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Chapitre 29.

Agriculture et
développement durable
Marc Dufumier and Benoît Lallau
p. 363-373

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Introduction
1De tous les secteurs d’activités économiques, l’agriculture est l’un
des plus fréquemment questionnés en matière de durabilité. Elle
contribuerait ainsi en France à près de 18 % des émissions de gaz à
effet de serre (Citepa, 2008) et serait à l’origine d’environ 70 % des
consommations d’eau sur la planète (CNRS, 2002). Maintes fois
dénoncée pour ses externalités de pollution (des eaux, de l’air et
des sols), l’agriculture est aussi mise en cause, désormais, pour
l’érosion des sols, les glissements de terrains, les pertes de
biodiversité, la moindre qualité sanitaire des aliments, la destruction
d’emplois, l’exode rural accéléré dans les pays du « Sud », la
concentration foncière, l’iniquité des aides distribuées, etc. Mais il
lui faudra néanmoins nourrir toujours mieux une population
mondiale croissante (Collomb, 1999 ; Ghersi, 2005) et satisfaire une
demande accrue en produits de plus en plus diversifiés : fibres
textiles, matériaux de construction, agro-carburants, molécules
médicinales, essences à parfum, etc.
2Il s’agit donc de se pencher sur les conditions de durabilité de
l’impérative évolution, dans les prochaines décennies, des
différentes agricultures du monde, aux destins d’ailleurs liés. Cette
réflexion se fonde sur l’impossibilité d’un scénario de type BAU –
« Business as Usual » – (section 1), sur les perspectives ouvertes par
les approches de l’agro-écologie (section 2) et sur une réhabilitation
d’un modèle paysan de développement agricole (section 3).

Des trajectoires non durables


3Les trajectoires suivies par les agricultures du monde ces dernières
décennies, très en lien avec celles des systèmes alimentaires
(Rastoin, 2005), s’avèrent non durables, tant par la dégradation
marquée des agro-écosystèmes qu’elles induisent, que par le
primat des logiques de concentration foncière qui les sous-tendent.

Une mise en péril des agro-


écosystèmes
4L’agriculture est une activité d’aménagement des écosystèmes par
des producteurs souhaitant infléchir à leur profit les cycles
biochimiques de l’eau, du carbone, de l’azote, du phosphore et de
plusieurs autres éléments minéraux. Souhaitant privilégier le
développement d’un nombre assez limité d’espèces jugées utiles,
les agriculteurs s’efforcent à la fois de modifier le milieu physique
en leur faveur (travail du sol, apport d’engrais, irrigation, etc.) et de
protéger les variétés végétales et races animales préalablement
sélectionnées contre la menace d’éventuels concurrents ou
prédateurs. Les agro-écosystèmes ainsi anthropisés sont plus
homogènes et moins diversifiés que les écosystèmes naturels
d’origine. Cette simplification des écosystèmes peut être plus ou
moins accentuée, jusqu’à aboutir à leur fragilisation excessive,
préjudiciable aux exigences d’un « développement durable » (DD). Il
n’en a cependant pas toujours été ainsi.
5Durant des millénaires, les agriculteurs ont eux-mêmes
directement procédé au choix des espèces, races et variétés, dont
ils souhaitaient favoriser la croissance et le développement dans
leurs exploitations agricoles, selon leurs propres critères :
comportement des plantes et des animaux sur les parcelles,
rendements et qualité des productions finales, etc. En procédant
ainsi, ils choisissaient de fait des variétés ou des races adaptées aux
divers écosystèmes au sein desquels ils vivaient : résistance aux
accidents climatiques et sanitaires les plus fréquents, tolérance aux
insectes prédateurs et agents pathogènes prévalents, capacité de ne
pas être trop concurrencés par les espèces sauvages, etc. Il n’était
donc pas nécessaire de modifier fondamentalement leurs agro-
écosystèmes d’accueil.
6Mais cette prudence s’est amoindrie depuis que la sélection est
devenue le fait de généticiens travaillant en conditions parfaitement
maîtrisées, au sein de laboratoires et stations expérimentales, de
façon à répondre aux demandes d’économies d’échelle formulées
par des firmes agro-industrielles. Depuis un siècle et demi dans les
pays du Nord et une cinquantaine d’années dans les pays du Sud,
les spécialistes de « l’amélioration » végétale et animale ont ainsi
entrepris de ne sélectionner qu’un nombre très limité de variétés
végétales et de reproducteurs animaux en fonction de critères
beaucoup plus standards et universels : capacité des plantes de bien
intercepter les rayons du soleil pour les besoins de la
photosynthèse, résistance à la verse, insensibilité au
photopériodisme, homogénéité des gabarits et des compositions
chimiques des productions destinées à être travaillées à la chaîne
dans les industries agricoles et alimentaires, etc. De façon à
rentabiliser au plus vite les investissements réalisés dans la
sélection génétique, il a fallu ensuite créer les conditions
nécessaires à leur utilisation à grande échelle, dans un maximum de
régions, au prix d’une simplification considérable des écosystèmes.
7Afin de rester compétitifs dans la course à la productivité et
répondre aux exigences des firmes agroindustrielles, les
agriculteurs (français, entre autres) ont été contraints de spécialiser
et mécaniser toujours davantage leurs systèmes de production, et
de fournir un nombre limité de produits standards, fragilisant les
agro-écosystèmes et induisant de nombreuses externalités
négatives : pollutions chimiques (des eaux, de l’air et des sols)
occasionnées par l’usage inconsidéré de pesticides et d’engrais
chimiques ; moindre qualité gustative et sanitaire des aliments ;
invasions intempestives d’espèces concurrentes ou prédatrices ;
épidémies provoquées par de nouveaux agents pathogènes ; perte
considérable de biodiversité ; dépendance accrue à l’égard des
énergies fossiles ; émissions croissantes de gaz à effet de serre (gaz
carbonique, méthane et protoxyde d’azote) ; érosion ou salinisation
accélérée des sols ; glissements de terrains, etc. Ces externalités
ont déjà des conséquences mesurables : intoxications chimiques,
recrudescence de certains cancers, coûts financiers des mesures de
dépollution, etc.
8En Europe, la spécialisation rapide des systèmes de production
agricole est allée de pair avec une séparation prononcée entre
agriculture et élevage. Rares sont désormais les agriculteurs qui
pratiquent conjointement les deux types d’activités dans leurs
exploitations et peu nombreuses sont aussi les régions qui les
associent étroitement. Ainsi les agriculteurs de Bretagne ont-ils,
pour la plupart, renoncé à cultiver des céréales et des plantes
industrielles pour se consacrer surtout à l’élevage intensif de vaches
laitières, à celui de poulets « hors sols » et à l’engraissement de
porcs en espaces confinés. Fortement consommateurs de soja
importé des États-Unis, du Brésil ou d’Argentine, les animaux y sont
devenus tellement concentrés que se pose désormais la question du
devenir des effluents d’élevage. Faute de pailles disponibles en
quantités suffisantes, les bovins et les porcins sont élevés
directement sur caillebotis, sans aucune litière, et il n’est plus
possible pour les éleveurs bretons de produire par eux-mêmes du
fumier. Pour moins polluer les nappes phréatiques, dont les taux de
nitrates dépassent déjà les normes prescrites au niveau européen, il
est nécessaire de financer des infrastructures destinées à épurer les
eaux chargées d’effluents.
9La situation est totalement inverse dans la Beauce où les
exploitants céréaliers qui ne pratiquent plus l’élevage et ne cultivent
plus guère de légumineuses ne disposent pas de déjections
animales et ne parviennent plus à faire décomposer aisément leurs
excédents de pailles dans la couche arable. Faute de fumier, les
exploitants céréaliers beaucerons sont contraints à un recours
important aux engrais azotés de synthèse (urée, ammonitrates, etc.)
dont la fabrication est particulièrement coûteuse en énergie fossile
(gaz naturel) et dont l’épandage est à l’origine d’émissions de
protoxyde d’azote (un gaz à effet de serre 310 fois plus nocif que le
gaz carbonique). Une voie de durabilité se dessine ainsi, dans la
réassociation de l’agriculture et de l’élevage dans chacune de ces
deux régions et la gestion conjointe des cycles du carbone et de
l’azote, grâce à un meilleur recyclage des résidus de cultures et des
effluents d’élevage.

Une mise en péril des agricultures


paysannes
10Cette « modernisation » de l’agriculture a conduit à la disparition
de la majorité des exploitations au Nord. Dans un tel modèle en
effet, les moins compétitifs (relativement, en particulier, aux prix de
soutien fixés par les pouvoirs publics) ou du moins leurs enfants
sont finalement condamnés à quitter progressivement l’agriculture.
Cela a été et demeure vrai pour les agriculteurs français. C’est ainsi
que les régions françaises les moins bien dotées en sols fertiles et
climats tempérés, telles que les zones montagneuses d’altitude, ont
précocement perdu une grande partie de leur population rurale,
avec un retour définitif de nombreux terroirs à la friche. C’est ainsi
encore que de nombreuses exploitations, poussées trop loin dans
des logiques de capitalisation – et donc d’endettement –,
disparaissent encore en région Nord-Pas-de-Calais, dans le cadre
des procédures dites « agridifs » (agriculteurs en difficulté). Ces
procédures ne traitent que les dimensions techniques des mises en
liquidation, en délaissant les coûts humains et les impacts en
termes de dynamiques territoriales, les disparitions contribuant
d’abord à l’agrandissement des exploitations encore en activité
(Lallau, Thibaut, 2009).
11Dans de nombreux pays du Sud, de très vastes espaces agricoles
sont appropriés par de puissantes sociétés multinationales ou de
riches propriétaires fonciers absentéistes. Ainsi en est-il dans les
campagnes d’Amérique latine et d’Afrique australe, où de nombreux
propriétaires d’immenses domaines ne travaillent pas eux-mêmes
dans l’agriculture. Ces notables et actionnaires dont les
exploitations agricoles sont confiées à des gérants salariés n’ont
pas souvent intérêt à y investir massivement car il est généralement
plus rentable et moins risqué de placer leur argent dans d’autres
secteurs d’activités que l’agriculture (l’immobilier, le commerce, la
finance). Ce faisant, ils ne contribuent que très peu à la création
d’emplois pour les paysans sans terre ou minifundiaires, car dès
que les coûts salariaux commencent à augmenter, il leur devient
plus intéressant de remplacer la main d’œuvre par des machines ou
de maintenir des systèmes de production extensifs peu exigeants
en travail : élevage bovin de type « ranching », plantations pérennes
ne nécessitant que peu d’entretien (cocotiers, sisal, bambous…),
monoculture de canne à sucre ou de soja transgénique à perte de
vue, etc.
12Ces grandes exploitations spécialisées, au sein desquelles est en
effet souvent pratiquée la monoculture à grande échelle, sont à
l’origine de graves déséquilibres écologiques : érosion éolienne
provoquée par le passage d’outils aratoires à disques dans les
grandes exploitations cotonnières ou de soja, pollutions provoquées
par l’emploi abusif de fongicides dans les immenses bananeraies,
prolifération de mauvaises herbes résistantes aux herbicides de
Monsanto dans les champs de soja génétiquement modifiés (sorgho
d’Alep, amarante sauvage, érigeron du Canada, etc.), érosion de la
biodiversité domestique et sauvage (Picone, Van Tassel, 2002), etc.
L’inégale répartition foncière produit aussi de graves problèmes
sociaux dans ces régions du monde où l’exode rural et
l’urbanisation ont été rapides, sans que des emplois n’aient été
créés en nombre suffisant dans les villes, avec pour conséquence les
phénomènes de délinquance et l’insécurité urbaine croissantes dont
la presse se fait aujourd’hui régulièrement l’écho.

La promotion de l’agro-écologie
comme voie de durabilité ?
13Il est donc impératif de rechercher un modèle durable pour
l’agriculture du Nord comme pour celle du Sud. Les Systèmes de
Production inspirés des principes de l’Agroécologie (SPA),
longtemps délaissés au nom du progrès, peuvent constituer une
alternative aux conceptions agroindustrielles et latifundiaires
(Griffon, 2006).

Caractéristiques principales des SPA


14En premier lieu, il s’agit de revenir à la sélection d’une plus
grande diversité de races ou variétés, adaptées chacune à leurs
écosystèmes d’accueil. À l’opposé de la monoculture ou des
élevages en batterie, les systèmes de production agricole qui
associent plusieurs élevages à la mise en œuvre de rotations et
assolements diversifiés sont ceux qui présentent la plus grande
résilience à l’égard d’éventuels accidents climatiques ou sanitaires
et nécessitent donc le moins d’avoir recours à des produits agro-
toxiques et antibiotiques (Altieri, Nicholls, 2004). La préservation
d’une grande biodiversité culturale dans les fermes va toujours de
pair avec le maintien d’une grande biodiversité spontanée dans les
écosystèmes : les organismes les plus susceptibles de nuire aux
cultures ou aux troupeaux ne peuvent alors proliférer subitement,
du fait des barrières imposées par d’éventuels concurrents ou
prédateurs (pucerons et coccinelles, limaces et scarabées, etc.).
15Les SPA ne doivent pas être considérés comme extensifs dans la
mesure où ils ont intensément recours aux ressources naturelles
renouvelables (l’énergie lumineuse, le carbone et l’azote de l’air, les
eaux pluviales, etc.) et n’excluent pas l’obtention de rendements
élevés à l’hectare, contrairement à certaines formes d’agricultures
latifundiaires (Glendining et al., 2009). Mais ils font par contre un
usage limité des ressources naturelles non renouvelables (énergie
fossile, eaux souterraines, mines de phosphate, etc.) et des intrants
chimiques (engrais de synthèse, produits phytosanitaires,
antibiotiques, etc.).
16Ces systèmes relèvent aussi pour une part de l’agroforesterie.
Pour que les plantes transforment au mieux l’énergie lumineuse en
calories alimentaires par le biais de la photosynthèse, il est
nécessaire qu’elles puissent avoir des échanges gazeux avec
l’atmosphère et donc bénéficier d’un microclimat pas trop
desséchant ; d’où l’intérêt de maintenir des arbres et des haies vives
à leur proximité (Warner, 2007). L’intégration dans les rotations
culturales de plantes de la famille des légumineuses permet en
outre de fournir au moindre coût les protéines végétales destinées à
l’alimentation humaine ou animale, grâce à la fixation biologique de
l’azote de l’air, et de ne plus tant dépendre de l’emploi des engrais
azotés de synthèse. La présence d’arbres et arbustes à
enracinement profond au sein même ou à proximité des champs
emblavés permet enfin de puiser en profondeur les éléments
minéraux dont les plantes cultivées ont le plus besoin (phosphore,
potassium, calcium, etc.), de les fixer provisoirement dans leur
feuillage et de les restituer à la surface des sols, pour fertiliser ainsi
les couches arables.
17Les SPA favorisent donc les circuits courts dans la gestion des flux
« utiles » de carbone, d’azote et des autres éléments minéraux :
utilisation des résidus de culture pour l’affouragement des animaux,
recours aux déjections animales pour la fabrication de fumier ou de
compost destinés à fertilisation des sols, remontée biologique des
éléments minéraux issus de la désagrégation des roches mères vers
les couches superficielles des sols, perturbation des cycles de
reproduction d’éventuels insectes ravageurs, etc. La diversité des
espèces et variétés au sein des rotations et assolements assure le
maintien in situ d’une très grande biodiversité domestique et
spontanée, avec notamment la présence de nombreux insectes
auxiliaires des cultures.
18Enfin, les SPA exigent un travail plus intense et soigné que ceux
inspirés de l’actuelle production agroindustrielle. Ils peuvent donc
être à l’origine de la création de nombreux emplois, pour peu que
les aides à l’installation des jeunes agriculteurs soient accordées
préférentiellement à ceux qui s’engagent à les mettre en œuvre,
plutôt que de favoriser, comme c’est l’usage en France,
l’agrandissement d’exploitations déjà surdimensionnées. Pour peu
encore que les agriculteurs les plus artisanaux puissent être
correctement rémunérés pour la qualité de leurs produits et pour les
services environnementaux rendus à la société, et ce grâce
notamment à une redistribution des subventions octroyées dans le
cadre de la politique agricole commune (PAC) européenne. Cette
dernière pourrait favoriser systématiquement la mise en œuvre des
systèmes de production faisant le meilleur usage des potentialités
productives des divers terroirs tout en fournissant des produits de
qualité et de proximité, répondant à un cahier des charges le plus
proche possible de celui de l’agriculture « bio ».

L’agroécologie, une voie durable au


Sud
19Dans les pays du Sud, il existe aussi d’ores et déjà de très
nombreuses techniques agricoles qui permettent aux familles
paysannes de produire davantage à l’hectare, sans pour autant avoir
recours à de grandes quantités de carburants fossiles ou d’intrants
chimiques (Dufumier, 2004). Ayant pour fondement d’assurer une
couverture végétale des sols la plus complète et longue possible,
ces techniques consistent généralement à cultiver simultanément ou
successivement plusieurs espèces et variétés (céréales, tubercules,
légumineuses et cucurbitacées) dans un même champ, de façon à
bien intercepter l’énergie lumineuse disponible et la transformer au
mieux en calories alimentaires. Ces associations de cultures
recouvrent rapidement les sols, protègent ceux-ci de l’érosion,
permettent de bien fixer l’azote, limitent la propagation des agents
pathogènes et contribuent à limiter les risques de très mauvais
résultats en cas d’accidents climatiques.
20Il en est de même pour l’agroforesterie : de nombreuses
paysanneries du Sud ont su intégrer différentes espèces d’arborées
dans leurs systèmes de culture vivriers ; les arbres à enracinement
puissant dont la croissance a été systématiquement favorisée au
sein même des champs cultivés contribuent à fixer du carbone par
photosynthèse durant la saison sèche, à puiser des éléments
minéraux dans les couches les plus profondes des sols, à les fixer
provisoirement dans leur biomasse aérienne, avec pour effet de
fertiliser ensuite les horizons superficiels des terrains lors de la
chute de leurs feuilles. La présence de ces arbres au sein même des
parcelles cultivées ou le maintien de haies vives sur leur pourtour
protège les cultures des grands vents et d’une insolation excessive,
avec pour effet de créer un microclimat favorable à la photosynthèse
et à la fixation de carbone. À l’image de l’ Acacia albida très répandu
en Afrique sahélo-soudanienne (Olivier et al., 1996), les arbres et
arbustes de la famille des légumineuses peuvent fournir aux
animaux un fourrage riche en protéines, tout en favorisant la
fertilisation azotée des terrains sous leur frondaison.
21Dans plusieurs régions sub-humides de cette même Afrique
soudano-sahélienne, des agriculteurs ayant eu accès à des crédits
gagés sur la production cotonnière ont pu acquérir des animaux et
divers équipements attelés (charrues, semoirs, charrettes, etc.), et
sont parvenus en moins de trois décennies à remplacer leurs
anciens systèmes d’agriculture sur abattis-brûlis par des systèmes
dans lesquels les champs cultivés le sont désormais tous les ans,
sans période de retour à la friche (« jachère »). Ces parcelles sont
situées désormais au cœur d’un ager régulièrement fertilisé par des
apports de matières organiques en provenance des aires réservées à
la pâture des animaux (saltus). L’association plus étroite de
l’élevage à l’agriculture permet dorénavant un meilleur usage des
résidus de culture pour l’affouragement et les litières des animaux
et une plus grande utilisation des déjections animales pour la
fabrication d’engrais organiques (Bainville, Dufumier, 2007).
22Mais ces pratiques paysannes ont trop souvent été sous-estimées
par les autorités politiques, les organismes de recherche et les
fonctionnaires de l’État. Ceci renvoie à un constat plus général : les
recherches agronomiques menées actuellement au Sud comme au
Nord se situent encore dans le seul paradigme de « l’amélioration
variétale » et de l’ingénierie génétique, et ne sont que très peu
inspirées de l’écologie et de la biologie intégrative (Vanloqueren,
Baret, 2009). De même peut-on souligner le peu d’attention portée,
dans le champ des sciences sociales, aux recherches destinées à
rendre plus intelligibles les raisons pour lesquelles les différentes
catégories d’exploitants n’ont pas nécessairement recours aux
mêmes techniques agricoles. Autant de choix de recherche qui
s’inscrivent dans un rejet persistant, au nom de la « modernité »,
des différentes formes d’agriculture paysanne.
L’agriculture paysanne, actrice
de la durabilité ?
23On peut pourtant observer que, dans la plupart des pays du
monde, ce sont les exploitations agricoles paysannes qui sont les
plus à même d’héberger les systèmes de production inspirés de
l’agro-écologie et, plus généralement, les plus conformes aux
exigences du DD. Sous la condition toutefois, qu’elles soient
soutenues par des politiques publiques moins tournées vers le
modèle agroindustriel.

Une agriculture familiale, autonome


et située, mais menacée
24À l’inverse des exploitants capitalistes qui ne travaillent pas
directement dans leurs exploitations mais y injectent du capital en
vue de maximiser leur profit et en comparaison à d’autres
opportunités de placements, les paysans investissent leur force de
travail et leur épargne dans les unités de production, d’une part de
façon à y pouvoir mieux vivre de leur propre travail, d’autre part en
comparant leurs revenus agricoles à ce qu’il leur serait possible
d’obtenir en exerçant éventuellement d’autres activités (coûts
d’opportunité). L’agriculture paysanne apparaît donc comme la plus
à même de réguler les problèmes d’emplois et d’exode rural : un
exploitant familial ne remplacera jamais sa main-d’œuvre familiale
par des machines et n’extensifiera pas davantage son système de
production tant que cette main-d’œuvre ne trouvera pas
d’opportunités d’emplois plus rémunérateurs en dehors de
l’exploitation. Les enfants ne renoncent à reprendre l’exploitation
de leurs parents que s’ils ont l’espoir de trouver du travail mieux
rémunéré ou moins pénible à l’extérieur. Un chômage chronique en
ville peut bien sûr les en dissuader.
25Les paysans ont intérêt à gérer au mieux l’emploi de la force de
travail familiale et à échelonner les travaux culturaux et les activités
d’élevage tout au long de l’année, afin d’éviter de trop fortes
pointes de travail et les périodes de sous-emploi. Il leur faut bien
souvent diversifier les systèmes de culture et d’élevage, de façon à
étaler au plus les activités productives au fil des saisons ; et cela va
souvent de pair avec la mise en place de systèmes associant
polyculture et poly-élevage, la mise en œuvre de rotations de
cultures et d’assolements diversifiés, le recyclage des résidus de
culture et des effluents animaux au sein de leurs fermes, la
fabrication de fumier ou de compost et la fertilisation organique des
terrains, etc.
26Mais l’agriculture paysanne n’est pas seulement une agriculture
familiale à forte autonomie de décision, elle est aussi une
agriculture fortement enracinée dans son « pays », celle
d’agriculteurs manifestant une fine connaissance de leurs terroirs,
fondée sur une longue accumulation de savoir-faire. À l’opposé des
gérants des grands domaines, les paysans vivent le plus souvent au
cœur de leurs unités de production, connaissent bien les
particularités de chacune de leurs parcelles et de chacun de leurs
troupeaux, sont directement responsables de leurs actes et savent
donc relativement bien s’adapter aux conditions changeantes de
leur environnement écologique et économique. Souhaitant
transmettre des exploitations en bon état à leurs héritiers, ils
veillent, autant que faire se peut, à ne pas endommager les
potentialités productives de ces dernières et donc au final à
respecter les équilibres écologiques.
27Mais les performances dont peut faire preuve l’agriculture
paysanne dans diverses régions du monde ne doivent cependant
pas dissimuler les problèmes qui résultent de son intégration aux
marchés nationaux et internationaux, des marchés qui mettent les
paysans en concurrence les uns avec les autres. Ces derniers
peuvent alors avoir, eux aussi, intérêt à spécialiser leurs systèmes
de production de façon à amortir au plus vite leurs immobilisations
de capital fixe et réduire de manière continue leurs coûts de
production. Et les moins compétitifs sont, nous l’avons vu,
contraints de quitter l’agriculture.
28Mais les effets de cette concurrence sont beaucoup plus marqués
encore au Sud, où les paysans ne disposent que d’outils manuels ou
de la traction animale (Mazoyer, 2001). Un producteur de blé de
l’Altiplano andin qui ne dispose, pour le travail du sol, que d’outils
manuels ou tirés par des bœufs et qui ne peut acheter des engrais,
ne parvient pas à cultiver plus d’un hectare par an, avec un
rendement moyen de seulement une tonne de grains à l’hectare. Sa
productivité nette ne dépasse donc guère une tonne par actif et par
an. Mais son concurrent du Middle West américain qui dispose d’un
tracteur, d’une moissonneuse-batteuse automotrice et de multiples
engins moto-mécanisés, peut exploiter jusqu’à 200 hectares à lui
tout seul et obtenir des rendements de plus de 5 tonnes à l’hectare,
moyennant l’emploi d’intrants chimiques. Son produit brut est de
mille tonnes de grains par actif et par an. Même en considérant que
les 4/5 de ce produit brut servent à compenser les consommations
e

intermédiaires et l’usure des matériels, il n’en reste pas moins que


sa productivité du travail (100 tonnes par actif et par an) est cent
fois supérieure à celle du paysan des Andes. Pour pouvoir vendre
son blé au même prix que son concurrent, ce dernier est donc
contraint d’accepter une rémunération de son travail 100 fois
inférieure à celui de son concurrent américain : comment pourrait-il
ainsi dégager des revenus suffisants pour épargner et investir afin
d’accroître sa productivité dans l’avenir, et devenir concurrentiel
face à un exploitant du Nord qui de plus, perçoit des subventions ?

Remettre l’agriculture paysanne au


centre de l’action publique
29Quelle alternative peut-il rester aux paysanneries pauvres du Sud
soumises à une telle concurrence inégale ? L’exode rural y est déjà
massif et les emplois sont rares en ville ; et ce d’autant plus que les
phénomènes de délinquance et d’insécurité liés à cet exode
n’incitent guère les entrepreneurs à y investir des capitaux et y créer
des emplois. Nombreux sont les paysans qui optent alors pour
migrer vers les dernières forêts primaires du monde et y défricher
gratuitement de nouveaux terrains, au risque de mettre en péril des
pans entiers de la biodiversité mondiale. Quant aux plus
« fortunés » qui parviennent à vendre leurs cheptels pour payer des
« passeurs », ils tentent tant bien que mal de migrer
clandestinement vers le Nord ; mais la circulation des personnes sur
le marché mondial n’est pas aussi « libre » que celle des
marchandises ou des capitaux, et les mouvements migratoires
clandestins sont désormais à l’origine de fortes tensions
internationales. Peut-on vraiment envisager un DD qui ne soit pas
fondé sur une liberté de choix essentielle, celle de vivre et de
travailler dignement au « Pays » ?
30Une telle liberté de choix passe tout d’abord par ce que la plupart
des pays du Nord ont eux-mêmes entrepris avec succès au
lendemain de la seconde guerre mondiale : protéger leurs
agricultures vivrières par le biais de droits de douanes conséquents
(Kroll, Trouvé, 2009). D’où la nécessité pour les nations
excédentaires du Nord de ne plus vouloir exporter à vil prix leurs
surplus de céréales, sucre, viandes et poudres de lait. Il leur faudrait
plutôt réorienter leurs agricultures vers des formes de production
plus artisanales et destinées à leurs marchés intérieurs. La défense
d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement et de la
qualité des aliments dans les pays industrialisés n’apparaît donc en
rien contradictoire avec la reconquête par les nations du Sud de la
sécurité et la souveraineté alimentaires, premières exigences d’un
DD.
31Cette liberté passe aussi par une sécurisation foncière, dont les
modalités peuvent être variables, ne passant pas systématiquement
par une appropriation privative (souvent le meilleur moyen de priver
les paysans pauvres d’un accès à la terre), mais qui, en tout cas, va
à l’encontre des tendances actuelles au « land grabing ». Ces
dynamiques d’accaparement du foncier, en particulier dans des
espaces « vierges » du Sud ressortent à la fois de stratégies de
panique d’États ou de firmes multinationales soucieux de garantir
leurs approvisionnements et d’une croyance maintenue dans la
supériorité du modèle latifundiaire et agro-industriel. À l’inverse,
d’autres firmes ont bien compris qu’il est plus rentable pour elles de
contractualiser l’achat de leurs ressources végétales ou animales
avec des exploitations familiales (raisonnant en termes de coûts
d’opportunité), plutôt que d’intégrer ces approvisionnements via de
grandes exploitations pilotées par un objectif de minimisation du
coût salarial.
32Cette liberté de choix passe enfin par la mise en œuvre de
stratégies volontaristes d’appui, à la fois en termes de politiques de
recherche et de développement technologique destinées aux
paysanneries, et en termes de rémunération du travail agricole. Une
agriculture durable est une agriculture au sein de laquelle les
paysans ne sont plus sous-rémunérés. Ceci revient à délaisser
l’argument – « libéral-populiste » – usuel fondé sur le concept du
surplus du consommateur représentatif. Un faible prix au
producteur, c’est peut-être un pouvoir d’achat supérieur pour le
consommateur à court terme (rien n’est moins sûr d’ailleurs, du fait
des stratégies de marges des transformateurs et distributeurs), mais
c’est surtout, à plus long terme, une paupérisation des agriculteurs,
une marginalisation des zones rurales et une incapacité à affronter
la crise alimentaire contemporaine. Cette « rémunération durable »
du producteur peut être assurée grâce à des subventions publiques,
un surcoût assumé par le consommateur, de moindres marges pour
les intermédiaires et des mécanismes de régulation des marchés
alimentaires – qui ne doivent surtout plus être « libres »
(Boussard et al., 2005).

Conclusion
33Envisager l’essor d’une agriculture paysanne mettant en œuvre
des pratiques inspirées de l’agro-écologie ne relève donc pas d’un
quelconque passéisme, mais cela se fonde au contraire sur les
impératifs de la durabilité des systèmes alimentaires mondiaux et
sur un nouveau « contrat social » qui pourrait être passé entre
agricultures et sociétés (Landais, 1998).
34Sur le plan écologique, le développement des pratiques de l’agro-
écologie est plus aisé dans les exploitations familiales non soumises
aux impératifs de l’extensification et de l’économie à tous prix du
facteur travail. En ce sens, elle contribue à reconsidérer la notion
même de productivité du travail, qui a longtemps légitimé les
visions agroindustrielles et latifundiaires de l’agriculture. Elle va
aussi dans le sens de la durabilité sociale, en fournissant un emploi
que les villes ne peuvent offrir et permettant ainsi une meilleure
régulation de l’exode rural. Sur le plan économique enfin, il s’agit
d’une agriculture qui s’appuie sur le développement des marchés
intérieurs et qui induit de nombreux effets d’entraînement en amont
et en aval.
35Elle peut donc contribuer à (ré)concilier durabilité et agriculture,
pour autant, répétons-le, qu’elle fasse l’objet de pratiques d’appui,
dans le cadre plus global d’une politique alimentaire volontariste,
associant régulation des marchés et promotion d’une alimentation
de qualité accessible à tous. En agriculture comme ailleurs, la
durabilité n’émergera pas ex nihilo.

Démarche proposée pour réussir votre projet agricole


Publié le 26 février 2021
Francisca Müller
Agronome, conseillère en démarrage d'entreprises agricoles
MAPAQ

On dit souvent que l’agriculture n’est pas qu’un métier, mais aussi un mode de vie. Plusieurs
individus, couples ou familles se tournent vers l’agriculture à la recherche d’un mode de vie plus
sain et simple. Toutefois, pour être en mesure d’en tirer un certain revenu et éventuellement en
vivre, une planification rigoureuse est de mise. Nous vous proposons donc de suivre la
démarche suivante afin de mettre toutes les chances de votre côté pour réussir.

Étape 1 - Identifier ses motivations, ses objectifs et son profil


Êtes-vous fait pour être entrepreneur agricole?

C’est la question qui tue!

Vous savez évidemment qu’il y a une différence entre faire pousser une tomate dans son jardin pour le plaisir
et la cultiver pour en tirer une certaine rentabilité. Pour être en mesure de dégager des profits, il faut maîtriser
certaines compétences et savoir bien s’entourer. Nous vous encourageons donc à bien identifier vos objectifs,
vos forces et vos faiblesses en lien avec votre projet.

Pourquoi voulez-vous devenir agriculteur? Souhaitez-vous en tirer un revenu? Combien de temps souhaitez-
vous consacrer à votre projet? Êtes-vous en bonne forme physique et mentale? Êtes-vous prêt à travailler de
longues heures, dans des conditions climatiques souvent difficiles, à des tâches parfois répétitives? Êtes-vous à
l’aise avec le risque? Avez-vous les compétences pour gérer tous les aspects d’une entreprise agricole? Un
agriculteur doit porter plusieurs chapeaux et exceller dans différents domaines : les aspects techniques de la
production, la gestion, le marketing et la vente, les ressources humaines, l’administration, la mécanique... la
liste est longue!

Afin de vous aider dans votre réflexion et à déterminer si vous êtes prêt à devenir agriculteur, nous vous
proposons les outils suivants :

 Es-tu un entrepreneur?
 Autoévaluation de l’entrepreneur
 Suis-je fait pour devenir agriculteur?
 Small Farm Dream (article en anglais)
 Profil d’entrepreneur

Étape 2 - Le choix de la production


Quelle production choisir?

Si vous avez passé la première étape avec succès et savez maintenant sans l’ombre d’un doute que vous êtes
fait pour devenir entrepreneur agricole, il est temps de passer aux choses sérieuses : le choix de la production.

Peut-être savez-vous déjà avec certitude quelle production vous intéresse. Dans ce cas, passez immédiatement
à l’étape suivante. Sinon, il est temps de vous asseoir et de faire quelques recherches. Nous vous suggérons
également d’aller visiter des fermes pour vous guider dans vos réflexions.

Voici quelques éléments à considérer : combien de temps avez-vous à consacrer à votre projet? Combien
d’argent êtes-vous prêt à investir? Serez-vous seul ou avec des partenaires? Quel type de mise en marché vous
intéresse? À quel point tolérez-vous le risque? Quel revenu souhaitez-vous tirer de votre entreprise? Les
réponses à ces questions devraient orienter votre choix.

À ce stade-ci, vous pouvez également commencer à réfléchir à votre modèle d’affaires.

OUTILS et RESSOURCES pour ALIMENTER vos RÉFLEXIONS

Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ)

Le CRAAQ est un incontournable de la diffusion de connaissances agricoles au Québec. On y retrouve :

 Agro-Démarrage - la boîte à outils du démarrage d’une entreprise agricole au Québec. Vous


pouvez faire une recherche générale ou cliquer sur la production ou le secteur qui vous
intéresse;
 Agri-Réseau - on y retrouve une foule de documents techniques, ainsi que des vidéos et des
articles de blogue;
 Des guides de production;
 Des budgets de production;
 De nombreux outils Web.

Le CRAAQ organise également la tenue d’événements de transfert de connaissance. Inscrivez-vous à leurs


infolettres pour ne rien manquer!

Les associations de producteurs de l’Union des producteurs agricoles (UPA) - cliquez sur votre spécialité dans
la section « Les productions ».

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) – pour de l’information sur


les différentes productions, les permis, des bulletins de veille et bien plus! Consultez également sa chaîne
YouTube et le calendrier des événements pour ne rien manquer.

À cette étape, n’hésitez pas à communiquer avec votre conseiller en relève et en établissement du MAPAQ. Il
pourra vous accompagner et vous orienter pour le démarrage de votre projet.

Avez-vous de l’expérience et une formation pertinente?

Ça y est, vous avez choisi une production et êtes motivé à mettre sans plus tarder la main à la pâte! Avant de
vous lancer corps et âme dans le démarrage de votre projet, il est fortement recommandé de suivre une
formation et d’aller acquérir de l’expérience sur le terrain pendant au moins un an, idéalement deux ans.

Expérience

La façon idéale d’acquérir de l’expérience est d’aller travailler chez un producteur expérimenté, ouvert à vous
partager ses connaissances. Cela vous permettra de développer certaines compétences et votre sens critique, de
créer des liens avec d’autres agriculteurs du milieu, et surtout, de goûter à la vraie expérience agricole.

À cet effet, consultez cette excellente recommandation du CETAB+, formulée à l’intention des futurs
producteurs maraîchers, mais qui peut aussi très bien s’appliquer à quiconque souhaite se lancer en agriculture.

Formation

Une formation en agriculture est toujours pertinente, quel que soit le mode de formation que vous choisissiez :
la formation continue, le diplôme d’étude professionnelle, le diplôme d’études collégiales, ou même le
baccalauréat. La formation vous permet non seulement de parfaire vos connaissances techniques, mais
également de réseauter avec d’autres futurs agriculteurs ou professionnels agricoles et d’acquérir des
compétences en gestion, indispensables à la réussite d’une entreprise agricole.

Un conseil? Choisissez votre formation en fonction de vos lacunes. Par exemple, si vous avez déjà de bonnes
compétences en gestion grâce à vos expériences passées, optez plutôt pour une formation technique axée sur la
production. Si, à l’opposé, vous avez plusieurs années d’expérience « terrain » en agriculture, une formation en
gestion d’entreprise pourrait être une bonne idée!

Dans certains cas, il est également possible de faire reconnaître des acquis (RAC) afin d’obtenir plus
rapidement votre diplôme.

Si vous êtes âgés de moins de 40 ans, une formation adéquate vous ouvre la porte à des subventions
intéressantes. C’est donc un aspect à ne pas négliger

Étape 4 - Planification financière


Qu’en est-il de votre plan d’affaires et de vos prévisions financières?

Vous avez maintenant de l’expérience et de la formation dans votre domaine, il est temps de mettre vos idées
sur papier par l’élaboration d’un plan d’affaires.

Mais d’abord… Qu’est-ce qu’un plan d’affaire et à quoi ça sert?

Votre plan d’affaires est votre carte de visite. C’est un gros morceau pour quiconque recherche du financement.
Les bailleurs de fonds voudront s’assurer que vous avez bien réfléchi à votre projet, qu’il est cohérent et qu’il
démontre des perspectives de rentabilité.

La rédaction du plan d’affaires vous permettra d’approfondir des questions telles que :

 Quelle sera la structure juridique de mon entreprise et les implications fiscales?


 Quelles seront la mission et les valeurs qui guideront le développement de mon entreprise?
 Quel sera mon mode de production?
 Quel sera mon mode de commercialisation?
 Quels intervenants peuvent m’aider pour le démarrage de mon entreprise?
 À quels règlements mon projet est-il assujetti?

Il vous permettra également de clarifier les aspects financiers de votre projet :

 Quels sont les investissements nécessaires au démarrage de mon projet?


 Quels seront mes coûts de production?
 Est-ce que mon projet sera rentable, et quand?
 Comment vais-je financer mon projet?
 Etc.

Si vous n’avez pas eu la chance de faire votre plan d’affaires dans le cadre de votre formation, plusieurs
options s’offrent à vous :

 Rédiger vous-même votre plan d’affaires à l’aide d’un modèle existant en ligne. Le MAPAQ
propose le modèle suivant, adapté à la réalité agricole. Utilisez l’outil Excel pour y intégrer
facilement vos données financières. Communiquez avec votre conseiller en relève et/ou l’agent
agroalimentaire de votre MRC pour connaître l’accompagnement disponible dans votre région.
 Suivre le cours Lancement d’une entreprise.
 Faire affaire avec un agroéconomiste ou un conseiller en gestion. Ce service est
subventionné à 85 % par le Réseau Agriconseils pour les entreprises en démarrage.

OUTILS et RESSOURCES à CONSULTER

Tutoriels

 Tableau des investissements et financement


 Budget de trésorerie

Modèles

 Guide de rédaction d’un plan d’affaire agricole (voir Outil Excel)


 Modèle de plan de commercialisation
Étape 5 - Location ou achat de la terre ou de l'entreprise
Avez-vous une ferme ou une terre et quel est son potentiel?

Si vous n’avez pas accès à une terre, vous devez déterminer si vous préférez acheter ou louer. Quel scénario est
le plus réaliste en fonction de votre capacité financière? Dans quelle région souhaitez-vous vous établir? À
quels critères devra répondre votre terre (profondeur et qualité du sol, superficie, drainage, etc.)?

L’ARTERRE est une ressource intéressante pour trouver des terres agricoles à vendre ou à louer, ou pour
former des partenariats. Vous pourriez également considérer joindre un incubateur agricole comme première
étape du démarrage de votre entreprise. À cet effet, consultez l’article suivant : « Toutes les raisons de
considérer l'incubation avant de démarrer son entreprise agricole ».

Voici certains éléments à valider lors du choix de votre terre ou de sa mise en culture :

 Potentiel agronomique : planifiez une visite sur le terrain avec un professionnel afin
d’identifier si la terre et le climat sont propices pour la culture visée. N’oubliez pas de prendre
des analyses de sol pour déterminer si des amendements doivent être apportés avant la mise en
production.
 Zonage : validez auprès de la municipalité si les activités prévues sont conformes avec le
zonage. Cet élément est particulièrement important si vous prévoyez faire des activités non
agricoles en zone agricole (verte). À cet effet, consultez la foire aux questions de la
Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ).
 Environnement : les producteurs agricoles ont la responsabilité de respecter certaines
exigences au niveau environnementale. Par exemple, il faut respecter des distances séparatrices
avec les puits, faire une bonne gestion des matières fertilisantes, éviter de détruire des milieux
humides, posséder un permis pour l’application de pesticides, etc. Vous trouverez plus
d’information ici ou en communiquant avec votre bureau régional du ministère de
l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

OUTILS et RESSOURCES à CONSULTER

 Guide de rédaction de contrats en milieu agricole


 ARTERRE
 Réussir la remise en culture d’une terre agricole dévalorisée
 Aide-mémoire pour l’acquisition d’un site d’élevage
 Comment prendre une analyse de sol? (vidéo produite en Suisse)

Étape 6 - Le financement
Avez-vous du financement?

Une fois votre projet bien défini, votre plan d’affaires rédigé et votre terre identifiée, il ne reste qu’une étape
pour concrétiser votre projet : la recherche de financement.

Voici quelques astuces pour réussir votre demande de financement.

Voici également une liste non exhaustive des sources de financement dans le domaine agricole :

 La Financière agricole du Québec (FADQ) - Garanties de prêts, subventions et assurances


agricoles
 Financement agricole Canada (FAC) - Prêts agricoles
 Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) - Prêt de mise de fonds et location-achat
 Votre MRC
 Votre Société d’aide au développement des collectivités (SADC) ou votre Centre d’aide aux
entreprises (CAE)
 Futurpreneur

N’hésitez pas à solliciter des rencontres auprès des différents bailleurs de fonds pour qu’ils vous expliquent
leurs produits et comment ils peuvent s’insérer dans votre montage financier.

LECTURE

 Comment obtenir du financement pour les entreprises en démarrage.

Astuces pour réussir sa demande de financement


Publié le 05 octobre 2017

Laurence Gendron
Agronome, M. Sc., Conseillère en développement régional
MAPAQ, Direction régionale de la Mauricie

Vous souhaitez démarrer une entreprise agricole? Vous désirez vous engager dans un processus de transfert de
ferme? Quel que soit votre projet, la demande de financement sera certainement une étape cruciale vers
l’atteinte de vos objectifs. Une bonne planification financière augmentera vos chances de réussir cette demande
et, par conséquent, de devenir un entrepreneur agricole.

VOICI QUELQUES ÉLÉMENTS À RETENIR. RELÈVE AGRICOLE, À VOS CRAYONS!

À l’étape de la réflexion
 Murissez bien votre projet; prenez votre temps.
 Posez-vous la question suivante : ai-je une expérience pertinente (une formation technique de base,
une formation en gestion et/ou une expérience de travail en lien avec mon projet)?
 N’oubliez pas qu’une mise de fonds de 20% à 25% du prix d’achat (parfois plus!) peut être exigée
lors du financement de votre projet.
 Assurez-vous d’avoir un coussin en cas de coup ou un plan B pour réinjecter des fonds dans
l’entreprise.

À l’étape de la préparation
 Couchez votre projet sur papier en rédigeant votre plan d’affaires.
 N’oubliez pas que l’objectif final de votre demande de financement est de démontrer aux financiers
que l’entreprise aura la capacité de rembourser les prêts qui lui seront consentis.
 Appuyez vos hypothèses sur des faits. Au besoin, obtenez des prix de la part d’éventuels fournisseurs;
cela donnera du poids à vos prévisions.
 Faites des scénarios financiers réalistes, autant optimistes que pessimistes, et maîtrisez bien chacun
des paramètres.

À l’étape de la présentation
 Inspirez confiance aux créanciers : démontrez-leur que vous êtes préparé pour mener à bien ce projet.
 Assurez-vous de bien connaître tous les détails de votre plan d’affaires.
 Choisissez vos partenaires financiers; développez une dynamique de confiance mutuelle avec eux. Il y
a fort à parier qu’ils seront vos partenaires pour longtemps et pour chacun des cycles de vie de
l’entreprise (démarrage, croissance, stabilité, turbulence, transfert).
 Restez ouvert aux commentaires et aux suggestions.
 En cas de besoin, entourez-vous d’un professionnel qui pourra vous épauler dans ce qui concerne les
sections de votre plan que vous maîtrisez moins bien (par exemple : un agronome, conseiller en
gestion, peut vous aider pour la partie « chiffres »).

Informations utiles

Pour plus de détails concernant la rédaction d’un plan d’affaires, consultez le Guide de rédaction d’un plan
d’affaires pour le démarrage d’une entreprise agricole.

Pour obtenir des conseils en démarrage d’entreprises agricoles, communiquez avec le conseiller en relève et en
établissement de votre région.

***

Les informations présentées dans cet article sont inspirées de la Grande Table ronde Objectif croissance,
présentée par Objectif Croissance pour femmes entrepreneures le 21 juin 2017, à Shawinigan, dont le thème
était « La recette d’un financement réussi : les ingrédients essentiels ».

* Ce texte est d’abord paru sous forme d’article dans Le Nouvelliste en 2017.
AGROFORESTERIE : ATOUTS, RENTABILITÉ

Que cherchez-vous ?
des informations sur :

o L'agroforesterie : qu'est-ce que c'est ?
o Les interactions
o Les atouts
o Statuts et parcelles
o Rentabilité
o L'étude de faisabilité : La clé de voûte
o Aides à la mise en place de systèmes agro-forestiers
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L'agroforesterie : qu'est-ce que c'est ?


C'est jumeler production de bois et production agricole dans un cadre de
développement durable.
Associer 2 cultures pour faire profiter à l’une des bénéfices de l’autre : la méthode est connue, et c’est l’objectif
de l’agroforesterie, qui associe au sein d’une même parcelle des cultures ou des animaux ET des arbres.
L’agroforesterie n’est pas un boisement des terres agricoles, c’est une alternative, permettant de maintenir un revenu
courant sur la parcelle tout en capitalisant dans du bois. L’agroforesterie ne signifie pas arbres d’un coté et cultures
de l’autre. Les arbres font partie intégrante du système de cultures. La présence des arbres influence les cultures
ET la présence des cultures influence les arbres.

Les interactions
Sur les associations de plantes

L’agroforesterie est un cas particulier d’association de plantes. Comme toute association, elle vise à optimiser les
bénéfices pour les plantes. Cette association entraîne à la fois :
 des phénomènes de compétition (la rivalité pour accéder à une ressource)
 et des phénomènes de facilitation (l’amélioration de l’utilisation d’une ressource).
Par exemple, la chute des feuilles améliore les teneurs en matières organiques des sols, d’où une meilleure rétention
de l’eau qui profite aux cultures.

Si les phénomènes de compétition sont quasi systématiques, il n’en est pas de même pour les phénomènes de
facilitation. C’est la modification de l’environnement d’une plante par l’autre qui est à l’origine des processus de
facilitation. Et c’est ce qui se passe en agroforesterie.

La présence de l’arbre modifie l’environnement habituel de la culture et vice-versa.


L'arbre sur les cultures :
 induit un micro-climat favorable à une réduction du stress hydrique et à une meilleure efficience
de la ressource en eau pour les cultures (réduction ETP…
 augmente fortement le taux de matières organiques des sols, via ses frondaisons, ses racines et
l’activation de la microflore du sol.

Les cultures sur l'arbre :


 forcent à un enracinement profond.
 D’où une meilleure résistance aux vents, à la sécheresse.
 la fertilisation des cultures profite aussi en partie aux arbres.
 induisent un large espacement des lignes d’arbres, profitable à leur croissance.
 permettent un suivi permanent des arbres, du fait de la présence fréquente de l’exploitant dans la
parcelle.
Généralement, la configuration particulière des parcelles agroforestières profite tant aux cultures qu’aux arbres. Les
arbres poussent plus vite que leurs cousins forestiers. Les cultures bénéficient d’une amélioration des sols et de
conditions microclimatiques protectrices.
Lors de l’association arbres-cultures, il est indispensable que les phénomènes de facilitation deviennent
prépondérant par rapport aux phénomènes de compétition. L’étude de faisabilité est à ce titre essentielle, avec un
objectif : piloter ces interactions afin d’en tirer le meilleur parti possible. Ces observations sont très adaptées aux
rotations à base de cultures d’automne. Quand les cultures de printemps sont nombreuses dans l’assolement, les
phénomènes de compétitions peuvent l’emporter sur la facilitation. Là encore, l’étude de faisabilité permet de
confronter l’adéquation entre l’agroforesterie et l’assolement de l’exploitation.
Les atouts

L’agroforesterie présente des atouts indéniables au vu des enjeux présents sur nos territoires ruraux :
 lutte contre le ruissellement et l’érosion des sols, tant hydriques qu’éolien,
 limiter les transferts vers les eaux superficielles et souterraines,
 stocker du carbone,
 intérêt vis-à-vis de la biodiversité, tant par la création de « réservoir » que par la création de corridors,
 création de paysage évolutif, intéressant en zone périurbaine,….

Statuts et parcelles
Ils restent inchangés
 Les parcelles agroforestières relèvent du statut agricole. Le calcul de l’imposition du foncier et du
revenu fiscal répond aux mêmes barèmes que les parcelles agricoles.
 Les parcelles agroforestières sont éligibles aux DPU, dès lors que la densité d’arbres est
comprise entre 30 et 200 arbres par hectare et que le positionnement des arbres compatible avec
l’exploitation agricole.
 Les parcelles agroforestières aident à respecter les obligations de la conditionnalité, au même titre
que les alignements d’arbres : 1 mètre linéaire d’agroforesterie équivaut à 10 m² de SET.

Rentabilité
Une diversification rentable à long terme !
L’agroforesterie est une forme de diversification de l’exploitation.
Les différents retours d’expériences montrent des parcelles agroforestières rentables. Néanmoins, cette rentabilité
n’est atteinte qu’au moment de la récolte des arbres.

Au niveau des cultures, si le système a été bien réfléchi en amont, les rendements ne changent pas : la culture
reste rentable, au moins durant la première moitié de vie des arbres (15 à 20 ans), voire jusqu’à leur récolte.

Lors de la seconde moitié de vie des arbres, les rendements peuvent baisser, mais cela ne signifie pas toujours une
perte de rentabilité. A ce stade, la valeur d’avenir du peuplement arboré se dessine.
Des choix se profilent alors : maintenir les cultures, modifier les assolements, enherber et faire pâturer…
L’étude de faisabilité est importante pour faire émerger ces options et leur faisabilité. Au moment de la récolte
des arbres, dès lors que ceux-ci ont été conduits correctement, la rentabilité est présente. Elle est au moins
équivalente à une parcelle agricole, et dans de nombreux cas supérieure.

Un suivi des arbres essentiel


La rentabilité finale des parcelles agroforestières provient de la vente du bois. La valeur de ce bois est
directement proportionnelle à la qualité du suivi mis en œuvre depuis la plantation.

Ce travail de suivi commence dès la préparation du site de plantation, avec un travail du sol dans de bonnes
conditions d’humidité du sol. La mise en place des plants, puis le suivi du paillage sont également importants. Et
dès cette plantation, les arbres devront faire l’objet d’un suivi pour déclencher au bon moment les opérations de
taille (pour la formation de l’axe de l’arbre) et d’élagage, deux opérations essentielles pour la réalisation de bois
d’œuvre de qualité.
Le temps de travail nécessaire à la réalisation de ces opérations de tailles est évalué entre un et deux jours par
hectare et par an, surtout les premières

L'étude de faisabilité : La clé de voûte


La réussite agronomique et économique d’une telle association réside dans une approche approfondie et
raisonnée du projet en amont. C’est avec l’étude de faisabilité qu’il est possible de définir les motivations et les
perspectives de l’exploitation, mais aussi les conditions pédoclimatiques de la parcelle.
L’étude de faisabilité permet un choix des essences adaptées, selon l’adage "le bon arbre au bon endroit".

Elle définit la configuration finale de la parcelle agroforestière : l’orientation des lignes d’arbres, l’espacement
entre les lignes d’arbres …

L'agroforesterie est une pratique ancienne, et en Normandie, le pré-verger en est l’illustration. Bien pensée, elle est
une des techniques permettant de répondre aux enjeux territoriaux de demain. Planter un arbre est acte
important. Il faut anticiper le paysage que l’on crée mais aussi le devenir de l’exploitation et la place des arbres
dans ce contexte. Le projet agroforestier peut tout à fait s’inscrire dans un projet patrimonial ou entrepreneurial… Le
capital mis en place permet de faciliter la reprise de l’exploitation, préparer sa retraite ou le partage d’un
patrimoine.

Aides à la mise en place de systèmes agro-forestiers


L’agroforesterie, en optimisant l'espace, vise aussi à produire plus et mieux, et dans cette perspective, l’arbre a
partout sa place. Les rendements agricoles sont améliorés en agissant positivement sur des facteurs de production
aussi déterminants que l’eau, le sol, le climat, la biodiversité…
Une expérimentation INRAE sur un système associant culture de blé et alignements de noyers à Restinclières
(Hérault) a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 ha pouvait produire autant de biomasse (bois et produits
agricoles) qu’une parcelle de 136 ha où arbres et cultures auraient été séparés, soit un gain de 36%.
Outre les bienfaits agronomiques et environnementaux, l'agroforesterie peut aussi offrir un complément de revenu
direct. Les arbres constituent un excellent capital sur pied, qui donne de la valeur à l’exploitation : ils fournissent une
biomasse que l’agriculteur peut valoriser.
De nouvelles filières et emplois se développent ainsi à l’échelle locale, telle que la filière bois-énergie, pour laquelle
les agriculteurs ont un rôle à jouer en fournissant du bois d’origine locale issu des arbres qu’ils entretiennent sur leur
exploitation.
Vous êtes agriculteurs et vous souhaitez investir dans l’agroforesterie intra parcellaire ?
Retrouvez tous les appels à projets sur le site des aides de la région Normandie.

Contact
DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt de Normandie)
Karine VEZIER - 02 32 18 95 20
karine.vezier@agriculture.gouv.fr

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