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Cours physique Etude de régimes transitoires MPSI

Electricité

Régimes transitoires

1. Notions de régime transitoire et de régime permanent


1.1 Préliminaire
Nous allons nous intéresser aux régimes particuliers d’un circuit entre deux états (ou régimes) permanents.
Pour d’une part simplifier les calculs et d’autre part bien mettre en évidence ces régimes particuliers, nous
considérerons que les états permanents envisagés du circuit sont continus, c'est-à-dire des régimes dans lesquels
les grandeurs sont constantes au cours du temps.
Une étude détaillée des circuits en régime permanent, continus ou non, sera conduite ultérieurement.

1.2 Expérience
Alimentons par un générateur de tension continue de force électromotrice 𝐸 = 4𝑉 et de résistance interne 𝑟 =
50Ω une résistance 𝑟 = 100𝑘Ω en série avec un condensateur de capacité 𝐶 = 10𝜇𝐹. Un interrupteur permet de
court-circuiter l’ensemble 𝑟, 𝐶 série (figure 1.a), une résistance de protection protège le générateur.

Figure 1.a.
Observons la tension aux bornes du condensateur sur un oscilloscope ou un multimètre numérique, un
ampèremètre en série nous indique la valeur de l’intensité du courant dans le circuit. On observe lorsque
l’interrupteur 𝐾 est fermé (figure 1.a.) une tension constante, très voisine de 0𝑉 et aucun courant. On a un régime
permanent continu où le condensateur est non chargé.
Ouvrons l’interrupteur 𝐾 (figures 1.b).

Figures 1.b.

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On observe que la tension aux bornes du condensateur évolue en croissant jusqu’à se stabiliser à une valeur très
voisine de 4𝑉 (figures 1.b.). Pendant la durée d’évolution, un courant circule dans le circuit comme nous l’indique
l’ampèremètre jusqu’à s’annuler également lorsque la tension aux bornes du condensateur se stabilise à 4𝑉. A
partir de là, on n’observe plus d’évolution des grandeurs électriques.
Si maintenant on ferme à nouveau l’interrupteur, on observe un nouveau régime transitoire jusqu’à atteindre un
régime permanent où la tension est à nouveau nulle aux bornes du condensateur.

1.3 Interprétation : régime permanent et régime transitoire


Les états du circuit pour lesquels on a des valeurs de tension, ou d’intensité, constantes (nulle ou 4𝑉)aux bornes
du condensateur constituent des régimes permanents continus.
 Etat permanent : Un (régime ou) état permanent d’un système est un (régime ou) état dans lequel le
système perdure au cours du temps.
Attention : cette définition n’implique pas que cet état soit constant au cours du temps.
Une transition s’est effectuée entre ces deux régimes permanents lorsqu’on a perturbé le circuit. Cette perturbation
s’est produite lors de la fermeture de l’interrupteur car alors on court-circuite le générateur, ce qui revient à
imposer brutalement une tension nulle aux bornes de l’ensemble résistance condensateur.
On constate donc, sur cet exemple, que lorsqu’on modifie l’état d’un circuit, celui-ci évolue vers un nouvel état
permanent, la transition entre deux états permanents n’est pas instantanée.
 Régime transitoire : On appelle régime transitoire le régime qui décrit la transition d’un système entre deux
états permanents.
Nos allons nous attacher à décrire tout d’abord théoriquement, dans le cadre de modèles, les régimes transitoires
de deux circuits :
 le circuit 𝑅𝐶 série de l’expérience précédente
 le circuit 𝑅𝐿𝐶 série
Nous vérifierons expérimentalement (TP) un certains nombres de prédictions des modèles.

2. Etude théorique du circuit RC série


2.1 Equation d’évolution de la tension aux bornes du condensateur
Reprenons le circuit de l’expérience et représentons tout d’abord les connexions entre dipôles. On obtient la
représentation suivante (figure 2.a.) :

Figure 2.a.
A partir de là, si on considère qu’ampèremètre et voltmètre ne perturbent pas le fonctionnement du circuit, c’est-
à-dire que la tension aux bornes de l’ampèremètre est nulle et que le courant prélevé par le multimètre (ou
l’oscilloscope) est nul aussi, on pourra ne pas les considérer dans l’étude théorique.
On étudie le comportement du circuit à partir de l’ouverture de l’interrupteur 𝐾, instant pris comme origine des
temps (soit 𝑡 = 0).
Pour cela on représente le générateur par son modèle de Thévenin et on supprime aussi la résistance de protection
dont le rôle est simplement que le générateur ne débite pas sur lui-même mais dans un dipôle lorsqu’on le court-
circuite en fermant K. On pourrait formellement l’inclure dans la résistance interne du générateur de Thévenin).
On obtient le schéma de la figure 2.b. ci-dessous dans lequel on a placé tension et courant.

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Figure 2.b.
Comme les équations de Kirchhoff régissent tensions et courants dans les circuits, on va les appliquer. Comme les
dipôles sont en série, ils sont tous parcourus par la même intensité
On applique maintenant la loi des mailles, ce qui donne :
𝑢 −𝑢 −𝑢 =0
Or d’après les caractéristiques des dipôles (attention aux conventions) :
𝑢 = 𝐸−𝑟 𝑖; 𝑢 = 𝑟𝑖 et 𝑖=𝐶
On peut donc réécrire la loi des mailles selon :
𝐸 = (𝑟 + 𝑟)𝑖 + 𝑢
et remplacer 𝑖 en fonction de 𝑢 avec la caractéristique du condensateur, d’où, en posant 𝑅 = 𝑟 + 𝑟 , l’équation
différentielle suivant donnant l’évolution de 𝑢 au cours du temps :
𝑑𝑢
𝑅𝐶 +𝑢 =𝐸
𝑑𝑡
Il est intéressant de remarquer, à ce moment, que l’homogénéité de l’équation impose que 𝑅𝐶 soit homogène à
temps.
On pose 𝜏 = 𝑅𝐶, et on l’appelle temps caractéristique ou constante de temps du circuit, de sorte que l’équation
s’écrit finalement :
𝑑𝑢
𝜏 +𝑢 =𝐸
𝑑𝑡
Exercice :
Etablir, à partir des lois de Kirchhoff, que l’intensité 𝑖(𝑡) vérifie l’équation différentielle 𝜏 + 𝑖 = 0.

2.2 Problème des conditions initiales


La résolution de l’équation différentielle, que ce soit numériquement ou analytiquement, comme nous le verrons
juste après, nécessite de connaitre la fonction 𝑢 (𝑡) à un instant particulier. Cet instant est généralement celui du
début de l’expérience, choisie très souvent comme origine des temps (𝑡 = 0) et appelé instant initial. L’état du
système à cet instant est dit état initial. Il est généralement connu puisque c’est l’état dans lequel on a placé le
système au début de l’expérience.
Lorsqu’on perturbe un système, on a vu que celui-ci évoluait mais toutes les grandeurs physiques n’évoluent pas
juste après la perturbation à partir des valeurs qu’elles avaient juste avant la perturbation, autrement dit
mathématiquement, on n’a pas nécessairement une évolution continue des grandeurs. Bien souvent, en présence
d’une discontinuité due à la perturbation, celle-ci n’est pas connue et de fait la valeur de la grandeur juste après la
perturbation n’est pas connue.
Heureusement dans le cas des circuits électriques certaines grandeurs varient continument, ce qui permet de
raccorder l’état du circuit juste avant la perturbation à l’état juste après.
Mathématiquement, l’intensité dans le condensateur est liée à la tension à ses bornes par une dérivée, ce qui
impose la continuité de la fonction 𝑢 (𝑡) :
 la tension aux bornes d’un condensateur est une fonction continue du temps.
Note :
Physiquement, une telle discontinuité entrainerait un saut fini d’énergie pendant une durée nulle, c’est-à-dire une
puissance infinie, ce qui n’est pas concevable

2.3 Approche numérique


2.3.1 Méthode d’Euler

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On se propose d’obtenir une solution numérique à l’équation l’équation 𝜏 + 𝑢 = 𝐸 pour 𝑡 ≥ 0.
Pour cela, on rappelle la définition de la dérivée d’une fonction 𝑓 à une variable 𝑡 à un instant 𝑡 :
𝑑𝑓 𝑓(𝑡 + ℎ) − 𝑓(𝑡 )
(𝑡 ) = 𝑙𝑖𝑚 →
𝑑𝑡 ℎ
que l’on approxime pour ℎ assez petit par
𝑑𝑓 𝑓(𝑡 + ℎ) − 𝑓(𝑡 )
(𝑡 ) =
𝑑𝑡 ℎ
Considérant que nous voulons connaître la fonction 𝑢 (𝑡) sur un intervalle [0, 𝑇], on partage cet intervalle
temporel en 𝑁 intervalles de longueur ∆𝑡 tel que ∆𝑡 = 𝑇/𝑁 et on va chercher à évaluer la valeur de la fonction
𝑢 (𝑡) aux 𝑁 + 1 instants 𝑡 = 𝑘Δ𝑡, avec 𝑘 = 0; 1; … ; 𝑁
Pour 𝑁 assez grand on a ∆𝑡 assez petit de sorte que l’approximation :
𝑑𝑢 𝑢 (𝑡 + ∆𝑡) − 𝑢 (𝑡 )
(𝑡 ) =
𝑑𝑡 ∆𝑡
soit valable.
On réécrit alors l’équation différentielle sous la forme :
𝑑𝑢 𝐸 𝑢 (𝑡)
(𝑡) = −
𝑑𝑡 𝜏 𝜏
Compte tenu de l’approximation sur la dérivée, elle se réécrit à l’instant 𝑡 :
𝑢 (𝑡 + ∆𝑡) − 𝑢 (𝑡 ) 𝐸 1
= − 𝑢 (𝑡 )
∆𝑡 𝜏 𝜏
ou encore
∆𝑡 𝐸
𝑢 (𝑡 + ∆𝑡) = 𝑢 (𝑡 ) 1 − + ∆𝑡
𝜏 𝜏
Cette dernière relation permet de calculer 𝑢 (𝑡) aux différents instants 𝑡 = 𝑘∆𝑡 = 𝑇, 𝑘 ∈ {0; 𝑁} donc d’avoir
des valeurs approchées de la fonction 𝑢 (𝑡) en 𝑁 + 1 points régulièrement espacés sur l’intervalle [0, 𝑇]. Cette
méthode constitue la méthode d’Euler de résolution numérique des équations différentielles.
Posons 𝑢 , = 𝑢 (𝑡 ) alors 𝑢 , = 𝑢 (𝑡 ) = 𝑢 (𝑘 + 1)Δ𝑡 = 𝑢 (𝑡 + Δ𝑡) donc on peut finalement écrire la
relation sous forme d’une relation de récurrence :
Δ𝑡 Δ𝑡
𝑢, = 𝑢 , 1− +𝐸
𝜏 𝜏
2.3.2 Algorithme
D’après ce qui précède on peut donner la procédure algorithmique de cette méthode dans le cas étudié :
Données :
𝑢 # la valeur de la tension à 𝑡 = 0
𝐸 # la valeur de la fem du générateur
tau # la valeur de la constante de temps
𝑇 # l’intervalle en temps
𝑁 # le nombre d’intervalles
Algorithme :
𝑡←0 # initialisation de la variable temps
𝑑𝑒𝑙𝑡𝑎𝑇 ← 𝑇/𝑁 # le pas temporel
𝑢 ←𝑢 # initialisation des valeurs de tension
créer 𝑈 tableau # tableau qui stockera les valeurs de tension
placer 𝑢 dans 𝑈
créer 𝑇𝑡 tableau # tableau qui stockera les instants où on calcule la tension
placer 𝑡 dans 𝑇𝑡
pour 𝑘 variant de 1 à 𝑁 faire :

𝑢 ←𝑢 1− + ∆𝑡
𝑡 ← 𝑡 + 𝑑𝑒𝑙𝑡𝑎𝑇
ajouter 𝑢 à 𝑈
ajouter 𝑡 à 𝑇𝑡
fin pour
Sortie :
Renvoyer les tableaux 𝑈 et 𝑇𝑡

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Il ne reste ensuite plus qu’à réaliser un affichage de la courbe.

2.3.3 Codage python et résultat


Voici la traduction de cet algorithme en langage python, avec la sortie graphique associée :
# import des modules
import numpy as np
import matplotlib.pyplot as plt

# création des données


E=4 ; tau=0.01 ; T=0.1 ;N=100 ; uc0=0 ; t0=0
# initialisation des variables
t=t0
deltaT=T/N
r=deltaT/tau
uc=uc0
U=[uc]
Tt=[t]
# mise en oeuvre de la récurrence et stockage des valeurs
for k in range(0,N):
uc=uc*(1- r)+E*r
t=t+deltaT
U.append(uc)
Tt.append(t)

# affichage
plt.figure()
plt.title("charge du condensateur par la méthode d'Euler", size=15)
plt.plot(Tt,U,color='black')
plt.grid()
plt.xlabel("t(s)") ; plt.ylabel("u(V)")
plt.axis([0.9*t0,1.1*T,0.9*min(U),1.1*max(U)])
plt.show()

Voici ci-dessous deux courbes tracées sur le même graphe, mais en ayant changé la condition initiale sur 𝑢 :

Figure 2.c
La valeur de 𝑢 à 𝑡 = 0 est celle du régime permanent pour 𝑡 < 0. La valeur 𝑢 = 𝐸 = 4𝑉 est celle du nouveau
régime permanent. L’évolution entre ces deux valeurs permet de visualiser l’évolution de 𝑢 au cours du régime
transitoire entre les deux régimes permanents.

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2.4 Justification physique du comportement en régime permanent
Nous venons de voir qu’en fin d’évolution, lorsque le régime transitoire est terminé, la tension aux bornes du
condensateur atteint la valeur 𝑢 = 𝐸 quelques soient les conditions initiales. Voyons pourquoi.
Il faut noter que le régime permanent atteint est continu. Rappelons que ceci signifie que les grandeurs physiques
vont rester constantes dans ce régime.
Or en régime continu, la tension aux bornes du condensateur est constante, donc d’après sa caractéristique 𝑖 =
𝐶 l’intensité qui le traverse est nulle puisque la dérivée d’une constante est nulle. Tout se passe donc comme
si le condensateur, en empêchant le passage du courant, se comportait comme un interrupteur ouvert.
Si nous considérons le circuit en régime permanent continu, on peut donc remplacer le condensateur par un
interrupteur ouvert et on obtient le schéma de la figure 2.d.
𝑅
𝑖
𝑢

𝐸 𝑢

Figure 2.d
Dans ce circuit, à cause du comportement du condensateur (circuit ouvert), l’intensité est nulle (𝑖_∞ = 0) et donc
la tension aux bornes de résistance vaut, d’après la loi d’Ohm, 𝑢 = 𝑅𝑖 = 0.
La loi des mailles s’écrit donc 𝐸 = 𝑢 + 𝑢 et on retrouve bien 𝑢 = 𝐸, fem du générateur continu, en régime
permanent.
On notera également qu’en régime permanent l’intensité est nulle, résultat vérifié expérimentalement.

2.5 Expression mathématique de la solution


2.5.1 Forme canonique de l’équation différentielle du premier ordre, constante de temps
Revenons à l’équation différentielle dont on cherche maintenant explicitement la solution, c’est-à-dire une fonction
𝑢 (𝑡) vérifiant l’équation différentielle et qui prend à l’instant initial une valeur compatible avec l’état initial du
circuit.
De manière à écrire systématiquement les solutions à des problèmes vérifiant des équations d’évolution similaires,
on introduit les formes canoniques d’équations différentielles, soit pour celle qui nous occupe pour l’instant :
 Définition : une équation différentielle à coefficients constants du premier ordre sur une fonction 𝑓(𝑡) qui
peut s’écrire 𝜏 (𝑡) + 𝑓(𝑡) = 𝑒(𝑡) (𝐸) est appelée forme canonique de l’équation différentielle,
𝑒(𝑡) est le second membre de l’équation, indépendant de 𝑓 et
𝜏 la constante de temps associée à la grandeur physique 𝑓.
En conséquence :
la mise sous forme canonique d’une équation différentielle du premier ordre à coefficients constants permet
d’identifier la constante de temps.

2.5.2 Ecriture mathématique des solutions


a. Méthode de recherche des solutions
Rappelons que dans le cours de mathématique la recherche de l’ensemble des solutions d’une équation
différentielle du type précédent se fait de la manière suivante :
 Recherche de solutions homogènes, c'est-à-dire de fonctions 𝑓 (𝑡) vérifiant l’équation différentielle
homogène associée à (𝐸), soit 𝜏 (𝑡) + 𝑓(𝑡) = 0 (𝐸𝐻).
On recherche les fonctions 𝑓 (𝑡) sous la forme 𝐴𝑒 où 𝐴 et 𝑟 sont des constantes. En reportant 𝑓 (𝑡)dans
(𝐸𝐻)on obtient immédiatement que 𝑓 est solution ssi 𝑟 = −1/𝜏 donc :
𝑓 : 𝑡 → 𝐴𝑒
 Recherche d’une solution particulière 𝑓 (𝑡), c'est-à-dire d’une fonction satisfaisant l’équation différentielle
(𝐸).
Souvent, en pratique, il suffit de chercher une fonction 𝑓 (𝑡) de la même forme mathématique que 𝑒(𝑡).
Sinon il existe une méthode plus générale dite de variation de la constante, que vous verrez dans le cours
de mathématique.

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 L’ensemble des solutions s’écrit 𝑓(𝑡) = 𝑓 (𝑡) + 𝑓 (𝑡).
 Détermination de la constante d’intégration 𝐴 : on détermine la constante 𝐴 à l’aide des conditions initiales
sur les fonctions continues du problème.
b. Application
On cherche à résoudre l’équation 𝜏 + 𝑢 = 𝐸 pour 𝑡 ≥ 0.
On recherche tout d’abord des solutions 𝑢 (𝑡) à l’équation homogène 𝜏 + 𝑢 = 0 sous la forme 𝑢 (𝑡) =
𝐴𝑒 . Pour cela on reporte cette fonction dans l’équation différentielle, ce qui donne :
𝜏 𝑟𝐴𝑒 + 𝐴𝑒 = 0 ou encore 𝐴𝑒 (𝜏𝑟 + 1) = 0 donc 𝑟 = −
ainsi les solutions homogènes s’écrivent (comme annoncé):
𝑢 (𝑡) = 𝐴𝑒
Il reste maintenant à chercher une solution particulière à l’équation 𝜏 + 𝑢 = 𝐸.
On peut a priori chercher une solution particulière 𝑢 (𝑡) = 𝑐𝑠𝑡𝑒 (sous la forme d’une constante) puisque le second
membre est constant au cours du temps.
Dans ce cas = 0 et en reportant dans l’équation différentielle il vient 𝑢 = 𝐸. Ainsi comme on le vérifie
directement 𝑢 = 𝐸 est bien une solution particulière à l’équation différentielle.
L’ensemble des solutions s’écrit donc, pour 𝑡 ≥ 0 : 𝑢 (𝑡) = 𝐴𝑒 + 𝐸.
Il reste à déterminer la constante 𝐴. On se sert des conditions initiales. Dans l’expérience présentée au début de ce
chapitre, la tension est nulle aux bornes du condensateur avant l’ouverture de l’interrupteur 𝐾, donc 𝑢 (0 ) = 0.
La continuité de la tension assure que 𝑢 (0 ) = 𝑢 (0 ) donc 𝑢 (0 ) = 0.
Or pour 𝑡 ≥ 0, d’après la solution on a 𝑢 (𝑡) = 𝐴𝑒 + 𝐸 donc 𝑢 (0 ) = 𝐴 + 𝐸.
En égalant ces deux valeurs de 𝑢 (0 ) on a 𝐴 + 𝐸 = 0 donc 𝐴 = −𝐸 et ainsi la solution s’écrit :
𝑢 (𝑡) = 𝐸 1 − 𝑒
Exercice :
Tracer graphiquement cette solution et la solution numérique sur un même graphe.

2.5.3 Retour sur les conditions initiales


On constate sur le tracé que la pente initiale n’est pas nulle, ce qui signifie que dès l’ouverture de l’interrupteur K
il circule un courant (en effet la pente est donnée par et l’intensité y est reliée par 𝑖 = 𝐶 ).
On se pose donc la question de la variation de l’intensité à l’ouverture de l’interrupteur 𝐾. Comme celle-ci n’est pas
continue a priori (sinon on aurait une pente nulle puisqu’il n’y avait pas de courant avant l’ouverture de K), on utilise
les lois de Kirchhoff juste après la fermeture de K, celles-ci donnent :
𝐸 = 𝑅𝑖(0 ) + 𝑢 (0 )
or 𝑢 (0 ) =𝑢 (0 ) = 0 par continuité de la tension aux bornes du condensateur donc 𝑖(0 ) = . Il apparaît bien
dans cette modélisation une discontinuité de l’intensité à l’ouverture de l’interrupteur.
Rem :
La pente initiale de la fonction 𝑢 (𝑡) vaut (0 ) = 𝑒 = donc 𝑖(0 ) = 𝐶 (0 ) = 𝐶 = bien
entendu.

2.6 Durée du régime transitoire


Il est intéressant de noter, sur la forme mathématique de la solution, que le régime permanent (𝑢 = 𝐸) n’est
atteint que pour une durée infinie, c'est-à-dire que lim 𝑢 (𝑡) = 𝐸.

En pratique, ce n’est pas ce que nous avons observé, nous avons même eu l’impression que cette limite était
atteinte rapidement. Qu’en est-il exactement ?
Pour cela, recherchons le temps 𝑡 après lequel 𝑢 (𝑡) différe de moins de 𝑝% de sa valeur finale. Cette durée
estimera la durée du régime transitoire.
On a donc 𝑢 𝑡 = 1− 𝐸, par exemple si 𝑢 (𝑡) différe de moins de 0,1% de sa valeur finale, on a 𝑝 = 0,1.

Cela amène à résoudre l’équation 𝐸 1 − 𝑒 = 1− 𝐸 de solution 𝑡 = −𝜏 ln .


Ce calcul appelle deux commentaires importants :

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Tout d’abord l’expression de 𝑡 montre que, quelque soit l’approximation avec laquelle on estime la durée du
régime permanent, 𝑡 est ici indépendant de 𝐸.
Ensuite faisons quelques applications numériques sur cette durée, on rappelle que ln(10) = 2,3.
𝑝 10 (à 10%) 1 (à 1%) 0,1 (à 0,1%) 0,01 (à 0,01%)
𝑡 2,3𝜏 4,6𝜏 6,9𝜏 9,2𝜏
Il est intéressant de remarquer par exemple que pour une tension 𝐸 = 4𝑉, après une durée de 6,9 𝜏, on a une
,
tension aux bornes du condensateur qui est supérieure à 1 − 𝐸 = 3,996𝑉. Pour distinguer cette valeur de la
valeur du régime permanent, il faudrait disposer d’un voltmètre qui sur le calibre des Volts dispose d’un affichage
dont le quatrième chiffre après la virgule soit parfaitement fiable, sans parler des autres causes d’incertitudes.
Expérimentalement, le régime permanent est atteint.
Par ailleurs quand on divise 𝑝 par 10, on doit gagner un chiffre significatif sur la mesure de la tension alors qu’on
ne rajoute que 𝜏 ln(10) = 2,3𝜏 à la durée 𝑡 . On conçoit alors aisément qu’en pratique, au bout d’une durée de
quelques constantes de temps, on ne puisse distinguer le régime transitoire du régime permanent, d’où :
 Après une durée de l’ordre de grandeur de la constante de temps, le régime permanent est atteint.
Remarque :
Il peut sembler curieux d’affirmer que le régime permanent soit atteint sur une durée indépendante des conditions
initiales. En effet ce résultat ne semble pas général, comme on pourra s’en convaincre d’une part en déterminant
par le calcul le temps 𝑡 si la valeur initiale de la tension aux bornes du condensateur est 𝑢 (on obtiendra par

exemple que si 𝑢 < 𝐸 on a 𝑡 = 𝜏 ln 1− ) et d’autre part en observant le graphique 2.c. Se reporter


aux planches d’exercices pour une réponse plus complète à cette question. On admettra à ce stade que 𝑡 =
−𝜏 ln estime bien la durée du régime transitoire.

2.7 Aspect énergétique


2.7.1 Bilan de puissance
Pour obtenir le bilan énergétique, partons de la loi des mailles et faisons apparaître les puissances électriques aux
bornes des dipôles, soit les grandeurs :
 𝑝 = 𝑒𝑖 − 𝑟 𝑖 puissance aux bornes du générateur ;
 𝑝 = 𝑟𝑖 puissance Joule dans 𝑟
 et enfin 𝑝 = 𝑢 𝑖 = la puissance reçue par le condensateur.
Pour faire apparaître le lien entre ces puissances, partons de la loi des mailles :
𝑒 − 𝑟 𝑖 = 𝑟𝑖 + 𝑢
et multiplions la par 𝑖, il vient alors directement :
𝑝 =𝑝 +𝑝
qui, si chaque terme est positif, s’interprète simplement en disant que la puissance électrique fournie par le
générateur est en partie reçue dans la résistance où nous savons qu’elle se dissipe en effet Joule (transfert
thermique) et en partie dans le condensateur où est accroît l’énergie potentielle électrique.
2.7.2 Bilan en énergie
Pour passer au bilan en énergie sur un intervalle de temps [𝑡 , 𝑡 ], il suffit d’intégrer le bilan de puissance par
rapport au temps sur cet intervalle, soit ∫ 𝑝 𝑑𝑡 = ∫ 𝑝 𝑑𝑡 + ∫ 𝑝 𝑑𝑡
soit
𝑊 = 𝑊 + ∆𝐸
avec 𝑊 = ∫ 𝑝 𝑑𝑡, 𝑊 = ∫ 𝑝 𝑑𝑡 et ∆𝐸 =𝐸 (𝑡 ) − 𝐸 (𝑡 )

2.7.3 Calcul des pertes Joule, rendement


Explicitons les termes du bilan dans le cas de la charge d’un condensateur initialement déchargé et déterminons
notamment l’énergie totale dissipée par effet Joule dans le circuit.
Nous avons vu que 𝑢 (𝑡) = 𝐸 1 − 𝑒 donc 𝑖 = 𝐶 = 𝑒 = 𝑒 .
On en déduit donc l’énergie totale par effet Joule :

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𝑊 = 𝑟𝑖 (𝑡)𝑑𝑡 + 𝑟 𝑖 (𝑡)𝑑𝑡 = (𝑟 + 𝑟)𝑖 (𝑡)𝑑𝑡 = 𝑅𝑖 (𝑡)𝑑𝑡

où l’on note :

𝑓(𝑡)𝑑𝑡 = lim 𝑓(𝑡)𝑑𝑡


On remplace 𝑖(𝑡) = 𝑒 par son expression, d’où 𝑊 = ∫ 𝑒 𝑑𝑡

soit, en faisant réapparaître explicitement la limite : 𝑊 = − lim 𝑒 =− lim 𝑒 − 1 = 𝐶𝐸


→ →

Déterminons maintenant la variation d’énergie potentielle électrique du condensateur au cours de cette charge,
soit ∆𝐸 = 𝐸 (∞) − 𝐸 (0). Comme 𝐸 (𝑡) = 𝐶𝑢 (𝑡), et que 𝑢 (0) = 0, on a 𝐸 (0) = 0.
𝐸 (∞) représente l’énergie potentielle électrique dans le condensateur lorsque 𝑡 tend vers l’infini, c'est-à-dire en
fin de charge (le régime permanent est alors atteint). On a vu que la tension aux bornes du condensateur vaut alors
𝑢 (∞) = lim 𝑢 (𝑡) = 𝐸, donc 𝐸 (∞) = 𝐶𝐸 . Ainsi ∆𝐸 = 𝐶𝐸 .

D’après le bilan énergétique, le générateur a fourni l’énergie 𝑊 = 𝑊 + ∆𝐸 = 𝐶𝐸 + 𝐶𝐸 = 𝐶𝐸 , par suite


seule 50% de l’énergie fournie est effectivement stockée dans le condensateur. Il y a moyen de faire mieux…
Attention 𝑊 représente la puissance fournie par le générateur c'est-à-dire uniquement le travail de la fem.
Exercice :
Calculer directement (à partir de l’expression de la puissance) l’énergie fournie par le générateur.

3. Etude du circuit RLC série


3.1 Approche expérimentale
Ajoutons en série aux éléments R et C du montage 1.a une bobine d’inductance 𝐿. On obtient le nouveau montage
de la figure 3.a.

Figure 3.a.
Si nous alimentons ce circuit série par une tension constante, nous nous attendons donc, comme pour le circuit 𝑅𝐶
à observer un régime transitoire lorsque nous ouvrons ou nous fermons l’interrupteur.
Dans le but de bien visualiser ce régime transitoire, nous allons alimenter le circuit par un signal créneau, oscillant
entre 0 et 𝐸, dont nous choisissons la période suffisamment longue pour que le nouveau régime permanent soit
atteint sur chaque demi-période. L’équivalent de l’ouverture et de la fermeture de l’interrupteur du circuit RC se
faisant lors du changement de valeur de la tension du générateur (modification de l’état du circuit).
On observe alors, pour des valeurs de résistances suffisamment basses, un régime transitoire qui présente des
oscillations dont l’amplitude s’amortit jusqu’à atteindre le nouveau régime permanent continu : à cause des
oscillations qui rappellent un régime périodique, on appelle ce régime le régime pseudo-péridique.
Par contre lorsque cette résistance est suffisamment grande, ces oscillations disparaissent et la tension aux bornes
du condensateur évolue sans oscillation de sa valeur initiale vers la valeur du régime permanent : on dit que ce
régime transitoire est apériodique.

3.2 Mise en équation


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3.2.1 Equation d’évolution de la tension aux bornes du condensateur
Pour cette étude, on suppose que le générateur est un générateur de tension continue représentable par un modèle
de Thévenin. La bobine est représentée par son modèle idéal.
On étudie le comportement du circuit à partir de l’ouverture de l’interrupteur 𝐾, instant pris comme origine des
temps (soit 𝑡 = 0). On a le modèle de la figure 3.b :

Figure 3.b.
Pour obtenir l’équation donnant l’évolution de la tension 𝑢 (𝑡) aux bornes du condensateur, on applique les lois
de Kirchhoff, en remarquant que puisque tous les dipôles sont en série du fait de l’ouverture de K, ils sont parcourus
par la même intensité 𝑖 (ce que donnerait une loi de nœud puisque l’intensité dans K est nulle)
Une loi de maille fournit :
𝑢 −𝑢 −𝑢 −𝑢 =0
Or d’après les caractéristiques des dipôles (et compte tenu des conventions) on peut écrire :
𝑢 =𝐸−𝑟 𝑖; 𝑢 = 𝑟𝑖 ; 𝑢 =𝐿 et enfin 𝑖=𝐶
En remplaçant dans l’équation de la loi des mailles, il vient déjà :
𝑑𝑖
𝐸 − 𝑟 𝑖 = 𝑟𝑖 + 𝐿 + 𝑢
𝑑𝑡
On pose 𝑅 = 𝑟 + 𝑟 et on remplace 𝑖 d’après la caractéristique du condensateur, d’où :
𝑑𝑢 𝑑 𝑢
𝐸 = 𝑅𝐶 + 𝐿𝐶 +𝑢
𝑑𝑡 𝑑𝑡
Ou en réordonnant :
𝑑 𝑢 𝑑𝑢
𝐿𝐶 + 𝑅𝐶 +𝑢 = 𝐸
𝑑𝑡 𝑑𝑡

3.2.2 Forme canonique de l’équation différentielle d’ordre deux


a. Facteur de qualité et pulsation propre
Comme pour le circuit 𝑅𝐶 la mise sous forme canonique de l’équation différentielle permet de traiter du
comportement de différents systèmes régis par la même équation différentielle. Elle facilite donc la comparaison
entre des situations physiques diverses régies par la même équation différentielle d’évolution.
 Définition : une équation différentielle d’ordre deux à coefficient constants satisfaite par une fonction 𝑓(𝑡)
qui peut s’écrire + + 𝜔 𝑓 = 𝑒(𝑡) (𝐸) est appelée forme canonique de l’équation
différentielle, à condition que le coefficient devant 𝑓 soit positif.
Par définition :
𝛚𝟎 , défini positif, est appelé la pulsation propre et
𝑸 est appelé le facteur de qualité.
e(t) est le second membre de l’équation différentielle, il ne dépend pas de 𝑓.
Il est également intéressant de noter que l’analyse dimensionnelle de cette équation impose que 𝜔 se mesure en
𝑟𝑎𝑑 𝑠 dans le système SI et que 𝑄 soit sans dimension.
b. Application au circuit RLC série
Reprenons l’équation + + 𝑢 = 𝐸, que l’on veut mettre sous la forme canonique précédente. On
divise l’équation par 𝐿𝐶 pour mettre à 1 le coefficient devant la dérivée seconde et ainsi on obtient finalement :
𝑑 𝑢 𝑅 𝑑𝑢 1 1
+ + 𝑢 = 𝐸
𝑑𝑡 𝐿 𝑑𝑡 𝐿𝐶 𝐿𝐶

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Il ne reste plus qu’à identifier les coefficients devant chaque terme (possible car > 0) , ce qui conduit

⎧ =

à: 𝜔 = dont on déduit les valeurs particulières du facteur de qualité et de la pulsation propre dans le cas

⎪𝑒(𝑡) = 𝐸

d’un circuit RLC série : 𝜔 = et 𝑄 = .

On vérifiera dans ce cas que est bien homogène à une pulsation (unité SI 𝑟𝑎𝑑𝑠 ) et que 𝑄 est bien sans

dimension. On notera au passage que est homogène à une résistance.


Enfin dans le cas présent le second membre est constant puisque le générateur l’est.

3.3 Problème des conditions initiales


Que l’on envisage à nouveau une résolution numérique ou mathématique de l’équation, il nous faut connaître les
conditions initiales du circuit et, d’après ce que nous avons déjà discuté, connaître les grandeurs continues à
l’instant du changement d’état du circuit.
Nous savons déjà que la tension aux bornes du condensateur est une fonction continue du temps.
Regardons maintenant ce qu’impose la bobine. D’après sa caractéristique, on peut écrire 𝑢 = 𝐿 . Par analogie
de comportement avec le condensateur, 𝑢 apparaissant comme la dérivée temporelle de l’intensité 𝑖 qui traverse
la bobine, on peut énoncer que :
 L’intensité qui traverse une bobine est une fonction continue du temps.
Nous disposons donc dans le circuit RLC de deux grandeurs qui vont varier de manière continue lors de l’ouverture
ou de la fermeture de l’interrupteur 𝐾, ce qui va fournir deux conditions initiales sur 𝑢 . En effet la continuité de
𝑢 donnera 𝑢 (0 ) = 𝑢 (0 )
La continuité de 𝑖 dans la bobine s’écrit (0 ) = 𝑖(0 ), or comme les dipôles 𝐿 et 𝐶 sont en série, on peut écrire que
𝑖=𝐶 donc (0 ) = (0 ).
Cela ressemble aux problèmes de mécanique du point, type tir dans le champ de pesanteur, où la détermination
du mouvement demandait de connaitre deux conditions initiales, une sur la position et l’autre sur la vitesse du
point, l’équation différentielle du mouvement étant alors aussi du second ordre.
Application :
Dans l’expérience envisagée, avant ouverture de l’interrupteur, nous avons 𝑖(0 ) = 0 et 𝑢 (0 ) = 0 , la continuité
de l’intensité dans la bobine et de la tension aux bornes du condensateur impose donc 𝑖(0 ) = 0 et 𝑢 (0 ) = 0
ou encore (0 ) = 0 et 𝑢 (0 ) = 0 .

3.4 Calcul numérique


Ceci sera développé dans un cours suivant.

3.5 Prévision physique de l’état final


Lorsque le régime transitoire est terminé, la tension aux bornes du condensateur atteint la valeur 𝑢 = 𝐸 et
l’intensité est nulle, quelques soient les conditions initiales. Voyons pourquoi.
Il faut noter là aussi, comme pour le circuit RC, que le régime permanent atteint est continu, les grandeurs physiques
vont donc rester constantes au cours du temps dans ce régime.
Or en régime continu, l’intensité qui traverse l’inductance est constante, donc d’après sa caractéristique 𝑢 = 𝐿
la tension aux bornes de l’inductance est nulle puisque la dérivée d’une constante est nulle (𝑢 = 0). Tout se passe
donc comme si une inductance pure se comportait comme un simple fil ou un interrupteur fermé.
Comme nous avons vu que le condensateur se comporte comme un interrupteur ouvert, nous pouvons dessiner le
schéma suivant (figure 3.c) équivalent au circuit en régime permanent continu.
La loi de maille donne alors 𝐸 = 𝑅𝑖 + 𝑢 (relation que l’on pourrait déduire de 𝐸 − 𝑟 𝑖 = 𝑟𝑖 + 𝑢 + 𝑢 avec en
régime permanent 𝑢 = 0).
Comme le circuit est ouvert 𝑖 = 0 et il reste alors 𝑢 = 𝐸 : on retrouve bien le comportement limite annoncé, et ce
résultat est établi quelles que soient les conditions initiales.

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Figure 3.c.

3.6 Principe d’écriture mathématique des solutions


a. Méthode
Rappelons que dans le cours de mathématique la recherche de l’ensemble des solutions d’une équation
différentielle du type (E) précédent se fait de la manière suivante :
 Recherche de solutions homogènes, c'est-à-dire de fonctions 𝑓 (𝑡) vérifiant l’équation différentielle
homogène associée à (E), soit + +𝜔 𝑓 =0 (𝐸𝐻).
On recherche en général les fonctions 𝑓 (𝑡) sous la forme 𝛼𝑒 où 𝛼 et 𝑟 sont des constantes.
En reportant dans l’équation (𝐸𝐻), 𝑟 est solution de l’équation de degré 2 suivante :
𝜔
𝑟 + 𝑟+𝜔 =0
𝑄
appelée équation caractéristique.
En général, il existe 2 racines 𝑟 et 𝑟 , la solution homogène s’écrit alors 𝑓 (𝑡) = 𝛼𝑒 + 𝛽𝑒 .
 Recherche d’un solution particulière 𝑓 (𝑡), c'est-à-dire d’une fonction satisfaisant l’équation différentielle
(E) ( + + 𝜔 𝑓 = 𝑒(𝑡)) .
Souvent, en pratique, il suffit de chercher une fonction 𝑓 (𝑡) de la même forme mathématique que 𝑒(𝑡).
Sinon il existe une méthode plus générale dite de variation des constantes, que vous verrez dans le cours
de mathématique.
 L’ensemble des solutions s’écrit 𝑓(𝑡) = 𝑓 (𝑡) + 𝑓 (𝑡).
 Détermination des constantes d’intégration : on détermine ensuite avec 𝑓(𝑡) les constantes 𝛼 et 𝛽 à l’aide
des conditions initiales.
b. Recherche d’une solution particulière
Dans ce paragraphe, nous allons déterminer la solution particulière de l’équation + + 𝜔 𝑢 = 𝜔 𝐸.
Comme le second membre est constant, on propose de chercher une solution particulière sous la forme d’une
constante.
On cherche donc une solution particulière sous la forme 𝑢 (𝑡) = 𝑈 (𝑐𝑠𝑡𝑒).
En reportant dans l’équation différentielle, les dérivées sont nulles puisque c’est une constante et ainsi il
vient : 𝜔 𝑢 = 𝜔 𝐸 donc 𝑢 = 𝐸.
Réciproquement, on vérifie facilement que 𝑢 = 𝐸 est solution de l’équation différentielle.

3.7 Oscillations harmoniques


D’après l’étude expérimentale pour des valeurs de résistances assez petites, le système semble presque osciller. Y
aurait-il exactement des oscillations pour une résistance nulle ?
Envisageons donc d’abord le cas 𝑅 = 0, c'est-à-dire 𝑄 → ∞. L’équation différentielle devient alors :
𝑑 𝑢
+𝜔 𝑢 =𝜔 𝐸
𝑑𝑡
Il nous faut trouver les solutions homogènes. On les cherche sous la forme 𝐴𝑒 , ce qui donne en reportant dans
l’équation homogène associée l’équation caractéristique vérifiée par 𝑟 :
𝑟 +𝜔 =0
Il n’y a pas de racine réelle mais il existe deux racines complexes 𝑟± = ±𝑖𝜔 , de sorte que les solutions homogènes
sont de la forme 𝛼𝑒 ou 𝛽𝑒 avec 𝑗 = −1.

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Pour obtenir l’ensemble des solutions homogènes, compte tenu de la linéarité de l’équation différentielle, c'est-à-
dire du fait que si 𝑓 et 𝑓 sont deux solutions alors pour tout 𝜆 et 𝜇 constantes, la fonction 𝜆𝑓 + 𝜇𝑓 est solution,
on l’écrit sous la forme :
𝑢 (𝑡) = 𝛼𝑒 + 𝛽𝑒
En usant de la relation de Moivre :
𝑒 = cos(𝜔 𝑡) + 𝑗 𝑠𝑖𝑛(𝜔 𝑡)
on peut écrire :
u (t) = A cos(𝜔 𝑡) + 𝐵 𝑠𝑖𝑛(𝜔 𝑡)
avec 𝐴 = et 𝐵 = 𝑗 ,
relation qui se met encore sous la forme, en utilisant la relation amplitude déphasage :
𝑢 (𝑡) = 𝑈𝑐𝑜𝑠(𝜔 𝑡 + 𝜑)
avec 𝑈 = √𝐴 + 𝐵 , 𝑠𝑖𝑛𝜑 = − et 𝑐𝑜𝑠𝜑 = .
Finalement, comme 𝑢 = 𝐸 est une solution particulière, l’ensemble des solutions s’écrit :
𝑢(𝑡) = 𝑢 (𝑡) + 𝑢 (𝑡) = A cos(𝜔 𝑡) + 𝐵 𝑠𝑖𝑛(𝜔 𝑡) + 𝐸 = 𝑈𝑐𝑜𝑠(𝜔 𝑡 + 𝜑) + 𝐸
Les constantes 𝑈 et 𝜑 (ou A et B) se déterminent à partir des conditions initiales.
En adoptant 𝑢 (0) = 0 et (0) = 0 on trouve 𝐴 = −𝐸 et 𝐵 = 0 donc :
u (t) = E(1 − cos(𝜔 𝑡))
La tension aux bornes du condensateur est dans ce cas alternative sinusoïdale entre 0 et 𝐸, de période 𝑇 = .
Cette période d’oscillations du système, indépendamment des conditions initiales, est appelée période propre.
Ces oscillations sinusoïdales n’apparaissent que pour un facteur de qualité infiniment grand, a priori irréalisable
en pratique. Un tel système est appelé oscillateur harmonique
Le graphe de cette fonction est donnée en figure 3.d, avec 𝐿 = 36𝑚𝐻 et 𝐶 = 10𝑛𝐹 valeurs de TP.

Figure 3.d.

Notons pour terminer cette partie que la forme homogène de l’équation différentielle (soit + 𝜔 𝑢 = 0) est
caractéristique des systèmes oscillants sinusoïdaux appelés oscillateurs harmoniques.
Notons également que la relation donnant l’intensité (𝑖 = 𝐶 ) montre que celle-ci, ainsi que toutes les autres
grandeurs électriques, sont bien sur sinusoïdales. Cela découle de la linéarité des relations entre grandeurs
électriques.

3.8 Etude des différents régimes libres


3.8.1 Définition
On appelle régime libre d’un oscillateur le comportement, de cet oscillateur en l’absence de toute excitation.
Mathématiquement, cela correspond à étudier la solution de l’équation différentielle avec 𝑒(𝑡) = 0, puisque nous
l’avons vu sur un exemple le second membre contient les sources ou excitations du système.
On s’intéresse donc aux solutions de l’équation différentielle :
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𝑑 𝑢 𝜔 𝑑𝑢
+ +𝜔 𝑢 =0
𝑑𝑡 𝑄 𝑑𝑡
ce qui revient à étudier la solution homogène d’une telle équation différentielle.
3.8.2 Existence de plusieurs régimes libres
Rappelons que les solutions de l’équation du régime libre se recherchent donc sous la forme 𝑒 . En reportant dans
l’équation différentielle, il vient sans difficulté que 𝒓 doit être solution de l’équation caractéristique suivante :
𝜔
𝑟 + 𝑟+𝜔 =0
𝑄
Les valeurs de 𝑟 sont donc solutions d’une équation de degré deux. Les valeurs possibles dépendent du discriminant
Δ= − 4𝜔 = 4𝜔 −1 .
On distingue alors trois cas selon le signe du discriminant.
 Si Δ < 0 le régime obtenu est appelé régime pseudo-périodique
 Si Δ > 0 le régime obtenu est appelé régime apériodique
 Si Δ = 0 c’est le régime critique qui sépare les deux régimes précédents
A ce stade, on peut légitiment se demander si les appellations associées aux cas Δ > 0 et Δ < 0 sont bien en accord
avec celles utilisées jusqu’à présent. Nous allons voir que oui par la suite, mais on peut déjà en proposer une
justification rapide. Pour cela, il convient de se rappeler que 𝑒 si 𝑥 est imaginaire pur fait apparaitre des fonctions
sinusoïdales d’après la formule de Moivre que nous avons vue précédemment, donc des fonctions oscillantes. Cela
se produit lorsque Δ est négatif (racines complexes). A l’inverse, lorsque Δ est positif, les racines sont réelles et 𝑒
avec 𝑥 réel n’est pas une fonction oscillante.
Etudions maintenant chaque cas possible de régime transitoire selon le signe du discriminant.

3.8.3 Etude du régime pseudo-périodique


a. Condition sur le facteur de qualité
Par définition le régime obtenu pour Δ < 0 est appelé régime pseudo-périodique, appellation que nous justifierons
ci-après.
Pour l’instant, puisque Δ = 4𝜔 − 1 , on remarque que Δ < 0 se traduit simplement par la condition suivante
sur le facteur de qualité 𝑄 > .
 Le régime pseudo-périodique est obtenu pour 𝑸 > 1/2.
Appliquons ce résultat au circuit RLC série.
Nous avons établi dans ce cas que 𝑄 = , dans ce cas la condition 𝑄 > se traduit par 𝑅 < 2 : on retrouve

que la résistance doit être suffisamment petite et plus précisément inférieure à 2 , grandeur qui fixe la limite de
suffisamment petite pour le 𝑅𝐿𝐶 série.
b. Expression de la tension 𝒖𝒄 (𝒕)
Les racines dans ℂ (ensemble des complexes) du discriminant s’écrivent :
𝑟 = 2𝑗𝜔 1− et 𝑟 = −2𝑗𝜔 1− avec 𝑗 = −1.
On en déduit les expressions des racines de l’équation caractéristique :
𝑟 =− + 𝑗𝜔 1− et 𝑟 =− − 𝑗𝜔 1−
L’ensemble des solutions de l’équation homogène s’écrivent donc :
𝑢 (𝑡) = 𝛼𝑒 + 𝛽𝑒 avec (𝛼, 𝛽) ∈ ℂ
Posons 𝜔 = 𝜔 1− , grandeur homogène à une pulsation que nous appellerons pseudo-pulsation. Nous
pouvons réécrire l’ensemble des solutions homogènes selon :
𝜔 𝑡 𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = 𝛼 exp − + 𝑖𝜔𝑡 + 𝛽 exp − − 𝑖𝜔𝑡
2𝑄 2𝑄
soit en factorisant par exp − :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = exp − (𝛼 exp(𝑖𝜔𝑡) + 𝛽 exp(−𝑖𝜔𝑡))
2𝑄

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Or la partie dans la parenthèse est exactement celle qui décrivait les oscillations harmoniques de pulsations 𝜔
mais maintenant la pulsation qui apparaît est 𝜔. On ne peut évidemment pas en conclure que 𝑢 (𝑡) est sinusoïdale
puisque ce terme est multiplié par une exponentielle réelle non périodique (et décroissante)! Toutefois ceci justifie
déjà d’avoir introduit 𝜔 puisque cette grandeur va bien décrire la pulsation et donc donnera la période 𝑇 =
appelée pseudo-période, de la partie oscillante de la solution.
L’utilisation de la formule de Moivre conduit donc à :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = exp − (A cos(𝜔𝑡) + 𝐵 𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡))
2𝑄
avec 𝐴 = et 𝐵 = 𝑗 ,
relation qui se met encore sous la forme, en utilisant la relation amplitude déphasage :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = 𝑈 exp − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)
2𝑄
avec 𝑈 = √𝐴 + 𝐵 , 𝑠𝑖𝑛𝜑 = − et 𝑐𝑜𝑠𝜑 = .
Cette dernière expression est particulièrement intéressante car elle montre que l’on peut interpréter la solution
homogène comme un terme harmonique (𝑈𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)) dont l’amplitude 𝑈 ne serait pas constante mais subirait
une décroissance exponentielle (𝑈 exp − ).
Les constantes 𝑈 et 𝜑 ou 𝐴 et 𝐵 se déterminent avec les conditions initiales, sur la solution complète c'est-à-dire
intégrant la solution particulière.
Nous avons vu que la solution particulière s’écrit 𝑢 (𝑡) = 𝐸, par suite l’ensemble des solutions de l’équation
différentielle en régime pseudo-périodique s’écrit :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = 𝑢 (𝑡) + 𝑢 (𝑡) = exp − (Acos(ωt) + 𝐵 sin(𝜔𝑡)) + 𝐸
2𝑄
Or nous avons vu que les conditions de continuité imposent 𝑢 (0 ) = 0 et (0 ) = 0
ce qui donne les équations suivantes 𝐴 + 𝐸 = 0 et − 𝐴 + 𝐵𝜔 = 0
d’où : 𝐴 = −𝐸 et 𝐵=− 𝐸
On a donc finalement l’expression de la tension aux bornes du condensateur :
𝜔 𝑡 1
𝑢 (𝑡) = 𝐸 1 − exp − cos(𝜔𝑡) + 𝑠𝑖𝑛(𝜔𝑡)
2𝑄 4𝑄 − 1
Le graphe de cette fonction est donné sur la figure 3.e. ci-contre. En pointillé, le graphe de 𝑢 (𝑡) issu de la résolution
numérique.

Figure 3.e.
Cette figure correspond bien au régime qualifié de pseudo-périodique vu lors de l’approche expérimentale.

c. Comparaison de la période propre et de la pseudo-période


La pseudo-période est donc donnée par l’expression 𝑇 = , soit avec 𝜔 = 𝜔 1− et puisque la période

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propre 𝑇 = on obtient : 𝑇 = .

Puisque 1 − ≤ 1 on a donc 𝑇 ≥ 𝑇 : en présence d’un amortissement les oscillations du système sont plus
lentes, tout se passe comme si cet amortissement, ce frottement ralentissait le mouvement.
Ci-dessous (figure 3.f) le graphe donnant 𝑇/𝑇 en fonction de 𝑄.

Figure 3.f
On notera que l’écart relatif devient vite grand pour les faible valeurs du facteur de qualité mais reste inférieur à
1% d’après le graphe si 𝑄 ≥ 3,5 environ.
On peut d’ailleurs vérifier ce résultat par le calcul. On veut que 𝑇 ≤ 1,01𝑇 (soit un écart relatif ≤ 0,01 =

1%), ce qui donne avec 𝑇 = la condition ≤ 1,01ou encore 1 − ≥ d’où 𝑄 ≥ donc

𝑄 ≥ 3,56.
d. Durée du régime transitoire
D’après l’expression mathématique de 𝑢 (𝑡) on obtient que lim → 𝑢 (𝑡) = 0, donc que lim → 𝑢 (𝑡) = 𝐸 et
ceci quelques soient les conditions initiales c'est-à-dire mathématiquement quelques soient les valeurs des
constantes d’intégration (type 𝐴 et 𝐵).
Il est intéressant de noter que la solution homogène :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = 𝑈 exp − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)
2𝑄
permet d’interpréter simplement le comportement de la fonction. En effet par comparaison au cas de la solution
purement sinusoïdale (𝑐𝑜𝑠(𝜔 𝑡 + 𝜑) avec 𝑈 l’amplitude), le terme 𝑈 exp − en facteur du cos() peut être vu
comme un terme d’amplitude exponentiellement décroissant en temps, avec (cf circuit RC) le temps caractéristique
𝜏 = . Ainsi 𝑢 (𝑡) peut être vu comme une fonction sinusoïdale dont l’amplitude décroit (exponentiellement) au
cours du temps. Par conséquent, le régime transitoire est terminé lorsque 𝑢 (𝑡) ≅ 𝐸 soit lorsque le terme
d’amplitude de la fonction homogène est quasi nul, soit (cf circuit RC) lorsque 𝑡 ≅ quelques = quelques 𝜏.
Ainsi :
𝟐𝑸
 𝝉 = 𝝎 estime la durée du régime transitoire en régime pseudo-périodique.
𝟎

e. Cas des régimes faiblement amortis


Nous avons dit que lorsque le facteur de qualité devient infiniment grand, la solution devient strictement oscillante.
En pratique, ne serait-ce qu’à cause de la résistance, faible mais non nulle, des fils de liaison entre dipôles, cette
condition est irréalisable. Toutefois pour de faibles valeurs de résistances, le facteur de qualité prend de grandes
valeurs. Nous dirons très généralement que :
 Définition : le régime pseudo-périodique est dit faiblement amorti lorsque 𝑄 ≫ 1 .

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Nous pouvons aisément interpréter cette définition. En effet comme nous venons de le rappeler si 𝑄 → ∞ le
système est périodique sinusoïdale, de période 𝑇 . Pour une petite valeur finie non nulle de la résistance, le système
va présenter des oscillations mais qui vont s’amortir sur le temps caractéristique 𝜏. On peut estimer que sur la durée
𝜏 il effectue de l’ordre de 𝜏/𝑇 oscillations.
Qualitativement le système sera faiblement amorti, si sur la durée 𝜏, il présente un grand nombre d’oscillations
donc si ≫ 1 . Ceci se réécrit ≫ 1 donc 𝑄 ≫ 𝜋, ce qui justifie qualitativement la définition adoptée.

Regardons alors quelques conséquences :


 La pseudo-période est confondue avec la période propre en régime faiblement amorti
En effet compte tenu de sa définition on a 𝜔 = 𝜔 1− , alors en régime pseudo-périodique puisque 𝑄 ≫ 1 le

terme est très vite négligeable devant 1 et donc 𝜔 ≅ 𝜔 soit 𝑇 ≅ 𝑇 .


Remarque :
Numériquement dès que 𝑄 ≥ 5 on a ≤ 10 donc 1 ≥ ≥ 0,99.

Compte tenu du résultat précédent, on regarde la valeur de 𝑈 exp − à l’instant 𝑡 = 𝑄𝑇 = 𝑄=𝑄

soit donc 𝑡 = 𝑇 ≅ 𝑄𝑇 .

Comme 𝑡 ≅ 𝑄𝑇 on a exp − ≅ 𝑈 exp − = 𝑈𝑒𝑥𝑝(−𝜋) = 0,043𝑈 . Par suite |𝑢 (𝑡)| =


𝑈 exp − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑) < 0,043 𝑈 puisque |𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)| ≤ 1. Il en découle qu’après la durée 𝑄𝑇
l’amplitude a diminué d’environ 96% de sa « valeur initiale », or après la durée 𝑄𝑇 il s’est écoulé 𝑄 oscillations de
la fonction 𝑢 (𝑡).
Compte tenu, en général, de la précision des mesures expérimentales, on peut énoncer que :
 En régime pseudo-périodique, le facteur de qualité estime le nombre d’oscillations visibles.

3.8.4 Etude du régime apériodique


a. Condition sur le facteur de qualité
Par définition le régime obtenu pour Δ > 0 est appelé régime apériodique, appellation que nous justifierons là
aussi ci-après.
Pour l’instant, puisque Δ = 4𝜔 − 1 , on remarque que Δ > 0 se traduit simplement par la condition suivante
sur le facteur de qualité 𝑄 < .
 Le régime apériodique est obtenu pour 𝑸 < 1/2.
b. Expression de la tension 𝒖𝒄 (𝒕)
Les racines du discriminant sont maintenant réelles et elles s’écrivent dans ℝ (ensemble des réels) :
𝑟 = 2𝜔 −1 et 𝑟 = −2𝜔 −1
On en déduit les expressions des racines de l’équation caractéristique :
𝑟 =− +𝜔 −1 et 𝑟 =− −𝜔 −1
L’ensemble des solutions de l’équation homogène s’écrivent donc :
𝑢 (𝑡) = 𝛼𝑒 + 𝛽𝑒 avec (𝛼, 𝛽) ∈ ℝ
ou plus explicitement :
𝜔 1 𝜔 1
𝑢 (𝑡) = 𝛼 exp − +𝜔 − 1 𝑡 + 𝛽 exp − −𝜔 −1 𝑡
2𝑄 4𝑄 2𝑄 4𝑄
Remarque :
En introduisant la trigonométrie hyperbolique, on peut écrire une formule très symétrique de celle obtenue en
régime pseudo-périodique :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = exp − [𝐴𝑐ℎ(𝜔𝑡) + 𝐵𝑠ℎ(𝜔𝑡)]
2𝑄
avec 𝜔 = 𝜔 − 1.

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On fera attention au fait que cette fonction ne présente aucune oscillation. Elle peut toutefois présenter un
extremum en fonction des conditions initiales.
L’ensemble des solutions s’exprime donc sous la forme 𝑢 (𝑡) = 𝛼𝑒 + 𝛽𝑒 + 𝐸. Il reste à déterminer 𝛼 et 𝛽
par les conditions initiales 𝑢 (0 ) = 0 et (0 ) = 0 .
On en déduit 𝛼 + 𝛽 + 𝐸 = 0 et 𝑟 𝛼 + 𝑟 𝛽 = 0 ce qui donne 𝛼 = 𝐸 et = − 𝐸 , on en déduit l’expression
de la tension :
𝑟 𝑟
𝑢 (𝑡) = 𝐸 1 + 𝑒 − 𝑒
𝑟 −𝑟 𝑟 −𝑟
expression que l’on pourrait encore développer en remplaçant 𝑟 et 𝑟 par leurs expressions.
Le graphe de cette fonction est donné sur la figure 3.g. suivante. Il n’y apparait plus aucune oscillation, d’où
l’appellation de régime apériodique, en accord là-aussi avec les observations expérimentales.

Figure 3.g.
c. Durée du régime transitoire
Les deux racines 𝑟 et 𝑟 de l’équation caractéristique sont négatives, ainsi on voit apparaître dans 𝑢 (𝑡)deux
exponentielles décroissantes en temps avec, par analogie avec le circuit RC, les deux temps caractéristiques (ou
constantes de temps) : 𝜏 = | | et 𝜏 = | | .
Lorsque la durée écoulée 𝑡 depuis l’état initial est très supérieure à ces constantes de temps, les exponentielles
sont nulles et 𝑢 (𝑡) = 𝐸 (soit théoriquement 𝑙𝑖𝑚 → 𝑢 (𝑡) = 𝐸). On retrouve le régime permanent continu et ceci
d’ailleurs quelques soient les valeurs des constantes 𝛼 et 𝛽 donc quelque soit l’état initial, d’après la forme générale
de l’ensemble des solutions.
Ces résultats sont conformes aux résultats expérimentaux.
Comme 𝑟 < 𝑟 < 0 on a |𝑟 | > |𝑟 | et donc 𝜏 < 𝜏 , on peut donc dire qu’après une durée de l’ordre de quelques
𝜏 le régime permanent est atteint, à condition toutefois que le coefficient 𝛼 soit non nul. Si 𝛼 = 0 la durée du
régime permanent est alors de l’ordre de quelques 𝜏 .
 Le régime transitoire sera terminé en pratique au bout d’une durée dont l’ordre de grandeur est de
quelques 𝝉 , en général.
On constate que les temps caractéristiques 𝜏 et 𝜏 ne dépendent pas des conditions initiales.

3.8.5 Etude du régime critique


a. Condition sur le facteur de qualité
Par définition le régime obtenu pour Δ = 0 est appelé régime critique.
Pour l’instant, puisque Δ = 4𝜔 − 1 , on remarque que Δ = 0 impose la valeur suivante pour le facteur de
qualité 𝑄 = .
 Le régime critique est obtenu pour 𝑸 = 1/2.

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b. Expression de la fonction 𝒖𝒄 (𝒕)


En régime critique l’équation caractéristique admet une racine double 𝑟 = − = −𝜔 puisque le discriminant est
nul. La solution homogène ne présente donc au final qu’un seul terme exponentiel, donc une seule constante ce
qui est évidemment insuffisant pour tenir compte des deux conditions initiales du système imposées par les
conditions de continuité.
Il est alors nécessaire de rechercher une autre fonction qui vérifie l’équation homogène.
On prend alors une fonction de la forme 𝑢 (𝑡) = (𝐴𝑡 + 𝐵)𝑒 = (𝐴𝑡 + 𝐵)𝑒 dont on vérifie sans difficulté
qu’elle est bien solution de l’équation différentielle + 2𝜔 + 𝜔 𝑢 = 0.
On en déduit l’ensemble des solutions de l’équation différentielle :
𝑢 (𝑡) = (𝐴𝑡 + 𝐵)𝑒 +𝐸
D’après les conditions initiales :
𝑢 (0 ) = 0 et (0 ) = 0
On en déduit :
𝐵+𝐸 =0 et 𝐴−𝜔 𝐵 = 0
donc :
𝑢 (𝑡) = 𝐸(𝜔 𝑡 − 1)𝑒 +𝐸
Le graphe de la fonction 𝑢 (𝑡) est donné ci-dessous (figure 3.h.) :

Figure 3.h.
c. Durée du régime critique
La décroissance en 𝑒 assure que la durée du régime critique est de l’ordre de quelques 1/𝜔 .

3.8.6 Comparaison des durées des régimes transitoires


Les courbes temporelles de 𝑢 (𝑡) des figures 3.h, 3.i et 3.j suggèrent que :
 le régime permanent est atteint le plus rapidement pour le régime critique.
En effet le temps caractéristique du régime critique est 𝜏 = , celui du régime pseudo-périodique 𝜏 = avec
𝑄 > donc 2𝑄 > 1, ce qui impose déjà que 𝜏 > 𝜏 . Enfin dans le cas du régime apériodique, nous avons vu que
la constante de temps est généralement 𝜏 = | |
soit 𝜏 = avec 𝑄 < .

On en déduit donc 𝜔 𝜏 = = = 𝑓(𝑄).

L’étude de 𝑓(𝑄) sur [0, 0,5[ (dérivée, tableau de variation) est laissée à titre d’exercice, la courbe est donnée ci-
dessous (figure 3.i) .
On établit que sur cet intervalle 𝑓(𝑄) > 1 donc 𝜏 > 𝜏 , ce qui établit le résultat.

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Figure 3.i
3.9 Etude énergétique
3.9.1 Bilan général de puissance
Nous allons maintenant établir le bilan énergétique d’un circuit 𝑅𝐿𝐶 série. Les résultats obtenus sont généralisables
aux systèmes vérifiant une équation différentielle du même type.
Reprenons la loi des mailles : 𝑢 = 𝑢 + 𝑢 + 𝑢 et multiplions-la par 𝑖 pour faire apparaitre les puissances
électriques de chaque dipôle, alors :
𝑝 =𝑝 +𝑝 +𝑝
Mais nous avons établi que 𝑝 = et 𝑝 = de sorte que :
𝑑 𝐸 +𝐸
𝑝 =𝑝 +
𝑑𝑡
Ainsi écrite cette équation bilan de puissance ressemble à celle d’un circuit RC, on peut l’interpréter de la façon
suivante si tous les signes sont positifs (à modifier selon les signes) : l’énergie fournie par le générateur est en partie
dissipée par effet Joule dans 𝑟 et est en partie stockée sous forme d’énergie potentielle dans l’ensemble bobine
condensateur.
En particulier, en régime permanent continu, les grandeurs étant constantes au cours du temps 𝐸 = 𝐿𝑖 et

𝐸 = 𝐶𝑢 sont deux constantes, donc = 0 et ainsi 𝑝 = 𝑝 : toute l’énergie fournie par le


générateur est intégralement dissipée par effet Joule.
Rem :
C’est la conclusion de la lecture du bilan de puissance, mais en régime permanent continu, nous avons vu que
l’intensité est nulle dans le RLC série, donc 𝑝 comme 𝑝 sont nulles.

3.9.2 Cas particulier des régimes libres


a. Régimes libres non amortis
On se place dans le cas où le générateur est absent et où il n’y a pas de résistance 𝑟, on a un circuit 𝐿𝐶. Nous avons
alors vu qu’il y avait des oscillations électriques harmoniques dans le système. Le bilan de puissance précédent

indique alors que = 0, soit


𝐸 + 𝐸 = 𝑐𝑠𝑡𝑒
on trouve qu’il y a conservation de l’énergie pour un oscillateur harmonique.
Au cours de l’évolution, il y a conversion d’énergie magnétique (contenue dans la bobine) en énergie électrique
(contenue dans le condensateur) et réciproquement de sorte que la somme de ces deux quantités reste constante.
Exercice :
Tracer les courbes donnant 𝐸 (𝑡) et 𝐸 (𝑡)

b. Régimes libres amortis


Si l’on introduit une résistance 𝑟, le bilan donne maintenant

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Electricité
𝑑 𝐸 +𝐸
= −𝑟𝑖 < 0
𝑑𝑡
la résistance dissipe par effet Joule l’énergie stockée dans l’ensemble bobine condensateur.
Il y a amortissement du régime comme nous l’avons vu à travers l’étude de la solution homogène, cet
amortissement pouvant être suffisamment important pour que les oscillations elles-mêmes disparaissent (régime
apériodique ou critique).
Comme 𝐸 + 𝐸 ≥ 0 , chaque terme étant positif, et que l’ensemble est décroissant (strictement tant que 𝑖
est non nul), on peut s’attendre à un état final avec 𝐸 = 𝐸 = 0 (somme de termes positifs nulle, chaque
terme est nul) c'est-à-dire un état final du circuit avec 𝑖 = 0 et 𝑢 = 0 : il ne circule plus de courant et le
condensateur est déchargé. Ceci est en accord avec les lois étudiées précédemment.
c. Décroissance de l’énergie en régime libre pseudo-périodique
Nous nous intéressons au seul régime pseudo-périodique et nous supposons toujours le générateur éteint. Dans ce
cas la tension aux bornes du condensateur évolue selon une loi du type :
𝜔 𝑡
𝑢 (𝑡) = 𝑈 exp − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)
2𝑄
On en déduit qu’une pseudo-période 𝑇 plus tard, on a
𝜔 (𝑡 + 𝑇)
𝑢 (𝑡 + 𝑇) = 𝑈 exp − 𝑐𝑜𝑠(𝜔(𝑡 + 𝑇) + 𝜑)
2𝑄
mais 𝜔𝑇 = 2𝜋 donc 𝑐𝑜𝑠(𝜔(𝑡 + 𝑇) + 𝜑) = 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑) et ainsi
𝜔 𝑡 𝜔 𝑇
𝑢 (𝑡 + 𝑇) = 𝑈 exp − − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑)
2𝑄 2𝑄
soit finalement
𝜔 𝑇
𝑢 (𝑡 + 𝑇) = 𝑢 (𝑡) exp −
2𝑄
Comme celle de l’intensité 𝑖(𝑡) = 𝐶 est donnée par :
𝜔 𝑡 𝜔
𝑖(𝑡) = 𝐶𝑈 exp − − 𝑐𝑜𝑠(𝜔𝑡 + 𝜑) − 𝜔 sin(𝜔𝑡 + 𝜑)
2𝑄 2𝑄
On en déduit qu’une pseudo-période plus tard, on a également 𝑖(𝑡 + 𝑇) = 𝑖(𝑡) exp − .
L’énergie s’écrit à l’instant 𝑡 : 𝐸(𝑡) = 𝐸 (𝑡) + 𝐸 (𝑡) = 𝐶 𝑢 (𝑡) + 𝐿 𝑖 (𝑡), on en déduit que :
1 1
𝐸(𝑡 + 𝑇) = 𝐶 𝑢 (𝑡 + 𝑇) + 𝐿 𝑖 (𝑡 + 𝑇)
2 2
soit
1 𝜔 𝑇 1 𝜔 𝑇
𝐸(𝑡 + 𝑇) = 𝐶 𝑢 (𝑡) exp − + 𝐿 𝑖 (𝑡) exp −
2 𝑄 2 𝑄
donc
𝜔 𝑇
𝐸(𝑡 + 𝑇) = 𝐸(𝑡) exp −
𝑄
Comme exp − < 1on retrouve bien que l’énergie décroit par pseudo-périodique.
En fait cette décroissance ne dépend que du facteur de qualité car nous avons vu que 𝑇 = donc =

et puisque 𝜔 𝑇 = 2𝜋 on peut réécrire finalement = . On a donc :

1 2𝜋
𝐸(𝑡 + 𝑇) = 𝐸(𝑡) exp ⎛− ⎞
𝑄 1
1−
⎝ 4𝑄 ⎠
 L’énergie perdue par pseudo-période ne dépend que du facteur de qualité
On peut donc déduire de la perte d’énergie une valeur du facteur de qualité. Pour simplifier le calcul, supposons le
régime faiblement amorti (𝑄 ≫ 1), alors au premier ordre en 1/𝑄, on a
2𝜋
𝐸(𝑡 + 𝑇) ≈ 𝐸(𝑡) exp −
𝑄
soit

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Electricité
2𝜋
𝐸(𝑡 + 𝑇) ≈ 𝐸(𝑡) 1 −
𝑄
donc
𝐸(𝑡)
𝑄 ≈ 2𝜋
|∆𝐸(𝑡)|
où ∆𝐸(𝑡) = 𝐸(𝑡 + 𝑇) − 𝐸(𝑡) représente la variation d’énergie sur une pseudo-période, c'est-à-dire l’énergie
perdue sur une pseudo-période.
 Le facteur de qualité « mesure » la perte relative d’énergie
On notera sur les expressions précédentes que si 𝑄 → ∞, on retrouve que l’énergie est constante.

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