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Chapitre 4 : Le plan de financement

Afin de pouvoir visualiser les flux prévisionnels de fonds générés par la politique
d’investissement et le choix du mode de financement, il faut établir un tableau prévisionnel dit :
plan de financement qui regroupe l’ensemble des emplois et ressources futurs de l’entreprise.
L’objectif de ce chapitre est de décrit l'évolution des flux financiers stables dans le cadre du
plan de financement. Il s’agit de mettre en évidence par anticipation les problèmes de trésorerie
pour permettre à l'entreprise de rechercher les ressources complémentaires nécessaires en cas
de déséquilibre.

Section 1 : Plan de financement : définition et objectifs


1. Définition
Le plan de financement est un tableau pluriannuel de flux financiers établi sur un horizon
prévisionnel de 3 à 5 années. Il est généralement associé à un projet d’investissement envisagé
par l’entreprise. Il a pour objet de recenser les flux financiers en entrée (ressources) et en sorties
(emplois) caractérisant aussi bien la réalisation des investissements que les premières années
d’exploitation.
L’expérience a montré que certains projets pouvaient être intéressants sur le plan de la
rentabilité, mais pouvaient connaître des difficultés au niveau du montage financier. Donc, le
plan de financement permet de s’assurer de l’équilibre financier d’un projet en récapitulant,
d’une part, l’ensemble des besoins financiers du projet à satisfaire et, d’autre part, les ressources
apportées.
Le plan de financement vise à mettre en adéquation les emplois (dépenses) et les ressources
(recettes) pour chaque projet. Il permet de savoir à l’avance si le projet pourra être financé d’une
manière rationnelle.
En effet, les besoins de financement sont constitués par toutes les sommes « décaissées » par
l’entreprise et notamment par les immobilisations, les remboursements d’emprunt, les
remboursements de comptes courants d’associés et la variation du besoin en fonds de
roulement.
Afin de financer les besoins identifiés dans la première partie, le porteur de projet va identifier
des ressources adéquates : déblocage d’emprunts, apports en comptes courants, apports en
capital et capacité d’autofinancement.
En somme, Le plan de trésorerie prévisionnelle ou plan de financement : C’est le résultat de la
trésorerie nette que dégagera le projet sur une période donnée, présentés dans un tableau
pluriannuel.

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2. Objectifs
L’élaboration du plan de financement prévisionnel répond à plusieurs objectifs :
• Apprécier l’équilibre financier du projet (capacité des ressources à couvrir les besoins de
financement générés par le projet), ainsi que le degré d’adéquation du mode de
financement retenu (structure du mode de financement, date de mise à disposition des
différentes ressources ainsi que leurs durées de disponibilité).
• Donner les bases de négociation avec les établissements de crédit ; en effet, le plan de
financement est un document nécessaire dans la constitution du dossier de crédit dans la
mesure où il constitue une justification de l’utilisation des fonds demandés.
• Il est demandé par les responsables publics pour l'établissement des dossiers de demande
de subventions d'investissement.
• Prévenir les difficultés financières et les différents risques qui peuvent se présenter afin
d’évaluer les possibilités d’ajustement possibles.
• Son montage financier permet de savoir également si le porteur de projet est disposé à
assurer les dépenses de fonctionnement en attendant la vente du produit, faute de quoi, ce
dernier risque de financer ses dépenses en prélevant sur ses besoins personnels ou sur
d’autres activités, ce qui risque de l’appauvrir.

Section 2 : L’élaboration du plan de financement


D’abord, il faut préciser qu’il n’y a pas de présentation normalisée du tableau de financement ;
chaque investisseur peut le concevoir à sa manière, l’essentiel est de mettre en évidence année
par année d’une part, l’ensemble des dépenses liées au projet envisagé et, d’autre part,
l’ensemble des ressources qui seront mobilisées pour couvrir ces dépenses.
Généralement, le plan de financement est établi selon une structure qui s’apparente à celle du
tableau de financement ; il s’agit de deux documents complémentaires : alors que le tableau de
financement est rétrospectif, le plan de financement est prévisionnel, leur rapprochement est
très utile dans la mesure où il permet de dégager les écarts, de les d’analyser et d’assurer le
suivi et le contrôle de la politique financière de l’entreprise.
Le plan de financement contient généralement trois parties distinctes : les emplois, les
ressources et les soldes.
1. Les flux d’emplois
Les flux d’emplois sont les dépenses occasionnées par la mise en œuvre d’un projet. Il s’agit,
principalement, des éléments suivants :
•La dépense d’investissement : il s’agit du montant de toutes les dépenses liées au programme
d’investissement prévu, tels que l’acquisition d’éléments de l’actif immobilisé.

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• L’augmentation du BFR: la réalisation des investissements entraîne généralement une
augmentation des besoins d’exploitation due à l’augmentation du volume d’activité. Ainsi, le
montant du BFR supplémentaire engagé chaque année doit apparaître en « emplois » dans le
plan de financement.
•Les remboursements des dettes financières : il s’agit du remboursement des emprunts
contractés pour le financement de l’investissement ; seul le principal des annuités est pris en
considération, les frais financiers sont déjà déduits du résultat et donc du cash flow.
•La distribution de dividendes : il s’agit des dividendes qui seront distribués aux associés et
qui sont calculés sur la base du bénéfice lié au projet et relatif à l’année antérieure.
•La réduction des capitaux propres : Exemple d’une réduction du capital social.
2. Les flux de ressources
Il s’agit des flux liés aux ressources utilisées dans le financement du projet d’investissement. :
•La CAF : il s’agit des Cash Flow générés annuellement par le projet d’investissement.
•L’augmentation des capitaux propres : il s’agit, par exemple, du capital effectivement libéré
et net des frais d’émission.
•Les emprunts à moyen et long terme : il s’agit du montant effectivement reçu des différents
emprunts contractés pour la réalisation du projet ; les emprunts indivis sont pris pour leur valeur
nominale, alors les emprunts obligataires pour leur prix d’émission.
•Les apports en comptes courants d’associés : sont inscrits à la date de leur mise à disposition
au profit de l’entreprise.
•La cession d’éléments de l’actif immobilisé : il s’agit de ressources liées à la cession des
actifs et dont peut disposer l’entreprise surtout dans le cas d’investissement de remplacement,
elles sont inscrites en fonction de leur date d’encaissement effectif.
Remarque : Dans le cas du financement de l’investissement par crédit bail, l’actif en question
ne figure pas parmi les emplois du plan de financement, de même, le montant des loyers payés
est déduit des cash flows et, donc, n’est pas pris en considération en ressources.
3. Les soldes
Les soldes sont obtenus en faisant la différence entre les ressources et les emplois de chaque
année, ils peuvent donc être soit des excédents (lorsque le solde est positif), soit des déficits
(lorsque le solde est négatif).
Il est utile de calculer pour chaque exercice le solde cumulé pour déterminer la vraie situation
financière de l’entreprise.
4. Les relations entre la trésorerie et le plan de financement :
Le plan de financement prend en compte l’ensemble des opérations courantes (CAF), les
opérations d’investissement et les sources de financement, ainsi que la politique de distribution

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des dividendes. Dès lors, on retrouve tous les flux financiers qui sont susceptibles d’affecter la
trésorerie de l’entreprise.
Ainsi, il existe un lien direct entre le solde général du plan de financement et le niveau de la
trésorerie. On a donc la relation suivante à la fin de chaque année du plan de financement :
Trésorerie fin de période = trésorerie début de période + solde du plan de financement

Généralement, la présentation du plan de financement prend la forme suivante :

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Années N+1 N+2 N+3 N+4 N+5
Ressources :
• Augmentation de capital
• Subventions d’investissement
• Apports en comptes courants d’associés
• Dettes de financement
• CAF (ou Cash Flow)
• Cessions ou réduction d’actifs
• Autres ressources
Total des ressources
Emplois :
• Acquisition d’immobilisations
➢ Incorporelles
➢ Corporelles
➢ Financières
• Augmentation du BFR
• Réduction du capital
• Remboursements de dettes de financement
• Dividendes distribués.
• Autres emplois
Total des emplois
Soldes simples (ressources – emplois)
Soldes cumulés

La présentation définitive du plan de financement doit refléter un équilibre financier assez


satisfaisant, sinon il appartient à l’investisseur de chercher les moyens nécessaires pour
l’ajuster, soit en agissant sur les ressources, soit en adaptant son programme d’investissement.
Remarque :

L'élaboration du plan de financement passe au minimum par deux étapes :


• l'établissement d'un plan sans les financements externes (endettement, augmentation de
capital…..) pour mettre en évidence les besoins à couvrir en fonction des insuffisances
constatées en fin de chaque période ;
• l'établissement d'un plan de financement équilibré, avec une trésorerie finale positive où nulle.
le total des ressources doit être identique à celui des besoins pour obtenir l’équilibre.

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5. Analyse du contenu
1. CAF = Résultat Net + Dotations aux amortissements
2. Cession d’immobilisations : Montant HT des produits de cession + Eco. IS/Moins-values –
IS/Plus-values, en cas de liquidation de l’entreprise où du projet.
3. Augmentation de capital : Seule l’augmentation de capital par apport en numéraire et à
concurrence des seules sommes libérées, constitue une ressource réelle susceptible de financer
des emplois.
4. Subventions : L’année où elle est perçue par l’Ese, la subvention constitue une ressource
pour son montant réel.
5. Dettes financières : il s’agit des dettes supérieures à 1 an. Si des frais sont supportés, ils
peuvent être déduits du montant emprunté soit portés en emplois dans une rubrique « charges
à répartir ».
6. Acquisition s’immobilisations : Montant est inscrit HT.
7. Distributions de dividendes : soit les porter d’emblée en emplois (si l’Ese a déjà défini les
montantes prévisionnelles et qu’elle à l’assurance de pouvoir y faire faces) soit les ignorer
dans un premier temps, les possibilités de distribution étant étudiées après établissement du
plan, selon les soldes obtenus.
8. Variations du BFRE : Augmentation en emplois et diminutions en ressources (où emplois
négatifs).

Exemple :
La société BIEN CLUB spécialisée dans la commercialisation des produits pharmaceutiques
envisage de réaliser le programme d’investissement suivant en millier de DH:
- Achat d’un terrain au cours de l’année N : 400
- Construction d’un bâtiment en N+1 : 1 500
- Achat de machines en N+1 : 500, en n+2 : 300.
Les CAF prévisionnelles sont de 500 sur toutes les années.
En N, des cessions vont apporter une ressource nette d’impôt évaluée à 100 000 DH. Le BFRE
représente 50 j CA HT.
Le CA HT passera de 6 000 DH en N et en N+1 à 8 500 DH en N+2 et à 10 000 DH les années
suivantes. Les financements envisageables sont :
- une augmentation de capital pour 500 DH en N+1
- un endettement de 600 DH sur 6 ans contracté fin N+1, remboursable par fractions constantes,
au taux de 10%.

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TAF : Etablir le plan de financement de n+1 à n+3 sachant que la trésorerie globale initiale s’élève
à 160 DH.
Solution :
Besoins de financement N+1 N+2 N+3
Terrain 400
Construction 1 500
ITMO 500 300
Remboursements d'emprunts
Réduction des fonds propres
Distributions de dividendes
Augmentation du besoin en fonds de roulement 3471 208
Total des emplois 400 2 347 508
Ressources de financement
Capacité d'autofinancement (Cash-Flow) 500 500 500
Cession d'immobilisation 100
Emprunts bancaires 500
Augmentation des fonds propres 1000
Diminution du besoin en fonds de roulement
Total des ressources 1 600 1 000 500
Trésorerie début d'exercice 160 1 360 13
Flux de trésorerie annuel 1 200 -1 347 -8
Trésorerie fin d'exercice 1 360 13 5

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(8 500 – 6 000)*50/360

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Bibliographie :
✓ BEKAHIA .R et OUDAD .H , Finance d’entreprise tome 1 Analyse et diagnostic financiers,
gaëtan morin éditeur Maghreb, 1997.
✓ CHARREAUX .G, Gestion financière, Litec, Paris, 1996.
✓ MOLLET .A , Gestion financière épreuve n° 4 DECF , Foucher, 2003-2004.
✓ EMMANUEL T (2010), L’évaluation des entreprises, Paris, Edition Economica, 4ème édition.
✓ J-C TOURNIER, JB TOURNIER, Evaluation d’entreprise, Paris, Edition Eyrolles, 4eme
édition.
✓ Jean-Pierre Debourse, Roger P. Declerck, Principes d’analyse financière de projets
d’investissement, Stratégies et projets, l’Harmattan, 2012.
✓ Jacques Chrissos et Roland Gillet, Décision d'investissement, Pearson Education, 2012.
✓ Jean-Claude Corbel, Management de projet : Fondamentaux-Méthodes-Outils, édition
d’organisation, 2015.
✓ Jacqueline Delahaye Jean Barreau, Gestion financière, DECF Epreuve 4 (Manuel et
applications), Dunod, 2016.
✓ RIVERT .A, Gestion financière analyse et politiques financières de l’entreprise,
TEcnosup,2003.

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