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manufacturières : entre
promesses et réalités de
l’industrie 4.0
Par Marc-Antonin Hennebert, Lucie Morissette, Charles Cayrat
L’industrie 4.0, sujet de l’heure dans le monde universitaire et industriel, fait miroiter des
gains importants de productivité et d’efficacité pour les organisations. Toutefois, cette
transition technologique demeure un processus évolutif que les PME manufacturières
ont très inégalement intégré pour le moment.
1
Nos plus récents travaux permettent de mieux comprendre les motivations des gestionnaires
de PME manufacturières québécoises à embrasser ce virage technologique, les défis qui les
attendent et les divers stades de développement qui caractérisent ce processus de transition
technologique.
Les entreprises manufacturières qui amorcent leur transition vers le numérique doivent avant
tout se doter de machines intelligentes, autonomes et aptes à échanger de l’information ainsi
qu’à prendre des décisions. De façon générale, ces entreprises doivent mettre en place des
systèmes cyberphysiques (SCP) qui confèrent aux objets la capacité de communiquer avec leur
environnement, ce qui leur permet de contrôler, de surveiller et d’ajuster les processus grâce à
des algorithmes tout en guidant les utilisateurs pour que les mécanismes de production
s’adaptent en temps réel aux objectifs et à la demande. Et grâce à l’Internet des objets, qui
permet aux appareils de générer et d’échanger des données sans intervention humaine, les
univers physique et virtuel cohabitent maintenant.
Quand un réseau d’informations s’appuie sur des données en temps réel, les décisions sont
prises presque instantanément, ce qui offre aux entreprises la possibilité d’améliorer leurs
2
procédés, leurs produits et leurs services. Plusieurs études prospectives démontrent que le
passage au 4.0 s’accompagne d’avantages financiers considérables et d’importants gains de
productivité et d’efficacité pour les organisations.
Structurer et ordonner
La transition vers l’industrie 4.0 peut emprunter divers chemins, mais sur le plan technologique,
elle semble s’articuler autour d’étapes structurantes (voir l’encadré ci-dessus). Peu de PME
québécoises semblent engagées dans un processus de transition 4.0 et celles qui ont mis en
service un véritable système intelligent constituent des cas d’exception.
À preuve, une récente étude menée dans l’industrie aéronautique au Québec montre que plus
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de 80 % des entreprises sondées n’ont pas encore pris ce virage numérique . La conversion au
4.0 est un processus évolutif, certes, mais elle doit devenir un objectif fondamental pour les
PME d’ici : il en va de l’avenir du secteur manufacturier québécois.
Plus une PME progresse dans sa transition numérique 4.0, plus les compétences et le profil de
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sa main-d’œuvre évoluent et plus il est important pour elle d’arrimer la technologie et les
ressources humaines. En effet, les employés doivent apprendre à composer avec un
environnement de travail en pleine mutation, qui exige d’eux la maîtrise de nouvelles
connaissances et de nouveaux savoir-faire.
Ajoutons que pour faire de sa transition un succès, toute entreprise doit compter sur sa haute
direction, qui doit relever ce qui constitue un grand défi pour la plupart des PME : donner une
direction stratégique à cette transition, de même que rassembler et déployer les ressources
humaines, financières et technologiques essentielles à sa réussite.
En conclusion, soulignons qu’au cours des dernières années, de nombreuses entreprises ont
augmenté leurs investissements pour assurer leur conversion numérique 4.0. Les acteurs
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gouvernementaux ont également entrepris d’adapter les politiques publiques en conséquence ,
ce qui démontre que la transition numérique au Québec, condition essentielle à la prospérité
des entreprises de toute taille, est l’affaire de tous.
Notes
1
La transition numérique des organisations est un phénomène récent qui suscite de grandes
préoccupations mais qui, paradoxalement, n’a fait l’objet que de rares études sur le terrain.
Dans le but de pallier ce manque, nous travaillons actuellement à un projet de recherche qui a
pour but d’analyser le processus de transformation 4.0 et ses conséquences pour les PME
québécoises du secteur manufacturier. À cet égard, les auteurs tiennent à remercier la
Fondation CRHA pour l’appui financier accordé à cette recherche.
2
Voir notamment : Kohler, D., et Weisz, J.-D., Industrie 4.0 – Les défis de la
transformation numérique du modèle industriel allemand, Paris, La Documentation française,
2016, 175 pages ; Boston Consulting Group, « Industry 4.0 – The Future of Productivity and
Growth in Manufacturing Industries » (document en ligne), avril 2015.
3
Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ), « Recensement des
emplois au 1er janvier 2016 et prévisions du nombre d’emplois au 1er janvier 2017 et au 1er
janvier 2018 », Montréal, 2017, 33 pages.
4
La cobotique, aussi appelée « robotique collaborative », désigne à la fois le domaine de la
collaboration hommerobot et l’interaction entre un opérateur humain et un système robotisé.
5
Afin de soutenir les PME québécoises qui se lancent dans un projet de transition numérique,
plusieurs partenariats avec des établissements d’enseignement et d’autres organismes
sectoriels ont été conclus au cours des dernières années dans le but de disposer de la main-
d’œuvre nécessaire pour composer avec les nouvelles exigences de l’environnement de travail
techno-numérique.