Vous êtes sur la page 1sur 7

La théorie de la théorie chez Niklas Luhmann

Stéphane Bornhausen
Dans Hermès, La Revue 1998/1 (n° 22), pages 41 à 46
Éditions CNRS Éditions
ISSN 0767-9513
ISBN 227105513X
DOI 10.4267/2042/14946
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-1998-1-page-41.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour CNRS Éditions.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Stephane Bornhausen
Traducteur

LA THEORIE DE LA THEORIE
CHEZ NIKLAS LUHMANN

Le dernier ouvrage de Niklas Luhmann, La Societe de la Societe (Die Gesellscha/t der


Gesellscha/t), dont le titre peut surprendre, represente la somme de plusieurs decennies de
recherche consacrees a une tache unique : constituer une theorie de la societe. Le sociologue de
Bielefeld est repute pour avoir ete successivement fonctionnaliste, cyberneticien, constructi-
viste, cognitiviste - tout cela est vrai, si 1' on note que ce n' est pas successivement, mais
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


simultanement. Luhmann elabore sa theorie en partant de l'idee de systemes qui s' entourent
d'une veritable cloture en se reservant une seule far;on d'operer dans le monde. Les systemes
sociaux n'operent done que par voie de communication. Depuis 1984, Luhmann tente de nous
convaincre de la necessite d'introduire les principaux concepts de la theorie generale des
systemes dans les sciences sociales 1 • Or, i1 est manifeste qu'il s'inspire en realite tres fortement
des sciences naturelles- Bertalanffy etait zoophysiologue- et notamment de la conception de
!'auto-organisation du vivant (autopoiese), telle qu'elle a ete developpee par les biologistes
chiliens comme Francisco Varela et Humberto R. Maturani. C'est ace dernier que Luhmann
emprunte le terme de de « cloture operationnelle ». Les sciences sociales ont maintenant la
possibilite de decrire la societe moderne comme un de ces systemes autopoietiques qui,
contrairement aux systemes vivants, produit du sens en se limitant, sur un plan strictement
operationnel, ala seule forme de la communication. Ces systemes possedent done un fonction-
nement strictement autonome, meme s'il est exclu que la communication puisse avoir lieu sans
dependre reellement de« systemes vivants» ou de« systemes psychiques », c'est-a-dire sans
dependre d'une forme quelconque de vie et de conscience.
Dans le premier chapitre, Luhmann enonce sa these principale. Malgre les disparites et les
divisions qui apparaissent d' emblee aux differents coins de la planete, Luhmann comprend la
societe moderne comme le systeme socialle plus vaste du monde (Weltgesellscha/t). En effet,
nous avons atteint un certain point de 1'evolution qui permet de considerer que la mondialisation

HERMES 22, 1998 41


Stephane Bomhausen

de la societe est achevee. Depuis que la planete se trouve entierement colonisee, la communica-
tion n'a plus de limites naturelles. Peu importe le point de vue singulier d'un pays ou d'une
region, les liens sur le plan international sont devenus trop importants pour que 1' on puisse
encore les ignorer. lis sont manifestes de plusieurs points de vue : economique, scientifique,
politique, ou par rapport aux medias. Le systeme social serait meme, selon Luhmann, d'une
certaine fa~on in dependant de la diminution ou de 1' augmentation de sa population, dans la
mesure ou ce qui compte pour elle c' est la communication. ll y aura done toujours, suppose
a
Luhmann, l'ere de la telecommunication, suffisamment de formes operationnelles appelees
a a
communication pour que 1' on continue parler juste titre de la societe du monde modeme.
Luhmann ecarte soigneusement toutes les objections qui pourraient se dresser contre !'hypo-
these d'une societe glob ale : « Ce n' est pas parce que les individus soot separes par des frontieres
sur le plan regional et territorial que le Bresil forme une autre societe que la Thai1ande, l'Uruguay
une autre quele Paraguay» (p. 25). La societe qui s'impose au monde n'est certes pas uniforme.
Le poids des regions est manifestement considerable. Certaines soot en voie de developpement.
a
La question est de savoir quelle theorie sera meme de comprendre cette situation deroutante
a
dans laquelle chaque parcelle du monde est reliee une autre par des reseaux de communication
et dans laquelle les conditions de vie soot en meme temps si differentes pour les individus suivant
1'endroit ou ils se trouvent.
Le deuxieme chapitre de 1' ouvrage traite des structures de la societe. La societe ne produit
a
que des communications et ne se reproduit que grace elles, affirme Luhmann. Mais comment
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


les nombreuses communications vont -elles done pouvoir s' articuler les unes par rapport aux
autres ? Le concept de media apporte la solution. Luhmann distingue fondamentalement deux
especes de medias : d'une part, les medias qui ont pour but de diffuser des informations. Ce soot
essentiellement l'ecriture, l'imprimerie et les medias electroniques. Luhmann leur consacre une
attention particuliere. D' autre part, nous trouvons le probleme de savoir si une communication
va pouvoir etre acceptee ou non. La communication presente en effet toujours un risque. Afin de
resoudre ce probleme, la societe va egalement developper des medias generalises au plan
symbolique. Certains (mais pas tous) prennent dans la societe modeme la forme d'un systeme.
Cela permet d'augmenter les chances qu'une communication soit acceptee si elle se plie au code
du systeme. Ainsi on pourra communiquer sur un plan scientifique si on prend en compte que ce
systeme est regi par un code qui distingue d'une fa~on stricte le vrai du non-vrai. Certains
systemes differencies du point du vue fonctionnel, comme la science, le droit, 1' art, la politique,
a
l'economie monetaire soot apparus dans l'histoire grace une forme particuliere de communi-
cation que 1' auteur appelle « 1' observation du second degre »3 • L' observation du second degre
joue par exemple un role evident dans les publications scientifiques. Le systeme de la science, en
effet, ne proclame pas directement les verites en vertu de sa seule autorite, mais les communique
d' abord dans des medias specialises. De cette maniere, la connaissance positive reste matiere a
discussion. La publication permet de comprendre quelles methodes ont ete employees dans
1' observation pour obtenir de tels resultats. Par ailleurs, le scientifique se doit non seulement de

42
La theorie de la theorie chez Niklas Luhmann

reveler les conditions dans lesquelles il a effectue ses observations, mais de prendre egalement en
consideration le niveau de la recherche actuelle. ll doit faire des remarques concernant les
observations scientifiques effectuees pard' autres chercheurs, pour que d' autres puissent faire de
meme.
Le systeme de l'economie monetaire, pour prendre un autre exemple, s'est installe dans
« 1' observation du second degre » dans la mesure ou il s' agit d' observer les prix du marche,
d' evaluer notamment si on peut effectuer des transactions au prix actuellement fixe, savoir si des
concurrents proposent d' autres prix et quelle ten dance se dessine d' apres 1' evolution que suivent
ces memes prix. Les prix sont pour cette raison fluctuants et, d'un point de vue logique, assez
contingents. C' est cette fas;on d' observer 1' observation que Luhmann appelle « 1' observation du
second degre » et qui structure certains systemes sociaux modernes. Des systemes aussi diffe-
rents que la science et 1' economie monetaire, qui remplissent des fonctions tres specifiques, ont
ainsi, malgre tout, la meme origine. lls sont comparables du point de vue de leur structure
interne sur le plan de la communication.
Les ecoles, les tribunaux, les hopitaux font maintenant partie du paysage familier de la
societe moderne. Atous ces lieux symboliques, correspondent des systemes sociaux comme le
systeme educatif, le systeme juridique, le systeme medical. lls ne sont pas isoles, mais au contraire
lies les uns par rapport aux autres par des institutions. ll suffit aLuhmann de prendre quelques
exemples pour montrer comment se realise « le couplage » entre les differents systemes : la
constitution etablit le lien entre deux systemes, asavoir le politique et le juridique ; le contrat et
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


la propriete font le lien entre le juridique et 1' economie monetaire. C' est ainsi que Luhmann
supprime la question fort debattue de l'encastrement (embedding) des systemes dans la societe4 .
Les systemes ne sont pas relies a une socialite primaire ou a une Lebenswelt, mais ils se
supportent mutuellement, en se reglant l'un sur I' autre, tout en respectant leur autonomie. Le
couplage par !'institution permet de regler les rapports entre les systemes tout en respectant leur
autonomie fonciere.
a
Le troisieme chapitre expose la theorie de 1' evolution qui est sous-jacente cette conception
de la societe. Mais on notera que Luhmann cherche a comprendre 1' evolution a partir de la
communication linguistique. Ce qui retient son attention, c'est !'invention de la negation. Le
langage permet de coder toute communication sous forme d'un oui et d'un non. L' anticipation
d'un refus de communication apparait comme un facteur de variation necessaire au mouvement
de 1' evolution. La societe moderne n' a pu se constituer que parce qu' elle etait capable de
supporter ou de tolerer des conflits internes5 • En fin de compte, ce sont les grands systemes qui
permettent, non pas de resorber tous les conflits, mais de rester indifferent par rapport atout ce
qui ne touche pas directement le code qui articule leurs communications. Les systemes sociaux
sont d'une certaine fas;on impermeables parce qu'ils sont tout bonnement incapables de
communiquer sur tous les plans et c' est ce qui les rend apparemment si robustes.
L'analyse fonctionnelle des systemes sociaux serait incomplete si n'apparaissait pas I' ana-
lyse des problemes qu'ils soulevent au sein de la societe moderne. C'est sur cet aspect que

43
Stephane Bomhausen

Luhmann insiste assez fortement dans le quatrieme chapitre. ll faut dire que 1' auteur partage les
inquietudes de ses contemporains au sujet du monde modeme. Le systeme de 1' economie
mondiale n' aurait pas reussi a repondre ala demande de justice sociale en matiere de repartition
de richesses. Le systeme educatif aurait augmente les periodes de formation pour les generations
futures en se concentrant sur les ecoles et les universites. Les hommes politiques prendraient des
mesures que la societe ne saurait financer. ll n'y a aucune instance centrale qui serait competente
pour resoudre les problemes ecologiques. La politique se contenterait de rhetorique, 1' economie
reagirait en augmentant les prix, la science en lan~ant des projets de recherche qui augmentent
l'etendue de notre ignorance. Tout cela est sans doute vrai, mais pour Luhmann, I'analyse des
problemes de societe doit surtout prendre en compte les structures. Une critique de la societe
qui ne tiendrait pas compte de la differentiation fonctionnelle des grands systemes passerait
purement et simplement a cote des enjeux les plus importants de notre siecle. Quelle est done,
a cet egard, la situation sur le plan mondial ?
Luhmann tient compte des problemes qui surgissent lorsque des regions ne parviennent
pas a respecter I' autonomie des grands systemes fonctionnels. Les situations different du tout au
tout suivant les regions, en fonction de leur histoire propre. Dans 1' espace geographique au sud
de laChine, si on inclut Hongkong et Taiwan, la jonction entre des grandes families et les reseaux
financiers est frappante. On remarque egalement I' association etroite entre le politique et
1'economique en Amerique latine. Nous ne connaissons pas beaucoup de societes qui separent,
d'une fa~on rigoureuse, les questions de droit et de politique. Des que 1' on va dans le detail, on
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


est etonne par les deviances qui se manifestent par rapport a ce qui devrait etre la norme, a savoir
le respect de l'autonomie fonctionnelle des systemes. nne s'agit pas simplement d'un certain
retard de ces societes par rapport a la modemite, dont certaines sont peut-etre en voie de
developpement. La societe du monde modeme connait, selon Luhmann, en effet deux sortes de
problemes : d'une part, ceux qui sont manifestement lies a la seule logique autonome de la
differentiation fonctionnelle. Le systeme de 1' economie monetaire foumit a cet egard une bonne
illustration, car on connait suffisamment les fluctuations des marches financiers. D' autre part,
des perturbations d'une autre espece apparaissent a la peripherie du monde modeme, ou les
grands systemes ne remplissent que partiellement leurs fonctions. n est connu que certains pays
developpent meme, en marge des grands systemes, un fonctionnement pour le moins particu-
lier6. Tout en maintenant formellement un systeme administratif et un systeme d'economie
monetaire par exemple, un autre systeme se met secretement en place. Son seul but est de
pouvoir parasiter les grands systemes, d' occuper des positions influentes, d' assurer un avenir, de
distribuer et de repartir des avantages de nature diverse. Des veritables « reseaux de recomman-
clarions » permettent de contoumer la rationalite que promet la differentiation fonctionnelle des
grands systemes. n existe ainsi suffisamment de facteurs permettant d' empecher le deploiement
d'une logique de pure differentiation fonctionnelle. Mais la logique de la differentiation fonc-
tionnelle ne constitue manifestement pas une tendance inherente a la societe modeme. n s' agit
d'une simple structure qui ne determine nullement par avance les situations reelles. Luhmann

44
La theorie de !a theorie chez Niklas Luhmann

parle juste de « conditionnement de conditionnement » et il ajoute : « la differentiation fonc-


tionnelle est la possibilite de son propre conditionnement, mais pas de sa realisation ».Luhmann
renverse ainsi la perspective. Les grands systemes sociaux ne constituent que le contexte global
auquella modemite fait reference. Or, c' est la region qui decidera du vrai visage que prendra
concretement la societe. Il est clair que les situations pourrons etre fort differentes et c' est ce que
nous confirme 1' experience.
Comment alors maintenir une theorie unitaire pour une telle diversite au sein de la societe
modeme? C'est I'objet du cinquieme (et demier) chapitre de l'ouvrage intitule Autodescrip-
tions. Luhmann affirme que la societe se decrit elle-meme conformement ala semantique et aux
structures qui lui correspondent en tant que societe. Les descriptions seront eminemment
variables, mais elles suivent neanmoins une evolution determinee de la societe. Selon Luhmann,
la societe modeme ne saurait done choisir arbitrairement sa propre theorie. Le relativisme n' est
pas une menace serieuse. Les sciences sociales doivent tenir compte de certains traits qui
caracterisent la societe modeme et qui ant naturellement des consequences pour la theorie de la
societe elle-meme. La sociologie avait a l'origine pour ambition de decrire des faits sociaux
comme s'ils pouvaient etre observes de l'exterieur. Il ne faut plus dissimuler le paradoxe qui se
cache derriere une telle entreprise. Si la societe n'est constituee par rien d'autre que par
l'integralite des communications reellement effectuees, les sciences sociales ne sauraient faire
exception. Elles operent bien sur le meme plan que la societe en general qui est done celui de la
communication. Les sciences sociales se heurtent ainsi a 1'obstacle suivant : communiquer sur la
societe, c' est communiquer aussi dans la societe. Les descriptions de la societe sont done
© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


inevitablement plurielles. Le sociologue doit compter avec une certaine concurrence. Notam-
ment de la part des joumalistes dans les medias. La societe demeure d'une certaine fa~on
introuvable et c' est ce probleme que doit resoudre la theorie de la theorie de Niklas Luhmann.

NOTES

1. Les Systemes Sociaux se presentent sans fard comme « une tentative de formulation nouvelle de la sociologic sur
la base de ce qui est developpe jusqu'a maintenant sous le nom de theorie generale des systemes. » (Soziale
Systeme, Francfort, Ed. Suhrkamp, 1984, p. 491).
2. Niklas Luhmann considere que certe detertnination de la «nature» d'un systeme vivant permet de deduire la
forme que doivent prendre des systemes d'ordre differents, comme les systemes sociaux par exemple.
3. Depuis 1984, sont parus sur cette question aux editions Suhrkamp (Francfort) les ouvrages suivants: Die
Wirtschaft der Gesellscha/t (1988), Die Wissenschaft der Gesellschaft (1990), Das Recht der Gesellschaft (1993 ), Die
Kunst der Gesellschaft (1995), Die Realitiit der Massenmedien (1996).
4. Une discussion qui fait reference aux theses de Karl Polanyi, La Grande Trans/ormation, Paris, Gallimard, 1983.

45
Stephane Bomhausen

5. L'institution du droit en est un exemple eloquent, dans Ia mesure ou elle permet de gerer des conilits, c'est-a-dire
de tenir compte des contradictions entre des systemes differents. Le droit, remarque Luhmann, permet de
«continuer Ia communication par d'autres moyens ».
6. Sur Ia question du contexte, voir Fran,.ois Prodromides, « Le theatre de Ia lecture», Revue Poetique, 112, 1997.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

LuHMANN Niklas, La Societe de !a Societe, Francfort, Editions Suhrkamp, 1997.


© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)

© CNRS Éditions | Téléchargé le 05/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 190.102.77.80)


46

Vous aimerez peut-être aussi