Chapitre 4 - Producteur - 2020

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Cours _ Économie générale_ Partie Microéconomie _ 2020-2021/Dr.

SAWADOGO Martin

Chapitre IV : Le comportement de l’entreprise

Le chapitre précédent a porté sur l’examen du comportement du consommateur. Les biens et


les services que le consommateur demande pour maximiser son utilité ou sa satisfaction sont
produits par un agent économique appelé producteur ou entrepreneur. Une entreprise est un
agent économique dont la principale fonction est de produire des biens et services en
combinant des facteurs dites de production.

I. La firme, ses objectifs et ses contraintes

Qu’est-ce que la firme. Une firme est définie comme une entreprise d’affaires comprenant
une ou plusieurs personnes, travaillant sous la forme d’une unité de décision engagée dans
la production de biens ou de services. La firme est ainsi une institution, qui engage des
facteurs de production (inputs) et organise ces facteurs de manière à produire les biens
et services qu’elle vend.

Pourquoi les firmes existent. On peut imaginer un monde sans firme. Supposer par exemple
qu’il n’y ait aucune firme de construction d’immeubles, comprenant des techniciens, des
maçons, des manœuvres. Tout individu désirant construire un immeuble dans ces conditions
devrait assembler les matériaux (ciment, briques), aller louer le matériel (brouettes, pèles,
échelles), embaucher le maçon, les manœuvres et un superviseur pour réaliser l’opération.
Autrement dit, en l’absence de firmes de construction, l’individu devrait passer par le
marché pour réaliser un immeuble. A l’inverse, on peut imaginer un monde dans lequel
une commande centrale dirige toutes les opérations. Une structure hiérarchique interne
gouvernerait un tel système. Un tel système peut facilement devenir complexe et inefficace.
La firme existe comme un cas intermédiaire entre ces exemples polaires. Les firmes existent
pour répondre à un ensemble de fonctions : Elles permettent de réduire les coûts de
transaction, de réaliser des économies d’échelle et de réaliser des économies d’équipe.

→ Coûts de transaction. Ronald Coase, qui a eu le prix Nobel d’économie en 1990, a été
le premier à proposer que les firmes existent pour assurer des fonctions que le marché ne
peut pas assurer efficacement. Pour Coase, la firme permet de réduire les coûts de
transaction. Les coûts de transaction représentent l’ensemble des coûts associés à la
recherche de l’information (par exemple avec qui entreprendre une affaire), la signature
des ententes, le suivi des accords. La firme permet de centraliser les transactions de manière
à diminuer leur nombre. Considérer par exemple les deux manières de construire un
immeuble.

i) Coordination par la firme : Vous contactez une firme de construction, dont


l’équipe assure la coordination des différents intervenants, l’achat des matériaux.
Vous payez une facture pour le travail accompli.
ii) Coordination par le marché : Vous embauchez un architecte qui fait le plan du
bâtiment. Ensuite vous allez louer tout le matériel de construction. Vous achetez
le ciment et les autres matériaux. Vous embauchez un maçon, et les ouvriers.
Vous embauchez des superviseurs de travaux. A la fin des travaux vous devez
retourner les outils loués et payer les différents frais.

Votre choix entre les deux systèmes de coordination dépendra du différentiel de coût. Dans
la deuxième alternative, vous engagez beaucoup de votre temps personnel. Dans la

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première alternative, vous vous contentez de contacter la firme qui fait le reste. Si le coût
d’opportunité du temps est important, la méthode la plus efficiente sera celle de la
coordination par la firme.

→ Économies d’échelle. Lorsque le coût de production d’une unité d’un bien baisse suite
à l’augmentation de la quantité produite, on parle de la présence d’économies d’échelle.

→ Production d’équipe. Dans un processus de production où les individus se spécialisent


dans des tâches qui se complètent, on parle de production d’équipe. Le sport est un domaine
excellent d’exemples d’activités d’équipe. Dans l’industrie, les chaînes de production
constituent des exemples de travail d’équipe. Une firme de production de produits de
cuir par exemple peut être vue comme un travail d’équipe comprenant des acheteurs de
peaux aux artisans fabriquant les produits finaux.

L’objectif de la firme. Que recherche une firme ? Les théories de la firme font l’hypothèse
que les firmes agissent de manière à maximiser le profit, le profit étant défini comme la
différence entre les recettes provenant des ventes et les coûts engagés dans la production. La
firme combine des facteurs de production pour produire. Par exemple, une petite firme de
galettes combine de la farine de mil, de l’huile, de la main d’œuvre et du matériel pour
produire des galettes offertes aux consommateurs. On peut supposer que l’objectif d’une
telle firme n’est certainement pas de perdre de l’argent. Il est plus plausible de supposer que
la firme maximise le profit plutôt que le contraire.

Profits et problèmes de l’agent et du principal. L’hypothèse que la firme maximise le


profit se heurte à un problème majeur, celui du contrôle de l’activité de la firme. Lorsque la
firme est petite, comme le cas d’une firme de galettes de mil, le propriétaire et le gérant sont
parfois la même personne. Dans ce cas, le profit constitue la rémunération du propriétaire-
gérant qui a tout intérêt à le rendre maximum. Dans les grandes firmes par contre, les
propriétaires de la firme (actionnaires) ne sont pas ceux qui la gèrent. De même de telles
firmes comprennent des travailleurs qui ne sont ni gérants ni propriétaires. Ainsi, les
travailleurs travaillent pour les gérants lesquels travaillent pour les propriétaires. Une
situation où une personne (appelée agent) mène une activité au profit d’une autre
(appelée principal) est connue comme une relation principal-agent.

Le problème est que le principal et l’agent n’ont pas nécessairement les mêmes objectifs.
Par exemple, l’agent reçoit un salaire fixe, indépendant de la performance de la firme, alors
que le revenu du propriétaire dépend de la performance de la firme. La problématique dans
une relation principal-agent est pour le principal de trouver un mécanisme qui amène
l’agent à travailler à l’avantage du principal. Une façon pour le principal de promouvoir la
coopération de l’agent est de mettre en place des mécanismes d’incitation. Dans le cas
des travailleurs, il peut s’agir par exemple de primes de productivité.

En récapitulant, le problème de la firme est complexe en réalité. L’analyse économique


dompte la réalité en considérant les éléments essentiels qui permettent d’extraire de
l’information utile à partir d’un ensemble d’hypothèses simplificatrices de l’approche.
On retiendra que la firme est analysée comme une entité qui combine des facteurs pour
produire un produit final avec pour objectif de tirer le plus grand bénéfice de cette activité.

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II. Les facteurs de production


La production est un processus qui consiste à transformer des biens et des services
intermédiaires en produits finis. L'entreprise doit donc en plus des consommations
intermédiaires, mobiliser des travailleurs, des équipements et des bâtiments dont la durée de
vie dans l'entreprise dépasse l'année. Cet ensemble représente ce qu’on appelle facteur de
production ou intrants, ou encore inputs.

Définition. Les facteurs de production, sont des ressources constituées d’éléments originels
(nature, travail) ou dérivés (capital) dont la combinaison permet la production. La contribution
de chaque facteur donne lieu à une contrepartie en termes de rémunérations : la rente, le
salaire, l’intérêt. L’existence d’une quatrième forme de revenu, le profit, oblige à introduire un
quatrième facteur : l’entrepreneuriat.

Les types de facteurs de production. En fonction du critère choisi on peut distinguer plusieurs
types de facteurs. En effet, selon la nature on distingue les consommations intermédiaires, les
matières premières et les services. Selon la durabilité, on a les facteurs régénérables (travail),
les facteurs fongibles (inutilisables après usage) et les facteurs durables (subsistent
partiellement ou totalement après usage). Enfin, selon la temporalité, on distingue les facteurs
fixes des facteurs variables.

Les facteurs fixes tout comme les facteurs variables sont des inputs que l’entreprise utilise
suivant une certaine technique pour produire les biens et services ou output (extrant).
Toutefois, les facteurs fixes sont des facteurs dont la quantité utilisée ne peut être modifiée
durant le processus de production quelques soit le niveau de la production (exemple :
installations, équipements lourds, appareillages etc.). Quant aux facteurs variables, ils varient
avec le niveau de production (personnel). Ils sont pour cela modifiables en quantité durant le
processus de production.

En général, la distinction entre facteur fixe et facteur variable dépend de la distinction entre court
terme et long terme. Dans le long terme, tous les facteurs sont susceptibles de réajustement et
donc variables. Dans le court terme par contre, certains facteurs ne peuvent être réajustés, ils
demeurent fixes quelques soit le niveau de production.

Dans la suite du cours, on va regrouper les facteurs de productions en facteur travail et en


facteur capital et on va supposer que l’entreprise n’utilise que ces deux facteurs de productions
pour réaliser sa production.
Le facteur travail comprend : le nombre de travailleurs présent dans l’entreprise, la durée
annuelle du travail effectuée par ces travailleurs, l’efficacité ou la productivité du travail des
travailleurs qui dépend de leur qualification, de leur expérience et de leur motivation. Pour
augmenter la production d’une entreprise avec le seul facteur travail, on peut augmenter soit
la quantité de travail soit augmenter l’efficacité des travailleurs
Le facteur capital (capital fixe) comprend tous les biens d’équipement durables, les logiciels et
les bâtiments qui restent plus d'un an dans l'entreprise. Par opposition on distingue le capital
circulant, correspondant aux consommations intermédiaires détruites ou transformées au
cours du processus.

III. La fonction de production


Étant donné un processus de production, la fonction de production définit la relation
physique entre les facteurs utilisés dans la production et le produit (output) obtenu. On peut
par exemple définir la fonction de production de galettes qui met en relation les galettes à la
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farine de mil, l’huile, l’appareillage de cuisson utilisés dans le processus. En simplifiant, on


peut regrouper les facteurs de production en deux catégories : le travail (L) et le capital (K).
La fonction de production, F(L, K) donne le produit (output) maximum, y=F(L, K) obtenu
par combinaison de quantités des deux facteurs, K et L.
Considérer la société de fabrication de briques solides (SFBS). Cette petite firme est gérée
par son propriétaire, Pierre, qui emploie en plus de lui-même un opérateur de briques. La
firme dispose d’une bétonneuse. En travaillant 60 heures par semaine chacun, ils peuvent
ensemble fabriquer un certain nombre de briques. Si une commande exceptionnelle survenait
et nécessitait l’accroissement du nombre de briques dans une semaine donnée, la firme
ne pourrait agir que sur la quantité de travail, en embauchant par exemple des travailleurs
supplémentaires ; le nombre de bétonneuses quant à lui demeurerait fixe. (On peut penser
que la production peut être augmentée en faisant travailler certains travailleurs la nuit, le
nombre de bétonneuses étant fixe et égal à 1.) Pour changer la quantité de bétonneuses, la
firme a besoin de plus de temps d’ajustement. Dans le long terme, la société peut faire des
arrangements pour acquérir des bétonneuses additionnelles (par exemple par emprunt
auprès d’amis, par utilisation de fonds propres provenant des économies). En production,
on doit ainsi distinguer le long terme du court terme.

Le court terme. C’est une période de temps au cours de laquelle certains facteurs de
production sont fixes en quantité. Il n’y a aucune possibilité d’ajuster leur quantité.

Le long terme. C’est une période de temps suffisante pour permettre d’ajuster les quantités
de tous les facteurs de production.

III.1. Produit total, produit marginal et produit moyen


Pour faire ses calculs de profit, la firme a besoin de connaître trois concepts
relatifs à la production :
Produit total. C’est la production totale possible et obtenue. Dans le cas de la SFBS, il s’agit
du nombre total de briques qui peuvent être fabriquées par la firme. Ce nombre est donné
par la fonction de production, y=F(L, K), K représentant le nombre de bétonneuses et L le
nombre d’unités de travail (une unité de travail étant une semaine de 60 heures de travail).
Comme la firme utilise un nombre fixe de bétonneuses (1), le produit total du travail est
obtenu en faisant varier la quantité de travail, soit y=F(3, L)=f(L). Ainsi on peut définir le
concept suivant :
Le produit total du travail est défini comme l’output total obtenu en utilisant L unités de
travail, les autres facteurs étant maintenus constants.
Le produit total est utile pour obtenir les recettes totales de la firme. Si chaque brique est
vendue au prix p, la recette totale de la firme est p.f(L).
Produit marginal. Si la firme utilise une unité de travail additionnelle, le nombre de
bétonneuses étant fixe, elle peut augmenter sa production totale de briques. Le produit
marginal du travail, noté MPL est l’output additionnel produit par cette unité additionnelle
de travail, les autres facteurs étant constants. C’est la variation de l’output divisé par la
variation de la quantité de travail : 𝑀𝑃𝐿 = 𝛥𝑦/𝛥𝐿
Produit moyen. La firme peut calculer aussi sa production de briques par unité de travail. Si
par exemple la société utilise 4 semaines de 60 heures pour fabriquer 6 000 briques, le nombre
de briques par semaine 1 500. C’est le rapport entre l’output total et le nombre d’unité de travail.
𝐴𝑃𝐿 = 𝑦/𝐿 . Il peut être calculé pour tout facteur de production mesurable.

Le tableau permet d’illustrer les différents concepts de produit. Noter qu’un des facteurs, le
nombre de bétonneuses est fixé à 1.
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Tableau 3.1: Production de briques par la firme SFBS


Quantité de L (nbre de Produit total du L Produit moyen du L Produit marginal du L
semaine)
0 0 0
1 1000 1000 1000
2 3000 1500 2000
3 5100 1700 2100
4 6400 1600 1300
5 6000 1200 -400
6 4800 800 -1200
La colonne 1 du tableau montre le nombre de semaines de 60- heures de temps de travail. La
colonne 2 donne le produit total du travail (nombre total de briques), qui croît de 0 à 6400, puis
décroît de 6400 à 4800. Le produit moyen du travail (le nombre de briques par semaine), contenu
dans la colonne 3, croît dans un premier temps de 0 à un maximum de 1700, puis décroît de 1700 à
800. Quant au produit marginal (l’effet d’une semaine additionnelle sur le nombre de briques)
présenté dans la colonne 4, il croît dans un premier temps de 1000 à 2100, puis décroît à partir de
quatre semaines pour devenir négatif quand on passe de 4 à 5 semaines. Noter que dans le tableau,
le produit marginal est défini entre deux valeurs de l’input L et du produit total y. Par exemple, le
produit marginal de 1000 correspond au passage de 0 semaine (absence de travail) à 1 semaine.
Les pointillés indiquent le recours à ces valeurs intermédiaires. Ces résultats contenus dans le tableau
traduisent un ensemble de relations importantes entre les différents concepts de produit d’un
facteur. Ces relations seront étudiées dans une section ultérieure.

III.2. Les différentes régions de la production


Les données de la firme SFBS permettent d’illustrer les différentes régions (ou phases) de la
production. On peut distinguer trois régions définies à partir du comportement conjugué du produit
moyen et du produit marginal. Les points de référence pour la division en régions sont celui où le
produit moyen atteint son maximum et celui où le produit marginal devient négatif. La figure 3.1 permet
d’illustrer les trois régions.
Région I. Le produit total et le produit moyen sont tous les deux croissants. Durant cette phase, le
produit marginal est supérieur au produit moyen, ce qui cause la croissance de ce dernier. Dans cette
phase, la firme a intérêt à engager le maximum du facteur travail, puisque chaque unité supplémentaire
permet de faire monter le produit moyen qui en résulte.
Région II. Le produit moyen est décroissant, le produit marginal est positif. Il en résulte que le produit
total croît mais à un rythme ralenti par rapport à la phase I.
Région III. Le produit marginal devient négatif et le produit total décroît. La firme n’a aucun intérêt à se
situer dans cette région, car toute diminution de la quantité de travail dans cette région permet d’augmenter
le produit total.

III.3. Rendements décroissants


L’exemple de la firme SFBS montre une particularité du produit marginal : il baisse lorsque le facteur
travail atteint des niveaux élevés. Autrement dit, quand un des facteurs est fixe et qu’on le combine avec
des quantités croissantes d’un autre facteur, l’impact de ce facteur sur le produit commence à diminuer à
partir d’un certain point. Ceci donne lieu à une loi.
Loi des rendements marginaux décroissants. Lorsque dans un processus de production on augmente la
quantité d’un facteur alors que d’autres facteurs demeurent fixes, le facteur dont la quantité augmente verra
éventuellement son impact sur le produit total baisser.
Comment s’explique cette loi ? Considérer l’exemple de la fabrique de briques. Étant donné le
nombre de bétonneuses, l’impact de la première unité de travail est d’augmenter le produit total.
L’impact de la deuxième unité de travail est plus important que la première, parce que à 2 on ne
se gêne pas, la bétonneuse fournit suffisamment de mortier pour la confection des briques. Les
deux travailleurs coordonnant leurs efforts avec une bétonneuse permettent de tirer avantage de la
spécialisation, ce qui permet d’accélérer la production jusqu’à la troisième semaine. Dans la figure
3.1, ceci correspond à la portion croissante de la courbe du produit marginal.

Quand on continue d’augmenter la quantité du facteur travail, le nombre de bétonneuses étant


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invariant, les gains provenant de la spécialisation finissent par s’épuiser. C’est le cas à partir de 3
semaines. Les unités de travail additionnel permettent d’augmenter l’output, mais à un rythme lent.
Ceci est dû au fait qu’avec un nombre élevé d’unités de travail, les travailleurs additionnels doivent
se partager la bétonneuse, se gênant mutuellement et conduisant à une augmentation modeste de la
production. Les rendements décroissants correspondent à la portion décroissante de la courbe de
produit marginal. Le produit marginal peut devenir nul : avec un nombre trop important de travailleurs,
certains resteront dans l’oisiveté ; une autre façon de voir le phénomène est de supposer que le travail
supplémentaire est peu productif (dans le cas où les mêmes travailleurs sont sur utilisés).

Le comportement du produit marginal est essentiel dans la décision de la firme SFBS, en particulier
concernant la quantité de travail à engager étant donné la bétonneuse disponible. Pierre sait que dans
la phase I de la production, toute unité additionnelle de travail produit plus que l’unité qui la
précède. Par exemple, le passage de 1 à 2 semaines, soit une augmentation de la quantité de travail
de 100 % s’accompagne d’une augmentation de la production de 1000 à 3000, soit une hausse de
200%. Le passage de 2 à 3 semaines, une augmentation de 50 % du facteur travail, entraîne une
augmentation du produit de 3000 à 5100, soit +70%. Il voudra employer autant d’unités de travail
qu’il le peut, mais ceci le poussera éventuellement dans la phase II. Dans cette région, l’emploi
d’unités supplémentaires de travail accroît l’output, mais moins que proportionnellement. Dans la
région III, toute quantité supplémentaire de travail entraîne une baisse de l’output. En supposant
que le prix du produit est fixe et que le taux de salaire payé aux ouvriers est fixe, Pierre aura intérêt
à opérer dans la région II du processus de production.

Figure 3-1 : Les 3 phases d’une fonction de production.


Le produit total augmente quand le produit marginal est positif et baisse quand le produit
marginal est négatif. La phase II est la région de production où le produit moyen est en déclin
mais le produit marginal demeure positif. C’est la région économique. En phase I, le produit

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moyen est croissant et la firme a intérêt à engager de plus en plus du facteur travail. Ce
processus continuera jusqu’à ce qu’on entre dans la phase II. En phase III, le produit marginal
est négatif et le produit total en déclin. La firme n’opérera pas dans cette phase. Si elle s’y
retrouve, elle diminuera la quantité du facteur travail ce qui l’amènera finalement en phase
II. Savoir en quel point de la phase II relève de la résolution du problème de la firme, la
maximisation du profit…

IV. Production avec deux facteurs variables

À long terme, la SFBS peut augmenter son produit en agissant sur tous les inputs, le
travail et la bétonneuse. Nous pouvons utiliser des concepts similaires à ceux de courbes
d’indifférences vus dans la théorie du consommateur. Lorsque le processus de production
admet deux facteurs variables, nous pouvons analyser le mécanisme de la production
dans deux types d’espaces. (1) L’espace produit-facteur permet de voir comment le produit
total (ou moyen ou marginal) se comporte en relation avec le facteur choisi. (2) L’espace
facteur-facteur permet de voir comment les deux facteurs sont combinés pour donner un
niveau de produit. Ici, nous nous concentrons sur cette dernière analyse.

Les isoquants. Soit un niveau donné de production de briques, par exemple 3000. Pierre
peut obtenir ce niveau en combinant différentes quantités de bétonneuses et de travail.
De manière générale, soit une fonction de production y=F(L, K). L’isoquant est l’ensemble
des combinaisons (L, K) qui permettent d’obtenir le même niveau d’output, y0.
Mathématiquement, l’isoquant est dérivé de la relation F(L, K)= y0. L’isoquant décrit le lieu
des combinaisons de K et L qui produisent le même niveau d’output.

En faisant varier le niveau d’output, on obtient une carte d’isoquants représentée dans la
figure 4.1. Tout comme dans le cas des courbes d’indifférence du consommateur, plus
l’isoquant est éloigné de l’origine dans le sens nord-est, plus le niveau de l’output est élevé.
Ainsi le point e implique un niveau de produit plus élevé que le point a. Les points a et c
ont le même niveau d’output.

La différence principale entre une carte d’indifférence et une carte d’isoquants est que le
niveau assigné à la courbe d’indifférence est arbitraire, l’essentiel étant la préservation des
préférences d’un niveau de courbe à un autre. Dans le cas de l’isoquant, le nombre assigné
à une courbe indique le niveau réel de production obtenu par combinaisons diverses de
facteurs le long de l’isoquant.

Le taux marginal de substitution technique. Supposons que la firme SFBS décide


d’utiliser plus de bétonneuses et moins de travail. Si la quantité de bétonneuses augmente
de K , la variation nécessaire de la quantité de travail, L pour permettre au produit de rester
constant permet de définir le taux marginal de substitution technique (TMST). Le TMST est
défini comme la valeur absolue de la pente de l’isoquant | 𝛥𝐾/𝛥𝐿 | (Cf. figure 4.2 point A).
C’est le taux auquel un input peut se substituer à l’autre sans modifier le niveau de l’output.

Tout comme dans le cas du TMS du consommateur, on peut trouver une relation entre
le TMST et les contributions marginales des facteurs K et L. Une diminution de K de 𝛥𝐾
entraîne une diminution de l’output de MPK, avec MPK le produit marginal du capital. À
l’opposé, l’augmentation de L de 𝛥𝐿 pour compenser la baisse de K s’accompagne d’une
augmentation de l’output de MPL, avec MPL le produit marginal du travail. Le gain d’output
provenant de la hausse de L est compensé par la perte d’output provenant de la baisse de K.
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Ces forces sont de signes opposés. On a donc : −𝑀𝑃𝐾 𝛥𝐾 = 𝑀𝑃𝐿 𝛥𝐿

Figure 4-1 : Isoquants. La figure montre trois isoquants correspondant à trois niveaux de produit. Les points a et c sont
sur le même isoquant, mais alors que c utilise plus de travail, à utiliser plus de capital. Les points b et d permettent d’atteindre
un niveau de production supérieure. Le point d utilise les mêmes proportions de K et L que le point a. Enfin, le point e se trouve
sur un isoquant encore supérieur.

𝑇𝑀𝑆𝑇𝐴 = −𝛥𝐾/𝛥𝐿

𝛥𝐾

𝛥𝐿

Figure 4.2 : Le taux marginal de substitution technique. (Au point A, si 𝛥𝐾 unités de capital sont
soustraites, et 𝛥𝐿 unités de travail ajoutées au processus, le niveau de l’output se conserve à
y0.

Il en résulte la relation : −𝛥𝐾/𝛥𝐿 = 𝑀𝑃𝐿 /𝑀𝑃𝐾 , qui est le taux marginal de substitution
technique du travail, L, pour le capital, K et noté TMSTL,K. Le TMST (défini comme la
valeur absolue de la pente de l’isoquant, 𝛥𝐾/𝛥𝐿, qui est la même chose que - 𝛥𝐾/𝛥𝐿) est
ainsi égal au rapport des produits marginaux des deux inputs.

Isoquants particuliers. Tout comme les courbes d’indifférence en consommation, en


production les isoquants peuvent revêtir des formes particulières différentes de la forme
typique présentée dans la figure 4.3. Lorsque les inputs sont des substituts parfaits, les
isoquants sont des lignes droites comme dans le panel a de la figure 4.3 Un exemple de
substituts parfaits est l’essence provenant de deux stations différentes, Total et Shell, utilisée
pour effectuer un certain nombre de voyages dans le pays (la quantité de production est le
nombre de voyages). L’essence provenant des deux stations est parfaitement
interchangeable.

Lorsque les inputs sont des compléments parfaits, les isoquants épousent la forme de L,
comme dans le panel b de la figure 4.3. Un exemple est la combinaison de deux inputs, un
ordinateur PC et une dactylographe pour saisir une lettre. Ces deux inputs doivent être
combinés dans des proportions fixes : une dactylographe pour un ordinateur. Il ne sert à

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rien d’avoir deux ordinateurs pour une dactylographe ou deux dactylographes sur une
machine.

Figure 4.3 : Isoquants pour des inputs substituts parfaits ou compléments parfaits.

Le panel (a) représente le cas de substituts parfaits. Les isoquants sont des lignes droites à pente négative. Le même nombre
de voyages est obtenu pour une quantité donnée d’essence quelle que soit l’origine de cette essence (Mobil ou Total). Le panel
(b) représente le cas de compléments parfaits. Les isoquants présentent un angle droit. Les dactylographes et les PC sont des
compléments parfaits dans la saisie de lettres.

IV.1. Les rendements d’échelle

La propriété de la fonction de production qui permet d’analyser ce genre de questions, c’est-


à-dire la relation entre taille et efficacité est le concept de rendements d’échelle. Les
rendements d’échelle supposent que tous les inputs sont variables, il s’agit donc d’un
concept essentiellement de long terme. On distingue trois types de rendements d’échelle :
rendements croissants, rendements décroissants et rendements constants.

Rendements d’échelle croissants. Soit la fonction de production de la SFBS, y=F(K, L).


Pierre décide d’utiliser plus de chaque facteur, en achetant ou louant des machines et en
embauchant plus d’ouvriers. Supposer que dans le processus, K et L doublent de valeur.
On dit que le processus de production de la SFBS comprend des rendements d’échelle
croissant si l’output total augmente dans une proportion plus importante que les facteurs.
Par exemple, en doublant les quantités des facteurs, la quantité produite triple. De façon
générale, supposer que chaque input est multiplié par un nombre h>1, de façon que la
combinaison devient (hL, hK). Les rendements croissants existent si le produit est multiplié
par un nombre supérieur à h : y*>h.y, avec y* la quantité produite avec la nouvelle
combinaison (hL, hK), et y la quantité obtenue de la combinaison (L, K).

Les rendements d’échelle croissants résultent parfois du processus de division du travail


conduisant à une spécialisation des travailleurs. C’est ce qu’un auteur comme Adam SMITH
avait déjà analysé au 18è siècle dans son livre « richesse des nations ». Lorsque les rendements
sont croissants, il est plus efficace d’avoir de grandes firmes que de petites.

Rendements d’échelle constants. Lorsqu’une augmentation proportionnelle des inputs


s’accompagne de l’augmentation de la production dans la même proportion, on dit que les
rendements d’échelle sont constants. En doublant tous les inputs, la production double. La
taille de la firme dans une telle situation ne joue plus de rôle particulier, elle peut être petite
ou grande.

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Rendements d’échelle décroissants. Lorsque l’augmentation de tous les inputs dans une
même proportion conduit à une augmentation du produit dans une moindre proportion, on
dit que les rendements d’échelle sont décroissants. Ainsi, une taille élevée devient un
handicap. Dans ce cas les firmes auront tendance à être de petite taille.

Exemples pour illustratif : Soit la fonction 𝑞 = 𝐿𝑎 𝐾 𝑏 et 𝑦 = 2𝐾 + 3𝐿. Les rendements


d’échelle sont-ils constants, décroissants ou croissants ?

V. Les coûts de production

Le coût supporté par la firme comprend les coûts avancés pour les inputs variables et fixes.
Équation de coût et ligne d’isocoût. Supposons que la firme utilise deux facteurs K et L. Les
deux facteurs sont échangés sur un marché à des prix fixes, r pour K et w pour L. L’équation
de coût de la firme est :
c = rK + wL
C représente le coût total supporté par la firme lorsqu’elle emploie K unités de capital et
L unités de travail. Cette équation rappelle celle de la droite du budget du consommateur.
La ligne d’isocoût s’obtient en considérant toutes les combinaisons de K et L qui aboutissent
au même coût. Si le coût total s’établit à C0, la droite d’isocoût est donnée par l’équation
C0=rK + wL. Dans l’espace (L, K), on obtient K en fonction de L. 𝐾 = (𝐶0 /𝑟) − w/𝑟)𝐿 .

Figure : Lignes d’isocoût. Le coût augmente dans le sens de la flèche.

Catégorisation des coûts : Coût économique et coût privé. Il existe une différence entre le
concept comptable de coûts et le concept économique de coût. En comptabilité, on ne compte
que les coûts tangibles. Le coût économique comprend le coût d’opportunité, en plus des
coûts réellement supportés.

Du point de vue de la société le coût est la valeur des facteurs utilisés dans la production.
En supposant que les facteurs (travail, capital, ressources naturelles) sont pleinement
employés, le coût d’un processus représente la valeur de tous les facteurs qui ont été
détournés d’autres usages parce qu’utilisés dans ce processus. Du point de vue social, le
coût traduit ainsi la rareté. L’économiste adopte cette définition du coût au sens de coût
d’opportunité.

Du point de vue de la firme, le coût représente la dépense monétaire pour engager les
facteurs de production (travailleurs, gestionnaires, terre, machines, usines, intrants
matériels). Le coût comptable (ou coût privé) de la firme est ainsi différent du coût
économique. Le coût privé est une composante du coût social ou économique. Un exemple
de coût social qui n’est pas inclus dans le coût privé est celui des externalités (par exemple,
si une firme produit en polluant l’atmosphère, ce coût n’est pas supporté par la firme mais
par d’autres, comme les résidents des environs de l’implantation de la firme).

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Coûts implicites et coûts explicites. Certains coûts sont facilement discernables alors que
d’autres ne le sont pas. On doit cependant comptabiliser tous les coûts. Considérer le cas du
boutiquier du quartier qui possède sa propre affaire. Les coûts supportés comprennent le
salaire d’un aide (issu de la famille), l’électricité, le loyer de la place : ce sont les coûts
explicites. Les coûts implicites comprennent le temps personnel du propriétaire de la
boutique (il passe 14 heures par jour et 7 jours par semaine à vendre et superviser) et le
capital investi (les étagères et autres aménagements ont coûté 150 000 F). Ces coûts sont
souvent ignorés, ce qui ne devrait pas être le cas. Par exemple, au lieu de travailler dans sa
propre boutique le boutiquier pourrait trouver un emploi à 32.500 F par mois. De même les
150 000 F d’aménagement auraient pu être déposés dans une banque et produire des intérêts
de 3,5% par an. Le coût implicite du capital est donc de 5250 F. Celui de la main d’œuvre
32.500 F / mois.

Coûts irrécupérables. Les coûts irrécupérables sont des coûts qui ne peuvent pas être modifiés
ou évités par la firme dans ses décisions courantes ou futures. Dans ce sens, les coûts
irrécupérables ne doivent pas intervenir dans les calculs de la firme. Contrairement au coût
d’opportunité qui est intangible et doit être pris en compte dans le calcul du coût
économique (ou social), le coût irrécupérable est parfois bien tangible (vous l’avez sorti de
votre poche) mais ne doit pas être considéré dans les calculs ultérieurs.

Le profit : Le profit d’une entreprise est défini comme la différence entre les recettes et
le coût de production. Etant donné la distinction entre coût comptable et coût social, on
distingue aussi le profit comptable du profit économique.

Profit comptable. Le profit comptable est la différence entre les recettes totales et le coût
comptable. Le coût comptable ne comprend que les coûts qui sortent de la poche de
l’entrepreneur.

Profit économique. Le profit économique est la différence entre recettes totales et le coût
social. Le coût social inclut le coût d’opportunité des facteurs. Soit une firme produisant un
seul produit, en quantité y. Si p est le prix unitaire et C le coût total, le profit est : 𝜋 = py −
C

En économie, lorsqu’on parle de profit, on entend le profit économique. Supposer qu’un


propriétaire de cour dans une ville dispose d’une pièce indépendante qu’il utilise pour sa
petite entreprise de blanchissage. Par mois, soit y = 600 le nombre d’habits blanchis, et soit
p = 50 F le prix moyen par habit. Le propriétaire embauche un parent qu’il paie à 500 F par
jour pour 26 jours par mois. La pièce peut être alternativement louée à 20 000 F par mois à
une petite entreprise qui veut y établir un télécentre. Le propriétaire de la cour doit-il
continuer de tenir sa petite affaire de blanchissage ?

Le profit comptable de l’entreprise est : 𝜋 = py − wL = 50 ∗ 600 − 500 ∗ 26 = 17000 par mois.


L’entreprise semble rentable dans cette situation. Cependant la location de la pièce est plus
rentable car elle rapporte 20.000 F/mois. Ce n’est donc pas le concept à utiliser.

20.000
En utilisant le concept économique on a : 𝜋 = py − wL − mois = 50 ∗ 600 − 500 ∗ 26 −
20.000 = −3000 F. Ainsi, le profit économique est négatif. Le propriétaire devrait fermer son
entreprise de blanchissage et mettre sa maisonnette en location.

La rente économique. La rente économique a une relation avec le coût d’opportunité. Considérer un
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individu détenant un diplôme de doctorat en économie. Cet individu peut travailler dans un cabinet privé
et avoir un salaire de 500 000 FCFA par mois, ou travailler dans une institution publique et gagner un
salaire de 200 000 FCFA par mois. Supposer que mis à part la différence de salaire, l’individu se
satisferait également de chacun de ces boulots. Le coût d’opportunité de travailler dans le cabinet privé
est le revenu que l’individu gagnerait dans la meilleure alternative, soit 200 000 FCFA. La rente
économique est le différentiel de revenu nécessaire pour que l’individu accepte de travailler dans le cabinet
privé. Ici la rente économique est de 300 000 FCFA par mois.

La rente économique est le surplus payé pour un facteur de production pour pouvoir l’utiliser dans un
processus de production donné. La rente économique est souvent liée à la rareté d’un facteur.

VI. La combinaison optimale des facteurs de production

La firme recherche les meilleures combinaisons de facteurs pour produire le maximum


d’output (ce qui signifie opérer sur sa fonction de production) au moindre coût.

La technologie représentée par les isoquants, l’équation de coût et la ligne d’isocoût constituent les
éléments de base pour étudier le comportement de choix des combinaisons de facteurs par la firme.
Ce choix permet de trouver le coût réellement supporté par l’entreprise, une étape essentielle à
l’évaluation de son profit.
Supposons que la firme se fixe une quantité de produit à atteindre par une combinaison appropriée
de facteurs. Quel que soit le niveau y de l’output, on peut supposer que la firme (à travers ses
managers) désirera produire cette quantité au moindre coût. Si la firme peut produire à moindre coût,
elle peut accroître ses profits. La maximisation du profit nécessite donc la minimisation du coût.

Minimisation du coût. Représentons dans le même graphique l’isoquant de la firme et sa droite d’isocoût
(figure ci-dessous). Pour un niveau de produit donné, l’isoquant est fixe. Les droites d’isocoût se
déplacent selon le niveau du coût total, les droites à coût bas étant le plus proche de l’origine.

Figure 6.1 : Problème de minimisation de coût. Le


niveau de la production est donné par l’isoquant y0.
Le point de tangence entre l’isoquant et la droite
d’isocoût C* donne le point de combinaison
optimale en A(L*,K*). En ce point le coût total est
C*=rK*+wL* qui représente la dépense minimale de
l’entreprise pour produire le niveau y0 d’output.

Comment la firme choisit-elle la combinaison qui donne le moindre coût ?

L’isoquant étant fixe, la firme doit jouer sur l’emplacement des droites d’isocoût. Considérer
les points A et B. Les combinaisons en ces points permettent de produire le même niveau de
produit y0, mais à des coûts différents. Le point B coûte plus cher (C1>C*). Tout point autre
que A sur l’isoquant y0 comporte un coût plus élevé qu’au point A. Le point A donne la
combinaison à coût minimum.
Au point A, la droite d’isocoût est tangente à l’isoquant. En ce point les pentes des deux
courbes sont donc égales. On se rappelle que la pente (en valeur absolue) de la droite
d’isocoût est le rapport des prix des facteurs, w/r. Quant à l’isoquant, sa pente (en valeur

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absolue) est donnée par le rapport des produits marginaux, MPL/MPK, qui est aussi le TMST.
Au point optimal, on a donc :
𝑀𝑃𝐿 w
= = 𝑇𝑀𝑆𝑇𝐿,𝐾
𝑀𝑃𝐾 r

Ceci peut aussi s’écrire sous la forme :


𝑟 𝑤
=
𝑀𝑃𝐾 𝑀𝑃𝐿
Cette égalité a une interprétation économique intéressante. Supposons que la firme en
question est la SFBS et que y (le produit) représente la quantité de briques produite en
utilisant le travail et le capital. La quantité MPK représente la quantité de briques produite
avec une unité additionnelle de capital, qui coûte r Francs CFA. Le rapport r/MPK est donc
le coût pour produire une brique supplémentaire en utilisant du capital à la place de travail.
De même le rapport w/ MPL représente le coût pour produire une brique additionnelle à
partir du travail se substituant au capital. Si les deux rapports étaient différents, les quantités
de capital et de travail ne seraient pas des quantités d’équilibre, car une petite modification
des quantités des deux facteurs pourrait faire baisser le coût. En effet, supposer que le rapport
r/MPK soit supérieur. Dans ce cas, une brique additionnelle coûte plus cher en utilisant du
capital que du travail et la firme SFBS baisserait son coût en utilisant du travail à la place
du capital. Le résultat inverse s’obtient si le rapport w/MPL est supérieur. L’équilibre
(compris comme le point où la firme n’a aucune incitation à modifier sa combinaison des
deux facteurs) exige donc l’égalité entre les deux rapports.
Fonction de coût. La fonction de coût est le coût minimum pour produire tout niveau donné
d’output y. La dérivation de la fonction de coût suit la logique suivante. Pour tout niveau de
produit y, on détermine la combinaison optimale de K et L qui minimise le coût pour
produire y. Lorsqu’on fait varier y, on obtient les différents coûts minima. Le lieu de tous
points traduit le sentier d’expansion du produit (figure 6.2). Pour avoir la fonction de coût,
choisir un niveau de produit quelconque sur le sentier d’expansion et déterminer la droite
d’isocoût qui passe par ce point. Ensuite, assigner le coût correspondant au niveau d’output.
En répétant ceci pour tous les niveaux d’output, on obtient la fonction de coût.
La fonction de coût sera notée C(y), qui représente le coût minimum pour tout niveau de
produit y.

Figure 6.2 : Sentier d’expansion de l’output.


Lorsque le niveau de l’output varie, le lieu des points de coût minimum est le sentier d’expansion. La
fonction de coût peut se déduire à partir du sentier d’expansion.

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VII. Les courbes de coûts

VII.1. Les différents concepts de coût

Toutes les courbes de coût se dérivent à partir de la courbe de coût total. On distingue les
coûts fixes des coûts variables, dont la somme donne le coût total. Les autres concepts qui se
dérivent de ces coûts sont le coût marginal et le coût moyen.

Coûts fixes ( CF). Les coûts fixes sont les coûts des facteurs fixes. Les quantités des facteurs
fixes ne pouvant varier, le coût fixe est par définition constant pour tous les niveaux de
l’output. À court terme, le coût fixe n’intervient pas dans la décision de la firme. Les coûts
fixes peuvent varier à long terme cependant et deviennent importants dans les décisions de
long terme de la firme.

Coûts variables (CV). Les coûts variables sont les coûts des facteurs variables. Les quantités
de ces facteurs varient avec le niveau de l’output. Les coûts variables étant fonction de
l’output, s’expriment comme CV(y).
Dans l’exemple de la firme SFBS, le coût associé à la bétonneuse est le coût fixe. Supposons
qu’au lieu d’utiliser sa bétonneuse dans son entreprise, Pierre ait l’option de la louer au coût
de 100 000 FCFA par an. Ce coût d’opportunité de la bétonneuse est son coût à considérer
dans les calculs. Supposons que le coût variable issu de l’emploi de la main d’œuvre soit
CV(y)=25y. Le coût total est : CT = CF + CV = 100.0000 + 25y.
Si y la quantité de briques produites dans l’année, CT est le coût total lié au processus de production.

Coût marginal (MC). Le coût marginal est l’incrément du coût total résultant d’un petit accroissement
de la quantité produite. Mathématiquement, 𝑀𝐶 = ∆𝐶/∆𝑦. Le coût marginal est ainsi le rythme
d’accroissement du coût total suite à une augmentation de la production. Le coût marginal est donc
la pente de la courbe de coût total.

Coût moyen (AC). Le coût moyen est le coût par unité produite. En symboles, AC(y)=C/y. Le
coût moyen sert à juger de la performance moyenne de la firme en termes de coûts. Quand
les coûts unitaires peuvent être réduits, la firme est à même d’accroître ses profits.

Le coût moyen peut être décomposé en coût variable moyen et en coût fixe moyen :

𝐶(𝑦) 𝐶𝑉+𝐶𝐹 𝐶𝑉 𝐶𝐹
𝐴𝐶 = 𝑦
+ 𝑦 = 𝑦
+ 𝑦
.

Coût variable moyen (CVM). Ce coût représente le coût variable par unité de produit :
CVM(y)=CV/y.

Coût fixe moyen (CFM). C’est le coût fixe par unité de produit : CFM=CF/y.

Les différents types de coûts sont représentés dans la figure 7.3 La figure décrit les relations
entre les différentes courbes.

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Figure 7.3- Coût total, coût marginal, coût moyen, coût variable moyen et coût fixe moyen.

Dans le panel (a), C(y) est le coût total de la firme. La courbe de coût fixe CF est horizontale, reflétant son invariance.
Le coût variable est la distance verticale entre ces deux courbes. Le coût marginal, MC, est la pente de la courbe de
coût total. La courbe MC atteint son minimum dans le panel (b) au point ou la pente de la courbe de coût total est
minimum. La courbe de coût moyen AC, décroit tant que le coût marginal se trouve en dessous. AC atteint son
minimum au point ou MC la coupe. Le coût variable moyen, CVM atteint son minimum quand MC coupe cette courbe.
Le coût fixe moyen, CFM, est la distance verticale entre le coût moyen (AC) et le coût variable moyen (CVM). Comme
le coût fixe moyen décroit avec le niveau de l’output, la distance verticale entre AC et CVM se rétrécit progressivement
quand le niveau de l’output augmente.

VII.2. Coûts et période


Coûts de court terme. Comme certains facteurs sont fixes, la courbe de coût dérivée par
minimisation du coût représente le coût de court terme de la firme. Dans le court terme, la
firme ajuste les facteurs qui sont variables et ignore le reste. Les différents types de coûts sont
aussi définis dans le court terme. On a les concepts suivants :
- Coût total de court terme (CTCT)=Coût variable de CT (CVCT) + Coût fixe (CF)
- Coût moyen de court terme (ACCT)=CTCT/y
- Coût variable moyen de court terme (CVMCT)=CVCT/y
- Coût marginal de court terme (MCCT)= CTCT/ y = CVCT/ y.

Coûts de long terme. Dans le long terme, tous les facteurs deviennent variables et leurs
niveaux d’utilisation sont sous le contrôle du manager de la firme. Par exemple, avant
l’installation d’une usine, les différentes combinaisons du capital et du travail sont toutes
possibles, aucun facteur n’est fixe et par conséquent il n’y a pas de coût fixe. Noter que le
coût de long terme ne s’obtient pas en annulant tout simplement le coût fixe. Il se dérive
selon des méthodes appropriées : les facteurs qui étaient fixes deviennent variables et le
manager d e la firme a la possibilité de déterminer leur utilisation optimale. On a les
concepts de long terme suivants :
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- Coût total de long terme (CTLT) se confond avec le coût variable de LT (CVLT) car
les coûts fixes (CF) sont nuls.

- Coût moyen de long terme (ACLT)=CTLT/y

- Coût marginal de long terme (MCLT)= CTLT/ y.

Coûts de long terme et rendements d’échelle. Il existe une relation entre les rendements
d’échelle définis à partir de la fonction de production et la fonction de coût de long terme.
Soit C(y) le coût de production de y unités de produit dans le long terme.
Supposer que la fonction de production soit à rendements constants. Si on multiplie les
quantités des facteurs par 2, la quantité d’output est multipliée par 2. Soit C (1) le coût de
production d’une unité de y. Alors, 2C(1) est le coût pour produire 2 unités de y, car 2
unités de y nécessite 2 fois autant d’inputs que 1 unité de y. Ceci est vrai pour tout multiple
d’output. Le coût unitaire de production est donc le même pour toute quantité produite : le
coût moyen est constant pour un processus de production caractérisé par des rendements d’échelle
constants. Le coût moyen est une ligne horizontale.

Si l a f o n c t i o n d e p r o d u c t i o n p o s s è d e d e s r e n d e m e n t s d ’ é c h e l l e
c r o i s s a n t s , o n p e u t montrer que le coût moyen est décroissant. Les rendements étant
croissants, la multiplication des inputs par 2 entraîne plus qu’un doublement du produit.
Supposer que le produit est multiplié par k>2, de manière que le nouveau produit est y’=ky.
Le nouveau coût, C(y’) est simplement 2C(y). Le nouveau coût moyen est
C(y’)/y’=2C(y)/ky=(2/k)C(y)/y. Comme 2/k<1 (parce que k>2), on a nécessairement
C(y’)/y’<C(y)/y.

Il en résulte que lorsque les rendements d’échelle sont croissants, le coût moyen est
décroissant.
Si la fonction de production est à rendements décroissants, un raisonnement
similaire montre que le coût moyen est croissant : le coût moyen croît lorsque les rendements
d’échelle sont décroissants.

VII.3. Économie d’envergure


Nous terminons cette analyse des coûts par le concept d’économie d’envergure. On dit
qu’un processus d e p r o d u c t i o n comporte des économies d’envergure si la production
combinée de deux ou plus de deux produits est moins coûteuse que la production séparée
des m ê m e s p r o d u i t s . Les é c o n o m i e s d ’ e n v e r g u r e n a i s s e n t l o r s q u e l e s
p r o c e s s u s d e production combinés partagent les mêmes inputs essentiels, comme le
management, les services de marketing ou des infrastructures de production.

Le degré de présence d’économies d’envergure est mesuré en comparant le coût de production


dans un processus combiné à la somme des coûts de production lorsque les processus sont
séparés. Soit C(x) le coût de production du bien x et C(y) le coût de production du bien y, et
C(x, y) le coût d’une production jointe des deux biens. La réduction de coût résultant de la
présence d’économies d’envergure est :
C(x) + C(y)
𝐸𝑒𝑛𝑣𝑒𝑟𝑔𝑢𝑟𝑒 = −1
C(x, y)

E est positif si le numérateur de la partie fraction est supérieur à son dénominateur. E donne
l’économie de coût [C(x) + C(y) - C(x, y)] en proportion du coût de la production combinée,

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C(x, y).

VIII. Le surplus du producteur

Surplus du producteur. C’est la somme du profit économique et des coûts fixes. En d’autres
termes, la recette totale diminuée des coûts variables. Le surplus du producteur est représenté
par la surface entre la courbe d’offre du producteur et le prix du marché.

Variation du surplus. La variation du surplus du producteur résulte de la variation du prix.

Table des matières

Chapitre IV : Le comportement de l’entreprise................................................................................ 1

II. Les facteurs de production ............................................................................................................. 3

III. La fonction de production ............................................................................................................. 3

III.1. Produit total, produit marginal et produit moyen ............................................................. 4

III.2. Les différentes régions de la production .................................................................................... 5

III.3. Rendements décroissants ........................................................................................................... 5

IV. Production avec deux facteurs variables ................................................................................ 7

IV.1. Les rendements d’échelle....................................................................................................... 9

V. Les coûts de production................................................................................................................ 10

VI. La combinaison optimale des facteurs de production ............................................................ 12

VII. Les courbes de coûts .................................................................................................................. 14

VII.1. Les différents concepts de coût ......................................................................................... 14

VII.2. Coûts et période ................................................................................................................... 15

VII.3. Economie d’envergure........................................................................................................ 16

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