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CLE Maths-Info, Module Analyse 2 (Chapitre 1, Partie II) , Pr.

Ezzaim Laabid

Chapitre 1 : Intégrale de Riemann


II. Intégrale de Riemann- définitions-propriétés
1. Subdivision d’un intervalle
a) Définitions
i) Une subdivision d’un intervalle [a,b] est une suite finie de nombres réels ,
,…, , , satisfaisant : a= =b.

ii) Soit une subdivision de [a,b]. Les intervalles =[ , ] (k=1,…,n) sont les sous-
intervalles de [a,b] associés à la subdivision , = est la longueur de , le
nombre p( )=Sup{ , 1 k n} est appelé le pas de la subdivision.

iii) Une subdivision est dite uniforme si tous les ont la même longueur, c’est -à-dire
=a+ (k=1,…,n) et par suite p( )= ( le pas de la subdivision est constant).
iv) On dit qu’une subdivision de [a,b] est plus fine qu’une autre subdivision de [a,b] ,
si contient tous les éléments de et d’autres éléments. (On écrit )
b) Exemples
i) =(1,3,6,10), =(1,3,5,7,10) et =(1,2,3,8,9,10) sont des subdivisions de [1,10]. Les
pas de ces subdivisions sont : p( )= Sup(3-1,6-3,10-6)=Sup (2,3,4)=4 ;
p( )=Sup(3-1,5-3,7-5,10-7)=Sup(2,2,2,3)=3 ;
p( )=Sup(2-1,3-2,8-3,9-8,10-9)=Sup(1,1,5,1,1)=5
ii) S=( 1, ,0, , ,1) est une subdivision de [-1,1] dont le pas est :
p(S)=Sup(( ) ( 1), ( ) ( ),0 ( ), 0, ,1 ))=Sup( , , , , , )= , c’est une
subdivision uniforme de pas p(S)= (= )
c) Remarques
Soit une subdivision d’un intervalle [a,b] et ayant pour pas p( ).
i) Si est uniforme, on a : p( )= , d’où : (p( ) 0 n + )
ii) Si n’est pas uniforme, il n’y a pas d’équivalence entre (p( ) 0) et (n + ), mais
seule l’implication : (p( ) 0) (n + ) est vraie.
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On a : p( ). D’où ; d’où si p( ) 0, alors + et par suite (n + ).

Dans l’exemple (I.5. c) ci-dessus le pas de la subdivision choisie sur [0,1], soit tend
vers zéro lorsque n augmente, même si la subdivision n’est pas uniforme.
Mais, en général, l’implication: (n + ) (p( ) 0) n’est pas toujours vraie. Comme le
montre le contre-exemple suivant. Soit la subdivision de [0,1] définie par :
0 =1. Le pas de est p( )= , n , d’où
(n + ) ) (p( ) 0.
2. Sommes de Darboux inférieures et supérieures
Soit une fonction définie et bornée sur et soit =( une
subdivision de [a,b]. Pour i=1,2,…,n, on pose :
=inf{f(x), x [ } et =sup{f(x), x [ } et = .
Définition
Les nombres d(f, )= et D(f, )= sont appelés respectivement
somme de Darboux inférieure et somme de Darboux supérieure associée à f et .

Somme inférieure
Somme supérieure

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Propriétés
i) On a : d(f, ) où est une subdivision quelconque de [a,b].
Démonstration immédiate
ii) Soient et deux subdivisions de [a,b] telle que soit plus fine que ( ).
Alors :
d(f, ) d(f, ) .
Démonstration
On suppose que a un élément y ] [ de plus que . Posons : =inf{f(x), x
[ ]} et =inf{f(x), x [ ]}, on a : et , d’où (y-
)+ ( -y) ( - ) d’où d(f, ) d(f, ) (car tous les autres termes sont
identiques dans ces 2 sommes). On montre de même que .
iii) Soient et deux subdivisions quelconques de [a,b], on a : d(f, )
Démonstration
est plus fine que et que . D’où, d’après la propriété ii) ci-dessus, on a :
d(f, ) d(f, ) . D’où d(f, ) .
Remarque
Il découle de la propriété ii) que plus la subdivision est fine plus les sommes de Darboux
inférieures et supérieures se rapprochent l’une de l’autre. De plus, plus une subdivision se
raffine plus son pas devient petit.
3. Définition de l’intégrale de Riemann-exemples
Soient [a,b] un intervalle, l’ensemble des subdivisions de [a,b] et f une fonction
définie et bornée sur [a,b].
Proposition
L’ensemble des sommes de Darboux inférieures ={d(f,S)/S } est majoré et
l’ensemble des sommes de Darboux supérieures ={D(f,S)/S } est minoré.
Démonstration
Soit S= ( , ,…, , une subdivision de [a,b]. Comme f est bornée, il existe m
et M tel que : m f(x) M x [a,b]. D’où : i et x [ , on a :
f(x) M d’où : i inf{f(x), x [ M et par suite i
M, d’où : i M , d’où M =M(b-a),
d’où : d(f,S) M(b-a). D’où : est majoré. On démontre de façon analogue que
est minoré.

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étant une partie non vide et majorée de admet une borne supérieure, qu’on note
Sup ; étant une partie non vide et minoré de admet une borne inférieure,
qu’on note Inf . De plus, on a : Sup Inf .
Définition
Soit une fonction définie et bornée sur [a,b]. On dit que est intégrable (au sens de
Riemann) sur [a,b] si et seulement si Sup = inf .
Dans ce cas, on pose = Sup = Inf , a et b sont appelés les bornes
d’intégration et x est la variable d’intégration. On peut utiliser à la place de dx, dt, ds,
dy,…et cela ne change pas la valeur de l’intégrale. On dit que x est une variable muette.
Remarques
i) D’une façon imagée, on peut dire que lorsque les subdivisions de [a,b] deviennent de
plus en plus fines les sommes inférieures croissent et les sommes supérieures décroissent
et pour les fonctions intégrables elles s’approchent du même nombre qui est l’intégrale de
f sur [a,b].
ii) On peut aussi exprimer la définition de l’intégrale ainsi:
f est intégrable sur [a,b] si et seulement si telle que tend vers 0,
et existent et sont égales.
C’est-à-dire la somme supérieure et la somme inférieure relatives à toute subdivision de
[a,b] tendent vers la même limite lorsque le pas de cette subdivision tend vers 0.
En pratique, il est plus commode de vérifier l’intégrabilité d’une fonction à l’aide du
critère suivant.
Critère d’intégrabilité
Soit f une fonction définie et bornée sur [a,b].
f est intégrable sur [a,b] , telle que : D(f, ) d(f, .
Démonstration
) : Soit , par définition des bornes supérieure et inférieure, il existe et
telles que : sup d(f, ) et D(f, ) inf + . D’après la
propriété, II.2. iii) ci-dessus, on a : d(f, ) D(f, ), d’où :
sup d(f, ) D(f, ) inf (1).
Soit = . est plus fine que et , d’où : d(f, ) d(f, ) (2),
D(f, ) D(f, ) (3) et d(f, ) D(f, ) (4) [ propriétés II. 2. ci-dessus]
D’où : Sup d(f, ) d(f, ) D(f, ) D(f, ) Inf [d’après
(1), (2), (3) et (4) ci-dessus], d’où :

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Sup d(f, ) D(f, ) Inf . Il vient alors:

D(f, ) d(f, ) (Inf ) ( Sup ), or comme f est intégrable on a : Inf


= Sup , d’où : D(f, ) d(f, ) .cqfd.
) Supposons que la condition de l’énoncé est satisfaite et montrons que f est intégrable
[i.e. Inf = Sup , on montre que : 0 Inf Sup , ]
Soit telle que : D(f, ) d(f, .
Or, Inf D(f, ) et d(f, Sup , et Sup Inf , d’où :
0 Inf Sup D(f, ) d(f, , d’où:
0 Inf Sup et comme est arbitraire alors : Inf =Sup .
Remarques
i) Le critère d’intégrabilité exprime l’idée qu’une fonction est intégrable si la différence
entre la somme supérieure et la somme inférieure peut être rendue aussi petite que l’on
veut. C’est-à-dire : f est intégrable sur [a,b], pour tout , il existe une subdivision de
[a,b] telle que : 0 D(f, ) d(f, .
Or on a:
D(f, ) d(f, = .
est le eme terme d’erreur et géométriquement, il représente l’aire du
rectangle qui est la différence entre le eme rectangle supérieur et le eme rectangle
inférieur.

ii) Une fonction f définie sur [a,b] est intégrable lorsque pour tout , on peut
approximer la région du plan définie par {(x,y) : 0 } au dessus et en dessous
par des rectangles verticaux assez nombreux pour que :
La somme des aires de tous les rectangles d’erreur

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Exemples
i) La fonction f définie par f(x)=x2 est intégrable sur [0,2].
On va montrer que f satisfait au critère d’intégrabilité, c’est-à-dire :
, une subdivision, soit , telle que : D(f, ) d(f, .
On a vu précédemment, qu’il existe une subdivision sur [0,2] définie par : x0=0 et xi=
(n et =1,…,n) et que d(f, )= et D(f, )= .

Comme le pas p( )= , la subdivision est uniforme et on a : p( ) 0 n . De


plus, on a : = . D’où :

Soit (quelconque), comme , tel que n :


et comme = , tel que n :
.

D’où: D(f, ) d(f, = =

Soit =sup( , ). On a : n : et d’où


+ + = . D’où : D(f, ) d(f,
On a montré que :
, une subdivision , telle que : D(f, ) d(f, . D’où f est intégrable sur
[0,2].
ii) Soit la fonction définie sur [a,b] par :

(caractéristique de ).

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n’est pas intégrable sur [a,b]. En effet, ne satisfait pas le critère d’intégrabilité. C’est-à-
dire : tel que subdivision de [a,b] : D( , )-d( , ) .
Soit une subdivision de [a,b] définie par : x0=a <x1<…<xn=b et d( , )=
et D( , )= où inf{ (x)/x [xi-1,xi]} et =sup{ (x)/ x [xi-1,xi]}. On
a : =0 et i=1,… ,n, d’où d( , )=0 et D( , )= = . D’où :
D( , ) d( , )= . Donc : en prenant, par exemple, = , on a :
D( , ) D( , ) . Cqfd
4. Sommes de Riemann
Définition
Soit f une fonction définie sur [a,b] et soit une subdivision de [a,b]. On appelle somme
de Riemann le nombre R(f, )= où [ , ].
Proposition
Si est intégrable sur [a,b] alors existe et on a :
=
Démonstration
On a : ( , R( , )= ) D( , ), et si est intégrable alors
= . D’où le résultat.
Remarque
Si est une subdivision uniforme, on a : p( )= et =a+ , d’où
R( , )= et comme pour une subdivision uniforme on a :
(p( ) 0 n ) alors : = .
L’intégrale et la limite jouent un rôle mutuel. L’intégrale est définie comme une limite,
mais elle sert à calculer les limites de certaines sommes (voir TD)
5. Intégrabilité des fonctions monotones et des fonctions continues
Soient [a,b] un intervalle de et une fonction définie sur [a,b].
Théorème 1
Si est monotone sur [a,b] alors est intégrable sur [a,b]
Démonstration
Montrons que si est monotone alors elle satisfait au critère d’intégrabilité.
Supposons que est croissante (un raisonnement analogue permet de traiter le cas
décroissante).
Si croissante alors : x [a,b] (a) (b). On distingue deux cas :

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1er cas : (a)= (b)


On a alors : x [a,b] (a) (b) d’où f est constante, d’où
k constante : = k x [a,b]. D’où : , on a : D( , =d( , )=k(b-a)
et par suite : D( , d( , )=0. D’où :
, , on a : D( , ) d( , . D’où est intégrable
2e cas : (a) (b)
On a alors : (b) (a) (car (b) (a)). Soient et une subdivision de [a,b]
telle que : p( (1). On a : d’une part, x [ , ]
) (car croissante), d’où = et = et d’autre part :
D( , d( , ) =
or pour i= 1,…,n, ( car pas de la subdivision) d’où:
D( , d( , ) =
= (d’après (1) ci-dessus). D’où f satisfait le critère
d’intégrabilité.
Théorème 2
Si est continue sur [a,b] alors est intégrable sur [a,b] (a
Démonstration
Montrons que si est continue alors elle satisfait au critère d’intégrabilité.
Soit existe-t-il une subdivision , telle que D( , d( , ) ?
Comme f est continue sur [a,b], alors f y est uniformément continue, d’où pour cet
, tels que : x, y [a,b] (1) Soit
une subdivision de [a,b] telle que : .
De plus, est continue sur [ , ] donc est bornée. D’où [ , ] tel que :
= ( )et [ , ] tel que : = ( ) (i=1,…,n). On a alors:
D( , d( , )=
= . Or, , d’où,
(d’après (1)). Il vient : D( , d( , )
= ( )= . Cqfd.
Remarque
Il existe des fonctions intégrables qui ne sont ni continue ni monotone. C’est le cas de la
fonction définie sur [0,1], par : f( )=sin si 0 et f(0)=0.

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Sur [0,1] f n'est ni continue ni monotone, mais elle est continue sur tout intervalle [ ,1],
0.
Soit vérifiant ; on considère les intervalles [0, et [ . La fonction
f(x)=sin étant intégrable sur [ il existe une subdivision de [ telle qu'on
ait D( , d( , ) .
Considérons maintenant la subdivision ={0} . On a : D(f, )= D(f, ) et
d(f, )= d(f, ) . D'où finalement : D(f, ) d(f, ) .
5. Propriétés de l’intégrale
On admet les propriétés suivantes.
a) Linéarité
Si et sont intégrables sur [a,b] et et constantes alors : . + est intégrable et
= + .
b) Positivité

i) Si f est intégrable et positive sur [a,b] alors 0.

ii) Si f et g sont intégrables et si f(x) g(x) x [a,b] alors


c) Valeur absolue

Si f est intégrable alors est intégrable et on a :


d) Relation de Chasles
La définition de l’intégrale est donnée pour a b, mais on l’étend aux cas a=b et a b. On
pose par définition : =0 et = .

Si f est intégrable sur [a,b], alors c [a,b], = +


e) Première formule de la moyenne
Si f est intégrable sur [a,b] et si l'on pose m=inf {f(x)/x [a,b]} et
M= sup {f(x)/x [a,b]} alors : m(b-a) M(b-a).

Si f est continue sur [a,b] , alors il existe c ]a,b[ tel que : =f(c)
f) Autre propriété
Soit une fonction intégrable sur [a,b] et une fonction bornée sur [a,b] telle que
l’ensemble D={x [a,b] : (x) (x)} est fini. Alors est intégrable sur [a,b] et
= .

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