Une innervation CGRP a auss i été démontrée à prox imité des
selon l'origine anatomique, noyau mésencéphalique (Mes) ou gan- restes épithéliaux de Malassez, suggérant un rôle dans l 'éd ification
glion trigéminal (GT). radi culaire.
CST
Mes
Pr
Sp
Fibres parasympathiques
Fibres orthosympathiques
Figure 5·2 Les corps cellulaires des neurones trigéminaux innervant le parodonte sont situés dans le noyau mésencéphalique du V
(Mes) et dans le ganglion trigéminal (GT). Les fibres myélinisées et amyéliniques périphériques se rejoignent dans le nerf alvéolaire inférieur
(NAI). Les terminaisons centrales des neurones situés dans le GT sont situées dans le noyau principal (Pr) et spinal (Sp) du complexe sensitif
trigéminal (CST) .
-
CHAPITRE 5- INNERVATION ET MICROCIRCULATION PARODONTALE 41
sés ê tre les mécanoréccpteurs d 'étire me nt à adaptation le nte (SA Il) des informations péri phériques, les informations clcs moùo ntales
décrits chez l'<mimall 3, 191. pe u vent néanmoins module r ces cycles [28]. Ainsi, la désaffé-
- Awres récepteurs : les autres afférenccs parodontales ont des renlation paroclontalc expérimentale entraîne des altérations à la
courbes stimulus-ré ponse presque linéaires, c'est-il-elire que les fo is de la fo rce de mastication e t de forme des cycles e t, donc,
récepteu rs non saturants codent efflcacement des c hangements sta- une alté ratio n de la coordina tion masticat rice. La grande sensibi-
tiques pour des forces i mportantcs. Comme pour les récepteurs satu- lité des récepte urs parodo ntaux aux forces faibles leur pe rmet de
rants, la sensibilité dynamique des affé rences non saturantes re fl è te code r les change me nts temporels dans la forc e de mastication lors
le ur sensibilité statique. Il est poss ible que les terminaisons lamel- de la phase de contac t occlusal des cyc les masticato ires, ce qui
laires soient les mécano réccpte urs rapide me nt adaptables ide ntifiés perme t d ' apprécie r la texture des alime nts c t de pré parer les cycles
c hez l'animal et corresponden t aux affércnccs non saturantes [ 111. sui vants. Il a é té mo ntré que l'activité musculaire supplémentaire
(AMS) nécessa ire po ur dépasser la résistance de la nou rri ture lors
Implications fonctionnelles de la phase de puissance est paramétrée à l'avance sur la base des
>- Dents antérieures versus dent~ postérieures informations parodo ntales et musculai res o bte nues lors du cycle
Les de nts a nté rieures sont plus sens ibles dans les diffé re ntes direc- masticatoire précéde nt [23]. De plus, les récepteurs parodo nt.aux
tions de l'espace el détectent des forces plus faibles que les dents contribuent 11 la vitesse d 'accumulati on de la force masticatoire.
posté rieures (< 1 N versus 4 N) ainsi que des variations de forces Pa r conséque nt, les actions motrices manducatrices s'adaptent
plus faibles ou l' interpos ilion d' objets très fin s fl 2l. Cela traduit clairement à l'évolution des pro priétés mécaniques du bol alime n-
le urs rôles physiologiq ues di ffé renls. Les incisives cl can ines pc r- taire lors de la mastication naturelle, ce qui n'est pas le cas c hez
mc tte nl de sais ir et couper très préciséme nt des objets ou aliments les patie nts porte urs de prothèses impla ntoportécs qui semblent
el reçoivent des forces dans toutes les directions de l'espace, alors mâcher avec le mê me patron d 'activité muscu laire pendant to ute la
que les molaires sont sollicitées po ur écraser e t broye r les aliments séquence mas ticatoi re, vraisemblable me nt du fait de l'absence de
lors de la phase fina le du cycle masticatoire - où les forces sont récepteurs parodontaux.
principale me nt appliquées en direction di stale-linguale-verticale au
niveau des mo laires inférieures. Cette observation est corroborée par
les travaux de Svensson c t Trulsson f25 , 261 qui montrent d'une part .... INNERVATION GINGIVALE
que les sujets ne serre nt pas de la mê me façon s' ils veule nl teni r
un a lime nt e mre les dents ou s' ils veulent le fragme nter, e t d 'autre
Innervation somesthésique
part que si le parodonte est anesthésié, les forces développées po ur Description
maintenir un alime nt aug me nte nt ct varient plus, c t les alime nts
La couche sous-muqueuse contie nt un plexus de nse de fibres
échappent souvent au contrô le intcrincisif (observati ons égale me nt
nerve uses princ ipale me nt o rientées parallè le ment à la surface é pi-
valables c hez les suje ts dé pourvus de récepteurs dcsmodontaux,
thé liale. Des fibres s'en détache nt pour e ntrer dans l' épithélium
c'est-il-dire les porteurs de prothèse à appui muque ux ou implan-
ou former des struc tures spécialisées dans la papille dermique. La
taire). Les récepteurs parodontaux antérieurs sont donc utilisés dans
plupart des fibres sc termine nt sous forme de terminaisons libres
le ur gamme de sens ibilité maximale pour e ffec tue r les tâches déli-
da ns la lamina propria f24, 291. Quatre types de récepte urs o nt été
cates de positionne ment/préhe ns ion des ali me nts ne requérant pas
o bservés :
de force, mais de la précision.
1) des terminaisons libres : issues du plexus sous-gingival, elles
>- Taille et texture des aliments coure nt pour une dista nce variable sous la couc he basa le, puis
La sens ibi lité dynamique des afférences parodontales es t parti- bifurque nt pour péné trer dans l'épithélium. On observe une a rbori-
c uliè re ment inté ressante si l'on cons idè re que, lors du cycle masti- sation importante dans l'épithé liumjonctionnel, su lculairc et c rest al.
catoire, les dents sont souvent soumises à des forces d ' intens ité Ramieri e t al. [24.1 n'observent pas de distribution préférentielle de
croissant progressivement. La capaci té à dé tecter des variations de ces terminaisons qui sont re ncontrées à la fo is dans la genc ive aua-
force pe rme ttra alors de dé tecter des variat ions de texture, c t clo ne c hée el la muque use, mais Bycrs et Holla ncl ( 1977) [41 o bservent
de fournir une rétroaction sensitive sur la pré paralion du bol alime n- que la gencive libre est plus densément innervée que la genc ive
taire ou la présence d ' une partic ule dure qui risque rait d 'endomma- attachée ;
ger les de nts (noyaux, coquilles, cailloux, e tc.). La détermina tion 2) des corpuscules de Mc rkcl : ils sont globale me nt peu nom-
de l'épaisseur d'un objet interposé e ntre les de nts ne dé pe nd cepen- bre ux, sauf clans la gencive attac hée el la muqueuse pala tine, où ils
da nt pas que des récepte urs parodontaux, mai s aussi des récepteu rs sont groupés en amas d ' une dizaine de cellules comme dans la peau.
artic ulaires et musculaires. En effe t, l' anesthésie du parodonte aug- Le nombre de ces groupe ments est plus é levé a u ni veau molaire ;
me nte considérableme nt le seuil de détection des petits objets. En 3) des corpuscules il structure lame llaire de Meissner (constitués
revanche, lorsque l'objet est plu s volumineux, l'anes thésie paro- de fibres ne rveuses e nrou lées régulièreme nt à la surface des papilles
do ntale mod ifie pe u l'appréciation de l'épaisseur. De même, des de rmiques) : ils sont présents dans la muque use buccale en fa ible
suje ts de ntés ou éde ntés perçoivent de façon s imilaire l'épaisseur nombre, mais jamais dans la gencive marginale ;
d 'obj e ts de 2 à 5 mm, cc qui montre que d 'autres récepte urs situés 4) des corpuscules enroulés simples : ils sont présents da ns la
dans les musc les mas ticateurs e t l' ATM prédomi ne nt dans ccue muqueuse buccale ct la gencive attachée. Leur appare nce est d if-
s ituation [ 12 1. fërente des corpuscules de Meissnc r, ca r ils sont moins e nroulés,
moins régulie rs. Il s sc présentent e n général perpendiculaire ment à
Contrôle des activités orales motrices - cycle la surface épithé liale.
masticatoire
Les corps cellulaires de ces ne urones sensitifs sont situés dans le
L' innervation des modontalc pe rme t égale me nt d ' influencer la gang lion trigém inal. Un peu plus de la moitié des neurones gingi-
fonc tion motrice. Si les c ycles masticate urs sont générés par un vaux contie nnent les neuropept ides SP e t CG RP qui sont up-régulés
réseau de neurones localisé dans le tronc céré bral indé pendamment dans le parodonte pro fo nd ct superficiel en cas d ' inflammalion 113].
-
CHAPITRE 5- INNERVATION ET MICROCIRCULATION PARODONTALE 43
Fonction
Système nerveux sensitif
Mécanosensations
Des neurones trigé m ina ux ré ponda nt à des stimulations méca-
Canal - --1:.-1-lbAI
niques e t therm iques après sti mulation osseuse, apparte na nt à la de Volkmann
gamme des libres Ad et C, o nt é té e nregistrés [101, ce qui laisse
supposer que l'os alvéolaire contie nt des term inaisons ne rveuses
mécanosc ns ibles.
Rôle mé tabolique
O utre leur rô le classiq ue clans la détec tion the rmoalgique, les
l'i bres ne rve uses se nsitives partic ipe nt a u contrôle du re mode lage
osseux via l' action bio logique des neurotransmette urs sécrétés. Le Artè re
dentaire intraseptale
g lutamate d 'origine ne rveuse pa rticipe aux phénomè nes d ' apposi-
tio n - résorption el de contrô le de la d iffé renc iation des précurseurs Figure 5 ·3 Représentation schématique de l'apport artériel
ostéoclastiques. L e rôle des ne uropeptides (SP, CGR P, e tc .) est com- parodontal. Le réseau vascula ire de s modontal communique avec
plexe et contradicto ire selon les é tudes. celui de l'os alvéolaire via les canaux de Volkmann.
44 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAUX
adossés à l 'os ; 3) l es artères dentaires qui laissent des collatérales retrouve ln même structure globale à deux couches pour les di fférentes
avant d 'entrer dans la pul pe à la région apicale. dents mais, au niveau molaire, le réseau vasculai re du Liers apical a
Les vaisseaux entourent les faisceaux de fibres collagène paro- une forme elliptique verticale plus longue que pour les autres régions.
dontales reliant l ' os au cément en formant à l'échelle de l ' alvéole
un réseau en mailles polygonales, le diamètre indi viduel de celles-ci
Fonction
correspondant à celui des faisceaux fibrillaires qu'elles entourent.
L es deux slructures sont donc intimement liées ct changent de Le desmodontc fonctionne comme un absorbeur de chocs vis-à-
morphologie ensemble : à court terme lors des mouvements den- vis des forces occl usales grâce aux li bres, mais aussi grâce au réseau
laires dans l ' al véole el à long terme lors de changements structurels vasculaire qui se comporte comme un amortisseur hydraulique [201.
inOammatoires ou traumatiques. Le desmodontc comprimé envoie le sang de la couche veineuse dans
Le réseau capillaire du desmodonte présente des variations topo- l 'os al véolaire voisin avec une rési stance qui amortit les forces un
graphiques (Figure 5-4). On observe au niveau cervica l une région de peu à l a manière d' un piston de seringue. Celle fonction est sup-
transi tion où le réseau vasculaire du desmodonte n'est pas adossé à portée par le fait qu ' il y a peu de valvules veineuses dans l ' os pour
un mur osseux ct s' anastomose avec l'épithélium sulculairc de jonc- prévenir le reflux sanguin. Cela permet un retour du sang dans le
tion et l e réseau vasculaire gingival. Le long de la racine, le réseau desmodonte une fois les forces levées. De plus, le tramage du réseau
vasculaire présente une forme typique de maillage polygonal à vasculaire du desmoclontc dans la rég ion apicale présente une orga-
structure bi laminaire. L a première couche est constituée par les arté- nisation un peu di fférente au niveau des molaires o[r s'exercent les
rioles entrantes issues des canaux de Volkmann ct les précapillaircs forces les plus importantes : il présente des mailles plus elliptiques
qui courent en direction des dents pour former un réseau capillaire et le réseau capillaire de la première couche a des capillaires artériels
adjacent au cément. La deuxième est constituée par des capillaires ct veineux plus proches et plus nnastomosés.
veineux issus du réseau de la première couche qui convergent pour
former des veinules post-capillaires courant en sens inverse le long
du mur al véolaire et devenant un réseau veineux plus diffus constitué .... VASCULARISATION GINGIVALE
principalement de vaisseaux d'environ 50 à 100 ~-tm de diamètre. A u
niveau apical, le réseau vasculaire du ligament entoure la périphérie Organisation morphostructurale
de la région apicale et les vaisseaux des modontaux s' anastomosent Ln vascularisation gingivale est issue elle aussi de trois sources
avec ceux de l' os alvéolaire à travers les canaux de Yolkmann. On différentes anastomosées : du septum interdcnta ire, du ligament
Épithélium sulculaire
Épithélium jonctionnel
• RV en glomérules
• RV en mailles fines
• Capillaires fenestrés
• Nombreux leucocytes
Desmodonte
• RV bilaminaire
• En forme de filet
• À mailles polygonales
• De taille variable selon le site
Figure 5 ·4 Architecture macroscopique et microscopique du réseau vasculaire microcirculatoire (RV) gingival et desmodontal. Chaque
insert illustre les spécificités topographiques du RV.
CHAPITRE 5- INNERVATION ET MICROCIRCULATION PARODONTALE 45
parodontal, et des tissus conjonctifs cl périostés, ces derniers consti- type squameux pluristratilié. Les phénomènes d'exsudati on de fluide
want l'apport principal. Les branches arté rielles courent parallè- gingival sulculaire et de perméation des leucocytes ont lieu dans les
leme nt à l'axe des dents ct à la surface gingivale dans la couche capilla ires veineux oules vei nules 1141. De plus, le réseau vasculaire
sous-muqueuse dans les zones é paisses, ou dans la lamina propria de l'épithéliwn sulculai re comme de l'épithélium de jonction esl très
dans les zones fines. Elles se subdivi sem e nsuite en artérioles qui important pour les phénomènes de défense inflammatoires.
s'anastomosent dans la lamina propria avec les vaisseaux adjacents
puis s' organisent en réseau dense de capillaires interconnectés dont Remodelage inflammatoire
la forme dépend du site considéré.
La présence de plaque et 1'exposition à ses bactéries entraînent une
- Au niveau de la gencive auachée, chaque papille conjonctive de
réaction inflammatoire dans les tissus voisins. Les unités capillaires
la lamina propria contient une ou plusieurs boucles capillaires ter-
dans la gencive crestale sont parmi les premiers vaisseaux affectés.
minales, comprenant des branches artérie lles te rminales ascendantes
Ces changements sc tradui sent par des modifications cytomorpho-
se prolongeant par des capill aires veineux sc subdivisant ensuite en
logiq ues qui s'étendent avec la sévérité de l'exposition j usqu 'à ce
veinules descendantes environ deux fois plus nombreuses que les
que l'ensemble du lit vasculaire soi t affecté. Parmi les changements,
artérioles.
on peut noter [301 :
- Au niveau du sulcus, le plexus vasculaire gingival peul être
- l'expansion de la microvascu lature e n raison d' une augmenta-
délimité en deux zones 1201 :
tion elu diamètre vasculaire el de la tortuos ité. L'établi sseme nt de
• l'épithé lium sulculairc : C'est un réseau capi llaire e n form e de
boucles capillaires est caractéristique de la muqueuse enlla mméc.
glomérules rénaux ;
De nombreuses substances (telles que VEGF [vascular elldothelial
• l'épithé lium de jonction : c'est un réseau architecturalcmc nttrès
grmvth factorl, NO [monoxyde d' azote!, CGR P) peuvent modifier
différent du précédent, bien délimité par rapport au réseau desmo-
le flu x sanguin et la structure du réseau, particulièrement lors d' une
dontal. Ce plexus a l'aspect d' un fi let f1 mailles fines riche en anasto-
inflammation ;
moses et constitué princ ipalement de veinules post-capillaires de 7
- la transformati on des cellules endothéliales des veinules capil-
à 40 11111 de diamètre.
laires en " high elldothelial cel/s » (cellules endothél iales hautes)
Le réseau veineux tend à suivre le réseau arté riolaire, mais les vais-
qui sont des cellules à activité sécrétoire, notamme nt de cytokines
seaux sont plus nombreux ct moins organisés 1221. Le versant veineux
inflammatoires, susceptibles de jouer un rôle de coordination entre
des capillaires se collecte dans des vei nules post-capillaires proches
les aspects systémiques ct locaux des inflammations ;
du bord marginal à mi-chemin entre les aspects buccal ct su leu lai re de - la formation de matériau hyalin périvasculaire et l' accumula-
la gencive li bre. Les capillaires veineux et les veinules post-capillai res
I ion de restes de membrane basale.
s'anastomoscnL fréquemment en plans parallèles aux surfaces à la fois
La transformation de la gingivite en parodontite n'est pas e ncore
buccales et orales gingivales. Ils formclll finalement de petites vei- bien comprise. Le fai t que les poches évoluent par accès indique
nules dans la gencive apicale libre, souvent à proximité des artérioles. qu ' il ne s' agit pas d' un phénomène systé mique, mais d' un phéno-
Le nombre des veinules est plus important que celui des artérioles. mène tissulaire local de déséquilibre emre les agresseurs microbiens
Les veinules se prolongent dans les lits vascu laires du dcsmodonle et les dé fenses de l' hôte. Les défauts de la fonction PMN (poly-
et de la muqueuse orale. Les veinules dans la muqueuse alvéolaire morphonucléaircs) sont com muns à pratiquement toutes les formes
s'anastomosent pour former de petites veines courant le long du sul- de parodontile à progression rapide, mais absents dans les formes
eus vesti bul:lire. De nombreuses anastomoses existent dans le systè me de parutlontite chronique adu lte 191. Il est clone possible que des
veineux toul autour de la tient ainsi qu'emre les réseaux veine ux des défauts localisés de la fonction neutrophile soient responsables de la
dents adjacentes. Ce réseau vasculaire est drai né par des vaisseaux c roissance des poches c hez les patients à parodontitc chronique. Les
gingivaux plus gros qui sc drainent fin alement dans la veine faciale. Il changements vasculai res peuvent faciliter ou inhiber cette fonction,
ex iste de nombreuses constrictions ct val ves vei neuses dans cc réseau. avec pour résultat de prévenir ou favoriser l'apparition des paro-
dontitcs. Les << cellu les e ndothéliales hautes » dans la parodontite
Fonction sont impliquées plutôt dans la migration des polynuc léaires plutôt
D' un point de vue fonctionne l, la muqueuse gingivale forme une que lymphocytaire, comme c'est le cas dans d' autres tissus. Le déve-
barrière très vascularisée qui peut sc réparer très vite en cas de trau- loppeme nt des cellules endothélia les hautes semble protéger vis-à-
matisme. L'épithéli um sulc ulaire ct surtout jonctionnel joue un rôle vis de la paroclontitc e n augme ntant l' apport en facteurs défensifs
particulier dans la dynamique défensive vis-à-vis des bactéries de plasmatiques e t en polynucléaires aux tissus. Les changements vas-
la plaque dcnLaire. Les cellules endothéliales du plexus vasculaire culaires qui peuvent s'y opposer c t promouvoir la parodontite sont
sous-épithélial sont très proches des irritants bactériens de la plaque. la fo rmation de matériau hyalin périvasculairc el l' accumulation de
Souve nt, l'endothélium ct le sang c irculant ne sont séparés de la restes de membrane basale. Le turn-over inadéquat des tissus que
plaque ct de ses toxines que par une ou deux cellules épithéli ales et représente cette accumulation de produi ts vasculaires peut être com-
une très faible épaisseur de matrice extracellulaire. La moitié envi- pris comme une réponse vasculaire à l' inflammation chronique qui
ron des capi llaires de l'épithélium de jonction sont de type fenêtré, n'a pas réussi à é liminer l'i rritant [301.
typique des tissus à échanges de substances à travers les porcs des
murs vasculaires. Le fluide sulculairc exsudé de ces vaisseaux situés .... LYMPHATIQUES
directement sous la surface de l'épithé liu m de j onction traverse
l'épithélium ct s'écoule dans l' alvéole (fluide gingival). Cc méca- Outre le réseau vasculaire artério-capillo-veineux, la gencive et le
nisme assure l'action autoncuoyantc de la gencive qui protège contre desmodontc contiennent des vaisseaux lymphatiques. Ceux du liga-
les corps étrange rs paù1ogèncs. De plus, de nombreux le ucocytes ment se drainelll principale ment dans l'os al véolaire, sauf dans la
migrent du réseau vascula ire sous-épithélial vers l'épithélium puis partie coronaire OLI certains sc drainent dans l'épithélium su leu laire.
l' alvéole 1301. Ces leucocytes sont toujours observés, quel que soit Dans le sulcus, le nombre de lymphatiques est plus importan t, ce qui
le statut inflammatoire/sai n, clans l'épithélium de jonction qui est de re flète sans doute sa spécialité fonctionne lle, et notamment la pro-
46 PARTIE 1 - LES TISSUS PARODONTAUX
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•
Les tissus
péri-implantaires
Direction scientifique : Philippe Bouchard
l'os alvéolaire subissait une résorption après avul s ion de ntaire. Les
Points clés constats s uivants o nt été établis 15, 6 , 15, 16 , 2 1] :
• La c ic a trisation de l'alvéole implique une succession - les diminutions de la ha uteur et de la largeur erestalcs varient
d 'événements de la formation du c a illot sa nguin, son selon les individus ;
remplacement par une matrice provisoire, la formation - la résorption est pl us import ante sur le versant vestibulaire que
d'os Imma ture puis d'os lamellaire et de moelle osseuse sur le versant 1ingual ;
jusqu'à son remodelage . - les modifications se produisent essentielle ment dans les 2 à
• Chez l'homme. le proc essus de remod elage est lent. 3 premiers mo is su ivant l'extraction et sont plus importantes dans
Parallèlement. la crête osseuse subit une réduction de les régions molaires qu' incis ives o u prémola ires.
volume d ans les 3 à 6 mois qui suivent l'extraction puis
plus g rad uellement ensuite .
• À 6 mois, la p erte osseuse horizonta le est en moyenne
de 3,8 mm. et est plus Importa nte q ue la perte verticale.
Biologie de la cicatrisation
en moyenne de 1.2 mm. de la plaie alvéolaire
• La face vestibulaire présente en général p lus de résorp -
tion q ue la face lingua le ou p ala tine. Dans le même temps, le processus cie cicatrisation al véolai re a été
étudié chez l' ho mme par prélèvement cie biopsies ct analyse histo-
logique des p la ies d 'extraction à d iffére nts intervalles cie temps post-
Le volume et la forme de l' os alvéolaire dépendent de la fo rme de extractionnels (de 48 he ures à 50 jours). La cicatr isatio n d ' un site
la dent a ins i que de son trajet d 'éruption. Au cours des semaines qui d'extraction sc déroule en 5 stades tissulaires q ui se superpose nt 12]
suivent une extraction, l'alvéole se comble d 'un tissu osseux alors que (Tableau 6-l).
des changements dimensionnels de l' os alvéo laire entourant le site
d'extractio n sc produisent el conditionnent la morphologie tissulaire
de la fut ure crête. L' ample ur de ces changements dimensionnels est
Tableau 6-1 Chronologie de la cicatris ation a lvéola ire chez l'homme
importante à cons idérer afin cie prévoir d' éventuelles complicatio ns au
(d'après Amler [2)) .
cours de la phase cie réhabilitation prothétique, qu'elle soit dentofixée
ou supra-implantaire. Or, il apparaît que la quantité de perte osseuse
Délai après
varie selon les sujets ct selon la position préalable de la racine dans l'os Stade tissulaire
extraction
alvéolaire, c'est-il-elire selon l'épaisseur initiale des corticales osseuses.
Formation du caillot Immédiat
Remplacement du caillot par le tissu de granulation 7 jours
Aspects morphologiques Formation du tissu conjonctif pré-osseux 20 jours
Dé but de la formation osseuse 7• jour
Des études d ' observation cie crêtes édentées ct de cicatrisatio n
Fe rmeture épithéliale 24-35 jours
cie sites d 'exu·action réalisées dans les années 1960 ont montré que
50 PARTIE 2- LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAI RES
1) Au cours du stade initial suivant l'extraction, l'alvéole sc re mplit de Volkma nn, signant un processus de remodelage du ti ssu osseux
d'un caillot sanguin constitué de fibrine, d'érythrocytes ct de leucocytes. adjacent à l'alvéole.
2) Le deuxième stade, de 4 à 5 jours, consiste dans le re mplaceme nt À 14 jours, dans la portion marginale de l' alvéole, le caillot est re m-
de ce caillot par un tissu de gra nulatio n caractérisé par la présence placé par un tissu conjonctif (ric he en vaisseaux ct cellules inflam-
d'érythrocytes résiduels, d ' une aug mentatio n de l'apport de le uco- matoires) e n partie bordé par des cellules épithéliales. Il se forme en
cytes, de cellules réticulo-endothéliales ct l' apparition de cord ons de réponse à la présence de matérie l infectie ux dans la ca vité buccale
cellules é pithéliales associés à l'élaboration d ' un réseau capi llaire. c t sert de barrière protégeant l'alvéole ct de guide à la migration
3) Au cours du troisième stade, un tissu conjonc tif re mplace épithé li ale conduisant à la ferme ture muqueuse de l' alvéole. Le liga-
progressiveme nt le tissu de g ranulation sur une pé riode d 'environ me nt parodo ntal a é té totalement éliminé, el l'os fasciculé n' ex iste
20 jours. Ce tissu préosscux jeune est caractéri sé par l'apparition de quasimc m plus, alors que de l'os immature néoformé s'étend de puis
fibroblas tes fus iformes cl de fibres de collagène. l'os alvéolai re adjacent ct dans la portion apicale de l'alvéole vers
4) Le quatriè me stade correspond à la formati on osseuse, qui le centre de la plaie. Cet os immature se forme à prox imité des vais-
débute à partir de 7 jours, avec l'apparition de tissu ostéoïde fibri l- seaux sanguins néoformés et est riche e n cellules. La portion cresta le
laire, faible ment calcifié, à la base c t à la pé riphérie de l'a lvéole. Les de l' os alvéolaire présente des ostéoclasies sur sa face externe.
trabécules osseux remplissent au moins les de ux tiers du fond de À 4 semaines, le tissu mou marg inal est constitué d'un tissu
l'alvéole a u 38<jour. conjonc tif bien s truc turé recouvert d ' un épithé lium kératinisé. L'os
5) La pro lifé ration de l'épithélium re présente le cinquiè me stade, c resta! ne présente plus d ' os fascic ulé. De l'os immature a remplacé
dès le 4' jour, avec une jonc tion complè te réali sant la fe rmeture de une grande partie de l'os lamellai re c resta! vestibulaire, c t celle
l' alvéole après 24 à 36 jours. La mig ration de mastocytes dans l'épi- néoformation osseuse présente une résorption ostéoclastique, indi-
thélium à pa rtir du tissu conjonctif sous-jaccnt. débute au cours de la quant un processus de remodelage de l'os néoformé. L' alvéole est
première semaine et est quasime nt terminée à la 7' semaine. e n grande partie re mpli d'un os nouvelle ment formé, contenant des
Plus récemment, une autre é tude avec des biopsies de s ites d 'ex- ostéons primaires, ct continu avec l'os a ncien des parois al véolai res.
traction a montré que la vitesse de cicatrisation variait considérable- Le volume osseux minérali sé est de 88 % de l'alvéole. La hauteur
me nt entre les suje ts. De l' os immature est. vis ible à 2 ou 4 semaines, de la paroi vestibulaire est diminuée par rapport au niveau lingual.
mai s son re mplaceme nt par de l'os lame llaire ct médullaire est le nt. Une activité ostéoclastiquc sc produit égaleme nt sur la surface des
Seul un pré lèveme nt sur I l a mo ntré la p résence d'os lamellaire ct corticales vestibulaire et linguale.
de moelle à 12 semaines de cicatrisation. Le no mbre d ' ostéoblastes À 8 semaines, un pont d 'os immature est form é sous la muqueuse
atteint un pic à 6 à l:l semaines, puis reste à peu près stable e ns uite. marginale. Il re lie les parois vestibulaire e t ling ua le de façon
Peu d 'ostéoclasies é taient présents c hez quelques spéci mens à o blique. Il est constitué d'os immature c t d 'os lame llaire. La majo-
c haque temps d ' observation. L'organi sation ct l'arc hitecture osseuse rité de l'os immature de l'alvéole d'extractio n a é té remplacée par
ne sont pas te rminées à 6 mois [28 1. de la moelle osseuse comprenant de larges vaisseaux sang uins, des
cellules infla mma to ires c t des adipocytcs. Dans p lusieurs zones, l'os
immature restant a é té remplacé par de l'os lamellaire. Le niveau de
l'os vestibulaire est s itué 2 mm plus apical par rapport à celui de l'os
Modifications alvéolaires lingua l. Ains i, par rapport à la paroi li ng uale, la haute ur de la face
post-extraction nelies vestibulaire est réduite de 2,5 mm e n moyenne.
Après 3 mois de cicatrisatio n, le pont d 'os marg inal est re nforcé
..... ÉTUDES ANIMALES par des couches d 'os lamellaire, des fibres collagène de la muque use
sus-jacentc sont insérées dans cet os « cortical » néoformé c t une
La cicatrisation post-extractionnelle a é té étudiée c hez l'animal, structure périostéc est établie. La moelle osseuse sous-jacentc est
apportant des précisions d 'une part sur le processus de c icatrisation bien organisée, comc nant de nombre ux adipocytes c t pe u de cellules
de l'ensemble de l' alvéole et d 'autre part sur les modifications de la inflammatoires. La portion de moelle osseuse représente 85 % de
crête osseuse. Ces expérime ntations animales o nt é té réa lisées sur l'alvéole à 6 mo is post-extractionnels.
le c hien par étude histologique des secti ons à diffé rents temps après Ainsi, parallè lement au combleme nt de l' alvéole, l'os c rcstal subit
ex trac tion de prémolaires mandibulaires, dans le sens mésiodistal une résorption ostéoclastiquc e ntraînant une réductio n de hauteur,
[ lOI c t vestibulolingua l [3]. La cicatrisation alvéolaire est illustrée plus pro noncée en vesti bulaire de l'alvéole qu 'en lingual, d u fait
par des coupes histo logiques réalisées sur le rat (Fig ures 6- 1a - h). de la composante d'os fascic ulé. Cette réductio n de haute ur s' ac-
Initiale ment, l'os vestibulaire est plus haut ma is p lus fin que l'os compag ne d'une réduc tion horizontale par résorpt ion des surfaces
lingual. Ces é tudes montre nt la formation initiale d ' un caillot dans osseuses vestibulaire ct lingua le. La résorption des s urfaces osseuses
l'alvéole, qui subit à 3 jours un remplaceme nt par un ti ssu de gra- reste à cc jour mal connue. Certains auteurs ont inc riminé l'é lévation
nul ation ric hement vascu larisé dans la partie marginale de l'alvéole, de lambeaux [ 12j mais d'autres la réfutent [4j . C hez le c hie n, ces
alors que le centre du caillot présente des zones de lyse des érythro- phénomè nes de résorption de la crête alvéolaire se produisent essen-
cytes et un aspect hyalin. À 7 j ours, les fi bres du ligame nt parodontal tie lle ment dans les 8 semaines qui suivent l'extrac tion.
paraissent courtes et incluses dans une matrice de tissu conjonctif
provisoire qui approc he le centre de l'alvéole. Celle matrice provi-
soire est constituée de vaisseaux néoformés, de cellules méscnchy- ..... ÉTUDES HUMAINES
matc uses immatures, de divers types de leucocytes ct de fi bres de
coll agène. E lle prend en partie la place des fibres du ligame nt, des Chez l' ho mme, diffé re ntes méthodes ont. été uti lisées pour analyser
restes de coagulum e t de tissu de g ranulation. Dans la partie centrale les changeme nts dime nsionnels de la crête osseuse : mesures sur mou-
e t la partie apicale de la plaie, une nécrose du caillot se produit. lages, examens radiographiques ou tomodcns itométriques, ré-entrées
Au niveau de la paroi alvéolaire, soit l'os fasciculé, plus ie urs chirurgicales. Peu d 'études concernent la cicatrisation spontanée d'ex-
espaces médullaires présente nt des ostéoclasies, de mê me les canaux traction unitaire. Une premiè re é tude [25J a mesuré les changements
.....
CHAPITRE 6- MODIFICATIONS ALVÉOLAIRES POST-EXTRACTIONNELLES 51
Figure 6·1 Cicatrisation alvéolaire après extraction chez le rat. Coloration au bleu de toluidine. Matériel histologique Jean-Louis Saffar,
EA2496.
a) Alvéole déshabitée à J1 : caillot de fibrine. Un réseau lâche de fibrine (f) contenant des cellules sanguines a envahi l'alvéole. Le ligament
parodontal (lp) est présent sur les parois osseuses alvéolaires (o).
b ) Alvéole déshabitée à J1 : caillot de fibrine. Contact entre le réseau de fibrine (f) très cellularisé (flèches) et le ligament parodontal (lp) contenant
des cellules et des vaisseaux sanguins (v).
c) Cicatrisation alvéolaire à J4 : remplacement du caillot par le tissu de granulation (g). Des vaisseaux se sont formés et de nombreuses cellules
fibroblastiques ont envahi la plaie. Le réseau de fibrine résiduel (f) présente de nombreuses cellules inflammatoires et une zone d'aspect hyalin (h)
comme une partie du ligament parodontal (lp). Des cellules géantes sont présentes dans la plaie. Des ostéoclasies (flèches) sont visibles par
endroits sur la paroi alvéolaire (o) dans les zones où le ligament parodontal a disparu.
d) Cicatrisation alvéolaire à J4. Paroi alvéolaire. Résorption de la paroi alvéolaire (o) par des ostéoclasies (flèches). t:alvéole contient un tissu
conjonctif riche en vaisseaux (v) et en cellules.
e) Cicatrisation alvéolaire à J4 : résorption du réseau de fibrine. Un tissu conjonctif (tc) prend la place du réseau de fibrine (f) en résorption par
des cellules géantes multinucléées (flèches).
f) Cicatrisation alvéolaire à J6 : apposition osseuse sur les parois alvéolaires (o) et le septum interdentaire (s). De l'os est déposé par les
ostéoblastes présents sous forme de tissu ostéoïde non minéralisé à ce stade, s'étendant dans la plaie depuis l'os existant. Des condensations
cellulaires sont également visibles dans le tissu conjonctif, sans connexion avec l'os périphérique.
g) Cicatrisation alvéolaire à J8. Formation osseuse faiblement minéralisée. Des formations osseuses (fo) faiblement minéralisées s'étendent à
proximité de vaisseaux sanguins (v) vers le centre de l'alvéole. Elles sont entourées d'ostéoblastes (flèches) et d'un tissu dense en cellules.
h ) Cicatrisation alvéolaire à J12. Début de comblement alvéolaire. De l'os continue à se former dans l'alvéole et se minéralise au fur et à mesure.
Certaines trabécules sont reliées à l'os alvéolaire adjacent, sur lequel une apposition osseuse se produit après résorption, sous forme de tissu
ostéoïde bordé d'ostéoblastes.
52 PARTIE 2- LES TISSUS P ÉRI-IMPLANTAIRES
....
CHAPITRE 6 - MODIFICATIONS ALVÉOLAIRES POST-EXTRACTIONNELLES 53
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La muqueuse péri-implantaire
Frédérick Gaultier, Bruno Gog/y
Muqueuse Gencive
péri-implantaire
Épithélium - --r
buccal
péri-implantaire
Barrière --f-~-----'1" -~-:...:__--~-+---- Épithélium
épithéliale de jonction
~~~~~~~-r--- FCG
OP --f--7---~
TC-f-----7---
Figure 7·1 Principales différences entre le modèle parodontal et le modèle péri-implantaire. EG : épithélium gingival ; FCG : fibres
conjonctives gingivales ; FCP : libres conjonctives péri-implantaires ; LAD : ligament alvéolodentaire ; OA : os alvéolaire ; OP :os péri-implantaire ;
TC : tissu conjonctif.
L' absence de cément ct de ligament alvéolodentairc fait de la ..,._ ÉPITHÉLIUM BUCCAL PÉRI-IMPLANTAIRE
muqueuse péri- implantairc et de l'espace biologique associé un
ti ssu bien spécifique qui, au-delà des simili tudes avec le parodonte, L'épithélium buccal péri-implantai rc est directement au contact
constitue une entité anatomophysiologiquc à part entière. de la cavité buccale. Il s'agi t d' un épithélium pavi menteux stratifi é
L a muqueuse péri-implantaire est constituée d' une barrière épi- kératinisé comparable histologiqucment à un épi thélium gingival.
théliale qui se compose (Figure 7-2, p. suivante) : L'épithélium buccal péri-implantaire assure principalement une pro-
- d ' un épithélium buccal péri-implantairc; tection mécanique de l' implant.
- d ' un épithélium sulculairc péri-implantairc;
- d' un épithél ium juxta-implantaire, au contact de la surface
..,._ ÉPITHÉLIUM SULCULAIRE PÉRI-IMPLANTAIRE
implantai re.
Elle est associée à un tissu conjonctif péri-implantaire dont L' épithélium sulculaire péri-impl<tnl<lire partage des similitudes
la composante située entre la crête osseuse et la part ie apicale de histol ogiques avec celui de l'épithélium gingival. li s'agit d' un épi-
l'épithélium sulculairc est au contact direct de l ' implant. Le ti ssu thélium kératinisé formé d' une assise épithéliale d' une quinzaine de
conjoncti f est relié à l'épithélium via une lame basale dont la struc- cellules au niveau coronaire jusqu'à quelques cellules au niveau api-
ture est comparable à celle observée pour l a gencive. ca l avec une profondeur moyenne de 2 mm se lon Ericsson [8]. On
La hauteur de la barrière épithéliale est d 'environ 2 mm, tan- observe des variabilités de cette mesure issues du degré de l'enfouis-
dis que la hauteur du scellement conjonctif varie de 1 à 1,5 mm. sement implantai re et des morphologies implantai res ct connexions
Ces dimensions sont maintenues quelle que soit l'épai sseur de la disponibles.
muqueuse. Cela signifie que lorsque l a muqueuse est fi ne (c'est-à- L'épithélium sulculaire péri-implantaire est riche en grains de
dire :5: 2 mm), on observe une résorption osseuse péri-implantaire kératohy<tl ine. On di stingue également de nombreux desmosomcs
afin de maintenir la dimension des tissus mous péri-implantai res. Il y assurant la jonction interkératinocytaircs et le maintien d'une étan-
a donc lieu de respecter, comme pour les dents, un espace biologique chéité tissulaire. De plus, les couches basales de l'épithélium buc-
autuur dt:~ implants (Figure 7-J, p. suivante). cal et sulculaire, associées à la lame basale et au ti ssu conjonctif
sous-jacent, assurent une barrière efficace contre les agressions bac-
tériennes.
Épithélium
..,._ ÉPITHÉLIUM JUXTA-IMPLANTAIRE
La barrière épithéliale est scellée à la surface implantaire via
des hémidcsmosomes de la même façon que l'épithélium de j onc- L'épithélium j uxta-implantaire est divisé selon trois régions : coro-
tion l'est à la surface dentaire [ 10, 17, 201. Une barrière épi théliale naire, médiane ct apicale. La partie coronaire est en relation étroite
mature et stable est observée au bout de tl à 9 semaines de cicatri- avec l'épithélium sulculaire. L'épithélium juxta-implantaire coro-
sation. naire est constitué d' une assise épithéliale d'une quinzai ne de cellules
56 PARTIE 2- LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAIRES
qui sc prolonge apicalcment vers l'épithélium médian dont la com- L'épithélium juxta-impl antaire apical, formé d'une assise épithéliale
position et la structure constituent une transition vers l 'épithélium unicellulai re, assure une attache épithéliale étanche.
apical. L'épithélium juxta-implantairc apical possède une structure Des lysosomes sont décrits au sein de l 'épithélium juxta-
histologique comparable à celle de l 'épithélium gingival de jonction. implantairc. Ils assurent une défense contre les agents pathogènes
avec un mécanisme identique à celui qui n lieu au sein de l 'épithé-
lium de jonction gingival.
} 1,3mm
Figure 7-3 Maintien de l'espace biologique autour des implants. Réduction chirurgicale de 50% de la hauteur de la muqueuse péri-implantai re
après connexion des piliers de cicatrisation chez le chien. Au bout de 6 mois, on observe une hauteur constante de la barrière épithéliale (environ
2 mm) et une hauteur du scellement conjonctif maintenue côté test à 1 ,3 mm, aux dépens de la hauteur osseuse. (D'après Berglundh et Lindhe (3).)
-
CHAPITRE 7- LA MUQUEUSE PÉRI-IMPLANTAI RE 57
Tableau 7-1 Analyse morphomélrique du tissu conjonctif péri- Les fibroblastes sont les cell ules princ ipales du tissu conjonc-
implanlaire c hez le chien comparé au tissu pa rodontal. Valeurs expri- tif péri-implantairc. Les fibrobla stes prennent un as pcc1 a llongé
mées e n pourcentage des composants du tissu conjonctif (d'après (fus iforme), parallèles à la surface implantairc. Ils synthé tisent les
Berglundh et Lindhe [3]). macromo lécu les de la matrice extJ'acell ulairc comme les fibres de
collagè ne. Ils sc d isposent parallèle ment à ces derniè res. Les fi bro-
Implant Dent Différence
blastes sont la rgeme nt impliqués clans la médiation cellulaire et le
Collagène 87 76,4 10,6 remodelage de la matrice cxtraccllu laire par des e nzymes te lles les
mé talloprotéases matric ielles.
Fibroblasles 3 5,4 -2,4
Les polymorphonuc léaires ne utrophi les assurent la synthèse de
Collagène sous-jace nl à l'épilhélium 87,2 63,1 24,1 certaines enzymes imp liquées dans le remode lage de la matrice
Fibroblasles sous-jacenls 0 ,8 15,7 - 14,9 cxtracellulaire e t la phagocytose d'agents pathogènes telles les bac-
à l'épilhélium téries voire celle de ti ssus nécrosés. Les mastocy tes sont localisés
autour des vaisseaux. Ils sont impliqués via l' hislaminc dans la dia-
pédèse des polymorphonucléaircs neutrophi les.
Les macrophages impliqués clans l'i mmunité non s pécifique, la
Aspect ultrastructural phagocytose, le recruteme nt cellulaire e t les lymphocytes impliqués
de l'épithélium juxta-implantaire da ns l' immunité spécifique f01·men1 avec les maslocytcs e t les po ly-
morphonucléaircs neutrophi les les cellules clés qui assurent l'équi -
La lame basale péri- implamaire présente un aspect ultrastruc tu- libre e ntre l'agression bactérienne c t l'hôte, aboutissant au maintien
ral proc he de l'épithélium de jo nction g ingiva l [1 6]. La m ic roscopie de la muqueuse péri-implantai re et du tissu osseux sous-j accnt.
é lectronique ü transmi ssion met e n évidc m:c um; lamina dcnsa ct
une lamina luc ida au niveau du tie rs apical de la surface implanlairc.
Cependant , contraireme nt à l'épithé lium de jonction g ing ival , il
..... MATRICE EXTRACELLULAIRE
n'ex iste pas de lame basale péri- implantaire a u niveau d u tiers coro-
La matrice cxtracellulaire est l' e nsemble des macromolé-
naire. En effe t, les kéralinocytcs de l'épithélium j uxta- implantaire
c ules d' un tissu conjonc tif donné. La matrice extrace llulairc pé ri-
sont en conlac t direct avec la surface implantaire. La présence de imp lan tairc assure la cohé re nce s truc turale perme ttant de faire évo-
pro lo ngeme nts cytoplasmiques ké ratinocytaires constitue le princi-
luer les cellu les péri -i rn plantaires dans un env ironnement assuram le
pal composant de cette inte rface. La lame basale péri-implanlaire remodelage tissula ire, la mobilité c t lu médiation cellulaires.
est égaleme nt pe u présente au niveau du tiers médian. Ainsi, seule Les m acromolécules comprenne nt :
la partie apicale possède une lame basale péri-implantairc orga- - les glycoprotéines de struc ture te ls les collagènes, les la mines
nisée se lo n deux ni veaux ultrastruc turaux : la lamina lucida e t la ct fibroneclines ;
lamina dcnsa. Par ailleurs, cette struc ture est également associée à - les fi bres élastiques organi sées selon un réseau qui s' arc hitec-
la présence de nombre ux hé rnides mosomes situés e n regard de la ture autour de la la me basale vers le derme profond ;
surface irnplantaire. Les hé rniclesmosomes sont des structures de - les g lycosaminoglycanes tell ' héparanc sulfate;
j onct io n, dont l' as pect e n mic roscopie électronique à transmission - les proléog lycancs comme le syndécan.
est caracté ristique. Ils assure nt une cohésion e ntre les kératinocytes La 111acromoléculc principale est le collagène de type l du tissu
pé ri- implantaires ct la surl~tcc de l' imp la nt sous-jacente [ 1 Il Les conjonctif pé ri-implantaire comme du tissu gingival.
hé midcsrnosomcs associés à la lame basale péri-implantaire consti - Le co ll agène de types 1 (91 %), Ill (8 %), lV, V Il est présent e n
tuent alo rs une véritable attache épithéliale. mê me quantité dans les tissus péri -i mplantaires c t g ing ivaux. Ces
types de collagène présentent par aille urs une distribution tissulaire
simi laire. Rappe lons que les collagènes IV et V Il so nt absents au
niveau de la lame basale péri-implantai re e t de l'ép ithél ium de jo nc-
Tissu conjonctif péri-implantaire
tion g ingival. Seul le collagène V semble localisé en quantité plus
impo rtante au niveau de la lame basa le pé ri- implantai re 11 8].
Le !issu conjo nc tif péri- impla nt airc 1191 esl directement au
Dans le cas du parodonte, les fibres de collagène s 'ancrent au
contacl de la s urface implantaire. Les fibres collagènes s'organisent
niveau du céme nt pour form er des fibres de Sharpcy. L' absence de
parallè le ment à la s urface implantaire au bout de 4 à 6 semai nes de
cément a u niveau im plantaire conlè re aux fibres de collagène une
c icatrisatio n. La s urface de scelle me nt est li mitée coronaircmcnt
disposition part ic uliè re. Indépendamme nt de la nature de la surface
par l'extré mité apicale de l' é pithélium pé ri- impla ntaire e t apicale-
imp lantaire (us inée, mordancée, oxydée), les fi bres de coll agène
me nt par la crê te osseuse alvéolaire. Une analyse morphomé triquc
s'organisent pa rallèle me nt à la su rface implantaire sans a ucune
comparative de la muqueuse péri-impl amaire et du parodonte c hez
attac he physique à la surface m étallique. Il s ' agit d ' une zone de
le chien fait apparaître une proportion respectivement plus faible
100 à 150 microns j uxta-i mplantaire exempte de réseau vasculaire
de fibroblas tes, une vascularisation réduite el une plus importante
qui adhère à la surface implan taire. Cette observation est valable
proportio n de fibres collagène (Tableau 7-1) f31. Cela confirme que
a uss i bie n e n mic rosco pie o ptique, utili sant une lumière polarisée
la muqueuse péri-implantairc est un tissu c icatriciel possédant un
pour maté rialiser le réseau collagéniquc, qu 'en mic roscopie élec-
pote ntiel de réparatio n plus li mité que le parodonlc .
tronique it balayage. Quelques inserti ons pe rpendicu laires à la sur-
face implantaire sont décrites, parti c ul ièrement pour les s urfaces
..... LES CELLULES oxydées.
D ' autres aute urs décrivent une zone de 100 à 150 microns juxta-
La popu lat ion cellulaire pé ri-implantairc est comparable à ce lle imp lantaire avasculairc de fibres de collagène lo ng itudinales qui
du ti ssu conjonctif g ing ival. s'organisent e nsuile selon un réseau circonfércntiel de flb res de
-
1
58 PARTIE 2 - LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAI RES
----------~========~----_j
CHAPITRE 7 - LA MUQUEUSE PÉRI-IMPLANTAIRE 59
14. Ikeda H, Shiraiwa M, Yamaza T, ct al. , Difference in penetration of 18. Romano> GE, Schriitcr-Kcnnani C, Wcingart D, Strub JR. Hcalth
horscradish peroxidasc tracer as a foreign substance into the peri- human pcriodontal versus pe ri-implant g ingiva l tissues : an immu-
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L
Ostéo-intégration
Laurent Le Guéhennec, Pierre Weiss
-
CHAPITRE 8- OSTÉO-INTÉGRATION 61
--
62 PARTIE 2 - LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAI RES
implanta ire intervient également. Les surfaces lisses ou présentant d'oxyde est chimiquement stable et résistante à la corrosion. Il en
un caractère hydrophile semblent préférables aux surfaces même résu lte que la surface implantaire est stable dans des conditions
moyennement rugueuses ou hydrophobes 111. physiologiques normales. Un certain nombre de substances peu vent
être incl uses de façon intenlionncllc ou non clans cette couche
d' oxyde. Ces di fférentes molécules organiques peuvent provenir des
interactions avec l ' air ambiant, des techniques de fabricati on ou des
Implants en titane matériaux d' emballage. Tout cel a peut influencer l a mouillabilité de
la surface implantaire ct donc l 'adsorption des protéines à la surface
La forme et l 'état de surface des implants en titane vont influer de l'implant. Cette couche d'oxyde varie en épai sseur selon le pro-
sur l ' ostéo-intégrati on. Le consensus se porte à l ' heure actuelle cessus de fabrication de quelques nanomètres à plusieurs microns.
sur des implants en forme de vis présentant un pas de vi s vari able Sa structure peut être amorphe ou cri stalline et cela va auss i influen-
selon les fabricants. A u ni veau de l 'état de surface, les surfaces cer les propriétés de surface [161 .
de rugosité dite moyenne sont actuellement pri vilégiées. Elles sti- La rugosité de surface peut être caractérisée à trois niveaux, en
mulent la différenci ation, la croissance ct l 'attachement des cel- fonction de l 'échelle d ' observation, à savoir, la macro-, la micro- et
lules ostéob lastiqucs ct el les augmentent la minéralisati on 1231. En la nanorugosité.
plus de la rugosité de surface, le caractère hydrophile de ce lle-ci - La marrorugosilé est défi nie pour les rugosités supérieures
en relation avec sa compositi on chimique favori se aussi les inter- à 10 1-liTI. Cette échelle est en relati on directe avec la géométrie
actions avec les cel lules osseuses et les fluides biologiques. de l ' implant, présentant. des spires usinées et des traitements de
Les propriétés de surface des implants dentaires sont en étroite surface conduisant à des rugosi tés de plus de 10 !lm. Cette rugo-
relation avec la couche d' oxyde qui recouvre toujours la surface sité importante permet un ancrage mécanique entre la surface
métallique. Il s' agit de dioxyde de titane (Ti0 2). Celte couche de l ' implant et le tissu osseux apposé à son contact. Toutefoi s,
Figure 8-1 Surface implantalre obtenue par sablage par des Figure 8-2 Surface implantaire obtenue par sablage suivi d 'un
particules d'oxyde de titane vue en microscopie électronique à mordançage par une solution fluorée, vue en microscopie élec-
balayage. (Astratech TiOblast'"', France- SC3M LIOAD UMRS 791.) tronique à balayage. (Astratech OsseoSpeedrM, France - SC3M
LIOAD UMRS 791.)
Figure 8-3 Surface implantaire o btenue par anodisation, vue en Figure 8-4 Surface implantaire obtenue par sablage et mor-
microscopie électronique à balayage. (TiUnitem, NobeiBiocare, dançage, vue en microscopie électronique à balayage. (SLA,
France - SC3M LIOAD UMRS 791.) Straumann AG , Switzerland - SC3M LIOAD UMRS 791.)
CHAPITRE 8- OSTÉO-INTÉGRATION 63
J' utilisatio n d' une surface très rug ueuse augmente Je risque de d'antibiotiq ues e t de systèmes de g reffages sont actue llement é tu-
péri-implantite a ins i que Je re largage ionique. Une surface modé- d iées [6, 10, ll j. Le revête ment de phosphate de ca lcium à la
rément rugueuse de 1 à 2 ~un semble limiter ces deux effets indé- surface de l' implant pourrait aussi présen te r des propriétés anti-
sirables [23]. bactériennes l'SI.
- La microrugosité implantai re est caractérisée par une rugosité L' ostéo-intégration a révolutionné nos plans de tra itement. E lle a
de 1" ordre de 1 à 10 J.tm . Ce type de rugosité favo ri se les interactions permis un changement de paradigme e t fait recu ler les limites tec h-
entre Je tissu osseux minéralisé el la surface de l' impl ant [24l Un niques cl biologiques. La bio logie nous ramène cependant à la réa-
modèle théorique suggère que la surface idéale devrait être formée lité : la prévention et le traite ment des péri-implantites sont déjà les
de puits hémisphériques de 1,5 ~m de profonde ur et de 4 ~m de défis d'aujou rd'hui et de demain.
diamètre [9l Celle rugo~i té favoriserait auss i la stabi lisation initiale
du caillot de fibrine à la surface de l' im plant. De plus, cette rugo-
sité agirait sur la diffé renciation des ostéoblastes e t favoriserait la
Implications cliniques
synthèse d 'une matrice cxtracellulaire minéralisée l' 13j. Différentes
mé thodes ont été développées pour obtenir celle surface implamaire • Les implants dentaires doivent présenter une surface
rugueuse. Ces méthodes fon t appel à la projection plasma d ' une modérément rugueuse. micro- ou nanostructurée.
poudre de titane, au sablage par des particules d'oxyde de titane ou • L' ostéo-intégration est obtenue au bout de 12 à
de céramiques, au mordançage acide et a ux techniques d'anodisa- 24 semaines après implantation.
üon [ 12] (Figures 8-1 à 8-4).
• La maturation des tissus mous péri-implantaires est obte-
- La na1wrugosité des surfaces im pla ntaires est définie pour
nue en moyenne 12 semaines après implantation.
des rugos ités de 100 à 1 nm, soit 0, 1 à 0 ,0 1 ~m . Cette nana-
ru gosité modifie la su rface implamairc tant a u niveau phys ico-
c himique (adhésion du ti ssu osseux) que bi ochi miq ue (adsorp-
tion des protéines, adhésio n des ostéoblastes). Différen ts pro-
cédés pe rme tte nt d 'obtenir cette nanos tructuration de s urface : POUR EN SAVOIR PLUS
sablage avec des particules de titane s uivi d ' un mordançage avec Le Guéhennec L, Soueidan A, Layrolle P, Amuuriq Y. Surface trcat-
de J' acide hydrofluorique, dé pôt d ' un revêtement de phosphate mcnts of tita nium dental implants for rapid usseointegration.
de ca lc ium à l'éche lle nanométrique, a nodi sati o n, traitement De nt Mater, 2007, 23: 844-854.
a lca lin, dépôt so l-gel à la surface de l' implant [13]. Cette nano- Terheyden H, Lang NP, Bierbaum S, Stadl inger B. Osseointegration-
communication of cells. Cl in Oral lmpl Res, 2012, 23 :
struct uration ouvre de no u velles perspectives pour les surfaces
1127-1135.
imp la ntai rcs . Ces surfaces pourraient re produire la topograph ie
de sur face des co mposants de la matrice extracell ulaire e t donc
interagir s ur l'attachement, la prolifératio n et la d ifférenc iatio n
ce llulaire. La réponse des cellules sera fo nc tion de la taille m ais BIBliOGRAPHIE
a uss i du mode de di stribution des nanostruc turati ons e n s urface
de l' implant. De plus, cette nanorugosi té peut aussi améliorer 1. An N, Rausch-Fan X, Wieland M, et al. Initial auachmenl, sub-
la fixation du caillo t de fibrine à la surface de l' impl ant e t donc sequent ccli prol iferation/viability and gene expression of epithelial
faci lite r la m ig ration lies ce ll ules osseuses vers la s urface de cel ls rclatcd to attachment and wound hcal ing in response to dif-
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Les surfaces implantaires ont aussi été fo nctio nnalisées afin 3. Berglundh T, Abrahamsson 1, Welander M, ct al. Morphogenesis of
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telles que la fibronecti ne, la vitroncctine, la laminine ont été gref- 4. Briinemark Pl, Adell R, Albrcktsson T, et al. Osscoimcgrated t.ita-
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Ces séquences RGD sont reconnues par les ostéoblastes et aug- 6. Chua PH , Neuh KG, Kang ET, Wang W. Surface fu nct ionalization
m entent leur allachement ct proliférat io n. Les e ffets in vivo de cc o f titanium with hyalurunic acid/ch itosan polyclcctrolyte multi-
greffage sont controversés e n fonction des études. Il serait néces- laycrs and RGD for promoting osteoblast fu nctions and inhibiting
saire de greffer plusieu rs types de peptides pour améliorer l'ostéo- bacterial adhesion. B iomaterials, 2008, 29 : 1412- J 421.
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-
64 PARTIE 2- LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAIRES
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Perception péri-implantaire
Adeline Braud, Yves Boucher
fonc tion des implants, les libres ne rveuses situées dans l'environ- par exemple plus importante chez les s uje ts porteurs de plus de
nement osseux péri-implantairc sont plus nombreuses c t sont plu s 5 implants (prothèse imp lantoportéc) que chez les autres. La pos-
proc hes de la surface des implants 117 1. La dens ité des fibres ner- sibilité de réorganisations fo nc tionnelles centrales consécutives
veuses innervant la muque use péri-implantai re ne semble final e- 11 la mise e n place c t/ou en fon c tion de prothèses faisant appel à
me nt pas modifiée un an après l' implantation c t la mise e n fonc tion un ancrage implantaire est e nfin renforcée par d es travaux récents
des imp lants [41. d ' imagerie révélant des c hange me nts de patron s d'activation corti-
Les enregistre me nts é lcctrophys iologiques de l'activité des neu- cale, e n particulier au niveau du cortex pré frontal, lors du passage
rones du ganglio n trigéminal réalisés chez l'animal après la mise e n d'une solution amovible complète à une sol ution amovible implan-
place d'implants endo-osseux ont pe rmis de mie ux appréhe nder les r
torctc nue 1 1].
caracté ristiques fonctionne lles des neurones inne rvant les structures
pé ri-implantaires. Les premiers e nregistre ments réalisés dans les
années 1990 o nt ainsi révélé l'exi ste nce de te rminaisons nerveuses
s ituées dans l'environnement muqueux c t osseux péri-implantaire
Perception
J I, 91. Des travaux plus récents o nt renforcé l' hypothèse de récep-
... SENSIBiliTÉ ET OSTÉOPERCEPTION
te urs péri-implantai res de seuils d'activat ion p lus élevés que ceux
des mécanorécepteurs parodontaux [201. Da ns les années 1970, Haraldson c t al. [7 J ont défini la notion
d 'ostéopc rception po ur évoquer l'adaptation fonctio nnelle des
patie nLs réhabi lités par une prothèse ostéo-ancrée. Cette notio n a
depui s évolué e t est désormais considérée comme la perception
Implants endo-osseux conscie nte des stimulations ex te rnes transmises par le bi ais des
et cortex somatosensoriel prothèses ostéo-ancrécs grâce à l' ac tivation des récepteurs c t te r-
minaisons nerve uses situés dans l'environneme nt péri-implantaire
... ACTIVATI ON CORTICAl E [I OJ. Dans un sens plus géné ra l, l'ostéopcrcept io n fait. ré fé rence à
<< (i) la sensation ressentie par la s timulation mécanique des pro-
Chez l' homme, l'activation des neuro nes corticaux pe ut ê tre thèses ostéo-ancrécs, transmises par l'intermédiaire des mécano-
objecti vée à l' aide de techniques non invas ives telles que l'e nregis- récepte urs tels que ceux s itués dans les muscles, les artic ulations
treme nt électro-encéphalographique des pote ntiels évoqués somato- te mpo ro mandibulaircs, et les tissus osseux ; (ii) une mod ificat ion du
sensoriels trigéminaux (PEST) el 1' imagerie par résonance magné- fonct ionnement nerveux central dans le but de mainte ni r une fonc-
tique fonc tionnelle (IRM f). r
tion scnsori-motricc )) 12].
Chez l'éde nté comple t, la stimulation électrique impla ntairc
e ntraîne l' apparitio n de PEST Jî 5, 16j, cc qui témoigne de l'activa-
tion des neurones inne rvant l'environnement pé ri-implan taire. Dans ... CONSÉQUENCES FONCTIONNEllES
ce cas, les PEST observés au niveau du cortex ne sont pas modi-
fiés par l'anesthésie de la muqueuse péri-i mplantaire 1161, ce qui Au cours des 30 derniè res a nnées, de no mbreuses do nnées cli-
suggère nussi forte ment la participation des fibres nerve uses situées niques sont venues enric hir les connaissances concernant les modi-
fic~lti ons de la fonc tio n tac tile ct du comporte me nt mote ur lors du
clans l'environne ment osseux pé ri- implanta ire.
Enfin, les travaux me nés c hez des suje ts partielle ment dentés re mplaceme nt d' une o u de pl usie urs de nts par une solu tion prothé-
révèle nt des patrons d ' activation di fférents pour une dent e t un tique ostéo-anc rée (pour revue 12 1).
implant 151, ce qui pourrait impliquer l'ex istence d e circ uits ne uro- Les capac ités sensorie lles e t motrices e n présence de reconsti-
tutio ns implantoportées sont ainsi différentes de celles des dents
naux spécifiques aux neurones péri-implanta ircs.
nature lles. Clinique me nt, par rapport à une de ntition nature lle, si
les capacités somesthésiqucs ct motrices restent inchangées dans
... PlASTICITÉ CORTICAlE le cas de prothèses implantoportécs unitaires, la pe rception des
contraintes occlusa les semble moins efficace c t la force de morsure
Les données o btenues au cours des 15 derniè res années suggèrent pl us é levée e n présence de reconst itutions ostéo-anc récs p lura les
que le cortex peut sc réorganiser fonc tionncllc ment lors de c han- (Fig ure 9- 1).
geme nts des signaux afférents ou d ' entraîneme nt, même après la Lorsq ue la perte des dents a e ntraîné la disparition de la totalité
période c ritique du développe ment. des récepte urs parodontaux, le fonctionne ment orofacial en pré-
C hez le rat-taupe nu, les ne urones activés par la stimulat io n de sence d ' une reconstitution fai sant appel aux imp lants est éga lement
l'incis ive mandibulaire occupe nt une large rég ion du cortex soma- d iflëre nt de celui observé avec une solution amovible complète.
toscnsorie l (nota mme nt S I ). Quatre à 8 mo is après l'extrac tion de Cliniqueme nt., les suje ts porteurs de reconstitutions ostéo-anc rées
cette de nt, ces ne urones répondent 11 la stimulation d 'nutres struc- présentent de meilleures capacités tactiles et motrices (force de
lllrcs intrabucca les te lles que le me nton , la langue, la muque use buc- morsure) q ue les sujets porte urs de prothèses amovibles complètes
cale ou les incis ives maxillaires 1 8J, cc qui té moigne d ' une profo nde conventionnelles (Fig ures 9- 1 e t 9-2).
réorganisation fo nctionnelle du cortex S 1 suite à la pe rte des affé- Enfin, dans le cas des reconstitutions fi xes uni- ct bimaxi lla ires
rcnccs dcmaires. comme dans celui des reconstitutions amovibles complè tes fai sant
C hez l' ho mme , les patrons d ' ac tivation centraux liés à une act i- appel à un moyen de ré te ntion implan taire, le recours à une solution
vité ora le di ffère nt c hez l'édenté complet selon que les de nts sont prothétique fa isant appel à des implants e ntraîne des modifications
remplacées par une solut io n a movible (pas d ' implant), implanto- du comporte ment o ro fac ial c t des c hangeme nts fo nc tio nne ls (amé-
rctcnuc (2 ou 3 imp lants) o u implantopo rtée (plus de 5 implants) lioratio n des capac ités tac tiles, mod ifications des patrons d'activa-
[2 11. L'activation elu cortex somatosensoricl primaire, elu cor- lion musculaires, augmentation de l' intensité de la force de morsure)
tex pré moteur c t du gyrus préccntral liée à une activité orale est à moyen c t long termes.
CHAPITRE 9 - PERCEPTION PÉRI-IMPLANTAI RE 67
100 1-1m
~
nT
27-100 1-1m
Figure 9·1 Seuils de détection interocclusaux. La valeur des seuils de détection inter-occlusaux dépend des mécanorécepteurs et du type
de reconstitution prothétique. Les patients complètement édentés (absence de récepteurs parodontaux) porteurs de PAC bimaxillaires perçoivent
moins bien les objets de petite taille placés en position inter-occlusale que les patients dentés.
500 N
~ll 1
SN
Figure 9·2 Intensité des forces de morsure en fonction de la reconstitution prothétique chez l'édenté complet. (D'après Braud et Hüe,
2012 [3].) La valeur de la force de morsure maximale varie en fonction du type de reconstitution prothétique. La valeur de cette force est par
exemple moins importante chez les sujets complètement édentés porteurs de PAC bimaxillaires que chez les sujets dentés. Chez les sujets com-
plètement édentés, la mise en jeu de récepteurs péri-implantaires (prothèses lmplantoretenue et implantoportée) s'accompagne généralement
d'une augmentation de la force de morsure.
68 PARTIE 2- LES TISSUS PÉRI-IMPLANTAIRES
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Les maladies
du parodonte
Direction scientifique : Philippe Bouchard
Historique
Philippe Bouchard
Il faudra néanmoins attendre l'arti cle de John Riggs dans le Dental comme une des c uuses des parodontites. Ces derniè res reposaient
Cosmos pour qu'une affection spécifique soit décrite sous le terme bie n e ntendu s ur l'aspect inflam ma to ire des maladies parodontales,
de Pyorrhea alveolaris [ 161. Ce te rme remplace celui de maladie de mais insistaient aussi sur l'aspect dégénérati f ou atrophiquc (paro-
Riggs qui avait cours à l'époque. do ntoses) ct subdi visuicnt c lassiq uement les ma ladies e n fonc tion de
Quelques années plus ta rd, en 1885, le biologiste Louis Paste ur le ur étiologie supposée, ce qui revenait à placer sur un pied d 'égalité
( 1822-1895) affirmait la théorie des germes el me ttait e n évidence les bactéries, le traumatis me occlusal, les altérations systé miques
les micro-organis mes ct leur rôle dans le développement des maladies (hormonales, leucocytaires) ou a nato miques (mulpositio ns).
(Figure 10-2). Celte révolution a nnonçait le développe me nt, plus de Ainsi, e n 1972, Glickman distinguai t :
80 ans a près, du concept selo n lequel les bacté ries de la plaque elen- - parodontite s imple, caractérisée par une a lvéo lysc unique me nt
taire é taient la principale cause des maladies parodontales. horizontale ;
- parodo ntite complexe, caractérisée par la présence de lés ions
angulaires;
- parodonti te uiguë ju vénile, qualifiée de parodontose lo rsqu'elle
La période scientifique n'é tait pas in fl ammatoire(!);
- parodontite occlusalc due à un tra umatis me ;
La période scie ntifique débute avec Oscar Wcski ( 1879- 1952)
- atrophie parodontale, le pl us sou vent présénile ct di ffuse,
11 9] par l' introduc tion e n 192 1 du nou veau concept de l'unité struc-
d 'étio logie inconnue.
turelle et fo nc tionnelle des tissus de soutie n de la de nt : le « para-
L' affirmation de l'étio logie bac té rienne e t une connaissance plus
dentium », qui deviendra ensuite le « paradontium ». Cepe ndant,
approfo ndie des dé fe nses de l' hôte a me nèrent à recons idé re r le
il n'ex iste toujours, au début du xx• s iècle, qu ' une seule et unique
cadre nosologique des maladies parodontalcs e t le urs trai tements.
maladie des gencives : la pyorrhée. On la traite alors par cauté ri sa-
L'aspect dégéné ratif ou a trophique correspondant à l' absence de
tio n, à l'aide de« pointes de fe ux » ou d ' acide.
connaissance des mécanis mes pathogé niques fut éliminé. Des fac-
teurs comme le traumatisme occl usal ou les altérations systémiq ues
.... LE~ NOMENCL.ATf=URS jouant un rô le dans la modification de la ré ponse tissulaire à lu pré-
sence des germes ne furent plus e nvisagés en tant qu'étio logies pri-
En 1925, McCa ll c t Box JI Oj introduisent une c lassificat ion sépa- maires ct fure nt s upprimés (traumatisme) ou redistribués dans les
ra nt c laire me nt les g ingivites des parodontitcs. Bnlint Orban [ 12 1e n nouvelles c lassifications (maladies systé miques).
1949 é met e nsuite 1' idée qu ' i1 pe ut existe r di fférentcs formes d ' une
mê me ma ladie appelée alors<< pcriodontitis >> .
.... LES RÉVOLUTIONNAIRES OU LE TRIOMPHE
DE LA BIOLOGIE
.... LFS MÉCANISTES ET L'ATROPHIE
La révolution sur laquelle repose a ujourd' hui notre conceptio n des
La con fus ion règne néanmoins à partir des unnécs 1930 avec la maladies parodontales intervient dans la décennie qui suit 1965 avec
classification d ' lsadore We inma nn ( 1934) 1.1 81qui initie le concept ( 1) les pre uves de l'origine bactérienne locale des maladies parodon-
de « parodontose >>, c'est-à-dire d 'atrophie de l'os alvéolaire. Cc tales J9, 171; e t (2) la classificatio n anatomopathologique des lésions
concept, ne repos ant sur <~ucune do nnée scie ntifique, continue paro dontales 11 31 qui é tabl issait un pont entre gingivite et paro-
d 'ex ister jusqu ' au début. des années 1970 avec les classificatio ns dontite en upportant une descriptio n de la lés ion parodontale à d if-
de G lickman r4J qui affi rme nt égale me nt le traumatisme occlusal férent s stades de son évo lution (voir chapi tre 23). La publication de
Page ct Schroeder, au mê me titre que celle de Lüe e t al. 11 3, 91, est un
moment c lé de l' histoire des maladies parodontalcs car e lle consti-
tue le premier effort scientifique visant à expliciter les mécanismes
pathogéniq ues en établissant le lie n entre la clinique e t l'aspect bio-
logique des maladies du parodonte. Enfin , les trava ux de Ja n Lindhe
ont contribué à élim iner l'étio log ie occlusalc des parodolllitcs [8].
À partir des années 1980, la réponse de l' hôte fut très é tudiée, tant à
travers les ré<tctions immunitaires innées qu'adaptatives [3].
Les maladies parodomales sont dues à La présence d 'une flore
microbienne pathogène induisant localemelll une réponse inflam-
matoire essentiellement protectrice mais possédant la rapacité de
générer elle-même une destruction tissulaire.
.... LE CONSENSUS
L
CHAPITRE 10 - HISTORIQUE 73
conférences de consensus entre ex perts ct reposeront sur les données Tableau 1 0-1 Termes modifiés par la classification de l'International
de la littérature scientifique. Quelles que soient leurs insuffisam:es Workshop for a Classification of Periodontal Diseases and Conditions
ct leurs imperfections, elles deviendront indispensables et s' impo- (Armitage, 1999 [2]) par rapport à la classification des maladies paro-
seront à tous. Elles donneront l ' occasion de plusieurs consensus dontales du World Workshop de 1989.
en A mérique du Nord ( \Vorld Workslwp) ct en Europe (European
Termes introduits : maladies gingivales. parodontites consécutives
Worhlwp) qui abouti ront au début des années 1990 à une définition à d'autres maladies
très large des maladies parodomalcs :
Termes supprimés : parodontite à progression rapide, parodontite
Au sens le plus large, les maladies pwvdonta/es sont une comtel- réfractaire
/ation d'infections microbiennes, de cancers, de conditions inflam-
matoires et de perturbations métaboliques qui ajfectent la gencive, Termes remplacés : parodontlte adulte par parodontite chronique,
parodontite à début précoce par parodontite agressive
les tissus conjonctif\· pamdontaux et l'os alvéolaire [ Il.
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..
Définitions
Philippe Bouchard
quelles des dents sont perdues pendant les périodes de suivi sont
principalement non parodonta les, comme des fractures rad iculair es
Le bord marginal de la gencive est situé l à 3 mm coro- 13, 6, 1 1, 20]. Les dents perdues pour rai son parodontales sont
na irement a u point où la genc ive est physiquement li mi tées à un petit nombre de patients qui présentent des récid ives
attachée à la surface dentaire. [201. Le nombre moyen de dents perdues par patient par an lors
Les maladies parodontales sont des affections des tissus des périodes de maintenance est de 0,07 % f 1 1]. Sur une période
de soutien de la dent (gencive, cément. ligament paro- de 30 ans de maintenance, le taux annue l de perte dentaire varie de
dontal et os alvéolaire) d'origine microbienne, consti- 0,01 % à 0,06 % en fo nction de l'âge, ce qui est extrêmem ent faible
tuées de lésions inflammatoires sous la dépendance du l3]. A insi, les patients atteints de parodontite c hronique ont d roit à
système de défense de l'hôte, entraînant une atteinte
la Ruérison ; encore faut-i l poser correcteme nt le diagnostic alln de
partielle ou cornplèle de ses différenles slruclures.
maîtriser au mieux le rythme et le contenu du s ui vi parodo ntal.
Les maladies parodontales sont d es maladies du sys- L'établisseme nt d ' un diagnostic repose sur la dé finition de cadres
tème d'attache de la gencive à la dent. nosologiques précis référencés au sein de classifications, sans cesse
Les maladies parodontales ne sont pas des maladies renouvelées il la lumière des acquis de la recherche. Outre le ur
osseuses. intérêt académique (enseignement et recherche), les c lassifications
La perte d'attache est le signe cardinal des paro- deme urent indis pe nsables aux traite ments, c'est-à-dire aux clini-
dontites. ciens qui les pratiquent. Le traitement d ' une g ing ivite unique ment
induite par la plaque (gingivite<< habituelle>>) est profondéme nt dif-
férent de celui d ' un herpès buccal récurrent o u d ' une ging ivite médi-
Les détails de la pathogén ie et de l'étiologie des in fectio ns paro- came nteuse. De même, le traitement d ' une parodontite chronique ne
dontales restent encore inconnus et différentes terminologies sont sc confond pas avec celui d' une parodontitc agressive ou celu i d ' une
souve nt utilisées dans les études pour définir les mêmes cas. A insi parodontitc ulcéro nécrotique qui impliquent le plus souvent la prise
une certaine confusio n est-elle souvent observée lors de la descrip- d'antibiotiques, des t11érapeutiques de reconstruction ct un suivi spé-
ti on des maladies parodontales. Il est cependant nécessaire de tran- cifiques. Que dire enfin de l' inquiétude et de l' isolement d' tm patie nt
cher et de proposer des définitions académ iques, sans doute impar- dont la maladie ne serait pas identifiée !
faites, a fin de donner à œt ouvragt.: l'huruugéuéité ilf(.lispeusable à Pourtant, la défi nition de l'état de maladie n' est ni statiq ue ni
sa compréhens ion. s imp le. M is à part la q ue re lle philosophique entre ontologistes (ceux
qui défi ni ssent la maladie en tant qu 'entité reproductible) et physio-
logistes (ceux qui croient que la maladie est unique chez un patie nt
Généralités donné), et en dépit de constantes variations socioéconomiqucs,
culture lles et scientifiques, la dé tinition des maladies et le urs clas-
Les parodontites chron iques, forme la plus prévalcnLe des paro- s ifications deme urent essentielles car elles constituent le point de
dontitcs, affichent des taux de mortalité dentaire dérisoi res après ré férence indispensable à tous.
traiteme nt, in fé rie urs le plus souvent à 1 %, sur le lo ng terme, c'est- D'une façon simple, on peut définir /'éJat de maladie cotr1111e une
à-dire supérieur ou égal à 10 ans 161. De plus, les raisons pour les- déviance progressive et continue par rapport à des normes cliniques
76 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
er biologiques définies, entraînant ou 11011 des séquelles après trai- spontané ct si la profondeur de sondage est ~ à 3 mm L18 1. Au niveau
tement. d ' un site, la sonde peut égaleme nt fournir d'autres renseig nements
La gingivite associée unique me nt à la plaque dentaire est donc c liniques tels que la présence de plaque dentaire et la hauteur de
bien une maladie en ra ison de son écart par rapport à la normalité gencive (voir chapi tre 47).
biologique, bien qu 'elle so it épidémiologiqucmcnt majoritaire com- - Lésion parodontale traumatique : destruction locale et indivi-
parativement à l'état de santé (prévalence s upérie ure à 50 % dans dualisée du parodonte superfi ciel ct/ou profond résul tant spéc ifique-
les pays industriali sés) ct qu'e lle n' entraî ne pas de séquelles après ment d ' un traumatis me. La lésion intéresse un ou plus ieurs sites sur
traite me nt ' . une même dent ou sur plusieurs dents, adjacentes ou non.
- Lésion endopamdrmtale : entité étiopathogéniquc combinée,
associée à la présence de bactéries d 'orig ines cndodontiqucs ct paro-
dontales. La lésion inté resse un o u plusieurs s ites sur une seule dent.
Classification actuelle des maladies
parodontales et des anomalies
du parodonte Mesures cliniques et sondage
L' inté rêt d' une classification repose s ur l'établ issement d' un La description du système d' attache sain correspond à une nor-
diagnostic précis. Cc langage commun cliniciens/chercheurs permet malité de référence sifllée immédiatement après l'éruption complète
d' intégrer au mieux thérapeutique ct recherche au sei n d ' une actio n (c'est-à-dire chez l'enfant) d'une dem ennonnoposition. Cette nor-
collect ive ayant pour but l' amé lioration de la qua lité et de la quan- malité physio logique de réfé rence est sujette à de nombreuses nue-
tité de vic (voir chapitre JO). Il est néanmoins d ifficil e de ré pondre tuai ions en fonction de l'âge, de la position de la dent sur l'arcade,
collect ivement aux critères de classificat ion des c liniciens, des épi- de la présence de séq ue lles cicatricielles associées à des maladies
démiologistes ct des fondamentali stes 141. Les variables d' inté rêt ne parodontalcs passées. A insi, par convention, un site est cons idé ré
sont évidemment pas identiques. Une classification do it ê tre avant cliniquement sain chez l'adulte s' il n'existe pas de saignement au
tout utile ct cette ut ilité varie en fonction de la finalité : l' individu sondage ou spontané et si on ne constate pas de profondeur de son-
pour le clinic ien, la populat ion pour l'épidém io logistc, le biolog iq ue dage;:: 4 mm (poches parodontales) ou de perte d 'auachc (cont inue).
pour le fondamentaliste . La c lassification actuelle (Tableau 11-1) est Cela revient à dire qu ' un parodonte sain ne saigne pas, présente une
it v isée clinique et sc prêle peu à la recherche fo ndamentale, encore profondeur de sondage ~ 3 mm et un niveau d 'attache c li nique stable
moins aux travaux épidé mio logiqucs. Elle fait néanmoins autorité ct au til du temps. Compte tenu de la g rande variabilité cl inique et his-
c'est à e lle que le présent ouvrage sc réfère, même si e lle est criti- tomét.riquc de la hauteur de l'épithélium jonctio nnel cl de l' attache
quable (voir chapitre Il ). conjonctive, dans un esprit didactique, nous adopterons des mesures
simplifiées du système d'attache.
- Niveau d ' attache clinique (NA) : distance en millimètres entre
la jo nctio n amélocémenta ire (poi nt de référence) et l'extrémité de
Maladies, lésions et sites
la sonde parodontalc (po int fluctuant en foncti on du niveau d u sys-
tème d'attache). C'est une mesure stat ique, enregistrée à un moment
La confusio n règne le plus souvent lorsq u'i l s'agit de dé fin ir les
donné.
atteintes du parodonte. Les défini tions suivantes te ndent à c larifier le
r(mmlie: NA= PS ± DGM
contenu de ces dernières.
- Maladie purodontale : association de lésions paroclontalcs cor- PS (profondeur de sondage): distance e n mi llimètres entre le bord
respondant à des entités nosolog iques s ignant une alté ration plus ou margina l de la gencive ct l'ex trémi té de la sonde parodontale. Sa
moins étendue ct sévère de la santé du parodonte. valeur est toujours positive.
- Lésion parodomale : entité étiopathogéniq ue élémenta ire à DGM (distance gencive marginale): distance en mill imètres entre
expression clinique mettant en je u la réponse inflammatoire consé- la jonction amélocémentaire (JAC) et le bord marg inal de la gen-
cutive à la présence de pathogènes par odontaux de la p laque dentaire c ive. Sn valeur est négat ive lorsque le bord marg inn l de la gencive
el cmraînant une destructio n non traumatique loca le ct individuali- est coronaire à la JAC (accroissement g ingival) et posi tive lorsque
sée elu parodo nte. La lésion intéresse un ou plus ieurs sites sur une le bord marginal de la genc ive est apical à la JAC (récession g in-
même dent ou deux dents adj acentes . g ivale).
- Site parodontal: po int élémentai re s itué autour d ' une de nt cor- Cette formule permet de comprendre pourquoi deux mesures
respondant à une zone de sondage. Chaque dent comprend classique- enregistrées sont s uffi santes pour ca lculer la trois ième. Le plus
ment les six s ites suivants : ( 1) mésiovestibulairc, (2) vestibulaire, souvent, o n calcule NA en enregistrant les mesures de PS et de
(3) d istovcstibulairc, (4) mésiopalatinlling ual, (5) palatin/lingual , (6) DGM. En princ ipe, la valeur de NA devrait toujours être négative.
dist.o palatin/lingual. Chaque site est caractérisé par quatre compo- Pnr convention, e lle n 'est pas affectée de signe, sauf lo rsque la
santes mesurées à l'aide d ' une sonde parodontalc mill imétrée insé- mesure est différentie lle (voir plus bas).
rée entre la gencive ct la surface dentaire avec une pression moyenne • Niveau d 'allaclte clinique citez l'enfant: le bord marginal de la
de 0,20 Newtons (sens iblement 20 g). Ces compos antes sont : ( 1) gencive est théoriquement s itué, j uste après que la dent a terminé
le niveau d ' attache, (2) la profondeur de sondage, (3) la récession, son éruption, à 1,5 mm e nviron coronairement à la jonc tio n amé-
et (4) le saigneme nt au sondage. Les valeurs mesurées varient en locémentaire (Figure 11 - 1). L'épithélium jo nctionncl est s itué s ur
fonction de l'état de santé du s ite. Chez l'adulte, un site est considéré l'émail dentaire.
sain s'i l n'ex iste pas de saignement au sondage ou de saig ne ment La profondeur normale de sondage est donc de 1,5 mm chez l'en-
fant ou le jeune adolescent, sachant que, pour un sondage normal
1. Santé el maladie n'obéissent donc pas aux lois du système majoritaire, d 'environ 0,25 Newto n (25 grammes), l'extrémité de la sonde est
cher i1la démocratie. arrêtée au niveau de l'extrém ité de l'attache épithélia le située à la
CHAPITRE 11 - DÉ FINITIONS 77
j o nction am élocémcntai rc. L e problème est que, dans celte situatio n L'épithélium jonc tionnel est si tué sur le cément radiculaire. O n
théorique, la j onctio n amélocém cntai re (point de référence) n'est noter a que chez l 'enfant comme chez l 'adulte, il n 'y a pas de réces-
pas v i sible ct qu'i l n'est donc pas possible d' identi fier le niveau sion g ingivale ( DGM = 0) et donc NA= PS. L a profo ndeur elu sulcus
d'au ache cli nique avec précision. (zone sans auache épithél iale o u conjonctive à la sur face dentaire)
• Niveau d'a/lache clinique chez /'adulle : le bord marg inal de étant d 'environ 0,5 mm, i l conv ient de retrancher ceu e valeur à la
la gencive est situé 0 ,5 mm coronairem ent à l a jonction amélocé- PS luc afi n de déterminer le niveau d 'auache. En prat ique, compte
m enta irc, cc qui correspond à la profo ndeur du sulcus (Fi gure 11 -2). tenu de l ' incertitude de lecture de la sonde parodontale g raduée au
78 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
Profondeur de sondage
Valeurs moyennes en millimètres
- :- - - - - - - - - - - - - - - ---
{données arrondies)
Profondeur de sondage
Sulcus r -O.S-
~ ~-~-------------
Valeurs moyennes
en millimètres
(données arrondies)
1-
Q)
~-5
·w :m
JJ~
w
j Eptthélium
de jonction
Attache 1
-
10
• mm
----·------ -- -------
-~~~j~-n-~t~~~--~-~ ._o_~~---------
Paro donte sain chez l'enfant. Valeurs h istomé- Parodonte sain chez l'adulte. Valeurs histomé-
triques moyennes à partir d'une position théorique de l'extrémité api- triques moyennes à partir d'une position théorique de l'extrémité coro-
cale de l'épithélium jonctionnel situé à la jonction amélocémentaire. naire de l'épithélium jonctionnel situé à la jonction amélocémentaire.
JAC : jonction amélocémentaire. JAC :jonction amélocémentaire. Noter que le sulcus ne fait pas partie
du système d'attache ni, en conséquence, de l'espace biologique qui
est d 'environ 2,0 mm chez l'adulte.
mieux tous les m i llimètres, la pro fondeur du suicus n'est pas prise • Gain d 'a/tache (GA): différence posi tive entre deux mesures de
en compte dans la mesure du NA (NA = PS). L a mesure du NA est niveaux d 'attache. C'est une mesure dynamique, enregistrée à des
une donnée stati que par r apport à un point cie référence, la j onc- moments différents. Identifie le r ésultat d ' un traitement.
tion améiocémentairc. Elle est donc une mesure historique de pertes Formule : GA = NA,0 - NA ., si NA,0 - N A,.> 0
d 'attaches antérieures éventuelles.
- Profondeur de sondage (l>S) : di stance en m i llimètres entre le
• Niveau d'auache relatif: distance en milli mètres entre un repère
bord marginal de la genci ve (point de référence) ct l 'extrémité de l a
arbitraire (point fi xe cie référence) situé soit sur l a dent (l imite d ' une
sonde parodontale (point fluctuant en fonction de l 'état de santé du
restauration par exemple), soit sur un guide préfabriqué (gouttière
système d'attache).
occiusale par exemple) et l 'extrém ité de la sonde parodontaie (point
fluctuant en fonction elu niveau elu système d'attache). L e niveau Formule: PS = NA ± DOM
d 'attache rel ati f est utili sé chez l ' adulte en cas d ' impossibi l ité • Profondeur de poche gingivale ( PPG) : pr ofondeur de sondage
d ' identification cie la jonction amél océmentai rc (élément prothé- sans perte d ' attache (pseudo-poche). Identifie les gingivites et les
tique, abrasion, etc.). accroissements gingivaux (Figure 1 1-3).
• Perte d'a/lache (PA) : di f férence négative entre deux mesures • Profondeur de poche pcuvdonra/e (PPP) : profondeur de son-
cie niveaux d ' attache. C'est une mesure dynamique, enregi strée à dage> 3 mm chez l 'adulte avec perte d ' attache. On si mpl ifie sou-
des moments di fférents (t0 mesure i nitiale et t, mesure au temps x). vent en parlant de poche parodomale ou de profondeur de poche
Identifie les parodontites2 (PP) pour toute valeur de sondage~ 4 mm. identi fie l es par odontites
Formule : PA = NA,0 - NA.., si NA,0 - NA., < 0 (Figures 11-4, 1 1-5 et 1 1-6).
- Récession gingi valc3 (REC) : distance en millimètres entre la
L e terme de perte d'attache prête à confusion car il est souvent
j onction amélocémentaire (poi nt fi xe de référence) el le bord margi-
pri s à tort pour le N A. Certai ns auteurs quaii fîent de perte d 'attache
nal de la genci ve (point fluctuant) ayant m igré apicalemenl.
un NA~ l mm. C'est exact si la perte d 'attache est définie comme
- Saignem ent au sondage: saignement provoqué par l ' insertion
une mesure à un instant t donnée par un niveau d'attache rapporté à
de la sonde entre la gencive et la sur face dentaire. La mesure est dicho-
une valeur anatomique de r éférence : la j onction amélocémentaire.
tom ique (saignement ou non-saignement) ou sur une échelle qual ita-
Nous préférons une approche dynamique de la perte d ' attache telle
tive à quatre classes. ldcntifîe l ' inflammation au niveau d'un site.
qu'elle est définie ci-dessus, c'est-à-dire la dégradation continue
- Sondage osseux : sondage forcé sous anesthésie locale permet-
du niveau d 'auache, car elle permet d ' identi fier la maladie acw elle
tant de mesurer la distance en m i llimètres entre le bord marginal cie
ct non celle passée. C'est celte définition de la per te d 'attache que
la gencive (poi nt de référence) et l'extrémi té de la sonde parodontal e
nous aurons tout au long de cet ouvrage. L es auteurs parient parfoi s
(poi nt fl uctuant en fonction de la résorpti on de la crête al véolair e).
de perte d ' attache continue pour signaler cette dy nam ique. Nous y
L a mesure est parfois utile en recherche clinique ou avant chirurgie.
ferons parfois référence pour éviter la confusion.
2. Sauf dans le cas de pene d'anachc accessoire correspondant à une lésion 3. Le terme de récession parodontale est plus adapté car c'est l'ensemble du
unique ct isolée non induite par une parodontitc ou par un traumatisme (voir parodonte qui migre apicalcment. Cependant, le terme de récession gingivale
plus bas dans le texte). est celui communément employé et c'est celui que nous choisirons.
CHAPITRE 11 - DÉFINITIONS 79
NA= PS ± DGM
NA = 5 - 1 = 4 mm
Figur 11 3 Exemple de site chez un adulte atteint de gingi- F1gure 11·4 Exemple de site chez un adulte atteint de paro-
vite. Le système d'attache est intact (2,0 mm). La profondeur de son- dontite avec œdème gingival. La profondeur de sondage est de
dage est de 3,0 mm pour une profondeur de poche gingivale (pseudo- 5 mm. Il existe un œdème gingival de 1 mm. Le niveau d'attache est
poche correspondant à l'œdème) de 2,0 mm. Le niveau d'attache donc de 4 mm, correspondant à une perte d'attachement de la gen-
n'est pas affecté. JAC : jonction améiocémentaire. cive à la dent de 4 mm par rapport au point de référence qu'est la JAC.
JAC : jonction amélocémentaire ; NA : niveau d'attache ; PS : profon-
deur de sondage ; DGM : distance gencive marginale.
Profondeur Niveau
Profondeur 5,0mm
"' 4,0mm de sondage d'attache
de sondage
Figure 11-5 Exemple de site chez un adulte atteint de paro- FiÇ~ur 11-6 Exemple de site chez un adulte atteint de paro-
dontite avec récession gingivale. La profondeur de sondage ou dontite sans récession gingivale et sans œdème (situation fic-
profondeur de poche est de 4 mm.ll existe une DGM de 1 mm (réces- tive car l'œdème est toujours présent). La profondeur de sondage
sion gingivale). Le niveau d'attache est donc de 5 mm correspondant ou profondeur de poche est de 5 mm. Le niveau d'attache est donc
à une perte d'attachement de la gencive à la dent de 5 mm par rapport de 5 mm, correspondant à une perte d'attachement de la gencive à la
au point de référence qu'est la JAC. JAC : jonction amélocémentaire ; dent de 5 mm par rapport au point de référence qu'est la JAC. JAC :
NA : niveau d'attache ; PS : profondeur de sondage ; DGM : distance jonction amélocémentaire ; NA : niveau d'attache ; PS : profondeur de
gencive marginale. sondage ; DGM : distance gencive marginale.
80 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
- Défaut usscux : modification de la mo rpho logie osseuse consé- deur de sondage~ 4 mm), et (3) d' a rrêter les pertes d'attache (varia-
c utive soit ( 1) à une lésion du parodonte d 'orig ine m ic robie nne o u tions négatives du niveau d' allache). Une fois la malad ie stoppée - ce
traumatique ; soit (2) à une a no malie innée ou acqu ise. La descrip- qui est le but de la thé rapeutique initinlc - , l' objectif du traite ment
ti on morpholog ique du dé faut est fonc tion de sa localisa tion par rap- parodontal consiste i\ meil re en œ uvre des thérapeutiques réparatrices
port au niveau osseux moyen (al véolysc ho ri zontale o u ve rticale), de visant à é liminer les poc hes parodontalcs c t/ou des techniques régéné-
son niveau par rapport à la c rê te osseuse (dé faut supra/irltra-osscux), ratrices visant à amé liore r la c icatrisatjon tout e n gagnant de l' attache.
du nombre de paroi s osseuses ( 1, 2 ou 3 parois), de son ang ulatio n Il est donc aberrant de traite r des nivea ux d ' altac hc clans le but de
par rapport à la s urface dentaire (défaut horizontal ou angulaire) e t stoppe r une maladie passée, honnis dans une approc he rcco nstruc-
de sa mo rphologie intrinsèque (circon fé rc ntiel, en c ra tè re). trice à visée esthé tique ou fonctionnelle. A ins i, lors d ' un prem ier
re ndez-vous c t en l'absence de données antérie ures, un patient ne
présentant ni poc hes parodontales ni saigne me nt ne pe ut ê tre diag-
nostiqué, même s' il présente des niveaux d 'attac he té mo ignant de
État de maladie séquelles de maladies parodontales. Il sera considé ré simplement
com me un patie nt à risque jusqu ' à ce qu ' un second sondage paro-
En parodontolog ic, une g rande confus io n règne égale ment s ur ce dontal s uffi samme nt é lo igné du pre m ier ( le plus souvent après
qu' il convie nt d 'a ppele r l'« é tat de malad ie» du patie nt. Ce point 3 mo is) confirme o u no n la présence de pertes d ' attac he.
est importa nt car toute maladie nécessite un traite me nt. Traite r En résumé, 1111 dia~:nosric de maladie parodomale ne peur êlre
des patie nts no n malades e ntraîne Lill s urtraite mcnl consécuti f il un porlé sur une mesure unique des niveaux d'anadre 0 11 sur une image
surdiagnostic et motive des comporte me nts ia trogènes. Le trauma- radiographique. Il repose surfa présence de saigneme/11, de poe/res
tisme mécanique associé à l' instrume ntation manuelle ou sonique pamdonwles el/ou de perles d'al/ac/re (conrinues).
lors d' un détartrage-surfaçage e ngendre des pe rtes d ' allac hes
moyennes de 0 ,5 à 0,76 mm 11 , 7 1. Il convie nt donc d 'être économe,
c hez des patient s sains, de techniques pe rforma ntes adaptées à des
patients malades, e n partic ulie r lors du sui vi parodo ntal. Définition clinique des maladies
Les maladies parodontalcs sont une assoc iation de lés ions ide n- parodontales
tifiables clinique me nt. La question est : il pa rtir de qud se uil (com-
bien de lésions) pose-t-on le diagnostic de maladie '! Il es t e n tout Les maladies parodolllales son/ des processus pallro/ogiques
cas certa in qu ' un site isolé perdant de l'attac he ne constitue pas à affecranl les /issus de sowien de la deni ou parodonre qui com-
lui seul une maladie. Celle pe rte d ' attac he dite << accesso ire >> (illci- premrenl : la gencive, le cémenl, le ligamenl pamdonlal ou desmo-
denlal auadurrelll /oss) est rare ct correspond le plus souvent à une dollfe, el 1'os alvéolaire.
perte d ' auac hc assoc iée par exemple 11 l'extrac tio n d ' une de nt de Ces processus patholog iques peuve nt at.tei ndrc:
sagesse inc luse, la présence d ' une fêlure radicula ire, une malposi- - le parodonte supe rfic iel (gencive) réalisa nt les gingiviles co r-
tion de ntai re, e tc. Il convie nt néanmo ins de ne pas ig nore r ces pertes responda nt i1une inflammatio n cl inique me nt décelable de la gencive
d 'au ac he accessoires car, en l' absence de cause locale non liée à la sans pe rte d ' anachc;
plaque (fê lure par e xemple) , elles peuvent constitue r un s igne d ' ap- - le pa rodonte profond (céme nt, ligame nt pa rodontal ct os alvéo-
pe l des parodontitcs agressives c hez les sujets j eunes [5]. On cons i- laire) réalisant les parodorlliles, correspondant non seule me nt à une
dé re ra qu ' au-de là de deux s ites pe rdant de l' attac he sur deux de nts a tteinte du pa rodonte superfic iel, mais a ussi i1 une perte d 'attache
diffé rentes, ces pertes d ' attache n' ayant d'autre e xp lication que la entraînant une lyse de l'os a lvéolaire.
plaque de ntaire, le d iagnostic de maladie pe ut être posé. Gingivites c t paroclontitcs sont le continuum d ' un même processus
La présence de poe/res pamdolllales el/ou de perles d 'a/ladres inflammatoire [10]. Les gingivites n'évolue nt pas forcéme nt vers la
(conrinue) sig ne une maladie en cours. Le niveau d ' attache enre- parodontite mais la précèdent. Il est donc impor1ant de compre ndre lo rs
g istre la perte des tissus parodo ntaux il un moment do nné. Le niveau de l'énoncé du diagnostic q ue celui de parodontite présuppose implici-
d 'anaclre clinique té mo igne do nc soit de l' absence de maladie (NA teme nt celui de gingivite. Ains i, le diagnoslic de gingivile exc/111 celui
= 0), soit des séquelles d' une maladie passée (NA ~ 1 mm). Il y de pamdrmlile, alors que celui de pamdolllire ind u/ r·e/ui de gùtgivite.
a clone lieu de traiter bie n évide me nt ( 1) les pertes d ' at.tachc asso- Lorsque la de nt est a bsente, une seule composa nte du parodonte reste
ciées à la prése nce de poches parodontalcs, mais aussi (2) celles no n présente : la gencive. Des g ing ivites peuvent donc ê tre diagnostiquées
associées à la présence de poches parodontales, fo rme pe u préva- e n l' absence de de nt, en pa rtic ulier c hez des édentés totaux.
lc ntc d 'évolution intervenant c hez des patients ayant le p lus sou vent
une hygiè ne excessi ve c t/ou non maîtrisée. Une pe rte d ' altac he sans
formatio n de poches parodo ntalcs est parfo is qualifiée de « sile n-
cie use >>. Cette dernière forme d 'évolutio n justifie à elle seule la
Définition étiopathogénique
mesure du NA a u fi l du temps (en particulier pendant les séances des maladies parodontales
de suivi parodontal) ct pas seule me nt de celle de PS qu i ne peut
té moigne r de toutes les formes de progression de la maladie ct/ou L' orig ine mic robie nne des maladies parodontalcs les plus pré va-
des résultats thé rapeutiques e n te rmes de gain d'attache. lc ntes ains i que le pote ntiel de transmission intc rhumaine Ll5, 161
Enlin, les maladies parodontales ne sont pas des ma ladies e t inte respèces [ 171 des m icro-organismes parodontopa thogèncs ne
osseuses, mê me s i la destructio n des tissus mo us a po ur conséque nce sont plus à dé montre r. Ce tte transm ission pote ntielle n'e n fait pas
une perte de l'os alvéolaire de soutie n. En conséque nce, l'exame n pour au tant des maladies contagieuses, au sens où elles ne sont pas
radiographique seul ne pe ut en auc un cas té mo igne r d ' un diag nostic. ai sément trans missibles e t n'engendre nt qu 'exceptionnellement les
En clair, l'objectif cl inique essentiel du traite me nt des maladies troubles généraux associés à la contagion. La question de savoir
parodontales est ( 1) de supprime r l' innammation clinique (saigne- si les parodontitcs c hroniques sont des maladies infecti e uses 11 3 1
ment a u sondage), (2) de supprime r les poches parodontales (pro fon- ou inflammatoires L8 1 reste assez acadé mique. Il existe cependant
CHAPITRE 11 - DÉFINITIONS 81
plusieurs raisons de considérer les parodontites comme des infec- POUR EN SAVOIR PLUS
tions l9] : ( 1) l'étiologie est microbienne ; (2) les micro-organismes
-------
International Workshop for a Classification of Periodontal Diseases
indu isent une réponse immun itaire innée et adaptative ; (3) les and Conditions. A1111als of Periodontology, Volume 4, Number 1,
micro-organismes pathogènes ct le urs produits sont retrouvés dans Decembcr 1999. The Amcrican Academy of Periodontology Eds.
les tissus; (4) la destruction tissul aire est irréversible; (5) les sig nes
c liniques de l' inflammation sont observés de façon constante. D'un
autre côté, la répo nse inflammatoire à cette présence microbienne
BIBLIOGRAPHIE
semble prendre le pas en termes de destruction parodontale sur la des-
truction engendrée par les bactéries e lles-mêmes 1141. La frappante 1. A ives RV, Maehion L, Casati MZ, ct al. Attachment loss afler sca-
s im ilitude entre parodontitcs chroniques et polyartJ1rite rhumatoïde ling and root plani ng with different instruments - a clin ica l study. J
tend égaleme nt à montrer qu'il s'agirait de maladies in flammatoires Clin Pe1iodontol, 2004,31: 12- 15.
chroniques. Cependant, les phénomènes auto-immuns ne constituent 2. Annitage GC. Developme nt of a classitication system for perioclon-
pas l'essentiel de la destruction parodontale associée à la réponse de tal discascs and conditions. Ann Periodontol, 1999, 4 : 1-6.
3. Axe lsson P, Nystriim B, Lindhe J. The long-t.erm effect of a plaque
l' hôte. Il semble donc raisonnable d'adopter la définition suivante :
control program on tooth mortal ity, caries and periodontal disease
Les maladies pamdontales sont des a.ffections des tissus de sou- in adults. Results after 30 years of mainte nance. J Cl in Pcriodontol ,
tien de la dent (gencive, cément, ligament parodontal et os alvéo- 2004,3 /: 749-757.
laire) d'origine microbienne, constituées de lésions inflammatoires 4. Baelum V, Lo pez; R. Defini ng a periodontitis case : analysis of a
sous la dépendance du système de défense de l'hôte, entraÎnant une nevcr-trcated aclult population. J Cl in Periodontol, 20 12, 39: 10-19.
alleinte partielle ou complète de ses di[(érentes structures. 5. Brown LJ, Al bandar JM , Brune i le JA, Lüe H. Early-onset pcrioclonti-
Les gingivites liées à la plaque sont des réactions inf'lammatoires tis : progression o f attachment Joss during 6 ycars. J Pe riodontol ,
1990, 67: 968-975.
d u parodonte s upe rfic ie l à une flore microbienne non spécifiq ue com-
6. Carnevale G, Cairo F, Tonctti MS. Long-term effects of supportivc
plexe e t sont réversibles après diminution de la biomasse. Des travaux thcrapy in periodontal patients treated with tibre re te nt ion osseous
désormais classiques démontre nt que la diminution de la quantité de rcscctivc surgcry. Il : Tooth extractions during active and support ive
plaque bactérie nne autour des dents par simple brossage e ntraîne une therapy. .1 C lin Pcriodontol, 2007, 34 : 342-348.
disparition des symptô mes cliniques de l'inflammation [ 12, 19]. 7. C laffey N, Loos B, Gantes B, et al. The relative cffects or therapy and
Les parodontites c hroniques sont indui tes par une communauté periodontal discase on Joss of pro bing attachme nt art c r root debride-
ment. Journal o f Cl inical Pcriodontology, 1988, 15 : 163-169.
microbienne pathogène entraîna nt un décollement des fibres colla-
8. Fokkcma SJ , Loos BG, de Slegte C, ct al. lncreased re leasc o r IL-
gènes de la surface cémentaire et une mig ration apicale/destruc tion de 12p70 by monocytes af'tcr perioclonta l therapy. J Clin Periclontol ,
l'épithé lium de jonction. Cette perte de l'attache conjonctive autour 2003,30: 1091-1096.
des dents associée il une nécrose de l'attache épithé lia le conduit 9. Greenstcin G. Advanœs in periodontal cliscasc diagnosis. lnt .1
seco11dairement à une résorption irréversible de la partie coronaire de Periodontics Rcstorativc Dent 1990 ; 10: 350-75.
l'os a lvéolaire de support (alvéolyse). Certaines parodontites pat·ticu- 1O. Kinane OF, Attstrüm R. Ad vances in ù1e pathogenesis of pcrio-
dontitis consensus report of the firth European Workshop in
lièrcment destructrices/agressives associées à une invasion active des
Perioclontology. J Cl in Periodontol, 2005,32 (Supp/6) : 130-131.
tissus peuvent ê tre considérées comme des infections du parodonte
Il. Künig J, Plagmann HC, Riihling A, KochcrT. Toot.h loss and pocket
profond. C'est le cas par exemple des parodontites ulcéronécrotiques. probing dc pths in compliant periodontal ly treatccl patients: a retros-
Les parodontitcs ne sont donc e n aucun cas des maladies osseuses pective analysis. J C lin Periodontol , 2002, 29 : 1092- 11 00.
mais des maladies du systèrne d'attache de la de111, même s i cette 12. Loc J-1 , Theilade E, Jensen Sb. Experimental gingivitis in man . .1
perte d'attache me nt a pour conséquence une lyse de l'os a lvéolaire. Periodontol, 1965,36: 177-1 87.
Ainsi, la perte d 'attache ment des tissus mous à la surface dentaire ou l3. Mager DL, Haffajee AD, Socransky SS. The e!Tects or pcriodontitis
and smoking on the microbiota of oral mucous membranes and saliva in
perte d'a/lache est le signe cardinal des parodontites.
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14. Page RC, Schroeder HE. Perioclontitis in man and other animais: A
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15. Petit MD, van Stccnbcrgcn TJ, Scholie LM, et a l. Epidcmiology and
transmi>sion of Porphyromo nas gingivalis and Actinobacill us aeti-
• Chez l'adulte, un site est considéré sain s'il n'existe pas nomycetcmcomitans among ch ildren and the ir famil y members. A
de saignement au sondage ou de saignement spon- report or 4 survcys. J C lin Periodontol , 1993, 20 : 64 1-650.
tané et si la profondeur de sondage est ::; 3 mm. 16. Petit MD, van Steenbergen TJ, T immcnnan MF, et al. Prevalence
• Un niveau d'attache apicalisé indique qu'une perte of periodontitis and suspected periodontal pathogens in rami lies of
d'attache a eu lieu à un moment donné: il n'indique adult periodontitis patients. J Clin Periodonto l, 1994, 2/ : 76-85.
pas obligatoirement une maladie en cours. 17. Preus HR, Olsen 1. Possible transm ittance of A. actinomycctcmco-
mitans from a dog to a chi lei with rapidly destructive periodontitis . .1
• Un diagnostic de maladie parodontale ne peut être Periodontal Res, 1988, 23 : 68-71.
porté sur une mesure unique des niveaux d'attache ou 18. Savage Amir, Baton KA, Moles DR, Neeclle man 1. A systematic
sur une image radiographique. review of definitions of periodontitis and mcthods thal have been
usee! to iclentify th is discasc. J C li n Periodontol, 2009,36: 458-467.
• La présence isolée ou combinée de saignements. de
19. Thciladc E, Wright WH, Jensen SB, Lüc H. Experi mental gingivitis
poches parodontales, de pertes d'attache (continues)
in man. Il. A lo ngitudinal cl inical a nd bactcriological investigatio n.
indique une maladie en cours. J Periodontal Res, 1966, 1 : 1-1 3.
• Le diagnostic de gingivite exclut celui de parodontite, 20. Tonctti MS, SteiTen P, Muller-Campani le V, e t al. Initial extractions
alors que celui de parodontite inclut celui de gingivite. and tooth Joss during supportive care in a pcriodontal population
seeki ng comprehensive care. J Clin Periodontol, 2000,27: 824-83 1.
Maladies gingivales induites
par la plaque
Philippe Bouchard
Tableau 12·11 Ca racté ris tiques des gingivites induites pa r la rienne. La gingivite est donc une inflammation cliniquement déce-
pla que : s ignes fonc tionnels (s ymptômes) e t phys iques (cliniques). lable de la gencive (Fi gure 12- 1, p. sui vante).
Les gingivites conslituent de lo in la forme la p lus prévalente des
Gencive saine Gingivite induite maladies g ingivales et, a u sens pl us la rge, des malad ies parodontales
[25]. Leur prévale nce dé passe 50 % quel que soit l'âge dans les pays
Signes Aucun Absents le plus souvent.
fonctionnels Saigne me nts provoqués industrialisés [2] , non industri ali sés [8] e t la France n'écha ppe pas
(brossage, mastication) à la règle [51.
ou sponta nés. Sensation
d'agaceme nt (érythème),
de chaleur. Douleurs peu .... LA GINGIVITE : UN INDICATEUR DE RISQUE
fréquentes DE LA PARODONTITE CHRONIQUE
Couleur Rose corail* Rouge, bleutée, violacée,
vernissée L'épidé miolog ie et l'histoi re naturelle des maladies parodontales
Volume Normal Augmenté indiquent que l' inflammation gingivale est une composante invariable
des parodontites [ 14, 16]. La gingivite précède donc l'initiation de la
Contour Festonné, parfaite Œdème papillaire
parodontite, mê me si toutes les g ingivites n'évoluent he ureusement
adaptation entraîna nt
à la dent, papilles une pe rte du feston pas en parodonlites. De plus, la susceptibil ité Lndividuelle à la paro-
interdentaires et une inadaptation dontite semble associée il la susceptibilité individuelle à la g ingivite
en lame de couteau aux contours de la dent [36]. L'ensemble de ces considé rations fo nt penser aujourd'hui que
Texture/ Fe rme, résiliente, Lisse, molle, friable gingivites induites et parodontites sont le continuum d' une mê me
consistance piquetée " e n peau m aladie chronique. La proportion de sujets atteints de gingivite
d'orange " s'aggravant vers la parodontite chruniqm: est im:onnue à ce jour et
Saigne me nt Non Oui les raisons de cette évolution sont e ncore aujourd' hui mal comprises.
a u sondage Cepe ndant, l'effet te mps est important puisqu' il faudra une exposi-
Exs udat de fluide Minime Augme nté Lion longue ù la ging ivite avant de voir apparaître une parodontite
gingival 11 7J. Le dépistage et le traitement de ces affections assez banales de
Augmentée la gencive sont donc capitaux car elles constituent le passage obligé
Tempéra ture Normalité 34
s ulculaire des parodontites. La gingivite est ainsi un facteur/ indicate ur de risque
de la parodontite. L' absence de gingivite est un bon facteur de pronos-
• Pigmentations brunes parfois chez les sujets de couleur.
lic il long terme de stabi lité des indicateurs parodontaux tant au niveau
des individus que des sites parodonta ux ll 3]. Parce que les gingivites
sont traitables sans séque lles, il convient donc de ne jamai s en négli-
au-delà, il s 'ag it de g ingivostomatite; lorsque les lésions de la cavité ger le diagnostic car, outre 1' inconfort qu 'elles peuvent représenter,
buccale n' intéressent pas la gencive, on parle de stomatite ; e t lorsqu ' i1 le ur traite ment est parlie intégrante de la prévention des parodontites.
y a perte d' attache, il s'agit d' une parodontite.
À l'inverse des maladies parodo ntales nécrotiques, les maladies
.... LA GINGIVITE : UNE RÉPONSE À LA PLAQUE
gingivales induites sont très rare me nt douloure uses. Le dir~gnosti c est
DENTAIRE
le plus souvent fortuit à l'occas ion d'une vis ite de contrôle ou d ' un
dépistage. Les motifs de consultation ne sont donc pas fréque nts et L' é tio logie est bac té ri enne qua ntitative no n spécifi que [33],
se résume nt le plus souvent à des do léances associées au saigne ment. bien que la composition du m icrobiote parodo ntal assoc ié à la gin-
Le patie nt se plaint de saigne ments provoqués au brossage e t/ou à la g ivite soit sensibl e ment diffé re nte de celui de l'état de santé [2 1].
m astication. Tl existe parfois des saigne me nts spontanés qu i génère nt Tl n 'existe néanmoi ns pas de bacté ries paù10gènes spécifiques à la
une v ive inquiétude c hez le patient, celui-ci sc plaig nant de« cracher gingiv ite. Le risque d' initiation et/ou d'aggravation de la g ingiv ite
du sang » ou décrivant des traces de sang le matin sur son oreille r. augmente donc s urto ut e n foncti on de la q uanti té de pl aque bacté-
Diffé re nts indices d'inflammation gingivale o nt é té proposés, tous rienne el, dans une moindre mesure, de la s pécificité mic rob ienne
reposant sur la présence/inte nsité du saignement ct sur des s ignes d ' un biofilm do nt la co mpos ition varie essentielleme nt e n fo nc-
visue ls évaluant les changeme nts de coule ur et/ou de vo lume de la tion de l'âge. On observe ainsi un effet dose e ntre la quantité de
gencive (voir c hapitre 19), Le diagnostic différentiel consistera il éli- plaq ue e t le risque de gingiv ite. Il est inté ressant de consta ter sur
mine r les maladies gingivales non induites pa r la plaque c t les paro- le plan e nvironnementa l que la con sommati o n exagérée de pro-
dontites (présence de perte d'attache). Après suppression de l'étiolo- duits suc rés (saccharose), c lassique me nt assoc iée il l' a pparition
g ie et information du patient sur de simples conseils d ' hygiè ne orale, de caries dentaires, est auss i associée a ux ging iv ites e n raison de
le retour à l'éta t de santé est la règle . l'augm e ntatio n concomitante du ta ux de plaque dentaire [30]. À
l'état de santé, un équ ilibre dynami que e ntre b acté ries e t répo nse
de l' hôte ex iste. La présence des bacté ries est « contrôlée >> par
l' immunité innée et a uc une infla mmation n 'est cliniquem e nt
Gingivites uniquement associées déce la ble . Il est c lair que to ut c ha ngeme nt métabo li que ag issant
à la plaque sur l'immunité innée est s usceptible de provoque r une rupture
de l' homéostasie parodontale indépendamment de la quantité de
Jadis a ppelées gingivites c hroniques, ging ivites habitue lles o u plaque. Il ex iste donc des situa tio ns o ù les signes cl iniques de la
ging ivites banales, on leur préfère mainte na nt le terme simple de gi ng ivite seront a ugme ntés par des fac teurs m odi fiants associés à
gingivite qui, sans autre préc isio n, résume les signes c lin iques de la ré po nse immunitai re et no n à la qua nti té de pl aque (voir plus
la réac lion inflammato ire g ingivale it la présence de plaque bacté- bas) . De p lus, cc que l'on pourrait appele r le« seuil de to lérance
84 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
Gingivite marginale généralisée chez l'adulte. Noter Gingivite marginale généralisée chez un homme
la présence abondante de plaque et l'inflammation généralisée se de 25 ans présentant un émail légèrement dysplasique dont l 'état
traduisant par une gencive œdématiée, lisse et rouge. (Document de surface favorise l'adhésion du biofilm. Les flèches indiquent
Philippe Bouchard.) les zones papillaires très inflammatoires saignant au moindre contact,
en particulier lors du brossage. (Document Philippe Bouchard.)
Gingivite marginale localisée avec facteurs F .1 e Gingivite associée à l'éruption de 11. Après simple
aggravants chez une femme de 24 ans. ~.:accumulation de plaque conseil d'hygiène (brossage méticuleux à l'aide d'une brosse souple),
associée à la malposition des incisives latérales aggrave l'inflamma- le retour à la normalité est la règle. (Document Philippe Bouchard.)
tion gingivale au niveau de celles-ci (flèches). (Document Charles
Micheau.)
à la plaque » diffère d' un individ u à l ' autre, ce qu i ex plique les pressi on clinique de la malad ie chez un même pati ent. Le terme
variations interindividuelles clans l 'express ion clinique de la mala- de faC!eur aggravant est ainsi lié à 1'augmenta/ion de quantité de
die 134, 35 1. 11 n' en reste pas moins ( 1) qu'en l ' absence de plaque plaque, tandis que celui de .facteur modifiant est lié à la modifica-
ces gingivi tes ne peuvent vo ir le jour, (2) que l 'augmentation de tion du métabolisme p(//vdonwl ou de la réponse de l 'hôte. C'est
l a quanti té de plaque est directement associée à la sévérité des
gingivi tes 123], et (3) que la réduction el u taux de plaque en des-
sous du seuil de tolérance individuel entraîne la dispari tion des 1.1 2·1 Paramètres permettant d'expliquer les différences
sig nes cliniques f l 5, 33]. Étant donné que nous ne savons pas inter- et intra-individuelles dans l'expression des signes cliniques des
aujourd ' hui identi fier obj ecti vement cc seuil de tolérance, chez les gingivites uniquement associées à la plaque.
sujets « susceptibles>> (c' est-à-dire ayant contracté une maladi e
Quantité de plaque en fonction de l'hygiène individuelle
parodontale par le passé), on tendra il appl iquer la tolérance zéro,
à savoir une quantité de plaque la plus basse possible. Qualité de plaque en fonction de l'âge
Enfin, des facteurs locaux peuvent favori ser l ' accumulation Réponse immunitaire en fonction de l'âge
de plaque et/ou entraîner une difficulté de son él imination par Différences morphologiques du parodonte en fonction de l'âge
l e patient. Ces facteurs locaux agissent donc sur la quantité de
Facteurs locaux aggravants associés à l'individu
plaque, ce qui peut expl iquer les variations in tersi tcs dans l 'ex-
-
CHAPITRE 12- MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE 85
Facteurs anatomiques
modifi ées. L e tableau 12-111 résu me les pa ramètres inllucnçant
- Dentaires
l 'ex pression des signes cliniques des gingivites uniquement asso- Perles el projections d'émail
ciées à la pl aque. Sillons radiculaires
Malpositions dentaires
Anomalie de structure de l'émail
~ GINGIVITES SANS FACTEURS LOCAUX - Gingivaux
Position des lreins et brides
AGGRAVANTS
Récessions gingivales
- Maxillofaciaux
Ces gingivites regroupent l 'ensemble de carac téristiques com- Malocclusions
munes aux maladies gingivales induites (Tableaux 12-1 ct 12- 11). Incompétence labiale
On obser ve classiquement : érythème, œdème et saignements, sans
Facteurs physiologiques
perte d' attac he ou progression d' une al véol yse constatée radiogra- - Respiration buccale
phiqucment. Les lésions élémentaires dermatologiques (érythéma- - Éruption dentaire
teuses, bulleuses, ulcéreuses, desquamatives, etc.) ne sont pas adap-
Pathologies dentaires
tées aux gingi vi tes mais à la dermatologie orale représentée par les - Fractures el fêlures intrasulculaires
maladies gingivales non induites par la plaque (voir chapitre 13). - Résorptions cervicales
On peut néanmoins définir les gingivites ( 1) par leur topographie : - Caries
l' inOammation peut atteindre uniquement la genci ve marginale Facteurs iatrogènes
(gingivite marginale) oules papilles intcrdcntaires (gingi vite papil- - Restaurations sous-gingivales violant l'espace biologique
lai re) ; et (2) par leur étendue: l ' inllammation peut être locali sée - Surcontours et obturations débordantes
- Prothèses amovibles
ft une ou plusieurs dents ou généralisée à l'ensemble de la demure. - Mécaniques orlhodontiques
Les gingivires peuvenr survenir sur 1111 parodonre normal ou
réduit, c'esr-à-dire quel que soir le niveau d 'attache et le niveau
de l'o~· alvéolaire. Après traitement et retour à l 'état de santé, le
niveau d'attache ct le niveau osseux sont identiques à leurs niveaux loca le, car la plupart de ces facteurs interdisent ou rendent impos-
initiaux. Un patient ayant été atteint de parodontite et en présentant sible/di ffi cilc/clouloureuse 1' accessibi 1ité au brossage. Il conv ient
les séquelles, c'est-à-dire un niveau d'at.tachc ct un niveau osseux donc non seulement de contrôler la quantité de plaque, mai s au ssi
réduits, peut initier une gingivite au même titre qu' un patient ayant d'identifier et d'él iminer ces facteurs locaux aggravanl.s lors du
un niveau d ' attache normal. Il est donc important, lorsqu'on porte le traitement (Figures 12-3 ct 12-4). L e cas particulier de la respi-
diagnostic de gingivite, de s' assurer de l ' absence de perte d' attache ration buccale est souvent associé à une incompétence labiale ct
à travers le temps, quel que soit le niveau d'attache actuel. Le diag- entraîne une agg ravation de l 'ex pression des signes cliniques de
nostic de gingivite est ainsi rarement immédiat ct nécessi te souvent la gingivite dans le segment antérieur maxillaire Il l. Chez ces
d'être confirmé a posteriori (Consensus report AAP IAmerican sujets, en l'absence de traitement chirurgical orthog natique, le
Academy (~f Periodontology], .1999). contrôle de plaque à long terme devra être ren forcé.
La phase de début peut être difficile i't distinguer cliniquement.
L'accumulation cie plaque commence au niveau de la genci ve mar-
ginale ; c'est donc au niveau de cette dernière que les premiers
signes cliniques sont observés avant qu ' ils ne s'étendent au reste de
Le diagnostic de gingivite est rarement immédiat et
la gencive. La gingivite marginale généralisée est la forme la plus
néce~sitesouvent d 'être confirmé a posteriori.
fréquente des gingivites ( Figure 12-2).
À quantité de plaque égale, les signes cliniques augmentent Le dépistage et le traitement des gingivites sont indis-
en intensité avec l'âge 13, 7J, à l'exception de l'adolescent où les
pensables car celles-ci peuvent constituer un signe
d'appel des parodontites.
signes sont exacerbés. Chez 1' enfant, le système i mmunitairc sc
met en place, la plaque contient. moins de parodontopathogènes • Le traitement des gingivites consiste: (1) à obtenir ind i-
que chez l 'adulte, l'épithélium jonctionncl est plus épais ct la viduellement (hygiène) e t professionnellement (détar-
trage) un taux de plaque compatible avec la santé
microcirculation plus dense. Chez le sujet âgé, les ging ivites sont
parodontale ; et (2) à éliminer les facteurs locaux aggra-
plus marquées en raison du v ieillissement du système immuni-
vants.
taire, entraînant une réponse cellu laire diminuée, en part iculier
des lymphocytes T.
-
86 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
.... MALADIES GINGIVALES ASSOCIÉES - Réduction de l'efficacité de la barrière épithéliale par diminution
de la kératinisation el augmentation de la charge en glycogène des
AUX HORMONES SEXUELLE~ cellules épithéliales superficielles.
- Augmentation de la perméabilité vasculaire au sein de la
Les stéroïdes sexuels ou hormones sex uelles j ouent un rôle impor- microcirculation
tant lor s des cycles de la vie car elles agissent sur la formation des - Stimulation de la phagocytose des neutrophiles
caractères sexuels primaires et secondaires. Ces hormones possèdent - Inhibition du chimiotactisme des neutrophiles
également un effet puissant sur les déterminants du développement, - Propriétés anti-inflammatoires : suppression de la production de
leucocytes et inhibition de la libération de cytokines pro-inflammatoire
les systèmes nerveux et cardiovasculaire ct l ' intégrité du squelette et parla moelle
de la cavité buccale. Les trois principales hormones sexuelles chez - Diminution de l'immunité à médiation cellulaire liée aux
l ' homme sont la testostérone de la classe des androgènes, l 'œstradiol lymphocytes T lors de l'inflammation
de la c lasse des œstrogènes et la progestérone. L'effet des hormones - Stimulation de la prolifération des fibroblastes gingivaux
- Stimulation de la synthèse et de la maturation du tissu conjonctif
sexuelles sur le parodonte est le plus souvent limi té à la gencive.
Les études épidémiologiques montrent donc une augmentation de
la préval ence des gingivites associée aux modi fications hormonales
T"'bl - · .. "·V 1 Effets de la progestérone sur le parodonte.
physiolog iques. L es hormones sex uelles ne sont ai nsi pas associées
aux pertes d' attache, bien qu 'elles puissent augmenter leur sévérité - Vasodilatation entraînant une augmentation de la perméabilité
dans le cas d ' une paroclontitc préexi stante. vasculaire
De nombreux travaux expérimentaux c hez l'anim al ont montré - Augmentation de la sécrétion de prostaglandines
que la gencive pouvait être une cible pour les hormones sexuelles. - Augmentation du taux de neutrophiles et de PgE2 dans le fluide
gingival
Cependant, les mécanismes d 'act ion de ces dernières sur le parodonte
- Augmentation de l'inflammation par diminution de la sécrétion des
ne sont pas encore parfaitem ent élucidés. Les modifi cations cliniques glucocorticoides
parodontales i nduites par les honnoncs sexuelles sont multifacto- - Inhibition de la synthèse de matrice extracellulaire par les
ric lles et reposent sur des changements microbiologiques, micro- fibroblastes
- Diminution du métabolisme de l'acide folique
vasculaires, cellulaires ct immunitai res [201(Tableaux 12- V, 12- Yl et
CHAPITRE 12- MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE 87
mcnté 124, 29]. La prévalence semble idemiquc dans les deux sexes. la localisation gingivale est la plus fréquente (75 % des cas). Chez
D'apparition franche, la gingivite pubertai re ne difîere pas clinique- la femme enceinte, l' irritation locale intrasulculairc (tartre, limites
ment des gingivites unique ment associées à la plaque. Son incidence prothétiques, etc.) associée à la présence de plaque semble être le
ct sa sévérité sont ccpcndamtrès liées à la présence de facteurs locaux facteur déclenchant. Le granulome pyogénique est plus souvent
aggravants J3 ll Le traitement est donc identique à la gingivite uni- observé au maxi llaire qu'à la mandibu le, dans les zones antérieures
quement liée à la plaque avec facteurs aggravants. On sera particu- que postérieures, en vestibulaire qu'en palatin ou lingual, bien qu ' il
lière ment vigilam à l' hygiène durant celle période de développeme nt s'étende souvent de part et d'autre de la de nt en raison de sa situation
psychosocial qui assure la transition emre l'enfance ct l' âge adulte. interdenta ire fréquente.
L' aspect clinique est souvent facilement identifiable. La lésion sc
tngivite menstruelle présente sous la fo rme d' un bourgeon intcrde ntairc compressible
à base le plus souvent sessile, parfo is pédiculée, habitue llement
Dans les pays occidentaux, la durée du cycle menstruel chez la hé morrag ique. La taille varie de quelques millimètres à plusieurs
femme est de 28 ± 4 jours. Ce cycle est contrôlé par des hormones. centimètres, n'excédant que rarement 2,5 cm. La patiente est le plus
Une inflammation gingivale a été classiquement associée au cycle souvent inquiète et sc plaint d' une gêne esthétique en raison du siège
menstrue l chez la fe mme. Néanmoins, les gingivites menstruelles an térieur fréquent de la lésion. Une gêne fonct ionne lle est parfois
som rareme nt observées chez des sujets présentant un parodonte sain observée (mastication, phonation) avec les lés ions de grande dimen-
J20]. Une augmentation significativeme nt modeste de l'indice gingi- sion. Le développe ment est progress if, parfois rapide, asymptoma-
val (ou gingival index) est constatée pendant l'ovulation (01 =0,54 tique, sans douleur cl n'entraîne généralement ni perte d' attache ni
± 0,07) ct la période prémenstruelle (GI = 0,50 ± 0,08) comparée
résorption osseuse. La lésion est violacée, richement vascularisée
à la période menstruelle (GI = 0,38 ± 0,07) [1 9]. On observe une et pe ut entraîner un saignement pro fus en cas de traumatisme. Au
augme ntation graduelle du fluide gingival pendant la phase prolifé- fil elu temps, e lle dev ie nt rose, prend un aspect fibreux et ferme. l .a
rativc. Un pic de sécréti on correspondant à l' augmentation des hor- lés ion régresse le plus souvent spontané ment après l' accouchement.
mones sex ue lles est observé juste avant l'ovulation. En résumé, les Le diagnostic différe ntiel avec les maladies gingivales non induites
signes c liniques sont rares ct discrets, associés parfois ft une légère par la plaque repose sur la biopsie et le résultat de l'exame n anato-
augmentation de la mobilité dentaire 19 1. La gingivite menstruelle mopathologiquc.
est donc le plus souve nt observée chez une patiente présentant une Dans le cas de lésions de petites dimensions, le traitement ne di f-
gingivite uniquement liée à la plaque préexistante. tè rc pas d'une thérapeutique initiale c lassique (détartrage, conseil
d' hygiène orale). Il convie nt de rassurer la patiente en év itant d' évo-
mg1vit~ gravidique quer le terme de « pseudo-tumeur >> , toujours mal interprété et alar-
Comparativement au post-partum, à quantité de plaque égale, mant. Les lésions plus importantes nécessitent parfois une excision
l' inflammation gingivale est plus sévère et plus prévale nte c hez les chirurgicale en complément de la thérapeutique initiale. Les tech-
femmes enceintes [22]. La gingivite gravidique comme nce habi- niques de cryothérapie, de laser ou d'électrocoagulation ne dimi-
tuelleme nt pendant le 2' u·imcstre de la grossesse ct augme nte en nue nt pas le risque de récidive ni celui de séquelle cicau·iciclle. Le
sévérité jusqu' au 8' mois, correspondant au pic plasmatique de la taux de récidive après chirurgie pendant la période de la grossesse
progestérone et des œstrogènes. La sévérité diminue brutalement est d'environ 16 %. En cas de lésion de grande dimension ne cédant
au cours du 9" mois, correspondant à la réduction de la sécrétion pas à la thérapeutique initiale et impliquant une excision chirurgicale
des hormones sexuelles. Comparat.ivemcnt à un groupe contrôle, potentiellement invasive, on pourra reporter la décision chirurgicale,
on observe chez les femmes encei ntes une augmentation du taux de sachant que la lésion rétrocède le plus souvent après l'accouchement.
parodontopat.hogènes, e n particulier de Pg ct de Pi [ 11].
Trente à 100 % des fe mmes enceintes présentent une gingivite ..... MALADIES GINGIVALES ASSOCIÉES
gravidique au cours des 2< et 3< trimestres JI 0, 15j. La pré vale nce AUX MÉDICAMENTS
est donc très élevée. La région antérieure ct les sites interprox imaux
sont le plus souvent concernés. La présence de poches gingiva les est Les maladies gi ngivales médicamenteuses doivent aujourd' hui
fréquente (fausses poches ou pseudo-poches). Les caractéristiques être sérieusement prises en compte en raison d' un allongement de
de la gingivite gravid ique sont semblables à celles de la gingivite la durée de vie dans les pays industrialisés ayant entraîné une explo-
uniquement liée à la plaque. Les signes de l' inflammation sont néan- sion de la consommation de médicaments. Il est donc probable que
moins plus francs et péjoratifs (saignement, fluide gingival, mobi- la polymédication des séniors ira encore e n augmentant et que la pré-
lité) que ceux de la gingivite. valence des effets indésirables augmentera de façon concomitante,
en particulier pour les inhibiteurs calc iques. Un certain nombre de
Granulome pyogen1que de la gr s. esse médicaments ont des effets indésirables directs sur le parodonte.
Classiquement, on distingue l'effet des molécu les thérapeutiques
Le granulome pyogén ique n'est pas spéc ifique de la grossesse ou
sur ( 1) la modification de la composition des tissus mous, c HlraîHaHI
de la cavité buccale, mais la prévalence gingivale est élevée chez la
un accroissement. gingival ; et (2) sur la modification de la réponse
femme enceinte, variant de 0,5 à 5 %. Celle prévalence, associée à un
inflam matoire induisant une gingivite médicamenteuse.
aspect c linique évoquant une tumeur bénigne, lui ont valu également
Je nom de << pseudo-tumeur de la grossesse >>. Initialement décrit
comme une lésion in fectieuse (d' où le nom de « granulome pyogé-
'\cc roi sem nt ging1val m"dicamenteu '<
nique >>), il s'agit e n fait d ' une lésion inflammatoire hypcrplasique Le terme d'accroissement gingival a remplacé ceux d' hyperplasie
pseudo-tumorale en ré ponse à différents stimuli tels qu' une irritation gingivale (augmentation du nombre des fibroblastes) ou encore de
locale chronique, un traumatisme, une modification hormonale et gingivite hypertrophique (augmentation de volume des fibroblastes)
certains types de médicaments (Figure 12-5). Bien que pouvant sié- qui faisaient référence à des données histologiques impossibles à
ger ailleurs que sur la genc ive (lèvres, langue, muqueuse alvéolaire), obtenir dans la majorité des cas en raison de la nécessité d'u ne biopsie
88 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
qui s'avère inutile le plus souvent. L' accroissement gingival est donc - les antiépileptiques, en particulier l es hyclantoïncs (phénytoïnc;
un terme strictement clinique correspondant à une augmentation de par exemple : Di-Hydan®) ct les acides gras (acide valproïque), uti-
volume de la gencive. Il est à noter que l 'accroissement gingival n'est lisés clans la prévention de l 'épilepsie;
pas spéci fique de la prise de médicament et peut être observé en - les immunosuppresseurs, en particu lier la ciclosporine A (par
dehors de leur prise, l 'étiologie étant souvent inconnue (Figure 12-6). exemple : Cicloral®, Gcngraf®) utilisés pour prévenir les rejets de
greffe d'organes ct pour traiter les maladies auto-immunes ;
Aspect c linique - les inflihileurs calciques, en particulier les dihydropyridines
(ni fédipinc ou autre; par exemple: Adalate®) uti li sés dans le trai te-
Cliniquement, la gencive est le plus souvent fibreuse, parfois
ment l'angine de poitrine ct de l'hypertension (Figure 12-7).
molle. L'accroissement siège principalement au maxillaire. Il débute
Les prévalences de l ' AGM l ors de la prise d'antiépilept iques,
au niveau des papilles clans le sextant antérieur, pui s s'étend pro-
d' immunosuppresseurs el d'inhibi teurs calciques sont respecti ve-
gressi vement aux sextants postérieurs. En l'absence de trai tement,
ment de 50 %, 30 % ct 20 % [201. Il est évidemment intéressant de
l'évol ution peut être rapide (quelques semaines) ct recouvrir une
pouvoir identifier les patients à risque d' AGM pour mettre en place
forme clinique spectaculaire en rai son du recouvrement parfois total
des stratégies de prévention adaptées. L'âge, le genre, la concentra-
des couronnes dentaires par la gencive. Le préjudice est esthétique
tion du médicament dans les fluides, les associations médicamen-
et fonctionnel, l 'accroissement entraînant des troubles de la mastica-
teuses, l 'état parodontal et la prédi spos ition génétique constituent
tion, de la phonation cl parfois une clysphagie.
des variables susceptibles de moduler le métabolisme gingival ct
l 'ex pression clinique de l 'accroissement gingival (Tableau 12-VIII).
Médicaments en cause
Une étude récente en France indique une faible prévalence
L'accroissement gingival médicamenteux (AGM 1) est un effet d' AG M au sein de la total ité des effets indési rables médicamen-
indésirable fréquent de certains médicaments dont les plus incrimi- teux déclarés entre 1984 el 20 10141. Néanmoins, cette même étude
nés sont: signale 13,6 % de cas sérieux dont 65 % nécessi tant une hospi tali-
sat ion. Les hommes entre 40 ct 69 ans sont fréquemment atteints
(58,5 %). L'évoluti on est favorable après traitement seulement clans
1. DIGO en anglais pour druN-i11duced Ningivol overgrmvth. 47,5 % des cas.
f"1gure 12 5 Granulome pyogénique de la grossesse. a) Associé à des limites prothétiques inadaptées. b) Associé à une forte quantité
de plaque (Documents Philippe Bouchard.)
Figu 2· Accroissement gingival d'origine inconnue chez F1gure 12 7 Accroissement gingival chez un patient de 60 ans
un homme de 45 ans. (Document Aleksandar Dakic.) sous nifédipine (vue latérale). Noter l'importante présence de
plaque et le mauvais état dentaire et parodontal, facteurs aggravants
de l'accroissement médicamenteux. (Document Philippe Bouchard.)
CHAPITRE 12- MALADIES GINGIVALES INDUITES PAR LA PLAQUE 89
u Variables modulant la prévalence et l'expression devra se mettre en contact avec le médecin traitant pour suggérer,
clinique de l'accroissement gingival médicamenteux (AGM). en cas cl ' AGM , la substitu tion du médicament. C'est pnrticul ière-
mcnt important pour les antihypertenscurs, la gamme de médica-
1. Associées à l'augmentation de la prévalence eUou de la sévérité
ments pcrmellant une substitut ion plus aisée que les immunosup-
de I'AGM
- Âge presseurs ou les antiépileptiques.
Augmentation modérée du risque (versus adulte) : enlanV
adolescent sous CsA ou phénytoïne Traitement parodontal
Aucune preuve d'un effet âge avec les inhibiteurs calciques
- Genre masculin La mi se en place de programmes d' hygiène orale ct un détar-
Augmentation modérée du risque (versus féminin) : patient trage chez des sujets parodontalemen t sains, préal ablement à,
sous CsA ou inhibiteur calcique
et pendant la pr ise de médicament, tend à réd uire la sévér ité de
- Concentration du médicament dans les fluides (plasma, salive,
fluide gingival) l ' AGM mai s non son occurrence. Chez les sujets présentant une
Résultats contradictoires gingivite ou une parodonti te, i l conv ient clans tous les cas de pro-
Pas d'effet-dose démontré céder à la phase de thérapeutique initiale ct de compléter celle-ci si
- Associations médicamenteuses nécessaire afi n d'é liminer tout facteur local de rétention de plaque
Augmentation très élevée du risque (versus CsA seul) : CsA
+inhibiteur calcique (nifédipine) bactér ienne. Les bains de bouche à la chlorhexidine donnent des
Augmentation modérée du risque (versus phénitoïne résultats posi ti fs en cas de prise de phény toïne, mais leurs effets
seule): phénitoïne +autre anticonvulsif (barbiturique, indésirables à long terme limitent leur usage. L' administration
carbamazépine) systémique ou topi que d' an ti biotiques tels que l e métronidazole
- État parodontal
ou l 'azi thromycinc est controversée, mai s des rapports de cas
Risque très élevé :saignement gingival (effet dose)
Risque élevé : plaque bactérienne (effet dose) semblent indiquer des résult ats supéri eurs en combi naison avec
Risque modéré : accroissement gingival ou gingivite lill trai tement mécanique qu' avec un traitement mécanique seul.
Gingivite desquamative
Cene gingivite est caracté risée par un érythème g ingival diffus En présence d'une gingivite. l'interrogatoire médical doit
associé à un degré variable de desqua mation et d'érosion. La gen- obligatoirement rechercher un facteur modifiant potentiel.
c ive est rouge sombre e t l'infl a mmation intéresse le plus souvent
Le diagnostic différentiel avec des maladies gingivales
la totalité de la hauteur gingivale, s'étendant parfois au-delà dans non Induites est précoce et obligatoire.
la muqueuse alvéolaire. Les médicaments les p lus fréq uemment
La grande majorité des maladies gingivales induites se
impliqués clans son apparition sont les ~- bl oq u a nt s (até nolo l, pro-
traitent par un simple détartrage et des conseils d'hy-
pranolol), les s ulfamides hypog lycémiants, les sels d'or et les anti- giène orale.
in fl ammatoires non stéroïclie ns (A INS).
Il convient de traiter et de rassurer les malades. en par-
ticulier les femmes enceintes présentant un granulome
pyogénique .
.... MALADIES GINGIVALES ASSOCIÉES
À LA NUTRITION
POUP i\j AVOIR PLUS
L' impact de la nutriti on sur la santé g ingivale a été peu é tudié.
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Maladies gingivales non induites
par la plaque
Bruno Courrier
due au bai ser génital. Environ 20 % des patie nts aya nt une pharyn-
g ite ont aussi une gingivite é rythé mate use c t œdémateuse avec sen-
Sur la seule topographie gingivale. un spectre très lorge sations de brû lure 124].
d'affections doit ètre envisagé.
La classificatio n proposée par Armitoge en 1999 ne
constitue pas une véritable a ide ou diagnostic cor elle .... LÉSIONS ASSOCIÉES À T~fPONEMA PALLIDUM
a pour objet de lister des affections n'oyant p our carac -
tère commun q ue le ur siège gingival. Le c hanc re syphilitique de la syphil is pri maire est de s iège buccal
dans près de 10 % des cas, c t apparaît e n moyenne 3 semaines a près
le contac t infectie ux. Le c hancre labial ressemble au chancre gén i-
C lassiq ueme nt, l' inllammaLion g ingivale banale est due à une tal : une é rosion indolore ronde ct régulière, à fond plat e t lisse, q ui
accumulation de plaque de ntaire. Une g ing ivite induite par la plaque présente une induration superficielle limi tée aux limites de la lésion.
est a lors observée. Cependant, l' inflammation g ing ivale pe ut ê tre Une semaine après a ppar aît l' adé nopathie sous-mandibulai re sate l-
due à d'autres causes q ue la plaque bactérie nne, mê me si la pré- lite. Le c ha nc re pe ut être situé en d 'autres régio ns de la m uqueuse.
sence de cette dernière favorise, aggrave ou e ntre tient souvent l'éta t Il est douloure ux a u niveau de la la ngue où il peut ê tre pris pour un
infl ammatoi re . Ce c hapitre traite clone des affec tions à to pographie aphte; au nivea u de l'amygdale, il peut ê tre pris pour une a ng ine. Le
gingivale (mais no n exclus iveme nt localisées à la genc ive, comme c hancre gingival est ra re et l'induration n'est alors pas perceptible.
nous le verrons) et dont l'étiologie n'est pas habitue lle me nt liée à la Le c hanc re g ué rit spontané me nt e n 5 ii 6 semaines, mais l'adé no pa-
plaque de nta ire. Le lec te ur compre ndra q ue nous ne pouvons traiter thie persiste. La séro logie syphilitique est au dé but négative, e t devra
da ns le cadre de cet ouvrage toutes les affectio ns de rmato logiques donc être répé tée.
de la cavité buccale. Cepe ndant, e n suivant la c lassificatio n cl' Armi-
tagc de 1999 qui ventile les affections selon des c ritè res é ti ologiques - 1air~"'
d ivers (infectie ux s pécifiques, inllammatoires, systé miques, réac-
tio nnels, e tc.), sans recenser les tume urs qui font l'obje t d ' un a utre La syphil is est le plus souvent d iagnostiquée à la pé riode secon-
c hapitre, les princ ipales lésio ns touc ha nt la gencive sont abo rdées. daire (syphilis secondaire) ou lors d' une réinfection « primaire-
secondaire». Elle apparaît e n moyenne 2 mois après le contact infec-
tant ct dure j usqu 'à 3 ans pe ndant lesquels toutes les réactions sérolo-
giques sont foite me nt positives. Elle est marquée par des sig nes géné-
Maladies gingivales d'origine raux (céphalées, fatigue, pâle ur, langue saburralc), une polyadénopa-
bactérienne spécifique thie symétriq ue da ns tous les territoires gang lionnaires c t une é ruption
cuta néomuqucuse qui évolue e n deux phases. L'ém plion c uta née
.... LÉSIONS ASSOCIÉES À NEISSEI?IA GONn~~HFA précoce ou roséole syphil itique constituée de macules rose pâle d u
tronc e t de la raci ne des me mbres dure 1 à 2 mois, puis apparaissent
La gonococcie est une maladie sex uelle ment transm issible duc à les syphilidcs secondaires papule uses, qui peuvent être distribuées sur
Neisseria go11orrltoeae. Son incubation est de 3 à 7 jo urs. La gono- tout le corps, y compris la face, en partic ulier autour de 1'orifice buccal
coccie génitale pe ut ê tre accompagnée d ' une localisation phary ngée OLI e lles peuvent être prises pour une perlèche banale [ 131.
CHAPITRE 13 - MALADIES GINGIVALES NON INDUITES PAR LA PLAQUE 93
La syphilis secondaire buccale, constante, indolore e t très conta- Maladies gingivales d'origine virale
nicusc, es t fa ite d 'élé me ntS de pre miè re e ffl orescence Cl plus lar-
divc mc nl d 'élé me nts infill rés ou ulcérés : les plaq ues muque uses ~ INFECTIONS DUES AU VIRUS HERPÈS (HUMAN
équivale nt li des syphilides pa pule uses c uta nées. HERPES VIRUS (HHV))
- Les syphilicles éryth<5ma te uscs so nt des macules rondes de 0 ,5
à 1 c m de diamètre, pouvant s iéger e n tout point de la muque use, Les herpes viridue sont une f~tmill e de virus 1t ADN. Après la
réalisant sur le clos de la la ngue un aspect di t en « c ha mp de blé phase de primo- infectio n, une carac téris tique de ces virus herpé-
fa uc hé >>. Les syphilides é ros ives, résulla nt de la destruc tion to tale tiques est leur capacité de rester localisés durant toute la vie à l'étal
de l'épithélium, sont des érosions li fond plat fibrine ux gris j aunâtre, de late nce dans certaines cellules (nerveuses, é pithéliales, e ndothé-
sa ns halo é rythé mate ux (Figure 13- 1). liales, ly mphoïdes). La réactivation elu virus provoque l' apparitio n
- Les é lé me nts infi ltrés tardifs de la muque use sont des syphi- de lésions spéci fiqu es ou bien la libé ratio n de partic ules vi rales da ns
lides papuleuses à surface é rythé mateuse ou opaline, dont le somme t la salive ou dans d'autres sécrétions. On distingue 8 types de virus
sc fissure e t sc nécrose, abouti ssant li la formati on d ' une ulcération he rpétiques pathogènes pour l' homme, de HHV 1 à HHV8 .
de forme é toilée (syphilides papulo-ulcércuscs) 12 ].
Ging1vostomatite herpétique de primo-infection
syphilis tardive (tertiaire) herpès simplex (HHVl, HHV2)
La syphilis tertiaire n'npparaît que c hez e nviron 10 % des malades L' he rpès est la plus fréquente des viroses humaines, provoquée par
non traités, d 'ordinaire entre 3 et 15 a ns après le c hancre. Elle est un virus dont il existe deux types , I-ll-IV 1 et HHV2 (ancienne ment
ac tue lle ment exceptionnelle. HSV 1 c t HSV2 pour he rpès simplcx de type 1 et de type 2)[5]. Environ
90 % des sujets de plus de 15 ans ont une sérologie positive pour HH Y.
«=yphili~ c~ngf-.nit"lle Les de ux types du virus ont des diffé re nces cliniques, biologiques ct
Les manifestations précoces (autour de la naissance) de la syphi- sérologiques. Le Hl-IV 1 est générale me nt associé à des infections de la
lis congénitale sont des lés io ns papulo-éros ives groupées a utour muque use buccale cl de la peau au-dessus du diaphragme, et le HHV2
des o rifices de la face, ct des lésio ns é rosives bucca les, pharyn- à des infections génitales ou de la peau a u-dessous du diaphragme.
gées c t laryngées. Les mani festations tardives (qui apparaissent Une infection de la muqueuse buccale par HH V2 ou de la muque use
après la quatriè me année c t jusque chez l'adullc jeune) sont des génitale par HHV 1 est possible. La primo-infection par l' un ou l' autre
gommes, des syphil ides tube rculeuses el une g lossite syphilitique type peut ê tre suivie de l' apparition d ' he rpès secondaire ou récurre nt,
sc lérosantc. ou n'être suivie d ' auc une autre manifestation clinique.
La trans mission du HHV 1 se fa it habituelle me nt pa r le baiser d ' un
adulte présentant un herpès labial, ou excrétant du virus de façon
~ LÉSIONS ASSOCIÉES À CERTAINES ESPÈCES inappare nte : l'épisode de primo- in fect ion passe souvent inaperç u
DE STREPTOCOQUES : IMPÉTIGO ET SYNDROME (s ig nes générau x discre ts ou absents). Parfois, le p lus souvent c hez
DE RITTER-LYELL l'enfant et parfois c hez l'adu lte je une, la primo-infection s' accom-
pagne de mani festations cliniques géné rales e t de lés ions de la
L'impétigo est une pyodermi te supe rficie lle contag ie use à strepto- muque use buccale. A près une période d ' inc ubation de 3 à 5 jours ,
coques ou à s taphylocoques , qui atte int s urtout l'enfa nt. Il sc man i- apparaît une ging ivite é rythé ma te use margi nale douloureuse, avec
feste par des bulles imraépithé liales sous-cornées qui siègent s ur les parfois saigneme nts et s ialorrhée (Figure 13-2).
régions pé rinarinaires e t péri buccale. Les bulles pe uvent confluer e n
s'asséchant pour forme r des c roütes jaunâ tres. Hrrprs buccal rkurrent (hrrpes ~econdair
L'épidermolyse slaphylococcique aig uë (ancienne me nt syndrome
de Rittcr- Lyell) est duc li Swphylococm:s llltreus. L'affection dé bute La réactivation elu HH V 1 resté late nt clans le ganglion de Gasser
souvent dans la région péribuccalc par un é rythè me scarla tiniforme après la primo-i nfection est responsable de l' he rpès secondaire ou de
qui sc géné ralise rapide me nt, puis a pparaît une é pide rmo lyse avec l' he rpès récurrent qui inté ressent près de 30 % des pe rsonnes ayant
décolle me nts sous-cornés é te ndus. L' atte inte de la muque use buc- contracté une primo-infection . La topographie la plus ca racté ristique
cale est rare [25]. est l'herpès secondaire de la lèvre infé rie ure (he rpès labial), e ncore
nppclé « bouton de fièvre >>. Les lésio ns sont localisées sur le bord
externe de la lèvre, à cheval sur la de mi-muqueuse ct la peau. S ur une
macule érythé mate use appa raissent des petites vésic ules de 1 à 2 mm,
e n nombre variable, g roupées« e n bouque t >>. D'abord l1 conte nu clair,
trans luc ide, e n 24 à 48 heures e lles se troublent, puis se dessèche nt
ct sc recouvrent d ' une croûte jaunâtre. L'atteinte des nœ uds lympha-
tiques sous-mandibulaires ct sous-mentonniers est inconstante.
L' he rpès récurre nt peut s iéger sur la muque use buccale , au niveau
des lèvres, de la langue, de la fib romuque use palatine ou de la gen-
cive, où il est un peu doulo ure ux.
--
94 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
les virus de l' he rpès, après la primo-infectio n, le virus VZY per- ~ AUTRE
sis te à l'état late nt dans les gang lions sp inaux d urant to ute la vie
du s ujet. Virus d'Epstein-Barr (EBV, HHV4} - " Leucoplasie
"'ll~u .. -
Varicelle
La leucoplasie villcusc, causée par I' EBV, est observée généra-
Dans la varicelle, l'énanthème (érythè me muqueux) est prati- lement chez le patient atte int du VI I-I, ou plus rarement immuno-
queme nt constant. Les vésicules, localisées surto ut sur le palais, le déprimé pour d ' autres raisons (transplantation rénale par exemple).
voile, les pil iers, la muque use jugale ct la langue, apparaissent s ur La lés ion siège habitue lle ment sur le bord de la langue mobi le ct se
un énanù1ème, qui parfo is précède l'exanthème (érythème cutané) caractérise par la présence unilatérale ou bilatérale de stries verti-
ct les lésions vésiculeuses de la face. Elles sont de petite taille et cales blanc grisâtre qui peuvent former des plaques à surface inégale
laissent rapidement place à de petites érosions arrondies, fréquem- ct s'étendre s ur le dos ou la face ventrale de la langue 14 1.
ment douloureuses, d ' aspect semblable aux érosio ns de l'herpès
( Figure 13-3). Viru d pr pi l' 1"""-- ... ur·.,~i~.. 'HPV
Le diagnostic cl inique est facile en raison de la présence des
lésions cutanées qu i apparai ssent d ' abord sur le cuir chevelu et la Les lésio ns bénignes de la muqueuse buccale d ' aspect papu-
face et dont les éléments d ' âge divers évoluent e n 1 semaine, ne leux ou papillo mateux sont dues aux virus des papillomes humains
lai ssant une c icatrice que si elles ont été excoriées. La varice lle es t ( l-IPY) [7 j. Actue llement, plus de 100 types d' 1-IPV ont été indivi-
une a ffect ion bénigne po uvant devenir g rave lorsqu'elle se déve- dualisés. En fo nctio n de leur typagc, les tumeurs virales bénignes
loppe au cours d ' un traite ment par corticoïdes ou d ' un traitement à 1-I PY de la gencive sont appelées papillomes ou condylo mes. Au
par immunosuppresseurs. Le trai tement des lésions buccales es t niveau des gencives, ceux-c i constituent des papules hérissées d igiti-
symptomatique. formes (Figure 13-5 ).
Zona
Le zona est une affection contagieuse de l' adulte cl du vieillard. Maladies gingivales d'origine
Il peut être observé chez l'enfant en cas de défi cit immunitaire. Il
fongique
représente la forme secondaire de l' infection causée par le virus de
la varicelle, soit par la réinfcction d ' un sujet d~j à immunisé, so it par
~ INFECTIONS À CANDIDA (CANDIDOSE
la réactivation d u virus resté latent dans les gang lio ns nerveux.
GINGIVALE GÉNÉRALISÉE)
Précédée et accompagnée de dou leurs, l'érupt ion cutanée est uni-
laté rale, faite de placards érythémateux, séparés par des interva lles Dans le genre Candida, les nombreuses espèces de levures sont
de peau saine, a lignés sur un trajet nerveux. Sur ces placards se po ur la plupart seulement saprophytes ct C. a/biccms est la prin-
forment très vite de petites vésicules, dont le contenu liquide ini- cipale espèce occasionnelle ment pathogène de la cavité buccale ;
tialement clair devient trouble ou parfo is hématique (zona hémor- s' ajoutent C. tropicalis, C. krusei, C. guil/ermondii, C. parapsilosis,
rag ique). C. g /abrata ct C. dublinien.1·i.1'.
Les lésions de la muqueuse buccale sont caractérisées par une La candiclosc n'est pas une affection contag ieuse, la transmission
éruptio n unilatérale et linéaire faite de petites vésicules à contenu intcrhumainc ne pouvant sc produire que par contact inti me avec un
trouble, jaunâtre. Secondairement, chaque vésicule s'u lcère, et sujet réceptif. On parle de myco se endogè ne, quand elle apparaît
laisse place à une érosion qui sc couvre d ' un enduit b lanc jaunâtre lo rs du passage à l'état pathogène du champigno n déj à présent dans
(Figure 13-4). l'organisme à l' état saprophyte. Comme pour les autres mycoses, il
L'éruptio n s'accompag ne de dou leurs ct d ' hyperesthésies importe de rechercher ct d ' identifier les causes d 'ordre local ct/ou
s uivies cl' hypocsthés ic o u d ' anesthésie. L' atteinte de la région général qui sont d éterminantes dans l'apparition des lésio ns.
buccopharyngée, en raison de son innervatio n sensiti ve co mplexe, Les as pects cl iniques de la candidose buccale se d ifférencie nt
donne lie u à plusieurs fo rmes cliniques. L' éruptio n vésiculeuse selon le type aigu ou chronique de l' infection, le caractère diffus o u
peut toucher un seul territoire ne rveux, mais l' attein te simulta- localisé, ct les réactions de l' hôte [1 0, 151.
née de p lusieurs branc hes est habitue lle : o n parle de zona trigé-
me llaire total q uand les troi s branches d u nerf trijumeau (ophtal-
r'1nriido-e aigu .. 'mugu "t}
miq ue, max illaire ct mandibula ire) so nt atte intes, e l q uand une o u
deux branches d u trij umeau sont atte intes, de zona trigéme lla ire La canclidose aig uë buccale s' annonce par une sensatio n de goût
partiel. métallique ou de cuisson, suivie de l'apparitio n de macu les rouges
Le zona du nerf maxillaire est caractérisé par une é ruption vési- sur la face interne des j oues ct des lèvres, la langue, le palais et le
culeuse 11 la fo is cutanée ct muqueuse sur le pa lais, le voile, la voile, en respectant au moins au début les gencives, ct qui tendent
muqueuse j ugale ct la lè vre supérieure. Une paralysie vé laire ou il connucr. Un enduit blanchâtre ponctiforme apparaî t d ' abord au
faciale peut être présente. centre des macules, pu is s'étend en nappes irrégulières ct plus o u
Le zona du nerf mandibu laire est caractérisé par une éruption qu i moi ns épaisses, comparées à des « grumeaux de lait ». Le raclage
intéresse soit tout le territo ire du nerf, so it seulement celui de l' une par une lame non tranchante détache facile ment l'enduit sans fai re
de ses branches, en particulier le ne rf ling ual. L'éruption unilatérale saigner. Sur la lang ue, l'enduit tend à s'étaler, et peut prêter à
de vésicules groupées sur la lang ue, la jo ue sous la !inca alba, la confusio n avec une langue saburrale. LI correspond à un feutrage
muqueuse labiale infé rie ure, la genc ive mandibulaire est précédée, de fi laments de C. albicans mê lés à des kératinocytes ex fo liés. La
comme dans le zona elu nerf max illaire, de douleurs parfois p rises muqueuse sous-jacente, érythémateuse mais non érodée, présente un
pour des douleurs dentaires. Le zona de la lang ue perturbe la masti- in flll rat inflammatoire sous-épi thélial. Un muguel peut régresser et
cation et l' élocution. gué rir spontanément, parfo is récid iver, ou deveni r chronique.
CHAPITRE 13- MALADIES GINGIVALES NON INDUITES PAR LA PLAQUE 95
igure 13-2 Gingivite herpétique siégeant en palatin (flèches). ïgure 13-3 Atteinte palatine par le VZV chez l'enfant (vari-
(Document Bruno Courrier.) celle). (Document Bruno Courrier.)
Figure 13-4 Atteinte palatine par le VZV (flèches) chez l'adulte Figure 13-5 Papillome gingival. (Docume nt Bruno Courrier.)
(zona). (Docume nt Bruno Courrier.)
Tro is formes particulières pe uvent ê tre rencontrées : logique me nt à une couc he para kéra tosique plus ou mo ins é paisse,
- une forme é rythé mateuse, dans laque lle l'enduit blanchâtre est infi ltrée de polynucléaires ct e nvahie de C. a/bicans.
minime; l'érythè me pe ut être d iffus ou réduit à quelques macules; - Candidose c hronique e n foyers : il s ' agit de deux foyers bi la-
- une forme pseudo-membraneuse, dans laque lle l'enduit est très téraux (perlèche e t zone rétrocommissura le) e t deux foye rs médians
é pais et peut évoque r une fausse membrane diphté rique ; (glossite et ourani te médianes).
- des formes partielles, parfois seulement érythémate uses, • La perlèche candidosique est une lésion é ry thémateuse du pli et
comme certaines glossites qui apparaissent après prise d'antibio- du versant cutané de la commi ssure labiale. La zone rétrocomm is-
tiques. surale est le prolongeme nt de la perlèche sur le versant muqueux,
mais peut en être séparée par une pe tite zone de muqueuse norma le
ou kératinisée. C'est une plaque é rythé mateuse tri angu laire, gros-
Candidoses chroniques
sière me nt arrondie ou ovalairc, semée de petits points blanchâtres
O n peut distinguer deux formes communes, l' une diffuse et en léger relief.
1' a utre e n foyers. • La glossite candidosiquc correspond à la classique glossi te
- Candidosc chronique diffuse : Il s'agit d'une stomatite chro- losang ique médiane, de s iège média n postérie ur et de forme plu-
nique, évoluant par poussées parfois déclenchées par une cause ali- tôt ovoïde . Elle forme le plus souvent une p laque un peu suréle-
me ntaire o u iatrogè ne. L"cxtension ct l'aspect des lésio ns rappellent vée e t mamelonnée, infiltrée à la pa lpation. Plus rare ment, il pe ut
le mugue t, mais les lés ions blanc hâ tres sont très adhérentes et ne s'agir d 'une plaque rouge v if, plane o u un peu déprimée. L'ouranitc
peuvent ê tre enlevées par raclage, car elles correspondent histo- candidosique est une p laque érythémateuse parfois parsemée de
96 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
q ue lques g ranul ations blanc hes, s ituée sur le pa lais médian posté- des hypertrophies g ing ivales superfic ie lles ct des tumeurs pro fondes
rie ur juste e n avant des fossettes palatines, e n regard de la g lossite ou agressives, distinc tion qui n'est pas seule me nt d'ordre séma n-
médiane. tique mais impac te forte ment le traite me nt. Il paraît ensuite raison-
Le diag nostic d' une canclidosc buccale re pose d ' abord sur J'exa- nable de réserver l' appellation de f"ibromc dcs mopiastique de l'os
men c linique. JI suffit Je plus souvent en cas de c nndidose aiguë. à une tumeur de fibroblastes et de collagène inn·a-osseusc pouvant
s 'extériori ser aux parties molles, et d ' appeler fi bromatoses des-
moïdes les tumeurs de fibroblastes ct de collagène des tissus mous
~ ÉRYTHÈME GINGIVAL BORDANT (CANDIDA
qua nd elles font preuve d' une agressivité locale par l' importa nce
DUBL/N/ENc;/5)
de le ur infi ltration et do nt le modèle de description est de localisa-
Cet érythè me est décrit comme une variété de candidose é rythé- tion abdominale. Une loca li sation aux dépe ns des fascias fa it c hois ir
mate use de la gencive, due à Candida dubli11ie11sis, espèce vois ine l'appellation de fasciitc nodulai re e t une localisation au ni veau du
de C a/bica/1.1', fréque mme nt présente dans la cavité buccale des tissu mo u sans rapport avec les muscles celle de fibro me coli agé-
suje ts im munodé primés par J' intcction au YJ H. Cette candiclose niquc ou de fibroblas to me coliagénique. L'âge d 'apparitio n précoce
réalise un bandeau rouge de 2 mm au moins sur la gencive marg i- est privilégié comme c ritè re nosologiquc par l' appell ation de mye-
na le 1271. fibromatose infantile ct ses synonymes (myopéricytome, hé mang io-
péricytome, myofibromc solitai re).
La fibro ma tose g ing iva le hé réditaire est une prol ifé ration fibre use
~ HISTOPLASMOSE À GRANDE FORME non inflammatoire de la genc ive, de maniè re congé nitale ou no n,
t Hlc;TQPLASMA Dl JR()Ic;ff)
qui pourra en venir jusqu'il recouvrir les couronnes de ntaires,
avec une faib le agressivité locale par inti ltration (Figure i 3-7).
Observée seule ment e n Afrique noire, parfoi s appelée histoplas-
Hi sto log ique mcnt , ces lésions, mal délimitées, so nt formées de cor-
mose africaine, cette histoplas mose est probable ment duc 11 l' ino-
dons de cellules fus iformes fibroblastiques, dé veloppés au sein d ' un
c ulat ion lors d ' un traumatis me d' H duboisii, qui diftè rc d ' N. cap -
su/awm par la grande dime ns io n des levures 11 la phase parasitai re stroma éosinoph iiiquc. La lésion com porte surtout un réseau dense
114]. La ma ladie semble reste r Je plus souvent c utanée sous forme de fibres de collagène e t très peu de fi broblastes. Ces fi broblastes
de nodules ou d ' ulcérations, ma is une a tteinte ostéo-articul airc o u sont anormaux : leur pote ntiel de c roissance c t le ur activité de syn-
une disséminati on viscéra le sont possibles. Les rares local isatio ns thèse du collagène e t des g lycosam inogiycanes sont pe rturbés.
buccales ou pharyngées décri tes sc présente nt comme des ulcéra- L'évolution des lés io ns est nette ment en relation avec l'é ruption
tio ns ou des végéta tions de la gencive, de la joue, de la la ng ue ou de de nta ire. Clinique me nt, l' hypertrophie des gencives attachées ct
l'amygdale (Figure 13-6). marginales est volumineuse, de consistance ferme et de couleur rose
foncé. Les anoma lies dentaires sont fréquentes (retards d 'éruption
et malpositions), e ngendrées par la présence d 'une gencive épai sse
parce que fibreuse. L'étio logie est controversée. L' affect ion semble
Lésions gingivales d'origine ê tre hé réditaire ct transmi se s ur un mode autosomiquc dominant ou
génétique récessif. Le diagnostic d iffé re ntie l doit princi pale me nt e nvisager les
causes inflammatoires, hormonales et e ndocriniennes, tumorales e t
~ FIBROMATOSE GINGIVALE HÉRÉDITAIRE médicame nte uses.
Les pro lifé rations fibre uses du corps e ntier sont Je fait d ' un éven-
tail d'affect io ns d ' une varié té extrê me, des pseudo-tumeurs aux
Fibrom "Jtose hyaline juvénilr-
sarcomes 16 1, qui re nvoie à la va rié té considérable des phé notypes La f"i bro ma tose hyaline juvénile est une fibromatose héréditaire
elu fibroblaste. La cavi té buccale n'est pas une loca lisation restric- très rare, diffé rant de la myofibromatose infantile par la distribution
tive : tout au contraire, elle doit faire cons idé rer, e n plus, les tume urs des lésio ns cutanées ct par des caracté ristiques histologiques. La
odontogènes fibre uses. Il est donc impératif de distinguer d ' abord face est une des localisations pré fé re ntielles des nodules c t masses
tumorales, qui pe uvent a tteindre plusie urs centimètres de diamètre.
Les gencives présentent aussi souvent des hypertrophies f·ibreuscs,
et des lésions ostéolytiqucs sont souvent retrouvées. L'affectio n
cons is te vrai semblable me nt e n un trouble métabolique de la fo rma-
tion du collagène.
L' hype rplasie gingivale est rencontrée dans l' hyperplasie g ing i-
vale di ffuse hé réditaire (inté ressant souvent les régions maxi lioman-
dibulaires postérieures) c t clans la fibroh yalinosc juvénile. Le trai te-
ment est chirurgical, de type ging ivectomie à la demande, avec des
récidives importantes.
Des l'ormes agressives ex istent ; elles sont c lassées dans les fibro-
ma toses profondes.
La tumeur desmoïclc o u desmoplasique décri te au sein des tis-
sus mous est encore appelée fibrome desmoplasique ou clcsmoïde
de l'os ou e ncore fibrome non odo ntogénique (Figure i 3-8). E lie
est synonyme de fibroma tose infantile agress ive, e ncore qu 'elle soit
Figure 13 6 Histoplasmose gingivale. (Doc ume nt Bruno Courrier.) exceptionne lle me nt rapportée c hez l'adulte.
CHAPITRE 13- MALADIES GINGIVALES NON INDUITES PAR LA PLAQUE 97
Figure 13·1 Fibromatose congénitale. (Document Bruno Courrier.) Figure 13·8 Fibrome desmoïde. (Document Alexandra Bonnat et
Bruno Courrier.)
Figure 13·9 Syndrome de Cowden. (Document Bruno Courrier, Figure 13·10 Syndrome de Cowden au niveau de la gencive
Corinne Husson-Bui, Roger Kuffer.) maxillaire. (Document Bruno Courrier.)
98 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
Lic hen p la n buccal " induit ,. encore que par quelques bulles minuscules à contenu hématique sur
la muqueuse jugale ou vestibulaire.
Les lés ions 1ichénoïdcs sont moins fréquentes sur la muqueuse
On décrit un pemphigus ind uit. L' atteinte buccale est rare.
buccale que sur la peau. Les lésions lichénoïdcs buccales peuvent
L'éruption peut disparaître e n quelques semaines après arrêt elu
être induites soit par des traitements médicamenteux systémiques,
médicament. Certains aliments contenant des groupes thiol ou autres
soit par des matériaux utili sés pour les restaurations dentaires. Les
(a il, oignon, piments), le contact ct l' absorption de certa ines subs-
lésions induites par ces matériaux sc présentent sous la forme de
tances (pesticides) pourraient aussi induire un pemphigus.
lésions blanches ou érythémateuses, parfo is associées il des érosions
Cer1aincs hémopathies malignes peuvent s'accompagner d'une
ou à des ulcérations. Elles doivent alors être limitées à la zone de
- ou être révélées par - éruption cutanéomuqueusc, associant des
contact avec le matériau de restauration.
signes cliniques de pemphigus ct de pemphigoïdc, voire des aspects
Le LPB peut être associé dans le syndrome cie Grinspan il un dia-
d' urticaire ou de lichen plan : on parle de pemphigus paranéoplasique.
bète ct une hypertension artérie lle. Ce syndrome serait d'origine
iatrogène par les médicaments prescrits pour le traiteme nt du diabète
Er th nr polym~rp
ou de l' hypertension.
Dans la maladie du greffon contre l'hôte ou GY HD (graJi-versus- L'érythème polymorphe (EP) est un syndrome regroupant des
hust disease), on observe souvent des lésions buccales qui ressemblent affections cutanéom uqueuses in fl ammatoires d'expression cli-
cliniquement et histologiquement au LPB. Il est probable que le LPB nique et de gravité di fférentes, sur une mê me lésion élé mentaire
idiopathique et la GYHD par1agent les mêmes mécanismes immuno- <<en cocarde >> de la peau 111 , 221. On peut distinguer I' EP mineur,
pathologiques : in fi ltrai inflmnmatoire composé de cellules T, apop- caractérisé par des signes généraux modérés ct l'allcintc d' une seule
tose des kératinocytcs ct altération de la membrane basale. muqueuse (buccale le pl us souvent), et l' EP majeur (ectodcnnose
pluri-oriticielle de Ficssi nger-Rendu), caractérisé par des signes
Pemphigo1ae aes muqueuses (pemphigoïde généraux sévères et l' alleinte de plusieurs muqueuses, assi milé
au syndrome de Stevens-Johnson (SJS). Il ex iste deux types de la
lésion élémentaire cu tu née : le type en cocarde classique de l' EP,
La pcmphigoïdc des muque uses se définit par une atte inte des qu i correspond presque toujours à une cause infectieuse ct à un bon
muqueuses (muqueuse buccale, en particulier la gencive, souvent pronostic, ct le type en macule purpurique ou nécrotiquc du SJS,
la conjonct ive, ct d'autres muqueuses) et par la formation de cica- qui correspond toujours à une cause médicamenteuse ou toxique ct
trices fibreuses et synéchiantes (Figure 13- 12). L'érythè me, qui à un pronostic sévère, avec risque de passage au syndrome de Lyell
débute sur la gencive marg inale, s'étend progress ivemen t à la gen- (nécrolysc é pidermique toxique).
cive adhérente, qui perd son aspect normal en peau d'orange et Les lésions buccales post-bulleuses sont très cloulourcuscs, et
devient lisse ct bri ll ante. De petites bu lles sc rompent rapideme nt constituent des érosions de petite taille à fond plat tapissé d'un
et lai ssent des érosions il fond fibrineux gri s jaunâtre ct pourtour endui t Fibrineux gri sâtre, entourées d' un halo érythé mateux à limites
érythémate ux, avec parfois un mince li seré blanchâtre qui traduit floues. Des érosions voisines peuvent confluer en placards de forme
l' extension elu décolle ment sous-épithélial. El le épargne plus ou irrégulière. Elles siègent par ordre de fréque nce sur la muqueuse
moins les zones édentées. La pc mphi goïde se manifeste habituel- des joues, de la langue, des lèvres avec souvent allcinte de la demi-
le me nt e ntre 50 et 80 ans, entraînant l' arrêt des soins d' hygiène muqueuse pouvant déborder sur la peau voisine. Les gencives sont
orale c t donc une aggravati on de l' affec tion. Le diagnos tic est le plus souvent respectées. Les lésions buccales d' EP peuven t inté-
d'autant plus tardif qu 'elle est souvent prise pour une gingiv ite resser la quasi-totalité de la cav ité buccale, empêchant toute ali-
banale. Le terme de << gingivite clesquamat ivc » doit être aban- mentation, ou ne consister qu'en quelques élé ments peu invalidants.
donné. Son diagnostic se fait sur un examen par immunotluores- Excepté les cas o[r un facteur physique (exposition solaire, radio-
ccnce direc te. thérapie) ou une hémopathie maligne sont incriminés, I'EP récidi-
vant avec éléments en cocarde serai t dû à un agent infectie ux, le plus
L..·-··- .,..• _,.,.· ..-
souvent l'herpès simplcx, évident clans les cas où chaque poussée
Le pcmphigus vulgaire (vulgaire pour le différencie r de formes est précédée par un herpès labial ou génital. Le rôle d'autres micro-
rares comme le pemphigus végétant, le pemph igus érythé mateux organismes est poss ible, mai s souve nt aucune cause ne peut être
e t le pcmphigus foliacé) est le principal représentant d' un groupe décelée. Quelle que soit son étendue, I'EP cont raire ment, au SJS,
n'évolue jamais vers la nécrolysc épidermique toxique.
d' affections auto-i mmunes caractérisées par une perte de la cohé-
sion des kératinocytcs, qui provoque la fo rmat ion dans l'épaisseur
Syndrome de Ste ve ns-Johnson (SJS)
de l'épithélium de bulles plates. L' histologie montre une fente acan-
ùlOiytiquc supra-basale aux ex tré mités pointues, en forme cie déchi- Les érosions buccales sont semblables il celles de I'EP, mais
rure, contenant un peu de sérosité dans laquelle flottent des cellules partic ulièrement profuses et extrêmement douloureuses, étendues
épithéliales acantholytiques [ 16, 17, 26,281. au pharyngolarynx, ou même à la trachée et aux bronches [20].
Le début du pemphigus vulgai re est très souvent buccal et peut res- L'atteinte cutanée présente la même topographie que celle de I'EP,
ter localisé à la muqueuse avant d' atteindre la peau, les muqueuses avec un décollement qui reste inférieur à 10 % cie la surface cuta-
génitale ct anale, ou l'affection peut rester uniqueme nt buccale née. Outre les signes généraux, le diagnostic clinique repose sur le
durant toute son évolution. Il est exceptionnel qu'une bu lle com- type de la lésion élémentaire cutanée : une macule érythémateuse ou
plète soit visible sur la muqueuse buccale, ma is la rupture de son plll·purique de taille et de forme irrégulière, qui tend à conflue r avec
toit provoque l' apparition d'érosions douloureuses de forme étoilée, les macules voisines, sur laquelle une ou plusieurs bulles ou foyers
qui s'ouvrent un pe u lorsqu'on étire la muque use, montrant un fond nécrotiques peuvent apparaître en n' importe quel point de la surface.
rouge vif (Figure 13- 13). C'est la persistance de l' assise basale qui Le SJS répond à une cause médicamenteuse, surtout les ami-
e mpêche que sc forme un dépôt de fibrine. Chez les malades trai- inflammatoires non stéroïdicns (A INS), les sulfamides, les barbi-
tés par corticothérapie, le pemphigus vulgaire peut ne se manifester turiques, la carbamazépine, la pénicilline et divers antibiotiques,
CHAPITRE 13 - MALADIES GINGIVALES NON INDUITES PAR LA PLAQUE 99
Figure 13-11 Lichen plan gingival. (Document Bruno Courrier, Figure 13·12 Pemphigoïde cicatricielle. (Document Bruno Courrier,
Corinne Husson-Bui, Roger Kuffer.) Corinne Husson-Bui, Roger Kuffer.)
Figure 13·13 Pemphigus gingival. (Document Bruno Courrier, Figure 13 14 Lupus aigu de la gencive. (Document Bruno Courrier,
Corinne Husson-Bui, Roger Kuffer.) Corinne Husson-Bui, Roger Kuffer.)
100 PARTI E 3 - LES MALADIES DU PARODONTE
Les réactions médica me nte uses indu ites, qu 'elles soie nt c utanées dont le fond non nécrot iquc est coule ur chair musculaire ou couvert
ou muque uses, sont e ncore appelées toxide rmies. d'un voile fi brine ux, sans halo é ry thé mate ux périphérique. Les cas
L'alle rg ie à type d' hype rsensibil ité immédiate ou re tardée à biops iés montrent un in fi ltrat infl ammatoire non spécifique, riche en
divers alle rgènes correspond à l' urticaire, l' œdè me de Quincke ct polynucléaires éosinophiles " ;
a u syndrome allergique oral q ui sont des réac tions de mê me na ture . - taxidermies végétantes : les réac tions c utanéomuqueuses
L' urticaire de la muque use buccale e t l'œdè me de Q ui nc ke lab ia l, aux produi ts conte nunt de l' iode ou d u brome peuvent ê tre urtica-
buccal ou pha ryngo lary ngé ont un aspect histo log ique ide ntiq ue : a u rie nncs o u purpuriqucs, mais souve nt plus ca ractéristiques ; cc sont
niveau de pe tits vaisseaux sangui ns et de lymphatiques dilatés ento u- de petites bulles ou pustules qui te nde nt à confluer e n placa rds qui
rés de lymphocytes, des mastocytes libèrent leurs g ranules, e ntraî- devie nne nt végétants (Fig ure 13- 15).
na nt un œdème qu i d issocie le tissu conjonc tif. La différe nce est L' hype rtrophie gingivale iatrogène pourrui t égale me nt ligure r
dans le s iège ct l' é te ndue des lésions: l' urticaire n' inté resse q ue le dans cette liste d ' acc ide nts d its tox iclcrm iq ucs (tox ide nn ic hyper-
de rme ou le c ho rio n de la muque use, alors que l' œdè me de Quincke trophique) ; liste à laquelle appartie ndra ie nt les nécroses osseuses
se développe dans les espaces conjonc tivo-adipe ux de l' hypoderme max illaires ct ma ndibula ires induites par les bisphospho natcs où la
c t de la sous-muqueuse . nécrose se révèle par une ou plus ie urs ulcé rations de la muqueuse
Ces réac tions sont pri nc ipale me nt dues à la libé ra tion d ' histamine. gingivulc do nt le fo nd est constitué par un séquestre osseux q ui s'ex-
Souvent, il s'ag it d ' une réactio n alle rgique de type 1 (hypersens ibi- té riorise progress iveme nt.
lité immédiate ou a naphy lax ie) ; il pe ut parfois s'ag ir d' une réac tio n Le d iag nostic de tox idc nnie re pose esse ntie lle ment s ur l' analyse
alle rg ique d e type Il l avec formation de co mplexes immuns circ u- c linique des lésions, e t sur l' enquê te méd icame nteuse auprès du
lants. ac tivation du co mplé me nt ct libératio n d ' anaphy la tox ines. ma lade 1191.
Une réactio n d 'aspec t cli niq ue sem blable peut toutefois ê tre de
nature non alle rg iq ue, duc pa r exem ple à la libé rati on di recte d' his- Matériaux d'origine dentaire (mercure, nicl<el,
tam ine provoquée par certaines s ubsta nces, à une ac tivation non résine, autres)
immuno logiq uc d u complé ment , a u dé fa ut de certai ns inhibite urs
La stomatite a lle rg ique de contac t est un équivale nt muqueux de
comme dans l'œdè me a ng io nc uro tique hé réd itaire.
l'eczéma, modè le de l' hype rsensibilité re tardée à médiation cel-
lulaire par des lymphocytes T spécifiques d ' un a ntigène, do nt la
T~·~idermies buccales sympto matologie est rnodilléc par les conditions du mil ieu buccal
Les tox idenn ics inté ressent fréque mme nt la muque use buccale baigné par la sali ve q ui te nd à dil uer c t à évac ue r les alle rgènes. Les
(les attei ntes c uta née et buccale é tant souve nt assoc iées), mais a ussi lés io ns s iègent par ordre a pprox ima tif de fréque nce sur la m uque use
les muque uses conjonc ti vale e t génitale. Le ur mécanis me est tantô t des lèvres, la m uque use vestibula ire, la face inte rne des joues, la
immunologiquc, ta ntôt no n immuno logiquc, par surdosage, tox ic ité langue, le plancher buccal, le palais e t le voile, les genc ives. Elles
d irecte, accumulation de dépôts, inte rférence dans le mé tabolisme sont représentées par un érythème plus o u mo ins inte nse c t é tendu,
ou activation de méd iate urs des réactio ns infhunmatoires. un œdè me souvent discre t, une exfoliation de la langue, avec parfo is
Les toxide rm ies peuvent sc présente r sous d ivers aspects cli- e mpreinte des de nts voisines sur les borels. Il est très exception ne l de
niques: pou voir d istingue r à l'œ il nu les vésic ules, q ui sont m inuscules, ct
- toxidennies lichénoïdes souve nt d iffic iles l1 distingue r d' un les é rosions, qui sont rares c t très pe tites. Les lésions c hro niques sont
lic he n plan idio pa thique ; marquées pa r un aspect granu le ux ou papi llaire de la surface de la
- taxidermies aplltoïdes, ulcérat ions do ulou re uses présentant les muque use . Le prurit est re mplacé par des sensations de p icotc mc ms
caractères cliniques e t histologiques des a phtes buccaux ;
- taxidermies pigmentaires. Communéme nt décrit au niveau de la
peau, l'é rythè me pigme nté fi xe ( EP F) est carac té risé par une muc ulc
ou plaque rouge grisâ tre qu i apparaît pe u après la prise d ' un médi-
cament. Une bulle fa it son uppa rition au centre de la plaque, puis
elle se dessèche e t fi nit par disparaître . Après chaque nouvelle prise
du mê me médicame nt, le même phé nomè ne se re produit au mê me
endroi t, oü une tache pigme ntée brun g risâ tre pe rs iste e ntre les pous-
sées s uccessives. L' EPF peul s iéger a u nivea u de la m uq ue use buc-
cale (surtout le palais e t le dos de la langue), où une bulle de taille
variable s uivie d 'érosion à fo nd fibrineux et pourtour é rythé mate ux
pe ut apparaître après c haque prise médicam ente use. À la d iffé re nce
de la localisation c utanée, la pigme ntation est habituelle me nt impe r-
cept ible ou absente ;
- taxidermies bulleuses ; voir « Syndrome de S tevens-Johnson »
c t << Nécrolyse épide rmique toxique>> ;
- wxidermies ulcéreuses : de très no mbre ux méd icame nts
pe uvent être à l' origi ne d ' u lcé rations de la muque use buccale, ou
d' é rosions no 1i précédées de bulles (les A INS, les antimétabo litcs
(méthotrexatc, e tc.), les a ntagonistes de l' a ng iotensine. Le nico-
randil, un vasodilata te ur coronarie n uti lisé dans la pré ve ntion des
c rises d ' angor d 'effort depu is les a nnées 1990, est l'exemple le plus F1gure 13·15 Purpura allergique siégeant au niveau de la
récent : s iégeant a vec prédilection sur les bo rds de la lang ue, les tubérosité maxillaire (allergie à une crème adhésive dentaire).
ulcérations q u' il e nu·aî ne o nt une forme allongée (j usqu ' à 3 c m), (Document Bruno Courrie r.)
CHAPITRE 13- MALADIES GINGIVALES NON INDUITES PAR LA PLAQUE 101
ou de brû lures, qui peuvent ê tre a bsentes ou au comraire être mises est de te inte rouge, veloutée, infiltrée mais souple, avec une surface un
au premier plan par le patie nt 1121. peu lobu lée quand la lésion intéresse la muqueuse libre. L'affectio n
La topographie des lésions est un prem ier indice à retenir dans la est cons idérée soit comme d 'origi ne infectieuse, soit comme une
recherche des causes possibles d' un eczéma de contact des lèvres réaction de contact à un allergène no n idcntüié de l'environnement.
o u d ' une stomatite allerg ique de contact. La recherche du type de D'évo lution bénigne, elle doit être radicalement distinguée d ' un plas-
produit imputable est tres variée : produits denta ires (maté riaux et rnocytome solitaire extramédullaire, doml'infiltrat plasmocytairc est
produit s utilisés lors des soins, matéri aux prothétiques ou matérie ls monoclonal. Le traitement consiste d 'abord en la suppression des pro-
d 'orthodontie) ou matériaux portés à la bouche (embouchure des duits s uspects.
instruments de mus ique à vent, tétines !caoutchouc, s ilicone !, stylos
rmatière plastiqucl, timbres et enveloppes [colles], etc.).
Pour les réactions allergiques siégeant sur une zone de muqueuse
en contact avec des obturations dentaires à l'amalgame d'arge nt,
Lésions traumatiques
l' imputabi lité est confirmée si la suppression de l'amalgame et son
re mplacement par un autre matériau d ' obturation entraîne nt la di s-
.... LÉSIONS TRAUMATIQUES (ORIGINE IATROGÈNE,
parition des lésions. Pour certai ns, cette substi tution n' a de chances
AUTOMUTILATION, ACCIDENTELLE)
de succès que si les tests cutanés montrent l'ex istence d ' une sen-
Lors des soins buccodentaircs, les accidents traumatiques iatro-
s ibilisation au merc ure, probable agent responsable, mais pour
gènes qui nous intéressent imposent au patient un tatouage profond
d ' autres ces tests ont peu de valeur, et la sensibi li sation peut être duc
dont La plaie laissera une cicatrice globalement pigmentée sauf en son
à d' autres composants.
centre.
Des lés ions lichénoïdes analogues ont été observées au contact
Les lésions fact.ices de la muqueuse buccale et encore pl us spéci fi-
d'autres matériaux prothétiques ou utilisés pour les obtu rations den- q ucmcnt de la gencive pourraient s 'appeler, par analogie a ux lésions
taires (or, palladium, résine époxy, rés ine acry lique), et avec des
des ongles, usure maniaque de la genci ve qui cons iste surtout e n
chew ing-gums, aliments, dentifrices et bains de bouche contenant
des éros ions el excoriations plus ou mo ins profondes réalisées par
des parfums (cannelle, aldéhyde cinnamique rcinnamonc l, etc .).
les ong les ou à l' aide de divers instrume nts (couteaux, c iseaux,
éping les, etc.). Les cas les plus graves concernent des automutila-
Réactions attribuables à dentifrices et pâtes tions intéressant souvent les dents, mais aussi les parties molles de
dentaires, bains de bouche, chewing-gum la régio n buccofacialc, q ue peuvent s ' inniger certains malades au
et additifs alimentaires, autres psychisme graveme nt pe rturbé. Il peut aussi s'agir de malades pré-
Le syndrome allergique oral est une réaction infl ammatoire des sentant des affections neurologiques avec mouvements anorma ux
lèvres et de la muqueuse buccopharyngée déclenchée par le contact comme des tics de mors ure, ou avec perte de la sens ibilité dou lou-
de certains fruits, légumes ou fruits secs chez des sujets sensibi- reuse nocicepti ve no rmale. L'aide d u psychiatre est a lors indispen-
lisé à certains po lle ns, présentant un rhume des fo ins ou un asthme sable pour préciser dans lequel des d ifférents cadres nosologiqucs
bronch ique. L' intens ité de la réaction est variab le. Le contact des possibles s' inscrit Je cas d ' un malade, et pour contri buer à sa pri se
fruits ne décle nche souvent qu' une sensation de picotements ou en c harge.
de brû lures, un érythème, un œdème des lèvres, de la langue ct/ Reste encore à citer les morsures sous anesthés ie, sous l'in nuence
ou du pharynx, et les rmrlarlcs qui tendent à minimiser les symp- d ' une d rogue ou au cours d ' un coma, o u les anomalies mineures
tômes se plaignent s implement cl' « aphtes >> . Les no ix et le céleri causées par certai nes habitudes, pratiques profess ionnelles o u utili-
peuvent en revanche déclencher un œdème lary ngé grave, une sat ion d' instruments.
crise d 'asthme, ou un choc anaphylactiq ue. Dans la région bucco- On doit aussi pou voir envisager une possi ble maltraitancc ct le
pharyngo-laryngée, les réactions d' hypersensi bilité immédiate sont syndrome de Münchhausen par procuration dans laquelle un proche
dues le plus souvent à certains a llergènes des fruits frais, dont le crée ct e ntre tient des lés ions chez un enfant ou un sujet handicapé,
caractère allergène disparaît après cuisson, à des méd icaments par toul en manifestant une attitude protectrice et une extrême préoccu-
voie systémique (pénici lline, autres antibiotiques, inh ibiteurs de pation au sujet de son étal, en vue de se valoriser auprès de la famille
l' enzyme de conversion l'angiotensine, aspirine, A!NS, etc.) ou par et du corps médical.
voie locale, responsables d ' urticaire de contact. On ne négl igera pas Le piercing des lèvres, de la langue el d ' autres replis cutanés est
les possibles réactio ns au latex des gants chirurgicaux et des digues d ' une actu alité récente. Les complications locales compo11ent des ébré-
dentai res . chures ou fractures dentaires, des récessions ging ivales, des déplace-
ments dentuircs, un saignement persistant, un œdème, des abcès locaux
Plasmocytose oriticielle ou à distance, et même un phlegmon diffus elu plancher buccal.
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Parodontites chroniques
Dimitra Karapetsa, Philippe Bouchard
"l 4· Caractéristiques cliniques de la parodontite chro- Table LA Principales caractéristiques générales de la paro-
nique chez l'adulte. dontite chronique (d'après International Workshop for a Classification
of Periodontal Diseases and Conditions 1999. Consensus Report :
1. Signes constants Chronic Periodontitis).
- Inflammation gingivale
Signes cliniques associés à la gingivite (altérations Plus prévalente chez l'adulte que chez l'enfant et l'adolescent
de la couleur, texture et volume de la gencive) mais ces derniers peuvent être également atteints
Saignement au sondage
- Perte d'attache La sévérité de l'atteinte est associée à des facteurs locaux
Augmentation continue du niveau d'attache clinique
Présence modérée à élevée et fréquente de plaque et de tartre
à travers le temps
sous-gingival
- Poche parodontale
Profondeur de sondage > 3 mm Grande variabilité de la composition du biofilm
- Alvéolyse horizontale
Lyse osseuse se traduisant par une augmentation Progression globalement lente mais peut présenter des épisodes
de la distance entre la jonction amélocémentaire de destruction rapide
et la crête osseuse alvéolaire et une image radiologique Association à des facteurs aggravants locaux (anatomiques
crestale régulière et continue, sensiblement horizontale. ou iatrogènes)
2. Signes inconstants Association à des facteurs environnementaux comme le tabagisme
- Signes gingivaux et la résistance au stress
Exsudat de fluide créviculaire cliniquement décelable
Suppuration créviculaire Association à des facteurs modifiants généraux comme les diabètes
Saignement gingival spontané
Fistule parodontale
Récessions gingivales
Abcès parodontal bon indicateur de maintien à long terme de la santé parodontale,
- Signes radiologiques
comme le montre une étude norvégienne inc luant 565 sujets suivis
Alvéolyse verticale
Lyse osseuse se traduisant par une augmentation pendant 26 ans (9] .
de la distance entre la jonction amélocémentaire La maladie est le p lus souvent en rapport avec la quantité de
et la crête osseuse alvéolaire et une image radiologique plaque dentaire accumulée et la présence de facteurs aggravants
crestale irrégulière sensiblement verticale caractérisée
(locaux) ou modifiants (environnementaux et généraux ). O n
par des défauts osseux angulaires, circonférentiel,
en cratère, etc. constate une grande variabil ité microbiologique qual i tative ct
Tendance à la symétrie des lésions osseuses quantitati ve elu contenu des poches paroclontales d ' un indi vidu à
- Signes dentaires l ' autre m ais également d ' un site à l 'autre chez le même individu.
Mobilités dentaires Le complexe rouge de Socransky est cependant r etrouvé de façon
Migration dentaires
quasi constante. L'examen microb iologiquc des poches parodon-
Pertes dentaires spontanées
- Signes généraux tales chez un sujet atteint de parodontite chronique n ' a donc pas
Halitose d ' intérêt diagnostique.
Figure 14·1 Patiente de 58 ans atteinte de parodontite chronique sévère généralisée. Le motif de consultation est la mobilité dentaire.
Patiente fumeuse (10 cigarettes par jour depuis 35 ans), présentant une anxiété importante, et des antécédents familiaux (père). On note la
présence de reprises de lésions carieuses et apicales. Le charting (non présenté) indique de nombreuses poches profondes(~ 6 mm) et plus
de 30 % des sites sont atteints. ~indice de plaque est à 98 % et l'indice de saignement à 82 % . Le prélèvement microbiologique ries pnr:hes
profondes analysé par méthode PCR/sonde ADN indique de fortes quantités de pathogènes, en particulier du complexe rouge de Socransky :
Porphyromonas gingivalis (106 CFU/ml), Tannerella forsythia (106 CFU/ml) et Treponema denticola (10 4 CFU/ml). Aggregatibacter actinomy-
cetemcomitans et Prevote/la intermedia sont sous le seuil de détection (103 CFU/ml). (Document Sylvain Mouraret.)
grcss ion est g lobalement lente mais peut présenter des épisodes de 56 % ct 18 % des sujets ont 5 % o u p lus de sites présentant res-
desu·uction rapides. La Figure 14-2 présente différents modèles de pectiveme nt un ni veau d'attache ~ 3 mm ct une profonde ur de
progressions de perte d 'attache au niveau malade. poche 2': 4 mm. La dé finition de la sévéri té des cas est donnée dans
Il semble aujo urd' hui que le mode de progression aléatoire et le Tableau 14 - V. La prévale nce globale est égale à la somme des
asynchrone so it le plus adapté à la parodo ntite chronique en rai - form es légères, modérées et sévères.
son de sa relative lenteur d ' évolution (Fig ure 14-3a), alors que les En France, une seule enquête nationale, la National Periodorrtal
modèles << explos ifs» poun·aient correspondre au mode de progres- and Systemic Examination Survey (NPASES !), est à ce jour dis-
s ion de la parodontite agressive (Figu res 14-3b et 14-3c). ponible pour évaluer la prévalence des parodontitcs chroniques 121.
Un échantillo n de 2 144 sujets représentat ifs de la population fran-
çaise âgés de 35 à 64 ans a été étudi é. Les mesures intéressaient
Prévalence 4 sites par dent et toutes les de nts ont été incluses dans l' analyse.
Les sujets possédaient au moins 6 de nts. La classification de l' Inter-
L'enquête é pidémiologique la plus récente repose sur les données national Workshopfor a Classification of Periodontal Diseases and
2009-20 10 de la National Health and Nutrition Survey (NHANES) Conditions [7[ a été retenue pour déf"in ir l'éte ndue et la sévérité de la
aux États-Uni s. Les estimations sont issues d'un échantillon de parodontite. En termes de prévalence, 46,68 % et 10,2 1 % de l'échan-
3 742 adultes de plus de 30 ans ayant au moins une dent [4]. Le tillon présentaient respectivement un niveau d 'attache et une profo n-
niveau d'a tl ache et la pro fo ndeur de sondage ont été mesurés au de ur de poche ~ 5 mm. Parmi les s ujets présentan t une parodontite
niveau de 6 s ites parodontaux sur chaque dent. Toutes les dents ont généralisée, 78 % avaient une parodontite légère, 18 % modérée et
été incluses dans l' analyse, sauf les dents de sagesse. Les résul- 4% sévère. Environ la mo itié de l'échantillon montrait des niveaux
tats montrent que 47% de l'échantillo n, re présentant 64,7 m illio ns d ' attache s ignant une perte d' attache préa lable à l'enquête.
d'Américains, sont atte ints de parodontite : 8,7 % ont une forme Dans les pays non industrialisés, la prévalence semble très élevée,
légère, 30 ,0 % une forme modérée et 8,5 % une forme sévère. même chez les sujets jeunes. Une étude récente indique des préva-
Soi xante-quatre pour cent des sujets âgés de 65 ans e t plus pré- lences de paroclontite chronique de 18,2% et 72,0 % chez des sujets
sentent une parodontite modé rée à sévè re. En termes d 'étendue, âgés respectivement de 14 à 19 ans et de 24 à 29 an s r17 [.
106 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
Perte
d'attache
a ' - - - - - - - - - --.Temps
Figure 14 2 Mo dèles linéaires de progression de perte d 'attache. Les points bleus représentent les épisodes de perte d'attache. La perte
d'attache peut être constante (a) ou peut évoluer vers une diminution (b) ou une augmentation (c ) de la progression . Après progression initiale,
la perte d'attache peut être en phase de plateau (d), en progression arithmétique (e) ou en diminution constante après une phase aiguë (f). Les
figures g, h et 1 sont complémentaires des figures précédentes et correspondent à une diminution initiale de la perte d'attache. (Adapté d'après
Gilthorpe et al. , 2003).
Perte
d'attache
19 "r 1 1.3 Modèles aléatoires de progression de perte d'attache. Les points bleus représentent les épisodes de perte d'attache. La perte
d'attache peut progresser de façon asynchrone par poussées multiples à travers le temps (a). La perte d'attache peut également être " unique et
explosive " (single burst), c'est-à-dire rapide et sévère, intéressant plusieurs sites à la fois (b). Cette perte d'attache peut ensuite évoluer vers la
stabilité, la progression ou régresser au fil du temps. La perte d'attache " explosive " peut également se répéter de façon cyclique (multiple bursts)
à travers le temps (c).
Il est clair que la prévalence de la parodontite chronique est dépen- préva lence variaient entre 14 et 65 % en fo nction de la définition uti-
dante de la définit ion épidémiologique de la maladie. Une étude lisée. En résumé, même s i les résultats des différentes enquêtes épidé-
méthodologique a quantifié l' innuencc de la définition de cas sur la miologiques sont difficilement superposables (voir chapitre 19), il est
prévalence de la parodontite [3]. Six définitions diff ére ntes de la mala- possible d'affirmer que la parodontite chronique est une des maladies
die ont été utilisées pour analyser le même échantillo n. Les taux de in fectieuses parmi les plus prévalentes dans les pays industrialisés.
CHAPITRE 14 - PARODONTITES CHRONIQUES 107
le. u 14 V Définition épidémiologique selon le CDC-AAP (Centers for Disease Control and Prevention - American Academy of Periodonto-
logy) de la sévérité des parodontites chroniques (d'après [5]).
Au moins 2 sites avec un niveau d'attache Au moins 2 sites proximaux sur deux dents Au moins 2 sites proximaux sur des dents
de 3 mm ou plus et au moins 2 sites proximaux différentes avec une perte d'attache de 4 mm différentes avec une perte d'attache de 6 mm
avec une profondeur de poche de 4 mm ou une profondeur de poche de 5 mm ou plus ou plus et au moins un site proximal avec
ou plus sur 2 dents différentes ou un site avec une profondeur de poche de 5 mm ou plus
une profondeur de poche d'au moins 5 mm
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Parodontites agressives
Dimitra Karapetsa, Sylvain Mouraret, Philippe Bouchard
Figure 15·1 Patiente de 26 ans atteinte de parodontite agressive localisée. Malade asymptomatique d'origine marocaine adressée
par son praticien pour bilan parodontal avant traitement orthodontique en raison d'une classe 2 div 1 di\ngle avec encombrement des inci-
sives maxillaires. !.:interrogatoire médical ne révèle aucune pathologie autre qu'une maladie parodontale. La malade est non fumeuse et
peu anxieuse. On note des antécédents familiaux de parodontite (père). Le charting (non présenté) indique des poches profondes (~ 9 mm)
localisées au niveau de 16, 26, 36 et 46. !.:indice de plaque de 65 % et l'indice de saignement à 68 %. Le prélèvement microbiologique des
poches profondes analysé par méthode PCR!sonde ADN indique de fortes quantités de pathogènes, en particulier d'Aggregatibacter acti-
nomycetemcomitans (105) et Tannerel/a forsythia (104 ). Porphyromonas gingivalis, Prevote/la intermedia et Treponema dentico/a sont sous le
seuil de détection (103 ). (Document Sylvain Mouraret.)
agressives ont été résumées par la conférence de consensus inter- - S uj et ~ 25 ans : au mo ins 2 s ites prox imaux non contigus avec
nationale de 1999 [251 (Tableau 15- l). Il n'ex iste pas de défin itio n perte d ' attache ~ 4 mm c t saigne ment au sondage observé sur a u
claire e t consensuelle permettant dans tous les cas de trancher entre moins 2 dents.
le diagnostic de parodontitc c hronique sévère cl celu i de parodontite - Sujet e ntre 26 ct 35 ans: a u moins 2 s ites proximaux non conti-
agressive généralisée. La c lass ification de 1999 a élim iné l' âge en gus avec perte d 'attache ~ 6 mm ct saig ne ment au sondage observé
tant que critère principa l du diagnostic diffé remiel entre les de ux sur au moins 2 dents.
e ntités (chronique/agressive). Il est vrai que scul l'ftge permet cepen- - Sujet > 35 ans : l'évolution rapide de la perte d 'attache ou
dant d 'orienter e fficace me nt le diag nostic lors des e nquê tes épidé- osseuse (documents antérieurs) ct l' agrégatio n famil iale (examen de
miologiques qui som par nature transversales c t ne pe rmette nt pas la fratrie) doivent ê tre confirmées pour porter le diagnostic.
d'évaluer la pe rte d ' atwchc << continue ''· De plus, en c linique, il
est hors de question devant un sujet jeune présentant des ni veaux
d 'attaches anormale ment réduits de reporte r le diag nos tic à p lus tard Prévalence
pour s' assurer que le sujet cont inue à perdre rapidement de 1'attac he.
Ainsi, e n clinique, le diagnostic de parodontitc ag ressive sera géné- Les travaux épidém io logiques sont dans l'ensemble plutôt anciens
rale me nt immédiat afi n de mettre e n œuvre un traiteme nt rapide. et util isaient d'autres dénominations que celle de parodontitc agres-
Compte tenu du tableau clinique assez souvent caracté ri stique, le s ive. Les termes de parodontitc juvéni le localisée/généralisée, paro-
diagnost ic est majoritairement s imple, tout au moins pour les fo rmes dontite aiguë j uvénile, parodontite à progression rapide, e tc. ont été
localisées. uti lisés pou r désigner des pertes d 'attache rapides chez des e nfa nts,
De mmer e t Papapano u ont proposé une dé finition épidé mio lo- des adolescents ct des adultes je unes. Ces évolutions de tc nn inolo-
gique des cas de parodontite agressive applicable, no us semble-t-il , gie à travers le te mps re nde nt une agrégation des travaux é pidé mio-
à la clinique 11 31. Cette définiti on, qui tient compte de l'âge, inclut logiqucs antérieurs à la nomenclature actuelle difficile. De plus, en
bien e nte ndu les caractéristiques classiques é no ncées plus haut raison de la rare té des parodontites agressives, les études manquent
(absence d'autres maladies, ag régation fami li ale, évolution rapide) . souvent de puissance (rapports de cas). Il ex iste donc une grande
CHAPITRE 15 - PARODONTITES AGRESSIVES 111
variabi li té de la prévalence. Cette variabilité est probableme nt due : listés ci-après concernent le risque d'initiation ct plus précisément
( 1) à des d ifférences méthodologiques enu·e les enquêtes, (2) à la d'évolution des parodontites agressives en termes de sévérité.
rareté de la maladie, et (3) à une non-uni formité de la défi nition des
cas, com me nous venons de le souligne r. Il est néanmoins possible
!:ACTEUR~ LOCAIIX
de conclure que les parodontitcs agressives intéressent les s ujets à
tout âge, que lle que soit leur origine, ct sont peu fréquentes. La défi- Des anomalies du cément ont été décrites au mveau des sites
nition << classique >> de la c lassification de 1999 donne une préva- atte ints par les parodontitcs agressives loca li sées chez l'enfan t (inci-
lence< l % pour la parodontite agressive localisée. sives et mo laires) [7]. Il ne peut donc être exclu que la l'orme loca-
lisée de parodontite agressive représente une maladie à composante
DENTUPE TEMPORAIRE génétique ct/ou épigénétiq uc marquée différente de la fo rme agres-
sive généralisée et de la parodontite chronique.
Chez l'enfant et l'adolescent, une étude cas-contrôle suédoi se
inc luant 118 patients atteints de parodontite agressive (cas) diag-
.... FACTEUR FTHI\JIQUE
nostiqués entre 13 et 19 ans ct 168 patients appariés indemnes de
perte osseuse (contrôle) montre une perte osseuse à l'âge de 5 et Le risque de développer une parodontite agressive, toutes l'ormes
12 ans chez les cas, alors qu'elle est absente dans le groupe contrôle confondues, ne semble pas êu·e partagé de manière égale dans la
[501. Les mêmes auteurs incluant des enfants âgés de 7 à 9 ans (n population ; la prévalence de la parodontitc agressive a été esti mée
= 3 896) montre une prévalence respective de 2 % à 4,5 % de perte
entre envi ron 0,2 % pou r les Caucasie ns et 2,6 % pour les A fro-
osseuse sur au mo ins une face proximale des dents temporaires
Américains 128]. La synthèse des prévalences par ethnies est de 0, 1 à
[49]. Ces résultats indiquent que la parodontite agressive, au moins 0,2% c hez les Caucasiens, 1,0 à 3,0% chez les Africains cl les A fm-
chez certains ind ividus, peut être in itiée dès la denture te mpo raire .
Américains, 0,5 à 1,0 %chez les Hispaniques et les Américains du
Néanmo ins, cette perte osseuse précoce au niveau de la denture tem-
Sud, ct 0,4 à 1,0 % chez les Asiatiq ues [6]. Les données en Afrique
poraire ne prédispose pas nécessaire ment à la parodon titc ag ressive
Noire sont limitées mais permettent de conc lure à une prévalence
en denture permanente [2].
élevée [23]. La prévalence chez les sujets de descendance africaine
est généralement p lus élevée que la moyenne observée [ 19]. li est
DENTURE PERMANENTE cependant di l'fic ile de conc lure sur un fac te ur de risque ethn ique
indépendant étant donné l' impact du statut socioéconomiquc en tant
Chez 1' adolescent etl ' adu lte jeune, les données sont peu abondantes que variable confo ndante dans l'évaluation de la préva lence.
et vari ables en fonction des pays concernés. Une étude classique aux
États-Unis chez Il 000 adolescents de 14 à 17 ans indique 0,53% de
parodonlite agressive localisée et 0,13 % de générali sée [28]. Un tra- .... CONDITIONS SO~IO~CONOMic::lUE<:
vail plus récent aux États-Unis (11 = 1 075) révèle une prévalence de
Une prévalence plus élevée a été associée aux faibles niveaux
1,2 % de forme localisée chez des A fricains et Hispano-Américains
socioéconomiques [29] et à certains pays en voie de développement
(tranche d ' âge : 11- 17 ans) [16]. Une enquête épidémiolog ique sur
151. Cependant, les facteurs ethniques c t socioéconomiques consti-
l'état parodontal du personnel de l'armée en Israël (tranche d'âge
tuent a ussi un risque de paroclontite chronique [8].
18-30 ans) indique 4 % de parodontite agressive localisée et 2% de
généralisée [26]. La prévalence de parodontitc agressive en Jordanie
du Nord est de 2,2 % [ 1] et de 1,65 %en Corée du Sud [ Ill En .... CONSOMMATION DE TABAC
utilisant la définition de Demmer ct Papapanou (voir ci-dessus), la
prévale nce de parodontite agressive dans les pays industrialisés chez Comparativement à la parodontite chron ique, la consommation
les sujets de moins de 35 ans varie de 1 à 15 % [ 131. de tabac est peu étudiée en ra ison des tranches d'âge imp.li quées
dans le diagnostic de paroclontite agressive. Il semble néanmo ins
q u' une association soit p résente avec la forme généralisée, mais pas
ou pe u avec la forme localisée !26, 45J. La réponse au traitement
Indicateurs de risaue semble médiocre c hez les fume urs atteints de parodontitc agressive
généralisée [22]. l i en est de mê me pour le sui vi it 5 ans o[r les
À la lumière de la localisation des lésions, de 1' impact des facteurs
fumeurs perdent p lus d ' attache que les non-fumeurs [24] .
e nvironnementaux , de la pathogénie de la mal adie ct des données
génétiques les plus récentes, il existe quelq ues raisons de penser que
la parodontite agressive localisée constitue une maladie distincte de .... CONTRÔLE DE PLAQUE
la fo rme généralisée. Une étude prospective avec un suivi de six
années sou lig ne que seulement 35 % des parodontitcs agressives Selon la classi fiealion de 1999, une des caractéristiques secon-
localisées évo.luent vers une parodontite agressive généra lisée [9]. dai res de la parodontitc agressive est l'absence de corrélation enu·e
O n peut s' inte rroger sur les facteurs susceptibles d'entraîner la la quantité de plaque et la sévérité de la destruction parodontale.
généralisation des lésions. Les facteurs de risque environne mentaux Ai nsi, le contrôle de plaque pourrait ne pas être aussi important e n
n 'offrent pas de ré ponse c laire en matière de distinction entre paro- cas de parodontitc agressive qu'en cas de parodonlite chroniq ue.
dontite chronique ct agressive généralisée. Il n'est donc pas exclu Cependant, une association positi ve e nu·e les dépôts de plaque ct
que ces deux dernières formes ne soient e n fait qu' une seule ct même la parodontite agress ive généralisée a été montrée 141 1. S us in et
maladie, tandis que la parodontite agressive localisée constituerai t A lbandar ont exam iné la prévalence de parodontite agress ive clans
une entité clinique distincte. Ce n'est cepe ndant pas l'hypothèse rete- une population brés ilienne: les suje ts atteints de parodontite agres-
nue par la classification de 1999 qui distingue les parodontites agres- s ive présentaient des niveaux de plaque et de saig nement plus élevés
sives des parodontites chron iques. Ainsi, les indicate urs de risque comparativement à un g ro upe témoin parodontalcment sain 155].
] 12 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
~ ADAPTATION AU STRESS IE BV], c ytomégalovirus) ont été associés aux parodontites, e n par-
ticulier e n cas de parodontitc agressive sé vè re (pour revue 15 1]).
L' adaptation a u s tress a aussi été évoquée parmi les facte urs d ' ini- Cependa nt, celle associa tion n'est pas confi rmée e t les résultats
tiation/aggravation des paroclontites agressives. Une seule é tude semble nt contradictoires 13 9, 54 j. Les arc hées, récem me nt é tud iées,
contrôlée a examiné l' associa tion e ntre un ce rtai n no mbre de fac- para issent associées a ux pa rodontites. Methanohrevibacter 01·a/is
teurs psychosociaux comme le stress e t la pa rodontitc agressive est détectée c hez 4 1 % des patie nts atteints de parodontite vers us
géné ralisée [37 1. Le nivea u de pre uve est trop bas pour po uvoir 6 % des suje ts parodo nta lemc nt sains, c t da ns 55 % des poches pa ro-
aujourd 'hui ava ncer que l' ins urtisance d 'adaptation au stress ou la do ntalcs versus 5 % des sites sains [38]. Ce tte a rchée répond a ux
dé pressio n constitue nt des ind ica teurs de ri sque. cinq c ritè res proposés par Socransky pour dé fi ni r un agent patho-
gène parodo nta l : ( 1) assoc intio n à la maladie ( forte proportion dans
les s ites malades) ; (2) ré ponse de l'hôte (stimulation de la ré po nse
AFFECTIONS ASSOCIÉES
imm unitaire) ; (3) méca nis mes pathogènes (fac te urs de virulence
élevés) ; (4) pathogénic ité c hez l'animal (induc tion des lés ions chez
Selon la classifi catio n cie 1999, l' une des carac té ristiques essen-
l'a nimal) ; (5) é liminatio n/suppression de l' agent causal (a méliora-
tielles des paroclontites ag ressives est l' a bsence d ' autres problè mes
tion clinique après diminution des taux). Le taux de M. m·a/is est
de santé. Cela sig nifie qu' auc une malad ie systé mique sous-jacente ne
égale ment pl us é levé chez des pa tie nts atteints de parodontite agres-
pe ut ê tre responsable de l'état parodontal des suj ets alleints de paro-
dont ite agressive. Dans l' hypothèse oü d 'autres malad ies associées sive géné ralisée que c he z les patients sains 13 11.
sont susceptibles d' impac te r l' initiation o u le cours d ' une parodonti te, Une é tude brésilie nne a te nté de d isting ue r la paroclont ite agres-
le d iagnostic sera celui de « parodo ntitc conséc ut ive i\ d 'a utres mala- s ive géné ra lisée (11 = 75) e t la parodontitc chronique (n = 1S5) à
l' aide des profi ls mic robiologiqucs sous-ging ivaux 12 11. T rès pe u de
clics ». Cependant, il ne pe ut ê tre exclu que des mod ifica tio ns de la
ré ponse de l' hôte secondaires au d iabè te ou i\ l'obésité, par e xemple. di ffé re nces o nt é té trouvées. Seul E. 11odatwn était fo rteme nt associé
à la pa rodo nlite agressive géné ralisée, tandis que POI]JhyiVmonas
puissent influe ncer l'évolution des parodontites agressives au mê me
gingivali.1· c t Treponema dellticola é taient associés à la pa rodontite
titre qu'elles influe ncent le cours des parodontitcs c hroniques.
c hronique. Il n' est pas possible à cc jour de distinguer mic robio-
logiq ue ment la paroclontite agressive gé né ralisée de la parodontitc
c hro nique sévè re.
Profil microbiologique
L' absence de défin ition c li nique préc ise de cas de parodontites ~ AGGREGATIBACTER
agressives, le carac tère o pportuniste (bac té ries co mme nsales deve- ACTINOMYCETEMCOMITANc;
nant pathogènes chez l' hôte pe rmissif) ou exogène des paroclonto-
De to us les micro-orga nis mes associés a ux parodontites ag res-
pathogèncs c t l' incapac ité de dé termine r préciséme nt l' activité
s ives, A. actùwmycetemcomitalls a é té la souc he bac té rienne la plus
d' une malad ie à évolutio n é pisod ique re nde nt e ncore aujourd ' hui
étudiée et a pparaît aujourd ' hui forte ment associée a ux paroclontitcs
la déte rmination d ' un pro fi l mic robio logique spéc ifique à la paro-
agressives localisées. Ce bacille ü Gram négat.if immobi le, aé ra-
dontitc agressive pratique me nt impossible . Se u le me nt 50 à 60 % des
anaé robie fac ulta ti f, de c ulture fastidieuse est cons idé ré comme un
bac téries composant le bio fi lm sous-gingiva l pe uvent ê tre c ultivées
pathogène maje ur des paroclontitcs agressives. P lus de 90 % des
au laborato ire à l' aide des techn iques actue lles. Cepe nda nt, l'ana-
sites prélevés c hez des pat ie nts alleints sont pos iti fs à A. actùwmy-
lyse mo léc ula ire du m icrobiotc o ral repos ant sur le clonage e t le
cetemcomitans 158]. Des ta ux é le vé d ' anticorps (Ac) a nti-Aa ont
séq ue nçage du gène des A RN ribosom iaux des m itoc hondries des
é té mis e n é vide nce clans le sérum ct cla ns le flu ide gingival e n cas
bacté ries prése ntes dans le biofilm (AR Nr 16S) a dé montré que la
de paroclontitc agressive localisée. Des é tudes récentes semblent
cavité buccale humaine offrait un habitat pour e nviron 700 espèces
conforte r l'idée selon laquelle certa ines souc hes c t certains clones
bacté riennes (phy lotypes 1) . De 100 à 200 es pèces diffé re ntes sont
d 'A. actillomycetemcomitans seraie nt s pécifiq ue ment assoc iés à la
prése ntes dans une bouc he saine e t on com pte une c inqua ntaine
parodontitc agressive localisée 11 6, 20 1.
de bactéries susceptibles de provoque r une maladie pa roclontale
A. actillomycetemcomitans est une bac té rie transmissible, identi-
(base cie données 1-fwnw l Oral Microbiome [H OM Dj2). De plus, le
fiée lors cie di ffére ntes in fec tio ns extra-orales te lles q ue l'cnclocar-
mic robiote humain ne co mpre nd plus seule me nt les bacté ries et les
d itc, les abcès céré braux, e tc. Ses fac teurs de virule nce sont élevés
e uca ryotes, mais aussi un trois iè me domaine, les archées (Arclwea),
mais va riables en fonc tion des souc hes. A. actinomycetemcomitans
susceptible de co lo niser la ca vité buccale (salive, b io fi lms oraux
sécrè te des le ucotoxincs, des e ndotoxines (lipopo lysaccharidcs
c t lésions e nclodontiques). A insi, la liste des parodonto pathogè nes
1L PS]), des bac té riocines o rie ntées co ntre les bactéries a ntagonistes
pote ntiels s'est considé rab le me nt allongée.
des pathogènes, des mo lécules immunosuppressivc s, des protéines
Il y a plus de 35 ans, les pre mie rs m icro-organismes dominants
adhésives ct des coll agé nases. Toutes les souc hes e t to us les séro-
ide nti fi és cla ns les cas de paroclontite agressive localisée éta ie nt
typcs ne sont pas pathogènes. Six sérot.ypes (a - t) ont é té icle nti-
A!lgregatibacter actillomycetemcomitcm s, Cap11ocytophaga sp .,
f1és3. La plupart des patie nts so nt co lon isés par un seul sérotypc m ais
t:. cormdens, Prevote/la sp. c t C. reclus. De puis , de nombre ux
peuvent ê tre porte urs de de ux à trois sérotypes. La distribution géo-
travaux se so nt efforcés d ' associe r s pécifique me nt des mic ro-
graphique c t ethniq ue des sérotypes est variable. Le sérotypc c est le
organis mes aux formes c liniques des parodontites agressives.
plus prévale nt e n As ie c t e n Turquie, les sérotypes a, b ct c sont éga-
Di fférents ty pes d ' hc rpèsvirus (he rpès HSY- 1, virus d ' Epstein- Barr
le me nt ré partis e n Europe du Nord. Aux États-Unis, le sérotypc b
est associé à une forte prévale nce de parodonti te ag ressive localisée.
1. Unité taxonomique généralement défi nie par 99 '7o de séquences d' A RNr Néa nmo ins, les Asiatiques sont réguliè rement colonisés par le séro-
16S similaires, équivalent moléculaire d' une espèce qui permet d' inclure
dans un cadre tax inomique des organismes non encore cultivés. 3. Un septième sérotypes (g) a été décrit récemment à partir de souches non
2. www.homd.org. sérotypablcs 1561.
CHAPITRE 15 - PARODONTITES AGRESSIVES 113
type c sans que cela déclenche une pathologie. Ainsi, le sérotype aue ints de paroclontitc agressive. Les laux cl ' Ac sont plus é levés dans
seul ne semble pas être un indicateur direct de la virule nce de la le flu ide que clans le sérum, ce qui suggère une production locale.
souche car les souches d ' un même sérotype semble nt représente r Les taux d'Ac anti-Aa sont plus importants e n cas de forme localisée
des clones distincts. Des poneurs sains d'A. actinomycewmmmitw1s qu'e n cas de forme généralisée. Ces immunoglobul ines G2 (lgG2)
(11 = 38) ont été appariés (âge, genre, ethnie) avec des sujets sains spécifiques ami-Aa pourraient clone limiter l" éte ndue des lés ions
non porteurs (11 = 58) 116]. Les sujets ont été sélectionnés à parti r chez un même pat ient 1571. Les patients souffrant de paroclontite
d' une cohorte de 1 075 adolescents afro-américains ct hi spaniques agressive géné ralisée présentent sou vent de faibles taux cl' Ac anti-
(tranche d' âge : 11- 17 ans). Après un suivi d' un an, 80 % des sujets Pg, suggérant leur incapacité de se défe ndre contre cc pathogène.
porteurs ont déve loppé une parodontite pour seuleme nt 10 % des La plupart des élUdes ont montré une anomalie fonctionne lle des
sujets non porteurs. Il est intéressant d'observer que l' apparition de polynucléaires neutrophiles (chimiotaclisme, phagocytose, adhé-
la maladie n'était pas associée au sérotype (a, b et c). Il a é té montré sion) chez les patients aue ints de paroclont ite agressive, localisée en
qu' une seule sous- popu lation du sérotype b d'A. actinomycetem- part icul ie r. Ces anomalies imrinsèqucs des neutrophiles, acteurs cel-
comitans, désignée clone JP2, entraînait une prévalence signi fica- lulaires principaux de l' immunité innée, ont été mises en avant pour
ti vcmcnt plus é levée de parodontite agressive chez des adolescents ex pliquer la sévérité et la rapid ité d 'évolution des lésions. Cc modèle
d'origine médite rranéenne et d'Afrique de l' Ouest en particulier pathogénique n'est certainement pas uni voque car certains patie nts
1201. Celle étude de suivi à 2 ans chez des adolescents a mont ré que atte ints de parodontitc agressive ne présentent pas d'anomalie de
seulement 17,4 % des sujets porteurs ne présentaicm pas de pene la fonction des neutrophiles. De plus, une absence de modifica tion
d' allache, comparativeme nt à 79,4 % de non-porteurs d' A. actino- de la fonction des neutrophiles après traitcmem a été constatée.
mycetemcomitans. Notons à ce sujet que la pat icmc présentée à la L'émergence elu concept de neut rophile « hyperactif », impliquant
Figure 15- 1 pourrai t avoir fa it l'objet d ' une contamination par le une augmentation de l'adhésion des ne utrophiles, un rc largage enzy-
d oue JP2 J 'A . t.u:tillumycetemcomitalls, sérotype b dont l'occur- matique el une élévation du stress oxydant, constitue une nouvelle
rence est limitée aux populations d'Afrique de l' Ouest. approche permettant d' appréhender la destruction tissulaire lors des
Il n'est cependant pas possible de considérer A. artillomycetem- parodontitcs agressives 144 1.
comitalls comme l'agent étiologique clé de la parodontite agressive
localisée. Tous les sujets alleints de la parodontitc agressive locali-
sée ne sont pas positifs à cette bactérie ct celle-c i, assez prévalcnte
dans certains pays industrialisés, est détectable dans des sites ne
Génétique
perdant pas de l'allache. De plus, la détection d 'A. actÙIOIII.Ycetem-
Selon le rapport de la conférence de consensus de l' America11
comiwns en dcnlllre temporaire ne semble pas préd isposer néccs-
Academy of Periodontology (AA P) de 1999, l'agrégation fami liale
sairc mcnl à une future perte d' attache en denture pcrmanc111c 121.
est un critère de diagnostic majeur pcnncttant d' identifier les paro-
Il est donc impossible de procéder à un di agnostic diffé rentie l avec
dontites agressives cl clone d'établi r un diagnostic différentiel avec
la paroclontitc chroniqœ à partir d' un prélèvement microbien, en
les paroclontites c hroniques. Il est vrai que de nombreuses études
particulier positif à A. acti11omycetemcomitans [351.
familiales ont montré une prévalence de paroclomite agressive
particulièreme nt é levée dans certaines familles où le pourcentage
d'enfants malades apparte nant à la même fratrie peut attei ndre 40 à
Réponse immunitaire 50 % [27]. Une telle agrégat ion famil iale suggère un rôle importam
des facteurs génétiques clans la susceptibi lité à la maladie. Le mode
Il n'est pas certain que les parodontites agressives suivent les de transmission serait autosomique domi nant parmi les popu lations
mêmes séquences d' initiation et de progression que les parodonlites afro-américaines e t caucas iennes, avec une pénétrance d 'environ
chroniques. Des mécanismes immunopathologiques simi laires som 70 % [30].
suggérés lors du développement des paroclomitcs ; ccpcndanl, la Cependant, l'héritabil ité des parodontites a essentie llemem été
phase d' initiation des parodonlites chroniques et agressives pour- étudiée dans le cas des parodontites agressives cl peu d'études sont
rait di ffére r. Néanmoins. en l'état actue l des connaissances, des dif- disponibles concernant les paroclontitcs c hroniques. Les études sur
fé rences histopathologiques et immunopalhologiqucs marquantes les jumeaux ont montré une agrégation familiale également chez les
entre ces formes de paroclontites n'ont pas été mi ses en évidence. adultes 1341. Chez des jumeaux de 40 ans d'âge moyen, le facteur
L' inflammation gingivale clinique est cliff"icilement décelable en génétique expliquerait 38 à 82 % de la variance 133 1. L'i mpact de la
cas de parodon tite agressive, contrairement à la paroclontitc chro- génétique sur l'expression clinique cie la parodontite, bien que plus
nique OLI la gingivite cM un préalable, souvent long, à l'in itiation évide nt chez l'enfant ct l' adolescent que chez l'adulte, ne semble
de la maladie. La biopsie ne peut alors identifier une lésion initiale. clone pas uniq uement réservé à la forme agressive des parodontites
Un des problèmes majeurs est clone l' iclcmification du stade pré- mais intéresse aussi à la forme chronique. Il existe donc une forte
coce de la maladie, 1 ~ parnclontilc agressive éianl cliagnosl ÏCJII!ie le infl uence fam iliale sur la prévalence des paroclontites en général.
plus souvent à un stade sévère. En conséquence, la chronologie de Plusie urs élUdes ont exploré le polymorphisme d' un seul nucléo-
la ré ponse immunitaire .:st considérée comme semblable à celle de tide (SN P [single-nucleotide po/ym01pliism l) en parlalll du principe
la paroclontite chronique dont e lle repre nd les grandes lignes (voir qu' un seul gène présentant deux polymorphismes différents, chacun
chapitre 23). On note cependant une production de PGE2 (prosta- responsable d' un phénotype spéci fique de la parodontitc (agressive
glandines E2) plus élevée chez les patients atte ints de parodolllitc ou chronique), pourrait permettre de distinguer entre les fonnes
agressive comparativement aux patients atteints de parodontitc chro- chroniques et agressives cie la ma ladie. Les gènes impliqués clans
nique e t aux sujets sains. l'expression de molécules impliquées clans la réponse immunitaire
Des anticorps (Ac) spéc ifiques contre les bactéries classiquement (interleukines, TLR [to/1-like receptorsl, etc.) ont été particulière-
associées à la paroclontite agressive (Aa ct Pg en particulier) ont été ment étudiés. Les diffé rentes associations ne permeuent pas l' identi-
dé tectés clans le sérum ct le flui de gingival des lésions des patients fication d' un marqueur génétique spéciFique de la paroclontite agrcs-
114 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
sive (pour revue voir L521). Le polymorphisme HLA a également tache, le diagnostic de parodontitc consécutive à une autre mala-
été étudié. Une méta-analyse indique une association positive de la die sera posé (voir part ic 8).
parodontitc agressive avec HLA-A9 et négative avec I-ILA-A2 et - La rapidité de la pene d ' attac he tie ndra compte du ratio âge/
HLA-85 [53]. En résumé, il n 'est pas exclu que le facteur géné- niveau d ' attache. Idéale ment, o n tentera de sc procurer des docu-
tique cons titue une variable explicative pe rmettant d ' ide ntifier les me nts antérieurs (radiographies panoramiques par exemple) pouvant
parodontites agressives des parodontites chron iques. Néanmoins, le attester de l'évolutio n.
nombre ct la puissance des é tudes demeurent faibles jusqu 'à présent - L'examen de la lésio n s'attachera à meure en évidence, par éli-
ct les associations génétique - formes spéci fiques de parodontitcs mination, l' origine parodontalc de ln perte d 'attache. On é li minera
doive nt êLre prudemment interprétées. ainsi le diagnostic de perte d ' attache accessoire due à des mouve-
ments orthodontiques, des caries, des restaurations aux limit es sous-
g ingi vales débordantes, des fê lures/fractures, des accidents d 'érup-
tion dentaire, etc.
Diagnostic - La recherche d'une histoire fami liale de parodontite permetlra
peut-être d ' identifier une incidence géné tique, mais il est préférable,
Le diagnostic clinique des parodontites ngrcssivcs est essentielle- lorsque cela est possible, de demander l'examen parodonta l de la
ment un diagnostic par é limination. Il convie nt d 'éliminer la paro- fratrie et/ou des ascendants/descendants directs.
dontitc consécutive à une autre maladie, la perte d ' attache acces- En présence d ' un patie nt jeune (moi ns de 30 à 35 ans) présen-
soire, la parodontitc nécro tiquc ct la parodontite chronique. Comme tant des pertes d 'att ache sévères, une absence d' nssociation avec
nous l' avons vu précédemment, le cadre nosologique de la paro- une autre malndie et la présence d ' une agrégation familiale, le
dontite nécrotiq ue est très caractérisé et ne porte pas à confus ion. diagnostic de parodontite agress ive pourra être posé. Un indice de
L'essentie lle difficulté du d iagnostic différe ntie l reposera donc sur plaque peu é levé associé à une infl ammation discrète, pe u en rap-
l'exclusion du diagnostic de parodontitc chronique, sévère le plus port avec l'importance de la perte d ' attache, ains i que la présence
souvent. Le Tableau 15-11 indique les princ ipales différences e ntre d 'A. actinomycetemcomitans sont des s ignes pouvant conforter le
les formes chroniques ct ngress ivcs de parodontitcs. diagnostic, mais on gardera à l' es prit que ces s ig nes sont incons-
La Figure 15-2 synthétise la démarche d iagnostique face à un tants. Il n 'est donc pas utile d ' uti liser systématiquement des tests
sujet présentant des pertes d ' attaches associées à une destruction bactérie ns à visée diagnostique, mê me si les patients négatifs à
osseuse rapide et peut constituer une aide au diagnostic. A. actinomycetemcomitans ont une probabilité 10 fois supérieure
- L' anamnèse cherchera à ide ntifi er une au tre maladie, géné- d'être atte ints de parodontite chronique que de parodontitc agres-
tique en partic ulie r, s usceptible d'explique r l' initiation et/ou s ive (voir plus bas) 135]. Cependan t, ces tests pouvant être utile
l'évolution rapide de la perte d 'attache. Cc point n'est pas tou- dans le monitorage de ces patients lors de la phase de traite ment,
jo urs facile à éluc ider à partir d'un s imple interrogatoire médical. on pourra s'aider de cette information pour compléter les é léments
Cc dernier peut nécessite r des exame ns complémen taires tels que du diagnostic. On compre nd ains i qu ' il n' ex iste pas de s ig ne un ique
des tests fonctionne ls g lobaux de mesure du mouvement s po ntané (pathognomonique) permettant de disting ue r une parodontite
et du chimiotacti s mc des ne utrophi les, ou po rtant s ur l'ex pression agressive généralisée d ' une parodontitc chron ique mais un fai sceau
de molécules d 'adhérence par cytoméLrie e n flux. Des travaux ont de présomption qui aboutit nu diagnostic. Le diagnostic diffé rentie l
cependant montré des patients attei nts de parodontitc agressive entre les l'onnes généralisées ct loca li sées de pnrodonti te agressive
ayant un chimiotactisme no rmal. Cc type d 'examen sera donc est souvent p lutôt aisé ct repose chez l'adulte s ur la locali sat ion des
préconisé à partir d' un inte rrogaLOire médical soupçonnant une lésions (voir Tableau 15-1 ct Figure 15-2).
anomnlic foncti onnelle d es ne ut roph iles (infections récurrentes, La d ifficulté majeure concernant le diagnostic g lobal des pertes
pncumopathics, etc .). Une cons ultation médica le dans un centre d ' attaches sévères chez le sujet jeune réside dans l' identification
hos pitalier spéciali sé (centre de maladies rares) peut égaleme nt du stade d 'évolution au moment elu diagnostic. Idéalement, le sujet
être nécessaire (voir chapitre 4 2). Dans l' hy pothèse oi:l il ex is te devrait être dépisté très tô t (voir plus bas). Dans la pratique, le diag-
une associntion avec une autre maladie expliqunnt la perte d 'at- nostic est souvent porté très (trop ?) tard, l'essentiel de la perte
Tableau 15· Principa les diffé rences entre les formes de parodontites.
Autre maladie
expliquant l'état parodontal
Parodontite Âge
agressive < 30-35 ans
Parodontite
chronique
Perte d'attache interproximale Perte d'attache interproximale
localisée aux incisives/premières généralisée atteignant
molaires atteignant au moins 2 dents au moins 3 dents permanentes
permanentes (dont au moins autres que les incisives
une molaire) et n'affectant pas et les premières molaires
plus de 2 dents autres que
ces premières molaires et incisives
Localisée
1
Généralisée
d 'attache ayant déjà eu lieu s i on se réfère au modèle aléatoire de mixte, l' uti lisation des rad iographies intcrprox imales (bilewings), sys-
progression unique et explosif (voir cha pitre 14, figure 14 -3). Ainsi, tématique pour la détection des caries chez 1'enfant et 1' adolescent, est
il n'est pas certain q ue le diagnostic de parodontite agressive porté un outil de choix pour le dépistage précoce. Au niveau des molaires,
chez un sujet de 20 ans soit justc, si l'épisode<< explosif » de perte la d istance normale entre la jonction amélocémentaire et la crête
d 'attache a déjà e u lieu à l' adolescence et que nous ne constatons osseuse alvéolaire est inférieure ft 2,0 mm chez l' enfant entre 7 et
en fn it qu'un passage à la chron ic ité. Le diag nostic de parodontitc 9 ans. En dehors de causes locales expliquant une valeur > 2 mm, une
agressive est donc souvent un d iagnostic a pos/eriori, l'essentiel de parodontitc doit être suspectée. Chez l'adulte, le sondage parodontal
la perte d ' attache étant antérieure à l'examen. Ce type de débat pour- de dépistage lim ité aux incisives ct aux prem ières molaires est une
ra it paraître académiq ue s' il n'avait des conséquences sur le traite- méth ode spécifique ct relativement sensible pour identifier une paro-
me nt ct le suivi, à savoir l' intérêt ( 1) d ' une antibiothérapie, (2) d ' un dontitc agressive.
monitorage microbiologique, (3) du dépis tage de la frntric, et (4)
d ' un suivi rapproché ct régul ier.
Traitement
Dépistage Une revue systé matique récente indique que les parodontitcs
agressives trai tées présentent un taux de récidive très faible [40]. Le
Compte tenu de la fai ble prévalence de la parodontitc agressive au taux de perte dentai re est de 0,09 dent par patient par an, soit 1 dent
sein de la population et de l' incidence é levée de certaines formes chez perdue en moyenne au bo ut de 1 1 ans.
les enfants et les adolescents, un dépistage précoce est important afin L'élim ination mécanique individuelle et professionne lle de la
d'empêcher l'évolution vers des formes sévères. En conséquence, p laque bactérienne est un prérequis qui ne diffè re pas de la paro-
chez un enfa nt, un dépistage parodontal doit être systématique à clont ite chronique sur son pri ncipe. Le succès du traiteme nt repose
chaque vis ite chez le chirurg ien dentiste. L'examen par sondage paro- sur ( 1) un diagnostic précoce, (2) 1'élim inai ion des mic ro-organismes
dontal étant souvent d ilïicile en raison de la présence d'une denture parodontopalhogènes, ct (3) le suivi régulie r du patie nt. La spécifi -
116 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
cité du traitement des parodonti tcs agressi ves comparativement aux ~ TRAITEMENTS COMPLÉMENTAIRES
parodontitcs chroniques est l ' absolue nécessité de la modification ET PERSPECTIVES
dans la composi tion de la plaque bactérienne, ct pas seulement de sa
réduction en quamité. Les études spécifiques aux parodontites agressives sont peu fré-
La non-détection d'A. actinomycetemcomitans a été clairement quentes, la plupart des essais thérapeutiques étant réalisés chez des
associée à la réussite du traitement. À l 'inverse, la persi stance de cc sujets atteints de parodontite chronique. Néanmoins, des thérapeu-
pathogène a été notée en cas de récidive. On comprend alors 1' intérêt tiques complémentaires, toujours en association avec un débride-
d ' un suivi microbiologique de ces patients à l 'aide de tests micro- ment mécanique, ont été décri tes dans le trai tement des parodontites
biologiques régulièrement répétés lors du traitement et du suivi. Ce agressi ves. L' application locale de gel d ' aminobisphosphonatc
monitorage comprendra un prélèvement avant et après la thérapeu- (alendronatc) [47] ou de pastilles de gluconate de chlorhcx idine
tique initiale, un autre au moment du bilan de fin de traitement ct au a été testée [ 14 1. La prise per os de doses subantimicrobicnncs de
moins deux fois par an lors des visites de sui vi les deux premières doxycycline (Periostat"') a été proposée comme adj uvant au débri-
années. dement mécanique f 17 j. Comparé au détartrage- surfaçagc seul, le
Les traitements mécaniques seul s, non chirurgicaux ou chirurgi- traitement mécanique complété par l a prise de Periostat"' est signifi -
caux, ne semblent pas assez efficaces pour entraîner une diminuti on cativement plus efficace dans la réduction de l a profondeu r de poche
et l ' augmentation du gain d' attache 1431. L es études concernent
des taux d'A. actinomycetemcomitans au-dessous du seuil de détec-
les parodontites chroniques ct non les parodontites agressives. En
tion des tests l1 2j. L'antibiotJ1érapie systémique a donc été propo-
conséquence, aucune conclusion ne peut être tirée sur le traitement
sée pour compléter l 'ac tion mécanique. JI n'en demeure pas moins
de ces dernières. La doxycycline a également été utilisée sous forme
qu' une antibiothérapie seule, en l ' absence d'élimination mécanique
de gel à 10 % (Atridox" ') en application dans les poches parodon-
de la plaque, ne peut en aucun cas constituer un traitement.
tales. A ucune différence significative n' a été observée.
La découverte de familles de médiateurs lipidiques ouvre des
.... ANTIBIOTIQUES voies nouvelles vers des traitements visant à lutter contre les effets
secondaires indésirables de la réponse inflammatoire. Les résol-
Une méta-analyse a montré l ' intérêt des antibiotiques dans le trai- vincs, molécules dérivant des acides gras oméga 3, diminuent expé-
tement des parodontites agressives 11 8]. La combinaison métroni- rimentalement chez l ' animalla production des molécules inflamma-
dazole (250 mg) + amox icillinc (500 mg) 3 foi s par jour pendant toires et la migration des acteurs cellulaires de l'inflammation au
10 jours, en assoc iation avec un traitement non chirurgical, s'est niveau des lésions. Dans l ' auente d'essais cliniques, ces molécules
révélée la plus efficace pour éliminer A. actinomycetemcomiwns. Si suscitent un espoir dans le trai tement des parodonlites agressives
cette dernière bactérie est absente, en présence du complexe rouge et suggèrent un nouveau paradigme dans la thérapeutique cl inique
(Pg, 1f et Td), le métronidazolc seul est suffisant. En raison de la parodontalc.
nécessité d' une désorganisation du biofilm pour obtenir le max imum Une idée intéressante serait d' utili ser la bactérie prédatrice
de pénétration et donc d 'efficacité des antibiotiques, ceux-ci doiven t Bdellovibrio bacteriovoms (archée), dont on a récemment montré
être prescrits en fin de thérapeutique initi ale. Les effets de l ' antibio- qu 'elle était capable de tuer A. actinomycetemcomilans lorsqu'elle
thérapie sont d 'environ 3 mois. Il n'y a pas lieu de répéter celle-ci était présente dans le biofilm. B. bacteriovorus pourrait être utilisé
pendant cette période, sous peine de favoriser les résistances 115]. comme tm antibiotique vivant pour la prévention et le trai tement de
Le recours à la chirurgie pourrait peut-être réduire les indications de la parodontite agressive 160]. La poursuite des études sur le potentiel
l'antibiothérapie. de « BALO >> (Bdellovibrio-and-like organisms) pour luucr contre
les pathogènes parodontaux, en particulier A. actinomycetemcomi-
tans, pourrait donner lieu à de nouveaux traitements [6 11.
.... APPROCHE PAR QUADRANT
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Maladies parodontales nécrotiques
Philippe Bouchard
Tranches d'âge
Auteurs/année Pays Population cible Prévalence (%)
(années)
générales, les connaissances restent relative ment limitées concernant Elles pourraie nt ê tre un sig ne précoce d' une infectio n au VI H
la prévalence, la distribution et les facteurs de risque associés à ce (Figure 16-2). Les pre mières études menées en milieu hospi talier
type d'affection (Tableau 16-1). Les enquêtes de prévale nce ont été o u dans des centres dentn ircs mo ntraient une prévalence é levée
le plus souvent menées dans des centres dentaires ou des casernes d'envi ro n 30 %. Il semble que la prévalence des M PN ait dimi-
ct sont donc entachées d' un biais de sélection. De mê me, l'essen- nué dans les pays industriali sés c hez les patients porteurs du V IH
tiel de l' information sur les facteurs de risque provie nt d 'études de en raison de l'efficacité des thérapeuti ques antirétrov ira les 124].
faible puissance, essentie llement des séries de cas. Les e nquêtes son t Des travaux menés dans une populatio n générale d 'adultes V IH+
anciennes pour la plupart et intéressent des po pulations spécifiques indique nt une prévalence aux États-Unis et en A llemagne de res-
te lles que les adolescents, les conscrits, les patients atlc inLs du VIH pectivement 2 ct 3,6 % f 16, 23]. Néanmoins, la prévale nce dans
ou les sujets atteints de malnutritio n sévère. des pays tels que le Brésil (28 %) et le Cambodge (27,7 %) reste
En résumé, les MPN s'observent à tout âge de la vic, mais on élevée 13, 2 1].
constate une distribution par tranche d 'âge différente en fonction
des pays concernés. La prévalence est plus élevée dans les pays en
développement que dans les pays industrialisés, en particulier chez
les e nfants (Figure 16- 1). Dans les pays en développement, chez les
Facteurs prédisoosants
sujets jeunes ct dénutris, les MPN peu vent s'étendre dramatique-
Il est difficile de parler de facteur de risque au sens épidé mio-
ment à la face ct engendrer l'appariti on foudroyante d' une s tomatite
logique du terme, la littérature n'offrant pas de preuves suffi-
gangré neuse mutilante étendue de la face - le cancm.1· oris ou no ma.
santes en raison de la faible prévalence de MPN. De nombreux
Dans les pays industrialisés, les MPN touchent essentiellement les
facteurs prédisposants sont néanmoins évoqués dans la littérature
ado lescents et l'adulte jeune, très rarement les enfants. La maladie
(Tableau 16-11 1). Leur connaissance est indispensable afi n de me ure
est considérée aujo urd' hui comme assez rare, après avoir connu
en place un programme de prévention chez les s ujets à risque. Ce
une poussée de prévalence lors de la Seconde Guerre mondiale en
programme repose sur la correction des facteurs mod ifiab les et un
Europe. Il est à noter que la récurrence semble fréquente, avec des
suivi parodontal régulier. Un défic it de l'i mmu nité innée et adapta-
incidences dc 16à33%[ 11 , 14 1.
tive est cons tamment associé aux MPN. Aussi l' immunodéficience
sous-jacentc à la plupart de facteurs généraux est-elle explicative de
... MALADIES PARODONTALES NÉCROTIQUES la préd isposi tion. Elle sous-te nd l'associatio n des MPN avec l'in-
FT INFI=CTION VIH fection au VIH, l' absence d'adaptation au stress (coping), les condi-
tions socioéconomiques et la consommatio n de tabac (Figure 16-3).
Les MPN font pa11ic des sept lésions orales cardinales présentant La mauvaise hygiène buccale constitue quant à elle le facteur local
une forte association avec les infections à V IH (Tableau 16-11) 161. do minant.
CHAPITRE 16- MALADIES PARODONTALES NÉCROTIQUES 121
Candidoses
Leucoplasie chevelue
Sarcome de Kaposi
Érythème gingival linéaire
Gingivite ulcéronécrotique
Parodontite ulcéronécrotique
Lymphome non hodgkinlen
Facteurs modifiables
- Facteurs locaux
Mauvaise hygiène orale
Gingivite induite par la plaque
Composition de la plaque dentaire
Spirod 1ètes
Treponema sp. (+++)
Selemonas (±)
Bacilles fusiformes à Gram négatif
Prevote/la intermedia (+++)
Fusobacterium nucleatum
Porphyromonas (±)
Antécédents de MPN
- Facteurs généraux
Infection au VIH
Gingivite nécrotique à la phase d'état chez l'en- Malnutrition
fant. Garçon de 3 ans d'origine africaine (Sénégal) en denture tem- Tabagisme (goudrons, nicotine, monoxyde de carbone)
poraire stable. Absence de brossage par les parents ou par l'enfant lui- Exposition au stress/fatigabilité/trouble de la personnalité
même. !.:enfant consulte en urgence avec une fièvre à 38,5 oc, refus évitante
de s'alimenter, halitose et douleurs gingivales. Noter les lésions gingi- Condition socioéconomiques
vales nécrotique (flèches) , particulièrement marquées au niveau des Consommation d'alcool
secteurs molaires. Traitement : débridement ultrasonique des lésions, Atteintes de la lignée blanche incluant les leucémies
Affections virales
antibiothé rapie (métronidazole 30 mg/kg/jour en 3 prises pendant
Cytomégalovirus
7 jours), hygiène dentaire 2 fois par jour avec brosse à dents souple
Virus d'Epstein-Barr
et application locale de gel de chlorhexidine après chaque brossage. Herpès virus
Retour à la normale en une semaine. (Document Aleksandar Dakic.)
Facteurs non modifiables
Des plages d' os nécrotiquc, non recouvertes de ti ssu mou, sont Microbiologie
par fois visibles dans les formes sévères particuli èrement évolutives,
notammen t chez les patients VIH+. Elles siègent de façon prédo-
La composition microbienne comprend classiquement une par-
minante au niveau de l 'os interproximal, mai s peuvent intéresser
tic constante et une panic i nconstante comprenant une proport.ion
également d' autres zones, telles que le palais. Au bout de quelque variahle de micro-organismes. La partie constante est domi née par
temps, un séquestre osseux sc détache ou nécessite son éli mination
les spi rochètes (Treponema sp. dont T. delllico/a appartenant au
chirurgicale. L'évol ution vers la gingivostomatite nécrotique inté-
complexe rouge) et par des bactéries fusiformes (Fu.wbacterium
resse essentiellement les patients VlH+ ou les sujets atteints de mal-
llllcleatum, Prevote/la intermedia el Selenomona.1· sp.). La composi-
nutrition. tion microbienne observée lors de la gingivite nécrotique comprend
L e carac tère aigu des MPN peul évoluer, en l'absence de traite-
43 % de bâtonnets, 29 % de cocci ct 28 % de spi rochètes (huit dif-
ment, vers la chronicité, même au stade de la GN qui évolue alors
férents types iclcnti fiés) Il OJ. C hez des enfants dénutris au Nigeria,
par poussées successives vers la perte d'attache, c'est-à-dire la PN.
on a pu observer la présence d' herpès virus (23 % des lésions), du
11 est à noter que la récurrence est fréquente, en part iculier au stade
virus d 'Epstein- Barr (27 %) et du cytomégalovirus (59 %) [5]. Il
de la GN, même après traitement.
reste néanmoins à mettre en évidence le rôle causal des vi rus clans
les MPN.
Diagnostic
Histopatholoaie
L e diagnostic des MPN est souvent aisé en raison des signes cli-
niques caractérist iques déc ri t.~ plus haut. L a biopsie est inutile car
L' hi stopathologie est corrélée aux si gnes cliniques. Bien que non
l ' histopalhologic des lésions n'est pas pathognomonique. Cc diag-
spécifique, l'histopathologie est significati vement différente de celle
nostic doit être précoce pour mettre en place le traitement appro-
des gingivites induites, en raison elu caractère aigu de l a réaction
prié et éviter les séquelles esthétiques et fonctionnelles (perte des
i nflammatoire.
papi lles). L e diagnostic di fférentiel doit être fait avec la gingivosto-
On distingue, de la superficie vers l a profondeur, trois zones :
matite herpétique (Tableau 16-1V ). On ne peut écarter la survenue
( 1) une zone superfi cielle riche en bactéri es composée de
concomitante des deux affections chez un même patient. L es signes
débris cellulaires correspondant à l 'aspect clinique « pseudo-
généraux (douleur, fièvre, malaise) sont alors plus marqués. L es
membraneux >> ; (2) une zone nécrotiquc infiltrée de spirochètes
autres maladies gingivales non i nduites par la plaque ne peuvent pas
intéressant l'épithélium et le tissu conjonctif ; ct (3) une zone
prêter à confusion en raison des signes cli niques distinct ifs qui les
conjonctive profonde constituée de cellules vitales. Bactéries (spi-
caractéri sent (voir chapitre 13).
rochètes et Fusobacterium essenti ellement), éry throcytes ct leuco-
cytes morts (poly nucléaires neutrophi l es), cellules épithéliales et
f·i brine composent la zone superficielle d' aspect jaune blanchâtre,
Diagnostic différentiel avec la gingivostomatite l ui conférant son aspect qualifié à tort de << pseudo-membraneux »
herpétique. car il ne s'agit pas d' une membrane. La zone nécrot iquc est ri che
en micro-organ ismes ct. revêt les caractéristiques classiques de la
Maladies parodontales Gingivostomatite nécrose. L a zone pro fonde de tissu conjoncti f vital, sous-jacentc
nécrotiques herpétique à l' ulcération, est œdémateuse, richement vasculari sée c t infiltrée
d ' un grand nombre de leucocytes, neutroph iles essentiellement,
Étiologie Bactérienne Herpès simplex virus
mais aussi ly mphocytes ct plasmocytes. Les bactéries y sont rares,
Âge le plus Adolescent, adulte jeune Enfant mais on observe néanmoi ns la présence de spirochètes i ndiquant la
fréquent' capaci té de pénétrat ion bactérienne i ntralissulairc.
Localisation Papille interdentaire, limitée Gencive avec
prédominante à la gencive le plus atteinte fréquente
des lésions souvent des muqueuses
orales (lèvres, langue) Traitement
Description Ulcéronécrotiques Bouquets de vésicules
des lésions avec enduits pseudo- transparentes L e traitement doit être précoce alin de réduire rapidement la dou-
membraneux jaunâtre laissant après leur, de limiter les séquelles et de pcrmeure un retour rapide à l ' ali-
rupture des zones
mentation normale, ce dernier point étant particulièrement impor-
d'ulcération
fibrineuses tant pour les patients allcints de mal adies générales. Dans tous les
cas, le débridement mécanique i mmédiat est de règle.
::;ymptômes Douleur, fièvre modérée Douleur, fièvre
parfois(< 38 "C), halitose (:<: 38 °C), halitose
Durée 24-48 heures avec traitement 1-2 semaines .... PHASE D'ÉTAT
Séquelles Oui, décapitation Non
des papilles, pertes
d'attache avec récessions
gingivales Un clébriclement mécanique professionnel par détartrage - sur-
façage est généralement suffisant pour stopper la maladie. En
Contagion Non Oui
raison des douleurs constamment associ ées, l 'anesthésie locale
Immunité Non Partielle est la règle. L e clébriclcmcnt sera progrcssi f et atraumatique.
• Pays Industrialisés. L' instrumentation ultrason i que permet une mei lleure vi sual isation
-
124 PARTIE 3- LES MALADIES DU PARODONTE
pcropératoirc ct une meilleure détersion des lésions en rai son de .... PHASE DE SUIVI PARODONTAL
l ' irrigation des insen s. Si l ' anesthésie ne peut pas être pratiquée,
les lésions seront très délicatement nettoyées en éliminant progres- Celle-ci revêt toute son importance en raison de la récurrence fré-
sivement la couche molle superficielle jaunàtrc. L' hygiène ora le, quente des MPN et du rôle clé de l ' accumulation de pl aque denta ire
le plus souvent spontanément arrêtée par le patient en raison des dans le déclenchement des symptômes. Suite à un premier épisode
douleurs, devra être i mmédi atement reprise. Le brossage étant par- de M PN, le patient sera suivi 3 foi s par an la première année puis
ticu li èrement douloureux, le pratici en prescrira une brosse à dents 2 fois par an en cas de non-récidive et de contrôle de plaque indi vi-
très souple assoc iée à une technique elu rouleau. Les cieux premiers duel satisfaisant.
j o urs, i l est possible que le patient ne pu isse assurer un brossage
adéquat en raison cie la douleur provoquée. C'est pourquoi, en
phase aiguë chez l ' adulte, on prescrira pendant 48 heures un rin-
çage avec un mélange à parts égales d'eau oxygénée à 3% ct d 'eau Le diagnostic des MPN doit être précoce.
tiède toutes les 2 à 3 heures. Ce r inçage sera rel ayé par un ba in
cie bouche à la <:hl orhex idinc sans alcool 2 fois par j our pendant
Les MPN peuvent être un signe précoce de maladies
générales aux conséquences sévères.
les 8 j ours suivants. Une information sera donnée sur l 'arrêt de la
<:onsommation de tabac c t d' alcool pendant la durée du traitement. En présence de signes généraux. une antibiothérapie
Des consei ls diététi ques seront dispensés, in<:luant la suppress ion est recommandée.
des aliments épicés et l ' assurance d' une ali mentation scmi-liquicle
riche en vi tami nes Uus de frui ts). Une prescri ption de paracétamol
( 1 000 mg par pri se toutes les 6 heures jusq u'à cessation des dou-
POUR EN .AVOIR PLUS
leurs) sera dél ivrée. La douleur spontanée cède en principe rapide-
ment en quelques heures. Tatakis DN, Trombelli L. Modulation of cl inical expression of
Le patient sera revu au bout de 2 à 5 j ours en foncti on cie la sévé- plaque-induced gingi vitis. 1. Background rcview and rationale.
.1 . Clin. Periodontol., 2004, 31 : 229-238.
rité des signes. Le débridement mécanique des lési ons sera répété
afin d'éliminer les débris nécrotiques << pseudo-membraneux >> ct
les conseil s d' hygiène seront à nouveau dispensés. L'opportuni té
d' une troisième vi site sera alors décidée à la l umière de la réduc-
BIBLIOGRAPHIE
tion des signes cliniques. En principe, on observe une améli oration
importante des signes cliniques au bout de 4 à 6 jours. 1. Agence Nationale de Sécurité du Médicament ct des Produits de
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pas nécessaire d 'associer une autre mol écule. En cas d'intolérance, in Nigeria. Oral Microbiollmmunol, 1997, 12: 259-265.
on pourra lui substituer l 'amox ici lline (2 g/j our en 2 prises pendant 6. Coogan MM, Grecnspan J, Challacornbc S.l. Oral lesions in infec-
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dazole (même posologie) pourra être prescrite, ou bien l ' amox icil - live gingivitis and associatcd factors in Koranic boarding schools in
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.... PHASE RECONSTRUCTRICE
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parodontales peuvent nécessiter, pour des raisons fonctionnelles 12. Grupc liE, Wi lder LS. Observation of necrotizing gingivitis in 870
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chirurgicale des lésions à l 'aide de plastics ou de greffes gingi- 13. Horning GM, Hatch CL , Lutskus J. The prcvalencc of perioclontitis
vales. Aucune chirurgie rcconslructrice ne sera env isagée sans une in a military trcatrncnt populat ion. J A m Dent Assoc, 1990, 121:
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Ce point est particulièrement imponant chez ces patients dont l 'état 15. Kaimeny i JT. Dcmography and seasonal variation or acute necroti-
buccodentaire est souvent médiocre. sing gingivitis in Nairobi, Kenya. lnt Dent J, 1999,49: 347-351.
CHAPITRE 16 - fvlALADIES PARODONTALES NÉCROTIQUES 125
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Les maladies
péri-implantaires
Direction scientifique : Stéphane Korngold
Il s'agit bien évidemment de valeurs moyennes qui ne prennent tiel, la colonisation des sillons péri-implantaircs va se fai re très rapi-
pas en compte les facteurs de risque qui seront abordés plus loin ct dement à partir des germes présents dans les sillons gingivodentaircs.
qui sont susceptibles d'augmenter ces valeurs. Chez l'édenté total, l'absence de dents réduit le nombre de réser-
De plus, la majorité de ces études font référence à des patients sui- voirs microbiens. Néanmoins, les cryptes amygdali ennes et la langue
vis régulièrement. Connaissant l'i mpact considérable d ' un tel suivi hébergent des germes, notamment anaérobies, qui vont rccolon iser
sur la survie des dents après traitement parodontal , il y a tout lieu de les nouveaux si tes implantaires dans un délai de 12 à 18 mois.
penser que le pourcentage de péri-implamites est largement sous- La muqueuse péri-implantaire est, dans un délai de 30 minutes,
estimé par rapport à la réalité de la pratique habituelle. colonisée par des bactéries pathogènes après la mise en place de l' im-
plant. Sont retrouvées tout particulièrement des bactéries du com-
plexe rouge décrit par Socransk')' et al. en 1998 [38] : Porpltyromonas
gint:iva/is, hmarel/aforsyrhia ct Treponema dentico/a .
Particularités des tissus mous La flore des si llons sains, qu'il s' agisse de dents ou d' implants,
péri-implantaires est pour l'essentiel composée de bactéries à Gram positif, plutôt
aérobies. L'apparition de phénomènes inflammatoires correspond à
Les relations qui s'installent entre l'implant et/ou sa suprastruc- une déri ve anaérobie de la flore dans laquelle les bactéries à Gram
ture (dom la dénomi nation anglo-saxonne est « ablllrnenr ») d' une négatif deviennent plus nombreuses 125].
part, les tissus mous péri- implantaires d'autre part sont différentes La plu part des bactéries pathogènes parodontales sont également
de celles présentes au niveau du parodonte (voir chapitre 7). En impliquées dans la genèse des péri-implantitcs. La seule particula-
résumé: rité concerne la présence de Stapltylococcus au reus signalée par cer-
- les ti ssus mous qui entourent l' implant sont appelés << muqueuse tains auteurs. Cette bactérie est connue pou r sa capacité de coloniser
péri-implantairc >>, bien que cette dern ière présente les mêmes carac- les corps étrangers et notamment ceux en titane.
téristiques clin iques qui permettent de la différencier de la muqueuse
alvéolaire : couleur rose pâle, présence d' un piqueté de surface dû
à l'insertion de faisceaux de fibres collagéniqucs sous l'épithélium
de revêtement ;
Progression des péri-implantites
- l'épithélium jonctionnel péri-implamairc a sensiblement la
Comme pour les pathologies parodontales, des péri-implantites
même hauteur (voisine de 1 mm) que celle de son homologue de la
ont été créées expérimentalement chez l' animal par la mise en place
jonction gingivodcntaire. En revanche, l'histologie révèle une adhé-
de ligatures autour des implants destinées à favoriser l'accumu lation
sion réelle de cet épithél ium à la surface métalliq ue de l'implant et/
de biofi lms microbiens. Elles ont permis d'en observer à la fois les
ou de sa suprastructure présente uniquement au tiers apical de sa
caractéristiques morphologiques (voir Figure 7- 1, p. 55), histolo-
hauteur, bien qu ' une lame basale ct des hémidcsmosomes puissent
giques, les aspects microbiologiques ct la rapidité d'évolution de la
être mis en évidence [ 12, 131. Les molécules d' adhésion comme les
destruction tissulaire péri-implantaire. Si certaines caractéristiques
laminines sont effectivement concentrées essentiellement dans le
observées après l'induction de parodontites et de péri-implantitcs
tiers apical de l'épithélium de jonction [3J. Il en résulte une pénétra-
expérimentales sont relati vement sim ilaires (composi tion de la flore
tion facilitée des enzymes bactériennes vers les tissus sous-jaccnts ;
microbienne marquée par une dérive anaérobie ct une forte propor-
- les fibres de collagène du tissu conjonctif péri-implantairc
tion de germes à Gram négatif, in filtrat inflammatoire avec prédomi-
sont orientées parallèlement à la surface de l' implant dans laquelle
nance lymphoplasmocytairc), l'évolution de la destruction tissulaire
aucune insertion de ces fibres n'est possible. À l' opposé, les fibres
est considérablement accélérée autour des implants. Chez le chien,
cémentogingivales du parodonte sont orientées perpendiculairement
certains implants ont déjà disparu 6 mois après la mise en place des
à la surface radiculaire pour se fixer dans le cément radiculaire ;
ligatures desti nées it créer la péri-implantite.
- le tissu conjonctif péri-implantaire est particulièrement riche en
Des infiltrais considémblcs de cellules inflammatoires de tout type
fibres de collagène, alors que les fibroblastes s'y retrouvent en nombre
(polynucléaires neutrophiles, macrophages, lymphocytes et plasmo-
plus rédui t, assurant ainsi un renouvellement tissulaire ralenti ;
cytes) ont été décrits dans le tissu conjonctif des lésions péri-implantaires.
- le réseau vasculaire péri-implantaire est moins vaste en raison
La progression vers l'os est ensuite très rapide [22]. Contrairement
de l' absence de vascularisation en provenance du dcsmodonte qui
aux lésions parodontalcs où la partie apicale de l'épiù1élium jonction-
puisse irriguer le tissu conjonctif péri-implantairc.
ne! contient toujours des cellules saines à même de se régénérer et où
Certai nes de ces structures péri-implantaires sont caractéristiques
une zone de tissu conjonctif non inflammatoire sépare les tissus mous
d' un tissu de type cicatriciel dont la réaction à une agression, bacté-
enflammés de l'os alvéolaire, les lésions péri-implantaircs atteignent
rienne en particulier, sera sensiblement réduite 17 1.
toujours l'os tout autour des implants. Cette observation pourrait expli-
quer la plus grande rapidité de progression du processus inflammatoire
autour des implants dentaires comparativement aux dents [161.
Étiologie des péri-implantites
Les implants dentaires remplacent les racines dentaires absentes.
Ils n'ont d' intérêt que par les reconsu·uctions prothétiques qu ' ils
Facteurs de risque
supp01tent ct les mettent en relation avec le milieu buccal ct sa flore des péri-implantites
microbienne. lin ' est pas surprenant que la flore rencontrée autour des
implants ct dans les sillons péri-implantaires dérive de la flore natu- .... ANTÉCÉDENTS DE MALADIE PARODONTALE
relle de la cavité buccale avant implantation. La composit.ion de la
flore microbienne des sillons péri-implantaires est en effet très voisine Le risque de survenue d' une pathologie péri-implanta ire semb le
de cel le des sillons gingivodcntaires. En particulier, chez l'édenté par- nettement majoré lorsque les implants sont mis en place chez des
CHAPITRE 17- LES MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES 131
patie nts qui ont des antécédents de maladie parodontale, même ments nécessaires 11 la réalisation des reconstructions prothétiques
si celle-ci a été traitée avec succès ct donc stabilisée. li e n est de sur implants e t l'état de surface des pièces transgingivales.
mê me lorsque des dents atteintes de patho logie parodontale o nt Le joint o u espace (dénommé << nûcrogap » e n anglais) exis-
été extraites et qu' une recontamination peut se produire à partir de tant entre 1' implant et les pièces prothétiques constitue une zone
niches bactérien nes orales exu·aparodontales. de ré te ntion bactérie nne à l'origi ne de réactions inflammatoires.
Karouss is ct al. [ 16] ont montré en 2003 que le pourcentage de Lorsque les limi tes cie l'impla nt sont sous-gingivales pour respecter
péri- implantites a près 10 ans de suivi était de 5,8% chez des patients des exigences esthétiques, la réactio n inflammatoi re pourra encore
sans a ntécédents de maladie parodontale et de 28,6% chez ceux qu i être ampliliée e n raison d'une impossibi lité d'accès à l' hygiène de
ces zones sous-gingivales. De plus, l'approfond isseme nt des s illons
présentaie nt de tels antécéde nts (Fig ure 17- 1). Simonis et al. e n 20 10
péri-implantaires qui accompagne cette ex igence esthétique modi-
[37] font état, après 10 ans, d ' un pourcentage de péri-i mplantites
fie la composition de la fl ore microbienne sous-gingivale pour la
de 16,9 % avec une di ffére nce importante e ntre les patients ayant
re ndre plus pathogène avec davantage de germes anaérobies à Gram
des antécédents de maladie parodonta le (38 %) et ceux sans anté-
négatif".
cédents de pathologie parodontale ( 10,5 %). LI s'ag it donc claire-
Le passage vers la poche péri-impla ntaire avec accentuation des
me nt d ' un racleur de risque majeur de survenue de pa thologies pé ri-
manifestations infl am matoi res pe ut ensuite ê tre accélé ré. Il faut
implantaires dont il faut absolument te nir compte dans l'attitude savoi r que la présence de bactéries dans les joints est systématique.
lhé rapeutique à pro poser au patient. Il est donc primordial de contrôler régu lièrement et avec soin ces
Extra ire des dents atteintes sur le plan parodontal ne préserve en joints afin d ' anticiper l'apparition d ' une réaction inllammatoi re.
rien de la s urve nue de péri-implantites. Placer des implants alors que L'état cie surface des parties transging ivales doit être suffi sam ment
la pathologie parodontalc des de nts résiduelles n'a pas é té prise e n lisse pour ne pas favoriser l'accumulation mic robienne. Leur ne t-
c harge dans de bonnes conditions augmente sens ible ment le risque toyage périodique nécessite donc une instrumentation spécifi que qu i
d'apparition de pé ri-i mplantite. Traiter cette patholog ie parodontale ne raye pas ces surfaces usinées.
qui touc he les dents résiduelles réduit donc le risque de maladie péri- Le contrôle de plaque autour des implants ne d iffère pas de celu i
implantaire mais ne le fait pas disparaître. En conséquence, un suivi a utour des de nts. O n note ra qu' il est important de brosser les pil iers
très régul ier des patients implantés ayant des antécédents de maladie de cica trisation implantai re pendant la période cl'ostéo-intégration
parodontale est indispensable. avec une brosse souple (Figure 17-2). Cependant, l' accessibilité
nécessite parfois l' usage de brosscttes monotouffes ou de fil spécial
type Superfioss® (Figure 17-3).
~ CONTRÔLE DE PLAQUE
La prévale nce des saigneme nts au sondage augme nte lorsque ~ CONSOMMATION DE TABAC
l' indice de plaque s'accroît.
Mombelli et al. [26] ont proposé une m odification de l'indice de La consommation de tabac est cons idérée comme un fac teur de
risque important d' apparition de réactions inflammatoires et donc de
plaque de Silness ct Lüe [36] adaptée aux implants de ntaires :
péri-implantites, tout comme il s' agit d ' un facteur cie ri sque majeur
- 0 = pas de détect ion de plaque ;
da ns l'évolution des aueinles parodontales. Com me le tabac joue
- 1 = plaque détectable uniquement au passage de la sonde sur la
éga le me nt un rô le négatif dans la ré ussite des traitements parodon-
partie cie l'implant proche cie la gencive m arg inale;
taux, il faut soul igner dès à présent qu 'i l aura la mê me inll uence sur
- 2 = plaque visible à l' œ il nu ;
la prise e n c harge des pé ri- implantites.
- 3 = implant largeme nt recouvert de dé pôts microbie ns.
Une augme ntation importante de certa ins marque urs i ntlamma-
Parmi les paramètres susceptibles d' influer s ur l'accumulation des toires, à la fo is locaux el systé miques, est constatée après un suivi
biofilms bacté rie ns dans les s illo ns péri- implantaires et au contacl d ' une a nnée c hez des pa tients fum eurs q ui ont été implantés [2l
des tissus mous, peuvent être mis e n exergue la connexion des élé- En effet, le tabac interfère avec la c icatrisation e n diminuant la vas-
cu larisation des tissus avec pour conséque nce une aggravation de
l' atteinte des tissus mous ct de la perte osseuse constatée chez les
100 fumeurs implantés comparés à des non-fumeurs [40] .
De nombre uses études r11.1 ont démontré l'augmentation signi fi -
cative du risque d 'apparition de péri- implantites chez les fu meurs.
~90 L' importa nce cie la consommation tabagique va également influe r
~
~
Q)
sur le taux d'apparitio n de ces complications inflammatoires. U ne
0>
consommatio n dite modérée (inférie ure à 10 cigarettes par jour)
~ 80 va e ntraîner un accroissement du risque de 10, 1 % alors qu ' une
Q)
!2 consommation plus marquée (supé rie ure à 20 cigarettes par jour)
::J
0 Groupe A
a.. 70 s' accompagne d ' une aug melllation du ri sque de 30,8 %.
Groupe B
Figure 17·2 Brossage d 'un pilier de cicatrisation implantaire. (Document Hélène Rangé.)
Figure 17·3 Nettoyage d' un pilier implantaire à l'aide de Superfloss~. (Document Hélène Rangé.)
ce s ujet. Un travail très récent, q ui a compa ré sur 13 a ns de ux types scme nt de cc si llon, mesuré à l'aide d ' une sonde parodontalc, qui
d' implant 1 dont la rugosité de surface est d ifférente, n'a constaté va constituer le pre mie r des s ignes cliniques de l'apparition d ' une
aucune différence signi ficati ve e ntre les deux systè mes impla n- pathologie pote ntie lle.
taircs 127]. Toutefo is , l'incide nce des pé ri -implantites dura nt ces 13 Le diagnostic d ' une atteinte péri-implantairc sera e ncore
années s' avère é levée avec des vale urs de 32, 1 % pour les impla nts conforté par la présence d ' un saigne me nt a u sondage (Figure 17-5).
Bra nc mark18 e t de 39,7 % pour les implants Astra 18 • De te lles vale urs Néanmo ins, comme le s aignement au sondage est plus fréquent
s'explique nt au moi ns e n partie par la présence de plus de de ux tiers a uto ur des implants que des dents, mê me en 1' absence de patho logie
de patie nts a yant présenté des a ntécéde nts de maladie pa rodo ntale. e n raison de la moindre résistance au sondage des tissus mo us péri-
implantaires, cc paramè tre doi t to ujours ê tre mis en perspective avec
les autres élé me nts de diagnostic.
Le diagnostic de péri-implantite Mo mbclli et a l. 126 1 o nt égale ment proposé, à partir de l' indice
gingival de U::ie e t Si lncss [23j , un indice ging ival modifié po ur les
tissus mous pé ri-implan taires :
.... PARAMÈTRES CLINIQUES
- 0 = pas de saigne ment quand une sonde parodontale est passée
Le sillon péri -im planta ire est générale me nt plus pro fo nd que le le long de la muqueuse adj acente à l' implant ;
s illo n gingivode ntaire, mê me lorsque la s ituation clinique est cons i- - 1 = points de sa igneme nt isolés ;
dérée com me saine. Par ailleurs, la p résence dans le ti ssu conjonctif - 2 = une ligne rouge continue est présente le lo ng de la muque use
pé ri- implantaire de fibres co llagéniqucs orientées parallèle me nt à la péri-implan tai re ;
surface im plantairc facilite la péné tration de la sonde parodontale - 3 = le saig nement est a bondant.
(Figure 17-4). Le sondage pé ri-implantai rc est fréque mme nt de 2 La présence d' une suppuration, sponta née ou provoquée par le
à 3 mm alors que celui d' un sillon g ing ivode ntairc se si tue e ntre 1 sondage, est possible m ais elle est peu fréque nte. La mobil ité de
e t 2 mm e n moyenne. En résumé, le sondage parodontal est moitié l' implant ne survie nt q ue lorsque la désostéo-intégration inté resse
moins profond que le sondage péri- impla ntaire. C'est l'approfondis- la totalité de la surface impla ntaire. La mobilité ne peut do nc pas
constituer un facte ur de diagnost ic, contraireme nt à la dent, car à ce
1. Briinemark" . Nobel Biocarc et T ioblast" , AstraTcch. stade 1' implant ne pourra pas ê tre conservé.
CHAPITRE 17 - LES MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES 133
-------12 mm
Figure 17-4 Différences entre le sondage parodontal (schéma à droite) et le sondage Figure 17-5 Sondage péri-Implantai re de 6 mm
péri-implantai re. À hauteur de muqueuse péri-implantaire ou de gencive égale, la profon- à l'aide d 'une sonde plastique autour d' un
deur de sondage péri-implantaire est augmentée comparativement au sondage parodontal implant présentant une péri-implantite révélée
en raison de l'absence de résistance des fibres de collagène au niveau de l'implant due à par un saignement. La conception prothétique
leur orientation verticale et non horizontale comme au sein du parodonte. Noter que, pour (prothèse amovible supportée par une barre
une force de sondage de 0,20 N, l'extrémité de la sonde s'arrête à 1 mm environ de la crête implanta-portée) et l'absence de tissu kératinisé
osseuse péri-implantaire, tandis que pour une force exercée identique, elle s'arrête à 2 mm vestibulaire (flèche) ont sans doute contribué
de l'os alvéolaire (données expérimentales chez l'animal). Pour conclure, le sondage péri- au passage de la mucosite à la péri-implantite.
implantaire est deux fois plus profond que le sondage parodontal. (Document Philippe Bouchard.)
... EXAMEN RADIOGRAPHIQUE Déjà en 1995, Spickcrmann et al. [391 ont présenté une classi fica-
tion de I'aueinte osseuse péri-implantaire en 4 classes :
L' examen radiographique s'avère indispensable pour confirmer le - classe l : destruction osseuse uniquement horizontale et peu
diagnosti c de péri-implanti te lorsque les signes cliniques d' appro- marquée ;
fondissement du sillon péri-implant aire el de saignement m 1 sondage - classe 2: destruction osseuse modérée avee évenluellcmcnt des
sont présents. Une radi ographie en technique parallèle d' excellente allei ntes verticales isolées ;
qualité sera donc prise en fi n de traitement, au moment de la pose de - classe 3 : destruction osseuse horizontale et circulaire plus
la prothèse d' usage. Les données les plus récentes sur le di agnostic avancée;
de péri- impl ant.ite font référence à une perte osseuse au-delà de la - classe 4 : destruction osseuse sévère avec des lésions ci rculaires
première année (afin de ne pas omettre de prendre en compte la perte étendues ct, éventuellement, perte complète d' une paroi osseuse.
osseuse initial e évoquée plus haut) égale ou supérieure à 1 mm asso- Dans cette classification, les classes 3 et 4 nécessitent la dépose
ci ée à un saignement au sondage. On notera que l 'échec primaire ne des implants car aucune solution thérapeutique n'est suscepti ble de
se tradui t pas obligatoirement par une image radiographique alors stopper l ' avancée du processus de destruction ct, a fortiori, de per-
que l'échec sccondnirc est toujours assoc ié à cette dernière. mettre une reconstruction de l 'os détruit.
Seule la technique du long cône permet de visualiser avec pré- En 1997, Bchnccke et al. 15 1ont proposé une classi fication fondée
ci sion l a perte osseuse, en particulier lorsqu'elle est débutante sur le diagnostic radiographique des pertes osseuses avec 5 formes
( Figure 17-6). Cene perte osseuse est généralement circonféren- différentes :
tielle (Figure 17-7). La radiographie panoramique ne permet pas de lésions hori zontales ;
quantifier avec la précision nécessai re la perte osseuse et n'est donc lésions en colonne ou en crevasse ;
pas indiquée. Comparé à la radiographie rétro-al véolaire, le rap- lésions en entonnoir ;
port coût/bénéfice des techniques plus sophistiquées de type Conc- lésions en cuvelle ;
Beam ou scanner n'est pas en faveur de leur utilisati on lors du suivi lésions combinant les formes précédentes.
implantaire. Enfin, Schwarz ct al. 134 1ont décrit en 2007 deux classes dont la pre-
mière est elle-même subdivisée en 5 sous-classes de a à e (Figure 17-8).
Infection
peropératoire Surlorage
Fibre-intégration Péri-implantite Surcharge
ou du site du site
que faire se peut, avant une perte substantielle de l'os de support. (Tableau 17- 1). En résumé, l'ensemble des auteurs s'accordent sur
De nombreux protocoles de traitement ont été proposés au cours les points suivants :
des 20 dernières années. En particulier, Roos-Jansak er ct ai. rJOJ ont mise en œuvre d' une hygiène ora le performante;
rapporté en 2003 cinq stratégies de traitement des péri- implantitcs - équilibration des forces occ lusalcs ;
L
CHAPITRE 17 - LES MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES 135
L
a b c d e
Classe 1 Classe Il
Figure 17-8 Classification des lésions péri-implantaires en fonction de leur morphologie d'après Schwartz et al. [34). Classe 1: le pla-
teau de l'implant reste au niveau crestal. Classe Il : le plateau de l'implant est situé au·dessus du niveau crestal. Les différentes classes peuvent
être combinées.
la :déhiscence vestibulaire sans cratérisation
lb : déhiscence vestibulaire + cratérisation partielle
le : déhiscence vestibulaire + cratérisation totale
Id : déhiscence vestibulaire et linguale/palatine + cratérisation totale
le : cratérisation sans déhiscence
Il : cratérisation avec perte osseuse verticale
- débridement méc;mique supra- et sous-gingival de la lésion désorganisation efficace des biofi lms microbiens sous-gingivaux.
péri-implantaire associé à un traitement antibactérien local ; De plus, l'effet de cavitation généré par le liquide de refroidissement
- antibiothérapie systémique ; des ultrasons va j ouer un rôle antibactérien cl c hasser les résidus
- polissage mécanique et désinfection chimique de la surface des bio fi lms. Les surfaces métall iques accessibles seront également
implantaire. polies avec des cupu les e n caoutchouc el, éventuelle ment, une pâte
Plus récemment, un arbre décisionnel simplifié a été proposé par très peu abrasive. L'util isation des aéropolisseurs est préconisée par
Lang ct al. en 2004 120]. 11 s'agit elu CIST pour CwnulaJive imerceptive certa ins auteurs qu i soulignent l'amélioration de l'état de surface e n
supportive rherapy. Cet arbre repose sur les signes cliniques (profon- atténuant les stries d' usinage par un effet de lissage, alurs que pour
deur de poche, indice de plaque ct saignement au sondage) el radio- d'autres, elle s'accompagne d' une augme ntation de la rugosité de la
graphiques (pe1te osseuse) observés. Les soins appropriés sont délivrés zone traitée [331.
selon quatre stratégies successives: débridement mécanique, traitement
antiseptique, traitement antibiotique et traitement chirurgical. Chacune Traitements complémentaires
de ces stmtégies vient s'additionner à la précédente (Figure 17-9).
Dans la mesure où une approche uniquemelll mécanique ne peut
prétendre à la même efficac ité que lorsqu 'elle s' adresse aux surfaces
.... THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES rad iculaires des dents, des traite men ts com plémentaires à visée
antimicrobienne ont été décrits. Diffé rentes molécules et plusieurs
Traitement mécanique modal ités d'administration ont clone été proposées en complément
L'objectif du débridement mécanique est identique à celui qui du débridement mécanique.
préside au traitement parodontal, à savoir l'él imi nation des biofilms Locale ment, la chlorhcxicline est, comme toujours, la molécule
microbiens supra- et sous-gingivaux. Cependant, l' instrumentation anti bactérienne de choix. Elle est soit appliquée sur la surface
utilisée diffère de celle employée en parodontologie afin de ne pas implantaire sous forme de gel, soit adm ini strée par irrigations. Les
altérer la surface des implants. Celle-ci ri sque d'être endommagée bénéfices sont cependant très limités. Des supports à libération lente
par le passage répété des détartreurs et des curettes en acier ou en de chlorhexidine olll montré quelques avantagesm. Une antibiothé-
titane. Il est donc recommandé d' utiliser des instruments spéci fiques rapie locale semble légèrement plus efficace. Il s'agit soit de libres
e n plastique ou en carbone, éventuellement recouverts d'un all iage de tétracycl ine<•>qui ne sont plus disponibles actuellement, soit d' un
d'or. Le débridement mécanique peut être réalisé soit avec des gel de méu·oniclazole à 25 % 1401, soit d' un gel de doxycycli ne5 161,
curettes spécifiques aux formes adaptées aux implants, soit avec des soit de microsphères de minocycline6 .
insen s ultrasonores en téflon, en carbone ou en matériau composite(2>.
La forme et la taille des inserts en matériau composite facil ite nt la
pénétration au fond des poches péri-implantaires et permettent une (3) PcrioChi p~
(4) Actisite"'
(5) Atridox"'
( 1) PH 1URM"' de Salelec par exemple (6) Parocl ine"
136 PARTIE 4- LES MALADIES PÉRI-IMP LANTAIRES
Tableau 17-1 Propositions de stratégies thérapeutiques des péri-implantites (d'après Roos-Jansâker et al. [29]).
Kwan et Zablotsky, Traitement initial : Hygiène orale + évaluation/ajustement occlusal + débridement non chirurgical + irrigation
1991 [18] antibactérienne locale (H,02 , CHX, SnF2 , tétracycline) +antibiothérapie systémique+ greffe
gingivale si manque de muqueuse kératinisée
Si absence de résultat s : 1. Péri-implantite avec perte osseuse horizontale et défaut à 1 paroi osseuse : débridement
chirurgical + traitement de surface de l'implant
2. Péri-implantite avec lésion osseuse à 2 ou 3 parois, défaut circonférentiel : greffe osseuse et/ou
membrane, de préférence avec implant enfoui
Jovanovic, 1993 (14] Traitement initial : Hygiène orale + évaluation/ajustement occlusal + débridement chirurgical
+ irrigation antibactérienne locale et/ou antibiothérapie systémique
1. Péri-implantite avec perte osseuse horizontale et défaut osseux (< 3 mm) : débridement
chirurgical+ traitement de surface de l'implant et détoxification (air/poudre ou acide critique)
+ résection osseuse + lambeau repositionné apicalement
2. Péri-implantite avec défaut osseux > 3 mm : greffe et/ou membrane
Flemmig, 1994 (9] Traitement Initial : Hygiène orale + évaluation/ajustement occlusal + curetage supra- et sous-gingival + antisepsie
locale (irrigation CHX ou fibres de tétracycline)+ antibiothérapie systémique probabiliste
Si absence de rés ultats : Antibiothérapie systémique (après antibiogramme)+ irrigation CHX + chirurgie régénérative
Kao et al., 1997 [15] Traitement Initial : Hygiène orale + évaluation/ajustement occlusal + débridement local + CHX en bains de bouche
+ débridement chirurgical + traitement de surface de l'implant et détoxification (acide critique)
+ remodelage osseux + lambeau repositionné apicalement + antibiothérapie systémique
(clindamycine ou association amoxicilline/métronidazole) pendant 7 jours
Lang et al. , 1997 (21] Traitement Initial 1. sondage < 4 mm : hygiène orale + débridement mécanique = A
(ancienne version 2. sondage 4-5 mm : A + antisepsie (bains de bouche ou gel topique de CHX) =B
du Cumulative 3. sondage> 6 mm: A + B +fibre de tétracycline pendant 10 jours+ antibiothérapie systémique
lnterceptive Supportive pendant 10 jours (ornidazole ou métronidazole ou association amoxicilline/métronidazole) = C
Therapy): Chirurgie après résolution de l'infection : résectrice (ostéoplastie +lambeau repositionné
apicalement) ou régénérative (membrane avec implant non enfoui) = D
H20 2 : peroxyde d'hydrogène ; CHX : ch/orhexidine ; SnF, : fluorure stanneux.
PP s 3 mm < Pl-
BOP-
Pl+
BOP+
(A)
Absence de traitement
7 •"'"
+
(A+B) Antiseptiques : CHX 0,1 % à 0,2 %, 2 fois par jour, 3 à 4 semaines
PP 4 à 5 mm B
do boooOO + Applioolion• '"'''" ' (gol oV"" ''"''"'"')
(A+B)
BOP+ +
Pas de perte osseuse Antibiotiques in situ ou systémique (10 jours)
•ln situ :
(A+ B + C) • fibres de tétracyclines ou microsphères de minocycline c
• Systémique :
BOP+
PP > 5 mm • métronidazole (3 x 250 mg/jour) seul ou + amoxicilline (3 x 375 mg/jour)
Perte osseuse s 2 mm
+
(A+ B + C + D)
Chirurgie
BOP+
• Régénératrice : Membrane seule ou + greffe osseuse D
Perte osseuse > 2 mm
• Résectrice : uniquement si régénératrice impossible
Figure 17·9 Arbre décisionnel du CIST (Cumulative interceptive supportive therapy). (D'après Lang et al. [20].) CHX: chlorhexidine ; PP :
profondeur de poche. Pl : présence de plaque ; BOP : saignement au sondage.
CHAPITRE 17- LES MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES 137
Une a ntibio thé rapie systé mique a aussi é té proposée avec cssen- de me ulcllcs s iliconées 1281. Toutefois, celle a pproc he présente
tic lle me lll l' utilisation du métronidazolc seul ou e n combinaison l' inconvénie nt maje ur de dissémine r des particules mé talliques
avec l'amox ic illinc selon les mê mes protocoles que ceux qui sont dans la plaie. A ins i, même un rinçage e t un so in partic ulier à net-
actue llc mclll recommandés e n par·odonto logie, soit 1,5 g d 'apport toyer les tissus ne suffiront pas à assurer une é limination complè te
j ournal ie r e n 2 ou 3 prises avec une durée de traite ment de 7 jo urs. des dé bris.
A fin d'optimiser l'effi cacitt: ùt: l' aùlllini, tration systé mique, il est
nécessaire qu'elle soit précédée d ' une pe rturbation mécanique des Techniques de comblement/régénération
bio f"ilms mic robiens à l' aide le plus souvent d ' ultrasons. S i des
En présence de défauts pé ri -implan taires infra-osseux el de cra-
résultats o nt é té obte nus a u cours des 12 prem ie rs mois s uivant
tères, le recours à des techniques de comble me nt ct/ou de régéné-
la mise e n œ uvre de l'antibiothérapie, pe u de données sont dispo-
ration issues de ln c hirurgie parudontale pe ut laisser espérer une
nib les sur le moyen te rme et il semble que la récidive soit presque
reconstruction, ne serail-cc que pa rtie lle, des tissus dé trui ts par la
systé matique.
pathologie péri -implantairc. To us les traite ments dest inés à l' éli-
Un traitemen t par laser a été envisagé sur la base d ' une ac tio n
mination des bio film s bac té rie ns c t à la désinfection des surfaces
bacté ricide e t détoxifiantc. Il s'agit d'une part des lasers qui agissent
implnntnires doive lll ê tre réalisés précéde mment au recours à ces
par un e ffe t thermique dits lasers << forts », parmi lesquels les lnscrs
techniques de régénération sous peine de voir apparnître des com-
C02, Er:Yag, Nd-Yup et à diode 980 mm 134J, e t d ' autre part des
plications infectie uses e t d ' aboutir à un échec thérape utique. Malgré
lasers di ts<<doux » do nt le principe d 'nction est fondé sur lu photo-
celle approche préalable, ct afin de réduire les risques d ' a pparition
sens ibilisation lé tale. Les résultats obtenus ne sont pas clinique me nt
de telles complications, il est recommnndé d 'accompag ner ces trai-
sig nificat ifs e t le rapport coût/bé néfi ce ne peut rccornmundcr le trai-
teme nts c hirurgicaux de régénéra tio n d ' un traite me nt antibiotique
tement par !user pour l'instant.
par voie systé mique.
De no mbreux m atériaux sont di sponibles tant en produits de com-
..... THÉRAPEUTIQUES CHIRURGICALES blement qu'e n me mbranes de régénérmio n destinées à isoler le s ite
à reconsti tuer. Il est possible d ' identifier les techniques suivantes :
Lambeau d 'accès/ostéoplastie - protocoles de comble me nt de la lés ion pé ri-implantaire par
de l' os autogè ne, de l'os de banque, de l'os d'orig ine biolog ique
Son objectif est d 'élimine r o u, pour le moins, de réduire la poche
( le plus souvent animal), ou des maté riaux synthétiques (substituts
pé ri- implantairc c t de redonner aux tiss us mous pé ri -implantuircs
osseux) ;
une morpholog ie co mpatible avec un accès satis fai sant à l' hygiè ne
- protocoles de régénération osseuse guidée avec utilisation de
ora le. L'élévation d ' un lambeau mucopé r iosté va pc rmcllrc le ne t-
me mbranes non résorbablcs ou résorbables ;
toyage, c t l'éventuel traitcmclll, de la surface imp lantnire, l'éli-
- combinaison des de ux pro tocoles, à savoir la mi se e n place
minatio n du tissu de granulation et une ostéoplastie s i nécessaire.
d ' un produit de comble me nt mainte nu par une me mbrane de recou-
Mê m e e n vis io n d irecte, le débride ment mécanique e st limité
vre me nt.
dans son e ffi cac ité par la rugosité de la s urface implantaire
particul iè rement prop ice à l' adhés ion microbienne. Un traite-
Techniques de combleme nt
me nt c h imique s'avère souvent indi spe ns able. De no mbre uses
molécu les on t é té expérime ntées. Après applicati on, la surface Après déco lle me nt d ' un lambeau mucopé riosté, é liminat ion
i111plantai1 t: doit ê tre rincée a u sérum physio logique. Gosau e t al. du tissu de granu lat ion c t nelloyage de ln surface implantaire, le
r 101 ont comparé les e ffets de 6 agents ami mic ro bie ns d iffé re nts matériau choisi est p lacé d a ns le défaut osseux. Le la mbeau est
s ur des disques e n titane placés c hez 4 volo ntaires. Des biofi lms e ns uite soig neuseme nt repos itionné c t suturé afi n d ' assurer au
s' accumule nt pe ndant 12 heures s ur ces di sques qui sonl e ns uite mieux l' he rmé tic ité de la p laie. Dan s la majo rité des cas déc r its
trai tés par les diffé rentes molécules antiseptiques. L' hypochlorite dans la littéralllre, les suprastruclllres prothé tique s ne sont pas
de sodium ft 1 % , le peroxyde d ' hydrogène à 3 %, la c hlorhcx i- dé posées et la c icatrisation s'cffcclllc do nc sans ré-enfouissement
dine à 0,2 %ct les huiles essentie llesl7> o nt dé montré une ac tion de l' implant.
antibac té rie nne, ce qui n ' a pas é té le cas pour l' acide c itriqu e. Bchne kc el al. [41 ont ainsi traité 25 cas de pé ri-implantitcs c hez
Romeo e t al. 128 1 recom mandent 1'application successive d ' un 17 patie nts en utilisant de l'os autogène. Les résu ltats du traite ment
gel de mé tronidazo le, puis d'une sol utio n de té tracyc line c t c hirurg ical ont é té évalués e n premier lieu à 4 mois lors d ' une nou-
e n{in de c hl orhcx idine à 0,2 % . Pour l' ins tant , aucu ne approche velle intervention c hirurg icale qui a permis de constater une ré para-
c himique n'a e ncore démontré une s upé riorité évide nte par rap- tio n osseuse variant de 23 à 77 % de la destruc ti on osseuse initiale .
port au x a utres. Les auteurs affirme nt observer une ré-ostéo-intégration e ntre 0 c t
Certains aute urs recommande nt de complé ter le dé bride me nt 36 %, mais celle é valuatio n unique me nt c linique est s ujelle à cau-
mécanique par une ostéoplastie destinée à redonner une mo rpho- tion dans la mesure où seule l'nnalysc histologique serait susceptible
log ie tissulaire compatible avec un accès à l' hygiè ne orale 122 1. d'affirmer ln présence d ' une réelle ostéo-intégratio n. La seconde
La thé rape utiq ue c hirurgicale et l'ostéoplastie qui peut l' accom- évnluntion fa ite à 3 ans perme t de constater une absence de réci-
pag ner e ncore davantage présentent l' inconvénie nt de me ure à nu d ive de la péri-implant ile, une réduction moye nne de la pro fonde ur
une part ie de l'i mplant initialement prévue pour ê tre e n contac t de sondage péri-impla mairc de 3,3 mm c t une ré paration osseuse
avec l'os. Celle s urface implantaire présente des s pires, souve nt moyenne, évaluée à la radiographie, de 4,5 mm. Wi ltfang e t al. [41 1
rugue uses, qui sont source de ré te ntio n mic robienne. En consé- ont tra ité de le ur côté 36 lésions pé ri-im plantaires avec un mélange
que nce, certains auteurs ont préconisé le frai sage c t le polissage d'os nutogènc ct d ' os dé miné ralisé d 'origine a nimale. Les résultats
de la partie implanlairc qui n 'est plus ostéo- intégréc. Cc traite ment observés it 12 mo is fo nt apparaître une réduc tio n moye nne de la pro-
es t effcclllé à l' aide de fraises de g ran ulométrie décroissante, pui s fonde ur de sondage de 4 mm et un comble me nt du défnul osseux
e n moyenne de 3,5 mm. Néanmoins, les résultats sont hé térogè nes
(7) Lislcrinc<'~ d ' une lésion à l'au tre.
138 PARTIE 4- LES MALADIES PÉRI-IMPLANTAIRES
Technique de régénération osseuse guidée divers. Il e n résulte qu' une mé ta-analyse est impossible à réaliser
po ur l' instant et que la prévis ibilité de la reconstructio n osseuse est
La régéné ration osseuse g uidée suit le principe de la régéné ra tion
e ncore sujette à cautio n.
tissulai re guidée parodontalc tout e n étant limitée à la reconstruc tion
Par ailleurs, l'existe nce d' une ré-ostéo-intégrat.ion reste e ncore il
de l'os. L e princ ipe consiste à créer e t à maintenir un espace e ntre les
dé montrer car elle ne pourra sc fai re que par une a nalyse histolo-
t issus mous superfic ie ls c t l' os par l' inte rposition d ' une me mbrane
gique. Mê me si la biocompatibil ité des substituts osseux est indiscu-
qu i sc comporte comme une barriè re. Ce tte me mbra ne assure la pro-
table, leur comporte me nt biologique est toujours l'objet de contro-
tection du caillot sang uin, év ite que la lésion soit colon isée par les
verses ct le niveau de pre uve e n termes d 'efficacité dans le trai te-
cellules ép ithéliales et conjo nct ives dont la rapidité de c icatrisa tion
me nt des lésio ns péri-i mplantai res est extrê mement fa ible.
est supérieure à celle de l' os c t perme t il l'i nverse a ux cellules à
pote ntiel ostéogénique de favoriser la re formation osseuse.
Parmi les me mbranes disponibles, il e n ex iste des non résorbables, .... EXPLANTATION
le plus souvent e n e-PTFE (polyté traAuoroéthylè ne expansé), e t des
résorbables à base de polymères ou de collagène dont la durée de Lo rsque toutes les thé rapeutiques évoquées précédemment se
résorption pe ut ê tre modulée selon la compos ition c himiq ue du pro- révèlent inefficaces c t ne pe rmette nt pas de stopper le processus
duit. Ré-enfouir l' implant semble davantage com patible avec les de destruction osseuse, il fa ut savoir prendre la décision de retirer
princ ipes biologiques de la régénération tissulaire, mais il n'ex iste l' implant avam que la perte osseuse soit te lle qu'elle n'auto rise plus
pas d 'étude comparative qui e n fasse la dé monstration. Il est toute- la pose d'un nouvel implant. L'explantatio n de l' implant, qui reste
fo is recommandé de p lacer la me mbrane autour du col de l' implant, immobile mê me lorsque la pe rte osseuse est voisi ne de l'extré m ité
de la fixer pour le mo ins à l' aide de la vis de couverture de l' implant apicale, nécessite l'utilisation d'un fore t c reux (tréphine) dont le
e t de re pos itio nner les tissus mous par-dessus l' implam e t la me m- dia mè tre interne sera légère me nt supérieur au diamè tre externe de
brane. L e risq ue de complication est ains i m inimisé, à la condi tion l'i mpla nt. Il faut ê tre allc ntif à limiter la destruc tio n osseuse autour
que la membrane reste e nfouie pe ndant toute la phase de maturation de l' implant. C ' est pou rquoi d'autres instruments o nt fa it leur appa-
osseuse. Cette approche trouve sa limite clans le fait qu'elle prive rition sur le principe elu torque inversé ( « cowller wrque "). Cette
souvent le patie nt de sa prothèse implantoportéc. technique repose sur la m ise e n place d ' une vis dans la partie interne
Le succès repose e n grande partie s ur l'absence d 'ex pos ition de de l' implant (pour les connexions internes) connectée à une clé
la me mbrane qui entraîne très fréque mment une surinfection. Plus dynamométrique. On réalise ainsi une forme de dévissage de l' im-
la me mbrane reste exposée longtemps, mo ins le gai n osseux est plant clans son loge me nt alvéolaire. A près le te mps nécessai re à la
important. L'exposition de la me mbra ne n 'est pas un phé nomè ne reconstruc tion osseuse c t la suppression des facteurs de risque qui
rare puisqu 'elle est rapportée dans 20 à 87% par Klinge ct al. [1 7 1 auraient pu favoriser la pé ri-implantite, la pose d ' un nouvel impla nt
e n 2002. En cas d'exposition, il est possible de do nne r les recom- pe ut être e nvisagée.
mandations suivantes : En conclus ion, alors que la technique implanta irc a révolutionné
- ne pas c herc her à recouvrir la me mbra ne exposée ; la prise en cha rge de l'édc nte me nt, l'apparition croissa nte de com-
- contrôler l'étal des ù ssus mous e nvironnants toutes les plications infec tieuses que représente nt les péri-implantites consti-
semaines; tue un é norme défi. Le traiteme nt des pé ri-impla ntites, dont la fré-
- prescrire l' utilisation quotidienne d'antiseptiques e n bains de q ue nce ne cesse de progresser au cours des dernières années, reste
bouc he; souvent décevant. Dès lors, l'atte ntion doit sc porter sur la préven-
- dé poser imméd iate me nt la membrane s i une s uppuraù on est tion par la sélection des cas justifiant d ' une implantation, l'assai-
présente ; ni sseme nt parodontal préalable à la mise e n place des impla nts, les
- ne pas laisser une me mbrane exposée plus de 6 semaines e n instruc ùons d' hygiè ne orale ada ptée à fourn ir aux patients, un suivi
place. régulier accompagné à chaque séance d' une prophy lax ie professio n-
Le recours aux membra nes pe ut pe rme ttre un comblement nelle minutieuse. De te lles mesures sont les seules susceptibles de
de la lésion osseuse par de l'os néoformé, mais auc une ré-ostéo- limiter l' apparitio n de ces compl icat io ns infectieuses q ue sont les
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1
1
Épidémiologie
et recherche clinique
Direction scientifique : Philippe Bouchard
Recherche médicale
La recherche biomédicale est observationnelie (épldé-
La recherche médicale chez l' homme est souvent appelée recherche
miologique) ou interventionnelie (expérimentale).
c linique ou reche rc he appl iquée, par opposition à la recherche fonda-
Le niveau de preuve est lié au type d'étude. me ntale opérée au laboratoire in vitro ou c hez l'animal. On lui préfère
Les revues systématiques d 'essais cliniques randomisés aujourd'hui le te rme de recherches biomédicales, définies par le Code
de bonne qualité donnant lieu à une analyse statistique de la santé publique comme << les recherc hes organisées e t pratiquées
(méta-analyse) correspondent au plus haut niveau de sur l'être humain en vue du développement des connaissances biolo-
preuve. giques et médicales >>. La loi du 5 mars 20 12 relative aux recherches
L'association n 'est pas la causalité. impl iquant la pcr,unne humaine, dite loi Ja rdé, opère une distinction
e ntre les recherches biomédicales non intcrventionncllcs et interven-
tionnclles. Les reche rches non intcrvcntionnelles sont des reche rc hes
L e no mbre de publications en parodontoiogie et e n de nti ste rie dans lesquelles les actes sont pratiqués et les produits utilisés de
implantairc augmente de man iè re exponentielle depuis les années manière habituelle, sans aucune procédure supplé mentaire ou inhabi-
2000. Longtemps cloisonnée aux revues de ntaires, la recherche c li- tuelle de diagnostic ou de surveillance. La randomisation est impos-
nique dans ces disciplines s' invite peu à peu dans les revues géné- s ible dans ce type de recherc he. Les reche rc hes intcrventionnellcs
ralistes e t s péciali sées de médecine, e n particu lier depuis l'essor inclue nt la reche rc he biomédicale (articles L. 1 12 1- 1 e t R. 1 12 1-1) c t
de l' impla ntologie dentaire c hirurgicale ct la mise e n évide nce la reche rc hc sur les soins courants (articles L. 11 2 1-1 c t R. 1 121 -3).
d ' associations entre maladies parodontalcs et autres maladies La recherche médicale distingue parfois l'épidé miologie de la
reche rc he clinique au sens où la première serait obscrvationne lle, plu-
(voir partie 8). L'odontologie reste pourta nt un c hamp discipli-
tôt destinée à é tud ie r des maladies, et la seconde interventionncllc,
naire e ndogène car, e n 20 12, plus de 70 % des articles dentaires
plutôt destinée à étudier l'effetdes traite ments. L'épidé miolog ie pre nd
é taient publiés dans des revues dentaires 16]. Pour comparaison,
ses racines dans l'<< épidémie» dont le te rme provient du grec epi qui
la de rmato logie ou la cardiolog ie publie nt e nviron 18 % de le urs
s ignifie « parmi » ct denws qui signi fi e « les gens >>. Ainsi , l' épidé-
articles dans les revues consacrées à leurs spécialités. Néanmoins,
miologie dite << classique >> est essentielle me nt descriptive (enquête
le dynamis me de la recherche clinique en odontologie et l'apport de
de prévalence/incidence) ou destinée à tester des hypothèses. Par
la de nti sterie factue lle à la prise de décis ion (evidence-based den- exemple, si des travaux issus de la reche rc he fo ndame ntale suggère nt
tistry) nécessite nt une lecture critique de la littérature. 11 est donc que l'augme ntation de la g lycémie accroît le risque d ' apparition d ' une
clair que la parodontolog ic sc trouve à la pointe de la recherche en parodo ntite c hro nique, il est possible d'observer la prévale nce des
odonto logie c t exige un minimum de connaissances e n reche rc he parodonlites chroniques dans une popu lat.ion de diabétiques et dans
bio méd icale pour e n compre ndre le sens ct la validi té. Les types une population de non-diabétiques, de les comparer ct d' investiguer
d'études, les indices parodontaux utilisés dans ces é tudes c t les les raisons d' une différence si elle existe. En adme ttant que cette dif-
mesures d'associations sont que lques clés indispensables a u c he- fére nce soit en faveur d'un risque de parodontite chronique plus élevé
mine me nt du lecteur au sei n de cet o uvrage qui s' appuie sur les c hez le diabé tique e t que cc ri sque apparaisse associé au taux d'hémo-
données de la littérature. g lobine g lyquée, o n peut alors s' inte rroger sur l'el'l'ct d'un traitement
144 PARTIE 5- ÉPIDÉMIOLOGIE ET RECHERCHE CLINIQUE
parodonlal sur le taux d' HbA 1c. Une étude visant à instaurer un traite- Classification des études en fonction de leur plan
ment parodontal chez des patients diabétiques allcints de parodontile expérimental.
chronique ct à observer l 'effel dccc traitement sur le taux d' HbA l e est
Études observationnelles (non interventlonnelles)
alors nécessaire pour répondre à la question. L'épidémiologie obscr-
- Rapport de cas (descriptives) :description d'un fait médical
vationnelle devient ainsi une épidémiologie « cl inique », c'est-à-dire nouveau
interventionncl le parce qu'elle instaure une inter vention (le traitement - Cas-témoin (rétrospectives) : construction d'une hypothèse
parodontal) pendant la recherche. - Enquêtes (transversales) : étude de la lréquence d'une maladie
- Cohortes (prospectives) : conlirmation d'une hypothèse
Études expérimentales (lnterventionnelles)
- Essai clinique non contrôlé (sans groupe témoin)
Classification des études Essai avant/après (série de cas) : effet d'un traitement sur
un groupe de patient
- Essai clinique contrôlé
Il est donc aujourd' hui diffi ci le de distinguer l 'épidémiologie
:2! 2 groupes parallèles (avec groupe témoin)
de la recherche clinique, sinon en afri rmam que l 'épidémiolo- Non randomisé (pas de tirage au sort) : eifel
gie s' intéresse à des populations alors que la recherche clinique d'un ou de plusieurs traitements sur au moins
s'i ntéresse il des individus. La taille de l 'échanti llon (nombre de deux groupes de patients. Les patients sont
patients inclus dans l 'étude) dev ient alors l ' unique moyen de di s- attribués à un groupe en fonction de l'indication
ou de leur ordre d'arrivée dans l'étude
tinguer l ' une de l 'autre, le seuil restant à défînir. Il est clair que
Randomisé' (tirage au sort) : eflet d'un
le suivi d' une cohorte observationnclle de 6 000 sujets appart ient ou de plusieurs traitements sur au moins
ù la recherche épidémiologiquc ct qu' un essai comparati f concer- deux groupes de patients. Les patients sont
nant l 'effet d'un traitement sur un échant ill on de deux groupes de attribués à un groupe au hasard (leur chance
30 patients (avec ou sans traitement) apparti ent au domaine de la d'appartenir à l'un des deux groupes est
identique)
recherche cl inique. Il est moins évident de disti nguer entre épi- 1 groupe autocontrôlé.. (self-contro/led)
démiologie et recherche cl inique quand il s' agit de l ' i ncl usion de Essai en bouche divisée (split mouth) : chaque
deux groupes de 200 sujets dans une étude vi san t à comparer l 'effet patient reçoit simultanément et symétriquement
d'un nou vcnu médicament par rapport à un médicament en cours à droite et à gauche de sa bouche au moins
deux traitements dilférents
qui constitue la référence. Afl n de classer les études, on préférera
Essai croisé (cross-over) :chaque patient reçoit
opérer des disti nctions en fonction de leur conception, selon que consécutivement au moins deux traitements
l ' intervention est (étude ex périmentale) ou n'est pas (étude obser- dilférents
vat ionnellc) sous le contrôle du chercheur, ou bien encore qu' il Revues systématiques• .. : méthode de sélection d'articles
s'agisse d'opérer la synthèse des travaux j usque-nt publiés (revues de la littérature par deux chercheurs indépendants à partir
systém atiques). L e Tableau 18-lrésumc la plupart des types d'étude d'une question posée et synthèse des résultats
util isés en recherche humaine en les classant en fonc tion de leur - Méta-analyses : analyse statistique des articles sélectionnés
par la revue systématique.
plan expérimental. La Figure 18- 1, quant il elle, situe ces études
à travers le temps. L es di fférents types d'études épidémiologiques ' ~essai clinique randomisé (ECR) est la référence en termes de niveau do prouve des essais
cliniques.
peuvent donc aussi être classés en fonction de leur rapport au temps •• Le patient est son propre témoin. Par définition, les essais cliniques de ce typo sont ran-
de la façon suivante (Figure 18-2) : domisés : le côté traité (boocho divisée) ou fa chronologie des traitements (essai croisé) font
l'objet d'un tirage au sort.
- éLUdes prospectives (prmpective .l'lltdies) ou exposés-non ex po- ... Une revue non systématique est appelée ~· revuo narrative ... Le niveau de preuve
sés (fol/ow-up .l·tudies) ou études de cohortcs 1 (colwrt .wulies) : des revuos narratives est do nivoau 5 (voir Tableau 18-11).
études dans lesquelles les sujets sont divisés en deux groupes, l ' un
exposé au facteur étudié el l ' autre non exposé, avant que l'événe-
ment étudié (o111com e) ne sc produise. Dans ces études, les cher-
cheurs analysent les effets de l'exposition à un facteur donné (expo- Longitudinale
sure) sur la survenue de l 'événement ;
- études rétrospectives (re/ITJ.\p eclive s/udies) ou cas-témoins (case Qu'est-il en train d 'arriver?
control swdies) : études clans lesquelles les chercheurs analysent a
posteriori l 'exposition d' un groupe de sujets sélectionnés au moment
Enquête
de l 'inclusion en fonction du statut face à l 'événement (présent ou
absent);
- études trunsversales (c/'0.\',\'-.l'ecliona/ studies) ou enquêtes (srrr- Cohorte
Cas-contrôle Aujourd'hui
veys) ou études de prévalence (prevalence studies) : études dans Essai clinique
lesquelles les chercheurs sélectionnent un groupe de sujets dans
une populati on donnée. Ceux-ci mesurent la présence ou l'absence
Q)
si multanée de l'indicateur de risque c t de l'événement étudié (oui- <ii
come). Ces études sont en quelque sorte un cli ché photographique ~
Q)
Base de données
bibliographique
Medllne, Embase, etc.
Question Combinaison
Sélection Homogénéité
clairement
[
des articles suffisante des résultats
formulée
Analyse statistique
Hétérogénéité
.
Littérature grise des données
Publications
1nsl1tutlonnelles,
thèses, rapports, etc. .-
Revue
Conclusion Méta-analyse
systématique
Réponse à la question
avant vous ct ii existe dans la litté rature un certain nombre d'ar- La dentisterie fondée sur la reuve
tic les traitant déjil du suje t. Vous appe lez un copain c t vous vous
me ttez d 'accord pour élabore r une revue systématique o ù c hacun Vous vous e mpressez alors de soumettre votre mé ta-analyse au
de vous séleclionne ra indépendamme nt des a rticles ré pondant à la New England Joumal of Medicine qui vous le refuse e n moins de
question. Après quelques nuits blanches, votre revue sélectionne 48 heures sous pré texte qu ' une autre mé ta-analyse sur le même
c t identifie 4 é tudes comparatives assez homogènes (ECR) parmi sujet a déjà é té publiée en ligne 2 mois avant. Vous avez mainte-
les 2 16 publiées. Chaque étude a un nombre de sujets différent : A nant compris qu' il faut vous te nir au courant de l'actualité médicale
= = =
20 malades, B 45 malades, C 50 ma lades e t D 35 malades. = dans votre discipline, non seuleme nt pou r vous év iter de travailler
Il est difficile de conclure car ces 4 é tudes font apparaî tre une réduc- inutile me nt sur des questions que d 'autres o nt déjà é lucidées, mais
tion du taux d' HbA 1c avec un traitement parodontal (groupe test) aussi pour donner à vos patients le meille ur des données acquises de
comparé à l' absence de tra itement (groupe contrô le), mais celle l'odonto logie et prendre de bonnes décisions. Cependant, alors que
différence n'cstjamai s statistiquement signi ficative (on appe lle cela vous é tiez concentré sur la rédac tio n de votre artic le, vous n'avez pas
une « te ndance3 >> ... ), ce qui signifie que les différences o bservées cu le te mps de voi r arriver l'autre méta-analyse. Un praticien ne peut
peuvent être ducs au hasard4 • La raison maje ure pour laquelle on ne pas traite r ses malades, se consacrer à sa famille, à d'autres passions,
pe ut pas observer une différence statistique ment s ignificative e ntre sc reposer (i ndispe nsable) et da ns le même temps absorber la totalité
les groupes dans c haque étude est liée il le ur faible puissance statis- de cc qui est publié dans son domaine. Il faut faire un tri pour se te nir
tiquc5 individuelle, e lle-mê me liée à des ta illes d 'échantillon s ans au courant tout e n conservant une vic normale.
doute trop faibles pou r révéler une diffé re nce sig nificative. Grâce à La Figure 18-4 sché matise les types de revues permellanl aux
la revue systématique, vous pouvez mainte nant additionne r c haque cliniciens d'accéder à l' info rmatio n médicale en général c t odonto-
échantillon e t vous voici à la tê te d'un échantillon de 150 malades logiquc e n particulier.
(A+ B + C + D) que vous vous empressez d ' analyser (méta-analyse) Plus l' informati on s'éloigne de sa source, plus e lle est pote ntiel -
après leur avoir fait passer un test d' homogénéité qui s'avère sati s- le me nt s uje tte il e rre ur e l interpré ta tion . C'est le phé nomè ne clas-
fai sant. Miracle ! Le résultat sur 150 patie nts fait apparaître une sique de la dis to rsion de l'i nformation. Pourtant, les revues de for-
différence statistiquement significative. Le traitement parodontal a mation continue c t les j ourna ux professio nnels sont indispensables
donc bie n un effet sur la réduc tion du taux d'HbA 1c, donc participe car ils synthétisent c t vulgari sent l' information source en la mel-
à l'équilibre du d.iabè te (voir c hapitre 27). ta nt à la portée des non-c he rcheurs. La hiérar c hisation de la pre uve
médicale e n fonc tion du design des études a e ngendré une mé thode
d 'approche clinique rationne lle du m alade appelée<< médecine fon-
3. Ces tendanœs durent généralement cc que dure la mode. déc sur la preuve >> ou « médec ine fact uelle » dont l'odontologie
4. Eh oui, dans les ECR, les statistiques ne servent qu' à ( 1) résumer les
s'est e mparée à travers la << de ntisterie fondée sur la preuve>>. Celle
résultats, (2) s'assurer q u' une d ifférence n' est pas duc au hasard ct (3) révéler
une association. C'est tOul. Décevant non? méthode part du princ ipe qu 'i l est préférable de se fnire une opinion
5. Il est à noter que la<< lorce» de la conclusion d' une étude ne dépend pas par soi-me me e t d ' accéde r aux revues primaires e n e n comprenant
de la taille de l'échamillon mais de sa puissance statistique, c'est-à-dire sa le niveau de pre uve. Ains i, le niveau de pre uve partic ipe o bjecti-
capacité de montrer une différence lorsque cette d ifférence existe vraime nt. vement à la décis ion m édicale et le praticien opère lui-mê me la
Cependant, puissance et taille de l'échantillon sont liées car la première,
fixée entre !lOet 99 %, entre dans le calcul du nombre de sujets entrant dans recherc he du mci lie ur ni veau de preuve. La dentisterie fon dée sur la
l'étude. pre uve sc définit donc comme l' utilisation consciencieuse e t judi-
CHAPITRE 18- GÉNÉRALITÉS APPLIQUÉES À L.:ODONTOLOGIE 147
Généralistes Spécialistes
Circulation
Lancet
Source ----"T---- Obesity
PLOS Medicine
Journal of Dental Research
New England Journal of Medicine
Revues primaires
Chercheurs
Information professionnelle
Rédacteurs
Les trois types de revues permettant au praticien de s'informer sur sa discipline. Les revues primaires publient des études
originales mises en œuvre et contrôlées par des chercheurs. Elles sont la source de l'information. Des revues de formation continue demandent
à des experts (normalement chercheurs eux-mêmes mais pas toujours) de synthétiser l'information contenue dans des revues primaires en fonc-
tion de thématiques imposées. Enfin, des journaux d'information professionnelle demandent à des rédacteurs (normalement experts eux-mêmes
mais pas toujours) d'écrire des articles d'actualité professionnelle. On comprendra que plus l'information s'éloigne de sa source, pius la distorsion
de son contenu est importante car plus elle est potentiellement sujette à erreur et interprétation. La liste des revues citées en exemple n'est pas
exhaustive.
cieusc des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche En conclusion, même si la médecine fondée sur la preuve (et donc
clinique dans la prise en charge personnali sée de chaque patient l 'odontologie) a ses limites, comme l 'ont suggéré Smith et Pell dans
[5]. Cette approche très angl o-saxonnc de la prise de déci sion est un hilarant éditorial publié dans le British Medical Joumaf, cette
maintenant largement impactée par d' autres critères de déci sion que technique a permis une amélioration de la qual ité des études cli -
le ni veau de preuve lui-même (voir chapitre 52)6 . niques et de la décision médicale individuelle en abandonnant la
Au bas du Tabl eau 18- 11 , i l est intéressant de noter que le rai- médecine du << sens clinique » au profit d' une approche ralionnellc
sonnement déductif fondé sur l a pathophysiologie correspond au et raisonnée de la décision médicale.
ni veau de preuve le plus faible (niveau 5) . C'est souvent ce que
nous appelons des d iscussions du << café du commerce » (brain
srorming en anglais... ). Il convient de ne pas l es négliger car
e' est par fo is d'elles que surg i t la lumière, mais de les i gnorer Méthode
lorsqu'elles font l ' obj et. d ' un << article». Les édi tori aux suffi sent
aux avi s d' auteurs ct les rev ues médi cales en foi sonnent. U n par- La recherche biomédicale a pour objectif d' identi fier ct de com-
fa it et très cl assi que exemple de l ' insuffi sance de l a l ogique dans battre les maladies connues ou inconnues, monofactorielies ou mui-
l a pr ise de décision en santé est celui de l ' essai C A ST (Ca rdiac ti factorielles (Figure i 8-5). Une recherche biomédicale, c' est donc
Arrhyrhmia Suppression Trial ) publié i l y a un peu plus de 20 ans poser une question, rarement plusieurs, et, si possible, y répondre,
f i J. L es patients victimes d' un infarctus du myocarde ( l M) déve- l ' absence de réponse constituant en elie-même une information. On
l oppent ensuite communément une arythmi e cardi aq ue dont l a comprendra que l ' identification des facteurs influcnçamles maladies
conséquence peut s'avérer fatale. L e raisonnement déduclif multifactorielles comme les malad ies parodontalcs est sans doute
fondé sur l a pathophysi ologi e suggère donc la mi se en pi ace d ' un plus fasti dieuse que l ' identi fication d' un facteur unique comme le
traitement prophylacti que à base d' an tiarythm iques reposant sur bacille de Koch pour la tuberculose, même si les conséquences ne
l'apparente évidence que ce type de traitement réduira les taux sont évidemment pas l es mêmes.
d ' ary thmie et par l à même le taux de mortal i té. L'étude CAST, Les questions posées peuvent porter sur la fréquence de la mala-
essai cl inique rando misé, a inclus des patients ayant eu un lM . die (études de prévalence ct d' incidence), ses causes (études étiolo-
=
Les suj ets présentant une arythmie (n l 498) ont été ensuite ran- giques), ses facteurs de risque (études pronostiques), son identifica-
do mi sés en deux groupes : un groupe test sous antiary thm iques tion (études diagnostiques). Les questi ons peuvent également êu·e
( flécaï nide/encaï nide) et un groupe contrôl e sous placebo. L es d' ordre thérapeutique lorsqu'un nouveau traitement est disponible et
résultats ont montré que le taux de décès étai t dramatiquement qu' ii est nécessaire de le tester (essai clinique). Comme nous l' avons
plus élevé dans le groupe test (sous anti arythmiques) que dans déjà suggéré, les essais cliniques sont le plus souvent comparatifs
le groupe témoin (sous pl acebo) . On peut i maginer qu' à l a sui te
de cet essai, la prévemion de l 'arythm ie post-in farctu s a rad ica-
7. En procédant à une revue systématique des essais randomisés évaluant
lement été modi fiée ! l 'efficacité du parachute dans la prévention des traumatismes maj eurs en cas
de chute libre, les auteurs n'ont identifié aucune étude randomisée évaluant
l 'effet du parachute. Son utilisation n'a donc pas de j ustification rationnelle.
6. Pour plus d' information sur la méthode, le lecteur pourra visiter le site Les auteurs suggèrent de procéder à des études randomisées en double
régulièrement mis à j our de l' Oxford Ce111re for Evidence-Basal Medicine aveugle avec cro.u -over évaluant l ' imérêt du parachute. La difficulté est de
(www.cebm.net). trouver des volontaires [7 j.
-
PARTIE 5- ÉPIDÉMIOLOGIE ET RECHERCHE CLINIQUE
Base de données
Prévalence
Stockage
d'informations
Étiologie
Diagnostic
TraitemenVprévention
Diffusion des connaissances
Tester un traitement
car ils comparent l e nouveau traitement à l ' absence de traitement L a causalité répond à des cri tères précis qui ont été hiérarchisés
(contrôle négatif), à un placebo (contrôle) ou à un traitement de par l'épidémiologiste Bradford Hill en 1965 (Tableau 18-111) L31.
référence (contrôle positif). Les ét.udes thérapeutiques comprennent Il est évident que certains de ces critères peuvent porter à discus-
égalemem les études de prise de décision médicale et les analyses sion ct qu 'il n'est pas nécessaire de réunir la tota lité des critères
médico-économiques permcllant aux organismes de sant.é de déc i- pour démontrer la causalité. Ces critères seront néanmoins toujours
cler de la mise sur le marché et de la prise en charge ou non des à considérer lorsque la causa li té sera évoquée.
traitements étudiés.
L' information obtenue est collectée dans une base de données
sous forme de caractéristiques i ndividuelles appelées variables, ainsi
nommées parce que ces caractéri stiques varient d'un sujet à l ' autre.
Mesures d'association
L' âge, le genre, la profondeur de sondage ou la pression artérielle
Le premier critère de Hill concerne l'intensité de l' association.
systolique, par exemple, constituent des vari ables. Après analyse
L 'épidémiologie utilise diflérentes mesures afin d'évaluer la force
statistique de la base de données, synthèse ct réponse à la questi on
posée, les résultats de l'étude font l'objet. de publications qui per-
mellent une diffusion des connaissances.
or~"'' ~ .. ~ n ~1 Les critères de causalité de Hill (1965).
1.1ntensité de l'association
Plus le risque relatif est important, plus l'association a des chances
Association et causalité d'être causale
2. Cohérence de l'association
La causalité ne se résume pas il une simple association. L'objet Une association est fiable lorsqu'elle est confirmée par plusieurs
de certains travaux est de mettre en évidence une associ ation (on études
3. Spécificité de l'association
parle aussi de corrélati on) entre un état ct un autre: indice de masse Une cause est censée produire un seul effet
corporelle ct diabète, consommation de Labac et cancer du poumon, 4. Temporalité de l'association
profondeur de poche et maladie cardi ovasculaire, par exemple, ont L.:exposilion à la cause présumée doit précéder l'apparition
fait l 'objet d'investigations. La causalité ne sc résume pas à une de la maladie. De même, si le facteur causal est retiré de la
population, la morbidité incidente de la maladie doit diminuer
simple association ! L' indice de masse corporelle n'est pas la cause
5. Le gradient biologique (effet-dose)
elu diabète, on peut avoir un cancer du poumon sans être fumeur et l a Plus l'exposition est importante, plus le risque est grand
présence de poches parodontales ne cause pas un accident vasculaire 6. La vraisemblance biologique
cérébral. U ne corrélation décrit seulement une variation conjointe. Confirmation de l'association par des études fondamentales
On peut trouver à l ' infini des exemples de déductions fausses à par- 7. Cohésion
L.:hypolhèse d'une association causale est en accord avec ce qui est
tir de corrélations vraies : identifier une bonne corrélation entre l a connu el généralement admis
taille des câbles téléphoniques ct le nombre de cancers de la popu- 8. Niveau de preuve expérimental
lat.ion d'une ville n' indique pas que le téléphone donne le cancer La causalité dépend de la qualité de la preuve
mais que, plus la ville est grande, plus il y a d' habitanls, donc plus il 9. Analogie
L.:association est logique
y a d' abonnés au téléphone ct pl us le nombre de cancers est élevé !
..
CHAPITRE 18- GÉNÉRALITÉS APPLIQUÉES À !.:ODONTOLOGIE 149
de l' association ou la non- indépendance entre le risq ue de survenue vcrsale et prospective) c t e n analysant séparément les résultats qui
d' un événe me nt dans un groupe e t le risque de s urvenue dans un sont les s uivants :
autre groupe. Ces mesures som les suivamcs. - é tudes cas-témoi n : 11 = 5 ; 1 423 patie nts
O R : 2,22 ; [ I C 9~ ,1 1,59-3, 1171. p < 0 ,00 18
- é tudes transversales : n = 5 ; 17 724 patients
..... RISQUE= DFI A TIF fDR\
O R : 1,59 ; I C9~" I l ,329- 1,9071. p < 0,001
Le risq ue re latif ( RR) est le ri sque de survenue de l'événement =
- é tudes de cohorte : 11 5 ; 86 092 patie nts ; suivi > 6 ans
é tud ié dans un groupe A par rapport ü un groupe B. Un risque relatif RR : 1,14 ; IIC,,5 ., 1,074-1,2 13 l,p< O,OOI
de 3 signifie que le risque d 'apparitio n d ' un événe me nt est trois fois Il est tout à fai t clair à la lumière de ces résultats que ( 1) l'associa-
plus é levé c hez les sujets exposés que c hez les sujets non exposés. tion est une réalité car l'OR ct le RR sont !Ot!iour.\' s ig ni ficativcmcnt
En te rmes de risque, la va le ur RR = 1 (association nu lle) s ignifie > 1 (p < 0 ,001 ) ; (2) cette association est re lmi vcmcnt modeste (RR
l'absence de risque. Si RR < 1, la variable étudiée est un fac te ur = 1, 14 , soit un risque majoré de 14 %) ; e t (3) l' intensité de l' associa-
protecteur ; s i RR > 1, la variable é tud iée est un fac te ur de risque. ti on diminue e n fon ction du niveau de pre uve des é tudes: e lle passe
Plus le RR est éloigné de 1 (supé rieur ou infé rie ur), plus l'associa- de 2,22 fois plus de risque pour les é tudes ré trospectives ü 1, 14 fo is
tion e ntre la s urve nue de la maladie ct la présence du facte ur é tudié plus pour les é tudes prospectives. En résumé, les é tudes cas-témoin
est forte. Comme pour toute estimation à partir d ' un échanti llo n, on pe rme tte nt de poser des hypothèses que seules les é tudes de coho rtes
peut calc ule r l' intervalle de confiance du RR. Quand l' inte rvalle de ou les essais intervcnti onnel s pe rmette nt de confi rme r.
co nfiance c hevauc he la valeur 1, l'association n'est pas sta tistique-
ment significative.
On note ra que le R R n'est calculable que dans les é tudes où
L'analyse de la littérature par le praticien lui-même per-
l'échantillon est représentatif de la population géné rale, c'est-à-dire
met d'améliorer sa p rise de décision.
qu' il ne pe ut pas ê tre calc ulé ü partir d'é tudes rétrospectives (cas-
té moi n). La méthode proposée par l'odontologie fondée sur la
preuve aide à cette analyse.
-
...
CHAPITRE 19- INDICES PARODONTAUX 151
mais est glissée tout autour de la dent jusqu'au niveau de la j onction pénétration autour du collet de la dent comme pour l'enregistrement
gingivodentaire. Tous les indices peuvent être utilisés avec ou sans de la plaque, ou bien en procédant à un sondage parodontal.
révélateur de plaque, sur 2, 4 ou 6 sites de la même dent, tout dépend De nombreux paramètres peuvent entacher l 'enregistrement des
de la précision recherchée ct du temps imparti à l 'examen. indices gingivaux, comme le tabac qui réduit le saignement en ra i-
L a Figure 19- 1 résume les quatre principaux indices de plaque son de la vasoconsu·iction associé à sa consommation, ou la pri se de
utilisés. L orsque la plaque n'est pas la variable d' intérêt, ce qui certains médicaments comme les anticoagulants qui aggravent au
est souvelll le cas, l'indice classi quement utili sé en recherche est contraire les scores. Ces indices sonL également très sensibles à la
l ' indice de pl aque de Silness et Lüe [20). En pratique clinique, on reproductibilité intra- ct interexaminateurs, en raison du caractère
utilisera le plus souvent l ' indice de plaque d' O' Leary qui est un subjectif d'une évaluation à l'œil mt ct/ou de la pression variable
indice dichotomique (présence ou non de plaque sur quatre faces de exercée lors du sondage. Enfin, utilisés de man ière isolée, ces indices
la dent) ex primé en pourcentage [ 131. On considère arbi trairement sont de faibles indi cateurs de pronost ic de la perte d' attache. Leur
qu'un patient atteint de maladie parodontalc doit atteindre un indice sensibilité est donc modérée mais, en cas de score faible, ils sont
de plaque "" 20 % en fin de thérapeutique ini tiale pour envisager la de bons indicateurs de la santé parodontale (bonne spécificité) LIJ.
sui te du traitement dans de bonnes conditions. Lorsque l ' indice de L a Figure 19-2 résume les quatre principaux indices gingivaux
plaque est la variable d'in térêt, ce qui est le cas pour des études sur utilisés. Lorsque l ' inflammation n'est pas la variable d' intérêt, cc
les denti frices, les bains de bouche, les brosses, etc., certains auteurs qui est souvent le cas, l'indice classiquement uti lisé en recherche
ont développé des indices pl us sensibles. C'est le cas de l ' indice est l ' indice gingival de Loc ct Silncss [ Il ] . En pratique clinique, on
de Turcsky/Quigley-Hein qui propose un score qualitatif à 6 classes utili sera le plus souvent l ' indice de saignement au sondage (blee-
[ 14, 221, ou de l ' indice de Rustogi/Navy qui reste une variable ding on probing JBOP]) qui est dichotomique (présence ou non de
dichotomique (donc peu sensible) mais enregistrée sur 9 sites de la plaque sur quatre faces de la dent) ct ex primé en pourcentage JI j. On
même dent, ce qui augmente dramatiquemt:nt la ~t: n s ibilit é LI TJ. considère arbitrai rement qu' un patient atteint de maladie parodnn-
talc doit atteindre un indice de saignement au sondage "" 20% en fin
de thérapeutique ini tiale pour envisager la suite du rraitemenl dans
de bonnes conditions. Lorsque l' inflammation est l a variable d' inté-
Indices gingivaux rêt, certain> auteurs ont développé des indices plus sensibles ; c'est
le cas de l 'indice gingival modi fié [ 101 ou de l 'indice de saignement
Les indices gingivaux enregistrent l ' inflammation gingivale soit
papillaire [1 9] qui proposent un score quali tatif à 6 classes.
à l 'œil nu, soit en provoquant un saignement de la gencive, soit en
constatant un saignement spontané, soit en utilisant la combinai-
son inflammation visible + saignement. Pour cette raison, on les
appe lle parfois« indices d' inflammation clinique». L'évaluation à Indices de maladie parodontale
l 'œil nu enregistre les modifications de couleur (rougeur), de tex-
ture (érythème) ct de volume (œdème) de la gencive. Ces indices ne Ces indices composites très critiqués sont limités aux études épi-
reposant pas sur une observation objective (la présence d' un sai gne- démiologiques. A uj ourd' hui, la plupart des études utili sent des clas-
ment), ils offrent une fiabi lité limitée en termes de reproductibilité. si fications diagnostiques et non ces indices. Les indices parodontaux
Le saignement peul être provoqué par des bâtonnets intcrdentaires, nécessitent d'être connus afin d' interpréter les études épidémiolo-
du fil de soie dentaire ou par la sonde parodontalc en la glissant sans giques observationnellcs.
• Plaque Control Record (PCR) - O'Leary et al. 1972 (13) • Plaque Index (Pl) - Silness et Lëe 1964 [20)
- Variable dichotomique - Variable qualitative ordinale à 4 classes
• Turesky/Quigley-Hein Plaque Index 1970 [22) • Rustogi/Navy Plaque Index 1992 [17]
- Variable qualitative ordinale à 6 classes - Variable dichotomique
- Utilisation c.J'un révélateur de plaque
-
l
• Bleeding on Probing (BOP) - Ainamo & Bay 1975 [1) • Gingival Index (GI) - Lëe & Silness 1963 (11]
- Variable dichotomique - Variable qualitative ordinale à 4 classes
- •
l
• Modified Gingival Index (MGI) - Lobene et al. 1986 [1 0] Papi/lary Bleeding Index (PBI) - Saxer et al. 1977 (19)
f
- Variable qualitative ordinale à 5 classes - Variable qualitative ordinale à 5 classes
- Valeurs enregistrées séparément au niveau de la gencive
marginale et des papilles
~ ll\lnl~l= PARODONTAL DE RUSSEL 1161 (Tableau 19-11). Son évaluation repose sur l'examen de six de nts
spécifiq ues: 16, 2 1, 24, 36,4 1 et 44. Si une de ces dents est absente,
Cet indice évalue la sévérité de la maladie et peut intégrer des sa voisi ne distale la remplace. Si cet indice a été peu u1ilisé dans la
mesures cliniques un iquement ou des mesures radiographiques littérature, l'évaluation de l'état parodontal à parti r de l'examen des
lorsque celles-ci sont disponibles (Tableau 19-1). Chaque dent est six dents dites << de Ram l]ord » est en revanche une pratique cou-
évaluée séparément. Un score de 0 à 8 est attribué à chaque dent rante dans les études épidé miologiques.
en fonction de son état innammatoire, de la présence d'une poche
parodontale et de sa mobilité. En cas de doute, le score le plus bas
est enregistré. La moyenne des scores de chaque dent est ensuite 11\JDICE CPITI\l 121
calculée. L' indice est réversible après trai tement.
Cet indice a été c réé e n 1978 par l'Organ isation mond iale de la
Facile et rapide d' uti lisation, regroupant plusieurs informations sur
santé (OMS) afin d'évaluer les besoins des populations en traite-
le statut parodontal, il a été largement utilisé dans les études épidémio-
ments parodontaux. Il prend en compte les trois paramètres suivants:
logiques. Toutefois, très critiqué, il ne mesure pas la perte d'attache
la présence d'une inllammation gingivale, la présence de tartre et
et a tendance à sous-estimer la prévalence des gingivites ct des paro-
l'existence d' une poche parodontalc (Figure 19-3). Contrairement
dontites modérées en insistalll sur les formes sévères de parodontite.
Il s'agit d'une version modifiée de l' indice parodont al de Russell Score Critères
qui s' intéresse à la pe rte d 'attache au lieu de la profondeur de poche
0 Absence d'altération ou d'inflammation gingivale
Gencive
Tableau 1 Indice parodontal de Russell (1956) [16].
1 Inflammation légère ou modérée de la gencive n'entourant
pas complètement la dent
Score Critères
2 Inflammation légère ou modérée de la gencive tout autour
0 Gencive rose, sans signe d'inflammation de la dent
1 Gencive partiellement enflammée 3 Inflammation sévère de la gencive (rougeur marquée,
ulcération, saignement hémorragique)
2 Gencive enflammée tout autour de la dent
Niveau d'attache
6 Présence d'une poche parodontale
8 Mobilité dentaire entraînant une perte de fonction
4
5
Perte d'attache de moins de 3 mm
Perte d'attache de 3 à 6 mm
l
La moyenne des scores est ensuite calculée afin de définir le statut parodonlal : 0·0.2 : gen·
cive saine ; 0,3·0,9: gingivite; 1,0·1 ,9 : parodontite débutante; 2,0-4,9 : parodonlite établie ;
6 Perte d'attache de plus de 6 mm
5,0·8,0 : parodontite terminale.
CHAPITRE 19 - INDICES PARODONTAUX 153
1 Il Il t \
Sonde CPITN
Code 0 2 3 4
Bande noire Entièrement visible Entièrement visible Entièrement visible Partiellement visible Invisible
Saignement Non Oui léger Oui+ tartre Oui + tartre Oui+ tartre
Information
Hygiène Traitement
Traitement sur l'hygiène Détartrage Surlaçage
buccodentaire complexe
buccodentaire
Figure 1• Indice CPITN (Community Periodontallndex for Treatment Needs). (D'après Ainamo et al. , 1982 [2].)
aux autres i nd ices, l'indice CPITN ( Commu11ity Periodolltal lndex of T 1 <!'li•• ota Indice de mobilité de Miller (1950) [12].
7i·eatment Neec/s) mesure di rectement les besoi ns thérapeutiques des
Score 0 : pas de mobilité détectable après application de forces
populations. L e sondage s'effectue uniquement sur certaines dents à
physiologiques
l 'aide d'une sonde CPITN (bande noire entre 3,5 et 5,5 mm). Chez Score 1 : mobilité légère et perceptible
les sujets âgés de 20 ans et plus, les dents examinées sont : 17, 16, Score 2 : mobilité vestibulopalatine/linguale s 1 mm
11, 26, 27, 37, 36, 31, 46 ct 47. Chez les sujets plus jeunes, 1'examen Score 3 : mobilité vestibulopalatine/linguale > 1 mm et axiale
porte seulement sur six dents : 16, 1 1, 26, 36, 3 1 ct 46 13 ]. Si aucune
dent de l ' index n 'est présente sur le sex tant, le sondage s'effectue
sur toutes les autres dents du sextant. En pratique cliniq ue, l'examen Indice de mobilité de Lindhe (1997) [9].
porte sur toutes les dems, mais le score le plus élevé dans chaque
sextant est retenu pour coder le patient [51 . L'indice C PLTN est beau- Score 1 : mobilité légère < 1 mm
coup plus sensib le que l ' ind ice parodontal de Russell quand i l est Score 2 : mobilité horizontale > 1 mm
uti l isé afin de déterminer les besoi ns en traitement l6]. Score 3 : mobilité horizontale > 1 mm et mobilité axiale
Les limites de l ' indice CPITN sont l ' absence d 'évaluat ion de la
perte cl'allachc ct de la mobilité dentai re ct, par définitio n, son utili-
satio n en bouche partielle. Bien qu'il s'agisse d'un ind ice définissant mobilité sont donc plus des facteurs de diagnost ic, car une mobil ité
les besoi ns en traitement des populations (treatme/11 neecls ITNI), dentaire doit allirer l 'œil du clinicien, que des facteurs de pronostic
il est régulièrement utilisé à des fins diagnostiques, à tort. Enfin, il en termes de survie dentaire. La mobilité est ainsi essentiellement
sous-entend qu'une dent avec une poche parodontale (code 3 ou 4) un indice clinique.
doit également avoir du tartre (code 2) et un saignem ent au sondage
(code 1), ce qui n'est pas toujours véri fié 17, 8].
... ~INGIVITI=S
Il existe une hétérogénéité dons la distribution des formes Depuis le modèle de la g ingivite expé rime ntale de Lüc L22J, il
des maladies porodontoles entre les différents pays et est admis que la présence du biofilm bac té rien , c t donc indirecte-
parfois ou sein d 'un même pays. ment l' hygiène orale, est à l'origine de l'inOammatio n gingivale.
La prévalence et la sévérité des maladies porodontales Cepe nda nt, l'évaluation clinique de cette inOamma tion ne suffit
sont plus élevées dans les pays en voie de développe- pas à poser le d iagnostic de g ingivite car les s ignes inOammatoires
ment. doivent être présents e n l' absence de perte d'attache (c'est-à-dire
c hez des sujets inde mnes de parodontitc), donc avec un niveau d ' at-
La prévalence et la sévérité des parodontites chro-
niques augmentent avec l'âge. Les hommes sont plus tache stable dans le temps. Le d iagnosü c de g ing ivite exclut celui de
fréquemment atteints que les femmes. parodontite. Les e nquê tes de prévalence, mê me s i e lles renseignent
s ur les niveaux d'attache, ne peuvent, du fait de leur plan expéri-
La prévalence des parodontites agressives est faible
mental transversal, évaluer les pertes d ' attache. Ce sont elles cepen-
( < 5 %) contrairement à celle des parodontites c hro-
niques (47% environ). dant qui fourni ssent les données é pidémio logiqucs sur les g ingivites.
JI est donc diffici le d 'avoir des données précises sur la prévale nce
spéc ifique des g ingivi tes. Le plus souvent, c'est le score C PJTN
La conna issance de la prévale nce' d' une ma ladie est de la plus (Community Periodonta/ l11dex of Treatment Needs) qui est utilisé
haute importance en te rmes de po liti que de santé car la proportion afin d'estime r cette prévale nce. Comme nous l' avons déj à souligné,
de s ujets a tle ints, la grav ité e t les conséq ue nces de la ma ladie le score CPITN est un indice d 'évalua tion de besoins e n traiteme nt,
perme ttent d 'évalue r les besoi ns e n traite ment e t e n spécialistes, e t il est peu adapté au diag nostic. Cependant, il reste presque tou-
l' inté rê t e t la nmure de la pri se en c harge financ iè re de ces trai - jours utilisé dans les é tudes é pidé miologiques pour estime r la préva-
te me nts et l'opportunité de la mise e n p lace d ' une politiq ue de le nce des gingivites car il est rapide à calcule r, cc q ui réduit la durée
prévention . c t le coOt de ces é tudes.
..... PARODONTITES
Difficultés d'établir la prévalence
Hr'.;rr --:..néiV d;- c--
des maladies parodontales
Le premier problè me re pose sur l'hétérogéné ité de la dé fi-
nition des cas [291 c t inOuence directe me nt la prévale nce L1OJ.
JI ex iste un grand nombre d 'études déc rivant la prévale nce ct la
Selo n Je Dictionnaire d 'épidémiologie édité par l' /11/ernationa/
sévéri té des maladies parodontales au sein des diffé re nts pays, mais
l:.pidemiological Association L27], un cas e n é pidé miologie est une
un certain nombre de diffic ultés se présente nt lorsq u' il s'agit de réa-
personne dans une population ou dans un groupe, ide ntifiée comme
lise r un travail de synthèse sur le sujet.
présentant spécifiq ue ment la maladie, les troubles ou l' éta t faisant
l'objet de l'étude. La dé finiti on épidémiologiquc d' un cas n'es t pas
1. Maladies ou malades présents à un moment donné dans une population. obligato irement la mê me que la défi nition clinique habi tuelle (voir
156 PARTIE 5- ÉPIDÉMIOLOGIE ET RECHERCHE CLI NIQUE
c hapitre 14). Si to us les aute urs s'accordent g loba le me nt sur la di f- de nee car e lles date nt de plus de 20 a ns. E lles montrent que 44 %
férence de défin ition e ntre gingivites (innammntion a vec absence des 15 132 sujets examinés ct âgés de 18 à 64 a ns o nt un saignemen t
de pe rte d'attac he) e t parodontites (présence de pertes d'attaches), au sondage au niveau d ' un s ite intcrprox ima l, contre 47 %chez les
la sévérité et l'é tendue des maladies parodontales diffèren t souvent 5 686 suje ts âgés de 65 ans ct plus L81. Cela laisse entendre un taux
e n fonction des études. Il es t clair que cette absence de dé finiti on de ging ivites légère me nt plus élevé c hez les sujets de pl us de 65 ans.
précise impacte les besoins en traite ment en les d iminuant ou e n les Dans une é tude réalisée chez 3 694 Argentins âgés de 18 à 84 ans, on
majorant a u sein d ' une population. La conférence internationale de a observé que 17,2% des sujets présenta ient un saigne ment au son-
consensus de 1999 s ur la classification des maladies parodoma les dage, sans poche parodontale ni dépôt de tartre, et q ue 38,3 % des
fait e ncore aujo urd ' hui autorité 141. mais la défi nition des cas de s uje ts présentaient les mêmes carac té ristiques mais avec présence
pa rodontitcs n'est pas adaptée à l' épidé miolog ie. Depu is quelques de tartre associée [28). Les résulta ts de cette é tude s uggèrent u ne
an nées, de plus e n plus d 'études ut il isent la dé fi nitio n des centres de association e ntre saigne ment el présence de tartre.
contrôle c t de préventio n des maladies amé ricains ct de l' Associa- En France, la National Periodo11tal and 5)'sremic Examinarion
tion américaine de par·odontologic (Ce11rersjor Disease Comrol a11d Survey (NPAS ES 1), e nquête nationale représentati ve réalisée e ntre
Prevellfion ; Americw1 Academy of Periodonrolo!iy [CDC-AAP I) 2002 et 2003 c hez 2 144 sujets âgés de 35 à 64 ans, a observé dans
[ 13, 251 (voir Tableau 14- Y). un sous-échantillon de 1 744 suje ts que plus de 69 % des individus
présentaient un saigne me nt a u sondage ou un saig ne me nt spontané
_, __
Chevauchement des parodontites chroniques [24 1. Ces données mo ntre nt que la prévalence de l' innam ma tion gin-
givale est très é levée e n France. En Suède, 4 1 %des s ujets âgés de
plus de 20 ans avaient e n 1973 une g ingivite, définie par la présence
Le deuxième problè me est la possibilité de recouvreme nt e ntre de plus de 12 si tes avec un saigne ment a u sondage dans les secteu rs
les parodontitcs c hroniques et agressives depuis l'éliminat ion de pré molai re e t mo laire, contre 18% en 2003 11 8]. L'ensem ble de ces
l' âge comme critè re princ ipa l du diagnost ic diffé re ntiel. Il ex iste résultats ind ique nt une te ndance à la d imi nution de la préva le nce de
une << zone grise », diffic ile à évalue r mai s non négligeable, e ntre la g ingivite dans les pays industrialisés.
les deux formes de malad ie. Seu l l' âge perme t d 'o riente r cffi cace- Corbet e t al. ont observé sur un échantillon de plus de 2 800Chi nois
melll le diagnostic lors des e nquê tes é pidé rniologiques, qui sont par adultes que 65 % des suje ts figés de 35 à 44 ans et 55 % des sujets
nature transversales e t ne pe rmette nt pas d'évalue r la perte d' attache i\gés de 65 à 74 ans é taient a tteints d ' une gi ngivi te 19]. En Australie,
clinique da ns le te mps. Les parodontites agressives se rencontrent la Natio11al Survey of Adulr Oral 1-/ealrh (NSAOH , 2004-2006) a
pré fé re ntie llemen t c hez le suje t jeune, alors que les formes c hro- montré que 20 % environ des sujets âgés de pl us de 15 ans présen-
niques se re trouvent le plus sou ven t c hez le s ujet adulte. De manière taient un s aignement au sondage ou un saig ne ment spontané 15 1. La
généra le, on cons idère que les parodont itcs agressives concernent ju xtapos ition de ces de ux de rn ières é tudes illustre la grande varia-
les suje ts de mo ins de 35 ans, même si d ' autres dé finitions é pidé- bilité des do nnées associée au pays, mais a ussi à la méthode d 'éva-
miolog iques ont é té proposées Il l ]. Dans de rares cas, la forme luation de la maladie. Cette derniè re remarque est confirmée par la
agressive pe ul parfoi s atte indre des sujets plus i\gés ; tout comme Figure 20- 1 qui re pre nd les principales données de préva le nce des
des e nfants ou des adolescents pe uvent à l' inverse ê tre atte ints d'une
parodontitc chronique. De plus, la parodontite agressive regroupe
sché matique me nt les anc ie nnes appe llations de « parodo ntite à pro-
gression rapide » c t de << parodontite juvéni le », mais il ex iste lit (/) 80
2
·:;; 70
e ncore des exceptions, c t l' une ou l' autre des a nciennes appellatio ns
peut dans certains cas ê tre assoc iée ii une parodontite c hronique. ë3l 60
c:
'51
(/) 50
Ql
"0 40
Ql
(.)
Le troisiè me problè me est plus spécifique des parodo ntitcs agres- c: 30
Ql
s ives. Celles-ci sont pe u fréque ntes tandis q ue la prévalence des (ij 20
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parodontites c hro niq ues est au contraire é le vée. En conséq ue nce, le ...
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a. 10
nombre d 'études inté ressant les parodontitcs agressives est limité
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comparativeme nt à celui traitant des pa rodontites c hroniques, ct les
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travaux sur les parodontitcs agressives sont g loba le me nt pe u puis-
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sants compte te nu de la fa ib le taille des échamillons. Enfin, la plu- '? % ~
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part des études traitant des parodontites agressives sont anté rie ures à
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la classification internatio nale des maladies parodontales de 1999, e t .....(:::. 11: % ~ % 't
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par conséquent utilisent les anc ie nnes appella tions de << parodontitc % ?,. ç, (0 '§.
à progression rapide » et de << parodontitc ju vénile » . Les e nquê tes '§. % :::-
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de prévale nce a nté rieures à la c lassifi catio n de 1999 se lim ite nt à ~
l' e nfant e t à l' ado lescent , cc q ui sous-estime probable me nt la préva-
le nce des parodont ites agressives. Prévalen ce des g in givites par pays. Les cas de gin-
givite sont définis soit par la prése nce d'un saignement au sondage
(rose foncé), soit par un score CPITN de 1 e t 2 (rose clair), soit par
un indice gingival s upé rieur ou égal à 2 (gris). Brown [8], n = 15 132,
Épidémiologie des Qinqivites âge = 18 à 64 ans ; Roma ne lli [28), n = 3 694, âge = 18 à 84 ans ;
Mattout [24), n = 1744, âge = 35 à 64 ans ; Hugoson [18), n = 903 e n
2003, âge = 20 a ns e t plus ; Corbet (9), n = 2 858, âge = 35 à 44 a ns
Les données brutes issues de la Nario11al Survey of Oral Necllril e t 65 à 74 ans ; ARCPOH (Australian Research Centre for Population
sont classiqueme nt c itées mais doivent être inte rprétées avec pru- Oral Health), n = 4 967, âge= 15 ans e t plus.
CHAPITRE 20- ÉPIDÉMIOLOGIE DES MALADIES PARODONTALES 157
g ingivites dans les pays précéde mme nt c ités. On observera que cette cas de pnrodontitc sévère localisée ou géné ralisée contre 46 % pour
prévalence est partic ulière me nt sensible à l'indice d ' innammation les adultes âgés de 55 à 64 a ns. Les ho mmes é taie nt égaleme nt plus
e nregistré c t au nombre de sites inflammato ires co nstituant le seuil souvent attei nts que les remmes (58 % des cas de parodontite sévère
de la maladie . localisée ou généralisée contre 42 % pour les fe mmes) [6, 7]. Dans
En résumé, les g ingivites unique ment associées à la plaque sont d ' autres pays d'Europe, te ls que l'A lle magne, les données issues de la
moins fréque ntes que celles associées à la présence de tartre. C hez cohorte SI-IJP montre nt que 34 % des adultes âgés de 30 à 39 a ns ont
l'adulte, leur prévale nce est augmentée après 65 ans. Les taux de au moins un site avec une perte d 'attache de 5 mm ou plus contre 78 %
g ingivite sont sensibles à la mé thode e mployée pour établir le diag- c hez les adultes âgés de 50 à 59 a ns e t 88 %chez les adultes figés de
nostic. Les g ing ivites pourraient ê tre en voie de d im inution dans les 70 à 8 1 ans [ 17]. En Suède, e n 1973, 1 % des adultes de plus de 20 ans
pays industria li sés. avaie nt une perte osseuse alvéolaire sur 80 à 100 % des dents dépas-
r
sa nt les deux tie rs de la hauteur rad ic ulaire contre 4 % en 2003 18 1.
En dehors de l'Europe, une enquête nationale brésilienne réalisée e n
2002-2003 chez plus de Il 000 sujets âgés de 35 à 44 ans a montré que
Épidémiologie des parodontites 9% des adultes avaient a u moins un s ite avec une profondeur de poche
chroniQues et une perie d'auache de 4 mm ou plus ( Il , 1 %chez les hommes ct
7,9% chez les femmes) 1261. Une e nquê te é pidémiologique menée e n
En 1990, les données classiques de la Na tional S111·vey of Oral C hine du S ud et publiée e n 2001 a montré que 36 % des adultes âgés
11ealtll indique nt que 14 % des e mployés nord-amé ricains âgés de de 35 à 44 ans (11 = 1 572) avaient au moins un site avec une pro ronde ur
18 à 64 ans avaielll au moins une de nt qu i présentait une pro ro ndeur de poche de 4 mm ou plus, contre 44 % dans la tranche 65-74 a ns (11
de poche de 4 mm co ntre 22 % c hez les suje ts âgés de 65 a ns c t = 1 286) f9]. En Australie, une é tude nationale (NSAO I-1) a montré
p lus. Dans cette é tude. 24 % des suje ts âgés de 18 à 64 ans a va ie nt que 24 % des sujets âgés de 35 à 54 a ns (26 % c hez les sujets âgés de
au moins un s ite avec une pe rte d ' a ttache de 4 mm ct p lus contre 75 ans e t plus) avaie nt au mo ins un s ite avec une profondeur de poche
68 % c hez les suje ts âgés de 65 ans ct plus 181. Ces données tendent de 4 mm ou plus e t 49 % (8 1 % pour les sujets âgés de 75 a ns e t plus)
à prouve r q ue la prévalence de la parodo ntite augme nte avec l' âge. avaie nt au moins un site avec une perte d ' attache de 4 mm ou p lus.
Selon la National 11ealtll and Nutrition Examina/ion Su1vey En re pre nant la classilicalio n de la sévérité des parodo ntites selon le
(NI-lANES Ill), e nviron 35 % des adultes âgés de plus de 30 a ns C DC-AA P [25], 24,5 % des adultes âgés de 35 à 54 ans ct 60,8 % des
é taie nt atteints de parodontite e ntre 1988 et 1994, dont 3, 1 % de paro- adultes âgés de 75 ans e t plus étaie nt atteints de parodontite modérée
dontite sévère et 9,5 % de parodontite modérée. Plus de 50 % des ou sévère [5]. Ces do nnées confirme nt l' augme ntation de la prévalence
sujets avaiclll au mo ins une de nt avec une perte d ' attac he de 3 mm avec l'âge, indépcndummenl du pays co nsidéré.
ou plus, c t 64 % une poche parodontale de 3 mm ou plus. C hez les Le Tableau 20-1 déc rit les princ ipa les études épidémiologiques e t
30-39 ans, 22 % des sujets avaie nt au moins un site avec une pro fo n- compare la prévale nce des parodontitcs c hroniques emre les pays. Il
de ur de poche de 4 mm ou plus [3). Plus récemment, la cohorte natio- illustre la diffic ulté d 'établir des comparaisons e ntre les pays, e t au
nale NI-lANES 2009-20 10 a mis e n évidence, à partir d ' un échantillo n sein d ' un même pays à travers le te mps.
de 3 742 sujets, que plus de 47 % d'adultes de plus de 30 a ns, cor-
respondant à plus de 64,7 millions d 'adultes nord-américains, étaient
atteints de parodontite 1121. La ré partition é tait la suivante : 8,7 %
des adultes étaie nt atteints d'une parodom itc légère, 30 % d ' une paro-
Épidémiologie des parodontites
dontitc modé rée et 8,5% d' une parodontite sévère, selon la défin it ion agressives
des centres de contrô le el de prévention des maladies amé ricains et
de l'Association amé ricaine de parodonto logie (CDC-AA P) 125 1. Par La prévalence des parodontites agressives est raible. Il existe un
ai lleurs, 32,9 % des sujets âgés de 35 à 49 ans présentaient au moins rappo rt d' un à dix entre la prévale nce des parodontitcs c hro niques
un site avec une pe rte d ' attac he de 5 mm o u plus contre 67% chez les e t la prévale nce des parodontites agressives. Pa r conséquent, pe u
adultes figés de 65 a ns ou plus. De même, 52 % des hommes avaient d 'études traite nt spécifiqueme nt des paroclontites agressives et beau-
au moins un s ite avec une pe rte d 'attache de 5 mm ou plus contre coup ont é té réali sées sur de pe tits échantillo ns.
35 %chez les femmes. Lorsque l' on s' intéresse à la prurondcur de Aux États-Unis , une é tude réalisée s ur plus de 1 1 000 enrants
poche, 9,5 % des adu ltes figés de 35 à 49 ans avaient au moins un âgés de 14 à 17 a ns a montré que la préva le nce des parodontitcs
site avec une pro fo nde ur de poche de 6 mm ou plus contre 13 % des agressives locali sées é tait de 0 ,5 % e t celle des parodontites agres-
adultes figés de 65 ans ou plus, avec une rréque nce plus élevée c hez les sives gé nérali sées de 0, 1 % [2 11. Dans une é tude réalisée sur plus de
hommes ( 15,7 %) que chez les fe mmes (6,4 %). 14 000 e nrants âgés de 13 à 17 ans, Al bandar c t a l. ont observé une
En résumé, ces é tudes confirment l'augmentation de la prévale nce prévalence plus importante des parodontites agressives locaJisécs
de la parodontite c hronique parallèlement à l' âge. Elles montrent une ( 1,0 %) e t généralisées ( 1,6 % ) chez les A fro-A mé ricains que chez
prévalence importante q uelle q u'en soit la définit ion et une fréquence les 1-lispano-Américains (0,3 % ct 0,2 % respectivement) et chez
plus impo rtante c hez les sujets de sexe masculin. les A mé ricains bl ancs (0,05 % e t 0,0 1 %) . Par aille urs, les suje ts
En France, l'enquête nationale NPASES l réalisée e n 2002-2003 a âgés de 16 à 17 ans é taie nt plus fréque mme nt atte ints de parodonti tc
montré que 18,7 % des 2 132 adultes âgés de plus de 35 ans présen- ag ressive local isée (0,3 %) o u généralisée (0,5 %) que les sujets âgés
taient plus de 30 % des sites avec une pe rte d 'attac he de plus de 5 mm, de 13 à 15 ans (0,2 % pour les fo rmes local isée o u généra lisée) 121.
ce qui correspond à la définition de la parodontitc sévère généralisée A u Brésil, à partir de radiographies ré tro-coronaires bite-wi11g,
selon la classification de 1999 des maJadies parodontalcs de l' AAP. Gje rmo el al. ont mo ntré chez 2 14 adolescents âgés de 15 ans que
Pa rmi les autres suje ts atteints, 26,8 % présentaie nt plus de 30 % de 3,7 % présentaie nt une perte osseuse liée à une parodont ite agres-
sites avec une perte d ' attac he de 1 à 2 mm (parodontitc légère géné ra- s ive c t que 50 % des lésio ns osseuses observées éta ie nt localisées a u
lisée) c t 25, 1 % une perte d 'attac he de 3 it 5 mm (parodontite modé rée niveau des pre miè res molaires 114 ]. Au C hili , une étude réalisée à
géné ralisée) . Les adu ltes figés de 35 à 44 a ns représentaie nt 22 % des partir d ' un échanti llo n de 2 500 écolie rs âgés de 15 à 19 ans observe,
158 PARTIE 5 - ÉPIDÉMIOLOGI E ET RECHERCH E CLIN IQ UE
Brown et al. États-Unis 15 132 18-84 Non Au moins un site avec : Au moins un site avec CAL
(NIDR), CAL <:3 mm <:3 mm :43%
1985-1986 [8) PPD <: 4 mm Au moins un site avec PPD
CAL <:5 mm <: 4 mm: 13,4 %
Au moins un site avec CAL
<:5 mm: 12,8 %
Albandar et al. États-Unis 9 689 30-90 Non Parodontite légère : <: 1 dent avec PPD Parodontite légère : 21,8 %
(NHANES Ill), <: 4 mm ou <: 1 furcation de classe 1 Parodontite modérée : 9,5 %
1988-1994 [3) Parodontite modérée : au moins 1 dent Parodontite sévère : 3,1 %
avec PPD <: 5 mm ou 2 dents avec
PPD <: 4 mm ou <: 1 furcation de
classe 1 avec PPD <: 3 mm
Parodontite sévère : au moins 2 sites
avec PPD <: 5 mm ou au moins
4 sites avec PPD <: 4 mm ou 2 1
furcation de classe Il
Eke et al. États-Unis 3 742 30+ Oui CDC/AAP [23) Parodontite légère: 8,7 %
(NHANES), Parodontite modérée : 30,0 %
2009-2010 [12) Parodontite sévère : 8,5 %
Bourgeois et al. France 2 144 35-65 Oui Classification internationale {1 999) (4) Parodontite légère généralisée :
(NPASES 1), 26,8 %
2002-2003 [7] Parodontite modérée
généralisée : 25,1 %
Parodontite sévère généralisée :
18,7 %
Holtfreter Allemagne 3 552 20+ Non CDC/AAP [23) Parodontite légère: 49,1%
et al. (SHIP), Parodontite modérée : 33,3 %
1997-2001 [17) Parodontite sévère : 17,6 %
Hugoson et al., Suède 589 20+ Oui Examen radiographique Gat 1 (ABL < 1/3 radiculaire) :
2003 [1 8) 28%
Gat 2 (ABL entre le 1/3
et les 2/3 radiculaires) : 7 %
Gat 3 (ABL > 2/3 radiculaire) : 4 %
Peres et al., Brésil 11 342 35-44 Non Au moins 1 site avec PPD <: 4 mm 9%
Brazilian Oral et au moins 1 site avec CAL 2 4 mm
Health Survey,
2002-2003 [26)
Corbet et al. , Chine 2 858 35-44 Non pour CPITN CPITN = 3:
1997 [9] (n = 1 572) les 35-44 ans 35-44 ans : 32 %
65-74 Oui pour 65-74 ans : 37 %
(n= 1 286) les 65-74 ans CPITN = 4
35-44 ans : 4 %
65-74 ans: 6,5 %
ARCPOH Australie 4 967 15+ Oui CDC/AAP (parodontites modérée CDC/AAP:
(NSAOH), et sévère) [23] 35-54 ans : 24,5 %
2004-2006' [5) Au moins un site avec CAL 2 4 mm 55-74 ans: 43,6%
75+: 60,8 %
CAL 2 4 mm:
35-54 ans : 48,8 %
55-74 ans : 73,0 %
75+: 80,5%
• : Elfeclils por sous·calégories d'âge non disponibles ; ARCPOH : Austrafian Researcl> Contre for Population Oral Heall/1.
ABL: alveolar bane leve/ (niveau osseux alvéolaire) présent sur 80% à 100 % des denis; CAL: clinicaf attachment leve/ (niveau d'allache clinique); PPD : profondeur de poche.
après un examen c linique ct radiologique, 0,3 % d'enfants atteints montré après examen clin ique et radiographique une prévalence des
d ' une parodontitc agressive 123J. parodontitcs agressives de 0,5 % [1 9]. En Israël, L cvi n ct al. ont
En F inlande, une étude réalisée sur des adolescents âgés de 16 ans observé à partir d' un échantillon de 642 mi litaires âgés de 18 à 30 ans
a montré, à partir de c l ichés retro-coronai res (bite-IVing), une préva- que la prévalence des parodontites agressives localisées était de 4,3 %
lence des parodontites agressives de 0,1 % [30 [. et celle des fonnes général isées de 1,6% [20[.
E n Jordanie, une étude mult iccntrique i ndique une prévalence de Au Nigeria, Harley ct Floyd ont observé, à partir d'un examen
parodontitcs agressives de 2,2 % après sondage parodontal [ l j. A u c li nique ct radiographique réalisé sur un échantillon de 1 00 1 adoles-
Japon, une étude réalisée chez 64 1 étudiants âgés de 19 à 28 ans a cents âgés de 12 à 19 ans, une prévalence des parodontitcs agressives
r CHAPITRE 20- EPIDEMIOLOG IE DES MALADIES PARODONTALES
de 0,8 % 115 j. Enfin, au Maroc, une éwdc réa lisée chez 700 collégiens 3. Albandar JM , Brunclle JA, Kingman A. Destructi ve periodontal
159
indique que 2,6 % étaient aucints d'une parodontite agressive 1161. discasc in adults 30 ycars of age and oldcr in the United States,
En résumé, à la lumière des données lim itées do nt nous disposons, 1988- 1994. J Periodontol. 1999,70 : 13-29.
4. Armitagc GC. Dcvelopment of a classi fication system for periodon-
il semble sc dégager une te ndance vers une préva lence plus élevée,
tai diseascs and conditions. Ann Pcriodontol, 1999, 4 : 1-6.
bien que fa ible, dans les pays non industri alisés par rapport aux pays 5. Australian Rcscarch Centre for Popu lati on Oral Health. The
industri alisés. University of Adelaide SA : Periodontal diseascs in thc Australian
adult population. Aust Dent J, 2009, 5-I : 390-393.
6. Bouchard P, Boutouyrie P, Mattout C, Bourgeois O. Risk assess-
ment for severe clinical auachmcnt loss in an adult population. J
Conclusion Pcriodontol, 2006, 77: 479-489.
7. Bou rgeois D, Bouchard P, Mallout C. Epidemiology of pcriodontal
Il ex iste d' importantes disparités entre les di ffé rentes zones géo- status in dentale adults in France, 2002-2003. J Periodontal Res,
2007,42:2 19-227.
graphiques avec, de manière générale, des aueintes parodonta lcs plus
8. Brown LJ, Oliver RC, Loe H. Evaluating periodontal status of US
fréquentes el sévères dans les pays non industriali sés. Il existe égale- cmployed adults. J Am Dent Assoc, 1990, 121 : 226-232.
ment au sein d'une même aire géographique des inégalités entre les 9. Corbet EF, Wong MC, Lin HC. Pcriodontal cond itions in adult
groupes ethniques, les catégories d'âge et le sexe ; la prévalence et Southcm Chincsc. J Dent Res, 2001,80 : 1480- 1485.
la sévérité des maladies parodontales étant globalement moins fortes 10. Costa FO, Guimaraes AN, Cota LO, et al. Impact of difTerent perio-
chez les Caucasiens, chez. les sujets jeunes et chez les femmes. Il y a dontitis case dctinitions on perioclontal rcsearch. J Oral Sei, 2009, 51 :
199-206.
donc une grande hétérogéné ité clans les résultats des études épiclémio-
Il. Dcmmcr RT, Papapanou PN. Epidemiologie patterns of chronic and
logiqucs évaluant la prévalence ct la sévérité des maladies parodon- aggressivc pcriodontitis. Pcriodontol2000, 2010,53: 28-44.
tales d ' un pays à l'autre ct parfois au sein d' un même pays. 12. Eke Pl, Dye BA, Wei L, et al. Prevale nee of pcriodontitis in aclults in
Celle hétérogéné ité, souvent auri buée il une variabilité génétiq ue, the Un ited States: 2009 aud 20 10. J Dent Res, 20 12,91 :9 14-920.
est égale ment liée aux inégalités entre les pays clans la distribution 13. Ekc Pl , Page RC, Wei L, ct al. Updatc of the case defini tions for popu-
des facteurs ou indicateurs de risque associés aux maladies pm·oclon- lation-bascd surveillance of periodontitis. J Pcriodontol, 20 12, 83 :
1449- 1454.
tales, aux d ifférences entre les différentes politiques de prévention
14. Gjermo P, Bellini HT, Pereira Samos V, et al. Prcvalence of banc
ou à l'ancienneté de l'étude. Des raisons méthodologiques comme Joss in a group of Brazilian teenagers assessed on bitc-wing radio-
les critères utilisés pour définir la malad ie parodontale q ui varie nt graphs. J Clin Pcrioclontol, 1984, Il : 104-1 13.
souvent d' une étude it l'autre, les méthodes d'examen (examen en 15. Harley AF, Floyd PD. Prcvalcnce ofj uvcnilc pcriodontitis in school-
bouche partie lle o u complète) et la représentativité des échantillons children in Lagos, Nigeria. Community Dent Oral Epidemiol, 1988.
peuvent être aussi mises e n cause. /6: 299-301.
16. Haubck D, Ennibi OK, Poulsen K, ct al. Risk of aggrcssive perio-
dontitis in adolescent carriers of the JP2 clone of Aggrcgatibacter
(Actinobncillus) actinomycctcmcornitans in Morocco : a prospec-
tive longitudi nal cohort stucly. Lancct, 2008, 371(9608): 237-242.
Si l'étude de la prévalence et de la sévérité des maladies 17. l loltfreter B, Schwahn C, Biffar R, Kocher T. Epidcmio logy of
parodontales n'a pas d'implication clinique directe. elle pcriodontal diseascs in the Study of 1-lcalt.h in Pomerania. J Clin
permet de mettre en évidence des Inégalités de distribu- Periodontol, 2009, 36: 114- 123.
tion et d'identifier certains facteurs et indicateurs de risque. 18. Hugoson A, Sjodin B, Nordcryd O. Trends ovcr 30 years, 1973-
2003, in the prcvalcnce and scvcrity of periodontal diseuse. J Clin
La connaissance de ces facteurs et indicateurs de risque
Pcriodontol, 2008, 35 : 405-414.
peut aider à identifier des groupes ou sujets à risque.
19. Kowash i Y. Prcvalencc of juven ile pcriodontitis among students at
comme certains g roupes ethniques. et aider au diag- Nagasaki University. Ad v Dent Res, 1988, 2 : 395-396.
nostic différentiel. Le contrôle ou la suppression de ces 20. Lcvin L, Baev V, Lev R, ct al. Aggressive pcriodontitis arnong
facteurs et indicateurs de risque permet d 'améliorer le young lsraeli army personnel. J Pcriodontol, 2006, 77: 1392- 1396.
pronostic de traitement des sujets atteints. 2 1. Loc H, Brown LJ. Earl y onset perioclontitis in the United States of
Les facteurs socioéconomiques semblent expliquer une America. J Periodontol, 1991, 62 : 608-616.
grande partie des d isparités dans la d istribution et la 22. Loe H, Theilade E, Jensen S B. Experimental Gingivitis in Man. J
sévérité des maladies parodontales entre aires géogra- Pcri odontol,l965,36: 177- 187.
phiques et groupes ethniques. 23. Lopcz NJ, Rios V, Pareja MA , Fcrnanclez O. Prcvnlcnce of juvenile
periodontitis in Chile. J Clin Pcriodontol, 1991, 18:529-533.
24. Mallout C, Bourgeois D, Bouchard P. Type 2 diabctes and perio-
donwl indicmors: cpidemiology in France 2002-2003. J Periodontal
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aggressive periodonti tis. Periodontol 2000,2010,53: 28-44. 26. Peres MA, Antunes JL, Boing AF, ct al. Skin colour is associated
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Impact médico-économique
des maladies parodontales
Adrien Baillot, Cyrille Co/liat, Denis Bourgeois
rer pour plus de détails (voir partie 8). Deux maladies domi ne nt le
tableau : les maladies card iovasculai rcs et les diabè tes.
Les maladies parodontales touchent une grande partie Il ex iste un fort niveau de pre uve mo ntrant une associution e ntre
de la population. Les besoins en traitements parodon- parodontitc ct maladies card iovasculaires [4, 33]. Chez les s uje ts
taux sont importants et s'accroissent avec l'âge. attei nts d'une maladie parodontale, le risque de survenue d ' un évé-
Les maladies parodontaies sont associées à d 'autres neme nt cardiovasculaire est augmenté de 15 à 19 % el celui d' un
maladies. comme le diabète et les maladies cardio- r
acc ident vasculaire céré bra l de 13 à 185 % 16, 17 J comparati ve-
vasculaires. me nt aux sujets parodontalc mcnt sa ins. L' aug me ntation de la c harge
La prévention et le tra itement des maladies parodon- bactérie nne parodontopathogène s' accom pagne d'un épaississeme nt
tales chez les patients atteints de maladies systémiques de l'épaisseur intima-méd ia 110] qui est un indicateur diagnostique
associées aux maladies parodontales pourraient contri- ct non invasif de l'athérosclérose. Une étude d 'intervention a mo n-
buer à diminuer la morbidité de ces maladies associées. tré que le tra iteme nt parodontal joue un rôle protecteur vis-à-v is du
Les coûts engendrés par la prévention e t le traitement risque ca rd iovasc ulai re c hez les sujets allcints d ' une maladie paro-
des maladies parodontales sont importants. dontalc, e n a méliorant la fo nctio n e ndothéliale et en d im inua nt la
concentration des marqueurs de l' innammation 1321.
La barrière financière est la premiè re cause de renonce-
ment aux soins. L' association bidirectio nnelle entre parodontites et diabètes est
établie 171. Les m aladies parodonta les sont cons idé rées comme
la s ix iè me complication du diabète 1241. Un fai ble contrô le de la
L'évalua tion de l' impac t médico-économiquc d'une maladie glycémie c hez des sujets alle ints de d iabète de type 1 ou de type U
prend en compte Lrois paramè tres ( Figure 21- 1) : accélère la destruction parodontale c hez les sujets déjà allcints
d' une parodontitc 191. Réciproq uement, la sévérité du diabète est
- les lie ns unissant celle maladie avec d 'autres maladies;
plus importante chez les sujets alleints d ' une parodontitc 1181, ct
- la prévale nce de celle mal adie et les besoins tJ1érapeutiqucs
tout comme pour les maladies card iovasculaires, le traite me nt paro-
associés;
donta l a des e ffets bé néfiques en a mé lio rant, c hez les suje ts diabé-
- les coûts liés au traite me nt de cette maladie e t la consommat io n tiques, le contrôle de la g lycém ie 13 11. Les études d ' inte rvention
en soins. cons tatent une réduction de 0,4 % du taux d 'hémoglobine g lyquée
chez les patients diabétiques 3 mois a près un traite me nt parodontal
non chirurg ical [7 j.
Associations entre maladies En ce qui concerne l'association po tentielle avec d ' aut res affec-
tions, des é tudes ont mis e n évide nce des re lations entre maladies
parodontales et autres maladies parodontalcs ct polyarthrite rhumatoïde, maladies ré na les c hro-
niques, obésité et syndro me mé ta bolique. Des naissances prémat u-
L' associut ion e ntre malad ies pa rodonta les cl état général u fait rées, des nouveau-nés de petits poids (< 2,5 kg) ct la prééclampsie
l'obje t de nombreux travaux de pui s ces de rniè res an nées [ 191. Un ont é té associés à la présence d ' une paroclontite chez les femmes
c hapiu·e de cc livre lui est consacré et le lecte ur pourra s 'y réfé- e nceintes 1301.
CHAPITRE 21 - IMPACT MÉDICO-ÉCONOMIQUE DES MALADIES PARODONTALES 161
1
Maladies parodontales - Besoins thérapeutiques _ . Coûts thérapeutiques
Renoncements
aux soins
Maladies systémiques
Impact socio-économique d'une maladie : représentation schématique des paramètres à prendre en compte lors de son
évaluation.
À la lumière de ces travaux, le paradig me a changé : nous ne trai- Impact économique des maladies
tons plus seule me nt les maladies parodontales pour conserver les
dent s, mais po ur que nos patients restent en bonne santé. Cc nouveau parodontales
paradig me im pri me une nouvelle approche à l' évaluation médico-
écono miquc des maladies orales en général ct parodontalcs en par- Il existe assez peu de données s ur l'évaluatio n des coûts liés il
ticulier. la préventi on et au traite ment des malndies parodontalcs. La plu-
part des études ont été rénli sées aux États-Unis à partir d ' e nq uêtes
épidémiologiques nati onales . Les comparaisons éva luant l'impact
écono mique des malad ies parodontales e ntre les pays so nt diffi-
Prévalence des maladies ciles pour plusie urs raisons. Le acte urs impliqués dans le trai-
parodontales et besoins te ment des maladies parodo ntalcs d iffère nt se lon les pays. À ce
titre, la profession d ' hygié niste dentaire n'est pas reco nnue dans
thér eutiaues associés certains pays, comme en France o u e n Be lg ique. Les so urces
impl iq uées clans le finance ment des coûts liés à la pré vention ct
Aux États-Unis, 63,9 % de la po pulation présente au mo ins une au traitement des maladies parodonta lcs (couverture publique,
poche parodontale de 3 mm ct seulement S % des Amé ricains ne assurances privées et frai s restant ü la charge elu patient) di ffèrcnt
r
nécessite nt aucun traiteme nt parodontal 1]. À partir des données éga leme nt entre les pays.
de la NI-lANES (National 1-/ea/th and Nutrition Survey) 2009-2010,
Ekc ct a l. ont observé que près de 4 1 % des adu ltes américains de
plus de 20 ans avaient au moins un site avec une profonde ur de .... COÛTS LIÉS À LA PRÉVENTION DES MALADIES
poche de 4 mm o u plus 112j, tandis que plus de 60 % des Japo nais PAPODONTALES
de 65 ans ct plus aura ient au moins un site avec une profondeur de
poche similaire nécessitant un détartrage- s urfaçage radic ulaire 126 1. Selon l'American !-lean Association , les coûts enge ndrés par le
En France, une étude nationale a montré que près de 52% des sujets traitement des maladies cardiovasculaires (y compris les pertes de
âgés de 35 à 64 ans auraient au moins un site avec une profo ndeur productivité) avoi sinaie nt les 352 mi lliards de dollars en 2003 aux
de poche de plus de 3 mm [5]. États-Unis. Comme nous l'avons soulig né, les maladies parodon-
En co nclusion, si certains travaux semblent converger vers une talcs semblent constitllcr u n facteur de risque pour ce type de patho-
fai ble d iminution de la préva lence des maladies parodo nta lcs [5, log ie. llne enquête nationale réa li ée c hez Il 869 Écossais âgés en
151, les données les plus récentes, issues de dé finiti ons nouvelles moyenne de 50 ans a montré que le risque de maladie cardio vascu-
adaptées à l'épidémiologie, affim1ent l' importance du pourcentage laire était aug me nté chez les sujets ayant un brossage épisodique ou
de s uj ets atte ints de parodontite [12]. Ainsi, les besoins en traite- inexistant [8]. La prévention des maladies parodo ntales a donc un
ments parodo ntaux sont ct sero nt importants. Cela s'ex plique par le impact bien plus large que sur la seule s phère orale.
fa it que la prévalence et la sévérité des maladies parodontales aug- Une revue systé matique de la littérature a mo ntré que la réali-
mente nt avec l' âge I ll et que l' espérance de vie ne cesse d ' augmen- sation de détartrages fréquents par rapport à des détartrages occa-
ter, ainsi que l'exposition à certains facteurs ct indicateurs de risque sionnels était assoc iée à une meilleure santé parodontalc, bien qu' il
com me le tabag isme ct le stress. Aux États-Unis, la proportion de n'existe pas d 'essais cliniques de qualité s uffi sante pou r conclure
s ujets âgés d ' au moins 65 ans devrait augmenter de plus de 50 % avec certitude [2]. Aux États-Uni s, 9,8 mi ll iards de dollars o nt été
entre 2000 et 2020. dépensés dans la préventio n des maladies parodontalcs en 1999 [6].
162 PARTIE 5- ÉPIDÉMIOLOGIE ET RECHERC HE CLINIQUE
Pa r aille urs, après un traitement parodontal , le sui vi parodontal des adu ltes de plus de 65 ans 1111. L'enquête NH IS a montré que
s' inscrit clans le cadre de la prévention tert iaire e n permellant de 7 1 % des s ujets dentés de plus de 55 ans ont consulté un c hirurgien-
prévenir le risque de récidive. La stabi lité à lo ng te rme des résul- de ntiste au cours de l'année précédente e t que le motif principal
tats c liniques obtenus lo rs de la phase ac tive du traite ment dé pe nd de consultaüon é tait d iagnostique ou préventif. Cependant, c hez
de l'observance du patient lors de la phase de suivi 12 1, 22 1. Il est les sujets n' ayant pas consulté de c hirurgie n-de ntiste au cours de
très d ifficile d'évaluer les coûts e ngendrés lo rs de cette phase. Ils l'année précédente, la barrière économique était la principale raison
nuc tuc nt selon les pays L27 j e n fonction du pro fessionne l qui en a la de renoncement [25]. C hez les personnes handicapées ou à mobi lité
c harge: omnipraticien, parodontiste ou hygiéniste 1131. À l'échelle réduite, qui constitue nt égale ment une autre popu lation vu lnérable,
du pat ie nt, les coûts de suivi parodontal varie nt e n fonctio n de son le coût financier des soins dentaires est égale ment la principale bar-
statut parodontal initi al ct des traiteme nts réalisés 128]. Toute fois, riè re à l' accès a ux soins buccodcntaires [29].
les coûts plus élevés d ' un sui vi réalisé par un parodo nti stc s' accom-
pagne nt d ' une me illeure s tabilité de l' attache clinique 11 3] e t reste nt
néanmoins inférie urs aux coûts prothétiques pouvant être e ngendrés
en cas de survenue d ' un édcntc ment [281. La réalisation du questionnaire médical doit être rigou-
reuse a fin d'identifier les patients atteints d'autres
maladies .
.... COUTS LIÉS AU TRAITEMENT DES MALADIES
PARODONTALFS Les traitements parodontaux et le suivi ne visent pas seu-
lement à conserver les d ents mais aussi à maintenir les
Aux États-Unis, 4,4 mi lliards de doll ars ont é té dé pe nsés e n soins patients en b onne santé.
parodontaux (hors prévention) e n 1999. Les o mnipra tic ie ns ont En raison de l'augmentation de l'espérance de vie. les
réalisé 59,4 % des soins parodontaux (47 % des coûts totaux liés besoins en traitement parodontaux vont augmenter
a ux traite me nts parodontaux). La plupart des soins réalisés sont des dans un avenir proche.
dé tartrages e t surfaçagcs radic ulaires ( 1,5 millio n d 'actes sont réali-
sés par des parodontistes e t 9,4 millions par des omn ipraticie ns) c t
des soins de suivi (7,5 millions o nt été réali sés par des parodonüstes
et 5,2 millions par des o mnipraticiens). En revanche, les traiteme nts
parodontaux plus complexes comme les greffes g ingivales e t les Brown LJ , Johns BA, Wall TP. The economies of pcriodontal
cliscases. Periodontol 2000, 2002, 29: 223-234.
g reffes osseuses sont plus fréque mment réalisés par des par·odon-
tistcs (respectiveme nt 58 % ct 86 %) [6]. Plus réce mment, une étude
a montré e n Angleterre que les frai s e ngagés dans des traite me nts
parodontaux par les patients de plus de 65 ans avaient a ugme nté BlRIII""'~PAPI-ltt=
de 8,9 % e ntre 1999-2000 e t 2004-2005 c t que le nombre d 'actes
avait augmenté de 12,6 % e ntre ces de ux pé riodes (26,7 % c hez les 1. Albandar JM, Brune lle JA, Kingman A. Destructive pcrioclontal
85-99 ans) 1201. En conc lusion, les coûts associés aux traite ments discasc in adults 30 ycars of age and older in the United States,
pa rodontaux aug me nte nt, e n partic ulier c hez les pe rsonnes âgées, 1988- 1994. J Pcriodontol , 1999,70: 13-29.
2. Bcirnc P, Worthington I-I V, Clarkson JE. Routine scalc and pol ish
tandis que la prise e n charge financ ière des malad ies parodontales
l'o r periodomal health in adults. Cochrane Databasc Syst Rev, 2007,
n'évo lue pas et que l'espé ra nce de vie s' allonge. 4 : C D004625.
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4. Bouchard P, Boutouyric P, d'A iuto F, et al. European workshop in
En Anglete rre, une é tude na tionale a mo ntré que 26% des adultes periodontal health and cardiovascular discase consensus document.
ayant consulté un c hirurgien-de ntiste ont dû pré férer un traite ment European Hcart Journal. 12, supplement B, 20 10 ; B 13-822.
~ un autre po ur des raisons fi nancières et que 19 % nvaie nt retardé 5. Bourgeois D, Bouchard P, Mattout C. Epidemiology of' periodontal
des soins pour les mê mes raisons 114]. Aux États-U nis, l'enquê te status in dentale aclults in France, 2002-2003. J Periodontal Res,
2007,42: 2 19-227.
nationale NI-liS (National Nealth Interview Survey), réalisée chez
6. Brown LJ , Johns BA. Wal l TP. The economies of pe riodontal
des adultes de 18 à 64 ans, a révélé que 42 % des suje ts qui avaie nt discascs. Pe riodonto l 2000, 2002, 29: 223-234.
re noncé à des so ins buccodentaires au cours des s ix de rnie rs mo is 7. Chapplc ILC, Genco R, and on bchalf ofworking group 2 of the joint
l'avaie nt fa it pour des rai sons économi ques L3 1. Les premières EFP/AAP workshop. Diabctcs and periodontal discascs :consensus
a nalyses de données du programme e uropéen S HA RE (Survey of report of the Joint EFP/AAP Workshop on Pcriodontitis and Systc mic
Nealth, A fieing and Retirement in Eumpe; 26 525 adultes de 50 ans Diseases. J Clin Periodontol 20 13 ; 40 (Supp/14): S 106-S 112.
ct plus issus de 13 pays e uropéens) montre nt que ces inégalités !.l. de Oliveira C, Watt R, Hamc r M. Toothbrushing, inflammation, and
risk of cardiovascular disease: resu lts from Scottish l-lcalth Survcy.
socioéconomiques d'accès aux soins buccode nta ircs démarrent le BMJ, 2010,340: c245 1.
plus souvent dans l'enfance c t sc poursuivent to ut au long de la vie 9. Dcmmer RT, Holtfrctc r B, Dcsvarieux M, ct al. The influence of
123 1. Plus ie urs é tudes sc sont penc hées s ur le re no nceme nt aux soins type 1 and type 2 diabetes on periodontal disease progression :
buccodc ntaires c hez les personnes âgées. Ces patie nts accède nt e n prospect ive results from the Stucly of Health in Pomcrania (S HIP).
e ffet plus diffici le me nt au systè me de soins, alors que leurs besoi ns Diabctcs Care, 20 12,35: 2036-2042.
e n traite me nts parodonta ux ne cessent de croître. En effet, le pour- 1O. Dcsvarieux M, Dcmmer RT, Rundck T, ct al. Periodomalmicrobiota
and cm·otid intima-media thickncss: the Oral Infections and Vascular
centage d'édentés totaux te nd à diminuer depuis plusieurs années
Di scasc Epidemiology Study (INVEST). Circulation, 2005, Ill :
ct la prévale nce des maladies parodontales aug me nte dans ces caté- 576-582.
gories d'âge. Aux États- Unis, seule ment 10 % en moyenne des Il . Dolan TA, Atc hi son KA. Impl ications of access, utilization and
dé pe nses dentaires couvertes par les assurances pri vées concerne nt nccd for oral health carc by the non-institutionalizcd and institutio-
CHAPITRE 2 1 - IMPACT MÉOICO-ÉCONOMIQUE DES MALADIES PARODONTALES 163
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Pathogénie des maladies
parodontales
Direction scientifique : Philippe Bouchard
Microbiologie
Martine Bonnaure-Mallet, Julien Braux, Christian Verner, Christine Voha
pourquoi le milie u oral est le siège de deux grandes malad ies d 'étio-
Points clés
logie bactérienne : les maladies parodonta les ct les caries dentaires.
• La p laque dentaire est organisée en biofilm structuré
composé de micro-organismes et de matrice extracel-
lulaire (glycocalyx). ~ BACTÉRIES ORALES ET PATHOGÉNICITÉ
• La formation de tartre est toujours précédée par le L'étiopathogénie des malad ies parodontalcs laisse une large place
développement de la plaque denta ire qui constitue la
aux mic ro-organ ismes. Il est couramme nt accepté que les maladies
matrice organique pour la c alc ification.
parodontales sont liées à la colo nisation des espaces parodontaux
• La minéralisation du tartre suNient dans la matrice Inter- radic ulaires par des mic ro-organis mes ayant la capac ité d'entraîner
cellulaire et sur des bactéries mortes. vivantes ou en une réaction inappropriée de l' hôte marquée cliniquement par une
cours de dégénératlon. pe rte d 'attache parodo ntale . En el'fe t, certains faits maje urs pe r-
• L'événement Initial d ans la virulence de P. gingivalls est mclle nt d'impliquer la plaque bac té rie nne dans l'étiologie des ma la-
son adhérence. dies parodontales :
• Les protéases bactériennes contribuent au contourne- - les parodontites et les gingivites ne sc développe nt pas c hez les
ment des défenses Immunitaires de l'hôte, favorisant m odè les animaux exem pts de germes ;
ainsi l'établissement des bactéries qui les sécrètent. - l'accumu lation de p laque induit de façon re produc tible une
ré ponse inflamma to ire des tissus gi ng ivaux proc hes que l'élimina-
tio n de cette derniè re permet de fa ire disparaître ;
- les atieintes localisées sont bie n souvent corré lées à une pré-
sence massive de plaque ;
Les micro-organismes oraux - toutes les approches cliniques de traite ments efficaces incluent
une phase de diminutio n de la charge mic robienne ;
La bo uche est un inc uba te ur parfait soumis à des f'luc tuations : la - le contrôle de plaque sur le lo ng terme est un des fac te urs
te mpé rature y est de 35 à 36 °C; le pH osc ille e ntre 6,75 e t 7,25 ; conditionnant le succès à long te rme des traiteme nts parodontaux.
c t l'environnement salivaire procure une humidité propice au déve- Le monde mic robien est vaste et regroupe de nombreuses entités
loppe me nt des micro-organis mes. L'accessibilité aux biofilms oraux biologiques (bactéries, virus, mycoplasmes, parasites) qui ont toutes
a fai t du micro biote' oral une des communautés bac térie nnes les la particularité d' avoir une taille submillimétrique. Towcfo is, pour être
m ieux connues du corps humain. Le séquençage du gène de l'acide considérées parodontopathogèncs (c'est-à-dire susceptibles d'e ngen-
ribonuc lé ique ribosomique (ARNr) des mitochondries présentes dre r une maladie parodontale), ces derniè res doivent répondre à un cer-
dans les bacté ries orales a permis d' ide ntilie r plus de 700 espèces tain nombre de posllllats édictés par Koch e n 1882 qui considè re que :
bac té rie nnes délinies par le ur phy lotype2• On com prend dès lors - pour être responsable d' une maladie, le mic ro-organisme doit
ê tre présent da ns tous les organismes malades ct absents des orga-
1. Le microbiotc est l'ensemble des micro-organismes vivant dans un envi- ni smes sains ;
ronnement spécifique.
2. Unité taxonomique défi nie par une séquence commune à 99 % du gène
codant l' ARN ribosomiquc 16S des mitochondries des bactéries. Équivalent moléculaire d'une espèce bactérienne.
168 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALI;:S
- le m icro-organis me c ultivé à l'exté rie ur des orga nismes la corréla tion présence du pathogène - incide nce de la maladie
malades doit recréer la maladie s' il est inoculé à un orga n isme sai n do it être re produc tible.
ct doit ê tre re trouvé ide ntique au mic ro-orga nisme inoculé après To us ces c ritè res me tte nt e n évidence les d i rfic ultés d'établisseme nt
infeclion ; des liens de causalité qui existe nt e ntre la présence d 'un e nviron-
Les a vancées de la mic robio logie ont apporté un ce rtain nombre nement mic robie n particulie r et J'appariüon d ' une patholog ie liée ir
de lim ites à ces postulats ; e n effe t, pl us ieurs m ic ro-orga nis mes une in fection endogène opportuniste. En e ffe t, les micro-organismes
pe uvent causer la même maladie, certains m icro-o rga nis mes ne sont dé tectés dans le cas des maladies parodontalcs sont essentiellement
pas c ulti vables, un micro-organisme pe ut cause r plus ieurs maladies des bac té ries saprophytes de la cavité buccale qu i nécessi ten t une
o u se re trouve r c hez des porteurs sains. Ces postulats ont donc évo- inadaptatio n des dé fenses de l' hôte pour colo niser l'espace elu s illon
lué au cours des décennies. A u se in des malad ies c hron iques, un gingivoclentairc et proliférer sous la forme d' un b ioli lm pathogè ne
pathogène doit présente r les c ritè res suivants : pour l' hôte. La compos it io n du mic ro biote paroclontal est, par ai l-
- la prévale nce de la pathologie do it ê tre supérie ure c hez les le urs, inOuc ncée par des facteurs e nvironne me ntaux o u géné tiques.
organ ismes exposés que c hez les non-exposés ou les mo ins exposés
au pa thogène ;
- l'expositio n au pathogène doit être plus pré sente c hez les orga- .... LES BACTÉRIES PARODONTOPATHOGÈNES
ni smes atteints que c hez les non-atteints, ces de ux popu latio ns pré-
sentant des fac te urs de risque comparab les ; Définition
- l' inc ide nce de la maladie c alculée par des é tudes prospectives Les bacté ries sont des organismes unicellulaires procaryotes (qui
do it ê tre supérie ure dans les groupes exposés ; ne présente nt pas de noyau individualisé) de taille suhm ill imétriquc.
- la maladie doit suivre tem pore lle me nt l'ex position au patho- Elles sont constituées d' une membrane plasmique classiquement
gène e t présente r une pé riode d ' incubatio n e n suivant une courbe composée d ' une bicouchc phospholipicliquc dans laquelle on re trouve
gaussie nne ; un grand nombre de protéines e nc hâssées qui assurent des fonc tions
- le s pectre de ré ponse de l' hôte doit pouvoir être gradué de struc turales, métaboliques ou énergétiques. Cette me mbrane est recou-
modéré à sévère ; verte d ' une paroi cellu laire, couche la plus cxtem c des bactéries qui
- la ré ponse de l' hôte do it a pparaître de façon régulière lors de la réagira diftë re mmc nt. à la coloratio n de G ra m : les bacté ries à Gram
primo-in fection pu is de façon plus forte lo rs de récurre nces ; positi f ont une paroi esse ntielle ment composée de peptidoglycancs
- l' inc ide nce de la patho logie doit pouvoir être augme ntée expé- et ne prennent pas le colorant ; les bactéries à Gram négatif ont une
rime ntale me nt par des études c liniques, a nimales o u ép idé mio lo- me mbrane composée de pc pticloglyca ne, mais égaleme nt de lipopoly-
g iq ucs; saccharidcs (LPS) c t de lipoprotéines qui confère nt à ces bacté ries des
- l'élimination ou la mod ifi cati on elu pathogène doit faire dim i- capac ités de résistance et de virule nce partic uliè re . On trouve aussi un
nuer l' inc idence de la maladi e ; cytoplasme abondant ne comport ant pas d 'organites intracellulaires.
- la modifica tion de la ré ponse de l' hôte doit pouvoir diminue r o u mais regroupant à la fo is les systèmes métaboliques, le nucléoïdc ct la
éli mine r la patho log ie; machine rie transcriptionnelle. Enfin, les bactéries pe uvent être recou-
- toutes les pre uves doive nt a voir un sens bio log ique ct é pidé- vertes d ' une capsule polysaccharidique ou d' une couche mucoïde
miolog iquc. augme ntant les capacités de résistance de la bactérie (phagocytose,
Pour dé finir une bacté rie paroclontopathogè ne, les c inq c ri tè res dessiccation, e tc.) e t peuvent porter des fimbriac ou des Oagcl lcs leur
suivants peuvent être re te nus [291; ces bacté ries doivent : perme ttant de sc mouvoir ou d'adhé rer à diffé rentes surfaces.
1. ê tre présentes en forte proportion dans les sites malades ;
2. ê tre capa bles de stimuler la ré ponse im muno log ique de l' hôte; Modes de classifications
3. produire des fa cte urs de virule nce ;
4. être capables d ' induire des lésions dans un modèle animal ; La classification des bacté ries pe ut être effectuée de fitçon systéma-
5. une a mé li oratio n c linique do it ê tre constatée s uite à un traite- tique e n se fondant sur la taxonomie dont les bases o nt été publiées
me nt visa nt l'éli mina tion de la bac té rie. e n 1980 ct qui sont mises à jour réguliè reme nt. Cette classification e~t
L'étio pathogénic actuelle des maladies parodontales im plique des fo ndée sur l'hypothèse d' une phylogén ie des bactéries qui permet de
parodo ntopathogènes au sein d' un systè me complexe faisa nt inte r- les classer sous la fo rme : règnc/domai nc/phy lum/classc/ordre/famil lc/
venir les ré ponses de l' hô te, mais égale me nt les facte urs de risque. genre/espèce. Par exemple PmetrT)'Otae bacteria, Pmteo/Jacteria
Les connai ssances nouvelles e n bio logie moléculaire permette nt ga1nmapm teobacteria, Pasteurella/es, Pasteural/aceae. Aggregrlti-
de complé te r ces critè res d e la façon suiva nte : bacter actùromycetemcomitans, qui est souvent résumé à son nom
- la séque nce d 'acide nuclé ique spécifique d ' u n pathogène doi t bi nomial ne rete nant que le ge nre et l' espèce (ici : Aggregatilm cter
être re trouvée clans la plupart des organ ismes a tte ints, plus part ic u- actilromycetelncmttitmrs).
liè re me nt a u nivea u des s ites a ttei nts ; D' a utres classificatio ns sont aussi couramme nt e mployées e n
- ces séque nces doive nt ê tre absentes ou présentes e n q ua ntité fo nction :
moindre c hez les organismes sa ins ; - de le ur morpho logie mic roscopique (cocci, bacille, sp iroc hè tes.
- le nombre de copies de ces séque nces do it di minue r après e tc.) ;
traite me nt de la ma lad ie ; s i une réc idive inte rvie nt, le phé no mè ne - de le ur mo rpho logie mac roscopiq ue (taille, forme, coule ur, e tc.
inve rse doit être o bservé ; des colonies sur milie ux de c ulture) ;
- s i la dé tec tio n de la séquence inte rv ie nt avant l' obser vation des - de leur mob ilité;
symptômes ou si l' inte ns ité de la maladie pe ut ê tre corré lée avec la - de la présence de spores (it l'éta t fra is ou après coloration) ;
sévé rité de la maladie, l' association est très certaine me nt de type - elu résulta t de la colora tion de Gram (colorat ion à Gra m positive
ca usal ; ou négalive) ;
- la nature du micro-organis me inc riminé doit ê tr e compatible - de la te m pé rat.ure de c roissance (4 oc, 20 °C, 30 oc, 37 oc,
avec les caracté risliques bio log iques du mic ro-orga nisme dé tecté ; e tc.);
r du type respiratoire (aérobic, anaérobie strict, aéro-anaérobie,
etl:.):
_ des besoins nutritionnels (nécessité de substances particu lières
Les complexes
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 169
« Nous n' avons pas affaire à une bactérie uni que mais plutôt à une
communauté bactérienne organisée en complexes microbiens» [301.
pour le développement) : A fin de tenter de lever la complexité de la flore microbienne sous-
de leur pourcentage en nucléotides G ct C (% G + C) de leur
gingivale qui comporte plus de 500 espèces bactériennes, des études
~l!no mc.
fondées sur la détection et la quanti fication des ADN bactériens par
~ Enfin, l ' analyse moléculaire des communautés bactérien nes
biologie moléculaire ont visé il déterminer si des associ ations bac-
orales par clonage et séquençage du gène codant l ' ARNr 16S des
tériennes existent au niveau des zones sous-gingivales de patients
mi tochondries a permi s une taxonomie moléculaire reposant sur
porteurs de maladies parodonta lcs. La comparai son des résultats
des phy loty pcs possédant 99 % de séquences communes·1. Celle
obtenus chez des groupes de pmicnts sains ct alleints a mis au j our
approche permet d' identi fier des bactéries non encore cultivées ou
la notion de complexes bactériens (Figure 22- 1). Cert aines bactéries
sur le point de l 'être. Ai nsi, env iron 700 espèces bactériennes ora les
sc retrouvent très fréquemment assoc iées les unes aux autres et il est
ont été identi fiées ct on compte entre 100 ct 200 espèces différentes
possible de distinguer :
préscr11cs dans une bouche sai ne.
- Aggregatibacter actittomycelemcomitalls (A. aclinomycetemco-
J. lltmu111 omlmicrobiome database (OHMD), htrp://www.hornd.org. mitalls) sérotypc b qui forme trrl complexe à lui seul ;
Temps
A. naeslundii2
(A. viscosus)
Risques Maladie
S . milis
S. oralis
S. sanguis
C. gracilis C. reclus
P intermedia
Streptococcus sp P nigreseens
S. gordonii P micros
S. constellatus F. nue. vineentti E. nodatum
S. intermedius
F. nue. nue/eatum
F. nue. polymorphum
F. periodontieum
C. showae
E. corrodens
C. gingivalis A. actino. b S. noxia
C. sputigena
C. ochracea
C. concisus
A. actino. a
2-1 Les complexes microbiens de Socransky [30]. Il semble probable qu'A. naeslundi génotype 2 (A. viscosus) et les streptocoques
(complexe jaune) soient les premiers à coloniser la surface dentaire, suivis du complexe vert. Le complexe violet pourrait servir d'interface pour
la colonisation du complexe orange, suivi dans certains sites du complexe rouge. Cette notion de temporalité de la colonisation reste spécula-
tive, mais semble cohérente à la lumière de ce que nous savons de la colonisation de la surface dentaire par les bactéries. Il faut noter que le
détartrage-surfaçage radiculaire (DSR) a un effet profond sur le complexe rouge et peu d'effet sur les autres espèces. La profondeur de poche est
fortement corrélée au complexe rouge et, dans une moindre mesure, au complexe orange. La connaissance de ces complexes a une importance
capitale pour le traitement car, si la thérapeutique affecte une espèce d'un complexe, elle peut affecter le complexe lui-même et la temporalité de
la colonisation. Par exemple, l'altération du complexe orange peut prévenir la formation du complexe rouge. Le fait qu'A. actinomycetemcomitans
sérotype b soit peu associé aux complexes orange et rouge suggère que des traitements efficaces contre un complexe ne le soient pas obligatoi-
rement contre les autres. Cela semble être le cas pour le DSR, peu efficace sur A. actinomycetemcomitans. • Augmentation du taux de bactéries
pathogènes au détriment du taux de bactéries bénéfiques.
170 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
- le complexe jaune formé de Streptococcus sp., Streptococcus gor- toxines exercent une action sur les macrophages qui les amènent
don ii, Streptococcus intermedius, Streptococ·cus mitis, Streptococcus à sécréter de nombreux facteurs lipidiques (lcucotrièncs, etc.), les-
gordon ii, Streptococcus intermedius ; quels agissent par action paracrine sur les leucocytes. Cela entraîne
- le complexe vert : Capnocytophaga spp., A. actinomyce- une dim inution des capacités phagocytaires des alllrcs cellules. À
temcomitans sérotype a, Eikenel/a corrodens et Campylobacter fortes closes, une action cytolytique (par poralion ou en déclenchant
concisus, Campylobacter gingivalis, Campylobacter sputigena, l'apoptosc des cellules) sur les polymorphonucléaircs, les mono-
Campylobacter ochracea ; cytes el les lymphocytes est constatée.
- le complexe violet : Veil/one/la parvu/a ct Actinomyces odon- - A. actinomycetemcomitans sécrète également des e nzymes
tolyticus; hé molytiques lui permettant d' ut iliser le fer contenu dans l' hémo-
- le complexe orange : Campylobacter gracilis, Campylohacter globine.
reclus, Campylobacter showae, Eubacterium nodalltllt, Prevote/la - A. actinomycetemcomitans sécrète aussi une toxine cytolélhale
intermedia, Prevote/la nigrescens, Micromonas micros, (cytoletha/ distending toxin fCDTJ) qui a la capacité de bloquer la
Campylobacter rec/1/s, ct les sous-espèces de Fusobacterium réplication cellulaire des lymphocytes (ct plus particulièrement des
nucleatum (F. mtclealttllt) ; lymphocytes cytotox iques), mais également d'ampli fie r la sécrétion
- le complexe rouge : Porphyromonas gingivalis (P. gingiva/is), de RANK L par les cellules conjonctives et donc de favoriser la lyse
7ànnerel/a forsythia (7: forsythia) ct Treponema denticola (7: den- osseuse.
ticola).
Complexe rouge
Aggregatibacter actinomycetemcomitans sérotype b
Il est montré que les bacté ries des complexes orange et plus parti-
Celle bncléric est une bactérie e ndogène chez l' homme qui peut culièrement rouge sont étroitement liées il la profondeur des poches
être impliquée dans la pathogénie des malad ies parodontales, mais colonisées ; leur prévalence augmente avec la profondeur de poche.
égale ment d'aut res pathologies humaines non orales. A. actinomy- Les sites les plus profonds présentent tous l'association des trois
cetemcomitmts est un coccobacille bactérie à Gram négati f, anaé- pathogènes constituant le complexe rouge et Porphyromonas gingi-
robie facullat ive, non mobile el incapable de sporulation mesurant valis, s'i l est retrouvé seul ou en association avec les autres membres
0,4 à 0,5 ~t m x 1,0 à 1,5 J.!Ill. Six sérotypes (numérotés de a à f) de ce complexe, signe à lui seul des poches profondes. Le complexe
coexistent ct ont été rassemblés au sein de trois lignées phylogé- rouge est également étroitement lié à la présence d'un saignement au
niq ues : le sérotype b, le sérotype c ct les sérotypes a, d, e ct r. Ces sondage, signe de lésions parodontales actives.
di fférc nls sérotypes présentent des virulences distinctes et sont pré- Les complexes sont interdépendants. En effet, il est extrêmement rare
sents di fféremme nt en fonction de la localisation géographique des de trouver les membres du complexe rouge en l'absence des membres
patients Ill]. Un important polymorphisme ex iste également chez ce elu complexe orange, ce qui tend à prouver que les bactéries du com-
pathogène modi fiant consiclérablcmenl sa virulence. Un clone par- plexe orange colonisent les poches antérieurement à celles du complexe
ticulier (désigné JP2) présente une délétion clans le promoteur cie la rouge, mais également qu'elles sont nécessaires à cette colonisation.
leucotoxine qui lui perme t une forte expression de ce gène. Il pré-
sente également une altération clans les mécanismes d'acquisition Porphyromonas gingivalis
du fer qui lui permet d'uti liser l' hémoglobine. Ce clone est essen-
Cette bactérie est un coccobacille anaérobie stricte à Gram négatif
tiellement retrouvé chez les populations issues cl ' Afrique du Nord,
non mobile et non sporulant mesurant 0,5 sur 1,2 IJm. Les études
cc clone étant apparu il y a 2 400 ans en Afrique méditerranéenne.
épidémiologiques montrent que cette bactérie est extrêmement pré-
Cc groupe de bactéries présente de nombreux facteurs de vi ru-
valente chez les patients adultes attei nts de parodontitcs alors qu'elle
lence (8j.
est peu prévaleme chez les patients non alleints. Ici encore, de nom-
- A. actinomycetemcomitan.1· présente un LPS lui pcrmeltant de
breux sérotypes on t été identifiés et sa présence ne signe pas forcé-
lier l' hémoglobine. Il peut utiliser cette molécu le comme source de
ment la présence d'une pathologie. Il est également intéressant de
fer par le biais de la présence de protéine de transport et de régula-
noter que cette bactérie est considérée comme un facte ur de risque
tion de la concentration ferrique dans son péri pl asme.
des pathologies card iaques, pulmonaires ou d'une naissance à faible
- J\. actinomycetelltcomitans possède des fimbri ae qui lui per-
poids de naissance. P. gingivalis expri me également de nombreux
mcllcnt d'adhérer aisément à l' hydroxyapali te recouverte de salive,
facteurs de virulence (voir aussi chapitre 3):
aux cellules é pithéliales ct aux fibroblastes ainsi qu'à lu i-même, lui
- P. gingivalis présente un grand nombre de fimbriae pou r adhé-
permeuant une auto-agrégation. Ces capacités adhésives peuvent
rer aux di ffé rentes surfaces;
être inhibées par d'autres espèces bactériennes (streptocoques ct
- P. gingiva/is a la capacité d' infecter les cellules épithéliales;
plus spécifiquement Streptococcus sanguis).
- P. gingivali.~ produit des protéinases qui entraînent la dégrada-
- A. actinomycetemcomitans a la capacité d' infecter les cellules
tion cie la matrice ex lracellulairc (fibronccline, lamin ines, collagène).
épithéliales et conjoncti ves. A. actinomycetemcomitans peul ainsi
vivre ct se reproduire au sein même des cellules humaines.
Tannerella forsythia
- A. actinomycetemcomitans sécrète un composé (poly-N-
acét.yle-glucosaminc) qui lui permet de renforcer les biofilms bacté- Cette bactérie est une bactérie fu siforme anaérobie stricte à Gram
riens ct qui le protège de l'action des détergents ct des macrophages. négati f. T. forsythia, qui appartient au complexe rouge de Socransky,
- A. actinomycetemcomitans possède à sa surface de la phospho- est habituellement isolé e n même temps que des bactéries du groupe
rylcholine qui lui permet cie se lier aux cellules e ndothéli ales et ainsi orange, dont F. nucleatunz. De nombreuses études 1icnl sa présence
d'entrer dans la circulation sanguine générale. aux paroclontites chroniques el agressives, aussi bien au niveau des
- A. actinomycetemcomitans sécrète des leucotox ines (toxines lésions cliniquement débutantes qu'au niveau des sites ne répondant
RTX). Ces tox ines lui permettent de lutter contre la réponse immu- pas au traitement. Cette bactérie a également été associée à la pré-
nitaire cie l' hôte par de nombreuses voies. À faibles doses, les sence d'un saignement au sondage et est clone corrélée aux sites actifs.
.
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 171
Sa présence a été associée à la présence des facteurs de risque de la à l 'établissement du complexe rouge ct plus particuli èrement à
maladie parodontale tel s que le tabac, le diabète ou chez les patients F. nucleatum et P. intermedia. L a présence des complexes rouge ct
porteurs du virus de l ' immunodéficicncc humaine (VIH). Enfi n, sa orange en position supragingivalc comme infragingivale a été mon-
présence est diminuée après la mise en place de traitements parodon- trée fortement l iée à la présence d' i nfl ammation démontrée par la
taux. 1: forsythia exprime également des facteurs de virulence: présence d' un saignement au sondage.
- 1: j orsytilia sécrète des protéases puissantes ;
- T. forsythia possède des protéi nes de surface aux propriétés Les autres complexes
adhésives.
- le L PS de T. forsythia est i nducteur de sécrétion de cytokines. Les complexes j aune et vert montrent une forte relation l' un avec
l ' autre, mais une relation très faib le avec les complexes rouge ct
Trep onemo denticolo orange alors que le complexe violet ne montre aucune relation avec
les autres complexes. C lin iquement, les complexes j aune et vert sont
Cette bactérie est un spirochète à Gram négatif anaérobie associés aux si tes présentant une profondeur de sondage in férieure
mobile qui nécessi te la présence de P. gingivalis ct d' une plaque à 3 mm. L es com plexes j aune et vi olet sont considérés comme des
sous-gingivale organisée pour pouvoi r sc développer. Par ai lleurs, colonisateurs précoces suivis du complexe vert.
P. gingi valis ct T. dentico/a sont rarement retrouvés en l ' absence
de T. f orsythia, ce qui tend à prouver l ' antériori té de J' infection par
T. forsythia, el les tests issus de la co-infection avec P. gingivalis .... LES VIRUS
montrent une potential isation des dommages tissulaires constatés.
T. dentico/a possède des récepteurs spécifiques capables de se l ier à Dans leur forme cx tracellulairc, les partic ules virales complètes
P. gingivalis et T. .forsythia qui pourraient ex pliquer la fréquence des (virions) sont des entités de tai lle submicrométriquc qui sont com-
co-localisations constatées. posées d' un filament d' acide nucléique ( A DN ou A RN) stabi l isé par
T. dentico/a expri me éga lement des facteurs de vi ru lence liés à des nuc léoprotéines basiques enfermées dans une capsule pro téique
l ' adhérence cellulai re. nommée capside. Ces entités ne sont pas capables d' autorépl icati on
- T. dentico/a a la possibi lité de modi fier les réponses de l ' hôte seu le. Elles se comportent en parasi tes absolus vis-à-vi s de la cellule
par i mmunorégulation. qu 'elles infectclll en détournant l a machi nerie cellulaire à leur profi t
- T. denticola est naturellement résistant aux P-défensines dans le but d' assurer leur répl ication. L' étude des c harges vi rales sc
humaines. heurte à de grandes disparités de résultats inhérentes aux di fférentes
- 1: denticola sécrète des protéines cytotoxiques. méthodologies employées pour leur détection.
Tableau 22·1 Implication des herpèsvirus dans les pathologies humaines (d'après Slots et al. [28]).
Herpes simplex virus 1 lnlection latente Gingivostomatite herpétique, herpès labial Gingivostomatite herpétique
dans les ganglions sensoriels récurrent, kératoconjonctivite, whitlow Herpès labial récurrent
herpétique, pharyngites, encéphalopathies, etc.
Herpes simplex virus 2 Infection latente Herpès génital, méningite aseptique, etc. Gingivostomatite herpétique
dans les ganglions sensoriels Herpès labial récurrent
Virus varicelle-zona Infection latente Varicelle, zona, pneumonie Nécroses parodontales
dans les ganglions sensoriels Nécroses de l'os mandibulaire
Virus d'Epstein-Barr Infecte les cellules épithéliales Mononucléose infectieuse, leucoplasie Parodontites chroniques, ulcérations
avec un fort pouvoir cytolytique chevelue de la langue, lymphomes orales, pétéchies palatines
et infection latente au niveau (hodgkinien, de Burkitt, à cellule T), carcinome multiples, péricoronarites, gingivite
des lymphocytes B (nasopharyngé, gastrique, parotidien) ulcéronécrotique
Cytomégalovirus Infection des lymphocytes T Naissance avant terme, pré-éclampsie, Ulcérations orales, hyperplasies
et des macrophages immunosenescence, encéphalites, gingivales, destructions alvéolaires,
athérosclérose, pneumonies parodontites chroniques
Roseolovirus Tropisme pour les lymphocytes T Roséole, méningites, encéphalites, sclérose Carcinome squameux oral
et les cellules nerveuses en plaques
Herpèsvirus humain 7 Infection latente Exanthème subit, rashs maculopapulaires Gingivites
des macrophages
et des lymphocytes T
Herpèsvirus humain 8 Infection des lymphocytes B Sarcomes de Kaposi
et des monocytes
L
172 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
- HHV-2 o u HSV-2 (herpès s implcx virus 2) responsable de Par ai lleurs. les hcrpèsvirus sont impliqués dans de nombreuses
l' herpès génital c t, dans une moindre mesure, de l'herpès buccal ; pathologies ulcératives. La plus ré pandue est l' herpès labial récur-
- HH V-3 o u VZ V (varic:ella zosler virus, virus varicelle-zona); re nt. Sa forme de zona trigé minal peut donner des vésic ules et des
- HHV-4 ou E BV (1:./JStein-/Jarr virus) responsable de la mono- pustu les aboutissant après rupture à des ulcé ra tions faciales locali-
nucléose infectie use, du syndrome de Burkitt ; sées a u trajet du nerf trijumeau (oreille ex terne, joue, lèvre, pa la is
- HHV-5 o u CMV (cytomégalovirus) ; mou, muqueuse buccale et langue) pouvant aboutir à des ostéoné-
- HH V-6 o u Roseolovirus responsable de la roséole; c roscs. Par a ille urs, les patients porteurs de HS V- 1 ont plus de risq ue
- HH V-7 très proche de I' HHY-6; de développer des a lvéolites sèches après extmc tion de molaires.
- HH V-8 ou KS I-IV (Kaposi sarcoma associaJed herpe.1virus)
associé au sarcome de Kaposi. Virus d'Epstein-Barr (EBV)
Trois sous-familles pe uvent ê tre décrites:
De nom bre uses é tudes montre nt une prévale nce importante de
- les a/plw-lteiJJèsvim.\· ( HSY 1 à 3) présente nt un te mps de
I'EBV c hez les patients atteints de paroclont itcs c hroniques (37 ü
reproduction court entraînant une lyse rapide des ce ll ules infectées
79 % l'médiane= 49 % 1) des patients porte urs étaient infectés par
c t des capaci tés de late nce dans les zones gnnglionnaircs ;
I'EBV) ou agressives (45 à 89 % !médiane= 68 % 1) des patients
- les bêw-heTJJèsvirus (HS V 4 à 6) ont un te mps de re production
porteurs éta ie nt infectés par I'EBV). Les patients sa ins montrent
long qui permet une infection beaucoup plus prog ressive e t e ntraîne
une prévale nce beaucoup plus faib le (0 à 27 % 1médiane = 17 %1).
une accumula tion cytoplasmique c t donc une expansion cellulaire
L'EBV est souvent retro uvé associé à d ' autres vi rus tels que le CMV,
(cytomégalic) ;
où l'association a été montrée comme liée aux atte intes sévères. Par
- les galfulfa-ltelpèsvirtt.\' ( HSV 7 c t 8) sont plus spécifiques des
ailleurs, la présence de l'EBV influence la balance Th 1rrh2 des ccl-
lymphocytes B c l T [281.
Iules immun itaires de l'hôte en favorisant la voie Th 1 ct modifie le
Les hc rpèsvirus o nt des capac ités cytolytiques s ur les cellules
profil de sécré ti on cytoki nique des cell ules infectées de l' hôte clans
infectées, ma is également des capacités d 'alté ration des mécanismes
une voie pro-in fla mmatoire par augmentation des sécrétions d' in-
de dé fense d e l' hôte par induction de sécré tions protéiques re ndant
te rle uki ne 1 ( IL- l), IL-6, IL-8, IL-l RA, IL- 18, de TNF-a (twnor
poss ibles les infec tions au long cours. Il e n résulte des man ifesta-
1/ecmsisfacJor alpha), d'IFN a (inte rféron alpha), pet y, de M IO,
tions pathologiques variées.
IP-10 c t de GM-CSF (granu/ocyle-macmplwge co/ony-.1'/Îimtfaling
L'étiopathogénic paroclontale des infections he rpé tiques Lient
./(tc/or). Ces sécrétions auront comme effet pos itif de déc lenche r c t
dans c inq processus [281 :
favoriser la réponse a nt ivirale de l'hôte, mais égale ment d 'induire
- e ffe t cytolytiquc sur les fibroblastes, les kératinocytcs, les cel-
une inflammation au niveau du parodonte, laquelle about ira à une
lules e ndothé liales et les cellules osseuses e ntravant les c apac ités
destruc tio n osseuse. Par a illeurs, la présence ci'EBV a é té corrélée
de c ica trisation tissulaire. L' infection par les hcrpèsvirus e ntraî ne
avec la présence de parodontopathogèncs (P. gingivalis, 7:forsylhia,
une activation des ostéoclastcs et la synthèse de mé talloproté inascs
e tc.), ce qui tend à prouver qu'une infection par I'EB V pourrait pré-
matric ie lles par les cell ules conjonctives parodontales;
disposer le site à la prol ifération des parodonto pathogèncs. L' EBV
- altération des ré ponses des cellules impliquées clans la dé fe nse
est largemem associé à la prolifération de tume urs épithé liales (car-
de l' hô te;
cinome ly mphoépithé lial des gla ndes salivaires, tumeurs de Wanhin ,
- a lté rations cytoplasmiques permettant la c réatio n de sites d 'an-
carc ino me à cellu les sq uame uses ou à cell ules indifférenc iées) ou
c rage bactériens ;
lymphoïdes ( lymphome hodgkinicn, lymphome de Burkitt, e tc.).
- modification des ré ponses cytokiniques de l'hôte e ntraînant une
facilitati on des destruct io ns parodonta lcs ;
- immunosuppression suite à la cytolyse ou l' auto-immunité
Cytomégalovirus humain (CMV)
e ngendrée par l' infection. Le CM V humain est un virus dont l' infection passe inaperçue
De nombreuses preuves incriminent les he rpèsvirus dans l'étiopa- c hez les patients immunocompétents. La pri mo-infection n'est
thogénic des parodonli tcs: constatée q ue c hez les patients immunocléprirnés, chez la femme
- les lésions sévères portent bie n souvent une forte c harge enceinte ou chez les no urri ssons. Le CMV est lié aux infections
viral e; bactériennes où il représente un facteur de ri sque dans un certain
- les patients porteurs présentent des lésions p lus avancées que nombre d'affections te lles que l' entérocolite, l'œsophagitc, les
les patie nts non porteurs ct ont un risque d' avoir des s ites actifs plus infections pulmonaires, la s inusite, les pat hologies in flammnto ires
importants ; pel vie nnes. Il a également été associé à l' athérosclérose suite à sa
- le ni veau d 'expression des T LR 7 (to/1-/ike receptors 7) c l 9 forte prévale nce clans les plaques d 'athé rome ct dans la paro i des
impliqués dans la reconnaissance d e l'A DN bac té rie n est plus fort va isseaux athéromatcux. Le CMV crée c hez l' hôte une forte ré action
dans les sites atte ints de parodo ntites que dans les s ites sains ou immunitaire sa ns éradication du virus. Il en résulte une infec tion au
atteints de gingivites ; long te rme qu i peut connaître des phases de résurgences. Lors de
- les immunoglobulines G ( lgG) c iblant le CMY sont plus dé tec- ces phases, le CMV entraîne une perturbation des capacités c hi mio-
tées chez les patients atte ints de parodonti tcs que c hez les patients tac tique, phagocytai re, oxyclative, adhésive et bactéricide des poly-
atteints de ging ivites ; morpho nucléai rcs ne utroph iles. Il intertè rc également avec l'action
- des é tudes animales o nt dé montré qu' il ex is tait une synergie c t l' activation des lymphocytes NK (natural kil/er) par inhibition
e ntre les he rpèsvirus e t les bac té ries parodo ntopathogèncs: l'infec- de la présentation d 'antigènes par les cellules présentatrices ainsi
tion virale peut favoriser l'attachement c t la c ro issance bactérienne qu'en perturbant les c apacités de sécré tion cytokiniquc de ces ccl-
par création d ' une immunodéplé tion e t la genèse de nouveaux sites Iules (aug me ntation de sécrétion d ' IL- l p, IL-6, IL 12, TNF-a. IFN
d ' adhésions bacté rie ns. Les bacté ries parodontopathogèncs (plus a. P ct y et de prostagland ines E2 [PGE21). C liniquement , il a été
préciséme nt, P. gingivalis) augmente nt la viru le nce du C MV vrai- montré que le C MY est un bo n prédicteur de la présence de/~ gin-
semblablement par diminution des capac ités de sécrétion cl' interfë- giva/is e l d' activité de la maladie paroclontale, mais également des
ron de l' hôte. a utres paroclontopathugèncs.
C HAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 173
Les virus de l'immunodéficience humaine : - les immunomodula te urs et les cytotox iques peuvent éga le-
VIH-1 et VIH-2 ment apporter une dim inution ou une modification des capac ités
immunes de l'hôte c t de la sorte favoriser le développement fon-
Ces ré trovirus du germ: des le ntivirus (caractérisés par une longue
gique;
période d ' incubation) sont composés d'une e nveloppe composée d ' un
- une carence vitaminique ou nutritive (fer, fo lalc, vitamines A,
fragme nt de ln membrane de la cellule infectée da ns laquelle som insé- B, o u C) peut éga lement affecter les dé fe nses de l' hô te ct a pporter
rés des trimères de g lycoprotéines d'envelo ppe ayant la capacité de se
une pe rmissivité des muqueuses pour les infections fongiques ;
lier nu récepteur C D4 humain et donc d' infecte r les cellules CD4+.
- les désordres e ndocrinie ns, ct plus partic ul ière ment le dia-
La capside est composée de protéine p24 (une des protéines détec-
bè te non équi libré, du fait de ses complications (réduct ion du flu x
tées par les tests western blot). Le génome du VIH est constitué d ' un
sali va ire, diminution du pl-I sa livai re, conce nt rations sali va ires
s imple bri n d ' ARN en double exe mplaire accompagné d 'enzymes lu i
augme ntées e n carbohydrate, etc.), favorisent le déve loppement
permettant de s' intégre r au génome cellulaire ct de se multiplier. Le
fongique;
VIH est un virus à for1c di vers ité qui existe sous deux types (VIH-l
- les immunodéfici e nccs touchnnt les défenses humorales ou
ct VIH-2). C linique ment, la sym ptomato logie est liée il la perte pro-
cellulaires de l' hôte pe uvent égale me nt laisser développe r des can-
gressive de l' immunité humorale de l' hôte par déplétion des lignées
didoscs c hez les hôtes affectés. Plus de 60 % des patie nts VlH+ et
C D4'. Il e n résulte une susceptibilité aug me ntée aux infections oppor- 80 % des patients ayant atteint la phase s ida présente nt des can-
wnistes virales et bacté riennes ainsi qu 'aux cancers prim itifs et vira-
didoses. D'autres immunodéfic iences peuvent égale me nt présen-
induits (HHV-8/sarcom e de Kapos i). Ains i, les syndromes infectie ux
ter une susceptibilité augmentée a ux candidoscs (syndrome de
bactériens ou mycos iques buccaux sero nt grandeme nt favorisés :
DiGeorge, syndrome de Chedia k-1-ligashi) ;
l'érythè me ging ival linéaire, les candidoscs buccales, les le ucoplasies
- les perturbatio ns des flu x salivaires e t gingivaux ( flu x, pl-I,
c hevelues, le sarcome de Kaposi, le lymphome malin non hodgkinic n concentration e n cnrbo hydrates, e tc.) partic ipe nt aussi a u déve lop-
e t les ging ivites ulcéronécrotiques (GUN) ct parodontitcs ulcé roné-
pe me nt des patho logies fong iques ;
c rotiqucs (PUN) sont considé rés comme des lésions pouvant être liées
- les patie nts porteurs d ' un groupe sanguin 0 (présentant donc
à une infection par le VII-I . Ces lésions sont cons idérées comme les
un fort taux d 'antigène 1-1 à la surface de leurs hématies) sont
premie rs s ignes cl iniques évocateurs d ' une dé té riordtion des défenses
connus pour ê tre des récepte urs de Candida a/bicans. Les porteurs
des patie nts séropositifs traités ou non par antiré troviraux c t Olll donc
de prothèses dentaires présentent un risque d ' in fection plus élevé
une vale ur pronostique cl diagnostique lrès importa nte. (Figure 22-2).
Les ca ndidoscs sc manifestent sous de nombreuses formes cli-
Picornavirus niques. Il est possib le de distinguer :
Les picornavirus sont des virus non e nveloppés de faible taille - les candidoscs pseudo-me mbrane uses (forrne la plus fré-
(30 nm) composés d ' une mo lécule d ' A R N sens s imple brin. Ils sont quente);
responsables de nombre uses pathologies g raves (poliomyé lite, hépa- les cand idoscs é rythémate uses ;
tite A , e tc.). Parmi eux, il est possible de distingue r les virus coxsac- les cand idoses hypc rplasiqucs ;
kie A 16 e t l'cntérovirus-7 1 qui sont responsables, au niveau buccal, - les candidoses associées aux apparei llages prothé tiques ;
du syndrome pied-main-bouche. - les chéilites a ngulaires ;
- les g lossites candidosiqucs ;
les candidoscs c utanéomuqucuscs chroniques .
..... INFECTIONS FONGIQUES
Candida albicans
Les candida sont des levures comme nsales c t saprophytes de la
ca vité bucca le qui peuvent sc trouver sous forme cellulaire (blasto-
pore) ou sous forme micellaire e n fonct ion de l'environne ment qui
se reproduit par bourgeonne m ent cellulaire asexué. La trans ition
pathogène de cette levure est allribuée essentiellement à des facte urs
prédisposanls impliquant l' hôte et non il des facte urs de viru lence de
cc mic ro-organis me. Ainsi ,
- l'ad ministration d'antibiotiques à large spectre peut e ntraîner
une modification de la fl ore buccale apportnnt une augmentation
des substrats nutritifs nécessaires au développement de la levure.
L'aug me nta tion de la surface épithé liale li bre perme t à la levure de Figure 22·2 Candida albicans. Coloration de Gram. (Équipe Micro-
prol i fércr ; biologie, Université Rennes 1.)
174 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Aspergillose Aspergillus spp., 26 cas d'infection primaire décrits Aspergillome, aspergillose Lésion noire à base ulcérée au niveau
Aspergillus dans la littérature pulmonaire invasive du palais, de la gencive ou de la langue.
fumigatus Infection souvent secondaire Formes sinusales souvent associées
à une candidose à une iatrogénie endodontique
Paracoccidioïdo- Paracoccidioides Levure endémique de l'Amérique Syndrome de Lutz- Lymphadénopathie, hépatomégalie,
mycose brasiliensis Latine (Brésil, Colombie, Spiendore-Aimeida splénomégalie associées
Vénézuela, Argentine, Mexique). Blastomycoses brésiliennes à une macrochéilite et des ulcérations
Dix millions de personnes superficielles d'apparence granulaire
seraient infectées dans le monde portant des points hémorragiques
dont 29 % développent la maladie au niveau du palais mou, des gencives,
des lèvres ou de la langue
Blastomycose Blastomyces Présence essentiellement en infection pulmonaire Ulcérations uniques ou multiples,
dermatitidis Amérique du Nord et cutanée projections sessiles ou de lésions
granulomateuses ou verruqueuses
Histoplasmose Histoplasma Amérique du nord et Latine, inde, Histoplasmose cutanée Nodules indurés, masses
capsulatum Australie et pulmonaire granulomateuses, érosions
Cryptococcose Cryptococcus Monde entier Infection pulmonaire Papules, pustules acnéiformes,
neoformans ulcérations, granulome superficiel
de couleur violacée au niveau
de la gencive, du palais, du pharynx,
de la muqueuse buccale
Fusariose Fusarium spp. Ulcères nécrotiques noirs au palais
Géotrichose Geotrichum Infection des bronches, Forme comparable à une candidose
candidum des poumons, de la bouche pseudo-membraneuse, gingivite
et des intestins érythémateuse ou érosive
Pénicilliose Penicillium Présente essentiellement Infection pulmonaire Papules, érosions ou ulcérations
marneffe/ en Thaïlande, Australie, proche de la tuberculose de taille variable couvertes d'un enduit
France, Italie, aux Pays-Bas, avec présence de papules nécrotique jaunâtre
Royaume-Uni et aux États-Unis cutanées comportant
un ombilic nécrotique
Sporotrichose Sporotrichum Distribution mondiale mais Infection cutanée (nodule Ulcération érythémateuse suppurative
schenckii essentiellement retrouvée rose laissant place douloureuse
en Amérique centrale et au Brésil à une ulcération pourpre)
PARASITES études réalisées. La prévalence semble l iée au niveau d ' hygiène des
patients inclus. Cette prévalence passe de 13 % chez les paücnts
L es travaux sur les parasites de la cavi té orale datent pour la plu- sains à 32 % chez les patients atteints de gi ngivites pour atteindre
part des années 1980 ct, à la lumière des connai ssances nctuellcs, 38 % lors de parodontites. Aucun l ien de causal ité n ' a pu être
montrent clairement des insuflisances méthodo logiques. L es para- démontré avec les malad ies parodontales. En effet, l 'augmentation
sites rencontrés sont essentiellement des protozoai res (eucaryotes de présence constatée peut être l iée à l ' augmentation des éléments
unicellul aires hétérotrophes qui se nourrissent par phagocytose nutritifs de ces parasi tes sans aucu n l ien avec l 'étiopathogénie des
des m icro-organismes de la plaque, de débris al imentai res ou de mal adies parodontalcs.
cellules de défenses plus ou moins altérées ou d'hématies). Deux
types ont été liés aux maladies parodontales : 7i"icltomo11as lenax et Enfamoeba gingivalis
Entamoeba gingivalis.
Entamoeba gingiva/is est un rh izopode (amibe : protozoaire
trouvant sa moti l ité par mise en place de vagues cytoplasmiques
Trichomonas fenax
internes). Comme les Trichomonas, ces parasites ne présentent pas
L es Trichomonas ne montrent pas de pouvoi r kystique. Ils vivent de pouvoir kystique et sont incapables de pénétrer les ti ssus. Ce
au contact des muqueuses en produisant une inflam mation supcrfî- parasite est ci rculai re et mesure de 10 à 35 ~Lm de longueur. La pré-
cielle, mais sont i ncapables de pénétrer dans les tissus. Trichomonas valence d ' E. gingivalis est esti mée à 5 1 % des sujets dans la popula-
lenax est une cellule ovale mesurant de 8 à 10 J..lm de longueur pour tion générale. Cette prévalence semble liée au niveau d'hygiène des
4 à 6 J.lrn de largeur. Il possède quatre flagelles antérieurs et un patients i nc lus. Cette prévalence passe de 10 à 17 % chez les patients
flagelle postérieur le rendant motilc. Ce parasite est très fréquem- sains pour atteindre 57,3 %chez les patients atteints de gingivites
ment retrouvé dans l a cavité buccale de la popu laü on générale ; les ou de parodonütes. En util isant des techniques de PCR en temps
études montrent une prévalence esti mée à 4 1 % avec de grosses dis- réel, il est montré qu' E. gingivalis est présent dans 69 % des sites
parités ( 10 à 100 %) 1iécs aux techniques de détection emp loyées atteints de mal adie parodontale et absent dans les sites sains 1"35].
(microscopie optique, culture ou PCR lpo/ymerase chain reactionl Ici encore, aucun lien de causalité n'a pu être démontré avec les
c lassique) ainsi qu'à la faiblesse statistique et méthodologique des maladies parodontalcs.
r
Q
Colonisateurs secondaires
Communications
métaboliques
e t échanges
génétiques
d'autres streptocoques en sont i n ca pables. /·~ nucleawm peut, quant aqueux 1201. Le biofil m dentaire possède un système de communi-
à lui, se lier à de multiples espèces de sorte qu'il j oue le rôle de cation permettant aux bactéries l 'expression coordonnée de gènes.
pont entre les premières bactéries colonisatrices ct les colonisateurs Il offre ainsi à chaque bactérie une gamme de milieux de vie sur
tardifs. L'arr ivée de nouvelles espèces bactériennes est favorisée mesure et une meilleure résistance aux stress environnementaux
par le micro-environnement créé par le métabo lisme des bactéries (11tblcau 22-111).
pionnières. Progressivement, le taux d 'oxygène du milieu diminue, Une microco lonic est une minuscule communauté autonome
permettant le développement des bactéries anaérobies. Au fur et à contenant des mi IIi ers de bactéries. Chacu ne d'entre elles peut conte-
mesure de sa maturation, le biofilm bactérien voit sa composante nir différentes combinaisons de genre ct d'espèces. L'association
cellulai re sc modifi er. La plaque dentaire peut contenir 109 bactéries des bactéries au sein du biofi lm crée des interactions syncrgiques
par mg ct recenser plus de 500 taxons di fférents. Le taux de crois- car elle facilite les échanges métaboliques et nutritionnels entre
sance des bactéries durant la phase de maturation est plus lent que les bactéries 1161. L' utilisation de l 'oxygène par certaines bacté-
pendam la phase de colonisat.ion de la PAE. A près 2 à 3 semai nes, ries permet l ' install at ion de bactéries anaérobies qui ne pourraient
i l existe un degré de stabi lité entre l es di fférents types d'cspèœs, pas sc développer seules à l a surface des dents. Certaines bactéries
en dépit des contraintes envi ronnementales telles que le flux sali- libèrent dans le mi lieu des déchets métaboliques qui seront utilisés
vaire ou les défenses de l ' hôte. Celle stabili té ou homéostasie micro- par d'autres bactéries voi sines. Par exemple, les streptocoques fer-
bienne est le résultat des nombreuses interactions synergiques ou mentent les hydrates de carbone en acide lactique, qui est lui -même
compéti tives entre les bactéries. à dégrader en propionate ct en acétate par Veil/one/la. De même, les
Lorsque la plaque dentaire est épaisse, elle peut subir un phéno- bactéries excrètent de nombreux métabolites (C0 2 , lactate, succi-
mène de détachement bactérien. Sous l 'effet de forces de cisaille-
ment, comme celles exercées lors de la mastication ou de la phona-
ti on, des microcolonies peuvent sc dissoc ier du biofi lm. Par ailleurs,
dans des conditions env ironnementales défavorables, certaines bac- Tableau 22-111 Effel prolecteur du biofilm sur les bactéries.
téries sont capables de sc détacher elles-mêmes de la plaque den-
- Protection passive
taire. StrepiOI'OCcus mutw1s peut synthétiser des enzymes qui hydro- Physique
lysent ses liaisons avec les protéines de surface. Retournant à l'état
- Protection métabolique
planctonique dans la sali ve, les bactéries peuvent coloniser alors des
Bactéries moins actives, donc moins réceptives aux agents
mi lieux pl us propices. antimicrobiens
- Protection active
.... ORGANISATION DU BIOFILM Pompes à efflux· dans la membrane cytoplasmique expulsant
activement les composants antimicrobiens
La plaque dentaire ne sc résume pas à un si mple agrégat de micro- - Protection génétique
organismes immobilisés sur une surface. A u comraire, les bactéries Environnement propice aux échanges de matériel génétique
sc développent au sein d' une communauté structurellemcnt et fonc- pouvant modifier l'expression génétique des bactéries et
permettant le transfert de caractères de résistance
tionncllcmcnt bien organi sée (Figure 22-4). Il s'agit d'un biofil m
• Mécanismes de transport membranaire empêchant ragent antimicrobien d"alleindre sa
consti tué de microcolonies bactériennes enrobées dans une couche
cibfe intracytoplasmique en effectuant son efflux actif hors de la bactôrio. Rôle important
visqueuse cx tracellulairc ct qui est parcouru par un réseau de canaux dans la résistance aux antibiotiques.
2 3 4 5
Figure 22·4 Les cinq étapes du développement du biofilm d'après Monroe [23]. 1. Attachement initial faible et réversible au support solide.
2. Attachement irréversible et formation d'une matrice. 3. Maturation 1 : des couches cellulaires se forment et le quorum sensing commence.
4. Maturation Il : les c lusters bactériens atteignent une épaisseur maximale. 5. Dispersion des bactéries planctoniques en dehors des clusters.
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 177
nate, formate, thiamine, putrécine, i sobutyrate, etc.) indispensables d' une part, d'acheminer l 'oxygène et les nutriments dans les régions
à la croissance d' autres bactéries. Plusieurs interactions syncrgé- enfouies du biofi lm, et, d 'autre part , d 'évacuer les déchets.
tiqucs sont facil itées au sein du biofilm, comme la mi se en com- Les microcolonies du biofi lmutilisent des signaux chimiques pour
mun d'association d'enzymes pour utiliser des substrats qui seraient communiquer entre elles. Ces échanges d' information permettent
impossibles à métaboliscr pour une seule espèce bactérienne. Ai nsi, aux bactéries d'évaluer la densi té cellulaire (quorum) dans le but
l 'organisation des micro-organismes au sein du biofi lm dentaire d' ini tier une réponse concertée de la population bactérienne. Quand
leur confère des propriétés que l ' on ne trou ve pas chez les espèces le signal atteint une certaine concentration critique, il act ive un régu-
prises indi viduellement. Les micro-organismes inclus dans un bio- lateur transcriptionnel qui induit des gènes cibles spécifiques. Cette
fi lm sont souvent plus rési stants aux agents antimicrobicns, y corn- régulation est appelée quom111 sensin ~ . Elle permet de réguler de
pri s ceux contenus dans les dentifrices ct les bains de bouche. Par nombreuses activités physiologiques chez les bactéries comme les
exemple, la concentration minimale inhibitrice de chlorhex idinc mécanismes de développement ct de croi ssance, la sporulation, la
pour neutraliser S. sobrinus dans un biofilm doit être 300 foi s plus synthèse d'antibiotiques ou la mi se en plucc des facteu rs de viru-
élevée que celle utilisée pour une culture planctonique. De même, lence. Entre des espèces di fférentes, il semble que la communicu-
il faut utili ser 10 à 50 foi s la concentration minimale inhibitrice de tion sc fasse essentiellement par la sécrétion de la molécule signal :
chlorhcxi dine pour tuer S. sanguis dans le bi ofilm . L'cflicacité de auto-inducteur 2 (ou système LuxS). Des homologues du gène luxS
ccrwins antibiotiques est également diminuée par le biofilm. Duns ont été détectés au sein de plusieurs génomes de bactéries buccales
un biofi lrn, S. sanguis résiste mieux à de hautes concentrations de genres différents (Slreplococcus, Treponema, Aggregatihacler,
minimales inhibitrices d'amoxicilli ne ct de doxycycline. Ces phé- Aclinomyces, Prevoie/la, Fuso!Jac/eritllll, Porplty!Vmonas) [ 171.
nomènes de résistance peuvent en partie s'ex pliquer par la présence Cependant, des études indiquent l' absence d' homologue des récep-
d' une matrice extracellulaire peu perméable aux antimicrobiens et teurs de l ' A l -2 (auto- inducteur 2) chez de nombreuses espèces buc-
par Je fait qu·un organisme sensible peut bénéfi<.:icr de la protc~.:tiu u cales. Cela l aisse supposer J'ex istence de récepteu rs additionnels
d' une bactérie voisi ne capable de sécréter des enzymes neutralisant chez les bactéries buccales. Parmi les molécules de signalisation
des antibiotiques. Les bactéries mortes en surface du biofilm den- chez S. mutans, le peptide CSP (compelence slimulming peplide)
taire suite à l ' action en surface d ' un antibiotique peuvent aussi agi r joue un rôle dans l 'adaptation aux conditions acides ct la forma-
comme une barrière physique protégeant les autres bactéries face tion de biofilm. L e peptide CS P modifie également la compétence
il cet antibiotique. Par ai lleurs, la proximité des cellules au sein du génétique de S. mu/ans, c'est-à-dire sa capacité d'internali ser et de
biofi lm offre des conditions idéales pour des transferts hori zontaux recombiner de l' ADN exogène provenant de l 'environnement. Les
de gènes. transformations de S. mu1w1s dnns le hiofilm sont 10 il 600 fois plus
La matri ce ex traccllulai re constitue 25 à 30 % de la masse du fréquentes que dans une culture planctonique.
bio film. Elle se compose d'éléments organiques et inorganiques
provenant de la salive, du fluide gingival ct des différents produ its
bactériens. Les exopolysaccharides bactériens participent à l 'adhé- ~ MINÉRALISATION - FORMATION DU TARTRE
sion du biofilm à la surface dentaire, assurent la cohésion des bacté-
ries ct constituent une réserve d 'énergie. La matrice agit comme une Le tartre correspond à la minéralisation de l a plaque dentaire.
barrière de protection comre les contraintes environnementales (par Celle-ci se produit par un dépôt. de cristaux de phosphate de calcium
exemple les forces de dessiccation), les mécanismes de défense de à la surface de la plaque préexi stante, puis sc poursuit plus lentement
l'hôte et les agents antimicrobiens. Son épaisseur ct ses propriétés en profondeur. Le tartre renferme 70 à 80 % de sels inorganiques,
chimiques forment un filtre limitant la pénétration des anticorps ct dont les deux tiers sont sous forme cri stalline. Les princi paux miné-
de certains anti biotiques. Elle ne laisse pénétrer les agents antimi- raux sont : l ' hydroxyapatitc, la whitlockite, le phosphate octocal-
crobicns que s' ils sont cationiques. Cette barrière est d'autant plus cique ct la brushi te. La partie organique du tartre est constituée de
efficace que Je biofilm dentaire est mature. La matrice cxtracellu- protéines, d'hydrates de carbones et de lipides.
lairc peut également servir d'ancrage à des enzymes bactériennes En fonction de sa localisation par rapport au rebord gingival, on
capables de dégrader les antibiotiques. Dans la composante inorga- distingue deux ty pes de tartre (Tableau 22-IY). Le tartre suprngin-
nique, les bactéries y trouvent les oligo-éléments (Ca, P, K, M g, Z n, gival , ou tllrtre salivaire, se développe principalement sur la face
Fe) nécessaires à leurs métaboli smes. linguale des inci si ves inférieures ct vestibulaire des molaires supé-
A u sein du biofilm, les microcolonies sont séparées par des rieures. Cc tartre est loca li sé près des orifices des canaux excréteurs
canaux aqueux qui forment un réseau de ci rculation et permettent, des gl andes submandibulairc ct parotidienne. Le tartre sous-gingival,
Localisation Coronaire, au-dessus du rebord gingival Apicale, au-dessous du rebord gingival dans le sillon
gingivodentaire ou la poche parodontale
Couleur Blanc, jaune Brun, noir
Origine et volume Formé à partir des sécrétions salivaires Formé à partir du lluide gingival
de la portion minérale
Composition Majorité de phosphate octocalcique et d'hydroxyapatile, Majorité de whitlockite et d'hydroxyapatite, faible proportion
faible proportion de brushite et whitlockite de phosphate octocalcique, absence de brushite
Protéines salivaires Absence de protéines salivaires
Petite quantité de sodium Augmentation de la quantité de sodium avec la profondeur
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178 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
ou tartre sérique, est loca lisé clans le s illo n g ing ivodemairc ou dans e nvironnement anaérobie. Cependant, les cond it io ns de croissance
la poche paroclontale. Il est plus adhé re nt, plus dur que le tartre au sei n du biofil rn dentaire ne sont pas nécessaire me nt linéaires. Des
supragingival ct d ' une couleur brune ou noire. Sa coule ur résulte de variations d u pH ont été observées sur des di stances relativement
la combinaiso n d 'élé me nts hé morragiques elu flu ide g ing ival c t de la courtes. Cette hé té rogénéité pe rmet à des mic ro-organis mes ayant
pigmentation noire de certaines bacté ries anaérobies. des exigences métabol iques opposées de coexister sur un même s ite.
La formation de tartre est toujours précédée par le développe- Deux types de plaque sont décrits en fonction de leur localisation
ment de la plaque dentaire qui constitue la matrice organique pour la anatomique par rapport à la gencive: la plaque suprag ingi valc impl i-
~.:a l~.: ificati on. La plaque bactérienne se minéralise par précipitation quée dans la pathologie carie use e t la p laque sous-gingivale associée
de sels minéraux provenam de la salive pour le tartre s upragingival aux patho logies g ing ivales ct parodomalcs.
o u provenant du fluide g ingival pour le tartre sous-gingival. Bien
que les mi~.:ro-organismes ne soie nt pas nécessaire me nt essentiels Plaque supragingivale
au développe me nt d u ta rtre, ils contribuent à sa formation c hez
Les premières bactéries it coloniser la surface dentaire sont des
l' homme. La formation du tartre comme nce lorsque la salive o u le
bactéries à Gram positif (Streptococcus mitis, S. MUiguis, S. milleri
fluide g ingival sont saturés e n sels minéraux. Les ions cakium e t
cl S. mwan.1·, Actinomyces sp., Lactobacillus sp. ct Candida sp.).
phosphate sont alors d isponibles à l'éta t libre. Après une liaison des
Quelques cocci anaérobies à G ram négatif elu genre Veil/one/la
ions calcium avec de la matrice organique, les ions vom précipiter coloni sent a ussi précocement la plaque . C'est la multiplication
sous forme de cristaux de phosphates de calc ium 113l Dans un pre- bacté rie nne, d 'abord en surface, puis pe rpendiculairement à la su r-
mie r te mps, des dépôts de brush itc ct de phosphate octocalcique se face dentaire (colo nies e n «colonnes »), qui contribue e n pre mier à
forme nl dans la plaque dentaire. Puis ces derniers sont hydrolysés e n l'épaississeme nt de la plaque. Après 3 jours, des bactéries filamen -
hydroxyapatite el/ou e n whitlockite. La minéralisation s urvie nt dans te uses (Lactobacillus s p.) apparaissent à la s urface de cet agglomé-
la matrice inte rce llulai re e t s ur des bactéries mortes, vivantes o u e n rat bactérie n où prédo mine nt les cocci. Après 1 semaine, les bacté-
cours de dégénération. ries filamente uses commencent à remplacer les cocci en e nvahissant
Le tartre possède une struct.ure stratifiée dans laquelle le degré de l'épaisseur de la plaque. Certains cocci s'agglomè re nt avec des bac-
calc ification varie e n fon c tion des diffé re ntes strates. Il est carac té- té ries filame nteuses pour former des struc tures e n «épi de maïs>> à
risé par la présence de cristaux inorganiq ues sous forme d 'aig uilles. la surface de la plaque. Le biofi lm supragingival s'enric hi t progres-
La longueur de ces aiguilles varie entre 5 e t 100 f..lln . À l' inté rieur du sivement en bacté ries (dont Porphymmonas gingivalis, A. actinomy-
matériau miné ralisé, on peut d iscerne r des contours de bactéries cal- cetemcomitans, 7: forsylhia ct 7: denticola). Après 3 semaines, les
c ifiées. À la surface, le tartre est recouvert d'une couc he de plaque colonies bactériennes e n colonnes sont re m placées par des agrégats
dentaire non minéralisée. Da ns le tartre supraging ival, cette couche denses de bactéries filame nteuses orientées perpendic ulai re ment à
est dominée par des bacté ries filam e nte uses. Les filaments sont la surface coloni sée. La plaque de ntaire supragingivale est dominée
d isposés perpendicu lairement à la surface du tartre sous-jaccnl. En par des bacté ries à Gram positif, aérobies/anaérobies facultatives
revanc he, la couc he recouvra nt le tartre sous-gingival est constituée ayant une activité saccharolytiquc.
d ' un mélange de coques, de bâtonnets e t de filaments, sans organi-
sation disti ncte. La struc ture du tartr e suprag ing ival est hété rogène, Plaque sous-gingivale
avec des zones non minéralisées e t des î lots de ma té riel m inéralisé
au niveau de la plaque superficielle. Le tartre sous-gingival est. un L'environnement particulier du s illon gingivodentaire semble pro-
peu plus homogène : il présente des zones non m iné ral isées mais pice au développement d ' une communauté bacté rie nne plus diversi-
pas de matières miné ralisées dans la plaque supe rficielle. Autre fiée. Cependa nt, le no mbre de bactérie y est plus faible ( 103-1 !Y'CFU/
d iffé re nce, la matrice organique est mo ins importa nte dans le tartre s illo n). La pl upart des bactéries sont anaérobies ct ont un métabo-
sous-ging ival. lisme protéolytique. En fonc tion de sa s ituation côté dent ou côté
Le développe me nt, la q uantité el la composition du taru·e varie nt é pithé lium, la composition de la flore sous-gingivale va rie de façon
selon les pe rsonnes, sa localisation ct dans le temps. La quantité importante. La paroi de ntaire du sillo n g ingivodc ntaire est coloni-
de tartre est influencée par de nombreux facteurs dont l'âge, l' ali- sée par des bactéries à Gram positif appartenant principaleme nt aux
me ntation, l'hygiène orale, la compos itio n bactérienne, le systè me groupes des streptocoques oraux cl il ctinomyces sp. (A . odontoly-
immunitaire de l'hôte, les médicaments prescrits. ticus, A. naeslwulii, il. ge01gia). Quelques rares bactéries ;, Gram
négatif pe uvent être rencontrées. La plaque constitllée côté é pithé-
lium est faiblement adhére nte en raison du re no uvelle men t des cel-
.... STRUCTURE lu les épithéliales. El le est princi pale me nt composée de cocci el de
bacilles à Gram négatif (P. gingivalis, 7: forsythia, F. nudeatum et
La mic roscopie confocalc à balayage laser montre que le bio- A. actinomycetemcomiLans). Ces colonisateurs secondaires ont tcn-
fi lm dentaire a une structure ouverte grâce a ux canaux aque ux qui dnnce à être plus pathogènes. On y trouve égale me nt e n quantité
traversent le biofi lm de la s urface de l'éma il vers l'ex té rie ur. Cette importante des bactéries mobiles dont des spirochè tes (7: vincentii,
architecture ouverte associée à la présence d'une matrice composée 7: demicola, 7: ma/tophilum ct 7: /eithinolyticum).
d'cxopolyrnèrcs variés c rée un e nvironnement favorable a u flu x de
molécules dans le biofilrn.
La vitalité ct l'état métabolique d ' une bactérie à l' inté rie ur d ' un
biofil m dépendent de sa localisation au sein de la struc ture. Les bac-
Parodontopathogènes
té ries les pl us viables sont présentes dans la part ie centrale de la - facteur étiologique
plaque e t le long des canaux. Les mic ro-organismes s'organisent
pour se développe r selon des conditions o ptimales de croissance Pour être pathogènes, les mic ro-organis mes doivent exprimer des
(nutriments, pH , oxygène). Un gradie nt d'oxygène est o bservable facte urs de virule nce. Pour être parodontopathogènes, les mic ro-
depuis le somme t du biofilm jusqu 'à sa base, où l'on a un m icro- organismes doivent exprimer des facteurs de virulence délétères
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 179
pour les ti ssus parodontaux, et en premier lieu pour les épithéliums bactéries parodontopathogèncs. Cependant, la questio n de la bacté-
gingivaux. rie causale de la parodontite reste posée et ce concept d'« une espèce
Selon le postulat de Koch, dans sa version moléculai re, un gène = une maladie» ne peut pas être appliqué à la maladie parodontalc,
est un facteur de virulence si ( 1) le gène ou son produit est retrouvé compte tenu de la diversité des microbiomcs parodontaux, sauf à
dans les souches qui entraînent la maladie et pas dans les souches penser qu' il existe une bactérie responsable, non identifiée à ce jour,
avi rulentcs, (2) l'inactivation du gène dans une souche virulen te appartenant par exemple à la nore viable non cultivable.
e ntraîne une diminution de sa virulence, (3) l' introduction du gène A. aclinomyceremcomitam ct P. gingivalis sont retrouvés dans les
c loné dans une souche avirulcnte rend celle-ci virulente, (4) et e nfi n sites atte ims de maladie parodontalc, mais aussi dans la salive, dans
si le gène est exprimé au moment de l' infection chez l'animal et les cryptes amygdaliennes et autres muqueuses buccales chez les
chez l' homme. patients atteints de maladie parodontalc [3 1].
Pour être pathogène, une bactérie doit : Cependant, il est admis que les poches parodontales sont les réser-
- être transmise à l' homme ; voirs principaux. A. aclinomycetemcomiwns et /~ gingiva/is sont
- se fixer, coloniser ou e nvahir l' hôte; majoritairement transmis par la sali ve et le contact di rect. La trans-
échapper aux mécanismes de défense de l' hôte ; mission horizontale est vraisemblable ment la plus probable. Une
nuire à l' hôte. transmission aéroportée n'est pas exclue. Toutefois, clans ces condi-
Pour la maladie parodontale, l'infection n'est pas de la responsa- tions, Meuric ct al. 1211 ont montré qu e /~ gingivalis ex posé à l' ai r
bilité d' une seule bactérie, mais d'un consortium de bactéries orga- n'ex primait pas de facteurs de virule nce ; seul le gène tpx codant
nisé en bi ofilm (ou plaque dentaire). Les bactéries sont transmises pour un thiol peroxydase était surcxprimé, montrant la réponse de
comme commensales ct peuvent devenir pathogènes. P. gingivalis au stress oxydatif. À noter que les enfants de pare nts
hébcrgcam T.forsythia ont deux fo is plus de risques d' héberger cette
bactérie. Les parents porteurs de 7: j(Jrsytltia contaminen t dans 60 %
~ TRANSMISSION ET ACQUISITION des cas leurs enfants, c.; 'est-à-dirc à des taux beaucoup plus élevés
que pour les autres bactéries telles que P. gingivalis ou T. denticola
Le mode de transmission des micro-organi smes peut se faire par dom le pourcentage de transmission se situe entre 17 et 43 % 131.
contact direct, indirect ou par l' intermédiaire d' un véhicule. Le
comportement d' un micro-organisme pathogène dépend des inte-
ractions entre l' hôte, de l' agent pathogène et de l'environnement. ~ FACTEURS DE VIRULENCE/FACTEURS
Les moditi cations de l' un de ces facteurs auront une incidence sur DE PERSISTANCE
la probabili té de transmission. Les facteurs de l'hôte déterminent
les risques de l'exposition à un micro-organisme, la possibili té de La virulence au sens propre du terme se définit par rapport à
colonisation et donc du développement de l' infection. Les facteurs la capacité des bactéries d'exprimer une pathologie. Cependant,
de l' hôte incluent, parmi d' autres, les comportements, l' hygiè ne, la aujourd' hui, le terme<< virulence» doit être réservé à la désignation
nutrition, l' immunité et la santé en général. Les facteurs microbiens d ' un produit, d' une structure, ou d' une stratégie qui permet à un
compre nncntl ' infectiosité, la pathogénic ité, la virulence ct la survie micro-organisme d'accéder à, et de survivre dans des sites ou des
chez les hôtes humains ct animaux, y compris la résistance vis-à-vis compartime11ls cellula ires non normalement colonisés. Le facteur de
des réponses immunitaires et des médicaments. Les facteurs envi- virulence entraîne des dommages, dérégule le système immunitaire,
ronnementaux tels que la température, l' humidité, l'oxygène sont ct crée les symptômes de la maladie. En corollaire, le facteur de per-
des détermi nants de la survie des micro-organ ismes en dehors de sistance inclurait un produit, une stratégie qui favorise la mobilité, la
l' hôte. multiplication, l'échappement au système immunitaire, l'acqui sition
Les mécani smes de la transmission pour les parodontopalhogènes de nutriments, des mécan ismes d' adhésion, et des stratégies de com-
ont é té jusqu' ici peu étudiés. Plusieurs bactéries sont transmises munication avec l' hôte dans des sites coloni sés nature llement par
d ' individu à individu par contact direct, via les mains, la bouche ces micro-organismes, c'est-à-d ire dans la niche écologique normale
et les organes sexuels. La transmission indirecte intervient par l' in-
191. De plus, dans le contex te moderne de la compréhension des
te rmédiaire d' agents. Ainsi, les infections entériques sont le pl us maladies infectieuses, il faut avoir une interprétation prudente des
souvent d'origine alimentaire ou liées à l'eau. Les infections respi- fac te urs de << viru le nce/persistance >> qui peuvent porter li certaines
confusion,, pui sque le facteur est limité au micro-organ isme, tandi s
ratoires sont transmise5 soit par contact direct, soit par des goullc-
que nous reconnaissons maintenant l' importance de l'expression de
le l!es (aé rosols) émises lors de la toux ou de l'éternuement. Aucun
la virulence re lative aux variat ions dans la susceptibi lité de l'hôte,
travail n' a mis en évidence la transmission par ces voies de bacté-
e n particulier résumée sous le nom de << re lations hôtes - micro-
ries parodontopathogènes. L' habitat des bactéries parodontopatho-
organismes >>.
gèncs est restreint il la cavité buccale. La majorité des bactéries des
Seuls seront décrits ici les facteurs de virulence/persistance appe-
parodontitcs retrouvées dans l'espace sous-gi ngival peuvent aussi
lés facteurs de virulence essentiels aux bactéries du complexe rouge
être isolées de la cavit.S buccale sans parodontite. Elles sont donc
de Socransky et à A. acrinomycetemcomitans.
considérées comme des flores indigènes. Ces bactéries indigènes,
commensales, som acquises par transmission emre individus, en
particulier entre les membres d' une même famille.
Facteurs d'adhésion
Kononc n et al. r181on t montré que Prevoie/la melaninogenica Après la transmi ssion et l' acqu isition chez l' homme des bactéries
peut être transmis depuis la mère à son enfant. La malad ie paro- commensales susceptibles de devenir pathogènes, l'étape d' adhé-
dontalc est-elle une maladie transmissible ? Il existe des fam illes sion est une étape importante dans l' installation de la bac térie. Dans
atte intes de maladies parodontales. Ce la suggère que des facteurs de la cavité buccale, l'adhésion des micro-organismes peut sc fa ire sur
susceptibi lité pour l' initiation et la progression de la maladie sont des surfaces calc ifiées recouvertes de protéines salivaires (émail,
transférés d ' un indi vidu à un autre au sein de la même fa mille. li cément, dentine), sur des surfaces épithé li ales ou sur des bactéries
pourrait s'agir de facteurs génétiques, de comportements et/ou de installées. Dans cc dernier cas, il s'agit de l' adhésion sur ou dans un
180 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
biofilm. Dans le répertoire des facteurs de virulence de P. gingivali.1·, externe de P. gingiva lis est nécessaire pour son interact ion avec
plusieurs molécules ou structures sont essentie lles aux interactions S. f!Ordonii. La co-agrégation de /~ gingivalis avec S. J!Ordonii ct
avec les autres micro-organis mes comme avec les cellules de l' hôte, S. ora/is est inhibée par la chlo rhcx idi ne et par le peroxyde d ' hy-
certaines d 'entre elles jouant des rôles multiples. Il a été montré que drogène, suggérant là aussi des liaiso ns très spécifiques. Des é tudes
P. gingivalil" d ' une pan adhérait à plusieurs supports dont les cellules récentes o nt montré que la glycéraldéhydc-3- phosphate déshydro-
hôtes et d ' autre pan envahissait les cellules ct se multipliait [ 12]. génase de S. oralis est indi spensable pour la co-agrégation avec les
La co-agrégation a souve nt été décrite chez P. gingiva/is avec dif- fim briae de P gi11givalis. Au total , les interactions entre P. g ingi valis
férentes autres es pèces (Figure 22-5). La co-agrégation est la capa- et d'autres genres bacté riens de la cavité bucca le incluant les strep-
cité d ' une espèce bactérienne de servir de pont entre les s urfaces de n- tocoques e t des bactéries telles que F 11ucleatum résultent d ' une co-
taires ct des espèces non adhérentes : les formation s en épi de maïs agrégation spécifique qui permet aux bactéries de coloniser le s illon
(Figure 22-6) représentent le me illeur exemple. La co-agrégation est gingivodcntaire .
vraisemblablement la clé du développement de biofi lm complexe A. 11aeslundii est le premier colo nisateur du biofilm dentaire et
dans la cavité buccale. Les co-agrégatio ns intergcnrcs permettent apparaît fac iliter la colonisatio n de P. gingivalis par ses capacités de
d'établi r des biofi lms variés dans les habitats multiples de la cavité co-agrégation. La spécific ité de l' imcraction a été ident.ifiée comme
bucca le. L'événement initial dans la virulence de P. gingivalis est une molécule de type g lycoprotéine A MA F qui co-agrège égale-
son adhérence. Pour adhérer, P. gingivalis possède p lus ie urs compo- ment avec d'autres micro-organis mes du biofil m comme Prevote/la
sants te ls que les firnbriae, des protéases, des hérnagglutinines et des intermedia , 1~ nucleatum ct Cap11ocytoplwga ochracea, mais pas
LPS. Les fimbriae principales de P. gingiva/is partic ipe nt toutes à la avec des streptocoques.
foi s aux interactions interbactéric nnes et à la cellule hôte. En consé- P. f!Îngivalis sc lie à la lam in ine, la fibroncctine, aux cellules épi-
quence, les f"imbriac participent à la foi s aux étapes de co-agrégation thé li ales grftcc à une cysté ine-protéasc (gingipaïncs). La p lu part des
ct aux étapes d 'adhésion. Les f"irnbriae de P. gingivalis peuvent aussi études de co-agrégation dans le b iofi lm buccal son t fondées sur l'ap-
se fi xer spécifiq uement à un domaine de proté ines riches en proline titude des espèces à potentiel pathogène à se lier aux prem iers coloni-
telles que celles retrouvées dans la salive. Cc domaine est hautement sate urs ou colonisateurs qui servent de pont. Ainsi, la co-agrégation
conservé ct a été retrouvé sur p lusieurs streptocoques, s uggérant une entre P. gingivalis et F nucleattllll est un pont important e ntre les
réponse adaptative de P. gingivalis pour aug menter son potentie l de deux types de bactéries dans la plaque sous-ging ivale. Cependant,
virulence. tous les iso lats ne sont pas capables de cette interaction. Certaines
P. f!ÎIIg ivalis est capable de co-agréger avec Actinomyces llaes- paires de bactéries sont constamment retrouvées dans le bio film des
lwulii 2 (l\cti11omyces viscosus), Streptococcu.r gordonii et S. mitis. parodontitcs te lles que /~ gingivalis cl F. nuc/earum, cl'uutrcs pas.
Plus ieurs autres streptocoques buccaux peuvent s' agréger avec F. mtcleatum possède un s ite spéc ifique du galactose liant une adhé-
P. gi11giva/is. Les liaiso ns sont souvent thermosens ibles ; elles sont s inc qui permet sa co-agrégation uvee P. gingivalis aussi bien qu'avec
altérées par di fférents sucres, des acides ami nés et des protéases. Il d ' autres espèces. Une galactosidase peut spécifiquement inhiber le
a été montré qu ' une protéine de 40 kDa appartenant à la membrane processus de liaison. Cette capacité d'adhérence bactérienne hété ro-
+ =Collagène
I = Fibronectine
.-: = Laminine
PRP = Glycoprotéine
salivaire
P. intermedia
C. ochracea
Cellule
S. oralis
G3tf
:J/f = RgpA
/
S. gordonii
•
S. salivarius
• =RgpB S. mitis
+ =Kgp
Figure 22-5 Représentation schématique (non à l'échelle) des différentes possibilités d'adhésion de P. gingivalis.
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 181
Facteurs de colonisation
typique peut, par aille urs, pcrmeure le transpon cie P. gi11giva/is et 1:
forsythia par '1: de11ticola, la seule espèce mot ile elu complexe rouge. Les interactions de P. gingivalis et d ' autres membres du complexe
Ces bactéries po urraient ai nsi coloniser les zones profondes cie la rouge avec les cellules é pithéliales dans l'environnement m icrobien
poche paroclontalc représentant un environnc mcnl plus propice à sous-ging ival o ff re nt une stratégie excellente po ur a bouti r à la des-
leur croissance, notamment en raison cie la concentration d 'oxygène truction des tissus de l' hôte. Alors que P. gingiva/is a été rapporté
plus faib le. r~ llucleatul/1 facil ite aussi la survie cie bactéries anaéro- dans les tissus g ing ivaux ct que quelques souches cie P gingivalis ont
bies clans un environnement parfois oxygéné avec les interactions été trouvées dans les cell ules épithéliales g ing ivales, où elles seraient
bactériennes. Plus ieurs études ont montré q ue P. gi11givalis peut co- probablement aptes à se multiplier, les détai ls in situ des inte ractions
ag réger avec P. i11termedia, en particulier clans des biofilms cie mala- des cellules épithé li ales ct l' invasion bactérien ne n'ont pas été clai-
dies parodontalcs sévères. P lusieurs aute urs ont montré que seuls /~ rement définis. Quoi qu ' il en soit, P. gingivalis possède une variété
gi11givalis et F. 11ucleatum agrégeaient avec P. micros par une frac- de molécules de structures qui interag issent avec les macromolé-
tion thermostable et sensible au pcrioclate (c'est-à-elire ressemblant cules cie l' hôte (par exemple proté ines salivai res, composants de la
au carbohydrate) chez P. micros. F. l!ucleatum, P. g ir~givalis et T for- matrice extracell ulairc) ct les cellules. Les fi mbriac sont capables
sythia co-agrègent plus facilement en présence cie F. 11ucleatw11 . La de s' nttacher aux cellules é pithéli ales, fibrobl astes, macrom o lécules
co-agrégation entre Treponema medium el P. gi11givalis, laquelle est sa livaires humaines, à l' hé moglobine et à la matri ce extraccllulaire .
possible par des fimbriae, est inhibée par la cha leur, la lys ine, l' argi- L' imcraction initia le de P. gingiva/is avec les structures cie l'hôte se
nine ella lc upe ptine. Il a été mis en évidence une protéine de surface réalise en présence de protéines de l' hô te, telles que le fibrinogène,
cie 37 kD a de T. medium qui se lie a ux fimbriac de /~ gingivalis (voir les histatincs, la fibronectine. Plusie urs autres protéines sont concer-
Fig ure 22-5). Les vésicu les de P. gingivali.1· pe uvent aussi agréger de nées dans la liaison intermédiai re entre les proté ines c itées c i-dessus
no mbreuses bactéries buccales comme Streptococcus sp., F. nuc/ea- et les fimbriae : cc sont les protéines riches en pro line, les glycopro-
111111 et A. 11aeslundii. Ces vés icules ont également la possibilité cie té ines salivaires et les stathérincs. Elles peuvent fonctionner comme
lier des espèces non en agrégats comme Staphylococcu.\' aure us avec des récepteurs spéci fiqu cs qui augmentent les interactions in itiales.
Streptococcus sp. ct cenains candidas. Aussi, P. gingivalis ct ses Quoique la fonction primaire des fimbriac soit l' attachement initial
vés ic ules contribuent aux interactions emre plusie urs espèces de la aux s urfaces de l'hôte, une fonctio n cie signa lisation a récemment été
cavité ornle. La co-agrégation apparaît être une stratégie importante décrite. Ces structures déclencheraient une sig nalisatio n intracellu-
de colonisation pour les micro-organismes de la cavité buccale. Elle laire entre la bactérie ct la cellu le hôte pendant la phase d ' invasion.
implique de nombreux ligands et récepte urs de surface incluant les Ce type de s ignalis ation a été mis en évidence chez Escherichia coli,
fi m briac de P. gingiva/is. Dans cet environneme nt microbien com- Neisseria spp., Salmonella spp. Les adhésincs de ces espèces sti-
plexe, ces interactio ns montrent quelques spécifi cités, lesque lles mulent la cascade cie s ignalisatio n cellulaire, laque lle entraî ne la
aboutissent à la formation d ' un biofilm organisé et structuré. phosphorylation de protéines, un nux d ' ions ca lc iques, el le réar-
La co-agrégation entre /~ gingivalis el T. dentif'ola est aussi pos- rangeme nt d ' acti ne e l d ' autres protéines du eytosquelettc. Cc type
sible par la denti lisine de T. denticola. La liaison fimbri ae de P. gin- d'activité peut module r l' attacheme nt de la bactérie à la cellule et
giva/is - dentilis ine de 7: denticola faciliterait égale ment le transport préparer à l' invas ion cell ulaire.
de /~ gùzgi valis clans la partie profonde de la poche pnrodontalc, o ù A ins i, l'attache ment de /~ gingivalis à la cell u le hô te apparaît
les conditions anaérobies sont plus favorables à la survie et la crois- contribuer ou ré pondre aux altérations des proté ines de la surface
sance de P. g ingivalis. 1: denlicola re présente 50 % des bactéries de la cellule hôte. Par exemple, le traite ment de protéines matri-
retrouvées dans les s ites aneints de maladies parodontales ; celle cielles avec une protéase te lle que l' arginine cystéi nc pro téase de
bactérie présente une orig inalité dans la composition de sa mem - P. gi11givalis entraîne une augmentatio n de la lia iso n des fimbriae
brane exte rne, puisque, au lieu de contenir des LPS comme tollle aux cellules hôtes. À cec i, il faut ajouter que l'arg inine cystéine
bac térie à Gram négatif, la composition en lipides est l' acide lipo- protéase de P. gingi valis dégrade le collagène, la fibronectine,
téichoïque retrouvé dans les membranes cie bactéries à G ram positif, l' a lbum ine et la lami ni nc, mais l'argini ne cysté inc protéase n'a
182 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
pas d'effet s ur les fimbriae. Le récepte ur de s urface de la cellule Facteurs d'évitement de l'hôte
é pithéliale appartie nt aux intégrines, lesquelles agissent comme un
Dans la maladie parodontale, les bac té ries induisent une réponse
récepteur pour P. gingivalis. L' interaction a é té mo ntrée entre la
inflammatoire, laquelle est largement responsable des destructio ns
f"im brilline (sous-unité des fimbriae) el la~ 1 intégrine. Les souc hes
ti ssulaires observées dans des maladies avancées. Les processus
sauvages de /~ gingi va/is qui envahissent la cellule é pithé li ale
inflammatoires et immun itaires interagissent dans la maladie ct le
indui sent l'activation de diffé re ntes voies de s ig na lisation cell u-
caractè re « destructi f >> de la maladie est principalement déterminé
laire, des cascades de phosphorylation telles que l'act ivation des
par la nature des ré ponses infla mmatoires.
MA P ki nases. Cela aboutit pour la cellule hôte à la mod ification du
cytosquele tte e t des complexes d ' adhés io n e t à une augmentation
Fluide gingival créviculaire
d u flu x calc ique.
En plus de ces modifications cellulaires liées à la présence de En cas d'inflammatio n parodontalc, le liquide du si llon gingivo-
P. gingivalis, Agnani et al. Il l ont caractérisé l'adhé rence de P. gin- dcntaire, ou transsuda t d ' origine sérique, e ncore appelé fluide gi ngi-
givalis aux cellules é pitMiialcs c t ont montré que la bacté rie modifie val ou flu ide gi ng ival c révic ulaire (FOC), augmente. Ce fl uide a pour
égale me nt son profil proté ique lors du contact avec la cellule épi- o rigine les vaisseaux s anguins du tissu conjonctif sous-épithélia l. Il
thé liale, avec l'expression de nouveaux po lypeptides. Ces de rnie rs passe au travers de l'épithé lium du sillon ging ivode ntaire e t l'épi -
augme nte nt le succès de coloni sation du tissu hôte pa r P. gingivalis. thélium de jonct ion. Il contient de nombre uses molécules de l' in-
A u total, le fait que des bacté ries adhèrent e t e nvahisse nt les cellules flammat ion, lesq ue lles sont ut ilisées e n clinique comme marque urs
hôtes o u les tissus proc ure à c haque espèce individue lle me nt la pos- de la maladie. Dans le cas de l' aggravation de la malad ie, le FGC
s ibilité d 'exprimer sa pathogénicité c hez un hôte donné . contie nt, outre les composanl~ sériques présents dans le sang, les
Indé pe ndam me nt des fimbriae de /~ gingivalis, T. dentico/a sc composants spécifiques des maladies parodo ntales ducs à l' infiltra-
lie égale me nt aux surfaces de nta ires, a ux différents élé me nts de la tion des cellules inflamma toires, refl étant l'état mé tabol ique local du
matrice cx tracellulaire c t à la surface des cellules hôtes telles que les tissu parodontal. L' inte rac tion des bactéries avec les cellules é pithé-
lia les, les cell ules endothéliales, les poly nucléai res ne utrophiles ou
fibroblastes. Comme tous les spirochètes, 7: de111icola possède des
les mac rophages indu it la synthèse de cytokines pro-inflammatoires
protéines de liaison pour les collagènes de types 1, IV et V. T dellfi-
qui accentue l' infla mmation. Les cytokines libérées seront rapide-
co/a joue un rôle dans l'adhérence, mais aussi dans la colo nisation.
ment dégradées par les protéases des bac té ries du comp lexe rouge,
Plusieurs protéines de la m embra ne externe de T. denticola ont été
comme les g ingipaïncs de P. gingivalis ou la dcnto li sine de T. den-
mises e n évidence; leu r rô le reste indéterminé, à l' exception d ' une
ticola.
protéine de 64 kDa dont la taille pourrait lui conférer une activité
porine pe rmettant le transport de molécules dans e t hors de la cellule
Immunité adaptative
hôte. De son côté, bie n q ue considé rée comme une bactérie asac-
c harolytiquc, T. forsythia exprime une batte rie de g lycos idases, en La réacti on immun itaire adaptative qu i accompagne l' in fect ion
particulie r des exo-alpha-glycosidases ou ne uraminidascs e t dessia- par /~ gingivalis semble ê tre de type h2, carac té risée par la proli-
lidases. Celles-ci seraie nt également impliquées dans la colonisation feratio n des lymphocytes B ct leur d iffére nciation e n plasmocytes.
des tissus de l' hô te. T forsythia reste un m icro-organis me e ncore Cette réponse peut s'ex pliquer par l' in teract io n de la majorité des
peu étudié; de nombreux travaux sont nécessaires pour compre ndre PAMP (patlwgen associated mo/ecu/ar pa/lem) de P. Ringivali.1·
ses interactions avec les au tres bac té ries e t son rô le dans la coloni- (LPS e t fimbriae) avec les toll-like receptors (TLR), principale-
sation. me nt. Les cell ules é pithéliales reconnaissent les motifs mic robiens
par l'express io n de récepteurs me mbranai res, les TLR. La présence
de butyrate pourrai t égale me nt contribuer à cette orie ntation de la
Facteurs d'invasion
réponse immunitaire.
La virulence de /~ gingivalis est e ncore accentuée par s a capaci té La virule nce de P. gingivalis est encore accentuée du fa it de sa
d 'enva hi r les cellules eucaryotes e t de survivre au sein des cellules. capaci té d 'envahir les cellules eucaryotes e t de survivre au sein de
Plus ie urs travaux in vitro montre nt l' internalisatio n des bac té ries ces cell ules. Cette internalisation le protège défin iti veme nt des méca-
parodontopat.hogèncs dans les cellules hôtes te lles que les fibro- nismes de défense humoraux. Les cell ules infectées peuvent éc hap-
blastes, les cellules épithéliales c t endothélia les. L' internalisatio n per pl us facile me nt aux macrophages et cellules NK. L' in hibi tion de
protège dé finiti veme nt la bactérie intracellulaire des mécanis mes l' apoptose des cellules épithéliales infectées partic ipe également à la
de défense humoraux. L'entrée de la bactérie dans la ce llu le e uca- protection de P. gingivalis . L'i nvasion cellulaire et la survie a u sein
ryo te non professio nnelle de la phagocytose a été montrée pour des cellules pourraient expliquer les cas de récurrence observés c t le
des bacté ries co-agrégées te lles que P. Ringivalis c t F. nucleatum. fait que le génoty pe re trouvé lors d'une récidive est identique à celui
Le mécanis me serait lié aux radeaux lipidiques ; le cytosquelctte qui é tait présent avant traitement.
de la cellule e nvahie sc modifie avec une uti lisatio n de l'actinc par
P. gingiva/is. Les bactéries év ite nt les lysosomes el reste nt s ituées Le CD 14 récepteur du LPS
dans le cytoplasme cellulaire. Il est vraise mbl able que ces cell ules Le LPS est un fac teur de virulence s itué dans la membrane des
infectées constitue nt des réservoirs de bac té ries potentie lle me nt bac téries à Gram négat if. La portion li pidique A déclenche une
pathogènes. L' invasion cellulaire ct la survie au sein des ce llules réponse infla mmatoire C'est un pu issant activate ur de la réponse
pourraie nt expliquer la chro nic ité de la maladie, nota mme nt les pé ri- immunitaire innée, par la stimulation des T LR4 , une protéine de sur-
implant.ites c hez l'édenté total ayant été allcint de maladie paro- face qui reconnaît les produits bactériens. Lorsque le LPS bacté rie n
dontale, c hez lequel une ré habi litation prothé tique est réalisée sur e ntre clans la c irc ulation sanguine, il indui t de nombreuses réponses
implants. Bie n que peu é tudiée, 7: forsythia serait la bactérie la plus dont la fièvre , une coagulation, le choc septique, etc . Dans les mala-
commune à la surface e t à l' intérie ur des cellu les é pithéliales issues dies parodontales, il a é té montré que l'élévation de la concentrati on
de poches parodontales 151. sérique de LPS c irc ulants déclenchait ou favorisait des malad ies sys-
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 183
témiques. Les LPS des bac té ries du complexe rouge ont un effet sur soit par la voie a lte rne, soit par la voie class iq ue. L' activation de
la plupart des ce llu les retrouvées dans les tissus paroclontaux, à savoir la proté ine C3 vari e avec la sévér ité de l' inf-lammation paroclon-
les macrophages, les 1ymphocytes, les fibroblastes, les ostéoblastes talc et correspond à plus ieurs stades de la maladie. Les bacté ries
c t les ostéoclasies. Beaucoup de maladies parodontales pe uvent être responsables de maladies parodontales ont di ffé re nts mécanis mes
expliquées par l'activité biologique locale du LPS. La proté ine liant pour échapper au systè me elu complément. Que lques espèces bac-
le LPS (lipopolysaccharide-binding p1Vtein ILBPI) est produite par té rie nnes possèdent des polysaccharides sur leur surface, lesquels
les hépatocytcs c t peut catalyser le transfert du LPS à son récepteur masque nt les mo lécules qu i activent le complé ment, augmentant
m embranaire, le CD 14 présent s ur les monocytes, macrophages, ou l'affinité des molécules qui inhibent celle activité ou créant un
au CD 14 solub le (sCD 14) (Figure 22-7). L'activation du récepte ur e ncombre ment sté rique. Quelques parodontopathogèncs possèdent
C D 14 active à son tour les cell ules e ndothéliales ct les monocytes des activités protéolytiques sur leur s urface cellu laire, lesque lles
via une voie TLR4-dé pcndantc. Ces cellules produisent la sécré- atténuent l'effe t bacté ric ide elu comp lément e n c livant la protéine
tion de molécules pro-inflammatoires telles que 1' 1L- 1, le TNF, les C3 ou e n inac ti vant le récepteur de la protéine du complé me nt C5a
PGE2 etl ' IL-6. Ces molécules e n retour produisent le relargagc de présent à la s urface des ne uu·ophiles pour éviter l'opsonisation. La
médiate urs secondaires de l'inflammation inc lua nt le facteur d' agré- stratégie est le relargage dans le milieu de mo lécules qui peuvent se
gation p laqucttairc (plate/et activatingfactor [PAF]), la braclykininc, lier a u complé me nt pour rédu ire l'activité du système sur la bactérie.
l' hi stamine e t des prostagland ines. Le choc septique entraîne des
séquences semblables à celles observées dans la maladie parodon- les immunoglobulines
talc : ex position aux LPS, relargage de cytoki nes e t activations des
méd iate urs de l' inflam mation. Dans le c hoc septique, les patie nts Des bactéries comme P. gingivalis ont des structures de surface
a vec des vale urs ide nt iques de LP S présentent des s ignes cl iniques complexes qui ont un fo rt pote ntie l antigén ique c t immunogène ;
diffé re nts e t donc des niveaux uifTére nt ~ de cytokines. Les taux de e lles déclenchent la synthèse cl ' anticorps par les plasmocytes pré-
cytoki nes sont le reflet de la réponse inflammatoire. La maladie sents sur le sile de la maladie. Dans le cas d'une infection par P. gin-
parodontalc pourrait ê tre considé rée comme une maladie infectieuse givalis, une proportion im portante des anticorps synthétisés est cl ' iso-
c hez un individu qui présente une réponse inflammatoire anormale. type lgG2. Cet isotypc est caractéristique d ' anticorps dirigés contre
Plusie urs aute urs o nt dé montré la présence de niveaux élevés de des polysaccharides (polysaccharides de la capsule c t des LPS). Les
C D 14 chez les patients aueints de maladie pa roclontale comparés lgG2 ne permelle nl pas une défense optimale contre ces antigènes e t
aux patients sai ns. Ils suggère nt que celle augmentation est liée à les bactéries qui les porte nt : e lles active nt peu le systè me elu com-
une e xposition c hronique aux LPS. D'autres aute urs ont dé mon tré plé me nt. De plus, elles sont mal reconnues par les récepte urs du
une augmentation sérique de LBP e l d 'anticorps dirigés contre le fragmelll cJi stall isablc des lgG ct sont très souvent de faible avidité.
LPS des paroclontopathogènes c hez les patients atteints [261. Cela a pour conséquence une pers istance de l'infection et de la réac-
tion inflammatoire associée. De plus, les g ing ipaïnes de P. gingivalis
c t la dcntilis ine de T. denrico/a possède nt la capacité de dégrader
l e système du complément
les immunog lobulines e t certains récepte urs mc mbranaircs, ce qu i
Le systè me du complé ment est un e nsemble de protéi nes qu i par- affai bl it les dé fenses humorales et cellulaires.
tic ipent à la destruc tio n tissulaire e t aux processus inflammatoires.
L' activation du complément est considé rée comme un mécan isme de les cytokines
protcclio11 dans l' immun ité antibacté rie nne, quoique quelques com-
posants de celle voie entraîne nt la destruction ti ssulaire. Plusie urs L' interaction de P gi11givalis avec les cellules de l' hôte induit éga-
com posants elu systè me elu complément o nt été retrouvés dans le leme nt la synthèse ct la sécrétio n de cytokines pro-inflammatoires
FGC de patie nts allci nL~ de parodontites. Ces composants dé rivent ( IL-l p, IL-6, IL-8 c t T NF-a) qui sont impliquées dans la résorption
du sérum, ou sont produits par l'activation locale elu systè me. osseuse. Cepe ndant , là a ussi, comme pour les proté ines du complé-
L'activation du systè me du complé me nt est l'une des premières me nt e t les immunoglobulines, les cytokines pro-infla mmatoi res
réponses du système immunitaire dans l'espace parodontal. La pré- sont rapidement dégradées par les gingipaïncs. La dégradation des
sence de bacté ries dans la poc he parodontalc peut activer le systè me cytokines par P. gingivalis peut ê tre massive e t dé pe nd à la fois de
la concentration bacté rie nne et de la souc he infectan te. Cette dégra-
dation résulte e n une forte pe rturbation des réactions infl ammatoi res
locales cl une rupture du gradient de c himiokincs à proxim ité de la
plaque sous-gingivale, ayant pour effet d'inhibe r l' afnu x des leu-
cocytes au site de l' infect ion. Au total, les protéases bactériennes
contribuent au conto urnement des défe nses immunitaires de l' hôte,
favorisant ains i l'établissement des bactéries qu i les sccrètc nt.
-
184 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
dégranulation des neutrophiles, re ndant la phagocytose ine fficace. lu laires ct de 99 % des activités amidolytiques dites " t1:ypsi11-like » .
La dégranulation des PMN est accompagnée d ' un rclargage de pro- À cause de leur rôle préponcléralll dans le métabo lisme de la bacté-
téases, lesquelles. 11 côté des protéases bactériennes, produi sent une rie, dans l'acti vation des collagénases de l' hôte, clans la destruction
dégradation de matrice cxtracell ulairc. tissulaire, ct égale ment dans la dérégulatio n du système immuni-
T. denticu/a produit également une protéine immunosuppressivc taire, les gingipaïnes représentent un pouvoir de virulence é levé
(S ip), laquelle diminue la pro lifération des lymphocytes T en indui- chez P. gingivalis, avec plus particulière ment la lyse des protéines
sant l'arrêt de leur cycle à la phase G 1. Cet e ffet est irréversible ct de l'hôte contenalll l' hème et le fer indispensab les à leur croissance.
entraîne l'apoptose de ces cellules. Ce type d'activité a aussi été Enfin, e lles permellent, via leurs domaines hémagglutinines, l' adhé-
démontré pour d' autres bactéries de la cavité buccale. re nce aux cellules (épithé liales, endothéliales, fibroblastiq ues et bac-
Les bactéries du complexe rouge sont également rés istantes aux tériennes), mais également à leurs substrats e nzymatiques. Il a été
bêta-dé fensines produites par les différentes cellules de l' hôte. Les montré que les gingipaïnes étaient impliquées dans la coagrégatio n
bêta-défensines sont les premières lignes de défense. Pour les trépo- de P. gingivalis avec au moins deux autres bactéries : P. intermedia
nèmes, cette résistance est exprimée de façon constitutive. Dans la et A. vi.1·cosus (voir Figure 22-6).
maladie parodontalc, il est avancé queT. denticula résiste fortement En dehors des g ing ipaïncs, P. gingivalis posséderait au moins trois
aux défcn sincs ct facilite l'i nvasion tissulai re par d'autres bactéries. autres protéases à cystéinc dont deux collagénases et une enzyme
P. gingivalis el T. denticola mettent donc en œuvre différentes stra- homo logue de l'exotoxine SpeB de S. pyogenes. P. gingiva/is pos-
tégies po ur perturber les réactions immunes. L' invasion des défenses séderait égale ment des protéases à sérine. À côté des ac tivités pro-
immunitaires de 1' hôte par les bactéries parodontopathogèncs est un téolytiques, /~ gingivalis possède des enzymes responsables de la
facteur déterminant de leur potentiel pathogéniquc, de leur proli të- dégradation de molécu les non protéiq"ues telles que la phospholi-
ration ct de leur survie à long terme. pasc A, les phos phatascs alcaline e t acide, les nuc léascs, la hyaluro-
A. actinomycetemcomitalls produit quant à lui diffé rents facteurs nidase, la chonclroïtinc s ulfatasc ct l' héparinasc. L' hémagglutinine
de virulence qu i possèdent des capacités d ' inhibitio n des défenses de HagA, l' une des cinq hémagglutinines connues chez P. gi11givalis,
l'hôte dont le plus étudié est la leucotox ine 1141. Bien que non pré- ne présente pas d'activité enzymatique intrinsèque, mais contient les
sente chez toutes les souches, celte toxine thermolabi le de 115 kDa domaines répétés retro uvés au niveau de la majorité des g ingipaïnes.
est capable de lyser ill vitro des polynucléaires neutrophiles ct des li est à noter que la structure primaire des g ingipaïncs est unique ;
monocytes humains, entraînant la libération de nombre uses enzymes e lles ont très peu d ' ho mologies avec les protéines connues chez
qui participent à la destruction ti ssulaire. A. acti11omycetemcomitans d' autres espèces bactériennes.
échappe égale ment à la lyse par les proté ines elu complément. Ai ns i, il apparaît que /~ gingivalis possède un éventai l d ' activités
protéolytiques enzymatique qui lui permet d 'être un concurrent effi-
Facteurs qui endommagent l'hôte cace clans l' habitat parodontal. Il peut obten ir les s ubstrats, souvent
des pro té ines et des polypeptides, qu i sont nécessaires à son méta-
Les bactéries du complexe rouge possèdent une batterie de méca- bolis me, sa croissance ct sa mult ipl ication. L'amp leur de ces activi-
nismes pour interagir avec l' hô te et le coloni ser au lo ng terme tés suggère un rôle essentiel dans la virulence à la fo is comme une
pour abo utir à la chronicité. Cependant, l'ex pansion f~tvorabl e de espèce isolée, ct clans le biofilm installé dans les s ites parodontaux
la population nécessite une réplication et une compétition pour les malades. Enfin, les dommages tissulaires qu' il e ngendre suggèrent
nutriments d isponibles dans l'environnement de l'hôte. Ai ns i, les que ces destructio ns sont nécessai res à sa survie. Cela correspond à
nutriments sont importants pour la survie des espèces. La dis poni- la stratégie des bactéries commensales, pathogènes opportunistes.
bil ité d'élé ments nutritifs montre que celte stratégie est directement Les bactéries du complexe rouge expriment des hé magglutinines
liée à des biomoléculcs appelées << sustenines » dépendantes des ct des activ ités hé mo lytiques le ur permettant de se lier aux érythro-
exigences physio logiques des bactéries. Pour I-f olt et Ebcrsole [I l j , cytes puis de les lyser, libérant a ins i de l' hémoglobine, une sou rce de
les s ustcnines pourraient faire partie des facteurs de virulence ou de fer essentie lle à la croissance des parodo ntopathogènes. P. gingivalis
persistance. Les protéinases ou protéases bactériennes procurent les utilise i11 vitro une g rande variété de substrats tels que l' hé moglo-
nutriments nécessaires à la croissance bactérienne quand les bac- bine, la myoglobine, l' hémopexinc, la métl1émoglobine, l'oxyhémo-
téries sont confinées dans une niche écologique. Avec l' hôte, ces g lobine et le cytochrome c, ainsi que le fer inorganique ct la transfcr-
macro molécules sont cons idérées comme des enzymes non s péci- rine pour sa cro issance. P. gi11givalis obt iendrait in vivo l' hé mine par
fiques qui dégradent une grande variété de protéines hôtes. Il est protéolyse de l' hémog lobine et des proté ines de transport de l' hème.
admis aujo urd' hui que ces macro molécules o nt un rôle à la fois Sous l'e ffet des protéinases dont Kgp, la transferrine serait i11 vivo la
d' activateur ou d ' inhibiteur pour les proté ines de l' hôte. Ainsi, ces source principale de fer pour la croi ssance de /~ gingivalis.
biomolécu les sont importantes pour la s urvie de la bactérie, avec A. actinomycetemcomitans produit également plusieurs e nzymes
des dommages collatéraux pour l' hôte. Les bactéries du complexe dont des catalascs, des collagénascs et des phosphatases qu i contri-
rouge sont asaccharo lytiques et requièrent pour leur croissance des buent à la dégradation des tissus hôtes, et en particuliers du tissu
peptides ct des acides aminés. osseux.
Ainsi, les protéinases de P. gingivalis sont considérées comme
des facteurs responsables de la progression de la maladie parodon-
tale. Elles dégradent les collagènes de types 1 ct IV (respectivement .... MOYENS D'ÉTUDES DE LA PATHOGÉNIE
composant des tissus conjoncti fs et des membranes basales) e t les MICROBIENNE
protéines de la matrice ex tracellulaire comme le fibrinogène et la
lamininc. C hez P. gi11giva/i.l", la famille des cysté ines protéases ( Kgp, Les moyens d 'étude de la pathogénie microbie nne sont nom-
RgpA et RgpB) est nommée gingipaïne. Le terme de ging ipaïne pro- breux. Ils incluent des méthodes in vitro et des méthodes ill vivo
vient de l' association de P. gi11givalis ct de c lostripaïne qui est un chez l'animal et chez l' ho mme. Les facteurs de virulence pour une
terme général pour désigner les cystéines proté inases. Celles-ci sont bactérie pathogène répondant aux critères de Koch sont aujo urd' hui
responsables d ' au mo ins 85 % des activi tés protéolytiques cxtracel- identifiés par des techniques de mutagcnèse en particul ier.
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 185
Dans le cas des maladies à biofilm mixte telles que les mal adies dentaire (sondage, détartrage, tra itement endodontiquc, chirurgie,
parodontales, il s' agit d 'étudier les facteurs de virulence/pers istance traitement ortJ1odontiquc, traiteme nt dentai re restaurate ur, etc.).
de bactéries vivant en biof"ilm, dans des environnemenls contnints et En règ le générale, les bactériémi es sont trans itoires (moins de
soumis à différents paramètres. 15 minutes). Dix m inutes après la fin des soins de ntaires, une fa ible
Bien que la standardisation des méthodes d'étude des biofilms quantité de bactéries est retrouvée dans le sang circu lant ; e lle pe ut
soit aujourd'hui nécessaire, plusieurs stratégies in vitro permettent pers ister au-de là des 30 minutes s ui vant l'acte dentaire effectué.
de modé liser les biofi lms. La grande majorité des études s ur les bio-
fi lms sont réalisées en monoculture, c'est-à-dire que l'on étudie des
biofilms formés d'une seule es pèce de micro-organismes. La mono- ..... MÉCANISMES
c ulture s ur un s upport comme de l' hydroxyapatite ou sur un fil m
Deux facte urs conditio nnent la bactériémie: la charge bactérienne
salivaire permet d ' identifier des facteurs d ' adhésion, de caractériser
dans la cavité buccale et l'i nflammation de la muqueuse buccale. La
l'organisatio n spatiale du biofilm, de valider l'expression de diffé-
charge bactérienne moyenne pour la plaque denta ire est estimée il
rentes proté ines dans des conditions données. Les résultats de ces
109 bactéries/mg de plaque. Une micro-effractio n de la muqueuse
essais sont comparés à des cultures planctoniques. L'inconvénient
buccale o uvre le passage sanguin ù une grande quantité de bactéries.
est que la technique de monoc ulture ne rel1ète pas la vie des micro-
Le défaut d'hygiène dentaire augmente considérablement le nombre
organismes clans les biofilm s hétérogènes. Auss i, aujourd ' hui , des
de bactéries et accroît le r isque de bactériém ies. La parodontite
techniques util isent plusieurs espèces bactérien nes, voire de micro-
expose davantage à une bactériémie que la g ing ivite. L' in11ammatio n
organismes (c'est-à-dire bactéries, levures). Ces techniques dites
parodontale génère un épithéliu m de poche ulcéré ct des change-
<< polycultures » ou << plurimicrohicnncs >> sont plus complexes à
ments vascu laires qui contribuent au développeme nt et à la diffus ion
mettre e n œuvre mais sont plus proches de la réalité biologique.
de micro-organi smes dans le sang . Le passage des micro-organi smes
Les rnétJwdes utilisées sont soit des méthodes statiques (cu ltures
dans le sang est aussi favorisé par les modifications intermittentes de
en plaques de mi crotitrage et analyse a près coloration au crystal
pressions dans les vaisseaux après n' importe quelle intervention sur
violet, biofilm Ring test'» ; Figure 22-8) soit des méthodes dyna-
la genc ive. Les bactéries seraient aspirées dans le sang au moment
miques comme des chambres en flux (Figu re 22-9). Cette méthode
d 'une pression négative.
présente l'avantage de disposer les bactéries de différentes espèces
de façon séquentielle, comme cela se passe dans la plaque dentaire.
Les biofilms formés sont continue llement approvisionnés en nutri- ..... BACTÉRIÉMIE ET GESTES QUOTIDIENS
ments . Les biofilms formés sont soit observés par différe ntes tech-
niques de microscopies (confocalc à balayage laser, mic roscopie Les bactériémies induites par la masticatio n ou des soins d' hy-
électro nique à balayage ou transmission, ou autres), soit collectés g iène huccale sont 1 000 fois plus fréquentes que celles après une
pour des analyses de biologie moléculaire, de biochimie ou autres extraction. li n ' ajamais été montré de corrélation entre la fréquence,
( Figure 22- 10). Ces différe ntes méthodes perrneuent de ré pondre la durée ct l' origine des bactérié mies chez des patients sains, avec
à plus ie urs questions résumées dans le diagramme présenté à la gingivites ou avec parodonti tcs après masticatio n ou brossage des
Figure 22- 11. La bio filmologie devient une discipline à part entière dents. Les patients atte ints de parodonûte semblent tout de même
et indispensable pour la compréhens io n des biofilms parodontopa- p lus s usceptibles de présenter une bacté riémie après la mastica-
thogènes 12, 151. tion ou le brossage de dents. Les micro-organis mes dé tectés dans
Les méthodes in vivo répondent aux questions relevant des intenlc- l'étude de Forner et al. à partir d ' hé mocultures sont Streptococcus,
tions entre l' hô te ct le(s) micro-organis me(s) responsables. L' intérêt Enterococcus, Actinomyces, Lactobacillus, C01ynehacterium,
des modèles animaux pour étudier les maladies infectieuses liées à Prevote/la, Fusohacterium spp., Porphyromonas ct Candida [6].
la présence de biofilms est g randissant en infectiologie pour amélio- P. intermedia, Prevote/la huccae, !~ lzucleatum et P. gingivalis sont
rer les thérapeutiques et mieux comprendre la réact.ion de l' hô te. De fortement présents chez les patients atteints de parodontites. P inter-
nombreux modèles existent tels que les souris, les rats, les lapins, media et P. gingiva/i.ç ont été iso lés à partir des hémocultures chez
les hamsters ct les cobayes. Des hôtes eucaryotes simples tels que plus elu tiers des patients atteints de parodontites. Une méta-analyse
Caenorhahditis e/egans, Arahidopsis, Dmsophila sont aussi utilisés récente confirme que l'accumulation de plaque dentaire augmente le
14 1. risque de bactériém ie pendant le brossage des dents [34].
~
BFC lecteur
//l/lll/1111
Magnétisation
~
BFC lecteur BFI > 7 -> Pas de biofilm
§o
Fond du puits
~ ~G
Aimant
Pas de biofilm
Les billes sont
2 < BFI < 7
-> Biofilm en développement
regroupées
en un seul spot
~0
BFI autour de 2 ·> Biofilm installé
Fond du puits
bd Wo ' .
Biofilm formé
Les billes sont immobilisées
Aimant dans le biofilm
Pas de spot
Figure 22-8 Modèle du biofilm statique: Biofilm Ring Test". (BioFilm Control [BFI), Clermont-Ferrand.)
37 oc
Anaérobiose
Lavage du système au HCI 0,1 N
et rinçage à l'eau stérile
L!)
a.
(/)
(/)
~
cu
u
·a;
....J
iii
u
0
'E
0
ü
Figure 22-10 Méthodes d'analyse des biofilms dynamiques. (Équipe Microbiologie, Université Rennes 1.)
" Que se passe-t-il à la surface ? " " Que se passe-t-il à l'extérieur? "
BIOFILMOLOGIE
PROCESSUS INTRACELLULAIRES
atte ints de g ingivite, le pourcentage de bactérié mies, 3 minutes après enzymes. Cependant , ces tests ne permettent pas d ' ide ntifier spéci-
un détartrage aux ultrasons, est réduit de 68% il 36 % s i le détartrage fiquement la bactérie présente. De pl us, les ma ladies parodontales
est précédé par un tir laser. sont des pathologies multibactérienncs. Ces tests ne sont donc qu' un
Les micro-organis mes les plus souvent identifiés sont /\ . aelino- état des lieux bactériologiques d' un intérêt li mité car souvent conco-
mycetemcomitans, P. gingivalis, Actùwmyces spp. et Micromonas mitant à des signes clin iques indiquant la présence d ' une patholog ie.
micros. Dans des cas de parodontites sévères après détartrage, le
même c lone de P. gingivalis a été retrouvé dans la cavité buccale ct Tests des composés sulfurés volatils
le sang [25 j.
Les composés sulfurés volatils (volatile su/fur compound [VSC I)
sont impliqués le plus souvent dans l' halitose, elle-même associée
~ CONFIRMATION DE LA BACTÉRIÉMIE à la malad ie parodontale. Les YSC sont produ its par la dégrada-
tion de protéines sériques par les bactéries anaérobies. De nombreux
Pour confirmer une bactérié mie, plusieurs mé thodes d ' analyse o nt labo rato ires ont proposé des biocapteurs pour détecter les V SC. Un
été décrites. En règle générale, les pré lèvements sanguins sont réa- traitement parodo ntal non c hirurgical ct l'utilisation d ' un gratte-
lisés à différents moments par rapport il l'acte d ' invasion à évaluer. langue pour élimine r l'enduit ling ual suffi sent sou vent il diminuer
Quel que soit le nombre de pré lè vements e ffec tués, i1 faut néces- leur production.
sairement avo ir un pré lèvement << témoin » immédiatement avan t
l'acte. Selo n les études, les échanti llons de sang sont col lectés pen-
dant l' ac te, juste après, 5 minutes et jusqu 'il une heure après la fin ~ LES TESTS DES MARQUEURS
de l' acte. La quanüté de millilitres de sang il pré lever est fixée selo n DE l'INFLAMMATION
le protocole c linique et bio logique de c haq ue étude ct la méthode
de culture à employer. Les échantillons sont pré levés dans la veine La réaction inflammatoire entraîne la pro ductio n locale de méta-
cubi tale dans des conditions stériles. Le sang est récupéré dans un bol ites retrouvés soi t dans les tiss us parodontaux, soit sous forme
tube de type Vacutaine1J1J avec de l' héparine 0,05 % ou du polyané- d 'exsudat dans la poche parodontale. Ces tests ont pour but de mettre
thol sulfo nate de sodium (S PS) 0 ,05 % pour e mpêcher la coagulation en évidence ces marqueurs de l' inflammatio n. Parmi ces marqueurs.
du sang. Ensuite, plus ieurs techniques peuvent être utilisées pour la on d istingue : la phosphatasc a lca line produite par les poly nucléaires
recherche de bactériémie au laboratoire de micro bio logie. Ce sont neutro philes, l' aspartatc aminotrans lë rase, marque ur de la destruc-
essentie llement les techniques d ' hémoculture il lecture automatisée, tion tissulaire, et les métalloproté inases.
les méthodes de lyse-centrifugation , les méthodes de c ulture-sig nal. Les métalloprotéinascs (co llagénases, gélatinases, élas tascs, etc.)
Attentio n : tous les systèmes, en particulier les systèmes auto ma- sont retro uvées dans le flu ide gingival e n g rande quant ité lors de la
tisés, ne détecte nt pas les parodonto pathogèncs. De ce fait, il est destruction tissulaire. Ces tests sont clone destinés à mettre e n évi-
probable que les bactérié mics, voire les septicémies aux bacté ries elu dence l'activité de la malad ie à travers la destruction tissulaire. La
complexe rouge soient sous-estimées. mesure serait dose-dépendante, c'est-à-elire que plus la concentra-
tion tissulaire est importante, plus la destr uction tissulaire est impor-
tante ct plus la fo rme est active. Des tests sont dis po nibles pour
doser en particulier la MMP8 (collagénase des PMN) et la MMP9
Les tests en parodontologie (gélatinasc).
les plus actifs d ' un quadrant ou des s ites particuliers que le praticien la transmiss ion de la lumière. Ce tte diffé re nc iation pe ut se fa ire
veut a nalyser. Ils sont insérés, maintenus à l' nide de précelles sté ri les il l'œ il nu , à la loupe binoculaire, sous lumiè re ultraviolette o u sous
dans c haque site pe ndant 10 secondes. Le cône est placé dans un m ic roscope à imme rs ion pour voir la mobil ité de certaines espèces ;
milie u de transpo rt. Le milie u de transport doit pouvoi r protéger les - par la caracté risatio n avec des colorations (par exemple colo-
bacté ries anaé robies de la toxic ité de l' oxygène et de la dessiccatio n, ra tio n de Gram) ;
éviter la mu ltiplication des bac téries tout e n perme ttant le ur survie. - par leurs réactions aux tests e nzymatiques (par exemple oxy-
C'est un m ilie u semi-gélosé, pré-réduit, conte nant des fac te urs nutri- dases cl catalascs) ;
tio nnels et des agents inhibiteurs de c roissance (Fig ure 22- 12). - par le urs ca ractè res ant igéniques : cela pe rmet, pa r la reche rc he
Pendant 4 8 he ures, les pré lè vements sont conservés à l' abri de d 'antigènes bacté rie ns spécifiques grâce à l' ulilisation cl ' am icorps
l'air sans problè me de pe rte, ni pour les espèces capno philes4, ni spéci fiques, de me ure e n évidence certains pathogènes par des
pour les a naé robies 127 j. méthodes d ' immuno fluo rescence.
S i l' a nalyse des pré lèveme nts au labo ratoire montre plus de C haque pathogène aura des carac téris tiques q ui pe rme ttront de les
os
1 bactéries par m l, les pré lèvements sont déclarés significatifs; les d isting ue r les uns des autres. Il est c lair qu ' à l' he ure de la b io logie
bac té ries seront cullivécs, puis ide ntifiées c t mises e n c ulture sur un molécu la ire. l' ide ntification sous bi noc u laire de la morphologie bac-
test de sens ibilité aux anti biotiques. Le seuil s ignifi catif de présence té rie nne se mb le un peu médiévale.
ct de pathogénic ité des tests est le seuil bactérien de 10 3 par ml.
Les phases de laboratoire amenant à l'i de ntification des bacté ries Les tests de sensibilité aux antibiotiques
sont les suivantes :
Les tests de sensibilité aux a nlibiotiqucs ou le DDS-test (méthode
- la dispe rs ion de l'échantillo n : e lle doi t conserver la vitalité des
de Kirby-Bauer modifiée pour les bacté ries anaérobies) sont classi-
bacté ries présen tes dans l'échant illon ;
que ment des tests par diffus ion en mi lie u gélosé. Un tel test cons iste
- la d ilu tion : le prélèveme nt d ' un patie nt atteint de maladie paro-
à plm.:cr ucs d isques stériles en papier conte nant une conccntmtion
clo ntale pe ut présenter 107 il 109 bacté ries/ml. L1 di lution perme t de
déterminée d'un antibiotique. Ces disques préchargés sont di sposés
réaliser la c ul ture primaire avec une de ns ité moins importante de
sur la surface de la gélose préalablement e nseme ncée par l' inoc ulum
pathogènes c l do nc analysable plus fac ile ment ;
bac té rie n à étudier. Après 24 à 48 heures d' incubation à 37 oc, le dia-
- la m ise e n c u lture : les d ilutions é tant réalisées, 100 j.il sont
mè tre d' inhibition e n millimètres est mesuré. La résistance correspond
e nseme ncés sur un milie u de cu lture gélosé. La m ise e n culture
it une c ulture des souches ayant un diamè tre d ' inhibition infé rie ur à
est réalisée sur des géloses non spécifiques c t spécifiques pour une
10 mm par rapport au disque. La résistance inte rmédiaire correspond
espèce bac térie nne donnée (Figure 22- 13) ;
aux d iamètres inte rmédiaires d ' inhibition sur la gélose, c 'est-à-dire un
- l' inc ubation : l' incubation des pré pa rations est réa li sée pe ndant
diamè tre e ntre 10 c t 15 mm autour du disque anlibioliquc sans c ulture.
5 jours à 37 °C clans des jarres d ' anaé robiose ou des e nceintes a naé-
La sens ibilité des bactéries~~ un antibiotique est donc mesurée par une
robies (80 % N 2, 10 % C02 , 10 % H 2) contrô lées par des bandele ttes
c ulture à une dista nce supérieure à 15 mm de puis le disque d' anlibio-
de bleu de mé thylè ne virant au blanc en l' absence d 'oxygène.
tiq ue. L' intérêt thé rapeutique de cc test est de pouvoir c hoisir un ant.i-
biotique mieux ciblé e t adapté aux souches présentes (Figure 22- 14).
Mise en évidence des pathogènes
Un autre test pe ut ê tre réalisé aussi sur un mil ieu gélosé préalable-
Les bacté ries formant des colonies (colon y forming unit fCFU 1) me nt e nsemencé: I' Etest®. Cc test perme t de dé te rminer la concen-
pe uvent se d iffé renc ier par le ur aspect. ct par leur réact ion spécifique tra tio n minimale inh ibitrice (CM 1) des pathogènes aux antibiotiques.
à des substra ts (tests enzymatiques ou biochimiques). Elles se cantc- La CM I représente la concentration minima le pour laquelle un anti-
té riscnt lout d 'abord par: biotique inhibe la croissance d' une bac té rie . Une bandele tte d'anti-
- la morpho logie : forme, surface, cons istance, coule ur ; biotique est placée sur le milieu ensemencé. Cette banclcle u e contient
un antibiotique ii des concentrations croissantes. Après incubation,
une ellipse d ' inhibition des bac téries va se fo rmer autour de celle
4. Aérobies strictes ne pouvant vivre que dans des milieux où la teneur en
CO, est supérieure à celle de l'atmosphère ou dont le développement est bandelette (zone claire). Le début de cette e ll ipse indique ra la CM I
facilité par de tels mi lieux. de la souc he é tudiée, pour l'antibiotique uti lisé ( Fig ure 22- 15).
Figure 22·12 Flacon de tra ns port. Figure 22·13 Ensemence me nt Figure 22·14 Antibiogramme.
s ur milieu gélos é .
190 PARTIE 6 - PATHOGÉN IE DES MALADIES PARODONTALES
-
Zone de croissance
bactérienne Amorce 1
Ellipse
d'inhibition
l
-
Amorce 2
~fluorescence
2 . Dégradation de la sonde ~
-Amorce 1 ~· •#•
_, Q
-
Amorce 2
Figure 22-16 La synt hèse d e l'ADN double brin avec libé ratio n
du réactif coloré.
Bande lette avec une sentes dans un échanti llon et leur proportion relative dans la flore de
conce ntration croissante
cet échantillon. C'est une méth ode spécifi que, précise et sensible car
d'antibiotique vers le ha ut
Je seuil de détection est de 100 bactéries, mais elle est surtout rapide
Figure 22·15 Princ ipe de lecture de I'Etest®. CMI :concentration ct automatisée.
minima le inhibitrice.
..
r CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 191
l' in fl uence des thérapies sur les di ffére nts pathogènes et la durée de
l'effel de ces thérapies [33 1. De ces constats, un pronostic est déduit.
Mais le but majeur des thérapies parodontales est de d iminuer ou
d 'élim iner les espèces supposées pathogènes ct de mainte nir une
colonisation par des bactéries compatibles avec la santé parodontalc
du patie nt.
C'est pour cela que la plupart des lésions parodontales sont trai-
tées avec une bonne prédictibilité par des thérapeutiques convention-
ne lles te lles que : in formation sur le contrôle de p laq ue, détartragc-
surfaçage radiculaire (DSR), chirurgie parodontale, antibiothérapie
systémiq ue pour les patho logies les p lus agressives cl suivi parodo n-
tal adapté . Ainsi , dans la maj orité des cas, 1' analyse microbiologiquc
s'avère peu ut ile. Cependant, il est des cas où celle-ci pe ul peser sur
la décisio n thérapeutique.
Après DSR, l'effet immédiat es t une réduction de la masse totale
du biofll m sous-gingival e ntraînant dans la majorité des cas un retour
Figure 22-17 Mise en place du cône de papier stérile dans la à la santé parodontale. Cependant, on observe parfo is une persistance
poche parodontale. d 'A. actinomycelelncomitam, de P. gingivalis et T. forsythia, néces-
s itant la prescript ion d ' antibiotiq ues et/ou un traitement chirurgical.
P. gingivalis, P. intermedia, T. forsythia ont été retrouvés moins
po ur la RT-PCR que pour la culture: ils sont de 100 bactéries pour fréq uemment après chirurgie. Certains aute urs préconisent une
la techn iq ue mo léculaire, cl au mieux de 1 000 bactéries pour la ostéo plastie pendant la c hirurg ie en présence d 'A . actinomycetem-
culture. Toute fois, l'analyse moléculaire ne peut être utilisée que comitwrs cl de P. gilrgivalis. En effe t, ces pathogènes ne sont plus
pour le diagnostic de la présence ou de l'absence des pathogènes, et retro uvés a près chi rurgie avec ostéoplastie 6 mois a près dans les
on ne trouve que ce que l'on cherche 136j. La culture permet d ' aller échantillons.
plus loin, d' avoir des bactéries vivantes avec la possibilité de réaliser Pour tous ces patients, il semble intéressant de réaliser un di ag-
un lest de susceptibilité aux antibiotiques. nostic bactérien, car une approche no n chi rurgicale ne suffi ra pas à
enrayer la parodontitc.
Intérêts des prélèvements bactériens
Intérêt dans la presc ription d 'antibiotiques
Diagnostic microbiologique
Les anti biotiques peuvent être prescrits dans le cadre du traitement
Les pré lèvements bactériens o nt-ils une innuence sur le diagnostic
non chirurgical des parodontites agressives ct des poches profondes
des ma ladies parodontalcs ? Le d iagnostic cl inique parodontal est
résistantes. La combinaison de l'amoxicilline et du métronidazole
établi au moyen d'un charting réalisé avec une sonde graduée qui
sem ble la prescription la plus efficace grâce à son spectre d'acti vité
permet de mesurer la perte d ' attache, la profondeur des poches, les
adapté à la plupart des pathogènes parodontaux. L' amoxicill ine peut
récessions gingivales, le saignement au sondage. Associés au bilan
être remplacée par l' azythromycine en cas d ' allergie à la pénic il-
radiologiq ue rétro-al véolairc, ces moyens s uffise nt so uvent pour
line. Cc mélange est supposé luller contre la présence de bactéries
évalue r l'état parodontal. C'est plus particulièrement le cas pour les
agressives te lles que Aa et Pg. Mais nous avons décrit précédem-
parodontiles chroniques qui sont des affectio ns lentes et progres-
ment que la sévérité de la malad ie ne pouvait prédi re la présence
sives de l'espace parodontal avec perte osseuse. Il est vrai cependant
de bacté ries spécifiques ; dans certains cas, celles-ci peuve nt ne pas
que ce diagnostic cl inique est amputé de sa composante microbio-
être présentes.
logique.
Chez un malade ne présemant pas de /~ gingivalis, une antibio-
Un diagnostic m icrobio logique évemucl re posait sur le fai t q ue les
thérapie peut être considérée comme un surtrailcment. Donc, si
parodonti tes agressives étaie nt caractérisées par un taux d ' A. acti-
l'antibiothérapie avait beso in d 'êu·e j ustifiée, seu ls les prélèvements
nomycetemcomitans important et que les parodontites chroniques
bactériens pourra ie nt d imi nuer la part probabi liste des prescriptions.
étaient maj oritairement associées à P. gingivalis seul ou associé à
De plus, l' aug me ntation des résistances aux antibiotiques, y com-
d ' autres pathogènes. Il est admis aujourd' hui qu' il n'est pas possible
pris l'associatio n d 'amox icilline et de métronidazole, encourage le
de d ifférencier une parodontite chronique d ' une parodontite agressive
pratic ie n à être vigil an t dans ses prescriptio ns. C 'est le cas pour des
e n fonction des pathogènes rencontrés 122 1. La présence ou l' absence
patients présentant des a ffec tions liées à des entérobactérics. Ce la
d'A. actùwmycetemcomitans, de P. gingivalis, P. intermedia, 1: for-
représente 14 % des patie nts étud iés aux États-U nis pour lesquels
sythia ne peuvent pas différe nc ier une parodontitc chronique d ' une
l'antibiotique de choix est uniquement la ciproftoxacine.
parodontitc agressive, que ce soit à J' aide d' une PCR, d' une culture
La question la plus log ique qui sc pose alors est de savoir si le pmti-
ou par immuno fl uorcsccnce. Donc, le diagnostic c linique ne permet
cicn doit prescrire des antibiotiques ciblés sur les pathogènes présents.
pas de déduire la présence ou l'absence de tels ou tels pathogènes.
Pour cela, seuls les prélèvements bactériens peuvent aider le praticien.
Seuls les pré lèvements bactérie ns peuvent, avec le urs limites,
Mais le patient présente le plus souvent un large panel de patho-
mettre en év idence les pathogènes présents ct dimi nuer la part pro-
gènes. Le choix doit se porter sur un antibiotique ciblé sur les patho-
babi liste du d iagnostic clinique.
gènes les plus agressifs. Il n' a pas été prouvé que cc soit le seul é lé-
ment clé du succès des traitements, mais la prescription d' un an tibio-
Influence sur la d écision thérapeutique
tique de manière inappropriée semble do mmageable pour le patient,
Les prélèvements bactériens permettent de mettre en é vidence d ' autant plus si ces patients présentent des infections d 'origi ne virale
la relation entre les pathogènes rencontrés et les signes clin iques, ou fongique pour lesquelles les antibiotiques aggravent le phéno mène.
192 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
La ré évaluation microbiologique lors du suivi leur maladie, d' en observer l a diminution ou la dispariti on peut aider
parodontal à les rassurer. I l est clair cependant que cet aspect des tests ne mérite
d'être mentionné que lorsque leur indication médicale est posée.
Si le patient ne présente plus de poche paroclontnle, ni d'inOam-
mation, clone aucun signe clinique de maladie parodontnle, l ' intérêt
d'un prélèvement bactérien est très limité. Si une pene d' anache est
.... PERSPECTIVES
mise en évidence lors du suivi parodontal, en l 'absence de facteurs
locaux aggravants, la récidive mérite une ex plication microbiolo- La salive peut être un miroir de la santé orale et systémique de
gique, même si la déci sion thérapeutique peut souvent être initiée nos patients, ct plus préci sément des maladies parodontales ou péri-
directement sans prélèvement. implantaires, car elle contient des marqueurs biol ogiques liés à la
U n prélèvement bactérien peut également être intéressant si le répon se de l ' hôte.
praticien prend le risque de lai sser des poches rés iduelles peu pro- Ces marqueurs peuvent être spécifiques comme les immunoglo-
fondes ou si le patient ne peut assurer un contrôle de plaque suffisant bu lines ( l gA , l gG, lgM). Elles font part ie des défenses importantes
pour pérenni ser les résultats du traitement (traitements palliati fs). de la salive ct plus particulièrement les I gA, en interférant sur l 'ad-
L es tests prennent aussi tout leur intérêt en cas de traitement ortho- hésion ct le métabolisme bactérien. Le sujet présentant une maladie
dontiquc, si des restaurations prothétiques complexes seront réali- parodontalc montre un taux important de ces immunoglobuli nes
sées, si le malade présente des risques généraux de diabète non équi -
dans la salive et ce taux diminue après traitement. Un dosage de ces
libré ou d' autre maladie pouvant affecter ses capacités de défense, immunoglobu lines ou, plus précisément, des l gA pourrait être un
ou si une intervention chirurgicale telle que la mise en place d'une
moyen d' évaluer le risque de développer une mal adie parodontale
prothèse de hanche est prévue.
(Tableau 22-V) 17 1.
En cas de traitement implantaire, il est important de s' assurer de la
Des marqueurs non spéci fiques ont également été mis en évidence.
santé parodontale. Le ri sque le plus important de présenter une péri-
- Les mucines (MG 1 ct MG2), gl ycoprotéines sali vaires,
i mplantite est la maladie paroclontale présente ou ayant été traitée.
agissent sur la protection par la lubrification ct l ' hydratation. Mais
L es prélèvements bactériens peuvent être une aide pour s'assurer
si, par exemple, MG2, qui affecte l ' adhérence ct l 'agrégation des
que le malade ne présente pas de parodontopathogèncs détectables.
bactéries, diminue, <.:ela peut mettre en év idence une colonisation
De même, avant traitement orthodontiquc, les préo<.:cupations sont
d'A. aclinomycetemcomitans car il ex i ste une interaction entre les
identiques face au remodelage osseux nécessaire au déplacement
deux .
des dents sur l ' arcade.
- Les lysozymes, enzymes antimicrobicnnes, peuvent aussi agir
Socransky cl al. 1321 ont décrit une composit ion bactérienne spé-
jusqu' à lyser certaines bactéries. S' ils sont présent s en faible quan-
ci fique aux sites présentant des pertes d'anache continues même
tité, le patient peul présenter un risque pl us important d' agrégation
après traitement. Dans la plupart des cas, les pathogènes sont les
bactérienne, et donc de maladie parodontalc.
mêmes que ceux observés lors d ' une parodontitc chronique.
- Les lactoferrincs, glycoprotéines salivai res, diminuent la pro-
lifération bactérienne en privant l 'environnement de métaux. Elles
Un outil de communication
sont retrouvées à un taux très élevé chez les patients atleints de
Les examens microbiologiques peuvent être un moyen de com- maladies parodontales.
munication avec l'équipe médicale en charge du pat ient. Un cardio- - L'histamine, protéine salivaire, a des propriétés anti micro-
logue pour les sujets à ri sque cardiovasculaire, un endocrinologue biennes en neutrali sant les endotox ines bactériennes.
pour les patients diabétiques ou un orthopédiste avant la mise en - Les peroxydases sali vaires sont des enzymes qui neutralisent
place d' une prothèse apprécieront un diagnost ic reposant sur des les peroxydes d' hydrogène bactériens ct diminuent la production
données bio logiques ct pas seulement sur des données cliniques. d' acides du biofi lm. L es patients aucints d'une maladie parodontalc
Pour certai ns patients, le fai t d'identifier les agents responsables de présentent un niveau élevé de celle enzyme.
Tableau 22-V Les médiateurs salivaires majoritaires associés à la maladie parodontale (d'après [7]).
Spécifiques
Immunoglobulines Adhérence et influe sur le métabolisme bactérien Parodontite chronique el agressive
Non spécifiques
Mucines Sur la colonisation d'Aa Parodontite agressive
Lysozymes Régulation de l'accumulation du biofilm Parodontite chronique
Lactoferrine Inhibition sur la croissance microbienne Parodonlile agressive
Corrélation avec Aa
Histamine Neutralise les LPS el affecte le parodonte Parodontile chronique et agressive
Peroxydases Sur l'accumulation du biofilm Parodontite chronique
Systémiques
Protéine C réactive Présente dans le sérum et la salive Parodontite chronique et agressive
------
CHAPITRE 22- MICROBIOLOGIE 193
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Anatomopathologie
Marjolaine Gasset, Philippe Bouchard
La lésion parodontale tissu conjo nctif gingiva l 111, 16, 2 11. Seul le ti ssu conjonctif de la
po rtio n coronaire de la gencive libre (5 à 10 % du tissu conjonctif)
Idéalement , il pourrait existe r un é tat de santé biologiqucmclll est concerné [12, 281. Le ti ssu conjonc tif infi ltré est claire me nt dis-
tinguab le elu tissu sa in par la présence des cell ules inflammntoi rcs
parfait. Cet é tal << de réfé re nce >> a été appelé « pris1hre gingiva »
ct la d iminution du réseau de collagè ne (de 70 %enviro n) I l l , 2 1,
par De nis Kinane et Jan Lindhc dans les années 2000. Il correspond
28]. Les fibres conjonctives dcntogingivalcs et c irc u laires qui sou-
au contac t initial d ' un parodonte intact avec la plaque bac té rie nne .
tie nnent l'épitl1élium j onctionncl sont les plus dégradées. De plus,
O n observe alors une discrète desquamation des cellules de l'ép i-
les fibrob lastes g ingiva ux présentent des altérat ions de le urs com-
thélium de jonction associée à un transsudat de flu ide créviculaire
posants cytoplasmiques (par exemple vac uo lisation du ré tic ulum
dont le !lux c t la composition (anticorps, ne utrophiles, système elu
endoplasmique) cl le ur no mbre diminue probable ment pnr apop-
compléme nt) initie nt une barriè re biologique en regard elu front de
tose. Cela favorisera it l' infiltratio n des leucocytes 19, 21 ]. Enfi n, un
plaq ue (Figure 23- la). Cette s ituation n' appartient il aucune réa-
début de prolifération des cellules basales de l'épithélium de jonc-
lité clinique e t c'est la raison pour laquelle elle n'a pas é té re prise
tion et de l'épithélium sulcu laire est observé. Des anses é pithé liales
depuis. Ccpcnclant, toujours pour des raisons cliclactiqucs, on peut
se constitue nt c t pé nè tre nt le tissu conjonc ti f infiltré sous-jacenl.
considérer que cet é tal constitue le point de référence (T O) à partir
L'épi thélium de jonction présente des espaces intercellu laires très
duquel se développe la lésion initiale.
larges du fait des no mbreux passages de cellules. Le débit du fluide
g ingival atteint son maximum ct il s'enrich it en protéines sériques
.... LA LÉSION INITIALE OU GENCIVE exsudées e t en leucocytes 191.
MACROSCOPIQUEMENT SAINE (Figu re 23-lb)
Tableau 23-1 Principales caractérisliques histologiques des stades anatomopathologiques selon la description de Page et Schroeder [ 17].
197
~,.,,,;,,,,
Gingivite Parodontite
Figure 23-1 Les stades anatomopathologiques de la santé à la parodontite (TO: début de l'accumulation de la plaque bactérienne).
~
(') PMN Macrophage
Lymphocyte B
j Monocyte
Plasmocyte
~ Anticorps
~ Fibroblaste
Figure 23-1 Les stades anatomopathologiques de la santé à la parodontite (TO : début de l'accumulation de la plaque bactérienne). (Suite)
Émail
··~
.·:-.·:
.....
..
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.. . .
JAC -----
b) Lésion initiale : état de santé (observée 2 à 4 jours après TO). Quantité de plaque faible, essentiellement bactéries aérobies Gram positif.
1. Dilatation des vaisseaux sous-jacents à l'épithélium de jonction. 2. Augmentation du fluide gingival dans le sulcus. 3. Augmentation de la migration
des neutrophiles à travers l'épithélium de jonction dans le sulcus par diapédèse à partir des vaisseaux (30 000 PMN/min migrent à travers l'épithélium
de jonction, constituant une barrière de défense entre la plaque et les tissus gingivaux). 4. Présence de protéines sériques, notamment de fibrine
extravasculaire. 5. Altération de la partie la plus coronaire de l'épithélium de jonction. 6. Perte du collagène périvasculaire.
CHAPITRE 23 - ANATOMOPATHOLOGIE 199
Figure 23-1 Les stades anatomopathologiques de la santé à la parodontlte {TO : début de l'accumulation de la plaque bactérienne). (Suite)
Émail--- -
JAC -----
c) Lésion précoce : gingivite {observée 5 à 7 jours après TO). Essentiellement bactéries aérobies Gram positif.
1. Augmentation des phénomènes décrits dans la lésion initiale. 2. Accumulation des lymphocytes (74 % de la population cellulaire de l'infiltrai
inflammatoire) sous l'épithélium de jonction à l'endroit de l'inflammation aiguë. 3. Altération des fibroblastes (augmentation x 3 du volume cellulaire
des fibroblastes). 4. Nouvelle altération du réseau de fibres de collagène de la gencive marginale (diminution de 70 % de la masse collagénique/
tissu conjonctif non altéré sous l'épithélium de jonction). 5. Début de prolifération des cellules basales de l'épithélium de jonction.
-
200 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Figure 23-1 Les st ades anato mopathologiques de la santé à la parodontite (TO :début d e l'accum ulation de la plaque bactérien ne). (Suite)
Émail
JAC -----
d) Lésion établie: g ing ivite établie (observée 21 jours après TO). Bactéries Gram positif et Gram négatif.
1. Persistance des manifestations de l'inflammation aiguë. 2. Prédominance des plasmocytes (lgG très nombreux, peu d' lgA, rares lgM) mais sans
perte appréciable de l'os alvéolaire. Diminution des cellules T, augmentation des cellules B et des plasmocytes. 3. Présence d'lgG extravasculaires
dans le tissu conjonctif el l'épithélium de jonction. 4. Altération importante et continue du réseau collagène du tissu conjonctif. 5. Prolifération,
migration apicale el extension latérale de l'épithélium de jonction avec formation ou non de poche précoce entraînant ou non le passage à la lésion
avancée.
CHAPITRE 23- ANATOMOPATHOLOGIE 201
Figure 23-1 Les stades anatomopathologiques de la santé à la parodontite (TO: début de l'accumulation de la plaque bactérienne). (Suite)
Émail
JAC -- - --
e) Lésion avancée : parodontite. Plaque sous-gingivale, essentiellement bactéries anaérobies Gram négatif.
1. Persistance des phénomènes décrits dans la lésion établie. 2. Extension de la lésion à l'os alvéolaire et au desmodonte avec perte osseuse
significative. 3. Perte continue de collagène sous-jacent à la poche avec " fibrose ,. à distance. 4. Présence de plasmocytes altérés en l'absence
de fibroblastes altérés. 5. Formation de poches parodontales par perte d'attachement des tissus mous à la surface dentaire. 6. Périodes de repos
et d'activité. 7. Transformation de la moelle en tissu conjonctif fibreux à distance de la lésion. 8. Manifestations élargies de l'inflammation et des
réactions immunitaires.
202 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
pendant des mo is voire des années, tandis que d' autres évo luent s ituatio ns, cette barrière de fib res n' es t pas présente et l' infi ltrai
rapidement vers une lésio n destruc trice e t progressive sans que les inflammato ire entre e n co ntact d irect avec l'os alvéolaire c t ses
facteurs déterm inant cc passage soient compris [ 10 , 181. La réponse espaces médullaires. Dans le tissu conjonct if, le s vaisseaux san-
de l'hôte mais également la quantité et la virulence des bactéries guins augmentent en nom bre, sont d ilat és e t engorgés de cellu les
sont déterminantes dans cette trans itio n. inflamma to ires. Une néo-ang iogcnèse est observable pri ncipale-
La lésion avancée se caractérise par la persistance des s ignes pré- ment da ns le tissu conjonc tif sous-épi thélial [2]. En cliniq ue, lo rs
cédem ment décrits pour la lésion établie. C 'est l'extension de l' in- du cure tage g ing ival, ce tissu conjo nctif infi ltré de cell ules infl am-
flammatio n e n direction apicale assoc iée à une destructio n des tissus matoi res est désig né sous le te rme de « ti ssu de g ranulat ion >> .
d 'ancrage qui les d ifférencie. L'inflammation s'étend dans le tissu La présence de bacté ries dans les parois de la poche parodon-
conjonctif en direction de l'os alvéolaire ct du ligament parodon- ta le a été obser vée aux microscopes o ptique e t électr oni que. Des
tal, entraînant une perte osseuse s ig nifi cative ct ln formation d ' une bactéries som retro uvées au sein des tissus paroclo ntaux, entre les
poche parodonta le. La lésion avancée évolue de façon discontinue cellu les é pithéliales ct dans le tissu conjo nctif [26]. Il a é té mis
avec des périodes de destruction rap ide ( « burst » ), d e q ue lques en évidence que certaines bactéries comme A ctinohacillu.\· actino-
j ours à q ue lques mo is, sui vies de phnses de rémission. Ces phases mycetemcomitans et Porphyromonas gùrgivalis pe uvent pénétre r
d ' activité ex istent au niveau de certains s ites parodontaux, mais dans les cellules épithéliales, ce q ui les protège des médiateurs de
concerne nt rare ment tous les s ites en même temps. Pa r la s uite, ces dé fense de l' hôte [23].
sites pourront rester stables ou être sujets à de nouvelles phases de
dcsu·uct.io n rapide. Ces épisodes de destruction rapide seraie nt p lus
fréq ue nts à certaines périodes de la vic [30]. Globale ment, l'évo-
.... EXTRÉMITÉ APICALE DE LA POCHE
ltll ion d ' une parodontitc chronique est cons idérée comme lente et PARODONTALE
se fait sur pl usieurs années, voire décennies, en comparaison avec
La base de la poche parodo ntale est li mitée par un épithé lium de
les parodont itcs agressives. Le Tableau 23-11 re lie les modifi catio ns jonctio n en remanie ment, partie llement o u to tulcment détruit, un
c liniques observées au cours de la parodo ntite aux modifications his- ti ssu conj onctif inflammatoire et une crê te alvéolaire présentant une
to logiques décrites. lyse osseuse marg inale. Elle co nstitue la limite apica le de rés istance
au front de plaque.
d Hôte e Hôte
Hôte g
~ Hôte
Figure 23·2 Représentation schématique des mécanismes pathogénlques associés aux maladies parodontales. Les maladies paro-
dontales sont multifactorielles : elles dépendent de la présence de bactéries dont la présence est nécessaire mais non suffisante au dévelop-
pement de la maladie. Il faut également la présence de facteurs ou indicateurs de risque associés. Micro-organismes et facteurs de risque n'ont
pas tous la même densité (par exemple certaines associations bactériennes, le tabac, le diabète). La santé parodontale est un état d'équilibre ou
homéostasie assuré par le système immunitaire (a). Le système de défense joue son rôle dans le maintien de l'homéostasie en cas d'augmentation
de la charge bactérienne en termes quantitatifs ou qualitatifs (b) ; ou en présence de facteurs/indicateurs de risque locaux ou généraux (c). C'est la
" lésion " initiale. Si la charge bactérienne est encore augmentée eVou persistante, la défense de l'hôte se traduit par une réponse inflammatoire
entraînant un déséquilibre mais sans rupture du système (d ). C'est la gingivite, réversible et sans perte d'attache. Le même phénomène peut être
observé en cas de sur<;harge des facteurs de risque (e). Il existe des fluctuations transitoires de cet équilibre qui peuvent entraîner un cycle dans
l'intensité de la réponse inflammatoire. Une alternance de réparation spontanée et de destruction nouvelle traduit une balance positive ou négative
entraînant ou non le passage à la lésion avancée. En cas d'adaptation du système de défense, la maladie est verrouillée au stade de la lésion établie.
La parodontite, irréversible et avec perte d'attache, correspond à une incapacité du système immunitaire de jouer son rôle de défense. La rupture
d'équilibre provient alors soit de l'augmentation excessive du nombre ou de la qualité des micro-organismes et des facteurs de risque entraînant
un débordement du système de défense qui devient inadapté et peut lui-même se retourner contre l'hôte (f) ; soit de l'incapacité de ce système de
défense d'assurer sa fonction, même en présence d'une charge bactérienne faible et en l'absence de facteurs de risque (infection opportuniste) (g).
C'est le cas de l'immunodépression ou d'une neutropénie par exemple. Les conditions d'un déséquilibre profond sont alors réunies et contribuent à
la destruction tissulaire : c'est la lésion avancée.
204 PARTIE 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Tableau 23·11 Corrélation entre les observations antomopatholog iques et les principales modifications cliniques lors d'une maladie inflamma-
toire parodontale d'étiologie bactérienne chez un patient sans facteur altérant la réponse de l'hôte.
71.
Lésion supra-osseuse Lésion intra-osseuse
Figure 23-6 Lésion intra-o sseuse dans un modèle de paro dontite expérimental chez le hamster. Coupes histologiques ; coloration au
bleu toluidine. De a à d, lésion intra-osseuse dans le sens coro-apical. En a, on observe un infiltrai inflammatoire dense dans le tissu conjonctif qui
entoure la plaque. La corticale vestibulaire est détruite. En c, on retrouve de l'os interdentaire, et en d, on a une lésion intra-osseuse à 3 parois.
La photographie e met en évidence une apposition osseuse d'os immature sur la corticale vestibulaire. La photographie f met en évidence des
ostéoclasies en activité. D : desmodonte ; EP : épithélium de poche ; L : leucocytes ; OA : os alvéolaire ; TC : tissu conjonctif ; V : vestibulaire.
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Immunologie
Julien Braux, Marjolaine Gasset, Katia Jedeon, Hélène Rangé
laires du système immunitaire, nommés récepteurs de reconnais- bactéries à Gram positif et à Gram négatif pour déstabiliser les mem-
sance des motifs moléculaires (pauern recognition receptors IPRRl) branes bactériennes et les l yser en moins de 90 minutes. Leur expres-
(Figure 24- 1). L es PRR interagissent avec les mm i fs moléculaires sion est fonement régulée au cours de la parodontitc agressive et chro-
associés aux pathogènes PAMP présentés par les pathogènes ( l ipo- nique. Le LL37 est un pept ide antimicrobien dérivé de l a catllélicidine
polysaccharidcs bactériens, pcptidoglycanes, ADN bactérien, ARN produit par les cellules épithéliales et les neutrophiles. Son expression
doubles brins, lipoprotéines). Les PAM P sont des structures haute- est également accme au cours de la parodontitc ct tout paniculièrement
ment conservées au cours de l'évolution. Ce mécanisme permet une dans les sites inflammés. L e L L37 agit aussi comme une alarmine,
distinction spécifique de ce qui constitue l 'organ isme, le Soi, ct de cc c'est-à-dire un médiateur précocement synthétisé qui stimule le recru-
qui lui est externe, le Non-Soi. Les PRR sécrétés ou solubles sont les tement et l 'activation des cellules présentatrices d' antigènes [3, 7].
lectines spéci fiques elu mannose (mannose-hinding lectin [M BLI), la
protéine C réacti ve (CRP), la protéine sérum amyloïde A (SPA) et la L'immunité innée cellulaire
protéine liam les L PS (LPS binding protein). Ces molécules sériques
Les récepteurs de reconnaissance
sc fixent aux pathogènes pour favoriser leur phagocytose et l 'activa-
de motifs microbiens cellulaires
tion de la voie classique du complément. L a CRP est retrouvée dans
r
le fluide gingival ct serait le reflet de l a production sy stémique 131. Les récepteurs de reconnaissance des motifs moléculaires ou PRR
cellu laires peuvent être portés au niveau des membranes cellulaires
Les peptides antimicrobiens (TLR [toll-like receptorsj, PAR [protease-activared receptors]) ou
être cytoplasmiques (NOD [nuc/eotide-binding oligomerization
Plus de 1 700 peptides antimicrobiens ont été identifiés ct plus de
domain!, inflammasome). La fixation de l ' agent pathogène portant
45 peptide antimicrobicns ont été trouvés dans la sal ive et le fluide
un PAMP à son récepteur déclenche un ensemble de voies de signa-
gingival 17 1. Les deux familles de peptides antimicrobiens les plus étu-
lisation intracellulaire activant les cellules de l ' immunité.
diées sont les défcnsincs ct les caù1élicidines. Les défens ines sont des
peti ts peptides de 25 à 35 acides aminés chargés positivement synthé- >- L es tolllike receptors (TLR)
tisés par les neutrophiles (a-défensines) ou par les cellules épithéliales Les TLR sont les principaux récepteurs transmembranaires étu-
(~-défens i nes). L eur charge cationique leur permet d'interagir avec les diés. Dix TLR sont identifiés chez l 'homme. Ils sont fortem elll
PAMP
Motifs moléculaires associés aux pathogènes
Cellulaires
Complément
Peptides MBL
antlmlcroblens CAP
SPA
LPS blndlng proteln
Opsonisation
Pathogène
lysé
Opsonisation
1
Pathogène
lysé
v Phagocytes
(macrophages, neutrophiles)
Cellules dendritiques
Figure 24-1 Récepteurs de reconnaissance des p athogènes lors de l 'Immunité innée. L:hôte perçoit les pathogènes de la flore bactérienne
par les protéines du complément ou par les récepteurs de reconnaissance portés par les cellules résiduelles du parodonte ou par les cellules
de l'immunité présentes au sein des tissus. Certains de ces récepteurs sont solubles et sont produits au niveau local tels que les peptides anti-
microbiens ou à un niveau extra-oral, mais retrouvés dans le fluide gingival, telle la protéine C réactive. Leur fonction est de lyser la bactérie ou
de favoriser sa phagocytose par les neutrophiles et macrophages par opsonisation. D'autres récepteurs sont présents au niveau de membranes
cellulaires telles que les to/1/ike receptors (TLR), ou sont intracellulaires tels que les NOD like receptors (NLR). Ils permettent la reconnaissance
de l'agent pathogène et induisent une signalisation intracellulaire permettant à la cellule de réagir par production de chimiokines, de cytokines ou
encore de protéases. (Pour les figures de ce chapitre, les abréviations sont développées dans le texte ou en liste des abréviations.)
CHAPITRE 24 - IMMUNOLOGIE 211
exprimés par les cellules du système immunitaire inné (neutrophiles, >- Les inflammasomcs
macrophages et cellules dendritiqucs), acquis (lymphocytes B et Les inflammasomes sont une famille de N LR. Ces complexes
T) et par les cellules ré,iduelles du parodonte. Les cellules épithé- macromoléculaires sont capables d' activer la caspase 1, condui-
liales, les fi broblastes gingivaux, les fibroblastes du desmodontc, sant à la production de cytokines pro-inflammatoires (notamment
les cémcntoblastes ou encore les ostéoclastcs expriment notamment interleukine l ~ [IL- 1~1 ct IL- 18) 191. L'expression de l' inllamma-
les TLR2 et TLR4. Les T L R2 ct les T L R 4 som impliqués dans some Nlrp3 est fortement accrue au cours des parodontites L~J.
la reconnaissance respectivement des bactéries à Gram positif via
l ' interaction avec les pcptidoglycanes ou encore les lipoprotéines Les g ra nulocytes
bactériennes, ct des bactéries à Gram négatif par reconnai ssance des
Les granul ocytes comprennent les neutrophiles, les éosi nophiles
lipopolysaccharides ct des protéines de choc thermique (heat shock
ct les basophiles. Ces cellules sont distinguées histologiquement
proteinv 1HSPI). Celle fixation active les ce llules immunitaires des
selon l eur morphologie cellulaire et leurs colorations.
voies de signali sation intracellul aires dépendantes ou non de la pro-
téine adaptatrice Myd88 (myeloid dijferentiation primcuy respome >- Les polymor phonucléaires neutrophiles
pmtein 88). La voie dépendante de Myd88 est la plus impliquée Les polynucléaires neutrophiles sont des cellules phagocytaires
dans la signalisation des TLR. Elle active les voies MAPK (mitogen- qui constituent 50 à 70 % des cellules sanguines de la lignée blanche
activated pmtein kinase) ct NF-KB (nuclea r factor-KB kinase com- et la majorité des granulocytes. Ils sont produits au niveau de l a
plex) ct au fi nal la translocati on des facteurs de transcription AP-l moelle osseuse et sont libérés dans le sang périphérique sous fom1e
(activator protein /)ct NF-KB dans le noyau. Ces facteurs de trans- différenciée. I ls y circulent 7 à 10 heures avant de passer dans le
cription se fixem aux éléments de réponse de promoteurs de gènes, tissu oü ils ont une durée de vic de quelques jours. lis présentent un
régulaml'exprcssion de gènes codant de cytokines inflammatoires, noyau multilobé les rendant aisément distinguables et de nombreux
de chiminkincs ou cie protéases par exemple IR, 121. lysosomes cytopl asmiques. Les neutrophiles sont attirés dans les
>- Les NOD like receptors (NLR) tissus par des chimiokincs (par exemple IL-8, molécules du complé-
Les nucleotide binding oligomerization domain (NOD) like ment, molécules libérées par les macrophages). L e passage du sang
receptor (N LR) sont des récepteurs cytosoliqucs des PAMP. Les au ti ssu se nomme la diapédèse : le neutrophile activé par les chimio-
récepteurs NOD I et NOD2, exprimés par les cellu les de l ' immunité kincs ralenti t ct passe en marge de la circul ation sanguine. li expr ime
innée et acquise, reconnaissent les peplidoglycancs des bactéries à des ligands qui se fixent de façon transitoire avec les sélectines de
Gram positi f et à Gram négatif ct acti vent également les voies de l 'endothélium (E ct L -sélect ines, pa r exemple), cc qui le ralenlil.
signalisation inflammatoires NFKB et M A PK. Ils sont peu étudiés Puis, le neutrophile interagit via des intégrincs avec les molécules
actuellement dans les mal adies parodontalcs mais sont impliqués d' adhésion (illtercellu/ar adhesion molecule PCAM J) des cellules
dans d' autres pathologies inflammatoires telles que l a maladie de endothéliales des vai sseaux sanguins. Ces interactions lui permettent
Crohn Ll O]. de s' arrêter et de pénéu·er à travers la membrane basale vasculaire
-4-- Lumière
vasculaire
Migration
transendothéliale
c::::=-
Figure 24·2 Diapédèse et phagocytose des neutrophiles. Les neutrophiles sont attirés sur les sites infectés par les chimiokines. Le passage
de la circulation sanguine dans le tissu périphérique (diapédèse) met en jeu quatre phases : 1) le neutrophile roule le long de l'endothélium (roule-
ment). C'est le jeu des interactions entre les sélectines de l'endothélium vasculaire et les mucines des neutrophiles. 2) Ces interactions activent le
neutrophile (activation), entraînant un changement de conformation des intégrines. 3) La fixation des inlégrines aux ICAM arrête la course du neu-
trophile (adhésion), puis 4) celui-ci migre entre les cellules endothéliales (migration transendothéliale). Une fois passé dans les tissus, il migre selon
le gradient de molécules chimioattractantes et adhère au pathogène. Cela active la production d'espèces réactives de l'oxygène dont une partie est
libérée dans les tissus lors de la phagocytose du pathogène :c'est le burst oxydatif. Enfin, le pathogène est dégradé au sein du phagolysosome.
212 PARTIE 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
po ur passer dans le tissu. Puis ils migrent par chimiotactisme selon Les mac ropha ges
le gradie nt de chimiokines au s ite de l' infection (Figure 24-2).
Les mo nocytes/macrophages const itue nt l' autre grand groupe de
Les neutrophiles portent à leur s urface de nombreux récepteurs de
ce llules phagocytaires de la réponse inllammato ire. Leur d istinctio n
pathogènes dont les TL R2 e t 4 pour la reconnaissance des bactéries
pri nci pale avec les neutrophiles est q ue ces cellules sont libérées de
à Gram positif et à Gram négatif. Une fois activées, ces cellules pha-
la moelle osseuse très peu différenciées (les monocytes sont libé-
gocytaires éliminent les agents pathogènes au niveau intracellulai re,
rés dans le sang 2 j ours seulement après le ur production). Lors de
après phagocytose, ou par voie extracellulaire en libérant un certain
leur passage clans les tissus par diapédèse, les monocytes termine nt
nombre de médiateurs dans les tissus enviro nnants. La phagocytose
leur di fférenc iation e n macrophages, cc q ui se caractérise par une
correspond à la projection de pseudopodes, excroissances de la mem-
augmentation notable de leur tai lle. Comme les neutro phi les, les
brane du neutrophile, autour de l' agent pathogène. Ces pseudopodes
macrophages exercent une forte activ ité lytique des agents patho-
s' unissent pour former une vacuole, le phagosome, avec leque l les
gènes par phagocytose cl sont de puissants producteurs de cytok ines
lysosomes fusionnent. pour y libérer leur contenu à actio n bactéricide :
pro-inflammatoires et de molécules elu complé ment.
c'est le phagolysosomc. Cc processus est fa vorisé par l' opsonisation ,
Les macrophages se distinguent cependant des neutrophiles par
c' est-à-dire lorsque l'agent pathogène est recouvert de particules du
l' impo rtante production de dér ivés azotés. En e ffet, la phagocy-
complément ou d'anticorps. La lyse des bactéries dans le phagolyso-
tose par les macrophages stimule forte ment l'expressio n de la NO
some est le jeu de l'activ ité des enzymes lysosomales (lysosymes, lac-
synthasc inductible (iNOS ) et, a ins i, la production de monoxyde
toferrine, élastase), des espèces réactives de l' oxygène, des radicaux
d'azote (NO) par ces cellu les. De plus, ces cellu les o nt une activité
azotés ou encore des peptides antimicrobiens. Les espèces réacti ves
de présentation des antigènes par les molécules de classe fi d u CM H
de l' oxygène sont produites par le complexe NADPJ-1 (nicotinamicle
(complexe majeur d ' histocompatibil ité) aux ly mphocytes T he/per
adénine clinuc léoticle phosphate). Ce phéno mène est fo rtement stimulé
ou aux iliaires (LTh). Elles so nt do nc cruc iales dans l'activatio n de la
par la phagocytose: c'est le << burst oxydatif »ou po ussée respiratoire
réponse immun itaire acquise. Enfi n, les macrophages sont des cel-
qui correspond à une brusque aug mentation de la consom mation en
lu les c lés clans la résolution de l' inflammation. En effe t, les macro-
oxygène pour produire des radicaux oxygénés. Parallè lement, lorsque
phages phagocytent les neutrophiles q ui ont exercé leur activité et
les neutrophiles réalisent la phagocytose, ils libèrent un certain
q ui sont e n apoptose. Cela entraîne un switch chez les macrophages
nombre de médiateurs présents dans leurs lysosomes (par exemple
qui acq uièrent un phénotype résolutif caractérisé par la production
métalloproté inase matricielle MM P-8, Cl.-clé fen sines, espèces réac-
de lipides anti-infl ammatoires et prorésolutifs, les résolvincs, et une
tives de l'oxygène, etc.) qui exercent une lyse bactérienne extracellu-
action de déte rsion de la plaie [ 15 1. Ces mécani smes ne sont pas
laire, mais égalemem une activi té lytique sur les tissus de l' hôte. Les
efficaces au cours de la parodontite où la st im ulation permanente
neutrophiles libèrent également de la chromati ne associée aux pro-
de l'in flamm atio n par les bactéries de la poche paroclontale em raînc
téines lysosomales (par exemple élastases, catheps ine G) qui piège les
une réponse in llammatoi rc chronique .
bactéries environnantes dans un filet, ce qu' on nom me les NET (neu-
twphil extracellular traps). Enfi n, ce sont de puissants producteurs de
Les c ellules d endritiques
cytokines pro-inflammatoires et ils sont donc très importants clans la
r
mise en jeu de la réponse inflam mato ire et immunitaire acq uise 17]. Les ce ll ules clendri tiques (ou dendritic cells iDCJ) do ivent leu r
Au ni veau systémique, les malades atte ints de paroclontite pré- nom à leurs excro issances cytoplas miques qui font penser aux den-
sentent toujou rs un taux de leucocytes plus élevé que les s ujets sains d rites des neurones. Elles cons tituent une famille hétérogène de DC
12. 111. Au niveau paroclontal, les ne utrophiles cons tituent les prin- dérivées de la lignée myéloïdc. Plus ie urs types de cellules clcnd ri-
c ipaux leucocytes retrouvés dans le fluide gingival sa in , ma is aussi tiqucs peu vent être d istingués : les DC de Langerhans, les DC inters-
dans le fl uicle de la poche paroclontalc. Ils représentent la pre mière titielles, les DC dérivées des mo nocytes et les OC plasmacytoïdes.
ligne de défense face à l'agression bactérienne et la quantité d 'en- Les DC interstitielles sont retrouvées dans les espaces intersütie ls
zymes type élasta se est accrue au cours de la parodomite par rapport des organes do nt la genc ive. Les cellu les de Langerhans sont majori-
à un parodonte sain, mais également dans les s ites inflammés par tairement local isées dans les couc hes basales et parabasales de l'épi-
rapport aux s ites sains d' un même ind iv idu. Ces cellules so nt capi- thélium oral. Les DC sont des cellules sentinelles. Leur propriété
ta les pour maintenir l' homéostas ie tissulaire et l' état cliniquement principale est de capturer l' antigène locale ment, par phagocytose
sain du parodonte [ 17]. C 'est très bien perçu dan s certaines malad ies impliquant une liaison T LR. Après phagocytose, elles migre nt via
rares, telles que le syndrome de Papillon-Lefèvre f5 1. Ce syndrome la ly mphe pour les présenter au niveau des gang lions lymphatiques
est caractérisé par un défau t de la cathcpsine K des neutrophiles et aux lymphocytes T auxil iaires (LTh) et T cytotoxiques (LTc). Cela
les patien ts présentent des parodontites précoces ct sévères. Des est favorisé par l' expression des molécules d u CMH de classe 2 et la
dé fauts de leur activité seraient également impliqués clans la patho- production de molécu les de coslimulation des ly mphocytes [4, 19].
génie des parodontics agressives [ 16]. Enfin, les NET pourraient Les cellules d cndritiques participeraient à l' homéostasie tissulaire
j ouer un rôle dans les mécanismes biolog iques associant maladies et au maintien de la santé paroclontale. Leur nombre diminue dans
parodontales et maladies cardio vascula ires [6]. l' épith élium oral des patients atte ints de paroclontite en comparaison
> Les polyn ucléaires basophiles des patients atteints de gingivite. Le rô le proposé des cellules denclri-
Les po lynucléaires basophiles sont les polynucléaires les p lus tiques clans la santé paroclontalc est le suivant : ces cellu les senti nelles
rares ct re présentent 0 ,5 à 1 % des granulocytes. Leurs granules sont sont activées perpétuelleme nt par les bactéries commensales. Après
riches en histamine ct en héparine, médiateurs qui favoriseraient phagocytose ct m igration aux organes lymphoïdes, elles stimule nt la
la d iapédèse. Cc sont les seuls granulocytes qu i ne présentent pas génération de lymphocytes T régulateurs (T reg) qui inhibent l'activa-
d ' ac tivité phagocytaire. tion des LTC D4+. Cela permettrait le maintien de la santé parodontalc.
La transition vers la parodontite se caractérise par une diminution du
). Les polynucléaires éosinophiles nombre de DC dans l'épithélium sulculaire et oral. En conséquence,
Les polynucléai res éosinophiles sont. des phagocytes mobi les qui la génération des lymphocytes Treg serait inhibée ct un nombre plus
joueraient avant tout un rôle de défense face aux parasites. important de ly mphocytes CD4+ seraient activés [ 19].
CHAPITRE 24 -IMMUNOLOG IE 213
- - -- - - - - -
Tableau 24·1 Caractéristiques des principales cellules impliquées dans l'inflammation parodontale.
Polymorphonucléaires Différenciation dans la moelle osseuse Lyse des bactéries intra- (phagocytose) et extracellulaires par :
neutrophiles Durée de vie dans les tissus : 2 à 3 jours - enzymes lysosomales (par exemple élastase)
- radicaux oxyyéné:; et awté:;
- peptides antimicrobiens : bêta-défensines, cathélicidines
- NET
Burst oxydatif
Macrophages Circule à l'état peu différencié (monocytes) Phagocytose et lyse des bactéries
Différenciation dans les tissus Radicaux oxygénés et azotés
Durée de vie dans les tissus: plusieurs mois Production de médiateurs de l'inflammation : cytokines, protéines
du complément
Présentation de l'antigène (CPA)
Cellules dendritiques Cellules résidentes des tissus : état immature Présentation de l'antigène (CPA)
_, phagocytose
Après phagocytose : état mature, circule aux ganglions
lymphatiques et activation LTh et LTc
Les caractéristiques des princ ipales cellules impliq uées dans l' in- comparaison avec une parodontite agressive. En e ffe t, une présence
fla mmation parodontale sont résumées dans le 11lbleau 24- l. de N K est détectée dans la gencive issue de patie nts attei nts de paro-
dontite agressive, cc qu i n'est pas retrouvé pour les parodontites
Les cellules natural killers chroniques [1 4].
Les lymphocy tes 11atural killers (NK) sont des cellules de
Les mastocytes
l' im munité innée q ui lysent les ce llules de l' hôte infectées ou les
cell ules tumorales , de manière indépendante d' une présentation Les mastocytes sont produits clans la moe ll e osseuse par hé mato-
antigénique . De plus, cc sont des productrices de cytokines qui sti- poïèse ct sont libérés dans le sang sous forme non di fférenciée. Ces
mu lent et orientent la réponse des lymphocytes B et T. E lles pour- cellules se différe nc ie nt en pénétrant les ti ssus conjonc tifs dans
raient exercer un rô le di ffére nt dans une parodontitc chronique en lesque ls elles sont assez abondantes. Les mastocy tes possèdent des
Cellules Th
Antigène effectnces
bactérien
(fimbriae)
a mem o1re
IL-2
Act1vat1on
des LTh T H1
)
de classe Il TCR IL-2
du CMH
CelluleT
cos·
Molécule
de classe 1
du CMH
Figure 24·3 Réponse à médiatio n cellulaire : interactio ns cellulaires et rô le des cellules présentatrices d e l' antigène (CPA).
214 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
récepte urs a ux molécules d u complément C3a ct C5a, aux fracti ons BIBLIOGRAPHIE
constantes d es immunoglo bulines, ct porte nt des TLR. Une fois
ac tivées, ces cellules libè re nt leurs gra nules ric hes en s ubstances 1. Bostanci N, Emingil G, Saygan B. et al. Expression and regulation
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sentant une modification temporaire ou à long terme de in periodontal clisease. Oral Dis, 20 14, 20(2) : 11 9- 126.
la fo nction des neutrophiles.
• Chez les patients atteints de parodontite, l'hémo-
gramme fait apparaître une élévation du n ombre de
L'immunité adaptative
leucocytes sanguins et de la protéine C réactive a insi
qu'une diminution du nombre d'hé maties et du taux Katia Jedeon
d'hémoglobine.
• Ces modifications de la formule sanguine restent le plus
souvent dons les bornes de la normalité physiologique et Points clés
s'observent avant et après traitement parodontol.
• Les réponses immunitaires adaptatives sont caractéri-
sées par leur spécific ité pour l'antigène.
• Les lymphocytes se différentient ou contact de 1'antigène.
POUR EN SAVOIR PLUS
• Les lymphocytes B, spécialisés dans la production d' anti-
1-lajishengallis G. lmmunomicrobial pathogenesis of periodontitis : corps, assurent la réponse immunitaire adaptative à
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CHAPITRE 24 - IMMUNOLOGIE 215
L'immunité adaptative cellulaire des anticorps dits nature ls ou polyspécifiques, de type lgM en l'ab-
sence de stimulation antigén ique. En revanche, les lymphocytes B 1b
Les réponses immunitaires adaptatives sont caractérisées par leur
semblent être la pri nc ipale source entretenue d'anticorps dans le
spécificité pour l'antigène qui les a induites. On distingue deux familles
cadre des réponses immunes adaptati ves [8]. En cas de croissance
principales de cellules lymphoïdes qui garantissent cette spécificité :
non contrôlée, ce sont les lymphocytes B 1a CDS+ qui génèrent les
les lymphocyles issus de cellules souches originaires de la moelle
le ucémies lymphoïdes chroniques [4].
osseuse mais dont la maturation dépend du thymus, d'où le terme de
lymphocytes T ; et les lymphocytes qui se différencient en dehors du > Lymphocytes B2
tJ1ymus, dans la bourse de Fabric ius chez les oiseaux et dans la moelle Les lymphocytes B2 ou lymphocytes conventionnels arrivent à
osseuse chez les mammifères, dénommés lymphocytes B [4]. maturation au sein de la moelle osseuse. Ainsi, lorsqu' ils quittent
Les lymphocytes activés sont décelables dans la moelle osseuse, cette dernière, chacun exprime sur sa membrane une molécule d'anti-
dans les organes lymphoïdes secondaires (rate, ganglions) et appa- corps ou immunoglobuline. Lorsqu'une cellule B2 naïve (vierge), qui
rai ssent dans le sang c irculant au cours de diverses situations patho- n'a jamais été en contact avec un antigène, rencontre pour la première
logiques r4J. fois l'antigène qui correspond à son anticorps membranairc, la liaison
Les lymphocytes constituent une popu lation très hétérogène du de l'antigène et de l'anticorps provoque la division rapide de la cel-
point de vue fonctionnel. De façon schématique, on distingue des lule. Les cellules qui en résu ltent se différencient en cellules B2 effec-
cellules effectrices et des cell ules régulatrices. Parmi les cellules trices appelées plasmocytes et en cellules B2 à mémoi re [7, 9, 10].
e ffecu·ices, on peut citer les cellules B producu·ices d' immunoglo- Les cellules B à mémoire ont une durée de vie plus longue que
bulines, les lymphocytes T cytotoxiques et les lymphocytes T aux i- les cellules naïves. Elles continuent à exprime r le même anticorps
liaires (ou helper). Parm i les cellules régulatrices, on trouve les lym- membranairc que la cellule B naïve dont elles sont issues JI 0_1.
phocytes T suppresseurs ou régulateurs 14]. Les plasmocytes n'expriment pas d'anticorps membranaire. En
revanche, ils produisent l'anticorps sous une forme sécrétée. Bien
Les lymphocytes 8 que les plasmocytes ne vivent que quelques jours, ils sécrètent pen-
dant cette période de très grandes quantités d' anticorps. Il est estimé
Les lymphocytes B constituent chez l'homme approximativement qu'un seul plasmocyte peut sécréter plus de 2 000 molécules d'anti-
S à IS % des lymphocytes du sang circulant. Ils sont générés toute la corps par seconde. Les anticorps sécrétés sont les molécules effec-
vie; dans le foi e pendant la vie fœtale et dans la moelle osseuse après trices essentielles de l' immunité humorale détaillée plus loin [1 0].
la naissance. Les grandes étapes de la différenciation et de la matu-
ration des lymphocytes B sont associées à l'expression de différents Les lymphocytes T
récepteurs. lis sont identifi ables principalement grâce à la présence
à leu r surfa ce de molécules d'immunoglobulines ou BCR (8 cel/ Contrairement aux cellules B qui arrivent à maturité au sein de la
receptors). Seuls les lymphocytes B sont producteurs d'immunoglo- moelle osseuse, les cellules T migrent vers le tJ1ymus pour effectuer
bulines de surface, qui représentent le récepteur pour l' antigène. Ils leur maturation POl. En revanche, comme pour les lymphocytes B,
expriment également des récepteurs de surface qui j oue nt un rôle les grandes étapes de la différenciation et de la maturation des lym-
essentiel dans la coopération avec les cellules T comme les anti- phocytes T sont associées à l'ex pression de différents récepteurs. Le
gènes de classe fl du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) marqueur par excellence des lymphocytes Test le récepteur pour 1'an-
ainsi que d'autres marqueurs comme les CD 19, CD21, CD40 et tigène ou TCR (T cell receptor). Ce dernier est un hétérodimère mem-
CD72 [2, 4, 7]. CD, pour « classe de différenciation >> ou << c/uster branaire constitué de deux chaînes polypeptidiques distinctes. Ainsi,
de diffé renciation >>, est un groupe de marqueurs antigéniqucs de il existe deux grandes catégories de lymphocytes T qui se distinguent
surface cellulaire. Par la libération d' une large variété de cytokines, par la structure moléculaire de leur récepteur T: les cellules exprimant
les lymphocytes B sont dotés d'un grand potentiel pour réguler à la un hétérodimère constitué des chaînes a ct~. et les cellules exprimant
fois les deux réponses immunitaires innée et adaptative [2]. un hétéroclimère constitué des chaînes y et 8. Dans les deux catégo-
La gingivite est principalement une réponse à médiation cellu- ries, le TCR est combiné à un antigène de différenc iation appelé CD3
laire T, tandis que la parodontite implique principalement les cel- ct constituant ainsi un marqueur typique des lymphocytes T [41. Les
lules B et les cellules du plasma. Les lymphocytes B et les cellules lymphocytes T assurent l' immunité à médiation cellulaire impliquée
dans le rejet des greffes (immunité d'allogreffe), le rejet de tumeurs
elu plasma sécrètent pendant une parodontitc des niveaux élevés
(immunité antitumorale) et les réactions d' hypersensibilité retardée.
d'interleukine 1 (IL- l) etd'lL-6 Ji ll.
>- Lymphocytes Bl > Les lymphocytes ap
On distingue au sein des lymphocytes T ap matures deux sous-
Parallèlement aux cellules B conventionnelles décrites plus loin,
populations principales grâce à l'ex pression de deux récepteurs
il existe une population de lymphocytes B qui se distingue par sa
exclusifs et non chevauchants: les molécules C D4 ou CDS. Plus que
distribution, son répertoire, son ontogenèse et l'expression des récep-
de simples marqueurs, les molécu les CD4 et CDS sont les ligands
teurs membranaires. Cette population, identifiée initialement chez la
spécifiq ues des molécu les d'histocompatibilité de classe U et de
souri s, est minoritaire chez 1'animal adulte et majoritaire chez le nou-
classe 1, respectivement. Ainsi, e lles interviennent dans la restriction
veau-né. Chez l' individu adulte, ces lymphocytes se perpétuent non
de la reconnaissance de l'antigène par les lymphocytes T [4].
plus dans la moelle osseuse mais en périphérie [2, 4]. Une partie des
lymphocytes B 1 expriment la molécule CDS initialement considérée > Les lymphocytes CD4•
com me un marqueur des lymphocytes T. Ils portent également des Les lymphocytes T CD4+ auxi liaires ou T helper (Th) jouent un
immunoglobul ines M (lgM) de surface mais expriment, contraire- rôle fondamental dans l'initiation et le développement des réponses
ment aux cellules B matures conventionnelles, peu ou pas d' lgD f4l immunitaires adaptatives (Figure 24-4). Leur fonction princi pale est la
Des études récentes distinguent deux types de lymphocytes B 1 : production de cytokines favorisant le développement des différentes
les lymphocytes B 1a et les lymphocytes B 1b. Les lymphocytes B 1a réponses effectrices. Les sous-populations sont diverses et varient en
contribuent essentiellement à la réponse immune innée en sécré tant fonction de la nature de l' antigène et sa dose, des cellules présenta-
PARTIE 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
__T__ _
TNF-p
IL-1 0
IL-21
IL-22
de la naissance. Ils sont extrêmement dépe ndants de la présence de
l' IL-2. Les cellu les T régulatrices induites o u adaptatives dérivent
des ly mphocytes T C D4• conventio nnels matures qu i sc trouvent
IL-13 LT il la périphérie. Le ur activatio n implique la présence de certaines
--,rn
- m-'uni-
té---~-,
C cellulaire/élimination
pathogènes intracellulaires
I
IL-25 cytok ines dans l'environnement telles que le TGF- ~ , l' lL- 10 ct, plus
rarement, I' IL-4 14, 14 1. Les cc ll ules Treget Th l7 ont un rô le impo r-
tant dans la régulatio n immunitaire de la maladie parodontale 1_ 11j.
• Th/ 7
b
Immunité Récemment, des lymphocytes Th 17 ont été identifiés comme une
humorale/élimination entité d istincte parmi les lymphocytes CD4 ' auxiliaires. Les ccl-
pathogènes extracellulaires
Iules l'h l? prod uisent de manière privilégiée de I' IL- 17A ct de I'IL-
Figure 24·4 Différenciation des sous-populations des lympho- 17F, d' où leur nom, mai s e lles produisent aussi de la LT, de I' IL-21
cytes T helper et paradigme Th1/Th2. ct de l' l L-22 16, 14]. Les interleukines IL-17A et IL-17F ont d' im-
portantes propriétés pro-inflammato ires. Ces cyto kines agissent s ur
divers types cellu laire pour induire la production d ' autres cytokines
(lL-6, IL-8, GM-CS F lg rw w/ocyte-macrophage cololly-stimu/a tillg
triees d' antigène, du fond génétique de l' individu et du type de cyto- .fàctor_l , G-CSF [granulocyte colony-stimulating factorj), de chémo-
kines présentes dans l'environneme nt de la réponse immunitaire 141. kines (CXC L 1, CXC L 10) ct de métalloproté inases. Ce sont aussi de
puissants facteurs favorisant le recrutement ct l' ac tivation de poly-
• Titi
nucléaires neutrophiles. Par conséquent, ils jouent un rô le clé dans
Les lymphocytes Th 1 sont impliqués dans l' activation des macro-
la protection lors d ' infectio ns par certaines bactéries à Gram néga-
phages, les réactions d' hypersens ibi lité retardée et l'élimination des
tif' el par certains champig nons 14, 6 1. Du fa it de leur capac ité pro-
pathogènes intracellulaires. Ils produisent de manière pré fére ntielle
inflammato ire, une expans ion non contrô lée de lymphocytes Th 17
de l' interle ukine IL-2, de l' interféro n y (IFN-y) et de la lympho-
peut être source de patholog ie. Ainsi, de nombreuses o bservations
toxinc (LT ou l'NF- ~) 14 , 14].
suggèrent leur activité pathogène dans certaines maladies auto-
• Th2 immunes, notamment la sclérose e n plaques, la polyarthrite rhuma-
Les ly mphocytes T h2 privilégient la prolifératio n et la différen- toïde et le psorinsis 141.
ciation des lymphocytes B et la productio n de certaines sous -classes Les lymphocytes Th so nt les cellules naïves ou vierges de toute
d 'anticorps. Ils jouent ainsi un rô le clé dans l' immunité humorale et stimulation par l'antigène ct ne produisent que de I' IL-2. La pré-
l'élimination de pathogènes extracellulaires. Les ly mphocytes Th2 sence d ' IL- 12 dans le milieu, en association avec l' IFN-y, favorisera
synthéti sent préférentie lle ment de I' IL-4 , de I' IL-6, de I' IL- 10, de la di ffére nc iat ion de cellu les Th 1.
I' IL- 13 et de I' IL-25. Ils produisent également de I' IL-5, un facteur L' lL- 12 est produite par les cellules présentatrices d 'antigène
ind ispensable po ur la cro issance ct la différenciati on des polynu- (les cellules dcndritiqucs). Le développement des lymphocytes Th2
cléa ires éos inophi les. Conjointement au rô le central de l' IL-4 dans nécessite la prése nce d ' IL-4 dont la source est la cellule, même après
la produc tion des anticorps Ig E, ce la explique l' importance des ce l- reconna issance de l'antigène. La d iffé renciat io n des cellu les Th 17
lules Th2 dans les réactions d ' hype rsens ibi lité immédiate [4, 141. requiert la présence primo rdiale de l' IL-6 et encore mo ins celle de
L' antigène microbien peut, au moins en partie, déterminer la nature TGF-B 14].
de la ré ponse immunitaire ct la progress io n de la ma ladie parodon- Il faut so uligner que les lymphocytes pleinement différenciés en
talc. Ains i, des c lo nes de ly mphocytes T pro vcnnnt de souris immu- cell ules T h 1 ou Th2 ne préexistent pas chez l' hôte naïf non sensibi-
nisées avec Porpltytv mmws gi11givalis seul ont un profil Th 1. En lisé mais chez les patients présentant des infections, des a llergies et
revanche, des clo nes de cellu les T provenant de so uris immunisées des maladies immunes. E nfin, il est important de me ntionner que les
avec Fusohacterium mtclealwll suivi de Porphy romotws g i11giva/is lymphocytes Th 1 et Th2 exercent, par le biais de certaines cytokines
montrent un prolll T h2 l lll. qu ' ils produisent, un effet de contre-régulatio n réciproque. Ce phéno-
• Treg mène est défini sous le terme de paradigme Th 1rT'h2. En particu lier,
Comme tout système biologique, le système immuni tnire est l' LNF-y produit par les lymphocytes Th 1 inhibe la différe nc iation des
llncmcnt régulé. Un rô le central est donné aux lymphocytes T dans lymphocytes Th2 et, réciproquement, 1' lL-10 produite par les lym-
les phénomènes de régulatio n. Ils peuve nt ag ir de faço n positive en phocytes Th2 inhibe la di fférenc iation des lymphocytes T h 1 14].
CHAPITRE 24 -IMMUNOLOGIE 217
Le contrô le du passage d ' une lésion paroclontale à médiation cel- D ' un po int de vue fonctionnel, la caractéristique principa le des
lulai re T it une lésion de type B est arbitré par un équilibre entre les lymphocytes NK Test leur capacité de produire très rapidement,
sous-populations Th 1 ct Th2 des cellules T. La g ing ivite implique après activation, de g randes quantités de cytokines dont l' 1L-4 et
les cellules Th 1, tandis que la parodontite c hronique implique les 1' 1FNy. De ce fait, ils jouent un rôle évident dans 1' immuno modu-
cellules Th2. Les lymphocytes T de la réponse it une gingivite ont un lation des ré ponses immunitai res. Par ai lleurs, comme les ly mpho-
ratio CIJ4 :C lJ~ de l' ordre de 2 :1 [Il]. Des études supp lémentaires cytes NK, ils possèdent des ca pacités cytotoxiques, ce qui explique
sont nécessaires pour élucider le rôle de l' équilibre entre les sous- leur implication dans l' immun ité antitumorale [4 ].
popu lations des cellules T, Trcg, Th 17, Th 1 et Th2, clans la pathogé-
nie de la paroclontite Ll4]. L'immunité adaptative humorale
> Les lymphocytes CDS' Bien que toute réaction immunitaire adaptative implique la sti-
L'activation, la prolifë ration et la différenc iation des précur- mulation de ré ponses hu morales et cellu laires, il apparaît qu ' en
se urs cytotox iques cos· en effecte urs matures nécessi te l'action fonct ion de l' antigène stimulant, la ré ponse immunitaire e ffectri ce
conj ointe de l'antigène (présenté par les molécules du CM H), d'élé- repose tantôt sur la composante humorale, tantôt sur la composante
ments de costimulation (exprimés par les ce llules présentatrices de cellu laire. L'immunité humorale est par exemple à la base des réac-
l'antigène) et de certaines cytokines dont l' IL-2 . Les cellules présen- tions d ' hypersensibilité immédiate (anaphylaxie, atopic) [4].
tatrices de l'antigène (cellules dendritiques) peuvent induire la pro- L' interacti o n d'un lymphocyte B mature avec 1' antigène
duction de I' IL-2. Au cours des réactions vis-à-vis de certains virus déclenche son activation, sa prolifé ration e t sa différenc iation .
ou de la réaction d ' allogrcffe, la différenciation des lymphocytes T Certains des anti gènes liés aux anticorps me mbranaires du lympho-
CDS+ est particulière ment dépendante de la présence des lympho- cyte B sont interna lisés par endocytose. Le lymphocyte B présente
cytes auxiliaires CD4• spécifiques de l'antigène . Les lymphocytes T ensuite sur sa surface les peptides antigéniqucs combinés avec des
CD4• activés re présenteront ains i la principale source d' IL-2 (voir molécules de c lasse Il du CM H. Une ce llule Th spécilique se lie
Fig ure 24-4) [4, 10]. au complexe antigène - CMH e t sécrète des cytokines qui acti vent
L'action cytotoxique des cellules T CDS'· s'exerce principalement le lymphocyte B ( Figure 24-5). L' activation des lymphocytes B
par la libération elu contenu enzymatique de leurs granules lysoso- entraî ne la prolifération des cellules spécifiques de l'antigè ne pen-
miaux. Au niveau cellulaire, la cytotoxicité lymphocytaire T peul se dant 5 jours environ, phénomène portant le nom d' ex pansion clo-
décomposer en trois phases. Au cours de la première phase, il y a inte- nale. Ensuite, e lles sc d ifférencient en une population de cellules
raction entre le TCR et l'antigène présenté par les molécules du CM H. effectrices dites plasmocytes qui sécrètclll act ivement des anticorps,
La deuxième phase est celle où la cellu le cytotoxique inflige une et en une population de cellules mémoi res it d urée de vic prolongée
lésio n irréversible à la cible. La dern ière phase consiste en la cytolyse (voir Figure 24-5) 11 01. Au cours de le ur différenciation, certains
o u la désintégration de la cellule cible 14, 101. Parallè lement it la di f- lymphocytes B commencent it produire différents isotypes d ' anti-
fërenciation des cellules T CDS ' en cellules effectrices cytotox iques, corps spécialisés dans la lutte contre différents types de microbes.
des cellules T C DS' à mémoire sont aussi générées (voir Figure 24-3). Ce processus porte le nom de commutation isoty pique. L'exposition
> Les lymphocytes yS ré pétée à un antigène protéique entraîne la production d'anticorps
Comme décrit plus haut, les lymphocytes T yo
sont caractérisés par présentant une affin ité croissante pour J' antigène. Ce processus est
l'expression d'un TCR yô. Alors que les lymphocytes conventionnels appelé maturation d'afïinité. Il conduit à la production d'anticorps
ap coHslilllclll 95 % lies ly mphocytes périphériques, les lymphocytes dotés d'une meilleure capacité de lier ct de neutra li ser les microbes
yo
non conventionnels n'en constituent que 5 %. En revanche, il s sont r
et leurs toxines 1l
largement majoritaires dans les épithél iums et les muqueuses [4, 5]. Les anticorps ont essentielleme nt un rôle protecteur vis-à-vis des
Ainsi, ils j ouent le rôle de première barrière de défense dans l'immu- bactéries sécrétrices d ' exotoxines, ou des bactéries à multiplication
nité ant.i-infecticuse. Ils ont également une fonction principale dans extracellu laire. A ins i, la production des anticorps subit des varia-
les ré ponses antitumorales et auto-immunes [5, 13 1. tions quantitatives. L'exposition ü un antigène entraîne la production
Les lymphocytes T yù participent it la fo is à la réponse immu- d'anticorps après une courte période de latence. Cette dernière est
nitaire innée et adaptative. Ils n'ont pas besoin que l'antigène leur très variable se lon les antigènes (de 20 heures it plus ieurs semaines).
soit présenté par les molécules du CM I-1. Ils reconnaissent les phos- La concentration sérique des anticorps croît de façon exponentielle
phoantigènes (possédant un groupement phosphate) produits par dès la fin de la période de latence. Cette production est accé lérée et
de nombreux micro-o rganismes et cellules cancéreuses. Une fo is particulièrement intense au cours des réponses secondaires obser-
activés, ils se multip lient en présence d' IL-2 ct sécrètent différe ntes vées après une deuxième exposition au même antigène. Le pic des
cytoki nes ( IL- 17 A, IL-21, IL-22, TNF-a, INF-y) capables d ' induire anticorps sériques est plus élevé que celu i observé lors de la réponse
une réponse inflammatoire [5, 12]. Suite it leur activation, ils vont primaire et p lus précoce (la période de latence est environ deux fois
exprimer des protéines de choc thermique et sécréter des perforines p lus courte). Il existe, par aille urs, dans le sérum d 'animaux nor-
impl iquées dans l' induction de l'apoptose des cibles. Des lympho- maux , des anticorps naturels vis-i1-vis de nombreux antigènes bacté-
cytes T y8 mémoires sont également générés 151. riens et viraux ingérés avec l' alimentation ou inha lés [1 , 4].
Enfin, il est intéressant de ci ter une sous-population minoritaire La production des anticorps au cours des réponses primaires ou
de lymphocytes T matures, les cellules dites NKT. Comme le ur secondaire; ne varie pas seulement quantitativement avec le temps,
nom l' indique , il s'agit de cellules T a~ , soit doubles négatives ma is aussi qual itativement, notamment par leur classe et leur affi -
(CD4- CDS-) , soit des CD4+qui expriment également des marqueurs nité. Les anticorps lgM sont produits avant les anticorps l gG car les
typiques de cellu les NK. lgM , pentavalcntes, som beaucoup plus avides et donc biologique-
La nature de l'antigène reconnu par les lymphocytes NK T est ment plus efficaces que les lgG . Les réponses secondaires sc mani-
très différente de celle des lymphocytes T conventio nne ls. JI s' agit festent essent iellement par la production d'IgG. L'immunité locale
de g lycolipides pour les lymphocytes NK T alors que ce sont des spécifique joue un rôle primordial vis-à-vis de nombre uses infec-
peptides pour les lymphocytes Ta~ 14 1. tions. Cette immunité est liée à la production locale d' !gA . L' !gA
218 PARTIE 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Cytokines
Antigène de classe Il
duCMH
Lymphocyte B
mémoire
Plasmocyte
sécrétant
Figure 24·5 Phases de réponse immunitaire humorale. des anticorps
est l ' immunoglobuline prédominante dans les produits sécrétoires légère forment une cavité en fo rme de Y à l ' intérieur de laquelle se
tels que la salive, les larmes ct dans les tissus en continuité avec fi xe l ' anti gène (Figure 24-6) 1101.
l 'environnement externe [4J. Cinq classes majeures d' anticorps sécrétés par les pl asmocytes
Les mécanismes qui conduisent à la production des anticorps par sont décrites.
les l ymphocytes B sont hétérogènes. Sur la base du type de réponse - Immunoglobuline G (lgG) : c'est la classe la plus abondante
an ticorps qu' ils susc itent, on distingue deux grandes catégories dans le sérum. Elle représente 80 % des immunoglobulines sériques
d'antigènes : totales. Il ex iste quatre classes d' l gG humaines numérotées en
- les antigènes dits thymo-indépendants (polysaccharides, lipides fonction de leurs concentrations sériques moyennes décroissantes :
ct autres anti gènes non protéiques), qui activent les lymphocytes B l gG 1, l gG2, I gG3 ct l gG4. Des caractéri stiques structurales dis-
producteurs d' anticorps spécifiques sans nécessi ter la présence ct la tinguent ces sous-classes les unes des autres. Ces différences sub-
coopération avec les lymphocytes T spécifiques ; ti les affectent l'activité biologique de la molécule. L' l gG 1, l ' l gG3
- les antigènes thymodépcndants (protéiques) dont la réponse et l ' l gG4 passent facilement la barrière pl acentaire et jouent un rôle
anticorps est strictement dépendante d'une coopération cellulaire important dans la protection du fœtus au cours de son développe-
entre lymphocytes B et T spécifiques. ment. L' I gG2 est moins efficace Il 0].
La réponse anticorps vi s-à-vis des antigènes thymo- indépcndants - Immunoglobul ine M ( lgM ) : l' l gM représente 5 à 10 % des
est caractérisée par une production exclus ive d' l gM. La production immunoglobulines sériques totales. Elle est la première classe d'im-
des autres isotypes d' immunoglobincs décri ts plus loin signe l'inter- munoglobu line produite lors d' une réponse primaire à un antigène.
vention de l ymphocytes T spécifiques et n' est donc obser vée qu' au C'est également la première immunoglobuline à être synthétisée
cours de la réponse secondaire vis-à-vis d' antigènes thymodépen-
dants f 1, 4J.
par le nouveau- né. L' lgM est plus efficace que l' lgG pour activer cées. Le type d'immunoglobuline dom ina nt diffère e n fonction de
le complé me nt. Du fait de sa grande taille, e lle est présente à très la nature chimique des antigènes présentés. Ainsi, les antigènes pro-
fa ible concentration dans les liquides cellulaires intercell ulaires. téiques induisent une ré ponse principalement lgG 1 e t lgG4, alors
Néanmo ins, e lle est transportée vers les sécré tio ns externes qui que les amigènes hydrocarbonés déclenchent une réponse IgG2.
baigne nt la surface des muque uses. A insi, l'lgM j oue un rôle acces- Les facteurs génétiques jouem égale me nt un rôle. Ainsi, les Afro-
so ire importa nt e n tant qu' immunoglobuline des sécrétions [ 10]. Américains ont des taux sériques élevés d ' lgU2 par rapport aux
- Immunoglobuline A (IgA) : l'TgA re présente 10 à 15 % des Caucasie ns, indépendamment de l' état pa rodontal i3J.
immunoglobulines totales du sérum. Elle est la classe d'immunoglo-
buline prédominante des sécrétions exte rnes, telles que la salive, le
lait, les larmes ainsi que du mucus des tractus bronchique, génito- Implications cliniques
urinaire et digestif. Cette fam ille d ' immunoglobuline comprend de ux
• L'anamnèse doit s'attacher à Identifier les patients pré-
sous-classes, l'JgA I constituant la c lasse prédominante dans le sérum sentant un déficit immunitaire secondaire (acquis).
c t I' IgA2 la classe prédominante dans la forme sécrétoire. La liaison
de l' lgA sécrétoire aux antigènes des surfaces bactériennes ou virales • Ces défic its sont nombreux et peu rencontrés en cabi-
net de ville, à l'exception de la séropositivité VIH et des
e mpêche la fixation de ces pathogènes aux cellules muqueuses. L es
patients sous corticothéra pie ou immunosuppresseurs.
complexes d 'l gA sécrétoire e t d'antigène sont aisément e nglobés
r
dans le mucus puis é liminés par les cellules épithé liales ci liées 10].
- Immunog lobuline E (IgE) : l' IgE a une concentration sérique
moyenne e xtrêmement faible, mais elle a une activité biologique POUR EN SAVOIR PLUS
puissante. Les anticorps IgE sont impliqués dans les réactions d' hy-
pe rsens ibilité immédiate qui sont responsables des symptômes du Chatenoud L, Bach J F. Immunologie, de la biologie ~ la clinique.
6" éd. Paris : Médeci ne Scie nces PublicationsfLavoisier ; 20 12.
rhume des foins, de l'asth me, de l' urticaire e t du c hoc anaphylac-
Oh lrich EJ, Cullinan MP, Seymour GJ. The immunopathogenesis of
tique. La dégra nulation local isée des mastocytes induite par l' IgE periodontal disease. Aust Dent J, 2009, 54 Suppl 1 : S2-l O.
pourrait aussi libérer des médiateurs qu i fac ilitent le développement
de diverses ce llules nécessaires à la défense amiparasitaire [ 10].
- Immunoglobuline D (lgD) : l' IgD cons titue e nviron 0,2 % des
immunog lobu lines totales du sérum. L' lg D, avec l' lgM, est l'immu- BIBLIOGRAPHIE
noglobuline membranairc essentielle exprimée par les cellules B
matures. Elle interviendrai t dans l'activatio n des cellules B par 1. Abbas AK, Lichtman AH. Les bases de l'immunologie fondamen-
l'antigène. Aucune fonction effectrice biologique cie l' Ig D n'a é té tale ct cl inique. 2' éd. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; 20 13.
décri te Il 0]. 2. Bao Y, Cao X . The immune polential and immunopathology of
cytokine-producing B cell subscts : A comprehensive review. J
Outre le fait de représenter un excellent marqueur, l'immunoglo-
Autoimmun , 2014 [Epub ahead of print l.
bul ine de surface constitue pour le ly mphocyte B mature le récep- 3. Basconcs-Martînez A, Muiioz-Corc ucra M, Noronha S, et al. Host
teur pour l'antigène. Alors que les rég ions variables d ' un anticorps defence mechanisrns against bacterial aggression in periodontal
sont les seuls agents cie liaison à l'antigène, la région constante de la disease : Basic mechanisms. Med Oral Patol Oral C ir Bucal, 2009,
c haîne lourde est responsable de toute une série d ' inte ractions syner- 14( 12) : e680-685 .
g iques avec d 'autres protéines, cellules ou tissus dont résultcm les 4. Chatcnoud L, Bach JF. Immunologie, de la biologie à la cli nique. 6e
fonctions e ffectrices de la réponse humorale . Ainsi, toutes les classes éd. Paris : Médecine Sciences Publications/Lavoisier ; 20 12.
S. Ferrcira LM. Gammaclelta T cells : innately adaptivc immune cells?
d ' immunoglobulines n'ont pas les mêmes propriétés fo nctio nnelles. lnt Rev Jmmunol, 20 13, 32(3) : 223-248.
Quau·e fonctions effectrices essentie lles des anticorps sont décrites : 6. Gaffe n SL, Haj ishengall is G. A new inflammatory cytokine on the
- l'opsonisation, qu i est la promotion de la phagocytose des block : re-thi nking periodontal clisease a nd the Th 1frh2 paradigm
antigènes par les macrophages e t les neutrophiles ; c ' est un facteur in the context of Th J7 cells and IL- 17. 1 De nt Res, 2008, 87(9) :
important des défenses antibactérie nnes. C'est principale me nt la 817-828.
fonction des lgG ; 7. Garraud 0, Borhis G, Badr G, et a l. Rcvis iting the B-cell compart-
ment in mouse and humans : more than one B-ccll subset cx ists in
- l'activation elu complément e ffec tuée pa r l' lgM ct la pl upart des
the marginal zone and beyond. BMC Immunol, 2012, /3: 63.
sous-c lasses d' lgG ; 8. Haas KM, Poe JC, Stccbe r DA, Teddcr TF. B- 1a and B- 1b cclls
- la cytotoxicité à médiation cell ula ire dépendante des anticorps exhibit disti nct developmental requ irements and have unique fun c-
l gA principaleme nt ; tional roles in innate and adaptivc immunity to S . pneumoniac.
- l'activation des mastocytes, des éosinophiles e t des basophiles l mmunity, 2005, 23 ( 1) : 7-1 8.
spécifiques des IgE li 0]. 9. Jacquot S, Boyer O. Heterogeneity and function of hu man B lym-
La majorité des cellules B dans le sang périphé rique humain e xpri- phocytes. Med Sei (Paris), 2006, 22 ( 12) : 1075- 1080.
1O. Kindl TJ, Goldsby BA. Osborne. Immu nologie : le cours de Janis
ment de ux isotypcs d'immunoglobulines à le ur surface, lgM et lg D, Kuby. 6' éd. Paris : Dunod ; 2008.
porteurs de la même spécificité antigénique. Pe u de cell ules circ u- Il . Oh lric h EJ, C ull inan MP, Seymour GJ. The im munopathogenesis of
lantes ex prime nt des lgG, TgA ou IgE de membrane . Une expres- periodontal discase. Aust Dent J, 2009, 54 Suppl 1 : S2- 10.
s ion séleclive de celles-ci est retrouvée dans certaines muqueuses 12. Petermann F, Rothhammer V, Claussen MC, ct al. yo T cells
[4]. Enfin, il est important de noter que les immunoglobulines sont, e nhance autoimmunity by restmining regulatory T cell responscs
après l'albumine, les protéines les plus abondantes dans Je sérum [9]. via an interleukin-23-dependent mcchanism. lmmunity, 2010, 33 :
351-363.
La présence d'anticorps contre les agents pathogènes parodon-
13. Su D, Shen M, Li X, Sun L. Roles ofyo T cells in the pathogenesis
taux a été dé montrée dans le fluide g ingival des patients atteints de o f autoimmunc discascs. Clin Dev lmmunol, 2013, hllp://dx.doi.
parodontitc avec une prédominance des lgG 1, une moindre présence org/ 1O. Il 55/20 13/985753.
des IgG2 et une quantité e ncore plus faible des l gG3 e t l gG4. La 14. Yucel-Lindberg T, Bage T. lntlammatory mediators in the pathoge-
présence des IgA 1 et lgA2 a été démontrée dans les lésions avan- nesis ofperiodontitis. Expert Rcv Mol Med, 2013,5; 15: e7.
220 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
IL-12 Macrophages, cellules dendritiques Active les cellules T, induit les CD4 vers la voie Th1
IL-13 Cellules T Croissance et différenciation des cellules B, inhibe la production de cytokines
inflammatoires par les macrophages et les cellules Th1
IL-14 Cellules T Induction de la prolifération des cellules B, inhibition de la sécrétion des anticorps
IL-1 5 Beaucoup de cellules non T Croissance de l'épithélium intestinal, des cellules T et NK et augmente la survie des
cellules CDS mémoire
IL-16 Cellules T, mastocytes, éosinophiles Chimiotactisme pour les CD4, les monocytes, les éosinophiles
IL-17 Cellules T CDS, cellules NK, neutrophiles Pro-inflammatoire : induit la sécrétion de cytokines par les épithéliums,
les endothéliums, les fibroblastes
IL-1S Macrophages, cellules de Kupffer Induit la production d'IFN par les cellules T et NK
IL-19 Monocytes Induit l'expression de I'IL-6 et du TNF-a par les monocytes
IL-23 Cellules dendritiques Induit la prolifération des cellules T mémoire, augmente la production d'IFN-y
IL-24 Monocytes, cellules T Inhibe la croissance tumorale
IL-26 Cellules Tet NK Augmente la sécrétion de l'IL-S et de I'IL-10, expression du CD-54 à la surface
des cellules épithéliales
IL-27 Monocytes, macrophages, cellules Induit la synthèse de récepteur de I'IL-1 2 sur les cellules T
dendritiques
IL-2S (A et B) Activité antivirale
cité de déclencher cette de rnière (T NF-a ), d ' induire l'apoptose .... MÉCANISMES EFFECTEURS DE LA RÉPONSE
des cellu les B ou T ( LT-et., ligand de Fas iF asL J, TRA lL ltumor- IMMUNITAIRE
necrosis-factor related apoptosis inducing ligand], etc.), d ' activer
les cellules B ( ligand de CD-40 IC D-40 L J, A PRIL [a proliferation- Julien Braux
inducing ligand], etc.) ou pre nnent p lace dans le système d ' act iva-
Lion et de contrôle de la résorption osseuse par les ostéoclastes (sys-
Le système du complément
tème OPG- RA NKL losteoprotegerin -receptor activator of nuclear
factor-KB ligand !) ; Le système du com plément a déjà fait l' obje t d' une description
- les chimiokines sont des cytokines ayalll un caractère chi mio- (voir p lus haut dans ce chapitre). Tl est constitué d ' un ensemble de
tactique (d 'attract io n cellul aire c t de g uid age) pour les cell ules du protéines plasmatiques ayant la capaci té d ' interagir e ntre elles a fin
s ystème immuni taire . Ell es pe rmettent donc le recrute ment ct le de recouvrir les pathogènes de façon à indui re une réactio n inn am-
g uidage des cellules immunitaires sur les s ites nécessitant l ' in- matoire importante menant à la destructio n de ces derniers. C'est
ter vention d u système immunitaire, mais éga lement l'adressage une cascade enzymatique qui aboutit à la formatio n elu complexe
des cellules présentatrices d ' a ntico rps ve rs les gang lio ns ly mpha- d ' attaque membranaire (membrane attack conrplex [MAC !). Le sys-
tiques et donc la m ise e n place de la rép onse adaptative. Elles tème du com plé ment est un acteur majeur de la dé fense immunitaire
perme tte nt aussi d ' induire une ang iogenèse dirigée ve rs les foye rs contr e des agresseurs pote ntie ls. Il est à l' interface entre l' im munité
in fectieu x. Leur classifi cation est struc ture lle, quatre gro upes innée, où il a une action d irecte de bactériolyse e n créant des pores
étant réa lisés e n fo nction de la présence au sein de leur struc- dans la membrane lipid iq ue (opsonisaüon), et l' immunité acqu ise,
tu re moléculaire de quatre résidus cysté ines haute ment conser- où il stimu le le chimiotactis me des leucocytes.
vés. Il est ains i possible de d ifférenc ier les c him io kines de type Une importan te et complexe régulation permet de limiter l'acti-
CC, C XC, XC ct C XJC, o ù X est un ac ide am iné que lconque. vité elu complément à la détection de pathogènes ou de cell ules alté-
En plus de cette dénomin atio n, e lles portent para llè le ment une rées. Pour cela, le C D55 peut entrer en compétition avec le facteur B
dénom ination us ue ll e souve nt attribuée lors de leur découverte pour inhiber la format ion de C3 bBb, vo ire déstructurer ces com-
(par exe mple CC L-2 est égale ment la MC P- 1 lmonocyte cltellloat- plexes déjà formés qui peuvent également être clivés par le facteur 1
tractant protein 1]) et est clone capable de chi m io-attraction pour ass isté du C D46 o u de récepteurs membranaires (CR. l, ou comple-
les monocytes). To utes ces chimio kines exercent leurs fo nc tio ns ment receptor type 1). En revanc he, clans le cas où le CJbBb est lié
par liaison à des récepte urs coup lés à des proté ines G qui per- à un pathogène, une régulation positive par stabilisation de ce com-
mettront. un e ffet d irect au sein de la ce ll ule ayant capté le s igna l p lexe peut avoir lieu e t renfo rcer son e ffet par l' action de d iverses
(Tableau 24 -111). proté ines assoc iées (facteur P, properdine, etc.).
Lors de la phase e ffect ri ce, la formatio n de la CJ convertase
La mort cellulaire programmée issue d e la cascade enzy matique va ampl ifi e r la réaction, par c li-
vage des C J à prox imité en fragments CJa ct C3b. Ains i, CJb,
Co mme no us l'avons déjà évoqué, les mécanismes de sé lecti o n
une fo is formée, a la c apacité de se lier de façon covale nte aux
clo na le et d ' arrêt de la réponse immun itaire d emandent un co ntrôle
moléc ules voisines de la s urface du pa thogène. Il e n résulte ra un
de la q uantité et de la q ual ité des ce llules effectrices m ises en je u.
recouvreme nt com plet du pathogène qui sera a lo rs détecté par
De plus, une destruc tion cellulaire di rigée est nécessaire lo rs de
les cell u les capa bles de phagocytose (po ssédant des récepte urs
la détection p ar le système immunitaire de la présence de cellules
aux molécules elu comp lément dont le réce pteur de C 3b (CD35)
ano rmales o u infectées. Ces processus feront intervenir un méca-
en vue de leur destruc tio n. C Jb pe ut également se lier à la CJ
nisme physiologique de mort cellula ire programmée : l'apo ptose.
convertase pour former la CS convcrtase qu i pourra c liver CS en
Cc mécanisme physiolog ique est à opposer à la nécrose q ui , elle,
C5a c t C5b. C5b pourra alo rs égaleme nt recouvrir le pathogène et
correspond à un processus dégénératif intervenant c hez des cellules
être reco nnue pa r des récepteurs s péc ifiques. C 5a aura la capac ité
ayan t subi des dommages phys iq ues, ch imiques o u osmotiques de
d'activer les phagocytes après li aison à le urs récepte urs spéc i-
forte ampleur. Au contraire, l'apoptose se me t en place lo rsqu' une
fiques et aura une activité chimi o-attractante po ur les neutrophiles
cell ule se retrouve privée de ses facte ur de cro issance ou de ses
e t les monocytes. C5b aura éga le ment la capac ité de lier d 'autres
facteurs ho rmo naux s pécifiq ue, lorsqu' e lle s ubit un s tress impor-
frag me nts du complément et de les insérer clans la me mbrane d u
tant, lo rsqu 'elle présente une lésion de l'ADN no n ré parable, o u
pathogène (C5b sc lie à C6 puis le co m plexe C5bC6 se lie à C7,
lorsqu 'elle est stimulée par des facte urs pro-apo pto tiqucs (Fas,
qui ex pose alo rs ses s ites hydroph iles ct s' inc lut dans la mem-
TNF-a, perfo ri nc ct granzymc, etc.). Le s ig nal apoptotique est
brane). CS et C9 o nt des interacti ons s imi laires. Il e n résulte la
alors régulé par une série de gènes pro-apopto tiq ucs ( BA X , e tc.) ou
formatio n d' un complexe d 'attaque me mbranaire ( MAC) aboutis-
anti-apo ptotiqucs (Bcl-2, etc.) qu i abouti ro nt au déc le nc he me nt ou
sant à la forma tio n d ' un pore a u sein de la membrane créant des
non de l'ap optose qu i répondra alors à un programme bien carac-
perturbations os motiques p ouvant mene r à la lyse de la cellule
téristique, o ù il apparaîtra success ive ment une compaction ct une
c ible (Fig ure 24-9).
marginalisation de la chro matine nucléa ire, une convo lution des
me mbranes nucléaires et cyto plas mique suivie d ' une condensatio n
La phagocytose
de ce dernie r. Le noyau se frag mente ensui te ct il se forme alo rs
des corps apoptot.iq ues q ui sero nt phagocytés sans e ntraî ner de Que ce so it par reconnaissance directe d e motifs s pécifiques
réaction inflam mato ire en ra ison de la présence à le ur s urface de de s urface (TLR, etc.) o u s uite à le ur opsonisatio n par des molé-
signaux spéc ifiques e ntr aînant leur phagocytose sans inflammation. cules te ll es que le fac teu r CJ b elu comp lé me nt, les pathogènes
La mort par apoptosc est une mort << pro pre» très peu immunogène, sont rapide ment détectés par les p hagocytes mono nuc léaires
au contraire de la nécrose qui peut avoir lie u lo rsqu ' une infection ci rcul ants (poly morphonuc léaires neutrophiles) ou par les cel-
entraî ne la lyse nécroti que d ' une cellule et qui est, e lle, hy pc rim- lules spécia lisées qui résident au sein des organes ( macrophages,
munogène (Figure 24-8). cellul es de Kupffc r, cell ules microg lia les, etc .). Lo rs de l'i nfec-
r
Tableau 24-111 Liste des chimiokines et de leurs cibles principales (adapté d'après Janeway et al., 2009).
M I P- 1~ CCR5 x x x x x
(macrophage
inflammatory
protein 1~)
RANTES CCR1 , x x x x x x x x
CCR3,
CCR5
EOTAXIN CCR3 x x x 0
:::c
MCP-5 (monocyte CCR2 x x x x x x )>
chimioattractant -u
=i
protein 5) :Il
m
MCP-4 (monocyte CCR1 , x x x x x x x x x 1\J
~
chimioattractant CCR2, 1
protein 4} CCR3 ~
:s::
HCC-1 CCR1 x x x x c
(hemofiltrate z
0
CC-chemokine 1) r
0
MIP-10/HCC-2 CCR1 , x x x x x x x ~
(macrophage CCR3
m
inflammatory
protein 1y)
.... N
N
w
Tableau 24·111 Liste des chimiokines et de leurs cibles principales (adapté d'après Janeway et al., 2009). (Suite). N
N
..... Cellules Cellules Lympho- Lympho- Lympho- Lympho- Lympho- Lympho-
""'
Récepteurs Neutra- Éosino- Baso- Masto- Mono- Macro- Lympho- d d . . d ..
Nom commun t NK en nt1ques endnt1ques cytes T cytes T cytes T cytes cytes cytes
principaux phi/es phi/es phi/es cytes cytes phages
1~
cy es immatures matures naïfs activés régulateurs Tht Th2 8
HCC-4 CCR1, x x x x x x x
(hemofiltrate CCR2 0>
CC-chemokine 4) 1
inflammatory ~
protein 313) JJ
0
0
MIP-3a CCR6 x x x 0
(macrophage z
inflammatory ):!
r
protein 313) m
(/)
6Ckine CCR7 x x x x
MDC (human CCR4 x x x
macrophage-
derived
chemokine)
MIP-3 CCR1 x x x x
(macrophage
inflammatory
protein 3)
MPIF-2/EOTAXIN-2 CCR3 x x x
(myeloid
progenitor
inhibitory
factor 2)
TECK (thymus- CCR9 x x x
expressed
chemokine)
EOTAXIN-3 CCR3 x x x
CTACK (skinkine, CCR2, x x x x x x x x
eskine and CCR3,
cutaneous CCR10
T-cell-attracting
chemokine)
.....
r
Tableau 24·111 Liste des chimiokines et de leurs cibles principales (adapté d'après Janeway et al., 2009). (Suite) .
..... M L h Cellules Cellules Lympho- Lympho- Lympho- Lympho- Lympho- Lympho-
Récepteurs Neutro- Éosino- Baso- Masto- Mono-
Nom commun hacro- ~mp ; ; dendritiques dendritiques cytes T cytes T cytes T cytes cytes cytes
principaux philes philes philes cytes cytes P ages c es immatures matures naïfs activés régulateurs Th1 Th2 8
1
Mig (monokine CXCR3 ~
induced s:
c
bygamma z
interferon) 0
..... r
0
G)
m
N
N
U1
N
N
0\
~
JJ
::!
Tableau 24·111 Liste des chimiokines et de leurs cibles principales (adapté d'après Janeway et al., 2009) . (Suite). m
Ol
~
Récepteurs Neutro- Éosino- Baso- Masto- Mono- Macro- Lympho- .. '-i
Nom commun t NK dendnt1ques dendritiques cytes T cytes T cytes T cytes cytes cytes I
principaux phi/es phi/es phi/es cytes cytes phages cy es immatures 0
matures naïfs activés régulateurs Th1 Th2 B G)
m·
IP-10 i gamma- CXCR3 x x x x z
induced
m
0
protein 10) m
Cf)
1-TAC (interferon- CXCR3 x x x x $:
~
inducible r
~
T-ee// alpha 0
chemoattractant) iii
Cf)
SDF-1 (stroma! CXCR4 x x x ~
cell-derived JJ
factor 1) 0
0
BLC (B lymphocyte CXCR5 x 0
z
chemoattractan~ i!
r
BRAK (breast and ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? m
Cf)
kidney-expressed
chemokine)
Lungkine ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?
SR-PSOX5 CXCR6 x
(scavenger
receptor
thal binds
phosphatidyl
Serine and
oxidized
lipoprotein)
VCC-1 (VEGF ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?
co-regulated
chemokine 1)
Lymphotaxin-a XCR1 x x x
Lymphotaxin-~ XCR2 x x x
Fractaline CX3CR1 x x x x
CHAPITRE 24 - IMMUNOLOGIE 227
3. Fragmentation
nucléaire
et bourgeonnement
de la membrane
1. Compaction
et marginalisa1ion
de la chromatine
2. Condensation 4. Fragmentation
du cytoplasme cellulaire et formation
Figure 24·8 Mécanisme biologique de l'apoptose. Le but est de produire une destruction cellulaire par fragmentation de la cellule et de ses
composants. Les corps apoptotiques formés présentent la caractéristique de ne pas induire de réaction inflammatoire forte lors de leur phagocytose.
MBL, ficolines C1
~
MASP 1 et 2 - - -- • C4 ~------, 1 AWAc
C1 activé j
C4a
+ Bb
r- C3b ~
C4b2a3b C3bBb3b
i
Facteur B
1 "' C5 ~ 1 t
Ba
C5a------~
C5b
Figure 24·9 Phase effectrice du système du complément. Le système du complément aboutit à l'opsonisation des pathogènes et à leur
destruction par création d'un complexe d'attaque membranaire (MAC). Les peptides découlant de l'activation du système exercent également une
action chimiotactique forte pour les cellules du système immunitaire. MASP : mannan-binding /ectin-associated serine protease ; MBL :mannose-
binding /ectin.
228 PARTIE 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
tio n, une fois les barri ères physique et chimique contournées, les pathogènes. Les réactions immunitai res mettant en j eu les macro-
pathogènes sont él i mi nés par ces cellules v ia l a phagocytose. L a phages, dont la durée de vie est plus longue que les neutroph iles et
phagocytose est un phénom ène acti f au cours duquel le patho- qui possèdent des capacités de phagocytose supérieure, entraîneront
gène est entou ré par la membrane du phagocyte puis i nternal i sé à une production de pus plus l imitée ( Figure 24- 10).
l ' i ntér ieur de ce dernier par formation d'un phagosome ou d' une
vacuol e endocytaire. Les cellules phagocytai res déversent alors La réaction inflammatoire
un grand nombre de molécules cytox iques pour le pathogène par
le biai s de la fusi on de cc phagosome avec des granul es cytoplas- Toute pénétration d' un agent étranger à l'organi sme est suscep-
miques nommés lysosomes. Il en résulte la form ati on de corps tible de déclencher une réaction in fl ammatoi re. Celle dern ière vise
nommés phagol ysosomes . à enclencher classiquement une cascade d 'effets biologiques desti-
D ivers m écanismes de destruction ct de digestion des pathogènes nés à po tentialiser la réponse i mm unitaire vis-à-vis d' un pathogène.
seront mis en jeu : ( 1) ac idification du milieu entraînant une bacté- Le premi er objeclif de la réaction intlammat.oire est d' attirer sur
riostase ou une bactéricidie ; (2) production de dérivés de l ' oxygène site les cellules de défense et d'entraîner la sécrétion par celles-ci
ou d'oxydes toxiques de l ' azote (ion superoxyde, peroxyde d' hy- d'effecteurs chimiques visant à détTu ire l'agent étranger. L a réac-
drogène, oxyde niu·ique, etc.) ; (3) synthèse de peptides antimicro- tion primai re est non spéci fique et met en j eu l ' i mmuni té innée. L e
bicns bactéricides (défensi nes et peptides cationiquc) ; (4) enzymes deuxième objecti f est de créer une barrière physique l i mitant la dis-
spécialisées dans la destruction et la digestion de pathogènes (lyso- sémination de J'agent par coagulation des vaisseaux périphériques à
zyme, hydrolases acides, etc.). Enfin, les pathogènes se verront pri- l 'i nfection. Enfin, la réaction inflammatoire visera à mettre en place
vés des métabol i tes nécessaires à leur dével oppement par l 'apport les éléments permellant la réparation ti ssulaire.
de compétiteurs ciblant des métabol ites nécessaires à la physiologie C lassiquement, on décrit les si gnes card inaux de l ' inflammation
bactérienne tels que le fer (vi a la sécrétion de lactoferrinc) ou cer- qui son t:
tai nes vitam ines. - la chaleur et la rougeur associées à la perméabil isation et à l a
L es neutrophi les ayant une durée de vie peu importante et une dilatation des vaisseaux ;
résistance faible au cycle de phagocytose, la mort cellul aire inter- - l ' œdème dû à l 'exsudation plasmatique;
v ient rapidement. LI en résulte une formation de pus, classiquement - la douleur associée à la compressi on des termi naisons ner-
décrite lors de la participat ion des neutrophi les à l a phagocytose des veuses locales et l 'activation du système des kinines.
Pathogène
() opsonisé
Détection du pathogène
Phagocyte
e Phagocytose
Digestion
Phagolysome Phagosome
Figure 24·10 Les différentes étapes de la phagocytose. La phagocytose est un système de destruction des pathogènes ou de tout élément
pouvant être incorporé au sein des vacuoles de phagocytose. Une fois formée, cette vacuole fusionne avec les lysosomes pour former des pha-
golysosomes afin de lyser son contenu.
CHAPITRE 24- IMMUNOLOGIE 229
L ongtemps considérée comme non spéci fi que, l a réponse meuent auss i de fixer ou de cléu-uire les agents mi crob iens clans le
int1 ammatoirc apparaî t auj ou rd' hui relativement spécifique [2] . mil ieu extracellul aire et d'annihiler leur facteur de vi ru lence. Par
Le LPS ( lipopolysacchariclc), co mposant essenti el de la paroi bac- ailleurs, les N ET consti tuent des barrières physiques clirlie ilement
téri enne et an tigène commun des bactéries à Gram négatif , se l ie franchissables par les agents in fectieux. Ils limitent également la
à la LBP (lipopolysaccharide-binding prolein ) dans les tissus gin- di f fusion des molécules de défense pouvant être néfastes pour les
g ivaux. Le complexe L PS-LBP est alors spéci f·i qucment reconnu ti ssus sains (M MP, etc.) 11 , 3j (Fi gure 24- 11 ) .
par le coréccptcur C 0 -14 associ é des protéines transmembra-
naircs exprimées par les monocytes/macrophages : les T L R5• La cytotoxicité
Celle reconnaissance va engendrer l a sécrétion de médiateurs spé-
De nombreuses voies de destruction de pathogènes visent ù entraî-
ci fiqucs de 1' inflammati on et de protéines an ti microbiennes. Les
ner une apopt.ose des agents infectieux ou des cellules infectées.
monocytes/macrophages synthétisent alors des prostaglandines
A insi, ù l ' image du complément qui provoque l'opsonisat ion ou la
(PG), des cytokines et des métall oprotéases ( MMP) . L' activité
lyse des bactéries, les modali tés cellulaires de la réponse immuni-
ce ll ul aire est modulée par des facteurs héréditaires (génome ct
taire pourrolll éga lement employer la création de pores mcmbra-
protéome) et l ' in terféron dont l 'action est suppress ive. Les cy to-
naires comme voie cytotox ique. Les granules des l ymphocytes T
kines (T N F ct IL) se lient aux récepteurs de surface des fi bro-
cytotox iques contiennent des molécules visant à induire J'apoptose
blastes qui sécrètent alors des PG et des M MP. L a sécrétion de
des cellules ou pathogènes ciblés :
M M P entraîne une dest ruction de la matrice ext racel lulaire de la
- l a pcrforine permet de potentialiser le u·ansfert elu contenu des
genci ve et du desmoclonte, tandis que les PG agi ssent en détrui-
granules cytotoxiques à travers la membrane des cellules cibles ;
sant l 'os alvéolai re. La réponse innée est clone relat i vement spé-
- les granzymes sont des séri nc-protéases qui ont la capac ité
ci fique et induit une réponse intlammato irc variable d ' un suj et à
de déc lencher l 'apoptosc si elles sont introdui tes au se in elu cyto-
l 'autre.
pl asme de la cellule ci ble. Ell es possèdent la capacité d' acti ver
l a caspase-3 qui enclenche une cascade protéoly tique aboutissant
Les neutrophil extracellular traps (NET) ü l ' activation de désoxyribonucléascs (CAO ou caspase acJiva-
Les N ET sont des réseau x essentiellement composés cl ' AD N Jed desoxyrihonuclease) par cl ivage de son inhibi teur (! CA O) .
formés par les neutrophiles lors de la dégranulation. Ces structures Par ailleurs, le granzymc B a également la capacité d'acti ver la
forment une matrice exu-acellulaire flbrillaire tridimensionnelle protéine BI O (BH3-in Jeracling domain dealh agonist p rolein) qui
renfermant le contenu protéique nucléaire (histones) capable de entraîne des altérations de la membrane mi tochonclrialc libérant des
fi xer des pathogènes. Elles renferment aussi des protéines prove- enzymes pro-apoptotiques comme le cytochrome c par exemple.
nant des granul es azurophilcs (élastase du neutr ophile, cathep- D 'autres cibles des granzy mcs sont également suspectées;
sinc G, myéloperoxyclase), mais également des protéines issues - l a granulys ine est aussi capable d' induire l 'apoptose cl possède
de granules plus spécifiques te lles que : lactoferrine, protéinase 3, une acti vité antimicrobienne marquée.
protéine BPI (hac/erial permeabilily increasing p rotein), LL-37, Par ailleurs, une autre voie d' induction de l ' apoptose est com-
tryptase ou gélatinasc. Ces réseaux permettent d ' augmenter les posée de la voie Fas (CD95) qui constitue une voie extrinsèque de
concentrations extracellul ai res de molécules de défense. Ils per- cléclcnchcment de l' apoptose. Cette voie est essentiellement impli-
quée lors de la détecti on par le système immunitaire de cellules
transformées par un vecteur viral. Les lymphocytes T cytotox iques
5. Les TLR appartie nnent à la grande famille des PRR (pallem -reco!illition
peuvent expri mer à leur surface le ligand de Fas (FasL) activant ce
receptors). Ils reconnaissent des motifs moléculaires imrnuables, comme les
LPS, conservés c hez les pathogènes, appelés PAMP (patlrogen-associated dern ier ct entraînantl'acti vaLion des procaspascs 8 ct 10 menant éga-
mo/ecu/ar pa/lems). lement à l ' apoptosc des cell ules cibles.
Pathogènes
opsonisés
Histone
Enzymes
g Protéines antibactériennes
PMN
Figure 24·11 Rep résentation schémati que d'un neutrophil extracel/ular trap (NET). Les polymorphonucléaires neutrophiles (PMN) ont la
capacité d'excréter une matrice tridimensionnelle riche en ADN et en protéines nucléaires aboutissant à la formation d'un réseau dense capable
de ralentir voire stopper l'infection par les pathogènes. Ces structures sont nommées NET et représentent une des réponses des neutrophiles à
l'apparition de pathogènes.
230 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Si la défense immunitaire est prioritaire ment bénéfique car e lle Réponse immunitaire au cours
permet d'éliminer l'agent pathogène, le passage à la chronicité sou-
ligne cependant son caractère ambivale nt. Tout au long de l' inflam- des maladies parodontales induites
mation, de nombreuses enzymes responsables des dcstruct.ions ti s- par la plaque
sulaires sont produites. Ces enzymes, habituellement sécrétées lors
des phases de reman iements tissul aires nécessaires à 1'homéostas ie
... lES BIOMARQUEURS DES MALADIES
de l'organisme, se voient alors sur-synthétisées, dérégu lées ou sta-
PARODONTALES
bilisées. Il en découle un déséquilibre de la balance homéostatique
du tissu au profit de sa destruction et du remplacement des tissus
Hélène Rangé
adjacents par des tissus in flammés, peu ou non fonctionnels, appelés
tissus de g ranulation.
Dans le cas d'inflammations chroniques liées à la présence
d 'agents inflammato ires non résorbables par l'organisme (myco-
Points clés
bactéries, parasite, s ubstance inerte, etc.), l' inflammation prend la • Il existe de nombreuses molécules dérivées de la réponse
fo rme d'une inflammation granulomatcuse spéci fique. Cette persis- de l'hôte qui présentent des variations quantitatives en
tance de l'inflammatio n peut être liée à une phagocytose incomplète fonction de l'état parodontal.
associée à la résistance des germes, à l'existence d' un corps étran- • Le ratio RANKL/OPG, les métallo protéases matricielles et
ger non résorbable, à un déficit enzymatique ou à un débordement les interleukines semblent être les plus pertinentes.
des phénomènes de défense par l'arrivée permanente de nouveaux
• Aucune molécule seule ou associée à un ensemble de
agents infla mmatoires. Les macrophages ne parvenant pas à dégra- biomarqueurs ne présente une sensibilité et une spéci-
der l'agent causal de l' inllammation, ils évolueront de façon spéci- ficité suffisantes pour d iagnostiquer l'irtiliol ion, l'oc livilé
fique via une transformation en : o u la p rogression d'une maladie parodontale.
- cellules épithé lioïdes (grandes cellules de formes variées,
arrondies, allongées ou fus iformes, aux noyaux ovoïdes, allongés
Les marqueurs biologiques o u biomarqueurs sont des molé-
ou encochés présentant un cytop lasme abondant). Ces cellules pré-
cu les caractéristiques d'une condi tion physiologique o u patholo-
sentent une activité sécrétrice de cytokines et d'enzymes très impor-
g ique et sont quantifiables. Le plus souvent, les biomarque urs sont
tante, mais présentent une activité phagocytaire réduite ;
des protéines connues mesurées par des méthodes biochimiques.
- cellules géantes obtenues par fusion des cellules épithél ioïdes
L'util isation récente des méthodes d'analyse protéomiquc permet
(cellules de Langhans) ou par division nucléaire sans division cyto-
d'identifier ct de quantifier un grand nombre (plus de 100 peptides
plasmique (cellules de Mulle r).
ou protéines) de nouvel les mo lécules d' intérêt en même temps cl de
Une petite proportion de lymphocytes T4 ct T8 sera également
d ifférencier un profil associé à la santé ou à la malad ie 15J.
présente.
En pm·odonto logie, ces biomarquc urs représentent un champ d'in-
Une importante fibrose se met en place autour de ces foyers d'in-
vestigation dont les li mites sont sans cesse repoussées. Les molé-
flammations chroniq ues : une capsule , voire une véritable coque,
cules impliquées sont très nombreuses et liées aux pathogènes paro-
sc met en place autour des sites, permettant leur quasi-isolement de
dontaux (bactéries), à la réponse de l' hôte (produi ts de dégradation
1'organisme.
de~ tissus el cytokines o u méd iateurs immuno-inllammatoires).
Deux avantages majeurs sont prêtés aux biomarqueurs par com-
Implications cliniques para ison avec les marqueurs cliniques classiques (profondeur de
poche, ni veau d'attache) pour renseigner su r l'i nitiation ct/ou la
• Un contrôle de plaque régulier réduit la charge antigé- progression d' une malad ie parodontale. Premièrement, les biomar-
nique.
queurs reflètent les mécanismes physiopaù10logiques des maladies
• Un contrôle de plaque régulier permet d"éviter le pas- et donc leur << acti vité bio logique >> . Deux ièmement, leur co llect.ion
sage à la chronicrté. ne nécessite pas un personnel spécialisé, au contraire des mesures
cliniques; ils sont donc très utiles en recherche et en santé publique.
Malheureusement, la complex ité des mécanismes étiopathogéniques
POUR EN SAVOIR PLUS des maladies parodonta les em pêche jusqu'à aujourd'hui la recon-
naissance d'u n biomarqueur ou même d'un e nsemble de biomar-
Chatenoud L , Bach J F. Immunologie, de la biologie à la clinique. queurs (cluster) suffi samment sensible ct s péc ifiq ue pour le diag-
6' éd . Paris : Médecine Sciences Publications/Lavoisier ;
nostic, le pronostic et le suivi des maladies parodontales [3, 2 1].
20 12.
Janeway C, Travers P, Murphy K, et al. lmmunobiologie. 3• éd. Différents tissus et fluides bio logiques sont s usceptibles d 'être pré-
Bruxelles : De Bocck : 2009. levés pour une ana lyse de marqueurs biologiq ues. Le sérum donne
des informations intéressantes sur les répercussions systémiques des
maladies parodontalcs, nota mment en lien avec les autres maladies
(cardiovasculaires, diabète, obésité, issues défavorables de la gros-
BIBLIOGRAPHIE sesse, etc.). Les marqueurs sériques les plus étudiés pour le diag-
nostic des maladies parodonta les sont la protéine C réactive (CRP),
1. 13rinkmann V, Reichanl U, Goosmann C, ct al. Neutrophil ex tracel- le tibrinogène et le serum amy/oid A (SAA) [4] . La sal ive totale est
lular u·aps kill bactcria. Science, 2004, 303(5663) : 1532-1 535.
une porte ouverte sur la santé générale et locale. Elle contient les
2. Ki nanc DF, Demuth DR, Gorr SU, et al. l-Iu man variability in innate
immunity. Periodontol 2000, 2007,45 : 14-34. Review. mo lécules excrétées par les glandes sali vaires, le fluide g ingival,
3. Papayannopoulos V, Zychlinsky A. NETs : a new stratcgy for using des éléments du bioti lm bactérien et plus ou moins de débris ali-
old weapons. Trends lmmunol, 2009, 30( 11 ): 5 13-521. mentaires. Sa facilité de recueil et sa grande disponibilité en font un
232 PARTI E 6 - PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
lluide biologique très étudié. De plus, à la di flë re nce du lluidc gingi- Protéine C réactive
val, la sal ive rc llètc l'ensemble des sites parodontaux ct peut mieux
La CRP est une protéine phare de la phase aiguë de l' inliamma-
traduire l'état parodontal global du sujct l 14]. Le lluide gingival est
tion. Son augme ntation dans le flui de gingival des malades atteints
un transsudat sérique du plexus vasculaire du tissu conjonctif sous-
de parodontite est rapportée dans de nombre uses études et de façon
jacent à l'épithélium de jonction vers le sillon gingivodentairc. Les
plus marquée en cas de di abète [1 5 1.
protéines qu' il contient sont informat ives de l'état inflammatoire
des tissus dont elles proviennent et spécifiques du site parudontal
Peptides antimicrobiens
de prélèvement.
Les peptides amimicrobicns sont des peti tes molécules sécrétées
Marqueurs du fluide gingival par les glandes sali vaires, les cellules épithéliales et les neutrophiles
en réponse à l' agress ion microbienne. Quarante-cinq peptides anti-
De très nombreuses études de puis les années 19RO ont idcnti li é
microbiens ont été décrits dans la salive ct le llu icle gingival , dont 13
plus de 90 marqueurs de maladies parodontalcs dans le ll uide gingi-
sont augme ntés en cas de paroclontite et Il sont di mi nués 16 1. Les
val 14, 8, 9, 13 1. L' inconvénie nt majeur de ces études est de rellétcr
plus prometteurs sont les cathé licidines (LL-37) et les défe nsincs
Je risque de progression de la maladie au niveau d' un site et non au
1161.
niveau de l' individu [4 1.
Autres molécules
RANKL/OPG
Il existe de très nombreuses autres molécules signant la réponse
Le ratio receptor activator of n uclear f a ctor-KB li}l(md-
immu no-intlammatoirc en réponse aux malad ies parodontalcs qui
osteop rotegeriu (RANKLIOPG), impliqué dans le remodelage
pe uvent être détectées dans le flu ide gingival. Toutes ces molécules
osseux, est augme nté dans les parodontites et encore plus en cas peuvent être des biomarqucurs constituants une aide au diagnostic et
de diabète ou de consommation tabagique. Ce marqueur de la des- à la décision thérapeutique :
truction osseuse associée aux parodontites ne semble pas diminué - aide au diagnostic :
par un tra ite ment parodontalnon chirurgical, ce qu i soul igne laper-
• différencier parodontites, gingivites, état de santé parodontale;
sistance des mécanismes moléculaires de la résorption osseuse ct
• di fférencicr parodontitcs agressives et chroniques.
donc le risque de récidive rapide. À cc j our, le ratio RANK LIOPG - aide à la décision :
ne permet pas de défi nir l' activité de la maladie mais seulement sa • identifier l' activité de la maladie;
présence f21. Une étude récente ind ique une augmentati on du ratio • identifier le risque indivi duel.
RANKLIOPG clans les parodontitcs agressives géné ral isées en com- Toutefois, à l' heure actuelle, aucune molécule ne présente une
paraison avec les parodontites chroniques ( 108 versus R2, p < 0,05). sensibi lité ct une spécif1cité suffisantes pour répondre complète-
Toutefois, l'ensemble des paramètres cliniques (PD lprobiug deptli.l , ment à un de ces c ritères, et la nature multifactoricllc des maladies
CAL !cliuical atlacluueutlevel] , BOP lbleediug on p robing l) étaient paroclontalcs compl ique forte ment l' aveni r clin ique d'u n marqueur
augmentés de maniè re signi ficative dans le groupe parodontitc
unique 113]. Les é tudes récentes appuient la val idité non plus d' un
agressive 111. Il semble que le rat io RAN KL/OPG traduit plus la
mais d' un ensemble ou cluster de marqueurs microbiologiqucs,
sévérité de la maladie que son diagnostic cl inique.
immunologiques ct parfois clin iques pour amé liorer la sensibilité et
la spécificité de détection de la parodontitc. Bien que les molécules
MMP etTIMP et les bactéries parodontopatJ10gèncs incriminées varient d ' une étude
Les métalloprotéases matricielles (MMP) ne sont pas seule- à l'autre, l' association de PoiJJIIy romonas gingivalis à la MMP 8 et
ment des enzymes pu issantes qui pe uve nt dégrader l'ensemble des à l' IL- l Psemble assez spécifique pour diagnostiquer la parodontitc
composants protéiques de la matrice cxtracellu laire ; ce sont aussi chronique [ Il , 171. Les mesures des paramètres cliniques restent
d' importants modulateurs (protection et destruction) de la réponse clone incontournables pour diagnostiquer les maladies paroclontalcs
de l'hôte. Les MMP sont inhibées par des molécules appelées tissue et le BOP reste le meilleur marqueur prédictif négati f.
iuilibitors of MMP (TIMP). La maladi e parodontalc est caractérisée
par un déséquili bre de la balance MMPrflMP. De très nombreuses Marqueurs tissulaires
études ont évalué l' intérêt des MMP comme biomarqucurs des paro-
Les pent axines ou pentraxines sont une supcrfamillc de protéines
clontites clans le flui de gi ngival [4, 19J. Les collagénases comme la
impliquées clans la réponse immunitaire (elles appartiennent aux
MMP13 ct la MMP8 ct les gélatinases comme la MMP9 sont les
palle rn recognition receptors 1PR R 1) qui est divisée se lon la taille
plus étudiées. Toutes les études montrent que l' augmentation elu
des molécules. La CRP est le chef de file des pentraxines courtes
taux des MMP dans le fl uide gingival est carac téristique des mala-
ct la PTX3 celui des pentraxines longues. Cette dernière protéine
dies parodontalcs, de leur activité et de leur progression, ct que leur
est produ ite localement et modulée par la sécrétion de cytokines
traitement induit une diminution significative des concentrations de
comme le TNFa e t l' IL- l p. La PTX3 acti ve la voie du complément
MM P 14. Il , 18,20 1.
ct facilite la reconnaissance des pat hogènes par les cellules spécia-
lisées (macrophages ct cellu les dcndri tiques). La PTX3, comme la
Interleukines et cytokines pro-inflammatoires
CRP, est donc une protéine de la phase aiguë de l' inflammat.i on, pré-
Le tumor uecrosis factor alpha (TNFa) et les interle ukines ( IL), sente dans le sang et les tissus à de fa ibles taux à l'état sain (< 2 ng/
notamment les IL- l b, -6, -8, - 18 sont les biomarqueurs du flui de ml), mais à forte concentration en cas d' infection voire de c hoc sep-
gingival les plus étudiés et leur taux augmente avec la progression de tique. Une étude récente sur 50 pat ie nts a montré que le taux de
la maladie parodontalc [4 1. Le profil cytokinique pro-inflammatoire PTX 3 dans les tissus gingivaux des patie nts sains, a!tcints de paro-
du fluide gingival des patients diabétiques atteints de parodontite dontite chronique et atteints de parodontitc agressive, était corrélé
semble ne pas différer en qualité mais en quantité en comparaison aux paramètres cliniques (PD, G l !g ingival iudexJ, CA L). Les résul-
avec les patients non diabétiques atteints de paroclontitc 1101. tats montrent aussi que la concentrat ion en PTX3 est plus élevée
CHAPITRE 24 -IMMUNO LOG IE 233
c hez les ma lades atte ints de pa rodontitc agressive (8,3 ± 5, 1 ng/ml) I l. Kinncy JS, Morel liT, Oh M, et al. Crevicular tluid biomarkcrs and
e n comparaison avec les parodontites c hro niques (5, 1 ± 3,3 ng/m l) periodontal diseuse progression. J Clin Pe riodontol, 2014, 4/(2) :
e t les patients sains (0,3 ± 0 ,3 ng/m l). Celle augme ntation de PTX3 113- 120.
12. Lakshmanan R, Jayakumar ND, Sankari M, ct al. Estimation of
serail e n 1ie n avec le phénotype h yper-répondanl des neutro philes
pentraxin-3 lcvcls in the ging ival tissues of chronic and aggressive
caracté ristique des parodontitcs agressives. Enfin, la profondeur de pcriodontitis participants : an in vivo study. J Pe riodontol, 2014,
poche é ta it un facteu r prédictif elu taux de PTX3 clans les tissus, 85(2): 290-297.
sou lignant l' inté rê t de cette molécule comme marqueur d'activité 13. Loos BG, Tjoa S. Host-derivecl diagnostic markers for periodonti-
de la maladie [ 12]. Une autre é tude rapporte une augmenta tion de ti s: do they exist in gingival crcvicc lluid? Periodontol 2000, 2005,
PTX3 dans la salive e t le sérum des patients atte ints de parodontites 39: 53-72.
14 . Miller CS, Folcy JD. Bai ley A L, et al. Cu rrcnt clevelopments in sali-
agressives [7].
vary diagnostics. Biomark Mcd, 2010, 4( 1) : 17 1-189.
En résumé, aucun marqueur tissulaire ou du lluide g ingival n'est 15. Pradecp AR, Martandc SS, S ingh S P, et a l. Correlation of human
a ujourd'hui, seul ou en combi naison, reconnu comme ma rqueur S 1OOA 12 (EN-RAGE) and high-scnsitivity C-rcactive prote in
diagnostique ou pro nostique des maladies paroclontalcs. Le nombre as gingival c revic ular lluid and serum markers of inflammatio n
d e molécules é tudiées e t les mé thodes de détection ct d'analyse se in c hronic periodontitis and type 2 diabetes. lnllarnm Res, 20 14,
complex ifie nt car les promesses de ces o utils sont g randes pour le 63(4): 317-323.
dé pistage rapide des maladies parodontales, l'individualisation de la 16. Rangé H, Léger T, Huchon C, ct al. Sali vary proteome modifications
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prise en c harge c t pour l' innovatio n thé rape utique (no uveaux médi-
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234 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
parodontaux ré pondent à l'agress ion bac térienne par un mécanis me (ani maux germ-ji·ee), le sukus est colo ni sé par les bacté ries pré-
de dé fen se naturel non s pécifique : l' inflammation. Cette réac tion sentes clans la cavité buccale dès l'apparit io n de la dent sur l'arcade.
inflammatoire ne diffère pas clans son principe de celle observée au Il e n rés ulte une stimulation constante de l' inflammation. Une gen-
sein des autres compart ime nts ti ssulaires de l'organisme (cascades cive saine sc carac té rise donc par une présence e n faible quantité
de l' inflammation, dégranulatio n des mastocytes, phagocytose). Cc de leucocytes (surtout des polynucléaires neutrophiles) essentiel-
mécanisme de défe nse a une composante agressive, du fai t de so n le me nt localisés au niveau de l'épithé lium de jonction qui migre nt
activité cytotoxique qui inte rvient de façon importante clans la des- au travers de cet épithélium e n direc tion de l'espace sulculaire
truction des ti ssus parodontaux. (Figun: 24- 12). Quelques lymphocytes (essentielle ment des lym-
phocytes T, les lymphocytes B ct plasmocytes pouvant être présents
Gingivite en très faibles quantités) peuvent ê tre retrou vés au niveau des tissus
conjonctifs e t épithé li aux. À cc s tade, une vasculari sation normale
Suite à la reconnaissance non spécifique ( immunité innée) ou spé- peut être constatée. Les ne utrophiles assurent ic i un rôle important
c ifique (immunité adaptative) des antigènes bactérien, l' hôte déve- dans le maintien de l' homéostas ie en raison de le ur capacité de pha-
loppe une réponse inflammatoire destinée à ne utraliser l'agresseur. gocyter un é ventuel agresseur ayant pé né tré les tissus. Ces cellules
La séquence de la réponse infl ammatoire a u sein du parodonte a é té auront donc comme fonc tio n de contrô ler la charge bac té rienne
caracté risées en 1976 118 1 (voir c hapitre 2 3). dans le su lc us, et de bloquer certains facteurs de virulence solubles.
Le sulcus gingival est l'espace de rencontre e ntre la plaque bac- Leur capacité de géné rer un signal intlammatoire en fait les cellules
té rienne clic systè me immunitaire, tandi s que le systè me d'attache principales du maintien de l'homéostasie gingivale. Elles sont éga-
constitue l' inte rface anatomique e ntre l'organisme c t le m ilieu exté- le me nt considérées comme les cellules clés de l'activation de la
rieur. De nombreuses barrières pe rmettant de conte nir les bacté ries ré ponse inflammatoire lors d ' une attaque. En effet, si un pathogène
ct leurs produi ts de dégradati on exis tent. est détecté ou si la charge bacté rienne aug mente, les neutrophiles et
- La barriè re épithé lia le constitue la premiè re défense. Ké ratini sés, les cell ules composant le tissu a ug me ntent le ur synthèse de fac te urs
l'épithélium de jonction el l'épithélium sulc ulairc assure nt une pro-inflammatoires. Il e n résulte une activation de la ré ponse inflam-
he rméticité c t une protection efficace des tis sus conjonct.ifs sous- matoire qui fait basculer la gencive d ' un é ta t de santé vers un é tat
jaccnts. Malgré une re lative perméabi lité moléculaire, les produits pathologique. La détection des bactéries par le systè me immunitaire
nocifs synthé tisés par le biofilm sulculaire sont majoritairement non spécifique e ntraîne l' activation du complé me nt qui provoque la
contenus au sein du sulcus ou phagocytés par les phagocytes pré- libération d ' amines vaso-activcs conduisant aux phénomènes vascu-
scms au sein des tissus conjonctifs sous-jacents. Ai nsi, toute aueinte laires de l'inllamrnation l l 2 1.
menant à une ulcération de cette barrière e ntraîne ra une capaci té - La c lassification de Page e t Schroeder [ 18 1 nomme cette tran-
d ' infection accrue. sition << lésion initiale >>. Elle pe ut ê tre définie par la mise en place
- La salive joue égaleme nt un rôle protecteur. Le flux sali vaire d ' une réaction inflammatoire aiguë e n ré ponse à une aug me nta-
a un effe t de c hasse au niveau des s urfaces dentaires c t sa com po- tion de la c harge bacté rie nne locale. Su ite à la synthèse de facteurs
sition permet une attaque ciblée des m icro-organismes par 1' action inflammato ires locaux, un afflux de granulocytes (essentielle ment
d es différe nts peptides antimicrobicns (dé fen sincs) c t anticorps com posés de neutrophiles) migrant des vaisseaux sanguins c t sui-
(agglutinines) q u'elle contient. Elle possède : ( 1) une activité enzy- vant les g radients ch imiotactiqucs se me t e n place e n parallè le d ' une
matique avec des protéases e t le lysozyme ayant la capacité de lyse r réactio n inflammatoire classique telle que déc ri te au précéde nt para-
la paro i des bac téries ; (2) une activité inhibitrice de la coloni sation graphe. Les tissus conjonctifs pé rivasculaircs montrent des signes
bacté rie nnes avec les immunoglobulines A (JgA) qui e mpêchent d ' altération : des dépôts de fi brines peuve nt être constatés dans ces
J' adhérence à l'épithé lium ; ct (3) une acti vité a ntibac térienne spéci- zones. Les zones infi ltrées par les g ranulocytes (re présentant 5 à
fiques contre les paroclo ntopathogèncs (Porphyromo11as gingiva/is ct 10 % des tissus marg inaux) montrent une importante destruc tion elu
Aggregatibacter actillomycetemcomitans e n particul ier). coll agène les composant. En effet, afin faciliter le ur transmigration ,
- Le flui de g ingiva l, dont on observe l'augmentation de la sécré- les neutrophiles synthé tisent des MMP (co llagé nases) capables de
tion lors de l' inflammation , exerce une ac tion localisée au sein du dé truire les fibres de collagènes composant la matrice cxtracellulaire
sulcus. Il présente une action mécanique e fficace due à son flux uni- des tissus impactés. Des études ont montré que la simple application
directionnel. Sa composition est sensiblement celle du sérum , mais d 'extrai ts de biofi lm gi ngival mature o u de fragme nts de bactéries
à des concentrati ons plus diluées. Son ac tivité bio logique no n spé- paroclontopathogè ncs obte nus par sonication avait la capaci té d ' in-
cifique est importante car il véhic ule les ne utroph iles, contient les duire cette réaction in fl ammatoire.
composants activés du complé me nt (bactéric idie) et des opsonines - Dans le cas où cette réactio n est ineffi cace c t ne perme t pas de
non spéc ifiques. Le fluid e contient des a nticorps di rigés contre les réduire la c harge bactérienne, l' infla mmatio n se poursu it ct un nou-
princ ipaux parodontopathogènes (Aggregatibacter actinomycetem - veau stade peut ê tre déc rit : la « lésion précoce>>. L' activation de la
comitans, Porphyromonas gingivalis, Fusobacterium nuc/eatum), ce réponse inflammatoire ayant cu lieu, l' immunité innée ayant agi et
qui l' imp lique également dans la réponse spécifi que. étant rcst.éc inefficace, la présentation d ' antigène permet une activa-
- Le turn-ove r tissulaire pe rmet de conserver l' intégrité du sys- tion de l' immunité adaptative. Il e n résulte une infi ltration lympho-
tè me d ' attac he, e n particulier au niveau de l' é pithélium de jonc tion. cytaire ct macrophag iquc importante (les lymphocytes re présentant
Le turn-over de l'épithé lium de jonction, endroit c lé de la défe nse, 75 % des cell ules inflammato ires présentes dont 70 % sont des lym-
est un des plus élevés de l' organisme (4 à 6 jours) ct est supé rie ur à phocytes T CD4• e t C D8+). La zone infiltrée prend de l' ampleur (5 ~t
celui de l'épithélium oral (6 à 12 jours). 15 %) en parallèle des pertes collagéniques. L' inflammation e ntraîne
- En raison de l' inex istence de sulcus aseptique e n dehors de la également une altération des fibrobla stes dont les dé bris sont inti-
présence de de11te natalis6 ou dans le cas de modèles expéri me ntaux me me nt liés à des lymphocytes activés. L'épithé lium de jonct io n
présente alors une forte proporüon de ne utrophiles auxquels com-
6. Les enfants qui naissent avec une o u plusieurs dents ayant fait leur irrup-
tion ;11 ute1v som le seul cas où le sulcus est stérile car jamais exposé au mencent à s' associer des monocytes. Cette réac tion tend à mimer la
milieu extérieur. réactio n d'hypersens ibilité re tardée, laissant une grande place à la
CHAPITRE 24 - IMMUNOLOGIE 235
Macrophage Lymphocytes B
PMN Antigène/bactérie
0 Monocyte
Surface
dentaire Augmentation
Libération de cytokines de l'expression
pro-inflammatoires de molécules d'adhésion
TNF·a, IL-1[3, IL-8, IL-6, etc. par les cellules
endothéliales
Apex
Capillaire
Figure 24·12 lmmunilé innée et parodonte. Pour maintenir la santé du parodonte, le système immunitaire inné est à l'état de veille active.
Le biofilm bactérien à l'intérieur du sulcus est essentiellement composé des complexes jaune, vert, violet et orange. Le complexe rouge peut être
présent mais généralement peu détectable, même avec les techniques de biologie moléculaire. Les protéases bactériennes et les antigènes de la
plaque (LPS) diffusent à travers l'épithélium jonction ne!. On observe alors un re largage de cytokines pro-inflammatoires (TNF-a, IL-1 ~. IL-6, etc.), en
particulier par les polynucléaires neutrophiles (PMN) et les macrophages (MIZl). Les cellules endothéliales du plexus capillaire gingival augmentent
leur sécrétion des molécules d'adhésion leucocytaires. Ces molécules d'adhésion leucocytaires, ELAM-1 (endothelial leucocyte adhesion mole-
cu/es-1) et ICAM-1 (interce/lu/ar adhesion molecules-1), sont essentielles au déplacement sur site des polynucléaires neutrophiles. Par exemple,
les sujets souffrant de déficit d'adhésion leucocytaire (LAD pour leucocyte adhesion deficiency syndrome) ont des taux insuffisants d'ELAM-1 et
ICAM-1 et souffrent de parodontite agressive. Les neutrophiles circulant franchissent par diapédèse l'endothélium vasculaire et pénètrent le tissu
conjonctif gingival. Les neutrophiles in situ sont attirés vers le front de plaque par un gradient chimiotactique auquel participent les molécules
chémo-attractantes dont la concentration régule la migration (complément [C5a]; leucotriènes [LTB4]; chimiokines [IL-8] ; peptide bactérien chémo-
attractant [fMet-Leu-Phe] ; etc.). Ces neutrophiles migrent à travers l'épithélium jonctionnel dans le sulcus pour former un mur de neutrophiles
au contact du biofilm bactérien. !.:adhésion des PMN aux micro-organismes opsonisés est suivie de la phagocytose de ces micro-organismes.
!.:équilibre est ainsi maintenu grâce à un " flux " permanent de neutrophiles vers le front de plaque. [C] : concentration tissulaire en molécules.
PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Surface
dentaire
Apex
Immunité
Figure 24·13 Immunité adaptative et parodonte. Au fur et à mesure de l'accroissement de la plaque dentaire et de son évolution vers une majorité
de bactéries à Gram négatif, on observe une augmentation de la migration des leucocytes visant à renforcer le mur de polymorphonucléaires (PMN) fai-
sant face au front de plaque (flèches mauves). Les m onocytes (Mn) circulants pénètrent le tissu conjonctif gingival où ils se transforment en macrophages
pour augmenter la phagocytose (flèche orange). Ces phénomènes sont caractéristiques de l'immunité innée. Parallèlement, un début d'ulcération de
l'épithélium jonctionnel est constaté, indiquant un début de débordement des défenses. Si le biofilm évolue vers une présence de plus en plus marquée
de bactéries à Gram négatif, c'est-à-dire vers la formation des complexes parodontopathogènes, complexe rouge en particulier (Porphyromonas gin-
givalis, Tannerella forsythia, Treponema dentico/a) , le système immunitaire adaptatif coopère à la défense à travers les réponses humorales (flèches
vertes) et cellulaires (flèche bleue). Les antigènes de la plaque (Ag), essentiellement les lipopolysaccharides (LPS) de la paroi bactérienne et les fimbriae
(sortes de pili ou filaments protéiques hérissés autour de la bactérie et dont Porphyromonas gingivalis est largement pourvu), diffusent à travers l'épithé-
lium jonctionnel ulcéré (flèche rouge) dans le tissu conjonctif. On notera également que les composants bactériens (fimbriae) elles bactéries peuvent
pénétrer dans le tissu conjonctif et atteindre la circulation sanguine par le plexus capillaire très riche sous-jacent à l'épithélium jonctionnel. Cette capacité
de pénétration (Porphyromonas gingivalis en particulier) peut expliquer en partie l'association entre les maladies parodontales et les autres maladies.
Les antigènes sont pris en charge et traités par les cellules présentatrices d'antigène (CPA) : dans l'épithélium, par les cellules dendriliques (Cd) et
dans le tissu conjonctif gingival par les macrophages (M0). Les CPA (cellules dendritiques et macrophages) rejoignent les ganglions en empruntant les
voies lymphatiques afin de les stimuler et d'activer la réponse lymphocytaire spécifique. Les anticorps (Ac) spécifiques de l'antigène bactérien sont alors
synthétisés par les plasmocytes ganglionnaires et rejoignent le tissu conjonctif gingival en empruntant le courant sanguin . Une fois sur site, les anticorps
quittent la circulation sanguine pour rejoindre le front de plaque et participer à la neutralisation des agents pathogènes. C'est la réponse immunitaire
humorale qui aboutit à la production dAc (flèches vertes). La stimulation ganglionnaire entraîne la prolifération de lymphocytes B e!T au sein du ganglion,
puis leur transport sur site par le réseau vasculaire. Au sein du tissu conjonctif gingival, on observe une production locale dAc spécifiques (Ac anti-Pg
ou anti-Aa par exemple) par les plasmocytes contrôlés par les lymphocytes Th2. On observe environ 50 % de plasmocytes pour 18 % de lymphocytes B
dans les lésions parodontales [ 1]. La réponse immunitaire cellulaire est activée via l'activité bactéricide des lymphocytes T cytotoxiques, la stimulation de
production de cytokines et l'activation des macrophages. Elle est contrôlée par les lymphocytes Th1 (voir balance Th1ffh2 dans le texte).
CHAPITRE 24 - IMMUNOLOGIE 237
médi ation par les lymphocytes T. Parallè le me nt, une prol ifératio n é tudes me nées sur la destruc tion tissulaire induite par l'utilisation cie
de l'épithélium de jonction se met en place, créant une fausse poche li gatures montrent qu'il est poss ible d'obte nir des destructio ns tissu-
détectable cliniqueme nt. laires importantes sur un temps très court ne permettant pas le pas-
- S i cen e é tape ne permet pas le contrôle de l' agresseur, l'immu- sage à la c hro nicité. Ces modèles dé mo ntrent que les phases de des-
nité adapta tive pre ndra le pas s ur l'immun ité innée c t une arrivée truction tissulaire sont essentielle me nt liées à une colonisation par les
massive de ly mphocytes B puis de plasmocytes pourra être constatée po lynucléaires ne utrophiles et que la résolution de l' inflammation est
(Figure 24- 13). Une f01te infiltration par les m acrophages se me l caractéri sée pa r l'arrivée massive de lymphocytes et de monocytes.
également e n place. On parle alors de<<lésion établie ». L'épithéli um La présence de ne utrophiles à phé notype d it « hy per-ré pondeur » a
sc tra ns form e en é pithélium de poche ; de nombreux ne utrophiles été liée à une a ppa ritio n précoce cie la perte d'attache et à une aug-
co lonisent l' é pithé lium jonc tionncl c t l'épithélium de poche qui se mentation cie la prévale nce des parodontites. Cette hyperactiv ité peut
forme, e t de no mbreux macrophages se concentrent au ni veau de la être clue à une synthèse accrue cie cytokines pro-infla mmatoires au
lamina propria sous-jacentc. Les plasmocytes se pos itionne nt alo rs niveau systém ique e t po urrait explique r l' assoc iati on des ma lad ies
plus e n périphérie. Une fois la lésion bie n établie, il est possible de parodonta lcs avec les maladies infla mmatoi res chroniques telles que
retrouve r parmi les le ucocytes présents a pproximative me nt 55 % de la maladie de Ct·ohn par exemple. D e nombreuses études visant à
lymphocytes T, 33 % de lymphocytes B e t pl asmocytes, c t H % de caractériser les phénotypes des neutrophiles de pa tients atteints de
macrophages, ce qui montre l'importance de l' immunité adaptative parodontites e t de patie nts sai ns observent une diffé re nce e ntre ces
dans ces lésions. deux populations. Cette d iffé re nce s'exprime en te rmes de p roduc-
Ces lésions pourront alors évoluer selon deux modalités : tion cie cathélicicline, cie rnyéloperoxydase (MPO), de métallopro-
- la pe rs ista nce : dans le cas où la c harge bactérienne initiatrice téascs matricielles (M MP-2, MMP-8, MMP-9 e t MMP-25) ct de
n'est pas contrôlée, les lésions é tablies pe uvent reste r stables malgré cytokines pro-inflammatoires ( IL- l p, IL-6, T N F-a). Ces molécules
leur activité; intervienne nt directe me nt ou indirectement sur la modulation de
- l' aggravation : au contrai re, sous l'effet de divers fac te urs la réponse inflammatoire et donc sur les pertes tissulaires [ 10, 19,
(innées, acquis, environnementaux , etc.), ces lésions pourront bascu- 23J. Il a égale me nt été démontré que certains parodonlopathogènes,
ler vers un phénotype lytique pour les tissus e nvironna nts et e ntmîner Porphyromonas gingivalis et Aggregatibacter actinomyce/emcomi-
une destruc tion elu système d 'attac he de la dent faisant basculer la tans e n partic ulier, pouva ie nt induire ce phéno type. Ains i, le pont
pathologie vers le stade de parodontitc déc rit par Page ~~ trave rs la e ntre la première hypothèse pathogénique (apparition de patho-
« lésion avancée » 1171. gènes) ct la seconde (ne utrophile hyper-ré pondeur) est établi.
La susceptibi lité a ux parodontitcs, c'est-à-dire l' incapacité de
« verro uiller » l' inflammation au stade de la g ing ivite, pe ut égale-
Transition gingivite/parodontite
me nt être liée à l'individuali sation de la ré ponse aux pathogènes,
Énoncer que le diagnostic de g ingivite, ex pressio n c linique de e n panic ulier à Porphyromona.1· gingivalis et Fusobacterium Huclea-
l' inflammat io n parodontalc, exc lut celui cie parodonlitc ct q ue celui tum. Un même antigène bac térie n induira clans des situations di ffé-
de parodontite inc lut celui de g ing ivite est la manière c linique d'ex- re ntes une ré po nse à médiation ce llulaire ou une ré ponse à méd ia-
prime r qu' il n'existe pas de maladie parodontale sans inliammation tion humorale. La balanec Thlrfh2 permet d'orienter la ré ponse
e t que la gingivite n ' implique pas le passage à la parodontite. La immunitai re vers une réponse dirigée vers une production d ' anti-
ging ivite pe ut clone pers iste r au stade chron ique e n raison de l'ct·n- corps avec peu de partic ipa tion cellu laire, ou vers une réponse plus
caciré de la réponse immunitaire. Les raisons précises du passage axée sur l'activation de cellules cytotoxiques e t de macrophages.
à la parodontile ne sont pas actuellement connues et re posent s ur Il existe un important contrôle réciproque e ntre ces deux réponses
un certain nombre d 'hypothèses qui ne s'exclue nt par l' une l' autre. immunitaires : les cytokines de la réponse Th 1 (lL-2, IFN-y, TNF-P,
En résumé, trois fac te urs influe ncent locale me nt la ruplllre d 'équi- IL- 12, etc.) inhibe nt les ré po nses de type Th2 ; el les cyto kines de
libre hôte/bactérie : la réponse Th2 (lL-4, JL-5, lL-9, IL-10, [L-13, e tc.) inhibe nt les
- l'augme ntation quantitati ve des bactéries (plutôt liée aux g in- réponses de type Th l fl 61. Des études animales ont corrélé la sus-
g ivites) ; ceptibilité aux parodontites au mode de régulation lymphocytaire
- l' a ug mentation qualitative des bactéries (plutôt liée a ux paro- e ngagé. Comparées a ux espèces non sensibles, les espèces sensibles
dontites; montre nt une ré ponse Th 1 (médiation cellulaire) plus fa ible et une
- la care nce du système cie dé fense à assure r la protection tissu- réponse Th2 (médiation humorale) plus forte [7, 8, 9]. La pola ri-
laire. sation de la ré ponse semble donc primordiale lors du passage à la
L' hypothèse actue llement uni versellement acceptée repose sur parodontitc.
l'existe nce d'associations bac té rie nnes dont la présence sous-
g ing ivale sous forme de complexes se retrouve e n quantité en cas
cie perte d 'attache. La conversion g ing ivite/paroclontite semble ainsi ..... PARODONTITES
liée au déclencheme nt d'une réactio n inflammato ire aiguë liée à
la co lonisation é levée du sulc us par ces associations de bactéries
Parodontlte chronique
appelées << parodontopathogènes » . La m aturation du biofilm e t la La principale caracté ristique de la parodontite c hronique est
c réation de fausses poc hes paroclontales créent en effet des condi- l'existence d' une réaction infl ammatoire insu ffisante autorisant la
tions e nvironneme ntales favorables à la trans ition du microbiote migratio n du fron t cie plaque e n direction apicale et le développe-
sulculairc, essentie lle me nt aérobie à Gram positi f, vers une plaque ment d 'espèces pathogènes fl 3, 14 1. Cette migration apica le cor-
sous-gingiva le conte nant des paroclontopathogènes aéro-anaérobie respond à une destructio n elu systè me d'attache due à des épisodes
fac ultatifs et a naé robies stricts à Gram négatif à fac te ur de virulence cycliques cl' inliammat.ion aiguë sur fond d ' inflammatoi re c hronique
élevé. 161. L' os a lvéola ire, situé à une d istance constante cie 2 mm elu front
Une autre hypothèse est fondée sur une différe nce phé notypique de plaque, est constamment remanié. Sous l'effet de la sécré tion
des ré ponses des neutrophiles à la présence des pathogènes. Les de molécules pro- inflammatoires telles que l' IL- l , le TNF-a e t les
238 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
PGE2, les fibroblastes et les macrophages sécrètent des MMP diri- inc ide nce fa mi liale importante de la maladie qui impose une sur-
gés contre le collagène (collagénases) de la matrice extracellulai re veillance rapprochée des proches ct une géolocalisat ion des patients
osseuse. L'expos ition de la partie miné rale de l'os permet l' adhésion porteurs. Comme les malades a tte ints de paroclont ite c hronique,
des ostéoclastcs 7 [2, 3]. La balance osseuse négative se traduit par ceux atteints d e parodonlite agressive montrent un phénotype hypc r-
une alvéo lyse [231. La fibrose de proximité indu ite par la réac tion répondeur de leurs neutrophiles [20].
inflammato ire se poursuit et se développe e n direction a picale. Les patie nts porteurs de parodontitcs c hroniq ues et agressives
Débute alors un cercle vic ie ux puisque la perte irréversi ble elu montre nt des profi ls de sécré tion de cyto kines s imilai res [4, 6]. Il
support paroclontal favorise elle-mê me l'accélération, la fréquence, existe cependant des diffé re nces dans le recrute me nt des macro-
l' intens ité e t/ou la durée des é pisodes de destruction tissulaire e n phages : les malades atteints de parodont.ite agressive présentent
raison de l'apparition d'alté rations anatomiques : clévcloppcmc nt un plus faible taux de recruteme nt que ceux atteints de parodontitc
de poches profondes, e xposition des furcations , apparition d 'un c hronique 12 11.
traumatisme occ lusal et de cliastèmes secondaires. Ce c hangeme nt
d'environneme nt pe rmet à la foi s l'augmentation de la proportion de
bac té ries à fac te ur de vi rulence élevé e t l'emballement de la ré ponse Implications cliniques
immuni taire dont l'expression négative, tournée contre l'hôte, se • Toute perturbation de la défense immunitaire devra être
trouve favori sée. Les conditions d' un déséqui libre profond sont alors prise en compte, aussi bien dans la prise décision théra-
réun ies ct contribuent à l'accélération de la destruction tissulaire. On peutique que da ns le suivi parodontal.
pourrait dire que « la parodontite c rée le lit de la parodo ntite >>. S i
• L'élimination des facteurs de risque généraux (tabac,
rie n ne vie nt l' arrête r, ce mécanisme se poursu ivra plus ou moins diabète, etc.) contribue au retour à une fonction immu-
rapidement j usqu 'à l' expuls ion de la de nt 116J. nitaire normale nécessaire à l'homéostasie.
• L'élimination " en masse , des bactéries au cours du
Parodontite agressive traitement parodontal supplée localement un système
La réponse immunitaire e n cas de parodontitc agressive pourrait immunitaire défaillant.
diffé rer de celle associée à la parodontite chronique. Cette d ifférence
pourrait ê tre associée à des profils microbie ns di stincts (aspect qua-
litati f) ou à la présence de bacté ries fortemen t pathogènes e n quan- POUR EN SAVOIR PLUS
tité rédui te (plaque bactérienne e t tartre peu importants) c hez les
malades atte ints de parodontite agressive f l l l Celte dernière hypo- Ebersofe JL, Dawson DR, Morford LA, el al. Pe rioclontal d.isease
immunology : "double indemnity" in protecting the host.
thèse semble la plus plaus ible, compte tenu de la difficu lté à dis-
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plément, e tc.) e t les voies de signalisation ce llu laires impliquées
laissent e ntrevoir une régulation fine liée au mic ro-enviro nne me nt
cellulai re et au polymorphisme exprimé par le patient. Ce systè me BIBLIOGRAPHIE
comple xe soumet les suj e ts à une importante variab.ilité interindi -
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tisme des ne utrophiles semble liée à une tra ns mi ssion autosomique 6. Ford PJ , Gamonal J, Seymour GJ. lmrnunological differences and
dominunte 10 qui conduit à un pléio morphi sme ne perme ttant pas simi laritics bctween chronic periodontitis and aggressive perio-
d ' incrimine r un récepte ur ou une ré ponse précise mais qui aboutit dontitis. Periodontol 2000, 2010,53 : 111- 123.
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7. Une surface dépourvue de collagène est nécessaire il l'adhésion ct au
8. Gemmell E, Winning TA, Carter CL, el al. Differences in rnouse
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10. Une maladie est transmise selon le mode autosomique dominant si le of Fusobacterium nucleatu m on the T and B cell responses to
gène en cause est porté par un autosome et si la présence d'un seul allèle Porphyromonas gingivalis in a mousc mode!. Cl in Exp Immunol,
muté surtit pour que la maladie sc manifeste. 2002, / 28(2) : 238-244.
CHAPITRE 24- IMMUNO LOGIE 239
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53( 1) : 45-54. être activées e t fonctionnent à pH ne utre . Le ur express ion est
nécessaire au re modelage matric iel physiologique . L'expression
de ces médiateurs, faible dans le parodonte sain, augme nte au
cours de la maladie pa rodontale. Les MMP prédo m inantes clans
.... LES CONSÉQUENCES DE LA RÉPONSE le flu ide g ingival de pati e nts atteints de paroclontite sont produites
IMMUNITAIRE SUR LE PARODONTE par les polynucléaires ne utrophiles ( MMP-8 c t MMP-9) , par les
ostéoblastes (MMP- 13) e t dans une mo indre mesure par les fib ro-
Marjolaine Gasset blas tes, les macrophages et les cellules é pithé liales (MM P-1 ) [ 121.
Les cyto ki nes pro-inflammatoires telles que l' IL- l ou le T NF-o:,
notamme nt. li bérées par les m acrophages, sont de puissants induc-
Points clés teurs de leur ex press ion. En parallèle, la concentration de leu rs
inhibiteurs spéc ifiques, les tissue inhibitors of metalloproteinases
• La destruction des tissus parodontaux au cours de la
(TJMP 1 à 4) est plus importante clans des sites parodontaux sa ins
parodontite répond à une rupture de l'équilibre physio-
par rapport à des s ites assainis o u des s ites inflammés a u cours des
logique du remodelage en faveur d'une inflammation.
parodon litcs [15]. L'o:2- macroglobu line, l' inhi b iteur le plu s pu is-
• Cette rupture de l'éq uilibre est Initiée par Jo plaque. mais sant des MMP, est éga lement re trouvée dans le fl uide g ingival.
la destruction des tissus parodontoux est provoquée
Son ta ux dimin ue d a ns le parodonte inflam mé (ging ivite, paro-
avant tout par la réponse inflammatoire.
dontite chronique, parodontitc agressive) par rapport au parodon te
• Les métalloprotéases matricielles. dont l'expression est sain 141.
fortement accrue par l'inflammation. sont les princi- Les neutrophiles concoure nt partic ulièrement aux pertes d 'at-
pales enzymes impliquées dans la dégradation du tissu tac he au cours de la parodontite par la libé ration forte de séri nes
conjonctif.
protéases (cathepsinc G, élastase) e t de rad icaux oxygénés lors
• Un accroissement du ratio RANKL/OPG par les cellules de leur activation (burst oxydati f) e t de le ur apoptose. L' élastase
immunitaires e t parodontales (ostéoblastes) et une lib é- dégrade une va ri été de proté ines de la matrice extracellul aire (élas-
ration forte d'IL-17 par les LTh 17 activent les ostéoclastes tine, collagène, fibronectine). La cathe psi ne G, connue pour ses
et favorisent Jo résorption de l'os alvéolaire.
propriétés bacté ric ides, active aussi MMP-8 . Ces deux enzymes
o nt égalemen t une expression accrue a u cours de la parodontite
18. 13J.
Au cours des parodontites, la ré ponse immuno-inflammatoire est
ambivalente. Elle n'est pas seulement protectrice, mais aussi follement
Alvéolyse
impliquée dans la destruction tissulaire (Figure 24- 14). Ainsi, le rôle
direct joué par les produits bactériens sur la destruction de la gencive ct Les mécani smes impliqués clans la résorption osseuse ré ponde nt
de l'os et l'apparition des pertes d'attache est relativement fa ible. à l' inflammation du tissu conjo nctif. D' une part, cette a lvéolyse est
240 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Bactérie
Bactérie
Neu IL-8
@/~
~
FG ~ IL-1
IL-6
ŒJ j Macrophage
(/)
Q)
:;:,
TNF-a
IL-6
*
IL-6
RANK-L
TNF-a
TNFGS Gencive
(.)
0
g>
.s::
0...
IL-8
(/)
Q)
:;:,
(.)
(/) 0
(.)
2c IL-12
CellulesT
:;:J
Q)
IL-18
O
Q) __J
"0
'ii)
-~ RANK-L
(/)
Q)
TNF-a
(/)
~ IL-17 Q)
Qi
ü '&
0
.s::
a.
IL-1 E
.3'
RANK-L
TNF-a
Os alvéolaire
Figure 24-14 Mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la perte d 'attache et l'alvéolyse au cours de la parodontite,
(D'après Di Benedetto A. et al., Clinical and Developmental lmmunology. Volume 2013. Article ID 503754.) Face à l'accumulation de plaque,
une inflammation caractérisée par l'invasion de neutrophiles, macrophages puis lymphocytes est observée dans les tissus parodontaux. La forte
augmentation de libération de cytokines pro-inflammatoires (IL-1~. TNF-u) stimule la production de métalloprotéases (MMP-1 , -2 , -8, -9, -13) par
les neutrophiles, macrophages et cellules du parodonte (fibroblastes, cellules épithéliales, ostéoblastes) et la dégradation des tissus conjonctifs
parodontaux. De plus, les lymphocytes Th17 produisent de grandes quantités d'IL-17 qui favorisent, avec d'autres cytokines pro-inflammatoires
(IL-1, IL-6, TNF-a), l'expression de RANKL par les ostéoblastes et les lymphocytes B et Th17. En conséquence, l'augmentation de la différenciation
et de l'activité des ostéoclasies se traduit par la résorption de l'os alvéolaire. CD :cellules dendritiques ; CE :cellules épithéliales ; FC :facteurs de
croissance ; OB : ostéoblastes ; OC : ostéoclasies ; PDLF :plate/et derived growth factors (voir aussi la liste des abréviations).
CHAPITRE 24- IMMUNOLOGIE 241
Tableau 24-IV Principales métalloprotéases (MMP) impliquées dans la destruction des tissus parodontaux.
MMP-8/collagénase neutrophile
~ Gélatine
coordonnée par les médiateurs libérés au cours de l a réponse inflam- possible que les complexes immuns Ag-A c activent également la dif-
matoire. D'autre part, une relation spatiale semble ex ister : plus l ' in- férenciation des ostéoclasies [7 j. Un tel phénomène a pu être décrit
flammation s'étend dans le tissu conj onctif, plus l 'os sc dégraderait au cours de la polyarthrite rhumatoïde, dont les mécanismes physio-
afin de maintenir une certaine distance emre l ' infiltrai in flammatoire pathologiques de résorption osseuse sont proches 16, 16].
ct l' os (2 mm environ) 151.
L'al véolyse observée au cours de la parodontitc résulte d'un désé- Rôle de l'inflammation dans l'activation de la résorption
quilibre des cycles de remodelage caractérisé par une augmentation
Les ostéoblastes, les fibroblastes, les lymphocytes ct principalement
des phases de résorpt ion et un blocage en phase d' inversion ou une
les macrophages sécrètent un pool de cytokines pro-inflammatoires
phase d'apposition ineflicace (voir chapitre 23). Une augmentation de
( IL - l , IL-6, PGE2, TNF-a) en réponse à l 'environnement bacté-
la différenciation et de la fonction résorbante des ostéoclasies par les
rien. Les cytokines agissant notamment selon un mode alllocrine ou
cellules de l'i nflammation (neutrophiles, macrophages), de l ' immu-
paracrinc, elles induisent la production de RANKL par ces mêmes
nité (lymphocytes T helper) et par les ostéoblastes en milieu inflam-
cellules. Ainsi, les taux de TNF-a sont fortement corrélés à ceux de
matoire, ainsi qu' un défaut du couplage ostéoclasies - ostéoblastes
RANKL dans les tissus parodontaux infhunmés. De plus, les cyto-
sont observés.
kines favorisent la production de M -CSF, syntMtisé notamment
par les ostéoblastes, cytoki ne indispensable à la différenciation des
Expression des cytokines prorésorbantes RANKL et IL- 17
pré-ostéoclasies. Enfin, les cytok ines intlammmoires sont également
au cours des parodontites
capables d' induire la diflërcnciation, l 'activation ct la survie des
La résorption osseuse est réalisée par les ostéoclasies, cellules ostéoclasies indépendamment de RANKL. Cela a été particulièrement
dérivées de la l ignée monocytes/macrophages A u cours de la paro- montré pour le TNF-a en interaction avec ses récepteurs T NF-R 1 (p55r)
domite, ces cellules migrent à partir de la circulation sanguine selon
un gradient chimio-attractam d' TL-8 et d' I L- l ~. La différenciation
et l ' acti vation des ostéoclasi es sont le résultat d ' une ronc produc-
tion des cytokines M -CS F et RAN KL et d' une diminution de la pro- Ratio RANKU OPG : fort 1 Ratio RANKUOPG : faible 1
duction d' OPG au niveau des tissus parodontaux. Une augmenta-
tion de la balance RANKLIOPG qui contrôle donc l ' activité accrue CFU-GM
des ostéoclasies est observée en corrélation avec la sévérité de la
maladie parodontale [3, 9]. Ce sont les imcractions entre RANKL
et RANK, situé à la surface des pré-ostéoclasi es et des ostéoc lastcs
1~ - - M-CSF r~ -- M-CSF
i nacti fs, qui induisent la dirJërenciation et l ' acti vation ùc ces cel- Pré-ostéoclasies
lules (Figure 24- 15). La source principale de RANKL au cours de la fJ
., ~
parodontite est constituée des LTh 17 et des LB présents dans le tissu
(
conjonctif intl arnmatoirc. Une diminution de la production de cyto-
kines par les lymphocytes Treg impliqués dans la régulation négative
des lymphocytes Th 17 serait également observée. Les neutrophiles
1
Inhibition
de la différentiation
<J RANKL
"r RANK
sont peu impliqués di rectement dans l ' alvéolysc. En effet, les neu-
trophiles produisent du RANKL, mais uniquement sous sa forme IIII OPG
membranaire. Cela implique que seul un contact cellule - cellule
entre neutrophiles ct précurseurs d' ostéoclasies participerai t à la dif-
férenciation de ces cellules. Cependant, les neutrophiles favorisent le ,. ~ Ostéoclasies
.....
~ ~ en apoptose
, ... ,.,.
recrutement par chimiotaxie des LTh 17 par la production des chi mio- ~ 'f ,.
ki nes CCL 2 et CCL 20. Les cellules résidentes du parodonte, ostéo- ~ = Q~~ .~
blastes ct fibroblastes, activés par les cytokines inflammatoires ou les
LPS libèrent également du RAN K L. Les ostéoclastes portent ;, leur
surface la protéine OSCAR (osteoclast-associated ÙlllllttiJO!flolmlin- ~
like receptor). Celle-ci est un récepteur de costimulation des ostéo- Résorption osseuse
cl asies qui utilise comme molécule adaptatrice un récepteur de la Figure 24-15 Importance du ratio RANKUOPG dans le c ontrôle
fraction constante des chaînes y des immunoglobulines. Ai nsi, il est de la résorption osseuse (d'après [7]).
242 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
et TNF-R2 (p75r) e t pour l' IL-l en interaction avec son récepteur IL-l R, 2. Boyle WJ, Simone! WS, Lacey DL. Osteoclast diffe re ntiation and
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Génétique
Jean-Luc Davideau, Ariane Berdal
nationaux ont séquencé l' intégralité de l'ADN dans plus ie urs espèces
Points clés (première pierre pour le génome humain posée en 2002). Certains
• Les maladies porodontoles ne sont pas des maladies résultats ont surpris. La taille de l'ADN des différentes espèces ne
génétiques, mois la génétique est responsable de près correspond pas à leur niveau de complexité biologique. L'am ibe
de la moitié de la variabilité de l'expression des poro- Amuebia dubia a une quantité d'ADN 200 fois supérieure à celle
dontites chroniques. de l'humain ! L'organisation des unités fonctionnelles q ue sont les
• Les maladies porodontoles sont considérées comme gènes a été déchiffrée. Le génome contient des régions << coclantes »,
des maladies polygéniques. c'est-à-dire tradui tes en ncide ribonucléique (ARN) messager puis
• Les polymorphismes géniques. plus que les mutations en protéines. Celles-ci constituent les e ffec te urs de ln biologie cel-
morbides. sont associés aux maladies porodontoles lul aire. Les auu·es régions << non codnntes » contrôlent l'état et les
sévères. fonctions du génome. On y distingue des séquences de régulnlion
de l'expression des gènes (promoteurs et régions régu lnt.rices à dis-
tance des gènes, machinerie cellulai re de production protéique tels les
ARN ribosomiques ou de u·ansfert, micro-A RN ct ARN antisens qui
répriment l'expression des gènes, etc.) . Certai nes séquences d irigent
Notions de génétique l'état de repliement de l'A DN dans les chromosomes ct le noyau.
Elles modulent son niveau d'activité lors de la différencialion cel-
Les maladies parodontales sont initiées par certaines bactéries ou lulnire ou de sa régulation par des hormones. Certnines séquences
associations bactériennes du microbiotc parodontal. Cependant, la plus ou moins répétées constituent des marqueurs de l'évolution des
susceptibilité de l' hôte face aux pathogènes est différente d'un sujet espèces. De même que pour le génome, le nombre de gènes humains
il l'autre. Cette ré ponse de l'hôte est cons idérée aujourd'hui comme s'est révélé modeste. On en compte 25 000 pour le philosophe, soit
essentielle dans le développement et l'initiation de la ma ladie. La seulement deux fo is plus qu' une peli te mouche nommée Drosuphila
réponse immuno-inflammatoire et le métabolisme du tissu conjonc- melanogaster ! Cette facilité d'accès aux séquences d'ADN a méta-
tif ct d u tissu osseux sont sous la dépendance de déterminants géné- morphosé la pratique de la génétique, la part déd iée à l'analyse bio-
tiques. Ains i, l'approche génétique des maladies parodontales revêt informatique devenant majeure.
une importance toute particulière aujourd'hui.
it un locus donné. Pour un locus, les ind ividus porteurs de deux maladie de faç on g lobale. Un réseau de Centres de ré fé rence déd iés
a llèles identiques sont d its « ho mozygotes " · Ceux qui contienne nt à chacune de ces malad ies a été mis en place par Je ministère de
deux allè les d ifférents so nt d its << hétérozygotes >>. Les di fférents la Santé. En cela, la France a une po litique avancée par rapport it
a llèles d ' un gène code nt une proté ine. Celle-ci peut s ' avérer soi t d'autres pays. Des consensus de diagnostic et de plan de traitcmclll
totale me nL idenlique, soit légèrement di fférente dans sa structure y sont élaborés à dis position de réseaux de vi lie. Par exemple, une
ou dans la régulation de sa synthèse. Le pro fil de fréq uence des des questions actuelles est de préciser les indicatio ns des implants
di ffércnls allè les constitue une carte d' identité génétique des popu- clans les agénésies dentaires des dysplas ies ectodermiques. Ces
latio ns. Celle variabilité génétique couplée à celle de J' environne- implants sont depuis peu pris en charge par la Sécurité soc iale g râce
ment génère la d iversité des caractères phé notypiques des g roupes à une active synerg ie de c linic iens, de che rcheurs et d 'associations
humains. On retrouve ici les portraits de famille . Ains i, on reconnaît de malades. Les dysplas ies ectodermiques sont sous-tendues par la
les orig ines géographiques d 'un individu par l'associatio n s ingulière mutation spéc ifique de plus ieurs gènes distincts. A insi, la qualité de
de la couleur des yeux , des cheveux ou de la s usceptib ilité à une l' os et du par odonte peut varier d ' une forme moléculaire à l' autre.
pathologie. C'est ce que l'on nomme le polymorphis me. À l'éche lle La problématique implantaire, fa ussement habituelle, nécessi te un
d ' un indi vidu et de ses descendants, la spécific ité allé lique pe ut aussi consens us de spécia listes. Celui-ci requiert p lus que tout autre une
servir à la recherche de paternité ou a ux enq uêtes polic ières. éche lle internationale pour accéder à un no mbre sig nificati f de cas.
Pour compléte r le jeu de Lego® génétique, un mode additionne l Une forme particulière de celle path ologie constitue un enjeu
de transmission arrive sur la scène de la médecine et de la paroclon- thérapeutique. Dans la dysplasie ectodermique induite par la muta-
tologie : l'épigénom ique [2]. Ce domaine s' intéresse aux modifica- tion du gène de J'ectoclysplasinc A 1 (EDA /), des essais phann aco-
tions chimiques transmissibles d u rnntériel géné tique sans change- logiqucs sont en cours. Le médicament EDA 1 devrait réenclencher
ment de la séq uence. Le deg ré de méthylation de l'A DN des régio ns la formation des de nts, des g landes sudoripares, des cheveux et de
régulatrices mod ifie leur efficacité ct ainsi la quantité de protéines nombreux dérivés ectodermiques. Leurs ébauches existent chez les
produites par un gène. Les mécanismes épigénétiques sont cemraux enfants malades mais som bloquées par la mutation morbide. La
dans les compo rteme nts ce llulaires de no mbre ux contextes phy- fenêtre thérapeutique est le nourrisson. S i ces études cliniques repro-
s io log iques et patho logiques. C'est un thème éme rgent q ui re lè ve duisent la g uérison obtenue chez la souris et le chien, notre profes-
de questions clés en parodontologic : destinée et man ipulation sion sera amenée à se mobil iser. L'odo ntolog isle jouera un rô le clé en
des ce llu les souches, programmatio n et diffé renc iation cellulaire, dépistant les mères porteuses hétérozygotes avant qu'elles donnent
empre inte de gènes dans les maladies inflammato ires communes, naissance à un fi ls malade [8]. C'est la cond ition d'accès à cette thé-
toxico logie ct polluants dans l' aug menta t ion de maladies . rapeulique innovantc. D'autres exemples de traitement de malad ies
rares par des médicaments spécifiques impliqucronl la communauté
odontologique, par exemple la phosphatase alcal ine dans l' hypophos-
.... GÉNÉTIQUE MENDÉLIENNE ET MALADIES phatas ie ( voir chapitre 42).
MONOGÉNIQUES
Dans une patho log ie hé réditaire, les allèles présentent des muta- .... POLYMORPHISME ET MALADIES
lio ns délétè res ou morbides. S ituées dans les régions codantes, e lles MULTIFACTORIELLES
produ isent une proté ine clysfonctjonne llc ou à un taux anorma l.
Celles des séquences non codantes modi fi eront la fonctionnalité du L'aspect le plus intéressant de la génétique pour la parodonto log ie
génome, no tamment le ni veau d'expression des gènes. Leur mode de q uotid ie nne est l' identification des patients à risque. En e ffel, les
transmission dépe nd elu locus, lié au sexe sur les chromosomes X ct performances fonctionne lles variables des différents a llèles peuvent
Y ou autosomiq ue sur les autres chromosomes. La maladie peut être être à l'origine d ' une suscepti bil ité accrue à la maladie. Dans diffé-
dominante quand les hétérozygo tes e t les homozygotes présentent rentes populat io ns, la fréquence des allèles a été montrée spécifique
la malad ie . Elle est récessive quand seuls les homozygotes sont 1301. Pour certains auteurs, cette fréquence est reliée aux fréquences
a ffec tés. Dans cc cas, les po rteurs hétérozygotes possèdent un seul variables de maladie parodonlale agressive ou chro nique rs, 12, 14].
a llèle morbide . Ils présentent par fois des signes frustes, précieux L' identification des gènes impliqués se heurte à J' impact di scret
pour leur dépistage et la veille génétique de leur descendance. Plus des allè les ct au caractère multifactoricl de la maladie. Celle-ci
de 6 000 maladi es génétiques sont connues aujourd' h ui. Chaque résulte de l' interaction entre une composante génétique imp liquant
entité représente une ma ladie rare, horm is que lques exemples iso- pl usieurs gènes el de no mbreux facteurs de l' environnement Ce
lés comme la m ucoviscidose, de fréquence élevée. Cumulées, ces mode héréditai re sous-tend une grande part ie des malad ies com-
maladies sont lo in d 'être négligeables cl cons tituent un risque de munes intéressant le parodontologisle. On peut citer les d iabètes
morbidité im portant. Ces maladies sont décri tes s ur le s ite OMIM de types 1 et 2, les maladies carcl iovasculaires, des malformat ions
(Online Mendelian lnherited in Men) régu lièrement m is à jou r par congénitales et les maladies auto-immunes. Leur étude com porte
des génétic ie ns de l' Hôpi tal de l' Un iversité ci' Hopskins aux Étals- trois étapes : montrer que la malad ie est familiale, établir que cette
Unis. En France, le s ite Orphanet est dédié it l' information elu public. te ndance est due à des facteurs génétiques et, enfin, identifier les
Peu de maladies héréditaires du parodonte sont identifi ées gènes impliqués.
aujourd'hu i. Celles-ci sont remarquables par une gravité inhabitue lle
qu i a lerte d 'emblée un c linicien expérime nté (vo ir chapitre 42) . .... DES ÉTUDES FONDÉES SUR DES HYPOTHÈSES
Comme nombre de malad ies hérédi taires, e lles sont rarement iso- AUX APPROCHES DU GÉNOME ENTIER
lées. Elles constituent un s igne d 'appel de syndromes atteignant de
nombreux organes comme dans le syndrome cl ' Ehlcr-Danlos rs1. Q ue ce so it dans les maladies monogéniques rares o u multifac-
Ma lheureusement, u·op de patients présente nt des parcours de soins to rie lles communes, l' approche par gène-candidat est la stratégie
eJTatiqucs. Ils se heurte nt à des absences de d iagnostic approprié historique. La sélection des gènes d'intérêt s 'appuie sur une hypo-
et it des conduites thérapeutiques ne prenant pas en compte leur thèse physiopatho logique. Les études cl iniques, les modè les expéri-
CHAPITRE 25- GÉNÉTIQUE 245
mentaux dédiés et des découvertes parfois i nopinées d' un phénotype permis d'aff'i rmer la contribution de la génétique au développement
parodontal l ié à une mutation sont autant de sources d' informations. des maladies parodontales.
Les études fondatrices ont été le plus souvent réalisées dans des
maladies monogéniqucs. Les informations ont été transposées aux
études de cohorte dans un deuxième temps. Celles-ci testent des
.... ÉVOLUTION DES CONCEPTS
associations alléliques singulières ct certains critères phénotypiques
L es maladies parodontalcs peuvent être définies comme des patho-
de la maladie parodontale (degré de gravité, récu1Tence, réponse au
logies i nflammatoires d' origine infectieuse à morbidité locale oral e
traitement, etc.). L' étude de ces gènes, facile dans les mal adies mono-
mais aussi générale. L eur déclenchement com me leur évolution ct
géniques, présente un succès relatif dans les modèles plu ri factoriels.
leur influence systémique dépendent de très nombreux fac teurs de
La recherche par gène-candidat est actuellement remplacée par
ri sque l iés ù l ' hô te, à la flore bactérienne ct à leur environnement.
des approches dites << globales » ou d' association pangénom ique.
Parmi ces facteurs, certains sont modifiables comme le diabète, les
Celle démarche procède en aveugle, sans hypothèse préalable. La
biofilms oraux, le tabagi sme ; d'autres, comme l ' fige ct les facteurs
totalité du génome ou celui conten u dans un chromosome sont cri-
génétiques, sont dits non mod if1ablcs. En termes de prévent ion
blés pour une malad ie donnée. La découverte de l' implicat ion de
comme de traitement, l' évaluation du rôle respectif de chacun deces
GATAJ dans la maladie parodontale en est une illustration [22].
facteurs reste l ' un des pri ncipaux challenges de la parodontologie.
L e rapport coû t/bénéfice de ces investigations pose un problème
L es conna issances sur la génétique des maladies parodontales ont
de société : faut- il étudier toutes l es pathologies humaines ou se
suivi l 'évolution des moyens techniques et concepts généraux, mais
restrei ndre ù celles qui sont graves voire mortelles ? Les malad ies
l ' impact réel de la génétique sur ces maladies est encore suj et à de
dentaires et parodontales méritent-elles cet investissement f'inan-
nombreuses controverses, en partie dues à leur aspect mu ltifactoriel
cier ? La puissance des informations obtenues est-elle supérieure
et complexe [ 14].
ou inférieure ù celles données par d'autres marqueurs biologiques
Les ~ttu.les épidéllliolugiques o11t IIIOIIU é depu i ~ lollglelllpS d' i lll-
qui reflètent la si tuation réelle ? Des entreprises privées proposent
portantes di fférences dans la prévalence ct la sévérité des mal adies
directement aux patients de séquencer leur génome afin de dispo-
parodontales entre les populati ons et ethnies, mais ces résultats
ser d'une carte d' identité génétique. Techniquement, i l ne fait aucun
restent très largement influencés par les variations socio-éducativcs
doute que le séq uençage soit accessible; il est faisable et d'un coût
ct économiques (voir chapitre 2 1). Les études sur les jumeaux
diminuant de jour en jour. L e facteur limitant en est leur interpréta-
homozygotes/hétérozygotes permettant cl ' isoler l ' effet génétiq ue
tion, facilement erronée. L es enjeux cliniques en sont importants.
des facteurs envi ronnementaux ont suggéré dans les années 1990
De grands programmes nationaux cl internationaux sont lancés pour
que près de 50 % de la vari abi lité (variance) des malad ies paro-
les maladies métaboliques les plus fréquentes telles que Je diabète
dontalcs était liée au facteur génétique [ 17]. Cependant, les conclu-
ou J' obésité. Tous ces projets rentrent en compét ition fi nancière.
si ons sont limitées en raison du nombre réduit de sujets étudiés.
La génétique élabore les bases tlléoriques d' une clinique person-
En effet, en plus de l 'aspect multifactoriel, les problèmes majeurs
nali sée. La carte alléliquc de chaque patient devrait indiquer le risque
dans l 'analyse épidémiologi quc ct clinique du lien entre génétique
i ndividuel pou r les maladies communes. Cependant, il faut bien noter
que la génomique ne retrace que cc qui peut éventuellement sc pro-
duire et non ce qui interv ient de facto à un moment donné de la mala-
die parodontale. Les espoirs de l 'élaboration d'une carte d'identité Tableau 25-1 Différents types d'études permettant de démontrer
parodontale, bien que fondés par les avancées étonnammem rapides les bases génétiques d'une maladie chez l'homme.
de la génétique, devront cependant sc modérer. L'objectif est de dis- - Agrégation familiale :
poser d' une médecine préd ictive dans laquelle la prise en charge d' un Études épidémiologiques servant à suggérer l'étiologie génétique
patient serait menée spécifiquement suivant son profil individuel. Le d'une maladie ou d'un caractère, en comparant les données
thérapeute devra être à la fois prudent et vigilant quant aux évolu- familiales à la population générale. Inconvénient : problème de
partage de facteurs environnementaux, socio-économiques et
tions qui devraient être bouleversantes. Celles-ci s' inscrivent dans le
d'agents infectieux.
thème des biomarqucurs de la maladie parodontale. Ils connaissent
une puissance inégalée par la généralisation de l' approche en aveug le - Études sur les jumeaux (monozygotes ou dizygotes) :
Études permettant d'évaluer la contribution relative des gènes
ou << omiquc ».Celle possibilité d'analyse globale concerne certes la
(hérédité) et des facteurs environnementaux pour une maladie donnée.
séquence des gènes (génomique) et l 'état des gènes (épigénomique),
mais aussi de nombreux caractères phénotypiques (transcri ptomique, - Analyse de ségrégation :
Études permettant de déterminer le mode de transmission d'une
protéom iq ue, métabol omique, m icrobiotique). maladie au sein de familles (dominant, récessif, lié à l'X, etc.) .
En concl usion, la masse des données produ ites, la modélisation de Inconvénient : possibilités d'erreurs entraînant la nécessité d'étudier
leur intégration, la nécessité de développer la bio-informatique et les les données de nombreuses familles.
biais inhérents aux études de cohortes de maladies dont les causes - Analyse de liaison génétique (linkage analysis) :
s'entrecroisent et s'accumulent dans le temps sont aujourd' hui Méthode permettant de déterminer la localisation chromosomique
autant d'obstacles à franchir. du gène pour le trait que l'on souhaite étudier, à partir de données
familiales. Permet de réaliser la cartographie génétique. Non
applicable pour les maladies parodontales, multifactorielles,
génétiquement complexes, issues de l'effet combiné de multiples
gènes à effet mineur
Génétique et maladies
- Études d'association :
parodontales Études cas/témoins comparant la fréquence d'un marqueur
génétique chez des sujets malades et des sujets sains choisis
Il ex iste différentes méthodologies permetlanl de démontrer chez au hasard dans une même population, sans critères de sélection
l ' homme les bases génétiques d'une maladie (Tableau 25- l ). Parmi autres que ceux correspondant à la maladie n (recherche d'un gène
candidat). Utilisées dans les maladies multifactorielles.
celles-c i , les études sur les jumeau x et les études d'association ont
246 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
c t maladies parodontalcs sont la définition et l' identi ficatio n de ces de 48 ans ne trouve pas de différe nce entre les monozygotes ct
patho logies, les variations importantes de le urs prévalences/i nci- dizygotes. Les rés ultats appare mment contradi ctoires de ces deux
dences associées, leurs réalités pathogéniques, auxquels s'ajoute nt publications peuvent s'explique r par le mode de recruteme nt (au
les problèmes propres à l'analyse géné tique. De ce fai l, les études hasard c t avec peu de parodontites sévères pour M ic halowic, uni-
r
s ur des fa ibles échanti llons, com me les é tudes des fam illes 161 el q uement des parodontites sévères pour Torres de 1-leens), c t a ussi
les é tudes des syndro mes, portent sur les formes de maladies paro- par la prise e n compte d'autres facteurs de risque, comme l'éduca-
do ntales sévères, parodontitcs c hroniques ou ag ressives faci lement t.ion e t la présence de bacté ries les plus parodontopatJ10gènes pour
identifiables, alors que les études nécessita nt des populations plus Torres de 1-feens.
larges, comme les é tudes s ur le polymorphi sme [5 , 141 porte nt plus
s ur les formes c hroniques c t le urs symptomatologies. L'ensemble Problèmes des définitions des pathologies
de ces é tudes privilégient l'aspect polygénique dans la susceptibilité parodontales - Impact des prévalences
c t la sévérité des maladies parod ontales L14 J à de rares cas mono-
Il existe deux grands types de maladies parodontales : les g ingi-
géniques près, associés à certains syndromes f 19J. Cependant, les
vites e t les parodontites. La défi nition des maladies parodontales, de
e ffets biologiques de ces variatio ns géné tiques reste nt e ncore pour
leurs sévérités, activités c t spécificités est fondée sur trois types de
la p lupart indé terminés, leur analyse é tant d ' autant plus compliquée
mesures : celles de la ré ponse inflamma toire, de la destruction tissu-
par les interactions entre systè mes géniques et l' impact de l'envi-
laire c t des facte urs de risque (voir chapitre Il ). La présence de paro-
ronnement sur l'expression de ces gènes 121 .
dontite comme sa sévérité sont fondées sur des seuils (nombre ou
pourcentage de s ites avec une in fl am mation e t/ou pc11cs de support
Études des populations
dé terminées). Cepe ndant, il existe une très grande variab il ité dans
L' infl uence de la géné tique s ur les maladies parodontalcs a é té la dé finition de ces seuils e ntre les études, influençant forte ment la
depuis lo ngte mps suspectée a u travers des résultats des é tudes é pi- prévale nce/incidence des maladies parodontalcs, mais aussi la déter-
dé m io logiques montrant des d istributio ns des pathologies parodon- mination de l' intens ité e t de la nature du lien entre ces maladies,
tales variant e n fonction des populations, e thnies ct du sexe. Les leurs facteurs de risque (bac téries spéci fiqucs, tabagisme) e t le urs
résultats des é tudes s uccessives National Hea/rh and Nutrition conséque nces. Par exemple, dans les études NHANES successives,
Examina/ion Survey (N HANES) effectuées aux États-U nis sur des le passage d'une définition des parodontites fondée s ur la présence
échantillons de population de près de 13 000 individus ont mo ntré de 2 sites avec une perte d 'attache > 3 mm et d'un s ite avec une
que les Afro-Amé ricains présentaie nt un ri sque de parodontitc de ux profondeur de poche> 3 mm sur sites différe nts versus 3 sites avec
fois plus élevé (odds ratio JO RJ = 1,8) que les populations d'ori- une pe rte d 'attache> 3 mm c t 2 sites avec une pro fondeur de poche
g ine e uropéenne ou hispano-amé ricainc. Ce risque persiste quand > 2 mm 131 réduit l'impac t de l'origine e thnique, l'OR passant de
les variables socio-économiqucs c t éducatives indi vidue lles o u envi- 2 à 1,3 1 [20j. De plus, l'influence génétique semble dé pendre du
ronne me ntales sont prises e n compte. Ces différences sont e ncore paramètre clinique c hoisi ; ainsi, da ns les é tudes chez les jumeaux,
plus marquées c hez les jeunes où les formes agressives sont 5 fois l'effe t observé sur les pertes d 'attaches, marquant plutôt l'historique
supérieures dans les pays africains ou sous-groupes de population de la maladie, ne se retrouve pas sur les profonde urs de poches, qui
d 'origine africaine. Ce même type d'étude a montré que les hommes ma rque nt plutôt son activité 117 1.
é taie nt constamment plus a u.e ints de parodontite que les femmes J4J, En plus de la sévérité des maladies parodontalcs, i 1 est très vite
bien que, pour les formes agressives, cette influe nce du sexe soit a pparu qu' il existait diffé re ntes formes de pa rodontit.es, c hronique
assez variable c t controversée [23]. ou agressive, avec des pathogénies, sym pto matologies ct é tiologies
spécitiqucs. Cepe ndant, à part pou r les formes prépube rtai res ou
Études des jumeaux agressives localisées, il peut y a voir une certaine confus ion entre les
diagnostics des formes c hroniques sévères c t agressive (voir c ha-
Les é tudes gémellaires fourni ssent une mé thode particulièrement
pi tre I l). Au-delà de l'effet s tatistique, ces variab ilités de définiti on
utile pour trouver les influences génétiques sur des phé notypes com -
c linique de la réponse de l' hôte reflètent la complexité intrinsèque
plexes qui peuvent être influe ncés par plusie urs gènes ou facte urs
des mécanismes pathogéniques des maladies parodontalcs.
e nvironne mentaux. Elles sont un moyen s imple c t puissant pour
introduire une perspective génétique dans les études épidémiolo-
g iqucs de la plupart des pathologies.
Problèmes dans l'interprétation des résultats
Les é tudes sur les jumeaux permette nt classiqueme nt de discri - Les fortes prévalences des d iffé re ntes maladies parodonta lcs- soit
miner e ntre les facteurs génétiques c t les a utres facte urs e nviro n- près de 80 % pour les gingivi tes, 50 f1 60 % pour les pa rodontites,
nementaux. Les jumeaux monozygotes issus de la fécondation d u 15 %pour les parodontites sévères, 4 %pour les formes agressives,
mê me ovocyte partagem un maté riel génétique identique, ct les 1 % pour les formes agressives localisées - jouent a ussi un rôle
jumeaux dizygotes ou faux jumeaux, issus de deux ovocytes d if- important dans l' inte rprétation de l'influence génétique. L'aspect
fé rents, ont un matérie l géné tique différe nt ; sont aussi cons idérés fami lial c t transmissible des maladies parodontalcs a été principa-
les jumeaux monozygotes é levés séparé me nt dont l'e nviro nnement le me nt é tudié el dé mont.ré pour les formes de paroclon tites à fa ible
est do nc différent dès la nai ssance. L' é tude de Mic halow icz [17 j prévale nce, pas pour les formes à forte prévale nce J I6J. Un a utre
e ffectuée sur 1 17 paires de jumeaux mono- e t d izygotes âgés e n problè me est l' ide nti tication des formes agressives c hez les parents
moyenne de 41 a ns aux États-Unis a montré que l'état parodon- âgés (confus ion avec des formes c hroniques) ou trop jeunes pour
ta l des jumeaux, bien que non ide ntique, était p lus proche chez les avoir e ncore développé la maladie. Le traite me nt parodontal peut
monozygotes q ue c hez les hétérozygotes, tenant compte de l'effet lui aussi mod ifier le diag nostic. Les é tudes sur les polymorphismes,
des autres facte urs de risq ue, âge, sexe, ethnie, tabagis me, ct suivi mutation portant sur un seul nucléotide (SNP [siugle uucleoride
dentaire. Ces résultats se retrouvent dans certaines études du mê me polymorphism], RFLP [resrriction.fragmellt le11gth polymorphisml)
type; cepe ndant, l'étude de Torres de Heens L271 réalisée aux Pays- ont montré un lie n génétique essentielle me nt pour les paroclontites
Bas s ur un nombre plus faibl e de jumeaux (18) âgés e n moyenne c hro niques. Cepe ndant, e lles montre nt une grande varia bilité dans
CHAPITRE 25- GÉNÉTIQUE 247
leurs résultats [5, 12]. Les lie ns démontrés d'un SNP peuvent être Étude par association
sous le mode récessif l22], dominant, ou haplotypique, incluant d if-
Ce type s'attache à la répartition de certains gènes ou locus prédé-
férentes associations de SNP f 13]. La fréquence des allèles étudiés
terminés dans des fa milles dont les membres présement des formes
se mble influencer la fiabilité des analyses, car plus la fréquence de
agressives. L'intérêt de ces études est de se« détacher >>d u contexte
l'allèle minoritaire est faible, plus le nombre de sujets inclus doit
environnemental ; l' inconvénient reste le choix des gènes li étudier et
être élevé.
leurs éventuelles influences sur la ma ladie. En e l'fet, certains gènes
Un autre problème reste la détermination des effets biochi-
forment des groupes ou associations tr ansmissibles en b loc et le
miques ct biologiques des di fférentes mutations cl polymorphismes.
marqueur identifié n'a pas forcément d 'action sur la maladie comme
Certaines modifications jouent sur le taux d 'expression d' une pro-
monu·é pour les polymo rphismes.
téine, comme pour l'interleukine 1 ( fL- 1) [ 13] ; d'autres sur la fon c-
tion, comme pour la cathepsine cr 191. mais les associations directes
entre un polymorphis me donné et les ni veaux d 'expressio n in vivo .... MALADIES RARES/SYNDROMES
de gènes concernés sont rares [1 3, 19]. La pertinence b io log ique
n'est pas toujours évidente, suggérant que certains polymorphis mes Les « fortes >> destructions parodontales ct perLes dentaires asso-
soient des marqueurs plutôt que des acte urs de l'inlluence génétique ciées à certains syndromes ommontré depu is le dé but du XX' s iècle
Il , 22]. le rôle de l'hôte et de la génétique dans l' étiopathogén ie des mal adies
L' aspect multifactoriel des maladies parodontales est de puis long- parodontales (voir chapitre 42). E n effet, l'aspect remarquable de
temps une source de confus ion dans l'analyse de l' influence d'un ces maladies parodontales permet une identification sans ambiguïté
facte ur donné . Les modèles sta tistiques permettent d'évaluer l'effet de l' impact de la mutation d ' un gène ou groupe de gènes sur l'état
indépendant de chaque facteur. Cependant, ces l'acteurs peuvent parodontal et de son mode de transmission, bien que les mécanismes
interagir e ntre eux, comme le tabac et le diabète, le suivi dentaire d ' action biologiques de ces mutatio ns restent encore le. plus souvent
el le milie u socio-éducatil', modifiant ainsi le ur impact sur les mala- à être détermi nés. Les études plus récentes mo ntrent des variabilités
dies parodontales. De même, la génétique interagit avec les autres phénotypiques indépendantes du type de m utation, suggérant que
facte urs de ri sque, renforçant la noc ivité du tabagisme ou la gra- l'e ffet parodontal d ' une mutation d ' un gène ou groupe de gènes peut
vi té du diabète 115, 26]. À l' inverse, certains facteu rs de risque, auss i être largement influencé par les autres facteurs de risque, en
comme les bactéries, peuvent aussi modifier localement l' expres- particulier environnementaux.
s ion génique [28 1. Enfin, à l'inverse de nombreux facteurs de risque
identifiables ct quantifiables (bactéries, tabagisme, d iabète), le lie n Cathepsine Cet syndrome de Papillon-Lefèvre
di rect et unique entre un gène unique ct les maladies parodontales
La cathepsine C est une protéase exprimée dans de nombreux types
n' a pas p u encore être dé montré, sauf' pour certains syndromes. Ces
cell ulaires, en pmticulier dans les granulocytes neutrophiles où e lle
données suggèrent que le l'acteur génétique est un facteur mod ifiant/
contrôle l' activité d'autres protéases comme l'élastase. En l'absence
favori salll plus que déclenchant des parodontites [ 14], dont la mi se
de cathe psine C, les granulocytes neutrophiles ont une capacité
en évidence nécessite l'identification et l'évaluation de nombreux
de neutralisation d'Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa)
facteurs de confusion.
réduite 11 91. Au niveau parodontal, les parodontites sont associées à
une diminution de l'activité de la cathe psine C. Le gène de la cathep-
sine C se situe en position chrom osomique I l q 14. Les mutations du
Rôles de la génétique gène de la cathcpsine C sont assez rares ( 1 à 4 cas sur un mi llion) et
près de 60 mutations différentes ont été jusqu 'à présent identifiées,
dans les formes rares ou agressives transmissibles en mode autosomique récessif. Les phénotypes asso-
c iés à ces mutations correspondent au syndrome de Papillon- Le fèvre
.... PARODONTITES AGRESSIVES : ct se caractérisent par une hyperkératose de la paume de la ma in et
ÉTUDES DES FAMILLES de la voûte plantaire, des pertes denta ires de la denture temporaire et
définitive, et dans de rares cas des infect ions sévères. Dans une étude
Étude familiale de ségrégation récente sur 10 familles f19l dont au moins un membre présentait un
La plupart des études sur les famill es olll été réalisées dans les syndrome de Papillo n- Lefèvre, les mutations observées entraînaient
années 1980 116J. Comme les études sur les j umeaux, elles ont soit une non-expression de la protéi ne, soit une expression d'une
comme avantages de mieux contrôler certains facteurs de risque, protéine tronquée. Tous les individus homozygotes pour une même
en particulier socio-éducatif's. De plus, elles permettent d'analy- mutation ou hétérozygote pour deux mutations différentes présen-
ser le mode de transm ission et d' expression des a llèles, lié à l'X, taient une parodontite pré pubertaire ou un historique de parodontite
autosomique dominant ou récess if, à partir des pourcemages des prépubertaire et agressive (édentés complets !). Chez ces individus,
parodontites agressives dans les fratries. Les résultats de ces études les activi tés de la cathepsine Cet de l'élastase des granulocytes neu-
ne sont pas toujours concordants, mai s semblent en faveur d'une trophiles étaient fortement réduites, ct Aa était systématiquement
transmission de type autosomiquc récessif, sans pour autant montrer détecté en bouche. Cependant, les hyperkératoses observées étaient
l'ex istence d' un seu l gène dans la trans mission des maladies paro- plus ou moins marquées voire absentes sans qu' il soit possible d 'éta-
dontalcs mais plutôt une combina ison génique. Les inconvén ients b lir un lien avec le type de mutation f 19]. Le rôle de la cathepsine C
de ces é tudes sont ( 1) le fai t de devoir tenir compte de l' effet diag- dans l'étiopathogénie a aussi été montré au travers d'études sur l' im-
nostique de l'âge dans une photographie à un temps donné d ' une pact de son polymorphisme sur le déclenchement de parodontites
famille, sachant que le diag nostic des parodontites agressives est agressives [ 18]. Par exemple, un SNP entraînant le remplacement
fon dé s ur la rapidité de l'évolution; et (2) le fait d'avoir des fa milles d ' un seul acide aminé (SNP dans l'cxon 7) est plus fréquemment
incomplètes. De plus, l'aspecttransmissiblc de l' infection parodon- observé chez les patients souff rant de parodontite agressive et est
tale pe ut aussi influencer le résu ltat. associé à une d iminution de l'activité de la cathepsine C [ 18].
248 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
Figure 25·1 Vues frontales de la racine de la première molaire d ' une souris. a) et b) contrôles. e) et f) VDR-1-. Dans le tiers apical, la zone
de transition entre le cément acellulaire et cellulaire (flèche) des souris mutantes présente des résorptions (*) dentinocémentaires (c et d ) ou des
malformations tissulaires dentinaires (o) et cémentai res (e et f). CC :cément cellulaire ; D :dentine ; G :gencive; LIG : ligament ; OS : os alvéolaire ;
P :pulpe dentaire. (Laboratoire physiopathologie orale moléculaire, INSERM, UMRS 872, Équipe 5.)
100 kb
e ad b
Cdx2
GIA
Polymorphismes UTR
Figure 25·2 Structure intron exon du gène VDR et emplacements des polymorphismes connus. • Polymorphisme dans les régions
codantes. (Adapté de Uitterlinden et al. [29].)
250 PARTIE 6- PATHOGÉNIE DES MALADIES PARODONTALES
phismes de gènes jusqu 'à présent non étudiés dans les maladies pitre 32). La fo rce de l'association est cepe ndant u·ès variable,
parodontales le ur ont é té associés via des analyses pangéno miques liée e n partie à l'aspect com plexe ct mu lt ifacto riel de ces patho-
[22]. Une é tude récente de Schaeffer [22] a montré que certains log ies. Les é tudes récemes ont montré que certa ins gènes étaicm
SN P (allè les minoritaires) du gène de la g lycosyl-tnmsférase 6 s pécifique me nt associés c hez les patie nts présentant à la fois des
(rs 15374 15) é taie nt associés (OR = 1,51 ) aux parodontites agres- maladies parodo nta les et des maladies géné rales. Certa ins po ly-
sives (50 % versus 37% pour les contr ô les) . Celle e nzyme est impli- mo rph is mes de l' IL- l sont associés aux pertes osseuses parodon-
quée dans les phé nomènes de g lycosylation des molécules de s ig na- tales/pa rodontitcs sévères/parodontites agressives cl aux maladies
lisation importantes dans le développe ment. E lle est exprimée dans coronarie nnes/syndromes corona riens aig us [25], o u à l'arthrite
les le ucocytes et la gencive, sans qu ' il y ait de diffé rences d'expres- rhumatoïde. Le locus CDKN2A/CDKN2B est un facteur de s us-
s ion e ntre gencive saine cl e nflammée. Le fait que le SNP se situe cepti bilité à la fois des parodontites agressives e t des card iopa-
dans l' intron 2 du gène e t e ntraîne une dim inution d ' affin ité d ' un thies isc hé m iques L2 1]. Le fai t que card iopathies cl parodoni ites
fac te ur de transcription GATA-3 laisse supposer que des m odifi ca- partagent un risque géné tique pou rrait ex pliquer e n partie l'asso-
tions d ' expression pourraient influencer l'état parodontal , bie n que ciation entre maladies parodomales ct maladies cardiovascu laires
la releva nee bio logique reste à déterminer (autres gènes, transrégula- (voir c ha pitre 32).
tion). Dans d'autre cas, des poly morphismes sont associés aux mala-
dies parodontalcs sans que les gènes ou le urs fonc tions soie nt e ncore
préc iséme nt ide ntifiés [2 1J.
Incidences thérapeutiques
.... EFFETS ÉPIGÉNÉTIQUES .... DIAGNOSTIC GÉNÉTIQUE
Les modificatio ns de l'expression génique liées aux mé thy la- Examen clinique et utilisation des bases
ti ons de l' ADN provoquées e ntre a utres par les facteurs e nviron ne- de données
me ntaux sont s us pectées de joue r un rôle d a ns la variabilité phé no-
typique observée dan s les assoc iations e mre un gène e t les m ala- Le développe me nt de la géné tique, la cartographie du génome
dies parodontalcs 12J. En e ffe t, une augme ntation de l' hy pomé thy- humain, des mutations, des SN P a permis la mise e n place
lation du promoteur du gène de l' inte rfé ron est retrouvée c hez les de banq ues de données accessibles e n ligne (NCBI-OM IM 1,
patient.s souffrant de parodo ntitc. Des é t.udcs récentes ont montré Orphanc t2) . Ces banques compre nne nt de nombreuses données sur
que les bac té ries parodontales ( LPS du Porphyromonas gingi valis) les caracté ri stiques des gènes, les d iffé rentes mutations ( fréq ue nce,
avaient la capacité de mo difie r la mé thy lation (hypc nnéthy lat ion) mode de transmission) et a ussi sur les phé notypes associés. Pour
de certains gènes, comme RUNX2 da ns les fibro blastes 1281. En les parodontitcs agressives, les praticie ns e n présence d' un patient
effe t, le L PS de Pg module l'expression des mé thy lases de façon avec une mutation déjà diagnostiquée peuvent consulte r ces bases
différe ntie lle. de données pour adapte r les programmes de prévention et de traite-
me nt. Dans le cas du syndrome de Papillon-Lefè vre, les traite ments
anti- infectie ux ren fo rcés pe uvent arrê te r la maladie parodo ntalc. En
cas de parodomites ou d'aulrcs s ignes cliniques atypiques locaux
Rôle de la génétique (anomalies dcnt.aires) o u généraux, la comparaison de ces signes
dans les formes associées avec les banques de données pe ut ame ner le praticien à adresser son
patie nt à des centres spécialisés dans le dé pistage géné tique, comme
à d'autres facteurs de risque les Centres de référe nce des maladies rares.
et dans l'influence systémique
Tests génétiques
des maladies parodontales
Les tests géné tiques reste nt relativement pe u courants à l' heure
Les pre miè res é tudes sur les polymorphismes (IL- l , IL-6) o nt actue lle. L'analyse géné tique complexe reste encore du do maine de
montré des associations différe ntes e n fo nction de l'état tabag ique la reche rc he e t des centres c lin iques de ré fére nce. Quand les gènes
des individus 113, 15]. Des é tudes récentes 0 111 mo ntré que cette ct le urs mtllalions so nt claire ment idcrlli fiés, les progrès tech niques
influence n'était pas systématique 19]. Cependant, une s usceptibilité actuels pe rmettent une ide nti fication assez facile avec des mé thodes
génétique a ux effets noc ifs du tabagisme, comme les cancers oraux, de prélèvemcm de maté riel géniq ue simple comme les frotti s buc-
a é té mon trée pour certains gènes comme la cathepsinc B ainsi caux . En sc fondant sur les travaux de Kornman 11 31. un test de
qu ' une modificatio n é pigéné tique par le tabac de certains gènes clés susce ptibilité ide ntifian t les polymorph ismes d' IL-l , PS"f'®, a été mi s
comme le TGF~ [24). Il e n est de mê me pour le d iabète où inte r- à la disposition des praticie ns. Ces tests sont considérés comme des
viennent de nombreux po lym orphis mes [21, 261. Chez les patie nts aides au d iagnostic et au pro nostic, m ais le ur pertinence dans les
trisom iques, certains allèles de l' IL-l semble nt protéger ces paüents c ho ix thérapeutiques parodontaux reste encore assez controversée
à fort risque parodontal de pe rtes de support parodontal sévères. Ces [ 1 li.
données suggèrent que l' impact des facte urs de risques envi ro nne-
me ntaux, systémiques et a ussi géné tiques sur les maladies pm·odon-
.... DÉPISTAGE ET PRÉVENTION
talcs dépend e n pa rtie a ussi du facte ur géné tique.
L'influe nce systé mique des m aladies parodontales, en particu- Le dépistage des patients à risque comme la préventio n des
lie r sur les maladies à fo rte composame inflammatoire comme malad ies parodonta les, e n particulie r les parodontites, est un des
les maladies card iovascul aires li ées à l'athérosclérose, a été mise
e n év idence dès les années 1980 e t a amené à une récente revue t. hup://www.nc bi.nlm.nih.gov/omim.
d e consens us e ntre card iologues e t parodontolog is tes (voir c ha- 2. hllp://www.orpha.ncl.
CHAPITRE 25 - GÉNÉTIQUE 251
obj ecti fs maje urs e n santé publique. Le diag nostic géné tique fo ndé des effets épigéné tiques par le traitement parodonta l, les thé rapeu-
sur l' ana mnèse, l' observation clinique, l' uti lisation des bases de tjques géniques ont déjà été testées lors des traiteme nts de régénéra-
données, des tests génétiques pe ut permettre de réduire la mor- tio n parodontale. O n peut supposer q ue, dans l'avenir, le d iagnostic
bidité des ma ladies paroclontales. Une inte rception précoce des et la thérapeutiq ue génique feront partie intégra nte des tJlérapeu-
malad ies parodontales sévères assoc iées à certains syndro mes pe ut tiques parodontales.
amé liorer le pronostic souvent assez mauvais de ces mal adies,
comme ce la a é té montré da ns le syndrome de Papillon- Lefèvre
f 19j. Pour les mutations à e ffets << subcliniques >>, un dépistage sys- Implications cliniques
té m iq ue do it ê tr e réservé aux po pu lations à risque, c'est-à-dire pré-
• Le développ ement et l'utilisation des banques de don-
sentant so it des antécéde nts fa mi liaux de parodo ntite sévère, soit nées permettent un meilleur dépistage clinique.
des fac te urs de risq ues systé m iques ct/ou e nviro nneme nta ux. Il va
de soit q ue le dépistage précoce peut a ussi avoir des conséque nces • L' utilisation c linique en routine des tests génétiques reste
à développer.
sur la santé géné ra le des patie nts, que cc soi t sur la prévention
de la mo rbidité géné ra le associée à certains syndro mes, ou sur le • Compte tenu de l'incidence familiale de certaines
dé p istage de mutatio ns comm unes aux pa tho log ies parodo nta lcs et formes de maladies, un examen parodontal de la fra-
systé miques [2 11. trie, des ascendants et descendants directs au p remier
degré est conseillé chez les ma lades jeunes atteints de
maladies parodontales sévères .
.... TRAITEMENTS PARODONTAUX ET PATIENTS
À RISQUE
Les traite me nts pa rodo ntaux sont esse ntie lle me nt fond és sur POUR EN SAVOIR PLUS
la gestio n des fac te urs de r isque, contrô le des bio!ilms s upra- et Ba rros SP, Offenbacher S. Epigenetie : connecting cnvironment
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résultats varien t cons idérable me nt e ntre les patients, s uggéra nt
que certa ins facteurs comme le facteur génétique do ivent au ss i
ê tre pri s e n compte. Certaines é tudes à plus ou mo ins long te rme
ont mo ntré que les patie nts traités p résenta nt l' haplo typc IL- l BIBLIOGRAPHIE
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logicallindings . .J C lin Periodontol, 20 10,37: 120-128. Pénétrance : porti on d'individus possédant un génoty pe donné
21!. Uehara 0 , Abiko Y, Sa itoh M, ct al. Lipopolysaccharidc cx tracted qui exprime le phé notype correspondant.
from Porphyromonas g ingivalis induces DNA hypenncthylation of
Phé no type : ensemble des c aractères observables d ' un individu.
runt-rclatcd transcription factor 2 in human periodontal libroblasts.
1 Microbioll mmunol lnfect, 2012,22: Sl684- 11 82( 12)00166-l. Il correspond à la réalisa tion du génotype soumis à l'environnement.
29. Uitterli nclcn AG, Fang Y, Van Meurs JB, Pois HA, Van Leeuwcn JP. Polymorphisme génétique : variation entre individus da ns la
Genetics and biology of vitarnin D reccptor polymorphisms. Gene, séque nce de gènes (> 1 % populat ion). Sans conséque nce ou avec
2004, 33tl(2) : 143-156. conséque nces mine ures le plus souvent.
Déterminants des
maladies parodontales
Direction scientifique : Philippe Bouchard et Francis Mora
- ~·o/idité de l'association : l ' analyse des données do it compor- Définitions des différents facteurs associés à la
ter des modèles multivariés 1 mcllant en évidence la persi stance de maladie parodontale.
l'association après ajustement sur les variables de confusion .
Facteurs associés à l'apparition de la maladie
Plusieurs auteurs sc sont appuyés sur différents critères pour
définir un facteur de risque en parodontologie (Tableau 26-T). À la Facteur étiologique (ex :la plaque pour la gingivite due à la plaque)
lumière des critères définis ci-dessus, la défini tion de Salvi ct al. Facteur causal indispensable à l'apparition de la maladie
Facteur déclenchant (ex :le stress pour la gingivite ulcéro-nécrotique)
semble la plus complète [22]. Tous s'accordent sur la nécessité Facteur déclenchant l' apparition de la maladie en présence
d'études longitudinales pour identifier un facteur de risque. L e du facteur causal
terme d ' indicateur de risque sera clone employé par défaut, lorsque
Facteur de risque (ex :le tabac pour la parodontite chronique)
les conditions d'association ne seront pas complètement remplies. Facteur vrai associé à l'apparition de la maladie
Ainsi, lorsque l'association entre un facteur et la maladie sera mise Ind icateur de risque (ex :l'ostéoporose pour la parodontite chronique)
en évidence uniquement par des études transversales, clans l '<lllente Facteur potentiel/supposé associé à l'apparition de la maladie
de confirmation, o n c lassera cc facteur en tant qu'i ndicateur de Facteurs associés à la progressio n de la maladie
risque. Enfin, i l est possible de défin ir le risque en fonct ion de son
Facteur modifiant (ex :le tabac pour la gingivite due à la plaque)
effel sur le cours de la maladie (Tableau 26-11) Facteur modifiant l'expression de la maladie
- 1 Facteur aggravant (ex :la proximité radiculaire
Les bactéries pathogènes : facteur étiologique ? pour les parodontites)
Facteur aggravant la progression de la maladie
Traditionnellement, le facteur microbio logiquc n 'est pas consi- + 1 Facteur protecteur (ex :le THS pour les parodontites
déré comme facteur de risque mais facteur étio logique. L es maladies chroniques)
parodontales ne sont pas monobactéricnnes, même si Porphyromonas Facteur limitant la progression de la maladie
Facteur de pronostic (ex :la profondeur de poche
gingivalis est fréquemment retrouvé chez les sujets atteints de paro-
pour les parodontites)
dontite chronique 1301, et que le clone JP2 d'Aggregatibacter acti- Facteur associé à la progression de la maladie
nomycetemcomi/ans est associé à un risque élevé de survenue d'une
Facteurs confondants
parodontitc agressive chez les adolescents marocains [1 2j.
Les paroclontites résultent de la présence de m icro-organismes Facteur commun entre 2 maladies (ex :tabac pour parodontites
et maladies cardiovasculaires)
organ isés en comp lexes parodontopathogènes. Pourtant, même si
en l'absence de micro-organismes il n'est pas possible de mimer
une parodontite chez l 'animal, les études c liniques identifient la pré-
sence de bactéries parodontopathogènes telles que Porphyromonas ces bactéries spécifiques constituent des facteurs qui aug mentent
gingivalis, même chez des sujets parodontalement sains. Ainsi, le risque de paroclo ntite. Il serait souhaitable de c ibler ces micro-
organismes dans l'avenir car, aujourd' hui, les thérapeutiques paro-
dontales réduisent la charge bactérienne totale et n'éliminent pas
a au 2ù·l Facteur de risque : définitions proposées dans la litté-
électivement les comp lexes bactériens associés aux paroclontites.
rature en parodontologie.
L'absence de concordance entre la sévérité de l 'atteinte paro-
dontale et la faible quantité de plaque dentaire est un des éléments
Burt et al. Salvi et al. Beek Van Dyke
et al. permettant de différencier la paroclonlite agressive de la forme chro-
{1984) 1s1 {1997J r221 { 1998J r41 r2 oos; r291 r
nique 15]. Cependant, si le contrô le de plaque semble un fac teur
déterminant dans la survenue des g ingivites, comme le montre le
Reproductibilité x x modèle de la g ingiv ite expérimentale de Loc ct al. 1171. une récente
de l'association
revue systématique de la littérature n'a pas montré l 'effet du contrôle
Études x x x personnel de plaque sur la survenue d' une parodonti te c hronique
longitudinales·
113]. En conclusio n, les bactéries sont b ien le facteur étio logique
Association persiste x des maladies parodontales mais la composition du bio fi lm d iffère en
après ajustements
fonction de la pathologie. Il ex iste des << plaques » à risque, celles à
Études x x x complexe rouge par exemple, qu' il convient d 'identifier, en particu-
d'interventions••
l ier clans le suivi des malades. Les parodontopatJwgènes sont donc
• ~exposition précède la survenue d e la maladie. des facteurs de risque des maladies paroclontales.
· • Le contrôle ou la suppression du facteur de risque diminue le risque de survenue de la
maladie.
par exemple) ou non environnemental (présence de parodonto- au Royaume- Uni où la loi autorise la compi lation de données eth-
pathogènes par exe mple), général (systémiques par exemple) ou niques. Aux États-Unis, les études épiclémiologiques e nreg istrent
local (anatom ie dentaire par exemple). Une approche cl inique pra- administrativement les o rig ines caucasien ne, afro-américaine ou
tique consiste à distinguer les facteurs locaux des facteurs généraux . lat ino-américaine. A insi, les é tudes en provenance des États-Unis
Ces derniers peuvent être modifiables (ceux s ur lesquels on peut indiquent un risque de parodontites chron iques ct agress ives p lus
agir, com me l'équili bration d'un di abète) ou 11011 modifiables (c~::ux élevé chez les sujets afro-américains et latino-américains que chez
avec lesquels il va fallo ir compter lors du s uivi , comme l' ftgc). les A méricains caucas iens. Géographiquement, la prévalence des
La liste c i-dessous qu i se veut exhaustive tient compte de cette parodontites agressives est plus importante clans les pays cl' Afrique
approche. La p lupart de ces facteurs/ind icateurs so nt traités indé- du Nord ct d'Amériq ue latine qu 'en Amérique elu Nord. De toutes
pendam ment dans d ' autres chapitres et le lecteur voudra bien s'y façon, la plupart des études s'accordent sur le fait que cette d is-
reporter pour p lus d ' information. tribution est liée à une inégalité des expositions aux facteurs/indi-
cateurs de ri sque et à des disparités socin-économiques e ntre les
popu lations [I l.
J:A("fCIIDC: r.JON MODIFIABLES
sains ou dont la g lycém ie est contrôlée [1 4] ; ct (2) le u·aitement é tudes . Le stress c t la d épression, mais aussi le coping (aptitude à
paroclontal amélio re le contrôle de la g lycémie [26]. La produc tion s'adapter face à une s ituation stressante), influencent le risque d ' ap-
chez les sujets diabétiques de p ro duits terminaux de glycation avan- parition des paroclontites chronique et agressive et impactent nég a-
cée (advanced glycation end products [AGEl) génère, après fix a- tivement la qualité elu traitement. Plus ieurs marqueurs de stress ont
tion sur des récepteurs ce llulaires cibles, une sécré tion augmentée été ide ntifiés clans le sang et la salive. La fréquence plus élevée des
de cytokines pro-inflammatoires (PGE2, TNFa, IL- l a et IL - l ~) qui comportements à risque (tabagisme, mauvaise hyg iè ne orale, e tc .)
s'accumule nt clans le t.issu conjonct.if. Par ailleurs, les AGE mocli- chez les sujets stressés et dé primés, ainsi que des réponses immu-
lîent l'activité phagocytaire des polymorphonucléaires (PMN). Ces nitaires et inflammatoires liées aux mod ifications elu système hor-
deux mécanismes combinés aboutissent à u ne destruction elu tissu monal par le stress sont des hypothèses de recherche pour expliquer
conjonctif plus importante c hez les sujets diabétiques [23] (voir cette association [ 19, 23] (voir c hapi tre 29).
chapitre 27).
Le tabac est un facteur de risque reconnu des parodontites duo- La connaissance des fac teurs et indicateurs de risque
niques. Il ex iste une relation de ty pe effet-dose entre le ri sque de généraux permet d'identifier les sujets à risque.
survenue d 'une parodontite chronique et sa sévérité d'une part, et la La connaissance des facteurs et indicateurs de risque
q uantité de tabac consommée c t la durée d'ex pos ition d'autre part peut aider à réaliser un diagnostic différentiel.
1271. A ux États-Unis, plus de la moitié des cas de maladie parodon-
Le contrôle ou la suppression des facteurs et indicateurs
tale sont expliqués par le tabac . Les fum e urs expliq uent près de 42 %
de risque permet d'améliorer le pronostic des sujets
des cas de maladie paroclontale (6,4 millions de personnes) a lo rs que a1teints.
les anciens fumeurs expliq uent p rès d e I l % des cas (1,7 mi llion
de personnes) 1271. Ces effets délétères elu tabac sur le parodonte
se retrouvent également chez les fume urs de pipe et de c igares [3].
Une altération de la réponse imm unita ire ainsi qu'une colonisa-
tion plus forte par les pathogènes paroclontaux ont é té o bservées
Al bandar JM, Rams TE. Risk factors for perioclontitis in children and
chez les fumeurs et pourraient explique r d'une part cette augmenta- young persons. Periodontol 2000, 2002, 29 : 207-222.
tion elu risque d'atteinte d'une paroclontite chronique et d 'autre part A lbandar JM. Epicle rniology and risk factors of pcrioclontal cliseases.
la sévérité des lésions paroclontalcs c hez les sujets déjà atte ints. Dent C lin North Am, 2005, 49(3) : 517-532.
En revanche, aucune é tude n'a c lairement établi que le tabac é tait S tabholz A, Soskolnc WA, Shapira L. Genetic and e nvironmental
un l'acteur de risque des paroclontites agressives, en particulier elu risk factors for chronic perioclontitis and aggressivc pcriodonti-
tis. Pcriodonto12000, 20 10,53: 138- 153.
fait que cette forme de maladie paroclonta le touche préférentielle-
ment des sujets assez jeunes. Cependant, il semble que la sévérité
des lésions paroclonta les c hez les suje ts atteints de parodontite agres-
sive soit p lus importante chez les fumeurs que chez les non-fumeurs 81RIIt""'t::.DAPHI~
L18 1 (voir chapitre 28).
1. Al bandar JM. Epidemiology and risk facto rs of perioclonta l diseases.
Dent Clin North Am, 2005, 49 : 5 17-532.
2. Albandar JM , Rarns TE. Risk factors lo r periodontitis in childre n
Des maladies peuvent affecter une des composantes elu parodonte and young persans. Periodontol 2000, 2002, 29 : 207-222.
-c'est le cas de l'ostéoporose ct de I'ostéopénie -,ou entraîner un 3. A lbandar JM , Streckfus CF, Aclcsanya MR, Winn DM. Cigar, pipe,
and c igarette smoki ng as risk fac tors for perioclontal discasc and
déficit du système de défense- c'est le cas de l'infecti on au V II-I.
tooth Joss. J Pe riodonto l, 2000, 71 : 1874-1881.
Le risque de paroclontite c hronique est également plus é levé c hez les 4 . Beek JD. Risk revisitecl. Community Dent O ral Epidemiol, 1998,
sujets obèses. La production de cytokines intlammatoires par le tissu 26 : 220-225.
ad ipeux, le stress oxydatif et les e ffets des patho log ies associées à 5. Boillot A, El 1-Ialabi B, Batty GD, et a l. Education as a prcdictor of
l' obésité comme le diabète de type 2 ou l' hypertension artérielle chronic perioclontiti s : a systematic review with meta-analysis popu-
expliqueraient le risque plus élevé de parodontite c hronique chez ces lation-based stuclies. PLoS One, 20 1 1, 6: e2 1508.
malades [2 1] (voir partie 8). 6. Borrell LN, Crawford ND. Social clisparities in periodontiti s among
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7. Brown LJ , A lbandar JM , Brunelle JA, Loe I-1. Early-o nset pcrioclonti-
tis : progression of attachmcnt Joss cluring 6 years. J Periodontol,
Le risque de parod ontite ch ronique suit un gradient socio- 1996, 67 : 968-975.
économiq uc, les sujets avec les plus faibl es revenus [6] e t les plus 8 . Burt AD, Scott G , S hiach CR, Isles CG. Acquirecl irnrnunodeti-
fa ibles niveaux d'études 15] étant les plus à risque . De même, la ciency syndrome in a patient with no known risk facto rs : a patholo-
prévale nce des paroclontites agressives semble plus é levée chez les g ical stucly. J Cl in Pathol, 1984,37: 471-474.
sujets issus des couches socin-économiques les plus basses [2, 25] 9. Christensen LB, Pcterscn PE, Krustrup U, Kjoller M. Self-rcportecl
(voir chapitro 20). o ral hyg icne practices among adults in De nmark. Comrnunity Dent
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mult.iples ct re nd difficiles la mise en œuvre e t l' interprétation des 1380- 1387.
CHAPITRE 26- FACTEURS ET INDICATEURS DE RISQUE GÉNÉRAUX 259
12. Haubek D, Ennibi OK, Poulsen K, et al. Risk of aggress ive perio- 22. Salvi GE, Lawrence HP, Offenbacher S, Beek J O. lntluence of risk
dontitis in adolescent carriers of the J P2 clone of Aggregatibactcr factors on the pathogenesis of periodontitis. Pcriodonto1 2000, 1997,
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Diabète
Catherine Mattout
La relation diabètes - maladies parodontales est bidi- L'aug mentatio n actuelle et prévue de la p réva lence du diabète,
rectionnelle. tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement,
Le diabète est un facteur de risque vrai pour la gingivite évoque une véritable << é pidémie >>. Le diabète est priorité nationale
et les maladies parodontales. de santé publique en France depuis 1999. Le diabète de type 1 repré-
seme de 5 à 10% de l'ensemble des diabètes, tandis que le type 2
Chez le diabétique. la sévérité de la parodontite est
augmentée. compte pour 85 à 90 %. Même s i le diabète de type 1 est e n légère
augmentation, c' est le diabète de type 2 qui a le plus progressé. S a
La glycémie peut être perturbée par les maladies paro- croissance est liée au viei llissement de la popu lation ct aux change-
dontales.
ments du mode de vie (ali mentatio n trop riche et réductio n de l'acti-
La réaction inflammatoire est à l'origine de ces inter- vité physique). D ' après les prévisions de l'OMS, la prévalence du
actions. diabète chez 1'adulte était de 4 %en 1995 et devrait atteindre 5,4 %,
en 2025, fa isant passer le nombre des diabétiques dans le monde de
135 à 300 millions. Le diabète de type 1 reste cependant une maladie
Le diabète est une maladie métabolique caractéri sée par la pré-
relativeme nt rare. Son inc idence chez les sujets de moins de 20 ans
sence d' une hyperg lycém ie chronique résultalll d ' une déficience de
en France était de 9,6 po ur 100 000 e n 1997. Plus de 90 % des dia-
la sécrétion d' insuline, d ' anomalies d ' action de l' insuline sur les ti s-
sus cibles ou de l'associat ion des deux. L'Organisation mondiale de bétiques o nt un diabète de type 2 dont la croissance dans les années
la santé (OMS) indique que le diagnostic de diabète peut être retenu
à veni r devrait être très forte. En France, l' incidence annue lle de cc
type de diabète serait de 2 %v. Le nombre de d iabétiques de ty pe 2
dans trois s ituations d ifférentes Ill :
- présence de symptô mes de diabète (polyurie-polydipsie- avoisi ne les 2 millions en France métropolitaine.
amaigrissement) ct g lycémie mesurée à n ' importe quel moment de
la journée ~ 2 g/1 ; ... r:ACTEURS m: ~~~ 111:: ~t=NÉRAIIY
- glycémie à jeun ~ 1,26 g/1 ;
- g lycémie 2 heures après ingestion de 75 g de g lucose ~ 2 g/1. Il faut retenir les facte urs génétiques et les facteurs enviro nne-
mentaux. Une étude intéressante est celle portant sur les Indiens
Pi ma, population cible, qui , lorsqu ' il s ont été implantés en Arizona
Les diabètes et o nt subi l' influence de la c ivi lisation occidentale, ont présenté la
plus forte prévalence de d iabète de type 2 au monde 124 1. L'obésité
Le diabète peut être secondaire ou idiopathique. Il existe deux types constitue l'élément intermédiaire e ntre le mode de vie (sédentarité,
de diabète idiopathique : le diabète de type 1 et le diabète de type 2, alime ntation hypercalorique) e t le diabète de type 2. Celle combi-
anciennement dénommés respectivement insulinodépendant ou dia- naison diabète et obésité est fréquente chez les patients aueints du
bète sucré, el non insulinodépendant ou diabète gras. L'ancienne «syndrome d ' insulinorésistancc »ou syndro me métabolique (voir
dénomination n' a plus de raison d'ex ister car des diabètes de type 2 chapitre 34). La forte cro issance de l'obésité à travers le monde est
som aussi traités à l' insuline. une des raisons majeures de l' in nation épidémique du diabète de
CHAPITRE 27- DIABÈTE 261
Hyperglycémie
.... PI-IV~IOPA.THOLOt::ll:
+
Glycation des protéines
Les diabètes de type 1 et 2 sont caractéri sés par une hyperglycé-
mie souvent associée à une hyperli pidémie. Le di abète de type 2 AGE t
.____ Modifications structurelles
est li é à une consommation excessi ve de graisses saturées et de
sucres rapides et à la sédentarité. L' anomalie métabolique fonda- Modèle pathogénique du diabète. S'il y a carence ou
mentale précédant ce diabète est l ' insu linorési stance. L' insuline mauvaise utilisation de l'insuline, le glucose ne peut pas pénétrer dans les
est une hormone sécrétée par l es cellules bêta du pancréas. Elle cellules de stockage (muscle, tissu adipeux, foie}. Lorsque les protéines
active l'utilisation de glucose par l ' organisme. Chez le sujet nor- du corps humain sont exposées pendant un temps long à une haute
mal, après le repas, la tr ansformation des glucides entraîne une concentration de glucose (hyperglycémie}, ces protéines deviennent
glyquées et subissent une modification structurelle. Ces protéines modi-
augmentation de la glycémie. Le pancréas, informé de celte aug-
fiées sont appelées : advanced glycation end products (AGE}. Les
mentation de la glycémie, augmente sa fabri cation d 'insuline. AGE sont présents sur les protéines plasmatiques, sur les protéines des
L' insuline non utili sée par l e foie pour la mi se en réserve du glu- parois vasculaires, mais aussi à la surface des érythrocytes.
cose est dé versée dans la circulati on sanguine. Elle se fixe sur
les récepteurs cellulaires ct faci lite l ' entrée des transporteurs du
glucose dans les cellules qui stockent ce carburant sous forme de
glycogène. (HbA l e) de 9 % à 7 %, retarde de 5 ans en moyenne les compl i-
Au cours du diabète de type 2, la production d'insuline par le cations microangiopathiq ues et réduit leur gravité (voir plus bas le
pancréas est réduite (elle est nulle dans le diabète de type 1), donc la diagnostic du diabète de type 2). Cependant, l ' insulinothérapie mul-
pénétration cellulaire est moins eflicace ; c'est l ' insulinorési stance ti plie par troi s le risque d'hypoglycémie sévère en l'absence d'édu-
qui entraîne une hyperglycémie (Figure 27-1 ) . cation appropriée. L' objectif idéal est un taux d' HbAi c < 7 % . La
fréquence des complications microangiopathiques et neurologiques
est diminuée en maintenant la gl ycémie à un niveau proche de la
.... FORMES CLINIQUES
normale.
L'éducation du patient, son accompagnement et son soutien psycho-
logique sont fondamentaux, comme pour toute maladie chronique.
Il s'agit d' une carence absolue en insuline, par destruction L' alimentation doit être variée et sans interdit, avec des apports gluci-
auto-immune, des ce llules bêta du pancréas. C'est la raison pour diques réguliers. L'exercice physique est recommandé.
laq uelle on l ' appelait diabète insulinodépendant. La prédisposition
génétique est présente même si, dans 95% des cas, il n'exi ste pas
d' antécédent familial. Il faut citer l 'intolérance au glucose, forme
imermédia.i re caractérisée par un risque élevé de diabète. L e diabète Sous 1'effet des f acteurs génétiques et des facteurs de 1' envi-
de type 1 est le plus fréquent chez l ' enfant, bien qu' il puisse surve- ronnement, le sujet atteint de diabète de type 2 est souvent por-
nir à tout âge. L e début est rapide ou explosif (quelques semaines). teur d'une obési té abdom inale ou androïde caractérisée par une
Il est carac térisé par le syndrome cardinal (poly urie, pol ydipsie et accumulation de grai sse au-dessus de l'ombilic. C'est un sujet
polyphagie) associé à des troubles visuels transitoires. L'examen sédentaire atteint le plus souvent du sy ndrome métabo lique ou
clinique est pauvre ; on ass iste parfoi s à une fo nte musculaire. On synd rome d 'insuli norési stance. Comme les signes cliniques sont
recherche des signes d'acidose. Le diagnostic sc fait par mesure plutôt di screts, le dépi stage doit être rait chez tous l es sujets pré-
de la glycémie (souvent supérieure à 3 g/1). M ais i l repose aussi sentant des signes évocateurs de diabète : poly ur ie, polydipsie,
sur d'autres éléments comme la glycosurie massive, la cétonurie, et infecti ons réci divantes ou traînantes . Le dépi stage doi t être pra-
1' hypertrigl ycéridém ie. tiqué chez tous les sujets de 40 ans ayant un parent diabéti que el
L e traitement insulinique est le traitement principal du diabète de répété dès l'apparition d' un facteur de risque : indi ce de masse
type 1, à vic. L' insuline est soit porcine soit recombinante, toujours corporell e ( IMC) ~ 27 kg/m 2 , hypertensi on artérielle (HTA),
concentrée à lOO U/ml. Elle peut être ullrarapidc, rapide, intermé- hypertriglycéridémie ~ 2 g/1. Il est donc probable qu' un di abète
diaire ou ultralente. Elle est délivrée par un stylo à insuline ou une soit un diabète de type 2 si l'âge est supéri eur à 40 ans, si I' IM C
pompe portable, plus eflicace mais plus contraignante et plus chère. ~ 27 kg/m 1, en présence de locali sation and roïde des gra isses, de
Une insulinothérapie intense réduit le taux d' hémoglobine gl yquée cétonuri e négati ve, d' an técédenL familial de diabète de type 2 ou
262 PARTIE 7 - DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
de facteurs de ri sque cardiovasc ulaires dans le cadre d' un syn- entraîne un épai ssissement de la membrane basale, une réduction
drome d' insulinorési stn nce. elu nombre des cellules endothéliales ct une dilatat ion capill aire. La
Le di agnostic du diabète de type 2 se fai t par le dosage de la glycé- néphropathie diabétique est une pathologie du glomérule secondaire
mie plasmatique à j eun (après 8 à 12 heures de j eûne). Chez le sujet au diabète. Il s'agi t d' une glomérulopathic (avec une albuminurie,
sain, elle est inférieure à 1, 10 g/1 ; chez le sujet diabétique, elle est une l-ITA ct un déficit de la tiltrat ion glomérulairc) attribuable à
supérieure à 1,26 g/1. l ' hyperglycémie chronique.
Il ex iste également une glycémie postprancliale, réalisée
1 heure 30 à 2 heures après l ' ingestion de 75 g de glucose. Elle ltr,...-
doit être inférieure à 1,50 g/1. La glycémi e 1t j eun permet de mesu-
rer le mécanisme de libération, alors que la glycémie postprancl1ale L a ncuropathie diabétique est la plus con nue des complications
mesure le mécanisme de stockage. spécifiques du diabète. La neuropathic est une diminution de la sen-
La mesure du taux d' l-Ib A l e éva lue la glycémie des 2 à 3 mois sibilité au ni veau des pieds, avec comme complicntion évo lutive et
précédant son dosage. Les globules rouges emmagasinent le glu- tardi ve le pied diabétique et la ncuroarthropathie de Charcot.
cose. C'est le processus de glycalion. Une glycémie de 1,20 g/1cor-
rf,..
respond à une l-I bA 1c de 6 % ; une gl ycémie de 1,50 g/1correspond
à une l-IbA 1c de 7 % ; ct une glycémie de 1,80 g/1correspond à une C'est la première cause d' amputation en France. Le pied d' un
l-Ib A 1c de 8 %. La valeur normale de 1' 1-lbA 1c est de 4 à 6 %. Si le patient diabétique est très vulnérable. C'est à son niveau que sc
diabète est bien équilibré, son taux doi t être inféri eur à 6,5 %. S'il est développent la neuropathic et l ' artériopathie associées aux risques
supérieur à 8 %, le contrôle el u diabète est mauvais. d' infections bactériennes ct mycosiques.
Le traitement est fondé sur l 'auto survcillance glycémique, l'acti-
vité phy sique et la di ététiq ue. Les anti diabétiques oraux sont des p ...... .. -
;,..
biguanides 1, des insulinosécréteurs comme les sulfamidcs2 , des gli -
ni dcs3 ct des inhibiteurs des alpha-glucosidascs4 • L' insulinothérapie Le diabète est un facteur de risque majeur pour les malad ies paro-
sera prescrite lorsque 1' 1-lbA l e reste supérieure à 8 % malgré le trai- dontalcs 15] . Le risque de parodontitc est troi s rois plus élevé chez
tement oral maximal. les diabétiques que chez l es non-diabétiques [20 1. Cette associ ation
est apparue dans les années 1980 à la suite des observations réali -
sées chez les Indiens Pima, présentant un taux élevé de diabète de
.... COMPLICATIONS type 2 ct de parodontitc. L a parodontitc est alors dés ignée comme la
·-· Le di abète multiplie par deux à trois chez l'homme comme chez
6c complication du diabète 11 5 1(Figure 27-2).
,_
··--- • 1
Association diabètes et maladies l' inflam mation comme médiate ur commun liant l'obésité, le d iabète
et les maladies parodontales a été largement étud ié [2 1j .
parodontales
Influence du diabète sur les maladies
..... PREUVES ÉPIDÉMIOLOGIQUES .-
DE l'ASSO~IATIQN
Les d iabètes de types 1 et 2 sont associés à des niveaux é levés des
La relation est bidirectionne lle. La NHANES lJI (Na tional Hea/th marque urs de l'i nflammation . Cet état in fl ammatoire exacerbé est ü
and Nutrition t.x amination Sw·vey), étude princeps réali sée aux l'origi ne des comp licatio ns microvasculaircs et macrovasculaircs du
États-Unis, montre une prévalence de la parodontite chez les diabé- diabète dont les paroclontites.
tiques et les non-d iabétiques de respectivement 17,3 % et 9% [31 . - Des niveaux élevés de TNFa, ci'IL6 et de protéine C réactive
Cette m ême étude fa it apparaître une prévalence du diabè te chez les (CRP) sont rapportés chez les patients d iabétiques, conu·ibuant à
patients atteints de parodontite el ceux non atteints de respective- l'insulinorésistance. Ces mêmes niveaux é levés de TNFa et ci' IL6
ment 12,5 %et 6,3 %. sont observés au cours des paroclonlites [23].
- Les adipokines peuvent contribuer à la susceptibilité au d ia-
1---::--- .,..._.._ .... _ .._. __ bète et à la paroclontitc. Le urs propriétés pro-inflammatoires peuvent
jouer un rôle chez les patients diabétiques et/ou obèses [251.
De no mbreux travaux ont montré que, lorsque le diabète est mal - Le diabète augmente la réaction inflammato ire des tissus paro-
contrôlé, les patients présentent plus d'inflammation ging ivale [9]. clontaux. Dans le flu ide g ingival, les niveaux de PGE2 et d'IL l Psont
La présence d'un diabète aug mente le risque de parodontite (perte p lus élevés chez les patients diabétiques atteints de gingivite et de
d'attache supérieure ü 2 mm sur plus de 2 s ites). Chez l'enfant atteint parodomitc que chez les patients non diabétiques atteints des mê mes
de diabè te de type 1, le risque est de 3,44 pour des enfants de 6 à maladies paroclontales [ 161.
Il ans e t de 20,3 pour des enfants de 12 ü 18 ans [ 13]. - Plusieurs ét.ucles ont rapporté, chez les patients d iabétiques, des
C hez l'adulte dont le diabète est mal contrôlé (HbA l e> 9 %), défauts des neutrophi les concernant le chimiotactisme, o u leur fonc-
le ri sque de présenter une parodontite sévère (perte d'attache supé- tion antirnicrobie nne. Lorsque les patie nts diabétiques sont atteints
rie ure à 6 mm su r plus de 2 s ites) est près de trois foi s supérieur à de maladies paroclontales, les neutrophiles sont encore plus défi-
un sujet diabétique bien contrô lé 1261. La progression de la perte cients, cc qui va favori ser la destruction paroclontale l 10].
osseuse sera aussi beaucoup plus importante ü 2 ans si le d iabète - Les métalloprotéinases (MMP) sont également impliquées clans
n' est pas contrôlé [271. La NHANES lll indique une prévalence de ces relations entre le diabète ct les maladies parodontales. Ces molé-
parodontitc chez les sujets diabétiques et non diabétiques de respec- cules actives clans le remodelage tissulaire sont présentes à des niveaux
tiveme nt 31 % et 10 % chez les Afro-Américains, 28% et 5% chez élevés lors elu syndrome métabolique et elu diabète [ 101. Ce peut être
les Latino-Américains, 22 % ct 6 % chez les Caucasiens [3]. Dans des MMP2qui sont des collagénases produites par les cellules inflam-
une étude réalisée en France entre 2002 et 2003, les patients atteints matoires ou les bactéries pathogènes, ou des MMP9 qui vont êu·e éga-
de diabète de type 2 prése ntaient une pathologie parodonta le plus lement présentes en quantité élevée au cours des paroclontites [17].
sévère que les patients non diabétiques [ 18]. De plus, ü quantité de - L' accumulation cl' AGE (advanced glycation end products) rap-
plaque égale, l' inflammation gingivale était plus marquée chez les portée au cours elu di abète et des maladies paroclontales est respon-
patients diabétiques. Enfîn, une méta-;ma lyse met c laire ment: en évi- sable d'une amplification des phénomènes inflammatoires . Lorsq ue
dence l' augmentation de la sévérité des paroclontitcs chez le patient l'AGE se lie à son récepte ur RAGE (receptor of advanced glycation
diabétique, mais sans observer d'augmentation de l'étendue 11 21. end product), on assiste à une augmentatio n du stress oxydatif et
Il est intéressant d 'observer qu'il n'existe pas d'augmentation de la une sécrétion de TNFa et cl' IL6 par les cellules endothél iales et les
prévalence de la carie dentaire chez le diabétique, mais qu'il existe une monocytes/macrophages (Figure 27-3). Ce processus lie les ma la-
augmentation du nombre de dents absentes. Les paroclontites pour- dies paroclonta les, le diabète et l'obésité [22].
raient clone être incriminées dans la perte dentaire chez le diabétique. - L' apoptose peut enfin lier maladies paroclontales e t d iabète en
__ ..... _ ·-~
limitant la réparation des tissus enflammés.
En résumé:
On observe une amélio ration elu contrôle métabolique poten- - la compos ition du biofilm ne semble pas altérée par le diabète
tielle m ais faib le après traite ment paroclontal non chirurgical chez ct inversement ;
les patients diabétiques. Il est à noter que la puissance statistique - on obser ve une augmentation cl ' I L- l ~ . IL-6, du ratio RA NK LI
des études est faible. Le rôle des antibiotiques reste à démontrer. OPG chez les malades atteints de parodontitc ct de diabète (type 1
Néanmoins, le traitement parodontal réduit le taux cl' HbA l e de ou 2) comparativement aux malades non diabétiq ues (études ani-
0,4 % en moyenne pour au moins 3 mois [4]. Il est intéressant de males et humaines) ;
noter que l'effet de l'exercice phys ique sur lu réduction du laux - on observe une augmentation de TNFa chez les malades
d ' HbA i c est en moyenne de 0,66 %. atteints de paroclontite et de diabète (type 1 ou 2) comparativement
En résumé, il ex iste une te ndance montrant que le traitement des aux ma lades no n diabétiques (études animales) ;
malad ies parodontalcs participe au contrôle actif de la g lycém ie - l'axe AGE - RAGE pourrait e mpêcher la réparation parodon-
chez le diabétique . tale chez le diabétique.
De fortes indications de relations bidirectionnelles entre les mala- L' infec tion paroclontale inlluence l'insul inorés istance.
dies paroclontales et le diabète existent clans la li ttérature. Le rôle de L'i nfection paroclonta le chro nique entraîne une aug mentation
264 PARTIE 7- DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
Membrane
Implications cliniques
.... RÔLE DU TRAITEMENT PARODONTAL
SUR LE PROFIL GLVCÉMIQUE DES PATIENTS
DIABÉTI UES
Noyau
L'effet positif du traitement parodontal sur le contrôle de la glycé-
mie repose sur un niveau de preuve limité. Le traitement parodontal
est connu pour entraîner une baisse des taux sériques de médiateurs
RAGE
de l ' inflammation (1L6, TNFa, CRP) [ 11j. Par cc biais, le traitement
Cellules endothéliales AGE parodontal pourrait avoir un effet sur l'insulinorési stancc ct donc
Monocytes/ sur le contrôle de la glycémie. Plusieurs méta-analyses ont montré
macrophages
qu' un traitcmem parodontal efficace réduisait le taux d ' HbA 1c. La
première méta-analyse regroupait les résultaL~ de plusieurs études,
portant sur 456 patients, avec une réduction d' HbA 1c de 0,66 %
après traitement parodontalnon chirurgical [7 j. En 2008, une autre
méta-analyse de 9 études, portant sur 485 patient s, rapportait une
réduction de l ' l-lbA l e de 0,46 % après le traitement parodontali28 1.
Interactions AGE/RAGE dans le diabète. Les pro- En 20 10, deux méta-analyses rapportaient également une réduction
téines AGE ont un pouvoir chimiotactique sur les monocytes et les de 0,40 % [ 191 après traitement. Il semblerait même que le traite-
macrophages. Elles se lient spécifiquement à des récepteurs appelés ment parodontal chirurgical se traduise par une baisse supplémen-
RAGE (receptor for AGE, immunoglobuline de 50 kD) ou MSR (macro- taire de 0,25 % d' HbA 1c. Le mécanisme de cette réduction repose
phage scavenger receptor) situés à la surface de ces cellules. Les certainement sur la diminution de l ' inflammat ion systémique avec
monocytes et macrophages produisent alors des radicaux libres oxygé-
des niveaux en baisse de TNFa et d' l L6 [25] . Ces observations sont
nés et des cytokines pro-inflammatoires en quantité plus importante que
la normale. Compte tenu de l'importance des monocytes/macrophages importantes car la réduction d' HbA 1c est associée à une diminu-
et de leurs produits dans la pathogénie des parodontites, la destruction tion des complications du di abète. Ccpcndam, un essai clinique ran-
parodontale est accélérée. domisé à 6 mois a montré, chez 5 14 patients atteint de diabète de
type 2 (HbA 1c entre 7 ct 9 %) ct de parodontite modérée à sévère,
qu' un traitement parodontal non chirurgical (test 11 = 257) comparé
à une absence de traitement (contrôle n = 257) ne pouvait améliorer
des taux sériques de T NFa, ct d ' 1L6. Dans une étude portant sur
le contrôle de la glycémie [8 1. On notera que la réduction moyen ne
46 sujets atteints de diabète de type 2 ct de maladies parodontales,
de profondeur de poche est de 0,28 mm, ce qui semble relati vement
il a été prouvé une association positi ve entre les pertes d' auache
limité. Néanmoins, il est difficile de conclure quant à l'el1icacité du
(supérieures à 4 mm) ct l es taux sériques de TN Fa [2]. Une autre
traitement parodontal sur le contrôle de la glycémie.
étude réalisée en France L6J a montré que l ' augmentation de l 'insu-
linorési stance était liée à la parodontitc sévère. Cette associati on
est amp li fiée par le tabac. L' ensem ble de ces interactions est pré- .... SPÉCIFICITÉS DU TRAITEMENT PARODONTAL
senté schémati quement dans l a li gure 27-4. L'insulinorésistance CHI=7 Il= P-1\TIENT DIAB~TIC::lln:
est alors affectée directement (par les récepteurs de l ' insuline) ou
indirectement (par l ' augmentation de CRP) et le contrô le de l a gly- Il faut diflërencicr les diabètes déjà di agnostiqués des diabètes
cémie est perturbé. inconnus L4J .
+
Adipokines
Obésité
Tissu adipeux
Interaction
Dérégulation
des réponses
inflammatoires -! Tabac
j
AGE/RAGE
1 Production accrue t ~
Maladies
parodontales
t
-
Diabète de cytokine
hyperglycémique Cytokines pro-
inflammatoires Biofiim
Fonction altérée
des PMN
1 MMP
Apoptose altérée
Figure 2'l Relation bidirectionnelle entre diabète et maladies parodontales. D'après Preshaw et ai. [23.1.
•
l
266 PARTIE 7- DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
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-
Tabagisme
Charles Micheau
Nitrosamines
co irritant + cancérogène
hypoxie sang + muscle
Dioxines
Benzopyrène cancérogène
goudron cancérogène
Acroléine
Polonium
radioactif {1/2 vie > 1 000 ans)
<1111111•• L.----irritant
Nicotine
Cadmium addictive
accumulation
Figure 2 Anato mie d'une cigarette. La fumée contient plus de 4 000 substances.
une identi fication par culture, n'ont pas dégagé de di fférence de com- Effet du tabac sur la vascularisation
position du microbiote sous-gingival (pour des poches> 6 mm) pour
les espèces Aa, Pg, Pi 120, 28 1. De même, les évaluations utilisant gin ivale
les sondes A DN n'ont pas montré de différence entre fumeur et non
fumeur pour les parodontopathogènesAa, Ec, Tj; Fn et Pi. À l ' inverse, Les études sont aussi contradictoires sur le suj et. Des études por-
d' autres équipes ont trouvé des différences clans le profil microbiolo- tant sur la nicotine et la microcirculation gingivale n'ont pas mon-
gique des patients fumeurs. Haffaj ee et Socrnnsky [8 1, utilisant une tré chez l 'animal de di fférence. Il faut noter que la nicotine n'est
technique d' hybridation ADN-ADN, ont. rapporté sur un échantillon qu ' une substance parmi 4 000 de la composition de cigarette ct qu ' il
de 272 pat ients une augmentation de la prévalence de huit espèces est di ffi cile d'en tirer une extrapolation. M orozumi et al. 115 1, dans
chez les patients fumeurs. La même année, van Winkelhoff et al. 129 1 une étude par Laser-Doppler, ont apporté cieux informat ions impor-
ont montré une plus forte proportion de Pi, Fn et Pm chez les fumeurs. tantes : d ' une part la consommation diminue la microcirculation
Il semblcmit que les études démontrant un plus grand nombre d'es- gingivale, et d'autre part l ' arrêt du tabac permettait à 3 jours une
pèces parodontopathogèncs chez les patients fumeurs soient les plus augmentation de la vascularisation gingivale, indiquant de ce fai t
nombreuses, mais il n' existe pas cie consensus actuellement. la capacité de revascularisation rapide après le sevrage tabagique.
Histologiquement, il a été remarqué que la proportion des peti ts
vaisseaux comparée aux vaisseaux plus l arges était plus importante
chez les fumeurs comparati vement aux non-fumeurs.
Effet du tabac sur le biofilm
Les premières études sur la formation cie plaque chez les patients
fumeurs concluaient à une plus grande formation 12 11. Cette dif- Tabac et alvéolyse
férence a été invalidée par des études plus récentes ajustant les
différents facteurs de risque I l l ]. On peut clone conclure que la Dans une étude cie cohorte, avec un suivi à 10 ans, Bergstrüm a
formation de plaque est identique entre fu meurs et non-fumeurs. analysé l 'os alvéolaire intcrproximal à l'aide de radiographies stan-
La consommation de tabac a également comme effet secondai re, dardisées 12]. L'étude portait sur 95 patients ( 19 fumeurs, 28 anciens
d'ordre esthétique, d'augmenter les colorat ions de surface des dents fumeurs ct 44 non-fumeurs), les radiographies étant réalisées sur
(Figure 28-2). les prémolaires maxillaires ct mandibulaires. L' analyse des résultats
Figure 21 Colorations des dents chez le fumeur. a) Vue palatine. b) Vue linguale. (Document Philippe Bouchard.)
CHAPITRE 28- TABAGISME 269
montrait une perte osseuse 2,7 fois plus importante chez les patients breux auteurs que le tabac diminuait l'explosion respirato ire [251. Il a
fume urs ainsi qu ' une perte osseuse identique entre non- fumeurs et également été observé chez les fumeurs une diminution de la mobilité
anciens fumeurs. Dans une éwdc prospective plus récente, utilisant des neutrophiles ainsi qu'une diminution de leur chim iotact.i sme.
la radiographie digiwle, Rosa el al. [22] ont montré chez des patients
jeunes (moyenne 20,5 ans), à 18 mois, que les patients fume urs avaient
une alvéolyse plus importante que les non-fumeurs ct que, par ailleurs,
la densité osseuse dans le groupe test était également dim inuée.
Tabac et fonction lymphocytaire
Les résultats concernant le nombre de cellules T CD4 chez le fumeur
sont controversés. Tl a été rapporté une augmentation, une diminu-
Tabac et inflammation gingivale tion, peu ou pas de diftë rence. Loos et al., en 2004 [ 13], ont comparé
112 adultes (76 présentant une parodontite et 36 sujets contrôles) répar-
La conséquence d irecte de la d iminut ion de la microcirculation tis en tJOis groupes (non-fumeurs, petits fumeurs ct gros fumeurs). La
chez le fumeur est la minoration de la réaction innammatoirc 119 1 numération des leucocytes montrait une augmentation significative chez
parallè lement à l'effel vasocons tricteur du tabac [4] (Figure 28-3). les gros fumeurs, indépendamment de l'atteinte parodontalc. Les mêmes
Le coroll aire c li nique est la réduction du saignemen t au sondage auteurs n'ont pas noté de différence entre la prolifération des cellules T
chez le patient fume ur. Bergs t.ro m et. Bostrom, en 2001 r 1], ont com- entre fumeurs et non-fumeurs. En ce qui conceme l'immunité humorale,
paré, sur des patients atteints de parodonti tes de même sévéri té, la aucune cliflërence n'a été mise en évidence dans les fonctions des ccl-
différe nce de saignement au sondage entre fumeurs el non- fumeurs : Iules B entre fumeurs et non-fumeurs [24]. Pour les cellules N K (natund
l' indice de sai gnement était de 19,0 chez les fu me urs contre 32,0 kilien), il a été montré une diminution de ces cell ules dans la circulation
chez les non- fumeurs. li a également été démontré un effet dose- des patients fumeurs caucasiens et cette diminution n'était pas retrouvée
dé pendant dans cette réduction 15J. chez les paLienL~ afro-américains r26].
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Stress
Dominique Guez
acteurs primord iaux de l' immunité innée au niveau parodontal, o nt une caracté ristique protectrice en présence d ' importants pro blè mes
été observés chez des ind ividus ayant présenté une mani fes tat io n fi nanciers. Ces résultats suggère nt que la capac ité individue lle d e
symptomatique de G UN r6J. Or les niveaux élevés de g lucocon i- fai re face à des événeme nts s tressants joue vra isemblab le ment un
coïdes re flètent l'activation permanente d ' un axe de répo nse au rô le dans la progressio n d ' une malad ie parodontale, des stratégies
stress, l'axe HPA pour hypo physe-hypothalamus-cortex surrénal (en d ' ajustement i nadaptées ~ la situatio n avers ive étant associ ées ~ des
ang lai s : hypotlwlamic-pituitGiy-adrenal axis). formes plus sévères ou évolutives de parodontitcs Il 0, 14].
Cependant, l'étal aclllcl des connaissances ne perme t pas d' ap- Cette étude n' a toutefois pas cherché i1 évaluer l'i mpact d ' autres
préhender la complexité des mécanis mes par lesque ls le stress caracté ristiques individuelles qui peuvent éga lement rendre plus ou
é motionne l peut agir sur le cours évoluti f d ' une paroclontite, et ce moins vulnérable un individu face à une s ituatio n perçue co mme
d'autant que certaines études n' observent aucune corrélatio n entre menaçante. Parmi ce lles-ci, des traits de personnalité/dispos itio ns
des contra intes psychosociales et les paroclo nlites [5]. Ces résul- sont cons idérés com me des facteurs import:mls soit négat ivement
tats contradictoires peuvent s ' expl iquer par la comple xité d 'évaluer (sty les de vie à risque, hostilité, anxiété-trait, dépression), soit
l' impact de ces facteurs clans le cadre de pathologies plurifacto- protecteurs (estime de soi , lieu de contrôle , optimis me). Certaines
ricllcs (variables paroclontalcs cho isies, dé fi nition d ' une parodonlite, dimensions de la personnal ité placées dans un environnement parti-
outi ls psychométriques, etc.), car il ne suffit pas de elire q ue l' on est culier pe uvent induire une vulnérabilité à une pathologie . Une illus-
stressé, la résonance des aléas de la vic passant par diffé rents fi ltres tration est fo urn ie, au niveau cardiovasculairc, par les ind ivid us dits
dont la personnali té et la présence d ' un soutien social. de type A (impatients, a mbitieux, hostiles) qui , p lacés clans un envi-
Les observations effectuées sur une population d ' A mi sh vivant e n ronnement compétitif, sont fortement stimulés, et voient certains
dehors des aléas de la vie moderne et a priori peu soumi se au stress de leurs compo rteme nts re nforcés. Les mod ifi cations somatiq ues
qu 'e lle entraîne sont souve nt mentionnées com me exemple. En (hypertensio n artérie lle, etc.) associées ü ces réactions exacerbées
effet, les indi vidus adultes, e n dépit d' une mauvaise hygiène orale, indu iraie nt une vulnérabil ité coro narienne, comme l' a mo ntré une
présentent une faib le prévalence de paroclonti tes [2] . Toutefo is, cette étude de cohorte .
populatio n assez homogène d ' un point de vue génétique, car issue Au niveau paroclontal, ces u·aits de personnalité ont été pris
de régions e uropéennes très circonscrites et se mé langeant peu, peut récemment en cons idération dans une étude transversale portant sur
présenter des facte urs de résistance naturels. 1 000 sujets, où l'évaluation du stress a été faite à trois niveaux : les
Q uoi qu ' il en soit, si l' o n cherche ~ é valuer l'impact des facteurs agents slJ'e sseurs ou événe ments de vie majeurs a insi q ue certaines
psychosociaux su r les maladies parodontales, il est logique d 'étudier caractéristiques individuelles, les facteurs modulateurs ou encore
en premier lie u les agents stresseurs pote ntiels. C'est pourq uo i des médiateurs, ct les réponses. Parmi les élé ments contextue ls, les pro-
lie ns entre maladies parodo ntalcs ct événe ments majeurs de la vie blèmes financiers et professionnels apparaissent associés ~des pertes
(nombre, gravité, etc.) o lll été recherchés dans beaucoup d ' études d' attache plus sévères après ajustement avec l' âge, le sexe, le taba-
avec plus ou mo ins de s uccès. Ces événe me nts incluent les pro- gisme. La dépression-état, mais également l' anx iété-trait ou l' humeur
blèmes professionnels, conjugaux, fam iliaux, financiers, méd icaux, dépress ive, com me des stratégies d ' ajustement inadaptées sont autant
sociaux, tand is que les soucis quotidiens sont c lassés comme« agres- de caractéristiques indi viduelles ou de médiateurs q ui apparaissent
s io ns mineures >> . Dans nombre d ' élUdes cas-témoins, les contraintes également comme des indicateurs de risque significatifs pour la perte
profess ionne lles et marita les ct, dans une moindre mesure, les pro- d'attache. À l' inverse, si les individus présentent des stratégies d' ajus-
blèmes de santé apparaissent significativement associés à des lésions tement centrées sur les problèmes ou des traits anxieux ou dépressifs
parodontales plus sévères r171. faibles, les événements stressants semblent avoir alors moins de réso-
Cependant, la plupart de ce-s études n'évalue nt pas les facteurs nance, 1' impact sur la perte cl' attache étant moindre [ 16].
indiv iduels qui modu lent la perceptio n de ces é vé nements stressants,
ni leur résonance émo tionnelle. C' est pourquo i, par la suite, l' ide n-
tification de certains traits de caractè re ou états psycho log iq ues a
été intégrée. Ains i, dans une étude cas-témoins, deux facteurs, la Prise en charge
dépression et la sensation d ' isole ment, semblent d istinguer le g roupe
atte int d ' une forme agress ive de par oclontite d ' un g roupe témoin ct La prise en charge des maladies parodontales au meme titre que
d' une population alleinte d ' une forme chronique 1131. d'autres patholog ies multifactorielles, co mme les maladies card io-
Une étude transversale très complè te me née dans le Comté d ' Eri c vasculaires, la polyarthrite rhumatoïde, les cancers ou le psorias is,
(New York), sur un échantillon de 1 426 patien ts (25 à 74 ans), requiert d' intégrer clans une même approche les différents facte urs
montre que, parmi toutes les tens ions quotidiennes, le stress associé affectant la santé. La mise au point d 'outils psyc ho métriques permet
aux contrai ntes finan cières et~ l'état de dépressio n, apparaît comme aujo urd' hui une approche pl us complète de l'étatde santé du patie nt
s ig nificativement en rapport avec des destructions paroclontales plus en intégrant la d imens ion psychosociale . L' utilisation de ces outils
importantes, après ajusteme nt sur l'âge, le sexe et le tabagisme [3]. o uvre de nouvelles perspect ives, notamme nt dans la compréhen-
Les auteurs se sont ensuite intéressés aux stratégies d'ajus tement sion de l' influence, favorable o u dé favorable, de ces facteurs psy-
élaborées par les individus face aux situations stressantes (coping), chosociaux, démarche déjà entamée po ur les cancers, les affections
cons idérant qu' il en exi ste deux grands types : l' un << centré sur au to-immunes, les malad ies inflammatoires et les card io pathies.
l' émotion >>, autrement d it passif ou év itant, et l' autre« cenlJ'é sur les C lin ic iens, nous observons tous les jours, à niveau de facteur é tiolo-
problèmes>>, ou encore actif ou vig ilant 11J. Leur é valuation révèle g ique princi pal équ ivalent, l' initiatio n o u l'évolution différe nt ielles
que, parmi les sujets soum is à d ' importants problèmes financ iers, les de patholog ies paroclontales. Si nous voulons o pti miser la prise en
personnes tentant de les s uppo rter et/ou de les év ite r (scores élevés charge des personnes malades, et p romouvoir les comportements
elu coping centré sur l'émotion ou faibles scores du coping centré sttr de préservation de la santé, no us devons égaleme nt apprendre ~
le pmblème) ont un risque de destructio ns paroclontales plus impor- percevo ir les tensions ct réac tions inadéquates face à l' advers ité
tantes. A contrario, le fait de déployer des efforts pour mod ifi er la chez un patient. Les données scienti fiques actuelles montre nt que
s ituation stressante (coping centré sur le problème) semble être les facteurs psychosociaux fo nctio nnent probable ment comme des
CHAPITRE 29- STRESS 273
cofacteurs dans nom bre de situations, mais il n'est pas aisé de les 4. Bruchon-Schwcitzer M. Psycho logie de la santé. Modèles, conce pts
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Facteurs aggravants locaux
Dominique Guez
"" Encombrements dentaires. Noter la difficulté de nettoyage des surfaces dentaires due au non-alignement des dents. (Document
Jean-Louis Saffar.)
d ienne, ces espaces étroits seront diffic iles à gére r clans le cadre d' un MALOCCLUSIONS
traite ment et cette << promiscuité>> radicu laire peut, en cas d'atteinte
parodontale, rapidement engager le pronostic de la dent adjacente Certaines malocclusions, notamment lorsqu'à la s uite d'un déca-
(Figure 30 -2). lage des bases sque lett iques le surplomb ct le recouvrement sont
augmentées, peuvent induire au niveau des incisives max ill aires des
récessions palatines provoquées par le « poinçonnement » répété du
bord libre des incisives mand ibula ires. Des situations extrêmes de
classe Il divisio n 2 peuvent également générer des blessures paro-
dontales de type récessions sur les faces vestibulaires des incisives
mand ibulaires (Figure 30-3) .
Les variations rad iculaires sont infin ies ct intéressent aussi bien
la forme que .le nombre de racines. Ces petites particularités ana-
tomiques, souvent difficilement détectables à l'examen cl inique o u
radiographique, peuvent parfo is affecter la santé du parodonte adja-
cent en créant localement une zone de vulné rabilité . Aujourd ' hui ,
e n cas de contexte clinique d iffi c ilemelll explicable, l' imagerie,
notamment g rftce à la tomographie volum ique à fa isceau conique
(erme beam), apporte une aide au diagnostic considérable. Il dev ient
Proximités radiculaires. La finesse de l'os alvéolaire possible de visualiser en troi s dime nsions un périmètre bien défini ct
interdentaire explique la rapidité de progression de la destruction ainsi de révéler une particularité anatomique avec un rapport coût/
osseuse. (Document Dominique Guez.) bénéfice/sécurité acceptable.
Importante supracclusie entraînant une impaction du bord libre des incisives mandibulaires dans le palais et contribuant
à la perte d 'attache des incisives maxillaires. a) Vue en occlusion. b} Vue palatine des incisives maxillaires. Noter les récessions gingivales
palatines des incisives qui présentent perte d'attache et saignement spontané. (Document Philippe Bouchard.)
276 PARTIE 7 - DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
& Nodules d'émail localisés au niveau de la furcation entre les racines distovestibulaire et palatine. Diagnostic radiogra-
phique. (Docume nt Dominique Gue z.)
CHAPITRE 30 - FACTEURS AGGRAVANTS LOCAUX 277
u Sillon gingivopalatin sur une incisive centrale maxillaire. Note r l'inflam- Sillon gingivopalatin s ur une incisive
mation discrète associée à la perte d'attache sous-jacente . (Document Jean-Louis Saffar.) laté rale maxillaire. (Document Jean-Louis Saffar.)
Les nodu les plus ou moins sphériques, appe lés parfois perles J
d 'émail (Figure 30-5), sont q uant il eux des formations ectopiques
L es déc hirures cémentaires sont appa.re ntées à des fractures radicu-
s ituées à la surface des racines, e t dans de rares cas ~~ l'intérieur de
lai res et se tradu isent par une séparation complète ou incomplète d'un
la de ntine où e lles prennent alors le nom de perles intrade ntaires.
fragme nt de cément le long de J'interface cémento-clenlinaire [ 18]. Ce
Moins fréquentes que les projections d 'éma.il , le ur prévalence
type de lésions, peu fréquent, s'accompagne au niveau paroclontal de la
moye nne est de 2,69 % 1211. Le plus souvent uniques et essentie l-
présence d ' une poche d 'apparition soudaine avec une pe rte d ' allac he
lement observées au ni veau des molaires maxi llai res, elles sont
loe<ùisée dont la progress ion est rapide. Ces fractures cémc ntaires
localisées préférentiellement au niveau de la zone de furcation des
sont fréquemment observées à partir de la jonction amélocémentaire,
de uxiè mes e t troisièmes molaires e ntre les racines distovestibulaire
probable ment e n raison de certaines caractéristiques de cette zone de
c t palatine (Figure 30-6). Les perles vraies, formées unique ment
jonction (fragil ité constitutionnelle de l'interface céme nto-cle ntinaire).
d 'émail, possèdent globale me nt toutes les carac téristiques structu-
Ces lésions affectent essentie lle ment les dents monoradic ulées, el plus
re lles de l' é mail coronaire, avec cependant une organisat ion moins
patticuliè rcmc nt les incisives et les prémolaires l l 8J. L'étiologie reste
régulière, e t de ce J'ait doivent ê tre considérées comme le résultat inconnue, notamment e n raison du faible nombre d 'études, mais les
d'un trouble du développe ment plus de type pos itionne! e t temporel trauma tismes, les surcharges occlusales, l'épaisseur du cément c t la
que structurc ii3 J. Il ex iste cependant des perles composites avec un diminution des capacités de réparation associée à l'âge sont considérés
noyau de ntinaire e t parfois un axe pulpaire. comme des fac te urs plausibles. Dans une étude rétrospective rnulti-
centrique, L in e t al. ont observé que les déchirures cémentaires s'ob-
servaie nt plus fréquemment chez les hommes, notamment de plus de
F réquemment, les crêtes marginales des incis ives latérales maxil- 60 ans, e t que l' attrition était un l'a cteur prédisposant [1 8]. D'un po int
laires déte rmine nt un sillon à le ur jonction avec le cingulum. Ce de vue clinique, le diagnostic re pose sur la présence d'un gonfle me nt
si llon coronaire pe ut sc prolonger sur la racine e n un sillon gingi- tissulaire, d' une poche étroite e t profonde au niveau d' une de nt géné ra-
vopalatin (Figure 30-7). La pré vale nce de cette anomalie varie de lement vivante, accompagnés de l'objectivation radiographique d'une
2,35 il 4,6 % selon les é tudes e t affecte dans 93,8 % des cas les destmction osseuse e t d'un fragment radio-opaque à la s url~tce radic u-
incis ives latérales max illaires. Dans la plupa.rt des cas, ce sillon se laire. Lorsque la s ituation clinique le perme t, l'élimination du fragment
situe au m ilie u de la face palati ne (Fi gure 30-8). Cette anomalie qui donne de bons résultats et autorise la conservation de la de nt [9].
se ra pproc he de celle de la<< dent invagi née>> correspond il une inva-
g ination de l'épithélium dentaire interne el de la gaine é pithéliale Î u
de He rtwig qui forme ainsi un si llon qui s ' é tend plus ou moins lo in Le choix d u traiteme nt et le pronostic, lorsqu'il existe une atteinte
vers l'apex r8l. Ces sillons représente nt des réservoirs bactérie ns de la zone inter-radicu laire molaire, dé pe nde nt non seule ment de la
inaccessibles au patient e t au praticie n, el re présente nt un écosys- sévérité de l' atteinte e n te rmes de développe ment horizontal défi nie
tè me propice au déve loppe me nt de certaines espèces bactérie nnes. par plus ieurs c lassi fications dont celle de H arnp e t al. ( 1975), de la
De fait, des ét.ucles ont mo ntré que l'accumulation de p laque était s ituation de cette perte cl' attache clans le plan vertical pa r rapport il
plus importa nte et les paramètres c li niques moins bons au niveau de la hauteur radic ulaire (classification de Tarnow e t Fletc he r, 1984),
ces s illo ns. Le ur présence est s ig nificativeme nt assoc iée il des pe rtes mai s également de la hau te ur du tronc radiculaire. Cc dernier est
d ' attache plus importantes e t une corrélation ex iste e ntre la profo n- dé fini comme la zone anatomique formée par les racines entre la
deur de ces s iLlons et l' importance des lésions parodontales [ 12]. jonc tion amélocéme ntaire e t la furcation radiculaire. Afin d 'amél io-
lis compromettent l'efficacité d' un dé bride me nt e t le maintien de la rer le diagnostic el de donne r un pronostic plus réaliste, Hou e t al.
santé paroclontale, rendant le pronostic pour ces dents mauvai s 1S 1. ont développé une class ifi catio n fondée sur la hauteur elu tronc radi-
278 PARTIE 7 - DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
Tronc radiculaire court au niveau d 'une première molaire mandibulaire. a) Vue clinique. b) Image radiographique de la
lésion. On comprend pourquoi l'atteinte de la zone de furcation est rapidement engagée en cas de perte osseuse alvéolaire. (Document Philippe
Bouchard .)
CHAPITRE 30- FACTEURS AGGRAVANTS LOCAUX 279
Configuration anatomique de l'espace inter- Perte d'attache et récession gingivale sur une
radiculaire entraînant des difficultés thérapeutiques. a) Molaire molaire maxillaire chez un sujet atteint de parodontite chro-
maxillaire présentant une embrasure radiculaire étroite et des racines nique. Noter la combinaison de l'absence de tissu kératinisé, de l'in-
fusionnées. (Document Philippe Bouchard.) b) Difficulté du passage flammation gingivale et de l'accumulation de plaque. Cette patiente,
de la curette en cas de furcation étroite. (Document Jean-Louis Saffar.) dont le brossage est médiocre, évite en plus ce site lors de son
hygiène quotidienne et contribue ainsi à aggraver la situation clinique.
(Document Dominique Guez.)
correcteurs at1 n de prévenir une perte tissulaire 1291. Parmi ces situa-
tions, on retiendra le projet de restaurations ou reconstitutions dont
mise en œuvre de cette restauration do it être respectueuse de l 'en-
les limites intrasulculaircs peuvent interférer avec l ' attache parodon-
vi ronnement parodontal ct ne pas empiéter sur cette interface dans
tale, ou la réali sation d' un Lraitement orthodontique dans un environ-
la mesure du possible. Cependant, certaines situations cl iniques
nement parodontal fin .
requ ièrent la réalisation de limites intrasul culaires, ct seule une éva-
luation précise des différentes composantes du parodonte adjacent
à la denL permettra, le cas échéant, de préparer cet environnement
Les récessions parodontales, en dehors d'une demande d'ordre parodontal. Un projet cohérenL, des procédures respectueuses de cet
esthétique émanant du patient ou d' une hypersensibi lité associée, environnement et une qualité d'exécution permetlront de prévenir au
doivent être prises en considération et identifiées comme facteur de maximum une migralion apicale du système d'attache.
risque local si elles interlèrent avec les procédures d'hygiène orale,
s'i l ex iste un proj et de restauration, de trai tement, ou encore en cas
_,_. __
de traction exercée par des brides ou freins. Fréquemment, les réces-
De nombreuses études ont montré que l'inadaptation des limites
sions s' accompagnent d' une réduction locale de l ' hygiène orale, le
inlrasulculaircs d'obturations, on/ays ou couronnes, avait des réper-
patient cherchant à éviter, pour des rai sons de confort, cette zone.
cussions sur les tissus parodontaux adjacems (Figure 30- 13). Cette
L' accumulation de plaque bactérienne et la réaction inflammatoire
inadaptation peut revêtir un aspect quantitatif lorsque le matériau
induite aggravent alors la récession (Figure 30- 12).
exhibe un sur-comour, ou qualitatif lorsque l 'adaptation de ce maté-
pri..O ·-1 -
riau est faibl e et/ou son état de surface mal poli. Les obturations en
sur-contour favorisent la rétention de la plaque et agissent de façon
Les insertions frénales peuvent représenter une siwation anato- synergique avec une hygiène orale insuffisante. Par voie de consé-
mique à ri que si elles sont hautes situées, en présence d'un mor- quence, ces défauts d' adaptation sont associés à une exacerbation
photypc parodonta l fin et le cas échéant d ' un vestibule court. En de l'infl ammation et une aggravation de la perte d' attache 1141. Une
cc cas, la traction que va exercer la musculature sur cette bride va con ection de ces sur-contours se traduira par une amélioration assez
se répercuter sur le parodonte et contribuer à la perte d' attache par rapide des paramèLres cliniques 171. S' ils ne sont pas corrigés, leurs
formation ou aggravation d ' une récession parodontalc. effets vont s'estomper au fur ct à mesure de la progression des des-
tnlctions, les << réservoirs bactériens >> qu ' ils constituent se situant
alors de pl us en plus à distance des tissus parodontaux 1141. Ces
limites inadaptées sont malheureusement fréq uentes, leur prévalence
Facteurs iatrogènes oscillant enLre 18 et 87% selon les études et le moyen de diagnostic .
La préservation d' un système d'attache sain est un des facteurs La si tuation des limites cervicales influe directement sur la santé
clés pour le pronostic à long terme d' une dent restaurée. Aussi, la du parodonte adjacent, l'interface restauration/dent représentant
280 PARTIE 7- DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
Conséquences de limites cervicales d 'une restauration prothétique empiétant sur l'espace biologique. Sujet masculin
de 28 ans consultant en vue d'une amélioration esthétique suite au scellement, 5 ans auparavant, de la couronne céramo-métallique sur 11.
a) Situation préopératoire. Noter le biotype gingival fin. b) Situation post-opératoire après greffe de tissu conjonctif enfouie et réfection de la pro-
thèse. (Document Philippe Bouchard.)
CHAP ITRE 30- FACTEURS AGGRAVANTS LOCAUX 281
Facteurs comportementaux com me les mobil ités, des versions voire des migratio ns dentai res.
Les fo rces exercées par la m usculature linguale, a u même titre que
• 12ESPII2ATIOf\l Rll("'r.ALE certains contacts occlusaux exagérés, ne semb le nt pas ê tre direc-
te me nt des fac te urs aggravants pour la maladie parodontale e lle-
Un certain nombre d'études évoque nt le rôle de la respiration buc- même. Les effets de ces forces ne sont pas liés à l'aggravation de la
cale, au moins comme cofacteur, dans l'exacerbation de l' infl am- malad ie e lle-mê me, mais a ux capacités d ' adaptation a ux contraintes
mation g ing ivale, e t ce indé pe ndamment de la qua nt ité de plaque du parodonte qui pe rs iste nt même s' il est réd uit. Cependant, l'aug-
présente. A insi, des e nfants, adolescents ou je unes adultes soull'ra nt me nta tio n de la mobili té de certaines de nts peut sc traduire par une
d'affections respiratoires (syndrome d'apnée obstructive elu som- réaction d 'évi te me nt lo rs des ma nœ uvres de brossage qui va entraî-
meil , asthme, e tc.), souvent associées à une respiration bucca le, ont ner secondaire me nt une accu mulation supplé me ntaire de plaque.
un niveau s ignificativement plus é levé d 'i nflammation g ingivale que
des groupes contrôles 124, 25 1. L'asthme illustre bie n le rôle putatif .... AUTOMUTILATIONS ET AUTRES MANŒUVRES
de la respiratio n buccale sur la santé parodontale, mê me s' il ex iste DÉLÉTÈRES
des controverses sur le rôle de la maladie e lle-mè mc ou des compor-
tements associés [27]. En e ffe t, les patie nts asthmatiq ues présentent Les tissus parodonta ux, notamme nt chez les e nfa nts, les adolescents
de façon s ig nificati ve une te ndance à la respiration buccale 124 , 25 l, e t les je unes adultes, sont parfois l' obje t de blessures auto-infl igées
cl la plupart des é tudes transversales ou lo ngitud inales montrent que d ' origine accidentelle, associées à une habiwde chronique parfois
ces patients ont une inflammation gingivale plus sévère, notamme nt devenue une activité compulsive, voire liées à une inflictio n. Ainsi,
da ns la région anté rie ure maxi llaire. Une réduc tion du llux salivaire des obje ts aussi di vers que des stylos, c rayons, lune ues, couteaux, fi 1
qui trouve son orig ine non dans la maladie elle-même, mais da ns les de soie, etc., pe uvent, associés à certains comportements, avoir un
e ff'e t.s secondaires des polymédications e t la déshydratation assoc iée à impact d irect da ns le sens d ' une blessure mécanique, ou ind irect e n
la respiration buccale sont les raisons principale ment évoquées quant ta nt que vecte urs d 'une contamination bacté rie nne sur les tissus paro-
à ceue prévalence a ugmentée des pathologies paroclontales, même si dontaux.
certaines pistes immunitaires sont é voquées [3 1] . Le flu x salivaire est L'onychophagie est un comportement relativement fréque nt c hez
un é lé ment très importa nt dans le maintie n de la santé orale et notam- les e nfants et les adolescents, la prévalence é tant estimée respecti-
me nt paroclo ntalc, e n raison de son rô le de lubrifia nt qui maintie nt vement à 30 à 45 %, avec un pic de survenue dans la tranc he des
l'i ntégrité tissulaire, mais également par son action a ntibacté rie nne 10- 18 a ns [30]. Ce comporte me nt, sans conséquence dans ses expres-
(immunog lobuline A l lgA I, lysosyme, lac toferrine, hislatinc, etc.). sions m inimales, peut dès lo rs qu'i l devie nt ha bituel, chronique et
L'ensemble des élUdes, notamme nt scandinaves, conclue nt sur la étendu, revêtir un caractère pa thologique et devenir un vérita ble acte
nécessité de mellre e n place des protocoles de mainte nance adaptés automutila teur souvent associé à une très forte anxiété. Se<< ronger »
c hez ces pa tients a fin de réduire le ri sque carieux e t pa rodontal. les ong les peut ains i provoque r des blessures parodontales qui se tra-
duiront de façon très localisée par une im porta nte infl ammalion g in-
PIILSION liNGUALE giva le, une récession paroclontalc, une perte d' attache, un abcès, des
fragme nts d' ong le é ta nt mê me parfo is re trouvés dans les tissus ll 6 j.
L' interposition linguale lors de la déglutition pe ut exercer des La pratique des body-piercings a forte me nt progressé ces der-
e ffe ts dé lé tè res au nivea u des de nts antérie ures, surtout si ces de nts nières années e t le ur prévale nce varie selon les pays ct les « com-
présente nt un pa rodonte réduit. Les effets seront d'auta nt plus sen- muna utés » (de 6 à 15 % clans une popu lation géné rale, el de 5 à
sibles q ue le << bras de levier » sera important, la distance e ntre le 50 % c hez les adolescents e t j eunes ad ultes pour les Éta ts-Un is et
po int d ' applica tion de la fo rce et le point de rotat ion de la dent aug- l' Europe), le << cœur de cible >> é tant la jeune fem me de mo ins de
me ntant a vec la résorption osseuse. Les e ffets de celle inte rposi- 24 ans. La face a pparaît comme le s iège préférentiel de ces orne me n-
t io n se tradu isent par une e xacerbation de ce rtains s ignes cl iniques, tations, la prévalence des piercings oraux ou péri-oraux é tant esti mée
Réces s io n s gingivales s ur 41 dues à l'action tra uma tique d ' un piercing d e la la ngue c o mb inée avec un biotype g ing ival
fin che z une je une fe mme. On note ra la présence de tartre loca lisé s ans doute associé à une diffic ulté de brossage liée a u piercing. (Document
Fra ncis Mora.)
282 PARTIE 7 - DÉTERMINANTS DES MALADIES PARODONTALES
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Maladies parodontales
et autres maladies
Direction scientifique : Hélène Rangé et Philippe Bouchard
Ces dern ières années, un intérêt grandissant est apparu pour le Des études prospecti ves et cas-contrôles suggèrent une associa-
potentiel d'association entre maladies parodontalcs ct d'autres affec- tion entre parodontitcs ct cancer orod igcstifs ct du pancréas. Toutes
tio ns telles que les maladies respirato ires, rénales, cardiovasculaires, ces études indiquen t une association positive avec des odds-ratios
les troubles de l'érection, la pré-éclampsie, le risque d'accouche- ou des ri sques relatifs> 1. Le lien entre les deux affections a aussi
ment prématuré, l'ostéoporose, la ma lad ie d'Alzheimer, l'obésité, été étu dié pour d'autres types de cancer. La perte dentaire et la mau-
le syndrome métabolique, les cancers et la polyarthrite rhumatoïde. vaise hygiène den taire ont été associées il des cancers du poumon,
Ces associations om fait, depuis une d izaine d'années, l'objet de de la prostate, hématologiques et d'autres encore. Des études épidé-
conférences de consensus 13, 41. li n'est donc pas absurde d'étud ier miologiques ct c lin iques robustes sont nécessaires pour renforcer les
l'association entre mortalité, toutes causes con fondues, et maladies preuves de cette association.
parodontales. li est difficile d ' interpréter ces résultats sinon en renouvelant
Un risque signilicati veme nt plus élevé de mortalité chez les sujets avec force qu'une association n'est en aucun cas un lien de causa-
atteints de parodontite semble se dessiner il la lecture de la p lupart lité. Néanmoins, l'association posit ive entre parodontitcs ct mor-
des études (Tableau 31-1). Une étude suédoise au sein d' une popu- talité semble ind iquer il nouveau que la santé parodontale pourrait
lation très âgée (âge moyen 80 ans) montre également une espé- être un excellent ct access ib le marq ueu r de santé. Cancers, mala-
rance de vie signiticativement diminuée chez les sujets présentant dies cardiovascu laires, maladies pu lmonai res et maladies pm·odon-
une parodontite sévère comparativement à ceux présentant une tales possèdent des facte urs/ind icateurs de risques communs qui
parodontite modérée [8]. Ainsi, toutes les études montrent une asso- sont le renet d'un style de vie venant étayer cette association. Cette
c iation positive, même si les critères em ployés pour évaluer l'état constatation ne peut qu'encourager la prévention des malad ies
parodontal varient d' une étude à l'autre. parodonta les.
Tableau 31·1 Augmentation du risque de décès chez des patients atteints de maladies parodontales.
Auteurs/année/pays Étude Suivi (ans) Nombre de sujets Âge (ans) Variable étudiée Augmentation du risque
~ DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
Plaque d'athérosclérose
calcifiée d'artère fémorale
Figure 32·1 Principales localisations de l'athérothrombose chez l'homme. (Documents Olivier Meilhac, Inserm U1148.)
Figure 32·2 Aspect anatomopathologique d'une rupture de plaque d'athérosclérose. La rupture de la chape fibreuse expose le centre
nécrolique (profondeur de la plaque, très inflammatoire et thrombogène) au sang circulant dans la lumière de l'artère coronaire avec risque de
formation d'un thrombus qui obstrue la lumière et peut provoquer l'infarctus du myocarde. (Document Laurent Feldman, Inserm U1148.)
CHAPITRE 32- MALADIES CARDIOVASCULAIRES 291
Figure 32·3 Imagerie diagnostique d 'une plaque d'athérosclérose coronarienne. Sur la coronarographie (a), la flèche jaune indique la
lésion imagée en échographie endocoronaire (b) lors du même examen. La coronarographie permet seulement de faire une " luminographie "•
c'est-à-dire d'opacifier la lumière artérielle, alors que l'échographie image la paroi de l'artère. C'est une notion fondamentale car l'athérome est
une maladie de la paroi vasculaire et non de sa lumière. En l'occurrence, l'échographie montre une plaque d'athérosclérose très épaisse et rom-
pue (rupture symbolisée par les flèches jaunes), alors que la coronarographie est faussement rassurante, montrant une diminution très limitée du
calibre de la lumière. (Documents Laurent Feldman, Inserm U1148.)
Tableau 32·1 Facteurs de risque de l'athérosclérose. Les facteurs de ct est probablement réversible. Les pl aques plus avam:ées corres-
risque communs avec les maladies parodontales sont indiqués en gras. pondent à une tcntat.i ve de cicatrisation par les cellules musculaires
lisses qui migrent de la média vers le cœur nécrotiquc et lipidique
Facteurs de risque non modifiables Facteurs de risque modifiables pour l'entourer. Elles prolifèrent et synthétisent des fibres de colla-
Âge Sédentarité gène correspondant au stade fibrolipidique de la plaque. Ces pl aques
Sexe Stress sont peu sténosantes et peuvent évoluer vers des plaques plus com-
Hypercholestérolémie familiale Consommation d'alcool plexes camctérisées par des calcifications ct/ou des hémorragies
Diabète Régime alimentaire dites intraplaques. Le caractère hémorragique des plaques est un
Indice de masse corporelle Tabagisme
Dyslipidémie Infections virales facteur important de leur vulnérabili té à la rupture [2 1j. On parle
Hypertension artérielle - Cytomégalovirus d' athérothrombosc quand un cai llot sangu in s'est formé suite à une
Taux de fibrinogène élevé - Herpès rupture de la plaque. Le plus souvent, les complications cliniques
Numération des leucocytes Infections bactériennes
sont reliées à l 'obstruction d'une artère à l 'endroit de la plaque ou
- Clamydia pneumoniae
- Helicobacter pylori bien en aval (embolisation), mai s auss i dans certains cas à la rupture
- Maladies parodontales de l 'artère suite à une dilatation ; c'est le cas des anévrysmes de
l ' aorte abdominale (voir Fi gure 32- 1).
Sténose
A
("
Hémorragie \
intraplaque
Plaques d'athérome non sténosantes
Vaisseau
normal Stries lipidiques
Anévrysme
\.. de l'aorte abdominale ./
v
Dilatation
•• Complications cliniques
(accident vasculaire cérébral,
infarctus du myocarde, etc.)
Figure 32·4 Évolution histopathologique de la plaque d'athérome chez l 'homme. (Documents Olivier Meilhac, Inserm U1148.)
~ PRINCIPAUX TRAITEMENTS DES MALADIES Association, si l 'association entre les mal adies parodontalcs ct les
CARDIOVASCULAIRES LIÉES M CV est indépendante des autres t'acteurs de risque, il n'est pas encore
À L'ATHÉROSCLÉROSE établi de lien causal après 30 ans de recherche et la puissance du lien
apparaît faible [19]. Enf1n, l' association positive entre maladies paro-
Les traitements médicaux actuel s visent 1) à diminuer les tau x dontalcs ct MCY varie selon le sexe ct les tranches d'âges étudiées,
de LDL, notamment par l 'u tilisation de statincs qui inhibent ct ne semble pas retrouvée pour les sujeL~ âgés de plus de 65 ans [8].
I ' HMG-CoA réductase (enzyme de synthèse du cholestéro l), 2) à
limi ter la thrombose (antiagrégants pl aqucttaires) ou bien l'hyper-
tension. L'aspirine ct le clopidogrel (Piav i x ~) sont les principales
molécul es prescrites. Enfin, des consei ls hyg iéno-di ététiques per-
Rationnel biologique du lien
mettent de combatt re la sédentarité, le développement du diabète, entre les maladies parodontales
de l 'obés ité, mai s au ssi de lutter contre le tabag isme. Les traite-
ments chirurgicaux peuvent t'aire appel au pontage, à l 'angioplas-
et l'athérosclérose
tie avec pose de stent et à l 'cndartériectomic, surtout au niveau
Les maladies parodontalcs sont à l ' origine de bactériémics ct
des carotides.
d'cndotoxérnies (lipopolysaccharides [LPS] des bactéries à Gram
négatif) transitoires. D ès lors, les effets à distance de ces expositions
répétées sont biologiquement possibles. Deux mécanismes majeurs,
Association entre les maladies irnmuno-in fl ammatoire (indirect) ct bactérien (direct), sont actuelle-
ment avancés et peuvent coex i ster (Figure 32-6) 1 26, 2B 1.
parodontales et les maladies 1. Les maladies paroclontalcs pourraient provoquer une réaction
cardiovasculaires immuno-in flarnmatoire sc traduisant par la product ion de médi a-
teurs et marqueurs pro-inflammatoires : CRP, interleukines, fibri-
En 1989, Mattila et al. ont publ ié une étude devenue princeps, éta- nogène, rnétalloprotéinascs matricielles (MMP), etc., par la produc-
blissant un lien entre santé dentaire et survenue d' lM 120]. Depuis, tion d'espèces réactives de l 'oxygène (stress oxydant) et. de facteurs
des méta-anal yses ont confirmé que le risque de survenue de MCV prothrornbotiques (t-PA, facteur de von Willebrand, p/asminogen-
est signi ficativcmcnt augmenté de 14 % (pour les études prospectives) activator inhibitor- 1, facteurs V Il ct V III de la coagulation), par
à 122 % (pour les études cas-contrôles) chez les sujets aneints d'une l ' aggravation de la dyslipidémic, par des réactions anticorps-
maladie parodontalc 12, 12, 14, 22]. Toutefois, sclon/'Arnerican Heart antigènes croisées, notamment entre les heC// shock ptvteùzs (HSP)
CHAPITRE 32- MALADIES CARDIOVASCULAIRES 293
Cellule _____j-iH:i-4--~
musculaire lisse
Formation - -'----'t-- -T-1;:-'
de cellules spumeuses
(macrophages gorgés
de gouttelettes
lipidiques)
b
Formation de la chape
fibreuse
Accumulation - --+rr+...-t+-""'---,-
de macrophages
Formation du cœur
nécrotique et lipidique
c
Figure 32·5 Mécanismes cellulaires de l'athérothrombose humaine. (Modifié d'après Ross R. Atherosclerosis-an inflammatory disease.
N Engl J Med, 1999, 340 : 115-126.)
bactériennes et humaines, et enfin par une susceptibilité génétique pour dire que cette augmentation influence réellement le développe-
partagée avec les MC V (gène ANRIL), favorisant le dévelo ppement ment ct/ou la progression de 1'aù1érosclérose et de ses conséquences
de l'atMrosclérose de façon indirecte 128 1. cliniques (lM, malad ies cérébrovasculaircs) [28]. La deuxième hypo-
2. Les bactéries parodontales, en se grefTam d irectement à une lésion thèse se fonde sur les preuves accumulées chez l' homme et chez l'ani-
vasculaire localisée ou ii l'endothélium activé, pourraient favoriser le mal (études in vitro el in vivo) que l' invasio n des tissus vasculaires par
recrutement des leucocytes (neuu·oph iles) et participer d irectement ü les bactéries parodontales participe au développement de la maladie
l'aù1érogenèse en impactant l' évolution vers des complications cLi- athéromateuse. Les parodontopaù1ogènes majeurs ont la capacité de
niq ues comme la rupture de la plaque d'aù1érome [2 1, 261(Figure 32-7). gagner les sites vasculaires via di fférents mécanismes : la transcytose,
S ' il est c lair que la réaction immuno-inflammatoire induite par les les brèches g ingivales iatrogènes (détartrage-surf'açage, avulsion, son-
maladies parodontales augmente le niveau systémique des médiateurs dage) ou quotidiennes (mastication, brossage, fil dentaire) et, enfi n,
inflammatoires impliqués dans l'athérogenèse, il manque de preuve via l'i nternalisation clans les leucocytes. Ces bactériémies sont cor-
294 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
Bactéries infectant
1 ......
Réponse lmmuno-inflammatolre
....··
Cytokines pro-
inflammatoires
les cellules endothéliales (foie, etc.)
Auto-immunité
Bactéries vivantes
dans les plaques d'athérome
Dyslipidémie
Figure 32·6 Hypothèses pathogéniques d'un lien direct et Indirect entre maladies parodontales et maladies cardlovasculaires.
Les flèches en pointillé indiquent les hypothèses à faible niveau de preuve. D'après Tonetti et al., J Clin Periodontol, 2013, 40: S24-S29.
Santé Parodontite
Plaque
d'athérothrombose
PMN
Bactéries parodontales
c. c.
c. c.
Hémorragie intraplaque
Figure 32·7 Bactériémie induite par les parodontites au sein des plaques d'athérome carotidiennes hémorragiques.
CHAPITRE 32- MALADIES CARDIOVASCULAIRES 295
rélécs à l 'état parodontal (indice de plaque ct indice gingival) 1301. Parallèlement, pl usieurs modèles animaux d' athérosclérose (souris
La présence d'ADN de nombreuses espèces de bactéries parodontales invalidées pour le gène de l 'apoE, pores) montrent que P. g ingivali.1·
au sein de différents tissus vasculaires I ll , 23] a été montrée dans pourrait favoriser le dével oppement de plaques d'athérome en inter-
de nombreuses études (pour revue 127 1). Certaines études suggèrent férant avec le prof·i l lipidique ct avec la prolifération des cellu les mus-
que P01phyromonas g ingivali.1· et Ag regatihacter actinomycetemcomi- cu laires l isses, et ce dans un contexte hypercholestérolém iquc ou non
tans pourraicm survivre dans les plaques d'athérome LIS 1. Une étude r1, 4, 16, 17]. Cela suggère que P. g ingiva/is pOUITaiL eonu·ibuer à la
rapporte même la culture de P. gingivalis à partir d'entartériectomies progression etel' athérotl1rombose indépendamment ete taux élevés de
carotidiennes, en présence de monocytes 125J. D'autres études uti- cholestérol (facteur de risque majeur). Des modèles expérimentaux
l isent les anticorps dirigés contre les parodontopathogènes majeurs d'anévrysme ete l 'aorte abdom inale ont aussi montré que P. gingivalis
pour détecter de façon indirecte leur présence via la réponse humorale augmentait la taille de la lésion ct favorisait le recrutement des neu-
induite chez les patients. L'augmentation des taux sériques d'anti- trophiles, ce qui pou vait expliquer ln non-cicatrisation elu thrombus
corps anti -P. gingivalis et anti -A. actinomycetemcomitan.\· est associée luminal, comme dans la pathologie humaine (Figure 32-8) f6]. De
au risque de maladies cérébrovasculaires et coronariennes (pour revue plus, les études animales montrent que les souches mutnntes de P. gin-
[27 1). Des études in vitm ont montré que P. gingivalis avait la capacité g ivalis (FimA déficientes) n' accélèrent pas le développement des
via ses tirnbriae (Fi mA) d'envahir les cel lules endothéliales [7] et que lésions athéromateuses par comparaison avec les souches sauvages
cc phénomène était nécessaire à la progression de l'athérosclérose 11J. Ill Les preuves d'une implicat ion directe etes bactéries parodontales
Figure 32-8 Effet de P. gingivatis sur l'anévrysme de l'aorte abdominale (AAA) chez le rat. a1) Injection contrôle avec une solution
saline. a2) Injection test avec P. gingiva/is. Noter l'augmentation de taille de IAAA chez l'animal test. b1 ,2) Augmentation de la taille du thrombus.
c1 ,2) Recrutement des neutrophiles en présence de P. gingivalis (hématoxyline éosine). (Documents Sandrine Delbosc, Inserm U1148.)
296 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
dans l'athérogenèse el l'évolution vers des complica tions c lin iques el la réac tion immuno-inflammatoire systé miq ue qu 'elles e ntraînent,
sont de plus e n plus nombreuses. Cependant, po ur répondre e ntiè- clans l'athérogenèse cLics complications cliniques de l'athé rothro m-
reme nt aux poslll lats de Koch modiliés, la preuve, chez l'animal, du bosc ( lM, AVC, anévrysme de l'aorte <Jbclominale). Mais les preuves
potentiel athé rogène de bacté ries parodonlalcs cultivées à partir de de l'efficacité elu traitement parodontal s ur la réduction des mar-
plaques d 'athé ro me humaines litilloujours défaut 126 1. queurs infracliniqucs de MCV sont e ncore trop faibles pour mod ifier
réelle me nt les pratiqqes médicales. La prise e n charge parodonlale
du suje t à risque cardiovasculai re, porte ur de plaques d ' athé rosclé-
rose cliniquement s ilencie uses, pourrail lOtllcfois constituer un nou-
Bénéfices du traitement parodontal vel axe de prévention médicale ciblée, limitant la survenue cl'acci-
sur les marqueurs de risque clents cardiovasculaires.
de maladies cardiovasculaires
Implications cliniques
La dysfonction endothé li a le, marqueur précoce de progression
• Les chirurgien-dentistes doivent Informer leurs patients
de l'athé roscléro se, est une des variables de s ubstituti o n utilisées
de l' augmentation du risque d'événement cardio-
po ur évalue r les bénéfices du traite me nt parodonlal sur l 'évolutio n vasculolre en cos de parodontlte (consensus interna-
des MCV. L'endo thé lium ac tivé par les facteurs de risque com me tional).
la dys lipidémic, le tabac, le d iabète elles in fec tions est re ndu per-
• Il est recommandé d'adresser au médecin traitant les
méable el propice a u développement des p laques d 'athérome [1 8 1.
patients atteints de parodontite et présentant un ou
La dysfonc ti on e ndothél iale est évaluée de façon non invasive par plusieurs outres facteurs de risques cordiovosculoires
la mesure u ltrasonore de la vasorc laxation de l' artè re brac h iale ou (tabac. obésité, hypertension) e t dont le dernier exa-
FMD pour.flow-mediated dilation. Diffé rentes él.Udes ont éva lué men médical date de plus d'un an.
l' impact du trai te ment pa rodontal sur la d ys fo nction e ndo thé li ale
• La modification des facteurs de risques comportemen-
(pour revue [5]). Tonelli el a l. o lll montré, dans une é Lude c linique taux - tabac. sédentarité. nutrition. stress - fait partie
randomisée po rta nt sur 121 pati e nts, une amélioration de 2 % de la intégrante du traitement parodontal et est d'autant plus
fonction e ndo thé liale à 6 mo is avec un traitement parodontal actif efficace qu'elle est pluridisciplinaire (médecin traitant.
(détartragc-surfaçage, avuls io ns elminocyclinc e n local) e n com - tabacologue. psychologue, diététicien).
paraison a u dé tartrage supragingival seul 13 11. D'autres fac te urs
• Le traitement parodontol entraîne à court terme une
d e r isque (dys lipidémie, hy perte nsion) el variab les de substi tuti o n réponse inflammatoire puis, progressivement. une d imi-
c liniques c t biol ogiques comme l'épaisseur intima-média ( IMT nution des marqueurs inflammatoires systémiques.
pour illtima-media thickness) des carotides, les facteurs prothrom-
botiques, le s tress oxydant, les HS P, les cytokines , les MMP o u
la pressio n arté riel le ont é té é tudi és. Le traitement des maladies
parod ontales semble a mé lio rer faib le ment la pression arté rie lle, POUR EN SAVOIR PLUS
le taux de le ucocytes, de fi brinogène, de TNFa, d ' E-sélcctinc, Bouc hard P, Boutouyrie P, D' Aiuto F ct al. European workshop in
de facte ur de von Wi ll ebrand, de MMP, de s tress oxydant ct perioclontal health and cardiovascu lar disease consensus docu-
semble réd uire le taux de CRP. La C RP, protéine hépatique de ment. European Heart Journal Supplements, 2010, 12 (Suppl
la phase aiguë de l' in flammation, est assoc iée à un risque faible B) : B 13- B22.
Huck 0, Saadi-Thie rs K, Tencnbaum H, et al. Evaluating periodon-
de MCV s i son laux esl de 1 m g/ml, alo rs qu'elle est associée it
tal risk for patients at risk o f or sufferi ng from atherosclerosis :
un ris que de MCY multiplié par de ux s i son taux est au-dessus de recent biological hypotheses und therapeulic conseque nces.
3 mg/ ml. Diffé re ntes mé ta-analyses o nt confirmé une baisse de Arch Cardiovasc Dis, 20 I l , 104: 352-8.
la CRP a près traitement parodonta l de 0,2 à 0,5 mg/m l [9, 13 1. Meilhac O. Impact des maladies parodontalcs sur l' athérothrombose.
Enfi n, une é tude réalisée s ur plus de Il 000 sujets âgés de 50 an s Sang Thrombose Vaisseaux, 2012,24: 63-68.
a mo ntré qu ' une mauvai se hygiè ne orale é ta it associée à un risque Tonctli MS, Yan Dyke TE and on beha lf of working group 1 of
the joint EFP/AAP workshop. Pcriodontili s and atherosclero-
a ugme nté de 70 % de s urvenue d ' une ma lad ie cardiovasculairc
tic cardiovascular dise<Jse : consensus report of the Joint EFP/
1241 . Il semble que le tra ite me nt parodonta l, bie n qu 'entraî nant AAP Worshop on Periodontitis and Systcmic Diseases. J Clin
à court te rme une réaction infl a mmatoire, réduise les taux systé- Periodontol, 2013, 40: S24-S29.
miques de marqueurs inflammato ires c t améliore la dysfonction
e ndo thé li ale , à moye n te rme. Une récente mé ta-analyse dé montre
que le tra ite me nt paroclontal a mél iore I<J fon c ti o n endothé liale c t
d iminue le taux des biomarque urs de la malad ie a théromate use, BIBLIOGRAPHIE
e n particu lier chez les s uje ts souffrant déjà de MCY et/ou d e dia-
bè te [29 1. Nous manquons néanmoi ns actue lle m e nt de do nnées 1. Amar S, Wu SC, Madan M. Is Porphyromonas gingivalis ccli inva-
concernant les effets à long terme el u traitement parodontal vis-à- sion rcquired for atherogenesis ? Phannacothcrapeutic implications.
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De très nombreuses données é piclémiologiques, cl iniques el biolo- 4 . Brodala N, Merric ks EP, Bell inger DA, et al. Porphyromonas gin-
g iques tendent à dé montrer l' implication des bacté ries parodo nlalcs givalis bactere mia incluces coronary and aortic athcrosclc rosis in
CHAPITRE 32 - MALADIES CARDIOVASCULAIRES 297
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Obésité
Hélène Rangé
l Trouble de la mastication
queurs biologiques (TNF-a., IL- l , IL-6, hémog lobi ne glyquée, pro-
téine C réactive) [1, 6, 17].
Tableau 34·1 Comparaison des définitions du SMet selon différentes organisations [6].
Diabète/hyperglycémie à jeun/intolérance Obésité centrale (définie comme le tour de taille Au moins 3 des critères ci-dessous :
au glucose/résistance à l'insuline ~ 94 cm pour les hommes et ~ 80 cm
et 2 des critères ci-dessous : pour les femmes
et 2 des critères ci-dessous :
Obésité centrale définie par rapport taille/hanche Obésité centrale définie par tour de taille
> 0,90 chez les hommes et > 0,85 ~ 102 cm chez les hommes et ~ 88 cm
chez les femmes eVou IMC > 30 kg/m 2 chez les femmes
Dysllpidé mie définie par triglycérides Triglycérides ~ 150 mg/dl ( 1,7 mmol/1) ou traitement Triglycérides ~ 1,695 mmol/1 (150 mg/dl)
~ 1,695 mmol/1 (150 mg/dl) eVou HDL-choiestérol spécifique pour cette anomalie lipidique
< 0 ,9 mmol/1 chez les hommes et < 1 mmol/1
HDL-cholestérol < 40 mg/dl (1 ,03 mmol/1) HDL-cholestérol < 40 mg/dl
chez les femmes
chez les hommes et < 50 mg/dl (1,29 mmol/1) chez les hommes et < 50 mg/dl chez
chez les femmes ou traitement spécifique les femmes
pour cette anomalie lipidique
Tension artérielle ~ 140/90 mmHg Tension artérielle : la pression systolique ~ 130 Tension artérielle ~ 130/85 mm Hg
ou diastolique ~ 85 mmHg ou traitement
de l'hypertension
Microa lbuminurie définie par un taux d'excrétion Glycémie à jeun ~ 100 mg/dl (5,6 mmol/1) ou diabète Glycémie à jeun ~ 6,1 mmol/1 (110 mg/dl)
urinaire d'albumine ~ 20 mg/min ou un rapport de type 2
albumine/créatinine ~ 30 mg/g SI ~ 5,6 mmol/1 ou 100 mg/dl, une HGPO est
fortement recommandée mais n'est pas nécessaire
pour définir la présence du SMet
HDL hig h-densily lipoprolein ; HGPO : hyperglycémie provoquée per os ; IDF : lnlernalional Diabetes Federation: IMC indice de masse corporelle ; NCEP-ATP-111 : National Cholesterol Educa-
tion Program Aduft Treatment Panel f/1 ; OM S : Organisation mondiale de la santé.
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Figure 34·1 Principales étiologies et mécanismes pathogéniques du syndrome métabolique [ 13, 19 J. AG : acides gras.
CHAPITRE 34- SYNDROME MÉTABOLIQUE 303
Syndrome métabolique
Diabète
type2
AGEs,
état pro-inflammatoire
Stress oxydant
ROS
Maladies parodontales
Figure 34-2 Mécanismes biologiques supposés du lien entre les maladies parodontales et le syndrome métabolique [ 16].
AGE : advanced glycation end-produc ts.
par u n déséquili bre e ntre la production et l'inactivation des espèces POUR EN SAVOIR PLUS
réactives de l'oxygène (reactive oxygen Jpecies [ROS]). Bien que
Bullon P, Morillo JM, Ramirez-Tortosa MC, et aL Metabolic syn-
les ROS j o uent un rôle essentie l dans de no mbreux systèmes p hy- drome and periodontitis : is oxidative stress a com mon link ? J
s iolog iques, dans un é tat. de stre ss oxydatif, il s c omribuent a u d ys- Dent Res, 2009, 88: 503-5 18.
fonc tionnement et à la mort cellulaire . Le stress oxydat.if peut donc
agir c omme un lie n commu n pour expliquer la re lation entre c haque
c omposante d u S M e t et la parodontite chronique [ 15].
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Gynécologie-obstétrique
Jean-Noë/ Vergnes, Cathy Nabet
La prévalence de la prématurité est en constante augmentation Les princ ipales expl ications évoque nt le rô le des modifications hor-
dans le monde; elle est aujourd' hui de 12 % des naissances aux États- monales sur le biofilm sous-gingival (d'un poi nt de vue quantitatif et
Unis 1.5J, et de 5 à 10 % en Europe, dont 6,6% en France en 2010 J"2l. qualitatif), sur le systè me immunitaire (i mmunodépression durant la
grossesse), et sur les cellules du parodonte (moindre kératinisation)
L41. En particu lier, il est supposé que les mécanismes immunomo-
dulateurs permettant l'acceptation du fœtus par la mère induisent un
Association entre les maladies plus grand risque d' inflammation gingivale J I4 J. La réponse inflam -
parodontales et la grossesse matoire vis-à-vis de la plaque bactérie nne serait exacerbée durant
la grossesse et la présence de plaque est donc nécessai re à l'appari-
Les relations unissant la grossesse à la s anté parodontale seraient tion de la gingivite gravidique. L'étiologie exacte de l' hémangiomc
bidirectionnelles, c'est-à-dire que la grossesse entraîne des modifi- capillaire reste inconnue. Un traumatis me ou une hygiène insuffi-
cations au niveau parodontal, alors que les ma ladies parodontalcs sante s' ajoutant aux modifications hormonales sont vraisemblable-
seraient susceptibles d ' influencer le dérou lement: de la g rossesse. me nt assoc iés à son développement.
Données épidémiologiques
.... EFFETS DE LA GROSSESSE SUR LA SANTÉ
PARODONTALE La prévalence de la g ing ivite gravidique varie de 35 à 100 % selon
les études [7]. Cette variabilité peut être attribuée it la diversi té des
Les modifications hormonales au cours de la grossesse peuvent critères de j uge ment employés pour défin ir la g ingivite clans les clif"-
avoir des conséquences au niveau parodontal, ct provoquer l'appa- férentes é tudes. L'épuli s est plus rare et toucherait envi ro n 1 à 5 %
rition de deux formes princ ipales de pathologies parodontales : la des femmes enceintes J. IIJ .
g ingivite gravidique et 1'épulis (voir chapitre 12). Ces désordres
peuvent parfois altérer la qualité de vie des femmes e nce intes [ 1]. Il
.... EFFETS DES MALADIES PARODONTALES
est néanmoins très difficile de distinguer les désordres paroclontaux
SUR L'ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ
déclenchés par la grossesse de ceux préex istants et aggravés par la
grossesse. Association épidémiologique
Formes cliniques Depuis le milieu des années 1990, de nombreuses études obser-
vationncllcs ont analysé le lien entre accouchements pré maturés (ct/
La gingivite gravidique ne diffère pas sur le plan histo logique de la ou en fants de faible poids de naissance) et présence de paroclontite
g ingivite survenant en dehors des périodes de grossesse [6]. C'est pour- materne lle pendant la grossesse. Il apparaît que l'association entre
quoi , dans la classification des maladies ging ivales d ' Arm itage ( 1999), parodontite mate rnelle et accouchement prématuré est significative,
elle est classée dans les gingivites induites par la plaque et associées c 'est-à-dire que les femmes qui présentent une paroclontite pendant
aux honnones sexuelles. Les signes cliniques associent la présence la grossesse ont effectivemelll un risque plus élevé d'accoucher pré-
d'un œdème de la gencive marginale et/ou papillaire (qui devient lisse maturément. Mais cette association est inconstante et le plus souvent
ct bril lante), d' un érythème de la gencive libre (liseré framboisé) ct de modeste [1 6, 17]. Elle semble varier en fonction de la populatio n
saignements gingivaux provoqués ou spontanés. La g ingivite gravi- étudiée, de l'évaluation cli nique des maladies parodonta les et de la
d ique apparaît à partir du deuxième mois de grossesse, progresse au classi fication utilisée.
fur et à mesure des mois, jusqu' à attei ndre un pic au huitième mois Il est aussi probable que l'accouchement prématuré, qu i peut
[ 1 1]. Après l' accouchement, les tiss us g ingivaux recouvrent géné- être la conséquence de mu ltiples désordres obsté tricaux, ne so it
ralement leur aspect initial , sans que cela signifie automatique ment pas un c ritère de j ugement adapté à l'étude d ' un lie n causal. En
un retour à la santé gingivale. La gingivite gravidique n'est ressentie effet, il ex iste de nombreux mécanismes physiopatholog iques à
comme dou loureuse que dans les formes les plus sévères. l'origine d ' issues défavorables de la g rossesse. C'es t la raison pour
L'épulis gravidique, ou hémangiome capillaire de la genc ive, ou laquelle les études examinent désormais le lien entre la pa roclontitc
encore pseudo-tumeur de la grossesse, correspond à une hypertro- c t des pathologies obstétricales à composan te inflammatoire e t/ou
phie local isée de la gencive marginale, de consistance mo lle, d ' as- infectie use.
pect rouge vi f, ct saignant fac ilement. Sa localisation principale est Des études ont montré une assoc iation positi ve et indépendante
la gencive maxillaire antérieure. D ' accroissement rapide et pouvant entre la parodontitc maternelle et la pré-éc lamps ie 19. 101. La pré-
débuter à tout momen t de la grossesse, son aspect est nodulaire éc lampsie est une pathologie inflammatoire multifactorielle, cause
unique ou poly lobé, ct n' entraîne généraleme nt pas de douleur. Son majeure de morbidité et de mortalité périnatales. Elle provoque une
retenti ssement reste modéré, et n 'est pas associé à une atteinte de dysfonction e ndothéliale et une hypertensio n maternelle pendant la
l' os alvéolaire. L'évolution peut aller vers une forme pauvre en vais- grossesse. L' augmentation des taux de protéine C réactive (C RP)
seaux, avec une cons istance ferme (sc lérose cicatricielle). L'épulis et d'autres médi ateurs pro-inflammatoires (PGE2 , TNF-a, IL- l~.
régresse après l'accouchement ou à l'atTêt de l'a ll aitement, et réci- IL-6, IL-8), libérés clans la ci rculation systé mique par les tissus
d ive souvent lo rs des grossesses ultérieures, pl us précocement et parodontaux en cas de parodontitc, pourrait entraîner une cascade
avec un volume plus impo rtant. L'exérèse sous anesthésie locale est inflammatoire à l'origine d ' une atteinte placentaire ct d'une pré-
indiquée en ·c as de douleur, de saignements importants ou de diffi- éclampsie 1151.
cultés à la mastication ou l'élocution [ Il ].
Hypothèses physiopathologiques
Mécanismes physiopathologiques
Il existe deux hypothèses physiopathologiques majeures : une
Les mécanis mes phys iopathologiques par lesquels la grossesse directe, où les bactéries parodontopathogènes ct/ou leurs produi ts
influe sur la santé parodontale ne sont pas complètement connus. de dégradatio n (en particu lier des lipopolysaccharides) pénètr ent
CHAPITRE 35- GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE 307
le placenta ; et une indirecte, impliquant la production ct le relar- est toutefois nécessaire pour: 1) amé liorer l'état parodontal , 2) amé-
gagc de molécules impliq uées dans l'intlammation (PGE2, TNF-a, liorer la qualité de vie des femmes enceintes, et 3) potentiellement
IL- l p, IL-6, IL-8). L'augmentation de la concentration systé miq ue d iminuer Je risque d'issue défavorable de la grossesse. E n pratique,
de ces molécules pro-intlammatoircs aurait un rôle potentiellement po ur Je chirurgien-dentiste, cela revient à comprendre les enjeux cie la
« gâchette >> d ans Je déclencheme nt de l'accouchement. survei llance parodonta le avant, pendant et après la grossesse.
- Avant ln grossesse, toutes les mesures de prévention et de
traitement do ivent être mises en œuvre pour m inim iser les risques
d'apparition ou d ' aggravation des maladies buccodentaires pendant
Conséquences cliniques la grossesse. Ces mesures pourraient en outre avoir un effet pos itif
transgénérationne l, notamment par la u·ansmission à la descendance
.... TRAITEMENT PRÉVENTIF ET CURATIF d'habitudes d ' hygiène el de prévention buccode ntairc r12l
DES MALADIES PARODONTALES - Pendant la grossesse, des mesures prophylactiques permettront
CHEZ LA FEMME ENCEINTE de maîtriser la sévérité de l' inflammation g ingivale, el d'informer
la femme enceinte sur l' importance de l' hygiène orale, pour elle et
La grossesse n'est pas une conu·e-indication à la prévention ct au
son futur enfant. Dans cette optique, signalons qu 'en France, l'ave-
traitement des maladies parodont.ales. Les actes de prophylaxie sont
nant n° 3 à la convention nationale permet aux femmes enceintes de
indi qués, notammen t pour traiter la composante bactérien ne de la
bénéficier d' un examen de prévention buccodentai re pris en charge à
g ingivite gravidique ct diminuer Je risque de complications, tel Je
100 % avec dispense d'avance de frais, 1t compter elu quatrième mois
passage à la chronicité après J' accouchement. Les essais cliniques
de grossesse jusqu'à douze jours après 1'accouchement.
ayant proposé des trai tements parodontaux chez la femme enceinte
- Après la grossesse, ct e n tenant compte des difficultés d ' or-
n'ont pas mis en évidence d'effets indésirables particuliers chez la
ganisation engendrées par la matern ité, il sera important pour le
mère ou Je fœtu s [ 13]. Le trai tement, s'i l comporte une anesthésie,
chirurg ien-dentiste de proposer une visi te dans les moi s qui suivent
sera instauré au deux ième trimestre de la grossesse 181.
l' accouchement. Cette v isite aura pour objet d'effectuer les soins
Le traitement parodontal pourra être entrepris par le chirurgien-
non urgents éventue llement reportés pendant la grossesse, et de
dentiste, tout en gardant à l'esprit: 1) que la ré ponse au traitement
contrô ler le retour à une santé parodontalc optimale.
parodontal n'est pas optimale pendant la grossesse e n raison de la
composante hormonale pro-intlammatoire qui réduit J'efflcacité du
geste thérapeu tique ; 2) que les précautions générales vis-à-vis des Implications cliniques
interventions buccodentaires chez la femme enceinte (prescription,
radiologie, durée des rendez-vous et minimisation des actes chirur- • La grossesse n'est pas une contre-indication au t raite-
gicaux) s'appliquent également à la prise en charge parodontale. Le ment parodontal.
praticien devra toujours agir e n tenant compte des caractéristiques • En cas d'anesthésie, Je traitement sera Instauré à partir
médicales et personnelles de la femme enceinte. En effet, la gros- du deuxième semestre.
sesse est une période durant laque lle Je dialogue avec les profes- • Outre les bénéfices c lassiquement associés au traite-
sionnels de santé est primordial, avec la prise en compte du contexte ment parodontaL ce dernier pourrait potentiellement
fami lial et médico-social de ln femme encei nte. diminuer le risque d'issue défavorable de la grossesse.
• La g rossesse constitue un moment p rivilégié pour infor-
.... EFFET DU TRAITEMENT PARODONTAL mer la femme enceinte des habitudes appropriées
SUR L'ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ d'hygiène orale à transmettre à son enfant.
Conclusion BIBLIOGRAPHIE
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Maladies respiratoires
Christelle Darnaud
• Il existe une association entre les maladies parodontales Une des principales maladies respiratoi res en France est la BPCO.
et respiratoires. La Direction générale de la santé estime à 3,5 m illions le nombre
• Les parodontopathogènes favorisent l'infection par les de personnes concernées en France, dont 100 000 sont atteintes de
pathogènes respiratoires. formes sévères nécessitant une oxygénothérapie à domicile. Les fac-
teurs de risque sont environnementaux (tabac, polluants) et liés à
• L'inflammation systémique induite par les parodontites
l' hôte (génétique) [2, 31. La prévalence de l'asthme e n France est
aggrave les MR.
d'environ 6% [3, 4] .
Les odds ratios vont de 1,8 à 4,5 17 , 16, 191. Cependant, le nombre directe entre les mal adies parodontales et les MR, sans donner pour
d'études et leur niveau de preuve som encore i nsuffisants pour pré- autant d' évidences fortes.
senter des conclusions définitives 15, 13, 15].
Mécanismes biologiques du lien Les bactéries orales aspirées avec les pathogènes respiratoires
inlluencent leur adhésion en stimulant la production de cytokines
entre les maladies parodontales induisant des changements cellulaires de l 'épithélium respiratoire.
et les maladies respiratoires Une étude in vitm montre que Aa est la bactérie qui stimule le plus
cette production de cytokines [20]. L es cy tokines induites par les
.... RÔLE DE L'INFECTION bactéries parodontalcs favori sent la production en chaîne de cyto-
k ines par les cellules de l ' épithélium respiratoire pour recruter les
Le biofi lm dentaire constitue un réservoir de pathogènes oraux cellules de l'inflammation (neutrophiles) sur le site pul monaire. L es
créant un environnement favorable à la coloni sation secondai re par cellules inllammatoi res produisent. des enzymes hydrolytiqucs qui
des pathogènes respiratoires (pneumocoques). Ceux-ci vont sc déta- endommagent l ' épi thél ium et le rendent plus vulnérable à ln coloni-
cher dans les sécrétions orales ct être aspirés vers les poumons pour sation par les bactéries pathogènes.
contaminer l ' arbre respiratoire inférieur (Figure 36- 1). D e plus, le
parodonte peut servir de réservoir pour les infections respi ratoi res
l l 2]. La plaque dentaire est une source loca le de paù10gènes oraux,
c 'est-à-d ire Porphyromo11as gi11givalis (Pg), Aggregatibacter acti-
Effets du traitement parodontal
nomycetemcomitans ( Aa) , ct peut augmenter le risque de MR 11 71. sur les maladies respiratoires
Mai s d' autres facteurs sont nécessairement présents pour provoq uer
la maladie, comme la diminution des défenses immunitaires pulmo- L' application topique buccnle de chlorhexidine retarde l ' apparition
naires. Les connaissances actuelles avancent une relation causale des pneumonies nosocomiales [ 1, 18). Cependant, la concentrat.ion ct
Plèvre
Pneumonie : - f - - - - - - - - , + --
localisée au niveau
des lobes --:::::>-- -+ - Asthme :
touche l'arbre
bronchique
BPCO: -+---~
localisée au niveau
des alvéoles
pulmonaires
Figure 36-1 Mécanismes anatomopathologiques du lien entre les maladies respiratoires et les maladies parodontales.
- (1} Réservoirs de pathogènes oraux (dents- parodonte - plaque dentaire) provoquant des infections pulmonaires.
- (1) Biofilm bactérien buccal favorisant l'adhésion secondaire de pathogènes respiratoi res qui seront dans les sécrétions orales inhalées.
- (2) Changements cellulaires de l'épithélium respiratoire par des cytokines produites par les parodontopathogènes inhalés avec les bactéries
respiratoires.
CHAPIT RE 36- MALADIES RESPIRATOI RES 311
la fréq uence d ' utilisation restent e ncore à préciser ainsi q ue le niveau 6. OrNA 2006 N.IH/NH BLI . G lobal Initiative for Asthma updated
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orale, le traiteme nt parodontal pourrait prévenir les complications 8. Kucukcoskun M, Baser U, Oztekin G. Initial periodontal treatment
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immunodé primés e t/ou institutionnal isés. Il existe cependant un bo n tions. J Perioclontol, 2013, 84(7) : 863-70.
niveau de pre uve à pa rtir d 'études d' interventio ns indiquant les e ffets 9. Kuo LC, Poi son A, Kang T. Associat ions betwccn periodontal
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positifs de l' hygiène orale sur la préventio n des pne umo nies nosoco-
and interactio ns with diabetes, respiratory d iseases, cardiovascular
miales Ill] . Cet effe t est plus prono ncé lorsqu' il y a utilisation de la
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c hlorhexidine à 2% (risque relati f 0 ,53, IC 95 %, 0,3 1-0,9 1) 1101. 1O. La beau SO 1, Van de Vy ver K, Brusselaers N, et al. Preventio n of
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Maladies rénales
Dimitra Karapetsa
• Les maladies rénales et l'insuffisance rénale chronique La prévalence des M R chroniques auc int 10 à 15% de la popula-
intéressent 2 à 3 millions de personnes en France. tion américai ne adulte [7 1. En France, se lon le ministère de la Santé,
• Les maladies rénales peuvent être des complications du 2 à 3 mill ions de personnes sont aucintcs de malad ies des reins et la
diabète et de l'hypertension artérielle. plupart l' ignorent.
les M P semb le ra ie m ê tJe associées à un risque accru de décès [6j. sante o u la réc id ive de la MP reste inexpl iq uée. Il a été montré q ue le
Récem me nt, une étude lo ng itudinale j aponaise a dé mo ntré que les trai te ment parodo ntal non c hirurgic a l peut amél iorer non seulement
MP peuvent être un facteur de risque de d iminutio n d e la fonctio n la santé parodonta le, mais aussi la fo nc tio n e ndothél iale, le s taux
ré nale [l 7 1, confi rmant les résu llats de Fishe r e t a l. qui, après ajuste- sériq ues de C RP ct d ' autres marqueurs infla mmatoires, dim inuant,
me nt, o nt identifié la parodontitc c hronique comme fac te ur de risque c hez un patient allcinl de MR, l'étal inllam matoire systé m ique [1 ,
indépend ant d ' IRC [ 10]. 22]. D e plus, il semble rait que les e ffets du traite me nt parodontal
En conc lusio n, l'associatio n IRC ct parodo ntite est sig nificative e t sur le tau x de filtratio n g lo mérula ire soie nt positi fs [ Il ]. Cependant,
cons istante . Le rô le de la paro do ntite est di ffi c ile à é tablir e n rai son chez les patients a ue ints d' IRC, 3 mois après le traite me nt parodon-
de la présence de facteurs c onfo ndants, le dia bète e n pa rtic ulier. tal , des bacté ries parodontopathogènes pers iste nt a u nivea u sous-
g ingival 121 . Cette observalio n rend indi spensable un suivi régulier,
dans le cadre du su ivi parod o ntal, a fin d 'év ite r une dété rio ration de
l' étal pa rodonta l des patients présentant une a ttei nte ré na le.
Ra tionnel biologique du lien
entre les maladies parodontales
et les maladies rénales Implications cliniques
• Le traitement parodontal peut améliorer le fonctionne-
..... RÔLE DE LA RÉPONSE INFLAMMATOIRE ment rénal.
• Le p raticien doit tenir compte de l'association bidirec-
Les MR sont carac térisées par un é tat inflammato ire é levé d û à la tionnelle entre maladies rénales et maladies parodon-
dé tério ration de la fo nctio n ré na le, conduisant à une excrétio n uri- tales.
naire fa ib le d 'inte rle ukine-6 (IL-6) e t des ta ux sériques accrus de
cyto kines pro-infl ammato ires 11 21. D'autre processus bio logiq ues
peuvent égaleme nt expliq ue r le lien e ntre les MR c t les MP : le
stress o xydal.if [ 13], l'accum ulatio n de produits avancés de g lyca- POUR EN SAVOIR PLUS
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314 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
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Ostéoporose
Philippe Lesc/ous, Jean-Louis Saffar
L'ostéoporose est une maladie systémique du squelette caracté ri- Rationnel biologique d'un lien
sée par une masse osseuse réduite e t une dé té rioration architecturale
du tissu osseux condu isant à un accroissement de la fi·agilité osseuse entre ostéoporose et maladies
et à un risque accru de fracture. L'Organisation mondiale de la santé parodontales
a subordonné le diagnostic d 'ostéoporose aux résultats d 'un exame n
d' imagerie, la de nsitométrie miné rale osseuse (DMO) (Figure 38-1), L a perte osseuse est une caracté ristique commune des paroclontites
permettant de distingue r l'ostéoporose propre me nt dite de l'ostéopé nie et de 1'ostéoporose dans lesquelles les mêmes cytokines seraient i mpl i-
en se fondant sur une valeur (leT-score) exprimée en nombre d 'écarts quécs : interle ukine- !, inte rle ukine-6, twnor nec rosis factor-a. c t la
type par rapport à la DMO moyenne d' un groupe de réfé re nce d'adultes triade RANK (receptor activator of NF-KB), RAN KL (receptor acti-
jeunes sai ns, -2,5 pour l' ostéoporose et -1 pour l'ostéopénie, sur des va/or l~/NF-KB ligand), OPG (ostéoprotégérine) 1'8, Il]. L'œsu·adiol
sites osseux prédéfini s (colonne vertébrale, hanche et avant-bras). inhibant l'expression de ces cytokines, sa care nce après la ménopause
On disting ue de ux types d'ostéoporoses primaires. lèvera it cette inhi bition e t augme nte rait le ur libération systé mique,
- L' ostéoporose de type 1 affectant l'os spongieux est carac téri- mais égaleme nt locale. Il y aurait effet c umulatif au niveau d' un paro-
sée par des altérations mic ro-arc hitecturales, un a mincisseme nt e t donte e nfl ammé, augmentant les destruc tions paroclontales. La défi -
une pe rte de conne xions des travées osseuses. Cette ostéoporose est cience œstrogéniq ue favoriserait la progression d' une parodontite soit
q uali fiée de post-ménopaus ique car la déplé tion œstrogéniquc e n est en causant une expression accrue de cytokines pro-i nflammatoires,
le t'a c te ur étio logique esse ntiel. Son expression c linique typique est soit e n réduisant la masse osseuse des maxi ll aires.
le tassement vertébral. Cette éventuelle interaction a suscité de très no mbre uses études
- L'ostéopo rose de type Il sc manifeste par un a minc isseme nt c t expérimentales et cliniques. Les études expérime ntales, menées
une a ugm e ntation de la poros ité des corticales osseuses. Elle se re n- essentie lle me nt sur des rongeurs, sont sujettes à caution compte tenu
contre plus pa rtic uliè re ment c hez les sujets âgés; c'est l'ostéoporose des d iffé re nces physiologiques e ntre les espèces et de la di fficulté
dite sénile. Son expression clinique caracté ristique est la frac ture du d' induc tion de parodontite c hez ces animaux. Elles reste ro nt hors
col d u fém ur. du champ de ce c ha pitre. Les études c liniques ont util isé d iverses
Ces de ux types d'ostéoporose peuvent être associés. Les ostéo- approches pour mettre en évide nce l'assoc iatio n e ntr e ostéoporose
poroses secondaires répondent à des causes partic uliè res au premier et parodontites.
316 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
Figure 38·1 a, b) Patiente non ostéoporotique âgée de c, d) Patiente ostéoporotique post-ménopausique âgée de
43,5 ans. a) Ostéodensitométrie des 4 premières vertèbres lom- 65,5 ans.
baires. La valeur la plus faible du T-score est de -{),4 en L1 et la c) Au niveau des quatre premières vertèbres lombaires, la valeur la
moyenne sur le secteur exploré est de 0,2. Cette patiente se plus basse du T-score se situe à - 4 et la moyenne sur ce secteur
situe dans la fourchette haute de la norme observée à cet âge. est de - 3,3, donc clairement dans la zone ostéoporotique. d) Au
b) Ostéodensitométrie des têtes fémorales droite et gauche au niveau des têtes fémorales droite et gauche, le T-score est de -1 ,8
niveau du col et de la trochlée. Les valeurs du T-score se situent éga- en moyenne et se situe dans l'intervalle ostéopénique (-1 < T-
lement au niveau supérieur de la norme à cet âge. Au total, aucune score> -2,5). Au total, cette patiente est considérée comme atteinte
valeur du T-score n'est inférieure à -2,5. Cette patiente n'est pas car il suffit d'une seule valeur inférieure à -2,5 pour retenir le diag-
ostéoporotique. nostic d'ostéoporose. (Documents PrYves Maugars.)
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-
CHAPITRE 38- OSTÉOPOROSE 317
Densité osseuse du squelette s ite (2], à S mm sur 30 % des s ites [20 , 24]. li semblerait y avoir
une re lation inverse e mre la OMO squelettique (évaluée s ur des sites
appendiculaire et/ou axial variés) ct l' al véolyse. Ce pendant, cette association semble fortement
et masse osseuse des maxillaires dé pendante de l'âge des sujets l2, 24 , 28j. Dans une étude longitu-
dinale sur 2 ans, la dens ité osseuse au niveau elu sommet des sep-
L' idée sous-jacentc est que la réduc tion générale de la masse tums a diminué chez les sujets ostéoporotiqucs e n même temps que
osseuse affec terait aussi les max ill aires, accélérant l' alvéolysc duc à l' al véolyse augmentait l 18l Quand des paramètres c lin iques (perte
la parodontite. La plupart des études ont comparé la DMO de sites d'ancrage, profonde ur des poches, saignement au sondage, indice de
a ppendiculaires ou vertébraux à l'épaisseur et/ou à l' aspect plus ou plaque, etc.) ont été utilisés pour évaluer la paroclomite, les résultats
moins érodé de la corticale basilaire de la mandibule sur des clichés ont montré g lobalement une absence d' association entre l'ostéopo-
panoramiques, ou à la masse osseuse évaluée sur des radiographies rose et la sévér ité de la parodontite 114, 19, 23, 28]. Cependant, une
réu·oalvéo laircs. L'épai sseur de la corticale et/ou son degré d'éro- association entre la DMO et l'étendue de la paroclontitc a été trouvée
s ion o nt été corré lés à la DMO périphérique et à des marqueurs sys- r
chez les patients les plus âgés 141.
témiques du remaniement osseux [26, 27]. La densité osseuse au
niveau des sepia interdentaires serait aussi corrélée à la DMO verté-
brale [4]. Cependant, il faut remarquer que des caractéristiques ana- Polymorphismes génétiques
tomiques, en particu lier la largeur des septa, intcrtèrcnt probable-
ment sur les mesures. Le niveau de preuve d'une association entre communs à l'ostéoporose
DMO squelettique et maxi llaire est assez faible car, clans la majorité et aux parodontites
des études, le nombre de sujets est peu élevé, la moye nne d ' âge des
échanti lio ns très variable, ct les si tes sque lettiques de référence sont L'hypothèse de ces travaux est que l'install ation t.:t la g ravité
diffé rents. S i la corré lation existe, elle semble très modérée et sans d ' une pathologie dépendent de la conjo nctio n de déterminants
s ignification cl inique. géné tiques préclisposants et de facteurs environnementaux ; d' où la
recherche de po lymorphismes géniques affectant la DMO et asso-
ciés à l'abaissement du seui l fracturaire [22] chez des sujets atteints
de paroclontite. Des poly morphismes communs ont été ide ntifiés ;
Incidence de l'ostéoporose
ils concernaient le récepte ur à la vitamine D (VDR) et le récepteur
sur les pertes dentaires alpha aux œstrogènes [25, 29 1. Une récente revue systé matique a
inclus le VDR clans un ensemble de poly morphismes géniques
La perte des dents, cons idérée comme le stade ultime des paro- potentie llement associés à la susceptibilité à la parodontite agressive
clontites, est ass imilée aux fractures des ostéoporotiques. Dans une [1 0]. Néanmoins, la fa iblesse des cohortes étudiées reste un facteur
cohorte de 65 1 femmes ménopausées dont 140 ostéoporotiques, les li mitant de ces études.
pertes dentaires étaient plus importantes de 1,2 dent chez les femmes
ostéoporotiques 1_16]. Chez des fe mmes suédoises âgées de 65 à
85 ans, le ri sq ue de fracture de la hanche aug mentait avec le nombre
de dents perdues [ 1]. À l' inverse, Mohammacl ct al. 115 1 n'ont pas
Effets des traitements
twuvé de corrélation entre le nombre de dents perdues et la DMO. anti-ostéoporotiques
De même, clans une cohorte de 1 365 femmes récemment ménopau-
sées, clont445 ostéoporotiqucs, le nombre de de nts absentes n'était
sur les maxillaires
pas corrélé à la DMO de 6 si tes squelettiques différents [3]. et les parodontites
Le biais de cc paramètre est évident car les causes cl' absence de
de nts sont multiples (agénésies, caries, traumatismes, système de santé, Certains trai tements de l'ostéoporose tels que l'associati on cal-
niveau socio-économique, etc.) et peuvent s'être produites tôt clans la cium - vitamine D ou le traitement hormonal substituti f (TI-IS) aug-
vic, sans rapport avec l' installation de l'ostéoporose. Dans ces études, mente nt la masse osseuse au niveau squelettique et mandibulaire,
l' âge est un important facteur de confusion. Certaines de ses consé- sans que les gains osseux entre les deux sites ne soient corrélés
quences (réduction de la force musculaire ct de la mobilité, déséqui- statis tiquement [7]. Cela suggère néanmoins que les max illa ires
libres nuu·itionnels, prise de certains agents pharmacologiques, réduc- sont bie n affectés par l' ostéoporose. Les TI-IS réduiraient les pertes
tion des défenses immunitaires, etc.) sont des f~rcteurs d 'amplification dentaires, illustrant les propriétés inhi bitrices de l'œstradiol sur
directe ou indirecte de la réduction de la DMO et elu nombre de dents. la production de cytokines pro-inflammatoires 19, 17 1. Les traite-
ments anti-ostéoporotiqucs (hors THS) réduiraient l' incidence des
parodontites [141. Les études sont cependant contradictoires car, si
certains auteurs constatent l' e ifel béné hque des TH .S sur l' état paro-
Ostéoporose et manifestations clontal [6, 23.1, d 'autres n'ont pu mettre en évidence une quelconque
parodontales effi cacité 15, 2 1].
Enfin, trois revues systé matiques ne peuvent, en l'étal actuel des
Les paroclontitcs sont évaluées sur des critères radiologiques conna issances, s ig nificativement conclure à l'association c li nique
(perte osseuse) ou clin iques (perte d ' attache). Les analyses radiogra- [ 12, 13 1ct biologique [ 1 1] entre os téoporose post-ménopaus ique ct
phiques réali sées sur des clic hés panoramiques ou rétroalvéolaires paroclontites. Les causes de cette absence de résultat, outre l'éven-
ont évalué essentie llement l' a lvéolysc intcrproximale (d istance tualité à ne pas excl ure d'une absence d'association, sont à mettre
j onction é mail - cémem - crête osseuse). Les critères définissant sur le compte d ' une grande hétérogénéité des études, que ce soi t
l'al véolyse varient se lon les études : seuil à 4 mm s ur au moins un au niveau des méthodolog ies, des paramètres étudiés o u de la défi-
318 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
nition même des maladies parodontales . De plus, la p lupart de ces 9. Krall EA, Garc ia RI , Dawson-Hughes B. lncreascd risk of tooth
études ont été réalisées sur de petits échan tillons, e ntraînant une Joss is rclatcd to bonc Joss at the whole body, hip, and spi ne. Cale if
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• L'association entre ostéoporose et maladies parodon- 14. Moedano DE, !rigoyen ME, Borges-Yanez A, e t al. Osteoporosis,
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oral health. The Leisure World coho rt. Arch lntern Mcd, 1995, / 55:
2325-2329.
1. La puissance statistique d' une étude indique sa capacité de mettre en évi- 18. Payne J B, Reinhardt RA, Nummikoski PV, Patil KD. Longitud inal
dence une diiTérencc (entre malades et non malades par exemple) lorsque alveolar bone Joss in postmenopausal osteoporotie/osteopenic
cette différence existe vraiment. Une puissance statistique de 80% (c'est le womcn. Ostcoporos lnt, 1999, 10: 34-40.
minimum acceptable) indique qu'il y a llO % de chances de démontrer cette 19. Pepelassi E, Nicopoulou-Karayianni K, Archontopoulou AD, et al.
différence. La puissance est fai ble lorsqu'elle est inférieure à 80 %. The relationship betwcen osteoporosis and pcriodontitis in women
agcd 45-70 ycars. Oral Dis, 20 12, 18:353-359.
20. Pe rsson G R, Berglund J , Persson RE, Re nvert S . Pred ict io n of hip
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Cancers de topographie gingivale
Bruno Courrier
• Les c ancers à topographie gingivale sont très nombreux La forme ulcérovégétante du carcino me épidermoïde invasif
en termes d 'histolog ie, même si le carcinome êpider- (CEl ) de la muque use de la cavité buccale est le modè le de descrip-
moïde est le plus fréquent. tion class ique . Elle correspond à une ulcération irrégulière à bords
• Ils peuvent revêtir des formes cliniques variées : ulcéra- ourlés e t abr upts vers le ce ntre de l'u lcération dont le fo nd est exo-
tions, nappes blanches et érythémateuses, nodules à sur- phytiquc, végétant et parsemé J e g rains blanchâtJes (Figures 39-1 et
face normale ou ulcérée. 39-2). Il existe d 'autres formes qu i se diagnostiquent sur l'apprécia-
• Les c arcinomes représentent environ 90 % des tumeurs tion de critères c liniques complémentaires de l' ulcération. L'aspect
cancéreuses d iagnostiquées au niveau de la cavité orale. plat de l' ulcération, la << propreté » de son fond, la rigidité de ses
• La kératose ponctuée et l'érythème marqué sont des bords, au ni veau d ' un des deux plis anatomiques de la cavité orale
lésions précurseurs du carcinome. (le sillon pelvilingual et le si llon pelvimancl ibulaire), permettent
• La cavité orale peut être le siège de métastases. de distinguer, à côté de la forme ulcérovégétante, des formes dites
ulcéreuses et des formes fi ssurai res de CEl. A u ni veau g ing ival,
outre que l' induratio n n'est pas palpable, on peut e ncore trouver
La précoc ité du diagnostic de cancer est un enjeu sanitaire de pre- des aspects bourgeonn ants ou papi lla ires appelés formes végétantes
mier ordre lors J e tout exame n de la cav ité buccale . Avec son pla- de CEl de la muqueuse de la cavité buccale. C'est dans cette sous-
leau techn iq ue classiq ue, le praticien doit impérativeme nt pratiquer topographie buccale qu'on peut trouver les l'ormes cli niques les
l'inspectio n c linique systématique et systématisée de la muqueuse mo ins classiques.
de la cavité buccale après l'avoi r déplissée et asséchée. Avec ou sans
facteur de risques connus, par altérations génomiques et/ou altéra-
~ CARCINOME ÉPIDERMOÏDE IN SITU
tio ns des relations intercell ul aires 15 1, les cancers qui peuvent appa-
raître au ni veau des gencives sont très variés [6]. Par simplification, 11 s'agit d' un carcinome épidermoïde enco re confiné dans le tissu
nous ne présenterons pas les cancers de g landes salivaires mineures, épithélial, c'est-à-dire quand il n'a pas encore e nvah i ct débordé la
sauf à préciser que négliger de possibles ectopies salivaires, c'est membrane basale (lu i conférant alors le quali ticat if d 'i nvasil} Son
amputer, ct parfo is g ravement le d iagnostic différentiel. De mê me, aspect cli nique est celu i d ' une nappe é rythémateuse à li mite nette
l'extério risation g ingivale des exceptionne lles tumeurs malignes dont l' appellatio n clinique est celle d'éry throplasie [ 16]. La kéra-
odontogènes ne sera pas abordée [9]. Pour une présentation exhaus- tose ponctuée et la lésio n blanche d 'épaisseur inhomogène sont les
tive, nous renvoyons le lecteur à des ouvrages spécialisés. deux autres fo rmes de néoplasies intra-épithé liales o u précurseurs
du CEI [ 13].
Les carc inomes représentent environ 90 % des tumeurs cancé- Le carc inome verruqueux [31 (anciennement << papillomatosc
reuses d iag nostiquées au niveau de la cavité ora le. orale fl oride >>) est une variété très d ifférenciée de carcino me épi-
320 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
dermoïde, qu 'on reneonu·e aussi sur la peau ct les autres muqueuses teuse. Ils cons tituent mo ins de 1 % de l'ensemble des tumeurs
[I l]. Il réalise une nappe blanche kératosiq ue épaisse. ma lig nes du corps. Ce g ro upe de LUme urs comporte plus ieurs
sous-types hi stol ogiques et grades de di ffé renc iation ains i qu ' un
pro fil évolutif variant d'une croissance le nte à une fo rte ag ressiv ité
~ LEUCOPLASIE VERRUQUEUSE PROLIFÉRANTE
locale associée à un potentie l métastatique é levé. Les sarcomes
La leucoplasie verruq ueuse pro liférante ou leucoplasie mullifo- possèdent une origine cellul aire variée, mais ils sont regro upés d u
cale proli férante [ 1] est une plaque blanche dont la définitio n est fai t de leur simil itude c linique, évolutive, thérapeutique ct de le ur
surtout fondée sur l'évolution des lésions, plus que sur un aspect pronostic.
spécifique cliniq ue ou hi sto logique. Le qualificatif de verruqueux Par ordre décroissant, l'ostéosarcome, le rhabdom yosarcome,
s'applique à une kératose épaisse qui , du point de vue cl inique, 1' histiocytome 11breux malin, le fibrosarcome et 1'angiosarcome sont
donne à la palpation l' impressio n de rugos ité ( Fig ure 39-3). li les types histologiques les plus fréque mment rencontrés au niveau
s' agit d ' une variété de lésion buccale kératos ique partic ulière par de la région cervicofaciale. En particulier, le sarcome de Kaposi
son caractè re progressiveme nt multifocal et proliférant. Sa trans for- (voir c hapitre 4 1), associé au syndrome de 1' immunodé ficience
matio n en carcinome, so it verruqueux, soit é pidermoïde, est quas i acquise, ü l' ostéosarcome des mâcho ires (Figure 39-4) l 14j et aux
obligato ire ma is imprédictible . Les sites de prédilecti on sont la gen- sarcomes radio-induits de la tête el du cou peuvent donne r lieu à des
c ive, la muqueuse jugale et la langue. Les femmes sont 4 foi s plus localisations parodontales.
atte intes que les ho mmes, vers l'âge moyen de 70 ans.
Mélanomes
Sarcomes
Le revêteme nt ma lpighien de la cavité buccale renferme, à l'état
Les sarcomes re présentent un groupe hétérogène de tume urs no rmal, des mélanocytes qui peuvent do nner des lésions tumorales
malignes ayant comme point commun leur o rigine mésenchy ma- bénignes comme le nœvus nœvocellulaire (pe tit papulonodule sou-
CHAPITRE 39- CANCERS DE TOPOG RAPHIE GINGIVALE 321
Leucémies
Figure 39-4 Ostéosarcome mandibulaire de la zone rétromo-
laire droite. (Document Bruno Courrier.) A ffectant tous les o rganes hématopo:iétiq ues, on décri t des leu-
cémies lympho b las tiques, myéloblastiques, monob lastiqucs o u
promyélocytaires fl 51 . El les sont d istinguées des ly mpho mes qu i
réali sent des tumeurs dites so li des. Les lésions s péc ifiqu es des
le ucémies sont d ues à la pro lifératio n malig ne et à l' infi ltration
des tissus par les cellu les malignes, qu ' il fa ut dis tinguer d u syn-
dro me neutropénique et/ou de l' insu ffisance médu llaire, souvent
associés . L' infi ltrati on des genc ives réalise une ging ivite hypertro-
phique, caractérisée par une tumé faction importante d u bord li bre
des genc ives, surto ut des papi lles inte rdentaircs. Cette tumé factio n
est d iffuse, vestibula ire et linguale ; ell e intéresse les de ux arcades
ct peut couvrir les couq;mnes dentaires [7] . Sur ces gencives hyper-
tro phiées apparaissent des u lcérations nécrotiques puis hémorra-
giques. Ces ulcérations so nt souvent dues a u syndrome ncutro-
pénique associé à la leucém ie [8]. C ' est l' insuffisance médu llaire
g loba le qui exp liq ue la pflle ur des m uque uses buccales, l'anémie et
les g ing ivorragies par th rombopé ni e.
Implications cliniques
• La précocité du diagnostic est le facteur majeur d u pro-
nostic.
• Les chirurgiens-dentistes en général et les parodontistes
en particulier sont aux premières loges du diagnostic des
tumeurs orales malignes.
• L'Inspection clinique systématique et systématisée de la
muqueuse orale après l'avoir déplissée et asséchée est
impérative.
• Toujours suspecter le diag nostic d e tumeur maligne face
à une lésion gingivale à symptômes discordants.
• Ëtabllr le d iagnostic e n reche rchant un diagnostic diffé-
rentiel éventue l à l'aide d'examens complémentaires,
anatomopathologiques le plus souvent.
Figure 39· 7 Tuméfaction palatine d'un lymphome non hodgki·
nien. (Document Bruno Courrier.)
Articulation Articulation
normale atteinte de PR
Capsule articulaire
Membrane synoviale inllammée
Figure 40-1 Modifications de l'articulation atteinte de polyarthrite rhumatoïde (PR}. Une articulation physiologique est composée d'os
en regard, recouverts de cartilage articulaire et reliés en périphérie par la capsule articulaire. Celle-ci est tapissée de la membrane synoviale
qui sécrète le liquide synovial, lubrifiant de l'articulation. Au cours de la PR, la membrane synoviale est le siège d'une inflammation. Les cellules
y prolifèrent et forment un pannus. Elles sécrètent plus de liquide synovial riche en médiateurs de l'inflammation. Ces médiateurs et le pannus
dégradent le cartilage et l'os sous-chondral.
324 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
b) Situation clinique et radiographique en 2012. La patiente continue à fumer et n'a pas un suivi régulier. On observe une absence d'aggravation
de la parodontile avec des niveaux d'attache stable comparés à ceux de 2006. La parodontite est alors requalifiée et le diagnostic de
parodontite chronique consécutive à une parodontite agressive est porté. Il est intéressant de noter l'absence d'aggravation des signes
cliniques de la polyarthrite rhumatoïde entre 2006 et 2012. (Documents Philippe Bouchard).
CHAPITRE 40 - POLYARTHRITE RHUMATOÏDE 325
Poche
parodontale
Cytokines
PAD (Pg)
inflammatoire,
! peptides citrullinés,
Citrullination ACPA, -
(protéines de l'hôte, complexes immuns
protéines bactériennes)
! Initiation
ACPA et entretien
de l'inflammation
Articulation
Parodontite
atteinte de PA
Figure 40·3 Rôle de la parodontite dans la pathogénie de la PR. Au sein de la poche parodontale, la peptidyl-arginine-désiminase (PAD) de
Porphyromonas gingivalis (Pg) citrulline des protéines bactériennes et de l'hôte, dont l'énolase. Une production locale d'anticorps anti-peptides
citrullinés (ACPA) serait observée. Les antigènes, les anticorps et les complexes immuns diffuseraient par voie sanguine jusqu'à l'articulation. Ils
favoriseraient l'initiation et l'entretien de l'inflammation de la synoviale, comme les cytokines inflammatoires diffusant de la poche. Une production
articulaire d:A.CPA est également observée et pourrait être liée à l'activité des PAD de l'hôte.
326 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
nution s ig nificative de la vitesse de sédi mentation ou du Disease 2. de Pablo P, Chappie IL, Buckiey CD, Dietrich T. Periodontitis in
Activity Score 28 (DAS 28), c hez les patie nts a tte ints de PR , après systemic rheu matie diseuses. Nat Rcv Rheumatol, 2009, 5: 21li-224.
traitement parodontal [ 1, 7, IOJ. Cette hypothèse est i1 considérer 3. De Pablo P, Dietrich T, McA iindon TE. Association of periodontai
à l'éche lle de la population ct non au niveau individuel, les deux diseuse and tooth ioss w ith rheumatoid arthritis in the US popu la-
pathologies é tant largement rnu ltifactoriclles. tion. J Rheumatoi, 2008,35: 70-76.
4. de Smit MJ, Brouwer E, Vissink A, van Winkelhoff AJ. Rheu mato id
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Implications cliniques
5. Mangat P, Wegner N, Venables PJ, Potcmpa J. Bacterial and hu man
• Le dépistage et le traitement des parodontites chroniques pcptidylarg ininc deimi nases : targcts for inhibiting the autoimmunc
doivent être réalisés chez les patients atteints de PR. responsc in rheumato id arthritis? Arthritis Res Ther, 2010,12 : 209.
6. Me rcado FB, Marshall RI, Klestov AC, Bartold PM. ls tl1ere a re la-
• La PR est traitée avec des immunosupresseurs : le praticien
lionship between rheumatoid arthritis and periodontal disease ? J
doit prendre en compte le risque infectieux du patient.
Clin Periodonto l, 2000, 27: 267-272.
7. Mercado FB, Marshall RI, Klestov AC, Bartold PM. Relationship
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li. Mcrcado FB, Marshall RI, Bartoid PM. l nter-rclationships betwcen
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Immunodépression et maladies
parodontales
Géraldine Lescaille
• De no mbreuses affections so nt susceptibles d'e ntraîner Les déficits immunitaires peuvent être de diiTérentes ongmes
un état dïmmunodéficîenc e . et on di sti ngue des immunodél"iciences innées congénitales et des
• L' immunodé pression p e ut être innée o u a c q uise (infec- immunodéficiences acqui ses (Tableau 4 1- ll). L ' immunodépression
tieuse. e nv iro nneme nta le, médic amenteuse. métabo- congénitale regroupe les déficits primiti fs en cellules B (agamma-
liq ue). g lobulinémie liée à l 'X, hy pogammaglobu linémie, déficit en immu-
• Il e st c laire ment dé m o ntré q ue l'infe ction par le VIH initie noglobuline A, etc.), les déficits primi ti fs des cellules T et les défi-
et aggrave les lésions parodontales. cits combinés sévères. Ils sont rares et leur sévérité est variable ;
les << enfants bulles » en représentent le cas le plus extrême. Les
• La ma ladie d e Kaposi e t les leucoplasies orale s c hovc
immunodéficiences acquises, quant à elles, sont secondaires it de
lues so nt carac téristiques d e l'infection par le VIH.
nombreuses étiologies : malnutrition, carences, diabète, asplénie,
traitemen t~ immunosuppresseurs (chimi othérapie, rad iothérapie ou
corticoù1émpie, médicaments anti-rejet), ou infection par le virus de
l ' immunodéficience humaine (VfH). L e patient tabagique présente
également une altération du système immunitaire [3]. Enfin, la gros-
Généralités sur l!immunodépression sesse elle-même s' accompagne d' une dépression immuni tai re phy-
sio logique nécessaire à la tolérance vis-à-vis du fœtus.
Tableau 41·11 Tableau récapitulatif des principales causes de défi- qui pe uvent égaleme nt ê tre o bservées dans d 'autres états d ' im-
cit de l'immunité 19, 141. munodé press io n (malnutriti o n, carences, tabac, etc.). La mala-
die de Kaposi (Fig ure 4 1-3) ct les leucoplas ies orales c hevelues
Déficits primaires de l'Immunité Déficits secondaires de l'immunité (F ig ure 4 1-4) son t quan t 11 e lles caractéri stiques de 1' i nfcction par
Déficit des cellules Hémopathies malignes le V IH (voir chapi tre 13).
de l'immunité : LB, LT - Maladie de Hodgkin, leucémies
- Myélome Leucémies et neutropénies
Déficit des cellules Tumeurs solides
Les leucé mies sont classées en forme aiguë ou chronique et, selon
phagocytaires
leurs caractéristiques cyto logiques, en leucémies lymphoïdes et
Déficit du complément Pathologies auto-immunes myéloïdcs (voir chapi tre 39). Les man ifestatio ns paroclo ntalcs sont
- Lupus érythémateux disséminé
fréque ntes, telles que l'accro issement gingival , les gingivorragies ct
Troubles métaboliques les pétéchies, et peuvent constituer les premie rs symptômes de ces
- Dénutrition protéine-calorique
désordres hématolog iques prol ifératifs (Figure 4 1-5). Les ncutropé-
- Diabète
- Insuffisance rénale chronique nics, dans le cas de désordres hé matolog iques pro liférati fs ou no n
- Syndrome néphrotique (chi miothérapie), sont à l'orig ine d ' ulcérations no n spécifiques, dites
- Entéropathies exsudatives neutropéniqucs. Ces lésions sont de forme arro ndie, à fond nécro-
Causes iatrogènes tique, et s'étendent de façon importante en surface et e n pro fo ndeur.
- Radiothérapie et chimiothérapie Elles sont notamment accompagnées de douleurs ct d' une dyspha-
- Traitements g ic. Elles sont. plus fréquemment retrouvées lors d ' une ncutropénie
immunosuppresseurs
sévère (< 500/ mm3). Celles-ci do ivent nécessiter une ant.ibiothérapie
- Corticothérapie
associée à une réanimatio n hématologique qui sera prise en charge
LB : lymphocytes B ; LT : lymphocytes T.
par !"équipe médicale du patient. Un contrô le de plaque stricte est
nécessaire chez ces patients afi n de diminuer le risque de s urinfec-
tion. Des bains de bouche, antiseptiques, antifong iques ct antibacté-
~ DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES riens, en association à un traitement antiviral, seront alors prescrits.
En e ffe t, on observe plus sou vent chez ces patients des infections
L' immunodépression concerne un nombre re la ti vç,mcnt é levé de virales de type zona, herpès o u infection au cyto mégalovirus, tl l' ori-
patients. Les médicaments immunosuppresseurs sont ut ilisés dans g ine de vés icules ou de lésions muqueuses plus étendues, ainsi que
de no mbreuses indicatio ns comme les maladies auto-immunes, les des candidoses.
c ancers el les transp lantations d ' organe. Le cancer étant actuel-
leme nt la premiè re cause de mortal ité e n France, de nombreu x
patie nts sont traités par différe nts ty pes de chimio théra pie pou-
va nt e ntraîner une immu nodé pression trans ito ire. Par ailleurs, on Rationnel biologique du lien
estime que 150 000 pe rsonnes son t infectées par le V I H en France, entre maladies parodontales
so it 2,4 %o habitants e n 2012, avec 7 000 no uvelles contamina-
tio ns c haque année (Institut national de ve ille san itaire, 20 12). et immunodéficience
Concernant le d iabète, la prévale nce a prog ressé de 2,6 à 4,4 %
e ntre 2000 c t 2009, ct le nombre de diabé tiques tra ités est passé, Les mécan ismes pathogéniqucs des maladies parodontalcs sont
e n France , de 1,6 à 2,9 mi llions ( voir c hapitre 27). contrô lés par différentes cytokines, notamment l'i nterleukine 1
( IL-l ), I' IL-6 (l L-6) et le tumor nec/Vsisfactor alpha (TNF-a) (voir
chapitre 24). Il a été montré que l'inhibition du TN F-a ct de l' IL- 1
~ MOYENS DIAGNOSTIQUES ET PRINCIPES entraînait une diminution elu recrutement des cellules infl ammatoires
DE TRAITEMENT du tissu conjonctif ging ival, ainsi qu'une diminution du nombre d ' os-
téoc lastes et de la résorpti on osseuse 17 1. Par ai lleurs, les phagocytes
Infection par le VIH
(monocytes et polynucléai res neutrophiles) sont considérés comme
Les manifestations ora les de l' in rection au V IH, c t particuliè- protecteurs car ils permcucnt l'élimination des bactéries pathogènes.
reme nt paro dontales, sont fréquentes au cours des stades sy mp- Ccci est e n accord avec le fa it qu ' un déficit qualitatif ou q uantitatif
tomatiques de la maladie ct c laire ment liées à la c hute des ly m- des phagocytes est associé à une plus grande fréquence et une plus
phocytes T CD4. Vér itables « s ig nes d ' appe l >>, e lles constituent grande sévérité des paro do ntitcs [5]. Par ailleurs, un certain nombre
souvent les pre mi ères man ifes tations de l ' infectio n au V IH ou de d ' arguments sont en faveur d ' un lien entre immunodépression et
son évolution, d'où le ur vale ur diagnostique et pronostique . Le maladie paroclontale. La relation entre diabète et. maladies parodon-
d épi stage, le di agnos ti c précoce et le traite ment de ces lés ions, tales a été établie par de nombre uses études épidémio log iques, par-
clans le cadre d ' une co ll aboration étroite entre médec ins et oclon- fois contrad icto ires 16, 15 1(voir chapitre 27). L' infection parodontale
to log istcs, son t essentiels. La prise en c harge o clonto log iquc pe r- apparaîtrait de plus en plus comme un facteur de perturbation des
met d ' identifier une séropositivité ig no rée ou de do nner un s ignal équilibres homéostas iqucs, susceptible d 'entraîner des manifesta-
d 'a larme pour dé buter un tra ite ment s pécifique chez un patient tio ns patholog iques à dis tance du foyer d 'orig ine. Il a été par ai lleurs
séropositi f, voire pour orie nter les décis ions re latives au déro u- évoqué q u' une maladie auto-immune pouvait être engendrée par
le ment de la thérape utique antirétrovirale . Certaines manifesta- une infection. Plusieurs études ont s uggéré que le traite ment de la
ti o ns de la muqueuse o rale ct du parodonte sont associées à celle maladie parodontalc permettai t de réduire l' activité de la po lyarthrite
immunodéfi c ie ncc (Fig ure 4 1- 1). Au s tade s ida, il n 'est pas rare rhumatoïde 12, I l, 13 1 (voir chapitre 40). Très récemment, un lie n
d 'observer des maladi es paroclontal cs nécrotiqucs ( Figure 4 1-2), entre maladie parodonta lc ct myocardite auto-immune a également
CHAPITRE 41 - IMMUNODÉPRESSION ET MALADIES PARODONTALES 329
Figure 41-1 Péricoronarite (a) et gingivite ulcéronécrotique (b) chez une patiente de 22 ans. Devant le contexte d'altération générale, un
bilan biologique comprenant un hémogramme et des sérologies VIH, de l'hépatite B et C (VHB, VHC) a été réalisé. Les résultats ont révélé le diag-
nostic du VIH ainsi que des hépatites B etC. (Document Service d'odontologie Pitié-Salpêtrière.)
Figure 41-2 Gingivite ulcéronécrotique chez un patient VIH. Figure 41-3 Sarcome de Kaposi. Tumeurs violacées au niveau du
(Document Service d'odontologie Pitié-Salpêtrière.) palais chez un patient infecté au VIH. (Document Philippe Bouchard.)
été évoqué dans un modè le animal [41. Par ailleurs, pl usieurs études Ainsi, le choix thérapeutique devra intégrer:
sc som iméressées à la relation entre maladies parodomalcs et VII-I. - le pronostic vital li é à l' affection ;
Il est clairement démontré que l' infection par le VIH est à l'origi ne - le risque lié à l' abstention thérapeutique;
de diffé rentes manifestations buccales et notamment parodontales - la morbidité inhérente à chaque option thérapeutique:
[ 1]. Di ftë rentes études ont également porté sur le lien entre la pro- - le bénéfice attendu de chaque proposition sur le confort de la
gression de la parodontitc ct celle de l' infection au VII-I 11 0]. Les vic;
maladies parodontales ont donc un rôle potentiel dans l'évolution de - l' observance au suivi parodontal et au contrôle de plaque indi-
différentes pathologies, notamment auto-immunes. viduel.
Cette patho logie touche 1 naissance sur 20 000 par an sans dis- certaines tume urs, ces cancers s' insta llent sur des zones de la peau
tinc tion de sexe ni d'origine ethnique. Elle sc manifeste dès la nais- s ujettes à des ulcé ratio ns e t des réépi thél ialisat ions répé ti tives. Ils
sance o u durant les premiè res années de la vie . Les formes les plus a ffecte nt princ ipa le me nt la muque use ling uale. Les so ins de n-
sévères (EB j onc tio nncllcs dites de He rlitz c t les EB dystrophiqucs taires sont possibles, mais de plus en plus diffic iles avec l'âge et la
de Hallopeau-Sic mc ns) peuvent être lé tales. Les E B simples sont progression de la mi c rosto m ic. Des précautions sont néce ssaires
les plus fréquentes c t les moins sévères. Les bulles qui sc forme nt pour limiter au max imum la form a tion de bulles: lubrification de
peuvent laisser des cicatrices rétrac ti les et sc localisent majoritai re- to us les instrume nts, gestes dé licats, anesthésie a u contac t osseux,
me nt au niveau des zones de frotteme nts (m uins, pieds, siège, c uir aspira tion à dis tance des muque uses. A uc un traite me nt préventi f
chevelu). Des fusions digitales ct des sté noses œsophag ie nnes sont n'est efficace pour traite r o u rale ntir la survenue des lésio ns buc-
alo rs possibles. Les muque uses oculaires, trachéo laryngécs, gas tro- cales. La prise de s ucralfatc, utilisé da ns le tra ite ment des u lcères
intestinales, génito-urinaires c t le systè me ré nul sont égale me nt duodé na ux, a mo ntré de bons résultats c hez q uelques patie nts. Des
touchés. L a pers ista nce de plaies é tendues est respo nsable de dénu- bains de bouc he à la c hlo rhcx idine el a u fluo r sont fréque mme nt
trition, de surinfections, de retards staturopondéraux graves, d ' une
prescrits pour palli e r les diffic ultés de brossage c t préven ir une
nné mic chronique c t d ' un risque é levé de carc inome épidennoïde
in fection des lésions.
entraînant un décès avant l' âge de 30 ans.
La cav ité bucca le n'est pas é pa rgnée e t la m uqueuse o rale est
Hypoplasie dermique en aires ou syndrome
égale me nt le s iège de lésions bulle uses ( Figure 42- 1) . Da ns les
formes légères, des lésions o rales pe uvent se ma ni feste r sous de Goltz
forme de pe tites bulles gué rissant rnpidcmc nt sans altérer de façon Il s' ag it d' une patho logie extrê me me nt rare (300 cas rappor-
significati ve la vic du pa tie nt. Dans les formes plus sévères, la tés dans la litté rature), touc ha nt majoritaire ment les fe mmes, sans
cicatrisation ré trac tile des lésio ns bucca les ré pé titi ves va progres- préd ispos ition ethnique. Les fo rmes masculines sont générale ment
s ivement e ntraîne r la d isparitio n du s illo n vestibulaire, une an ky- lé ta les in wero. Lt:' alté ra tio ns sont multiples: au niveau de la peau
log lo ssie ct une mic rosto mie. L' hyg iè ne de ntaire c hez ces patie nts (lés io ns linéaires hypo- o u hyperpig mc ntécs, nombre ux papillomes,
est diffic ile à assure r e n raison de ces lésio ns e t de la do ule ur dysplasie unguéale, hypotrichose), au niveau des yeux (colobome',
e ngendrée [ 13]. Il est clair que les g ing ivites c hroni ques sont fré- microphtalmic), au niveau squele ttique (ectrodactylie 2, pe tite tai lle,
que ntes. C hez les patients partielle me nt éde ntés, la format io n de
striation verticale des os longs) 123]. C inquante pour cent des
bulles c t d ' ulcéra tions de la muqueuse est fréque mme nt o bservée
patie nts présente nt des a nomalies de ntaires de nombre, de struc ture
da ns les zones e nvironnant les de nts resta ntes. La conservation des
de l'émail , mais égale me nt du pa rodo nte avec la présence de papil-
de nts pe ut év ite r ces lésio ns e t ma inte nir le coeffi cie nt masticate ur
lomes c t d' hype rtrophie g ingivale [3).
15 1. Ce s lés ions pe uvent s ubir une trans forma tion mali gne. Des cas
de carc inomes é pidc rmoïdes ont été ré pe rto riés c hez les malades 1. Fissure des paupières ou de l'œil.
att.e ints d' E B dystrophiquc récessive. Selo n le mê me principe que 2. Absence congénitale d' un ou de plusieurs doigts.
334 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
Figure 42· 2 Syndrome d'Ehlers-Danlos de type VIII (SEO parodontal) chez une femme de 48 ans (1,56 m ; 95 kg). a) Cicatrices mon-
trant des plaques prétibiales brunes et atrophiques dues à des hématomes fréquents surinfectés. On note une grande friabilité cutanée. b) Vue
clinique de l'état parodontal. Noter l'absence de gencive généralisée, l'importante inflammation et les récessions gingivales. c) Radiographie
panoramique. (Document Philippe Bouchard et Centre de référence des maladies vasculaires rares http://www.maladiesvasculairesrares.com/
spip.php?article11.)
et et-2 du collagène de type 1par perte de l'exon 6. On retrouve une nécessaires pour affi rmer une prédisposition aux maladies parodon-
hy pcrlaxité articulaire, une scoliose, une hypotonie musculaire cl tales dans les autres formes du syndrome. Il apparaît également que
une ostéopénie. ces patients sont résistants à l' anesthésie qui se révèle pm· ailleurs
- Le SEO dermatosparaxis. Anciennement Berlin type V Ile, plus douloureuse. Quoi qu ' il en soit, i l est important de prendre en
cette forme est due à des mutations récessives du gène AOAMTS2 compte l'état psychologique du patient. En effet, la pluparL d' entre
codant pour une enzyme, la procollagène 1 amino-tcrminal pcpti- eux présentent une dépression clue notamment à la présence de clou-
dasc. Les patients présentent dès l 'enfance une hyperfragili té de la leur chronique au quotidien 11 71.
peau laissant de sévères ecchymoses et une cutis faxa (peau lâche).
- Le SEO de type VIII est une forme dite « parodontale », dont le Syndrome de Barber-Say
premier signe clinique est une parodontite (Figure 42-2). Les ana-
Décrit pour la première fois en 1982, cc syndrome se caractérise
lyses de liaison ont révélé que le gène muté serail porté par le chro-
par une hypertrichose, un retard de croissance ct une dysmorphie
mosome 12 au locus p 13, bien qu 'aucun collagène ou enzyme colla-
facial e (ensellure nasale large, narines antéversées, lèvres fines,
génique ne soit présent dans ce locus [25]. Les anomalies dentaires
sourcils épar s, hypcrtélorisme avec télécanthus5, ectropion6 bilatéral,
font partie du tableau clinique des SED . En revanche, de nombreux
macrostomie, nez bulbeux). On retrouve également une hyperlax ité
problèmes dentaires ont été faussement décrits comme en associ a-
cutanée avec un excès de peau ct une hypoplasie des mamelons avec
tion. U ne étude de 2004 a permis de montrer que les anomalies den-
absence de glandes mammaires. Cc syndrome se rapproche du syn-
taires réellement associées sont les désordres de l ' articulation tem-
drome ablépharic-macrostomic, dont il pourrai t être une variation
poromandibulairc ct des douleurs importantes à la mastication. Chez
alléliquc. Au ni veau dentai re, ces patients ne présentent aucune alté-
plus de la moitié des patients, on retrouve une hypcrmobi lité de la
ration des tissus durs. En revanche, on note une fibromatose ging i-
langue permettant aux patients de toucher leur nez avec la pointe de
vale généralisée, donnant l ' impression que les dents n'évoluent que
leur langue (appelé signe de Godin). Les maladies parodontalcs sont
partiellement. L 'analyse histologique du tissu gingival montre un
également retrouvées plus fréquemment (34 %) que dans le groupe
excès de fi bres de collagène ct une absence de fibres élastiques. La
contrôle ( 15 %). Des parodontites ont en effet été retrouvées surtout
rigidité pourrait alors expliquer les retards d'éruption dentaire [2 1].
dans les formes hypermobi les, mais peu ou pas dans les formes vas-
culaires. Les patients semblent, de plus, répondre moins bien aux
thérapeutiques parodontaJes [ 151. Les maladies parodont alcs sont 5. Écarlcmcnt excessif des angles internes des yeux.
caractéristiques du SEO VIII. En revanche, d' autres études sont 6. Évcrsion du bord de la paupière entraînant un risque de conjonctivite.
336 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
Syndrome de Cowden
Le syndro me de Cowden est caractérisé par le développement
d' hamartomes multiples, qui sont des mal formations tissulaires
d'aspect tumoral , au niveau du tractus gastro-intestinal et de la peau.
Ces patients présentent un risque accru de développer des tumeurs
mali gnes. En effet, le gène en cause code pour une protéine sup-
prcsscur de rumeur, la phosplratase and tensinlromologue, localisée
au locus 1Oq23.3. Ln transmiss ion est autosomiquc dominante et
la prévalence de 1 sur 200 000 naissances. Les tilles semblent être
plus fréquemment atteintes. Le diagnostic repose sur certains signes
pathognomoniques : trichilemmomes7 faci aux, kératose acrnlc,
papillomatosc ct lés ions muqueuses. La présence de carci nomes
pulmonai res ou thyroïd iens est fréq uente cl constitue un signe diag-
nostique majeur. D'autres signes cliniques ont été décrits ct font
l 'objet d' un consensus international de diagnostic [241. A u niveau Figure 42·3 Radiographie panoramique d' un jeune patient
âgé de 3 ans présentant une exfoliation précoce des incisives
buccal, des lésions papillomateuses sont retrouvées au ni veau des
temporaires maxillaires laissant suspecter une hypophosphata-
lèvres, de l a langue et de la gencive. La langue a un aspect fissurai re sie. (Document Muriel de la Dure-Molla.)
li Oj. Des parodontites chroniques généralisées ont également été
décri tes chez certains patients. D ' un point de vue histologique, les
lésions de la muqueuse orale sont des hamartomes de type librome
bénins ct/ou hyperplasie fibroépithéliale. Le traitement de ces sans raison ou suite à un traumatisme mineur. D ' un point de vue
lésions par différentes thérapies (médicamenteuse, radi othérnpie, histologique, des anomnlies de structure du cément nltérant l ' in-
exérèse, laser) n' a pas montré de l'ranc succès. serti on des fibres ligamentaires ont été décrites (Figure 42-3). Les
manifestations dentaires constituent un signe d'appel majeur de
Hypophosphatasie l ' hypophosphatasie, particulièrement pour les formes ju véniles qui
ne seront pas diagnostiquées, sans cel a, avant l 'ftge de 6 ans. De
L' hy pophosphatasic est une maladie génétique qui touche une
plus, des formes uniquement oclontologiques OLI seule l ' altération
enzyme essentielle à la minéralisation, la tissue non -specifie a/ka-
dentaire est présente ont été retrou vées associées aux mutations de
lille plwsplwtase (TNSALP). Différentes formes cliniques ont été
la phosphatase nlcnline. Plus l ' atteinte dentaire est sévère, plus la
décrites : périnatale (létale), infantile, juvéni le, adulte et la forme
lo rme clinique est grave 126 1.
odontologiquc (odontohypophosphatasie) (Tableau 42- 1) 1181. La
prévnlcncc est variable selon l es formes. Elle est de 11300 000 pour
les formes sévères. Les formes modérées sont plus fréquentes. Les
Fibromatose gingivale héréditaire
mutations de cette enzyme perturbent la minéralisation de tout le Dans sa forme isolée, il s' agit d' une patholog ie bén igne, très rare,
squelette. Chez l 'enfant, cela se traduira par une diminution de la caractérisée par une hyperpl asie gingivale d 'évolution lente, non
croissance stnturale, des déformations osseuses, notamment au hémorragique, et généralisée aux deux arcades. L'accroissement
ni venu du thorax ct du crâne. Le dosngc sérique de la phosphatasc gingival peut même recouvrir les couronnes des dents ct gêner
alcaline est diminué, tandi s que le dosage sérique du pyridoxal-5'- l 'éruption des dents permanentes. D' un point de vue hi stologique,
phosphate (PLP) ct le dosnge urinaire de la phosphoéthanolamine on retrouve une augmentation des fibres de collagène, des fibres
(PEA) sont augmentés. Les différents tablenux cliniques sont carac- élnstiques et des fibroblnstes. Des mutations hétérozygotes dans le
térisés par une ex foliation des dents temporaires et permanentes gène SOS/ (contrôlant la croissance ct la différenciation cellulaire)
ont été rapportées dans la li ttérature el d' autres locus ont également des phases de neutropénies et des phases de récupérations tous les
été identifiés. Ces fibromatoses peuvent aussi être présentes dans dif- 2 1jours. La prévnlence de la neutropénie congénitale sévère est de 1
férents syndromes : le chérubisme (dysplasie fibro-osseuse), le syn- à 1,7/333 300 personnes (Tableau 42-ll). L es conséquences cliniques
drome de Z immcrmann-L abland, le syndrome de M urray- Puretic- sont une grande susceptibi lité aux i nfections. Majoritai rement,
Dresher (tumeurs hyal ines odontogènes), le syndrome de Ruther furcl celles-c i se situent au niveau cutanéornuqucux, OR L , respi ratoire et
(dystrophie cornéen ne) ct le syndrome de Gross (hypopigmentation , stomatologique. Dans la cavité buccale, on retrouve des gi ngivites
opacités cornéennes). La prise en charge thérapeutique consiste à hémorragiques, des parodonti tcs, des aphtes, des ulcérations ct des
réaliser des gingivoplastics/gingivectomies, sous antibioprophy- candi closes. Ces mani festations débutent dès l 'enfance ct sont quasi
laxie, et à mettre en place des goutt ières thermoplastiques à visée constantes après 1'âge de 2 ans.
compressive hémostatique en post-opératoire. Quntre gènes sont actuellcmclll en cause dans cette patho logie :
l ' él astase neutrophilaire (ELA2 ; transmission autosomiquc domi-
nante), le gène CF/ / (transmission autosomiquc dominante), le gène
Altérations du système immunitaire /-JAX/ (trnnsmission autosomique récessive) et les mutations acti-
vatrices du gène de ln maladie de W iskott A ldrich ( WASP) (trans-
mi ssion liée il l 'X). C inquan te à soixante pour cent des patients pré-
Nombreuses sont les pathologies qui altèren t le système immu-
nitaire, à deux niveaux : la réponse cel lulaire ou la réponse humo- sentent une mutntion du gène ELA2 et 15 % du gène HAXJ.
rale. Au niveau cellulaire, les lignées lymphocytaires sont primor- L e trni tement de la neutropénie consiste en l 'administration
diales et indispensables à la vic. Leur altération comme clans les d'un produit biologique, le granulocyte co/ony-stimu/ating factor
leucémies est fatale pour le patient. En revanche, 1'altération des (0-CSF). Les doses ct le mode d' admi nistration (courte ou longue
neutrophi les (qualitati ve - altérations de l a phagocytose ou elu période) sont adaptés à chaque pat ient. Quelques ncutropénies sont
chi miotaxisme - el quantitative - neutropénic ou agranulocytose) récalcitrantes à cc traitement. Il est. alors réalisé une grelle de cellules
ne menace pas l a vic du patient, mais peut entraî ner cl ' importames souches médullai res qui a l ' avantage de réduire le risque de trans-
complications infectieuses, par diminution des capacités de défense formation leucémique. A u niveau de la cav ité buccale, en l ' absence
de l ' hôte. Compte tenu de l ' i mportance du rôle de l 'immu nité dans de traitement, le patient présente une paroclontite sévère entraînant
la pathogénie des mal adies paroclontales, i l est aisé de comprendre f réquemment des pertes d'organes dentaires. Il a également été
les répercussions que cc type d' affect ion peut avoi r sur le parodonte retrouvé chez ces patients un taux élevé cl'i nterleuki ne- 1 130_1. Le p
(voir chnpitre 24). chirurgien-dentiste revêt un rôle primordial clans le diagnostic de l a
neutropénie cyclique; en effet, l ' i nflammation parodontalc cyclique
peut être le seul si gne d'appel (pour revue l 12J) (Figure 42-4) .
.... NEUTROPÉNIES CONGÉNITALES SÉVÈRES
Une neutr opéni e se définit par une réduction du nombre de poly- .... DÉFICITS D'ADHÉSION LEUCOCYTAIRE
nucléai res neutrophiles inférieur à 1 500/mm3 . Si cette diminution se
produit sur une période supérieure à 3 mois, on parle de neutropénic Les défîcits d'adhésion leucocytaire (DAL ou LAD en anglai s
chronique. On définit trois degrés de neutropén ies : moyenne (de pour leucocyte adhesion deficiency) sont un groupe d' immunodé-
1 000 à 1 500/mm3) associée à un ri sque infectieux faible, modé- l"iciences pri maires, caractérisées par des anomalies de l ' adhésion
rée (de 500 à 1 000/mm3) associée à un risque infectieux modéré, des leucocytes, générant une absence de migration des leucocytes
et sévère ( < 500/mm3) associée à un risque infectieux sévère. depuis les vaisseaux vers le lieu de l 'infection (Tableau 42- 11 1). On
Certai nes nculropénics peuvent être cycliques, c'est-à-dire alternant di stingue trois formes cliniques 129J : le DA L -1 (caractérisé par la
Neutropénie congénitale sévère 202700 AD ELA2 élastase Létale avant 3 ans sans traitement
de type 1 neutrophile Infections bactériennes et mycosiques
Leucémie myéloïde ou myélodysplasie
Neutropénie cyclique 162800 AD ELA2 élastase Épisodes de fièvre, infections bactériennes,
neutrophile aphtes, parodontites
Neutropénie congénitale sévère 613107 AD GFI1 (growth factor Lymphopénie
de type 2 independent 1)
Neutropénie congénitale sévère 610738 AR HAX1 Pneumopathie, abcès cutanés, infections ORL,
de type 3 ou syndrome infections buccodentaires
de Kostmann
Neutropénie congénitale sévère 612541 AR G6PC3 Septicémie néonatale, infection pulmonaire,
de type 4 ou syndrome anomalie cardiaque, diminution de la lignée
de Dursun blanche, anémie
Neutropénie congénitale sévère 300299 Liée à l'X WAS(Wiskott- Infections bactériennes, monocytopénie
Aldrich syndrome
protein)
AD : autosomique dominant ; AR : autosornique récessif ; OMIM : Online Mende lian lnl!erilance in Man {banqlJe de données en ligne qui regroupe toutes les maladies connues qui relèvent d'un
composant génétique et, si possible, les relie à des gènes adéquats au sein du génome humain.
338 PARTIE 8- MALADIES PARODONTALES ET AUTRES MALADIES
La trisom ie 2 1, aussi appelée syndrome de Dawn, est une a no- .... SYNDROME DE PAPILLON-LEFÈVRE
malie c hromosomique d élinic dans la majorité des cas par la pré-
sence de trois c hromosomes 2 1. Sa prévalence est actuelle me nt de Le syndro me de Papillon-Lefèvre est une hyperkératose pa lma-
1/2 000 naissances. Cliniquement, les patie nts présente nt un re tard plantaire rare (Fi gure 4 2-6) associée à une parodontite précoce.
me ntal, une hypotonie musculaire, une lax ité artic u la ire, des car- Cett e patholog ie est duc à une perte quas i totale de l'activi(é de
d iopathies ct une dysrnorphie c raniofacialc carac té ristique (fe ntes la ca the ps ine C c t se tra nsmet s ur un mode autosomique récessi f
CHAPITRE 42- MALADIES RARES 339
Figure 42·5 Patient atteint du syndrome de Chediak-Higashi présentant une parodontite sévère. (Document Muriel de la Dure-Molla.)
Figure 42-9 Patiente âgée de 25 ans présentant une fente labio-alvéolaire et palatine bilatérale. On peut noter une absence de fermeture de la
fente palatine, une agénésie de la 11, des hypoplasies amélaires de 21, des malpositions des dents bordant la fente, une absence d'os alvéolaire dans
la zone des fentes (surtout marqué du côté gauche) se traduisant par une déhiscence gingivale entre 22 et 23. (Document Muriel de La Dure-Molla.)
BIBLIOGRAPHIE
v
CHAPITRE 42 - MALADIES RARES 343
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----
1
Maladie d'Alzheimer
Philippe Bouchard
2 milli ons en France en 2020. Les femmes sont plus touchées que
Points clés
les hommes.
• La prévalence des maladies neurologiques dégénéra- L'évolution s'échelonne sur une durée moyenne de 9 ans envi-
tives (MND) ne cesse d'augmenter. ron (Figure 43- 1). Les facteurs de risque le plus souvent évoqués
• L'inflammation a un rô le c lé dans le développement et sont d'ordres génétiques ct environnementaux. Le facteu r génétique
l'apparition de la maladie. ex pliquerait environ 20 % des cas. La présence de l' allèle de l' apo-
lipoprotéinc E (APO E) e4 est le prem ier facteur de risque génétique
• La preuve d'une association entre maladie parodontale
111. Sur le plan envi ronnemental, des facteurs soci o-économiques ou
et MND est faible.
la stimu lat ion intellectuelle moindre ont été évoqués parmi d 'autres,
• La perte dentaire pourra it être un facteur de risque signi- sans toutefois apporter une réponse franche en termes de prévention
ficatif de maladie d ·Alzheimer. du risque. L'alcoolisme ct d ' autres problèmes de santé, neurolo-
• ii existe une détérioration de la santé orale en généra i giques en particulier, sont des facteurs aggravants, avec des déclins
et une diminution de la qualité de l'hygiène au fur et à plus rapides.
mesure de l'évolution de la maladie.
30
MMSE=26
25 ladie d'Alzheimer
légère
Oublis fréq nts
20 Perte de mém · MMSE= 19
--~-~... -- -épiSaaiqüë----
w Questions répétées
~ 15 SPCD : apathie,
:2 dépression
Perte des fonctions
instrumentales
10 --------------- - -Anosmie- -- --------
Perte des fonctions
exécutives
AVQ élémentaires SPCD multiples : agitation ++
5 perturbées Altération du sommeil
SPCD multiples Dépendance totales : habillage,
Soins ~rtants alimentation, hygiène
0~-------------------------------------------------------
2 3 4 5 6 7 8 9
Années
Figure 43·1 Progression des symptômes de la maladie d'Alzheimer (d 'après iPubli-lnserm 2007). AVQ : activités de la vie quotidienne ;
MMSE : mini -mental state examination ; SPCD : symptômes psychologiques et comportementaux des démences.
Implications cliniques 4. Karner AR , Craig RG, Pin·aglia E, et al. TNF-alpha and amibndies
10 periodontal bacteria discriminate bctween Alzheimer's disease
• Le traitement parodontal sera adapté au stade d 'évo- patients and normal subjects. J Ncuroimmunol, 2009. 30, 216 :
lution de la maladie. 92-97.
5. Kamer AR, Dasanayake, AP, Craig, RG, et al. Alzheimer's disease
• En cas de maladie parodontale. le traitement sera le and peripheral infections : the possible con ll'ibution from periodon -
plus précoce possible. tal infections, model and hypothcsis. J Alzheimers Dis, 2008, 13,
• En cas de perte d'autonomie, le contrôle de plaque 437-449.
devra être assuré par une tierce personne. 6. Linden GJ, Herzberg MC and on behalf of working group 4 of the
joint EFP/AAP workshop. Periodontitis and system ic diseases :
a record of discussions of working group 4 of the Joint EFP/
AAP Workshop on Pcriodontilis and Systemic Diseases . .1 Clin
POUR EN SAVOIR PLUS Periodontol, 2013,40 (Suppl 14): S20-S23 .
7. Poole S. Singhrao SK, Kesavalu L, el al. Detcrrnining the presence
Maladie d'Alzheimer: Enjeux scientifiques, médicaux et sociétaux. of periodomopathic virulence fitc lors in short-lerm postmortem
i Publi-lnserm 2007. http://www.ipubli. inserm.fr/bitstream/ Alzhcimer's disease Brain Tissue .1 Alzheimers Dis, 20 13 May 10.
handle/1 060811 13/Sommaire.html. 8. Riviere, GR, Riviere KH, Smith KS . Molecular and immunological
ev idence of oral Treponema in the hu man brain and their associa-
tion with Alzhcirner's diseasc. Oral Microbiol lmmunol, 2002, 17:
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lipoprotein E type 4 alle le and the risk of Alzheimer's d isease in la te neuropathology in the Nun study. J Am Dent Assoc, 2007, 138:
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oral status in Alzheimer-type dementia patients. Gerodontology, among subjects aged 75 years or older. Gerodontology, 2012, 29:
20 I l, 28 : 302-306. 36-42.
La consultation
parodontale
Direction scientifique : Hélène Rangé et Philippe Bouchard
adhésion et une participation active du malade à son traitement. De la Tableau 44-11 Questions de base à poser lors de l'entretien initial.
qualité de cet entretien dépendra l ' harmonie de la relation praticien L.:ordre des questions importe peu et la formulation est à la discrétion
- malade qui permettra une démarche di agnostique efficace et une de celui qui les pose.
bonne obser vance thérapeutique. Celte relation pratic ien - malade
- Motif(s} de consultation/attente(s} thérapeutique(s}
étant inégale, J'entretien ne doit jamais fai re apparaître un rapport • Quelle est la raison pour laquelle vous venez consulter ?
dominant- dominé, mai s au contraire être empreint d'une grande • De quoi vous plaignez-vous ?"
empatl1ie et débarrassé de toute solennité. Cet entretien sera impré- • Qu'attendez-vous de moi ?
gné de silences, d'écoute, d'attitudes compréhensives, de façon à - État de santé générale actuel
ce que la communication non verbale soit apaisante et autorise le • Êtes-vous en bonne santé ?
dialogue. À ce suj et, il est souhaitable de procéder ~t l'entretien dans • Prenez-vous des médicaments ?
• Avez-vous déjà eu des réactions allergiques ? Pas d'asthme,
un local dédié, idéalement ass is face il face ct sans interposition de de rhume des foins, etc. ?
bureau entre le pratici en ct le mal ade (un ordinateur portable ou une
- Histoire médicale et parodontale familiale
tablette permettent de prendre des notes). Si le praticien ne dispose • Votre père ou votre mère ont-ils, ou avaient-ils, une maladie
que de la zone opératoire, le fauteuil sera en position assise et non cardiovasculaire ? Un diabète ?..
couché ( la pire des situations !). • Votre père et votre mère ont-ils toutes leurs dents ?
• Avez-vous des frères et sœurs ? Ont-ils les mêmes problèmes
Cet entretien doit être d'emblée le plus médicali sé poss ible, car
que vous?
certains sujets n'ont pas vraiment conscience d'être atteints d' une
- Habitudes de vie
maladic2, surtout lorsqu'i l s'agit d' une découverte fortu ite au
• Fumez-vous ? Avez-vous déjà fumé ? Quand avez-vous arrêté ?
décours d' un examen de routine. Q uelques questions permeltront au Combien de cigarettes par jour fumiez-vous ?
prati cien de guider l 'entretien (Tableau 44-ll). Il est i mportant d'al- • Faites-vous du sport ? Avez-vous une vie équilibrée ?
terner questions ouvertes (pas de réponse préétablie) et questions Une alimentation équilibrée ? Pas trop de thé, d'alcool, de café?
• Que faites-vous dans la vie ?" ..
fermées dichotomiques (oui/non) afin de rythmer l 'entretien pour
éviter que des malades ne s'adonnent à une logorrhée chronophage - Histoire dentaire
• Est-ce qu'il vous manque des dents ? Pourquoi ?
inefficace clans la collecte des informations. L es questions ouvertes
• Avez-vous eu un traitement orthodontique quand vous étiez enfant ou
seront cependant toujours préférées aux questions fermées car elles adulte (appareils pour redresser les dents} ? Fixe ou amovible ?
offrent plus de liberté pour s'exprimer. Enfin, le dialogue se poursui - • De quand date votre dernier détartrage ? En faites-vous
vra tout au long du traitement et elu suivi paroclontal afin d'identifier régulièrement ? Une fois, deux fois par an ?
les évolutions médicales et env ironnementales susceptibles de modi- - État de santé orale
fier l 'étal parodontal elu patient. • Est-ce que votre bouche saigne lorsque vous vous brossez
les dents••••?
• Il est parfois étonnant de voir des malades totalement bouleversés par un parcours parodon·
tai ou implantaire complexe (et onéreux) ayant généré une inquiétude extrême, alors qu'au
Motif de consultation départ ils n'ont strictement aucune doléance. Il est donc important d'identifier si le malade
se plaint de quelque chose (douleur, saignement, esthétique, etc.) ou si l'inquiétude a été
provoquée par les praticiens ayant diagnostiqué la maladie ou suscité le remplacement de
denis par des implants.
Il est essentiel cl ' iclcn tificr le motif de consultation. Il va per- • • Cette question n'est pas d'un intérêt capital pour le diagnostic des maladies pa radon-
mettre de comprendre les auentes elu patient ct de conforter les tales, mais elle permet de médicaliser fortement l'entretien et d'ouvrir ( 1) sur les facteurs
de risques généraux ; et (2} sur l 'incidence familiale de certaines maladies parodontales.
prises de décisi ons au cours du traitement parodontal et du traite- .... Question ouverte préférable à 1< Quelle est votre profession ? qui est une question fer-
>)
ment global. mée répondant à une liste. La réponse est importante pour l'organisation des soins et la
capacité du malade de suivre les conseils sur le contrôle de plaque et le suivi (travailleurs de
nuit, grands voyageurs, métiers à emploi du temps variable, etc.). Cette question est toujours
extrêmement délicate dans un cabinet de ville, les malades ne comprenant pas toujours le
~ SYMPTÔMES rapport de leur profession avec leur maladie. On peul arguer à juste titre de l'utilisation de
l'anesU1ésie locale au cours des rendez-vous qui interdit certaines activités le temps que ses
effets se dissipent
L es symptômes des maladies parodontales traduisent 1' inflamma- .... Cette question n'est pas posée pour inquiéter le malade mais pour le rassurer si besoin, le
tion elu parodonte superficiel el profond (Figure 44- 1). Les patients saignement seul n'ayant pas de valeur pronostique mais une valeur diagnostique seulement.
Endocardite infectieuse
L'endocardite infectieuse (El) est une complication card iaque
grave qui continue de présenter un pronostic défavorable ct un
taux élevé de mortalité pouvant atteindre 20 %. L'apparition d'une
El est corrélée à certains facteurs de risque : l' âge, le diabète de
Figure 44·1 Inflammation gingivale et migrations de ntaires type 1, la présence de complications ou de micro-organ ismes tels
s econdaires. Malade de 55 ans souffrant de parodontite chronique que Staphyfococcus aureus, de champignons o u de bactéries à G ram
s évère. a) Vue vestibulaire. b) Vue palatine. (Document Sophie Cavelier.)
négatif 191. La majorité des El d'origine dentaire ne se développent
pas s uite à des actes buccodentaires. Les recommandations au
sujet de l'antibioprophylaxie de l'El n 'ont cessé d 'être modifiées
Anamnèse médicale (Tableau 44-111). À ce j our, e lles concernent unique ment les actes
impliquant une intervention sur la gencive, région péri-apicale de la
dent, ou en cas d 'effraction de la muque use orale chez les patients
~ CONNAÎTRE SON MALADE
atte ints d 'une card iopathie à hau t risque [7, 8], tels que:
Les maladies parodontales ont un retentissement psychoaffcctif et patiems avec prothèse valvulaire ;
ont parfois un fo11 impact sur la qualité de vie. Connaître son patient, - patiems avec antécédent d'El ;
ce qu'i l est, ce qu'il ressent, ce qu' il attend est donc primordial dans patiems avec cardiopathie congénitale cyanogène.
le traitement d' une maladie multifitctoricllc dont les conséquences
peuvent affecter des fonctions quotidiennes (mastication, phonation) et Patients immunodéprimés
la communication avec autrui (sourire, haleine). En e ffet, le contrôle
Il existe un grand nombre de pathologies à risque de complica-
des fi1cteurs de risque, environnementaux en particulier, fera appel à la
tion infectieuse : diabète non équil ibré, virus de l' immunodéfi cience
compréhension des méc;mismes de base de la maladie, à une adhésion
humaine (V IH) et toutes les situations cliniques, innées ou acquises,
au traitement et à l' indispensable suivi pm·odontal, clé de voûte de la
s usceptibles d'entraîner une immunodépression.
prévention des récidives (voir partie 14).
L'Agence française de sécurité sanitai re des produits de santé
Il est important de connaître les antécédents médicaux, notam-
(AFSSAPS)\ en juillet 20 Il [3), a redéfini celle catégorie de risque.
ment les pathologies pouvant sc manifester au niveau de la cavité
Le risque d' infection locale et/ou générale est désormais lié à tout
buccale, mais aussi leurs interactions potentielles avec les soi ns den-
fac te ur respo nsable d'une immunodépression. Pour un patient consi-
taires en général ct parodontaux en particulier. Certaines patho lo-
déré comme tel, il est inclus clans cene catégorie de ri sque par déci-
gies s'expriment cLiniquement au niveau de la cavi té buccale ; e lles
sion de l'ensemble des médecins concernés, décision motivée par le
peuvent alors être dé pistées lo rs de la consu ltation parodontale (voir
chapitre 47). Les traitements méd icamenteux doivent être identiques 3. Aujourd'hui ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament el des
afin d'éviter les interactions potentie lles avec le traitement. Dans produits de s.mté).
Tableau 44·111 Indications de l'antibioprophylaxie chez le patient à haut risque d'endocardite infectieuse [3, 9].
Absence d'allergie à la pénicilline Amoxicilline ou ampicilline"' 2 g par voie orale ou parentérale 50 mg/kg par voie orale
ou à l'ampicilline ou parentérale
Allergie à la pénicilline Clindamycine 600 mg par voie orale 20 mg/kg par voie orale
ou à l'ampicilline ou parentérale ou parentérale
Simple dose 30 à 60 minutes avant l'intervention.
352 PARTIE 9 - LA CONSULTATION PARODONTALE
Figure 44·2 Maladie parodontale et diabète. Lésion parodonta le sévère chez une patiente de 23 ans diabétique de type 2 non équilibrée et
traitée pa r glyclazide (Diamicron" 80 mg, 3 cp/j) e t melformide (Giucophage" 1 000 mg, 3 cp/j). a) Vue clinique de l'abcès palatin. b) Vue radiogra-
phique. (Doc ument Sophie Cavelier.)
CHAPITRE 44 - ANAMNÈSE 353
Tableau 44-IV Recommandations concernant les soins invasifs chez le patient sous aspirine à titre d'antiagrégant plaquettaire ou sous autre
antiagrégant plaquettaire [2, 16, 17].
Tableau 44-V Conduite à tenir chez le patient sous AVK en fonction du type d'acte à réaliser [ 17].
traitement de l 'ostéoporose. L'effet indésirable, grave, provoqué par Tableau 44-VI Patie nts sous biphosphonates par vo ie orale.
les BP est l ' ostéonécrose de l a mandibule ct/ou du max illaire. La Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de
douleur est variable, le traitement difficile et les séquelles possibles. santé (ANSM) - Recommandations AFSSAPS 2007 [ 1).
Dès j uillet 2005 , l ' A FSSA PS a informé les chirurgiens-denti stes des
Chez les patients recevant un bisphosphonate dans le cadre
risques de complications osseuses graves pouvant survenir au cours d'une ostéoporose/maladie de Pagel , il est recommandé :
d ' un traitement par les BP par voie intraveineuse ct après celui-ci .
- de réaliser un suivi buccodentaire : celui-ci sera pratiqué
M ais quelq ues cas de nécrose des max illaires o nt également été par un chirurgien-dentiste ou un stomatologue au moindre
rapportés chez des patients traités pour l'ostéopo rose ; le risq ue symptôme buccodentaire et, comme recommandé
est fai ble ( 0. 1 %) Ill j . Cette nécrose peut avoir l ieu spontanément, dans la population générale, au minimum une fois par an ;
mais le plus souvent elle est associée à des co ndi tions telles que - d'effectuer les avulsions dentaires, lorsqu'elles sont nécessaires,
les maladies parodontalcs, le statut tabagique ou diabétique et les sous traitement antibiotique et de la façon la moins traumatisante
possible. La chirurgie nécessaire sera réalisée en évitant de lever
corticoïdes, ai nsi qu' ü des actes dentaires qui augmentent le risque
un ou des lambeaux d'épaisseur totale ; s'il existe des problèmes
de traumatisme osseux. comme des avulsions. Il est donc impor- de fermeture de la plaie, on privilégiera un lambeau d'épaisseur
tant que les patients so us B P aient un suiv i dentaire régulier et une partielle pour préserver au mieux la vascularisation de l'os sous-
excellente maintenance parodontale. L es BP par voie orale dans le jacent.
traitement de l ' ostéoporose ne contre-indiquent pas la pose d ' im- Les données actuellement disponibles ne permettent pas
p lants (Tableau 44 - Y I). L es traitements parodontaux non chirurgi- de considérer que la prise de bisphosphonate pour une
caux seront préférés aux ch irurg icaux dans la mesure du possib le. ostéoporose est une contre-indication à la mise en place d'un
implant dentaire.
Pour les pati ents traités par BP pour une patho log ie mal ig ne, les
354 PARTIE 9 - LA CONSULTATION PARODONTALE
intervent ions chirurgicales sont lim itées aux avulsions des de nts cicatrisation. Le praticien interroge donc le patient sur : le nombre de
non conservables. Les chirurgies parodontales et imp lantai rcs son t cigarellcs fumées par jour, le nombre d' années passées il fumer, ct s' il
contre-indiquées 1"21. y a cu arrêt du tabac, depu is combien de temps" ? Ces données per-
mcllcnt de classer le patient en ancien fumeur, petit, moyen ou grand
fumeur. Le rôle du chirurgien-dentiste est d'informer le patient sur les
effets délétères du tabac ct de l' inciter à en cesser l' usage.
Anamnèse parodontale On n' insistemjamais assez sur le caractère intrusif de l'anamnèse et
sur la nécessité de la mener avec tact et empathie. La suite de l' inter-
..... RECHERCHE DES FACTEURS ET INDICATEURS rogatoire sur les addictions est en effet souvent délicate car la plupart
DE RISQUE PARODONTAUX d'enu·c elles sont désocialisantcs et perçues comme honteuses au sein
d' un colloque singulier. Cenains patients signaleront eux-mêmes la
Les maladies parodonta lcs sont des pathologies mu ltifactoriclles, consommation d'alcool ou de certaines drogues. Dans le cas contraire,
associées à des facteurs locaux, généraux aussi bien qu' environne- le praticien doit essayer d'obtenir le maximum d' info rmation avec le
mentaux (voir partie 7) r18]. Il est donc essentiel, lors de l'anamnèse minimum d' intrusion. Ces substances peuvent avoir un cfl"ct sur le com-
parodontale, d'évaluer les facteurs et les indicateurs de risque paro- portement de ces patients au fauteuil ainsi que sur leur étal général (voir
clontaux pour adapter individuellement la prise en charge parodontalc
chapitre 67). Il est rare que tout soit dit en une seule séance. Chaque
(Tableau44-YII) 151. séance est alors un moyen de se rapprocher du patient et d'aborder ce
qu ' il considère comme intime avec délicatesse, en expliquant toujours
Hygiène orale le bien-fondé des qucslions et leur rappmt à la maladie.
Le niveau d' hygiène orale étant directement lié i\ la présence de
plaque dentaire, il est donc aussi positive ment corrélé à la préva- Indice de masse corporelle 1141
lence ct la sévérité des mal adies parodontalcs 141. Le résultat de Plusieurs études ont montré que 1'obésité est un indicateur de risque
la prévention el des traitements parodontaux dépend fortement de des maladies paroclontalcs. L' indice de masse corporelle (IMC)5 com-
l'efficacité du contrôle de plaque. Le praticien interroge alors le pris entre 25 el 29,9 kg/m2, le patient est considéré en surpoids ; IMC
patie nt sur ses habitudes d' hygiène orale : fréque nce et méthode de supérieur à 30 kg/m2, le pntient est obèse (voir chapitre 33). Il est
brossage, brossage manuel ou électrique, utilisation ou non de maté- donc consei llé de demander la taille et le poids elu malade. Au même
riel de contrôle de plaque interdentaire, de dentifrice, de bains de titre qu ' untcnsiomètre, un stétl10scope ou un lecteur de glycémie, une
bouche, d'hydropulsc ur. Il est conseillé d' évite r de parler d' hygiène balanec ct une toise devraient fai re partie de l'équipement elu cabinet
mais plutôt de contrôle de plaque. De mê me, on é vitera « l' instruc- dentaire.
tion » au brossage pour privilégier « l' information » sur les méthodes
d'élimination de plaque. Il ne s'agit pas d ' infanti liser le malade en Évaluation du stress
<<l'instruisant » ou en lui conseillant de<< sc laver les dents>>, mais
de l' informer sur les moyens d'éviter une récidive après traitement. Le stress est l'ensemble des agressions multiples de la vie coumnte
auxquelles nous résistons plus ou moins bien en fonction de son impor-
tance et de nou·e vulnérabilité (voir chapitre 29). Le stress peut être
Addictions
d'ordre psychologique, afTectif ou social, dû à des problèmes de santé,
Les addictions, quelle qu 'elles soient, ont un effe t délétère sur les d'ordre fami lial ou professionnel. C'est un indicateur de risque paro-
muqueuses buccales, le système de défense, le comport ement thérapeu- dontal souvent lié à des nddictions compensatrices. De plus, le praticien
tique et le métabolisme des médicaments. La consommation de tabac doit évaluer la résistance du malade it supporter des sénnces longues,
est, avec le diabète non traité, un facteur de risque rm\icur des maladies certaines chirurgies. En accord avec le patient, une prémédication séda-
parodontalcs (voir chapitre 28). De nombreuses études démontrent que tive pourra s' avérer nécessaire. Il est donc important que le praticien
le tabac augmente la prévalence, 1'étendue ct la sévérité des maladies questionne le patient sur la quantité ct la nature du stress qu' il subit et
parodontalcs. Le tabac a des effets nocifs sur le niveau osseux ainsi s' il n le sentiment de le contrôler (coping ). Il existe différentes échelles
que sur les résultats thérapeutiques, notamment chirurgicaux, ct sur la de stress perçu pour le quantifier, mais le cabinet dentaire n' est certes
pas le lieu le plus favorable i\ cc type d'évaluation. La manière la plus
simple est de demander au patient quel est son niveau de stress sur une
Tableau 44-VII Facteurs/indicateurs de risque individuel. échelle de 1 à 10 par exemple ct de confronter sa propre évaluation à
celle donnée par le praticien.
Âge
Sexe
..... HISTOIRE DENTAIRE ET PARODONTALE
Style de vie' - Tabac
- Autres addictions Les différentes étapes de l' histoire dentaire et paroclontalc du
État de santé" - Diabète patient peuvent aider le praticien pour le diagnostic ct le pronostic
- Obésité parodontal. De nombreuses études indiquent une susceptibilité géné-
- Syndrome métabolique tique aux maladies parodontales, mai s le rôle exact de cc facteur n' a
- Ostéoporose pas été élucidé. Cependant, le praticien doit connaître les antécédents
Alimentation - Déficit en calcium familiaux de parodontite chronique ou agressive, ct savoir si des
- Déficit en vitamine D perles dentaires précoces sont connues. Le patient est invité à signaler
Stress'
4. Calcul du paquet/année : nombre de cigarettes par j our x nombre d'années
Facteur génétique
l"urnécs/20 (si 20 cigarcliCS par paquet).
· Facteurs modifiables. 5. Calcul de I' IMC : poidsllaille 2 •
CHAPITRE 44 - ANAMNÈSE 355
• Lors de l'examen extra-oraL Il est important: L'examen du visage de face permet de noter le parallélisme ou la
- de noter le parallélisme des plans du visage de face ; divergence des lignes horizontales (Figure 45-1 ). Le plan bipupillaire,
parallèle au plan bisourciIl icr, est la référence pour noter des asymétries
- de noter l'équilibre entre les trois étages de la face;
musculaires, osseuses, dentaires ou gingivales. Il sen de référence au
- d'analyser le profil du visage et du sourire. plan d'occlusion ct au plan incisif. Le plan bicommissural, lorsqu' il est
divergent, révèle une asymétrie du sourire. Le visage est divisé en trois
étages de la face dont l'égalité de hauteur est la nonne (Figure 45-2).
L'examen extra-oral bilatéral ct comparatif comporte l'examen de L' angle nasolabial varie selon la position des dents antérieures max il-
la face et du cou. Il est visuel ct complété par la palpation musculo- laires réalisant le soutien de la lèvre. Au cours des maladies parodon-
articulaire à la recherche d'anomalies anatomiques ct/ou de patho- talcs, sa fermeture peut rcllétcr la migration vestibulaire elu secteur
logies. En parodontologic, l'examen visuel est essentiellement lié antérieur maxillaire (Figure 45-3). En tin, le plan esthétique de Ricketts
à l'esthétique e t concerne l'examen elu visage: visibilité ou non de passe classiquement à 4 mm en avant de la lèvre supérieure ct à 2 mm en
la gencive, elu collet des dents ct des espaces intcrclentaires lors de avant de la lèvre inférieure. Il définit des profils plus ou moins convexes
l'élocuti on, du sourire et du ri re. La palpation vise essentielleme nt ou concaves. Toutefois, des nuances sont à apporter à ces observations
à dépister des affections autres que parodontales (tumorales par en fonction du sexe et de l'origine ethnique du patient 121.
exemple) ayant une incidence pour la hiérarchisation thérapeutique.
Les éventuelles pathologies dépi stées lors de 1'examen extra-oral
seront à traiter avant ou pendant la prise en charge parodontale. Les ~ LE SOURIRE
anomalies relevées seront consignées dans le dossier elu patient.
Le sourire de face peut être analysé par un plan frontal, une ligne
horizontale ct une ligne vcnicale. Le plan frontal esthétique représente
la succession des points reliant les borels libres des incisives, les pointes
L'examen visuel canines et les pointes cuspidicnncs vestibulaires des prémolai res et des
molaires, suivant la courbe de la lèvre inférieure. Il est positionné de 2
L'examen visuel comme nce lors de l'entretien avec le malnclc. à 5 111111 en deçà de la lèvre supérieure ct peut être bas, haut, oblique ou
Le praticie n s'e fforcera lors de cet entretie n d'observer la visibili té inversé. La ligne horizontale du sourire passe, elle, par le borel inférieur
du parodonte superficiel dans le cadre labial lors des ex pressions de la lèvre supérieure ; sa position varie en fonction de la surface den-
(repos, rire, souri re, mimiques) et l' harmonie de la bouche et des taire dévoilée, du plan frontal esthétique et de la longueur de la lèvre
lèvres clans le visage. On procédera ll l'examen clinique visuel du supérieure. Une enquête sur 454 sujets aux États-Unis a proposé une
visage (voir ci-dessous) en position debout ou assise, le praticien classification assez simple mais pratique reposant sur la visibilité de la
face au patie nt. Le fauteuil dentaire ne se prête pas à cet examen car gencive [3] (Figure 45-4). Enfi n, la ligne médiane dentaire passe par le
le patient doit tourner la tête pour être examiné ct la décontraction milieu interincisif max illaire de façon centrée ou décalée par rapport
nécessaire à l'enregistre ment des expressions n'y est pas toujours au plan sagittal médian. Le décalage de la ligne intcrincisivc pe ut fa ire
spontanément de mise. suite aux migrations denta ires secondaires au cours des parodontites.
CHAPITRE 45- EXAMEN EXTRA-ORAL 357
Plan
bisourcillier --------
--··- -·-- -0
Plan ------- - --~--- -- ~ ~
bipupillaire
Plan
- ..
-----------·
bicommissural
Figure 45·1 Les lignes horizontales de la face. Noter l'impor- Figure 45·2 Harmonie des étages de la face. Étage supeneur
tance du parallélisme des trois plans entre eux pour l'esthétique glo- (frontal) : s'étend entre le plan passant par le trichion (point bleu) situé à
bale du visage. la limite des cheveux et le plan passant par le nasion (point rose) situé
à la jonction nez- front. Étage moyen (nasal) : s'étend entre le plan pré-
cédent et le plan passant par le point sous-nasal (point orange). Étage
inférieur (buccal) : s'étend entre le plan précédent et le plan passant par
le pogonion (point jaune) situé à la limite inférieure du menton. On admet
qu'un visage est harmonieux lorsque les trois étages sont chacun égal
au tiers de la hauteur de la face et égaux entre eux. Seul l'étage buccal
est modifiable par les thérapeutiques orthodontique eVou prothétique.
La palpation
L'examen est réalisé après s'être réchauftë les mains en se plaçant
Genc ive interdentaire visible
en arrière elu patient en pos ition assise. La palpation est bilatérale ct
recherche les points douloureux, les tumé factio ns éventue lles, les adé-
nopathies .
Gencive visible Lors d ' une luxation discale réductible, le disque articulaire est en
position antérieure par rapport au condyle. À l'ouve1ture et à la ferme-
turc buccale, le condyle rattrape le disque; il y a claquement d 'ouver-
ture et de fermeture, puis l'ATM reu·ouve un fonctionnement normal.
Lors d'une luxation discale irréductible, le condyle ne rattrape pas le
disque qui est en positio n antérieure; l'ouveJture buccale est alors limi-
tée. Une ouverture buccale inférieure à 40 mm (environ trois doigts)
peut être source de difficultés au cours du traitement pm·oclontal et
implantaire Il , 4] .
Implications cliniques
• L'examen musculosquelettique et articulaire permet de
dépister d'éventuelles dysfonctions.
• La mesure de l'ouverture buccale est une information
qu'il faut consigner dans le dossier.
• La palpation des aires ganglionnaires doit être systéma-
tisée au cours de l'examen extra-oral.
BIBLIOGRAPHIE
La cons ultation paroclonta le ne peut s' affranchir cie l'examen Tableau 46-1 C ritè res utilisés lors de J'examen visuel pour le diag-
intra-ora l c lassique. Nous n ' ins isterons ici que sur les éléments sus- nostic de caries•.
ceptibles d 'être assoc iés cie près ou cie loin à l'examen paroclontal,
en partic ulier sur l'examen cie l'occl usion. Score Critères
Un certai n nombre d ' ano malies pourront être décelées à ce stade. 3 Présence d'une cavité amélaire au niveau d'un émail opaque
On dis tingue les anomalies de nombre, cie forme, cie couleur ct de coloré eVou discoloration grisâtre de la dentine sous-
jacente
structure. Elles peuvent être en rapport avec des ano malies de déve-
loppement, le plus souvent congénitales, associées o u no n à certains 4 Cavité au niveau d'un émail opaque ou décoloré exposant
la dentine
syndromes (voir chapitre 42). Les anoma lies de nombre et cie forme
"O'après Côrtes DF, Ekstrand KR, Etias·Bonota AR, Etlwood RP. An in vitro comparison of
do ivent être identifiées afin d ' adapter le contrOle cie plaque ct le
tho ability of fibre-optic transillurninntion, visual inspection and mdiographs lo detoct occlusal
clétartrage-surfaçagc rad iculaire (DS R). En ce qui concerne les dys- carlos and evatuate lesion depth. Carlos Ros, 2000, 34(6) : 443-447.
CHAPITRE 46 - EXAMEN INTRA-ORAL : DENTS, MUQUEUSES ET OCCLUSION 361
Tableau 46·11 Classification Si/Stades lésions carieuses'. lemenl des facteur s de rétention de plaque ; (4} les défauts de point
de contact susceptibles d'entraîner un syndrome du seplllm aboutis-
Site (SI} : localisation de la lésion
sant, en l 'absence de traitement, à une perte osseuse inter-radicul aire.
- 1 = occlusal
- 2 = proximal (en mésial ou distal} Pour peu que le patient soit allc int de parodontite, on observe alors,
- 3 = radiculaire même sans aller jusqu 'au syndrome du septum, à une aggravation
Stade (Sta} : sévérité de la perte d 'auache locali sée aux dents concernées. Les prothèses
- 0 = initiale, amélaire amovibles feront également l 'obj et d ' un examen m inutieux, en parti-
- 1 = atteint le tiers externe de la dentine culier au niveau des dents support de crochet. On notera les surcom-
- 2 = atteint le tiers moyen de la dentine pressions, les frottements et les ulcérations traumatiques.
- 3 = atteint le tiers interne de la dentine
- 4 = atteint la pulpe
• La classification est notée Si/Sta valeurSi. valeurSta. Exemple Si/Sta 3.4 = carle radiculaire
atteignant la pulpe.
Examen des muqueuses orales
L'examen des muqueuses est fondamental dans l'examen cli-
nique imra-oral associant l 'examen visuel et la palpation. li permet
.... LÉSIONS CERVICALES NON CARIEUSES en outre de dépister certaines lésions de pathologie de la muqueuse
buccale, notammem de manière fortuite. L'examen de toutes les
Ces lésions sont à identifier soigneusement car elles ef facent la
struclllres présentes est donc important et doit être réalisé dans
j onc tion amélocémcntaire, point de repère essentiel lors du sondage
des conditions optimales, de manière rigoureuse, avec un éclairage
parodontal. Ces lésions sont classées en fonc tion de leur étiologie.
adapté. L' ensemble des données c l iniques devra ensuite être collecté
- L'abrasion correspond à une usure par frottement d ' une subs-
dans un dossier médical. C'est au terme de cet examen et en tenant
tance ou d'une structure lors d ' un processus mécanique répétitif
compte de 1' anamnèse médicale ct dentaire qu' une orientation diag-
(brossage}.
nostique pourra être possible. Parfois, des examens complémentaires
- L'attri tion correspond à une contusion par écrasement provo-
(radiograph iques ou anatomopatho logiques} seront nécessaires à
quant une usure mécaniq ue (bruxisme}.
l' établissemelll ou à la confîrmation du diagnostic. Notons que, dans
- L' abfraction correspond à une perte pathologique des tissus
toute locali sation buccale, une lésion in homogène ou une ul cération
durs des dents duc à des contraintes biomécaniques. L' abf'raction
persistante doit nécessiter une biopsie à la recherche d ' une lésion
est considérée comme le résultat de la fatigue en Ocx ion ct la dégra-
de carci nome épidermoïdc, dont l ' induralion plus importante que
dation chimique de l 'émail ct de la dentine à distance du point de
l a hase est un signe caracréristiquc. Les lésions élémentaires telles
contrainte.
que nodule, papule, macule, dyschromie, vésicu les, bulles, érosion
- L'éros ion, qualll à elle, correspond à une perte de substance
ou encore ulcération seront à explorer afin d 'orienter un diagnost ic.
dentaire liée à un processus de dégradation d 'origine chimique,
notamment de substances ac ides, alimentaires ou non, provoquant la
dissolut ion des tissus mi néralisés dentaire (sodas}. .... LA LANGUE ET LE PLANCHER LINGUAL
de Sté non en cas d ' inflammation (érythè me, gonfle me nt, induration)
ou d'i nfection (suppuration à la palpatio n), pouvant ê tre dues à une
lithiase. La palpation bidigi talc intra-/ex tra-oralc est nécessaire dans
celle localisation à la recherche d' une indurat ion .
De nombreuses affections dermato logiques pe uvent ê tre obser-
vées sur la muqueuse jugale, notamment les lésio ns à type de lic hen,
ou e ncore de lupus (voir chapitre 13). Toutefois, o n pourra égale-
me nt noter la présence tout à fait bé nigne de granu lations de Fordyce
clans un certain nombre de cas, qui correspondent à de petites granu-
la tio ns jaunes des bo rds libres des lèvres e t de la muque use jugale,
dues à une hétérotopie des g landes sébacées. Par ai lie urs, o n notera
fréque mment la présence, égale ment bén igne, de diapncus ie e n
regard de zone éde ntée.
Occlusion dentaire
Nous décrirons sommaire ment da ns un premie r te mps l'occlusio n
e n tant que telle, puis ses ra pports avec les maladies parodontales.
Relations intra-arcades culier, les malposi ti ons secondaires à une migration ou à la perte
d'une dent doivent attirer l'attention, compte tenu du risque d'inter-
L es arcades dentaires s'organ isent suivant deux courbes dites de férence qu'elles occasionnent. Ces situations sont. fréquentes chez
compensation : l ' une décrite dans le plan sagittal communément les patients parodontaux.
appelée courbe de Spee ; l 'autre dans le plan frontal ou courbe de Deux points sont à souligner: la continui té des arcades et la symé-
Wilson, dont le rayon de courbure se modifie suivant le groupe de trie. Pour une même dent, à l'exception de l ' incisive médiale mandi-
dents concerné (i ncisives, prémolaires ou molaires) ( Figure 46-3). bulai re, la face mésiale a une l'orme différente de la face distale. En
Chacune des dents trouve sa place suivant ces deux courbes avec un revanche, la face proximale di stale d'une dent présente une forme
alignement relatif des cuspides vestibulaires, linguales et du sillon quasi identique à la face proximale mésialc de la dent adjacente.
mésiod istal intercuspidien (Figure 46-4). Dans le même ordre d' idée, au niveau des groupes cuspidés, les cus-
L'examen clinique des relations intra-arcades doi t détecter les pides ont toutes à peu près la même hauteur. Il en va de même pour
malpositions dentaires dans les tmis plans de l 'espace. En parti- les crêtes margi nales contiguës [ 19].
Figure 46·3 Représentation des axes dentaires. a) Courbe de Spee à la mandibule. b) Courbe de Wilson à la mandibule. c) Courbe de Wilson
au maxillaire. (D'après Romérowski et Bresson [ 14, 15, 16, 17].)
364 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
.. :
.J
(" "
.·· <. ) "'--"
.
(.. . . . . 'J
:
a
Alignement : Alignement
;
des cuspides vestibulaires / u
( ' .. des cuspides vestibulaires
.. /) :
r!: l
! ' ;
intercuspidien
Alignement
des cuspides linguales
r/, /1
.
1: ~
•'
intercuspidien
Alignement
des cuspides palatines
! j;1
\'
1 j
a b
Figure 46-4 Organisation des arcades dentaires dans le plan horizontal. a) À la mandibule. b) Au maxillaire. (D'après Romérowski et
Bresson [14, 15, 16, 17].)
Relations interarcades continuité des arcades, ct évaluer les éventuelles malposi tions : ver-
sions, rotations ou égressions. Il doit être demandé au patient d'ou-
Relations interarcades statiques
vrir et de fermer plusieurs fois la bouche pour amener les arcades
Les relations intcrarcades emre unités cuspidécs assurent le en contact. Lorsque le pat ient ne retrouve pas systématiquement la
calage de la mandibule sur l ' arcade maxi llaire. Elles sont établies même relation occlusalc, c'est le signe d' un dysfonctionnement de
par les contacts entre cuspides primaires (appelées également cus- l' appareil manducateu r. Celle situation est duc en général soit à des
pides d 'appu i ou cuspides de centrée) et structures antagonistes. édcntcmcnts non compensés qui ont pu entraîner des malpositions
Les cuspides primaires sont les cuspides linguales maxillaires ct les dentaires, soit ü des restaurations conservatrices ou prothétiques
cuspides vestibulaires mandibulaires. La stabili sation des arcades iatrogènes qui créent des interférences occlusales, soit à une mobi-
dentaires constitue le point fo ndamental des relations interarcades ; lité excessive des dents.
cela concerne essentiellement les premières ct deux ièmes molaires. Alin d'examiner les relat ions interarcadcs dans une situation dys-
Leur anatomie occlusale permet de stabiliser, mais aussi de broyer foncti onnelle, il faut utiliser une relation intcrmax illairc indépen-
et d'accompagner le guidage canin de la mandibule à la fin du cycle dante des contacts dentodcntaires, cc qu' il est convenu d'appeler la
de la mastication. relation centrée qui est une relation mancli bulomaxillaire. L a rélë-
La classe 1d' Angle constitue la normalité correspondant ü des rela- rence est alors une relati on articulaire, qui concerne la position des
tions emre les arcades en adéquation avec l ' anatomie occlusale. Cette têtes de la mandibule dans les fosses mandibulaires. Idéalement,
situation permet d'envisager un fonctionnement optimal de l ' appareil elle doit être reproductible ct physiologiquement acceptable. Des
manducateur. Cependant, les autres situations, comme clans les cas de modèles d'étude facilitent l 'analyse occlusalc, par l ' intermédiaire
classe Il ct classe III, n'entraînent pas obligatoirement de dysfonc- d' une cire de centrée. Ils seront montés en articulateur dans celle
tionnement. Pour autant, ces malocclusions modifient d' une façon relat ion (Figure 46-5).
importante les relations intcrarcades, perturbant en particulier la fonc- Celte relation n'est pas extrêmement précise compte tenu de la
tion d'incision ct de guidage. Dans le secteur antérieur, les contacts constitu tion ct de l ' anatomie des pièces articulaires. Elle varie en fonc-
peu vent être inexistants (CII 1 ; Clll marquée). Dans cc cas, les sec- tion de nombreux paramètres 141. C'est cependant la seule rélërcncc
teurs cuspidés sont très sollicités, d ' autant plus que la relation occlu- exploi table pour commencer à bâtir une réhabilitation occlusale. La
sale des deux arcades n'est plus adéquate. Dans les cas de classe 11 2, difficulté principale réside dans le fait que la musculature du patient
les contacts antérieurs peuvent être traumati sants pour les dents. doit être décontractée, cc qui est parfois difficile ou long ii obten ir.
Cl iniquement, au-dclü des variations morphologiques, une vcsti-
bu loversion importante des incisives doit nllircr l 'auention sur une
Fonction occlusale et relations lnterarcades
possible diminution de la dimensi on verticale d'occlusion, en par- c inématiques
ticulier quand les molaires sont absentes, ou bien sur une dégluti-
tion dysfonctionnelle avec pu lsion linguale. De plus, en présence Normalement. avec le temps, les dents doivent présenter des
de silllation en classe 11 1 et de classe 112 , les borels incisifs des dents faceties d' usure ou surfnces de contact qui attestent d' une fonction
mandibulaires peuvent traumat iser la gencive située dans le secteur occlusale, plus que des points de con tact. Une usure prononcée, qui
lingual des incisives maxillaires. n'est pas en adéquation avec l ' âge du patient, met en évidence soit
un dys fonctionnement de l 'appareil manducatcur, soit des phéno-
Examen clinique mènes d'érosi on 1201 (Figure 46-6). Il faut vérifier que les restaura-
tions prothétiques s' intègrent dans ce cadre ( Figure 46-7).
L'examen clinique des relations interarcadcs doit vérifier vi suelle- L'ex amen de l a déglutition permet de rendre compte de l'in-
mcnt l'cx istcncc des zones prox imales de contact qui conditionne la tercuspidic maximale. Lors de l a déglutition, les arcades den-
CHAPITRE 46- EXAMEN INTRA-ORAL : DENTS, MUQUEUSES ET OCCLUSION 365
Figure 46-5 Mise en articulateur. Modèles d'étude en relation Figure 46-6 Dysfonctionnement de l'appareil manducateur.
centrée avec la cire d'enregistrement. (Document Bruno Tavernier.) Usure prononcée des dents sans mobilité de ces dernières. On notera
l'absence d'inflammation de la gencive. (Document Bruno Tavernier.)
Figure 46·8 Mouvement de latérocluslon. a) Protection canine. b) Protection de groupe. (Document Bruno Tavernier.)
366 PARTIE 9 - LA CONSULTATION PARODONTALE
Figure 46·1 0 Représentation en photoélasticimétrie de la répar- Figure 46·11 Relation cuspide/fosse. Transmission optimale des
tition des contraintes occlusales. (Document Mario de Stefanis.) contraintes occlusales. (D'après Romérowski et Bresson [ 14, 15, 16, 17].)
ti ssus parodontaux. Ces résultats, sensiblement difTérents dans d'att ache. En présence de perte d'attache, l'ajustage occf usal sans
leurs conclusions, mollirent combien il est dif ficile de conclure contrôle de plaque est sans effet thérapeuti que
chez l' homme à partir d'études animales. Néanmoins, les auteurs
s'accordent pour arfirmcr que le traumatisme occlusal n'est pas un Comment contrôler l'occlusion lors de l'examen
facteur étiologique des mal adies parodontales. parodontal
L'examen de l'occlusion en parodontologic est le plus souvent
Les forces occlusales excessives sont un facteur
simplifi é et n'est pas comparable à un examen occlusal approfondi
aggravant des maladies parodontales tel qu'on le pratique lorsque la pathologie est occlusale. Le contrôle
Les travaux chez l ' animal ont depuis été confron tés 1t des études de l'occlusion en paroclontologie est intra-oral à l'aide de papier à
cliniques qui semblent montrer le rôle de l 'occlusion traumatogène articuler en cas de dépistage. Lors de l 'examen paroclontal conven-
comme facteur aggravant de la perte d'attache (la maladie est pré- tionnel, ce contrôle sera soit intra-oral soit extra-oral à l 'aide de mou-
sente et le facteur l' augmente en intensité) l5]. Il n'ex iste aucune lages montés en articulateur semi-adaptable en position de référence
donnée dans la li ttérature indiquant que la surcharge occlusalc lorsque le praticien l'estimera nécessa ire. Cette nécessité est souvent
pou rrait être un facteur déclenchant (la maladie n'est pas présente guidée par une pathologie associée, au ni veau des ATM en particu-
mais le facteur la déc lenche). Une enquête rétrospective menée en lier. On examinera les facettes d' usures, les rotations, égressions et
cabinet de ville aux États-Unis (85 patients atteints de parodontite, mi grations. L'examen analysera les contacts statiques (intcrcuspidic,
2 2 19 dents) a fait l'objet d' une analyse multivariée avec l a dent relation centrée) ct cinématiques (latéroclusions droite et gauche,
comme unité statistique 16]. Toutes les dents ayant des types de proclusi on). Les muscles manclucatcurs ct les ATM seront palpés.
contacts occlusaux correspondant à un traumati sme (prématurés en A près contrôle de l a plaque bactérienne, au cours de la thérapeu-
relation centrée. postérieurs en protrusi on. balançant. etc.) sont asso- tique initiale. les surcharges seront éliminées par meul age doux ct
ciées à une profondeur de poche plus élevée ( 1 mm environ) que progressi f 1• La pers istance d'une mobi li té peut poser l ' indicati on
celles pré entant des contacts normaux, sans surcharge. Cc travail d ' une contention temporaire ou défi ni tive. Enlin, rappelons que
traduit le fait qu ' une surcharge occlusale est un facteur aggravant le schéma occlusal n'est pas figé mais sc mod i fie avec le temps.
de la perte d'attache. C'est pourquoi lorsqu' une interférence dans Le suivi parodontal comprend donc également un sui vi de 1' occlu-
le fonctionnement de l' appareil manducateur apparaît, la correction sion, en particulier lorsque des prothèses impl anto-portées sont
occlusale devient nécessaire L8]. présentes.
En résumé, le contrôle de l'occlusion lors de l 'ex amen parodon-
tal s'avère indispensable pour ( 1) éliminer un facteur aggravant ; 1. La notion de progressivité est importa nte. L' occlus ion sera véri fiée, cor-
(2) supprimer/diminuer une mobilité excessive suscept ible de gêner rigée au fil des séa nces pe ndant. la thérape utique initiale. En cas de désinfec-
le patient lui- même ou de perturber la cicatrisat ion elu système tion g lobale, un contrôle de l'occlusion sc fait au mo me nt de la réévaluation.
368 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
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Examen clinique parodontal
Marika Gadeau, Hélène Rangé, Philippe Bouchard
l'excès n'entraîne heu reusement pas toujours des fa ux positifs, mais surfacer pre nd une heure. Savoir surfacer prend 10 ans. Il est c lair
e ngendre très certa ine me nt une pe rte de te mps. là e ncore que l' expé rie nce professionnelle sert l'i nté r<!t d u malade
On peut simplifie r l' approche parodo ntale en considérant trois mais aussi cel ui du praticien e n réduisant la présence au fauteuil par
types d'examen : ( 1) le dépistage parodonta l ; (2) l'examen paro- gain d 'erficacité. On ne d ira jamais assez que la c réation d' un corps
domal conventionnel propremelll dit; (3) les examens appartenalll ~~ d'hygiéniste comme il e n ex iste dans beaucoup de pays pcrmctlrait
l'activité de recherche. de libére r du temps aux o mnipratic iens et d'améliore r les services
rendus a ux malades (Figure 47-1 ).
Les parodo nlites ch roniques sévères c t les parodontitcs agres-
.... OMNIPRATIQUE ET APPROCHE SPÉCIALISÉE sives sont pe u prévalentes clan s les pays industriali sés comme la
France (voir chapitre 20). Ces maladies nécessitent sans d ou te une
Aborder cc sujet sans passion ressemble à une gageure tant
compéte nce spécifique tand is que la p lupart des autres fo rmes de
il génère des av is tranc hés, souvent indépendants de l' intérêt des
maladies parodonta les sont traitables da ns le cadre d'un exercice
malades. Nous tento ns ci-dessous d 'éclairer le débat sur la question
d 'omnipratique. Ains i, si on s'en tie nt à l' intérêt des malades, il
de la spécialité en parodonto logie e t du métie r d'hygié niste, tous
est c la ir q ue le dépistage, la prise e n c harge des gingiv ites indui tes
deux interdits e n France. Deux questio ns semb lent fondame ntales à
par la p laque, des parodontites c hroniques légères/modérées e t des
la compréhension du problème.
abcès parodontaux, c'est-à-dire l'essentiel des maladi es parodon-
- Question 1 -Quel est le motif de consultation ?
tales e n term es de prévalence, sont c laire ment du domaine de l' om-
C'est la première question à sc poser e n o mni pratiquc. Si le molif
nipratique. À la lum iè re de notre expéri e nce, les g ing ivites non
est parodontal, il y a lie u de penser que l'examen ne pourra sc bor-
indu ites, les parodonti tes c hroniques sévères et. les parodontitcs
ne r à un simple dé pistage c t qu ' il faudra dé ployer l'arsenal, s imple,
agressives nous semb le nt plus adaptées à l'exercice s péc ialisé de
peu sophistiqué mais lo ng de l'examen parodontal conventio nne l. Si
la parodontologie. De mê me, la pose d 'i mpla nts dentaires c hez des
le motif n' est pas parodontal ou qu'il s'agit d ' un suivi régulie r, un
patients parodontaux nécessite une profon de conna issance de la
simple dépistage est su ffisa nt (voir c hapitre 64). S i, après dépistage,
parodontologie. La prise e n charge des parodontites consécut ives
la maladie est a vérée, la seconde question doit ê tre posée.
à d'autres maladies ou associées à e lles dépend de la gravi té de
- Question 2- Suis-je en mesure de prendre en charge le malade ?
la malad ie associée ct fait souvent l'objet d ' un suivi hospitalier.
C'est sans doute la question la plus délicate car el le implique une
Enfin , la multidisc ipl inarité des cas complexes, les demandes spé-
bonne dose de réalisme e t d' humilité qui amè ne tro is autres questions :
ci fi q ues, esthétiques e n partic ulie r, peu vent faire e nvisager l'aide
• Suis~je assez compétent pour traiter ce malade ?
d'un confrè re spéciali sé e n c hirurgie p arodo nta le, plastique en
Nous e ntendons ic i par compéte nce la réa lité de l'expérience
partic ulie r.
reposant sur la maxime qui veut << qu'on ne fa it bie n que cc que
l'on fait tous les jours>> ct non la compé te nce légale. C'est la raison
pour laquelle nous parlons de ni veau de compétence ( << assez com- .... CARACTÉRISTIQUES DU DÉPISTAGE
pé te nt ») et non pas de capacité professionnelle. Se forme r, c'est
s' info rmer. L'expérience clinique est autre chose. Un praticien qui Un grand nombre de propositions ont été faites en vue de dépis-
pose chirurgicale me nt 5 implants par mo is, traite une parodontite ter les maladies parodonta les. Nous n'en c iterons que deux qui,
c hroniq ue tous les 2 mo is e t une parodontite agressive tous les 2 ans au nive:.tu e uropéen, semble nt avoir trouvé quelques défenseurs.
ne peut prétendre à une compé te nce égale à un c hi rurgien-dentis te Le BPE2 (basic periodonta/ examina/ion) proposé par la llrisrish
exerçant une spécialité à titre exc lus if. Society of Periodontology repose essent.ielle ment sur le principe
• Ai-je l'environnement adéquat pour traiter sa maladie ? du C PITN (Commw1i1_y Periodonra/ Index of Treatment Neecls). li
L'équipeme nt en matériel d ' un cabine t exclusif n'est pas celui d ' un recommande de sonder rapidement les 6 sextants il l'aide de la sonde
cab inet dentaire d'omnipratiquc. Il nécessite tro is zones : ( 1) une salle OMS• (voir c hapitre 19), d'affecter un score de 0 à 4 correspondant
d 'exame n destinée aux u·aitements non chirurgicaux ; (2) une salle à une attitude thérapeutique à chaque sex tant. (Tableau 47-11). Le
d 'opération destinée à la c hirurgie; ct (3) un local desti né à l' in forma- DPS I (Du tcll periodonral screenillf: index) est un score à 6 niveaux
tion sur les techniques de cont.rôle de plaquc 1• En termes de personnel, (0 à 5). Il est plus adapté au diagnostic que le BPE 127 1. Son usage
un cabinet de paroclontic comprend au minimum une aide opératoire semble cependant aujourd' hui limi té aux Pays-Bas, aucun pays ne
ct une secrétaire pour répondre aux urge nces e t complications post- l'ayant adopté. Toutes ces proposit.ions sont complexes c t prenne nt
c hirurgicales lorsque le pratic ien ct son aide sont occupés. Lorsque du te mps. Le Tableau 47- lll propose un choix d 'examen e n fonction
le praticie n a des correspondants, la rédactio n des courriers les infor- du but reche rc hé : dépistage, examen conventionnel ou recherche.
mant sur les malades qu 'ils traite nt e n commun est très chronophage Les besoins e n recherche sont très di fférc nts de ceux nécessaires
e t une tierce personne s'avère vite indispensable. en pratique quolidiennc dans un cabinet d'omnipratiquc c t même
• 1\i-je le temps de traiter ce malade dans 111011 exercice quoti- de spécialiste. Malheureuseme nt, il arrive souvent que recherche e t
dien? pratique quotidienne soie nt confondues en termes d' investigations
Le rythme des re ndez-vous clans un cabinet de spéciali té n'est pas cli niques. C'est la rai son pour laquelle nous avons c hois i d' indique r
le même que dans un cabi ne t d'omnipratique. L'info rmation sur le les examens limités à la recherc he. Il est cependant évident que les
contrô le de plaque pre nd beaucoup de te mps e t ne peut ê tre déléguée colonnes de ce tableau ne sont pas séparées pa r des c lo isons étanches
à des vidéos ou des docume nts re mis au malade. Tous les travaux et qu ' une mesure dédiée à l'examen conventionnel peut s'a vérer utile
dé montre nt le rôle décis if de l' implication humaine dans l'effica- au dépistage.
c ité des messages de santé. Le détartragc-surfaçage est un acie long Nous traiterons dans ce chapitre de l'examen parodontal conven-
e t minutieux qui requ iert une très grande expérience. Appre ndre à tionnel car il couvre l'ensemble des examens utilisés lors du dépistage.
1. Cette :wne n'est pas striciCment indispensable, mais elle ne nécessite pas
un environnement technique sophistiqué ct permet de ne pas emboliser un 2. htt p://www. bsperi o.org .uk/pub t ic ations/dow nl oads/39_ 143748_
cabinet dentaire. bpc20 ll.pdf.
CHAPIT RE 47- EXAMEN C LINIQUE PARODONTAL 371
Figure 47-1 Salle des hygiénistes d ans une un iversit é a ux États-Unis. (Document Philippe Bouchard .)
Tableau 47·11 Proposition de la Bristish Society of Periodontology pou r le dépistage des maladies parodontales en omnipratique.
Score PS(mm) Visibilité bande noire Tartre FRP BOP Traitements parodontaux Traitement par un spécialiste
Examen visuel du parodonte communication avec le malade e n raison de son ca ractè re percep-
tible (Figure 47-2).
superficiel Le tartre se for me à pa rtir de la plaque denta ire e n plusieurs
é ta pes sous 2 semaines envi ron [21 ]. C 'est un dé pô t mi né ral isé très
L'observation visue lle d u pa rodonte est primordiale. Elle a pporte adhé re nt, de cou leur bla nc hâtre à brun fo ncé, qui peut s'étendre
à l'examen parodo ntal des informations s ur la prése nce de tar tre, sur à l'ensemble des s urfaces de nta ires. P lus sa cou leu r est fo ncée
l' inflammation g ing ivale et sur le morphotypc parodontai (biotype, c t p lus il est adhé re nt, plus le dé pôt est anc ien. Il re présente la
récessions tissu la ires ma rg ina les e t c rê tes éde ntées). plaq ue dentaire miné rali sée. Les e ndu its o u dé pôts sont l'expres-
s ion cli nique de la plaque de ntaire non m iné ralisée, pe u ad hé rente .
.... DÉPÔTS MINÉRALISÉS ET NON MINÉRALISÉS Les colorations correspo nde nt à des zones de plaque colo rées,
adhé re ntes, le plus souvent brun j aunâtre, parfois noi res c hez les
fu meurs.
Tartre, enduits, colorations
O n d istingue le tartre suprag ingival localisé a ux colle ts des dents
La détection c t la localisatio n du ta rtre n 'ont pas d' intérê t diag- ( Figure 47-3) c t le tartre sous-g ingival pe u visible à l'œ il nu ca r
nostique ni pronostique mais un inté rê t théra pe utique. Le tartre s iLtté a u contact de la rac ine (Figure 47-4). La quantité de ta rtre ne
suprag ingival peut aussi ê tre intéressant à loca liser e n te rmes de dépe nd pas seule me nt de la quantité de plaque in itia le mais aussi
372 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Gencive VIsuel
Méthode Examen direct à l'œil nu Examen direct à l'œil nu Photographie des zones d'intérêt,
+ photographies bouche moulages
partielle (5 clichés) ou complète
( 17 clichés)
Évaluation Morphologique qualitative Morphologique et colorimétrique Morphologique et colorimétrique
qualitative quantitative : analyseur d'image
Plaque VIsuel
Méthode Examen direct à l'œil nu sans Examen sans coloration : raclage Coloration : révélateur de plaque
coloration par la sonde
Évaluation Estimation globale : peu importante, Évaluation par dent : indice Évaluation par dent : indices
importante, très importante dichotomique (oui/non) catégoriel
Système d 'attach e Sondage
Méthode Sonde manuelle, graduée Sonde manuelle, graduée Sonde à pression constante
tous le 3 mm (CP 1~) tous les 1 mm (PCP UNC 15• ) ou électronique
Évaluation 8 dents: 16,26,36,46, Toutes les dents ; 6 sites par dents : Zones d'intérêt ; 6 sites par dents :
et 12,22,32,42 ; 4 sites par dent : DV, V, MV, MU P, UP, DUP DV, V, MV, MUP, UP, DUP
D,V,M,UP
Mesures Profondeur de sondage, UR Profondeur de sondage, récessions Profondeur de sondage,
gingivales, niveau d'attache, UR récessions gingivales, niveau
d'attache relatil, UR
Inflammation Sondage
Méthode Saignement Saignement Saignement
Évaluation Évaluation par dent : indice Évaluation par dent : indice Évaluation par dent : indices
dichotomique (oui/non) dichotomique (oui/non) catégoriels
Dents Mobilités
Méthode Tactile Tactile Électromagnétique
Évaluation Évaluation par dent : Indice Évaluation par dent : qualitative Zone d'intérêt : échelle quantitative
dichotomique (oui/non) (1, 11, 111)
Occlusion
Méthode lntra-orale (papier à articuler) lntra-orale (papier à articuler) Toute méthode
ou extra-orale (montage
en articulateur)
Évaluation Visuelle Visuelle Évaluation quantitative
FRP
Méthode Examen direct à l'œil nu Sonde 17 et radiographie Toute méthode
Évaluation Estimation globale : peu nombreux, Évaluation par dent Évaluation quantitative
nombreux, très nombreux
Os alvéolaire Imagerie
Méthode Radiographie panoramique Radiographie long cône : bilan Examens 3D
et radiographies rétrocoronaires complet
(bitewing)
Évaluation Globale qualitative : alvéolyse Globale qualitative : alvéolyse Évaluation quantitative, radio-
verticale, horizontale verticale, horizontale soustraction
Par dent : en pourcentage de la
hauteur radiculaire (quantitative)
et morphologique (qualitative)
Fluides Prélèvement s
biologiques
Méthode Sans intérêt Examens microbiologiques du fluide Tout type d'examen (salive, fluide
gingival (optionnel) gingival, sang)
Évaluation Non Pool : 4 sites les plus profonds ou Quantitative
site spécifique
FAP : facteur do rotontlon de ptaquo ; LIA : lésion inter·radiculaire.
CHAPITRE 47 - EXAMEN CLINIQUE PARODONTAL 373
Figure 47-7 Radiographie panoramique. Nombreux spicules de tartre sous-gingival (flèches) chez un malade âgé de 42 ans, non tumeur,
atteint de parodontite agressive sévère généralisée. Le patient est mono-infecté par Aggregatibacter actinomycetemcomitans (Aa). (Document
Cyrille Colliot.)
Plaque bactérienne
L a qualité des thérapeutiques et du suivi parodontal dépend du
contrôle de plaque. li convient donc, lors de 1' examen parodontal,
d'identifier les sites d 'élection de la plaque et de la quantifi er afin
de suivre au mi eux sa maîtrise par le mal ade. La plaque dentaire
est un biolilm il prédominance bactérienne ; c'est la raison pour
laquelle on l'appelle également plaque bactérienne On dist ingue
deux types de plaque en fonction de leur com position et de leur
l ocalisation :
Figure 47-8 Radiographie rétrocoronaire (bitewing). Nombreux
- la plaque supragingivale si tuée coronai rement au rebord margi-
spicules de tartre sous-gingival chez une malade âgé de 52 ans, non
fumeuse, atteinte de parodontite chronique généralisée modérée, nal sur une surface amélaire, cémentai re ou dentinaire ;
localement sévère. La patiente est poly-infectée avec prédominance - l a plaque sous-gingivale située apicalement il ia gencive margi-
de Porphyromonas gingivalis (Pg). (Document Cyrille Colliot.) nale sur une surface cémentai re ou dentinaire.
CHAPITRE 47- EXAMEN CLINIQUE PARODONTAL 375
La plaque sous-gingivale sc déve loppe à partir de la plaque méabilité vasculaire au sein des tissus enflammés. Dans certains cas,
supragingival c ct croît dans le sillon gi ngivodentaire en que lques ces tissus peuvent même pre ndre une teinte bleutée. L'œdème gin-
jours si l' hygiène orale est négligée [26]. Son potentiel pathogè ne gival est, quant à lui , le résultat de l'accumulat ion de flui des produit
est supérieur à celui de la plaque supragingivale. La plaque supra- par l'extravasation du liquide intravasculairc dans le compartiment
gingivale est aisément détectable, soit à l'œil nu sans colorati on extracellulaire du tissu conjonctif gingival. Le rebord gingival s' ar-
(Figure 47-9) ou après coloration avec un révélateur de plaque, soit rondit et n· adhère plus à la dent. Les tissus prennent alors un aspect
par rac lage de la surface denta ire avec une sonde lors de l'exame n lisse ct luisant.
(Figure 47-1 0). Enfin, d'autres signes cl iniques, tels que l' alté ration de la mor-
li ex iste différents indices à plusieurs niveaux qui re flètent la qua- phologie gingivale (sous forme de cratérisation, d' ulcérations ou
lité du contrôle de plaque. Leur utilisation présente plus un intérêt d' hyperplasie gingivale) ou bie n encore la décapi tation des papilles,
en recherche (voir chapitre 19) qu 'en pratique clinique. L'indice seront des signes d' inflammation à rechercher (Figure 47- 15).
dichotomique à deux niveaux (oui/non) est le plus adapté en pratique
quotidienne pour évaluer le niveau général de contrôle de plaque Saignement gingival
[22]. Au ni veau de la genc ive marginale, on notera soit l'absence
À l'examen clinique, associé aux signes précédents. un saigne-
de plaque ( -), soit la présence de plaque détectable à la sonde ou
me nt spomané ou provoqué par le simple contac t d' un instrument
visible après coloration (+). L'indice de plaque s'exprime e n pour-
avec la gencive peut également être observé. Le saignement est
centage calculé en établissant le rapport entre le nombre de faces
le c ri tère clinique de diagnostic d' inflammation gingivale 1111.
avec plaque ct le nombre total de faces observée . À l'exame n ini-
Associé à la perte d' attac he, c'est un bon marqueur d'activité d' un
tial, l' indice de plaque est situé le plus souvent entre 60 et 80 %.
site. Cependant, le saignement spontané n'est pas fréquent. Dans
Après thérapeutique initiale, il doit être au maximum de 20 %.
tous les cas, on interrogera le malade sur la prise de médicaments
Certains facteurs peuvent favoriser l'accumulation ct la réten-
susceptibles de modifier la coagulation (ami-inflammatoires non
tion de plaque, te ls que les restaurations ct les couronnes dentaires
stéroïdiens, aspirine, etc.). On note ra dans le dossier parodontal les
débordantes (Figure 47-1 1), les prothèses amovibles (les crochets ou
sites qui saignent spontanément.
les selles), les malpositions dentaires (Figure 47-12), la respiration
buccale, etc. La plaque bactérienne, parce qu'elle est un biofi lm, sc
développe égaleme nt sur une surface artificielle notamment implan-
Suppuration
taire, exposée à l'environnement oral. La simi larité de la plaque péri- La suppuration e t la sécrétion de fluide c réviculairc ont été asso-
implantaire sous-gingivale ct de la plaque dentaire sous-gingivale a c iées à l'activité des sites. La suppuration est un suinte ment ou un
é té clairement démontrée 11 9]. On s'efforc era donc d'identifier lors écoulement de pus qui s'évacue à l'entrée des poches parodontales
de l'examen tous les facteurs locaux de rétention de plaque afin de spontanément ou lorsq u' une pression digitale est exercée sur la gen-
les é liminer lors de la thérapeutique initiale ct de faciliter ainsi le cive. C'est un signe inconstant, largement moins fréquent que le
contrôle de plaque. saignement gingival. Il existe peu d 'études sur l' association entre la
présence d' un exsudat pun tlcnt ct la progression de la parodontitc.
La raison essentie lle en est que très peu de sites continue nt à suppu-
.... INFLAMMATION GINGIVALE
rer après la thérapeutique initiale. Haffajee et al. n'ont pas montré
L' inflammation des tissus mous est un élément constitutif du diag- d'association entre la persistance d' une suppuration et la progres-
nostic parodontal. Celle inflammation se manifeste cliniquement par sion de la perte d' attac he au ni veau des 5% de sites concernés 112j.
des modifications gingivales. Une rougeur, un œdème ct parfois À 1' inverse, une autre é tude, clans laquelle la suppuration atteint
même une hyperplasie gingivale peuvent révéler le processus inflam- 25 % des sites, a montré une forte association avec le risque de
matoire. Celle inflammation est un des facteurs prédicti fs positif de progression de la perte d 'attache au ni veau de ces sites (2]. Malgré
la perte d'attache [I ll et son absence est associée à une absence de ces données contradictoires, la suppuration demeure un signe tar-
progression de la maladie. Les signes d' inflammation devront donc dif de l' infection parodontale et il est donc raisonnable de penser
être systé matiquement recherchés lors de l'examen parodontal. Un qu' il convient d' en e nregistrer la présence a fin de s' assure r de son
des mei lleurs moyens de mémoriser cet état gingival est de réal iser absence au moment de la rééva luation. La présence de suppuration
une série de photographies intra-oralcs. On peut également faire des nécessite de formuler le diagnostic différentiel avec l' abcès para-
moulages orthodontiqucs qui enregistrent la morphologie gingivale domal (très évocateur) ct la lésion d'origine e ndoclontique (aisément
mais pas la coule ur ni la texture de celle-ci. vérifiable par test de vitalité). On notera dans le dossier parodontal
les sites qui suppurent.
Modifications de la gencive
La genc ive sa ine est rose pâle, piquetée e n peau d'orange (mar- .... MORPHOTYPE PARODONTAL
quant l' insertion des fibres de co llagène jusqu 'à l'épithélium) et
La photographie intra-orale localisée à la zone d' intérêt permet
le contour gingiva l est harmonieux, é pousant le pourtour anato-
souvent de s' affranchir des évaluations subjecti ves et est, à nou·e
mique des dents (Figure 47- 13). En cas d' infl ammation, la cou-
avis, indispensable, en particulie r lorsqu' il y a une demande esthé-
leur, la forme, la tex ture e t le volume de la gencive se trou vent
tique.
modifiés. La genc ive inflammatoire devie nt lisse, rouge vif ou
vermillon e t œdématiéc (Figure 47-14). Cette infl am mation peut
Biotype
s ' accompagner de douleurs pouvant même conduire à uo défic it
fonctionne l. L'évaluation elu biotype parodontal est un paramètre important
La modification de la couleur de la gencive est l' un des signes pui squ ' il a une influence sur les stratégies thérapeutiques, notam-
les plus fréq ue nts de l'inflammation gingivale. Cette modification ment en chirurgie plastique. Selon la qualité du biotype, il est pos-
de couleu r est la conséquence directe de l'augmentation de la per- sibl e d' évaluer le risque de récessions tissul aires marginales après
376 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Récessions gingivales
Les récessions gingivales sont défin ies comme le déplacement du
rebord gingival apicalement à laj onct.ion amélocémentairecnt.raînant
une ex position partielle de la surface radiculaire 110]. Elles peuvent
i:tre unitaires ou multiples et intéresser toutes les dents maxillai res et
mandibulaires dans un ou pl usieurs secteu rs (Figures 47- 16 ct 47- 17,
voir p. 378).
L a mesure des récessions gingivales est indispensable car la
Figure 47-11 Restaurations débordantes. Elles favorisent la
valeur en millimètres de la récession est partie intégrante du calcul
rétention de plaque et l'accumulation de tartre en distal de 16 notam-
ment, où la salive se déverse au niveau de l'ostium du canal de elu niveau d' attache. Cette mesure se fait à l 'aide de la sonde paro-
Sténon. (Document Marika Gadeau.) dontale. La deux ième raison pour laquelle l es récessions gingi vales
doi vent i:trc enregistrées dans le dossier parodontal est leur risque
d' apparition après traitement, en particulier en cas de parodontites
sévères intéressant le sextant maxillaire antérieur (Figure 47- 18).
La troi sième raison, enfin, est associée au fai t qu'elles constituent
trai tement parodontal chirurgical ou non. C'est clone un élément à la demande esthétique la pl us fréquente en parodontologie et qu'il
mémoriser clans le dossier parodontal. Cependant, l 'évaluation elu convient d'en conserver la mémoire visuelle initiale. Dans ce der-
biotype est souvent subjective. On pourra simplement noter : fin nier cas, la classification pronostique classique de M i ller fait réfé-
(visibi lité de la sonde sous la genci ve), normal ou épais sur le dos- rence (Tableau 47-V) 118 1. Son indication dans le dossier lorsqu' une
sier. Sinon, la classi fication de Maynard et Wilson s'avère simple et ch irurgie plastique de recouvrement radiculaire est envisagée nous
prat ique (Tableau 47- IY) 117]. pa raît indi spensable.
Figure 47-12 Encombrement incisif mandibulaire. !.:incisive centrale gauche est difficile d'accès au brossage en raison de sa position lin-
guale. Noter l'inflammation gingivale localisée au niveau de la gencive marginale de cette dent (flèche), associée à la présence d'enduit, de plaque
et de tartre. On retrouve, à un degré moindre, ces caractéristiques inflammatoires entre 41 et 42. (Document Marika Gadeau.)
CHAPITRE 47- EXAMEN CLINIQUE PARODONTAL 377
~ CRÊTES ÉDENTÉES
L'examen parodontal comprend aussi l 'évaluation cl inique des
zones édentées dans un souci de pri se en charge globa le et afin
de poser une éventuelle indication de chi rurgie correctrice (voir
volume 2). L 'examen des crêtes est bien évidement aussi très
important en vue de l a pose d'i mplants (voir volume 2). L a façon
Figure 47·15 Ulcération parodontale chez un patient de 29 ans la plus simple de mémoriser le défaut est d'adopter la classifica-
atteint de parodontite agressive généralisée. Le motif de consul-
tion de Seibert : défaut horizontal (1), vertical (II) ou combiné (Ill )
tation est la douleur. Le patient fume 15 cigarettes par jour et signale
(Figure 47-20, voir p. 379) [24].
un psoriasis d'apparition récente (maladie dermatologique liée au
stress). (Document Alice Pallier.)
Charting parodontal
fi existe un certain nombre de facteurs préd is posanL~ ou déclen- L e charting parodontal est un support vi suel le plus souvent sous
chants, à savoir le brossage traumatique, les malpositions dentaires, forme de tabl eau accompagné d'un schéma dentaire ct parodontal
la prothèse iatrogène, les mouvements orthodontiques, notamment de i llustrant la pro fondeur des poches parodontales et la perte d'attache
vestibuloversion des incisives, les brides et les freins. Ces di fférents fac- (Figure 47-2 1 et Figure 47-22). Le charting est obligatoire lors de
teurs, souvent combinés et associés à une in flammation, sont à recher- l ' examen conventionnel. I l témoigne de la prise en charge parodon-
cher ct à enregistrer au cours de l'examen parodontal (Figure 47-19). tale globale d'un malade.
D i fférents logiciels permettent le calcu l immédiat du niveau d'at-
tache ct peuvent être paraméu·és en fonction des habitudes de 1' opé-
rateur. Le charting autorise la comparai son des valeurs enregistrées
Tableau 47-IV Classification de Maynard et Wilson [ 17]. Pour les aux di ff érents temps du traitement : bi lan initial, réévaluation, bi lan
auteurs, le risque de récession parodontale augmente en fonction de de fin de traitement, suivi parodontal. Il est donc important que les
la classe. données chi iJrécs apparaissent en clair. M ême si l 'effet visuel de
leur expression graphique peut avoi r un impact en termes de com-
Il Ill IV
munication (patient, con·espondant, etc.), le graphique à lui seul est
Hauteur Normale Faible Normale Faible insuffisant.
gencive (~2 mm) (<2mm) (~2mm) (<2mm) Il ex iste un outi l en l igne de charting parodontal développé par
Normale Normale Faible Faible l 'U niversité de Bern (existe en tracluclion française)l . Le praticien
Épaisseur
gencive peut entrer directement les données cl i niques de son patient et les
et procès
alvéolaires 3. www.periodontakhart-online.com.
378 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
VESTIBULAIRE
l'lllque
11
p
7 18
N P p 1!! P_y [_N p • l'
14
N p p
13
N P N
12
N p p
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22
N p p
23
N p p
24
N l' .. 21
N l' p
28
N p ..
27
p
21
Hauteur gencive
R6ceolfon 2 4 1 1 1
Prof. Poche 7 3 8 8 2
• 5 1
• • •• •
8 2 8 1 7 8 1 8 12 8 8 8
• 8 8 3 3 3 2 7 7 2 7 8 8
•• 3 7 3 3 7
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PorteAitoche 8 l ~ J l J J J l l
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Saig. Sond. N IN N N N N N N N N 1N N N 1~ N N N N N N N N N N N.N N
Suppuration ·" ~ ~ ~ ~ ~ ~ - ~
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Mobilités 2 3 2 • ••
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Hauteur gencive
R6ceolfon 1 2 1
••• • • • 5•a 5z
Prof. Poche 8 3 8 8 3 8 3 a 8 2 8 8 8 5 8 5 2 5 4 7 2 8 8 3 3 3 5 7 8 3 8 7 7 7 8 3 8 8 3 7
Porte Altocho • J
•• J J z • 6 u • 6
• 6 6 • 6 J J J
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Saig. Sond. 5 5 5 N N 5 5 N 5 5 N N N N N N 1N N 5 !5 5 s-5 N NIN N IN N N N N I N N 5 5 5 5 5 5
Suppun~tion
LI.R.
Mobilitéo
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Ploque
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Porto Altocht J 8 8 J J • 4 4 2 J 2 J z 14 8 8 2 8 8 4
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Saig. Sond. _N _N N_
Suppumion
L LR.
• •
Mobllnh
. -•
Figure 47·21 Exemple de charting permettant d'enregistrer les mesures parodontales. Les chiffres sont en millimètres et la profondeur de
poche > 4 mm apparaît en rouge. Les indices dichotomiques de plaque (P = oui ; N = non) et de saignement (s = oui ; N = non) sont directement
calculés en pourcentages en bas à gauche. Ils s'inscrivent en rouge au-delà de 20 % . Les lésions inter-radiculaires (UR) sont notées 1, Il et Ill.
(Programme sur Excellb utilisé en clinique par les étudiants du Postgraduate Européen de Paris Diderot, hôpital Rothschild, AP-HP)
Vestibulaire
--
Palatin
Lingual
Vestibulaire
Figure 47·22 Représentation graphique du niveau d 'attache. La distance gencive marginale (DGM) est représentée par la ligne rouge et la
profondeur de sondage (PS) par la ligne bleue. La surface colorée en bleue entre les deux lignes correspond au niveau d'attache clinique (NA).
(Logiciel Periodontalchart-online® de l'Université de Bern.)
CHAPITRE 47- EXAMEN CLINIQUE PARODONTAL 381
mm
DGM =
6mm
- -- - -- ------------~
PS = 7 mm
Figure 47-24 Sondage parodontal manuel avec jonction amélocémentaire (JAC) identifiable. Ici, la JAC (flèche) est parfaitement intacte
et permet un repère parfait et reproductible pour le sondage. (Document Marika Gadeau.)
382 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
- Entraînement/expérience
• !.:examinateur expérimenté est plus précis avec une sonde
électronique qu'avec une sonde conventionnelle
• !.:examinateur non expérimenté est plus précis avec une sonde
conventionnelle qu'avec une sonde électronique
- Erreur de lecture
• Utilisation d'aides optiques avec éclairage
• Lecture dans l'axe de l'échelle graduée
• Absence de saignement
• Vigilance accrue au niveau des sites postérieurs (source d'erreur)
- Erreur de transcription
• Aide au fauteuil entraînée
• Intérêt des transcriptions automatiques (sondes électroniques.
reconnaissance vocale)
- Variabilité intra-examinateur (sonde conventionnelle)
• Reproductibilité de ± 1,0 mm pour 90 % des mesures en cas
d'examinateurs expérimentés
• Variabilité des mesures entre 46 el 58 % en cas
d'examinateurs non expérimentés
- Variabilité interexaminateur (sonde conventionnelle)
Figure 47-25 Sondage parodontal manuel du site mésiovestibu· • Reproductibilité de ± 0 ,5 mm pour 100 % des mesures en cas
laire au niveau d'une canine avec jonction amélocémentaire (JAC) d'examinateurs expérimentés
non identifiable. a) Sonde parodontale CP 12" de dépistage, graduée • Reproductibilité de ± 1,0 mm pour 85 à 98 % des mesures
tous les 3 mm. b) Sonde parodontale PCP UNC 15®d'examen, graduée en cas d'examinateurs non expérimenté
tous les 1 mm. Ici, la JAC n'est plus identifiable en raison de la lésion
cervicale non carieuse associée à une récession gingivale profonde de
classe 1de Miller. La mesure sera prise en utilisant la limite la plus apicale
de l'émail (flèche). Ces photographies permettent de comprendre com- lieu avalll une anamnèse minutieuse (voir chapitre 44). L es sites oü
bien la précision de la sonde PCP UNC 15® est supérieure à celle de la il est impossible de sonder sero nt notés « non mesurables >> sur le
sonde CP 1:2®. On notera sur l'image b que la pointe de la flèche se situe charting. Lors elu sondage à la réévaluation, ces sites pourront alors
entre deux graduations. On lit dans cas la graduation la plus faible, c'est- être sondés et mesurés.
à-dire la plus apicale sur la photographie. (Document Aleksandar Dakic.)
- Sondage après détartrage supragingival. On procède à un détar-
trage supraging ival avant de remplir le charting initial. Cette façon de
Tableau 47-VII Sources d'erreurs de mesure de sondage asso- procéder él imine par tiellement l es inconvén ients de la première atti-
ciées aux caractéristiques du site sondé. tude, mais présente l ' inconvénient de ne pas mémoriser l 'état initial.
On notera que l ' i mpossibilité de sondage est une information en soi.
- État de surface de la paroi dure : défaut de pénétration Il est à notre avis préférable d'opter pour la premi ère approche
(minimisation) pour les raisons sui vantes :
• Présence de tartre
- les amélior ations souvent spectaculaires après thérapeutique
• Présence de caries
• Anomalies anatomiques ini tiale méritent d'être chiffrées pour encourager le malade et le pra-
ticien dans la suite du traitement ;
- Inflammation gingivale : défaut de lecture (maximisation)
• Poche gingivale ou pseudo-poche - tous les traitements paroclontaux ayant en commun la thérapeu-
tique initi ale, les différences l11érapeuüques ne surgissent vraiment
- Mobilité dentaire : défaut de pénétration (maximisation)
qu'au moment de la réévaluation à la lumière du no uveau sondage.
• Réduction de la résistance tissulaire au sondage
L es sites non mesurables initialement le seront al ors et d él ivreront
- Accessibilité des sites : erreur de lecture et défaut de pénétration to ute 1' i nformatio n nécessaire à l a prise de décision ;
(minimisation)
• Plus difficile au niveau des molaires qu'au niveau des dents - la l imite entre le détartrage suprag ingival et le détartrage sous-
antérieures g ingival n'a pas g rand sens en termes de précision ( Figure 47-27).
• Plus difficile en interproximal qu'en vestibulaire ou lingual
- Saignement : erreur de lecture (minimisation ou maximisation) Comment sonder ?
• Lecture erronée
Le sondage s'effectue en vision d irecte avec un bon éclairage ct une
- Profondeur de poche : reproductibilité (minimisation ou maximisation) aide optique (loupe) si possible. Afin d'éviter une erreur de parallaxe,
• Plus difficile en cas de poche profonde
la lecture se fera le pl us possible perpendicu lairement à l a graduation.
- Sensibilité du site : défaut de pénétration (minimisation) En cas de doute entre deux mesures, on choisira toujours la mesure
• Pression insuffisante la moins élevée (si on hésite entre 3 et 4 mm, o n notera 3 mm) . Le
manche ne do it pas être serré !Top fort afin de conserver l e maximum
de perception tactile. La qualité du sondage dépend de l ' angulation de
provoquer la douleur-1 (Tableau 47- V Il). Enfin, la bactériémie peut la sonde, du point de référence, de la pression exercée et du nombre de
être importante ; c'est la raison pour laquelle aucun sondage n'aura sondages (Figure 47-28 et Tableau 47-IX). L a méthode est la suivante.
1. La JAC est idemifiée. Si elle ne peut être repérée ( lésion cervi-
5. Notre expérience indique qu'avec un sondage doux (25 g), même e n cas cale non carieuse ou prothèse par exemple), un autre point fixe est
d ' inflammation importante, la douleur n'est jamais provoquée. identifié sur la dent.
CHAPITRE 47- EXAMEN CLI NIQUE PARODONTAL 383
- Angulation
• Insertion la plus parallèle possible à l'axe longitudinal de la dent
• Pénétration au contact de la surface radiculaire
• Varier en fonction de la morphologie dentaire
- Point de référence
• Jonction amélocémentaire : assez stable mais variation
de structure possible
• Suriace occlusale : peu stable et variation de structure certaine
• Limites de restaurations : non stable car limité dans le temps
• Gouttière : très stable mais données relatives et peu pratiques
d'utilisation
- Pression
• Idéalement 25 g
- Nombre de sondages
Figure 47-26 Tartre supragingival sur la face interne des inci- • Attendre 10 minutes entre deux sondages et laisser le patient
sives mandibulaires en regard de l'ostium du canal de Wharton. Il se rincer la bouche
est impossible de procéder au sondage parodontal dans une telle
situation. La zone est indiquée " non mesurable ,. sur le charting.
(Document Alice Pallier.)
L es cas particuliers sont les suivants :
- contact dur avec la pointe de la sonde lors de sa pénétration :
il ne peut s' agir du fond de la poche (contact mousse ct amorti) ;
c'est généralement un obstacle (nodu le de tartre, perle d' émai l,
corps étranger, etc.). La pointe de la sonde contourne alors l 'obs-
tacle tout en gardant le contact avec la paroi dure de la poche
(Figure 47-29);
- non-visibi lité de la JAC par accroissement gingival : la JAC fait
l ' objet d'une identification tacti le, à l 'aveugle (présence d'un ressaut
et différence de perception de l 'état de surface it la j onction émail
- cément). La distance entre la JAC ct le bord marginal de la gencive
est lue et enregi strée sur le charting ;
- mouvements continus répétés de retrait ct de sondage rapproché:
cela permet d'identifier le poi nt le plus profond au niveau d' un site.
C'est particulièrement vrai au ni veau des sites vestibul aires où le son-
dage le plus profond n'est pas forcément au milieu de la face de la
dent;
Figure 47-27 Patient diabétique de type 2 non équilibré atteint
- mou vement cloux de balayage latéral au fur ct à mesure L1e la
de parodontite agressive sévère généralisée. En cas de détar-
trage, on est en droit de s'interroger sur la limite précise entre le pénétration : cela permet de révéler clairement un sai gnement au
supragingival et le sous-gingival. (Document Hélène Rangé.) sondage ;
- enfoncement anormalement soudain de la sonde en un point
particulier : ce type de sondage ponctuel sc rencontre pour les
2. S'i l existe une récession gingivale, la sonde mesure en priorité lésions d' origine endodontique, des fêlures ou des fractu res.
la distance entre la JAC et le bord marginal de la gencive. Cette dis- Le sondage péri-i mplanlaire est plus sensible à la variation de la
tance est enregi strée sur le charting. pression de la sonde que le sondage parodontal (voir chapitre 17).
3. La poi nte mousse de la sonde est présentée au niveau du sulctts L es biopsies pratiquées chez l 'animal avec une sonde parodontale en
(parodonte sain) ou de l ' ouverture de la poche parodonlale (paro- place dans le sillon muqueux péri- i mplantairc entraînent un dépla-
donte malade). L a sonde est délicatement insérée entre la gencive ct cement latéral des tissus mous péri-i mplantaires révélateur d'une
la dent et introduite progressivement dans le site tout en gardant le moi ndre résistance au sondage de cc tissu 16]. La reproducti bilité du
contact avec la surface radiculaire. sondage semble plus di fficile au niveau des i mplants qu'au niveau
4. Lorsqu' une résistance souple se fait sentir, l 'œi l )jt la val eur de la des dents [4].
profondeur de sondage et celle-ci est enregistrée sur le chmting. Selon
les individus, la force de sondage peut varier de 0. 13 N à 1,3 N [ 14]. Le
sondages' effectue en principe avec une force cl' environ 25 g, à peu près
..... SONDES PARODONTALES
équivalente à la force exercée sur le stylo lors de l 'écriture. Cette force
Sondes parodontales droites
est calculée pour êu·e à la l'ois i ndolore ct efficace. Il est possible de son-
der avec une pression allant jusqu'à 75 g, mais en cas d' inllammation el li existe une grande variété de sondes parodontalcs (un peu moi ns
de destruction du système d'attache, la pénéu·ation de l'extrémité de la d'une centaine !), toutes caractérisées par une extrémité mousse,
sonde au sein du tissu conjonctif peul être douloureuse. Nous conseil- qui diffèrent princi palement par leurs graduations (colori métriques,
lons à l'examinateur novice de s'entraîner en exerçant une pression encoches gravées, bandes), leur section term i nale (ronde ou pl ate)
avec la sonde sur un pèse-lettre pour obtenir une force reproductible de ct leur cal ibrage (millimétré, tous les 3 mm, ou autre) (Tableau 47-
25 g, sachant que des écarts de pression de 15 à 75 g sc traduisent par X). L'extrémité de ces sondes peut être en métal ou en pl astique.
des diftërences de profondeur de sondage de± 1,5 mm [28]. Elles sont réutilisables ou à usage unique (Figure 47-30). Les
384 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Figure 47-28 Sondage du site mésiovestibulaire au niveau d'une Figure 47-29 Perle d'émail (flèche pleine). !.:extrémité de
canine. a) Sonde parodontale CP 12® de dépistage graduée tous les 3 mm : la sonde parodontale peut rencontrer ce genre d'obstacle ana-
premier passage. b) Sonde parodontale PCP UNC 15® d'examen graduée tous tomique et entraîner une erreur de sondage. Labsence d'at-
les 1 mm : deuxième passage. !.:angle de la sonde suit le grand axe de la dent tache sous-gingivale conjonctive au niveau de la perle d'émail
au contact avec la racine. La lecture est la plus perpendiculaire possible. Noter entraîne une zone de faiblesse au niveau du système d'attache
qu'au second passage, opéré uniquement en termes de démonstration, on se traduisant tôt ou tard (en fonction du degré de contrôle de
observe un léger saignement au niveau du site. Cela indique que le saignement plaque) par une lésion parodontale. On observe la présence de
et la profondeur de sondage sont dépendants du nombre de passages de la tartre sous-gingival (flèche pointillée) apicalement à la perle de
sonde dans le site. (Document Aleksandar Dakic.) d'émail. (Document Jacques Malet.)
sondes à extrémité p lastique son t bien adaptées au sondage péri- des modifications de la pression ct des états de surface à l'extrémité
implantairc. Nous ne décrirons ic i que les sondes de première géné- des doigts.
ration à usage c linique quotidien. Les autres sondes permeuent La sonde PCP UNC 15"' (Figure 47-3 1a), graduée tous les mil-
une meilleure reproductibil ité du sondage car elles sont à pression limètres, de diamètre 0,6 mm, est la p lus utilisée lo rs de l'examen
constante ca li brée à 0,25 N le plus souvent, ou pouvant être cal i- parodontal en raison, de sa préc ision . Elle est également utilisée en
brées par l'examinateur. Elles sont réservées à la recherche. Le recherche. La sonde parodontale CP 12"' (Figure 47-3 1b), graduée
Tableau 47-XI résume les avantages ct les inconvén ienls de chaque tous les 3 mm, est de section fine (d'un diamètre d 'environ 0,4 à
type de sonde. La sonde électron ique Flo ricla®, développée ~~ la 0,5 m m) pour s'i nsérer facilement dans le sillon g ingivodentaire.
fin des nnnées 1980, permet d'évaluer la profondeur de poche, le Elle est largement répandue pour le dépistage des maladies paro-
niveau d'attache cl inique, les atteintes de l"u rcation et la mobilité dontales ct en épidémiolog ie.
dentaire [7]. Les sondes électroniques présentent deux inconvé- La sonde OMS"' (Figu re 47-31c), dont l'ex trémité est une boule
nients majeurs : la réduction de la sensation tactile de l' opérateur de 0,5 mm de diamètre pour mieux contourner les nodules de tartre
ct la sensation d'inconfort elu patient. Elles sont peu utili sées e n sous-gingivaux, possède une bande colorée entre 3,5 ct 5,5 mm.
c li nique et l' investissement clans ce type de matériel reste s urtout Elle est spécifiquement destinée à la mesure elu CPITN ( Community
du domaine de la recherche clinique. Periodontallndexof7i·eatment Needs) (voirchapitrc 19, figure 19-3).
La sonde paroclontale manuelle est constituée d ' un manche, d ' une Elle détermine les besoins en u·aitement et est essentiellement uti-
partie intermédiaire et d'une partie travaillantc graduée dont le dia- lisée dans les enquêtes é pidémiolog iques. Cc n'est donc pas une
mètre varie de 0,4 à 0,8 mm envi ron. Le diamètre le plus fréquent est sonde de diagnostic. Elle es t peu uti le en clinique.
de 0,6 mm. Le manche doit être souple pour permettre la transmission La sonde Perioscreen 12® (PPS 12PT) de chez Hu-Fricdy est bien
adaptée au dépistage des maladies paroclontales et péri-implantaires
car e lle est en plastique et graduée de couleurs d ifférentes ct lisibles
Tableau 47-X Les différents types de sonde. tous les 3 mm, cc qui est s uffisant pour le sondage péri- implnntaire
(Figure 47-3ld).
- Sondes de première génération ou conventionnelles
Manuelles avec divers types de graduations
Sondes parodontales spécifiques
- Sondes de deuxième génération ou à pression contrôlée
Manuelles ou électromagnétiques avec contrôle visuel Sondes courbes dites de Nabers
des valeurs de sondage
Les sondes d roites sont peu adaptées au sondage horizontal.
- Sondes de troisième génération ou électroniques L'examen des zones inter-radicul aires des de nts plu riradicu-
Électroniques à pression contrôlée et enregistrement lées (mo laires ct prémolaires) se rait donc prérérentiellement
automatique des données sur ordinateur.
à l'aide de sondes coudées d ites de Nabcrs (Figu re 47-32). De
CHAPITRE 47- EXAMEN CLINIQUE PARODONTAL 385
Tableau 47-XI Avantages et inconvénients des différents types de court temps de latence, alors le s ite est pos itif pour le ca lc ul de
sondes parodontales droites. l' indice de saignement. Ce le mps de latence peut nller j usqu' à 20
à 30 secondes après le re trait de la sonde. La s ignification clinique
Sondes Avantages:
-Facilité de cette latence n 'a pas été é tudiée. On peu t ce pendant logiquement
conventionnelles
-Rapidité pe nser que moi ns cette latence est lo ngue, plus le site es t inflam-
- Accessibilité tnatoire. On rappellera néanmoins que le saignetnenl au sondage
- Économique est très spécifique de l'inflammation parodonlalc c linique (indice
Inconvénients :
dic hotomique de g rande quali té) mais peu sens ible (indice quali-
- Très opérateur-dépendant
• Force non contrôlée tatif médiocre).
• Angle non contrôlé Si le saignement au sondage n'est pas associé à la perte d'al-
• Erreurs de lecture tache, l'absence de sa ignemen t au so ndage semble en revanc he
• Erreurs de transcription être sign ifica ti ve de la stabi lité du niveau d'allache 13 1. En effet,
Sondes à pression Avantages: le sondage d ' un sillon gingivodentaire sain avec une sonde mousse
contrôlée - Pression constante n 'entraîne pas de saignemen t. À l' inverse, la pénétrat ion de cette
- Selon les sondes
sonde à l' intérieure d ' une poc he parodonta le entraîne un saigne-
• Rapidité
• Accessibilité me nt. L'extJémité de la sonde, pour un sondage à 25 g, ne s' arrête
• Économique pas nu niveau des fibres les pl us coronaires de l' attache conj onctive,
Inconvénients : comme c'est le cas dans un système d'auache sai n, mai s pé nètre
- Opérateur-dépendant le ti ssu conjoncti f intlammatoire richement vascularisé. De plus,
• Apprentissage
• Angle non contrôlé
la paroi épi théliale de la poche prése nte des m ic ro-ulcérations et
• Erreurs de lecture saig ne a u moind re contact. L' im portance de la réaction hé mon·a-
• Erreurs de transcription gique est e n rapport avec l'étendue et la densité de l' infiltral inll am-
Avantages: matoirc 151.
Sondes
- Pression réglable et constante Comme pour les indices de plaque dentaire, de nombreux indices
électroniques
- Meilleure résolution (1/10 mm) d ' inflammation ont é té développés ct mettent en évidence l'appari-
- Meilleure reproductibilité tion de saignements éventuellement après man ipulation douce de la
- Pas d'erreur de lecture,
sonde parodontalc (voir chapitre 19). Ces ind.ices peuvent prendre
ni de transcription
Inconvénients : en compte le facteur temps d'apparition du saignement ou encore
- Apprentissage évaluer la quantité de saignements, mais leur utilité est limitée à la
-Coût recherche [ 16]. L' indice dichotomique à deux niveaux (oui/non) ou
-Temps BOP (bleeding on probing) décrit par A inamo et Bay en 1975 est le
- Accessibilité
plus adapté en pratique quotidienne pour évaluer le niveau géné ral
d ' inflam mation 11 J. S i le s ite saigne a u retrait de la sonde, alo rs le s ile
est positif pour le calcul de l' indice de sa igneme nt ; it l'inverse, en
l'absence de saignement, le sile est dit négatif. Le BOP s'exprime en
fo rme hél icoïdale, e lles peuvent ê tre graduées et permettent de
diagnostiquer les d ifférentes c lasses de lésions inte r-radiculaires
(voir c hapi tre 49) . E lles mesurent éga le ment la profondeu r des
attei ntes horizontales de fu rcation. L'espace illler-radic ulaire est
une zone difficilement accessible. Toutes les e ntrées de furca tions
des dents p lurirad iculées sont explorées, sans o ub lier les prémo-
la ires maxillaires.
Saignement au sondage
Le saigne me nt a u sondage est le s ig ne c linique cardinnl de l' in-
flammation gingivale (Figure 47-33). JI est obligatoire ment consi-
g né dans le charting. L'évaluation clinique du saignement g ingival
est réali sée it l'aidc de la sonde parodontale insé rée sous la gencive Figure 47-30 Sondes parodontales graduées tous les 1 mm. a)
avec un mouvement vertical doux le long de la s urface radiculnire. Sonde réutilisable (PCP UNC 15®). b) Sonde à usage unique (Paro-
S i le s ite saigne au retrait de ln sonde, le plus souvent après un Piast®). (Document: Benjamin Coyac.)
386 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
12 12
9 9
6 6
5,5mm
3,5mm 3
3
1,07 b c 0,5 mm d
a
Figure 47-31 Sondes parodontales droites. a) Sonde métallique PCP UNC 15®graduée tous les 1 mm pour l'examen conventionnel. b) Sonde
métallique CP 12® graduée tous les 3 mm pour le dépistage. c) Sonde métallique ou plastique OMS® à une bande noire pour l'épidémiologie.
d) Sonde plastique Perioscreen 12® (Hu-Friedy) graduée tous les 3 mm pour le dépistage et l'examen péri-implantaire. La sonde la plus précise,
la PCP UNC 15®a été remesurée avec une analyseur d'image (Stéphane Kerner). Noter la présence de variations de mesure des graduations qui
augmentent encore la variabilité du sondage, non seulement due à la technique de sondage, à l'entraînement de l'examinateur et à la position de
la dent sur l'arcade, mais aussi au type de sonde et à sa précision intrinsèque.
- Indice 0 : ankylose
Tableau 47-XII Classification des lésions inter-radiculaires de - Indice 1 : mobilité physiologique
Hamp et al. [ 13]. - Indice 2 : mobilité de moins de 1 mm, perceptible par les doigts
- Indice 3 : mobilité de plus de 1 mm, perceptible par les doigts
- Classe 1 : profondeur de sondage horizontal inférieure à 3 mm et visible à l'œil nu
- Classe 2 : profondeur de sondage horizontal supérieure à 3 mm - Indice 4 : mobilité de plus de 1 mm, horizontale et verticale, visible
- Classe 3 : sondage de part en part de la lésion à l'œil nu
388 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Figure 47-34 Évaluation de la mobilité dentaire entre deux .... FACTEURS DE RÉTENTION DE PLAQUE
manches d 'instruments. (Document Marika Gadeau.)
Les facteurs de rétention de plaque (FRP) sont nombreux et
développés dans le chapitre 30. On retiendra les obturations débor-
de façon répétit ive à l 'aide d'un petit marteau lancé à vitesse définie. dantes (Fi gure 47-35), l ' absence d' embrasures (Figure 47-36) et les
Lors du heurt, le marteau subit une décélération qui est proportion- surfaces rugueuses, qu ' i 1 conviendra de consigner dans le dossier
nelle à la stabilité de l a dent testée. Cette mobilité jusq u'au retour à parodontal.
la position initiale de la deni est alors mesurée électroniquement et
produit une val eu r. Plus la valeur mesurée est négative, meilleure est
la stabilité dentaire (pas de mobilité). Initialement, l 'apparei l a été
préconisé pour tester la stabilité implantai re ct a fai t l ' objet de nom-
breuses publications. Il trou ve sans doute sa meilleure indication
dans cette dernière utilisation car nous ne possédons aujourd'hui que
peu d'in formation sur son utilité en parodontologie.
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Techniques d'imagerie en parodontologie
et dentisterie implantai re préchirurgicale
Rufino Felizardo, Benjamin Salmon
patient, mais aussi une finesse d' image inégalée lorsque cet examen utilisés, l à 8 J.lSV (microSievert), soit entre 4 heures et une jour-
volumique est optim isé. Cela peut, dans des conditio ns bien pré- née d ' irradiation nature lle, a lors qu ' un bilan de 17 à 2 1 clic hés peut
cises, être une alternative à la multiplication des clichés convention- atte indre 30 à 150 J.lSv, soit5 à 20 jours d' irradiation naturelle [3].
nels q ui ne permettent pas toujours d 'obtenir toutes les in formatio ns,
notamment pour les lésions inter-radiculaires. Technique
S i ces clichés intra-oraux sont s imples à réaliser, la fina lité d 'éva-
luation des structures parodontales nécessite une rigueur technique
Tec hniques d'imagerie orale sous peine de voir disparaître tout caractère informatif de l' image
osseuse. Le fai sceau de rayons X va projeter des structures tridimen-
sionnelles dentaires, osseuses ct g ing ivales sur un capteur en deux
... TECHNIQUES INTRA-ORALES
d imensions. Afin d 'éviter les défo rmations géométriques (raccour-
cissement ou allongeme nt de l'image des tissus), il est indispensable
Cliché rétro-alvéolaire
que l' objet radiog raphié et le capteur soient parallèles entre eux ct
Indications perpendiculaires au rayon inc ident (Figure 4 8-2). C'est la technique
Qu'il s soient isolés ou regroupés en un bilan retro-alvéolaire dit parallèle. L' utilisation d'un angulatc ur (type Ri nn 3 ) avec un anneau
<< long cône » composé de 17 à 21 c lichés (Figure 48- 1), les clichés de visée (Figure 48-3) permet de respecter les cri tères des plans
rétro-alvéolaires sont des radiographies s imples, Lrès riches en infor- parallèles ct de s' affranchir des résultats trop aléatoires et non repro-
mat ions et purfaitement indiquées pour les structures parodo nta les. ductibles de la techn ique de la bissectrice [24]. Les erreurs de posi-
Bien ciblés, ces c lichés peuvent compléter un exame n panoramique tionnement sont plus fréq uemment observées au max illa ire lo rsque
lors du s ui vi du traiteme nt d ' une maladie parodontale [ 1]. Le bi lan le tube radiologique est trop incliné de haut e n bas, ce qui enLraîne
luug cûne est donc l'examen radiographique de choix e n parodon- un déplaceme nt cervical de l' image radio-opaque du processus
to logic. zygomatique du max illaire, masquant les structures parodontales
Du c liché argentique initial très sensib le à toutes les étapes de sa de la région de la deuxième molaire maxillaire . Le moyen le plus
réalisation (des paramètres d'exposition aux conditions de chimie du si mple de véri fier la bonne o rthogona lité des c lichés est de s'assurer
développement), les praticiens ont évolué progressivement vers le que les cuspides vestibu laires et palatines des mo laires sont superpo-
cliché numérique avec tous les avantages que nous avons rappelés en sées e t non sur deux plans (Figure 48-4).
introductio n à cc chapitre. Le praticien est ains i en mesure, sur son
logic ie l d ' analyse d' image, de fa ire varier tous les paramètres lui per-
Analyse des structures parodontales et dentaires
mettant de passer d ' une image statiq ue à une dynamique d 'i mages De manière comparative, nous verro ns dans les figures s uivantes
dont les contraste, luminos ité et grossissement peuvent êLre aussi que ls sont les critères de normalité et d'atteinte des tissus parodon-
aisément manipu lés que sur de simples photograph ies numériques. tau x détectables sur les clichés rétro-alvéolaires.
Du po int de vue de la radioprotection du patient, un c liché rétro- Nous recherchero ns à voir les éléments s ui vants.
alvéolaire réali sé avec les paramèu·es actuels- c'est-à-dire : un tube - L'os alvéolaire: finement su·ucturé, il est plus dense à la mandi-
rad io log ique uti lisant un générateur de haute fréquence o u à tens ion bule qu' au maxillaire. Les corticales osseuses vestibulaires et linguales
stabi lisée, l' utilisation d' un collimate ur rectangulaire à J'extrémité à la mandibule masquent plus aiséme nt des atte intes alvéolaires proxi-
du tube po ur réduire la zone utile de rayonnement à la seule s ur- males n' impliquant qu' une seule paroi osseuse. Ce n'est que lorsque
face du capteur (environ 60 % d' irradiation en moi ns), mais aussi la déminémlisation osseuse atteint localement 30 à 50% que l'œil du
un fi lm argentique rapide de type ISO E ou F, ou d' un capteur filaire c linicien détecte une variat ion, ce qui explique le retard de 6 à 8 mois
ou des plaques sensibles (ERLM) - permet d 'obtenir une meilleure entre une lésion clinique et sa traductio n radiologique [5, 9] .
image avec des paramètres d'exposition réduits [3]. Un c liché rétro- - La lamina dura : elle constitue une ligne radio-opaque fine
al véolairc isolé représente, en fonction des études ct des systèmes q ui s urcontourc l'os alvéolaire en délim itant l'espace desmodon-
Figure 48·1 Bila n ré tro-alvéolaire ou téléradiographie lntra-ora le long cône comprenant 21 clichés. Patient présentant une parodontite
agressive géné ralisée sévè re. (Document Cécile Dagorne.)
392 PARTIE 9 - LA CONSULTATION PARODONTALE
Figure 48·2 Technique des plans parallèles avec un angulateur. Si le rayon incident n'est pas perpendiculaire aux
crêtes alvéolaires vestibulaires et palatines, celles-ci apparaissent décalées (flèches et lignes jaunes palatines et bleues
vestibulaires). (Document Rufino Felizardo.)
tai entourant la dent (Figure 48-5). Sa visibilité n'est pas toujours une inclinai son en direction apicale lors des lésions angulaires
homogène en tous points, elle se densifie dans sa portion cervicale. (Figure 48-7a). On parle par foi s d' image <<en sucre mouillé ». Après
Sa disparition poutTai t signaler une al véolyse act ive bien qu' aucune trai tement, celle ligne redevient nette (Figure 48-7b). L'absence de
étude ne vienne confi rmer cette observation clinique. L' espace des- celle ligne opaque au sommet du septum ne signe pas nécessaire-
modontal qu ' elle délimite peut être augmenté en cas de traumatisme ment une atteinte parodontaie, mais sa persistance après traitement
occlusal et/ou d'inflammation parodontale (Figure 48-6) 118]. n' est pas un signe posit if. Enfin, i l faut noter que l 'orientation de
- Les septwns interdentaires : ces lamelles osseuses de largeur cette ligne de crête est parallèle à une ligne virtuelle j oignant les
variable présentent à leur sommet un liseré radio-opaque identique jonctions améiocémentaires des dents adjacentes (Figure 48-8).
à la lamina dura bien visible lorsque le rayon incident le traverse sur Lorsqu'une dent est en mési oversion, l'angulation de l a ligne de
toute son épai sseur. Tl s'agit d'une structure labile lors des atteintes crête ne doit donc pas êtJ·e interprétée comme une lés ion angulaire.
parodontales dont l'aspect radio-opaque disparaît progress ivement - L'os inter-radiculaire - les zones de.furcation : 1' examen radio-
pour devenir une ligne floue dont l'hori zontalité peut évol uer vers graphique des furcations permet de soupçonner une lésion inter-
radicu laire. Au maxillaire, la superposition de l'image de la racine
palatine d' une molaire et de la zone de furcation tend il masquer la
perte osseuse inter-radicul aire dont l 'atteinte ne pourra être mise en
évidence que tardivement par l ' examen rad iologique (Figure 48-9)
[9]. À la mandibu le, on observe une rad ioclarté inter-radiculaire sous
l a fUJ·cation de plus ou moins grande étendue, mais l ' image reste
dépendante de la persistance d'un rempart osseux lingual ou ves-
tibu laire pouvant masquer ct retarder sa révélation (Figure 48- 10).
Dans LOus les cas, seu l i ' exa111en cl inique )Jt:mu; t ù ' ~valuer la lésion,
par pénétration de la sonde dans l 'espace inter-radiculaire.
- L'anatomie radiculaire : sa longueur, sa forme et sa largeur
permettent une appréc iation des difficultés rencontrées lors des
surfaçages. des interventions chirurgicales de plastie osseuse ou
d'ampu tation rad icu laire. En présence d' une ostéolyse importante,
la forme des racines et le ratio couronne - racine participent à la
prise de décision de conservation ou non de l 'organe dentaire.
Figure 48-5 Lamina dura bien visible sous forme d'une ligne
- Restaurations dentaires - lésions carieuses : les effets iatro-
radio-opaque autours des racines (flèches blanches). Dans cer- gènes des restaurations débordantes ou des défauts de reeonsti tu-
taines situations, elle est en continuité avec la ligne opaque située tien des points de contacts créent des cond itions locales tàvorablcs
au sommet des septums interdentaires comme entre la prémolaire au développement d'atteintes osseuses prox imal es qui peuvent être
et la molaire (flèche jaune). Noter la présence d'une carie dentaire évaluées aisément sur ce type de clichés.
profonde (astérisque). (Document Rufino Felizardo.)
Cliché rétrocoronaire
Indications
À l ' instar des clichés retro-alvéolaires, les images rétrocoronaires
permettent d'apprécier les mêmes atteintes parodontalcs dans les
limites des lésions modérées pour lesquelles les destructions osseuses
ne dépassent pas la j onction du tiers supérieur et du tiers moyen des
racines. Ces cl ichés permettent une vision précise ct fine de la j onc-
tion amélocémentaire el elu niveau osseux cresta! avec le minimum de
distorsion d'image [24]. Ce sont les images de choix afi n d'évaluer les
atteintes carieuses i nitiales ou débutantes en regard des faces proxi-
males des dents. Ces clichés s' inscrivent ainsi clans la survei llance
aussi bien carieuse que parodontaie des patients, avec un moindre coût
en termes cl' irradiation car visualisant deux arcades simultanément.
Ils sont très utiles dans le dépistage et le suivi parodontaux.
Figure 48· 7 Rétablissement de la netteté des septums après traitement. a) Image radiographique d'un patient atteint de parodontite chro-
nique sévère. b) La même image 10 ans après traitement et avec suivi parodontal deux fois par an. (Document Vincent Jaumet.)
Radio-soustraction
Issue des travaux de Grondahl à la fin des années 1980 [5], l a
radio-soustraction cherche par l ' informatique à se subst ituer à l 'œil
du praticien pour détecter les pertes et variations de densité optique
de l ' image osseuse alvéolaire. Un clinicien n' est en mesure de détec-
ter une modifi cation entre deux images que lorsque, sur une zone Figure 48·8 Fausse lésion osseuse angulaire. La ligne virtuelle
rejoignant la jonction amélocémentaire de la molaire et de la prémo-
donnée, la déminérali sation osseuse atteint 30 % , alors que les l ogi-
laire (trait jaune pointillé) est parallèle à la ligne de crête sous-jacente
ciel s d' analyse peuvent, eux, détecter des vari ations de 5 % 115). (trait bleu pointillé). (Document Linda Jaoui.)
Afi n d' éval uer l'efficacité des traitements ou l ' extension de l'at-
tei nte parodontale, il est intéressant de pouvoir sui vre la topographie
des pertes osseuses [ 14] . .... TECHNIQUES EXTRA-ORALES
Ini ti alement dévolue il la seule recherche clinique, cette technique
nécessitai t des condi tions très su·ictes de prise de clichés avec des Imagerie bidimensionnelle (2D) - le cliché
cales indi vidualisées permettant de repositionner le film touj ours panoramique dentaire
dans la même position. La tolérance à l a distorsi on de l' image ne Indications
dépassait pas 1°, cc qui rendait la technique inopérante en cabinet.
Progressivement, les systèmes d'analyse d' image ont été intégrés Permettant une vision globale des arcades alvéolaires, il s'agit
aux logiciels d' imagerie inu·a-orale numériques (ou D SR® pour d' un élément clé du dossier médical du patient qui possède parfois
Digital Subtractiorr Radio/ogy), mais ils restent soumis aux mêmes plusieurs images de ce type consti tuant. des documents d 'archives.
bi ais de prise de clichés, avec cependant des tolérances d' angle amé- C'est l'examen de dépistage par exce llence (Figure 4 8-12). Les
liorées. De même, l 'évaluation de la perte osseuse péri-implantaire clichés panornmiques argentiques sont généralement de définition
r
peut être appréciée par cette technique 14]. méd iocre. Toutefois, les appareils numériques actuels possèdent très
CHAPITRE 48- TECHNIQUES D'IMAGERIE EN PARODONTOLOGIE ET DENTISTERIE IMPLANTAIRE PRÉCHIRURGICALE 395
Figure 48·9 Image radiographique de lésions inter-radiculaires maxillaires. a) Atteinte inter-radiculaire évidente : le toit de la furcation
est situé nettement au-dessus de la crête osseuse et une radioclarté s'observe au niveau des furcations (flèches jaunes). b) Suspicion d'atteinte
inter-radiculaire : l'angle formé entre le sommet de la crête osseuse, le toit de la furcation et la jonction amélocémentaire est très ouvert (lignes
pointillées jaunes). Noter les spicules de tartre (flèches bleues). (Document Rufino Felizardo.)
Figure 48-10 Image radiographique de lésions inter-radiculaires mandibulaire. a) L.:atteinte des furcations se traduit par l'apparition d'une
radio-clarté osseuse de l'espace inter-radiculaire (flèches jaunes). Sa tonalité plus ou moins foncée dépendra de la persistance ou non des
parois vestibulaires et linguales. b) Traitement de l'image radiographique précédente permettant de mieux visualiser la perte osseuse. (Document
Philippe Bouchard.)
Figure 48-11 Clichés rétrocoronaires. a) Cliché horizontal. (Document Matthieu Frémont.) b) Cliché vertical. (Document Rufino Felizardo.)
396 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
souvent des algorithmes de renforcement de l ' image osseuse per- gênent moins le diagnostic des lésions apicales ou des processus
mettant d'améliorer ln déf"ini tion de l'image. Indiqués pour évaluer invnsifs, induisent une déformation des limites de l' os al véolaire,
le niveau osseux global ou dépister les lés ions les plus importantes, ct cc du fai t d' un rayon incident de bas en haut de 5 à 10° selon
il s cèdent le pas aux clichés intra-oraux pour des images plus pré- les appareils. A insi , les limites de l 'os alvéolai re situées en lingual
cises. Très ex igeant sur le plan technique, cc type de radiographie sont projetées au-dessus des limites vestibulaires (Figure 48- 13).
ne permet pas une large tolérance d'erreurs lors de la réalisation, L' orthogonalité des images avec le rayon incident que nous avons
sous pei ne d 'obtenir des structures très déformées. Sur le plan de la recherchée dans les clichés rétro-al véolaires n'est ici pas possible.
radioprotection, un cliché panoramique représente entre 4 et 30 11Sv, De plus, toute inclinai son de la tête - extension, flexion ou rota-
soit 10 heures à 4 j ours d ' irradiation naturelle [3 1. Le cliché panont- tion - induit des déformations géométriques de l ' image qu' il n'est
miquc est indispensable lors d'un examen de dépistage, mais ne peut plus possible de corriger 1241.
être suff"isant pour un examen parodontal approfondi.
Examens tridimensionnels (3D) - scanner
Erreurs techniques lors de la prise de cliché à rayons X et tomographie volumique à faisceau
Le cliché panoramique représente sur deux plans des structures
conique (CBCT ou cone bearn)
tridimensionnelles par l' intermédiaire d' un capteur extra-oral. L' imagerie seclionnellc X des tissus minérali sés repose sur deux
L'ensemble des stJucturcs dentaires, osseuses ct ti ssulaires sont modalités : le scanner à rayons X ou tomodcnsitométrie (M SCT
alors reproduites avec plus ou moins de neueté en fonction de leurs pour mu!Iis/ice computed tomography ) ct la tomographie volumique
positions. S' agissant d' une zonographie, ou coupe épaisse, passant à fai sceau conique ou CBCT (erme hecun ('OIIIputed tomography).
par les arcades, celte technique ne permet pas une analyse détaillée Dans les deux cas, l ' acqu isition radiologique d' un volume global
des structures parodontalcs. Les erreurs de positionnement, si elles permet la reconstruction de coupes dans tous les plans de l 'espace.
Figure 48·12 Radiographie panoramique numérique de dépistage chez un malade atteint de parodontite chronique sévère généralisée
consultant pour une hypermobilité de 37. Le diagnoslic a été préalablement établi cliniquement et non à partir de la radiographie qui ne fait que
confirmer le diagnostic. (Document Margaux Adolph.)
Figure 48-13 Visualisation de l'os alvéolaire sur clichés panoramiques. a) Erreur technique dans la réalisation du panoramique (flexion de
la tête) ; la convergence des images dentaires maxillaires masque les tissus parodontaux. b) Panoramique sans déformation, bonne visibilité des
tissus osseux du parodonle. (Document Rufino Felizardo.)
CHAPITR E 48- TECHNIQUES D'IMAGERIE EN PARODONTOLOGIE ET DENTISTERIE IMPLANTAIRE PRÉCHIRURGICALE 397
Tandis q ue le scanner X a été conçu pour des explorations << corps retranscrire sur le compte-rendu. Les mesures d imens ionnelles sont
entier », le CBCT a été spécil"iquement développé pour explorer la fi ables ct les outil s informatiq ues adaptés à ln pratique odontolo-
sphère o rofacia le ct plus particulièrcmenl les de nts ains i que leur gique. Néanmoins, les artéfacts métall iques ne restent que partiel-
e nvironnement anatomique. Les recommandations natio nales et le me nt con·igés et le temps de rotation du couple tube - détecte ur,
internationales préconisent de substitu er, dans le cadre odonto lo- comparable à un examen panoramique, est susceptible d ' engendrer
g ique, la scanograph ie par l'examen C BCT 11 , 8 1 Les paragraphes un Aou cinétique s i la contention du patient n'est pas rigoureuse. La
suivants sero nt donc axés sur la tomographie volumique. L'examen qualité des images est hétérogène d ' un apparei 1à un autre et dépend,
3 D n'est que très rarement prescrit lo rs d'un examen parodo ntal, comme la dose, des paramètres de l' acquisit ion (constantes, champs,
tandis qu ' il devient indispensable lors de l'examen préchi rurg ical en proj ections). Le praticien cherchera le meille ur compromi s entre la
denti sterie implantaire. qualité attendue pour un examen contributi f et la dose dé li vrée, ces
deux critères étant inversem ent proportionnels (opti misation).
Principes de fonctionnement
Indications du CBCT en parodontologie
Le principe de l'acquisition 3D repose sur le théorème de Radon
qui, dès 19 17, démontr e que la reconstruction d ' un volume est pos- L' évaluation d u ni veau osseux sur les faces vesti btùaires et li n-
sible à partir d ' un échantillonnage de projections 2D acquises sur au gua les constitue une limite signi l"icativc de l'imagerie 2D. Peu
moins 180°. Les progrès informatiques cl les avancées dans la tech- d 'études ont évalué la précis ion diagnostique elu CBCT versus
nologie des capteurs en ont permis l'application. Contrairement au radio logie conventionne lle [J 1, 13]. ln vitro, une acquisition petit
scanner ù rayons X qui décrit une géométrie hél icoïdale, l'ensemble c hamp fournit une représentation exacte des défauts osseux paro-
tube - détecte ur réalise une rotation unique (complète ou partielle) do ntaux avec une bonne résol utio n d imens ionnelle en particulier
autour de la tête du patient. A utre différence entTe les deux modalités, dans les secteurs postérie urs [8, 17] . Si les premières publications ne
le CBCT utilise un fa isceau conique de rayons X pulsés tandi s que la montrent pas de différence s ignificat ive des mesures linéa ires réa-
tomode nsitométrie a recours à un faisceau laminaire émis en continu. lisées par so ndage osseux, radiographie conventionnelle et CBCT
Pour chaque degré de rotation, le détecte ur e nregistre ains i un cliché [ 10 , 22], l' imagerie 3 D s ' avère intéressante dans l'exploration des
(on parle de projection) pour fin alement constituer une série d ' images c ratères et des défauts de la ftu·cation [6, 12, 23]. En apportant des
numérisées. Mathémaliquement, le volu me exploré est divisé en uni- info rmations s ur la morphologie 3 D des lésions inter-radiculaires
tés é lémentaires de volume, les voxels, équivalents 3D des pixels. Le et endoparodontales, l' imagerie de coupe pourra it améliorer la pla-
traitement in fo rmatique de la série d'images obtenues pour chaque ni fication chirurg icale et mi eux estimer le potentiel de réparat io n
incidence par des algorithmes de reconstruction (rétroprojeclion fil - (F igure 48- 14). Certains aute urs proposent ains i d' utiliser le CBCT
trée type Feldk nmp) permet de calculer 1' atténuation du faisceau de pour évaluer la réponse aux chimrg ies de régénératio n [2, 4, 211 .
rayons X réalisée dans chaque voxel. De même que chacun des pixels Dans l'ensemble, les publications relatives à l' imagerie CBCT
d'une radiographie rétro-alvéolaire est d'autant plus radio-opaque parodontale sont limitées et comportent très peu d 'études cl iniq ues.
que le faisceau aura été atténué par les structures traversées, le niveau Concernant le diagnostic de la perte osseuse a lvéolaire, les don-
de gris attTibué à chacun des voxels est d' autant plus important que nées actuelles permettent diffi cilement de conclure. Si le C BCT est
le contenu est minéralisé. La vale ur de de nsité étant connue po ur contributif dans l'exploration des défa uts osseux complexes, l'i m-
chaque voxel, l' utilisation de logiciels de reconstructions multipla- pact sur la décis ion thé rape utique n'est pas documenté.
naires dédiés assure d'obtenir des coupes dans toutes les directions et
de naviguer dans l'espace à partir d ' une exposition unique. Structures osseuses
Selon la taille elu champ, tout ou partie des structures osseuses
Doses et qualité des images CBCT
max illofaciales est exploré. L'examen CBCT s'accompagnant sys-
Outre le réglage des constantes d'acquisition, la taille du volume tématiquement d ' un compte-re ndu, le praticien réal isant l'acte doi t
d'exploration, c'est-à-d ire le champ ou FOY (field of view), déter- pouvoir justil"icr de ses com pétences quant à l' interprétation de
mine la q ualité des images finales et la dosimétrie. Schématiquement, l'ensemble du volume radio logique. Dans le cadre odontologique,
l'aug me ntatio n de la ta ille du champ implique une augmentation de l' imagerie de coupe permet de documenter en 3D les bases osseuses
la dose efficace et une diminution de la résolution spatiale poten- max illaire et mandibulaire ainsi que l'os alvéolaire. Dix fo is moins
tie lle ment associée à une mo ins bonne précis ion diagnostique [7, résol ue q ue la rad iog raphie intra-oralc, l' imagerie de coupe C BCT
15, 19]. Ainsi, un c hamp dento-a lvéolai re (inférieur à 10 x 10 cm) donne néanmoins accès à la dimens ion vesti bulol ingua le (-palatine),
engage une dose e fficace moyenne de 6 1 ~-tSv (de 1 1 à 674 11Sv selon et petmet de s ' affranchir des superpos itions ct des déformations
les études) contre 87 11Sv (de 30 à 1 073 ~-tSv selo n les études) pour anato miques. L'apport en parodonto logie concerne donc princ ipa-
un grand champ craniofacial [20]. le ment l'évaluatio n des perles osseuses angulaires et de la furcation.
L' apparition de machines hybrides (panoram ique - téléradiogra- Demandée en seconde intention, l'imagerie CBCT permet ainsi de
phie courte distance- CBCT), les performances accrues des capteurs déter m iner le no mbre de paroi(s) résiduclle(s), d' analyser la confi-
de dernière génération, l'amélioration du positionne ment du patient guration trid imensio nnelle d ' un cratère mis e n évidence en 2 D ou
par scoutview (clichés de re pérage), la généralisation des dispositifs d'appréhender l'étendue vestibulopalatine d 'une alvéolyse inter-
mu ltichamps pour s'adapter aux indications, et l'émergence de nou- radiculaire (Fig ure 48-15) . Contrairement à 1' imagerie intra-orale
velles géométries d 'acquisition plus économes en dose constituent incapable d' évaluer le ni veau de l'os alvéolaire sur les faces vestibu-
des évolutions technologiq ues ré pondant aux principes de justifica- laire et pal atine ou linguale, les explo ratio ns 3D sont susceptibles de
tio n el d'optimisation des exame ns. Comparativement au scanner X, procurer ce type d'i nformation.
le C BCT fournit des images mieux résolues el permet de cib ler une Les découvertes fo rtuites lors d 'examens radiologiques sont
zone d ' intérêt réduite pour une dose efficace plus faible. Néanmoins, fréquentes. L' imagerie 30 pourra révéler des kystes ou tumeurs
la do s i métrie reste supérie ure à l' i magcrie conventio nnelle f 151. Les bénignes (non) odontogènes des max illaires. L'étendue des lésions,
apparei ls affichent une évaluation du produit dose s urface (PDS) à les rapports anato miques (en particulier avec le nerf alvéolaire infé-
398 PARTIE 9 - LA CONSULTATION PARODONTALE
F igure 4 8-14 Intérêt du CBCT dans le diagnostic des lésions parodontale. a) Cliché rétro-alvéolaire initial de 26. Il existe une poche
distopalatine de 10 mm. !.:image 20 montre peu de signes d'alvéolyse. b) !.:insertion d'un cône de gutta (flèche) matérialise la perte osseuse
inter-radiculaire entre les racines mésiales et palatines. c) Les images CBCT révèlent clairement la lésion distale (flèches rouges) el le niveau des
corticales vestibulaires et palatines (flèches jaunes). (Document Clémentine Andrieu.)
rieur), la nature des limites, la radio-opaci té, l ' homogénéité ct la visibles sur la radiographie 2D ct permet d'évaluer le degré d' atteinte
présence de résorptions osseuses et/ou dentaires associées sont ainsi de la furcation et la morphologie radiculaire dans les plans horizontal
finement analysés dans l 'espace. ct vertical, en complément du, voi re en alternative au sondage. En
mettant en évidence des fusions, prox imités radiculaires, perfora-
Analyse du desmod onte tions, lésions endoparodontaies, résorptions, l ' imagerie de coupe est
En éliminant les superpositions anatomiques, l ' imagerie de coupe susceptible de modi fier le pian de trai tement ini tialement fondé sur
offre une bonne visibilité du ligament et devrait permettre de rechercher, les seuls examens clinique et radiographique conventionnel.
en particulier au ni veau des dents pluriradiculécs, un élargissement des-
modontal ou, au contrai re, une ank')'lose dans tous les pians de l'espace.
Anatomie radiologique 2D et 3D
Analyse des dents
L' imagerie CBCT autorise une anal yse fi ne de l' anatomie dentaire ~ STRUCTURES DENTAIRES, OSSEUSES
et de son environnement anatomique. A insi, le nombre, la forme et
l'orientati on des racines sont appréhendés sans que l'interprétation Seules les structures minéralisées peuvent être observées de
soit limitée par les superpositions. L' explorntion de i ' endodontc, en manière certaine en radiologie intra-oralc (clichés rétro-alvéolaire,
particulier dans les cas d'échec du trai tement i nitiai, conjuguée à la rétrocoronaires). Les techniques extra-orales permettent, quant
composante parodontaie, facilite la prise en charge des lés ions endo- à elles, une appréciation des structures non minéralisées soit très
parodontales. Plus sensible dans la détecti on des lésions innamma- déformées (cliché panoramique), soit non déformées mais peu perti-
toires périradiculaires d' origine cndodontiquc que l ' i magerie conven- nentes (CBCT, scanner).
tionnelle, l ' imagerie de coupe sera également informative sur l ' éten- L' anatomie radiographique des structures dentaires, osseuses
due des lésions inter-radiculaires, en particulier dans le sens vcstibu- ct parodontales ne présente aucune di ffi cuité pour le praticien qui
lopaiatin. A insi, la technique CBCT visualise certaines lésions non manipule ces images ct ces in formations tous les jours lors de
CHAPITRE 48 - TECHNIQUES D'IMAGERIE EN PARODONTOLOGIE ET DENTISTERIE IMPLANTAIRE PRÉCHIRURGICALE 399
Figure 48-15 Intérêt du CBCT dans le traitement des lésions parodontale. a) Cliché rétro-alvéolaire initial de 46. Il existe une lésion endo-
parodontale. b) Quatorze mois après traitement endodontique, il persiste une lésion angulaire. c) Les images CBCT révèlent clairement la persis-
tance d'une lésion distale à trois parois atteignant l'apex (flèches pointillées rouges) et le niveau des corticales vestibulaires et palatines (flèches
jaunes). Une chirurgie parodontale est alors indiquée. (Document Clémentine Andrieu.)
Figure 48-16 Intérêt du CBCT dans l'identification des rapports anatomiques avec le sinus maxillaire. a) Cliché rétro-alvéolaire initial
d'une lésion endoparodontale en distal de 27 (flèche). b) Image CBCT indiquant l'impossibilité de conservation de la dent en raison de l'importance
de la lésion et de ses rapports avec le sinus. Noter la perte de corticale au niveau du plancher du sinus en 26. c) Image CBCT (coupe coronale)
précisant les lésions endoparodontales (flèches bleues) et l'épaississement de la membrane sinusienne en regard de 26 et 27 (flèches jaunes).
(Document Benjamin Salmon.)
400 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Figu re 48-17 Intérêt du CBCT dan s l'identification d es structures anatomiques du s inus maxillaire. Coupes scanner à rayons X recons-
truites suivant un plan coronal mettant en évidence une lésion inter-radiculaire sur 16 et une artère alvéolo-antrale au sein de la paroi antéro-
externe du sinus maxillaire (flèches et cercle). (Document Rufino Felizardo.)
so n exercice professionne l. Cependant, certaines struc tures anato- visible que lors de réactions hyperplasiques o u inOammatoires.
miques intra-osscuses peuvent, dans certaines conditions de réali- L'évaluation exacte de l'anatomie sinusie nne n 'est possib le qu' avec
sation, c réer s ur les clichés bidime nsionnels des images q ue l'on d it l' imagerie tridime nsionnelle . Il convie nt de reche rcher les rapports
<< constru ites» . Ces superpositio ns pe uvent induire e n e rreur le pra- exacts e ntre te nus par le planche r sinusie n avec les apex c t raci nes
ticien lors d ' une lecture rapide des clic hés. Nous illustrons c i-après de dents m axi ll aires (Figure 48- 16), les cloisons de re fend ou septa
quelq ues-uns de ces pièges. (dont on peut parfois avoi r un a perçu avec le cl ic hé panoramique),
les artères alvéolo-antra les (Fig ure 48-17), mais également la per-
méabilité de l'ostium elu s inus sur des coupes situées a u plus haut
.... STRUCTURES MAXILLAIRES
(Figure 48-1 8).
Sinus maxillaire
Territo ire anatomique de plus e n plus explo ité par l'oclontologiste, .... CANAL ET FORAMEN GRAND PALATIN
le sinus maxillaire est une cavité située au sein de l'os max illaire qui
e ntret ie nt des rappo rts très é troits avec les prémolaires et les molaires Zone ana tom ique à risque lors d ' interventions ch irurgicales (pré lè-
en proportion variable e n fonc tio n de son volume. L'analyse des vements de tissu conjonct if) par son contenu vasc ulaire, elle de me ure
rapports a natom iques a vec les dents est de la plus ha ute importance cependant di ffic ile à percevoir sur les clic hés en deux dimensions.
avant la réalisation de lambeaux parodontaux. La paroi inférieure de Seules les reconstruc tions favorisa nt l' accès a u plan vcstibulopalatin
cette cavité se résume à une ou plusieurs lignes radio-opaques situées permette nt d 'en évaluer avec certitude la position par rapport ~~ un
au-dessus, ou superposées, à l' image des racines des dents posté- repère clinique te l que les colle ts des dents présentes (Figure 48-19).
rieures. À cela s'ajoute, sur les clichés rétro-alvéolaires, l' image Il s' agit le plus souvent d' une évaluatio n a u décours de la lecture
projetée du processus zygomat ique du maxil laire, cc pi lie r osseux des examens C BCT ou scanners du patient e t e n a ucun cas d ' une
de la face se situan t en regard de la deuxiè me molaire max illaire. indication d ' imagerie.
Cette structure osseuse, bie n cort icalisée, a pparaît sous forme d ' une
image radio-opaque dont la position verticale varie essentiellement
e n fonc tion du degré d' inclinaison du tube à rayons X lors des clic hés
.... STRUCTURES MANDIBULAIRES
int ra-ora ux. Normalement radio-clair sur les c lichés, car pne umatisé,
Canal mandibulaire
ce sinus maxillaire peut apparaître u·ouble e t plus radio-opaq ue avec
une tonalité de tissus mous correspondant majoritairement à une L'éval ua tion de la position d u canal mandibu laire où circule le
réaction hyperplasiquc de la membrane sinusicnnc. Q uelle que soit nerf alvéolaire inférie ur est un souci constant lors de la m ise en p lace
la technique d ' imagerie utilisée, la me mbrane s inus ic nnc ne devient d ' imp lants. Cepe ndant, elle peut aussi inté resser le parodontologistc
CHAPITRE 48 - TECHNIQUES D'IMAGERIE EN PARODONTOLOGIE ET DENTISTERIE IMPLANTAI RE PRÉCHIRURGICALE 401
Fi gure 48·18 Recherche de la perméabilité de l'ostium (astérisque) du méat moyen sous le cornet moyen à l'aide de reconstructions
co ronales des sinus de la face. a) Sinus maxillaire perméable. On note la présence d'une cloison de refend du côté droit (flèche). b) Signes
de sinusite avec un niveau hydro-aérique du côté gauche, épaississement en cadre de la muqueuse sinusienne et atteinte bilatérale des cellules
ethmoïdales. (Document Rufino Felizardo.)
Figure 48-19 Mise en évidence du canal palatin en regard des dernières molaires (flèches). Lors d'interventions de mise en place
d'implants, il est utile de repérer cette structure pour évaluer le volume osseux disponible chirurgicalement. Lorsqu'on possède déjà cet exa-
men avant un prélèvement palatin étendu en vue d'une greffe gingivale, la localisation du canal palatin est également utile. (Document Rufino
Felizardo.)
lors des interventions de chirurgie résectrice ou de régénération les clichés inlra-oraux, le foramen pelll également << migrer >> au gré
osseuse ainsi que lors des amputations radiculaires. D 'évaluation des inclinaisons pl us ou moins prononcées elu tube racliogène, cl'oti
plus ou moins aisée sur les clichés bidimensionnels en fonction de l ' absolue nécessité de faire appel aux angulateurs afi n de minimiser
la trame osseuse environnante, ce canal se réduit souvent à une seule les erreurs et déformations d' image. L es images intra-oralcs ainsi
ligne correspondant à la partie inférieure de celui-ci. Les techniques réalisées sont sufflsantcs pour apprécier ce f01·amcn lors des inter-
tridimensionnelles pcrmettelll alors une approche plus sécurisée de ventions de chirurgi e parodontale nécessi tant un lambeau d ' accès
cet environnement anatomique à risque, puisqu ' il représente la deu- dans la région des prémolaires (Figure 48-2 1). Lors des si tuati ons
xième cause de lésion ncuropathique après la section du nerf lingual cl'édentement important et ancien dans l a zone prémolaire, il n'est
lors des interventions de chirurgie orale. pas rare de constater que le foramen a migré au plus haut, à proxi-
mité de la crête édentée, où il présente alors un risque d'être lésé lors
Foramens mentonniers d' interventions chirurgicales.
Figure 48-20 Cliché panoramique mettant en évidence le fora- Figure 48-21 Cliché rétro-alvéolaire permettant la localisation
men mentonnier (flèche bleue) et le canal incisif (flèche jaune) se du foramen mentonnier(*). (Document Rufino Felizardo.)
poursuivant en mésial. (Document Rufino Felizardo.)
gence du mentonnier ( voir Figure 48-20 et Figure 48-22). Les struc- approche 3D directe, le bénéfice cl inique n'est pas tranché, si bien
tu res ner veuses qu ' i l contient sont destinées aux apex des dents du que le bi lan long cône demeure l e « gold standard ». Seul l 'examen
bloc insic ivocanin et peuvent, dans les prem iers millimètres après le c lin ique permet de poser l ' indication de réaliser des cl ichés de pré-
foramen, présenter un diamètre conséquent qu' i l ne faut pas négl iger. f érence unitaires et c iblés sur les zones des l ésions en compl ément
d ' une radiographie panoramique, ou bien un bilan rétro-alvéolaire
complet. Dans tous les cas, la méthode la moins i rrad iante doit être
r etenue [ 1].
Indications - recommandations
~ SUIVI PARODONTAL
~ BILAN INITIAL
Du fai t de la nature intlammato ire mul tifactoric lle des maladies
L e bi lan initial de l ' intégrité des structures parodontales est actuel- parodontales, des cl ichés radiographiques r étrocoronai res ou rétro-
lement documenté par l ' imagerie conventionnelle. Néanmoins, alvéolaires peuvent être nécessaires lors du suivi parodontal et, qui
la quest ion de substituer le C BCT au bi lan long cône est actuelle- plus est, en cas de récidive de la maladie. En r outine, l'éval uation
ment posée. Si les données dosi métriques ne s'opposent pas à une des thérapeutiques de réparation et de régénération reste du ressort
CHAPITRE 48 - TECHNIQUES D'IMAGERIE EN PARODONTOLOGIE ET DENTISTERIE IMPLANTAI RE PRÉCHIRURGICALE 403
de l 'imagerie 20 . Cependant, les ex plorati ons 30 donnent accès POUR EN SAVOIR PlUS
à des pl ans de coupe inaccessibles en i magerie conventionnelle,
Pasler FA, Visser H . A tlas de poche de radiologie dentaire. Paris :
reproductibles et comparables avec le bi lan préchirurgical. Elles
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383-386.
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Le diagnostic
Cécile Dagorne
Tableau 49·1 Implications thérapeutiques associées aux facteurs/indicateurs de risque des maladies parodontales.
Facteur ou indicateur
Questions à poser Implications pour le traitement
de risque
Tabac Type de consommation, durée, dose Si le patient envisage l'arrêt, le prendre en charge (prescription de patch)
journalière, envie d'arrêter ? ou l'adresser à un praticien spécialisé. Sinon, lui préciser les risques encourus
Diabète Équilibré ou non, dernier dosage de HbA 1c ? Si non équilibré, adresser le patient à un service ou confrère spécialisé
Stress Modéré, important, très important? Gestion Rassurer le patient sur sa maladie, envisager avec lui des solutions
du stress? pour diminuer ou mieux gérer son stress
Hérédité Présence d'antécédents familiaux de maladie En cas de suspicion de parodontite agressive, prévenir le patient sur le risque
parodontale : père, mère, frère ou sœur ? de maladie parodontale chez les autres membres de sa famille
Habitudes Alimentation équilibrée ? Calcul de I'IMC ? Si trouble alimentaire grave, adresser le patient à un service ou confrère
alimentaires Détection obésité ou anorexie spécialisé
IMC : indice de masse corporello. HbA1 c: hémoglobine glyquèe.
PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
Intérêt du diagnostic parodontal sont à la base du diagnostic différentiel e ntre maladies gi ngivales
ct parodontites. En effet, les s ignes (présence de plaque, de tartre
Nous avons discuté en détail l'i ntérêt des classifications en termes et même de poches parodontalcs) et les symptômes des gingivites
de communicalion médicale (voir chapitre I l). Sur le plan indi- ct des parodontites peuvent être identiques puisq ue cc sont ceux
viduel, l'établ isseme nt du d iagnostic est une étape essentie lle de de l' innam mation : rougeur, œdème er p lus rarement dou leur 1 81.
la prise en charge du patient. Le diagnostic fait la synthèse de la De même, l'étio logie principale des g ingivites et des parodonlites
consultation, propose des étiologies, conduit au pronostic et in fine étant commune- la plaque bactérienne ou biofi lm 17, 8, 14] - , le
à l' établissement du plan de trai tement parodonta l. On pe ut, sur le d iagnostic étiologique n'est pas d iscriminant. Enfin, de nombreux
plan cli nique, s' interroger cependant sur la notion d 'erreur de diag- facteurs de risque généraux et locaux peuvent être associés aux g in-
nostic et son importance dans la pri se en charge indi viduelle d u g ivites comme aux parodo ntitcs. La présence de facte urs ct indica-
malade. Plusieurs arguments viennent plaider en faveur d ' un diag- teurs de risque généraux sont révélés par l' inte rrogatoire méd ical ct
nostic individuel précis. ana lysés en termes d ' implications thérapeutiques (Tableau49- l). La
- Les différences de traitement entre g ingivite ct parodontite sont questio n clé du diagnostic différentiel est donc: « Existe-t-il ou non
évidentes. La premiè re nécessite un s imple détartrage, la seconde une perte d'a/lache ? » Une approc he simplifiée elu diagnostic peut
un surfaçage. S i un surfaçagc est réalisé alors qu ' il n'est pas néces- être utile aux no n-spécialistes (Figure 49- 1).
saire, il indu ira une perte d'attache iatrogène d 'environ 0,5 mm (voir Certains examens biologiques (numération formule sanguine,
chapitre 57). sérologie VII-I, g lycémie provoquée, etc.) sont parfois déterminants
- Les di fférences thérapeutiques entre parodo nti tes chroniques el dans l'établissement du d iagnostic différentiel (voir chapitre 51).
agress ives reposent sur l'absence de prescriptio n d 'nntibiotiqucs et L'examen cndobuccal est aussi parfois évocateur (Figure 49-2). Il
de prélèvement bactérien systématique lo rs des paroclo ntites ch ro- permet de mettre en évidence les facteurs locaux te ls que le tartre,
niques, le rythme plus inte nse du suivi parodontal (2 voire 4 fois les restaurations défectueuses, les anomalies muqueuses ct dentaires
par an) ; la mise en œ uvre de thérapeutiques avancées ct la mise en (Figurc49-3). Notons enfin que l'examen radiographique ne peut d is-
place d'un dépistage familial en cas de parodonti tc agressive. En criminer les g ingivites des parodontitcs. Le niveau osseux n'i ndique
cas de diagnostic erroné de parodontite chronique, une paroclontite pas l'état inflammatoire des tissus, ni la présence de poches parodon-
agressive peut évoluer rapidement, à bas bruit, alors même que le talcs. Des palients peuvent avoir é té malades (parodontitc agressive
malade croit sa maladie traitée (absence d 'anti biothérapie si elle par exemple) à un certain mo ment de leur vic, présenter une perte
s'avère nécessaire à la lecture de l'examen microbio logique, suivi osseuse sévère associée à un niveau d ' attache ayant mig ré apicale-
parodontal limité à une fois par an seulement, développement de la ment et ne présenter ni in flammation ni poches parodontales.
perte d'attache chez les enfants o u frères et sœurs).
- Nous n' insisterons pas s ur la méconna issance des maladies ... DIAGNOSTIC
gi ngivales non induites par la plaque, la confus ion d iagnostique
entre maladie paroclontale chez le s ujet ne présentant pas d'autres Forme
maladies, les parodont ites consécutives à un dérègleme nt profond
du métabolisme, etc. Parmi les maladies parodontalcs à l'origine d' une destruction de
Enfin, il est important qu 'un malade venant consulter pour la l'attache épithélioconjonctive provoquant une destruction conjo inte
première fois quitte le cabinet dentaire avec un diagnostic de sa de l'os alvéolaire, on d istingue les parodontitcs chron iques, agres-
maladie, même s i celui-ci est amené it être rév isé lors des séances sives, nécrosantcs et associées à des ma ladies [ 1, 2.1. Le diagnos tic
ultérieures. Il est impo rtant que l'état du ma lade soit méd icalement positi f des parodontitcs agressives repose s ur des cri tères cliniques
« étiqueté », ne serait-cc q ue pour le rassurer. bien définis nécessai rement présents ct d ' autres souvent associés.
Lang et al. [51 définissent trois caractéristiques invari ables des paro-
dontitcs agressives : ( 1) l'absence d'autres maladies, (2) la perte
d ' attache (PA) et la destruction osseuse rapides ct (3) l'agrégation
Les maladies parodontales familiale des cas de parodontitcs. Elles sont caractérisées e nsuite par
des paramètres secondaires inconstants mais fréquemment retrouvés
... DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL (Tableau 49- II).
E n pratique, c'est donc l'élimi nat io n du diagnos tic de parodontite
Le diagnostic différentie l est un processus dynamique qui asso- agressive qui mène à poser le diagnostic de parodontitc chronique .
cie les connaissances, les données de la littérature scie ntifique et le Les d iagnostics de maladie parodontalc nécrotiq uc ct de parodontite
savoir issu de la pratique quotidienne. En parodonto logie, la pré- consécutive à une autre maladie sont plus facilement posés grâce
sence de poches parodonta les et/ou la déterminat ion de la perte aux données médicales rec ueillies lors de l'anamnèse ct aux caracté-
d'attache par sondage parodontal différentiel à des moments donnés ristiques cliniques souvent évocatrices.
-------{0)---~ T
~· ~~
Induite Non induite
CD
..m~:m:"•m--"'m·-·-l.-dr!B.!ffi"!ft4MlêtMttt.-clr!3·1ffi!M
Figure 49-1 Approche simplifiée du diagnostic différentiel des principales maladies parodontales.
CHAPITRE 49- LE DIAGNOSTIC 407
Tableau 49·11 Caractéristiques secondaires des parodontites agressives, d'après Lang, 1999 [5).
Molaires mandibulaires
L Classe !linguale
Classe Il linguale
• , • , • ,
Classe Ill
Molaires maxillaires
Classe 1 Classe Il
distale distale
~·• 1•
~
Classe Ill Classe Ill Classe Ill Trifurcation
mésiovestibulaire distovestibulaire mésiodistale
quant l'ensemb le des structures du parodonte, (2) l'abcès g in- POUR EN SAVOIR PLUS
g ival limité à la gencive marginale c t intc rden ta ire, (3) l'abcès
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Le pronostic
Marie 8/anquart
• Le pronostic doit être établi avec et sans traitement. • Bon : santé parodontale
• Plus la maladie parodontale est sévère et étendue. • Réservé : risque d'évolution
moins le pronostic est bon. • Très réservé : évolution modérée à importante
• Mauvais : évolution importante
• Le pronostic doit être réévalué régulièrement.
Pronostic au niveau de la dent
L'évaluation du pronostic parodontal est une étape essentielle qui
• Bon : la dent est conservable à long terme
intlue directement sur le plan de traitement, en particu lier dans les
• Réservé : la dent est conservable à moyen terme
situations complexes oü des soins prothétiques et/ou 01thodontiques • Très réservé : la dent est conservable à court terme
sont nécessaires. Il s'agit d'anticiper l'évol ution d ' une situation en • Mauvais : la dent n'est pas conservable
fonction de l 'évolution de la maladie, modulée par les caractéris-
tiques propres au patient/à la dent/au site. Pronostic au niveau du site parodontal
cl permettent de prendre en compte les facteurs généraux (autres pondéré par les besoi ns autres que strictement parodontaux (prothé-
maladies, tabagisme, niveau d'hygiène orale, etc.) affectant l 'indi- tiques, endodontiqucs, orthodonliques, etc.). L e Tableau 50-ill syn-
vidu et les facteurs locaux (attei nte de la zone de fi.trcation , défaut thétise l 'ensemble des facteurs i nfluençant l e pronostic parodontal.
anatomique, état endodon tiquc, etc.) affectant les dents ou les sites.
Le pronostic doit être posé en l'absence de traitement (histoi re
naturelle de la maladie) ct en cas de traitement. Un pronostic qui
n'est pas amél ioré après traitement indique qu'il est in utile d'envi-
Pronostic de la maladie
sager ce dernier (Tableau 50-11). Si, par exemple, le pronostic d'une
dent est mauvais en l 'absence de traitement et est estimé toujours .... FACTEURS LIÉS AU PATIENT
mauvais en cas de trai tement, il est préférable de ne pas conserver
la dent. S'i l passe de mauvais à très réser vé, on s' i nterrogera sur État de santé
son utili té à partir de paramètr es tels que l 'âge du patient, le coût du L'apparition, la sévérité, 1'étendue et la progression des maladies paro-
traitement et sa durée. Le pronostic parodontal sera alors égalem ent dontales peuvent être modulées par di flërems facteurs de risque géné-
raux. Elles ont une plus grande prévalence chez les patients diabétiques
et la sévérité de l'atteinte est supérieure [17]. En l ' absence de traitement,
Tableau 50-11 Effet de la modification du pronostic avant traitement
le pronostic chez des patients diabétiques atteints d' une parodontite est
(colonne violette) et après traitement (ligne bleue) sur l'intérêt de ce
donc réservé voire défavorable, en particulier si la situation glycémique
dernier.
est mal conu·ôlée (Figure 50-1 ). Il semblerait en revanche que, chez les
patients dont le diabète est correctement équilibré, la réponse aux tr ai-
tements parodontaux ne soit pas altérée 124], et i ls peuvent donc être
considérés comme les patients sans diabète (Figure 50-2). Par ailleurs,
l'ensemble des conditions entraînant une altération de l' immunité ont
un impact négati f sur l' évolution des maladies parodontales et affectent
le pronostic général. Les conséquences sur l'état parodontal dépendent
- de l' importance des troubles au niveau des défenses de l ' hôte. D 'autres
.~auvais
pathologies sont suspectées d'avoi r des répercussions négatives sur les
D Traitement utile D Traitement inutile tissus parodontaux : l' ostéoporose et l'obésité entre autres ; mais leur
D Traitement discutable • Traitement néfaste implication est moins clai re et il est auj ourd'hui difficile d'évaluer leurs
conséquences sur le pronostic parodontal (voir chapitres 33 ct 38).
Figure 50·2 Vues cliniques de 12 (a) et 36 (b) un an après traitement parodontal non chirurgical. Noter la résolution de l'inflammation
obtenue dans un contexte de diabète de type 2 contrôlé. (Document Benoît Brochery.)
d'être un gros fumeur (plus d' un paquet de cigarettes par jour) sans Facteur familial
aucun signe de pathologie pmodontale (pas de saignement au son-
Bien qu'il ex iste une influence de la génétique dans l a prévalence
dage, pas de poche de plus de 4 mm, ·pas de perle alvéolaire et toutes
de CCJtains types de maladies parodontales, il n'ex iste pas d'élUdes
les dents présentes) classe le patient comme à risque moyen d'évoiu-
sur l ' impact de la génétique sur le pronostic des maladies parodon-
t.ion. Le patient passe dans la catégorie risque élevé de progression de
tales. Cependant, la génétique étant essentiellement associée aux
la maladie parodontale si ce tabagi sme est assoc ié à une altération de
parodontites agressi ves, il y a lieu de penser qu 'un facteur famili al
l 'étal cie santé général (diabète, polymorphisme de l ' interleukine 1 ou
in flue sur la rapidité d'évolution et la sévéri té des lésions parodon-
stress). Dans le système d'évaluation proposé par Avila cl al. [ 1], le
talcs.
fait d'être fumeur implique d'emblée un pronostic réservé.
L'établ issement du pronostic parodontal passe donc nécessairement
par l'évaluation du statut tabagique du patient. Les gros fumeurs doivent ..... SÉVÉRITÉ ET ÉTENDUE DE LA MALADIE
être considérés comme à risque d'instabi lité des tissus parodontaux, en PARODONTALE
par1iculier s' il ex iste d' autres liicteurs cie risque associés [1 21.
L'augmemation du risque d'évolution de la malad ie parodontalc
Antécédents parodontaux avec la sévérité et l 'étendue des lésions fait consensus, ct cc critère
est retrouvé dans la plupart des systèmes d'évaluation elu pronostic
Le pronostic doit être envisagé di fféremment selon que le patient
proposés li, 7, 22]. Dans une étude rétrospective à I l ans, M atuliène
a bénéficié ou non de traitements parodontaux antérieurs. En effet,
et al. 1251 montrent que le risque de perte d'attache au cours du
le pronostic est plus réservé si le patient a déj à bénéficié d' un trai-
su ivi professionnel est supérieur en cas de persistance d'une poche
tement parodontal ct qu'il y a une évolution de la perte d'attache
cie 6 mm el plus, ct/ou lorsque le nombre de sites présentant des
(réc idive). Il faut distinguer ici différentes situations : le traitement
poches d'au moins 5 mm est supérieur ü 8. Ils montrent également
parodontal a-t-il été bien conduit ? La compliance du pat ient a-t-elle
qu'en cas de diagnostic initial de parodontite sévère, le risque de
été satisfaisante ? De nouveaux paramètres sont- il s survenus ? Si
perte d'allachc pendant la maintenance est augmenté.
certains facteurs ont été négligés lors du premier traitement (taba-
gisme, contrôle de plaque insu !Tisant, etc.), ou si de nouveaux para-
mètres sont apparus (reprise du tabac, diabète, stress, etc.), alors une
reprise de la phase étiologique de traitement peut permettre un arrêt Pronostic des sites parodontaux
de l'évolution de la maladie parodontale. De même, si le patient
n'a pas sui vi un programme de maintenance adapté, une reprise de Le pronostic des dents ne dépend pas uniquement de critères paro-
la thérapeutique initiale et l ' inclusion dans un programme de suivi donlaux mai s en cas de parodomite, il se confond avec celui des
parodontal permettront de restaurer la situation parodontale. sites.
CHAPITRE 50- LE PRONOSTIC 413
Figure 50·3 Radiographies de 12 avant (a) et un an après (b) le traitement parodontal non chirurgical. Noter la régénération significative
de la lésion intra-osseuse malgré un pronostic individuel défavorable. (Document Benoît Brochery.)
.... FACTEURS PARODONTAUX profonds et étroits ont un bon pronostic de régénération l 5, 291 ; le
pourcentage de perte alvéolaire après traitement sera donc probable-
Profondeur de poche ment plus favorable qu'initialement. Enfin, l ' impact de l ' alvéolyse
sur le pronostic est différent selon la dent considérée. En effet, les
Il y a peu de donnée;; sur le lien qui existe entre la profondeur
dents monoradiculées ayant une pene osseuse importante peuvent
de poche initiale et la perte dentaire. La profondeur de poche n'est
être maintenues (Figure 50-3), alors que l ' atteinte de la zone de fur-
donc pas une bonne mesure prédictive de l'évolution de la mortalité
cation des pluriradiculées rend le pronostic réservé voi re défavorable.
dentai re. CependanL, les sites profonds sont à plus haut risque de
progression que les si tes peu profonds. A insi, une profondeur de
sondage de 6 mm ou plus, en particulier après thérapeutique initiale,
Lésions inter-radiculaires
est signi ficativement liée à un risque accru d'évol uti on de la perte Le traitement des atteintes parodontales de la zone de furcation
d'attache [6, 25, 27j. Il est donc clair qu' en cas de poches profondes est l ' un des défi s de la parodontologie. Ces zones di fficiles d 'accès,
persistant après le traitement initial, des traitements complémen- tant pour le nettoyage personnel que professionnel, sont délicates
taires sont nécessaires pour améliorer le pronostic. i1 trai ter (Figure 50-4). Plusieurs études menées dans les années
1970 montrent qu ' avec des traitements de chirurgie résectrice (voir
Alvéolyse volume 2), le maintien d'environ deux tiers des molaires présentant
une atteinte inter-radiculaire est possible sur plus de 20 ans l l 0, 14j .
La sévérité de la mal adie parodontal e est déterminée en fonction
de la pene d'attache. Pour autant, les conséquences d' une pen e d'at-
tache de 6 mm sur une dent ayant un ancrage radiculaire de 18 mm
ne sont pas les mêmes que sur une dent dont l'ancrage est de 12 mm.
Contrairement à la profondeur de poche ou à la pen e d'attache qui
sont exprimées sous la forme d' une distance, la destruction al véo-
laire est exprimée sous la forme d'un ratio en fonction de la hau-
teur d'ancrage radiculaire. Celte mesure permet clone d'exprimer le
pourcentage de perte de support parodontal ct est complémentaire
des mesures de sondage. Le pronostic est d'autant plus défavorable
que cc pourcentage de perte osseuse augmente.
li est diffici le de déterminer à parür de quel pourcentage d'alvéo-
lyse le pronostic devient défavorable. Linclhc et Nyman [23] ont
montré que des dents ayant perdu au moins 50 % du support alvéo-
laire chez des patients traités avec un haut niveau d' hygiène orale
et inclus clans un programme de suivi professionnel pouvaient être
conservées au moins 5 ans. D'autres études montrent qu' au-delà
de 75 % d'alvéolysc, le ri sque d'aboutir à l'avulsion est majoré l6].
Figure 50·4 Inflammation parodontale sévère en D de 36 lors
Toutefois, clans le cas de lésions infra-osseuses, même si l'alvéolyse de la consultation initiale. Le diagnostic de lésion inter-radiculaire
initiale est importante, le potentiel de régénération avec des traite- de classe 2 et intra-osseuse sur la racine distale s'accompagne d'un
ments paroclontaux adaptés module le pronostic. Aussi, les défauts pronostic réservé pour cette dent. (Document Benoît Brochery.)
414 PARTIE 9- LA CONSU LTATION PARODONTALE
Figure 50-5 Radiographies de 36 avant (a) et un an après (b) le traitement parodontal non chirurgical. Noter la régénération significative
de la lésion inter-radiculaire malgré un pronostic individuel réservé. (Document Benoît Brochery.)
Ces résuhats sont confirmés par une étude plus réceme de Fug azzotLO pronostic des dents préscntalll une atteinte de la zone de furcatio n
et al. 181 qui montre un taux de succès de 97 % en moyenne sur dé pend d ' une part de la sévérité de l' atteinte initiale, ct d ' autre part
un suivi d ' au moins 15 ans pour des dents traitées par amputation des possibilités de traitement selon les conditio ns locales : hauteur
radiculaire. Le taux de succès est inférieur (75 %) lorsque la racine du tro nc radiculaire, largeur de la zone de fu rcatio n, anatomie du
am putée est la racine d istale des molaires mandibulaires. Il est donc dé fau t osseux , prob lè me enclodontique ou carie ux associé.
c lair que les traite ments de chi rurg ie résectricc permettent de bons
résuhats chez les patients ayant un contrôle de plaque de qualité Mobilités
et inclus dans un programme de maintenance. Des traitements de
Les mobi lités dentaires peuvent être le résu ltnt de différe nts phé-
régénération ont égale ment été proposés, mais leurs résultats sont
nomènes : d iminution du s upport parodontal, inOammation des tis-
inconstants selon la localisation ct la classe des lésions. C'est au
sus, surc harge occlusalc. Les u·aitcmcnts paroclontaux, en résolvant
niveau des zones de furcation vestibulaires des molaires mandibu-
le phénomène inOammato ire, permettent dans un contexte occlu sai
laires, lorsque la lésion n'excède pas la classe Il , que les me illeurs
satisfaisant cie d iminuer les mobilités. Globale ment, la mobilité
résultats sont obtenus.
n 'est pas un facteur de pronostic mais de diag nostic. Seule la mobi-
Récemment, Huynh-Ba ct al. [ 151 ont réalisé une revue systéma-
lité axiale ou mobilité terminale revêt une valeur pronostique néga-
tique de la littérature pour faire le point sur les données actuelles
tive avérée [4, 6, 261. A co/1/rario, l'absence de mobilité d ' une dent
quant aux succès des di iTércllls traitements des lésions de la zone
parodontnlemcnt atteinte est un facteur influençant positi vement son
de furcation. Le taux de survie du traitement non chirurg ica l est
pronostic .
supé rieur it 90 % après 5 à 9 ans (Figure 50-5). Pour le traite ment
chirurg ical, avec simple débridement des lésions, les taux de survie
sont compris entre 43 et 96 % s ur une période de 5 à 22 ans. Le Abcès récurrents
succès de ces procédures semble être lié au degré de sévérité initiale Les nbcès récurrents semblent avoir un impact négntif sur le
de la lésion et à la fréquence de suivi professionne l. Les taux de pronostic parodontal. C'est le troisième motif de consultatio n en
survie des traitements de tunnellisation varient de 43 à 93 % selon urgence parmi toutes les causes d'urgences dentaires et le premier
les auteurs sur une période de 5 à 8 ans. La présence d ' un tronc moti f d 'extraction pendant la phase de suivi paroclontal 113].
radicula ire court et d'un espace inter-radiculaire large est favorable à
ce type de procédures. La chirurg ie d 'amputation radiculaire atte int
des taux de survie de 62 à 100 % s ur une période de 5 à 13 ans selon .... FACTEURS LOCAUX NON PARODONTAUX
les études. Cette procédure est particulièrement intéressante lorsque
l'aueintc parodontale touche beaucoup plus sévèremenl une racine
Anatomie radiculaire
et que celle-ci est bien individualisée. Enfin , les techniques de régé- Différentes particularités anatomiques favorisent la rétention de
nération tissulaire guidée mo ntrent des taux de survie plus homo- plaque et compliquent le nettoyage tant personne l que professionnel
gènes, compris entre 83 et 100 % s ur une période de 5 à 12 ans. Les en créant des s ites inaccessibles (voir chapitre 30). Les plus cou-
complications les plus fréquentes sont les caries radiculaires après ramment rencontrées sont : les perles et projections d 'émai l, les
les procédures de tunnc llisation et les frac tures radic ulaires après sillons radiculaires o u, dans une moindre mesure, les concavités
des chirurgies réscctrices. Les auteurs de cette revue conc luaient que marquées. Certaines dents sont plus fréquemme nt concernées par
le pronostic était favorable avec un traite ment non chirurgical pour ces particularités. Les premiè res pré molaires maxillaires présentent
les lésions de classe 1, qu ' il était possible d 'obtenir de bons résu l- très fréquemment une concavité mésialc ct des si llons pnlatins, plus
tats de régénération à la mandibule en vestibulaire sur les lésions de rarement vestibulaires. La première prémolaire mandibulaire peut
classe Il , et qu 'enfin il ex istait une g rande hétérogénéi té des résul- e lle aussi avoi r un s illon qu i peut être profond en mésial, plus rare-
tats pour les trai tements de chirurg ie résectricc do nt la majorité des ment en distal. Un si llon g ingivopalat in parfois très pro fond peut
complications surviennent à 5 ans. La variabi lité observée entre les caracté riser l' inc isive latérale maxillaire. Enfin, au niveau de la zone
résultats des différentes études s'ex plique e n partie par la conserva- de furcatio n des mo laires, des projections ou des perles d 'émail sont
tion ou non de dents compro mi ses (critères d ' inclus ion). Ainsi, le parfoi s retrouvées. Des concavités et des sillons peuvent ex ister, en
CHAPITRE 50- LE PRONOSTIC 415
partic ulier lorsque les rac ines sonl fusionnées [9]. L' impacl de ces g ingival entraînent une perte d'attache dans les 1 à 3 ans 128]. Au
s ingu larités anatomiques sur le pronosl ic dé pend essentie llement de niveau des soins déjà présents en bouche, le niveau de la limite cer-
leur importance el de la possi bililé de les corriger par une odonlo- vicale, la qualité du joint, la qualité du polissage de la restauration,
plaslie. La présence de si llons profonds en particulier oriente vers un le profi l d'émergence et la qualité du po int de contact sont des cri-
pronostic défavorable voire mauvais. tères à évaluer. Des tassements alimentaires, délétères pour le paro-
donte, peuvent e n résulter. A ins i, en l'absence J e reprise Jes soins
Encombrements, malpositions et proximités dé fectueux., le pronostic parodontal est influencé négativement.
radiculaires
Critères fonctionnels et prothétiques
Un encombrement dentaire, des malpositions ou des prox im ilés
radiculaires causent les mêmes diffic ullés d ' instrumentation et ont Le pronostic parodontal d'un individu n'a de sens que considéré
donc également un impact négatif sur le pronostic. Les malpositions, dans le cadre du plan de traiteme nt g lobal, en particulier e n cas de
en particu lier lorsque la dent a tendance à sortir de l'enveloppe alvéo- reconstruction prothé tique. L'établissement du pronostic parodontal
laire, sont fréquemment associées à des récessions tissulaires, ce qui est essentiel pour déterminer que lles dents peuvent être intégrées au
accroît la perle d ' attache ct les difficullés d'hygiène orale. Par ai l- projet prothétique. La relation fonctionne dans les deux sens puisque
leurs, dans le cas des proximités radiculaires, l'os alvéolaire normale- le pronostic est influencé par le type de réhabilitation occluso-
ment présent entre les racines peut être très f-in voi re inexistant. Cette prothétique env isagé. Pour le remplacement des dents absentes, il
fi nesse des tissus favorise une évolution rapide de la destruction paro- est clair que le recours à une p rothèse implanto-porlée est la so lu-
dontale. Lorsque la distance inter-rad iculaire est inférieure à 0,5 mm, tion la plus neutre pour les dents adjacentes. Si la réali sation d' un
on observe histo logiqueme nl une absence d 'os médullaire et le rem- bridge est envisagée, il faut pouvoir détermine r le pronostic des
part alvéolaire est réduit à l'un ique présence de la lam ina dura [ I l j. dents pi liers. La charge occlusale additionnelle à supporter peu t
Si cette distance est inférie ure à 0 ,3 mm, l'os est absent ct les racines êu·e problématique lorsque Je su pport parodontal est diminué. En
sont d irectement liées par le ligament alvéolodentaire. Une étude revanche, pour un bridge de grande étendue, la solidari sation des
plus récente montre que s i la distance inter-radiculaire au niveau de dents va assurer un rôle de content.ion parodontale et permettre une
la jonction émail - cément est inférieure à 0,6 mm, le risque de perte répartition des charges s ur l'ensemble des dents réu nies. Pour assu-
alvéolaire est significativcmcnt plus élevé à 10 ans [18]. En revanche, rer cette fonction, le bridge doit solidariser des dents appartenant à
à partir de 0,8 mm, cc risque est d im inué. Ces Ira vaux tendent à mon- au moins deux plans de mobil ité vestibulo linguale différents : plan
trer qu'en deçà de 0 ,6 mm, le risque de destruction parodontale est frontal dans lequel se déplacent les molaires et/ou plan intermédiaire
accru ct le pronostic parodontal est donc réservé voire défavorable dans lequel se déplacent les prémo laires et canines et/ou plan sagit-
selon la hauteur de racine concernée par cette proximité. ta l dans lequel se déplacent les incis ives. Cette contention va poten-
tialiser la cicatrisation parodontale en assurant une répartition des
charges et l'i mmobi lité de la de nt. Enfin, les crochets d'une proù1èse
..,._ BESOINS EN SOINS CONSERVATEURS adjointe partielle soll icitent les dents porteuses et peuvent compro-
mettre le pronostic d' une dent au support parodontal réduit.
Les lésions endodonliques ainsi q ue les restaurations peuvent
avoir un impact direct sur le pronostic parodontal individuel.
Implications cliniques
Critères endodontiques
• Le pronostic est bon, réservé. très réservé ou mauvais ; à
Lorsqu' une dent nécessite un traite ment endodontique (traitement court ( < 5 ans). moyen (5-l 0 ans) ou long terme(> 10 ans).
initial o u reprise de trai temenl), la possibi lité de réalisation et le pro- • Une profondeur de poche initiale importante n'implique
nostic de ce traiteme nt doivent être évalués. En effet, certaines situa- pas un mauvais pronostic après traitement.
tions peuvent être particulièrement difficiles à traiter : perforations,
• À alvéolyse égale, les monoradiculées ont un meilleur
résorption interne ou externe, rétrécissement de la lumière canalaire, pronostic que les multiradiculées présentant des lésions
présence de tenons radiculaires volumineux avec un ri sque de frac- inter-radiculaires.
ture à la dépose, difficulté voire impossibil ité de désobturer un canal
• Le tabagisme et le diabète non équilibré impliquent un
nécess itant un retraitement. La combinaison d ' une attei nte cndo- pronostic réservé même après traitement.
dontique complexe à traiter et d ' une lésion parodonta le peut être
très défavorable au pronostic individuel. Enfin, les lésions apicale et • Les facteurs locaux non parodontaux sont à prendre en
compte dans le pronostic des sites parodontaux.
parodontale peuvent se rejoindre pour former une lésion endoparo-
dontale. Le pronostic dépend a lors de l' importance de l'alvéolyse et
des possibil ités de traitement endodontique.
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Examens complémentaires
Julien Braux
ct les techniques d' identification génétiques par réaction en chaîne .... CULTURES BACTÉRIENNES
par poly mérase (polymerase chain reaction IPC R 1).
L es cultures bactériennes sont considérées comme la technique
de référence de dénombrement et de détectio n des différentes
.... EXAMENS MYCOLOGIQUES es pèces en présence. En effet, elles pcrmeltent unc identification
des bactéries selon des critères biol ogiques ct phéno typiques.
Un certain nombre d ' infections fongiques peuvent prendre place
Ainsi, un grand nombre de micro-organi smes peu vent être iden-
au ni veau de la cavité orale (Tableau 5 1- 11) [4, 131. Leur diagnostic tifiés sans avoi r la nécessité d 'émellrc une hy pothèse initiale de
est di fficile ct souvent tard i f. I l est essentiellement fondé sur l 'exa- présomption de présence. Par ailleurs, elles permettent, après
men direct au microscope après écouvillonnagc (Figure 51- 1) qui i so lement des bactéries pathogè nes d'intérêt, de réaliser un anti-
permet une identification morphologique pouvant être complétée biogramme qui permettra d 'adapter et de potcntial iscr la stratég ie
dl! colorations (les levures du genre Candida apparaissant Gram thérapeutique au germe détecté. Enfîn, une recherche fongique
positi t) ou de marquages fluorescents. Des cultures peuvent éga- peut éga lement être réalisée afin de mettre en év idence une co-
lement être réali sées. El les permettent une identification préci se infection.
du genre et de l 'espèce, ai nsi que la détermination de la sensibi- Celle techn ique requi ert un prélèvement par insertion de
lité aux agents anLi fongiqucs. Enfin, il est également possible de pointes de papier ( Figure 5 1-2) au ni veau des poches étudiées ct
rechercher des antigènes fongiques relativement spécifiques com- un transport des bactéries vivantes au l aboratoire. L ' uti l isation
posant la paroi des champignons tel s que le galactomannane pour d ' un milieu de transport adapté au ty pe d ' espèces recherchées est
A.l'jlergillus, Je mannane pour Candida), ou moins spéc ifiques tel primordiale dan s Je cas de recherche des parodon topathogèncs
que Je ~ 1-3 d-glucane. csscntiellerncnt anaérobies c t capnophiles. Par aill eurs, cette tech-
Tableau 51·11 Principaux agents fongiques responsables de mycoses orales et leur mode de détection d'après Perrin [ 13] et latta et al. [4].
Modalité
Agent infectieux Maladie Épidémiologie Aspect clinique oral Procédure diagnostique
de transmission
Figure 51·1 Écouvillons stériles permettant un prélèvement dans la cavité buccale. Le recueil doit être réalisé de façon stérile avec des
écouvillons préalablement humidifiés à J'aide de sérum physiologique stérile. Des prélèvements multisites permettront de localiser au mieux la
présence des agents fongiques (langue, joue, palais, prothèse, etc.). t.:adjonction de quelques gouttes de sérum physiologique est conseillée
afin d'éviter toute dessiccation durant le transfert au laboratoire. Un remplissage attentif de la fiche de liaison ainsi qu'un étiquetage méticuleux
des tubes permettront une bonne communication avec le laboratoire garantissant une analyse de bonne qualité. Ainsi, les informations cliniques
quant à la localisation, l'âge et la symptomatologie du patient permettront la réalisation d'un diagnostic biologique de bonne qualité. (Document
Julien Braux.)
Figure 51-2 Prélèvement en vue d'une analyse bactérienne du contenu des poches parodontales. a) La plaque supragingivale est éli-
minée à J'aide d'une curette puis le site de prélèvement est isolé avec des cotons salivaires et séché. b) Une à deux pointes de papier absorbant
stérile sont insérés sans forcer jusqu'à la base de la poche étudiée. t.:analyse peut être soit multisite (poolée) à partir des 4 sites d'intérêt les plus
profonds et donner un profil microbiologique global, soit monosite en cas de site réfractaire ou récidivant. c) Au bout de 15 secondes, la pointe de
papier est placée dans un tube de transport. d) Deux tubes sont à la disposition du praticien. Un tube sec est dévolu aux analyses par techniques
moléculaires (PCR quantitative) et un tube contenant un milieu permet la conservation des bactéries (cultures). Il est donc possible de procéder
aux deux analyses, PCR et cultures. Les prélèvements sont adressés rapidement au laboratoire en cas de cultures (bactéries vivantes), sans
contrainte de temps spécifiques en cas de PCR (bactéries mortes). (Document Bastien Prouvost.)
420 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODONTALE
nique nécessitant des é tapes de cro issance bactérienne sur mi lieu profil bactérien individuel est recherché, l'analyse moléculaire est
s pécifique, ell e présente une durée de réali satio n très longue (4 d 'un réel intérêt.
à 6 sema ines) e t un coût élevé. De plus, la cu lture de certaines Cette méthode présente en effet l'avantage de pouvoir être auto-
espèces bactériennes é tant diffic ile voire impossi ble (Tannerella matisée et donc d'être s imple de réa lisation (travail sur des échantil-
forsythia, Treponemes, etc.), e ll e constitue une mé thodolog ie peu lons non vivants sans nécessité d'utilisation de milieux spécifiques),
sens ible qu i est soumise à une variabil ité liée aux co mpé tences et de bénéficier d ' une rapidité de réalisation importante (que lques
à l'expérience du microbiolog iste. heures) associée à une spécificité et une sens ibilité très importantes,
Ceue technique sera indiquée dans le cas d'une recherc he tout en étant d'un coû t modéré . Dans le cas où le praticie n recherche
non spécifique, ciblant des mic ro-org ani s mes bactériens ct fon- un profil bactérien particulier, l'analyse moléculaire trouve to ut son
g iques, visant à déterminer que ls sont le o u les germes p rédo- intérêt.
mina nts présents en fo rte quantité au niveau de sites ciblés, tout
en déterminant leur susceptibilité aux antibiotiq ues ou aux ami-
... MICROSCOPIE À FOND NOIR
fong iques.
La microscopie à fond noir (microscopie à champ som bre) est
... TECHNIQUES MOLÉCULAIRES une technique simple et rapide permettant d 'obtenir d es informa-
tions s ur la composition microbi olog ique d ' une poche parodon-
Ces techniques emploient des sondes moléculaires permettant de talc. E n e ffet, cette technique, réa li sée par l'observation directe
rechercher la présence de c ibles géniques spécifi ques d ' une bac- avec un di spos iti f adapté d'un échanti llo n de b iofîlm bactérien
térie ou d'une espèce bactérienne portée dans leur génome. Il est après montage entre lame el lame lle dans une goutte d 'eau, per-
clone nécessaire d'émettre une hypothèse initiale de présom ptio n de met d 'obten ir des renseignements qua litati fs s ur les bactéries e n
présence d ' une bactérie afin de permettre sa détection. La plupart présence en termes de diversité, de dens ité re lati ve ct de moti-
des tests commercialisés c iblent les bacté ries paroclontopathogènes lité. Ce test est rapide, s imple et peu coûte ux. La microscopie à
mises en év ide nce par Socransky lî 4l et p lus particulièrement celles fond noir permet de disting uer les proportions re latives de bacté-
des complexes rouge ct o range. A insi, seules ces bactéries étant ries cons idérées comme re présentati ves de la santé parodontale
détectées, l'information obtenue est partielle et incomplète. Par ail- (cocci) de celles des bactéries connues comme p lus pathogènes
leurs, il existe un risque non nég ligeable de faux posit ifs et de faux (spirochètes). Néanmoins, l' absence de qua lificatio n et de quan-
négatifs en raison de la nécessité de sélection de la sonde employée, tifi cation directe des bactéries e n présence (spécificité médiocre)
une sonde ne pouvant êu·e complèteme nt spécifique d'une bactérie ainsi que la non-corrélatio n des espèces détectées avec la profon-
ou d ' une espèce bactérienne suite aux variations gén iques pouvant deur de sondage tendent à limiter ses indicatio ns c liniques [3].
intervenir au sein des clilfé rc ntcs souches. En outre, la quantifi- Cette approche mainte nant anc ienne ne présente do nc plu s auc un
cation est partielle et ne permet pas de réaliser d 'antibiogramme. inté rêt e n recherche. Son inté rê t en cabine t dentaire est daté com-
Cependant, la majorité des études ayant travaillé sur l' identification parative me nt aux techn iques mo léculaires. Des microscopes ont
des complexes reposent s ur les techniques moléculaires. Par ailleurs, été vendus e n cabine t dentai re pour pcrmellre une « motivation »
le faible coût et la simplicité de réalisation permettent la réalisation du patie nt [7 J. Le praticie n procède à un pré lèvement de plaque
de tests multi-sites (Figure 5 1-3). Les techniques moléculaires pré- et Je patien t examine au microscope son prélèvement. L' idée est
sentent !'avantage de pouvoir être automatisée et clone d'être s imples que l'objectivation du contenu de la p laque entraîne chez ce lui
de réal isation (travail sur des échantillons non vivants sans nécessité qui l'observe un << choc motivationnel ,, susceptible de provoquer
d ' utilisation de milieux spéc ifiques). Elles sont rapides (résultats en l'adhésio n au traite ment par prise de conscie nce de la maladie.
quelques heures), peu onéreuses et associées à une très bonne spéci- La visua lisation de bactéries mobiles sous le c hamp du micros-
ficité et une sensibilité importante. En pratique courante, lorsqu' un cope génère souve nt des inqu iétudes disproportionnées c hez des
malades non avertis, les sujets naturelle ment anxie ux, les hypo-
condriaques ou ceux présentant d es patJ10Iogies dépressives. Par
ailleurs, aucun trava il de corrélatio n entre augmentatio n de la qua-
lité elu contrô le de plaque et utili satio n de celle technique de moti-
vation n'a été mi se en évidence clans la littérature. L' util isation de
cc test diagnostique est donc dépassée cl ne pe ut être considérée
comme un outil de motivation, reproductible e t sans danger. E n
résumé, la microscop ie à fond noir est une technique aujourd ' hui
to taleme nt dépassée.
... INTÉRÊT CLINIQUE mercia l (PST"' [Periodontal Susceptibility 7èstl) a été développé ct
permet d' identi fier le génotype de l' 1L-1 sur deux al lèles sensibles :
Les indications cliniques de réalisation de ces tests som re lati- IL-l A (-889) et IL- l B (+3953). Cette analyse est possible à partir
vement limitées. En effet, les maladies parodontales impliquent d ' une goutte de sang ou de sa live. Ai ns i, McDevitl ct al. trouvent un
généralement des pathogènes non strictcmcm spécifiques de la risque relatif de parodontite chron ique modérée à sévère augmenté
maladie avec des prof·iJs proches en fonc tion des d i ffércms tableaux de 5,3 chez des patients positifs non fumeurs o u ayant fumé moi ns
cl iniques. Dans la grande majorité des cas, et plus particulièrement de 5 c igarettes par jour [8] par rapport aux sujet négati fs. La perte
en présence d'affections chroniques, le pratic ien n'a pas besoin de denta ire est alors d ' autant plus importante que le sujet associe le
connaître le profil bactérien de son patient pour meUre en place tabac à un génotype pos itif [9].
une thérapeutique adaptée au tableau c li nique. Néanmoins, l' ide n-
tification bactérienne pourra être utile afin de vérifier l'érad icatio n Interleukine 6
des germes les plus pathogènes lors elu traitement de pathologies
L' l L-6 est une cytoki ne pro-i nnammatoi re associée a u dévelop-
agressives ou sévères, en particul ier lorsque des techniques com-
pe ment des paroclontites. Aa, Pg et Tannerella forsythia semblent
p lexes mettant en œuvre des techniques régénératives ou implan-
associés à un polymo rphisme de l' IL-6, en particulier e n cas de
taires seront envisagées. Par ailleurs, le traitement d'échecs théra-
paroclontite agressive [ 10, Il j. Un test sali vaire identifie les sujets
peutiques, ou de récidives, non imputables aux c ritères étiologiques
porte urs de l'allèle 174 G/C (My PcrioiD®). Des travaux récents
habituellement décrits, peut également demander de mieux cerner
n'ont cependant pas pu confirmer ces résu ltats [15].
le profi l bactérien du patient. Enfin, une identification des bactéries
portées par le patie nt peut être intéressante afin de mettre en évi-
dence des profi ls pouvant interférer avec la santé générale du patient ... INTÉRÊT CLINIQUE
(cardiologie, orthopédie, rhumatologie, etc.) et a fin de com muni rp1 ~ r
avec le patient ou un autre praticie n. Le test PST"' est un test qui a démontré son efficacité comme test
prévis io nnel de ri sque de développement d' une parodontite chro-
nique chez les patients caucasiens. Pour autant, il ne faut pas perdre
de vue que ce test ne cible que deux allèles démontrés comme sen-
Tests de susceptibilité sibles e t non l' intégral ité des génotypes pote ntie llement impliqués
dans le dévelo ppement des parodontites. De plus, il ne c ib le que
La reche rche de marque urs prédictifs des maladies paroclontales la partie génétique de l'étiopathogénic des malad ies parodontalcs.
s'est tournée vers la recherche de marqueurs de prédisposition à la Cc marqueur peut être intégré au calcul de l' indice d 'éva luation
maladie. Ainsi, différents marqueurs, liés aux capac ités de réponses du risque parodonta l (periodontal risk assessm.ent 1PRA 1) conçu
de l' hôte aux agressions bactériennes et plus particul ièrement aux par Lang ct Tonctti [6] comme une des composantes de la parti e
modalités innammatoires de cette réponse, ont été ét udiés. Ces tests génétique de ce risque (voir chapitres 25 et 50). Ce test peut donc
sont censés indiquer la susceptibil ité individue lle à la perte d'attache . être proposé en cas de suspicion de présence d'un ri sque génétique
fort (phénotype inflammatoire hypcr-répondeur, décalage entre les
... MARQUEURS GÉNÉTIQUES observations cliniques cl l'état innammatoire local, antécédents
fam iliaux marqués, etc.), et plus encore si le patie nt est fum e ur ct/ou
Interleukine 1 si une thérapeutique complexe est envisagée (orthodontie, régénéra-
Lion osseuse, etc.). fi en résu ltera une fréquence de maintenance plus
Parmi les marqueurs potentiels, 1' interleukine 1 (IL- l ) a montré ra pprochée 161 . L' intérêt de l'utilisation cl iniq ue du test de suscepti-
un intérêt particulier. En effet, cette famille de cytokine est compo- bi lité avec I' IL-6 reste à prouver.
sée de 1 1 me mbres dont la plupart ont un e ffet pro-inflammatoire
marqué [2]. Parmi elles. l ' IL- l ~ est connue pour avoir un lien étroit
dans le développement de maladies auto- immunes entraînant des
inflammations non contrô lées aboutissant à la destruction de l' orga- Examens biologiques
nisme. Par aille urs, l' IL- l ag it positive ment clans le recrutement et
la transformation des précurseurs ostéoclastiques en ostéoclasies ; En cas de détection de pathologies chroniques ou acqui ses inter-
elle s timule la sécrétion des métalloprotéinases (MMP) par les férant avec les actes thé rapeutiques requis ou s' il persiste des doutes
fibrob lastes, et la sécrétion des prostaglandines qu i agissent sur les lors de l'anamnèse sur la présence d ' un dysfonctio nnement physio-
ostéoclastes. Celle cytokine a clone été étudiée dans le domaine des logique inné ou acquis, une exploration des grandes fonctions phy-
maladies parodontales. s io logiques de l'organi sme peut s' avérer nécessaire.
Kornman ct al. ( 1997) o nt rapporté que la présence de génotypes
spécifiques de 1' IL- l était associée à la sévérité des maladies paro- ... EXPLORATION DE l 'HÉMOSTASE
dontales chez les patients non fumeu rs, un polymorphisme du gène
codant l ' IL- l~ (IL-lB) étant associé à une surproduction de la cyto- Un interrogatoire précis est nécessaire avant tout acte pouvant
kine chez ces patients [5]. Cette s urproductio n entraîne alors une présenter un ri sq ue hémorragique. Il visera à détecter toute propen-
augmentation du risque de développement d' une paroclontitc sévère s ion ù des saignements allongés ou importants lors des actes de la
de 6,8 à 18,9 fois supérieure en fonction de la tranche d'âge étud iée. vic courante (hématomes fréquents, é pistaxis, ménorrag ies, gi ngi-
Par aille urs, un autre polymorphisme touchant la partie régulatrice vorragies, etc.) ains i qu'à investiguer les éventuelles inte rventions
d u gène codant l' IL- l a a été associé à des variations quantitatives ou hospitalisations antérie ures. Par ailleurs, un recueil attentif sera
de son expression. Ainsi, la présence d'allèles particuliers augmen- nécessaire quant aux traite ments reçus par le patient (antiagrégants,
terait les capacités de sécrétion d' 1LI des patients porteurs et leur anticoagulants, etc .) ains i que ses antécédents famili aux (hémophi-
con fé rerait une susceptibilité à la maladie parodonta le. Un test com- lie, etc.).
422 PARTIE 9- LA CONSULTATION PARODO NTALE
Il est possible de diviser l' hé mostase e ntrois étapes faisant l'objet de patie nts normaux uti lisés comme groupe témoin à l'échanti llo n
de voies d ' exploration diffé rentes . é tudié. Une normalisation internatio nale intégrnnt l'i ndice de sensi-
- L' hé mostase primaire : respo nsable de l'arrêt du saigne ment bi lité spécifique elu réact il' thrombopl astine utilisé est couramme nt
au niveau des pe tits vaisseaux, e lle mettra e n œ uvre l'endothélium e mployée ( illternatiolla!IIOI'IIIalized ratio [TNRl). Cc rapport repré-
vasculaire, les plaque ttes, le fibrinogène e t le l'a cteur von W illcbrand sente le test de ré lërencc dans la dé termination de l'effet des a ntivi-
pour former un c lou plaquettai re perme ttant la mise e n place des tamines K. Pa r ailleurs, une anomalie du TP peut ê tre détectée lors
étapes su ivantes. d ' ins ullisance hépatique, de défic it e n vitam ine K par malabsorption
- La coagulation plasmatique : les protéines de la coagula tion (avitaminose), de déficit e n l' un des facte urs du complexe prothrom-
pe rmettront la mise e n place d'un caillot de fibrine par activation de binique, ou lors de fi brinolyse.
la pro thrombine en thrombine, transformant le fibrinogène e n fibrine
qui pourra alors obture r les brèches vascula ires. Une voie e ndogène
.... EXPLORATIONS BIOCHIMIQUES
et une voie exogène sont c lassiqueme nt décrites.
- Cc caillot sera dans un trois iè me te mps résorbé par fibrinolyse En dehors de l' hé mostase, d'autres métabo li smes peuvent être
de faç on à restaure r la perméabilité du vaisseau e ndommagé. invcstigués afin de mieux dépister ou quantifier une éventuelle dys-
fonc tion.
Exploration biologique de l'hémostase primaire
Numération plaquettaire Métabolisme glucidique
Le p lus souvent , la numé ration plaque ttairc a in si qu' un inte r- Le diabète é tant un facte ur de risque maje ur des maladies paro-
rogato ire approfo ndi suffi sent en pre miè re inte nti on. Un no mbre do nta les, l'ex plorat ion d u métabo lisme g luc idiquc sem requise
de plaquettes normal ainsi que l' absence de médicati o n po uvant devant toute suspic ion de présence de diabè te ou devant la présence
affecte r cette hémostase (aspiri ne, e tc.) peuvent suffire. Toute l'o is, des l'acteurs de risque de développement de diabè te (hérédité, hyper-
s i un doute est présent, un temps de saigne me nt pe ut également tension arté rie lle, séde ntarité, augmentation connue du cholestérol,
ê tre réal isé. antécéde nts de ma ladie card iovasculaire, tabag is me, é thy lisme, dif-
Les objectifs de ccl exame n sont d e dé pister : fic ultés de c icatrisation ou infections répé tées, âge de plus de 45 a ns,
- une thrombocytose (aug mentation du no mbre des plaquellcs) indice de masse corpore lle impo rtant).
pouvant inte rvenir lors de syndromes in fec tie ux, inflammatoires ou Deux examens princ ipaux de dépistage ou de contrô le de l'équi-
myéloprolifé ratil's, c hez les patients splé nectom isés ou lors de s idé- libre g lycémiquc pe uvent ê tre prescrits:
ropénic ; - g lycémie à jeun : cet exame n permet de mesure r la g lycémie
- une ù1rombopénie (diminution du nombre des plaqucncs) du pat ie nt à jeun. Cette mesure ponctuelle peut me tLrc e n évide nce.
pouvant être retrouvée après ln prise d ' héparine o u de médica tions si elle est répétée, un dysfonc tionne ment dans le métabolisme glu-
thrombolytiques, au cours de certaines maladies rares (syndrome c idiq ue;
hémolytique et uré mique), lors d'aplas ie médullaire s pontanée ou - dosage de l' hé moglobi ne glyquée (fractio n l-I bA le): ce dosage
induite (chimiothérapie, e tc.), ou en cas de cancers médul laires (leu- pe rmet de quantifier la frac tion d'hémog lo bine modifiée par fixation
cémies, lymphomes, etc.). d'oses sur leurs fonc tio ns aminées (par exemple g lucose sur la va line
N-tc rm inale de la globine dans le cas de la frac tion HbA 1c). Cet
Temps de saignement indicateur est représentatif de la g lycém ie moyenne des 3 à 4 mois
précédant la réalisation du dosage. C'est donc un indice ré trospect if
Le te m ps de saigne me nt est dé te rminé par la réalisation d ' une e t c umu latif de la glycémie de cette période. Par ai lle urs, cet indice
inc ision s uperfic ielle à l' aide d'un matériel déd ié à usage uniq ue permet d'évaluer la q ua lité de l'équi li bre obte nu c hez un patient dia-
( méthode d' lvy). La durée de l'écou le ment de sang consécutif à une bé tique traité. Enfin, de nombreuses é tudes considère nt cc marque ur
inc ision standardisée du lobe de l' oreille ou de l' avant-bras pe rme t comme corrélé aux risques d 'apparition de complications liées au
d 'évalue r les capacités d ' hé mostase primaire d u patie nt. diabè te .
Voie endogène
TCA- TCK
1
Prothrombine /
x+ xa Fibrinogène Plaquettes
FT-VIla
i ---1
Thrombine 1
Vl ~:i ~ ,7
Fb . Plaquettes
TP - TQ - INA
Thromboplastine + Ca2 •
Voie exogène
/ ,v,~: "' "
Thrombus
Plasmine - - - - - {
Î Lyse
1 •
Plasminogène
Fibrinolyse
Figure 51·4 Principaux facteurs de coagulation sanguines et cibles thérapeutiques. La coagulation sanguine fait intervenir une cascade
d'activation de facteurs de coagulation dont le but est de former un thrombus assurant l'herméticité des brèches vasculaires et donc une hémos-
tase. Deux voies distinctes existent en fonction du mode d'initiation de la coagulation :la voie endogène (activée lors du contact du sang avec les
structures sous-endothéliales) el la voie exogène (activée lorsque le facteur VIl quitte la circulation en entre en contact avec le facteur tissulaire
synthétisé essentiellement par les fibroblastes el les leucocytes présents dans les tissus conjonctifs). Ces cascades aboutissent à une voie com-
mune aboutissant à la formation d'un caillot de fibrine. De nombreuses voies de régulation thérapeutiques existent. Certaines ciblent directement
la thrombine (A : antithrombiniques directs ; par exemple dabigatran), d'autres ciblent le facteur Xa directement (B : inhibiteur sélectif direct ;
par exemple rivaroxaban) ou indirectement (héparines et héparines de bas poids moléculaire via l'activation de l'antith rombine, danaparoïde et
fondaparinux). La synthèse des facteurs de coagulation peut également être ciblée (C : antivitamine K ; par exemple warfarine, acénunournarol
ou fluindione). Enfin, l'agrégation plaquettaire peut être ciblée (D : antiagrégants plaquettaires ; par exemple aspirine, ticlopidine, clopidogrel,
prasugrel).
Points clés
• L'approche clinique par la dentisterie fondée sur la
preuve est une a ide à la décision. Meilleure
preuve
• La meilleure preuve disponible dans la littérature doit
être extrapolable à la situation clinique individuelle du
patient.
• Les taux de réussite thérapeutiques de la littérature
doivent être interprétés à la lumière de l'expertise des
intervenants.
• Les arbres de décision ne peuvent inclure la totalité des
paramètres intervenant dans la décision. Expertise
• Une analyse coût - efficacité compare les coûts et les du praticien
effets d'une intervention de santé à une autre.
La décis ion méd icale consiste, comme dans toute décis ion, à fa ire Figure 52-1 Dentisterie fondée sur la preuve : éléments inter-
un choix entre d ifférentes optio ns. Ceue décision pe ut être indivi- venant dans la prise de décision médicale. (D'après Needleman
duelle, in téressant le praticien lui-même, ou collect ive, intéressant 2003.)
les décideurs en santé. Nous ne nous intéresserons ici qu'à la déc i-
s io n individuelle partagée entre le patient et un ou plusieurs prati-
c iens possédant des compétences s pécifiques différentes. Canada au dé but des années l 990 sous 1' impulsion de David Sacketls.
Les chirurgiens-dentistes ont adapté cette approche à la d iscipline en
la nommant<<dentisterie fondée sur la preuve» (Figure 52-1).
La dentisterie fondée sur la preuve Afin de mieux appréhender la prise de décis ion en odontologie,
nous allons exam iner les trois var iables : preuve, patient, praticien.
En médecine, ct en pm-odontologie en panicul ier, le malade est au
centre de la décision. Les choix sont rarement définitifs et demandent .... LA " MEILLEURE ., PREUVE
à êtr e réévalués. La décision médicale, hors urgence vitale, est donc
un processus complexe intégrant ( 1) la meilleure preuve médicale La preuve scientifique se définit par la conjonction de diffé rentes
issue de la littérat.ure, (2) les attentes du patient, et (3) la capacité du informations apportées par la littérature concernant un s ujet donné.
praticien de réaliser l'acte médical. L'aspect méthodique de la déci- Même s i le terme de preuve est assimilé à la certitude, il est important
sion médicale repose depuis que lques années sur une approche ang lo- de garder à l'esprit l'aspect non immuable de la connaissance médicale.
saxonne spécifique appelée « evidence-based medicine » née au Ainsi, une vérité commu nément admise actuellement risque de s'avé-
428 PARTIE 10- PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
1a ...: Revue systématique d'essais cliniques orale chirurgicale, d' interventions de con fort. Ces attentes intègrent
+
randomisés les valeurs allachécs it l'oralité, aux préférences ct aux considéra-
1b - Essais cliniques randomisés
i
tions financières. L'ensemble de ces paramètres est anal ysé, dans les
études, clans un domaine appe lé génériquement << Préférences >>. Une
2a- Revue systématique d'études de cohortes « utilité >> sc défini t comme la mesure quantitative de la force d'une
2b - Études de cohortes préférence personnelle pour un résultat. On parle parfois d'utili té
Niveau
subjecti ve pour sou ligner le fai t que cette demande ne repose pas
de preuve 3a- Revue systématique d'études cas-contrôle uniquement sur des bases scientifiques.
3b - Études cas-contrôle
l
En pratique clinique, il est important de ne j amais perdre de vue
la demande initiale du patient ct de la consigner dans son dossier
4 - Séries de cas médi cal, avec ses propres mots, lors de la première visite. En effet,
les traitements peuvent parfoi s être longs et cette demande peut se
5 - Opinions d'expert dissoudre il travers le temps, le praticien oubliant parfoi s la raison
Figure 52·2 Résumé simplifié des niveaux de preuve des études
essentielle pour laquelle le patient l ' a initialement consulté. Cette
cliniques. (D'après Oxford-Center for Evidence Based Medicine, demande doit également être réévaluée au cours elu temps, les utilités
mars 2009 http://www.cebm .net/.) n' étant bien entendu jamai s fi gées ct particulièrement sujettes aux
pressions de l 'environnement. L'intégration des utili tés du patient
clans un arbre de décision est un sujet d'une extrême complex ité en
rer obsolète dans le futur. La classi fication des études (Figure 52-2) per- raison de la tendance naturelle à la satisfaction des patients ct de
met d'appréhender la notion de « meilleure preuve>>. Celle approche l ' impact de la relation prat.icien - patient sur des utilités qui sont
permet d'ordonner les études selon des critères statistiques. A insi, à supposées ne reposer que sur la qualité objective du résultat ct non
strictement parler, la meilleure preuve médicale repose sur l ' analyse sur la qualité de la relation médecin- malade.
statistique (méta-analyse) de revues systématiques d'essais cliniques
randomisés; elle n'est bien entendu pas limitée à cela. L' identification ..... L'EXPERTISE DU PRATICIEN
de celle << meilleure preuve >> implique la recherche minutieuse des
données de la littérature correspondant au mieux à la situation clinique L'expertise du prat icien, c'est-à-dire sa capa<.:ité il réaliser la meil-
individuelle du patient. qu'il convient de résoudre. leure proposition thérapeut.ique identifîée dans la littérature, est sans
En chirurgie dentai re en général et en parodontologic ct implanto- doute le point le plus délicat. En premier lieu parce que rares sont les
logie orale en particulier, en raison de la faible puissance statistique études établissant des courbes d' apprentissage telle celle de L ambert
de la plupart des études et de la grande complexité des cas cliniques, et aL montrant une phase de plateau elu taux de survie implantaire
les résultats des études sont souvent interprétés ct extrapolés à des il partir de 50 impl ants posés [10]. Ensuite, parce que l es essais cli-
si tuations individuelles spécifiques. A insi, face à des cas complexes, niques randomi sés, en particulier lorsqu' ils sont financés par des
la meilleure preuve scientifi que est celle correspondant le mieux au soc iétés commerciales, font appel le plus souvent aux meilleurs spé-
patient qu ' il convient de traiter. La dentisterie fondée sur la preuve ciali stes de la question.
est donc l ' approche rationnelle d'une aide à l a déc ision permellant L a courbe de l a Figure 52-3 illustre, à travers un exemple fictif,
de limiter les certitudes cliniques indi viduelles ou opinions d'expert, la variabi li té d' un taux de succès en fonction de la compétence
qui ne sont en fai t qu' un tissu d ' incertitude en termes de ni veau de d' un praticien [2] . L a réussite d'une technique associée à un pro-
preuve. La « meilleure» preuve s' intègre en termes de probabilité,
répondant. à la questi on su ivante : quelle est la meilleure probabilité
pour que le traitement aboutisse ù la sati;fàction du patient et du 100 %
praticie11 ? Le traitement adéquat est évidemment celui aboutissant Taux expérimental
à un résultat où le patient et le praticien sont satisfai ts.
En paroclontolog ie et en implantologie orale, en complément de Taux clinique
l'usage de PubMed sur internet, il ex iste des revues (Periodonto/ogy
2000 par exemple) et des numéros de synthèse issus de conférences
de consensus (suppléments du .Journal of C/inical Periodonlology
50
ou elu Clinicat Oral Implant Research par exemple) permettant
aux praticiens de se faciliter la tâche dans leur recherche bibliogra-
phique. La dirtîculté demeure sou vent la barrière de la langue, ces
publications étant en anglais. Les travaux d'experts de la Haute au to-
rité de santé (HAS) et de l ' Agence nati onale de sécurité du méd ica-
ment ct des produits de santé (ANSM ) présentent des recommanda-
tions issues de travaux d'experts nat.ionaux au sein de publications
en langue française. Ces publications ne sont malheureusement pas 5
régulièrement mises à j our. Il convient donc de les réévaluer à la • - : : 1: Commercialisation
lumière des publications les plus récentes.
Taux de succès
duit nouveau s' évalue en premier lieu à son taux de succès c linique. moyennes». Les taux de succès expé rimentaux devraient être consi-
Celui-ci fait hab illlellement l'objet de publication s scientifiques dérés comme des moyennes optimisées, voire tict.i ves, par opposi-
sur lesque lles les sociétés qui commerci al isent le produit appu ient tion aux taux cliniques qui correspondent au taux moyen réel, c'est-
leur argumentaire. Les plus série uses d'entre el les n'acceptent sa à-dire re flétant la réalité d'une << expertise moyenne » . Ainsi, les
mise sur le marché qu ' après avoi r atte int un seuil cli nique con·es- résultats des données de la liuérature doivent être interprétés à la
pondant à un pourcentage élevé de réussite. La courbe ill ustre la lum ière de sa propre expertise cl inique.
différence e ntre un taux de succès expérimental et un taux de suc- Enfin, certaines situations cl iniques complexes demandant des
cès c linique, c'est-à-dire e ntre un résultat annoncé et celui suscep- tec hniques chirurgicales sophistiquées peuvent requéri r une com-
tible d'être obtenu par la moyenne des util isateurs. En ordonnée pétence et!ou un environnement spécifique correspondant à un
est ind iqué le pourcentage de réussite du produit nouveau , tandis exercice spéc ialisé. L'étude épidémiologique nat.ionale NAPSES 1
qu 'en abscisse s' inscrit sa durée d ' uti lisation. La courbe rouge sur l'état paroclontal des Français montre c lairement un besoin en
correspond aux variations du taux de succès et la courbe verte au spécialistes en parodontologie en France l4J. Elle fait également
nombre d ' uti lisateurs-prod uit, exprimé éga lement en pourcentage. apparaîtJe que ce besoin est limité en nombre puisque les cas avan-
Au temps zéro, commence le travail expérimental. Fa isant suite cés sont relativement peu nombreux. De la mê me façon, la pose
aux études in vitro, les expérimentations animales s'adressent à un chirurgicale cl' implants dentaires est souvent assez simple, mais les
petit nombre de professionne ls, en principe sélectionnés parmi les cas complexes demandent un environne ment spécifique et une expé-
plus compétents dans la discipline à laquelle est destiné le nouveau rience chirurgicale avancée.
produit. Au bout de quelques années, le taux de réussite-produit
atteint un seuil acceptable qui permet de passer à la phase d'expéri-
mentation humaine. Le nombre des uti lisateurs augmente en consé-
quence, ce que figure la part.ie ascendante de la cou rbe verte. Une Les arbres de décision
phase de plateau est atteinte (au bout de 5 ans clans cet exe mple)
avec des taux de succès aueignan t parfois des valeurs supérieures Les arbres de décision consti tuent des outils d' aides à la déc i-
à 90 %. Appara issent alors les publications scientifiques entJe la sion mais ne son t e n aucun cas des chemins obligés car ils sim-
SC et la 7c année, qui font état d' une réussite que nous appelle- plifient les situations cliniques et ne prenne nt pas en compte la
rons le Jaux expérimental. Ces publications débutent avec des rap- spéc ifici té du patient. Il s peuvent néanmoins aider le prat icien
ports clin iques isolés ou des études pilotes. Elles s'achèvent, dans dans son approche thérapeutique et présentent l'avantage mais
le meil leur des cas, par des études mu lticentriques. Idéalement, aussi l' inconvénient d'une excellente lisibi lité. Plusieurs arbres
le produ it ne devrait toujours pas être commercialisé. Ses uti lisa- décisionnels ont é té proposés en pm·odontolog ie. Ils reposent tous
teurs sont encore des clini ciens spécialement désignés en raison de sur un accord professionnel ; c' est dire qu 'aucun d'eux ne fa it
le ur e ntraînement élevé dans la discipline investie par le produit. aujourd ' hui au torité. Ceux que nous proposons clans ce chapitre
Ils sélection nent les sujets traités en fonction de critères visant 1t n'échappent pas à cette règle, mai s présentent l' avan tage de la
main tenir un taux de succès le pl us élevé possible. Lorsque le taux simpl icité. Le Tableau 52-1 peut aider le pratic ien clans la gestion
de succès expéri mental est consolidé, au bout de 7 ans dans notre de la thérapeutique in itiale et du suiv i des cas si mples chez des
exe mple, la commercialisation du produ it intervient. Fort des taux patients en bon état généra l.
de réuss ite publiés pendant cette phase de plateau, le nombre des La Figure 52-4 constitue une aide à la décision chirurgicale
util isateu rs va grandissant pour atteindre un max imum (sommet de dans le traitement des parodontitcs chroniques si cc choix repose
la courbe verte). Cela correspond obl igatoire me nt à une diminution uniquement sur le gain d' allache et la réduction de profondeur de
du niveau de compétence des ut.i lisateurs et à une augmentat ion sondage à partir de la profonde ur de poche initi ale. Le rationnel
vertigine use des cas traités, cc qui, statistiquement, ne peut avoir de la péri ode de réévaluation (4 à 8 sema ines) re pose : ( 1) sur le
pour conséquence qu'une c hute du taux de succès expérimental. rétablissement du système d'nttache de la dent après surfaçage,
Cc phénomène est ex primé clans notre exemple par l' inversion e t (2) sur le rétablisse ment de la flore bactérienne sous-gingi vale
des deux courbes lors de la 9< année : au max imum d ' utilisateurs à 2 mois en l' absence d' un contrôle de plaque effi cace [ 16]. La
(courbe verte) correspond un seui l minimal de succès (courbe déc ision ch irurgica le repose sur la synthèse de trois revues systé-
rouge). La réussite promise à 90% par le taux expérimental c hute matiques [9] montrant, après thérapeutique initia le, la supériorité
al ors à 50 % pour réal iser le taux critique qui équivaut au maxi- à court e t. moye n termes du débri dement chirurgical sur l'approche
mum d'insuccès du produ it. Cette variat.ion a pour conséquence non c hirurgicale pour le traitement des poches paroclontales pro-
immédiate une spectaculaire diminution du nombre des uti lisateurs fondes (7 mm ou plus) et modérées (4 it 6 mm) lorsque, pour ces
car quantité d'entre eux sc montrent déçus en regard du taux expé- dernières uniquement, l'objectif est la réduction de profondeur de
rimenta l annoncé par les publications. La situation peut alors se sondage. Si l'objectif est. le gain d' attache, on préférera l' approche
norma liser: seuls les pratic iens ayant obtenu un pourcentage élevé non chirurgicale pour le traitement des poches modérées. La notion
de succès indiv iduel lors de leur exerc ice vont continuer l' exploi- de seuil (> 6 mm) définissant la poche profonde est importante en
tation du produit. Parallèle ment, on observe une re montée du taux raison des caractéristiques les différenc iant des poches pe u pro-
de réuss ite j usqu'à un seuil de stabi lisation qu i correspond à cc fo ndes (Tableau 52-11) e t du fa it qu ' en termes de pronostic, plus
que nous appe llerons le taux de succès clinique. Cet état de fait est la poche est profonde, plus le risque de progress ion de la maladie
illustré par la supe rposition des deux courbes. Le schéma de déve- est é levé [8].
loppement décrit par cette courbe constitue un « code de bonne Néanmoins, la déc ision thérapeutique ne peut sc résumer au choix
conduite >> auquel ne souscrivent ma lheureusement pas tous les de la technique en fonction de la profondeur de sondage, notamment
fabrican ts. en raison des résultats sensiblement équ ivalents à long terme entre
Cette analyse fictive vise à aider le clin icien à porter un regard thérapeutiques chirurgicales et non chi rurgicales chez les patients
critique sur les propositions thérapeutiques qui lui sont fai tes atteints de paroclontite chronique. Par exemple, clans le traitement
ct à permettre d' éviter ce qu' il convient d'appe ler << le piège des des poches profondes au niveau du sextant maxill aire antérieur, les
430 PARTIE 10 - PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
Tableau 52·1 Aperçu schématique des options non chirurgicales en fonction du statut parodontal du patient adulte en bon état général.
Signes initiaux
Profondeur de sondage !>3 mm !>3 mm ~ 4mm
Parodontite chronique
Profondeur de poche parodontaie 2: 4 mm
Thérapeutique initiale
DSR
Réévaluation
4 à 8 semaines
1
Suivi
Objectif
Gain d'attache
Objectif
Réduction
j
de la profondeur - Chirurgie
l
DSR
de poche
parodontaie
Figure 52·4 Aide à la décis ion c hirurgicale d ans le traitement des parodontites c hro n iques. DSR : détartrage-surfaçage radiculaire.
techniques non chirurgicales sont souvent préférées aux approches Tableau 52·11 Caractéristiques des poches parodontales pro-
chi rurgicales en rai son des récessions gingivales r ésiduelles engen- fondes (> 6 mm) comparées aux poches peu profondes (d'après
drées par ces dernières. Les déterm i nants du choix sont le malade Greenstein [8]).
lui-même, le traitement et la lésion considérée (Figure 52-5). La
• Augmentation du saignement au sondage
figure i ndique les paramètres dont le praticien devra fai re l 'analyse
• Augmentation de la température sous-gingivale
ct la synthèse préalablement à toute décision . • Augmentation du taux de parodontopathogènes
À la lumière de la multipl ici té des paramètres impactant la déci- • Erreurs de sondage plus élevées
sion en parodontologic, on appréhende les l imites des arbres déc i- • Augmentation du volume de tissu conjonctif gingival infiltré
si onnels. Il est néanmoins clair que la complexi té du choix i ncite • Diminution de la capacité du contrôle de plaque professionnel
à explorer des systèmes d'aides à la décision afin de maîtri ser au d'éliminer la totalité du tartre et de la plaque sous-gingivale
mieux l'ensemble des paramètres et de lisser les comportements • Diminution de la capacité du contrôle de plaque individuel d'altérer
la quantité et la qualité de la plaque sous-gingivale
thérapeutiques.
CHAPITRE 52- LA DÉCISION THÉRAPEUTIQUE 431
Hygiène de vie
Hygiène
orale
Traitement
Statut tabagique
Diagnostic
Chronique/
agress1ve
État général
Modérée/sévère
Localisée/
généralisée
Prise
de décision
Demande A .______ Observance
Malade Lésion du malade
Esthétique -------- Qualité
Régularilé
1 \
Fonctionnelle
Réponse
Figure 52·5 Déterminants du choi x thérapeutique. a) Paramètres Ligne
thérapeutique
liés au malade entrant dans la prise de décision thérapeutique. du sourire
initiale
b) Paramètres liés au traitement entrant dans la prise de décision
thérapeutique. c) Paramètres liés à la lésion entrant dans la prise de a Malade.
décision thérapeutique. La décision finale est la synthèse des déci-
sions A + B + C.
Coût
Les modèles d'aide à la décision Pronostic
Court terme ( < 5 ans)
Moyen terme
L' informatique décisionnelle visant à développer des logiciels (5·10 ans)
Long terme
d' aide multicritèrcs à la décision est en plein essor. Elle sera sans (> 10 ans) j
doute très présente dan~ le futur. Des logiciels d'aide à la prescrip-
tion existent actuellement en médecine. Néanmoins, si l'implémen- Durée
Prise
tation d' algorithmes dans les arbres décisionnels permet l' usage
de décision
de l'outil informatique, celle-ci n' est utilisable que sous réserve de
Morbidité B
validation de m odèles. Ces modèles doivent idéalemem conduire Effets
à des recommandations reposant sur des données scientifiquement indésirables
validées. Ces derniers sont rares en parodontologie et implantologic
orale en raison de la complexité du processus décisionnel (voir plus ! Stratégies
haut). Popelut et al. ont les premiers développé un modèle décision-
prothétiques
nel reposant sur le choix thérapeutique de conservation ou d'extrac- Localisation Denia-portées
tion d' une dent présentant une poche parodontale profonde 113 1. Le Sextant antérieur lmplanlo·porlées
Sextant postérieur
modèle inclut les probabilités issues de la littérature de taux de sur-
vie dentaire ct prothétique, sachant que la dent, si elle est ex traite,
b Traitement .
sera remplacée soit par un impl ant soit par un bridge dento-porté
(Figure 52-6). L'option passive (absence de traitement) est éga-
lement prise en compte, mais ne peut donner lieu à une inclusion Type de lésion
Infra-osseuse
de probabi li té pour des rai sons évidentes d'éthique. Il n'exi ste en lnter-radicaulalre
effet pas de probabilité de survie concernant l ' hi stoire naturelle des
maladies parodontales. Un panel de professionnels a évalué la valeur Morphologie
qu'i l accordait à chacune des occurrences sur une échelle de 0 à 100 Accessibilité osseuse
Nombre de parois
(utilités subjecti ves), la valeur 100 représentant le résu ltat le plus
favorable. La combinaison entre uti lités subjectives (US) et proba-
bi lités sur une même branche de l ' arbre conduit à calculer au niveau
Prise
des nœuds de hasard l 'étendue des utilités espérées (T JF.), allant égH- de décision
Iemcnt de 0 à 100. On constate que la plus mauvaise option est le c Phénotype
bridge dento-porté (UE les plus basses), mais qu ' il n'est pas possible Profondeur
de poche gingival
de départager le traitement parodontal du traitement implantaire Fin/épais
car la borne supérieure du traitement parodontal est incluse dans
l 'étendue des UE du traitement implantai re. L'option passive semble
la plus mauvaise option puisque, pour qu 'elle devienne optimale,
1 \
i l faudrait une probabilité de survie dentaire de 0,78, ce qui paraît Chirurgies
concomitantes Chirurgies
i mprobable. Cc travai l est une première tentative de modélisation
Plastiques régénératrices
qui demande à être poursuivie en incluant les utilités du patient et Avulsions
les coûts.
c Lésion.
432 PARTIE 10 - PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
1
incalculable
Perte --- - - -- - us= 69
Sans traitement r - - - - - - - - .,
1 1
incalculable
.. __ ______...1
Survie 1
u s= 100
Conservation
• Perte
...-- - - - - -- ...
1
1
0,04-0,44
._ __ ____ __ ...
1
1
us= 57
Traitement para ... - - - - ---- ..
1 1
0,56-0,96 1
UE2 = 79-96 J Survie .. __ ______ _.
1
us = 97
Dent présentant
une poche ...
1
-------- .. 1
parodontale 0,035-0,07
Perte .. __
1
______ _. 1
profonde (> 6 mm) us = 0
Bridge .. -------- .1,
1
1._ 0,93-0,965 ...
________ 1
U E3 = 86-89----"" Survie
us = 92
Extraction
..1 -- - ----- .1,
0,025-0,032
__ ______ .. 1
Perte 1._
US= 5
Implant unitaire .- --- -- --- ..
1 1
0,975-0,968
.. ___ _____
UE4 = 94-95____,i' Survie ...1
1
us= 97
Figure 52-6 Décision d'extraction ou de conservation d'une dent présentant une poche parodontale profonde. Arbre de décision
incluant les probabilités issues de la littérature (rectangles en pointillés), les utilités subjectives (US) implémentées par les praticiens et les utilités
espérées (UE) calculées. Les carrés et les ronds noirs ind iquent respectivement les nœuds de décision et les nœuds de hasard. (D'après Popelut
et al., 2010 [14].)
Intégration de l'économie survie el de la qualité d e la vic). Sans entrer dans l'analyse médico-
économiquc des traitements parodontaux ct implantaires, la déc i-
dans la prise de décision sion méd ica le ind ivid uelle re posant sur l' approche de la dentisterie
fondée s ur la preuve doit aujourd ' hui intégrer le me illeur rappo rt
En médecine comme en odonto logie, la notion de coût prend une coOL-effi cac ité . La stratég ie thérapeutique do minante est la plus effi -
place de plus en plus prépondérante. Cette notion touche à la fois cace ct la moins chère, la stratég ie la moins e ffi cace et la plus c hère
la sphère de la macroéconomie (institutions publiques et privées) ct étant toujours dominée (F igure 52-7). Le d ilem me sc s itue souvent
celle de la microéconomie (centrage sur l' individu). Il est importa nt entre le trai tement plus e fficace et plus cher et le trai te ment mo ins
d ' aborder quelques notio ns d 'économie d e santé, sujet de plus en plus etlicace mais moins c her, bien qu ' il ne so it pas adm issible e n théorie
fréquemment abordé dans la littérature, et aidant le praticien dans d' accepter des traitements mo ins e ffi c aces sous prétex te qu ' ils sont
sa prise de décis ion thérapeutique . Il existe quatre types d 'analyses moins chers. C'est donc la stratég ie stricteme nt dominante qui sera
économiques : 1) analyse coût - min imisation ; 2) analyse coût - effi- cho is ie en priorité, mais elle s' impose rarement en tant q ue te lle et
cacité ; 3) analyse coût - uti lité ; 4) ana lyse coût - bénéfice . La dif- le c hamp des c hoix sc réduit souve nt au quadrant Nord-Est de la
férence entre ces diffé rentes approches réside dans la variable analy- F ig ure 52-7. Le moyen de départager les stratégies thé rapeutiques
sée. Les deux anal yses les plus souvent uti lisées en odontologie sont est alors de calcule r le s urcoOt et le surcroît d ' e ffi cac ité entraînés par
développées ci-dessous, les de ux autres sont citées pour informatio n. le remp lacement d ' une stratégie par une autre en calculant le rapport
coût - e fficacité marginal dé fini t par l'équatio n suivante :
Santé orale
Social et émotionnel
Fonction
-Anxieux
- Mastication
-Attractif
-Langage
- Malheureux
Qualité
de vie relative
à la santé
orale
1
Environnement Attentes
-École du traitement
- Travail
-- -Satisfaction
Figure 52·9 Différentes dimensions de la qualité de vie relative à la santé orale. (D'après Sischo L, Broder HL, Oral health-related quality
of lite : what, why, how, and future implications. J Dent Res, 2011, 90(11) : 1264·1270.)
auteurs [ 15, 171 montrem que la mise e n piace d'une thérapeutique non POUR EN SAVOIR PLUS
chirurgicale amél iorait le score OHRQoL c hez les patients atteints de Fiemmig TF, Beikier T. Decision making in implant clentistry : an
parodontiles. Enfin, Pavel et al. 112 Jmcttent en évidence l'impact posi- evidence-based and cleci sion-analysis approach. Perioclontology
tif de la mise en place d ' implants dentaires sur la qualité de vic orale 2000,2009,50: 154-1 72.
des patients, autant au niveau esthétique que fonctionnel. Neeclleman IG. introduction to evidence based clentistry. ln :
Ciarkson J, Harrison J E, lsmaii Al, el al. (Ecls). Evidence basecl
clentistry for effective practice. London : Martin Dunitz ; 2003 .
.... ANALYSE COÛT-BÉNÉFICE p. 1- 17.
Sonnenberg FA . Théorie de lu prise de décision el de la stratégie
Ce type d'analyse permet cl'élllclier ce rapport en des termes moné- médicale. ln : Launois R, Régnier F (Eds). Décision thérapeu-
tique et qualité de vie. Paris : John Libbcy Eurotext ; 1992.
taires. Il est très apprécié par les économistes mais pas wujours appli-
p. 27-54.
cable, surtout clans le domaine de la santé. La méthode la plus cou- Vernazza, C Heasman P, Gaunt F, Pcnnington M. How 10 measure the
ramment employée est celle de la « volonté de payer» (willingness cost-effectiveness of periodontal treatmenls. Periodontoi 2000,
to pay). Le sujet est ainsi interrogé s ur le prix qu' il est prêt à payer 20 12,60: 138-146.
en fonction du bénéfice obtenu. En subs tance : jusqu'où peut a ller
le sacr ifice fina nc ier pour obtenir le résulta t thé rapeu tiq ue espéré!
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CHAPITRE 52- LA DÉCIS ION THÉRAPEUTIQUE 435
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Étapes thérapeutiques
Sylvain Leymarie, Jacques Malet Philippe Bouchard, Francis Mora
Une fo is le d iagnostic de parodontile posé, le traitement paroclontal comporte classiquement différentes étapes réa lisées chrono logiqueme nt
et résumées par la Fig ure 53-l.
· ················································· J ································
Étape 3 Réévaluation
Étape 4
Optionnelle
·················································· J ································
Figure 53-1 Étapes thérapeutiques du traitement des parodontites. Si le retour à la santé est observé à l'étape 3, le malade est directement
inclus dans un programme de suivi. Les étapes 3 et 5 sont alors confondues. En cas de persistance de saignements eVou de poches parodontales
(profondeur de sondage <! 4 mm), une réinstrumentation des poches parodontales est pratiquée (étape 4). Cette réinstrumentation peut se faire à
l'aveugle (option non chirurgicale) eVou à ciel ouvert (option chirurgicale). Chez un même patient, le traitement chirurgical peut cohabiter avec le
traitement non chirurgical en fonction des sextants. !.:étape 6 ou suivi parodontal consiste en une surveillance et un entretien professionnel du paro-
donte. Toutes les étapes sont obligatoires quel que soit le diagnostic, à l'exception de l'étape 4 et de l'étape 5 si elle est confondue avec l'étape 3.
CHAPITRE 53- ÉTAPES THÉRAPEUTIQUES 437
ÉTAPE 1 CONTRÔLE miné reste en dessous des doses pyogéniques lors de la première
séance, mais que la stimulation du systè me immunitaire moins de
DES FACTEURS/INDICATEURS 24 he ures après cette dernière provoque une augmentation de latem-
DE RISQUE pérature corporelle par aug mentation des cytokines pro-i nllamma-
toires TNF-a (tu mor necrosis.factor a) en particulier.
Chez les patients présentant certaines pathologies cardiaques, la bac-
Sylvain Leymarie tériémie provoquée par les traitements parodontaux augmente le risque
de l'endocard ite infectieuse. Ces patients sont pour la plupal1 informés
Points clés par leur cardiologue de ce risque et sont parfois porteurs d'une carte
expl iquant la nécessité d'une antibioprophylax ie avant certains soins
• Les tra itements parodontaux, non chirurgicaux ou chirur-
gicaux, induisent une bactériémie transitoire . dentaires. Il est recommandé de contacter par écrit le cardiologue afin
de mettre en place la stratégie thérapeutique la plus adaptée.
• Le risque hémorragique doit être identifié et prévenu Les recommandations e n France de 1'Agence nationale de sécurité
avant traitement parodontal.
du méd icament et des produits de santé (ANSM) sont énoncées dans
• Les statuts glycémiques e t tabagiques des malades le chapitre 44. Les recommandations actuelles de l' Eurvpean Society
doivent être explorés le plus rapidement possible. o.f'Cardiology (ESC) et de I'American Heart Association (AHA) sont
• Le traitement par détartrage-surfaçage radiculaire per- sensiblement les mêmes. Pour ces sociétés savantes, les cardiopathies
met de réduire l'hémoglobine glyquée de 0,4% après 3 à haut risque de développer une endocard ite infectieuse ct nécessitant
à 4 mois. une antibioprophylaxie sont les suivantes:
• La diminution ou l'arrêt de la consommation de tabac - antécédents d 'endocardite infectieuse;
doit ê tre un des objectifs prioritaires du traitement paro- patients porteurs de prothèses valvulai res ;
dontal. - pat ients transplantés présentant des valvulopathies ;
• Un bon contrôle de plaque réduit les risques infectieux - cardiopathies congénitales : cardi opathies congénitales cyano-
et hémorragiques. gènes non corrigées, cardiopathie congénitale corrigée les 6 mois
sui vant l'intervent ion, cardiopathies congénitales corrigées présen-
tant des lésions résiduelles.
Dès la première consultation, l' anam nèse parodontalc dessinera Cette antibiopro phylax ie s'adresse à tout geste touchant les gen-
le profil médical du malade dans le but d ' identifier les facteurs de cives, la région péri-apicale dentaire ou à to ut geste accompagné
risque associés à la maladie, mais auss i le ou les risques potentiels d ' une perforation de la muqueuse buccale, ai nsi qu'à tous les gestes
engendrés par la thérapeutique parodontale e lle-même. ORL s' accompagnant d' une effraction muqueuse. Les mo lécules
ct posologies recommandées pour l'antibiothérapie préventive de
l'endocardite infectieuse sont les mêmes que celles préconisées par
~ RISQUES ASSOCIÉS AU TRAITEMENT I'ANSM.
PARODONTAL De plus, l' AHA rappelle les é lé ments suivants :
- il n' y a pas de preuve cli nique de l'efficac ité ou de l'absence
Les traitements parodontaux, chirurgicaux ou non, sont suscep- d 'effi cacité de l' antibioprophy laxie ;
tibles de provoquer des effets indésirables ou des pathologies à dis- - l'endocardite infectieuse est le résultat d'une exposition répétée
tance chez le sujet présumé sain mais s urtout chez les patients pré- à des bactéries, plutôt qu'à une bactériémic unique causée par un
se ntant certaines patholog ies ou sous traitements médicamenteux . soin dentaire (e ffet cumulatif) ;
Ces risques sont infectieux ct/ou hémorragique. - la prophylaxie, même bien appliquée, n'év ite qu' un nombre
très faib le d 'endocardites ;
Risque infectieux - l'uti lisation trop large d ' antibiotiques peut favoriser l'émer-
gence de résistances aux antibiotiques ;
La baetérié mie correspond à la présence dans le sang circulant de
- le tra itement antibiotique prophylactique est associé à un risque
bactéries ayant pénétré le système ci rculatoire par une brèche vas-
potentiel cie réactio n anaphylactique mortelle.
culaire. E lle est mesurée biologique ment par hémoculture aérobie
Un contrô le de plaq ue optimal et un sui vi régulier semblent do nc
ct anaérobie . Les traite ments parodontaux (détartrages, surfaçages,
aujourd'h ui présenter un bénéfice pour préveni r l'endocardite infec-
extrac tions, chirurgies parodontales), le brossage des dents, l' uti li-
tieuse, tant chez les patients ü risque que chez les patients présumés
sation des brosseues interde ntaires, du fil dentaire, du jet dentaire
sains.
ou e ncore la mastication sont s usceptibles de provoquer une bacté-
riém ie [341. La bactériémie provoquée par le brossage dentaire est
d'autant plus importante que l' indice de plaque et l' ind ice g ingival Risque hé morragique
sont é levés [3 11. Le risque hémorragique est une complication de la chirurgie paro-
Chez le sujet sain , la bactériémie passe le plus souvent inaperç ue dontalc pouvant survenir au cours d ' une chirurg ie ou dans les heures
et s'avère sans conséq uence. Dans certains cas seulement, une aug- et les jours suivants. Ce risque est peu fréquent chez le sujet sai n
mentation de la température corporelle des patients a été décrite. ct est essentiellement associé à un geste techn iq ue (incision vascu-
Dans une étude sur la désinfection globale consistam à réaliser deux la ire par exemple) auque l répond un autre geste technique (suture
séances de surfaçage dans une période ne dépassant pas 24 heures, du va isseau). C ' est surto ut chez les patients prenant des trai tements
Quyrinen et al. [24] ont en effet observé une augmentation significa- modifiant la coagulation que le risque de saig ne ment post-opérato ire
tive de la température à l'issue de la deuxième séance chez certains prolo ngé, voire d ' hémorragie existe . Le questionnaire médica l et la
patients. Pour expl iquer ce phénomène, les auteurs proposent [25] prescription d 'examens biologiques permettent d 'évalue r le risque
comme hypothèse q ue le lipopolysaccharide (LPS) bactérien d issé- hémorragique de chaque patient avant toute intervention. La tech-
438 PARTIE 10- PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
nique opératoire est alors adaptée a u risque, ainsi q ue les recom- actue llemen t. L' influence du rivaroxaban, par exemple, sur l' hé-
mandations pré- et post-opérato ires. Cependant, la suppression de mostase est élevée jusqu'à 8 heures après la pri se, puis faible à
l' inflammation par la thé rapeutique initiale reste la meilleu re pré- partir de 16 heures après la prise. Une intervention invas ive ou
vention du risque hémorragique. une ch irurg ie devrait être prati quée au p lus tôt 24 heures après la
dernière pri se de NACO. En cas de c hirurg ie m ineu re o u d'inter-
Patients sous ontiogrégonts ploquettoires ven tions de ntai res (détartrage, traitement de racines), il n'est pas
nécessai re de suspendre le traitement anticoagulant ; il convie nt
Chez les patients sous antiagrégants plaquettaircs (aspirine c t
cependant de ne pas prendre le NACO moins de 24 heures avant
clopidogrcl 1), l' arrêt du traitement, même pour une courte durée,
l' inter vention. La prochaine dose devrait être prise environ 6 he ures
est responsable d'une augmentation des événements athé rothrom-
après l'intervention dentai re (recommandation 2013, groupe d'ex-
botiqucs (syndro mes coronariens aigus, accidents vascu laires céré-
perts de la Soc iété suisse d'anes thésiologie et de réanimationR).
braux , c laudications, etc .) 1281. L'arrêt du trai tement par aspirine à
faib le dose (entre 75 e l 325 mg par jour) ou par c lopidogrel n'est
pas jus tifié avant une thérapeu tique parodonta le non chirurgi- .... RISQUES ASSOCIÉS AU DÉVELOPPEMENT
cale ou une intervention de c hirurgie parodontalc. En contrepar- DE LA MALADIE PARODONTALE
tie, cette attitude thérapeu tique expose à un risque hémorragique
pcropératoire théoriquement plus é levé. Aucun examen biologique Les déterminants des maladies parodontalcs ont déjà été largement
n'est actuellement suffisamme nt performant pour prédire le risq ue détaillés dans la partie 7. Cependant, le d iabète et le tabagisme consti-
hémorragique lié à la p rise d ' un antiagrégant plaquettaire. tuent les deux facteu rs de risque vrais des maladies parodontales et
Une technique et une hémostase c hirurg icale rigoureuses consti- font à cet égard l'objet d' un dépistage prioritaire systé matique lors
tuent des mesures préventives essent ie lles pour limiter le risque de du questionnaire médical.
complication hémorrag ique pcropératoire. Des s utu res adaptées, une
compression ctl ' utilisatio n d ' hémostatiques locaux sont consei llées. Diabète
Le diabète est une maladie métabolique induisant un taux de glu-
Patients sous ontivitomine K
cose sanguin élevé, a pparaissant suite à un défaut de l' insuline, ou
Trois molécules sont actuellement disponibles: l'une est dérivée une insuffisance de sa production, ou les deux. Trois types de diabète
de l' indancdione - la tluindione' - e t les deux autres de la coumarine existent. Le d iabète de type 1 est une maladie auto-immune affectant
- l'acénocouma roP ct la warfarinc4 • L'arrêt systématique du trai te- les cellules B du pancréas c t touche en grande majorité les enfants.
ment par antivitamine K (AYK) avant une intervention de c hirurg ie Le diabète de type 2 inté resse quant à lui les patients plutôt âgés ct
parodontalc n 'est pas justifié. La poursui te du traitement par AVK correspond à une résistance cellulaire à la réponse à l' insuline et à un
est recommandée dans les cas d'inte rventions parodontalcs, sauf e n é puisement de sa production. La rés istance à l' insuline est modifiée
cas de risque médical associé. La cons ultation du praticien prescri - par l'alimentation, la génétique, la sédentarité, la malnutrition, l'obé-
vant l' AVK est donc indi spensable avan t toute chirurgie. L'indice sité et l' infection. La de rnière forme décrite est le d iabète gestation ne!.
b io logiq ue de référence à réa li ser dans les 24 heures précédant tou te Les interactions entre le diabète de ty pe 2 c t les maladies paro-
inte rvention parodonta lc est I' INR (inte rnationalllomw/ized ratio). dontales sont à ce jour bie n documentées. Les patients diabé tiques
Sa valeu r doit ê tre stable et infé rie ure à 3 ou 3,5 en fonction des mal contrôlés sont plus susceptibl es~~ l'infection ct présentent une
auteurs [ 1, 29] s i l' inte rventio n est réalisée en ville. L' instauration ré ponse inllammatoire accrue, d'où le ur susceptibilité a ux maladies
d'u n rela is hé parinique en m ilieu hospitalier avant, pendant et après parodontalcs, considérées comme la 6' complication du di abète 1"20].
la phase c hirurgicale est possible mais doit reste r exceptionnelle. L' indice biologique pri ncipal e n d iabétologie est l'hémoglobine
Les techniques d'hémostase locale sont indispensables ct systé- glyquée (fraction HbA le), dont la valeur normale est comprise e ntre
matiquement associées. Si une prescription anti- inflammatoi re se 4 ct 6 %. Le traitement par clétartragc-surfaçage rad icu la ire pe rmet
révèle nécessaire, les corticoïdes en cure courte doive nt, en l'ab- de réduire l'hémoglobine glyquée de 0,4 % après 3 à 4 mois [271.
sence de contre-indication, être préférés aux ami-inflammatoires Comparé à l'eJfet de réduc tion par exercice physique (0,665 %), ce
non stéroïdiens (AINS). résultat n'est pas négl igeable.
Dès le début du trai tement parodontal, le statut glycémique du
Patients sous nouveaux anticoagulants oroux (NACO) patient doit être évalué. Dans le cas d'un pa tie nt diabétique, le
De nouveaux anticoagulants non-AVK - dabigatran 5, ri varoxa- patient doit être informé des conséquences de sa glycémie sur son
ban" ct apixaban 7 - sont uti lisés dans la prévention des accidents étal parodontal, c t des conséquences de son é tat parodontal sur sa
thrombo-emboliques chez des patients atteints de fibr illation auri- glycémie. Le praticien endocrinologue ou d iabétologue peut éga-
culai re non valvulaire requé rant un traite ment a nti coagulant oral. lement être contacté dès le début du trai tement pour l' informer du
Con trairement aux AV K, ces no uveaux amicoagu lants ne néces- statut parodontal de son patie nt e t de notre traitement. Tout au long
s itent pas de s urvei llance biologique de routi ne . Néanmoins, leur elu trai tement, le taux d'hémoglobine g lyquée doit ê tre surveillé. Il
util isat ion peut être associée, comme pour tout anticoagulant, it la est du devoir du c hirurgien-dentiste de motiver le patient à contrô ler
survenue de co mplications hé morragiques, parfois graves ( Haute sa glycémie, à avoir une activité physique régulière et à contrôler
autorité de santé [HASJ, 20 13). A uc un antidote n 'est disponible son alimentation.
Dans le cas où le malade parodontal ne connaît pas son taux de
1. Plavix'". glucose ou d ' hé moglobine g lyq uée, un bilan sanguin peut ê tre pres-
2. Previscan" .
3. Sintrom'", Minis introm" .
4. Coumadinc" . 8. Les recommandations sont disponibles sur le s ite www.sgar-ssar.ch. Le
5. Pradaxa®. groupe d'cxpens Rivamxaban and allltesthesiology est soutenu par la maison
6. Xarclto'". Bayer (Suisse) SA. Le contenu de ces recommandations sc fonde unique-
7. Eliquis"'. ment sur les opinions des membres du groupe de travail.
CHAPITRE 53- ÉTAPES THÉRAPEUTIQUES 439
..
ETAPE 2 : TRAITEMENT INITIAL codifié et standardisé, les autres phases du traitement initi al sont
spécifiqueme nt adaptées à chaque patient.
Sylvain Leymarie
~ CONTRÔLE DE PLAQUE
Le traitement paroclontal initial, souvent appelé « thérapeutique
De nombreux te rmes sont uti lisés pour désigner le contrôle de
initialc9 >>, comprend l' information du patient aux techniques de
plaque : hygiène orale, hygiénothérapie, instruction à l' hygiène,
contrôle de plaque adaptées il son cas, le détartrage-surfaçagc radi-
séance de motivation, etc. Il est clair que le terme d' hygiène prête à
culaire (DSR), l' admini stration d' antibactériens locaux ou le cas
confusion en parodontologie.
échéant généraux, et tout acte de chirurgie denta ire visant à réduire
L'hygiène a fa it reculer la prévalence des maladies infectieuses
la charge bactérienne ou à limiter la recoloni sation des surfaces
dans le monde (le lavage des mains est la prévention essentielle
ora les (extractions, dépose de restaurations iatrogènes, polissages
du choléra). Ainsi, visant ü prévenir les infections et l'apparition
d 'obturations, etc.). En dehors du DSR, acte techniquement bien
de maladies infectieuses, l'hygiène et l'ensemble des mesures qui
l' accompagnent s' adressent à des individus sains. Le lavage des dif-
9. L'expression « thérapeutique étiologique » (etiological therapy ) est par- fére ntes parties du corps, y compris de la cavité buccale, est un acte
fois utilisée, laissant sous-entendre le caractère causal de la plaque bacté- de prévention individue l. L'hygiène n' est donc pas un traitement
rienne dans l' init.iation ct le développement des maladies parodontales. Cette mais un acte de prévention.
terminologie, typiquement française car peu retrouvée dans la littérature
internationale, est à éviter car l'étiopathogénie des maladies parodontales Chez les sujets malades, comme c' est le cas des patie nts atteints
s'affranchit aujourd'hui de l'agent causal unique que serait la plaque den- de maladies parodontalcs, l'expression de contrôle de plaque est pré-
laire ; or le traitement initial vise à réduire la charge bactérienne, c'est-à-dire férable car il s' agit de restaurer la santé parodonta le en rédui sant la
la quantité de plaque. Le niveau de preuve incriminant la plaque bactérienne charge bactérienne à un ni veau compatible avec la tolérance indi vi-
dans la genèse des maladies parodontalcs est fai ble j i5J. Tous les indivi-
dus présentent de la plaque. Celle-ci est indispensable à l'homéostasie de la due lle de chacun. On parlerait donc de contrôle de plaque pendant la
cavité buccale. La plaque est donc nécessaire mais pas suffisante au dévelop- durée du traiteme nt et d' hygiène pendant le sui vi. Il reste cependant
pement des maladies parodontalcs. L'affirmation de l'étiologie bactérienne préfé rable de suggérer à un patient d' « améliorer son contrôle de
des maladies parodontales est expérimentalement juste mais épidémiologi- pl aque >> si cela s'avère nécessaire pendant le suivi, plutôt que de
qucment !":lUsse : la plaque dentaire n'est jamais identifiée comme facteur
lui signaler qu'i l a une << mauvaise hygiène >>. La notion d' hygiène,
de pronostic dans les études épidémiologiqucs. On ne peut cependant que
constater l'indispensable prérequis d'un contrôle de plaque de qualité dans le assez souvent culpabilisante, entache la relation médecin - malade
succès des traitements parodontaux. d'un rapport dominant - dominé défavorable à l' adhésion au tra ite-
440 PARTIE 10- PLANIFICATION TH ÉRAPEUTIQUE
mcnl. En résumé, d'une façon géné rale, on évite ra d ' utili ser le mot avec le retour à la santé parodontale. En 1995, Q ui ryncn 124], puis
<<hygiène», pe u propice à l'empathie, en lui substituant l'expression Bollc n e n 1996 1101 proposent de réal iser le détartrage-surfaçage en
de contrôle de plaque. 24 he ures e n deux séances e t de l' associer à une dés infect ion à la
L' in fo rmation sur les mesures ndaptées au malade pour contrôler c hlorhex idine par le praticie n puis par le patient pendant 6 semaines.
la plaque dentai re doit être réal isée en début de thérape utique ini- La désinfection globale est née, avec pour concept d'éviter la recolo-
tiale e n une ou plusie urs séances, pnr le praticien lu i-même ou toute nisation bactérienne entre chaque séance de surfaçage.
personne formée à la délivrance de cette in formation. Une approche Dans le cadre du traitement des parodontites chroniques, il appa-
comporte mentale e t psychologique sera spécifique à chaque pntient , raît aujourd 'hui que l'avantage de la désinfection globale e n termes
le message individualisé é tant re no uvelé à c haque séance (voir
de gai n d 'attache est infi me c t ne présente pas de supériorité cl inique
c hapiu·e 59).
réelle. D' un point de vue microbio logiquc, les données sont contra-
dictoires ct ne permettent pas de d iffërencie r les deux protocoles
.... DÉTARTRAGE-SURFAÇAGE RADICULAIRE L26J.
Un nombre bien intërieur d ' é tudes o nt évalué l' intérêt de la désin-
Parfois impropreme nt quali fié de << radic ulaire 10 », au cours du fection globale dans le tra itement des parodo nti tes agressives géné-
traitement initial, le détaru·age-surfaçage n'inté resse pas seulement ralisées. Cependant, œtte a pproche semble présenter des avantages
la paroi dentaire, mais aussi la paroi g ingivale lors du débridement cliniques significatifs (gain d'attache) et microbiologiques (réduc-
de la poche parodontale. Ce traitement mécanique professionne l tion du ta ux de bactéries pathogènes) lors du traitement des paro-
de la poche parodontalc est J'acte majeur non seule ment du trai- dontites agressives [2].
teme nt initial, mais a uss i de tout traite me nt parodontal, y compris
c hirurgical. Associé à l'élimination de la plaque supragi ngivale par
le patient , il va permettre de prévenir la recolonisation bactérie nne. .... ANTIBACTÉRIENS
Le détartrage-surfaçage est un acte à réaliser sous a nesthésie
locale, à l'aide d ' une instrumentation manuelle (cure ttes e t détar- La prescription d ' antibactériens locau x pendant le traite ment
treurs), sonique ou piézoélectrique (voir chapitre 57). L'utilisat.ion initial est la règle. Il s ' ag it le plus souvent d ' antiseptiques sous
des instruments piézoélectriques et soniques ne présente pas d'avan- forme de bains de bouches ( la chlorhexid ine est la référence). Plus
tage en termes de résultats cliniques correspondant au nettoyage des rarement, des antibacté riens sont utilisés in situ dans les poc hes
s urfaces [26]. Elle pe ut cependant apporter un confort d'milisati on parodontales (voir chapitre 58). Une antibiothé ra pie probabiliste
ct une diminution du temps de u·aitement pour le praticien et un par voie orale pe ut être prescrite en complément du débridement
me illeur ressenti pour le patient. mécanique. O n peut y fai re appel dans le traitement des parodontites
Classique ment, Je détartrage-surfaçage est réalisé en plus ieurs agressives ou clans les parodontites sévères après analyse au cas par
séances, par quadrant ou sextant à une semaine d ' inte rvalle, après cas. Lo rsqu ' e lle sera prescrite, elle devra être ciblée au mieux et son
obtention d'un niveau de contrôle de plaque individuel compatible administration devra être concom itante au traitement mécanique,
sans dépasser 7 jours 126] . Dans le cas d'un trai tement initial dépas-
lü. Le détanrage-surfaçage radiculaire (DSR) est la traduction littérale de
l'expression anglaise" scaling and root planing » (SRP). On ne croise plus sant cette durée, un débride ment complet du biofilm infragingival e n
guère souvent cc terme dans la littérature internationale actuelle. début de prescription sera nécessaire.
.. .. ..
ETAPE 3 · REEVALUATION La réévaluation est une é tape clé du traite ment paroclontal. Elle
permet de mesurer les résultats obtenus par le traitement initial et de
PARODONTALE décider d ' un éventuel traitement complémentaire. C'est en général
il ce stade que le plan de traitement. prévisionnel, établi dès les pre-
Jacques Malet miè res consu ltations, est finalisé.
La réévaluation est effectuée environ 3 mois après le traitement
initia l. Cc délai arbitraire correspond au temps nécessaire pour que
Points clés
les tissus parodontaux re trouvent un é tal de santé quasi optimal. La
• La réévaluation est effectuée environ 3 mois après le tendance aujourd' hui est de rédui re ce temps de latence à 2 mo is.
traitement initial. Dans certaines parodontites nécessi ta nt un me ille ur recul, le délai
• Les mesures cliniques sont les mêmes que celles enregis- peut être porté à 4 mois.
trées lors de l'examen c linique parodontal initial. Cette séance est donc consacrée à un examen clinique minutieux
s' appuyant sur des mesures et aboutissant à une prise de décis ion.
• Ces mesures cliniques permettent de modifier et finaliser
le plan de traitement prévisionnel. Pour que les mesures réalisées pu issent: être interprétées correcte-
me nt, elles doivent être comparées à celles effectuées a u momen t de
• Les poches> 3.5 mm présentent habituellement un gain
l'examen in itial. Les paramètres clin iques mesurés sont les mêmes
d'attache clinique.
que lors de l' examen clinique parodontal initia l.
• En cas de profondeur de sondage :s 3,5 mm, on observe
une perte d 'attache.
CHAPITRE 53- ÉTAPES THÉRAPEUTIQUES 441
.... INDICE DE PLAQUE 81. L a réduction de la profondeur de sondage combine : ( 1) une réces-
sion gingivale, (2) une réattache complète ou patticllc des tissus mous
Cet indice permet d'évaluer l'efficaci té du contrôle de plaque et peut à la suti 'ace radiculaire clue à la reformation d'une attache conjonctive
être considéré comme une interprétation indirecte de la coopération du gingivale et d' un long épithélium de j onction, ct (3) une augmentation
patient. Quelle que soit sa valeur initiale, l ' indice de plaque (dicho- de la résistance (verticale et latéral e) au sondage due 1l la réduction de
tom ique) doit être ramené à des valeurs faibles au stade de la rééva- l ' inllammation. La persistance de poches parodontales va orienter le
lu~ttion (< 20 %). Dans le cas contraire, il est prélërable de repotter la
praticien vers un supplément de traitement, chirurgical ou non.
mesure des autres paramètres cliniques tant que cet indice reste élevé.
\ \ \
Sulcus r·-------- Récession
gingivale 1
----- -------------
Attache
Sulcus ]_____ __ ______ _ - -- - -
épithéliale
Attache
J::: Poche
parodontale
Attache
épithéliale
conjonctive
1 Long épithélium
de jonction
Attache
N
A. Santé B. Parodontite C. Long épithélium de jonction
Figure 53·2 Effet du traitement initial sur le système d'attache. a) Santé parodontale. b) Parodontite: on note un œdème gingival, une perte
d'attache, la présence d'une poche, une résorption de l'os alvéolaire. c) Système d'attache cicatriciel après traitement initial :on note la suppres-
sion de l'œdème, la présence d'une récession gingivale post-opératoire, un gain d'attache modeste, un long épithélium de jonction, l'absence de
gain osseux.
442 PARTIE 10 - PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
..
ETAPE 5 : BILAN DE FIN dontiquc et réhabil itation prothétique. Le pratic ien s 'assurera des
points suivants.
DE TRAITEMENT /. La maladie es/ .Happée. L'absence d ' infecti on et d ' inflam-
mation cl inique, c'est-à-dire de s uppurat ion ct de sai g ne ment ,
Philippe Bouchard indique l'arrêt de l'évol ution de la maladie. C 'est le rôle de la
thé rapeutique in iti al e que de s upprimer ces sym ptômes. Le bilan
de fi n de tra itement ayant souve nt li eu à di stance de la réévalua-
Points clés
tion , o n devra constater éga lement l' absence de perte d 'attache
• Le traitement parodontal peut nécessiter une réhabilita- cont inue.
tion orale complexe ou s'inscrire dans celle-ci. 2. Les séquelles susceptibles d'entraîner une récidive à cour/
• Dans tous les cas, le retour à la santé parodontaie est terme sun/ éliminées. La pers istance de poches parodonta les (pro-
obligatoire avant tout traitement non parodontal. fondeur de sondage~ 4 mm) crée les conditions idéales de réc i-
di ve. li fa ut donc supprime r les poches pa rodontales. C ' est le rôle
• On entend par" santé parodontale" l'absence de sai-
des thérapeutiques parodontales non ch irurg icales ou c hirurg i-
gnement et de suppuration ainsi qu'une profondeur de
sondage s 3 mm. cales d 'éli mination des poc hes parodo ntal es e t de gain d ' attache.
J . Les séquelles susceplibles d 'emrafrrer une absence de slabililé
• On d istingue le bilan d e fin de traitement parodontal du
de la santé parudorrtale ii l01rg /e rme sont lrailées. Un phénotype
bilan parodontai de fin de traitement, multidisciplinaire.
gi ng iva l fin ct/ou une hauteur limitée de gencive attachée peuvent
entraîner des dou leurs au brossage qui sero nt préjudic iables a u
maintien d' un niveau de plaque compatible avec l'absence d' in-
Le traite ment parodontal peut nécessiter une réhabilitation orale
flammati o n. La chi rurgie p lastique parodo ntale peut a lors être
co mplexe impliq uant une approche globale multidisciplinaire (trai-
nécessai re. Une occlus ion instable e t/ou des éde nteme nt s no n
teme nts no n parodontaux) ou s' inscrire dans celle-ci si l'obj et pre-
compensés cons tituent des l'acteurs de risque chez des patie nts s us-
mier n' est pas le traitement de la maladie parodo ntalc mais le réa-
ceptibles. Des thérape utiques mul tidi sciplinaires, o rt hodontiques
lignement des dents, leur re mplacement ou l'amélioration de l'es-
et/ou prothét iques, peuvent alors s' avérer nécessaires. L'ensem ble
thétiq ue du sourire (traiteme nt multidisciplinaire). Le retour à la
de ces traitements ne pourra commencer q u ' après arrêt de la mala-
santé parodontale est un préalable à tout traitement orthodon tique
elie e t s uppression des poches parodontales.
et à tollle ré habilitation prothé tique (amovible, dento- ou implanta-
4. Le palient est satL1jait. Le traitement do it répondre au motif ini-
portée). Il convient donc de distinguer le bilan de fin de traiteme nt
tial de consultation consig né s ur le dossier médical. Si cette demande
parodonta l, qui cons iste à s' assure r du retour à la s anté parodon-
ne peut être technique ment sati sfaite, il convient d'en avertir d 'em-
tale, prérequis à tout traite ment supplémentaire non parodontal , ct
blée le patient afin de redéfi nir avec lui les objectifs thérape utiques.
le bilan parodo ntal de fin de tra ite ment, qui cons iste à s' ass ure r de
Il arri ve parfois que le patient ne soit pas conscie nt des symptômes
la pérenn ité des résultats du traitement parodontal après traitements
de la maladie . 11 faut alors lu i signaler ces symptômes afin qu ' il
multidisc iplinaires (Figure 53-3).
puisse juger de l'efficac ité du traite ment. L' absence de saignement
constitue sou vent à cet égard un excellent paramètre de satis faction.
.... BILAN DE FIN DE TRAITEMENT PARODONTAL En fin de traitement, sa ignements, suppurations, doule urs, mobil i-
tés et halitose doivent avoir d isparu. Lorsque la demande esthétique
Le bilan de fin de traitement parodontal consiste à s'assurer du est présente, la pers istance de migrations secondaires fera l'objet
reto ur à la santé parodontale du patient. Il sera le point de référence d ' un traitement orthodontiquc s i besoi n est . De même, la présence
du suivi parodontal. 11 auto rise la s uite éventuelle d ' un traitement de récess ions g ingivales et de pertes de papilles gi ngivales entraî-
multidisciplinaire incluan t chirurg ie plastique, traitement ortho- nant un préjudice esthétique pourra être compensée par la chirurg ie
444 PARTIE 10 - PLANIFICATION THÉRAPEUTIQUE
Maladie
Parodontale
Traitement
initial
Persistance de saignement/
suppuration
Réévaluation
Persistance de poches
parodontales
Santé
Traitements complémentaires
Parodontale
parodontaux
=
• Absence de saignement/
suppuration
• Profondeur de sondage Bilan de fin de traitement
53 mm parodontal
~
1
• Absence de perte
d'attache
Traitements
multidisciplinaires
Absence de traitements - Chirurgie plastique parodontale
supplémentaires non parodontaux -Traitement orthodontique
- Réhabilitation prothéique
L Suivi
Parodontal
Bilan parodontal
de fin de traitement
Figure 53-3 Place des bilans parodontaux dans le déroulement d 'un traitement.
plastique parodontalc c t/ou pa r un tra itement prothé tique à visée me nt un charting lim ité à l'enregis tre ment de l'indice de sai gne-
cosmétiq ue. ment e t de l' indice de plaque e t une véri fica tio n de l'occlus io n s i
En pratique, le bilan de fi n de trai te me nt pnrodo ntal aura li e u 4 celle-c i a é té mo di fiée par le traite me nt. Éventuelle me nt, un char-
à 8 semaines après la fin du tra itement parodontal. Il compre nd ra ting complet et des exame ns complé me ntaires radiographiques c t
ob li gatoire me nt un charting comple t, une vérifi catio n de l' occ lu- m ic robio logiques pourront ê tre effectués e n fo nc tion de la com-
s ion c t éventuelle m e nt des exame ns complé m e ntaires radiogra- plex ité du cas. Le contrô le de plaque ind ividue l sera vérifié. Toute
phiques c t m icrobi ologiques e n fo nc tion de la comp lex ité d u cas. modification de l'état géné ral sera égale me nt cons ignée clans le
Le contrô le de plaque indiv idue l se ra vérifié. Toute modifi catio n dos sier méd ica l.
de l'éta t géné ral sera co nsignée dans le dossier méd ical.
Implications cliniques
.... BILAN PARODONTAL DE FIN DE TRAITEMENT
• Le bilan d e fin de traitement parodo ntal a lieu 4 à
Le b ila n parodontal de fin de traite ment cons is te à s' assurer de 8 sem a ines après la fin d u t ra itement p aro d ontal et com-
la pé re nnité des résultats d u t raite ment parodo ntal après un tr ai- prend obligatoire me nt un charting complet, une vérifi-
teme nt multidisciplina ire. E n princ ipe, un s uiv i parodonta l, sous cation d e l'occlusion et d e l'état d e santé d u malade.
la responsa bilité du parodontistc, do it avoir lie u pe ndant toute la • Le bilan parodontal d e fln de traitement m ultidiscipli-
durée des traite me nts non par odo ntaux , e n partic ulie r lors des naire a lieu lors de la p re m ière visite d e suivi parodontal
traite me nts o rthodontiqucs. Le b ila n parodo nta l de fin de tra ite- e t comprend obligatoirement un charting lim ité en p rin-
me nt devra it e nsu ite ê tre limité à vér ifi e r : ( 1) l'état sati s fai sant c ipe à l'enregistrement de l'indice de saignement et de
du parodonte a près aue inte des o bjectifs thérapeut iq ues du trai- l'indice de plaque, une vérification d e l'occlusion et de
te me nt plurid isc ip li naire, (2) l' a bsence d ' in namma tio n, e t (3) la l'état de santé du malade.
satis fac tion du patie nt. Cependant, il pe ut a rriver qu'à ce s tade
une réinte r vcnt ion parodonta le, e n partic ulie r de c h irurgie plas-
tique , so it indiq uée .
POUR EN SAVOIR PLUS
En pratique , le bilan parodo ntal de fin d e tra ite m ent pourra ê tre
e ffec tué immédiate m ent après la fi n du traite me nt mu ltid isc ipli- Rapley JW. Pe riodontal. and dental implant mainte nance. ln : Rose
naire ou, le p lus souvent, lo rs de la pre m iè re vis ite de suiv i paru- L F, Mealey BL, Genco RJ, Cohen W (Eds). Periodontics.
Elsevier Mosby ; 2004. p. 264-27 1.
do ma l s i celle-ci n' excède pas 3 mo is. Il compre ndra o bligato ire-
CHAPITRE 53- ÉTAPES THÉRAPEUTIQUES 445
Après chirurgie parodontale résectrice, les complications les plus médical du patient, adhés ion au progra mme spéc ifique d ' hygiène
fréque ntes sur les multiradiculécs sont les fractures radic ulaires ver- orale, qualité de la stabilisati on de la maladi e, ni veaux d' attache,
ticales et 1'apparition de lésions c ndodontiques [ 16]. Il conviendra indices inflam matoires, présence de facte urs de risque locau x).
de vérif·ier régulièreme nt la vitalité de ces dents. Chez les paùe nts En principe, 10 à 15 minutes sont réservées à l'examen clinique
parodontaux, on observe plus de perte osseuse autour des dents trai- el à la réévaluati on, puis 30 à 40 minutes dévolues à une instru -
tées endodontiquement qu ' autour des dents pulpées [30] . Ainsi, le mentation douce (partie non active des cure ttes ma nuelles e t/ou
niveau d'attache autour des de nts traitées endodontique me nt sera inserts ultrasonores) achevée par le polissage au moyen de pâtes
évalué avec précision lors du suivi. fl uorées.
Ce suivi parodontal n'est pas synonyme de prophylaxie orale.
Le site à risque Cette dernière s' adresse à des sujets sains non parodontaux (préven-
tion primaiJe). Classiquement, la prophylaxie cbez l' adulte consiste
Aucune variable isolée ne peut prédire eflicacementla perte d' at- e n un détartrage-polissage biannuel.
tache au niveau d'un site. C'est la combinaison d'au moins deux fac-
teurs (profondeur de sondage, saignement au sondage, perte osseuse
vérifiée radiographi qucmcnt, suppuraùon) qui augmente le risq ue .... OBSERVANCE
de perte d'attache. Le signe clinique le plus << prédictif » est le sai -
gne ment au sondage associé à une poche parodontale profonde. La L'obse rvance ou compliance est un élé ment clé de la réuss ite à
présence d' une suppurati on augmente également le risque de pro- long terme du traiteme nt pa rodontal. Cette observance concerne
gression de la maladie, mais uniqueme nt en combinaison avec un la régularité des visites et la qual ité du contrôle de pl aque effectué
des autres paramètres [2 1]. Une différence négati ve de la profonde ur par le patie nt. En l' absence de contrôle de plaque supragi ngival
de sondage 2: 2 mm entre deux séances correspond avec certitude 2 à 3 mois après détartrage- surfaçage, on o bserve à nouveau un
à une perle d'attache. Une différence de 1 mm peut êtJe due à une rati o de parodontopathogènes au sein du biofilrn non compatib le
erreur de sondage. avec la santé du parodonte. Des travaux ont montré qu'un sui vi
parodontal comprenant un dé tartrage - poli ssage supraging ival ,
.... PROCÉDURE DE SUIVI voire un surfaçage sous-gingi val , permet d'év ite r la réc idive chez
des patie nts préalabl ement traités pour une parodontite chronique
La procédure de suivi parodontal comporte classiqueme nt : sévère.
- une actualisation du dossie r médical et de ntaire;
- un examen clinique des tissus mous extra- el intra-oraux ;
- un examen clinique dentaire comprenant un contrôle occlusal ; Implications cliniques
- une réévaluation parodontale 14 comparée à la précédente ;
• Le rythme a nnuel des séances de suivi est de 2 à 4 et
- un détartrage complet supra- et sous-gingival ; adapté à c haque patient.
- un surfaçage locali sé si nécessaire 15 ;
- un polissage complet des surfaces dentaires ; • La q ualité d u contrôle de plaq ue individuel est vérifiée.
- une réévaluation de l'efficacité du contrôle de plaque indivi- • Il n'est pas nécessa ire de sonder la totalité des sites mais
duel ; seulement les sites à risque.
- des examens compléme ntaires si nécessai re : examens biolo- • l 0 à 15 minutes sont réservées à la réévaluation clinique.
giques, radiographies, examens microbiologiques. • 30 à 40 minutes sont dévolues à une instrumentation
Les examens compléme ntaires n'ont d'inté rêt qu'en comparaison douce et à un p olissage.
avec des données initiales. Une imagerie dite << de rouùne >> n' a pas
de sens puisque les maladies parodontales ne sont pas des mala-
dies osseuses mais du système d 'attache de la dent. On privilégiera
les radiographies rétroalvéolaires long cône, locali sées aux sites à POUR EN SAVOIR PLUS
risque. Une radiographie panoramique pourra être pratiquée tous les Axelsson P, Nystrom B, Lindhe J. The long-term effect of a plaque
2 à 3 ans, tandis qu' un bilan long cône ne sera prescrit que tous les 6 control program on tooth mortality, caries and pcriodontal
à 7 ans chez un sujet ne présentant pas de réc idives. disease in adults. Results after 30 years of maintenance. J of Clin
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La phase de suivi commence après l'étape du bilan de f-in de Lang NP, Tonetti MS. Periodontal risk assessment for patients in
traite ment. Dans la pratique clinique, le rythme des séances de supportive periodontal therapy (SPT). Oral Health & Prcv Dent,
suivi est fonction des paramè tres précédemme nt évoqués (profil 2003, 1 ; 7- 16.
14. Elle enregistre les mesures des mêmes paramètres cliniques que celles
relevées après le traitement initial (voir plus haut): indice de plaque ct indice
de saignement dichotomique, profondeur de sondage, niveau d'attache,
récessions gingivales. li n'est pas nécessaire de sonder la totalité des sites, BIBLIOGRAPH IE
mais seulement les sites à risque.
15. Comme nous 1' avons vu précédemment, le surfaçage des sites présentant 1. Aframian DJ, Lalla RV, Peterson DE. Management of dental
un sondage ::; 3,5 mm entraîne une perte d' attache. Ces sites doivent fai re patients taking common hemostasis-altering medications. Oral Surg
l'objet d'un simple détartrage-polissage. Seules les poches parodontales sont Oral Mcd Oral Pathol Oral Radiol Endod, 2007, 103 Suppl : S45
débridées à l'aide de curettes. e 1- 11.
CHAPITRE 53- ÉTAPES THÉRAPEUTIQUES 447
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Urgences
en parodontologie
Direction scientifique : Charles Micheau
de 59,7 % [6]. Néanmoins, leur survenue peut consti tuer un événe- Les raisons invoquées sont multiples: exacerbation des conditions
ment indésirable à tous les stades thérapeutiques et leur prévalence locales d'anaérobiose lors d ' une parodontitc préexistante, récid ive
semble également non négl igeable pendant la période de suivi profes- de la maladie, réinfcction d'un site, traitement parodontal inappro-
sionnel faisant suite au traitement. Des auteurs ont mis en évidence prié, surinfection après antibiothérapie, immunodépression transi-
la survenue d'au moins un abcès parodontal chez 37 % des patients toire (Figures 54-1 et 54-2).
en maintenance. L'échanti llon avait un suivi moyen de 12,5 ans (5 à
29 ans) 1171. Abcès à expression parodontale
Des abcès peuvent êt re observés hors du contexte des malad ies
parodontalcs. lis intéressent cependant les tissus paroclontaux.
Parmi les causes de ces abcès à expression parodontalc, l'inclusion
sulculaire d'un corps étranger au sein du tissu gingival est la plus
fréquemment évoquée. Des rapports de cas indiquent l ' inclusion de
poils de brosse à dents, fil dentaire, cure-dents, brosscttcs intcrdcn-
taires, d'aliments (coqu illages, pop-corn, etc.) ou encore de fi l s et
d'élastiques orthodontiqucs lîOI. Par ai lleurs, toute perturbation de
la surface radicul aire peu t générer un défaut elu système d ' attache
propice à l ' apparition d'abcès parodontal (voir chapitre 30). Les
anomalies radiculaires comme les tissures, fêlures, fractures, perfo-
rations radiculaires ct résorptions externes sont des causes souvent
évoquées (Figures 54-3 et 54-4). Enfin, une lésion d' origine endo-
dontiquc peut avoir une expression parodontalc (voir chapitre 74).
~ PATHOGÉNIE ET MICROBIOLOGIE
D'un point de vue physiopathologique, et de façon simple, l 'abcès
parodontal correspond à une pénétration bacté1ienne dans la paroi des
tissus mous de la poche parodontalc. Les cellules de défense sont alors
attirées par chimiotactisme et entraînent la destruction du tissu conjonc-
tif ct la production de pus 141. La charge microbienne des abcès paro-
dontaux est élevée et la composition du biofilm est comparable à celui
des poches parodontales profondes et des lésions parodontales actives.
On retrouve donc les parodontopathogèncs Gram négatif classiques :
P. gingivalis, P. intennedia, F nucleatum, P. micros mais aussi A. acti-
nomycetemcomitans, C. recrus, P. melaninogenica [10, 2 1]. Des cas de
Figure 54-1 Abcès parodontal entre 22 et 23 avec drainage. surinfections avec des Swphylococcus aureus ont été décrits [8].
a) Vue clinique vestibulaire. b} Extension palatine de l'abcès. La
poche palatine laisse sourdre une collection micropurulente et assure
ainsi le drainage. Dans ces situations où le drainage est assuré, les ~ DIAGNOSTIC ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
douleurs sont inexistantes en raison de l'absence de compression.
(Document Matthieu Frémont.) Diagnostic
La gencive exprime les caractéristiques de l 'inliammation tis-
sulaire : elle est tuméfiée (de forme ovoïde), rouge, œdématiéc,
d'aspect « soufné », lisse ct brillante. L' intensité de ces sy mptômes
est fonction de la sévérité et de l ' importance de l 'abcès : masqués
clans les situations initiales et profondes, les signes cli niques sont
souvent plus spectaculaires au niveau marginal. Les symptômes
varient alors de la si mple gêne à, plus rarement, la douleur intense.
La gencive se révèle plus ou moins hémorrag ique et douloureuse à
la palpation et à la percussion. La suppuration de l 'abcès collecté
est spontanée ou provoquée sous légère pression. La mobilité den-
taire varie en fonction de l 'atteinte desmodontale et la percussion
dentaire est le plus souvent douloureuse. Des manifestations sys-
témiques te lles que lièvre et adénopathie peuvent être observées.
Abcès gingival
Figure 54·2 Abcès parodontal entre 21 et 22 sans drainage.
L'abcès siégeant uniquement au niveau de la gencive est cantc-
t.:absence de drainage par la poche parodontale située entre les deux
dents a entraîné la collection suppurée. t.:obturation des poches paro- térisé par un œdème localisé. Il est le plus souvent douloureux et
dontales n'est pas fréquente, mais peut être parfois observée. Dans ne touche que la gencive marginal e et/ou intcrdentaire. Il intervient
ces situations où le drainage n'est pas assuré, des douleurs sont par- l'réquemmem sur un parodonte sain, sui te à l' impaction d'un corps
fois observées. (Document Charles Micheau.) étranger. C'est donc préférentiellement un abcès à expression paro-
CHAPITRE 54- URGENCES EN PARODONTOLOGIE 453
Figure 54·4 Abcès à expression parodontale dû à une fracture coronoradiculaire distopalatine de 16. La patiente, âgée de 55 ans, se
présente en urgence pour une douleur aiguë à la mastication. a) Vue clinique vestibulaire. Noter la présence de l'œdème gingival. La fracture est ici
facile à identifier. b ) Vue occlusale confirmant la fracture et identifiant la présence d'un trajet fistuleux en regard de la face palatine. c ) Objectivation
de la fracture après avulsion en urgence. (Document Matthieu Frémont.)
dont ale. L'abcès parodoma/ présente des symptômes similai res avec .... TRAITEMENTS
une aucintc toutefois plus profonde (sondage parodontal profond),
des auc inte de furcations c L des lésions osseuses verticales. Il est Le traitement de l' abcès consiste à soulager la douleur si elle est
souvent associé à la présence d'une parodontitc. présente, contrôler la diffusion de l'infection ct établir un drainage.
Différents traitements ont été proposés : drainage chirurgical ou non
Abcès aigu et abcès chronique chirurgical, débridement avec ou sans antibiotiques ct extraction den-
taire. Pour autant, un certain empirisme demeure car les études cliniques
L' abcès aigu présente les symptômes suivants : douleur, chaleur,
spécifiques sont rares ct aucun consensus n' a encore été val idé avec
sensibilité à la palpation, suppuration plus ou moins spontanée. L es
précisio n. L'approche doit être mixte, étiologique et symptomatique :
symptômes de l' abcès chronique sont souvent au énués voire asy mp-
soulager d 'abord ct stopper l ' infection, puis traiter la cause clans un
tomatiques. L' abcès parodont.al c hronique ne semble pas fréquent
second temps, une fois la situation d' urgence passée. Toute manœuvre
car il n'est que peu rapporté dans la lillérature.
'' à chaud » (drainage, incision, débridement) devra être menée avec
pmdcnce alln de respecter le potentiel de cicatrisation du parodonte.
Abcès localisés et multiples
L e traitement de l'abcès uniquement localisé à la gencive com-
L'abcès pamdonta//oca/isé est dû à la présence d ' un facteur local prend un débridement avec des ultrasons ou une curette (Figures 54-5
tel que le tarlre qui entrave le drainage de la poche parodontale. Les et 54-6). Il est poursuiv i par une désinfection locale ami septique par
abcès paradon taux multiples i nterv iennent dans des contextes médi- irrigation avec un mél ange peroxyde d ' hydrogène à 10 vol. el poly-
caux fragilisés (diabète non équilibré, patients poly médiqués, etc.) v idone iodée à 10 % 1• Un contrôle à 24 ou 48 heures est préconisé
ou présentant des résorptions radiculaires multiples. afin de confirmer l ' arrêt des signes.
L' abcès parodontal suivra également un protocole similai re de
Diagnostic différentiel drainage prudent. Une anesthésie de contac t ou par infi ltration pourra
être préconisée. L e drainage sc fera par la poche parodontale par sur-
L e diagnostic différentiel est capital car il conditionne le traite-
façage radiculaire en veillant à ne pas léser le parodonte adjacent en
ment. Il r epose sur une anamnèse ct un examen c l inique approfon-
entravant le potentiel de cicatrisation. Le drainage pourra également
dis afi n d 'établir l ' ori gi ne de la lés ion et de permellre le di agnostic
se faire, après désinfection locale, par inc ision externe à la lame
préc is (endodontique, kyste latéroradicul ai re, fraclllre radi culaire,
lésion combinée cndoparodontale ou abcès post-opératoire). 1. Bétadine" .
454 PARTIE 11 -URGENCES EN PARODONTOLOGIE
froide elu dôme abcédé jusqu' à la base de l ' abcès ct compression (AFSSAPS) [ 1J a recommandé en 20 I l de ne pas utili ser d' antibio-
digitale. Un sui vi à 7 j ours permeura de défi nir un diagnostic plus tiques dans le trai tement en urgence des nbcès parodontaux, li mi tant
préc is ct de mettre en place une thérapeutique étiologique adaptée la gestion de l ' urgence au débridement mécanique et à des soins
(surfaçage radiculaire, lambeau d'assainissement, etc.) . Toute irriga- d' hygiène orale ; la gestion « médicamenteuse » de l ' urgence consis-
tion sous-gingivale doi t être menée en situat ion d' urgence avec pru- tant en la prescription d' antalgiques et d'antiseptiques locaux.
dence pour éviter toute lésion, dissémination ou flambée infectieuse. Toutefois, toute investi gation « à chaud » sur un parodonte
L' utilisation des antibiotiques reste, quant ü elle, controver- abcédé peut provoquer des dommages et des lésions préjudiciables
sée. L' Agence française de sécuri té sani ta ire des produi ts de santé ainsi qu' une dissémination bactérienne propice à une bactériémie.
Figure 54·5 Traitement en urgence d'un abcès parodontal palatin au niveau de 27. a) Irrigation à la polyvidone iodée 1 % après débri-
dement aux ultrasons. Noter l'importance de l'œdème gingival. b) Dix jours post-opératoire. On constate la disparition des signes cliniques
de l'abcès. (Document Charles Micheau.)
Figure 54·6 Traitement en urgence d'un abcès parodontal (cas clinique de la Figure 54·1). a, b) Vues peropératoires après curetage
manuel et irrigation. c, d) Vues post-opératoires 8 jours après débridement. Noter la cicatrisation lente, par seconde intention, de la papille en
raison de l'absence de point de suture. (Document Matthieu Frémont.)
CHAPITRE 54- URGENCES EN PARODONTOLOGIE 455
.... DOULEURS POST-OPÉRATOIRES tés de traitement1 14]. Enf1n , il est clair que les lésions cervicales non
carieuses (LCNC) favorisent l' hypersensibi li té clentinaire.
Les chirurgies parodontales déclenche nt un processus inflamma-
toire caractérisé par les quatre signes cardinaux que l'on connaît :
rougeur, douleur, œdème, augmentation de la chaleur locale . Les
Mobilités : contention en urgence
douleurs post-opératoires sont prévis ibles et transitoires. Le niveau
de la douleur est fonction du type de chirurgie - une c icatrisatio n de Même si la mobi lité n 'est pas un facteur de pronostic ma is de
première inte ntio n déclenche de mo indres douleurs - , mais est aussi d iagnostic, il convient de ne pas la nég liger car e lle const.itue un
infl uencé par l'état psychologique du patient (anxiété, entourage). motif fréquent d 'inq uiétude pour le malade.
Lopez et al. [ 16] ont également montré que 1'expérience du praticien
avait une influence sur la morbid ité post-opératoire. La prescriptio n
d 'antalgique de ni veau 1, telle paracétamol, suffit à soulager la plupart .... INDICATIONS
des douleurs provoquées par les chirurgies parodontales. Rashwan, en
La mobilité et l' hypen nobilité sont des motifs fréquents de cons ul-
2009 [l 8], a montré l'équivalence d'efficacité entre l'association para-
tation d ' urgence. Ces mobilités induisent une anxiété, des attitudes
cétamol - caféine et l' ibuprofè ne 400 clans le contrôle de la douleur
parafonctionnellcs, un arrêt du brossage parfois. Le patient craignant
post-opératoire au cours de la chirurg ie paroclontale d 'assainissement.
de perdre la dent causale, il est indispensable de proposer une solu-
tion même transitoire. L'étiologie des mobilités est multiple mais est
.... HYPERSENSIBILITÉ DENTINAIRE toujours associée à une atteinte du ligament alvéolodentaire, comme
lors d ' un traumatisme occlusal, d 'un abcès ou parfois lors des lés ions
li s'agil de douleurs aiguës émanant de la dentine radiculaire it endoparodontales. La première étape consiste donc à établir le diag-
la suite d ' un stimulus mécanique, thermique ou chimique. En effet , nostic ét iologique. Quand la de nt présente une mobilité 3, l' indicat.ion
lors de la ma ladie paroclontale, il se produit souvent des récess io ns d ' une contention do it être posée afin de permettre au patient de retrou-
ging ivales entraînant une exposition des tissus radicula ires. La ver une fonction occlusale stable.
racine est recouverte seule ment d ' un céme nt très fin qui peut être
retiré lors des surfaçages, la issant ains i la de ntine à nu, à l'orig ine .... TECHNIQUES
ainsi des phénomènes d' hypersensibil ités clentinaires.
Après un surfaçage (chirurg ical ou non), d e no mbreux patients Si une interférence occ lusale est décelée, sa correction devra inter-
décrivent une phase d ' hypersens ib ilité clentinaire l5]. Cette phase, venir avant la réalisation de la contention. La contention en urgence
souvent te mporaire (quelques semai nes) peut dans certains cas per- peut être réalisée par collage de la dent mobile aux deux dents colla-
sis ter. Kontturi-Narhi rapporte q ue 26 % des patients traités chirur- térales à l'aide d' un composite fl uide ou d ' une colle 4-Méta2 S i une
g icalement et 16 % traités non c hirurgicalement présentent des clou- des dents concernées par le collage est une couro nne céramique, il
leurs persistantes [l 21. Dans ces cas d' hypersensibilité persistante, faudra préalablement préparer chimiquement la céram ique à l'aide
il faut donc mettre un traitement en place. Différentes molécules ont d' un acide fl uorhydrique. La pose d ' un champ opératoire est préco-
été proposées pour tra.iter cette sympto matologie douloureuse : ch lo- nisée pour fiabiliser la pérennité du collage.
rure d e strontium, monofluo ro phosphate de sod ium, nitrate de potas-
s ium. La combina ison d ' hcxamétaphosphate et de fluorure sta nneux
semble apporter un béné fi ce stable clans le temps 119 1. Perte dentaire par expulsion
Dans une méta-analyse, Lin et al. o nt mo ntré que les trai tements au
fauteui l utilisant la fermeture des tu bu li dentinaires par des traiteme nts spontanée
physiques (boncling, verres ionomères), chimiques (fluorures, oxa-
lates, nitrates de potassium) ou par photobiomo dulation (laser) mo n- .... GESTION DE L'ALVÉOLE
traient une supériorité versus un placebo. En revanche, les auteurs ne
notaient pas de d ifférences significatives entre les d iffére ntes modali- Deux cas de ligure peuvent se présenter :
- le patient arrive rapide ment après l'expuls ion dentaire ; dans
ce cas, il est souhaitable de retirer le tissu de g ran ulation présent
dans l' alvéole après une anesthésie préalable. Afin de maintenir de
vo lume alvéolaire, il est recommandé de comb ler l' alvéole clégra-
nulé avec un collagène résorbable 3 ;
- la dent est expulsée depuis quelque tem ps ; la réépithélialisa-
tion de surface est alors souvent extrême ment rapide. Il faudra s' abs-
tenir de to ute manœuvre d' urgence au niveau de l' al véole .
colle 4-Méta4 • Une fois le collage réalisé, il est important de vérifier ments. Les antivi tamines K et les agents antiplaquettaircs sont des
l'absence de tout contact occlusal dans les mouvements fonctionnels. médicaments anticoagulants destinés ii préveni r la thrombose, à en
En revanche, si le patient ne rapporte pas la dent expulsée, on limiter l'extension et à évi ter l 'embolie. Leur assoc iation avec les ami-
utilisera dans les même' cond itions décrites précédemment une dent inflammatoi res non stéroïdiens (AINS) et les salicy lés est déconscillée
du commerce après avoir choisi la l'orme et la teinte les plus proches au vu du risque hémorragique accru.
des dents encadrant la zone édentée.
4. Superbond"'. 5. Exacyl"'.
Protocole opératoire
Figure 54·9 Remplacement de ntaire en urgence.
b
a) Abcès parodontal associé à une poche profonde sur b) Extraction de la c) Un mordançage des dents collatérales est réalisé.
une racine très courte entraînant une mobilité terminale. dent puis section
de la portion coro-
naire destinée à être
conservée.
(Document
Charles Micheau.)
d) La dent est collée avec un composite fluide. Le repo- e) Vue post-opératoire en fin de collage.
sitionnement est réalisé grâce à une clé en silicone ou
emplâtre prise avant l'extraction.
458 PARTIE 11 -URGENCES EN PARODONTOLOGIE
pour traiter les gi ngi vites et les formes légères ou modérées de paro-
dontitcs, on considère qu'elle est partie intégrante du traitement non
chi rurgical, même si des sites, voire des sextants, sont réinstrumentés
it l ' aveugle après réévaluation. On entend ainsi par << tr aitement non
chimrgicai » l a combinaison d'une information (le contrôle cie p laque)
et d ' un geste (le détartrage-surfaçage radiculaire [DSR]) sous-tendus
par un objecti f : l'él imi nation des poches parodontales. On compren-
dra alors qu ' un tr aitement parodontal chez un patient donné peut être Figure 55· 2 Gingivite liée à la plaque dentaire chez un homme
non chirurgical au niveau de certains sites (réinstrumcntés après théra- de 27 ans. a) Situation après une information sur le contrôle de plaque.
peutique initiale) ct chirurgical au niveau d ' autres sites. b) Vue clinique immédiatement après la séance de détartrage. Remarquer
l'efficacité du contrôle de plaque professionnel sur la diminution de l'in-
flammation au niveau des papilles. (Document Matthieu Frémont.)
Rationnel
Bouleversement majeur dans la compréhension des mécanismes
L'étude humaine princeps à l'origine de la relation causal e entre pathogéniques, le concept. de biofi l m nous a fa it comprendre les inte-
inflammation gingivale et accumulation de plaque bactérienne est celle ractions bactériennes au sei n de la plaque (coagrégat.ion, quorum
de la gi ngi vite expérimentale r31- Des étudiants présentant une gencive sensing, résistances) et les mécanismes d ' inhi bi tion des antimicro-
saine arrêtent toute mesure d' hygiène orale pendant 2 à 3 semaines. biens (voir chapitre 22). L e traitement des ma ladies parodontales ne
La plaque s'accumule en augmentant d'épaisseur ct devient visible à peut donc s' affranchi r cie la désorganisation mécanique du biofilm,
l 'œi l nu. O n note après 2 à 3 semaines l'apparition des signes cliniques afin (1 ) d' interrompre la commun icati on bactérienne autorisant l'ad-
de la gingi vite. Cette inflammation, caractéristique des maladies gingi- hésion et l ' agrégation des path ogènes ; et (2) de faciliter la pénétra-
vales induites par la plaque, est réversible en peu de temps lorsque les ti on des anti bactériens. Le débridement mécan ique est clone un p ré-
mesures d ' hygiène sont restaurées. En une semaine, la gencive retrouve alable à l'administration efficace d ' antiseptiques ct d ' anti biotiques.
son état initial. Outr e la relation causale entre plaque et in flammation,
cette étude montre aussi l 'efficacité du conu·ôle de plaque indivi duel
sur l' inflammation gi ngi vale. li est clone universellement reconnu
aujourd' hu i que le traitement des maladies parociontalcs passe par l 'él i-
Intérêt et limites
mination de l ' i nflammation occasionnée par la plaque bactérienne.
C' est un truisme de soul igner gue l ' intérêt maj eur du traitement non
L e développement des moyens d' investigation microbiologigues
chirurgical est l' absence d ' intervention chirurgicale. O n est en droit de
(cultures, sondes PCR 2) a pem1is de passer cie la ù1éorie cie l' infection
s'interroger sur cet intérêt en raison du développement des nouvelles
non spécifique quantitative (la plaque bact.érienne dans son ensemble est
techniques chirurgicales a minima. li est donc auj ourd ' hui di ffici le
à l 'origine de la maladie ; plus la charge e~t i mportanle, p lus la mal ad ie
d'opposer les approches chirurgicales et non chirurgicales car elles
est sévère) à la théorie spécifique qualitative (certains m icro-organismes
sont complémentaires et permettent une offre thérapeutique adaptée à
cie la plaque sont responsables cie la maladie, indépendamment de
chaque malade, pour ne pas dire à chaque praticien en fonction de ses
leur quantité). Il est donc aussi reconnu aujourd'hui que l ' intensité de
compétences. À les mettre en compétition\ les deux approches sont
réponse intlammatoire est moins associée à la quantité de plaque bacté-
simi laires et bénéficient au malade. Il semblerait cependant que le rap-
rienne qu'il sa composition. Cependant, la diminution non spécifique de
port coût/ bénéfice penche en faveur des traitements non chirurgicaux
la quanti té de plaque bénéficie toujours aux l issus gingi vaux adj acents
car ces derniers n' utili sent pas de produits issus de l ' ingénierie tissu-
au dépôt de plaque en réduisant l'in fi ltrat inflammatoire.
3. Cela nous paraît être une démarche sans intérêt mais les deux approches
2. Polymerase Chain Reaction. ayant fa it l'objet de tant. de combats passés, il convient d' e n dire un mol.
r CHAPITRE 55- PRINCIPES 463
Points clés chez les patiems atteints de malad ies parodomales. Chez les malades
atte ints de parodontite chronique, on cherche à obtenir un indice de
• Un brossage soigneux ne permet pas l'élimination en plaque ~ 20 % à la fin de la thérapeutique initiale. Cc pourcentage est
totalité de la plaque supragingivale. parfois d iffi cile à alleindrc, mais s'avère indispensable à la réuss ite
• Un contrôle méticuleux de la plaque supragingivale a du traite ment 2• L'optimisation de ce contrôle passe non seulement par
un effet bénéfique sur la composition et la maturation l' information du patient, mais aussi par des conseils personnalisés à
d e la plaque sous-gingivale. l'aide un matériel adapté à lui ct à lui seul. L' individua lisation de la
• Le contrôle de plaque supragingival a un rôle straté- prescription et des conseils est clone la règle.
gique dans le traitement des g ingivites.
• Le brossage traditionnel ne permet pas un contrôle de
plaque effic ace des espaces lnterdentalres. Effet du contrôle de plaque
• Le contrô le de p laque supraginglval ne permet pas la
réduction de la profondeur des poches parodontales.
supragingival sur la composition
de la plaque sous-gingivale
Le contrôle de la plaque supragingiva le est l'affaire du patient
La composition de la plaque supragingivale chez les patients
lui-même. Son amél ioration est une étape incontournable de tout
atteints de parodontite chronique d iffè re de celle des suj ets parodon-
traitement parodontal. La plaque dentai re est très adhérente ; elle ne
talemenl sains, car elle contient plus de complexe orange et rouge
s'élim ine que par frottement, c'est-à-dire par brossage ou par raclage.
[34] (voir chapitre 22). La plaque supragingivalc peut a ins i héber-
Une pression d' air à 6 bars (soufflette) ne déloge pas la plaque. Le
ger des parodontopathogènes en importante quantité, cc qui s uggère
contrôle physio log ique de la plaq ue par les mouve ments des joues et
son rôle potentiel en tant que réservo ir bactérien capable d'ense-
de la langue est insu ffi sant pour préven ir les pathologies carieuses
mencer et d ' infecte r les sites sous-ging ivaux [35]. Un contrôle de
ou parodontales. Dans les pays industrialisés, le standard d ' hygiène
plaque s upragingival permet donc une dim inutio n de la charge bac-
orale est le brossage biquotidie n après les repas, matin et soir, à l' aide
térienne sous-gingivale ainsi qu'une d iminution d u taux de certains
d ' une pâte dentifrice fluorée. Ces bonnes pratiques semblent diffi-
pathogènes comme Purphymmvnas gingivalis 17 1. En conclus ion,
c iles à respecter. On constate qu'après 1 minute de brossage- ce qui
un contrôle méticu leux de la plaque supragingivale a un effet béné-
paraît long po ur la plupart des sujets interrogés 1 - , environ 39 % de
fique s ur la composition et la maturation de la plaque sous-g ing ivale.
la plaque est éliminée [32 1. Cela indique que la plupart des individus
Néanmoins, le contrôle de p laque supragi ng ival ne permet pas la
ne sont pas tr ès e rficaces en termes d 'élimination de plaque et qu'ils
réduction de la profo ndeur des poches parodontalcs. Cela démontre
vivent sans doute en permanence avec une grande q uantité de plaque,
le caractère contri butif mais ins uffisant du contrôle de plaque supra-
même en sc brossant les de nts régulière ment une fois par jo ur. Il y
ging ival dans le traitement des parodontitcs.
a donc de la place pour la diminution de la p laque supragingivale
2. Une revue systématique indique que le contrôle de plaque professionnel
1. Cette étude montre que la durée de brossage est souvent. surestimée par n'a pas d 'effet sur la prévent ion des malad ies paroclontales lors du suivi sans
les patients. Le temps de brossage manue l a été objectivement estimé entre un contrôle de plaque individucl) l 8]. On imagine alors combien le contrôle
30 et 60 secondes, tandis que les patients croyaient brosser plus longtemps. de plaque individuel est important lors du traitement de la maladie.
CHAPITRE 56- CONTRÔLE DE PLAQUE INDIVIDUEL 465
quemcnt ou commercialement attractifs. Il n'ex iste pas aujourd ' hui Méthodes déconseillées
de preuve montrant la plus grande efficacité d' un modèle sur l'autre.
- Le brossage horizontal est sans doute le plus naturellement
Le choix com mercial étant important. il est rare qu' un pratic ien ne
utilisé en l 'absence d'information sur le contrôl e de plaque. Il
u·ouve pas le matériel adapté à son patient.
s'agit d' un mou vement de va-et-vient horizontal. L' inconvénient de
Quelques règles concernant le choix de la brosse 11 dents peuvent
cette méthode, outre l'érosion souvent observée sur les faces ves-
aider le professi onnel dans les consei ls qu ' il prod iguera nu patient
tibulaires, est l ' absence totale d'élimination de la plaque dans les
(Tableau 56-1). L'angulation des poi ls, leur densité ou l a forme de la
espaces intcrdcntaircs.
tête de la brosse ne semblent pas avoir un impact décisif sur l'effica-
- Le bmssage vertical consiste en un va-ct-vient uniquement ver-
cité du produit ( Figure 56- 1). Il semblerait toutefois qu ' une implan-
tical. Le plus souvent, le bombé des dents ne permet pas aux poils de
tation multidirectionnelle des poil s permette une meilleure élimina-
la brosse d 'accéder à la région gingivodcntaire.
tion de la plaque [291 (Figure 56-2).
Méthodes non conseillées
Techniques
- La méthode de Charters : initialement développée pour aug-
Plusieurs méthodes de brossage ont été décrites. Les différences menter l 'efficacité du brossage intcrprox imal, la tête de la brosse est
reposent essenti ellement sur la position de la brosse ct sur son mou- oblique mais en direction occlusale. Un mouvement de vibration et
vement. En termes d'élimination de plaque, la supéri orité d'une de rotation est app liqué. Cette méthode est efficace mais rarement
méthode n'a pas été prouvée. On s'efforcera donc d'améliorer quan-
applicable car peu naturelle et compliquée.
titativement ct qualitativement la technique utilisée par le patient
plutôt que de brutal ement modifier ses habi tudes de brossage. Les
Méthodes conseillées
objectifs sont ( 1) 1'augmentation de l 'efficacité dans les zones négli-
gées, en particulier la jonction gingivodcnta irc ct les espaces inter- - La teclwique du rouleau : les filaments de la brosse sont incli-
dentaires ; ct (2) la suppression de tout traumat isme gingival. nés à 45° en direction de l 'apex, au niveau de la jonction gingivo-
dcntai rc. On applique une pression modérée et la tête de la brosse
effectue ensuite une rotation (rouleau), c'est-à-dire un balayage ver-
Tableau 56-1 Règles à appliquer pour le choix d'une brosse à dents tical de la gencive vers la face occlusalc de la dent. Cette technique
manuelle. simple à communiquer consiste en quelque sorte à « peigner >> les
dents. Elle peut être consei llée en première intention, hien qu ' assez
- La taille du manche doit correspondre à la taille de la main
fastidieuse et longue lorsqu'elle sc veut efficace.
- La taille de la tête de la brosse doit être adaptée :
• à la taille des dents (au maximum la longueur de 2 molaires - La méthode de Bass modifiée : les fi laments de la brosse sont
mandibulaires) inclinés à 45° en direction de l 'apex, au niveau de la jonction gin-
• à l'ouverture buccale givodentaire. On applique une pression modérée ct un mouvement
- Les poils de la brosse doivent être en nylon ou en polyester à de va-et-vient sans dégager les poi ls de la zone sulculaire. La brosse
extrémité arrondie et souples effectue ensuite une rotati on (rouleau), c'est-à-di re un ba layage ver-
- La souplesse des poils sera choisie en fonction du biotype gingival : tical de la gencive vers la face occlusale de la dent. La pénétration
• souple pour un biotype fin sous-gingivale des poi ls de la brosse est d'environ 0,5 mm [6]. Cette
• médium pour un biotype épais
méthode simple est sans doute la plus répandue (Figure 56-3).
Figure 56-1 Tête d 'une brosse manuelle avec une implantation Figure 56-2 Brosse manuelle présentant une orientation multi-
parallèle des brins. (Document Matthieu Frémont.) dlrectionnelle des brins. (Document Matthieu Frémont.)
CHAPITRE 56- CONTRÔLE DE PLAQUE INDIVIDUEL 467
Techniques
Aucune technique particulière ne peut être mise en avant. La
brosse doit êtr e placée à 45° au niveau de la région ging ivodentaire
et chaque dent brossée sur les faces vestibu laires ct linguales/pala-
tines en effectuant un petit mouvement ell iptique couvrant la face
dentaire et la jonction gencive - dent. La pénétration sous-gi ng ivale
des poils de la brosse est d'environ 1,0 à 1,5 mm L6J. Le brossage
électrique est sans danger pour les ti ssus mous et n'entraîne pas de
risque de récessions g ingivales [30].
Figure 56·4 Brosse électrique oscilla-rotative. a) Mise en place de la tête à 45° au niveau de la région gingivodentaire. b) Vue occlusale.
(Document Matthieu Frémont.)
Figure 56·5 Brosse électrique à technologie sonique. a) Mise en place de la tête à 45° au niveau de la région gingivodentaire. b ) Vue occlu-
sale. (Document Matthieu Frémont.)
Figure 56·6 Utilisation du fil dentaire. a) Prendre environ 45 cm de fil et l'enrouler autour des majeurs, laisser 3 à 5 cm de fil au centre. Le fil
est enroulé entre les majeurs, puis sa préhension est permise par les pouces et index de chaque main. Le point de contact est passé délicatement
par un mouvement de va-et-vient. b ) Le fil est ensuite plaqué sur une des faces proximales et s'enfonce doucement sous la gencive. c , d) Le fil suit
un mouvement apicocoronaire afin de nettoyer la face proximale. Le même mouvement est ensuite réalisé sur l'autre face proximale. (Document
Matthieu Frémont.)
C HAPITRE 56- CONTRÔLE DE PLAQUE INDIVIDUEL 469
Figure 56·7 Brossette interdentaire. a, b) Vue vestibulaire d'un passage doux et répété (6 à 8 fois) entre les dents. c, d) Vue occlusale.
quelques preu ve~ de l 'efficacité du fil en complément du brossage mouvement doux cl répété (6 à 8 fois). L eur efficacité est l imitée
dans le traitement de la gingivite 126]. À 3 mois, l ' utili sation du dans le temps et rend leu r uti lisation quotidienne assez onéreuse.
fi 1 en plus du brossage permet une réduction supplémentaire de L ' intérêt du brossage interdentaire a été très tôt mis en avant 1331.
0,20 point de l ' indice gi ngival de Loë-Silncss qui est une échelle à Les brosscttes semblaient efficaces pour éliminer la plaque dentaire
4 poi nts (0 à 3). Cependant, les études incluses dans la méta-analyse interproximale ct favoriser la réduction de la pro fondeur de poche
ne permetlent pas de conclure il l 'efficacité du fi l dans la réduction 13]. L a supériorité des brossettes sur le fi l dentaire ct les bâtonnets en
de l ' indice de plaque imerdentaire. En conclusion, chez des paticms termes d'élimination de la plaque est apparue ii certains auteurs évi-
atteints de maladie paroclontale et ne présentant pas d'embrasures den te [28]. Il a également été montré que les patients préféraient uti-
ouvertes (gingivite le plus souvent), le fi l dentai re peut être conseillé liser des brosscttes que elu !"il I ll j. Cependant, les résultats semblent
pour diminuer l ' infl ammation clinique. contradictoires en termes de réduction des paramètres cliniques
de l ' inflammation r10, 191. Une revue systématique récente de l a
Cochrane indique une grnndc faiblesse des études concernant l 'effica-
.... BROSSETTES INTERDENTAIRES c ité des brossettes intcrdentaires 1221. Comparativement au brossage
seul, une seule étude à haut risque de biais indique une réduction au
De formes coniques ou cyl i ndriques, les brosscttes interdentai res
bout d ' un mois de 34% de l ' indice gi ngival et de 32% de l ' indice de
ex istent en différents diamètres (de 0,6 à 4 mm). Le diamètre doit
plaque lorsque le brossage interdentaire est pratiqué en complément.
être adapté à l 'embrasure afin d'occuper librement l 'espace entre
Comparativement à l ' uti lisation du til dentaire, il est impossible de
les dents (Figure 56-7). L e passage des brosse !les n 'est pas possible
conclure à une plus grande efficacité du brossage interdentaire.
dans tous les espaces ct est contre-indiqué en l 'absence d'embrasure
En l 'absence de preuve établissant l'efficacité des brossettes
ouverte chez des patients présentant une gingivite. G lobalement,
interdentaire4 et en tenant compte du fait que le brossage des espaces
les espaces américurs -;ont plus étr oits que les espaces retrou vés
entre les pluri radicu lées: pour promouvoi r une efficacité optimale,
i l ne faut pas hés iter à prescri re plusieurs diamètres chez un même 4. L'absenœ de preuve ne doit pas êlre confondue avec t'absence de recom-
patient. L es brosseltes peuvent être longues, courtes, prémomées mandation. Il est recommandé de savoir nager lorsqu'on n'a pas pied, bien
qu' il n'exisle aucune preuve indiqualll que ne pas savoir nager soit plus risqué
( insérées clans un manche), voire électriques . L' âme qui supporte
en termes de noyade. Seul un essai clinique randomisé pcnnellrail d'apporter
les poils est généralement un fil plastifi é. Habiwcllc ment, les bros- cene preuve. en j etant à t'cau des nageurs et des non nageurs choisis au hasard.
scttes sont utilisées après chaque brossage entre les dents dans un La dilliculté serait sans doute de trouver des volontaires non nageurs.
470 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
~ BÂTONNETS INTERDENTAIRES
~ STIMULATEURS GINGIVAUX
~ JET DENTAIRE
Brossage de la langue
La face dorsale de la langue, avec ses papilles c t ses vi llosi- de la cavité buccale et à la non vis ibilité de la plaque dentaire. Les
tés, est un écosystème dans lequel se retrouvent un g rand nombre révélateurs de plaque contiennent de l'érythrosine, de la fuchs ine
d'espèces bactér iennes paroclontopathogènes. La langue peut ou de la tluorcscéine qui colorent la plaque denta ire et permettent
donc constituer un réservoir bactérien secondaire. La techniq ue a insi au patient de visualiser les zones où le brossage est insuffi-
de dés infection globale ins iste sur l'importance de la décontami- sant (Fig ure 56- 10). Le principe colorant peut se présenter soit sous
nation ling ua le [231. Commerc ialement, différents gratte-langues forme d'un liquide à d iluer dans l'eau avec lequel le patie nt fait un
ont é té proposés. La partie travaillante est constituée soit d'une bain de bouche, so it sous fo rme de comprimés à croquer, le patient
surface rugueuse, soit de poils courts e n caoutchouc (Figure 56-9). utilisant sa langue pour applique r l'agent colorant sur toutes les faces
Les gratte-lang ues sont plus efficaces dans le nettoyage lingual dentaires. Les patients, s' ils le souhaitent, peuvent s'aider de ce type
qu ' une brosse c lassique et paniculièrement indiqués si les anfrac- de produit pour s'assurer du résultat elu brossage. Il est important
tuos ités linguales sont importantes l20]. Il semblerait égale ment d'indiquer au patient qu' une coloration au niveau des gencives et
que le brossage li ngual permette de li miter la formation de plaque de la lang ue peut pers ister plus ieurs heures après l' application du
dentaire. Chez certains patients, présentant notamment des réflexes révélateur.
nauséeux marqués, le brossage lingual peut cependant s'avérer très
d ifficile à pratique r. Il n'est pas indiqué de brosser quotidienne-
ment une langue saine.
Effets indésirables
~ TISSUS DURS
Objectivation de la plaque dentaire
Les excès de brossage ou d ' utilisation d'adj uvants de l'hygiène
Les problèmes majeurs rencontrés dans la m ise en œuvre d'une orale peuvent entraîner des usures des tissus dentaires. On dis -
hygiène orale performante sont liés à la difficulté d'accessibilité tingue généralement deux types d 'usure des tissus dentaires : l'éro-
CHAPITRE 56 - CONTRÔLE DE PLAQUE INDIVIDUEL 471
... TISSUS MOUS 5. Dcacon SA, G lenny AM, Deery C, ct al. Diffe rent powcrecl tooth-
brushes fo r plaque control and gingival hcalth. Cochrane Databasc
Les ciTcls secondaires d 'usure ne sonl pas uniquemcnl à reche r- Syst Rev, 20 10, 8( 12) : CD00497 1.
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peut e n e ffet constaler la présence de récess io ns g ing ivales asso-
7. He llstriim MK, Scrino G, Hcllstrüm MK, cl al. The e ffect a l· supra-
c iées à des manœ uvres de brossage excessives tant e n qua nti lé ( fré-
gingival plaque control on the subgi ngival microbiota in human
quence é levé) q u'en q uali té (brossage traumalique). En aucun cas periodonlitis. J C lin Periodontol, 1996, 28: 241 -249.
cc 1y pe de récessio n parodonlalc n 'est comparable à celu i observé 8. Hoenclcrdos NL, Slot DE, Paraskevas S, Yan cler Weijdcn GA. The
chez les palients atteints de maladie parodomale lant s ur le plan de ellïcacy of woodsticks on plaque and gingival inflammation : a sys-
la prévenlio n, d u traiteme nl q ue de l'étiolog ie. Des travaux sont tematic review. lnt J De nt Hyg, 2008, 6(4): 280-289.
e m:orc néanmoins indis pe nsables pour dé lc rmine r le rô le exact des 9. Husscini A, Slot DE, van cler Weijdcn GA. The e fticacy of oral irriga-
tion in addition 10 a toothbrush on plaque and c linical parameters of
habitudes de brossage (lcchnique, pression, d urée, fréquence, den-
pcriodontal inflammation : a systcmatic review. lnt J Dent Hyg, 2008,
lifrice) sur l'occurre nce des récessions g ing ivales traumaliqucs. 6:304-3 14.
En effel, une revue systé ma lique semble ind iq ue r l' impossibi lilé 10. Jackson MA, Kellclt M, Worthingto n HV, Clcrchugh V. Comparison
de conclure à une associa1ion objective [241. Sur des phénolypes of intcrdental cleaning mcthods : a ranclomized controllcd trial. J
gi ngivaux é pais, le brossage ialrogènc pourrait égale me nl êlre à Pcriodontol, 2006, 77(8) : 142 1- 1429.
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• Il n'existe pas d e preuve démontran t une plus grande Son icare Elite and a manual toolhbrush in the evaluation of plaque
efficacité d'une méthode de brossage sur une autre. reduction. Am J Dent, 2002, 15: 23-25.
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CHAPITRE 56- CONTRÔLE DE PLAQUE INDIVIDUEL 473
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Traitement mécanique des poches
parodontales
Corinne La/lam, Francis Mora
molécules d 'adhés ion contenues dans le biofihn (voir c hapitre 22). e nvironnants possède nt des cellu les e t des fac te urs favorisant la
La paroi molle est constituée de l' épithé lium de poche dont les cicatrisation .
ulcérations permettent aux bac téries d 'être e n contact avec le tissu
conjonc tif ging ival. La paroi dure comporte une surface céme ntaire
infi ltrée par les toxines bactérie nnes e t, le plus souvelll, des concré- Instrumentation de la poche
tions tartriques acco lées à la paroi .
L'élimination du tartre ou détartrage est indi spensable à la cicatri- parodontale
sation des ti ssus mous sur les ti ssus durs car : ( 1) le tartre constitue
C lassiqueme nt, la technique est soit manuelle soit mécanisée,
un substrat idéal en te rmes de rugosité à la formation de plaque
sonique ou ultrasoniq ue. Le plateau tec hn ique de base co mprend
!58], et (2) une fois traité à la ch lorhexidi nc (C l-IX), l'épithé lium une instrume ntation manuelle et son ique/ultrasonique car les de ux
gingival peut adhére r à la surface du tartre et empêche r la fe rme ture
sont complé me ntaires (Figure 57- 1). Des techniques alternatives
des tissus mous sur la surface radiculaire 1 351. L' obje t de la cica- comme le laser sont mainte nant proposées afi n de limiter les e ffe ts
trisation après traite me nt consistera e n e ffe t à obtenir la réattac he sur l' étal de surface radic ulaire e t d'améliorer le confort du patie nt.
des tissus mous à la surface radiculaire en rendant les surfaces hi s- Quel que soit le type d ' approche, les aides optiques e t les sources
tocom patibles (voir volume 2). La c icatrisat.ion épithé lia le autour lumine uses assoc iées a ugme nte nt la faci lité opé ratoire ct le pourcen-
de la dent à la s uite d'un traiteme nt non c hirurg ical est complète a u tage d ' é li mina tio n des dé pôts [J 7]. Dans tous les cas, pour ê u·e effi -
bout de 7 à 14 jours. cace, le DSR doit ê tre pratiqué sous anesthésie locale car le confort
Sur un plan didactique, il est classique de sépare r le traite m ent du malade en dépend [I l] . Un traitement no n c hirurgical san s anes-
de la paroi molle ou débridement de ce lui de la paroi dure ou détar- thésie pe ut même entraîne r une pe rte d'attac he (24] . Enfin, il est
trage e t parfois s urfaçage. En vérité, la pé né tratio n d'un inscrt ou intéressa nt d'observe r que l' instrumentation non c hirurgica le de la
d' une c urette à l'inté rie ur de la poche perme t de complé te r les surface radicu laire (lJSR) est la mê me que celle pratiquée lors des
deux actions en << nettoyant » la surface radicu laire e t e n « avi- interventions à ciel ouvert (chirurg ie), la visi bilité en moins.
vant >> la surface de l'épithé li um de poche. Ce rtains aute urs avaient
précon isé d'associer au DSR un c uretage de la paroi molle de la
poche afin d 'élimine r une source bactérienne poss ib le susceptible .... DSR MANUEL
de la recoloniscr 152]. Ce pendant, l'élimi nation chirurg icale de
l'épithé li um de poche c t du tissu conjonctif sous-jaccnt infi ltré Matériel
n 'est p lus aujourd ' hui préconisée car les LPS bactériens ne sont Les instruments manue ls sont soit des fauci lles, soit des c urettes.
détectés qu'à moins de 1 m m dans le tissu conjonc tif, et les ti ssus Les fa ucilles sont des instrume nts pu issants destinés à déloger les
~
T ige-guide
\(
Arrière
Axe
de la tige-guide
' ,'70°'
,r--:
Bord--K ~ _Lame
mousse\.___]C:T, ,.
Figure 57·2 Faucille permettant Je détartrage. La pénétration de Figure 57·3 Curette de Gracey. La pénétration de J'instrument à
l'instrument à J'entrée de la poche parodontale peut être latérale pour l'entrée de la poche parodontale est latérale pour ne pas blesser la gen-
ne pas blesser la gencive (biotype fin) ou droite comme le montre la cive, le bord mousse en position coronaire. Une fois sous le bord margi-
figure (gencive épaisse el/ou poche parodontale). Une fois le bloc de nal de la gencive, J'instrument est redressé afin de placer la tige-guide
tartre identifié tactilement, l'instrument est fermement appliqué contre dans le grand axe de la dent. La lame de la curette se positionne alors
la surface radiculaire et une traction énergique en direction coronaire spontanément à 70° par rapport au grand axe de la dent. !.:instrument
est pratiquée. Il n'est pas nécessai re que J'instrument ressorte com- est fermement, mais sans pression excessive, appliqué contre la surface
plètement de la poche parodontale. Les débris seront éliminés lors de radiculaire et une traction douce en direction coronaire est pratiquée. Il
la détersion ultrasonique. n'est pas nécessaire que J'instrument ressorte complètement de la poche
parodontale. Les débris seront éliminés lors de la détersion ultrasonique.
Cft>\ Tige-guide
0
Arrière
Axe
de la tige-guide
, Lame
---~--
Figure 57·4 Curette universelle. La technique est identique à celle employée avec une curette de Gracey, mais on prendra tout particulière-
ment garde à garder le contact avec la surface radiculaire en raison de la partie travaillante (lame) au contact avec les tissus mous. Ce type de
curette n'est pas conseillé en cas de gencive fine.
CHAPITRE 57- TRAITEMENT MÉCANIQUE DES POCHES PARODONTALES 477
r-., ~
~ ~
_1
7;
_/
J_
0
\._
c W 516 pour les dents non molaires
et les surfaces vestibulaires
et linguales/palatines
des molaires/prémolaires
9tlf\P:
Figure 57-6 Approche simplifiée du DSR manuel. La séquence instrumentale doit être systématisée et sera toujours la même quel que soit le
patient ; c'est le meilleur moyen de ne jamais oublier une surface. La méthode pourra consister par exemple à commencer soit à la mandibule soit
au maxillaire d'un seul côté par : (1) les curettes 13/14 (vestibulaire puis lingual/palatin); (2) les curettes 11/ 12 (lingual/palatin puis vestibulaire, ce
qui évite au patient de tourner la tête) ; (3) les curettes 5/6 (surfaces vestibulaires puis linguales/palatines). Une fois un côté terminé, on abordera
le côté opposé. Une autre méthode peut consister à traiter les dents postérieures des deux côtés puis les dents antérieures.
• Utilisation également possible pour les surfaces des prémolaires.
1. Courtoisie de Hu-Fricdyl' .
l
478 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
concrétions tartriques. Elles sont de section triangulaire, symétrique ct Méthode d'utilisation des instruments
pointue à leur extrémi té (Figure 57-2). Elles ne sont pas destinées au
Faucilles
surfaçage et leur forme les rend assez agressives pour les tissus mous.
Les curettes ont une section en demi-cercle et sont arrondies à leur Incliner l a tige à environ 85° par rapport au grand axe de la dent, l a
extrémité. Elles possèdent une partie travaillan tc en forme de cuillère face de la lame vers la dent, j usqu 'à perception digitale de l a concré-
affûtée sur un côté (Gracey) (Figure 57-3) ou des deux côtés (univer- tion tartrique adhérente à la raci ne. L' instrument est alors redressé,
selle) ( Figure 57-4) et une tige-guide permettant de repérer son axe le manche parallèle au grand axe de la dent. La lame se positionne
par rapport au grand axe de la dent. L es curettes spéci fiques, curettes naturellement à 90° par rapport à la surface radiculaire, une pres-
de Gracey, affûtées sur une seule face (simple lame), sont précises sion latéral e contre la racine est fermement exercée ct l'instrument
car orientées pour accéder à toutes les formes de racines. Leur lame est << tiré » en direction coronaire, tout en maintenant la tige-guide
est décentrée de 70° par rapport à l'axe de la üge-guide de façon à parn llèl e au grand axe de la dent (Figure 57- 10). Il convient de
donner à l a lame un angle d ' attaque optimal sur la surface radicu- prendre garde à bien maîtri ser le geste avec des poi nts d 'appui très
laire. De nombreuses tailles sont disponibles en fonction de la taille fermes pour ne pas blesser les tissus mous.
des dents et de la forme des racines (Figure 57-5). H abituellement,
il est préconisé d ' utiliser 7 curettes an<Homiques différentes afin Curettes universelles
d' accéder à toutes les surfaces radicu laires, quelle que soit la dent.
Incliner la tige à environ 85° par rapport au grand axe de la dent, la
Ces curettes sont les Graccy 1/2, 3/4, 5/6, 7/8, 9/ 10, ll/ 12, 13!14,
face de la lame vers la dent, j usqu'au fond de la poche parodontale.
en allant des incisives aux molaires. Un panel simplifié de 3 princi-
pales curettes de Gracey (5/6; 11/12; 13!1 4) permet d'accéder à la
grande majorité des surfaces radiculaires (Figure 57-6). Les curettes
dites << universelles " • avec deux faces travaillantes (double lame),
peuvent trouver leur indication lors d'un débridement initial. Elles
restent néanmoins plus agressi ves pou r les tissus mous et moins spé-
cifiques que les curettes de Gracey.
Les curcucs doivent être régulièrement affOtées pour être cf'fi -
caces. Cet affûtage peut être manuel à l'aide d ' une pierre à affûter
(Figures 57-7 ct 57-8). L'affutage est particulièrement délicat pour
les curettes de Gracey, un angle de 70° entre la lame de la curette
et la pierre devant être respecté pendant l ' affûtage. D e nombreuses
machines à affOl er sont commercialisées. Elles permettent de repro-
duire sans effort l ' angle d'affûtage avec précision (Figure 57-9).
Pierre " 1.. Céramique Arkansas plate Arkansas Baies
Grain fin Grain moyen Grain dur et fin Grain dur et fin
Figure 57·7 Variétés de pierres à affûter2 •
Axe de la tige·guide
1
1
...............\
1
1
1
1
Lame
1
1
1 1
\
-------:_L\
Curette
deGracey--.
1
1
--Pierre
à affûter
- --,-"- -
/ - --- -
CS)
------ -,-- - -- - - - - - - - -
1 1 1
1 1 b
1
Figure 57·8 Affûtage manuel de la lame d 'une curette de Gracey
J
à l'aide d'une pierre d'Arkansas. a) J.:affûtage se pratique en immobi-
lisant la curette ou la pierre à l'aide d'un étau. Ici, la curette est fixée par
son manche à l'étau de façon à placer la face de la partie travaillante
parallèle au sol. La main qui lient la pierre effectue un léger mouvement
1
a de va-et-vient le long de la lame. Afin d'éliminer les débris de métal et
de ne pas noircir la pierre, cette dernière doit être légèrement huilée. b)
Ici, la pierre est fixée parallèle au sol dans l'étau. La lame de la curette
est placée contre la pierre et la main qui tient le manche de la curette
2. Courtoisie de Hu- Friedye. effectue un léger mouvement de va-et-vient le long de la pierre.
CHAPITRE 57- TRAITEMENT MÉCANIQUE DES POCHES PARODONTALES 479
pression latérale modérée contre la rac ine est exercée et l' instrument
est « tiré " en directio n coronaire, tout en maintenant la tige-guide
parallèle au grand axe de la dent (Figures 57- 11 , 57- 12 et 57- 13). Le
mouvement apicocoronairc vertical est répété jusqu'à perception digi-
tale d 'une surface lisse. Les points d'appui sont fermes, reposent sur
les dents ct le mouvement fait participer l'ensemble du bras et pas
seulement les doigts. L' instrument est tenu comme un stylo, près de
la partie tmvaillante. Les implants en titane nécessitent l'uti lisation
d' un matérie l spécifique en titane, plastique et/ou carbone pour ne pas
altérer l'état de surface. Leur usage manque souvent de puissance ct
les instruments cassent souvent (Figure 57- 14).
Figure 57-10 Faucille ave c a xe coudé pour les dents pos té rie ures. a) Agrandissement de la partie travailla nte. b) !.:extrémité de la fa ucille
présente deux faces travaillantes . c ) Pos itionneme nt de la fa ucille à l'e ntrée de la poche, ava nt basculement (flèche ). (Document Matthieu Frémont.)
480 PARTIE 12- TH ÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
Figure 57-11 Utilisation des curettes de Gracey en fonction de la localisation dentaire. a, b) Curette Gracey 5/6. c) Utilisation sur la face
vestibulaire. d) Utilisation sur les faces proximales. Noter la tige-guide parallèle au grand axe de la dent (ligne pointillée). (Document Matthieu
Frémont.)
Figure 57-12 Utilisation des curettes de Gracey en fonction de la localisation dentaire : curette 11/12. a, b) Forme de la curette. c) Curette
11/ 12 sur les faces mésiales des molaires. (Document Matthieu Frémont.)
Matériel
de vibration des inserts est beaucoup plus élevée el oscille entre 20 cl
Pièces à main 40 kHz. Leur mo uvement est soit linéaire pour les instruments pié-
zoélectriques (transducteur en céramique), soit elliptique pour les ins-
On disting ue les instruments soniques et ultrasoniques. Les pièces à
truments magnétostrictifs (vibration de lamelles). Aucune différence
main soniques sont pneumatiques. La fréquence de vibrations à l'ex-
n'a été rapportée entre les d ifférents produits, en termes cliniques ou
trémité des inserts est voisine de 6 à 8 kHz. Le ur mouvement est cir-
mierobio log iques. Le choix du sonique ou de l' ultrasonique revient
culaire. Les instruments ultrasoniques sont électriques. La fréquence
donc au clinic ien et repose sur son expérience professionnelle.
CHAPITRE 57- TRAITEMENT MÉCANIQUE DES POCHES PARODONTALES 481
Figure 57-13 Utilisation des curettes de Gracey en fonction de la localisation dentaire: c urette 13/14. a, b) Forme de la curette. c) Curette
13/14 sur les faces distales des molaires. (Document Matthieu Frémont.)
Figure 57·14 Curettes plastiques pour une utilisation autour des i mplants. a) Panel de curettes à visser sur un manche. b·d) Agrandissement
des différentes têtes. (Document Matthieu Frémont.)
lnserts capables de travailler sous des pressions laté rales très f~tibles. La préser-
vation des couches cémc ntaircs assainies a été confirmée ;, vitm [2 11.
Les nouvelles fonnes d'inserts et le urs tailles réduites permettent
LI existe également des inserts utilisés avec un fluide de polissage come-
l'accès à des zones anatomiques/inter-radiculaires difficiles d 'accès
nant des granules d' hydroxyapatite susceptibles de produire un polis-
aux cure ttes manuelles (Figures 57-15 et 57- 16). Certains inscrts res-
sage des surfaces dentaires7 1301. Cependant, ce type de produit n'a pas
se mble nt à des limes e ndodontiques et penn ene nt, en tl1éorie, la sicié-
fait preuve de sa supériorité pour l' instant. Enfin, on notera que l'ad-
ration du conte nu de la poche parodontale4 • L' utilisation exclusive de
jonc tion d' une irrigation sous-ging ivale antiseptique (polyvidone iodée
mic ro-inserts a mê me été préconisée [20]. n n'existe aucune preuve
à 0,5 %) à l' instmmcntationmécanisée ne présente pas d'avantage.~ cli-
q ue ces micro-inserts améliorent la qualité du DSR 1471. La plupart des
niques significatifs comparativement à l' instrumentationmanuelle [55].
marques soniques proposent une large gamme d' inserts adaptés au trai-
te me nt des parodontites5• Le système ultrasonique li vibrations linéaires
Satelcc-Ac tcon" comporte sans doute la plus large gamme d'inscrts ct Méthode d 'utilisation des instruments
de micro-inserts parodontaux, lisses et diamantés, de d i fl"ér·entes formes,
Cette méthode est beaucoup p lus s imple que ce lle concerna nt
l' utilisation des c ure ttes car l' in sert ne nécessite pas de position-
4. Pcriosoni c~. Micro-Mcga" .
5. Sonic fl cx• . Kavo.
6. Satclcc". 7. Vcc tor"', Dürr Dental.
482 PARTIE 12 - THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
l
Figure 57·15 Différents inserts utilisés au Figure 57-16 lnserts pour les secteurs molaires. a, b) Il existe deux orientations de
cours d 'une thérapeutique initiale parodon· courbures afin de permettre le surfaçage de toutes les faces des molaires. c) Forme de
tale. a) lnsert de détartrage fin. b) lnsert de sur- la courbure sur un des inserts. (Document Matthieu Frémont.)
laçage pour les secteurs incisives -canines - pré-
molaires. (Document Matthieu Frémont.)
légère que possible (F igure 57- 17). Au fond de la poche, l' insert
est lentement déplacé en di rectio n coronai re se lon un mouvement
inverse. Le mouvement est répété au mo ins 4 à 5 fo is ou p lus s i
nécessaire .
Figure 57·18 État de surface radiculaire après instrumentatio n manuelle ou ultrasonique {microscopie électronique à balayage [MEB]
x 10). a) Canine surfacée {curette manuelle) avec une forte pression latérale :élimination du cément. La zone centrale, lisse et claire, représente la
dentine. Le cément résiduel est d'aspect craquelé et recouvert par endroits de matière organique {fibres conjonctives en noir). b) Canine surfacée8
avec une faible pression latérale : préservation du cément. Le cément d'aspect craquelé est conservé et recouvre l'ensemble de la surface radicu-
laire. À l'apex apparaît en noir le tissu conjonctif du système d'attache (carré blanc figure b). c) Tartre et bactéries dans la région vestibulo-apicaie :
dans une concavité radiculaire, des dépôts n'ont pas été éliminés. Noter l'aspect sectionné des bactéries dO au passage de microcourants.
(Laboratoire de Biomatériaux en Sites Osseux, UFR d'odontologie de Rennes 1. Document Gilles Gagnat et Francis Mora.)
Manuelle A A A
Mécanisée A A A A A A
A : avantage par rapport à l'autre technique.
le résultat c linique [46 1. Parm i ces critè res, o n compte le rapport L'éval ua tion du résultat est donc sa ns doute p lus adaptée à la
coût/effi cac ité, le confort du patie nt e t le confort du pra ticien . réduction de la profonde ur de sondage. Après une thérapeutique
Depu is l'apparition des ins trume nts ultrasoniques, la q uestion s'est initiale s tandard, la réduc tion moyenne de profonde ur de sondage
mê me posée de savo ir s' il é tait e ncore utile ctnécessairc d ' ut iliser est de 1,2 mm pour des poches initiales modérées de 4 à 5 m m
les c urettes pour s urfacer la rac ine. En effet, ces derniè res néces- et de 2,4 mm po ur des poches ini tiales profondes (2: 6 mm) 11 31.
sitent une bonne technic ité ct le résultat obtenu dé pe nd beaucoup Ces moyennes son t tl inte rpré te r avec prudence ca r : ( 1) les paro-
plus de l'opé rateur. Il est ainsi p lus di ffic ile de contrô le r la pres- do nti tcs so nt des mal ad ies à s ite dont la d istributio n est a léatoire
s ion nécessaire à la déconta minatio n e t à l'é limination du tartre ct l'évolution async hrone; et (2) les molaires présentent des par-
e n respectant la s urface radic ulaire avec des c urelles. Néanmoins, tic ularités anatomiques liées à la présence de furcations d iffic iles
les curettes laissent une bonne sensation tactile e t sont mo ins dou- à instrumente r. L' importa nce de celle réduction est dépendante à
loureuses pour les patie nts a ux de nts sens ibles. En revanche, e n 80 % du s ite lui-même : une plus g rande réducti on de profonde ur
postopératoire, la pe rceptio n doul oureuse semble en moyenne plus de poc he est o bservée au niveau prox ima l qu 'au niveau vestibu-
m arquée avec l' uti lisa tion des c urettes qu ' avec une ins tru menta- laire/lingual et la ré ponse est pro fo ndeur-dé pe ndante (plus le s ite
lion méca ni sée [3]. est profond, plus la réduc tion est g ra nde). Le type de de nt e ntre
Les ultrasons sont plus fi1ciles d ' utilisation, pl us rapides, moins pour 12 % dans la mag nitude de la réduction : les inc is ives et les
fatigants et fac ilitent l'accès à certaines zones comme les furcatio ns cani nes répondent m ie ux que les pré molai res ct les molaires. Le
a vec des inserts très adaptés. Ils utilisent l' effe t cavitationnel de pa tie nt lui-mê me intervient pour 8 % da ns le résultat : la consom-
l'eau qui a ugme nte l'acti on de déte rsion e t favorise l'élim ina tion mation de tabac ct la présence d ' un poly morphi s me rare du gène
des dé bris. Une irriga tion locale d'antiseptiq ue associée a u systè me de l'interleukine 6 ( IL-6) entraînent une moindre réduc tion de la
peut théorique ment potentialiser les effe ts d'élimination des e ndo- profondeur de sondage après traite me nt.
toxi nes mais semb le lim itée. Les ul trasons reste nt e ncore, malgré Opé rant une synthèse de la littérature, Cla!Tey e t Polyzois ont
des réglages de plus e n plus fin s, parfois douloure ux s ur les dents ind iqué les c ha ngements moyens des mesures de sondage après tllé-
sens ibles, no tamme nt a ux vari atio ns ù1enn iq ucs ; la sensation tac tile rape utiquc initia le e n fonc tion de la profondeur de sondage initiale
est m oins fine ct la création d ' un aérosol bac té rien associé plus po l- (Tableau 57-Ill) [121. Plus géné raleme nt, la 6<Confé re nce de consen-
luant pour l'environnement ct le praticien. sus e uropéenne e n parodontologie considè re une réduc tion de pro-
En résumé, les curcucs ne sont pas conseillées en usage cou- fondeur de sondage après ù1érapcutique initiale d'environ 1 mm pour
rant aux opérateurs non e ntraînés. On préférera l' instrume nta tio n les sites ayant une profondeur de poche in itiale de 5 à 6 mm et une
sonique ou ult rasonique. L' o pérate ur e ntraîné ou le spécial iste utili- réduction de 2,2 mm e n moyenne po ur une profonde ur de poche ini-
sera s imulta né me nt les deux a pproches e n fo nction des c ritè res que tiale> 6 mm 147]. Les travaux c lassiq ues d ' Anita Baderste n ont clai-
nous avons évoqués plus haut. Dans tous les cas, le p la teau tech- re ment montré que plus la profo nde ur de poche initia le é tait impor-
niq ue comprendra une instru me ntation manue lle et une instrume n- tante, plus la récession gingivale et la profondeur de poche résiduelle
tation mécanisée. l'étaie nt aussi [4]. Le gain d ' allache augme nte e n fonc tion de la pro-
fondeur de poche, mais une perte d'allachc est observée dans les sites
peu profonds (Figure 57- 19). L es molaires, au niveau des furcations,
présente nt plus de poches résiduelles ct de perte d'attac he que les
Approche par quadrant autres de nts (Figure 57-20), tandis que les surfaces planes sc com-
ou désinfection globale ? po rte nt comme les monoradiculées. On notera également qu'après
traitement non chirurg ical, une grande majorité de molaires (60 %)
Le traitem ent non c hi rurgical inilial classique d ' une parodontite présentent du ta rtre résiduel I l 0]. En résumé, ( 1) dans le traitement
modérée à sévère se dé roule habitue lle ment e n quatre rendez-vous des poches profondes le traiteme nt chirurgical e ntraîne une meilieure
d' une heure environ espacés d' une à de ux semaines (approche par réduc tion de la profo ndeur de sondage c t un meille ur gain d'allache
quadrant). Une approc he par sextant a également été suggérée pour que le traiteme nt non chirurgical ; (2) dans le traite me nt des poches
les parodontitcs sévè res. Une approche d iffé re nte, appelée désinfec- modé rées, le traite me nt non chirurgical entraîne moins de récession
tion g loba le, a é té proposée au milie u des a nnées 1990. E lle consiste gingivale ct est claire ment p lus conscrvnteur.
e n une dés infec tion c himique c t mécanique de la cavité orale da ns En conclusio n, ( 1) un traiteme nt non chi rurgical e ntraî ne toujours
un délai de 24 he ures. Les résultats de la désinfectio n globale sont une réduc tion de la profondeur de poche ct une récession gingivale,
à compare r à ceux obte nus par le traitement classique de ré fé rence. même minime; (2) c hez un patient ne présenta nt pas de parodontitc,
le surfaçagc est iatrogène car il provoque une perte d ' attache; (3) en
cas de lésions inter-radiculaires, il est d ' une efficacité limitée au
.... APPROCHE CLASSIQUE : RÉSULTATS niveau des fu rcalions molaires.
Résultats cliniques
La q ualité des résulta ts est généra le me nt évaluée pa r la quantité Tableau 57·111 Modification moyenne (en millimètres) de la profon-
ou tout s imple me nt la présence de tartre résidue l. De nombre ux tra- deur de sondage et des récessions gingivales généralement obser-
vaux ont montré q u'en présence d' une poche parodontale profonde, vées après thérapeutique in itiale .
du ta rtre résiduel é tait fréque mment re trouvé après thé ra pe utique
no n c hirurg icale, justifiant ains i une inte rventio n à c ie l ouvert. Ces Profondeur de sondage Réduction de la Récession gingivale
initial profondeur de sondage post-thérapeutique
travaux sont assez anc ie ns e t doivent être réévalués à la lu miè re des
nouvelles tec hnologies (soniques e t ultrasoniques). Néanmoins, 5 3,5 0 0,5
mê me après utilisation d ' une instrumentation mécanisée, du tartre 4-6,5 1-2 0-1
résidue l est toujours détecté [36]. Il est à noter que la quali té d u
<! 7 2-3 1-2
résulta t est très opé rate ur-dé penda nte [9 J.
CHAPITRE 57 - TRAITEMENT MÉCANIQUE DES POCHES PARODONTALES 485
(mm)
11
10
9
Récession gingivale
8
7
6
5 Profondeur de sondage
4 résiduel
3
2
Gain d'attache
0
Perte d'attache
-1
:::;: 2,5 3-3,5 4-4,5 5-5,5 6-6,5 7-7,5 8-8,5 9-9,5 ~ 10 mm
Profondeur de sondage initial
Figure 57-1 9 Modification de la profondeur de sondage au niveau de dents autres que les molaires, 2 ans après thérapeutique initiale
=
en fonction de la profondeur de poche initiale (d'après Badersten 1984 [4]). Les sujets (n 49) atteints de parodontite chronique sévère
généralisée ont été traités par un unique épisode de OSA supra- et sous-gingival complet. Seules les dents présentant des poches parodontales
atteignant l'apex ont été éliminées. Le suivi parodontal était tous les 3 mois. Ce suivi consistait en : (1) un contrôle professionnel de la quantité de
plaque et, si nécessaire, de nouveaux conseils de brossage ; (2) un détartrage uniquement supragingival. Interprétation du diagramme en bâton
(exemple au niveau de la barre fléchée) :pour une profondeur de poche initiale de 8/8,5 mm, on observe une poche résiduelle après thérapeutique
initiale d'environ 5 mm, une récession gingivale de 2 mm et un gain d'attache de 1 mm.
(mm)
11 -
10 -
9-
18
~
8- ,---
7-
18
,--- -----r Récession
-------gingivale
-------
13
----------- -- -- --- --
6- - 1--
13
5- ,---
-
16
4- - 1--
20 Profondeur de sondage
3- - résiduel
15
-
2- ,--- -
r--
1-
0- - - 1- 1- -- ---- --------
Perte d'attache
-
-1 ~
- '--- '--- - - - -- --- --------
:::;: 2,5 3-3,5 4-4,5 5-5,5 6-6,5 7-7,5 8-8,5 9-9,5 ~ 10mm
Profondeur de sondage initial
Figure 57·20 Modification de la profondeur de sondage au niveau des furcations molaires, 3 ans et demi après thérapeutique initiale
en fonction de la profondeur de poche initiale (d'après Claffey et Egelberg 1994 [1 2]). Les sujets (n = 16) atteints de parodontite chronique
sévère généralisée ont été traités par un unique épisode de OSA supra- et sous-gingival complet. Seules les dents présentant des poches paro-
dontales atteignant l'apex ont été éliminées. Le suivi parodontal était en moyenne 2 fois par an. Ce suivi consistait en : (1) un contrôle professionnel
de la quantité de plaque et, si nécessaire, de nouveaux conseils de brossage ; (2) un détartrage uniquement supragingival. Interprétation du dia-
gramme en bâton (exemple au niveau de la barre fléchée) : pour une profondeur de poche initiale de 6/6,5 mm, on observe une poche résiduelle
après thérapeutique initiale d'environ 5,5 mm, une récession gingivale de 1 mm et une perte d'attache d'un peu moins de 1 mm.
486 PARTIE 12 - THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
Résultats microbiologiques pendant 4 j ours consécuti fs ont été proposées. D ' autres équipes ont
développé des modifications du protocole initial en utilisant des ins-
Immédiatement après un débridement sous-gingival non chimrgi-
tmmcnts mécaniques (sonores et ultrasonores) en une seule séance
cal, on observe une diminution de près de 75 % du nombre total de
de 45 à 60 minutes pour tenter de limiter la durée des séances [14],
bactéries 154] . Le nombre de bactérie revient rapidement à son niveau
ou sans limite de temps dans le but de limiter la perte de substance
initial en une semaine ou moins, mais le taux de parodontopathogènes
radiculaire [3 1].
est affecté pendant plusieurs semaines, tandis qu 'on observe une élé-
En ce qui concerne les antiseptiques, les promoteurs de la désin-
vation du taux de bactéries aérobies à Gram positif. La recolonisation
fection global e montrent que l ' utili sation de la CHX n'est pas aussi
de la plaque sous-gingivale par les pathogènes (complexes oranges
déterminante dans l'obtenLi on des résultats cliniques 1441. Dans cette
et rouges) est dépendante du contrôle de plaque individuel. En l'ab-
étude, trois groupes sont étudiés : deux groupes en désinfection glo-
sence de cc dernier, toutes les études observent un retour en quelques
bale (l ' un avec C l-I X et l'autre sans) ct un groupe avec un traitement
semaines à des taux élevés de micro-organismes pathogènes 151. Il est
classique par quadrant. L'étude montre que les deux groupes en dés in-
particulièrement intéressant d'observer que, lorsque trois quadrants
fection globale ont de meilleurs résultats que le groupe par quadrant,
sont traités et un non trai té chez un même patient, on observe une
mais également que l ' utilisation de l a CHX ne semble pas améliorer
réduction du taux de certains parodontopathogènes et une améliora-
tion clinique (limitée) au niveau du quadrant non traité f39]. les résultats cliniques puisqu' il n'exi ste aucune différence entre les
deux groupes tests. L'amélioration des paramètres cliniques serait
donc plus associée au traitement mécanique des quatre quadrants
~ DÉSINFECTION GLOBALE dans la même journée. La désinfection globale mécanisée a égale-
ment été évaluée avec de la polyvidonc iodée utilisée diluée dans la
Techniques solution d'irrigation pour refroidir les instrumenLs 13 11. Cette étude
Protocole original montre que l'adjonction de polyvidone iodée lors d' une désinfection
globale n' améliore pas les résultats cliniques par rapport à l ' utilisa-
La première étude il définir le concept de désinfection globale a tion d' une solution sal ine. Par ai lleurs, l'utilisation de la polyvidone
été celle de l 'équipe de Quirynen ct al. 142 1 (Tableau 57-I V). Les iodée a été analysée lors d' un débridement par quadrant classique
auteurs préconisent d 'instrumenter manuellement toutes les poches sans que celle-ci présente un avantage clinique supérieur à une solu-
parodontalcs dans une période de temps réduite (moins de 24 heures) tion saline. L' intérêt théorique de cette méthode serait de limi ter la
et de procéder à une décontamination orale. Le temps de surfaçagc est contamination des si tes instrumentés par des sites non instrumentés.
identique à la technique classique par quadrant ( 1 heure par quadrant). Afin de limiter les effets secondaires de la CHX (colorations, dys-
La CHX est uti lisée en complément du trai tement des poches pour gueusics), celle-ci est remplacée par une solution de nuor stanneux
désinfecter les niches orales susceptibles d'abriter des germes patho-
143 1. Enfin, de nombreux auteurs ont pratiqué la désinfection globale
gènes telles que la langue ou les amygdales. Après chaque séance de
sans aucune utilisation d'antiseptique (pour revue voir 133]).
soin (soit deux fois en 24 heures), les patients doi vent brosser leur
langue pendant une minute avec un gel de C HX à 1 %, sc rincer la
Résultats
bouche 2 l'ois de suite avec une concentrat ion de 0,2 % de CH X, uti-
liser un spray de Cl-IX sur chaque amygdale 4 fois. Ils bénéficient Résultats cliniques
également d' une irrigation sous-gingivale avec le gel de CHX il 1 %à
Les conclusions d' une méta-analyse de la Cochrane indiquent une
trois reprises pendant 10 minutes le jour de l ' intervention et à 8 jours.
différence moyenne de la profondeur de sondage après traitement
des monoradiculées de 0,53 mm (indice de confiance IIC] 95 % :
Protocoles modifiés
0,28-0,77) dans les poches de 5 à 6 mm, en faveur de la désinfection
La difficulté d' observance vis-à-vis d' un traitement antiseptique globale comparée à la technique classique [ 16[. La même année,
local contraignant et la nécessité d' une instrumentation pendant un une autre méta-analyse comparati ve observe une réduction supplé-
temps extrêmement court ont rapidement entraîné des propositions mentaire de profondeur de sondage de 0,2 mm en faveur de la désin-
d'écart au protocole original. En ce qui concerne le temps de travail, fection globale, avec ou sans anti septiques associés [331. Les deux
deux séances de DSR le même jour 12 1 ou en une séance par jour méta-analyses s'accordent pour mettre en év idence l 'absence de di f-
ference significative entre les deux approches dans le traitement des
pluriradiculées. De même, les auteurs des méta-analyses soulignent
Tableau 57-IV Protocole initial de désinfection globale (d'après que les différences cliniques entre les approches sont très faibles et
Quirynen et al. [42)). variables en fonction du type de dent (mono-/pluriradiculécs) et de
la profondeur de sondage initiale.
- Surfaçage complet en 24 heures sous anesthésie : 2 sessions,
instrumentation manuelle
Résultats microbiologiques
- Brossage de la langue pendant 1 minute avec un gel
de chlorhexidine (CHX) à 1 % En microscopie à contraste de phase, les deux techniques dimi-
nuent la charge des bactéries pathogènes mais la désinfection glo-
- Rinçage et gargarisme à chaque session : CHX 0,2 % pendant
1 minute bale semble montrer de meilleurs résultats [42J. D ' autres études ne
montrent pas de différence entre les deux techniques en utilisant l a
- Irrigation des poches parodontales : CHX gel 1 %, 3 fois pendant
10 minutes après chaque session et répétée à B jours PCR (Po/ymerase Chain Reaction ). Les cultures bactériennes à di f-
férents intervalles ne montrent pas de différence significative 129].
- Bain de bouche pendant 2 semaines : CHX 0 ,2 %, 10 ml 2 lois par
Par conséquent, le concept de retard de colonisation bactérienne par
jour pendant 1 minute
la désinfection globale n'est pas clairement établi. Il faut rappeler,
- Information en vue de l'utilisation individuelle des brossettes, fil pour expliquer ces écarts, que les auteurs de la technique originale
el gratte-langue
n' instaurent pas de conLrôlc de pl aque supragingi val avant la fin de
CHAPITRE 57- TRAITEMENT MÉCANIQUE DES POCHES PARODONTALES 487
la dern ière instrumentation , ce qui risque de favoriser une recoloni- Le polissage pe ut se fa ire à l'aide d ' un aéropolisseu r ou
sation plus rapide des si tes traités. Ces résultats contradictoi res pour- être mécan ique à l'a ide de brossettcs chargées e n pâte à polir.
raient être dus au moment de J'instauration elu contrôle de plaque, L' aéropolisscur utili se la projecti on par un spray d'air de poudre à
avant ou après le début de la thérapeutique non c hirurgicale [55 1. base de bicarbonate de sodium ou, mieux , de g lycine, dont les par-
En uti li sant des techniques récentes d' ident ification bactérienne, il ticules ont une tai lle quatre fo is plus petite, ct qui donne de mei l-
ne semble pas exister de différe nce emre les différentes approches leurs résultats en te rmes d'étal dc surface [40]. La projection du
[331. En revanche, dès qu ' une antibiothérapie systémique est envisa- spray perme t géné rale ment une bonne access ibilité visuelle sous
gée. l' approche par désinfection globale semble très justifiée compte le rebord marginal de la gencive et entraîne souvent une ré ins-
tenu de la rapidité de la re formation du biofi lm sous-gingival. trumcntation transitoire d' une surface où le tartre sous-gi ngival
n' a pas été détecté e n pre mière inte ntion. Dans la thérapeutique
Effets seconda ires initiale, même si de récentes études [ 19 1 propose111 l' utilisation
de l' aéropoli sscur comme suffi sante pour surfacer, compte tenu
Certains auteurs, en particulier les promoteurs de la méthode, ont
des dépôts calcifiés il ne pe ut que terminer la séquence thérapeu-
observé des cas d' herpès labial et/ou une é lévation de la température
tique du surfaçagc par un pol issage fa vorisa nt efficacement l'éli-
corporelle (38 à 39 oq chez certains sujets 12. 44.1. Cette élévation de
mination du biofilm résidue l. Dans tous les cas, son utilisation est
la température est sans doute due à une réponse immunitaire provoc1uéc
suivie d' un polissage mécanique car les résidus de bicarbonate
par la pénétration en masse d' un grand nombre de pathogènes dans le
te ndent à se colorer rapidement s'i ls ne sont pas é lim inés. Pour
courant sanguin pendant le débridement (bactérié mie transitoire). Le
le polissage mécanique, on uti li se le plus souvent une pâte à polir
DS R entraîne une augmentation de cytokines pro-intlammatoires pyro-
montée sur une brossette ou une cupule caoutchouc. La pâte à
gènes comme I'IL-6 et le TN Fa (tumor necrosisfactor alpha). On peut
poli r à base de pierre ponce contient du nu or c t parfois un autre
évoquer aussi une réaction de Schwa1tzman 10, le sujet étant sensibilisé
composant te l que le s ilicate de zirconium. Pour le traite ment
préalablement par les LPS bactériens à la première séance puis réa-
des surfaces implanta ires, il existe des pâtes non ll uorées à base
gissant à la seconde le lendemain, à nouveau en contact avec les LPS.
d 'oxyde d' aluminium.
Cela pourrait expliquer la raison pour laquelle d'autres travaux sur la
désinfection globale opérée en une seule séance de 3 heures n'ont pas
pu mettre en évidence ce type d'eiTet secondaire [3 1].
Contrôle qualité
.... APPROCHE CLASSIQUE VERSUS DÉSINFECTION Une fois le polissage achevé, un conu·ôle des surfaces radiculaires,
GLOBALE : QUE CHOISIR ? à l' aide d'une sonde adaptée, e n particulie r au niveau des poches
profondes, terminera la séance. Quelle que soit la technique utili-
La Conférence de consensus européenne de 2008 conclut à l'ab-
sée, l' inspection visuelle minutieuse ct la sensation tacti le à l'aide
sence de supériorité d' une approche sur l' autre [47]. Les trois tech-
de la sonde paroclont.alc ou, mieux, d ' une sonde à extré mité souple
niques de trai tement (approche classique, approche globale avec ou
valident la qualité de l'état de surface obtenu et l' absence de tartre le
sans antiseptiques), quel que soit le type d'instrumentation (manuel
long de la 5urface radiculaire qu i doit être perçue comme étant lisse
ou mécani sé), sont donc recommandées dans le traiteme nt non
ct sans aspérité. Actue llement, des études évaluent une instrumenta-
chirurgical des poches parodontales. Le choix d' une des trois tech-
Lion ultrasonique ou un laser qu i associerait une technologie détec-
niques ne peut pas se fa ire sur les résultats c liniques potentiels, mais
tant la présence de tartre à celle qui l'élimine. Ainsi, l'élimination de
sur les préférences du malade, l' expérience personnelle de l' opéra-
tartre serait évaluée objectivement [32, 37].
teur, l'organi sation de son exercice e t le rapport coût/e ffi cacité.
L'expérie nce personnelle et le profil psycho logique du malade
nous semble nt de la plus ha ute importance dans le choix de la
méthode. Lorsque l' inHammalion est im portante et le saigne me nt Nouvelles technologies
abondant, mê me sous aspiration de qualité, la désinfection globale
ne facilite pas la visualisati on des surfaces radiculaires. La tech- .... LASER
nique c lassique des << petits pas >> pe ut s' avérer préférable. Notons
e nfin que la dés infection globale ne pe rmet pas de revoir régu lière- Depuis quelques années, le laser a été proposé pour remplace r
ment le malade pour l'aider dans son contrô le de plaque et orie nter l' instrumentation manue lle ct/ou ultrasonique classique. Si son
son programme de sui vi personne l en foncti on de son observance. action bactéricide est controversée [22, 23], il possède une capa-
cité d'élimination du tissu de granulation qui, dans le respect de
la c icatrisation, pourrait faciliter l'accès à certai ns sites difficiles.
Néanmoins, en fonction des lasers proposés, la longueur d'onde qui
Polissage doit coïncider avec le pic d' absorption des tissus concernés varie et
les effets sur les tissus durs et mous aussi. En vapori sant l'eau des
Le polissage des surfttces radiculaires est indispensable après pas-
résidus taru·iqucs, le laser augmente la pression ct fait ex ploser ces
sage des instruments manue ls ou mécanisés. L' accès sous-gingiva l
dépôts, mais il convie nt d'éviter tout dommage therm ique. Le laser
est cependant limité, en paniculier au niveau des furcations molaires.
qui a donné les meille urs résultats est le laser Erbium Yag (Er:Yag),
Pour pallier cet inconvénient, certaines curettes diamantées visant à
les autres entraînant des dommages possibles sur les surfaces rad i-
atté nuer la rugosité après usage des curettes manuelles ont été testées
c ulai re ou osseuse sans bénéfice complémentaire par rappo11 à un
in viuv cl semblent donner des résultats cncourageams [ 18]. Elles sont
DS R c lassique [25, 5 1]. Utilisé seul ou comme adjuvant au DSR, le
actuellement commerc ialisées pour polir le toit des furcalions.
laser Er:Yag donne des résultats simila ires et non supérieurs au DSR
10. Réaction locale ou systémique consécuJivc à l'administration d'endo- seul e n termes de quantité de tartre éliminée Il j , d'i ndice de saigne-
toxines chez un sujet sensibilisé par une première injection d'endotoxines. ment, de gain d'attache, de gain osseux [28, 49 1. La préservation de
488 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
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Thérapeutiques chimiques adjuvantes
Vianney Descroix, Joël/tic, Charles Micheau
-
492 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
l'aide d ' un bain de bouche prophylac tique el de ux VISites par an proposées (ammonium quate rnaire, nuorures, agent oxygénés, phé-
c hez le c hirurgie n-dentiste pour assure r un dé tartrage/po lissage pro- nols). Ces molécules sont censées posséder un potentiel antibactérien
phy lac tique. ct une ré mane nce comparable à la C HX. Ces bains de bouche sont à
Nous traite rons dans ce chapitre de l' utilisatio n des antibac térie ns usage prophylactique, c'est-à-dire util isés dans le cad re de la préven-
(anti septiques cl a ntibiotiques) e t des nouve lles approc hes thé rapeu- tion des maladies parodontales, ct no n dans leur traite me nt. Une tro i-
tiques (immuno modulate urs e t probiotiques). siè me génération d ' agents" a ntiplaq ue >> a é té développée (dclmopi-
nol). Le mécanisme d 'action ne re pose plus ici unique ment sur l'effet
antibactérien, mais aussi sur la capacité de la molécu le de modifier
la tension superficie lle afin de retarde r la reformation des biofilms.
Les antiseptiques
Chlorhexidine
Joël !tic
Cette moléc ule, utilisée depuis les années 1950, est la ré fé re nce e n
Les a ntise ptiques sont des produits antimicrobicns d ' usage ex te rne parodontologie e n raison de sa grande effi cacité sur les parodonto-
(peau ct muque uses) d ' ac tio n assez rapide mai s transito ire c t non spé- pathogè nes. L'effi cacité est d uc à un pui ssant e ffet antibac térie n c t
cifique exerçant générale me nt une tox icité directe sur la paroi des à la rémanence ou substanti vité de l'agent. Ses effets indés irables
mic ro-organis mes. Ils fo nt partie de la famille des biocides qui com- inte rd isent sa prescript io n quotidie nne. Elle n'est donc pas util isée
prend égale me nt les désinfectants (réservés aux matiè res inertes) ct dans la préventio n à long terme mais dans une fenê tre thé rapeutique.
les conservateurs. La tendance aujourd ' hui est à la reche rc he de mo lé- Elle est inac tivée par le sang.
c ules ayant une meilleure activité antiplaquc c t ant i-inllammatoirc c t La C l-I X est un biguan ide utilisé comme antiseptique sous forme de
moins d 'effe ts indésirables. Le contrô le c hi mique de la plaque bac- sels (gluconate ou digluconatc) en solution aqueuse ou hydroalcoo-
té rie nne pe ut être individuel, c'est-à-dire suprag ing ival (de ntifrices, lique à des concentra tio ns pouvant alle r de 0,05 % j usqu 'à 4 % pour
bain de bouc he, e tc.), ou professionnel, c'est-à-di re sous-g ing ival l'antiseps ie préopératoire du site d' inte rvention c hirurg icale. L'acti vité
(irrigatio ns so us-gingivales, vernis, etc.). Les produits ci-dessous sont antimic robie nne de la C l-I X re pose principale me nt sur son carac tè re
évoqués parce qu ' ils ont fait l' obje t d 'évaluation dans le traite me nt c t cationique qui altère les membranes mic robie nnes. La CHX est rapi-
la préve ntion des maladies paroclontales. Le lecte ur tie ndra compte dement active sur la majorité des bacté ries e t le plus souvent bactéri-
du fait que beaucoup d 'études sont évide mment financées par l' in- c ide avec une ré manence notable. L' ac tivité est toute fois médiocre su r
dustric1. Par exemple, une revue systé ma tique sur les e ffe ts des bains certains bacilles à G ram négatif tels que Pseudomonas aeruginosa.
de bouc he au pe roxyde d ' hydrogène sur la prévention de la formation La CHX possède une action très variable sur les virus ; elle est cepen-
de plaque ct de l' inllummatio n g ingivale sélectionne 12 articles pa rmi dant virucidc sur le V II-I. Elle est mycobaeté riostatiquc c t faible ment
229. Parmi les 12 articles sélectio nnés, 7 sont fi na ncés par l' industrie sporostatique. Des résistances acquises ont été décrites pour certaines
(58 %) ct les produits sont délivrés gratui te me nt dans une é tude, le souches de bac illes à Gram négatif e t de staphylocoques. L'activité de
financement des autres études n'étant pas me ntionné. la C HX est diminuée e n présence de matiè res organiques.
Une toxicité géné rale ex iste après ingestio n, avec nécrose des
muque uses digestives, hé patite e t hé molyse. L'emploi de la C l-IX
.... CONTRÔLE DE PLAQUE SUPRAGINGIVAL à proximité de la conjonc ti ve n'est pas recommandé, ains i que dans
le conduit a udit if exte rne si l' intégrité du tympa n n 'est pas connue.
Le cont rôle c himique de la plaque s upragingivalc re pose s ur l' uti-
Des cas de surdités irrévers ibles ont été publiés c hez des porteurs
lisation des antiseptiques. Plusie urs vecteurs sont d isponibles e n
d ' une perforatio n tympanique.
fonc tio n de l' utilisation personnelle ou professionnelle: les bains de
La C HX do it ê tre conservée à te mpérature ambiante ct à l' abri de
bouche, les sprays, les de ntifrices, les gels, les vernis, ou les irriga-
la lumière. La contamination fréque nte des fl acons de C HX aqueuse
tions. Les bains d e bouche c t les de ntifrices sont les supports les plus
doit faire pré fé rer les solutio ns hydroalcooliques. La C l-IX pe ut être
courants.
associée aux alcools c t a ux ammoniums quate rnaires.
Son large spectre d 'action et sa bonne to lé rance ont fa it de la CHX
Bains de bouche l' un des antiseptiques maje urs. La C l-I X est considérée depuis des
La plaque de ntai re ne s'élimine que par brossage ou par raclage. décenn ies comme le « go/d standard » des antiseptiques pour les
Aussi, les bains de bouc he ne sont utilisés que secondairement après bains de bouche e n vue de contrôler chimiquement la plaque, et cc
le brossage, sauf clans des cas particuliers de handicap mo mentané ou e n raison de son haut pote ntie l antiseptique e t de son e ffe t ré manent
définitif, ou éventue lle ment e n postopératoire. Ils perme tte nt l'accès e n bouche. La C l-IX est do nc l'agent antiplaquc de référe nce.
aux espaces dentaires interproximaux et aux zones habituelle me nt non De nombre uses é tudes ont montré l'effi cacité de la C l-IX en bains de
brossées (dos de la langue, j oues, am ygdales). Leur e ffi cacité n' inté- bouc he sur la réductio n de plaque et clans le traiteme nt de la gingivite.
resse que les zones supragingivales et marginales du s illon g ingival. Il est égale me nt dé montré que des bains de bouc he avec de la CHX
Certains bains de bouche sont à usage thé rapeutique ; ce sont ceux ne peuvent à e ux seuls (sans dé bride ment) réduire les bacté ries patho-
:1base de c hlorhcxidine (Cl-IX). Afin de pare r aux inconvénients liés gènes sous-gingivales dans la paroclontite [381. Une mé ta-analyse très
a ux e ffe ts indésirables de la C HX (colorations, agueusie, etc.) ct récente vie nt de confinner à partir de 30 publications toutes les pro-
d 'envis ager un contrô le chimiq ue préventi f c t régul ier de la plaque priétés antiplaquc ct a ntigingivitc de la Cl-IX, y compris ses principaux
bacté rie nne, d ' autres molécules dites de deuxième géné ratio n ont été effets secondaires : les coloratio ns ct la rnodification du goût L52j.
L' el'licacité de la C HX est proportio nne lle à sa concentration,
1. Le fi nancement des études par l'i ndustrie est plus que souhaitable compte notamment pour l' indice de plaque; parallèle me nt, les effets secon-
tenu de la faiblesse des financements publiques, en odontologie 1o ut parti-
culièrement. Les résultats des études doivem ê1re considérés 1\ la lum ière de
daires a ugme nte nt avec la concentration I l 01. Sa concentratio n
l 'orig ine de leur financement ct de leur qualité imrinsèquc c l non condam- varie e ntre 0 , 12 c t 0 ,2 % e n fonc tion des pré parat io ns commer-
nées en raison du soutien financier de l' industrie. ciales. L' inhibit ion de la plaque é tant dé pe ndante de l' importa nce du
CHAPITRE 58- THÉRAPEUTIQUES CHIMIQUES ADJUVANTES 493
dosage, les form ules à 0,2 % sont it pri vilégier. Une solution de C HX Ammoniums quaternaires : le chlorure
à 0,2% est d ' une efficaci té supérieure s ur le saignement a u sondage, de cétylpyridinium (CPC)
le comptage bactérien sous-gingival et l' indice de plaque compara-
Les ammoniums quate rnaires sont caractérisés par leur bi polarité
tive ment à une solution à 0,12 %, mais d' un point de vue clinique,
e t le ur caractère tens ioactif (agent moussant). Le pl us utilisé e t le
la diffé rence d 'effi cacité s ur les signes de la g ingivite est minime.
plus étudié comme a ntiseptique e n médecine buccodentaire est le
La CHX présente des effets secondaires importants : colorations
c hlorure de céty lpyridinium (CPC). L'activité antimicrobiennc des
brunes des dents e t de la face dorsale de la langue, perturbation elu
a mmon iums quaternaires repose s ur l'ex iste nce d' un pôle catio-
goût, é rosions muque uses qui limite nt son utilisation au long cours.
nique qui favori se l'adsorption à la surface négative des micro-
On la prescrira donc sur des périodes courtes (fe nê tre thé rapeutique)
organis mes. Cette adsorption est respo nsable de lésions me mbra-
pour accompagner une thé rape utique non c hirurg icale, maîtriser
naires irrévers ibles. Les ammoniums quaternai res sont plus actrf s
une réaction inllamma toire aiguë o u e n postopéra toire. li semble-
sur les bactéries à G ram positif que sur celles à Gram négatif. Ils
rait qu' une solution à 0, 12% soit préférable pour lim ite r les effets
sont bac tériostatiques e t fongistatiques. L'activité sur les mycobac-
secondaires 14].
té ries, les spores ct la majorité des virus est pratiquement nulle, mai s
Le mome nt d'utilisation du bain de bouc he à la C HX est problé ma-
le YIH est sens ible. Leur spectre est donc é troi t, ce d'autant que des
tique. On sait depu is longtemps que la c hlorhcxidine cati onique réagit
résistances acquises ont é té décrites pour certai ns bacilles à Gram
avec le lauryl sul fate de sodium (SLS) e t le monolluorophosphate de
négati f el pour des souc hes de staphylocoq ues résistants à la méti-
sod ium (MFP) utilisé dans la plupart des de ntifrices comme surfac-
c illine. Les ammoniums quaternaires sont synergiques avec la C HX
tant te nsioac tif. Un hain de bouche à base de CHX réalisé 30 minutes
et les alcools, mais incompatibles avec les savons anioniqucs c t de
après un brossage donne un e ffet ami plaque s ignificativeme nt réduit.
nombre ux autres antiseptiques.
Par rapport aux colorations produites par la C HX, il serait préférable
Le C PC est utilisé en bain de bouche à une concentration variant
de réaliser le bain de bouche 30 minutes avant le brossage.
de 0,05 à 0, 1 %. Mê me s i son activité antibactérienne in vitro semble
En résumé, deux bains de bouche par jour, matin e t soir, avec une
intéressante, sa capacité d ' inhibe r c t de prévenir la ging ivite est
solution à 0,12 % sont suffisants. L'effet rémane nt de la CHX sur
décevante [1 8]. Son actio n est diminuée par les matières organiques,
une durée d ' une douzaine d'heures re nd inutile une plus grande fré-
cc qui limite e ncore son inté rêt. Cc produ it n'est donc pas attractif
quence. Il est préférable de réaliser les bains de bouche avec la CHX
e n parodontologie, ce que confirme un rapport de la Haute autorité
à distance du brossage de ntaire . L'adsorption de la C HX à la surface
de santé (HAS) qui précise que le C PC ne présente pas de bénéfice
des dents est assez rapide, 15 secondes env iron ; un bain de bouc he
cl inique en parodontologie.
de 15 à 30 secondes est donc suffisant.
Huiles essentielles
Hexéditlne
Utilisées e n bain de bouche depuis plus de cent ans, les huiles
De la mê me f~tm ille que la CHX, l' hexéditine 2 est un dérivé des
essentie lles' ont été reformulées au cours des dernières années. Le
pyrimidines. Une revue systématique ( 168 articles éligibles pour 6
bain de bouche est composé de quatre huiles essentielles de thymol ,
sé lectionnés) comparant l'effet a ntiplaque et anti-inllammatoire de
d'eucaly ptol, de me nthol et de salicy late de méthyle e n solutio n
l' hcxéditinc à un placebo ou à la C HX conclut à une action positive
hyclroalcoolique à 2 %. De très no mbre uses études ont démontré son
sur la prévention de l'acc umulation de plaque e t l' infla mmation g ingi-
efficacité sur la plaque et la gingivite de façon s ign ificative par rapport
va le curnl.mrativelllelll au placebo. Cependant, cu111pte tt:nu des effe ts
à un placebo. Un des avantages intéressants des huiles essentielles est
secondaires el du faible bénéfice anendu, l' hexéditine ne peut consti-
le ur capacité de pé né trer le biofi lm [34]. Van leeuwen et al. , en 201 1
tue r une alternative sérieuse à la CHX lorsqu 'elle lui est comparée [2].
[50] , compare nt cla ns une méta-analyse les huiles essentielles à la
C HX pour l' indice de plaque et l'inflammation ging ivale. D'après
Phénols cette méta-analyse, il semble que la C HX e ntraîne de me illeurs effets
Les dérivés du phénol forme nt une grande famille d ' antiseptiques, sur le contrôle de plaque. En revanc he, il n'y a pas de d ifférence
de conse rvate urs et de désinfectants. Le ur mode d 'action repose sur sur la réductio n de l' infla mmation gi ng ivale e ntre les deux types de
la dénaturatio n des me mbranes mic robiennes ct des al térations pro- bains de bouc he. Pour conclure, les huiles essentielles avec moins
téiques. Ils sont bactéricides e t fongicides. L'activité est faible sur d'effets secondaires peuvent ê tre une alternati ve à la CHX sur le long
les spores bac té riennes ct nulle sur les mycobacté ries, les vi rus c t te rme q uand un adjuvant c himique est indiqué en complé ment du
les prions. Les principales molécules sont l'eugénol, l' acide salicy- brossage. C'est un produit de ré fé re nce au cours du suivi paroclontal.
lique, le thymol , o u encore le triclosan . L' activité des phéno liqucs li a obtenu le labe l de I'American Dema/ Association (A DA).
est le nte mais prolongée ; e lle diminue en présence de matières
organiques . Les phé no liques peuvent être irritants pour la peau. Il Agents oxygénés
existe un possible passage sang uin respo nsable d'effets systémiques
On a util isé le peroxyde d'hydrogène dans le traite ment des g in-
neurologiques. C o mparés à la CHX , les e lfets sont analogues sur la
givites ou des pa rodontites ulcéronéc rotiques. Le peroxyborate e t le
plaque ct la g ingivite sans entraîne r ni coloration ni augme ntation de
peroxycarbonate o nt une activité inhibitrice sur le développement
la formati o n du tartre, tout en respectant la fl ore commensale . Ces
de la plaque. À court terme (6 mois), les bains de bouche avec H 20 2
proprié tés place nt ces produits comme agents de référence en suivi
ne pe rmettent pas de préve nir l'accumulation de la plaq ue, mais
parodontal car ils perme ttent une utilisation sur de longues périodes.
pourraient rédu ire les s ignes précoces de l' infl ammatio n ging ivale
Néanmoins, il semblerait que certaines molécules comme le triclo-
[201. L'utilisatio n à long terme e t à forte concentration est décon-
san3 n'atte ignent le ur objectif a ntiplaque qu'en combinaison avec le
seillée e n raison des effets indésirables : co lo ratio n des dents, irri-
dentifrice conte nant égale me nt cette molécule [54].
tation des muque uses, altération du goût, éros ions. À faibl e concen-
2. Hcxtril18•
3. Colgate Total" . 4. Listcrinc"'.
494 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
tration d '1-1p
2
($; 1,5 %), l' usage quotidie n à lo ng terme de cc bain Intérêt des bains de bouche dans le traitement
de bo uche ne sem ble pas induire d 'effets secondaires sérieux. Ces et la prévention des maladies parodontales
agents oxygénés, notamme nt 1' 1-1 20 2, peuvent donc avoir un intérêt,
Les bains de bouche ne sont actifs que sur la plaque supragingivale.
mais plutôt en association par exemple avec la povido ne iodée dans
À partir du moment ott ils ne pénètrent pas au-delà de 3 mm dans
la réduction de la charge bacté rienne buccale dans les patho logies
le s illon g ingival, ils ne peuvent agir sur le << front » de la destmc-
aiguës comme l' abcès parodomal et les parodontitcs nécrotiqucs.
tion parodontale q u'est la poche. Les bains de bouche o nt donc une
action essentiellement préventive sur la formation de la plaque sous-
Association fluorure d'amine-fluorure d'étain
gingivale. C hez les suj eL~ sains ou présentant une s imple ging ivite liée
Le flu orure d' amine (Fam) a un e ffet anticarie par so n action sur à la plaque, l' utilisation d ' anti septiques~~ visée thérapeutique (CHX )
la surface de l'émail. Le flu orure d 'étai n (Sn F2) a des pro priétés n'est pas recommandée car un simple contrôle mécanique profession-
antimicrobicnnes démontrées depuis lo ng tem ps. Le Fam permet de nel par détartrage-polissage prophylactique est s uffisant dans tous
s tabiliser le SnFr Dans celle association, o n o bserve une potentiali- les cas. Néanmoins, o n peut recommander l' utilisation de bains de
sation de l'effet antibactérien de chacun des composants qui permet- bouche prophy lactiques (nutres que la CHX) afin de compléter les
tait de réduire la plaque et la g ingivite particulièrement lorsque le insuflisances du brossage (prévention primaire), en part iculier chez
dentifrice est associé au bain de bouche. Il semb le que l' association les sujets à risque parodontal (prévention secondaire), ceux ayant déjà
Fam - SnF2 e n bain de bouche soit intéressante surtout po ur com- e u une parodontite et en phase de sui vi (prévention tettiaire). Chez les
battre l' halitose 1401, mais beaucoup mo ins cfli cace sur les para- malades présentant une parodontitc en phase de traitement, l' utilisa-
mètres de l' inflammation ging ivale. Cette assoc iat ion Fam - SnF/ tion des antiseptiques est intéressante pour compléter le détartrage-
peut ê tre intéressante à long terme car les e ffets secondaires sont surfaçage et le brossage. Le bain de bouche à la C HX à 0,2 % ou
netteme nt mo indres que ceux entraînés par la C l-IX. 0,1 2 % reste le « gold sta11dard » lors du traite ment des parodontites.
Delmopinol Dentifrices
Le dclmopino l, agent tensioactif à bas poids moléculai re (on parle Le brossage est le moyen individuel le plus courant et le plus e ffi -
parfois de « surfactant ») possédant un profil antibactérien très réduit, cace pour contrô ler le dé ve loppeme nt de la plaque de ntaire supra-
semble présenter des propriétés intéressantes en tant qu'agent ami- g ing ivale . Bien entendu, il faut y consacrer le temps nécessaire et
plaque. Le principe d ' action sur la capacité de cette molécule de compléter le brossage des s urfaces vestibulai res et linguales/pala-
retarde r la formation des bi ofi lms. L'élimination de la plaque sera it tines par le brossage des espaces intcrproximaux ct du dos de la
ains i fac ilitée lors du brossage ; sa re formati on serait retardée to ut langue. L' utilisation d ' un denti frice permet d 'amé liore r l'action
en préservant l'équilibre écologique buccal. Une étude a comparé mécanique du brossage. To us les denti frices contiennent du fl uor.
l' e fficacité d ' une solution à 0,2% de de lmopino l hydroch loréc à une Le fluor n' a cependant pas d'action ant.i-infl ammatoirc ct n' est pas
solution à 0,2 % de C HX ct un placebo sur la formation de la plaque ciblé s ur les parodontopathogènes. L'adjonction d ' un principe actif
ct s ur la ging ivite (évaluée par le saignement au sondage) [25 1. Dans amé liore modestement mais s ignificativement le contrô le de plaque.
cette étude, le delmopinol ct la CHX mo ntraient une supériorité sur Le principe acti f doit montrer son e ffi cac ité dans la réduction de l' in-
la solution placebo. Les patients sous C HX montraient 6 fois plus de flammation gingivale, avoir une acti vité antibactérienne, antitartre ct
dépôt tartrique el plus de coloration qu 'avec le dclmopinol. Un bain si possible déscnsibilisantc.
de bouche 2 foi s par jour avec 0,2 % de C HX sur 6 mois donnait
néanmo ins des résultats supérieurs sur la formation de la plaque el sur Chlorhexidine (CHX)
la ging ivite pratiqueme nt s imilaires dans les deux groupes tests [ Il.
La C l-IX peut diffic ilement s' incorporer aux dentifrices, du fa it de
En résumé, l'anal yse d' une littérature re lativement abondante sur
la présence dans la plupart d ' entre eux de détergents et de tensioac-
le produit (une quarantaine d ' articles o riginaux s ur Mcdline®), fait
tifs qui altèrent so n e ffi cacité. Il existe néanmoins des pâtes fl uorées
a pparaîtrc :
compre nant du dig luconatc de CHX à 4 mg po ur 100 g 7 •
une réduction des indices de plaque versus placebo ;
- une réduction des indices de g ing ivite versus placebo ;
Triclosan
- un mode d ' action préservant l'écologie bactérienne.
La durée d' un bain de bouche avec une so lution de de lmopino l à Le tric losan (T ) est non ionique, donc compatible avec les den-
0,2 % devrait être comprise entre 30 et 60 secondes pour une bonne tifri ces. Comparé à un dentifrice fluoré de référence, un clent.ifricc
e ffi cacité cl il peut être réali sé après brossage sa ns délai partic ulier flu oré contenant du tric losan est plus effi cace en termes de contrôle
puisque la molécule est un tens io-actif de la mê me catégorie que de plaque ct de réductio n de l' infl ammation chez des patients atteints
ceux trouvés dans la plupart des denti frices. Les c ritères d 'effi cacité de g ingivite [481. Il présente un effet rémanent de 3 heures enviro n
du deltnopinol6 ont été approuvés par l' A DA en 2005. Cette mo lé- qu i peut être augmenté par incorporation d' un copolymère (CP)
c ule pourrait constituer une aide efficace dans le contrôle chimique (étJ1er de polyv inylméthy l ct d 'acide ma lé ique). JI n' existe pas d 'ef-
d es biofilm s en complémem des mesures d ' hygiè ne ct des suivis fet secondaire du type agueusie ni de coloratio n. La formul e T +CJ>S
pro fessionne ls à long terme. Elle présente peu d 'effe ts secondaires agirait de faço n sig nificati ve sur la réduction du saignement gingi-
c t une e ffi cacité pro uvée sur la réduction des indices de p laque ct val, la fo rmation de plaque el de tartre par rapport à un dentifrice
d e gingivite, tout en préservant l' écologie bactérienne à lo ng terme. placebo ct avec moins de s ites avec des poches profondes ct moins
Un des problèmes majeurs dans l' utilisation à lo ng terme du bain de de s ites avec perte d' attache et perte osseuse 1411. Ce dentifrice est
bouche est une sensation de brûlure au niveau des muqueuses qui sans aucun do ute celui qui est le plus étudié. Une revue systématique
rend son usage quo tidien diffic ile. conc lut q ue l' util isatio n deux fo is par jour d ' un denti frice à base de
5. Meridol... 7. Elgydium" .
6. Decapinol" . 8. Colgate Towl" .
CHAPITRE 58- THÉRAPEUTIQUES CHIMIQUES ADJUVANTES 495
Fluorure d 'étain Afi n de véhiculer l' antisept ique à l' intérieur des poches parodon-
tales, deux types d'approche ont é té proposés : les irrigations sous-
La pâte dentifrice à base de fluorure d'étain stabi lisé (SnF) est
gingivales et les matériaux 1t li bération lente.
un adjuvant du brossage efficace pour contrôler la plaque supragin-
givale. Le SnF2 peut être utilisé en combinaison avec des abrasifs à
base de calcium ct permet ainsi d'avoir une protection vis-à-vis des Irrigations sous-gingivales (ISG)
caries, des bactéries pathogènes, de la gingivite et de l' hypersensibi- Plusi cur~ études ont testé les effets de I' ISG avec différents anti-
lité dentinairc. Le SnF2 altère la croissance bactérienne par plusieurs septiques en complé ment du DSR ct n' observent pas d'effets thé-
mécanismes dont l' inhibition de la cohésion et de l'adhésion. Une rapeutiques suppléme ntaires arguant du fa it que la concentration
nouvelle formule de dcntifricc9 associant le SnF2 ct un hcxaméta- intracréviculaire est maintenue pendant trop peu de temps pour être
phosphate de sodium (HS) montre en plus des proprié tés antiplaquc, e fficace. Ces résultats sont confirmés par une revue systématique
antigingivitc ct une action préventive sur la formation du tartre [57.1. comparant le détartragc-surfaçage avec ou sans ISG et ne montrant
Une autre association fluorure d 'amines et fluorure d'étain 10 semble aucun bénéfice à court terme de I' ISG 11 61. Toutes ces études ont
intéressante en raison de son e ffic acité sur les bactéries gingivopa- été réali sées sur des monoradiculécs ct chez des patients à l' hygiène
thogèncs [30]. strictement contrùlée. Les ISG sont généralement pratiquées par le
pratic ien mais peuvent être conseillées, plus rarement, aux patients.
Spray, gels, vernis, chewing-gums et irrigations Un dispositif d' aigui lle émoussée adaptable sur 1111 embout d ' hydro-
pu lseur pour réali ser des ISG individuelles a été proposé [2 1]. Les
Sprays
travaux cités ci-dessous concernent les ISG professionnelles.
Les sprays permette nt d ' uti li ser des quanlités réduites de produit
actif tout en gardant une bonne efficacité sur le contrôle de la plaq ue Chlorhexidine
supragingiva le et de la gingivite. Cette méthode peut être intéres-
sante entre autres pour des patients handicapés moteurs ou mentaux. De nombreuses études ont été faites avec des ISG de CHX en com-
plément du détartrage-surfaçagc qui retrouvent un avantage, mais très
Gels modeste, snr les paramètres c liniques ct bactériologiques [7]. Kriick ct
al., en 2012 [24], ont évalué différentes solutions d'irrigation en com-
Les gels peuvent être indiqués pour des applications ponctue lles plément du DSR : soit une solulion de chlorure de sodium à 0,9 %, soit
puisque, par défi nition, ils ne s'étalent pas dans l' ensemble de la CHX à 0, 12 %, soit polyvidone iodée à 7,5 %. Les paramètres cliniques
cavité buccale e t adhèrent à la zone où ils ont été déposés. Ils sont mesurés sont la profondeur des poches, le niveau d' attache (NA), le sai-
donc utili sés le plus souvent en postchirurgical lorsque le brossage gnement au sondage (bleedi11g on pmbi11g [BOP!) et les pré lèvements
s' avère dirficile voire interdit ou en cas de perte d'attache localisée. bactériologiques réalisés concernent : Aggregatibacter actinomycetem-
Ils évitent également le<< brassage>> intrabuccal associé à l' utilisa- comitans (Aa), P01phyromonas ging iva/is (Pg), Tan11erel/a fo rsythia
tion des bains de bouche qui peut être préjudiciable à une cicatrisa- (7.f), Treponema denticola. La profondeur de poche (4 à 6 mm), le NA
tion de qualité, c'est-il-dire non mécaniquement pe rt urbée. et le BOP étaient significativcmcnt réduits, mais aucune différence
n'était observée sur le plan clinique entre tous les types de traitement.
Vernis Néanmoins, la polyvidonc iodée donnait les meilleurs résultats cli-
Les verni s ont aussi été testés avec intérêt dans les traiteme nts niques c l bactériologiques sur A a, Pg ct 7Jjusqu' à 12 mois. L'ensemble
parodontaux, avec une amélioration sur le saignement ct l'indice des études sur l' utilisation de CHX sous tonne de gel ne semblent pas
de plaque (pour revue voir [29]). Les vernis doivent ê tre appliqués donner des résultaL~ significativement supérieurs et celle-ci n'est donc
pendant de longues périodes pour être e ffi caces avec de nombreuses pas j ustifiée. Matesanz ct al., en 20 13 1281, évaluent une nouvelle for-
séances au faULeui l. Cette méthode devrai t plutôt être réservée aux mule de CHX à base de xanthanc (Xan-CHX) en complément du DSR
patients handicapés ou dans l' incapacité d'effectuer un brossage dans les parodontites chroniques. Les différences étaient très peu signi-
correct. ficatives par rapport au DSR seul sur le plan clinique. En résumé, une
revue systématique n'a pas pu montrer une diflërcnce significative dans
Chewing-gums la réduction de la profo ndeur de poche ou elu saignement lors d' un
clétartragc-surfaçage avec ou sans irrigation 1t la CHX [ 17].
Sans réelle effi cac ité, les chewing-gums peuvent être utilisés sous
contrôle chez des patients e n situation de handicap. Polyvidone iodée
véhicule, dans ce cas la polyvidone. La polyvidone permet ainsi au hypersensibilité imméd iate après injection d' iode pour un examen
simple comact de l'cau une libération progressive d' iode qui est l'élé- radio logique et des réactions d'ec zéma après application cutanée de
ment actif'. Celui-ci présente une forte capacité oxydante des protéines polyvidone iodée. Dans ce dernier cas, la réaction dermatolog iq ue
membranaires e t enzymatiques . La polyvidone iodée est active sur les est le plus souvent due à la polyvidone.
bactéries, levures, mycobactéries ct virus qui peuvent être présents dans Pour conclure, l'action de la PVI-P est intéressante dans la pré-
une poche parodontale: c'est le spectre antibactérien le plus complet. vention de la bacté riémie avant extraction ou celle liée a u détartrage
Plusieurs études déjà anc iennes ont montré 1' intérêt des ISO avec la e t, ma lgré un e ft·e t rémanent nette ment moind re par rapport à la
polyvidone iodée (PVI) en complé ment d u DSR avec une d iminution de C HX, son activité antimicrobienne instantanée est particulièrement
l'indice de plaque, de l'indice de saignement et de l' ind ice gingival en efficace avec moins d'effets seconda ires.
corrélation avec une diminution histologique du tissu conjonctif infi ltré
e t un gain d'attache ainsi q u'une d im inution quantitative et qua litative Huiles essentielles
des bacté ries sous-gi ngivales. La PV I semble plus efficace que l'cau
oxygénée, les composés phénolés c t la C HX à 0, 12 %. Contrairement Il y a peu d 'études récentes avec des TSO d ' huiles essentielles. Feng
il la CHX, e lle n'est pas inhibée par les composés organiques, ce qui ct al. , en 201 1 111 ], évalue nt le détartrage ultrasonique avec des huiles
en fait l' antiseptiq ue de référence e n utilisation sous-gingivale. La plu- essentielles versus placebo. Les résultats montrent une réduction signi-
part des auteurs recommandent cet antiseptique en cours de traitement ficative de la profondeur des poches (probing pocket depth IPPD]),
parodontal e t non en prophy laxie [24]. Il s'agit donc d' une molécule à du saignement au sondage (bleedinli on probing 1BOP]) ct un gain
utiliser, comme la C HX, dans une fenêtre thérapeutique. du niveau d ' attache (clinicat a/lachment levet ICAL]) dans les deux
L'uti li sation de PY I- P e n comp lément du surfaçagc radiculaire groupes. Seu les les poches profondes initialeme nt (PPD > 7 mm) mon-
pe rmet une réduction s igni ficative mais c li niq uement fa ib le de la traient un gain de CAL et une réduc tion s ignificati vemcnt supérieure
profondeur de poches 143]. Comparé e il la CHX il 0, 12% ou à une de PPD a vec les huiles essentielles par rapport il la solution placebo.
so lution placebo de NaCI à 0,9 %, la PYl - P e n ISO est légère me nt Il y a trop pe u d'études pour tirer des conclusio ns sur les hui les essen-
p lus efficace q ua nt ilia ré duction des ta ux d ' A. aclinomycelemco- tie lles e n ISO.
mitans et de P. g ingivalis, 12 mois après thérapeutique non c hirur-
g icale 124] . L'association PV I-P et H20 2 scmblc e ncore supérieure Conclusions
à la so lution PVI-P seule s ur la réduction de l' infl ammatio n g in-
Les méta-analyses sont aujourd' hui assez anciennes et date nt de
g ivale ct les taux cl' A. actinomycetemcomitans ct de P. Ringiva/is.
JO ans environ. O n peut cependant c la irement conclure que l'adjonc-
La concentra tion optimale de PV I-P lors d' un usage paroclonta l est
tion de CHX seule en ISO est sans intérêt dans le traitement des poches
de 0, 1 % d' iode; il faut clone d il uer pa r 10 le produi t com mercialisé''
parodontales. La C HX étant inactivée par le pus et le sang, il conviendra
à 10 % clans laquelle on a 1 % d ' iode. C ette concentration perme t plutôt de l' utiliser e n association avec la PV I ou I' H 0 • Les récents
2 2
une meilleure réduction de la charge bacté rienne et a permis de mon-
travaux sur la PY I laissent e ntrevoir une efficacité de cette molécule
trer des résultats soit en irrigation sous-gi ngivale seule (Figure 58- 1),
en ISO en termes de réduction de profondeur de poche. Les ISO seront
soit utilisée e n spray conjointement aux détartre urs ultrasoniques réservées de préférence au traitement de l'abcès parodontal, en cas de
alors qu'on n 'observe pas d ' e ffet additionnel a u cours du déta rtrage
poches paroclontales sévères pendant la thérapeutique initiale et pendant
ultrasonique avec une solution de chlorhex idi ne à 0,2 %.
le suivi parodontal dans le traitement des sites récidivants éventuels.
Utilisée de manière prolongée, la po lyvidone iodée est respon-
sable de colorations des dents, des muq ueuses, de la la ngue et
Matériaux à libération prolongée
peut aboutir il un dys fo nctionnement thyroïdien ; on la réservera
clone pour une utilisation ponctue lle, a u fauteuil. Fi nalement, il est La plupart des études incorpore nt des antim icrobiens clans les
important de s ig naler qu' il n'existe pas d'« a lle rgie c roisée » entre matériaux à libération lente. Parmi les ant iseptiques, seule la C HX
a été testée . Une plaquette biodégradable a é té proposée il y a près
12
de 25 ans contenant 2,5 mg de C HX, avec comme indication les
poches supérieures ou égales à 5 mm [45]. Ce produit n'est pas d is-
tribué e n France. Les premiè res é tudes montraient, après détartrage
et application dans les poches profondes prése ntant un saignement
au sondage du maté riau à libération prolongée, une mci lieure réduc-
tion de profondeur des poches et un mei lleur gain d'attache. Il est
cependant di ffic ile d'établi r la supér iorité du produit e n complément
du clétartrage-surfaçagc par rapport au délartrage-s urfaçage seul. Dans
une étude multiccntrique à 6 mois (n = 116), le DSR associé à des
chips de C HX donne s ignificativemcnt de meilleurs résultats que le
DSR seul, mais avec des valeurs cl iniques sans intérêt maje ur (réduc-
tion de la profondeur de poche de 0,55 mm) 135]. Le comptage de huit
princ ipaux paroclontopathogènes est très légère ment inférieur dans le
groupe DSR +ch ips comparé au DSR seul.
Figure 58·1 Irrigation sous-gingivale. Pendant les surfaçages,
une irrigation à la povidone iodée diluée à 10 % participera à la En résumé, s i ces dispos iti fs e ntraîne nt une réduc tion significa-
décontamination des tissus mous. Le produit est déposé lentement tive des poches profondes, du sa ignement au so ndage ct parfois
en sous-gingival à l'aide d' une pipette ou d' une seringue à extrémité du comptage bactérien, les résultats c liniques restent modestes. Us
mousse. La molécule n'est pas inhibée par le sang, contrairement à la pou rraie nt être réservés à des s ites locali sés profonds réc idivants ou
chlorhexidine. (Document Corinne Lallam.) e n c as de contre- indication chirurgicale .
~ LES MOLÉCULES
Les effets indésirables de la doxycyclinc sont nombreux et parfois cycline seule, tétracycline seule versus placebo, e t absence de trai-
graves. L'évaluation du rapport bé né fice/risque de cet antibiotique tement L361. On observe une amé lioration de la réduction moyenne
doit être rigoureuse. Il est comre-indiqué de prescrire les tétracy- de la profondeur de poche de 0,7 1 mm e n faveur de DSR + tétracy-
c lines en assoc iation avec les rétinoïdes, le risque d' hypertension cline comparati veme nt au DS R seul, que l que soit le sondage in itia l
intracrânienne étant important. JI conviendra d'être particulièrcmcm et indépendamment de la durée du suivi. La tétracycl ine seule est
prudent en cas de co-prescription avec les anticoagulants oraux plus efficace que le placebo, ma is moins e fficace que le DSR seul.
(augmentation de l'effet de l' anticoagu lant oral ct du risque hémor- Lorsque le gain d'attache est la variable principale, les résultats sont
ragique) et les médicaments contenant du fer du ca lc ium (diminution semblables à ceux observés dans la réduction de la profondeur de
de l'absorption digestive des cycli nes), du strontium (dim inution de poche. En conc lusion, companuivcmcnt à une approche DS R seul ,
l'absorption digesti ve elu strontium) ou du zinc. l' adjonction d'un traite ment local de tétracycline améliore signi -
ficativcmcnt les résultats clin iques. Néanmoin s, compte tenu du
manque d' homogéné ité des é tudes incl uses dans la méta-analyse
~ ANTIBIOTIQUES ADMINISTRÉS ct de leur fa ible qua lité, les résultats doivent être interprétés avec
PAR VOIE LOCALE prudence. De plus, l'améliorat ion clin ique constante mais limitée
doit être balancée par les effets secondaires dus à l' uti lisation des
Comme pour l' antibiothérapie systémique, il s' agit d'une thé-
tétracyclines.
rapeutique complémentaire ; c'est-à-dire qu 'on ne peut l'envisa-
La doxycyc linc a fa it spéci fiq ue ment l' obj et de plusieurs
ger qu ' après désorganisation mécanique du biofi lm sous-gingival.
études, mais nous ne di sposons pas de méta-analyse à son sujet.
Cette voie d' adm inistration présente des avantages notoires. Elle
L' uti li sation d' un gel de doxycyclinc à 8 % 15 e n association avec
permet de dé livrer des concentrations très élevées de la molécule
un surfaçage des poc hes profondes après thérapeutique initia le a
au niveau du site à traiter, d 'éviter la sélection de résistances bac-
é té comparée au surfaçagc seul des lésions 147]. Aucune cliffércnœ
té riennes e t les effets secondaires liés il une administration sys-
n' a été observée e ntre les deux groupes. Un ge l de doxycycline à
té mique. En revanc he, l' antibiothé rapie locale, par son caractère
8 % a été util isé lors du suivi parodontal dans des poches récidi-
ciblé, ne prév ie nt pas d' une ré- infection il partir de sites non trai-
vantes> 5 mm 16]. Là encore, aucune différence significative n'a
tés. Les caractéristiques de la poche parodontalc, par son vo lume
é té observée e ntre les deux groupes. La doxycyclinc en gel à 8 %
(0,5 IJ.I pour une poche de 5 mm) ct le re nouve lle ment du nuidc
ne semble donc pas apporter de bénéfice clinique, tant lors du trai-
gingiva l (à un rythme de 40 fois par heure), entraîne nt une é limi-
tement non chirurgica l des maladies parodontalcs que lors du sui vi.
nation de la concentration efficace de l' agent antibi otique en une
La minocyclinc, plus ét.udiéc, présente de nombreux effets intéres-
minute. Pour pouvoir être maintenu dans la poc he parodontalc à
sants. Elle est commerc ialisée sous forme de gcl 11' (Figure 58-2) ou
une concentration e ffi cace, l'antibiotique doit être associé à un sup-
de microsphèrcs 11 . En plus de l' activité anticollagénolytique propre
port générale ment dégradablc permettant une cinétique de relar-
aux tétracyclines, la minocycline fa vorise la migration et l' attache-
gagc auss i le nte que poss ibl e (matériaux à li bération pro longée).
me nt des fibroblastes in vilro 15 11. Elle stimule égale ment in vifr(J la
production de I' IL- l f3. Il a été démontré une activité antibac térienne
Métronidazole in vi/lv et in vivo contre le complexe rouge ainsi que contre le com-
Le choix de cette molécule se justifie par son spectre antibactérie n, plexe orange chez les fumeurs.
décrit précédemment. Lcikncs ct al., en 2007 [261, ont évalué l' uppli- Un essai clinique randomisé multicentrique à 9 moi s comparant
cation d ' un gel de métronidazole à 25 % 13 chez des patients en cours DS R seul à DSR + minocycline ct LJSR + placebo (n = 748) montre
de suivi parodontal et préscntalll une récidive d' inflammation avec une différence moyenne de 0,24 mm de réduction de profondeur
une profondeur de sondage supérieure à 5 mm. Les résultats ne mon- de poche significative en faveur de l' uti lisation de la minocyclinc
traient pas de différencc ni dans la réduction de profondeur de poche, en adjuvant du DSR 155 1. Il est intéressant d' observer que plus la
ni dans le gain d' <lttache comparativement aux patients ayant été trai- profondeur de poche initiale est importante, plus l' utilisation des
tés par surfaçagc radiculaire. Une méta-analyse portant sur 12 articles mic rosphères de minocyclinc 17 utilisées dans cette é tude semble
136 1. comparant le détartrage-surfaçage radiculai re (DSR) associé à inté ressante (Figure 58-3, p. 50 1).
une administration locale de métronidazole (bandclcucs, irrigations En conclusion, comparati vement à l' instrumentation mécanique
sous-gingivales ou fibres) versus DSR seul a montré un gain d' attache seule, les antibiotiques admin istrés par voie locale en complément
significatif moyen en faveur de DSR + métronidazolc de 0,29 mm à du DSR montrent toujours une amélioration des mesures pm·odon-
9 mois. Cc résultat deme ure cependant cl iniquement peu conclualll tales cliniques. Cette amélioration est trop modeste pour justifier
compte tenu de la fa iblesse du gain d'attache obtenu . En conclusion, leur usage en pratique courante, sauf dans le cas du traitement des
quel que soit le mode d'administration local, le rapport coût/bénéfice poches profondes. En bouche complète, l' association DSR - anti-
défavorable n' incite pas à l' utilisation du métronidazolc. biothérapie locale ne montre pas de gain d ' attache clinique plus
important que le DSR seul f l7 1. L' intérêt de l'antibiothérapie locale
Tétracyclines trouve donc sa justification dans le traitement ponctuel des sites
perdant de l'anachc et non dans le traite ment global d ' un patient
Différentes molécu les de la famille des tétracyclines (tétracycline, atteint de parodontite 1221. En résumé, l' antibiothérapie locale n'est
minocyclinc, doxycycline) ont été proposées pour une uti lisation pas ind iquée en première intention clans le traite ment des maladies
sous-gingivale à l' aide de bandeleue, d' irrigations sous-gingivales parodontales. Son indicat ion est limitée au trai tement non chirurgi-
ou de fibrcs 14• Ces trois fami lles de tétracycli nes ont été étudiées cal d' une poche pro fonde localisée ou lors du suivi parodontal en cas
dans une méta-analyse (29 études) comparant sur une durée de de récidive localisée.
9 mois DSR seul versus DSR + tétracycline, DSR seul versus tétra-
15. Atridox".
13. El yw l~. 16. Dcntomycines, Paroclinc11.
14. ActisiiCs . 17. Arcstine", non commercialisé en France.
500 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
Figure 58·2 Ant ibiothérapie locale chez un malade atteint de parodontlte chronique sévère localisée. a) Vue clinique initiale en
l
vestibulaire: profondeur de poche de 9 mm en mésial de 41. b) Vue clinique en lingual. c ) Sondage vestibulaire après thérapeutique initiale
au moment de la réévaluation :profondeur de poche de 7 mm. d) Le prélèvement bactérien (sonde PCR) indique une concentration élevée de
trois pathogènes majeurs : Porphyromonas gingivalis, Prevote/la intermedia et Tanerella forsythia. La décision de traiter en non chirurgical est
prise en raison du caractère très localisé et accessible de la lésion. e) Vue clinique en lingual. f) Première application du gel de minocycline
à 2 %'" après un nouveau DSR. L:applicalion sera renouvelée toute les 2 semaines à concurrence de 4 applications. g) La profondeur de
sondage à 9 mois est de 3 mm. (Document Benoit Brochery.)
18. Paroclinc".
CHAPITRE 58- THÉRAPEUTIQUES CHIMIQUES ADJUVANTES 501
Une molécule réceme, l'azithromycinc (fa mille des macrolides) .... IMMUNOMODULATEURS
est de plus e n plus documentée e n parodo ntologie. Celte molécule
préscme des caractéristiques inté ressantes, e t tout d'abord une Les ant i-i nflammato ires utili sés par voie générale sur de lo ngues
excelle nte di stri butio n dans les tissus parodonta ux. Les é tudes phar- pé riodes (6 mois) posent des problèmes de tolérance (hépatique e t
macociné tiques o nt décrit des conce ntrations tissulaires supérieures gastro-intestinale). Les paramè tres cliniques parodontaux (profo n-
à la concentrati on plasmatique, notamme nt dans l'os al véolaire c t d eur de poche, niveau d ' attache) ne semble nt que pe u modifiés par
surto ut dans les tissus inflammatoi res. En e ffet , l'azithromycine est ces s ubstances. Le rapport bé néfi ce/ri sque é ta nt défavorable, le ur
prise e n c harge par les phagocytes e t reste ainsi à de fo rtes concen- prescription ne semble pas justifiée dans le cadre d u traite me nt des
trat ions au niveau des s ites infla mmatoires. L' azithro mycine a une parodo ntites. En revanche, une molécule antibiotique, la doxycy-
de mi-vie d 'élimination très le nte : la prescription es t de 500 mg cline, utilisée à dose sous-antimicrobicnne, présente des carac téri s-
par jour en une prise pendant 3 jours, ce qu i permet de pote ntiali- tiques intércssantes 19• Elle possède, o utre son action antibactérienne,
ser l'obse rvance, c t le princ ipe actif est rc largué pe ndant I l j o urs une activité a nticollagénolytique e t anti- inOammato ire. Prescrite à
après la de rnière prise. Haas et al. e n 2008 113], dans un essai cli- un dosage de 20 mg, deux fo is par jour, sur des périodes lo ng ues
nique ra ndomisé versus placebo, ont. mo ntré une nelte c t signifi - (6 à 9 mois), elle permet une inhibition des métallo protéinases de
cative amé li oratio n des paramè tres c lin iques avec une prescriptio n la matrice (MMP). Une revue de la litté rature a mi s e n évidence
d 'azith romyc inc conjointeme nt au DSR , à savo ir une réduc tio n la pote ntiali satio n des effets c liniques du DSR lors de l' adminis-
de la profonde ur de poche de 2,88 mm da ns le g ro upe test contre tration de la doxycycline à dose sous-antimicrobienne [39]. Aucun
1,85 mm dans le groupe contrôle. HafTajcc et al., e n 2007 115], ont effe t secondaire ct aucune apparition de résista nce bactérienne
comparé le mé tro nidazolc ct l'azithromyc inc e n association avec n'éta ie nt observés. En 2000, Caton e t al. ll:! l, dans un essai contrôlé
un DSR : ils notaie nt une équivale nce des deux mo lécules dans versus placebo , mo ntraient que la com binaison DSR e t doxycycline
la réduc tion de la profonde ur de poche c t les gai ns d ' allac hc pa r à dose sous-antimicrobienne perme uait une réduc tion s ig nificative
rapport au DSR seul. de la profonde ur de poche. Celte stratégie thé rape utique offre une
Une associatio n parfaite ment é tablie est celle du mé tronidazole approche de prise en c harge des parodontites inté ressante s ur le long
et de l' amoxicillinc. Le mé tronidazole seul n'est pas actif contre terme. Mal he ureusement, cette forme pharmacologique de la doxy-
Aa; l' adjonction de l'amoxicilline perme t de c ibler ce parodontopa- cyclinc n'est pas e ncore dispo nible en France.
thogène [53]. Les auteurs recommande nt celte association dans les
formes associées à Aa. L'association amoxic illine - métronidazole a
.... PROBIOTIQUES
é té évaluée dans le traitement de parodont itc agressive généralisée
[ 12 1. Dans cel essai clinique randomisé versus placebo, les aute urs L' intérêt des probiotiqucs pour promouvoir des modifications micro-
administraie nt le traitement à la suite d ' une dés infection g lo bale. biologiques a été au centre de nombreuses publications au cours de
La réduc tion des poches supé rie ures à 7 mm é tait de 10,8 % clans le ces dernières décennies. Les probiotiques sont des micro-organismes
groupe test contre 5,3% dans le groupe contrôle. Un des problè mes vivants qui stimulent la croissance de bacté ries susceptibles d'exercer
associés à cette bi-antibio thé rapie est le dosage qui varie e n fo nc tion un effet bénéfique s ur la santé. Apparues dans le domaine de la paro-
des pays. En Fra nce, ce dosage est : amox icilline (2 g/j ), métronida- dontologie, elles sont de plus en plus é tudiées. L'étiolog ie des paro-
zole ( 1,5 g/j) pe ndant 10 jours. On notera qu 'en A lle mag ne la poso- dontites s' articule autour d ' un triple axe : hôte s usceptible, présence
logie est de 3 x 500 mg/j (amox icilline) ct 3 x 400 mg/j ( métronida- de bac té ries paroclo ntopathogènes, réduction des << bac té ries protec-
zole). A ux Pays-Bas, les dosages uti lisés sont de 500 mg d ' a moxi- trices>> . La thérapeutique re posant sur le dé brideme nt sous-gingival et
c illinc deux fois par jour el de 250 mg de métro nidazolc de ux foi s l'amélioration du contrô le de la plaque supragingivale, la réponse de
par jour pendant 7 jours. l' hôte n'a fait l'objet que d ' une approche thérapeutique limitée.
Dans la majorité des é tudes s ur l' antibiothé rapie systémique, Les probio tiqucs peuvent agir sur le mic ro biote ma is module nt
lorsque le c ritè re d'évaluatio n est le gain d ' attache, les résultats sta- également la ré po nse immunitaire. Leur mode d'act ion sc décom-
tis tique me nt s ignificatifs sont clinique me nt faibl es (0,3 à 0,4 mm) pose e n plusieurs étapes : ( 1) modulation de la ré ponse immunitaire,
[ 191. Mais il faut prendre conscience qu ' un gain d'attache de (2) production de s ubstances antibactérie nnes, (3) compé tition bac-
0,3 mm équivaut à inverser de 4 à 7 ans la progression de la maladie té rie nne, (4) inh ibition de l' adhésion des bactéries pathogènes. Dans
pour des patie nts intégrés dans un programme de sui vi parodontal, une revue systé matique, Te ughc ls el a l. 146 1 rapporte nt une dimi-
compte te nu des faibles taux de récidive. Pa r ai lleurs, Mombe lli [3 11 nution sig nificative des espèces bactérie nnes Aa, Pg, Pi e t Cr c hez
a souligné un élé ment très intéressant concernant l' appo rt du traite- l' an ima l. C hez l' homme, les é tudes cliniques montrent une réduc-
me nt antibiotique dans les formes sévères. Après administration de tion de l'indice de plaque, une d imi nution du sai gnement au sondage
lu combinaison amoxicillinc - mé t.roniduzole ù la sui te d ' une dés in- (celui-ci aug mentant à l' arrêt de l'admin istration), une d iminut ion
fection g lobale . il constatait un gain d 'attache compris e ntre 0,3 c t de la profo nde ur de poc he et, notamment c hez les patie nts fumeurs,
0,5 mm, et que cette réduction e mraînait une réduc tion de 60 % du une dimi nution des ma rque urs de l' inflammation ( IL- l p, T NF-a).
besoin e n chirurgie à la réévaluation, e t donc une amé li oration quant Les auteurs s uggèrent que les probiotiques pou!l'aient offri r des pos-
ü la morbidi té des traite ments parodontaux. s ibil ités multiples e t intéressantes grâce à le ur ac tion antibac té rienne
e t à la régu la tio n de la réponse immunitai re. Des é tudes complé-
me ntaires sont cependant indispe nsables pour valide r les données
Autres molécules animales, proposer des protocoles thé rape utiques en fonction des
probiotiques utilisés el éva luer l' association des probiotiqucs e ntre
Les antibac té rie ns o nt pour objet la pote ntialisatio n du traite- e ux. Les probiotiqucs sont dis po ni bles en France sous forme de pas-
me nt parodontal mécanique. Il existe aussi des mo lécules qui visent ti lles2<1 à ra ison d'une pas ti Ile après c haque brossage à laisser dis-
à modifie r la réponse de l' hôte, ag issant ainsi sur la composante
immunitaire de la pathogénie parodontalc. 19. Pcriostat" .
20 . Gum Perio Balancc 41 •
CHAPITRE 58- THÉRAPEUTIQUES CHIMIQUES ADJUVANTES 503
soudre dans la bouche penda nt 10 minutes e nviron. Il s'agit d'une 9. Dm·veau R.P. Periodomitis : a polymicrobial disruptio n of host
a ssociation brevetée de deux souches de L. reuteri sélectio nnées ho meoslasis. Nat Rev Microbiol, 20 10, 8(7): 48 1-490.
pour le urs propriétés synerg iques dans la lutte contre les bac téries 10. Duss C, La ng N P, Cosyn J , Persson GR. A randomized com rolled
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cariogènes e t parodo nto pathogènes.
a novel 0,05 % c hlorhcxidine/he rbal ex tract and a 0, 1 'i'o chlorhcxi-
dinc mouthrinse adjunct 10 pcriodo ntal surgery. J Cl in Pcriodontnl,
Implications cliniques 20 10, 37 : 9!l8-997.
I l. Fcng l-IS, Bernardo CC, Sonoda LL, ct al. Subging ival ullrasonic ins-
• Quel que soit le mode d 'administration local (geL ban- trumentation of residual pockets irrigated w ith essemial o ils: a rando-
delettes. irrigations sous-gingivales. fibres). le rapport mized controlled trial. J C lin Periodomol, 20 I l, 38(7) : 637-643.
coût/bénéfice défavorable n'incite pas à l'utilisation 12. Guerrero A, Griniths GS, Nibali L, c t al. Adj unctivc bene fits of systc-
locale du métronldazole. mic amoxicillin anclmctronidazolc in non-surgical trcatmcnt of gene-
ralizcd aggressivc periodomit is : a randomizecl placeho-controlled
• L'Indication de l'antibiothérapie locale est limitée au cl inicaltrial. J C lin Periodontol, 2005, 32( 10): 1096- 11 07.
traitement non chirurgical de poches profondes isolées 13. 1-laas AN, de Castro G D, Moreno T, et al. Azithromycin as an
ou lors du suivi parodontal en cas d e récidive localisée. adjunctive trcatment os agressive periodomitis : 12-months rando-
• La doxycycline (200 mg en une prise pendant 14 jours) mizcd clinicaltrial. J C lin Periodomo l, 2008,35: 696-704.
ou une association amoxicilline (2 g!J) et métronldozole 14. HaiTajee AD, Socransky SS, Gunsolley JC . Systcmic anti-i nfective
(1.5 g/j) pendant 10 jours peuvent être indiquées par pcriodontal thcrapy. A systematic rcvicw. A nn Pe riodontnl , 2003,
voie systémique en complément du traitement méca- 8: 115- 18 1.
nique en cas de formes agressives sévères. en particulier 15. Haffajee AD, Torrcsyap G, Socransky SS. Clin ical changes follow ing
lorsque Aa est identifié. four different periodontal therapies for the treatmcm o f c hronic perio-
dontitis : 1-ycar results. J Clin Pcriodonto l, 2007,34: 243-253.
• La prescription de métronidazole (1.5 g/j pondant 16. llallmon WW, Rccs TD. Local anti infcctivc the rapy : m ech~•nica l
7 jours) est recommandée dons le tra itement des malo- a nd physica l approaches. A systcmatic revicw. Ann Pcriodontol,
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17. l-Ianes PJ , Purvis JP. Local anti-infccti ve therapy: pharmacological
• L'antibiothérapie systémique n'est pas recommandée
agents. A systc matic review. Ann Pe riodomol, 2003, 8: 79-98.
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504 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
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La thérapeutique initiale parodontale
Laurent Théry, Michèle Reners
Tableau 59·1 Organisation c lassique des séances de la première me nt de la malad ie. On peut cons idérer d'u ne certaine façon que
consullation à la réévaluation. À moduler en fonction de l'étendue et les maladies parodontalcs, les parodontites e n particulier, sont des
de la sévérité de la maladie. maladies cachées qui sc développent à bas bruit. Elles sont indo-
lores, abritées dans la cavité orale, ct un professionnel lui-même
t•• consultation :environ 30 minutes ne pe ut les détecter à l'œil nu car il doit procéder à un exame n,
Anamnèse+ informations générales (maladie, diagnostic, pronostic le sondage parodo ntal. Ainsi, toute forme de dépistage visuel o u
avec et sans traitement, coûts, durée du traitement) + prescriptions radiographique (une lyse osseuse n' ind ique pas la présence d'une
(radiographies, examens biologiques, etc.) maladie mais sa conséquence) est ins uffisante pour ne pas dire
inutile en pratique courante (la pratique épidémiologique est autre
Séance 1 : environ 45 minutes
chose). Cette pauvreté des symptômes entraîne le plus souvent,
Sondage complet + détartrage supragingival + Information lors de la communicat ion du d iagnostic, un étonneme nt de la part
sur le contrôle de plaque + prescriptions (brosses, brossettes. fil, bain des malades, parfois sceptiques quan t à la réali té d 'une pathologie
de bouche, prélèvements microbiologiques, etc.) dont ils ne pe rçoivent que les contraintes thérapeutiques et les coûts
Séance 2 : environ 60 minutes associés (en France, les traitements parodontaux ne sont pas pris
e n charge par l'Assurance-Maladie ; celle-ci ne rembourse q ue les
OSA maxillaire (2 quadrants) + évaluation de l'observance dé ta rtrages). La prise de conscie nce de la nécessité de traite ment est
Séance 3 : environ 60 minutes
souvent tardive, lorsque la perte d'anache est arrivée à son ter me,
entraînant la dent avec e lle. Le diagnostic de parodontitc agres-
OSA mandibulaire (2 quadrants) + évaluation de l'observance s ive c hez le sujet jeune, celui de paroclontite sévère c hez l'adulte
aboutissent parfois à des plans de traitement complexes pouvant
Séance 4 (optionnelle) :environ 45 minutes
comporter des avulsions dentaires. L' annonce du diagnostic et des
Révision (4 quadrants)+ évaluation de l'observance contraintes liées au traitement est rarement bie n comprise par le
malade ct peut entraîner un refus compréhensible de la réali té. On
Réévaluation : environ 60 minutes
observe alors une absence d'observance ct une reche rc he par le
Mise à jour de l'anamnèse + évaluation de l'observance + informations malade de propositions de « trai tements miracles >> moins contrai-
précises (maladie, diagnostic, pronostic, plan de traitement, coûts, gnants ct à effet immédiat qu'i ls finiront sans doute par trouver à
durée du traitement) + prescriptions complémentaires (radiographies. force de nomadisme<< méd ical >> .
examens biologiques, etc.)
Ainsi est-il d'usage de parle r de << motivation >> des malades.
Celle-ci cons iste à créer chez le malade un besoin théra peutique
pour préserver sa santé, alors qu ' il ne perçoit bien souvent que des
Tableau 59· 11 Séquences d'une séance de détartrage-surfaçage désavantages à un te l traitement. Celle démarche est à différencier
radiculaire (OSA). de la prévention, puisque clans cc cas précis nous parlons de Ùléra-
peutiq ue ; c'est dire que nous nous adressons à un ma lade et no n à
1. Bain de bouche à la chlorhexidine 0,20 o/o
un sujet sai n.
2. Anesthésie locale Une revue de la Cochrane dont le but éta it de dé te rmi ner
3. Détartrage sous-gingival ultrasonique l'impact des programmes de motivation visant à améliorer
4. Détartrage sous-gingival manuel (faucilles) l' adhés ion aux méthodes d ' hygiène orale des malades aueints
de maladies parodonta lcs (gingivites ou parodonti tes) indique
5. Surfaçage manuel (curettes)
la faib lesse (quant itative c t quali tative) des études s ur le s uj e t
6. Détersion ultrasonique des poches [ 14J. Les auteurs concluent que certa ines approches psycho lo-
7. Aéropolissage (aéropolisseur) g iques pe u vent éven tuellement amé liorer la qua lité du conLrôlc
de plaque. Un seu l e ntretien n'est pas suffisant po ur motiver un
8. Rinçage professionnel (soufflette)
patient , mais cet entre tie n aura un impact beaucoup plus impor-
9. Révision de la qualité du DSR (utilisation des aides optiques) tant. sur le patie nt non informé llS I. O n pe ut donc affirmer qu' i 1
10. Polissage doux des surfaces dentaires (pâte prophylactique fluorée) n 'existe aucune mé thode de réfé re nce séri e use et que la « mot iva-
tion paroclonta le >>est un terreau fertile e n avis d'aute urs ct di sser-
11 . Rinçage professionnel (soufflette)
tations pe rsonnelles qui tournent vite à la discussion de comptoir.
12.1rrigation à la povidone iodée 10 o/o (seringue manuelle à aiguille On pourra cependant s' aider du guide d '<< entretien motivation-
mousse)
ne! » à l' usage des thé rapeutes mis au point dans le but d 'aider les
13. Passage du fil interdentaire pratic ie ns clans ln communication avec le malade 191. Les auteurs
14. Bain de bouche à la chlorhexidine 0,20 o/o o nt identi fié les cinq principes généraux suivants.
- Le praticien doit exprimer de l'empathie e nvers le malade e n ce
qu i concerne le dilemme entre le changement de comportement que
le malade doit effectuer (par exemple octroyer plus de temps à l' hy-
pour objet non seu le me nt l'amélioration de la qualité de la vie, mais
giè ne dentaire) et ses conséquences (par exemple se lever plus tôt).
aussi la resta uration de l'estime de soi .
Le prat icie n do it toujours être elu côté du malade, l'aider à exprimer
ses demandes, ses cloutes, ses inqu iétudes. Bien plus qu' une qualité
.... ASPECTS PSYCHOLOGIQUES DE LA PRISE d'écoute, l'empathie permet au malade de se restructurer intérieu-
EN CHARGE rement.
En pratique : ré péte r la dernière phrase du malade.
Un des problè mes majeurs associés au x maladies parodonta lcs - Mettre en évide nce la contradiction qu i existe e ntre le << com-
est la pauvreté des symptômes liés à l'i nitiatio n e t au dévelo ppe- portement idéal >> que le malade doi t adopter et sa s ituation actuelle.
CHAPITRE 59- LA THÉRAPEUTIQUE INITIALE PARODONTALE 507
Élimination des facteurs de rétention lors d'une élongation coronaire. Cette intervention n'est pas toujours
possible lorsque cette limite dépasse environ de plus de 3 mm apica-
de plaque lemcnt la cr~tc alvéolaire, voire moins lorsqu'il existe déj à une alvéo-
lysc. Il n' est pas raisonnable également de conserver une dent dont le
Il est d' usage de considérer la T IP comme une phase non chirur- pronostic médiocre peut entraîner à terme une perte osseuse mettant
gicale. Celle catégorisation n'est cependant pas forcément vraie car en cause le pronostic d' implants dentaires si ceux-ci sont indiqués
des actes chirurgicaux (extractions, élongations coronaires) peuvent pour leur remplacement. Enfi n, la dent doi t pouvoir assurer après trai-
y être associés. La thérapeutique initiale est toutefois considérée tement sa fonction sans risque élevé de fracture ou de luxation.
comme non chirurg icale sur le plan parodontal car le traitement des L e moment choisi pour l'avulsion est toujours délicat. La néces-
poches ne fait pas l 'objet d' un accès à ciel ouvert. sité de l 'anesthés ie ct de la préser vation de la crête pendant l ' avul-
La littérature sur le sujet est ancienne ou quasi inex istante. Les sion peut entraî ner la réalisation d'un lambeau d'accès qu'il serait
décisions reposent le plus souvent sur le sens clinique ou tout sim- absurde de ne pas étendre à des lésions parodomales adjacentes.
plement sur les bonnes pratiques. On peut en effet s' interroger sur la Cette intervention parodontale intervient en principe après la réé-
compétence d' un praticien qui traiterait une maladi e parodontalc en valuation. L'importance du réservoir bactérien et son expression cli-
ignorant les lési ons cndodontiques, les car ies ou tout autre affection nique ( lési on suppurante ou atteignant l ' apex) seront déterminantes
non directement parodontalc. dans la décision de procéder classiquement à une avulsion pendant"
la T IP ou après la réévaluation .
.... AVULSIONS DENTAIRES
.... TRAITEMENT DES CARIES DENTAIRES
La prévalence des avulsions pendant la T l P est en moyenne faible.
Une étude rétrospective à l ' uni versité de Berne indique un taux Les caries constituent des anfractuosités où l ' accumulation ct la
=
d'ex traction durant la T l P de 4,8 % (11 6 503) i ntéressant 46 % des stagnation de plaque sont facilitées. Elles sont fréquentes chez les
=
malades (11 273) 119] . Les avul sions sont le plus souvent li ées à patients atteints de parodontites chroniques. Environ la moi tié des
la sévérité de la parodont ite et les dents extraites présentent plus de paüents adressés pour traitement parodontal présentent des caries
75 % de perte osseuse 12]. Ces études étant rétrospectives et portant dentaires [ 13 1. Elles doivent donc ~tre trai tées pendant la Tl P. De plus,
sur un certai n nombre d'année (6 à 9 ans), i l serai t intéressant de les elles ne favori sent pas le contrôle de plaque : si la carie est proxi male,
rénctuali scr à la lumière de l ' impac t que la dentister ie implantaire le patient est réticent à passer une brossette dans une zone doulou-
peut avoi r sur la conservation des dents. L a probabi lité d' avulsion reuse ct le neuoyage intcrdentai re n'est pas bien effectué. Souvent, le
est généralement associée à la longueur de l a racine de la dent ct à traitement des caries sous-gingivales nécessite une élongation coro-
la profondeur du défaut osseu x dont témoi gne la rad iographie [ I l. naire pour améliorer l ' accès à la lési on, respecter l ' espace biologique
En résumé, les dents à mauvais pronostic sans traitement dont le et prévenir le saignement et la contaminat ion bactérienne lors de la
pronostic ne peut être amélioré par le traitement seront extraites, à réali sation de l 'obturation (Figure 59- 1) . Si l 'étendue de la carie sous-
moins qu'elles ne constituent pas un réservoir de pathogènes, cc qui gingiva le est trop importante, il faudra envisager l 'extraction.
est rarement le cas (Tableau 59-lll). L es poches parodontalcs asso- L es caries dentaires ct les parodonti tes sont associées à des bio-
ciées à une i mage radiographique atteignant l 'apex, que leur origine fil ms de composition et de loca lisation di fférentes. Les caries sont
soit traumatique (fêlure) ou duc à une parodontite, sont rarement trai- associées au microbiote supragingi val tandi s que les parodontopa-
tables sauf lorsque l 'origi ne est endodontique. M ême après conten- thogèncs résident dans la plaque sous-gingivale. U ne étude pilote a
tion, une dent à parodonte très réduit ayant une mobilité terminale suggéré que la modification de l 'écologie bactérienne i nduite par le
est de mauvais pronostic. Les limites d' une fracture ou d' une carie trai tement parodontal étai t susceptible d'entraîner une augmentation
sous-gingivale peuvent être, dans la mesure du possible, retrouvées du taux de Streptococcus 11111/a/1.\" Ill]. Cette augmentation pourrait
expliquer le taux élevé de caries radiculaires observées chez les
patients en suivi parodontal.
.... TRAITEMENTS ENDODONTIQUES surcontours (Figure 59-2), des surfaces de matériaux non pol ies sont
autant de facteurs facilitant l 'adhésion du biofi lm et le développe-
La règle d'or est la suivan te : les traitements cndoclontiques pré- ment d'un microbiote sous-g ingival pathogène. De plus, ces restau-
cèdent toujours la chirurgie parodontale. Ils trouvent clone leur place rations iatrogènes rendent le nettoyage des espaces interdentaircs
pendant la TIP. La raison en est simple. En cas d' impossibilité de difficile voire impossi ble ( Figure 59-3).
succès d' un traitement endodontiquc lorsque celui-ci est nécessaire Une étude de suivi c hez des volontaires sains sur lesquels étaient
(absence de pennéabilité canalairc, perforations, résorptions intemes placées des obturations en surcontours de 1 mm a clai rement mon-
importantes), la dent peul être à extraire. Cette décision doit être prise tré le développement d ' un m icrobiote sous-gi ngival riche en bac-
avant chirurgie parodontal e et non après. Cependant, les traitements téries à Gram négati f anaérobies, en part iculier en Popllyrmnonas
endodontiqucs néccssilclll parfoi s des allongements coronaires chirur- gingivalis rn
gicaux afin de pouvoir placer la digue. Dans ces situations, lorsqu'une En conc lusion, ces restaurat ions inadaptées devront être reprises
simple gingivectomic localisée n'est pas indiquée, il est évident que ou r emplacées de façon provisoire ou définiti ve pendant la TJP afi n
l ' inter vention chirurgicale parodontale aura lieu avant la réévaluation de fac i l iter l' accès au contrôle de plaque.
car il serail, ici aussi , absurde de ne pas traiter les lésions adjacentes.
Figure 59·4 Absence d e point de contact. a) Déficit discret de point de contact entre 26 et 27 favorisant une inflammation chronique localisée.
Le tassement alimentaire entraîne un syndrome du septum qui contribue à une alvéolyse localisée. b) Noter la formation du petit cratère osseux
(flèche) qui constitue un point d'appel lors de l'examen radiographique. (Document Corinne Lallam.)
..
510 PARTIE 12- THÉRAPEUTIQUES NON CHIRURGICALES
marion gingivale l ocal isée puis, en l ' absence de trai tement, la for- La réévaluation sera le l ieu des décisions thérapeutiques concernant
mation d ' une poche parodontale (Figure 59-4). L'absence de poi nt l ' intérêt d'une modification de l' occ lusion et/ou de la réduction des
de contact peut être pri mai re (obturation défectueuse, frac ture de mobi l ités. Cependant, l 'élimination des surcharges occlusales asso-
matériau, usure) ou secondaire, d 'origine endodontique, parodon- ciées à des mobili tés dentaires sera pratiquée. L e traitement tempo-
tale ou occlu sale. Dans le premier cas (origi ne primai re), le poi nt raire des mobi li tés entraînant une gêne fonctionnelle sera décidé à
de cont act sera rapidement rétabl i après débri dement parodontal la lumière des avantages (absence de mobi li té) et des inconvénients
afin d 'évi ter une nouve l le i mpact ion alimentaire. Dans le second (d i fficulté du contrôle de plaque) d ' une contenti on temporaires
cas (origine secondaire), le débridement sous-gingival sera pra- (chapitre 72). Rappelons-le, la mobi l ité dentaire, sauf lorsqu'elle est
tiqué quelques j ours avant l a réfecti on du poi nt de contact, une terminale - et la dent est alors souvent extrai te (Tableau 59-111) -,
fois le diagnostic de l ésion endodont iquc él i mi né ct l 'occ lusion n'est pas un facteur de pronostic mais de diagnostic. En clair, la
vérifiée. En effet, l orsque l 'origine est parodontal e, le débri de- mobi l ité excessi ve d'une dent signe une anorma li té mais pas son
ment suffit souvent à refermer l 'espace interpro xim al en peu de arrêt de mort.
temps ct l a dent elle- même ne nécessite aucun tra itement. Dans le
cas con tra ire, l a restauration du poin t de contact sera nécessaire.
~ AUTRES
~ TRAITEMENT TEMPORAIRE DES MOBILITÉS Certaines mal occl usions, en particulier les supracl usions entraî-
DENTAIRES nant une impacti on des incisives mandibulaires dans l a muqueuse
palatine, peuvent nécessi ter une in ter vention précoce temporaire
L a TIP n'est certainement pas le moment d'un l\iustemcnt occlu- à l 'aide d'une gouttière (Figure 59-5). L e traitement du bruxisme
sai fin en raison de l a situation encore innammatoi re du parodonte. à l 'aide d' une gouttière peut également trouver sa place lors de la
T I P. La mode des piercings ct des automuti lations chez les ado-
lescents doit fai re l 'obj et d'une att ention toute particulière ct d' un
dialogue l ors de la TI P. L e caractère i atrogène pour le parodonte
de ces m odes n'est plus à démontrer 15]. Les piercings oraux et
péri-oraux semblent cependant relat ivement peu prévalents (5,2 %
des adolescents) et princi palement localisés à la langue selon une
méta-analyse récente [4].
Implications cliniques
• La thérapeutique initiale porodontale (TIP) est obliga-
toire chez tous les sujets atteints de maladies porodon-
tales.
• Les décisions d'extraction pendant la TIP sont peu fré-
quentes et répond ent à des critères relativement stricts
auxquels il convient de se conformer.
• En fin de TIP, les caries, lésions endodontiques. restaura-
tions inadaptées auront été tra itées.
• L'absence de point de contact secondaire à une
atteinte porodontale interproximale ne nécessite pas
obligatoirement la resta ura tion d u point de contact.
• Il n'y a pas lieu de traiter obligatoirement les mobilités
dentaires excessives pendant la TlP.
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Halitose
Direction scientifique : Hélène Rangé
Points clés objectivée par le praticien, elle est alors quali fiée de pscudo-hal itosc.
L' halitophobie correspond fr la persistance de la crainte d' une mau-
• L'holltose est un motif fréquent de consultation. vaise haleine de la part du patient malgré l'absence d' halitose.
• Les effets psychologiques de l'halitose sont non négli-
geables.
• 90% des holitoses sont d'origine intra-orale . Épidémiologie
• 60 % des halitoses intra-oroles sont secondaires à une
maladie parodontale et 40 %. secondaires à une longue Il est di fficile de déterminer la prévalence exacte de l' halitose.
soburrole. Les études qu i évaluent la prévalence de l' halitosc utilisent des clas-
• Les composés sulfurés volatiles sont des produits d u sificalions, des terminologies et des méthodologies de diagnostic
catabolisme protéique bactérien. différentes. En effet, de nombreuses études épidémiologiqucs sont
fondées sur une auto-évaluation de l' haliwse. L' halitose est une
• Les bactéries Gram négatif anaérobies jouent un rôle
pathologie fréquente et elle afTecte les sujets de tous les âges. Dans
important dans la formation de composés sulfurés vola-
Illes. une étude brésilienne, une halitosc a été observée chez 15 % des
individus. Cette pathologie était trois foi s pius fréquente chez les
hommes que chez les femmes quel que soit l'âge des patients. Les
Bien que les odeurs corporelles servent de signaux de reconnais- sujets de plus de 20 ans, quel que soit leur genre, présentaient pius
sance ou de séduction dans le règne animal, elles constituent un fréquemment une halitosc que les sujets de moins de 20 ans r14 1.
véritable tabou dans notre société. Les différentes odeurs émi ses par Certaines études rapportent une préva lence cie 1' hal itose cie 30 %
le corps, comme la bromidrose (émission de sueur d'odeur fétide), 1 15J alors que, pour d' autres auteurs, elle serait de 50 % clans ln
les gaz gastro- intestinaux et la mauvaise haleine ou halitose sont population adulte occidentale 1241. Il est à noter que ces prévalences
le plu s souvent une conséquence d' un métabolisme bactérien et/ou ne di stinguent pas, et donc incluent, halitosc vraie, pseudo-hnlitose
fongique. et halitophobie. La grande majorité des halitoses est d'origine irma-
L'halitose, terme provenant du latin lwliws (haleine) et du grec orale alors qu' une petite minorité ( 10 %) est extra-orale [22].
-osi.1· (anormal ou malade), est défin ie comme la perception d' une
odeur incommodante dans l' air expiré d' un sujet. Cette situation
qui cause l'embarras et affecte les relations interindividuelles est
un mot if fréquent de consultation. L' halitose peut avoir des effets
Circonstance de perception
psychologiques non négligeables comme l'autodépréciat ion (faible et notion de subjectivité
estime de soi), l'isolement ou la dépression, car les patients sont
ou se sentent victimes de mépris, de rejet. Lorsqu' une halitose Le plus souvent, les patients sont incapables de juger leur propre
est diagnostiquée de manière objective, elle est quali fiée de vraie. haleine [6]. li semble ex ister, en effet, une accoutumance du patient
Cette dernière peul être physiologique (transitoire) ou pathologique à son halitose. Lors de la consultation, les patients expriment fré-
(permanente) ct son ori gine peut être irma- ou ex tra-orale. Lorsque quemment leur « crainte » de présenter une mauvaise haleine ou
l' impression de mau vnise haleine, exprimée par le patient, n'est pas l'évocation d' une ha litosc par une tierce personne. De plus, les
516 PARTIE 13- HALITOSE
patiems confondent régulièrement la mauvaise hale ine avec une Tableau 60-1 Principaux micro-orga nis mes impliqués dans l'bali-
altération du goût (dysgue us ic). Enfin, la forte subjecti vité de la tose (ordre alphabétique).
mauvaise haleine et, par voie de conséquence, sa grande di flicullé
d'évaluation peuvent renforcer la pscudo-halit osc ainsi que l' halito- Principal composé
Espèce bactérienne
sulfuré volatile
phobie de certains patients.
Centipeda periodonlii H, S de la cystéine
Fusobacterium nucleatum subsp. nucleatum H2 S de la cystéine
Déterminants de l'haleine Fusobacterium nucleatum subsp. H2S de la cystéine
polymorphum
Au cours de ln respiration , l' air expiré des poumons qui s'échappe Fusobacterium nucleatum subsp. vincenlii H,S de la cystéine
pnr la bouche ou le nez constitue l'hale ine. Celte de rnière n'est
Fusobacterium periodonticum H,S de la cystéine
généralement pas inodore. Son odeur est déterminée par les d ifTé-
rents organes traversés par l' air au cours de la ventilat ion. Porphyromonas endodontalis CH3SH de la
méthionine
Porphyromonas gingivalis CH,SH du sérum
.... CAVITÉ ORALE
Prevote/la intermedia H,S de la cystéine
La face dorsale de la langue est la zone de la cavité o rale qui Bacteroides loescheii H,S du sérum
abrite la plus forte dens ité bactérienne. La langue contribue éga le-
Tannerella forsythia (Bacteroides forsythus) H, S de la cystéine
ment à la production des bac téries présentes dans la salive. Pour de
nombreux auteurs, l' halitosc dépend davantage de la nore li ng uale Treponema denlicola H,S du sérum
---
q ue de la flo re parodontale 111. De nombreuses patho log ies comme CH3SH : mercaptan do méthyle : H, S : sullurc d'hydrogène.
les parodontitcs, les péricoro narites, l'alvéolite, les maladies paro-
dontalcs nécrotiques, les infections orales, les caries dentaires sont
des c auses possibles d'halitosc. De plus, une mauvaise hale ine est désordres des voies aériennes supérieures peuvent entraîner la pré-
fréquemment observée c hez les patients présentalll une réduction du sence de composés malodorants dans l' air expiré. Les pathologies des
débit de sécrétion sa livaire (hyposialie) [9J. La xérostomic, qui est voies aériennes supérieures modifi ent l'activité épitllélialc respon-
défin ie comme une p lainte subjective du patient de bouche sèche, est sable d ' une prolifé ration bactérienne ct d'une stase des sécrétions.
une s iLUation fréquente qui affecte environ 20 % de la population. Il
ex iste une étroite corrélation entre la prise de certains rnédicamc ms
ct la xérostomic (anticholincrgiques, antidépresseurs, <~ntihista mi
niqucs H 1, antipsychotiqucs). Étiologies de l'halitose
Dans la cavité orale, sont présentes des intcr<Jctions bactériennes
complexes. Les bactéries à Grnm négatif anaérobies protéolytiques Lors de la respiration, de nombreuses molécu les volatiles vont se
jouent un rôle important dans la formation de composés sulfurés retrouver li bérées dans l' air. Certaines de ces mo lécules, ayant pour
volatiles (CSV). Ces composés organiques som responsables de caractéristique d 'être malodorantes, vont générer une halitose. En
l'hal itose. Bien q ue certaines espèces bactériennes com me les fonction de la source de ces composants odorants, il est possible de
Peptostreptococcus aient la capacité de produire in vitro des com- différencier les halitoscs int.ra-orales des halitoses extra-orales.
posés sulfurés volatiles, aucune espèce bactérien ne n 'a été systé-
matiquement associée à l' halitose. De no mbreuses espèces bac-
.... COMPOSÉS ORGAN IQUES
térie nnes sont capables de produire des mo lécules malodorantes
(Tableau 60-1) f2ll. Bien que la nore microbienne de la face do rsale Le métabolisme des bactéries présentes dans la cavité buccale est
de la langue des sujets atteints d' hali tose soit diftëreme de celle des responsable de la prod uction de diffé rents composants. Certaines
sujets sans ha litose, il sem ble exister une corrélat ion étro ite entre de ces molécules sont vo latiles ct ma lodorantes, cc qui leur per-
la charge bactérienne ct l' hal itose. La charge bactérienne tota le met de sc retro uver dans l'ha le ine et ains i d 'être res ponsables de
inHuencc plus l' hal itose que la nature de la fl o re orale 12 11. l'hal itose. De nom breux composés o rganiques sont impliqués clans
l'halitosc f27] .
.... TUBE DIGESTIF
Composés sulfurés volatiles
Les mauvaises odeurs buccales peuvent être la conséque nce de
La dégradation bactérienne des protéines pu is des ac ides aminés
l' ingestio n de certains aliments e t/ou de certaines boissons. Les
sulfurés (méthionine, cysti ne, cystéine, lysine, argini nc, trypto-
épices, l' ail , l'oignon, le cho u, le chou- Heur, les radis ou la consom-
phane) peut aboutir à la synthèse de mercaptans insaturés (mer-
mation d ' alcool peuvent provoquer une halitose. Helico!Jacter
c<Jptan d ' allyle également retrouvé dans l'ail), de sulfures insaturés
pylori, la bacté rie associée aux ulcères gastriques, est capable de
(sulfures d ' allyle ct de méthy le également retrouvés dnns l' ail), de
produire des composés sulfurés voi<Jtilcs 11 11.
mercaptans saturés (mercaptan de propyle également retrouvé dans
l'oig no n, mercaptan de métJ1y le), de dis ulfure (sulfure de dimé-
.... VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES thy lc), et de sulfure (sul fures de méthyle ct de pro lyle également
retrouvés d ans l'oignon, su lfure d'hydrogène). Ces composés sulfu-
La consomm<~ti on de tabac peut également provoquer une hali - rés sont extrêmement volatiles, ce qui le ur confère un pote ntiel odo-
tose. La fumée de tabac contient des composés sulfurés volati les qui rant très fort el une implication majeure clans l' appariti on de l' hali-
sont en partie responsables de l' halitose des sujets fume urs. Certains tose. Le mercaptan de méthy le (CH3S H) ct le s ulfure d ' hydrogène
CHAPITRE 60- HALITOSE 517
(H,S) sont les plus abondants des composés sulfurés volatiles (CSV) considère que 60 % des hali toscs intra-orales sont secondaires à une
ct, -par conséquent, les principaux responsables de 1' hal itosc 123 1. maladie parodontalc ct 40% secondaires à une langue saburrale [20].
Bien que les CSV occupent une place centrale dans la genèse
de l'hal itosc, d'autres composés organiques peuvent être retrouvés Maladies parodontales
dans l ' haleine.
Les sujets atteints d' une maladie parodontalc présentent une forte
augmentation de la production de CSV. On observe une augmentation
Autres composés organiques de la proportion de CSV dans l' air expiré lors de l 'augmentation de la
Il existe d'autres composés capables de générer l ' halitosc. Parmi profondeur de poche. Le mercaptan de métl1ylc et le sulfure d' hydro-
ceux-ci, on retrouve les acides gras à chaîne courte (acide butyrique, gène sont les principaux CSV retrouvés chez les sujets atteints de paro-
acide propioniquc), les polyamines (putrescines, cadavérincs) ct des dontitc. Ces composés organiques seraient des l'acteurs de viru lence
molécules diverses comme l ' acétone, le butanone, le pcntanone, le capables d'altérer la perméabilité de la barrière gingivale. Ils modulent,
propanol, l' indole ct le diméthyle [8j. Cependan t, ces composés en effet, la fonction des fibroblastes gingivaux 125 1. À concentration
organiques, contrairement aux CSV, ont une faible volatil ité, cc qui équivalente, le mercaptan de méthyle a une efficacité supérieure au
leur confère un faihle potentiel odorant. sulfure d'hydrogène sur la perméabilité de la muqueuse. Le mercap-
tan de métJ1yle agit de manière synergique avec l'interleukine 1p et le
lipopolysaccharide sur la sécrétion de prostaglandine E2 et de collagé-
..... VARIATIONS PHYSIOLOGIQUES nases, des médiateurs impon ants de l ' inflammation ct de la destruction
tissulaire.
L' halitosc au réveil est considérée comme étant physiologique
ct temporaire car elle disparaît spontanément après le repas en
l 'absence de consommation de tabac ou de certains aliments (ail.
Langue saburrale
oignons, épices). Cette halitose, fréquemment observée, y compri s Il est possible d' observer une hali tosc irma-orale chez des sujets
chez les patients n' ayant aucune maladie parodontalc, résulte d' une ayant un parodonte sain. L a langue saburrale est la pathologie lin-
augmentation du métabolisme microbien (formation anaérobie de guale la plus fréquente. Elle est caractéri sée par la présence d ' un
CSV ), d' une réduction physiologique du débit salivaire ct du net- enduit blanchâtre plus ou moins épais qui recou vre la surface
toyage buccal (mouvement des muscles faciaux ct buccaux), et d' un rugueuse de la face dorsale de la langue (Figure 60- 1).
défaut de l ' hygi ène orale avant le coucher. Cet enduit, constitué de cellules mortes, de débris al imentai res et
Une étude réalisée aux Pays-Bas a mi s en évidence une augmen- cl' une f"lore bactérienne anaérobie, se détache aisément ct l aisse appa-
tation de la prévalence de l ' halitose avec l 'âge des sujets. En eff et, raître une muqueuse sous-jaccntc normale. La zone postérieure de la
alors que 10 % des sujets de moins de 20 ans souffrent de mauvaise face dorsale de la langue présente une charge bactérienne importante
haleine, après 60 ans, 25 % des sujets présentent une halitosc [4j. et s' avère être la zone de pl us forte production des CSV [1].
U ne augmentation de la concentration des CSV dans l' air expiré des
patientes a été observée au cours des variations hormonales 11 7 1.
..... CAUSES GÉNÉRALES
..... CAUSES LOCALES ET LOCORÉGIONALES De nombreuses pathologies ex térieures à la cavi té orale peuvent
être responsables de l'apparition d' une hali tose (Tableau 60-111)
Quatre-vi ngt dix pour cent des sujets consultant pour une hali tose [2 11. Envi ron 10 % des halitoscs sont d 'origine extra-orale 1221.
présentent une hali tose intra-oralc [22 1. Cette halitose est caractéri-
sée par une mauvaise haleine provenant de la bouche alors que rien Causes broncho-pulmonaires
n'est observé par l' air expi ré par le nez. De nombreuses patholog ies
Certaines pathologies broncho-pulmonaires peuvent entraîner
buccales peuvent être responsables d' une hal itosc (Tableau 60-Jl)
l ' apparition d'une halitosc. Les pathologies des parties supérieures
12 11. Les deux principales causes de l' halitose intra-oralc sont la
présence d ' une maladie parodontale ou d' une langue saburralc. On
liorcr le résultat. Le patienL doit rester bouche fermée pendant une Tableau 60-IV Échelle de mesure organoleptique de l'halitose.
minute, puis expirer doucement l ' air par la bouche à une distance de
10 cm environ du nez du praticien (Figure 60-2). Il est impératif que Score Catégorie Description
le patient expire également par le nez afin de déterminer une éven- Absence Aucune odeur n'est détectée par le praticien
0
w elle halitose extra-orale. Lorsque les mauvaises odeurs proviennent d'halitose
du nez, i l peut s'agir d'une étiologie nasalt:, sinusicnm:, rc~ f!iratui n:
Halitose Une odeur est détectée mais ne peut pas
ou digestive. L'évaluation de l ' halitose sc fait en attribuant un score probable être identifiée comme une halitose par le
organoleptiquc compris entre 0 et 5 (Tableau 60-I V ). praticien
2 Halitose légère L.:haleine dépasse légèrement le seuil
Halimétrie de reconnaissance de l'halitose
Contrairement à la méthode organoleptique, i l est possible de r-éali- 3 Halitose Une halitose est clairement définie
ser une mesure objective des composés sulfurés volatiles présents dans modérée par le praticien
l' haleine en utilisant un hal imètre. Ces mesures, bien que plus précises, 4 Halitose forte Une halitose forte et tolérable par le praticien
sont rarement applicables à une pmtique clinique quotidienne car oné- est détectée
reuses et chronophages. L'halimètre ne permet pas de différencier les 5 Halitose sévère Une halitose forte et insupportable
di fférents CSV et ne peut pas détecter d'autres composés malodorants. pour le praticien est détectée
Il présente une forte semibilité pour le sulfure d' hydrogène, mais une
faible sensibilité pour le mercaptan de méthyle, un composant impor-
tant de l ' halitose. L' halimètre est très sensible aux aliments malodorants
ct à l'alcool, nécessitant l' absence de toute consommation 12 heures En effet, seules les hali toses vraies seront traitées et les modalités
avant l'examen. L'halimètre ne pem1et pas de diagnostiquer les hali- thérapeutiques seront dillérentes en fonction de la nature de l a mau-
toscs extra-orales secondaires à la présence de sul fure de di méthyle. vaise haleine (Figure 60-3).
Chromatographie gazeuse
.... TRAITEMENT ÉTIOLOGIQUE
La chromatographie gazeuse est la méthode de choi x pour réaliser
une mesure précise des gaz ex pirés. Elle permet de différencier et de Pseudo-halitose et halitophobie
qu antifier les CSV et autres composés vol at iles malodorant.s. Cette
U ne pseudo-halitosc est diagnostiquée lorsque l ' halitosc ne peut
méthode, qui nécessite du matériel et une méthodologie complexe
être objectivée (par mesure organolcptiquc ou tout autre moyen)
de mi se en œuvre, ne peut être utilisée dans une acti vité clinique
chez un pat.ient se plaignant de mauvaise haleine. L' halitophobic
quotidienne.
correspond à la persistance de la plainte du patient malgré le diag-
nostic de pseudo-halitose. Dans cc cas de figure, le patient doi t être
.... DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL pri s en charge par un psychologue. L ' usage des bai ns de bouche
ou du gratte-l angue doit être contre-indiqué chez ces patients sous
Lorsqu'aucune halitose n'est diagnostiquée, l 'examen doit être pei ne de renforcer l ' halitophobic.
renouvelé une ou deux fois. Si l' absence d ' halitosc est confirmée
alors que le patient se plaint de mauvaises odeurs, le diagnostic Halitose extra-orale
de pscudo-halitose doit être posé après confi rmation par un ques-
tionnaire. Si, après avoir donné des explications au patient, celui-ci L e traitement des halitoses ex tra-orales doit être une thérapeu-
continue de se plaindre de mauvaises odeurs, alors il s' agi t d' une tique étiologique et non une thérapeutique symptomatique. L es
halitophobic. Cette situation est le plus souvent associée à une patients seront donc ad ressés au spécial iste approprié (oto-rhino-
dépressi on, une phobie ou une exclusion sociale. laryngologistc, gastro-entérologuc, endocrinologue).
Halitose intra-orale
Traitements de l'halitose Maladies parodontales
L' utilisation d' un gratte-langue est ineflicace pour le traitement de
Pour assurer une thérapeutique appropriée, il est i ndispensable l ' halitose des patients ayant une maladie parodontale Il 01. Le trai-
pour le praticien de clai rement di agnostiquer la nature de l ' hali tosc. tement étiologique de la gingivite ou de la parodontite permet une
réduction significative de la production de CSV. Quirynen et al. ont
observé, chez des sujets atteints d' une maladie parodontale, une dimi-
nution du score organoleptiquc après désinfection globale associée à
l'application d' une solution antiseptique de chlorhexidine [ 18].
30cm 10 c m
Langue saburrale
Pour le traitement de l ' halitosc intra-orale de sujets ayant un paro-
donte sain, il est recommandé de réaliser le nettoyage mécanique de la
face dorsale de la langue [26 1. L'objectif du nettoyage est d'éliminer les
débris al imentaires, les cellules ct les bactéries situées entre les papi lles
fili formes afin de diminuer la concentration des CSV dans l' ai r expiré.
Figure 60·2 Méthode de mesure organoleptlque de l'halitose. Cc nettoyage permet de réduire les substrats de putréfaction plus que la
520 PARTIE 13- HALITOSE
l
Examen clinique dentaire, parodontal, muqueux
l
Mesure de l'halitose: score organoleptique --. Pseudo-halitose
/~
Expliquer les résultats
/
~~
Rassurer le patient
Prévention
Halltose vraie d 'origine
r---~-----------------,
lntra-orale
Halltose vraie d'origine
extra-orale et halltophobie
Améliorer l'hygiène orale
Prescrire 5 brossages doux de la langue, 2 fois par jour
Traiter les maladies parodontale eVou carieuse Adresser le patient
Prescrire un antiseptique (bain de bouche) (médecin généraliste,
ORL, interniste,
psychiatre, psychologue)
Figure 60-3 Arbre d e décision thérapeutique en fonction de la forme d 'halitose diagnostiquée.
c hnrge bactérie nne. Une atte ntion toute partic uliè re doit être appn11éc au ru res d 'étain), dutric losan, o u d u peroxyde d' hydrogè ne. Cependant,
ne ttoyage de la panic posté rieure de la langue. L' ut ilisation d' un gratte- hien qu'efficaces, les bnins de bouche à base de c hlorhexidinc ne
langue semble plus efficace que la brosse à dents (Figure 60-4) 11 51. pe uvent pas être utilisés à long terme. En effet, l' utilisation prolo n-
Il est recomma ndé de gratter délicateme nt la langue cinq fois de gée de c h lorhexidinc pe ut altérer le goût et e ntraîner l'apparition de
suite et deux fois par jour. L' adjonclion d' une solution antiseptique à colorations brunes sur la langue et les de nts.
base de c hlorhcxid ine permet une réduction plus efficace de l' halitose. Les palie nL' sont généralement incapables d'évaluer 1' intensité de leur
propre halitose. Il leur est donc d ifficile d'évalue r l'effi cacité du traite-
me nt. Pour celle raison, il est prélë rablc pour les patients de demander à
..... TRAITEMENT ADJUVANTS DE L'HALITOSE
une tierce personne d' évaluer l'erticacité de la thérapeutique.
Le remplacement des bactér ies impliquées dans l' hali tosc par des
Moyens
bnc té ries compét it ives (Strepwcoccus salivarius) semble ê u·e un
Bien q ue l' uti lisntion d' un de nti frice a ntisept ique rédui se l' hali- moyen e ffi cace pour diminue r l' inte nsité de l' halitose 121.
tosc, l'effi cacité semble mo ins importante qu ' un bain de bouche 1121.
JI semble que les dentifri ces à base de tric losan ou d ' io ns métalliques Bénéfices et limites
comme l'étain ct le zi nc soient les plus efficaces dans le traitement
Après la m ise en place du traitement, les patients doivent revenir
de l'halitosc, comparés aux a utres de ntifrices 131. Pour réduire plus
en visite de contrôle pour s'assurer de l' efficacité du traite ment. Pour
efficacement l' halitose, il est cependant recom mandé a ux patients
d ' assoc ie r des bains de bouc he a u grattage de la la ngue. La réalisa- la majo rité des halitoscs irllra-orales, le traitement parodontal, le
grattage de la la ngue c t la réalisation de gargarismes sont suffisants.
tion de gargaris mes perme t d 'accéde r aux zones posté rieures de la
Cependant, il <IITive pa rfois que le pat ient sc plaigne de dysgueusie
langue. La plupart des bains de bouche contie nne nt des nntiscptiques
(altération d u goût). Il est indispensable q ue le pat ie nt ne con fonde
comme du c hlorure de cétylpyrid ini um, de la c hlo rhcxidine, des
pas dysgue usic ct halitoscet qu'i l ne développe pas une halitophobie.
hui le s essentielles, des ions méta lliques (chlorures de zinc e t chio-
..... PRÉVENTION
La réductio n de la consommation de certains aliments, l' élimi-
nai io n du tabac et d e 1'alcool pe rmcllcnt une pré vention efficace
de l'hal itose transitoire. Le grallagc de la langue le soir permet de
réd ui re l' hal itose a u réveil pl us efficacement que le passage du fi l
intc rdcntaire 171. La prévention des maladies parodontalcs est éga-
leme nt un moyen e ffi cace pour prévenir les halitoses irllra-orales.
Implications cliniques
• L'évaluation objective de l'holltose attribue un score
orgonoleptique.
• La prévention des maladies porodontoles prévient les
Figure 60·4 Nettoyage de la langue. L.:utilisation du gratte-langue
holitoses intro-oroles.
pour nettoyer l'intrados de la langue constitue un moyen efficace dans • L' utilisation délicate d'un grotte-longue 5 fois de suite à
la thérapeutique des halitoses secondaires à une langue saburrale. raison de 2 fols par jour est recommandée.
(Document Jean-François Keller.)
CHAPITRE 60- HALITOSE 521
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Prévention et traitement
des récidives
Direction scientifique : BenoÎt Brochery, Stéphane Korngo!d
•
de santé taires.
L' information sur l'état de maladie ct les signes d'appel éventuels
vient compléter celle sur la santé parodontale (Tableau 61-1). Au
5 2
ldentificalion niveau local, outre d'éventuelles douleurs, les conséquences sont
Diffusion
et ajustements des facteurs une gêne fonctionnelle (mastication, phonation) ct esthétique liée
des actions de risque au x mobi li tés, ü la présence d'espaces entre les dents, il l ' aspect
de prévenlion et de prolection perçu comme inesthéti que de la gencive lorsqu 'elle est enfl ammée.
•
Les patients doivent également être informés que les maladies paro-
dontales peuvent être associées il des pathologies générales, et en
particulier les pathologies cardiovasculaircs. On prendra garde de
signaler qu ' il n'y a pas de lien de causalité.
4 3
Test Construction
et validation et mise en place Modification des conduites à risque
des aclions des actions
de prévention de prévention Les maladies parodontalcs étant multi factoriellcs, i l est
poss ible d' agir sur différents facteurs de risque modi fiab les.
L' appremissagc des techniques d ' hygiène orale en vue de contrô-
JU 6 · L'approche de santé publique dans le domaine
de prévention. (Source : Fabien Valet) ler les dépôts bactériens est historiquement le premier axe d'action
à avoir été développé. En effet, le lien ex i stant entre la gingi vite et
le biofilm bactérien a été prouvé depuis les années 1960 [ 12]. En
l'absence de brossage, une gingi vi te se développe chez des per-
Il s'agit clone d' informer les individus sur les facteurs de risque
son nes ayant un parodont e sain en 2 à 3 semaines. La reprise d'un
modifiables ct de les accompagner dans le changement de leurs
contrôle de plaque adéquat permet le retour à la santé gingi vale en
habitudes nocives . Si l'objectif est simple, sa mise en œuvre peut
une semaine. Cene association entre accumulation bactérienne ct
être plus complexe ct il n'est pas toujours aisé d'obtenir l ' adhésion
inn ammation a depuis été largement étudiée et confirmée 111 ]. Les
du patient aux modifications proposées. L'accompagnement du
preuves de l'impact du contrôle de plaque sur l' incidence des paro-
patient vers une participat ion active à son état de santé d ' une façon
dontitcs som mo ins claires L7 j . En effet, l a prévention de l a gin-
générale ct à son état de santé parodontalc en particulier nécessi te
givite via l' amélioration des techniques d ' hygiène orale passe par
donc de respecter plusieurs étapes. La première est d' informer le
une diminution non spéci fique de la charge bactérienne. Or, seu ls
patient afin de lui permellre de connaître les caractéristiques de l ' état
certains pathogènes sont associ és à la paroclontite et, en présence
de santé parodontale el de pouvoir détecter une éventuelle situation
de certaines souches bactériennes particulièremen t virul entes, un
pathologique. La deuxième étape consiste à le convaincre de l ' effi- contrôle de plaque efficace pourrait n'avoir qu'un impact limité
cacité de son acti on pour prévenir l 'apparition ou diminuer l ' impor-
sur le déve loppement de la maladi e. L e passage de la g ingi vi te à
tance de la pathologie. Enfin, la troisième étape sera de communi- la paroclontitc est encore mal compris ct il est sûr que la plupart
quer afin d' adapter ses actions (techniques d ' hygiène orale, sevrage des gingi vi tes n'aboutissent pas i1 une perte cl'allachc. Toutefois, la
tabagique, sui vi et soins de prophy laxie réguliers, etc.) de façon à cc première conférence de consensus européenne en parodontologic
qu 'elles puissent être perçues com me réalisables et pérennes. a conclu que l a parodontitc était toujours précédée par la gingi vite
Il 0]. A ussi, un si te présentant une inflammation persistante a signi-
ficati vemcnt plus de ri sque de présenter une perte d'attache, ce qui
Devoir d'information tend à confirmer cette hy pothèse [Il ] . Il est clone rai sonnable de
considérer que l a prévention de la gingivi te par l ' amélioration elu
L' information des personnes sur les caractéristiques de l 'état de contrôle de plaque prévient la perte d' allachc, ct l 'apprentissage
santé paroclontale, l ' ex istence des pathologies et leurs signes (repé- de techniques d' hygiène orale individuelles a tout son sens dans l a
rables par elles), et sur leurs conséquences locales ct générales
constitue la première étape de la préventi on primnire. Il convient T bleau 61-1 Signes d'appels susceptibles d'être perçus par le
de déterminer quelles informations seront les plus pertinentes à patient lui-même.
fourni r ct par quels moyens. L' information lors des vi sites chez le
praticien va permettre une approche ct une explication individuelles • Saignements provoqués (hygiène, mastication)/
ct ciblées. D ' autres vecteurs sont envisageables pour véhiculer ces spontanés
in formations à une échelle plus large et permettront de toucher éga- Gingivite • Gencive rouge/gonflée
lement l es personnes n'ayant que peu ou pas recours aux soins chez • Agacement/douleurs
• Mauvaise haleine
le chirurgien-dent iste : programmes d'éducation dans les écoles,
actions de prévention au niveau du lieu de travail, programmes d' in- Mêmes signes que la gingivite avec en plus :
formation à l 'échelle nationale relayés par les médias ct la presse. • Récessions gingivales
Parodontite
L'explication de l'état de santé du parodonte passe par sa défini- • Mobilités dentaires
ti on ct sa description. Sa santé n'est habituellement observable pour • Migration de dents
CHAPITRE 61 - PRÉVENTION ET DÉPISTAGE DES MALADIES PARODONTALES 527
prévention des parodontitcs. La g ingivite liée à la p laque est donc la consommation alcoolique ct une trop faible activité sportive. Il
un fac teur de risque des parodontites c hronit]ucs. Son diag nostic s·agit donc d' un véritable e nje u de santé publique tant au niveau
exclut celui de parodontitc tand is que celui de parodonti te inclut mondial que na tio nal c t notre profession a un important rô le à jouer
celui de gingivite (voir c ha pitre 51). dans cc défi 114 1.
Le de uxième facteur qu i a un impact maje ur s ur la santé parodon-
talc est la consommatio n de tabac [ 15]. Les conséq ue nces négati ves,
dose-dépendantes du tabac sur la santé parodonta lc sont aujourcl' hui
la rgeme nt docume ntées. li est également prouvé que la cessation
Dépistage précoce
tabag ique, s ans effacer ks séquelles déjà présentes, est positi ve po ur
diminuer l' incidence des parodontites ainsi que pour la ré uss ite des Un des principes de la prévention secondaire est la détection pré-
traite me nts parodontaux [8, 9 j. L'OMS e ncourage les c hirurg iens- coce du trouble. En effel, plus la pathologie est d iagnostiquée c t
de ntistes à pre nd re activement. part à l' accompagne me nt des prise e n c harge précoceme nt, plus le traite me nt sera simple e t léger
fum e urs vers la cessati on tabag ique, tant pou r des raisons é thiques rou r le pntie nl, ta nt sur le plan psycho logique (désagré ment, temps
e t morales que pratiques 114]. En partic ulier, les raisons sui va ntes passé, peur) que financie r. Un diagnostic précoce permet également
sont invoquées : de diminuer les séque lles de la ma lad ie.
- les chiru rg iens dentistes sont partic ul ièreme nt concernés par li n'est pas rare que les patients ignorent avoi r un trouble au niveau
les désordres liés a u tabac au niveau de la sphè re oropharyngée parodontnl, ces pathologies étant souvent s ile ncieuses. Les paro-
(IUmcurs, maladies parodontales) ; donlites e n particulier sont le plus souvent asymptomatiques e t non
- ils sont réguliè re ment en contact avec des e nfants, adolescents dép istablcs à l'œil nu, y compris sur une radiographie 2• Seule la sonde
et dejeunes adu ltes c t ont donc l'occasion de les sensibil iser ; parodontale permet de d iagnostique r une parodontitc. C'est donc le
- ils passent souvent plus de temps que d ' autres professions plus souvent l'omnipraticien qui détec te la maladie parodontaJe lors
médicales avec les patie nts ct ont donc plus d 'opportunités d' inté- d'une vis ite de contrô le. Cc rôle de dépistage précoce est essentiel
grer des actions de prévention ou d 'aide à l' arrêt du tabac; dans la prévention des maladies parodontalcs ct un rapide exame n du
- lorsqu ' ils traitent les jeunes mamans, ils peuvent les sens ibili- parodo nte devrait faire partie intégrante de toute visite de contrôle
ser a ux effets né fastes du tabac pour leurs e n fant s ; dentaire.
- ils sont aussi aptes et efficaces que les autres professionnels de Cc dé pi stage est nécessaire avant tout ac te dentaire (prothèse,
santé pour aide r les patients à arrê ter de fume r, e t les chances de suc- orthodontie, blanc himclll, e tc.) c t doit pou voir ê tre réalisé en pra-
cès sont s upé rieures lorsque les person nes sont assistées da ns plus tique quotidienne au cabine t de nta ire, y compris e n omnipratique.
d ' une di scip line médi cale ; L' examen doit donc ê tre rapide ct e ffi cace. Les points de contrôle
- ils ont la possibi li té de s'appuyer sur les dégflls e ngendrés par peuvent être réalisés e n quelques minutes ct permettent de détec-
le tabac au niveau o ra l pour motiver leurs patie nt s à quitter le ur ter un é tat pathologique (Tableau 6 1-11). Le sondage, qui peul être
consommation tabag ique 12, 51. rapide, est totalement indispensable à un dé pi stage précoce. Si cel
Il est toutefois à noter q u'en cas de tabagis me lourd, de co- exame n succinct révèle ou soupçonne la présence d' une pathologie,
dé pendances (alcool, drogues) ou de troubles psycho logiques un examen parodonlal complet est indiqué (voir partie 9). Ce dernier
(dépression, troubles alime ntaires), un accompagne me nt plus spéci- relève de la compétence de tout c hirurg ie n-de ntiste. Cependant, en
fique est nécessa ire. Le rôle du pratic ien est dans cc cas l'orie nta tion fo nction de la formatio n spécifique du praticie n, de la sévérité de
vers un s uivi adapté par un tabacologue. la patho logie. de l' enjeu des traitements, orthodo nt iqucs e t prothé-
Le diabète non équ ilibré est le troisième facteu r de ri sque des tiques en particulier, le c hirurgien-de ntiste traitant pourra orienter le
malad ies paroclo ntalcs (4] . Nous devons donc e ncourager nos malade vers un confrè re spécialisé.
patie nts atte ints à s uivre leurs traite me nts afin d'équi librer le ur g ly-
cémie. Dans la mesure où l' interrelation ex istant e ntre le diabète
ct les parodontilcs est à doub le sens, le c hirurg ie n de nti ste peul Tableau 61·11 Dépistage des ma ladies pa rodonta les en pratique
égal e me nt ê tre le premier praticien de santé à dé tecter un terrain à quotidienne.
risque de d iabète (parodontite, surpo ids, etc.) cl inv ite r le patie nt
à un dé pi stage e t une surveillance a uprès de son médecin traitant. Anamnèse • Inte rroga toire médical : évaluation du risque
Enfin, la promot io n d ' un mode de vic sain fait ranic des mi ssio ns
des acte urs de santé que sont les c hirurgie ns-dentistes en géné ral e t • Plaque/tartre
Examen visuel
les parodontistcs en partic ulie r. Consommation modé rée d 'alcool • Gencive : couteur/consisla nce/conlour
alime ntation équilibrée, activité physique régulière e t gestion d~ • Saignement
stress fon t partie intégrante de notre mission de prévention. En effe t, Sondage•
• Niveau d'allache
s i le lie n e ntre ces différents fac te urs e t les maladies parodontalcs est
Radiographies • Perle osseuse alvéolaire
e ncore à cc jour peu clair, leur impact est probable, e n partic ulie r e n
rétrocoronaires ..
cas d 'associat ion de facteurs. De plus, cette démarc he de prévenùon
de la santé orale s' inscrit da ns un programme plus géné ral de pro- ' Le dépistage s'adresse à des sujets présumés non malades. Il n'est pas nécessaire de
motio n de la s anté. L' objectif de l'OMS est aujourd ' hui de favoriser sonder la totalité des sites. On se limitera à 8 dents : los 4 premières molaires et les 4
incisives centra es (voir chapitre 47). Si le sondage doit être plus complet, on privilégiera les
l'action a u niveau des facteurs communs de risque aux maladies no n sites proximaux.
transmissibles. Or, les malad ies parodontalcs partagent les fac te urs .. Ces radiograohies complètent la radiographie panoramique dans le cadre d'un dépistage
global compren~nl egalement la détection des lésions ondodontiques et carieuses.
de risque des quatre pathologies no n transmi ssibles les plus répan-
dues c t les plus me urtrières à cc j our, à savoir : les maladies cardio-
vasculaircs, le diabète, le cance r e t les patho log ies pulmo naires obs-
2. Rappelons que les parodomitcs ne sont pas des maladies osseuses mais
tructives c hroniques. Le~ quatre comportements à risque à améliore r des maladies du système d'allache de la dent. Un niveau d'allache ne peul
prioritaire me nt sont : le tabagisme, une a lime ntation déséquilibrée, pas s'évaluer sur une image radiographique.
528 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
comme les maladies parodo ntales sans apporter les solutio ns thé-
Points clés
rapeutiques e ffic aces ex istantes. La phase de suivi parodontal étant
Tous les patients atteints de gingivite ne seront p as indi spensable à l'efficacité à long terme des traitements, l'étude de
atteints de parodontite. l' << histoire naturelle >> de la maladie commence soit après le d iag-
• Tous les patients atteints d e parodontite sont p assés par nostic (absence de traite ment), soit a près le traitement (a bsence de
le stade de la g ingivite. sui vi). Ces quelques é tudes, le plus souvent épidém iologiques, ont
• La p erte d 'atta che évolue de façon aléa toire et asyn- cependant été déc isives po ur la compréhensio n des maladies paro-
c hrone chez un même individu et à un rythme d ifférent dontales, bien que le ur validité externe soit sujette à cautio n en rai-
d ' un individu à l'autre. son des populations étudiées, essentie llement issues de pays non
industrialisés au moment de l'enquête (Sri Lanka, Chine, Indonésie).
• La perte d 'attache parodonta le est un fac teur de pré-
disposition de perte dentaire, mais son évolution est
généralement lente.
• Peu d e sujets sont susceptibles, peu de sites sont actifs et Histoire naturelle de la maladie ·
un mod èle unique de prog ression ne convient pas pour
tous. évolution des concepts
Le sui vi parodontal , tout comme la prophylaxie, a un coût indi- .... ÉTUDES DE COHORTE
viduel et social qu' il est nécessaire de justifier. Le temps passé en
prévention, l' argent dé pensé pour le suivi so nt-ils nécessaires ? Si Les parodont.ites sont. sans doute parmi les infections communes
oui, est-il indispensable de se situer en amont de la perte d 'attache, les plus anciennes touchant les êtres humains et conduisant. ii la des-
c 'est-à-dire de pré ve nir les g ing ivites? La justification de toute pré- truction du système d ' attache de la dent. En 1965, au Collège Royal
vention repose s ur l'histoire naturelle de la maladie. Il semble clair De ntaire à Aarhus (Danemark), Lüe et. al. mettent au po int une gin-
aujourd' hui que la maladie parodontale destructrice, c' est-à-dire la givite expérimentale par arrêt tem poraire des mesures d ' hygiène
pmodontite, pe ut entraîner, en l' absence de traitement, la perte des dentaire chez un groupe d 'étudiants 191. En utilisant des indices
dents 1• Étudier l'histoire de la maladie, son rytJm1e de progression pour évaluer la plaque dentaire ct l'inflammation des tissus m ous, ils
repose s ur l' observation de cohorte ayant ou n' ayant pas accès aux fourni ssent la preuve ex périmentale de l' assoc iation e ntre présence
soins ct parfois sur des groupes de malades ayant refusé les soins de plaque bactérienne et ging ivite. D e plus, ils apporte nt la démo ns-
parodontaux. tration de la réversibilité complète de tous les signes cliniques de la
Les rares te ntatives visant à décrire J'hi stoire naturelle des maJa- pathologie ging ivale lorsque l' hygiène orale est rétablie.
dies parodo ntales sc sont heurtées à un év ident problème d'éthique . Vers la fin des années 1970, l' opinio n majoritaire est que, sans trai-
En e ffet, il n 'est pas éthiquement possible de diagnostiquer des teme nt, la ging ivite progresse irré médiablement vers la parodontite à
affectio ns destructrices présentant des ramifications systémiques vitesse relativement constante, entrainant à terme la perte des dents.
En 1977, lors d ' un congrès international, cette a pproche est contes tée
1. Un autre aspect de la prévention, plus spécifiqueme nt associé au risque par Lüe e t. al. qui seront les premiers à étudier 1' histoire naturelle des
systémique, est traité ailleurs dans cet ouvrage (voir partie 8). m aladies parodontalcs 17, 81. Un suivi à long terme au Sri Lanka
530 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
chez une popu lation n' ayant pas accès aux soins suggère la présence l' individu. En résumé, lors de la phase<<acti ve>> de la maladie, c'est-
de trois sous-populations présentant clairement des schémas disti ncts à-dire intéressant l 'ensemble de la cavi té orale et se soldant par un
de progression : une cohorte avec peu ou pas de progression, une déficit global des tissus parodontaux, certains sites ne montrent pas
cohorte à progression modérée, et une cohorte 1t progression rapide. d'acti vité tandi s que d'autres connaissent des poussées successives à
Dans la plupart des cas, la présence de plaque ct/ou de gingivite ne des moments di ffércnts (Figure 62-1 ). Une extension du modèle de
conduit pas automatiquement à la parodontite ou à la perte des dents. la maladie aléatoi re est éga lement suggérée, oLt l 'activi té de la mal a-
Le taux de perte dentaire est relativement faible comparé à d'autres die présente une fréquence plus élevée pendant certaines périodes de
populations; l 'ex plication avancée est l 'absence totale de carie den- vic d'un individu. Enfin, les auteurs concluent que la perte d'attache
taire. Enfi n, la croyance quant au lien entre perte osseuse ct perte sur un site est le résultat de l'effet cumulatif des poussées inflamma-
dentaire associées au vieillissement est démentie. toires répétitives.
En 1984, Socransky ct al. développent de nouveaux concepts Baelum et al. [1 j décrivent l ' évolut ion de la parodontitc lors d' une
sur la destruction parodontale [1 4]. I ls s'appuient sur les résultats étude prospective chez des Chi nois figés de 20 à 80 ans ayant un
réfutant l ' hypothèse d ' une perte d' attache lente et continue qu' ils accès limité aux services de santé buccodentaire et sans hygiène
complètent d'une approche étiopathogéniquc fondamentale. Chez particulière. Ces sujets sont suivi s pendant JO ans afin de détermi-
l ' homme ct chez l 'animal, les données suggèrent que la maladie ner si les taux de progression de la maladie parodontale sont diffé-
parodontale progresse par récurrence d'épi sodes aigus. En outre, rents de ceux des populations ayant un meilleur accès aux soins.
les tau x de perte d' attache mesurés dans certains si tes particuliers Les auteurs conti rment que les parodontitcs sont des malad ies à si te.
sont plus rapides que dans d'autres, com patibles avec l'hypothèse de La proportion de sujets avec des sites évolutifs présentant un risque
mal adie conti nue. Pour tenir compte de ces observations, les auteurs de progression de malad ie parodonta le (perte d'attache supérieure
décrivent un modèle de maladie parodontalc destructrice dont l 'acti- 1t 3 mm) varie de 100 % chez les plus j eunes à 82 % parmi les plus
v ité aléatoi re se déclenche sur de courtes périodes au ni veau de cer- figés. En comparant les sites, les mol aires maxi llaires ont des taux de
tains sites. Ces sites présentent une phase d'exacerbation de perte progression significativement plus élevés que les monnradiculées en
d 'attache limitée dans le temps (de quelques jours à quelques moi s) termes de perte cl' nttache ct de profondeur de poche. Il est important
avant d'entrer dans une longue période de rémission. D ' autres sites de noter enfin que les moyennes individuelles des taux de perte d'at-
semblent être indemnes de perte d'attache tout au long de la v ic de tache ne diffèrent pas significativement entre les différents groupes
Figurt. 62·1 Évolution naturelle de la maladie parodontale. a) Situation initiale du niveau osseux alvéolaire chez une patiente de 24 ans
présentant une parodonlite légère. b) Huit ans après, en l'absence de traitement, des lésions osseuses apparaissent (flèches). (Document Linda
Jaoul.)
CHAPITRE 62- RATIONNEL DU SUIVI PARODONTAL 531
d 'âge, c t sont re marquableme nt similaires à celles rapportées pour s ite 2• Il est égale me nt intéressant de noter que certains s ites avec
les populations ayant eu accès aux soins buccodentaires. pe rte d ' attache initiale sévère ont montré un ga in d 'a ttache spon-
Les résultats elu projet Java aide nt à compre ndre la nécessité de tané. Cette étude laisse e nte ndre que pe u de sujets sont suscepti bles,
la prévention. Cette é tude de su ivi à 15 ans ( 1987-2002) porte sur peu de s ites sont ac tifs et qu' un modèle unique de progressio n ne
une jeune popul aüon indonésienne d'ouvriers elu thé (n = 12S ; convient pas pour tous. Les conclusions de l'étude précédente sont
H/F = 60/68 ; âge llluycn e n 1987 : 2 1, 1 a ns ± 3,0 ans) âgée de 15 confirmées par de ux publications plus récentes. Koc hcr c t al. é tu-
à 25 ans n' ayant pas reçu de soins dentaires réguliers c t non expo- die nt la progression de la maladie parodontale trai tée ou non traitée
sée à des programmes de prévention 115, 16] . La perte d' a ttache 15 1. Trois groupes sont ide ntifiés : 14 patie nts ayant interrompu la
a doublé e ntre 1987 et 1994 puis a triplé e ntre 1994 et 2002. Par thé rapeutique initiale, 26 patiems qui n' o nt pas cominué leur sui vi
ailleurs, l'étude n' a pu objectiver de diffé rences e ntre fume urs et parodontal et 27 patie nts trai tés, suivis de façon réguliè re pe ndant
non- fumeurs vis-à-vis de la progress ion de la maladie parodontalc. 7 a ns. L'absence de traite ment parodontal systé matique a ugmente
L'examen m icrobiologiquc en 1987 té mo igne d ' une forte prévale nce le risque de lyse osseuse c l de perte den taire dans la plupart des cas.
des pathogènes parodontaux , variant de 55 % pour A . actinomyce- Enfin , des malades non traités (n = 30) sont réexaminés il 2 ans dans
temcomitans à 100 % pour P. intermedia, A. actinomycetemcomitans un cabinet pri vé 13 1. On observe à 2 ans une aug me ntation de la pro-
el P. gi11giva/is. Les auteurs conc lue nt que le tartre suprag ing ival, la fondeur de poche s igni ficativcmcnt assoc iée aux mesures in itiales
présence sous-ging ivale d'A . actinomycetemcomitalls e t l'âge sont suivantes : saigne me nt au sondage, profondeur de poche ~ 7 mm ,
des facte urs de risque d' apparition d'une paroclontitc. Les sites ayant mobilité sévère , lés io ns inter-rad iculaires molaires. Cc dernier tra-
une profonde ur de sondage ~ 5 mm (20 % des suje ts e n 2002) sont vail confi rme les précéde nts, ma is te nd égale ment à implique r les
des indicateurs de risque de progression. La fréquen ce des poches facte urs de ri sque locaux dans l'évo lution de la maladie.
profo ndes (~ 5 mm) est un élémerll clé de mesure de progression.
L' évaluation précoce de ces diffé rents paramètres est donc utile à la
prévention el au traitement de la maladie parodontalc. Initiation et progression
Nell y ct al. e n 2005 Il 0] rapportent des données à 20 ans s ur les
résu ltats de la populaüon iniüalcmcnt étudiée par Lêie et al. f8l. des maladies parodontales
C'est alors la plus lo ngue investigat ion publiée sur l' association
e ntre les pertes dentaire~ et l'état parodontal chez des sujets ne rece- Il est diffic ile d'étudier cliniq ue me nt le passage de la g ingivite
vant aucun soin oral. L1 moyenne de perte dentaire à la base est à .la parodontitc. En e ffet, la te mporalité de l'associaüon entre les
1, 1 ± 2, 1. Il est intéressant de comparer ces résultats à 1'é tude de Loc paramè tres qui initie nt la pene d ' a ttache, le ur c hronologie, n' a pas
lS]. Après 7 ans d ' observation, le taux de pe rte dentaire a ugmente pu ê tre identifiée à cc jour. En ra ison de la nature cyclique de la pe rte
forte me nt pour fin ir à 5,5 ± 6, 1 dents à 20 ans. Ce c hange me nt re pré- d ' attac he, les enq uê tes é piclémio logiques ne peuvent identifie r un
sente un taux 5,3 fois p lus élevé a près 20 ans. Les auteurs concluent rythme de progression. Les études lo ngitudinales (prospectives ou
que l' augmentation de la perte d 'attache parodontale est un facteur rétrospectives) n'é ta blissent qu'un bilan d 'activité de la maladie et
de prédi sposition de pe rle dentaire dans une popu lation dépourvue non l' activité spéc ifique d'un s ite qui perd ou gagne de l'attache à un
de soins. temps donné. Ains i, la notion de « lésio n active» est le pl us souvent
ré trospective, la perte d'attache e ntre deux mesures de niveau d'at-
tac he représentant plus le c umu l d' activité que l'activité e lle-même.
.,._ REFUS DE SOINS: CONSÉQUENCES Cependant, le rôle de l' inflammation da ns ln genèse des paro
duntites et les ta ux de progression de la pe rle d'attache ont
Becker ct al. 12J é tudient des malades américains atteints de été décrits lors d ' une remarquable é tude de cohorte compre-
pa rodontites non traités pour raisons diverses e t initiale me nt di ag- nant 565 Norvég iens de c lasse moyen ne suiv is pe ndant 26 ans
nostiqués en 1966. Tous présentaient une aggravation des para- ( 1969- 1995), ayant des visites régul iè res de contrôle et un contrô le
mè tres cli niques parodontaux environ 2 ans après l' examen initial. de plaque individuel. Cette cohorte a donné lieu à plus ie urs publi-
En 19S3, Lindhe et al. [6] décrivent la progression de la maladie cat ions. C hez les hommes d 'environ 60 ans, les si tes qui ont saigné
e n l' absence de traitement dans deux groupes de population : un au sondage a u cours de 26 années de suivi ont e n moye nne 70 % de
pre mier groupe de 64 Suédois (âge moyen de 40,5 ans) atteints de perte d ' attache e n plus que les s ites qui ne saigna ie nt pas [ 1 1]. L es
parodontite légère à moyenne dont le niveau d ' allac he est e nregis- de nts constamment e ntourées d'une gencive infla mmatoire pe ndant
tré à 3 et 6 ans ; un second groupe de 36 Américains (âge moyen toute la période de suivi avaient 46 foi s plus de ri sque d 'être pe rdues
de 34,3 ans) atteints de paroclontite sévère et suivis pendant 1 an. que les dents e ntourées d ' une gencive sai ne 113 1. Ains i, la préven-
C hez les Suédois, au bout de 6 ans, 523 sites ( 1 1,6 %) présente nt tion de la ging ivite prévient le risque de parodonüte.
une perte d'attac he de plus de 2 mm, 20 % des sites n'ont montré L'inc idence (nombre de nouveaux cas pendant une période don-
aucun c hangeme nt mesurable, et I l sites (0,2 %) ont présenté un née) de pe rte d 'attac he a ugmentait avec l' âge, l'i ncide nce la plus
gain d ' attache de plus de 2 mm. C inq malades représente nt à e ux é levée é tant entre 50 e t 60 ans. La princ ipale traduction c linique
seu ls plus de 50 % des sites qui pe rdent de l' attache. Envi ron 50 % de cette perte d ' attache était, avant 40 ans, la récession gingi vale,
des sites qui ne présentaient a uc un c hangement mesurable à 3 ans ct, e ntre 50 et 60 ans, la poche parodontale 14l Au bout de 26 ans,
ont montré une perte d 'auache à 6 ans. Des 3 2 10 s ites surveillés 25 % des sujets ne mo ntraient pas de destruction parodontale. Les
c hez les sujets américains après 1 a n, 102 s ites (3,2 %) ont présenté 75 % restants montraie nt une desu·uclion plus ou moins importante
plus de 2 mm de pe rte d ' attac he supplé me ntaire, 26 % des s ites avec un taux moyen de p rogression de la pe rte d'attache de 0,02 à
n'ont montré auc un c hange me nt mes urable, ct 13S si tes (4,3 %) 0, 10 mm/an e t une perte d'attache c umu lée de 2 ,44 mm ve rs l'âge
o nt montré un gain d'attache de plus de 2 mm. C inq malades repré- de 60 ans. Le risque de perte d 'attache in itia l le plus é levé é ta it e ntre
sentent à eux seul s plus de 41 % des sites qui perde nt de 1' attache.
Ceue étude montre une concentration de perte d'attache sur certains 2. On ne répétera jamais assez que nous ne traitons pas des sites mais des
malades uniquement. Elle exprime bien les limites de l' ana lyse par malades .
•
532 PARTIE 14- PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉC IDIVES
16 c t 34 ans . Seulement 20 % des sites cont inuaient à perdre de 3. Harris RJ . Untreatcd pcriodomal disease : a fo llow-up on 30 cases.
l' attac he pendant la période d 'observation. Moins de l % des s ites .1 Periodontol, 2003, 74 : 672-678.
montraie nt une perte d 'attache> 4 mm à la fin de la période d ' obser- 4. Heitz- Mayfie ld LJ, Schützle M, Lüe f-1, ct al. C linicat course of chro-
vation 11 21. Ces travaux montrent la nécess ité d'un suivi rapproché nic periodontitis. Il . Incide nce, characteristics and time of occur-
c hez l'adulte avant 35 ans e t a près 50 ans. Les taux de progression rence of the initial periodontal lesion. J Cl in Periodontol, 2003, JO :
902-908.
de la parodontitc c hronique sont faib les. Cela indique q ue la pro-
S. Kocher T, Künig J , Dzierzon U, e t al. Disease progression in perio-
phy laxie ind ividue lle associée ü la prophyl axie professionne lle est dontally treatcd and unu·eated patients--a re trospective study. J Clin
erticacc pour prévenir les maladies parodontalcs. Periodontol, 2000, 27: 866-872.
6. Lindhe J, Haffajee AD, Socransky SS. Progression of pcriodontal
diseasc in adult subjects in the absence of periodontal therupy. J Clin
Implications cliniques Pcriodontol, 1983, JO: 433-442.
7. Lüe H, Anerud A, Boysen H, Morrison E. NaturaJ history of perio-
• La préve ntion de la gingivite prévient le risque d e paro- dontal discase in man. Rupid, modera tc and no loss of attachment in
dontite. Sri Lan kan laborers 14 to 46 years of age. J Cl in Periodont.ol, 1986,
• Un diagnostic précoce est indispensable à l'efficacité 1J : 43 l-445.
du traitement. 8. Lüe H, Anerud A, Boysen H, Smith M. The natural history of perio-
dontaJ disease in man. The rate of pcriodontal destruction before 40
• La fréquence des poches p rofondes (2: 5 mm) est un élé- years of age. .1 Periodontol, 1978,49: 607-li20.
ment clé de mesure de progression. 9. Lüe H, Theiladc E, Jensen SB. Experimental gingivitis in man. J
• La prophylaxie individuelle associée à la prophylaxie Pcriodontol , 1965, J6 : 177- 187.
professionnelle est efficace pour prévenir les maladies 10. Necly AL, 1-lolford TR, Lüe H, c t a l. T he natural history of perio-
parodontales. dontal diseasc in humans : risk htctors for t.ooth loss in caries-free
subjects rcceiving no oral hcalth care. J Cli n Periodontol, 2005, J2 :
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,
Evaluation du risque parodontal •
•
le pronostic
Antoine Pope/ut, BenoÎt Brochery, Sylvain Leymarie, Jacques Malet
La prévention, sa nature ct son rythme passent par l'évaluation du Les différents types de pronostic
risque de contracter la maladie, de la voir s'aggraver ou de constater
une récidi ve. Mais au-delà, le pronostic est un élément déte rminant Le pronostic peut être fonction :
de la décision thérapeutique. Auj ourd' hui , il convient d' ajouter un - de son terme : court, moyen, long terme ;
risque d' une autre nature qui n'est pas tmité ici (voir partie 8), celui - de son étendue: individuel ( 1 dent) ou globa l (J'ensemble des
de voir se développer une au tre maladie il partir d' un foyer paro- dent s). Les paramètJcs à pre ndre en compte dans l'établi ssement elu
dontal. pronostic ne sont pas les mêmes (Tableau 63-1). Le pronostic indi-
La distinc tion entre facteur de risque, associé à l'apparition de la vidue l tient compte de l'évolution du niveau d'attache tandis que Je
maladie, ct facteur de pronostic, associé à l'évolution de la mala- pronostic global tient compte de l'évolution de la maladie en faisant
die, est un exercice de style en parodontologie car les deux sont la synthèse des pronostics individue ls ;
confondus, comme dans la plupart des affections multifactoriellcs. - de sa sévérité : bon, moyen, réservé, très réservé, mauvais.
Le risque se défin it comme« la probabilité qu ' un patient développe Cette distinction en 5 classes (Tableau 63-11) est souvent arbitraire,
la maladie dans Je fut.ur ou présente une mod ification de son état de sauf dans les extrê mes oü le bon pronostic correspond à une guéri-
santé à différents intervalles de temps >>. L'American Association son ou à un gain d' att ache et Je mauvais à une ou des extractions.
of Periodontology (AAP) définit J'évaluation du risque comme le C'est la raison pour laquelle la di stinction en 3 classes (bon, réservé,
processus par lequel des mesures parodontales quali tati ves et quan- mauvais), voire 4 classes, est parfois préférée ;
titat ives permette nt de défi ni r la probabilité d' apparition d'événe- - du traitement : avec ou sans traitement (histoire nat.urelle de la
ments indésirables résultant de l'ex position à des risques sani taires maladie).
spécifiques ou consécutifs à l' absence d'événements sanitaire béné-
fiqu e [ 1]. L'éval uation du risque paroclonta l s'enrichit e t se modifie
à chaque étape thérapeutique, aussi bien lors du traitement lui-même 1. Si cet ouvrage peut améliorer l'évaluation du pronostic parodontal par le
que pendant Je sui vi parodontal. Elle permet d' adapter le séquen- praticien - lecteur, il aura satisfait à sa mission première.
534 PARTIE 14- PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
Facteurs
de risque
Figure 63·1 Le pronostic fait s uite à l 'étape diagnostique et partic ipe à la décision thérapeutique. En parodontologie, la complication
majeure est la récidive.
Tableau 63 1 Paramètres à prendre en compte dans l'établissement du pronostic de la denture en général et de la dent en particulier.
li peut paraître curieux de tenter d 'établir un pronostic sans trai- cale ct les paramètres cl iniques i ndividuels. L'obj et est su rtout de sc
tement. E ·sayer de défi nir l'histoire naturelle de sa maladie c hez poser la question de l'amélioration du pronostic individuel et glo-
un mal ade est souvent plus aisé que chez un groupe de malades bal apporté par le traitement. Si le pronost ic sans traitemen t est très
(épidém iologie) car l ' anamnèse permet d ' introduire l'histoire méd i- réservé ct qu'après traitement i l reste le même, i l n' y a pas lieu de
traiter (prévention quaternai re !). À l ' inverse, si le traitement permet
Tableau 63·11 Définition clinique du pronostic d'après McGuire et une amélior ation du pronostic qui devient alors bon, il faut tra iter. La
Nunn, 1996 [28]. question se pose lorsque le pronostic sans traitement est très réser vé
et qu' il demeure réservé après traitement. Le choix de traiter repose
Pronostic Un ou plusieurs des paramètres suivants alors sur une info rmation du malade et bien évidemment son accord
éclai ré. Un pronostic initial mauvais ne s'amél iore que rarement et
Bon • Contrôle de facteurs étiologiques et support
parodontal adéquat permettant une maintenance se solde souvent par une ou des extractions.
parodontale personnelle et professionnelle aisée
Moyen • ~ 25 % de perte d'attache
• Lésion inter-radiculaire de classe 1permettant
une maintenance aisée chez des patients
Les éléments du risque · critères
compliants d'évaluation
Réservé • ~ 50 % de perte d'attache
• Lésion inter-radiculaire de classe Il permettant Les facteurs/indicateurs de risque sont détaillés ailleurs clans cet
une maintenance mais avec difficulté ou vrage (voi r parties 7 ct 8). Ils sont ici abordés pl us spécifiq uement
Très réservé • > 50 % de perte d'attache sous l'angle de leur prévention ct des risques lors du suivi parodon-
• Anatomie radiculaire défavorable tal.
• Lésion inter-radiculaire de classe Il ne permettant
pas une maintenance
• Lésion inter-radiculaire de classe Ill ..... LE PATIENT
• Mobilité ~ 2+
• Proximité radiculaire Contrôle de plaque
Mauvais • Perte d'attache incompatible avec la conservation C laffcy et al. ont mont.ré sur une population recevant une mainte-
de la dent
nance parodontale Lrès stricte que l ' associ ation entre l a présence de
• Dent à extraire
plaque (que ce soi t au niveau du patient ou du si te) et la perte d'at-
CHAPITRE 63 - ÉVALUATION DU RISQUE PARODONTAL : LE PRONOSTIC 535
tache était faible 171. Si le ni veau de plaque est un é lément majeur de il augmente le risque de perte d ' attache e t de perte osseuse après
l'étiologie des parodontites, il semble donc que sa valeur prédictive 1 an (OR : 5,4 1) 125 1. Lors du sui vi parodon tal sur une pé riode
de perte d'auachc soit sensible sur une population bien suivie, c'est- de 10 ans, le risque est égale ment augme nté c hez les fumeurs
à-dire présentant des indices de plaque très faib les. (O R : 4,2) 112]. Dans une population << bien sui vie », le risque
La ré ussite à long terme du traitement paroclontal est donc forie- spécifique de perte de ntaire (tous autres paramètres aju stés) est
ment liée au palicut, pa1 l'dficac ilé de son contrôle de plaque quo- multiplié par deux c hez les fume urs [28]. Enfi n, la consomma
tidien. La diminution quotidienne de la charge bactérie nne par le tion de tabac pendant le suivi est forte me nt corré lée au nombre
brossage contribue au maintie n de la santé parodontale. Son impact de poches résidue lles (~ 5 mm) par patient. Cette corrélation est
est essentiel clans la détermination du risque parodontal puisque dose-dé pendan te [271.
les patients ayant. un contrôle de plaque e fficace maintiennent
leur santé parodontale sur plusieurs années 12 1. L'évaluation d' un Diabète
niveau efficace de brossage est diffkile car celui-ci est dépendant
Avec la consommation de tabac, le diabète est le facteur de risque
de chaque patient ct de la balance hôte/bactérie. On considère qu' un
le plus élevé des parodontites. Sur un groupe de patients en suivi
indice de plaque dichotomique d'environ 20 % est compatible avec
parodontal pendant 10 a ns, le diabè te augmente notablement le
la santé parodontale et chaque patient devrait approcher ce score.
risque de perte dentaire (OR : 4, 17) li 1]. Les diabètes de type 2
Cependant, l' indice de plaque évolue souvent en même temps que
étant souvent diagnostiqués tardivement au cours de la vie, on pren-
le patient selon son état physique et psychologique. Son évaluation
dra garde pendant le suivi à long terme au changement de statut
doit donc être dynamique et prendre en compte le patient pour tendre
glyeémiquc du patient.
à un niveau le plus bas poss ible sur le long terme.
résidue lle doit ê tre e nregistrée après trait.e menl. Elle ne sera considé- Saignements et suppurations
rée comme pathologique que lo rsqu'elle mo ntrera une augme ntation
La présence d 'un saigncmelll au sondage est un signe d' infla mma-
compara tiveme nt à la mesure précéde nte. Cette mobilité différen-
tie lle peul ê tre due à une perte d ' attache associée ou non au trau- tion parodontalc. Celui-ci peut. témoigne r d' une inflammation superfi-
cielle ou profonde. Cependant, cela n'est pas corrélé d irectement avec
matisme occlusal e t vice versa. La mobilité est do nc un symptôme
qui , s'i l est associé à la pe rte de ntaire, ne peut pronostiquer celle-c i une progression de la maladie parodontnle. En effet, il y a seulement
que de façon d iftërenli ellc c t dans son s tade ultime. La mobilité est 30 % de risque qu' un site qu i saigne présente une perte d'aunchc
ainsi un facte ur de diagnostic e t non de pro nostic. Cependant, il est future [3, 19]. Le saigncmelll a u sondage lors de la thérapeutique paro-
clair qu ' une extrême mobilité impacte le pronostic de la dent et la dontale de soutie n est un s ig ne d 'alerte qui doit orienter le traitement
présence d ' une mobilité de c lasse lU comparée à une mobi lité phy- vers sa résolution mais n'est pas un signe d'activité de la maladie. La
siologique est un fac te ur prédic tif de pe rte dentaire à long terme pers istance d' un saigne ment au sondage sur le même site lors de plu-
(OR : 5,52) 11 1]. On garde ra à l'esprit que ce n' est e n aucun cas sie urs séances de suivi successives doit fa ire considére r cc site comme
la mobilité q ui est la cause de la perte dentaire : un malade ne perd à haut risque de progression de la destruction. Lorsqu'il est associé à
pas sa de nt parce qu"ellc est mobi le, mais parce qu' un processus la présence de poches résiduelles, le saignement au sondage augmente
patholog ique, illustré par la mobilité, a abouti à la destruc tio n de la la probabilité de perte demairc, aussi bien au niveau du s ite (OR : 2,0)
totalité de son support. que de la dclll (OR: 1,9) [27]. L'examen clinique doit donc déterminer
En conc lus ion : s' il est le sig ne d'une inflammation superficie lle sans poche par·odon-
- sauf clans des s ituations extrêmes, la mobilité dentaire il un ins- ta le dont l'origine est la plupart du le mps une défaillance du contrôle
tant do nné ne peut pas ê tre considé rée comme un facteur de pronos- de plaque par le patient, ou s'i l est plus profond, avec la présence
tic fi able; d'une poche parodontalc qui nécessite une ré-instrumentation.
- la mobilité peut ne pas ê tre due à une perte d'attache; En revanche, il apparaît clairemem que l'absence de saignement au
- il est possible de main te nir à long te rme c t de façon fonctio n- sondage e n cours de maintenance est un signe fi able ct reproductible
nelle des dents dont la mobilité n 'est pas évo lutive, dans la mesure de la santé parodontalc 118]. L'objectif est donc d'avoir un maximum
o ü les processus inflamma to ires som contrô lés. de sites qui ne saigne nt pas cl de surveiller é troitement les sites qu i
saignent.
Contraire me nt au saignement au sondage, la présence d'une sup-
Restaurations iatrogènes
puration au niveau d 'un s ite est un s ig ne positi f d'une progression
La présence de resta urations de ntaires débordantes et de sur- de la destruction parodontale. Il est rare que ce s igne soit seul ; il est
contours pro thé tiques augmente l'acc umu lation de dépôts bacté- souvc m associé à d'autres signes c lin iques comme le saigne me nt el
riens et crée des zones de rétentions favorables il un enviro nne ment l'augme ntation de la pro fondeur de poche f3, 8].
dont l'écologie pe rmet le dévelo ppement de bac té ries parodonto pa-
thogèncs à Gram négatif 1201. L'établissement de ces niches bac- Pertes osseuses
té rie nnes dé pe nd de l' importance et de la local isation supra- ou
sous-gingivale des surconto urs. Plus ils sont proches du parodonte Plus l'alvéolysc initiale est importante, plus le risque de perle
ct agressent l'espace biologique, plus le risque de développeme nt ou d 'attache après traitement actif augmente (OR : 1,04 pour 1 % d 'al-
de prog ression d ' une destruc tion parodontalc a ug mente [37J. véolyse supplé mentaire) sur une période de maintenance parodon-
tale de 11 ans [ 11 1. Néanmoins, après 5 a ns, su r des de nts à pronostic
réservé, il est poss ible d 'observer une stabili sation du niveau osseux
Vitalité pulpaire
voire un gain osseux moyen de 0,8 mm f26 1. Le s uivi radiographique
Il semb le rait q ue le maintien de la vitali té pulpaire amé lio re le fa it donc panic de l' évaluation réguliè re du risque parodonta l. Son
pronostic alo rs que la présence d'une pulpe non vitale à l'examen utilisation est guidée par les paramètres cliniques ct ne doit pas se
initial altère le pronostic il long te rme (O R : 2,24) [ 1 1]. substituer à e ux. Si les é lé me nts clin iques oriente nt le diagnostic vers
une progression de la maladie, un cliché unitaire rétro-alvéolaire
Parafonctions long cône est indiqué pour comparaison avec les clichés a ntérie urs.
En phase de suivi parodontal, chez un patient à risque é levé, un bila n
Sur une population « bien mainte nue >>, le risque s pécifiqu e de
long cône complet pe ul ê tre indiqué tous les 5 ans afi n d'autori ser les
perte de ntaire (to us autres paramètres ajustés) est mu ltiplié par deux
évaluations comparatives. Lorsque le risque est modéré, sans signes
chez les patients présentant des parafonctions e t ne portant pas de
c liniques, un bilan tous les 7 à 8 ans est suffisant.
gouttiè re 128].
Lésions inter-radiculaires
.... LE PARODONTE
La présence d'une lésion inter-radiculaire (LI R) a u niveau des
dents pluriradiculées il l'examen initial est un facteur pronostiq ue
Poches résiduelles et pertes d'attache
défavorable a u cours du suivi parodontal f28]. Cela s ' exp lique par la
L'objectif du traitement parodontal est de s upprimer les poches diffic ulté du patient il maintenir une hygiè ne rigoureuse il cc niveau
parodontales c t d 'arrêter la perte d 'auachc. Il ex iste une corréla- e t du praticien à désinfecter au cours des séances de suivi. Le pro-
tion posi tive e ntre la sévérité de la perte d ' atlac hc in itiale c t la pro- nostic dépend essentiellement de la sévérité de la UR, du profil du
gression future de la parodontitc f25]. Un monito rage rég ulier des pa tient, du protocole de traite me nt acti r e t du programme de mainte-
constantes parodonlalcs permet, par comparaison avec les mesures nance. Parmi l'ensemble de ces paramètres, l' intégration de ces dents
anté rie ures, d'évaluer l'activité de la maladie via la pe rte d'auachc a u sein d'une maintenance rigoure use semble ê tre le facteur le plus
161. La présence de poc hes rési due ll es~ 6 mm après traite ment aug- important. En effet, la présence d ' une LIR avancée oriente le traite-
me nte de façon spectac ulaire le risque de progressio n de la paro- ment vers l'extraction dès la phase ini tiale. La dent n'est conservée
donl ite 17,271. que si le pronostic semble favorable et cc pronostic doit être préservé
CHAPITRE 63- ÉVALUATION DU RISQUE PARODONTAL : LE PRONOSTIC 537
Tableau 63·111 Taux de survie dentaire au niveau de dents pressentant des lésions inter-radiculaires (LIR).
Survie dentaire
Nombre Durée du suivi Survie dentaire globale
Auteurs, année de publication Type de traitement chez les patients maintenus
de patients (années) (% dents avec UR)
(% dents avec UR)
lors du suiv i parodontal. B ien mené, celui-ci permet un taux de sur- début de traitement mais ne permet pas d'avoir une évaluation au
vie dentaire de plus de 80 % des dents avec LIR sur des périodes cours de la maimcnance.
allant de 8 à 22 ans (Tableau 63-111) [9, 15, 34, 40, 43J. Néanmoins, En 2003, l 'apparition de la polaire de risque o u d iagramme «en
après traitement, au terme d' une période de 8 ans de suiv i régulier, radar » de L ang et Tonclli fait fig ure de référence dans l 'éva lua-
les molaires présentant des LIRont un risque de perte dentaire ct de tio n dynamique du risque de mal adie 1221. Ce d iagram me d 'évalua-
perte d 'attache plus élevé que les molaires sans LIR (OR : 2,54) [42].
L es facteurs pro nostiques ont ind ividuellement peu de puissance Êtes-vous un homme ou une femme ? 1Homme "" '
pour prédire la mortalité dentaire et il n'existe pas aujourd ' hui de
méthode universelle q ui pcrrnclle de définir indi v iduellement le
risque de chaque patient. La combinaison des paramètres fournit
plus d ' information. Celle information reste cependant limitée et per-
Est-ce que vos gencives saignent ? INon ... ,
met d'amél iorer modérément l 'éval uation cl inique globale. La mul-
titude des paramètres et leur impact indi viduel rendent la tâche com- Est-ce que vos dents bougent ? INon ... ,
plexe. Ainsi, la prédiction du devenir d ' une delll est cliniquement
fondée sur des do nnées relativement peu puissantes dont la synthèse
Est-ce que vos gencives se rétractent ou est-ce
que vos dents semblent plus longues ? !oui
... ,
est empirique. Les calculateurs de risque sont destinés le plus sou-
vent aux praticiens mais quelques-uns pcrmcllcnt au patient une
autoévaluation. L' A/\P propose un calculateur2 qui n\;st qu'iudicatif
mais permet sans dou te 1t certai ns patient s de prendre en compte leur Est-ce que vous fumez ? !Non ... ,
état parodontal clans leur état de santé (Figure 63-2).
Plusieurs modèles d 'aide à la décision ou calculateurs de risque,
Avez-vous vu votre dentiste
ces deux dernières années ? !oui
... ,
prenant en compte les paramètres recensés comme étant les plus
puissants, o nt été proposés à l ' usage des praticiens (Tableau 63- IV) À quel rythme utilisez-vous le fil dentaire ? lauotidien ... ,
[ 171. Ils évoluent au rythme de notre compréhension des mécanismes
étiopathogéniques. Ils peuvent donc présenter un intérêt, bien que le
pronostic parodontal ne soit qu ' un des éléments d ' une décision qui Présentez-vous actuellement une de ces
intègre également le maintien d'une denture fonctionnelle dan s le affections : maladie du cœur, ostéoporose, INon ... ,
respect de l 'esthétique et d u rapport coût/efficacité. Le piège serait, ostéopénie, stress important, diabète ?
pour le décideur, de s'enfermer clans un modèle qui, par définition,
est restrictif ct ne tient compte que d' un nombre l imité de paramètres.
Vous a-t-on déjà signalé des problèmes, des
infections ou une inflammation des gencives ?
I Non ... ,
Avez-vous eu des dents permanentes extraites ? ! Non ... ,
.... RISQUE DE RÉCIDIVE DE LA MALADIE
Avez-vuus des membres de votre famille
! Non ... ,
Page et al. proposent un calculateur de ri sque parodonta l à partir ayant une maladie des gencives ?
d ' un scor e numérique de ri sque et d'un score de sévér ité qui per- Votre score de risque de maladie
mettent d 'orienter le traitement 130]. Cet indicateur est calculé en des gencives est :
B~s ~ Élevé
2. La plupart des calculllleurs s'inspirent de ceux proposés pour estimer son
risque c<trdiovasculaire incluant âge, sexe, cholestérol. tabagisme, tension ané-
rielle. On oublie souvent que œs paramètres sont issus de la fameuse étude de
Framingharn dont la puissanœ n'a strictement rien il voir avec les travaux en Figure 63·2 Auto-évaluation du risque parodontal à l 'aide d 'un
parodontologie. On ne répétera jamais assez que l'intérêt de ces calculateurs calc ulateur de risque proposé par !:Académie Américaine de
repose sur la puissance (niveau de preuve) des p<trarnètrcs identifiés inclus. Parodontologie (http://service.previser.com/aap/default.aspx).
538 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEM ENT DES RÉCIDIVES
Tableau 63·1V Modèles d'évaluation du risque parodontal et leur caractéristique (modifié de Kye et al., 2012 [ 17]).
lion des risques parodontaux (Periodunra/ Risk Assessmenr fPRA]) les dents entourées d'une gencive systématiquement intl ammatoire
prend en compte six principaux paramètres pour évaluer le ri sque ont un risque 46 fo is plus élevé d'être perdues f38].
de récurrence de la parodontite après traite ment. Le d iagramme per-
met une visualisation par le praticien et évenluellement le patient de Prévalence des poches ~ 5 mm
certains facteurs/ind icateurs de risque et de l' effet du trai tement sur
la variation de ces paramètres . Ainsi, le pro fil de risque individue l Une revue systématique dont le but est d 'évaluer la valeur pré-
aide à déte rminer la fréquence et la complexi té des v isites de main- dictive cie la profondeur des poches résidue lles pour déterminer le
tenance (Figure 63-3). Le choix de ces paramètres est fondé sur le ur risque cie perte d 'attache et de dents après traitement conclut que
faci lité d'utilisation cl inique en pratique courante ct leur niveau cie la persistance de s ites avec des poches ;:::: 6 mm à la réévaluation
preuve e n tant que fac teurs cie risque. est associée à la progress ion de la maladie f36]. À long terme, le
risque de perte dentaire en au cours elu suivi paroclontal est Il fo is
Pourcentage de sites saignant au sondage (indice p lus important sur des d ents avec une persistance de poches paro-
BOP3) donta les > 5 mm que sur des dents sans poches parodonta les [27].
Ce ri sque est cl' autant plus important s i le s ite est associé à un sai-
Les personnes ayant un 1:1iblc pourcentage de saigneme nt(:::; 10 %) g nement.
peuvent êu·e considérées comme les patients avec un faibl e risque de
récidive de la maladie, tandi s que les patients ayant un po urcentage Nombre de dents absentes (sur un total de 28)
é levé(;:::: 25 %) do ivent être cons idérés comme étant à risque élevé au
regard de la destruction parodontale. En e ffe t, les s ites q ui continuent Le nombre de dents absentes est compté sans les troisièmes
à saigner au sondage après une période d ' observati on cie 26 ans pré- molaires, indépendamment cie leur remplacement. Le risque semble
sentent une perte d'attache jusq u'à 70 % plus élevée que les s ites qui dose-dépendant : plus le nombre de dents absentes est é levé, p lus
n'ont jamais montré des s ignes d ' inOammation. Des dents sans s ig ne le risque de perte d'attache sur les dents résiduelles est important.
d ' inOamrnation peuven t être maintenues pendant 51 ans, alors que Ce paramètre est sans doute cel ui qui est le plus sujet à caution car
les dents peuvent être perdues pour d'autres raisons que paroclon-
tales (iatrogènes, caries, trau matismes, extractions stratégiques). On
3. Bleeding 011 probi11g : indice d ichotomique de saignement (présence ou prendra garde en utilisant ce paramètre d ' interroger le patient s ur les
absence).
raisons de son édentemcnt.
CHAPITRE 63- ÉVALUATION DU RISQUE PARODONTAL : LE PRONOSTIC 539
~?
Pathologies systémiques
Susceptibilité génétique Nombre de dents absentes
a Rapport d'alvéolyse/âge
Figure 63·3 Polaire de risque de Lang et Tonetti, 2003 (22). a) L.:hexagone le plus interne (jaune) correspond à un risque faible. L.:hexagone
intermédiaire (vert) correspond à un risque modéré. Au-delà, le risque parodontal est élevé. Le saignement au sondage est l'indice BOP. Tabac
exprimé en c igarettes/jour. AF : ancien fumeur. NF :non fumeur. b) Patient à risque faible. Tous les paramètres relevés lors de la séance de main-
tenance sont à l'intérieur de l'hexagone de premier niveau : patient ne saignant pas, présentant 4 poches <:: 5 mm, aucune dent perdue, un rapport
pourcentage d'alvéolyse/âge de 0,25, en bonne santé et non fumeur. c) Patient à risgue modéré. Certains paramètres relevés lors de la mainte-
nance sont situés entre l'hexagone de premier niveau (jaune) et celui de niveau modéré (vert) : patient présentant 9 % de sites saignant au son-
dage, 6 poches <:: 5 mm, 6 dents perdues, un rapport pourcentage d'alvéolyse/âge de 0,50, en bonne santé et non fumeur. d) Patient à risque élevé :
certains paramètres relevés lors de la maintenance sont situés au-delà de l'hexagone de niveau modéré (vert) :patient présentant 15 % de sites
saignant au sondage, 10 poches <:: 5 mm, 8 dents perdues, un rapport pourcentage d'alvéolyse/âge de 1,0, diabétique de type 2, ancien fumeur.
540 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
Non Non
diabétiq ues Diabétiques diabétiques Diabétiques
80% 30 %
70 % 20 %
60 % 10 %
50%
Oso-59 %
D2': 90 %
080-89 % 0 40-49 %
070-79 % 0 30-39 %
1 60-69 % 20-29 %
l s 20 %
Figu 6 ·4 Probabilité de survie d'une dent utilisant toutes les combinaisons possibles des paramètres identifiés comme étant des
facteurs de pronostic sig nif icatifs (d'après Faggion et al., 2007 [11]). Le code couleur en bas à droite indique la probabilité de survie dentaire
à 11 ,8 ans en moyenne. MR+ : dent multiradiculée vitale ; SR+ : dent monoradiculée vitale ; MR - : dent multiradiculée non vitale ; SR - : dent
monoradiculée non vitale.
CHAPITRE 63- ÉVALUATION DU RISQUE PARODONTAL : LE PRONOSTIC 541
lité dentaire est trois foi s supérieure chez les fum eurs (3,9 % versus
Implications cliniques
1,3% c hez les non-fumeurs) 1161. Le tabac seul est responsable de la
perte dentaire, indépendamment des autres variables ana lysées (âge, • L'identification de tous les paramètres du risque est indis-
sexe, hygiène, catégorie de la maladie). Les patients fumeurs néces- pensable avant traitement.
sitent clone une maintenance plus rapprochée : lo rsqu ' un déla i de 3 • Ces paramètres doivent être réévalués au cours du suivi.
à 4 mois est respecté entre les rendez-vous de suivi, la d istinctio n
• Le rythme des séances de suivi est fonction des facteurs
s'estompe e ntre fumeur et. non-fumeur en termes de récidives.
de pronostic.
À ce jour, seules quelques études longitudinales ont tenté de vali-
der la reproductibilité du PRA rw, 23,4 11. Ces études suggèrent que • Les modèles de calcul de risque. en particulier le PRA.
la polaire pourrait être utile dans la pratique q uotidienne, d'autant peuvent aider à la prise de décision.
plus q ue les cliniciens ont tendance à sous-estimer le ri sque futur de • Ces modèles ne peuvent constituer le cœur de la décision.
perte d'attache des patie nts [33j. Cependant, peu d' études ont étudié
cette question sur le long terme. En outre, il semble que ce modè le
d'évaluation elu risque ne soit pas adapté aux patients présentant une
parodontite agressive r29]. Des vari antes o nt été proposées [4, 23, BIBLIOGRAPHIE
41 ]. Elles n' apportent rien de particulier par rapport à l'origi nal, à
l'exceptio n du travai l de Le ininger et al. [23] qui permet la compa- 1. American Academy of Periodontology statcmcnt on risk assess-
raison des polaires entre elles en calculant les surfaces du polygone. mcnt. J Periodomol, 2008, 79 : 202.
2. Axelsson P, Linclhe J. Effect of controllecl oral hygicnc procedures
Des outils mathématiques ont également été développés pour
on caries and periodontal clisease in aclults. Results after 6 years. J
prendre en compte objectivement difTére nt.s fac teurs de risque et per- Clin Pcriodonto l, 198 1, 8(3) : 239-248.
rnellre de dé finir un ri sque g lobal pour chaque patient et un pronostic 3. Badcrstcn A, Ni lvéus R, Egelbcrg J. Scores of plaque, blccding,
précis [24]. La performance c linique de ces outil s demande à être suppuration and probing depth to predict probi ng attachment loss.
validée à la lumière de travaux pros pcc tifs à long terme. 5 years of observation following nonsurgical periodonta l therapy. J
Clin Pcrioclontol, 1990, 17(2): 102- 107.
4. Chandra RY. Evaluation of a novel periodontal risk assessment
LE RISQUE DE PERTE DENTAIRE model in patients presenting fo r dental care. Oral Health Prev Dent,
2007,5(1 ): 39-48.
À pmtir d'un échantillon de 198 adultes traités pour une parodontite 5. Chung CH, Vanarsdall RL, Cavalcanti EA, et al. Corn parison of
microbiul composition in the subgingival plaque of adult crowded
ct suivis pendant. Il ,8 ans en moyenne (étendue : l ,91- 15,67 ans),
versus non-crowdcd dental regions. lnt J Aduit Orthodon Orthognath
Faggion et al. r 1 Il proposent dans une analyse rétrospective, un modèle Surg, 2000, /5(4): 32 1-330.
de pronostic individuel (pour une dent) en copiant une grille colorirné- 6. Claflcy N, Egclbcrg J. Clinicat characteristics of perioclontal sites
trique proposée pour évaluer le risque cardiovasculaire5 (Figure 63-4). with probing attachment loss following initial periodontal treat-
Dans ce modèle, le pronostic est modulé par les paramètres apparais- mcnl. J Clin Pcrioclontol, 1994, 2 / ( 10) : 670-679.
sant significatifs lors d 'une analyse multivariée ct qui sont les suivanL~ : 7. Claffey N, Egelberg J. Clinical inclicators of probing attachmcnt loss
diabète, degré cl'alvéolyse, perte de vitalité pulpaire, dents pluriradicu- following initial periodontal treatment in advanced perioclontitis
patients. J Clin Periodontol, 1995,22 : 690-696.
lées, mobilité. La représentation graphique permet une prise en compte
8. ClafTey N, Nylund K, Kiger R, et al. Diagnostic predictability of
de 1'ensemble des variables et est censée donner le pronostic de survie. scores of plaque, bleeding, suppuratiou aud prubiug depth l'u r pro-
Pour séduisant qu'il soit, cc modèle rétrospecti f inclut des paramètres bing atlachment loss. 3 112 years of observation following initial
à faible potentiel de risque dans la litt.érature, tels que la mobilité ct la periodontaltherapy. J Clin Periodontol, 1990, /7(2): 108- 114.
vitalité dentaire, en omettant le facteur de risque majeur de maladies 9. Dannewitz B, Krieger JK, Hüsing .1, Eickhol z P. Loss of molars in
parodontales et de perte dentaire : la consommation de tabac. Il n'est periodontally treated pat ients : a retrospective analysis tive years or
pas exclu qu 'en incluant cette dernière variable dans l'analyse, la plus more after active periodontal treatment. .1 Cl in Periodontol, 2006,
33( 1) : 53-61.
grande partie des autres disparaissent. De plus, le modèle de régression 10. Eickholz P, Kaltschmi tt J, Berbi g J, et al. Tooth loss aft er active
n'explique que 14 % de la perte dentaire, ce qui est relativement faible. periodontal therapy. 1 : patient-rclated facto rs fo r risk, progno-
Enfin, prédire, comme l' indique le diagramme, qu' une dent vitale mono- sis, and quality of outcome. J Cli n Perioclontol, 2008, 35(2) :
radiculée de mobilité Ill ayant perdu 50% de son support alvéolaire a 40 165- 174.
à 49 % de chance de survie chez un diabétique contre 70 à 79 % chez un Il. Faggion CM Jr, Pctersilka G, Lange DE, ct al. Prognostic mode! for
non-diabétique n'a évidemment strictement aucun fondement tant que tooth survival in patients trcatccl for periodontitis. J Cl in Periodontol,
l' hypothèse de prédiction n'a pas été testée dans une étude prospective. 2007,34 : 226-231.
12. Fardai 0 , Johannessen AC, Linden GJ. Tooth loss during mainte-
nance following periodontal treatmcnt in a periodontal practice in
POUR EN SAVOIR PLUS Norway. J Cl in Perioclontol, 2004, 3/ : 550-555.
13. Grant DA, Grant DA , Flynn MJ, Slots J. Pcrioclontal microbiota of
Charnbronc L, Chambrone D, Lima LA, et al. Predictors of tooù1 loss mobile and non-mobi le teeth. J Periodontol , 1995, 66(5) : 386-390.
during long-tenn perioclontalmaintenancc : a systcmatic rcview of 14. Harre! SK, Nunn ME. The cffect of occlusal cliscrepancies on perio-
obscrvational st.udies. J Clin Perioclontol, 2010, 37(7): 675-678. dontitis. Il. Relationship of occlusal treatment to the progression of
Garcia RI, Nunn ME, Dietrich T. Risk calculation and periodontal
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15. Hirschfelcl L, Wasserrnan B. A long-lerm survey of tooth loss in 600
Halperin-Stern fe ld M, Levin L. Do we really know how to evaluate
treatecl periodontal patients. J Periodontol , 1978, 49(5) : 225-237.
tooth prognosis ? A systematic review and suggested approach. 16. Jamri L Ouhayoun JP. Évaluation clinique et microbiologique de
Quintessence International, 2013, 44(5) : 447-456.
patients fumeurs atteints de maladie parodontale. Étude rétmspec-
tive. J Parodontol etlmplantol Oral, 1999, 18(3): 265-276.
5. http://www.nzgg.org.nz. 17. Kye W, Davidson R, Martin J, Engcbretson S. Currcnt status of
6. On se souviendra que les études rétrospectives sont sujelles il des biais et periodontal risk asscssment. J Ev id Based Dent Pract, 20 12, /2(3
qu'elles ne sont là que pour suggérer des hypothèses. Suppl) : 2- 11.
542 PARTIE 14- PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉC IDIVES
Les poches résiduelles sont débridées et irriguées en profondeur pl us longs de 6 mois à un an , lorsque la parodonti te est modé-
à l 'aide d'antiseptiques : soit cau oxygénée à 3 %, soit povidone rée et l'hygiène orale efficace 122]. Axelsson et al. observent une
iodée, soit ch lorhexidi ne à 0, 12 ou 0,20 %. Cette irrigation provoque fai ble incidence de caries ct de pertes d' attaches chez des patients
un lavage du contenu des poches parodontales au cours duquel il (n = 375) suivis au rythme de tous les 6 mois/un an, pendant 9 ans
semblerai t que l' action mécanique de l ' irrigation prédomi ne sur 13 1. L a fréquence du suivi doit être adaptée au ri sque. L e délai
l'effet anti bactérien du produ it utilisé. La pression intermittente de entre deux séances n'est donc pas fl gé m ais réévalué régulièrement
l' irrigation pulsée oxygénerait le fond des poches paroclontales, pro- en fonc tion des critères cliniques. Cet intervalle de temps dépend :
voquant ai nsi une destruction des bactéries anaérobies. L'efficacité de la présence d'antécédents familiaux de maladie parodontale;
de l ' irrigation sous-gingivale n'a pas été cl i niquement prouvée i\ ce - du type de parodontite agressive/chron ique;
jour. Néanmoins, la logique3 tend à la conseiller en fin de la phase - de l'indice de plaque et de la quantité de dépôts de tartre;
mécani que, compte tenu de l 'absence d'effet négatif et de la rapi- de l ' existence des caries ;
dité d ' utilisation. Le pol issage des surfaces dentaires se fait avec de la présence de l'acteurs de risque ;
des cupu les en caoutchouc, brossettes souples ct pâle à polir !luorée de la qual ité el elu nombre de restaurations prothét iques ;
pour limiter l'hypersensibilité dentinaire secondaire ou des pâtes d' un traitement orthodontique en cours.
abrasives, en cas de colorations importantes chez les fumeurs.
Santé parodontale
/ (Absence de récidrve)
/ \ Complication Traitement
Ré~~nse Perte d'attache
complémentaire
(Guenson) non associée à la maladie
non parodontal
parodontale
/
Traitement Traitement
Traitement complémentaire
clinique rigoureux et des exame ns complé me ntaires. S'i l s'agit du Aspects microbiologiques
s ite, la récidive est la réappa rition d ' une perte d 'attac he. La réci-
d ive peut donc ê tre localisée ou généralisée. Dans tous les cas, elle La récidive traduit la persistance ou la rccolonisation bactérie nne
conduit à un retraiteme nt. de sites préalablement traités. L'étiologie bacté rienne reste donc au
La récidi ve survie nt pe ndant le suivi , c'est-à-dire à d istance du cœur de la perte d ' attache, que cc soit par lu présence de complexes
traite ment. Elle peut aussi ê tre duc à un traite ment inadapté, un diag- pathogènes o u de m icro-organis mes pote ntie lle ment pathogènes
nostic e rro né o u une phase thé rapeutique incomplè te ou insuffi sante non ide nti fiables. Il semb le ainsi cohé re nt de trouver dans ces s ites
qui n'est pas parvenue à ré tabli r la santé parodontalc. Dans cette réfractaires des bacté ries à é radication dél icate comme A. actinnmy-
configuration, une amélioration te mporaire des s ignes cli niques pe ut cetemcomitans ct E. corrodens [1 0 1. Socransky ct al. 1181 évoque nt
lai sser penser à une g uérison alors que la ma ladie est toujours pré- mê me l'existence de profi ls microbiens réfractaires s pécifiques, dif-
sente, a pparemment traitée c l e n voie de gué rison. On parle ra alors férents des sujets sains o u bie n maintenus.
de rechute. Éta nt donné qu'il est imposs ible e n parodontolog ie de
distinguer la récid ive de la rechute, le te rme de récidive est le plus
souvent e mp loyé. ..... PROFIL MICROBIOLOGIQUE DIFFÉRENT
DES SITES SAINS
..... NON-RÉPONSE AU TRAITEMENT Dans les fo rmes récid ivantes, la densité bactérienne g lobale est
quantitativement plus fa ible, conséquence de la d im inut ion << méca-
LI est égale ment parfois possible d ' observer une mauvaise ré ponse nique» de la c harge bac térienne post-thérapeutique [121. Cependant,
a u traitement où on constate la persistance de signes d ' innamma- d ' un po int de vue qualitatif, le conte nu m icrobien des sites récidi-
tion, de sites perdant d e l' attache ct de poches parodonta les rési- vants diffère de celui des s ites sains ou assain is, à te l point qu' il est
duelles. L'absence de gué rison ou la méd iocrité de certa ins résultats défi ni com me similaire à celui de patients atteints de parodontites
thé rapeutiques avait donné 1ie u à une forme de maladie dite<< réfrac- sévères n' ayant j amais reçu de thé rupic. Ainsi, on observe une très
taire » carac térisée, comme son nom l'i ndiq ue, par la prog ression fo rte proportion de bactéries du com plexe rouge ct o ra nge, pa rmi les-
constante de la maladie malgré le traite me nt. La classification des quels T.forsythia, P. gingivalis, Fusobacterium s p., Campylobacter,
maladies parodontales de 1999 a é liminé cette forme e n tant qu 'en- Prevote/la sp. ct Peptostreptococcus sp.[ 12]. Plus récemment, l'ana-
tité nosologiquc di stinc te e n raison ( 1) de l' hé té rogénéité c linique lyse du contenu bac té rien de poches récidivantes indique une impor-
des cas ct (2) de l'absence d' études permetta nt de dé finir un pro- tante quantité de pathogènes, plus partic uliè rement Parvimonas
fil c linique o u biolog ique de ces malades. Le te rme << réfrac tai re >> micra (anc ie nnement Peptnstreptococcus micros), Campylobacter
s'appliq ue a lors aux diffé re nts types de ma ladie (parodontitc c hro - gracilis, Eubucteriumnodatwn, Selenomonas noxia, '/èmnerellafor-
nique réfractaire, parodontite agressive réfrac taire, e tc.) ou à un s ite. l)'thia , Porphyromonas gingivalis, Prevote/la spp., Treponema spp.
Il est aujourd' hui tombé e n dés ué tude en raison de l' amélioration de ct Eikenella ca1Todens 161. Inversement, des prélèvements révèlent
la qualité des thé rapeutiques c t de la meille ure compré hens ion des des bactéries du com plexe pourpre (i\ rtinomyces sp., Veil/one/la
mécanismes phys iopatho logiques de l'i nfla mmatio n. On parle plutôt parvula) en quantité moindre et, d' une façon générale, une présence
de non-répo nse au traite me nt. moindre des bac téries bénéfiques [ 10, 2 11.
La récurre nce est provoquée par une mauvaise observance après Les patie nts atteints de récidives ne sont pas un groupe homogène a u
traitemen t, par exemple lorsque le ma lade g ué ri estime qu 'i l n 'y a niveau de leur micro fl ore sous-gingivale. Aussi vrai qu'il est diffîcile
plus lieu d ' ho nore r ses re ndez-vous. La récurre nce de la ma lad ie de définir une e ntité c linique bien individualisée autour de la notion
intervient donc chez des pat ie nts traités mais sans suivi. Ces patie nts de récidive, il n'y a pas de flore << type », carac téristique des s ites
devront, dans tous les cas de figure, être traités de façon conventjon- récidivants. Parmi les espèces fréquemment retrouvées, on compte :
nellc, comme s' il s' agissait d'un pre mier traite me nt. llactelvirletes sp., PorphynJnwnas endodolllalis, Pmphymmmws gingi-
valis, Prevotella spp., 1ànnerel/aforsythia, Dialister spp. , Selennmonas
spp., CairJilella morbi, Eubacterium spp., Filifactor a/acis, Parvimonas
..... COMPLICATIONS micra, Peptostreptococcus sp. OTI/3, Fusobacterium sp. 07203,
Pseudoramibacter a/actolyticus, Streptococcus illlermedius ou
Le parodonte p ost-thé rapeutique se traduit d ' un point d e vue Streptococcus cmwel/atus e t Shuulesworthia satelles. Sont ide ntifiées
mécanique par de s de nts parfois plus vulné rables, e n parti c ul ier également des espèces bacté riennes inhabituelles au sein des poches
e n cas de parodonte réduit. Les traite me nts o nt pu affaiblir l' inté- parodontales comme Pseudoramibacter a/actolyticus, TM7 spp. oral
g rité radicul ai re et pulpaire, géné rant po te nti e lle me nt des frac- taxon IOTJ 346/356, Bactemidetes sp. OT 272/274, Solobacterium
tures et des lésions cnd odontiques. La mod ification de la fl o re moorei, Desulfobulbus sp. OT 04/, Brevundimonas diminuta,
bucca le lors du traite me nt parodontal peut e ngendrer l' appari- 5jJiwemcytnphaga sp. OT 337, Sfllllllewnrthia salelles, Filifactor
tion de caries cer vicales mutilantes, e lles-mê mes à l'orig ine de alocis, Dialister invisuslpneumosintes, Granulicatel/a adiacem,
pertes d ' auache. Ces complicat ions , se tradui sant par des pertes Mogibacterium timidwn, Veillonel/a atypica, Mycoplasma salivarium,
d'auac hc, sont le plus souvent ponc tue lles e t loca lisées, parfo is Synergistes sp. c/uster Il, et i\cidaminocorcaceae [G-If sp. l61. Parm i
multiples mais spécitiqucs à c haque s ite. La présence de com- ces espèces bactériennes peu fréq ue ntes, on note une présence signifi-
plications est à diffé re nc ier d ' une réc idi ve de la maladie paro- cativemcnt élevée d 'cntérobactérics (EIIIerococcusfaeca/is) l2]. Enfin ,
dontalc, car les é ti ologies des pe rtes d'altac he sont diffé re ntes e t les sites récid ivants présentent des agents infectieux viraux caractéris-
nécessite nt des a pproches thé rapeutiques s péc ifiques (pro thèse, tiques de surinfection comme herpès virus simplex, égale me nt observés
c ndodonti c, orthodo nti e, e tc.). c hez les non-réponda nts 131.
CHAPITRE 65- TRAITEMENT DES RÉCIDIVES 549
vrance des antiseptiques. L'erricacité de cette cavitation dépend de en fait une moléc ule de c hoix, tant par voie locale que systémique, dans
la forme de l' insert, de la fréquence e t de la puissance de l'appa re il. le traitement des formes réfractaires ou récidivantes [ 13J.
Le débridement ultrasonique doit être associé à un sur!açage manuel.
L' utilismion de c ure ttes fincs1 bie n alfûtécs est requise pour un débri- Associations
dement sous-gingival plus perfom1~111t. Après surfaçage, une sonde 17
Normale ment, la monothérapie est de règle. Cependant, compte
explorera l'état de surfitce radiculai re afin d'en apprécier le « lissage».
te nu de l' hété rogéné ité bactérie nne des sites récidivants, le s pectre
peut égaleme nt ê tre é largi par le recours à des associatio ns. De nom-
.... ANTISEPTIQUES breux travaux semblent montrer des résultats satis faisants avec 1'asso-
ciation amoxicillinc- métronidazolc pe ndant 14 jours [3, 15, 19]. Ces
Les antiseptiq ues peu vem npportcr un complé me nt thérape utique observations sont confortées par Handal ct al. qui montrent que 68 %
à l' act.ion mécanique du surfaçage, bien que le ur e fficacité n' ait pas des espèces iso lées de sites réfractai res présente nt des f3-lactamase
été testée dans les cas de récidive. L' utilisation de c hlorhcx iclinc dé li- 191. Cette production génère, parmi les espèces Prevoie/la sp., des
vrée directe me nt dans les poches paroclonta lcs2 n'a fait, à cc jour, résistances a ux pénicill ines voire a ux té tracyclines. Les espèces anaé-
l'obje t d' auc une é tude dans ce type d ' indication. fln ' y a cependant robies fréque mme nt re trouvées dans les formes réfractaires restent
pas lie u de pe nser à une diminution de l'crticacité des antiseptiques toutefo is sensibles a ux céphalosporines. Emerococcusfaecalis détec-
en cas de récidive. On s'applique ra donc à les employer e t à les tée dans les s ites ré frac taires est résistante in vitro aux tétracyclines,
prescrire. La povidonc iodée en local et la c hlorhex idi ne en bains de à l'é rythromycine, la clinda mycinc ct a u métroniclazolc 117]. En
bouc he sont les molécules de réfé rence. revanche, l'ampicilline, l'association amoxicilline - acide clavula-
niquc ct la ciprotloxacine sont efficaces sur ces entérocoques 17]. r
.... ANTIBIOTHÉRAPIE
Mode d administration
L' utilisation des agents ami-infectieux en géné ral ct des antibiotiques Antibiothérapie systémique
en particulie r dans le traitement des paroclontitcs ne saurait s'envisa-
L'antibiothérapie systé m ique est e n principe réservée aux récidives
ger qu'en complément d' une action méc~m iquc [ 1j , mê me en cas de
généralisées et aux patients non répondants. En effet, les résistances,
retraitement. La désorganisation mécanique du biofilm pem1ct une
les effets secondaires importants de certaines molécules actives comme
meille ure pénétration des molécules antibactériennes au sein de celui-
les cyclines (photosensibilisation) ou le métronidazole (into lé ra nce) en
ci. Cepe ndant, le traitement conventionnel de la parodontitc chronique
limite nt l' utilisation aux s ituations où une mise à disposition plus large
s'affranc hissant en pre miè re inte ntion de la prescription d'antibiotiques,
des principes actifs des agents ant.i-infectieux est nécessaire. O n notera
cette derniè re trouve le plus souvent son indication dans le retraitement.
que les sites« pé riphériques>> (amygdales, dos de la langue, muqueuse
jugale), réservoirs bactériens à l'origine de recontamination secon-
Choi · de la molecule daire, sont souvent impliqués dans l'é tiologie des récidives ct peuvent
Le choi x de 1'antibiotique dé pe nd des espèces bactériennes icle nti fiées être atteints via la voie systémique par les molécules a ntibac tériennes.
au sein elu site récidivant. Si les pé nicillinases sont fréquentes parmi les
espèces de la nore sous-gingivale (Prevote/la sp.) [211, ces ~- lactamases Antibiothérapie locale
sont tout partic ulière ment présentes pam1i les espèces identifiées dans Bien que l'antibiothérapie par voie locale, à libération immédiate
les s ites récidivants ou non répondants [9]. Dès lors, les pénicillines ou contrôlée, ne soit pas, selon un récent consensus nationnl, indiquée
n' apparaissent pas comme les molécules de c hoix et le choix desanti- dans le traite ment des parodontites (Accord professionnel), le groupe
biotiques s'oriente ra vers les molécules moins fréquemment prescrites, de travail conclut que « les antibiotiques délivrés localement semble nt
au spectre plus é troit ou vers des associations d'antibiotiques. présente r un intérê t clinique dans un nombre restreint de s ituations cli-
niques, particuliè rement au sein des sites réfractaires a près un débride-
Monothérapie ment mécanique bien mené >> ou lors de maladie récidivant localement
Des auteurs observent à 1 an et à 2 ans une efficacité clinique signifi- [ 1j. L'antibiothérapie locale est clone e n principe réservée aux récidives
cative du c hlorhydrate de c lindamycine ( 150 mg 4 fo is par jour pendant localisées. L'administration locale permet une mise à disposition totale
7 jours) associé au surfi1çagc radic ulaire dans le traitement des sites réci- de l' antiseptique dans le site atteint. L'aug mentation de la concentration
divants au sein d' un échantillon de 30 patie nts [7, 81. Les cyclines (té tra- in situ de la molécule est telle que la perturbation des cond itions phy-
cyclines, doxycycline, minocycline), malgré la forte proportion de résis- s icochimiques de la poche majore l' ac tion du principe actif de l'agem
tance bactérienne au sein du biofilm sous-gingival et des effeL~ secon- anti-infectieux . Par ailleurs, cette uti lisation locale perme t. de contour-
daires importants, ont un specu·e adapté aux espèces micro-aérophi les ner les effeL~ secondaires de l'antibioù1érapie systémique. Tout à fait
comme Aggregatibacler actinmnycetemcomitans, leur confé rant là adaptée iLla gestion des lésions isolées ou unitaires, cette voie d'admi-
aussi une place de c ho ix dans 1' arsenal thé rapeutique antibacté rien nistration locale a des limites qui résident dans les dirricultés de gérer
des sites récidivants et non répondants [I l, 14]. Les tétracyclines ont les situa tions multiples ou généralisées ct l'apparition de résistances.
également une action ant.icollagénolytique apte à compenser l'aspect Parmi les molécules disponi bles à l'étranger, le métroniclawlc3 et
négatif de la réponse intlammatoirc. Lundstro m ct al. l14l observent la minocyclinc4 , à travers le urs spectres respectifs, semble nt adap-
des résultats comparables entre 14 jours de tétracyclines et 7 j ours de tés a ux situations c lin iques réfracta ires ou récidivantes. Un su ivi
métronidazole, rejoignant en cela les conclusions de Loesc he et al. 113]. de 6 mois c hez 113 patie nts indique que les fibres de tét.racyclines5
Le spectre du métronidazolc est particulièrement adapté aux espèces potentialisent de façon significative le dé tartragc-surlitçage rad icu-
anaérobies ; son efficacité sur les espèces exprimant des ~- lactamases laire dans les s ites récidivants l161.
3. Elyzol".
1. Mini-Fivc" . 4. Paroclinc" .
2. PerioChip" . 5. AcLisite" .
CHAPITRE 65- TRAITEMENT DES RÉCIDIVES 551
.... ASSOCIATION SURFAÇAGE -ANTIBIOTHÉRAPIE tivcme nt au détartrage-surfaçage seul. L'effi cacité d ' irrigations de la
povidone iodée, e n associalion avec 14 j ours d ' antibiothé rapie (amoxi-
L'approche la plus prévis ible implique une anti biothé rapie systé- cilline - acide clavulanique ) et de bains de bo uche à la c hlorhexidine
mique conjug uée avec un traite me nt mécanique [20]. L'associatio n à 0 , 12 % (2 fo is par jour), a été momrée chez 30 patic ms présentant
surfaçage radic ulaire - au tibiothérapie pe rme t une diminution s ig ni- une récidive l4]. Malgré la faiblesse de l'échanlillo n, compte te nu des
fi ~.:a ti ve du saigne me nt uu sondage, des suppurations, des profon- bons résultms à 3 ans, ce protoco le pourrait constituer une a he mativc
deurs de poche en diminuant voire e n supprimant les pa thogènes c rédible au retraite me nt c hirurgical.
parodontaux des sites récidivants l5]. Celle disparité dans les résultats o bte nus dans le traite me nt des
Ainsi, Ne wman et al. [1 61 rapporte nt la meilleure efficacité des récid ives est re tro uvée par Haffajcc c t a l. [1 21 qui propo sent un
té tracyclines asso~.: i ées au dé tartrage-surfaçage radiculaire compa ra- protocole combinant trai te ment mécanique c t trai te me nt antibacté-
Résultat à long terme du traitement d 'une parodontite chronique sévère généralisée. a) Vue clinique initiale avant traitement
(1995). b) Vue clinique à 10 ans après traitement et suivi régulier (2005). c-d) Images radiographiques correspondant respectivement aux vues
cliniques (a) et (b). Notez la décision d'extraire 25 lors de la thérapeutique initiale en raison d'une perte d'attache atteignant l'apex sur une dent
présentant un élément prothétique de qualité médiocre. Aucune dent n'a été extraite pendant les 10 ans de suivi. (Document Vincent Jaumet.)
-
552 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
rien c hez des palien ts présentant des récidives. C haque patie nt est BIBLIOGRAPHIE
tra ité par surfaçages radiculaires par quadra nt (pendant 1 mois),
pu is des fi bres de té tracyclines" sont insérées pendant une semaine 1. A ITssaps. Prcscrition des antibiotiques en pratique dentaires.
clans les poches supérieures à 4 mm . Une administration systé m ique Recommandati ons 201 1.
cl'amoxicillinc 500 mg et de métroniclazole 250 mg (3 fois par jour) 2. Balaci-G[~jan E, Shirmohammadi A, Abashov R, et al. Detection of
est prescrite pendant 14 jours et les patients sont suivis par un détar- entcrococcus faecal is in subgingival bioti lm of patients with chronic
refractory periodontitis. J'vled Oral Pa toi Oral Cir Bucal, 20 10, 15 :
trage supraging ival he bdomadaire durant 3 mois. Les résul tats à
667-670.
3 mois mo ntrent une diminution des bactéries des complexes o range
3. Bertoldi C, Pellacani C, Lalla M , et al. Herpes simplex l virus impairs
ct rouge. L'exame n clinique montre, à 24 mois, une réduction de la regenerative outcomes of pcriodontal regenerative therapy in intra-
profondeur des poches de 0,83 ± 0, 13 mm et un gain d'attache de bony defects: a pilot study. J Clin Periodontol, 2012, 39(4): 385-392.
0,44 ± 0, 12 mm. Deux te ndances sc disting ue nt : les patie nts qu i 4. Colli ns JG, Olfenbacher S, Arnold RR. EITects of a combination
répondent bie n (bons résultats obtenus dès le 3" mois e t mainte nus therapy tu eliminate Porphyromonas gingivalis in rcfractory perio-
pendant les 24 mois de l'étude) et les patie nts qui rép ondent moins dontitis. J Periodontol, 1993, 64( 10): 998- 1007.
5. Colombo AP, Bennet S, Cotton SL, c t al. Impact of periodontalthe-
bie n à la tl1é rapeutique (augmentat.ion dès le Je mois des espèces
rapy on the subgingival microbio ta of severe pcriodo ntitis : com-
pathogènes qui peuvent parfois même, à 24 mois, excéder le niveau pm·ison betwcen good responders and individuals with rcfractory
in itia l). pcriodontitis using the human oral microbe identification micro-
array. J Periodontol, 20 12, 83: 1279-1 287.
6. Colombo AP, Boches SK, Cotton S L, e t al. Comparisons of sub-
.... CHIRURGIE PARODONTALE gingival microbial profiles of refractory periodontitis, severe pcrio-
dontitis, and periodonta l health using the human o ral microbe iden-
L' approc he ch irurgicale do it être prise e n cons idération face tificat io n microarray. J Periodontol, 2009,80: 142 1-1432.
à des s ites réc idivants où une étio logie locale est soupçonnée. 7. Gordon J , Walker C, Lamstcr 1, ct a l. Eflïcacy of cl indamyci n hydro-
L'accessibi lité o fferte par la ch irurg ie est, en seconde inten tion, un chloridc in rcfractory pcriodontitis. 12-month rcsulls. J Perioclontol ,
1985, 56 ( Il S uppl) : 75-80.
atout dans l'amélioration de l'effi c ac ité du débridement de lésions
8. Gordon J, Walker C, Hovliaras C, Socransky S. Efficacy of cl inda-
récidivantes o u non répondantes. La c hirurgie conventionnelle
mycin hydrochlo ridc in refractory pcriodontitis: 24-month resulls. J
d'accès permet un accès visue l à la lésion ct une possibil ité de Pcriodontol, 1990, 61 : 686-69 1.
modifier l 'environnement osseux (ostéoplastie), dentaire (odonto- 9. Handal T, Caugant DA, Olsen 1. A ntibiotic resistance in bactcria
p las tic) e t/o u ging ival (gingivoplas t.ie) lorsque celui-c i semble par- isolated fro m subgingival plaque in a Norwegian population with
tic ipe r à la récid ive. Les thérapeutiques régénératrices, toujours e n refractory marginal periodontitis. Antimicrob Agents Chemother,
association avec l'antib iothérapie, pe uvent a mé liorer la forma tio n 2003, 47 : 1443- 1446.
du système d'attache dans ces s ituations où la c icatrisatio n fait 10. Hafiitjee AD, S mith C, Torrcsyap G, et al. Efllcacy of manual and
powerecl toothbrushes (Il). Effect o n microbiological parameters . .J
défaut. Les protocoles ne d iffèrent en rie n des tec hniques habi-
Cl in Periodontol, 2001,28:947-954.
tuelles (voir chapitres 13 à 16). Dans certa ines situations com- Il. Haffajee AD, Socransky SS, Ebcrsole J L. Surv ival ana lysis of perio-
plexes (morphologie radicu laire complexe, atte inte de l'intégrité dontal s ites beforc and aftcr periodo ntal therapy. J Clin Periodontol,
radicul aire, etc.), la conser vation de la de nt peut s'avére r incom- 1985, 12 : 553-567.
patible, soit avec la reformation d'un systè me d'attache, soit avec 12. Haffajee AD, Uze l NG, Arguello El, et al. C linical and microbio-
le recouvre m ent de la santé parodo ntalc parce qu'elle constitue un logical changes associated with the use of combinee! antimicrobial
réservoir bac térien susceptible de disséminer l' in fection a u sein de therapies to treal << refractory » periodontitis. J C lin Periodont.ol ,
2004, 3/ : 869-877.
la cavi té buccale . L'extraction peut alors s' imposer pour pe rme ttre
13. Loeschc WJ , Schmid t E, Smith BA, et a l. Effccts of meuonidazolc
l'éradication d u foyer persis tant e t assurer le résultat à long te rme o n periodontal treatment necds. J Pcriodontol, 1991, 62 : 247-257.
(Figure 65-2). 14. Lundslrom A, Johansson LA, Hamp SE. Effect o f combinee! systemic
antirnicrobial therapy and mechanical plaque control in patients with
recurrent periodontal disease. J Clin Pcriodontol, 1984, 11 : 32 1-330.
Implications cliniques 15. Magnusson 1, Clark WB , Low SB, et al. Effect of non-surgical
periodontal thcrapy combinee! with adjunctive antibiotics in sub-
• La prise en charge des récidives doit ètre précoce. j ects wiù1 "refractory" pcriodontal discase. (1). Clinical results. J
• Le diagnostic étiologique de la récidive repose sur une C lin Periodomol, 1989, 16 : 647-653.
anamnèse m inutieuse et une investigation clinique méti- 16. Newman MG, Kornman KS, Dohe rty FJ'vl. A 6-month multi-center
culeuse. evaluation of adjunctive tetracycl ine fibcr the rapy used in conjunc-
tion with scaling and root planing in ma intenance patients: c linical
• Les tests bactériens peuvent aider au contrôle de la results. J Periodomol, 1994, 65 : 685-691.
lésion. 17. Rams TEl , Feik D, Mortensen J E, ct a l. A ntibiotic susccptibility
• L'association surfaçage- antibiothérapie est l'approche of pcriodontal Ente rococcus faecal is. J Periodontol , 20 13, 84(7) :
conventionnelle en première Intention. 1026-1033. eloi : 10. 1902/jop.2012. 120050. Epub 20 12 Oct 29.
18. Socransky SS, S mith C, Ha l'fajec AD. S ubgi ngival microbial pro-
• La chirurgie parodontale est efficace en seconde intention. tiles in refractory periodontal disease. J C lin Periodontol, 2002, 29:
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19. Walker CB, Gordon JJ'vl , J'vlagnusson 1, C lark WB. A rolc for anti-
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2 1. Winkel EG, Van WinkelhoiT AJ , Timmennan MF, c t al. Effects of
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ciated with Bactcroides forsythus. J Clin Pcriodontol, 1997, 24 :
6. Actisite3 .
573-579.
Efficacité des traitements parodontaux :
suivi à long terme
Linda Jaoui, BenoÎt Brochery
un nombre réduit d' indiv idus qui présentent des épisodes aléatoi res
Points clés
de destruction suivis de périodes de stabilité (voir chapitre 14). La
• Les traitements parodontaux sont efficaces à long terme récidive de la maladie parodontale traitée en l' absence de suivi a
q uelle que soit la sévérité initiale de la maladie. été confirmée clans des études rétrospectives avec un risque de perte
• Les récidives de perte d' altache sont peu fréquentes chez dentaire 5,6 l'o is plus important qu'en cas de suivi parodontal régu-
les malades comp ian1s correc tement pris en charge. lier 14, 6, 10].
Un taux de survie dentaire Important est obtenu Les cxu·actions intéressent un nombre restre int de patients. Une
après trai1ement c hez les sujets alteints de maladies étude rétrospect.ive sur un groupe de 300 patients traités pour paro-
parodontales. dontite chronique et régulièrement suivis pendant des périodes
• Les p ertes dentaires sont concentrées sur un petit variant de 5 à 14 ans (moyenne 8 ans) après la fin du traite ment
nombre de malades. parodomal (chirurgical/non chirurgical) montre un taux de perte
dentaire de 2 % 1. 10]. Ce groupe est comparé à 40 patie nts attei nts de
• Les extractions den1alres motivées par des pertes d'at-
taches sont peu fréquentes. parodontite traités mais sans suivi (moyenne 4, 13 ans) et 13 patients
non traités (moyenne de 4,92 ans). Le groupe de patie nts tra ités
sans suivi montre un taux de perte dentaire de 3,6 %. Le groupe
De nombreux travaux conduits aux États-Unis [8, I l , 15, 16, des 13 palienLs non traités a une pe rte dentaire de 4,3 %, c'est-à-
20, 24], en Europe [1, 2, 6, 7, 13, 14, 2 1, 22, 231 et au Brésil [51 dire plus du double qu 'en cas de tra itement avec suivi régulier. Ces
ont démontré que les ma ladies parodontalcs peuvent être traitées résultats sont en accord avec ceux montrant une perte moyenne de
avec succès à condition qu' un suivi soit instauré dès la fin du trai- 0,22 dent/an (soi t une dent tous les 4 ans) dans un groupe de patients
tement (Figures 66- 1 et 66-2). L'élUde classique de l-lirschfeld ct traités sans sui vi [41. Celle dernière étude observe par ailleurs une
Wasserman sur 600 patie nts, alleints de parodontitc sévère pour diminution de moitié du taux de perte dentaire en cas de suivi régu-
75 % d'entre eux, al'fichc une perte dentaire annuelle moyenne de lier. Une revue systématique indique un ta ux de perte dentai re très
1,8 lors d' un suivi de 22 ans 19]. La moitié des patients ne perdent t~tiblc de 0,09 (lC 95 % : 0,06-0, 16) dent/an par patient traité pour
aucune dent pendant la durée du suivi ct 70 % des dcms ayant ini- une parodontitc agressive 119]. Cela veut dire qu' un homme ayant
tialement au moins une poche parodontale. supérieure ~ 7 mm sont toutes ses dents diagnostiqué à 20 ans et ayant une espérance de
conservées à terme. Ce travail , qui re monte à plus de 35 ans, doit vie à cet âge de 60 ans environ (59 ans pour être précis) aura perdu
être réévalué à la lumière des nouvelles thérapeutiques parodon- 5 dents lorsqu ' i1 a!leindra l'âge de 80 ans. On peut considérer que
tales. On pe ut donc supposer que les taux de survie se sont amé- c'est 5 dents de trop, mais quand on connaît les ravages que produit
liorés depuis. Le suivi ct un bon contr(ile de plaque individue l de une parodontite agressive, localisée ou non, sur les tissus de soutien,
l'o nnes initialement sévères de parodon tites permcucnt le maintien il y a lieu de penser que ce tau x est extrêmeme nt fai ble.
de la santé parodontalc pendant de nombreuses années [ 14, 171 ct Tonel!i ct al. [23 1 observent chez 273 patients traités sur une
de 98% des dents à 10 ans 113). li est donc prouvé qu ' un taux de période d 'observation entre 5 mois et 23 ans une mortalité dentaire
survie dentaire important peut êt.rc obtenu après traitement, même de 0,23 ± 0,49 dent par patient par année d 'observation. Ci nquante-
en cas de pertes d ' attaches sévères (Figure 66-3). Une progression six pour cc.nt des sujets ne montrent aucune perte dentaire tandis
rapide de celle perte d'atlachc peut néanmoins être observée chez que moins de 10 % des patients perdent plus de 3 dent s. La pro-
-
554 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES l
Résultats à long terme du traitement d'une parodontite agressive. a) Vue clinique initiale (1985) du sextant mandibulaire
antérieur. b) Vue clinique après traitement. c) Radiographie initiale. d) Vue clinique à 20 ans (2005) après suivi régulier tous les mois. e) Vue
clinique à 27 ans (2012). f) Examen radiographique à 27 ans. Noter la stabilité du niveau osseux. (Document linda Jaoui.)
grcssion de la maladie c hez des patients traités et no n traités pour et al. ont constaté qu'un groupe de patients maintenus tous les 2 à
des parodontites c hron iq ues modérées à sévè res a é té a nalysée en 4 mois présen te un gain d'allache moyen de 0,2 mm après 6 ans,
suivant les modificatio ns radiographiques du niveau osseux inter- tandis qu ' un gro upe suivi une foi s par an perd 1,2 mm d ' attache les
de nta ire ainsi que le nombre de de nts 112]. Trois groupes de patients s ix premiè res années 11. 2].
ont été ré partis de la façon suivante : un groupe A de 14 patie nts Sur le plan microbio logique, quelques jours après traite me nt
atteints de parodontite non traitée et qui abandonnèrent pendant la (2 à 7 jours), la masse bacté rie nne totale du biofilm est restaurée.
thé rapeutique initiale ; un groupe B de 26 patie nts, non coopé ratifs Cependant, sa composition a c hangé (diminution du ta ux des patho-
e t qui mire nt fin au suivi après 2 ans ; un groupe C de 27 patients gènes) ct l' habitat a é té modifié (suppression des poches pm·odon-
coopé ra tifs ayant e u un suivi régul ier pendan t 7 ans. Les patients du ta lcs). En fai t, les pathogènes du complexe rouge par exemple sont
g roupe A ont perdu 0,5 dent par a n, ceux du groupe B, 0 ,4 de nt par diffîciles à é liminer, mais ils ne recoloniscnt que très le nte me nt les
an, c t dans le groupe C , 0 ,2 dent par an. Près de la moitié des patients sites. Une mainte nance régulière, tous les 3 mo is, chez des patients à
n 'ont pas pe rdu de dents c t la perte de ntaire est concentrée s ur un risque pe rmet d 'évite r le retour à un habitat favorable à la colonisation
petit nombre de patients. La moyenne de la perte de ntaire pour les par les pathogènes. Les travaux de Socranski ct Haffajee indiquent
groupes A e t B est de 0 ,5/an, comparable a ux résu ltats de Becke r c lairement à 2 ans l'efficacité clinique et microbiologiquc des traite-
ct al. qui trouvent une pe rte de 0 ,61/an (3J. La perte dentaire des ments parodontaux ct l'erticacité d ' un suivi régulie r dans le maintien
patie nts suivis n 'était que de 0, 16/an. Cette valeur est comparable à d ' un niveau de pathogènes compatibles avec la santé parodontalc 181.
celle des travaux jusque- là publ iés [9, 16, 17, 18]. Enfin, Axclsson Le ur étude rétrospective me née au For~ytll lnstitute (États-Unis) inclut
CHAPITRE 66- EFFICACITÉ DES TRAITEMENTS PARODONTAUX :SUIVI À LONG TERME 555
2 Résultats à long terme du traitement d'une parodontlte chronique modérée généralisée chez une patiente de 50 ans
(âge du diagnostic). a-c) Aspect clinique initial. d) Examen radiographique initial. e-g) Vues clinique à 24 ans après suivi régulier tous les
6 mois. h) Examen radiographique à 24 ans. Noter la stabilité du niveau osseux. (Document Linda JaouL)
-
556 PARTIE 14 - PRÉVENTION ET TRAITEMENT DES RÉCIDIVES
Flgur e Résultats à long terme du traitement d 'une parodontlte chronique sévère généralisée chez une patiente de 40 ans
(âge du diagnostic). a-c) Aspect clinique initial. d) Examen radiographique initial. e-g) Vues clinique à 7 ans après suivi régulier tous les
4 mois. h) Examen radiographique à 7 ans. Noter la stabilité du niveau osseux. Seules les dents de sagesse mandibulaires ont été extraites.
(Document Linda Jaoul.)
CHAPITRE 66 - EFFICACITÉ DES TRAITEMENTS PARODONTAUX : SUIVI À LONG TERME 557
17 groupes de sujets traités selon 17 modalités (11 = 493). Tous les S. Chambrone LA, Chambrone L. Tooth loss in weil mai ntaincd
sujets bénétk icnt d' une thérapeutique initiale, suivie d' un traitement patients with chronic periodontitis during long-term support ive the-
non chirurgical ou chi rurgical avec ou sans anti biothérapie locale ou rapy in Brazi l. J Clin Perioclontol, 2006, 33: 7S9-764.
6. Checchi L, Pcllicioni G, Gallo M, Keelescian L. Pat ient compliance
systémique. Le sondage est en bouche complète (6 sites par dent) ct
with maintenance therapy in an ltalian periodontal practice. J Clin
28 échantillons de plaque sous-gingivale sont prélevés chez chaque Perioclontol. 1994, 2/:309-3 12.
patient e n vue d' une analyse microbiologique (40 espèces, DNA- 7. Fardai O. Interviews and assessments of returni ng non-compl iant
DNA Clteckerboard J-lybridiz01ion). Le suivi, compre nant un contrôle pcriodontal maintenance patients. J Clin Perioclontol, 2006, 33 :
de plaque professionne l, est tous les 3 mo is. Les résultats à 12 mois 2 16-220
indiquent la réduction durable des acqu is post-thérapeutiques avec 8. Haffajee AD, Teles RP, Socransky SS. The effcct of periodontalthe-
rapy on the composition of the subgingival microbiota. Periodontol
une stabil ité des indices de plaque, des saignements gingivaux, de la
2000, 2006, 42 : 2 19-2S8.
suppuration ct du niveau d 'attache. On observe une d iminution de la 9. Hi rshfe iJ L et Wasscrman B. A long-tenn survcy of tooth loss in
profo ndeur moyenne de sondage au cours du suivi. La charge bacté- 600 treatecl periodontal patients. J Periodontol, 1978, 49: 22S-237.
rienne évaluée microhiologiqucment est maintenue à un niveau bas et 1O. Jaoui L. Évaluation à long terme des thérapeutiques paroclontales.
n' augmente pas pendant le suivi. De même, les parodontopathogènes Étude rétrospective. Thèse pour le diplôme de doctorat de l' Univer-
reste nt à un niveau à peine au-dessus du seuil de détection. sité Paris VIl. 199S.
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dontally treated and untrcatcd patients-a retrospective sllldy. J Clin
• La décision d'extraction pour raison parodontale doit
Periodontol, 2000, 27 : K66-872.
être la conséquence de l'échec réel ou supposé d 'un
13. Konig J. Plagmann 1-lC, Ruhlin A, Kochcr T. Tooth loss and pocket
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Patients à besoins
spécifiques
Direction scientifique : Francis Mora, Hélène Rangé
-
562 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
~ lE CERVEAU ADDICT rentes drogues. Une consommation occasionnelle aura peu de réper-
cussion sur la santé. En revanche, un usage chronique va i nduire,
Le cer veau humain fonctionne selon le besoin de récompense selon l a substance consommée, une augmentation de la morbidité.
appelé drive. Une mémoire de cette récompense est i ndispensable En 2010, un pic de consommation régul ière était observé chez les
pour que la survie et la reproduction soient possibles. Chez un usa- 18-25 ans ft hauteur de 7 % pour le cannabi s el de 24 % pour 1'alcool.
ger chronique, les ci rcui ts de la raison ne fonctionnent plus. Le com- L a politique de réduction des risques est née dans les années 1980
portement ne fonctionne alors que sur le besoin de récompense. L e avec l ' accès aux seringues gratuites. C'est une approche pragma-
cer veau du contrôle est biochimiquement mis en incapacité d ' agir. tique et médicale, à l'opposé d' une approche répressi ve. Ses objec-
Il faut donc arrêter de faire appel à la volonté, mais aider les gens à tifs sont d ' informer, de ne pas juger ct d' accompagner pour limi-
reconstruire médicalement ce rétroconu·ôlc. ter les risques. C 'est une démarche de l ien ct de soins progressi ve
- démarche de prévention, de soins el d'instaurat ion du dialogue. L a
politique de réduction des risques a maintenant une reconnai ssance
légale. Elle est inscri te dans la loi de santé publique d' août 2004 ,
Épidémiologie et problème de santé relevant désormais en partie de l 'Assurance M al adie.
publique en addictologie
L es principales données épidémiologiqucs françaises sont issues
d'enquêtes menées sur la popu lation générale par l ' Insti tut natio-
Toxicité et effets des substances
nal de prévention ct d'éducation pour la santé (INPES) el l ' Obser- addictives
vatoi re françai s des drogues et des toxicomanies (OFDT) 121. Le
Tableau 67- 1 mon tre une est imation du nombre de consomma- ~AlCOOl
teurs de substances psychoactives en France métropol i taine parmi
les 11 -75 ans. Les auteurs analysent la prévalence des di fférentes La consommation d'alcool expose à des risques multiples pour la
drogues ( tabac, alcool, cannabis, cocaïne, héroïne ct autres) ct leur santé en fonction des quantités absorbées. Certaines maladies sont
évolution clans la population générale di visée en classes d' âge. Le exclusivement allribuables à l' alcool, notamment la cirrhose alcoolique
Tableau 67-11 i ndique les pourcentages d 'expérimentation des cliffé- ou des alleintcs neurologiques comme le syndrome de Korsakoff. Pour
Ensemble 18-25 ans 26-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans Hommes Femmes
n = 21818 n=2899 n=3 872 n = 5368 n= 4 637 n = 5 042 n =9866 n = 11952
d'autres pathologies, l' alcool constitue un facteur de risque. C'est le cas carieuses, les é rosions et les maladies parodon talcs [61. Il ex iste
de certains cancers, notamment des voies nérodigestives supérieures, plusieurs mécanismes par lesquels les substances addictives peu vent
du foie, du sein ou encore du cancer colorectal ainsi que des maladies affecter la santé buccodcntaire en général el le parodonte en parti-
cardiovasculaires (hypcncnsion artérie lle, cardiopathie ischémique). c ulier.
Par ai lleurs, des troubles cognitifs sont observés chez plus de 50 % des La cocaïne a une influence indirecte sur la santé parodontalc.
personnes alcoolodépcndantes et sont lentement réversibles [15 j : alté- Selon le mode de consommation, l'effet vasoconstricteur de la
ration de la mémoire, inadapt<~tion de certains mouvements, etc. cocaïne peut induire des nécroses tissul aires localisées. Lorsque
la cocaine est snifTéc chronique ment, des perforations de la cloi-
son nnsalc et pal atine sont observées 13]. Afin d'év iter l' inconfort
.... CANNABIS
de l' inhalation et pour bien prendre les restes du produit inhalé,
Indépendamment de ses effets sur le système nerveux central , le c<Jn- les usagers on t pris l' habitude de se frouer les gencives avec de la
cocaïne [7, 101. Cela semble donner une sens<Jtion semblable à cc
nabis agit sur différents systèmes, dont le système respiratoire :à poids
que procure 1' inha lation, probablement à cause de la nature voi-
égal, la fum ée de cannabis foumit 50 % de plus de goudron qu' une
cigarette classique [8]. La technique d' inhalation du cannabis et les sine des muqueuses ct de leur riche vascularisation. Il en découle
quantités plus grandes de benzopyrène et de benzm1thracène contenues des agressions localisées des tissus durs et mous de la cavité buc-
dans le goudron de cannabis expliquent pourquoi les consommnteurs cale. Les lésions gingivales peuvent alors pre ndre plusieurs formes.
chroniques de cannabis risquent de souffrir de pharyngite, de rhinite, La plupart des tentatives de réparations tissulaires au moyen de la
d' asthme, de bronchite, d 'emphysème et de cancer des poumons, à chirurgie mucogingivalc sc so ldent par des échecs, probable ment
plus long terme 1111. o·auu·es études démontrent également qu' une dus à l' ischémie locale cl à la dégradation de la vascularisation du
consommation excessive et continuelle de cannabis affaiblit le système site lésé. Des cas de saignements gi ngivaux spontanés ont été rap-
immunitaire, pouvant ainsi diminuer la résistance aux infections 181. portés par les usagers de cocaïne. Cela est dû au fait que: la <.:v<.:aïue,
comme beaucoup d'autres drogues, peut causer une lhrombopénie
1141. Des saignements post-extractionnc ls ont également été rap-
.... ECSTASY ET AMPHÉTAM INES portés [1 3].
La maladie carieuse est un des effets secondai res de la prise quo-
Ln toxicité de l'ccMasy et des nmphétamines est principa- tidie nne de méthadone, médicament de substi tution de l' héroïne.
lement cérébrale. L' usage de la MDMA (méthylènc-dioxy- Sa forme galénique, un sirop extrêmement chargé en sucre, indu it
methamphétaminc) produit une neurotox icité sérotoninergique chro- l' apparition et le développement d'une malad ie carieuse complexe
nique chez les êtres humains. [4, 19]. Ces lés ions carieuses, essentiellement cervicales, vont le
plus régul ièrement impliquer un aménagement préprothétique du
.... COCAÏNE parodonte par de mu ltiples allongements de couronnes c liniques
(Figure 67- 1). De plus, en raison de ses e ffets anta lgiques puissants,
La consommation de cocaïne, même occasionnelle, peut entraîner l'hé roïne et d'autres dérivés morphiniques permettront le dévelop-
des réactions allergiques, des crises d'épilepsie, des crises d' angoisse pement à bas brui t de lésions infectieuses.
et des troubles cardiaques (u·oubles du rythme cardiaque, douleur On observe cepe ndant une prévalence plus importante de lésions
~~ la poitrine et infarctus ou arrêt cardiaque). En cas de partage du parodontales chez les h(~roïnomanes que dans la population géné-
matériel de consommation (paille, seringue, pipe), il peut y nvoir une rale. Les altérations gingivales ct paroclontalcs sont souvent dues
transmission des virus de l' hépatite B, de l'hépatite C ct du virus de à un contrôle de plaque médiocre [ 19]. Cependant, ces troubles
l' immunodé ficience humaine (VJH) dans le cas d' injection par voie peuvent égaleme nt s'expliquer par un déficit de la réponse immuni-
intraveineuse (IV). taire cellulaire et humorale associé à la consommation de substances
addictives (voir chapi tre 4 1).
.... HÉROÏNE
Aspects thérapeutiques
..... GESTION DE LA DOULEUR CHEZ LES PATIENTS
DÉPENDANTS
compte la diffic ulté ( 1) dïdc ntifie r/quantifier celle consom mation ct Chirurgies implantaires
(2) d'obte nir une compliance compatible avec un traitement paro-
Il n 'existe e ncore auc une donnée sur l' in nue nce d ' une consom-
dontal. On rappelle ra e nfi n que les te ns io ns musculaires induites
matio n c hronique de drogue (à l'exception elu tabac) sur le Laux de
par la prise d' ecstasy, de cocaïne ct d 'amphé tam ine agissent sur le
s uccès implantaire. Les indications ou contre-indicatio ns seront
décle nche ment de te nsions massété rines. Ces consommate urs c hro-
liées aux pathologies géné rales, à l'éventuelle immunodépression,
niques d ' excitants sont donc des patients bruxomanes. li convie nt de
aux prob lè mes de c icatrisation. La problém atique de la consom-
te nir compte de celle caracté ri stique lors du traitement paroclontal.
mation de cannabis est la mê me que pour la c hirurgie parodontalc.
Une consomma tion régulière de cocaïne ne montre pas de raisons
C ompliance évide ntes pour contre-indiquer la mi se e n place cl' implants. Les
L' ana lyse de l'état buccoclcntairc des usage rs de drogues montre consommateurs d ' hé roïne, s i une possibi lité de bonne compli ancc
qu' ils nécessite nt des soins dentaires. Ils ont un besoin supérieur a é té dé montrée, ne présente nt pas de contre-indication à la pose
d"accès a ux soins de ntaires par rappo rt à la populat ion géné rale. Une d ' impla nts. Le jugeme nt moral d' tm usage c hro nique de drogue n'a
grande partie de ces soins pourraie nt ê tre d ispensée clans la pra tique pas sa place dans une prise de déc ision tl1érapc utiq ue.
libérale. L'attitude face aux soins de ntaires sera variable selon la
personne et selon la s ubstance consommée. Un usager co nsommant Chirurgies pré-implantaires
réguliè re me nt de l' hé roïne par voie intrave ineuse sera plus ré ticent
L'inhalation intranasale de cocaïne a de nombre uses complications.
a ux soins de ntai res qu'un usager chronique de cannabis. Les usagers
En plus de ses effets systé miques, la cocaïne peut causer des desU11C-
de cocaïne seront, e ux, des ha bitués des cabine ts dentai res.
tions massives des structures ostéocartilagincuses de la ligne médiane
Il est cepe nda nt nécessaire de prendre e n compte un absenté isme
du palais, du nez c t des sinus. Sans un questionnaire méd ica l précis, une
p lus fréque nt c hez les usagers c hro niques d 'alr nnl cr d ' hé roïne .
lésion médiane induite par la cocaïne peut provoquer des clifflc uhés de
Leur prise e n c harge impose une tolé rance plus g rande de la part des
diagnostic 112j. L'effe t vasoconstricteur ct caustique de la cocaïne peut
pratic ie ns face à cet absentéisme ct à celle faible compliance.
produire une irri tation d irecte ct une ischémie de la muqueuse nasale et
palatine, ce qui conduit à long terme à la c réation d' une perforation oro-
Questionnaire médical nasale secondaire à la destruction des os du maxillaire. Une revue de la
La prise e n compte de ces différents para mè tres impose aux lillérature, sur tous les cas décrits de perforations palatines, montre que
parodontis tcs de pre ndre en compte les consommations c hro- 77,7% des lésions sont localisées dans le palais dur e t seule me nt 5,5%
niq ues comme ind icate urs de risque des maladies parodontales. se trouvent dans le voile du palais. La prévalence de ces perforations
L' ignorance d ' une consommation c hronique dimi nue ra la ré ussite représente 16,6% des cas, avec un diamèu·e moye n de la perforation
d ' une thé rapeutique parodontale non ch irurg icale. Il est donc néces- de 19 mm [201. Ces perforations de la cloison nasale, du palais dur
saire d'introduire un c hapitre sur les addictions dans le questionnaire ct du palais mo u pe uvent mod ifie r certains plans de traite ment pré-
méd ical des patients. implantaires comme les comble ments sinusie ns. Un bilan ORL sera
nécessaire avant toute intervention intrasinusicnnc. Cependant, dans le
Indications des antimicrobiens cas d ' un bilan ORL satisfaisant, auc une donnée dans la littérature ne
nous indique l' influe nce d' une consommation par inhalation par voie
À cc jour, le rapport entre u n usage chronique de drogue c t une nasale sur les taux de succès des chinrrgies pré-implantaircs.
éventuelle modification de la nore bacté rie nne n' a pas é té é tudié.
En revanc he, l'ensemble des effets int ra-oraux d' un usage c hronique
de drogues, dont l' hypos ialic, modifie indirectement la flore bac- ~ SUIVI PARODONTAL
té rie nne intrabuccale . Mais concernant les a ntibiotiques utilisés e n
parodontologie com me l'amox ic illine, la doxicyclinc ct le métro ni- L' innue nce d ' un usage c hronique cie drogue sur la santé géné-
dazolc, leur faible toxicité e t le ur index thé rape utique élevé re ndront rale semble indique r une fréquence plus é levée des visites de suivi.
rareme nt nécessaire un ajus te ment des doses ou des inte rva lles de Cependant, e n raison de la faible compliancc/observancc cie ces
malades, cette régularité pe ut s'avére r difficile à obte nir. C haque
presc ription de ces ant ibiotiques L18].
séance devra pre ndre en compte un possible retour à la non-dépe nda nce
c t e ncourager celui-ci par une attitude professionnelle positive.
~ TRAITEMENTS CHIRURGICAUX
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209-2 19. 525-53 1.
- '
Parodontologie pédiatrique
Isabelle Bailleul-Forestier, Jean-Louis Sixou
modifié par l ' appariti o n des den ts s ur les arcades, qui s'étend de
Points clés
l'érup tion de la pre mi ère inc is ive temporaire (6 moi s) à la mise
• Les g ingivites de l'enfant et l'adolescent sont fréquentes en o cclus ion de la deuxièm e molaire permane nte ( 12 - 14 ans).
et fac ilement tra itables par un bon contrôle de plaq ue E n den ture te mporaire stab le, la genc ive marginal e est rose, de
individuel et professionnel. c ons is tance ferme e t é las tique, d ' aspect lisse o u fïn c me nt g ra-
• Elles constituent parfois un signe d 'appel pour une mala- nité. La haute ur d e la genc ive allac héc es t plus imporlallle au
die générale. max illaire par rapport à la m a ndibule e t aug mente avec l'fige.
• Les parodontltes de l'enfant et l'adolescent sont rares et Le si llon ging ivoden taire a une profonde ur constante d 'enviro n
le plus souvent agressives. 1 mm. A u n iveau des diastè mes présents entre les dents tem -
• Elles sont parfois associées à une ma ladie générale dont poraires, la genc ive est reco uverte d ' un é pithélium o rtho- o u
elles peuvent être le p remier signe. parakérat inisé desquama nt. L'épithé liu m de jonction est pl us
rédui t qu 'autour des dents perma nentes. Le ti ssu co njo nctif
s ous-jacent, riche en collagène sol uble , p résente une acti vi té
De la nai ssance à l'âge adulte, le parodo nte de l' enfant puis de fibroblastique impo rtante. Le ligame lll alvéolodentai re commu-
l'ado lescent est en perpétue lle é volutio n, alo rs qu' il n'existe pas en nique avec le tissu conj onctif pulpai re par les canaux pul popa-
ta nt que te l à la naissance. Il est, à certains égards, unique e n raison rodon taux e t les o ritï ces apicaux, ains i que les espaces médul -
( 1) de la rupture de l'épithé lium lors de l'éruption des premières lai res des procès al véo laires. Une vasc ularisation s ang uine c t
dents et de la création de la pre mière attache é pithéliale à partir de la ly mphatique dense irrig ue l 'os a lvéolaire, mo ins miné ra li sé que
pellicule de l' émail, (2) d ' une inflammation « physiologique >> liée c hez l' adu lte. Les corti cales osseuses sont fines, surt out dans la
il l'ex foliation des dents temporaires et l'éruptio n des dems penna- rég io n antérieure. Le céme lll des dents tempora ires es t m oi ns
ncllles, et (3) de la présence de pseudo-poches accompagnant l'érup- dense e l moin s é pai s que pour les dents permanentes. Il est de
tion des dents temporaires et permanentes. Alors que l' infl ammation ty pe acellula ire en région coronaire et ce llulaire d ans la zone
gingivale (ging ivite) est fréq ue mment rencontrée, les parodontites apicale. L'ex fo liation des dents tem poraires c t l'ér uption des
sont plus rares que chez l'adulte et la plupart du te mps agressives. dents permanentes indu isent des modi fi cati o ns physio log iques,
Ces dernières so nt parfois le premier, voire le seul , sig ne d'une struc ture lles et morpho log iques. qui do ivent ê tre d is ting uées de
maladie générale ct placent le chirurg ien-dentiste au cœur de cc qu ' il s ituatio ns patho logiqu es .
doit être: un membre de l'équipe de santé entouranL l'enfant. Lors de la constitution de la denture mixte ou adu lte j eune,
la genc ive m arginale a souvelll un aspect inOammatoire, ourlé,
é pai ssi. La pro fonde ur du s illon g ingivode ntaire aug mente chez
l'en fant et l' adolescent. Radio logiquement, au cours de l'éruption,
Aspects anatomiques du parodonte l'image des crêtes osseuses varie . La radiographie rétrocorona irc
chez l'enfant permet d 'éva luer la distance e ntre la crête osseuse et la jonctio n
amé locémentaire. Sur les dents en occlus ion, la no rmalité est esti-
Les s truc tures du parodonte c hez l' en fan t d iffè re nt de ce lles mée inférieure à 2 mm . L'aug me ntatio n de ceLte di stance caracté-
retrou vées c hez l'adulte . E n e ffe t, le parodonte de l'enfant est ri se une altération de l'os alvéolaire.
1
568 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Étiopathogénie et diagnostic amygda les) sont colonisées très tôt. Certaines bactéries anaéro-
bies sont o bservées par culture chez plus de la moit ié des enfants.
des maladies parodontales Parmi les pathogènes supposés, /~ tw cleatum, Prevotella in/erme-
chez l'enfant dia ct Eikenel/a corrodens son t a lors les plus fréq uem ment détec-
tés. Les analyses par PCR ne sont pas to utes concordantes 19, 161.
Certaines mettent en év idence entre 0 et 4 mo is des pathogènes
.... DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES parodo ntaux tels que Campylobacter reclus, 7ànerella forsythia ct
Concernalll la santé parodontale des enfants, les études épidémio- exceptionne llement A. actinumycetemcomitcms, mais n ' identifient
log iqucs mettent e n évidence, avec une sévérité variable mais de pas P. intermedia et P. gingivalis f9]. À l' inverse, d 'autres analyse~
façon quas i universelle, une impo rtante prévalence de la gingivite. montrent que A. actinomycetemcomitans est présent chez 26 %
Toute fois, la prévalence des parodontitcs est plus fa ible que chez des enfants et P. gingivalis c hez 36 % des enfant s dès l'fige de
l'ndultc. Chez seule ment 0,2 à 0 ,5% des enfants et adolescents, une 3 semaines 11 61. Cette présence semble cependant transitoire et ne
correspond pas à une réelle colonisation.
perte d' attache peut être observée. L' incidence de cette perte d ' at-
Avec l'appar ition des dents, de nouveaux habitats apparaissent :
tache augmente lo rsqu 'on compare des e nfants de 8 à I l ans et des
tissus durs, sillo n ging ivodentaire permettant l'établissement de
adolescents de 12 à 15 ans 171.
no uve lles espèces. G lobalement, la présence des pathogènes paro-
Les différentes formes de parodontitcs surv iennent plus souvent
donwux est associée à leur présence chez l'un au moins des parents
chez les populations j eunes de pays non industrialisés e t leurs pré-
13 11 et à un niveau d ' hygiène orale insutlisant. Les pathogènes so nt
valences d iffèrent s ign ificat ivcment entre les diffë rcnts groupes
également détectés dans la sa live ct en s urface des tissus mous qui
ethniques. Dans le groupe d 'âge de I l à 25 ans, un fa ible taux de
const ituent des réservoirs microbiens 19, 28]. La présence, au moins
parodontit.c a é té rapporté chez les Caucas iens. Les individus d ' o ri-
trans itoire, de ces bacté ries est égaleme nt confirmée par la mise en
g ine africaine semblent avoir une haute prévalence de parodo ntitc
évidence d' anticorps sériques dirigés contre eux [26]. L'acquisition
suivis par les Hispaniques ct les Asiatiques. Les enquêtes épidémio-
dé fini tive (colon isation) de P. gingivalis et d 'A. acthwmycetemco-
logiques en Amérique du Nord indiq uent chez les Caucnsiens ct les
mitans ne semble cependant pas effective avant la pré-adolescence
Hispaniques des prévale nces de parodontitc agressive inférieures à
1 %, tandi s que la prévalence des parodontites chroniques est infé-
f 16J. En denture tem poraire, les pathogènes majeurs (complexe
rouge et A. actinumycetemcomitans) sont rarement mis e n évidence
rieure à 4,5 % [2]. Les prévalences chez les A fro-A méricains sont
par culture tandi s que les bactéries du complexe orange peuvent pré-
plus élevées, oscillant entre 2,6 et 3,8% pour les parodontitcs agres-
senter une prévalence s upérieure à 50 % pour certai ns (F. mtclealllm
s ives et entre 4 ,6 cl 7,5 % pour les parodontitcs chro niques. Une
et /~ imermedia) [281. A. actinumycetemcomitans est plus souvent
étude française, réa lisée e n Ille-ct-Vilai ne, à partir de radiographies
détecté que P. gingivalis ct peut être retrouvé chez 10 % des enfants.
panoramiques de patie nts e n cours de traiteme nt orthodontiquc,
Avec des techniques de PCR , la prévale nce mo nte de 38 à 75 %
do nne une prévalence de 0, 187 %.
pour A. actinomycetem.comitarrs L16] et de 37 à 60 % pour /~ gin-
givalis 11 6]. Toute fois, dans d'autres études par PCR, la prévalence
.... SUSCEPTIBILITÉ À LA MALADIE PARODONTALE d 'A. aainomycetemcomitans et de P. gingivali.1· reste faible ct les
autres pathogènes des comp lexes rouge et orange ont des préva-
Acquisition de la flore microbienne lences contradicto ires [9 1.
La denture mixte se caractérise par les habitat s anaérobies créés
Colonisation de la cavité buccale de l'enfant
par la chute des dents temporaires et les pseudo-poches des dents
Il est très difficile d 'avoir une idée précise de l'acquis ition des permanentes en éruptio n. Si les études par culture montrent une
pathogènes parodontaux par l'enfant au cours de son développe- faible augmentation de la prévalence d 'A. actinomycetemcomitans
ment. Il ex iste de nombreuses limites méthodologiques à la fi abi- ct du complexe rouge, les bacté ries du complexe orange continuent
lité ct la représelllativité des études effectuées. Les popu lations sont à être réguliè rement détectées [28j . Ces résultats sont confirmés par
différentes, avec des caractéristiques génétiques ct culturelles diffé- sonde A DN [ 131 et PC R [9, 161 avec une stabilisatio n ou parfois
rentes, certains clones bactérie ns plus ou moins viru lents pouvant une légère augmentation de prévalence par rapport à la de nture tem-
être particulièrement présents dans une populat ion, par exemple le poraire. Au cours de la puberté, les hormones sexuelles induisent
clone JP2 d'Aggregatibacter actinomycetemcomitans au Maroc. Les une modification de ln colonisation par les micro-organismes. Elles
s ites prélevés ne sont pas toujours les mê mes (muqueuses du nour- servent notamme nt de nuu·imcnts aux Prevotellae à pigmentation
risson, salive, une o u plus ieurs dents, brosses à dents, etc.). Il est d if- noire comme P. illlermedia, P. nigrescem et P. melaninogenica, etc.
ficile de comparer les résu ltats de cultures à seuil de détection élevé Les études par cult ure le montrent bien dans les années 1980-1990
(une bactérie détectée pour lOO 000 présentes), de sondes immu- 128] ct sont confirmées aujourd'hui par des études utilisant les sondes
no logiques (ELISA, immunofl uorcscence), de sondes génomiques génomiques et immunologiqucs. L' absence d ' une hygiène orale
(sonde ADN, polymerase chain reaction [PCR I, puces à ADN) et rigoureuse chez les ado lescents ajoute un facteur favorisant au déve-
maintenant d'anal yse du microbio me. Les variations constantes de loppement de certains pathogènes purodontaux [9]. Parallèlement,
la taxonomie/nomenclature des bactéries empêchent également une les taux d ' anticorps sériques contre A. actinomycetemcomitans ct
comparaison fi ne des résultats des différents travaux. /~ gingiva/is aug mentent avec l'fige et l'o nt apparaître des différences
La chro nolog ie de la co lonisation de la cavité buccale par les entre les ind ividus dans l' intensité de la réponse [26 1. Cependant, le
pathogènes parodontaux est pe u c laire 191. Les dernières ana lyses peu d'études de cohortes d 'enfants et d 'adolescents ne permet pas
du microbiome révèle nt une diversité bactérie nne re marquable d'établir de relation entre la compositio n de la flo re bactérienne et le
dès les premiers jours inc luant des a naérob ies s tricts. Certai ns développement des malad ies parodontales. L'acquisi tion des autres
pathogènes comme Porphyromonas gingivalis ct Fusobacterium micro-organismes (virus, parasites, cha mpignons) a é té peu étudiée.
nucleatwn o nt été retro uvés par PC R dans des aspi rais gastriques Certai ns virus du grou pe herpès, comme le cytomégalovirus humain
néonataux. C hez le nourrisson, les muq ueuses ( lang ue, joues, (CMVH) ct le virus d ' Epstein-Barr (EBV) essentie llement, o nt é té
CHAPITRE 68- PARODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE 569
assoc iés aux pathologies parodontalcs agressives de l' adolescent et Dé ficit immunitaire
pou rraien t ê tre associés à la virule nce de certains pathogènes paro-
Les déficits immunitai res primaires rencontrés c hez l'enfant sont
dontaux L291. Ces virus sont fréquemment répandus dans la popu la-
souvent des affections d'origi ne géné tique (voir chapitre 42). Ils
tion géné rale au ni veau buccopharyngé. Ils ont é té retrouvés clans les
peuvent être liés à un problè me quantitati f (ncutropé nics) ou un pro-
poches paroclontalcs chez des adolescents atteints de paroclo ntitcs
b lè me qualitatif tel que l'atteinte de récepteurs a n ni vcan des ccli ni c~
agressives, mais ni dans les zones non atteintes de ces mêmes ado-
de dé fe nse.
lescents ni chez des adolescents sains. L'acquis ition ou la présence
Dans le cas partic ulier des le ucémies aiguës de type lympho-
de parasites de type protozoaire (Trichomonas tenax ct Entamoeba
blastique ( LAL), majorita ires c hez l' e nfant, la dépression immuni-
gingivalis) reste e ncore assez obscure il l' heure actuelle.
taire induite favorise l'apparilion de lésions buccales. Tout organe
ou ti ssu peut ê tre infi ltré : la pu lpe, le parodonte ou la muqueuse
Transmission des pathogènes parodontaux o ra le. Les saignement s, les hy pertro phies gingivales, les ulcérations
L'acquis ition « pass ive » du microbiote oral n'explique pas sa muque uses ct même des mobi lités dentaires s' associe nt à celte mala-
colonisalion par les bacté ries paroclo ntales pathogènes. Décrite die. L'étude cas-témoin de Maciel et al. 11 81 met e n évide nce l'aug-
de puis plusieurs décennies, la transmissio n intra famil iale des mentation des indices de s aigne ment g ingi val ct de p laque c hez les
pathogènes parodontaux, verticale (pare nt - e nfant) ou horizontale e nfa nts ou les adolescents traités pour le ur LAL.
(enfant - e nfa nt), a é té partic uliè re me nt é tudiée pour A. actinomy-
ceremcomitans e t /~ gingivali~·. Le vecteur principal est la sa live, Médication
suivie par le contact muqueux, la brosse il de n t~ o u l'alimentatio n. Plus ieurs types de méd icame nts peuvent être associés à lill accro is-
La transmission pare nt-enfa nt surviendrait clans 30 il 60% des cas seme nt g ingival. Les trois principales famill es de méd icame nts
pour A. actinomycetemcomitans e t plus rarement pour P. gingivalis incrim inées sont : les a nliconvulsivants. les immunosuppresseurs c t
[31 1. Ces de ux espèces, de mê me que T. .forsythia, P. intermedia e t éventue lle ment les agents bloqua nt les canaux ca lt:iques (voir c ha-
P. nigrescens, sont re trouvées c hez les e nfants dont les pare nts sont pitre 12). Chez les e nfants ayant subi une transplantation, le tacro-
porlcurs 123J. De même, la détection d'au moins une bacté rie du lim us est préféré à la c iclosporine, car la gingivite e t l' hype rplasie
complexe rouge survient plus fréque mme nt c hez les enfants dont gingivale sont réduites par rapport au traitement par la ciclosporine.
les pare nts sont pon e urs d 'au moins une bacté rie de ce complexe
pathogène. Cette trans mi ssion met e n évide nce l' importance de la
détct:tion e t la prévention rigoureuse des parodonlopathogènes, pour .... DIAGNOSTIC
protéger les e nfants cl ' un risque de paroclontitc précoce. La Ao re
bacté rienne de la cavité buccale des e nfants ct adolescents c hange To ute anoma lie du parodonte de l'enfant, inexpliquée par des fac-
avec l'éruption de ntaire, les variations des nic hes écologiques irllra- te urs locaux o u physiologiques. peut ê tre l'expressio n d'une mala-
buccalcs c t la maturation des systèmes immunitaires et hormo naux. die systé mique c t impose une démarc he diagnostique s pécifique
Certains pathogènes parodo ntaux apparaissent aussi bien c hez les (Figure 68- 1). Toute ex folia tion spontanée, mobilité non physiolo-
suje ts sains que chez les sujets présentant une ging ivite. g ique, doit condui re il des investigations s ur la santé géné rale de
l'enfa nt 1'41. En effet, la détermination d u diag nostic d ' une maladie
systé mique et s a prise en c harge thérape utique amélioreront souvent
Pathologies systémiques chez l'enfant l'état parodontal.
Système endocrinien
Lors de la pube rté, la modification des taux d'œstrogènes cl de Examen clinique
progestérone induirait une modification de la perméabilité des capil- L'examen parodontal du jeune patient constillle l ill te mps incon-
laires e t une aug mentation de la quantité d 'exsudat susceplible de tournable de son examen buccodcntaire (Figure 68-2). Il est précédé
favoriser l'apparition d ' une g ingivite, le plus souvent œdémateuse e t par une anamnèse médicale précise. Il est constitué par l'observation
hé morragique c hez l'adolescent [2 1]. O n observe une augme ntation g lobale de la cavité buccale de l'enfant, puis par l'exame n parodontal
de l' indice gingival au cours de la puberté ainsi que la colo nisation avec l' utilisation des indices paroclontaux simplifiés. Un parodonte
par P. imennedia e t P. nigrescetls. Le degré d ' inllammatio n gi ng i- sain associe une couleur rose, lill aspect lisse ou légèrement pique té
vale c hez les enfants allcints de diabète de type 1 est supérieur à ct une translucidité. Cependant, c hez l'enfant, une couleur proche du
celui d 'enfants té mo ins. Des é tudes cas-témoin, chez des sujets dia- rouge peut être observée compte tenu des nombreux capillaires c t
bétiques ou non (6 à 18 ans), montre nt que les individus d ia bé tiques d ' un é pithé lium fin. Le premier indice il relever est l' indice de plaque.
ont une inflammation ging ivale e t une pe rte d 'attache s upé rieures Le plus simple à uti liser, à l' aide de la sonde paroclontale ou d' un révé-
pour un mê me niveau d' hygiène orale que celle des té moins. Ces late ur de plaque, est l'i ndice ci'O'Leary. Cet indice dic hotomique sert
é tudes ind ique nt que le diabète aurait un effet systé mique sur la paro- il évalue r l'hygiène orale et l'apprentissage elu brossage. Puis 1' inflam-
dontite dès l'enfance. La destruction parodontnlc est statis tique me nt mation gingivale est esti mée par l'observation d' un saigne me nt lors
corrélée au diabè te avant, pe ndant ou après l'âge pube rtaire [ 15]. du sondage. Elle est mesurée grâce il l' indice g ingival ci'Ainamo ct
La prise e n c ha rge thérapeutique du diabète de type 1 perme t, après Bay, le Gingival Bleedin~: Index (GB I). L'évaluatio n elu niveau d ' at-
6 m ois, un retour à la san té de la genc ive, éva lué au niveau micro- e t lache parodontal pa r sondage constitue lill te mps c lé du diagnostic.
mac roscopique (voir c hapitre 27). Des é tudes cas-té mo in c hez les Une perte d'altache, signe pathognomonique des parodonlites, peut
adolescents e t les jeunes adu ltes o nt mis e n évide nce une corré lation ê tre calculée en comparant deux mesures il des temps différents des
e ntre la surcharge pondérale, la circonférence abdominale ct la pré- niveaux d 'allache (voir c hapitre 1 1). À d ire vrai, chez l'enfant et l'ado-
vale nce de parodontitc chronique. Les ado lescents obèses présente- lescent, tout niveau d ' attac he anormal do it ê tre considéré comme le
raie nt plus d ' inllamma tion g ing ivale et plus de poches supé rieures il s igne d ' une perted' allac he, compte tenu, e n raison de l'fige, de la rapi-
4 mm de pro fondeur, mais pas plus de perle osseuse, comparés aux d ité avec laquelle celle-ci a pu s'établir. L'identification cie la jonction
té mo ins 1'201 (voir t:hapitre 33). amélocémcntaire par contact de l'extré m ité de la sonde paroclontalc
570 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Syndrome
de Papillon-
Lefèvre,
trisomie 21,
+
Examen de la cavité buccale
l
syndromes Exfoliation spontanée des dents temporaires
de Chédiak-
Higashi,
d'Ehlers-
Danlos,
chérubisme, Dosage Mobilité dentaire
etc. des phosphatases
alcalines
l
Anormal
l Incisives Molaires Saignements spontanés
Hypophosphatasie
et molaires
Perte Bilan nutritionnel
permanentes d'attache ..,. (carence
1
Parodontite Bilan
généralisée en vitamine C)
Bilan
agressive immunitaire :
hématologique : Gencive érythémateuse Gencive fibromateuse
précoce recherche
1
NFS, CAP,
neutropénie
et neutrophilie
fibrinogène,
numération 1'
Localisée Généralisée
plaquettaire
l
Gingivite
l
Bilan
48
linéaire immunitaire Héréditaire/ Médicamenteuse
NFS, VIH idiopathique
glycémie/Hbg
Figure 68· 1 Démarche diagnostique lors d'une maladie parodontale en denture temporaire ou mixte. HbG : hémoglobine glyquée ; NFS :
numération formule sanguine ; VIH : virus de l'immunodéficience humaine ; CAP : Protéine C réactive. (D'après Brochery, Hennequin, Vaysse,
Bailleul-Forestier. Parodonte de l'enfant et de l'adolescent. EMC, 2012, 28-270-B-10.)
Formule Facteurs
dentaire locaux
' '
Tissus mous ' .,.,.. Occlusion
Examen clinique
l ' Récession
mucogingivale
Évaluation du saignement
au sondage
Saignement
de 1 ou 2 sites Saignement de 3 ou 4 sites ._.. Radio-
graphie
l l
Enregistrement
Enregistrement des indices ._.. Niveau
des indices
osseux
l l l
Indice de plaque Indice de plaque Profondeur des poches
l l l
Indice de saignement Indice Niveau d'attache
gingival de saignement
gingival l
Saignement au sondage
l
Suppuration
l
Mobilité
l
Furcation
Figure 68·2 Examen parodontal de l'enfa nt et J'adolescent. (D'après Clerehugh et Tugnait, 2001 [8] et Brochery, Hennequin, Vaysse,
Bailleul-Forestier. Parodonte de l'enfant et de l'adolescent. EMC, 2012, 28-270-B-10.)
C HAPITRE 68 - PARODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE 571
avec le collet de la dent permet le diagnostic di f férentiel entre une et peut servir de réfé rence. Une analyse microbiologiquc constitue un
poche parodontalc liée à une parodontitc et une<< fausse» poche liée des examens complém entai res initiaux à réaliser chez un enfant ou
à une inflammation associée à l 'éruption dentaire. L'examen paro- adolescent présentant une paroclontite agressi ve. Elle permet de pré-
donta l simpli fié ou dépistage proposé par C lerchugh ct T ugnait 181 ciser la f1o rc microbienne p::nhogène et de suiv re ses changements.
est rapide à réaliser sur 6 dents de référence : 16, Il, 26, 36, 31 et Pour les autres f orm es de patho logies parodontalcs, son intérêt est
46 (F igure 68-3). Il relève la présence de saignement au sondage, de plus limité. Les différents tests bactér iologiques disponibles util isent
tartre, de facteurs de rétention de plaque ct de pertes d 'attache. Il per- des sondes A D N ct une identificati on par PCR, offrant ainsi une spé-
met de dépister les patients nécessitant un examen parodontal détaillé ci ficité et une sensibil ité plus i mportantes que celles des cultures. La
ct une prise en charge thérapeutique plus complexe. PC R en temps réel perm et d'établir une quantification de la charge
L e so ndage en bouche complète est indispensable dans le cas des bactér ienne du prélèvement. La PCR classique détecte des quantités
parodontitcs agressives, même si l 'atteinte ne sc situe généralement infimes d' ADN après que celui-ci a été extrait ct purifié, mais ne four-
qu' au niveau des premières mo laires et inc isives permanentes. Si x nit que des informations limitées quant à la charge bactérienne d'un
mesures par dent font apparaî tre l ' étendue ct la sévérité de l ' atteinte prélèvement. A ctuellement , les tests microbio logiqucs renseignent
parodontale. Cet examen sim plifié ou en bo uche complète ser vira de sur la présence de pathogènes parodontaux connus comme les pl us
référence pour évaluer le trai tem ent effectué. Comme chez l ' adulte, i mpo11ants dans les maladies parodontales, mais ne déterm inent pas
la m obilité dentaire est évaluée. E lle doit être comparée avec la mobi- les souches virulentes et ne donnent que peu ou pas d' informations sur
lité physio logique des dents temporaires en fonction de leur degré la nore protectr ice. Ils ne sont pas non plus info m1ntifs sur la théra-
de rhy zalysc ct avec celle des dents permanentes selo n leur degré peutique anti-infectieusc efficace, contrairement aux antibiogrammes.
d'édification radiculaire. L es facteurs locaux do ivent être observés.
Ils comprennent les restaurati ons dentaires (état de surface, situatio n
anntomique du j o i nt), les dispositifs orthodo ntiqucs, ct les situatio ns
anatomiques à ri sque ( insuffi sance ou absence de gencive attachée,
Maladies gingivales
freins). D e même, les fonctions ct plus particulièrement la venti la- et parodontales chez l'enfant
tion sont à évaluer. Une ging iv ite marginale, local isée au niveau du
bloc inc isivocanin max illaire, est souvent associée à une ventilation ..... MALADIES GINGIVALES INDUITES
buccale et une xérostornie. Ces différents facteurs sont primordiaux PAR LA PLAQUE
à déterminer, car il s r isquent d'interférer sur l 'évolution ct la pro-
gression de la maladie parodo ntale chez l 'enfant. U n i ndice de saig nem ent ging ival com me le OB I permet d'éva-
luer de façon simp le, dichoto mique, la g ing ivite chez l 'enfant La
Examens complémentaires préva lence de l'i nflammatio n ging ival e, avec un O B I > 1, est mise
en évidence chez 77 % des enfants de 3 à 5 ans, 74 % des enfants de
L es recommandations en termes de radioprotection imposent, chez
6 ans, et 57 % des enfants de 6 à I l ans 161.
l ' enfant, la réalisati on des r adiographies strictem ent nécessaires au
Comme chez l 'adulte, la g ingi vite se caractérise par une réaction
d iagnostic et au traitement, et qu'elles soient peu irradiantes. Elles
inf1amm atoire no n spéci fique de la gencive marg inale sans perte d 'at-
sont réal isées après le bilan clinique. En odontologie pédiatrique, la
tache. La gencive marg inale, rouge et enflammée, saigne au sondage.
radiographie panoramique constitue un outil de dépistage permettant
Microbiologiquemcnl, dans le cadre de gi ng ivites ex périmentales, des
d'objectiver des lésions osseuses. Elle est complétée pur des clichés
genres bactériens di fférents de ceux de l ' adulte, tels que Aclinomyces,
rétrocoronaircs pour visualiser les septums interdcntaires et le niveau
Capnocytophages, Leplolrichia ct Selenomonas ont été mis en évi-
de 1' os cresta!. Une distance de 2 mm entre la crête osseuse ct la j onc-
dence. L a prévalence des pathogènes m ajeurs semble augm enter avec
tion amélocémcntairc est considérée comme normale chez l ' enfant ct
la quantité de plaque ct le niveau d' i nflammatio n ging ivale 19J.
l ' ado lescent. L a réal isation de radiographies rétro-alvéolaires avec un
La sévérité de la gingiv ite est moindre chez l 'enfant que chez
angulateur des régio ns incisives et molaires informe sur l 'état osseux
l ' adulte, pour une quantité de plaque identique. L' inflammation reste
superficielle. Cependant, dans quelques rares cas, l'équilibre entre
la charge microbienne et/ou sa spécificité et la réponse de l ' hôte est
rompu. Le développement elu processus inflammatoire conduit à une
perte cl' attache.
Les facteurs génétiques, qui m odifielll la réponse de l ' hôte, sont les
Dents de référence chez les enfants et les adolescents
facteurs de risque majeurs pour le développem ent précoce d ' une paro-
Score/grade Traitements nécessaires dontitc agressive [2 11. Des facteurs anatom iques et environnem entaux
0 Sain Aucun peuvent également être impliqués. C hez l'enfant, des facteurs locaux
Saignement Information contrôle de plaque (ICP) physiologiques comme l 'éruption dentaire et l'ex fo liation des dents
2 Tartre ou facteur ICP + surfaçage + élimination 1empomires. ou transito ires comme les tassements alimentaires en lien
de rétention du biofilm des facteurs de rétention de plaque avec 1' anatomie des dents temporaires, les apparei llages orthodontiqucs
3 Poche de 4 à 5 mm Idem 2 mais plus long ct la respiration buccale peuvent aggraver l ' inflammation ging ival e.
4 Poche profonde ~ 6 mm Prise en charge parodontale En denture mi xte, la m obilité dentaire favorise l 'accumulation
ou lésion inter-radiculaire, complète + adresser de plaque avec la créatio n de zones favorisant la colonisatio n et
récessions gingivales à un parodontiste le développem ent bactérien. Les g ing i vi tes éruptives, créant des
pseudo-poches, se résol vent spontanément lors de l 'évolutio n de
Figure 68·3 Examen parodontal simplifié pour les enfants et les
la dent permanente ct d ' une hygiène buccale efficace. Les enfants
adolescents et traitements nécessaires correspondants. (D'après
Clerehugh et Tugnait, 2001 [8] et Brochery, Hennequin , Vaysse, Bailleul- ay ant une ven ti lati on buccale présentent un indice ging ival m aj oré,
Forestier. Parodonte de l'enfant et de l'adolescent. EMC, 2012, 28-270- qui augm ente avec l' incompétence labiale. La genc ive marginale
B-10.) apparaît rouge, vernissée ct épaisse (Figure 68-4). L' instauration
572 PARTIE 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
de l' hygiène orale est parfois à compléter par une prise e n charge dysphagic avec ri sque de déshydratation ou même une encéphalite
O RL pour libérer les vo ies aéri ennes supérieures. Les enfa nts por-
virale 125]. Une récente revue Cochrane a mis en évidence l' intérêt
teurs d' une fe nte palatine présentent un ind ice g ingival supéri eur à
de la prescription d 'acic lovir chez l'enfant de moins de 6 ans dans
celui d'enfants témoins, même s i la quanti té de plaque est ide ntiq ue. la primo-infection herpétique. L' anti viral limite le dévelo ppement
L'analyse des micro-organis mes montre uniquement une aug men-
de nouvelles lés io ns, diminue les difficultés d ' alimentation et le
tatio n signi ficative de P intennedia [1 01. L' influence des facteurs no mbre d 'hospitalisations 122].
favori sants systémiques, médi camenteux et de la malnutrition sur
les malad ies g ing ivales liées à la plaque de l'enfant el de l' adulte
Aphtes récurrents
est traitée dans d'autres chapitres de cet ouvrage (voir chapitre 12).
Isolés, les aphtes récurrents sont retrouvés chez les individus pré-
sentant un déficit en vitamine 8 12 et parfois en acide folique (vita-
.... MALADIES GINGIVALES NON INDUITES mine B) . Chez l'enfant, la présence d'aphtes au niveau muqueux ou
PAR LA PLAQUE g ing ival peut être la manifestation buccale d' une ma ladie cœliaque.
Dans le cadre d 'un épisode tëbrilc accompag né d ' adénopathie cer-
C hez l'en fant , la genc ive ainsi que la muqueuse buccale peuvent
vicale, le diagnostic de fièvre aphteuse récurrente do it être cons idéré
être aue intcs d 'i nfectio ns non liées à la présence de plaque. Une
(syndrome PFAPA pour periodic.fever aphtous stumatilis, phOiyngi-
é tude ita lienne a répertorié les infections orales comme motif de
lis, cervical adenitis).
consultation e n odo ntolog ie [ 191. Par ordre décroissant de s urve-
nue : les candidoses orales, les aphtes récurrents, la primo-infection
he rpétique ct exceptionne llement l'érythème multiforme cons tituent .... PARODONTITES CHRONIQUES
le mo tif de cons ultation. Ces affections s urvie nnent plus fréquem-
ment chez les e nfants aue ints de maladies c hroniques. La paroclontitc chronique, te lle qu 'elle est défini e par le World
Wurkshup d e J 999, c ' est-à-d ire à progression lente, alternant des
Infections candidosiques phases de stabi lité el des phases de destruction, n' a pas fa it l' objet
de description spécifique à l'enfant ou l' adolescent.
Les Candida sont des gennes pathogènes opportuni stes détectés
dans la cavité buccale de 50 à 60 % d ' individus sains. Tls deviennent
pathogènes lors de l'altération de la répo nse immunitaire de l' hôte. .... PARODONTITES AGRESSIVES
L' adhésion des levures cl la coloni sation des surfaces buccales sont
les premières éta pes de l'infection candidosique. La présence d'un Les parodontites agressives de l'enfant, de l' ado lescent el du j eune
appareillage prothétique o u orthodontique semble perturber l'éco- adullc correspondent aux anc iennes parodontites d 'apparition pré-
systè me oral cl fa voriser l'infectio n candidosique. La ma lnutrition coce ou early onser periodontitis de la classification de l'American
chez l'enfant semble ê tre aussi un facteur favorisant l' infection el Academy of Periodonrolof!,y (AAP) de 1989. Ces pathologies corn-
la di versité des Candida responsables. Les enfants porteurs d ' une prenaient notamment la parodontilc prépubenaire (en denture tem-
maladie systémique comme une immunodépression (par exemple porai re) et la parodo ntile juvénile (chez les préaclolescents el adoles-
liée au virus de l' immunodéfic ience humaine ou VJH), un diabète, cents). D écrire ces différentes formes amène les auteurs à utiliser des
une cndocrinopathie, o u traités par antibiothérapie ou corticollléra- données issues d'articles utilisant celle terminolog ie . Les parodontites
pic au long cours dé veloppent plus fréquemment des candidoses. Le agressives de l'enfant et de l'adolescent correspondent à une perte
traite ment de l'asthme, par inhalation de co rticoïdes, modifie la nore d'allache et une alvéolysc rapide (premier critère), chez des sujets en
bucca le ct favorise égale ment ces lésions [ 191( voir chapi tre 4 1). bonne santé (deuxième critère), présentant une susceptibilité familiale
(tro isième critère) 130]. Comme les autres formes de parodontiles,
Gingivostomatite de la primo-infection herpétique elles présentent plusieurs tàceues : cliniques, micro bio logiqucs,
immunologiques, génétiques et autres, dont biolog iques ct histo lo-
Causée par le premier contact muqueux elu virus herpes s im- giques. Le diagnostic repose sur l' inten·ogatoire du patient, l'examen
plex 1, la primo-infection herpétique présente une symptomatolo- clinique et radiographique. Rappelons que les parodontiles de l'enfa nt
g ie variab le. Elle peul passer inape rçue, induire une fièvre ct une peuvem aussi être le premier, voire le seul s igne, d' une maladie géné-
rale. Il est primordial pour le praticien de faire les analyses nécessaires
pour évaluer cette possibilité ou d'adresser le patiem à un praticien en
mesure de le faire ct d 'analyser les résultats (voir Figure 68- 1).
Aspects cliniques
En denture temporaire, mi xte ou permanente, la pm·odontite agres-
sive peut être localisée ou généralisée avec des caractéristiques c li-
niques distinctes. Elle progresse à un rythme trois à quau-e fois plus
rapide que pour les form es chroniques f3]. Certai ns auteurs décrivent
également des perles d ' altache isolées, limitées à quelques dents. La
fonnc localisée de la parodontile agressive est d'apparition précoce el
se cm·aclérise, quelle que soit la denture, par une inflammation réduite,
peu de dépôts de plaque ct une absence de tartre. En denture tempo-
raire, elle peul débuter très tôt, parfois avant l'âge de 2 ans. La perte
osseuse s'accompagne de mobilité dentaire, d' une perte des dents tem-
Figure 68·4 Gingivite de l'enfant associée à une ventilation pOI·aires et par fois des germes des dents permanentes 127]. En denture
buccale. (Docume nt Hé lène Ra ngé.)
permanente, elle apparaît dès la préado lcscence o u l'adolescence, avec
CHAPITRE 68- PARODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE 573
ciency). Les formes de l' adolescent sont, comme celles de l' adulte,
assoc iées à des atte intes à de nombreux niveaux de la ré ponse
imm unitai re 112 1. Parmi les caractéri stiques souvent o bservées :
une a no malie phagocytaire ct un phé notype d ' hypcr-réponsc macro-
phagiq ue incluant des taux é levés de prostaglandine E2 (PGE2) et
d 'interle ukine l j3 (IL- I j3) r30J. Dt:s ût:faut~ ûe production, d 'activa-
tio n, d 'expression e t de fonctio n des neutrophiles (chimiotac tisme,
phagocytose, bactéricidic) ou au contraire une exacerbation de leurs
ré po nses, a menant des destructions tissulaires, sont assoc iés ü la
parodontitc agressive local isée. La questio n reste posée elu rôle de
la lc ucotoxine d 'A. actinomycetemcomitans dans ces anomalies des
cellules de défense. L'implication des anomalies immunitaires dans
la susceptibilité individuelle à la maladie n 'est pas encore établie,
Figure 68·5 Radiographie panoramique d 'un enfant de 6 ans, mais son rôle dans l'apparitio n de la maladie parodontale est certai-
atteint d'hypophosphatasie, ayant perdu spontanément ses in ci· ne me nt déterminant 1121.
slves mandibulaires, puis maxillaires.
Autres aspects
L'un des importants questionne ments des parodontites agressives,
une perte d'attache qui atteint les premières mo laires pe rmanentes, les c hez l' e nfant en particulie r, est l'existence d ' une incidence fa miliale
incisives et moins de de ux des autres dents. Les formes généralisées des dans l'apparition de la maladie, c'est-ü-dire l'existe nce d' un risque
parodontitcs agressives sont associées à la présence de plaque ct d ' in- génétique. Il est aisé de s upposer que la transmission de carac té ristiques
flmn mation gingivale. En denture temporaire, elles sont le plus souvent biologiques ou histologiques est génétiqueme nt programmée. Mais le
associées à une maladie systémique (Figure 68-5). Si une parodontitc rôle de l'environnement (modi fications é pigénétiques), y compris la
agressive géné ralisée ne succède pas systématiquement à la forme loca- transmission intrafamiliale des micro-organismes, doit ê tre égale ment
lisée, un suivi sur 6 ans de plusieurs millie rs d' adolescents américains débattu. Le camctère fa mi liai a été mis e n évidence dans de nombre uses
a montré une évolution vers la généralisation dans 27 à 53 % des cas é t.udcs, soulignant que le facteur génétique reste la base de la suscepti-
I IJ. Malgré quelques limites métJ1odo logiqucs, cette étude souligne la bilité aux parodontites agressives avant les fac te urs microbie ns, immu-
nécessité du s uivi chez des patients ne présentant qu'une ou deux dents nologiques, environnementaux ou autres. La notion de po lymorphisme
avec une pe rte d'attache à l' adolescence. Le mécanisme de ce passage génétique est primordiale. Elle est applicable à différenL~ groupes de
d'une forme localisée à une forme général isée est encore méconnu ct gènes comme I' IL- Ij3, le facteur de nécrose des tume urs, d'autres
peut ê tre dû soit à une extension de la destruc tion aux dents adjacentes, interleukines, les gènes FcyR, le gène du récepteur de la vitamine D ,
soit à une nouvelle infection parodontale [3]. les gènes de récepteurs impliqués dans la reconnaissance cellulaire ou
de métalloproté inascs 11 4j. Le polymorphisme génétique de l' IL- l 13
Aspects microbiologiques est le plus é tudié. Cette cytokine pro-inflammatoire, méd iateur clé de la
réponse inflammato ire, a la capacité de favoriser la résorption osseuse
À l' image des autres formes de parodo ntites, celles de l'enfant el
ct de moduler la prolitëration des fibroblastes de la genc ive ct du liga-
de l' adolescem sont caracté risées par une dé rive anaé robie du micro-
me nt. Cependant, clans les parodontitcs agressives, les données de la
biote oral : prédominance de bactéries anaérobies ou capnophilcs, à
littérature ne rapp011e nt pas une association stric te e ntre le polymor-
Gram négatif, bacilles ou cocobacilles, mobiles. A. actinomycetem-
phisme de l'll..- IP e t la maladie, et laissent penser à une complexité
comitam est la bacté rie associée classiquement aux parodontitcs
génétique plus marquée. Dans tous les cas, les parodo ntitcs agressives
agressives de l'adolescent. Il convient cependant de moduler cette
ne sont pas des maladies monogéniqucs; elles sont oligogéniques peut-
affirmation en rappelant la complexité de la flore associée à toute
être, plus certaine me nt po lygéniques.
parodontite et la variabi lité dans la virule nce de cette espèce. Le
L'une des princ ipa les ca ractéristiques des parodont itcs agressives
sérotypc b est ainsi isolé des autres groupes dans la c lassification
du s ujet jeune est la présence récurre nte d 'ano malies du cément,
de Socransky e t Haffajee. Un autre exemple est celui du clone JP2,
en denture te mpora ire comme chez l' adolescent. Elles rejoignent
extrê me me nt vi rule nt ct associé aux l'ormes rencontrées dans les
le terme de<< céme ntopathie » qu'utili sait déjà Gottlieb. Elles sont
popul ations du Nord-Ouest de l'Afrique. Par ai lle urs, les virus du
décrites pour les dents temporai res e t apparaissent sous forme de
groupe he rpès (CMVH ct EB V) auraie nt un rôle dans les parodontites
lacunes cémc ntaires, zones d ' hypoplasie, zones de résorption et
de l'adolescent. Comme chez l'adulte, no us n'avons pas actuelle me nt
zones sans insertio n ligame ntaire [27 j. Les anomalies cémentaires
de données a vec un niveau de preuve suffisant sur le rôle des paras ites
sont égale me nt décri tes dans les parodontites agressives du préa-
unicellulaires dans les parodo ntites de l'enfa nt ct de l' adolescent.
dolescent e t de l'ado lescent [1 7 j. Conséquence de ces anomalies,
l'adhérence ligame ntaire est d imi nuée, favori sant l' infiltration bac-
Aspects immunologiques té rie nne et l' inllammation locale.
Deux caractéri stiques princ ipales accompagnent les pathologies Il n'y a pas de caracté ristiques biologiques spécifiques des paro-
parodontales du suje t je une: une ré ponse humo rale élevée (anticorps dontites agressives de l'en fant e t de l'adolescent. En revanche, cer-
sériques e t c révic ulaires) e t une atteinte des cellules de dé fense. ta ines maladies systé miq ues associées à des parodontitcs peuvent
En denture te m poraire, les formes localisées sont associées à une présente r des particularités biologiques. C'est le cas par exemple
atteinte des neutrophiles ou des monocytes, tandis que les formes de l' hypophospha tas ie, souvent associée aux parodontites e n den-
géné rali sées pe uvent associer des troubles des deux types de cellules. turc temporaire, qui présente une baisse des phosphatases alcal ines
Des anomalies des récepte urs des cellules de défe nse pe uvent être sériques e t une augmentation des phos pho-éthano lami ncs urinaires.
re ncontrées, comme dans le cas de la LAD (leukocyte adhesion defi- La Fig ure 68-6 présente le cas d' une je une patiente di agnostiquée
574 PARTIE 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Figure 68-6 Hypophosphatasie à manifestation odontologique. a) Cliché panoramique à l'âge de 4 ans et 2 mois. Six incisives tempo-
raires sont absentes. Noter la résorption osseuse importante qui est de 100 % au niveau de 82 et de 80 % environ au niveau de 62. L:alvéolyse
est présente au niveau canin et a débuté au niveau molaire (l'image métallique au niveau du germe de la 36 est liée à une boucle d'oreille).
b) Cliché panoramique à l'âge de 7 ans et 3 mois. La perte osseuse est variable au niveau des molaires temporaires. c) Situation clinique
correspondant à la radiographie panoramique prise à l'âge de 7 ans et 3 mois. Les dents permanentes sur l'arcade ont une mobilité légère-
ment augmentée. d, e) De nombreuses dents temporaires présentent des caries du collet et des racines favorisées par les pertes d'attache
précoces associées à des récessions de la gencive marginale. f, g) Coloration de la plaque à l'aide du GC Tri Plaque Id" (GC). Les zones
roses correspondent à la plaque récente, les zones bleu foncé à la plaque ancienne (> 48 heures) et la plaque bleu clair à la plaque acide.
Cette dernière est essentiellement concentrée dans les zones de dénudation radiculaire. Le contrôle de la plaque est donc primordial pour
prévenir les atteintes non seulement parodontales, mais aussi carieuses. (Document Jean-Louis Sixou.)
à 4 ans ct 2 mois d' une parodontitc. À 5 ans, l ' enfant présente des tasie a également été d iagnostiquée chez Je frère de cette patiente.
phénomènes douloureux chroniques et des œdèmes des chevilles. L e seul signe parodontal chez cc dernier a été une perte prématurée
L'examen radiographique révèle des anomalies général i sées des de certai nes dents temporaires. Les dents permanentes n'ont pas été
métaphyses. L es examens biologiques montJcnt un taux de phos- touchées.
phatases alcalines sériques bas (54 U/1, norme : 1 10 à 400 U/1) et
un taux de phosphoéthanolaminc urinaire normal (56 !lmol/1 : la
norme est entre 30 et 80). Le taux de vitamine D est également bas ~ MALADIES PARODONTALES NÉCROTJQUES
alors que le taux de phosphore sanguin est élevé. L e diagnostic est
confirmé par une analyse génétique qui met en évidence la mutation L es maladies parodontalcs nécroüqucs concernent moins
c. I I 33A >T (p.D378 V ) il l 'état hétérozygote (mutati on faux sens du de 1 % des enfants ct adolescents en Amérique du Nord ct en
gène ALPL). Cette mutation est associée, quand elle est seule, à Europe, ct entre 2 et 5 % de la population infantile en A f rique,
des cas d' hypophosphatasie modérée transmise sur un mode auto- A sie et Amérique du Sud 15). Elles sc présentent généralement
somiquc dominant. Il est intéressant de noter qu'une hypophospha- sous la forme d ' une g ingivite ulcéronécrotiquc se l imitant au paro-
CHAPITRE 68- PARODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE 575
don te super ficiel sans perle d'attache. En l ' absence de trai tement, ..... TRAITEMENTS NON CHIRURGICAUX
elle peul évoluer vers une parodontite ulcéronécrotique touchant CHEZ L'ENFANT
le parodonte profond avec une perle d' altache et une alvéolyse.
L'appari tion de celte forme de maladie parodontalc est liée à la Le traitement des maladies parodontales passe, chez l 'en fant, par
présence de plaque bactérienne, associée à des facteurs prédispo- une hygiène personnelle mais aussi par une instrumentation profes-
sants tels qu 'une immunodépress ion temporai re (stress, infection sionnelle. Pour la pl m~e initiale, l 'obtention d' un contrôle de plaque
virale ou bactérienne, malnutriti on) ou permanente (infection au efficace par l 'enfant est complexe. En effel, le temps de brossage
VIH, malad ies systémiques). Le diagnostic différentiel sera à faire est souvent trop court ct réal isé sans contrôle parental. Une étude
avec un déficit congénital en catalase, enzyme responsable de la suédoise met en évidence une faible efficacité de l 'élimination
décomposition du peroxyde d' hydrogène. Celle affecti on rare sc de la plaque bactérienne chez les enfants de 6 à 12 ans. À 6 ans,
manifeste par des phénomènes de nécrose gingivale ct de destruc- seules 19 % des surfaces dentai res vestibulaires sont indemnes de
tion de l 'os alvéolaire. Du point de vue clinique, les mal adies paro- plaque et cc tau x alleint 30% chez les 8- 12 ans [241 . Avant 7 ans,
dontalcs nécrotiques sc caractéri sent par la nécrose des papilles le brossage doit être assisté, puis sous le contrôle d'un adulte car
avec un aspect « décapité>> et une ulcération recouverte d ' un endui t la dextérité de l 'enfant est insuffisante. Après 7 ans, l'utilisation
pseudo-membraneux. D es gingivorragies spontanées, une halitosc d' un révélateu r de plaque dentaire est un moyen ludique, efficace
et des douleurs intenses complètent le tableau clinique. Les dou- pour capter la coopération de l 'enfant. Une technique de brossage
leurs rendent l ' hygiène buccale difficile. Elles sont parfois accom- verticale simple est suffisante chez l 'enfant et l 'adolescent. Une
pagnées de signes généraux : altération de l 'étal général avec fièvre brosse à dents électrique peut être consei llée chez les enfants peu
et adénopathies cerv icofaciales (voir chapitre 54). coopérati fs. Elle améliore ("élimination du biofilm dans les zones
di ffici les d'accès comme les faces palati nes/l inguales ct les espaces
interdcntaires, peu neuoyées par les moyens conventi onnels (fi l
dentaire, brosscttcs) I l ] . Lorsque le risque d' ingestion est éliminé,
Thérapeutiques parodontales après l 'âge de 6 ans environ, l ' utilisation de bains de bouche anti-
et prise en charge de l'enfant septiques peut être consei llée mai s elle ne peut remplacer le bros-
sage. L'extrapolation des effets antiseptiques obtenus chez l ' adulte
Les trois étapes de la prise en charge parodontale chez l ' enfant permet d' utiliser le digluconate de chlorhexidine chez l'enfant ct
ct l'adolescent sont similaires à celle de l 'adulte: une phase ini tiale l ' adolescent en complément du brossage dans des fenêtres théra-
de contrôle de l' in fection, une phase thérapeutique complémentaire peutiques. Selon un protocole guidé par le diagnostic parodonlal,
pour restaurer la fonction et l 'esthétique, et une phase de suivi pou r la thérapeutique non chirurgicale de détartrage supragi ngival et de
prévenir l a récidive 181 (Figure 68-7). Cependant, certaines particu- surfaçagc radicul aire ne diffère pas de celle de l 'adulte. Elle peut
larités sont à prendre en compte. intervenir en denture temporaire ou mixte. Pour un surfaçage rad i-
Thérapeutique initiale
Profondeur de poche ~ 4 mm
OUI NON
avec saignement au sondage
l l
Traitements complémentaires Suivi parodontal
Figure 68-7 Planification thérapeutique chez les enfants et les adolescents. (D'après Clerehugh et Tugnait, 2001 [8] .)
576 PARTIE 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
c ulaire, l'anesthés ie locale est préconisée. C hez l'enfan t, la dose POUR EN SAVOIR PLUS
maxima le d ' art ic aï ne à utili ser e n anesthés ie loca le corre spond à
une cartouche pour 10 kg d e po ids . Dans les c as de parodo ntites Brochery B, Hennequin A, Vaysse F, Baille ul-Forestier 1. Parodo nte
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hygiè ne satis fai sante, une absence de poche parodontale e t de sai-
g ne me nt au sondage , celui-c i est o rie nté vers une phase de suivi. BIBLIOGRAPHIE
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Sénescence et parodonte
Julien Braux, Jean-Louis Coeuriot
Points clés centagc de la popu lat ion mond iale âgée de plus de 60 a ns doublera,
passant d'enviro n I l % à 22 %. Le no mbre de pe rsonnes <îgées de
• La santé orale est une composante Importante de la 60 ans ct plus devrai t passer de 605 millions à 2 m ill iards penda nt
qualité de vie et participe à la préservation de la santé cette mê me période ; le no mbre de 80 ans ou plus sera multipl ié
générale de la personne âgée. par quatre. En 2050, il y aura da ns le m onde près de 400 m illions
• La prévalence de la parodontite chronique modérée de pe rsonnes âgées de 80 ans ou pl us (Organisati on mondiale de
augmente avec l'âge. la santé IO MS]). Cette explosion dé mographique de la popula tion
• Les maladies parodontales ne sont pas une consé- âgée e ntraîne ra une mod ifi catio n de la de mande de soins e t donc
quence d u vieillissement en tant que t el. une nécessité d'adaptatio n des pratiques cl iniques à cette nouvelle
popu lation.
• Les tissus parodontaux vieillissent au même rythme et
avec les mêmes processus physiologiques que les tissus
de l'organisme . .... DÉFINITIONS DE LA PERSONNE ÂGÉE
• Le contrôle de plaque Individuel chez la personne âgée
est souvent insuffisant et d iffic ile à modifier. L' O MS défin it la personne âgée comme une personne âgée de
plus de 60 ans. La classification du Tab leau 69-1 est esse ntiellement
uti lisée lors de la réalisation d'études dém ographiques ct repose sur
des données dé mographiques mond iales incluant la populatio n des
pays é me rgents ayant une population j e une. L' Institut nat io nal du
Généralités vieillisseme nt a mé ricains (Nmional lnslilllfe of Aging) ainsi q ue
la plupart des instituts san itaires natio naux des pays développés
.... VIEILLISSEMENT MONDIAL conservent cette classification mais décalent dans le temps les deux
premières sous-c lasses. De nom bre uses é tudes médicales s'appuie nt
De nos jo urs, la population mo ndiale connaît une forte a ug me n- sur celle dernière c lassifi cation.
Hllion. Le ta ux g lobal annuel de pro li fé ration de la popu lation mon-
d ia le est esti mé à 1,2 % . Dans le mê me te mps, la c lasse des plus de
65 ans a ugme nte, avec un taux de 2,3 %. Il e n résu lte un vie ill isse- Tableau 69·1 Définitions de la personne âgée selon l'Organisation
me nt de la populatio n qui se traduira par un double ment du nombre mondiale de la santé (OMS) et le Nationallnstitute of Aging (Éta ts -Unis).
de personnes âgées de plus de 60 a ns d'ic i 2025. Il a é té estimé que
plus de 2 m illi ards de suje ts âgés de plus de 65 ans seront présents Organisation mondiale National lnstitute
s ur la pla nè te en 2050, essentie lle me nt au sein des pays dévelop- de la santé (OMS) of Aging
pés. Les Nations Unies estime nt que les plus de 80 a ns fo rme ront Young-a/d' 60 à 70 ans 60 à 75 ans
20 % de la population mondiale à cette échéance f 12]. Cette rapide
Middle-a/d' 70 à 85 a ns 75 à 85 a ns
expansio n des c lasses âgées de la popu lation a é té associée à une
diminution des ta ux de mo rt alité des personnes âgées et à une ne ue 0 /d-o/d' Plus de 85 a ns Plus de 85 ans
diminution de la natalité plané ta ire. Entre 2000 c t 2050, le pour- · Terminologie inlraduisible en français.
CHAPITRE 69- SÉNESCENCE ET PARODONTE 579
.... QUALITÉ DE VIE ET PARODONTOLOGIE l'organi sme. Le vie illissement est un phé nomè ne bio logique extrê-
CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE me me nt conservé au sein de la vic, mê me si le ry thme de la sénes-
cence peut ê tre très d iffére nt e ntre les espèces ta nt a ni males que
L'augme ntatio n de l'espé rance de vic induite par les a vancées des végéta les (Figure 69- 1).
co nnaissances médicales ainsi que par l'amé lioration des conditions
de vie sc traduit par une aug me ntation de la durée de vie de la popu- Modifications cellulaires
la tion. En parallèle de ces années gag nées sur le te mps, l' homme
vise à une fin de vic confonable et che rche donc à corriger les effets Raccourcissement des télomères
du te mps sur l'organisme. À ce titre, le niveau de santé orale a é té Le vie illisseme nt cellul aire se carac té rise par une d iminution
montré comme directement lié à la conservation d ' une bonne qua- de l' index mitot ique de la p lupart des cellules e t par une augmen-
lité de vie de la personne âgée, mais aussi à la réduction de l' inci- tati on de l' apoptosc cell ulaire. L' hypothèse la plus coura mme nt
de nce de pathologies graves directe ment liées aux infections orales acceptée pour expliquer cc phé no mè ne cons iste e n la mise e n place
(pne umonies par aspiration, dé nutritio n sévère, e tc.) [27]. Plus par- d 'un raccourc issement, au niveau c hromosomique, des télo mè res.
ticuliè re me nt, la conservation ou la ré habi litation de l' appare il man- Ces st ruc tures, q ui ont valu un pri x Nobe l à le urs découvreurs
ducate ur apparaissent primordiales à la conservation d ' une qualité de ( Blackburn, G rc idcr e t Szosta k) e n 2009, sont des frag me nts s pé-
vie géné rale, mais aussi a u maintie n des capacités des individus de cialisés d ' ADN ré pé tés (TIAGGG) présents à la fi n des c hromo-
conserver ou d'établir des re lations sociales acceptables. A insi, un somes qui joue nt un rô le critique da ns le maint ien de l' intégrité
indice s pécifique, le OHRQoL (Oral 1-lealth-Related Quality ofLife), d u génom e. Elles perme tte nt la mise e n p lace d ' u ne ultrastruc turc
perme t de mesurer l' impact de la santé orale sur la qualité de la vie. pa rtic uliè re de l'ADN appelée bo ucle T qu i stabilise le c hromo-
Par mi les struc tures anatomiques impliquées dans la santé orale, les some . Au cours des ré plicatio ns ce llu laires, une petite partie de ces
tissus parodontaux, comme tous les tissus de l' organisme, connaissclll séq ue nces d'A DN ré pétées ne sont pas re transcrites ; il e n découle
une phase de sénescence une foi s leur développe ment et le ur matura- un raccourcisseme nt de ces séque nces. Il a é té dé mo ntré, in vitro,
tion termi nés. De nombreux phé nomè nes bio logiques e ntraîne nt un une corrélation directe e ntre la lo ng ue ur des télomères c t l'âge des
viei ll isseme nt de ces structures, mais aussi du systè me immunitaire, s uje ts au ni veau des le ucocytes sanguins, des cellules é pithéli ales
fon c mc nt impliqué dans la conservation de la santé parodontalc. Il c utanées e t des ké ratinocytes des muque uses buccales. Lorsque les
est mainte nant couramment accepté que les aucintes parodontales ne té lomè rcs devie nne nt trop courts, lo rsqu ' un seuil lim ite est atteint ,
sont pas une conséquence directe du vieillisseme nt, mais que le temps c'est-à-dire que l'ex tré mité du c hromosome a été forte me nt << ron-
inlluc négativement sur le pronostic des dents si une aueinte ex iste. Par gée >> par les divi s io ns successives, un s ignal a ntiproli fé ratif se
aille urs, l'fige inlluencc éga le me nt les capacités de cicatrisation e t de déc le nc he et la cellule e ntre e n sénescence voire e n apoptose 1301 .
ré ponse aux u·aitcmcnt~ parodontaux mis e n œuvre chez les patients O n pe ut note r q ue le systè me de m aintie n des té lo mè rcs a é té impli -
figés. Les auc intcs parodonta lcs, en raison de le urs conséque nces cli- qué d a ns r ét io logie des maladies cardiovasculaires, de l' a théros-
niques (réduction du coefficie nt masticatoire liée aux édc ntc me nts clérose c t du diabète que l' on sait liés aux maladies pa rodontales.
non compensés, apparition de caries de collets liées à l'ex iste nce de Par a ille urs, sous l'effe t des d iffé re nts stress ce llulai res e t d ' une
récessions ging ivales) jouent sur la qualité de vie de la personne âgée; insuftisance des capacités réparatrices de l'AD N e ndo mmagé, le
il pe ut e n résulter des doule urs c hroniques et des alle intes de la fonc- vie illissement sc carac té rise égale me nt pa r l' a pparition de muta-
tion manducato ire, panicipant à la dégrada tion de l'état géné ral elu tions géniques plus ou mo ins associées à des e rreurs de transcrip-
patient (diminution de l' appétit e t modification du régime al imentaire tion des protéines. Il a égale me nt é té rapporté 4ut: lt: vieilli sseme nt
aboutissant à une diminution de l'apport calorique, à des care nces en é tait associé ft une aug me ntatio n des altérations de l' ADN e t des
vitam ines c t en apport proté ique ainsi qu'à une pe rte de po ids). On alté rations c hromosom iques au ni veau de cellules é pithéliales buc-
observe égale ment une aLteinte fo nctionnelle de la phonation ainsi ca les de sujets âgés. Il e n résulte une perte prog ressive des fo nc-
qu ' une aLteintc esthé tique me nant à une diminution de l'estime de tio ns cellulaires.
soi e t une a tte inte de la qualité des relations sociales de ces patie nts.
Le ra pport mondial sur l' hygiè ne orale de 2003 ( World Oral 1-/ealth Stress oxydatif
Report) insiste sur le fait que le maintien de la santé orale est une com- Le stress oxydatif est une composante du vieillisseme nt des
posante imponante de la quali té de vie géné rale ct est incontournable cellules orales : des augmenta ti ons locales d 'espèces réactives de
dans la préservation de la santé générale elu patient. Au contraire, les l'oxygène (reactive oxygen species 1ROSj, composés nature llement
douleurs, l' inconfon prothétique, la présence d ' infectio ns muqueuses synthétisés lo rs de la vie, des réactio ns biologiques d 'oxydation,
e t le syndrome de bouc he sèche impactent forte ment cet indicate ur par de la respiration, de l'exposition aux rayonne me nts ultravio le ts,
une diminution importante de l'eslime de soi, de la qual ité de vic jour- e tc.) sont liées à une diminution des capac ités cellul aires de lutte
nalière ct du bien-être. Enfin, les relations sociales, qui re présentent un contre cc, ~.: omposés ayant une capac ité destructive importante vis-
fac te ur très imp01tant du bie n-ê tre de la pe rsonne âgée, sont forteme nt à-vis des composants cellulaires (me mbranes p lasmiques, protéi nes,
perturbées par les conséque nces des patho logies orales [ 13]. aci dt:~ nucléiques, e tc .) el a yant la capac ité de condui re les cellules à
l'apoptose. Il e n résulte une augme ntation des dommages cellulaires
avec l' fige. Ce processus pe ut ê tre à l'orig ine des altérations me m-
Sénescence parodontale bra naires et des modifications de pe rméabilité observées au niveau
des cellules épi thé li ales buccales du s ujet âgé qui les rende nt plus
vulné rables aux agressions exté rie ures [31.
.... BASES FONDAMENTALES
Modifications mitochondriales
On é tudie maintenant le vie illisseme nt comme une suite logique
du développe me nt humain. À ce titre, il doit donc être d istingué des Le vie illi sseme nt a é té assoc ié à une perte de la fonctio n mito-
processus patho logiques po uvant égale ment atteindre et pe rturber c hondriale liée à une d iminution des capacités de réparat io n de
580 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Modifications cellulaires
Raccourcissement des té/amères
Modifications métaboliques
Diminution de la prolifération
Modification du protéome synthétisé
Modification de la distribution
Altérations fonctionnelles
de la masse grasse
Stress oxydatif Diminution de la masse musculaire
Diminution des défenses Diminution de l'hydratation corporelle
vis-à-vis des ROS
Dommages cellulaires
t.
...
Altérations
tissulaires
Modifications hormonales
Modifications mltochondriales
Déclin hormonal (GH, IGF-1 , GnRH, FSH,
Dysfonctionnement LH, testostérone, ACTH, ADH, DHEA)
Génération de ROS Hypersécrétion de cortisol
Figure 69-1 Étiologies des altérations tissulaires liées à l'âge. ROS : reactive oxygen species.
l 'ADN mitochondrial. Les mitochondries, sous-systèmes cellu- altère l' homéostasie hydrique de l'organisme sel on quatre voies
laires spéci alisés dans la gestion énergétique de la cellule, repré- physiologiques.
sentent une source majeure de génération de composés toxiques - Tout d' abord, les capacités de fi ltration ct de réabsorption glo-
(ROS). Ces composés ont la possibilité de léser l'ADN cellulaire, mérulaires sont di minuées : des personnes âgées privées d'eau pen-
mais également l' ADN mitochondrial qui peut alors entraîner des dan t 12 heures ne modifient pas leur production d' uri ne qui conserve
dysfonctionnements de ces organites. Expérimentalement, des sou- un flux et une osmolari té constante au contrai re d' un individu plus
ris mutées pour les enzymes de réparation de l'ADN mitochondrial jeune qui réduira il ia fois le volume d ' urine formé ct son osmolarité.
montrent une sénescence rapide ainsi qu ' une sarcopénie comparable Le flux plasmatique rénal, la tiltration glomérulai rc ct la fonction
aux effets constatés du temps chez l' homme. Par ailleurs, les mito- w bulaire sont diminués suite it la diminution de la masse rénale, du
chondries sont impliquées dans le maintien de l a glycémie, dont la nombre de néphrons et de l'apparition de shunts entre les artérioles
dérégulation est un facteur de risque des maladies parodonta les [3 1. affërcntcs ct efférentes.
- Ensuite, l 'act ion de la vasopressine est moins cl'ficacc chez la
Modifications physiologiques personne âgée en rai son d' une diminuti on de la capacité de réponse
de son récepteur. Cette hormone, aussi appelée hormone ant idiuré-
Métabolismes
tique, diminue le volume des urines en augmentant la perméabil ité
Chez l' homme, le vieilli ssement se traduit par une modification à l'eau du tube collecteu r. Il en résulte une diminution des capacités
des métabolismes. L a composition corporelle est modifiée avec de réponses de la personne âgée au phénomène de déshydratation.
l'âge: après un maximum pondéral situé emre 40 et 50 ans, le poids - Par ailleurs, l' hydratation totale, essentiellement contenue au
sc stabilise puis décroît progressivement à partir de 70 ans à rai- sein de la masse maigre, est fortement diminuée avec l 'âge : un
son d ' un rythme de 1 kg par décennie chez le sujet âgé en bonne homme adulte est constitué d'environ 54,3 % ± 1,39 % d'eau totale
santé. Une inflexion de la quanti té de masse grasse est constatée alors que cc taux diminue à 50,8 % ± 1,55 % . Il en est de même chez
ainsi qu ' une di stribution beaucoup plus centralisée (le tissu adipeux la femme qui passe de 48,6% ± 1,47 % à 43,4 % ± 1,32 %. Une
profond augmente aux dépens du tissu adipeux sous-cutané). Une diminution de plus de 4 % de l'hydratation corporelle peut donc être
diminution de la masse maigre est également notable essentielle- constatée essentiellement au niveau intracellulaire, cc qui entraîne
ment au ni veau musculaire, au niveau osseux ainsi qu'au niveau de une diminution des réserves hydriques de l'organisme ct donc des
l'hydratation corporelle. Il en résulte une sarcopénie pouvant être capacités de rési stance vis-à-vis des déshydratations.
marquée ct une perte de tissu graisseux sous-muqueux qui entraîne - Enfi n, la sensation de soif est fortement diminuée (adipsie)
la naissance de rides et diminue l' élasticité des muqueuses. L'âge chez la personne âgée en raison de la baisse des taux circulant de
CHAPITRE 69- SÉNESCENCE ET PARODONTE 581
l'angiote nsine U et d'une alté ration des récepteurs pharyngés e t une forte d iminutio n des capacités de participation du patie nt à son
hypothalamiques. Toutes ces modifications physiologiques modi- traite me nt. La présence de déme nce modérée à sévère u é té directe-
fi e nt l'adaptabilité de la pe rsonne âgée à la déshydratalion [ l41. Or, me nt corrélée à l'él<ll de santé o ra le de patients placés e n instinttion.
il est connu q u' une déshydratation de 2% du vo lume hydrique cor- Par aille urs, les u·oubles mote urs liés a ux patho logies ne urodégé-
pore l total suffit à diminue r les capac ités cognitives d ' un indi vidu né rat ives limite nt les capaci tés de ces patie nts d ' assure r une bonne
(perte de l' atte ntion, diminution de la mé mo ire immédiate, alté ra- conservat ion de le ur hygiè ne orale qu i sc concré(jse par l' apparition
tions psychomotrices fines) 19]. de g ing ivites ct de maladies parodontales importantes. Ce fait est
d 'autant plus important que ces !roubles moteurs peuvent e ntraî ner
Sécrétions hormonales des dysphag ies et des fausses ro utes pouvant conduire à des pneu-
mon ies aspirativcs qu i o nt é té montrées comme liées à la présence
Un déclin hormonal a été associé au vieillisseme nt. Ainsi, l' hor-
mone de c roissance (growlh hormone roi-ri) e t consécut iveme nt d ' une forte c harge bacté rienne o rale 181.
l' IGF- 1 (illsulin grow!h facwr /) som forteme nt diminuées lors de
l'ava ncée e n âge. Il e n résulte une aug mentation du risque de déve- ..... HISTOLOGIE DE LA SÉNESCENCE PARODONTALE
loppeme nt de pathologies qui o nt é té décrites comme liées au taux
d' IGF- 1 circ ulant (diabète de type 2, pathologies cardiovasculaircs, Épithélium
sarcopé nie, ostéopo rose, etc.). Une supplé me nta tion de souris figées
e n IGF- 1 a montré une a ugm entation de le ur espé ra nce de vie. Par L'effel de l'âge sur le tissu épithé li al parodontal sc traduit par une
ai lleurs, certaines mutations du réce pte ur à l' IGF- 1 c hez l' humain di minution d'épaisseur e t une diminution du degré de kératinisa-
sont connues pour appo rter une longévité exceptionne lle. tion qui signe nt une résistance moindre aux auaqucs quotidiennes
L' axe hypothalamo-hypophysairc est égaleme nt impliqué subies par le parodonte. Morpholog iquement, si l'épi thélium gi n-
dans la d iminution des hormones sex ue lles : les taux de G nRH g ival conserve son ultras truclnrc dassique me nl décrilc (ép ithélium
(gouadotropin-releasiug ltormoue) sont diminués lors du vie illisse- pavime nte ux stratifié kératinisé), des résu lta ts controversés existe nl
ment, cc qui e ntraîne une diminution de synthèse de FSH (follic/e- quant à une modi fi cation de l' importa nce des c rêtes é pithéli ales vis-
stimulatiug ltormoue) ct de LH (/wei11isiug ltormoue). Une diminu- à-vis des papilles conjonc tives (une augmentation des de ux com-
tion de la synthèse de testosté ro ne c hez l' ho mme c t de progesté ro ne purtime nts ayant é té décrile). Néanmoins, l'épithélium j onctionncl
e t d'œstradio l c hez la fem me s'e nsuivra. est peu modifié et peut sc maintenir uu niveau de la jonc tion amé-
Il apparaîtra égale ment un dérègle me nt de la sécré tion d ' ACTI-I locémc ntaire si la santé parodo ntalc est conservée. Il faut néan-
(adré nocorticotrophinc) ct d ' ADH (alllidiurelic hormone, ou vaso- mo ins noter qu ' il ex is te une diminution de l'ac tivité proliférativc
pressine, ou hormone a ntidiurétiquc) qui aboutira à une hypersécré- des cellules é pithé liales g ingivales, des muque uses buccales o u de
tion de cortisol en ré ponse au stress qui contribue forte me nt au vie il- la langue au cours du vieillisseme nt. Il e n décou le des capacités de
lissemem du cerveau e t donc à la perte de fonctio n cognitive, ct à cicatris ation restreintes e t nécessitunt plus de te mps comparative-
favori ser la déshydratatio n ct les t.roubles de fi ltration g lomé rulaires me nt à un patient je une [6 1.
rénaux liés a u vieillissement. La DHEA (dé hydroé piandrosté ronc)
sc trouvera elle aussi synthétisée en moindre quantité. Tissu conjonctif
Il résulte de ces c hangeme nts une forte modificatio n de l' homéo- À l' image du derme c utané, la matrice extracellu la irc compo-
s tas ie de l'organisme po uvanl inilie r ou favoriser l' apparition de sant le tissu conjonc tif purodontal est profondé ment modifiée par
syndromes liés au vieillissement (ostéoporose, sarcopén ie, dé fi - le phé nomène de sénescence : à la fonte du tissu grai sseux liée à la
cience cognitive, e tc.). Ces modifications e ntraînent éga le me nt des centra li sation des graisses de l'organisme, s' ujoute une dcns ificat.ion
réponses d i ffé re ntcs de la personne âgée aux agressions extérieures importante des fibres le constituant. Le réseau collagén ique gingiva l
nécessita nt une cicatrisation c t participent à la mi se e n p lace d ' un aug mente avec l'âge e t conduit vers une fibrose tissulaire impor-
état de frag ilité de la personne âgée. tante. En effe t, le vieillisseme nt induit une modificat ion du métabo-
lis me gingival conduisant à une modification des processus de trans-
Sénescence mentale formations post-traduc tionne llcs des macromolécules matricielles.
De nombreuses modifications physio logiques porte nt atte inte à Une imp01tantc g lyca tion de ces composés inte rvie nt c t aboutit à la
l' intégrité mentale des personnes âgées : la d iminutio n du méta- formation et à l'accumulation de produits cycliques (advauced gly-
bo lis me g lobal e ntraîne une diminution de la vigueur géné rale, les cation end products lAGE]) ayant la capacité de ponter les fibres de
dégé né rescences cellulaires réduisent la ré ponse des organes des collagène et de les rendre insens ibles à la dégrada tion e nzymatique
sens aux stimuli ( l' audition, le goût, l'odorat, le touc he r e t la vue nécessaire au re man ie me nt tissulai re physiolog ique. Par ai lle urs, ces
sont diminués), les trans mi ssions nerveuses sont rale nties. Il est AGE présentent la capacité d'induire la sécré tion de ROS, de limiter
décrit une plus forte propens ion des patie nt s ilgés il la dé pression. la synthèse ce ll ulaire d 'élé ments de dé fense contre les ROS (NO),
Par aille urs. des patholog ies ne urodégéné ratives peuvent prendre c t de modifie r l'ex pression de no mbre ux gènes codant les protéines
place ct alté re r de façon importante les capacités cognitives de l' in- matricielles, les cytokines pro-innammatoires, ou l'ung iogenèsc.
d ividu. Ainsi, la dé me nce, qu i se caracté rise par une réduction des Il e n résulte un taux d imi nué de synthèse de collagènes, un turn-
capac ités cognitives suiTi samme nt importa nte pour re te ntir sur la vic over également d im inué e t une présence de collagène po nté accrue,
d ' un ind ivid u e t e ntraîner une perte d ' auto no mie, voit sa prévale nce c t donc un ti ssu ayant des capac ités de dé fense c t de c icau·isation
fortement aug me nter c hez la personne âgée. Cette dé me nce pe ut amo indrie [ 11 1.
être la conséquence de la présence d ' une puthologic ne urologique La part cellulaire du tissu conjonctif est aussi modifiée: la de nsité
(maladie d'A lzheimer, maladie de Pa rkinson, e tc.), ou ê tre '·• consé- et le taux de re nouvelle ment des fibroblustes sont d iminués au sein des
que nce directe des dégéné rescences cellulaires ou vasculaires liées à tissus conjonctifs de patients âgés. Par aille urs, ces cellules préscntclll
la sénescence. Ce vieill isseme nt me ntal e ntraîne une diminution des des capacités de synthèse des composants matriciels amoindries (esti-
capacités de maintie n de lu santé orale par le patient c t éga le ment mées à 5 foi s mo ins importantes). Il a é té démontré que le vie illisse-
582 PARTIE 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
me nt induisai t une méthylation du gène codant la c haîne a, du colla- sivement suite à une dimi nution du turn-over et à un déséquilibre
gène de type 1 qui se traduit par une réduction de l'expression de ce de cc phénomène suite à une diminutio n de la forma tion osseuse :
gène en ARN messager e t donc de la synthèse protéique. Une modi- le nombre de progé nitcurs ostéoblastiques ct d 'ostéoblastes matures
fication qualitative de synthèse des protéoglycanes ex iste également décline e t leur activité est réduite. Il ex iste de nombreuses zones de
e t aboutit à une synthèse accrue d'héparane sulfate (polysaccharides résorption, des éla rg issements de la lumière centrale des systèmes
connus pour leurs capacités de séquestre r les cytokines ct de protéger havcrsie ns, une diminution en nombre et en volume des trabécula-
les composants de la matrice extracellulairc de l'action des enzymes) Lions osseuses ainsi qu' une a ugmentatio n du nombre ct du volume de
et à une diminution de synthèse de c hondroïtine su lfate (glycosamino- dépôts graisseux et d'adipocytes médullaires fai sant suite à la diffé-
glycane connu pour sa fonction de maintien de l'cau ct de l'élasticité renciation des ostéoblastes. Des altérations de la fibronectinc par les
tissulaire). Il e n résulte une moindre cellularisatio n du tissu conjonctif, ROS ont é té montrées comme directem ent liées à la diminution de
un turn-over réduit et une élastic ité réduite. Une fibrose impol1 antc la formation osseuse présente lors du vieill issement. Pa r ailleu rs, les
existe alors au sein de ce tissu (Figures 69-2 e t 69-3) [28]. désordres hormonaux (ménopause de la fe mme, etc.), la déficience
e n vi tamines (D , e tc.) c t les apports calciques réduits des personnes
Desmodonte âgées sont directement liés à un métabolis me osseux altéré 122].
À l' image du tissu conjonctif, les cellules c t la matrice cxtraccllu-
laire des modontales connaissent un processus de sénescence : avec .... VIEILLISSEMENT PHYSIOLOGIQUE
l'augmentation de l'âge, les densités cellulaires ct fibrillaires dimi-
nuent, les fibres présentent une struc ture moins é lastique. un rema- Sénescence salivaire
niement réduit, ct la struc ture du ligament devie nt de plus e n plus
L'effet du vieillissement sur les glandes salivaires sc caracté rise par
iJTégu lièrc. Le nombre de fibre s diminue, mais l' ultrastructure du
une atrophie et une diminution de volume des acini , une irrégularité
ligame nt est conservée; la vascula ri sat ion est, quant à elle, diminuée.
des canaux sécrétoires e t une augmentation du tissu conjonct if fibreux
Les fibroblastes dcs modonta ux montrent une synthèse accrue
c t du tissu adipeux. S i ces résultats histologiques ne sont pas contro-
de prostag landines E2 (PGE2), d ' IL- l~ ct d 'activateurs du plasmi-
versés, les é tudes cliniques concernant la mesure du llux salivaire (ct
nogène lors des stimulations mécaniques. Par ai lleurs, les cellules
donc de l'aspect fonct ionnel) chez le sujet âgé donnent des résultats
desmodo ntalcs présentent des a lté rations de leurs capacités c himio-
di scordants en raison d'un nombre important de définitions des défi-
tactiques c t de prolifé ration lors de nécessités de cicatri sation qui
cits sali vaires e t de méthodes de mesures pe u concordantes. En effet,
seraie nt liées à une réduction de leur capacité de sy nthèse du c-fosL
il est nécessaire de distinguer la xérostomic (ensemble des symptômes
(facteur de transcription do nt l'aclivité est géné rale me nt considérée
subjectifs ressentis par le patie nt) de l'hyposialie (qu i correspond à
extrêmeme nt faibl e dans la plupart des Lissus adultes non stimulés,
mais aug mentant cons idé rablement e n présence de stress). une diminution objective du débit salivaire) e t de l'asialie (absence
totale de débit salivaire). La xérostomie est ressentie, en général,
Par ailleurs, les restes épithéliaux de Malasscz sont présents e n
mo indre quantité chez le s ujet âgé que c hez le sujet je une [ Il J. lorsque la diminution du débit salivaire représente plus de 50 % du
Le céme nt connaît une appos ition tout au long de la vic de l'i n- niveau basal. li semble que l'hyposialie liée a u viei ll isseme nt soit,
div idu. Cette apposition e ntraîne un appauvrisseme nt de l'appo rt au total, pe u importante : un impact sur le llux sal ivai re non slimulé
nutritif des cémcntocytcs q ui , de plus, voie nt leurs capacités d 'éva- existe, mais le llux salivaire stimulé de meure conservé. Au contraire,
cuation de leurs déchets cellulaires réduites. Il en résulte une mort la polyméd ication, la déshydratation et la respiralion buccale sont des
cell ulaire progressive de ces cellules. Le cément devient alors de facteurs associés à la création d' un syndrome sec. Enfin, il est notable
moins e n moins cellulaire et connaît un re ma nie me nt accéléré. que certaines pathologies liées à l'âge (maladie d'Alzheime r, diabète,
maladie de Parkinson, syndrome de Gougerot-Sjéigre n, e tc.) peuvent
e ntraîne r une comorbiclité d irecte ou indirecte (suite aux traitements
Tissu osseux
instaurés dans ces pathologies) avec l'hyposialie.
Lo rs du vieillisseme nt, l'os alvéolaire connaît les mêmes modi- Les hyposialies iatrogènes sont malgré tout plus volontiers incr i-
ficalio ns que l'os squele ttique. La masse osseuse diminue progrcs- minées ct re présentent e nviron 80% des déficits salivaires constatées.
Parmi les molécules les plus incri minées, du fait de leur mécanisme el représentent un facteur de risque de xérostomic (odds ratio [OR 1
d ' action, les substances anticholinergiqucs ou à effets antichol iner- = 1,35, indice de confiance [ICJ 95 % = =
1,05-1 ,73), p 0,02) avec
giques entraînent une sécheresse buccale (Tableaux 69- 11 ct 69- 111). l'âge (O R = 1,56, IC 95 % = 1,30- 1,88), p < 0,000 1) 15].
Ces molécules sont donc considérées d ' emblée comme sialoprives La présence d ' un syndrome sec perturbe l ' homéostasie buccale: un
flu x salivaire diminué a été lié à un déficit de goût lors de l 'alimenta-
Tableau 69·11 Médicaments anticholinergiques. tion. La salive contribue à la gustation en agissant comme un sol vant
des al i ments : elle permet ainsi de transporter ct exposer les molé-
Antagonistes muscariniques Antagonistes muscariniques cules sapides de ces derniers. Par ai lleurs, elle présente un effet tam-
non sélectifs sélectifs pon permettant de maintenir le pH à une val eur physiologique. Une
diminution du pH est fréquente chez la personne âgée 126] et entraîne
Atropine Antagoniste M1 :
pirenzépine (par exemple des modifications physiologiques à la fois du milieu buccal mais éga-
Gastrozépine" ) lement de sa flore endogène ... Le flu x salivaire est un paramètre à ne
Scopolamine Antagonistes M2 pas négliger par rapport à la malnutrition. Il aurai t certainement un
expérimentaux : impact sur la capacité de masti quer ct déglutir. Cette idée est renforcée
tripitramine, himbacine, par le fait que la sensation de bouche sèche a été associée au risque de
méthoctramine malnutrition et également à des difficultés à mastiquer ct à avaler [251.
Dérivés amines tertiaires : Antagonistes M3 : Q uai itativement, les concentrations en ions sodiu m ct chlore dimi-
- Trimébutine (Débridai" ) - Solifénacine (Vesicare" ) nuent avec l 'âge. La concentration en protéine sali vaire (muc ines,
- Mébévérine (Duspatalin , Colopriv" ) - Tiotropium bromure protéines sali vaires ayant pour fonction de pro téger les muqueuses,
- Oxybutine (Ditropan• ) (Spiriva" ) etc.) dimi nue également avec l ' âge, ce qui entraî ne une fragilité
- Dihexyvérine (Spasmodex" ) acc rue des muqueuses des personnes âgées.
Dérivés ammonium quaternaires : Antagoniste M4 :
- lpratropium bromure (Atrovent" ) - Tropicamide lmmunosénescence
- Tiémonium (Viscéralgine• ) (Mydriaticum" )
- Pinavérium bromure (Dicetei• ) Tous les constituants de l'immunité de l 'organisme sont affectés
par l 'âge. Les maladies parodontales mettant en j eu une réponse ina-
daptée de !"hôte v is-à-v i s des agresseurs parodontaux, toute moditi-
Tableau 69·111 Médicaments à effets anticholinergiques. cati on de la réponse de l' hôte peut favoriser la naissance ou la pro-
gression de ces affections (Tableau 69- 1V) 117 1.
Familles moléculaires Molécules
Activité NK réduite
Lymphocytes Tnatural-kil/ers (LT-NK)
Polymorphonucléaires/ Activation plus lente
macrophages Le nombre de LT-NK circulant est fortement diminué à partir de
Synthèse d'IL-6, IL-1 et de TNF supérieure 75 ans suite à la diminution du nombre et de la prolifération des
Diminution de l'expression des TLR progéniteurs de ces cellules. Par ailleurs, l'activ ité NK est rédu ite.
Migration retardée
IL : interleukine ; LT · lymphocytes T , LT-NK : LT-NK : lymphocytes T natural·kiflers : TLR : .... VIEILLISSEMENT ET MICROBIOLOGIE
toll·like receptors; TNF: tumor necrosis factor.
notable de l' ftgc à laquelle les prem ières dents sont perdues. Un lien
important a été démontré entre l 'attention portée par le patient à sa
sphère orofacialc et la possibilité de l 'accès aux soi ns. 11 est ainsi
considéré que l 'édcntcment n'est pas une conséquence du viei ll is-
sement physiologique.
Maladies parodontales
Les études épidémiologiques transversales révèlent une augmenta-
tion de la prévalence et de la sévérité des maladies parodontales avec
l'ftgc. L es données de la NHANES (Nmiona/ 1-!ea/J!J and Nulrilion
t.xaminalion Survey) montrent que 34,57 % de la popu lation nord-
américaine âgée de 60 ~~ 69 ans présente une perte d ' attache clinique
de plus de 3 mm et que cet indice augmente à 38,91 % et 50,04 %
Figure 69-4 Blessure de la muqueuse alvéolaire liée au port de
la prothèse amovible chez un sujet âgé dont l'édentement a pour pour respectivement les suj ets ftgés de 70 à 79 ans ct de 80 à 90 ans,
origine une parodontite sévère généralisée non traitée. (Document alors qu 'en parallèle il est possible de noter une diminution de la
Julien Braux.) prévalence de la profondeur de poche moyenne il partir de 80 ans
en raison de la perte des dents fortement atteintes ainsi que d ' une
augmentation de la prévalence ct de l 'importance des récessions
implants sains qu' autour des implants présentant des lésions péri- gingivales. En effet, la perte d'attache modérée est fréquente chez la
irnplantaircs. Il semble donc que Pg nécessite un habitat péridcntaire personne âgée, mais cela ne reflète certainement que l'effet c umula-
pour se développer. Par ailleurs, ces mêmes études réalisées chez le ti f' des atteintes parodontales passées 111. Ce caractère cumulati f des
patient partiellement édenté montrent que l a flore péri-implantaire atteintes orales n'est pas limité au parodonte ct est très spéc ifique de
est directement fonction de l a Il ore péridcntaire des dents résiduelles. la personne ftgée (Figure 69-5).
En conclusion, si une différence de prévalence d'Aa et de Pg a pu
être associée, i l est imponant de rappeler que ces résultats sont le fruit
d'études épidémiologiqucs qui ne peuvent i ntégrer l 'effet des mesures
modernes de prévent ion et de traitements des maladies parodontalcs
ainsi que la mise en œuvre d ' un contrôle de plaque efficace 119j.
Muqueuses orales
D 'une manière générale, il a été démontré que, du fait de la déshy-
dratation tissulaire, de la fibrose conj onctive et du remaniement des
ùssus adipeux de l 'organisme, les muqueuses buccales dcviennem
atrophiques, perdent leur élasticité ct prennent un aspect lisse et fin.
L es muqueuses spécialisées de la langue connaissem aussi cette évo-
luùon et prennent également un aspect lisse. Une pc11e de sensibilité
au goût intervient et est suscepùble de favoriser une mahmu·ition chez
le sujet âgé. Ces modifications entraînent une vulnérabi lité accrue aux
traumatismes et peuvent aboutir à une difficulté de consommation des Figure 69-5 Parodontite sévère généralisée chez un homme
de 68 ans. Ce cas illustre le caractère cumulatif d'une maladie
aliments durs ct à une moindre tolérance des prothèses dentaires amo-
parodontale non traitée combinée avec une absence de suivi pro-
vibles. Par ailleurs, ces modificaùons physiologiques faci litcntl ' instul-
thétique ayant entraîné un effondrement occlusal postérieur et une
laùon de lésions ulcérat ives douloureuses renforçant ces phénomènes. supraclusie. On observe l'absence de suivi de la p rothèse amovible
mandibulaire associée à une perte de dimension verticale qui, en
Édentement présence de plaque et d'inflammation, aboutit à l'apparition de dias-
tèmes secondaires, de récessions gingivales et à la migration vesti-
L' incidence de l 'édc ntc mcnt est importante chez les personnes bulaire " en éventail " des incisives maxillaires. (Document Philippe
ftgées. Néanmoins, des études récentes ont montré une évolution Bouchard.)
586 PARTI E 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
.... EFFET DU VIEILLISSEMENT SUR LES PARAMÈTRES logiques s alivai res ct à la moditication du régime alimentaire peut
CLINIQUES PARODONTAUX e ntraîne r la persistance de zones ré te ntives pour la pl aque dentaire.
Les données de la littérature sur le mai ntien de l' hygiène orale
Espace desmodontal c hez le sujet âgé se rejoignent toutes sur la nécessité de l' impliquer
dans le contrôle de plaque ct de briser la << peur du de ntiste ». La com-
Des résultats contradic toires sont présents a u sein de la litté ra-
munication é tant parfois très délicate, il est souvent difficile d 'obte-
ture : certains auteurs o nt mon!Ié une augmentat ion de l'espace
nir une observance suffisante à la mise e n place du traitement. En
parodontal, d 'autres n'ont pas pu s tatuer, ct certains ont montré une
te rmes d'éducatio n thé rapeutique e t de prévention, il a é té dé montré
diminutio n de cet espace. L' hypothèse géné rale me nt re te nue est que
que les campagnes d' information e nvoyées par écrit au domic ile des
les dime nsions de cet espace seraient plus liées à la c harge occlu-
personnes âgées, ainsi que toutes les communications écrites étaie nt
sale reçue par les dents. Cette dernière ayant été démontrée comme
ine ffi caces. Les prog rammes éducati fs fondés sur l'explication des
d iminuée lors du v ieilli sseme nt suite à la perte muscul aire liée à la
d iffére ntes pathologies orales ct des u·aitc mc nts qui leur som liés
sénescence, une diminution d e l'espace des modontal au profit du
montrent de bien meilleurs résu ltats. Parmi toutes les techniques uti-
céme nt e t de l'os alvéolaire peut être re tenue lorsque les dents ne
sont pas surc hargées s uite à un édcnte mc nt partie l 128]. lisées, l'approche consis tant en une information initiale du patie nt
sur sa pathologie et un suivi avec remplissage régulier d' un << carnet
de suivi >> est celle qui semble apporter le plus de réussite dans le
Niveau d'attache
maintie n cie l' indice de plaque bas ct de la complia ncc. La simple
Le niveau d 'attac he devrait ê tre le mê me c hez la personne âgée in formation du patient sans s uivi dans le temps sc révèle inefficace.
que chez le jeune adulte si aucune pathologie parodontale n' a Seul le suivi quotid ie n permet le mai ntien cie l'hygiène orale c hez
e ntraîné de pe rte d'attache. Malgré to ut, le temps aug me nte le risque les patients très âgés. Chez les réside nts placés en institutions - unité
d ' apparition de maladies pa rodonta les ct on constate une progres- de soins longue durée, maison de retraite, établissement d' héberge-
sion apicale du niveau d'attache e n raison d ' un e ffet cumulatif de me nt de pe rsonnes âgées dépe ndantes (EI-IPAD), etc. - , le contrô le
pertes d ' attac he successives à travers le te mps. Ai nsi, les études de plaque a é té montré comme peu optimal en raison :
é pid émiologiqucs rétrospectives montrent une association é troite ( 1) d ' un manque de considération des soins de bouc he par le per-
e ntre l'âge, la parodontitc c hronique e t la pe rte dentaire. Les études sonnel soig nant,
transversales observe nt un lien e ntre la prévale nce, la sévérité des (2) d ' un ma nque de temps des personne ls,
maladies parodo ntales e t l'âge, mais à nouveau cc lien ne pourrait (3) d ' un manque d' information de ces derniers vis-à-vis des
ê tre que Je refl e t du c umul d'atteintes parodonta les passées [28]. conséque nces buccales du vieillisseme nt,
(4) d ' un manque de coopération des résidents. Il est alors du res-
sort du c hirurg ie n-dentiste de révéle r ces manqueme nts et d'adapter
Traitements parodontaux les techniques de contrô le de plaque aux capacités des patients ct de
leurs saignants [ 18].
Tou t trai te me nt médical doit reche rc he r une adéquatio n e ntre la
mise en place d ' un traite ment efficace de la pathologie e t l' adap- Matériel
tation thé rapeutique nécessaire au traitement d ' un patient présen- La brosse à de nts é lectrique à mouveme nt osci llorotatif est connue
tant des caracté ristiques anato miques, physio logiques ou mentales pour son e fficac ité dans l'éliminatio n de la plaque [20]. Elle revêt
variées. Le traitement du malade âgé do it être adapté à son é tat de d ' autant plus d ' intérêt qu 'elle apporte une s implification des mouve-
sa nté général c t à son avancée pro pre da ns le processus de sénes- me nts requis à la réali sation d'un nettoyage buccodentaire e ffi cace e t
cence. Le pratic ie n devra bie n souvent réal iser un compromis théra- que sa fo rme (manche important, petite tête) est adaptée a ux besoins
pe utique perme ttant d 'optimiser la réponse à la demande de soins. des personnes âgées. Par ailleurs, il a é té démontré q ue le personnel
A insi, un patie nt en bo nne santé géné rale, présenta nt une évoluti on soignant préfé rait ut il iser cc genre de brosse à dents q ui leur paraît
modérée dans le processus de sénescence, sera bien souvent trai té plus simple d 'utilisation ct plus rapide. Néanmoins, a ucune étude
de façon comparable à un patie nt jeune. Au contraire, un malade d'efficacité comparée n'a été réali ée précisément chez la personne
dont l'état de santé géné ral est affa ibli et présentant des troubles liés âgée. L' uti lisation de fils dentaires montés sur porte- fi l e t de bros-
au processus de vieill issement devra ê tre pris e n c harge de façon scttes interdenta ircs au m anc he adapté favo rise le conu·ôle de plaque
raisonnée afin d e ne lui proposer que des alternati ves thé rapeutiques par le pat ie nt [4]. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que l'ut ili sation
compatibles avec son évolutio n 123 1. du matériel d 'hygiène orale peut être complexe e n fonc tion du degré
de perte d ' auto nomie e t de coopéra tion du patie nt âgé.
.... CONTRÔLE DE PLAQUE En raison de l' augmentat ion de prévalence de caries cervicales
constatées c hez la personne âgée, l' utilisation d' un dentifrice forte-
C hez la personne âgée, les dégradations physiques ct me ntales ment fluoré est recommandée. Une é tude clinique randomisée impli-
liées à la sénescence ont des conséquences d irectes sur l'effi cacité e t quant 8 10 adultes âgés de plus de 54 ans montre que l'u til isation
la complianee elu patient aux stratégies d' hygiène o rale. Ainsi, toute d'un de nti frice conte na nt. 1 100 ppm de fl uor pe rmet de réduire de
atteinte musculosquelettique (polyarthrite, e tc.) peut e ntraîner des 4 1 % les caries coronaires et de 67 % les caries cervicales par rap-
déficits physiques incompati bles avec la réalisa tion des soins néces- port à l' utilisat ion d'un de ntifrice non fluoré durant l'année de réa-
saires à la conservation d'un état de santé orale correct. Par ailleurs, lisation de l'é tude. L' uti lisation de dentifrices forteme nt concentrés
la diminutio n des capacités sensorielles (visuelle, tactile, propriocep- e n fluo r (5 000 pp rn) a mon lié une efficacité clans la reminérali saüo n
tive ou o lfactive) e ntraîne une d iminution des capacités de détection de car ies de collet débutan tes c hez 57 % des patie nts contre 29 %
de la p laque de ntaire e t do nc une diminution des capac ités d u patie nt c hez les patients ayant utilisé un dentifrice dosé à 1 100 ppm. Une
de mainte nir un bon indice de p laque. La présence de caries radic u- fréque nce de brossage de 3 fois par jour est recom mandable afin de
laires liées à cc manque d ' hygiè ne orale, a ux modifications physio- s' assurer d ' un apport fl uoré régulier. Néanmoins, les études obser-
CHAPITRE 69- SÉNESCENCE ET PARODONTE 587
vationnc lles montrent qu'un minimum de deux brossages par jour mel une amélioration s ignificative de la masse osseuse du patient,
est suffisant à la bonne conservation de l'état buccodentairc. En cas de la qualité de vic c t de son stalllt nutritionne l suite au confort
de présence de pathologie parodontalc, l'u ti lisation de dentifrices obtenu en termes de mastication 1291. La pose d 'i mplants permet
conte nant du triclosan adj oint de copolymères peut avoi r un intérêt d 'augmemer le confort prothétique, mais égale me nt de pé re nniser
e n raison de sa capacité de limiter la progression de ces pa tho logies dans le te mps les resta urations prothé tiq ues dont les ré- int e rventio ns
c hez les sujets à risque 115, 2 1j. peuvent ê tre délicates clans le cas de patients souffrant ùe ùt:u1<..:nce
L'ut ilisalio n de bains de bouche flu orés peut également avoir un évolutive.
intérêt. Une é tude c linique randomisée inc luant l 64 patie nts âgés
de plus de 60 ans associant un dentifrice flu oré à un bain de bouche
fluoré montre que cette adjonc tion permet de réduire l'apparition Implications cliniques
de nouvelles caries radiculai res ct de re miné raliser de façon plus
importa nte les caries de collet déjà présentes. L' utilisalion de bains • La prise en charge parodontale des patients âgés tient
de bouc he a miseptiques conte nant de la chlorhex idinc donne des comp;e de leur état de santé et de leur avancement
dans le processus de sénescence.
résultats proches des résultats obtenus chez l'adulte avec les mêmes
contraintes d' util isation dans le temps 141. • Le traitement standard de la parodontite chronique chez
le sujet âgé comprend un renforcement du contrôle de
plaque à l'alde d'une brosse à dents électrique. la pres-
.... TRAITEMENT NON CHIRURGICAL c ription à long t erme d'un dentifrice et d'un bain de
bouche fluorés.
Des vis ites fréquentes sont nécessaires afi n d'aide r la personne
• L' approche non chirurgicale du traitement parodontal
âgée à maintenir son é tat de santé orale c t afi n d 'adapter le matériel doit être privilégiée.
pour contrô ler la plaque aux évolutions du patie nt. E n présence de
xérostomie ou de ma ladies dégénératives, des intervalles de vis ites • L'âge ne constitue pas une contre-indication au traite-
ment parodontal c hirurgical.
de 1 à 2 mois sont conseillés e n suivi parodonta l comme en plmse
de traitement initial. L'affaib lissement des patients ct le ur moindre • Le suivi parodontal des sujets âgés doit faire l'objet de
to lérance à la douleur requière nt des traitcmcms par séances courtes. visites régulières plus fréquentes que dans la popula-
Lors des détartragcs-surfaçages, l' instrume ntatio n des racines doit tion générale en raison de la difficulté de contrôle de
être limitée afin de ne pas ê tre iatrogène au niveau de la surface rad i- plaque individuel.
culaire. Des applicatio ns fluorées son t alors indiquées 124j.
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Troubles du comportement alimentaire
Pierre Colon
lié mic, arythm ie, e tc.). Les habitudes nocives complètent le tableau
Points clés
c linique : brossage tra uma tique répé té parfo is 10 fois clans une
• Les troubles du comportement alimentaire (TCA) se journée, o nychophagie, troubles obsessio nne ls compulsifs (T OC) c t
manifestent sous deux formes : 1'anorexie restrictive et a utomédication const ituent un pa ramè tre com plé me ntaire à pre ndre
l'anorexie boulimie. e n cons idératio n. Enfin , le mal-être associé à ces tro ubles du com-
• Lors de la prise en charge odontologlque. Il importe de porte me nt ali me ntaire fa vorise des comporte ments adclic ti fs tels que
ne pas culpabiliser ces malades qui sont en situation d e ta bag is me, alcoolisme ou usage de stupé fi a nts ains i qu ' un risque
g rande souffrance. suic idaire élevé.
• Les troubles du comportement alimentaire sont fré- S ur le plan oclonto log iq ue, les alté rations concerne ront principa-
quemment associés à d'autres pathologies t elles que le ment les tissus de nta ires calc ifi és mais a ussi le parodonte, a vec
reflux gastro-oesophagien, add ic tions, lOC, hyposialie . etes configurations etc lésions spécifiques. O n parle ra davantage de
• La perte d'attache chez les sujets atteints de TCA se tra- prise e n c harge de ces pati ents q ue de traite me nts ponc tue ls, l' as-
duit cliniquement par des récessions gingivales plus que pec t trans versal de cette prise en charge nécessita nt l' intégra tion
par la présence de poches parodontales. de l' odo ntologiste au sein de l'équ ipe méd icale. Cepe ndant, une
• Les thérapeutiques parodontales sont le plus souvent meille ure connaissance de ces patho logies pe rme t de ré po ndre à
orientées vers la chirurg ie plastique en prenant en la demande de ces patie nts, souvent refou lés elu c irc uit de soin au
comp te les lésions érosives associées. motif qu ' ils seraie nt e ux-mê mes responsables de leur pro pre patho-
logie.
c ritères qui doivent ê tre associés pour poser le diag nostic d ' anorex ie tout examen médical [4]. Au-delà de la pri se e n charge psychia-
me ntale: trique, les cas sévères d ' ano rex ie restric tive nécessitent une prise
- inc apacité de pre ndre du po ids pendant la phase de croissance e n c harge somatique voire une hospitalisation dans un service
ou perte de poids condui sant au maintie n du poids à moins de 85 % spéc iali sé pour une re nutrition len te par sonde gastrique . La voie
du poids allcndu ; pare nté ra le est contre- ind iquée. Un certain no mbre de médica-
- pe ur intense de pre ndre du poids ou de devenir gros ; me nts sont habituelle me nt prescrits te ls que anxio lytiques, neu-
- altératio n de la perception du poids ou de la form e de son role ptiques, antidé presseurs, compléme nts vitaminiques, mê me si
pro pre corps, innuence excessive sur l'est ime de soi, ou déni de g ra- aujourd ' hui ces traite ments ne sont qu' un comp lé ment de la pri se
vité de maigre ur. e n c harge psychologique e t/ou psychiatrique. Les fo rmes sévères
Il est esscmiel de comprendre que l'évolution de la maladie accompagnées de pe rte e n calcium impliquent la prescription de
cons iste souve nt à passer d'une forme d ' anorexie à une autre. bi sphos phonates par voie ora le . En fonc tion des cas cli niques, des
Fréquemment, de je unes patie ntes a norex iques restric ti ves évo lue nt services spéc iali sés dans l' addic tologic peuven t s' avérer néces-
vers des fo rmes d' anorexie boulimie. saires. Les acteurs médicaux sont variés : médecin généralis te,
psychiatre, psychologue, nutrit ionniste, gastro-entérologuc, e tc .
La no ti on d ' équipe médicale est importante pour coordonne r la
prise e n c ha rge de ces patients. L'odontologiste est toujours bien-
Épidémiologie venu dans cette équipe.
Les données é pidémiolog iqucs internationales sont très di spa-
rates, et il n'y a pas de données françaises disponibles à ce jour.
La prévale nce varie dans la populaùon générale de 0,9 à 1,5 %. Conséquences sur l'état général
C hez l' homme, la prévale nce est encore plus faible, autour de 0,25
à 0 ,3 %. Les formes subsyndromiques d ' anorexie me nta le sont 2 à Les conséque nces des TCA sur un plan géné ral so nt mu lt iples
3 fois plus fréquentes. Le ur fréquence varie a vec la dé finiti on rete- mais diffé re ntes selo n qu' il s' agit d ' anorex ie restrictive ou de bou-
nue. L' inc ide nce, selon la revue de la liué raturc de Hock ct al. 141. limie. Les cas d 'anorex ie rcstrict.ivc vont occasionne r des care nces
varie de 8 cas pour 100 000 pe rsonnes par an parmi les consultants (calciu m , vita mines, potassium) avec des man ifestations cliniques
e n médecine générale, à 270 cas pour 100 000 je unes filles par a n de associées (ostéoporose avec parfois des frac tures spontanées, patho-
15 à 19 ans, ct 15,7 cas pour 100 000 jeunes garçons par a n de 10 à logies du rythme cardiaque, amyo trophie, hypotension e t hypo-
24 ans dans une population finlanda ise de jumeaux. La prédominance thermie). Les formes boulimiques implique nt des pathologies des
fé minine est nette clans toutes les é tudes (8 cas fé minins sur 10). g landes salivaires telles que la pa rotidomégalie bilaté rale, affectio n
Les groupes à risque doivent ê tre particuliè rement ciblés. Ceux-ci bénigne qui doit faire pe nser à des TCA. Les pertes e n potassium
concernent : sont une conséque nce des vomissements, avec des répercuss ions sur
- les je unes filles; le rythme cardiaque. Les troubles hormo naux associés e ntraî nent
- les patie ms avec un lMC bas ou é levé ; une aménorrhée durable. Les vomisseme nts répétés pe uvent e ntraî-
- les ado lescents consultant pour des préoccupations concernant ner des œsophagites ou d ' autres phé no mènes gastriques pouvant
le ur poids, pour des désordres gastro-intestinaux ou des problè mes aller jusqu'à des cance rs.
psycho logiques ;
- les je unes fill es présentant des perturbations des cycles me ns-
true ls, en partic ulier une aménorrhée ;
- les danseuses, les mannequins ;
Manifestations orales des TCA
- les sportifs (disciplines csthé ùques, spo rts valorisant ou néces- L' odontologiste ayant une bonne connaissance des manifestations
si tant le contrôle du po ids, disciplines à faible poids corpore l tels les orales des T CA pe ut jouer un rô le prépondérant dans l'établ issement
spo rts d 'endurance), notamment au niveau compétition ; du diagnostic e t initie r une prise en c harge médicale si celle-ci n'est
- les s uje ts aucints de patholog ies impliquant des régimes te lles pas encore e n place. fi importe cependant, dans to us les cas, de ne
que le diabè te de type 1 ou l' hypcrc holestérolé mie familiale. pas c ulpabiliser les patients ct d' initie r la d iscuss io n en tê te à tê te
hors de la présence des parents.
Figure 70·1 Érosions localisées sur les faces linguales du sec· Figure 70·2 Lésions érosives débutantes associées à des TCA.
teur incisivocanin maxillaire. Ces lésions sont caractéristiques des Un examen clinique attentif permet d'identifier les lésions érosives
phénomènes de vomissements. (Document Pierre Colon.) débutantes des pointes cuspidiennes et surtout de la région du cingu-
lum des dents du secteur incisivocanin maxillaire. (Document Pierre
Colon.)
Figure 70·3 Combinaison érosion + abrasion. Les lésions éro- Figure 70·4 Récessions gingivales localisées au maxillaire
sives en cas de brossage traumatique deviennent mixtes (érosion + sur le versant lingual des prémolaires et molaires. Cette situa-
abrasion) chez cette jeune patiente anorexique boulimique qui utilise tion est fréquente chez les patientes vomisseuses. (Document Pierre
sa brosse de la main droite. (Document Pierre Colon.) Colon.)
--
592 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
d ' hyposiali e consécutive aux trai1e1nents psychotropes. Enfin, les En résumé, la perte d ' altache chez les sujets atteints de T CA se
vomissements répétés favorisent des phénomènes de reflux gastro- traduit c liniquement par des récessions gingivales plus que par la
œsophagien qui accentuent les phénomènes d 'érosion. Dans certains présence de poches purodontales.
cas, on obser ve des dénudations des rac ines linguales au maxillaire Le préjudice esthétique peul être le principal moti f de consulta-
(Figure 70-4). Bien entendu, toutes ces étiologies peuvent cohabi ter, tion. L e risque pour 1'oclon tologiste reste le souhai t de ces patients
cc qui nécessite un examen clinique minutieux afin de toutes les de ne pas évoquer les problèmes de TCA associés ct de dissi muler
identifier (Fi gure 70-5). les facteurs étiologiques de peur de se voir opposer un refus de pri se
en charge. De la même façon, ccrtuines patientes vont insister sur le
caractère révol u des facteurs étiologiques, ce qui correspond parfois
.... ATTEINTES PARODONTALES plus à un souhait qu 'à une réalité.
Il n'ex iste pas aujourd ' hui d'études obser vat ion nelles permet-
tant de définir le statut parodonta l des muludcs atlcints de TCA. .... HYPERSENSIBILITÉ
Néanmoi ns, les T CA se traduisant souvent par des lésions cervi-
cales non cari euses, ils contribuent à l 'effacement de l a jonction Les surfaces clcntinaires exposées donnent fréquemment lieu ü des
amélocémcntaire, point de repère essentiel pou r mesurer l 'évolu- phénomènes d'hypersensibi lité, qu'il s'agisse d 'exposition de dentine
tion du ni veau d'attuche (Figure 70-6). Notre ex périence person- coronaire ou radiculaire. L'exposition chronique aux acides entrctiem
nelle indique que les manifestations parodontules som souvent la perméabilité dentinaire el l imite beaucoup l 'efficacité des traitements
assoc iées à des lésions mucoging ivales en raison d ' un brossage habituels (denti frices spécifiques, application de fluor, vernis, etc.).
i nadapté, parfois trop fréquent, associé à des curc nces nutri tion- Le pronostic favorable est directement lié à l'arrêt de l 'exposition aux
nelles et à une insuffisance de gencive (Figure 70-7). Il est cepen- acides en cas de régression des TCA. On observe alors une transfor-
dant diffic ile d ' identifier le rôle relatif des différents facteurs en mation progressive de ceue dentine exposée en dentine sclérotique peu
l ' absence d'étude clinique publiée. Nous pensons également que ou pas perméable ct ü la rémission des phénomènes d'hypersensibilité.
l 'i nflammation marginale que nous pouvons constater chez des
malades, par ailleurs « exce ll ents brasseurs », pou rruit être due
.... DOULEURS DE TYPE ADAM 1
ü l a morphologie des lésions érosives supprimam toute cléllcction
ul imentai re. Après traitement restaurateur rétablissant lu morpho-
Les manifestations fonctionnelles de l ' appareil manclueateur
logi e normale de la dent, nous avons pu constater la disparition de
peuvent interveni r lorsque la dégradation des 1;1ccs triturantcs des
celle infiammation.
dents est généralisée. On voi t alors apparaître une symptomatologie
consécutive à la perte de stabilité des eontucts intcrurcades ct à la
perte de dimension verticale.
Aspects étiopathogéniques En conclusion, les études portant sur les réperc ussions odo nto-
logiques spécif"iqucmcnt pa rodo ntales des tro ubles du com porte-
et thérapeutiques au niveau me nt alimentai re sont encore pe u no mbreuses. Les é tudes existames
pa rodontal porte nt surtout sur les lés io ns é rosives consécutives aux vomisse-
me nts sans pre ndre e n compte les conséquences des troubles soma
tiques sur les tissus parodo nta ux. Ces patie nts, le pl us souvent de
.... RÔLE DU BROSSAGE ET DE L'ACIDITÉ
sexe lë min in, sont e n souffrance. Il importe de ne pas les cu lpabi li-
Le brossage chez les patie nts anorexiques boulimiques est sou- ser. Les atteintes parodontalcs concerne nt principale me nt les tissus
vent compul sif, utilisé comme un moyen d'effacer un senti ment de g ingivaux périphé riques c t nécessite nt à moye n o u long terme des
c ulpabili té après un é pi sode de vomisseme nt. Il importe de redonne r inte rventions de c hirurgie mucogi ng ivnle. Il importe cependant de
les conseils habituels mais de limite r le brossage à deux ou trois ne pas e ntamer ces thé rape utiques sans une évaluation so igne use elu
brossages quotidie ns, même s i la notion de<< re pas>> do it être uti li- stade d 'évolution des TCA ct d 'évalue r à long te rme l' observance
sée avec précautio n. On conseillera de pré fére nce à ces patie nts de d ' un contrôle de plaque << normalisé».
se rincer la bouche avec de l'eau plate après les vomissements et de
différer le brossage à d ' autres mo me nts de la journée. L' action des
acides gastriq ues de p H égal ft 1,5 est très sévère c t inc ite à différer le
Implications cliniques
brossage à un mo ment de la journée où le comporte me nt du patie nt • L'approche psychologique des patients atteints de TCA
ne sera plus compulsif. requiert une attention partic ulière.
• L'effacement d e la jonction amélocémentaire dû à la
présence do lésions cervic ales non carieuses rond diffi-
.... PRÉVENTION DES MALADIES PARODONTALES
cile l'évaluation de la perte d'attache.
CHEZ LE PATIENT ANOREXIQUE
• La maîtrise du contrôle de plaque consiste plus à réguler
Les pat ients anorexiques sont à la fois motivés par l'esthétique de ses excès qu'à améliorer sa qualité.
le ur corps, animés d' un sentiment sous-jacent d'autodestruc tio n e t • En cas d 'anesthésie, la solution doit être lentement
suje ts à des comporte ments compulsifs, y compris dans la conduite déposée sur le site d'Intervention en raison du risque
de le ur hygiè ne orale. La prévention des maladies parodontalcs néces- c ardiaque dû a u déséquilibre en potassium consécutif
s ite une co nsultation odonto logiquc qui n'est pas e ncore la règle, bie n aux vom issements.
que les médecins soient de plus en plus sens ibilisés aux réperc ussions • La prise en charge odontologlque est souvent pluridis-
de ntaires des troubles du comporte me nt al ime ntaire. L' utilisation ciplinaire.
d' une brosse à dents électrique est bien e nte ndu recommandée, mais
on insistera plus sur sa bonne utilisation que sur la fréquence des bros-
sages. L'éva luation de la qualité des tissus g ing ivaux perme t d ' identi-
fier les risques de récession gingivale et de prodiguer des conseils qui POUR EN SAVOIR PLUS
seront da ns tous les cas bie n pe rçus. Le risque de dé velo pper des paro-
Guelfi J D, Rouillon F. Manuel de psychiatrie. Paris : Elsevier
dontitcs agressives n' a pas é té rapporté dans la lillératurc. Dans tous
Masson ; 2007.
les cas, une brosse souple, régulièrement renouvelée, sera conseillée. Las fargues JJ, Colon P. Odontologie conservatrice restauratrice : une
approche médicale globale, 1. 1 Paris : Ed Cd P ; 20 1O.
Vanderlinden J. Vaincre l'anorexie mentale. Trad. fr. Huard JM .
..,.. TRAITEMENT PARODONTAL CHEZ LE MALADE Bruxelles : De Boeck ; 2009.
ATTEINT DE TCA
Le contrô le des différents facte urs étiopathogéniqucs est un pré-
alable avant de déc ider d' une inte rve ntion de chirurgie parodontale . BIBLIOGRAPHIE
L' av is du médecin peut s' avére r nécessa ire, e n partic ulie r pour obte-
nir davantage d' informatio ns s ur l'état somatique de ces patie nts. 1. Ame rican Psychiatrie Associat ion. Diagnostic and statistical
Des vomi sseme nts, mê me pe u fréquents, peu vent pe rs ister long- ma nu al of me ntal disordc rs (DSM-5). 5'" ed. Washington : American
te mps après une anorex ie-boulimie sévère. En résumé, ces malades Psychiatrist Publishing ; 20 13.
ne semblent pas présente r une prévale nce élevée de parodontites 2. Colon P. Lussi A. Approche ultraconscrvatricc des lésions érosives
ct abrasives. Réalités C liniques, 20 12, 23(3): 2 13-222.
c hro niques ou ag ressives. En revanche, les problè mes mucogingi-
3. Godart N, Pcrdcreau F. Étiopathogénic des troubles du comporte-
vaux sont no mbre ux. Ils sont associés à un biotype g ing ival fin , un me nt alimentaire. ln : Gucltï JO, Rouillon F (Eds). Manuel de psy-
brossage compuls if ct traumatique (expliquant des indices de plaque chiatrie. Paris: Ei~ev ier Masson ; 2007. p. 424-429.
fai bles), des érosions multiples et des care nces vitaminiques. En 4. Hoek HW. Incidence, prevalcncc a nd mortal ity of anorcxia nc rvosa
conséquence, l' approche thé rape utique est le plus souvent associée and other eating disordc rs. Curr Opin Psychiatry, 2006, / 9(4) :
à une thé rapeutique ini tiale reposant csscnticllc mcnt sur une infor- 389-394.
mat ion sur le contrôle de plaque, qu' il convient plutôt de fre ine r e n 5. Lasfargues JJ , Colon P. Odontologie conservatrice restauratrice :
une approche médicale globale. Paris: Ed CdP ; 2010.
te rmes de fréque nce, e t à une c hirurg ie plastique parodo nta le, recou- 6. Thomas JJ, Vartanian LR, Browncll KO. The relationship betwccn
vre me nts ct é paiss issements radiculaires e n partic ulie r. L' indicatio n eating disorder not othe rwise specifïcd (EDNOS) and officiall y
de ce tte de rniè re doi t ê tre pesée e n raison du ri sque de récidive asso- recognized eating disordcrs : Me ta-analysis and implications for
cié à la diffic ulté de contrôle des fac te urs étio pathogéniqucs. DSM. Psycho! Bull, 2009, / 35(3): 407-433.
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Personnes présentant des troubles
neuromoteurs, psychiques et/ou cognitifs
Martine Hennequin, Céline Catteau
l et/ou des difficultés d 'accès aux soins qu'elles rencontre nt. Ainsi,
chez ces patients ü besoins spécifiques, la prévention et le traite-
ment des maladies paroclonta les impliquent des moda li tés parti-
cents el jeunes adultes âgés de 13 ü 20 ans [ 18]. En Austral ie, une
étude condui te auprès d'adu ltes âgés de 20 ü 54 ans présentant un
trouble du développement décrit la présence de poches parodontales
culières. de pro fondeur comprise entre 4 el 5 mm chez 30,9 % des sujets 1231.
1
CHAPITRE 71 - PERSONNES PRÉSENTANT DES TROUBLES NEUROMOTEURS, PSYCHIQUES ET/OU COGNITIFS 595
Fa cteurs de risque des maladies renee est très nettement augmentée chez les adultes, essentiellement
du fai t de l'absence de traitement orthodontiquc chez les personnes
parodontales à besoins spécifiques. Les conséque nces parodontalcs liées directe-
ment ou indirectement aux dysmorphics sont donc fréquentes dans
Cenaincs situations prédisposent les personnes à besoi ns spéci- cette population.
f"iqucs aux maladies parodontales. De plus, pour les personnes pour lesque lles les troubles neuro-
musculaires sont importants, comme dans les cas d'encéphalopa-
ùlie ou de trisomie 2 1, l'évolution de ces dysmorphies non tra itées
..... FACTEURS PRÉDISPOSANTS
est associée à des algies et des dysfonctionnements de l' appareil
manducateur (ADAM). Malgré des stades d'évolution qui laissent
Troubles systémiques
présager de doule urs important es ct de li mitat ions fo nctionne lles
De nombreux syndromes associenL des désordres systé miques majeures, le diagnostic de ces ADAM chez les personnes à besoins
d'étiologie génétique ou métabolique à des manifestations paro- spéc ifiques est difficile du fait des diffic ultés de commun ication et
dontalcs de différen ts ordres : accroisseme nt gi ngival, fibromatose leur présence doi t être systématiquement recherchée.
gingivale, parodontites sévères [ 13]. Parmi ces syndromes, le plus
communément rencontré est la trisomie 2 1 (ou syndrome de Down), Bruxisme et parafonctions
induite par la présence partielle ou totale d ' un chromosome 2 1
Les lésions du systè me nerveux central, le rôle de certains ne u-
supplémentaire. La prévalence élevée, la précocité ct la sévérité
rotransmetteurs, l'anxiété ct/ou l'ex istence d' une dysmorphosc
des destructions parodontales observées chez les porteurs de tri-
dentofacialc ex pliquent la prévalence élevée du bruxisme parmi les
somie 21 résultent d' une part de la pe rturbation fonctionnelle des
personnes à besoins spécifiques. Chez les encéphalopathcs e n par-
polynucléaires neutrophiles ct des lymphocytes T compromeuant
ticulier, le rôle inhibiteu r du cortex lésé est diminué et le bruxisme
les réponses de défense de l'organisme face à une agression bacté-
est exacerbé lors d' une émotion in tense, provoq uée par divers
rienne, ct d'autre part de la colonisation fréquente ct précoce du bio-
é vénements joyeux ou mal heureux. Dans certains cas, l'attrition
ti lm bactérien par des bactéries pathogènes pour le parodonte 122 1.
prématurée et excessive des dents permanentes peut atteindre des
Ces lésions parodontales sévères ct précoces aggravent la vulnérabi-
stades très importants, avec une pen e importante de la dimension
lité parodontale des dents qui sont par ailleurs caractérisées par leur
verticale.
petite tai lle ct leurs racines courtes. Les inc isives mandibu laires sont
Les dyskinésies facia les sont fréquentes chez les personnes à
souvc m les premières touchées.
besoins spécifiques. Ces mouvements anarchiques c t involontaires
de la mandibule résultent principalement de la dysmorphose de nto-
Traitements pharmacologiques facia le ct sont développés inconsc ie mment pour évite r l' inconfort de
Les personnes à besoins spéc ifiques sont fréq ue mment poly- l'affrontement des dents en malposition ct soulager les contractures
médiquécs, c t certains traite ments ont des effets indésirables qui musculaires qui résultent de l' instabilité mandibulaire l llj.
prédisposent à la maladie parodontale selon deux mécanismes. Le Des lésions érosives sont fréque mment présentes chez les per-
pre mier est lié à l' accroissement gingival induit par la phé nitoïne, sonnes pour lesquelles on note la présence de mérycisme, de vomis-
la c ic losporine et les inh ibite urs calciques [25]. La présence de cet sements fréquents, ou plus discrèteme nt d' une œsophagite.
accroissement gingival entrave le contrôle du biofi lm bactérien, Chez les personnes qui entretiennent des habitudes de succion,
mais c t égale me nt entretenue par la présence du biofi lm [20, 28]. morsure ou frotteme nt d' objets divers, les lésions abrasives asso-
Le second est lié aux modifications salivaires induites par les psy- c iées à des récessions gingivales vont concerner spécifiquement
chotropes, les anti-hypertcnseurs centraux, les anti-arythmiqucs, une dent ou un groupe de dents. Ces parafonctions peuvent avoir
les diuréti ques, les sy mpathom imétiques, les atropiniqucs et les une origine purement comporteme ntale, et sc rapprochent alors des
anti-hista miniques. symptômes développés lors des troubles compulsifs ou peuvent éga-
lement être induites par l'ex iste nce de foyers douloureux intrabuc-
Déficiences fonctionnelles caux qu i n'auraient pas été identifiés (morsure accidente lle de joue,
éruption dentaire, royer infectieux dentaire ou parodonta l, etc.).
Les troubles neuromote urs s'expri ment également au ni veau de
la cavité buccale. De cc fa it, la maturation des fonctions orales est Traumatismes
retardée, et une a ltération des fonctions orales est présente à des
Les retards d'acquisition motrice e t les crises d 'épilepsie som
degrés divers, pour la grande majorité des adultes à besoins spéci-
souvent responsables de chutes au cours desquelles l'enfant se
fiq ues. La ventilation est souvent bucca le, les prax ies de succion-
dégl utition sont persistantes ct la mastication résulte de compromis protège mal. Les fractures dcntuircs ou a lvéolodcntaires sont fré-
quentes. Les difficultés comporte mentales compliquent la prise en
praxiques à mi-chemin entre la mastication et la succion. L' absence
charge de l'urgence eLles traummisrm:s sont l' une ue~ cause~ ut: la
des mouvements d 'autonettoyage, l'insuffisa nce de stimulation du
forte prévalence des édentemcnts antérieurs chez les personnes à
ligament pe ndant la masticati on, les surcharges occlusales observées
besoins spécifiques. Parmi les enfants et adolescents fréquentant un
sur certaines dents et les te nsions exercées par l' hyperactivité lin-
établ issement médicosocial, 1 % présente au moi ns une dent anté-
guale participent au développement des maladies parodontales.
rieure absente [ 18].
Les surcharges occlusa les, conséque nces des dysmorphies non
Malpositions et dysmorphoses dentofaciales compensées, doivent également être recherchées. En présence d'un
Du fait des relations équivoques entre la forme et la fonction, des épaississement ligamentaire, le ur diagnostic doit être différe nc ié
dysmorphies dentofaciales sont observées c hez environ 60 % des de celui des lésions péri-apicales d'origine cndodontique avec les-
enfants et adolescents à besoins spécifiques, alors qu 'environ 40% que lles elles sont souvent confond ues, en recherchant les signes de
des enfants ordinaires du même âge en sont atteints [ 18]. Cette cliffé- vitalité pu lpaire.
596 PARTIE 15 - PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Les protocoles individue ls de contrôle de plaque doivent être adap- doivent être la cible de programmes de promotion de la santé orale.
tés aux caractéristiques anatomiques et physiologiques des personnes, Ces programmes doivent d' une pmtlcs sensibiliser à l' importance de
à leurs aptitudes manue lles, à leur niveau d'autodétermination et à leur la santé orale a fin de développer chez eux une altitude positive envers
degré de coopération. De manière générale, l' utilisation d' une brosse les soins d'hygiène orale, ct d'autre part leur fournir les connaissances
souple à petite tête est recommandée. Dans certains cas. l' adaptation et les compétences nécessaires pour réaliser efficacement ces soi ns
du manche de ln brosse à dents peut permettre d'améliorer la prise en [ 10, 121. Plusieurs études évaluant l'efficaci té de programme d'édu-
main de celle-ci. Les brosses à dents électriques semblent particulière- cation à la santé orale auprès des aidants rapportent une diminution
ment intéressantes pour les personnes ayant des difficultés à réaliser des des scores moyens d ' indice de plaque parmi la population aidée [ 1, 3].
gestes fins de petite amplitude. En revanche, elles ne sont pas indiquées En France, le projet santé orale et autonomie constitue l' une des
pour les personnes ne contrôlant pas leur mouvement de fermeture de la mesures expérimentales du plan national de prévention orale 2006-2009
bouche, ou les personnes chez qui le bruit ou les vibrations de la brosse qui fixait parmi ses objectifs le développement d' une politique de pré-
vont amplifier les mouvcmcnls corporels incoordonnés. Les brosses à 3 vention auprès des groupes à risque de mauvais état de santé orale. Cc
faces sont bien adaptées aux enfants ct adultes à dextérité réduite ct aux projet proposait de tester la faisabilité ct l'efficacité d' une action de
personnes totalement dépendantes pour lesquelles l' hygiène orale relève promotion de la santé ora le conduite en établissement médico-social
d'untiers. Leur utilisation est également intéressante chez les personnes par des chilllrgiens-dcntistcs spécifiquement formés et rémunérés pour
présentant un réflexe de morsure à la pression des faces occlusales des celle aclion. Celle action visait l'amélioration du contrôle de plaque des
prémolaires et molaires. Si le brossage n'est pas possible, des massages personnes accueillies clans ces établissements. Les données d'évalua-
gingivaux pcrmcnront de limiter la prolifë ration de la flore buccale. tion de ce programme montrent que la proportion de résidents pour les-
La chlorhcx idine est la molécule de choix dans la prévention ct le quels une amélioration du contrôle de plaque bactérienne a pu être notée
suivi des maladies parodontales en raison de son activité bactériosta- est relalivemcnt faible, ct cc projet souligne les limites de l'organisalion
tique, et les bains de bouche peuvent être indiqués chc7. les personnes professionnelle du système français qui exclut les hygiénistes.
autonomes. Néanmoins, chez les personnes chez lesquelles les dé fi-
ciences motrices génèrent des fausses routes ou ne permettent pas le
rinçage de bouche et le recrachagc, il est nécessaire d'en adapter la ..... TRAITEMENTS CHIRURGICAUX
forme cl'administralion. Dans ces cas, des massages gingivaux à l'aide
d' une compresse imbibée de chlorhexidi ne sont recom mandés. Bie n que la problématique de l'hygiène quotidienne ne soi t pas
toujours résolue chez les patients à besoins spécifiques, le traitement
chirurgical des maladies parodonta les a ses indicat ions. Dans tous
Prévention collective
les cas, il convient d'év iter les avu lsions. Les suites des traumatismes
Pour les personnes atteintes de troubles nc uromoteurs, psychiques buccofaciaux, la conservation de dents présenta nt des récessions
ct/ou cognitifs, la prévention collective repose essentiellement sur la gingivales nécessitent fréquemment une évaluation parodontale ct
promotion de la santé orale. Afin de compenser le manque d'auto- un traite ment chirurgical. Les traite ments chirurgicaux conventi on-
nomie des personnes à besoins spécifiques pour les gestes d' hygiène ne ls e n conformité avec les consensus internationaux doivent êt re
orale, le recours à l'entourage familial et/ou professionnel est indis- proposés en première intention. Cependant, les indications de ces
pensable. Prendre en charge efficacement l'hygiène orale d' une procédures doivent être pondérées selon les modalités de prise en
tierce personne nécessite d' avoir des connaissances en santé orale c harge du patient (état vigile, sédation ou anesthésie générale), les
spécifiques des besoins de ces personnes. Or, de nombreux soignants intervalles possibles pour le suivi et la capacité de l'entourage de
déclarent ne pas être surtisammcnt formés pour les gestes d'hygiène gérer le contrôle de plaque de ces sujets.
orale et souhaitent bénéficier d'un complément de formation 129 1. Chez les personnes épi leptiques traitées par phénytoïnc, l'accrois-
En France, dans une étude conduite auprès de 1 259 établisse- sement gi ngival peut parfois allcindre des stades très importants,
ments méclico-sociaux (!M E, EEA P), 88 % ont déclaré ne pas avoir douloureux et interférant avec l'occlusion, qui indiquent le geste
proposé ni organisé de formation à l' hygiène et à la prophylaxie chirurgical. Dans tous les cas, la pérennité du traiteme nt chirurgical
ora le pour le personnel au cours des trois dernières années [ 14].
dépend elu contrôle de plaque [281.
Spontanément, les aidants appliquent les procédures qui leur sont
personne lles ct qu i sont influe ncées par leur expérience et leur sen-
sibi li té en mat ière de santé orale [7]. ..... TRAITEMENTS PROTHÉTIQUES ET IMPLANTAIRES
Outre le manque de connaissances ct de formati on, d 'autres fac-
te urs limitant la réalisation des soins d' hygiène orale sont identi- Dans de nombreux cas, les personnes il besoins spécifiques ne peuvent
fiés. Les soi ns d'hygiène son t perçus par une majorité de saignants s'adapter aux contraintes d' une prothèse amovible. De cc fa it, et dans
comme un acte difficile et désagréable il réaliser, principale ment en la mesure du possible, les projcL~ de réhabilitation fonctionnelle doivent
raison de la perception de l' inconfort que celui-ci procure à laper- privilégier les procédures prothéliqucs et implantaires, même si les
sonne aidée ou encore de la peur de faire mal [29]. Le problème lié à standards d'hygiène ne sont pas nécessairement alleints. Le recours aux
la non-coopération ou au refus des personnes dont ils s'occupent, les solutions implantaires pour celle population, pour laquelle le contrôle
difficultés liées aux mouveme nts de tête, aux mouveme nts de ferme- de plaque est souvent insuffisant, a soulevé des objections qui sont
turc de la bouche, au réflexe de morsure de la brosse à dents, au fait désormais levées. Une étude rétrospeclive des traitements implantaires
de ne pas pouvoir se rincer la bouche ou, à l' inverse, de crache r de réalisés pour un groupe de 6 1 patients à besoins spéci fiques rassemblant
manière intempestive som également rapportés par les aidants [27 1. 134 implants rapporte un taux de survie de 97,6% des implants après
Il n'est pas rare que les aiclants renoncent à la réalisation des soins 16 ans [8]. Parmi les 76 implants qui ont pu être évalués c liniquement,
quotidiens lorsque les personnes dont ils s'occupent sont très peu l' inflammation observée était modérée dans la plupart des cas, même si
coopératives voire opposantes. le niveau d'hygiène orale était considéré comme insuffisant pour 55 cas
Pour que les aiclanL~ deviennent des partenaires efficaces dans le (72 %). Aucun signe d'accroissement gingival d'origine médicamen-
maintien de l' hygiène orale des personnes à besoins spécifiques, ils teuse n'a été observé autour des implants. Le sondage parodontal rap-
598 PARTIE 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
Figure 71-1 Prise e n charge d 'un patient autiste . a) État dentaire et osseux à l'examen initial (2007). b) Résultat de la réhabilitation fonction-
nelle par traitement prothétique (2008). c) Évolution de l'état dentaire et osseux de ce patient au bout de 5 ans (janvier 2013). Le patient est alors
âgé de 45 ans. (Document Martine Hennequin.)
talc et des édentemcnts pour ce patient. La figure 71 - ta illustre l' état taires ont été posés 4 mois après celte intervention, sans aucune sédation
dentaire et parodontal de ce patient en 2007, date à laquelle la nécessité ( figure 7 1-l c). Deux ans après celte phase de réhabilitation implantaire,
d' une réhabilitation globale a été évoquée et approuvée par la famille l 'état parodontal de cc patient était stable malgré la présence modérée
et tc tuteur. La figure 7 1- 1b illustre le résultat de la réhabili tation fonc- ct localisée de plaque.
tionnelle par traitement prothétique réalisé en 2008 et qui a nécessité :
4 séances de soins à l 'état v igile, 9 séances sous sédation par achninis-
tration intraveineuse de midazolam et 1 session sous anesthésie géné-
rale. Un an après cette prem ière phase de réhabi litation, une récession Conclusion
d'évolution très rapide est apparue sur 34, la couronne de 12 s'est des-
cellée à 3 reprises, ct 22 présentait des signes de fracture radiculaire. Un L 'augmentation de la prévalence des maladies parodontales chez
nouveau projet implanto-prothétique a été établ i ct mis en œuvre sous les personnes qui ont des troubles neuromoteurs, psychiques et/ou
anestllésic générale en 20 11. Les dents 34, 12 ct 22 ont été extraites, et cognitifs est l iée à l'insuffisance dans l ' observance des règles d' hy-
remplacées par des implants. Les éléments prothétiques supra-implan- giène orale quotidienne du fait de l ' incapacité des aidants de réal iser
600 PARTI E 15- PATIENTS À BESOINS SPÉCIFIQUES
ces actes de manière efficace, et aux d ifficultés d'accès aux soi ns 8. Cunc MS, Strooker 1-1, Van der Reijden WA, ct al. Dental implants in
pour des raisons financières ct organisationne lles. Cetle s ituaüon pcrsons with severe epilepsy and multiple disabilities : a long-tcrrn
re met en cause le système français de distributio n des soins den- retrospeclivc study. lnt .J Oral Maxillofac Implants, 2009,24: 534-540.
laires qui doit associer des actio ns de promo tion de la santé orale 9. Donnell DO, Sheiham A, Wai YK. Dental fi ndings in 4-, 14-, and
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Audi tio n Publique « Accès aux soins des personnes en situation
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Approche
pluridisciplinaire
Direction scientifique : Bernard Schweitz
sur dents non pré pa rées grâce à l' m ilisation d ' une rési ne poly mé thyl-
Points clés
mé tac ry late. Puis, quelques années plus ta rd, pour nugmc ntc r la ré ten-
• La contention ne doit pas être systématique et ne consti- ti on ct la longévité de ces systè mes et pour e n é larg ir les ind ications,
tue en aucun cas un traitement des maladies parodon- Livad itis [2 1, 22 1e n modi fie la technique, e n revenant à une pré pa ra-
tales. tion superfic ielle des dents c t e n réalisant un traite me nt de surface du
• Elle inteNient après traitement parodontaL sur paro- métal. Les années 1990 sont celles des progrès des biomaté riaux et
donte réduit et est destinée à stabiliser les dents dont de la technologie. Ces progrès perme tte nt à l'odontologie de re ntre r
la mobilité n'est pas compatible avec le maintien de la dans l'ère de la de ntiste rie adhésive avec l' utilisation de nouveaux
santé parodontale. maté riaux (tissus, fibres, compos ites, adhésifs amé lodentinaires) et
• Sa réalisation ré~on d à des c ritères bioméca niques de nouveaux procédés (polymé risation, traite me nts de surface) .
incontournables et ses indications et contre-Indications Q uel que soit l'objectif de l' attelle, suliuari s~.:r, uu ~ul i u ar i ser et
sont p récises. remplacer, sa réalisation ré pond à des c ritères biomécaniques incon-
tourna bles. Pour respecter ces critères, il est nécessaire de conu·ô-
lc r : ( 1) les forces de récid ives, tous facte urs confondus, qui sont de
En odontologie, la contention est un d ispositif destiné à immobi- faible inte nsité mais continues, (2) les fo rces de masticatio n qui sont
liser e t stabiliser les de nts mobi les (défini tio n proposée e n 200 1 par de fo rte intensité mais inte rm illentcs ct doivent s'exercer selon l' axe
I'American A cademy of Periodontology [AAP I) 1121. Elle permet de vertical des de nts, e t (3) les forces la térales quelles qu 'en soient la
mainte nir les résultats des trai te me nts parodontaux c t orthodontiqucs d irectio n et la nature, qui produ ise nt une modificatio n néfaste du
e n pré venant les récidi ves de migrations de ntaires e t e n li mita nt les parodonte. Il convie nt d ' inclure un no mbre s uffi sa nt de de nts da ns la
mobilités résiduelles. Il ex iste de nombre ux systè mes de conte ntion contention en fonctio n de la sévérité de la destruc tion parodo ntale, du
fi xes ou mobiles, géné ralement appe lés: atte lle de conte ntion, atte lle degré de mobilité des dents adjacentes e t de la localisation des de nts
bridge ou plaque de contention. Ces systè mes solidarisent une ou sur l'arcade et du respect du principe de Roy (inclusion des tro is plans
plusieurs de nts dans une position donnée o u maintienne nt les dents de l'espace, frontal , inte rméd iaire e t sagittal, de façon à ce que les
clans une positio n défi nie de façon à évite r la mobi lité de ntaire ou axes de mobilité sc contrarie nt). Il faudra éviter une conte ntio n trop
le risque de traumatisme occlusal. Indispensables à divers stades é te ndue, qui n'est pas nécessaireme nt plus e fficace e t avec laq ue lle le
d ' un traitement en traumato logie, o rthodontie ou parodontie, de risque de déco lle me nt est maj oré, e t évalue r les diffé re ntes mobilités
durée varia ble e t de diverses conceptions, les a tte lles de contention des de nts à conte nir. En effe t, un diffé re ntie l trop importam e ntre les
n' ont cessé de bénéfic ie r des progrès accomplis dans le do mai ne des différe nts piliers solidarisés pe ut nuire à la pére nnité de l' allclle.
biomatériaux e t particulière me nt dans celui du collage. J usqu'il la La synthèse des diffé re nts fac te urs à pre ndre e n compte (alvéo-
f1n des années 1960, les dispositifs de contention é taient pure me nt lysc, mobil ité, éta t occluso- fonctionnel) permet d'élabore r le cahier
mécaniques (liga tures métalliques, fils e n U avec anc rages intradcn- des charges auq uel doi t ré pondre le dispositif de conte ntion. Cc der-
tinaircs, on/ay.1· e t couronnes prothé tiques). En 1973, Roche tte [281 nier doit ê tre capable de contrer les forces de récidive tout e n étant
introduit un nouveau concept en prothèse fi xée, celui de l'écono mie passif sur les de nts à conte nir, biocompa tiblc, esthé tique e t d' une
tissulaire, e n élim inant la nécessité de pré pa ration des piliers pro thé- lo ngévité optimale. Il devra égale me nt permett re une éventuelle ré-
tiques. En effet, il propose le co ll age d ' ailettes mé ta lliques pe rforées inte rve ntion aisée e t une totale accessibilité à l' hygiè ne.
604 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
La contention ne doit pas être systématique ct ne const itue en défaut. Dans la partie la pl us coronaire, i l y a réparation avec lonnation
aucun cas un traitement des maladies parodontalcs. Elle ne doit d' un long épithélium de jonction [21. O n peut donc considérer qu' un
être mise en œuvre, sauf exception, qu 'en présence de mobilités. parodonte réduit assaini se traduit histologiquement de la même façon
L orsque ces dernières sont i mportantes, elle permet la mi se en place qu'un parodonte non réduit dans la partie la plus apicale du défaut
d' une thérapeutique plus adaptée dont un des objectifs princi paux cicatri sé (c'cst-f1-dirc par attache épithél ioconj onctive classique) et
est la mise au repos des tissus de soutien en stnbilisant les den ts. par un épithélium de j onction long clans la partie la plus coronaire.
Dans les situations post-orthodontiques sur parodonte rédu it, elle est
essentielle à la stabil i té du trai tement [25]. L es indications et contre-
indications sont donc précises (Tnbleau 72-1). .... CONSÉQUENCE DE LA RÉDUCTION
A fin que les contentions réalisées puissent faire preu ve de leur DU PARODONTE
efficacité, il est indispensable d'associer au di spositif un suivi pro-
fessionnel qui comprendra non seulement le suivi parodontal clas-
Migrations secondaires
sique (voir chapitre 64), mais aussi un contrô le de l'attelle rendu L'étiologie des migrations dentaires secondaires est unanimement
nécessaire par l'éventuelle altération des matériaux utilisés. reconnue comme plurifactoriclle. Huit facteurs de migration dentaire
secondaire ont été décrits (Tableau 72-11) 151. La perte osseuse appa-
raît comme le facteur majeur, su ivi de l'inflammation parodontalc.
On observe fréquemment des migrat ions dentaires secondaires en
Parodonte réduit présence d'un support parodontal réduit, particu lièrement au niveau
maxillaire antérieur. Après traitement parodontal, chez des patients
.... COMPARAISON PARODONTE RÉDUIT présentant des migrations secondaires, il faut évaluer les facteurs de
ET PARODONTE NON RÉDUIT risque et réaliser une contention si ceux-ci sont présents. Un traite-
ment parodontal peut permettre la fermeture partielle ou totale ct
Niveau osseux spontanée de diastèmes secondaires (Figure 72- 1).
Pour un parodonte réduit, la situation de l 'os ct de l 'attache épi-
thél ioconjonctivc varie en fonction de la perte d'attache ct de l'al- Mobilités
véolyse. Dans la li ttérature, un parodonte réduit sc dér-init par une
A u-delà de la distinction entre la mobi lité dentaire physiologique
alvéolysc supérieure ou égale à 50% de la hauteur rad iculaire. Cette
et pathologique, c'est le caractère révers ible ou non de celle-ci qui
réduction du parodonte peu t entraîner des mobili tés dent ni res c t des
est primord ial. La mobi lité dentaire s'exprime cliniquement en
migrations dentaires secondaires qui peuvent être accentuées par des
termes d'amplitude de déplacement de la couronne dentaire sous
traumatismes occlusaux [ 181.
l 'effet de forces transversales. Rappelons que la classi fication des
mobilités servant le plus souvent de référence est celle établ ie par
Niveau d'attache Mühlemann en 1954. Il s' agit de mesurer l a mobil ité dentaire entre
La cicatrisation obtenue par détartrage, surt:1çagc manuel ct ultraso- deux instruments rigides ct de noter l 'ampli tude elu mouvement de
nique, avec ou sans accès par lambeau, est une réparation avec forma- la dent après avoir appliqué une force de 100 g [23 1.
tion d'un long épithélium de j onction [3, 61. Une revue systématique Plusieurs facteurs associés ou non peuvent être ù l ' origine d'une
conclut en 2009 que seules les techniques de régénération tissulaire mobili té dentaire (Tableau 72-111). Tous sc traduisent par un élargi s-
permettent d'obtenir une restitution ad i11tegrum des tissus, mais cette sement dcsmodontal, sau f en cas de hauteu r osseuse rédui te. C'est
régénération est partielle et non préclictible. Les études histologiques cet él argi ssement de l 'espace desrnodon tal, témoignant de la lax ité
confirment que la régénération sc limite ù la partie la plus apicale elu ligamentaire, qui est la cause directe de la mobi l ité. Comme celui-ci
est réversible, la mobi l ité l 'est aussi. Des dents ù parodonte réduit
peuvent être mobi les en raison d 'une inflammation d'origine bacté-
Tableau 72·1 Indications et contre-indications de la contention. rienne. Cette dernière étant réversible, la mobilité qui en résulte l'est
aussi. Un parodonte réduit n'enu·aînc clone pas systématiquement de
Indications
mobilité dentaire si la hauteur osseuse réduite ne s'accompagne pas
- Stabiliser une ou plusieurs dents très mobiles
d'un élargissement clesmodonta l.
- Favoriser la mise en œuvre d'une thérapeutique initiale
parodontale Parfois, une mobilité légèrement accrue peut être associée unique-
ment à un rapp011 couronne clinique/racine cl inique défavorable. On
- Améliorer la cicatrisation des thérapeutiques chirurgicales
parle alors de mobilité physiologique. Elle n'est en rien pathologique
- Obtenir un confort de mastication
- Remplacer une dent manquante à plus ou moins long terme
lorsqu'il existe des impératifs économiques ou un pronostic très
réservé Tableau 72·11 Facteurs de migration dentaire secondaires (d'après
- Stabiliser un traitement orthodontique en prévenant les récidives Brunsvold 15]).
de migration
Contre-indications 1. Support osseux réduit
- Manque d'hygiène et non-coopération du patient 2. Inflammation parodontale (œdème gingival)
- Prédisposition à la carie ou mauvaise qualité de l'émail 3. Présence de tissu de granulation
- Dents délabrées ou présentant des obturations ne pouvant être 4. Parafonctions
incluses dans la préparation 5. Fonction occlusale
- Rapport occluso-articulaire défavorable au niveau du secteur 6. Jeu musculaire des lèvres
antéro-supérieur 7. Jeu musculaire de la joue
- Problème esthétique en présence de diastèmes importants 8. Jeu musculaire de la langue
--------------------
CHAPITRE 72 - LA CONTENTION EN PARODONTOLOGIE 605
Protocoles opératoires
Tableau 72·111 Facteurs associés à la mobilité dentaire.
L es attelles de contention peuvent être directes (fi l collé, gri lle
- Traumatisme unique et important d'EIIman"', attelle en composite fibré renforcée directe) ou indirectes
- Traumatisme répété et faible : le traumatisme occlusal (interférence, (attelle coulée col lée, attelle en composite fibré indirecte, couronnes
prématurité, surcharge : forces non réparties lors des mouvernenlt; sol idari sées). Elles sont. l iées aux indications, aux protocoles et aux
fonctionnels) ou une parafonction
objectifs fixés avant leur réal isation. L e choix de l 'attelle ct du maté-
- Lésion apicale d'origine endodontique
riau dépend de nombreux paramètres (Tableau 72-1V).
- Inflammation parodontale d'origine bactérienne
- Hauteur osseuse réduite
.... TECHNIQUE DIRECTE
L a technique directe permet de réal iser de manière extemporanée
ct ne nécessite aucune contention, sauf si une gêne fonctionnelle
le dispositif de contention. Cel le-ci demande l ' util isation de bioma-
est associée [1 7,1. Les études récentes faisant appel aux techniques
des éléments fini s montrent que, dans les cas d'une hauteur osseuse
réduite, les forces axiales sont concentrées au niveau cervical et apical
Tableau 72-IV Paramètres à prendre en compte lors du choix du type
de la dent 1271. Notons enfin que la relation entre la mobilité dentaire
d'attelle de contention (directe ou indirecte) et des matériaux utilisés.
et le pronostic d ' une dent reste à prouver. Si tout le monde s'accorde
pour dire que la mobilité non physi ologique est un facteur de diag-
nostic, elle ne constitue pas un facteur de pronostic de mortalité den- Caractéristiques dentaires et parodontates
taire fiable [1 , 161. Néanmoins, il semblerait qu' une mobilité i mpor- - Étal du parodoniA
tante soit associée à un pronostic défavorable sur le long terme [24 1. - Nombre de dents à inclure
- Mobilités résiduelles
- Morphologies coronaires
Prise de décision et place - État des dents support
de la contention dans le traitement - Occlusion
Caractéristiques du patient
parodontal - Esthétique
-Coût
Les indications des attelles de contention sc retrouvent en paro-
- Durée du traitement
dontie, en traumatologie dentaire ct en orthodontie. Elles concernent
606 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
té riaux manipulables e n bouche afin d'obtenir la réalisation dans la respect des protocoles de collage ct à la mauvaise manipulation des
séance. Cette technique est souvent la plus économe sur les plans biomaté riaux. L'analyse inter- ct intra-arcadc de la future situation
tissulaire ct financier. Sa réalisation est parfois délicate ct sa lon- de l' atte lle est un préalable incontournable. La position des dents
gévité moindre (temporaire ou semi-permanente) par rapport il la est enregistrée en occlusion à l' aide d' une clé vestibulaire en sili-
contention par technique indirecte. cone haute viscosité à prise rapide. Cette clé est découpée pour être
utilisée lors du collage. Au maxillaire, en fonction des contraintes
Fil collé mécaniques et de l'espace di sponible, le praticie n peut être amené
à réali ser des aménagements amélaires. Pour obtenir les meilleurs
Cette technique très uti lisée par les orthodontistes permet de sta-
résultats, un champ opératoire adapté et é tanche est indispensable.
biliser un résultat orthodontique chez l'adolescem sans pathologie
Après avoir nettoyé les surfaces dentaires, le morclançagc est effec-
parodontale. Chez l' adulte ayant un parodonte sain, cette indication
tué e n fonclion elu substrat (émail ct dentine). On prend soin de
est pondérée par le type de mouvement, 1' importance des déplace-
ne pas déshydrate r la dentine en séchant dans un prem ier temps
ments effectués et les forces muscul aires en présence. Uti lisée le
le champ opératoire, pu is les bords d'émail , puis la dentine en
plus souvent à la mandibule, elle consiste à coller un fil façonné avec
tamponnant délicate ment les excès d' humidité - même s' il paraît
des plots en composite. Elle est rapide d'exécution, ct facilement
<< dé licat » de sécher l'émail sans desséche r la dentine. Par ailleurs,
adaptable aux situations cliniques.
il est admis qu'une humidité résiduelle n'est pas préjudiciable au
collage à l'émail [31]. Sur cette surface ainsi traitée, on applique
Grille d 'EIIman un systè me adhésif amélode ntinaire. En raison de la prépondé-
La grille d' EIIman18 a été depuis longtemps la technique directe rance des surfaces amélaires, les systèmes automorclançants ne sont
la plus répandue en parodontie ; c'est aussi celle sur laquelle nous pas indiqués. La mise en place de la bande fibrée (ou du «stick»,
avons le plus de recul [291. C'est une technique extracoronairc qui Everstick~) est la difficulté maj eure. Nous préfé rons a insi utili ser
consiste à coller une grille métallique sur la face linguale des dents à des fibres de petite largeur ( 1 ou 2 mm) pour laisser un max imum
l'aide de composite et de matériaux adhésifs. Sa réali sation est assez de place au composite protecteur de l'ensemble. La situation ainsi
simple ct permet de contenir les secteurs antérieurs ou postérieurs, obtenue permet au praticien de confectionner sans hilte l' auellc de
de manière relative ment rapide. proche en proche. La systématisation de cc protocole le re nd repro-
Elle est indiquée en silllation de parodonte rédu it associé à des duct ible ct efficace.
mobilités dentaires dès la thérapeutique initiale. Elle permet d' aug- C'est l' intimité e ntre les surfaces de la fi bre ct du composite
menter le confort ct l'efficacité elu détartrage-surfaçage radiculaire qui engendre la meilleure interface possible et donc la meilleure
en assurant les points d'appui. Elle réduit l'anxiété elu patient en cohésion de l' ensemble. Le composite est appli qué par défaut
supprimant les mobilités et autorise une me ille ure désorganisa- (toujours un peu moins que nécessaire), puis polymérisé. Il faut
tion elu biofilm par celui-ci. Elle peut également être indiquée en suffisamment de compos ite pour enrobe r la bande fibrée, tout en
temporisation en cas d'extraction d' une incisive, pour permettre la respectant les embrasures. Les connexions interclcntaircs sont des
cicatrisation alvéolaire avant la réalisation d ' une prothèse définitive << poutres de résistance» qu i, tout e n é tant importantes, ne doivent
conventionnelle ou implanto-portée. pas envahir les embrasures, ni gêner l' utilisation des instruments
Cette technique, utilisant des systèmes adhésifs, nécessite la pose d' hygiène tels que les brossettes (Figure 72-5). L'expérie nce
d' un champ opératoire adapté (Figure 72-2). Le matériau uti lisé est montre qu ' à moyen terme, dans le cas de fracture, c'estle compo-
une grille en acier très mince, très souple, offrant une grande prise au site qui semble s' user le plus rapidement par << fati gue ». Afin de
composite. Elle est coupée à la longueur voulue en bouche, placée il prévenir cette usure et d'évite r l'exposition de la bande fibrée, le
environ 1 mm des bords libres, et appliquée de façon à suivre au mieux volume de composite doit ê tre suffi sant. Son exposition à la salive
l'anatomie dentaire en épousant fidèlement les bombés cingulaires. Le la dé nature, la contamine, et sa dépose partielle ou totale doit être
rebord doit dégager les embrasures. La position des dents est vérifiée et envisagée.
maintenue grâce à une clé en silicone réalisée préalablement. Tout en En conclusion, il faut rester prudent quant 1t l'indicat.ion et au
étant suffisamment enrobée de composite, la grille se situe le plus sou- pronost.ic de cette technique car peu d'évaluations cliniques sont
vent en dehors des impacts occlusaux. Pour cette raison, elle est plus disponibles [32]. Trois paramètres feront l' objet d' une surveillance
indiquée à la mandibu le qu 'au maxillaire. Malgré son relatif aspect el d'un contrôle partic ulier : ( 1) les contraintes (fonction occlusale,
inesthétique, la grille d'EIIman® reste indiquée en raison de sa sim- diffé rentiel de mobilité, fonction musculaire), (2) la liaison fibre
plicité de mise en œuvre. Elle présente un recul clinique important et - résine, et (3) la qualité elu composite et sa photopolymérisation. Il
est largeme nt utilisée lors des traitements parodontaux (Figure 72-3). n'en reste pas moins que ces dispositifs sont adaptables à de nom-
Elle est considérée par cenains auteurs comme une attelle semi- breuses situations cl iniques, en particulier dans les zones visibles de
pcrmancntc. Sa capacité d'être réparable et sa réversibilité en font un la cavi té buccale.
instrument adaptable ct pratique de notre arsenal thérapeutique.
Les aucllcs fibrées sont des dispositifs extracoronaires en compo- Les artelles indirectes sont des systè mes de conte ntion qual ifiés
site renforcés par des fibres de polyéthylène ou de verre. Le principe de << perma ne nts >> qui nécessitent presque toujours des pré para-
biomécanique est le re nforcement de la structure par un << réseau » tions dentaires qui souligne nt le ur caractère irréversible d' un point
de fibres permettant de distribuer les contraintes en les répartissant de vue tissulaire. L' utili sation de certains matériau x (mé taux,
de manière à les soulager. La configuration elu Lissage de la f·i bre est composites) et/ou de certains procédés (cuisson, c hambre à poly-
importante pour assurer un maximum de résistance à l'ensemble. mé riser, dé pôt de silice) permet d' augmente r les propriétés méca-
La réalisation de ces atte lles est régie par un protocole précis niques de ces attelles, la qualité de le ur interface ct leur longévité.
[10] (Figure 72-4). En effet, la plupart des échecs sont liés au non- La plus grande maîtrise des limites de la pièce prothé tique permet
CHAPITRE 72- LA CONTENTION EN PARODONTOLOGIE 607
Protocole opératoire
Figure 72·2 Mise en œuvre d'une grille d'EIIman• . Noter l'absence de visibilité de grille d'EIIman• . (Documents Stéphane Gazier.)
a) Situation initiale, vue vestibulaire. b) Grille d'EIIman8 adaptée sur modèle en c) Clé en silicone pour garder la position des
plâtre et prédécoupée. dents conforme à celle choisie.
d) Isolation à l'aide d'une digue de la zone e) Mordançage à l'acide orthophosphorique. f) Vue clinique après rinçage et séchage du
Incluant les dents à contenir. produit de mordançage (etching) .
g) Vérification clinique de l'adaptation de la h) Collage de proche en proche de la grille. i) Vue occlu sale avant dépose de la digue.
grille d'Eimann8 .
j) Vue vestibulaire avant dépose de la digue. k) Vue vestibulaire immédiatement après dépose de la digue.
le p lus so uvent de résoudre les problè mes es thé tiques e t d ' amé lio- fibrées, plus esthé tiques, pe rme tte nt de pall ie r la pe rsis ta nce de
re r le s co nditi ons d ' hyg iè ne . Les atte lles coulées sont cepe ndant clias tè me ou l'exi stence d 'embras ures très triangulaires. Da ns
plus indiquées a u maxillaire , s urtout sur parodonte rédui t assoc ié tous les cas, le trans fe rt sur artic u la te ur est une aide précie use
à de fortes contraintes muscu laires ou fonc ti onne lles. Les a tte lles clans la gestio n des rappons occ lusa ux. L'ensemble de ces procé-
608 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Protocole opératoire
Figure 72-4 Mise en œuvre d'une contention en composite fibré par technique directe. (Documents Stéphane Gazier.)
c, d) Vues cliniques vestibulaire et linguale après traitement parodontal. La mobilité des dents antérieures implique la décision de contention
du bloc incisivocanin.
CHAPITRE 72- LA CONTENT ION EN PARODONTOLOGIE 609
Protocole opératoire
Figure 72·4 (Suite) Mise en œuvre d'une contention en composite fibré par technique directe. (Documents Stéphane Gazier.)
e) Mordançage à l'acide orthophosphorique. f) Vue clinique après rinçage et séchage du produit de mordançage
(etching).
g) Mise en place des fils interdentaires. h) Positionnement et stabilisation de la fibre (Everstick~) et clé en
silicone.
-
610 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
moyens secondaires de réte ntion est indispensable. À la mac roré ten- lcmenl de polymè re lors du collage (Fig ure 72-6c, d) . L'acte le plus
tion s'ajoute nt les microrélc ntions mécaniques c t chimiques qui pc r- minutieux dans la réalisation de ce type de préparation réside dans
mc ucnl aux principes conve ntionnels de préparation d'être minorés. la mise en œu vre du parallélis me des diffë re nts puits dc ntinaires.
Le non-respec t de ces principes peut e ntraîner le décollement de la Ains i réalisées, les préparations optimisent la lo ngévité de ces arti-
de nt la plus mobile. Ces notions fondame ntales g uide nt le pratic ie n llces prothétiques : une aileue collée sur une dent pré parée a 20 foi s
dans le protocole de réalisation de l' auelle que nous a llons décrire. mo ins de c hance de se décoller 17, 26j !
Les aucllcs coulées métalliques nécessite nt une faible é paisseur de
mé tal (3 à 7/100 de millimè tre) qu'i l faut respecter, e n particulie r au Empreintes
niveau des zones de connexion. Afin d'être plus écono me e n tissu de n-
Le dispositif orthodontique, lorsqu' il est vestibula ire, doit être
laire, l'orthodont iste peut intégrer dans son plan de traite me nt l' amé-
impé rativement conservé, ce qui re nd l'e mprei nte délicate. En effet,
nagement de la place nécessaire. L'élaboration de l' a ttelle dé bute par
la présence de l'arc onhodontique, la mobilité des dents ct le place-
l'analyse tridimensio nnelle des rapports inter- el intra-arcadc.
ment des transferts pour teno n dentinai re sont des para mè tres s up-
plémentaires à contrôler. Dans le cas de dispos itif lingual, celui-ci
Première séance est déposé, mais une clé vestibulaire e n résine csl préalablement
La place de l' allc llc ains i que les préparations sont dessinées réali sée afin de s'assure r de la positio n des de nis au mome nt de
directe me nt sur les dents. Les aspects occlusaux de ce travail pro- l'empreinte c t durantie collage.
thé tique sont vérifiés durant celle é tape. L'analyse radiographique La chronologie des étapes d'empreintes est la suivante :
d ' un bilan long cône ains i que l'étude des moulages permette nt de - combleme nt des e mbrasures el contre-dépouilles ;
prendre la décis ion du nombre de dents à conte nir, du type de pré pa- - mise en place de « transfe rts d ' em pre inte >> des futurs tenons
ration el de le urs é lé me nts de ré te ntion (Fig ure 72-6a, b). dentinaires si nécessai re ;
- pri se d'empreinte en double mélange pour ê tre moins compres-
s ive (Figure 72-6e).
Préparations
Les pré parai io ns de ntaires sont réal isécs sous anesthésie locale. Protection et temporisation
Elles doivent compre ndre :
Pour évite r les sensi bilités de ntaires pe ndantl ' intcrséance, les sur-
- une po utre incisalc qui réalise un << frein de c livage » 141 ;
- un épaulement pé riphérique re liant les de ux extrémités de la faces de ntinaires sont re mplies de c ime nt à base d'hydroxyde de cal-
po utre; cium (Dycal~. Li fe~). Dans les si tuatio ns où il n'y a pas d 'appareil-
- d 'éventuelles re to uches cing ulaires; lage orthodontique lingual, une gouuiè rc thc rmo fo rmée réalisée de
- une pré paratio n pour nic hes cl logeme nts de te non. manière extemporanée pe rmet aussi d'assurer la stabilité des dents
cl le ur position conforme à celle de l'e mpreinte.
Les puits dcntina ircs sc font à l'aide de fore ts calibrés el leur
e nregistre me nt s'cffccllle avec les tenons conespondants. Ils font
Deuxième séance
e nu·e 0,7 el 0,8 mm de diamètre e t de 1,5 à 2 mm de profondeur. Ils
assure nt la s tabilisati on muhidircctionnelle de l'anc rage. À c haque L' auelle doit être réalisée dans un délai relativeme nt court, entre
puits correspond une nic he. Certains auteurs préfè rent des puits de 7 à 10 jours, pour évite r que les denis ne bougent e ntre les séances.
fon diamètre ( 1,5 il2 mm) el de même profondeur, qui confè re nt une
résistance accrue aux te nons, ct posent moins de problèmes d 'écou- 1. Everstick" .
CHAPITRE 72- LA CONTENTION EN PARODONTOLOGIE 611
Essovage Collage
Pour éviter toute sensibili té, et pri vilégier la précision des étapes L'assemblage par collage de l'atte lle est une étape c harnière. Le
d'assemblage, on fa it une anesthésie locale. Les dents préparées sont champ opératoire est posé, et on prend soin de véri fier qu' il n' inter-
soigneusement nettoyées. L'atte lle est alors essayée. On e n contrôle fère pas avec la mise en place de l' attelle. La chro nologie comprend
la bonne adaptation ct on vérifie les rapports d'occl usion en statique trois étapes successives (Figure 72-6f-j).
ct en dynam ique.
Protocole opératoire
Figure 72·6 Attelles coulées collées sur parodonte réduit. (Documents Stéphane Gazier.)
c) Tracé des préparations amélaires palatines. d) Vérification du parallélisme des tenons e) Empreinte en double viscosité.
d'empreinte.
612 PARTIE 16 - APPROCHE PLURI DISCIPLINAIRE
Protocole opératoire
Figure 72·6 (Suite) Attelles coulées co llées sur parodonte réduit.
f) Formes des préparations et mordançage g) Intrados sablé de l'attelle coulée. h) Mise en place de la colle 4-METN'.
avant collage.
1) Intrados de l'attelle silanisée avant collage. j) Vue palatine de l'attelle immédiatement après
collage et avant dépose de l'arc orthodontique.
( 1) Traitement de l'intrados prothétique : il peut consister en un composite de type Dual®(chémo-photopolymérisable) est utilisée pour
simple sablage à 50 ).tm. Divers procédés permettent d' augmenter assembler l'attelle aux dents concernées. L'occlusion est ensuite contrô-
les forces d 'adhésion, notamment sur les a lliages précieux qui sont lée, et l'ensemble bénéfic ie d' un pol issage final.
par nature pl us diff-iciles à coller. Un prétraitc rncnt de microsablagc L' utilisation de résine composite renforcée à l'aide de libres est une
est réalisé avant le traitement de surface spécifique. Celui-ci est un alternative moderne ct esthétique aux contentions coulées. Cependant,
sablage réactif type Rotatcc®ou Co-jet"' (3 M). la longévité de ces ancllcs est mal connue. De nombreuses fibres
(2) Tmitcment des surfaces dentaires: les surfaces dentaires ayant été peuvent être utilisées ct il existe plusieurs procédés permettant d'amé-
nettoyées, un mordançage << total » est effectué sur l'émail ct la dentine. liorer la mouillabilité entre le composite et la fibre. De plus, la taille
(3) Matériau d' assemblage : la colle répondant le mieux au cahier des fibres et leur densité semblent être des pammètrcs très importams
des charges (adhésion amélairc forte, absorption des contraintes) reste dans la résistance finale. On peul donc espérer que ces attelles offriront
la rési ne de collage 4-META 1Ill. La poudre, optiquement opaque une longévité intéressante. Cette technique devrait être réservée à des
ct radio-opaque, permet un meilleur contrôle radiographique du joint situations mandibulaires olll'exigcncc esthétique est délicate à gérer.
de colle. Elle auénue également l' aspect <<grisâtre » engendré par la
présence de métal derrière les dents du secteur antérieur. En effet, la
couleur blanche opaque de la colle contribue à l' intégration esthétique
de l'auelle. Pronostic et longévité des différents
types d'attelles
Finition
Après l' assemblage de l' auclle, et avant la réticulation de la colle, .... TECHNIQUE DI RECTE
le contrôle ct le retrait des excès doivent être réalisés. Après le retrait
de la digue, le contrôle de l'occlusion ainsi que le polissage sont réali- On dispose de très peu d'études c liniques sur les attelles de conten-
sés. Pour le poli fina l, on utilise des pointes montées. Lorsque l'aue lle tion réalisées en technique directe. Il s'agit lc plus souvent de cas cli-
est en or jaune, le bruni ssage permet une fi nition encore plus précise niques, de séries de cas ou d' études cliniques non randomisées non
contrôlées ne permettant pas d'obtenir un niveau de preuve suffisant
par << léger » étalement du métal. Il est préférable de ne pas débaguer
durant la même séance, mais d 'auendrc la séance de contrôle afin que [ 13]. La gri lle d ' EIIman ~ est depuis longtemps une technique répan-
la colle ait acquis toutes ses propriétés mécaniques. due 1291. C'est donc celle sur laquelle on a le plus de recul cli nique ct
En conclusion, les aucllcs coulées collées sont délicates à réaliser e lle don ne de bons résultats. Peu d'études ont étudié la longévité des
aussi bien sur le plan clinique qu'au niveau du laboratoire. Trois para- aucllcs en composite tibré réal isées en technique directe. Des anclles
mètres feront l'objet d' une surveillance et d' un contrôle particulier: ( 1) de contention en com posite fibré (11 = 19) ont été réalisées à la man-
les préparations dentaires, (2) les tmitcmcnts de surface des intrados dibu le en méthode directe par un même opérateur et ont fa it l'objet
prothétique, et (3) le type ct la méthode de collage. En termes de longé- d' un suivi à moyen terme [151. Les patients étaient traités pour des
parodontites modérées à sévères. Quatre ans et demi après trai tement,
vité, de nombreux auteurs s'accordent à dire que le taux de survie de ces
éléments prothétiques collés est similaire à celui de la prothèse conven- seule une attelle était décollée ct a pu êu·e recollée avec succès. Sur le
tionnelle scellée [30]. Dans le cadre d' une thérapeutique combinée de plan parodontal, les niveaux d'attache étaient stables.
parodontie et d'orthodontie, celle technique de contention, lorsque sa
rénli ~nt ion Tl'.~pecte les clille rentes étapes du protocole. reste la théra- .... TEC HNIQ UE INDIRECTE
peutique de choix permettant de pérenniser les résultats thérapeutiques.
Atte lles coulées collées
Attelles de laboratoire e n c omposite fibré
Les études évaluant les attelles coulées collées sont nombreuses.
L'attelle en composite fibré est aujourd' hui l' autre technique indi- Une é tude prospective à 10 ans publiée en 2000 a évalué 150 conten-
recte bien codifiée. C'est l' incorporation de fibre il la résine composite tions coulées collées au Panavia<&, type Maryland, e n alliage non pré-
qui, en augmentant ses propriétés mécaniques, permet de réal iser des cieux, réalisées sur des patients traités pour parodontites 18]. Cent
attelles plus résistantes que celles en méthode directe. L' imprégnation quatorze des 150 patients de l'étude ont aussi été suivis en orthodon-
de la fibre avec le composite est plus aisément contrôlée au labo- tie. Au niveau des dents support, on ne constate ni perte, ni caries, ni
ratoire. De plus, les u·ai tcmcnts thermiques réali sés élèvent le Laux pathologie pulpaire. Le taux de succès des attelles, i1 6,7 ans, est de
de polymérisation du composite. Les nouvelles fibres de verre opti- 70,6 % pour les auellcs sans pontiquc ct de 80,7 % pour les attelles
misent les performances de ces attelles par une meilleure interface avec pontiques. La cause m<Ucurc d'échec était le décollement des
fibre - composite [321. Enfin, la technique indirecte s'affranchit du au elles ( 18 %) et la deuxième cause leur fracture ( 1,4 %). Les attelles
problème .lié à la rétraction du matériau lors de la polymérisation, décollées ont presque toutes pu être recollées ct le taux de survie était
l'ensemble étant collé dans un second temps. alors de 98,6 %. Cette étude est particulièrement intéressante car elle
En règle générale, les pré pamtions sont réduites. Toutefois. des rap- est une des rares à concerner des patients traités pour maladie paro-
ports d'occlusion trop intimes peuvent amener le pratic ien à préparer les dontalc ct avec un recul important. On notera qu'elle présente des taux
races palatines pour dégager la place nécessaire. Il raul veiller à obtenir cxccptionncllcment bon comparativement aux autres études En e ifeL,
un espace minimal de 1,5 mm. En cas de mobilité dentaire importante, 9 ans auparavant, une méta-analyse donne des taux de survie moins
des macropuits cingulaircs sont aménagés; ils permettent d'augmenter importants : 75 % pou r 1 598 attelles à 10 ans 191. Une étude plus
la rétention de l'attelle. Ces préparations permettent également de repla- récente, en 2004, éva lue 74 bridges coulés collés [ 14l Soixante-quatre
cer de manière précise l'atte lle lors du collage. Une fois l'atte lle obte- bridges sont réalisés en antérieur ct remplacent 1 à 2 dents ; 10 sont
nue, celle-ci est collée sous champ opératoire (digue). Les dents som situés en postérieur ct compensent un édcntcment unitaire. La cause
conditionnées de manière conventionnelle : mordançagc avec de l'acide d 'échec la plus fréquente est le décollement des attelles, puis viennent
orthophosphoriquc ~~ 37 % dans un premier temps, puis application dans les lésions carieuses. Le taux de succès à 13 ans est de 69 % et le taux
un second temps d' un système adhésif qui est polymérisé. Une colle de survie après recollement de 83 %. On peut donc considérer que les
-
614 PARTIE 16 - APPROCHE P LURIDISCIPLINAIRE
attelles coulées collées en métal non précieux représente nt une tech- POUR EN SAVOIR PLUS
nique fiable sur Je moyen e t Je long te rmes. Un s uivi régulier permet
Nyman SR, Lang NP. Tootl1 mobility and the biological rationale for
d ' intercepter les décollements e t de prévenir les risques de caries.
splinting tceth. Periodontology 2000, 1994, 4 : 15-22.
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Odontologie restauratrice
Pierre Colon
Figure 73·1 La réalisation de restaura- Figure 73·2 Une maladie carieuse active se manifeste par des lésions contiguës qui
tions proximales satisfaisantes impose intéressent un groupe de dents. La qualité des traitements restaurateurs constitue un
un accès à la limite cervicale proximale élément prépondérant pour prévenir la formation de biofllm et l'initiation d 'une maladie
et la mise en place d'un champ opéra- parodontale. (Document Pierre Colon.)
toire étanche afin de conduire les procé-
dures de collage et d'obtenir une bonne
adaptation des restaurations. L.:emploi de
matrices sectorielles associé à des cram-
pons écarteurs s'impose pour restaurer
l'anatomie de la face proximale. (Document
Pierre Colon.)
Figure 73-3 a) Photographie endobuccale d'une patiente de 78 ans présentant de multiples restaurations iatrogènes en vestibulaire et
de nombreuses lésions carieuses vestibulaires associées à des lésions cervicales d'usure. b) Photographie des lésions sur 22 et 23.
Noter le volume de la lésion en vestibulaire de 23 qui a entraîné une perforation de la gencive attachée (flèche). c) Radiographie rétroal-
véolaire de 22 et 23 confirmant la nécessité d'extraction de la 23. (Documents Matthieu Frémont.)
plus souvent inefficace pour é liminer le biofi lm prése nt sur les surfaces blement de la perte de substance, détecte r précoce me nt les facteu rs
de ntaires dans les e mbrasures. On observe fréque mment des phéno- de risque et é valuer le bien-fondé d ' une thérapeulique parodontale
mènes de récessions gingivales associées à ces lésions qui e ngendre nt de recouvrement (Figure 73-4). À l' inverse, face à une perte de subs-
une inflammation gingivale. Ces récessions sont souvent associées à tance radiculaire volum ineuse, si la qualité des ti ssus ké ratinisés est
une faible hauteur de ti~su kératinisé (Figure 73-3). La de ntine rad i- satisfaisante, la m ise e n place d ' une restauration adhésive facilite le
cu laire étant peu résistante à l'abras ion, on observe assez rapide ment conu·ôle de plaque c t restitue le rôle déflecte ur de la convexité de la
des pertes de substa nce dent inaires. C'est da ns cc type de s ituation que 1:1cc vestibulaire (Figure 73-5). Les maté riaux composites mis e n place
l'odontologistc « conservateur >> doit différer sa procédure de com- dans ce contexte ne contre-indiquent pas une thé rapeutique ulté rie ure
618 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
.... ÉCLAIRCISSEMENT
.... HYPERSENSIBILITÉ
Examen clinique et critères
L' hypersensibilité peut résulter de thérapeutiques parodontalcs
telles que les surfaçages, qui exposent dans la cavité buccale les
permettant d'envisager
canalicu les dcntinaires radiculaires, et/ou les chirurg ies parodon- un traitement parodontal préalable
tales. éliminant les poches et abouti ssant à un résultat similaire. Il
peut s'agir également de la conséquence de lésions d' usure occa- .... SITUATION DE LA LIMITE CERVICALE
sionnées par un brossage traumatique qui impliquent, comme décrit DES LÉSIONS CARIEUSES
précédemment, une pri se en charge parodontalc associée ou non à
une procédure restauratrice. Si l' hypersensibilité concerne l'odonto- Une limite sous-gingivale d'une lésion carieuse implique un risque
logie conservatrice dans sa symptomatologie, son étiopathogénie ct de saignement lors de la phase du traitement restaurateur et une conta-
dans sa prise en charge, l 'approche parodontale reste essentielle ct mination des surfaces devant être collées. Par ai lleurs, l 'étanchéité
trop souvent ignorée dans la phase initiale de ces pathologies. périphérique des restaurations adhésives nécessite une bonne finition
Figure 73·5 Absence de déflection vestibulaire. a) Homme de 50 ans présentant des abrasions multiples. Noter le biotype parodontal épais,
résistant à l'absence de délleetion. Le traitement sera alors mixte, à la fois parodontai (chirurgie plastique) et restauratrice (composites) de façon
à restaurer le niveau initiai de la jonction améio-cémentaire. b) Homme de 40 ans présentant des abrasions multiples. Noter le biotype parodontal
fin et la récession gingivale plus marquée que dans le cas précédent. (Documents Pierre Colon.)
CHAPITRE 73 - ODONTOLOGIE RESTAURATRICE 619
Figure 73·6 Attrition et s upport parod o ntal. a) Vue clinique mandibulaire. b) Vue clinique maxillaire. Chez ce patient âgé de 65 ans, pré-
sentant des lésions par attrition, érosions et abrasions, la qualité du support parodontal est excellente. Il n'y a aucune mobilité adaptative, ce qui
explique l'importance des lésions par attrition. (Document Pierre Colon.)
des contours cavitaircs. Une temporisation réalisée par la mise en L 'objectif n'est pas i c i de déro uler l 'évaluatio n complète de l 'état
place d ' une restauration à base de ciments verres ionomèrcs permet de parodontal mais, p l us simplement , d ' identi fier quelques règles
faciliter le contrô le de plaque, de stopper l 'évolution de la lésio n et de qui doivent prévalo ir avant de poser l ' ind icatio n d'un traitement
rétabli r la fonction. A près assainissement parodontal et disparitio n de restaurateur, tel l 'état d ' inflammation gi ng ivale en regard de la
tout signe d' inOammation gingivale, la m ise à j our de cette limite cer- zone concernée par le soin restaurateur. Il correspond à l' éval ua-
vicale i mplique une chirurgie parodontale adaptée à chaque situation. tio n du ri sque de saignement et de contaminatio n des surfaces
traitées lors de la procédure de coll age vo ire de la contamination
du matériau de restaurat.ion. L ' access ibilité aux l im i tes cervicales
... SITUATION DE LA LIMITE CERVICALE des lés ions peut être compromi se et la mi se en place du champ
APRÈS FRACTURE CORONAIRE o pératoire quasi impossib le. La mi se en place d'un fi l rétracteu r
sur une genc ive inflammatoire ne permettra pas d'accéder à ces
L es traumatismes qui i ntéressent les structures coronaires des
limites. L'éval uation de la présence de poches su r la dent concer-
dents antérieures nécessitent le plus souvent un traitement restaura-
née reste un préalable incontournab le. L ' in d icati o n du type de
teur assez simple si la limite de la fracture est supragingivalc. Les
restaurati on peut dépendre de ce l'acteur ; un pronostic r éser vé de
fractures sous-gingivales se présentent le plus souvent sous forme
l 'évol utio n de l a maladie parodontalc justifie une pri se en compte
d ' une frncturc en biseau pouvant intéresser une partie de la dentine
du coût financ ier de la restauratio n. D 'éventuelles mobilités
rad iculaire. L'absence de cément sur cette portion de dentine rad i-
doi vent êtJe détectées ai nsi que les risques de patholog i es pul-
culaire exposée empêche toute réattache et nécessite le plus souvent
paires inhérentes il une contam i natio n par voie parodontale. Le
une élongation coronaire pour permettre la réal isation d ' une procé-
n i veau cerv ical de l a destructi on des tissus dentaires par rapport
dure de collage satisfaisante. D ans la portion vestibulaire, les consé-
au n iveau gi ngival sera systém atiquement évalué. Une rad iogra-
quences esthétiques doivent être prises en compte tand is que, dans les
phie rétrocoronaire reste le cl iché de rél'ér ence, évitant les défor-
secteurs interproximaux, la perte de substance osseuse ct son i mpact
m ations des couronnes dentaires et des septums osseux. Associée
sur la dent collatérale doivent faire évaluer le rapport bénéfice/risq ue.
au sondage, la déterm i nation de l a hauteur de genci ve permet
de val ider la pos it io n des lim i tes de l a restauratio n. L' indicat ion
... PERTES DE SUBSTANCES CERVICALES d ' une rest auration nécessitant la m ise en place d ' un fil de rétrac-
tion peut être di scutée.
Avant d 'env isager un traitement restaurateur, il conv ient d ' iden- La texture de la genc ive marginale et sa capacité de subir une
ti fier les facteurs étiologiques ct, dans la mesure du possible, de les ngress io n ( fi l rétracteur, crampo ns, instruments de fin ition) sont
supprimer. L 'examen mi nutieux des surfaces dentaires ct du paro- directement liées. Un certain nombre de procédures en odontolo-
donte margi nal contJibue fo rtement à identifier ces facteurs. gi e conser vatrice peuvent consti tuer une agression pour une gen-
Le trnitemcnt restaurateur sc justifie dans les deux situations sui- c ive fine, peu vasculari sée, peut-être déjà exposée à un brossage
vantes : une pc11c de substance dentaire impl iquant une gêne fonction- traumatique. Il faut savoir poser l ' indication d ' une grelfe conjonc-
nelle ct, associé ou non, un préjudice esthétique non maîtrisable par une tive enfo uie ou épithélioconjoncti vc si la région concernée est peu
thémpeutique de recouvrement parodontal. Il faut savoir éviter ou, tout vi sible. Il est encore peu usuel de poser ce ty pe d'indication avant
du moins, différer autant que faire se peut les tmitements restaurateurs la r éali sation d ' un traitement restaurateur. C 'est cependant un soin
face à des lésions limitées des ti ssus durs. Parfois, la combinaison des prévenlif plus facile à gérer qu'uue thérapeulique J e recouvrement
thémpeutiques parodontale ct restauratrice s' impose. L a thémpeutiquc a posteriori. 11 faut alors poser l ' indication d'une rest auration de
parodontalc est, si possible, conduite prioritairement. A ltcntion toute- temporisation si nécessaire.
fois à respecter le temps de cicatrisation ct de matumtion des tissus g in-
gi vaux avant de mettre en œuvre des procédures de soins restaurateurs.
... ESTHÉTIQUE DU SECTEUR ANTÉRIEUR
1
620 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Qualre axes doivent cepcndanL g uider nos cho ix. de cl ichés rétmcoronaires. La présence de zones de rétentio n a li-
- Ne pas aller au-delà de la demande du patie nt : réaligner des mentaire interproximale implique la recherche de points de contacts
collets permet ind iscutablement d ' améliorer l'esthétique du secte ur défectueux, de crêtes marg inales ne respectant pas la symétrie de
antérieur, sous réserve q ue le patient découvre e ffect iveme nt cette l'embrasure occlusale, d 'embrasures cervicales insuffisantes.
ligne des collets. Cependa nt, la demande estl1étique d ' un patie nt est
liée à son sourire et donc à un ensemble de paramètres pluridi sci-
plina ires : aspect des restaurations, forme des dents, pos itions sur ~ CRITÈRES D'ÉVALUATION ENDODONTIQUE
l' arcade, s ituation de la lig ne des co llets, symétries, etc.
Les facteurs de risques pu lpaires engendrés par un retraitement
- Préserver les tissus, c'est-à-d ire savoir fi xer des li mites e n
do ivent cependant être évalués dans une approche elu rapport béné-
pre nam en compte l' évolutio n à long terme et les pertes tissulai res
fice/risque pour le pat ient. Des restauratio ns volum ineuses, la pré-
engendrées en rapport avec le résultat e sthétique attendu.
sence de calc ifications pulpai res do ivent inciter à une évaluation pré-
- Évaluer se lo n le profil ging ival l'accès au brossage, en particu-
cise. Des procédures de réparation peuvent être p lus indiquées que
lier lors de la trans formatio n d' incisives latérales ri ziformcs ou la
des procédures de remplacement. La nécessité de réaliser des restau-
fermeture de diastèmcs.
rations indirectes implique des techniques d'empreintes com pressives
- Rester cohérent en termes de moyens mis en œuvre entre thérapeu-
qui doivent êtr e conduites à d istance des thérapeutiq ues parodontalcs.
tique restauratrice ct thérapeutique parodontale. De très belles facettes
céramiques tolèrent mal un contour g ingival inadapté. L' analyse peut
être différente avec des restauratio ns en composite d irect. ~ POSSIBILITÉS ET LIMITES DES THÉRAPEUTIQUES
RESTAURATRICES DES LÉSIONS CERVICALES
~ INCLURE LA TEMPORISATION DANS LE PLAN D'USURE
DE TRAITEMENT PLURIDISCIPLINAIRE Dans certaines situations cliniques, un brossage traumatique, des
habitudes a limentaires nocives ont entraî'né des pertes de substance
Il est parfoi s intéressant de temporiser, c'est-à-d ire d ' intercepter
qui rendent dinlc ile le contrôle de plaque. Les restaurations par com-
une lésion des tissus durs dentaires avec un matériau suscept ible de
posite direct et par collage de matériaux biocompatibles tels que les
rester plus ieurs mo is en place, dans l' attente d ' une rééva luatio n de
céramiques sont résistantes et estl1étiques, si on accepte d' y passer
l'étal de santé pu lpaire et/ou parodontal. Qu' il s'agisse de ciments
silicates de calc iu m, de cime nts verres io nomèrcs conventionnels un peu de te mps. Cependant, on rencontre souvent des restaurations
ou photopo lymérisables, voire d'cugénolates de zinc modifi és, la présentant deux types de défauts qui interfèrent avec la santé paro-
te mpo risation permet une réévaluation de l'état parodo ntal, de la dontale : une resta uration des bombés cervicaux inadéquate (en sur-
motivation d u patient, tout e n restaurant la fonctio n et en créant les contour ou inexistante) et des excès de résine adhésive qui s' infiltrent
cond itions d' une amélioration de l'état parodontal 181. Il convie nt clans le sulnrs ct persistent après le polissage. Une bonne connaissance
a lors d' ê u·e attentif à la qualité de ces restauratio ns trans itoires, en de l' anatomie dentaire permet d' éviter le premier défaut ; l' util isation
particu lier à l'adaptation marg inale, l'état de surface et la restaura- d ' un mini-CK6 à la fin de la procédure de fin ition corrige le deuxiè me.
tjon du po int de contact interprox imal.
~ RELATIONS ENTRE LÉSIONS ÉROSIVES
DENTAIRES ET LÉSIONS GINGIVALES INDUITES
Examen clinique en parodontologie PAR UN ENVIRONNEMENT BUCCAL ACIDE
et critères permettant Certaines pathologies s péc ifiqu es co mme l'anorexie men-
d'envisager un traitement ta lc so nt abordées dans une partie s péc ifi que (voi r chapitre 70).
Cependant, certains patients présen tent des lés ions dentaires carac-
restaurateur préalable téristiques d ' un environnement acide qu'i l convie nt de déceler po ur
m ie ux cerner les facteurs é tiopathogéniques de l' atteinte denta ire
Bien ente nd u, o n peut toujou rs proposer de re faire systématiq ue- el paroclontale. L' utilisat io n de jus de c itro n sur la brosse à dents va
ment des restaurations ancie nnes. L' examen c li nique, à ce stade, de pair en général avec l' utilisation d ' une brosse d ure ne permet-
a pour objectif d' ide ntifie r les patho logies parodo ntalcs d 'orig ine tant pas un accès satis fa isant aux e mbrasures. La flo re bactérienne
iatrogène qui imposent la dépose de restauratjons inadaptées, ains i bucca le est pro bablement d ifférente, même s i les do nnées de la lit-
q ue les restauratio ns défec tue uses qui e mpêchen t un con trô le de té ratu re son t pauvres. Notre ex périe nce personnelle no us conduit
plaque satis faisant. On entend par restaurat ions inadaptées les res- à évoquer peu de parodon ti tes agressives, ma is fréquemment des
tauratio ns débordantes au ni veau interproximal, les défauts de point
récess ions gingivales, sans qu' il soit aujourd ' hu i possib le , en l'ab-
de contac t intc rprox imaux ou d 'embrasures occasio nnant un phé- sence d' études c liniques, d 'en cerner la prévalence et les facteurs
nomène de tassement a li mentaire . Parmi les restaurations défe c-
étiolog iques combinés. Cepe ndant, face il des lésio ns érosives, il
tueuses, on peut citer celles qui sont infi ltrées, qui prése ntent des
convient d' ide ntifie r les facteurs étio logiques avant d'établir une
dé fau ts d' adaptation marg inale ou encore les amalgames corrodés.
prise en charge parodontale. Le plus souven t, o n obse rvera s imu l-
tanément une perte de t issus dentaires et une récess ion g ing iva le . Il
~ CRITÈRES D'ÉVALUATION DES RESTAURATIONS est pré fé rable de prendre en compte g lo ba le ment les critères esthé-
EXISTANTES tiques (al ig nement des co llets ), anatomiques ( forme des dents),
physio logiq ues (rappo rts d 'articulé) avant de mettre e n p lace un
Il est habi tuel de mentionner les restauratio ns débordantes, in fil - plan de traitement q ui sera cependant systé matiquement initié
trées, un polissage défectueux. La qualité de la restauration des faces par le contrô le des facteurs étiolog iques et l'enseigne me nt d ' une
prox imales s'évalue il la foi s par l'examen clinique et par l'examen mé thode d ' hygiène orale adaptée.
C HAPITRE 73 - ODONTOLOGIE RESTAURATRICE 621
les tubules so nt ouverts. Le d iamètre des tubules à la jonction amé- 2 m m [10]. Par extrapo lation de ces résultats, ils évaluent le taux
lode nti naire est trop étroit pour permettre le passage des bactéries, de perte d 'os prox imal lo rsq ue la lésion osseuse apica le e st active
mai s autorise la d iffus io n de leurs tox ines. Ce la n'est plus le cas il 0, 19 mmfan par ra ppo rt à 0 ,06 mm/an en cas cl ' absence de patho-
lorsqu'on se ra pproche de la pulpe, puisque les d iamètres tu bulaires log ie pul paire [ Il ].
a ug mente nt ct deviennent suffisamment larges pour permettre le
passage de bactéries ;
- la pression intrapu/paire est supérieure à la pression à l' exté-
rie ur de la dent. A ins i, le flu ide dentinaire est systématiquement Lésions endoparodontales
re poussé de l' intérieur vers l'extérieur. Ce phénomène limite le
risque de contamination bactérienne issue de la diffus ion. ..... DÉFINITION ET CLASSIFICATIONS
les " portes de sortie " du réseau canalaire Les lésions endoparodonta les présentent différentes étiopathogé-
nies et sont fréquemment associées à des infec t.i ons bactériennes,
Plus ieurs voies de communications et d 'échanges existent entre
mycos iques ou virales. Plus rareme nt, les traumatis mes, les résorp-
1' endodo n tc ct le parodonte. Cette intimité entre les d i fférems tissus
tions radiculaires, les perforations et des ma lfo rmations dentaires
conduit souvent à considérer l'ensemble comme une entité appelée
peuve nt être à l'o rigi ne du développeme nt et de la progression de
continuum endo parodontal. Les principales zones d ' échanges emre
ce ty pe de lésions. Devant la d ivers ité des étio logies ct des méca-
les deux structures sont :
nismes patho log iques sous-jacents, plus ieurs auteurs on t proposé
- le foramen apical : or ifice principal de sortie du canal vers le
des classifications, qui sont fondées sur l'étiolog ie pour certaines, la
parodonte, il constitue la voie de co mmun ication principale ;
chro no logie, ou e ncore sur l' approche thérape utique po ur d ' autres
- les canaux latéraux ou canaux accessoires : décrits par
(Tableau 74-1). Il n'existe pas de c lassificatio n consensue lle mais,
Preiswerk en 1YO l , ils sont particulièrement importants au niveau
p our la suite de ce c hapitre, ce lle de Gula bivala et Dm·bar de 2004
apical ( 17 % ), par rapport au tiers moyen (8,8 % ), et au tiers cervical
sera décrite.
( 1,6 %). Leur diamètre est compris entr e 10 et250 J.lm (Figure 74- 1)
Les lésions cndodontiques vraies résultent. d ' un processus in fl am-
[5]. On en retrouve également au niveau du plancher pulpaire des
matoire des tissus endodonliques issu d ' irritants présents dans le
mo laires, avec une prévalence de 46 % sur la première mo laire, et de
système canalaire, comme déc rit précédemment (Figure 74-2). Les
50 à 60 % sur toutes les de nts p luriradiculées 117, 241.
- les canal icu les dentinaires, traversant la dentine dans toute son lésions parodontalcs vraies résultent d ' un processus infl am matoire
é paisseur, qui sont dans des conditio ns physio logiq ues obtu rés au issu d ' une acc umu lation de plaque dentai re sur les surfaces dentaires
ex ternes (Figure 74-3). Elles peuvent impl iquer une atte inte endo-
niveau parodontal par le cément.
dontiquc secondai re.
Les études mo ntr ent des rés ultats contradictoi res : pou r cer-
..... PATHOLOGIE ENDODONTIQUE taines, aucune inflammation pulpaire n' a été mise e n é vidence s ur
ET RÉPERCUSSIONS PARODONTALES des dents avec atte inte parodontale f4 ] ; po ur d ' autres, l'analyse
hi sto logique monu·ait que la patho logie parodontale entraîna it des
Da ns un o uvrage co ns ac ré a ux m aladi es parodon tales, la dom mages pulpaires de type dégénératif (dim inution du no mbre de
ter m ino logie « parod ontite a p icale » engend re une confusion cellules, minéralisation dysu·ophique, fi brose, résorption, etc .) voire
pédagogiq ue dans la class ification des maladies parodonta lcs. a trophique [ 16]. Néanmoins, la nécrose pulpaire issue d irectement
Par ai ll e urs, e lle n ' es t pas s uffi samme nt p réc ise car la patho lo- d ' une atteinte parodonta le semble rare ct controversée et implique
g ie ne siège pas to uj ours au niveau a p ical. L a p réva le nce des q u'i l y ait une extensio n j usqu'au foramcn apica l, com promettant
patho log ie s assoc iées à un canal latéral est faib le (de l' o rd re de l'apport vascula ire pu lpaire [5].
2 % ). E n fin, le s ig ne pa thognomo nique d es parod ontites é tant Les lé sions com binées conce rnent la ré union de deux lés io ns
la pe rte d ' attache, c'est-à-di re la des tructi o n du sys tè me d ' at- init iale ment indé pendantes (Figure 74-4) : u ne lés ion endo-
tache de la de nt composé de l'attac he épithé liale et de l'att ache dontiq ue qu i progresse e n di rection coro naire et une lésion
conjo nc tive, la lési on endodontique n ' e ntraîne ra de pe rte d 'at- parodo ntale qui progresse au ni veau a pical peu ve nt finir p ar se
tac he q ue lors du c as parti c ul ier des lés ions e ndopa rodo ntal es rejo indre et for mer une lés ion com bi née. L' apparence rad iogra-
où l' att ac he é p ith é liale se ra lésée . No us lui p réfé re ro ns donc ph iq ue d 'une lés io n combinée pe ut faire penser à celle d ' une frac-
ic i le te rme << lési on osseuse apic a le », bie n que la te r mi no log ie ture rad icu la ire vertica le.
inte rnati o na le ait validé cel u i de paro donti te ap ical e . La pro blématique de to utes ces class il1catio ns est la confusion
Elle es t 1iée à la présence de bacté ries dans 1'endodonte res- qu ' elles peuvent géné re r chez le pratic ien q ui peut cherche r à éta-
po nsables d ' une réact ion infl ammatoire locale du parodo nte blir une chro nolog ie de l'apparition de ces lésions, sans pou r autant
profond. Un état d ' équ ilibre entre les dé fe nses de l' hôte et les qu 'elle so it nécessaire pour la prise en charge théra peutiq ue. Elles
tox ines/bactéries s' install e , a boutissa nt à une résorption osseuse o nt néanmoins de nombreux inté rêts. Elles permeu em d' ide nti fier
loca le et à la fo rmatio n so it d ' un tiss u gran ulo mate ux, soit d ' une les stades précoces de la patho log ie et les patients à r isque, ct de
lés io n kys tique . U ne résorptio n rad iculaire es t très fréquem me nt cerner l'étiolog ie per metta nt d'établir le plan de tra itement et le
associée. On parle de periphera/ inj lammatory mot resorption pro no stic attenant.
( P lRR).
Le processus peut impliq uer une atte inte parodontale secondaire,
notamment lorsque l'in fection devient chron ique et que le drainage ..,.. SPÉCIFICITÉ MICROBIENNE
s 'effec tue au travers du sulcus g ing ival (c'est la fis tule desmodon-
tale). Une fl ore à prédo m inance de bactéries à Gra m négati f est
Jansso n c t a l. ont montré q ue les dents avec lés io n osseuse re trou vée dans les de ux types de patho logie, d 'orig ine endo-
apica le prése nta ient une pe rte d'os proximale approx imati ve de dontique et parodonta lc [ 19j. Malgré des d ifficultés tec hniq ues
624 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 74-1 Traitement endodontique d'une Figure 74-2 Lésion endodontique vraie. a) Lésions inflammatoires péri-apicale et périra·
prémolaire maxillaire. !..:obturation objective diculaire liées à une infection endodontique sur une incisive latérale maxillaire. Radiographie
les différentes portes de sortie de l'endodonte avec cône de gutta percha en place. b) !..:obturation tridimensionnelle du canal principal et
vers le parodonte. d'un canal latéral à mi-hauteur de la racine a permis d'induire la cicatrisation osseuse des
deux lésions (contrôle à 12 mois post-opératoires).
Figure 74-3 Lésion parodontale vraie. a) Lésion parodontale inter-radiculaire à extension distale. b) Un traitement parodontal a permis d'in-
duire la cicatrisation autour de la racine distale sans intervention endodontique.
Spécificités d iagnostiques
Le diagnostic des patho logies c ndodontiqucs primaires ct paro-
clontales primaires ne présente e n général auc une di fficulté, pu isqu ' il
repose sur le seu l test de vitalité pulpaire. Les patho logies parodon-
tales avec implication e ncloclonlique seconda ire ou le contraire, ou
bien les lésions combinées vraies sont en géné ra l c linique me nt e t
radiog raphique mcnt ide ntiques. Le di agnostic diffé re ntiel repose
alors sur les autres é lé me nts du diag nostic, notamment l'anamnèse
et le sondage. Le motif de consultation e t l' anamnèse (antécéde nt de
traumatisme, patho log ies, e tc.) revête nt un carac tè re spécifique dans
cette situa tion. Une attention toute pa rtic uliè re do it être portée aux
symptômes (douleur notamment), à leur orig ine ct leur é vol utio n.
Examen clinique
Figure 74·4 Lésion combinée endodontique et parodontale. Un Au niveau des tissus durs, on recherchera la présence d 'anomalies
cône de gutta percha placé dans l'ostium fistulaire objective l'origine dentaires, de lésions carie uses, de restaurations dé fectue uses, d'éro-
du drainage. sions, d'abrasions, de fê lures ou frac tures, de cliscoloration coronaire
(signe de nécrose pulpaire), d' un pink spm (signe pathognomonique
d ' une résorption interne). L' utilisation d'aides optiques (loupe/mic ros-
cope) ct de la transi llumination facilite l'exame n clinique des tissus
concernant les prélèvements e lla cu lture bac té rie nne, des espèces durs.
initia le me nt cons idé rées comme uniqueme nt loca lisées au paro- Au niveau muqueux, c'est la présence de plaque dentaire, de tartre,
do nte (spirochètes) ont fina lement été re tro uvées dans le réseau d' inflammation gingivale, d'ostium fistulaire qui fera l'objet d' un exa-
endodontique infecté . Lorsque la lésion est d'abord parodontal c men tout part.iculier. La palpation de la muqueuse et de l' os cortical
avec imp lication c ndodo ntique secondaire, une s imilitude e ntre exte rne e n regard de la zone apicale permet de mettre e n évidence une
le biofilm du canal in fecté e t celui des poches parodontales pro- zone douloureuse, signa nt, e n général, une inflammation e n phase aiguë.
fondes est notable l14]. Dans le cas d ' une fracture radic ulaire , La mobilité dentaire, bie n que ne constituant pas Lill fac teur de
la fl ore bac térienne es t diffé rente de la fl ore e ncloclontique pure pronostic, est un éléme nt diagnostique qu' il convient d 'enregistrer
(plus proche de la flore parodontale ). Le déve loppe me nt des tec h- car e lle peut ê tre associée à une infla mmation/ in fection aiguë cndo-
niques d 'investigatio n e n mic robi o log ie, c t notamme nt celles de clontique ou paroclo ntale, e t signe une lésion « active ''· abcédée le
bio logie m oléculaire, a permi s de contîrmer progressive ment les plus souvent. Le diag nostic d iffére ntiel se fe ra avec le traumatis me
hypothèses posées depuis p lu s ie urs années qui tendaient à établir occl usal ou le déplacement orthodontique. L' évaluation de cette
l'absence de s pécificité bacté rie nne e t elu bi o film po ur ce type de mobilité se fera dans le sens vertical et clans le sens horizontal. Il
lésions. ex iste des instruments (Perioiest®, Siemens) permettant de mesure r
626 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
plus précisément la mobilité. Leur intérêt est limité en clinique, mais Radiographie
ils peuvelll s'avérer uti les lors d'un suivi de c icatrisation. En effet, la
La radiog raphie rétrocoro naire permet de bien apprécier la partie
réduction de mobilité indique une réduction de la laxité desmodon-
coronaire de la dent (notamment la présence de lésions carieuses
tale associée à la phase aiguë de la lésion .
ou d'anomalies dentaires) jusqu'à la zone de la furcation; la rad io-
graphie rétro-alvéolaire reste indispensable pour meme en évidence
Te sts diag nostiques
la qual ité d' un tra itement endodontique, la présence de résorptions
Tests de vitalité pulpaire radiculaires, l'existence de lés ion parodontale et l'importance de la
L'évaluation du statut pu lpaire est primordiale pour établir un perte osseuse associée. En cas de fis tule, une radiographie de la dent
d iagnostic. Même si ces tests ne mette nt en évidence qu'une inner- après mise en p lace d'un cône dans la fistule par son ostium permet
vation de l'organe dentaire ct ne tes tent pas réellement sa vital ité, ce de mettre en évidence l'origine de la cause (dent/racine).
sont les seuls moyens dont le pratic ien dispose . Ils regroupent l'uti-
lisation du d ic hlorodifluorométhane (test au froid), la gulla percha Diagnostic d ifférentiel
chaude (test au chaud), le test électrique ct le test cavitaire. Fêlure s et fractures
Sondage parodontal L'équipe de Tamse et Fuss a beaucoup étudié les fractures/fê lures
[23]. L'absence de signes spécifiques associés rend leur d iagnostic
Le sondage parodontal est également de première importance. Il
tardif et le plus so uvent diffici le. Selon la classification proposée par
permet de vérifier l' intégrité de l'an ache épithélioconjonctive. Une
l' American Association of Endodontists (AAE) en 2008, il existe
sonde parodontalc est insérée dans le su lcus gingival, dans un mou-
deux types de fêl ures/fractures :
vement parallèle au grand axe de la dent. On peul également uti liser
- la fracture type split tootlt ù point de départ coronai re (elle fait
un cflnc de gutta percha (taille médium, coupé à la pointe). Celui-ci
suite à une fêlure coronaire non traitée). La propagation est centripète
peut toutefois être d ifficile à réaliser pour deux raisons : le tissu de
à partir de la surface externe de la dent en direction apicale et pul-
granu lation est adhérent et la pression exercée doulou reuse. Il est
paire selon un plan més ioclistal (exemple d 'étiologies : les trauma-
alors recommandé de pratiquer une anesthés ie.
tismes occlusaux, le bruxisme, les restaurations coronaires de grande
- Un sondage étroit ou sondage punctiforme (appelé également son-
étendue);
dage en V) indique la présence d ' une fistule dcsmodontalc en relation
- la fracture radiculaire verticale à point de départ radiculaire.
avec une lésion d'origine endodomique ou d'une fracture radiculaire.
Elle est initiée par une fêlure de la paroi cana laire à poinl de départ
- Un sondage arciforrnc (appelé également sondage en U)
corona ire ou apical. Elle se propage en direction centrifuge vers la
indique la présence d ' un défaut parodontal.
surface radicu laire et vers le système d'attache et progresse dans un
- Un sondage arciforme associé à un sondage punctiforme est
plan vestibu lolingual. Parmi les étiologies poss ibles, e lle peut être
caractéris tique d ' une lésion combinée ou d'une lésion endoparoclon-
liée à des fo rces excessives exercées lors de l'obturation canalaire.
tale vraie.
Elle peut éga lement être in itiée lo rs de la préparation d'un logemelll
L'augmentation de la profondeur elu sondage parodontal signe une
de tenon, ou lors de son insertion (notamment l'uti lisatio n de tenons
perte d'attache dans le temps ct est clone caractéristiq ue d' une paro-
métall iques ; en effet, le module d'élasticité est supérieur à celui de
dontite. On notera enfin que, dans le cas d ' une fracture radiculaire
la dentine et des contraintes élevées sont appliquées à l'extrémité elu
verticale, le sondage est brutal ct punctiforme (Figu re 74-5).
tenon (effet coin), pouvant engendrer une fê lure voire une fracture
immédiate de la racine). Les fêlures/fractures radiculaires verticales
Test de morsure
(clans la littérature, appelées vertical roof .fractures IVRFI) repré-
Le test de morsure permet de meure en évidence une fêlure (absence sentent 2 à 5 % des motifs d'extraction (toutes étio logies con fon-
de douleur en mise en pression ct dou leur vive au relâchement)'. dues). Elles concernent rm~oritairem ent les dents dépulpées (traitées
ou en cours de traitement) ct plus particulièrement les prémolaires
1. On peut utiliser le Tooth Slooth" ou tm enfonce-couronne type Mirapress" . maxillaires et les molaires mandibulaires.
Figure 74·5 Diagnostic d e fra cture ra diculaire au nivea u de 36. a ) Sondage parodontal à la périphérie de la dent symptomatique . La sonde
ne pénètre pas au-delà de 3 mm. b) Profondeur de sondage importa nte (9 mm) et ponctuelle en regard de la racine mésiale signant la présence
d'une fracture radiculaire.
CHAPITRE 74- ENDODONTIE ET PARODONTOLOG IE 627
Les symptômes sont le plus souvent frustes. Le pat ient se plaint Celle-ci comprendra une instruction à l'hygiène, un détaru-age et
d'un inconfort à la mastication, d' une dou leur franche ou d' installa- un surfaçage. Le traitement pourra éventuellement êt re complété
tion progressive, lorsque le fragment est mobile; on parle du cracked par une chirurgie parodontale. Le pronostic dépend de la sévérité
tooth syndrome. Les signes cliniques sont variables. Le sondage peut de l' atteinte parodontale, de l'efficacité de la thérapeutique mi se en
soit être normal, soit objectiver une perte d' attache isolée. Dans le œuvre et de la réponse de l' hôte.
cas des dents fêlées, il concerne souvent une face proximale, soit les
deux (sondage en miroir). D'autres signes peuvent inclure notam- Plan de traitement et prise en charge des lésions
ment la tuméfaction de la muqueuse alvéolaire, une fistu le, etc. Les mixtes
signes radiographiques sont le plus souvent tardifs, mai s le résultat
est une image radioclaire en halo, signant une alvéolyse angulaire. La prise en charge est identique pour les lésions mixtes ou com-
Le diagnostic différentiel doit être fait avec celui d' une aggravation binées. Elle peu t s'effectuer dans l' ordre suivant: ( 1) information
ponctuelle d' une lésion parodontale ou d' un échec cndodontique. à l' hyg iène ; (2) traitement ou retraitement cndodontique ; (3) réé-
Le diagnostic positif est obtenu après mise en évidence du trait de valuation à 3 mois ; (4) traitement parodontal. L' intérêt de diffë rer
fêlure/fracture (après dépose de la restauration voire réalisation d' un la thérapeutique parodontalc, une fois que les premiers signes de
lambeau d'exploration, associées ü l' utilisation de colorant comme guérison endodontique ont été mis en évidence, est multiple [8]. Lt
le bleu de méthylène et d ' aides optiques - loupes ou microscope cicatrisation cndodontiquc devient plus prédictible et la place de la
opératoire). composante puroclontale dans la lésion mixte est mieux identifiée.
Le diagnostic étant mieux établi, la prise en charge parodontalc est
Anomalies anatomiques dentaires plus adaptée et s'opérera dans un environnement plus favorable.
La prise en charge parodontale pourra comprendre. outre le traite-
Des anomalies anatomiques dentaires peuvent également induire ment non chirurgical classique de la lésion, ~oit une chirurgie réscc-
des défauts locaux parodontaux , en particulier les racines fusionnées trice reposant sur l' amputat ion radiculaire de la racine concernée et,
de dents postérieures, les perles d'émail et les sillons palat ins (voir plus rarement aujourd' hui , l' hémisccti on de la dent ; soi t des théra-
chapitre 30). On notera que ces derniers sont rares, avec une pré- peutiques régénératrices (membranes et greffes) dont les résultats
valence de 4,4% au niveau des incisives latérales maxi llaires ct de cliniques sont satisfaisants. Le pronostic de la dent est donc foncüon
0,28 % pour les centrales. Cependant, dans 0,5 % des cas, le sillon de la sévérité de l' atteinte parodontale et par conséquent de l'effica-
pa lat in peut atteindre l'apex de la dent, pouvant ai nsi être respon- cité de la prise en charge paroclontalc.
sable d' une pathologie cndodontiquc.
Ces ma lformations n'impliquent pas systémat iquement une com-
munication entre l'endodonte et le parodonte. Le plus souvent, il
n'ex iste pas d'attache épithélioconjonctivc classique, mais un épi- Communications endoparodontales
thélium de jonction long. Celui-ci, plus fragile, peut sc rompre ct
créer une voie de passage aboutissant à un défaut parodontal local.
pathologiques et iatrogènes
Les lésions iatrogènes regroupent les perforations, le dépassement
~ APPROCHE THÉRAPEUTIQUE de matériaux, la perte d 'étanchéité coronaire, les résorptions indu ites
par des produits chimiques ct les médications intracanalai res, les
Les principaux facteurs intervenant dans la prise en charge thé- fractures radiculaires verticales. Sur le site des perforations, une
rapeutique sont la réponse au test de vitalité pulpaire (si la dent est réaction inflammatoire condu it à la destruction des tissus environ-
déjà traitée, la qualité du traitement est prise en considération), le nants parodontaux et donc à la formation d' une lés ion, susceptible
type ct l'étendue de l'atteinte parodontale. Dès 1964, Hi all avait pro- de progresser comme tout autre lés ion primaire endodonLique.
posé une combinaison de thérapeutiques à la fois cndodontiqucs ct Cliniquement, les patients sc plaignent rarement d ' une douleur, plu-
parodontalcs afi n de traiter les poches parodontalcs. En règle géné- tôt d' une gêne voire d'un inconfort à la mastication. L' examen cl i-
rale, en présence d' une lésion endodontique assoc iée à une patholo- nique peut révéler un sondage parodontal étroi t. À la radiographie,
gie parodontalc, le traitement endodontiquc est réalisé en première un épaississement ligamentaire, voire une perte osseuse localisée à
intention l9J. une dent sont le plus souvent objcctivables.
F•gure 74-6 Fracture radiculaire au niveau de 26. a) Radiographie rélro-alvéolaire objeclivant une image radioclaire apicale et laissant sus-
pecter une origine endodontique. b) Mise en évidence d'une fracture radiculaire lors du lambeau d'exploration.
un ti ssu de g ranulat ion ( Fig ure 74-7). Ainsi, dans le cas des perfo- parodontaux peuvent ê tre limitées, mê me s i auc un moyen clinique
ratio ns, cc som bie n les bacté ries d 'origine c ndodontiquc qui sont ne pe rme t de vérifier l' intégrité elu céme nt.
responsables de la pathologie parodontale. Le mordançage à l'aide de préparations radic ulaires chi miques
(acide citrique, c hlorhydrate de tétracycline, EDTA [ac ide é th ylène
Traitement diamine tétraacé tiquc]) est égale me nt uti lisé dans les thé rapeutiques
parodontales de réattachc afin d'éli mine r les e ndotoxines bacté-
S i la perforation est réalisée au cours d ' un traitement e ndo-
rie nnes, les bac té ries anaé robies cl d 'ex poser les fibres collagène. S i
domiquc, le pronostic dé pendra de l'étanc héité à toute contamina-
quelques aute urs ont laissé supposer q ue la pulpe pouvait être agres-
tion bacté rie nne et de la stabilité dans le te mps du scellement de la
sée par ce mordançagc acide, d ' autres ont démontré l'absence de
perforation. Enœ qui concerne l'étanchéité, il est nécessaire de finir
répe rcussion inllamrnatoirc pu lpai re 125]. En 1984, Bc rgenholtz et
le traite me nt e ndodo ntique e t d ' obture r la perforation dans la séance
Nyrnan ont suivi des de nts alle intes de poches pa rodontales profond es
avec un matériau é tanche, prévenant ainsi tout ri sque de contami-
(672 dents) ayant bé néfi cié de thérape utiques paroclontales : 0,87 %
na tion ulté rie ure pouvant surve nir avec une médication coronaire
des de nts ont subi un traite me nt cndodo ntiq uc notamment lié à la pro-
te mporai re. En ce qui concerne le scelle me nt , l' hé mostase doit ê tre
gression de la pathologie paroclonta le, 2,2 % lié à l'alleinte carieuse
obte nue. En cas de perforation ancienne, assoc iée à une inflamma-
[2]. Dans l'étude de Ross e t Thompson, seulement 4 % des de nts
tion parodontale avec présence d 'exsudat, le passage par une méd i-
avec alleintes parodontales ont nécessité un traitement encloclontiquc
catio n te mporaire intracanalairc type Ca (0H)2 pe ut ê tre e nvisagé.
[ 19]. Jaoui e t al. , e n 1995, o nt quant à eux suivi longitudinalement
La q ualité de l'étanchéité de l'obturation est donc un facte ur pré-
des dents ayant une aueinte paroclontale el ayant fai t l' objet de thé-
pondérant. Le succès du traitement repose sur le scelle ment de la
rape utiques paroclontalcs ct de phase de mainte nance. Un traitement
pe rforation et le contrôle de l' infection ( Figure 74-8)1.
cndoclontique a été nécessaire dans un seul cas sur les 57 1 suivis [ 13 j.
Fnce à une ngrc~s i nn pn~t -thé rapeutiq ue parodnntale, la pulpe
Facteurs influençant le pronostic est do nc capable de se dé fe ndre (via une réduc tion du diamètre des
Le pronostic est directe me nt lié à la localisatio n de la perfo ra- canalic ules cle ntinaircs). Une é tude de Be rgenho ltz e t Lindhe e n
tio n (vestibulaire c t/ou linguale) e t à la taille de la pe rforation. Plus 1978 sur des s inges a bie n révélé la présence d ' une inllammatio n
la tai lle de la pe rforation augmente, pl us l'étanchéité est diffic ile à pulpaire el le dé pôt de dent ine réactionne lle suite à un dé tartrage,
obte nir. La taille de la perforation peut égale ment comprome ttre la démontrant ainsi le pote ntie l ré parate ur ct de dé fe nse de la pu lpe,
résistance de la dent voire sa restauration. D ' auu·es fac te urs peuvent mê me en cas d ' agression mécanique de la dent [ 1]. A insi, le recours
auss i inllucnccr le pronostic. Parmi ceux-là, on comptera le degré au traite ment c ndodo ntique après thé rape utique parodontale aug-
cl'allcintc paroclontale, l'ancienneté de la perforation, la qualité de me nte en présence de de ux fac te urs de risque , final e ment d ' origine
l'é tanc héité obte nue, la biocompat ibilité du matériau utilisé et la non parodontale, qui sont ( 1) une lésion carieuse récurre nte el (2)
qualité de la resta uration coro naire. Les pe rforations palatines sont une restauration é tendue (liers cervical de la racine)
diffic iles à pre ndre en c harge, même c hirurgicale me nt, e t aboutissent
le plus souvent à l'extraction.
.... RÉPERCUSSIONS PARODONTALES
DES THÉRAPEUTIQUES ENDODONTIQUES
Répercussions endoparodontales L'équipe de Ja nsson c t al. a mis e n évide nce l' association emre
infection c ndodontique e t parodontilc, a insi que le rô le pote ntiel de
des thérapeutiques cette infectio n sur la c icatrisa tion parodontale [6, 10, 12]. L' infection
pulpaire semble égale me nt assoc iée à la perte osseuse proximale el
.... RÉPERCUSSIONS PULPAIRES clone à la formation de poche parodonlale. L' infec tion pulpaire pour-
DES THÉRAPEUTIQUES PARODONTALES rait donc constitue r un indicate ur de ri sque d ' a pparition et de pro-
gressio n des parodontitcs. Cette hypothèse de mande à être confirmée
Une autre relation d irecte impliquant tissus parodontaux et ti ssus par des travaux cliniques prospectifs inté ressant de larges échantil -
e ncloclontiqucs concerne les ré pe rc ussions e l l' impact des thé rapeu- lons. Certains résultais, ccpcnclanl contradic toires Il Bi, suggère nt
tiques parodontales sur le tissu pulpaire. En e ffe t, le céme nt pro- que les dents traitées c ncloclo ntiqucme nt pourraie nt inlluencer négati-
tège la pu lpe contre les agents pathogènes issus des bac té ries de la vement les résultats des techniques de régénération parodontalc 12 11.
plaque. L' objectif elu clétartragc-surfaçagc est d' élimi ner les dé pôts
bac térie ns, le biofilm. Si le s urfaçage est trop agress if, comme il
le fut il y a mainte na nt une vingtaine d 'années, il peut e ntraîner
l'élimination du cément e t de la partie supe rficie lle de la dentine, Conclusion
exposant ainsi les tubules dentinaires à l'environne ment buccal. Une
colo nisatio n de la de ntine radic ulaire par les bacté ries parodo ntopa- Les lésions endoparodontales constituent un véritable dé fi po ur
thogènes devie nt alors possible, via ces tubules ouve rts [7, 201. Les le c hirurg ien de ntiste aussi bie n en te rmes de diag nostic ct de trai-
récentes techniques de débride me nt aux ultrasons perme tte nt, par te me nt qu"en te rmes de pronostic. L' e fficacité de la prise e n c ha rge
leur moindre agressivité, une meille ure préservatio n du céme nt que repose sur un diagnostic précis, forcéme nt diffic ile e n rai son d'un
les techniques manuelles q ui de ma nde nt un appre ntissage plus lo ng. manque de sig nes c liniques spécifiques. La connaissance de l' ana-
Ainsi, les pathologies cndodontiques secondaires a ux traite me nts to mie de ntaire, des diffé re ntes voies de communica tions possibles
e ntre l'enclodonlc cl le parodonte, associée à une dé marche cl i-
niq ue rigoure use guide ra le chirurg ie n-de ntiste vers un diagnostic
2. Le Pro-Root MTA (Dentsply Maille fe~, Suisse) ct plus récemment la le pl us précis possible. En cas de lés ion e ndoparodontalc vraie, une
13iodcntinc" (Scptodonl, France) montrent des résultats cliniques intéres- approche multidisc ipl inaire sera alo rs nécessaire e ntre l'endoclon-
sants 13 1. tiste el le paroclontislc.
630 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 74 8 Lésion iatrogène d'origine endodontique liée à la diffusion d'un médicament à base d'arsénieux à travers une perfo-
ration du plancher pulpaire d'une molaire mandibulaire.
a) Sondage parodontal en regard de la dent avec mise en évidence d'un séquestre osseux. b) Radiographie pré-opératoire objectivant la
destruction osseuse inter-radiculaire. c) Élimination du séquestre osseux. d) Mise en évidence clinique de la perforation du plancher de la dent.
e) Radiographie de contrôle à 10 mois après le traitement endodontique et de l'obturation de la perforation au mineral trioxide aggregate3 •
alors que sa de mande initiale é tait parodontale (Fig ure 75- 1). Da ns
Points clés
le second cas, le motif de consulta tio n est fréque mment lié a ux
• Dans certaines situations spécifiques, un tra itement ortho- conséque nces inesthé tiques des déplacements dentaires, à un défi-
dontique peut être bénéfique sur le plan parodontal. cit fonctionne l ou à l' inquié tude du ma lade de pe rdre ses de nts,
• Le traitement orthodontique peut être mené sans risque sentiments gra ndissant avec l' avancée progressive des symptô mes
sur un parodonte réduit. à condition de maintenir la (Fig ure 75-2).
santé parodontale d urant le d éplacement dentaire. Ces de ux profils différents sou lèvelll des questions q uant à la
• Le déplacement orthodontlque des racines en d irec- relation e ntre traite me nts parodontaux e t orthodo ntiques. Pe ut-on
tion vestibulaire peut provoquer des récessions gingi- justifier un traiteme nt orthodo ntique par le fait qu ' il po urra amé-
vales, notamment chez les individus au biotype paro- liorer la santé parodo ntale grâce à l' << alignement » des dents qui
dontal fin. sera obte nu ? En présence d' une maladie parodontalc ct de migra-
• Les mini-vis orthodontiques permettent de supprimer le tions secondaires, le traite me nt orthodontique pe ut-il être me né sa ns
risq ue de perte d'ancrage, de déplacer des segments risque pour le parodonte? Enfin, pl us générale ment, quelles peuvent
dentaires entiers et de réduire l'étendue des méca- être les conséquences parodontales des déplacements orthodo ntiqucs
niques. et comme nt ces de rniers pe uvent interveni r dans le traiteme nt des
• Les résorptions radiculaires apicales externes (RRAE) sont malad ies parodo nta les ? C'est cette re lation bidirectionnelle qui va
des complications rares et peu prévisibles du traitement no us intéresser ici.
orthodontique qui se localisent le plus fréquemment aux
Incisives maxillaires.
Figure 75·1 Patiente de 35 ans atteinte de parodontite chronique modérée généralisée en demande de traitement parodontal en raison
de saignements provoqués au brossage. Après thérapeutique parodontale, un traitement orthodontique peut être recommandé pour pérenni-
ser le retour à la santé parodontale. (Document Bernard Schweitz.)
de cas 11 faible niveau de preuve. La présence de no mbreux fac- Bollen et al. 161 ont procédé à une revue systé matique cherchant à
teurs confondants non pris en compte dans les a nalyses constitue ide ntifier les effets du traite me nt orthodontiquc s ur la santé parodon-
la limite essentie lle de ces travaux. Une revue systématique sur talc. Douze é tudes ont é té sélectionnées, reg roupant des patients de
malocclusions c t maladies parodontalcs indique que les patients 12 à 47 ans. Les résult ats montrent que les patie nts aya nt c u un traite-
ayant une ma locclusion (évaluée par un indice de malocclusion) me nt orthodontique présentent une alvéolyse supé rie ure (0 , 13 mm)
o nt davantage de « problè mes parodontaux >> c t assoc ient gingi- comparati vement a ux patie nts n' ayant pas c u besoin d 'orthodontie.
vites et malocclus ions 15J. On peut donc e n déduire que l' absence Une tendance s imilaire est retrouvée pour les poches parodontales
de malocclus ion est favorable à l'état de santé parodontal. Il fau t (0,23 mm de plus e n cas de trai te me nt orthodontique, e t 0 ,03 mm de
garder cependant à l'esprit que, faute d ' é tudes prospectives, les récession en plus après orthodo ntie).
e nquê tes (transversales) é tabl issent to ut au plus une présence Ces résultats semblent montre r que le traite me nt orthodontique
s imultanée des de ux conditions, mais ne mettent pas e n évidence n'amé lio re pas l'état parodontal. Mais, de la mê me maniè re que
une causalité. précéde mment, les é tudes re te nues, qui étaient jugées être les mei l-
Figure 75·2 Patiente de 58 ans atteinte de parodontite chronique sévère généralisée en demande de traitement orthodontique en rai-
son des migrations secondaires du secteur antérieur. Le traitement parodontai est le prérequis à la thérapeutique orthodontique. (Document
Bernard Schweitz.)
634 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Jeures, n'offrent qu'un faible ni veau de preuve (une seule étude rnn- tra itemen t : 0,3 mm au maximum). En revanche, le groupe sans
domisée contrôlée). Les données sont moyennées sur l'ensemble des maintenance régulière montrait une perte d'attache significative
arcades et les moyennes, on le sait,<<écrasent » les extrêmes. Il n'est après traitement orthodontique.
donc pas possible de mettre en évidence des effets potentiellement Dans une analyse rétrospecti ve, Artun ct Urbyc 131 comparent
bénéfiques du trai tement orthodontiquc dans des secteurs spéci- les segments antérieurs trai tés ct non traités en orthodontie sur
fiques, tels que l'effet sur la santé parodontale des dents antérieures 24 patients ayant eu des migrations secondaires à la suite d' une paro-
dans les cas de classes Il division 2 ou lors d'encombrements inci sifs dontite sévère. Ils observent que, dans la majorité des sites !J"ailés par
mandibulaires marqués (Figure 75-3). Par ai lleurs, dans la logique orthodontie, l ' alvéolyse n'a pas ou très peu progressé. Cependant,
parodontale de « maladies à sites » et à la lumière de la cl inique, 6 % des sites présentent une alvéolyse supérieure à 20 %. Les sujets
on peut avancer l' hypothèse qu' il puisse se produire, dans certains responsables de ces pourcentages présentaient un faible niveau
cas, des pertes d'anaches parodontales localisées importantes plutôt d' observance quant aux conseils de maintenance.
qu' une lai ble dégradation généralisée à l'ensemble des dents. Re el al. [23] font l'analyse rétrospective de l'efficacité d'un
traitement combiné parodonto-orthodontique sur un groupe de
267 patients. Cc groupe est stratifi é selon la durée du suivi post-
~ LE TRAITEMENT ORTHODONTIQUE EST-IL
trai tement : 2, 4, 6, 10 ct 12 ans. La réduction des poches après les
SANS RISQUE POUR LE PARODONTE ?
traitements parodontaux non chirurgicaux ( 128 patients) et chirur-
Données de la littérature gicaux ( 129 patients) est conservée après traitement orthodontique,
ainsi que lors du suivi, quelle qu'en soit la durée.
Certaines études animales ont cherché à montrer les effets du Enfin, certaines données montrent que le type de mécanique
déplacement orthodontique en présence de lésions parodontales. Sur orthodontiquc semble avoir une influence sur les conséquences
des parodontitcs expérimentales chez le singe, Poison ct al. [22 1ont parodontales : l' utilisation de bagues scellées sur les molaires peut
montré que le déplacement orthodonti que en direction de défauts provoquer une inflammation gingivale et une perte d'auachc si gnifi-
infra-osseux traités par surfaçage radiculaire n' accentuait pas la cativement plus importante que les allachcments collés.
pene d' attache. Wcnnstrom el al. 1281 ont réalisé une étude simi-
laire chez le chien, mais les lésions étaient créées chirurgicalement Attitude clinique
pu is colonisées par la plaque. Les sites con!J"ôles étaient à l'arcade
opposée, non soumis à l'orthodontie. Aucune maintenance parodon- Les données obtenues par les études animales montrent que le
talc n'était menée au cours du déplacement orthodontique, laissant traitement orlhodontique sur un parodonte malade aggrave la perte
sciemment l ' inflammation persi ster autour des dents déplacées el d'anache. Pour des raisons éthiques, il apparaît évident qu'il ne peut
non déplacées. En fin de traitement, il apparaît cl airement une perte être envi sagé de comparer les effets cliniques du traitement orLho-
d'allache dans le groupe test par rapport au groupe contrôle dont le dontiquc sur un parodonte malade par rapport à un parodonte sain.
niveau d'attache n'a pas été perdu durant les 6 mois de traitement. À la lumière des quelques élUdes citées précédemment, i l apparaît
Il est donc déterminalll pour le maintien de l ' intégrité parodontale nécessaire, par défaut, de transposer les conclusions des études ani-
que le déplacement orthodontiquc soi t mené en l 'absence d' inflam- males chez l'homme, malgré le faible niveau de preuve qu 'elles
mation. apportent.
Pour d'évidentes raisons d 'éth ique, peu d 'études démontrant Un examen parodontal clinique et radiograph ique devra donc sys-
l ' innocuité du traitement orthodontique chez le patient atteint de tématiquement précéder le traitement ort.hodontique. Cet examen
maladie parodontale ont vu le j our. Dans une étude prospecti ve doit s'attacher à dépi ster la présence d' une infl ammation gingivale
contrôlée, Boyd el al. 171ont comparé deux groupes de patients associée ou non à une perLe d' attache, c'est-à-dire à diagnostiquer la
traités pour une parodontite sévère et ayant respectivement une présence éventuelle d ' une parodontile ou d'une gingivite. Un bilan
maintenance stricte ou irrégu lière durant le déplacement ortho- rad iographique long cône est donc préférable à une radiographie
dontique. Leurs résultats indiquent que le traitement orlhodontiquc panoramique. La prise en charge parodomale devra pcrmetu·e la réso-
sur un parodonte sain ct réduit n' affecte pas de manière si gni fica- luti on de l'inflammation par la mise en place d'une hygi ène dentaire
tive le niveau d'attache (d ifférence de perle d'attache avant/après efficace el d' un uaitemcnt étiologique performant (Figure 75-4).
Figure 75-3 Patiente de 27 ans présentant une malocclusion de classe Il division 2. Le traitement orthodontique est indiqué sur le plan
parodontal car le risque d'aggravation de la supracclusie est élevé. Elle entraînera des pertes d'al1ache, vestibulaire au niveau des incisives man-
dibulaires et palatines au niveau des incisives maxillaires. (Document Bernard Schweitz.)
CHAPITRE 75 - ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 635
Figure 75-4 Patiente de 32 ans en demande de traitement orthodontique, atteinte de parodontite légère associée à une inflamma-
tion modérée généralisée, localement sévère. Le lrailement parodontal est le prérequis à la thérapeutique orthodontique. a) Vues cliniques
pré-opératoires. b) Examen radiographique pré-opératoire. c) Vues cliniques après traitements parodontal et orthodontique. Après traitement
non chirurgical du parodonte, un suivi régulier tous les 4 mois fi été assuré pendant le traitement orthodontique (risque parodontal faible).
Noter l'absence d'inflammation gingivale et de pertes d'attache en fin de traitement. (Document Bernard Schweitz.)
Le traite ment orthodontiq ue devant sc poursuivre e n l'absence d ifférée en fin de traiteme nt. Les mini- vis orthodontiques pe uvent
d'in ll ammatio n, il n'est pas souhaitable de conserver des poches être une solution alternative ou complé mentaire pour améliorer l' an-
parodontales qui offrent des conditio ns environnementales favo- crage orthodontique.
rables au développement d ' une fl ore pathogène, et do nc à l' inllam- Le recours à une mécanique orthodontique collée limite le déve-
mation. En présence de parodonlites modérées à sévères, des traite- loppe ment de l' inllammation g ingivale. Les bagues scellées seront
ments chirurgicaux pou1ro nt être indiqués en raison de la meilleure do nc à éviter. Cependant, quelle que soit celle mécan ique, la diffi-
réductio n des profondeurs de poches qui peut être obtenue com- culté de mainte nir un brossage effi cace impose un suivi parodontal
parativement aux traitements non chirurgicaux. Les lésions infra- strict. Par conséquent, la fréquence de ce dernier pendant le traite-
osseuses pourront bénéficier d ' un traitement chirurgical spécifique ment orthodontique devra être augmentée pour prévenir le risque
en régénération parodontale. Dans certains cas, des dents à pronos- d ' inflammation. De manière empi rique, en fonctio n de la sévérité de
tic réservé peuvent être sciemment conservées durant le traite ment la m alad ie, de la persistance de facte urs de risque ct de l'efficacité
orthodontique, af1n de conserver un maximum d ' ancrage et. évi ter le du brossage, un neuoyage pro fession ne l est généra lement effectué
l
port de prothèses tempora ires amovibles . Leur extraction est alors selo n une fréquence d'une séance to us les 2 à 3 mois, cc qu i con·cs-
636 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 75·5 Patient fumeur atteint de parodontite chronique sévère généralisée. a) Vue clinique avant traitement parodontal. b) Vue
clinique après traitement parodontal non chirurgical, arrêt du tabac et amélioration du contrôle de plaque. Le patient exprime alors une
demande orthodontique d'« alignement des dents "• notamment des incisives latérales. Celui-cl sera entrepris avec un suivi parodontal tous
les 2 à 3 mois (risque parodontal modéré à élevé). c) Résultat clinique 5 ans après la fin du traitement orthodontique. Le suivi parodontal
comprenant une élimination et un contrôle de plaque professionnel est au rythme de deux visites par an. Noter la stabilité des tissus mous
parodontaux. d) Bilan long cône initial, avant traitement parodontal. (Document Bernard Schweitz. Orthodontie : Dr Coralie Fauquet-Roure.)
CHAPITRE 75- ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 637
Figure 75·5 (Suite) Patient fumeur atteint de parodontite chronique sévère généralisée. e) Bilan long cône 5 ans après la fin du trai-
tement orthodontique. (Document Bernard Schweitz. Orthodontie : Dr Coralie Fauquet-Roure.)
pond au te mps nécessaire à l'organisation d'une t1ore potentie lle- matéri a liser le ni veau osseux, une encoche est fa ite s ur la racine
ment pathogène (Figure 75-5). Cette séance comprend la suppres- à la crête osseuse. Dans le groupe d'an imau x strictement sui vis
sion des dépôts durs et mous sur l'ensemble de la denture sollicitée s ur le plan de l' hygiène dentaire, après 4 mo is d' intrusion à l'aide
par la mécanique orthodontique. de forces légères ct constantes, l' encoche se s itue 1,3 mm sous
L'orthodontiste devra adapter l' intensité des forces orthodontiques le niveau osseux . Le lo ng de ces 1,3 mm, u n céme nt ce ll ulaire
au degré d 'alvéolyse. En présence d' un parodonte réduit, la s urface et un des moclonte se sont form és. Dans le groupe d 'an imaux qui
de desmodonte soll icitée est moindre et, à fo rce égale, la pression n'avaient pas de s ui vi parodonta l, aucun gain n 'était observé.
au niveau de l' interface de nt/os alvéolaire est plus forte que sur un Da ns les deux groupes, il existe des traces de résorptio n radicu-
parodonte intact, c'est-à-dire n'ayant jamais été atl'ecté par la mala- laire a picale.
die. Il est donc admis que des l'orees<< légères>> doivent être exercées Des rapports de cas ont été publ iés chez l' homme. La comparaison
sur les dents si l' alvéolyse est marquée. Cette notion reste cependant de radiographies avant et après intrus ion montre qu'u ne intrus ion
très empirique. vraie peut se produire, sans approfondi ssement elu défaut osseux
(Figure 75-6). Mais la nature de l'attache recréée reste inconnue.
Sur 30 cas d' ingression d' incisives, Melsen ct al. [1 8] constatent
.... QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES
une intrus ion vraie variant de 0 à 3,5 mm. Une résorption md iculaire
PARODONTALES DES DÉPLACEMENTS
apicale de 1 à 3 mm est systématiquement observée.
ORTHODONTIQUES ?
Figure 75·6 Ingression de 37 suite à son égresslon due à l'éruption partielle de 27 (ankylose). a, b) Vue clinique et radiographique
avant activation. Trois mini-vis (deux vestibulaires et une linguale) sollicitées par une mécanique segmentaire vont permettre l'ingression de cette
37. c, d) Vue clinique et radiographique après activation. Un collage occlusal sera réalisé sur 27 pour assurer le calage dans le plan d'occlusion.
Lorsqu ' une extrus ion de la dent sans accompagnement de son parodo ntale n' était donc obtenue [8]. Les re maniements osseux sous
parodome est recherchée, il est nécessaire de combine r une fibro- l'effet de la mécanique orthodontique ne sont possibles que grâce à
to mic supracrestale avec la force orthodontiquc. Cette fibrotomie la présence d ' un parodonte intac t. Il apparaît do nc logique de c he r-
sectio nne les fibres conjonc tives qui re lient la dent aux tissus paro- c her à régéné rer l' attache parodontalc avant de déplacer la de nt.
dontaux e nvironnants. Kos lovsky 1151 a décrit cette procédu re cl i- Une lésio n osseuse (alvéole d 'ex traction) comblée par un substi-
nique. La fibrotomie est faite to utes les 2 semaines. La dent, privée tut osseux dérivé d ' os bov in n'entrave pas le dé placeme nt dentaire
de sa liaison avec l'os alvéo laire c t les tissus e nvironnants, << sort » au contact du maté riau [2]. Celui-ci semble résorbé de façon com-
du parodonte. L'application d irecte de ce princ ipe est l'élongation parable à l'os nati f. Il n'en est pas de même avec l' hydroxyapatite
coronaire qui devient possible sans c hirurgie, en minimisant la per- dense avec laquelle le déplacement n'était plus possible faute de
turbation du rapport couronne/racine. résorption du matériau. De plus, des résorptions radiculaires é taient
constatées. A insi, la capacité de déplaceme nt de ntaire a u sein d'un
Sens mésiodista l s ite régéné ré semble être << ma té riau-dé pendante >>.
En présence d'une lés io n infra-osseuse ou d'une lésion inter-
Déplacement des dents avec lésions osseuses
radic ulaire, l'enjeu reste la régéné ration du céme nt e t du dcsmo-
Le déplacement de dents présentant une lésion infra-osseuse est dontc. La régéné ratio n parodo ntalc peut être o btenue à l' aide de
possible e n l'absence d ' inflammation. Certaines é tudes animales ont me mbranes non résorbables o u résorbablcs, e t par l'utilisation des
montré que le déplacement d ' une dent dont la surface radiculaire a protéines de la matrice amélaire. Quelques é tudes a nimales donne nt
été traitée par surfaçagc radiculai re e n directio n d' une lésion infra- des données histologiques après régénération parodontale suivie
osseuse permettait la fe rmeture c linique e t radiographique du défaut. d' un dé placement dentaire. Sur un modèle animal, Da Sil va ct al.
En revanc he, sur le plan hi sto logique, un long é pithélium de jonction ont créé des lésions inter-radiculaires expéri me ntales de c lasse Il 1.9J.
était re trouvé entre la paroi osseuse ct la dent. Aucune régénération De ux mois après traiteme nt par comblement avec un subs titut osseux
CHAPITRE 75- ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 639
dérivé bovin recouvert d'une membrane en polymère résorbable, les incisives mandibulaires de patients âgés de 18 à 33 ans, Yared ct a l.
molaires du groupe test ont été déplacées vers les anciens défauts. f30]ne trouve nt pas de corrélation entre degré d'inclinai son (+6° en
L'étude histologique montre que la régénération parodontalc obtenue moyenne) et récessions g ingivales. En revanche, un angle final entre
a permis les remaniements osseux, ct que le déplacement dentaire le plan basilaire et l' axe de la de nt s upérie ur à 95° est sig ni ficat.i-
n'a pas affecté la régénération parodontale obtenue. Dicdrich et al. vement assoc ié à l'apparition de récessions g ingivales. Une même
11 U1 o nt traité des défauts intra-osscux expérimentaux sur le ch ien. corré lation est constatée avec l' é paisseur initiale des tissus et la hau-
Un mois après la chirurgie, les dents ont subi une gression ortho- te ur de tissus kératini sés. Sur un déplacement vestibulaire moyen
dontique. Les résultats histologiques montrent qu ' une régénération de 3,4 mm, Allais et Melsen [1] ne trouvent pas non plus de diffé-
parodontale a été obtenue, avec un gain osseux de 75 % côté tension, rences s ig nificatives dans l' apparition de récessions sur des inc isives
et de 50 % côté pression. mandibulaires par rapport à des patients non traités. Le dép lacement
Chez l' homme, les données de la littérature sc limitent à des rap- apical des tissus marginaux était respectivement de 0,36 mm ct
ports de cas, incluant fréquemment 1 à 3 cas de régénération tis- de 0,22 mm, ce qui apparaît peu s ignificatif sur le plan clinique.
s ulaire guidée (membranes) ou de régénération tissulaire induite Ce pe ndant, l' éva luation finale a été menée un mo is après la fin du
(protéines de la matrice amélaire). Si leurs conclus ions montrent de traitement orù10dontique. Il est possible que des récessions ging i-
bons résulta ts exprimés en gain d'attache et en gain osseux stables vales so ient apparues secondairement au traitement orthodontique.
après orthodontie, il n'est pas possible de connaître l'effectivité de Le même groupe de patients est utili sé par Allais et Melsen e n 2005
la régénération parodontale ou la stabilité de cette régénération lors [19] pour montrer que les facte urs corrélés à l'extension de la réces-
du déplacement orthodontique. En effet, seule l' histologie permet de sion étaient la présence d ' une récession initiale, le biotype ging ival ,
prouver la réalité d'une régénération parodontale. la hauteur de tissus kératinisés et le degré d' intlammation durant le
traitement. Enfin, Sperry ct al. [25] montre nt qu'en inclinant li ngua-
Mouvements vers un secteur édenté le ment des incis ives mandibulaires chez des pnt ients en classe Ill
d ' angle (- 3,5° en moyenne), le nombre de récessions gingivales par
Dans le cadre du traitement orthodontiq ue de patients traités pour
patient était trois foi s plus important que dans leur groupe contrôle
une maladie parodontale, i1est fréquent de déplacer des dents vers des
composé de patients de classes 1 et Il qui ne nécessitaient donc pas
s ites édentés ayant une hauteur osseuse réduite. L'expérimentation
une telle linguoversion incisive ( 1,9 dent par patient vers us 0,6).
animale a montré que, sous l'effet de forces légères, le niveau osseux
Les données précédentes, brièvement présentées, sont issues
était maintenu à sa hauteur originale sur les côtés tension et pres-
d ' une sélection d 'études répondant à un minimum de critères de
s io n 116j. Des rapports de cas traités dans des conditions s imilaires
qualité sur près de 40 ans de publications. Le niveau de preuve de
ont confirmé ces rés ultats, une légère alvéolyse pouvant parfois être
l'effet de l'orthodontie sur l' apparition de récessions g ingivales est
obse rvée. La largeur de la crête est diminuée dans le site édenté pré-
cons idéré comme faible tant les protocoles sont variés, les patients
alablement occupé par la dent, et la crête anciennement édentée sc
inc lus divers et les outils d'évaluation des vari ables étudiées impré-
trouvait é largie par la présence de la dent déplacée.
c is. Cependant, une tendance se dégage autour de l'influence de l' in-
clinaison ou de la gression vestibulaire des incis ives et l' apparition
Sens vestibulolingual de récessions ging ivales, l' amplitude de ces dénudations étant faib le
Les récessions g ingivales sont assoc iées à un certain no mbre de ct cliniquement peu significative. La variance des résultats es t pro-
fac te urs anatomiques et comportementaux (voir volume 2). Le mou- bablement liée à de nombreux autres facteurs que la seule pos ition
vement orthodontique peut être incri miné dans l' apparition de réces- de la dent. Dans l' évaluation du risq ue de récessions, une tendance
sions g ingivales, notam me nt lorsqu' il déplace les dents en dehors à un risque majoré se dessine pour les biotypes gingivaux fins et la
des tables osseuses vestibulaires o u linguales. La littérature apporte fai b le hauteur de tiss us kératinisés.
quelques éléments sur la corrélation entre orthodontie et récessio ns
g ingivales, mais e lle reste 1t faible niveau de preuve. Le clinicie n doit Attitude clinique
pourtant répondre aux craintes des orthodontistes de voir survenir
En s 'appuyant sur les données présentées précédemment, de
des dénudations radiculaires au cours de leurs traitements.
nombreux aute urs considèrent que les déplaccmenL~ dentaires en
direction vestibulaire réalisés sur des patients au parodonte fin sont
Données de la littérature des situations à risque. Afin de minimiser le risque d'apparition de
Des études sur le chien et le singe o nt été menées dans les années récess ions gingivales, il a été proposé d'épaissir les tissus parodon-
1970 ct 1980. Les protocoles sont trop disparates et les échantillo ns taux par des greffes de üssu conjonctif en foui, ou des gre ffes épi-
trop restreints pour en tirer des conclusions probantes. En présence thélioconjonctives, avant traitement. Il n'existe qu'une seu]e étude
d'un déplacement en d irection vestibulaire d ' une amplitude d'envi- animale sur l' efficacité d'un épaiss issement g ing ival dans la préven-
ron 3 mm, une étude montre qu'aucune récession n'apparaît [29], tion des récessio ns gingivales durant le déplacement orthodontique
alors qu'une autre constate l' apparition de récessions moyennes en direction vestibulaire. Sur un modèle animal ( 4 c hiens), Holmes
de 1 mm respectivement [26]. Pour un déplacement de 6 mm, et al. f Ill réalisent des greffes de tissu conjoncti f enfoui sur deux
Batenhorst et al. f4] voient apparaître des récessions de 2 mm. incisives supérie ures, les deux incisives contro laté rales servant de
Chez 1' homme, Joss-Vassalli ct al. 113] o nt relevé 1 1 études res- contrôle sans greffe. Les 4 dents sont vestibul oversées selon une
pectant les critères d' inclusion de leur revue systématique de la amplitude non rapportée. La différence de migration apicale des tis-
littérature. Ces études sont très hétérogènes. Elles incluent adul tes sus marginaux entre dents tests et dents contrôles es t de 0,3 mm en
ct adolescents, inclinaison vestibulaire sans traitement, diftë rents moyenne. Les auteurs précisent que cette différence n' est pas sta-
degrés d'inclinaiso n vestibulaire et n' ont, pour certaines, pas de tistiquement signifkative. La s ignificativi té clinique apparaît faibl e.
groupe contrôle. Dix études concernent des incis ives mandibulaires, Aucune donnée ne permet d'établir une limite imposant un épais-
une seule des incis ives maxillaires. En ne relevant que les études s issement tissulaire . De plus, le c linicien ne dispose pas d'outil s
menées c hez l'adulte, quatre publicatio ns sont retenues. Sur des diagnostiques pour déterminer avec précision l'épaisseur g ingivale.
640 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 75 7 Patiente sans poches parodontales mais présentant des récessions gingivales vestibulaires multiples et en demande
de traitement orthodontique en raison de l'encombrement antérieur. a) Téléradiographie de profil avant traitement. b) Vue extrabuccale
pré-opératoire permettant d'apprécier la ligne moyenne à basse du sourire où la gencive n'apparaît pas. c) Vues cliniques intrabuccales. Noter
l'importance des récessions laissant imaginer la nécessité de chirurgies plastiques préventives. d) Mécaniques orthodontiques en place
(système lingual) avant activation. Après un détartrage supra- et sous-gingival méticuleux, un stripping des dents antérieures mandibulaires
a précédé la mise en place de la mécanique orthodontique. Aucun traitement mucogingival n'a été réalisé. (Document Bernard Schweitz.)
CHAPITRE 75- ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 641
De même, aucune amplitude de déplace ment orthodontique limite, Intérêt des mini-vis orthodontiques
au-delà de laquelle une greffe gingiva le serait recommandée, ne
pe ut ê tre donnée. Il est d ' aille urs complexe de déterminer a priori Pour déplacer des de nts ou des groupes de de nts, il est nécessaire
l'amplitude du mouvement qui sera effectuée lors du traitement de prendre appui sur un « ancrage >>. Dans les traitements ortho-
orthodontiquc. dontiqucs c lassiques, cet anc rage est pris sur les de nts, par le biais
Face à la faiblesse de la liuérature, il apparaît donc diffici le de des nttachements collés. Il existe cependant un ri sque de mouvement
trancher sur la nécessité d ' épaissir ou non la genc ive avant traite- parasite lié à la mobi lisation de cet ancrage. Dans les cas oü l' ancrage
ment orthodontiquc. Au quotidie n, c haque clinicien porte un juge- est absent. ou lorsque le risque de perte d'ancrage a pparaît trop éle vé
ment propre sur le niveau de risque de récession g ingivale avant (parodonte réduit par exemple), le recou rs à des moyens d 'anc rage
orthodontie e n fonction de c ritè res subjecti fs comme l'évaluation squelettique pe ut s 'avérer j udicieux, voire indispensable. Ces arti-
de l'épaisseur des tissus, le type e t l'amplitude probable du dé pla- fices permette nt, e n outre, le dé placeme nt de segments de ntaires
cement dentaire. Son expérience est nourrie de sa propre capacité e ntiers, ce qui est plus compliqué avec un anc rage purement dentaire.
de gérer les ti ssus mous e t celle de l'orthodollliste avec leque l il Parmi tous les modes d' ancrage sque le ttique (i mplants de ntaires,
collabore. Il faut garder à l'esprit que le risque de récession est lié implants provisoires, mini-plaques), les mini- vis sont le moyen
a u déplacement de la racine en dehors des enveloppes osseuses, d 'anc rage te mpo raire le plus couramme nt util isé a ujourd' hui. Il a
et que le traite ment orthodontique a des objectifs fixés au niveau é té démocratisé en orthodo ntie depuis une quinzaine d ' années. La
des couronnes dentaires, sans réellement prendre en cons idération mise e n œuvre de ces impla nts min iatures se fait selon un protocole
la position des racines par rapport aux a lvéoles osseux. Le dépla- c hirurg ical simple et rapide, ce qui a largement conu-ibué à le ur suc-
ce me nt de la dent e n direction vestibulaire est souvent considéré cès. Actuelle me nt, de nombreux systè mes existe nt, leurs caracté ri s-
comme un mouvement à haut ri sque. Mais une vestibuloversion tiques communes éta nt :
limitée peut ne provoquer que des récess ions ging ivales minimes un diamèU"e restreint ( 1 à 2 mm) ;
qui ne sont pas préjudiciables à l'esthétique fina le et ne sont pas - une longueur variable (6 li 12 mm) ;
considé rées com me des s ites à risque d'aggravation dans le temps - une compos ition géné ralement e n titane commerciale me nt pur
(Fig ure 75-7) . En revanche, gression vestibulaire et torque mdicu- us iné;
lovestibu lairc sont de bons exemples de mouvements risquant de - une tète permettant l'accroche d'une mécanique orthodontique.
faire << sortir >> la racine des tables osseuses vestibulaires, créant Ces mini-vis pe uvent ê tre sollicitées immédiate ment après leur
ainsi un site à ri sque de récessions gingivales. Dans le secte ur anté- pose par le biais d'une mécanique directe ou être reliées il une dent
rieur mandibulaire, le risque est de constater l' apparition de défauts sur laquelle les forces seront appliquées. Elles sont placées dans la
tissulaires profonds de classe Il ne pe rmettant plus l' élimination plupart des cas en vestibulaire, parfois e n pa latin, selon une angu-
de la plaque e t induisant par là même une inflammation tissulaire lation variable e n fonction de la quantité d'os disponible à l'endroit
chronique (Fig ure 75-8). choisi (souvent autour de 45° par rapport à la s urface osseuse, davan-
En présence de situatio ns jugées « à risque >> (biotype parodon- tage pe rpendiculaires dans les secte urs antérieurs). Les sites de pré-
tal fin, déplacement en direction vestibulaire de la racine, amplitude dilection sont fréque mment interde ntaires. L' imagerie pré-opératoire
de mouvement forte ), un épaississement gingival pe ut être réalisé se li m ite le plus souvent à la radiographie panoramique complétée par
par le biais d'une greffe de tissu conjonctif e nfou i avant traite ment des clichés ré tro-alvéolaires. Dans certains cas de proximités radi-
orthoclontique, même si cette procédure ne garantit pas l'absence c ulaires, l'imagerie tridimensionne lle peut permettre de préciser les
d'apparition de récessions g ingivales. L'alte rnative cons iste it pré- volumes osseux disponibles. La longueur e t le diamètre sont cho isis
ve nir le patient e t l'orthodonti ste de ce risque, et à suivre ces s ites e n fonction de la localisation du site, de l'épaisseur de la muqueuse
au cours elu traitement. Lors d'un traitement orthodontique global ct de la dens ité osseuse. Selon une méta-analyse récente, leur taux de
sur un parodonte tin, il est illusoire de traiter de façon préventive succès est de 86,5 % [2 1]. Les échees sont fréquents, constatés en lin-
par é paississe me nt gingival tous les sites pote ntielleme nt à risque. gual à la mandibule, et plus élevés dans les sites posté rieurs au maxil-
La récession, si e lle se produit, doit ê tre considérée comme une laire. La présence de tables osseuses épaisses est un facteur de succès.
complication, et doit être traitée comme telle. Si les racines sont Les possibilités thérapeutiques sont nombre uses et leur utilisation
forteme nt sorties des bases osseuses, il est probable qu'une greffe de rend possibles certains mouvements compliqués voi re impossibles à
tissu conjonctif enfoui au préalable ne change que très peu le risque réaliser en leur absence. Les mini-v is permettent également de si m-
d'apparitio n de récessions g ing ivales a u cours du traite ment, o u dans plit·ier certaines mécaniques.
les années suivant celui-ci. Mais il est possible qu' une telle greffe Associées à un dis pos iti f orthoclontiquc minime, les mini-vis per-
puisse limite r la profonde ur de l'atteinte. mettent:
S ' il est possible, le stripping peut parfois adapte r le traite ment - l'ingression d 'une ou de plusie urs de nts (voir Figure 75-6);
o rthodontique à une situation à risque. Sur des encombre ments - le redressement des molaires mésioversées pour pe rme ttre clans
modérés, ce strippillg pe ut avoir le double avantage de limite r l'ap- certains cas d'extrac tions anciennes la réouverture de l'espace pour
parition de «trous noirs >> entre les dents antérie ures en fin de trai- la mise en place d'un implant.
tement (notamment sur les parodontes affaibli s e t lorsque les dents Associées à un a ppareillage plus comple t, e lles pe uvent aider:
sont de forme triangulaire) e t de limiter l' amplitude du déplace me nt - à la ferme ture des espaces par mésialisation des molaires,
dentaire à réaliser pour obtenir l' harmonisation des a rcades. La notamme nt à la mandibule oü cc mouveme nt est très diffici le il obte-
réduction a mélaire intcrproximalc à l' aide de d isques e t de strips nir sans l' utilisation d 'élastiques inte rmax illaires qui nécessitent une
suivie d ' un polissage provoque une réduction minime des espaces forte coopération du patie nt (Figure 75-9) ;
inte rde ntaires qui est sans conséquences sur le plan du risque - à la fermeture des espaces par clistali sation dans le cas d 'es-
carieux et paroclontal [31]. On peut imaginer q u' à l'avenir, un set-up paces molaires ;
virtuel réalisé à partir d' une imagerie tridimens ionnelle permettra de - au recu l de l' arcade maxillaire e n masse quand l'anc rage elen-
fixe r des objectifs de traitement qui intégreront la position fina le des taire fait défaut ;
racines dans les bases osseuses. - à la mise e n œ uvre d' une mécaniqueasymétrique (Figure 75-10).
642 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 75· 8 Patiente présentant un encombrement incisivocanin maxillaire et mandibulaire. a) On remarque une béance antérieure,
la finesse des tissus et la récession gingivale initiale sur 31. b) Les objectifs de traitement intègrent un torque radiculovestibulaire et une
position finale très " verticale " des incisives mandibulaires. c) En fin de traitement, on remarque l'amplitude du mouvement des incisives
centrales par la modification de la forme d'arcade visible en lingual. d) Le parodonte de 41 et 31 en particulier n'a pas résisté au déplacement
des racines en direction vestibulaire. Noter l'importante inflammation au collet de 31. Un épaississement tissulaire préalable aurait peut-être
limité ce phénomène. La perte totale de tissu kératinisé et l'état inflammatoire chronique local, malgré le détartrage (le brossage de cette zone
n'est plus possible) , imposent une modification de l'environnement tissulaire de 31. e) Vue clinique après chirurgie plastique parodontale au
niveau de 31 et 41. Une greffe gingivale a été réalisée, rétablissant la santé parodontale. La patiente n'a pas souhaité compléter la greffe par
un déplacement coronaire visant à couvrir les récessions résiduelles en raison de l'absence de visibilité de la gencive mandibulaire lors de la
mimique. f) Ligne du sourire après traitement. (Document Bernard Schweitz.)
CHAPITRE 75- ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 643
Figure 75·9 Cas d 'avancées molaires à l'aide de mini-vis solidarisées aux prémolaires. a) Avant mésialisation molaire. b) Pendant la
mésialisation. c) Après mésialisation.
La complication pe ropératoire principale est le contac t e ntre la du ise à la surface de la racine, ce qui dénude les tissus minéralisés et
vis et une rac ine. Les conséquences som théoriquement minimes car induit une réaction inflammatoire. Ensuite, la colonisation de la zone
le desmodon te a la possibilité de c icatriser. Si cela se produit, le par des odontoclastes initie la résorption. Une réparation spontanée
risque d 'échec par mobilisation rapide de la vis est élevé. Pour évi- peut avoir lie u par apposition de céme nt secondaire. Mais si l'agression
ter cette complication, l' utilisation d'un tournevis manuel do it être pe rsiste, l'inflammation persiste et la résorption s'accentue jusqu'à
priv ilégiée par rapport au vissage à l'aide d'un contre-angle, car la atteindre la dentine e t devenir radiovisible. En orthodontie, le trauma-
perception tactile d ' une résista nce a u vissage est plus a isée avec un tisme est généralement lié à des forces de traction trop importantes. La
tournevis manue l. Au cours du placement des mini-vis, il faut avoir résorption s' é te nd j usqu' à la dim inution des forces exercées sur la dent.
à l'esprit que la vis doit avoir un axe permettant à l' orthodontiste Ces résorptions se produisent très fréquemment, mais passent
de placer des élastiques de traction dont la directio n devra être la inaperçues car la pl upart sont minimes et cliniquement non signifi -
plus perpendiculaire possible à l' axe de la vis. S i l'axe de la vis est cat ives. Les résorptions radiculaires apicales exte rnes (RRAE) sont
ang ulé, l'élastique pe ut ne pas te nir en place sur la tête de vis. assez caracté ristiques des résorptions radic ulaires constatées lors
En cours de traitement, la mobilisation de la vis pe ut sc produire, de traitements orthodontiques. Elles sont plus fréquemment locali-
principalemem e n raison d ' une inadéquation e ntre la force exercée sur sées aux inc is ives maxi llaires et reste nt géné ralement inférieures à
la vis et la surface de contact os/titane. Il est alors nécessaire de dépo- 2,5 m m. De 6 à 13 % des dents déplacées lors de traitements o rtho-
ser l' implant ct d'en replacer un nouveau après 6 semaines de cicatri- dontiques sonl touc hées par ce phé nomè ne. Les fo rmes sévères
sation au minimum. Un s ite de forage alternatif peut a ussi être utilisé. (> 4 mm) ne se produiraient que sur 1 à 5 % des dents. Différents
fac te urs ont é té associés à leur surven ue f27] (Tableau 75-!).
Les RRAE n'apparaissent pas affecte r la fonctionnalité e t la lon-
gévi té des dents. Les évaluations à long te rme des dents ayant mani-
Complications· les résorptions festé des RRAE durant un traiteme nt orthodontique ne rapportent
radiculaires pas d ' augmentation de la perte de ntaire. De plus, les mobi lités sont
rare me nt marquées.
.... DONNÉES DE LA LITTÉRATURE
.... ATTITUDE CLINIQUE
Les résorptions radiculaires sont des zones m icroscopiques dans
lesquelles les tissus durs de la de nt se déminéralisent à la surface de Mê me si sa précision a re mis e n questio n sa pertinence, la radio-
la racine. Pour qu'elles apparaissent, il faut qu'un traumatisme se pro- gra phie rétro-alvéolaire est un moyen simple pour détecte r préco-
Figure 75· 11 Cas de résorptions radiculaires externes apicales après traitement or thodontique. a) Radiographies avant traitement.
b) Radiographies après traitement. Noter la forme arrondie des apex, très caractéristique de l'étiologie associée au déplacement dentaire.
Tableau 75·1 Facteurs associés aux résorptions radiculaires api- durant 2 à 3 mois en plaçant des arcs passifs. Une réévaluation des
cales externes (RAAE) (d'après Weltman B. ln : Huang GJ, et al. o bjectifs ct du plan de traitement doit être envisagée pour minimi-
Evidence-based orthodonties. Wiley-Biackwell ; 2011 ). ser autant que faire se peut les déplacements dentaires (stripping ,
compléments possibles en dentisterie restauratr ice ou prothèse,
Facteurs - Antécédents de résorption radiculaire
probables avant traitement contention des dents affectées) (Fig ure 75- 11 ). La contention de fin
- Antécédent de traumatisme ayant provoqué de traitement doit être faite avec une grande précaution sur le plan de
une résorption radiculaire sa passivité, car une allelle de contention non passive peut faire per-
- Génétique: présence de l'allèle 1 du gène /L- 18 sévérer le phénomène de résorption jusqu'à des formes très sévères.
Facteurs - Prise de bisphosphonates
potentiels - Déficience hormonale Implications cliniques
- Asthme
- Proximité des racines avec les tables osseuses • Au cours du traitement orthodontique de l'adulte. la fré-
- Alcoolisme chronique quence du suivi parodontal doit être augmentée.
- Sévérité de la malocclusion • Une greffe de tissu conjonctif enfoui pré-orthodontique
Facteurs - Faible densité osseuse peut réduire le risque de récessions gingivales. mais ne
évoqués non garantit pas l'absence de leur survenue.
- Morphologie radiculaire particulière
démontrés • Les réductions amélaires proximales (stripping) per-
- Traumatisme ancien n'ayant pas provoqué
de résorption radiculaire mettent de limiter le risque de récessions gingivales.
- Âge plus avancé • Avant le placement de mini-vis, une analyse pré-
- Sexe masculin opératoire rigoureuse de radiographies convention-
nelles est suffisante dans la plupart des cas.
• En cas de survenue de résorptions radiculaires apicales
cement des RRAE. Il semble donc nécessai re de faire des radio- externes (RAAE). des compromis sur les objectifs doivent
graphies rétro-alvéolaires au cours du traitement orlhodontique de être adoptés pour stopper sans tarder le traitement
orthodontique.
l'adulte. La radiographie panoramique peut également permettre
leur mise en évidence, pour peu que sa qualité permette de visualiser
précisément les incis ives. Dans les deux cas, il est nécessaire d ' avoir
à disposition une ou des radiographies initia les qui serviront de réfé- POUR EN SAVOIR PLUS
rence, même s'i l ne semble pas que des morphologies radiculaires Canal P, Salvadori A. Orthodonlie de l'adulte. Paris : Elsevier
particulières soient un risque d'apparition de RRA E. Au cours elu Masson ; 2001!.
traitement, il est recommandé de procéder à des contrôles radiogra- Huang GJ, Richmond S, Vig KWL. Evidence-based orthodonties.
Wiley-Blackwell; 2011.
phiques tous les 6 à 12 mois, notamment sur les inc is ives et can ines.
Melsen B. Adult orthodonties. Wi ley-B iackwcll ; 2012.
Si des RRA E sont détectées, il convient de stopper le traitement actif
CHAPITRE 75- ORTHODONTIE ET PARODONTOLOGIE 645
Prothèse et parodontologie
Jean-Pierre A/bouy
PROTHÈSE FIXE DENTO-PORTÉE une esthétique en accord avec la demande du patient et immobiliser
les dents supports dans une s ituation permettant la ré partition hanno-
SUR PARODONTE RÉDUIT nieuse des charges occlusales. La position des limites prothétiques
sera anticipée car elle influe sur le degré de préparatio n des dents et
la facili té de la mai nte nance. Migrations e t diastèmes secondaires
Points clés constituent des complicatio ns esthétiques fréque ntes qui imposeront
une analyse appro fondie clans le choix pertinent de la pos ition des
• La réalisation d'une prothèse dento-portée ne peut dents prothétiques. En résumé, la prothèse fixe sur parodonte réduit
s'envisager que sur un parodonte sain.
présente des critères de complexité qu' il convient de parfaitement
• Le traitement prothétique ne peut en aucun cas être analyser avant de l'entrepre ndre.
considéré comme une thérapeutique visant à traiter Le trai teme nt prothétique ne peut en aucun cas être cons idéré
une pathologie parodontale. comme une thérapeutique parodontale. Plus encore, il semble essen-
• Le traitement prothétique ne peut être initié qu'en par- tiel d'accepter q ue les solutions prothétiques ne seront mises en
faite connaissance du pronostic individuel de chaque œ uvre qu' une fois le pronostic paroclontal de chaque dent établi et
dent après traitement porodontal. le patient sensibilisé à la nécessité de la fréquence elu suivi à lo ng
• La réduction du niveau d'attache augmente la com- terme. Ainsi, aucun traitement prothétique ne p eut s'affranchir d ' un
plexité de la réalisation prothétique. examen paroclontal préalable et, qui plus est, d' un traitement paro-
• L'approche biomécanique des prothèses dento-portées dontal p réalable chez des patients malades diagnostiqués.
sur parodonte réduit p résente des particularités en Le dict ionnaire Le Robert défi nit le mot << prothèse » com me
termes (1) de prévention des maladies parodontales. (2) su it :<< remplacement d 'organes, de membres (en tout ou en partie)
d'esthétiques, et (3) de répartition des charges occlu- par des appareil s artific ie ls >>. Cette si mple définition est centrale
sales. car elle met e n re lation 1' << organisme » et des appareils << artifi-
c iels » . Ai ns i, une prothèse dentaire n'est autre qu ' un << appareil
artific iel » à intégrer clans un « organisme ». L'é léme nt << artifi-
ciel » devra donc remplir sa propre fonction et respecter au mieux
Les patients ayant été atleints de parodontites présentent des carac-
l' << organis me» qui le reçoit. Cette no tion cie respect tissulaire peut
téristiques post-thérapeutiques qui impactent la conception des réha-
ne pas apparaître scientifique, mais e lle tient compte de la d iffici le
bilitations prothétiques, lorsqu'elles s'avèrent nécessaires. Les pertes
cohabitatio n d ' un ma lade à risque paroclontal, d'un biofi lm poten-
tissulaires devront être compensées tout en optimisant l'accès à l' hy-
tie llement pathogène et de l'élément << artific iel >> (la prothèse)
giène orale ct 1'esthétique. Cela constitue souvent la dirticulté rmticure
qui doi t s' intégrer sans perturber l' homéostasie particu li èrement
de ce type de réalisation. Ce chapitre aborde donc ces particularités ct
frag ile chez des patie nts à risque paroclo ntal'. Ce sont les connais-
les conséquences d' un parodonte réduit sur la conception des restau-
sances fo ndamentales et c liniques des patho logies paroclo ntales
rations.
Ces prothèses s'i nscriront souvent dans un environnement a na-
1. Les patients ayanr déjà eu une parodornite sont considérés comme des
tom ique parfois profondément mod ifié par de faibles niveaux d'at- sujets à risque de récidive et do ivenl faire l'objet d'une approche spécifique,
tache. Elles devront permettre un contrôle de plaque optimal, assurer en paniculicr en termes de suivi.
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 647
qui aident à traduire« respect de l ' organ isme» en termes d ' i mpé- assuré, en fonction des systèmes de santé et du risque de récidive,
rati fs prothétiques. par l ' hygiéniste, le chi rurgien-dentiste généraliste ou le parodontiste
spécialisé. L a prothèse doit permettre un accès direct à la jonction
entre gencive marginale ct racine dentaire, aux limites protl1étiqucs
elles-mêmes et aux surfaces prothétiques en cas de limites i ntrasul-
Objectifs parodontaux culaires. L'accès au contrôle de plaque à l 'aide d' une brosse à dents
et/ou des brossettcs interdentaires sera vérifié avec le patient autour
Les solutions prothétiques devront bien entendu remplir leurs fonc-
de chaque élément de la restauration. Cette vérification s'effectue au
tions traditionnelles dans un contexte anatomique altéré par les pertes
moment de la pose des prothèses ou, en cas de céramiques, lors des
d'attaches parodontales. D 'excellents ouvrages traitent des fonclions
essayages avant l a dernière cuisson, c'est-à-dire au stade de biscuit.
prothétiques en général, qui ne seront donc pas abordées ici. L'objet
de cc chapitre est de sc limiter aux fonctions prothétiques particu-
Parodonte réduit
lières engendrées par des dents supports à parodonte réduit. Outre ces
obj ecti fs fonctionnels et eslhéliques communs it toutes les restaura- La réduction des niveaux d'attache est une constante plus ou
tions fixées, la prothèse dento-portée sur parodonte réduit devra spé- moins marquée chez les patient s ayant souffert de parodontite et
cifiquement respecter l'environnement parodontal, compenser csthé- constitue l'une des difficultés les plus critiques de la gestion protllé-
Liquement les pertes ti ssulaires, répartir harmonieusement la charge tique. En effet, les ex igences fonc tionnelles ct esthétiques en cas de
occlusalc sur les dents supports et contenir parfois ces dernières, bien parodonte réduit ne devront en aucun cas limiter l 'accès au contrôl e
que la preuve scientifique de l ' amélioration du pronostic d'une dent de plaque. Il est ainsi possible d ' identifier trois régions prothétiques
par la contenlion seule reste à faire (voir chapitre 72). qui présentent des caractéristiques distinctes en termes de recons-
truction (Figure 76- 1) :
- une région d' interface parodonte - prothèses qui est la zone l a
.... RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT TISSULAIRE plus proche des Lissus parodontaux ct devra permettre un accès à
l ' hygiène orale;
L es parodontitcs entraînent des pertes d' attache et une altération - une région esthétique ct fonctionnelle qui reproduit les élé-
significative des structures anatomiques péridentaires. L e traitement ments anatomiques intangibles et doit imiter la nature ;
parodontal a pour objecti f d'arrêter la perte d'attache ct éventuel- - une région de transition qui fait le lien entre les deux régions
lement d'opt imi ser le gain d' attache, tandis que le suivi parodontal précédentes ct prend toute son import.ance dans les cas de pertes
a pour but d'év iter les récidives et clone de maintenir à long terme d' attaches extrêmes, en particulier les cas de prothèses implanto-
le ni veau d' attache au niveau post-traitement. ln fine, l' objet est le portées abordée dans la deuxième partie de cc chapitre.
mai ntien sur les arcades des dents conservées après le traitement
parodontal. Compte tenu de l 'importance d' un bon contrôle de
plaque individuel lors du suivi parodontal, un des premiers objectifs .... CONTENTION
prothét iques sera d'autori ser un accès à 360° de la jonction tissus
L es paroclontites sont susceptibles d'entraîner des conséquences
mous - tissus durs autour de chaque dent.
fonctionnelles i nconstantes telles qu ' une diminution du nombre de
dents, un niveau d' attache des dents résiduelles parfois très rédui t
Contrôle de plaque
et une augmentation de la mobilité des dents. H istoriquement, la
L e patient atteint d' une maladie parodontale est suivi de façon loi cl' A nte [5] proposait, en prothèse fixe, d'avoir autant de surface
très régul ière pour maintenir un niveau de contamination bacté- d' attache parodontalc sur les dents résiduelles que sur les dents à
rienne mi nimal sur les racines résiduelles et diminuer ai nsi le risque remplacer. Tyl man a également proposé que la « longueur » de l ' at-
d' une réponse infl ammatoire non maîtrisée chez un sujet à risque tache parodontalc des dents pi liers soit au moins égale à la moitié ou
(voir partie 14). L es prothèses ne doivent clone pas interférer avec le aux deux Liers de la longueur de l 'attache normale [29]. Ces règles,
contrôle de plaque individuel quotidien ni avec le suivi professionnel logiques mai s empiriques, imposent la quantité d'attache résiduelle
Figure 76-1 Prothèse fixe dente-portée sur parodonte réduit. a) Malade atteint de parodontite chronique avant traitement. Noter la réduction
des niveaux d'attache qui se traduit visuellement par la présence de récessions gingivales. b) Le même patient après traitement parodontal et
prothétique. Les trois régions prothétiques identifiables lors de ce type de reconstruction sont mises en évidence. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
648 PA RTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 76·2 Remplacement d 'une dent unitaire (22) absente par une prothèse fixée dento·portée c ollée de faible étendue. a) Cette solu-
tion prothétique s'impose par la nécessité de réduire les mobilités des dents adjacentes à l'édentement. De plus, comparée à une solution implan-
taire, elle présente l'avantage d'une plus grande prévisibilité esthétique et d'une bonne intégration esthétique de l'élément unitaire. b) !..:analyse
esthétique a préalablement identifié la visibilité du collet de 22 lors du mouvement des lèvres. (Documents Jean-Pierre Al bouy.)
Figure 76-3 Remplacement de 9 dents absentes sur parodonte très réduit s uite à une parodontite non traitée. a) La restauration fixée
repose sur 4 piliers. Cette solution permet de reculer le plus possible le passage à une solution prothétique implanta-portée ou à une prothèse
amovible complète. b) On notera la présence de céramique rose simulant la gencive et compensant l'aspec t inesthétique du niveau d'attache
réduit. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
com me facteur principal clans la prise de décision. Cela pourrait met de distribuer les contrai ntes exercées sur la prothèse à l 'ensemble
inci ter à appliquer des seuils ct à proposer, par exemple, d ' ex traire des rac ines résiduelles el de partici per à la réduction des micromou-
toute dent présentant un niveau d ' attache réduit de 30 à 50 %. À la vcments des racines dentaires au parodonte le plus rédui t. Celle dis-
lumière de la l ittérature, le niveau d 'attache peut être parfai tement sipation des contraintes a pour effet, sur les denL~ les plus mobi les,
mai ntenu après tr ai tement parodontal chez un patient coopérant et d ' améliorer le confort des palients en réduisant/éli minant les mobi l ités
en présence d ' un sui vi régulier. A insi , si l a perte d ' attache à tr aver s perçues com me excessives. En résumé, la contention << détinitive »,
le temps aboutit in fin e à la perte des dents, le ni veau d ' attache à un par opposition à la contention transi toire dont la fonction est autre, a
moment donné n' est pas un facteur prédicti f de la mortal ité dentaire. un rôle de répartition des contrai ntes ct/ou de suppression des mobi l i-
Il a été clai rement montré, c hez des patients obser vant un suivi tés. Elle s'avère donc strictement i nutile dans une grande maj orité des
réguli er, une stabilité à long terme de restaurations prothéti ques cas\ ct s' adresse le plus souvent à des cas ex trêmes de réduction des
reposant sur un nom bre l i m ité de dents à parodonte tr ès réduit 122, niveaux d ' attache et/ou de mobi lité. C'est de ces cas extrêmes qu' il
25, 26, 27, 30]. Cette démonstration est d' autant plus vraie pour des s'agit ici. Cette contenlion peut être assurée par des solutions prothé-
attcimes parodontales faibles ou modérées qui présentent une excel- tiques et non prothétiques très variées (voir chapitre 72). Les solutions
lente stabilité à long terme [ 8, 9]. Un suivi longitudi nal de 17 ans prothétiques peuvent elles-mêmes différer profondément en termes de
dans une popul ation de 429 patients dont 50 % ont un indice de conception, selon le nombre de dents à remplacer ct l' importance de la
p laque i nfërieur à 20 % monu·e une progression de la perte d'at.taehe perte d 'attache (Figures 76-2 et 76-3).
de l 'ordre de 0,1 m m par an2 1181. Dans certai ns cas, l'uti l isati on d ' ex tensions di stales est u ne alter-
C'est dans le contexte de niveau d' attache très réduit (> 30-50 %), native pour des restaurations fi xes avec 4 à 6 dent-piliers résiduelles
fréquemment associé à un nombre limité de dents (< 8 dents par
arcade) et de mobilité souvent augmentée, que la prothèse fi xe rempl it 3. Pendant longtemps, la technique du << bridge complet >> a fait office de
le mieux sa fonction biomécanique et peut contribuer au maintien des traitement des parodontites, qu'elles soient modérées ou sévères. Ces bridges
dents sur l ' arcade. L a rigidité apportée par l 'am1ature prothétique per- n'avaient pas pour objet essentiel de remplacer les dents absentes, mais de
lier les dents les unes aux autres pour les consol ider. L' idée était que la
contention permettait de maintenir les dents plus longtemps sur l 'arcade. À
2. Soit 130 ans pour venir il bout de la longueur moyenne d'une première la lumière des connaissances actuelles, celle approche n'a biologiquement
molaire maxillaire ! aucun sens et conduit à la perte de la totalité des dents en une étape un ique.
r-
1! - - - -
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 649
1
bien réparties dans Je secteur antérieur [20_1. Cela peu t s' inscrire dans ..... ESTHÉTIQUE
l'approche de l'arcade cou rte com prenant 8 à JO couples antago-
nistes seulement 11 9 1. Celte solution de compromis doit être analy- Des espaces interdentaires très ouverts associés à des triangles noirs
sée au moment du diagnostic, principalement en termes esthétiques, disgracieux (Figure 76-5), des dents << longues >> (Figure 76-6) et des
avant d'être proposée au patient (Figure 76-4). Elle a l 'avantage migrations dentaires secondaires (Figure 76-7) sont les comp lications
de maintenir le plus longtemps possible un nombre purfo is réduit estl téti que~ ks plus fréquentes de l a pmuduulite traitée. Ces compli-
de dents sur les arcades et de reculer les échéances prothétiques cations sont di rectement liées à la réduction du niveau d'attache liée
implantai res ou amovibles. L'arcade courte répond à des exigenœs à la maladie ct aux récessions parodontal es qui accompagnent fré-
esthétiques et fonctionnelles minimales. Elle évite dans des sites quemment la cicatrisation du système d'attache (Figure 76-8).
postérieurs l'intégration prothétique de pi liers multiradiculés aux L'analyse esthétique doi t prendre en compte ces éléments de
pronostics plus aléatoi res et l ' uti lisation d'impl ants ostéo-intégrés. diagnostic pour permettre d' alllici per la correction prothétique.
Elle simplifie également J'adaptation des armatures prothétiques et L'indication esthétique est princi palement fondée sur le bien-être el
la maintenance parodoma le. Cette solution doit être envisagée chez la demande des patients, car elle n'est pas, en elle-même, thérapeu-
un patient informé des limites fonctionnelles et esthéliques du trai- tique. Elle ne doit donc pas être contraire aux grands pri ncipes fonc-
tement, observant et présentanlun indice de plaque:::; 20 à 25 %. De tionnels de mai ntien des dents sur l'arcade. M ême si, stratégique-
préférence, les dents-piliers distales seront généralement peu déla- ment, des dents parodon talement conservables sont extraites pour
brées, à pulpe v itale et sans ancrages radiculaires si possible. On des raisons prothétiques, on vei llera le plus possible à la conser va-
vérifiera que le souri re naturel n'expose pas les premières molai res, tion des dems.
sauf si ces dernières peuvent être remplacées (cantilever esthétique
di stal si les deuxièmes prémolaires sont en mesure d 'en assurer la
charge).
Le plus souvent, les situations cliniques rencontrées ne sont pas Position des limites prothétiques
aussi extrêmes, ct le niveau d' attache, le nombre de dents el leur
répartition sur l' arcade autorisent une réhabilitation prothétique sans La zone d' interaction entre la prothèse et le parodonte est consti-
difficultés majeures. Nous insistons encore sur le fait que la prothèse tuée de l ' espace sulculaire et du système d' attache de la dent
ne traite pas les dents mais les remplace lorsqu 'elles sont absentes, et (Figure 76-9). Les questions des réactions des muqueuses jugales et
que son succès dépend en grande partie de la coopérat ion du patient linguales à divers matériaux ne seront pas traitées car elles relèvent
et de la rigueur du suivi personnalisé apporté par l 'équipe soignante. des pathologies orales muqueuses et s'éloignent des strictes con si-
Figure 76·4 Arcade courte. a) Vue clinique après traitement d'une paro-
dontite chronique sévère. b) Édentement compensé par la prothèse fixée. Vue
intrabuccale. c) Vue extrabuccale après scellement de la prothèse. d) Conception
de la prothèse : association d'une arcade raccourcie avec un cantilever distal à
gauche (flèche) et de deux implants à droite (flèches). Cette solution permet de
supprimer une prothèse amovible tout en apportant une solution esthétiquement
acceptable pour le patient. La limite esthétique de ces solutions est la visibilité
de J'absence des molaires maxillaires en sourire naturel et forcé (présence d'un
" trou noir" à J'angle de la commissure labiale). (Documents Jean-Pierre Albouy.)
650 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 76·5 Espaces interdentaires ouverts suite à une parodontite chronique traitée. a) Vue extrabuccale lors d'un sourire forcé expo-
sant largement la gencive et les dents. b) Vue intrabuccale identifiant l'ouverture des espaces interdentaires ("trous noirs,) et la disparition des
papilles interdentaires. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
Figure 76·6 Aspect de " dent longue ». Suite au traitement non Figure 76· 7 Migrations secondaires de l'ensemble des inci-
chirurgical d'une parodontite chronique modérée, le niveau d'attache sives maxillaires chez une patiente atteinte de parodontite chro-
tend à se déplacer apicalement et des récessions gingivales cica- nique sévère. Cette migration a provoqué une incompétence labiale
tricielles laissent apparaître la jonction amélocémentaire et la racine et la fracture accidentelle de l'angle mésial de la 11 (choc d'un couvert
des dents. Cet aspect de " dent longue , peut être aggravé, comme métallique). (Document Philippe Bouchard.)
chez ce patient, par des migrations secondaires dues à la parodontite
(dents 12 et 11). (Document Philippe Bouchard.)
Figure 76·8 Migrations secondaires de 11 et 21 chez un patient atteint de parodontite chronique modérée généralisée localement
sévère dans le secteur antérieur. a) Vue avant traitement parodontal. Noter l'importance de l'état inflammatoire qui, en association avec une
surcharge occlusale localisée, est responsable de la migration. b) Vue après thérapeutique initiale. Observer la fermeture spontanée du diastème
secondaire due à la suppression de l'inflammation et l'apparition de récessions gingivales cicatricielles. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
1 CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 651
Suprngl"g'"'' i
Juxtagingivale - - -- --------- - - --- - ------------------------ - -----
Figure 76·9 Les trois positions possibles des limites prothétiques. !.:attache conjonctive constitue un espace inviolable. On note ra que la
limite sous-gingivale n'atteint pas l'extrémité apicale de l'attache épithélia le afin de protéger au mieux le tissu conjonctif lors de la taille des dents.
dérations liées au niveau d'attache. Parce que les objectifs prothé- • LIMITES JUXTA- OU SUPRAGINGIVALES
tiques sont esthé tiques ct fonctionnels, les limites proth étiques sont
pos itionnées le plus souvent à proximité de la genc ive marginale Toutes les li mites protJ1étiques situées sur la den t a u niveau ou
ou dans l'espace sulcul airc. Bien qu'i l ne soit pas biologiquement au-dessus de la gencive marginale sont défi nies comme juxta- ou
nécessaire de place r les limites prothétiques en intrasulculaire ou suprag ing ivales. La limite supragingivale est la limite biologique de
e n sous-g ing iv;tl4 , cela peut s'avére r esthé tiquement indi spensable. c hoix en dentisterie restaura trice et peut très souvent être employée
Ces limites sont acceptables, à condition de ne pas empiéter sur l'at- sur un parodonte réduit. C'est une li mite parodontale me nt idéale
tache conjonctive e t d'obtenir une parfaite ada ptation prothét ique. car elle n'interfère it aucun moment avec l'espace biologique. Elle
En revanc he, la pé nétration d 'un élément prothétique apicalement à s'avère souvent réalisable e n raison de la réduction du parodo nte qui
l'attache épithélia le est considé rée comme une violation de l'espace déplace apicalc mcnt lcs limites prothétiques (Figure 76- 10).
biologique. L'attache conjonctive est alors mécaniquement et c hroni- Outre l'amé lio ration de l'accessibilité a u contrôle de plaque, les
quement agressée par l'élément prothétique ct éventue lle ment par le lim ites supragi ngivalcs présentent de nombreux avantages tant au
ciment de scelle ment, qui s'avère souvent pratiquement impossible niveau des séquences opératoires qu'au niveau tissulaire (prépara-
à éliminer en totalité. La réaction initiale sera inflammatoire et ne tion de la dent et préservation de l'attache parodontale) [ 16]. Le pre-
sera réduite que par le remodelage nature l des tissus en direct.io n api- mie r avantage réside dans des préparations moins délabrantes du fa it
cale. Parfois, les tissus ne se remodéle ront pas ct une inflammation de la profondeur axiale e t de la hauteur des préparations qui seront
chronique pourra persister. Compte tenu de la variabilité histomé- réduites. En effet, le fait de moins descendre apicalc mentle long de la
trique du système d'attache c hez l'adulte, il convient, cliniqueme nt, racine permet de prépare r la dent dans une zone de plus large contour.
de procéder il un sondage parodontal avec une pression manuelle de Lorsque la préparation s uprag ing ivalc est à plus de 1 mm de la
0,20 Newton et de ne pas placer les limites au-delit de la vale ur indi- gencive margi nale, il est très souvent possible d 'enregistrer une
quée par la sonde. En effet, il cette pression, l'extrémité de la sonde empre inte sans utiliser de fil s de ré tractions gingivaux, ce qui élimine
ne pénètre pas au-delà des fibres les plus coronaires de l'attache tout traumatisme du système d'attache . Ensuite, les essayages et les
conjonctive. O n comprend pourquoi le positionnement des lim ites séances de scellement seront égale ment facil ités, tout e n augmentant
doit ê tre pensé avant la chirurgie parodontalc préprothétiquc, s i la qual ité du contrôle du praticien. Une expérimentation in vitro a
celle-c i est nécessaire. Un repositionnement apical du lambeau après démontré qu ' un opérateur muni d'une sonde affûtée est capable de
ostéoplastie entraînera un système d 'attache court, ct son corollai re, repérer une limite ouverte à partir de 50 microns en supragingival e t
un sondage réduit. La pos itio n intrasulculaire des lim ites peut a lors 110 microns e n sous-gi ngival.
s'avérer techniquement délicate après cicatrisat ion. Le c ho ix de la limite suprag ingivale répond cependant à cer-
taines cond itions e t nécessite impérativement le consentement
4. L' adjectif << sous-gingival» indique simplement que la limi te de la restau- éclairé du patie nt, car ce type de pré paration impose l'absence de
ration est sous le rebord marginal de la gencive. Une limite intrasulculaire est demande esthétique. On garde ra à l'esprit que l' esthétique ne pro-
donc une limite sous-gingivale. Cliniquement, la distinction entre ces deux
limites est souvent difficile à établir. Il est évident. qu'à chaque foi s que cela cède pas seule m e nt de la relation sociale mai s au ssi de l' estime de
sera possible, on préférera une limite intrasulculairc à une limite pénétmnt soi. A insi, la non-visi bilité de la limi te prothé tique par le regard
l'attache épithéliale. d'autrui n'implique pas la satisfaction du regard sur soi-même. Une
652 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 76-10 Limite juxtagingivale et esthétique. a) La couronne céramométalliq ue sur 21 présente une limite juxtagingivale laissant
apparaître la discoloration radiculaire. b) Cette limite n'a aucune incidence esthétique dans la relation à autrui car elle n'est pas visible lors
d'un sourire forcé en raison d'une position très apicale consécutive à la forte réduction des tissus parodontaux. (Documents Jean-Pierre
Albouy.)
limite non visible peu t s' avérer esthétiquement non satisfaisante ..... LIMITES INTRASULCULAIRES
pour certains patients dès lors que cette limite est tout simplement
v isible par eux. Une l imite vi sible à l ' intérieur de la bouche mais Il est possible de situer une limite prothétique sous-gingi vale
non mise en évidence lors de la mimique peut être perçue comme sans conséquences inflammatoires (Figures 76- 11 et 76-12). Les
un << défaut >> corporel el donc inesthétique. Les limites supra- et indications de telles limites peuvent être esthétiques, le plus sou-
juxtagingivales doi vent donc être prudemment décidées en plein vent clans les zones antérieures, ou bien vi sent à augmenter mécani -
accord avec le patient. Elles s'adressent évidemment plutôt il la quement la rétention des restaurations. Les éléments cliniques pou-
mandibule ct aux secteurs postérieurs maxillaires. O n vérifiera vant faire opter pour une limi te sous-gi ng ivale à visée esthétique
l ' absence de discoloration radiculai re ct on s' assurera elu recou- sont une limite dent - gencive visible lors du sourire, des colo-
vrement labial des limites cervicales lors des mouvements natu- rations mdicu laires disgracieuses ct, plus si mplement, le désir du
rels et forcés des lèvres, du sourire en particulier. La présence patient de ne pas voir apparaître des zones prothétiques, telles que
de lésions carieuses sous-gingivales préexistantes constitue une les bandeaux métalliques, dans un souci de perfection naturelle. Sur
contre-ind ication à ce type de préparation. On notera qu'il est le plan mécanique, la nécessité d'augmenter la hauteur des murs
actuellement possible de réaliser des bri dges de petites étend ues axiaux de la préparation ou le besoin d'obtenir un encerclement
en armature zircone dont la teinte adaptée à la dent permet de sur- sur de la dentine saine au-delà d' un ancrage peuvent indiquer des
monter les problèmes esthétiques sans avoir recours il des limites limites sous-ging ivales [21].
sous-gingivales (Figure 76- 1 1). Les limites intrasulcu laires ont cependant. des conséquences sur
les den ts préparées à ne pas négli ger. Elles imposent l 'extension
des préparations en longueur ct profondeur, la complexification
des procédures de préparations, d' empreintes, d'essayage ct de
sce llement ; enfin, elles entraînent une plus grande fragilisation
des dents en comparai son avec les préparations supra- ou juxta-
g ingivales.
Su r le plan parodontal, les limites sous-gingivales, dépassant la
base du sulcus, peuvent entraîner un traumati sme tissulaire lors de
chaque étape clini que, à savoir : la préparation, la pose de fi ls de
rétraction pour 1'empreinte, 1'empreinte elle- même, les essayages et
les scellements provisoires et définiti fs. Une étude sur 83 1 pati ents
ayant un suivi parodontal régulier et porteurs de couronnes cou-
lées a mis en évidence une présence significati vement plus impor-
tante d' infl ammation gingivale ct des sondages plus profonds sur
les surfaces dentaires présentant des limites sous-gingivales [1 Oj.
Depuis quelques années, des solutions prothétiques dites << tout
Figure 76-11 Armatures zircone (cas de la Figure 76·1 b). céramiq ue» permettent d'obtenir des limi tes dent - prothèses sans
Restaurations maxillaires de 13 à 23, 3 ans après la pose. Noter l'ex- utilisation de bandeau métallique et peuvent donc être choisies
cellente tolérance des préparations sous-gingivales (indication esthé- clans des si tuations esthétiques à l a place des so lutions avec anna-
tique) . Bridge mandibulaire de 34 à 44 remplaçant 31 et41. t.:espace
turcs métalliques. Il convient toutefois de garder à l 'esprit que les
prothétique disponible augmenté en raison de la réduction du paro-
donte permet de réaliser des liaisons suffisamment hautes entre les prothèses fi xes doivent se limiter à des bridges de courte étendue,
dents tout en maintenant les embrasures ouvertes. Les limites supra- situés dans le secteur antérieur, moins sollicité mécaniquement ct
gingivales sont choisies ici du fait de la situation non esthétique de la offrant des embrasures assez hautes pour recevoir des con nexions
région traitée. (Document Jean-Pierre Albouy.) d'au moins 3 mm de hauteur.
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 653
Figure 76-12 Indications de limites sous-gingivales chez une patiente préalablement atteinte de parodontite chronique. a) Vue intra-
buccale met1ant en évidence des récessions gingivales maxillaires modérées. b } Ligne du sourire naturel suggérant le risque d'exposition des
futures limites prothétiques. c) Dents colorées et très délabrées qui imposent un encerclement maximal. Ces éléments sont indicatifs de limites
sous-gingivales généralisées. d) Vue intrabuccale de la prothèse en place. e) Résultat esthétique satisfaisant. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
Figure 76·13 Augmentation de la dimension verticale. a, b) Avant traitement. c, d) Après traitement. Noter l'augmentation concomitante du
support labial qui participe au rajeunissement du visage. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
fac te urs qui l'influe ncent. En 1946, Thompson défin issait la position sc fai re sans trop d ' inconfort pour le patie nt. En dessous de 3 mm, il
de repos comme une « position qui ne c hange pas dans la vic ,, ct qui est préconisé d ' utiliser des prothèses provisoires pour tester la nou-
<< est déterminée par un équilibre de la musculalllre qui suspend la velle d ime nsion verlicale.
ma ndibule, r2s1. L' espace interocclusal (jree-way space), dis tance
e ntre les dc ms à la position de repos, est établi e ntre 2 ct 3 mm dans Support labial vestibulaire
la no rmal ité mais avec une impo rtante variabilité. L' auteur aj oute
On enregistrera le support labial actuel (exemple : suppo rt insuf-
que << toutes les te ntatives d' augmentation de la dimension verti-
fisan t) ct la correction souhaitée (exemple: 1 mm). L'observation sc
cale d'occlus io n au-delà de la position de repos de la mandibule ont
prat.ique bouche fem1éc et au re pos. Le positionnement vest.ibulaire
é té des échecs. Non seule me nt la mandibule retourne à sa position
des dents e ntraîne plus de soulie n ; à l'inverse, le positionnement
de re pos mais, invariable me nt, crée un nouvel espace interocclu-
palatin diminue le soutie n de la lèvre. Lorsque les incisives sont
sal » 128 1. Ces observations, fa ites par un orthodontiste, é taie nt e n
présentes, la correction du positio nne me nt des faces vestibulaires
adéquation avec Nis wongcr, c hiru rg ien-dentiste trai ta nt beaucoup
par une restauration de nlo-portéc est particulièrement limitée et ne
d 'éde ntés comple ts. Cc dernie r a observé, clans un artic le classique,
saurait dé passer± 1 mm (Figure 76- 14).
que la position de re pos se si tuai t clans plus de 80 % des cas à 3 mm
Compte tenu des limites de correction par la prothèse, dans la plu-
c t restait constante da ns le temps [241. La controverse continua e t
part des s it ualions, un repositio nne me nt vestibulaire ou lingual des
des aute urs fai sant usage de té lé radiographies décrivi re nt une varia-
dents anté rieures maxillaires nécessitera un mouvement orthodontique
bilité de la position de repos, a vec ou sans prothèse totale, sous l' in-
c t ne pourra être pris en c harge par la solution prothétique seule.
tluc ncc de l'âge mais aussi après extrac tions de ntaires 161. Atwood
conclut, en 1958, qu ' une ferme ture (de l' espace inte rocclusal) pe ut
o u non avoir lieu e n fonclion des vale urs re la lives d ' interactio ns
Position labiale et dentaire
complexes e ntre certains facteurs favorables et défavorab les. Ces Une analyse est fa ite de la positio n vertica le des lèvres a u repos
vale urs ne sont pas facile ment qua ntifiables ni applicables dans des ct lors d ' un sourire forcé bouc he e ntrouverte . La pos ition des bo rels
formules mathé ma tiques 171. Ainsi, s' il n 'exis te probablement pas inci sifs maxillaires pa r rapport à la lèvre inférieure est e nregis trée.
de technique exac te e t parfaite ment reproductible pour déterminer Idéaleme nt, les bords incisifs doiven t. affleurer la lè vre inférie ure
l'espace ime rocclusal, une technique phoné tique pe ut s'avére r cli- lors d ' un sourire forcé (Figure 76- 15). La pos itio n des faces vesti-
niqueme nt satisfai sante. Elle cons iste à mesure r l'espace bouc he au bulaires des incisives m ax illaires est notée par rappo rt aux lèvres
repos e ntrouverte, après avoir prononcé « m , plus ie urs fo is sans s upé rie ures et infé r ieures. Idéale ment, les coll ets max illa ires sont
referm e r la bouc he . Un espace inte rocc lusal ;::: 3 mm la isse pe nser nivelés avec la lèvre max illaire. Les correct ions désirées des bords
qu ' une augmentation de la dimension ve rticale d 'occlus ion pourrait inc is ifs et des collets de 13 à 23 sont e ns uite notées.
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 655
Niveau de la gencive marginale gardera à l'esprit q u' un sourire esthétiquement équ ilibré implique
la vis ibi lité des dents mais aussi, dans une certaine mesure, de leur
À ce s tade, la positio n des dents dans le cadre donnée par les
sertissage gingival.
lèvres a été analysée par l'étude de la dimensio n verticale, du sup- De 13 à 23, voire de 14 à 24, la pos ition de la gencive marginale
port labial ct de la position des lèvres. Il convient de co mpléter celle vestibulaire en relatio n à la position de la lèvre supérieure sera notée
analyse en notant le niveau de la gencive en s ituation de sourire dent par dent. Une exposition de cette gencive marg inale associée à
forcé, bouche fermée, pour atteindre un relevé de la lèvre max illaire des disparités de haute ur visible pourra être corrigée s i nécessaire
le plus important possible. Cela permettra de mettre en évidence le par la chirurg ie plaslique parodontale (additive, soustractive ou com-
niveau d 'attache et l'aspect (texture, coule ur) de la gencive visible . binée). Une gencive marginale naturellement invis ib le él iminera
C'est à ce stade que l' intérêt d' une chirurgie plastique parodontale et bie n entendu les problèmes d ' harmonisation tissulaire, mais impo-
la position des limites prothétiques sont évalués (Fig ure 76- 16). On sera un sourire déséquilibré, c'est-à-dire « sans rose » . La gencive
Figure 76-15 Position de la lèvre supérieure par rapport aux bords incisifs maxillaires. a) Vue pré-opératoire. On note ici une lèvre de
longueur normale mais peu supportée par les dents sous-jacentes dont on voit à peine les bords incisifs. b) Vue post-opératoire. Les bords incisifs
affleurent la lèvre inférieure lors d'un sourire forcé et les dents sont maintenant nettement visibles. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
656 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
artificielle prothétique peut remédier à ce déséquilibre, mnis reste la difficu lté dans l'obtention d' un résultat esthétique. L'absence
solution de dernier recours lorsque ln chirurgie plastique a échoué de papilles proximal es appe lle une prise de décision quant à leur
ou ne peut pas être entreprise. position finale qui peut être plus coronai re ou plus apical e que la
Le déplacement de la lèvre supérieure lors du sourire ne devra situation initiale. Si le choix est fait de repos iti onner les papilles
pas révéler les sites interproximaux présentant une réduction de la en direction npi cale, les corrections prothétiques se feront par aug-
hauteur des papilles et donc des triangles noirs. Étant donné le peu mentation de la hauteur coronaire. L es espnces i nterdcn taires seront
de fiabil ité des techniques de chirurgie plastique reconstructricc pl us généralement traités avec des points de contacts plus longs el
de la papil le, la compensation des espaces noirs interdentaires par des embrasures réduites. Un redimensionnement des dents peut être
des profils cl' émergence venant en mnsquer le vide constitue une nécessaire pour mainteni r des proportions harmonieuses. Dnns un
approche prothétique ncceptable. C'est cependant la combinaison tel cas, nous devons accepter le compromis du rcpositionnement
des deux approches, chirurgicale ct prothétique, qui permet d'obtenir apicnl des dents, tolérable si leur exposition i niti ale est importante,
les résultats les plus satisfaisants. En effet, l'augmentation ti ssulaire et/ou une augmentation de la longueur des points de contacts. Ces
par grefTe conjonctive épaisse, associée, quand cela est poss ible, à compromi s sont extrêmement risqués quant au résultat esthétique et
une augmentation du support osseux est une étape préliminaire. Elle sont diffici les à tester a priori car ils impliquent des changements
sera suivie d' une prothèse dont les profils d' émergence permettront profonds dans la position des tissus ou dans la forme des dents
la croissance et le guidage de la gencive interdentaire nouvellement (Figure 76- 17).
greffée. L' utilisation d' épithèses ou de fausses gencives roses peut Ce type d'artifice peut parfoi s être impossible en raison du
ne présenter qu' une solution palliative. Enfin, si des espaces doivent médiocre rendu esthétique de dents trop courtes donnant un aspect
être comblés avec la partie coronaire des nouvelles dents, ce lles-ci « en bloc >>. En dernier recours, la fausse genci ve en céramique
devront être repositionnées, dans le cadre du sourire, en direction api- constitue un comprom is. Dans de tels cas, le prothési ste conserve
cale de façon à ne pl us laisser en trevoir d'espaces proximaux vides. une liberté relat ive quant à la forme des dents. LI peut être parfois
nécessaire dans ce cas de repositionner chirurgicalement le ni veau
marginal de l a gencive en direction apicale afin de masquer la limite
.... PERTE DES PAPILLES npicale de la fausse gencive sous la lèv re pour que seule la fausse
gencive en céramique reste visible. Cette situation est bien pl us
Les pertes tissulai res horizontales liées à la perte d'attache ont rréquen tc chez des édentés complets que chez des patients édentés
été décrites plus haut et représentent effectivement la plus grosse partiels.
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 657
Accès à l'hygiène orale Il ne peut donc être util isé qu'après s'être assuré avec le patient de
son utilisation.
Ei ssmann a proposé des critères de réalisation des contours pro-
Lorsque la position des dents dans le cadre labial est acqu ise,
thétiques dit << de contours physio logiques >>, qui évitent impéra-
que l ' anatomie dentaire a été corrigée pou r apporter proportion et
tivement tout sur-contou r ct assurent un profil d'émergence dro.it
harmonie à la nouvelle reconstrucüon, il convient de s'attacher aux
[Il ] . Cependant, en cas de parodonte réduit, la réali sation d'un
contours des restaurations qui permettront une bonne accessibi lité
contour prothétique est souvent un compromis. L es limites prothé-
à l'hygiène et une stabili té à long terme des dents sur lesquelles est
tiques, les contours coronai res vesti bulai res ct les contours proxi-
ancrée la prothèse. Les principes généraux de celle accessibil i té
maux sont l es points cardi naux du résu ltat esthétique ct ont une
reposent sur un accès direct de la gencive marginale à 360° autour de
influence sur l 'accessibilité des surfaces. L' approche suggérée ici
chaque dent, c'est-à-dire un accès au brossage vestibulaire et lingual
est de positionner les éléments i ntang ibles de l 'anatomie dentaire
avec une brosse à dents manuelle ou électrique et au brossage des
et de les relier par des transitions compatibles avec l ' hygiène orale.
faces proxi males à l 'aide de brosscttcs interdentaires. Il conviendra
cependant de ne pas ouvrir ex agérément les espaces interproximaux
afîn d' évi ter les rétentions alimentaires, les problèmes esthétiques .... LIMITES PROTHÉTIQUES
par l a création de << trous noi rs » et les problèmes phonétiques. L es
espaces interproximaux peuvent être réduits grâce à l'utilisation L a limite de l a restauration est essentielle car ell e constitue
d'un fi l delllaire type superflos, susceptible de remplacer efficace- la zone prothétique l a pl us proche de l 'espace biologique. À cc
ment la brossette i nterdentaire, plus gourmande en matière d 'espace. ni veau , le plus apical de la restauration , les contours doivent sui vre
Cc fil à troi s composants (un passe-fi l dentaire à extrémité rigide, l 'anatomie radicu laire sans aucune interprétation (Figure 76-18).
un 111 dentaire spongieux et un fil dentaire normal) exige cependant Cela i mpose un enregistrement détaillé et précis des l imi tes ct
une bonne vue ct une grande habileté manuelle de la part du patient. pla ide, dans la m esure du possible, en faveur de li mites juxta- ou
1. Bord de la lèvre
a 2. Gencive marginale b
Figure 76-17 Combinaison lig ne du sourire haute et récessions gingivales associées à une perte des papilles. a) Représentation sché-
matique de la situation initiale. b) Compromis prothétique de compensation par (i) des points de contacts plus longs, (ii) des embrasures réduites
donnant un aspect plus court mais naturel aux papilles, et (iii) des dents plus courtes.
Figure 76-18 Illustration d 'un enregistrement précis des limites cervicales (a) tracées selon l'anato mie radiculaire (b) et de sa repro-
duction au niveau de l'intrados de la restauratio n (c). (Documents Jean-Pierre Albouy.)
658 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISC IPLINAI RE
supragingivalcs. Tout sur-contour sera évité pour ne pas laisser gingi vales, sont si tuées largement au-delà de la jonction amélocé-
de zones inaccessibles à l ' hygiène orale. Une foi s les l imi tes éva- mcntairc (Figure 76-19). L a préparation, dont les l i mi tes sui vent le
luées, i l conviendra de défi nir la posi tion et la forme idéales des contour gingival, perd le feston des contours proximaux ct abouti t
faces vestibul ai res c t des contours proxi maux de façon à position- à une réduction dcntinai rc parfois considérable. On conservera la
ner comme désiré les couronnes << arti ficielles » . <<mémoire » de l a jonction amélocémentai re ii l ' aide des emprei ntes
d 'études ct de masques, de façon à cc que le technicien de laboratoire
reprenne les contours naturels des dents pour assurer une forme cor-
~ CONTOURS VESTIBULAIRES CORONAIRES recte des dents prothéti ques. À partir de cette forme, entre l a limite
la plus apicale de celle-ci ct le bord marginal de la gencive, sc situe
Une li gne du plus grand contour vestibulai re idéal sera choisie
une zone de transition vers les limites prothétiques qu ' i l conviendra
définissant la forme des dents dans la position préalablement établ ie.
de traiter de la manière la plus esthétique possible. Une fois les élé-
li est important de noter que la distance entre la ligne de contour
ments essentiels positionnés ( lim i tes, faces vestibulaires, contours
idéa le ct la limi te prothétique est foncti on du degré de destruction
prox imaux), i l conviendra d'assurer des transitions harmonieuses
parodontale. Elle sera d'autant pl us i mportante que le ni veau d' at-
entre ceux-ci. Entre l es li mites et les faces vestibulaires/proximales,
tache sera faible. Une fois la l igne de plus grand contour détermi née,
les transitions devront être progressives ct respecter, comme nous
les contours prox i maux seront fi nal isés.
l 'avons déjà soul igné, les i mpérati fs sui vants : ( 1) absence de sur-
contours, (2) aménagement d'espaces pour permettre le passage des
~ ZONE DE TRANSITION brosscttcs interdentaires, (3) accès di rect des brosses à dems à la
gencive margi nale ou à la l i mite prothétique Ces impératifs doivent
Lorsque le niveau d ' attache est déplacé apicalement en raison être testés au laboratoire puis cl iniquement lors des prothèses tran-
de la réduction du parodonte duc à la parodontitc ct son traitement, sitoires ct de l 'essayage esthétique préalable à la pose de la prothèse
les limites prothétiques, qu'elles soient supra-, j uxta- ou sous- d' usage.
1. Bord de la lèvre
a 2. Gencive marginale b
et le tissu osseux sous-jacent est plus réduite en cas de péri- implantite corps de l' implant, et (3) de la restauration, supraging ivale, vissée
qu'en cas de paroclontitc 17, 10]. Cette situation histo pathologique ou sce llée dans le pilier prothétique. Ce modèle de reconstruction a
suggère une réaction inllammatoire différente autour des implants pour objectifs la protection par iso le ment de la partie intra-osseuse
qui semble promettre des pertes osseuses plus s ignificatives qu'au- et le contrôle elu niveau d 'enfouissement sous-ging iva l des li mi tes
tour des dents. Cependant, si la clinique tend à confirmer cette hypo- prothétiques. Il permet en outre l'utili sation trans muqueusc de maté-
thèse, aucune étude humaine ne l' a j amais démontrée, mais le risq ue riau x us inés (titane ou céramique) qui engendrent moins d'inflam-
inllammatoire ne disparaît pas avec la pose d ' implants. On observe, mation gingivale et une meilleure stabil ité osseuse [21. La construc-
lors d ' un s uivi à 10 ans, un niveau de sondage péri-implantairc évo- tion e n troi s étages possède d ' autres avantages tels que la possibili té
luant parallèlement au niveau de sondage paroclontal [14]. de ré-intervention s ur la prothèse en préservant la jonction implant
- pilier, segment le plus profond du système. En e ffet, une résorption
osseuse u été observée après dépose s uccessive de piliers prothé-
~ COMPLEXITÉ ESTHÉTIQUE
tiq ues 131. Enfin, un rôle de fu sible mécanique est joué par la vis de
La perte tissulaire horizontale étant souvent très significative dans proù1èse (la plus petite). En cas de surcharge, la vis prothétique sc
dévissera ou cassera en év itant des transferts de contraintes sur la
le cas de prothèses implanto-portées, la fonction esthétique devra
vis de pilier, sm la structure de l' implant ou, pire, à l'interface os
souvent compenser à la fois la perte des dents, de la gencive ct elu sup-
- implant. Les vis prothétiques so nt de petit calibre et sont serrées
port la bial (Figure 76-20). Le rô le elu s upport proù1étique sera accru
à des niveaux en généra l inférieu r à 20 N/cm. En cas de fracture
et les compensations pourront s' avérer importantes. En revanche,
de vis, le pilier prothétique restera souvent vissé et sa partie ha ute
contrairement à la prothèse clento-portéc, l'absence de dents donne
sera exposée, préservant l' isolement de la tête de l' implant. L' accès
plus de liberté clans le pos itionnement des éléments prothétiques.
supragingival ou très légèrement so us-g ing ival à la vis fracturée sera
ainsi fac ilité.
~ AVANTAGE FONCTIONNEL
Prothèse vissée sur p ilier prothétique
La très grande stabilité des implants dentaires apporte une solution
idéale en termes de supports postérieurs de l'occ lusion ct de confort Par définition, la di stinction entre prothèse vissée et scellée se
fonctionnel. Les implants dentaires peuvent être mis en œ uvre de fa it sur le mode de liaison entre la proù1èse et l' élément qui la sup-
façon sectorielle, dans des éclentements de classe 1 de Kennedy par porte. Historiquement, la prothèse vissée fut la première utilisée. Elle
exemple, apportant la solutio n de cho ix pour éviter l'utilisation repose sur la mise en œ uvre d'un pilier fabriqu é en us ine selon les
de prothèses amovibles partielles chez les patients édentés par- mêmes standards qualitati fs que l' implant, s ' ils proviennent elu même
tiels atteints de patho logies paroclo ntales. L'apport de la dentisterie fabricant. A ins i, l'élément sous-g ingival est parfaitement adapté à
implantairc est clone indéniable dans de très nombreuses situations l'implant, ce qui permettra de réduire la réaction inflammatoire. La
de parodonte réduit chez des patients présentant des édcntcmcnts jonc tion pilier - prothèse se fait à distance de l' implant ct peut être
partiels, en partic ipant en particulier à la préservation des dents pré- située plus ou moins haut en sous-gi ngival. Enfin, le cyl indre en or
sentes après traitement parodontal. qui assure la jonction pilier-prothèse est également fabriq ué en usine
pour une qualité de fab rication optimale d iscutée plus loin. Les vis
de prothèses sont dessi nées pour assurer une stabilité mécanique à
une armature bien adaptée en évitant l'utilisation de ciment de scelle-
Conceptions prothétiques ment, mais l'uti lisation de ces vis nécessite un puits d'accès occlusal
qui pe ut être considéré comme inesthétique.
~ ÉLÉMENTS PROTHÉTIQUES IMPLANTO-PORTÉS
Prothèse scellée sur pilier prothétique
Prothèse à trois étages
La prothèse scellée est reliée au pi lier par un ciment de sce lle-
Une constructio n en trois é tages est constituée : ( 1) de l' implant, me nt. Elle consti tue sans doute le mei lle ur compromis esthétique,
intra-osseux, (2) elu pilie r prothétique, trans muqueux vissé dans le dans les zones où les puits d' accès occlusaux sont vis ibles comme
Figure 76-20 Restauration implanta-portée chez un patient tra ité pour une parodontite chronique sévère ayant entraîné la perte des inci-
sives maxillaires. a ) Vue préopératoire. Noter au niveau des canines l'importance de la perte d'attache qui interdit une augmentation osseuse verticale
par greffe. b) La prothèse compense l'absence de dent, la perte gingivale el assure en partie la perte de support labia l. (Document Jean-Pierre Albouy.)
662 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
les régions molai res mandibulaires. Elle permet d' utili ser des pi liers cond itions expérimentales idéa.les et que, cliniquement, il est fort
prothétiques anatomiques lorsque le contour du pilier ct l a position probable que seules des épaisseurs de ciment bien plus importantes
des limites sont critiques sur le plan esthétique , ou lorsque l'axe de ne soient visibles rad iograph iquement, compliquant le travail de
l ' implant n'autorise pas la prothèse vi ssée en raison de la position détection. Les techn iques de ve11ting peuvent constituer une solution
vestibulée du puits de serrage. L es piliers anatomiques surcoulés ou, car elles assurent un excellent positionnement des éléments coul és
idéalement, usinés permettent de suivre au mieux les contours gin- sur leurs piliers et rédui sent la quantité d'excès de ciment l22j. Elles
givaux (Figure 76-2 1). Le princi pal inconvénien t de celle solution consistent à créer un évent d'envi ron 0,75 mm de diamètre idéale-
est le ri sque de persistance sous-gingivale de ciment de scellement ment placé en position inci sivopalatine dans la couronne.
(Figure 76-22). Les excès de ciments non éliminés sont contami- Enfin, un contrôle post-opératoire des tissus mous péri-
nés et induisent une réaction inOammatoire forte pouvant entraîner implantaires à 1 mois vérifiera l'absence de sites inflammatoires
une perte osseuse. Une observation chez des patients présentant par sondage péri- implantaire. L' absence de résistance au sondage
des lésions intlammatoires péri-i mplantaircs fait état de la présence associé à un saignement fera suspecter la présence de ciment de
d'excès de ciment de scellement autour des implants concernés scellement. Ces sites seront méticu leusement curetés, à la recherche
chez 8 1 % d 'entre eux 129j . Aucun excès de ciment n'était observé d ' excès de ciment. Un protocole d ' hygiène spécifique, comprenant
autour des implants ne présentant pas de lésions. Il sem ble donc des bains de bouche à la chlorhexidine et un brossage ciblé de la
essentiel de maimenir des limites prothétiques les moins enfouies zone incriminée, sera mis en place. Un contrôle à 1 mois permettra
possible l20i. de valider la résolution de l 'inflammation.
Après scellemen t, l 'opérateur devra s'assurer du nettoyage le
plus complet possible des excès de ciment de scellement, par l'uti- Prothèse directe
lisation d'aides optiques et le passage d ' une sonde en situation C'est dans un souci de réalisations esthéti ques, de correction d'an-
sous-gingivale. Celle étape peut nécess iter une anesthésie locale. gulation cl de gestion d'espace intcrocclusaux réduits que Lewis a
Un contrôle rad iographique à la meilleure résolution possible ct présenté en 1988 1e pilier UCLA® [ 17, 18]. Celui-ci est directemem
avec angulateur, puis l'utilisation d' un ciment de scellement radi o- vi ssé dans le corps de l' implant et la restauration est construite direc-
opaque compléteront la séance de scellement. Il est à noter qu'une tement sur le pilier par sur-cou lée. Ainsi, le pilier prothétique et ses
étude expérimentale a comparé l'opacité de huit ciments de scelle- fonctions initiales sont suppri més, la restauration étant vissée direc-
ment pour démontrer que la plus grande opacité est offerte par les tement dans l'implant.
ciments à base de zinc (TempBond® avec ou sans eugenol, ox ide Il semble aujourd' hui préférable de privilégier les solutions
de zinc, ct Fl eck's®, phosphate de zi nc) [27]. Cette étude prend en modernes d'usinage par procédés de conception et fabrication assis-
compte des épaisseurs de ciment similaires à cc qui peut être trouvé tées par ordinateur (CFAO) qui permellent d'exce llents niveaux
cliniquement en considérant des recouvrements partiels situés entre d'adaptation l l 21. La suppression du pi li er prothétique permet un
0, 1 el 0,5 mm d 'épaisseur. Dans ces conditions, seuls les ciments coOl moins élevé et ces procédés offrent des solutions en cas de
à base de zinc sont visibles. Les autres ciments testés, des résines fortes angulations implantaircs ct d'espaces interproximaux réduits.
ct des ciments venes ionomères, sont en général visibles à partir Cependant, une moindre protection de la tête de l'implant ct de l ' in-
de 0,3 mm d'épaisseur. Un ciment résine spécialcmelll commer- terface os- implant la plus coronaire (dans le cas d' implants posés
cialisé pour les restaurations implanto-portées reste toujours invi - en juxta- ou sous-osseux) est susceptible d'entraîner des vissages et
sible. Il faut garder à l 'esprit que ces chiffres sont obtenus dans des dévissages répétés qui risquent d'induire une inflammation locale
Figure 76·21 Pilier anatomique sous une prémolaire maxillaire Figure 76-22 Persistance de ciment de scellement. Image
scellée. Les contours du pilier suivent harmonieusement ceux de la radiographique démontrant une très faible quantité d'excès de ciment
gencive en respectant des différents niveaux, vestibulaire, mésiaux et en distal de cette 12 (cercle gris), malgré les limites anatomiques du
palatin. (Document Jean-Pierre Albouy.) pilier. Seuls les excès interproximaux sont visibles sur la radiographie.
On peut supposer la présence d'excès de ciment également dans
des zones non proximales, non visible sur la radiographie. (Document
Jean-Pierre Albouy.)
-
CHAPITRE 76 - PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 663
1111Uatrice de péri-i mplantite. Parmi les autres inconvén ients, on associées à un contrôle de la géométrie, de la compos ition des vis,
notera : l' instauration de limites prothétiques profondément sous- de le ur force de serrage e t de la biomécanique des prothèses per-
muqueuses et juxta- implanta ires (donc juxta-osseuses) qui obligent me ttaie nt d'assurer le maintien et l'adaptation à long terme des
d ' intervenir au niveau de l' im plant de façon répétée ; l' impossibi lité pièces e ntre elles .
de choisir la position de limites prothétiques imposées par le posi-
tionnement du pôle prothétique implantaire ; des ré-interventions Matériaux des composants
toujours sous-muqueuses, juxta-implantaires et juxta-osscuses ; la
perte de« l'effet fusi ble» normalement apporté par la petite vis de C lassiquement , les matériaux de choix sont le titane commercia-
prothèse (insérée dans le pilie r prothétique). En effet, les vis uti li sées lement pur pour l'implant et un alliage de ti tane pour les piliers pro-
sont calibrées pour être vissées dans le corps de l' implant e t serrées thétiques. Cette combinaison est utilisée depuis les premiers essais
à des niveaux de couple de serrage bie n supérieurs aux vis fus ibles clin iques ct peut ê tre considé rée comme un standard, et e lle est
(en géné ral au-dessus de 20 N/cm). En cas de dépassement des étayée par des données cli niques [4, 9]. La dentiste rie implantaire
contraintes mécaniques acceptables par la g lobalité du système, il est a cependant évolué depuis les premiers essais cl iniques scandinaves
impossible de prévoir quel é lément sera e ndo mmagé : la prothèse, la en 198 1. Par exemple, les édenteme nts unitaires dans des secteurs
vis de prothèse dans l' implant, l' implant ou l' interface os - implant. esthétiques ou l'utilisation d'im plants très angulés ont imposé des
contraintes nouvelles éloignées d' un système in itialement destiné à
la compensation des édcntcments complets. La prothèse a donc é té
.... POSITION DES LIMITES ex posée à de nouve lles approches te lles que la mécanique des vis qui
impose une rigoureuse précision d ' adaptatio n des armatures coulées
La présence d'un sulcus, élément constituti f de 1' espace biologique aux piliers prothétiques pour ne pas imposer de contraintes latérales
péri- impla ntaire, incite ü utiliser ccl espace pour rendre invisibles les aux vis prothétiques. L'introduction de techn iques d 'empreintes par
limites prothétiques (voir chapi tre 7). Ceci é tant, il est important de
transferts et l' absence des cime nts de scelle ment qui offraient une
rappeler que, classique ment, l'implant est s itué dans l' os; un pilier
gra nde tolérance dans la qual ité d'adaptation des armatures dento-
prothétique assure la jonction transmuqueuse e t supporte une res-
portées ont égale ment participé des nouveautés technologiques
tauration supramuqueuse. Dans de nombreuses si tuations cliniques,
imposées par la prothèse impla nto-portéc.
la présence de composants prothétiques sous-muque ux est un
C 'est donc dans un souci d'adaptation a ux édentements unita ires
impérat if esthétique abso lu et incontournable (Figure 76-23). Ma is
ou partiels et a ux techniques prothétiques déjà fam il ières que les
certaines si tuations c lin iques et certains patients peuvent s' accom-
pilie rs a natom iques ( U C LA~') ou usinés (CeraOne®) ont fai t le ur
moder d' une visibilité des limites, compromi s esthé tique favorisant
a pparition [5] . Les piliers us inés fabriqués en titane ont un niveau
l'accès à celles-ci et constituant l'opüon b iologique prioritaire. La
muque ux imposé à 1, 2 ou 3 mm au-dessus de la tête de l' implant
sta bilité des limi tes sous-muque uses est dépendante de la stabi lité
ct une partie réten live parallélépipédique peu adaptée aux situa-
des ti ssus péri-i mplantaires dans leur ensemble. Cette stabilité est
tions c liniques. Ai nsi, les piliers a natomiques sont souvent pré të-
de pronostic souvent difficile tant les facte urs influe nçant la position
rés par les praticiens soucieux de maîtriser au mie ux les résultats
des tissus péri-implantaires à long terme sont nombreux et d if!lciles
esthétiques ou de gérer des angu lations ct positions d ' implants hors
à maîtriser. Les limites jux ta- ou supramuque uses sont donc indi-
nonnes. Les pi liers anatom iques sont donc sculptés e n c ire aux
q uées a u niveau des faces lingua les e t pala tines et dans les secteurs
dimensions idéales puis coulés selon les techniques habituelles. Ces
postérieurs ou anté rieur;; no n vis ibles e n sourire forcé, c'est-à-di re
cires pouvaient se faire sur des cylindres en or pour une sur-coulée
dans le cas d'un parodonte très réduit le plus souvent.
ou sur des cylindres calcinables fondus e t remplacés e ntiè rement
par le mé tal cou lé. Naturelle me nt, la qualité de fin ition elu métal
..... COMPOSANTS coulé en remplacement d'un cylindre calcinablc, mo ins onéreux, est
inférieure it celle obtenue en usi ne sur un cyli ndre en or el entraî-
Historiquement, le titane commerc ialement pur et la fabrica- nera une dégradat ion de l'efficacité de serrage. Le contrôle de la
tion par us inage ont é té indispensables il la qualité de l' intégra- nature ct de la qualité de l'alliage dépend totalement du laboratoire
tion tissulaire des implants e t des p il iers prothétiques. Ces qualités q ui réa lise la coulée et est u·ès difficile à apprécier. Ains i, la te nta-
mécaniques des pièces à visser entre e lles (pilie r dans l' implant) tion est grande d'utiliser des alliages non précieux pour réali ser ces
Figure 76-23 Pilier anatomique et restauration en zircone. a ) Vue initiale. b) Vue à 7 ans post-opératoire. (Document Jean-Pierre Albouy.)
664 PARTIE 16 - APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
pièces prothétiques installées profondément sous le niveau g ing iva l, re lation est bidirectionne lle. En effet, le nombre de dents absentes,
sur la tête de l'im plant à proxim ité de la jonction os - implant. Les leur d isposition sur les arcades et la qua ntité de tissu paroclon-
études rel atives 11 l'intégration tissulaire (osseuse ct g ing ivale) du tal détruit conditionnent le choix du ty pe de prothèse (dcnto- ou
titane usiné ne peuvent être extrapolées aux métaux non précieux . implanto-porté). Inversement, l'opt ion prothét ique choisie peut
L'absence de standardi sat ion ct de contrô les post-o pératoires neper- entraîner des extractions << stratégiques », c'est-à-d ire nécessitées
met pas de retour sur le comportemem clinique 11 long terme de ces par des raisons autres que le niveau d'attache. La déc is io n d 'ex-
matériaux. Des travaux ont mis en évidence des réactions innamma- tract io n est donc consensuelle e ntre parodonto log ic et prothèse. S i
toires plus importantes autour de piliers prothétiques en or comparés l'ana lyse initiale est un préalable à t.o ute thérapeutique, le plan de
11 des piliers en t it ane o u des piliers en céramique (voir Figure 76-23) traitement ne po urra être véritable me nt fi nalisé qu'après c icatrisa-
r1 . 28!. tio n et maturation t issulaires, les niveaux d ' attaches étant stables.
Un minimum de 8 semaines est alo rs requis. Chez des malades
Composants usinés et composants coulés parodontaux , on cons idéra avec la p lus grande prudence les tech-
niques immédiates (implantation , m ise en charge, mise en esthé-
La s tabilité mécanique des piliers pro thétiques dans les implants
tique), celles-ci étant le plus souvent destinées à des pat ients non
est assurée par le serrage d'une vis us inée pour supporter un certain
parodontaux ou à des s ites spécifi ques peu compati bles avec un
serrage. Ces vis permettent une stabilité des pièces à serrer (pil ier parodonte rédu it.
dans l'implant) s i l' adaptat ion des pièces est parf:tite. L'utilisation
Tout en gardant à l'esprit le caractère indispensable du contrôle de
d'éléments calcinablcs coulés représente un risque de mauvaise
plaque, la di ffic ulté de l'analyse prothétique repose souvent sur des
adaptation et donc de serrage insu ffisant qu i peul s'avérer parti- considérat ions esthétiques en raison du fai ble niveau d ' attache des
cul ière me nt diffici le à maîtriser e n exerc ice c liniq ue [ l l j . Il est en
dents présentes et de l' importante résorption osseuse associée aux
revanche possible d'assurer une bon ne adaptation d 'élé mems coulés extractio ns de dents parodontalemcnt terminales. C'est cet aspect
s i ceux-ci sont réalisés en sur-cou lée s ur un cylindre en o r us iné 1261. qui sern dévelo ppé ici, les aspects fonctio nnels ct techniques étant
traités ai lleurs dans d 'excelle nts ouvrages de référence.
Type de jonction implant - pilier
L' interface implant - pilier était initialement assurée par une pla- ..... ANALYSE DU SOURIRE
te formc cylindrique sur la tête de l'implant intégrant un é lément
hexagonal externe rétcnti f ct anti rotatio nncl. Le vissage se ra it en Le diagnostic prothétique en de nti sterie implantairc commence
passant au milieu de l' hexagone externe clans un pas de vis interne par l' analyse esthétique pour éva luer la s ituat ion labiale, les posi-
au corps de l' implant. Le pilier présente une géométrie ana logue tio ns dentaires et des tissus parodontaux. Cette analyse non seule-
en négatif, avec une platcformc cy li ndrique adaptée it la platc fo rrne ment fai t un état des lieux mais de plus prévoit les correctio ns à
implantairc ct une partie femelle hexagonale recevant l' hexagone apporter. Une foi s la positio n des fu tures dents prothét iques décidée,
ex terne, assurant ainsi une fonctio n antirotatio nnc llc. Une cer- on anticipe leur re latio n avec les ti ssus parodontaux afi n de procéder
taine to lérance était construite dans le systè me po ur permettre aux it des choix prothétiques pertinents. La posi tion des im pl ants sera
pièces de s'adapter complètement s ans contraintes. Cette architec- guidée par ces choix initiaux. La maîtrise de cette phase pré limi-
ture est toujours utilisée aujourd ' hui ct est habituelleme nt no mmée naire est indispensable à l' information du patient et à son adhésion
«connexion par hexagone externe». au traitement. Trois pos it ions seront analysées simultanément : la
Toute fois, d 'autres types de connex ions ont vu le jour. Deux évo- position des lèvres, celle des dents dans le plan d'occlusion ct celle
lutions notables sont apparues. La plus s ignificative est l' utilisation de la muqueuse.
d' une partie interne conique clans l' implant appe lée cône morse
q ui reçoit en friction le pil ier prothétique, lui-même conique. Cette Position des lèvres
opt ion mécanique améliore l' adaptation et la s tabilité de l' interface
pilier- implant. Les éléments antirotationnels a lors proposés sont La position de la lèvre par rapport à la jo nction a mélocémentaire
de forme variée, à 6, 12 pans ou trilobés, non plus externes mais des dents résid uelles est évaluée. La ligne du souri re, haute, moyenne
internes au corps de l'implant et s itués clans le pro longement du ou basse, est ide ntifiée, sachant que ces trois catégories so nt, par
pas de la vis de pilier. Des travaux ont montré que la connex io n dé fin ition, simpli ficatrices et doivent l~t irc l'objet d ' une étude cli-
pi lier - implant classique, par hexagone exte rne, permet une cert aine nique spécifique lors du mouvement des lèvres (Figure 76-24). JI
liberté de mouvement entre les pièces vissées. Cela pourrait pro- est clair que les lignes moyennes ct hautes imposent une attention
voquer une contaminatio n microbienne inte rne au système implant particulière à l'anato mie dentaire et muqueuse. Le plus souvent, la
- pi lier qui sc libérera à la jonction implant- pilier, c 'est-à-d ire en position labiale ne peut être mod ifiée, mê me si certaines chirurgies
proche prox imité de l'os [23]. Les réactions inflammatoires à cc ct techniques esthétiques peuvent entraîner une amé lioration. La
niveau-là étant à éviter, les connex io ns exte rnes seraient à éviter. hauteur de la lèvre supé rieure, la position labiale et ses fréquentes
Toutefois, le rô le direct et uniq ue de la connexion sur une éventue lle asymé tries vont constituer le << cadre >> du sourire dans lequel les
résorptio n osseuse péri-implantaire n' a j amais été démontré cl ini- dents prothétiques vont être posi tionnées. L' harmonisation de la
quement ct il est probable q ue plus ieurs autres facteurs inllucncent pos itio n des dents prothétiques dans ce cadre labia l est essentie lle
la s tabilité osseuse crcstale. car c'est la première référence remarquée par un observateur. Des
lèvres épaisses eLjeunes donnent plus de latitude dans le pos ition-
nement des dents car elles ont moins besoin de support dentai re.
Plus le patient avance en âge, plus la lèvre max illaire sc relâche et
Analyse prothétique descend [25J. Associé à une lèvre fi ne, l'âge imposera donc d ' assu-
rer le support labial avec la prothèse sous-jacente. En cas de forte
Les analyses parodonta lcs ct prothétiques de patie nts atte ints de résorption des tissus alvéolaires, la partie muqueuse de la prothèse
parodontite sont indissociables. Elles ont lieu si multa né me nt ct la joue un rôle important clans le support labial.
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 665
1. Bord de la lèvre
a 2. Gencive marginale
F igure 76-26 Ligne du sourire haute sur parodonte très réduit chez une patiente atteinte de parodontite chronique sévère générali-
sée. a) Vue pré-opé ratoire : le sourire dévoile la rgement les collets des dents ella pe rte de s ubs ta nce est très importa nte . b) Vue post-opératoire
après traiteme nt pa rodontal avec extractions des dents anté rie ures e t pose d'une prothèse implanto-portée . Observer le rôle de la fa usse gencive ,
ici en rés ine, dans la région es thétique . (Documents Jea n-Pie rre Albouy.)
CHAPITRE 76- PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 667
Figure 76·27 Ligne du sourire moyenne sur parodonte réduit chez un patient traité pour une parodontite chronique sévère générali·
sée. a) Les incisives centrales sont restaurées sans fausse gencive. b) Sourire montrant la bonne intégration des dents prothétiques au sein d'un
environnement dentaire à niveau d'attache réduit ayant entraîné la perte des papilles. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
La fausse gencive assurera éga lemelll le support labial. Elle sera mandibule. Elles entraînent un décalage entre la position des dents
déplacée vers la région esthétique lorsque la ligne du sourire sera et les tissus résiduels qui peut être parfois sévère (Figure 76-29).
moyenne ou haute (Figure 7 6-26). Cette fausse gencive n'est évi- Le décalage hori zontal devra être progressif ct assurer une angula-
demment pas toujours nécessaire, en particulier lorsque la ligne tion verticale harmonieuse des dents antérieures, elle-même respon-
elu sourire est basse ou moyenne et assoc iée à une perte d'attache sable en partie du support labial. Ce décalage ne peut être compensé
horizontal e généralisée avec des dents résiduell es (Figure 76-27). efficacement par une incl inaison excessi ve des dents prothétiques
en direction palati ne en cas de l igne du sourire moyenne ou haute.
L a zone de transition empiète alors en di rection coronai re sur la
~ LA RÉGION DE TRANSITION région esthétique ct donne un aspect fuyant aux inci sives cemrales
(Fi gure 76-30). Il est important de communiquer l 'angulation des
La fausse gencive s' intègre clans la région esthétique mais constitue dents antérieures au laboratoire au fil des essayages esthétiques, cet
aussi un élément essentiel de la région d' interface au-delà de la ligne aspect ne pou vant être visua lisé sur des modèles car il dépend de la
du sourire. La zone de transition entre ces deux régions va partici per position de la lèvre.
à la compensation des pertes de substance. Les pertes dans le sens On év i tera les retours vestibula ires sur la crête de typ e ridge
vertical peuvent être compensées par une fausse gencive, tant dans les /ap. La Figure 76-31 illustre une situation fréquente de résorption
cas d'édcntements complets que dans les cas d' édentements partiels tissulaire dans le sens horizontal avec peu ou pas de résorption ver-
(Figure 76-28). ticale (résorption centripète de l a mandibu le). Il convi ent dans ces
Les pertes dans le sens horizontal sont très variables ct 1iécs à la cas d 'essayer de conserver le plus de hauteur prothétique possible
cinétique de résorption centrifuge au maxillaire et centripète à la ct d 'accepter un certain compromis dans les contours prothétiques
Figure 76·28 Compensation de perte de substance dans le sens vertical par une fausse gencive. a) Prothèse complète implanta-portée
maxillaire et mandibulaire. b) Prothèses partielles de 17 à 22 et de 32 à 42 chez une patiente traitée pour une parodontite chronique sévère géné-
ralisée. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
668 PARTIE 16- APPROCHE PLURIDISCIPLINAIRE
Figure 76-29 Compensation de perte de substance dans le sens horizontal par une fausse gencive. a, b) Pertes tissulaire 2 semaines
après l'extraction des 4 incisives et pose d'une prothèse fixe provisoire supportée par 16, 13 et 23. c) Importante résorption dans les sens hori-
zontal et vertical à 3 mois post-opératoire. d, e) Pertes tissulaires compensées par les régions esthétique et de transition. Noter le rôle clé de la
fausse gencive en céramique. f ) La ligne du sourire basse positionne la fausse gencive dans la région de transition et ne lui confère qu'un rôle de
support labial. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
Figure 76-30 Sévère décalage horizontal entre la position idéale des dents et les bases osseuses où émerge le pôle prothétique des
implants dentaires. a) Incisives centrales trop " rentrées " en direction palatine. b) Manque de verticalité des incisives centrales leur donnant
~
un aspect " fuyant "· La zone de transition est dans la région esthétique. La conséquence est un support labial non satisfaisant à l'origine de cet
aspect " rentré .. de la lèvre supérieure. (Documents Jean-Pierre Albouy.) l
Figure 76·31 Mucosite chez une patiente se plaignant de douleurs et saignements sous des restaurations implanta-portées. a) Mise
en évidence d'une inflammation vestibulaire de la muqueuse péri-implantaire (flèches). b) Sur-contour de type ridge lap (flèches) essayant de
respecter l'anatomie dentaire en compensant la positon trop linguale de l'émergence des implants. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
CHAPITRE 76 - PROTHÈSE ET PARODONTOLOGIE 669
plutôt que de sur-contourcr les restaurat ions. La hauteur prothé- embrasures ont pour principale fonction l ' accès interproximal
tique peut être obtenue en enfoui ssant au mieux l ' implant ou en (Figure 76-32). Elles se si tuent entre deux piliers implantaires ou
fai sant une légère plastic verticale de la crête osseuse si l ' anatomie entre une pontiquc ct un pi lier. Elles peuvent être traitées en céra-
le permet. mique, en métal ou par une combinaison de métal - céramique ou
métal - résine. En règle général e, on essaiera toujours de posi tionner
la résine en supragingival. En cc qui concerne les pontiqucs, on pré-
~ LA RÉGION D'INTERFACE férera toujours la céramique ou le métal à la résine pour d' évidentes
rai sons de biocompatibilité (Figure 76-33). Leur nombre sera, dans
C 'est la zone prothétique essentielle de prévention des mala- la mesure du possible, limité pour éviter l'embrasure entre un pi lier
dies péri- implantaircs qui repose, comme nous l ' avons vu, sur le ct une pontique dont il est touj ours plus difficile d'assurer la symé-
contrôle de plaque ( voi r chapitre 17). L' accessibilité ft la muqueuse tri e. U n appui très modéré (1 mm) dans l 'épaisseur de la muqueuse
péri -implantaire régit donc la conception de cette interface. Les résiduelle est souhaitable.
l
Figure 76·32 Embrasures en prothèse implanto-portée. a) Le respect de l'anatomie implique des surfaces de contact très coronaires. Une
fausse papille en céramique permet de fermer l'espace. b) Cette réduction de l'embrasure doit cependant laisser le passage aux brossettes inter-
dentaires. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
Figure 76·33 Comparaison de pontiques de type ovoïde avec ou sans fausses gencives. a - c) Absence de fausse gencive en raison de
la perte tissulaire modérée. d, e) Indication de fausse gencive en raison d'un parodonte très réduit suite au traitement d'une maladie parodontale
très avancée. (Documents Jean-Pierre Albouy.)
670 PARTIE 16 - APPROCHE P LURIDISCIPLINAIRE
Diapédèse, 211-212 Enfant, 111, 120, 567 Esthétique, 124, 356, 619, 647, 653, 660-
Diapneusie, 362 colonisation de la cavité buccale, 568 66 1, 663, 665
Diastème, 11 tJ1érapeutiqucs parodontales Étages de la face, 356
Diététique, 124 et prise en charge, 575 État de surface, 62, 13 1, 280
Différenciation, 6 Enquête, 144 Étude(s)
Dihydropyridinc, 88 de prévalence, 145 cas-témoins, 144
Dimension verticale, 654 Entamoeba gingivalis, 174 classification des, 144
Disease Activity Score (DAS), 326 Entretien, 349 de cohorte, 145
Disulfiram, 518 Environnement buccal acide, 620 exposés-non exposés, 144
Diurétiques, 312 EOA, 90 d'intervention, 255
Douleur(s), 11 9, 122, 350 Éosinophile(s), 219 longitudinales, 255
post-opératoires, 456 Épaisseur intima-média, 160,296 de prévalence, 144
Doxycycline, 116, 502 Épaississement tissulaire, 639 prospectives, 144
Drainage, 453 Épidémiologie rétrospectives, 144
Drogue, 354, 561 gingivite, 156 transversales, 144
Dyskinésie fac iale, 595 maladies parodontales, 155 Évaluation du risque parodontal, 533
Dyslipidémie, 301 parodontite Examen(s)
Dysmorphie faciale, 342 agressive, 157 bio logiques, 421
ch ronique, 157 en bouche complète, .150
Dysplasie
en bouche parli.e llc, ISO
chondro-ectodermique, 340 Épidermolyse bulleuse, 332
dystrophique, 332 cli nique parodontal, 369
mucoépithéliale, 334
complémentaire, 417
de Hallopeau-Siemens, 333
extra-oral, 356
jonctionnelle, 332
intra-oral, 360
E de Herlitz, 333
dents, 360
simple, 332
muqueuses orales, 361
Eau oxygénée, 124, 455 Épilepsie, 595
mycologiques, 4 18
E-cadhérine, 7 Épithélium, 581
parodontal, 544
Éclai rcissement, 618 buccal, 56
radiographique, 103
Ecstasy, 563 péri-implantaire, 55
visuel du parodon te superficiel, 371
Ectodermose pluri -orificielle gingival oral kératinisé, 13
Exfoliation des dents temporaires, 567
de Fiessinger-Rendu, 98 de jonction, 9, 13, 18, 196
Expansion clonale, 2 17
Ectoméscnchyme, 4-5, 7 chez l'enfant, 567
Expertise du praticien, 428
Édentement, 585, 661 long, 604
Extraction(s), 439, 553, 660
complet, 663 péri-implantaire, 130
non compensée, 637
uni tai re, 663 kératin isé, 50
sites, 49
Éducation thérapeutique non kératinisé, 13
urgence, 456
du patient, 507 d e poche, 202
Extrusion orthodontique, 637
EGF, 16 stratifié pavimenteux, 13
Égressions, 388-389 sulculaire, 13
Ehlers- Danlos, syndrome d', 334 péri-implantaire, 55 F
de type VIII, 335 Épi tope partagé, 325
Élargissement desmodontal, 604 Epstein-Barr, virus d', 94, 123 Face, étages de la, 357
Ellis Van Creveld, syndrome d', 340 Épulis, 306 Facteur(s)
Ellman®, grille c1: 606-607, 6 13 Érosion, 36 1, 364, 4 7 1, 585, 590, 616 aggravants, 84, 104, 107
Élo ngation radiculaire, 7 Éruption dentaire, 567 locaux,85, 274
Embrasure radiculaire, 278 Éruption intègre, 7 de croissance, 16
Empreinte(s), 6 10 Érythème, 3 19 étiologique, 256
Énanthème, 94 gingival bordant, 96 indicateurs de risque individuel, 354
Encombrement, 274,415 polymorphe, 98 modifiants, 84, 104, 107
Endocardite infectieuse, 35 1, 437 Érythroplasie, 319 prédisposants, 120
Endocrinopathic, 315 Espace de pronostic, 533
Endocytose, 2 17 bio logique, 9-10, 280, 651 de rétention de plaque, 388, 508
Endodonte, 623, 628 péri-implantaire, 54, 663 de risque, 255-256, 437, 525-526, 533
Endopeptidase, 18 interocclusal, 653 parodontal, 354
Endothélium, 291 médullaire, 50 de stimulation des colonies, 220
dysfonction, 291 Espèces oxygénées activées (EOA), 90 Fauchard, Pierre, 7 1
Endotoxémic, 292 Espérance de vie, 579 Fêlure, 36 1, 626
Enduit, 371 Essai clinique randomisé (ECR), 145 Femme enceinte, 87
r
INDEX 675
1-ferpès (suite) Immunité (suite) Insuffisance rénale c hron ique (l RC), 312
labial, 93 innée, 209, 584 Insuline, 261
primo-infection, 572 à médiation cellulaire, 215 lnsulinorésistancc, 260-261, 299, 301
Herpcsviridac, 171 Immunodéficience, 328 lntégrine, 14
Herpès, virus, 93, 112, 123 lmmunodéficiences, 327 lnteraction(s)
Hcxéditine, 493 acquises, 327 épithélio-mésenchymateuses, 5
High endothelial cells, 45 congénitales, 327 méd icamenteuses, 35 1
Histamine, lOO maladies parodontalcs Interféron, 220
Histiocytome, 320 nécrotiques et, 120 Interféron y, 325
Histogenèse, 6 Imm u nodépression, 327, 351 Interleukine, 220, 232
Histoire naturelle de la maladie lmmunodéprimé, patient, 309 1,248,328,421
parodontale, 529, 533 l mm u noglobuline(s), 183, 215 6,328,421
Histologie, 195 A, 219 I ntcrposition linguale, 281
Histoplasmose, 96 D, 219 Intima, 291
Homéocode dentaire, 5 E,219 Intrusion orthodontiquc, 637
Homéoprotéine, 5 G, 2 18 1nversion, 30
Homéostasie, 583 G2, 11 3 1rrigation sous-gingivale, 454, 4 95, 544
Hormonc(s) M,2 18
de croissance, 581 Immunologie, 208
sexuelles, 86-87 l mmunosénescence, 583 J
Huiles essentielles, 493 Immunos uppresseur, 88-89, 327
Human Oral Microbiome, 112 Impétigo, 93 )ardé, loi, 143
Hydroxyapatite, 26 Implant, 65, 130, 660 job, syndrome de, 340
Hygiène orale, 124, 274, 354, 579 Incl us ion, 452 joint, 131
Hygién iste, 370 Indicateur de risque, 256, 437 jonction
dentaire, 161 lnd ice(s) amélocémentairc, 10
1-lypercholestérolémie, 295 composites, ISO émail - cément, 34
Hyperglycémie, 261, 301 CPLTN, 152, 155 implant- pilier, 664
Hyperimmunoglobuline E, dichotomiques, I SO
syndrome d', 340 gingival, 150-151
Hypcrkératose palmoplantaire, 338 de Lüe et Silness, 151 K
Hyperlipidémie, 261 modifié, 151
Hyperplasie tissus mous péri-implantaires, 132 Kaposi, maladie de, 328
fibroblastique gingivale, 86 de maladies parodontales, ISO Kératane, 16
gi ngivale, 87, 96 de Ramfjord, 152 Kératinocyte, 57, 579
Hypersalivation, 122 de masse corporelle (TMC), 298, 354, 589 Kératose, 3 19
Hypersensibilité, 592, 618 de mobilité, 150, 153 ponctuée, 319
d entinaire, 456 parodontaux, 143, ISO, 544 Kindler, syndrome de, 332
Hypertension, 30 1 de Russell, 152
1-lypertriglycéridémie, 262 de plaque, ISO, 441, 535, 544
Hypertrophie gingivale, lOO adapté aux implants dentaires, 131 L
Hypokaliémie, 589 d'O'Leary, 151
1-Jypophosphatasie, 336, 573 de Silness et Loe, 151 Lambeau, 50
Hypoplasie dermique en aires, 333 de Rustogi/Navy, 151 d'accès, 13 7
de saignement, 441 Lame
papillaire, 151 basale, J 3- J 4, 56
1 au sondage, 151 péri-im plantaire, 57
de Turesky/Quigley-Hein, 15 1 Lamina
!CAM - I, 291 Infarctus du myocarde, 289 densa, 57
lL-1~, 263, 344 lnflammasome, 21 1 péri-implantaire, 56
IL-6,263-264,344 Inflammation, 526, 634, 64 1 dura, 391
Imager ie gingivale, 375 lucida, 56-57
de coupe, 398 Information des personnes, 526 Lamine, 130
numérique, 390 Inhibiteur calcique, 88-89 Laminine, 13- 14, 56
techniques, 347, 390 INR (International Normalized Ratio), Langue,36 1
Immunité 352,438,458 géographique, 361
acquise, 209 Instruments hypermobilité de la, 335
adaptative, 182, 214 piézoélectriques, 440 saburralc, 5 17,519
humorale, 215 soniques, 440 Laser, 137
INDEX 677
Porpllyromo11as gingivalis, 112, 170, Pseudo-halitose, S IS Régénération, 18, 137- 138, 638
295,584 Pseudo- tumeur de la grossesse, 87 osseuse gu idée, 138
Position Psoriasis, 334 tissulaire, 604
de la dent, 535 Psychotropes, 592 guidée, 4 14
de repos, 653 Puberté, 569 Régime alimentaire, 579
Potassium, 590 P uissance statistique, 146 Relation(s)
Pré-éclampsie, 306 Pyorrhée, 72 interarcades, 364
Prélèvement(s), 192 ci nématiques, 364
bactériens statiques, 364
intérêts, 191 intra-arcades, 363
Q
techniques, 190 Remodelage
Prématurité, 306 gingival, 18
Quadrant, approche par, 484
Prescription, 124 pathologique, 19
Quincke, œ d ème de, lOO
Présentation des antigènes, 2 12 osseux, 30
Pression intrapulpaire, 623 tissu lai re, 18- 19
Prévalence, 120 Remplacement dentaire
des maladies parodontales, 155
R en urgence, 456
enquêtes, 155 Reno ncement aux soins
Radiographie, 626 parodontaux, 162
d es parodontites chroniques, 156
Prévention, 44 5, 525, 533, 545 interproximale, 11 5 Réponsc(s)
primaire, 494, 525 Radioprotectio n, 39 1 aux bactéries extracellulaires, 230
secondaire, 494, 525 Radio-soustraction, 394 aux bactéries intracellulaires, 230
tertiaire, 494, 525 RAGE, 263 immune innée, 2 15
Probabilité(s), 43 1 Randomisation, 143 immunitaire, 220
de survie, 43 1 RANK, 3 15 adaptative, 2 15, 583
Probiotiques, 502 RANKL, 28, 3 15 innée, 86
Procès alvéolaire, 9, 1 1 RANKL/O PG, 232, 263 aux iIl rections fongiques, 230
Proclusion, 365 RANKl./RANK, 7 aux in fec tions persistan tes, 230
Profils m icrobiens, 548 Rapport aux in fec tio ns virales, 230
Profondeur bénéfice- risque, <133 in flammatoire, 2 17
de poche, 4 13 de cas, 145 gènes impliqués dans la, 248
gingivale (PPG), 78 primaire, 217
du risque instantané, 149
parodontale (P PP), 78 secondaires, 217
Réaction(s)
de sondage ( PS), 78 Réseau
allergiques, 99
Progestérone, 86 capillaire, 50
Projection d'é mail, 276
à corps étranger, 102 m icrocirculatoire, 43
Promotion de la santé orale, 597 inflammatoire, 45, 269 Résolvines, 116
Pronostic, 4 10, 533 Ueactive Oxygen Species (ROS), 303, 579 Résorption, 30
global, 533 Récepteur(s) externe, 628
ind ividuel, 533 pour l'antigène, 2 15 interne, 282, 625, 627-628
parodontal, 445 desmodonlaux, 41 os alvéolaire, 49
Prophylax ie, 528-529 membranaires, 2 15 radiculaire, 36, 637, 643
Prostagland ines E2 (PGE2), 113 parodontaux, 66 apicale externe, 643
Protéase, 16 de reconnaissance des motifs Respiration buccale, 85, 28 1,596
Protéine(s) moléculai res, 210 Restauration, 4 15
C réactive (CRP), 263, 29 1 Récession, 378 iatrogène, 536
non collagéniques, 26 gingivale, 78, 122, 124, 376, 407, 456, Retard de croissance intra-utérin, 305
tau, 344 Révélateur de plaque, 15 1, 4 70
595,639
transmembranaire, 14 Revues systématiques, 145
parodon tale, 278
Protéoglycane, 13- 14, 16, 23, 57 Rhabdomyosarcome, 320
Recherche
Prothèse, 647 Rhumatisme, 323
bio médicale, 143, 147
articulaire, 352 Rhyzalyse, 571
interventionnelle, 143
flxe Riggs, maladie de, 72
dento-portée, 646 non interventionnelle, 143 Risque, 533
implanto-portée, 660 Récidive, 533, 553 infectieux, 351
fixée, 603 généralisée, 549 relatif (RR), 149
scellée, 66 1 localisée, 549 Rittcr- Lyell, syndrome de, 93
vissée, 66 1 Récurrence, 120, 122 ROS, 19,90
Proximité radiculaire, 274, 415 Reflux gastro-œsophagien, 592 Roy, principe de, 603, 608
INDEX 681