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Relation amoureuse

relation empathique à double sens

Une relation amoureuse est une relation entre deux personnes, ou éventuellement plus[1],
fondée sur l'existence d'un sentiment amoureux partagé. La naissance de ce sentiment
amoureux résulte la plupart du temps d'une découverte mutuelle progressive à la suite d'une
rencontre, de l'évolution d'une relation amicale ou plus rarement à la suite d'un « coup d'un
soir », ou encore d'un coup de foudre qui donne alors l'impression d'une très forte
compatibilité entre les personnes qui l'éprouvent pouvant aller jusqu'à la notion idéalisée
d'âme sœur. Bien qu'elle puisse en être dépourvue [2], une relation amoureuse mène
généralement à un rapprochement physique (baisers, enlacements, caresses) pouvant aller
jusqu'à des relations sexuelles. Selon les désirs et projets de chacun, la relation amoureuse
peut prendre fin au bout de quelque temps ou devenir durable. Dans ce cas elle sera alors
couramment qualifiée de relation sérieuse reposant généralement sur la complicité
amoureuse qui s'est développée par l'approfondissement de la connaissance réciproque des
partenaires. Deux partenaires amoureux sont communément appelés un couple.
Représentation de Roméo et Juliette, l'un des
archétypes de la relation amoureuse
passionnée, ici peinte par Frank Dicksee

Tristan et Iseut (espionnés par le roi Marc),


autre couple archétypal, ici peint par
d'Edmund Blair Leighton (1902).

La relation amoureuse faisant suite au coup


de foudre, est souvent décrite comme une
situation magique.
Dans chaque culture et au gré des époques, la relation amoureuse implique des codes
spécifiques (dans la culture occidentale figurent par exemple la Saint-Valentin qui a pris
depuis la fin du xxe siècle une dimension commerciale), mais aussi des codes concernant le
flirt, la sexualité, à vocation ou non de reproduction, etc.) et peut n'être autorisée que dans le
cadre du mariage. Une relation amoureuse peut être exclusive (monogamie) ou non
(polyamour, polygamie), hétérosexuelle et/ou homosexuelle, ostentatoirement affichée,
discrète ou secrète, etc. Durant ces périodes de la vie, les émois, les rêves et le désir
coexistent avec des moments de déception, de rejet et de rupture, qui interfèrent avec la
santé physique, mentale et sexuelle.

Éléments de définition
L'envie de relation amoureuse nait plus ou moins tôt dans la vie, souvent après le début de
l'adolescence, au collège ou au lycée[3], en se concrétisant notamment dans les pratiques de
flirt dont les études sociologiques et ethnologiques montrent que sa forme sera « fortement
dépendante de leur entourage et en particulier des jugements que leurs pairs portent sur eux.
Avoir une relation de flirt est un élément constitutif du statut social du lycéen. Chacun d’eux
tend à rechercher les partenaires les plus valorisés, c’est-à-dire ceux qui disposent du
potentiel de séduction le plus élevé et en particulier d’un fort capital de beauté physique »
(notion qui présente une certaine relativité et soumise à des modes générationnelles
rapidement changeantes, par exemple concernant l'allure, l'attitude, le look, les tailles ou
formes de sein, de hanches ou du corps, la rondeur, les couleurs de cheveux, etc. de même
pour les modes vestimentaires ou liées aux accessoires (bijoux, sacs, appareil dentaire,
tatouage, piercings…)[4].

Les ressources physiques individuelles évoluent en outre rapidement à l'adolescence où le


corps évolue rapidement lors de la puberté (musculature, acné, prise de poids, vieillissement
et parfois chirurgie esthétique). La relation amoureuse adolescente n'est généralement pas
dénuée d'une logique de prestige où chacun recherche un partenaire beau, accessible et
potentiellement valorisant aux yeux de l'entourage social (pairs et famille). Après le premier
amour, partagé ou non, la relation amoureuse est généralement constituée d'épisodes
commençant par le choix d'un(e) partenaire et se concluant par une rupture ou la fin de vie
d'un des deux partenaires[4].
Histoire
Bien que la figure antique d'Éros plantant sa flèche dans le cœur de l'amoureux soit ancienne
et souvent représentée, l'histoire européenne et d'autres civilisations montrent que la relation
amoureuse ou érotique n'a pas toujours été au cœur du processus de formation des couples.

De nombreuses sociétés ont été fondées sur le mariage arrangé, motivé par des raisons
sociales, économiques et de lignées dont en Europe, jusqu'à la période romantique, bien que
les archives judiciaires, poétiques et littéraires citent de nombreux cas de rébellions d'enfants
contre leurs parents et bien qu'à certaines époques, des valorisations du sentiment
amoureux aient existé, comme a figure du fin’amor (rebaptisé « amour courtois » au
xixe siècle) au xiie siècle, lorsque les relations entre sexes étaient dans ce cadre encore
fondées sur le sentiment amoureux, plus ou moins érotisé, et sur une valorisation de la vie
intérieure et de l’intimité[5].

Durant l'adolescence
L'adolescence est considérée comme période d’éducation sentimentale[6], d'affinement de la
formation de l'intelligence émotionnelle et d'intrigues amoureuses avec donc des
changements de partenaires plus fréquents. La première relation amoureuse est un moment
d'autonomisation qui « annonce déjà une prise de distance possible vis-à-vis de la famille
d'origine », comme l'évoque l'expression francophone « sortir avec ».

La mixité scolaire, l'institution des congés payés puis l'éducation sexuelle et enfin l'apparition
des réseaux sociaux médiés par l'internet ont changé le contexte et les modalités de la
relation amoureuse. Le collège et le lycée sont des lieux-clés, mais les liens amoureux se
tissent souvent aussi hors du cadre de la classe (selon « la majorité des relations de flirt se
nouant en dehors »[4]). La littérature (romanesque notamment), puis la télévision, le cinéma et
l'internet (y compris pour ses ressources en termes d'images pornographiques) et la vie des
collèges et lycées modulent les modèles et apprentissages adolescents. Selon Juhem (1995)
dans la communauté des adolescents, chacun va ajuster avec une sorte de « lucidité
inconsciente » son comportement et ses sentiments au volume de ressources dont ils
disposent : les adolescents « anticipent les échecs et les railleries qu’un comportement trop
ambitieux leur vaudrait. Pour tomber amoureux, il sera donc généralement nécessaire de
considérer la relation comme possible et non comme un rêve un peu invraisemblable »[4]. Des
moments difficiles, conflictuels voire violents peuvent survenir durant cette période,
notamment à l'occasion de ruptures, pour cause de jalousie, etc. L'argent, l'alcool et les
drogues pouvant parfois aussi être en cause[7]. Le couple doit notamment apprendre à gérer
les risques de maladie sexuellement transmissible et de grossesse non-désirée.

Selon les études sociologiques qualitatives et quantitatives dans les années 1990,
d'importantes différences séparent les représentations masculine et féminine de la vie
amoureuse, plus orientée vers la sexualité chez les garçons et plus « sentimentale » chez les
filles et ce, « dès l'entrée dans la sexualité adulte »[8],[9],[10]), mais néanmoins en Europe du
Nord et de l'ouest à cette époque, garçons et filles vivent leurs premier flirts et rapports
sexuels à peu près au même âge (Wellings et Bradshaw 1994 ; Traaen et al. 1992 ; Bozon et
Kontula 1996) alors que dans les pays du sud de l'Europe ou au Brésil (Caraël 1995),
l'initiation féminine à la sexualité persiste à être plus tardive que celle des hommes[11].

Dans les milieux riches ou dits populaires[12] les codes, pressions ou injonctions pesant sur
les enfants (fille et garçon) de la part de leurs pairs et de la famille diffèrent également pour
la représentation des sexes et du genre, de la sexualité et plus largement, du couple,
compliquant parfois les relations amoureuses et imposant souvent aux jeunes une
conjugalité non cohabitante, contrôlée ou dépendante du monde des adultes mais
néanmoins réelle « faite de face-à-face réguliers, de prise de pouvoir individuelles et
d'échanges physiques, sentimentaux et intellectuels » .

Dans tous les milieux, dès l'adolescence des relations conflictuelles ou violentes peuvent
s'établir dans certains couples ou groupes. Elles sont pour les victimes, de ces violences,
sources d'anxiété, d'isolement, de dépression et d'idées ou comportements suicidaires, ou
antisociaux, interférant avec l'image de soi, l'affirmation de soi et débouchant parfois sur la
prostitution, la toxicomanie, les troubles alimentaires ou un syndrome de stress post-
traumatique. Ces situations conduisent généralement à des difficultés scolaires.

Selon Hébert, Lavoie et Tremblay (1999), auteurs d'une étude canadienne faite auprès de
jeunes Québécoises de 16 ans, 21 % de celles qui ont vécu de la violence dans leur relation
amoureuse au cours de l’année précédente présentent un trouble mental avec dysfonction
perturbant leurs activités quotidiennes, selon les critères du DSM-III-R (manuel diagnostique
et statistique des troubles mentaux), alors qu'elles ne sont que 11 % dans le reste des jeunes
filles de 16 ans interrogées[7]. Et selon Foshee (1996) 70 % des adolescentes violentées
disent avoir subi des blessures physiques, contre 53 % des garçons victimes et ces blessures
sont plus graves chez les filles au Canada vers 1995 [13] ; respectivement 7,4 % et 8,6 % des
adolescents canadiens garçons et filles ayant décrit leurs relations de couple comme
violentes ont dû se présenter aux urgences au moins une fois[13].

Maturité
Après un certain temps, les partenaires amoureux choisissent souvent de rendre leur union
définitive (ou espèrent qu'elle le sera) en contractant un mariage et/ou de fonder une famille
en concevant ou adoptant un ou des enfant(s). Les sociologues observent que depuis
quelques décennies, dans de nombreux pays (et depuis mai 1968 et les années 1970 en
France), il devient plus facile de vivre en couple sans être marié (cohabitation avant le
mariage, union libre, pacte civil de solidarité) sans pour autant faire disparaître le mariage
(qui devient également plus tardif)[14].

La relation amoureuse passionnée peut naitre ou renaitre jusque dans la vieillesse[15].

Notes et références

1. Voir polyamour
2. Dans le cas d'un amour platonique
ou d'asexualité

3. Juhem P (1995), Les relations


amoureuses des lycéens Sociétés
contemporaines, 21(1), 29-42.
4. Juhem P (1995) Les relations
amoureuses des lycéens (http://ww
w.persee.fr/doc/socco_1150-1944_1
995_num_21_1_1417?pageid=t3_4
1) [archive]. Sociétés contemporaines,
21(1), 29-42.

5. Aiès P & Duby G (1986), Histoire de la


vie privée, t. 2, De l’Europe féodale à
la Renaissance ; t. 3, De la
Renaissance aux Lumières, Paris,
Seuil

6. Schurmans, M. N. (2008).
Dimensions éducatives des relations
amoureuses. Éducation et sociétés,
(2), 71-86.
7. Lavoie F & Vézina L (2002) Violence
dans les relations amoureuses à
l'adolescence. Institut de la
Statistique du Québec (2002) (http://
www.viraj.ulaval.ca/sites/viraj.ulaval.
ca/files/isq_1999.pdf#page=47
1) [archive]. Enquête sociale et de
santé auprès des adolescents et
enfants québécois, 471-483.

8. Apostolidis T., (1993) « Pratiques


"sexuelles" versus pratiques
"amoureuses" : fragments sur la
division socioculturelle du
comportement sexuel », Sociétés,
no 39, « Sexualités et sida », p. 39-43.
9. Bozon (1993) 1993. « L'entrée dans
la sexualité adulte. Le premier
rapport et ses suites », Population,
no 5, p. 1317-1352.

10. de Singly F (1995) « Le vizir et le


sultan ou les deux amours », in Bajos,
Bozon, Giami, Doré et Souteyrand (ss
la dir. de), Sexualité et sida.
Recherches en sciences sociales,
Paris, ANRS, p. 159-181.

11. Bozon, M., & Heiborn, M. L. (1996).


Les caresses et les mots. Initiations
amoureuses à Rio de Janeiro et à
Paris. Terrain. Anthropologie &
sciences humaines, (27), 37-58.
12. Clair, I. (2005). Amours sous silence:
la socialisation amoureuse des
jeunes de milieux populaires
(Doctoral dissertation, Paris 5) |
résumé (http://www.theses.fr/2005P
A05H046) [archive].

13. Foshee V. A (1996) « Gender


differences in adolescent abuse:
prevalence, types and injuries »,
Health Education Research, vol. 11,
no 3, p. 275-286.
14. Rault W & Régnier-Loilier A (2015). La
première vie en couple: évolutions
récentes. Population & Societies,
(521), 1. résumé (https://search.proq
uest.com/openview/07dceaa4172a0
84e1f422f8adca45fa7/1?pq-origsite
=gscholar&cbl=27739) [archive]

15. Kernberg, O. F., Kalman, R., & Joubert,


C. (2002). Relations amoureuses
dans les années tardives (https://ww
w.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE
=DIFA_008_0103) [archive]. Le divan
familial, (1), 103-125.
Voir aussi

Articles connexes

Baiser
Flirt
Séduction
PACS
Mariage
Divorce
Harcèlement sexuel
Rupture conjugale
Autonomie
Homosexualité
Hétéroséxualité
Majorité sexuelle

Bibliographie

Robert Jaulin, Le cœur des choses :


ethnologie d'une relation amoureuse.
Christian Bourgois, 1984

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