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Chapitre 11
Poignet
1
Kénési racontait que lorsque Cortès débarqua au Mexique, en
1519, l'empereur aztèque envoya 50 espions pour surveiller ses agisse-
ments. Cortès les démasqua et, pour impressionner les Aztèques, fit
couper 99 mains, la dernière portant son message.
2
Le mot handicap est d'origine anglaise : le hand in cap (main dans
le chapeau) était une façon, dans certains jeux, de créer une diminu-
tion d'efficacité chez un concurrent.
3
Par exemple : le poing révolutionnaire, le salut fasciste, le V de la
victoire. Fig. 11.2 La main est symbole de pouvoir.
4
Les gauchers étaient considérés comme des gêneurs (aux
époques où les épées se portaient à gauche, on conçoit que, dans
une armée, celui qui la portait à droite était dangereux pour ses
compagnons).
5
Quand elle l'est, c'est un signe de reddition (mains en l'air).
6
Si ce n'est la perte éventuelle des réserves de peau, qui peut alors
retentir sur la fonction de flexion des doigts.
7
On voit des gens cacher leur main à cause d'une vilaine cicatrice
Fig. 11.6 La main radiale est la main de précision, l'ulnaire la main de force. dorsale, et la sous-utiliser.
330
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
Fig. 11.7 Les trois divisions de la main, carpienne, métacarpienne et phalangienne, se retrouvent à tous les niveaux : morphologique, ostéologique,
arthrologique, myologique, vasculo-nerveux.
Fig. 11.8 La main est polymorphe, représentant une vaste boîte à outils (cf. texte).
protège le visage), thermomètre, presse, crayon, fourche, désapprobation9. Toutefois, il existe des expressions
couteau, rouleau, battoir, raquette, balai, calculette, cata- liées à une culture donnée et donc différentes dans le
pulte, baguette, nageoire, instrument d'expression, cor- temps et dans l'espace ;
net auditif, loup (masque). L'aspect protéiforme de la • gestes en mode codé (fig. 11.11), tels que les signaux des
main est un record difficile à battre. nageurs en plongée ou le langage des sourds-muets.
– Il existe une main subjective. Elle constitue la main – Il existe une main psychomotrice. Selon le niveau psycho-
expressive, celle dont les mouvements traduisent des moteur atteint, on trouve (fig. 11.12) :
intentions : • la main chaussette, ou main à un doigt : c'est celle du
• gestes coverbaux (fig. 11.9) qui accompagnent le dis- nouveau-né qui n'a pas encore découvert son pouce. Il
cours8 ; existe des cas de syndactylie (squelette parfaitement
• gestes non verbaux (fig. 11.10) qui remplacent le dis- formé) pour lesquels la chirurgie de séparation des
cours : geste de l'auto-stoppeur, et ceux signifiant doigts se heurte parfois à une non-utilisation fonction-
« voir », « entendre », « manger », « boire », l'accord, la nelle par défaut psychomoteur ;
9
Ces gestes sont quasi universels, ils sont étudiés par les ethnolo-
gues qui ont pu établir qu'ils étaient compris aussi bien par un Euro-
8
Cela aide le locuteur à asseoir ses intentions sur une cohérence péen, un Inuit, un Africain. On peut noter la même pression liant le
personnelle totale. Ces gestes ne sont pas exclusivement destinés à l'in- geste et le verbe que dans le cadre de la communication coverbale. On
terlocuteur, qui peut être physiquement absent (exemple d'une com- observe en effet ici un phénomène analogue à celui constaté pour
munication téléphonique). Cette pression expressive est tellement forte cette dernière, qui est que, même dans des circonstances où l'interlo-
qu'il est quasiment impossible de tenir un discours en faisant volontai- cuteur peut voir mais non entendre, le langage à voix basse accom-
rement des gestes d'expression inadaptés (le lecteur peut s'entraîner). pagne souvent involontairement le geste mimé.
331
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
a b
Fig. 11.9 La communication coverbale va au-delà de l'émissivité destinée à l'interlocuteur : elle confirme le parlant dans la signification de son dis-
cours, fait observable lors d'une communication téléphonique (a) ou d'un discours (b).
a b c
Fig. 11.10 La communication non verbale dispense d'explications verbales (a), mais elle est sujette aux modes : le geste de pied de nez (b) reflète une
époque révolue, et variable selon les contrées : l'embarras mimé par le glissement d'un doigt dans le col de la chemise est d'origine italienne (c).
b a b c
a d e f
Fig. 11.11 En plongée sous-marine, le geste permet de dire, par exemple, Fig. 11.12 La main psychomotrice évolue de la main chaussette (a) à la
que tout va bien (a). Pour les sourds-muets les gestes permettent de coder main à dix doigts ou ambidextre (f), en passant par la main moufle (b),
des notions concrètes ou abstraites, par exemple celle d'épaisseur (b). gant de plongée (c), à quatre doigts (d), et à cinq doigts (e).
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LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
• la main moufle, ou main à deux doigts. C'est le début de – La mobilité, donnant l'orientation tridimensionnelle de la
la fonctionnalité puisqu'elle autorise l'opposition pouce- main liée à l'effet ténodèse, est une vocation utile à cer-
doigts ; taines prises, mais de second plan.
• la main «gant de plongée», ou main à trois doigts. Elle
est plus évoluée et permet de distinguer prises fines et Fréquence des pathologies
prises de force, ainsi que la communication ; En traumatologie
• la main à quatre doigts. Elle est quasiment fonction- Elle est représentée par les accidents du poignet (rattrapage
nelle, la liberté de l'annulaire ne revêtant pas une grande avec les mains lors des chutes) : les entorses, puis les frac-
importance ; tures de l'extrémité inférieure du radius (type Pouteau-
• la main à cinq doigts est la main totalement maîtresse Colles). On trouve également les atteintes du carpe : frac-
de ses capacités : on distingue de surcroît la main domi- tures (scaphoïde, uncus de l'hamatum) fréquentes chez les
nante, plus experte que l'autre10 ; ostéoporotiques, luxation du lunatum.
• on pourrait ajouter la main à dix doigts chez les ambi-
dextres, qui ont «deux mains droites», par opposition En rhumatologie
aux maladroits, que l'on décrit, avec humour, comme Ce sont les affections neurologiques compressives, comme
ayant «deux mains gauches». le syndrome du canal carpien, les dégénérescences arthro-
siques (souvent post-traumatique), la pseudarthrose du sca-
phoïde, les kystes synoviaux, etc. Il faut ajouter les maladies
Ce qu'il faut retenir rhumatismales systémiques de type polyarthrite rhuma-
La main ne se résume pas à une entité anatomique. Elle est toïde (PR).
fortement intégrée aux activités humaines les plus sophisti-
quées et, à ce titre, en épouse la complexité fonctionnelle. On En neurologie
ne peut rééduquer de la même façon les mains d'un infirme On trouve les atteintes centrales (hémiplégie), avec spasti-
moteur cérébral (IMC) et celles d'un pianiste. cité des muscles fléchisseurs, et les atteintes périphériques,
prédominantes à la main (cf. chapitre 12, Main).
Vocation fonctionnelle a b
– La stabilité de la main est, de loin, la première chose en Fig. 11.13 Obliquité de la ligne bistyloïdienne et de l'interligne radio-
importance. Toute activité des doigts et de la main devien- carpienne (a). Les bras de levier des muscles longs de prono-supination
drait inexploitable avec un poignet mobile, mais instable. sont le fait des courbures du radius : biceps (1) et rond pronateur (2) (b).
10
Un apprentissage, long et laborieux, permet aux deux mains de 11
La ligne bistyloïdienne est un point de repère modifié dans les
devenir aussi performantes (dactylo, pianiste), ce qui est un espoir fractures de l'extrémité inférieure du radius. Elle est oblique en dedans,
pour les amputés de la main dominante. en haut et en arrière.
333
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
sup sup
med ant
Fig. 11.14 Le rayon de courbure du scaphoïde est plus marqué que celui Fig. 11.15 Les trois niveaux articulaires du poignet : RUI (cercle), radio-
du lunatum. carpienne (rectangle), médio-carpienne (sinusoïdale).
12
Cette surface est nettement séparée en deux par une crête sagit- 13
Cf. Abduction et Adductions, pp. 342–343.
tale, ce qui évoque le caractère particulier de cette articulation. Elle est 14
Non seulement les rayons de courbure des surfaces ne sont pas
frontalement oblique de 25° ouverts en dedans et, sagittalement, identiques, mais, pour chaque surface, ils diffèrent entre la partie cen-
oblique de 10° ouverts en avant. trale et la périphérie.
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LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
a b
Fig. 11.17 Comme la subtalaire (a), la médio-carpienne (b) a un inter-
ligne composite et dissocié en deux courbures inversées.
sup
post
Fig. 11.16 La RUS est arthrologiquement congruente et assure la rota-
tion axiale (a). La RUI, ni congruente, ni concordante, autorise des glis-
sements sagittaux (b).
Radio-carpienne
Elle met en présence la glène antébrachiale (radius et disque
articulaire), dont l'arc est d'environ 75° frontalement et 70°
sagittalement, avec le condyle carpien, dont l'arc est supé-
rieur : environ 110° frontalement et 115° sagittalement. C'est Fig. 11.18 La médio-carpienne présente trois parties (vue médiale) :
une ellipsoïde atypique15, non concordante et particulière- une latérale inclinée en arrière, une médiale inclinée en avant, et une
intermédiaire, sphéroïde. Cela explique que la rotation des rangées
ment laxe. C'est la seule articulation du corps à géométrie
assure un vissage (serrage) ou un dévissage (desserrage).
variable, tant du côté antébrachial (variations du fait de la
prono-supination) que carpien (mobilités interosseuses de
la 1re rangée). Sur le plan capsulo-ligamentaire
Capsules et synoviales
Médio-carpienne
Elles sont au nombre de trois (cf. fig. 11.15) :
Il s'agit d'un interligne concave en haut, à sa partie laté-
– la radio-ulnaire inférieure (RUI) est lâche, sa synoviale
rale, convexe en haut, à sa partie moyenne, et oblique
communique parfois avec celle de la radio-carpienne, ce
(en S italique) en bas et en dedans, à sa partie médiale.
qui souligne l'intimité mécanique de ces deux jonctions ;
L'ensemble forme un emboîtement réciproque16, dont
– la radio-carpienne est lâche également, surtout à la par-
la forme générale peut vaguement rappeler l'interligne
tie postérieure, où elle présente des déhiscences18. Elle est
subtalaire (fig. 11.17), ce qui évoque une mobilité res-
innervée par le nerf médian (en avant), radial (en arrière)
treinte et complexe, plus facile à pratiquer en décom-
et ulnaire (en dedans) ;
pression (manipulation des os) qu'en coaptation (avec la
– la médio-carpienne est plus serrée. Elle intègre les inter-
force musculaire). On peut la schématiser comme une
lignes adjacents entre les os. Elle est innervée par les nerfs
portion de pas de vis : le plan de l'interligne latéral est
médian et ulnaire.
incliné vers l'arrière, celui de l'interligne médial est incliné
vers l'avant, le capitatum étant l'axe (fig. 11.18). Cela Ligaments
explique les mobilités spécifiques liées aux mouvements Ils sont répartis en trois groupes.
analytiques17.
Ligaments radio-ulnaires inférieurs (RUI)
Au niveau RUI, il existe deux ligaments, antérieur et postérieur,
faibles. La vraie connexion est le fait du disque articulaire du
15
Sa conformation est hétéroclite : côté concave : le radius avec poignet, parfois perforé en son centre. La membrane interos-
deux surfaces séparées par une crête, en continuité avec un fibrocarti- seuse (MIO) est perpétuellement tendue par certaines de ses
lage ; côté convexe : le scaphoïde plus convexe sagittalement que le fibres19 notamment en prono-supination intermédiaire.
lunatum, et le triquetrum qui n'est en contact qu'en adduction. Destot
comparait la 1re rangée à un «ménisque mobile et souple». Ligaments radio-carpiens
16
Beaucoup d'auteurs ont donné des types différents : la partie laté-
Au niveau radio-carpien, les ligaments forment deux sys-
rale serait une ellipsoïde pour Poirier ou Charpy, et une surface plane
pour Cruveilhier ou Kapandji ; la partie médiale serait une sphéroïde tèmes :
pour Cruveilhier ou Fick, une «trochléarthrose» pour Henké, Cunéo
ou Veau, une «condylarthrose» pour Poirier, Charpy ou Kapandji, et
une synoviale multiaxiale pour Kaplan. Tant d'opinions s'annulent, sauf 18
C'est par ces déhiscences que peuvent se produire des protrusions
sur un point : il s'agit d'un interligne tourmenté, impossible à ramener synoviales donnant des kystes.
à un type simple connu, mais à fonctionnement très différencié selon 19
La partie la plus puissante de la MIO est sa partie moyenne, nom-
les positions de départ et le type de mouvement. mée «borne centrale» par Soubeyrand et al. (2004). Par rapport à la
17
Justifiant, une fois de plus, la manipulation fine de ces interlignes verticale, ses fibres sont obliques de 20° à la partie proximale de la
dans les récupérations de mobilité du poignet. borne centrale, et de 30° à sa partie inférieure.
335
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
– un système collatéral avec deux ligaments, un radial et un carpe) et n'allant pas jusqu'aux doigts23. Ils sont répartis en
ulnaire, ayant chacun deux faisceaux (antérieur, plus puis- quatre quadrants : en dedans les fléchisseur et extenseur
sant, et postérieur) ; ulnaires du carpe (FUC en avant, EUC en arrière) et, en
– un système sagittal, plus ou moins symétrique, mais les dehors, le fléchisseur radial du carpe et les long et court
ligaments antérieurs sont beaucoup plus forts que les pos- extenseurs radiaux du carpe (FRC en avant, LERC-CERC en
térieurs et sont disposés en radio-carpien antérieur (RCA) arrière). Le long abducteur du pouce est antéro-latéral, le
et ulno-carpien antérieur20 (UCA). Chacun est en éventail, long palmaire, inconstant, est antérieur et médian.
et le faisceau moyen du RCA, qui se termine sur le trique-
Muscles longs des doigts
trum, est particulièrement fort : son rôle, dû à son trajet, le
fait nommer ligament supinateur (cf. Mobilité). Son Ce sont les muscles dont les tendons ont une action au
homologue postérieur se termine également sur le trique- niveau des doigts et qui transitent par le poignet, y assurant
trum et, pour la raison équivalente, est nommé ligament un rôle annexe : fléchisseurs superficiel et profond des doigts,
pronateur. L'ensemble des deux faisceaux est surnommé long fléchisseur du pouce, long et court extenseur du pouce
par les chirurgiens de la main ligament frondiforme de (le long abducteur pouvant être aussi classé dans ce groupe),
Kuhlman (fig. 11.19) et, outre leur rôle de maintien de la extenseur des doigts et ceux de l'index et du 5e doigt.
partie ulnaire du carpe, ils servent à transmettre la force
entre le carpe et l'avant-bras. Mobilités
Ligaments médio-carpiens
Elle fait intervenir plusieurs interlignes, difficilement disso-
Au niveau médio-carpien, outre les ligaments d'os à os, ciables fonctionnellement.
essentiellement antérieurs (garantissant la concavité du
canal carpien), il faut signaler deux choses : sup
– il n'y a pas de liaison ligamentaire entre lunatum et capita-
med
tum (ce qui explique la grande mobilité sagittale du luna-
tum) et, pour éviter cependant les déplacements trop
amples, cette liaison est remplacée par des fibres scapho-
triquetrales antérieures et postérieures ;
– le ligament radié du carpe est un pool ligamentaire
rayonnant depuis le tubercule du capitatum vers les os
adjacents (sauf le lunatum).
Disque articulaire
Il est à la fois surface articulaire et ligament d'union entre les
deux os de l'avant-bras. Il est en étroite relation avec les liga-
ments radio-ulnaires inférieurs et ulno-carpiens, ce qui, pour
Fig. 11.19 Le faisceau moyen des ligaments radio-carpiens antérieur (1)
certains, fait parler de complexe du fibrocartilage articulaire
et postérieur (2) forme une entité fonctionnelle dite frondiforme, qui
(triangular fibrocartilage complex ou TFCC). soutient en bandoulière le carpe médial (qui est sans contact osseux
avec l'avant-bras).
Ligaments à distance
Il y a le rétinaculum des muscles fléchisseurs (RMF), extrême-
ment puissant, qui ferme le canal carpien (tunnel ostéofi-
breux). Une expansion médiale et superficielle du RMF déli-
mite le canal ulnaire pour le paquet vasculo-nerveux ulnaire21.
Fig. 11.20 Les muscles agissant sur le poignet comprennent des muscles
20
«Ulno-» désigne le côté ulnaire et non l'os, car le ligament s'insère propres (traits pleins) et muscles des doigts (en pointillé) (a). Ils sont
sur le bord du disque articulaire. répartis en quatre quadrants (b).
21
De ce fait jamais concerné dans les syndromes du canal carpien.
22
Ils excluent les muscles intrinsèques de la main, qui naissent en
partie au niveau du carpe, mais n'y ont aucune activité dynamique. Ils 23
Ne pas confondre avec la notion de muscles intrinsèques et
contribuent toutefois à sa cohésion. extrinsèques.
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LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
Mobilités analytiques
Pronation
Définition
Lorsque le coude est fléchi à angle droit, c'est le mouvement
a
dans lequel la main se tourne paume vers le bas24.
Plan
C'est le plan transversal (plan des rotations). En réalité,
comme l'axe est oblique, le plan du mouvement l'est aussi, ce
qui se met en évidence par le fait que le styloïde radial
devient plus proximal en pronation (fig. 11.21).
Axes
L'axe est vertical, et on distingue deux références :
– l'axe dit de charnière. Il relie le centre des deux têtes
radiale et ulnaire. Il est indépendant du contexte et
s'opère avec l'ulna fixe. Une modification de courbure
b
des deux os, ou de l'un d'eux, peut rompre cet axe et
rendre le mouvement impossible, totalement ou partiel- Fig. 11.21 L'axe et le plan de prono-supination sont inclinés, ce qui pro-
voque une légère bascule du radius, autorisée par l'aspect légèrement
lement ; convexe verticalement du pourtour de la tête radiale (a). Le non-aligne-
– les axes fonctionnels. Ce sont les variantes qui permettent ment des pivots haut et bas empêcherait le mouvement, comme pour le
de centrer le mouvement autour de l'un des cinq doigts de couvercle d'un coffre (b).
la main. Ils intègrent un faible déplacement de l'ulna. Les
cas extrêmes sont : un axe centré sur le 5e doigt et un axe
centré sur le pouce ; entre les deux, il existe une infinité de
possibilités. La moyenne se situe dans l'axe du 3e doigt (axe
de la main), ce qui amène, en pronation, l'axe de l'avant-
bras dans celui du bras (fig. 11.22).
Mouvement
Au niveau RUI, le mouvement strict de type charnière se
traduit par la translation circonférentielle de l'incisure
ulnaire du radius sur le pourtour de la tête ulnaire. Le mou-
vement du radius est transmis intégralement de l'avant-
bras au carpe grâce au ligament pronateur. Les deux pos-
sibilités fonctionnelles évoquées plus haut se traduisent de
la façon suivante :
– axe centré sur le 5e doigt (geste de tourner son auriculaire
dans le creux de l'oreille) : cela correspond au mouvement
de type charnière décrit ci-dessus (l'ulna est considéré
comme étant fixe) ;
– axe centré sur le pouce (geste d'écraser quelque chose
avec la pulpe du pouce). Le styloïde radial est considéré
24
Étymologiquement, le latin pronatus veut dire «qui pend en
avant», ce qui correspond à l'attitude naturelle de la main détendue
dans cette position. Fig. 11.22 La pronation ramène l'axe de la main dans celui du bras.
337
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
comme axe, le radius pivote sur lui-même et l'ulna effec- Facteurs limitants
tue une translation circonférentielle à sa suite. En partant Ce sont les muscles antagonistes, les ligaments radio-ulnaires
de la supination (position anatomique), ce mouvement de inférieurs et postérieurs mais aussi la compression des masses
l'ulna fait apparaître un double déplacement : un sagittal charnues de la loge antérieure de l'avant-bras, qui se trouvent
pour le coude (d'abord en extension – environ 1 cm – prises en sandwich entre le radius et l'ulna (cf. fig. 11.24).
jusqu'à la prono-supination intermédiaire, puis en flexion
au-delà) et un en rotation latérale pour la scapulo-humé-
rale. Un léger mouvement huméro-ulnaire est aussi asso-
P
cié de manière accessoire25 (fig. 11.23) ; S
80°
– axe centré sur le 3e doigt (geste de visser avec un tournevis, 85°
dans l'axe de l'avant-bras, poignet en inclinaison ulnaire).
L'axe est en position intermédiaire (tête radiale à la facette
lunarienne du radius) et le mouvement également. La
mobilité radio-ulnaire est partagée aussi entre les deux os.
Amplitude R U
À partir de la prono-supination neutre (et non à partir de la Fig. 11.24 Amplitudes de supination (S) et de pronation (P). Celle de la
position anatomique, qui est en supination complète), l'am- pronation est restreinte par la rencontre des masses charnues des
muscles antérieurs. Radius (R), ulna (U).
plitude est d'environ 80° (fig. 11.24). Elle est un peu inférieure
en extension du coude, du fait du blocage de l'extrémité
supérieure du bec olécrânien dans la fossette olécrânienne.
R
Moteurs
Ce sont les muscles rond et carré pronateurs, tous deux
sous dépendance du nerf médian26. Le premier est un sys- U
tème enrouleur sollicité surtout en situation de force, le a S 1 PS P
second est à action directe et permanente quelle que soit la 2
a b c
165o
165o
d
E Supination
E
Pronation
RL
RL
Fig. 11.23 La pronation avec mobilité de l'ulna (a) s'accompagne d'une extension (E) du coude (b) et d'une rotation latérale (RL) de l'humérus (c).
La position relative des segments reste la même que l'ulna, soit fixe (d) ou mobile (e).
338
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
27
Le supinateur est biarticulaire par son plan superficiel, mais le bras
de levier est si faible que sa composante d'extension huméro-ulnaire
est quasi nulle.
Fig. 11.26 Résultante (R) de la synergie du long fléchisseur du I (F) avec 28
Supinare, en latin, signifie «couché sur le dos» ; effectivement, si l'on
le rond pronateur (P). pose la main sur un support, elle est alors couchée sur sa face dorsale.
sup
post
b
Fig. 11.27 La notion d'avance ou de retard à la pronation est en rapport avec la variable de torsion entre les épiphyses du radius et/ou de l'ulna.
339
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
ant
29
Le biceps n'est pas supinateur lorsque le coude est en rectitude.
D'autre part, il est à noter que deux nerfs sont responsables du mouve-
ment (radial et musculo-cutané), ce qui est heureux, car la compensation
avec l'épaule est moins facile que pour la pronation. À noter que le biceps
s'insère au sommet de l'angle entre le col et le corps de l'os, 166° à 168°.
30
Avec mise en tension de la MIO (transmission des contraintes de
l'articulation radio-carpienne à l'huméro-ulnaire). La MIO permet ainsi
de dissiper certaines contraintes, d'où l'importance de sa tension per- Fig. 11.28 La répartition du mouvement sur deux interlignes allonge le
manente. rayon de courbure et diminue la réflexion des tendons antagonistes.
340
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
Plan
Le mouvement s'effectue théoriquement dans le plan sagit- sup
tal. En réalité, le plan fonctionnel est spiroïde puisqu'asso- med
ciant quelques degrés d'inclinaison ulnaire.
Axe
L'axe simplifié est la ligne bistyloïdienne du poignet (passant par
la tête du capitatum). En réalité, il s'agit de centres instantanés de
rotation, du fait de l'inclinaison ulnaire du mouvement (fig. 11.29)
et des mobilités annexes des deux rangées du carpe. La notion
d'axe unique est une simplification fausse mais pratique.
Mouvement
Fig. 11.29 Le placement des centres instantanés de rotation (CIR) des
Il est habituel de considérer la main mobile, par rapport à
mouvements sagittaux du poignet facilite l'inclinaison ulnaire de la main.
l'avant-bras fixe, mais l'inverse est fréquent. Si l'on prend le
cas de la main mobile, outre le roulement–glissement du
carpe (roulement vers l'avant et glissement vers l'arrière), on
sup
assiste à un double mouvement de celui-ci :
ant
– l'ensemble du carpe bascule en avant et en dedans en se
calant sur la glène antébrachiale, ce qui porte la main en
dedans, tout en subissant un effet de serrage31 d'une
berge à l'autre (fig. 11.30a) ;
– les deux rangées bougent l'une par rapport à l'autre : la
première part en pronation32 (fig. 11.30a′), et la seconde
en supination. D'autre part la bascule scaphoïdienne est
plus rapide33 (fig. 11.31). a a’
Amplitude sup
31
Le tunnel ostéofibreux se creuse : son diamètre sagittal augmente,
le frontal diminue (la surface de section reste identique).
32
Pour certains auteurs, la 1re rangée part également en abduction
et la 2e en adduction.
33
Le scaphoïde et le lunatum ont un mouvement légèrement disso-
cié, du fait d'un rayon de courbure plus prononcé pour le scaphoïde,
qui tend à pivoter davantage, facilitant l'antépulsion du pouce. Sca-
phoïde et lunatum fonctionnent comme deux cylindres, de tailles dif-
férentes, poussés côte à côte : il s'ensuit un décalage de distance dans
leur trajectoire. Cela explique la présence stabilisante d'un ligament
scapho-lunatum interosseux et celle d'un ligament radio-scapho-luna- Fig. 11.31 Le rayon de courbure plus court du scaphoïde provoque sa bas-
tum de même utilité. Ces ligaments interosseux subissent une torsion, cule plus rapide au cours de la flexion, ce qui facilite l'opposition (compa-
au cours de la flexion, ce qui accentue le serrage et la stabilité. raison avec le roulement de deux hémicylindres de diamètres différents).
341
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
342
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
a b
15°
Fig. 11.33 L'abduction (a) s'accompagne d'un double mouvement (b) a 40° b
de pronation–flexion de la 1re rangée, et de l'inverse pour la 2e. Fig. 11.34 L'adduction (a) s'accompagne d'un double mouvement (b)
de supination–extension de la 1re rangée, et de l'inverse pour la 2e (b).
– la 1re rangée part en pronation–flexion ;
– la 2e rangée part en supination–extension.
– la 1re rangée part en supination–extension ;
Amplitude – la 2e rangée part en pronation–flexion.
Elle est faible, aux environs de 15°, répartis à 40 % dans la Amplitude
radio-carpienne et à 60 % dans la médio-carpienne.
Elle est plus importante que celle de l'abduction, environ 35°
Moteurs à 45° dus au manque de contact entre l'ulna et le carpe en
Ce sont le fléchisseur radial du carpe (FRC) et le long position neutre. Cette amplitude est répartie à 60 % dans la
extenseur radial du carpe (LERC), aidés par les muscles radio-carpienne et à 40 % dans la médio-carpienne (inverse
latéraux du pouce (long et court extenseurs, long abduc- de l'abduction).
teur, long fléchisseur). Moteurs
Facteurs limitants Ce sont les fléchisseur et extenseur ulnaires du carpe, aidés
C'est la tension des muscles adducteurs, puis celle du liga- par les tendons les plus médiaux des muscles des doigts.
ment collatéral ulnaire, enfin le contact du tubercule du Facteurs limitants
scaphoïde contre le styloïde radial.
C'est la tension des muscles abducteurs, puis celle du liga-
Remarques ment collatéral radial, enfin le contact du triquetrum avec le
– Dans ce mouvement, la 1re rangée part en flexion–prona- disque articulaire du poignet.
tion, ce qui a pour effet de retarder le contact du tubercule Remarques
scaphoïdien sur le styloïde radial. Or, la conformation de
– L'adduction s'accompagne d'un dévissage des deux ran-
l'interligne médio-carpien (cf. fig. 11.18) provoque un vis-
gées : la première part en extension–supination
sage des deux rangées. La 2e rangée annule cette dévia-
(cf. fig. 11.18). La 2e rangée annule cette déviation en par-
tion en partant en extension–supination. L'amplitude est
tant en flexion–pronation. L'amplitude est faible et n'est
faible et n'est décelable que radiologiquement.
décelable que radiologiquement.
– L'abduction est fonctionnellement liée à l'extension du
– L'adduction est fonctionnellement liée à la flexion du poi-
poignet.
gnet.
Adduction (inclinaison ulnaire36)
Mobilités spécifiques
Définition
Leur importance est grande sur le plan fonctionnel : toute
C'est le mouvement dans lequel l'axe longitudinal de la main recherche de gain d'amplitude du poignet nécessite une
se rapproche de l'axe du corps (fig. 11.34a). manipulation fine des os qui le composent. Il s'agit des bâil-
Plan et axe lements–glissements tridimensionnels entre chacun des os.
Plan et axe sont identiques à l'abduction. Ils s'opèrent à partir du repérage sur les côtés et en face pos-
térieure.
Mouvement
Mobilités fonctionnelles
Le mouvement n'est pas plan, il associe les mobilités com-
plexes, et différenciées, des deux rangées (fig. 11.34b) : Plan fonctionnel unique
La décomposition en flexion–extension et abduction–
adduction répond au découpage anatomique des plans de
36
Même remarque que pour la dénomination de l'abduction. l'espace. La réalité fonctionnelle fait apparaître un plan
343
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
préférentiel unique, oblique en avant et en dedans, provo- par des instabilités, notamment du lunatum. Ces mouve-
quant l'association signalée : flexion–adduction (souvent ments peuvent être accompagnés de ressauts tendineux, qui
associée également à une pronation37) ou extension–abduc- peuvent entraîner des inflammations (tendinite de De Quer-
tion (souvent associée également à une supination), avec des vain au niveau du long abducteur du pouce, et celle de l'ex-
variantes spatiales proches (fig. 11.35). C'est le geste de tenseur ulnaire du carpe dans le sillon postérieur de la tête
prendre avec la main des cartes à jouer placées dans son autre ulnaire).
main, et de les distribuer. Le secteur utile est d'environ 45° en
flexion et 30° en extension, en rapport avec l'effet ténodèse.
Pour conclure
Couplage avec la radio-ulnaire supérieure La mobilité du poignet fait apparaître un axe de prédilection
Fonctionnellement, le poignet fonctionne comme une sphé- allant de la flexion–adduction à l'extension–abduction. Les
roïde assurant le déplacement de la main dans les trois plans déficits sont facilement compensés par le coude et l'épaule.
de l'espace – circumduction. Cela associe la prono-supina-
tion aux mouvements radio- et médio-carpiens.
Mobilités pathologiques
Stabilité
Ce sont les diminutions et les augmentations anormales de Il faut rappeler que la stabilité est le maître mot de la phy-
mobilité. siologie du poignet, sans elle la main ne peut être opération-
nelle.
Diminutions de mobilité
Les diminutions, ou raideurs, accompagnent les suites trau- Stabilité passive
matiques et les immobilisations. Aux niveaux RUS et RUI, le
non-respect des courbures physiologiques des deux os de Au niveau radio-ulnaire inférieur
l'avant-bras porte préjudice à la prono-supination : synos- Sur le plan osseux
tose, redressement de la courbure pronatrice du radius après Il n'y a aucune stabilité. Les surfaces ne sont ni congruentes,
fracture. Au niveau radio-carpien, elles sont peu gênantes, la ni concordantes, ce qui explique la facilité avec laquelle on
stabilité étant une dominante beaucoup plus importante peut opérer des glissements sagittaux lors de mobilisations
que la mobilité38. de cet interligne. En cas d'instabilité avec position subluxée
Augmentations de mobilité de la tête ulnaire, on trouve le signe de la touche de piano
(piano-key test).
Les augmentations de mobilité se situent généralement dans
un contexte d'hyperlaxité. Elles se traduisent généralement Sur le plan capsulo-ligamentaire
Il n'existe qu'un élément de liaison extrêmement puissant : le
Add + flex. disque articulaire du poignet (fig. 11.36). La capsule et les
Avant
DD DH
Arrière
Abd + ext.
Fig. 11.35 Les mouvements fonctionnels (flèche double) s'opèrent pré-
férentiellement autour de faisceaux d'axes (ligne en pointillés) s'entre-
coupant au centre de l'articulation, privilégiant deux associations :
flexion–adduction et extension–abduction.
37
On peut se rappeler que le rond pronateur échange parfois des Fig. 11.36 Le disque articulaire assure la cohésion des épiphyses (a). La
fibres musculaires avec le long fléchisseur du pouce. fracture du styloïde ulnaire, associée à celle du radius,libère la tête de
38
À condition que la position enraidie le soit en secteur fonctionnel. l'os et provoque un diastasis (b).
344
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
Au niveau radio-carpien
Sur le plan osseux
Il n'y a aucune stabilité hormis le contact préférentiel entre post
345
LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
Stabilité fonctionnelle
En statique
Elle correspond à la position de fonction, réunissant les
meilleures garanties de stabilité et d'activités fonctionnelles.
Elle privilégie le secteur moyen de toutes les amplitudes arti-
culaires et la position d'équilibre des tendons périarticu-
laires : les poignées d'outils tiennent compte de cette dispo-
sition (fig. 11.38). Il n'y a pas de chiffrage précis, mais des
tendances à respecter : placement en prono-supination
intermédiaire44, légère extension45 et légère inclinaison
ulnaire46.
En dynamique
Deux éléments sont à noter : Fig. 11.38 Les poignées d'outils tiennent compte de l'obliquité de la
– l'existence d'un axe et d'un plan de prédilection (flexion gouttière palmaire et de la position de fonction du poignet, assurant les
prises à pleine paume.
avec inclinaison ulnaire et extension avec inclinaison
radiale) limite les variations déstabilisantes ;
– la synchronisation des activités musculaires tient compte dN
de l'effet ténodèse, qui associe l'extension des doigts et la
flexion du poignet, et vice versa. Le serrage des doigts est
optimal à 30° d'extension du poignet (fig. 11.39). C'est ce 50
Instabilités vraies
0
Elles sont préjudiciables à la fonction du poignet. On dis- 60° 30° 30° 60°
tingue les instabilités actives et passives. 0°
– Les instabilités passives. Généralement consécutives à des Fig. 11.39 La force de serrage est la plus forte pour une extension du
entorses (fig. 11.40) ou à des fractures47, elles peuvent être poignet de 30°. Elle décroît de part et d'autre.
masquées par une bonne suppléance musculaire, voire
momentanément neutralisées par le port d'une orthèse
(«poignet de force»). Un diastasis radio-ulnaire, notam-
ment après une fracture de l'extrémité inférieure du radius
compliquée d'une fracture de la base du styloïde ulnaire48
(insertion du disque articulaire), résulte de la libération de
la tête ulnaire (cf. fig. 11.36).
– Les instabilités actives, par faillite du système musculaire49.
S'il s'agit d'une simple insuffisance, la kinésithérapie doit
44
Elle assure la plus grande surface de contact entre les facettes arti-
culaires, et place les mains en vis-à-vis l'une de l'autre.
45
Elle facilite la flexion des doigts (cf. Effet ténodèse, fig. 12.47).
46
Elle permet un placement du condyle carpien en harmonie avec
la glène antébrachiale, se situant dans la bissectrice de l'angle entre les
abduction et adduction maximales.
47
Notamment après fracture du scaphoïde.
48
Cette atteinte porte le nom de fracture de Gérard Marchand.
Devant ce genre de déficit, le choix existe entre le port d'un «poignet
de force» à l'occasion des efforts et la chirurgie réparatrice.
49
Physiologiquement, les muscles fléchisseurs sont plus puissants,
mais avec un bras de levier plus court que les extenseurs (moins puis- a b
sants, mais au bras de levier plus favorable). Au total, l'équilibre des Fig. 11.40 Les chocs axiaux peuvent provoquer des ruptures ligamen-
moments moteurs est donc conservé. L'apparition d'un déséquilibre taires (a), génératrices d'instabilité, les os ayant alors tendance à se pla-
est pathologique. cer en quinconce, comme dans un accident de chemin de fer (b).
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LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
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LE MEMBRE SUPÉRIEUR
Poignet
– durée limitée dans le temps, ce qui garantit un repos chant à une branche d'arbre. La situation est éprouvante
rapide des structures. lorsque le maintien en traction se fait par une seule main.
En dynamique Le port d'objet
Cela concerne les coups portés avec la main, généralement le – Il est tolérable si la charge portée est relativement légère
bord ulnaire, le talon de la main ou le poing fermé. On peut (sac, valise). Le cas est extrêmement fréquent. Les muscles
distinguer trois facteurs déterminant la tolérance à ces se contractent, fournissant une force (F) au prorata de
chocs : l'intensité, la soudaineté et la répétition. l'intensité du poids (p) en jeu. D'où F = p et la résultante R
est nulle (fig. 11.43).
L'intensité
– Il est difficilement tolérable si la charge est importante.
La violence du choc peut dépasser l'absorption par les par- La traction risque alors d'être mal équilibrée par la muscu-
ties molles et contractiles et ainsi mettre en péril la structure lature et l'on est conduit, soit à porter avec les deux mains
osseuse. C'est ainsi que la chute sur le talon de la main (donc (tenue d'une valise lourde à deux mains), soit à chercher
mettant en jeu le poids du corps et l'énergie cinétique de la un moyen de substitution (chariot, caddy, valise à rou-
chute) provoque une fracture caractéristique (fracture de lettes), soit encore à se faire aider par une tierce personne
Pouteau-Colles), notamment en cas de masse osseuse insuf- (manutention à deux). Dans les cas intermédiaires, l'adap-
fisante (personnes âgées) (cf. fig. 11.41). tation consiste à changer l'effort de main souvent.
La soudaineté Flexion
Elle est dangereuse, car elle court-circuite l'adaptation de la La flexion mécanique est un mécanisme coûteux, donc dan-
balance musculaire. Il s'ensuit des ondes de choc non contrô- gereux, pour l'appareil musculo-squelettique. Il est repré-
lées, et un risque tant pour les parties molles51 que pour l'os senté, au poignet, par le port de charge à bout de bras, coude
(détérioration des cartilages, avec l'évolution néfaste qui tendu ou fléchi, avant-bras horizontal. Le poignet est généra-
s'ensuit s'il y a répétition). lement en position articulaire intermédiaire, ce qui est le
La répétition plus favorable. Deux cas de figure sont possibles :
Même avec des intensités faibles, la répétition provoque un – la charge est légère. L'effort est alors bien toléré et peut
phénomène cumulatif (overuse syndrome des Anglo-Saxons) durer un certain temps sans dommage. Il peut s'agir de
qui peut alors dépasser le seuil de tolérance des différentes tenir un sac léger, un petit plateau par l'un de ses bords
structures, y compris osseuses. On parle alors de microtrau- (fig. 11.44). Le port en extension prononcée du poignet est
matismes et de fractures de fatigue. La répétition, en outre, réservé aux charges légères (garçon de café qui porte un
altère la vigilance des systèmes proprioceptifs et peut s'ac- plateau par le dessous) ; il réalise un stade proche de la
compagner d'une moindre adaptation qui aggrave les consé- compression, car l'appui est transmis presque directement
quences. dans l'axe de l'avant-bras ;
L'association de ces trois facteurs, en proportions variables, – la charge est forte. L'effort est alors mal toléré et ne peut
réalise un tableau clinique chez certains travailleurs manuels, durer, il nécessite d'urgence un changement de stratégie. Il
musiciens ou sportifs amateurs. À titre d'exemple, citons le peut s'agir de tenir une valise pleine, de tenir un grand pla-
maniement de haches, pioches ou, pire, d'un marteau- teau par l'un de ses bords a fortiori s'il est chargé.
piqueur pneumatique, pendant des heures, avec des défauts Torsion
ergonomiques. De même, le maintien d'une raquette de ten- Ce cas est assez fréquent, puisqu'il se présente chaque fois
nis au manche mal ajusté à la personne, tenu avec une cris- qu'il s'agit d'utiliser une clé, ou un outil dont la rotation
pation trop forte et mal placée, avec répétition fréquente demande un certain effort. La direction oblique des princi-
chez un sujet d'un certain âge.
Traction
Le maintien suspendu
– Il est tolérable s'il est très partiel. C'est le cas d'un individu
debout et se tenant à une barre haute, dans les transports
en commun. La traction augmente de façon faible et occa-
sionnelle lors des pertes d'équilibre.
– Il est difficilement tolérable s'il assure la suspension du
poids du corps. Il est rare et réservé à des situations à
caractère sportif. C'est le cas du gymnaste ou du circassien
qui se suspend à une barre fixe, ou d'un enfant s'accro-
51
Un traumatisme en compression peut réaliser le syndrome d'Es-
sex-Lopresti, avec rupture de la MIO, fracture de la tête radiale et dislo- Fig. 11.43 Les contraintes en traction sont équilibrées par la coaptation
cation RUI. musculaire.
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