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Dans le cas présent, il s’agit d’un turbo de marque GARRETT qui équipe
notamment mon AUDI A4 Tdi.
Le but d’un turbocompresseur étant déjà expliqué, je vais m’attacher ici à préciser le but et
le principe de fonctionnement du turbo à géométrie variable.
Cette conception est née du problème rencontré dans les turbos d’ancienne génération dits
« classiques » : En effet, avec les turbos classiques, la vitesse de rotation de la turbine
d’échappement est étroitement liée au débit des gaz d’échappement.
Lorsque le régime moteur est bas, la turbine tourne doucement. Il faut attendre que le
régime moteur soit à un niveau suffisamment élevé pour qu’une certaine vitesse de
rotation soit atteinte par la turbine d'échappement, laquelle vitesse permet à un moment
donné à la turbine située côté admission (appeléecompresseur*) de « gaver » l’admission.
* : Terme usité mais à ne pas confondre avec un autre système de suralimentaiton distinct
du turbo et dénommé "compresseur".
L’effet de ce genre de turbo étant surtout ressenti à moyen et haut régime, les ingénieurs
ont donc planché afin de rendre un turbo efficace également à bas régime. Ainsi est née la
géométrie variable.
1 - Principe fondamental
Il convient avant tout de bien comprendre le principe fondamental liant pression et débit.
Un petit dessin valant mieux que mille explications :
Dessin n° 1 - Source VAG-Eng
Sur ce dessin, le meunier dévie le cours d’eau vers la roue à aubes. En agissant ainsi,
il concentre toute l’énergie du courant vers les aubes. Sa roue va donc tourner plus vite.
S’il remet la porte en position initiale de repos, la force du courant sera alors partagée
entre sa roue à aube et le canal parallèle. La roue tournera moins vite.
Illustration :
Schéma n° 1 - source VAG-Eng
Les gaz vont donc traverser les aubes et venir buter sur les pales de la turbine
d’échappement et la faire tourner. La forme de cette dernière permet de recevoir les gaz et
de les évacuer perpendiculairement à leur sens d’arrivée en direction du pot
d’échappement.
Suivant leurs inclinaisons, les aubes vont modifier la section de passage des gaz.
Souvenez-vous du tuyau d’arrosage !
Là aussi, un schéma sera bien plus explicite :
Dans le schéma de gauche, l’angle est très fermé. Les gaz vont passer dans un conduit
réduit et vont donc être canalisés puissamment vers les pales de la turbine
d’échappement.
Dans celui de droite, l’angle est assez ouvert. Les gaz passent dans un conduit plus large
avant de frapper les pales.
À bas régime, les aubes sont dans la position du schéma de gauche. Malgré le faible débit
des gaz sortant du moteur, le « jet » de gaz est déjà puissant. Ceci a pour effet d'offrir
une vitesse de rotation suffisammment élevée pour que de son côté le compresseur assure
un gavage du moteur quasi instantané et ce, à la moindre sollicitation de la pédale
d’accélérateur.
Le moteur quant à lui ne prend pas pour autant des tours/min puisque c’est la quantité de
carburant qui pilote tout (le diesel fonctionne en excès d’air).
À la différence des turbos « classiques », la moindre sollicitation de l’accélérateur à bas
régime est immédiatement traduit par un gavage des cylindres
À haut régime, les aubes sont dans la position du schéma de droite. Le débit général des
gaz est suffisamment puissant pour entraîner la turbine à la vitesse nécessaire de gavage.
Il n’est donc pas utile d’augmenter la pression par une fermeture d’angle des aubes.
En fait, il est heureux que l’angle puisse s’ouvrir car, dans le cas contraire, on se
retrouverait rapidement avec une surpression terrible dans le conduit d’admission.
En premier lieu, si l’on prend la précaution de ne pas solliciter le turbo lorsque le moteur
est froid, les paliers du turbo seront toujours correctement lubrifiés. Dans le cas contraire,
l'huile n'aura pas le temps de monter aux paliers d'un turbo inutilement sollicité.
C'est la raison pour laquelle le constructeur demande de mettre une huile plus fluide par
rapport aux diesels sans Turbo.
De la même manière, si on prend soin de ne pas couper le moteur après une phase de haut
régime moteur, le turbo ne continuera pas à tourner rapidement sans lubrification.
Photo n° 5 - Source VAG-Eng
En adoptant ces principes, il y a de fortes chances que le turbo ait une durée de vie
équivalente à celle du véhicule. Bien évidemment, tout cela suppose aussi l’utilisation de
l’huile moteur préconisée mais çà, j’imagine que tout le monde est sensibilisé à ce respect.
Si elles se coincent en position « fermées », la pression sera donc très importante à haut
régime et dépassera la valeur admissible par le moteur. Le calculateur sera informé de
cette surpression via le capteur de pression de suralimentation G72 (lien à venir) et
ordonnera alors une mise en « sécurité » du moteur (limitation du débit d’injection du
carburant à une valeur par défaut déterminée à l’avance). Vous conduirez alors un veau
dépassant péniblement les 3000 trs/mn.
Vous retrouverez la puissance dès lors que vous aurez stoppé le moteur quelques secondes
puis redémarré. En effet, couper le contact équivaut à faire une remise à zéro (ou « reset
») du défaut ; Le moteur prend de nouveau les tours jusqu’à que vous arriviez à nouveau
en surpression. Là, rebelote : signal du capteur de pression de suralimentation, calculateur,
position « sécurité ».
Je le précise de suite : Ces phénomènes ne sont pas aussi radicaux. Les aubes peuvent
aussi se coincer dans une position intermédiaire. Il peut arriver également que la calamine,
pas encore totalement fixée, vienne seulement perturber de manière aléatoire le système
de géométrie variable.
Il existe probablement d’autres causes possibles mais celles que je viens d’énoncer figurent
parmi les plus courantes.
Si certains parmi vous ont connaissance d’autres causes avérées, qu’ils s’expriment sans
retenue.
Une défaillance de cette vanne influe donc sur le comportement du turbo et par conséquent
sur la puissance du moteur.
La panne classique sur cette vanne réside souvent dans le défaut d’étanchéité de la
membrane. En effet, si celle-ci n’est plus étanche, l’action de dépression ne pourra se
réaliser (ou mal) et la tige ne pourra pas monter (ou pas assez).
Pour répondre à la question initiale, la vanne n’est donc pas seule à commander la
géométrie variable. Intégrée dans une chaîne de commande, elle en est le dernier maillon.
En comparant les deux photos et schémas ci-après, vous remarquerez que l’inclinaison des
aubes est différente.
Sur la première, bien qu'on ne la voit pas, la tige est sortie. Les aubes sont en position «
ouvertes ».
Ce sont leur position lorsque le moteur est à moyen et haut régime.
C’est aussi la position des aubes lorsque le calculateur a ordonné une mise en « sécurité »
(voir post sur N75) mais également lorsque le moteur est à l’arrêt.
Photo n° 7 - Source VAG-Eng
Sur la deuxième, la tige est rentrée, les aubes sont en position « fermées ». Il s’agit de
leur position lorsque le régime moteur est bas. La dépression est exercée au maximum.