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LA DESCRIPTION
L’INTERPRETATION
« Il était homosexuel, ça, tout le monde le sait, et il était fou amoureux de moi. Il essaya de s'approcher de moi quelques fois…
et moi, j'étais très gêné, parce que je n'étais pas homosexuel, et que je n'étais pas disposé à céder. »
Les deux hommes devinrent cependant amis du fait de certaines af nités esthétiques. En apprenant la mort de Lorca, Dali
sombre dans une profonde dépression. Le tableau Prémonition de la guerre civile a donc été réalisé pendant une période
particulièrement sombre de la vie du peintre : guerre d’Espagne, exil, meurtre d’un ami proche.
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LA FORME DU TABLEAU ET SA COMPOSITION
Cette huile sur toile est parfaitement carré, ce qui est rare. Le Philadelphia Museum of Art donne les dimensions suivantes : 100 ×
100 cm. Ce choix permet au peintre de désarticuler un être humain, normalement beaucoup plus haut que large, pour le
transformer en une créature dont la caractéristique dominante est l’extension. Dali étire le corps humain a n de le représenter
sous forme d’un trapèze pouvant s’inscrire dans le carré de la toile. Cette option est essentielle pour mettre en valeur la
difformité
L’image ainsi produite touche immédiatement l’observateur comme s’il s’agissait effectivement d’une projection de l’inconscient.
La puissance de Dali se situe dans la création d’images non conventionnelles mais immédiatement et fortement évocatrice. Car
la composition reste classique. Le monstre n’est pas très éloigné de la symétrie ce qui conduit à une composition équilibrée. Le
peintre choisit un angle de vue en contre-plongée a n d’accentuer l’effet de domination de la créature. Mais cet arti ce est
également connu depuis des siècles. Il maintient en arrière-plan un ciel immense, occupant les quatre cinquièmes de la toile, a n
de faire ressortir la désarticulation de la gure humaine. Là encore, le procédé reste classique.
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LA DESCRIPTION
Dans cette peinture surréaliste, on observe une terre aride où semblent jeté une poignée de haricots, sur fond de ciel envahi
d'une fumée d'apocalypse, un gigantesque corps humain déconstruit et instable, comme en équilibre sur le paysage ravagé,
prêt à chavirer en arrière, se déchire lui-même, s'écartèle, s'étrangle, grimace de douleur et de folie. L’ancêtre direct de ce
tableau est certainement une toile de Goya, le Colosse, peint vers 1812, qui montre un immense paysage peuplé de gens et
d’animaux en fuite dans toutes les directions, épouvantés par l’apparition d’un géant qui brandit les poings vers le ciel. Dali
avait très certainement fait la connaissance de Goya, car il est exposé au musée du Prado à Madrid, durant ses années
d’étudiants. La guerre civile n’était pas un phénomène nouveau en Espagne surtout au XXe siècle, donc le fait que Dali ait
prétendu avoir la prémonition quand il peignit ce tableau six mois avant le con it n’avait pas un très grande valeur en tant
que pressentiment. Mais cette scène n’en reste pas moins saisissant, avec son point de vue situé très bas laissant une créature
difforme et malé que nous surplomber, situation qui permit aussi à Dali d’imaginer un des ciels les plus beaux et les plus
immenses jamais vu en peinture. Dans La Vie secrète de Salvador Dali, le peintre a écrit au sujet de cette œuvre : "Je peignis
un tableau (…) où je représentais un grand grouillant de bras et de jambes s’étranglant mutuellement dans le délire. La
structure molle de cette énorme masse de chair dans la guerre civile, je l’ai garnie de haricots bouillis, parce qu’on ne peut
s’imaginer avalant toute cette viande insensible sans l’accompagnement même banal de quelque légume mélancolique et
farineux." Dali a aussi agrémenté le repas avec le résultat de la consommation d’une grande quantité de haricots secs, c'est à
dire un énorme boudin d'excréments se moulant sur la cuisse de sa créature, à droite. L'utilisation des transformations est très
réussie dans ce tableau : le téton est pincé par une main unie d'un bras rejoint par un autre bras qui devient une cuisse puis
une fesse supportant un pied qui nalement redevient un bras. L'étude attentive des similitudes des choses permet au peintre
d'imaginer de faciles transitions anatomiques. Salvador Dali a décrit lui-même son tableau comme "un grand corps humain,
grouillant de bras et de jambes s'étranglant mutuellement dans le délire. »
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L’INTERPRETATION
La structure molle aux haricots bouillis est une représentation de la société espagnole avant la guerre civile. Le tableau est parfaitement carré, ce
qui est rare. Cette forme inhabituelle peut être interprétée comme une représentation de l'équilibre instable qui existait dans la société espagnole
avant la guerre civile. Les quatre côtés égaux du tableau représentent les forces politiques et sociales en con it, chacune cherchant à prendre le
dessus sur les autres.Les légumes secs (haricots blancs, pois chiches) constituent à l’époque un aliment de base de la population espagnole, une
nourriture simple et humble, symbolisant les gens ordinaires, ceux qui sont les plus touchés par la guerre civile. Sur le plan de la composition, le
peintre oppose de façon très classique le ciel et la terre, le haut et le bas, la tête et le corps. Dali ne laisse aucun espoir apparaître. Le peintre
choisit pour le ciel un chromatisme inquiétant avec des taches jaunâtres, grises et noires. Inutile d’espérer le paradis, nous sommes dé nitivement
en enfer. Le lien peut être fait avec le freudisme qui propose une interprétation très con ictuelle de l’intériorité humaine. molle et amorphe, comme
si elle n'avait pas de structure solide. De plus, la structure se trouve dans un paysage désolé et aride, qui re ète l'état de l'Espagne à cette époque.
La gure a été détruite, ses membres ont été arrachés et sa tête est ouverte, révélant un crâne. Cette image forte symbolise la destruction et la
mort, et montre que la guerre civile a eu un impact dévastateur sur la population espagnole. Le tableau de Dali exprime l'horreur de la guerre civile
espagnole et son impact sur la société et les individus. La structure molle aux haricots bouillis symbolise la fragilité de la société espagnole et la
gure humaine démembrée montre les conséquences terribles de la guerre civile sur les vies humaines
Dali a voulu montrer que la guerre civile détruit un pays, en insistant sur l'autodestruction de la gure humaine qui s'arrache elle-même les
membres. La destruction de la gure représente également la destruction de la culture et de l'identité espagnoles
Le tableau de Dali peut être interprété comme une critique de la politique espagnole de l'époque. La mollesse de la structure et la destruction de la
gure humaine peuvent représenter la responsabilité des gouvernements espagnols successifs dans la montée des tensions qui ont mené à la
guerre civile. Le tableau peut également être vu comme une critique de la guerre civile elle-même et de ses conséquences dévastatrices sur la
population
Cette oeuvre fait référence à la représentation du surréalisme de Dali, qui a souvent utilisé des images fortes pour exprimer des idées complexes.
La gure humaine démembrée et la structure molle aux haricots bouillis sont des images surréalistes qui rappellent l'imagination et la créativité de
Dali
Ce tableau de Dali peut être considéré comme un chef-d’œuvre de la peinture du 20e siècle car il est une allégorie de cette époque de génocides
et de guerres mondiales, des projections extérieures de ce que Freud avait discerné à l’intérieur de l’être humain. Le génie de Dali se situe dans
cette capacité de restituer par une seule image les tourments d’une époque
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EN QUOI EST CE UNE OEUVRE APOLITIQUE ?
Pour Conclure, le tableau « Prémonition de la guerre civile » ne prend pas position dans le con it interne à l’Espagne. Il ne s’agit
pas d’une œuvre militante, comme par exemple le célèbre Guernica de Picasso (1937) qui visait à restituer l’horreur d’un
massacre perpétré par les franquistes. Dali évoque seulement sa détestation de la guerre et le trouble qu’elle provoque en lui,
sans se placer du côté républicain ou nationaliste. Il s’agit d’ailleurs d’une constante du grand artiste qui s’est toujours déclaré
apolitique, parfois avec le goût de la provocation et de l’autodérision qui le caractérisait
« J’ai commencé ma vie en trahissant d’une façon très spectaculaire ma classe d’origine qui est la bourgeoisie pour ensuite
proclamer toujours les vertus de l’aristocratie et de la monarchie.»
Les surréalistes étant pour la plupart proches des communistes, voire même communistes, Dali marque ici encore une forte
originalité. Ne pas s’engager dans les querelles idéologiques de l’époque était considéré comme une véritable trahison et cette
indépendance d’esprit vaudra à Dali son exclusion du groupe des surréalistes en 1939.
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