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Séance 2 : Décolonisation, nouveaux acteurs et émergence du tiers-monde

Comment la décolonisation et l’émergence de nouveaux acteurs remettent-elles en cause le monde bipolaire ?

I) Les voies de la décolonisation

Des facteurs multiples. Si la volonté d’émancipation a germé avant-guerre, l’issue de la Seconde Guerre
mondiale ouvre la voie au processus de décolonisation. Plusieurs facteurs entrent en jeu :
-
- L’essor des mouvements nationalistes (mouvement Quit India dès 1942 contre la présence britannique en
Inde ; manifestations anticoloniales en Algérie en 1945)
-
- L’anticolonialisme stratégique des superpuissances américaine et soviétique (affaiblir les anciennes
puissances coloniales et s’allier de nouveaux partenaires dans une logique de concurrence hégémonique)
Les processus pacifiques. L’indépendance procède souvent de négociations entre la métropole et la
colonie (carte p. p. 156-157) :
- Asie : les britanniques acceptent les indépendances de l’Union indienne et du Pakistan en 1947
- Afrique : au Maghreb, la France négocie avec le Maroc et la Tunisie en 1956. En Afrique subsaharienne, entre
1957 et 1963, plus de 20 Etats accèdent pacifiquement à l’indépendance. Pour la seule année 1960, 14
colonies françaises deviennent indépendantes telles que le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Mali.
Les guerres d’indépendance. Dans plusieurs colonies cependant, c’est la lutte armée contre les puissances
coloniales qui aboutit à l’indépendance :
- En Asie : dans les Indes néerlandaises, le leader nationaliste Soekarno proclame en 1945 l’indépendance de
l’archipel. Les Pays-Bas, qui contrôlent le territoire depuis le XIXe siècle, s’y opposent. Entre 1945 et 1949, ils
mènent des « opérations de police » et font arrêter Soekarno. Mais sous la pression de l’ONU et des EU pour
qui le leader nationaliste peut être utile dans la lutte contre le communisme, les Pays-Bas concèdent
l’indépendance de l’archipel qui devient l’Indonésie. En Indochine, l’armée française est opposée à la guérilla
menée par le Vietminh1 à partir de 1946. La défaite des Français à Diên Biên Phu en 1954 est suivie des
accords de Genève qui octroient l’indépendance au Cambodge, au Laos et au Vietnam divisé entre le Nord
communiste et le Sud soutenu par les EU (point de passage p. p. 166-167).
- En Afrique : l’Algérie devient indépendante après huit ans de guerre contre la France (1954-1962) ; à partir
des années 1960, le Portugal affronte des guérillas communistes en Angola et au Mozambique qui
deviennent indépendants en 1975.

II) L’émergence du tiers-monde

Un acte fondateur : la conférence de Bandung (1955). (doc 1 p. 172)(doc 3 p. 173).

1
Ligue pour l’indépendance du Vietnam, organisation politique et paramilitaire vietnamienne créée en 1941 par le parti
communiste vietnamien.
Exister sur la scène internationale. L’émergence du tiers-monde, notamment sur le plan politique, exige de
promouvoir le développement économique de ses membres. En 1964, à l’ONU, ils obtiennent la création de la
CNUCED2 et constituent le Groupe des 773 pour défendre leurs intérêts économiques communs sur la scène
internationale. De nouvelles organisations internationales tiers-mondistes voient le jour : en 1960, l’Arabie Saoudite,
l’Iran, le Irak, le Koweït et le Venezuela fondent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole ( OPEP) afin de
prendre le contrôle de la production de pétrole et d’en décider du cours, prérogatives détenues jusqu’alors par les
compagnies étrangères, européennes notamment. En Afrique subsaharienne, l’Organisation de l’Union africaine
(OUA), créée en 1963, promeut un panafricanisme en faveur de l’indépendance et de la solidarité des peuples
d’Afrique.
Les ambitions de la Chine de Mao. (doc 1 et 3 p. 175)

III) La constance des tensions

Un tiers-monde vraiment non-aligné ? Dans les faits, beaucoup de pays du tiers-monde n’échappent pas à
l’influence des deux superpuissances et aspirent même à profiter de leur partenariat ou de leur protection ( doc 1 p.
154). Le non-alignement est mis à mal par le jeu des solidarités des pays de sensibilité communiste soviétique,
comme au Maghreb, qui s’opposent à « l’impérialisme » américain avec la bénédiction de Moscou (doc 5 p. 173). De
leur côté, les EU multiplient les traités d’alliance avec de nouveaux pays indépendants susceptibles de faire barrage
au communisme et de défendre leurs intérêts : pacte de Bagdad au MO en 1958 (Irak, Turquie, Pakistan, RU et EU) ;
OTASE4 en Asie du Sud-est entre 1954 et 1977 (EU, RU, France, Australie, Pakistan, Philippines, Thaïlande et
Nouvelle-Zélande). Finalement, le tiers-monde, trop disparate et en retard de développement, constitue moins un
acteur autonome des relations internationales qu’un nouvel enjeu de la compétition entre les deux superpuissances.
Des conflits variés. La période de la guerre froide qui voit l’émergence du tiers-monde en fait un nouveau champ
de bataille périphérique et indirect entre EU et URSS mais aussi un foyer de conflits singuliers :
- La crise de Suez, 1956 (dossier p. 174) :

- Les guerres israélo-arabes : entre Juifs et Arabes, le conflit entamé en 1948 revêt surtout une dimension
territoriale et identitaire qui échappe à la stricte logique bipolaire de la guerre froide. En 1967, se sentant
menacé par les pays arabes, Israël mène une guerre préventive victorieuse contre l’Egypte, la Syrie et la
Jordanie. La Guerre des Six Jours lui permet d’occuper des territoires arabes : le Sinaï, la Cisjordanie, Gaza et
le Golan. En octobre 1973, la guerre du Kippour se solde par une nouvelle victoire de l’armée israélienne
contre l’Egypte et la Syrie qui cherchaient à reprendre les territoires perdus en 1967.

2
Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, organisme fondé en 1964 qui rassemble tous les pays de
l’ONU avec pour objectif de favoriser le développement du tiers-monde.
3
Coalition de pays en développement conçue en 1964 pour promouvoir les intérêts économiques et politiques collectifs de ses
membres et créer une capacité de négociation accrue aux Nations Unies à promouvoir la démocratisation des relations
internationales.
4
Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est.
Une année chaude de la guerre froide : 1968 (point de passage p. p. 176-177). L’année 1968 connaît des
manifestations et des protestations dans de nombreux pays du monde qui révèlent à la fois les tensions idéologiques
liées à la guerre froide et la politisation contestataire des sociétés :

bloc de l’Ouest bloc de l’Est


Puissance tutélaire EU URSS
Territoire en crise en 1968

Causes des contestations

Acteurs et formes des contestations

Conséquences -Répression +/- sévère Répression militaire violente


-acquis

Ces moments de crise révèlent des situations paradoxales qui traduisent l’essoufflement des idéaux dans chacun
des blocs :
- A l’Ouest : l’idéalisation auprès d’une partie de la génération d’après-guerre des idées communistes
révolutionnaires contre les effets du capitalisme et de la société de consommation
- A l’Est : le rejet par la jeunesse notamment de l’oppression vécue des régimes communistes au pouvoir

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