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28/02/2023 20:40 Ahmadou Kourouma : mémoire vivante de la géopolitique en Afrique - Ahmadou Kourouma : un écrivain au carrefour de l’ora…

Presses
Universitaires
de
Bordeaux
Ahmadou Kourouma : mémoire vivante de la
géopolitique en Afrique | Jean-Fernand Bédia, Jean-Francis
Ekoungoun

Ahmadou
Kourouma : un
écrivain au
carrefour de
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l’oralité et de la
créativité moderne
Alain Joseph Sissao et Benjamin
Sou
p. 207-219

Texte intégral

Introduction
1 Les romanciers africains comme Ahmadou Kourouma
écrivent en français mais essaient d’adapter cette langue à
leur contexte d’énonciation. C’est dans cette perspective que
Jean-Pierre Makouta M’Boukou note : « les négro-africains
écrivent en français, en anglais, en espagnol ou en portugais,
déclare-t-on toujours. C’est que ces Africains ne font jamais
totalement table rase de leur origine linguistique. On
retrouve dans leurs œuvres de page en page, de chapitre en
chapitre, des passages entiers en langues maternelles1 ».
2 À côté de cette littérature écrite, il y a la littérature orale. On
peut donc établir un lien entre ces deux littératures. Si le
XXe siècle a connu le développement des littératures écrites
en Afrique subsaharienne, cela ne doit pas faire oublier
l’importance de la littérature orale. Comment celui qui écrit
donne-t-il forme à sa passion d’écrire, à partir de son vécu
personnel et d’un noyau de relations aux langues dans
lesquelles il écrit ? L’écriture apparaît alors comme un
espace de tension et de rencontre entre des langues
différentes, espace à l’intérieur duquel l’écrivain doit trouver
sa langue, sa ligne propre, unique, d’invention et de
création2.
3 Ahmadou Kourouma a toujours fait la part belle à sa culture
et tradition malinké dans ses œuvres. Il est l’un de ceux qui
privilégient la cohabitation entre langues africaines et
occidentales. On pourra noter à juste titre que son écriture

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s’apparente à une « oraliture » au sens où l’entend Claude


Hagège. Elle charrie des interférences pour transgresser à la
fois les codes normatifs et les frontières grammaticales entre
écriture et oralité mais aussi entre préceptes africains et
concepts occidentaux. C’est le lieu de l’expression et de
l’épreuve géocritique manifestés par son principe de
trangressivité. La géopolitique culturelle se manifeste chez
l’auteur par l’actualisation de sa culture dans une écriture
héritée de l’Occident. C’est donc par la transgression au sens
géocritique ; c’est-à-dire au sens de franchissement où de
mezzo-crossing comme l’indique Diandué Parfait3, que
fleurit la géopolitique culturelle.
4 C’est pourquoi, le débat visant à présenter Ahmadou
Kourouma comme un écrivain au carrefour de la tradition et
de la créativité moderne est digne d’intérêt. Le romancier
utilise, en effet, des formes particulières d’interférences avec
la langue malinké. On peut se demander quelle signification
politique donner à cette stratégie narrative ? Le roman
d’Ahmadou Kourouma, Quand on refuse on dit non, épouse
les réalités linguistiques, culturelles et identitaires du terroir
malinké. La problématique touche la tradition mandingue et,
dans une certaine mesure, la question du panafricanisme à
travers l’étude de la dimension politique de l’interférence
entre langues africaines et langue française dans le roman
d’Ahmadou Kourouma
5 La particularité de la langue d’écriture d’Ahmadou
Kourouma, dans ces deux romans de guerre, est calquée sur
« le parler de rue », une posture linguistique ou langagière
marquée par son caractère hétéroclite et diglossique. Une
identité linguistique littéraire qui invite au débat autour du
sens politique de la langue d’écriture du romancier
ivoirien. La démarche méthodologique va s’atteler d’abord à
présenter l’auteur dans son rapport à l’oralité. Ensuite, il
s’agira d’étudier les interférences que sont : les calques, les
emprunts lexicaux et les interférences morphosyntaxiques.
Quelles fonctions idéologiques remplissent-elles ? Face au
problème linguistique on peut observer que l’attitude des
écrivains africains a beaucoup changé. Plusieurs d’entre eux
optent pour une décolonisation des langues africaines4.
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Ahmadou Kourouma et l’oralité


6 Cette partie doit permettre au lecteur de mieux comprendre
la géopolitique de l’oralité chez Ahmadou Kourouma. Dans
une interview accordée à la Revue Diagonales, l’écrivain,
parlant du héros du roman Les soleils des indépendances,
affirme ceci :
Si Fama, s’exprimait en français classique, cela donnait une
fade traduction de ce qu’il pensait ; en revanche, si les mots
se suivaient dans la succession malinké, si je pliais le français
à la structure de notre langue, avec le respect de ses
proverbes et de ses images, alors le personnage apparaissait
dans sa plénitude5.

7 Ces propos traduisent le souci pour l’auteur de présenter


toute la personnalité psychologique dans laquelle baigne
Fama, marquée par les valeurs culturelles de sa société. Il
veut rendre l’essence même de la culture malinké, la façon de
restituer les mots en respectant la culture et la personnalité
de son personnage.
8 D’un point de vue idéologique, cette approche narrative du
romancier privilégie l’effet de réel, selon l’approche de
Jacques Chevrier dans la classification du roman africain et
l’expression authentique du personnage dans sa culture6. Il
l’exprime si fort dans cette affirmation : « Prenez les
proverbes : un proverbe malinké littéralement traduit sous
sa forme originale ne dit rien », ce qui veut dire que la
traduction mot à mot en français ferait perdre l’âme même
de l’énoncé ; c’est pourquoi, le romancier essaie de casser le
français pour restituer le sens véritable dans la culture
malinké. Fort de cette spécificité, Ahmadou Kourouma
assigne deux finalités à la langue : elle est un moyen de
communiquer, de transmettre des messages, elle est aussi un
moyen de se retrouver soi-même. Ce postulat permet de
dégager la dimension politique de la langue d’écriture chez
Ahmadou Kourouma. C’est ainsi que l’auteur emprunte la
métaphore du tailleur : « Quand on a des habits, on essaie
toujours de les coudre pour qu’ils moulent bien, c’est ce que
vont faire et font déjà les Africains du français. Si je parle de
moi, c’est parce que je suis l’un des initiateurs de ce
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mouvement.7 » Ahmadou Kourouma nous livre la


quintessence des proverbes, chants, mythes, légendes, etc.
9 Dans Quand on refuse, on dit non, il s’agit toujours du petit
Birahima, le même enfant soldat dans Allah n’est pas obligé.
Fanta, la fille du recteur d’une des mosquées, demande à
Birahima de l’accompagner jusqu’à la ville de Bouaké au
Nord du pays en zone rebelle. Elle lui enseigne non
seulement la crise politique mais aussi la géographie de ce
pays. Le peuplement du pays a une importance majeure dans
le conflit notamment le rôle de l’administration coloniale
dans l’émigration des différentes communautés en Côte
d’Ivoire8.
10 Mais l’histoire de la Côte d’Ivoire se confond avec l’histoire
personnelle d’Houphouët-Boigny, acquis à la cause de la
création syndicale agricole pour mettre fin aux exploitations
coloniales. Au cours de sa présidence, il eut une idée géniale
qui se trouve au centre des débats actuels. La Côte d’Ivoire
étant dans un besoin de main d’œuvre, il profite des
socialisations dans les États voisins pour attirer la main
d’œuvre vers son pays avec son slogan, la terre appartient à
celui qui la met en valeur. Les hommes accoururent et
surtout du Burkina voisin. Ce qui donna une exceptionnelle
croissance de l’économie. Ensuite s’installent des moments
de crise. Pour faire face à la crise économique, il nomme
Alassane Ouattara, un fonctionnaire du FMI, premier
ministre. Ce dernier institue la carte de séjour pour les
étrangers. Mais à cause de la corruption des policiers
ivoiriens, elle rapporta peu au budget.
11 Après la mort d’Houphouët-Boigny, une guerre de
succession oppose les ténors de la classe politique
notamment le président de l’Assemblée nationale, Henri
Konan Bédié, l’opposant historique, Laurent Gbagbo, le
premier ministre Alassane Ouattara et le Général Robert
Gueï alors chef d’État-major, Général de l’armée. La fracture
sociale et politique s’amplifie autour du concept de
l’« ivoirité ». S’installe alors une confusion générale avec des
massacres et des charniers.

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Identification des interférences dans le


roman
L’identification des interférences de type emprunts
lexicaux et leur traduction
12 Ahmadou Kourouma aime traduire les réalités africaines
dans un style qui allie la langue française et les langues
africaines notamment le dioula ou le malinké dans ses
œuvres. L’analyse s’intéressera à cet aspect. N’éludons pas le
fait que dans les deux romans de guerre, l’auteur, semble-t-
il, va plus loin dans sa créativité linguistique, car il s’inspire
du français populaire, notamment d’une forme dérivative du
parler ivoirien : le nouchi. Cet aspect relativise le rapport
exclusif de la langue de Kourouma au malinké. L’influence
de la langue de rue sur l’esthétique narrative du roman ouvre
le débat sur la relation concurrentielle entre la langue
française et les parlers de rue ou français populaire dans les
pays francophones d’Afrique, une forme de remake de la
diglossie entre le latin et les langues de la Gaule antique9.
13 D’où l’intérêt d’évoquer la dimension politique voire
géopolitique de la langue d’écriture aussi bien chez Ahmadou
Kourouma que chez nombre d’écrivains postcoloniaux
comme Patrice Nganang). Cela se manifeste tant sur le plan
lexical, c’est-à-dire le vocabulaire par des mots étrangers que
sur la construction des phrases. Il fait une entorse aux règles
d’énonciation d’une phrase française dans sa construction
Sujet + Verbe Conjugué + Complément. Voilà pourquoi l’on
s’intéressa à la présence de ces éléments dans Quand on
refuse on dit non. Le titre même est une caractéristique de
ces interférences linguistiques.
14 Aucun lecteur ne doit en principe être en difficulté pour
accéder au sens de toutes les expressions. Tout ce qui peut
être étranger à son lecteur lui est accessible par les
explications ou les traductions mises entre parenthèses.
Relevons à présent les interférences du genre emprunt
lexical. L’auteur lui-même donne une traduction de ces
emprunts lexicaux : « mon pedigree » (d’après mon
dictionnaire pedigree signifie vie de chien errant sans

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collier), p. 13 ; « faforo ! » (cul de mon papa), p. 14 ;


« gnamokodé » (putain de ma mère), p. 15 ; « gbagas »
(camionnettes pour le transport en commun), p. 18 ;
« zigouillé » (fusillé), p. 39 ; « un tafla » (boubou), p. 44 ;
« ifô-o yaco » (je partage vos peines), p. 79 ; « j’étais dingue
d’elle » (complètement fou), p. 111 ; « le pognon » (l’argent
d’après mes dictionnaires), p. 138. ».
15 Intéressons-nous à présent aux interférences morpho-
syntaxiques et à leur compréhension. Les interférences
morpho-syntaxiques relèvent de tout ce qui a trait à la
traduction littérale. Il s’agit ici d’identifier les phrases qui ne
respectent pas la structure grammaticale de la langue
française et aussi les expressions qui ne se prêtent pas à
celle-ci. L’auteur traduit directement sa sensibilité
linguistique qui est le malinké. Le premier énoncé
correspond à l’identification, suivie de la réécriture qui fixe
la compréhension des interférences morpho-syntaxiques.
La guerre tribale avait atterri en Côte d’Ivoire, p. 11 - La
guerre tribale est arrivée en Côte d’Ivoire, p. 11 ; je me suis
défoncé et cuité (drogué et saoulé), p. 11 - J’ai pris la drogue
et j’étais hors de moi, p. 11 ; pourquoi il m’oublierait, moi,
petit Birahima, qui ai commencé à régulièrement courber
mes cinq prières journalières, p. 14 - Pourquoi il
m’oublierait, moi, petit, Birahima qui ai commencé à faire
mes cinq prières régulièrement, p. 14 ; quand Gbagbo est
monté au pouvoir par des élections contestées, p. 16 - Quand
Gbagbo est arrivé au pouvoir par des élections contestées,
p. 16 ; les balles ne les pénétraient pas à cause de leurs gris-
gris et amulettes, p. 20 - Les balles ne les atteignent pas à
cause de leurs gris-gris et amulettes, p. 20 ; il balayait le sol,
mes bras et mes mains se perdaient dans les manches,
p. 40 - Le boubou flottait au sol mes bras et mes mains ne
pouvaient être vues car les manches étaient longues, p. 40 ;
j’avais arrêté mon école au cours élémentaire deux,
p. 42 - J’ai quitté l’école au cours élémentaire deuxième
année, p. 42 ; mon école n’est pas allée loin, p. 60 - J’ai
quitté tôt l’école, p. 60 ; mais voilà qu’étaient arrivées
l’ivoirité et la présidence de Gbagbo, p. 61 - Mais voilà
qu’étaient apparus l’ivoirité et l’avènement de la présidence
de Gbagbo, p. 61 ; les burkinabés qui faisaient pied la route
avec nous étaient restés pensifs p. 67 - Les burkinabés qui
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voyageaient avec nous étaient sidérés p. 67 ; un écrivain a dit


que les indépendances s’étaient abattues sur l’Afrique
en 1960 comme une nuée de sauterelles p. 85 - Un écrivain a
dit que l’Afrique a eu les indépendances à partir de 1960.
p. 85 ; - J’ai retenu que Bédié ne valait rien même pas le vent
qui ramasse la calebasse ébréchée. p. 111 ; quand le clair de
lune est arrivé nous avons cherché notre chemin entre les
pieds des arbres et les ronces. p. 136 - Grâce au clair de lune
nous retrouvâmes notre chemin au milieu des arbres p. 136.
16 Voici identifiées et réécrites les interférences morpho-
syntaxiques contenues dans le roman pour le lecteur non
locuteur du malinké :
Nature des destinataires de ces interférences. Toute
traduction vise un destinataire donné. Et ce dernier présente
toujours un statut particulier. Cette traduction met en
relation l’auteur et le lecteur. La langue d’expression, le
travail de traduction proprement dit, les innombrables
références à la culture montrent qu’Ahmadou Kourouma
s’adresse à un lecteur souvent étranger au milieu.

17 Comment comprendre le roman africain à partir des


interférences linguistiques présentes dans le corps du
roman ? L’utilisation de trois dictionnaires que le narrateur
homodiégétique prend le soin de souligner n’est pas
innocente, elle atteste que certaines expressions relèvent
d’univers linguistiques précis, soit africain, soit européen,
etc.
18 Dans le roman d’Ahmadou Kourouma, plusieurs langages et
niveaux de langues se télescopent. C’est une poétisation de la
diglossie ambiante dans les contextes sociolinguistiques
africains qui s’applique ici dans le sens où l’auteur opère une
forme de métissage linguistique. Ce télescopage se manifeste
par le fait qu’Ahmadou Kourouma se plaît toujours à
expliquer au lecteur d’où il tire l’origine d’une expression qui
a priori va choquer le lecteur peu habitué à l’usage d’une
tournure lexicale ou d’un certain vocabulaire10.
19 Identifions un lecteur non africain, un lecteur africain non
locuteur du dioula/malinké, et un lecteur africain locuteur
du dioula/malinké.

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20 Le lecteur non africain, cet étranger à la culture africaine, est


le premier destinataire du message véhiculé par les mots
étrangers dans Quand on refuse on dit non. Dans ces
conditions, toute traduction dans l’instance narrative ou par
l’auteur s’avère salvatrice. Le lecteur occidental moyen des
œuvres littéraires se trouve très souvent devant des mots
étrangers à la langue française. Les traductions des mots
étrangers facilitent le décodage du mot.
21 Un autre lecteur semble partager le même statut du lecteur
occidental : il s’agit du lecteur africain non locuteur du
dioula/malinké.
22 On sait que dans l’espace francophone ouest africain, il y a
une forte population locutrice du mandingue. La langue
dioula n’est plus spécifique à une ethnie donnée en Afrique
de l’ouest francophone. Il est dans le quotidien de plus d’un
locuteur. De souche linguistique dioula/malinké, bambara,
sousou, etc., Ahmadou Kourouma choisit, comme dans
toutes ses œuvres, de traduire les mots étrangers quand bien
même il sait quel lecteur il destine le message pour ses
romans. La traduction répétée de ces mots étrangers peut
paraître impertinente sinon inutile pour un locuteur du
dioula/malinké. Le premier lecteur postulé par l’auteur ne
peut donc être que ce dernier. Cette prise de position sous-
entend que l’identité culturelle des auteurs et de leurs
lecteurs est donnée par le système des références à la culture
africaine explicitement et implicitement inscrites dans les
œuvres.
23 Les nombreuses citations de l’ethno-texte, du discours de
l’opinion commune et l’utilisation, comme toile de fond des
récits, d’une vision du monde africain au niveau thématique
désignent un narrataire africain. Ahmadou Kourouma dans
l’ouverture du roman Les soleils des Indépendances écrit
« Qui n’est pas malinké » ne peut comprendre les allusions
culturelles. C’est à ce public d’ailleurs que les œuvres sont
censées s’adresser de plus en plus, après les indépendances.
À partir des indépendances, l’attention se porte sur l’aspect
formel des œuvres. Et c’est ce qui amène M. Zeraffa à dire
que ce sont « les formes qui assurent la pénétration d’une
œuvre dans le public destiné à l’accueillir11 ». C’est le
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meilleur moyen pour toucher immédiatement un large


public. Ces propos sont renforcés par ceux de Mohamadou
Kane :
L’engagement des écrivains […] n’est pas seulement
politique, il est culturel aussi […]. Ils n’ont pas de chance
d’être écoutés et suivis si le public ne retrouve pas dans les
œuvres son univers culturel, ses habitudes mentales, sa
forme de sensibilité […] non pas seulement par le contenu
politique mais dans l’exécution formelle des œuvres12.

24 Voilà qui en dit assez sur l’intérêt que nécessite le recours


aux interférences linguistiques par les auteurs dans leurs
œuvres. Le public a soif de découvrir l’histoire romanesque
par une langue qui est taillée à son égal. Les interférences
demeurent des clés de lecture pour comprendre une œuvre.
25 Ce qui amène à dire que face au problème linguistique,
l’attitude des écrivains africains a beaucoup changé. Tout
prouve que les Africains sont pour une décolonisation des
langues africaines.

Fonctions de ces interférences


26 Cette partie concerne la signification politique et
géopolitique de l’écart observé dans le style de Kourouma13.
Il s’agit ici de saisir l’intentionnalité de l’auteur derrière
l’intégration des interférences. Autrement dit, quelles sont
les motivations qui sous-tendent la pensée de l’auteur ? Il
faut examiner les fonctions esthétiques qui concourent à une
revalorisation des langues africaines et surtout l’ancrage
culturel du roman. En utilisant les différentes expressions en
malinké en contiguïté avec le « nouchi » et le style propre de
Kourouma, le roman prend une dimension complexe qui
convoque un ancrage politique et géopolitique.

La fonction esthétique
27 Les différentes interférences linguistiques remplissent une
fonction esthétique. En effet, on peut définir l’esthétique
comme étant l’ensemble des valeurs que renferme une œuvre
littéraire. L’esthétique imprime une certaine richesse
expressive au sens véhiculé par le message de
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l’écrivain. Comme le dit Buffon : « le style c’est l’homme lui-


même ». L’utilisation de ces effets à plusieurs registres de
langue dépasse le simple sujet de communication. Arriver à
faire cohabiter des systèmes de références linguistiques au
sein d’une œuvre littéraire n’est pas une simple réussite. Cela
traduit tout un art. Voilà pourquoi nous sommes en droit
d’affirmer qu’Ahmadou Kourouma maîtrise parfaitement les
techniques narratives dans son roman qui débouchent sur la
notion de littérarité, une terminologie de Roland Jakobson.
28 La littérarité est l’ensemble des caractères propres à une
œuvre littéraire. Elle est l’état de ce qui fait la spécificité
d’une œuvre par rapport à une autre. C’est ce qui renferme
une originalité fonctionnelle. On se rappelle bien encore la
querelle des Anciens et des Modernes au XVIIe siècle au sujet
de comment écrire. Cette querelle marqua ledit siècle dans
son ensemble. La tendance géoculturelle actuelle des
écrivains africains consistant à imprimer leur sensibilité en
puisant dans leur sphère culturelle, de ce point de vue, est
salutaire. Cette réussite traduit donc un dépassement de la
maîtrise de la langue française qui se laisse ainsi apprivoisée.
Comme on peut le voir, l’auteur va au-delà de sa
construction sous forme de puzzle pour toucher un courant
propre à lui ; d’où la dimension politique et géopolitique de
sa posture.
29 Autrement dit, pour manipuler une langue dans sa rigueur, il
faut des compétences exceptionnelles à son locuteur.
Ahmadou Kourouma, a innové la pratique de cette langue. Il
y a un dépassement du malaise d’écrire et de parler la langue
française. Elle est soumise à d’énormes greffes opérées par
les écrivains africains. C’est ce qui amène à s’accorder avec
Alphamoye Sonfo sur l’idée que : « […] le premier critère
d’appréciation de l’œuvre littéraire négro-africaine est son
engagement dans la réalité négro-africaine. Ce qui lui
confère sa vérité, un des éléments de la somme de l’émotion
esthétique14 ».
30 Ahmadou Kourouma insère les interférences linguistiques
dans son récit pour mieux traduire les réalités de la crise
ivoirienne. L’auteur crée une rupture dans sa démarche
scripturaire mais apporte une innovation au plan esthétique.
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Sa démarche vise à créer une césure en introduisant une


esthétique nouvelle basée sur une « écriture hybridée ».
Comme le témoigne bien Fernando Lambert, dans la préface
d’Écritures et discours dans le roman africain francophone
postcolonial, en ces termes :
En effet, la nouvelle écriture ou les nouvelles écritures ne
sont pas faites d’une simple juxtaposition d’éléments formels
hérités de deux traditions différentes. Ce sont des écritures
hybrides, bien entendu, mais au sens de métisses. Le résultat
obtenu constitue quelque chose de nouveau et d’original. Il
faut entendre Henri Lopès dire que le métis intègre et
harmonise ce qu’il y a de meilleur dans ses deux sources
d’origine. Il ne s’agit donc pas simplement de formes
africaines ajoutées à des formes apportées par l’occident15.

31 L’emploi des interférences linguistiques revalorise les


langues africaines dans la mesure où elles inscrivent le parler
africain et surtout le malinké, pour Ahmadou Kourouma, au
cœur de l’innovation scripturale française.

Une revalorisation des langues africaines


32 La plupart des pays colonisés ont pour langues officielles soit
le français, le portugais ou l’anglais. Les langues nationales
dans les pays semblent être reléguées au second plan. Or il
est reconnu de façon générale que la langue d’un pays, d’une
société, c’est sa richesse culturelle puisque c’est par son
intermédiaire que des valeurs socio-culturelles sont
véhiculées. Ahmadou Kourouma semble l’avoir compris.
C’est pourquoi il intègre dans le corps de son roman des
mots qui appartiennent à sa langue maternelle qu’est le
malinké, par extension au dioula selon les espaces donnés. Il
y a toute une idéologie sous-jacente à cette diglossie
narrative. Il s’appuie abondamment sur sa langue du terroir
pour traduire les réalités négro-africaines.
33 Cette posture africaniste dans le traitement de la langue peut
s’analyser comme un indice de la géoculturalité chez
Ahmadou Kourouma. Cette géoculturalité s’arrange
également d’une approche géopolitique, par exemple, sur la
crise ivoirienne qui remet au goût du jour la question de
l’immigration. Ahmadou Kourouma utilise abondamment le
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langage courant qui se manifeste dans la vie africaine de tous


les jours pour situer la responsabilité des différents acteurs
politiques. Son souci premier reste la revalorisation des
langues africaines dans le roman africain. Il est l’un des
auteurs qui prend appui sur les langues nationales,
maternelles pour exprimer son état d’âme face au drame que
connaît l’Afrique. Que l’auteur revienne fréquemment sur le
mot malinké « Gnamokodé » témoigne de son désir profond
de valoriser les langues nationales. Ce mot traduit toute
l’indignation face aux charniers et aux tortures en tout genre.
De même que la récurrence du mot étranger (malinké)
« walahé » qui signifie une interpellation à l’endroit de Dieu
face à l’inhumanité des hommes.
34 Rapprochons le souci de l’auteur aux positions des
intellectuels africains comme Ngugi Wa Thiong’O, Noureini
Tidjani-Serpos qui militent en faveur d’une littérature
africaine écrite en langue nationale. Ngugi montre bien que
la fascination des lecteurs pour les littératures occidentales
est liée à la valorisation sociale, au statut qui accompagne
l’apprentissage et l’utilisation de ces langues. L’introduction
des langues africaines dans l’administration, le commerce, le
système éducatif africain est une voie préconisée par les
ténors d’une telle posture idéologique. Ngugi montre bien à
travers son ouvrage Decolosining the mind cette réalité. La
prétendue « infériorité des langues africaines incapables de
décrire les concepts scientifiques » n’est qu’une illusion de
l’esprit. En décolonisant les esprits on peut montrer le
chemin aux Africains sur la valeur de leurs langues et
cultures.
35 Une question fondamentale se pose : l’auteur avait-il besoin
de passer par les emprunts lexicaux et les interférences
morpho-syntaxiques pour se faire mieux comprendre ? En
d’autres termes, pourquoi ne s’est-il pas contenté de la
langue du roman à travers une pureté communicative ? Deux
raisons essentielles semblent être au cœur de son choix.
D’abord son refus de se contenter de la langue du roman
peut s’expliquer certainement par la vision de la société qui
est marquée par un multilinguisme. Ensuite on pourrait voir
dans cette option, le souci de rester proche de la culture
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source par le biais de la langue d’origine. Les mots étrangers


véhiculent, des significations qui sont propres au terroir
dioula/malinké. De ce point de vue, notons avec Alioune
Tine que :
D’une manière générale, la façon dont la langue et la culture
africaines s’investissent dans les œuvres traduit à des degrés
divers le malaise consécutif à l’utilisation de la langue
d’emprunt. Malaise de ne pouvoir s’y mouvoir à son aise, d’y
exprimer comme on le voudrait sa sensibilité16.

36 En restant proche de la langue source, de la culture d’origine,


l’auteur échappe de manière relative au malaise d’être
déterritorialisé par la langue du roman. Hyacinthe Sandwidi
abonde dans le même sens lorsqu’il avance que :
[…] L’usage d’une langue étrangère ne permet pas toujours
de traduire de la meilleure façon ce qu’on ressent ni
d’exprimer de manière adéquate ce qu’elle ne connaît pas.
Cette difficulté conduit les romanciers à user d’africanismes
ou employer des mots et des tournures de leurs langues
maternelles17.

37 C’est à travers les mots étrangers que l’auteur retrouve sa


véritable sensibilité. Elle apparaît comme une réponse aux
questions qui tendent à valoriser les richesses culturelles de
nos langues nationales. Lire ce roman, c’est aller à la
découverte d’une identité. Le monde n’est rien d’autre que le
monde de l’auteur, sa culture d’origine. En d’autres termes,
c’est la manifestation d’un ancrage culturel.

L’ancrage culturel du roman


38 L’ancrage culturel du roman se perçoit dans la trame du récit
et de son enracinement dans les réalités du milieu. En effet,
il y a bien le souci pour l’auteur de montrer tout
l’attachement que l’Africain place en Dieu, en Allah. Dans
tout le roman, il montre que la religion musulmane occupe
une place majeure. Birahima et Fanta, durant tout le voyage,
se confient à Allah. À chaque arrêt, ils prient Dieu avant de
reprendre la route. Comme le dit bien l’auteur, ils
« courbe[nt] » régulièrement la prière avant de prendre la
route. Alors l’expression « Courber sa prière » signifie qu’ils

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le font respectueusement et que la prière demande un effort


physique. C’est l’idée d’effort physique qu’il essaie de rendre
parce que cela leur demande de faire des génuflexions et que
tout le corps y participe. C’est un moment de prière où tout
l’être de l’homme se perd dans la bonne communication avec
Dieu. La religion imprègne toute leur vie. En bons
musulmans, Birahima et Fanta font leurs cinq prières
quotidiennes. Même quand il arrive dans leur famille
d’accueil, la religion est de sa pratique. Leur accueil est
toujours fait dans la grâce de Dieu et dans sa bonté. Voilà qui
permet de dire que l’auteur laisse percevoir toute sa croyance
en Allah.
39 L’Imam est toujours présent dans les pratiques rituelles.
C’est pourquoi nous pouvons dire avec Jacques Chevrier que
l’approche de l’œuvre africaine écrite reste complexe car,
même s’ils sont écrits dans des langues européennes, ces
textes offrent en effet la particularité d’être marqués d’un
triple sceau, puisqu’ils se réclament simultanément de leur
ancrage au continent noir, de leur enracinement dans la
culture d’un groupe ethnique bien déterminé et enfin des
influences occidentales aussi variables qu’incontestables
qu’ils ont subies18. Le roman d’Ahmadou Kourouma s’inscrit
également dans un espace géographique et ethnique bien
définis. De culture dioula, les locuteurs de cette langue ont
une croyance forte en Dieu. Mais suffit-il d’avoir
constamment le nom de Dieu sur les lèvres pour pouvoir se
dire croyant ? Évidemment non : il existe une énorme
différence entre la déclaration verbale et la pratique
authentique de la foi. Les formules de piété religieuse que
l’on peut entendre couramment dans les sociétés africaines
sont présentes dans le roman. Chaque société, chaque peuple
a une structure mentale de laquelle dérive ses idées, sa
culture, ses traditions, ses us et coutumes, son art. L’ancrage
culturel dans son roman est une réalité incontournable. C’est
ce que Barthélémy Kotchy rappelle en ces termes :
Quelles que soient les tentatives de dépersonnalisation,
l’homme noir est un homme qui se souvient […] ; Il y aura
retour de l’enfant prodigue ; Ce retour se fera par la

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littérature qui a vocation d’exprimer les valeurs de la


civilisation d’un peuple, je veux dire sa vie19.
40 Cela permet à l’Africain de rester davantage proche de sa
société et de communiquer avec elle. L’ancrage du roman se
reconnaît aussi par l’emploi des proverbes face aux
différentes péripéties de la vie, la présence des éléments
culturels proprement africains. Les termes « gris-gris »,
« amulettes » attestent de cette modalité d’écriture. Ces
extraits donnent davantage un fonctionnement culturel à
l’œuvre. L’auteur les utilise pour donner une signification
profonde à son texte. Les « gris-gris » et les « amulettes »
occupent une place importante dans les traditions africaines.
Ils assurent la protection de l’individu. Tout individu africain
est moulé et façonné dans ces protections. Chaque africain
appartient à une ethnie qui possède ses objets de
protection. Voilà pourquoi Ahmadou Kourouma fait
découvrir la présence de ces objets culturels et cultuels dans
la vie de l’Africain qui grandit sous les grâces
incommensurables de valeurs culturelles de son terroir.

Conclusion
41 Ahmadou Kourouma utilise de nombreuses interférences
dans son roman en procédant à des traductions. Ce qui rend
aisé la lecture de son roman et permet au lecteur de
s’imprégner du sens du texte. En d’autres termes, les
traductions permettent de contourner l’écueil sémantique.
Ces traductions visaient enfin plusieurs destinataires parmi
lesquels nous avons un lecteur non africain, un lecteur
africain non locuteur du dioula/malinké et un lecteur
africain locuteur du dioula/malinké.
42 L’ensemble de ces usages d’interférences dans le roman
assume des fonctions esthétiques, assure une revalorisation
des langues africaines et donne à son texte un enracinement
géoculturel. Son roman de ce point de vue a le mérite de
nous faire découvrir une technique d’écriture, une esthétique
somme toute novatrice. Cette esthétique négro-africaine qui
se traduit par le mélange de langues a permis de saisir
l’ancrage culturel véhiculé par les différents mots étrangers

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inscrits dans le discours du roman. Cela aboutit à un


discours inter-textuel qui permet au texte africain de
s’enrichir des éléments de leur univers géographique,
identitaire et culturel.

Bibliographie

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIES
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obligé d’Ahmadou Kourouma », dans Alain Joseph Sissao,
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EDICEF, Paris, 1992, p. 144-150.

Notes
1. J. P. Makouta M’Boukou, Introduction à l’étude du roman négro-
africain de langue française, Abidjan, NEA, 1980, p. 267.
2. J.-M. Prieur et G. Pierra, « Langues en contact, théorie du sujet et
écriture », Traverses, Série langages et cultures, 1999, p. 24-33.
3. P. B. K. Diandué, Topolectes 2, Paris, Publibook, 2013 [voir aussi
Réflexions géocritiques sur l’œuvre d’Ahmadou Kourouma (2013)].
4. À ce titre, on pourra se référer aux travaux suivants : A. Compagnon,
Le Démon de la théorie, Paris, Le Seuil, 1998 ; N. W. Thiong’O,
Décoloniser l’esprit, Paris, La Fabrique, 2011 ; J.-F. Bédia, Les Écritures
africaines face à la logique du comparatisme, Paris, L’Harmattan, 2013 ;
J.-F. Bédia, Ahmadou Kourouma, romancier de la politique africaine de
la France, Paris, Harmattan, 2014.
5. Entretien mené par M. Zalessky, Voir revue Diagonales cité dans La
Francophonie par les textes, EDICEF, Paris, 1992, p. 144.
6. M. Gassama, Kuma interrogation sur la littérature de langue
française, Dakar-Abidjan, NEA, 1978, p. 333.
7. A. J. Sissao, « Les rapports oralité écriture à travers Allah n’est pas
obligé d’Ahmadou Kourouma », Oralité et écriture : la littérature écrite
face aux défis de la parole traditionnelle, DIST, (CNRST), AUF, 2009,
p. 163.
8. I. Mandé, Les Migrations du travail en Haute-Volta (actuel Burkina
Faso, mise en perspective historique (1919-1960). Thèse de doctorat,
Université Paris 7, 1997, réf. anrt : 27113, 511 p.
9. J.-F. Bédia, Les écrivains africains francophone d’origine mandingue
et la question du modèle. Thèse unique de Littérature française,
francophone et comparée, Bordeaux, 2005 (Sous la direction de Jean-
Michel Devésa et de Gérard Dago Lezou).
10. Ibid.
11. M. Zeraffa, Roman et Société, Paris, PUF, 1976, p. 77.
12. M. Kane, « Le critique africain moderne », Le Critique africain et son
peuple comme producteur de civilisation, Colloque de Yaoundé, 16-
20 avril 1973, p. 272.
13. Antoine Compagnon, Le démon de la théorie, Paris, Le Seuil, 1998.
14. A. Sonfo, « Le Roman : essai d’esthétique romanesque », Actes du
Colloque sur littérature et esthétique négro-africaine, Dakar, NEA, 1979,
https://books.openedition.org/pub/16363?lang=fr 19/21
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p. 141.
15. J. Paré, Écritures et Discours dans le roman africain francophone
post-colonial, Éditions Kraal, Ouagadougou, 1997, p. 12.
16. A. Tine, « Notes sur la problématique des littératures nationales »,
Annales de l’Université d’Ouagadougou, 1er Colloque International sur
La Littérature Burkinabè, numéro spécial, décembre 1988, p. 17.
17. H. Sandwidi, « L’esthétique négro-africaine dans le roman
burkinabé », Annales de l’Université de Ouagadougou, 1er Colloque
International sur la littérature Burkinabè, p. 232.
18. J. Chevrier, « Les Littératures africaines dans le champ de la
recherche comparatiste », Précis de littérature comparée, sous la
direction de P. Brunel, Y. Chevrel, Paris, PUF, 1989, p. 2
19. B. Kotchy, « Retour aux sources dans la littérature négro-africaine »,
Présence africaine 76, 4e trimestre 1970, p. 144-165.

Auteurs

Alain Joseph Sissao

Directeur de
Recherche/Professeur Titulaire,
Institut des Sciences des
Sociétés (INSS)/CNRST
Ouagadougou (Burkina Faso)

Benjamin Sou

Professeur Permanent ENAREF,


Ouagadougou (Burkina Faso)
© Presses Universitaires de Bordeaux, 2015

Licence OpenEdition Books

Référence électronique du chapitre

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SISSAO, Alain Joseph ; SOU, Benjamin. Ahmadou Kourouma : un


écrivain au carrefour de l’oralité et de la créativité moderne In :
Ahmadou Kourouma : mémoire vivante de la géopolitique en Afrique
[en ligne]. Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux, 2015 (généré le
28 février 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pub/16363>. ISBN : 9791030006261.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.pub.16363.

Référence électronique du livre


BÉDIA, Jean-Fernand (dir.) ; EKOUNGOUN, Jean-Francis (dir.).
Ahmadou Kourouma : mémoire vivante de la géopolitique en Afrique.
Nouvelle édition [en ligne]. Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux,
2015 (généré le 28 février 2023). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/pub/16148>. ISBN : 9791030006261.
DOI : https://doi.org/10.4000/books.pub.16148.
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