Vous êtes sur la page 1sur 36

espérance charité foi

Les vertus
théologales :
la foi 1
Le sens naturel de la foi : la foi historique
• Qui est ton père ? Comment est-ce que tu sais qu’il est ton
père ?
– Cette connaissance, est-ce que c’est :
• une connaissance scientifique ?
• une opinion ?
• une foi basée sur le témoignage de quelqu’un ?
– D’où vient la certitude de cette connaissance ?

2
Témoignage biblique
• « Etant donc justifiés par la foi (evk pi,stewj),
nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ, à qui nous devons d'avoir eu par
la foi accès à cette grâce (th.n ca,rin), dans laquelle
nous demeurons fermes, et nous nous glorifions
dans l'espérance (evpV evlpi,di) de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous
glorifions même des afflictions, sachant que l'affliction produit la
persévérance, la persévérance un caractère éprouvé (dokimh.), et un
caractère éprouvé l'espérance. Or, l'espérance ne trompe point, parce que
l'amour de Dieu (h` avga,ph tou/ qeou/) est répandu dans nos cœurs par
le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Rom 5,1 - 5:
3
Témoignage biblique
• 1 Cor 13,13: « Maintenant donc ces trois choses
demeurent: la foi, l'espérance, la charité; mais
la plus grande de ces choses, c'est la charité. »
• 1 Thes 1,3: « nous rappelons sans cesse l'œuvre
de votre foi, le travail de votre charité, et
la fermeté de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ, devant
Dieu notre Père. »
• 1 Thes 5,8: « Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant
revêtu la cuirasse de la foi et de la charité, et ayant pour casque
l'espérance du salut. »
4
Les vertus théologales (CEC 1812 - 1813)
• Les vertus théologales se réfèrent directement à Dieu.
– Elles disposent les chrétiens à vivre en relation
avec la Sainte Trinité.
– Elles ont Dieu Un et Trine
• pour origine,
• pour motif et
• pour objet.
• Les vertus théologales fondent, animent et caractérisent l’agir moral du
Chrétien.
– Elles informent et vivifient toutes les vertus morales.
– Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir
comme ses enfants et de mériter la vie éternelle.
– Elles sont le gage de la présence et de l’action du Saint-Esprit dans les facultés de
l’être humain. 5
La foi
• « La foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une
démonstration de celles qu'on ne voit pas. Pour l'avoir possédée,
les anciens ont obtenu un témoignage favorable. . . (He 11,1)
• « Or, sans la foi, il est impossible de lui être agréable; car il faut
que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'il est
le rémunérateur de ceux qui le cherchent. (He 11,6)

• « le juste vivra de la foi » (Rm 1,17)


• La foi « agit par la charité » (Ga 5,6)

6
Définition de la foi
• « La foi est la vertu théologale par laquelle nous
croyons en Dieu et à tout ce qu’Il nous a dit et
révélé, et que la Sainte Eglise nous propose à
croire, parce qu’Il est la vérité même. »
CEC 1814
• « La foi est un habitus de l’esprit par lequel la vie
éternelle commence en nous et qui fait adhérer
l’intelligence à ce qu'on ne voit pas. »
(ST II-II 4.1, c’est une reformulation de He 11,1) 7
Foi
« La foi est la réponse de l’homme à Dieu
qui se révèle et se donne à lui, en apportant Foi
en même temps une lumière surabondante
à l’homme en quête du sens ultime de sa vie. »
CEC n. 26
1) l’homme en quête du sens ultime de sa vie.
2) Dieu se révèle et se donne à l’homme.
3) La foi est la réponse de l’homme à Dieu.
4) Dieu apporte une lumière surabondante à l’homme.
8
1) l’homme en quête du sens ultime de sa vie.
• Dieu peut être connu :
– dans la création: (Rm 1, 19 - 20) Foi

• Le monde
• L’homme
« Le monde et l’homme attestent qu’ils n’ont en eux-mêmes ni leur principe
premier ni leur fin ultime, mais participent à l’Etre en soi, sans origine et
sans fin. » CEC n. 34
« Les facultés de l’homme le rendent capable de connaître l’existence d’un
Dieu personnel. Mais pour que l’homme puisse entrer dans son intimité,
Dieu a voulu se révéler à lui et lui donner la grâce de pouvoir accueillir
cette révélation dans la foi. » CEC n. 35 9
2) Dieu se révèle et se donne à l’homme.
• Dans le Christ
– à travers ses actes et ses paroles
– Le corps du Christ (l’église)
Foi
• La tradition
• L’Ecriture
• Dieu Trinitaire est l’objet de la foi:
« La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu; elle
est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute
la vérité que Dieu a révélée. » CEC n. 150
10
L’objet de la foi
•Les termes: le cas de la pomme rouge
–L’objet matériel Foi

• Par exemple: Une pomme comme telle


–l’objet formel :
• L’objet formel terminus (quod)
–L’intérêt de l’objet matériel : la rougeur
• L’objet formel moyen (quo)
–Le moyen par lequel nous pouvons connaître
l’objet formel terminus : la lumière 11
L’objet de la foi (ST II-II 1 . 1)
• L’objet matériel :
• Dieu et tout ce que Dieu a révélé Foi
• l’objet formel :
– L’objet formel terminus (quod)
• L’intérêt de l’objet matériel : Dieu comme la vérité première
– L’objet formel moyen (quo)
• Le moyen par lequel nous pouvons connaître l’objet formel terminus: Dieu comme
celui qui témoigne en nous à la vérité: Dieu en tant que « pont trans-subjectif ».
Dieu, par le moyen de la lumière de la foi (une lumière créée qui n’est rien
d’autre que l’habitus de la foi) nous fait croire (voir ST II - II 1 . 4 ad 3)
12
L’objet et fin de la foi (ST II-II 2 . 2)
• Dieu est
– ce que nous croyons (l’objet matériel)
– ce à cause de quoi nous croyons (l’objet formel)
✓ (N.B. : ici c’est l’objet formel tout simplement, sans distinguer entre quod et quo)
– La fin dans laquelle notre acte de foi s’achève (en tant que mû par la volonté)
• L’acte de la foi (S. Augustin interprété par S. Thomas) :
– Croire à Dieu (credere deum) : l’objet matériel
– Croire Dieu (credere deo) : l’objet formel
– Croire en Dieu (credere in deum) : la fin de l’acte en tant que mû par la volonté
Voir: S. Augustin
Sermon “De Verbum Domini” (144 . 2 [PL 38, 788])
Commentaire sur S. Jean (Tract. 29 sur 7 . 17 [PL 35, 1631]) 13
3) La foi est la réponse de l’homme à Dieu.
L’acte de la foi : croire (ST II-II 2)
• Croire est « réfléchir en donnant son assentiment »
(cum assenione cogitare)
Augustin, De praedest. Sanct. 2 [PL 44, 963I]

• « Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la


vérité divine sous le commandement de la volonté
mue par Dieu au moyen de la grâce » (ST II-II 2 . 9).
14
Les actes de l’intelligence (ST II-II 2 . 1)
• La science ou l’intelligence : certaine et évidente :
– « une adhésion ferme » et « une considération formée. »
• Le doute/ le soupçon/l’opinion : ni certains ni évidents : Ils sont
des actes de l’intelligence comportant une réflexion informe et
sans adhésion ferme,
– Le doute : un acte de l’intelligence qui ne penche d’aucun coté.
– Le soupçon : un acte de l’intelligence qui penche davantage d’un
coté mais il est retenu par quelque léger indice.
– L’opinion : un acte de l’intelligence qui adhère a un parti en
craignant cependant que l’autre ne soit vrai. 15
La foi, la science et l’opinion/le doute
• « la foi est intermédiaire entre la science et l’opinion. »
ST II-II 1 . 2
• En ce qui concerne l’évidence, la foi est comme l’opinion
• En ce qui concerne la ferme adhésion et la certitude, la foi est comme la
science (voir aussi ST II-II 4 . 8)
• « Cet acte qui consiste à croire contient
– la ferme adhésion à un parti; en cela le croyant se rencontre avec celui qui a la
science et avec celui qui a l’intelligence;
– et cependant sa connaissance n’est pas dans l’état parfait que procure la vision
évidente; en cela il se rencontre avec l’homme qui est dans le doute, dans le
soupçon ou dans l’opinion. » ST II-II 2 . 1 16
La foi, la science et l’opinion/le doute

• « L’intelligence du croyant est déterminée


à une chose non par la raison mais par la
volonté. Et c’est pourquoi l’assentiment
est pris ici pour un acte de l’intelligence en
tant qu’elle est déterminée par la volonté
à un seul parti » ST II-II 2 . 1 ad 3

17
La vertu de la foi (ST II-II 4 . 2)

•La foi est une vertu de l’intelligence


Foi
–Un don de Dieu dans l’intelligence :
• à travers une lumière infuse (lumen fidei)
–L’intelligence connaît les articles de la foi.
• Mais en tant que mue par la volonté :
–à travers une inclination infuse
• La volonté reçoit un instinctus intérieur de donner son
assentiment aux articles de foi. 18
La foi formée (ST II-II 4 . 3 et 4)
La foi est « agissante par la charité » (Gal 5, 6)
• La charité : forme de la foi
– La charité dans la volonté est appelée la forme
de la foi en tant que par la charité l’acte de la foi
est vraiment parfait et formé (en tant qu’elle
donne forme à l’acte de la vertu même de la foi).
– « la charité est appelée la forme de la foi, en tant que par la
charité l’acte de la foi est vraiment parfait et formé. »
ST II-II 4.3 19
La foi morte ST II-II 4.4
« Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu? Tu fais bien. Les démons
le croient aussi, et ils tremblent » (Jc 2,19).
« La foi : si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte » (Jc 2,17)
• La foi informe
– Celui qui perde la charité à cause d’un péché mortel ne perde
pas sa foi (sauf si son péché est directement contre la foi).
Sa volonté continue à incliner son intelligence à croire, mais sans
la charité.
– Cette foi est informe et donc morte. C’est la foi des démons qui
croient et tremblent (Jacques 2, 19). 20
Vertus théologales (voir ST I-II 62 . 3 et ST I-II 63 . 3)
• Les inclinations naturelles nous conduisent vers notre fin naturelle de deux
manières:
– L’intelligence, par sa lumière naturelle, connaît les premiers principes
– La volonté, par sa rectitude naturelle, incline au bien.
• Les principes supranaturels d’agir humain nous mènent vers notre fin
supranaturelle d’une façon analogue:
– L’intelligence à travers une lumière infuse connaît les premiers principes (articles)
de la foi. Ceci s’applique à la foi.
– La volonté à travers les inclinations infuses
• Est mue par l’instinct inné (instinctus) de donner son assentiment aux articles de
foi. Ceci relève de la foi.
• Tend à Dieu comme une fin accessible. Ceci relève de l'espérance.
• Tend à Dieu comme Celui avec lequel nous sommes vraiment unis, dans une
certaine union spirituelle. Ceci relève de la charité. 21
La centralité de la confiance aimante:
• Les vertus cardinales infuses transmettent l ’aptitude à connaître et réaliser
ces actes qui sont intrinsèquement et nécessairement ordonnés à notre fin
ultime.
• Mais, elles peuvent coexister avec les effets (dispositions) des vices acquis,
qui nous disposent au mal avec promptitude, aisance et plaisir.
– Par conséquent, même si les vertus cardinales infuses en soit (par leur nature)
donnent l’aptitude à agir avec la promptitude, l’aisance et la joie, nous pouvons
être empêchés dans notre aptitude à les expérimenter comme tels.
• De là, pour vivre selon les vertus infuses, nous devons avoir:
– La confiance que l’enseignement moral du Christ
nous conduit réellement vers notre bonheur ultime.
– La confiance que le Christ nous donne ici et maintenant
l’aptitude à réaliser ce qu’Il enseigne. 22
La foi dans l’apprentissage spirituel
• « Une des illusions les plus lamentables et les plus stérilisantes dans
l’ordre des disciplines intellectuelles serait, au lieu de croire à un maitre,
de croire qu’on peut s’en passer. Il faut non seulement y croire et le
suivre, mais s’attacher à lui de toute sa tête et aussi de tout son cœur,
sans quoi il n’y a pas d’attache largement et profondément humaine.
Malgré tous les défauts fatalement rencontrés dans les meilleurs des
pauvres hommes, il faut savoir découvrir et dégager le dolce maestro dont
parle encore Dante; celui qui, à travers les cercles des douleurs et des
purifications, nous conduira au sommet et nous laissera aux mains de la
contemplative Beatrice. »
fr. Thomas Dehau, o.p.
L’apostolat de Jésus, p. 14 23
La foi, le salut et le non-chrétien
• En effet ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l'Evangile du Christ et son
Eglise et cependant cherchent Dieu d'un cœur sincère et qui, sous l'influence
de la grâce, s'efforcent d'accomplir dans leurs actes sa volonté qu'ils
connaissent par les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent
obtenir le salut éternel. Et la divine Providence ne refuse pas les secours
nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu'il y ait
de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s'efforcent, avec l'aide de la
grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l'on trouve chez
eux de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme un terrain propice à
l'Evangile et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu'il obtienne
finalement la vie.
Lumen Gentium 16
24
Les péchés contre la foi (CEC 2087-2089)
• Notre vie morale trouve sa source dans la foi en Dieu
qui nous révèle son amour.
– S. Paul parle de l’ « obéissance de la foi » (Rm 1,5 ; 16,2)
comme de la première obligation.
– Il fait voir dans la « méconnaissance de Dieu » le principe et
l’explication de toutes les déviations morales (cf. Rm 1, 18-32).
– Notre devoir à l’égard de Dieu est de croire en Lui et de Lui rendre témoignage.
• Le premier commandement nous demande de nourrir et de garder avec
prudence et vigilance notre foi et de rejeter tout ce qui s’oppose à elle.

25
Les péchés contre la foi (CEC 2087-2089)

• Il y a de diverses manières de pécher contre la foi :


– Le doute volontaire portant sur la foi néglige ou refuse
de tenir pour vrai ce que Dieu a révélé et que l’Église
propose à croire.
– Le doute involontaire désigne l’hésitation à croire,
la difficulté de surmonter les objections liées à la foi ou encore l’anxiété
suscitée par l’obscurité de celle-ci. S’il est délibérément cultivé, le doute peut
conduire à l’aveuglement de l’esprit.
– L’incrédulité est la négligence de la vérité révélée ou le refus volontaire d’y
donner son assentiment.

26
Les péchés contre la foi ST II-II 10-15

• L'infidélité peut se prendre de deux manières.


– Ne pas croire : dans le sens d'une pure négation,
au point qu'on sera dit infidèle du seul fait qu'on
n'a pas la foi.
– Refuser à croire : on peut entendre l'infidélité au sens
d'une opposition à la foi, lorsque quelqu'un refuse de prêter
l'oreille à cette foi, ou même la méprise,
• selon la parole d'Isaïe (53, 1) : " Qui a cru à ce que nous annonçons? "
C'est en cela que s'accomplit proprement la notion d'infidélité.
Et en ce sens l'infidélité est un péché.
ST II-II 10.1
27
Les péchés contre la foi ST II-II 10-15

• L'infidélité est-il le péché le plus grave ?


– Tout péché consiste formellement dans l'éloignement de Dieu.
Aussi un péché est-il d'autant plus grave qu'on est par lui plus
séparé d'avec Dieu.
– Or c'est par l'infidélité que l'homme est le plus éloigné de Dieu, parce qu'il n'en
a pas la vraie connaissance, et que par la fausse connaissance qu'il en a, il ne
s'approche pas, mais s'éloigne plutôt de lui.
– Il est évident par là que le péché d'infidélité est plus grand que tous ceux qui
se commettent dans la perversité morale (in perversitate morum).
• Mais il n'est pas plus grand que ceux qui s'opposent aux autres vertus théologales, nous
le dirons plus loin.
ST II-II 10.3 28
Les péchés contre la foi (CEC 2087-2089)

• Il y a de diverses manières de pécher contre la foi :


– L’hérésie est la négation obstinée, après la réception
du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi
divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette
vérité.
– L’apostasie est le rejet total de la foi chrétienne.
– Le schisme est le refus de la soumission au
Souverain Pontife ou de communion avec
les membres de l’Église qui lui sont soumis.
Code de droit canonique 751 29
Les péchés contre la foi (ST II-II 11.2 ad 3)
– L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité
qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité.

« On ne doit pas compter au nombre des hérétiques


ceux qui défendent sans passion opiniâtre une
doctrine, même fausse et perverse, surtout lorsque
ne l'ayant point orgueilleusement enfantée, mais
l'ayant reçue de leurs pères comme un héritage
d'erreur, ils cherchent la vérité avec une prudente
sollicitude, tout prêts à se corriger, du moment qu'ils l'auront trouvée. »
S. Augustin, lettre 43.
voir Décrétales, 24,3 30
Les péchés contre la foi (ST II-II 39.1 et ad 3)
– Le schisme est le refus de la soumission au Souverain Pontife
ou de communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis.

« Le schismatique a les mêmes croyances et les


mêmes rites que les autres; il ne se distingue que
par sa complaisance à se séparer de l'assemblée.
Tandis que l'hérétique a des opinions qui s'écartent
de ce que croit l’Église catholique. »
S. Augustin, Contre Fauste 20,3

« Entre le schisme et l'hérésie, j'estime qu'il y a


cette différence: l'hérésie professe un dogme perverti,
tandis que le schisme sépare de l'Église.
S. Jérôme, Ad Titum 3,10 (PL 26, 598 [633]) 31
Les péchés contre la foi (et la charité) (ST II-II 39)

• Pour s. Thomas , schisme est un péché contre la charité :


« Le péché de schisme est proprement
un péché spécial du fait qu'on veut se séparer
de l'unité que la charité réalise. La charité unit
non seulement une personne à une autre
par le lien de l'amour spirituel, mais encore
rassemble l'Église tout entière dans l'unité de l'Esprit. »
ST II-II 39.1

32
Les péchés contre la foi (et la charité) (ST II-II 39,1 ad 3)
• En même temps, le schisme est lié à la foi
parce qu’il dispose à la perte de la foi
« Le schisme, au début, peut bien, d'une certaine façon,
être considéré comme différent de l'hérésie; mais il n'est
aucun schisme qui ne se façonne quelque hérésie, pour
justifier son éloignement de l'Église. »
S. Jérôme, Ad Titum 3,10 (PL 26, 598 [633])
« De même que la perte de la charité conduit à perdre la foi,
. . . de même le schisme conduit aussi à l'hérésie. » (sicut
amissio caritatis est via ad amittendum fidem . . . ita etiam
schisma est via ad haeresim) ST II-II 39,1 ad 3 33
Le péché contre le Saint-Esprit
• Le blasphème :
– « Celui qui parle contre Dieu avec l'intention de l'injurier porte
atteinte à la bonté divine non seulement selon la vérité de
l'intelligence mais aussi selon la perversité d'une volonté
qui déteste et qui empêche l'honneur divin autant qu'elle le peut.
C'est le blasphème parfait. » ST II-II 13.1 ad 1
• Le blasphème contre l’Esprit : Tout péché et blasphème sera remis
aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis. Mt 12, 31
– « Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse
délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir
rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint.
Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et
à la perte éternelle. » CEC 1864 34
Le péché contre le Saint-Esprit (ST II-II 14)
• Trois interprétations traditionnelles :
1. C’est littéralement de dire un blasphème contre le Saint-Esprit
ou contre Dieu tout cours (Athanase, Hilaire, Ambroise, Jérôme, Chrysostome)
2. C’est l’impénitence finale (mourir sans aucun repentir et avec
un vrai attachement au péché mortel) (Augustin)
3. C’est pécher par malice certaine (ex certa malitia) par élection et amour du péché.
(Pierre Lombard, Richard de s. Victor)
• S. Thomas semble préférer la troisième interprétation, tout en faisant une
synthèse avec la deuxième (qui « peut être une circonstance de n'importe quel
genre de péché » ST II-II 14,1 ad 3) : « Pour le Maître des Sentences, celui-là pèche contre
le Saint-Esprit, "qui aime la malice pour elle-même", ce qui est pécher par malice
certaine. Il apparaît donc que le péché de malice certaine est identique au péché contre
le Saint-Esprit. » ST II-II 14.1 sed contra 35
Le péché contre le Saint-Esprit (ST II-II 14)
• Est-il impardonnable ?
– Si on le prend pour l'impénitence finale, alors il est appelé irrémissible parce le péché
mortel dans lequel on persévère jusqu'à la mort ne peut pas être pardonner après la mort.
– Selon les deux autres acceptions, il est dit irrémissible, non pas en ce sens qu'il ne puisse
plus être remis d'aucune façon, mais parce que, de soi, il ne mérite pas d'être remis :
1. D'abord quant à la peine. En effet, celui qui pèche par malice n'a pas une excuse qui puisse atténuer sa
peine. Pareillement aussi, ceux qui blasphémaient la divinité elle-même en attribuant au diable les
œuvres de l'Esprit Saint, n'avaient aucune excuse qui pût diminuer leur peine.
2. Quant à la faute, de même qu'une maladie est dite incurable par sa nature propre, du fait qu'elle
abolit ce qui peut aider à la guérison, de même le péché contre l'Esprit Saint est dit irrémissible par sa
nature en tant qu'il exclut ce qui produit la rémission des péchés.
• Cependant cela ne ferme pas la voie du pardon et de la guérison devant la
toute-puissance et-la miséricorde de Dieu, et il arrive grâce à elles que de tels
pécheurs sont spirituellement guéris comme par miracle. ST II-II 14,3 36

Vous aimerez peut-être aussi