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Première ES /SVT ES / l’histoire de l’âge de la Terre 1/4

L’âge de la Terre au fil de l’histoire des Sciences


L’âge initial de la Terre, déterminé par l’archevêque et théologien James Usher (16°s) à partir de l’étude de la Bible est d’environ 4000 av JC.
Objectif : comment ont évolué les estimations de l’âge de la Terre du 16°s au 20°s ?

Consignes : compléter le tableau à partir de vos connaissances et des ressources dont vous disposez.
Ressources : diaporama (espace numérique), livre pages 156 et 157, https://www.lespritsorcier.org/blogs-membres/histoire-des-sciences-
age-de-la-terre/

Compétences Capacités associées Indicateurs de réussite Autoévaluation Évaluation


Pratiquer des démarches - Raisonner avec rigueur, - Saisir des informations utiles en lien
scientifiques - Interpréter des résultats, avec le problème traité,
en mobilisant ses connaissances et en tirer des - Vérifier l’exactitude des informations
conclusions pour résoudre un question problème - Mettre en relation les résultats et les
ou une scientifique informations pour construire une notion
Concevoir, créer et Savoir expliquer une théorie, un raisonnement, - Savoir conduire une analyse objective
réaliser une démonstration et distinguer, en justifiant, fondée sur l’observation et le
croyance/ opinion et savoir scientifique. raisonnement,
Niveau d’acquisition des compétences : A satisfaisant, B assez satisfaisant, C moyen, D insuffisant

Annexe : les apports de Buffon


Le protocole expérimental de Buffon

Buffon peut être considéré comme le père de la datation scientifique. En effet, il propose à la fois des modèles théoriques et les mesures
expérimentales afférentes. La Terre actuelle serait le résultat du refroidissement d’une planète composée initialement de roches en fusion. Son
hypothèse est celle d’une sphère incandescente (ce qui définit le temps 0) qui se refroidit.
On peut à partir de là, conduire une expérience. Dans ses forges de Montbard, il chauffe au rouge des sphères de rayons différents et composées de
matériaux variés, puis en mesure les temps de refroidissement jusqu’à la température ambiante. Il extrapole ses résultats à une sphère aux dimensions
terrestres. Mais il ne dispose d’aucune théorie pour le faire et son extrapolation – linéaire – menée à partir de boulets de dimensions comprises entre
1/2 pouce et 5 pouces, jusqu’au rayon terrestre de 6 400 km, est fausse.

D ‘après son œuvre encyclopédique « Histoire naturelle, générale et particulière » en 36 volumes, publiés de 1749 à 1804 (les derniers volumes
sont posthumes).
« J’ai fait dix boules de fer forgé (chauffés jusqu’à incandescence) : le premier d’un demi -*pouce de diamètre ; le second d’un pouce ; le troisième
d’un pouce et demi (et ainsi de suite procédant par augmentation d’un demi - pouce jusqu’au dixième boulet de 5 pouces).
Avant de rapporter les expériences j’observai :
- qu’on a laissé refroidir les boulets dans une cave où le thermomètre était à peu près à 10 degrés au-dessus du point de congélation ; et c’est ce degré
que je prends ici pour celui de la température actuelle de la Terre,
- J’ai cherché à saisir 2 instants dans le refroidissement : le premier où les boulets ont cessé de bruler, c’est à dire le moment où on pouvait les
toucher et les tenir avec la main pendant une seconde sans se brûler ; le second temps de ce refroidissement est celui où les boulets se sont retrouvés
refroidis jusqu’au point de la température actuelle, c’est à dire 10°C au-dessus du point de la congélation. Et pour connaître le moment de ce
refroidissement jusqu’à la température actuelle, on s’est servi d’autres boulets de comparaison de même matière et de même diamètre qui n’avaient
pas été chauffés et que l’on touchait en même temps que ceux qui avaient été chauffés ».
*pouce : unité de longueur utilisée avant l’introduction du mètre et du système décimal en 1790. 1 pouce = 2, 7070 cm.

Les résultats d’une expérience faite aujourd’hui d’après celle de Buffon


Buffon modélise les résultats de ses expériences par une évolution linéraire de la durée de refroidissement avec le diamètre des sphères. En
appliquant son modèle à une sphère de diamètre terrestre, Buffon en déduit que la Terre s’est refroidie en 74000 ans.
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Annexe : les apports de Kelvin et de Fourier

Kelvin part du même modèle que Buffon : ce qu’il appelle « début de la Terre » (conditions initiales) est une boule à la température uniforme de la
roche en fusion, évaluée à 3 900 °C. Très rapidement la température de sa surface, en contact avec le vide extérieur (ce qu’on appelle les conditions
aux limites), se stabilise à un niveau raisonnable, de l’ordre de 20 °C. On le sait parce que la vie s’est développée depuis fort longtemps et exige une
température stable de ce niveau.
Au centre de la Terre par contre, la température, par inertie thermique, conserve grosso modo sa valeur initiale. Donc, entre la surface de la Terre et
son intérieur, il y aura un continuum de température qui va de 20 °C à 3 900 °C. On constate aujourd’hui que lorsqu’on s’enfonce sous la Terre on
gagne en moyenne de l’ordre de 3 °C tous les 100 mètres.
À la naissance de la Terre, ce gradient était beaucoup plus élevé, presque infini : on passait très rapidement – c’est-à-dire sur une très courte distance
– de la température (basse) de surface à la température (élevée) du cœur ; puis le froid, petit à petit, gagne les profondeurs et le gradient diminue,
pour atteindre sa valeur actuelle. La façon dont ce gradient diminue avec le temps peut être déterminée théoriquement grâce à l’équation de Fourier :
si on connaît les conditions initiales et les conditions aux limites, on en déduit le temps nécessaire pour faire baisser le gradient de température
jusqu’à sa valeur actuelle. L’utilisation de l’équation de Fourier ne demande que la connaissance de la constante définie dans l’encadré 1.
Pour être complet il faut ajouter que cette équation ne fournit l’évolution de la température que si on suppose la Terre rigide, c’est-à-dire sans
transport possible de matériaux internes.
Donc, en supposant que la température initiale du globe était homogène et égale à la température de fusion des roches et en utilisant les lois de la
diffusion de la chaleur de Fourier (refroidissement par conduction), il calcule un temps de 20 à 400 Ma pour que la variation de température près de
la surface (le gradient géothermique) atteigne la valeur actuelle de 37°/km. Il défend pour la Terre un âge fini de 100 Ma.

Annexe : les apports de Kelvin et de Darwin

Certainement un des plus grands physiciens de son temps, Kelvin jouissait d’une autorité immense ; de plus son évaluation semblait confirmée,
comme nous l’avons vu, par d’autres méthodes indépendantes.
Le calcul de lord Kelvin ouvre cependant une fameuse polémique car les géologues et Darwin, qui ont l'intuition des longues durées géologiques
sans pour autant arriver à le prouver, refusent de se laisser contraindre par la physique. Même s'ils ne supposent plus des temps infinis, ils ne veulent
pas concevoir des âges inférieurs à 300-400 Ma. Des couches géologiques dont tout le monde s’accorde à dire que leur sédimentation a réclamé à
coup sûr plusieurs dizaines de millions d’années ne contiennent en général pas de variations significatives dans l’évolution des fossiles qu’elles ont
emprisonnés. Or ces variations significatives doivent – suivant la théorie de l’évolution des espèces de Darwin avoir eu lieu. La seule conclusion est
alors d’affirmer que cette échelle de plusieurs dizaines de millions d’années est infime devant les temps nécessaires pour rendre compte de
l’évolution réelle de la faune et de la flore.
Darwin ne donnait pas de chiffres, mais pensait plutôt en milliards d’années.
La querelle s'envenime encore à la fin du siècle lorsque Lord Kelvin et d'autres physiciens se rallient à l'estimation basse de 24 Ma. Ils déterminent
en effet que si le Soleil tire son énergie de sa contraction gravitationnelle, il ne peut pas avoir un âge supérieur à 20-25 Ma, limitant du même coup
l'âge de la Terre.

Les travaux de Darwin


Il développe au cours de ses expéditions une théorie selon naturelle les espèces vivantes ne sont pas immuables : elles peuvent disparaître, se
diversifier, … C’est la théorie de l’évolution. Afin d’expliquer la diversité du vivant, cette théorie nécessite des temps très longs, de l’ordre du
milliard d’années.

La sélection naturelle, moteur lent de l’évolution du vivant d’après C Darwin, The origin of species, 1859
« La sélection naturelle peut soulever des objections qu’on avait d’abord opposées aux magnifiques hypothèses de sir Charles Lyell, lorsqu’il a
voulu expliquer les transformations géologiques par l’action des causes actuelles. La sélection naturelle n’agit que par la conservation et
l’accumulation de petites modifications héréditaires, dont chacune est profitable à l’individu conservé.
Ces lentes et progressives transformations nous échappent jusqu’à ce que dans le cours des âges, la main du temps les ait marquées de son empreinte,
et alors nous nous rendons si peu compte des longues périodes géologiques écoulées, que nous nous contentons de dire que les formes vivantes sont
aujourd’hui différentes de ce qu’elles étaient autrefois. »
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Annexe : les apports de Becquerel, Rutherford, Soddy et Patterson

En 1902, Ernest Rutherford (1871-1937) et Frederick Soddy (1877-1956) établissent la notion de période d’un élément radioactif. Pour
caractériser la radioactivité d’un élément, ils en mesurent l’activité, c’est-à-dire le nombre de désintégrations qu’il subit par unité de temps. Ils
s’aperçoivent que le temps qu’il faut pour que l’activité d’un élément radioactif diminue de moitié est une constante qui ne dépend que du noyau
étudié. Ce temps, appelé période T de l’élément radioactif, est caractéristique parce qu’il ne dépend pas non plus de la quantité initiale de noyaux
radioactifs : à chaque intervalle de temps T la quantité de noyaux radioactifs restante est divisée par deux. Il en résulte que la radioactivité est
exponentiellement décroissante. C’est cette régularité qui fait de la radioactivité une horloge utilisable. On doit à Rutherford d’avoir exploité cette loi
de décroissance pour la datation des roches. Il a d’abord utilisé la quantité d’hélium dégagée par la désintégration radioactive de l’uranium et obtenu
une estimation de 497 millions d’années, qu’il savait sous-estimée puisqu’une grande quantité d’hélium s’était certainement échappée de la roche.

En 1905, Bertram Borden Boltwood (1870-1927) comprit qu’en plus de l’hélium, la désintégration de l’uranium produit du plomb. En effet, en se
servant des âges géologiques des roches, il constata que le rapport Pb/U est d’autant plus élevé que la roche est vieille. Aussi proposa-t-il une
méthode plus fiable en mesurant le plomb comme élément final (et non volatil) de la désintégration de l’uranium. Avec cette méthode, Boltwood
obtint en 1907 une fourchette d’âge comprise entre 410 millions et 2,2 milliards d’années.
Finalement, les travaux de Clair Patterson (1922-1995) vont beaucoup affiner les résultats. Il comprend que les plus vieilles roches accessibles, par
définition situées à la surface de la Terre, ne peuvent fournir que l’âge de la croûte terrestre consolidée : en permanence, cette croûte se renouvelle
par les mouvements de subduction (enfoncement d’une plaque tectonique sous une autre) et à travers les fractures volcaniques. La croûte dite
océanique est effectivement recyclée par les courants de convection du manteau terrestre. La croûte continentale est moins dense que sa cousine
océanique et n’est pas vraiment recyclée.
Plusieurs grandes structures géologiques appelées cratons existent ainsi à la surface de la Terre, dont l’âge excède les 3 Ga (au Canada, en Afrique
du Sud, en Australie par exemple). L’âge de ces provinces est à comparer aux 180 Ma de la plus vieille croûte océanique actuelle, à l’Ouest de la
plaque Pacifique, et sur le point de plonger pour être recyclée. On ne connaît pas le calendrier exact de l’extraction de la croûte continentale faisant
suite à l’accrétion de la Terre primitive, et la différentiation chimique qu’elle a induite.
Où trouver alors des échantillons réellement primitifs ? Et primitifs par rapport à quoi ? La réponse est que ces échantillons se trouvent dans les
météorites. En effet Le Soleil, la Terre et le système planétaire sont nés presque simultanément. Les modèles d’accrétion qui expliqueraient la
formation de la Terre sont encore discutés, mais tous donnent des durées de formation de l’ordre de quelques dizaines de millions d’années. De toute
façon, la définition de l’acte de naissance de la Terre garde aussi une imprécision de cet ordre.
Actuellement, la datation s’estime généralement en utilisant plusieurs chaînes de désintégration : potassium-argon, thorium-plomb, uranium-
plomb, rubidium-strontium. Dans la plupart des cas, on peut tester la cohérence interne du modèle en vérifiant que des résultats de mesure se
retrouvent sur une courbe théorique (voir encadré 2).
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Tableau récapitulatif de l’évolution des datations de la Terre

Apport des scientifiques Apport expérimental Apport théorique Évolution de la


des différentes disciplines datation de l’âge de la Terre

Physique SVT
Math Chimie
Neper Stenon Principe de la stratigraphie Logarithmes et exponentielles
Newton

Buffon Observation de la stratigraphie > 10 Ma


(non publié)
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Aston Spectrométrie de masse

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