Le mensonge qui fait plaisir persuade parfois mieux qu’une vérité.

C’est dire que l’être

humain est enclin à ce qui correspond à sa propre volonté, abstraction faite de ce qui est ou de

ce qui doit être. C’est l’idée de Hobbes cité par Arendt : « une vérité qui ne s’oppose à aucun

intérêt ou plaisir humain reçoit bon accueil de tous les hommes. » Il en découle alors que

pour manipuler les gens, il faut penser à leur faire plaisir par tous les moyens en vue de

gagner leur consentement, comme le dit Merteuil à Cécile : « Vous devez donc moins

chercher à lui dire ce que vous pensez, que ce qui lui plaît davantage. » La libertine, de par

son expérience, sait que les paroles plaisantes sont ce qui a de l’effet sur les gens, d’où cet

apprentissage qui prépare Cécile à devenir aussi libertine. Conscient de ceci, Lorenzo a pris

pour fonction auprès du duc de « diriger ses plaisirs » comme le fait remarquer Sire Maurice.

C’est ce qui explique l’aveuglement du duc qui refuse toutes les voix de la vérité pour se

complaire dans la fausseté affichée par Lorenzo. Le mensonge plaisant est donc bel et bien

une menace pour la vérité.