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Actes des congrès de la Société

des historiens médiévistes de


l'enseignement supérieur public

Présentation et bilan de l'historiographie allemande de l'espace


Monsieur Thomas Zotz

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Zotz Thomas. Présentation et bilan de l'historiographie allemande de l'espace. In: Actes des congrès de la Société des
historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 37ᵉ congrès, Mulhouse, 2006. Construction de l'espace au Moyen
Age : pratiques et représentations. pp. 57-71;

doi : 10.3406/shmes.2006.1912

http://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_2007_act_37_1_1912

Document généré le 04/06/2016


Présentation et bilan

de l'historiographie allemande

de l'espace

Thomas Zotz

Im Raume lesen wir dieZeit : ainsi s'intitule un livre de Karl Schlôgel,


historien de l'Europe de l'Est à Francfort/Oder, paru en 2003*. On y trouve
les deux catégories essentielles de l'histoire, le temps et l'espace ; cependant
l'accent y est mis sur l'espace, présenté comme un livre dans lequel on
pourrait lire le temps! Cette perspective semble assez surprenante pour
un historien allemand, et il faut avouer que c'est le géographe allemand
Friedrich Ratzel, bien connu dans la seconde moitié du xixe siècle, qui a
formulé le premier cette belle phrase.
En effet, l'espace semble être le domaine de la géographie, le temps
en revanche le fil directeur de l'histoire, comme l'a écrit Monique Bourin
en 2002 dans le volume Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Age.
Mais tandis qu'en France l'histoire et la géographie se sont bien alliées
l'une à l'autre — et c'est pour cette raison que les historiens sont ouverts à
la catégorie de l'espace et à la spatialisation des perspectives —,
l'historiographie allemande dont j'ai à parler souffre — ou plutôt a souffert — d'une
tradition assez distante à l'égard de l'espace.
Dans une première partie de ma conférence, je traiterai cette
tradition de l'historiographie allemande en commençant par le xixe siècle, avec les
débuts de la recherche historique sur l'espace. Ensuite je chercherai à
caractériser cette même recherche durant la République de Weimar et la période
du national-socialisme quand elle se politisa et se laissa instrumentaliser.

* Afin de rendre plus facile l'aperçu historiographique, principal objet de cette contribution, les
références bibliographiques ont été regroupées en fin d'article.
58 Thomas Zotz

Puis j'aborderai l'après-guerre et la deuxième moitié du xxe siècle en


général, périodes qui constituent une longue phase de réticence en réaction à
cette mise au pas.
Dans une deuxième partie, je m'intéresserai à ce que l'on pourrait
qualifier de « renouveau de l'espace » à la fin du siècle dernier, pour
reprendre l'expression « Wiederkehr des Raumes » employée par Jùrgen Oster-
hammel en 1998. Ce renouveau est illustré par une série de grands congrès
comme, par exemple, dès 1986, le 36e colloque des historiens allemands
à Trêves qui eut pour thème : « Râume der Geschichte - Geschichte des
Raumes », ou encore par la rencontre de Kiel en 2004 portant sur le thème
similaire de « Kommunikation und Raum ». Ces sujets et titres des Histo-
rikertage sont tout à fait représentatifs des tendances actuelles de notre
discipline. Mais l'intérêt retrouvé depuis quelques années pour l'espace sous
ses différents aspects n'est pas l'apanage des historiens : c'est ce
qu'indiquent d'une part le 30e Congrès des médiévistes à Cologne en 1996, initié
par les philosophes et consacré au thème « Raum und Raumvorstellungen
im Mittelalter », et d'autre part les actes du 10e symposium de
l'association des médiévistes {Mediâvistenverband, qui inclut des non-historiens),
parus en 2005 sous le titre : « Virtuelle Râume. Raumwahrnehmung und
Raumvorstellungen im Mittelalter ». En outre, la même année, les
germanistes publièrent différentes communications d'un colloque sur le sujet :
« Raumerfahrung - Raumerfindung. Erzâhlte Welten des Mittelalters zwi-
schen Orient und Okzident ».
Nous sommes témoins, si je puis dire, d'un spatial turn de grande
envergure qui ne s'arrête pas aux frontières fédérales, puisque le symposium
du Centro italiano di studi sulïalto medioevo à Spolète en 2002 s'intitulait :
« Uomo e spazio nell'alto medioevo » et le présent Congrès à Mulhouse,
Fribourg et Bâle a pour thème « La construction de l'espace au Moyen
Âge : représentations et pratiques ».
Je tenterai donc de cerner l'apport de l'historiographie allemande en
cette période du Wiederkehr des Raumes, du « renouveau de l'espace ». Mon
attention se portera en premier lieu sur les médiévistes historiens, même si
le thème de la spatialisation, comme nous l'avons évoqué, est embrassé par
toutes les disciplines portant sur la période médiévale.
Présentation et bilan de l'historiographie allemande 59

La catégorie de l'espace dans l'historiographie allemande


jusqu'aux dernières décennies du xxc siècle
À partir de l'époque moderne, l'intérêt que l'historiographie
allemande portait à l'espace se manifesta par l'examen d'une unité spatiale
particulière : le territoire (territorium) au sens seigneurial. Au cours du
xixe siècle, la perception analytique de l'espace sortit peu à peu de ce cadre
et se développa sous l'influence de la géographie historique, promue par
des savants tels que Friedrich Ratzel, mentionné plus haut, pour porter
désormais sur des espaces qui semblaient faire partie d'une même culture.
L'approche scientifique de cet « espace culturel » ou Kulturraum se fit de
manière pluridisciplinaire, abordée à la fois par l'histoire sociale,
économique, littéraire, l'histoire de l'art ou l'ethnologie. Cette nouvelle approche
s'incarne notamment en la personne de Karl Lamprecht. En effet ce fut lui
qui, à la fin du xixe et au début du xxe siècle, posa les bases
méthodologiques de la recherche en histoire régionale {Landeskunde) , en créant des
sociétés et des instituts en Rhénanie puis à Leipzig et ce en coopération
avec le géographe Friedrich Ratzel. On voit ainsi qu'il existe malgré tout
des exemples de coopération entre l'histoire et la géographie en Allemagne.
Une coopération que l'on retrouve aussi dans les travaux d'Hermann Aubin
qui fut à l'origine de l'Institut d'histoire régionale de Rhénanie et qui
développa la notion du Kulturraum, de l'« espace culturel ». Cependant,
durant la République de Weimar, l'histoire de l'espace connut sa première
accentuation politique; je n'évoquerai ici que le géographe fribourgeois
Friedrich Metz, qui décrivit, dans son ouvrage de 1925, les pays du Rhin
supérieur comme (je traduis directement) « une unité naturelle, cuturelle
et nationale sur le sol de l'Europe centrale ». En l'occurrence, le terme de
« national » reflétait manifestement les ambitions allemandes. Quelques
notions comme Lebensraum I « espace vital » ou Volk ohne Raum I « peuple
sans espace » (chez Hans Grimm en 1926) suffiront pour rappeler le
développement malheureux que connurent ces prémices durant la période
nationale-socialiste.
Même si, à cette époque, l'histoire régionale se garda souvent des
compromissions - ce ne fut pas toujours le cas, naturellement! -, comme
l'a montré Matthias Werner dans son article exemplaire de 2005,
l'historiographie de l'espace resta néanmoins marquée pour longtemps du
sceau de l'infamie. La « géopolitique » des années hitlériennes résonna
longtemps dans les mémoires et empêcha ainsi la science historique, tout
comme les autres disciplines médiévistes, de porter un regard sans préjugés
ni complexes sur les conditions spatiales de l'histoire humaine ; c'est-à-dire
60 Thomas Zotz

non seulement sur une certaine unité spatiale, mais aussi sur le facteur
constituant qu'est l'espace en tant que tel, à côté du temps. Il est tout à
fait remarquable que cette catégorie spatiale, si elle ne manque pas
totalement à l'appel, reste cependant étudiée de manière très partielle. C'est en
vain que l'on cherche un article sur l'espace dans l'ouvrage Geschichtliche
Grundbegriffe, consacré aux termes essentiels de la science historique et
initié par Otto Brunner, Werner Conze et Reinhard Kosseleck. Dans le
Lexikon des Mittelalters, tome 7, paru en 1995, on ne trouve que quelques
lignes du philosophe Wolfgang Breidert traitant des conceptions
médiévales de l'espace dans leur rapport avec la philosophie grecque et avec saint
Augustin. Or les conceptions de l'espace constituent sans aucun doute un
aspect important, mais n'en sont qu'un parmi beaucoup d'autres.
On pourrait encore alléguer qu'il n'existe pas de véritable
équivalent pour notre conception de l'espace en latin, la langue intellectuelle
du Moyen Âge, comme l'a déjà fait remarquer Alain Guerreau dans son
article « Structure et évolution des représentations de l'espace dans le haut
Moyen Âge occidental », paru en 2003 dans Uomo e Spazio. Spatium
signifie intervalle, locus lieu, le pluriel loca contrée. Aussi saint Augustin doit-il
avoir recours à une périphrase approximative dans La cité de Dieu (XI/5) :
on y lit spatia locorum à côté de spatia temporis. Il n'en est pas autrement
avec le terme vieil haut allemand ou moyen haut allemand rûmlroum que
l'on utilise indifféremment pour décrire le lieu dans lequel on se déplace
ou celui dans lequel on s'arrête. En raison de cette évolution des notions,
il n'est pas aisé d'adapter le thème de l'espace à l'analyse des territoires à
petite ou grande échelle.
Mais revenons à l'étude de l'historiographie allemande et à sa
relation avec la catégorie de l'espace dans la deuxième moitié du xxe siècle. À
côté des nombreux travaux d'histoire régionale concernant différentes
unités spatiales, que nous ne pouvons présenter ici en détail, on constate que
l'aspect topographique de l'espace, donc l'agencement spatial, est devenu
l'objet d'un grand intérêt à différents niveaux de la recherche.
Pour le Moyen Âge, on peut évoquer des travaux sur la
topographie sociale des villes, qui cherchent à savoir comment des groupes sociaux
qui différaient par leur rang et par leur mode de vie se classèrent les uns
par rapport aux autres. À titre d'exemple, je citerai ici l'ouvrage de Win-
frid Schich, Wùrzburg im Mittelalter, publié en 1977, et celui de Helge
Steenweg, Gôttingen um 1400. Sozialstruktur und Sozialtopographie einer
mittelalterlichen Stadt, paru en 1994. Ces questions préoccupent toujours
les médiévistes, comme l'illustrent les actes de colloque publiés en 2005 par
Matthias Meinhardt et Andreas Ranft sous le titre Die Sozialstruktur und
Présentation et bilan de l'historiographie allemande 61

die Sozialtopographie vorindustrieller Stàdte. Par ailleurs, les espaces urbains


et leurs répercussions font l'objet d'une comparaison à grande échelle dans
l'ouvrage en plusieurs tomes de Monika Escher et Frank Hirschmann, Les
centres urbains durant l'âgeféodal et le bas Moyen Age dans l'ouest de l'Empire
et l'est de la France (2005).
Outre la topographie sociale des villes, la médiévistique allemande
s'intéresse — et cela depuis un certain temps déjà — aux topographies
profane et sacrée, du point de vue non seulement de l'historien mais aussi
de l'archéologue et de l'historien de l'art. Dans les deux cas, il s'agit d'un
espace seigneurial et souverain, qu'il soit régi par le roi et les seigneurs ou
par le roi des rois et sa cour. J'évoquerai ici, d'une part, le livre de Carlri-
chard Brùhl, Palatium und Civitas. Studien zur Profantopographie spâtanti-
ker Civitates vom 3. bis zum 13. Jahrhundert (1975/1990) et, d'autre part,
la vaste entreprise du Repertorium der deutschen Kônigspfalzen, engagée sous
l'égide de l'institut d'histoire Max-Planck à Gôttingen depuis 1983. En
passant, je dois mentionner également les contacts ponctuels, mais pour
le moins féconds, entre Gôttingen et le groupe de recherches du CNRS
« Sociétés et cadres de vie au Moyen Âge : approches archéologiques », et
en particulier avec Annie Renoux au Mans. Par analogie avec le Pfalzenre-
pertorium, un projet de recherche sur les résidences seigneuriales a été lancé
par Hans Patze : il est financé par l'Académie des sciences de Gôttingen et
dirigé actuellement par Werner Paravicini. Cette série de publications, la
Residenzenforschung, compte déjà près d'une vingtaine de tomes partagés
entre des monographies, des actes de colloques et un dictionnaire en
plusieurs volumes intitulé Hofe und Residenzen im spàtmittelalterlichen Reich.
En ce qui concerne la topographie sacrée, je ne citerai ici que l'ouvrage
de Gerhard Streich, Burg und Kirche (1984), et la monographie de Frank
Hirschmann sur Verdun im hohen Mittelalter. Ein lothringische Kathedral-
stadt und ihr Umlandim Spiegel der geistlich en Institutionen (1996).
Les mots-clés Stadt und Umland I « Ville et banlieue » me donnent
l'occasion de présenter une autre branche de la médiévistique allemande
consacrée à la recherche spatiale, établie depuis longtemps. En effet, dès
les années 1970, Erich Maschke et Jùrgen Sydow avaient organisé un
colloque sur le thème « Stadt und Umland » dans le cadre de X Arbeitskreis
fur sûdwestdeutsche Stadtgeschichtsforschung. A Trêves, Franz Irsigler s'est
préoccupé de cette même problématique en s'intéressant aux concepts,
historiographiques sur la ville et sur son environnement, en se penchant
notamment sur nombre de théories et de concepts, comme celui de « lieux
centraux », du géographe Walter Christaller. À Augsbourg, l'historien Rolf
Kiessling s'est illustré par ses travaux sur la ville et ses environs en Souabe
62 Thomas Zotz

orientale. S'il est un domaine dans lequel l'histoire régionale a produit des
impulsions décisives pour la recherche pluridisciplinaire dans la seconde
moitié du xxe siècle, c'est bien celui de l'espace au Moyen Âge.
Ces premiers signes d'une recherche historique sur l'espace ont été
mis en lumière, et cela de manière très féconde, lors du 36e Congrès des
historiens allemands à Trêves qui, comme on l'a vu, portait sur le thème
« Ràume der Geschichte - Geschichte des Raumes ». Plusieurs sections
furent consacrées au thème « Zwischen Gallia und Germania, Frankreich
und Deutschland. Konstanz und Wandel raumbestimmender Krâfte »,
laissant ainsi entrevoir le programme adopté ensuite par le programme
scientifique du Sonderforschungsbereich 235 à Trêves, « Zwischen Maas und
Rhein : Beziehungen, Begegnungen und Konflikte in einem europâischen
Kernraum von der Spâtantike bis zum 19. Jahrhundert » : ce programme
s'étala sur quinze ans entre 1987 et 2002. L'espace clé que constitua la
Lotharingie/Lorraine, en tant que zone frontière et lieu de rencontre
entre cultures différentes, offrit de nombreux points de départ pour une
recherche orientée vers l'espace, que ce soit d'un point de vue
administratif, ecclésiastico-religieux ou économique. Mais, par-delà les frontières
de cette région spécifique, je me dois encore d'évoquer ici les apports du
colloque de Trêves en 1998, portant sur le sujet « Stâdtelandschaft - Stâd-
tenetz - zentralôrtliches Gefiige ». Tous ces mots-clés « paysage urbain -
réseau de villes - lieux centraux » montrent bien que la recherche spatiale
des médiévistes allemands a un net accent urbain. Mais les questions
théoriques n'étaient pas absentes non plus au sein du progamme scientifique
de Trêves : en 1986, Franz Irsigler y discuta les concepts de l'espace dans
la recherche allemande et, en 1993, Alfred Heit s'y exprima sur le thème
« Raum — zum Erscheinungsbild eines geschichtlichen Grundbegriffs »,
comblant ainsi la lacune laissée par l'ouvrage collectif des Geschichtliche
te.

Le « renouveau de l'espace »
Malgré ces efforts importants de l'historiographie allemande en
matière de recherche spatiale dans des années 1980, la catégorie de
l'espace continua à susciter une certaine réserve, comme en témoignent les
ouvrages de référence cités au début de notre propos et repris à l'instant.
Dans une certaine mesure, l'ouvrage de Hans-Werner Goetz, Moderne
Mediâvistik. Stand und Perspektiven der Mittelalterforschung, paru en 1999,
était encore écrit dans cet esprit. Cette synthèse capitale de la recherche
Présentation et bilan de l'historiographie allemande 63

en histoire médiévale, tout comme les actes du Congrès de la société des


médiévistes intitulé Mediâvistik im 21. Jahrhundert, parus à l'aube du
siècle en 2003, ne soufflent mot de l'espace. L'histoire régionale
traditionnelle n'avait certes pas sa place dans la deuxième partie du livre de Goetz,
puisque celle-ci s'intitulait « Neue Ansâtze, Themen und Methoden in
der Mediâvistik » ; encore peut-on noter que l'histoire régionale a connu
ces dernières années de nouvelles impulsions, entre autres à propos de la
notion d'espace. D'autres usages de cette catégorie étaient encore en germe
et n'avaient pas encore eu l'occasion de se développer. Désormais, notre
perspective est tout autre et Hans-Werner Goetz, s'il écrivait aujourd'hui sa
synthèse, mettrait l'accent sur d'autres points. Mais, dans les années 1990,
nous n'en étions pas encore arrivés à un stade avancé de cette réflexion.
On observe le même phénomène dans l'ouvrage franco-allemand
Tendances actuelles de l'histoire du Moyen Age en France et en Allemagne,
né des colloques de 1997-1998 et publié en 2002, uniquement dans sa
version française malheureusement. Parmi les thèmes présentés du côté
allemand, ce fut la section « Palais royaux, cours, résidences », traitée par
Werner Paravicini et par moi-même, et commentée par Annie Renoux et
par Jean-Marie Moeglin, qui se rapprocha le plus du concept d'espace.
Ce titre condensait les deux grands projets de recherche de la médié-
vistique allemande consacrés à l'examen de la topographie seigneuriale
laïque, que l'on pourrait aussi qualifier de chorographie seigneuriale. Le
colloque de la Residenzenkommission, réuni à Potsdam en 1994, avait pour
sujet « Zeremoniell und Raum », et fut publié en 1997; il a montré le
potentiel qui reste à exploiter dans ces vénérables poids lourds de la
recherche. Le cérémoniel, comme ordre fixé par les règles de conduite et par
la communication personnelle, est projeté dans l'espace de la cour, dans
l'« enveloppe du pouvoir », pour reprendre le nom adopté par la
Residenzenkommission pour une section du Congrès des historiens en 2004. Par
ailleurs, le thème des Pfalzen, des palais, en tant que lieux de pouvoir
marquant l'espace de leurs sceaux, fut repris par Caspar Ehlers dans son projet
global « Places of Power », qu'il organisa avec Michael McCormick.
Même si palais, cours et résidences ont clairement un rapport avec
l'espace et sa perception, la recherche allemande n'a cependant pas
particulièrement développé ce thème, alors que les Français ont introduit tout
naturellement une section « Espace » dans le projet commun : cela
aboutit à la section présentée à Gôttingen par Monique Bourin et Elisabeth
Zadora-Rio, et commentée par Hans-Joachim Schmidt. Celui-ci examina
dans son exposé les rapports respectifs des historiographies française et
64 Thomas Zotz

allemande avec la notion d'espace, et brossa ensuite un large tableau de la


recherche allemande à ce sujet, ce qui me fut d'une grande utilité pour la
préparation de cette conférence.
Alors que, à Sèvres, à Gôttingen, ou encore à Hambourg avec Hans-
Werner Goetz, on dressait des bilans, la fin du xxe siècle fut l'époque du
revirement dans ce domaine, aboutissant à un « renouveau de l'espace »,
comme le constata Jûrgen Osterhammel en 1998. Mais quels sont les
tendances et les centres d'intérêt des médiévistes allemands en cette période de
renaissance, lors de ce spatial turn si l'on veut utiliser un terme anglo-saxon
plus à la mode ? Je précise une nouvelle fois que je porterai ici l'accent sur
la seule science historique et ne pourrai qu'effleurer les disciplines voisines,
telles que la littérature ou l'archéologie.
Nous pouvons considérer le 45e Congrès des historiens allemands,
intitulé « Kommunikation und Raum », comme un fidèle reflet de l'intérêt
porté désormais à la catégorie de l'espace par l'historiographie allemande.
Les organisateurs du congrès soulignèrent sur leur site Internet que les
relations spatiales se rencontrent à tous les niveaux des échanges historiques,
et que l'espace est un facteur élémentaire de la structuration sinon de la
hiérarchisation de réseaux et de systèmes. Les espaces se développeraient
ainsi en premier lieu par leur perception, puis seraient rendus concrets par
la communication.
Je voudrais maintenant présenter quelques sections de ce Congrès
qui illustrent la tendance actuelle. Hans-Joachim Schmidt, que nous avons
déjà cité, organisa la section intitulée « Vom Zentrum zum Netzwerk -
Raumûberwindung in der hoch- und spâtmittelalterlichen Kirche » ; il
avait d'ailleurs déjà contribué personnellement à cette thématique en 1999
avec son « Kirche, Staat, Nation. Raumgliederung der Kirche im mittelal-
terlichen Europa ». De son côté, Christina Reinle dirigea la section
consacrée au thème « Konstruktion politischer Ràume im Spâtmittelalter ».
Stefan Esders et Thomas Scharff organisèrent un groupe de travail traitant
le sujet « Raum, Identitât und Konflikt im frûheren Mittelalter ». On y
mit en valeur la perception concrète de l'espace tout comme sa
perception intellectuelle, cela en rapport avec la construction des identités dans
l'historiographie franque. Une autre section, dirigée cette fois par Malte
Prietzel, porta sur le sujet « Râume erfassen, besetzen, durchdringen. Zur
Bedeutung der Kommunikation fur die Herrschaft ùber Ràume ». Cette
idée d'une intensification de la communication au sein d'un espace
particulier fut également le fil directeur d'un colloque du Konstanzer Arbeitskreis
fur mittelalterliche Geschichte sur l'île de Reichenau, organisé par l'historien
de l'art Peter Kurmann et par moi-même en 2004, et intitulé « Historische
Présentation et bilan de l'historiographie allemande 65

Landschaft - Kunstlandschaft ? Der Oberrhein im spâten Mittelalter »


(publication en préparation).
Ainsi, les notions de « Raumerfassung » et de « Raumbewufêtsein »
peuvent être considérées comme un leitmotiv de la recherche en histoire
médiévale depuis la moitié des années 1990. En 1995, Peter Moraw
organisa un colloque du même Konstanzer Arbeitskreis sur ces deux termes. On
y entendit notamment Anna-Dorothee von den Brincken, la spécialiste
allemande de la cartographie médiévale, qui aborda la représentation de
l'espace habité durant le Moyen Âge tardif allemand. Je signale d'ailleurs sa
monographie : Fines terme, parue en 1992, tout comme le livre de Brigitte
Englisch : Ordo orbis terme. Die Weltsicht in den Mappae mundi desfrùhen
und hohen Mittelalters (2002).
Les questions de perception et de représentation de l'espace sont
également au cœur de la thèse de doctorat de Thomas Bauer, issue du Sonder-
forschungsbereich de Trêves et intitulée Lotharingien aïs historischer Raum.
Raumbildung und Raumbewufitsein (1997). Il en va de même pour l'article
de Joachim Ehlers, « Sachsen. Raumbewufêtsein und Raumerfahrung in
einer neuen Zentrallandschaft des Reiches », publié dans les actes du
colloque qui accompagnait l'exposition sur Otton le Grand à Magdebourg
en 2001. Pareillement, les actes du 30e Congrès des médiévistes allemands
tenu à Cologne en 1996 et intitulé « Raum und Raumvorstellungen im
Mittelalter » (publ. 1998) multiplient les références à ce thème, depuis les
conceptions théologiques de l'espace jusqu'aux espaces de l'image en
passant par les modifications dans la manière de percevoir l'espace, ou encore
l'espace en tant que métaphore, les conceptions géographiques de l'espace,
les catégories juridico-historiques de la perception de l'espace ou encore
l'espace dans la musique.
Au moins en passant, j'aimerais encore évoquer d'une part le
symposium de littérature allemande tenu en 2001 à Francfort/Main, «
Raumerfahrung- Raumerfindung. Erzâhlte Welten des Mittelalters zwischen
Orient und Okzident » (publ. 2005), et d'autre part le Congrès de 2003 de
la société des médiévistes à Krems, qui avait pour thème « Virtuelle Râume.
Raumwahrnehmung und Raumvorstellung im Mittelalter » (publ. 2005) :
ces indices illustrent la diversité de ce « renouveau de l'espace » que connaît
l'historiographie germanophone.
L'archéologie s'est également penchée sur les perceptions médiévales
de l'espace : c'est ce que montre l'article de Helmut Reimitz consacré à ce
sujet dans le Reallexikon der germanischen Altertumskunde. Mais les autres
aspects de l'espace sont complètement négligés par cet ouvrage, alors que
celui-ci est pourtant une référence pour l'archéologie et que cette discipline
66 Thomas Zotz

passe pour être, à côté de la géographie, la science qui, par excellence, est
orientée vers l'espace. La compromission de la discipline durant le régime
nazi joue probablement un rôle dans cette réticence face à la notion
d'espace : ainsi préfère-t-on parler ici de « groupes culturels » (« Kulturgrup-
pen ») et de « cercles culturels » (« Kulturkreise »), comme le fait Sebastian
Brather dans le même Reallexikon dergermanischenAltertumskun.de.
En analysant la perception du territoire seigneurial (« Landesbewufit-
sein ») vers la fin du Moyen Âge, Matthias Werner établit des ponts entre
l'histoire régionale et les phénomènes de prise de conscience de l'espace.
De même, les actes du colloque de la Reichenau qui fut consacré audit
« Landesbewufêtsein », parus récemment, firent bon accueil aux impulsions
qu'avait données la section « Régionale Identitât und soziale Gruppen im
deutschen Mittelalter », dirigée par Peter Moraw et Bernd Schneidmùller,
lors du Congrès des historiens tenu à Bochum en 1990. Ces innovations
de 1990 accompagnaient celles du colloque parisien de 1993 organisé par
Rainer Babel et Jean-Marie Moeglin, « Identité régionale et conscience
nationale en France et en .Allemagne du Moyen Âge à l'époque moderne ».
Et ce mot-clé d'« identité » m'offre une transition vers un autre point fort
de la recherche spatiale des médiévistes allemands, sur lequel je terminerai
cet exposé : il s'agit de la catégorie des frontières et de l'espace.
Alors que la notion de frontière avait été longtemps délaissée sous
prétexte qu'elle n'aurait joué aucun rôle dans le monde médiéval, elle a
fait sa réapparition avec le renouveau de l'espace. Déjà en 1987, Rein-
hard Schneider corrigea l'ancien point de vue dans son article « Grenzen
und Grenzregionen ». Celui-ci était publié dans le cadre d'un projet mené
à Sarrebrùck (ce qui n'est certainement pas un hasard), « Problème von
Grenzregionen », qui engendra plusieurs colloques sous l'égide de
Wolfgang Haubrichs, de Roland Marti et de Reinhard Schneider sur les sujets
suivants : « Grenzen und Grenzregionen - Frontières et régions
frontalières — Borders and Border Regions », « Sprachenpolitik in
Grenzregionen - Politique linguistique dans les régions frontalières », « Grenzgànger »
et « Grenzgànger - Mischkultur ? »
Depuis les années 1990, ce sujet n'a cessé d'intéresser la médiévis-
tique. À titre d'exemple, je citerai ici le colloque organisé par Guy P. Marchai
en 1995 à Lucerne, « Grenzen und Raumvorstellungen (1 1.-20. Jahrhun-
dert) ». On y aborda des thèmes tels que la représentation cartographique
des frontières seigneuriales au Moyen Âge, les concepts ecclésiologiques
et juridiques de définition des frontières au sein de l'Église médiévale,
la dimension spatiale de l'expulsion hors des villes durant le bas Moyen
Âge ou encore les « frontières dans les esprits », par exemple aux temps de
Présentation et bilan de l'historiographie allemande 67

rencontre entre chrétiens et musulmans en Terre sainte. Par ailleurs, ce


fut sous le titre de « Grenze und Differenz » que Walter Pohl organisa une
rencontre à Vienne en 1996 (publ. 2000), qui traitait de sujets comme
les frontières et leur traversée durant l'Europe carolingienne, ou encore la
représentation de la séparation entre les sexes dans les rituels funéraires du
haut Moyen Âge. De son côté, Jùrgen Strothmann s'intéressa en 2005 à la
question de l'espace conquis et de ses frontières à l'époque carolingienne.
Cette année paraissent les actes du dernier Congrès de la société des
médiévistes de Cologne, sous le titre « Wissen ûber Grenzen ». Les frontières ont
le vent en poupe !
On pourrait généraliser : l'espace a la part belle dans la médiévis-
tique allemande. J'espère l'avoir suffisamment démontré.

Traduction : Tobie Walther

Bibliographie

T. Bauer, Lotharingien als historischer Raum. Raumbildung und Raumbewufîtsein


im Mittelalter, Cologne-Weimar- Vienne, 1 997.
M. Bourin, É. Zadora-Rio, « Analyses de l'espace », dans Les tendances actuelles
de l'histoire du Moyen Age en France et en Allemagne. Actes des colloques de Sèvres
(21-22 novembre 1997) et Gottingen (20-21 novembre 1998), J.-C. Schmitt,
G. Oexle dir., Paris, 2002, p. 493-510.
S. B rather, « Kulturgruppe und Kulturkreis », dans Reallexikon der Germani-
schen Altertumskunde, vol. 17, 2e éd. Berlin-New York, 2001, p. 442-452.
W. Breidert, «Raum», dans Lexikon des Mittelalters, t. 7, Munich, 1995,
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A.-D. von den Brincken, Fines Terrae. Die Enden der Erde und der vierte Konti-
nent auf mittelalterlichen Weltkarten, Hanovre, 1992 (MGH Schriften, 36).
C. Brùhl, Palatium und Civitas. Studien zur Profantopographie spàtantiker Civi-
tates vom 3. bis zum 13. Jahrhundert, Cologne, 1975-1990.
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