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 60-615-M-10

La douleur et son traitement


chez l’adulte夽
A. Coutaux
La douleur est le premier motif de consultation en médecine. Par son intégration à la
fois sensorielle et émotionnelle qui en fait une expérience unique, elle est toujours ce
que la personne nous dit qu’elle est. D’évaluation difficile surtout lorsqu’elle persiste au-
delà du délai habituel de guérison de sa cause, elle nous amène à dépasser le clivage
entre somatique et psychique et il appartient au soignant d’en comprendre les diffé-
rentes composantes afin de proposer la thérapeutique la plus adaptée. De nombreux
traitements médicamenteux existent et l’Organisation mondiale de la santé a montré
qu’une meilleure connaissance de leur maniement pouvait permettre un soulagement
satisfaisant de plus de 80 % des patients souffrant de cancer. La réalité des patients est
cependant toute différente et nombre d’entre eux sont encore insuffisamment traités.
Une prise en charge plus précoce et adaptée de la douleur à son stade aigu devrait per-
mettre une diminution du nombre de personnes souffrant de douleur chronique estimé
à 20 % de la population générale.
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Mots-clés : Douleur aiguë ; Douleur chronique ; Douleur neuropathique ; Antalgiques ;


Approches non médicamenteuses ; Modèle biopsychosocial

Plan ■ Modalités d’instauration d’un traitement antalgique 14


■ Autres molécules utilisées dans le traitement
■ Introduction 1 des douleurs neuropathiques 15
■ Les traitements médicamenteux de la douleur 2
Les antalgiques : apports de cette dernière décennie 2
Une nouvelle classification des thérapeutiques antalgiques
médicamenteuses pour remplacer celle de l’OMS 4
 Introduction
■ Les thérapeutiques non médicamenteuses 4 La douleur a été définie par l’Association internationale
Les techniques de contre-irritation : TENS, stimulation d’étude de la douleur en 1973 comme étant « une expé-
médullaire, acupuncture 5 rience sensorielle et émotionnelle désagréable en rapport
Les méthodes psychocorporelles 5 avec une lésion réelle, potentielle ou décrite en termes
■ Les douleurs aiguës par excès de nociception : d’une telle lésion ».
urgence du traitement ! 5 Si le stimulus nociceptif est souvent généré en périphé-
Principes généraux 6 rie (stimulation nociceptive), l’expérience douloureuse,
Penser aux douleurs liées aux soins 7 phénomène complexe associant des composantes sen-
Les douleurs liées aux cancers 7 sorielle, affective, cognitive et comportementale, résulte
de la mise en jeu de nombreux systèmes activateurs
■ Les douleurs chroniques : justesse de l’évaluation
et/ou inhibiteurs, intervenant aux différents niveaux
initiale ! 7
de transmission et d’intégration du stimulus. Elle est
La douleur chronique : généralités 7
comme toutes nos perceptions, subjective. Elle dépend
Évaluation du patient douloureux chronique 8
d’un nombre important de facteurs – qu’il est parfois
Traitement du patient souffrant de douleur chronique :
difficile d’appréhender et d’évaluer : gènes, croyances,
principes généraux 8
peurs, attentes, expériences antérieures, compréhension
■ Les douleurs neuropathiques 9 de la situation, motivations... (pour une revue détaillée
Définition des douleurs neuropathiques 9 voir [1] ) – et du contexte dans lequel cette expérience
Diagnostic des douleurs neuropathiques 9 survient (traumatisme ? Événements de vie significatifs :
Traitement des douleurs neuropathiques 9 deuil...).
■ Conclusion 10 Il n’y a donc pas une mais des douleurs.
■ Les antidépresseurs à visée antalgique 13 Il existe cependant des grands cadres nosographiques
en fonction de son profil évolutif (douleur aiguë ou chro-
■ Les anti-épileptiques à visée antalgique 13 nique), de son intensité, du mécanisme causal (nociceptif,
■ Les techniques de contre-stimulation 13 neuropathique, dysfonctionnel, psychogène ou mixte),
La neurostimulation transcutanée (NSTC) 13 de son impact sur la qualité de vie... De même, il n’existe
La stimulation médullaire épidurale (SME) 14 pas de traitement de la douleur codifié a priori : chaque
L’acupuncture 14 traitement est unique, adapté au patient et à son histoire

EMC - Savoirs et soins infirmiers 1


Volume 14 > n◦ 2 > mai 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S1877-7848(19)42227-2
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60-615-M-10  La douleur et son traitement chez l’adulte

Tableau 1.
Les différents mécanismes générateurs de douleurs.
Type de douleur Physiopathologie Exemples
Douleur nociceptive Mise en jeu d’un système d’alarme par une stimulation persistante et/ou de Arthrose
forte intensité des nocicepteurs périphériques = douleur physiologique Fracture, brûlure, métastase
osseuse
Douleur neuropathique En lien avec une lésion du système nerveux central ou périphérique. Elles Radiculalgie aiguë ou
sont souvent d’évolution chronique et réfractaire chronique, zona, AVC
Douleur dysfonctionnelle Douleur liée à un dysfonctionnement pouvant intervenir à différents Fibromyalgie, cystite
niveaux de la transmission ou de la modulation des messages nociceptifs interstitielle, céphalées de
sans lésion identifiée tension, colopathie
fonctionnelle
Douleur psychogène Douleur associée à un diagnostic de maladie psychiatrique (hypochondrie, Douleur thoracique liée à
dépression...) ou liée avant tout à des facteurs psychologiques ou l’anxiété, douleurs diffuses
émotionnels alors qu’il n’existe, objectivement, aucune lésion anatomique retrouvées au cours des
ou organique susceptible d’expliquer la survenue des douleurs dépressions

AVC : accident vasculaire cérébral.

et nécessite une évaluation précise, globale, de ces peu sous forme de patchs contenant de la capsaïcine
différentes composantes somatiques, psychocomporte- à forte concentration (8 %) commercialisés sous le
®
mentales et sociales. nom de Qutenza . Ils sont indiqués dans le traitement
Nous aborderons ici de manière schématique le traite- des douleurs neuropathiques localisées (dimension de
ment de la douleur en situation aiguë devant une douleur la zone douloureuse inférieure à une feuille de for-
nociceptive, ou en situation chronique devant des dou- mat A4) en échec des traitements médicamenteux
leurs neuropathiques qu’il conviendra alors d’adapter usuels (antidépresseurs et antiépileptiques). La capsaï-
pour chaque situation clinique (les différents méca- cine, amide extrait du paprika, possède des propriétés
nismes générateurs des douleurs sont rappelés dans le analgésiques du fait de sa neurotoxicité sur les fibres C.
Tableau 1). C’est un antagoniste très sélectif des récepteurs TRPV1
impliqués dans la transmission et la modulation des
messages nociceptifs. Elle entraîne un relargage en péri-
 Les traitements phérie des granules contenant des molécules algogènes
comme la substance P et le CGRP (Calcitonin Gene
médicamenteux de la douleur Related Peptide), responsable de sensations de brû-
lure intense en début de traitement et qui s’estompent
Une bonne connaissance des traitements antalgiques rapidement. Leur utilisation a été validée en 2013 [2]
(indications, mode d’action, effets indésirables, posolo- dans les douleurs post-zostériennes et les neuropathies
gie efficace, interactions médicamenteuses...) et de leur liées au virus du VIH avec une efficacité persistante
maniement est indispensable. Les principaux traitements au-delà de 12 semaines après application. Actuelle-
antalgiques sont présentés dans le Tableau 2. Une pré- ment son emploi n’est plus réservé exclusivement aux
sentation plus détaillée des thérapeutiques antalgiques structures d’évaluation et de traitement de la douleur,
médicamenteuses (antalgiques et autres médicaments) est mais son indication doit être validée par un médecin
faite dans l’article « Traitement de la douleur en rhumato- algologue ;
logie » de l’EMC Appareil locomoteur (vol. 9, no 4, octobre • la commercialisation d’extraits du cannabis : le Sativex
®

2014, 15-918-A-47) auquel il conviendra de se référer aux (nabiximols) réservé à des patients souffrant de spasti-
Annexes A et B. cité dans le cadre de la sclérose en plaque (autorisation
de mise sur le marché [AMM] française). Il se présente
sous la forme d’un spray buccal qui délivre deux extraits
Les antalgiques : apports de cette végétaux de cannabis (delta-9-tétrahydrocannabinol et
dernière décennie cannabidiol). Il est utilisé dans de nombreux pays euro-
De nouvelles spécialités par voie générale péens. En France son utilisation dans le traitement
des douleurs notamment neuropathiques est toujours
ou locale débattue ;
En dehors de la suppression du clonazepam dont la • le développement de biothérapie dans le traitement
prescription est actuellement réservée aux neurologues ou des douleurs avec notamment des anticorps anti-Nerve
aux pédiatres, de nouvelles thérapeutiques sont mainte- Growth Factor (NGF) (tanezumab et fasinumab : une
nant disponibles. injection sous-cutanée tous les 2 mois). Le NGF, syn-
On retiendra : thétisé par les macrophages, mastocytes ou certains
• une « nouvelle » association à base de paracétamol lymphocytes T, est impliqué dans la sensibilisation
®
(500 mg) et d’opium (25 mg) (Izalgi ), recommandée des nocicepteurs par l’intermédiaire de son récepteur
dans les douleurs nociceptives d’intensité modérée à TrKA. En périphérie, il entraîne le relargage de la sub-
sévère (4 gélules par jour) ; stance P et du CGRP qui participent à l’inflammation
• des nouvelles spécialités de fentanyl transmuqueux neurogène et à l’hyperalgésie, et il participe au dévelop-
(sous forme de spray par voie nasale ou de comprimés pement de la sensibilisation centrale par l’intermédiaire
par voie gingivale) indiquées chez des patients souf- du Brain Derived Neurotrophic Factor dont il module
frant d’accès douloureux paroxystiques liés au cancer, l’expression. Les études de phase III sont actuelle-
par ailleurs déjà traités et stables par morphiniques. ment en cours chez des patients souffrant de douleurs
Leur intérêt résulterait dans une efficacité plus rapide chroniques. Le développement de ses molécules a été
que les autres formes de morphiniques à libération ralenti par l’apparition d’ostéonécrose chez certains
rapide ; patients traités par des anti-inflammatoires non stéroï-
• un nouveau traitement à base de capsaïcine. La cap- diens (AINS). Ces traitements devraient être disponibles
saïcine peut être obtenue sous forme de préparation dans les années 2018–2019 et contre-indiqués en asso-
magistrale faiblement dosée en pharmacie, et depuis ciation aux AINS [3] .

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La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10

Tableau 2.
Les principaux antalgiques.
Molécules Posologie Dose d’équianalgésie
Produit/morphine
Palier 1 : antalgiques dits périphériques
Paracétamol Cp, gel, suppo, cp effervescent dosé à 500 ou NA
1000 mg
4 prises par jour. Max 4 g/24 h
Anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) Nombreuses spécialités à posologie antalgique ou NA
anti-inflammatoire
Per os, pommade, injectable, suppositoire. En cure
courte le plus souvent
Nefopam : Ampoule à 20 mg/2 ml i.m. ou i.v. lent NA
®
Acupan Max 6 ampoules/j
Palier 2 : les opioïdes faibles
Dihydrocodéine : Cp à 60 mg LP 60 mg/20 mg
®
Dicodin LP 2 prises/j
Codéine : 60 mg/10 mg
Association paracétamol/codéine : Cp à 500 mg/30 mg, 400 mg/20 mg, 600/60 mg
® ® ®
Dafalgan codéiné , Codoliprane , Klipal 1 à 2 cp/prise
(liste non exhaustive) Max 8 cp/j
Opium associé : 25 mg/2,5
®
– au paracétamol : Izalgi Cp à 25/500 mg 4 prises par jour
®
– à la caféine : Lamaline Gel à 10/300/600 mg jusqu’à 8 gel/j
Chlorydrate de tramadol : Cp à 50, 100, 150, 200 LP sur 12 h 50 mg/10 mg
® ® ®
Zamudol , Contramal , Topalgic , Cp à 50, 10, 150, 200 mg
®
Takadol ... Cp sécables à 100 mg
® ®
Monoalgic , Monocrixo Cp à 150, 200, 300 mg LP sur 24 h
Associé au paracétamol : Max 400 mg/j
® ®
Zaldiar , Ixprim 325 mg/37,5 mg
Max 8 cp/j
Palier 3 : les opioïdes forts
Les agonistes partiels (effet plafond)
Buprénorphine : Cp à 0,2 mg sublingual 0,8 mg/10 mg
®
Temgésic Max 12 cp/j (sublingual)
Les agonistes purs
®
Chlorhydrate de morphine : Oramorph Ampoule à 1, 10, 50 ou 100 mg 10 mg/10 mg
Flacon unidose à 10, 20, 30, 100 mg
Sulfate de morphine :
® ®
Skénan ou Moscontin Cp ou gel à 10, 30, 60, 100, 200 mg LP 10 mg/10 mg
® ®
Sevredol ou Actiskénan Cp à 10 ou 20 mg LN
Gel à 5, 10, 20, 30 mg
Fentanyl transcutané : Patch à 12, 25, 50, 75,100 ␮g/h 25 ␮g/60 à 90 mg/j
® ®
Durogésic , Matrifen Un patch/72 h
Fentanyl transmuqueux : CP à 200, 300, 400, 600, 800 ␮g
®
Actiq dispositifs buccaux 100, 200, 300, 400, 600, 800 ␮g
®
Abstral cp sublingual 133, 267, 400, 533, 800 ␮g
®
Recivit cp sublingual 100, 200, 400, 600, 800 ␮g
®
Effentora cp gingival 200, 400 ␮g
®
Breakyl film orodispersible 50, 100, 200 ␮g
®
Instanyl sol nasale 100, 400 ␮g
®
Pecfent sol nasale
Chlorhydrate d’hydromorphone : Cp à 4, 8,16, 32 mg 4 mg/30 mg
®
Sophidone LP
Chlorhydrate d’oxycodone :
®
Oxycontin LP Cp à 10, 20, 40, 80 mg 5 mg/10 mg
®
Oxynorm LI Gel à 5, 10, 20 mg
®
Oxynorm ORO Forme orodispersible

Des données nouvelles sur l’efficacité nombre de patients qu’il est nécessaire de traiter (number
des traitements dans les douleurs needed to treat : NNT) pour en soulager un de 50 % est
rapporté dans le Tableau 3.
neuropathiques (NNT)
La publication de nouvelles études [4] portant sur De nouvelles préoccupations concernant
l’évaluation des traitements des douleurs neuropathiques
l’utilisation des morphiniques
a conduit à apporter quelques modifications dans les
recommandations préexistantes. Ainsi il semble que les dans la douleur chronique
traitements recommandés aient finalement une moins • L’utilisation des morphiniques forts dans le traite-
bonne efficacité que rapportée précédemment, confir- ment des douleurs non cancéreuses fait l’objet d’un
mant le caractère souvent réfractaire de ces douleurs. Le débat historique réactivé cette dernière décennie par

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Tableau 3.
Efficacités des traitements recommandés dans les douleurs neuropathiques [4] .
Molécules NNT NNH
(posologie quotidienne) Nombre de patients traités pour en (IC 95 %)
améliorer un de 50 % (IC 95 %)
Antidépresseurs tricycliques 3,6 (3–4,4) 13,4 (9,3–24,4)
Inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline 6,4 (5,2–8,4) 11,8 (9,5–15,2)
(duloxétine 60–120 mg ; fluoxétine 150–225 mg)
Gabapentinoïdes
- Prégabaline (300–600 mg) 7,7 (6,5–9,4) 13,9 (11,6–17,4)
- Gabapentine (1200–3600 mg) 6,3 (5–8,3) 25,6 (15,3–78,4)
Tramadol 4,6 (3,6–6,7) 12,6 (8,4–25,3)
Morphine et dérivés 4,3 (3,4–5,8) 11,7 (8,4–19,3)
(Efficacité semble maximale pour 180 mg de morphine ou équivalent)
Cannabinoïdes Une seule étude négative dans la SEP
Capsaïcine 8 % 10,6 (7,4–19) NA

l’augmentation nette des décès par mésusage de ces pro- d’un traitement antalgique chez des patients souffrant de
duits aux États-Unis. Entre les années 2000 et 2014, cancer. Cette classification est basée sur l’intensité de la
le taux de décès par overdose d’opioïdes (héroïne et douleur du patient (faible, modérée ou sévère), à laquelle
antalgiques opioïdes prescrits) a doublé [5] . Ce mésusage il est proposée de répondre par un antalgique d’efficacité
semble avoir été favorisé par le nombre croissant de leur présupposée adaptée (palier 1, 2 ou 3). Si l’antalgie obte-
prescription de 2002 à 2010, notamment d’oxycodone nue est insuffisante, il est recommandé de passer au palier
qui aurait un pouvoir addictif supérieur à celui des supérieur. Des « co-analgésiques », traitement possédant
autres morphiniques [6] . Une augmentation des décès en plus de leur propriété principale des propriétés antal-
par mésusage est également observée en France [7] , y giques (ex. : certains antidépresseurs ou antiépileptiques,
compris chez des patients souffrant de douleurs chro- les corticoïdes, bisphosphonates...), peuvent également
niques, confirmant la nécessité d’un suivi régulier de être associés. Trente ans plus tard cette classification est
ces prescriptions. toujours (insuffisamment) employée, mais est partielle-
• L’Agence nationale de sécurité du médicament et des ment remise en question. Ainsi, les opioïdes forts ne sont
produits de santé (ANSM [8] ) a attiré l’attention des pas recommandés dans le traitement de la fibromyalgie,
prescripteurs sur le respect des règles de prescription bien que les patients souffrent de douleurs souvent très
des spécialités de fentanyl transmuqueux. C’est un intenses. Dans les douleurs aiguës, certains auteurs préco-
antalgique opioïde dont l’utilisation est restreinte au nisent d’inverser la pyramide en débutant d’emblée chez
traitement des accès douloureux paroxystiques chez les un patient souffrant de douleurs intenses par un antal-
patients adultes déjà traités par des morphiniques pour gique puissant de palier 3 afin d’être plus rapidement
des douleurs chroniques d’origine cancéreuse. Du fait efficace. Enfin, une plus grande connaissance des douleurs
de leur cinétique d’action entraînant des pics impor- permet d’envisager un traitement non pas en fonction
tants de concentration obtenus rapidement après la d’une intensité douloureuse mais bien en fonction d’un
prise du traitement (flash), ils ont un pouvoir addictif ou de mécanisme(s) physiopathologique(s) sous-tendant
plus important que les formes à libération immédiate cette douleur : ainsi certains antidépresseurs ou anti-
(LI) lui-même supérieur à celui des formes à libération épileptiques sont recommandés en première intention
prolongée (LP). Or en 2013, 18 mois après le début de dans les douleurs neuropathiques. David Lussier et Pierre
leur commercialisation, les données de pharmacovigi- Beaulieu ont proposé une nouvelle classification [12] des
lance et d’addictovigilance de ces produits ont montré antalgiques basée sur leur mécanisme d’action et leur
une augmentation des cas de mésusage : 50 % des pres- effet attendu (antalgiques anti-nociceptifs plus ou moins
criptions concernaient des patients ne souffrant pas de opioïde, anti-hyperalgésiants, modulateurs des contrôles
cancer, 50 % des patients ne recevaient aucun autre trai- descendants inhibiteurs ou excitateurs...). Son utilisation
tement morphinique, des doses prescrites excessives, impose une analyse plus détaillée du symptôme douleur :
des cas d’abus et de pharmacodépendance. douleur nociceptive plus ou moins inflammatoire, neu-
Ces constatations ne doivent pas faire remettre en ques- ropathique, participation d’une sensibilisation centrale,
tion l’utilisation des morphiniques pour des patients qui douleur mixte... Le traitement fera appel à une molé-
pourraient en bénéficier, dans le cadre d’une prescription cule adaptée à la physiopathologie, puis en fonction de
encadrée [9] . Elles rappellent le rôle des prescripteurs et la la réponse clinique (effet antalgique, effets indésirables...)
nécessité d’un suivi adapté. Un questionnaire de dépis- on procède à l’adaptation des doses ou à l’association
tage des dépendances a été créé : Opioid Risk Tool [10] d’autres molécules.
qui permet en cinq items (antécédent familial d’abus de
substance, antécédent personnel d’abus de substance, âge
jeune 16–45 ans, antécédents de violence sexuelle dans  Les thérapeutiques
l’enfance, existence de troubles psychologiques) pondé-
rés suivant le sexe, de définir trois niveaux de risque de non médicamenteuses
dépendance (faible, modéré, fort) et faciliter le dépistage
des patients plus à risque de développer une dépendance. Toute proposition thérapeutique sollicite l’activation
chez le patient de facteurs neuro-psycho-physiologiques
pouvant intervenir dans l’efficacité thérapeutique. Ainsi,
Une nouvelle classification les traitements sont d’autant plus efficaces que l’attente
des thérapeutiques antalgiques et la confiance quant à l’obtention d’un soulagement
médicamenteuses pour remplacer celle sont grandes. Il est recommandé que ces attentes puissent
être discutées entre le thérapeute et le patient pour adap-
de l’OMS ter au mieux le traitement et d’augmenter la satisfaction
En 1986, l’OMS [11] proposait une classification des de ce dernier [13] . Il existe de nombreuses thérapeu-
antalgiques afin de promouvoir et faciliter l’instauration tiques complémentaires qui peuvent être proposées aux

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patients en association ou en remplacement des traite- leur chronique (écoute de la musique, cinéma, sortir
ments médicamenteux, que cela soit dans le cadre de avec des amis...) ;
la douleur aiguë (ex. : douleurs des soins) ou dans le • la méditation en pleine conscience : contrairement
cadre de douleurs chroniques. Elles peuvent être schéma- à la distraction, la méditation en pleine conscience
tiquement réparties entre techniques de contre-irritation consiste à porter son attention sur la douleur d’une
(acupuncture, stimulation électrique, auriculothérapie, manière non critique, sans y associer d’évaluation cog-
physiothérapie) et techniques psychocorporelles [14] (thé- nitive souvent négative sur la douleur, ce qui permet
rapie cognitivo-comportementale, hypnose, relaxation, une meilleure acceptation de l’expérience douloureuse.
psychothérapie, éducation thérapeutique, yoga, biofeed- Dans une étude portant sur une douleur expérimentale
back, méditation...). Mieux connaître ses approches, qui chez des sujets sains, le groupe formé à la méditation
ont toute leur place en association aux médicaments, per- en pleine conscience a perçu la stimulation nocicep-
met de mieux accompagner et soulager nos patients. tive thermique comme étant moins désagréable et
Une enquête réalisée en 2007 [15] auprès de la popula- moins intense que le groupe contrôle [20] . Chez les
tion américaine révélait que près de 38 % des adultes et patients souffrant de douleurs chroniques, la thérapie
12 % des enfants interrogés avaient utilisé une forme de d’acceptation et d’engagement (ACT), insistant sur la
médecine alternative et complémentaire (MAC) au cours nécessité de vivre avec la douleur plutôt que d’attendre
des 12 derniers mois principalement pour soulager des sa pleine résolution, a entraîné une diminution du
douleurs. Les patients souffrant de troubles musculosque- retentissement de la douleur sur le fonctionnement
lettiques recourent plus fréquemment à ces approches [16] : quotidien, ainsi qu’une amélioration de l’anxiété et de
48 % versus 24,1 % chez les patients souffrant d’autres la dépression [21] ;
causes. Les motifs avancés par les patients pour justifier le • l’éducation thérapeutique (ETP) selon l’OMS [22] « vise
recours à ces approches ainsi qu’à la médecine intégrative à aider les patients à acquérir ou maintenir les com-
malgré leurs coûts sont : pétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur
• la différence fondamentale entre la médecine allopa- vie avec une maladie chronique ». De nombreux pro-
thique centrée sur la maladie et les MACs centrées sur grammes d’ETP existent pour les patients souffrant de
la santé en général et qui sollicitent les capacités innées douleur chronique, qu’ils partagent la même maladie
des patients à se soigner grâce à des stratégies person- (lombalgie, fibromyalgie, migraine) ou soient réunis
nelles ; par leur problématique douloureuse chronique [23] .
• l’incapacité de la médecine allopathique à traiter les Dans la douleur chronique ces approches permettent
maladies chroniques de manière adéquate, ce qui est au patient de mieux comprendre ses douleurs et leurs
particulièrement vrai dans la douleur chronique [17] . conséquences. Elles modifient ainsi son approche et son
rapport à la douleur (meilleure acceptation), contribuent
à diminuer les comorbidités (troubles anxieux, troubles
Les techniques de contre-irritation : du sommeil, effets indésirables des médicaments...) favo-
TENS, stimulation médullaire, risant ainsi une amélioration de la qualité de vie. Aucune
n’est plus efficace qu’une autre, elles sont souvent
acupuncture complémentaires, le choix dépend de la situation cli-
Ces techniques font appel à la mise en jeu de proces- nique, du désir du patient, mais également des offres de
sus physiologiques qui modulent l’intégration du message soins. Elles seront d’autant plus efficaces que le patient
douloureux au niveau médullaire (compétition entre le se sera approprié la technique et acquis une autonomie.
message nociceptif et du tact : théorie du « gate control ») Cependant, la place de ces thérapeutiques n’est pas bien
ou stimulent les systèmes opioïdes endogènes [18] (Annexe établie, même s’il existe des preuves croissantes de leur
C [19] ). efficacité dans de nombreuses pathologies [24] . En effet,
leur évaluation est difficile en absence de groupe contrôle
optimal.
Les méthodes psychocorporelles
Les méthodes psychocorporelles sont définies [14]
comme « une méthode qui partant du corps (yoga, mas-  Les douleurs aiguës
sage, Qi gong, relaxation...) a une action sur le psychisme
ou à l’inverse, une méthode qui partant du psychisme
par excès de nociception :
à un retentissement sur le corps (distraction, hypnose, urgence du traitement !
méditation...) » :
• les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) : c’est La douleur aiguë est un symptôme utile, qui permet
une des approches psychocorporelles les plus utili- d’alerter la personne sur la possibilité d’apparition d’une
sées et les mieux validées dans le traitement des lésion tissulaire induite par un stimulus nociceptif. Il est
douleurs chroniques. Elles tentent à maximiser les actuellement admis que le diagnostic étiologique ne doit
stratégies adaptatives (meilleure utilisation des antal- pas retarder la mise en place d’un traitement symptoma-
giques, reprise d’activité physique en la fractionnant, tique efficace une fois les caractéristiques de cette douleur
pratique de la relaxation, utilisation du biofeedback...) (siège, intensité, type) recueillies.
et minimiser les pensées et attitudes qui renforcent de Préambule : il n’existe pas un mais des traitements de la
manière négative la douleur (catastrophisme, coping douleur qui dépendent de l’évaluation clinique, des anté-
passif, pensées dysfonctionnelles...). En plus d’une cédents et des préférences des patients mais également
efficacité démontrée dans plusieurs étiologies (fibro- des préférences et des savoir-faire du soignant. Dans tous
myalgie, côlon irritable) sur la douleur, l’anxiété, la les cas, une évaluation précise du symptôme « douleur »
dépression, des modifications ont été observées en IRM est indispensable, qui est considéré par certains auteurs
fonctionnelle sur les altérations corticales liées à la dou- comme le cinquième signe vital au même titre que la cons-
leur [20] ; cience, la température, le pouls et la tension artérielle. Le
• la distraction : détourner l’attention du sujet de traitement étiologique doit toujours être envisagé et réa-
l’expérience douloureuse en lui demandant de se lisé si possible mais ne doit pas retarder l’instauration d’un
concentrer sur une tâche cognitive exigeante. Cette traitement symptomatique efficace. Des facteurs person-
approche se développe dans la douleur aiguë ou des nels psychosociaux de vulnérabilité à la douleur (appelés
soins avec l’utilisation de la réalité virtuelle. Elle peut Yellow flags) sont maintenant bien établis (Tableau 4) et
être également utilisée par les patients souffrant de dou- doivent être recherchés, une douleur pouvant aggraver

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60-615-M-10  La douleur et son traitement chez l’adulte

Figure 1. Arbre décisionnel. Modalité d’instauration


Analyse du phénomène douloureux : d’un traitement antalgique dans les douleurs aiguës
mécanisme, horaire, intensité, ATCD
et surveillance. Le même algorithme peut être uti-
du patient, traitement en cours…
lisé dans les douleurs chroniques après évaluation
des différentes composantes de la douleur, s’il existe
une composante nociceptive. L’instauration des traite-
Douleur faible à Douleur modérée ments sera alors plus progressive, en sachant attendre
modérée à sévère pour une évaluation pertinente (amélioration de la
douleur ou de la fonction). ATCD : antécédents ; AINS :
anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Palier 1 Palier 2
Antalgique simple Opioïde faible
± AINS ± AINS
± Co-analgésique ± Co-analgésique
Efficacité partielle
ou échec

Adaptation du Échec
traitement dans ou
le même palier efficacité partielle

Palier 3
Efficacité Opioïdes forts
satisfaisante ± AINS
± Co-analgésique

Poursuite
du traitement

Évaluation régulière : Échec


Rapport ou efficacité
efficacité/tolérance partielle : arrêt
Quels bénéfices du palier
pour le patient ? 3 et réévaluation
Arrêt du traitement ? de la douleur

Tableau 4. • Traitement per os en absence de troubles de la consci-


Les facteurs de vulnérabilité psychosociale. ence ou de déglutition.
Pensées Catastrophisme • Recherche de la posologie minimale efficace :
erronées Fausses croyances sur l’état de santé, la ◦ molécule adaptée au mécanisme de la douleur :
douleur, la nocivité antalgique classique pour les douleurs nociceptives,
Attente négative concernant le futur antidépresseurs et/ou antiépileptiques pour les dou-
leurs neuropathiques ;
Émotions Inquiétude, anxiété, dépression
négatives Peur du mouvement (kinésiophobie)
◦ molécule adaptée à l’intensité de la douleur : il
Incertitude concernant le futur n’existe cependant pas de parallélisme entre une
intensité de douleur exprimée sur une échelle numé-
Comportements Stratégie de coping passif : repos inadapté,
rique (EN) et le recours à un palier antalgique
non adaptés recherche de massages
donné. Cela nécessite une évaluation rapprochée
Description extrême des symptômes
Inefficacité répétée des traitements
de l’efficacité du traitement proposé. Une EN éle-
vée correspond à une nécessité de prise en compte
rapide du patient et de son symptôme, pas obliga-
une situation déjà fragile. Une plus grande attention du
toirement à la mise en place d’un traitement par un
soignant à son patient « fragilisé » est alors nécessaire.
opioïde ;
◦ forme galénique adaptée au profil évolutif de la dou-
leur : savoir combiner si nécessaire, des formes à LI et
“ Point fort des formes à LP (notamment si douleurs nocturnes) ;
◦ traitement préventif et non curatif ; traitement sys-
tématique et non à la demande.
Le paracétamol est l’antalgique de première inten- • Connaître, reconnaître et traiter les facteurs aggravant
tion dans la plupart des situations cliniques. ou entretenant les douleurs : troubles du som-
meil, troubles de l’humeur, difficultés sociales, repos
excessif...
• Objectifs du traitement expliqués et discutés avec le
Principes généraux patient (contrat thérapeutique) : guérison dans le cadre
de la douleur aiguë, « mieux vivre avec la douleur »
• À douleur localisée, traitement local : anesthésiques lorsqu’elle est chronique.
locaux, AINS en pommade, infiltrations, capsaïcine en • Évaluation régulière de l’efficacité et prévention et trai-
patch... tement des effets secondaires des traitements.

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La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10

Les modalités d’instauration et du suivi du traite- tements sont mineurs ou absents. ». Depuis les années
ment antalgique des douleurs aiguës sont données sur la 1990, plusieurs études épidémiologiques prospectives [27]
Figure 1 (Annexe D). ont permis de préciser que 51,2 à 64 % des patients
cancéreux, porteurs d’un traitement antalgique considéré
comme efficace sur la douleur de fond, souffraient quo-
▲ Attention tidiennement de cinq accès douloureux paroxystiques (1
à 50 accès/j). Ils peuvent être spontanés ou provoqués,
sont d’intensité douloureuse moyenne à forte, et de durée
Il convient d’évaluer régulièrement l’efficacité des inférieure à une heure. La commercialisation de formes
traitements antalgiques et leurs effets secondaires, galéniques de fentanyl transmuqueux à début d’action
pour ne pas laisser évoluer une douleur vers la rapide (entre 10 à 15 min) offre au patient un meilleur
chronicité. traitement de ces accès douloureux, là où les autres mor-
phiniques à libération immédiate (sulfate de morphine ou
oxycodone) ont un début d’action autour de 30 minutes.
Une prise en charge agressive de la douleur aiguë pour- En absence de soulagement efficace, il est recommandé
rait permettre de réduire le risque de développement de de rechercher une composante neuropathique qui serait
syndromes douloureux chroniques. En effet, la persis- non correctement traitée, de proposer un changement
tance d’une douleur en péri- et postopératoire est associée d’opioïde (rotation des opioïdes) ou une nouvelle titration
à un risque accru de développement d’une douleur chro- par voie veineuse.
nique et d’échec à long terme de la chirurgie. L’utilisation Compte tenu chez ces patients, du nombre important
d’une analgésie multimodale [25] associant anesthésiques de gestes à visée diagnostique et/ou thérapeutique, une
locaux dans le site opératoire, kétamine, antidépresseur attention particulière doit être portée aux douleurs des
en périopératoire, morphiniques (...) pourrait prévenir le soins [28] mais également aux douleurs séquellaires des
développement de douleurs chroniques à distance de la traitements (certaines chimiothérapie, radiothérapie, chi-
chirurgie permettant de modifier radicalement la qua- rurgie) le plus souvent de type neuropathique.
lité de vie des patients. De même, le maintien des blocs
périnerveux (anesthésie locorégionale) au décours de la
chirurgie permet une meilleure réhabilitation fonction-  Les douleurs chroniques :
nelle (dans la mise en place des prothèses des genoux par
exemple). justesse de l’évaluation
Dans tous les cas, il convient de revoir rapidement initiale !
le patient afin de pouvoir adapter le traitement antal-
gique, soit qu’il soit insuffisant ou mal supporté, soit que La douleur chronique : généralités
les caractères de la douleur se soient modifiés (démas-
quage d’une composante franchement neuropathique, Environ 20 % de la population européenne souffre de
par exemple dans les zonas où le symptôme douloureux douleur chronique. La douleur chronique n’est pas seule-
initial bruyant peut masquer l’allodynie). ment une douleur aiguë qui se prolonge dans le temps
(au-delà de 3 mois), elle impacte progressivement la qua-
lité de vie des patients [29] . Elle devient une maladie en soi
Penser aux douleurs liées aux soins qui se surajoute aux difficultés engendrées par la maladie
Près de 30 % des patients hospitalisés souffrent de dou- causale. Il existe souvent des facteurs psychosociaux préa-
leurs liées aux soins qualifiées d’intense à très intense lables ou conséquents au développement de la douleur
pour plus de 60 % d’entre elles. Ici encore, connaître les (Tableau 4), qui peuvent la majorer ou l’entretenir et qui
situations liées aux soins responsables de douleurs per- justifient un traitement spécifique par l’emploi de théra-
met d’aborder leur existence avec le patient et d’envisager peutiques adaptées, le plus souvent non médicamenteuses
un traitement préventif. Il incombe au Comités de lutte (cf. section « Les thérapeutiques non médicamenteuses »).
contre la douleur (CLUD) des structures de soins de rédiger Les patients souffrant de douleurs chroniques se
et de promouvoir la mise en place de protocoles de pré- heurtent souvent à l’incompréhension des soignants
vention et de traitement de ces douleurs. Même si toutes tant le retentissement de cette douleur sur la personne
les situations potentiellement douloureuses ne sont pas paraît disproportionné à l’atteinte somatique observable.
toujours accessibles à un traitement efficace, il est mainte- Comme pour toute affection chronique, elle nécessite de
nant admis que la satisfaction du patient concernant leur quitter le modèle biomédical au profit du modèle bio-
traitement est autant liée à l’impression qu’il a que les soi- psychosocial. Celui-ci s’appuie sur « une représentation
gnants se sont mobilisés pour y répondre qu’à l’efficacité de l’être humain dans laquelle les facteurs biologiques,
réelle du traitement proposé [26] . psychologiques et sociaux sont considérés comme par-
Bien que soutenue par la Haute Autorité de santé, cette ticipant simultanément au maintien de la santé ou au
démarche reste encore souvent insuffisante. développement de la maladie. Aucune de ces trois caté-
gories de déterminants de la santé ne se voit accorder de
prépondérance a priori (même si l’on conçoit que leur
Les douleurs liées aux cancers importance relative puisse varier) ».
Quatre-vingts pour cent des patients cancéreux seront Vouloir et pouvoir aider ses patients nécessitent avant
confrontés à des douleurs liées à leur maladie, aux soins tout une évaluation précise [30] :
ou aux traitements (chirurgie, radiothérapie ou chimio- • de la lésion causale (curable ? Améliorable ? Séquel-
thérapie). Ces douleurs évoluent dans le temps et il peut laire ?) ;
coexister chez un même patient des douleurs aiguës en • de l’incapacité fonctionnelle que cette lésion peut
rapport avec une reprise évolutive de la maladie et des entraîner à laquelle s’ajoute le handicap douloureux
douleurs séquellaires, de type nociceptives ou neuropa- (incapacité fonctionnelle liée à l’intensité de la douleur,
thiques ou souvent mixtes. Un traitement efficace de peur de la douleur, kinésiophobie...) ;
ces douleurs doit permettre d’obtenir « une douleur de • des facteurs psychosociaux et environnementaux asso-
fond absente ou d’intensité faible, le respect du sommeil, ciés.
moins de quatre accès douloureux par jour, une efficacité Il s’agit d’une médecine intégrative, holistique qui tient
des traitements prévus pour les accès douloureux supé- compte de la personnalité du patient dans son milieu de
rieure à 50 %, les activités habituelles possibles ou peu vie (en famille, au travail...) et ses interactions avec son
limitées par les douleurs, les effets indésirables des trai- entourage.

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Dans ce contexte, les antalgiques n’ont souvent qu’une • le retentissement social. La persistance d’un conflit
efficacité partielle ou sont mal tolérés conduisant le dans l’entourage du patient avec un employeur ou
patient à expérimenter de nombreuses approches non la caisse de sécurité sociale pour la reconnaissance
médicamenteuses. Schématiquement, le traitement de la d’une invalidité peut être une source d’échec de thé-
douleur chronique s’appuie sur un trépied : des médica- rapeutiques validées et adaptées. Cette prise en charge
ments pour diminuer l’intensité douloureuse, la reprise spécifique nécessite souvent l’intervention des assis-
d’activités physiques et sociales, un soutien psychothéra- tantes sociales du secteur du patient ainsi que des
peutique pour apprendre à « vivre avec » et définir des contacts réguliers avec les médecins du travail et/ou de
objectifs de vie. Il s’agit d’amener le patient à participer la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) ;
activement à son traitement et à s’autonomiser, afin de • le rôle de la famille. Mise en évidence de conduites
retrouver une qualité de vie (physique, affective et sociale) de renforcement positif ou négatif (sollicitude trop
satisfaisante au-delà du simple contrôle de la douleur. importante bloquant toute initiative individuelle, évi-
L’éducation thérapeutique du patient a toute sa place en tement de situations stressantes...) qui nécessiteront
consultation de la douleur et de nombreux programmes d’être modifiées après simple objectivation ou par une
ont été autorisés par différentes agences régionales de prise en charge adaptée (thérapie familiale ou TCC...).
santé (ARS), qui regroupent des patients souffrant de la
même pathologie (migraine, lombalgie, fibromyalgie...)
ou de douleurs chroniques quelle qu’en soit l’étiologie. Traitement du patient souffrant
de douleur chronique : principes
Évaluation du patient douloureux généraux
chronique Il n’est pas possible ici de reprendre toutes les situations
cliniques rencontrées et il existe pour chacune d’elles
L’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en non pas une, mais plusieurs propositions thérapeutiques.
santé (Anaes) a publié en 1999 des recommandations por- Dans tous les cas, les médicaments ne sont qu’une des
tant sur l’évaluation et le suivi des patients douloureux composantes d’une approche plurimodale et pluripro-
chroniques [30] . Celle-ci comprend au moins : un schéma fessionnelle, incluant médicaments antalgiques par voie
sur lequel le patient reporte les régions douloureuses, générale ou locale (infiltrations de dérivés de corticoïde,
une mesure de l’intensité douloureuse par échelle unidi- mésothérapie), reprise d’une activité physique adaptée,
mensionnelle (échelle visuelle analogique [EVA], échelle reprise ou maintien des activités sociales (salariée ou de
numérique (EN) ou échelle verbale simple [EVS]), une loisir en fonction du contexte social), prise en compte
évaluation pluridimensionnelle de la douleur par le Ques- des facteurs psychologiques (médicaments, psychothéra-
tionnaire de Saint Antoine (QDSA). pie, relaxation, hypnose), recours aux thérapies physiques
(chaleur, neurostimulation, manipulation par un méde-
cin formé).
▲ Attention
Le traitement d’un patient douloureux chronique
▲ Mise en garde
passe par une évaluation précise de toutes les
dimensions du symptôme douleur : sensorielle, La mise en place d’un traitement par morphine
émotionnelle, comportementale et cognitive sans chez un patient souffrant de douleur chronique
oublier le retentissement social. non cancéreuse n’est jamais banale. Elle doit se
faire après une évaluation précise du symptôme
douleur et dans un cadre thérapeutique défini, en
Le retentissement de la douleur sur d’autres aspects accord avec le patient.
de la vie du sujet (humeur, capacité à marcher, travail
habituel, relation avec les autres, sommeil, goût de vivre)
peut être abordé par l’utilisation du Questionnaire concis Les TCC en proposant une approche pragmatique de la
sur les douleurs (QCD). Des questionnaires spécifiques de situation ont montré leur efficacité. Elles ont permis de
différentes pathologies (lombalgie, arthrose des membres mieux comprendre les schémas cognitifs dysfonctionnels
inférieurs, migraine...) peuvent être employés. pouvant être un frein à une reprise d’activité conséquente
Cette première étape est cruciale et au terme de cette et durable. Cette reprise peut être aidée par la prescription
évaluation on pourra préciser : de kinésithérapie surtout s’il existe une kinésiophobie.
• le mécanisme générateur de la douleur (Tableau 1). Ceci Dans ces conditions, il a été montré que la « peur » de
permettra d’adapter au mieux la thérapeutique [12] . Il est la douleur qui serait induite par la reprise de l’activité
souvent mixte au cours des douleurs du cancer ou des physique est plus invalidante que la douleur elle-même.
douleurs chroniques, et toutes les composantes doivent Cette peur participe au déconditionnement physique pro-
être traitées ; gressif des patients lui-même source d’une aggravation
• les symptômes associés : les troubles du sommeil, les potentielle des douleurs.
troubles digestifs, céphalées... ; Certaines techniques de rééducation (balnéothérapie,
• le retentissement psychique : dépression, anxiété, fasciathérapie, psychomotricité) peuvent permettre un
troubles de la concentration... Un syndrome dépressif réinvestissement narcissique et une reprise de confiance
masqué même réactionnel doit être traité efficacement. en soi pouvant déboucher secondairement sur un vrai tra-
Il peut rendre inefficace un traitement antalgique par vail physique et parfois une demande de psychothérapie.
ailleurs adapté. Le recours systématique à une échelle Ici également il faudra évaluer l’efficacité de l’approche et
de retentissement émotionnel (HAD) permet au moins veiller à ce que les séances prescrites n’entretiennent pas
de discuter de cette composante de sa douleur avec le patient dans une trop grande passivité (séances faites
le patient. La peur du mouvement (kinésiophobie) ou uniquement de massages par exemple).
de la douleur, l’existence d’une colère ou d’un sen- En absence d’amélioration, le patient pourra être
timent d’injustice par rapport à la situation présente adressé en consultation d’évaluation et de traitement de
doivent également être recherchées. Ce sont des freins la douleur chronique pour une évaluation pluridiscipli-
à l’acceptation ; naire [29] .

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La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10

Figure 2. Sémiologie des douleurs neuropa-


Douleurs spontanées Douleurs provoquées
thiques [34] .

Paroxystiques Stimulation
Continues Stimulation
Décharges normalement
Brûlures normalement
électriques nociceptive

Allodynie Hyperalgésie

Mécanique et/ou thermique

Dynamique Statique Chaud Froid

▲ Attention lnterrogatoire du patient


Question 1
La douleur présente-t-elle une ou plusieurs
Le traitement d’un patient qui souffre de douleurs des caractéristiques suivantes ?
chroniques nécessite une approche plurimodale, Brûlure oui non
souvent pluriprofessionnelle. Sensation de froid douloureux oui non
Décharges électriques oui non
Question 2

 Les douleurs La douleur est-elle associée dans Ia même région


à un ou plusieurs des symptômes suivants ?
neuropathiques Fourmillements oui non
Picotements oui non
Engourdissement oui non
Les particularités sémiologique et thérapeutique de ces
Démangeaisons oui non
douleurs, souvent caractérisées de douleurs réfractaires,
justifient d’y consacrer un chapitre. Examen du patient
Question 3
La douleur est-elle localisée dans un territoire
Définition des douleurs neuropathiques où l’examen met en évidence ?
Hypoesthésie au tact oui non
Initialement « douleurs engendrées par un dysfonction- Hypoesthésie à Ia piqûre oui non
nement ou une lésion du système nerveux central ou
Question 4
périphérique », la définition de la douleur neuropathique
(DN) ne concerne plus actuellement qu’une « douleur La douleur est-elle provoquée ou augmentée par :
secondaire à une lésion ou une maladie du système ner- Le frottement oui non
veux somatosensoriel ». Elles sont donc séquellaires et le *Oui : 1 point - Non : 0 point
plus souvent chroniques.
Figure 3. Questionnaire DN4 [31] . Cet outil diagnostique
simple et facilement utilisable dans toutes les consultations per-
Diagnostic des douleurs met d’orienter le diagnostic d’une douleur vers une origine
neuropathiques neuropathique. Les dix items sont dichotomiques (oui/non) et
répartis en quatre séries de questions. L’étude de validation a
Le diagnostic de DN repose essentiellement sur la permis d’établir qu’un score d’au moins 4/10 permet d’orienter
clinique (interrogatoire et examen clinique) qui per- vers le diagnostic de DN avec une sensibilité de 82,9 % et une
met d’orienter les investigations à visée étiologique. La spécificité de 89,9 %.
sémiologie des DN est riche et comprend des douleurs
spontanées et provoquées (Fig. 2). Des paresthésies ou contribuant à amplifier la douleur et à minimiser la ges-
dysesthésies (lorsqu’elles sont considérées comme désa- tion de celle-ci, favorise la chronicisation de la douleur,
gréables par le patient) sont presque toujours présentes l’aggravation du handicap et les symptômes dépressifs et
dans le même territoire à type de picotements, de four- anxieux. Les scores élevés de dramatisation sont prédic-
millements, d’engourdissements ou de démangeaisons. tifs d’un retentissement plus important de la douleur sur
Ces douleurs spontanées sont fréquemment associées à l’activité et sur l’humeur et d’une évolution plus défa-
des douleurs provoquées, rendant compte d’un tableau vorable, indépendamment de l’intensité de la douleur
d’allodynie ou d’hyperalgésie. initiale et de la dépression [32] .
Récemment un outil diagnostique simple des douleurs
neuropathiques a été élaboré [31] : le DN4 (Fig. 3). Les DN
ont un impact important sur la qualité de vie, dans les
Traitement des douleurs
relations sociales et vis-à-vis de l’emploi, qui est souvent neuropathiques
affecté. La fréquence des consultations médicales est plus
élevée et les sujets souffrant de DN sont plus souvent
Les traitements médicamenteux
en arrêt de travail que ceux qui présentent des dou- Le traitement des DN repose en première intention
leurs non neuropathiques. Les troubles psychologiques sur les antidépresseurs ou les antiépileptiques, ce qui a
sont fréquents et incluent une altération du sommeil, fait l’objet de recommandations européennes en 2006
des symptômes dépressifs et anxieux nécessitant des trai- (Fig. 4 [33] ) modifiées en 2015 [4] ainsi que de la Société
tements psychotropes. Le degré élevé de dramatisation, française d’étude et traitement de la douleur (SFETD) en

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Douleur neuropathique périphérique ▲ Attention


Le traitement d’une DN fait appel en première
Neuropathies Autres intention aux antidépresseurs et aux antiépilep-
focales diagnostics
tiques.

Lidocaïne patch mettre de confirmer cette approche. Dans tous les cas,
compte tenu des effets indésirables de ces molécules, il est
préconisé de traiter en première intention une DN locali-
+ CI aux ADT sée (de surface inférieure à une feuille de format A4) par
– un traitement local. Enfin, peu de traitements ont montré
leur efficacité dans les DN centrales (Annexes A et E [37] ).
Gabapentine ADT
Prégabaline ou IRSNa En pratique
Les données pratiques concernant l’utilisation des trai-
tements efficaces dans les douleurs neuropathiques sont
CI aux ADT +
rappelées dans le Tableau 5. Compte tenu de l’importance
– des comorbidités de ces douleurs, le traitement médi-
camenteux doit s’inscrire dans une proposition théra-
ADT Gabapentine peutique élargie (techniques psychocorporelles, TENS,
ou IRSNa Prégabaline kinésithérapie, gestion des problématiques sociales...). En
dehors des topiques, et à un moindre degré des opioïdes,
tous doivent être initiés à faible dose et leur posologie
Tramadol progressivement augmentée en fonction des effets secon-
Oxycodone daires et de l’efficacité antalgique. Avant de conclure à
une inefficacité du traitement, il convient d’augmenter
Figure 4. Arbre décisionnel. Proposition d’un algorithme déci- jusqu’à la posologie maximale tolérée ou recommandée
sionnel (d’après Finnerup, modifié d’après Dworkin [36] ). et d’arrêter le traitement pour inefficacité ou effets secon-
À considérer en première intention : pendant la titration de daires incompatibles avec sa poursuite. En pratique, les
l’antidépresseur ou de l’antiépileptique afin d’obtenir un sou- patients sont trop souvent traités par des associations de
lagement rapide ; lors d’accès paroxystiques des douleurs médicaments dont aucun n’est à dose efficace.
neuropathiques ; devant une douleur neuropathique aiguë ou
mixte, dans le cadre d’une pathologie cancéreuse. Proposition d’un algorithme décisionnel (Fig. 4) [33]
IRSNa : inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la Certaines situations dans lesquelles le traitement doit
noradrénaline ; ADT : antidépresseur tricyclique ; tramadol et débuter d’emblée par les opioïdes sont précisées : pendant
oxycodone sont à considérer. la titration de l’antidépresseur ou de l’antiépileptique afin
d’obtenir un soulagement rapide, lors d’accès paroxys-
tiques des douleurs neuropathiques, devant une DN aiguë
ou dans le cadre d’une pathologie cancéreuse.

“ Point fort Évaluation de l’efficacité thérapeutique


L’efficacité thérapeutique est évaluée en premier lieu
sur le soulagement global des patients, mais ces patients
Le développement de nouveaux outils diagnos- souffrent souvent de co-morbidités multiples. Ainsi,
tiques des douleurs neuropathiques permet un d’autres effets thérapeutiques peuvent être attendus
diagnostic précoce de ces douleurs. Elles sont sou- et recherchés comme un meilleur sommeil ou une
vent associées à des douleurs nociceptives comme moindre anxiété, qui améliorent le vécu douloureux. C’est
dans les lomboradiculalgies ou au cours des can- l’ensemble de ces paramètres (sommeil, anxiété, dépres-
cers. sion, fonction, qualité de vie) qu’il convient d’évaluer
avant de conclure à l’inefficacité du traitement.
Associations médicamenteuses
2010 [34] . Leur traitement est difficile, ce que confirment
En absence de soulagement suffisant, il est possible de
les études plus récentes englobant un grand nombre de
majorer le traitement antalgique en réalisant des asso-
patients (Tableau 3). Les antidépresseurs et antiépilep-
ciations médicamenteuses [4, 34] , utilisant des molécules
tiques ne sont pas des traitements de la crise douloureuse
de mécanisme d’action différent (antiépileptique et/ou
aiguë, ils agissent au long cours (pour une revue concer-
antidépresseur et/ou opioïde). Des études sont cependant
nant leurs modes d’actions voir [35] ). Nous rapportons ici
nécessaires pour valider cette approche.
les traitements validés dans cette indication sachant que
la majorité des études ont été menées sur des populations
homogènes de patients souffrant de douleurs neuropa-
thiques en rapport avec une polyneuropathie diabétique  Conclusion
ou de douleurs post-zostériennes.
Il existe peu d’études réalisées chez des patients Une meilleure connaissance des traitements médica-
rhumatologiques souffrant de lomboradiculalgie aiguë menteux efficaces dans les différents types de douleurs
ou chronique ou de névralgie cervicobrachiale (NCB) permet une prise en charge adaptée du patient, et fait
qui représentent cependant la première étiologie de appel le plus souvent au bon sens. Cependant, trop
ces douleurs [36] . Ces douleurs « mixtes », asso- de patients, et dans de nombreuses situations cliniques,
ciant une composante par excès de nociception à la sont insuffisamment soulagés ou traités, la douleur deve-
composante neuropathique, nécessitent d’emblée un trai- nant progressivement une véritable maladie avec des
tement « mixte » associant antalgiques « classiques » conséquences sociales et psychologiques qui en retour
et co-analgésiques. Des travaux ultérieurs devraient per- complexifient sa prise en charge.

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Tableau 5.
Principales molécules utilisées dans le traitement des douleurs neuropathiques : posologie, modalité de prescription et principaux effets secondaires.
Molécule a Posologie initiale Modalités d’adaptation Posologie « efficace » b Principaux effets secondaires,
thérapeutique contre-indications (CI) et remarques
Antidépresseurs tricycliques : 10 à 25 mg en une prise le soir Augmentation par pallier de En fonction des résultats : Hypotension orthostatique, sécheresse
®
Imipramine a : Tofranil cp à 10 et Débuter à plus faible dose chez sujet âgé quelques gouttes (environ 5 meilleur rapport bénéfices/effets des muqueuses, constipation, sueurs,
®
25 mg Tofranil moins sédatif gouttes) ou de 10 mg le soir tous indésirables troubles cardiovasculaires, prise de poids
®
Amitriptyline a : Laroxyl cp à 25 les 4 à 7 jours Max 300 mg/j CI : glaucome, adénome de prostate
et 50 mg, solution buvable à Arrêt progressif par paliers
40 mg/ml (1 mg = 1 goutte) décroissants si inefficacité
®
Clomipramine a : Anafranil cp à
10, 25 et 75 mg
®
Venlafaxine Effexor 37,5 LP au milieu du petit-déjeuner 37,5 LP par semaine, en 1 à 2 De 150 à 225 mg/j HTA, céphalées, prise de poids,
Cp à 25 et 50 mg prises Arrêt progressif par paliers somnolence
Cp LP à 37,5 et 75 mg décroissants si inefficacité Mieux toléré sous forme LP
®
Duloxétine a : Cymbalta 30 mg en une prise Augmentation de 30 mg par 60 mg à 120 mg en 1 à 2 prises Nausées, vomissements, constipation,
Gel à 30 et 60 mg semaine asthénie, sueurs, somnolence, insomnie,
troubles sexuels
®
Gabapentine a : Neurontin 100 à 300 mg en une prise le soir au Augmenter par palier de 100 mg Efficacité à partir de 1200 mg/j Prise de poids, impression vertigineuse,
Gel à 100, 300 et 400 mg coucher tous les 4 à 7 jours en répartissant Savoir augmenter jusqu’à somnolence, asthénie, anorexie,
Cp à 600 et 800 mg la posologie quotidienne en 3 à 4 3600 mg/j avant de conclure à sécheresse de la bouche, OMI
prises inefficacité, arrêt progressif par CI : insuffisance rénale terminale (sinon
argé le 21/04/2024 par Universite Saint-Esprit de Kaslik (USEK) (584573). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
paliers décroissants adaptation à la clairance de la créatinine
si < 79 ml/min), grossesse et allaitement
Prégabaline a 25 à 75 mg le soir au coucher (d’autant De 25 à 75 mg tous les 4 à 7 jours Efficacité à partir de 75 mg × 2/j Prise de poids, impression vertigineuse,
®
Lyrica plus bas que sujet âgé ou si fibromyalgie) en débutant l’incrémentation le augmenter jusqu’à 300 mg × 2/j somnolence, asthénie, anorexie,
Gel à 25, 50, 75, 100, 150, 200 et soir Arrêt progressif par paliers sécheresse de la bouche, OMI
300 mg décroissants si inefficacité CI : insuffisance rénale terminale (sinon
adaptation à la clairance de la créatinine

La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10


si < 60 ml/min), grossesse et allaitement
Carbamazépine a 100 à 200 mg le soir 100 à 200 mg tous les 7 jours 400 à 2400 mg en 2 à 3 prises/j Impression vertigineuse, somnolence,
®
Tegretol Arrêt progressif par paliers asthénie, nausées/vomissements,
Cp à 200 mg décroissants si inefficacité anorexie, sécheresse de la bouche,
Cp LP à 200 et 400 mg céphalée, diplopie, flou visuel
Hépatite, éruption cutanée parfois grave,
hyponatrémie, agranulocytose,
thrombopénie
CI : IMAO
Lamotrigine 50 mg le soir Palier de 50 mg tous les 7 jours 200 à 400 mg en 2 prises Nausées, diarrhées, céphalée, vertiges
®
Lamictal Éruptions cutanées (Stevens-Johnson,
Cp à 2, 5, 25, 50,100 et 200 mg Lyell)
®
Topiramate : Epitomax 25 mg le soir Palier de 25 mg par semaine Efficacité thérapeutique entre 200 Insuffisance rénale (adaptation
Gel à 15, 25, 50 mg et 400 mg posologique)
Cp à 50, 100, 200 mg Allergie aux sulfamides
Grossesse et allaitement
11
12

60-615-M-10  La douleur et son traitement chez l’adulte


Tableau 5.
(suite) Principales molécules utilisées dans le traitement des douleurs neuropathiques : posologie, modalité de prescription et principaux effets secondaires.
Molécule a Posologie initiale Modalités d’adaptation Posologie « efficace » b Principaux effets secondaires,
thérapeutique contre-indications (CI) et remarques
Tramadol 100 mg LP le soir au coucher puis 100 mg Palier de 100 mg tous les 5 à 7 Max 400 mg/j Sensation vertigineuse, sueurs,
Nombreuses spécialités, cp ou gel matin et soir jours nausées/vomissements, anorexie,
à libération immédiate (LI) (durée Débuter à 50 mg LP le soir chez la Si bonne tolérance clinique : constipation, sécheresse de la bouche,
d’action 4 à 6 h) ou prolongée personne âgée ou « sensible » augmentation plus rapide céphalée, somnolence
(LP) (12 h) Association aux formes LI pour les Utilisation prudente si épilepsie et si
Association au paracétamol : pics douloureux dans la journée association aux antidépresseurs
® ®
Zaldiar et Ixprim « dose secours » 50 à 100 mg tricycliques
®
cp à 37,5/325 mg Augmentation INR sous Coumadine
Opioïdes forts : oxycodone 30 mg matin et soir Titration progressive Posologie plus élevée que pour les Nausées/vomissements, anorexie,
®
Oxycontin 10 mg chez la personne âgée Association à des doses secours douleurs nociceptives jusqu’à sécheresse de la bouche, céphalée,
Cp à 5, 10, 20, 40, 80 mg dans la journée 10 mg (5 mg chez 300 mg/j diplopie, flou visuel, dysurie, prurit
®
Oxynorm gel à 5, 10, 20 mg la personne âgée) À adapter à l’efficacité clinique Constipation à prévenir
Jusqu’à 6 par jour systématiquement pendant tout le
traitement
Patch de lidocaïne a 5 % 1 à 3 patchs selon étendue de l’aire Laisser en place 12 h par jour Effets locaux : rougeur, prurit, allergie
® ®
Lidoderm , Versatis douloureuse
argé le 21/04/2024 par Universite Saint-Esprit de Kaslik (USEK) (584573). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
700 mg de lidocaïne à 5 % sur une
surface de 10 cms × 14 cms
Patch de capsaïcine 8 % 1 à 3 patchs selon étendue de la lésion Laisser en place 1 h sauf sur les Efficacité apparaît en quelques Douleurs lors de la pose et au-delà par
®
Qutenza Réserve hospitalière pieds 30 min jours « relargage » de molécules algogènes
Application exclusive en hospitalisation Risque de douleur à la pose de Peut durer plusieurs mois Rougeurs sur le site de pose
Prescription validée par médecin patch améliorée par l’application Une 1re pose peu efficace ne Nécessité de se laver les mains et
algologue de froid au préalable permet pas de prédire l’absence d’utiliser des masques car capsaïcine
d’efficacité d’une seconde pose volatile peut irriter les muqueuses

HTA : hypertension artérielle ; LP : libération prolongée ; IMAO : inhibiteur de la monoamineoxydase ; INR : international normalized ratio ; OMI : œdème des membres inférieurs.
a
EMC - Savoirs et soins infirmiers

Molécules ayant l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les douleurs neuropathiques.
b
Posologie efficace ou posologie maximale tolérée (meilleur rapport efficacité/tolérance) ou maximale recommandée.
La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la séroto-

“ Points essentiels nine (ISRS : fluoxétine, paroxétine, citalopram) semblent


dépourvus de propriété antalgique, du moins aux doses
habituelles. Mieux tolérés au plan clinique que les antidé-
presseurs tricycliques, ils peuvent être proposés au patient
Lors du diagnostic
douloureux chez lequel un syndrome dépressif caractérisé
• Croire à la plainte du patient malgré l’absence
a été diagnostiqué.
de lésion objectivable. La douleur est ce que le La nouvelle génération d’antidépresseurs, apparentés
patient dit qu’elle est. aux antidépresseurs tricycliques (inhibiteur de la recap-
• Ne pas traiter des examens complémentaires. ture de la sérotonine et de la noradrénaline, IRSNA),
• Rechercher une composante neuropathique ® ®
venlafaxine (Effexor ), duloxétine (Cymbalta ) et minal-
®
d’une douleur pour adapter le traitement. cipran (Ixel ) sont mieux tolérés avec une efficacité dans
• Prendre en compte une détresse psychologique certaines douleurs neuropathiques périphériques qui tou-
même conséquente de la douleur ou associée tefois paraît moindre (NNT 6,4). La duloxétine possède
d’emblée au contexte de survenue d’une dou- une autorisation de mise sur le marché (AMM) par la
Food and Drug Administration (FDA) pour le traitement
leur (accident de la voie publique « violent »,
des neuropathies diabétiques et une indication spécifique
attitude de l’entourage lors de l’accident [fuite, dans le traitement de la fibromyalgie. Sa posologie initiale
non-assistance...], etc.). est de 30 mg en une prise au milieu du petit-déjeuné, aug-
• Penser aux troubles du sommeil. mentée à 60 mg au huitième jour. Dans les études, son
• Aborder rapidement la « possibilité » d’une par- augmentation de la posologie à 120 mg/j n’apporte pas
ticipation émotionnelle au vécu douloureux qu’il d’avantage significatif. Cependant, chez un patient qui le
convient de traiter au même titre que la douleur. tolère bien, il peut être parfois utile d’augmenter la poso-
Lors du traitement logie au-delà de 60 mg pour voir si le patient obtient un
®
• Ne pas associer d’emblée plusieurs molécules à plus grand soulagement. Le minalcipran (Ixel ) a une effi-
faible dose (posologie non efficace) dont aucune cacité démontrée dans un certains nombres de douleurs
chroniques et a obtenu une AMM par la FDA en 2009 dans
n’a préalablement été essayée en monothérapie à
le traitement de la fibromyalgie (100 à 200 mg/j). Leur pro-
posologie efficace. priété antalgique est obtenue à posologie antidépresseur.
• Inciter à la remobilisation des patients.
• Insister sur le traitement préventif : à prendre en
prévention des efforts en sachant respecter le délai  Annexe B. Les anti-
d’action (45 min en moyenne).
• Ne pas faire porter au patient la responsabilité épileptiques à visée antalgique
des « échecs » de traitement : « votre douleur c’est ®
dans la tête ». Le clonazepam (Rivotril ) : il aurait une efficacité sur la
Lors du suivi composante paroxystique des douleurs neuropathiques.
• Ne pas reconduire la prescription d’un trai- Il possède également des propriétés myorelaxante, hyp-
notique et anxiolytique, et peu s’accompagner d’une
tement non efficace ou insuffisamment efficace
accoutumance. En absence d’études scientifiques récentes
conduisant à la pérennisation des douleurs : véri- et validées confirmant son efficacité et devant l’apparition
table inertie thérapeutique. de mésusage, son instauration est actuellement restreinte
• Ne pas dire « je ne peux plus rien faire pour aux neurologues et aux pédiatres, sur des ordonnances
vous ! » mais passer rapidement la main à des sécurisées. Le renouvellement de la prescription peut être
professionnels compétents. fait par le médecin généraliste.
La gabapentine et la prégabaline : la gabapentine
®
(Neurontin ) a obtenu l’AMM dans le traitement des
douleurs post-zostériennes, et a également montré son
efficacité dans les neuropathies diabétiques. La prégaba-
®
Déclaration de liens d’intérêts : interventions ponctuelles pour le line (Lyrica ), dérivée de la gabapentine, a obtenu une
laboratoire Grünenthal. AMM plus large dans le traitement des douleurs neuro-
pathiques périphériques et centrales. Ces deux molécules
agissent en se fixant sur la sous-unité alpha-2-delta des
canaux calciques et moduleraient ainsi l’excitabilité neu-
 Annexe A. Les antidépresseurs ronale. La prégabaline apporte une amélioration de la
qualité de vie en améliorant le sommeil et en diminuant
à visée antalgique l’anxiété. L’efficacité antalgique est obtenue dès la pre-
mière semaine de traitement à posologie optimale. Mais
Les antidépresseurs tricycliques : l’action antalgique l’obtention d’une telle posologie peut nécessiter plusieurs
survient de façon précoce dans les dix premiers jours de semaines de titration pendant lesquelles la dose sera aug-
traitement et à des doses considérées comme faibles (entre mentée progressivement, en fonction de la tolérance dans
10 et 125 mg/j). Cette action est indépendante de leur un premier temps et du résultat thérapeutique.
action thymorégulatrice. En l’absence d’étude compara-
tive, l’efficacité respective des différentes molécules peut
être mesurée par la détermination du number needed to  Annexe C. Les techniques
treat (NTT), soit le nombre de patients qu’il faut traiter
pour obtenir 50 % de soulagement chez un patient. Il est de contre-stimulation
compris pour cette classe médicamenteuse entre 3 et 4,4
(Tableau 3). Les antidépresseurs tricycliques doivent être La neurostimulation transcutanée
utilisés avec prudence chez les patients souffrant de mala- (NSTC)
dies cardiovasculaires et leur utilisation précédée d’un
ECG pour rechercher un trouble du rythme inconnu. Ils Deux principes théoriques sous-tendent le mécanisme
augmentent le risque de crise d’épilepsie. Leur utilisation d’action de la NSTC [18] . Le premier principe repose sur la
peut se compliquer d’une hépatite médicamenteuse. théorie du « gate control » proposée par Melzack et Wall

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60-615-M-10  La douleur et son traitement chez l’adulte

en 1965. L’activation électrique sélective des fibres de gros


calibre A␣ et A␤ responsables de la sensibilité épicritique
 Annexe D. Modalités
ou proprioceptive entraîne une inhibition de la transmis- d’instauration
sion du message nociceptif dans la couche dorsale de la
moelle, vers les seconds neurones médullaires impliqués d’un traitement antalgique
dans la nociception. Il existerait une compétition entre les
deux types d’information au profit de la sensibilité épicri- 1. Le traitement doit être prescrit per os en absence
tique, compétition rendue possible par la différence de de troubles de la conscience ou de déglutition. Le pra-
vitesse de conduction entre les fibres de gros et de petit ticien doit cependant toujours discuter la possibilité d’un
diamètre (50 à 100 m/s pour les premières contre quelques traitement local.
m/s pour les dernières). 2. La posologie minimale efficace ou tolérée doit être
Le second principe repose sur la libération d’opioïdes recherchée en répondant aux critères suivants :
endogènes obtenue après une stimulation périphérique a. molécule adaptée au mécanisme de la douleur :
de basse fréquence, qui permettraient de moduler la per- – douleurs nociceptives : les traitements interrompent
ception douloureuse. la transmission du message douloureux. Les antal-
La NSTC ne peut être prescrite chez des patients souf- giques simples seront privilégiés et le recours aux
frant d’hypoesthésie importante, ou alors il conviendra de AINS envisagé en cas de non-efficacité et pour une
disposer les électrodes à distance du territoire déficitaire, durée la plus courte possible,
dans le même métamère ou dans le métamère voisin. Il – douleurs neuropathiques : les traitements modulent
est parfois rapporté une exacerbation des DN par la tech- la transmission et le contrôle du message doulou-
nique, lors de la stimulation. reux : ce sont les co-analgésiques ;
Cette technique non invasive, dénuée d’effet indési- b. molécule adaptée à l’intensité des douleurs (paliers
rable, peut être proposée au patient réticent à la prise de de l’OMS) : il n’existe pas de parallélisme entre une
médicaments, en cas d’intolérance, ou en complément intensité de douleur exprimée sur une EVA (mesure
des traitements médicamenteux. La location du neurosti- unidirectionnelle d’un symptôme pluridimensionnel)
mulateur est remboursée par la sécurité sociale si la pres- et le recours à un palier antalgique donné. Il faut savoir
cription est faite en consultation de la douleur. Récem- augmenter le traitement jusqu’à la posologie maxi-
ment a été commercialisé un TENS sans fil, connecté par male tolérée ou recommandée avant de changer de
bluetooth au smartphone du patient (ActiTENS). Les élec- palier. Ne pas poursuivre des traitements qui ne servent
trodes sont plus volumineuses mais l’absence de boîtier et à rien. Cependant, il faut faire une distinction entre
de fils rend son utilisation plus discrète. les douleurs aiguës et les douleurs chroniques. Dans
les douleurs aiguës, il paraît licite d’avoir recours à des
antalgiques de palier d’autant plus élevé que la douleur
La stimulation médullaire épidurale est intense. Le but de la prise en charge est de calmer le
(SME) plus rapidement possible la douleur en attendant que
le traitement étiologique soit mis en place et soit effi-
La stimulation médullaire consiste en la mise en place cace. Cette urgence thérapeutique n’est plus de mise
par voie chirurgicale ou percutanée d’une électrode que chez les patients douloureux chroniques. L’évaluation
l’on va placer dans l’espace épidural, en regard des cor- précise du symptôme douleur peut prendre plusieurs
dons postérieurs de la moelle. Après une période test de consultations et la prise en charge médicamenteuse
quelques jours, et en cas d’efficacité de la stimulation, isolée ne suffit pas. Dans tous les cas, il sera procédé à
les électrodes seront reliées à un boîtier de stimulation une évaluation de l’efficacité du traitement en utilisant
implanté en sous-cutané. Le patient peut alors, grâce à la même échelle pour un patient donné, en mettant
une télécommande, adapter les paramètres de stimula- en parallèle la tolérance et la recherche systématique
tion (longueur d’onde, durée et intensité de stimulation) d’effets secondaires.
dans les limites fixées avec son médecin, en fonction de La simple évaluation du rapport efficacité tolérance
sa douleur et de ses activités. ne suffit cependant pas. La poursuite du traite-
En 2007, Kumar et al. ont rapporté l’efficacité de la ment sera envisagée aux vues des objectifs discutés
SME dans le traitement des lomboradiculalgies persis- avec le patient, notamment en ce qui concerne la
tantes après traitement chirurgical (étude PROCESS) [19] . réadaptation fonctionnelle ou reprise d’une autono-
Les auteurs rapportent également une amélioration signi- mie satisfaisante. Ainsi, c’est dans la prise en charge
ficative de la qualité de vie et une diminution de la de syndromes douloureux chroniques d’origine non
consommation médicamenteuse. Les facteurs de bon pro- maligne, que le recours aux antalgiques morphiniques
nostic étaient : une DN de courte durée (< 12 mois) et un est le plus discuté [9] . Ces recommandations de bon
faible nombre de chirurgies rachidiennes (< 3). sens insistent sur la nécessité d’une stricte sélection
D’autres pathologies douloureuses réfractaires ou insuf- préalable des patients et d’une évaluation multidisci-
fisamment contrôlées par les antalgiques peuvent béné- plinaire. Elles invitent à procéder à une mise en route
ficier de cette approche. Citons les algodystrophies des du traitement à doses progressives dont l’ajustement
membres inférieurs ou les radiculopathies associées à des se fait par palier, à une surveillance au décours
troubles vasomoteurs importants. Cependant le caractère des patients en recherchant un abus ou une dépen-
invasif de la technique, ses effets indésirables potentiels dance au médicament [10] . Toute augmentation de
(hémorragie, infection, déplacement de l’électrode...) et dose rapide ou paraissant injustifiée (notamment au-
son coût doivent faire réserver ses indications pour des delà de 150 mg par jour d’équivalent morphine) doit
patients dûment sélectionnés par des équipes compé- conduire à une surveillance rapprochée du patient et
tentes pluridisciplinaires. faire reconsidérer l’indication du traitement. Nous rap-
pelons que le traitement par morphinique sera débuté
à posologie d’autant plus faible que le patient est âgé.
L’acupuncture L’existence d’effets secondaires invalidants (somno-
L’acupuncture stimulerait les mécanismes de contrôle lence, constipation...) doit faire mettre en balance les
« descendant » notamment issus du tronc cérébral, et bénéfices/risques de cette thérapeutique ;
pourrait avoir une action antalgique [18] . Sa bonne tolé- c. posologie adaptée à l’horaire des douleurs : le schéma
rabilité clinique justifie qu’elle puisse être proposée chez thérapeutique doit pouvoir apporter une antalgie suf-
les patients demandeurs ou en échec des autres thérapeu- fisante pour calmer les douleurs de fond s’il y en a
tiques. (médicament à libération prolongée), associé à des

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La douleur et son traitement chez l’adulte  60-615-M-10

prises supplémentaires de médicaments (libération sieurs semaines. À partir de 200 mg/j, il peut entraîner
immédiate) en prévision des pics douloureux sponta- une perte de poids significative, ce qui lui confère un
nés (douleurs neuropathiques) ou prévisibles (douleurs avantage chez certains patients ;
liées aux soins, réactivations physiques douloureuses). • les morphiniques : longtemps considérées comme
Ce point doit être particulièrement expliqué aux résistantes aux opioïdes, les douleurs neuropathiques
patients qui ont tendance à se « sous-traiter » de peur peuvent cependant être soulagées par ces molécules,
de devenir « résistants » aux médicaments ; seules ou en association, et ce pour des posologies sou-
d. traitement préventif et non curatif ; traitement sys- vent plus élevées que dans le traitement des douleurs
tématique et non à la demande : la consommation nociceptives. Des études sont nécessaires pour vali-
d’antalgiques étant la même mais au prix de douleurs der leur emploi au long cours. L’oxycodone aurait une
moindres. action plus spécifique sur ce type de douleur ;
Il convient d’expliquer et d’insister auprès des • la kétamine est un anesthésique général d’action
patients sur la nécessité d’intervenir en prévention des rapide dépourvu d’effet dépresseur respiratoire ou
douleurs. cardiovasculaire. Actuellement elle est utilisée en anes-
3. Il est nécessaire de reconnaître et de traiter les thésie surtout pour ses propriétés anti-hyperalgésiantes
facteurs aggravant les douleurs : troubles du sommeil, dans des protocoles d’analgésie périopératoire plurimo-
troubles de l’humeur, anxiété, facteurs cognitifs dys- dale. Elle bloque les récepteurs N-méthyl-D-aspartate
fonctionnels (catastrophisme, peur du mouvement...), (NMDA) dont l’activation joue un rôle majeur dans les
difficultés socioprofessionnelles (accident de travail, phénomènes de sensibilisation centrale et le dévelop-
maladie professionnelle...), difficultés familiales, conflits pement des douleurs neuropathiques (développement
divers (avec la sécurité sociale, l’employeur, un particulier, de l’allodynie et hyperalgésie). Elle aurait également
une compagnie d’assurance...). des propriétés intéressantes dans la dépression. La
4. Les effets indésirables des molécules doivent être kétamine est utilisée hors AMM (pour une revue
prévenus. Savoir augmenter la posologie très progressi- détaillée voir [37] ), depuis plus de 15 ans dans les
vement jusqu’à obtention des objectifs du traitement : structures d’évaluation et de traitement de la dou-
donner toutes ces chances à un médicament. leur pour le traitement des douleurs chroniques
5. Les objectifs du traitement sont expliqués et discutés réfractaires aux traitements usuels (douleurs neuro-
avec le patient. Ils peuvent être multiples : antalgie, reprise pathiques d’étiologie variée, syndrome douloureux
d’une activité physique ou sportive auparavant interrom- régional complexe, fibromyalgie) et pour permettre de
pue du fait des douleurs, amélioration de l’humeur ou diminuer les posologies de dérivés morphiniques. Elle
du sommeil. Rappelons que la reprise du travail est sou- est également utilisée dans les services de soins pallia-
vent thérapeutique. Ici encore l’éducation du patient est tifs pour les patients en fin de vie. Son utilisation est
importante. mal codifiée : elle est utilisée par voie intraveineuse ou
6. Une évaluation régulière de l’efficacité du traite- sous forme de solution buvable, à des posologies, fré-
ment doit être pratiquée : amélioration de la douleur, quences d’injection ou durées d’utilisation variables.
des performances physiques, de la relation aux autres, Elle est rarement utilisée à des posologies dépassant
du sommeil... et une adaptation du traitement antalgique 3 mg/kg par jour du fait de développement au-delà de
réalisée. L’amélioration des conditions physiques peut troubles psychodysleptiques très inconfortables pour
entraîner une diminution des douleurs et permettre de les patients mais recherchés dans un usage récréatif
réduire secondairement le traitement médicamenteux. (drogue K, la Ket, Kitkat...). Les preuves de son efficacité
sont faibles (études rétrospectives, cas cliniques, études
ouvertes) et des études complémentaires bien conduites
 Annexe E. Autres molécules sont nécessaires pour valider son utilisation.

utilisées dans le traitement  Références


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de 3 ‰, allant jusqu’au syndrome de Lyell) doit faire pharmacology of opioids informs the opioid discourse about
réserver son utilisation par des équipes spécialisées dans misuse and abuse: a review. Pain Ther 2017;6:1–16.
la prise en charge des douleurs chroniques. Pour limiter [7] Rolland B, Bouhassira D, Authier N, Auriacombe M, Martinez
ce risque, il est recommandé de procéder à une titration V, Polomeni P, et al. Misuse and dependence on prescrip-
très lente sur plusieurs semaines ; tion opioids: prevention, identification and treatment. Rev Med
• le topiramate (Epitomax ) n’a pas d’efficacité démon-
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A. Coutaux, Rhumatologue (acoutaux@hpsj.fr).


Consultation d’évaluation et de traitement de la douleur chronique, Hôpital Saint-Joseph, 185, rue Raymond-Losserand, 75014 Paris,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Coutaux A. La douleur et son traitement chez l’adulte. EMC - Savoirs et soins infirmiers
2019;14(2):1-16 [Article 60-615-M-10].


Pour citation, ne pas utiliser la référence ci-dessus de cet article, mais la référence de la version originale publiée dans EMC – Traité de
Médecine Akos 2018;13(4):1-15 [5-1180].
DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(18)75845-6

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