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Loi n° relative aux relations financières avec l’étranger

Article 1er : La présente loi a pour objet de définir le cadre légal des relations financières de la
Tunisie avec l’étranger. Elle tend à supprimer progressivement les restrictions restantes aux
opérations de change dans la mesure où cette suppression favorise la croissance de l'économie
nationale et ne porte pas préjudice aux équilibres macro-économiques.

Chapitre premier : Dispositions générales

Article 2 : Au sens de la présente loi, les expressions ci-après indiquées s'entendent comme suit :

1) Avoirs à l’étranger : tout actif ou bien, droit ou intérêt représenté ou non par des titres, détenus,
sous toute forme, en dehors de la Tunisie, tels que les actifs et les instruments financiers, les biens
immeubles, les biens meubles, les avoirs en comptes, les avoirs en or.

2) Cryptoactifs ou actifs numériques : une représentation numérique d'une valeur qui n'est pas
émise ou garantie par une banque centrale ou par une autorité publique, qui n'est pas
nécessairement attachée à une monnaie ayant cours légal et qui ne possède pas le statut juridique
d'une monnaie, mais qui est acceptée par des personnes physiques ou morales comme un moyen
d'échange et qui peut être transférée, stockée ou échangée électroniquement.

3) Devises : les instruments de paiements libellés en monnaie étrangère ainsi que les avoirs en
monnaie étrangère logés dans des comptes.

4) Etranger : les pays et territoires étrangers à la Tunisie.

5) Instruments de paiement : les pièces de monnaie et les billets de banque ayant cours légal, les
chèques, lettres de crédit, effets de commerce, mandats postaux et de manière générale tout moyen
permettant de transférer des fonds d’une personne à une autre quel que soit le procédé technique
utilisé, y compris les procédés de monnaie électronique.

6) Intermédiaires agréés : les banques et l’Office National des Postes.


7) Investissement étranger en Tunisie : les investissements effectués en Tunisie par des non-
résidents tunisiens ou étrangers, en respect des dispositions prévues par une autre législation ou
règlementation et revêtant notamment l’une des formes suivantes :

- création de sociétés ;

- prise de participation et souscription à l’augmentation de capital d'une société ;

- création d’une succursale ou d’un bureau de représentation ou de liaison ;

- acquisition d’instruments financiers et monétaires ;

- apport en compte courant d’associés en numéraire ;

- acquisition de biens immeubles ;

- acquisition de fonds de commerce ;

- dépôts à terme auprès d’une banque.

8) Opérations de change :

- les mouvements de fonds en provenance et à destination de l’étranger ;

- les règlements effectués en Tunisie entre résidents et non-résidents ;

- les opérations d’achat et de vente de devises quelle qu’en soit la forme ;

- les opérations sur comptes en devises et en dinars convertibles ;

- toute opération ou engagement qui donne ou peut donner naissance à des dettes ou créances
entre résidents et non-résidents au sens de la règlementation des relations financières avec l’étranger
ou donner lieu à une compensation entre ces dettes et créances.

9) Opérations courantes avec l'étranger : opérations relatives à l’importation et l’exportation de


biens et de services et au revenus des investissements, les intérêts sur prêts et les revenus de travail
et de manière générale toute opération autre qu’une opération en capital.
10) Règlementation des relations financières avec l’étranger : les dispositions de la présente
loi ainsi que les décrets et les circulaires de la Banque Centrale de Tunisie pris pour son application.

11) Résident :

- toute personne physique de nationalité tunisienne ou étrangère ayant sa résidence habituelle ou


son centre d'intérêt économique prédominant en Tunisie et y séjournant, même de façon
discontinue, pendant une période au moins égale à 183 jours au cours d’une année civile.

-toute personne morale ayant son siège social en Tunisie ainsi que tout établissement en Tunisie
appartenant à des personnes établies à l’étranger.

12) Non-résident :

- toute personne physique de nationalité tunisienne ou étrangère ayant sa résidence habituelle ou


son centre d'intérêt économique prédominant hors de Tunisie et y séjournant, même de façon
discontinue, pendant une période au moins égale à 183 jours au cours d’une année civile ;

- toute personne physique de nationalité étrangère ayant des investissements en Tunisie,


indépendamment de la durée de son séjour en Tunisie ;

- toute personne morale ayant son siège social à l’étranger, tout établissement en Tunisie
appartenant à une personne morale établie à l’étranger et qui effectue en Tunisie des opérations
contractuelles temporaires ainsi que toute personne morale établie en Tunisie et considérée comme
non-résidente en vertu d’une législation spéciale.

13) Valeurs mobilières : titres et droits assimilés inscrits ou non en compte qui confèrent à leur
porteur des droits de propriété ou de créance transmissibles sur l'entité émettrice et qui
comprennent les actions, les obligations et autres titres de propriété ou de créance.

14) Valeurs mobilières tunisiennes : valeurs mobilières émises en Tunisie en dinar ou par une
entité établie en Tunisie.
15) Valeurs mobilières étrangers : valeurs mobilières émises par une entité étrangère établie hors
de Tunisie.

Article 3 : La Banque Centrale de Tunisie est habilitée à reconnaître le statut de résident ou de


non-résident à toute personne physique ou morale dont la situation requiert une appréciation en
fonction des difficultés ou éléments particuliers, et ce, indépendamment des définitions prévues
par la présente loi.

Les personnes physiques non-résidentes ayant la nationalité tunisienne bénéficient du statut de


résident pour leurs affaires et opérations effectués en dinar en Tunisie. Elles sont soumises en ce
qui concerne ces affaires et opérations aux obligations qui se rattachent au statut de résident.
Toutefois, pour ce qui concerne leurs opérations de change, ces personnes ne bénéficient pas des
droits rattachés au statut de résident.

Article 4 : La Banque Centrale de Tunisie est chargée de l'application de la présente loi.

Elle est habilitée à fixer toutes modalités, conditions et procédures pour la réalisation des opérations
de change prévues par la présente loi, à autoriser à titre général des opérations de change non
prévues par la présente loi et d’une manière générale, à édicter toutes dispositions règlementaires
en matière des relations financières avec l’étranger.

Elle est également habilitée à délivrer toutes autorisations particulières pour la réalisation des
opérations de change qui dérogent aux dispositions de la règlementation des relations financières
avec l’étranger.

Chapitre 2 : Les transferts et règlements financiers

entre la Tunisie et l’étranger

Article 5 : Sont libres en vertu de la présente loi, les transferts relatifs aux paiements à destination
de l’étranger ou en faveur de non- résidents établis en Tunisie au titre des opérations courantes
engagées conformément à la législation et la règlementation les régissant.

Les montants dont le transfert peut être effectué au titre de frais de séjour à l’étranger pour
tourisme, affaires, scolarité, formation professionnelle, stages soins, ou autres frais de séjour
peuvent être fixés par la Banque Centrale de Tunisie sous forme d'allocations et ou de
pourcentages.

Article 6 : Sont libres en vertu de la présente loi, les transferts relatifs aux paiements à destination
de l’étranger ou en faveur de non- résidents établis en Tunisie au titre du produit réel net de la
cession ou de la liquidation des investissements en Tunisie effectués par les non-résidents au moyen
d'une importation de devises et réalisés conformément à la législation en vigueur et notamment
celle applicable en matière d’investissement, même si ce produit est supérieur au capital initialement
investi.

Article 7 : Sont libres en vertu de la présente loi, les transferts relatifs aux paiements à destination
de l’étranger ou en faveur de non- résidents établis en Tunisie au titre du remboursement ou de la
cession des titres d'emprunt émis en Tunisie par l’Etat, et souscrits par importation de devises par
des non-résidents.

Sont également libres, les transferts relatifs aux paiements à destination de l’étranger ou en faveur
de non- résidents établis en Tunisie au titre du remboursement ou de la cession des titres d'emprunt
émis par des sociétés résidentes et souscrits, par importation de devises par des non-résidents ainsi
qu’au titre du remboursement des crédits obtenus par les résidents auprès des non-résidents, pour
les besoins de leurs activités. La Banque Centrale de Tunisie peut prescrire des limites à ces
opérations, conformément aux dispositions des articles premier et 4 de la présente loi.

Article 8 : Sont libres en vertu de la présente loi, les transferts relatifs aux paiements à destination
de l’étranger ou en faveur des sociétés non-résidentes établies en Tunisie, effectués par les résidents
au titre de leurs investissements à l’étranger ou de leurs participation dans les sociétés susvisées.

Un décret pris sur avis du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie peut toutefois, prescrire
des limites à ces transferts, tenant compte de critères relatifs notamment aux besoins
d’internationalisation des entreprises tunisiennes, de la croissance de l'économie nationale et des
équilibres macro-économiques.

Article 9 : Les règlements entre la Tunisie et l’étranger ou entre résidents et non-résidents établis
en Tunisie sont traitées obligatoirement par la Banque Centrale de Tunisie ou par les intermédiaires
agréés, conformément à ses instructions.
Article 10 : La Banque Centrale de Tunisie est habilitée à fixer la monnaie de compte et la monnaie
de règlement dans les engagements entre la Tunisie et l’étranger ou entre résidents et non-résidents.

Chapitre 3 : Règlements entre résidents

Article 11 : Les règlements entre résidents doivent s'effectuer en Tunisie. Sous réserve de toutes
dispositions législatives particulières, les résidents doivent libeller les obligations contractées entre
eux, en dinar en tant que monnaie de compte. Le règlement de ces obligations doit également être
effectué en dinar.

Chapitre 4 : Détention à l’étranger des avoirs

et revenus des résidents

Article 12 : Tout résident est tenu de déclarer l’intégralité de ses avoirs à l’étranger qui dépassent
un montant fixé par la Banque Centrale de Tunisie ainsi que les actes de gestion affectant lesdits
avoirs.

L'obligation de déclaration incombe solidairement au propriétaire des avoirs à déclarer ainsi qu’à
toute personne en Tunisie ayant reçu mandat de les gérer à un titre quelconque. Lorsque le
gestionnaire de ces avoirs est un intermédiaire agréé, l’obligation de déclaration incombe
exclusivement à ce dernier.

Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas aux personnes physiques de nationalité
tunisienne transférant leur résidence de l’étranger en Tunisie et aux personnes physiques de
nationalité étrangère résidentes en Tunisie au titre des avoirs constitues à l’étranger avant la date
du changement de résidence.

Article 13 : La détention des cryptoactifs par toute personne résidente est soumise à déclaration à
la Banque Centrale de Tunisie. Toutefois, l’acquisition par toute personne résidente de cryptoactifs
contre dinars ou devises ou en rémunération de biens ou services fournis à des non-résidents établis
en Tunisie ou à l’étranger, est soumise à autorisation préalable de la Banque Centrale de Tunisie.
Article 14 : Tout résident est tenu de rapatrier, dans les conditions et délais fixés par la Banque
Centrale de Tunisie, l'intégralité des devises provenant de ses exportations de biens et services à
l’étranger, et, d'une manière générale de tous ses revenus ou produits à l’étranger.

L'obligation de rapatriement prévue au paragraphe précédent incombe solidairement au


propriétaire des devises, revenus ou produits à l’étranger et à l'intermédiaire agréé détenteur des
titres de créance y afférents.

Tout résident détenant des cryptoactifs est tenu de rapatrier l'intégralité des devises provenant de
la conversion de ces cryptoactifs en devises.

L'obligation de rapatriement prévue au présent article ne s’applique pas aux personnes physiques
de nationalité tunisienne transférant leur résidence habituelle de l’étranger en Tunisie et aux
personnes physiques de nationalité étrangère résidentes, au titre des avoirs constitués à l’étranger
avant la date du changement de résidence.

Article 15 : Sans préjudice des dispositions de l’article 15 ci-dessus et à l’effet de favoriser le


paiement électronique des exportations de biens et services, les personnes physiques et morales
résidentes peuvent se faire ouvrir des comptes de paiement auprès des institutions et plateformes
de paiement, d’échange et de commerce électroniques étrangères.

Ces comptes peuvent être utilisés essentiellement pour recevoir le paiement des exportations
réalisées par les personnes concernées. Ils ne doivent en aucun cas avoir pour objectif la
constitution de capitaux à l’étranger.

Les personnes concernées doivent déclarer l’ouverture des comptes susvisés à l’intermédiaire agréé
auprès de qui sera effectué le rapatriement des paiements reçus à travers ces comptes.

Chapitre 5 : Détention et commerce des devises en Tunisie

Article 16 : Les résidents et non-résidents qui détiennent sur le territoire tunisien, pour leur propre
compte ou pour le compte d’un tiers, des billets de banque étrangers, des chèques, effets de
commerce et tous autres titres de créances libellés en monnaie étrangère ainsi que des valeurs
mobilières étrangères matérialisées par un titre, sont tenues de les déposer chez un intermédiaire
agréé.
Article 17 : Par dérogation à l’article précédent, les personnes physiques non-résidentes sont
autorisées à conserver par devers elles, pendant la durée de leur séjour sur le territoire tunisien, les
devises qu'elles ont régulièrement importées pour faire face à leurs dépenses d'entretien pendant
ledit séjour.

Article 18 : Les intermédiaires agréés sont tenus de déclarer à la Banque Centrale de Tunisie,
conformément aux conditions et délais qu’elle détermine, les valeurs et devises qu'ils détiennent
sur le territoire tunisien pour leur propre compte ou pour le compte de leurs clients.

Article 19 : Le commerce des devises est exercé par les intermédiaires agréés. Toutefois, l’activité
de change manuel de devises peut être aussi exercée, conformément aux conditions définies par la
Banque Centrale de Tunisie, par les sous-délégataires de change, les bureaux de change et les
établissements de paiements constitués conformément à la législation en vigueur.

La négociation de devises, sous forme d’acquisition ou de cession, par toute personne physique ou
morale résidente, en dehors des cas prévus au paragraphe premier du présent article, est soumise à
autorisation de la Banque Centrale de Tunisie.

Article 20 : Les intermédiaires agréés peuvent utiliser les avoirs en devises appartenant à leur
clientèle pour les besoins de leurs interventions sur les marchés domestiques en devises, pour leurs
transactions de couverture contre les risques de change, de taux d’intérêt et des prix des produits
de base ainsi que pour des opérations de change manuel.

Les règles d'organisation et de fonctionnement des marchés domestiques en devises ainsi que les
règles régissant les transactions de couverture contre les risques de change, de taux d’intérêt et des
prix des produits de base, sont fixées par circulaire de la Banque Centrale de Tunisie.

Article 21 : Les sous-délégataires de change peuvent exercer l’activité de change manuel par achat
de devises contre dinars.

La qualité de sous-délégataire de change peut être accordée par un intermédiaire agréé à toutes
personnes physiques ou morales qui, eu égard à la nature de leur activité, sont appelés à recevoir
de la part des voyageurs non-résidents des moyens de payement exprimés en monnaie étrangère.
Article 22 : Les bureaux de change peuvent exercer l’activité de change manuel par vente et achat
de devises contre dinars.

Les bureaux de change peuvent être ouverts, sur autorisation de la Banque Centrale de Tunisie,
[par toute personne physique résidente ou] par toute personne morale résidente ayant la forme
d’une société à responsabilité limitée ou d’une société anonyme.

[La personne physique ou] le dirigeant de la personne morale exerçant l’activité de bureau de change
doit être de nationalité tunisienne.

Les bureaux de change peuvent ouvrir, pour les besoins de leurs activités, des comptes en devises
auprès des intermédiaires agréés.

Un décret pris sur avis du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, fixe les conditions
financières, de compétence professionnelle et d’intégrité et de réputation requises pour l’accès à
l’activité de change manuel dans le cadre d’un bureau de change.

Chapitre 6 : Comptes de résidents et de non-résidents en Tunisie

Article 23 : Les résidents ayant des ressources ou des revenus en devises ou de la cession de
cryptoactifs contre devises convertibles peuvent ouvrir, dans les cas et conditions fixés par la
Banque Centrale de Tunisie, des comptes en devises ou en dinars convertibles auprès des
intermédiaires agréés. Peuvent également ouvrir des comptes en dinar convertibles auprès des
intermédiaires agréés, dans les conditions fixés par la Banque Centrale de Tunisie, les personnes
physiques résidentes bénéficiaires de droit à transfert à titre de frais de séjour à l’étranger.

En dehors des devises pouvant être logés dans des comptes, conformément au paragraphe premier
du présent article, tout résident doit céder à un intermédiaire agréé, un sous-délégataire de change
ou un bureau de change, l'intégralité des devises qu'ils détient à quelque titre que ce soit, y compris
les devises qui lui sont délivré par l’intermédiaire agréé ou un bureau de change et qu’il ne les a pas
utilisées dans les délais fixés pour leur emploi.
Article 24 : La Banque Centrale de Tunisie règlemente l'ouverture et le fonctionnement des
comptes ouverts en Tunisie au nom des personnes non- résidentes.

Chapitre 7 : Importation et exportation matérielle des devises et des valeurs

Article 25 : Sous réserve des modalités d’application fixées par Banque Centrale de Tunisie, sont
libres en vertu de la présente loi :

1- L’importation et l’exportation des instruments de paiement réalisées par les intermédiaires agréés.

2- L'importation par les voyageurs de tout instrument de paiement libellé en devises ou adossé à
un compte en devises ou en dinars convertible ;

3- L’exportation des instruments de paiement :

- libellés en devises importés par les voyageurs non-résidents et non utilisés ;

- délivrés aux voyageurs, conformément à la règlementation en vigueur ;

- adossés à un compte en devises ou en dinars convertibles ;

- détenus par les voyageurs en transit.

Article 26 : Les voyageurs résidents et non-résidents peuvent être astreints à l’entrée, à la sortie ou
en transit sur le territoire tunisien, à fournir au service des douanes une déclaration écrite des
instruments de paiement en leur possession.

Article 27 : L’importation et l’exportation des instruments de paiement par voie postale sont
soumises à autorisation.

Article 28 : L'importation et l'exportation de dinars tunisiens en billets ou en pièces métalliques


sont prohibées, sauf en vertu d’accords conclus par la Banque Centrale de Tunisie avec ses
homologues ou toute autre autorité spécialisée dans le pays étranger.
Chapitre 8 : Supervision de l’exercice des opérations de change par les
intermédiaires agréés et des bureaux de change

Article 29 : Les intermédiaires agréés sont tenus de mettre en place un dispositif de contrôle des
opérations de change permettant de s’assurer de la bonne application par leurs services de la
règlementation régissant les relations financières avec l’étranger et contenant :

- un organe dédié au contrôle des opérations de change ;

- des procédures et des règles internes à suivre par les services concernés dans l’exécution des
opérations de change ;

- des procédures et des normes d’identification, de suivi et de maîtrise des risques de non-respect
de la règlementation régissant les relations financières avec l’étranger.

Les intermédiaires agréés sont tenus, en outre, de soumettre ce dispositif à un contrôle interne pour
en évaluer son efficacité.

Article 30 : Indépendamment des pouvoirs de ses agents en matière de constatation des infractions
à la législation des relations financières avec l’étranger, la Banque Centrale de Tunisie exerce sur les
intermédiaires agréés et sur les bureaux de change une supervision sur pièces et sur place à l’effet
de s’assurer du respect de la bonne application de la législation et la règlementation des relations
financières avec l’étranger. A ce titre, les intermédiaires agréés et les bureaux de change sont
responsables vis à vis de la Banque Centrale de Tunisie.

La supervision sur place est effectuée sur la base d’un ordre de mission émis par le Gouverneur de
la Banque Centrale de Tunisie ou son suppléant indiquant obligatoirement les noms des agents
chargés de la mission et les travaux de contrôle à effectuer ainsi que les délais de leur réalisation.

Lors de l’exercice de leurs missions, les agents chargés de la supervision sur place doivent justifier
de leurs identités et de leurs qualités par la présentation des documents de leur habilitation et leurs
cartes professionnelles.

Article 31 : Les intermédiaires agréés et les bureaux de change doivent fournir aux agents de la
Banque Centrale de Tunisie chargés de la supervision tous documents et renseignements qu’ils
demandent dans le cadre de l’exercice de leurs missions.
Ils sont tenus également de communiquer à la Banque Centrale de Tunisie, dans les conditions et
aux dates fixées par celle-ci, les informations sur les opérations effectuées par leur entremise.

Article 32 : Tout retard de communication des documents et renseignements prévus aux précédent
article est sanctionné d'une astreinte fixée à deux cents dinars par jour de retard, à compter de la
date de la constatation par les agents de la Banque Centrale de Tunisie du retard ou du refus.

Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie fixe le montant définitif de l'astreinte qui sera
recouvré au profit du Trésor au moyen d’un état de liquidation émis et rendu exécutoire par le
ministre chargé des finances ou son mandataire et ce, conformément aux dispositions du code de
la comptabilité publique.

Article 33 : Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie est habilité à infliger les sanctions
disciplinaires suivantes à l’encontre des intermédiaires agréés qui ne respectent pas les dispositions
de l’article 29 de la présente loi :

1- l’avertissement ;

2- une amende dont le montant ne doit pas dépasser un million de dinars.

Aucune sanction ne peut être prononcée, sans que le représentant légal de l’intermédiaire agréé ou
son suppléant n’aient été au préalable convoqués pour être auditionnés et se défendre. Il est
procédé à l’information de l’intermédiaire agréé des faits qui lui sont reprochés par tout moyen
laissant une trace écrite.

Le représentant légal de l’intermédiaire doit adresser à la Banque Centrale de Tunisie ses


observations écrites dans un délai de huit jours à compter de la date de réception de la notification
prévue au paragraphe précédent.

Article 34 : Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie est habilité à infliger les sanctions
disciplinaires suivantes à l’encontre des bureaux des change :

1- L’avertissement,

2- La suspension provisoire de l’activité, pendant une durée ne dépassant pas trois mois,
3- Le retrait de l’autorisation.

L’avertissement peut être prononcée en cas d’un manquement par le bureau de change aux normes
d’exercice de l’activité fixées par la Banque Centrale de Tunisie qui ne tombe sous le coup de la
suspension provisoire ou du retrait de l’autorisation.

La suspension provisoire de l’activité peut être prononcée en cas de manquement par le bureau de
change des conditions légales et règlementaires d’exercice de l’activité qui peut être corrigé pendant
la durée de la suspension.

Le retrait de l’autorisation peut être prononcée en cas de manquement par le bureau de change des
conditions d’exercice de l’activité qui ne peut être corrigé pendant la durée de la suspension
provisoire ou en cas de manquement graves aux règles d’exercice de l’activité. Sont considérés
comme manquement graves, notamment le non-respect par le bureau de change, constaté par la
Banque Centrale de Tunisie, des prescriptions légales et règlementaires en matière des relations
financières avec l’étranger et de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du
terrorisme.

Article 35 : Aucune sanction prévue à l’article précédent ne peut être prononcée, sans que le
titulaire de l’autorisation de bureau de change n’ait été au préalable convoqué pour être auditionnés
et se défendre.

A cet effet, le titulaire de l’autorisation de bureau de change est informé des faits qui lui sont
reprochés et des pièces justificatives à l’appui, par tout moyen laissant une trace écrite. Dans le délai
de huit jours à compter de la date de réception de la notification susvisée, le titulaire de l’autorisation
de bureau de change doit adresser à la Banque Centrale de Tunisie ses observations écrites.

Les sanctions prononcées sont communiquées au titulaire de l’autorisation de bureau de change


par tout moyen laissant une trace écrite.

Chapitre 9 : Infractions à la règlementation des relations

financières avec l’étranger

Article 36 : Sont considérées comme infractions à la règlementation des relations financières avec
l’étranger passibles des peines prévues par la présente loi :

1- la fausse déclaration ;

2- l’inobservation des obligations de déclaration ;


3- le défaut de rapatriement des revenus et avoirs à l’étranger ;

4- le défaut de cession des devises ;

5- le défaut d’autorisation requise ou le non-respect des conditions dont elles sont assorties

6- l’inobservation des prescriptions de la règlementation des relations financières avec l’étranger ;

7- toutes manœuvres tendant à éluder les obligations ou interdictions instituées par la


règlementation des relations financières avec l’étranger.

La tentative d'infraction est passible des mêmes peines prévues pour l’infraction elle-même.

Article 37 : Les agents ci-après désignés sont habilités à constater les infractions à la réglementation
des relations financières avec l’étranger :

1- Les officiers de police judiciaire ;

2- Les agents de douanes ;

3- Les agents de la Banque Centrale de Tunisie dûment habilités à cet effet.

Les procès-verbaux de constatation sont transmis au Ministère des Finances, qui saisit le parquet
s'il le juge à propos.

Article 38 : Les agents visés à l'article précédent sont habilités à effectuer en tous lieux des visites
domiciliaires dans les conditions prévues par le code des douanes.

Pour le contrôle de l'application de la réglementation des relations financières avec l’étranger, ces
agents peuvent demander à toutes administration, services ou personne publique ou privée, les
renseignements qui leur sont nécessaires pour l'application de leur mission sans que le secret
professionnel puisse leur être opposé.

Toute entrave à ces droits de vérification, par le refus de communication de documents, la


dissimulation de pièces ou d'opérations ou autrement, apportée par les personnes concernées est
constatée par procès-verbal et poursuivie dans les mêmes conditions que celles fixées par le code
des douanes.
Article 39 : Sont tenues au secret professionnel et passibles des peines prévues par l'article 254 du
Code Pénal, toutes personnes appelées à l'occasion de leurs fonctions ou de leurs attributions, à
intervenir dans l'application de la réglementation des relations financières avec l’étranger.

Toutefois, lorsqu'une poursuite régulière a été engagée, ces mêmes personnes ne peuvent opposer
le secret professionnel au juge d'instruction ou au tribunal qui les interroge sur les faits faisant
l'objet de la plainte ou sur les faits connexes.

Article 40 : La poursuite des infractions à la réglementation des relations financières avec l’étranger
ne peut être exercée que sur la plainte du ministre des finances ou de son représentant habilité à
cet effet.

Les dispositions du titre 15 du code des douanes sont applicables à ces infractions dans la mesure
où elles ne sont pas contraires au présent titre de la présente loi.

Article 41 : Dans toutes les instances résultant d'infractions à la réglementation des relations
financières avec l’étranger, le ministre des finances ou son représentant habilité à cet effet, a le droit
d'exposer l'affaire devant le tribunal et d'être entendu à l'appui de ses conclusions.

Article 42 : Le ministre des finances, ou son représentant habilité à cet effet, peut transiger avec le
délinquant et fixer lui-même les conditions de cette transaction.

La transaction peut intervenir avant ou après jugement définitif.

Article 43 : Lorsque l'auteur d'une infraction à la réglementation des relations financières avec
l’étranger vient à décéder avant dépôt de plainte ou intervention d'un jugement définitif ou d'une
transaction, le ministre des finances ou son représentant habilité à cet effet est fondé à exercer,
devant la juridiction civile contre la succession, une action tendant à faire prononcer par le tribunal
la confiscation du corps du délit ou, si celui-ci ne peut être saisi, une condamnation pécuniaire fixée
conformément à l'article 52 de la présente loi.

Article 44 : Lorsque les infractions à la réglementation des relations financières avec l’étranger sont
commises par les administrateurs, gérants ou directeurs d'une personne morale ou par l'un d'entre
eux agissant au nom et pour le compte de la personne morale, indépendamment des poursuites
intentées contre ceux-ci, la personne morale elle-même pourra être poursuivie et frappée des peines
pécuniaires prévues à la présente loi.

Article 45 : Lorsque les infractions à la réglementation des changes constituent en même temps
des infractions à la législation douanière ou à toute autre législation, elles sont, indépendamment
des sanctions prévues à la présente loi, constatées, poursuivies et réprimées comme en matière de
douane ou conformément à la procédure prévue par la législation à laquelle il est porté atteinte.

Article 46 : Les infractions à la réglementation des relations financières avec l’étranger sont punies
d'un emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 200 dinars à 500.000 dinars sans
toutefois que cette amende puisse être inférieure à cinq fois le montant sur lequel a porté
l'infraction.

En cas de récidive, la peine d'emprisonnement peut être portée au double ans et l'article 53 du
Code Pénal n'est pas applicable.

Article 47 : Indépendamment des peines prévues à l'article 52, le tribunal est tenu de prononcer la
confiscation du corps du délit, c'est-à-dire des biens meubles ou immeubles qui ont fait l'objet de
l'infraction.

Lorsque, pour une cause quelconque, le corps du délit n'a pu être saisi, ou n'est pas représenté par
le délinquant, le tribunal est tenu, pour tenir lieu de confiscation, de prononcer une condamnation
pécuniaire d'un montant égal à la valeur du corps du délit, augmentée du bénéfice illicite que les
délinquants ont réalisé ou voulu réaliser.

Lorsque l'opération délictuelle comporte la participation de plusieurs parties, le corps du délit, qu'il
puisse ou non être représenté est constitué par l'ensemble des prestations fournies par chacune des
parties, y compris la rémunération des services.

Article 48 : Les infractions à la réglementation des relations financières avec l’étranger se


prescrivent par trois ans. Le délai de prescription des infractions continues ne commence à courir
qu'à compter de la date de cessation de l'état délictueux.
Article 49 : Le recouvrement des amendes, confiscations et autres condamnations pécuniaires est
poursuivi, conformément à l'article 21 du code pénal, à l'encontre de tous les auteurs et complices
de l'infraction.

Article 50 : Lorsque l'auteur d'une infraction à la réglementation des relations financières avec
l’étranger vient à décéder avant d'avoir effectué le règlement des amendes, confiscations et autres
condamnations pécuniaires prononcées contre lui, ou des transactions acceptées par lui, le
recouvrement peut en être poursuivi contre la succession.

Article 51 : Le produit des amendes, confiscations et autres condamnations pécuniaires, ainsi que
celui des transactions, sera réparti dans les mêmes conditions que celles applicables en matière de
douane.

Dans les cas prévus à l'article 51 et lorsqu'il n'intervient qu'une seule condamnation ou une seule
transaction pour l'ensemble des infractions, le produit des amendes et confiscations, ainsi que celui
des transactions est réparti suivant les modalités fixées par le ministre des finances.

Article 52 : Les personnes physiques exerçant l’activité de change manuel dans le cadre de bureaux
de change peuvent continuer à exercer leur activité pendant une période de 5 ans à partir de la date
d’entrée en vigueur de la présente loi. Elles doivent toutefois, régulariser leur situation pendant ce
délai, par la transfert de leur activité à des personnes morales créées conformément à la présente
loi.

Article 53 : Sont abrogées, toutes dispositions antérieures contraires ou faisant double emploi avec
celles dudit code et notamment :

- la loi n°76-18 du 21 janvier 1976, portant refonte et codification de la législation des changes et
du commerce extérieur régissant les relations entre la Tunisie et les pays étrangers telle que modifiée
par les textes subséquents ;

- le décret n°77-608 du 27 juillet 1977, fixant les conditions d'application de la loi n°76-18 du 21
janvier 1976, portant refonte et codification de la législation des changes et du commerce extérieur
régissant les relations entre la Tunisie et les pays étrangers, tel que modifié par les textes subséquents
;
- l’article 54 de la loi n°2014-54 du 19 août 2014 portant loi de finances complémentaire pour
l’année 2014 ;

- le décret gouvernemental n° 2017-1366 du 25 décembre 2017, fixant le montant minimum de la


caution bancaire exigée pour l’exercice de l’activité de change manuel par la création d’un bureau
de change et les conditions d’éligibilité à l’exercice de cette activité, tel que modifié par le décret
gouvernemental n° 2018-593 du 17 juillet 2018 ;

Les textes d'application de la législation abrogée par la présente loi continueront à être appliqués
jusqu'à ce qu'ils soient remplacés par des textes de même objet.

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