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René Descartes, Lettre à Elizabeth

Thème :
- Le bonheur et la vérité
Thèse :
- Descartes dénonce cet état de satisfaction joyeuse, éphémère et artificielle, et se
pose en défenseur de la recherche fondamentale de la vérité, parfois au détriment du
bonheur tant recherché
Problème :
- Faut-il se satisfaire du bonheur apporté par la simplicité et le confort des illusions, ou
bien chercher au-delà des apparences, parfois au prix du sacrifice de cet état de
bonheur ?
Plan :
- I. (l.1 à 5) Descartes expose sa thèse
- II. (l.5 à 9) Descartes réfute l’idée selon laquelle la satisfaction, la plénitude vient du
bonheur, et avec elle désapprouve les excès d’alcool ou de tabac pur combler ce
vide
- III. (l.9 à 15) : Descartes affirme que la plénitude vient de la vérité, non du bonheur,
dont l’impact est à court terme, et ne peut tromper l’âme.

Introduction :

Ce texte est extrait de “Lettre à Elizabeth” de René Descartes. Écrit en octobre 1645,
l’auteur y aborde le thème du bonheur et de la vérité, et se confronte ainsi à un dilemme :
Faut-il se satisfaire du bonheur apporté par la simplicité et le confort des illusions ? Ou bien
faut-il préférer la quête de vérité, chercher au-delà des apparences, parfois au prix du
sacrifice de cet état de bonheur ? Face à ce problème, Descartes se pose en fervent
défenseur de la recherche fondamentale de la vérité, parfois au détriment du bonheur tant
recherché et dénonce cet état de satisfaction joyeuse, éphémère et artificielle dans lequel se
complaisent certains. De cette manière, l’auteur expose un point de vue novateur, qui
s’oppose à l’idée que le bonheur est le Graal de toute existence, ce qui nous amène à nous
interroger sur l’utilité du bonheur, si ce n’est plus une nécessité, dans notre quotidien ? La
vérité doit-elle devenir la seule raison qui nous anime ?
Nous pouvons dégager 3 mouvements d’après lesquels s’articule ce texte. Tout d’abord, de
la ligne 1 à la ligne 5, nous nous intéresserons à l’exposition de la thèse de Descartes, avant
d’analyser dans un second temps la réfutation de l’idée conçue prônant le bonheur comme
source de plénitude, encourageant par la même occasion la consommation d’alcools et de
drogues. Enfin, nous étudierons la troisième partie, de la ligne 9 à la ligne 15, dans laquelle
Descartes place la vérité comme source de satisfaction par excellence, et démontre le que
le plaisir qui découle de ces illusions touche avec la même force l’âme que la superficialité
touche les illusions.
PHILO : explication de texte

« Il n'y a personne qui ne convien cne que tous les hommes sont capables de
connaître la vérité; et les philosophes même les moins éclairés, demeurent d'accord
que l'homme participe à une certaine Raison qu'ils ne déterminent pas. C'est
pourquoi ils le définissent animal RATIONIS particeps* ; car il n'y a personne qui ne
sache du moins confusément que la différence essentielle de l'homme consiste dans
l'union nécessaire qu'il a avec la Raison universelle quoiqu'on ne sache pas
d'ordinaire quel est celui qui renferme cette raison, et qu'on se mette fort peu en
peine de le découvrir. Je vois, par exemple, que deux fois deux font quatre, et qu'il
faut préférer son ami à son chien; et je suis certain qu'il n'y a point d'homme au
monde qui ne le puisse voir aussi bien que moi. Or je ne vois point ces vérités dans
l'esprit des autres, comme les autres ne les voient point dans le mien. Il est donc
nécessaire qu'il y ait une Raison universelle qui m'éclaire, et tout ce qu'il y a
d'intelligences. Car si la raison que je consulte, n'était pas la même qui répond aux
Chinois, il est évident que je ne pourrais pas être aussi assuré que je le suis, que les
Chinois voient les mêmes vérités que je vois. Ainsi la raison que nous consultons
quand nous rentrons dans nous-mêmes, est une raison universelle. Je dis : quand
nous rentrons dans nous-mêmes, car je ne parle pas ici de la raison que suit un
homme passionné. Lorsqu'un homme préfère la vie de son cheval à celle de son
cocher, il a ses raisons, mais ce sont des raisons particulières dont tout homme
raisonnable a horreur. Ce sont des raisons qui dans le fond ne sont pas
raisonnables, parce qu'elles ne sont pas conformes à la souveraine raison, ou à la
raison universelle que tous les hommes consultent. »

*”Animal participant à la raison”

Malebranche, Recherche de la vérité, Xème éclaircissement, 1674

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